Vous êtes sur la page 1sur 33

O.N.G.

SANTE + HUMANIITUS
CELLULE SANTE MENTALE – BIEN-ETRE ET PSYCHOTHERAPIE
Récépissé N° : 1271/MI/SG/BMB du : 10/10/2022
Avis de Reconnaissance Technique N° : 00163/MSAF/SG/DGPDOASPS du :
07/06/2022

PUBLICATION :
Titre : Etude des cas cliniques : exemple de quatre (04) Patients hospitalisés à
l’Hôpital Spécialisé de NKEMBO pour une tuberculose ou une Co-infection
TB/VIH

Auteur : Pierre MBELE MBOUNGOU, Psychologue Clinicien-Psychothérapeute


Spécialiste en Neuropsychologie Clinique
Responsable du Service des Affaires sociales du Centre Hospitalier Universitaire Mère et Enfant
Fondation Jeanne Ebori
Libreville, Mars 2024

1
Résumé :
Il s’agit d’un recueil des entretiens avec les patients hospitalisés à l’hôpital Spécialisés de
NKembo pour une tuberculose ou une Co-infection TB/VIH. Nous proposons ces cas en études
afin de permettre aux jeunes psychologues de s’exercer à l’analyse de contenu thématique sur
la base des différentes approches. Pour notre part c’est l’analyse de contenu thématique basée
sur une approche d’inspiration psychanalytique qui a été utilisée. Les patients sont
généralement des cas qui sont irréguliers dans la prise de leur traitement ou qui refuse leur statut
de tuberculeux ou co-infecté TB/VIH. L’outil pour les recueils des données est le guide
d’entretien. La méthode utilisée est l’entretien semi-directif. Notre hypothèse est que la
compréhension du comportement pathologique du patient dépend de l’approche que nous
utilisons pour son analyse. De ce fait, l’approche d’analyse précède la compréhension du patient
et de l’approche dépend le type de psychothérapie qui va être initiée ou appliquée.
Mots-clés : Psychanalyse, étude de cas, approche cognitivo-comportemental, approche
systémique, approche d’inspiration psychanalytique, approche psychiatrique, approche
ethnopsychiatrique.
Introduction :
Les études des cas cliniques sont un passage obligatoire pour tous cliniciens qu’ils soient
médicaux ou psychologues. Les études des cas permettent de confronté le praticien au patient
dans sa situation réelle de souffrance.
« Un cas clinique désigne la description d'une situation clinique issue de la pratique des
professionnels ou susceptible d'être rencontré dans la pratique. Les cas cliniques sont utilisés
depuis longtemps dans le champ de l'enseignement et de la recherche en santé »1 (Jenicek,
2014). En psychologie, « l’intérêt paradigmatique, heuristique et pédagogique de l’étude de cas
a été amplement démontré par, entre autres, Widlöcher (1990), Stiles (2004) et Chartier (2009).
En replaçant l’étude de cas dans sa dimension historique, avec les recherches de Claude Bernard
et de Sigmund Freud, ces auteurs font apparaître deux de ses dimensions essentielles :
l’exemplarité et le paradoxe, apparent, de la preuve administrée à partir du cas unique. Il ressort
des différents débats que le cas est indissociable du référentiel théorique qui l’a produit. Ainsi,
le cas ne saurait préexister aux concepts qui ont participé intimement à sa construction et en
conditionnent la saisie. Dans son Prologue ‘’Vers une clinique de l’étude de cas à partir de la
casuistique psychanalytique’’, Chartier (2009) précise : « Le but de toute étude de cas, comme
celui des monographies freudiennes, n’est pas de rapporter des faits exacts, mais de chercher à

1
https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2020-09/fiche_-_methode_dpc_-_vignettes.pdf

2
illustrer l’expression de telle ou telle construction théorique [et je rajouterai, méthodologique]
préalablement élaborée. »2. En examinant les conditions même de la scientificité de l’étude de
cas, Stiles (2004) précise : « Contrairement à la recherche armée par des batteries de tests
statistiques, l’étude de cas véhicule des résultats qui s’expriment en mots plutôt qu’en chiffres,
transmet l’empathie et la compréhension subjective plutôt qu’une analyse froide et détachée,
situe les données dans un contexte individualisé plutôt que dans la sphère des valeurs absolues,
cherche à bâtir de bons exemples plutôt que des échantillons représentatifs et parfois vise à
responsabiliser le patient plutôt que de simplement l’observer »3.
On note plusieurs approches en psychologie pour une étude de cas clinique. Mais les principales
restent l’approche cognitivo-comportementale, l’approche systémique, l’approche d’inspiration
psychanalytique, l’approche psychiatrique et ethnopsychiatrie.
Selon l’OMS qui est le principal représentant de l’approche psychiatrique, « un trouble mental
se caractérise par une altération majeure, sur le plan clinique, de l’état cognitif, de la régulation
des émotions ou du comportement d’un individu. Il s’accompagne généralement d’un sentiment
de détresse ou de déficiences fonctionnelles dans des domaines importants »4. Ici la maladie
mentale se définit à partir d’éléments clinique autrement dit sur la base d’éléments biologiques
(physiologie du cerveau, maladies, virus, microbes…), anatomiques (anatomie du cerveau), et
endocrinologies (équilibre hormonal, neurotransmetteurs, médiateurs chimiques…).
« En France, l'histoire de l'ethnopsychiatrie est indissociablement liée à deux noms, celui de
l'anthropologue et psychanalyste Georges Devereux, précurseur de l'ethnopsychiatrie
contemporaine, et celui de son disciple, Tobie Nathan (1948-), qui a entièrement renouvelé le
champ transdisciplinaire de l'ethnopsychiatrie tout en s'éloignant de la conceptualisation
psychanalytique. Ce dernier a créé la première consultation d'ethnopsychiatrie en France, en
1979, au service de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent de l'Hôpital Avicenne (Bobigny),
alors dirigé par Serge Lebovici (1915-2000) — consultation dont les principes ont été repris par
toutes les autres consultations en France et à l'étranger (Québec, Italie, Belgique, Suisse, Brésil,
Israël, Tahiti, Réunion). T. Nathan a fondé en 1993 le Centre Georges-Devereux, centre
universitaire d'aide psychologique aux familles migrantes, au sein de l'UFR "Psychologie,
pratiques cliniques et sociales" de l'Université de Paris VIII – centre qu'il a dirigé de 1993 à
1999. La consultation d'ethnopsychiatrie est surtout une procédure de traduction, favorisant

2
https://www.unitheque.com/UploadFile/DocumentPDF/L/JKTY-9782100551576.pdf
3
https://www.unitheque.com/UploadFile/DocumentPDF/L/JKTY-9782100551576.pdf
4
https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/mental-disorders

3
l'expression dans la langue maternelle. Une séance d'ethnopsychiatrie se déroule de la manière
suivante : autour d'une famille, conduite au Centre Georges Devereux par l'un de ses référents
institutionnels (assistante sociale, psychologue, médecin), se réunissent une dizaine de
professionnels (en général psychologues cliniciens, mais aussi, médecins, psychiatres,
anthropologues, linguistes). Parmi ces professionnels, au moins l'un d'entre eux parle la langue
maternelle de la famille et connaît, pour les avoir plus particulièrement étudiées, les habitudes
thérapeutiques ayant cours dans l'environnement habituel de la famille. Le référent qui a conduit
la famille parle d'abord, explique ce qu'il attend de cette consultation, expose ce qui, à son sens,
constitue les difficultés, les souffrances, bref, la problématique de la famille » (http :
//psychanalyse.com/pdf/ETHNOPSYCHIATRIE ETUDE WIKIPEDIA 4P.PDF). Ici une part
importante est réservée à la dimension culturelle et aux fonctionnements psychiques de
l’individu. On s’appuiera sur les théories de l’anthropologie, de la psychanalyse, de la médecine
et de la psychologie. Cette approche s’appuie donc sur l’étude de l'influence des facteurs
ethniques (culturels) sur l'origine et les manifestations des maladies mentales.
« Les thérapies comportementales et cognitives se sont développées progressivement en France
depuis les années 1970, mais les premiers travaux dans les pays anglo-saxons remontent à la
fin des années 1950. Elles sont actuellement pratiquées dans un cadre défini de formation des
thérapeutes et de modalités d’exercice qui correspond à des standards européens. Les thérapies
comportementales et cognitives (TCC) représentent l’application de principes issus de la
psychologie scientifique à la pratique clinique. Ces thérapies ont été fondées dans un premier
temps sur les théories de l’apprentissage : conditionnement classique, conditionnement opérant,
théorie de l’apprentissage social. Puis elles ont également pris pour référence les théories
cognitives du fonctionnement psychologique, en particulier le modèle du traitement de
l’information. On parle actuellement de thérapies comportementales et cognitives, ou de
thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Cette appellation reflète la pratique la plus
fréquente. Ainsi, une enquête effectuée par Elliot et coll. (1996) trouve que 67,5 % des membres
de l’Association américaine pour le développement de la thérapie comportementale disent
pratiquer des thérapies cognitivo-comportementales. En Europe, l’Association européenne de
thérapie comportementale (EABT) est devenue l’Association européenne de thérapie
comportementale et cognitive (EABCT) 4 en 1990 »
(https://psychaanalyse.com/pdf/PRESENTATION%20DE%20L%20APPROCHE%20COGN
ITIVO-COMPORTEMENTALE%20-%20INSERM%20(84%20Pages%20-
%20545%20Ko).pdf.

4
Pour ce qui est de l’approche systémique en psychologie, « elle postule que le client est
influencé à la fois par ses intentions, celles des autres et du système dans lequel il évolue. Dans
la thérapie systémique, le problème psychologique est considéré comme un symptôme du
dysfonctionnement du groupe, bien souvent la famille. » (https://www.cogicor.com/approche-
systemique/ ). L’approche systémique est née de la tentative d’aborder le client dans son
contexte interpersonnel. Elle consiste en une théorie et une approche thérapeutique centrée sur
le système interpersonnel dysfonctionnel du client. Sans négliger le niveau individuel,
l’approche systémique comprend la problématique du client par les relations qu’il entretient
avec les différents systèmes dans lesquels il évolue. Ces systèmes sont sa famille, son milieu
professionnel et social ainsi que la société dans laquel il vit.
(https://www.cogicor.com/approche-systemique/ ).
S’agissant de l’approche psychanalytique, on retiendra que « la théorie de Freud a donné aux
symptômes psychiatriques un statut particulier en montrant qu’ils avaient un sens dans
l’organisation du psychisme et qu’ils jouaient un rôle dans l’économie générale de l’activité
mentale. Ainsi, le symptôme névrotique constitue-t-il un compromis entre deux mouvements
contradictoires. Le premier est un désir inconscient, le second s’oppose par une ou des défenses
à la réalisation de ce désir, ce qui revient à dire que le symptôme névrotique est la résultante
consciente d’un conflit intrapsychique inconscient »5. En somme, cette approche appréhende
donc la personne à travers les registres du symbolique, de l'imaginaire et du réel, autour de ce
qui échappe au sens, de ce qui se répète et insiste.
Pour notre part, c’est l’approche d’inspiration psychanalytique, qui s’appuie sur les théories et
les concepts de la psychanalyse, qui a été utilisée en guise d’exemple sans trop aller en
profondeur. Car cette œuvre ayant pour but de donner au jeune psychologue de la matière sur
laquelle travailler afin de s’exercer à l’analyse de contenu en s’appuyant sur l’une des
approches.
Méthodologie
Notre population d’étude est essentiellement constituée des patients suivis à l’hôpital spécialisé
de Nkembo pour une tuberculose ou une Co-infection TB/VIH. Il s’agit des patients qui sont
généralement irréguliers dans la prise de leur traitement de la tuberculose, ou du fait de la Co-
infection refuse le diagnostic du VIH. C’est au total quatre (04) patients dont les récits
d’entretien seront proposés en annexe. L’entretien semi-directif a été choisi comme outil. Les

5
Gérard Pirlot Dominique Cupa (2019) : Approche psychanalytique des troubles psychiques, Paris Dunod

5
données recueillies ont été traitées par une analyse de contenu thématique sur la base d’une
approche d’inspiration psychanalytique.
Résultats
Des entretiens avec les patients on retient les états, les sentiments et émotions suivants :
- La souffrance psychologique ;
- La culpabilité ;
- La honte et la gêne ;
- La peur.
Discussion
Selon Shneidman E.S. la souffrance mentale ou « psymal »6 est la « souffrance intensément
ressentie de la honte, de la culpabilité, de l’humiliation, de la solitude, de la perte, de la
tristesse(…) de tout autre »7 . Chez Jean, cette souffrance est vécue à trois niveaux : au niveau
du vécu de la maladie ; au niveau du vécu du traitement ; au niveau du vécu de la réaction
sociale. La honte devant les autres (parent, amies, etc.), liée à la particularité de la maladie dont
il est atteint (la tuberculose) le sentiment de culpabilité dû au fait qu’il reconnaît que c’est de
sa faute qu’il a la tuberculose et celui d’humiliation liée à la réaction sociale est à l’origine de
la souffrance psychologique que l’on retrouve chez Jean. Aussi, cette souffrance est accentuée
par la réaction de certains individus face aux personnes atteintes de la tuberculose, comme le
dit le cas Van. Notons que selon le Docteur SMITH T. « la culpabilité est à la base des reproches
que l’on se fait inconsciemment (…) particulièrement si l’on a le sentiment d’avoir quelques
responsabilités dans ce qui nous est arrivé »8. Ce sentiment que l’on retrouve chez Yve, tous
comme chez Jean est essentiellement liée au fait qu’ils sont des fumeurs. Ils pensent tous que
s’ils ont la tuberculose c’est parce qu’il fume. Alors que chez Felia, elle se culpabilise, parce
qu’elle se reproche de son comportement envers les personnes qui présentaient une image
corporelle semblable à celle qu’elle a aujourd’hui, du fait de leur maladie. Pour elle, c’est Dieu
qui l’aurait puni du fait de son mauvais comportement dans le passé. Tout comme la souffrance
psychologique chez elle, est liée à la déformation de l’image de son corps suite à sa maladie.
Selon Freud cité par Bergeret, « l’angoisse est considérée comme un échec du refoulement et
de la mise en place du symptôme »9, sachant que l’angoisse réactive des traces mnésiques, on

6
Shneidman (1999) : Le tempérament suicidaire, Paris, De Boeck et Belin, P. 157
7
Shneidman (1999) : Idem.
8
Shneidman (1999) : op.cit. P. 157
8
Bergeret, (J) et al (2003) : Psychologie pathologique, théorie et clinique, Paris, Masson.. P164

6
peut conclure ici que la tuberculose du fait de ses conséquences physiologiques et sociales dans
la vie de Felia à déclencher chez cette dernière une angoisse de castration dont l’échec du
refoulement a entrainer un sentiment de culpabilité, plus précisément une culpabilité
“persécutrice’’ et une honte, suite à l’image de son corps déformé à cause des effets de la
maladie. Chez Jean ou le son vécu psychologique est aussi dominé par des sentiments de
culpabilité, de honte et de gêne ; l’interprétation que celui-ci fait de l’origine de sa maladie, de
son traitement et de la réaction sociale nous amène à conclure qu’il est angoissé. S’appuyant
sur la théorie freudienne qui, distinguant l’angoisse normale de l’angoisse névrotique, Freud,
cité par Klein M., qui nous rappelle que l’angoisse serait une réaction générale du moi soumis
aux conditions de déplaisir10. C’est dans cette situation que se trouve Jean. D’ailleurs, pour lui
l’hôpital ressemble à une « prison », il se sent comme s’il était « en enfer ». Aussi, Freud nous
précise que l’angoisse névrotique se distingue de l’angoisse normale en ce que l’angoisse
névrotique s’organise autour d’un noyau qui constitue la répétition d’un événement appartenant
au passé du sujet , et cette angoisse n’est rien d’autre qu’une angoisse de castration, c'est-à-dire
une angoisse de faute11. Pour notre part, les reproches que Jean se fait et la culpabilité très
présente chez ce dernier ont certainement réactivés cette angoisse ; comme le dit Pierre Dacco
: « Dès qu’il y a sentiment de culpabilité il y a angoisse»12.
Jean a donc violé l’interdit, celle de ne pas fumé, et il a peur d’être castré. Il s’agit ici d’une
castration symbolique, exclusion de la société, stigmatisation, rejet. En effet, le concept de
castration peut prendre différentes formes symboliques. Aussi, Green, (A) nous précise que
c’est la menace de castration lorsqu’elle prend effet qui « engendre une angoisse de castration
dont les conséquences seront plus ou moins pathogènes, selon la relation que celle-ci entretient
avec un surmoi plus ou moins rigoureux »13.
Chez Van où c’est la peur qui domine son vécu psychologique, on note que celle-ci est
irrationnelle, basé sur des informations fausses et erronées sur l’origine de sa maladie. Celle-ci
l’a conduit dans une angoisse. Angoisse qui se manifeste par la peur de perdre son statut de la
fille la plus aimée du quartier et la plus désiré, la peur de la réaction sociale, qui n’est autre que
le rejet et la stigmatisation.

10
Klein, (M), (1975) : Psychanalyse des enfants, Vendôme, PUF. P.139
11
Bergeret, (J) et al (2003) : op. cit. P.82
12
Dacco (P). (2006) : Les triomphes de la psychanalyse, Barcelone, Marabout, P. 360
13
Green (A) (1990) : Le complexe de castration, Vendôme, PUF. P.5

7
Selon Freud dans « symptôme, inhibition et angoisse », « dans les Zoophobies l’angoisse est
une réaction efficace du moi au danger qu’il redoute, c'est-à-dire la peur de la castration. Il n’y
a pas de différence entre cette angoisse et celle que le moi ressent normalement devant des
dangers réels si ce n’est que son contenu demeure inconscient et ne peut être appréhendé que
sous une forme déguisée »14. Dans le cas de Van le danger réel ici est la destruction de « l’image
du corps » par la tuberculose, ce qui engendre la honte et la gêne, du fait de ce corps qui n’est
plus attirant et la souffrance que pourra générer le rejet, la stigmatisation et l’abandon de celle-
ci par les autres du fait de sa maladie. Toutefois, il faut dire que le véritable contenue de cette
angoisse reste inconscient et ne peut être appréhendé qu’à la suite d’un travail analytique avec
un psychanalyste ou un psychologue clinicien.
Selon Isabell Filliozat, « l’angoisse est un mélange d’émotion. (…) c’est un sentiment parasite
qui exprime un conflit sous-jacent entre pulsion et désir, entre désir et peur, entre deux désirs,
etc. »15 c’est le cas d’Yve. En effet, celui-ci c’est laissé conduire jusqu'à maintenant par le
principe de plaisir, mais la tuberculose a mis fin à ce mode de fonctionnement. Désormais il y
a un conflit chez Yve, entre le désir de fumer, d’aller avec les femmes des autres, de se battre
avec qui, il veut à raison ou à tort, et la peur d’être puni, autrement dit d’être castré par Dieu
symbole du père. Ce qui provoque une angoisse chez notre sujet.
Pour Freud, « chez l’adulte comme chez l’enfant la libido se change en angoisse dès le moment
que la pulsion ne peut atteindre à une satisfaction »16. Il lie ainsi, l’angoisse à la pulsion. « Un
excès de tension crée une surcharge d’énergie qui ne peut se réaliser ni sur le plan physique ni
en élaboration psychique et provoque l’angoisse »17. Dans cette perspective «l’angoisse du
nourrisson qui a fin est provoquée par un surcroît de tension venant du besoin qu’il éprouve »18.
L’angoisse serait donc une réaction générale du moi soumis aux conditions de déplaisir.
Condition dans lesquelles se trouve désormais Yve. C’est qui nous amène à conclure qu’Yve a
une angoisse de castration qui se manifeste ici par la peur, la culpabilité et la honte du fait de
ne plus pouvoir jouir du plaisir de la cigarette, des femmes et des bagarres comme auparavant.
Conclusion
L’approche d’inspiration psychanalytique utilisée dans notre travail nous a permis de passer en
revue les éléments cliniques, notamment les symptômes caractéristiques de l’angoisse de

14
Klein (M) (1975) : op. cit. P. 139
15
Filliozat (I) (2003) : op. cit. P. 22
16
Bergeret, (J) et al (2003) : op. cit. P.81
17
Bergeret, (J) et al : Idem
18
Klein (M), (1975) : op. cit. 139

8
castration. Ce concept clé de la psychanalyse, est au centre de la théorie freudienne de la
névrose et des comportements de type névrotique chez les sujets ou les patients en situation de
souffrance psychologique, ayant une maladie chronique ou à retentissement sociale. Comme
nous l’avons dit dès le départ il s’agit d’une approche d’analyse thématique du contenu de nos
entretiens. Ils peuvent aussi être analysé sur la base d’autres approches, tels que la cognitivo-
comportementale ou la systémique ou encore l’ethnopsychiatrie.
Sur la base de cette approche il va s’en dire que l’approche thérapeutique qui va être utilisée
pour accompagner ces patients est la psychothérapie d’inspiration psychanalytique encore dite
psychothérapie analytique. Sans nous étendre sur le but de ce type de thérapie, qui n’est pas
l’objet de notre étude, nous pouvons tout de même ajouter qu’elle s’inscrit dans un processus
d’éducation thérapeutique et d’accompagnement du patient afin de réduire le phénomène de
l’inobservance au traitement et d’améliorer le taux de succès thérapeutique des traitements
médicamenteux chez les patients atteints des maladies à longue durée ou ayant des traitement
nécessitant une régularité pendant des nombreux mois.
Références bibliographiques

BARDIN (L) (1998) : Analyse de contenu, Paris, PUF.

BERGERET, (J) et al (2003) : Psychologie pathologique, théorie et clinique, Paris, Masson.

BLANCHET (A) et all (1985) : L’entretien dans les sciences sociales, Paris, Dunod.

CHARTIER J.P. (2009) : « Vers une clinique de l’étude de cas à partir de la casuistique
psychanalytique, Prologue », in Castro D. (éd.) (2009), 9 études de cas en clinique projective
adulte, Paris, Dunod, p. XVII.
DACCO (P) (2006) : Les triomphes de la psychanalyse, Barcelone, Marabout.

DEBRAY (Q) et NOLLET (D) (2004) : Les personnalités pathologiques : approche cognitive

et thérapeutique, Paris, Masson.

DELAY(J) et PICHOT (P) (1990) : Abrégé de psychologie, Paris, Masson.

FREUD (S) : Deuil et mélancolie in métapsychologie, Paris, Gallimard.

FILLIOZAT (I) (2003) : Que se passe-t-il en moi ? Allemagne, Marabout.

GERARD (JL) et ABDEL M. (AA) (1995) : Sciences humaines et soins, Paris, inter éditions.

GREEN (A) (1990) : Le complexe de castration, Vendôme, PUF.

JAFFRE (Y) et SARDAN (O), (1999) : La construction sociale des maladies, Paris, PUF.

9
KLEIN, (M), (1975) : Psychanalyse des enfants, Vendôme, PUF.

LACROIX (A) et ASSAL (J) : (1998) : L’éducation thérapeutique des patients. Nouvelles

approches de la maladie chronique. Paris, VIGOT.

MACAIRE (F) et coll (1993): Notre beau métier, Versailles, Les classiques africaines.

MARTHE (R), (1972) : La révolution psychanalytique, la vie et l’œuvre de Freud, Paris, Payot.

MORIN, (M.) et al. (1999) : L’observation aux traitements contre le VIH/Sida, Paris, collection

Sociales.

MUCCUELLI, (R) (1974) : L’analyse de contenu des documents et des communications

entreprises modernes, Paris, ESF.

PIRLOT G. CUPA D. (2019) : Approche psychanalytique des troubles psychiques, Paris Dunod

RONGER (P) (1979) : Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz.

SHNEIDMAN (1999) : Le tempérament suicidaire, Paris, De Boeck et Belin.

THIEL, (M.J.) (2003) : Où va la médecine ? Sens des représentations et pratiques Médicales.

Strasbourg, PUS.

THOME-RENAULT (A) (1995) : Le traumatisme de la mort annoncée, Paris, Dunod.

VOISIN (C) (1995) : Image de la tuberculose en France de 1900 à nos jours, Paris, édit. Hauts
de France.
Revues et articles

American Journal of Médical Quality, (2007), Vol. 22, No. 6. P. 445-446

BLANCHET (A) (1989) : L’entretien clinique in Rivault D’allonnes et al (ed) : La démarche

clinique en sciences Humaines, Paris, Dunod, P 87-102

Dictionnaire

PIERON (H) (1979) : Vocabulaire de la psychologie, Paris, PUF.

Site internet

- https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2020-09/fiche_-_methode_dpc_-

_vignettes.pdf

10
- https://www.unitheque.com/UploadFile/DocumentPDF/L/JKTY-9782100551576.pdf

- https://psychaanalyse.com/pdf/PRESENTATION%20DE%20L%20APPROCHE%20

COGNITIVO-COMPORTEMENTALE%20-%20INSERM%20(84%20Pages%20-

%20545%20Ko.pdf.

- https://www.cogicor.com/approche-systemique/

Annexe 1 : Les entretiens

Présentation du cas 1 : YVE


Yve est un jeune homme âgé de 30 ans de nationalité gabonaise et deuxième d’une fratrie de
cinq (5) enfants. Il loue un studio au quartier “Nkembo campagne’’140. Il a un niveau d’étude
de la classe de première de l’enseignement général. Il est chrétien catholique, et va rarement à
l’église. Il souffre d’une tuberculose pulmonaire et est hospitalisé depuis trois (3) semaines et
quatre jours. Il travaille comme chauffeur de taxi chez un particulier. Il a été orienté au service
social antituberculeux pour avoir manqué deux prises des médicaments et une injection.

Récit de l’entretien
PSY: Bonjour Yve !
YVE : Bonjour !
PSY: Je vais aborder avec toi cet après-midi comment tu vis ta maladie, ton traitement, la
réaction des autres face aux tuberculeux et tes croyances sur la tuberculose.
YVE : d’accord !
PSY: J’aimerais d’abord savoir comment tu t’es senti quand le médecin t’a dit que la maladie
dont tu souffrais était la tuberculose?
YVE : J’avais très peur
PSY: Pourquoi
YVE : Parce qu’on me disait que la tuberculose est une maladie qui fait sortir le sang, qui fait
souffrir et qui tue. En plus, que c’était difficile de soigné cette maladie. Et comme je toussais
déjà le sang je croyais que j’avais un autre problème, ou que j’avais reçu un choc mais je ne
pensais même pas un peu que ça pouvait être la tuberculose. J’avais vraiment très peur. Je me
disais, là c’est fini pour moi je ne pourrais plus m’en sortir je suis foutu.
PSY: Qui t’avait dit que la tuberculose était une maladie qui fait sortir le sang qui fait souffrir
et qui tue ?

11
YVE : C’est ce que les gens racontent partout ; et puis quand j’ai été hospitalisé ici, le premier
jour j’ai toussé toute la journée et j’ai remplis un pot de yaourt avec des cachets teintés de sang.
Ça me faisait très peur, je pensais même que mon sang allait se vider.
PSY: Pour toi qu’est ce qui est à l’origine de ta maladie ?
YVE : Je pense que la tuberculose est due à la fumée de la cigarette. Moi je fume beaucoup. Et
c’est la fumée de la cigarette qui m’a noircie le cœur et les poumons. C’est pourquoi, je crache
le sang et je tousse.
PSY: depuis que tu as cette maladie quels sentiments tu éprouves vis-à-vis de toi-même ?
YVE : Je me sens coupable. Parce que je sais que si j’ai cette maladie c’est de ma faute, et j’ai
honte de moi. Je fume trop, et c’est ça qui m’a gaspillé les poumons et le cœur.
PSY: Mais tu n’es pas le seul qui fume. Et de plus, tous les fumeurs n’attrapent pas la
tuberculose, pourquoi tu aurais honte ?
YVE : C’est vrai, mais j’ai abusé, malgré les conseils des parents et de certains amies qui
voulaient de mon bien je me suis entêté. Parce que je suivais les groove141 avec les autres. Je
ne suivais même plus mes études. Et aujourd’hui j’ai honte quand ma mère vient me voir ici.
Elle est la seule qui fait quand même l’effort de venir me rendre visite.
PSY: Pourquoi c’est seulement elle qui vient te rendre visite ?
YVE : Parce que c’est seulement à elle que j’ai dit que j’étais malades à Nkembo et je lui dis
de ne dire à personne.
PSY: Comment l’as-tu dit çà, puis que tu loue ?
YVE : J’ai demandé à un de mes amies de lui dire et de ne dire à personne d’autre. Ils sont
seulement deux qui savent que j’ai la tuberculose ?
PSY: Pourquoi tu ne veux pas que l’on dit à d’autres personnes que tu as la tuberculose ?
YVE : Parce que je sais comment les gens vont réagir quand ils apprendront que j’ai la
tuberculose.
PSY: Comment vont il réagir ?
YVE : Ils diront d’abord que c’est bien fait pour moi, parce qu’on me parlait et je ne comprenais
pas, et puis je sais qu’ils vont m’éviter et je risque même de perdre mon emploi et mon loyer.
Même les gens de mon quartier ne doivent pas savoir que je suis ici à Nkembo, si non ils vont
le dire à mon bailleur.
PSY: Mais pourquoi les gens réagiront t-ils ainsi ?
YVE : Parce que la tuberculose est une très mauvaise maladie. Même moi-même j’aurai fait
pareilles ce n’est pas bon de fréquenter un tuberculeux. Il peut te contaminer facilement sa

12
maladie, si vous mangez ensemble lorsque tu tousses, ou quand tu craches par terre. Et c’est
une maladie qui fait beaucoup souffrir, ça te fait trop maigrir.
PSY: Qu’est-ce que ça te fait d’imaginer que les gens se comporteraient comme ça avec toi
s’ils apprennent que tu as la tuberculose ?
YVE : Ça fait mal, moi je suis habitué à être avec les autres, c’est difficile d’être seule dans un
coin. Or, quand on sait que tu as la tuberculose tout le monde t’abandonne, même tes meilleurs
amies t’évite, le bonjour on te le donne à distance. Et si tu vas rendre visite à un ami les gens
vont se retirer et se mettre à l’écart. C’est difficile de vivre avec les gens quand ils savent que
tu as la tuberculose. C’est pourquoi je préfère garder ça avec moi-même.
PSY: Dis-moi alors ce que tu penses du traitement qu’on te donne ?
YVE : C’est un traitement difficile à supporter. Je ne suis pas habitué à prendre les comprimés.
Tous ces comprimés à prendre tous les matins à six heures et à jeun, c’est difficile à supporter.
Mais on n’a pas le choix on est obligé de faire comme ça si on veut guérir.
PSY: Comment alors tu te sens depuis que tu es hospitalisé ici ?
YVE : Ici je me sens bien. Mais je préfère ne pas trop rester ici.
PSY: Pourquoi ?
YVE : Parce que si quelqu’un me voit ici, tout de suite il saura que j’ai la tuberculose.
PSY: Crois-tu que cette maladie peut avoir une origine mystique ?
YVE : Oui. Mais dans mon cas c’est surtout spirituelle. Je pense que c’est Dieu qui a fait que
j’ai cette maladie à cause de la mauvaise vie que je mène. c’est pour me punir et me ramener
sur le droit chemin qu’il a permis que j’ai cette maladie. C’est pourquoi je prie beaucoup pour
qu’il m’aide à guérir, sans lui je ne suis pas sûr de guérir. Seul Jésus christ peut me sauver de
cette maladie. Je reconnais que j’ai mené une mauvaise vie jusqu'à présent, mais j’ai besoin de
lui pour me sortir de là.
PSY: Tu as dit que cette maladie pouvait avoir une origine mystique, j’aimerais savoir
comment ?
YVE : Oui. Si quelqu’un est contre toi il peut te lancer la tuberculose mystiquement. Mais c’est
à cause de tes péchés que Dieu permet que cette maladie puisse t’atteindre.
PSY: Est-ce que il y a des gens qui sont contre toi ?
YVE : Oui, beaucoup même.
PSY: Pourquoi ?
YVE : Y a n’a parce que j’ai sorti leur femme ou leur copine, d’autre parce qu’on s’est battu, à
causes de beaucoup de chose. Et puis je me sens un peu coupable, parce que j’ai fait beaucoup
de mauvaises choses. J’espère seulement que Dieu me pardonnera.

13
PSY: Quel effet ça te ferait si un de tes parents te rencontrerait ici ?
YVE : J’aurais honte
PSY: Pourquoi ?
YVE : Tu sais, mes parents ont tous fait pour que je puisse apprendre, faire des bonnes études
et avoir une bonne vie. Mais moi j’ai préféré suivre les amies. Aujourd’hui, voilà la d’où je suis
.C’est pourquoi je préfère que les gens ne sachent pas cela.
PSY: Ok ! Merci pour m’avoir accordé ton temps
YVE : Merci à toi aussi pour avoir passé ton temps avec moi. Ici même les infirmiers nous
traitent comme si on n’était des microbes alors que toi tu n’as même pas peur de parler à côté
de moi de discuter avec moi sans gêne. Vraiment je te remercie.

Présentation du cas 2 : VAN


Van est une gabonaise de 27 ans, sans enfant, elle loue un studio au quartier “AVEA’’133
depuis déjà cinq (5) ans. Elle ne travaille pas et a un niveau d’étude de la classe de quatrième
de l’enseignement général. Elle est l’ainée d’une fratrie de trois enfants. Sa maman est décédée
alors qu’elle n’avait que dix ans. Elle a grandi avec une des sœurs à son père. Elle ne prie dans
aucune église mais se réclame catholique. Elle souffre d’une tuberculose pulmonaire et est
hospitalisé depuis deux semaines.
Elle a été adressée au service social antituberculeux de Nkembo pour comportement suspect
d’inobservance. En effet, les deux autres malades qui sont dans la même chambre qu’elle, ont
rapporté aux infirmières que ça fait deux fois que celle-ci vomi ses médicaments quelques
minutes après leur prise et après la sortie des infirmières. Suite à cela le service social a été
contacté afin de mener une enquête et de sensibiliser cette malade.

Récit de l’entretien
PSY : (stagiaire) Bonjour Yvette !
VAN : Bonjour !
PSY : J’aimerais aborder avec toi quelques questions sur comment tu vis ta maladie depuis que
tu es hospitalisé, ton traitement, la réaction des autres depuis que tu as la tuberculose et ton
point de vue sur les croyances traditionnelles qui sont autour de cette maladie.
VAN : Ok !
PSY : J’aimerai d’abord savoir quel effet ça t’a fait quand le médecin ta dit que tu avais la
tuberculose?
VAN : (soupir) Ça m’a traumatisé
PSY : Pourquoi ?

14
VAN : Parce que moi je ne fume pas. Je ne comprends pas que je puisse avoir cette maladie.
PSY : Pour toi la tuberculose est due à quoi ?
VAN : C’est une maladie des fumeurs, des vieux, des gens qui sont salles, etc. Comment moi
je peux avoir cette maladie.
PSY : Depuis que tu sais que tu as la tuberculose, quels sentiments éprouves tu vis-à-vis de toi-
même ?
VAN : J’ai honte de moi, je me sens gêné devant les autres.
PSY : Pourquoi ?
VAN : Mais parce que j’ai trop maigris. Les gens pensent même que j’ai le sida. Avant qu’on
ne m’hospitalise ici à Nkembo, les gens passaient leur temps à me critiquer à me montrer du
doigt. Je ne pouvais même plus aller chez une amie ou une voisine. Les gens avaient même
peur de s’approcher de moi. Je vomissais déjà le sang avant qu’on m’hospitalise ici et qu’on
me dit que c’était la tuberculose que j’avais. J’avais peur je pensais que j’allais mourir et que
j’avais le sida. Or c’était la tuberculose. J’étais rejeté par certaines de mes amies qui ne venaient
même plus me rendre visite, j’étais déjà presque abandonné à moi-même.
PSY : Pourquoi ce comportement de la part de ton entourage ?
VAN : Parce qu’ils ont des idées arrêtés ?
PSY : Quels types d’idées ?
VAN : Certaines pensaient que j’avais le sida, d’autres pensaient que c’est une maladie que je
suis allée chercher chez un homme, d’autres que j’avais la tuberculose et d’autres que j’avais
les deux à la fois. Ce qui fait que les gens m’évitaient même pour me dire bonjour, il le faisait
en distance.
PSY : Pourquoi selon toi les gens se comportaient ainsi avec toi, et les poussait à t’éviter?
VAN : Bon je pense que c’est parce que je toussais déjà et les gens soupçonnaient que j’avais
la tuberculose. Tu sais les gens ont très peur de la tuberculose.
PSY : Pourquoi les gens ont aussi peur de la tuberculose ?
VAN : Parce que c’est une maladie qui tue. Tu sais, tu peux vivre avec le sida mais tu ne peux
pas vivre avec la tuberculose. En plus la tuberculose est difficile à soigner et à guérir, tu vomis
le sang et quand tu tousses tu peux contaminer les gens qui sont autour de toi. Les gens sont
donc obliger de te fuir, de t’éviter comme si tu étais même le microbe de la tuberculose.
PSY : Est ce que les gens savent aujourd’hui de quoi tu souffres exactement?
VAN : Non. Ils ne savent même pas que je suis à Nkembo. En dehors de ma sœur. Et je lui-
même dit de ne pas dire à qui que ce soit que je suis à Nkembo ou que je souffre de la
tuberculose.

15
PSY : Mais quand tu sortiras d’ici comment vas-tu faire ?
VAN : J’irais d’abord habiter avec ma sœur. Puis je vais chercher un autre studio, je ne vais
plus habiter dans ce quartier.
PSY : Pourquoi ?
VAN : On raconte trop dans mon quartier, et puis si les gens savent que j’ai la tuberculose ou
que je suis hospitalisé à Nkembo, ils sauront que j’ai la tuberculose et ils vont bien me gaspiller
le nom. Je serais la honte de tout le quartier, je ne pourrais même plus regarder les gens en face.
Même mon bailleur va me mettre dehors. Non, je ne veux pas qu’ils le sachent. Je sais comment
ils vont réagir, je connais bien notre quartier.
PSY : Pourquoi vont il réagir ainsi ?
VAN : Parce que la tuberculose c’est une mauvaise maladie, c’est une maladie qui fait souffrir,
regarde comment j’ai maigris on peut même dire que j’ai le sida même si je leur dit que mon
test de sida est négatifs. Les gens ont des idées arrêtées sur la tuberculose.
PSY : Quels genres d’idées ?
VAN : Par exemple que l’on ne peut pas vraiment soigner quelqu’un de la tuberculose
définitivement. Et que la tuberculose il suffit que tu tousses et même si tu salues quelqu’un tu
peux lui contaminer cette maladie. On dit même qu’on peut te la transmettre pendant le rapport
sexuel ou même par la poussière.
PSY : Mais que diras tu aux autres, parents, amies, voisines etc. quand tu sortiras d’ici ?
VAN : Que c’était un fusil nocturne qu’on m’a lancé et que j’étais allé me soigner à l’indigénat.
PSY : Pourquoi un fusil nocturne ?
VAN : Parce que je sais que ma maladie n’est pas simple. Il y a des filles qui m’en veulent et
qui sont jalouses de moi. Et puis j’ai souffert pendant plus de trois mois avec cette maladie, j’ai
fait tous les examens on ne voyait rien jusqu'à ce que un pasteur a prié pour moi, et c’est là,
quand je suis partie encore au CHL (Centre Hospitalier de Libreville) on a découvert que c’était
la tuberculose et le médecin m’a orienté ici à Nkembo.
PSY : Donc pour toi ta maladie aurait une origine mystique ?
VAN : Oui. Je sais que ce sont ces filles qui ont fait un travail sur mon corps pour me gaspiller.
PSY : Quel travail ?
VAN: Aller chez les Ngangas.
PSY : Pourquoi elles l’auraient fait ?
VAN : Parce que j’ai des gars qui s’occupent bien de moi, alors qu’elles sont là elles n’ont
même pas un petit ami. Les copains leurs ont abandonnées avec des gosses.
PSY : Crois-tu alors que l’hôpital peut te soigner ?

16
VAN : Non. Je pense que l’hôpital va juste calmer la maladie, mais il faut que je cherche au
sortir d’ici, l’origine de ma maladie pour que je puisse vraiment guérir.
PSY : Comment alors tu te sens depuis que tu es ici à l’hôpital ?
VAN : Je me sens un peu bien, mais je ne suis pas rassurer. J’ai encore un peu peur. Je sais que
ces filles me poursuivent encore mystiquement. La nuit quand je dors je fais des cauchemars
où il y a des gens qui me poursuivent qui veulent me faire du mal. Et puis ici, depuis que je suis
entrée à l’hôpital presque chaque jour il y a quelqu’un qui meurt. ça me fait vraiment peur.
PSY : Raconte-moi un peu un de ces cauchemars ?
VAN : Par exemple cette nuit j’ai rêvé des chiens qui me poursuivaient et qui voulaient me
mordre à la fesse.
PSY : Comment tu trouves le traitement qu’on te donne ici.
VAN : C’est un traitement difficile à supporter, je ne sais même pas si je vais le supporter
jusqu’au bout. Y a trop de comprimé à boire sans compter les piqures tous les matins et on me
dit que le traitement c’est six à huit mois. Vraiment je ne sais pas si je vais pouvoir le supporter
jusqu'à la fin.
PSY : Est-ce que là où vous aller partir habiter pendant le reste du traitement vous aller dire à
ces gens que vous avez la tuberculose ?
VAN : Jamais ! Si non on va me gaspiller aussi le non là bà. Je ne pourrais même plus être
tranquille. Partout on ne va plus que parle de ça. Je ne peux pas, je sais comment les gens vont
se comporter. Je risque même d’être chassé chez mon nouveau propriétaire.
PSY : Pourquoi agiront-ils ainsi ?
VAN : Parce que les gens n’aiment pas rester là où il y a un tuberculeux. C’est pourquoi tu vois
on a même fait un hôpital rien que pour les tuberculeux. En dehors des tuberculeux ici est ce
que tu vois d’autres malades ?
PSY : Qu’est que ça te fait de voir les gens agir comme ça ?
VAN : Ça fait mal, ça fait même très mal tu as même quelque fois envie de te suicidé une bonne
fois. Surtout si tu es faible ou si tu n’as pas un soutien ou quelqu’un pour t’encourager et te
soutenir.
PSY : Bien, merci de m’avoir accordé un peu de ton temps.
VAN : Merci à toi aussi, ça m’a fait plaisir de parler au moins avec quelqu’un qui comprend.
Parce que ici, même les infirmiers et le médecin ce comportent avec vous comme si vous étiez
même des microbes. C’est difficile.

17
Présentation du cas 3 : JEAN
Jean est de nationalité gabonaise, il est âgé de 25 ans, et habite avec ses parents au quartier
“Cocotier’’119. Il ne travaille pas et est hospitalisé depuis quatre (4) semaines. Il est le troisième
d’une fratrie de dix(10) enfants et a arrêté ses études en classe de première scientifique. Il
souffre d’une tuberculose pulmonaire qui commence à devenir résistante. Il est chrétien
catholique et va rarement à l’église.
Jean a été adressé au service social antituberculeux de Nkembo, où nous l’avons reçu pour la
première fois, pour inobservance au traitement. En effet, les ménagères ont retrouvé sous le lit
de Jean, lors de la désinfection des chambres, un lot de comprimé antituberculeux. Après un
entretien avec le médecin, celui-ci, l’ayant menacé de l’exclure de l’hôpital, il a avoué que
depuis trois jours il ne prenait plus ses comprimés. Face à cette situation, il a été orienté au
service social pour une sensibilisation afin de l’amener à une prise de conscience des dangers
qu’il court s’il continue à ne pas suivre correctement son traitement.

Récit de l’entretien
PSY : (stagiaire) : Bonjour Jean !
JEAN : Bonjour !
PSY : J’aimerais aborder avec toi quelques questions sur ton vécu de la tuberculose, de son
traitement, de la réaction des autres par apport à ta maladie et les croyances que tu as par apport
à celle-ci.
JEAN : N’y a pas de problème.
PSY: D’abord j’aimerai savoir quel effet ça t’a fait quand le médecin t’a dit que tu avais la
tuberculose ?
JEAN : Bon ça m’a fait mal.
PSY: Pourquoi ?
JEAN : Parce que c’est de ma faute si je suis atteint de la tuberculose. Mon papa a souffert de
cette maladie pendant longtemps, parce qu’il fumait beaucoup. On l’avait même demandé
d’arrêter de fumer mais il ne comprenait pas. Il continuait à fumer et toussait le sang jusqu'à ce
qu’il est mort. C’est comme ça on a essayé de le soigner mais il ne suivait pas les consignes des
médecins.
PSY: Pour toi à quoi est due la tuberculose ? Qu’est ce qui cause cette maladie ?
JEAN : Je pense que la tuberculose est due à la fumée des cigarettes. C’est à cause de la
cigarette que j’ai eu cette maladie. C’est la fumée-là qui m’a détruit les poumons, c’est pourquoi
je souffre de cette maladie aujourd’hui.

18
PSY: Depuis que tu à cette maladie quels sentiments éprouves-tu, vis-à-vis de toi-même ?
JEAN : J’ai honte et je me sens aussi gêné quand mes parents viennent me rendre visite.
PSY: pourquoi cette honte, pourtant c’est une maladie comme les autres.
JEAN : Non ce n’est pas une maladie comme les autres. Tu tousses le sang. Quand les gens
viennent te rendre visite ils se mettent loin de toi. Quand tu parles devant quelqu’un on te
demande de mettre la main à la bouche, certaines personnes même quand il te voit venir, ils se
retirent et s’éloignent un peu de toi, c’est très gênant. On te traite comme un microbe ici (à
l’hôpital). C’est très gênant. Si tu es faibles tu peux te faire des mauvaises idées, vouloir te
suicider, moi c’est grâce à ma copine que j’ai pu tenir le coup. Tu es rejeté, abandonné, même
par tes meilleurs amis. En dehors de ma mère, de ma petite amie qui viennent tous les jours me
rendre visite, les autres sont venus seulement une fois depuis là ils ne sont plus jamais venu me
voir même pas un coup de fil.
PSY: Ça fait combien de temps qu’ils ne sont plus venus te rendre visite.
JEAN : Ça fait trois semaines et demie. Et même quand ils étaient venu me rendre visite je
sentais qu’ils étaient souvent distant.
PSY: Qui était venu te rendre visite ?
JEAN : Mes trois frères et trois de mes amies.
PSY: Tu dis qu’ils étaient distant, comment ?
JEAN : Par exemple pour me remettre quelque chose il le pose sur le lit à distance puis me
demande de le prendre. Il ne s’approchait pas de moi, il était distant, même me saluer avec la
main il ne l’on pas fait. Il mon seulement dit bonjour avec la bouche. Tu te sens même humilier.
PSY: Comment trouves tu alors le traitement que l’on te donne ici ?
JEAN : C’est un traitement lourd à supporter. Je dois prendre tous ces comprimés chaque matin
plus une injection. C’est pénible et je dois supporter ça pendant six à huit mois. Vraiment je ne
sais pas si je vais tenir le coup.
PSY: Tu prends combien de comprimés par jour.
JEAN : Dix (10) comprimés par jour, quatre comprimés rouges et six comprimés blancs, en
plus c’est des gros comprimés difficiles à avaler. Je te dis c’est dur.
PSY: Que penses-tu de la réaction de tes amis, de tes frères et de celle de tes voisins quand tu
sortiras d’ici ?
JEAN : D’abord j’ai dit à mes parents et à mes amies qui sont venus me rendre visite ici, de ne
pas dire à mes voisins et d’autres personnes que je suis hospitalisé à Nkembo et que je souffre
de la tuberculose.
PSY: Pourquoi ?

19
JEAN : Parce que quand les gens savent que tu as la tuberculose, ils t’évitent, tu peux même
perdre ton emploi, on à peur de toi comme si tu portais la mort sur toi. On te montre du doigt
dans le quartier comme si tu as le sida. D’autres vont même raconter que tu as le sida. Tu ne
peux même plus être un moment ensemble avec les autres, tu es obligé de rester dans ton coin.
Les gens te regardent comme si tu étais même le microbe de la tuberculose. Non, je ne veux
pas que les gens de mon quartier sachent que j’ai la tuberculose. D’abord j’ai dit à ma mère
qu’au sortir d’ici j’irai chez ma tante à “Diba-Diba’’120 pendant la durée de mon traitement.
Parce que je sais déjà ce qui va se passer dans mon quartier. Là bas en rencontre trop.
PSY: comment sais-tu que les gens vont réagir comme ça ?
JEAN : Quand mon papa était malade c’est comme ça que les gens se comportaient avec lui.
PSY : Pourquoi selon toi les gens réagissent comme ça ?
JEAN : Parce que les gens pensent que la tuberculose est une maladie grave. On pense que
quand tu as la tuberculose tu ne peux pas guérir totalement et que tu vas contaminer les gens.
De plus, c’est une maladie qui tue mal. Ça te fait d’abord souffrir pendant longtemps tu vomis
du sang tu maigris beaucoup comme un sidéen. Et puis les gens pensent qu’on peut te
contaminer la tuberculose même par un bonjour.
PSY : Quel effet ça te fait de voir les gens se comporter ainsi ?
JEAN : Ça fait mal. C’est comme si tu ne servais plus à rien, tu étais devenu inutile pour la
société et en même temps un danger pour les autres. C’est comme si on voulait même que tu
meurs.
PSY: Maintenant dit-moi comment te sens-tu depuis que tu es ici à l’hôpital ?
JEAN : Je me sens comme si jetais en enfer.
PSY: Pourquoi ?
JEAN : Parce que je vois l’hôpital comme si c’était la prison.
PSY: Qu’est ce qui te fait penser à la prison ici ?
JEAN : Tout. Le traitement, tous ces comprimés à prendre tous les jours sans compter les
injections chaque matin. Le comportement des infirmiers qui vous traitent comme si vous étiez
des microbes ou vous avez la peste.
PSY: Crois-tu que cette maladie peut avoir une origine mystique ?
JEAN : Oui. On peut te lancer la tuberculose mystiquement. Parce qu’il y a beaucoup des gens
qui fume mais pourquoi tous n’ont pas la tuberculose. Et puis à la mort de mon père on avait
dit que c’est les sorciers qui l’ont lancé cette maladie. Ils ont seulement profité du fait qu’il
fumait beaucoup.
PSY: Pourquoi les gens te lanceront ils cette maladie ?

20
JEAN : Parce que peut-être ils veulent se venger de moi.
PSY: Pourquoi ?
JEAN : Bon parce que peut être quand je tire un coup (il veut dire fumer) je deviens un peu
agressif et puis je frappe les gens.
PSY: Mais pourquoi tu les frappes ?
JEAN : Tu sais que quand tu tires un coup un moment tu peux perdre le contrôle et puis agir
un peu n’importe comment.
PSY: Penses-tu que la médecine traditionnelle peut-elle soigner cette maladie ?
JEAN : Oui, et bien même.
PSY: Crois-tu que ta maladie peut avoir une cause mystique ?
JEAN : Oui.
PSY: Pourquoi ?
JEAN : Parce que dans ma famille y a beaucoup de sorcier. Ils peuvent faire tout ça pour
chercher à m’éliminer. C’est pourquoi je ne veux même pas que les gens sachent que j’ai cette
maladie.
PSY: Pourquoi chercheront ils à t’éliminer ?
JEAN : Parce qu’ils sont jaloux. Les sorciers peuvent vouloir te faire du mal sans même que tu
ne saches pourquoi, même si tu ne leur fais rien. Tu sais, le noir il est comme ça, il est mauvais.
PSY : Merci Jean, pour cet entretien que tu m’as accordé
JEAN : Merci à toi aussi !

Présentation du cas 4 : FELIA


Felia Est une jeune gabonaise âgé de 20 ans. Elle habite le quartier “Nkembo Nord’’ et vit
encore avec son père et sa mère. Elle souffre d’une tuberculose depuis plus de six (6) mois
avant que son médecin traitant lui réfère à l’hôpital de Nkembo où le diagnostic de la
tuberculose a été confirmé. Elle a un oncle qui souffre de la tuberculose pulmonaire depuis près
de deux ans et qui vit sous le même toi que Felia et ses parents. Elle est la deuxième d’une
fratrie de sept enfants. Elle a dû arrêter ses études depuis un an à cause de sa maladie. Elle a un
niveau d’étude de la classe de seconde et est hospitalisé depuis trois (3) semaines à l’hôpital
spécialisé de Nkembo.
Felia ne suit pas son traitement correctement. En effet, les infirmières ont constaté que celle-ci
ne prenait pas tous ses comprimés. Étant dans une salle VIP, elle dispose d’une douche et d’un
WC personnel. Lorsque l’équipe de nettoyage y est passée, elle a retrouvé des comprimés dans
les toilettes. De plus, on a constaté que sa charge de B.K. lors des bacilloscopies (examen

21
permettant de vérifier le taux de microbe de tuberculose dans l’organisme) de contrôle est
toujours élevée. Face à cette situation, Felia a été orientée au service social antituberculeux pour
un entretien afin de la sensibiliser pour une meilleure observance au traitement.
Notons que Felia a connu une déformation de sa stature corporelle, suite à sa maladie. Elle a un
gros ventre, ces seins se sont atrophiés, elle a les mains et les pieds très maigres. Elle est
chrétienne et prie depuis deux ans dans une église dite de “réveille’’.

Récit de l’entretien
PSY : Bonjour Felia !
FELIA : Bonjour !
PSY : je vais aborder avec toi quelques questions sur comment tu vis ta maladie, ton traitement,
la réaction des autres face aux tuberculeux et les croyances traditionnelles qui tourne autour de
cette maladie.
FELIA : Ok
PSY: Tout d’abord j’aimerais savoir quels sentiments as-tu éprouvé quand le Médecin ta dis
que tu avais la tuberculose ?
FELIA : Ça m’a rien fait.
PSY: Pourquoi ?
FELIA : Mais parce que on avait déjà un tuberculeux dans la maison.
PSY: Il était qui pour toi ?
FELIA : C’est mon oncle.
PSY : Est-ce qu’il se faisait soigner ?
FELIA : Oui, mais quand il a commencé à prendre les médicaments dès qu’il se sentait déjà
bien, il arrêtait de prendre ses comprimés et se remettait à fumer. Il ne suivait pas bien son
traitement. Il continue toujours à fumer et à tousser.
PSY : Pour toi qu’est ce qui est à l’origine de ta maladie ?
FELIA : C’est mon oncle qui m’a contaminé cette maladie ?
PSY: En dehors de toi personne dans la maison n’a cette maladie ?
FELIA : Personne. Seulement moi ; je ne sais pas pourquoi c’est moi qui a attrapé ça.
PSY : Depuis que tu as cette maladie quels sentiments as-tu vis-à-vis de toi même ?
FELIA: Je me sens gêné et j’ai beaucoup honte de moi.
PSY: Pourquoi ?
FELIA : Ma tuberculose est bizarre, je ne tousse pas comme les autres, je ne vomi pas le sang
mais et en plus ça me remplit le ventre comme si j’étais enceinte. J’ai beaucoup maigris avec

22
un gros ventre. On doit à chaque fois me ponctionner pour vider l’eau qui est dans mon ventre
et dans mes poumons.
PSY: Qu’est ce qui te fait principalement honte et te gêne ?
FELIA : C’est mon corps. Il est devenu bizarre. Et je ne veux pas qu’on me voit comme ça.
PSY: Est-ce que tu as déjà reçu de la visite ici ?
FELIA : Au début, oui. Mais je ne veux plus que les gens viennent me rendre visite
PSY: Pourquoi ?
FELIA: Parce que je sais qu’ils iront raconter des choses sur moi.
PSY : Quelles choses par exemple ?
FELIA : Bon, mon gros ventre, mes petits pieds et puis j’ai beaucoup maigris et je suis devenu
bizarre
PSY : Et quel effet ça te fait de te voir comme ça.
FELIA: Rien.
PSY : Pourquoi ?
FELIA : Parce que, peut-être que je mérite ça.
PSY : Mériter quoi ?
FELIA : Ah ! Être comme ça.
PSY: Pourquoi mériterais- tu ça ?
FELIA : Parce que moi-même aussi quand j’étais petite je me moquais des gens, par exemple
les bossus, les albinos, les épileptiques, les gens qui avaient des malformations, les
drépanocytaires, etc.
PSY : Comment trouves tu ton traitement ?
FELIA: Ah ! C’est pénible. Tous ces comprimés à prendre tous les jours sans compter la
ponction pour vider l’eau dans mes poumons. C’est difficile à supporter. Ça me fatigue même.
Et puis je ne sais même pas si tout ça va même me guérir.
PSY : Pourquoi dis-tu ça ? Crois-tu qu’on ne peut pas te guérir de la tuberculose ?
FELIA : Ma tuberculose est très bizarre, d’abord dans la maison on est nombreux, avec papa
et maman et mon oncle on est dix (10) et je suis la seule qui a été contaminé. Et pourtant je
faisais même tout pour l’éviter. C’est comme si c’était Dieu qui a fait ça.
PSY : Pourquoi Dieu l’aurait-il fait ?
FELIA : Peut-être parce que je me moquais des gens. Je sais que c’est ça et même si on me
traite ici je ne serais pas définitivement guérit et je sais que je ne pourrais plus retrouver mon
corps normal.
PSY : Donc, pour toi c’est Dieu qui a fait en sorte que tu ais cette maladie.

23
FELIA : Oui.
PSY : Donc, pour toi les médicaments de l’hôpital ne peuvent pas te guérir.
FELIA : Les médicaments seuls, ne peuvent pas me soigner, sauf avec la volonté de Dieu. Dieu
seul a la guérison à ma maladie.
PSY : Est-ce que pour toi la tuberculose peut-être une maladie mystique ?
FELIA : Oui. Les sorciers peuvent te lancer cette maladie. Ils servent le diable et ils sont
capables de tout. Le diable peut te donner une maladie que même si tu vas à l’hôpital on ne peut
pas te soigner. Et même si on te soigne elle va toujours revenir.
PSY : Mais pourquoi Dieu laisserait il le diable te faire ça ?
FELIA : Peut-être pour me mettre à l’épreuve ou bien parce que j’avais un mauvais
comportement.
PSY : Quel effet ça te fait d’être hospitalisé ici à Nkembo ?
FELIA : Rien.
PSY : Qu’est- ce que tu penses de cet hôpital ?
FELIA : C’est un hôpital maudit, d’ailleurs tout le quartier est maudit. Ici c’est l’enfer, c’est
comme s’il y’avait une sorte de malédiction dans ce quartier et même dans cet hôpital.
PSY: Depuis que tu es malade comment tes amis se comporte avec toi ?
FELIA : Il y a ceux qui viennent me rendre visite et d’autres qui m’évitent.
Mais je préfère ne plus voir personne et rester dans mon coin.
PSY : qu’est-ce que ça te fait de voir que tes amies se comportent ainsi ?
FELIA: Pour ceux qui viennent me rendre visite j’ai souvent un peu honte et je me sens gêné.
Mais pour ceux qui m’évitent, ça m’arrange même.
PSY : Pourquoi ça t’arrange ?
FELIA: Parce que je sais ce qu’elles pensent au fond d’elles et je sais qu’elles font semblant
et au fond elles se moquent de moi.
PSY: Quel effet ça te fait de savoir qu’on se moque de toi ?
FELIA : Ça me met mal à l’aise.
PSY : Merci de m’avoir accordé un peu de ton temps
FELIA : Merci à toi aussi.

24
Annexe 2 : autres résumés des récits d’entretien.

SUJET N°1
Identification
Age : 27 ans
Sexe : Masculin
Nationalité : Gabonaise
Ethnie : Fang
Situation professionnelle : Temporaire dans une usine de bois à Owendo
Situation matrimoniale : Concubinage
Nombre d’enfant : 1 enfant (vivant avec les parents de la mère)
Quartier : PK6
Première contamination : Février 2006
Niveau d’étude : C.E.2 (primaire)
Résumé de l’entretien
On peut retenir de notre entretien avec S1 :
« La tuberculose est une maladie grave, mon papa à souffert de la tuberculose, parce qu’il
fumait beaucoup. Aujourd’hui il est guéri et il a arrêté de fumer. Dès ma première contamination
je suis venu à l’hôpital de Nkembo, je fumais beaucoup, et je pensais que c’était à cause de la
cigarette que j’ai attrapé cette maladie. Aujourd’hui, je pense que la tuberculose est due à des
microbes qui doivent être autour de la maison. Il y a même des enfants qui naissent avec la
tuberculose. Je n’ai pas encore rencontré un enfant avec la tuberculose, mais mon fils, lui, tousse
depuis sa naissance, et mes parents pensent que c’est moi qui lui est transmis la tuberculose.
Avant que je ne face la maladie je pensais que c’est une maladie des personnes âgés qui ont
plus de 50 ans, qui ne s’entretiennent pas, qui fumaient beaucoup, etc. Mais c’est aussi une
maladie qu’on peut te transmettre, s’il y a dans la maison par exemple quelqu’un qui souffre de
ça.
Pour certaines personnes c’est une maladie contagieuse, même quand tu es traité et que tu
ne tousses plus. Lorsque tu es avec les autres, quand tu parles, il te demande de cacher la bouche,
certain se retire quand il te voit venir, quand tu t’approches un peu trop près de quelqu’un il se
retire et s’éloigne de toi. C’est très gênant, on te traite de microbe. Si tu es faible tu peux te faire
des mauvaises idées, vouloir te suicider, tu es rejeté, abandonné, même par tes meilleurs amis,
quand ils te disent bonjours, c’est à distance. Tu es critiqué et on te pointe même du doigt. Les
gens de ta propre famille vont raconter partout que tu as la tuberculose, même à des gens que

25
tu ne connais pas et à tes amis. J’étais mouillé, les regards des autres étaient insupportables. Et
les gens avaient peur de moi. C’est grâce au soutien de ma femme que j’ai pu tenir le coup.
Quand je venais à l’hôpital de Nkembo, je voyais l’hôpital comme un enfer, une prison. Le
traitement lui-même est bon, mais les choses ne sont pas facile, surtout la maladie. Je ne pensais
pas avoir le sida, je pensais seulement que c’est la cigarette. Si j’avais arrêté le traitement c’est
parce que je pensais que j’étais déjà guéris. Comme ça allait déjà, je me suis dit que je pouvais
reprendre à fumé mais moins qu’avant.
Je ne travaille plus pour l’instant, depuis que mon patron a su que j’ai la tuberculose il m’a
renvoyé. Ma femme aussi ne travaille pas. Je n’ai personne qui vient me rendre visite en dehors
de ma femme. J’ai pourtant des frères qui travaillent et des sœurs mariés, mais, ils ne m’aiment
pas et on ne s’entend pas. Je suis vraiment dépassé. Mais, je remets tout ça à Dieu »

SUJET N°2
Identification
Age : 28 ans
Sexe : Masculin
Nationalité : Gabonaise
Ethnie : Sékianie
Situation professionnelle : Chômeur
Situation matrimoniale : Célibataire
Nombre d’enfant : 0
Quartier : Avéa
Première contamination : Décembre 2003
Niveau d’étude : Quatrième de l’enseignement générale

Résumé de l’entretien
De cet entretien on peut retenir que:
« La tuberculose est une maladie qui a plusieurs causes. Dans mon cas ce n’est pas une
maladie simple. J’ai remarqué depuis décembre 2003 que j’ai eu cette maladie pour la première
fois, chaque mois de décembre je chute et je fais encore cette maladie. C’est une maladie
mystique aussi. Parce qu’on peut te soigner à un moment, tu te sens bien après la maladie
revient. Quelque fois, la maladie revient même pendant que tu es sous traitement ; tu tousses
encore le sang alors que tu bois les médicaments. Je pense que c’est quelqu’un de ma famille

26
qui me fait ça. Dès que j’ai eu cette maladie pour la première fois je suis venu directement à
l’hôpital de Nkembo.
Avant je pensais que la tuberculose était une maladie qu’on trouve uniquement chez les gens
qui fument et qui abusent de l’alcool, surtout chez les vieux. En plus, elle est contagieuse et on
peut même te lancer ça mystiquement.
Quand tu as la tuberculose les autres te fuient, ils pensent que la tuberculose est une maladie
qu’on ne guéri pas définitivement, et que même si tu es sorti de l’hôpital et que le docteur te
déclare guéri, c’est faux, tu n’es jamais totalement guéri. De toutes les façons le médecin ne
peut pas te dire la vérité même s’il sait que tu ne serais pas guéri. Ce qui fait que tu es rejeté, tu
ne peux plus manger avec les autres dans une même assiette, quand un ami ou un frère veut te
remettre quelque chose il le pose sur la table puis après il te dit de le prendre. On te traite de
tuberculeux, comme si c’était une injure. Et quand on me dit que tu es tuberculeux je me sens
injurié. C’est pourquoi, je préfère ne plus avoir d’amis, ni de visites à l’hôpital, je vais rester
dans mon coin même au sortir d’ici. Et je pense aussi qu’on ne peut pas guérir totalement de la
tuberculose ici. Surtouts dans mon cas, il faut aussi voir le coté de la tradition. Sauf si Dieu par
miracle décide de te sortir de là. Sauf vraiment la volonté de Dieu. C’est pourquoi depuis que
je suis ici je prie tous les jours.
L’hôpital de Nkembo est un hôpital un peu maléfique. Y a des personnes qui arrivent ici
bien portant, quelque temps après dès qu’ils vont s’allonger sur le lit on apprend qu’il est mort.
Moi-même j’ai fait un rêve ou on m’appuyait sur le lit, et je me suis débattu et j’ai vomi du sang
dans le rêve. Y a des nuits où on n’arrive même pas à dormir. Malgré les prières qu’on fait. On
ressent toujours la présence des morts dans notre chambre. C’est un hôpital bizarre. Je pense
que quand on a la tuberculose on n’a pas forcement le sida. Si j’ai arrêté mon traitement la
première fois c’est parce que je me sentais déjà bien et puis j’avais peur de m’intoxiquer à force
de prendre ces médicaments. Mais je sais que ma maladie n’est pas simple. L’hôpital ne peut
pas vraiment me guérir. Il faut aussi voir le coté traditionnelle.

SUJET N°3
Identification
Age : 32 ans
Sexe : Masculin
Nationalité : Gabonaise
Ethnie : Npunu
Situation professionnelle : Chômeur

27
Situation matrimoniale : Célibataire
Nombre d’enfant : 4 enfants (vivants avec leur mère)
Quartier : PK7
Première contamination : Novembre 2003
Niveau d’étude : Première de l’enseignement technique

Résumé de l’entretien
De l’entretien avec S3 on retiendra :
« La tuberculose est due à la cigarette et aux produits toxiques que l’on respire tous les
jours. Avant 2002 je fumais beaucoup, en plus je suis menuisier ébéniste. Je travaille tous les
jours de la semaine et je respire chaque jour ces poussières. Je fais aussi le vernissage et je
ponce régulièrement les planches. De surcroit là d’où j’habite il y a beaucoup de moustique et
je mets souvent le Rambo (un produit toxique pour tuer les moustiques) le weekend dernier
avant que je ne sois hospitalisé, j’avais mis le Rambo dans toute la chambre et j’ai respiré ça
pendant près de deux heures. J’étais enfermé dans la chambre pour suivre le match.
Dès que j’ai eu la tuberculose pour la première fois, je suis allé me faire traiter à l’hôpital
Jeanne Eborie. On m’a traité la bas pendant un mois, mais ça n’allais pas toujours. C’est comme
ça qu’on m’a évacué à l’hôpital de N Nkembo. A Nkembo j’étais suivi pendant trois semaines
puis ça allait déjà.
Mon père était un infirmier des grandes endémies, nous n’avions pas peur de la tuberculose
mais plutôt de la lèpre. La tuberculose pour nous était une maladie comme les autres. Mais pour
certaines personnes c’est une mauvaise maladie. Il l’a confonde souvent au sida, parce que la
fin d’un malade tuberculeux est presque la même que pour le sida.
Ce qui fait que les gens fuient l’hôpital c’est l’entretien de l’hôpital. Avant l’hôpital était très
salle et avait une mauvaise image. Alors qu’aujourd’hui l’hôpital est propre et les gens n’ont
plus peur de venir rendre visite aux autres ici. Aujourd’hui l’hôpital est devenu beau et jolie et
c’est un hôpital propre.
Je suis Co-infecté, depuis 2002 qu’on m’a trouvé avec la tuberculose on m’a aussi donné
mon statut. A cette époque je travaillais dans une société d’exploitation forestière. Après la
découverte de ma maladie (tuberculose), quand je suis revenu, j’ai été renvoyé. J’ai bénéficié
de la réduction des prix des ARV ce qui m’a permis de suivre mon traitement jusqu’aujourd’hui.
Pour l’instant je fais des bricoles, je laque, je fais du vernissage et je travaille tous les jours.
C’est même à cause de tout ça que j’ai même chuté. J’arrive à subvenir à mes besoins et je
m’occupe de mes quatre (4) enfants avec mes petits moyens. »

28
SUJET N°4
Identification
Age : 29 ans
Sexe : Féminin
Nationalité : Gabonaise
Ethnie : Fang
Situation professionnelle : Fonctionnaire (infirmière assistante au C.H.L.)
Situation matrimoniale : Concubinage
Nombre d’enfant : 3 enfants
Quartier : Akébé ville
Première contamination : Novembre 1996
Niveau d’étude : Première de l’enseignement générale
Résumé de l’entretien
De l’entretien avec S4 on peut retenir que :
« La tuberculose est une maladie dangereuse, et traumatisante. Elle est surtout due au tabac.
J’avais un de mes frères qui à souffert de ça, il fumait beaucoup. C’est lui qui m’a contaminé
la première fois. Mais elle est aussi due à un microbe anaérobie et aérobie.
Lorsque je suis tombé malade pour la première fois je suis directement venu à l’hôpital de
Nkembo. Mes sœurs et mes frères mon beaucoup soutenue ils étaient présent auprès de mois
tous les jours. Quand je suis sortie de l’hôpital on mangeait dans les mêmes assiettes sans
problèmes, on partageait la même chambre, le même lit. Elles disaient que c’est une maladie
comme les autres, même si on doit tous tomber malade, on le sera, mais on ne peut pas te laisser
tomber. Mais pour les voisins ce n’est pas ça. Tu es rejette, on t’évite. C’est pourquoi j’évite de
dire aux gens ma maladie. Ce qui me faisait mal c’est surtout l’image mon corps. J’avais trop
maigris, j’avais honte de mon corps. C’est pourquoi je préférais rester dans la maison et ne pas
sortir.
Avant l’hôpital était très salle et ça faisait que les gens ne voulaient pas trop venir ici. La
nourriture n’était pas bien préparée et les assiettes mal lavées. Quand mon frère était hospitalisé
ici, il arrivait qu’on lui donne de la nourriture, par exemple un poulet qui n’a pas était bien
nettoyer. J’étais souvent obligé de l’amener à manger depuis la maison. Aujourd’hui, l’hôpital
à changer et est devenu plus propre et les repas très bien fait, avec même un dessert à midi.
Je ne pense que le sida n’à rien avoir avec la tuberculose. Le sida c’est une maladie qui a
son microbe et la tuberculose aussi à son microbe. Je ne suis pas d’accord avec les gens qui
pensent souvent que si on à la tuberculose c’est que l’on doit aussi avoir le sida.

29
La première fois quand j’ai attrapé la maladie je suivais très bien mon traitement j’avais les
moyens pour payer mon traitement. Ce qui m’a amené à arrêter mon traitement c’est la
grossesse. C’est à cause de la grossesse que j’ai arrêté mon traitement au 6ième mois de grossesse.
Puis en 1998 j’ai rechuté. Avec l’aide de mes sœurs et de mes frères qui mon soutenue j’ai
repris le traitement jusqu'à la fin sans problème. Puis j’ai été déclaré guérie en 1999. Depuis,
jusqu'à aujourd’hui je n’ai jamais refait la maladie. C’est depuis le début du mois de février que
j’ai repris à tousser. Et quand je suis venu ici on n’a trouvé que j’avais encore la tuberculose. ».

SUJET N°5
Identification
Age : 20 ans
Sexe : Féminin
Nationalité : Gabonaise
Ethnie : Fang
Situation professionnelle : Elève
Situation matrimoniale : Célibataire
Nombre d’enfant : 1 enfant
Quartier : Nkembo
Première contamination : Mars 2006
Niveau d’étude : Terminale de l’enseignement générale

Résumé de l’entretien
De cet entretien on peut retenir ce qui suit :
« D’abord il faut dire que la tuberculose est une maladie des fumeurs. Mon oncle souffre de
la tuberculose, il ne se soigne pas. Quand on lui prescrit les médicaments il commence à prendre
puis après il arrête et se remet à fumer. C’est lui qui m’a contaminé cette sale maladie. Mais je
ne sais pas pourquoi dans toute la maison c’est moi qui ai attrapé cette maladie. Ça fait deux
ans, on me traite depuis là je ne guéris pas. C’est Dieu qui fait ça, peut-être parce que je passais
le temps à me moquer des autres quand ils étaient malades. Si j’ai arrêté le traitement de
l’hôpital la première fois c’est parce que les médicaments là me fatiguait déjà. Et je crois que
c’est seulement Dieu qui peut me guérir, c’est lui qui sait pourquoi j’ai cette maladie. C’est
pourquoi, je prie Dieu tous les jours pour qu’il me guérisse de cette maladie. Il est le seule qui
peut vraiment me guérir, les médicaments là y a rien.

30
Et puis quand tu as la tuberculose on raconte n’importe quoi sur toi. Les gens racontaient
n’importe quoi sur moi. Certains disaient que j’avais le sida, qu’un homme m’a contaminé une
sale maladie, que je suis allée chercher ça à cause de l’argent. Des trucs comme ça. C’est
pourquoi j’ai commencé à ne plus aller au cours et rester chez moi. Les gens disaient tous ça
parce que j’avais trop maigris, j’avais honte de moi, j’avais honte même d’être avec les autres.
J’espère que je vais guérir de cette maladie, parce que je ne sais pas si le traitement là pourra
vraiment me guérir, ça fait deux ans que je prends ces médicaments mais je ne vois rien.
Au sortir d’ici j’irai à la maison chez mon père. J’habite encore chez mes parents. La première
fois que j’ai eu la maladie je suis d’abord allé à l’hôpital général. On n’a commencé par
m’hospitalisé pendant un mois puis on m’a sorti et on m’a dit de continuer ce traitement jusqu'à
ce que je l’ai abandonné parce que je ne voyais rien.».

SUJET N°6
Identification
Age : 29 ans
Sexe : Masculin
Nationalité : Gabonaise
Ethnie : Fang
Situation professionnelle : chauffeur
Situation matrimoniale : Célibataire
Nombre d’enfant : 1 enfant
Quartier : Nkembo
Première contamination : mars 2003
Niveau d’étude : Seconde de l’enseignement générale

Résumé de l’entretien
De cet entretien on peut retenir que :
« La tuberculose est une maladie qui fait vomir le sang. C’est à cause de la cigarette que j’ai
attrapé la tuberculose. Et pourtant je m’étais déjà traité mais j’ai repris à fumé. C’est pourquoi
j’ai rechuté. J’ai suivi le traitement pendant un temps. Puis, quand ça allait j’ai repris à fumer.
Lorsque j’ai eu la tuberculose la première fois j’avais tout fait pour que les gens ne sachent pas
que j’avais cette maladie. Parce que quand les gens savent que tu as la tuberculose il t’évite, tu
es rejeté, tu perds ton travail. Quand j’ai eu la tuberculose pour la première fois un ami qui
m’avais vu ici à Nkembo avait dit à mon patron. Des qu’il a appris que j’étais à Nkembo et que

31
j’avais beaucoup maigris il m’a dit de ne plus prendre son véhicule et qu’il avait déjà trouvé un
autre taximan, alors que c’était faux. Il n’avait pas un autre chauffeur mais il ne voulait plus de
moi.
La première fois je prenais bien mon traitement. J’avais les moyens pour payer les
médicaments. Mais ce qui m’inquiétait c’était le traitement qu’on m’avait prescrit. Ce
traitement m’inquiétait, à force de prendre ces comprimés ça m’inquiétait. Je me disais que je
risque même d’être intoxiquer c’est pourquoi j’avais même arrêté le traitement. Mais cette fois
je vais suivre mon traitement jusqu’au bout. Je pense que le sida et la tuberculose c’est deux
maladie différentes. Tu peux avoir le sida et ne pas avoir la tuberculose. Et puis, bon, les gens
confondent tous. Moi par exemple, je ne venais pas à Nkembo, c’est parce que c’était un hôpital
sale aujourd’hui c’est devenu propre et les gens peuvent déjà venir ici sans problème. Alors
qu’avant ça faisait même peur, c’était bizarre ici. Au sortir d’ici j’irais habiter chez ma grande
sœur vers Diba Diba. C’est mieux. Parce que les gens du quartier vont raconter n’importe quoi
sur moi. C’est pourquoi je préfère d’abord me mettre loin d’eux et puis elle dit qu’elle va
d’abord s’occuper de moi pendant le traitement jusqu'à la fin.

SUJET N°7
Identification
Age : 20 ans
Sexe : Masculin
Nationalité : Gabonaise
Ethnie : Sekianie
Situation professionnelle : Chômeur
Situation matrimoniale : Célibataire
Nombre d’enfant : 0 enfant
Quartier : Avéa I
Première contamination : mars 2007
Niveau d’étude : Troisième de l’enseignement générale

Résumé de l’entretien
De l’entretien avec le S7 on peut retenir que :
« La tuberculose est une maladie des fumeurs comme moi. Quand j’ai eu la tuberculose pour
la première fois c’est parce que je fumais beaucoup. Je suis venu ici quand j’ai commencé à
toussé le sang. C’est à cause de la cigarette que j’ai eu la tuberculose. La première fois j’avais

32
déjà été soigné, mais je n’ai pas respecté les consignes du médecin. J’ai repris la cigarette et
voilà la maladie est revenue. Quand j’ai eu cette maladie mes amis m’évitaient déjà. Quand ils
ont appris que j’avais la tuberculose. A la maison ça allait, mais, mes potes me rejetaient. J’étais
parfois gêné quand jetais avec les autres, mais à part ça à la maison, c’était toujours comme
d’habitude.
Je pense que la tuberculose peut se contaminé. Si tu ne fume pas et que y a un fumeur dans
la maison qui à la tuberculose il peut te la contaminé. Mais moi c’est moi-même qui la chercher.
La première fois que j’ai attrapé la maladie je suis venu directement ici à Nkembo. Comme je
vomissais le sang quand je toussais je savais que c’était la tuberculose. Le traitement lui-même
est bon. Mais boire ces comprimés tous les matins c’est fatiguant à un moment tu commences
à sauter les jours ou à oublier le nombre.
Moi je pense que la tuberculose et le sida c’est deux maladie différentes. Moi j’ai fait le test
du sida je suis négatif alors que j’ai la tuberculose. Les gens qui disent que quand tu as la
tuberculose c’est que tu à le sida c’est des personnes qui ne savent rien.
Moi ma maladie c’est mon bosse qui s’en charge de tous. Mais quand je vais sortir d’ici je
vais me mettre dans mon coin le temps de bien me traité et d’éviter les racontars. »

33

Vous aimerez peut-être aussi