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DE MONTRÉAL
par
ALEXIS MANESCAU
MÉMOIRE PRÉSENTÉ
AU JURY INTERNATIONAL
À MONTRÉAL
JUIN 2011
COLLÈGE D’ÉTUDES OSTÉOPATHIQUES
DE MONTRÉAL
par
ALEXIS MANESCAU
MÉMOIRE PRÉSENTÉ
AU JURY INTERNATIONAL
À MONTRÉAL
JUIN 2011
Dédicace
Directeur :
Collaborateur :
Vincent Paris, sociologue et politologue
Conseiller :
Chef médical et cogestionnaire du centre intégré de cancérologie de la Montérégie, Hôpital Charles LeMoyne
Prélectrice :
Remerciements
Avec toute notre gratitude, nous tenons d’abord à remercier notre directeur, Christian Bérubé,
D.O., pour sa grande patience, son expertise et son efficience. Véritable alchimiste à nos yeux,
il sait comment illuminer et transmuter un énoncé obscur et un texte à priori hermétique.
En second lieu, nous remercions notre prélectrice, Katia Isaac-Villette, D.O., pour ses
judicieux conseils, ses critiques constructives et ses corrections. Son implication a été
généreuse, et ses accommodements nous ont grandement rendu service.
Ensuite, nous remercions notre statisticien, Yves Lepage. Vis-à-vis de nos demandes
incessantes de précisions dans l’analyse des données, ses réponses nous ont comblés bien au-
delà de nos attentes.
Nous voulons aussi remercier Pierre Tricot, D.O., et Bruno Ducoux, D.O., pour leur soutien
dans notre démarche (voir annexe 12).
Merci à Vincent Paris, professeur en sociologie, pour sa collaboration; nos échanges ont été
précieux pour notre compréhension relative aux phénomènes sociologiques.
Merci à notre traductrice, Stéphanie Fox, doctorante en communication dans les équipes
interdisciplinaires en milieu hospitalier, afin de nous donner le dernier coup de main.
Un gros merci aussi au Dr Jean Latreille, pour avoir pris le temps de nous lire et de nous
conseiller.
Finalement, merci à Gabriel Venne, D.O., pour son excellent travail de mise en page ainsi que
pour son écoute, à Nathalie Gauthier, D.O., pour son support et ses suggestions, et merci à
tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué aux développements de notre projet,
notamment : Michel Pépin, D.O., Martine Nadon, D.O., Sandra O’Connor, D.O., Claude
Dufour, D.O., Marie-Line Deslauriers, D.O., Yoland Martineau, D.O., Jean-Guy Sicotte, D.O.,
Philippe Aubé, D.O., André Leclerc (éducateur spécialisé en santé mentale), et le Dr Michel
Limoges.
iv
Hypothèse
Résumé
Objectif : La littérature emploie le terme « rituel de guérison » pour désigner un vaste
éléments (l’empathie, les suggestions, l’attitude positive, la persuasion, les croyances, etc.)
peuvent générer potentiellement des effets curatifs par des mécanismes de guérison dits non
spécifiques. Toutefois, bien que ces éléments aient une valeur thérapeutique, ils sont aussi
considérés comme des nuisances à la mesure objective des effets spécifiques d’un traitement à
l’étude.
perçue de façon crédible, l’usage des ECR (essais cliniques randomisés) avec groupe contrôle
placebo fournit des preuves considérées les plus probantes. En recherche, le groupe placebo
est mis en place pour contrôler le biais potentiel des facteurs psychologiques qui ont
accompagné le traitement, mais qui ne faisaient pas partie spécifiquement de ce qui est à
l’étude. Or, le modèle des ECR avec groupe placebo s’applique mieux lorsqu’on veut mesurer
l’effet spécifique d’un médicament que lorsqu’on veut mesurer l’effet spécifique d’un
traitement ostéopathique.
Ainsi, la problématique de notre recherche s’articule autour de ces réflexions. Comment sont
considérés les effets placebo en ostéopathie? Sont-ils des nuisances aux résultats, ou sont-ils
des paramètres essentiels pour l’obtention de ceux-ci? Sur ces questions, des débats entre des
Devis expérimental : Dans cette recherche, nous avions deux groupes : l'un, expérimental, et
l'autre, de contrôle, pour un total de vingt-six sujets. Dans le groupe expérimental, nous
rachialgie commune, alors que dans le groupe contrôle, nous tentions de rester neutre, dans la
mesure du possible. Ainsi, les deux groupes recevaient un vrai traitement selon la
procédure de randomisation a été faite selon un modèle d’arrivée par ordre pair ou impair. La
population était âgée de 18 à 65 ans et elle devait souffrir d’une rachialgie commune pour une
période de six mois à deux ans. Elle a été traitée à deux reprises dans un intervalle de plus ou
moins 10 jours. À trois reprises (temps 1, temps 2 et temps 3), les sujets devaient répondre au
questionnaire de Melzack sur la douleur, soit avant chacun des deux traitements et par envoi
postal plus ou moins 10 jours après le dernier traitement. À la troisième reprise, un second
Résultats : Les deux groupes ont eu une différence significative dans le temps, et les moyennes
entre les temps sont supérieures dans le groupe expérimental. Par contre, cet écart entre les
Conclusion : Les deux groupes ont eu des changements significatifs dans le temps, et nous
avons eu un peu plus d’effet dans le groupe expérimental que dans le groupe contrôle.
placebo, groupe placebo, faux traitement, guérison non spécifique, médecine EBM, médecine
alternative, ostéopathie.
vii
Abstract
Objective: The term healing ritual is used to designate a broad array of psychosocial elements
that are part of the therapist/patient relationship. The literature indicates that these elements
(for example, empathy, suggestion, positive attitude, persuasion, beliefs, etc.) have the
these elements can have valuable therapeutic effects, they are sometimes seen as a hindrance
With the goal of developing its science and entrenching its legitimacy as a medicine, the
osteopathic community often employs in its research RCTs (randomized controlled trials) with
the placebo control group is used to control for the potential bias of psychological factors that
are part of the treatment, but external to the study, which may affect results. However, the use
of RCTs is more suited to isolating the specific effect of a drug treatment than to isolating the
Our research question is thus informed by the following questions: How are placebo effects
are they essential to obtaining results? Debates about these specific questions, between
scientific and philosophic points of view, are currently taking place in the osteopathic
community.
viii
Research Design: In this research study, 26 patients were divided between an experimental
and a control group. In the experimental group, the use of persuasion during healing rituals
was amplified in the osteopathic care of common spinal pain, and in the control group, we
tried to remain as neutral as possible in our interactions with the patients. Hence, both groups
received a real osteopathic treatment respecting the methodology of the CEO (Collège
d’Études Ostéopathiques), although the care was different for each of them. We randomized
the procedure according to calls for treatment. Odd calls were directed to the experimental
group and even calls were directed to the control group. Participants ranged in age between 18
and 65 years old. They were included if they had suffered from common spinal pain for a
period of six months to two years. They were treated twice with an interval of approximately
10 days between each treatment. Participants were asked to answer the Melzack pain
questionnaire three times (time 1, time 2 and time 3), once before each treatment and then by
Results: In both groups, a statistically significant difference was observed in time, and
averages between times were superior in the experimental group. However, this difference
Conclusion: Both groups had significant changes in times, and in the experimental group, we
had a slightly higher effect. However, this gap was not significant.
Key words: healing ritual; rhetoric; persuasion; therapist/patient relationship; placebo; placebo
effect; placebo control group; sham treatment; non-specific healing; EBM medicine;
Tableau 7. Tests des effets intersujets de l’analyse de variance pour la section A (type de
douleur) du questionnaire de Melzack………………………………………………………...93
Tableau 10. Tests de l’analyse de variance pour la section B (échelle visuelle analogue) du
questionnaire de Melzack…………………………………………………………………......97
Tableau 11. Tests des effets intersujets de l’analyse de variance pour la section B (échelle
visuelle analogue) du questionnaire de Melzack……………………………………………...97
Tableau 14. Tests de l’analyse de variance pour la section B (intensité actuelle de la douleur)
du questionnaire de Melzack………………………………………………………………...101
Tableau 15. Tests des effets intersujets de l’analyse de variance pour la section C (intensité
actuelle de la douleur) du questionnaire de Melzack…………………………………….......101
1. Introduction
En sociologie, rituel1 signifie « ensemble des comportements codifiés, fondés sur les
croyances et sur l’efficacité constamment accrue de leurs effets grâce à leurs répétitions »
(Larousse, 2007). La guérison est la « suppression, disparition d’un mal physique ou moral »
(Larousse, 2007). Le terme « rituel de guérison », que nous avons traduit de l’anglais
« healing ritual », est souvent associé dans la littérature médicale aux notions entourant, entre
Le terme « rituel de guérison » est employé pour désigner des éléments psychosociaux
présents dans la relation soignant/soigné auxquels leurs sont attribués le potentiel d’induire des
En progressant dans notre expérience clinique, nous constatons à quel point il est important
d’établir un climat thérapeutique pour que le patient puisse s’ouvrir, et pour que le thérapeute
puisse affiner son diagnostic. Ce lieu privilégié se construit à partir d’une relation de
confiance. Plus précisément, il se forge à partir des échanges entre soignant/soigné où les
gestuelles, les mimiques, les sous-entendus et les mots choisis sont interprétés et employés par
le patient et le thérapeute dans une stratégie rhétorique qui ouvre à la discussion dialogique
(Harley, 1999; Kaptchuk, 2002; Moerman et Jonas 2002; Finch, 2004; Knight et Sweeney,
1
Un lexique a été conçu pour regrouper tous les mots qui appartiennent à un vocabulaire non usuel. Ce lexique se
trouve en annexe 13.
3
2007; Tricot, 2005; Morin, 2004). D’une part, ce lieu sert au patient pour qu’il puisse
communiquer sa plainte, et, d’autre part, il sert au thérapeute pour qu’il puisse établir son
recommandations.
La littérature indique que de répondre aux attentes du patient suscite davantage une réponse de
L’ostéopathie, par son approche manuelle et thérapeutique, s’intègre bien, selon nous, avec les
croyances populaires. Nous croyons que par l’entremise de son attitude compréhensive, sa
palpation d’apparence parfois mystérieuse, ses gestuelles et ses mimiques, son pronostic
optimiste, son empathie, et d'autres éléments non spécifiques, l’ostéopathe induit chez le
patient des espérances de guérison. Cela aura pour effet, selon nous, de modifier la perception
étudiés qui génère des effets curatifs par des mécanismes de guérison qui ne sont pas propres
au traitement à l’étude. Le groupe contrôle placebo est usuellement employé dans les ECR
(essais cliniques randomisés) pour exclure la possibilité que l’efficacité du traitement à l’étude
La médecine officielle est à l’ère de l’EBM « evidence-based medicine » (médecine fondée sur
des données probantes — traduction libre). Les meilleures preuves sont celles fournies par les
ECR (Haynes, 2002; Barry, 2005; Sehon et Stanley, 2003). Or, les ECR ont été développés à
priori pour objectiver l’efficacité des médicaments (Patterson, 2007; Sherman, 2008). Une des
4
critiques les plus courantes avec ce type de modèle est qu’il accorde très peu de valeur
(Sherman, 2008; Savard, 2003). Selon plusieurs, ce modèle n’est pas approprié pour mesurer
beaucoup de valeur au contexte dans lequel le patient se présente (Barry, 2005; Patterson,
2007; Sherman, 2008; Barry, 2005; Moerman et Jonas, 2002; Kaptchuk, 2002). En ce qui
concerne cette problématique, parmi les communautés médicale (Moerman et Jonas, 2002;
Kaptchuk, 2002; Sherman, 2008; Haynes, 2002; Sehon et Stanley, 2003) et ostéopathique
(Patterson, 2007; Licciardone et Russo, 2006; Hartman, 2009; Augustus, 2010), des débats
entre des arguments scientifiques et philosophiques sont en cours. Ce qui, d’un point de vue
factuel, paraît comme une nuisance, une source d’erreurs, est, selon Korr (1991) et Patterson
(2007), d’un point de vue holistique et ostéopathique, un paramètre essentiel pour l’obtention
de résultats.
l’usage intentionnel de la persuasion contenue dans des rituels de guérison. Quelle part
Parallèlement, cette étude aspire à contribuer au développement des modèles de recherche les
L’étude de l’effet placebo est très populaire en ce moment dans les revues systématiques, et
plusieurs ostéopathes se relancent sur la question (Korr, 1991; Patterson, 2007; Licciardone et
Russo, 2006; Hartman, 2009; Tricot et Gaisnon, 2009). Quatre recherches récentes du CEO
soignant/soigné. Christian Bérubé a déposé une thèse au CEO en 2008 concernant l’influence
5
de l’intention du thérapeute sur les tissus du patient. Il y discerne, tout comme Isaac-Villette et
Désilets (2007) ainsi que Aubé (2010), l’importance de l’attitude du thérapeute dans la voie
vers la guérison pour le patient (Bérubé, 2008, 119). Dans le même sens, Deslauriers (2009)
approfondit l’effet placebo dans le groupe contrôle en fonction des attentes du sujet face à son
groupe désigné. Dans le cadre de notre recherche, ces aspects sont regroupés sous le terme
« rituel de guérison ».
commune telle que définie par Kuntz (2009) ont été retenus et considérés pour cette étude. De
plus, les patients devaient être des adultes, n’avoir jamais été traités en ostéopathie auparavant,
et consentants. Quant aux limites de cette étude, les plus importantes sont indéniablement la
dans le groupe contrôle, et l’inexpérience du chercheur sur l’emploi des ECR aux moments de
la création du protocole.
La rachialgie commune est la terminologie pour désigner les douleurs au rachis d’origine
mécanique ou dégénérative. Elle regroupe les cervicalgies, les dorsalgies et les lombalgies.
Dans cette expérimentation, 26 sujets ont été rencontrés deux fois, dans un intervalle de plus
ou moins 10 jours. Deux groupes ont été formés : l’un, expérimental, et l’autre, de contrôle.
Ainsi, deux groupes ont reçu un traitement ostéopathique selon la méthodologie du CEO pour
Melzack devait être rempli avant chaque séance, et plus ou moins 10 jours après la deuxième
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soignant/soigné. Alors que, dans le groupe contrôle, le chercheur tentait de rester neutre, dans
La revue de littérature
8
2. Préambule
Dans ce chapitre, nous survolerons, tantôt de façon détaillée, tantôt de façon succincte,
plusieurs notions se rattachant à notre sujet. Cette recherche met en relief une problématique
titre et de notre hypothèse. C’est pourquoi un lexique a été conçu pour faciliter la lecture
(annexe 13). Plusieurs notions et termes y figurent, afin que le lecteur puisse bien saisir le
est capital que le lecteur puisse avoir en référence les bases sémantiques sur lesquelles le
guérison » ne soit pas employé à priori dans le vocabulaire en ostéopathie, il est pourtant
entrelacé à petite ou à grande échelle dans les processus entourant l’effet placebo, la relation
quelles façons sa pratique, ses théories et ses concepts se définissent par rapport à cette notion.
Pour composer notre revue de littérature, nous avons suivi un raisonnement qui permet, selon
nous, d’exposer les multiples facettes à la persuasion dans le contexte d’une étude sur les
grande partie de revues systématiques fournies par les banques de données de PubMed ou de
Google Scholar. Pour commencer la recherche, nous avons tapé les mots-clés suivants :
alternative medicine, osteopathy et sham treatment. Ensuite, nous avons lu les titres et les
résumés pour répertorier les études qui se rattachent à notre expérimentation. Lorsque
9
seulement analysé le contenu du résumé. Toutes les fois que nous trouvions un article
pertinent, nous avons utilisé la touche « related articles ». Cette fonction de PubMed donne
accès à des articles portant sur le même domaine. De plus, nous avons aussi consulté les
articles des mêmes auteurs, et quelques fois leurs références pour avoir une idée d’ensemble
du propos en question. Les articles que nous avons conservés devaient remplir deux mandats.
D’une part, ils nous permettaient de mieux définir les différents sens et attributions aux termes
« rituel de guérison » et « persuasion »; d’autre part, ils devaient démontrer une rigueur dans
leurs démarches scientifiques. Par exemple, lorsque pertinent, les études devaient mentionner
leurs méthodes et exposer les biais possibles. Dans le cas des méta-analyses, les études
hypothèse. Ainsi, dans la première section, nous nous questionnons sur ce que le soin en
nous faisons le pont de cette condition dans le contexte de la lésion ostéopathique. Dans les
cinquième section, nous recensons et critiquons les études quantitatives et qualitatives qui se
sixième section apporte une critique à la recherche expérimentale et commente son application
en ostéopathie.
le tout est plus grand que la somme de ses parties; le soin c’est le tout, et le traitement,
Ainsi, dans le soin est contenue la relation soignant/soigné, et celle-ci est composée de
l’esprit : l’attitude positive, le toucher, l’empathie, la prise en charge, la réponse aux attentes,
les conseils, les suggestions et les recommandations (exercices, alimentation, repos, etc.). Pour
que ces éléments soient signifiants pour le patient, ils doivent être persuasifs lorsqu’employés
par le thérapeute.
Parallèlement, ces éléments sont aussi considérés comme des composantes du placebo.
paradigmes s’affrontent sur le sens du terme « placebo » et sur la signification de son effet. En
ostéopathie, dans un camp, l’effet placebo est une nuisance aux résultats (Licciardone et
Russo, 2006; Hartman, 2009; Augustus, 2010), et dans l’autre, il est un outil thérapeutique
11
essentiel dans l’obtention de résultats (Moerman et Jonas, 2002; Kaptchuk, 2002; Sherman,
2008; Haynes, 2002; Sehon et Stanley, 2003; Patterson 2007; Korr, 1991).
rachialgie commune est une raison de consultation très courante en ostéopathie, et,
deuxièmement, parce que l’étude de la rachialgie en ostéopathie est à la source des concepts
ostéopathiques. Elle est intriquée dans la lésion ostéopathique, selon Korr (1986), et nous
Pour plusieurs, Korr est celui qui, « grâce à ses travaux, a sorti l’ostéopathie de l'empirisme
En lien avec notre recherche, nous trouvons qu’il est important de souligner que, pour Korr
(1986, 145), les origines de la lésion vertébrale ostéopathique peuvent être de diverses natures.
« En donnant au fuseau neuromusculaire une place aussi importante dans ‘l’origine nerveuse de la lésion
ostéopathique’, je n’ai pas voulu exclure ou sous-estimer le rôle des autres mécanismes réflexes… Je
n’ai pas eu l’intention non plus d’insinuer que le fuseau est à la source de facilitation des segments
médullaires associés aux lésions ostéopathiques »
Korr (1986, 29) explique que les facteurs psychosociaux jouent un rôle important dans le
« … ces influx descendants peuvent exacerber l’état de la facilitation et aggraver ses répercussions sur
les organes innervés à partir du segment médullaire facilité; ils peuvent en outre provoquer ou intensifier
la douleur et rendre la lésion ostéopathique moins réceptive aux manipulations. Ne traiter que la source
afférente, mécanique, c’est traiter à moitié, négliger une partie très importante de l’étiologie de la lésion
et sortir la lésion de son contexte. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que chaque ostéopathe devrait devenir
psychiatre, mais qu’il doit prendre en considération l’environnement, les facteurs affectifs, etc., du
patient. »
En d’autres mots, il explique qu’il y a plusieurs facteurs responsables dans les mécanismes
réflexes du corps. Une manipulation, aussi bien effectuée soit-elle, sur un segment facilité
n’aura pas les effets escomptés si elle n’est pas exécutée en tenant compte des facteurs
lésion. Et, à l’inverse, dans les maladies psychosomatiques, il faut prendre en considération les
altérations structurelles engendrées et les normaliser pour avoir un impact valable sur la
souffrance psychique.
lésion primaire si chère à Still. Cette approche réflexologique mise de l’avant par Korr en
exposant la réciprocité entre physiologie et psychologie cadre avec notre recherche. Elle entre
éléments des rituels de guérison qui favorisent des échanges entre couples opposés, voir 2.4.5.
et 5.4.), et, à l’inverse, le concept dialogique entre parfaitement en accord avec la pensée de
La rachialgie commune est la terminologie employée pour désigner les douleurs au rachis
d’origine mécanique ou dégénérative. Elle regroupe les cervicalgies, les dorsalgies et les
lombalgies. Pour diagnostiquer une rachialgie commune, nous devons éliminer tout d’abord :
• La rachialgie de source viscérale; la douleur peut être projetée par un organe profond
(réflexe viscéro-somatique);
- infectieuses : spondylodiscite;
- inflammatoires : spondylarthropathie;
- vasculaires et traumatiques.
Selon Kuntz (2009), la majorité des rachialgies est commune. Par contre, certains signaux
par un examen clinique du rachis pour objectiver un trouble mécanique ou dégénératif versus
une rachialgie d’origine viscérale. Il faut notamment prendre garde dans les cas où :
- il y a antécédents traumatiques.
Ainsi, de façon assez certaine, le diagnostic de rachialgie commune peut être émis si les algies
Les radiographies ne sont pas indiquées, à moins que la symptomatologie douloureuse ne soit
traitement mécanique). Par contre, en raison de la grande discordance entre les radiographies
« il faut être prudent pour rattacher les algies aux signes radiologiques d'arthrose. Pour la même raison, il
n'y a pas lieu de surveiller l'arthrose lombaire par des radiographies itératives. Les autres examens
d'imagerie (scintigraphie osseuse, scanner, IRM) ne sont pas indiqués pour les rachialgies communes. Ils
sont réservés au cas où des éléments font craindre une origine symptomatique pour une lombalgie. Si les
radiographies standards ne sont pas démonstratives, il faudra alors nous méfier du retard radiologique
qui peut atteindre plusieurs semaines. Les "drapeaux rouges" : douleurs essentiellement nocturnes;
douleurs d'aggravation progressive; altération de l'état général; contexte fébrile; antécédents
néoplasiques; syndrome inflammatoire biologique; anomalies neurologiques, autres qu'une sciatique ou
névralgies cervicobrachiales. Le bilan biologique n’est pas nécessaire en première intention. Il est
indispensable si l’on craint une lombalgie symptomatique ».
Donc, pour notre recherche, toute rachialgie qui nous faisait suspecter une douleur d’origine
paresthésies dans les membres supérieurs ou inférieurs n’a pas été retenue pour
l’expérimentation.
15
Les douleurs associées aux rachialgies communes sont un problème de santé substantiel qui a
approches évaluées par les ECR (essais cliniques randomisés) pour soigner la rachialgie
Plusieurs cliniciens mettent en doute la validité de ces résultats, puisqu’ils ne représentent pas
leurs expériences cliniques avec ce type de souffrance. Selon eux, cette discordance entre les
résultats des ECR et la réalité clinique est due au fait qu’il y a hétérogénéité à l’intérieur même
de la population souffrant de la rachialgie commune. Il est pressenti que les effets des
traitements peuvent être dilués par l’application d’une simple intervention prodiguée à un
groupe complexe et hétérogène, alors qu’un ensemble varié de traitements répondrait de façon
plus efficace à leurs besoins. Cet argument présuppose que l’application d’une simple
intervention est efficace lorsqu’employée pour la bonne personne (Wand et O’Connell, 2008).
Or, Wand et O’Connell (2008) soulignent qu’à cause de la complexité de ce type d’algie, de
rachialgie commune. Dans cette optique, plusieurs catégories de douleurs sont comprises dans
nous classifier les groupes selon les facteurs étiologiques et le contexte psychosocial, mais on
devrait aussi le faire selon les types de douleurs, par exemple : la douleur chronique, la
Par contre, Wand et O’Connell (2008) apportent une autre hypothèse pour expliquer les
mauvais rendements observés. Ils proposent que les différentes approches ne soient pas
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efficaces, car elles ne ciblent pas le bon système. Des données récentes démontrent que des
changements dans le cerveau surviennent lorsque le mal de dos ne s’est pas résorbé à
l’intérieur d’une période de trois mois. Ce qui soulève comme plausibilité que lorsque la
avoir un effet persuasif sur le soigné. Nous avons voulu mettre en lumière cette interaction.
Blaise Pascal (1657) définit l’art de la persuasion comme « un rapport nécessaire à la manière
dont les hommes consentent à ce qu'on leur propose, et aux conditions des choses qu'on veut
faire croire. » (www.toutdesuite.net) Comme dans l’expression « se faire prendre par les
Les anciens ont défini l’éloquence comme étant « le talent de persuader ». Dans le dictionnaire
Larousse (2007), l’éloquence est définie non seulement comme étant « l’art d’émouvoir et de
convaincre par la parole », mais aussi comme « caractère de ce qui est expressif, significatif et
probant ». Cette deuxième définition dépasse le cadre de la parole, ou, du moins, l’étend à tout
ce qui s’y rattache : le verbal, le non-verbal et le paraverbal. Plusieurs méthodes peuvent être
envisagées pour être persuasif et/ou éloquent. Ces méthodes feront appel notamment à :
2) l’émotion, par la rhétorique, les sentiments, les croyances, les valeurs, la foi, les
traditions…
Rhétorique vient du mot grec « rhêtôr », qui signifie « orateur public ». C’est l’art de
persuader par le discours, l’art de l’éloquence de la dissimulation et du bien parler, ou, selon
discours sur le discours. Aristote définit la rhétorique comme étant l’art de découvrir les
motivées non seulement par la raison, mais aussi par la passion. Il saisissait l’apport de la
l’argumentation politique, mais elle peut se définir aussi comme étant l’art qui enseigne les
le cadre donné par ses définitions. En revanche, cette deuxième définition introduit les notions
pour explorer l’univers qui compose les rituels de guérison en ostéopathie. C’est ce qui fait
que cette étude sur la persuasion contenue dans des rituels de guérison en ostéopathie remette
à ceux d’une toile de croyance (Sehon, Stanley, 2003). Celle-ci est imprégnée du contexte
sociologique et sémiologique (étude des signes et de leurs sens et significations) propre à une
culture (Harley, 1999). Selon Quine (1908-2000), influent philosophe et logicien américain,
les métaphores offrent des glissements de sens, une transposition d’idées, d’images et de
Ainsi, la rhétorique, par ces jeux de sens et de significations, et par ces multiples
interprétations, devient l’art de lire les lignes et de lire entre les lignes. C’est ce qui lui confère
son caractère ambigu, car elle soulève des paradoxes (Molinié, 1989; Rastier, 2001; Finch,
2004). Dans le cadre de cette recherche, il est nécessaire que le lecteur saisisse l’aspect ramifié
mais, de façon implicite, elle met aussi en relief une problématique entourant les conceptions
en ostéopathie sur le placebo. Pour mieux comprendre cette problématique émergente de notre
expérimentation que nous abordons dans la section 2.6., continuons à explorer la rhétorique.
« Knowledge without eloquence is like a sword in the hand of a paralytic. » (Harley, 1999,
415). « La connaissance sans l’éloquence est comparable à une épée dans la main d’un
19
quadriplégique. » Ce discours avait été prononcé en Italie, autour de l’an mille, par un
L’analyse des multiples facettes de la persuasion nous emmène vers la découverte d’un
intriquée dans l’art du discours scientifique que dans les bases philosophiques de la science.
« … une identité ancrée dans les outils linguistiques qu’il utilise pour la construction des connaissances.
Ces outils appartiennent à une rhétorique paradigmatique spécifique : ils fonctionnent sur un mode
métaphorique, à l’aide de métaphores, d’analogies et de transferts de concepts. L’objet de la systémique
– à savoir, le système – est d’ailleurs lui-même une métaphore. » Moreira, 2010, 1
« Les analogies, les transferts de concepts et les métaphores font partie des outils épistémologiques des
disciplines. Le transfert de concepts et les métaphores ont, pourtant, des natures méthodologiques
différentes, qui sous-entendent des implications épistémologiques particulières. » Moreira, 2010, 2
Il est accepté entre scientifiques que l’emploi de la rhétorique et de ses différents outils de
persuasion comme les figures de style pour décrire et interpréter les phénomènes observés
Guntupalli, 2007). Skelton et Edwards (2000) rajoutent : « Nous pouvons retirer la science de
l’hypothèse, la discussion et la découverte scientifique (Van Beveren & De Haan, 2008). Bien
concept par leurs multiples interprétations (Paley, 2005; Sehon et Stanley, 2003; et Moreira,
2008), elles sont en même temps les ingrédients requis pour modéliser les résultats et amener
des analogies est essentiel à l’avancement de tout champ scientifique; elles peuvent fournir de
20
métaphores et les analogies sont des outils essentiels à la fois de la science et dans la
composition des rituels de guérison. Voici, dans les paragraphes qui suivent, quelques
Citation de Masiello (2000, 32), auteur du livre Ostéopathie, une perspective philosophique,
reprise par Tricot (2002, 18) dans la préface de sa traduction du livre Textes fondateurs de
« La métaphore est un dispositif unique, très flexible, permettant d’étendre les ressources du langage, de
donner un nouveau sens au mot, et ce dans des situations toutes particulières. C’est comme apprendre de
nouveaux tours à des vieux mots. En utilisant une ancienne étiquette d’une nouvelle façon, la métaphore
peut éclairer un aspect de l’existence qui n’a pas encore été communiqué. Ceci est particulièrement vrai
pour les phénomènes trompeurs, difficiles à cataloguer ou à épingler. En mettant en relation des mots
qui apparaissent opposés, la métaphore génère une tension qui nous pousse aux limites du langage ».
« De plus, pour Sutherland, qui désirait nous communiquer des perceptions, le recours à la métaphore
était quasiment indispensable. Pour nous faire comprendre la fluidité et l’alternance du mouvement des
fluides corporels, il utilise la métaphore de la marée, pour nous faire comprendre la présence de la vie, il
parle du souffle de la vie, pour nous faire comprendre ce qui se transmet dans le corps reliée à la vie, il
nous parle de lumière liquide.
La métaphore constitue un puissant outil rhétorique, permettant de faire accéder l’autre à une réalité
difficilement exprimable par des mots. Elle est une interface entre le concret et l’abstrait, entre le
matériel et l’immatériel et permet d’apprécier la qualité plus qu’elle ne s’attache à la quantité. Hélas, ce
système de communication n’est pas admis dans le système biomédical actuel, presque uniquement
orienté vers l’objectivation, la quantification des éléments. En revanche, rien – pas même la métaphore –
ne peut remplacer l’expérimentation directe. La métaphore, aussi bien adaptée soit-elle ne devient claire
que lorsque la perception directe a eu lieu. Alors, elle devient limpide. »
21
Dans la préface de Philosophie de l’ostéopathie (Still, 2003, 28), Tricot insiste sur le recours
faisant appel notamment à nos croyances et nos valeurs. Dans cette étude sur les rituels de
Selon Chambers (2006), professeur à la faculté de dentisterie ainsi que directeur associé aux
affaires académiques et aux bourses d’études de l’University of the Pacific, la coercition est
inconsistante avec ses valeurs. Elle s’effectue par la contrainte physique ou morale. Cette
suppression ou limitation de la liberté de choisir des individus, en retour, porte atteinte à leur
Toujours selon Chambers (2006), la rhétorique, c’est l’art de la persuasion. Elle diffère de la
coercition en ce sens que l’objectif de la rhétorique cible le changement des valeurs plutôt que
logique (Chambers, 2006). Dans ce sens, la persuasion est utile pour la construction
significative d’une participation des membres à leur communauté. Elle permet de résoudre les
22
conflits éthiques et renforce la cohésion sociale entre les groupes d’une même communauté
(Chambers, 2006).
En lien avec notre étude, la clarification de cette distinction démontre, selon nous, le caractère
Pour être bien compris, il faut être persuasif dans les signes que l’on envoie, et pour
comprendre les signes que l’on perçoit, il faut reconnaître justement leurs significations. Deux
processus sont à notre disposition pour interpréter ces signes (Finch, 2004) : 1) par la logico-
inconscient).
Par un esprit de synthèse, nous pouvons dire que l’usage volontaire de la persuasion s’effectue
l’inconscient) et/ou 3) la suggestion mixte (s’adresse aux deux). Selon Briefer et Briefer
(2002, 1), « la suggestion est l’art de faire naître une idée, un sentiment, un projet dans l’esprit
de son interlocuteur. Il s’agit d’un art subtil et délicat, parfois décisif dans la réussite d’un
projet thérapeutique. » Ils rapportent, dans le journal du Primary Care, que, parfois, l’emploi
Nous n’étalerons pas les principes derrière les différentes tactiques de suggestion (directe,
indirecte et/ou mixtes) propres aux techniques d’induction hypnotique, mais nous voulons tout
23
de même que le lecteur soit au courant que ces moyens existent. Par contre, nous apportons
une petite attention à l’usage des métaphores et des analogies en tant que tactiques de
suggestion hypnotique, car elles ont été employées comme outils de persuasion dans
l’expérimentation de cette recherche. De plus, elles sont employées de façon machinale par la
population en général, et comme outil thérapeutique par tous les professionnels de la santé.
Olivier Lockert (2006), éminent hypnologue, dévoile, dans son livre intitulé Métaphores – Les
histoires qui guérissent, l’usage thérapeutique des métaphores et analogies. Il stipule que
l’usage d’un langage métaphorique peut être un moyen, notamment, pour adresser
l’inconscient d’un individu. Il estime que cela s’avérerait être un outil thérapeutique utile pour
tous professionnels de la santé (Lockert, 2006). C’est implicitement ce que notre recherche
veut démontrer.
Tricot et Gaisnon (2009) ont préparé et présenté une conférence intitulée : « Vie et œuvre
d’A.T. Still : Le fondateur de l’ostéopathie ». Ils rapportent des points de vue très intéressants
sur la position de Still par rapport à la suggestion. Voici ce que Still a répondu à une femme
« Avant de passer à ce sujet, permettez-moi de dire que certaines personnes pensent que je suis un
mécréant, un mesmériste (sic) ou quelque chose du genre. Ôtez ce fatras de votre esprit maintenant et
pour toujours. » ( Still, 1998, 263)
« Certains pensent que l’ostéopathie est un système de massage, d’autres qu’il s’agit de guérison par la
foi. Pour ma part, je n’ai aucune foi, je désire seulement que le fondement soit la vérité. D’autres
pensent qu’il s’agit d’une sorte de chamanisme magnétique. Elle n’est rien de tout cela; elle est fondée
sur des principes scientifiques. » (Still, 1998, 252)
« Si, parce que je dénonce les drogues, vous me prenez pour un scientiste chrétien, retournez chez vous,
prenez une dose de raison et débarrassez-vous de telles notions. Si vous me considérez comme
mesmériste, une grande dose d’anatomie pourrait chasser cette pensée. » (Still, 1998, 214)
Tricot et Gaisnon (2009) avancent que, pris dans leurs contextes (le mesmérisme souffrant
d’une mauvaise presse, à l’époque), ces propos étaient « destinés aux étudiants friands de
dérives » face à l’enseignement, et en même temps pour « proclamer devant tous » que
Il est par contre mis de l’avant que Still employait des tactiques qui peuvent s’apparenter aux
principes d’hypnose (Still, 1998; Tricot et Gaisnon, 2009). Ceci est notamment immanquable
avec la manière dont il décrit guérir un alcoolique de son vice dans son autobiographie (Still,
1998, 100-101). Une autre anecdote tirée de la conférence de Tricot et Gaisnon (2009)
démontre l’usage volontaire de la persuasion par Still. Charles, son fils aîné, relate qu’il
apostrophait souvent des gens dans la rue pour leur parler d’ostéopathie.
« Il lisait souvent dans la pensée des gens qu’il côtoyait lors de ses tournées d’enseignement, juste pour
s’amuser, pour attirer leur attention et les intéresser à ses méthodes de traitement des maladies. Plus tard,
il cessa d’utiliser cette manière d’attirer l’attention parce que les gens commencèrent à appeler sa
science hypnotisme, suggestion, etc., alors qu’il ne cessait de proclamer qu’il n’avait aucun lien entre
son travail réel et sa conduite excentrique. » (Booth, 1905, 21)
Plusieurs citations dans cette sous-section ont été employées non pas pour être redondantes,
mais pour démontrer les différentes façons, en ostéopathie, dont la persuasion peut
involontaire.
25
doctrine, le Mesmérisme, peut se définir comme suit : « un fluide physique subtil emplit
l’univers, servant d’intermédiaire entre l’homme, la terre et les corps célestes et entre les
hommes eux-mêmes » (Tricot et Gaisnon, 2009, 11). Grand médecin pour plusieurs, charlatan
pour d’autres, son œuvre fut très controversée. Imprégnés du courant de la pensée vitaliste, ses
travaux vont dans le même sens que plusieurs médecins, notamment le célèbre médecin suisse
hermétique (spagirique), fait partie des pionniers qui ont développé des méthodologies
cliniques autour des lésions psychosomatiques et de l’effet placebo (Pilcher, 1921; Grignoli,
Selon Mesmer, nous possédons tous un magnétisme animal capable d’aider à la guérison de
son prochain. Ainsi, donc, le magnétiseur diffuserait ce fluide animal par le moyen de « passes
mesmériennes » (Tricot et Gaisnon, 2009; et Grignoli, 2005). Ces passes seraient véhiculées
par un contact kinesthésique (le toucher) entre le magnétiseur et le magnétisé. Des crises
en résulterait la guérison.
Le marquis de Puységur, élève de Mesmer qui reprend ces travaux, découvre que le contact
verbal est tout aussi efficace et que les convulsions ne sont pas nécessaires. Il rajoute que c’est
la volonté du magnétiseur qui est le véritable agent actif (Tricot et Gaisnon, 2009; et Grignoli,
2005). Ce conflit d’opinions entourant la dualité corps/esprit est toujours actuel en médecine
26
entre les partisans des approches thérapeutiques physiologiques et ceux des approches
« … si le concept de psychosomatique renvoie aux liens entre psyché et soma, l’existence même de ces
liens est au cœur d’une polémique entre biologistes et psychanalystes. Nous sommes ici entre, d’une
part, la non-reconnaissance du concept par le fait qu’il n’est pas scientifiquement prouvé et la prise en
compte du registre biologique uniquement comme lieu de projection fantasmatique d’autre part. (…) La
problématique autour de l’existence du psychosomatique ne peut être ignorée par les professionnels de
la santé tant elle ouvre vers une réflexion dans les champs allant de la relation soignants-soignés aux
liens entre économie de santé, politique et société. » (Dousse, 2000, 2)
Le terme « hypnose » est créé en 1843 par l’écossais Braid; il donne une allure plus
métaphysique et sur la relation intime du patient avec son corps (Grignoli, 2005).
Grignoli (2005, 2) raconte, au cours du huitième colloque éthique de l’Hôpital de Bicêtre, que
de ces principes holistiques qui prennent racine dans la tradition populaire des guérisseurs
(Grignoli, 2005).
Cette sous-section fait ressortir que, dans une approche holistique de la guérison,
l’harmonisation entre le corps et l’esprit est indispensable. Tout en allant dans le sens de la
pratique et de la philosophie de l’ostéopathie, ces notions vont dans le sens de notre démarche
expérimentale. À la lumière des paragraphes ci-haut, nous en concluons, pour notre étude, que
l’usage de la persuasion derrière le toucher et les suggestions font partie intégrante de toute
intervention ostéopathique. Ainsi, à travers le contact verbal et kinesthésique, il n’est pas exclu
totalement que les ostéopathes induisent des transformations chez leurs patients à la manière
des hypnothérapeutes.
27
« How you talk to your patient, how you put your hands on the patient, your facial expression, the tone
of your voice, all this enters determining the patient’s response. You simply cannot deny that. »
(Korr, 1995)
(Traduction libre)
« Comment nous nous exprimons avec le patient, comment nous plaçons nos mains sur celui-ci, notre
expression faciale, le ton de notre voix, tous ces éléments auront un impact déterminant sur nos résultats
avec nos patients. Nous ne pouvons tout simplement pas le nier. »
Cette citation de Korr, selon nous, clôt bien cette section du chapitre deuxième et introduit la
section suivante sur les rituels de guérison. Tout en apportant concrètement une justification
réfléchir sur l’impact thérapeutique qui découle de notre interaction avec le patient.
l’article de Moerman et Jonas (2002) sur le meaning response, qui veut dire : « réponse de
(traduction libre). Ces articles avaient été distribués en classe de méthodologie de 4e année du
temps plein au CEO durant la session d’hiver 2008. Apparemment, ces revues systématiques
Kaptchuk (2002) emploie le terme « rituel de guérison » pour mettre en lumière une
soignant/soigné. Ces éléments sont des biais connus de la recherche expérimentale (voir
section 2.6.). Ils sont souvent désignés comme faisant partie des effets non spécifiques du
traitement. Non spécifique dans le sens que les effets de ces éléments ne font pas partie de ce
qui est spécifique au traitement. Ces composantes de la relation soignant/soigné sont désignées
également comme des composantes du placebo. À l’heure actuelle, des arguments entre points
l’épiphénomène.
Notre recherche tente de rallier ces notions à l’intérieur d’une perspective ostéopathique. Nous
voulons pousser plus loin la réflexion sur les différents sens attribués au terme « placebo ».
Nous remettons en question la présence des rituels de guérisons dans certains paramètres
ostéopathiques, notamment derrière notre approche sensorielle. Par le biais de cette étude,
nous avons comme objectif que les ostéopathes reconnaissent la juste part de ce phénomène
Finch (2004) relate qu’il existe une très étroite relation entre rhétorique (art de la persuasion)
« Apprendre à parler, c’est aussi apprendre à penser, parce que la rhétorique étaye le jugement et invente
les solutions, parce qu’elle ouvre à une culturelle générale indispensable à notre vision du monde. Elle
dispose les idées, structure la pensée et donne le modèle d’ordre. Apprendre à parler, c’est aussi
apprendre à exister dans la société ou dans la vie tout court grâce au plaisir de bien dire et de se faire
entendre. Sans les mots pour les dire, nos idées sont stériles. (…)
De façon très avenue, le sociologue, philosophe et auteur Koesler (1964, 170) définit
l’empathie comme un « processus assez mystérieux grâce auquel on peut sortir de soi-même
pour se mettre à la place d’un autre. » Cela s’effectue autour de jeux clandestins (inconscients)
dans lesquels « pour deviner l’âme d’autrui, nous nous guidons sur les vagues repères du
mouvement, parfois à peine perceptible, des muscles du visage » (Koesler, 1964, 170). La
capacité de saisir justement les sentiments et les pensées d’autrui est à la base « d’un art, le
diagnostic médical, et d’une science, la psychologie » (Koesler, 1964, 170). Ainsi, l’empathie,
est cette « faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce qu’il ressent »
(Larousse, 2007). Nous citons Koesler (1964, 170) pour résumer le phénomène que nous
« Le médecin, comme le shaman, a des relations doubles avec son malade : il s’efforce de ressentir ce
qu’éprouve le malade et, en même temps, il joue un rôle d’exorciste doué de pouvoirs surnaturels; il est
magicien, sorcier, saint, sage, hypnotiseur, guérisseur, confesseur et père. Les rôles changent, mais le
principe reste le même : il s’agit d’amener le malade à un acte de foi – soumission, vénération, transfert,
catharsis. »
Lardellier (2008) relate que dans l’expérience anthropologique, les relations interpersonnelles
sont un thème conceptuel qui se doit d’être réinvesti constamment par les sciences de
interpersonnelles est examinée scientifiquement dans les disciplines telles que la linguistique,
un étonnant succès médiatique proposent des outils plus ou moins scientifiques pour décrypter
Depuis la nuit des temps, l’homme tente de percer les mystères entourant les interrelations
entre le corps et l’esprit. Des disciplines occultes telles que la physiognomonie (art de lire la
physionomie ou les lignes du visage), la phrénologie (art de lire les formes, les bosses du
crâne), et d'autres ont vu le jour dans un temps ancien. Dans cette même lignée, plus
30
(Lardellier, 2008; et Winken, 2003). Pour Lardellier (2008), les auteurs de ces disciplines
Lardellier (2008) et Winkin (2003) veulent nous mettre en garde face à ces pseudosciences et
ces similis-savoirs qui singent les codes académiques pour capter leur légitimité très lucrative.
Ils ont analysé scrupuleusement tous ces « chiromanciens de la gestuelle » avec les grilles
(Lardellier, 2008, 3). Ils stipulent que d’aucune façon les critères ne sont satisfaits et que, par
Il est intéressant de comparer les points de vue de Lardellier (2008) et de Winken (2003) avec
ceux de Briefer et Briefer (2002) (voir 2.3.4.). Alors que pour ces derniers, la PNL est
valorisée comme outil thérapeutique, pour Lardellier (2008) et Winken (2003), elle est une
imposture, notamment au niveau des critères de scientificité. Ainsi, tout dépend de quel point
Notre étude sur la persuasion nous amène à poser un regard critique sur notre discipline. En
ostéopathie, les références métaphoriques et alchimiques sont abondantes (voir 2.6.2.6.). Bien
que les métaphores puissent être efficaces en tant qu’outil thérapeutique et qu'elles permettent
31
aussi d’illuminer un concept, elles peuvent parfois l’obscurcir (voir 2.3.2.). Il peut être
médecine tels que l’effet Hawthorne, l’effet Rosenthal (Pygmalion), l’effet mouton-chèvre et
autres, témoignent de l’influence des attentes et de la persuasion dans les résultats cliniques
(Kao, Tyson, Martin et Lally 2008; Forestier, Françon et Graber-Duvernay, 2004). Faisons un
Le terme « effet Hawthorne » est employé pour couvrir plusieurs phénomènes entourant la
par une plus grande motivation. Dans ce sens, la recherche ainsi que la conscience du
« Il a été mis en évidence lors d’expériences au cours desquelles des instituteurs (de qualité pédagogique
équivalente) se voyaient confier des classes (de valeur scolaire équivalente). Selon qu’on leur annonçait
préalablement qu’ils auraient affaire à des élèves doués et travailleurs ou au contraire à des élèves
médiocres et paresseux, les instituteurs développèrent des comportements et des attitudes qui eurent
effectivement pour effet d’amener leurs élèves à se conformer aux prédictions. Les classes d’élèves
réputées bonnes devinrent ainsi meilleures que celles réputées mauvaises. » (Melchior, 2001, 1)
Dans le contexte pédagogique, cet effet est aussi appelé « prophétie autoréalisatrice ». Ainsi,
par effet boule de neige, le fait de croire, d’émettre une prédiction, ou d’avoir une attente
envers une autre personne change notamment les perceptions, les attitudes, les anticipations,
compte, aura pour effet d’accroître les possibilités de la réalisation de la prédiction (Rosenthal,
1963 et 2010).
Un autre effet connu apparenté à ces phénomènes est celui de l’effet mouton-chèvre. Celui-ci
est notamment évoqué dans la thèse de Bérubé (2010, 119) : « soit qu’un effet est plus marqué
si le thérapeute y croit, et moins marqué s’il n’y croit pas. » Plusieurs recherches tendent à
démontrer que le niveau de confiance du thérapeute sur l’efficacité de son traitement affecte le
Plusieurs chercheurs se sont intéressés aux phénomènes entourant les pouvoirs de guérison du
chaman. L’article de Hammerschlag (2009) est un bel exemple pour illustrer le pouvoir des
amérindiens huichol ont formé une équipe multidisciplinaire pour venir à bout de soigner une
épidémie qui durait depuis une décennie dans une des tribus huichol. Des actes de sorcellerie
en étaient la cause. Les enfants de cette tribu avaient beaucoup de difficulté à s’intégrer dans
une des écoles de transition. Ils sont devenus possédés par les démons qui entourent leurs
croyances et rites culturels. À l'école, ils se sont transformés de façon collective en animaux
appelés pour soigner ces enfants. Or, toutes ces démarches se sont avérées infructueuses. C’est
alors que le psychiatre et l’ingénieur ont trouvé la solution en incorporant à leurs interventions
une histoire de guérison (to weave a healing story) qui tenait compte des rituels et des
Ces phénomènes témoignent de l’apport important que les croyances peuvent avoir sur les
potentiel.
Composantes du placebo, les éléments psychosociaux qui agissent par des MNSG sont
empathique, l’étiquetage des plaintes du patient, la supervision des signes vitaux, les
suggestion, et d'autres facteurs. Alors que pour certains médecins, ces éléments inertes ne sont
qu’une mise en scène quasi frauduleuse, orchestrée par des charlatans (Paley, 2005; Kaptchuk,
relation soignant/soigné (Moerman et Jonas, 2002; Kaptchuk, 2002; Finch, 2004; Harley,
Ainsi, ironiquement, le terme « placebo » ne peut que signifier l’élément inerte qui a favorisé
la guérison. Par contre, le sens que le placebo a pris pour le patient a été significatif dans son
processus de guérison et était tout, sauf de l’inertie (Kaptchuk, 2002). Les MNSG sont
observés, entre autres choses par Kaptchuk (2002) et Harley (1999), comme des parties
rituel tirerait son origine d’une tradition ancestrale relative au rapport empathique
2.4.4. L’anthropologie
Il est recensé que plusieurs essais cliniques randomisés (ECR) ont démontré une corrélation
entre les attentes du patient et les attentes du praticien sur les résultats cliniques (Kaptchuk,
2002; Moerman et Jonas, 2002; Deslauriers, 2008; Bérubé, 2008). C'est-à-dire que plus les
attentes sont élevées, plus l’effet placebo sera grand. Plutôt que de parler de l’effet placebo,
Moerman et Jonas (2002) élaborent le concept du « meaning response », qui veut dire :
patient. » (traduction libre) Kaptchuk (2002) relate que les éléments psychosociaux reliés aux
D’un point de vue anthropologique, la performance d’un rituel de guérison serait dépendante
d’un univers paradigmatique où s’enchevêtrent les croyances et les valeurs situées tant au plan
de l’individu que dans la culture et la société. Paradigme étant, selon Kuhn (1922-1996),
l’entière constellation de croyances, de valeurs et de concepts partagés par les membres d’une
persuasion et du rapport avec soi-même (Kaptchuk, 2002; Harley, 1999; Moerman et Jonas,
2002). Pour appuyer leurs observations, les chercheurs se référent aux éléments susceptibles
35
C’est donc par l’engagement du guérisseur dans son rôle social et par l’utilisation d’une
stratégie rhétorique que s’agencent subtilement des rituels de guérison (Kaptchuk, 2002;
Harley, 1999; Cyrulnik, 2007). Dans cette perspective, un pacte est ainsi conclu. Dans ce
contrat social, le soignant s’engage à soigner, et le patient s’engage à guérir (Harley, 1999;
Cyrulnik, 2007).
s’accomplirait par l’entremise d’un mécanisme de résilience. La résilience étant cette propriété
recherches et d’études en psychiatrie) souligne l’usage des antidépresseurs chez les enfants :
« Le traiter chimiquement, c’est aussi ne pas le pousser à utiliser ses propres ressources, ce
Dans notre mandat pour soigner nos patients, stimuler les mécanismes de résilience ou susciter
une réponse de guérison sont des objectifs qui nous apparaissent essentiels en ostéopathie. Il
semble que certains aspects psychosociaux qui entourent le soin en ostéopathie ont ce
soignant/soigné est riche en « rituels thérapeutiques placebo ». Selon lui, il est primordial de
Dans la revue The Society for the Social History of Medecine, Harley (1999) explique que la
choix des mots (les sémantiques), les signes et les symptômes (les sémiologies) émis du
patient et par l’habileté du praticien à tisser des liens persuasifs, symboliques et significatifs à
partir de ceux-ci (Harley, 1999; Sehon et Stanley, 2003; Finch, 2004; Chambers, 2006; Knight
et Sweeney, 2007). L’interprétation juste des signes et la construction des explications sont au
Pour Finch (2004), cette capacité à tisser des liens persuasifs s’obtiendrait par la maîtrise
entre les lignes). Elle s’effectuerait notamment avec l’aide des figures de style (métaphores,
analogies, etc.), des gestuelles et des mimiques, et doit tenir compte du contexte socioculturel
et psychosocial du patient (Harley, 1999; Sehon et Stanley, 2003; Finch, 2004, Chambers,
37
2006; Knight et Sweeney, 2007; Hobden, 2008). Ce dialogue serait initié, selon Kuhn (voir
2.2.2.), par le praticien et par son habileté à puiser dans la toile métaphorique des croyances du
patient (Sehon et Stanley, 2003), ce que Finch (2004) réfère à la discussion dialogique.
Cet outil rhétorique, la dialogique, met en valeur des échanges entre couples opposés (Morin,
2004; Tricot, 2005; et Finch, 2004). Cela s’effectue dans un rituel de guérison par l’entremise
d’un univers interactif entre langages verbal, non verbal et paraverbal issus de la relation
herméneutique. (Harley, 1999; Sehon et Stanley, 2003; Finch, 2004; Chambers, 2006; Knight
perspective du patient sur ses souffrances, permettre l’acceptation, offrir des solutions
transitoires et entretenir l’espoir de guérir (Harley, 1999; Finch, 2004; Chambers, 2006;
Moerman et Jonas, 2002; et Kaptchuk, 2002). Malgré qu’il n’y ait pas de règles ni de
méthodes pour parvenir à maîtriser la composition des rituels de guérison, ces éléments
parcourrons cette section sous deux volets : 1) en recensant les ECR qui se rattachent au
phénomène, et 2) en recensant les articles qui se sont penchés sur les processus neurologiques
2.5.1. Les recherches sur le placebo et les composantes des rituels de guérison
les dernières années, de nouvelles théories autour du placebo ont vu le jour. Celles-ci
préconisent notamment que le placebo représente l’aspect psychosocial de tout soin, et que
psychosocial du patient (Koshi et Short, 2007). C’est dans ce cadre que Kaptchuk (2002)
évoque le terme « rituel de guérison », et que Moerman et Jonas (2002) évoquent le terme
Les connaissances actuelles suggèrent que tout traitement pour la douleur soit composé d’un
remarquablement puissants (Greene, Goddard, Maracusa, Mauro, 2009). Le placebo peut être
parfois aussi puissant sinon plus que sa contre partie active (médicament), puisqu’il n’a pas
d’effet secondaire (Greene et al., 2009). Alors que l’usage du placebo est considéré non
éthique, paradoxalement, tout thérapeute qui traite la douleur en exploite son potentiel
L’effet placebo semble dépendre de plusieurs facteurs, incluant les attentes du patient, la
placebo variera en fonction de l’attention portée à ces facteurs, et que plus l’effet placebo est
efficace dans le groupe contrôle, plus il sera ardu de démontrer par des données probantes
grandeur des effets du placebo, le contrôle placebo dans les ECR reste l’outil le plus objectif
39
pour mesurer les effets d’un médicament sur une pathologie (Dobrilla, Scarpignato, 1994). Par
l’effet placebo est de 35,2 pour les affections médicales communes (Beecher, 1955; et
Godfroid, 2003). Voici quelques exemples concernant la variabilité de l’effet placebo. Ces
citations proviennent d’un article qui a fait le recensement des métas analyses sur les ECR et
des revues pertinentes sur la base de données de Medline. Les chercheurs de cet article ont
conservé pour l’analyse les articles qui possédaient un test statistique pour mesurer l’influence
du biais, et lorsque l’influence du biais sur les effets de l’expérimentation était mesurée.
« Dans une expérimentation sur la caféine, un premier auteur a montré que le fait de faire croire au
patient qu’on lui donnait un produit inactif diminuait la réaction normale à la caféine. Il en conclut que
le consentement demandé aux patients, dans les études en double insu, diminue la validité externe d’une
étude. Un deuxième a retrouvé un effet identique mais considère que l’information du patient sur la
possibilité de prise d’un placebo n’a qu’une influence limitée sur le résultat. Un troisième auteur a
essayé de quantifier l’effet placebo dans une méta-analyse comparant celui-ci à l’absence du traitement.
Il a constaté que le placebo n’était supérieur à l’absence de traitement que pour les critères subjectifs et
dans les cas de variables continues. Pour les variables discontinues et pour les critères objectifs rapportés
sous forme de variables continues, le placebo n’avait aucun effet significatif. L’analyse en sous-groupe
(qui était prévue dans le protocole) des essais sur la douleur montre, à l’opposé, que le placebo a un effet
significatif qui est de l’ordre de 6.5 mm à l’échelle visuelle analogique.
La comparaison à un placebo pose d’autres problèmes théoriques. Ainsi Kirsh a comparé deux groupes
des patients qui recevaient le même placebo. Un des groupes avait des instructions correspondant à un
double insu (placebo vs caféine). L’autre avait des informations « décevantes » l’informant qu’il recevait
un placebo. Pour certaines des variables mesurées (tension artérielle systolique, vigilance) les réactions
des deux groupes étaient opposées.
En chirurgie, un insu est possible et a déjà permis, par exemple, de constater que l’arthroscopie n’était
pas supérieure à une pseudo-intervention dans l’arthrose du genou. » (Forestier, Françon et Graber-
Duvernay, 2005, 253)
De plus, ils font la remarque sur l’analyse comparative entre traitements pharmacologique et
non pharmacologique de l’arthrose du genou que les différences de résultats sont en faveur de
l’approche pharmacologique. Selon eux, la différence n’est pas due à une méthodologie moins
rigoureuse, mais principalement à cause des difficultés à mettre en œuvre, dans une approche
non pharmacologique, un groupe placebo avec insu. Ils stipulent que les connaissances
actuelles « permettent d’avoir une idée de certains facteurs qui influencent potentiellement le
40
résultat des essais thérapeutiques. Elles ne sont pas suffisantes pour connaître l’amplitude
exacte de ceux-ci dans une étude donnée » (Forestier, Françon et Graber-Duvernay, 2005,
2.5.2. Les recherches qui se rattachent aux composantes des rituels de guérison
On s’aperçoit que le terme « healing ritual » devient de plus en plus populaire parmi les
référence apparaissent chaque mois. Voici une expérimentation très pertinente pour notre
étude.
Kaptchuk réalisa en 2008 une étude sur 262 patients souffrant de syndrome du colon irritable.
Dans cette étude, les patients étaient distribués aléatoirement dans trois groupes pour
premier groupe était en attente d’un traitement. Un traitement placebo d’acupuncture était
d’acupuncture, mais celui-ci recevait davantage l’attention du thérapeute. Par exemple, dans le
troisième groupe, la visite du thérapeute était plus longue, des techniques d’écoute active
confiance et des attentes positives. Par les moyens du score d’amélioration globale, en trois
temps (une semaine entre chaque temps), les résultats suivants ont été obtenus. Le groupe en
attente a connu une amélioration de trois pour cent, vingt pour cent d’amélioration pour le
Cette étude a été conçue pour démontrer l’importance des composantes associées aux rituels
de guérison dans l’obtention de l’effet placebo. Elle démontre par ailleurs que la douleur peut
être modifiée sans avoir recours à un traitement actif. Elle illustre aussi que la composante
relationnelle en est une d’importance dans l’obtention des bienfaits chez nos patients.
2.5.2.1. Le toucher
Ceci nous amène à exposer des disciplines connexes à l’ostéopathie et relatives avec notre
sujet. Depuis la nuit des temps, le pouvoir curatif généré par l’imposition des mains et les
manipulations est imprégné dans les croyances de toutes les civilisations humaines (Withers,
1960). Le contact physique, accompagné de suggestions hypnotiques, fait partie des rituels
employés par les sorciers, les magiciens, les chamans, les prêtres et les guérisseurs pour
charmer leur public (Withers, 1960). Dans une vision jungienne, ils ont un pouvoir archétypal.
Étymologiquement, archétype signifie : « ce qui est implanté depuis le début ». Synthétisés par
« … les résidus psychiques d’innombrables expériences du même type éprouvées par nos ancêtres, et
implantées dans la mémoire de l’espèce, c'est-à-dire dans les couches profondes de l’inconscient
collectif, au-dessous du niveau des souvenirs personnels. C’est pourquoi lorsque se présente un motif
archétypal la réponse est beaucoup plus forte que ne l’expliquerait son apparence : l’esprit répond
comme un diapason à une note pure. »
générer un effet placebo (Hobden, 2001). Examinons de plus près les études expérimentales
Développé en 1970 par une « guérisseuse », Dora Kunz, et par Dolores Krieger, Ph. D.,
Bien que pour plusieurs, les effets bénéfiques du TT ne sont que de la valeur du placebo
(Cleland, Price, Lee, Gerard, Sharma, 2006; Chan, Perlman, Jason, Lam, Staller et Sigal,
« Pour ajouter à la controverse, selon les théoriciens du toucher thérapeutique, une des composantes
essentielles d’un traitement de toucher thérapeutique serait la qualité de centration, d’intention et de
compassion de l’intervenant, ce qui, il faut en convenir, n'est pas facile à évaluer cliniquement... »
(Cotret, 2008, 1)
Le touché thérapeutique est pourtant l’une des approches manuelles les plus étudiées et les
Fait intéressant, il n’y a pas de concordance sur le phénomène entre les études randomisées.
Les conclusions des métas analyses tendent à reconnaître une valeur curative potentiellement
plus importante que le placebo, mais cette performance serait inconstante (Peters, 1999; et
celui qui prodigue le soin (healer dependant) (Chan, Perlman, Jason, Lam, Staller et Sigal,
2008).
Cela concerne explicitement notre sujet, puisque le toucher joue un rôle de premier ordre, à la
La kinésiologie appliquée est cette autre discipline controversée vastement documentée par les
ECR. Elle a été élaborée à la base par le docteur en chiropraxie Goodheart dans les années
1960. Principalement utilisée au départ par les chiropraticiens, elle a rapidement séduit les
médecins, les naturopathes, les ostéopathes, les dentistes et les nutritionnistes. En ostéopathie,
nous retrouvons ces principes derrière les points de Chapman, la balance inhibitrice, etc. Elle
est un outil de diagnostic et de traitement qui repose ses valeurs scientifiques et sa crédibilité
randomisée est grandement mise en doute par la médecine officielle. Plusieurs anomalies dans
le déroulement des ECR appuyant la thèse de la kinésiologie appliquée ont été soulevées et ne
kinésiologie appliquée évoquent qu'un effet placebo pourrait être en jeu ou que les impressions
reçues par le thérapeute pourraient lui être transmises par son subconscient. Rien de clair »
Fait étonnant, pour la plupart des membres de la communauté médicale, les principes actifs
reliés aux notions de la kinésiologie appliquée ne seraient pas plus efficaces que le placebo
elle est un outil valable, mais que sa validation et son application scientifique ultime exigent
des méthodes plus complexes que celles employées actuellement. L’utilisation de modèles qui
statistique doit être explorée (Cuthbert et Goodheart, 2007). Toutefois, concernant cette
dernière référence, il est important de préciser qu’elle provient d’un article de chiropraxie.
Conséquemment, les arguments mis de l’avant par ces chercheurs pour défendre la
En somme, alors que plusieurs n’y voient qu’une supercherie de charlatans, certains remettent
perçoivent des composantes d’un rituel susceptible de déclencher une réponse de guérison
(meaning response).
À notre connaissance, il n’y a pas d’études qui se sont penchées implicitement sur les
Par contre, implicitement, plusieurs phénomènes peuvent s’y rattacher, notamment les effets
Pygmalion, Hawthorn, mouton-chèvre, etc. que nous avons déjà abordés. Dans cette sous-
section, nous aborderons des recherches que nous avons rattachées comme composantes des
neuromodulation.
plastique du cerveau au niveau matériel et fonctionnel. Elle est cette capacité des cellules
neurosciences, à tous les niveaux d’organisations. » Barbara (2010, 79) stipule que ce
ce, de façon magistrale dans le domaine médical. Il termine son article en précisant l’aspect
protéger de tous ceux qui négligeraient de croire qu’elle n’est pas toujours fondamentalement
fonctionne. Cela devient intéressant, car nous pouvons entrevoir le fonctionnement similaire
« La douleur est une expérience subjective, sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une
lésion d’un tissu, potentielle ou réelle » (Faymonville et al., 2010, 67). En d’autres mots, la
perception de la douleur est propre à celui qui la ressent. La douleur est acheminée vers la
moelle épinière par les fibres nerveuses afférentes, en premier lieu vers la moelle épinière,
ensuite vers le thalamus, et, de là, vers différentes régions du cerveau : « le cortex cingulaire
et al., 2010, 67-68). La cartographie cérébrale nous montre comment toutes ces différentes
« signale l’inconfort (la douleur nous agace, nous épuise, nous use). »
conséquence. »
L’effet analgésique du placebo est un des exemples les plus foudroyants de la modulation
corticale commencent à être élucidés. Les recherches récentes, par imagerie cérébrale,
cortical. Ces mécanismes sont apparentés avec ceux observés de l’hypnose (voir 2.5.3.3.). On
constate que la réponse au placebo se confirme par des modulations importantes, notamment à
partir du cortex cingulaire antérieur. Ces découvertes amènent à croire que l’effet analgésique
du placebo est dépendant de la capacité d’interactivité du cerveau avec les structures sous-
corticales. Les mêmes que celles impliquées dans l’apprentissage (Bingel, Lorenz, Schoell,
À cause des difficultés à objectiver l’hypnose et à cause de son aspect dissimulé, elle a été mal
comprise et longtemps associée aux pratiques des charlatans (Peterfy, 1973; Faymonville,
Marquet et Laureys, 2010; Withers, 1960). Elle s’avère toutefois indiquée pour le traitement
particulier de l’éveil provoqué par la suggestion (Faymonville et al., 2010; Larousse, 2007). Il
s’agit d’un processus actif qui nécessite une motivation personnelle, mais aussi une confiance
D’un point de vue neurophysiologique, les dernières avancées en recherche ont permis de
(Faymonville et al., 2010). Elle agirait à la fois au niveau des nerfs et du cerveau pour
s’agit pas de faire miroiter une guérison miraculeuse, mais de réduire l’inconfort et les doses
de médicaments avalés par les patients » (Faymonville et al., 2010, 66). Les travaux récents
hypnotique correspond bien à un état cérébral particulier » (Faymonville et al., 2010, 67). Les
configurations cérébrales sont différentes selon l’intensité des stimuli et selon que le patient
est sous hypnose ou en éveil. Des modulations sont observées au niveau du cortex cingulaire
s’il est suggéré à celui qui est hypnotisé que l’inconfort s’amplifie, ce qui « pointe le rôle
(Faymonville et al., 2010, 68). Un autre résultat curieux et inattendu est observé.
48
« Lorsque le sujet perçoit le stimulus comme plus douloureux, on observe, mais seulement lorsqu’il est
sous hypnose, une augmentation proportionnelle du débit sanguin dans la partie moyenne du cortex
cingulaire antérieur, la région 24. Hypothèse : l’activité augmente dans cette région – qui régule les
interactions entre cognition, perception et émotion – pour que l’individu puisse mieux gérer sa douleur.
Une autre expérience complémentaire montre que le débit sanguin augmente aussi en fonction de
l’intensité de la douleur sous hypnose dans un réseau de régions corticales et sous corticales qui sont
liées à la région 24 … » (Faymonville et al., 2010, 68).
Les études tendent à démontrer que, tout comme l’hypnose thérapeutique et l’effet placebo, le
suggèrent différentes avenues pour expliquer comment le toucher peut modifier la perception
capitales. Par exemple, devant la démonstration que l’imposition des mains sur le crâne
thérapeutique.
Concernant les rituels de guérison, ces découvertes signifient, pour nous, que l’effet
considéré comme un effet placebo. Ces éléments psychosociaux ne sont pas des éléments
inertes, et dans ce contexte, il n’y a pas de placebo, mais il y a, selon le degré d’interactivité
placebo. Du point de vue de la médecine alternative, ces composantes sont essentielles dans
49
l’obtention d’un traitement de qualité. Du point de vue de la recherche médicale et des ECR
(essais cliniques randomisés), ces composantes sont des nuisances, car leurs effets ne font pas
partie de ce qui est spécifique au traitement à l’étude. Actuellement, un débat subsiste sur cette
problématique. L’ostéopathie est déchirée entre ces deux points de vue. D’un côté, elle veut
être perçue de façon crédible, et de l’autre, sa philosophie ne cadre pas dans ce modèle de
recherche. Pour mieux comprendre cette problématique, nous dressons un portrait d’ensemble
Le concept EBM est originaire des applications cliniques des épidémiologistes de l’Université
de McMaster au début des années 1990. Il se promeut par son objectivité, notamment par son
apparente transparence dans le contrôle des biais liés à la recherche (Sehon et Stanley, 2003;
Haynes, 2002). Pour la médecine EBM, c’est-à-dire qui veut fonder ses faits sur des données
probantes (evidence-based medecine), les meilleures données, les meilleures preuves sont
celles recueillies par un ECR et par le contrôle de l’effet placebo (Patterson, 2002, 1184;
Sehon et Stanley, 2003; Haynes, 2003). Voici notre traduction de la définition anglaise la plus
d’employer les meilleures données disponibles dans les décisions et dans les soins prodigués
Depuis les cinquante dernières années, et en tant qu’outil méthodologique, le groupe contrôle
placebo occupe un rôle de première importance dans les ECR (la règle d’or). Il est devenu
l’élément principal du concept de l’EBM (Macedo, Farré, Banos, 2003). Le contrôle de l’effet
placebo a été conçu pour éliminer les effets potentiels de facteurs psychologiques influençant
50
expérimentale.
Encore faut-il savoir comment utiliser adéquatement le placebo dans les ECR pour bénéficier
de données probantes et objectives nous permettant d’en tirer des conclusions valables et
judicieuses (Patterson, 2002; Sehon et Stanley, 2003; Haynes, 2003; Forestier, Françon et
Graber-Duvernay, 2005). Les chercheurs suivants, Patterson, 2007; Korr, 1991; Kaptchuk,
2002; Moerman et Jonas, 2002; Haynes, 2002; Barry, 2005; Scott et Sehon, 2003; Couto,
1998; pour ne nommer que ceux-ci, émettent plusieurs critiques face à l’hégémonie de la
médecine EBM et de l’emploi des ECR comme élément capital pour développer les approches
thérapeutiques. Pour ces derniers, cela est d’autant plus vrai lorsqu’on veut démontrer
l’efficacité thérapeutique des médecines alternatives. Selon ces chercheurs, les médecines
alternatives évoluent dans une conception différente de la santé et du soin consciencieux. Ils
stipulent que les divergences conceptuelles entre ces deux toiles de croyances (médecine EBM
versus médecine alternative), pour reprendre la métaphore de Kuhn (voir 2.3.1.), sont
alternatives par l’emploi des ECR, cela ne donne pas un portrait objectif de la réalité clinique.
Cette mise en contexte sur le débat houleux entre ces deux paradigmes médicaux, sur la
définition des termes « placebo » et « prodiguer les meilleurs soins aux patients », concerne
guérison contenus dans la relation soignant/soigné? En ostéopathie, est-ce que l’effet placebo
doit être considéré comme une nuisance aux résultats ou un paramètre essentiel dans
l’obtention de résultat?
51
Selon plusieurs, le problème est d’ordre conceptuel (Patterson, 2007; Kaptchuk, 2002;
Moerman et Jonas, 2002; Haynes, 2002; Barry, 2005; Scott et Sehon, 2003; Couto, 1998). Des
questions complexes concernant le caractère éthique de ce que représente un soin légitime sont
soulevées. Kaptchuk (2002) pose les questions suivantes : Qu’est-ce qui devrait déterminer le
d’un patient déterminée en fonction de sa propre « base line » (ligne de base), ou une
déterminée en fonction d’une comparaison à un groupe placebo. Est-ce que les résultats sont
plus importants que la méthode (Kaptchuk, 2002)? Voici quelques arguments en faveur et
- A été conçu pour protéger la population des charlatans (Sackett, Strauss, Richardson,
-Ne tient pas compte de la réalité clinique et du contexte psychologique, social et affectif du
-Peut perturber le jugement clinique et les facultés intuitives du clinicien. Ceux-ci prioriseront
les données des ECR au lieu de se référer à leurs expériences cliniques (Sherman, 2008;
Haynes, 2002).
52
Le docteur Sherman (2008) rajoute que la réalité clinique ne vit pas dans les limites d’un
double aveugle randomisé ni dans un laboratoire. Plusieurs critiques rapportent des agendas
2006; Barry, 2005; Haynes, 2002). Barry (2005) suggère que la médecine EBM a été créée en
partie pour contrôler la menace des médecines alternatives face à l’hégémonie des compagnies
Le terme « evidence » peut avoir plusieurs sens, en médecine. Il y a entre autres le sens
indiquent que la médecine alternative peut être particulièrement efficace pour générer l’effet
placebo dans le système des soins de la santé (Kaptchuk, 2002; Moerman et Jonas, 2002;
Harley, 1999; Sehon et Stanley, 2003). Les médecines alternatives administrent une large dose
performative). (voir 2.4.4.) Ils rajoutent que les médecines alternatives ne mesurent pas les
De façon générale dans la médecine alternative, les cliniciens priorisent dans leur grille
d’analyses la dimension holistique de la santé (Barry, 2005). Dans cette optique, le corps
possède une force intuitive de guérison; avec ce contexte, il ne s’agit que de la relancer avec
les bons outils thérapeutiques et d’encourager le patient à entretenir sa santé avec des actions
saines (Fleming, Rabago, Mundt, Fleming, 2007). Dans ce modèle d’action clinique, la
maladie n’est pas une entité qu’il faut combattre, mais un guide dans le développement
personnel de l’individu (Fleming, Rabago, Mundt, Fleming, 2007). Inutile de préciser que
53
l’impact sur la spiritualité d’un individu et les répercussions de cet impact sur sa santé sont des
éléments difficilement quantifiables par l’EBM. Dans les lignes qui suivent, nous énumérons
quelques arguments pour lesquels il faut nuancer les résultats et l’emploi des ECR.
1. Les meilleures données sont celles qui ont les meilleurs contacts et le plus grand
2. Les biais sont parfois difficilement contournables. Les intérêts derrière la recherche et
Selon Sherman (2008), sans la perspective critique et adéquate des cliniciens face aux données
fournies par l’EBM, ceux-ci pourraient ne pas tenir compte de modalités thérapeutiques
bénéfiques pour leurs patients. Le dénigrement des médecines alternatives par la médecine
officielle est un exemple de ce manque flagrant de « gros bon sens » (Sherman, 2008, 1).
Malgré une littérature extensive sur la valeur thérapeutique des médecines alternatives, en
général, ces approches sont boudées par les médecins (Koutouvidis, 2004). Les arguments
seront qu’elles ne sont pas scientifiques, et que statistiquement, elles n’ont pas démontré une
cas de la chiropraxie ou de la massothérapie, les ECR avec le double aveugle sont moins
appropriés et ce manque ne reflète pas leur inefficacité (Sherman, 2008; Koutouvidis, 2004).
Dans les lignes qui suivent, nous énumérons les raisons pour lesquelles il faut nuancer les
1. Le double aveugle a été conçu au départ pour mesurer l’efficacité d’un médicament, et
dans ce contexte pharmaceutique, le placebo est facile à effectuer; les biais sont
2. En ostéopathie, il est difficile d’effectuer des ECR avec la même aisance qu’un
3. Le choix d’un groupe contrôle crédible, en ostéopathie, est un défi de taille, notamment
et Russo, 2006).
intervention manuelle, puisqu’il est impossible pour celui qui applique l’intervention
contrôlée, sans qu’il produise toutefois un réel effet thérapeutique (Fulda, Silcho et
6. Les médecines alternatives n’ont pas les moyens de se permettre des études sur une
grande population. Une plus petite population à l’étude est sujette à développer plus de
(Koutovidis, 2004).
55
Les difficultés à démontrer une différence statistiquement significative avec les médecines
alternatives ont généré des points de vue diamétralement opposés parmi les communautés
2. Les thérapies qui ne peuvent être évaluées scientifiquement ne devraient pas avoir de
droit de pratique.
problématique mise de l’avant avec notre expérimentation. La plus importante à retenir est que
la médecine officielle évolue dans un cadre totalement différent des médecines alternatives.
Ces dernières priorisent la dimension holistique de la santé. Selon Kaptchuk (2002), Moerman
et Jonas (2002), Harley (1999), Korr (1991), Patterson (2007) et Vaucher (2008), les
importante dans nos interventions. De vouloir enlever les effets non spécifiques de la relation
soignant/soigné pour isoler l’effet spécifique du traitement, cela ne constitue pas une
(Korr, 1991; Patterson, 2007; Vaucher, 2008). Avec l’intention ultime de formuler des
cadre de l’EBM. En somme, celles-ci doivent cadrer à la fois avec les principes
manuel placebo dans les ECR, mais au sein de la communauté ostéopathique, il n’y a pas de
consensus sur le groupe contrôle placebo (Patterson, 2007; Hobden, 2001; Licciardone et
Russo, 2006; Hartman, 2009). Certains D.O. s’objectent « en mentionnant que le toucher
humain a toujours un certain effet, même s’il est minime » (Hobden, 2001; Bérubé, 2009). La
désignation de traitement manuel avec effet minime serait plus appropriée (Hobden, 2001).
Licciardone et Russo (2006) identifient plusieurs éléments entourant le soin ostéopathique (les
conseils et les exercices recommandés, le statut de l’ostéopathe, etc.) qui peuvent influencer
les résultats des ECR en ostéopathie. Ainsi, un ECR où le thérapeute fait un suivi avec son
patient favorise davantage un climat empathique où les effets non spécifiques d’un traitement
l'expression « les effets non spécifiques d’un traitement » comme étant un vaste amalgame de
plaisir à son thérapeute) dissimulés dans plusieurs formes d’expériences médicales. Bien que
Licciardone et Russo (2006) avertissent toutefois les cliniciens de ne pas avoir une attitude
froide ou désinvolte (car cela pourrait produire un effet nocebo) dans les ECR, ils
recommandent toutefois que les protocoles tiennent compte de ces facteurs pour minimiser les
biais.
Un autre élément crucial qui peut influencer les résultats d’une recherche est les attentes du
patient en fonction du groupe qui lui est assigné (Deslauriers, 2009; Licciardone et Russo,
2006). Il est largement reconnu dans la communauté médicale que les attentes et les croyances
57
significatif sur leur douleur, leur mobilité et leur qualité de vie (Licciardone et Russo, 2006).
Ainsi, ils recommandent encore une fois une prudence accrue dans l’élaboration des
groupe contrôle avec une fiche évaluant les attentes des patients en fonction du groupe qui leur
est assigné. Ils parcourent, dans leur article, des ECR sur le mal de dos en ostéopathie et
l’ostéopathie, donne un autre son de cloche à ces effets dits non spécifiques du traitement et
apporte un différent point de vue à l’interprétation des résultats des ECR sur le mal de dos
analysé par Licciardone et Russo (2006). Nous continuons donc dans cette sous-section avec
Dans une des études, le groupe contrôle (faux traitement) et le groupe expérimental n’ont pas
eu de différences significatives entre eux; or, ils ont mieux performé que le groupe qui n’a
reçu aucune intervention. Les déductions de Licciardone et Russo (2006) pour expliquer les
résultats équivalents entre le groupe expérimental et le groupe contrôle sont que, notamment,
l’intervention manuelle était effectuée par des étudiants. Or, Patterson (2007) révèle que bien
que le protocole d’intervention dans le groupe contrôle prend soin d’éviter les domaines du
d’intervention manuelle placebo peut certainement avoir eu des effets sur le mal de dos,
Dans une autre recherche sur le mal de dos, les fiches évaluant la crédibilité des participants
ont démontré une différence significative entre les attentes des patients en fonction de leur
groupe assigné (Licciardone et Russo, 2006). Dans le groupe expérimental, la fiche décrivait
dans le groupe contrôle, la fiche décrivait l’usage de touchers légers qui encouragent la
communication entre les systèmes nerveux et endocrinien, ce qui aura pour effet de favoriser
une diminution de la douleur et l’autorégulation. Bien que les chercheurs stipulent que cela
peut avoir une influence sur les résultats, ils n’en ont pas tenu compte. Ils appuient leurs
déductions sur le fait que bien qu’il y avait une crédibilité accrue en faveur de la description
significativement les résultats, puisque le ratio est resté le même et ne concordait pas avec les
Encore une fois, Patterson (2007) n’est pas d’accord avec ces interprétations. Il souligne que
cette recherche ne précise pas les critères d’inclusion et d’exclusion. Par exemple, si quelques
individus qui étaient assignés au groupe contrôle avaient déjà eu l’expérience antérieure d’un
traitement manuel dans le groupe contrôle pourrait ne pas avoir été convaincante pour ces
individus. Ces exemples expriment bien les difficultés rencontrées pour conceptualiser des
s'ajoutent le fait d'avoir un échantillonnage suffisant (au moins six cents personnes), la
sélection des volontaires et des témoins aléatoires, le choix des techniques agissantes
59
mois. Satisfaire sans contestation tous les critères de scientificité requis pour réaliser un ECR
1996).
Pour Patterson (2007), les études de type pragmatique sont de loin les plus appropriées pour
les études en ostéopathie. Car dans une étude de type fastidieuse, par exemple avec les ECR,
le modèle linéaire de la relation de cause à effet établit d’emblée que 1) tous changements
changements observés dans le groupe contrôle sont discrédités, puisqu’ils ne sont pas dus à
l’action du médicament. Ils sont donc relégués aux effets placebo. Or, on ne peut aussi
facilement catégoriser les conclusions d’un ECR en ostéopathie. Patterson (2007, 2) pose les
questions suivantes : « Est-ce qu’effectivement l’effet placebo à un effet sur les résultats d’un
À notre grande surprise, Patterson (2007) cite l’article de Moerman et Jonas (2002), ainsi que
celui de Kaptchuk (2002) pour répondre à ses questions. D’ailleurs, il s’agit précisément des
articles qui nous ont inspirés pour la formulation de notre hypothèse et que nous avons
employés pour décrire le terme « rituel de guérison » (voir 2.4.). Ces articles répondent aux
questions de Patterson par l’affirmative. Ils explorent sur le sens et la signification derrière
l’interaction sociale entre le praticien et le patient; la façon dont ce dernier perçoit sa relation
vis-à-vis son praticien. Ces éléments peuvent avoir un impact curatif significatif sur une
nommer le phénomène. Dans leurs conclusions, ils ajoutent que même les résultats des ECR
sur les médicaments en pharmacologie et sur les procédures médicales sont affectés par les
attentes des patients (Moerman et Jonas, 2002; Kaptchuk, 2002). Pour Patterson (2007), si
cette prémisse est véridique, le modèle linéaire de la relation de cause à effet dans le contexte
De façon très actuelle, Korr (1991) mentionne qu’il est essentiel que l’évaluation de
C'est-à-dire que la totalité de l’interaction entre le praticien et le patient doit être prise en
procédure. L’effet placebo en ostéopathie fait partie des effets escomptés (Korr, 1991).
de cause à effet telle qu’établie par les populaires ECR (Patterson, 2007; Korr, 1991). En
du patient) qui apporteront inéluctablement des effets curatifs significatifs (Patterson, 2007;
Korr, 1991; Kiene, 1996; Feinstein, 1983; Kaptchuk, 2002; Moerman et Jonas, 2002). Dans
cette perspective, le double aveugle est réductionniste et inutile aux chercheurs intéressés à
Bien que les ECR sont certainement utiles pour investiguer certaines questions concernant un
aspect spécifique d’une technique manuelle en ostéopathie, ils ne sont pas habilités, selon
pose indirectement à la médecine officielle (Patterson, 2007). C'est-à-dire que d’un point de
vue systémique, on ne peut diviser le tout pour en analyser une partie. Derechef, ne catégoriser
d’aucune valeur certains éléments gravitant autour de l’épiphénomène n’est pas réaliste. Un
système change presque toujours lorsque certaines de ses caractéristiques sont mises de côté
Patterson (2007) répète que les ECR ont tout de même une place dans l’analyse de certains
ostéo-articulaire avec thrust pour soigner le lumbago est démontrée par plusieurs excellentes
études, dont celle de Hoehler, Tobis, Buerger (1981). Ceux-ci ont affirmé que tout de suite
après un ajustement spécifique des lombaires avec thrust (comparé à un groupe contrôle dans
lequel les paramètres d’ajustement étaient mis en place sans thrust), les aspects suivants ont pu
de mobilité dans les activités quotidiennes (telles que sortir du lit, s’habiller).
Bien que cette étude soit utile pour démontrer la valeur d’une technique, celle-ci ne mesure
technique spécifique en ostéopathie est agissante, un ECR, de façon discutable, peut être dirigé
en acceptant que certains critères de scientificité soient parfois difficiles à obtenir (ex : le
double aveugle) (Patterson, 2007). Par contre, si la question de recherche concerne l’effet total
réponse placebo, car ils font partie intégrante du traitement (Patterson, 2007). Sur ce point,
Korr (1991) stipule que l’ostéopathe est conscient que la guérison spontanée, ou l’effet
placebo, est la réponse active des mécanismes de récupération du patient et une démonstration
de leurs potentiels. Cette réponse n’est pas déclenchée par une pilule de sucre ou par un non-
traitement, elle l’est par des facteurs tels que la confiance au traitement prodigué, les
croyances positives, les attentes ainsi que les attitudes face à la maladie et à son évolution
(Korr, 1991).
Subséquemment, pour évaluer pleinement le traitement ostéopathique, que ce soit pour ses
effets ou pour ses mécanismes, il ne faut pas tenter de retirer l’ingrédient actif, contrairement à
ce que nous suggèrent Licciadone et Russo (2006). Patterson (2007) signale que nous devons
reconnaître qu’il y a plusieurs ingrédients actifs compris dans l’effet total. De plus, ces
ingrédients peuvent être non seulement interactifs, mais exponentiels. Ainsi, conclut Korr
(1991), ce qui, du point de vue des données probantes, paraît comme une nuisance ou une
source d’erreur est, d’un point de vue ostéopathique, essentiel pour l’obtention des résultats
cliniques.
En plaçant le potentiel du patient au cœur des principes ostéopathiques, la guérison n’est pas le
résultat de l’action d’un agent médicamenteux ni même d’un traitement, mais d’un soin
consciencieux (Patterson, 2007). Le patient est au centre du processus et non relégué comme
un acteur faisant partie d’un épiphénomène (Patterson, 2007). Les attentes du patient et les
interactions entre celui-ci et le clinicien font partie des éléments qui produiront des
response). Cette réponse sera instiguée à partir des croyances individuelles du patient et du
Patterson (2007) conclut à l’aide des analogies suivantes : Écouter un instrument de musique
jouer sa partie dans une symphonie n’est pas comparable à écouter l’orchestre au complet. De
même qu’écouter un orchestre dirigé par un novice n’est pas comparable à un orchestre dirigé
par un maître.
Cet exercice n’est pas conçu pour diminuer la qualité des thèses présentées. Cette sous-section
est ajoutée pour démontrer comment les résultats obtenus par l’emploi d’une étude
quantitative sur le traitement ostéopathique sont aisément contestables. Cette démarche est
pertinente avec la problématique de notre expérimentation, puisque les biais observés dans ces
Dans la thèse de Sabbagh (2010) sur l’influence du soin ostéopathique global chez les patients
souffrant de hernie discale lombaire symptomatique, les résultats obtenus sur l’amélioration de
la condition des participants sont significatifs. Or, elle mentionne tout de même que ces
résultats doivent être prudemment interprétés, puisqu’il n’y avait pas de groupe contrôle
placebo. Effectivement, le fait qu’il n’y ait pas eu de groupe contrôle placebo affaiblit le
niveau de preuve. N’ayant pas de groupe contrôle placebo pour comparer les résultats,
d’autres éléments que ceux étudiés qui ont accompagné le soin peuvent avoir influencé les
résultats.
64
Dans la thèse de Cloutier et Khoury (2001) sur le traitement de la lésion du deuxième degré et
sur l’influence de celui-ci sur la mobilité des sites d’attaches de la dure-mère, il y avait un
groupe contrôle, et l’étude était à simple aveugle. Dans cette étude, l’évaluateur devait
déterminer, à son insu, si la normalisation d’une lésion du deuxième degré était perceptible
obtenu des résultats significatifs. Or, Cloutier (2011), par courriel, le 27 février, nous a
expliqué que ce que le comité reprochait à cette étude est qu’il aurait été davantage intéressant
que le groupe contrôle reçoive un faux traitement pour que le patient ne puisse distinguer dans
quel groupe il faisait partie. Effectivement, le patient se sachant dans le groupe contrôle
n’interagira pas de la même façon que celui du groupe expérimental. Cette différence peut être
Dans la thèse d’Audet et d’Anjou (1999), leur hypothèse était que « l’ostéopathe peut, grâce à
sa palpation, ses connaissances et son intervention, soulager les symptômes douloureux des
patients même s’il ne connaît pas au préalable la symptomatologie et l’histoire de santé de ces
mêmes patients. » Ils sont arrivés à des résultats significatifs, mais malheureusement, il n’y
avait pas de groupe contrôle. Ainsi, le niveau de preuve pour appuyer leur hypothèse est
pauvre. Les effets significatifs obtenus peuvent être attribuables à des éléments non
spécifiques qui ont accompagné le traitement, mais qui n’étaient pas spécifiques à l’étude.
Toutefois, cela n’enlève pas le fait que leurs interventions se sont avérées efficaces, et que
Ainsi, par cette analyse critique des thèses du CEO, il est intéressant de constater comment il
est aisé de contester les résultats, surtout lorsque ceux-ci ne se comparent pas à un groupe
contrôle placebo. L’absence d’un groupe contrôle ne permet pas de mesurer l’effet spécifique
65
et réel de l’intervention prodiguée, et la présence d’un groupe contrôle atténue les résultats du
groupe expérimental entre autres parce que des effets non spécifiques sont toujours présents
dans les deux groupes. Dans les deux cas (avec ou sans groupe contrôle), les résultats que nous
obtenons ne sont donc pas pleinement représentatifs de ce que nous souhaitons mesurer, et,
Toutefois, selon nous, et en accord avec Korr (1991) et Patterson (2007), le potentiel de l’effet
placebo contenu dans l’interaction entre le patient et le thérapeute est un paramètre indéniable,
indissociable et indispensable de notre pratique. Ainsi, comme Patterson (2007) stipule, nous
devons être prudents dans la formulation des protocoles en ostéopathie, car ceux-ci doivent
cadrer à la fois avec le modèle ECR, avec la pratique et avec la philosophie de l’ostéopathie.
constate que la problématique est complexe. L’article d’Augustus (2010) nous confirme à quel
point il n’y a pas de consensus sur la démarche appropriée pour réaliser et interpréter les
données probantes en ostéopathie. Il cite notamment deux articles écrits dans l’année, celui de
Bronfort, Haas, Evans, Leininger et Triano (2010), Effectiveness of manual therapies : the UK
evidence report (L’efficacité de la thérapie manuelle : rapport sur les faits en Grande-
United Kingdom evidence report about effectiveness of manual therapies (Commentaire sur le
second article nuance les faits rapportés du premier article. La lecture de ces deux articles
stipulent qu’on ne devrait pas promouvoir le traitement ostéopathique pour des souffrances
que la recherche a prouvé inefficace. De plus, il n’est pas acceptable, à l’heure de l’EBM,
d’accorder les bienfaits constatés en ostéopathie si la recherche a prouvé qu’ils ne sont pas dus
aux effets spécifiques du traitement, mais aux effets non spécifiques de toute relation
soignant/soigné.
Pour Hartman (2009), il est important de ne pas duper nos patients. Plusieurs aspects
guérison, alors que, dans les faits, il n’y a aucune amélioration véritable. La renommée d’un
ostéopathe renforce les espoirs du patient et, en retour, la confiance de l’ostéopathe. Cette
guérit par effet placebo et l’ostéopathe se sent davantage confiant dans sa démarche
ostéopathique. Dans cette perspective, la prophétie autoréalisatrice (voir 2.4.2.) a été construite
à partir de l’interaction soignant/soigné et n’est en fait que désillusion (Hartman, 2009). Selon
Hartman (2009), la véritable confiance de l’ostéopathe devrait provenir des données probantes
échantillonnage, une randomisation aléatoire, et autre précaution pour mesurer l’effet direct du
Notre recherche nous amène à traiter d’un sujet épineux pour la communauté ostéopathique.
L’étude des rituels de guérison en ostéopathie remet en question certains aspects controversés
67
de Still telles que le « divin architecte » (Still, 1998), ou alchimiques de Sutherland telles que
crédibilité de l’ostéopathie (Tricot et Gaisnon, 2009). Un fossé se creuse entre ces références
cultistes et ces aspirations à devenir une science à part entière. Selon nous, c’est à cette
intersection que la notion des rituels de guérison peut être utile. Elle permet de mieux
comprendre d’où l’ostéopathie vient, et éclaire un chemin potentiel pour son développement.
« Disciples et successeurs de Still ont connu les mêmes difficultés d’adaptation au paradigme de la
complexité que les autres groupes humains. Ils ont, eux aussi, vécu le paradoxe de leur fondateur. Alors
même que l’ostéopathie énonce les prémisses d’une autre médecine, ils demeurent le plus souvent à
cheval entre deux conceptions, sans parvenir à s’établir vraiment dans la cohérence du complexe. Certes,
ils ont eu de nombreuses intuitions relatives aux concepts – ce qui a permis à la pensée et à la pratique
ostéopathique de progresser indéniablement -, mais ils ne disposaient pas des outils conceptuels ni
parfois du niveau culturel leur permettant de l’intégrer de manière cohérente à leur vision de
l’ostéopathie. » (Tricot, 2009, 31)
Afin de mieux saisir ce fossé et comment il se rattache aux rituels de guérison, analysons les
mots de Sutherland pour exposer la vitalité circulante dans les êtres animés. « Je veux que
vous voyiez cette invisible lumière liquide ou Souffle de Vie comme une couche éclairante et
une transmutation » (Sutherland, 1990, 34). Les notions de cette lumière divine émanant du
corps font partie des croyances dans plusieurs cultures et peuvent se référer de près ou de loin
à une très grande diversité d’appellations dont : l’Akasha, en Inde, le Qi, en Chine, le
Quetzalcoatl, chez les Aztèques, l’Aôr, pour les kabbalistes, la Quintessence ou la pierre
ou l’aura des clairvoyants (Brennan, 1987), le Graal des templiers, la « Lumière Liquide » de
Sutherland (2002, 18) et enfin, pour les ostéopathes initiés à la chaîne centrale : le « Laser
Beam » (Stocker et Griffiths, 2005) ou le « Faisceau Lumineux d’où l’énergie rayonne jusqu’à
Hamonet, 2003 et préface de Tricot dans Still, 2003) que l’ostéopathie est une science qui a
d’intégrer le fait que Still et Sutherland évoluaient à cheval « entre deux conceptions du
5). La coexistence de ces deux paradigmes est non seulement une caractéristique distincte de
cette époque, elle est le reflet de la mentalité américaine contemporaine (Throwbridge, 1991;
Tricot, 2008).
Or, certaines allégations en ostéopathie rencontrent une contestation vive de la part des
d’enseignement… » Hartman (2006, 2). Il stipule que devant les faits, certains ostéopathes
contournent le problème en soulignant leurs succès cliniques avec cette approche. Pour
(Hartman, 2006, 3), ces succès sont scientifiquement anecdotiques; les preuves de son
efficacité pourraient être tout au plus un placebo. Il rajoute que « l’ostéopathie crânienne est
un système de croyances pseudo scientifique, entretenu — à la fois par les patients et les
69
praticiens — par l’obtention d’un bien-être — et par une bonne compréhension des principes
psychologiques et sociaux humains » (Hartman, 2006, 3). Enfin, il conclut que l’enseignement
de l’ostéopathie dans un cadre académique ne devrait plus inclure dans son cursus le concept
de l’ostéopathie crânienne.
Le chercheur croit que les notions du chapitre deuxième qui ont précédé cette sous-section
permettent de nuancer cette critique. Mais, pour faire ainsi, il faut d’abord pouvoir se libérer
« Le vieil idéal scientifique d’épistèmê – savoir démontrable, absolument certain – est en définitive une
idole. L’exigence d’objectivité scientifique fait qu’inévitablement toute proposition scientifique doit
demeurer à jamais provisoire. Elle peut certes être corroborée, mais chaque corroboration est relative à
d’autres propositions qui à leur tour sont provisoires. C’est seulement dans nos expériences subjectives
de conviction, dans notre foi subjective, que nous pouvons être absolument certains. » Popper, 1959
(cité par Koesler 1964, 229)
Koesler (1964, 224) démontre en parcourant l’histoire de la science que la preuve scientifique
a très souvent induit en erreur. L’expérimentation ne confirme pas la vérité d’une théorie: elle
« peut confirmer certaines prédictions fondées sur une théorie, mais non pas la théorie elle-
même… La preuve expérimentale confirme seulement que cette théorie est plus vraie qu’une
autre. » Une analogie des problèmes conceptuels de l’ostéopathie crânienne avec l’histoire de
« L’orthodoxie établie fut la malédiction du génie, d’Aristarque à Freud, en passant par Galilée, Harvey
et Darwin; tout au long des siècles ses légions qui ont vigoureusement défendu, l’habitude contre
l’originalité. Les applications de l’hypnotisme en chirurgie dentaire, en obstétrique, etc., passent pour
une invention moderne. En fait, Esdaile (1808-1859) pratiqua trois cents opérations graves sous
hypnose, ou plutôt sous « mesmérisme »; mais comme Mesmer avait été accusé d’imposture, les revues
médicales refusèrent d’imprimer les articles d’Esdaile. En 1842, Ward réussit une amputation sans
douleur, sous hypnose, et adressa un rapport à la Société royale de médecine et de chirurgie. La Société
ne voulut rien entendre. L’un de ses membres les plus distingués déclara que le malade avait fait
semblant de ne pas souffrir et la mention du rapport fut exclue du procès-verbal. » (Koesler, 1964, 221-
222)
« Pendant de longs siècles de préhistoire, les théories incarnées dans la magie et la sorcellerie parurent
confirmer les faits aux yeux de ceux qui croyaient à la magie et à la sorcellerie… La destruction de la
croyance à la sorcellerie, aux XVIe et XVIIIe siècles, se fit en présence d’un amoncellement toujours
grossissant de preuves témoignant de sa réalité. Ceux qui niaient l’existence des sorcières n’essayèrent
pas d’expliquer ces preuves, mais réussirent à les faire dédaigner. Glanwill, l’un des fondateurs de la
Royal Society, dénonça non sans raison cette attitude comme non scientifique, étant donné les
70
professions de foi empiristes de la science de l’époque. Certains faits inexpliqués de sorcellerie furent en
effet bel et bien enterrés, et péniblement exhumés deux siècles plus tard, lorsqu’on y reconnut
éventuellement la manifestation de pouvoirs hypnotiques. » Polànyi, 1939 ( cité par Koesler, 1964, 225)
Aux yeux de Tricot (2008), l’œuvre de Sutherland, malgré des faits contradictoires, ne doit pas
être rejetée. Il rajoute que l’interactivité du vivant fait que même si le concept crânien n’est
pas parfait, il vaut la peine qu’on se penche sur son potentiel pour accompagner le patient vers
la guérison (Tricot, 2008). Il a fallu plus de cinquante années à Sutherland pour édifier son
osseux, puis s’est dirigé vers un concept membraneux, liquidien et spiritualiste (le Souffle de
Vie) (Jealous, 1997). D’autres révolutions sont-elles encore à venir, avec ce concept?
« Le contact manuel crânien réinstaure une relation apaisante, empathique soignant-soigné, génératrice
d’une détente plus profonde, plus durable que celle obtenue par la "sophronisation" d’un corps « non
touché ». » (Lecorre et Toffaloni, 1996,112)
« Les approches crâniennes, cranio-sacrées, fasciales, tissulaires, quel que soit le nom qu’on leur donne,
se fondent explicitement ou non, sur l’interactivité patient/praticien. Cela signifie que consciemment ou
non, praticien et patient induisent réciproquement et mutuellement des choses qui altèrent la vie
tissulaire. Même lorsqu’elle est vécue consciemment, cette interactivité est sans doute profondément
subtile, parce qu’elle manifeste la rencontre de deux êtres porteurs chacun d’un lourd inconscient vivant
et donc agissant. » (Tricot, 2008, 10)
« Le Still point n’est pas une théorie. C’est une expérience subjective et individuelle, une connexion
avec ce qui est déjà connu de notre cerveau limbique. » (Ducoux, 2006, 32-33)
Avec l’étude de l’usage volontaire de la persuasion contenue dans des rituels de guérison en
ostéopathie, certains aspects controversés de nos théories, concepts et efficacités peuvent être
mieux élucidés. Pour mieux comprendre ces aspects, il faut explorer le contexte socioculturel
qui se rapporte à l’époque, aux croyances et aux valeurs dans lesquelles la médecine
« Alors que le modèle du mécanisme respiratoire primaire tente d’exprimer une expérience subjective,
nous la considérons comme si elle possédait une réalité propre, objectivement démontrable et nos
tentatives aboutissent la plupart du temps à des échecs. » Tricot, 2008,1
« Alors que nous avons toujours cru ou feint de croire que nous pouvions nous tenir à la tête de notre
patient tel un observateur impartial et objectif, nous découvrons que nous sommes directement
impliqués dans le phénomène de la perception et que l’information que nous recevons provient
directement de ce que nous induisons – consciemment ou inconsciemment – dans la structure de
« l’autre » et lui dans la nôtre. » Tricot, 2008,6-7
Ainsi, dans une certaine mesure, bien que l’efficacité de certaines approches en ostéopathie
soignant/soigné et que certains concepts pseudo scientifiques soient parfois employés pour
décrire le phénomène, dans une autre mesure, l’approche ostéopathique peut être
particularité propre à l’ostéopathie en fait une thérapie de choix lorsqu’un individu veut
Méthodologie de la recherche
73
contenue dans des rituels de guérison pour diminuer la douleur parmi une population souffrant
de rachialgie commune. Pour cette étude, un total de 26 sujets ont été rencontrés, à deux
reprises, dans un intervalle d'environ 10 jours, puis divisés en deux groupes, l’un,
expérimental, et l’autre, de contrôle. Les deux groupes ont été traités selon la méthodologie du
CEO. Le questionnaire de la douleur de Melzack devait être rempli avant chaque séance, et
la rachialgie commune. Les participants ont tous été traités à Saint-Bruno. Ils ont été recrutés à
partir d’annonces parues dans Le Journal de Saint-Bruno, et ce, pendant les saisons hiver,
• Les douleurs sont présentes ou aggravées depuis une période de plus de deux mois et
• Prendre des médicaments depuis plus d’un an pour contrôler une pathologie
systémique et avoir une situation stable. Exemple tel que pour l’hypertension artérielle
musculaires) depuis plus de deux semaines et avoir souffert depuis toujours de leurs
rachialgies.
• Les douleurs ne sont pas soulagées par le repos et/ou sont aggravées pendant la nuit;
• Qui est présentement sous investigation médicale ou qui présente une condition
• Tous sujets qui ont suivis une autre thérapie pendant la recherche pour soulager la
commune, alors que dans le groupe contrôle, le chercheur tentait, dans la mesure du possible,
de rester neutre et d’amoindrir son interaction avec le patient. Après avoir rencontré les quatre
indépendante. Puisque les deux groupes ont été traités selon la méthodologie du CEO, des
réajustements s’imposaient pour tenter d’isoler davantage notre variable indépendante. Ces
changements sont présentés à la section 3.8. Les statistiques ont donc été réalisées sur les
26 participants qui ont suivi, les quatre premiers auront servi de pré-étude.
L’échantillonnage était aléatoire, et créé selon les critères d’inclusion et d’exclusion. Étant
donné que nous n’avions aucune idée de la taille ou des effets attendus, notre statisticien (Yves
cette expérimentation (pas de groupe placebo, et les deux groupes reçoivent un vrai
procédure de randomisation a été faite selon un modèle d’arrivée par ordre pair (contrôle), ou
impair (expérimental).
76
Dépendante
Indépendante
Confondante
Le sexe, l’âge, la profession, les occupations (voyages, amours, deuils), le style de vie
randomisation. Nous avons rajouté un questionnaire auquel ont répondu les participants
environ 10 jours après la deuxième séance, dans le but d’identifier tous les facteurs
Ce test psychométrique est fortement employé dans le domaine médical et dans les thèses du
CEO pour mesurer l’intensité de la douleur. Sa validité est bien documentée dans les bases de
participant doit attribuer un grade d’importance. Un pointage est accordé en fonction de son
77
grade. Par exemple : Est-ce que votre douleur au cours de la dernière semaine a été
(3 points).
La section B mesure la douleur à partir de l’échelle visuelle analogue. Cette section est
souvent combinée pour donner une meilleure vue d’ensemble sur la progression du patient.
la réponse du participant.
Ce questionnaire a été construit pour deux raisons. La première, pour identifier les facteurs
conséquemment, serait un biais aux résultats. La seconde raison nous a été soumise par le
suite de la lecture de notre protocole, il a proposé d’élaborer une question supplémentaire (la
affectifs sont bel et bien causés par des facteurs extrinsèques, et non d’une résultante de notre
Par exemple, dans nos conseils d’usage au groupe expérimental (annexe 4A, point 6) étions-
nous persuasifs? Si oui, il est possible que les changements psychosociaux et affectifs soient
attribuables en partie grâce à nos conseils et non à des facteurs extrinsèques. Dans ce cas, il
aussi appel à l’inconscient (voir la section 2.3.), l’impact sur l’inconscient reste difficile à
mesurer.
Nous avons formulé cette demande par mesure préventive pour couvrir tous les aspects
cliniques qui auraient pu agrémenter la discussion (voir annexe 2). Bien que ce type de donnée
ne présente pas beaucoup de validité, de souligner certains aspects cliniques concernant notre
sujet aurait pu être pertinent. Il a été ajouté sous forme de commentaire dans l’analyse de
l’étude de cas. Dans ce temps, nous commencions notre expérimentation et nous n’avions pas
fait les découvertes de revues systématiques qui permettaient d’appuyer tous nos fondements.
Depuis, des articles pertinents ont permis amplement d’appuyer nos justifications. Le journal
s’est avéré anecdotique, si on le compare avec les critères de validité des données de nos
début de chaque rencontre. Le participant devait répondre une dernière fois par envoi postal au
variables confondantes environ 10 jours après la dernière rencontre. Les informations ont été
Préséance
Les participants nous ont appelés suite à notre annonce parue dans le journal, ou ont été
référés par d’autres. Suite à cet appel téléphonique, un rendez-vous leur a été donné. Lors de
cette rencontre initiale, un premier questionnaire de sélection des participants leur était fourni.
(annexe 3) Lorsqu’il n’y avait pas d’exclusion, le participant était invité à signer le formulaire
leur ordre d’arrivée, chiffre impair au groupe expérimental, ou chiffre pair au groupe contrôle.
Ensuite, chaque participant devait répondre au questionnaire sur la douleur de Melzack pour
Séance
Le groupe contrôle et le groupe expérimental ont été traités selon la méthodologie du CEO.
Les plans de traitements consistaient à relancer la vitalité et normaliser les lésions non
physiologiques sans respect des axes : les cicatrices du corps fascial, les compactions du
contenu), et est approprié pour des individus qui n’ont jamais reçu de traitement
ostéopathique. De plus, nous ne nous sommes pas attardés, pour des raisons d’uniformité, à
évaluer les autres mécanismes tels que la chaîne centrale ou le niveau liquidien, car cela aurait
ajouté une complexité qui nous éloignait de l’essentiel dans l’analyse des résultats.
80
Suite aux quatre premiers traitements, un réajustement de nos interventions était nécessaire,
méthodologie du CEO tel que nous l’avions proposé au départ s’avérait, selon nous,
insuffisant pour apporter une différence significative de l’usage de la persuasion entre les deux
groupes. Nous avions besoin de suivre une méthodologie de traitement qui soit constante pour
les deux groupes. C’est pourquoi nous avons clarifié notre approche en ajoutant certains
détails.
En résumé, suite à nos quatre premiers traitements, nous avons standardisé notre approche
1) Relancer la vitalité :
séance.
Il est entendu que cette façon d’appliquer la méthodologie de traitement du CEO ne respecte
pas les spécificités de chaque patient et ne cadre pas avec la philosophie de l’ostéopathie.
Néanmoins, elle permet des interventions plus similaires entre les groupes. Cette
problématique est d’ailleurs soulevée dans la section 2.6.2. et ses sous-sections, et fait partie
Dans ce groupe, l’objectif était de mesurer si, dans un soin ostéopathique de la rachialgie
commune, l’usage volontaire de la persuasion dissimulée dans des rituels de guérison diminue
persuasion dans l’empathie, par l’attitude positive du thérapeute, par l’emploi de procédures
de diagnostic élaborées, par le pronostic optimiste, par la suggestion à travers la gestuelle, les
mimiques, les métaphores et les analogies, etc. Cette stratégie rhétorique du chercheur était
mise en place pour tisser des liens de confiance, promouvoir la discussion dialogique et
Ainsi, dans ce groupe, nous procédions systématiquement à chaque traitement et pour chaque
participant à une auscultation plus riche en éléments subjectifs. En plus d’une attention
bonifiée au niveau de la relation empathique et de l’écoute active, nous ajoutions dans nos
procédures de diagnostic les tests tels que les pouls distaux (radiaux et tibiaux postérieurs), et
82
les tests oculaires neurologiques avec stylo lumineux (H, mydriase et myosis). Nous avons
effectué des points réflexes de Chapman (trigger points) ou les tender points du strain
retournions sur ces mêmes points avec une pression subtilement plus douce. À ce moment,
nous demandions au patient si la sensibilité avait changé; plus souvent qu’autrement, le patient
répondait par oui. Nous renforcions leurs affirmations en suggérant qu’effectivement nous
percevions une amélioration à travers notre palpation. Ce type de stratégie était également
Concernant cette dernière stratégie, nous avons choisi de l’adopter simplement afin
d’augmenter, avec plus de certitude, la confiance que le patient pouvait avoir dans les résultats
de notre travail et d’employer une procédure qui nous permettait de distinguer plus aisément
nos interventions pour chaque groupe. Elle n’était peut-être pas nécessaire, mais, compte tenu
que nous ignorions les résultats que nous pouvions atteindre, puisqu’il s’agissait d’une
première étude sur le sujet, nous avons voulu mettre toutes les chances de notre côté pour
mesurer ce qui n’aurait sans doute été qu’un léger écart supplémentaire entre nos deux
groupes. Pour connaître plus en détail les spécificités de l’approche du chercheur avec le
Dans ce groupe, l’objectif était de fournir une ligne de référence (base line) de la valeur d’un
dissimulée dans un rituel de guérison. Tel que recommandé par Licciardone et Russo (2006)
(voir 2.3.3.1.), le rapport ostéopathique du chercheur avec les participants de ce groupe était
83
principalement professionnel, neutre et discret (voir annexe 4). Licciardone et Russo (2006)
précisent que l’on ne doit pas avoir une attitude froide ou désinvolte, car cela pourrait induire
un effet nocebo. De cette façon, nous tentions de mesurer la diminution de la douleur d’un
soin ostéopathique de la rachialgie commune dans lequel les éléments psychosociaux issus de
volontairement, au cours de la séance ostéopathique, son attention envers le patient lors des
échanges verbaux et non verbaux. C’est-à-dire que l’attitude du chercheur était objective,
passive, et tentait de favoriser, lors de ses entretiens avec le patient, un climat de neutralité en
supprimant autant que possible les mimiques, les figures de style de son discours ou autres
éléments subjectifs. Cette approche est recommandée par Licciardone et Russo (2006) pour
minimiser les biais potentiels relatifs aux effets non spécifiques de la relation soignant/soigné
Hawthorne sera présent dans les deux groupes, et annulera donc ce biais potentiel. Par contre,
le biais par l’Effet Pygmalion (Rosenthal) était, d’une certaine façon, souhaité dans le groupe
expérimental. En quelque sorte, cet effet est celui que l’on veut mesurer par cette recherche.
Un autre biais important est le fait que c’est le chercheur qui a réalisé son expérimentation; il
aurait pu inconsciemment ou non avoir une attitude qui aurait influencé les résultats. Par
qu’instinctivement, il ne voulait pas décevoir une clientèle potentielle. De plus, bien que le
groupe expérimental recevait une attention particulière, l’intention dans les deux groupes était
similaire. Le chercheur souhaitait le bien de tous ses patients. Selon la recherche de Bérubé
Un autre biais susceptible de nuire à notre démarche pour démontrer notre hypothèse est
l’effet John Henry (courseweb.uottawa.ca). Ce biais probable est présent parmi les sujets du
groupe contrôle; ceux-ci, se sachant comparés avec le groupe expérimental, vont au-delà de
Il est important d’inclure dans nos biais que les résultats obtenus avec l’expérimentation
peuvent être causés par d’autres éléments (les variables confondantes) que ceux étudiés. Un
questionnaire pour contrôler les variables confondantes a été prévu à cet effet (annexe 5). De
plus, nous ne pouvons garantir hors de tout doute que notre approche avec le groupe contrôle
était exempte de toute subjectivité ni que celle avec le groupe expérimental était persuasive
dans tous les cas. D’ailleurs, à cet égard, certains participants du groupe contrôle ont éclaté en
sanglots (les participants 14 et 28); pour des raisons éthiques, nous ne sommes pas restés
linguistiques ont possiblement modifié nos échanges avec ce participant. Pour les recherches
Nous mentionnons en dernier lieu que notre compétence pour réaliser des ECR au cours de
C’est avec le respect de la dignité des participants et des critères rigoureux en méthodologie de
éclairé est présenté aux participants et est signé avant d’entreprendre toute démarche
supplémentaire (annexe 6). Dans ce formulaire, les objectifs et les différentes procédures sont
bien indiqués, et il est précisé qu’en tout temps, le participant peut se retirer de la recherche
sans aucun préjudice. Toutes les données personnelles n’ont été employées que pour la
des participants avec les données employées. Concernant les risques potentiels de ce type de
recherche, nous avons identifié tout de même la possibilité d’un effet nocebo dans l'un des
groupes, contrôle ou expérimental. Une séance supplémentaire était offerte aux patients qui le
nécessitaient.
Chapitre quatrième
l’usage volontaire de la persuasion dissimulé dans des rituels de guérison diminuait la douleur.
Pour bien répondre à cette hypothèse, nous présenterons les statistiques descriptives, les
un total de 30 sujets ont été rencontrés. La procédure de randomisation a été faite selon un
modèle d’arrivée, par ordre pair ou impair. Les participants ont tous été traités à Saint-Bruno.
Ils ont été recrutés à partir d’une annonce parue dans Le Journal de Saint-Bruno, et ce,
pendant les saisons hiver, printemps et été 2010. Suite aux quatre premiers traitements, nous
avons constaté que la variable indépendante devait être mieux isolée pour tenter de mesurer
avec plus d’exactitude notre hypothèse de départ (pour plus de détails sur ce réajustement, voir
3.8.). Donc, les analyses statistiques ont été réalisées sur les 26 participants qui ont suivi, les
L’homogénéité des groupes est vérifiée en ce qui concerne l’âge, en comparant la moyenne de
l’âge entre les groupes à l’aide d’un test t de Student pour échantillons indépendants (tableau
2). Comme la valeur p (en ombragé dans la colonne « sign. » — signification) est supérieure à
88
0,05, on conclut que la moyenne n’est pas significativement différente entre les groupes. Ce
Sign.
F Signification. T Degré de liberté (bilatérale)
Puisque les tests concernant l’égalité des variances sont non significatifs, il est normal que les
La moyenne de l’âge n’est pas significativement différente entre les deux groupes
(p=0,729).
La répartition du sexe entre les deux groupes est présentée dans le tableau 3. Pour vérifier
l’homogénéité du sexe entre les deux groupes, la répartition entre les deux groupes est
89
comparée à l’aide d’un test Khi-deux de Pearson. La valeur p en ombragé2 est supérieure à
0,05. Cette répartition n’est pas significativement différente entre les deux groupes (tableau 4).
Groupe
Sexe F Effectif 8 10 18
M Effectif 5 3 8
Test du Khi-deux
Signification
Degré de asymptotique
Valeur liberté (bilatérale)
La répartition du sexe n’est pas significativement différente entre les deux groupes (p=0,395).
2
Les valeurs p en ombragé désignent au lecteur ce qui doit être retenu pour l’analyse et l’interprétation des
données. Ces valeurs n’indiquent pas nécessairement des résultats qui sont statistiquement significatifs.
90
plus de détails, voir 3.6.1.), entre les groupes et les temps. La procédure statistique utilisée est
une analyse de variance à deux facteurs, dont un est répété : un facteur groupe à deux niveaux
Ces analyses s’interprètent de la façon suivante. On regarde les valeurs p dans la colonne
Temps*Groupe. Si la valeur p est supérieure à 0,05, on peut interpréter les facteurs temps et
groupe indépendamment l’un de l’autre, c’est-à-dire que les conclusions concernant les
moyennes d’un facteur tiennent, quel que soit le niveau de l’autre facteur. Le résultat pour
chacun des facteurs sera significatif (différence de moyennes significative) si la valeur p pour
Maintenant, lorsque l’interaction est significative (p<0,05), on ne peut interpréter les résultats
des facteurs indépendamment l’un de l’autre. Le comportement des groupes n’est pas le même
à travers les temps, et/ou le comportement des groupes n’est pas le même à chacun des temps.
C’est ce qui est généralement souhaité dans une étude. On doit alors faire des analyses locales,
c’est-à-dire fixer chacun des niveaux de facteurs et comparer les moyennes des niveaux des
autres facteurs. Lorsqu’on fixe chacun des groupes, on compare deux à deux les moyennes des
temps à l’aide d’un test t de Student pour données appariées avec correction de Bonferroni
pour identifier les temps qui sont significativement différents. Lorsqu’on fixe le temps, on
compare la moyenne des groupes avec un test t de Student pour échantillons indépendants
91
moyennes entre les niveaux d’un facteur en fixant le niveau de l’autre. La correction de
Bonferroni sert à corriger le niveau des tests pour tenir compte de la multiplicité des tests.
Pour chacune des variables, les tests de l’analyse de variance sont présentés. Ces tests sont
intrasujets lorsqu’on utilise le facteur répété temps, c'est-à-dire que les sujets sont comparés à
eux-mêmes, alors que les tests intersujets sont une comparaison entre les différents sujets de
groupe différents.
chacun des groupes à chacun des temps. On constate peu de différence entre les deux groupes
à chacun des temps, sauf possiblement au temps deux. D’autre part, on constate une
diminution de moyennes dans le temps pour chacun des groupes. Les analyses qui suivent
Selon les tableaux 6 et 7, l’interaction est non significative (p=0,431). De plus, quel que soit le
temps, on n’a pas de différence significative de moyennes entre les groupes (p=0,622).
Toutefois, on a une différence significative de moyennes entre les temps, quel que soit le
groupe (p<0,001; par convention, lorsque la valeur p lue est 0,000, on note le résultat par
p<0,001).
Dans un modèle d’analyse de variance avec des mesures répétées, on doit respecter des
dans les détails qui relèvent du domaine de la statistique, les valeurs p qui seront considérées
Tableau 7. Tests des effets intersujets de l’analyse de variance pour la section A (type de
douleur) du questionnaire de Melzack
Étant donné une différence significative de moyennes pour le facteur temps, nous devons
procéder à des comparaisons par paires afin d’identifier entre quels temps se situent les
différences significatives. Dans le tableau 8, les comparaisons par paires montrent que quel
que soit le groupe, la moyenne au temps un est significativement supérieure à celle au temps
L’interaction est non significative (p=0,431). Quel que ce soit le temps, on n’a pas de
différence significative de moyennes entre les groupes (p=0,622), mais on a une différence
significative de moyennes entre les temps, quel que soit le groupe (p<0,001). Les
comparaisons par paires montrent que quel que soit le groupe, la moyenne au temps un
est significativement supérieure à celle au temps deux (p=0,010), et à celle au temps trois
trois (p=0,040).
Le graphique qui suit nous permet de constater le comportement des moyennes de chacun des
Le graphique montre l’évolution moyenne dans le temps pour chacun des groupes. On
constate la différence significative de moyennes entre les temps un et deux, un et trois, ainsi
que deux et trois pour chacun des groupes. Dans ce graphique, on observe que la différence de
moyennes entre les deux groupes est accentuée au temps deux comparativement à la
différence des temps un et trois. De plus, bien que ce comportement soit non significatif
(p=0,622), on observe cependant que nous avons eu plus d’effet dans le groupe expérimental
Ceci nous laisse comprendre que notre action a eu pour effet de diminuer
significativement la moyenne de la douleur perçue dans les deux groupes entre les temps
un et deux (p=0,010), entre les temps un et trois (p<0,001), et entre les temps deux et trois
(p=0,040), sans toutefois montrer d’écart significatif de moyennes entre les groupes
chacun des groupes à chacun des temps. On constate une différence de moyennes entre les
groupes aux temps un et deux, et une diminution de moyennes dans le temps pour chacun des
Selon les tableaux 10 et 11, l’interaction est non significative (p=0,328). De plus, quel que soit
le temps, on n’a pas de différence significative de moyennes entre les groupes (p=0,237).
Toutefois, on a une différence significative de moyennes entre les temps, quel que soit le
groupe (p<0,001).
Tableau 10. Tests de l’analyse de variance pour la section B (échelle visuelle analogue) du
questionnaire de Melzack
Tableau 11. Tests des effets intersujets de l’analyse de variance pour la section B (échelle
visuelle analogue) du questionnaire de Melzack
Dans le tableau 12, les comparaisons par paires montrent que quel que soit le groupe, la
*
3 1 -22.462 5.636 .002
dimension2
L’interaction est non significative (p=0,328). Quel que soit le temps, on n’a pas de
différence significative de moyennes entre les groupes (p=0,237), mais on a une différence
significative de moyennes entre les temps, quel que soit le groupe (p<0,001). Les
comparaisons par paires montrent que quel que soit le groupe, la moyenne au temps un
Le graphique qui suit nous permet de constater le comportement des moyennes de chacun des
Dans ce graphique, on constate l’absence d’écart significatif de moyennes entre les deux
groupes pour chacun des temps. La diminution de moyenne entre les temps un et trois est
Ceci nous laisse comprendre que notre action a eu pour effet de diminuer
significativement la douleur perçue dans les deux groupes entre les temps un et trois
(p=0,002), sans toutefois montrer d’écart significatif de moyennes entre les groupes
Dans le tableau 13, on trouve la moyenne et l’écart type de la variable de la section C pour
chacun des groupes à chacun des temps. On constate peu de différence de moyennes entre les
groupes, sauf au temps deux, et une diminution de moyennes dans le temps pour chacun des
Selon les tableaux 14 et 15, l’interaction est non significative (p=0,642). Quel que soit le
temps, on n’a pas de différence significative de moyennes entre les groupes (p=0,715).
101
Toutefois, on a une différence significative de moyennes entre les temps, quel que soit le
groupe (p=0,002).
Tableau 14. Tests de l’analyse de variance pour la section B (intensité actuelle de la douleur)
du questionnaire de Melzack
Tableau 15. Tests des effets intersujets de l’analyse de variance pour la section C (intensité
actuelle de la douleur) du questionnaire de Melzack
Dans le tableau 16, les comparaisons par paires montrent que quel que soit le groupe, la
L’interaction est non significative (p=0,642). Quel que soit le temps, on n’a pas de
différence significative de moyennes entre les groupes (p=0,715), mais on a une différence
significative de moyennes entre les temps, quel que soit le groupe (p=0,002). Les
comparaisons par paires montrent que quel que soit le groupe, la moyenne au temps un
Le graphique qui suit nous permet de constater le comportement des moyennes de chacun des
deux groupes pour chacun des temps. La diminution de moyennes entre les temps un et trois
Ceci nous laisse comprendre que notre action a eu pour effet de diminuer
significativement la douleur perçue dans les deux groupes entre les temps un et trois
(p=0,002), sans toutefois montrer d’écart significatif de moyennes entre les groupes
4.2.4. Observation
Les remarques qui suivent ne doivent pas être comprises comme des données statistiquement
significatives. Elles apparaissent simplement à titre d’observation, et c’est pour cette raison
1. Tel que mentionné dans la méthodologie (3.8.1.), notre échantillonnage est passé de n=30
à n=26. Nous avons pu observer que ce recadrage a permis d’obtenir de meilleurs effets
sur notre groupe expérimental n=26 que ce que nous obtenions sur le groupe expérimental
n=30. Ce recadrage semble donc montrer que nous avons mieux cerné le processus actif du
traitement.
2. Si on supprime certaines irrégularités (voir 5.3.) rencontrées avec les participants 14, 24 et
28 du groupe contrôle, les mêmes constats sont observés. L’écart entre les moyennes des
deux groupes est accentué. On observe que notre action dans le groupe expérimental a eu
3. La différence d’écart entre les moyennes des deux groupes est davantage accentuée si on
compare les résultats de notre expérimentation (n=26) à ceux obtenus en excluant les
irrégularités (n=23). On observe que le comportement entre les deux groupes se distingue
davantage.
Bien que nous n’ayons pas obtenu d’écart statistiquement significatif entre nos deux groupes,
il est intéressant de noter que les opérations que nous venons de mentionner permettraient
d’améliorer nos résultats. Cela laisse croire qu’il serait possible d’obtenir un écart significatif
entre nos deux groupes, mais pour y parvenir, il faudrait sans doute mieux contrôler les
variables indépendantes.
105
4.2.5. Conclusion
Les deux groupes ont performé de façon significative dans le temps, et ce, pour chacune des
trois variables (type de douleur, échelle visuelle analogue et intensité actuelle de la douleur).
On peut donc conclure que notre intervention a créé un changement, mais sans montrer d’écart
significatif entre le groupe expérimental et le groupe contrôle. Nous avons cependant eu plus
Discussion
107
Avant-propos
Nous n’étions pas conscients que la démarche d’un ECR (essai clinique randomisé) pour
valider notre hypothèse allait rencontrer autant de difficultés. Nous avons constaté à quel point
plusieurs subtilités avec ce type de modèle doivent être maîtrisées pour réussir à obtenir des
résultats significatifs. Bien que notre préparation théorique ait été adéquate, notre inexpérience
au niveau pratique est peut-être responsable de nos maigres résultats. Néanmoins, notre étude
sur les rituels de guérison en ostéopathie permet, selon nous, d’ouvrir la discussion sur
plusieurs aspects mal élucidés de notre pratique ainsi que de la recherche en ostéopathie. Pour
ouvrir cette discussion, nous voulions que le lecteur puisse se faire sa propre idée sur le sujet.
Un sujet qui s’expose, devons-nous le préciser, sur de multiples facettes et interrelations. C’est
pourquoi, dans notre revue de littérature, nous avons largement couvert et sommes entrés dans
les détails. Bien qu’à l’encontre de certains standards de la recherche quantitative, nous avons
inséré plusieurs citations pour favoriser ainsi une interprétation par le lecteur qui ne soit pas
dégradée par notre reformulation. Mais aussi pour démontrer que ce sujet méconnu est en fait
intriqué au cœur de notre discipline et contenu dans chacun de nos faits et gestes.
5. Plan de la discussion
Nous développons ce chapitre en quatre sections. Nous commençons d’abord avec un résumé
et des pistes d’avenir sont suggérées. Nous abordons ensuite quelques points restants soulevés
par notre revue de littérature. Pour finir, nous apportons notre perspective sur les implications
108
propos.
empathie, suggestion, toucher, croyances, etc.) qui peuvent générer des effets thérapeutiques.
Deux points de vue s’opposent sur la façon d'aborder ce phénomène en ostéopathie. Au niveau
clinique, les effets potentiels de l’interaction soignant/soigné sont des paramètres qui
maximiseront assurément l’efficacité du traitement. Par contre, au niveau des ECR avec
groupe contrôle placebo, les effets non spécifiques de la relation soignant/soigné empêchent
Concernant ce dernier propos, les chercheurs Licciardone et Russo (2006) recommandent, afin
d’isoler l’effet spécifique (l’ingrédient actif) du traitement ostéopathique et pour minimiser les
biais, de limiter nos interactions avec le patient (voir 2.6.2.). C’est en suivant ce conseil que
nous avons construit notre expérimentation. Or, bien que cette approche soit nécessaire afin de
mesurer l’efficacité d’un médicament, est-ce que cette approche est applicable pour mesurer
l’efficacité d’un traitement ostéopathique? C’est devant ce questionnement que s’articule notre
Cela étant dit, nous avons émis l’hypothèse que, dans le soin ostéopathique de la rachialgie
commune, l’usage volontaire de la persuasion contenue dans des rituels de guérison diminue la
douleur.
Pour valider notre hypothèse, deux groupes ont été formés. Dans le groupe expérimental,
l’interaction du thérapeute avec le participant devait être enrichie, et dans le groupe contrôle,
l’interaction devait être appauvrie. Cela devait nous permettre d’isoler la variable de l’usage
Nous rappelons que l’analyse statistique des données d’inférence démontre que les deux
groupes ont perçu une différence significative dans la diminution de la douleur, quel que soit
le groupe à chaque temps et pour les trois variables (type de douleur, échelle visuelle analogue
et intensité de la douleur). Cela dit, signalons que notre questionnaire pour mesurer les
de chaque groupe a mentionné à la question 4 (voir 3.6.2. et annexe 5) qu’il attribue ses
somme, il n’y a pas d’écart significatif entre le comportement des deux groupes.
Ces résultats peuvent s’interpréter de plusieurs façons. D’abord, cette uniformité dans les
performances entre les groupes suggère que les traitements prodigués aux participants ont été
de qualité identique. Ce que nous pouvons affirmer hors de tout doute, c’est que notre
intervention a créé un changement significatif dans les deux groupes, et qu’il n’y a pas d’écart
significatif entre les groupes expérimental et contrôle. Devant ce constat, l’hypothèse doit
Nonobstant cette remarque, devons-nous pour autant conclure que, dans la réalité clinique,
l’usage de la persuasion n’a pas d’effet significatif sur la diminution de la douleur? Nous n’en
sommes pas convaincus. Plusieurs arguments nous portent à croire le contraire, dont
accompagne chacun de nos faits et gestes (voir sections 2.3. et 5.4.), plusieurs facteurs peuvent
avoir biaisé les résultats. Ce constat est d’autant plus pertinent en ostéopathie, car l’interaction
versus administration d’un médicament). Ensuite, notre groupe contrôle ne recevait pas un
faux traitement : il est possible que l’effet placebo ait été équivalent dans les deux groupes. Si
cette prémisse est vraie, on doit nuancer les conclusions des résultats.
Or, le but de la recherche n’était pas de prouver que l’emploi d’une technique de correction ou
une procédure de traitement ostéopathique de la rachialgie soit plus efficace que l’effet
placebo d’un faux traitement, cela a déjà été confirmé par Hoehler, Tobis et Buerger (1981)
(voir 2.6.2.3.); le but était de justifier qu’en ostéopathie, l’usage de la persuasion contenue
dans des rituels de guérison diminue la douleur. Nous voulions démontrer que le recours à la
persuasion amplifie les effets attendus de nos interventions. Néanmoins, nos résultats ne nous
Parallèlement, nous avions pour objectif de démontrer les problèmes conceptuels dans
l’application du modèle ECR pour la recherche en ostéopathie. Ainsi, malgré nos résultats non
significatifs, nous ne mettons pas en doute la contribution d’un rituel thérapeutique placebo
devant nos succès cliniques. Tout comme nous ne mettons pas en doute l’efficacité de
l’approche ostéopathique pour soigner le mal de dos. Ce que nous mettons en doute, c’est la
conséquence, nous croyons que les résultats des ECR pour démontrer l’efficacité d’un
lorsqu’elle impute l’efficacité d’une approche à des théories aisément contestables (voir 2.4.1.,
2.6.2.5 et 2.6.2.6.). Devant le succès de notre pratique, sommes-nous dupés ou est-ce que nous
dupons? Dans quelle mesure considérons-nous les composantes d’un rituel thérapeutique dans
l’efficacité de nos interventions? En d’autres mots, est-ce que les effets non spécifiques de la
relation soignant/soigné sont secondaires dans nos interventions, et accepte-t-on les théories
qui nous sont enseignées pour expliquer l'ensemble de notre efficacité? Ou est-ce qu'au
contraire, on sait très bien que derrière notre efficacité, ces effets jouent un grand rôle, mais
que pour diverses raisons, on ne les justifie pas lorsque vient le temps d'expliquer les principes
Suite aux quatre premiers traitements, nous avons constaté qu’un réajustement était nécessaire
afin de mieux isoler l’usage volontaire de la persuasion. Dans notre groupe contrôle, cette
variable semblait nous échapper constamment. Conséquemment, nous devions suivre une
procédure de traitement pour les deux groupes qui soit plus rigide. Il nous apparaissait que
trop de paramètres subjectifs influençaient notre palpation (voir 2.6.2.6.) et le choix de nos
interventions dans le groupe contrôle. Cette remarque va dans le même sens que Tricot (2009),
112
qui mentionne que la palpation est un phénomène interactif (voir 2.6.2.6. et 2.7.). Ainsi, nous
avions besoin d’une méthodologie de traitement stricte, et c’est pourquoi nous avons recadré
la méthodologie du traitement dans des paramètres qui soient fixes pour les deux groupes. De
cette façon, nous pouvions suivre une procédure qui limitait nos interactions dans le groupe
contrôle et qui, à la fois, permettait de prodiguer des traitements équivalents pour les deux
groupes.
Cependant, au fur et à mesure que nous progressions dans notre expérimentation, nous
persuasion. Nous étions de plus en plus conscients de son omniprésence et de son aspect
immanquable par la suite. Par exemple, le recours au silence pour limiter nos interactions a
semblé agacer certains participants du groupe contrôle, alors que pour d’autres de ce même
Par ailleurs, il est répertorié que, parmi la population, le degré de suggestibilité est variable
(De Pascalis, Chiaradia et Carotenuto, 2002; Le Cron, 1973). Donc, notre méthodologie de
soin dans le groupe expérimental peut très bien avoir une efficacité variable sur la population.
pourraient être employées en ostéopathie pour favoriser l’autorégulation chez nos patients.
113
Cependant, et à titre d’observation seulement, suite à notre recadrage, l’écart entre les
moyennes est accentué si on compare les résultats obtenus sur les 26 participants à ceux
obtenus en ajoutant les quatre premiers. Cet écart n’est pas significatif, mais pourrait toutefois
suggérer que notre recadrage pour tenter de mieux isoler notre variable indépendante nous a
Nonobstant, pour mieux isoler notre variable indépendante, il aurait été plus pertinent de
mesurer son impact avec une procédure qui nous aurait permis, avec le groupe contrôle, de
limiter considérablement nos échanges. Par exemple, un seul ajustement ostéo-articulaire pour
les deux groupes. La différence serait que dans le groupe expérimental, on aurait ajouté des
éléments interactifs, alors que dans le groupe contrôle, on aurait rapidement conclu la séance.
Dans le même ordre d’idées, Wand et O’Connell (2008) suggèrent quelques pistes pour
expliquer pourquoi la plupart des ECR sur le mal de dos n’arrivent pas à des résultats
significatifs. Ils avancent que, dans la commune douleur mécanique du mal de dos, plusieurs
sous-groupes existent (voir 2.2.3.). Ainsi, non seulement devrions-nous classifier les sous-
groupes selon les différentes catégories (p. ex. chronique, psychosomatique et non spécifique),
patient. Wand et O’Connell (2008) rajoutent que si le mal de dos persiste plus de trois mois,
Ce qui vient complexifier considérablement l’échantillonnage pour une étude sur le mal de
dos. (Remarque : dans notre expérimentation, les effets de nos traitements ont été significatifs
Par contre, ces allusions cadrent tout à fait avec les bases physiologiques de la lésion
ostéopathique. Korr (1996) stipule que l’origine du segment facilité est composée de plusieurs
sources, et que pour normaliser cette lésion vertébrale, nous devons tenir compte du contexte
étiologique et des facteurs psychosociaux et affectifs (voir 2.2.1.). En lien avec notre
hypothèse, nous en déduisons qu’en ostéopathie « l’emballage » dans lequel les normalisations
sont prodiguées, de même que le fait de tenir compte de l’effet cumulatif et synergique de
l’ensemble du traitement sont tout aussi importants pour obtenir des résultats que la ou les
techniques employées.
Pour le docteur Kuntz (2009), la rachialgie commune est assez simple à diagnostiquer. Il suffit
d’exclure les rachialgies symptomatiques d’origine viscérale (voir 2.2.2.). Or, il n’est pas
exclu que, parmi la population de rachialgie commune, il puisse y avoir plusieurs sous-
groupes. Ainsi, il est possible que, par exemple, les rachialgies communes à prédominance
rachialgies communes. Plusieurs autres facteurs peuvent expliquer pourquoi les résultats de
notre expérimentation seraient équivalents pour nos deux groupes. Par ailleurs, nous rappelons
que nos deux groupes recevaient une méthodologie de traitement fixe avec une procédure
normalisatrice au niveau structurel et avec une intégration locale, régionale et globale; il était
attendu que les deux groupes allaient avoir des changements significatifs.
Or, on observe toutefois dans le groupe expérimental que nous avons eu plus d’effets pour les
trois variables et à chacun des temps. Pouvons-nous parler d’une tendance représentative
d’une réalité clinique? Pour faire ainsi, il faudrait établir la valeur acceptable d’une tendance
observable sur le plan clinique en ostéopathie lorsque l’on ne compare pas uniquement la
115
différence entre les traitements, mais quand on tient compte aussi de la différence dans la
qualité du soin.
Notre outil de mesure principal (le questionnaire Melzack, voir annexe 10) est couramment
employé et a fait ses preuves. D’aucune façon nous mettons en doute sa validité. Tout comme
nous ne mettons pas en doute nos résultats à cause d’un échantillonnage trop petit. Des
problèmes conceptuels plus importants sont responsables de nos résultats non significatifs.
l’interaction était, selon nous, trop importante avec le groupe contrôle. En fin de compte, nous
croyons qu’il est impossible de prétendre rester neutre devant notre patient pendant une séance
complète. De plus, ces résultats ne donneraient pas un portrait objectif de la réalité clinique.
L’ostéopathie, c’est l’art de donner un soin consciencieux et elle se distingue parce que
(2006) afin d’isoler les effets non spécifiques de la relation soignant/soigné pour mesurer les
Bien que notre démarche rigoureuse pour couvrir tous les aspects de notre recherche ait été
entreprise selon nos connaissances et les recommandations du jury, cette recherche nous a
appris que plusieurs aspects méritent d’être beaucoup mieux couverts pour pouvoir en ressortir
maturité acquise dans le domaine de la recherche en ostéopathie pourra servir aux étudiants
Nos interventions dans le groupe contrôle ont rencontré certaines irrégularités. Notamment
pour les participants 14 et 28 qui ont éclaté en sanglots lors du traitement. Pour des raisons
éthiques et pour éviter de produire un effet nocebo, nous ne sommes pas restés neutres devant
cette situation, et avons offert un soutien empathique à ces patients. Fait intéressant, ces deux
patients ont eu des résultats sur la diminution de la douleur, qui sont parmi les meilleurs du
groupe. Que devons-nous en conclure? Bien qu’anecdotique, le niveau d’interactivité avec ces
patients était bien plus important. Nous émettons l’hypothèse que le degré d’efficacité du
thérapeute.
neutralité du chercheur avec ce sujet a été mise à l’épreuve, notamment à cause de la barrière
inclure le facteur ethnique dans les exclusions. Ce patient a eu un pointage très élevé sur sa
diminution de douleur. Le niveau d’interactivité avec ce patient était également marginal par
Par ailleurs, il y a eu plusieurs participants qui ont été référés par d’autres participants. Ces
participants avaient entendu parler positivement d’une recherche gratuite sur le mal de dos
dans laquelle il n’y avait pas de groupe qui recevait un faux traitement. Nous croyons que ces
117
participants ont été influencés positivement et que cela aurait pu affecter les résultats du
groupe contrôle. De plus, l’anamnèse et les conversations téléphoniques qui ont précédé la
rencontre sont des facteurs à tenir compte qui auraient pu biaiser les résultats dans le groupe
contrôle. Souvent, les futurs participants nous ont demandé si nous avions de l’expérience en
ostéopathie. Nous devions être persuasifs, afin que les participants potentiels soient intéressés
à participer.
À titre d’observation, nous désirons porter l’attention sur la figure 1. (voir 4.2.1.) En regardant
ce tableau, on s’aperçoit que les courbes entre le groupe expérimental et le groupe contrôle se
croisent au temps trois. Le comportement de nos deux groupes semble diverger l’un de l’autre
dans le temps. Nous pourrions émettre l’hypothèse que si on avait poursuivi le traitement de
ces patients avec des séances ultérieures (temps quatre, cinq, …), peut-être aurions-nous
atteint une différence significative? Sur ce point, notre statisticien est d’accord, mais il
maintient que les interventions doivent être mieux encadrées pour limiter autant que possible
les biais susceptibles et s’assurer ainsi que les déductions soient les plus conformes à la réalité.
Nous sommes entièrement d’accord; d’ailleurs, si on refait les calculs en enlevant les trois
irrégularités du groupe contrôle, nous nous retrouvons devant une plausibilité de plus en plus
Sur ce graphique, les calculs ont été réalisés en excluant les trois irrégularités du groupe
contrôle (n=23). On constate que les courbes se croisent davantage entre le temps deux et le
temps trois que dans la figure 1. Il serait envisageable de croire que si nous avions mesuré les
effets dans les temps quatre, cinq, … les résultats auraient pu être significatifs. Pour une
recherche ultérieure, il serait pertinent d’ajouter une ou deux séances pour mesurer l’évolution
dans les temps quatre et cinq. Par contre, nous tenons à mentionner qu’il nous a semblé que,
dans la deuxième séance, il était plus difficile de maintenir notre passivité devant le participant
dans le groupe contrôle que dans la première séance. Cela est d’autant plus vrai lorsque ce
119
dernier vous annonce avec un grand sourire que vous lui avez soulagé d’une grande partie de
son mal.
1. dans nos critères d’exclusion, des réactions émotives trop importantes dans le groupe
4. de faire notre expérimentation sur une technique plutôt que sur une procédure de
les résultats auraient peut-être été significatifs. Toutefois, pour y arriver, un protocole très
différent devra être élaboré pour que l’on puisse minimiser les biais possibles et arriver à des
conclusions plausibles. L’expérimentation de Kaptchuk (2008) donne des pistes pour arriver à
des paramètres rituels placebo (empathie, attitude positive et chaleureuse, etc.) élaborés dans
ostéopathie peuvent être tirés d’une telle étude. Mieux comprendre comment ces mécanismes
mieux aider notre patient à cheminer vers la guérison. Notre crédibilité scientifique et notre
quelques-uns de ses propos relevés dans les dernières sous-sections de notre revue de
Ces propos sont très intéressants, car ils soulèvent un aspect controversé de notre pratique. Il
mentionne qu’il est important de ne pas duper ses patients. Avec les avancées de la recherche
l'efficacité n’est pas prouvée, ou semble plutôt provenir des effets non spécifiques de la
l’ostéopathie crânienne, stipulant que la preuve de son efficacité est tout au plus un placebo.
Les seules approches que nous devrions promouvoir, selon Hartman, pour traiter les
souffrances sont celles qui ont démontré par les ECR leur efficacité, et en ostéopathie, cela se
uniquement aux résultats fournis par les ECR n’est pas la solution miracle. L’ostéopathie ne
bénéficie pas du même budget que la médecine pour développer des ECR et moins de budget
égal plus petite population à l’étude et, conséquemment, moins de résultats probants. Qui plus
est, les résultats des ECR pour démontrer l’efficacité du traitement ostéopathique sont
contrôle placebo crédible (voir 2.6.2.1. à 2.6.2.3.). De plus, les ECR accordent peu
121
présente (voir 2.6.1.), ce qui n’est pas le cas en ostéopathie. Par ailleurs, se fier uniquement
aux ECR, cela peut perturber le jugement clinique et l’autonomie du thérapeute. Ceux-ci
prioriseront les données des ECR au détriment de leurs facultés intuitives et de leurs
Mais pour Hartman, de faire autrement, cela entraîne l’ostéopathe et le patient dans un
tourbillon de désillusion. Dans un camp, les patients guérissent par effet placebo, ou pire, ils
se croient guéris alors qu’en vérité, leurs situations se détériorent. Dans l’autre camp,
l’ostéopathe est convaincu que la guérison de son patient est attribuable aux effets spécifiques
de son approche. Selon Hartman, fervent défenseur d’une ostéopathie qui se forge sur des
données probantes, cet engrenage est plutôt malheureux, car il a pour effet d’aveugler
ostéopathique à développer sa science et à être perçue de façon crédible, pour Hartman, cette
Sur ce point, nous sommes entièrement d’accord avec lui. Dans ce contexte, le patient n’est
pas conscient que la guérison est essentiellement causée par son autosuggestion, et
l’ostéopathe croit davantage à l’efficacité de son approche sans se remettre en question. Par
contre, tout dépendant de quelle souffrance il s’agit, nous nuançons tout de même ses propos.
s’avérer être d’excellents outils thérapeutiques. Toutefois, pour que ceux-ci soient réellement
efficients, il est important que l’ostéopathe les emploie en connaissant leurs limites et en
s’assurant que son patient bénéficie également de toute autre approche que la recherche
122
scientifique a prouvé efficace. Selon nous, faire ainsi rend honneur à la profession de
Les études démontrent (voir section 2.5.) que les suggestions, le toucher et toutes interventions
corticale. Ne pas tenir compte de ces outils et de leurs potentiels en ostéopathie, c’est sous-
estimer notre efficacité thérapeutique et ignorer l’importance des rouages complexes entre
psyché et soma dans la guérison de nos patients. Dans ce contexte particulier, l’approche
ostéopathique peut être spécifiquement bien placée pour développer des traitements efficaces
pour soigner certaines souffrances de nos patients. Il serait dommage de se priver de ces outils
thérapeutiques soi-disant parce qu'ils ne sont pas spécifiques à notre domaine. En revanche, la
communauté ostéopathique doit être prudente lorsqu’elle justifie son efficacité thérapeutique
En somme, il est effectivement important de ne pas duper nos patients; l’ostéopathie n’est pas
une discipline de charlatan. Par contre, certains aspects derrière les souffrances de nos patients
peuvent bénéficier d’une approche et d’un thérapeute qui excellent dans le domaine de
pour répondre à ce besoin. Ainsi, dans ce nouveau contexte, l’approche reste la même, mais
Pour le bien de notre profession, il est important d’être conscient de la valeur des effets de
constat peuvent créer de grands remous pour le développement de l’ostéopathie, mais les plus
la persuasion contenue dans des rituels de guérison. Nous suggérons de le visualiser avec notre
compréhension des notions mises de l’avant par les auteurs cités dans la section 2.4. et ses
sous-sections.
Modélisons, c’est par le langage du corps (la posture, les gestuelles, les mimiques), et à partir
du choix des mots (suggestion directe, indirecte, paraverbale) échangés entre soignant/soigné
que s’effectuent des rituels de guérison. Par analogie à l'araignée qui tisse sa toile à partir du
s’entrelacent culture (1), croyance (2) et valeur (3), avec sémiologie (4), sémantique (5) et
5 6
Discussion
Dialogique
2 / 3
/
Figure 5. L’étoile dialogique 4
124
Ainsi, de fil en aiguille, l’usage de la discussion dialogique permettrait de tisser des liens de
confiance et d’échange réciproque. Cette définition de la discussion dialogique peut très bien
dialogique sert autant au soigné pour communiquer sa plainte qu’au soignant pour prodiguer le
soin approprié. Bien que cette forme de dialogue ne puisse être à elle seule tout le temps
suffisante pour guérir nos patients, elle permet l’acceptation en modifiant la perspective du
patient sur ses souffrances, d’entretenir l’espoir et d’offrir des solutions transitoires (voir
2.4.5.).
Ces allégations vont dans le sens des études sur l’effet placebo et l’hypnose. Il est observé par
imagerie que les suggestions et/ou l’effet placebo modifient les neuromodulations en faveur
d’une réorganisation corticale pour mieux gérer la douleur (voir 2.5.3.1. à 2.5.3.3.). Il ne s’agit
pas ici de faire croire à une guérison miraculeuse, mais d’offrir un soutien sur ce chemin.
Par contre, nous croyons que cette aptitude chez l’ostéopathe n’est pas une compétence qui
s’enseigne, mais une disposition de l’esprit qui s’acquiert à travers la pratique (savoir-faire) et
le vécu (savoir-être). Ces déductions vont dans le sens d’une conclusion des métas analyses
On pourrait résumer que la persuasion rhétorique (PR) est à la fois omniprésente et contenue
connaissances (voir 2.3. et ses sous-sections). Elle fait appel aux sentiments, aux croyances,
125
par l’entremise des outils rhétoriques suivants : les métaphores et les analogies, l’intonation,
les gestuelles et les mimiques. Ces outils de la persuasion apportent une qualité et du sens à
l’interloqué. Dans ce modèle, nous agissons en fonction de nos croyances et dès lors, la
la synthèse et les schémas suivants. L’étude de la PR contenue dans des rituels de guérison en
l’édification de notre discipline. Dans ce sens, il est plus aisé de concevoir comment la PR est
à la fois au cœur de l’art, de la science et de la philosophie (voir fig. 6.) que contenue dans la
PR
On pourrait ajouter que l’ostéopathie et l’ostéopathe jouissent d’une popularité en partie grâce
à leur rhétorique, et à l’inverse, jouissent de rhétorique en partie grâce à leur popularité. Ainsi,
dans le soin ostéopathique, l’usage volontaire de la persuasion contenue dans des rituels de
Nous renchérissons en avançant que l’ostéopathie est davantage efficace, car la logique
Conclusion
Notre étude sur les rituels de guérison en ostéopathie cherche à distinguer la part des effets
Elle cherche aussi à démontrer que l’usage stratégique de ces effets peut amplifier l’efficacité
de nos interventions. Car il se peut que, trop souvent, on attribue la guérison de nos patients en
fonction d’une approche ostéopathique spécifique alors qu’en réalité, les bienfaits de notre
intervention peuvent être les conséquences directes des effets non spécifiques de la relation
soignant/soigné.
Cet aspect mal élucidé de notre pratique nuit potentiellement à notre crédibilité et au
développement de notre science. De méconnaître l’importance de ces effets, contenus dans nos
interventions, peut nous induire en erreur avec des conséquences potentiellement néfastes pour
le moment opportun pour en faire usage, cela nous permet de répondre plus justement aux
besoins de nos patients, et affine notre jugement clinique ainsi que notre efficacité
thérapeutique.
Parallèlement, cette étude veut aussi démontrer que l’emploi des ECR (essais cliniques
randomisés) pour mesurer l’efficacité du traitement est peu souvent approprié en ostéopathie.
holistique de la santé, de l’échantillonnage souvent trop petit ainsi que de la difficulté à mettre
ECR, l’ostéopathie accorde beaucoup de valeur aux facteurs étiologiques, et aux contextes
Lorsque l’ostéopathie essaie de cadrer dans le modèle des ECR pour justifier l’efficacité du
traitement, elle perd de son identité et de sa spécificité. Cette démarche la mène droit vers un
cul-de-sac. On ne peut prétendre isoler les effets spécifiques du traitement des effets non
spécifiques du soin aussi facilement que de séparer l’ingrédient actif d’une pilule. En le
faisant, nous ne sommes plus en train de mesurer l’efficacité réelle et le plein potentiel de
Par ailleurs, la médecine officielle peut apprendre de notre approche. Peut-être que l’efficacité
médicament lorsqu’on valorise les effets d’un soin consciencieux en comparaison avec
l’efficacité d’un médicament lorsque le soin est absent. Tout comme il serait intéressant de
avec l’efficacité des effets non spécifiques de la relation soignant/soigné des autres approches
efficace pour générer ces effets. Par contre, puisque l’efficacité du traitement ostéopathique est
parfois difficilement démontrable, mais aisément contestable, on doit rester prudent dans notre
façon d’expliquer les mécanismes qui sont à l’œuvre derrière l’efficacité de nos interventions.
démontrer qu’elle est une science qui se respecte, elle doit avoir un discours impeccable et
irréprochable.
131
En somme, est-ce que nous connaissons la juste part des effets non spécifiques de la relation
soignant/soigné parmi l’efficacité de nos interventions? Si la réponse est non, cette ignorance
peut créer des torts à nos patients, à notre crédibilité et au développement de notre science.
Dans ce cas, nous devrions mettre en œuvre des moyens pour le savoir. Si la réponse est oui,
est-elle clairement indiquée dans l’enseignement des concepts, des méthodes et des techniques
ostéopathiques, ou devons-nous lire entre les lignes de cet enseignement? En d’autres mots,
est-ce que ce discernement dans notre pratique est transmis implicitement ou explicitement à
stratégies qui tiennent compte explicitement de l’efficacité thérapeutique des outils rhétoriques
permettrait à l’étudiant de mieux saisir l’apport et l’importance de ces outils dans l’obtention
de ses résultats. Ce qui en retour aura pour effet d’affûter davantage son jugement clinique, et
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13.
Participants éligibles dont les douleurs correspondent aux symptômes de la rachialgie commune. Ils
seront recrutés par la secrétaire à partir des appels de nouveaux patients à la Clinique d’ostéopathie
avoir rempli favorablement le questionnaire de sélection des participants (Annexe 2), ainsi qu’ils
• Être âgé de plus de 18 ans et de moins de 50 ans, et être apte à donner son consentement.
• N’avoir jamais été traité en ostéopathie auparavant.
• Avoir mal au dos (cervicales, dorsales ou lombaires).
• Les douleurs sont présentes ou aggravées depuis une période de plus de deux mois et de moins
de deux ans.
• Toutes prises de médicaments prescrits depuis plus d’un an pour contrôler une pathologie
systémique et qui ont généré une régularisation (amélioration des symptômes). Exemple tel
que pour l’hypertension artérielle (HTA), le diabète, l’hypertrophie bénigne de la prostate
(HPB).
• Tous sujets avec une prescription médicamenteuse (antidouleurs, anti-inflammatoires,
relaxants musculaires) depuis plus de deux semaines et qui souffrent toujours de leurs
rachialgies.
L’échantillonnage sera aléatoire et créé selon les critères d’inclusion et d’exclusion. D’après nos
observations, des études similaires dans la stratégie de recherche qui n’avaient pas d’idée sur la taille
ou sur les effets attendus ont eu recours au CEO à un échantillon d’un minimum de 30 personnes, et
(Deslauriers, 2008; Bérubé, 2008) N’ayant pas eu de retour d’appel du statisticien, nous nous réservons
des possibilités de modifier ces modalités suite à nos échanges avec le statisticien.
Pour cet essai clinique, deux groupes seront formés et traités selon la méthodologie du CEO. Nous
aurons un groupe expérimental (subjectif) et un groupe contrôle (objectif). (Annexe 3) Les participants
seront randomisés entre les groupes expérimental et contrôle, de façon séquentielle sur la base 1 : 1.
Il sera exposé à une stratégie rhétorique du chercheur (voir 2.1.2.). Dans ce groupe, l’objectif sera de
dissimulée dans un rituel de guérison favorise la diminution de la douleur. Pour ce faire, le chercheur
psychosociaux issus de la relation soignant/soigné (voir 2.1.1. et 2.1.3.) tels que : écoute active,
entretenir une discussion dialogique et pour tisser des liens de confiance. (voir 2.1.4.)
Dans ce groupe, l’objectif sera de fournir une ligne de référence (base line) de la valeur d’un soin
discret. Ainsi, nous pourrons mesurer le rendement de la diminution de la douleur d’un soin
ostéopathique de la rachialgie commune dans lequel les éléments psychosociaux issus de la relation
avec les tissus sera valorisée. Pour ce faire, le chercheur n’accentuera pas volontairement, au cours de
la séance ostéopathique, son attention envers le patient lors des échanges verbaux et non verbaux. c'est-
à-dire que l’attitude objective du chercheur tentera de favoriser, lors de ses entretiens avec le patient,
un climat de neutralité en supprimant autant que possible les figures de style dans son discours.
Les participants recrutés seront distribués aléatoirement par le moyen d'un système d'enveloppes. Plus
précisément, juste avant de commencer l’anamnèse, les participants devront piger dans une enveloppe
un papier sur lequel on trouvera un cercle (groupe expérimental) ou un carré (groupe contrôle).
(Annexe 8)
xix
3.3.1. Indépendante
3.3.2. Dépendante
L’intensité de la douleur.
3.3.3. Confondante
Le sexe, l’âge, la profession, les occupations (voyages, amours, deuils), le style de vie (hygiène,
repos/activité, habitudes alimentaires) seront contrôlés par le biais de la randomisation ainsi qu’avec un
questionnaire auquel devra répondre le participant entre le premier et le deuxième traitement et une
semaine après ce deuxième (dernier) traitement dans le but d’identifier tous les facteurs extrinsèques au
N.B. La question 4 de l’Annexe 4 nous a été conseillée par le docteur Jean Latreille, chef du
département d’oncologie de l’Hôpital Charles LeMoyne. Cette question peut nous donner certaines
groupe expérimental. Par exemple, dans notre discours entourant les conseils d’usage, est-ce que le fait
de faire allusion à des éléments qui ont semblé avoir aidé notre propre guérison a stimulé le patient à
les adopter pour sa propre guérison? Si oui, cet exemple de variable confondante (peut-être
qu’effectivement le fait de couper le sucre et la caféine favorise une diminution de la douleur) confirme
que, stratégiquement, si l’on veut que notre patient adopte nos conseils, il faut être persuasif, et que le
fait de faire des analogies avec nos propres expériences est efficace en ce sens. Ainsi, cette variable
confondante devient en quelque sorte une variable indépendante et valide l’effet persuasif de certaines
Nous utiliserons, comme instrument de mesure, deux questionnaires de la douleur : le VAS « Visual
Ces tests psychométriques sont fortement utilisés et connus dans le domaine médical. Leur validité est
documentée dans les bases de données de la médecine (Langley, 1985; Melzack, 1987). Ces
questionnaires sont souvent combinés pour donner une vue d’ensemble sur la progression du patient.
Les questionnaires seront remplis par le participant et recueillis par le praticien au début de chaque
rencontre et une semaine après la dernière rencontre. Les informations seront soumises au statisticien à
CEO. C'est-à-dire : 1) Compaction intra et interosseuse, cicatrice; 2) Lésion non physiologique sans
axe; 3) Lésion non physiologique avec axe; 4) Lésion physiologique; 5) Restriction. Nous remplirons
l’anamnèse au début de la première séance avec le patient et la grille d’évaluation ostéopathique sera
complétée à la fin de chaque rencontre. (Annexes 6 et 7) Deux séances seront planifiées dans un
intervalle de plus ou moins 10 jours. Le participant devra répondre aux questionnaires de Melzack et
du VAS avant chaque rencontre, puis une semaine après la deuxième rencontre.
Dans ce groupe, le praticien se limitera dans ses échanges verbaux tout au long de la rencontre, le
rapport sera professionnel, courtois et discret. Le traitement ne sera prodigué qu’en fonction des
renseignements obtenus par l’anamnèse, l’objectivité de la palpation, du dialogue avec les tissus et
Dans ce groupe, nous performerons systématiquement à chaque traitement et pour chaque participant
une auscultation riche en éléments subjectifs. En plus d’une attention bonifiée au niveau de la relation
empathique et de l’écoute active, les tests tels que les pouls distaux (radiaux et tibiaux postérieurs), les
tests oculaires neurologiques avec stylo lumineux (H, mydriase et myosis), la balance inhibitrice, les
points réflexes de Chapman (trigger points) ou les tender points du strain counter strain seront
prodigués principalement pour leurs effets persuasifs, pour instaurer un climat de confiance, ainsi que
pour entamer la discussion dialogique. Par l’entremise de tous ces tests et re-tests, nous suggérerons
une amélioration qualitative des signes. Il nous apparaît important de signaler à ce stade qu’il ne s’agit
pas de duper le patient. Ce serait contraire à notre éthique. De plus, la persuasion s’obtient à travers une
logique; notre discours doit amener sens et signification pour le patient. Si ce dernier se sent dupé,
notre effet persuasif sera anéanti. Ainsi, nous miserons sur la sincérité, la réciprocité et l’authenticité.
Les interrelations ostéopathiques, les figures de style (la discussion dialogique, les métaphores, les
analogies, les interjections, etc.), les solutions alternatives et un rapport empathique seront les
stratégies rhétoriques employées dans cet essai clinique randomisé pour tricoter ce que nous nommons
un filet de persuasion (voir figure 1, page 8). Tout ça dans le but d’amener un changement de
perspective chez le patient et de vérifier si, effectivement, cela diminue de façon mesurable la douleur
3.6.3. Attrition
Concernant les participants qui auront quitté avant la fin de l’expérimentation, le chercheur les
3.7. Biais
La répartition aléatoire des participants, nos critères d’exclusion et la validité éprouvée des
questionnaires de douleurs de Melzack et du VAS vise à minimiser les biais potentiels. L’effet
Hawthorne sera présent dans les deux groupes, et annulera donc ce biais potentiel. Par contre, le biais
par l’Effet Pygmalion sera substantiel dans nos attentes des résultats du groupe expérimental, puisqu’il
est justement dissimulé dans les notions relatives au rituel de guérison. Le biais susceptible d'être le
plus nuisible dans la démarche pour démontrer notre hypothèse est l’effet John Henry. (Cégep du
Vieux Montréal, s.d.) Ce biais reconnu est présent dans le groupe contrôle; les membres de celui-ci se
sachant comparés avec le groupe expérimental vont au-delà de leur rendement habituel.
Il est important d’inclure dans nos biais que les résultats obtenus peuvent ne pas représenter les
éléments étudiés. Un questionnaire pour contrôler les variables confondantes est prévu à cet effet.
(Annexe 4) C'est-à-dire que nous ne pouvons garantir hors de tout doute que la formule
méthodologique du groupe contrôle est exempte de toute subjectivité, et que celle dans le groupe
expérimental soit persuasive dans tous les cas. De plus, concernant la reproductivité d’une recherche
entourant le soin ostéopathique, nous mettons en doute l'unicité des résultats d’un ostéopathe à l’autre.
La maîtrise de l’art et du soin ostéopathique est complexe et, selon nous, elle est dépendante de
l’expérience, des aptitudes de l’ostéopathe, de ses qualités interrelationnelles et autres éléments non
spécifiques. Par contre, nous spéculons que le rapport entre les résultats du groupe contrôle avec celui
du groupe expérimental devrait être sensiblement pareils pour tout ostéopathe. Nous croyons avoir
Nous avons à cœur de communier respect de la dignité des participants et respect des critères rigoureux
présenté et il sera signé avant d’entreprendre toute démarche supplémentaire. (Annexe 6) Dans ce
formulaire, les objectifs et les différentes procédures seront bien indiqués, et il sera précisé qu’en tout
temps, le participant pourra sortir de la recherche sans aucun préjudice. Toutes les données
confidentielles. Il n’y aura aucune association de l’identité des participants avec les données
employées. Concernant les risques potentiels de ce type de recherche, nous identifions tout de même la
possibilité d’un effet nocebo dans le groupe contrôle ou expérimental. Une séance supplémentaire sera
Date du jour :
Jour Mois Année
Prénom : NOM :
Sexe
Adresse :
No de téléphone (maison) :
No de téléphone (autre) :
Critères d’inclusion
OUI NON
1) Êtes-vous âgé entre 18 et 65 ans?
2) Avez-vous mal au dos (cou, dos, lombaires)?
3) Si oui, cela fait-il moins de deux ans et plus de deux mois que votre mal de
dos est apparu ou qu'il s’est aggravé?
4) Avez-vous déjà été traité en ostéopathie?
5) Est-ce que les douleurs sont essentiellement nocturnes?
2- Critères d’exclusion
OUI NON
7) Avez-vous des engourdissements ou des irradiations dans les bras ou les
jambes, accompagnés d’une perte de sensibilité et de tonus musculaire?
10) Est-ce que votre dernier traitement en médecine douce date de moins de
deux semaines?
xxvii
OUI NON
16) Est-ce que vous avez subi un choc traumatique récent en concordance
avec l’apparition du mal?
Commentaires
À l’usage du chercheur
Pour être éligible à une participation dans cette étude, les réponses du participant doivent correspondre
pour :
Q. 8) S’assurer que la rachialgie est bien commune et non d’origine viscérale ou symptomatique. Un
diagnostic d’entorse lombaire, cervicale, d’un lumbago ou d’un DIM (dérangement intervertébral
mineur) sans hypo ou hyperesthésie dans les membres inférieurs ou supérieurs sera éligible.
Q. 9) Dépendra de la réponse à la question 10.
Q. 15) Nous pouvons inclure les participants dans la recherche si les médicaments ont stabilisé une
pathologie systémique, ou si les médicaments sont pris depuis plus de deux semaines pour la rachialgie
commune et que les souffrances sont encore présentes.
Q. 19) S’assurer hors de tout doute que la pathologie n’influe pas sur les souffrances rachialgiques.
Exemple, une cirrhose du foie ou une maladie de Crohn avec douleur référée.
xxix
Suite à notre discussion en table ronde en présence de Michèle Pépin le 22 avril dernier, dans le cours
de méthodologie de recherche, et suite aux recommandations du jury lors de la présentation, voici les
constances méthodologiques que nous proposons d’adopter dans chacun des deux groupes afin de
rendre aisément reproductible notre expérimentation et valider ou invalider notre hypothèse.
2) Chaque groupe recevra un traitement selon la méthodologie du CEO qui comprend une
évaluation posturale, des tests de vitalité et de mobilité (active et passive) ainsi que de balance
inhibitrice.
3) Chaque groupe recevra à la fin du traitement les conseils d’usage (exercices, alimentation,
etc.).
1) Chaque début de rencontre, il y aura une poignée de main avec un sourire qui sera présent lors
de toutes interactions verbales avec le patient. (jeu de mimique agréable pour tisser des liens
de confiance)
2) Lors de l’anamnèse, il y aura une emphase autour des éléments traumatiques physiques et/ou
émotionnels divulgués par le patient. (écoute active) Exemple : « Ah, je vois. Donc, si je
récapitule, vous avez toujours eu le ventre, comme zone sensible. Et il y a de cela cinq ans,
vous avez dû vous rendre à l’hôpital pour une péritonite aiguë. On vous a opéré d’urgence et
vous trouvez que vous avez très mal cicatrisé. Humm! Et si je comprends bien, cette
expérience a été vécue de façon très douloureuse. »
3) Lors de notre évaluation objective du patient, nous ajouterons systématiquement pour chaque
patient : (procédures de diagnostic plus élaborées)
a) Les tests oculaires avec le stylo lumineux tel qu’enseigné par Hélène Loiselle dans le
cours pathologie du système nerveux (NSP226), section examen neurologique.
b) Les tests des réflexes ostéo-tendineux (rotuliens, achilléens et brachio-radials).
c) La prise de la pression sanguine et les pouls distaux (radiaux et tibiaux postérieurs).
d) La recherche de tender points.
vos lombaires et peut être une des causes de votre mal de dos. De plus, cette zone apparaît
dévitalisée, déshabitée. » Lors de chaque normalisation, nous verbaliserons le moment du
relâchement des tissus et pouvons aussi demander au patient s’il corrobore nos impressions.
Lors du re-test, nous suggèrerons une amélioration qualitative dans la texture et la mobilité des
tissus. (Induction verbale) Exemple : « Voilà, on sent que ça lâche tranquillement. Sentez-vous
cette chaleur qui se dégage de cette zone? Hum, Voila! C’est beaucoup mieux maintenant,
c’est plus souple dans ma main, je ne perçois pas autant le tiraillement et on sent que le sang
peut enfin circuler plus librement. Ça va vous faire un grand bien, non seulement pour votre
sensibilité au niveau de l’abdomen, mais aussi pour votre mal de dos. »
6) À la fin de la séance, nous proposerons des conseils d’usages (alimentaires, repos et activité)
pour que le patient entretienne sa santé. Lors de ces conseils, nous évoquerons comment ceux-
ci ont changé favorablement notre propre santé. (solution alternative) Exemple : « Lorsque
j’avais un mal de dos sensiblement pareil au vôtre, on m’avait conseillé de couper le sucre et la
caféine temporairement pour diminuer l’excitabilité du système nerveux. Il me semble que cela
m’a beaucoup aidé. » (voir N.B. à la section 3.3.3.)
1) Lors de la poignée de main et tout au long des échanges, nous adopterons une attitude stoïque.
Nous serons courtois, professionnels et discrets. Notre discours ne devra contenir, autant que
possible, aucune forme de figure de style.
2) Il n’y aura pas d’emphase sur les éléments de nature traumatique physique et/ou émotionnelle
divulgués par le patient au cours de l’anamnèse ni tout au long de la séance.
3) Lors des tests, des normalisations et des re-tests, nous ne communiquerons pas nos
impressions. De même que nous ne ferons aucun lien entre la lésion ostéopathique et les
éléments traumatiques ou émotionnels divulgués lors de l’anamnèse ou au cours du traitement.
5) Si le patient demande nos impressions sur la gravité de la lésion ou sur son évolution, nous lui
expliquerons que nous ne pouvons pas divulguer aucune de ces informations pendant
l’expérimentation afin de préserver l’objectivité de la recherche.
6) À la fin de la séance, nous émettrons des conseils d’usage, toutefois sans analogies à notre
propre expérience. Exemple : « Il est conseillé de couper temporairement le sucre et la
caféine. » À la séance suivante, lorsque nous lui demanderons comment évoluent ses
symptômes, nous n’émettrons aucun commentaire entourant son évolution. Enfin, nous ne
nous informerons pas de son application de nos conseils d’usage. (voir N.B. à la section 3.3.3.)
xxxii
Numéro du participant :
Date du jour : / /
Jour Mois Année
Il vous est demandé de répondre à ce questionnaire pour que nous puissions mesurer des variables
confondantes susceptibles d’influencer les résultats de la recherche. C'est-à-dire que certains aspects en
dehors du traitement peuvent avoir modifié favorablement ou défavorablement votre douleur.
1) Y a-t-il eu des changements dans votre vie familiale, personnelle, sociale et/ou affective
(voyages, amours, deuils, décision importante, autres) tout dernièrement?
2) Y a-t-il eu des changements dans votre vie professionnelle (congédiement, démission, nouvel
emploi, promotion, autres)?
3) Y a-t-il eu des changements dans vos occupations et votre style de vie (loisirs, repos, activités,
hygiène, habitudes alimentaires)?
4) Si vous avez répondu OUI à une de ces trois questions, y a-t-il, selon vous, un lien entre ces
changements dans votre vie avec les conseils ou les attitudes de votre ostéopathe ou avec
l’impact du traitement ostéopathique? Si OUI, précisez :
____________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________
xxxiii
Titre de l’étude :
Étude comparative entre différentes procédures de diagnostic dans le soin en ostéopathie de la
rachialgie.
Introduction :
Vous êtes invité à participer à cette étude parce que vous avez mal au dos (cervicale, dorsale,
lombaire). Veuillez lire attentivement ce formulaire de consentement avant de prendre votre
décision. N’hésitez pas à poser les questions nécessaires pour faciliter votre compréhension
sur le déroulement, les objectifs, les risques et les bienfaits de l’étude.
Votre participation est volontaire et vous pourrez vous retirer en tout temps de l’étude sans
préjudice. On vous demandera de signer et de dater.
But de l’étude :
L’objectif de l’étude est de comparer les résultats de différentes procédures de diagnostic
entourant le traitement et le soin ostéopathique du mal de dos. Nous cherchons à savoir si une
des deux procédures donne des résultats cliniques plus significatifs.
Type de recherche :
Deux groupes seront comparés par une sélection aléatoire. Les deux groupes recevront un
traitement ostéopathique pour leur mal de dos, lors duquel les procédures de diagnostic seront
différentes.
Critères de sélection :
Le participant est âgé entre 18 et 50 ans. Il doit souffrir d’un mal de dos qui s’est aggravé ou
qui est apparu depuis une période de deux mois à deux ans et qui n'est pas associé à :
- une condition médicale concernant un organe profond
- une maladie inflammatoire (polyarthrite rhumatoïde)
- une cause infectieuse (spondylodiscite)
- l’ostéoporose
- une cause vasculaire (anévrisme)
- un traumatisme récent
Déroulement de l’étude :
Le participant, suite à un consentement éclairé, sera disponible pour deux traitements d’une
heure, et ce, dans un intervalle de plus ou moins deux semaines. Il devra remplir le même
questionnaire sur la douleur à trois reprises, soit une fois avant chaque traitement et une
semaine après le deuxième traitement. Il devra également répondre à un second questionnaire
pour contrôler les variables confondantes au début de la deuxième rencontre ainsi qu’une
semaine après cette deuxième rencontre. Enfin, une semaine après le deuxième traitement, le
xxxiv
Rétribution :
S’il s’avère que nous constatons que l’un des deux groupes performe significativement moins
bien que l’autre dans l’étude, un traitement supplémentaire gratuit sera offert, si vous faites
partie de ce groupe.
Conséquences de la participation :
Pour le temps de la recherche, vous ne pourrez vous prévaloir de traitement alternatif autre que
celui auquel vous participez présentement.
Liberté de participation :
Vous vous engagez sur une base volontaire, et en tout temps vous pouvez vous retirer de
l’étude.
Nom du participant :
Je comprends que je participe à une étude dans laquelle je devrai me présenter deux fois à la
clinique pour un traitement concernant mon mal de dos. Je devrai remplir un questionnaire sur
la douleur au début de chaque rencontre et une semaine après la deuxième rencontre. Je devrai
aussi remplir un second questionnaire au début de la deuxième rencontre et une semaine après
la deuxième rencontre afin de contrôler les variables confondantes.
xxxv
Annexe 7 : Anamnèse
Numéro du participant :
Date du jour : / /
Jour Mois Année
1- Informations générales
Prénom : NOM :
Date de naissance (J/M/A) : Âge :
Adresse :
No de téléphone (maison) :
No de téléphone (autre) :
Courriel :
Occupation :
Médecin :
Médication(s) :
Allergie(s) :
2- Raison de la consultation
3- Antécédents
5- Sommeil
Au réveil, quel est votre niveau d’énergie sur 10 (10 étant en pleine forme)? _____________
6- Traitements antérieurs
8- Investigations médicales
7- Habitudes de vie
Date du jour : / /
Jour Mois Année
Légende
Restr. = Restriction
Phys. = Lésion physiologique
NPAA = Lésion non physiologique avec respect des axes
NPSA = Lésion non physiologique sans respect des axes
LIO = Lésion intra-osseuse
Comp. = Compaction
Cica. = Cicatrice
1- Évaluation objective
Observations générales
Debout :
Assis :
Décubitus :
Posture
Typologie :
Alignement :
Zone de tensions :
Comère
Droite :
Gauche :
TFL
Droite :
Gauche :
TVB :
PMD :
PMA :
Autres :
xli
Interventions Effets
Conseils d’usage:_________________________________________________________________
xlii
Date du jour :
/ /
Jour Mois Année
Prénom : NOM :
Sexe
Adresse :
No de téléphone (maison) :
No de téléphone (autre) :
Numéro du participant :
Groupe :
Expérimental Contrôle
xliv
1. Lancinante 0 1 2 3
2. Fulgurante 0 1 2 3
3. En coups de poignard 0 1 2 3
4. Aigüe 0 1 2 3
5. Pareille à une crampe 0 1 2 3
6. Pareille à une morsure 0 1 2 3
7. Cuisante – brûlante 0 1 2 3
8. Diffuse 0 1 2 3
9. Qui pèse 0 1 2 3
10. Sensible au toucher 0 1 2 3
11. Déchirante 0 1 2 3
12. Fatigante – épuisante 0 1 2 3
13. À donner la nausée 0 1 2 3
14. Angoissante 0 1 2 3
15. Violente – cruelle 0 1 2 3
Douleur la Score in mm
Pas de
plus forte (Investigator’s use only)
douleur
possible
xlv
Patients A1 B1 C1 A2 B2 C2 A3 B3 C3 âge
1 23 69 3 6 36 1 3 24 1 63
2 7 68 2 10 70 2 5 54 1 55
3 21 58 2 7 41 1 6 32 1 47
4 18 87 3 14 60 2 12 75 2 43
5 27 85 3 24 62 2 9 41 0 30
6 2 4 0 1 4 0 2 22 1 54
7 12 41 1 5 15 1 5 9 0 27
8 44 90 3 13 14 1 18 22 1 55
9 15 81 2 1 12 1 1 9 1 48
10 13 54 1 8 35 1 3 31 0 35
11 21 105 4 19 105 2 12 82 2 26
12 13 21 1 13 62 2 10 66 2 53
13 8 41 2 4 37 1 5 41 1 65
14 3 23 1 8 26 1 0 7 0 47
15 7 24 1 1 16 0 0 0 0 58
16 5 31 2 3 28 2 2 21 1 18
17 8 44 2 10 44 2 10 61 2 56
18 21 74 3 16 57 2 11 44 2 47
19 10 40 1 4 19 2 3 31 1 48
20 13 70 3 6 33 1 13 53 2 47
21 11 40 2 15 67 2 8 26 1 37
22 6 46 2 1 20 1 0 0 0 49
23 9 42 0 11 49 2 6 12 1 41
24 7 39 2 6 55 2 7 60 2 59
25 11 56 2 11 50 1 5 18 1 55
26 17 44 1 3 8 0 2 3 0 65
27 17 55 0 5 29 1 5 32 2 59
28 7 11 1 3 14 1 3 7 1 40
29 21 105 3 19 95 3 9 28 2 46
30 14 82 3 11 51 2 11 38 2 49
Avec l’approbation de Bruno Ducoux, D.O., voici en intégrale par courriel, le 18 janvier 2010,
« -C’est un sujet vraiment intéressant et constructif pour les ostéopathes. Pour la discussion, l’EBM
n’existe que depuis quelques dizaines d’années mais semble occuper tout le terrain de la recherche car
dépendante des laboratoires pharmaceutiques qui contrôlent financièrement la recherche…
C’est la médecine dite « moderne » du 20e siècle. En fait le grand livre de la médecine est beaucoup plus
vaste et nécessite de découvrir d’autres outils pour prouver son efficacité.
Parmi les chapitres moins connus du livre de la médecine, l’ostéopathie se place du côté du chapitre
traditionnel « vitaliste », subjectif et aussi ancien que les humains. Les rituels de guérison se placent
dans le chapitre traditionnel « culturel » et appartiennent à un groupe social…
Cela rejoint les travaux de Ken Wilbur dans son livre « le livre de la vision intégrale »
InterÉditions paris 2008; voir page 95;
Bon courage pour la suite
Bruno Ducoux DO. »
Avec son approbation, voici en intégrale par courriel, le13 janvier 2010, les commentaires que
Ce protocole soulève un problème de fond qui est celui de la cause de la maladie et donc aussi des
mécanismes de la guérison.
Je suis toujours aussi ébahi de voir des gens capables de se contenter, en médecine, des concepts
développés par l'Evidence Based Medicine. Comment peut-on à ce point ignorer les fondements mêmes
de l'humain?
Et en cela, je rejoins l'argumentation qui tend à dire qu'elle est plus l'œuvre des lobbies pharmaceutiques
qui verraient d'un mauvais œil la médecine médicamenteuse décliner... au profit d'autres approches.
Je ne sais pas ce que donnera votre protocole une fois mené à son terme, mais je ne vois pas comment on
pourrait se passer des éléments qui font le b-a-ba de toute approche thérapeutique, à savoir, la
bienveillance, l'écoute, l'empathie, etc.
Comme si, de plus, l'Evidence Based Medicine pouvait prétendre s'être une fois pour toutes affranchie
de l'effet placebo?
Je trouve cela d'une étroitesse risible.
xlviii
Et finalement, est-ce vraiment important (quand on n'a pas d'intérêts dans les labos pharmaceutiques,
évidemment) qu'une personne aille mieux voire guérisse par auto-suggestion, hétéro-suggestion, effet
placebo ou pour toute autre raison?
Le voyons-nous comme un système complexe fait de conscience (s)? Alors c'est aux consciences qu'il
faut s'adresser et alors, tout ce qui aide à gérer les relations de consciences pourra nous aider à aider le
patient et le patient à s'aider lui-même.
A mon idée, Still, Sutherland et les autres ont tous choisi leur camp. Et moi aussi!
Pierre Tricot »
xlix
Annexe 13 : Lexique
Alchimie. « 1. Science occulte qui connut un grand développement du XIIe au XVIIIe s.,
recherche d’inspiration spirituelle, ésotérique, d’un remède universel (élixir, panacée, pierre
philosophale) capable d’opérer une transmutation de l’être, de la matière (et notamm., la
transmutation en or des métaux vils). 2. Fig. Suite complexe de réactions et de
transformations. La mystérieuse alchimie de la vie. » (Larousse, 1989)
Algorythmique adj. « On désigne par algorithmique l’ensemble des activités logiques qui
relèvent des algorithmes; en particulier, en informatique, cette discipline désigne l'ensemble
des règles et des techniques qui sont impliquées dans la définition et la conception des
algorithmes. Le mot vient du nom du mathématicien d'origine perse, Al Khuwarizmi, qui, au
IXe siècle écrivit le premier ouvrage systématique sur la solution des équations linéaires et
quadratiques. Dans le cas général, l’algorithmique s’effectue au moyen de calculs. »
(wikipedia.org)
Analogie n.f. « L'analogie (n. f.) consiste à mettre en relation deux objets, phénomènes ou
situations qui appartiennent à des domaines différents mais font penser l'un à l'autre parce que
leur déroulement ou leur aspect, présentent des similitudes.
La métaphore et la comparaison sont des figures de l'analogie. » (reveenjoie-poesie.com)
Antithèse : « 1e sens) Figure de style qui consiste à rapprocher deux mots ou groupes de mots
exprimant des idées contraires [Linguistique]. Synonyme opposition Anglais antithesis
2e sens) Personne, chose aux qualités, à la nature opposées à une autre [Figuré]. Synonyme
inverse Anglais antithesis
3e sens) Deuxième temps, qui suit la thèse et précède la synthèse, d'un mouvement dialectique
[Philosophie]. » (linternaute.com)
Attention. n. f. « (lat. attendere " tendre vers "). 1/ Concentration de l'activité mentale sur un
objet déterminé. 2/ Capacité de l'être à sélectionner, parmi l'ensemble des influx qui lui
parviennent, ceux qui l'intéressent tant pour ce qui concerne leur qualité (son, vue, goût,
toucher, etc.) que leur localisation dans l'espace. 3/ Le contrôle de l'attention est relié à la
maîtrise de l'espace de perception. 4/ Projection de la conscience (" je ") dans l'espace
physique, déterminant d'une part un espace virtuel fermé - un champ d'attention - dans lequel
elle perçoit, et discriminant d'autre part les stimuli sensoriels auxquels elle s'intéresse. Avec
l'attention, " je " détermine d'où il perçoit (espace) et ce qu'il il perçoit (type de stimulus). Cf.
Intention. » (Tricot, 2008, 300)
Chaman. « Prêtre magicien de certaine religion qui communique avec les esprits en utilisant
les techniques de l’extase et de la transe. » (Larousse, 1989)
Communication. n.f. « (lat. communicatio " commerce, relation ") 1/ Fait d'établir une
relation avec quelque chose ou quelqu'un. 2/ Échange réciproque d'énergie, d'information,
avec conscience et intention. » (Tricot, 2008, 300)
Complexe. adj., complexité. n. f. « (lat. complexus, de complecti " contenir ") Qui se compose
d'éléments différents, combinés de manière telle qu'on ne peut saisir facilement les relations et
dépendances mutuelles. » (Tricot, 2008, 300)
Concept. n. m. « (lat. conceptus, de concipere " recevoir "). Représentation mentale générale
et abstraite de quelque chose. » (Tricot, 2008, 301)
li
Conscience. n. f. « (lat. co de cum " avec " qui suggère l'association, comme dans coexistence,
connaissance etc.) et scire " savoir ". 1/ Chez l'humain, faculté de connaître sa propre réalité et
de la juger. 2/ Plus généralement, conséquence de la décision d'être. Être conscient, c'est
exister; ou exister, c'est être conscient. Les deux sont indissociables. Et vivre, c'est
expérimenter l'être ou la conscience. On peut donc dire que tout être vivant du plus simple au
plus complexe est conscient. De plus, il fera tout pour conserver sa conscience, c'est-à-dire son
état d'être ou d'existence. Des mécanismes parfois très complexes, comme l'immunité et
l'homéostasie, trouvent là leur origine. Cf. Être. » (Tricot, 2008, 301)
Dialogique. adj. « Qui a la forme d’un dialogue, d’un échange. L’intérêt des couples
d’opposés est de faire dialoguer, échanger les deux parties et non de les opposer. Pensée
dialogique. Dialogisme. n. m. (de « dialogue »). Système de pensée dialogique. Dialogue. n.
m. (lat. dialogus et gr. dialogos de logos). 1/ Entretien entre deux personnes. 2/ Échange entre
deux pôles de nature opposée. Dialogue tissulaire. n. f. néol. Le dialogue tissulaire repose sur
l’analyse de la manière dont la structure vivante du patient réagit à la projection en elle de
l’être praticien et sur la capacité de l’être praticien à modifier la manière dont il se projette par
l’attention et l’intention, dans le but d’envoyer une information, pour obtenir une réponse de la
structure vivante relative à l’information projetée. L’objectif est ici d’envoyer une information
précise et d’analyser la réponse à cette information. » (Tricot, 2008, 301)
Discours n.m. « de logos, argument, logique et science. « C’est le terme de rhétorique le plus
général pour désigner les diverses espèces de compositions considérées surtout par rapport à la
diction. Il comprend toute suite de paroles prononcées avec une certaine méthode, avec un
dessein déterminé, et adressées soit à une assemblée, soit à quelques personnes ou même à une
seule. On distingue, suivant les circonstances de temps et de lieu, suivant l’auditoire, le sujet
ou le but, autant de sortes de discours qu’il y a de genres d’éloquence. » (wikipedia.org)
Dogme n.m. « Point de doctrine regardé comme vérité fondamentale, incontestable que l’on
ne remet pas en cause. » (Tricot, 2008, 302)
lii
Écheveau n.m « Certaine longueur de brins de fil, en coton, en soie, en laine, en chanvre ou
lin, moulinés; ces brins sont roulés en forme de cercle et attachés à une partie de ce cercle par
le bout qui en réunit tous les tours et qui s'appelle centaine. » (littre.reverso.net)
Effet. n. m « (lat. effectus, de efficere "réaliser, exécuter "). 1/ Ce qui est produit par une
cause. 2/ Résultat d'une action. Effet et cause constituent un couple logique. Cf. Cause. »
(Tricot, 2008, 302)
Empathie. « Processus assez mystérieux grâce auquel on peut sortir de soi-même pour se
mettre à la place d’un autre » (Koesler, 1964, 170. Cela s’effectue autour de jeux clandestins
(inconscients) dans laquelle « pour deviner l’âme d’autrui nous nous guidons sur les vagues
repères du mouvement, presque imperceptible parfois, des muscles du visage » (Koesler,
1964, 170). La capacité de saisir justement les sentiments et les pensées d’autrui est à la base
« d’un art, le diagnostic médicale, et d’une science, la psychologie » (Koesler, 1964, 170).
Ainsi, l’empathie, est cette « faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce
qu’il ressent » (Larousse, 2007).
Enthymème n.m. « En rhétorique, l'enthymème est une figure de sens reposant sur un
syllogisme et qui a reçu successivement deux significations…Selon les aristotéliciens,
l'enthymème est un syllogisme rhétorique fondé sur le probable, c'est-à-dire à partir de ce que
le public pense. Il s'agit d'une déduction dont la valeur est concrète par opposition à une
déduction abstraite fondée sur l'analyse. Dans cette acception, l'enthymème procure la
persuasion et non la démonstration, car selon Aristote, l'enthymème est fondé sur le caractère
vraisemblable de ses prémisses et constitue donc un raisonnement public manié facilement par
des hommes incultes… Selon Quintilien et Boèce, l'enthymème est un syllogisme dont on a
supprimé l'une des deux prémisses ou la conclusion car la réalité de cette proposition est
incontestable et de ce fait gardée dans l'esprit. Selon la Logique de Port-Royal, l'enthymème
est un syllogisme parfait dans l'esprit mais imparfait dans l'expression, et constitue donc un
accident de langage. » (wikipedia.org) Enthymème n.m. « [log.] Selon Aristote, syllogisme
fondé sur des vraisemblances ou des signes. Selon les modernes, syllogisme dont on sous-
entend une prémisse, ou bien la conclusion. » (mediadico.com)
terme soit utilisé comme synonyme de « philosophie des sciences »2. La distinction entre ces
différentes acceptions, et notamment le rapport de l'épistémologie à la philosophie des
sciences, n'est cependant pas clairement établie3. » (wikipedia.org)
Evidence-based medicine. C’est-à-dire une médecine qui veut fonder ses faits sur des
données probantes. Les meilleures données, les meilleures preuves sont celles recueillies par
un ECR et par le contrôle de l’effet placebo (Patterson, 2002, 1184; Sehon et Stanley, 2003;
Haynes, 2003). Voici notre traduction de la définition anglaise la plus largement acceptée de
l’EBM : le moyen le plus consciencieux, explicite et judicieux, d’employer les meilleures
données disponibles dans les décisions et dans les soins prodigués au patient (Sackett, Strauss,
Richardson, Rosenberg et Haynes, 2000).
Factuel,elle adj.« 1. Qui s’en tient au fait, qui présente les faits sans les interpréter.
Information factuelle. 2. philos. Qui relève du fait. » (Larousse, 1989)
Fluide. n. m. et adj. « (lat. fluidus, de fluere " couler "). 1/ Liquide. 2/ Tout corps qui épouse la
forme de son contenant. 3/ Force, influence subtile et mystérieuse qui émanerait des astres, des
êtres et des choses (principe d'explication des formes d'énergie inexpliquées). » (Tricot, 2008,
303)
Hawthorne (Effet). « En psychologie, l'effet Hawthorne décrit la situation dans laquelle les
résultats d'une expérience ne sont pas dus aux facteurs expérimentaux mais au fait que les
sujets ont conscience de participer à une expérience dans laquelle ils sont testés, ce qui se
traduit généralement par une plus grande motivation. Cet effet psychologique est à rapprocher
de l'Effet Pygmalion, que l'on observe chez des élèves dont les résultats s'améliorent du simple
fait que le professeur attend davantage d'eux. » (wikipedia.org)
qu’elle employait avaient été trouvés dans les livres d’Hermès… (www.littre.reverso.net) Est à
rapprocher avec le courant vitaliste et la médecine naturothérapeutique.
Hermès Trisgémistes. « (« trois fois grand ») nom grec du dieu égyptien Thot, assimilé à
Hermès » (Larousse, 1989). « Il est un personnage mythique de l’antiquité gréco-égyptienne,
auquel ont été attribués un ensemble de textes appelés Hermetica, dont les plus connus sont le
corpus hermeticum, recueil de traités mystico-philosophiques et la table d’émeraude »
(www.wikepedia.org).
Heuristique. n. f. « (gr. heuriskein, « trouver »). Qui a une utilité dans la recherche,
notamment scientifique et épistémologique; qui aide à la découverte. Hypothèse heuristique. »
(Tricot, 2008, 304)
Holisme. n. m. « (gr. holos " tout entier "). 1/ Doctrine épistémologique selon laquelle, face à
l'expérience, chaque énoncé scientifique est tributaire du domaine tout entier dans lequel il
apparaît. Doctrine ou concept s'intéressant à la globalité des choses. 2/ théorie selon laquelle
l'homme est un tout indivisible qui ne peut être expliqué par ses différents composants isolés
les uns des autres. Holistique. adj. (gr. holos " entier "). Caractérise l'holisme. Global. »
(Tricot, 2008, 304)
Hypothèse. n. f. « (gr. hupothesis de thesis " action de poser "). Proposition relative à
l'expérimentation de phénomènes naturels, admise provisoirement avant d'être soumise au
contrôle et à la vérification de l'expérimentation. » (Tricot, 2008, 304)
Idiosyncrasie. « Manière d’être particulière à chaque individu qui l’amène à avoir des
réactions, des comportements qui lui sont propres » (Larousse, 1989).
Induction. n. f. « (lat. inductio " suggestion "). 1/ Opération mentale consistant à remonter des
faits à la loi, des cas particuliers donnés ou observés à une proposition plus générale. 2/
Opération consistant à remonter des faits à la cause qui les a engendrés. 3/ Demande formulée
à la structure tissulaire par envoi d'une intention consciente ou injonction. Cf. Intention,
Injonction. Induire. v. tr. (lat. inducere " recouvrir "). Procéder par induction. » (Tricot, 2008,
304)
Inertie. n. f. « (lat. inertia " inactivité "). 1/ État de ce qui est inerte, sans mouvement inhérent.
2/ Incapacité au mouvement. 3/ Résistance qu'opposent les corps à la mise en mouvement ou
au changement de mouvement. 4/ Sans vie. » (Tricot, 2008, 304)
lv
Inférence. n. f. « L'inférence est une opération mentale qui consiste à tirer une conclusion
(d'une série de propositions reconnues pour vraies). Ces conclusions sont tirées à partir de
règles de base. Dans sa définition classique, l'inférence est une opération logique portant sur
des propositions tenues pour vraies (les prémisses) et concluant à la vérité d'une nouvelle
proposition en vertu de sa liaison avec les premières. C'est pourquoi l'inférence est souvent
réduite à la déduction nécessaire dans laquelle la vérité des prémisses assure totalement la
vérité de la conclusion. Cependant la pensée n'opère pas sur des propositions mais sur des
signes. On est donc conduit, pour rendre compte de la sémiosis, à élargir la notion d'inférence
à des opérations portant sur des symboles dicents (des quasi-propositions) et à remplacer la
notion de vérité d'une proposition par celle de réalité d'une représentation pour un interprète
particulier. Cette conception de l'inférence ouvre le champ à la description des opérations
réellement effectuées dans la vie quotidienne et libère des contraintes imposées par le point de
vue qui s'en tient uniquement à la production de vérités universelles, c’est-à-dire aux
arguments valides. C'est ainsi que l'acte de poser une hypothèse qui consiste à tenir pour vraie,
au moins provisoirement, une proposition n'entretenant aucun lien logique nécessaire avec les
prémisses aura droit de cité dans cette perspective. On l'observe en effet dans toute activité de
recherche dont elle constitue la part d'invention possible. Cela nous conduira à distinguer trois
types d'inférence : la déduction, l'induction et l'abduction. Ce sont les trois types de
raisonnement formalisés par Pierce en 1903. » (Wikipedia.org)
Information. n. f. « (lat. informatio de informare " façonner, former "). 1/ Renseignement sur
quelque chose ou quelqu'un. 2/ Élément de connaissance susceptible d'être codé pour être
conservé, traité ou communiqué. 3/ Élément ou système pouvant être transmis par un signal ou
une combinaison de signaux. Cf. Énergie, Donnée. Informer. n. f. (lat. informare " façonner,
former "). 1/ Donner une forme, une structure, une signification. Avec l'attention, la
conscience se projette et détermine l'espace dans lequel elle communique, avec l'intention, elle
donne un sens une forme à sa projection. 2/ Transmettre une information. » (Tricot, 2008, 304)
Intention. n. f. « (lat. intentio " action de diriger vers "). 1/ Dessein délibéré d'accomplir un
acte, volonté. 2/ Fait de se proposer un certain but - dessein ferme et prémédité - but même
qu'on se propose d'atteindre. 3/ Dans le concept tissulaire, modulation de l'attention, à la-
quelle la conscience donne un sens, une forme. Avec l'intention, la conscience envoie une
information dans l'espace qu'elle a choisi d'occuper. L'intention permet de formuler une
demande. La structure vivante répond à l'intention, mais elle répond selon ses possibilités du
moment. Cf. Attention, Information, Injonction. » (Tricot, 2008, 305)
Interaction n.f. « Sens, Réaction réciproque entre deux phénomènes ou deux personnes.
Anglais interaction. » (linternaute.com)
Intuition. n. f. « (lat. intuitio, de intueri " regarder attentivement "). Forme de connaissance
immédiate qui ne recourt pas au raisonnement. » (Tricot, 2008, 305)
Linguistique. adj. « Sens 1 Qui a trait aux langues et aux langages [Linguistique]. Anglais
linguistic. Sens 2 Qui a trait à la linguistique [Linguistique]. Anglais linguistic »
lvi
Linguistique. n. f. Sens 1 Science qui a pour objet les langues et langages [Linguistique].
Anglais linguistics …Synonymes sémantique, stylistique. » (linternaute.com)
Logique. n. f. « (gr. logikê, de logos " raison "). 1/ Science du raisonnement en lui-même,
abstraction faite de la matière à laquelle il s'applique et de tout processus psychologique. 2/
Manière de raisonner juste, méthode, suite cohérente d'idées. 3/ Ensemble des procédés
cognitifs; leur étude. 4/ Ensemble des relations qui règlent le fonctionnement d'une organisa-
tion, ou l'apparition de phénomènes. » (Tricot, 2008, 305)
Magnétisme. « Attrait puissant et mystérieux exercé par qqn sur son entourage… Magnétisme
animal : propriété occulte du corps animal qui le rendrait réceptif à l’influence des corps
célestes et à celles des corps qui l’environnent, de même qu’il exercerait la sienne sur ces
derniers » (Larousse, 1989).
Mécanisme non spécifique de guérison (MNSG). Les MNSG sont observés, entre autres
choses par Kaptchuk (2002) et Harley (1999), comme des parties intégrantes de tout rituel
impliquant le praticien et le patient sur la voie de la guérison. Ce rituel tirerait son origine
d’une tradition ancestrale relative au rapport empathique soignant/soigné (Harley, 1999).
Kaptchuk (2002) emploi le terme rituel de guérison pour mettre en lumière une problématique
entourant la valeur thérapeutique des éléments psychosociaux de la relation soignant/soigné.
Ces éléments sont des biais connus de la recherche expérimentale (voir section 2.6.). Ils sont
souvent désignés comme faisant partie des effets non spécifiques du traitement. Non
spécifique, dans le sens que les effets de ces éléments ne font pas partie de ce qui est
spécifique au traitement. Ces composantes de la relation soignant/soigné sont désignées
également comme des composantes du placebo. À l’heure actuelle, des arguments entre points
de vue philosophique et scientifique ont lieu en ostéopathie et en médecine sur
l’épiphénomène.
Mentalisme. « n.m. 1. Conception selon laquelle la psychologie a pour objet l’étude des
divers états de conscience et pour méthode privilégiée l’introspection. 2. Ling. Conception
selon laquelle le contenu est l’élément déterminant de la structure de la langue. » (Larousse,
1989)
Métaphore n.f. « Une métaphore rapproche un comparé et un comparant sans qu'il soit fait
usage d'un comparatif à la différence de la comparaison. Parfois, le comparé est lui aussi
absent et il ne reste plus que le comparant.
Métaphore filée : Lorsque la métaphore se poursuit sur plusieurs phrases on la dit 'filée'.
lvii
Métaphysique n.f. « La métaphysique est une branche de la philosophie qui étudie les
principes de la réalité au-delà de toute science particulière. Elle a aussi pour objet d'expliquer
la nature ultime de l'être, du monde, de l'univers et de notre interaction avec cet univers.
L'ontologie est une branche importante de la métaphysique; elle étudie les types de choses
qu'il y a dans le monde et quelles relations ces choses entretiennent les unes avec les autres. Le
métaphysicien essaye également de clarifier les notions par lesquelles les gens comprennent le
monde; l'existence, l'objet, la propriété (d'une chose), l'existence de Dieu, l'espace, le temps, la
causalité, la possibilité. Avant le développement des sciences modernes, la philosophie de la
nature était une branche de la métaphysique; étude objective de la nature et des principes
physiques. Avec l'introduction des démarches empiriques et expérimentales, cette branche a
été appelée « science » à partir du XVIIIe siècle, afin de la distinguer des interrogations
spéculatives concernant les sujets non physiques. » (wikipedia.org)
Palpation. n. f. « (de palper). Examen consistant à palper les parties extérieures du corps pour
apprécier les caractères physiques des tissus, la sensibilité des organes. Cf. Perception. »
(Tricot, 2008, 306)
Paradigme. n. m. « (lat. paragidma, gr. paradeigma « exemple »). Modèle théorique de pensée
qui oriente la recherche et la réflexion scientifique ou philosophique. » (Tricot, 2008, 306)
Thomas Kuhn (1922-1996), publia en 1962 « The structure of scientific revolutions »
(traduction libre: La structure des révolutions scientifiques). Cet essai, grandement considéré
dans la communauté scientifique, décrit une théorie concernant l’évolution scientifique selon
lequel chaque phase évolutive de la science est caractérisée par la présence d’un nouveau
paradigme. La perspective Kuhnienne du paradigme étant le regard différent de visualiser le
monde qui se définit de part et d’autre par : a) le problème qui peut être légitimement adressé
et b) la portée des évidences admissibles offertes pour sa solution. Le paradigme est l’entière
constellation des croyances, des valeurs, des concepts et des techniques soutenus à l’intérieur
des membres d’une même communauté pour résoudre les problèmes. Lorsque ce consensus
partagé soulève plusieurs anomalies dû à l’avancée des connaissances, le paradigme accepté
traverse une crise suivie d’une révolution scientifique qui rejette l’ancien paradigme et le
remplace par un nouveau. De la sorte, avec le nouveau paradigme, la résolution des problèmes
s’effectuera par la communauté avec la nouvelle pléiade de croyances, de valeurs de concepts
et de techniques. Kuhn (1970) rajoute que le paradigme post révolutionnaire est dans une
certaine mesure incommensurable avec l’ancien paradigme.
Paradoxe n.f. « Le paradoxe consiste à présenter ce que l'on pense sous une forme contraire à
l'opinion publique (i.e. contraire de l'idée communément admise).
lviii
Exemple : Une barre de chocolat pour faire fondre le cholestérol? (slogan publicitaire pour la
marque Gayelord Hauser). » (reveenjoie-poesie.com)
Perception. n. f. « (lat. perceptio, de percipere " saisir par le sens "). 1/ Action, fait de perce-
voir par les sens, par l'esprit. 2/ Représentation consciente à partir des sensations; conscience
d'une, des sensations. 3/ Réception d'une information. 4/ Ce qui permet à une conscience de se
sentir exister. Percevoir. v. transitif. (lat. percipere " saisir par les sens "). 1/ Comprendre,
parvenir à connaître. 2/ Recueillir de l'information sur le milieu environnant. Cf. Palpation. »
(Tricot, 2008, 306)
Persuasion. Ce terme est définit par Blaise Pascal (1657) comme « un rapport nécessaire à la
manière dont les hommes consentent à ce qu'on leur propose, et aux conditions des choses
qu'on veut faire croire » (www.toutdesuite.net). Comme dans l’expression « se faire prendre
par les sentiments », la persuasion s’effectue souvent à travers un climat affectif. Les anciens
ont défini l’éloquence comme étant le talent de persuader. Dans le dictionnaire Larousse
(1989), l’éloquence est définie non seulement comme étant l’art d’émouvoir et de convaincre
par la parole mais aussi comme caractère de ce qui est expressif, significatif et probant. Cette
deuxième définition dépasse le cadre de la parole ou du moins l’étend à tout ce qui s’y
rattache : le verbal, le non-verbal et le paraverbal.
Phénomène. n. f « Un phénomène est ce qui est perçu en conscience et dont l'origine se situe
dans la nature ou dans le domaine du mental. Tous les phénomènes ne sont malheureusement
pas perçus en pleine connaissance, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas forcément remarqués; il est
donc du ressort de la science de dégager la limite entre le rationnel et l'irrationnel dans la
perception ou l'absence de perception d'un phénomène. Dans le langage courant, ce vocable
désigne surtout l’élément matériel d’un fait empirique, d’une expérience observable. Il peut
être alors l'objet d'expérience scientifique. L’utilisation du terme phénomène est nécessaire
pour passer par-delà les présupposés philosophiques de l’origine pré-scientifique du terme. En
psychologie cognitive, ce terme est utilisé pour indiquer que nos sens, et principalement ceux
d’un « observateur » ont détecté un changement dans l’enchaînement habituel d’un processus,
dans le fonctionnement d’un organe, ou, d’une activité perceptible; c’est ce phénomène qui
demande de rechercher scrupuleusement et objectivement un éclaircissement a ce changement
d’état. De façon prosaïque, on peut cerner aujourd’hui des domaines que la science ne pourra
jamais atteindre (car il existe bel et bien un infini). Pourtant, nul ne saurait en déduire
l’ensemble des phénomènes potentiellement prédictibles, ni, a fortiori, calculer les
conséquences de l’action du non-observable sur l’observé. Il y a donc aujourd'hui une prise de
conscience que les phénomènes présents dans la nature ne sont pas tous explicables
rationnellement. On découvre qu'il existe une réalité “indépendante”, c’est-à-dire qui ne peut
être appréhendée en l’état actuel de nos outils d’observation sensibles et conceptuels. »
(wikipedia.org)
Phénomènologie. n.f. « Description philosophique des phénomènes par rapport à l'esprit qui
les perçoit.
Méthode philosophique qui se propose, en considérant les données immédiates de la
conscience indépendamment de toute construction conceptuelle, de découvrir les structures
transcendantes de la conscience et les essences. » (médiadico.com)
lix
Physiognomonie. n.f. mot ancien. « Science qui se proposait de connaître les hommes par
l’étude de leur physionomie. » (Larousse, 1989)
Physionomie. n. f. « Sens 1 Ensemble des traits du visage. Synonyme physique Anglais face.
Sens 2 Aspect particulier d'une personne, d'une chose quelconque. Synonyme aspect Anglais
physiognomy » (linternaute.com)
Philosophie. n. f. « (gr. philosophia " sagesse "). 1/ Conception de quelque chose fondée sur
un ensemble de principes; ces principes 2/ Conception générale, vision plus ou moins
méthodique du monde et des problèmes de la vie. » (Tricot, 2008, 306)
Placebo. Ce terme signifie en médecine est un élément inerte d’apparence identique aux
médicaments étudiés dans les essais cliniques randomisés (ECR). Celui-ci est usuellement
employé pour mesurer l’efficacité d’un médicament. L’effet placebo est, quant à lui, issu de
facteurs psychologiques présents dans la rencontre soignant/soigné qui ne font pas partie de
l’étude mais qui ont possiblement suscité la guérison.
Point neutre ou Still-point. loc. m. « (angl. " point d'immobilité "). Le mot " point " est
incorrect, on devrait parler de moment d'immobilité. Un still-point est relié au temps. Dans
l'approche tissulaire, on reconnaît deux types de still-point : le still-point physiologique et le
still-point de résolution. Cf. Fulcrum. Le still-point physiologique survient régulièrement
dans tout phénomène alternatif. Chaque temps du phénomène est séparé par un instant (qui
peut être très court) où le phénomène, al-lant dans une direction, s'arrête avant de repartir dans
une autre. L'étale de la marée est un still-point physiologique typique. Ce type de still-point ne
nous intéresse pas particulièrement parce qu'il manifeste un processus physiologique sur
lequel nous n'intervenons pas directement. Le still-point de résolution correspond à l'instant
de résolution d'une zone de rétention, le moment où la structure ayant terminé de libérer
l'énergie retenue est en attente, juste avant de se remettre en communication. Cette immobilité
peut durer un certain temps. Il est essentiel que le praticien la respecte et attende, lui aussi, tout
en maintenant paramètres objectifs (den-sité et tension) et subjectifs (présence, attention et
attention), jusqu'à la fin du still-point. Le still-point se termine soit par la reprise d'un autre
cycle de libération, c'est-à-dire par la nais-sance d'un nouveau mouvement de libération
tissulaire, soit par une expansion de la structure, exprimant sa remise en communication. »
(Tricot, 2008, 308)
Potentiel. (lat. didact. potentialis, de potentia « puissance »). adj. 1/ Qui existe en puissance
(opposé à actuel). 2/ Qui exprime une possibilité. Qui exprime ce qui est possible, ce qui peut
arriver sous certaines conditions. 3/ En physique, énergie potentielle, que possède un système
du fait de sa position. Énergie potentielle élastique (d’un ressort comprimé), gravitationnelle
(d’un corps situé à une certaine altitude), etc. Cf. Actuel. (Tricot, 2008, 306)
Pragmatique adj. « Qui envisage les choses sous leur aspect pratique, du point de vue des
faits. Relatif à l'aspect pratique et concret des choses.
lx
Pragmatique sanction: édit promulgué par un souverain pour statuer définitivement sur une
question fondamentale. » (medidico.com)
Présence. n. f. « (lat. praesentia). Le fait d'être là. Occuper l'espace et le temps présents.
Présent. adj. (lat. praesens, praesentis, part. prés. de praesse " être en avant ") : Qui est dans le
lieu et le temps qui se vit dans l'instant. » (Tricot, 2008, 307)
Pygmalion. « L’effet Rosenthal (ou Effet Pygmalion). Il a été mis en évidence lors
d’expériences au cours desquelles des instituteurs (de qualité pédagogique équivalente) se
voyaient confier des classes (de valeur scolaire équivalente). Selon qu’on leur annonçait
préalablement qu’ils auraient affaire à des élèves doués et travailleurs ou au contraire à des
élèves médiocres et paresseux, les instituteurs développèrent des comportements et des
attitudes qui eurent effectivement pour effet d’amener leurs élèves à se conformer aux
prédictions. Les classes d’élèves réputées bonnes devinrent ainsi meilleures que celles
réputées mauvaises. » (Melchior, 2001,1)
Rachialgie commune. Elle est la terminologie employée pour désigner les douleurs au rachis
d’origine mécanique ou dégénérative. Elle regroupe les cervicalgies, les dorsalgies et les
lombalgies (Kuntz, 2009).
Rationnel. adj. « (lat. rationalis " doué de raison "). 1/ Qui appartient à la raison. 2/ Qui
provient de la raison et non de l'expérience. 3/ Conforme à la raison, au bon sens. Cf.
Irrrationnel, Subjectif, Objectif » (Tricot, 2008, 307)
Réalité. n. f. « 1/ Caractère de ce qui est réel, de ce qui existe effectivement. 2/ Ce qui est réel,
ce qui existe en fait, par opposition à ce qui est imaginé, rêvé, fictif. 3/ Ce que des conscien-
ces expérimentent en commun et s'accordent à reconnaître comme réel. Cf. Réel. » (Tricot,
2008, 307)
Résilience. Un processus d’auto résolution des conflits chez le patient. La résilience est cette
propriété de rebondissement, ou « caractéristique mécanique qui définit la résistance aux
chocs des matériaux » (Larousse, 2007), applicable par analogie chez l’être humain. « C'est-à-
dire sa capacité à émerger du malheur et de la difficulté, pour en sortir plus fort » (Barbier,
2003, 56).
Rhétorique. Rhétorique vient du mot grec rhêtôr qui signifie orateur publique. C’est l’art de
persuader par le discours, l’art de l’éloquence de la dissimulation et du bien parler, ou selon
Roland Barthes (1912-1980), éminent sémiologue français, c’est un « métalangage » : le
lxi
discours sur le discours. Aristote définit la rhétorique comme étant l’art de découvrir les
meilleurs moyens de la persuasion. Il reconnaissait que les réactions humaines étaient
motivées non seulement par la raison mais aussi par la passion. Il saisissait l’apport de la
rhétorique dans le dialogue et avec les émotions (Aristote, 1991). La rhétorique n’est pas une
science, elle procure un certain nombre de techniques, elle ne vise pas la vérité. Le postulat de
la rhétorique est que la valeur de la sémiose, sa signification n’existe que par et pour les
participants à l’interaction (orateur et auditeurs). D’un côté il existe de la rationalité (par
exemple les raisonnements logiques comme le syllogisme), identifiée au rationnel pur, au Vrai
et au Bien par Socrate, position reprise par l’approche occidentale du langage; de l’autre on a
la position des sophistes emblématisée par les dissoï logoï, discours défendant une thèse et son
contraire, qui posent en fait l’autonomie du sémiotique par rapport au monde et sa totale
inscription dans le social. Donc qui dit autonomie du sémiotique, dit autonomie du mondain et
autonomie du social. On aboutit donc à la conception aristotélicienne du langage comme
moyen de créer du bien-vivre, une harmonie sociale : c’est une éthique, non une morale. »
(Stolz & Moliné, 2005)
Rituel. En sociologie, rituel signifie « ensemble des comportements codifiés, fondés sur les
croyances en l’efficacité constamment accrue de leurs effets, grâce à leurs répétitions »
(Larousse, 2007). La guérison est la « suppression, disparition d’un mal physique ou moral »
(Larousse, 2007).
l'aire couverte par la ou les significations d'un mot de la langue à un moment donné de son
histoire, c'est-à-dire appréhendée en synchronie. Lorsque le mot considéré est polysémique
(c'est-à-dire possède plusieurs significations différentes, mais apparentées), la description de
son champ sémantique doit rendre compte tout à la fois de la parenté de sens et des différences
entre les significations du mot. Ainsi, le champ sémantique de « peinture » couvre-t-il les
diverses significations que prend ce mot, par exemple, dans « peinture en bâtiment »,
« peinture à l'huile », « peinture beige », « peinture impressionniste », « peinture murale »,
« peinture de mœurs », … » (universalis.fr)
Sémiotique n. f. « Etude de la manière dont les différents systèmes de signes permettent aux
individus et aux collectivités de communiquer.
Théorie des signes, de la manière dont ils fonctionnent, de leur sens.
[adjectif] Qui a rapport à la sémiotique. » (mediadico.com)
Technique. n. f. « (lat. technicus, gr. teknikos, de teknê " art, métier "). 1/ Ensemble des procé-
dés et des méthodes d'un art, d'un métier ou d'une industrie. 2/ Pour l'ostéopathe, processus
d'intervention mis en œuvre à la recherche d'un résultat précis au sein du système corporel du
patient. Dans l'approche ostéopathique classique, l'objectif de la technique peut varier, visant
une action nerveuse (facilitatrice ou inhibitrice), circulatoire (veineuse, lymphatique ou arté-
rielle) ou mécanique. 3/ Dans l'approche tissulaire, l'action mise en œuvre a toujours pour
objectif de libérer une rétention d'énergie détectée dans le système corporel du patient. »
(Tricot, 2008, 309)