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COLLÈGE D’ÉTUDES OSTÉOPATHIQUES

DE MONTRÉAL

CONTRIBUTION D’UN RITUEL DE GUÉRISON DANS LE SOIN


OSTÉOPATHIQUE DE LA RACHIALGIE

par

ALEXIS MANESCAU

MÉMOIRE PRÉSENTÉ
AU JURY INTERNATIONAL
À MONTRÉAL
JUIN 2011
COLLÈGE D’ÉTUDES OSTÉOPATHIQUES
DE MONTRÉAL

CONTRIBUTION D’UN RITUEL DE GUÉRISON DANS LE SOIN


OSTÉOPATHIQUE DE LA RACHIALGIE

par

ALEXIS MANESCAU

MÉMOIRE PRÉSENTÉ
AU JURY INTERNATIONAL
À MONTRÉAL
JUIN 2011
Dédicace

À mon grand-père André qui est parti,


à mon fils Adam qui est arrivé dans la même année,
à sa mère Stéphanie qui prend bien soin de nous
et à notre petit dernier qui est sur le point d’arriver.
ii

Directeur :

Christian Bérubé, D.O., B.Sc. (Hons) Ost.

Collaborateur :
Vincent Paris, sociologue et politologue

Professeur de sociologie au CÉGEP de Saint-Laurent

Conseiller :

Dr Jean Latreille, hémato-oncologue

Chef médical et cogestionnaire du centre intégré de cancérologie de la Montérégie, Hôpital Charles LeMoyne

Prélectrice :

Katia Isaac-Villette D.O.


iii

Remerciements

Avec toute notre gratitude, nous tenons d’abord à remercier notre directeur, Christian Bérubé,
D.O., pour sa grande patience, son expertise et son efficience. Véritable alchimiste à nos yeux,
il sait comment illuminer et transmuter un énoncé obscur et un texte à priori hermétique.

En second lieu, nous remercions notre prélectrice, Katia Isaac-Villette, D.O., pour ses
judicieux conseils, ses critiques constructives et ses corrections. Son implication a été
généreuse, et ses accommodements nous ont grandement rendu service.

Ensuite, nous remercions notre statisticien, Yves Lepage. Vis-à-vis de nos demandes
incessantes de précisions dans l’analyse des données, ses réponses nous ont comblés bien au-
delà de nos attentes.

Nous voulons aussi remercier Pierre Tricot, D.O., et Bruno Ducoux, D.O., pour leur soutien
dans notre démarche (voir annexe 12).

Merci à Vincent Paris, professeur en sociologie, pour sa collaboration; nos échanges ont été
précieux pour notre compréhension relative aux phénomènes sociologiques.

Merci à notre traductrice, Stéphanie Fox, doctorante en communication dans les équipes
interdisciplinaires en milieu hospitalier, afin de nous donner le dernier coup de main.

Un gros merci aussi au Dr Jean Latreille, pour avoir pris le temps de nous lire et de nous
conseiller.

Finalement, merci à Gabriel Venne, D.O., pour son excellent travail de mise en page ainsi que
pour son écoute, à Nathalie Gauthier, D.O., pour son support et ses suggestions, et merci à
tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué aux développements de notre projet,
notamment : Michel Pépin, D.O., Martine Nadon, D.O., Sandra O’Connor, D.O., Claude
Dufour, D.O., Marie-Line Deslauriers, D.O., Yoland Martineau, D.O., Jean-Guy Sicotte, D.O.,
Philippe Aubé, D.O., André Leclerc (éducateur spécialisé en santé mentale), et le Dr Michel
Limoges.
iv

Hypothèse

Dans le soin ostéopathique de la rachialgie commune, l’usage volontaire de la persuasion

contenue dans des rituels de guérison diminue la douleur.


v

Résumé
Objectif : La littérature emploie le terme « rituel de guérison » pour désigner un vaste

amalgame d’éléments psychosociaux qui accompagne la relation soignant/soigné. Ces

éléments (l’empathie, les suggestions, l’attitude positive, la persuasion, les croyances, etc.)

peuvent générer potentiellement des effets curatifs par des mécanismes de guérison dits non

spécifiques. Toutefois, bien que ces éléments aient une valeur thérapeutique, ils sont aussi

considérés comme des nuisances à la mesure objective des effets spécifiques d’un traitement à

l’étude.

Devant les aspirations de la communauté ostéopathique à développer sa science et à être

perçue de façon crédible, l’usage des ECR (essais cliniques randomisés) avec groupe contrôle

placebo fournit des preuves considérées les plus probantes. En recherche, le groupe placebo

est mis en place pour contrôler le biais potentiel des facteurs psychologiques qui ont

accompagné le traitement, mais qui ne faisaient pas partie spécifiquement de ce qui est à

l’étude. Or, le modèle des ECR avec groupe placebo s’applique mieux lorsqu’on veut mesurer

l’effet spécifique d’un médicament que lorsqu’on veut mesurer l’effet spécifique d’un

traitement ostéopathique.

Ainsi, la problématique de notre recherche s’articule autour de ces réflexions. Comment sont

considérés les effets placebo en ostéopathie? Sont-ils des nuisances aux résultats, ou sont-ils

des paramètres essentiels pour l’obtention de ceux-ci? Sur ces questions, des débats entre des

arguments scientifiques et philosophiques sont en cours.


vi

Devis expérimental : Dans cette recherche, nous avions deux groupes : l'un, expérimental, et

l'autre, de contrôle, pour un total de vingt-six sujets. Dans le groupe expérimental, nous

faisions volontairement usage de la persuasion dans le traitement ostéopathique de la

rachialgie commune, alors que dans le groupe contrôle, nous tentions de rester neutre, dans la

mesure du possible. Ainsi, les deux groupes recevaient un vrai traitement selon la

méthodologie du CEO (Collège d’Études Ostéopathiques); cependant, le soin différait. La

procédure de randomisation a été faite selon un modèle d’arrivée par ordre pair ou impair. La

population était âgée de 18 à 65 ans et elle devait souffrir d’une rachialgie commune pour une

période de six mois à deux ans. Elle a été traitée à deux reprises dans un intervalle de plus ou

moins 10 jours. À trois reprises (temps 1, temps 2 et temps 3), les sujets devaient répondre au

questionnaire de Melzack sur la douleur, soit avant chacun des deux traitements et par envoi

postal plus ou moins 10 jours après le dernier traitement. À la troisième reprise, un second

questionnaire a été utilisé pour mesurer les variables confondantes.

Résultats : Les deux groupes ont eu une différence significative dans le temps, et les moyennes

entre les temps sont supérieures dans le groupe expérimental. Par contre, cet écart entre les

deux groupes n’est pas statistiquement significatif.

Conclusion : Les deux groupes ont eu des changements significatifs dans le temps, et nous

avons eu un peu plus d’effet dans le groupe expérimental que dans le groupe contrôle.

Cependant, cet écart n’est pas significatif.

Mots-clés : rituel de guérison, persuasion rhétorique, relation soignant/soigné, placebo, effet

placebo, groupe placebo, faux traitement, guérison non spécifique, médecine EBM, médecine

alternative, ostéopathie.
vii

Abstract
Objective: The term healing ritual is used to designate a broad array of psychosocial elements

that are part of the therapist/patient relationship. The literature indicates that these elements

(for example, empathy, suggestion, positive attitude, persuasion, beliefs, etc.) have the

potential to generate therapeutic effects by non-specific healing mechanisms. However, while

these elements can have valuable therapeutic effects, they are sometimes seen as a hindrance

to objectively measuring the specific effects of a treatment under study.

With the goal of developing its science and entrenching its legitimacy as a medicine, the

osteopathic community often employs in its research RCTs (randomized controlled trials) with

placebo control groups, an approach considered to provide conclusive evidence. In research,

the placebo control group is used to control for the potential bias of psychological factors that

are part of the treatment, but external to the study, which may affect results. However, the use

of RCTs is more suited to isolating the specific effect of a drug treatment than to isolating the

specific effect of an osteopathic manipulative treatment (OMT).

Our research question is thus informed by the following questions: How are placebo effects

considered in osteopathy? Are they considered a hindrance to the measurements of results, or

are they essential to obtaining results? Debates about these specific questions, between

scientific and philosophic points of view, are currently taking place in the osteopathic

community.
viii

Research Design: In this research study, 26 patients were divided between an experimental

and a control group. In the experimental group, the use of persuasion during healing rituals

was amplified in the osteopathic care of common spinal pain, and in the control group, we

tried to remain as neutral as possible in our interactions with the patients. Hence, both groups

received a real osteopathic treatment respecting the methodology of the CEO (Collège

d’Études Ostéopathiques), although the care was different for each of them. We randomized

the procedure according to calls for treatment. Odd calls were directed to the experimental

group and even calls were directed to the control group. Participants ranged in age between 18

and 65 years old. They were included if they had suffered from common spinal pain for a

period of six months to two years. They were treated twice with an interval of approximately

10 days between each treatment. Participants were asked to answer the Melzack pain

questionnaire three times (time 1, time 2 and time 3), once before each treatment and then by

mail, approximately 10 days after the last treatment.

Results: In both groups, a statistically significant difference was observed in time, and

averages between times were superior in the experimental group. However, this difference

between groups was not statistically significant.

Conclusion: Both groups had significant changes in times, and in the experimental group, we

had a slightly higher effect. However, this gap was not significant.

Key words: healing ritual; rhetoric; persuasion; therapist/patient relationship; placebo; placebo

effect; placebo control group; sham treatment; non-specific healing; EBM medicine;

alternative medicine; osteopathy.


ix

TABLE DES MATIÈRES


Dédicace .......................................................................................................................................i
Remerciements......................................................................................................................... iii
Hypothèse ..................................................................................................................................iv
Résumé........................................................................................................................................v
Abstract ................................................................................................................................... vii
LISTE DES FIGURES...........................................................................................................xiv
Chapitre premier
Introduction au problème de la recherche ...................................................................................1
1. Introduction ...........................................................................................................................2
1.1. Un aperçu de l’ensemble ....................................................................................................5
Chapitre deuxième
La revue de littérature..................................................................................................................7
2. Préambule...............................................................................................................................8
2.1. Le soin ostéopathique .......................................................................................................10
2.2. La rachialgie commune ....................................................................................................11
2.2.1. La lésion ostéopathique selon Korr ...............................................................................................11
2.2.2. Pathophysiologie de la rachialgie commune .................................................................................13
2.2.3. L’hétérogénéité de la population ...................................................................................................15
2.3. L’usage volontaire de la persuasion................................................................................16
2.3.1. Qu’est-ce que la rhétorique?..........................................................................................................17
2.3.2. Exploration du méta système rhétorique .......................................................................................18
2.3.3. Distinction entre persuasion coercitive avec persuasion rhétorique..............................................21
2.3.4. Le pouvoir de la persuasion par l’art de la suggestion ..................................................................22
2.3.4.1. Qu’est-ce que Still en pense? ................................................................................................................23
2.3.4.2. Du mesmérisme à l’hypnose..................................................................................................................25
2.4. Les rituels de guérison......................................................................................................27
2.4.1. Corrélation entre rhétorique et herméneutique ..............................................................................28
2.4.2. Les croyances ................................................................................................................................31
2.4.3. Les mécanismes non spécifiques de guérison (MNSG) ................................................................33
2.4.4. L’anthropologie .............................................................................................................................34
2.4.5. La relation soignant/soigné............................................................................................................36
2.5. Recensement des recherches expérimentales qui se rattachent aux rituels de
guérison.....................................................................................................................................37
2.5.1. Les recherches sur le placebo et les composantes des rituels de guérison ....................................38
2.5.2. Les recherches qui se rattachent aux composantes des rituels de guérison...................................40
2.5.2.1. Le toucher ....................................................................................................................................................41
2.5.2.2. La kinésiologie appliquée.......................................................................................................................43
2.5.3. Les processus neurologiques impliqués dans l’usage thérapeutique de la persuasion ..................44
2.5.3.1. Les perceptions de la douleur................................................................................................................45
x

2.5.3.2. L’effet analgésique de la réponse corticale au placebo ................................................................46


2.5.3.3. L’hypnose et la gestion de la douleur .................................................................................................47
2.6. L’ère de l’EBM versus les modèles de recherche appropriés en ostéopathie .............48
2.6.1. Qu’est-ce que l’EBM.....................................................................................................................49
2.6.2. Pas de consensus sur la conduite appropriée des ECR en ostéopathie ..........................................56
2.6.2.1. Bien comprendre la question et bien interpréter les résultats .....................................................57
2.6.2.2. La recherche pour le développement de l’ostéopathie..................................................................59
2.6.2.3. Comment aborder le placebo en ostéopathie? .................................................................................60
2.6.2.4. Analyse critique de trois études quantitatives du CEO.................................................................63
2.6.2.5. Les données récentes................................................................................................................................65
2.6.2.6. Les dogmes en ostéopathie.....................................................................................................................66
2.7. Conclusion de la revue de littérature..............................................................................70
Chapitre troisième
Méthodologie de la recherche....................................................................................................72
3.1. L’énoncé du modèle de recherche...................................................................................73
3.2. Les sujets ...........................................................................................................................73
3.2.1. Critères d’inclusion .......................................................................................................................73
3.2.2. Critères d’exclusion.......................................................................................................................74
3.3. Type et taille de l’échantillon...........................................................................................75
3.4. Description des groupes et modes de distribution .........................................................75
3.5. Les variables : dépendante, indépendante et confondante ...........................................76
Dépendante..................................................................................................................................................................76
Indépendante...............................................................................................................................................................76
Confondante ................................................................................................................................................................76
3.6. Description des instruments de mesure ..........................................................................76
3.6.1. Le questionnaire sur la douleur de Melzack (annexe 10)..............................................................76
3.6.2. Le questionnaire pour le contrôle des variables confondantes (annexe 5) ....................................77
3.6.3. Le journal de bord .........................................................................................................................78
3.7. Méthode de collecte des données .....................................................................................78
3.8. Déroulement de l’expérimentation..................................................................................79
Préséance......................................................................................................................................................................79
Séance ...........................................................................................................................................................................79
3.8.1. Recadrage de la méthodologie du traitement ................................................................................80
3.8.2. Méthodologie du soin : groupe expérimental ................................................................................81
3.8.3. Méthodologie du soin : groupe contrôle........................................................................................82
3.9. Biais potentiels ..................................................................................................................83
3.10. Considérations éthiques..................................................................................................................85
Chapitre quatrième
Analyse et interprétation des résultats .......................................................................................86
4. Analyse des données ............................................................................................................87
4.1. Description des groupes ...................................................................................................87
xi

4.1.1. Homogénéité des groupes selon l’âge ...........................................................................................87


4.1.2. Répartition du sexe entre les deux groupes ...................................................................................88
4.2. Les inférences....................................................................................................................90
4.2.1. Analyse de la section A (type de douleur) du questionnaire de Melzack......................................91
4.2.2. Analyse de la section B (échelle visuelle analogue) du questionnaire de Melzack ......................96
4.2.3. Analyse de la section C (intensité actuelle de la douleur) du questionnaire de Melzack............100
4.2.4. Observation..................................................................................................................................104
4.2.5. Conclusion ...................................................................................................................................105
Chapitre cinquième
Discussion................................................................................................................................106
Avant-propos..........................................................................................................................107
5. Plan de la discussion ..........................................................................................................107
5.1. Résumé de la problématique .........................................................................................108
5.2. Retour sur notre méthodologie et l’interprétation des résultats................................109
5.2.1. Le recadrage de notre méthodologie de traitement .....................................................................111
5.2.2. L’hétérogénéité de la population de rachialgie commune...........................................................113
5.2.3. Les limites à la validité interne et externe ...................................................................................115
5.2.4. Les irrégularités ...........................................................................................................................116
5.2.5. Spéculation dans le temps ...........................................................................................................117
5.3. Retour sur les propos de Hartman................................................................................120
5.4. Retour sur la persuasion contenue dans des rituels de guérison................................123
5.4.1 La persuasion rhétorique en ostéopathie ......................................................................................124
Conclusion
Conclusion ..............................................................................................................................129
Bibliographie..........................................................................................................................132
Annexes
Annexe 1 : Méthodologie de recherche du protocole ..........................................................xvi
Annexe 2 : Modification au protocole.................................................................................xxiv
Annexe 3 : Questionnaire de sélection des participants....................................................xxvi
Annexe 4 : Méthodologie du soin ........................................................................................xxix
Annexe 5 : Questionnaire post-traitement pour le contrôle des variables confondantes
.............................................................................................................................................. xxxii
Annexe 6 : Formulaire de consentement ......................................................................... xxxiii
Annexe 7 : Anamnèse .........................................................................................................xxxvi
Annexe 8 : Grille d’évaluation et traitement..........................................................................xl
Annexe 9 : Attribution à un groupe .................................................................................... xliii
Annexe 10 : Questionnaire de douleur Melzack ................................................................ xliv
xii

Annexe 11 : Dossier Excel pour le statisticien.................................................................... xlvi


Annexe 12 : Lettres de soutien............................................................................................ xlvii
Annexe 13 : Lexique ............................................................................................................. xlix
xiii

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1. Statistiques descriptives pour l’âge………………………………………………..88

Tableau 2. Comparaison de la moyenne de l’âge entre les deux groupes…………………….88

Tableau 3. Répartition du sexe entre les deux groupes……………………………………......89

Tableau 4. Comparaison de la répartition du sexe entre les deux groupes………………........89

Tableau 5. Statistiques descriptives de la variable de la section A……………………………92

Tableau 6. Tests de l’analyse de variance pour la section A (type de douleur) du questionnaire


de Melzack…………………………………………………………………………………….92

Tableau 7. Tests des effets intersujets de l’analyse de variance pour la section A (type de
douleur) du questionnaire de Melzack………………………………………………………...93

Tableau 8. Comparaisons par paires………………………………………………………......94

Tableau 9. Statistiques descriptives de la variable de la section B………………………........96

Tableau 10. Tests de l’analyse de variance pour la section B (échelle visuelle analogue) du
questionnaire de Melzack…………………………………………………………………......97

Tableau 11. Tests des effets intersujets de l’analyse de variance pour la section B (échelle
visuelle analogue) du questionnaire de Melzack……………………………………………...97

Tableau 12. Comparaison par paires…………………………………………………………..98

Tableau 13. Statistiques descriptives de la variable de la section C ………………………...100

Tableau 14. Tests de l’analyse de variance pour la section B (intensité actuelle de la douleur)
du questionnaire de Melzack………………………………………………………………...101

Tableau 15. Tests des effets intersujets de l’analyse de variance pour la section C (intensité
actuelle de la douleur) du questionnaire de Melzack…………………………………….......101

Tableau 16. Comparaisons par paires……………………………………………………......102


xiv

LISTE DES FIGURES

Figure 1. Graphique de l’évolution de la section A (type de douleur) du questionnaire de


Melzack dans le temps pour chacun des groupes…………………………………………......95

Figure 2. Graphique de l’évolution de la section B (échelle visuelle analogue) du questionnaire


de Melzack dans le temps pour chacun des
groupes…………………………...………………………………..………………………......99

Figure 3. Graphique de l’évolution de la section C (intensité actuelle de la douleur) du


questionnaire de Melzack dans le temps pour chacun des groupes ………………………....103

Figure 4. Graphique de l’évolution de la section A (type de douleur) du questionnaire de


Melzack dans le temps pour chacun des groupes (n = 23)…………………………………..118

Figure 5. L’étoile dialogique………………………………………………………………....123

Figure 6. Schématisation de la persuasion rhétorique en ostéopathie……………………….126

Figure 7. Schématisation des rituels de guérison en ostéopathie…………………………….126


Chapitre premier

Introduction au problème de la recherche


2

1. Introduction

En sociologie, rituel1 signifie « ensemble des comportements codifiés, fondés sur les

croyances et sur l’efficacité constamment accrue de leurs effets grâce à leurs répétitions »

(Larousse, 2007). La guérison est la « suppression, disparition d’un mal physique ou moral »

(Larousse, 2007). Le terme « rituel de guérison », que nous avons traduit de l’anglais

« healing ritual », est souvent associé dans la littérature médicale aux notions entourant, entre

autres, la relation soignant/soigné, la douleur psychosomatique, le placebo, la guérison non

spécifique, le chamanisme et les médecines alternatives (Kaptchuk, 2002; Harley, 1999;

Moerman et Jonas, 2002).

Le terme « rituel de guérison » est employé pour désigner des éléments psychosociaux

présents dans la relation soignant/soigné auxquels leurs sont attribués le potentiel d’induire des

effets thérapeutiques. Ces éléments sont notamment : la persuasion, l’attitude positive,

l’attention, l’empathie, les procédures de diagnostic élaborées, le pronostic optimiste, les

suggestions, le toucher, les croyances, etc.

En progressant dans notre expérience clinique, nous constatons à quel point il est important

d’établir un climat thérapeutique pour que le patient puisse s’ouvrir, et pour que le thérapeute

puisse affiner son diagnostic. Ce lieu privilégié se construit à partir d’une relation de

confiance. Plus précisément, il se forge à partir des échanges entre soignant/soigné où les

gestuelles, les mimiques, les sous-entendus et les mots choisis sont interprétés et employés par

le patient et le thérapeute dans une stratégie rhétorique qui ouvre à la discussion dialogique

(Harley, 1999; Kaptchuk, 2002; Moerman et Jonas 2002; Finch, 2004; Knight et Sweeney,
1
Un lexique a été conçu pour regrouper tous les mots qui appartiennent à un vocabulaire non usuel. Ce lexique se
trouve en annexe 13.
3

2007; Tricot, 2005; Morin, 2004). D’une part, ce lieu sert au patient pour qu’il puisse

communiquer sa plainte, et, d’autre part, il sert au thérapeute pour qu’il puisse établir son

diagnostic, prodiguer le soin approprié et émettre de façon convaincante ses conseils et

recommandations.

La littérature indique que de répondre aux attentes du patient suscite davantage une réponse de

guérison de sa part (Moerman et Jonas, 2002; Kaptchuk, 2002; Patterson, 2007).

L’ostéopathie, par son approche manuelle et thérapeutique, s’intègre bien, selon nous, avec les

croyances populaires. Nous croyons que par l’entremise de son attitude compréhensive, sa

logique dans les interrelations anatomo-physiologiques, son discours holistique et vitaliste, sa

palpation d’apparence parfois mystérieuse, ses gestuelles et ses mimiques, son pronostic

optimiste, son empathie, et d'autres éléments non spécifiques, l’ostéopathe induit chez le

patient des espérances de guérison. Cela aura pour effet, selon nous, de modifier la perception

de la douleur chez le patient.

Le placebo, en médecine, est un élément inerte d’apparence identique aux médicaments

étudiés qui génère des effets curatifs par des mécanismes de guérison qui ne sont pas propres

au traitement à l’étude. Le groupe contrôle placebo est usuellement employé dans les ECR

(essais cliniques randomisés) pour exclure la possibilité que l’efficacité du traitement à l’étude

ne soit pas attribuable à des facteurs psychologiques.

La médecine officielle est à l’ère de l’EBM « evidence-based medicine » (médecine fondée sur

des données probantes — traduction libre). Les meilleures preuves sont celles fournies par les

ECR (Haynes, 2002; Barry, 2005; Sehon et Stanley, 2003). Or, les ECR ont été développés à

priori pour objectiver l’efficacité des médicaments (Patterson, 2007; Sherman, 2008). Une des
4

critiques les plus courantes avec ce type de modèle est qu’il accorde très peu de valeur

factuelle au contexte socioculturel, psychosocial et affectif dans lequel le patient se présente

(Sherman, 2008; Savard, 2003). Selon plusieurs, ce modèle n’est pas approprié pour mesurer

l’efficacité des médecines alternatives, puisque ces dernières accordent généralement

beaucoup de valeur au contexte dans lequel le patient se présente (Barry, 2005; Patterson,

2007; Sherman, 2008; Barry, 2005; Moerman et Jonas, 2002; Kaptchuk, 2002). En ce qui

concerne cette problématique, parmi les communautés médicale (Moerman et Jonas, 2002;

Kaptchuk, 2002; Sherman, 2008; Haynes, 2002; Sehon et Stanley, 2003) et ostéopathique

(Patterson, 2007; Licciardone et Russo, 2006; Hartman, 2009; Augustus, 2010), des débats

entre des arguments scientifiques et philosophiques sont en cours. Ce qui, d’un point de vue

factuel, paraît comme une nuisance, une source d’erreurs, est, selon Korr (1991) et Patterson

(2007), d’un point de vue holistique et ostéopathique, un paramètre essentiel pour l’obtention

de résultats.

Ainsi, le but de cette recherche est principalement d’exposer, en ostéopathie, la présence de

l’usage intentionnel de la persuasion contenue dans des rituels de guérison. Quelle part

accorde-t-on, devant nos succès cliniques, aux effets de l’interaction soignant/soigné?

Parallèlement, cette étude aspire à contribuer au développement des modèles de recherche les

plus appropriés à la spécificité de l’ostéopathie.

L’étude de l’effet placebo est très populaire en ce moment dans les revues systématiques, et

plusieurs ostéopathes se relancent sur la question (Korr, 1991; Patterson, 2007; Licciardone et

Russo, 2006; Hartman, 2009; Tricot et Gaisnon, 2009). Quatre recherches récentes du CEO

s'emploient à remettre en question les effets potentiels qui entourent la relation

soignant/soigné. Christian Bérubé a déposé une thèse au CEO en 2008 concernant l’influence
5

de l’intention du thérapeute sur les tissus du patient. Il y discerne, tout comme Isaac-Villette et

Désilets (2007) ainsi que Aubé (2010), l’importance de l’attitude du thérapeute dans la voie

vers la guérison pour le patient (Bérubé, 2008, 119). Dans le même sens, Deslauriers (2009)

approfondit l’effet placebo dans le groupe contrôle en fonction des attentes du sujet face à son

groupe désigné. Dans le cadre de notre recherche, ces aspects sont regroupés sous le terme

« rituel de guérison ».

Concernant la délimitation de cette étude, seuls les patients souffrant de la rachialgie

commune telle que définie par Kuntz (2009) ont été retenus et considérés pour cette étude. De

plus, les patients devaient être des adultes, n’avoir jamais été traités en ostéopathie auparavant,

et consentants. Quant aux limites de cette étude, les plus importantes sont indéniablement la

difficulté de supprimer adéquatement les effets non spécifiques de la relation soignant/soigné

dans le groupe contrôle, et l’inexpérience du chercheur sur l’emploi des ECR aux moments de

la création du protocole.

1.1. Un aperçu de l’ensemble

La rachialgie commune est la terminologie pour désigner les douleurs au rachis d’origine

mécanique ou dégénérative. Elle regroupe les cervicalgies, les dorsalgies et les lombalgies.

Dans cette expérimentation, 26 sujets ont été rencontrés deux fois, dans un intervalle de plus

ou moins 10 jours. Deux groupes ont été formés : l’un, expérimental, et l’autre, de contrôle.

Ainsi, deux groupes ont reçu un traitement ostéopathique selon la méthodologie du CEO pour

traiter la rachialgie commune; cependant, le soin différait. Le questionnaire de la douleur de

Melzack devait être rempli avant chaque séance, et plus ou moins 10 jours après la deuxième
6

séance. Pour ce faire, dans le groupe expérimental, plusieurs éléments psychosociaux de

nature suggestive ont été accentués par le chercheur au travers de l’interaction

soignant/soigné. Alors que, dans le groupe contrôle, le chercheur tentait de rester neutre, dans

la mesure du possible, dans ses échanges avec les participants.


Chapitre deuxième

La revue de littérature
8

2. Préambule

Dans ce chapitre, nous survolerons, tantôt de façon détaillée, tantôt de façon succincte,

plusieurs notions se rattachant à notre sujet. Cette recherche met en relief une problématique

qui dépasse la simple compréhension du vocabulaire employé pour la formulation de notre

titre et de notre hypothèse. C’est pourquoi un lexique a été conçu pour faciliter la lecture

(annexe 13). Plusieurs notions et termes y figurent, afin que le lecteur puisse bien saisir le

questionnement et la problématique qui sous-tendent cette expérimentation. Les notions

relatives au terme « rituel de guérison » constituent le cœur de cette étude. Conséquemment, il

est capital que le lecteur puisse avoir en référence les bases sémantiques sur lesquelles le

chercheur et cette expérimentation s’appuient. Bien que, d’emblée, le terme « rituel de

guérison » ne soit pas employé à priori dans le vocabulaire en ostéopathie, il est pourtant

entrelacé à petite ou à grande échelle dans les processus entourant l’effet placebo, la relation

soignant/soigné et la guérison. En fin de compte, la communauté ostéopathique doit établir de

quelles façons sa pratique, ses théories et ses concepts se définissent par rapport à cette notion.

Pour composer notre revue de littérature, nous avons suivi un raisonnement qui permet, selon

nous, d’exposer les multiples facettes à la persuasion dans le contexte d’une étude sur les

rituels de guérison en ostéopathie. Hormis quelques sous-sections, les sources proviennent en

grande partie de revues systématiques fournies par les banques de données de PubMed ou de

Google Scholar. Pour commencer la recherche, nous avons tapé les mots-clés suivants :

healing ritual, persuasion, rhetoric, placebo, evidence-based medicine, complementary and

alternative medicine, osteopathy et sham treatment. Ensuite, nous avons lu les titres et les

résumés pour répertorier les études qui se rattachent à notre expérimentation. Lorsque
9

disponible, nous avons scruté en détail la méthodologie, et lorsqu’impossible, nous avons

seulement analysé le contenu du résumé. Toutes les fois que nous trouvions un article

pertinent, nous avons utilisé la touche « related articles ». Cette fonction de PubMed donne

accès à des articles portant sur le même domaine. De plus, nous avons aussi consulté les

articles des mêmes auteurs, et quelques fois leurs références pour avoir une idée d’ensemble

du propos en question. Les articles que nous avons conservés devaient remplir deux mandats.

D’une part, ils nous permettaient de mieux définir les différents sens et attributions aux termes

« rituel de guérison » et « persuasion »; d’autre part, ils devaient démontrer une rigueur dans

leurs démarches scientifiques. Par exemple, lorsque pertinent, les études devaient mentionner

leurs méthodes et exposer les biais possibles. Dans le cas des méta-analyses, les études

devaient préciser les démarches du recueillement d’articles.

Dans cette revue de littérature, pour exposer la problématique et justifier notre

expérimentation, nous avons suivi la logique dans l’ordre de la composition de notre

hypothèse. Ainsi, dans la première section, nous nous questionnons sur ce que le soin en

ostéopathie signifie; la problématique de cette étude découle de cette réflexion. Dans la

deuxième section, nous précisons ce qu’est la pathophysiologie de la rachialgie commune, et

nous faisons le pont de cette condition dans le contexte de la lésion ostéopathique. Dans les

troisième et quatrième parties, nous clarifions les termes « l’usage volontaire de la

persuasion » et « rituel de guérison ». La littérature entourant ce sujet est vaste, allant

d’aspects contenus dans la relation soignant/soigné et sa dimension thérapeutique. Dans la

cinquième section, nous recensons et critiquons les études quantitatives et qualitatives qui se

rattachent aux rituels de guérison ou à l’usage de la persuasion dans un cadre clinique. La


10

sixième section apporte une critique à la recherche expérimentale et commente son application

en ostéopathie.

« Au commencement était le verbe, et le verbe était en Dieu, et le verbe était Dieu. »


(Crampon, 1923, Prologue de l’Évangile selon Saint-Jean)

2.1. Le soin ostéopathique


Que signifie le soin ostéopathique? En quoi est-il différent du traitement? Devant la prémisse,

le tout est plus grand que la somme de ses parties; le soin c’est le tout, et le traitement,

l’ensemble de ses parties. Le soin ostéopathique est composé de la relation soignant/soigné, et

le traitement ostéopathique se compose à travers celle-ci. Sont-ils dissociables, en ostéopathie?

C’est en fonction de cette question que cette recherche s’articule.

Ainsi, dans le soin est contenue la relation soignant/soigné, et celle-ci est composée de

plusieurs éléments psychosociaux. En voici quelques-uns qui nous viennent d’emblée à

l’esprit : l’attitude positive, le toucher, l’empathie, la prise en charge, la réponse aux attentes,

les conseils, les suggestions et les recommandations (exercices, alimentation, repos, etc.). Pour

que ces éléments soient signifiants pour le patient, ils doivent être persuasifs lorsqu’employés

par le thérapeute.

Parallèlement, ces éléments sont aussi considérés comme des composantes du placebo.

Étymologiquement, placebo signifie « je plairai » (Larousse, 2007). Actuellement, deux

paradigmes s’affrontent sur le sens du terme « placebo » et sur la signification de son effet. En

ostéopathie, dans un camp, l’effet placebo est une nuisance aux résultats (Licciardone et

Russo, 2006; Hartman, 2009; Augustus, 2010), et dans l’autre, il est un outil thérapeutique
11

essentiel dans l’obtention de résultats (Moerman et Jonas, 2002; Kaptchuk, 2002; Sherman,

2008; Haynes, 2002; Sehon et Stanley, 2003; Patterson 2007; Korr, 1991).

2.2. La rachialgie commune


Nous avons choisi de mesurer la valeur curative des rituels de guérison contenue dans le soin

ostéopathique de la rachialgie commune pour plusieurs raisons. Premièrement, parce que la

rachialgie commune est une raison de consultation très courante en ostéopathie, et,

deuxièmement, parce que l’étude de la rachialgie en ostéopathie est à la source des concepts

ostéopathiques. Elle est intriquée dans la lésion ostéopathique, selon Korr (1986), et nous

sommes, en tant qu’ostéopathes, compétents pour la diagnostiquer.

2.2.1. La lésion ostéopathique selon Korr

Pour plusieurs, Korr est celui qui, « grâce à ses travaux, a sorti l’ostéopathie de l'empirisme

dans lequel certains scientifiques et médecins se plaisaient à la cantonner ». (www.snof.fr)

Voyons ses grandes lignes sur la lésion ostéopathique.

En lien avec notre recherche, nous trouvons qu’il est important de souligner que, pour Korr

(1986, 145), les origines de la lésion vertébrale ostéopathique peuvent être de diverses natures.

« En donnant au fuseau neuromusculaire une place aussi importante dans ‘l’origine nerveuse de la lésion
ostéopathique’, je n’ai pas voulu exclure ou sous-estimer le rôle des autres mécanismes réflexes… Je
n’ai pas eu l’intention non plus d’insinuer que le fuseau est à la source de facilitation des segments
médullaires associés aux lésions ostéopathiques »

Korr (1986, 29) explique que les facteurs psychosociaux jouent un rôle important dans le

concept de la lésion ostéopathique et de son segment facilité :


12

« … ces influx descendants peuvent exacerber l’état de la facilitation et aggraver ses répercussions sur
les organes innervés à partir du segment médullaire facilité; ils peuvent en outre provoquer ou intensifier
la douleur et rendre la lésion ostéopathique moins réceptive aux manipulations. Ne traiter que la source
afférente, mécanique, c’est traiter à moitié, négliger une partie très importante de l’étiologie de la lésion
et sortir la lésion de son contexte. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que chaque ostéopathe devrait devenir
psychiatre, mais qu’il doit prendre en considération l’environnement, les facteurs affectifs, etc., du
patient. »

Pour conclure, il suggère également :

« … il semblerait plus profitable, cliniquement et expérimentalement, de partir du fait que la localisation


des symptômes des lésions ostéopathiques pourrait être un des facteurs primordiaux de détermination de
la localisation des symptômes dans les maladies psychosomatiques. » (Korr, 1986, 30)

En d’autres mots, il explique qu’il y a plusieurs facteurs responsables dans les mécanismes

réflexes du corps. Une manipulation, aussi bien effectuée soit-elle, sur un segment facilité

n’aura pas les effets escomptés si elle n’est pas exécutée en tenant compte des facteurs

psychologiques et des altérations fonctionnelles relatives au contexte étiologique de cette

lésion. Et, à l’inverse, dans les maladies psychosomatiques, il faut prendre en considération les

altérations structurelles engendrées et les normaliser pour avoir un impact valable sur la

souffrance psychique.

C’est le principe de l’unité du corps, de l’interrelation structure/fonction, cause/effet, et de la

lésion primaire si chère à Still. Cette approche réflexologique mise de l’avant par Korr en

exposant la réciprocité entre physiologie et psychologie cadre avec notre recherche. Elle entre

pertinemment dans le concept des couples dialogiques (univers interactif du dialogue et

éléments des rituels de guérison qui favorisent des échanges entre couples opposés, voir 2.4.5.

et 5.4.), et, à l’inverse, le concept dialogique entre parfaitement en accord avec la pensée de

Korr et avec les principes Stillien.


13

2.2.2. Pathophysiologie de la rachialgie commune

Pour décrire la pathophysiologie de la rachialgie commune, nous utiliserons essentiellement la

nomenclature selon le rhumatologue et professeur Kuntz (2009).

La rachialgie commune est la terminologie employée pour désigner les douleurs au rachis

d’origine mécanique ou dégénérative. Elle regroupe les cervicalgies, les dorsalgies et les

lombalgies. Pour diagnostiquer une rachialgie commune, nous devons éliminer tout d’abord :

• La rachialgie de source viscérale; la douleur peut être projetée par un organe profond

(réflexe viscéro-somatique);

• La rachialgie symptomatique, qui peut provenir de plusieurs causes :

- tumorales : métastases, tumeur primitive, neurinome intrarachidien, et autres;

- infectieuses : spondylodiscite;

- inflammatoires : spondylarthropathie;

- d’ostéopathies fragilisantes : ostéopénie, ostéoporose, ostéopétrose;

- vasculaires et traumatiques.

Selon Kuntz (2009), la majorité des rachialgies est commune. Par contre, certains signaux

d’alarme justifient des examens complémentaires (biologie et imagerie). Il faut commencer

par un examen clinique du rachis pour objectiver un trouble mécanique ou dégénératif versus

une rachialgie d’origine viscérale. Il faut notamment prendre garde dans les cas où :

- la rachialgie débute après 50 ans;

- les douleurs sont essentiellement nocturnes;

- il y a aggravation progressive des douleurs et non-soulagement par le repos;

- il y a altération de l’état général, antécédents néoplasiques;


14

- il y a état subfébrile ou antécédent infectieux récent;

- il y a raideur rachidienne multidirectionnelle;

- il y a antécédents traumatiques.

Ainsi, de façon assez certaine, le diagnostic de rachialgie commune peut être émis si les algies

ne correspondent pas aux symptômes de la rachialgie d’origine viscérale, ou dite

symptomatique. Pour Kuntz (2009), le diagnostic de la rachialgie commune est simple. La

plupart des cervicalgies, dorsalgies et lombalgies sont d'origine mécanique ou dégénérative.

Les radiographies ne sont pas indiquées, à moins que la symptomatologie douloureuse ne soit

pas soulagée par les approches conventionnelles (antalgique, physiothérapie, infiltration,

traitement mécanique). Par contre, en raison de la grande discordance entre les radiographies

et les signes cliniques, Kuntz (2009) rajoute :

« il faut être prudent pour rattacher les algies aux signes radiologiques d'arthrose. Pour la même raison, il
n'y a pas lieu de surveiller l'arthrose lombaire par des radiographies itératives. Les autres examens
d'imagerie (scintigraphie osseuse, scanner, IRM) ne sont pas indiqués pour les rachialgies communes. Ils
sont réservés au cas où des éléments font craindre une origine symptomatique pour une lombalgie. Si les
radiographies standards ne sont pas démonstratives, il faudra alors nous méfier du retard radiologique
qui peut atteindre plusieurs semaines. Les "drapeaux rouges" : douleurs essentiellement nocturnes;
douleurs d'aggravation progressive; altération de l'état général; contexte fébrile; antécédents
néoplasiques; syndrome inflammatoire biologique; anomalies neurologiques, autres qu'une sciatique ou
névralgies cervicobrachiales. Le bilan biologique n’est pas nécessaire en première intention. Il est
indispensable si l’on craint une lombalgie symptomatique ».

Donc, pour notre recherche, toute rachialgie qui nous faisait suspecter une douleur d’origine

viscérale pathologique ou une rachialgie symptomatique, incluant les hyperesthésies et

paresthésies dans les membres supérieurs ou inférieurs n’a pas été retenue pour

l’expérimentation.
15

2.2.3. L’hétérogénéité de la population

Les douleurs associées aux rachialgies communes sont un problème de santé substantiel qui a

attiré un nombre considérable de recherches. De façon générale, l’efficacité des différentes

approches évaluées par les ECR (essais cliniques randomisés) pour soigner la rachialgie

commune n’a pas démontré d’effets significatifs (Wand et O’Connell, 2008).

Plusieurs cliniciens mettent en doute la validité de ces résultats, puisqu’ils ne représentent pas

leurs expériences cliniques avec ce type de souffrance. Selon eux, cette discordance entre les

résultats des ECR et la réalité clinique est due au fait qu’il y a hétérogénéité à l’intérieur même

de la population souffrant de la rachialgie commune. Il est pressenti que les effets des

traitements peuvent être dilués par l’application d’une simple intervention prodiguée à un

groupe complexe et hétérogène, alors qu’un ensemble varié de traitements répondrait de façon

plus efficace à leurs besoins. Cet argument présuppose que l’application d’une simple

intervention est efficace lorsqu’employée pour la bonne personne (Wand et O’Connell, 2008).

Or, Wand et O’Connell (2008) soulignent qu’à cause de la complexité de ce type d’algie, de

nombreux problèmes subsistent pour séparer en sous-groupes la population souffrant de

rachialgie commune. Dans cette optique, plusieurs catégories de douleurs sont comprises dans

la rachialgie commune. Ainsi, en partant de la douleur mécanique, non seulement devrions-

nous classifier les groupes selon les facteurs étiologiques et le contexte psychosocial, mais on

devrait aussi le faire selon les types de douleurs, par exemple : la douleur chronique, la

douleur psychosomatique et la douleur non spécifique.

Par contre, Wand et O’Connell (2008) apportent une autre hypothèse pour expliquer les

mauvais rendements observés. Ils proposent que les différentes approches ne soient pas
16

efficaces, car elles ne ciblent pas le bon système. Des données récentes démontrent que des

changements dans le cerveau surviennent lorsque le mal de dos ne s’est pas résorbé à

l’intérieur d’une période de trois mois. Ce qui soulève comme plausibilité que lorsque la

rachialgie commune persiste, cela peut être due à un problème de réorganisation et de

dégénérescence corticale. Ce domaine de la neuroscience en est un qui a récemment fait couler

beaucoup d’encre (voir 2.5.3. et ses sous-sections).

2.3. L’usage volontaire de la persuasion


Nous précisons dans la formulation de notre hypothèse vouloir mesurer l’usage volontaire de

la persuasion, car, consciemment ou non, plusieurs agissements de la part du soignant peuvent

avoir un effet persuasif sur le soigné. Nous avons voulu mettre en lumière cette interaction.

Blaise Pascal (1657) définit l’art de la persuasion comme « un rapport nécessaire à la manière

dont les hommes consentent à ce qu'on leur propose, et aux conditions des choses qu'on veut

faire croire. » (www.toutdesuite.net) Comme dans l’expression « se faire prendre par les

sentiments », la persuasion s’effectue souvent à travers un climat affectif. (www.toupie.org)

Les anciens ont défini l’éloquence comme étant « le talent de persuader ». Dans le dictionnaire

Larousse (2007), l’éloquence est définie non seulement comme étant « l’art d’émouvoir et de

convaincre par la parole », mais aussi comme « caractère de ce qui est expressif, significatif et

probant ». Cette deuxième définition dépasse le cadre de la parole, ou, du moins, l’étend à tout

ce qui s’y rattache : le verbal, le non-verbal et le paraverbal. Plusieurs méthodes peuvent être

envisagées pour être persuasif et/ou éloquent. Ces méthodes feront appel notamment à :

1) la raison, par l’argumentation, la logique, la méthode scientifique, la preuve…


17

2) l’émotion, par la rhétorique, les sentiments, les croyances, les valeurs, la foi, les

traditions…

3) l’inconscient, par les inductions hypnotiques ou suggestions, le mentalisme, le subliminal…

(Maris, 2009; et www.etudes-littéraires.com/argumentation.php)

2.3.1. Qu’est-ce que la rhétorique?

Rhétorique vient du mot grec « rhêtôr », qui signifie « orateur public ». C’est l’art de

persuader par le discours, l’art de l’éloquence de la dissimulation et du bien parler, ou, selon

Roland Barthes (1912-1980), éminent sémiologue français, c’est un « métalangage » : le

discours sur le discours. Aristote définit la rhétorique comme étant l’art de découvrir les

meilleurs moyens de la persuasion. Il reconnaissait que les réactions humaines étaient

motivées non seulement par la raison, mais aussi par la passion. Il saisissait l’apport de la

rhétorique dans le dialogue et avec les émotions (Aristote, 1991).

La rhétorique classique, issue de la logique, a été formulée au départ en tant qu’outil de

l’argumentation politique, mais elle peut se définir aussi comme étant l’art qui enseigne les

règles de la composition. Toutefois, le retentissement des applications de la rhétorique dépasse

le cadre donné par ses définitions. En revanche, cette deuxième définition introduit les notions

de systémique, de sémantique et de sémiologie (Finch, 2004). Ces notions sont fondamentales

pour explorer l’univers qui compose les rituels de guérison en ostéopathie. C’est ce qui fait

que cette étude sur la persuasion contenue dans des rituels de guérison en ostéopathie remette

aussi en question la persuasion contenue en ostéopathie.


18

Analogiquement à une toile d’araignée, Kuhn (1922-1996), philosophe et historien des

sciences, compare les diverses et multiples ramifications de la rhétorique et de ces métaphores

à ceux d’une toile de croyance (Sehon, Stanley, 2003). Celle-ci est imprégnée du contexte

sociologique et sémiologique (étude des signes et de leurs sens et significations) propre à une

culture (Harley, 1999). Selon Quine (1908-2000), influent philosophe et logicien américain,

les métaphores offrent des glissements de sens, une transposition d’idées, d’images et de

formes qui réfléchissent avec nos expériences sensorielles (Quine, 1953).

Ainsi, la rhétorique, par ces jeux de sens et de significations, et par ces multiples

interprétations, devient l’art de lire les lignes et de lire entre les lignes. C’est ce qui lui confère

son caractère ambigu, car elle soulève des paradoxes (Molinié, 1989; Rastier, 2001; Finch,

2004). Dans le cadre de cette recherche, il est nécessaire que le lecteur saisisse l’aspect ramifié

de la persuasion lorsqu’on l’analyse dans le contexte de la rhétorique. La rhétorique apporte la

notion de système à la persuasion. Cette dimension, la systémique, a été un moteur important

dans le développement de notre expérimentation. De façon explicite, notre hypothèse remet en

question la valeur thérapeutique de la persuasion comme outil thérapeutique en ostéopathie,

mais, de façon implicite, elle met aussi en relief une problématique entourant les conceptions

en ostéopathie sur le placebo. Pour mieux comprendre cette problématique émergente de notre

expérimentation que nous abordons dans la section 2.6., continuons à explorer la rhétorique.

2.3.2. Exploration du méta système rhétorique

« Knowledge without eloquence is like a sword in the hand of a paralytic. » (Harley, 1999,

415). « La connaissance sans l’éloquence est comparable à une épée dans la main d’un
19

quadriplégique. » Ce discours avait été prononcé en Italie, autour de l’an mille, par un

professeur de médecine à ses élèves (Traduction libre).

L’analyse des multiples facettes de la persuasion nous emmène vers la découverte d’un

système complexe de ramifications et d’interrelations. On s’aperçoit qu’elle est tout autant

intriquée dans l’art du discours scientifique que dans les bases philosophiques de la science.

Dans les paragraphes qui suivent, voici quelques éclaircissements.

Selon Moreira, M. Sc., Ph. D., le discours systémique a :

« … une identité ancrée dans les outils linguistiques qu’il utilise pour la construction des connaissances.
Ces outils appartiennent à une rhétorique paradigmatique spécifique : ils fonctionnent sur un mode
métaphorique, à l’aide de métaphores, d’analogies et de transferts de concepts. L’objet de la systémique
– à savoir, le système – est d’ailleurs lui-même une métaphore. » Moreira, 2010, 1

« Les analogies, les transferts de concepts et les métaphores font partie des outils épistémologiques des
disciplines. Le transfert de concepts et les métaphores ont, pourtant, des natures méthodologiques
différentes, qui sous-entendent des implications épistémologiques particulières. » Moreira, 2010, 2

Il est accepté entre scientifiques que l’emploi de la rhétorique et de ses différents outils de

persuasion comme les figures de style pour décrire et interpréter les phénomènes observés

enrichit la réflexion et permet les transferts de concepts (Kalinowski, Saltuklaroglu, Stuart,

Guntupalli, 2007). Skelton et Edwards (2000) rajoutent : « Nous pouvons retirer la science de

la rhétorique, mais nous ne pouvons retirer la rhétorique de la science. » La rhétorique, c’est

l’interconnexion, l’interaction. Elle est un instrument heuristique couramment employé dans

l’hypothèse, la discussion et la découverte scientifique (Van Beveren & De Haan, 2008). Bien

que, paradoxalement, les métaphores et les analogies peuvent obscurcir ou illuminer un

concept par leurs multiples interprétations (Paley, 2005; Sehon et Stanley, 2003; et Moreira,

2008), elles sont en même temps les ingrédients requis pour modéliser les résultats et amener

sens et significations à l’étude (Henrickson et McKelvey, 2002). L’emploi des métaphores et

des analogies est essentiel à l’avancement de tout champ scientifique; elles peuvent fournir de
20

meilleures bases explicatives et ainsi enrichir qualitativement l’interprétation de l’information

divulguée (Kalinowski et al., 2007).

Il nous apparaît important de mettre l'emphase sur cet aspect multidimensionnel de la

persuasion rhétorique pour la compréhension des objectifs de notre expérimentation. Les

métaphores et les analogies sont des outils essentiels à la fois de la science et dans la

composition des rituels de guérison. Voici, dans les paragraphes qui suivent, quelques

citations que nous avons recueillies et qui témoignent de l’importance de la persuasion

rhétorique dans la construction des concepts ostéopathiques.

Citation de Masiello (2000, 32), auteur du livre Ostéopathie, une perspective philosophique,

reprise par Tricot (2002, 18) dans la préface de sa traduction du livre Textes fondateurs de

l’ostéopathie dans le champ crânien de Sutherland :

« La métaphore est un dispositif unique, très flexible, permettant d’étendre les ressources du langage, de
donner un nouveau sens au mot, et ce dans des situations toutes particulières. C’est comme apprendre de
nouveaux tours à des vieux mots. En utilisant une ancienne étiquette d’une nouvelle façon, la métaphore
peut éclairer un aspect de l’existence qui n’a pas encore été communiqué. Ceci est particulièrement vrai
pour les phénomènes trompeurs, difficiles à cataloguer ou à épingler. En mettant en relation des mots
qui apparaissent opposés, la métaphore génère une tension qui nous pousse aux limites du langage ».

Tricot (2002, 18) rajoute :

« De plus, pour Sutherland, qui désirait nous communiquer des perceptions, le recours à la métaphore
était quasiment indispensable. Pour nous faire comprendre la fluidité et l’alternance du mouvement des
fluides corporels, il utilise la métaphore de la marée, pour nous faire comprendre la présence de la vie, il
parle du souffle de la vie, pour nous faire comprendre ce qui se transmet dans le corps reliée à la vie, il
nous parle de lumière liquide.

La métaphore constitue un puissant outil rhétorique, permettant de faire accéder l’autre à une réalité
difficilement exprimable par des mots. Elle est une interface entre le concret et l’abstrait, entre le
matériel et l’immatériel et permet d’apprécier la qualité plus qu’elle ne s’attache à la quantité. Hélas, ce
système de communication n’est pas admis dans le système biomédical actuel, presque uniquement
orienté vers l’objectivation, la quantification des éléments. En revanche, rien – pas même la métaphore –
ne peut remplacer l’expérimentation directe. La métaphore, aussi bien adaptée soit-elle ne devient claire
que lorsque la perception directe a eu lieu. Alors, elle devient limpide. »
21

Dans la préface de Philosophie de l’ostéopathie (Still, 2003, 28), Tricot insiste sur le recours

constant de Still à la pensée analogique par le biais de l’allégorie et de la métaphore pour

« faire comprendre des choses moins concrètes. » (Still, 2003, 28)

Ces citations témoignent de la valeur importante de la persuasion rhétorique dans le

développement de l’ostéopathie. Les métaphores et analogies apportent du sens à un propos en

faisant appel notamment à nos croyances et nos valeurs. Dans cette étude sur les rituels de

guérison et sur le recours à la persuasion, il est important de comprendre que, volontairement

ou non, le discours de l’ostéopathe se fera en fonction de ses croyances et de ses valeurs.

2.3.3. Distinction entre persuasion coercitive avec persuasion rhétorique

Selon Chambers (2006), professeur à la faculté de dentisterie ainsi que directeur associé aux

affaires académiques et aux bourses d’études de l’University of the Pacific, la coercition est

une forme de manipulation qui tente de changer le comportement d’autrui de manière

inconsistante avec ses valeurs. Elle s’effectue par la contrainte physique ou morale. Cette

suppression ou limitation de la liberté de choisir des individus, en retour, porte atteinte à leur

dignité et à l’expression de leur potentiel en tant qu’être individuel.

Toujours selon Chambers (2006), la rhétorique, c’est l’art de la persuasion. Elle diffère de la

coercition en ce sens que l’objectif de la rhétorique cible le changement des valeurs plutôt que

le changement de comportement en honorant le choix libre basé sur l’argumentation par la

logique (Chambers, 2006). Dans ce sens, la persuasion est utile pour la construction

significative d’une participation des membres à leur communauté. Elle permet de résoudre les
22

conflits éthiques et renforce la cohésion sociale entre les groupes d’une même communauté

(Chambers, 2006).

En lien avec notre étude, la clarification de cette distinction démontre, selon nous, le caractère

éthique et le bienfondé de l’usage volontaire de la persuasion dans un cadre thérapeutique.

2.3.4. Le pouvoir de la persuasion par l’art de la suggestion

Pour être bien compris, il faut être persuasif dans les signes que l’on envoie, et pour

comprendre les signes que l’on perçoit, il faut reconnaître justement leurs significations. Deux

processus sont à notre disposition pour interpréter ces signes (Finch, 2004) : 1) par la logico-

déduction (processus cognitif conscient), ou 2) par la psycho-intuition (processus cognitif

inconscient).

Par un esprit de synthèse, nous pouvons dire que l’usage volontaire de la persuasion s’effectue

à travers le langage (verbal, non-verbal et paraverbal) et autour de trois tactiques : 1) la

suggestion directe (s’adresse au conscient), 2) la suggestion indirecte (s’adresse à

l’inconscient) et/ou 3) la suggestion mixte (s’adresse aux deux). Selon Briefer et Briefer

(2002, 1), « la suggestion est l’art de faire naître une idée, un sentiment, un projet dans l’esprit

de son interlocuteur. Il s’agit d’un art subtil et délicat, parfois décisif dans la réussite d’un

projet thérapeutique. » Ils rapportent, dans le journal du Primary Care, que, parfois, l’emploi

de certains principes d’hypnose ou de la PNL (programmation neurolinguistique) peut s’avérer

utile pour le cheminement du patient vers la santé.

Nous n’étalerons pas les principes derrière les différentes tactiques de suggestion (directe,

indirecte et/ou mixtes) propres aux techniques d’induction hypnotique, mais nous voulons tout
23

de même que le lecteur soit au courant que ces moyens existent. Par contre, nous apportons

une petite attention à l’usage des métaphores et des analogies en tant que tactiques de

suggestion hypnotique, car elles ont été employées comme outils de persuasion dans

l’expérimentation de cette recherche. De plus, elles sont employées de façon machinale par la

population en général, et comme outil thérapeutique par tous les professionnels de la santé.

Olivier Lockert (2006), éminent hypnologue, dévoile, dans son livre intitulé Métaphores – Les

histoires qui guérissent, l’usage thérapeutique des métaphores et analogies. Il stipule que

l’usage d’un langage métaphorique peut être un moyen, notamment, pour adresser

l’inconscient d’un individu. Il estime que cela s’avérerait être un outil thérapeutique utile pour

tous professionnels de la santé (Lockert, 2006). C’est implicitement ce que notre recherche

veut démontrer.

2.3.4.1. Qu’est-ce que Still en pense?

Tricot et Gaisnon (2009) ont préparé et présenté une conférence intitulée : « Vie et œuvre

d’A.T. Still : Le fondateur de l’ostéopathie ». Ils rapportent des points de vue très intéressants

sur la position de Still par rapport à la suggestion. Voici ce que Still a répondu à une femme

qui insinuait que l’ostéopathie agissait sur les principes de l’hypnose.

« Eh bien, Madame, nous discutons effectivement de la loi de l’esprit, de la matière et du mouvement.


C’est peut-être de là que vous tirez l’association avec l’esprit. Mais nous nous en occupons d’une
manière différente de ce que vous semblez présumer et insinuer. Dans la seule journée d’hier, j’ai
réajusté 17 hanches. Et cela, sans recourir à aucune suggestion, je puis vous le dire. Il y a quelque temps,
W.O. Torrey du bureau de la santé du Missouri est venu avec les mêmes doutes que vous. Ensemble,
nous avons examiné des patients. Il a diagnostiqué 3 cas de luxation complète de la hanche, la tête du
fémur carrément sortie de sa cavité. Il m’a chronométré et j’ai traité les 3 hanches en quatre minutes et
quinze secondes. Il a lui-même évalué les patients avant et après le traitement. » (Still, 1998, 91)

Et bien qu’il ait défendu énergiquement l’association de l’ostéopathie à l’hypnose :


24

« Avant de passer à ce sujet, permettez-moi de dire que certaines personnes pensent que je suis un
mécréant, un mesmériste (sic) ou quelque chose du genre. Ôtez ce fatras de votre esprit maintenant et
pour toujours. » ( Still, 1998, 263)

« Certains pensent que l’ostéopathie est un système de massage, d’autres qu’il s’agit de guérison par la
foi. Pour ma part, je n’ai aucune foi, je désire seulement que le fondement soit la vérité. D’autres
pensent qu’il s’agit d’une sorte de chamanisme magnétique. Elle n’est rien de tout cela; elle est fondée
sur des principes scientifiques. » (Still, 1998, 252)

« Si, parce que je dénonce les drogues, vous me prenez pour un scientiste chrétien, retournez chez vous,
prenez une dose de raison et débarrassez-vous de telles notions. Si vous me considérez comme
mesmériste, une grande dose d’anatomie pourrait chasser cette pensée. » (Still, 1998, 214)

Tricot et Gaisnon (2009) avancent que, pris dans leurs contextes (le mesmérisme souffrant

d’une mauvaise presse, à l’époque), ces propos étaient « destinés aux étudiants friands de

dérives » face à l’enseignement, et en même temps pour « proclamer devant tous » que

l’ostéopathie est fondée sur des bases scientifiques et anatomiques.

Il est par contre mis de l’avant que Still employait des tactiques qui peuvent s’apparenter aux

principes d’hypnose (Still, 1998; Tricot et Gaisnon, 2009). Ceci est notamment immanquable

avec la manière dont il décrit guérir un alcoolique de son vice dans son autobiographie (Still,

1998, 100-101). Une autre anecdote tirée de la conférence de Tricot et Gaisnon (2009)

démontre l’usage volontaire de la persuasion par Still. Charles, son fils aîné, relate qu’il

apostrophait souvent des gens dans la rue pour leur parler d’ostéopathie.

« Il lisait souvent dans la pensée des gens qu’il côtoyait lors de ses tournées d’enseignement, juste pour
s’amuser, pour attirer leur attention et les intéresser à ses méthodes de traitement des maladies. Plus tard,
il cessa d’utiliser cette manière d’attirer l’attention parce que les gens commencèrent à appeler sa
science hypnotisme, suggestion, etc., alors qu’il ne cessait de proclamer qu’il n’avait aucun lien entre
son travail réel et sa conduite excentrique. » (Booth, 1905, 21)

Plusieurs citations dans cette sous-section ont été employées non pas pour être redondantes,

mais pour démontrer les différentes façons, en ostéopathie, dont la persuasion peut

s’immiscer, et comment elle peut être à la fois omniprésente et dissimulée, volontaire ou

involontaire.
25

2.3.4.2. Du mesmérisme à l’hypnose

Pour Franz Anton Mesmer (1734-1815), fondateur de la théorie du magnétisme animal, sa

doctrine, le Mesmérisme, peut se définir comme suit : « un fluide physique subtil emplit

l’univers, servant d’intermédiaire entre l’homme, la terre et les corps célestes et entre les

hommes eux-mêmes » (Tricot et Gaisnon, 2009, 11). Grand médecin pour plusieurs, charlatan

pour d’autres, son œuvre fut très controversée. Imprégnés du courant de la pensée vitaliste, ses

travaux vont dans le même sens que plusieurs médecins, notamment le célèbre médecin suisse

Paracelse (Tricot et Gaisnon, 2009; et Grignoli, 2005). Paracelse, père de la médecine

hermétique (spagirique), fait partie des pionniers qui ont développé des méthodologies

cliniques autour des lésions psychosomatiques et de l’effet placebo (Pilcher, 1921; Grignoli,

2005; et Prioreshi, 2006).

Selon Mesmer, nous possédons tous un magnétisme animal capable d’aider à la guérison de

son prochain. Ainsi, donc, le magnétiseur diffuserait ce fluide animal par le moyen de « passes

mesmériennes » (Tricot et Gaisnon, 2009; et Grignoli, 2005). Ces passes seraient véhiculées

par un contact kinesthésique (le toucher) entre le magnétiseur et le magnétisé. Des crises

magnétiques (crises convulsives, hystéries, transes) se produisaient suite à ce contact, et ainsi

en résulterait la guérison.

Le marquis de Puységur, élève de Mesmer qui reprend ces travaux, découvre que le contact

verbal est tout aussi efficace et que les convulsions ne sont pas nécessaires. Il rajoute que c’est

la volonté du magnétiseur qui est le véritable agent actif (Tricot et Gaisnon, 2009; et Grignoli,

2005). Ce conflit d’opinions entourant la dualité corps/esprit est toujours actuel en médecine
26

entre les partisans des approches thérapeutiques physiologiques et ceux des approches

thérapeutiques psychologiques (Tricot et Gaisnon, 2009; et Grignoli, 2005).

« … si le concept de psychosomatique renvoie aux liens entre psyché et soma, l’existence même de ces
liens est au cœur d’une polémique entre biologistes et psychanalystes. Nous sommes ici entre, d’une
part, la non-reconnaissance du concept par le fait qu’il n’est pas scientifiquement prouvé et la prise en
compte du registre biologique uniquement comme lieu de projection fantasmatique d’autre part. (…) La
problématique autour de l’existence du psychosomatique ne peut être ignorée par les professionnels de
la santé tant elle ouvre vers une réflexion dans les champs allant de la relation soignants-soignés aux
liens entre économie de santé, politique et société. » (Dousse, 2000, 2)

Le terme « hypnose » est créé en 1843 par l’écossais Braid; il donne une allure plus

scientifique au phénomène. À la manière du magnétisme, l’hypnose se fonde sur une théorie

métaphysique et sur la relation intime du patient avec son corps (Grignoli, 2005).

Grignoli (2005, 2) raconte, au cours du huitième colloque éthique de l’Hôpital de Bicêtre, que

le « paradigme holiste dérive, en psychologie, de l’étude de la perception et des émotions, de

la neurologie, de la psychanalyse et, en particulier, de la science qui a su unifier ces diverses

disciplines : la psychosomatique. » La psychothérapie moderne s’appuie à la base sur certains

de ces principes holistiques qui prennent racine dans la tradition populaire des guérisseurs

(Grignoli, 2005).

Cette sous-section fait ressortir que, dans une approche holistique de la guérison,

l’harmonisation entre le corps et l’esprit est indispensable. Tout en allant dans le sens de la

pratique et de la philosophie de l’ostéopathie, ces notions vont dans le sens de notre démarche

expérimentale. À la lumière des paragraphes ci-haut, nous en concluons, pour notre étude, que

l’usage de la persuasion derrière le toucher et les suggestions font partie intégrante de toute

intervention ostéopathique. Ainsi, à travers le contact verbal et kinesthésique, il n’est pas exclu

totalement que les ostéopathes induisent des transformations chez leurs patients à la manière

des hypnothérapeutes.
27

La citation qui suit provient du neurophysiologiste et ostéopathe Korr (1995), prononcée

oralement au cours du troisième congrès annuel britannique de l’ostéopathie. Elle n’affirme

pas l’aspect hypnothérapeutique de l’ostéopathie, mais confirme cependant l’importance

déterminante de certains aspects psychosociaux pour soigner le patient.

« How you talk to your patient, how you put your hands on the patient, your facial expression, the tone
of your voice, all this enters determining the patient’s response. You simply cannot deny that. »
(Korr, 1995)

(Traduction libre)
« Comment nous nous exprimons avec le patient, comment nous plaçons nos mains sur celui-ci, notre
expression faciale, le ton de notre voix, tous ces éléments auront un impact déterminant sur nos résultats
avec nos patients. Nous ne pouvons tout simplement pas le nier. »

Cette citation de Korr, selon nous, clôt bien cette section du chapitre deuxième et introduit la

section suivante sur les rituels de guérison. Tout en apportant concrètement une justification

supplémentaire à notre démarche expérimentale, elle nous demande, en tant qu’ostéopathe, de

réfléchir sur l’impact thérapeutique qui découle de notre interaction avec le patient.

2.4. Les rituels de guérison


Le terme « rituel de guérison » provient d’un article de Kaptchuk (2002), auquel se juxtapose

l’article de Moerman et Jonas (2002) sur le meaning response, qui veut dire : « réponse de

guérison significative issue d’une interaction sociale entre le praticien et le patient »

(traduction libre). Ces articles avaient été distribués en classe de méthodologie de 4e année du

temps plein au CEO durant la session d’hiver 2008. Apparemment, ces revues systématiques

viennent chambouler la conception traditionnelle du placebo; voyons comment ils rajoutent

une complexité à l’analyse de la valeur curative des médecines alternatives.


28

Kaptchuk (2002) emploie le terme « rituel de guérison » pour mettre en lumière une

problématique entourant la valeur thérapeutique des éléments psychosociaux de la relation

soignant/soigné. Ces éléments sont des biais connus de la recherche expérimentale (voir

section 2.6.). Ils sont souvent désignés comme faisant partie des effets non spécifiques du

traitement. Non spécifique dans le sens que les effets de ces éléments ne font pas partie de ce

qui est spécifique au traitement. Ces composantes de la relation soignant/soigné sont désignées

également comme des composantes du placebo. À l’heure actuelle, des arguments entre points

de vue philosophique et scientifique ont lieu en ostéopathie et en médecine sur

l’épiphénomène.

Notre recherche tente de rallier ces notions à l’intérieur d’une perspective ostéopathique. Nous

voulons pousser plus loin la réflexion sur les différents sens attribués au terme « placebo ».

Nous remettons en question la présence des rituels de guérisons dans certains paramètres

ostéopathiques, notamment derrière notre approche sensorielle. Par le biais de cette étude,

nous avons comme objectif que les ostéopathes reconnaissent la juste part de ce phénomène

parmi leurs interventions et leur efficacité thérapeutique.

2.4.1. Corrélation entre rhétorique et herméneutique

Finch (2004) relate qu’il existe une très étroite relation entre rhétorique (art de la persuasion)

et herméneutique (art de comprendre et de l’interprétation).

« Apprendre à parler, c’est aussi apprendre à penser, parce que la rhétorique étaye le jugement et invente
les solutions, parce qu’elle ouvre à une culturelle générale indispensable à notre vision du monde. Elle
dispose les idées, structure la pensée et donne le modèle d’ordre. Apprendre à parler, c’est aussi
apprendre à exister dans la société ou dans la vie tout court grâce au plaisir de bien dire et de se faire
entendre. Sans les mots pour les dire, nos idées sont stériles. (…)

Dans un nécessaire renversement dialectique, la rhétorique devient l’art de comprendre et d’interpréter le


discours de l’autre. » (Maris, 2009, 1)
29

De façon très avenue, le sociologue, philosophe et auteur Koesler (1964, 170) définit

l’empathie comme un « processus assez mystérieux grâce auquel on peut sortir de soi-même

pour se mettre à la place d’un autre. » Cela s’effectue autour de jeux clandestins (inconscients)

dans lesquels « pour deviner l’âme d’autrui, nous nous guidons sur les vagues repères du

mouvement, parfois à peine perceptible, des muscles du visage » (Koesler, 1964, 170). La

capacité de saisir justement les sentiments et les pensées d’autrui est à la base « d’un art, le

diagnostic médical, et d’une science, la psychologie » (Koesler, 1964, 170). Ainsi, l’empathie,

est cette « faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce qu’il ressent »

(Larousse, 2007). Nous citons Koesler (1964, 170) pour résumer le phénomène que nous

rattachons aux rituels de guérison.

« Le médecin, comme le shaman, a des relations doubles avec son malade : il s’efforce de ressentir ce
qu’éprouve le malade et, en même temps, il joue un rôle d’exorciste doué de pouvoirs surnaturels; il est
magicien, sorcier, saint, sage, hypnotiseur, guérisseur, confesseur et père. Les rôles changent, mais le
principe reste le même : il s’agit d’amener le malade à un acte de foi – soumission, vénération, transfert,
catharsis. »

Lardellier (2008) relate que dans l’expérience anthropologique, les relations interpersonnelles

sont un thème conceptuel qui se doit d’être réinvesti constamment par les sciences de

l’information et de la communication. La communication engendrée par les relations

interpersonnelles est examinée scientifiquement dans les disciplines telles que la linguistique,

la psychologie et la sociologie. Or, depuis quelques décennies, plusieurs théories connaissant

un étonnant succès médiatique proposent des outils plus ou moins scientifiques pour décrypter

la gestuelle et la communication non verbale de nos interlocuteurs (Lardellier, 2008).

Depuis la nuit des temps, l’homme tente de percer les mystères entourant les interrelations

entre le corps et l’esprit. Des disciplines occultes telles que la physiognomonie (art de lire la

physionomie ou les lignes du visage), la phrénologie (art de lire les formes, les bosses du

crâne), et d'autres ont vu le jour dans un temps ancien. Dans cette même lignée, plus
30

récemment sont apparues : la morphopsychologie, la grammaire psychogestuelle, la

synergologie et certaines applications de la PNL (programmation neurolinguistique), etc.

(Lardellier, 2008; et Winken, 2003). Pour Lardellier (2008), les auteurs de ces disciplines

prétendent toutes sortes de méthodes ou de pseudothéories capables de déchiffrer les véritables

natures dissimulées derrière le langage et la communication non verbale (Lardellier, 2008).

Lardellier (2008) et Winkin (2003) veulent nous mettre en garde face à ces pseudosciences et

ces similis-savoirs qui singent les codes académiques pour capter leur légitimité très lucrative.

Ils ont analysé scrupuleusement tous ces « chiromanciens de la gestuelle » avec les grilles

approuvées en sciences sociales de l’évaluation de scientificité d’un texte : « validité de la

méthodologie, cohérence de l’appareil critique, construction de l’objet, cadrage conceptuel,

ancrage épistémologique, problématisation, dialogue avec les auteurs du champ... »

(Lardellier, 2008, 3). Ils stipulent que d’aucune façon les critères ne sont satisfaits et que, par

ailleurs, la prose de ces bonimenteurs fourmille plutôt « de références mystico-ésotériques et

antirationalistes. » (Lardellier, 2008, 3)

Il est intéressant de comparer les points de vue de Lardellier (2008) et de Winken (2003) avec

ceux de Briefer et Briefer (2002) (voir 2.3.4.). Alors que pour ces derniers, la PNL est

valorisée comme outil thérapeutique, pour Lardellier (2008) et Winken (2003), elle est une

imposture, notamment au niveau des critères de scientificité. Ainsi, tout dépend de quel point

de vue on examine son contenu.

Notre étude sur la persuasion nous amène à poser un regard critique sur notre discipline. En

ostéopathie, les références métaphoriques et alchimiques sont abondantes (voir 2.6.2.6.). Bien

que les métaphores puissent être efficaces en tant qu’outil thérapeutique et qu'elles permettent
31

aussi d’illuminer un concept, elles peuvent parfois l’obscurcir (voir 2.3.2.). Il peut être

important, pour la crédibilité et le développement de l’ostéopathie, d’en tenir compte.

2.4.2. Les croyances

Le pouvoir des croyances est vastement documenté. Plusieurs phénomènes recensés en

médecine tels que l’effet Hawthorne, l’effet Rosenthal (Pygmalion), l’effet mouton-chèvre et

autres, témoignent de l’influence des attentes et de la persuasion dans les résultats cliniques

(Kao, Tyson, Martin et Lally 2008; Forestier, Françon et Graber-Duvernay, 2004). Faisons un

survol de ces phénomènes.

Le terme « effet Hawthorne » est employé pour couvrir plusieurs phénomènes entourant la

recherche expérimentale susceptible d’avoir influencé positivement les résultats. Les

participants se sachant évalués peuvent se comporter différemment; en général, cela se traduit

par une plus grande motivation. Dans ce sens, la recherche ainsi que la conscience du

participant deviennent des variables confondantes. L’effet Pygmalion (Rosenthal) se

rapproche de cet effet psychologique.

« Il a été mis en évidence lors d’expériences au cours desquelles des instituteurs (de qualité pédagogique
équivalente) se voyaient confier des classes (de valeur scolaire équivalente). Selon qu’on leur annonçait
préalablement qu’ils auraient affaire à des élèves doués et travailleurs ou au contraire à des élèves
médiocres et paresseux, les instituteurs développèrent des comportements et des attitudes qui eurent
effectivement pour effet d’amener leurs élèves à se conformer aux prédictions. Les classes d’élèves
réputées bonnes devinrent ainsi meilleures que celles réputées mauvaises. » (Melchior, 2001, 1)

Dans le contexte pédagogique, cet effet est aussi appelé « prophétie autoréalisatrice ». Ainsi,

par effet boule de neige, le fait de croire, d’émettre une prédiction, ou d’avoir une attente

envers une autre personne change notamment les perceptions, les attitudes, les anticipations,

les motivations, et donc les comportements de la population environnante. Ce qui, au bout du


32

compte, aura pour effet d’accroître les possibilités de la réalisation de la prédiction (Rosenthal,

1963 et 2010).

Un autre effet connu apparenté à ces phénomènes est celui de l’effet mouton-chèvre. Celui-ci

est notamment évoqué dans la thèse de Bérubé (2010, 119) : « soit qu’un effet est plus marqué

si le thérapeute y croit, et moins marqué s’il n’y croit pas. » Plusieurs recherches tendent à

démontrer que le niveau de confiance du thérapeute sur l’efficacité de son traitement affecte le

taux de succès (Janssen, 2006; Tiller, Dibble et Kohane, 2001).

2.4.2.1. Une histoire avec les chamans

Plusieurs chercheurs se sont intéressés aux phénomènes entourant les pouvoirs de guérison du

chaman. L’article de Hammerschlag (2009) est un bel exemple pour illustrer le pouvoir des

croyances et l’importance de la relation corps/esprit dans les processus de guérison.

Un psychiatre transculturel américain et un ingénieur mexicain grandement impliqué avec les

amérindiens huichol ont formé une équipe multidisciplinaire pour venir à bout de soigner une

épidémie qui durait depuis une décennie dans une des tribus huichol. Des actes de sorcellerie

en étaient la cause. Les enfants de cette tribu avaient beaucoup de difficulté à s’intégrer dans

une des écoles de transition. Ils sont devenus possédés par les démons qui entourent leurs

croyances et rites culturels. À l'école, ils se sont transformés de façon collective en animaux

agressifs. Plusieurs chamans, médecins et psychiatres de la région environnante ont été

appelés pour soigner ces enfants. Or, toutes ces démarches se sont avérées infructueuses. C’est

alors que le psychiatre et l’ingénieur ont trouvé la solution en incorporant à leurs interventions

une histoire de guérison (to weave a healing story) qui tenait compte des rituels et des

croyances traditionnelles de cette tribu.


33

Ces phénomènes témoignent de l’apport important que les croyances peuvent avoir sur les

processus de guérison. Les rituels de guérison sont essentiellement la compréhension de ce

potentiel.

2.4.3. Les mécanismes non spécifiques de guérison (MNSG)

Composantes du placebo, les éléments psychosociaux qui agissent par des MNSG sont

identifiés par Kaptchuk (2002) comme étant : la persuasion, l’attention, la relation

empathique, l’étiquetage des plaintes du patient, la supervision des signes vitaux, les

procédures entourant le diagnostic, le pronostic optimiste, les solutions alternatives, la

suggestion, et d'autres facteurs. Alors que pour certains médecins, ces éléments inertes ne sont

qu’une mise en scène quasi frauduleuse, orchestrée par des charlatans (Paley, 2005; Kaptchuk,

2002), d’autres remettent en question la valeur curative de ces éléments indissociables de la

relation soignant/soigné (Moerman et Jonas, 2002; Kaptchuk, 2002; Finch, 2004; Harley,

1999; et Cyrulnik, 2008).

Ainsi, ironiquement, le terme « placebo » ne peut que signifier l’élément inerte qui a favorisé

la guérison. Par contre, le sens que le placebo a pris pour le patient a été significatif dans son

processus de guérison et était tout, sauf de l’inertie (Kaptchuk, 2002). Les MNSG sont

observés, entre autres choses par Kaptchuk (2002) et Harley (1999), comme des parties

intégrantes de tout rituel impliquant le praticien et le patient sur la voie de la guérison. Ce

rituel tirerait son origine d’une tradition ancestrale relative au rapport empathique

soignant/soigné (Harley, 1999).


34

2.4.4. L’anthropologie

Il est recensé que plusieurs essais cliniques randomisés (ECR) ont démontré une corrélation

entre les attentes du patient et les attentes du praticien sur les résultats cliniques (Kaptchuk,

2002; Moerman et Jonas, 2002; Deslauriers, 2008; Bérubé, 2008). C'est-à-dire que plus les

attentes sont élevées, plus l’effet placebo sera grand. Plutôt que de parler de l’effet placebo,

Moerman et Jonas (2002) élaborent le concept du « meaning response », qui veut dire :

« réponse de guérison significative issue d’une interaction sociale entre le praticien et le

patient. » (traduction libre) Kaptchuk (2002) relate que les éléments psychosociaux reliés aux

MNSG font partie de ce que les anthropologues appellent la « performative efficacy »

(l’efficacité performante — traduction libre).

D’un point de vue anthropologique, la performance d’un rituel de guérison serait dépendante

d’un univers paradigmatique où s’enchevêtrent les croyances et les valeurs situées tant au plan

de l’individu que dans la culture et la société. Paradigme étant, selon Kuhn (1922-1996),

l’entière constellation de croyances, de valeurs et de concepts partagés par les membres d’une

communauté (Sehon et Stanley, 2003). Conséquemment, les anthropologues vont, de façon

générale, définir la culture comme un entrelacs de symboles et de significations au travers

duquel se forge une pléiade de concepts, de métaphores ou de signes (Moerman et Jonas,

2002; et Barry, 2005).

Cette efficacité performante s’appuie sur le pouvoir de la croyance, de l’imagination, des

symboles socioculturels, du « meaning » (sens, significations, symbolisme), des attentes, de la

persuasion et du rapport avec soi-même (Kaptchuk, 2002; Harley, 1999; Moerman et Jonas,

2002). Pour appuyer leurs observations, les chercheurs se référent aux éléments susceptibles
35

de générer un potentiel accentué d’effet placebo (placebogenic potential) tels que : la

persuasion dans l’interaction entre patient et praticien, la nature de la maladie, la thérapie

employée et le contexte thérapeutique (Kaptchuk, 2002; et Moerman et Jonas, 2002).

C’est donc par l’engagement du guérisseur dans son rôle social et par l’utilisation d’une

stratégie rhétorique que s’agencent subtilement des rituels de guérison (Kaptchuk, 2002;

Harley, 1999; Cyrulnik, 2007). Dans cette perspective, un pacte est ainsi conclu. Dans ce

contrat social, le soignant s’engage à soigner, et le patient s’engage à guérir (Harley, 1999;

Cyrulnik, 2007).

Cyrulnik (2007), éthologue (étude du comportement animal) et neuropsychiatre, va jusqu’à

utiliser le terme « d’ensorcellement » par les outils de la rhétorique afin d’expliquer ce

phénomène. De ce fait, une forme de charme ou d’envoûtement en viendrait à métamorphoser

le patient (Cyrulnik, 2007). Cette forme de « métamorphose » s’effectuerait dans un processus

d’autorésolution des conflits chez le patient. Pour Cyrulnik (2007), ce processus

s’accomplirait par l’entremise d’un mécanisme de résilience. La résilience étant cette propriété

de rebondissement, ou « caractéristique mécanique qui définit la résistance aux chocs des

matériaux » (Larousse, 2007), applicable par analogie chez l’être humain.

Dans le même ordre d’idée, et pour partager différentes appréciations de ce processus de

guérison, lors d’une entrevue, le docteur Barbier (président de l’Association nationale de

recherches et d’études en psychiatrie) souligne l’usage des antidépresseurs chez les enfants :

« Le traiter chimiquement, c’est aussi ne pas le pousser à utiliser ses propres ressources, ce

que les spécialistes nomment la résilience, c'est-à-dire sa capacité à émerger du malheur et de

la difficulté pour en sortir plus fort. » (Barbier, 2003, 56)


36

Dans notre mandat pour soigner nos patients, stimuler les mécanismes de résilience ou susciter

une réponse de guérison sont des objectifs qui nous apparaissent essentiels en ostéopathie. Il

semble que certains aspects psychosociaux qui entourent le soin en ostéopathie ont ce

potentiel. Vaucher (2008, 1), ostéopathe et chargé de recherche au département de médecine

communautaire de l’Université de Lausanne, stipule qu’en ostéopathie, l’interaction

soignant/soigné est riche en « rituels thérapeutiques placebo ». Selon lui, il est primordial de

mieux connaître l’implication de ce phénomène dans l’efficacité de nos interventions. Notre

étude sur les rituels de guérison est formulée en ce sens.

2.4.5. La relation soignant/soigné

Dans la revue The Society for the Social History of Medecine, Harley (1999) explique que la

relation soignant/soigné s’est développée à partir d’une construction sociale autour de la

maladie et de la guérison. Cette construction sociale s’établirait par le dialogue, depuis le

choix des mots (les sémantiques), les signes et les symptômes (les sémiologies) émis du

patient et par l’habileté du praticien à tisser des liens persuasifs, symboliques et significatifs à

partir de ceux-ci (Harley, 1999; Sehon et Stanley, 2003; Finch, 2004; Chambers, 2006; Knight

et Sweeney, 2007). L’interprétation juste des signes et la construction des explications sont au

cœur du diagnostic, de la thérapie et du pronostic (Harley, 1999).

Pour Finch (2004), cette capacité à tisser des liens persuasifs s’obtiendrait par la maîtrise

combinée de rhétorique et d’herméneutique (l’art de l’interprétation, l’art de lire les lignes et

entre les lignes). Elle s’effectuerait notamment avec l’aide des figures de style (métaphores,

analogies, etc.), des gestuelles et des mimiques, et doit tenir compte du contexte socioculturel

et psychosocial du patient (Harley, 1999; Sehon et Stanley, 2003; Finch, 2004, Chambers,
37

2006; Knight et Sweeney, 2007; Hobden, 2008). Ce dialogue serait initié, selon Kuhn (voir

2.2.2.), par le praticien et par son habileté à puiser dans la toile métaphorique des croyances du

patient (Sehon et Stanley, 2003), ce que Finch (2004) réfère à la discussion dialogique.

Cet outil rhétorique, la dialogique, met en valeur des échanges entre couples opposés (Morin,

2004; Tricot, 2005; et Finch, 2004). Cela s’effectue dans un rituel de guérison par l’entremise

d’un univers interactif entre langages verbal, non verbal et paraverbal issus de la relation

soignant/soigné où les sémantiques et les sémiologies s’amalgament avec rhétorique et

herméneutique. (Harley, 1999; Sehon et Stanley, 2003; Finch, 2004; Chambers, 2006; Knight

et Sweeney, 2007) Ce savant tissage permettrait d’entretenir un élément capital dans le

cheminement vers la guérison. Par exemple, la discussion dialogique peut modifier la

perspective du patient sur ses souffrances, permettre l’acceptation, offrir des solutions

transitoires et entretenir l’espoir de guérir (Harley, 1999; Finch, 2004; Chambers, 2006;

Moerman et Jonas, 2002; et Kaptchuk, 2002). Malgré qu’il n’y ait pas de règles ni de

méthodes pour parvenir à maîtriser la composition des rituels de guérison, ces éléments

incontournables compris dans toutes relations soignant/soigné contribuent au processus de

guérison du patient (Harley, 1999).

2.5. Recensement des recherches expérimentales qui se rattachent


aux rituels de guérison.
Tous les articles cités dans cette section proviennent de revues systématiques. Nous

parcourrons cette section sous deux volets : 1) en recensant les ECR qui se rattachent au

phénomène, et 2) en recensant les articles qui se sont penchés sur les processus neurologiques

rattachés aux rituels de guérison et comment ceux-ci modifient la perception de la douleur.


38

2.5.1. Les recherches sur le placebo et les composantes des rituels de guérison

En ce moment, le sens et les significations du terme « placebo » évoluent grandement. Dans

les dernières années, de nouvelles théories autour du placebo ont vu le jour. Celles-ci

préconisent notamment que le placebo représente l’aspect psychosocial de tout soin, et que

l’étude du placebo est essentiellement l’étude de la relation soignant/soigné et du contexte

psychosocial du patient (Koshi et Short, 2007). C’est dans ce cadre que Kaptchuk (2002)

évoque le terme « rituel de guérison », et que Moerman et Jonas (2002) évoquent le terme

« meaning response » (susciter une réponse de guérison — traduction libre).

Les connaissances actuelles suggèrent que tout traitement pour la douleur soit composé d’un

placebo. L’acupuncture et autres approches alternatives s’avèrent être des placebos

remarquablement puissants (Greene, Goddard, Maracusa, Mauro, 2009). Le placebo peut être

parfois aussi puissant sinon plus que sa contre partie active (médicament), puisqu’il n’a pas

d’effet secondaire (Greene et al., 2009). Alors que l’usage du placebo est considéré non

éthique, paradoxalement, tout thérapeute qui traite la douleur en exploite son potentiel

volontairement ou involontairement (Geene et al., 2009).

L’effet placebo semble dépendre de plusieurs facteurs, incluant les attentes du patient, la

personnalité du praticien, la relation soignant/soigné et le type même de la couleur du

médicament (Dobrilla, Scarpignato, 1994). Plusieurs recherches démontrent que l’effet du

placebo variera en fonction de l’attention portée à ces facteurs, et que plus l’effet placebo est

efficace dans le groupe contrôle, plus il sera ardu de démontrer par des données probantes

l’efficacité du médicament évalué (Dobrilla, Scarpignato, 1994). Malgré la variabilité dans la

grandeur des effets du placebo, le contrôle placebo dans les ECR reste l’outil le plus objectif
39

pour mesurer les effets d’un médicament sur une pathologie (Dobrilla, Scarpignato, 1994). Par

un besoin de standardisation, la valeur référentielle du pourcentage d’amélioration attribuée à

l’effet placebo est de 35,2 pour les affections médicales communes (Beecher, 1955; et

Godfroid, 2003). Voici quelques exemples concernant la variabilité de l’effet placebo. Ces

citations proviennent d’un article qui a fait le recensement des métas analyses sur les ECR et

des revues pertinentes sur la base de données de Medline. Les chercheurs de cet article ont

conservé pour l’analyse les articles qui possédaient un test statistique pour mesurer l’influence

du biais, et lorsque l’influence du biais sur les effets de l’expérimentation était mesurée.

« Dans une expérimentation sur la caféine, un premier auteur a montré que le fait de faire croire au
patient qu’on lui donnait un produit inactif diminuait la réaction normale à la caféine. Il en conclut que
le consentement demandé aux patients, dans les études en double insu, diminue la validité externe d’une
étude. Un deuxième a retrouvé un effet identique mais considère que l’information du patient sur la
possibilité de prise d’un placebo n’a qu’une influence limitée sur le résultat. Un troisième auteur a
essayé de quantifier l’effet placebo dans une méta-analyse comparant celui-ci à l’absence du traitement.
Il a constaté que le placebo n’était supérieur à l’absence de traitement que pour les critères subjectifs et
dans les cas de variables continues. Pour les variables discontinues et pour les critères objectifs rapportés
sous forme de variables continues, le placebo n’avait aucun effet significatif. L’analyse en sous-groupe
(qui était prévue dans le protocole) des essais sur la douleur montre, à l’opposé, que le placebo a un effet
significatif qui est de l’ordre de 6.5 mm à l’échelle visuelle analogique.

La comparaison à un placebo pose d’autres problèmes théoriques. Ainsi Kirsh a comparé deux groupes
des patients qui recevaient le même placebo. Un des groupes avait des instructions correspondant à un
double insu (placebo vs caféine). L’autre avait des informations « décevantes » l’informant qu’il recevait
un placebo. Pour certaines des variables mesurées (tension artérielle systolique, vigilance) les réactions
des deux groupes étaient opposées.

En chirurgie, un insu est possible et a déjà permis, par exemple, de constater que l’arthroscopie n’était
pas supérieure à une pseudo-intervention dans l’arthrose du genou. » (Forestier, Françon et Graber-
Duvernay, 2005, 253)

De plus, ils font la remarque sur l’analyse comparative entre traitements pharmacologique et

non pharmacologique de l’arthrose du genou que les différences de résultats sont en faveur de

l’approche pharmacologique. Selon eux, la différence n’est pas due à une méthodologie moins

rigoureuse, mais principalement à cause des difficultés à mettre en œuvre, dans une approche

non pharmacologique, un groupe placebo avec insu. Ils stipulent que les connaissances

actuelles « permettent d’avoir une idée de certains facteurs qui influencent potentiellement le
40

résultat des essais thérapeutiques. Elles ne sont pas suffisantes pour connaître l’amplitude

exacte de ceux-ci dans une étude donnée » (Forestier, Françon et Graber-Duvernay, 2005,

253). C’est implicitement ce que notre expérimentation a tenté de découvrir.

2.5.2. Les recherches qui se rattachent aux composantes des rituels de guérison

On s’aperçoit que le terme « healing ritual » devient de plus en plus populaire parmi les

revues systématiques. Les articles de Kaptchuk (2002), et conjointement celui de Moerman et

Jonas (2002), suscitent beaucoup de controverse actuellement. De nouveaux articles y faisant

référence apparaissent chaque mois. Voici une expérimentation très pertinente pour notre

étude.

Kaptchuk réalisa en 2008 une étude sur 262 patients souffrant de syndrome du colon irritable.

Dans cette étude, les patients étaient distribués aléatoirement dans trois groupes pour

déterminer l’effet cumulatif des composantes attribuées à un traitement rituel placebo. Le

premier groupe était en attente d’un traitement. Un traitement placebo d’acupuncture était

prodigué au deuxième groupe, et le troisième groupe recevait le même traitement placebo

d’acupuncture, mais celui-ci recevait davantage l’attention du thérapeute. Par exemple, dans le

troisième groupe, la visite du thérapeute était plus longue, des techniques d’écoute active

étaient employées, le thérapeute devait avoir un comportement chaleureux, amical et

empathique, il devait observer 20 secondes de silence pendant l’examen, et communiquer la

confiance et des attentes positives. Par les moyens du score d’amélioration globale, en trois

temps (une semaine entre chaque temps), les résultats suivants ont été obtenus. Le groupe en

attente a connu une amélioration de trois pour cent, vingt pour cent d’amélioration pour le

deuxième groupe, et trente-sept pour cent pour le troisième groupe.


41

Cette étude a été conçue pour démontrer l’importance des composantes associées aux rituels

de guérison dans l’obtention de l’effet placebo. Elle démontre par ailleurs que la douleur peut

être modifiée sans avoir recours à un traitement actif. Elle illustre aussi que la composante

relationnelle en est une d’importance dans l’obtention des bienfaits chez nos patients.

2.5.2.1. Le toucher

Ceci nous amène à exposer des disciplines connexes à l’ostéopathie et relatives avec notre

sujet. Depuis la nuit des temps, le pouvoir curatif généré par l’imposition des mains et les

manipulations est imprégné dans les croyances de toutes les civilisations humaines (Withers,

1960). Le contact physique, accompagné de suggestions hypnotiques, fait partie des rituels

employés par les sorciers, les magiciens, les chamans, les prêtres et les guérisseurs pour

charmer leur public (Withers, 1960). Dans une vision jungienne, ils ont un pouvoir archétypal.

Étymologiquement, archétype signifie : « ce qui est implanté depuis le début ». Synthétisés par

Koesler (1964, 334), les archétypes pour Jung sont :

« … les résidus psychiques d’innombrables expériences du même type éprouvées par nos ancêtres, et
implantées dans la mémoire de l’espèce, c'est-à-dire dans les couches profondes de l’inconscient
collectif, au-dessous du niveau des souvenirs personnels. C’est pourquoi lorsque se présente un motif
archétypal la réponse est beaucoup plus forte que ne l’expliquerait son apparence : l’esprit répond
comme un diapason à une note pure. »

Le toucher en ostéopathie joue un rôle prédominant. On impute au toucher le potentiel de

générer un effet placebo (Hobden, 2001). Examinons de plus près les études expérimentales

sur le toucher thérapeutique (TT).

Développé en 1970 par une « guérisseuse », Dora Kunz, et par Dolores Krieger, Ph. D.,

infirmière et professeure à l’Université de New York, le TT rappelle la pratique ancestrale de

l’imposition des mains. Elle s’apparente de près ou de loin au Qigong, au reiki, et


42

potentiellement à certains aspects présents dans le traitement ostéopathique (Whiters, 1960).

Bien que pour plusieurs, les effets bénéfiques du TT ne sont que de la valeur du placebo

(Cleland, Price, Lee, Gerard, Sharma, 2006; Chan, Perlman, Jason, Lam, Staller et Sigal,

2008), pour d’autres, elles sont un outil thérapeutique de grande importance.

« Pour ajouter à la controverse, selon les théoriciens du toucher thérapeutique, une des composantes
essentielles d’un traitement de toucher thérapeutique serait la qualité de centration, d’intention et de
compassion de l’intervenant, ce qui, il faut en convenir, n'est pas facile à évaluer cliniquement... »
(Cotret, 2008, 1)

Le touché thérapeutique est pourtant l’une des approches manuelles les plus étudiées et les

plus documentées scientifiquement. D’ailleurs, sa pratique est consentie dans plusieurs

associations d’infirmières à travers le monde, notamment du côté de l’Ordre des infirmières et

infirmiers du Québec (OIIQ), les Infirmières de l'Ordre de Victoria (VON Canada) et

l'American Nurses’ Association.

Fait intéressant, il n’y a pas de concordance sur le phénomène entre les études randomisées.

Les conclusions des métas analyses tendent à reconnaître une valeur curative potentiellement

plus importante que le placebo, mais cette performance serait inconstante (Peters, 1999; et

Winstead-Fry et Kijek, 1999). Le potentiel curatif dissimulé dans le TT serait dépendant de

celui qui prodigue le soin (healer dependant) (Chan, Perlman, Jason, Lam, Staller et Sigal,

2008).

Cela concerne explicitement notre sujet, puisque le toucher joue un rôle de premier ordre, à la

fois dans notre pratique et comme composante des rituels de guérison.


43

2.5.2.2. La kinésiologie appliquée

La kinésiologie appliquée est cette autre discipline controversée vastement documentée par les

ECR. Elle a été élaborée à la base par le docteur en chiropraxie Goodheart dans les années

1960. Principalement utilisée au départ par les chiropraticiens, elle a rapidement séduit les

médecins, les naturopathes, les ostéopathes, les dentistes et les nutritionnistes. En ostéopathie,

nous retrouvons ces principes derrière les points de Chapman, la balance inhibitrice, etc. Elle

est un outil de diagnostic et de traitement qui repose ses valeurs scientifiques et sa crédibilité

sur les bases physiologiques des réflexes neurologiques.

Cependant, sa crédibilité en tant que phénomène reproductible par l’expérimentation

randomisée est grandement mise en doute par la médecine officielle. Plusieurs anomalies dans

le déroulement des ECR appuyant la thèse de la kinésiologie appliquée ont été soulevées et ne

permettent pas de conclure à sa validité (Lawson et Calderon, 1997). « Les détracteurs de la

kinésiologie appliquée évoquent qu'un effet placebo pourrait être en jeu ou que les impressions

reçues par le thérapeute pourraient lui être transmises par son subconscient. Rien de clair »

(Dumoulin et Cotret, 2007).

Fait étonnant, pour la plupart des membres de la communauté médicale, les principes actifs

reliés aux notions de la kinésiologie appliquée ne seraient pas plus efficaces que le placebo

(Kenney, Clemens, Forsythe, 1998). Paradoxalement, la définition actuelle du placebo ne fait

pas l'unanimité, et concernant la kinésiologie appliquée, certains affirment que, cliniquement,

elle est un outil valable, mais que sa validation et son application scientifique ultime exigent

des méthodes plus complexes que celles employées actuellement. L’utilisation de modèles qui

intègrent les interrelations entre la neurophysiologie, la biomécanique, les ECR et l’analyse


44

statistique doit être explorée (Cuthbert et Goodheart, 2007). Toutefois, concernant cette

dernière référence, il est important de préciser qu’elle provient d’un article de chiropraxie.

Conséquemment, les arguments mis de l’avant par ces chercheurs pour défendre la

kinésiologie appliquée doivent être quelque peu nuancés.

En somme, alors que plusieurs n’y voient qu’une supercherie de charlatans, certains remettent

en question la convenance des méthodes utilisées pour étudier ce phénomène, et d’autres

perçoivent des composantes d’un rituel susceptible de déclencher une réponse de guérison

(meaning response).

2.5.3. Les processus neurologiques impliqués dans l’usage thérapeutique de la


persuasion

À notre connaissance, il n’y a pas d’études qui se sont penchées implicitement sur les

processus neuropsychologiques et neurophysiologiques impliqués dans les rituels de guérison.

Par contre, implicitement, plusieurs phénomènes peuvent s’y rattacher, notamment les effets

Pygmalion, Hawthorn, mouton-chèvre, etc. que nous avons déjà abordés. Dans cette sous-

section, nous aborderons des recherches que nous avons rattachées comme composantes des

rituels de guérison. Commençons tout d’abord par élaborer le concept de la plasticité et de la

neuromodulation.

Le neurobiologiste Barbara (2010, 78) définit la plasticité cérébrale comme le caractère

plastique du cerveau au niveau matériel et fonctionnel. Elle est cette capacité des cellules

nerveuses à se régénérer. Nous ne parlons pas de sa capacité à augmenter en nombre, mais à sa

capacité de se moduler, de se réorganiser en créant de nouveaux circuits, de nouvelles

« articulations ». Les nouvelles découvertes entourant les concepts de plasticité ont


45

littéralement bouleversé le champ de connaissances « dans tous les domaines des

neurosciences, à tous les niveaux d’organisations. » Barbara (2010, 79) stipule que ce

« mouvement vers le paradigme de la complexité dynamique » apporte un nouveau regard, et

ce, de façon magistrale dans le domaine médical. Il termine son article en précisant l’aspect

vital et essentiel de la plasticité cérébrale, « à cultiver subtilement, à mieux comprendre et à

protéger de tous ceux qui négligeraient de croire qu’elle n’est pas toujours fondamentalement

du côté de la vie » (Barbara, 2010, 79).

Ces notions concernent implicitement et explicitement notre sujet. Grâce à la venue de

l’imagerie par résonnance magnétique, on peut mieux comprendre comment le cerveau

fonctionne. Cela devient intéressant, car nous pouvons entrevoir le fonctionnement similaire

de l’hypnose et de la réponse du patient au placebo, et émettre l’hypothèse sur la manière dont

ceux-ci interagissent avec les perceptions de la douleur.

2.5.3.1. Les perceptions de la douleur

« La douleur est une expérience subjective, sensorielle et émotionnelle désagréable liée à une

lésion d’un tissu, potentielle ou réelle » (Faymonville et al., 2010, 67). En d’autres mots, la

perception de la douleur est propre à celui qui la ressent. La douleur est acheminée vers la

moelle épinière par les fibres nerveuses afférentes, en premier lieu vers la moelle épinière,

ensuite vers le thalamus, et, de là, vers différentes régions du cerveau : « le cortex cingulaire

antérieur, l’insula, le cortex somato-sensoriel, les noyaux caudés et l’amygdale » (Faymonville

et al., 2010, 67-68). La cartographie cérébrale nous montre comment toutes ces différentes

composantes de la douleur fonctionnent en réseau et principalement sur trois branches

(Faymonville et al., 2010, 68).


46

1. La perception sensorielle : encodée au niveau de l’insula et du cortex somato-sensoriel,

« elle permet l’interprétation, la sensation (ça pique, ça tire, ça pince, …), sa

localisation et son intensité. »

2. La perception émotionnelle : encodée au niveau du cortex cingulaire antérieur,

« signale l’inconfort (la douleur nous agace, nous épuise, nous use). »

3. La perception cognitivo-comportementale : située dans le cortex préfrontal et

prémoteur, « sert à interpréter la douleur et à modifier notre comportement en

conséquence. »

2.5.3.2. L’effet analgésique de la réponse corticale au placebo

L’effet analgésique du placebo est un des exemples les plus foudroyants de la modulation

cognitive de la perception de la douleur. Les mécanismes qui permettent cette réorganisation

corticale commencent à être élucidés. Les recherches récentes, par imagerie cérébrale,

permettent de comprendre comment l’effet analgésique du placebo s’effectue au niveau

cortical. Ces mécanismes sont apparentés avec ceux observés de l’hypnose (voir 2.5.3.3.). On

constate que la réponse au placebo se confirme par des modulations importantes, notamment à

partir du cortex cingulaire antérieur. Ces découvertes amènent à croire que l’effet analgésique

du placebo est dépendant de la capacité d’interactivité du cerveau avec les structures sous-

corticales. Les mêmes que celles impliquées dans l’apprentissage (Bingel, Lorenz, Schoell,

Weiller, Büchel, 2006).


47

2.5.3.3. L’hypnose et la gestion de la douleur

À cause des difficultés à objectiver l’hypnose et à cause de son aspect dissimulé, elle a été mal

comprise et longtemps associée aux pratiques des charlatans (Peterfy, 1973; Faymonville,

Marquet et Laureys, 2010; Withers, 1960). Elle s’avère toutefois indiquée pour le traitement

des maladies psychosomatiques et pour atténuer la perception subjective de la douleur

(Peterfy, 1973; Faymonville et al., 2010). L’hypnose est un mode de fonctionnement

particulier de l’éveil provoqué par la suggestion (Faymonville et al., 2010; Larousse, 2007). Il

s’agit d’un processus actif qui nécessite une motivation personnelle, mais aussi une confiance

et une collaboration étroite avec l'hypnothérapeute (Faymonville et al., 2010).

D’un point de vue neurophysiologique, les dernières avancées en recherche ont permis de

prouver que l’hypnose permet effectivement de modifier le fonctionnement neuronal

(Faymonville et al., 2010). Elle agirait à la fois au niveau des nerfs et du cerveau pour

diminuer la douleur ressentie (Faymonville et al., 2010). Plusieurs expériences nous

permettent d’établir que l’hypnose diminue la perception subjective de la douleur. « Il ne

s’agit pas de faire miroiter une guérison miraculeuse, mais de réduire l’inconfort et les doses

de médicaments avalés par les patients » (Faymonville et al., 2010, 66). Les travaux récents

avec la technologie de l’imagerie permettent en premier lieu de prouver que « l’état

hypnotique correspond bien à un état cérébral particulier » (Faymonville et al., 2010, 67). Les

configurations cérébrales sont différentes selon l’intensité des stimuli et selon que le patient

est sous hypnose ou en éveil. Des modulations sont observées au niveau du cortex cingulaire

s’il est suggéré à celui qui est hypnotisé que l’inconfort s’amplifie, ce qui « pointe le rôle

spécifique du cortex cingulaire antérieur dans la modulation de la douleur émotionnelle »

(Faymonville et al., 2010, 68). Un autre résultat curieux et inattendu est observé.
48

« Lorsque le sujet perçoit le stimulus comme plus douloureux, on observe, mais seulement lorsqu’il est
sous hypnose, une augmentation proportionnelle du débit sanguin dans la partie moyenne du cortex
cingulaire antérieur, la région 24. Hypothèse : l’activité augmente dans cette région – qui régule les
interactions entre cognition, perception et émotion – pour que l’individu puisse mieux gérer sa douleur.

Une autre expérience complémentaire montre que le débit sanguin augmente aussi en fonction de
l’intensité de la douleur sous hypnose dans un réseau de régions corticales et sous corticales qui sont
liées à la région 24 … » (Faymonville et al., 2010, 68).

Les études tendent à démontrer que, tout comme l’hypnose thérapeutique et l’effet placebo, le

toucher léger (light touch) ou toute intervention somato-sensorielle a le potentiel d’engendrer

une réorganisation de la neuromodulation corticale. Kerr, Wassermen et Moore (2007)

suggèrent différentes avenues pour expliquer comment le toucher peut modifier la perception

de la douleur. En ostéopathie crânienne, ces découvertes pourraient avoir des retombées

capitales. Par exemple, devant la démonstration que l’imposition des mains sur le crâne

apporte une augmentation de l’activité circulatoire endocrânienne, ces découvertes

rajouteraient des bases explicatives supplémentaires pour justifier notre efficacité

thérapeutique.

Concernant les rituels de guérison, ces découvertes signifient, pour nous, que l’effet

thérapeutique du toucher, de la relation empathique ou de la suggestion ne doit pas être

considéré comme un effet placebo. Ces éléments psychosociaux ne sont pas des éléments

inertes, et dans ce contexte, il n’y a pas de placebo, mais il y a, selon le degré d’interactivité

entre le soignant et le soigné un potentiel thérapeutique.

2.6. L’ère de l’EBM versus les modèles de recherche appropriés en


ostéopathie
Les composantes qui constituent les rituels de guérison sont les mêmes qui constituent le

placebo. Du point de vue de la médecine alternative, ces composantes sont essentielles dans
49

l’obtention d’un traitement de qualité. Du point de vue de la recherche médicale et des ECR

(essais cliniques randomisés), ces composantes sont des nuisances, car leurs effets ne font pas

partie de ce qui est spécifique au traitement à l’étude. Actuellement, un débat subsiste sur cette

problématique. L’ostéopathie est déchirée entre ces deux points de vue. D’un côté, elle veut

être perçue de façon crédible, et de l’autre, sa philosophie ne cadre pas dans ce modèle de

recherche. Pour mieux comprendre cette problématique, nous dressons un portrait d’ensemble

sur les ECR. Commençons par éclaircir la notion du concept EBM.

2.6.1. Qu’est-ce que l’EBM

Le concept EBM est originaire des applications cliniques des épidémiologistes de l’Université

de McMaster au début des années 1990. Il se promeut par son objectivité, notamment par son

apparente transparence dans le contrôle des biais liés à la recherche (Sehon et Stanley, 2003;

Haynes, 2002). Pour la médecine EBM, c’est-à-dire qui veut fonder ses faits sur des données

probantes (evidence-based medecine), les meilleures données, les meilleures preuves sont

celles recueillies par un ECR et par le contrôle de l’effet placebo (Patterson, 2002, 1184;

Sehon et Stanley, 2003; Haynes, 2003). Voici notre traduction de la définition anglaise la plus

largement acceptée de l’EBM : le moyen le plus consciencieux, explicite et judicieux

d’employer les meilleures données disponibles dans les décisions et dans les soins prodigués

au patient (Sackett, Strauss, Richardson, Rosenberg et Haynes, 2000).

Depuis les cinquante dernières années, et en tant qu’outil méthodologique, le groupe contrôle

placebo occupe un rôle de première importance dans les ECR (la règle d’or). Il est devenu

l’élément principal du concept de l’EBM (Macedo, Farré, Banos, 2003). Le contrôle de l’effet

placebo a été conçu pour éliminer les effets potentiels de facteurs psychologiques influençant
50

l’objectivité des résultats d’une thérapie ou d’un traitement quelconque à l’étude

expérimentale.

Encore faut-il savoir comment utiliser adéquatement le placebo dans les ECR pour bénéficier

de données probantes et objectives nous permettant d’en tirer des conclusions valables et

judicieuses (Patterson, 2002; Sehon et Stanley, 2003; Haynes, 2003; Forestier, Françon et

Graber-Duvernay, 2005). Les chercheurs suivants, Patterson, 2007; Korr, 1991; Kaptchuk,

2002; Moerman et Jonas, 2002; Haynes, 2002; Barry, 2005; Scott et Sehon, 2003; Couto,

1998; pour ne nommer que ceux-ci, émettent plusieurs critiques face à l’hégémonie de la

médecine EBM et de l’emploi des ECR comme élément capital pour développer les approches

thérapeutiques. Pour ces derniers, cela est d’autant plus vrai lorsqu’on veut démontrer

l’efficacité thérapeutique des médecines alternatives. Selon ces chercheurs, les médecines

alternatives évoluent dans une conception différente de la santé et du soin consciencieux. Ils

stipulent que les divergences conceptuelles entre ces deux toiles de croyances (médecine EBM

versus médecine alternative), pour reprendre la métaphore de Kuhn (voir 2.3.1.), sont

incompatibles. Conséquemment, de déterminer l’efficacité thérapeutique des médecines

alternatives par l’emploi des ECR, cela ne donne pas un portrait objectif de la réalité clinique.

Cette mise en contexte sur le débat houleux entre ces deux paradigmes médicaux, sur la

définition des termes « placebo » et « prodiguer les meilleurs soins aux patients », concerne

implicitement et explicitement notre sujet. Comment devrions-nous considérer les rituels de

guérison contenus dans la relation soignant/soigné? En ostéopathie, est-ce que l’effet placebo

doit être considéré comme une nuisance aux résultats ou un paramètre essentiel dans

l’obtention de résultat?
51

Selon plusieurs, le problème est d’ordre conceptuel (Patterson, 2007; Kaptchuk, 2002;

Moerman et Jonas, 2002; Haynes, 2002; Barry, 2005; Scott et Sehon, 2003; Couto, 1998). Des

questions complexes concernant le caractère éthique de ce que représente un soin légitime sont

soulevées. Kaptchuk (2002) pose les questions suivantes : Qu’est-ce qui devrait déterminer le

soin approprié? À qui de décider? La signification clinique derrière la récupération de la santé

d’un patient déterminée en fonction de sa propre « base line » (ligne de base), ou une

amélioration relative de la « fastidious efficacy » (efficacité fastidieuse — traduction libre)

déterminée en fonction d’une comparaison à un groupe placebo. Est-ce que les résultats sont

plus importants que la méthode (Kaptchuk, 2002)? Voici quelques arguments en faveur et

quelques arguments contre le concept EBM.

Les arguments en faveur du concept EBM :

- A été conçu pour protéger la population des charlatans (Sackett, Strauss, Richardson,

Rosenberg et Haynes, 2000).

- Les ECR permettent de déterminer des moyens sécuritaires et efficaces d’intervention, de

diagnostic et de prévention (Sehon et Stanley, 2005; Haynes, 2002; Barry, 2005).

Les arguments contre :

-Ne tient pas compte de la réalité clinique et du contexte psychologique, social et affectif du

patient (Savard, 2003; Barry, 2005).

-Peut perturber le jugement clinique et les facultés intuitives du clinicien. Ceux-ci prioriseront

les données des ECR au lieu de se référer à leurs expériences cliniques (Sherman, 2008;

Haynes, 2002).
52

Le docteur Sherman (2008) rajoute que la réalité clinique ne vit pas dans les limites d’un

double aveugle randomisé ni dans un laboratoire. Plusieurs critiques rapportent des agendas

politiques ou pharmaceutiques, et donc économiques derrière l’EBM (Berkeley et Springett,

2006; Barry, 2005; Haynes, 2002). Barry (2005) suggère que la médecine EBM a été créée en

partie pour contrôler la menace des médecines alternatives face à l’hégémonie des compagnies

pharmaceutiques et de la médecine officielle en occident.

Le terme « evidence » peut avoir plusieurs sens, en médecine. Il y a entre autres le sens

épidémiologique qui priorise la preuve statistique par les ECR, et il y a le sens

anthropologique qui priorise les regards ethnographiques, sociologiques et

phénoménologiques de la maladie et de la guérison (Barry, 2006). De « fortes évidences »

indiquent que la médecine alternative peut être particulièrement efficace pour générer l’effet

placebo dans le système des soins de la santé (Kaptchuk, 2002; Moerman et Jonas, 2002;

Harley, 1999; Sehon et Stanley, 2003). Les médecines alternatives administrent une large dose

de ce que les anthropologues nomment de la « performative efficacy » (l’efficacité

performative). (voir 2.4.4.) Ils rajoutent que les médecines alternatives ne mesurent pas les

mêmes valeurs et n’utilisent pas le même langage que l’EBM.

De façon générale dans la médecine alternative, les cliniciens priorisent dans leur grille

d’analyses la dimension holistique de la santé (Barry, 2005). Dans cette optique, le corps

possède une force intuitive de guérison; avec ce contexte, il ne s’agit que de la relancer avec

les bons outils thérapeutiques et d’encourager le patient à entretenir sa santé avec des actions

saines (Fleming, Rabago, Mundt, Fleming, 2007). Dans ce modèle d’action clinique, la

maladie n’est pas une entité qu’il faut combattre, mais un guide dans le développement

personnel de l’individu (Fleming, Rabago, Mundt, Fleming, 2007). Inutile de préciser que
53

l’impact sur la spiritualité d’un individu et les répercussions de cet impact sur sa santé sont des

éléments difficilement quantifiables par l’EBM. Dans les lignes qui suivent, nous énumérons

quelques arguments pour lesquels il faut nuancer les résultats et l’emploi des ECR.

1. Les meilleures données sont celles qui ont les meilleurs contacts et le plus grand

budget (Barry, 2005).

2. Les biais sont parfois difficilement contournables. Les intérêts derrière la recherche et

la manipulation ou la mauvaise interprétation des données statistiques sont monnaie

courante (Sherman, 2008).

3. Les trouvailles statiquement significatives ne sont pas nécessairement pertinentes à

l’application clinique (Skelton et Edwards, 2000).

Selon Sherman (2008), sans la perspective critique et adéquate des cliniciens face aux données

fournies par l’EBM, ceux-ci pourraient ne pas tenir compte de modalités thérapeutiques

bénéfiques pour leurs patients. Le dénigrement des médecines alternatives par la médecine

officielle est un exemple de ce manque flagrant de « gros bon sens » (Sherman, 2008, 1).

Malgré une littérature extensive sur la valeur thérapeutique des médecines alternatives, en

général, ces approches sont boudées par les médecins (Koutouvidis, 2004). Les arguments

seront qu’elles ne sont pas scientifiques, et que statistiquement, elles n’ont pas démontré une

efficacité supérieure au placebo. Hormis certaines approches telles que l’acupuncture ou

l’homéopathie, où il est plus facile de reproduire un placebo acceptablement identique, dans le

cas de la chiropraxie ou de la massothérapie, les ECR avec le double aveugle sont moins

appropriés et ce manque ne reflète pas leur inefficacité (Sherman, 2008; Koutouvidis, 2004).

Dans les lignes qui suivent, nous énumérons les raisons pour lesquelles il faut nuancer les

résultats et l’emploi des ECR en ostéopathie.


54

1. Le double aveugle a été conçu au départ pour mesurer l’efficacité d’un médicament, et

dans ce contexte pharmaceutique, le placebo est facile à effectuer; les biais sont

minimisés et les conclusions sont plus objectives (Patterson, 2007).

2. En ostéopathie, il est difficile d’effectuer des ECR avec la même aisance qu’un

traitement médicamenteux (Patterson, 2007; Licciardone et Russo, 2006).

3. Le choix d’un groupe contrôle crédible, en ostéopathie, est un défi de taille, notamment

à cause de l’hétérogénéité des méthodes et des pratiques de l’ostéopathie (Licciardone

et Russo, 2006).

4. Le double aveugle, en ostéopathie, ne peut être réalisé dans l’application d’une

intervention manuelle, puisqu’il est impossible pour celui qui applique l’intervention

de le faire à son insu (Licciardone et Russo, 2006).

5. Le simple aveugle, en ostéopathie, pose d’autres problèmes; le placebo doit être

administré d’une façon persuasive pour répondre aux attentes de la population

contrôlée, sans qu’il produise toutefois un réel effet thérapeutique (Fulda, Silcho et

Stoll, 2007; Licciardone et Russo, 2006).

6. Les médecines alternatives n’ont pas les moyens de se permettre des études sur une

grande population. Une plus petite population à l’étude est sujette à développer plus de

biais et à atteindre plus difficilement une différence statistiquement significative

(Koutovidis, 2004).
55

Les difficultés à démontrer une différence statistiquement significative avec les médecines

alternatives ont généré des points de vue diamétralement opposés parmi les communautés

scientifique et médicale (Koutouvidis, 2004).

1. Les médecines alternatives devraient être exemptées d’examens scientifiques


minutieux.

2. Les thérapies qui ne peuvent être évaluées scientifiquement ne devraient pas avoir de
droit de pratique.

En rapport avec notre recherche, plusieurs éléments de cette sous-section concernent la

problématique mise de l’avant avec notre expérimentation. La plus importante à retenir est que

la médecine officielle évolue dans un cadre totalement différent des médecines alternatives.

Ces dernières priorisent la dimension holistique de la santé. Selon Kaptchuk (2002), Moerman

et Jonas (2002), Harley (1999), Korr (1991), Patterson (2007) et Vaucher (2008), les

composantes des rituels de guérison constituent, volontairement ou involontairement, une part

importante dans nos interventions. De vouloir enlever les effets non spécifiques de la relation

soignant/soigné pour isoler l’effet spécifique du traitement, cela ne constitue pas une

démarche qui permet de mesurer la grandeur réelle de l’efficacité du traitement ostéopathique

(Korr, 1991; Patterson, 2007; Vaucher, 2008). Avec l’intention ultime de formuler des

modèles de recherche les plus appropriés pour l’essor de l’ostéopathie, le neurophysiologiste

Patterson (2007), grandement impliqué dans le développement de la recherche en ostéopathie,

suggère à la communauté ostéopathique de repenser aux questions qu’elles posent dans le

cadre de l’EBM. En somme, celles-ci doivent cadrer à la fois avec les principes

philosophiques et la pratique de l’ostéopathie.


56

2.6.2. Pas de consensus sur la conduite appropriée des ECR en ostéopathie

Plusieurs recommandations sont avancées concernant la conduite appropriée du traitement

manuel placebo dans les ECR, mais au sein de la communauté ostéopathique, il n’y a pas de

consensus sur le groupe contrôle placebo (Patterson, 2007; Hobden, 2001; Licciardone et

Russo, 2006; Hartman, 2009). Certains D.O. s’objectent « en mentionnant que le toucher

humain a toujours un certain effet, même s’il est minime » (Hobden, 2001; Bérubé, 2009). La

désignation de traitement manuel avec effet minime serait plus appropriée (Hobden, 2001).

Licciardone et Russo (2006) identifient plusieurs éléments entourant le soin ostéopathique (les

conseils et les exercices recommandés, le statut de l’ostéopathe, etc.) qui peuvent influencer

les résultats des ECR en ostéopathie. Ainsi, un ECR où le thérapeute fait un suivi avec son

patient favorise davantage un climat empathique où les effets non spécifiques d’un traitement

(similaire à l’effet Hawthorne) seront accentués. Licciardone et Russo (2006) décrivent

l'expression « les effets non spécifiques d’un traitement » comme étant un vaste amalgame de

facteurs idiosyncratiques (la persuasion, la suggestion et le désir du patient de vouloir faire

plaisir à son thérapeute) dissimulés dans plusieurs formes d’expériences médicales. Bien que

Licciardone et Russo (2006) avertissent toutefois les cliniciens de ne pas avoir une attitude

froide ou désinvolte (car cela pourrait produire un effet nocebo) dans les ECR, ils

recommandent toutefois que les protocoles tiennent compte de ces facteurs pour minimiser les

biais.

Un autre élément crucial qui peut influencer les résultats d’une recherche est les attentes du

patient en fonction du groupe qui lui est assigné (Deslauriers, 2009; Licciardone et Russo,

2006). Il est largement reconnu dans la communauté médicale que les attentes et les croyances
57

des patients en fonction de l’efficacité du traitement qu’ils recevront auront un effet

significatif sur leur douleur, leur mobilité et leur qualité de vie (Licciardone et Russo, 2006).

Ainsi, ils recommandent encore une fois une prudence accrue dans l’élaboration des

protocoles. Plusieurs stratégies sont proposées, notamment en mesurant la crédibilité du

groupe contrôle avec une fiche évaluant les attentes des patients en fonction du groupe qui leur

est assigné. Ils parcourent, dans leur article, des ECR sur le mal de dos en ostéopathie et

donnent différentes recommandations pour minimiser les biais.

2.6.2.1. Bien comprendre la question et bien interpréter les résultats

Le neurophysiologiste Patterson, dévoué pour la recherche sur le développement de

l’ostéopathie, donne un autre son de cloche à ces effets dits non spécifiques du traitement et

apporte un différent point de vue à l’interprétation des résultats des ECR sur le mal de dos

analysé par Licciardone et Russo (2006). Nous continuons donc dans cette sous-section avec

une critique de Patterson (2007) sur l’article de Licciardone et Russo (2006).

Dans une des études, le groupe contrôle (faux traitement) et le groupe expérimental n’ont pas

eu de différences significatives entre eux; or, ils ont mieux performé que le groupe qui n’a

reçu aucune intervention. Les déductions de Licciardone et Russo (2006) pour expliquer les

résultats équivalents entre le groupe expérimental et le groupe contrôle sont que, notamment,

l’intervention manuelle était effectuée par des étudiants. Or, Patterson (2007) révèle que bien

que le protocole d’intervention dans le groupe contrôle prend soin d’éviter les domaines du

diagnostic de la dysfonction somatique, ce protocole utilise une série extensive de gestuelles

propres à l’évaluation ostéopathique, incluant des touchers légers et des simulations de

techniques manipulatoires ostéopathiques de magnitude moindre. Il conclut que ce protocole


58

d’intervention manuelle placebo peut certainement avoir eu des effets sur le mal de dos,

spécialement s’il a été effectué par des étudiants bien entraînés.

Dans une autre recherche sur le mal de dos, les fiches évaluant la crédibilité des participants

ont démontré une différence significative entre les attentes des patients en fonction de leur

groupe assigné (Licciardone et Russo, 2006). Dans le groupe expérimental, la fiche décrivait

l’usage de techniques manipulatoires ostéo-articulaires pour ramener la mobilité, alors que

dans le groupe contrôle, la fiche décrivait l’usage de touchers légers qui encouragent la

communication entre les systèmes nerveux et endocrinien, ce qui aura pour effet de favoriser

une diminution de la douleur et l’autorégulation. Bien que les chercheurs stipulent que cela

peut avoir une influence sur les résultats, ils n’en ont pas tenu compte. Ils appuient leurs

déductions sur le fait que bien qu’il y avait une crédibilité accrue en faveur de la description

de l’intervention manuelle du groupe expérimental, cette différence n’influençait pas

significativement les résultats, puisque le ratio est resté le même et ne concordait pas avec les

ratios des effets des traitements.

Encore une fois, Patterson (2007) n’est pas d’accord avec ces interprétations. Il souligne que

cette recherche ne précise pas les critères d’inclusion et d’exclusion. Par exemple, si quelques

individus qui étaient assignés au groupe contrôle avaient déjà eu l’expérience antérieure d’un

traitement ostéopathique incluant des manipulations ostéo-articulaires, la description du

traitement manuel dans le groupe contrôle pourrait ne pas avoir été convaincante pour ces

individus. Ces exemples expriment bien les difficultés rencontrées pour conceptualiser des

protocoles crédibles en ostéopathie (Patterson, 2007; LeCorre et Toffaloni, 1996). À ceux-ci

s'ajoutent le fait d'avoir un échantillonnage suffisant (au moins six cents personnes), la

sélection des volontaires et des témoins aléatoires, le choix des techniques agissantes
59

employées et du placebo témoin, l’expérience du clinicien et le suivi du contrôle sur plusieurs

mois. Satisfaire sans contestation tous les critères de scientificité requis pour réaliser un ECR

valable en ostéopathie semble quasiment impossible (Patterson, 2007; LeCorre et Toffaloni,

1996).

2.6.2.2. La recherche pour le développement de l’ostéopathie

Pour Patterson (2007), les études de type pragmatique sont de loin les plus appropriées pour

les études en ostéopathie. Car dans une étude de type fastidieuse, par exemple avec les ECR,

le modèle linéaire de la relation de cause à effet établit d’emblée que 1) tous changements

observés dans le groupe expérimental sont dus à l’action du médicament, et 2) tous

changements observés dans le groupe contrôle sont discrédités, puisqu’ils ne sont pas dus à

l’action du médicament. Ils sont donc relégués aux effets placebo. Or, on ne peut aussi

facilement catégoriser les conclusions d’un ECR en ostéopathie. Patterson (2007, 2) pose les

questions suivantes : « Est-ce qu’effectivement l’effet placebo à un effet sur les résultats d’un

ECR, et est-ce que ces résultats sont réels? »

À notre grande surprise, Patterson (2007) cite l’article de Moerman et Jonas (2002), ainsi que

celui de Kaptchuk (2002) pour répondre à ses questions. D’ailleurs, il s’agit précisément des

articles qui nous ont inspirés pour la formulation de notre hypothèse et que nous avons

employés pour décrire le terme « rituel de guérison » (voir 2.4.). Ces articles répondent aux

questions de Patterson par l’affirmative. Ils explorent sur le sens et la signification derrière

l’interaction sociale entre le praticien et le patient; la façon dont ce dernier perçoit sa relation

vis-à-vis son praticien. Ces éléments peuvent avoir un impact curatif significatif sur une

multitude de pathologies somatiques, psychologiques, et sur l’espérance de vie du patient. Ils


60

proposent le terme « meaning response » (réponse significative — traduction libre) pour

nommer le phénomène. Dans leurs conclusions, ils ajoutent que même les résultats des ECR

sur les médicaments en pharmacologie et sur les procédures médicales sont affectés par les

attentes des patients (Moerman et Jonas, 2002; Kaptchuk, 2002). Pour Patterson (2007), si

cette prémisse est véridique, le modèle linéaire de la relation de cause à effet dans le contexte

d’une étude de type fastidieuse n’est plus la règle d’or.

2.6.2.3. Comment aborder le placebo en ostéopathie?

De façon très actuelle, Korr (1991) mentionne qu’il est essentiel que l’évaluation de

l’efficacité du traitement ostéopathique soit l’évaluation de celui-ci comme il est pratiqué.

C'est-à-dire que la totalité de l’interaction entre le praticien et le patient doit être prise en

considération. On ne peut fragmenter le traitement pour en isoler, arranger ou standardiser une

procédure. L’effet placebo en ostéopathie fait partie des effets escomptés (Korr, 1991).

La philosophie de l’ostéopathie apporte indirectement un défi au modèle linéaire de la relation

de cause à effet telle qu’établie par les populaires ECR (Patterson, 2007; Korr, 1991). En

plaçant systématiquement le patient au cœur du processus de guérison, la profession

ostéopathique mise sur des variables (relation soignant/soigné, perceptions et interprétations

du patient) qui apporteront inéluctablement des effets curatifs significatifs (Patterson, 2007;

Korr, 1991; Kiene, 1996; Feinstein, 1983; Kaptchuk, 2002; Moerman et Jonas, 2002). Dans

cette perspective, le double aveugle est réductionniste et inutile aux chercheurs intéressés à

investiguer l’efficacité du traitement ostéopathique (Patterson, 2007).


61

Bien que les ECR sont certainement utiles pour investiguer certaines questions concernant un

aspect spécifique d’une technique manuelle en ostéopathie, ils ne sont pas habilités, selon

Patterson (2007), pour répondre à la complexité de la question que la médecine ostéopathique

pose indirectement à la médecine officielle (Patterson, 2007). C'est-à-dire que d’un point de

vue systémique, on ne peut diviser le tout pour en analyser une partie. Derechef, ne catégoriser

d’aucune valeur certains éléments gravitant autour de l’épiphénomène n’est pas réaliste. Un

système change presque toujours lorsque certaines de ses caractéristiques sont mises de côté

(Patterson, 2007, Tricot et Gaisnon, 2009).

Patterson (2007) répète que les ECR ont tout de même une place dans l’analyse de certains

aspects de la recherche en ostéopathie. Par exemple, l’efficacité d’une technique spécifique

ostéo-articulaire avec thrust pour soigner le lumbago est démontrée par plusieurs excellentes

études, dont celle de Hoehler, Tobis, Buerger (1981). Ceux-ci ont affirmé que tout de suite

après un ajustement spécifique des lombaires avec thrust (comparé à un groupe contrôle dans

lequel les paramètres d’ajustement étaient mis en place sans thrust), les aspects suivants ont pu

être objectivés : 1) amélioration dans le test de Lasègue, 2) diminution de la douleur, 3) regain

de mobilité dans les activités quotidiennes (telles que sortir du lit, s’habiller).

Bien que cette étude soit utile pour démontrer la valeur d’une technique, celle-ci ne mesure

pas la valeur d’un traitement dans la perspective globale et préventive de la médecine

ostéopathique (Patterson, 2007). Donc, si la question de recherche est de savoir si une

technique spécifique en ostéopathie est agissante, un ECR, de façon discutable, peut être dirigé

en acceptant que certains critères de scientificité soient parfois difficiles à obtenir (ex : le

double aveugle) (Patterson, 2007). Par contre, si la question de recherche concerne l’effet total

du traitement ostéopathique global, il est inconcevable de mettre de côté les effets et la


62

réponse placebo, car ils font partie intégrante du traitement (Patterson, 2007). Sur ce point,

Korr (1991) stipule que l’ostéopathe est conscient que la guérison spontanée, ou l’effet

placebo, est la réponse active des mécanismes de récupération du patient et une démonstration

de leurs potentiels. Cette réponse n’est pas déclenchée par une pilule de sucre ou par un non-

traitement, elle l’est par des facteurs tels que la confiance au traitement prodigué, les

croyances positives, les attentes ainsi que les attitudes face à la maladie et à son évolution

(Korr, 1991).

Subséquemment, pour évaluer pleinement le traitement ostéopathique, que ce soit pour ses

effets ou pour ses mécanismes, il ne faut pas tenter de retirer l’ingrédient actif, contrairement à

ce que nous suggèrent Licciadone et Russo (2006). Patterson (2007) signale que nous devons

reconnaître qu’il y a plusieurs ingrédients actifs compris dans l’effet total. De plus, ces

ingrédients peuvent être non seulement interactifs, mais exponentiels. Ainsi, conclut Korr

(1991), ce qui, du point de vue des données probantes, paraît comme une nuisance ou une

source d’erreur est, d’un point de vue ostéopathique, essentiel pour l’obtention des résultats

cliniques.

En plaçant le potentiel du patient au cœur des principes ostéopathiques, la guérison n’est pas le

résultat de l’action d’un agent médicamenteux ni même d’un traitement, mais d’un soin

consciencieux (Patterson, 2007). Le patient est au centre du processus et non relégué comme

un acteur faisant partie d’un épiphénomène (Patterson, 2007). Les attentes du patient et les

interactions entre celui-ci et le clinicien font partie des éléments qui produiront des

changements fonctionnels observés. Derrière le traitement ostéopathique se dissimule une

multitude d’interactions psychosociales. Celles-ci sont effectuées à partir de la structure

unique du patient et de l’habileté du clinicien à susciter une réponse de guérison (meaning


63

response). Cette réponse sera instiguée à partir des croyances individuelles du patient et du

clinicien (Patterson, 2007).

Patterson (2007) conclut à l’aide des analogies suivantes : Écouter un instrument de musique

jouer sa partie dans une symphonie n’est pas comparable à écouter l’orchestre au complet. De

même qu’écouter un orchestre dirigé par un novice n’est pas comparable à un orchestre dirigé

par un maître.

2.6.2.4. Analyse critique de trois études quantitatives du CEO

Cet exercice n’est pas conçu pour diminuer la qualité des thèses présentées. Cette sous-section

est ajoutée pour démontrer comment les résultats obtenus par l’emploi d’une étude

quantitative sur le traitement ostéopathique sont aisément contestables. Cette démarche est

pertinente avec la problématique de notre expérimentation, puisque les biais observés dans ces

thèses sont principalement reliés à une déficience du contrôle du placebo.

Dans la thèse de Sabbagh (2010) sur l’influence du soin ostéopathique global chez les patients

souffrant de hernie discale lombaire symptomatique, les résultats obtenus sur l’amélioration de

la condition des participants sont significatifs. Or, elle mentionne tout de même que ces

résultats doivent être prudemment interprétés, puisqu’il n’y avait pas de groupe contrôle

placebo. Effectivement, le fait qu’il n’y ait pas eu de groupe contrôle placebo affaiblit le

niveau de preuve. N’ayant pas de groupe contrôle placebo pour comparer les résultats,

d’autres éléments que ceux étudiés qui ont accompagné le soin peuvent avoir influencé les

résultats.
64

Dans la thèse de Cloutier et Khoury (2001) sur le traitement de la lésion du deuxième degré et

sur l’influence de celui-ci sur la mobilité des sites d’attaches de la dure-mère, il y avait un

groupe contrôle, et l’étude était à simple aveugle. Dans cette étude, l’évaluateur devait

déterminer, à son insu, si la normalisation d’une lésion du deuxième degré était perceptible

notamment au niveau de la symphyse sphéno-basilaire (SSB). Il semblerait que, oui, l’étude a

obtenu des résultats significatifs. Or, Cloutier (2011), par courriel, le 27 février, nous a

expliqué que ce que le comité reprochait à cette étude est qu’il aurait été davantage intéressant

que le groupe contrôle reçoive un faux traitement pour que le patient ne puisse distinguer dans

quel groupe il faisait partie. Effectivement, le patient se sachant dans le groupe contrôle

n’interagira pas de la même façon que celui du groupe expérimental. Cette différence peut être

perceptible et peut avoir influencé l’évaluateur.

Dans la thèse d’Audet et d’Anjou (1999), leur hypothèse était que « l’ostéopathe peut, grâce à

sa palpation, ses connaissances et son intervention, soulager les symptômes douloureux des

patients même s’il ne connaît pas au préalable la symptomatologie et l’histoire de santé de ces

mêmes patients. » Ils sont arrivés à des résultats significatifs, mais malheureusement, il n’y

avait pas de groupe contrôle. Ainsi, le niveau de preuve pour appuyer leur hypothèse est

pauvre. Les effets significatifs obtenus peuvent être attribuables à des éléments non

spécifiques qui ont accompagné le traitement, mais qui n’étaient pas spécifiques à l’étude.

Toutefois, cela n’enlève pas le fait que leurs interventions se sont avérées efficaces, et que

l’amélioration des symptômes soit attribuable à leurs interventions.

Ainsi, par cette analyse critique des thèses du CEO, il est intéressant de constater comment il

est aisé de contester les résultats, surtout lorsque ceux-ci ne se comparent pas à un groupe

contrôle placebo. L’absence d’un groupe contrôle ne permet pas de mesurer l’effet spécifique
65

et réel de l’intervention prodiguée, et la présence d’un groupe contrôle atténue les résultats du

groupe expérimental entre autres parce que des effets non spécifiques sont toujours présents

dans les deux groupes. Dans les deux cas (avec ou sans groupe contrôle), les résultats que nous

obtenons ne sont donc pas pleinement représentatifs de ce que nous souhaitons mesurer, et,

jusqu’à présent, aucun modèle n’a pu contourner ce problème.

Toutefois, selon nous, et en accord avec Korr (1991) et Patterson (2007), le potentiel de l’effet

placebo contenu dans l’interaction entre le patient et le thérapeute est un paramètre indéniable,

indissociable et indispensable de notre pratique. Ainsi, comme Patterson (2007) stipule, nous

devons être prudents dans la formulation des protocoles en ostéopathie, car ceux-ci doivent

cadrer à la fois avec le modèle ECR, avec la pratique et avec la philosophie de l’ostéopathie.

2.6.2.5. Les données récentes

Plus on parcourt la question du modèle approprié de la recherche en ostéopathie, plus on

constate que la problématique est complexe. L’article d’Augustus (2010) nous confirme à quel

point il n’y a pas de consensus sur la démarche appropriée pour réaliser et interpréter les

données probantes en ostéopathie. Il cite notamment deux articles écrits dans l’année, celui de

Bronfort, Haas, Evans, Leininger et Triano (2010), Effectiveness of manual therapies : the UK

evidence report (L’efficacité de la thérapie manuelle : rapport sur les faits en Grande-

Bretagne — traduction libre), et celui de Hadelman et Underwood (2010), Commentary on the

United Kingdom evidence report about effectiveness of manual therapies (Commentaire sur le

rapport fait en Grande-Bretagne sur l’efficacité de la thérapie manuelle — traduction libre). Le

second article nuance les faits rapportés du premier article. La lecture de ces deux articles

mentionnés ci-haut devrait ensuite être suivie de la lecture de Hartman (2009).


66

Si on synthétise le contenu de ces articles, Hartman (2009), Hadelman et Underwood (2010)

stipulent qu’on ne devrait pas promouvoir le traitement ostéopathique pour des souffrances

que la recherche a prouvé inefficace. De plus, il n’est pas acceptable, à l’heure de l’EBM,

d’accorder les bienfaits constatés en ostéopathie si la recherche a prouvé qu’ils ne sont pas dus

aux effets spécifiques du traitement, mais aux effets non spécifiques de toute relation

soignant/soigné.

Pour Hartman (2009), il est important de ne pas duper nos patients. Plusieurs aspects

psychosociaux entourant la relation ostéopathique peuvent faussement induire un sentiment de

guérison, alors que, dans les faits, il n’y a aucune amélioration véritable. La renommée d’un

ostéopathe renforce les espoirs du patient et, en retour, la confiance de l’ostéopathe. Cette

boucle de rétroaction amplifie davantage les attentes du patient et de l’ostéopathe. Le patient

guérit par effet placebo et l’ostéopathe se sent davantage confiant dans sa démarche

ostéopathique. Dans cette perspective, la prophétie autoréalisatrice (voir 2.4.2.) a été construite

à partir de l’interaction soignant/soigné et n’est en fait que désillusion (Hartman, 2009). Selon

Hartman (2009), la véritable confiance de l’ostéopathe devrait provenir des données probantes

de la recherche. En ostéopathie, cela inclut un groupe contrôle rigoureux, un grand

échantillonnage, une randomisation aléatoire, et autre précaution pour mesurer l’effet direct du

traitement (Hartman, 2009).

2.6.2.6. Les dogmes en ostéopathie

Notre recherche nous amène à traiter d’un sujet épineux pour la communauté ostéopathique.

L’étude des rituels de guérison en ostéopathie remet en question certains aspects controversés
67

de notre profession. Certaines références bibliques, notamment franc-maçonniques de la part

de Still telles que le « divin architecte » (Still, 1998), ou alchimiques de Sutherland telles que

la « lumière liquide » et « transmutation » (Sutherland, 2002), nuisent potentiellement à la

crédibilité de l’ostéopathie (Tricot et Gaisnon, 2009). Un fossé se creuse entre ces références

cultistes et ces aspirations à devenir une science à part entière. Selon nous, c’est à cette

intersection que la notion des rituels de guérison peut être utile. Elle permet de mieux

comprendre d’où l’ostéopathie vient, et éclaire un chemin potentiel pour son développement.

« Disciples et successeurs de Still ont connu les mêmes difficultés d’adaptation au paradigme de la
complexité que les autres groupes humains. Ils ont, eux aussi, vécu le paradoxe de leur fondateur. Alors
même que l’ostéopathie énonce les prémisses d’une autre médecine, ils demeurent le plus souvent à
cheval entre deux conceptions, sans parvenir à s’établir vraiment dans la cohérence du complexe. Certes,
ils ont eu de nombreuses intuitions relatives aux concepts – ce qui a permis à la pensée et à la pratique
ostéopathique de progresser indéniablement -, mais ils ne disposaient pas des outils conceptuels ni
parfois du niveau culturel leur permettant de l’intégrer de manière cohérente à leur vision de
l’ostéopathie. » (Tricot, 2009, 31)

Afin de mieux saisir ce fossé et comment il se rattache aux rituels de guérison, analysons les

mots de Sutherland pour exposer la vitalité circulante dans les êtres animés. « Je veux que

vous voyiez cette invisible lumière liquide ou Souffle de Vie comme une couche éclairante et

une transmutation » (Sutherland, 1990, 34). Les notions de cette lumière divine émanant du

corps font partie des croyances dans plusieurs cultures et peuvent se référer de près ou de loin

à une très grande diversité d’appellations dont : l’Akasha, en Inde, le Qi, en Chine, le

Quetzalcoatl, chez les Aztèques, l’Aôr, pour les kabbalistes, la Quintessence ou la pierre

philosophale des alchimistes, le C.E.U. ou C.E.H. (champs d’énergie universelle ou humaine)

ou l’aura des clairvoyants (Brennan, 1987), le Graal des templiers, la « Lumière Liquide » de

Sutherland (2002, 18) et enfin, pour les ostéopathes initiés à la chaîne centrale : le « Laser

Beam » (Stocker et Griffiths, 2005) ou le « Faisceau Lumineux d’où l’énergie rayonne jusqu’à

la périphérie » (Desjardins, Di Luzio et Gingras, 1999, 37).


68

Il faut comprendre à la lumière de plusieurs recherches (Paulus, 2005; Throwbridge, 1991;

Hamonet, 2003 et préface de Tricot dans Still, 2003) que l’ostéopathie est une science qui a

été formulée au XIXe siècle à partir des ramancheurs, du mesmérisme et de la phrénologie. La

construction de ces bases philosophiques est originaire de ramifications et d’interrelations

entre une multitude de courants de pensée provenant autant du spiritualisme, du

perfectionnisme que de la mécanique, eux-mêmes empreints de la pensée évolutionniste,

transcendantaliste, vitaliste et universaliste. Dans le contexte de l’époque, il est indispensable

d’intégrer le fait que Still et Sutherland évoluaient à cheval « entre deux conceptions du

monde, soit prédarwinienne (biblique) et postdarwinienne (évolutionnisme) » (Tricot, 2008,

5). La coexistence de ces deux paradigmes est non seulement une caractéristique distincte de

cette époque, elle est le reflet de la mentalité américaine contemporaine (Throwbridge, 1991;

Tricot, 2008).

Or, certaines allégations en ostéopathie rencontrent une contestation vive de la part des

scientifiques et de confrères ostéopathes (Withers, 1960; Hartman, 2006). Notamment,

l’approche crânienne qui manque, selon Hartman (2006, 2) « de plausibilité biologique », « de

fiabilité de diagnostic » et « d’efficacité clinique supérieure au placebo » (Hartman, 2006, 2).

Il rajoute « quelques cliniciens de ma propre université de médecine ostéopathique désavouent

l’allégeance intellectuelle au mécanisme, mais s’accrochent à lui comme métaphore

d’enseignement… » Hartman (2006, 2). Il stipule que devant les faits, certains ostéopathes

contournent le problème en soulignant leurs succès cliniques avec cette approche. Pour

(Hartman, 2006, 3), ces succès sont scientifiquement anecdotiques; les preuves de son

efficacité pourraient être tout au plus un placebo. Il rajoute que « l’ostéopathie crânienne est

un système de croyances pseudo scientifique, entretenu — à la fois par les patients et les
69

praticiens — par l’obtention d’un bien-être — et par une bonne compréhension des principes

psychologiques et sociaux humains » (Hartman, 2006, 3). Enfin, il conclut que l’enseignement

de l’ostéopathie dans un cadre académique ne devrait plus inclure dans son cursus le concept

de l’ostéopathie crânienne.

Le chercheur croit que les notions du chapitre deuxième qui ont précédé cette sous-section

permettent de nuancer cette critique. Mais, pour faire ainsi, il faut d’abord pouvoir se libérer

de certains dogmes en ostéopathie.

« Le vieil idéal scientifique d’épistèmê – savoir démontrable, absolument certain – est en définitive une
idole. L’exigence d’objectivité scientifique fait qu’inévitablement toute proposition scientifique doit
demeurer à jamais provisoire. Elle peut certes être corroborée, mais chaque corroboration est relative à
d’autres propositions qui à leur tour sont provisoires. C’est seulement dans nos expériences subjectives
de conviction, dans notre foi subjective, que nous pouvons être absolument certains. » Popper, 1959
(cité par Koesler 1964, 229)

Koesler (1964, 224) démontre en parcourant l’histoire de la science que la preuve scientifique

a très souvent induit en erreur. L’expérimentation ne confirme pas la vérité d’une théorie: elle

« peut confirmer certaines prédictions fondées sur une théorie, mais non pas la théorie elle-

même… La preuve expérimentale confirme seulement que cette théorie est plus vraie qu’une

autre. » Une analogie des problèmes conceptuels de l’ostéopathie crânienne avec l’histoire de

l’hypnose est particulièrement intéressante.

« L’orthodoxie établie fut la malédiction du génie, d’Aristarque à Freud, en passant par Galilée, Harvey
et Darwin; tout au long des siècles ses légions qui ont vigoureusement défendu, l’habitude contre
l’originalité. Les applications de l’hypnotisme en chirurgie dentaire, en obstétrique, etc., passent pour
une invention moderne. En fait, Esdaile (1808-1859) pratiqua trois cents opérations graves sous
hypnose, ou plutôt sous « mesmérisme »; mais comme Mesmer avait été accusé d’imposture, les revues
médicales refusèrent d’imprimer les articles d’Esdaile. En 1842, Ward réussit une amputation sans
douleur, sous hypnose, et adressa un rapport à la Société royale de médecine et de chirurgie. La Société
ne voulut rien entendre. L’un de ses membres les plus distingués déclara que le malade avait fait
semblant de ne pas souffrir et la mention du rapport fut exclue du procès-verbal. » (Koesler, 1964, 221-
222)

« Pendant de longs siècles de préhistoire, les théories incarnées dans la magie et la sorcellerie parurent
confirmer les faits aux yeux de ceux qui croyaient à la magie et à la sorcellerie… La destruction de la
croyance à la sorcellerie, aux XVIe et XVIIIe siècles, se fit en présence d’un amoncellement toujours
grossissant de preuves témoignant de sa réalité. Ceux qui niaient l’existence des sorcières n’essayèrent
pas d’expliquer ces preuves, mais réussirent à les faire dédaigner. Glanwill, l’un des fondateurs de la
Royal Society, dénonça non sans raison cette attitude comme non scientifique, étant donné les
70

professions de foi empiristes de la science de l’époque. Certains faits inexpliqués de sorcellerie furent en
effet bel et bien enterrés, et péniblement exhumés deux siècles plus tard, lorsqu’on y reconnut
éventuellement la manifestation de pouvoirs hypnotiques. » Polànyi, 1939 ( cité par Koesler, 1964, 225)

Aux yeux de Tricot (2008), l’œuvre de Sutherland, malgré des faits contradictoires, ne doit pas

être rejetée. Il rajoute que l’interactivité du vivant fait que même si le concept crânien n’est

pas parfait, il vaut la peine qu’on se penche sur son potentiel pour accompagner le patient vers

la guérison (Tricot, 2008). Il a fallu plus de cinquante années à Sutherland pour édifier son

concept. Celui-ci a traversé plusieurs révolutions; il a commencé par un concept mécaniste

osseux, puis s’est dirigé vers un concept membraneux, liquidien et spiritualiste (le Souffle de

Vie) (Jealous, 1997). D’autres révolutions sont-elles encore à venir, avec ce concept?

« Le contact manuel crânien réinstaure une relation apaisante, empathique soignant-soigné, génératrice
d’une détente plus profonde, plus durable que celle obtenue par la "sophronisation" d’un corps « non
touché ». » (Lecorre et Toffaloni, 1996,112)

« Les approches crâniennes, cranio-sacrées, fasciales, tissulaires, quel que soit le nom qu’on leur donne,
se fondent explicitement ou non, sur l’interactivité patient/praticien. Cela signifie que consciemment ou
non, praticien et patient induisent réciproquement et mutuellement des choses qui altèrent la vie
tissulaire. Même lorsqu’elle est vécue consciemment, cette interactivité est sans doute profondément
subtile, parce qu’elle manifeste la rencontre de deux êtres porteurs chacun d’un lourd inconscient vivant
et donc agissant. » (Tricot, 2008, 10)

« Le Still point n’est pas une théorie. C’est une expérience subjective et individuelle, une connexion
avec ce qui est déjà connu de notre cerveau limbique. » (Ducoux, 2006, 32-33)

2.7. Conclusion de la revue de littérature

Avec l’étude de l’usage volontaire de la persuasion contenue dans des rituels de guérison en

ostéopathie, certains aspects controversés de nos théories, concepts et efficacités peuvent être

mieux élucidés. Pour mieux comprendre ces aspects, il faut explorer le contexte socioculturel

qui se rapporte à l’époque, aux croyances et aux valeurs dans lesquelles la médecine

ostéopathique et la médecine EBM se sont construites. Cette démarche épistémologique peut

apporter, notamment, des éclaircissements sur le clivage entre l’évidence de l’efficacité


71

thérapeutique du traitement ostéopathique et la difficulté d’obtenir des résultats significatifs

pour appuyer cette évidence.

« Alors que le modèle du mécanisme respiratoire primaire tente d’exprimer une expérience subjective,
nous la considérons comme si elle possédait une réalité propre, objectivement démontrable et nos
tentatives aboutissent la plupart du temps à des échecs. » Tricot, 2008,1

« Alors que nous avons toujours cru ou feint de croire que nous pouvions nous tenir à la tête de notre
patient tel un observateur impartial et objectif, nous découvrons que nous sommes directement
impliqués dans le phénomène de la perception et que l’information que nous recevons provient
directement de ce que nous induisons – consciemment ou inconsciemment – dans la structure de
« l’autre » et lui dans la nôtre. » Tricot, 2008,6-7

Ainsi, dans une certaine mesure, bien que l’efficacité de certaines approches en ostéopathie

soient attribuables probablement aux effets non spécifiques découlant de la relation

soignant/soigné et que certains concepts pseudo scientifiques soient parfois employés pour

décrire le phénomène, dans une autre mesure, l’approche ostéopathique peut être

particulièrement efficace pour générer ces effets de la relation thérapeutique. Cette

particularité propre à l’ostéopathie en fait une thérapie de choix lorsqu’un individu veut

cheminer dans un processus de guérison.


Chapitre troisième

Méthodologie de la recherche
73

3.1. L’énoncé du modèle de recherche

Cet essai clinique randomisé (ECR) expérimentait l’usage volontaire de la persuasion

contenue dans des rituels de guérison pour diminuer la douleur parmi une population souffrant

de rachialgie commune. Pour cette étude, un total de 26 sujets ont été rencontrés, à deux

reprises, dans un intervalle d'environ 10 jours, puis divisés en deux groupes, l’un,

expérimental, et l’autre, de contrôle. Les deux groupes ont été traités selon la méthodologie du

CEO. Le questionnaire de la douleur de Melzack devait être rempli avant chaque séance, et

environ 10 jours après la deuxième séance.

3.2. Les sujets


La population qui a été ciblée était celle dont les douleurs correspondaient aux symptômes de

la rachialgie commune. Les participants ont tous été traités à Saint-Bruno. Ils ont été recrutés à

partir d’annonces parues dans Le Journal de Saint-Bruno, et ce, pendant les saisons hiver,

printemps et été 2010.

3.2.1. Critères d’inclusion

• Être âgé entre 18 et 65 ans;

• Être apte à donner son consentement;

• Avoir mal au dos (cervicales, dorsales ou lombaires);

• Les douleurs sont présentes ou aggravées depuis une période de plus de deux mois et

de moins de deux ans;


74

• Prendre des médicaments depuis plus d’un an pour contrôler une pathologie

systémique et avoir une situation stable. Exemple tel que pour l’hypertension artérielle

(HTA), le diabète, l’hypertrophie bénigne de la prostate (HPB);

• Avoir une prescription médicamenteuse (antidouleurs, anti-inflammatoires, relaxants

musculaires) depuis plus de deux semaines et avoir souffert depuis toujours de leurs

rachialgies.

3.2.2. Critères d’exclusion

• Les rachialgies d’origines viscérales ou symptomatiques (pathologiques) (voir 2.2.2.);

• Toutes hyperesthésies, hypoesthésies suspectes (hernie discale) des membres

supérieurs et/ou inférieurs;

• Les douleurs ne sont pas soulagées par le repos et/ou sont aggravées pendant la nuit;

• Présente une condition de santé importante non contrôlée, p. ex : hypertension

artérielle, diabète, insuffisance rénale, …;

• Qui est présentement sous investigation médicale ou qui présente une condition

médicale inquiétante, p. ex : signe positif de hernie discale, …;

• Tous sujets qui ont suivis une autre thérapie pendant la recherche pour soulager la

douleur, telle qu’un traitement en médecine complémentaire ou avec une prescription

médicamenteuse (antidouleurs, anti-inflammatoires, relaxants musculaires) depuis

moins de deux semaines;

• Avoir été traité en ostéopathie.


75

3.3. Type et taille de l’échantillon


Dans le groupe expérimental, plusieurs éléments psychosociaux de nature suggestive ont été

accentués par le chercheur au travers de la relation soignant/soigné pour soigner la rachialgie

commune, alors que dans le groupe contrôle, le chercheur tentait, dans la mesure du possible,

de rester neutre et d’amoindrir son interaction avec le patient. Après avoir rencontré les quatre

premiers participants, le chercheur a réajusté sa méthodologie, afin de mieux isoler la variable

indépendante. Puisque les deux groupes ont été traités selon la méthodologie du CEO, des

réajustements s’imposaient pour tenter d’isoler davantage notre variable indépendante. Ces

changements sont présentés à la section 3.8. Les statistiques ont donc été réalisées sur les

26 participants qui ont suivi, les quatre premiers auront servi de pré-étude.

L’échantillonnage était aléatoire, et créé selon les critères d’inclusion et d’exclusion. Étant

donné que nous n’avions aucune idée de la taille ou des effets attendus, notre statisticien (Yves

Lepage, M. Sc.) nous a recommandé un minimum de 30 sujets. Avec la nature particulière de

cette expérimentation (pas de groupe placebo, et les deux groupes reçoivent un vrai

traitement), un minimum de 30 sujets a été considéré.

3.4. Description des groupes et modes de distribution


Pour cet essai clinique, deux groupes ont été formés et réellement traités selon la

méthodologie du CEO. Nous avions un groupe expérimental et un groupe contrôle. La

procédure de randomisation a été faite selon un modèle d’arrivée par ordre pair (contrôle), ou

impair (expérimental).
76

3.5. Les variables : dépendante, indépendante et confondante


Pour cet essai clinique, deux groupes seront formés et traités selon la méthodologie du CEO.

Dépendante

L’intensité de la douleur, mesurée à l’aide du questionnaire sur la douleur de Melzack.

Indépendante

L’usage volontaire de la persuasion contenue dans des rituels de guérison.

Confondante

Le sexe, l’âge, la profession, les occupations (voyages, amours, deuils), le style de vie

(hygiène, repos/activité, habitudes alimentaires) ont été contrôlés par le biais de la

randomisation. Nous avons rajouté un questionnaire auquel ont répondu les participants

environ 10 jours après la deuxième séance, dans le but d’identifier tous les facteurs

extrinsèques au traitement susceptibles d’avoir influencé les résultats. (voir annexe 5)

3.6. Description des instruments de mesure

3.6.1. Le questionnaire sur la douleur de Melzack (annexe 10)

Ce test psychométrique est fortement employé dans le domaine médical et dans les thèses du

CEO pour mesurer l’intensité de la douleur. Sa validité est bien documentée dans les bases de

données de la médecine (Langley, 1985; Melzack, 1987).

Il est divisé en trois sections :

La section A mesure la douleur à partir de mots signifiant un type de douleur et à laquelle le

participant doit attribuer un grade d’importance. Un pointage est accordé en fonction de son
77

grade. Par exemple : Est-ce que votre douleur au cours de la dernière semaine a été

fulgurante? Réponse : Aucunement (0 point), Légère (1 point), Modérée (2 points), Forte

(3 points).

La section B mesure la douleur à partir de l’échelle visuelle analogue. Cette section est

souvent combinée pour donner une meilleure vue d’ensemble sur la progression du patient.

(Pinkus et Sokka, 2004).

La section C mesure l’intensité actuelle de la douleur et un pointage est accordé en fonction de

la réponse du participant.

3.6.2. Le questionnaire pour le contrôle des variables confondantes (annexe 5)

Ce questionnaire a été construit pour deux raisons. La première, pour identifier les facteurs

extrinsèques au traitement susceptibles de modifier la perception de la douleur. Ce qui,

conséquemment, serait un biais aux résultats. La seconde raison nous a été soumise par le

docteur Jean Latreille, chef du département d’oncologie de l’Hôpital Charles LeMoyne. À la

suite de la lecture de notre protocole, il a proposé d’élaborer une question supplémentaire (la

question 4 de l’annexe 5) pour mesurer si, effectivement, les changements psychosociaux et

affectifs sont bel et bien causés par des facteurs extrinsèques, et non d’une résultante de notre

stratégie expérimentale (voir 2.4.3. et annexe 4).

Par exemple, dans nos conseils d’usage au groupe expérimental (annexe 4A, point 6) étions-

nous persuasifs? Si oui, il est possible que les changements psychosociaux et affectifs soient

attribuables en partie grâce à nos conseils et non à des facteurs extrinsèques. Dans ce cas, il

n’y a pas de variable confondante.


78

Notons que la question 4 du questionnaire (annexe 5) ne mesure que partiellement ce que le

participant perçoit consciemment du traitement. La persuasion étant omniprésente et faisant

aussi appel à l’inconscient (voir la section 2.3.), l’impact sur l’inconscient reste difficile à

mesurer.

3.6.3. Le journal de bord

Nous avons formulé cette demande par mesure préventive pour couvrir tous les aspects

cliniques qui auraient pu agrémenter la discussion (voir annexe 2). Bien que ce type de donnée

ne présente pas beaucoup de validité, de souligner certains aspects cliniques concernant notre

sujet aurait pu être pertinent. Il a été ajouté sous forme de commentaire dans l’analyse de

l’étude de cas. Dans ce temps, nous commencions notre expérimentation et nous n’avions pas

fait les découvertes de revues systématiques qui permettaient d’appuyer tous nos fondements.

Depuis, des articles pertinents ont permis amplement d’appuyer nos justifications. Le journal

s’est avéré anecdotique, si on le compare avec les critères de validité des données de nos

revues systématiques. Devant ce constat, le journal n’a pas été annexé.

3.7. Méthode de collecte des données


Le questionnaire de Melzack a été rempli par les participants et recueilli par le chercheur au

début de chaque rencontre. Le participant devait répondre une dernière fois par envoi postal au

questionnaire sur la douleur, en plus de répondre au questionnaire pour le contrôle des

variables confondantes environ 10 jours après la dernière rencontre. Les informations ont été

soumises au statisticien à la fin de la recherche, par dossier informatisé pour la compilation

des données. (annexe 11)


79

3.8. Déroulement de l’expérimentation

Préséance

Les participants nous ont appelés suite à notre annonce parue dans le journal, ou ont été

référés par d’autres. Suite à cet appel téléphonique, un rendez-vous leur a été donné. Lors de

cette rencontre initiale, un premier questionnaire de sélection des participants leur était fourni.

(annexe 3) Lorsqu’il n’y avait pas d’exclusion, le participant était invité à signer le formulaire

de consentement. (annexe 6) À ce moment, les participants étaient assignés à un groupe selon

leur ordre d’arrivée, chiffre impair au groupe expérimental, ou chiffre pair au groupe contrôle.

Ensuite, chaque participant devait répondre au questionnaire sur la douleur de Melzack pour

établir une ligne de référence (base line).

Séance

Le groupe contrôle et le groupe expérimental ont été traités selon la méthodologie du CEO.

Les plans de traitements consistaient à relancer la vitalité et normaliser les lésions non

physiologiques sans respect des axes : les cicatrices du corps fascial, les compactions du

système crânio-sacré et les lésions structurelles ostéo-articulaires du système musculo-

squelettique. Ce nettoyage de base respecte la méthodologie du CEO (le contenant avant le

contenu), et est approprié pour des individus qui n’ont jamais reçu de traitement

ostéopathique. De plus, nous ne nous sommes pas attardés, pour des raisons d’uniformité, à

évaluer les autres mécanismes tels que la chaîne centrale ou le niveau liquidien, car cela aurait

ajouté une complexité qui nous éloignait de l’essentiel dans l’analyse des résultats.
80

3.8.1. Recadrage de la méthodologie du traitement

Suite aux quatre premiers traitements, un réajustement de nos interventions était nécessaire,

afin de mieux isoler notre variable indépendante, la persuasion. Le fait de suivre la

méthodologie du CEO tel que nous l’avions proposé au départ s’avérait, selon nous,

insuffisant pour apporter une différence significative de l’usage de la persuasion entre les deux

groupes. Nous avions besoin de suivre une méthodologie de traitement qui soit constante pour

les deux groupes. C’est pourquoi nous avons clarifié notre approche en ajoutant certains

détails.

En résumé, suite à nos quatre premiers traitements, nous avons standardisé notre approche

pour chaque participant des deux groupes de la façon suivante :

1) Relancer la vitalité :

a) en normalisant les cicatrices, si présentes;

b) par la décompaction de C0-C1-C2 et de L4-L5-S1.

2) Correction des lésions structurelles non physiologiques sans

respect des axes par des techniques ostéo-articulaires.

3) Dans l’ordre suivant : une préparation globale (la technique des

serpentins vertébraux enseignée en TUF), régionale (mise en tension

réciproque de la musculature entourant la lésion ostéo-articulaire), et

locale (équilibration volumétrique de la vertèbre en lésion) ont

précédé les normalisations de type structurel. Ensuite, une intégration

locale (écoute antéro/postérieur de la sphère normalisée), régionale

(écoute bilatérale et volumétrique de la sphère traitée), et globale


81

(core-link) ont suivi pour compléter les normalisations et clore la

séance.

Il est entendu que cette façon d’appliquer la méthodologie de traitement du CEO ne respecte

pas les spécificités de chaque patient et ne cadre pas avec la philosophie de l’ostéopathie.

Néanmoins, elle permet des interventions plus similaires entre les groupes. Cette

problématique est d’ailleurs soulevée dans la section 2.6.2. et ses sous-sections, et fait partie

de la discussion du chapitre cinquième.

3.8.2. Méthodologie du soin : groupe expérimental

Dans ce groupe, l’objectif était de mesurer si, dans un soin ostéopathique de la rachialgie

commune, l’usage volontaire de la persuasion dissimulée dans des rituels de guérison diminue

la perception de la douleur. Pour ce faire, le chercheur a tenté d’agencer subtilement et

volontairement, au cours de la séance ostéopathique, certains éléments psychosociaux issus de

la relation soignant/soigné. (annexe 4A) Ces éléments sont notamment l’usage de la

persuasion dans l’empathie, par l’attitude positive du thérapeute, par l’emploi de procédures

de diagnostic élaborées, par le pronostic optimiste, par la suggestion à travers la gestuelle, les

mimiques, les métaphores et les analogies, etc. Cette stratégie rhétorique du chercheur était

mise en place pour tisser des liens de confiance, promouvoir la discussion dialogique et

susciter une réponse de guérison (meaning response). (voir 2.4.5.)

Ainsi, dans ce groupe, nous procédions systématiquement à chaque traitement et pour chaque

participant à une auscultation plus riche en éléments subjectifs. En plus d’une attention

bonifiée au niveau de la relation empathique et de l’écoute active, nous ajoutions dans nos

procédures de diagnostic les tests tels que les pouls distaux (radiaux et tibiaux postérieurs), et
82

les tests oculaires neurologiques avec stylo lumineux (H, mydriase et myosis). Nous avons

effectué des points réflexes de Chapman (trigger points) ou les tender points du strain

counter-strain, à la recherche de sensibilité en début de séance, et à la fin de séance, nous

retournions sur ces mêmes points avec une pression subtilement plus douce. À ce moment,

nous demandions au patient si la sensibilité avait changé; plus souvent qu’autrement, le patient

répondait par oui. Nous renforcions leurs affirmations en suggérant qu’effectivement nous

percevions une amélioration à travers notre palpation. Ce type de stratégie était également

employée avec les tests de mobilité.

Concernant cette dernière stratégie, nous avons choisi de l’adopter simplement afin

d’augmenter, avec plus de certitude, la confiance que le patient pouvait avoir dans les résultats

de notre travail et d’employer une procédure qui nous permettait de distinguer plus aisément

nos interventions pour chaque groupe. Elle n’était peut-être pas nécessaire, mais, compte tenu

que nous ignorions les résultats que nous pouvions atteindre, puisqu’il s’agissait d’une

première étude sur le sujet, nous avons voulu mettre toutes les chances de notre côté pour

mesurer ce qui n’aurait sans doute été qu’un léger écart supplémentaire entre nos deux

groupes. Pour connaître plus en détail les spécificités de l’approche du chercheur avec le

groupe expérimental, voir l’annexe 4A.

3.8.3. Méthodologie du soin : groupe contrôle

Dans ce groupe, l’objectif était de fournir une ligne de référence (base line) de la valeur d’un

soin ostéopathique de la rachialgie commune exempte d’un usage volontaire de la persuasion

dissimulée dans un rituel de guérison. Tel que recommandé par Licciardone et Russo (2006)

(voir 2.3.3.1.), le rapport ostéopathique du chercheur avec les participants de ce groupe était
83

principalement professionnel, neutre et discret (voir annexe 4). Licciardone et Russo (2006)

précisent que l’on ne doit pas avoir une attitude froide ou désinvolte, car cela pourrait induire

un effet nocebo. De cette façon, nous tentions de mesurer la diminution de la douleur d’un

soin ostéopathique de la rachialgie commune dans lequel les éléments psychosociaux issus de

la relation soignant/soigné étaient minimisés. Pour ce faire, le chercheur n’accentuait pas

volontairement, au cours de la séance ostéopathique, son attention envers le patient lors des

échanges verbaux et non verbaux. C’est-à-dire que l’attitude du chercheur était objective,

passive, et tentait de favoriser, lors de ses entretiens avec le patient, un climat de neutralité en

supprimant autant que possible les mimiques, les figures de style de son discours ou autres

éléments subjectifs. Cette approche est recommandée par Licciardone et Russo (2006) pour

minimiser les biais potentiels relatifs aux effets non spécifiques de la relation soignant/soigné

qui entourent le traitement. (voir 2.6.2.1.)

3.9. Biais potentiels


Ils peuvent être nombreux. Nous les classons principalement dans deux catégories.

1) Les attentes du chercheur;

2) Les attentes du patient.

La répartition aléatoire des participants, nos critères d’exclusion et la validité éprouvée du

questionnaire de douleur de Melzack tendent à minimiser certains biais potentiels. L’effet

Hawthorne sera présent dans les deux groupes, et annulera donc ce biais potentiel. Par contre,

le biais par l’Effet Pygmalion (Rosenthal) était, d’une certaine façon, souhaité dans le groupe

expérimental. En quelque sorte, cet effet est celui que l’on veut mesurer par cette recherche.

(voir 2.4.2. et 2.6.2.5.)


84

Un autre biais important est le fait que c’est le chercheur qui a réalisé son expérimentation; il

aurait pu inconsciemment ou non avoir une attitude qui aurait influencé les résultats. Par

exemple, le chercheur a démarré sa pratique à Saint-Bruno avec cette recherche. Peut-être

qu’instinctivement, il ne voulait pas décevoir une clientèle potentielle. De plus, bien que le

groupe expérimental recevait une attention particulière, l’intention dans les deux groupes était

similaire. Le chercheur souhaitait le bien de tous ses patients. Selon la recherche de Bérubé

(2008), l’intention a une influence sur la vitalité.

Un autre biais susceptible de nuire à notre démarche pour démontrer notre hypothèse est

l’effet John Henry (courseweb.uottawa.ca). Ce biais probable est présent parmi les sujets du

groupe contrôle; ceux-ci, se sachant comparés avec le groupe expérimental, vont au-delà de

leur rendement habituel.

Il est important d’inclure dans nos biais que les résultats obtenus avec l’expérimentation

peuvent être causés par d’autres éléments (les variables confondantes) que ceux étudiés. Un

questionnaire pour contrôler les variables confondantes a été prévu à cet effet (annexe 5). De

plus, nous ne pouvons garantir hors de tout doute que notre approche avec le groupe contrôle

était exempte de toute subjectivité ni que celle avec le groupe expérimental était persuasive

dans tous les cas. D’ailleurs, à cet égard, certains participants du groupe contrôle ont éclaté en

sanglots (les participants 14 et 28); pour des raisons éthiques, nous ne sommes pas restés

neutres. De plus, le participant 24 était de nationalité africaine, et les barrières culturelles et

linguistiques ont possiblement modifié nos échanges avec ce participant. Pour les recherches

ultérieures, les critères d’inclusion et d’exclusion devront en tenir compte.


85

Nous mentionnons en dernier lieu que notre compétence pour réaliser des ECR au cours de

cette recherche a grandement évolué. Certains biais seraient possiblement minimisés

davantage avec les notions acquises par l’entremise de cette étude.

3.10. Considérations éthiques

C’est avec le respect de la dignité des participants et des critères rigoureux en méthodologie de

recherche que cette recherche s’inscrit. En début de rencontre, un formulaire de consentement

éclairé est présenté aux participants et est signé avant d’entreprendre toute démarche

supplémentaire (annexe 6). Dans ce formulaire, les objectifs et les différentes procédures sont

bien indiqués, et il est précisé qu’en tout temps, le participant peut se retirer de la recherche

sans aucun préjudice. Toutes les données personnelles n’ont été employées que pour la

recherche par le statisticien et resteront confidentielles. Il n’y a aucune association de l’identité

des participants avec les données employées. Concernant les risques potentiels de ce type de

recherche, nous avons identifié tout de même la possibilité d’un effet nocebo dans l'un des

groupes, contrôle ou expérimental. Une séance supplémentaire était offerte aux patients qui le

nécessitaient.
Chapitre quatrième

Analyse et interprétation des résultats


87

4. Analyse des données


Nous présentons dans cette section les résultats obtenus par notre expérimentation. Par cette

recherche, nous voulions savoir si dans le soin ostéopathique de la rachialgie commune,

l’usage volontaire de la persuasion dissimulé dans des rituels de guérison diminuait la douleur.

Pour bien répondre à cette hypothèse, nous présenterons les statistiques descriptives, les

inférences statistiques et les procédures statistiques.

4.1. Description des groupes


Pour cette recherche et selon les recommandations de notre statisticien pour ce type d’étude,

un total de 30 sujets ont été rencontrés. La procédure de randomisation a été faite selon un

modèle d’arrivée, par ordre pair ou impair. Les participants ont tous été traités à Saint-Bruno.

Ils ont été recrutés à partir d’une annonce parue dans Le Journal de Saint-Bruno, et ce,

pendant les saisons hiver, printemps et été 2010. Suite aux quatre premiers traitements, nous

avons constaté que la variable indépendante devait être mieux isolée pour tenter de mesurer

avec plus d’exactitude notre hypothèse de départ (pour plus de détails sur ce réajustement, voir

3.8.). Donc, les analyses statistiques ont été réalisées sur les 26 participants qui ont suivi, les

quatre premiers ayant servi de pré-étude.

4.1.1. Homogénéité des groupes selon l’âge

Dans le tableau 1, des statistiques descriptives concernant l’âge sont présentées.

L’homogénéité des groupes est vérifiée en ce qui concerne l’âge, en comparant la moyenne de

l’âge entre les groupes à l’aide d’un test t de Student pour échantillons indépendants (tableau

2). Comme la valeur p (en ombragé dans la colonne « sign. » — signification) est supérieure à
88

0,05, on conclut que la moyenne n’est pas significativement différente entre les groupes. Ce

qui confirme l’homogénéité pour ce critère.

Tableau 1. Statistiques descriptives pour l’âge

Effectif Moyenne Écart-type Minimum Maximum

Âge Groupe Expérimental 13 45.85 12.86 26.00 65.00

Contrôle 13 47.54 11.74 18.00 65.00

Total 26 46.69 12.10 18.00 65.00

Tableau 2. Comparaison de la moyenne de l’âge entre les deux groupes

Test d'échantillons indépendants

Test de Levene sur l'égalité des Test-t pour égalité des


variances moyennes

Sign.
F Signification. T Degré de liberté (bilatérale)

Âge Hypothèse de variances égales .762 .391 -.350 24 .729

Hypothèse de variances inégales -.350 23.804 .729

Puisque les tests concernant l’égalité des variances sont non significatifs, il est normal que les

valeurs p soient les mêmes.

La moyenne de l’âge n’est pas significativement différente entre les deux groupes

(p=0,729).

4.1.2. Répartition du sexe entre les deux groupes

La répartition du sexe entre les deux groupes est présentée dans le tableau 3. Pour vérifier

l’homogénéité du sexe entre les deux groupes, la répartition entre les deux groupes est
89

comparée à l’aide d’un test Khi-deux de Pearson. La valeur p en ombragé2 est supérieure à

0,05. Cette répartition n’est pas significativement différente entre les deux groupes (tableau 4).

Ce qui confirme l’homogénéité pour ce critère.

Tableau 3. Répartition du sexe entre les deux groupes

Tableau croisé sexe * groupe

Groupe

Expérimental Contrôle Total

Sexe F Effectif 8 10 18

% compris dans groupe 61.5 % 76.9 % 69.2 %

M Effectif 5 3 8

% compris dans groupe 38.5 % 23.1 % 30.8 %


Total Effectif 13 13 26
% compris dans groupe 100.0 % 100.0 % 100.0 %

Tableau 4. Comparaison de la répartition du sexe entre les deux groupes

Test du Khi-deux

Signification
Degré de asymptotique
Valeur liberté (bilatérale)

Khi-deux de Pearson .722a 1 .395

La répartition du sexe n’est pas significativement différente entre les deux groupes (p=0,395).

2
Les valeurs p en ombragé désignent au lecteur ce qui doit être retenu pour l’analyse et l’interprétation des
données. Ces valeurs n’indiquent pas nécessairement des résultats qui sont statistiquement significatifs.
90

4.2. Les inférences


Dans cette section, nous comparons les moyennes des sections A (type de douleur), B (échelle

visuelle analogue) et C (intensité actuelle de la douleur) du questionnaire de Melzack (pour

plus de détails, voir 3.6.1.), entre les groupes et les temps. La procédure statistique utilisée est

une analyse de variance à deux facteurs, dont un est répété : un facteur groupe à deux niveaux

(contrôle et expérimental), et un facteur répété temps à trois niveaux (1, 2 et 3).

Ces analyses s’interprètent de la façon suivante. On regarde les valeurs p dans la colonne

signification (sign.). Il faut d’abord regarder la valeur p du terme d’interaction

Temps*Groupe. Si la valeur p est supérieure à 0,05, on peut interpréter les facteurs temps et

groupe indépendamment l’un de l’autre, c’est-à-dire que les conclusions concernant les

moyennes d’un facteur tiennent, quel que soit le niveau de l’autre facteur. Le résultat pour

chacun des facteurs sera significatif (différence de moyennes significative) si la valeur p pour

le facteur est inférieure à 0,05.

Maintenant, lorsque l’interaction est significative (p<0,05), on ne peut interpréter les résultats

des facteurs indépendamment l’un de l’autre. Le comportement des groupes n’est pas le même

à travers les temps, et/ou le comportement des groupes n’est pas le même à chacun des temps.

C’est ce qui est généralement souhaité dans une étude. On doit alors faire des analyses locales,

c’est-à-dire fixer chacun des niveaux de facteurs et comparer les moyennes des niveaux des

autres facteurs. Lorsqu’on fixe chacun des groupes, on compare deux à deux les moyennes des

temps à l’aide d’un test t de Student pour données appariées avec correction de Bonferroni

pour identifier les temps qui sont significativement différents. Lorsqu’on fixe le temps, on

compare la moyenne des groupes avec un test t de Student pour échantillons indépendants
91

avec correction de Bonferroni. Ces analyses permettent de déterminer les différences de

moyennes entre les niveaux d’un facteur en fixant le niveau de l’autre. La correction de

Bonferroni sert à corriger le niveau des tests pour tenir compte de la multiplicité des tests.

Pour chacune des variables, les tests de l’analyse de variance sont présentés. Ces tests sont

respectivement les tests intrasujets et intersujets de l’analyse de variance. On parle de tests

intrasujets lorsqu’on utilise le facteur répété temps, c'est-à-dire que les sujets sont comparés à

eux-mêmes, alors que les tests intersujets sont une comparaison entre les différents sujets de

groupe différents.

4.2.1. Analyse de la section A (type de douleur) du questionnaire de Melzack

Dans le tableau 5, on trouve la moyenne et l’écart type de la variable de la section A pour

chacun des groupes à chacun des temps. On constate peu de différence entre les deux groupes

à chacun des temps, sauf possiblement au temps deux. D’autre part, on constate une

diminution de moyennes dans le temps pour chacun des groupes. Les analyses qui suivent

vérifieront statistiquement ces constats.


92

Tableau 5. Statistiques descriptives de la variable de la section A

Groupe Moyenne Écart-type N

A1 Expérimental 13.6154 6.18518 13

Contrôle 12.6923 10.98017 13

Total 13.1538 8.74388 26


A2 Expérimental 9.9231 7.46616 13
Contrôle 7.0769 4.94067 13
Total 8.5000 6.37024 26
A3 Expérimental 6.0000 3.51188 13

Contrôle 6.3077 5.75014 13

Total 6.1538 4.67069 26

Selon les tableaux 6 et 7, l’interaction est non significative (p=0,431). De plus, quel que soit le

temps, on n’a pas de différence significative de moyennes entre les groupes (p=0,622).

Toutefois, on a une différence significative de moyennes entre les temps, quel que soit le

groupe (p<0,001; par convention, lorsque la valeur p lue est 0,000, on note le résultat par

p<0,001).

Tableau 6. Tests de l’analyse de variance pour la section A (type de douleur) du questionnaire


de Melzack

Tests des effets intrasujets

Source Somme des carrés de type Degré de Moyenne des


III liberté carrés F Sign.
Temps Sphéricité supposée 660.077 2 330.038 17.237 .000
Temps * groupe Sphéricité supposée 32.846 2 16.423 .858 .431
Erreur (Temps) Sphéricité supposée 919.077 48 19.147

Dans un modèle d’analyse de variance avec des mesures répétées, on doit respecter des

présupposés. Un des présupposés est la sphéricité de la matrice de covariance, et sans entrer


93

dans les détails qui relèvent du domaine de la statistique, les valeurs p qui seront considérées

dans la présente étude sont celles obtenues sous ce présupposé.

Tableau 7. Tests des effets intersujets de l’analyse de variance pour la section A (type de
douleur) du questionnaire de Melzack

Tests des effets intersujets

Source Somme des Degré de Moyenne des


carrés de type III liberté carrés F Sign.

Ordonnée à l'origine 6701.654 1 6701.654 64.507 .000


Groupe 25.962 1 25.962 .250 .622
Erreur 2493.385 24 103.891

Étant donné une différence significative de moyennes pour le facteur temps, nous devons

procéder à des comparaisons par paires afin d’identifier entre quels temps se situent les

différences significatives. Dans le tableau 8, les comparaisons par paires montrent que quel

que soit le groupe, la moyenne au temps un est significativement supérieure à celle au temps

deux (p=0,010) et significativement supérieure à celle au temps trois (p<0.001). La moyenne

au temps deux est significativement supérieure à celle au temps trois (p=0,040).


94

Tableau 8. Comparaisons par paires

(I) Temps (J) Temps Différence des


moyennes (I-J) Erreur standard Sign.
*
1 2 4.654 1.425 .010
*
dimension2

3 7.000 1.271 .000


*
2 1 -4.654 1.425 .010
*
dimension1 dimension2

3 2.346 .878 .040


*
3 1 -7.000 1.271 .000
*
dimension2

2 -2.346 .878 .040

L’interaction est non significative (p=0,431). Quel que ce soit le temps, on n’a pas de

différence significative de moyennes entre les groupes (p=0,622), mais on a une différence

significative de moyennes entre les temps, quel que soit le groupe (p<0,001). Les

comparaisons par paires montrent que quel que soit le groupe, la moyenne au temps un

est significativement supérieure à celle au temps deux (p=0,010), et à celle au temps trois

(p=0,001), et la moyenne au temps deux est significativement supérieure à celle au temps

trois (p=0,040).

Le graphique qui suit nous permet de constater le comportement des moyennes de chacun des

groupes dans le temps.


95

Figure 1. Graphique de l’évolution de la section A (type de douleur) du questionnaire de


Melzack dans le temps pour chacun des groupes.

Le graphique montre l’évolution moyenne dans le temps pour chacun des groupes. On

constate la différence significative de moyennes entre les temps un et deux, un et trois, ainsi

que deux et trois pour chacun des groupes. Dans ce graphique, on observe que la différence de

moyennes entre les deux groupes est accentuée au temps deux comparativement à la

différence des temps un et trois. De plus, bien que ce comportement soit non significatif

(p=0,622), on observe cependant que nous avons eu plus d’effet dans le groupe expérimental

que dans le groupe contrôle.


96

Ceci nous laisse comprendre que notre action a eu pour effet de diminuer

significativement la moyenne de la douleur perçue dans les deux groupes entre les temps

un et deux (p=0,010), entre les temps un et trois (p<0,001), et entre les temps deux et trois

(p=0,040), sans toutefois montrer d’écart significatif de moyennes entre les groupes

(p=0,622) à chacun des temps.

4.2.2. Analyse de la section B (échelle visuelle analogue) du questionnaire de


Melzack

Dans le tableau 9, on trouve la moyenne et l’écart type de la variable de la section B pour

chacun des groupes à chacun des temps. On constate une différence de moyennes entre les

groupes aux temps un et deux, et une diminution de moyennes dans le temps pour chacun des

groupes. Les analyses qui suivent vérifieront statistiquement ces constats.

Tableau 9. Statistiques descriptives de la variable de la section B

Groupe Moyenne Écart-type N

B1 Expérimental 58.3846 26.64751 13

Contrôle 45.3077 27.49359 13

Total 51.8462 27.35206 26


B2 Expérimental 46.1538 29.89383 13
Contrôle 31.3077 19.62730 13
Total 38.7308 25.90684 26
B3 Expérimental 30.0000 22.69728 13
Contrôle 28.7692 22.10262 13

Total 29.3846 21.95828 26


97

Selon les tableaux 10 et 11, l’interaction est non significative (p=0,328). De plus, quel que soit

le temps, on n’a pas de différence significative de moyennes entre les groupes (p=0,237).

Toutefois, on a une différence significative de moyennes entre les temps, quel que soit le

groupe (p<0,001).

Tableau 10. Tests de l’analyse de variance pour la section B (échelle visuelle analogue) du
questionnaire de Melzack

Tests des effets intrasujets

Source Somme des carrés Degré de


de type III liberté Moyenne des carrés F Sign.
Temps Sphéricité supposée 6620.383 2 3310.167 10.596 .000
Temps * groupe Sphéricité supposée 712.487 2 356.244 1.140 .328
Sphéricité supposée 14994.513 48 312.386

Tableau 11. Tests des effets intersujets de l’analyse de variance pour la section B (échelle
visuelle analogue) du questionnaire de Melzack

Tests des effets intersujets

Source Somme des carrés Degré de


de type III liberté Moyenne des carrés F Sign.
Ordonnée à l'origine 124720.013 1 124720.013 99.816 .000
Groupe 1841.551 1 1841.551 1.474 .237
Erreur 29988.103 24 1249.504

Dans le tableau 12, les comparaisons par paires montrent que quel que soit le groupe, la

moyenne au temps un est significativement supérieure à celle au temps trois (p=0,002).


98

Tableau 12. Comparaison par paires

(I) Temps (J) Temps Différence des


moyennes (I-J) Erreur standard Sign.

1 2 13.115 5.107 .051


*
dimension2

3 22.462 5.636 .002

2 1 -13.115 5.107 .051


dimension2

3 9.346 3.773 .062


dimmoyension1

*
3 1 -22.462 5.636 .002

dimension2

2 -9.346 3.773 .062

L’interaction est non significative (p=0,328). Quel que soit le temps, on n’a pas de

différence significative de moyennes entre les groupes (p=0,237), mais on a une différence

significative de moyennes entre les temps, quel que soit le groupe (p<0,001). Les

comparaisons par paires montrent que quel que soit le groupe, la moyenne au temps un

est significativement supérieure à celle au temps trois (p=0,002).

Le graphique qui suit nous permet de constater le comportement des moyennes de chacun des

groupes dans le temps.


99

Figure 2. Graphique de l’évolution de la section B (échelle visuelle analogue) du questionnaire


de Melzack dans le temps pour chacun des groupes

Dans ce graphique, on constate l’absence d’écart significatif de moyennes entre les deux

groupes pour chacun des temps. La diminution de moyenne entre les temps un et trois est

toutefois significative, quel que soit le groupe.


100

Ceci nous laisse comprendre que notre action a eu pour effet de diminuer

significativement la douleur perçue dans les deux groupes entre les temps un et trois

(p=0,002), sans toutefois montrer d’écart significatif de moyennes entre les groupes

(p=0,237) à chacun des temps.

4.2.3. Analyse de la section C (intensité actuelle de la douleur) du questionnaire


de Melzack

Dans le tableau 13, on trouve la moyenne et l’écart type de la variable de la section C pour

chacun des groupes à chacun des temps. On constate peu de différence de moyennes entre les

groupes, sauf au temps deux, et une diminution de moyennes dans le temps pour chacun des

groupes. Les analyses qui suivent vérifieront statistiquement ces constats.

Tableau 13. Statistiques descriptives de la variable de la section C

Groupe Moyenne Écart-type N

C1 Expérimental 1.7692 1.16575 13

Contrôle 1.7692 1.01274 13

Total 1.7692 1.06987 26


C2 Expérimental 1.5385 .77625 13
Contrôle 1.2308 .72501 13
Total 1.3846 .75243 26
C3 Expérimental 1.0769 .75955 13

Contrôle 1.0769 .86232 13

Total 1.0769 .79614 26

Selon les tableaux 14 et 15, l’interaction est non significative (p=0,642). Quel que soit le

temps, on n’a pas de différence significative de moyennes entre les groupes (p=0,715).
101

Toutefois, on a une différence significative de moyennes entre les temps, quel que soit le

groupe (p=0,002).

Tableau 14. Tests de l’analyse de variance pour la section B (intensité actuelle de la douleur)
du questionnaire de Melzack

Tests des effets intrasujets

Source Somme des carrés


de type III Ddl Moyenne des carrés F Sign.

Temps Sphéricité supposée 6.256 2 3.128 6.825 .002


Temps * groupe Sphéricité supposée .410 2 .205 .448 .642
Sphéricité supposée 22.000 48 .458

Tableau 15. Tests des effets intersujets de l’analyse de variance pour la section C (intensité
actuelle de la douleur) du questionnaire de Melzack

Tests des effets intersujets

Source Somme des carrés


de type III Ddl Moyenne des carrés F Sign.
Ordonnée à l'origine 155.128 1 155.128 103.419 .000
Groupe .205 1 .205 .137 .715
Erreur 36.000 24 1.500

Dans le tableau 16, les comparaisons par paires montrent que quel que soit le groupe, la

moyenne au temps un est significativement supérieure à celle au temps trois (p=0,001).


102

Tableau 16. Comparaisons par paires

(I) Temps (J) Temps Différence des


moyennes (I-J) Erreur standard Sign.

1 2 .385 .194 .178


*
dimension2

3 .692 .218 .012

2 1 -.385 .194 .178


dimension1 dimension2

3 .308 .144 .129


*
3 1 -.692 .218 .012
dimension2

2 -.308 .144 .129

L’interaction est non significative (p=0,642). Quel que soit le temps, on n’a pas de

différence significative de moyennes entre les groupes (p=0,715), mais on a une différence

significative de moyennes entre les temps, quel que soit le groupe (p=0,002). Les

comparaisons par paires montrent que quel que soit le groupe, la moyenne au temps un

est significativement supérieure à celle au temps trois (p=0,012).

Le graphique qui suit nous permet de constater le comportement des moyennes de chacun des

groupes dans le temps.


103

Figure 3. Graphique de l’évolution de la section C (intensité actuelle de la douleur) du


questionnaire de Melzack dans le temps pour chacun des groupes

Dans ce graphique, on constate l’absence de différence significative de moyennes entre les

deux groupes pour chacun des temps. La diminution de moyennes entre les temps un et trois

est toutefois significative, quel que soit le groupe.

Ceci nous laisse comprendre que notre action a eu pour effet de diminuer

significativement la douleur perçue dans les deux groupes entre les temps un et trois

(p=0,002), sans toutefois montrer d’écart significatif de moyennes entre les groupes

(p=0,642) à chacun des temps.


104

4.2.4. Observation

Les remarques qui suivent ne doivent pas être comprises comme des données statistiquement

significatives. Elles apparaissent simplement à titre d’observation, et c’est pour cette raison

que nous n’ajoutons pas, ici, de statistiques ou de graphiques à l’appui.

1. Tel que mentionné dans la méthodologie (3.8.1.), notre échantillonnage est passé de n=30

à n=26. Nous avons pu observer que ce recadrage a permis d’obtenir de meilleurs effets

sur notre groupe expérimental n=26 que ce que nous obtenions sur le groupe expérimental

n=30. Ce recadrage semble donc montrer que nous avons mieux cerné le processus actif du

traitement.

2. Si on supprime certaines irrégularités (voir 5.3.) rencontrées avec les participants 14, 24 et

28 du groupe contrôle, les mêmes constats sont observés. L’écart entre les moyennes des

deux groupes est accentué. On observe que notre action dans le groupe expérimental a eu

plus d’effet si on supprime les irrégularités des calculs.

3. La différence d’écart entre les moyennes des deux groupes est davantage accentuée si on

compare les résultats de notre expérimentation (n=26) à ceux obtenus en excluant les

irrégularités (n=23). On observe que le comportement entre les deux groupes se distingue

davantage.

Bien que nous n’ayons pas obtenu d’écart statistiquement significatif entre nos deux groupes,

il est intéressant de noter que les opérations que nous venons de mentionner permettraient

d’améliorer nos résultats. Cela laisse croire qu’il serait possible d’obtenir un écart significatif

entre nos deux groupes, mais pour y parvenir, il faudrait sans doute mieux contrôler les

variables indépendantes.
105

4.2.5. Conclusion

Les deux groupes ont performé de façon significative dans le temps, et ce, pour chacune des

trois variables (type de douleur, échelle visuelle analogue et intensité actuelle de la douleur).

On peut donc conclure que notre intervention a créé un changement, mais sans montrer d’écart

significatif entre le groupe expérimental et le groupe contrôle. Nous avons cependant eu plus

d’effet sur le groupe expérimental que sur le groupe contrôle.


Chapitre cinquième

Discussion
107

Avant-propos

Nous n’étions pas conscients que la démarche d’un ECR (essai clinique randomisé) pour

valider notre hypothèse allait rencontrer autant de difficultés. Nous avons constaté à quel point

plusieurs subtilités avec ce type de modèle doivent être maîtrisées pour réussir à obtenir des

résultats significatifs. Bien que notre préparation théorique ait été adéquate, notre inexpérience

au niveau pratique est peut-être responsable de nos maigres résultats. Néanmoins, notre étude

sur les rituels de guérison en ostéopathie permet, selon nous, d’ouvrir la discussion sur

plusieurs aspects mal élucidés de notre pratique ainsi que de la recherche en ostéopathie. Pour

ouvrir cette discussion, nous voulions que le lecteur puisse se faire sa propre idée sur le sujet.

Un sujet qui s’expose, devons-nous le préciser, sur de multiples facettes et interrelations. C’est

pourquoi, dans notre revue de littérature, nous avons largement couvert et sommes entrés dans

les détails. Bien qu’à l’encontre de certains standards de la recherche quantitative, nous avons

inséré plusieurs citations pour favoriser ainsi une interprétation par le lecteur qui ne soit pas

dégradée par notre reformulation. Mais aussi pour démontrer que ce sujet méconnu est en fait

intriqué au cœur de notre discipline et contenu dans chacun de nos faits et gestes.

5. Plan de la discussion
Nous développons ce chapitre en quatre sections. Nous commençons d’abord avec un résumé

de la problématique que nous commenterons. Nous poursuivons avec un retour sur la

méthodologie et l’interprétation des résultats. Cette sous-section est parsemée d’autocritiques,

et des pistes d’avenir sont suggérées. Nous abordons ensuite quelques points restants soulevés

par notre revue de littérature. Pour finir, nous apportons notre perspective sur les implications
108

de la persuasion rhétorique en ostéopathie; des modèles schématiques accompagnent nos

propos.

5.1. Résumé de la problématique


Le terme « rituel de guérison », employé notamment par Kaptchuk (2002), désigne un vaste

amalgame d’éléments psychosociaux contenus dans la relation soignant/soigné (persuasion,

empathie, suggestion, toucher, croyances, etc.) qui peuvent générer des effets thérapeutiques.

Deux points de vue s’opposent sur la façon d'aborder ce phénomène en ostéopathie. Au niveau

clinique, les effets potentiels de l’interaction soignant/soigné sont des paramètres qui

maximiseront assurément l’efficacité du traitement. Par contre, au niveau des ECR avec

groupe contrôle placebo, les effets non spécifiques de la relation soignant/soigné empêchent

de mesurer les effets spécifiques du traitement à l’étude.

Concernant ce dernier propos, les chercheurs Licciardone et Russo (2006) recommandent, afin

d’isoler l’effet spécifique (l’ingrédient actif) du traitement ostéopathique et pour minimiser les

biais, de limiter nos interactions avec le patient (voir 2.6.2.). C’est en suivant ce conseil que

nous avons construit notre expérimentation. Or, bien que cette approche soit nécessaire afin de

mesurer l’efficacité d’un médicament, est-ce que cette approche est applicable pour mesurer

l’efficacité d’un traitement ostéopathique? C’est devant ce questionnement que s’articule notre

étude sur les rituels de guérison en ostéopathie.


109

5.2. Retour sur notre méthodologie et l’interprétation des résultats

Cela étant dit, nous avons émis l’hypothèse que, dans le soin ostéopathique de la rachialgie

commune, l’usage volontaire de la persuasion contenue dans des rituels de guérison diminue la

douleur.

Pour valider notre hypothèse, deux groupes ont été formés. Dans le groupe expérimental,

l’interaction du thérapeute avec le participant devait être enrichie, et dans le groupe contrôle,

l’interaction devait être appauvrie. Cela devait nous permettre d’isoler la variable de l’usage

volontaire de la persuasion et ainsi démontrer son influence sur la perception de la douleur.

Nous rappelons que l’analyse statistique des données d’inférence démontre que les deux

groupes ont perçu une différence significative dans la diminution de la douleur, quel que soit

le groupe à chaque temps et pour les trois variables (type de douleur, échelle visuelle analogue

et intensité de la douleur). Cela dit, signalons que notre questionnaire pour mesurer les

variables confondantes ne donne pas d’informations pertinentes. Si ce n’est qu’un participant

de chaque groupe a mentionné à la question 4 (voir 3.6.2. et annexe 5) qu’il attribue ses

changements psychosociaux et affectifs probablement à des conséquences du traitement. En

somme, il n’y a pas d’écart significatif entre le comportement des deux groupes.

Ces résultats peuvent s’interpréter de plusieurs façons. D’abord, cette uniformité dans les

performances entre les groupes suggère que les traitements prodigués aux participants ont été

de qualité identique. Ce que nous pouvons affirmer hors de tout doute, c’est que notre

intervention a créé un changement significatif dans les deux groupes, et qu’il n’y a pas d’écart

significatif entre les groupes expérimental et contrôle. Devant ce constat, l’hypothèse doit

alors être rejetée.


110

Nonobstant cette remarque, devons-nous pour autant conclure que, dans la réalité clinique,

l’usage de la persuasion n’a pas d’effet significatif sur la diminution de la douleur? Nous n’en

sommes pas convaincus. Plusieurs arguments nous portent à croire le contraire, dont

principalement celui de la difficulté à contrôler la persuasion. Dans la thèse que la persuasion

accompagne chacun de nos faits et gestes (voir sections 2.3. et 5.4.), plusieurs facteurs peuvent

avoir biaisé les résultats. Ce constat est d’autant plus pertinent en ostéopathie, car l’interaction

et la proximité soignant/soigné sont plus importantes qu’en médecine (traitement manuel

versus administration d’un médicament). Ensuite, notre groupe contrôle ne recevait pas un

faux traitement : il est possible que l’effet placebo ait été équivalent dans les deux groupes. Si

cette prémisse est vraie, on doit nuancer les conclusions des résultats.

Or, le but de la recherche n’était pas de prouver que l’emploi d’une technique de correction ou

une procédure de traitement ostéopathique de la rachialgie soit plus efficace que l’effet

placebo d’un faux traitement, cela a déjà été confirmé par Hoehler, Tobis et Buerger (1981)

(voir 2.6.2.3.); le but était de justifier qu’en ostéopathie, l’usage de la persuasion contenue

dans des rituels de guérison diminue la douleur. Nous voulions démontrer que le recours à la

persuasion amplifie les effets attendus de nos interventions. Néanmoins, nos résultats ne nous

permettent pas de l’affirmer.

Parallèlement, nous avions pour objectif de démontrer les problèmes conceptuels dans

l’application du modèle ECR pour la recherche en ostéopathie. Ainsi, malgré nos résultats non

significatifs, nous ne mettons pas en doute la contribution d’un rituel thérapeutique placebo

devant nos succès cliniques. Tout comme nous ne mettons pas en doute l’efficacité de

l’approche ostéopathique pour soigner le mal de dos. Ce que nous mettons en doute, c’est la

faisabilité d’isoler efficacement les composantes du placebo en ostéopathie. Comme


111

conséquence, nous croyons que les résultats des ECR pour démontrer l’efficacité d’un

traitement ostéopathique seront toujours aisément contestables.

En revanche, devant cette problématique, la communauté ostéopathique doit être prudente

lorsqu’elle impute l’efficacité d’une approche à des théories aisément contestables (voir 2.4.1.,

2.6.2.5 et 2.6.2.6.). Devant le succès de notre pratique, sommes-nous dupés ou est-ce que nous

dupons? Dans quelle mesure considérons-nous les composantes d’un rituel thérapeutique dans

l’efficacité de nos interventions? En d’autres mots, est-ce que les effets non spécifiques de la

relation soignant/soigné sont secondaires dans nos interventions, et accepte-t-on les théories

qui nous sont enseignées pour expliquer l'ensemble de notre efficacité? Ou est-ce qu'au

contraire, on sait très bien que derrière notre efficacité, ces effets jouent un grand rôle, mais

que pour diverses raisons, on ne les justifie pas lorsque vient le temps d'expliquer les principes

d'actions derrière notre efficacité? Approfondir les connaissances relatives au phénomène

placebo et aux effets non spécifiques de la relation soignant/soigné en ostéopathie peut

apporter à notre profession plusieurs bénéfices; dont celui de contribuer au développement de

notre crédibilité scientifique et celui de promouvoir notre efficacité thérapeutique.

5.2.1. Le recadrage de notre méthodologie de traitement

Suite aux quatre premiers traitements, nous avons constaté qu’un réajustement était nécessaire

afin de mieux isoler l’usage volontaire de la persuasion. Dans notre groupe contrôle, cette

variable semblait nous échapper constamment. Conséquemment, nous devions suivre une

procédure de traitement pour les deux groupes qui soit plus rigide. Il nous apparaissait que

trop de paramètres subjectifs influençaient notre palpation (voir 2.6.2.6.) et le choix de nos

interventions dans le groupe contrôle. Cette remarque va dans le même sens que Tricot (2009),
112

qui mentionne que la palpation est un phénomène interactif (voir 2.6.2.6. et 2.7.). Ainsi, nous

avions besoin d’une méthodologie de traitement stricte, et c’est pourquoi nous avons recadré

la méthodologie du traitement dans des paramètres qui soient fixes pour les deux groupes. De

cette façon, nous pouvions suivre une procédure qui limitait nos interactions dans le groupe

contrôle et qui, à la fois, permettait de prodiguer des traitements équivalents pour les deux

groupes.

Cependant, au fur et à mesure que nous progressions dans notre expérimentation, nous

mettions davantage en doute la capacité d’isoler adéquatement l’usage volontaire de la

persuasion. Nous étions de plus en plus conscients de son omniprésence et de son aspect

dissimulé et insaisissable. Où nous ne l’avions pas prévue au départ, elle devenait

immanquable par la suite. Par exemple, le recours au silence pour limiter nos interactions a

semblé agacer certains participants du groupe contrôle, alors que pour d’autres de ce même

groupe, ce recours semblait installer un climat thérapeutique. À l’inverse, dans le groupe

expérimental, il était parfois très difficile d’interagir avec certains patients.

Par ailleurs, il est répertorié que, parmi la population, le degré de suggestibilité est variable

(De Pascalis, Chiaradia et Carotenuto, 2002; Le Cron, 1973). Donc, notre méthodologie de

soin dans le groupe expérimental peut très bien avoir une efficacité variable sur la population.

Des études ultérieures pour approfondir ces notions permettraient à la communauté

ostéopathique de mieux cerner comment les composantes (persuasion, suggestion, toucher,

empathie, croyances, etc.) du placebo fonctionnent avec la douleur et comment celles-ci

pourraient être employées en ostéopathie pour favoriser l’autorégulation chez nos patients.
113

Cependant, et à titre d’observation seulement, suite à notre recadrage, l’écart entre les

moyennes est accentué si on compare les résultats obtenus sur les 26 participants à ceux

obtenus en ajoutant les quatre premiers. Cet écart n’est pas significatif, mais pourrait toutefois

suggérer que notre recadrage pour tenter de mieux isoler notre variable indépendante nous a

permis de différencier davantage les groupes.

Nonobstant, pour mieux isoler notre variable indépendante, il aurait été plus pertinent de

mesurer son impact avec une procédure qui nous aurait permis, avec le groupe contrôle, de

limiter considérablement nos échanges. Par exemple, un seul ajustement ostéo-articulaire pour

les deux groupes. La différence serait que dans le groupe expérimental, on aurait ajouté des

éléments interactifs, alors que dans le groupe contrôle, on aurait rapidement conclu la séance.

5.2.2. L’hétérogénéité de la population de rachialgie commune

Dans le même ordre d’idées, Wand et O’Connell (2008) suggèrent quelques pistes pour

expliquer pourquoi la plupart des ECR sur le mal de dos n’arrivent pas à des résultats

significatifs. Ils avancent que, dans la commune douleur mécanique du mal de dos, plusieurs

sous-groupes existent (voir 2.2.3.). Ainsi, non seulement devrions-nous classifier les sous-

groupes selon les différentes catégories (p. ex. chronique, psychosomatique et non spécifique),

mais aussi en fonction des facteurs étiologiques et du contexte psychosocial et affectif du

patient. Wand et O’Connell (2008) rajoutent que si le mal de dos persiste plus de trois mois,

les causes peuvent provenir d’un problème de dégénérescence et de réorganisation corticale.

Ce qui vient complexifier considérablement l’échantillonnage pour une étude sur le mal de

dos. (Remarque : dans notre expérimentation, les effets de nos traitements ont été significatifs

sur la douleur pour l’ensemble de la population.)


114

Par contre, ces allusions cadrent tout à fait avec les bases physiologiques de la lésion

ostéopathique. Korr (1996) stipule que l’origine du segment facilité est composée de plusieurs

sources, et que pour normaliser cette lésion vertébrale, nous devons tenir compte du contexte

étiologique et des facteurs psychosociaux et affectifs (voir 2.2.1.). En lien avec notre

hypothèse, nous en déduisons qu’en ostéopathie « l’emballage » dans lequel les normalisations

sont prodiguées, de même que le fait de tenir compte de l’effet cumulatif et synergique de

l’ensemble du traitement sont tout aussi importants pour obtenir des résultats que la ou les

techniques employées.

Pour le docteur Kuntz (2009), la rachialgie commune est assez simple à diagnostiquer. Il suffit

d’exclure les rachialgies symptomatiques d’origine viscérale (voir 2.2.2.). Or, il n’est pas

exclu que, parmi la population de rachialgie commune, il puisse y avoir plusieurs sous-

groupes. Ainsi, il est possible que, par exemple, les rachialgies communes à prédominance

psychosomatique répondent mieux aux rituels de guérison que d’autres catégories de

rachialgies communes. Plusieurs autres facteurs peuvent expliquer pourquoi les résultats de

notre expérimentation seraient équivalents pour nos deux groupes. Par ailleurs, nous rappelons

que nos deux groupes recevaient une méthodologie de traitement fixe avec une procédure

normalisatrice au niveau structurel et avec une intégration locale, régionale et globale; il était

attendu que les deux groupes allaient avoir des changements significatifs.

Or, on observe toutefois dans le groupe expérimental que nous avons eu plus d’effets pour les

trois variables et à chacun des temps. Pouvons-nous parler d’une tendance représentative

d’une réalité clinique? Pour faire ainsi, il faudrait établir la valeur acceptable d’une tendance

observable sur le plan clinique en ostéopathie lorsque l’on ne compare pas uniquement la
115

différence entre les traitements, mais quand on tient compte aussi de la différence dans la

qualité du soin.

5.2.3. Les limites à la validité interne et externe

Notre outil de mesure principal (le questionnaire Melzack, voir annexe 10) est couramment

employé et a fait ses preuves. D’aucune façon nous mettons en doute sa validité. Tout comme

nous ne mettons pas en doute nos résultats à cause d’un échantillonnage trop petit. Des

problèmes conceptuels plus importants sont responsables de nos résultats non significatifs.

En commençant par un encadrement beaucoup plus sévère de notre variable indépendante,

l’interaction était, selon nous, trop importante avec le groupe contrôle. En fin de compte, nous

croyons qu’il est impossible de prétendre rester neutre devant notre patient pendant une séance

complète. De plus, ces résultats ne donneraient pas un portrait objectif de la réalité clinique.

L’ostéopathie, c’est l’art de donner un soin consciencieux et elle se distingue parce que

justement elle est grandement interactive. Les recommandations de Licciardone et Russo

(2006) afin d’isoler les effets non spécifiques de la relation soignant/soigné pour mesurer les

effets spécifiques du traitement ne font pas de sens en ostéopathie et sont irréalistes.

Bien que notre démarche rigoureuse pour couvrir tous les aspects de notre recherche ait été

entreprise selon nos connaissances et les recommandations du jury, cette recherche nous a

appris que plusieurs aspects méritent d’être beaucoup mieux couverts pour pouvoir en ressortir

des données probantes. L’expertise en recherche expérimentale s’acquiert à travers

l’expérience, et, assurément, notre expérimentation a été un tremplin en ce sens. Notre


116

maturité acquise dans le domaine de la recherche en ostéopathie pourra servir aux étudiants

dans l’élaboration future de leurs protocoles.

5.2.4. Les irrégularités

Nos interventions dans le groupe contrôle ont rencontré certaines irrégularités. Notamment

pour les participants 14 et 28 qui ont éclaté en sanglots lors du traitement. Pour des raisons

éthiques et pour éviter de produire un effet nocebo, nous ne sommes pas restés neutres devant

cette situation, et avons offert un soutien empathique à ces patients. Fait intéressant, ces deux

patients ont eu des résultats sur la diminution de la douleur, qui sont parmi les meilleurs du

groupe. Que devons-nous en conclure? Bien qu’anecdotique, le niveau d’interactivité avec ces

patients était bien plus important. Nous émettons l’hypothèse que le degré d’efficacité du

traitement est proportionnellement relatif au degré d’interactivité entre le patient et le

thérapeute.

Aussi, le participant 24 était d’origine africaine, le seul de toute la population étudiée. La

neutralité du chercheur avec ce sujet a été mise à l’épreuve, notamment à cause de la barrière

linguistique et des différences socioculturelles. Pour une recherche ultérieure, il faudrait

inclure le facteur ethnique dans les exclusions. Ce patient a eu un pointage très élevé sur sa

diminution de douleur. Le niveau d’interactivité avec ce patient était également marginal par

rapport au reste de la population à l’étude.

Par ailleurs, il y a eu plusieurs participants qui ont été référés par d’autres participants. Ces

participants avaient entendu parler positivement d’une recherche gratuite sur le mal de dos

dans laquelle il n’y avait pas de groupe qui recevait un faux traitement. Nous croyons que ces
117

participants ont été influencés positivement et que cela aurait pu affecter les résultats du

groupe contrôle. De plus, l’anamnèse et les conversations téléphoniques qui ont précédé la

rencontre sont des facteurs à tenir compte qui auraient pu biaiser les résultats dans le groupe

contrôle. Souvent, les futurs participants nous ont demandé si nous avions de l’expérience en

ostéopathie. Nous devions être persuasifs, afin que les participants potentiels soient intéressés

à participer.

5.2.5. Spéculation dans le temps

À titre d’observation, nous désirons porter l’attention sur la figure 1. (voir 4.2.1.) En regardant

ce tableau, on s’aperçoit que les courbes entre le groupe expérimental et le groupe contrôle se

croisent au temps trois. Le comportement de nos deux groupes semble diverger l’un de l’autre

dans le temps. Nous pourrions émettre l’hypothèse que si on avait poursuivi le traitement de

ces patients avec des séances ultérieures (temps quatre, cinq, …), peut-être aurions-nous

atteint une différence significative? Sur ce point, notre statisticien est d’accord, mais il

maintient que les interventions doivent être mieux encadrées pour limiter autant que possible

les biais susceptibles et s’assurer ainsi que les déductions soient les plus conformes à la réalité.

Nous sommes entièrement d’accord; d’ailleurs, si on refait les calculs en enlevant les trois

irrégularités du groupe contrôle, nous nous retrouvons devant une plausibilité de plus en plus

intéressante (voir figure 4.).


118

Figure 4. Graphique de l’évolution de la section A (type de douleur) du questionnaire de


Melzack dans le temps pour chacun des groupes (n=23).

Sur ce graphique, les calculs ont été réalisés en excluant les trois irrégularités du groupe

contrôle (n=23). On constate que les courbes se croisent davantage entre le temps deux et le

temps trois que dans la figure 1. Il serait envisageable de croire que si nous avions mesuré les

effets dans les temps quatre, cinq, … les résultats auraient pu être significatifs. Pour une

recherche ultérieure, il serait pertinent d’ajouter une ou deux séances pour mesurer l’évolution

dans les temps quatre et cinq. Par contre, nous tenons à mentionner qu’il nous a semblé que,

dans la deuxième séance, il était plus difficile de maintenir notre passivité devant le participant

dans le groupe contrôle que dans la première séance. Cela est d’autant plus vrai lorsque ce
119

dernier vous annonce avec un grand sourire que vous lui avez soulagé d’une grande partie de

son mal.

Ainsi, si nous avions tenu compte :

1. dans nos critères d’exclusion, des réactions émotives trop importantes dans le groupe

contrôle et du facteur ethnique (différence socioculturelle).

2. d’une catégorie précise de douleur (p. ex. douleur à prédominance psychosomatique)

parmi la population de rachialgie commune.

3. de l’évolution des symptômes dans les temps quatre et cinq.

4. de faire notre expérimentation sur une technique plutôt que sur une procédure de

traitement, afin de mieux isoler notre variable indépendante.

les résultats auraient peut-être été significatifs. Toutefois, pour y arriver, un protocole très

différent devra être élaboré pour que l’on puisse minimiser les biais possibles et arriver à des

conclusions plausibles. L’expérimentation de Kaptchuk (2008) donne des pistes pour arriver à

démontrer notre hypothèse (voir 2.5.2.).

Ce genre de découverte serait fondamentale en ostéopathie, car il démontrerait à quel point la

composante relationnelle est essentielle pour le traitement de certaines souffrances. La plupart

des paramètres rituels placebo (empathie, attitude positive et chaleureuse, etc.) élaborés dans

l’étude de Kaptchuk (2008) sont employés couramment en ostéopathie. Plusieurs bénéfices en

ostéopathie peuvent être tirés d’une telle étude. Mieux comprendre comment ces mécanismes

non spécifiques de guérison contenus derrière la relation soignant/soigné fonctionnent, c’est

mieux aider notre patient à cheminer vers la guérison. Notre crédibilité scientifique et notre

efficacité thérapeutique ne peuvent qu’en tirer bénéfice.


120

5.3. Retour sur les propos de Hartman


Steve E. Hartman est professeur en anatomie et affilié au College of Osteopathic Medicine

(University of New England). Devant cet anatomiste, nous commentons respectueusement

quelques-uns de ses propos relevés dans les dernières sous-sections de notre revue de

littérature (2.6.2.5. et 2.6.2.6.).

Ces propos sont très intéressants, car ils soulèvent un aspect controversé de notre pratique. Il

mentionne qu’il est important de ne pas duper ses patients. Avec les avancées de la recherche

scientifique, il est inacceptable, à l’heure actuelle, de promouvoir des approches dont

l'efficacité n’est pas prouvée, ou semble plutôt provenir des effets non spécifiques de la

relation soignant/soigné que des effets spécifiques du traitement. De ce fait, il condamne

l’ostéopathie crânienne, stipulant que la preuve de son efficacité est tout au plus un placebo.

Les seules approches que nous devrions promouvoir, selon Hartman, pour traiter les

souffrances sont celles qui ont démontré par les ECR leur efficacité, et en ostéopathie, cela se

résume à un groupe contrôle rigoureux, un grand échantillonnage, une randomisation aléatoire

et d'autres précautions pour mesurer l’effet spécifique du traitement.

Suite à notre expérimentation, et en réponse à Hartman, nous croyons que de se fier

uniquement aux résultats fournis par les ECR n’est pas la solution miracle. L’ostéopathie ne

bénéficie pas du même budget que la médecine pour développer des ECR et moins de budget

égal plus petite population à l’étude et, conséquemment, moins de résultats probants. Qui plus

est, les résultats des ECR pour démontrer l’efficacité du traitement ostéopathique sont

aisément contestables. Notamment à cause de la difficulté à mettre en place un groupe

contrôle placebo crédible (voir 2.6.2.1. à 2.6.2.3.). De plus, les ECR accordent peu
121

d’importance aux données contextuelles (psychosocial et affectif) dans lequel le patient se

présente (voir 2.6.1.), ce qui n’est pas le cas en ostéopathie. Par ailleurs, se fier uniquement

aux ECR, cela peut perturber le jugement clinique et l’autonomie du thérapeute. Ceux-ci

prioriseront les données des ECR au détriment de leurs facultés intuitives et de leurs

expériences cliniques (voir 2.6.1.). Ainsi, tout n’est pas si simple.

Mais pour Hartman, de faire autrement, cela entraîne l’ostéopathe et le patient dans un

tourbillon de désillusion. Dans un camp, les patients guérissent par effet placebo, ou pire, ils

se croient guéris alors qu’en vérité, leurs situations se détériorent. Dans l’autre camp,

l’ostéopathe est convaincu que la guérison de son patient est attribuable aux effets spécifiques

de son approche. Selon Hartman, fervent défenseur d’une ostéopathie qui se forge sur des

données probantes, cet engrenage est plutôt malheureux, car il a pour effet d’aveugler

davantage le patient et l’ostéopathe de la réalité. Devant les aspirations de la communauté

ostéopathique à développer sa science et à être perçue de façon crédible, pour Hartman, cette

conduite mène droit à un cul-de-sac.

Sur ce point, nous sommes entièrement d’accord avec lui. Dans ce contexte, le patient n’est

pas conscient que la guérison est essentiellement causée par son autosuggestion, et

l’ostéopathe croit davantage à l’efficacité de son approche sans se remettre en question. Par

contre, tout dépendant de quelle souffrance il s’agit, nous nuançons tout de même ses propos.

Dans le cas de la douleur chronique ou psychosomatique, les rituels de guérison peuvent

s’avérer être d’excellents outils thérapeutiques. Toutefois, pour que ceux-ci soient réellement

efficients, il est important que l’ostéopathe les emploie en connaissant leurs limites et en

s’assurant que son patient bénéficie également de toute autre approche que la recherche
122

scientifique a prouvé efficace. Selon nous, faire ainsi rend honneur à la profession de

l’ostéopathie et, dans ce contexte, nous sommes efficaces et sécuritaires.

Les études démontrent (voir section 2.5.) que les suggestions, le toucher et toutes interventions

somato-sensorielles ont le potentiel d’engendrer une réorganisation de la neuromodulation

corticale. Ne pas tenir compte de ces outils et de leurs potentiels en ostéopathie, c’est sous-

estimer notre efficacité thérapeutique et ignorer l’importance des rouages complexes entre

psyché et soma dans la guérison de nos patients. Dans ce contexte particulier, l’approche

ostéopathique peut être spécifiquement bien placée pour développer des traitements efficaces

pour soigner certaines souffrances de nos patients. Il serait dommage de se priver de ces outils

thérapeutiques soi-disant parce qu'ils ne sont pas spécifiques à notre domaine. En revanche, la

communauté ostéopathique doit être prudente lorsqu’elle justifie son efficacité thérapeutique

sur des théories aisément contestables (voir 2.6.2.6.).

En somme, il est effectivement important de ne pas duper nos patients; l’ostéopathie n’est pas

une discipline de charlatan. Par contre, certains aspects derrière les souffrances de nos patients

peuvent bénéficier d’une approche et d’un thérapeute qui excellent dans le domaine de

l’interaction soignant/soigné. Dans ce domaine, l’ostéopathie est particulièrement habilitée

pour répondre à ce besoin. Ainsi, dans ce nouveau contexte, l’approche reste la même, mais

les justifications pour expliquer le mécanisme de guérison diffèrent.

Pour le bien de notre profession, il est important d’être conscient de la valeur des effets de

l’interaction soignant/soigné devant l’efficacité de nos interventions. Les répercussions de ce

constat peuvent créer de grands remous pour le développement de l’ostéopathie, mais les plus

grands bénéfices seront pour nos patients.


123

5.4. Retour sur la persuasion contenue dans des rituels de guérison


Nous proposons un modèle pour schématiser la manière dont s’effectue le recours à l’usage de

la persuasion contenue dans des rituels de guérison. Nous suggérons de le visualiser avec notre

compréhension des notions mises de l’avant par les auteurs cités dans la section 2.4. et ses

sous-sections.

Modélisons, c’est par le langage du corps (la posture, les gestuelles, les mimiques), et à partir

du choix des mots (suggestion directe, indirecte, paraverbale) échangés entre soignant/soigné

que s’effectuent des rituels de guérison. Par analogie à l'araignée qui tisse sa toile à partir du

branchage environnant, les rituels de guérison se construisent à partir d’un univers où

s’entrelacent culture (1), croyance (2) et valeur (3), avec sémiologie (4), sémantique (5) et

persuasion (6). Le centre privilégie la discussion dialogique. Il est un réseau d’échanges

réciproques, un point de balance entre couples opposés tels que rhétorique/herméneutique,

verbal/non-verbal, conscient/inconscient, subjectif/objectif, corps/esprit,

volontaire/involontaire, etc. Ce point neutre permettrait en premier lieu de se mettre au

diapason avec le patient, et en deuxième lieu, il permettrait de susciter la résilience (meaning

response). (voir fig. 5.)

5 6
Discussion
Dialogique

2 / 3
/
Figure 5. L’étoile dialogique 4
124

Ainsi, de fil en aiguille, l’usage de la discussion dialogique permettrait de tisser des liens de

confiance et d’échange réciproque. Cette définition de la discussion dialogique peut très bien

se transposer à celle de la relation empathique (voir 2.4.2.). En d’autres mots, la discussion

dialogique sert autant au soigné pour communiquer sa plainte qu’au soignant pour prodiguer le

soin approprié. Bien que cette forme de dialogue ne puisse être à elle seule tout le temps

suffisante pour guérir nos patients, elle permet l’acceptation en modifiant la perspective du

patient sur ses souffrances, d’entretenir l’espoir et d’offrir des solutions transitoires (voir

2.4.5.).

Ces allégations vont dans le sens des études sur l’effet placebo et l’hypnose. Il est observé par

imagerie que les suggestions et/ou l’effet placebo modifient les neuromodulations en faveur

d’une réorganisation corticale pour mieux gérer la douleur (voir 2.5.3.1. à 2.5.3.3.). Il ne s’agit

pas ici de faire croire à une guérison miraculeuse, mais d’offrir un soutien sur ce chemin.

Par contre, nous croyons que cette aptitude chez l’ostéopathe n’est pas une compétence qui

s’enseigne, mais une disposition de l’esprit qui s’acquiert à travers la pratique (savoir-faire) et

le vécu (savoir-être). Ces déductions vont dans le sens d’une conclusion des métas analyses

sur le toucher thérapeutique (voir 2.5.2.2.). Le potentiel thérapeutique du traitement est

dépendant de celui qui prodigue le soin (healer dependant).

5.4.1 La persuasion rhétorique en ostéopathie

On pourrait résumer que la persuasion rhétorique (PR) est à la fois omniprésente et contenue

dans toute forme de communication interpersonnelle, de transmission du savoir et de

connaissances (voir 2.3. et ses sous-sections). Elle fait appel aux sentiments, aux croyances,
125

aux valeurs et aux contextes psychosocial et socioculturel. Ainsi, la PR s’effectue notamment

par l’entremise des outils rhétoriques suivants : les métaphores et les analogies, l’intonation,

les gestuelles et les mimiques. Ces outils de la persuasion apportent une qualité et du sens à

l’information véhiculée par l’interlocuteur. Ces éléments subjectifs du discours (incluant le

langage verbal/non-verbal/paraverbal) transmettent plus de justesse pour l’interprétation de

l’interloqué. Dans ce modèle, nous agissons en fonction de nos croyances et dès lors, la

persuasion accompagne chacun de nos agissements.

Le discours de l’ostéopathie et de l’ostéopathe n’échappe pas à ce phénomène. Au contraire,

dans une perspective systémique, et pour faciliter la compréhension de la dimension

thérapeutique et omniprésente de la persuasion rhétorique (PR) en ostéopathie, nous proposons

la synthèse et les schémas suivants. L’étude de la PR contenue dans des rituels de guérison en

ostéopathie doit passer par l’étude de la PR en ostéopathie. Pour comprendre l’usage

volontaire de la PR contenue dans des rituels de guérison en ostéopathie, il faut explorer le

contexte socioculturel, les croyances et les valeurs qui se rapportent à la guérison et à

l’édification de notre discipline. Dans ce sens, il est plus aisé de concevoir comment la PR est

à la fois au cœur de l’art, de la science et de la philosophie (voir fig. 6.) que contenue dans la

construction des concepts, du savoir-faire et du savoir-être de l’ostéopathe. (voir fig. 7.)


126

Figure 6. Schématisation de la persuasion rhétorique en ostéopathie

PR

Figure 7. Schématisation des rituels de guérison en ostéopathie


127

On pourrait ajouter que l’ostéopathie et l’ostéopathe jouissent d’une popularité en partie grâce

à leur rhétorique, et à l’inverse, jouissent de rhétorique en partie grâce à leur popularité. Ainsi,

dans le soin ostéopathique, l’usage volontaire de la persuasion contenue dans des rituels de

guérison apporte à l’ostéopathe plus de raffinement dans la qualité du traitement prodigué.

Nous renchérissons en avançant que l’ostéopathie est davantage efficace, car la logique

derrière ses concepts de base et sa méthodologie de traitement est persuasive.


Conclusion
129

Conclusion
Notre étude sur les rituels de guérison en ostéopathie cherche à distinguer la part des effets

non spécifiques de la relation soignant/soigné impliquée dans l’efficacité de nos interventions.

Elle cherche aussi à démontrer que l’usage stratégique de ces effets peut amplifier l’efficacité

de nos interventions. Car il se peut que, trop souvent, on attribue la guérison de nos patients en

fonction d’une approche ostéopathique spécifique alors qu’en réalité, les bienfaits de notre

intervention peuvent être les conséquences directes des effets non spécifiques de la relation

soignant/soigné.

Cet aspect mal élucidé de notre pratique nuit potentiellement à notre crédibilité et au

développement de notre science. De méconnaître l’importance de ces effets, contenus dans nos

interventions, peut nous induire en erreur avec des conséquences potentiellement néfastes pour

la santé de nos patients. En revanche, de connaître l’importance de ces effets et de reconnaître

le moment opportun pour en faire usage, cela nous permet de répondre plus justement aux

besoins de nos patients, et affine notre jugement clinique ainsi que notre efficacité

thérapeutique.

Parallèlement, cette étude veut aussi démontrer que l’emploi des ECR (essais cliniques

randomisés) pour mesurer l’efficacité du traitement est peu souvent approprié en ostéopathie.

Notamment, ceci s’observe à cause de la grande diversité de ses méthodes, de sa conception

holistique de la santé, de l’échantillonnage souvent trop petit ainsi que de la difficulté à mettre

en place un groupe contrôle placebo crédible. Immanquablement, trop de biais peuvent

s’immiscer. L’interaction soignant/soigné est trop importante, et contrairement aux modèles


130

ECR, l’ostéopathie accorde beaucoup de valeur aux facteurs étiologiques, et aux contextes

socioculturel, psychosocial et affectif avec lesquels le patient se présente.

Lorsque l’ostéopathie essaie de cadrer dans le modèle des ECR pour justifier l’efficacité du

traitement, elle perd de son identité et de sa spécificité. Cette démarche la mène droit vers un

cul-de-sac. On ne peut prétendre isoler les effets spécifiques du traitement des effets non

spécifiques du soin aussi facilement que de séparer l’ingrédient actif d’une pilule. En le

faisant, nous ne sommes plus en train de mesurer l’efficacité réelle et le plein potentiel de

l’ostéopathie. Le soin et le traitement en ostéopathie sont synergiques.

Par ailleurs, la médecine officielle peut apprendre de notre approche. Peut-être que l’efficacité

de ses interventions en serait amplifiée? Il serait intéressant de mesurer l’efficacité d’un

médicament lorsqu’on valorise les effets d’un soin consciencieux en comparaison avec

l’efficacité d’un médicament lorsque le soin est absent. Tout comme il serait intéressant de

mesurer l’efficacité des effets non spécifiques de la relation soignant/soigné en ostéopathie

avec l’efficacité des effets non spécifiques de la relation soignant/soigné des autres approches

médicinales. Il se pourrait que l’approche ostéopathique soit une approche particulièrement

efficace pour générer ces effets. Par contre, puisque l’efficacité du traitement ostéopathique est

parfois difficilement démontrable, mais aisément contestable, on doit rester prudent dans notre

façon d’expliquer les mécanismes qui sont à l’œuvre derrière l’efficacité de nos interventions.

Si l’approche ostéopathique veut se démarquer des autres approches médicinales et veut

démontrer qu’elle est une science qui se respecte, elle doit avoir un discours impeccable et

irréprochable.
131

En somme, est-ce que nous connaissons la juste part des effets non spécifiques de la relation

soignant/soigné parmi l’efficacité de nos interventions? Si la réponse est non, cette ignorance

peut créer des torts à nos patients, à notre crédibilité et au développement de notre science.

Dans ce cas, nous devrions mettre en œuvre des moyens pour le savoir. Si la réponse est oui,

est-elle clairement indiquée dans l’enseignement des concepts, des méthodes et des techniques

ostéopathiques, ou devons-nous lire entre les lignes de cet enseignement? En d’autres mots,

est-ce que ce discernement dans notre pratique est transmis implicitement ou explicitement à

l’étudiant? Le fait de développer ou de rajouter à nos méthodes des techniques ou des

stratégies qui tiennent compte explicitement de l’efficacité thérapeutique des outils rhétoriques

permettrait à l’étudiant de mieux saisir l’apport et l’importance de ces outils dans l’obtention

de ses résultats. Ce qui en retour aura pour effet d’affûter davantage son jugement clinique, et

indubitablement son efficacité thérapeutique.


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Annexes
xvi

Annexe 1 : Méthodologie de recherche du protocole

3.1. Stratégie de recherche

Essai clinique randomisé

3.2. Les sujets

Participants éligibles dont les douleurs correspondent aux symptômes de la rachialgie commune. Ils

seront recrutés par la secrétaire à partir des appels de nouveaux patients à la Clinique d’ostéopathie

familiale Yoland Martineau, dans les Hautes-Laurentides, au cabinet d’ostéopathie de Connexion

Pilates, du centre-ville de Montréal, ou à la Clinique ostéopathique du Mont Saint-Bruno. Ils devront

avoir rempli favorablement le questionnaire de sélection des participants (Annexe 2), ainsi qu’ils

devront avoir signé le formulaire de consentement (Annexe 5).

3.2.1. Critères d’inclusion (Annexe 2)

• Être âgé de plus de 18 ans et de moins de 50 ans, et être apte à donner son consentement.
• N’avoir jamais été traité en ostéopathie auparavant.
• Avoir mal au dos (cervicales, dorsales ou lombaires).
• Les douleurs sont présentes ou aggravées depuis une période de plus de deux mois et de moins
de deux ans.
• Toutes prises de médicaments prescrits depuis plus d’un an pour contrôler une pathologie
systémique et qui ont généré une régularisation (amélioration des symptômes). Exemple tel
que pour l’hypertension artérielle (HTA), le diabète, l’hypertrophie bénigne de la prostate
(HPB).
• Tous sujets avec une prescription médicamenteuse (antidouleurs, anti-inflammatoires,
relaxants musculaires) depuis plus de deux semaines et qui souffrent toujours de leurs
rachialgies.

3.2.2. Critères d’exclusion (Annexe 2)


xvii

• Les rachialgies d’origines viscérales (pathologiques) ou symptomatiques.


• Toutes hyperesthésies, hypoesthésies suspectes (hernie discale) des membres supérieurs et/ou
inférieurs.
• Les douleurs ne sont pas soulagées par le repos et/ou sont aggravées pendant la nuit.
• Présente une condition de santé importante non contrôlée, p. ex. hypertension artérielle,
diabète, insuffisance rénale, …
• Qui est présentement sous investigation médicale ou qui présente une condition médicale
inquiétante, p. ex. signe positif de hernie discale, …
• Tous sujets qui combinent le traitement ostéopathique avec une autre thérapie pendant la
recherche pour soulager la douleur telle qu’un traitement en médecine complémentaire ou avec
une prescription médicamenteuse (antidouleurs, anti-inflammatoires, relaxants musculaires)
depuis moins de deux semaines.

3.2.3. Type d’échantillon et taille

L’échantillonnage sera aléatoire et créé selon les critères d’inclusion et d’exclusion. D’après nos

observations, des études similaires dans la stratégie de recherche qui n’avaient pas d’idée sur la taille

ou sur les effets attendus ont eu recours au CEO à un échantillon d’un minimum de 30 personnes, et

d’un maximum à déterminer avec un seuil de signification de 0,5 et une puissance de 80 %.

(Deslauriers, 2008; Bérubé, 2008) N’ayant pas eu de retour d’appel du statisticien, nous nous réservons

des possibilités de modifier ces modalités suite à nos échanges avec le statisticien.

3.2.4. Description des groupes et modes de distribution

Pour cet essai clinique, deux groupes seront formés et traités selon la méthodologie du CEO. Nous

aurons un groupe expérimental (subjectif) et un groupe contrôle (objectif). (Annexe 3) Les participants

seront randomisés entre les groupes expérimental et contrôle, de façon séquentielle sur la base 1 : 1.

3.2.4.1. Le groupe expérimental (Annexe 3)


xviii

Il sera exposé à une stratégie rhétorique du chercheur (voir 2.1.2.). Dans ce groupe, l’objectif sera de

mesurer si dans un soin ostéopathique de la rachialgie commune, l’usage volontaire de la persuasion

dissimulée dans un rituel de guérison favorise la diminution de la douleur. Pour ce faire, le chercheur

agencera subtilement et volontairement, au cours de la séance ostéopathique, certains éléments

psychosociaux issus de la relation soignant/soigné (voir 2.1.1. et 2.1.3.) tels que : écoute active,

procédure de diagnostic élaborée, pronostic optimiste et solution alternative. Principalement pour

entretenir une discussion dialogique et pour tisser des liens de confiance. (voir 2.1.4.)

3.2.4.2. Le groupe contrôle (Annexe 3)

Dans ce groupe, l’objectif sera de fournir une ligne de référence (base line) de la valeur d’un soin

ostéopathique de la rachialgie commune exempte d’un usage volontaire de la persuasion dissimulée

dans un rituel de guérison. Le rapport ostéopathique sera principalement professionnel, courtois et

discret. Ainsi, nous pourrons mesurer le rendement de la diminution de la douleur d’un soin

ostéopathique de la rachialgie commune dans lequel les éléments psychosociaux issus de la relation

soignant/soigné seront minimisés et dans lequel seulement l’objectivité de la palpation et du dialogue

avec les tissus sera valorisée. Pour ce faire, le chercheur n’accentuera pas volontairement, au cours de

la séance ostéopathique, son attention envers le patient lors des échanges verbaux et non verbaux. c'est-

à-dire que l’attitude objective du chercheur tentera de favoriser, lors de ses entretiens avec le patient,

un climat de neutralité en supprimant autant que possible les figures de style dans son discours.

3.2.5. Processus de randomisation

Les participants recrutés seront distribués aléatoirement par le moyen d'un système d'enveloppes. Plus

précisément, juste avant de commencer l’anamnèse, les participants devront piger dans une enveloppe

un papier sur lequel on trouvera un cercle (groupe expérimental) ou un carré (groupe contrôle).

(Annexe 8)
xix

3.3. Les variables

3.3.1. Indépendante

L’usage volontaire de la persuasion dissimulé dans un rituel de guérison.

3.3.2. Dépendante

L’intensité de la douleur.

3.3.3. Confondante

Le sexe, l’âge, la profession, les occupations (voyages, amours, deuils), le style de vie (hygiène,

repos/activité, habitudes alimentaires) seront contrôlés par le biais de la randomisation ainsi qu’avec un

questionnaire auquel devra répondre le participant entre le premier et le deuxième traitement et une

semaine après ce deuxième (dernier) traitement dans le but d’identifier tous les facteurs extrinsèques au

traitement susceptibles d’avoir influencé les résultats. (Annexe 4)

N.B. La question 4 de l’Annexe 4 nous a été conseillée par le docteur Jean Latreille, chef du

département d’oncologie de l’Hôpital Charles LeMoyne. Cette question peut nous donner certaines

indications concernant l’efficacité de la stratégie rhétorique présentée dans la méthodologie du soin du

groupe expérimental. Par exemple, dans notre discours entourant les conseils d’usage, est-ce que le fait

de faire allusion à des éléments qui ont semblé avoir aidé notre propre guérison a stimulé le patient à

les adopter pour sa propre guérison? Si oui, cet exemple de variable confondante (peut-être

qu’effectivement le fait de couper le sucre et la caféine favorise une diminution de la douleur) confirme

que, stratégiquement, si l’on veut que notre patient adopte nos conseils, il faut être persuasif, et que le

fait de faire des analogies avec nos propres expériences est efficace en ce sens. Ainsi, cette variable

confondante devient en quelque sorte une variable indépendante et valide l’effet persuasif de certaines

stratégies employées par le chercheur dans le groupe expérimental.

3.4. Matériel et instruments de mesure


xx

Nous utiliserons, comme instrument de mesure, deux questionnaires de la douleur : le VAS « Visual

Analogue Scale », l’échelle visuelle analogue, et le questionnaire de douleur de Melzack. (Annexe 9)

Ces tests psychométriques sont fortement utilisés et connus dans le domaine médical. Leur validité est

documentée dans les bases de données de la médecine (Langley, 1985; Melzack, 1987). Ces

questionnaires sont souvent combinés pour donner une vue d’ensemble sur la progression du patient.

(Pinkus et Sokka, 2004)

3.5. Méthode de collecte de données

Les questionnaires seront remplis par le participant et recueillis par le praticien au début de chaque

rencontre et une semaine après la dernière rencontre. Les informations seront soumises au statisticien à

la fin de la recherche par dossier informatisé pour la compilation des données.

3.6. Déroulement de l’expérimentation

Le groupe contrôle et le groupe expérimental seront traités selon la méthodologie de traitement du

CEO. C'est-à-dire : 1) Compaction intra et interosseuse, cicatrice; 2) Lésion non physiologique sans

axe; 3) Lésion non physiologique avec axe; 4) Lésion physiologique; 5) Restriction. Nous remplirons

l’anamnèse au début de la première séance avec le patient et la grille d’évaluation ostéopathique sera

complétée à la fin de chaque rencontre. (Annexes 6 et 7) Deux séances seront planifiées dans un

intervalle de plus ou moins 10 jours. Le participant devra répondre aux questionnaires de Melzack et

du VAS avant chaque rencontre, puis une semaine après la deuxième rencontre.

3.6.1. Le groupe contrôle

Dans ce groupe, le praticien se limitera dans ses échanges verbaux tout au long de la rencontre, le

rapport sera professionnel, courtois et discret. Le traitement ne sera prodigué qu’en fonction des

renseignements obtenus par l’anamnèse, l’objectivité de la palpation, du dialogue avec les tissus et

avec les conseils d’usage. (Annexe 3)


xxi

3.6.2. Le groupe expérimental

Dans ce groupe, nous performerons systématiquement à chaque traitement et pour chaque participant

une auscultation riche en éléments subjectifs. En plus d’une attention bonifiée au niveau de la relation

empathique et de l’écoute active, les tests tels que les pouls distaux (radiaux et tibiaux postérieurs), les

tests oculaires neurologiques avec stylo lumineux (H, mydriase et myosis), la balance inhibitrice, les

points réflexes de Chapman (trigger points) ou les tender points du strain counter strain seront

prodigués principalement pour leurs effets persuasifs, pour instaurer un climat de confiance, ainsi que

pour entamer la discussion dialogique. Par l’entremise de tous ces tests et re-tests, nous suggérerons

une amélioration qualitative des signes. Il nous apparaît important de signaler à ce stade qu’il ne s’agit

pas de duper le patient. Ce serait contraire à notre éthique. De plus, la persuasion s’obtient à travers une

logique; notre discours doit amener sens et signification pour le patient. Si ce dernier se sent dupé,

notre effet persuasif sera anéanti. Ainsi, nous miserons sur la sincérité, la réciprocité et l’authenticité.

Les interrelations ostéopathiques, les figures de style (la discussion dialogique, les métaphores, les

analogies, les interjections, etc.), les solutions alternatives et un rapport empathique seront les

stratégies rhétoriques employées dans cet essai clinique randomisé pour tricoter ce que nous nommons

un filet de persuasion (voir figure 1, page 8). Tout ça dans le but d’amener un changement de

perspective chez le patient et de vérifier si, effectivement, cela diminue de façon mesurable la douleur

perçue par celui-ci. (Annexe 3)

3.6.3. Attrition

Concernant les participants qui auront quitté avant la fin de l’expérimentation, le chercheur les

contactera par téléphone pour connaître les raisons de l’abandon.

3.7. Biais

Les biais peuvent être nombreux :


xxii

1) La valeur uniquement qualitative des outils de mesure;


2) Les attentes du chercheur;
3) Les attentes du participant.

La répartition aléatoire des participants, nos critères d’exclusion et la validité éprouvée des

questionnaires de douleurs de Melzack et du VAS vise à minimiser les biais potentiels. L’effet

Hawthorne sera présent dans les deux groupes, et annulera donc ce biais potentiel. Par contre, le biais

par l’Effet Pygmalion sera substantiel dans nos attentes des résultats du groupe expérimental, puisqu’il

est justement dissimulé dans les notions relatives au rituel de guérison. Le biais susceptible d'être le

plus nuisible dans la démarche pour démontrer notre hypothèse est l’effet John Henry. (Cégep du

Vieux Montréal, s.d.) Ce biais reconnu est présent dans le groupe contrôle; les membres de celui-ci se

sachant comparés avec le groupe expérimental vont au-delà de leur rendement habituel.

Il est important d’inclure dans nos biais que les résultats obtenus peuvent ne pas représenter les

éléments étudiés. Un questionnaire pour contrôler les variables confondantes est prévu à cet effet.

(Annexe 4) C'est-à-dire que nous ne pouvons garantir hors de tout doute que la formule

méthodologique du groupe contrôle est exempte de toute subjectivité, et que celle dans le groupe

expérimental soit persuasive dans tous les cas. De plus, concernant la reproductivité d’une recherche

entourant le soin ostéopathique, nous mettons en doute l'unicité des résultats d’un ostéopathe à l’autre.

La maîtrise de l’art et du soin ostéopathique est complexe et, selon nous, elle est dépendante de

l’expérience, des aptitudes de l’ostéopathe, de ses qualités interrelationnelles et autres éléments non

spécifiques. Par contre, nous spéculons que le rapport entre les résultats du groupe contrôle avec celui

du groupe expérimental devrait être sensiblement pareils pour tout ostéopathe. Nous croyons avoir

employé une approche méthodologique simple à suivre et aisément reproductible.

3.8. Considérations éthiques


xxiii

Nous avons à cœur de communier respect de la dignité des participants et respect des critères rigoureux

en méthodologie de recherche. En début de rencontre, un formulaire de consentement éclairé leur sera

présenté et il sera signé avant d’entreprendre toute démarche supplémentaire. (Annexe 6) Dans ce

formulaire, les objectifs et les différentes procédures seront bien indiqués, et il sera précisé qu’en tout

temps, le participant pourra sortir de la recherche sans aucun préjudice. Toutes les données

personnelles ne seront employées que pour la recherche et par le statisticien, et resteront

confidentielles. Il n’y aura aucune association de l’identité des participants avec les données

employées. Concernant les risques potentiels de ce type de recherche, nous identifions tout de même la

possibilité d’un effet nocebo dans le groupe contrôle ou expérimental. Une séance supplémentaire sera

offerte au patient qui le nécessite.


xxiv

Annexe 2 : Modification au protocole


xxv
xxvi

Annexe 3 : Questionnaire de sélection des participants

Date du jour :
Jour Mois Année

Prénom : NOM :
Sexe
Adresse :

No de téléphone (maison) :
No de téléphone (autre) :

Critères d’inclusion
OUI NON
1) Êtes-vous âgé entre 18 et 65 ans?  
2) Avez-vous mal au dos (cou, dos, lombaires)?  
3) Si oui, cela fait-il moins de deux ans et plus de deux mois que votre mal de  
dos est apparu ou qu'il s’est aggravé?
4) Avez-vous déjà été traité en ostéopathie?  
5) Est-ce que les douleurs sont essentiellement nocturnes?  

6) Est-ce qu’il y a aggravation progressive des douleurs et non-soulagement par  


le repos?

2- Critères d’exclusion
OUI NON
7) Avez-vous des engourdissements ou des irradiations dans les bras ou les  
jambes, accompagnés d’une perte de sensibilité et de tonus musculaire?

8) Êtes-vous présentement sous investigation médicale pour votre mal de dos  


ou autre? Si oui, quel est le diagnostic? ___________________________

9) Recevez-vous actuellement un ou des traitements en médecine douce ou  


complémentaire?

10) Est-ce que votre dernier traitement en médecine douce date de moins de  
deux semaines?
xxvii

OUI NON

11) Avez-vous, actuellement ou dans le passé, eu un cancer?  


12) Avez-vous une hernie discale connue et symptomatique?  
13) Avez-vous subi une intervention chirurgicale majeure?  
14) Souffrez d’une maladie importante non contrôlée (diabète, hypertension,  
cholestérol, dysfonction rénale, etc.)?

15) Prenez-vous une ou plusieurs médications? Si oui, quelles sont-t-elles,  


pourquoi et depuis quand? _ ___________________________ _______

16) Est-ce que vous avez subi un choc traumatique récent en concordance  
avec l’apparition du mal?

17) Souffrez-vous de troubles neurologiques centraux? (p. ex. perte de force,  


de tonus et/ou des réflexes, mouvements anormaux, troubles des sphincters,
etc.)

18) Souffrez-vous d’une pathologie psychotique? (p. ex. démence,  


schizophrénie, etc.)

19) Avez-vous un problème de santé important sous investigation (p. ex.  


cancer, sclérose en plaques, etc.) Si oui, lequel? _________________
_______

Commentaires

À l’usage du chercheur

Pour être éligible à une participation dans cette étude, les réponses du participant doivent correspondre
pour :

Les critères d’inclusion


Les cases des questions 1, 2 et 3 doivent être cochées OUI, et les cases des questions 4, 5 et 6 doivent
être cochées NON, pour passer à la section suivante.

Les critères d’exclusion


Les réponses de cette deuxième section doivent contenir une majorité de NON, à l’exception des
questions 8, 9, 15 et 19. Ces quatre questions demandent un approfondissement. En d’autres mots, un
NON n’est pas exclusivement recherché dans ces quatre cas; cela dépend de la complexité du terrain
du sujet et des risques de complications associés. Par conséquent, si les participants répondent OUI aux
questions 8, 9, 15 et 19, le chercheur devra évaluer la situation selon les informations données.
xxviii

Q. 8) S’assurer que la rachialgie est bien commune et non d’origine viscérale ou symptomatique. Un
diagnostic d’entorse lombaire, cervicale, d’un lumbago ou d’un DIM (dérangement intervertébral
mineur) sans hypo ou hyperesthésie dans les membres inférieurs ou supérieurs sera éligible.
Q. 9) Dépendra de la réponse à la question 10.
Q. 15) Nous pouvons inclure les participants dans la recherche si les médicaments ont stabilisé une
pathologie systémique, ou si les médicaments sont pris depuis plus de deux semaines pour la rachialgie
commune et que les souffrances sont encore présentes.
Q. 19) S’assurer hors de tout doute que la pathologie n’influe pas sur les souffrances rachialgiques.
Exemple, une cirrhose du foie ou une maladie de Crohn avec douleur référée.
xxix

Annexe 4 : Méthodologie du soin

Suite à notre discussion en table ronde en présence de Michèle Pépin le 22 avril dernier, dans le cours
de méthodologie de recherche, et suite aux recommandations du jury lors de la présentation, voici les
constances méthodologiques que nous proposons d’adopter dans chacun des deux groupes afin de
rendre aisément reproductible notre expérimentation et valider ou invalider notre hypothèse.

Constances du soin observées dans les deux groupes :

1) Le début de chaque rencontre commencera avec une poignée de main.

2) Chaque groupe recevra un traitement selon la méthodologie du CEO qui comprend une
évaluation posturale, des tests de vitalité et de mobilité (active et passive) ainsi que de balance
inhibitrice.

3) Chaque groupe recevra à la fin du traitement les conseils d’usage (exercices, alimentation,
etc.).

A) Méthodologie du soin pour le groupe expérimental :

1) Chaque début de rencontre, il y aura une poignée de main avec un sourire qui sera présent lors
de toutes interactions verbales avec le patient. (jeu de mimique agréable pour tisser des liens
de confiance)

2) Lors de l’anamnèse, il y aura une emphase autour des éléments traumatiques physiques et/ou
émotionnels divulgués par le patient. (écoute active) Exemple : « Ah, je vois. Donc, si je
récapitule, vous avez toujours eu le ventre, comme zone sensible. Et il y a de cela cinq ans,
vous avez dû vous rendre à l’hôpital pour une péritonite aiguë. On vous a opéré d’urgence et
vous trouvez que vous avez très mal cicatrisé. Humm! Et si je comprends bien, cette
expérience a été vécue de façon très douloureuse. »

3) Lors de notre évaluation objective du patient, nous ajouterons systématiquement pour chaque
patient : (procédures de diagnostic plus élaborées)
a) Les tests oculaires avec le stylo lumineux tel qu’enseigné par Hélène Loiselle dans le
cours pathologie du système nerveux (NSP226), section examen neurologique.
b) Les tests des réflexes ostéo-tendineux (rotuliens, achilléens et brachio-radials).
c) La prise de la pression sanguine et les pouls distaux (radiaux et tibiaux postérieurs).
d) La recherche de tender points.

4) Lors du traitement de la rachialgie commune de notre patient selon la méthodologie du CEO,


effectué notamment par l’entremise de la balance inhibitrice, nous évoquerons des
interrelations ostéopathiques de cette lésion ostéopathique avec les éléments traumatiques
physiques et/ou émotionnels divulgués par le patient lors de l’anamnèse. (discussion
dialogique) Exemple : « Votre cicatrice sur l’abdomen, ce vestige que vous a laissé cette
péritonite il y a de cela quelques années, semble par ses adhérences restreindre la mobilité de
xxx

vos lombaires et peut être une des causes de votre mal de dos. De plus, cette zone apparaît
dévitalisée, déshabitée. » Lors de chaque normalisation, nous verbaliserons le moment du
relâchement des tissus et pouvons aussi demander au patient s’il corrobore nos impressions.
Lors du re-test, nous suggèrerons une amélioration qualitative dans la texture et la mobilité des
tissus. (Induction verbale) Exemple : « Voilà, on sent que ça lâche tranquillement. Sentez-vous
cette chaleur qui se dégage de cette zone? Hum, Voila! C’est beaucoup mieux maintenant,
c’est plus souple dans ma main, je ne perçois pas autant le tiraillement et on sent que le sang
peut enfin circuler plus librement. Ça va vous faire un grand bien, non seulement pour votre
sensibilité au niveau de l’abdomen, mais aussi pour votre mal de dos. »

5) À la fin du traitement, nous demanderons comment se sent le patient et nous réévaluerons la


mobilité, les réflexes ostéo-tendineux, les tender points et la posture. Si le patient exprime une
amélioration de ses symptômes, nous suggérerons conjointement une amélioration des signes.
Si le patient exprime toujours de la douleur, nous ajouterons un TOG sur le site de la douleur
pour l’inhiber et expliquerons au patient qu’il faut donner du temps aux tissus pour
s’acclimater aux changements. Dans tous les cas, notre pronostic sera optimiste.

6) À la fin de la séance, nous proposerons des conseils d’usages (alimentaires, repos et activité)
pour que le patient entretienne sa santé. Lors de ces conseils, nous évoquerons comment ceux-
ci ont changé favorablement notre propre santé. (solution alternative) Exemple : « Lorsque
j’avais un mal de dos sensiblement pareil au vôtre, on m’avait conseillé de couper le sucre et la
caféine temporairement pour diminuer l’excitabilité du système nerveux. Il me semble que cela
m’a beaucoup aidé. » (voir N.B. à la section 3.3.3.)

7) À la rencontre suivante, nous demanderons au patient comment il se sent. Si le patient exprime


très peu de changements concernant ses symptômes, nous lui demanderons s’il a respecté les
conseils que nous lui avons proposés. S’il répond par la négative, nous le responsabiliserons
sur la part qu’il doit jouer dans la prise en charge de sa guérison en suggérant qu’il est
important de changer certaines habitudes pour recouvrir la santé. (Lien de confiance; entretien
l’espoir de guérison chez le patient et permet aussi de ne pas salir les impressions qu’il a sur
la qualité de notre intervention ostéopathique)

B) Méthodologie du soin pour le groupe contrôle :

1) Lors de la poignée de main et tout au long des échanges, nous adopterons une attitude stoïque.
Nous serons courtois, professionnels et discrets. Notre discours ne devra contenir, autant que
possible, aucune forme de figure de style.

2) Il n’y aura pas d’emphase sur les éléments de nature traumatique physique et/ou émotionnelle
divulgués par le patient au cours de l’anamnèse ni tout au long de la séance.

3) Lors des tests, des normalisations et des re-tests, nous ne communiquerons pas nos
impressions. De même que nous ne ferons aucun lien entre la lésion ostéopathique et les
éléments traumatiques ou émotionnels divulgués lors de l’anamnèse ou au cours du traitement.

4) À la fin du traitement, nous réévaluerons la posture et la mobilité, mais nous n’émettrons


aucun commentaire ni pronostic.
xxxi

5) Si le patient demande nos impressions sur la gravité de la lésion ou sur son évolution, nous lui
expliquerons que nous ne pouvons pas divulguer aucune de ces informations pendant
l’expérimentation afin de préserver l’objectivité de la recherche.

6) À la fin de la séance, nous émettrons des conseils d’usage, toutefois sans analogies à notre
propre expérience. Exemple : « Il est conseillé de couper temporairement le sucre et la
caféine. » À la séance suivante, lorsque nous lui demanderons comment évoluent ses
symptômes, nous n’émettrons aucun commentaire entourant son évolution. Enfin, nous ne
nous informerons pas de son application de nos conseils d’usage. (voir N.B. à la section 3.3.3.)
xxxii

Annexe 5 : Questionnaire post-traitement pour le contrôle des variables


confondantes

Numéro du participant :

Date du jour : / /
Jour Mois Année

Il vous est demandé de répondre à ce questionnaire pour que nous puissions mesurer des variables
confondantes susceptibles d’influencer les résultats de la recherche. C'est-à-dire que certains aspects en
dehors du traitement peuvent avoir modifié favorablement ou défavorablement votre douleur.

1) Y a-t-il eu des changements dans votre vie familiale, personnelle, sociale et/ou affective
(voyages, amours, deuils, décision importante, autres) tout dernièrement?

Si OUI, depuis quand? Précisez : ______________________________________________


____________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________

2) Y a-t-il eu des changements dans votre vie professionnelle (congédiement, démission, nouvel
emploi, promotion, autres)?

Si OUI, depuis quand? Précisez : ______________________________________________


____________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________

3) Y a-t-il eu des changements dans vos occupations et votre style de vie (loisirs, repos, activités,
hygiène, habitudes alimentaires)?

Si OUI, depuis quand? Précisez : ______________________________________________


____________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________

4) Si vous avez répondu OUI à une de ces trois questions, y a-t-il, selon vous, un lien entre ces
changements dans votre vie avec les conseils ou les attitudes de votre ostéopathe ou avec
l’impact du traitement ostéopathique? Si OUI, précisez :
____________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________
____________________________________________________________________________
xxxiii

Annexe 6 : Formulaire de consentement

Titre de l’étude :
Étude comparative entre différentes procédures de diagnostic dans le soin en ostéopathie de la
rachialgie.

Chercheur : Alexis Manescau, FRT en ostéopathie

Introduction :
Vous êtes invité à participer à cette étude parce que vous avez mal au dos (cervicale, dorsale,
lombaire). Veuillez lire attentivement ce formulaire de consentement avant de prendre votre
décision. N’hésitez pas à poser les questions nécessaires pour faciliter votre compréhension
sur le déroulement, les objectifs, les risques et les bienfaits de l’étude.

Votre participation est volontaire et vous pourrez vous retirer en tout temps de l’étude sans
préjudice. On vous demandera de signer et de dater.

But de l’étude :
L’objectif de l’étude est de comparer les résultats de différentes procédures de diagnostic
entourant le traitement et le soin ostéopathique du mal de dos. Nous cherchons à savoir si une
des deux procédures donne des résultats cliniques plus significatifs.

Type de recherche :
Deux groupes seront comparés par une sélection aléatoire. Les deux groupes recevront un
traitement ostéopathique pour leur mal de dos, lors duquel les procédures de diagnostic seront
différentes.

Critères de sélection :
Le participant est âgé entre 18 et 50 ans. Il doit souffrir d’un mal de dos qui s’est aggravé ou
qui est apparu depuis une période de deux mois à deux ans et qui n'est pas associé à :
- une condition médicale concernant un organe profond
- une maladie inflammatoire (polyarthrite rhumatoïde)
- une cause infectieuse (spondylodiscite)
- l’ostéoporose
- une cause vasculaire (anévrisme)
- un traumatisme récent

Déroulement de l’étude :
Le participant, suite à un consentement éclairé, sera disponible pour deux traitements d’une
heure, et ce, dans un intervalle de plus ou moins deux semaines. Il devra remplir le même
questionnaire sur la douleur à trois reprises, soit une fois avant chaque traitement et une
semaine après le deuxième traitement. Il devra également répondre à un second questionnaire
pour contrôler les variables confondantes au début de la deuxième rencontre ainsi qu’une
semaine après cette deuxième rencontre. Enfin, une semaine après le deuxième traitement, le
xxxiv

participant enverra le troisième questionnaire sur la douleur et le deuxième questionnaire sur


les variables confondantes par la poste à l’adresse indiquée ci-dessous.

Rétribution :
S’il s’avère que nous constatons que l’un des deux groupes performe significativement moins
bien que l’autre dans l’étude, un traitement supplémentaire gratuit sera offert, si vous faites
partie de ce groupe.

Avantages et risques potentiels :


Il n’y a pas de risques connus. S’il y a des effets secondaires inhabituels, un traitement vous
sera dispensé à votre discrétion gratuitement après la recherche.

Conséquences de la participation :
Pour le temps de la recherche, vous ne pourrez vous prévaloir de traitement alternatif autre que
celui auquel vous participez présentement.

Liberté de participation :
Vous vous engagez sur une base volontaire, et en tout temps vous pouvez vous retirer de
l’étude.

Confidentialité des données :


Les données recueillies dans le cadre de cette étude resteront confidentielles. En signant le
consentement éclairé, vous permettez l’utilisation de ces données pour les besoins de l’étude.
En aucun cas votre nom sera associé à ces données.

Pour obtenir des informations supplémentaires, veuillez contacter :


Alexis Manescau, FRT en ostéopathie
745, Chemin du Lac Cloche, Rivière-Rouge, (QC) J0T 1T0
Cell. : 514 971-1551

SIGNATURE DU CONSENTEMENT ÉCLAIRÉ DU PATIENT

Nom du participant :

Je participe sur une base volontaire et j’ai été informé :


- des objectifs et du déroulement de l’étude
- des critères de sélection de l’étude
- du mode de rétribution et des risques potentiels de l’étude
- de ma liberté de me retirer de l’étude en tout temps

Je comprends que je participe à une étude dans laquelle je devrai me présenter deux fois à la
clinique pour un traitement concernant mon mal de dos. Je devrai remplir un questionnaire sur
la douleur au début de chaque rencontre et une semaine après la deuxième rencontre. Je devrai
aussi remplir un second questionnaire au début de la deuxième rencontre et une semaine après
la deuxième rencontre afin de contrôler les variables confondantes.
xxxv

Signature du participant et date :

Signature du chercheur et date :


xxxvi

Annexe 7 : Anamnèse

Numéro du participant :

Date du jour : / /
Jour Mois Année

1- Informations générales

Prénom : NOM :
Date de naissance (J/M/A) : Âge :
Adresse :

No de téléphone (maison) :
No de téléphone (autre) :
Courriel :
Occupation :
Médecin :
Médication(s) :
Allergie(s) :

2- Raison de la consultation

Douleurs, inconforts  Non  Oui , spécifiez : ________________________

Limitations fonctionnelles  Non  Oui , spécifiez : ________________________

Douleur  par _________________________ Douleur  par ____________________________


xxxvii

Douleur la nuit  Non  Oui , spécifiez : ________________________

3- Antécédents

Traumatiques  Non  Oui, spécifiez :

Chirurgicaux  Non  Oui, spécifiez :

Médicaux  Non  Oui, spécifiez :

Familiaux  Non  Oui, spécifiez :

Psycho-émotionnels  Non  Oui, spécifiez :

4- Revue des systèmes

Musculo-squelettique  Non  Oui, spécifiez :

ORL  Non  Oui, spécifiez :

Nerveux  Non  Oui, spécifiez :

Cardiovasculaire  Non  Oui, spécifiez :

Respiratoire  Non  Oui, spécifiez :

Digestif  Non  Oui, spécifiez :

Urinaire  Non  Oui, spécifiez :

Gynéco/Uro  Non  Oui, spécifiez :

Immunitaire  Non  Oui, spécifiez :

Tégumentaire  Non  Oui, spécifiez :


xxxviii

Endocrinien  Non  Oui, spécifiez :

5- Sommeil

Votre sommeil est-il réparateur?  Non  Oui

Combien d’heures par nuit dormez-vous? _____

Vous réveillez-vous la nuit?  Non  Oui


Si oui, combien de fois par nuit et pourquoi? ______________________________________

Au réveil, quel est votre niveau d’énergie sur 10 (10 étant en pleine forme)? _____________

6- Traitements antérieurs

Avez-vous été traité en ostéopathie?  Non  Oui


Si oui, quand et pour quelle raison? _______________________________________

Avez-vous été traité par d’autres médecines alternatives?  Non  Oui


Si oui, encerclez lesquelles : acupuncture; chiropractie; homéopathie;
massothérapie; naturothérapie; physiothérapie; autres, spécifiez _______________ _
Et si oui, quand et pour quelle raison? _____________________________________

8- Investigations médicales

Avez-vous passé des examens médicaux :  Non  Oui


Si oui, encerclez lesquels : RX, ECG, EEG, IRM, SCAN, autres précisez________
Et si oui, quand et pour quelle raison?___________________________________ __

7- Habitudes de vie

Niveau d’activité :  Sédentaire  Actif


Nombre d’heures d’activité par semaine : _____

Alimentation :  Équilibrée  Non équilibrée

Café/Thé/Tisane :  Non  Oui


Si oui, combien de consommations par jour : _____
xxxix

Alcool :  Non  Oui


Si oui, combien de consommations par semaine : _____

Tabac :  Non  Oui


Si oui, combien de cigarettes par jour? _____

Drogue :  Non  Oui


Si oui, lesquelles et à quelle fréquence : __________________
xl

Annexe 8 : Grille d’évaluation et traitement

Numéro du participant : Numéro de la visite :

Date du jour : / /
Jour Mois Année

Légende
Restr. = Restriction
Phys. = Lésion physiologique
NPAA = Lésion non physiologique avec respect des axes
NPSA = Lésion non physiologique sans respect des axes
LIO = Lésion intra-osseuse
Comp. = Compaction
Cica. = Cicatrice

1- Évaluation objective

Observations générales
Debout :
Assis :
Décubitus :

Posture
Typologie :
Alignement :
Zone de tensions :

Comère
Droite :
Gauche :

TFL
Droite :
Gauche :

TVB :

PMD :

PMA :

Autres :
xli

Interventions Effets

Conseils d’usage:_________________________________________________________________
xlii

Date du prochain traitement : _________________________________

Signature du chercheur : _____________________________________


Alexis Manescau, FRT en ostéopathie
xliii

Annexe 9 : Attribution à un groupe

Date du jour :
/ /
Jour Mois Année

Prénom : NOM :
Sexe
Adresse :

No de téléphone (maison) :
No de téléphone (autre) :

Numéro du participant :

Groupe :

Expérimental  Contrôle 
xliv

Annexe 10 : Questionnaire de douleur Melzack

A. VEUILLEZ DÉCRIRE LE TYPE DE DOULEUR QUE VOUS AVEZ EUE AU COURS


DE CETTE DERNIÈRE SEMAINE. (Cochez (X) une case par ligne.)

Pas de douleur Légère Modérée Forte

1. Lancinante 0  1  2  3 
2. Fulgurante 0  1  2  3 
3. En coups de poignard 0  1  2  3 
4. Aigüe 0  1  2  3 
5. Pareille à une crampe 0  1  2  3 
6. Pareille à une morsure 0  1  2  3 
7. Cuisante – brûlante 0  1  2  3 
8. Diffuse 0  1  2  3 
9. Qui pèse 0  1  2  3 
10. Sensible au toucher 0  1  2  3 
11. Déchirante 0  1  2  3 
12. Fatigante – épuisante 0  1  2  3 
13. À donner la nausée 0  1  2  3 
14. Angoissante 0  1  2  3 
15. Violente – cruelle 0  1  2  3 

B. VEUILLEZ ÉVALUER VOTRE DOULEUR AU COURS DE CETTE DERNIÈRE


SEMAINE
La ligne ci-dessous représente l’intensité croissante de votre douleur, allant de “pas de douleur” à “douleur la
plus forte possible”. Placez un trait vertical (|) sur la ligne à l’endroit qui correspond le mieux à l’intensité de
votre douleur au cours de cette dernière semaine.

Douleur la Score in mm
Pas de
plus forte (Investigator’s use only)
douleur
possible
xlv

C. INTENSITÉ ACTUELLE DE LA DOULEUR


0  Pas de douleur
1 Légère
2 Modérée
3 Forte
4 Très forte
Questionnaire élaboré par : Ronald Melzack, 1984 et 1987
5 Insupportable

Osteopathic Medicine and Primary Care 2007, 1:3


xlvi

Annexe 11 : Dossier Excel pour le statisticien

Patients A1 B1 C1 A2 B2 C2 A3 B3 C3 âge
1 23 69 3 6 36 1 3 24 1 63
2 7 68 2 10 70 2 5 54 1 55
3 21 58 2 7 41 1 6 32 1 47
4 18 87 3 14 60 2 12 75 2 43
5 27 85 3 24 62 2 9 41 0 30
6 2 4 0 1 4 0 2 22 1 54
7 12 41 1 5 15 1 5 9 0 27
8 44 90 3 13 14 1 18 22 1 55
9 15 81 2 1 12 1 1 9 1 48
10 13 54 1 8 35 1 3 31 0 35
11 21 105 4 19 105 2 12 82 2 26
12 13 21 1 13 62 2 10 66 2 53
13 8 41 2 4 37 1 5 41 1 65
14 3 23 1 8 26 1 0 7 0 47
15 7 24 1 1 16 0 0 0 0 58
16 5 31 2 3 28 2 2 21 1 18
17 8 44 2 10 44 2 10 61 2 56
18 21 74 3 16 57 2 11 44 2 47
19 10 40 1 4 19 2 3 31 1 48
20 13 70 3 6 33 1 13 53 2 47
21 11 40 2 15 67 2 8 26 1 37
22 6 46 2 1 20 1 0 0 0 49
23 9 42 0 11 49 2 6 12 1 41
24 7 39 2 6 55 2 7 60 2 59
25 11 56 2 11 50 1 5 18 1 55
26 17 44 1 3 8 0 2 3 0 65
27 17 55 0 5 29 1 5 32 2 59
28 7 11 1 3 14 1 3 7 1 40
29 21 105 3 19 95 3 9 28 2 46
30 14 82 3 11 51 2 11 38 2 49

les résultats de la grille des B se calculent sur 105


les chiffres pairs: groupe contrôle, impairs: groupe expérimental
xlvii

Annexe 12 : Lettres de soutien

Avec l’approbation de Bruno Ducoux, D.O., voici en intégrale par courriel, le 18 janvier 2010,

les commentaires qu’il nous a faits après avoir lu notre protocole.

« -C’est un sujet vraiment intéressant et constructif pour les ostéopathes. Pour la discussion, l’EBM
n’existe que depuis quelques dizaines d’années mais semble occuper tout le terrain de la recherche car
dépendante des laboratoires pharmaceutiques qui contrôlent financièrement la recherche…
C’est la médecine dite « moderne » du 20e siècle. En fait le grand livre de la médecine est beaucoup plus
vaste et nécessite de découvrir d’autres outils pour prouver son efficacité.
Parmi les chapitres moins connus du livre de la médecine, l’ostéopathie se place du côté du chapitre
traditionnel « vitaliste », subjectif et aussi ancien que les humains. Les rituels de guérison se placent
dans le chapitre traditionnel « culturel » et appartiennent à un groupe social…
Cela rejoint les travaux de Ken Wilbur dans son livre « le livre de la vision intégrale »
InterÉditions paris 2008; voir page 95;
Bon courage pour la suite
Bruno Ducoux DO. »

Avec son approbation, voici en intégrale par courriel, le13 janvier 2010, les commentaires que

Pierre Tricot nous a faits après avoir lu notre protocole.

« J'ai donc pris le temps de regarder votre protocole.


En tant que tel, je le trouve intéressant et bien construit.
Mais, à l'évidence, je ne suis aucunement spécialisé ni même sans doute qualifié pour porter un
jugement sain sur la manière dont il est organisé.
Je peux simplement dire, en l'état, il me paraît sensé et bien conçu.

Ce protocole soulève un problème de fond qui est celui de la cause de la maladie et donc aussi des
mécanismes de la guérison.

Je suis toujours aussi ébahi de voir des gens capables de se contenter, en médecine, des concepts
développés par l'Evidence Based Medicine. Comment peut-on à ce point ignorer les fondements mêmes
de l'humain?

Et en cela, je rejoins l'argumentation qui tend à dire qu'elle est plus l'œuvre des lobbies pharmaceutiques
qui verraient d'un mauvais œil la médecine médicamenteuse décliner... au profit d'autres approches.

Je ne sais pas ce que donnera votre protocole une fois mené à son terme, mais je ne vois pas comment on
pourrait se passer des éléments qui font le b-a-ba de toute approche thérapeutique, à savoir, la
bienveillance, l'écoute, l'empathie, etc.

Comme si, de plus, l'Evidence Based Medicine pouvait prétendre s'être une fois pour toutes affranchie
de l'effet placebo?
Je trouve cela d'une étroitesse risible.
xlviii

Et finalement, est-ce vraiment important (quand on n'a pas d'intérêts dans les labos pharmaceutiques,
évidemment) qu'une personne aille mieux voire guérisse par auto-suggestion, hétéro-suggestion, effet
placebo ou pour toute autre raison?

Tout cela, finalement, se résume à la manière dont nous envisageons l'humain.

Le voyons-nous comme un simple agrégat physico-chimique? Alors c'est à la matière physico-chimique


qu'il faut s'adresser et allons y pour l'EBM et toute médecine purement scientifique.

Le voyons-nous comme un système complexe fait de conscience (s)? Alors c'est aux consciences qu'il
faut s'adresser et alors, tout ce qui aide à gérer les relations de consciences pourra nous aider à aider le
patient et le patient à s'aider lui-même.

A mon idée, Still, Sutherland et les autres ont tous choisi leur camp. Et moi aussi!

Recevez ma cordiale attention.

Pierre Tricot »
xlix

Annexe 13 : Lexique

« Selon le modèle de la carte et du territoire, le mot, représentation symbolique de quelque


chose, constitue lors de la verbalisation ou de l'expression écrite, un maillon essentiel de la
chaîne de compréhension d'un sujet : un mot mal compris ou auquel on accorde un sens
différent de celui qui lui est assigné, joue le rôle de maillon faible dans le cheminement
logique du raisonnement et conduit à une difficulté d'intégration des données présentées. (…)
Que le lecteur, ne se méprenne pas : l'idée n'est pas d'imposer le sens d'un mot, mais d'indiquer
clairement le sens qui lui est assigné dans le contexte d'utilisation. Il s'agit de créer un
consensus, d'autant plus nécessaire que le mot peut posséder différents sens. » (Tricot, 2008,
299)

Alchimie. « 1. Science occulte qui connut un grand développement du XIIe au XVIIIe s.,
recherche d’inspiration spirituelle, ésotérique, d’un remède universel (élixir, panacée, pierre
philosophale) capable d’opérer une transmutation de l’être, de la matière (et notamm., la
transmutation en or des métaux vils). 2. Fig. Suite complexe de réactions et de
transformations. La mystérieuse alchimie de la vie. » (Larousse, 1989)

Algorythmique adj. « On désigne par algorithmique l’ensemble des activités logiques qui
relèvent des algorithmes; en particulier, en informatique, cette discipline désigne l'ensemble
des règles et des techniques qui sont impliquées dans la définition et la conception des
algorithmes. Le mot vient du nom du mathématicien d'origine perse, Al Khuwarizmi, qui, au
IXe siècle écrivit le premier ouvrage systématique sur la solution des équations linéaires et
quadratiques. Dans le cas général, l’algorithmique s’effectue au moyen de calculs. »
(wikipedia.org)

Analogie n.f. « L'analogie (n. f.) consiste à mettre en relation deux objets, phénomènes ou
situations qui appartiennent à des domaines différents mais font penser l'un à l'autre parce que
leur déroulement ou leur aspect, présentent des similitudes.
La métaphore et la comparaison sont des figures de l'analogie. » (reveenjoie-poesie.com)

Antithèse : « 1e sens) Figure de style qui consiste à rapprocher deux mots ou groupes de mots
exprimant des idées contraires [Linguistique]. Synonyme opposition Anglais antithesis
2e sens) Personne, chose aux qualités, à la nature opposées à une autre [Figuré]. Synonyme
inverse Anglais antithesis
3e sens) Deuxième temps, qui suit la thèse et précède la synthèse, d'un mouvement dialectique
[Philosophie]. » (linternaute.com)

Archétype. Étymologiquement, archétype signifie : ce qui est implanté depuis le début.


Synthétiser par Koesler (1964, 334), les archétypes pour Jung sont :
« les résidus psychiques d’innombrables expériences du même type éprouvées par nos ancêtres, et
implantées dans la mémoire de l’espèce, c'est-à-dire dans les couches profondes de l’inconscient
collectif, au-dessous du niveau des souvenirs personnels. C’est pourquoi lorsque se présente un motif
archétypal la réponse est beaucoup plus forte que ne l’expliquerait son apparence : l’esprit répond
comme un diapason à une note pure. »
l

Attention. n. f. « (lat. attendere " tendre vers "). 1/ Concentration de l'activité mentale sur un
objet déterminé. 2/ Capacité de l'être à sélectionner, parmi l'ensemble des influx qui lui
parviennent, ceux qui l'intéressent tant pour ce qui concerne leur qualité (son, vue, goût,
toucher, etc.) que leur localisation dans l'espace. 3/ Le contrôle de l'attention est relié à la
maîtrise de l'espace de perception. 4/ Projection de la conscience (" je ") dans l'espace
physique, déterminant d'une part un espace virtuel fermé - un champ d'attention - dans lequel
elle perçoit, et discriminant d'autre part les stimuli sensoriels auxquels elle s'intéresse. Avec
l'attention, " je " détermine d'où il perçoit (espace) et ce qu'il il perçoit (type de stimulus). Cf.
Intention. » (Tricot, 2008, 300)

Biodynamique. Adj. « En ostéopathie, la considération de l’organisme vivant comme mû par


une puissance inhérente se manifestant par la mobilité et la motilité tissulaire. L’organisme est
considéré comme fluide ou plastique, centré sur des fulcrums. » (Tricot, 2008, 300)

Biomécanique. Adj. « En ostéopathie, la considération de l’organisme vivant comme un


système mécanique. L’organisme est considéré comme constitué de leviers mobiles sur des
axes. » (Tricot, 2008, 300)

Chaman. « Prêtre magicien de certaine religion qui communique avec les esprits en utilisant
les techniques de l’extase et de la transe. » (Larousse, 1989)

Chamanisme. « Ensemble des pratiques magiques du chaman. » (Larousse, 1989)

Cognitif. processus conscient ou inconscient (heuristique) de la psycho-déduction, impliqué


dans le « savoir, omniscience, culture, érudition, science, connaissance, instruction,
expérience, acquis. » (mediadico.com)

Communication. n.f. « (lat. communicatio " commerce, relation ") 1/ Fait d'établir une
relation avec quelque chose ou quelqu'un. 2/ Échange réciproque d'énergie, d'information,
avec conscience et intention. » (Tricot, 2008, 300)

Complexe. adj., complexité. n. f. « (lat. complexus, de complecti " contenir ") Qui se compose
d'éléments différents, combinés de manière telle qu'on ne peut saisir facilement les relations et
dépendances mutuelles. » (Tricot, 2008, 300)

Complexification. N.f. « Apparition successive, dans l’univers, de structures de plus en plus


complexes : particule, atome, molécule, premiers êtres vivants, cerveau humain (en tant que
simple constatation, cette notion est indépendante de toute arrière pensée philosophique ou
religieuse). » (Larousse, 1989)

Complexifier. V.t. « rendre plus complexe. » (Larousse, 1989)

Concept. n. m. « (lat. conceptus, de concipere " recevoir "). Représentation mentale générale
et abstraite de quelque chose. » (Tricot, 2008, 301)
li

Connaissance. n. f. « Fait de connaître, de savoir. Connaître. v. tr. (lat. cognoscere). Avoir


présent à l'esprit un objet réel ou vrai (concret ou abstrait, physique ou mental); être capable de
former l'idée, le concept, l'image de. Cf. Percevoir. » (Tricot, 2008, 301)

Conscience. n. f. « (lat. co de cum " avec " qui suggère l'association, comme dans coexistence,
connaissance etc.) et scire " savoir ". 1/ Chez l'humain, faculté de connaître sa propre réalité et
de la juger. 2/ Plus généralement, conséquence de la décision d'être. Être conscient, c'est
exister; ou exister, c'est être conscient. Les deux sont indissociables. Et vivre, c'est
expérimenter l'être ou la conscience. On peut donc dire que tout être vivant du plus simple au
plus complexe est conscient. De plus, il fera tout pour conserver sa conscience, c'est-à-dire son
état d'être ou d'existence. Des mécanismes parfois très complexes, comme l'immunité et
l'homéostasie, trouvent là leur origine. Cf. Être. » (Tricot, 2008, 301)

Cybernétique. n. f. » (gr. kubernân, « diriger ») 1/ Étude des processus de commande et de


communication chez les êtres vivants, dans les machines et les systèmes sociologiques et
économiques. 2/ Étude, compréhension et systématisation de la manière dont les systèmes
vivants gèrent l’information. » (Tricot, 2008, 301)

Déduction. n. f. « (lat. deductio). 1/ Procédé de pensée par lequel on conclut de propositions


prises pour prémisses, à une proposition qui en résulte, en vertu de règles logiques. 2/ Raison-
nement logique et rigoureux. Cf. Induction. Déduire. n. f. (lat. deducere " faire descendre ").
1/ Exposer en détail suivant un ordre logique. 2/ Conclure en partant de propositions prises
pour prémisses. » (Tricot, 2008, 301)

Dialogique. adj. « Qui a la forme d’un dialogue, d’un échange. L’intérêt des couples
d’opposés est de faire dialoguer, échanger les deux parties et non de les opposer. Pensée
dialogique. Dialogisme. n. m. (de « dialogue »). Système de pensée dialogique. Dialogue. n.
m. (lat. dialogus et gr. dialogos de logos). 1/ Entretien entre deux personnes. 2/ Échange entre
deux pôles de nature opposée. Dialogue tissulaire. n. f. néol. Le dialogue tissulaire repose sur
l’analyse de la manière dont la structure vivante du patient réagit à la projection en elle de
l’être praticien et sur la capacité de l’être praticien à modifier la manière dont il se projette par
l’attention et l’intention, dans le but d’envoyer une information, pour obtenir une réponse de la
structure vivante relative à l’information projetée. L’objectif est ici d’envoyer une information
précise et d’analyser la réponse à cette information. » (Tricot, 2008, 301)

Discours n.m. « de logos, argument, logique et science. « C’est le terme de rhétorique le plus
général pour désigner les diverses espèces de compositions considérées surtout par rapport à la
diction. Il comprend toute suite de paroles prononcées avec une certaine méthode, avec un
dessein déterminé, et adressées soit à une assemblée, soit à quelques personnes ou même à une
seule. On distingue, suivant les circonstances de temps et de lieu, suivant l’auditoire, le sujet
ou le but, autant de sortes de discours qu’il y a de genres d’éloquence. » (wikipedia.org)

Dogme n.m. « Point de doctrine regardé comme vérité fondamentale, incontestable que l’on
ne remet pas en cause. » (Tricot, 2008, 302)
lii

Échange. n. m « (de échanger, lat. cambiare). 1/ Cession moyennant contrepartie. 2/ Passage


dans les deux sens et circulation de substances entre la cellule et le milieu extérieur. La vie est
fondée sur l'échange. » (Tricot, 2008, 302)

Écheveau n.m « Certaine longueur de brins de fil, en coton, en soie, en laine, en chanvre ou
lin, moulinés; ces brins sont roulés en forme de cercle et attachés à une partie de ce cercle par
le bout qui en réunit tous les tours et qui s'appelle centaine. » (littre.reverso.net)

Effet. n. m « (lat. effectus, de efficere "réaliser, exécuter "). 1/ Ce qui est produit par une
cause. 2/ Résultat d'une action. Effet et cause constituent un couple logique. Cf. Cause. »
(Tricot, 2008, 302)

Empathie. « Processus assez mystérieux grâce auquel on peut sortir de soi-même pour se
mettre à la place d’un autre » (Koesler, 1964, 170. Cela s’effectue autour de jeux clandestins
(inconscients) dans laquelle « pour deviner l’âme d’autrui nous nous guidons sur les vagues
repères du mouvement, presque imperceptible parfois, des muscles du visage » (Koesler,
1964, 170). La capacité de saisir justement les sentiments et les pensées d’autrui est à la base
« d’un art, le diagnostic médicale, et d’une science, la psychologie » (Koesler, 1964, 170).
Ainsi, l’empathie, est cette « faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce
qu’il ressent » (Larousse, 2007).

Enthymème n.m. « En rhétorique, l'enthymème est une figure de sens reposant sur un
syllogisme et qui a reçu successivement deux significations…Selon les aristotéliciens,
l'enthymème est un syllogisme rhétorique fondé sur le probable, c'est-à-dire à partir de ce que
le public pense. Il s'agit d'une déduction dont la valeur est concrète par opposition à une
déduction abstraite fondée sur l'analyse. Dans cette acception, l'enthymème procure la
persuasion et non la démonstration, car selon Aristote, l'enthymème est fondé sur le caractère
vraisemblable de ses prémisses et constitue donc un raisonnement public manié facilement par
des hommes incultes… Selon Quintilien et Boèce, l'enthymème est un syllogisme dont on a
supprimé l'une des deux prémisses ou la conclusion car la réalité de cette proposition est
incontestable et de ce fait gardée dans l'esprit. Selon la Logique de Port-Royal, l'enthymème
est un syllogisme parfait dans l'esprit mais imparfait dans l'expression, et constitue donc un
accident de langage. » (wikipedia.org) Enthymème n.m. « [log.] Selon Aristote, syllogisme
fondé sur des vraisemblances ou des signes. Selon les modernes, syllogisme dont on sous-
entend une prémisse, ou bien la conclusion. » (mediadico.com)

Épiphénomène. N.m. 1. Phénomène secondaire, sans importance par rapport à un autre. 2.


philos. Ce qui s’ajoute à un phénomène sans réagir sur lui. (Larousse, 1989)

Épistémologie n.f « L'épistémologie (du grec <επιστήµη> épistémê - « connaissance »,


« science » - et <λόγος> logos - « discours ») est, selon la tradition philosophique
francophone, une branche de la philosophie des sciences qui « étudie de manière critique la
méthode scientifique, les formes logiques et modes d'inférence utilisés en science, de même
que les principes, concepts fondamentaux, théories et résultats des diverses sciences, et ce,
afin de déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée objective »1. Dans la tradition
philosophique anglo-saxonne, l'épistémologie se confond avec la théorie de la connaissance, et
ne porte donc pas spécifiquement sur la connaissance scientifique. Il arrive également que ce
liii

terme soit utilisé comme synonyme de « philosophie des sciences »2. La distinction entre ces
différentes acceptions, et notamment le rapport de l'épistémologie à la philosophie des
sciences, n'est cependant pas clairement établie3. » (wikipedia.org)

Essai clinique randomisé (ECR). Modèle de recherche expérimental qui permet de


déterminer l’efficacité d’un traitement thérapeutique. Pour ce faire, les résultats de
l’expérimentation sont comparés ceux obtenu à partir d’un groupe contrôle et selon différent
mode aléatoire de distribution.

Evidence-based medicine. C’est-à-dire une médecine qui veut fonder ses faits sur des
données probantes. Les meilleures données, les meilleures preuves sont celles recueillies par
un ECR et par le contrôle de l’effet placebo (Patterson, 2002, 1184; Sehon et Stanley, 2003;
Haynes, 2003). Voici notre traduction de la définition anglaise la plus largement acceptée de
l’EBM : le moyen le plus consciencieux, explicite et judicieux, d’employer les meilleures
données disponibles dans les décisions et dans les soins prodigués au patient (Sackett, Strauss,
Richardson, Rosenberg et Haynes, 2000).

Factuel,elle adj.« 1. Qui s’en tient au fait, qui présente les faits sans les interpréter.
Information factuelle. 2. philos. Qui relève du fait. » (Larousse, 1989)

Fluide. n. m. et adj. « (lat. fluidus, de fluere " couler "). 1/ Liquide. 2/ Tout corps qui épouse la
forme de son contenant. 3/ Force, influence subtile et mystérieuse qui émanerait des astres, des
êtres et des choses (principe d'explication des formes d'énergie inexpliquées). » (Tricot, 2008,
303)

Hawthorne (Effet). « En psychologie, l'effet Hawthorne décrit la situation dans laquelle les
résultats d'une expérience ne sont pas dus aux facteurs expérimentaux mais au fait que les
sujets ont conscience de participer à une expérience dans laquelle ils sont testés, ce qui se
traduit généralement par une plus grande motivation. Cet effet psychologique est à rapprocher
de l'Effet Pygmalion, que l'on observe chez des élèves dont les résultats s'améliorent du simple
fait que le professeur attend davantage d'eux. » (wikipedia.org)

Herméneutique n.f « Champs de l'herméneutique


On parle d'herméneutique pour l'interprétation des textes en général, anciens en particulier,
voire de toute œuvre, l'art contemporain par exemple, que l'herméneutique est parfois appelée
à recouvrir. Celle des Écritures saintes qu'il s'agisse de la Bible ou du Coran est un sujet qui
demeure délicat. On désigne aussi par herméneutique la réflexion philosophique interprétative
sur les symboles religieux et les mythes. On appelle ceci l'herméneutique sacrée (ou
herméneutique biblique lorsqu'elle se limite à la Bible, c'est-à-dire aux textes du judaïsme et
du christianisme). L'herméneutique trouve des applications dans la critique littéraire ou
historique, dans le droit, dans la sociologie,en musique, en informatique, en théologie
(domaine d'origine), ou même dans le cadre de la psychanalyse. » (wikipedia.org)

Hermétique. Fermeture hermétique = système en vase clos.


« Qui appartient au doctrines d’Hermès Trisgémiste… Qui appartient à la science du grand
œuvre, à la connaissance de la transmutation des métaux, à l’alchimie. Médecine hermétique
ou spagyrique, médecine surtout chimique dont on supposait que les moyens de guérison
liv

qu’elle employait avaient été trouvés dans les livres d’Hermès… (www.littre.reverso.net) Est à
rapprocher avec le courant vitaliste et la médecine naturothérapeutique.

Hermès Trisgémistes. « (« trois fois grand ») nom grec du dieu égyptien Thot, assimilé à
Hermès » (Larousse, 1989). « Il est un personnage mythique de l’antiquité gréco-égyptienne,
auquel ont été attribués un ensemble de textes appelés Hermetica, dont les plus connus sont le
corpus hermeticum, recueil de traités mystico-philosophiques et la table d’émeraude »
(www.wikepedia.org).

Heuristique. n. f. « (gr. heuriskein, « trouver »). Qui a une utilité dans la recherche,
notamment scientifique et épistémologique; qui aide à la découverte. Hypothèse heuristique. »
(Tricot, 2008, 304)

Holisme. n. m. « (gr. holos " tout entier "). 1/ Doctrine épistémologique selon laquelle, face à
l'expérience, chaque énoncé scientifique est tributaire du domaine tout entier dans lequel il
apparaît. Doctrine ou concept s'intéressant à la globalité des choses. 2/ théorie selon laquelle
l'homme est un tout indivisible qui ne peut être expliqué par ses différents composants isolés
les uns des autres. Holistique. adj. (gr. holos " entier "). Caractérise l'holisme. Global. »
(Tricot, 2008, 304)

Hypothèse. n. f. « (gr. hupothesis de thesis " action de poser "). Proposition relative à
l'expérimentation de phénomènes naturels, admise provisoirement avant d'être soumise au
contrôle et à la vérification de l'expérimentation. » (Tricot, 2008, 304)

Idiosyncrasie. « Manière d’être particulière à chaque individu qui l’amène à avoir des
réactions, des comportements qui lui sont propres » (Larousse, 1989).

Incommensurabilité. n.f. « En épistémologie, le terme d'incommensurabilité est utilisé depuis


Kuhn et son essai La Structure des révolutions scientifiques pour décrire le statut de deux
paradigmes successifs appliqués à une même science et dont la comparaison est impossible, en
raison de différences fondamentales dans leurs structures et les schèmes de pensée qu'ils
introduisent. » Au de-là de toute mesure. L’incommensurabilité du cosmos. » (wikipedia.org)

Incommensurable. adj. Gigantesque. Au de-là de toute mesure. L’incommensurabilité du


cosmos. (Larousse, 2007)

Induction. n. f. « (lat. inductio " suggestion "). 1/ Opération mentale consistant à remonter des
faits à la loi, des cas particuliers donnés ou observés à une proposition plus générale. 2/
Opération consistant à remonter des faits à la cause qui les a engendrés. 3/ Demande formulée
à la structure tissulaire par envoi d'une intention consciente ou injonction. Cf. Intention,
Injonction. Induire. v. tr. (lat. inducere " recouvrir "). Procéder par induction. » (Tricot, 2008,
304)

Inertie. n. f. « (lat. inertia " inactivité "). 1/ État de ce qui est inerte, sans mouvement inhérent.
2/ Incapacité au mouvement. 3/ Résistance qu'opposent les corps à la mise en mouvement ou
au changement de mouvement. 4/ Sans vie. » (Tricot, 2008, 304)
lv

Inférence. n. f. « L'inférence est une opération mentale qui consiste à tirer une conclusion
(d'une série de propositions reconnues pour vraies). Ces conclusions sont tirées à partir de
règles de base. Dans sa définition classique, l'inférence est une opération logique portant sur
des propositions tenues pour vraies (les prémisses) et concluant à la vérité d'une nouvelle
proposition en vertu de sa liaison avec les premières. C'est pourquoi l'inférence est souvent
réduite à la déduction nécessaire dans laquelle la vérité des prémisses assure totalement la
vérité de la conclusion. Cependant la pensée n'opère pas sur des propositions mais sur des
signes. On est donc conduit, pour rendre compte de la sémiosis, à élargir la notion d'inférence
à des opérations portant sur des symboles dicents (des quasi-propositions) et à remplacer la
notion de vérité d'une proposition par celle de réalité d'une représentation pour un interprète
particulier. Cette conception de l'inférence ouvre le champ à la description des opérations
réellement effectuées dans la vie quotidienne et libère des contraintes imposées par le point de
vue qui s'en tient uniquement à la production de vérités universelles, c’est-à-dire aux
arguments valides. C'est ainsi que l'acte de poser une hypothèse qui consiste à tenir pour vraie,
au moins provisoirement, une proposition n'entretenant aucun lien logique nécessaire avec les
prémisses aura droit de cité dans cette perspective. On l'observe en effet dans toute activité de
recherche dont elle constitue la part d'invention possible. Cela nous conduira à distinguer trois
types d'inférence : la déduction, l'induction et l'abduction. Ce sont les trois types de
raisonnement formalisés par Pierce en 1903. » (Wikipedia.org)

Information. n. f. « (lat. informatio de informare " façonner, former "). 1/ Renseignement sur
quelque chose ou quelqu'un. 2/ Élément de connaissance susceptible d'être codé pour être
conservé, traité ou communiqué. 3/ Élément ou système pouvant être transmis par un signal ou
une combinaison de signaux. Cf. Énergie, Donnée. Informer. n. f. (lat. informare " façonner,
former "). 1/ Donner une forme, une structure, une signification. Avec l'attention, la
conscience se projette et détermine l'espace dans lequel elle communique, avec l'intention, elle
donne un sens une forme à sa projection. 2/ Transmettre une information. » (Tricot, 2008, 304)

Intention. n. f. « (lat. intentio " action de diriger vers "). 1/ Dessein délibéré d'accomplir un
acte, volonté. 2/ Fait de se proposer un certain but - dessein ferme et prémédité - but même
qu'on se propose d'atteindre. 3/ Dans le concept tissulaire, modulation de l'attention, à la-
quelle la conscience donne un sens, une forme. Avec l'intention, la conscience envoie une
information dans l'espace qu'elle a choisi d'occuper. L'intention permet de formuler une
demande. La structure vivante répond à l'intention, mais elle répond selon ses possibilités du
moment. Cf. Attention, Information, Injonction. » (Tricot, 2008, 305)

Interaction n.f. « Sens, Réaction réciproque entre deux phénomènes ou deux personnes.
Anglais interaction. » (linternaute.com)

Intuition. n. f. « (lat. intuitio, de intueri " regarder attentivement "). Forme de connaissance
immédiate qui ne recourt pas au raisonnement. » (Tricot, 2008, 305)

Kinesthésie. « Perception consciente de la position et des mouvements des différentes parties


du corps. » (Larousse, 1989)

Linguistique. adj. « Sens 1 Qui a trait aux langues et aux langages [Linguistique]. Anglais
linguistic. Sens 2 Qui a trait à la linguistique [Linguistique]. Anglais linguistic »
lvi

Linguistique. n. f. Sens 1 Science qui a pour objet les langues et langages [Linguistique].
Anglais linguistics …Synonymes sémantique, stylistique. » (linternaute.com)

Logique. n. f. « (gr. logikê, de logos " raison "). 1/ Science du raisonnement en lui-même,
abstraction faite de la matière à laquelle il s'applique et de tout processus psychologique. 2/
Manière de raisonner juste, méthode, suite cohérente d'idées. 3/ Ensemble des procédés
cognitifs; leur étude. 4/ Ensemble des relations qui règlent le fonctionnement d'une organisa-
tion, ou l'apparition de phénomènes. » (Tricot, 2008, 305)

Marée. n. f. « (de mer). 1/ Mouvement oscillatoire du niveau de la mer, dû à l'attraction de la


lune et du soleil sur la masse d'eau des océans. Flux et reflux de la marée montante et descen-
dante. 2/ En ostéopathie crânienne, on nomme ainsi l'alternance d'expansion/rétraction
manifestant l'impulsion rythmique tissulaire. » (Tricot, 2008, 305)

Magnétisme. « Attrait puissant et mystérieux exercé par qqn sur son entourage… Magnétisme
animal : propriété occulte du corps animal qui le rendrait réceptif à l’influence des corps
célestes et à celles des corps qui l’environnent, de même qu’il exercerait la sienne sur ces
derniers » (Larousse, 1989).

Mécanisme non spécifique de guérison (MNSG). Les MNSG sont observés, entre autres
choses par Kaptchuk (2002) et Harley (1999), comme des parties intégrantes de tout rituel
impliquant le praticien et le patient sur la voie de la guérison. Ce rituel tirerait son origine
d’une tradition ancestrale relative au rapport empathique soignant/soigné (Harley, 1999).
Kaptchuk (2002) emploi le terme rituel de guérison pour mettre en lumière une problématique
entourant la valeur thérapeutique des éléments psychosociaux de la relation soignant/soigné.
Ces éléments sont des biais connus de la recherche expérimentale (voir section 2.6.). Ils sont
souvent désignés comme faisant partie des effets non spécifiques du traitement. Non
spécifique, dans le sens que les effets de ces éléments ne font pas partie de ce qui est
spécifique au traitement. Ces composantes de la relation soignant/soigné sont désignées
également comme des composantes du placebo. À l’heure actuelle, des arguments entre points
de vue philosophique et scientifique ont lieu en ostéopathie et en médecine sur
l’épiphénomène.

Mentalisme. « n.m. 1. Conception selon laquelle la psychologie a pour objet l’étude des
divers états de conscience et pour méthode privilégiée l’introspection. 2. Ling. Conception
selon laquelle le contenu est l’élément déterminant de la structure de la langue. » (Larousse,
1989)

Mesmérisme. Pour Franz Anton Mesmer (1734-1815), fondateur de la théorie du magnétisme


animal, sa doctrine, le Mesmérisme, peut se définir comme suit, « un fluide physique subtil
emplit l’univers, servant d’intermédiaire entre l’homme, la terre et les corps célestes et entre
les hommes eux-mêmes » (Tricot et Gaisnon, 2009, 11).

Métaphore n.f. « Une métaphore rapproche un comparé et un comparant sans qu'il soit fait
usage d'un comparatif à la différence de la comparaison. Parfois, le comparé est lui aussi
absent et il ne reste plus que le comparant.
Métaphore filée : Lorsque la métaphore se poursuit sur plusieurs phrases on la dit 'filée'.
lvii

Exemple : Bruges, la Venise du Nord.


Voir aussi cliché. » (reveenjoie-poesie.com)

Métaphysique n.f. « La métaphysique est une branche de la philosophie qui étudie les
principes de la réalité au-delà de toute science particulière. Elle a aussi pour objet d'expliquer
la nature ultime de l'être, du monde, de l'univers et de notre interaction avec cet univers.
L'ontologie est une branche importante de la métaphysique; elle étudie les types de choses
qu'il y a dans le monde et quelles relations ces choses entretiennent les unes avec les autres. Le
métaphysicien essaye également de clarifier les notions par lesquelles les gens comprennent le
monde; l'existence, l'objet, la propriété (d'une chose), l'existence de Dieu, l'espace, le temps, la
causalité, la possibilité. Avant le développement des sciences modernes, la philosophie de la
nature était une branche de la métaphysique; étude objective de la nature et des principes
physiques. Avec l'introduction des démarches empiriques et expérimentales, cette branche a
été appelée « science » à partir du XVIIIe siècle, afin de la distinguer des interrogations
spéculatives concernant les sujets non physiques. » (wikipedia.org)

Modèle. n. m. « (lat. modellus, de modulus). Représentation simplifiée d'un processus, d'un


système. » (Tricot, 2008, 306)

Morphopsychologie. « Étude des corrélations entre la morphologie d’une personne et les


traits psychologiques constitutifs de sa personnalité. » (Larousse, 1989)

Palpation. n. f. « (de palper). Examen consistant à palper les parties extérieures du corps pour
apprécier les caractères physiques des tissus, la sensibilité des organes. Cf. Perception. »
(Tricot, 2008, 306)

Paradigme. n. m. « (lat. paragidma, gr. paradeigma « exemple »). Modèle théorique de pensée
qui oriente la recherche et la réflexion scientifique ou philosophique. » (Tricot, 2008, 306)
Thomas Kuhn (1922-1996), publia en 1962 « The structure of scientific revolutions »
(traduction libre: La structure des révolutions scientifiques). Cet essai, grandement considéré
dans la communauté scientifique, décrit une théorie concernant l’évolution scientifique selon
lequel chaque phase évolutive de la science est caractérisée par la présence d’un nouveau
paradigme. La perspective Kuhnienne du paradigme étant le regard différent de visualiser le
monde qui se définit de part et d’autre par : a) le problème qui peut être légitimement adressé
et b) la portée des évidences admissibles offertes pour sa solution. Le paradigme est l’entière
constellation des croyances, des valeurs, des concepts et des techniques soutenus à l’intérieur
des membres d’une même communauté pour résoudre les problèmes. Lorsque ce consensus
partagé soulève plusieurs anomalies dû à l’avancée des connaissances, le paradigme accepté
traverse une crise suivie d’une révolution scientifique qui rejette l’ancien paradigme et le
remplace par un nouveau. De la sorte, avec le nouveau paradigme, la résolution des problèmes
s’effectuera par la communauté avec la nouvelle pléiade de croyances, de valeurs de concepts
et de techniques. Kuhn (1970) rajoute que le paradigme post révolutionnaire est dans une
certaine mesure incommensurable avec l’ancien paradigme.

Paradoxe n.f. « Le paradoxe consiste à présenter ce que l'on pense sous une forme contraire à
l'opinion publique (i.e. contraire de l'idée communément admise).
lviii

Exemple : Une barre de chocolat pour faire fondre le cholestérol? (slogan publicitaire pour la
marque Gayelord Hauser). » (reveenjoie-poesie.com)

Perception. n. f. « (lat. perceptio, de percipere " saisir par le sens "). 1/ Action, fait de perce-
voir par les sens, par l'esprit. 2/ Représentation consciente à partir des sensations; conscience
d'une, des sensations. 3/ Réception d'une information. 4/ Ce qui permet à une conscience de se
sentir exister. Percevoir. v. transitif. (lat. percipere " saisir par les sens "). 1/ Comprendre,
parvenir à connaître. 2/ Recueillir de l'information sur le milieu environnant. Cf. Palpation. »
(Tricot, 2008, 306)

Persuasion. Ce terme est définit par Blaise Pascal (1657) comme « un rapport nécessaire à la
manière dont les hommes consentent à ce qu'on leur propose, et aux conditions des choses
qu'on veut faire croire » (www.toutdesuite.net). Comme dans l’expression « se faire prendre
par les sentiments », la persuasion s’effectue souvent à travers un climat affectif. Les anciens
ont défini l’éloquence comme étant le talent de persuader. Dans le dictionnaire Larousse
(1989), l’éloquence est définie non seulement comme étant l’art d’émouvoir et de convaincre
par la parole mais aussi comme caractère de ce qui est expressif, significatif et probant. Cette
deuxième définition dépasse le cadre de la parole ou du moins l’étend à tout ce qui s’y
rattache : le verbal, le non-verbal et le paraverbal.

Phénomène. n. f « Un phénomène est ce qui est perçu en conscience et dont l'origine se situe
dans la nature ou dans le domaine du mental. Tous les phénomènes ne sont malheureusement
pas perçus en pleine connaissance, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas forcément remarqués; il est
donc du ressort de la science de dégager la limite entre le rationnel et l'irrationnel dans la
perception ou l'absence de perception d'un phénomène. Dans le langage courant, ce vocable
désigne surtout l’élément matériel d’un fait empirique, d’une expérience observable. Il peut
être alors l'objet d'expérience scientifique. L’utilisation du terme phénomène est nécessaire
pour passer par-delà les présupposés philosophiques de l’origine pré-scientifique du terme. En
psychologie cognitive, ce terme est utilisé pour indiquer que nos sens, et principalement ceux
d’un « observateur » ont détecté un changement dans l’enchaînement habituel d’un processus,
dans le fonctionnement d’un organe, ou, d’une activité perceptible; c’est ce phénomène qui
demande de rechercher scrupuleusement et objectivement un éclaircissement a ce changement
d’état. De façon prosaïque, on peut cerner aujourd’hui des domaines que la science ne pourra
jamais atteindre (car il existe bel et bien un infini). Pourtant, nul ne saurait en déduire
l’ensemble des phénomènes potentiellement prédictibles, ni, a fortiori, calculer les
conséquences de l’action du non-observable sur l’observé. Il y a donc aujourd'hui une prise de
conscience que les phénomènes présents dans la nature ne sont pas tous explicables
rationnellement. On découvre qu'il existe une réalité “indépendante”, c’est-à-dire qui ne peut
être appréhendée en l’état actuel de nos outils d’observation sensibles et conceptuels. »
(wikipedia.org)

Phénomènologie. n.f. « Description philosophique des phénomènes par rapport à l'esprit qui
les perçoit.
Méthode philosophique qui se propose, en considérant les données immédiates de la
conscience indépendamment de toute construction conceptuelle, de découvrir les structures
transcendantes de la conscience et les essences. » (médiadico.com)
lix

Phrénologie. « Anc. Étude du caractère et des fonctions intellectuelles d’après la


conformation ex du crâne. » (Larousse, 1989)

Physiognomonie. n.f. mot ancien. « Science qui se proposait de connaître les hommes par
l’étude de leur physionomie. » (Larousse, 1989)

Physionomie. n. f. « Sens 1 Ensemble des traits du visage. Synonyme physique Anglais face.
Sens 2 Aspect particulier d'une personne, d'une chose quelconque. Synonyme aspect Anglais
physiognomy » (linternaute.com)

Philosophie. n. f. « (gr. philosophia " sagesse "). 1/ Conception de quelque chose fondée sur
un ensemble de principes; ces principes 2/ Conception générale, vision plus ou moins
méthodique du monde et des problèmes de la vie. » (Tricot, 2008, 306)

Placebo. Ce terme signifie en médecine est un élément inerte d’apparence identique aux
médicaments étudiés dans les essais cliniques randomisés (ECR). Celui-ci est usuellement
employé pour mesurer l’efficacité d’un médicament. L’effet placebo est, quant à lui, issu de
facteurs psychologiques présents dans la rencontre soignant/soigné qui ne font pas partie de
l’étude mais qui ont possiblement suscité la guérison.

Point neutre ou Still-point. loc. m. « (angl. " point d'immobilité "). Le mot " point " est
incorrect, on devrait parler de moment d'immobilité. Un still-point est relié au temps. Dans
l'approche tissulaire, on reconnaît deux types de still-point : le still-point physiologique et le
still-point de résolution. Cf. Fulcrum. Le still-point physiologique survient régulièrement
dans tout phénomène alternatif. Chaque temps du phénomène est séparé par un instant (qui
peut être très court) où le phénomène, al-lant dans une direction, s'arrête avant de repartir dans
une autre. L'étale de la marée est un still-point physiologique typique. Ce type de still-point ne
nous intéresse pas particulièrement parce qu'il manifeste un processus physiologique sur
lequel nous n'intervenons pas directement. Le still-point de résolution correspond à l'instant
de résolution d'une zone de rétention, le moment où la structure ayant terminé de libérer
l'énergie retenue est en attente, juste avant de se remettre en communication. Cette immobilité
peut durer un certain temps. Il est essentiel que le praticien la respecte et attende, lui aussi, tout
en maintenant paramètres objectifs (den-sité et tension) et subjectifs (présence, attention et
attention), jusqu'à la fin du still-point. Le still-point se termine soit par la reprise d'un autre
cycle de libération, c'est-à-dire par la nais-sance d'un nouveau mouvement de libération
tissulaire, soit par une expansion de la structure, exprimant sa remise en communication. »
(Tricot, 2008, 308)

Potentiel. (lat. didact. potentialis, de potentia « puissance »). adj. 1/ Qui existe en puissance
(opposé à actuel). 2/ Qui exprime une possibilité. Qui exprime ce qui est possible, ce qui peut
arriver sous certaines conditions. 3/ En physique, énergie potentielle, que possède un système
du fait de sa position. Énergie potentielle élastique (d’un ressort comprimé), gravitationnelle
(d’un corps situé à une certaine altitude), etc. Cf. Actuel. (Tricot, 2008, 306)

Pragmatique adj. « Qui envisage les choses sous leur aspect pratique, du point de vue des
faits. Relatif à l'aspect pratique et concret des choses.
lx

Pragmatique sanction: édit promulgué par un souverain pour statuer définitivement sur une
question fondamentale. » (medidico.com)

Présence. n. f. « (lat. praesentia). Le fait d'être là. Occuper l'espace et le temps présents.
Présent. adj. (lat. praesens, praesentis, part. prés. de praesse " être en avant ") : Qui est dans le
lieu et le temps qui se vit dans l'instant. » (Tricot, 2008, 307)

Psychosomatique. « 1. Qui concerne à la fois le corps et l’esprit. (…) Se dit de troubles


organiques liés principalement à des facteurs d’ordre psychique (conflits, etc.) alors que les
symptômes de la maladie mentale font défaut. 2. Médecine psychosomatique : Branche de la
médecine qui s’intéresse aux troubles psychosomatiques. » (Larousse, 1989)

Pygmalion. « L’effet Rosenthal (ou Effet Pygmalion). Il a été mis en évidence lors
d’expériences au cours desquelles des instituteurs (de qualité pédagogique équivalente) se
voyaient confier des classes (de valeur scolaire équivalente). Selon qu’on leur annonçait
préalablement qu’ils auraient affaire à des élèves doués et travailleurs ou au contraire à des
élèves médiocres et paresseux, les instituteurs développèrent des comportements et des
attitudes qui eurent effectivement pour effet d’amener leurs élèves à se conformer aux
prédictions. Les classes d’élèves réputées bonnes devinrent ainsi meilleures que celles
réputées mauvaises. » (Melchior, 2001,1)

Rachialgie commune. Elle est la terminologie employée pour désigner les douleurs au rachis
d’origine mécanique ou dégénérative. Elle regroupe les cervicalgies, les dorsalgies et les
lombalgies (Kuntz, 2009).

Revue systématique. Se définie comme une démarche scientifique rigoureuse de revue


critique de la littérature constituée par plusieurs étapes.

Rationnel. adj. « (lat. rationalis " doué de raison "). 1/ Qui appartient à la raison. 2/ Qui
provient de la raison et non de l'expérience. 3/ Conforme à la raison, au bon sens. Cf.
Irrrationnel, Subjectif, Objectif » (Tricot, 2008, 307)

Réalité. n. f. « 1/ Caractère de ce qui est réel, de ce qui existe effectivement. 2/ Ce qui est réel,
ce qui existe en fait, par opposition à ce qui est imaginé, rêvé, fictif. 3/ Ce que des conscien-
ces expérimentent en commun et s'accordent à reconnaître comme réel. Cf. Réel. » (Tricot,
2008, 307)

Résilience. Un processus d’auto résolution des conflits chez le patient. La résilience est cette
propriété de rebondissement, ou « caractéristique mécanique qui définit la résistance aux
chocs des matériaux » (Larousse, 2007), applicable par analogie chez l’être humain. « C'est-à-
dire sa capacité à émerger du malheur et de la difficulté, pour en sortir plus fort » (Barbier,
2003, 56).

Rhétorique. Rhétorique vient du mot grec rhêtôr qui signifie orateur publique. C’est l’art de
persuader par le discours, l’art de l’éloquence de la dissimulation et du bien parler, ou selon
Roland Barthes (1912-1980), éminent sémiologue français, c’est un « métalangage » : le
lxi

discours sur le discours. Aristote définit la rhétorique comme étant l’art de découvrir les
meilleurs moyens de la persuasion. Il reconnaissait que les réactions humaines étaient
motivées non seulement par la raison mais aussi par la passion. Il saisissait l’apport de la
rhétorique dans le dialogue et avec les émotions (Aristote, 1991). La rhétorique n’est pas une
science, elle procure un certain nombre de techniques, elle ne vise pas la vérité. Le postulat de
la rhétorique est que la valeur de la sémiose, sa signification n’existe que par et pour les
participants à l’interaction (orateur et auditeurs). D’un côté il existe de la rationalité (par
exemple les raisonnements logiques comme le syllogisme), identifiée au rationnel pur, au Vrai
et au Bien par Socrate, position reprise par l’approche occidentale du langage; de l’autre on a
la position des sophistes emblématisée par les dissoï logoï, discours défendant une thèse et son
contraire, qui posent en fait l’autonomie du sémiotique par rapport au monde et sa totale
inscription dans le social. Donc qui dit autonomie du sémiotique, dit autonomie du mondain et
autonomie du social. On aboutit donc à la conception aristotélicienne du langage comme
moyen de créer du bien-vivre, une harmonie sociale : c’est une éthique, non une morale. »
(Stolz & Moliné, 2005)

Rituel. En sociologie, rituel signifie « ensemble des comportements codifiés, fondés sur les
croyances en l’efficacité constamment accrue de leurs effets, grâce à leurs répétitions »
(Larousse, 2007). La guérison est la « suppression, disparition d’un mal physique ou moral »
(Larousse, 2007).

Rituel de guérison. Ce terme désigne un vaste amalgame d’éléments psychosociaux présent


dans la relation soignant/soigné. Il est envisagé que ceux-ci, lorsque bien agencés, suscitent
des effets thérapeutiques par des mécanismes dits non spécifiques. Ces éléments
psychosociaux, aussi apparentés au phénomène de l’effet placebo, sont : la persuasion, dans
l’attitude et le discours positif du thérapeute et dans l’attention qu’il porte à son patient, son
empathie, ses procédures de diagnostics élaborées, son pronostic optimiste, ses suggestions,
etc.

Sémantique. n. f. « Etude du langage et des signes linguistiques (mots, expressions, phrases)


du point de vue du sens (du grec "semantikos", "qui signifie"). Il s'agit de savoir comment un
signe tel que "X" se charge de sens, comment il est utilisé par l'énonciateur, puis perçu et
interprété par le co-énonciateur. La sémantique analyse le sens des mots et le processus par
lequel ils se chargent de ce sens.• L'étude de la sémantique peut être philosophique
(sémantique pure) ou linguistique (sémantique descriptive ou théorique). On y ajoute
généralement une troisième approche, la sémantique générative. » (mediadico.com) 1.
Sémantique. Adj. « Relatif au sens, à la signification des unités linguistiques. (…) Qui se
rapporte à l’interprétation, à la signification d’un système formel. 2. Sémantique. n.f. Étude
scientifique du sens des unités linguistiques et de leurs combinaisons. (…) Étude de
proposition d’une théorie déductive du point de vue de leur vérité ou de leur fausseté. »
(Larousse, 1989) Champ sémantique « En lexicologie, le terme « champ » est utilisé pour
désigner la structure d'un domaine linguistique donné. Les deux notions de « champ
sémantique » et de « champ lexical » sont très souvent confondues. Toutefois, lorsqu'on les
distingue, on réserve généralement le terme champ sémantique pour caractériser le
fonctionnement propre à une unité lexicale, et celui de champ lexical pour décrire des relations
entre plusieurs unités lexicales. On peut, dans cette perspective, appeler champ sémantique
lxii

l'aire couverte par la ou les significations d'un mot de la langue à un moment donné de son
histoire, c'est-à-dire appréhendée en synchronie. Lorsque le mot considéré est polysémique
(c'est-à-dire possède plusieurs significations différentes, mais apparentées), la description de
son champ sémantique doit rendre compte tout à la fois de la parenté de sens et des différences
entre les significations du mot. Ainsi, le champ sémantique de « peinture » couvre-t-il les
diverses significations que prend ce mot, par exemple, dans « peinture en bâtiment »,
« peinture à l'huile », « peinture beige », « peinture impressionniste », « peinture murale »,
« peinture de mœurs », … » (universalis.fr)

Sémiologie. n. f. « La sémiologie ou séméiologie est la science des signes.


Le terme « sémiologie » a été créé par Emile Littré et pour lui, il se rapportait à la médecine. Il
a ensuite été repris et élargi par Ferdinand de Saussure, pour qui la sémiologie est "la science
qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale" (Cours de linguistique générale, p. 33).
Le terme sémiotique, inventé par Charles Sanders Peirce quelques années auparavant,
recouvre la même idée et est utilisé le plus fréquemment en dehors de France.
Toute science étudiant des signes est une sémiologie. Le terme est donc utilisé dans plusieurs
disciplines. » (wikipedia.org)

Sémiotique n. f. « Etude de la manière dont les différents systèmes de signes permettent aux
individus et aux collectivités de communiquer.
Théorie des signes, de la manière dont ils fonctionnent, de leur sens.
[adjectif] Qui a rapport à la sémiotique. » (mediadico.com)

Spagyrique (médecine). Terme relatif à la devise alchimique « solve et coagula » (dissous et


coagule). Du grec spao = extraire et ageiro/agerein = rassembler (à rapprocher avec la
médecine hermétique).

Stratégie. n. f. « (gr. stratos « armée » et agein « conduire »). Ensemble d’actions


coordonnées de manœuvres visant à gagner un conflit, à remporter une victoire, à maîtriser
une situation à son profit. » (Tricot, 2008, 309)

Système. n. m « Système. n. m (gr. sustêma « assemblage, composition » de sunestanai,


« tenir ensemble »). 1/ Ensemble organisé d’éléments en interaction mutuelle. 2/ Ensemble
d’idées logiquement solidaires, considérées dans leurs relations; construction théorique que
forme l’esprit sur un vaste sujet. 3/ Ensemble possédant une structure, constituant un tout
organique et prévu pour produire une ou des actions ou fonctions spécifiques. 4/ Association
plus ou moins stable d’éléments. Mais aujourd’hui, la notion d’évènement remplace celle
d’élément. Ainsi, toute matière, tout objet, petit ou grand, de l’objet microphysique à l’objet
astrophysique, se présente sous la forme d’un système, plutôt d’une systématisation
énergétique douée d’une certaine résistance. La matière est donc constituée de systèmes
d’événements, qui ne sont eux-mêmes que des rapports énergétiques – résistance imposée par
diverses forces de liaison, comme des forces de cohésion, de valence, d’échange, inhérentes à
ces événements eux-mêmes : c’est la résistance relative des systèmes d’événements qui
confère à notre représentation sensible cette impression de réalité physique consistante et
opaque que nous appelons matière. Systémique. adj. (angl. systemic [1970]). Relatif aux
systèmes. » (Tricot, 2008, 309)
lxiii

Technique. n. f. « (lat. technicus, gr. teknikos, de teknê " art, métier "). 1/ Ensemble des procé-
dés et des méthodes d'un art, d'un métier ou d'une industrie. 2/ Pour l'ostéopathe, processus
d'intervention mis en œuvre à la recherche d'un résultat précis au sein du système corporel du
patient. Dans l'approche ostéopathique classique, l'objectif de la technique peut varier, visant
une action nerveuse (facilitatrice ou inhibitrice), circulatoire (veineuse, lymphatique ou arté-
rielle) ou mécanique. 3/ Dans l'approche tissulaire, l'action mise en œuvre a toujours pour
objectif de libérer une rétention d'énergie détectée dans le système corporel du patient. »
(Tricot, 2008, 309)

Vital adj. Qui appartient à la vie. (Larousse. 2007)

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