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L’ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans

Dans la même collection :

Du même auteur :
L'Odyssée de l'iliaque, Paris, Spek éd., 1985.
Le B.A.BA du crânien, Paris, Spek éd., 1986.
La Thérapie craniosacrée chez l'enfant, Paris, Spek éd., 1988.
Co, C1, C2, données physiologiques et normalisations, Paris, Soek éd., 1989.
Normaliser la colonne sans « manipulation vertébrale », Paris, Spek éd., 1994.
Approche ostéopathique des plagiocéphalies avec ou sans torticolis, Paris, Spek éd., 1994.
Anatomie fonctionnelle appliquée à l'ostéopathie crânienne, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson,
2009.
Ostéopathie pédiatrique, Issy-les Moulineaux, Elsevier Masson, 2007.
L’ostéopathie
pour les patients
de plus de 50 ans
Nicette Sergueef
DO, France, Associate Professor, Department of Osteopathic Manipulative Medicine, Chicago College of
Osteopathic Medicine, Midwestern University, USA

Kenneth E. Nelson
DO, FAAO, FACOFP(Dist). Professor, Department of Osteopathic Manipulative Medicine, Family Medicine and
Biochemistry, Chicago College of Osteopathic Medicine, Midwestern University, USA
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L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans

Illustration de couverture : © Nicette Sergueef


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ISBN : 978-2-8101-0159-7
e-ISBN : 978-2-294-74444-0

Elsevier Masson SAS, 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex


www.elsevier-masson.fr
Avant-propos

Ce texte est écrit avec l'intention d'appliquer les médicale. L'ostéopathie, la fondation spécifique
principes ostéopathiques proposés par Andrew de la médecine ostéopathique, a depuis sa création
Taylor Still et ceux qui l'ont suivi : J. Martin considéré sélectivement les différents aspects de la
Littlejohn, William Garner Sutherland, Harrison pratique médicale, le choix des méthodes qui sont
H. Fryette, Rollin E. Becker, Walford A. Schwab efficaces, en rejetant les pratiques néfastes comme
et Norman J. Larson au traitement des adultes la plupart de la pharmacopée du XIXe siècle. En
en pleine maturité. Nous considérons de mul- tant que tel, la médecine ostéopathique repré-
tiples conditions cliniques. Pour chacune d'entre sente, peut-être, la première forme organisée de la
elles, le traitement du patient est basé sur des pratique médicale intégrative.
recherches approfondies en anatomie fonction- À ses débuts, l'ostéopathie, était destinée à rem-
nelle et en physiologie, et sur le raisonnement placer la pratique de la médecine. Cependant,
qui explique comment une dysfonction peut être d'énormes progrès ont été réalisés depuis dans la
responsable ou contribuer aux maladies de ces science médicale, et l'on peut se demander si, en
adultes. Ce texte présente une approche clinique supposant que ce que l'on sait aujourd'hui du trai-
par systèmes. Toutefois, nous offrons également tement des maladies infectieuses avait été connu
des méthodes diagnostiques et thérapeutiques qui de Still en 1864 quand ses enfants ont succombé à
synthétisent l'approche holistique d'un traitement une méningite cérébrospinale, il aurait envisagé
spécifique pour chaque patient. Nous discutons de devenir un réformateur médical.
de l'ensemble des procédures disponibles dans le Depuis ses origines au cœur des États-Unis du
traitement manipulatif ostéopathique (TMO) et XIXe siècle, l'ostéopathie s'est développée pour
les considérons dans le contexte d'un continuum devenir un phénomène global. En tant que tel, elle
de dosage. Cependant, et précisément à cause est pratiquée par une communauté très diverse de
de la fragilité potentielle des patients plus âgés, prestataires de soins de santé. Traditionnellement,
nous avons choisi intentionnellement les procé- les praticiens médicaux ont été formés à identifier
dures indirectes comme traitement prédominant. la pathologie et moins à reconnaître la dysfonc-
Chaque fois que cela est possible, nous proposons tion. Les praticiens de la médecine ostéopathique
des instructions pour favoriser la participation du examinent la relation entre la structure et la fonc-
patient, sa capacité à se prendre en charge et son tion et l'impact de la dysfonction résultant du
intégration dans l'équipe de soins, ce qui participe déséquilibre structural. C'est maintenant, au
au processus d'autoguérison, principe fondamen- XXIe siècle, que nous devons examiner comment les
tal en médecine ostéopathique. principes ostéopathiques, tels qu'appliqués par les
Au cours des cent quarante dernières années, les différents types de praticiens à travers le monde,
principes et la pratique ostéopathiques ont servi sont intégrés dans la pratique médicale et peuvent
de base à la réforme médicale. Alors qu'il y a qua- être employés pour profiter à tous nos malades. Il
rante ans, l'ostéopathie était considérée comme est impératif d'unir les deux, soit la pratique de la
une secte d'excentriques médicaux, la médecine médecine ostéopathique, soit l'intégration des
ostéopathique occupe aujourd'hui une position ostéopathes dans la communauté des prestataires
de premier plan dans le courant de la science de soins de santé contemporains.
VI Avant-propos

Le contenu de ce texte vise à donner un aperçu des ment aucune responsabilité pour les blessures et/
soins appropriés pour les individus qui vieillissent, ou dommages aux personnes issus, ou liés à, l'utili-
en particulier dans le contexte de l'application des sation du matériel présenté dans ce texte. Il est de
principes ostéopathiques. Ce texte n'ambitionne l'entière responsabilité du praticien, en fonction de
pas d'offrir une formation permettant d'acquérir son expertise et de sa connaissance du patient, de
les compétences psychomotrices nécessaires au déterminer dans chaque cas le traitement le plus
TMO. Les individus qui utilisent les informations approprié et sa bonne méthode d'application.
contenues dans cet ouvrage doivent être des prati- Au fil du temps, d'autres changements sont
ciens éduqués et doivent reconnaître que le TMO apparus. Le vocabulaire anatomique continue
est utilisé spécifiquement dans le traitement de la d'évoluer, et dans quelques cas, le vocabulaire
dysfonction somatique. Le TMO n'est pas un traite- ostéopathique n'a pas progressé au même rythme.
ment spécifique pour la pathologie organique. Bien que la nouvelle nomenclature anatomique
Il peut, toutefois, être employé dans une pratique fasse référence à la synchondrose sphéno-occipitale
médicale intégrative comme thérapie complémen- au lieu de synchondrose sphénobasilaire, nous
taire en présence d'une pathologie organique. avons choisi de garder l'ancienne nomenclature,
L'élimination ou la réduction de l'influence de si familière à la plupart des praticiens de l'ostéopa-
la dysfonction somatique, du point de vue méca- thie. De la même manière, nous avons gardé les
nique, neurophysologique et circulatoire, facilite la termes « rotation externe » et « rotation interne »
capacité inhérente du corps à l'autoguérison. Dès pour la description des mouvements du méca-
lors, le TMO peut être utilisé intégrativement pour nisme craniosacral, bien que pour les autres mou-
sa contribution complémentaire dans le traitement vements nous utilisons la nouvelle nomenclature,
de nombreuses conditions cliniques. Cependant, i. e. « rotation latérale » ou « rotation médiale »,
le TMO ne doit jamais être employé sans un alors que les termes « rotation externe » ou « rota-
diagnostic médical complet, ou exclusivement tion interne » décrivent des mouvements qui se
comme une alternative aux normes acceptées de produisent à l'intérieur d'une cavité (e. g. la rota-
la pratique médicale. Le TMO est spécifiquement tion interne du fœtus dans la cavité utérine).
déterminé par le diagnostic précis de la dysfonc- Nous tenons à remercier notre associé perpétuel,
tion somatique à traiter dans le contexte de l'état Tom Glonek, Ph.D., pour ses consultations pen-
de santé général du patient. Dans la plupart des dant la production de ce texte. Nous espérons que
exemples, le TMO est employé pour améliorer la cet ouvrage contribuera à la compréhension et à
restriction de mouvement associée à la dysfonction l'usage intelligent des principes ostéopathiques
somatique. Il est donc inapproprié de manipuler dans la prestation des soins de santé par vous, nos
des régions du corps structuralement instables. Les confrères à travers le monde.
personnes qui emploient les informations de ce
Nicette Sergueef,
texte doivent reconnaître que toute intervention
appliquée sur un être humain comporte inévitable- Kenneth E. Nelson,
ment un risque inhérent. Aussi, les auteurs n'assu- 12 mai 2013
Abréviations

AASM American Academy of Sleep Medicine HVLA grande vitesse, faible amplitude
ACh acétylcholine IAH index d'apnée-hypopnée
ACR American College of Rheumatology IC insuffisance cardiaque
ACTH hormone adrénocorticotropine ICC insuffisance cardiaque congestive
AF antécédents familiaux IL-1β interleukine-1 bêta
AHA American Heart Association IL-6 interleukine 6
AM antécédents médicaux ILMI inégalité de longueur des membres
AIL angle inférolatéral inférieurs
AINS anti-inflammatoires non stéroïdiens IRC impulsion rythmique crânienne
AOS apnée obstructive du sommeil IUE incontinence urinaire à l'effort
AP antéropostérieur IUM incontinence urinaire mixte
ATM articulation temporomandibulaire IUU incontinence urinaire par urgenturie
ATP adénosine 5´-triphosphate JOG jonction œsogastrique
AVC accident vasculaire cérébral LCA ligament coracoacromial
AVG afférents viscéraux généraux LCS liquide cérébrospinal
AVP arginine vasopressine MCV maladie cardiovasculaire
AVS afférents viscéraux spéciaux MEC matrice extracellulaire
CDC Centers for Disease Control and MEO muscles extraoculaires
Prevention MI membres inférieurs
CIC cellules interstitielles de Cajal MPOC maladie pulmonaire obstructive
CNV complexe nucléaire vestibulaire chronique
CRH hormone de libération de la MRP mécanisme respiratoire primaire
corticotrophine MS membres supérieurs
CSM cellules souches mésenchymateuses NA noyau ambigu
CSQ cytosquelette NO monoxyde d'azote
CV4 compression du quatrième ventricule NSC noyau suprachiasmatique
DR décollement de rétine NTS noyau du tractus solitaire
eCB endocannabinoïde OA ostéoarthrite
EIAS épine iliaque antérosupérieure OM suture occipitomastoïdienne
EIPS épine iliaque postérosupérieure PAC pneumonie acquise en communauté
ES examen des systèmes PG protéoglycanes
EVG efférents viscéraux généraux PIO pression intraoculaire
EVP élévateur du voile du palais PP plainte principale
EVS efférents viscéraux spéciaux REM rapid eye-movement
FM fibromyalgie RGO reflux gastro-œsophagien
GAG glycosaminoglycane RVO réflexe vestibulo-oculaire
GI gastro-intestinal SCC syndrome du canal carpien
HBP hyperplasie bénigne de la prostate SCI syndrome du côlon irritable
HHS hypothalamo-hypophyso-surrénalien SDRC syndrome douloureux régional
(axe) complexe type-1
HP historique de la plainte SFC syndrome de fatigue chronique
HS histoire sociale SI sacro-iliaque (articulation)
HTA hypertension artérielle SIO sphincter inférieur de l'œsophage
VIII Abréviations

SNA système nerveux autonome TC tissu conjonctif


SNC système nerveux central TFBAU troubles fonctionnels du bas appareil
SNE système nerveux entérique urinaire
SNP système nerveux parasympathique TMO traitement manipulatif ostéopathique
SNS système nerveux sympathique TNF-α facteur de nécrose tumorale α
SS sévérité des symptômes TVP tenseur du voile du palais
SS système stomatognathique VFC variabilité de la fréquence cardiaque
SSB synchondrose sphénobasilaire VPPB vertige positionnel paroxystique bénin
SSO sphincter supérieur de l'œsophage WPI indice de douleur généralisée
TA tension artérielle X nerf vague
1
Ostéopathie, fascia,
fluides et mécanisme
respiratoire primaire
« The more I study Osteopathy, the more it seems to boil la rame” en utilisant le fascia, et “laissez la MARÉE vous
down to a Highly Intelligent fluid surrounded and held in conduire à la rive” via le fluide. »)
shape by fascial membranes.
« Tensegrity refers to a system that stabilizes itself
Allow the fascial strains to correct what might be present, mechanically because of the way in which tensional and
allow the fluid to resume its normal TIDAL mechanism, compressive forces are distributed and balanced within
and all associated pathologies in the muscle, skin, blood the structure [2] »
vessels or nerves will correct themselves. “Bend to the D.E. Ingber
oar” through the fascia, and “ride the TIDE to the shore”
by way of the fluid [1] » (« La tenségrité se réfère à un système qui se stabilise
R.E. Becker lui-même mécaniquement à cause de la façon dont les
forces tensionnelles et compressives sont distribuées et
(« Plus j’étudie l’ostéopathie, plus cela semble se réduire à équilibrées dans la structure. »)
un fluide extrêmement intelligent entouré et maintenu en
forme par les membranes fasciales.
Références
Permettez aux tensions fasciales de corriger ce qui est
présent, permettez au fluide de reprendre son mécanisme [1] Becker RE, editor. The Stillness of Life. Portland :
normal DE MARÉE, et toutes les pathologies associées Stillness Press ; 2000. p. 178.
dans le muscle, la peau, les vaisseaux sanguins ou les [2] Ingber DE. The architecture of life. Sci Am 1998 ;
nerfs se corrigeront d’elles-mêmes. “Restez courbé sur 278(1) : 48–57.
Chapitre 1
Fascia
L'importance du fascia dans le maintien de l'inté- comment elles doivent être classées. Le texte qui
grité structurale du corps et par conséquent de ses suit propose une définition du fascia, avec les dif-
structures, fonctions et dysfonctions, à la fois aux férentes structures considérées comme fascia ; puis
niveaux fluidiques et mécaniques, a été reconnue seront envisagés les composants histologiques du
comme fondamentale dans la pratique ostéopa- fascia, les terminologies appliquées au fascia, et le
thique depuis le début. Les propriétés extensibles rôle et l'évolution du fascia dans le vieillissement
et élastiques de la superstructure fasciale du corps et/ou les dysfonctions.
modulent la nature sol-gel du liquide interstitiel, ce
qui contribue grandement au statut dynamique du
mécanisme respiratoire primaire (MRP). Cela est un Définition
exemple primordial de la tenségrité anatomique.
Vieillir, le processus normal de devenir vieux, est Fascia, ou fasciola dans l'Antiquité romaine, était
associé à un déclin des cellules, tissus, et fonctions un filet ou une bande de tissu porté autour de la
des différents systèmes. Les dysfonctions du sys- tête comme un diadème, un signe de royauté, ou
tème musculosquelettique sont parmi les plaintes par les femmes sur la poitrine (fascia pectoralis) ou
les plus fréquentes et les plus chroniques des les jambes et les pieds [3]. Depuis cette origine, le
adultes d'âge moyen et avancé [1]. Dans le traite- terme de fascia a été appliqué aux structures ana-
ment des dysfonctions musculosquelettiques, les tomiques pour désigner le TC qui entoure et
ostéopathes assurent un soin distinctif. Par leurs réunit des structures plus spécialisées telles les
interventions, ils peuvent améliorer la restriction muscles, vaisseaux sanguins et nerfs. Toutefois, ces
des mouvements et la douleur, et par conséquent termes anatomiques étaient en latin, et une fois
contribuer à la prévention de la diminution des traduits dans d'autres langues, ils prirent des sens
forces et des capacités de la personne. Par ailleurs, différents. Par exemple, Tela subcutanea a été tra-
puisque la détérioration liée au vieillissement des duit par « fascia superficiel » dans les pays de
tissus musculosquelettiques et de la fonction ne langue anglaise, tandis qu'en français c'était « le
progresse pas inexorablement, un traitement tissu subcutané » [4]. Dès lors, le « fascia superfi-
ostéopathique approprié peut restaurer et mainte- ciel » décrit dans la langue anglaise n'est pas consi-
nir une fonction musculosquelettique optimale. déré comme un fascia dans les pays de langue
Parmi les différents tissus qui forment le système française, où le « fascia » commence au niveau du
musculosquelettique, le fascia tient une place pré- fascia superficialis, la couche membraneuse située
pondérante. Comme Still l'a déclaré : « Ainsi une au-dessous du tissu subcutané et de la couche
connaissance de l'étendue universelle du fascia est graisseuse associée.
presque impérative, et est une des plus grandes Récemment, le terme fascia a été défini comme
assistances à la personne qui cherche la cause de la « les masses de tissu conjonctif suffisamment
maladie [2]. » Le fascia est considéré comme un grandes pour être visibles à l'œil nu. Sa structure
tissu conjonctif (TC), toutefois des controverses est extrêmement variable mais, en général, les
existent pour déterminer quelles structures de TC fibres de collagène des fascias tendent à s'entre-
doivent être considérées comme fascia, et croiser et montrent rarement l'orientation

L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans


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4 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

compacte et parallèle des tendons et aponévroses structurale du corps. Il soutient, infiltre et relie
[5] ». De facto, tendons et aponévroses ne sont pas tous les autres tissus pour former des groupes
considérés comme fascia dans cette définition. fonctionnels de cellules tels les organes ou les
Cependant, pour de nombreux praticiens de thé- muscles. Le plus souvent, le fascia est considéré
rapies manuelles telles que l'acupuncture, le mas- comme un TC [8].
sage, la chiropraxie et l'ostéopathie, le terme fascia
« s'applique à tous les tissus conjonctifs fibreux, y Le TC dérive du mésenchyme embryonnaire, d'origine
compris les aponévroses, ligaments, tendons, rétina- mésodermique, avec pour la région craniale une large
culums, capsules articulaires, tuniques viscérales et contribution du mésenchyme provenant des crêtes neu-
vasculaires, épinèvres, méninges, périoste et toutes rales. C'est à partir des cellules fusiformes ou étoilées
les fibres endomysiales et intermusculaires des myo- du mésenchyme et de sa matrice gélatineuse que tout le
fascias [6] ». De ces deux définitions, il ressort que TC se développe.
bien que le fascia soit considéré comme un TC par
la majorité, tout TC n'est pas toujours étudié La composition du TC influence sa classifica-
comme fascia. tion. Parfois organisé en tissu lâche, riche en cel-
D'un point de vue anatomique, puisque les lules, il peut aussi être extrêmement fibreux ou
fibres de collagène des fascias tendent à s'entre- présenter une prédominance de substance fonda-
croiser selon diverses orientations, les descriptions mentale. Plusieurs variétés de TC sont décrites :
précises des structures fasciales sont rares. Les des- aréolaire ou lâche, adipeux, muqueux, dense
criptions ont tendance à représenter des portions orienté ou non orienté, fibreux, élastique. Le car-
de fascia pour des zones particulières du corps tilage et l'os sont considérés comme des TC sque-
humain telles que le fascia thoracolombal, ou elles lettiques spéciaux. Tout autant, les cellules
ont tendance à définir des entités anatomiques, sanguines périphériques, les tissus lymphoïdes et
comme les septums intermusculaires, les mem- leurs précurseurs sont aussi considérés comme TC
branes interosseuses, le périoste, le tractus neurovas- à cause d'origines mésenchymateuses similaires.
culaire, l'épimysium, les aponévroses intra- et De plus, les nombreuses cellules défensives du
extramusculaires, le périmysium ou l'endomysium sang font partie des cellules en transit du TC.
[7]. Certains auteurs suggèrent que le terme fascia Selon les besoins, la proportion des constituants
est incomplet. Ils proposent de définir le fascia à du TC diffère d'une partie du corps à l'autre.
partir de l'organisation de ses constituants histolo- Toutefois, il existe toujours une substance fonda-
giques, par exemple TC « dense » ou « non dense mentale amorphe appelée matrice extracellulaire
(aréolaire) », ou de considérer le rapport du fascia (MEC), dans laquelle se trouvent de nombreuses
avec la peau, tel que dans fascia « superficiel » ou cellules résidentes ou migrantes et des fibres
« profond ». extracellulaires.
Afin de mieux comprendre ces différences, nous
décrivons l'histologie du fascia. Ensuite, nous pro- Matrice extracellulaire
posons une description du fascia basée sur ses
constituants, puis sur sa topographie, i. e. fascia La matrice extracellulaire est l'élément principal
superficiel et fascia profond, les deux couches du TC. Elle abrite tous ses constituants extracellu-
principales typiquement décrites. laires. Elle offre un support pour les différentes
cellules de la MEC et disperse les tensions méca-
niques placées sur les tissus.
Constituants La matrice extracellulaire consiste en une subs-
histologiques du fascia tance fondamentale transparente et amorphe,
ayant la consistance d'un gel semi-fluide, dans
Classiquement, quatre types de tissus sont décrits laquelle se trouvent des glycoprotéines. Ces glyco-
chez l'adulte : épithélial, musculaire, nerveux et protéines règlent les interactions entre cellules et
conjonctif. Le TC est celui qui forme la charpente autres constituants de la MEC, en particulier les
Chapitre 1. Fascia 5

mécanismes d'adhérence, et les transductions de tout étirement, pression, traction, ou contrainte


signal. Des protéoglycanes (PG) sont également de cisaillement par des réponses cellulaires telles
présents dans la MEC ; ils incluent l'acide hyaluro- que des modifications de la production intracellu-
nique, la décorine (chondroïtine-sulfate/derma- laire de calcium et d'ATP, de la signalisation cellu-
tane-sulfate), le perlecan (héparane-sulfate), et laire, de la polymérisation de l'actine, et de
l'aggrécane. Les PG peuvent subir des transforma- l'expression génique [9].
tions avec l'addition de chaînes de glycosamino-
glycane (GAG). Extrêmement hydratés, les PG et Myofibroblastes
les GAG peuvent former un gel ferme qui tolère
Les myofibroblastes ressemblent aux fibroblastes,
des forces compressives, comme ce qui s'observe
mais ils contiennent aussi le complexe actine-myosine,
dans le cartilage.
ce qui leur donne plusieurs caractéristiques des
muscles lisses et leur permet des contractions isomé-
Cellules du tissu conjonctif triques de longue durée. La plupart des myofibro-
blastes dérivent de simples fibroblastes, modifiés
Les cellules du TC sont incorporées dans la MEC ; sous l'influence de tension mécanique et de cyto-
elles peuvent être soient des cellules résidentes tels kines particuliers. Ils peuvent aussi provenir des
les fibroblastes, myofibroblastes, adipocytes, cel- cellules épithéliales, endothéliales, périsinusoïdales,
lules souches mésenchymateuses, ou des cellules des péricytes, des cellules des muscles lisses, des
migrantes (mobiles), ayant diverses fonctions cellules souches mésenchymateuses ou de la moelle
défensives, tels les macrophages, lymphocytes, osseuse[10]. Une fois développé, l'appareil
neutrophiles, éosinophiles et mastocytes. contractile des myofibroblastes forme un système
de mécanotransduction distribuant la force pro-
Fibroblastes duite par ses fibres de tension à la MEC environ-
nante, produisant de cette façon une contraction
Habituellement, dans le TC, les fibroblastes sont
locale de la matrice. Puis une modification de la
les cellules les plus abondantes. De forme allon-
MEC, surtout des fibres de collagène, stabilise la
gée, fusiforme, les fibroblastes présentent un gros
contraction qui peut devenir permanente [11].
noyau, plusieurs nucleoli et de multiples prolonge-
Pendant la réparation des blessures, les myofibro-
ments entrant en contact avec les prolongements
blastes sont, semble-t-il, responsables de la
d'autres fibroblastes. À la fin de leur existence, les
contraction des bords de la blessure et de la syn-
fibroblastes inactifs sont nommés fibrocytes.
thèse d'une nouvelle MEC [12, 13]. En fait, une
Résilients et très actifs, les fibroblastes parti-
augmentation du nombre des myofibroblastes
cipent à la sécrétion de diverses protéines et syn-
contribue à la formation d'une cicatrice excessive
thétisent la plupart des éléments qui constituent la
et à des contractures fasciales chroniques, comme
MEC, tels le collagène, l'élastine et les enzymes res-
dans le syndrome de l'épaule gelée ou la maladie de
ponsables de la dégradation cellulaire de la MEC.
Dupuytren [14, 15].
Sous l'influence de cytokines, ils peuvent être dif-
Ajoutons qu'il a été démontré que les myofibro-
férenciés en ostéoblastes ou en chondroblastes. Par
blastes présentent des oscillations périodiques avec
ailleurs, de multiples facteurs affectent l'activité
des périodes d'approximativement 100 secondes
fibroblastique, en particulier les contraintes méca-
[16]. Cela est une fréquence essentiellement iden-
niques, les concentrations hormonales ou les habi-
tique aux six cycles par période de 10 minutes
tudes diététiques. Lorsque le TC subit des
attribués par Becker à la marée lente du MRP [17].
contraintes mécaniques, les fibroblastes changent
de forme, deviennent plus ronds ou étoilés. Leur
Adipocytes
étirement augmente leur prolifération et ajuste
leur environnement biochimique en influençant la Les adipocytes, ou cellules graisseuses, sont pré-
synthèse des protéines de la MEC. En fait, in vitro, sentes dans de nombreux TC. Isolées ou organi-
les fibroblastes réagissent en quelques minutes à sées en groupes, ces cellules forment le tissu
6 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

adipeux. Bien que diffus, ce tissu constitue l'un autres agents nuisibles. Les macrophages com-
des plus grands organes du corps. Habituellement, mencent leur vie comme monocytes sanguins, des
les adipocytes constituent 15 à 20 % du poids total cellules immatures avec une modeste capacité
du corps chez les hommes, et 20 à 25 % chez les pour combattre les agents infectieux. Après avoir
femmes. Le tissu adipeux est un des plus grands pénétré dans les tissus, ils sont nommés macro-
réservoirs d'énergie qui contribue grandement à phages. De fait, leur rôle consiste à enclencher la
l'isolation thermique. Il est continuellement modi- réponse immunitaire par une réaction inflamma-
fié sous l'influence des contrôles nerveux ou hor- toire, à phagocyter et détruire les éléments
monaux. Normalement, la mobilisation graisseuse pathogènes et à recruter les cellules tueuses
est induite par la noradrénaline, sécrétée par le sys- naturelles.
tème sympathique. Vieillir influence considérablement le phéno-
Alors que le tissu adipeux est normalement blanc type et la fonction des macrophages. Des modifi-
ou légèrement jaune, une autre sorte de tissu adi- cations de l'expression et/ou de la fonction des
peux, la graisse brune, existe chez l'embryon et le récepteurs de l'immunité innée et de la transduc-
nouveau-né. Chez ce dernier, elle est principale- tion de signal diminuent leur activation avec un
ment localisée dans la région cervicale et intersca- déclin dans le chimiotactisme, la phagocytose et la
pulaire, où elle contribue à la régulation de la destruction intracellulaire des pathogènes [21].
température du corps. Sa distribution chez l'adulte
est limitée au pourtour des glandes surrénales.
Lymphocytes, neutrophiles
et éosinophiles
Cellules souches mésenchymateuses
Normalement, il y a six types de leucocytes (glo-
« Les cellules souches mésenchymateuses (CSM)
bules blancs) dans le sang. Ce sont des neutro-
sont une population hétérogène de cellules
philes, éosinophiles, basophiles, monocytes,
souches/progénitrices avec une capacité pluripo-
lymphocytes, et occasionnellement des cellules
tente à se différencier en lignées de cellules méso-
plasmatiques. À cause de l'apparence granulaire de
dermiques et non mésodermiques, incluant les
leur cytoplasme, les neutrophiles, éosinophiles et
ostéocytes, adipocytes, chondrocytes, myocytes,
basophiles sont aussi appelés granulocytes. Associés
cardiomyocytes, fibroblastes, myofibroblastes, cel-
aux monocytes, ils jouent un rôle déterminant,
lules épithéliales, et neurones [18]. »
essentiellement par phagocytose, dans la défense
Les CSM permettent un renouvellement et une
contre les agents pathogènes. Les lymphocytes et
réparation continue des tissus, ce qui contribue à
cellules plasmatiques contribuent à la fonction du
leur régénération et à l'homéostasie. La quantité et
système immunitaire.
la qualité des cellules souches sont de suprême
Les granulocytes, monocytes et quelques lym-
importance. Elles sont influencées par l'environne-
phocytes sont produits dans la moelle osseuse, tan-
ment cellulaire et le vieillissement qui réduit le
dis que les lymphocytes et les cellules plasmatiques
potentiel de différenciation et le taux de proliféra-
sont produits dans le tissu lymphoïde. À partir de
tion. Cela peut refléter l'érosion des télomères à
ces différents sites, ils entrent dans le sang et
l'extrémité d'un chromosome [19]. À cause de
voyagent aux lieux d'infection et d'inflammation.
leurs propriétés spécifiques, les CSM ainsi que les
La plupart des lymphocytes sont dans les gan-
cellules souches de la moelle osseuse sont des
glions lymphatiques, les autres sont dans les organes
cibles intéressantes pour un usage thérapeutique
lymphoïdes tels la rate, les tissus lymphoïdes asso-
potentiel de la médecine régénérative [20].
ciés aux muqueuses des systèmes gastro-intestinal
et respiratoire, le thymus, et la moelle osseuse. Ils
Macrophages sont classés en deux groupes : les lymphocytes T et
Les macrophages et les neutrophiles sont la pre- les lymphocytes B. Les deux dérivent des cellules
mière ligne de défense contre les infections. Ils souches hématopoïétiques pluripotentes de l'em-
attaquent et détruisent les bactéries, virus, et bryon. Un groupe voyage vers le thymus et forme
Chapitre 1. Fascia 7

les lymphocytes T (T comme thymus). Ils sont Fibres extracellulaires


responsables de l'immunité cellulaire. Le groupe du tissu conjonctif
des lymphocytes B passe dans le foie vers le milieu
de la vie fœtale, puis dans la moelle osseuse pour Les fibres extracellulaires sont essentiellement
former des anticorps. Les lymphocytes B sont produites par les fibroblastes par l'élaboration de
impliqués dans l'immunité humorale. Identifiés protéines consistant en longues chaînes de pep-
tout d'abord dans la bourse de Fabricius, site de tides. Le nombre des différentes fibres extracellu-
l'hématopoïèse chez les oiseaux, ils sont nommés laires varie selon les besoins structuraux du TC.
lymphocytes B (B comme bourse) [22]. Différentes variétés existent, incluant des fibres de
Durant la vie d'un individu, le thymus évolue. collagène, des fibres élastiques et des fibres
Localisé dans le médiastin supérieur et la portion réticulaires.
inférieure du cou, il atteint son poids maximum à la
puberté. Après cela, il involue et beaucoup du tissu Fibres de collagène
lymphoïde se transforme en graisse. Dès lors, sa Le collagène est la protéine la plus abondante dans
production de lymphocytes T diminue. Ce qui, le corps humain, et la protéine la plus abondante
combiné au déclin de la capacité des cellules dans le royaume animal. Dès lors, les fibres de colla-
souches hématopoïétiques à se répliquer, peut gène sont les plus communes et les plus solides des
avoir un effet significatif sur le système immuni- fibres extracellulaires de la MEC et du TC, assu-
taire de l'individu qui vieillit [23]. rant un soutien structural.
Les molécules de tropocollagène, le précurseur
du collagène, consistent en trois chaînes polypep-
Mastocytes
tidiques enroulées en triple hélice. Les faisceaux
Les mastocytes font partie du groupe des cellules de tropocollagène s'assemblent pour former des
du TC qui transitent. Ils dérivent des cellules fibrilles de collagène qui s'unissent à leur tour pour
souches hématopoïétiques présentes dans la produire des fibres de collagène matures.
moelle osseuse, passent dans le sang pour coloni- À ce jour, vingt-huit types distincts de collagène
ser divers tissus où ils terminent leur différencia- sont reconnus, chacun d'eux ayant une fonction
tion. Les mastocytes prédominent sous la peau et spécifique. Les collagènes I, II, et III sont les plus fré-
dans les ganglions lymphatiques, près des vais- quents. Le type I se trouve dans le derme, le fascia,
seaux sanguins et des nerfs. les os, tendons, ligaments, vaisseaux sanguins et la
Souvent comparés à des sentinelles, les masto- sclère du globe oculaire. Le type II est présent dans
cytes répondent aux agents pathogènes en libérant le cartilage et le corps vitré de l'œil, et le type III
de l'histamine, des leucotriènes, prostaglandines, dans de multiples tissus. Habituellement, avec
protéases, et cytokines, avec alors un effet immu- l'âge, la quantité du collagène I augmente, alors
nomodulateur rapide et remarquable sur les lym- que celle du type III diminue [26].
phocytes T et B, et les cellules dendritiques [24]. Chaque couche de fascia démontre une orienta-
Les mastocytes peuvent augmenter ou bloquer les tion spatiale différente des fibres de collagène. À
réponses inflammatoires et immunitaires selon les cause de l'anisotropie, la propriété d'être direction-
situations et l'environnement. nellement dépendant, le fascia peut être considéré
Pendant longtemps, les mastocytes ont été comme un matériel composé. Cette propriété ren-
considérés comme essentiellement impliqués dans force la solidité du TC.
les phénomènes allergiques et dans la réponse Les collagènes permettent aux tissus de résister à
pathologique aux antigènes. Pour autant, il semble l'étirement. Aussi, les fibres de collagène existent
que ces mastocytes exercent une multitude de dans diverses proportions, selon la densité du
fonctions pendant l'inflammation et la prolifération tissu. Ils sont abondants dans le TC dense, alors
cellulaire, et qu'ils peuvent être impliqués dans la qu'ils sont clairsemés dans le TC lâche. De plus,
pathogenèse de la polyarthrite rhumatoïde, la les fibres de collagène sont organisées selon les
sclérodermie et la sclérose multiple [25]. besoins structuraux locaux. Par exemple, dans les
8 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

tendons et ligaments, elles sont parallèles les unes Tissu conjonctif dense
aux autres pour renforcer la résistance à la tension,
alors qu'autour des vaisseaux sanguins ou des Le TC dense se caractérise par un grand nombre de
intestins, elles entourent les axes longs de ces fibres, une petite proportion de cellules, principale-
structures tubulaires. ment des fibroblastes, et une substance fondamentale
relativement peu abondante. Sa fonction est essentiel-
Fibres élastiques lement mécanique, et l'orientation de ses fibres corres-
pond à la direction des contraintes qu'il subit. Dès
Les fibres élastiques, aussi nommées fibres jaunes à
lors, quand les allongements se font dans de multiples
cause de leur couleur, consistent en protéines
directions, les fibres s'entrecroisent, et le TC est
d'élastine, produites par les fibroblastes et les cel-
nommé dense irrégulier. Quand les forces sont appli-
lules des muscles lisses. Toutefois, avec l'âge, leur
quées principalement dans une ou peu de directions,
synthèse diminue et du collagène inextensible
l'orientation des fibres suit la direction de la mise en
remplace l'élastine.
tension dominante, et le TC est nommé dense régu-
Alors que les fibres de collagène résistent à la
lier. On trouve le TC dense irrégulier dans le derme et
tension, les fibres élastiques assurent une certaine
les méninges, où l'orientation multidirectionnelle des
élasticité à la déformation, et se rétractent après
fibres offre une résistance significative dans toutes les
l'étirement. Ainsi, on les trouve dans des tissus
directions, protégeant ainsi les structures qu'il entoure.
comme le mésentère qui doit s'ajuster aux change-
Le TC régulier dense constitue la plupart des tendons,
ments de forme et de volume des intestins ou
ligaments et aponévroses, où ils opposent une résis-
l'aorte qui doit s'adapter aux forces hydrostatiques
tance à la charge subie par de telles structures.
de chaque battement du cœur. Elles existent aussi
Les fibres de collagène sont épaisses et les plus
dans quelques structures épaisses, comme les liga-
abondantes dans le TC dense où elles fournissent
ments flava et nuchal, bien que présentes en moins
une résistance élevée à la traction. Toutefois, des
grande quantité que les fibres de collagène, et
fibres élastiques peuvent aussi être présentes, et
habituellement plus fines qu'elles.
quand elles sont nombreuses, le TC est appelé TC
élastique (figure 1.1).
Fibres réticulaires
Avant l'usage du microscope électronique, un
groupe de fibres particulières du TC a été décrit
Tissu conjonctif non dense
comme fibres réticulaires à cause de leur fréquente Le TC non dense comprend les tissus aréolaire,
organisation comparée à une toile d'araignée. En adipeux et réticulaire. Le tissu aréolaire, aussi
fait, on les reconnaît maintenant comme des fibres nommé « tissu conjonctif lâche » est le plus com-
de collagène, principalement du collagène III. Les mun (figure 1.2). Il contient des fibres de colla-
fibres réticulaires forment la charpente des gan- gène éparses, irrégulièrement organisées dans une
glions lymphatiques, de la moelle osseuse et du profusion de substance fondamentale. Les paquets
foie, et servent de soutien aux endothéliums et neurovasculaires et les petites branches des nerfs
aux épithéliums. sensitifs traversent ce tissu. En fait, les nerfs péri-
phériques et les vaisseaux sanguins et lymphatiques
Description du fascia sont encore entourés de tissu aréolaire lorsqu'ils
traversent d'autres structures. Le tissu aréolaire
à partir de ses constituants comble aussi les espaces entre les organes, où il
histologiques autorise flexibilité et glissement entre les couches
de TC denses adjacentes. Ainsi, dans les conditions
Les constituants histologiques présents dans le TC normales, le tissu aréolaire situé entre les couches
permettent une description basée sur leur distri- fasciales thoracolombales de TC dense permet un
bution. Cette terminologie est proposée pour une glissement de ces couches l'une par rapport à
meilleure communication. l'autre pendant les mouvements du tronc [27].
Chapitre 1. Fascia 9

Fibres
de collagène

Fibrocyte
A

Fibres
élastiques

B
Figure 1.1. Tissu conjonctif dense.
Source : Ross J., Wilson K., Anatomie et physiologie normales et pathologiques, mis à jour par A. Waugh, 11e éd, Issy-les-Moulineaux, Masson, 2011.

Fibroblaste

Fibres
de collagène

Adipocytes
(cellules adipeuses)

Fibres élastiques

Figure 1.2. Tissu conjonctif lâche (aréolaire).


Source : Ross J., Wilson K., Anatomie et physiologie normales et pathologiques, mis à jour par A. Waugh, 11e éd, Issy-les-Moulineaux, Masson, 2011.

Le tissu adipeux est formé surtout d'adipocytes. Dans le tissu réticulaire, les fibres de collagène
Grâce à la présence de ces vacuoles de graisse, il organisent un réseau stable. Ainsi le tissu
semble « vide ». On le trouve dans tout le corps où réticulaire fournit soutien et stabilité aux tissus
il constitue des coussins protecteurs et joue un qu'il sous-tend et aux organes dont il forme le
rôle majeur dans le stockage d'énergie. stroma.
10 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

Description du fascia nique. Par exemple, les principales veines subcuta-


à partir de sa topographie nées des membres supérieurs et inférieurs sont
logées dans des compartiments spéciaux, entre les
couches du fascia superficiel et celles du fascia pro-
Fascia superficiel fond des muscles subjacents. Les deux couches
Le fascia superficiel, qui couvre complètement le fasciales se réunissent de chaque côté des veines, et
corps, est un maillage tridimensionnel délicat qui une lame fibreuse comparée à un « ligament » fixe
contient du TC aréolaire lâche et de la graisse [28]. la veine à la paroi du compartiment [32]. Dans les
En surface, il se mêle à la couche profonde du derme conditions pathologiques, le pompage musculaire
et s'étend au-dessous au fascia des muscles profonds. des veines peut être modifié par les altérations des
Parfois, lorsque des bandes fibreuses lient la peau au parois du compartiment veineux principal. Des
fascia profond, des feuillets de dense TC peuvent varicosités peuvent résulter du manque de
être présents dans le fascia superficiel [29]. contrainte sur la veine. Cela a fréquemment lieu
L'épaisseur du fascia superficiel dépend de son dans les veines tributaires superficielles où les
contenu adipeux, le pannicule adipeux. Ce contenu gaines fasciales sont moins développées [33].
adipeux varie selon les individus et contribue à la Les bandes fibreuses localisées dans le fascia super-
mobilité de peau, au stockage d'énergie et à l'isola- ficiel fixent la peau au fascia profond. Ainsi, le fascia
tion thermique. L'apparence du fascia superficiel dif- superficiel constitue un système qui associe la peau
fère en fonction de la région anatomique. Au niveau aux tissus subjacents. Avec le vieillissement, la peau
des membres et du périnée, il est clairement distinct. et les couches du fascia superficiel se distendent. Le
Il est très mince sur la partie dorsale des mains et des système fascial superficiel est alors compromis et a
pieds[30]. Au niveau du scalp, des paumes et plantes tendance à causer une ptose des tissus mous, des
de pieds, le fascia superficiel est spécialement dense dépôts pseudo-graisseux, et de la cellulite [34].
et associé aux structures subjacentes.
Au niveau de la tête et du cou, plusieurs muscles
striés, tels le platysma ou le muscle occipitofrontal,
Fascia profond
sont incorporés dans le fascia superficiel. Ils sont Le fascia profond est localisé sous le fascia superfi-
un vestige de la musculature – le pannicule charnu ciel. C'est une couche d'épaisseur variable où les
(panniculus carnosus) – présente chez les autres fibres de collagène sont organisées dans un agence-
mammifères, et chez l'être humain, ils participent ment dense, très souvent disposé près des aponé-
à l'expression faciale. Les autres muscles trouvés vroses. Sur sa face externe, il se mêle au fascia
dans le fascia superficiel incluent le court palmaire superficiel. Sur sa face interne, il entoure les muscles
et les muscles lisses tels le muscle sphincter de la squelettiques formant l'endomysium et l'épimysium
papille du sein, le dartos du scrotum, et le corruga- (figure 1.3). Le fascia profond contribue aussi à la
tor cutis ani (abaisseur de la peau de l'anus). Une
des caractéristiques de tous ces muscles est qu'une
de leurs extrémités est fixée sur la peau alors que Endomysium
l'autre s'insère sur le fascia profond ou sur l'os. Sarcolemme
Dans de nombreuses régions du corps, la por-
Fibre
tion interne du fascia superficiel consiste en une musculaire
ou plusieurs fines couches membraneuses hori- (cellule)
zontales. Ces couches fasciales sont d'habitude
plus épaisses en arrière qu'en avant du corps [31].
Périmysium
Les nerfs, vaisseaux sanguins et lymphatiques sub-
Tendon Épimysium
cutanés, en direction et en provenance de la peau,
cheminent au travers de ce fascia superficiel. Notez Figure 1.3. Muscle squelettique et son tissu conjonctif.
Source : Ross J., Wilson K, Anatomie et physiologie normales et
que le rapport entre ces structures et les couches pathologiques, mis à jour par A. Waugh, 11e éd, Issy-les-Moulineaux,
membraneuses fasciales présente un intérêt cli- Masson, 2011.
Chapitre 1. Fascia 11

constitution de la portion péritendineuse des ten- [37]. De telles découvertes suggèrent un rôle
dons et au périoste des os, auquel il est toujours dans la nociception et la capacité proprioceptive du
fortement fixé. Particulièrement bien développé fascia profond, de telle sorte que le fascia pourrait
dans les membres, où les fibres de collagène sont être considéré comme un organe sensitif [38, 39].
organisées de manière longitudinale ou transver- Toutefois, un débat existe pour déterminer si le
sale, il crée les cloisons intermusculaires et forme des fascia profond est lui-même innervé ou si les fibres
gaines inélastiques autour de la musculature. En nerveuses rapportées innervent les tissus aréo-
plus de cette couche fasciale profonde, il y a plu- laires ou adipeux qui lui sont associés [40].
sieurs couches fasciales supplémentaires encore plus Des fibres nerveuses autonomes sont aussi décrites
profondes et de dispositions différentes. dans le fascia [41]. Parce qu'elles sont souvent asso-
L'épaisseur du fascia profond varie selon les parties ciées aux vaisseaux sanguins, on présume que ces
du corps. Particulièrement bien développé dans le nerfs ont une composante vasomotrice importante.
tractus iliotibial, le fascia profond est rare au niveau Cependant, ces fibres autonomes amyéliniques
de la face. De plus, des différences existent selon les peuvent avoir des fonctions motrices pour les myofi-
muscles recouverts. Par exemple, le fascia qui broblastes ou d'autres fonctions dans le système ner-
entoure la musculature prévertébrale est fortement veux autonome (SNA). De ce fait, la stimulation des
développé, alors que celui qui entoure la muscula- neurones afférents sympathiques intrafasciaux,
ture de la joue est formé de fin tissu aréolaire lâche. comme cela s'observe dans les procédures de théra-
Parfois, autour des muscles, le fascia profond pré- pie manuelle, peut produire des ajustements du
sente plusieurs couches fasciales avec des couches de tonus global du SNA [42]. « Toute intervention sur
TC dense, de TC aréolaire et des dépôts adipeux. le fascia est aussi une intervention sur le SNA [43]. »
Entre des muscles voisins, le fascia profond
forme de fines couches tissulaires, jouant un rôle
important dans le mouvement et permettant à Fonctions du fascia
chaque fibre ou à tout le muscle de se déplacer.
Quand ils s'allongent et se raccourcissent, les
Les fonctions et dysfonctions fasciales occupent une
muscles peuvent glisser le long du fascia profond, large place dans le legs d'A.T. Still. Comme il l'a déclaré :
sauf à quelques endroits où ils lui sont fixés. « The fascia gives one of, if not the greatest problems to
solve as to the part it takes in life and death. It belts each
muscle, vein, nerve, and all organs of the body. It is
Innervation du fascia almost a network of nerves, cells and tubes, running to
and from it ; it is crossed and filled with, no doubt, mil-
lions of nerve centers and fibers to carry on the work of
« No doubt nerves exist in the fascia that change
the fluid to gas, and force it through the spongy and secreting and excreting fluid vital and destructive. By its
poruos (sic) system as a delivery by the vital chain action we live, and by its failure we shrink, or swell, and
of wonders, that go on all the time to keep nerves die [44]. » (« Le fascia pose l'un, sinon le plus grand des
wholly pure [35]. » problèmes à résoudre quant à la part qu'il occupe dans
A.T. Still la vie et dans la mort. Il ceinture chaque muscle, chaque
veine, chaque nerf, et tous les organes du corps. C'est
(« Pas de doute les nerfs existent dans le fascia qui presque un réseau de nerfs, de cellules et de tubes, cou-
changent le liquide en gaz, et le forcent à travers le rant à lui et partant de lui ; il est traversé et rempli avec,
système spongieux et poreux comme une livraison
sans aucun doute, des millions de centres et de fibres
par la chaîne vitale des merveilles, cela se passe tout
le temps pour garder les nerfs entièrement purs. ») nerveux pour continuer le travail de sécrétion et d'excré-
tion des fluides vitaux et destructeurs. Par son action
Différentes études décrivent des terminaisons nous vivons, et par son échec nous rétrécissons, ou gon-
nerveuses libres et des mécanorécepteurs encap- flons, et mourons. »)
sulés – incluant des corpuscles de Ruffini et de
Pacini – dans les fascias comme le fascia thoraco- Depuis l'époque de Still, les fonctions des fascias
lombal [36], et les fascias antébrachial et brachial ont été soulignées par de nombreux ostéopathes.
12 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

Parmi eux, William Garner Sutherland, Harold Les variations environnementales de facteurs
Ives Magoun Sr, Angus G. Cathie, Rollin E. comme la température, le pH et la concentration
Becker et Alan R. Becker sont les plus renommés. ionique influencent la viscosité fasciale [45]. Ainsi,
Ils insistent tous sur le rôle du fascia dans la santé l'état d'hydratation affecte le fluage des ligaments :
et dans la maladie. Des changements surviennent une hydratation réduite diminue le fluage et une
dans le fascia, se manifestant comme pathologies hydratation accrue l'augmente [46].
fonctionnelles, avant même la reconnaissance d'un
Élasticité
trouble plus sérieux, et tout praticien éduqué doit
pouvoir reconnaître et s'occuper de ces change- L'élasticité est la qualité qui protège une structure de
ments le plus tôt possible. La connaissance des rupture physique quand elle est étirée. Mais, l'élasti-
fonctions fasciales permet d'en reconnaître les dys- cité permet aussi à la structure étirée d'agir comme
fonctions et de les traiter, évitant ainsi des consé- un capaciteur, accumulant l'énergie des forces d'éti-
quences potentiellement malheureuses, ou, si des rement pour la restituer plus tard pendant la rétrac-
changements pathologiques sont déjà présents, tion. Cela représente une qualité importante des
d'accroître la capacité du corps à s'autoguérir. tissus dans leur participation au MRP. La capacitance
des tissus est aussi déterminante dans la pratique des
Propriétés physiques procédures manipulatives directes.
Quand les fibres élastiques prédominent, le fas-
Chez des individus sains, les propriétés mécaniques cia fait preuve d'élasticité. Ainsi, les parois des
du fascia reflètent l'abondance de ses différents artères et de l'arbre bronchique démontrent cette
constituants. Dans les tissus riches en fibres de colla- propriété. Avec l'avancée en âge, l'élasticité fas-
gène, le fascia peut résister à la tension, tandis que la ciale diminue et contribue potentiellement aux
présence d'élastine fournit l'élasticité à la déforma- troubles associés au vieillissement. Par exemple,
tion par étirement. Dans les zones qui doivent absor- l'augmentation de la rigidité artérielle est associée
ber des forces compressives, comme les cartilages, les au développement de maladies cardiovasculaires.
protéoglycanes et les glycosaminoglycanes de la
MEC produisent un gel rigide tolérant ces forces. Contractilité

Fluage, relaxation de contrainte,


hystérésis et viscoélasticité La capacité du fascia à manifester une contractilité inhé-
rente est fondamentale pour le modèle ostéopathique
Globalement, les fascias démontrent plusieurs dynamique de fonction et de dysfonction. En 1946,
propriétés mécaniques qui permettent de s'adap- Northup déclare « […] that possibly the connective tis-
ter à l'environnement. Ces propriétés incluent le sues of the body were capable of contraction and relaxa-
fluage, la relaxation de contrainte, l'hystérésis et la tion and that these functions were under the control of
viscoélasticité. Elles sont définies comme suit : the autonomic nervous system [47] » (« […] que peut-
tMFfluage est la déformation provoquée par l'ap- être les tissus conjonctifs du corps étaient capables de
contraction et de relaxation et que ces fonctions étaient
plication d'une force, et il est fonction de la
sous le contrôle du SNA »).
durée d'application de cette contrainte. Il sur- Plus tard, en 1974, Cathie déclare : « Its [fascia]
vient après une grande exposition aux outstanding properties are contractility and elasticity. »
contraintes à des niveaux inférieurs à la limite (« Ses propriétés [du fascia] exceptionnelles sont la
d'élasticité du matériau ; contractilité et l'élasticité. ») Il ajoute : « The contractile
tMBrelaxation de contrainte est le relâchement de phase persists throughout life but the elasticity
la tension et le retour à l'équilibre ; decreases with age. The contractile phase not only per-
tMhhystérésis est la dépendance aux causes environ- sists but supercedes all other qualities of fascia [48]. »
nementales passées, alors que ces causes ont cessé ; (« La phase contractile persiste toute la vie mais l'élas-
t-B viscoélasticité est la capacité en subissant la ticité diminue avec l'âge. La phase contractile non seu-
déformation de démontrer à la fois des proprié- lement persiste mais outrepasse toutes les autres
qualités du fascia. »)
tés élastiques et visqueuses.
Chapitre 1. Fascia 13

La contraction spontanée du TC est documen- thoracolombal entoure les muscles paraspinaux,


tée[49]. Des cellules possédant les propriétés dont l'ensemble stabilise la colonne en position
caractéristiques de contractilité des muscles lisses debout. En fait, la contrainte du fascia thoraco-
sont décrites dans le fascia crural, suggérant un lombal sur les muscles érecteurs du rachis peut
rôle de précontrainte dans la charpente de colla- accroître leur puissance de 30 % [54].
gène, i. e. l'« ectosquelette » décrit ci-dessous [50] Tout autant, les viscères sont entourés de fascia
(voir ci-dessous, Mécanotransduction, p. 16). suspendant les organes dans leurs cavités. Le fascia
Les myofibroblastes sont les cellules contractiles protège chacun d'entre eux et pour certains fournit
du fascia, semblables à celles des muscles lisses. Ils l'élasticité suffisante pour des changements de
développent leur appareil cytoskelettique extrê- forme et de motilité.
mement contractile seulement au-delà d'un cer- Le fascia est considéré comme notre « organe de
tain seuil de rigidité de la MEC [51]. Durant ce forme [55] ». Hypothétiquement, si nous enlevions
processus, des facteurs chimiques tels que les cyto- tous les organes, muscles, et os de notre corps,
chines sont aussi impliqués dans la régulation des nous préserverions toujours la forme du corps
myofibroblastes. grâce au complexe fascial tridimensionnel [56].
Ainsi, quand le fascia est soumis à des forces
mécaniques, les myofibroblastes se contractent Continuité
pour opposer une résistance. Il est observé « que les
tissus conjonctifs intramusculaires, en particulier le Dans la mise en place d'un modèle holistique des
périmysium et surtout dans les muscles toniques, soins de santé, la présence d'une continuité struc-
peuvent être capable de se contracter activement et turale est fondamentale. Le fascia est ubiquitaire,
de cette façon adapter la raideur musculaire aux il imprègne le corps humain et établit une relation
demandes tensionnelles altérées [52] ». structurale et fonctionnelle entre toutes les régions
La contractilité fasciale peut être aussi influencée et tissus du corps. Le fascia est une structure ten-
par le système vasculaire et le SNA, comme le laisse ségritale (voir ci-dessous, Tenségrité, p. 16) depuis
penser le grand nombre de fibres autonomes et le le niveau histologique jusqu'au niveau macrosco-
riche réseau capillaire intrafascial [53]. Cela étant, pique. Ainsi, le corps est une structure holistique
toute dysfonction dans l'appareil de la contractilité dans laquelle chacune des parties est unie aux
fasciale conduit à une augmentation de la rigidité autres par le réseau fascial. Le fascia entoure
musculaire et aux fibroses (voir ci-dessous, Tissus chaque élément et les forces exercées par les struc-
conjonctifs et vieillissement, p. 18). tures anatomiques, dont la forme est définie par
leurs enveloppes fasciales respectives, contraignent
Protection les fascias qui les entourent. Ces forces sont
ensuite transmises aux fascias voisins et à ceux
Le fascia supporte, relie, et enveloppe tous les tis- situés à distance déterminant l'alignement des
sus et organes du corps. Chaque structure est fibres de collagène et des fibres élastiques.
entourée par une enveloppe fasciale, et les Avec ses relations multiples, le fascia thoraco-
différentes enveloppes sont englobées ensemble lombal est un bon exemple de continuité fasciale.
dans une plus grande enveloppe qui est le fascia Fixé aux processus épineux des vertèbres lombales
superficiel. et sacrales, aux processus transverses des vertèbres
Ainsi, les muscles sont enveloppés par le fascia lombales, à la crête iliaque, à la douzième côte,
qui les assiste dans leur fonction, exerçant ten- aux ligaments supraspinaux, intertransversaires et
sion et pression sur leurs surfaces pour les empê- iliolombaux, le fascia thoracolombal forme aussi le
cher de se déchirer et de former des hernies ligament cintré du diaphragme et l'origine de
pendant la contraction musculaire. Lorsque le l'aponévrose du transverse de l'abdomen. Donc,
fascia entoure des groupes de muscles, il coor- chaque fois que des muscles comme le grand dor-
donne leur fonction. Par exemple, la lame pro- sal, le grand glutéal et les muscles érecteurs du
fonde de la couche postérieure du fascia rachis se contractent, la lame superficielle de la
14 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

couche postérieure du fascia thoracolombal est du muscle se fixe sur la tubérosité glutéale. Cela
mise en tension, pendant que la contraction du explique pourquoi les patients ayant une dysfonc-
biceps fémoral tend la lame profonde [57]. Le fas- tion de l'os coxal peuvent se plaindre de douleurs
cia thoracolombal intègre l'activité et participe dans le genou. Tout déséquilibre est transmis à
ainsi à la continuité du transfert des forces aux dif- distance par la continuité fasciale, participant à
férentes régions ; dans ce cas, le membre inférieur, l'installation d'une dysfonction secondaire.
le membre supérieur, la colonne et le bassin. En raison de l'insertion des muscles sur les fas-
La continuité entre fibres musculaires et fascia cias et sur les os, il existe une continuité entre les
est fréquente. Au niveau du pied, une étude a os, les muscles et les fascias dans tout le corps. Pour
montré que seulement huit des soixante-neuf comprendre ce concept, Frederic Wood Jones créa
muscles interosseux étudiés démontrent des inser- le terme « ectosquelette » ou « squelette du tissu
tions limitées à l'os. La plupart du temps, les inser- mou » pour décrire le rôle du fascia comme site
tions musculaires s'étendent sur les ligaments et significatif d'attachement des muscles [59].
les fascias [58]. Le fascia constitue un modèle tridimensionnel
Très souvent, les muscles s'insèrent sur la face de support structural prenant part à la transmis-
profonde des fascias et sont investis par le fascia. sion des forces entre les parties adjacentes et loin-
Par exemple, le muscle grand glutéal s'insère sur taines du corps. Néanmoins, il existe plus que de
l'os coxal, le sacrum et le coccyx, mais aussi sur les simples relations fasciales mécaniques entre les
aponévroses des muscles érecteurs du rachis, le muscles, les os, les ligaments, et les autres parties
ligament sacrotubéral et le fascia qui couvre le du corps. Le fascia établit aussi des connexions
moyen glutéal i. e. le fascia glutéal. Puis, les fibres cellulaires qui peuvent constituer un réseau de
descendent latéralement et leur portion superfi- transmission de signaux à travers tout le corps
cielle se mêle au tractus iliotibial du fascia lata. [60] (voir ci-dessous, Mécanotransduction et
Seule la portion profonde de la partie inférieure Tenségrité, p. 16).

Processus transverse lombal Fascia thoracolombal, couche dorsale

Fascia thoracolombal, couche moyenne

Erecteurs du rachis
Raphé latéral

Fascia thoracolombal,
couche ventrale
Grand dorsal

Carré des lombes

Iliaque Grand
psoas Transverse de l'abdomen
Oblique interne
Epine iliaque antérosupérieure
Gaine du psoas Oblique externe

Figure 1.4. Muscles et fascias de la paroi abdominale postérieure.


Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008.
Chapitre 1. Fascia 15

Implications posturales mécanorécepteurs endommagés produisent plus


de tension, de fatigue musculaire, d'inflammation
L'aspect global de la posture d'un individu nous des tissus nerveux et conjonctif, et, au fil du
renseigne immédiatement sur son équilibre fonc- temps, une douleur de dos chronique [72].
tionnel somatique. Dès lors, une compréhension
de l'anatomie, de la physiologie des fascias et de Support circulatoire
leur contribution à la dynamique de la posture
humaine est importante pour le diagnostique. « It [conjonctif tissue] is an integral portion of every
Plusieurs études montrent la présence de fibres body structure and serves as the pathway through
nerveuses dans le fascia [61,62,63,64,65]. Des which all nourishment and nerve supply reach the
terminaisons nerveuses libres et des mécanorécep- specialized cells and through which all cellular lym-
teurs encapsulés, en particulier des corpuscules de phatic drainage occurs [73]. »
Ruffini et de Pacini, ont été trouvés. Des diffé- (« Il [le tissu de conjonctif] est une portion inté-
rences régionales existent, reflétant vraisemblable- grale de chaque structure du corps et sert de voie
ment des différences fonctionnelles. Toutefois, le par laquelle toute la nutrition et l'innervation
fait que l'on observe ces nerfs n'atteste pas qu'ils atteignent les cellules spécialisées et à travers
innervent le fascia. Ils peuvent n'être que de pas- laquelle tout le drainage lymphatique cellulaire se
sage, se destinant aux muscles, ou à la peau [66]. produit. »)
Néanmoins, le fascia est considéré comme étant Dans le contexte d'un système qui synchronise
impliqué dans la proprioception [67]. En particu- la respiration cellulaire au niveau de l'ensemble du
lier, les terminaisons nerveuses myélinisées trou- corps, i.e. le MRP, le rôle du système circulatoire
vées dans le fascia suggèrent une fonction est fondamental. Le fascia aide à régler la circula-
proprioceptive [68]. De plus, les corpuscules de tion, il affecte en particulier la fonction des sys-
Pacini localisés près du fascia superficiel peuvent tèmes veineux et lymphatique. Le fascia profond
contribuer aux sensations extéroceptives quand qui entoure les muscles est solide, épais et résis-
une pression profonde est appliquée sur le corps. tant. Pendant la contraction musculaire, les veines
Cela en retour peut affecter la posture. et vaisseaux lymphatiques à fine paroi à l'intérieur
Des bandes de tension précises sont observées des muscles sont comprimés et, en conséquence,
dans les fascias, soulignant leur rôle dans le contrôle le sang et la lymphe sont dirigés vers le cœur. Les
postural [69]. En fait, certains fascias sont décrits muscles et fascias, en particulier dans les membres
comme des « fascias posturaux » : le fascia thoraco- inférieurs, agissent comme une pompe qui déplace
lombal, le tractus iliotibial du fascia lata, le fascia le sang veineux et la lymphe, contre la force de
glutéal, et le fascia cervical [70]. Ils contribuent à gravité.
la stabilité posturale et, simultanément, permettent
le mouvement initié par l'activité musculaire. Ils
sont parmi les premiers à montrer des remanie- Homéostasie
ments en présence de défauts posturaux. Dans de
telles circonstances, le fascia peut jouer un rôle L'homéostasie physiologique est le résultat final
dans la nociception. Effectivement, il semble que les d'une anatomie holistique qui fonctionne parfaite-
stimuli nociceptifs du fascia thoracolombal contri- ment. Les TC créent un réseau dans tout le corps
buent à la douleur au bas du dos des patients [71]. qui enveloppe et imprègne tous les muscles,
Les traumatismes ou microtraumatifs accumulés organes et de tissus. Parmi les cellules de la MEC,
affectent les fascias et peuvent produire des les fibroblastes sont reliés ensemble par l'intermé-
défauts posturaux. Les dommages aux ligaments diaire de leurs prolongements cytoplasmiques
vertébraux et mécanorécepteurs incorporés dans pour former un agencement réticulaire qui englobe
ces ligaments et fascias sont décrits comme une l'ensemble du corps [74]. Dans des circonstances
source de dysfonction du contrôle musculaire. En spécifiques, les fibroblastes forment des jonctions
conséquence, il est suggéré que les signaux des aux points de contact entre les cellules qui per-
16 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

mettent des réponses aux facteurs de stress tels que Les cellules sont intimement liées à l'environne-
la charge mécanique [75]. Ce réseau cellulaire à ment extérieur à travers leur CSQ. La connexion
l'intérieur du TC établit une communication peut être directe avec les cellules contiguës ou
directe à travers le corps, ainsi que, éventuelle- indirecte à travers le maillage dense de la MEC [79].
ment, une communication indirecte par l'intermé- En particulier, les fibroblastes se connectent les uns
diaire du système nerveux [76]. Cela est, à son aux autres par leurs processus allongés, élaborant un
tour, susceptible d'influencer d'autres systèmes réseau tridimensionnel à l'intérieur du TC.
physiologiques qui contribuent à l'homéostasie. Les cellules et la MEC sont interdépendantes, et
En particulier, les TC démontrent des rôles les propriétés mécaniques de la MEC affectent
défensifs dans lesquels leurs composants cellulaires l'organisation du cytosquelette et le comporte-
jouent un rôle central. La MEC et ses nombreuses ment des cellules lorsqu'elles synthétisent,
cellules sont en interaction constante afin de régu- sécrètent, modifient et dégradent les constituants
ler leur métabolisme, prolifération et motilité. de la MEC [80]. Comme tels, les fibroblastes per-
Selon Cathie : « Fascia [connective tissue] is the çoivent toute modification des conditions phy-
arena for inflammation » (« Le fascia [tissu siques de la MEC, comme quand un tissu est étiré
conjonctif] est l'arène de l'inflammation »), et ou compressé. Les signaux de la MEC sont perçus
« infections and fluid often track along fascial par des récepteurs spéciaux situés sur la surface des
planes » [77] (« infections et fluide suivent souvent membranes cellulaires, connus comme intégrines.
les plans fasciaux »). Ces mécanorécepteurs transmembranaires qui for-
Lorsque l'inflammation se produit, une partie ment un pont entre la MEC et les cellules du CSQ
de la réponse inflammatoire est une accumulation sont rassemblés dans des complexes dénommés
dans les tissus de cellules inflammatoires migrantes « adhérences focales [81] ». Lorsque les signaux
du TC. Elles produisent des lymphokines, telles que sont perçus par les intégrines, ils sont dirigés vers
les interleukines, et divers facteurs, afin d'attirer les noyaux cellulaires des fibroblastes [82]. Ils sont
d'autres cellules immunitaires migrantes du TC ensuite transduits en information chimique, indica-
comme les macrophages et autres lymphocytes, tions qui sont intégrées avec le facteur de crois-
pour produire une réponse immunitaire qui, en fin sance dérivé des stimuli pour compléter certaines
de compte, déclenche une réponse adaptative de modifications de l'expression du gène [83]. Ce
tout l'organisme. processus définit la mécanotransduction qui est la
conversion d'un signal physique en une réponse
Mécanotransduction biologique ou chimique [84]. Par la mécanotrans-
duction, la signalisation a une fonction importante
La mécanotransduction est la capacité de la cel- dans la protection de nombreux tissus sollicités
lule à détecter, traiter et répondre aux stimuli mécaniquement tels que les muscles, les os, le car-
mécaniques. Ainsi, les contraintes mécaniques tilage et les vaisseaux sanguins, et elle est intime-
imposées à la cellule sont transduites en informa- ment liée à la notion de tenségrité biologique.
tion chimique qui influe sur la physiologie cellu-
laire. Les cellules possèdent un cytosquelette Tenségrité
(CSQ), un « squelette » cellulaire, dans leur cyto-
plasme. Il se compose de diverses protéines qui La base structurale de la mécanotransduction cellu-
forment un réseau complexe. Le CSQ sert de laire est dérivée du concept architectural de tenségrité
support pour durcir les cellules, ce qui leur per- [85]. Richard Buckminster Fuller (« Bucky »), un
met d'assumer des formes irrégulières. Il fournit architecte américain et un génie du design, a inventé
un soutien pour les saillies de la surface de la cel- le terme en combinant les mots « tension » et « inté-
lule (microvillosités, cils) et les fixe dans le cyto- grité » [86]. « Tenségrité se réfère à un système qui se
plasme. Il joue également un rôle important stabilise mécaniquement en raison de la manière
dans le transport intracellulaire et la division cel- dont les forces de traction et de compression sont
lulaire [78]. distribuées et équilibrées dans la structure [87]. »
Chapitre 1. Fascia 17

De nombreux systèmes structuraux, depuis la (voir ci-dessous), également modulée par l'in-
molécule (voir les Buckyballs, les arrangements fluence des processus osmotiques sur l'intersti-
géodésiques d'atomes de carbone), en passant par cium du réseau artériel, le drainage veineux et
l'organisation du CSQ cellulaire et des relations lymphatique, et les variations biochimiques du
interfibroblastiques, jusqu'aux relations anato- contenu moléculaire de la MEC. Une modifica-
miques macroscopiques, démontrent les principes tion palpable du liquide interstitiel est objectivée
architecturaux de tenségrité. C'est-à-dire, l'intégrité dans des états pathologiques comme le diabète
structurale maintenue dynamiquement par l'inter- sucré et l'insuffisance rénale [88, 89].
relation entre les « poutres » rigides supportant la Sur le plan anatomique macroscopique, les os
compression, qui étirent les « câbles » souples sup- constitutifs du squelette humain sont stabilisés
portant la tension, tandis que simultanément les verticalement contre la gravité grâce aux tensions
« câbles » supportant la tension compriment les exercées par les muscles et les tendons, les liga-
« poutres » rigides. ments et toute l'enveloppe fasciale du corps. Les
Sur le plan microscopique, la structure démon- os constituent les « poutres » de compression, et
trée par la plupart des cellules est ajustée par un les muscles, les tendons, les ligaments et les fascias
état tenségrital d'équilibre. Cela se produit non sont les « câbles » de tension. En définitive, le corps
seulement au sein de la cellule à cause du CSQ, humain stabilise ses articulations cruciales en
mais aussi à l'extérieur de la cellule sous l'influence imposant une tension interne constituée de mises
de la MEC. en tension et d'éléments de compression opposés
Le CSQ – l'infrastructure de la cellule – est consti- pour réduire toute tendance à l'instabilité. En outre,
tué d'un maillage complexe de microfilaments la force de la gravité influe cette relation tenségri-
contractiles qui s'étendent à l'intérieur de la cellule. tale en augmentant la tension interne appliquée
Ces microfilaments agissent comme des câbles sur les « poutres » du squelette par les « câbles »
pour exercer une tension qui tirent la paroi cellu- musculotendineux, ligamentaires et fasciaux.
laire et tout le contenu cellulaire vers le noyau de la Par conséquent, en raison des principes de ten-
cellule. En opposition à cette force centripète, il y a, ségrité, dans les procédures comme le traitement
à l'intérieur de la cellule, les microtubules et les fais- manipulatif ostéopathique (TMO), exécuté au
ceaux réticulés de microfilaments du cytosquelette niveau anatomique macroscopique, l'application
qui se comportent comme des poutres pour résis- de forces mécaniques à travers la MEC du corps
ter aux tensions de compression exercées par les est dirigée vers les sites d'adhérence cellulaire qui
microfilaments. Un troisième élément dans la struc- couplent physiquement le CSQ et la MEC [90].
ture tenségritale du CSQ consiste en filaments Les intégrines agissent comme des mécanoré-
intermédiaires, qui intègrent la résistance à la com- cepteurs et sont parmi les premières structures
pression exercée par les microtubules et les forces moléculaires sur la surface des cellules à détecter
centripètes des microfilaments contractiles. Ces un signal mécanique. Ensuite, ils transmettent l'in-
filaments intermédiaires unissent aussi le noyau de formation à travers la membrane cellulaire où le
la cellule à la paroi cellulaire. Ainsi, ils fonctionnent signal provoque des altérations de la biochimie
comme des haubans pour maintenir la position cellulaire et de l'expression génique [91].
centrale du noyau. En fait, même si le CSQ est cou- Ainsi, dans un système architectural dépendant
vert par une membrane cellulaire externe remplie des tensions, les forces mécaniques appliquées au
de cytoplasme, la forme de la cellule est finalement niveau anatomique macroscopique modifient la
déterminée par le lien architectural entre les biochimie au niveau cellulaire et l'expression
« poutres » intracellulaires et les « câbles ». génique. Cela fournit une explication plausible à
La composante externe à la cellule provient des la manière dont l'application du TMO peut
forces de compression exercées sur ses parois par la influencer les activités cellulaires, incluant la phy-
MEC. Cet aspect, le résultat des pressions du com- siologie cellulaire, et même éventuellement les
partiment extracellulaire, est produit par la macro- réponses immunitaires cellulaires, essentielles au
influence tenségritale de l'anatomie macroscopique maintien de la santé [92].
18 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

Tissus conjonctifs modifiée par des variations dans la mécanique cellu-


et vieillissement laire, la structure de la MEC ou par la dérégulation
des mécanismes moléculaires par lesquels les cellules
détectent les signaux mécaniques ou les transfor-
Le processus normal du vieillissement, qui ne peut ment en réponses chimiques [98]. Normalement,
être arrêté que par une mort précoce, apporte des même en l'absence de contrainte externe, la MEC
modifications physiques inévitables. La structure et est sous tension, ce qui stimule la transduction
les propriétés du TC changent. Normalement, il mécanochimique. Avec l'âge, des changements se
existe une interaction constante entre les cellules produisent dans cet état de tension, comme la dimi-
du TC et la MEC. Les cellules synthétisent, nution de la rigidité des fibroblastes humains, ce qui
sécrètent, modifient et dégradent les constituants peut influencer les réponses des cellules aux sollicita-
de la MEC, et la MEC ajuste le métabolisme cel- tions mécaniques [99].
lulaire, sa prolifération et sa motilité. Lorsque la En biologie, des bactéries aux mammifères, la
personne vieillit, des ajustements – pouvant force physique est un régulateur principal des
contribuer à la diminution de la fonction cellulaire formes et fonctions vitales, et le stress mécanique
et des propriétés mécaniques du TC – se pro- peut modifier les processus physiologiques aux
duisent, tels que la modification du métabolisme niveaux moléculaire, cellulaire et systémique. Le
cellulaire, les changements dans la capacité de stress mécanique peut résulter de la gravité ou du
réaction des cellules aux hormones et facteurs de mouvement physique. En réponse aux forces appli-
croissance, la réduction de la capacité de proliféra- quées, la charge mécanique est transmise au niveau
tion et les variations de la composition et de l'or- tissulaire à chaque cellule à travers les adhésions
ganisation de la MEC. En outre, la perfusion cellulaires à la MEC, ou par l'ouverture de canaux
vasculaire réduite diminue l'apport nutritionnel ioniques dans la membrane cellulaire. La contrainte
au CT et toute une vie d'exposition à la lumière mécanique peut aussi être une conséquence de la
ultraviolette, l'usure mécanique et l'inflammation pression, comme la pression artérielle, ou de forces
contribuent au processus de vieillissement du TC. de cisaillement, comme le flux sanguin contre les
Dans les conditions physiologiques normales, un cellules vasculaires endothéliales. Fait intéressant,
équilibre existe au niveau cellulaire entre les forces la réduction de la charge mécanique est l'un des
internes exercées par le CSQ et les forces externes facteurs qui peut déclencher l'apoptose [100].
exercées par les pressions osmotiques et les adhé- Lorsque la longueur du TC est modifiée, une
rences physiques de la cellule à la MEC et aux autres réorganisation immédiate des fibroblastes du CSQ
cellules. L'homéostasie tissulaire dépend de cet se produit. Cela transforme la rigidité et la viscosité
état d'équilibre dynamique. La croissance cellulaire, du TC aréolaire [101]. En fait, le réalignement cel-
la différenciation, la polarité, la motilité, la contrac- lulaire dépend de la façon dont la contrainte est
tilité et l'apoptose sont sous l'influence de la défor- appliquée, statique ou cyclique, et de son ampleur,
mation cellulaire grâce à l'influence des adhérences sa fréquence et sa durée [102]. Sa direction contri-
cellulaires de la MEC[93]. Ainsi, les réactions tissu- bue également aux réponses fibroblastiques [103].
laires aux contraintes mécaniques anormales et les Les variations de tensions du TC modulent la crois-
cellules atypiques peuvent jouer un rôle dans la sance, la conductance des ions et l'expression
présentation clinique de la douleur au bas du dos génique des fibroblastes. Cela affecte également les
et dans l'étiopathogénie de plusieurs maladies populations de cellules spécifiques d'organes pré-
importantes, notamment : l'athérosclérose, la pro- sents dans le complexe du TC, comme les cellules
gression du cancer, les cardiomyopathies, le dia- vasculaires, nerveuses et immunitaires [104]. Les
bète et l'ostéoporose [94, 95]. dysfonctions somatiques et les troubles posturaux
La mécanotransduction semble évoluer avec l'âge associés sont très fréquents chez les personnes âgées.
[96]. En même temps, des changements dans la De telles dysfonctions modifient la transmission des
mécanotransduction peuvent promouvoir le vieillis- forces à travers les tissus, ce qui contribue aux ten-
sement [97]. La mécanotransduction peut être sions des tissus déséquilibrés qui peuvent, à leur
Chapitre 1. Fascia 19

tour, influer sur la mécanotransduction et prédispo- la proprioception sont modifiées. Le glissement


ser à de multiples conditions pathologiques [105]. des muscles lorsqu'ils s'allongent et se raccour-
Il y a de fortes indications que, en tant que com- cissent sous le fascia profond peut être affecté,
posante du vieillissement, la physiologie pro-inflam- comme on peut le voir dans le fascia thoracolom-
matoire soit la base du développement des maladies bal chez les patients qui souffrent de douleurs au
liées à l'âge [106]. Ainsi, l'inflammation peut éga- bas du dos [113]. Dans les cicatrices du TC, les
lement favoriser des dommages tissulaires patho- adhérences sont décrites comme une source de
logiques et l'activation des fibroblastes. En effet, à dysfonction, soit localement, soit à distance de la
côté de leur rôle dans la MEC, les fibroblastes réa- cicatrice [114]. À ce titre, les cicatrices abdomi-
gissent de façon très complexe en présence d'in- nales peuvent être associées à des douleurs au bas
flammation, libérant des cytokines et conditionnant du dos qui peuvent être améliorées par le traite-
l'environnement cellulaire. L'inflammation peut, ment de la cicatrice [115].
au moins momentanément, modifier les profils Tout autant, un TC dysfonctionnel affecte le
d'expression génique des fibroblastes [107]. En drainage vasculaire et lymphatique, entraînant une
fait, en tant que cellules immunorégulatrices, les congestion passive interstitielle et de la cellulite.
fibroblastes sont décrits comme des cellules senti- La congestion, à son tour, affecte le vasa nervo-
nelles résidentes [108]. Les fibroblastes sont éga- rum et le vasa vasorum, compromettant davan-
lement considérés comme jouant un rôle actif tage l'efficacité de la perfusion tissulaire.
dans la persistance des réactions inflammatoires
chroniques [109].
Le dysfonctionnement des fibroblastes conduit à Applications cliniques
la dérégulation de leurs processus anaboliques et
cataboliques, et à la perturbation du contrôle de
« When you deal with the fascia, you deal and do business with the branch
la biosynthèse et dégradation des composants du offices of the brain, and under the general corporation law, the same as the
TC. En conséquence, les dépôts de la MEC et la brain itself, and why not treat it with the same degree of respect [116] ? »
contraction inappropriée des tissus résultent en A.T. Still
fibrose. Lorsqu'ils sont stimulés par l'influence de
la tension mécanique et de cytokines spécifiques,
les fibroblastes peuvent se différencier en myofi- (« Lorsque vous traitez avec le fascia, vous traitez et
faites des affaires avec les succursales du cerveau, et en
broblastes. Normalement, l'activation temporaire vertu de la loi générale sur les sociétés, comme avec le
régulée des myofibroblastes contribue à la répara- cerveau lui-même, et pourquoi ne pas le traiter avec le
tion des tissus, comme en témoigne la formation même degré de respect ? »)
de cicatrice cutanée ou la guérison d'une rupture
de tendon. Généralement, lorsque le processus de Plusieurs mécanorécepteurs ont été identifiés
cicatrisation est terminé, le nombre des myofibro- dans le fascia. Il s'agit notamment des terminaisons
blastes est réduit par apoptose. Cependant, sous nerveuses libres et des mécanorécepteurs encapsu-
l'effet d'une activité myofibroblastique extrême lés, dont les corpuscules de Pacini et de Ruffini.
et prolongée, la fonction constructive normale Les corpuscules de Pacini situés sous la peau et
devient préjudiciable résultant en formation de dans la profondeur des tissus fasciaux répondent en
fibrose [110, 111]. Les contractures aponévro- quelques centièmes de seconde à la compression
tiques chroniques, comme on les voit par exemple locale rapide, aux stimuli répétitifs et aux vibra-
dans la maladie de Dupuytren, la fibromatose tions des tissus. Ainsi, ils peuvent être impliqués
plantaire ou l'épaule gelée, semblent être associés dans la manipulation à grande vitesse ou dans les
à l'apparition d'un nombre accru de myofibro- techniques vibratoires [117]. D'autre part, les ter-
blastes [112]. minaisons de Ruffini sont situées dans les capsules
Quand le TC devient dysfonctionnel, en raison articulaires et dans le TC. Elles enregistrent les
de contraintes mécaniques ou de l'inflammation, changements mécaniques dans les articulations et
les relations myofasciales, l'équilibre musculaire et réagissent très lentement à une pression soutenue
20 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

et profonde, en particulier à l'étirement latéral lent myofascial sont appliquées après une blessure, sur un
sur les tissus [118]. En outre, la stimulation des tissu riche en fibroblastes, cela peut aider à la répara-
récepteurs de pression provoque une augmenta- tion des muscles [130]. Une meilleure fonction
tion de l'activité vagale efférente, peut-être par le musculaire et fasciale améliore la circulation veineuse
biais de l'activation des fibres afférentes vagales et lymphatique dans les tissus ; à son tour, celle-ci
[119]. Des études montrent qu'un massage avec restaure une oxygénation normale, le transport des
une pression modérée comparé au massage avec nutriments aux cellules, et élimine les toxines et les
une légère pression augmente la composante de produits inflammatoires. L'amélioration de la circu-
haute fréquence de la variabilité de la fréquence lation du liquide interstitiel accroît également la
cardiaque impliquant une activité vagale efférente production de collagène et l'alignement et la pro-
accrue [120]. En effet, l'expérience montre que lifération des fibroblastes [131].
l'application de procédures lentes sur les tissus pro- In vitro, quand les fibroblastes humains sont
fonds favorise la détente des patients. expérimentalement tendus inégalement le long de
L'application de techniques manuelles sur les deux axes, la sécrétion de l'interleukine 6 (IL-6)
fascias a montré l'amélioration de différentes pro-inflammatoire et de l'oxyde nitrique est aug-
conditions, y compris la fibromyalgie [121, 122], mentée, avec des modifications distinctes de la
la polyarthrite rhumatoïde [123], le syndrome de structure cellulaire et de l'activité intracellulaire de
Raynaud [124], l'insuffisance veineuse [125], les l'actine [132]. De plus, une direction de traction
douleurs du cou et au bas du dos [126] et l'épi- biaxiale égale, comparée à une direction de trac-
condylite latérale [127]. Il convient de noter que, tion biaxiale inégale, entraîne une diminution
bien que la réduction de la douleur et l'amélioration significative de la prolifération, de la sécrétion
de la qualité de vie des patients semblent suivre les d'IL-6 inflammatoire, et de la sécrétion de macro-
traitements, les améliorations ne durent pas. phages dérivés de chimiokines1 chimioattractantes
Toutefois, les effets bénéfiques reviennent en [133]. Quand le TMO (counterstrain expérimen-
répétant les séances de traitement [128]. talement modélisé et myofascial release) est appli-
La réponse favorable du patient justifie les prin- qué sur des fibroblastes humains en tension,
cipes ostéopathiques. Le traitement de la dysfonc- l'inversion des effets de la déformation est obser-
tion somatique est destiné à améliorer les fonctions vée, suggérant que la prolifération des fibroblastes
neuroendocriniennes et autonomes, la circulation et l'expression et la sécrétion d'interleukines anti-
des liquides à travers les tissus, le métabolisme cel- inflammatoires peuvent contribuer à l'efficacité
lulaire, et à réduire la douleur. Ce qui suit illustre des TMO [134,135,136]. La direction de la ten-
ces observations. sion, la fréquence et la durée sont des facteurs
Les fibroblastes jouent un rôle important dans importants qui influent sur les fonctions fibroblas-
l'entretien et la réparation des TC, et les modifica- tiques telles que la médiation de la douleur, la
tions de l'environnement mécanique dans lequel les diminution de l'œdème et l'inflammation. La
fibroblastes résident est d'une grande influence sur reconnaissance du fait que la direction de la
la signalisation cellulaire, l'expression génique et contrainte sur les fibroblastes (biaxiale inégale vs
l'adhérence de la matrice, ce qui peut contribuer biaxiale égale) a une influence distincte sur la
aux résultats des thérapies manuelles. Les contraintes sécrétion des cytokines et la réponse proliférative
mécaniques sur les fibroblastes peuvent changer la suggère l'existence de schémas thérapeutiques opti-
morphologie cellulaire de façon prévisible et modi- maux de TMO pour le traitement des dysfonc-
fier biochimiquement leur environnement [129]. tions somatiques. Dès lors, le traitement efficace
Des études montrent que les fibroblastes humains de la dysfonction somatique nécessite un diagnos-
en culture s'adaptent distinctivement à une charge tic correct des schémas dysfonctionnels [137].
mécanique en fonction de l'ampleur de la tension, la
durée et la fréquence de l'application de la charge. 1
Chimiokine : famille de petites protéines. Une de leurs
Cela affecte la différenciation des myoblastes, ce qui fonctions est l'attraction (chimiotactisme) et le contrôle de
suggère que lorsque des procédures de relâchement l'état d'activation des cellules du système immunitaire.
Chapitre 1. Fascia 21

Les expériences réalisées soit ex vivo soit in vivo, où L'application d'un TMO sur le tissu vasculaire et
le tissu aréolaire est mis en tension, démontrent que nerveux augmente la concentration de monoxyde
les fibroblastes changent de forme et qu'un remode- d'azote (NO) dans le sang, à un niveau cellulaire
lage de leur CSQ se produit [138]. Le remodelage [148]. Le NO est une molécule de signalisation
du cytosquelette est associé à d'importants change- importante qui, lorsqu'elle est exprimée par les
ments dans la biochimie cellulaire et tissulaire, nerfs, transmet l'information d'un nerf à l'autre
comme la transduction du signal, l'expression [149]. Cela peut en partie expliquer les effets thé-
génique et l'adhérence de la matrice. En consé- rapeutiques du TMO. Comme l'a déclaré Still :
quence, en fonction de la mise en tension, le TC peut « all diseases are mere effects, the cause being a par-
devenir plus ou moins lâche. Une modification de la tial or complete failure of the nerves to properly
forme des noyaux fibroblastiques est démontrée conduct the fluids of life », (« toutes les maladies ne
lorsque du tissu subcutané de souris est soumis à ten- sont que des effets, la cause étant une défaillance
sion [139]. En dépit de cela, l'étirement du TC dense partielle ou complète des nerfs pour conduire cor-
et du gel réticulé rigide ne démontre pas de remode- rectement les fluides de la vie ») [150].
lage du cytosquelette, ce qui suggère que les fibro- D'autres molécules de signalisation sont égale-
blastes dépendent de leur environnement [140]. ment présentes dans le sang, en particulier les endo-
La présence de myofibroblastes dans le fascia est cannabinoïdes (eCB). Le système des eCB prend
bien documentée [141, 142]. Ils s'adaptent au part à la réorganisation fasciale par le remodelage
changement de tension par une contraction, et à des fibroblastes. Les endocannabinoïdes diminuent
travers la mécanotransduction transmettent les également la nociception et réduisent l'inflamma-
forces des contraintes à la MEC environnante. En tion dans les tissus myofasciaux. Des études
conséquence, la tonicité de la MEC est augmentée, montrent que les effets physiologiques du TMO
avec dépôt de collagène stabilisant la contraction pourraient être en grande partie le résultat de la sti-
qui, dans des conditions pathologiques, peut deve- mulation des récepteurs cannabinoïdes [151, 152].
nir permanente [143]. L'évaluation de la tonicité Après un TMO, composé d'un traitement arti-
fasciale fait partie de l'examen ostéopathique. culatoire, de « muscle energy », de technique des
Ajoutons que pour éviter une augmentation de la tissus mous et de « strain-counterstrain » dirigés
tonicité des fascias, les procédures indirectes, avec vers des sites spécifiques de la dysfonction soma-
une écoute constante du tissu, sont recommandées tique, la concentration de plusieurs biomarqueurs
(voir partie II, Examen ostéopathique, p. 45). nociceptifs de la circulation diminue de façon sta-
Avec l'application de techniques fasciales, la visco- tistiquement significative chez les patients souf-
sité de la MEC peut changer. Dans les années 1930, frant de douleurs chroniques au bas du dos [153].
Ida Rolf développe un système de traitement appelé De nombreux types de TMO ont été décrits
« Rolfing ». Cette approche applique au fascia le pour le traitement de la dysfonction somatique
concept sol-gel décrit en physique. L'application (voir partie III, Traitement du patient, p. 95).
d'énergies, telles que la chaleur ou la pression méca- Cependant, les TMO peuvent être simplement
nique, peut modifier la substance fondamentale d'un classés en deux groupes fondamentaux de procé-
gel colloïdal dense en sol, c'est-à-dire un état plus dures : les techniques directes et les techniques
fluide [144]. En fait, les mécanorécepteurs intersti- indirectes. La plupart du temps, la dysfonction
tiels du fascia, impliqués dans le contrôle efférent de somatique implique des structures fluidiques, cel-
la vasodilatation et de l'extravasation plasmatique lulaires, neurales, fasciales, ligamentaires, muscu-
[145], peuvent, lorsqu'ils sont stimulés, initier une laires, osseuses et viscérales plus ou moins
modification de la viscosité de la MEC [146]. Il est simultanément. Comme l'objectif du praticien est
suggéré que le TMO contribue à la transformation de traiter la dysfonction somatique et de « retrou-
du caractère acide, de type gel de la MEC, résultant ver la santé », le traitement doit intervenir sur
en une qualité saine et fluidique qui permet l'optimi- l'une ou sur toute combinaison de ces structures,
sation des fonctions nerveuses, de la circulation san- si nécessaire, même si le fascia est l'objet de ce
guine et du drainage lymphatique [147]. chapitre.
22 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

Lors du traitement fascial avec des procédures Quelles que soient les procédures, le TC doit être
directes, le traitement peut être fait en appliquant traité avec beaucoup de respect, compte tenu de ses
une faible charge le long des lignes de restriction effets potentiels sur les systèmes autonome et neu-
fasciale maximale. La pression est maintenue sur la roendocrinien, et sur le métabolisme cellulaire. Le
peau, sans laisser les mains glisser pendant un mini- traitement doit être propre à chaque patient et,
mum de 90–120 secondes. Les étirements doivent comme l'a dit Still, « to find health » (« pour trouver
être de longue durée dans le sens de la restriction, la santé »), car « anyone can find disease » (« n'im-
jusqu'à ce que la barrière soit perçue et la libéra- porte qui peut trouver la maladie ») [155]. Le MRP
tion des tissus se produise. Ensuite, la pression est et d'autres rythmes internes du patient doivent éga-
maintenue tandis que les mains du praticien suivent lement être considérés dans la normalisation du CT.
la direction du relâchement fascial [154].
Avec des procédures indirectes, la partie du Références
corps en dysfonction est éloignée de la barrière [1] Jette AM, Branch LG, Berlin J. Musculoskeletal
correspondant à la restriction. Cela décharge le impairments and physical disablement among the
tissu et diminue l'activité neurale, peut-être en réi- aged. J Gerontol 1990 ; 45(6) : M203–8.
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être aussi faibles que possible. Pendant la phase de [13] Mayrand D, Laforce-Lavoie A, Larochelle S, Langlois
relaxation, il convient d'attendre plusieurs secondes A, Genest H, Roy M, et al. Angiogenic properties of
(3 à 5) au cours desquelles le praticien évalue la myofibroblasts isolated from normal human skin
qualité du retour à la position initiale. Cette procé- wounds. Angiogenesis 2012 ; 15(2) : 199–212.
dure est répétée plusieurs fois jusqu'à ce que le pra- [14] Schleip R, Naylor IL, Ursu D, Melzer W, Zorn A, Wilke
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NA, Badger GJ, Howe AK, et al. Tissue stretch [155] Still A.T., Philosophy of Osteopathy, op. cit., p. 28.
Chapitre 2
Mécanisme respiratoire primaire
Un mécanisme est défini comme les processus une fréquence de 8–12 cpm (0,13–0,20 Hz), et
fondamentaux impliqués dans – ou responsables – une « marée lentex  EhFOWJSPO TJY DZDMFT FO 
d'une action, d'une réaction ou d'un phénomène minutes (0,01 Hz) [8].
naturel [1]. En 1939, Sutherland propose son Cette approche décrit le mécanisme. Toutefois,
concept d'un mécanisme respiratoire primaire elle ne fournit pas une origine physiologique à la
(MRP) [2]. Plus tard, cette hypothèse est décrite motilité, si ce n'est la référence à la motilité inhé-
comme se composant de cinq éléments [3] : rente du SNC, en l'attribuant à l'Esprit.
tMBNPUJMJUÏJOIÏSFOUFEVTZTUÒNFOFSWFVYDFOUSBM &O +PIO.BSUJO-JUUMFKPIO VOQIZTJPMP-
4/$  BWFD TPO FGGFU TVS MFT RVBUSF BVUSFT giste ostéopathique enthousiaste, aborde la ques-
composantes ; UJPOEVNPVWFNFOUEV4/$<9]. Il affirme que :
tMBGMVDUVBUJPOEVMJRVJEFDÏSÏCSPTQJOBM -$4  tTVS « […] the therapeutic plane we are dealing
tMBNPCJMJUÏBSUJDVMBJSFEFTPTDSÉOJFOT with the nexus of spirit and body, and, therefore,
tMB NPCJMJUÏ EFT NFNCSBOFT JOUSBDSÉOJFOOFT FU with those vibrations or fluxions that lie at the
intraspinales ; foundation of the force called vital » (« […] le
tMBNPCJMJUÏJOWPMPOUBJSFEVTBDSVNFOUSFMFTPT plan thérapeutique, nous agissons sur la réunion
coxaux. entre l'esprit et le corps, et par conséquent, sur
-F QSFNJFS ÏMÏNFOU QFVU SBJTPOOBCMFNFOU ÐUSF MFTWJCSBUJPOTPVGMVYJPOTRVJTPOUËMBCBTFEFMB
considéré comme la source de l'énergie motrice GPSDFBQQFMÏFWJUBMFx 
EFTBVUSFTDPNQPTBOUFT4VJWBOUMFTUSBDFTEF4UJMM  tEBOT« […] the brain […] we find certain rhyth-
FUFOBDDPSEBWFDMFTUSBWBVYEVOFVSPBOBUPNJTUF mical movements […] corresponding, (1) with
et théologien du XVIIIe siècle Emanuel Swedenborg systole and diastole of the heart, (2) with inspira-
[4, 5] Sutherland propose pour le MRP, un sys- tory and expiratory changes, and (3) with vascu-
UÒNFBYÏTVSMhBOBUPNJF-F.31 EÏDMBSFUJM FTU lar variations of vaso-motion » j<y>MFDFSWFBV
par nature comme la marée, un phénomène bipha- <y> OPVT DPOTUBUPOT DFSUBJOT NPVWFNFOUT
sique constitué d'inspiration et d'expiration [6]. rythmiques […] correspondant, (1) à la systole
-BQIBTFJOTQJSBUPJSFEFMBSFTQJSBUJPOQSJNBJSFDPS- et à la diastole du cœur, (2) aux changements de
respond à une flexion des structures médianes cou- MhJOTQJSBUJPOFUEFMhFYQJSBUJPO FU  BVYWBSJB-
plée à une rotation externe des structures bilatérales UJPOTWBTDVMBJSFTEFMBWBTPNPUSJDJUÏx 
QBJSFT-BQIBTFFYQJSBUPJSFDPSSFTQPOESFTQFDUJWF- -FTjWBSJBUJPOTWBTDVMBJSFTEFMBWBTPNPUSJDJUÏx
ment à l'extension et à la rotation interne. BVYRVFMMFTTFSÏGÒSF-JUUMFKPIOPOUÏUÏJOJUJBMFNFOU
-F NPVWFNFOU QBMQBCMF EFT PT EV DSÉOF EÏDSJUFTQBS-VEXJH5SBVCF<10] au milieu du XIXe
influencé par le MRP est ensuite appelé l'impul- siècle, plus tard corroborées par Ewald Hering
sion rythmique crânienne (IRC) par Woods et [11] et additionnellement définies par Siegmund
Woods [7]. Subséquemment, Becker identifie dif- Mayer [12>0OMFTUSPVWFEBOTMBQMBHFEFTGSÏ-
GÏSFOUFTGSÏRVFODFTEhBDUJWJUÏBVTFJOEV.31*M quences de 0,5–12 cpm (0,009–0,20 Hz). Dans la
identifie ce qu'il appelle une « marée rapidex BWFD physiologie cardiovasculaire humaine, la plage des

L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans


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28 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

fréquences comprises entre 0,5 et 120 cpm noyau du tractus solitaire (NTS) situé dans le plan-
 o )[ NPOUSFEFT[POFTEhBDUJWJUÏSÏHV- DIFSEVRVBUSJÒNFWFOUSJDVMF%BOTMF/54 JMZB
lières à [13] : EFT [POFT MBUÏSBMFT WBTPDPOTUSJDUJDFT FU NÏEJBMFT
toDQN  o )[ BTTPDJÏFBVSZUINF WBTPEJMBUBUSJDFT RVJ QSÏTFOUFOU VOF BVUPNBUJDJUÏ
cardiaque* ; inhérente [22, 23>-Fnerf vague (X), situé dans la
toDQN  o )[ BTTPDJÏFËMBSFTQJ- moelle allongée à proximité du NTS, contribue
ration pulmonaire ; BVTTJ BVY PTDJMMBUJPOT DBSEJPWBTDVMBJSFT HSÉDF Ë TFT
toDQN  o )[ BTTPDJÏFËMhBDUJWJUÏ fibres efférentes cardio-inhibitrices.
CBSPSÏGMFYFFUWBHBMF
t o  DQN  o  )[  BTTPDJÏF Ë MB
UIFSNPSÏHVMBUJPO FU Ë MB WBTPNPUSJDJUÏ JOEVJUF
par l'endothélium. Homéostasie et mécanisme
respiratoire primaire
Notez que, bien que le rythme cardiaque se produise Magoun, dans sa description du MRP de
normalement dans la fourchette comprise entre 1,0 et Sutherland, a déclaré que c'était un moyen par
2,0 Hz, il démontre aussi des modulations de fréquence lequel « […] every cell in the body receives not only
à chacune des fréquences inférieures de la liste.
the inspired oxygen but also the nutrition, the
enzymes, the hormones and whatever else contributes
to high level wellness. Included in this internal respi-
-FTGSÏRVFODFTSBQQPSUÏFTEBOTMFUFYUFRVJTVJU ration is the elimination of waste metabolites through
QFVWFOU WBSJFS MÏHÒSFNFOU EFT QMBHFT DJEFTTVT the proper emunctories [24 ]» (« […] chaque cellule
Cela s'explique par les différences de sensibilité des dans le corps reçoit non seulement l'oxygène ins-
méthodes de mesure utilisées par les chercheurs. piré mais aussi la nutrition, les enzymes, les hor-
Ces oscillations physiologiques, en particulier aux NPOFTFUUPVUDFRVJDPOUSJCVFËVOCJFOÐUSFEF
fréquences de 6–12 cpm (0,10–0,20 Hz) et 0,5– IBVU OJWFBV %BOT DFUUF SFTQJSBUJPO JOUFSOF FTU
1,2 cpm (0,009–0,02 Hz), ont été clairement liées incluse l'élimination des déchets métaboliques à
Ë MhPTUÏPQBUIJF DSÉOJFOOF <14, 15, 16, 17]. Il est USBWFSTMFTÏNPODUPJSFTBQQSPQSJÏTx 
intéressant de noter que des phénomènes oscilla- 1PVSMhÏRVJMJCSFEVDPSQT MBDPOUJOVJUÏEFMBWJFFU
UPJSFT EhPSJHJOF NJDSPWBTDVMBJSF PDDVQBOU MFT un maintien de la santé, les paramètres physiolo-
NÐNFTCBOEFTEFGSÏRVFODFRVFMFTNBSÏFTMFOUFT HJRVFT EPJWFOU OÏDFTTBJSFNFOU TF TJUVFS EBOT VOF
et rapides de Becker ont aussi été identifiés. DFSUBJOF GPVSDIFUUF -FT QSFNJFST PSHBOJTNFT VOJ-
-hPTDJMMBUJPO EBOT MhJOUFSWBMMF EF GSÏRVFODF EF DFMMVMBJSFT JOUFSBHJTTBJFOU EJSFDUFNFOU BWFD MhFOWJ-
 o )[ PDDVQBOUMBNÐNFCBOEFEFGSÏ- SPOOFNFOUFYUFSOF FUEBOTMFQSPDFTTVTÏWPMVUJG JMT
RVFODFRVFMBNBSÏFMFOUF FTUBUUSJCVÏFËMhBDUJWJUÏ POUSBQJEFNFOUEÏWFMPQQÏMBNPCJMJUÏDPNNFVOF
FOEPUIÏMJBMF WBTDVMBJSF  NÏEJÏF QBS MF NPOPYZEF méthode d'adaptation au changement au sein de
EhB[PUF /0  FU MhPTDJMMBUJPO EBOT MhJOUFSWBMMF EF MFVSFOWJSPOOFNFOU2VBOEMFTPSHBOJTNFTQMVSJDFM-
fréquence de 0,06–0,20 Hz, la fréquence de la MVMBJSFTPOUÏWPMVÏFUTPOUEFWFOVTEFQMVTFOQMVT
NBSÏFSBQJEF FTUMJÏFËMhBDUJWJUÏNZPHÏOJRVFCBSP- DPNQMFYFT MFTDFMMVMFTJOEJWJEVFMMFTPOUÏUÏQJÏHÏFT
SÏGMFYF TVS MFT QBSPJT EFT NJDSPWBJTTFBVY <18]. ËMhJOUÏSJFVSEFMhPSHBOJTNF JTPMÏFTEFMhFOWJSPOOF-
-hBDUJWJUÏEBOTDFTNÐNFTCBOEFTEFGSÏRVFODFTFTU NFOUFYUFSOF%ÒTMPST JMEFWFOBJUOÏDFTTBJSFQPVS
également manifeste dans la pression artérielle [19] MhPSHBOJTNFEFSÏHVMFSTPOFOWJSPOOFNFOUJOUFSOF
FUMBWBSJBCJMJUÏEFMBGSÏRVFODFDBSEJBRVF<20]. Cette régulation découle de la nécessité de mainte-
6OFSFMBUJPODPNQMFYFEhBDUJWJUÏTUPOJRVFT SFGMÏ- nir l'homéostasie cellulaire, le résultat de multiples
UBOUMhBDUJWJUÏFGGÏSFOUFQIBTJRVFEVUSPODDÏSÏCSBM QSPDFTTVTËUSBWFSTMFTRVFMTMhÏRVJMJCSFDPSQPSFMFTU
et l'effet humoral du système rénine-angiotensine, maintenu [25>-FTPTDJMMBUJPOTEFCBTTFGSÏRVFODF 
EPOOFMJFVËDFTPTDJMMBUJPOTDBSEJPWBTDVMBJSFTTZTUÏ- ÏWPRVÏFTDJEFTTVT TPOUSFDPOOVFTQPVSMFVSDPOUSJ-
miques [21>-hBDUJWJUÏOFVSBMFFTUHÏOÏSÏFEBOTMF bution au maintien de l'homéostasie [26].
Chapitre 2. Mécanisme respiratoire primaire 29

-BQIZTJPMPHJFNPEVMFDPOUJOVFMMFNFOUMhFOWJ- involves dilation and contraction of the ventricles,


ronnement interne afin de maintenir l'organisme during respiratory periods. The ventricle dilation
and contraction in turn effects (sic) cerebrospinal
EBOT MB GPVSDIFUUF OÏDFTTBJSF Ë MB WJBCJMJUÏ fluid circulatory activity ; and the circulatory activity
5PVUFGPJT  BWFD MF UFNQT  EBOT MF QSPDFTTVT EF effects movement of the arachnoid and dural
maintien de l'état d'équilibre entre les contraintes membranes ; and through the special reciprocal
en présence, les systèmes dynamiques ont ten- tension membrane […] effects mobility of the basilar
articulations […] The hypothesis does not include
EBODFËEÏSJWFS"GJOEFNBJOUFOJSMBTUBCJMJUÏ JMT dilation nor contraction of the spinal canal. The spinal
EPJWFOUEPODÐUSFDPOUJOVFMMFNFOUSÏJOJUJBMJTÏT-B canal merely moves upward and downward […] The
DPSSFDUJPO EF MB EÏSJWF FOUSBÔOF BMPST MF TZTUÒNF cerebrospinal fluid throughout the vertebral column
dans la direction de la correction. De fait, la cor- fluctuates by way of the arachnoid membrane ; the
membrane being hung from above, with only one
SFDUJPOSÏQÏUÏFEFMBEÏSJWFQSPEVJUVOFPTDJMMBUJPO attachment, and that at the sacrum [33]. »
EVTZTUÒNFEBOTMBGPVSDIFUUFWJUBMFGJYÏFQBSMFT W.G. Sutherland
paramètres de l'homéostasie.

(« Selon mon hypothèse actuelle […] le cerveau se


déplace involontairement et rythmiquement dans
Rythmes physiologiques le crâne. Ce mouvement rythmique involontaire
inhérents, capacitance, implique la dilatation et la contraction des ventricules,
pendant les périodes respiratoires. La dilatation
fréquence de et la contraction ventriculaires à leur tour affectent
modulation et MRP l'activité circulatoire du liquide cérébrospinal ; et
l'activité circulatoire impacte le mouvement de
l'arachnoïde et des membranes durales ; et à travers
-FTTZTUÒNFTQIZTJPMPHJRVFTPTDJMMBOUTQFVWFOUTF la membrane spéciale de tension réciproque […]
NBJOUFOJS HSÉDF Ë MB capacitance -hÏOFSHJF FTU impacte la mobilité des articulations basilaires […]
L'hypothèse n'inclut pas la dilatation ni la contraction
TUPDLÏF EBOT MhÏRVJWBMFOU QIZTJPMPHJRVF EhVO du canal spinal. Le canal spinal se déplace
capaciteurFUSFMÉDIÏFQBSJOUFSNJUUFODF NBJOUF- seulement vers le haut et vers le bas […] Le liquide
OBOU BJOTJ MhPTDJMMBUJPO -B WBSJBUJPO EV TJHOBM FO cérébrospinal fluctue tout au long de la colonne
fonction du temps indique une modulation de fré- vertébrale par l'intermédiaire de la membrane
arachnoïdienne ; la membrane étant suspendue d'en
quence entre les signaux qui interagissent [27] et haut, avec une seule insertion, et ce au sacrum. »)
implique la présence d'un capaciteur dans le méca-
-FTRVBUSFQSFNJÒSFTDPNQPTBOUFTEV.31 MB
nisme physiologique [28, 29, 30]. Cela se produit
NPUJMJUÏJOIÏSFOUFEV4/$ MBGMVDUVBUJPOEV-$4
EBOT MFT GSÏRVFODFT DBSEJPWBTDVMBJSFT BWFD MF
FU MB NPCJMJUÏ EFT PT DSÉOJFOT FU EFT NFNCSBOFT
rythme cardiaque et les baroréflexes démontrant
JOUSBDSÉOJFOOFTFUJOUSBTQJOBMFTThFYQMJRVFOUGBDJMF-
des modulations de fréquence dans les basses fré-
NFOUEBOTMFDPOUFYUFEFTPTDJMMBUJPOTDBSEJPWBT-
RVFODFT %F NÐNF  MhPTDJMMBUJPO EV .31 NBOJ-
culaires de basse fréquence.
festé par l'IRC présente une modulation de
-FNPVWFNFOUEVDSÉOFRVJThBEBQUFBVYWBSJB-
fréquence de 20 % [31, 32]. Il doit donc exister
UJPOTEFWPMVNFEFTGMVJEFTEFMBDBWJUÏDSÉOJFOOF
des capaciteurs physiologiques au sein du MRP.
est démontré à l'aide de radiographies et d'IRM.
6O NPVWFNFOU QÏSJPEJRVF EhVOF GSÏRVFODF EF
La fluctuation du liquide oDQN  o )[ FTUPCTFSWÏFUEFTWBSJB-
tions des dimensions frontale et sagittale d'ampli-
cérébrospinal et le tude moyenne de 0,38 ± 0,21 mm ainsi qu'une
mouvement du système EÏWJBUJPO NBYJNBMF BMMBOU KVTRVhË  NN POU ÏUÏ
nerveux central enregistrées [34>%FTNPVWFNFOUTDPNQMFYFTEV
DFSWFBV <35> FU EV -$4 <36, 37> EBOT MB NÐNF
« According to my present hypothesis […] the
QMBHFEFGSÏRVFODFRVFMFTPTDJMMBUJPOTDBSEJPWBTDV-
brain involuntarily and rhythmically moves within MBJSFT FUMFNPVWFNFOUPTTFVYEÏDSJUDJEFTTVTPOU
the skull. This involuntary rhythmical movement ÏUÏ DPOGJSNÏT QBS *3. DJOÏUJRVF -FT JNBHFT
30 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

montrent que, pendant la systole cardiaque, il y a UVBUJPOTWPMVNÏUSJRVFTEFMBDJSDVMBUJPOTBOHVJOF


BGGMVY EF TBOH EBOT MB DBWJUÏ DSÉOJFOOF  DF RVJ FU EV -$4 -PSTRVF MF WPMVNF TBOHVJO JOUSBDSÉ-
FOUSBÔOFVOFFYQBOTJPOFUEFTNPVWFNFOUTDPN- OJFOBVHNFOUF MBGPSNFEVDSÉOFThBDDPNNPEFFU
QMFYFTEVDFSWFBV-BWBSJBUJPOEVWPMVNFËMhJOUÏ- MF -$4 TF EÏQMBDF EBOT MhFTQBDF TVCBSBDIOPÕEJFO
SJFVS EF MB DBWJUÏ DSÉOJFOOF EÏQMBDF MB QBSUJF FYUSBDSÉOJFO BVHNFOUBOUBJOTJMBRVBOUJUÏEF-$4
DFOUSBMFEVDFSWFBVEBOTVOFEJSFDUJPODBVEBMF-F EBOT MF TBD EVSBM TQJOBM -PSTRVF MF WPMVNF TBO-
-$4EFTWFOUSJDVMFTMBUÏSBVYFTUEÏQMBDÏNÏEJBMF- HVJOJOUSBDSÉOJFOEJNJOVF MBNJTFFOUFOTJPOEV
NFOUEBOTMFUSPJTJÒNFWFOUSJDVMF FUEFMË DBVEBMF TBDEVSBMTQJOBMGBDJMJUFMFSFUPVSEV-$4EBOTMF
NFOU EBOT MF RVBUSJÒNF WFOUSJDVMF 'JOBMFNFOU  DSÉOF "JOTJ  TZODISPOF BWFD EFT PTDJMMBUJPOT DBS-
VOFRVBOUJUÏEF-$4ÏRVJWBMFOUFËMBWBSJBUJPOEF EJPWBTDVMBJSFTEFCBTTFTGSÏRVFODFToFUBVNPJOT
WPMVNFEVDFSWFBVTFEÏQMBDFFOEJSFDUJPODBVEBMF FOQBSUJFËDBVTFEhFMMFTo MF-$4jGMVFFUSFGMVFx
EFMBDBWJUÏDSÉOJFOOFEBOTMFDBOBMSBDIJEJFO$FMB En fait, la tension placée sur le sac dural spinal
augmente la pression dans le sac dural entourant la pendant les périodes d'augmentation de la pression
NPFMMFÏQJOJÒSF1FOEBOUMBEJBTUPMF BWFDVOFQSFT- JOUSBDSÉOJFOOF GPVSOJU MB DBQBDJUBODF OÏDFTTBJSF
TJPOJOUSBDSÉOJFOOFQMVTGBJCMF MFEÏQMBDFNFOUDBV- QPVS QFSNFUUSF MF SFUPVS EV -$4 EBOT MF DSÉOF
EBM EV DFSWFBV DIBOHF  FU MB EJSFDUJPO EV MPSTRVF MB QSFTTJPO JOUSBDSÉOJFOOF EJNJOVF $FMB
NPVWFNFOUEV-$4ThJOWFSTF explique le MRP dans le cadre d'un mécanisme cra-
5PVU DPNNF EFT GMVDUVBUJPOT EF MB WJUFTTF EV niosacral. Toutefois, cela ne donne pas un aperçu
flux sanguin et de la pression artérielle sont mises satisfaisant d'un MRP présent dans tout le corps.
FOÏWJEFODFEBOTMFTPTDJMMBUJPOTDBSEJPWBTDVMBJSFT
de basse fréquence, des oscillations de faible fré-
quence ont été mesurées par échographie [38] et
CJPJNQÏEBODFEBOTMFDFSWFBVEFTVKFUTIVNBJOT  MRP dans tout le corps
sains et conscients [39>-hPTDJMMBUJPOEV-$4EF
0,10–0,20 Hz, l'onde C, démontre une ampli- "VEÏCVUEFDFUUFEJTDVTTJPO JMFTUJNQPSUBOURVF
UVEF RVJ QFVU ÐUSF Ë QFJOF EJTDFSOBCMF PV BMMFS WPVTDPNQSFOJF[MFQSPDFTTVTQIZTJRVFEFMhentraî-
KVTRVhË  NN)H -FT POEFT #  EF GSÏRVFODF nement entre des systèmes oscillants-hFOUSBÔOFNFOUB
inférieure, de 0,009–0,02 Hz, ont une amplitude lieu lorsque deux systèmes oscillent à des fréquences
BMMBOUKVTRVhËNN)H<40]. QSPDIFTMhVOFEFMhBVUSF-BGSÏRVFODFEPNJOBOUFWB
De plus, en utilisant des temps d'exposition qui forcer la deuxième oscillation à prendre, en synchro-
ÏUBJFOU USPQ MFOUT QPVS ÏWBMVFS MFT NPVWFNFOUT OJTNF  MB NÐNF GSÏRVFODF RVhFMMF <42, 43, 44,
cardiaques et baroréflexe synchrones (< 0,1 Hz), 45, 46>*MFTUTVHHÏSÏRVFDhFTUBJOTJRVFEJWFSTTZT-
MBUPNPEFOTJUPNÏUSJFBÏUÏVUJMJTÏFQPVSPCTFSWFS tèmes au sein de la physiologie humaine se
MFNPVWFNFOUEFTWFOUSJDVMFTMBUÏSBVYFUEVUSPJ- SFKPJHOFOUEhVOFNBOJÒSFIPMJTUJRVF
TJÒNFWFOUSJDVMFEBOTMFDFSWFBVOPSNBM*MBÏUÏ -BGSÏRVFODFDBSEJBRVF MBQSFTTJPOTBOHVJOFFU
NPOUSÏRVFMFDFSWFBV SPTUSBMBVGPSBNFOJOUFS- MB WJUFTTF EhÏDPVMFNFOU EV TBOH NPOUSFOU EFT
WFOUSJDVMBJSF USPVEF.POSP EÏNPOUSFVONPV- oscillations de basse fréquence dans la plage de
WFNFOUQÏSJTUBMUJRVFEFSPVMJTDPNQMFYFBWFDVOF  o)[-FTZTUÒNFWBTDVMBJSFQÏSJQIÏSJRVF 
fréquence dans la plage des ondes B (26 secondes et par conséquent la perfusion tissulaire, est donc
à quelques minutes de durée), ou de celles de la entièrement soumis à l'influence de ces oscilla-
marée lente [41]. tions [47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57,
"JOTJ MFNPVWFNFOUEVDSÉOF EVDFSWFBVFUEV 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64>-hIPNÏPTUBTJFDJSDV-
-$4 DPODPNJUBOUBWFDMFDZDMFDBSEJBRVF TFQSP- latoire et celle de la température du corps sont
duit aux basses fréquences des oscillations cardio- entretenues par les oscillations de basse fréquence
WBTDVMBJSFT $FT NPVWFNFOUT QVMTBUJMFT QFVWFOU [65, 66, 67, 68]. Et le but du MRP, une respira-
EPOD ÐUSF DPOTJEÏSÏT DPNNF BZBOU MhFGGFU EhVOF tion cellulaire efficiente, dépend d'une perfusion
pompe, alimentée au moins en partie par les fluc- tissulaire efficace.
Chapitre 2. Mécanisme respiratoire primaire 31

Respiration cellulaire médiée par le NO de la consommation cellulaire


EhPYZHÒOFQFVUÐUSFNPEVMÏFFOQBSUJFQBSMhÏUBU
"VUSBWFSTEFEJWFSTFTWPJFTNÏUBCPMJRVFTJOUSBDFM- redox de la cytochrome oxydase dans les mito-
MVMBJSFT MBSFTQJSBUJPODFMMVMBJSFQSPEVJUMBDPOWFS- chondries [82]. Il est également intéressant de
TJPO EF MhÏOFSHJF CJPDIJNJRVF EÏSJWÏF EFT noter que le NO agit en tant que médiateur du
OVUSJNFOUTFOBEÏOPTJOFUSJQIPTQIBUF "51 FUMB baroréflexe dans le NTS [83].
libération de déchets cellulaires dans le tissu inters- Une synchronie interhémisphérique des oscilla-
UJUJFM-BDZUPDISPNFPYZEBTF BVTFJOEFMBNJUP- UJPOTMFOUFTEVWPMVNFTBOHVJODPSUJDBMFUEFMhÏUBU
DIPOESJF  FTU MhFO[ZNF UFSNJOBMF EF MB DIBÔOF EF redox de la cytochrome oxydase a été démontrée
USBOTQPSUEFTÏMFDUSPOTSFTQJSBUPJSFT-BDIBÔOFEF [84, 85]. Bien que ce processus soit indépendant
transport des électrons produit un potentiel élec- de la physiologie du baroréflexe, il n'est pas dérai-
trochimique transmembranaire qui est utilisé par sonnable de conclure que les fréquences des oscil-
Mh"51TZOUIBTFQPVSQSPEVJSFEFMh"51-hÏOFSHJF lations de la cytochrome oxidase redox et du
TUPDLÏFRVJThFOTVJUQFVUBMPSTÐUSFFNQMPZÏFQPVS CBSPSÏGMFYF RVJTFDIFWBVDIFOU QFSNFUUFOUËDFT
MFTEJWFSTQSPDFTTVTJODMVBOUMBCJPTZOUIÒTF MBNPUJ- EFVY QSPDFTTVT WBTPBDUJGT EF ThFOUSBÔOFS  SFMJBOU
MJUÏ FU MF USBOTQPSU NPMÏDVMBJSF Ë USBWFST MB NFN- BJOTJMBQFSGVTJPOUJTTVMBJSFMPDBMFBVDPOUSÙMFWBTP-
CSBOF DFMMVMBJSF $F QSPDFTTVT FTU QFVUÐUSF MB moteur central [86, 87, 88, 89]. Il est en outre
meilleure représentation physique de ce que Becker SBJTPOOBCMFEFTVQQPTFSRVF QBSDFRVFMhBDUJWJUÏ
BQQFMMFMFj4PVGGMFEFWJFx jBreath of Life [69] ») mitochondriale est primordiale, une physiologie
et que Magoun attribue aux actions du MRP [70]. cellulaire similaire se produit dans tout le corps.
%FT jWBHVFT EhPYZHÒOF EJTQPOJCMFx EF NÐNF Pour que la respiration cellulaire se produise de
fréquence que le MRP ont été décrites depuis des NBOJÒSF DPPSEPOOÏF BV OJWFBV EF DPNQMFYJUÏ
années au sein du SNC [71, 72, 73, 74, 75, 76, 77, d'un organisme multicellulaire, il faut un appareil
78]. Il a été démontré, à l'aide de la spectrophoto- circulatoire tout aussi complexe. Par conséquent,
métrie par réflectance de l'état redox de la cyto- un modèle de MRP présent dans tout le corps
chrome oxydase corticale, que le métabolisme QFVUÐUSFQSPQPTÏEBOTMFDBESFEFMBQIZTJPMPHJF
DPSUJDBM PTDJMMF EBOT MB NÐNF QMBHF EF GSÏRVFODFT EFMBDJSDVMBUJPOQÏSJQIÏSJRVF"JOTJ JMDPOWJFOUEF
RVFMFCBSPSÏGMFYF-FTBVHNFOUBUJPOTDZDMJRVFTEV considérer la respiration cellulaire dans le contexte
métabolisme cortical d'oxydation dans la fourchette de chaque composante de l'appareil circulatoire
de 7–10 cpm (0,11–0,17 Hz) représentent la source QÏSJQIÏSJRVFMFTWBJTTFBVYBSUÏSJFMTEFSÏTJTUBODF 
EhPTDJMMBUJPOT MPDBMFT WBTDVMBJSFT  FGGFDUVBOU BJOTJ MB MFMJUDBQJMMBJSFFUTPOJOUFSGBDFBWFDMhJOUFSTUJDJVN 
perfusion tissulaire [79, 80, 81] MFDPNQBSUJNFOUFYUSBWBTDVMBJSFEÏGJOJQBSMFGBT-
-hÏUBUSFEPYEFMBDZUPDISPNFPYZEBTFFTUMJÏË DJB MFSFUPVSMZNQIBUJRVFFUWFJOFVYFUJMDPOWJFOU
MB WBTPNPUSJDJUÏ FOEPUIÏMJBMF JOEVJUF QBS MF /0 de considérer comment cet ensemble, associé à la
qui est généré, entre autres sites, dans les parois respiration pulmonaire et à la physiologie rénale,
artériolaires par la synthase endothéliale du s'organise pour fonctionner comme le MRP.
NPOPYZEFEhB[PUF-BQSPEVDUJPOFUMBMJCÏSBUJPO
du NO se produisent à la suite des contraintes de
cisaillement exercées par l'écoulement du sang Vaisseaux artériels de résistance
DPOUSF MB QBSPJ EV WBJTTFBV -B WBTPDPOTUSJDUJPO
augmente les forces de cisaillement, libérant du -BQSFTTJPOBSUÏSJFMMFFUMBNPEVMBUJPOEFMBWJUFTTF
/0 QSPWPRVBOUVOFWBTPEJMBUBUJPO"JOTJHÏOÏSÏ  d'écoulement du sang dépendent, dans une large
le NO est également libéré dans l'intersticium où NFTVSF EVDPOUSÙMFCBSPSÏGMFYFEFMBWBTPNPUSJDJUÏ
il pénètre dans la cellule, se lie à et inhibe de artérielle [90, 91, 92, 93>-FTNÏDBOPSÏDFQUFVST 
NBOJÒSF SÏWFSTJCMF MB DZUPDISPNF PYZEBTF NJUP- situés dans la crosse aortique, la bifurcation de l'ar-
chondriale, ce qui résulte en une réduction de la tère brachiocéphalique, les artères carotides com-
DPOTPNNBUJPO EhPYZHÒOF DFMMVMBJSF -hJOIJCJUJPO NVOFT FU MFT TJOVT DBSPUJEJFOT TVSWFJMMFOU FO
32 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

permanence la pression artérielle systémique. Des démontrent une contractilité locale en réponse à la
neurones afférents transmettent les informations distension [100]. Il est suggéré que les oscillations
concernant l'état de la pression artérielle (augmen- de basse fréquence de la pression et du flux sanguin,
tation ou diminution) au NTS où prend naissance MFSÏTVMUBUEFMBWBTPNPUSJDJUÏBSUÏSJPMBJSFFUEFTWFJ-
MhBDUJWJUÏ OFVSBMF RVJ QSPEVJU MhPTDJMMBUJPO CBSPSÏ- nules associées, contribuent à la distribution et au
GMFYF%BOTMF/54 EFT[POFTQSFTTJWFTFUEÏQSFT- NÏMBOHFEFTGMVJEFTFYUSBWBTDVMBJSFTFUBVHNFOUFOU
TJWFT QSÏTFOUFOU VOF BVUPNBUJDJUÏ JOIÏSFOUF <94, NÏDBOJRVFNFOU MF QBTTBHF EFT GMVJEFT Ë USBWFST MFT
95>%FTGJCSFTWBTPDPOTUSJDUSJDFTNZÏMJOJTÏFTFGGÏ- parois des capillaires et des lymphatiques [101].
rentes, sous le contrôle du NTS, descendent dans la -BQFSGVTJPODBQJMMBJSF FUFODPOTÏRVFODFDFMMV-
NPFMMFÏQJOJÒSFKVTRVhBVYHBOHMJPOTTZNQBUIJRVFT laire, est déterminée par l'interaction entre la
UIPSBDPMPNCBVYQPVSTZOBQTFSBWFDEFTGJCSFTQPT- SÏHVMBUJPODFOUSBMFFUMFTCFTPJOTMPDBVY-BDJSDV-
UHBOHMJPOOBJSFTBNZÏMJOJRVFTRVJWÏIJDVMFOUMhBDUJ- MBUJPOEVTBOHEBOTMFTUJTTVTQÏSJQIÏSJRVFTSÏWÒMF
WJUÏWBTPDPOTUSJDUSJDFWFSTMBQÏSJQIÏSJF EFT QÏSJPEFT EhIZQPQFSGVTJPO BMUFSOBOU BWFD VOF
.ÐNF TJ  DIF[ MhIPNNF  MhPTDJMMBUJPO EF MhBDUJ- hyperperfusion. Cela permet un écoulement du
WJUÏ TZNQBUIJRVF EÏNPOUSF VOF GSÏRVFODF BMMBOU TBOH Ë USBWFST UPVT MFT DBQJMMBJSFT RVJ TBUJTGBJU MFT
de 0,5 cpm (0,009 Hz) à la fréquence cardiaque de demandes métaboliques des tissus locaux. Une
oDQN  o )[ MBWBTDVMBSJTBUJPOBSUÏ- UFMMF WBSJBUJPO EBOT MB QFSGVTJPO UJTTVMBJSF B ÏUÏ
rielle, agissant comme des filtres passe-bas1, répond démontrée comme se produisant dans des groupes
BWFDVOHBJOTJHOJGJDBUJGTFVMFNFOUËMBNPEVMBUJPO distincts de dix à quinze capillaires. Conformément
de stimuli sympathiques dans la gamme de fré- à la relation entre l'interaction de la cytochrome
quences égale ou inférieure à 6–12 cpm (0,10– PYZEBTFNJUPDIPOESJBMF /0 FUMBWBTPNPUSJDJUÏ
0,20 Hz) [96> $FUUF SÏQPOTF EhBDUJWJUÏ UPOJRVF (7–10 cpm ou 0,11–0,17 Hz) [102, 103, 104] le
SZUINJRVF  SFGMÏUBOU MhFOUSÏF QIBTJRVF FO QSPWF- DPOUSÙMFEFDFUUFGMVDUVBUJPOMPDBMFEBOTMBWJUFTTF
OBODFEV/54 FOUSBÔOFMhPTDJMMBUJPOCBSPSÏGMFYFEF EVGMVYTBOHVJOFTUQSÏTVNÏTFTJUVFSBVOJWFBVEFT
MBQSFTTJPOFUEFMBWJUFTTFEVGMVYTBOHVJO<97]. BSUÏSJPMFTEhBQQSPWJTJPOOFNFOU<105].
&OGBJU MFNPVWFNFOUBSUÏSJPMBJSFDIBTTFQIZTJRVF- "WFDMBTVQQSFTTJPOQBTTFCBTEFTPTDJMMBUJPOTEF
NFOUMFTGMVJEFTEBOTMFUJTTVJOUFSTUJUJFM-FTPTDJMMB- pression au-dessus de la fréquence respiratoire
UJPOT EFT WBSJBUJPOT EV EJBNÒUSF BSUÏSJPMBJSF RVJ pulmonaire (0,25–0,42 Hz), les oscillations du
SÏTVMUFOUEhJOGMVFODFTMPDBMFTFUEFMhBDUJWJUÏWBTPNP- GMVYTBOHVJOMPDBMTVSWFOBOUJOEÏQFOEBNNFOU Ë
USJDFDFOUSBMF DPNCJOÏFTËMBMPOHVFVSEFTWBJTTFBVY o DQN  o  )[  TPOU TVQQPTÏFT ÐUSF
BDUJGT QSPWPRVFOUBJOTJVOEÏQMBDFNFOUÏRVJWBMFOUEF coordonnées par l'oscillation baroréflexe centrale
la masse tissulaire et du liquide interstitiel [98, 99]. ËUSBWFSTMhFOUSBÔOFNFOUEFGSÏRVFODF<106, 107,
108, 109, 110> "JOTJ CJFORVFSÏHJFQBSMFTFYJ-
HFODFT EFT UJTTVT MPDBVY  MhPTDJMMBUJPO EF MB WBTP-
Lit capillaire et son interface motricité artériolaire est synchronisée par le NTS.
avec l'intersticium Cette oscillation a aussi des effets significatifs sur
l'équilibre de Starling (voir tableau 2.1 -hÏRVJMJCSF
-BDJSDVMBUJPOEVTBOHFUMFTPTDJMMBUJPOTEFQSFTTJPO  EF 4UBSMJOH  -B WBTPNPUSJDJUÏ BSUÏSJPMBJSF QSP-
démontrables dans le système artériel à paroi épaisse, WPRVF EFT DIBOHFNFOUT UFMT EBOT MhIÏNBUPDSJUF
sont moins contraintes quand le sang passe dans le DBQJMMBJSF RVF QFOEBOU MFT QÏSJPEFT EF WBTPEJMBUB-
TZTUÒNFWFJOFVYFUEBOTMFTDBQJMMBJSFTËQBSPJTQMVT UJPO BWFDMhBVHNFOUBUJPOEFMBWJUFTTFEVGMVYTBO-
NJODFT -B DBQBDJUBODF EF DFT WBJTTFBVY Ë NJODFT guin, il y a augmentation de l'hématocrite locale
QBSPJTQFSNFUVOFQMVTHSBOEFGMVDUVBUJPOEVWPMVNF et, par conséquent, une augmentation des gra-
BWFDVOEÏQMBDFNFOUQSPQPSUJPOOFMEFMhJOUFSTUJDJVN dients de pression transcapillaires. Pendant l'autre
BEKBDFOU %BOT DFSUBJOT UJTTVT MFT MJUT DBQJMMBJSFT QIBTF WBTPDPOTUSJDUSJDF  MhIÏNBUPDSJUF EJNJOVF FU
MB QSFTTJPO JOUSBDBQJMMBJSF UPNCF BV OJWFBV EF MB
1
 'JMUSFQBTTFCBTGJMUSFRVJMBJTTFQBTTFSMFTCBTTFTGSÏ- QSFTTJPOEFTWFJOVMFTBEKBDFOUFT GBDJMJUBOUMBSÏBC-
quences et qui atténue les hautes fréquences. TPSQUJPOBVOJWFBVEFMhJOUFSTUJDJVN<111].
Chapitre 2. Mécanisme respiratoire primaire 33

Tableau 2.1. L'équilibre de Starling. TPOUËMFVSUPVSEJTUSJCVÏFTBVYGBTDJBTBEKBDFOUTFU


distants, déterminant l'alignement des fibres de
Forces déplaçant les liquides corporels en dehors du
collagène et des fibres élastiques qui les com-
compartiment vasculaire
posent ainsi que la structure macroscopique du
Pression hydrostatique capillaire moyenne 17,0 mmHg
corps.
Pression interstitielle négative moyenne 7,0 mmHg -FTFOWFMPQQFTGBTDJBMFTTPOUEBOTVOFSFMBUJPO
Pression osmotique colloïdale interstitielle 4,5 mmHg UFOTÏHSJUBMF BWFD MFVS DPOUFOV -F DPSQT IVNBJO
Pression totale 28,5 mmHg FTU DPOTUJUVÏ EhFOWJSPO   EhFBV <113]. Dès
Forces attirant les liquides corporels dans le compartiment lors, l'eau forme l'élément le plus important des
vasculaire FOWFMPQQFTGBTDJBMFT-PSTRVF TPVTMhJOGMVFODFEFT
Pression osmotique colloïdale totale 28,0 mmHg PTDJMMBUJPOTEFCBTTFGSÏRVFODFEFMBWBTPNPUSJDJUÏ 
Force résultante vers le dehors : 0,5 mmHg de la pression artérielle et du flux sanguin, les
GMVJEFT TF EÏQMBDFOU EF MhFTQBDF JOUSBWBTDVMBJSF
dans l'intersticium, la pression interstitielle aug-
Fascia et intersticium mente. Cela se produit probablement – au moins
en partie – à cause de la contrainte physique de
-FGBTDJBFOUPVSFFUTPVUJFOUUPVTMFTBVUSFTUJTTVT cloisonnement fascial.
et organes du corps. Chaque structure du corps, -BDBQBDJUÏEVGBTDJBËNBOJGFTUFSVOFDPOUSBDUJ-
EV OJWFBV IJTUPMPHJRVF BV OJWFBV BOBUPNJRVF lité intrinsèque [114> FTU EhVOF FYUSÐNF JNQPS-
NBDSPTDPQJRVF  FTU FOUPVSÏF QBS EFT FOWFMPQQFT UBODF EBOT DF NPEÒMF -FT NZPGJCSPCMBTUFT EFT
EF GBTDJB  FU UPVUFT DFT FOWFMPQQFT TPOU NBJOUF- fascias présentent des périodes d'oscillations
nues ensemble par le fascia superficiel, qui agit QÏSJPEJRVFT EhFOWJSPO  TFDPOEFT <115]. Cela
DPNNF VOF HSBOEF FOWFMPQQF "JOTJ MF GBTDJB correspond à une fréquence de 0,01 Hz, située
EJWJTFMFDPSQTFODPNQBSUJNFOUTËMhJOUÏSJFVSEF dans la portion basse de la bande de fréquence
compartiments à l'intérieur d'autres comparti- 0,009–0,02 Hz de l'oscillation de la marée lente.
ments, délimitant toutes les structures et les Des contractions spontanées dans certaines
espaces, dont l'intersticium. Cet agencement régions du fascia suggèrent un rôle de précon-
structurel protège, tout en offrant une élasticité trainte dans l'échafaudage de collagène [116].
suffisante pour permettre des changements de "JOTJ  MPSTRVF GBTDJB FTU EJTUFOEV  MFT NZPGJCSP-
forme et la motilité. blastes se contractent pour fournir une résistance.
Ce cloisonnement des zones du corps semble Cela se produit dans le périmysium [117> -B
tout d'abord isoler physiquement ces zones. DPOUSBDUJMJUÏGBTDJBMFQFVUÏHBMFNFOUÐUSFJOGMVFO-
&GGFDUJWFNFOU  MFT DPOUFOVT QBSDFMMBJSFT CJFO DJS- DÏF QBS MFT TZTUÒNFT WBTDVMBJSF FU OFSWFVY BVUP-
DPOTDSJUTQFVWFOUFOGMFSQPVSEFNVMUJQMFSBJTPOT  nome, comme le laisse supposer la riche
BWFD EFT DPOTÏRVFODFT QPUFOUJFMMFNFOU NPSUFMMFT JOOFSWBUJPOJOUSBGBTDJBMFEFTDBQJMMBJSFTFUMFHSBOE
[112>$FMBÏUBOUEJU MhBOBUPNJFEVGBTDJBKPVFVO nombre de nerfs autonomes [118].
rôle essentiel dans le modèle hypothétique du "JOTJ MPSTRVFMFMJRVJEFJOUFSTUJUJFMBVHNFOUFEF
MRP. WPMVNF MFGBTDJBFTUEJTUFOEVFUQFVUTFDPNQPSUFS
Comme le fascia pénètre tout le corps, il établit comme un capaciteur, comme la dure-mère spi-
une continuité structurelle et fonctionnelle, reliant nale (voir ci-dessus, p. 30). Puis le fascia se
les plus petites structures à la globalité anatomique DPOUSBDUF  FO TZODISPOJF BWFD MFT PTDJMMBUJPOT EF
et fonctionnelle. En partie pour cette raison, le basse fréquence de la pression, ce qui facilite le
corps fonctionne comme une structure holistique SFUPVSEFTGMVJEFTEBOTMhFTQBDFJOUSBWBTDVMBJSFFU
dans laquelle chaque partie est unie à toutes les comprime les sacs lymphatiques terminaux (voir
BVUSFTQBSMFSÏTFBVGBTDJBM-FTGPSDFTFYFSDÏFTQBS ci-dessous, p. 34).
les structures anatomiques, dont la forme est défi- De plus, le fascia contribue mécaniquement au
OJF QBS MFVST FOWFMPQQFT GBTDJBMFT SFTQFDUJWFT  TF SFUPVSWFJOFVYFUMZNQIBUJRVF-FGBTDJBQSPGPOE
transmettent au fascia qui les entoure. Ces forces qui entoure les muscles est solide, épais et résis-
34 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

UBOU-PSTEFMBDPOUSBDUJPONVTDVMBJSF MFTWFJOFT l'intersticium est, pour l'essentiel, dans un état ana-


ËQBSPJGJOFFUMFTWBJTTFBVYMZNQIBUJRVFTËMhJOUÏ- MPHVFËDFMVJEhVOHFM-FTGJMBNFOUTEFTQSPUÏPHMZ-
rieur des muscles sont comprimés et par consé- DBOFGPSNFOUEFGBJCMFTMJBJTPOTUSBOTWFSTBMFTMFTVOT
quent, le sang et la lymphe sont propulsés en BWFDMFTBVUSFT BWFDMFTGJCSFTEFDPMMBHÒOFFUBWFD
EJSFDUJPO EV D”VS -FT NVTDMFT FU MFT GBTDJBT  FO des molécules de protéines pour donner au contenu
particulier dans les membres inférieurs, agissent interstitiel sa consistance de gel. Par conséquent, les
DPNNFVOFQPNQFEÏQMBÎBOUMFTBOHWFJOFVYFUMB GMVJEFTOFDJSDVMFOUQBTMJCSFNFOUËUSBWFSTMhJOUFST-
MZNQIFDPOUSFMBGPSDFEFHSBWJUÏ*MFTUJOUÏSFTTBOU ticium [122> -F HFM JOUFSTUJUJFM  DFQFOEBOU 
de noter ici que le tonus sympathique des muscles démontre une élasticité tenségritale [123>-BQPT-
oscille aussi dans la plage des basses fréquences de sibilité d'une oscillation de cette matrice entre un
0,009–0,42 Hz [119]. état gel et un état sol plus fluide, en synchronisme
BWFDMF.31 BÏUÏTVHHÏSÏF<124]. En fait, la pres-
sion du liquide interstitiel est déterminante pour les
Retour lymphatique échanges entre le sang et les espaces interstitiels, et
entre les espaces interstitiels et les sacs lymphatiques
Sutherland a suggéré une association entre le terminaux [125>*MFTUEPODQSPCBCMFRVFMFTWBSJB-
MRP et la circulation lymphatique : « Compression tions 6–12 cpm (0,10–0,20 Hz) de pression
was applied around the head with the intent to limit JOEVJUFTQBSMFCBSPSÏGMFYFDPOUSJCVFOUËDFNPVWF-
all basilar activity. The experiment resulted in an NFOUGMVJEJRVFËUSBWFSTMBNBUSJDFJOUFSTUJUJFMMF
immediate change of the movement of the diaphrag- Une des forces mobilisant le contenu lymphatique
matic respiratory mechanism, as well as an indica- FTU MB WBSJBUJPO EF WPMVNF EFT DBQJMMBJSFT MZNQIB-
tion of a change throughout the systemic lymph tiques. Ces capillaires sont constitués d'une couche
channels ; the indication in the lymph activity being EFDFMMVMFTFOEPUIÏMJBMFTRVJTFDIFWBVDIFOU BWFDEFT
greater in its manifestation than the author has JOUFSDPOOFYJPOTMÉDIFTRVJGPODUJPOOFOUDPNNFEFT
thus been able to secure through the application of DMBQFUT "JOTJ  DFMB QFSNFU MF QBTTBHF EV MJRVJEF
the lymphatic pump method [120] ». (« Une com- interstitiel dans le capillaire lymphatique, mais cela
QSFTTJPO B ÏUÏ BQQMJRVÏF BVUPVS EF MB UÐUF BWFD FNQÐDIF UPVU GMVY SÏUSPHSBEF -hBVHNFOUBUJPO EF
MhJOUFOUJPO EF MJNJUFS UPVUF BDUJWJUÏ CBTJMBJSF WPMVNFEFTDBQJMMBJSFTMZNQIBUJRVFTTFQSPEVJUEPOD
-hFYQÏSJFODFBBCPVUJËVODIBOHFNFOUJNNÏEJBU VOJRVFNFOU MPSTRVF MF MJRVJEF USBWFSTF MF NJMJFV
EV NPVWFNFOU EV NÏDBOJTNF SFTQJSBUPJSF interstitiel et l'endothélium lymphatique.
diaphragmatique, ainsi qu'à l'indication d'un -B QSFTTJPO IZESPTUBUJRVF EBOT MFT DBQJMMBJSFT
DIBOHFNFOUËUSBWFSTMFTDBOBVYMZNQIBUJRVFTTZT- lymphatiques est présumée similaire à celle du
UÏNJRVFT MhJOEJDBUJPO EF MhBDUJWJUÏ MZNQIBUJRVF liquide interstitiel, les différences transitoires entre
étant supérieure dans sa manifestation à celle que les deux compartiments étant rapidement équili-
l'auteur a aussi pu obtenir par l'application de la brées [126> -B QSFTTJPO JOUFSTUJUJFMMF OÏHBUJWF
méthode du pompage lymphatique. ») (-7 mmHg) de l'équilibre de Starling (voir
-PSTRVFMFTBOHDJSDVMFEBOTMFTDBQJMMBJSFT JMZB tableau 2.1  -hÏRVJMJCSF EF 4UBSMJOH  FOUSBÔOF MF
passage de fluide dans l'intersticium. Chez un liquide interstitiel en cours d'élaboration dans les
adulte au repos, à peu près 15 ml/min quittent capillaires lymphatiques. Cette pression intersti-
MhFTQBDF WBTDVMBJSF  FU FOUSF  FU   NMNJO UJFMMF OÏHBUJWF FTU NBJOUFOVF QBS MhÏMJNJOBUJPO EF
(soit 80 à 90 %) y retournent. Cela se traduit par protéines de l'intersticium par la circulation lym-
1,5 à 3 ml/min, ou 2 à 4 l/24 h, contenant phatique [127>%FQMVT MFNPVWFNFOUJOUFSNJU-
80–200 g de protéines qui restent dans l'intersti- UFOU EBOT MFT UJTTVT  BTTPDJÏ Ë MB WBTPNPUSJDJUÏ
DJVNFURVJ QBSDPOTÏRVFOU EPJWFOUÐUSFÏMJNJOÏT artériolaire baroréflexe, engendre des déplace-
DIBRVFKPVSQBSMFTZTUÒNFMZNQIBUJRVF<121]. ments de fluide dans les capillaires lymphatiques
Pour un drainage lymphatique satisfaisant, les [128>-BGMVDUVBUJPOEFMBQSFTTJPOJOUSBDBQJMMBJSF
GMVJEFTEPJWFOUTFEÏQMBDFSEFNBOJÒSFFGGJDBDFËUSB- générée par le baroréflexe et l'hématocrite
WFSTMhJOUFSTUJDJVN-BUPUBMJUÏEFTGMVJEFTBVTFJOEF ThBKPVUFOUFODPSFËDFNÏDBOJTNF
Chapitre 2. Mécanisme respiratoire primaire 35

-PSTRVF MFT DBQJMMBJSFT MZNQIBUJRVFT TPOU SFN- tionnent de manière plus efficace lors d'une
plis à pleine capacité, leurs bords cellulaires s'af- DPOUSBDUJPO TZODISPOF  FU MFT WBJTTFBVY MZNQIB-
frontent et forment clapet, ce qui est encore UJRVFT POU UFOEBODF Ë EÏWFMPQQFS DPVSBNNFOU
NBKPSÏ QBS MB DIVUF EF MB QSFTTJPO JOUFSTUJUJFMMF VOF BDUJWJUÏ TZODISPOF <144]. Encore une fois,
SÏTVMUBOU EF MB WBTPNPUSJDJUÏ BSUÏSJPMBJSF  EF MB MhFOUSBÔOFNFOU NÏEJÏQBSMFTPTDJMMBUJPOTEFQSFT-
fluctuation de la pression intracapillaire et de l'hé- sion de basse fréquence, assure sans doute une
NBUPDSJUF$FMBFNQÐDIFMFSFUPVSEFTGMVJEFTEBOT efficacité optimale de cet aspect du mécanisme.
l'intersticium.
-B MZNQIF FTU FOTVJUF QSPQVMTÏF DFOUSBMFNFOU
QBSMFNPVWFNFOUEFTUJTTVTFOWJSPOOBOUT FUQBS Retour veineux
la contraction des cellules endothéliales lympha-
tiques induite par les oscillations de basse fré- Seuls 10 à 20 % des liquides du lit capillaire qui
quence de la pression interstitielle et la rétraction pénètrent dans l'intersticium retournent à la cir-
EVDBQBDJUFVSGBTDJBM-BEJTUFOTJPOWBTDVMBJSFQFVU culation générale par l'intermédiaire du système
ÐUSFMFTUJNVMVTEFMBMJCÏSBUJPOEFQSPTUBHMBOEJOF MZNQIBUJRVF -B QMVT HSBOEF QBSUJF   Ë   
H2 et de thromboxane, deux médiateurs de la réintègre directement le courant sanguin en tra-
WBTPNPUSJDJUÏ MZNQIBUJRVF <129, 130> -FT DFM- WFSTBOU MB QBSPJ DBQJMMBJSF Ë TPO FYUSÏNJUÏ
lules endothéliales lymphatiques contiennent des WFJOFVTF
filaments d'actine ou d'actomyosine qui, étirés, $PNNF MFT BSUÏSJPMFT  MFT WFJOVMFT TPOU JOOFS-
TPOUDBQBCMFTEFQSPWPRVFSVOFDPOUSBDUJPODFMMV- WÏFT QBS MF TZTUÒNF OFSWFVY TZNQBUIJRVF
laire [131>-FTWBJTTFBVYMZNQIBUJRVFTEÏNPOUSFOU 5PVUFGPJT  MFVS EJBNÒUSF FTU SFMBUJWFNFOU QMVT
EFTDPOUSBDUJPOTTQPOUBOÏFT EPOUMBGSÏRVFODFWBSJF grand et leurs parois musculaires plus minces. Ces
de 1 à 30 cpm (0,017–0,50 Hz) [132, 133, 134, QBSPJTTFDPOUSBDUFOUFUTFSFMÉDIFOU DPOUSJCVBOU
135, 136, 137, 138, 139, 140]. Une contractilité HSBOEFNFOUËMBDBQBDJUBODFWBTDVMBJSF ËMBSÏHV-
WBTDVMBJSF MZNQIBUJRVF TQPOUBOÏF  BWFD VOF GSÏ- lation de la perfusion tissulaire [145, 146] et à la
quence indépendante de celle du pouls, de la res- NPEVMBUJPOEFGSÏRVFODFPCTFSWÏFEBOTMFTPTDJM-
QJSBUJPOFUEFTNPVWFNFOUTDPSQPSFMT BÏHBMFNFOU lations de basse fréquence [147, 148]. En tant
été enregistrée à 1–9 cpm (moy. 4) (0,017 à 0,15 RVFWBJTTFBVYEFSÏTJTUBODFQPTUDBQJMMBJSFT MFTWFJ-
Hz) [141]. Cette contractilité spontanée est nules aident à réguler la pression hydrostatique
QPUFOUJFMMFNFOU TPVNJTF Ë MhFOUSBÔOFNFOU EFT capillaire et contribuent à l'échange de liquide
oscillations de basse fréquence des artérioles et dans les capillaires [149> -PSTRVF MFT BSUÏSJPMFT
capillaires, et de la pression interstitielle. précapillaires se contractent, il y a une diminution
-FT DBQJMMBJSFT MZNQIBUJRVFT TF SÏVOJTTFOU FO résultante de l'hématocrite intracapillaire et une
WBJTTFBVYMZNQIBUJRVFTGPSNÏTQBSVOFTÏSJFEhVOJ- DIVUFEFQSFTTJPOJOUSBDBQJMMBJSFBVOJWFBVEFTWFJ-
tés fonctionnelles, les lymphangions. Chaque lym- OVMFTBEKBDFOUFT DFRVJGBDJMJUFMBSÏBCTPSQUJPOEV
phangion est délimité de chaque côté par une tissu interstitiel [150]. Il est probable que le
WBMWVMFBOUJSFGMVY-BQSÏTFODFEFDFTWBMWVMFTEBOT contrôle de la résistance post-capillaire réside dans
MFTWBJTTFBVYMZNQIBUJRVFTFUMBGBJCMFSÏTJTUBODFMF MFT QMVT HSBOEFT WFJOVMFT  RVJ NFTVSFOU KVTRVhË
MPOHEFTQBSPJTWBTDVMBJSFTGPOUFOTPSUFRVFUPVUF 300 micromètres de diamètre [151].
EJNJOVUJPOEFWPMVNFEBOTMBWBTDVMBSJTBUJPOMZN- Dans leur rôle en tant que système de capaci-
phatique terminale se produit en raison de UBODF MFTWFJOFTËNJODFTQBSPJTQFVWFOUDPOUFOJS
l'écoulement centripète [142]. Comme les capil- KVTRVhËEVTBOHTZTUÏNJRVF<152>-FTDIBO-
laires lymphatiques, les lymphangions présentent gements réflexes du tonus sympathique affectent
VOFDPOUSBDUJMJUÏTQPOUBOÏFJOEÏQFOEBOUF-FTUJ- MF EJBNÒUSF EFT WFJOFT FU MB DPNQMJBODF EF MFVST
NVMBUFVS EF DFT DPOUSBDUJPOT TFNCMF ÐUSF TJUVÏ QBSPJT BKVTUBOUBJOTJMBDBQBDJUBODFWFJOFVTF<153].
EBOTMBQBSPJEVMZNQIBOHJPO KVTUFFOBNPOUEF -FTDIBOHFNFOUTEBOTMFTFGGFUTEFMBDBQBDJUBODF
MB WBMWVMF EJTUBMF <143]. Bien que les lymphan- WFJOFVTF RVJ FO SÏTVMUFOU BGGFDUFOU Ë MB GPJT MB
gions puissent se contracter au hasard, ils fonc- nature (sélection des fréquences couplées) et le
36 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

degré (amplitude du couplage) auxquels la modu- EJBQISBHNF UIPSBDPBCEPNJOBM FU MB DBWJUÏ BCEP-
MBUJPO EF GSÏRVFODF BKVTUF MFT PTDJMMBUJPOT EF MB minale forment de concert une pompe à deux
pression et du flux sanguin, ainsi que son impact DIBNCSFT RVJ ESBJOF BDUJWFNFOU MF TBOH FU MB
sur les systèmes associés. lymphe dans la poitrine.
-F DBQBDJUFVS WFJOFVY  EF DPODFSU BWFD MB SÏTJT- Pendant l'inspiration pulmonaire, lorsque le
tance artérielle, se contracte lentement et régulière- diaphragme thoracoabdominal descend, la pres-
ment, fluctuant aux basses fréquences [154, 155, sion intrathoracique diminue et la pression intra-
156>$FUUFGMVDUVBUJPOGBDJMJUFMFSFUPVSEVTBOHWFJ- abdominale augmente, attirant le sang et la lymphe
OFVYWFSTMFD”VS FONÐNFUFNQTRVhFMMFBVHNFOUF de l'abdomen, du bassin, des membres supérieurs,
MFNPVWFNFOUEFTMJRVJEFTEBOTMhJOUFSTUJDJVNFUMB EFMBUÐUFFUEVDPVEBOTMBQPJUSJOF-FGPJFFUMB
DJSDVMBUJPOMZNQIBUJRVF-BWBTPNPUSJDJUÏBVYCBTTFT rate, les deux organes importants de la séquestra-
GSÏRVFODFTFYQMJRVFMBQSFTTJPOJOUFSTUJUJFMMFOÏHBUJWF tion sanguine et de la fonction immunitaire, sont
de l'équilibre de Starling (voir tableau 2.1., comprimés par l'association de la descente du
-hÏRVJMJCSFEF4UBSMJOH 6OFBOFTUIÏTJFHÏOÏSBMFFU diaphragme thoracoabdominal et de l'augmenta-
certains médicaments (inhibiteurs calciques) per- UJPOEFMBQSFTTJPOJOUSBBCEPNJOBMF*OWFSTFNFOU 
UVSCFOUDFTPTDJMMBUJPOT FOUSBÔOBOUVO”EÒNFQÏSJ- lors de l'expiration pulmonaire, comme le
phérique [157]. diaphragme thoracoabdominal monte, la pression
-FTZTUÒNFWFJOFVYFTUÏHBMFNFOUJNQMJRVÏEBOT intrathoracique augmente et la pression intra-
la régulation thermique, par le déplacement BCEPNJOBMFEJNJOVF ESBJOBOUMFTBOHWFJOFVYFUMB
DPOUSÙMÏ EV TBOH FOUSF MFT WFJOFT TQMBODIOJRVFT  MZNQIFEFTNFNCSFTJOGÏSJFVSTWFSTMhBCEPNFO
qui sont compliantes et contiennent typiquement Il est admis que la respiration pulmonaire est
KVTRVhËEVWPMVNFEVTBOH FUMFTWFJOFTDVUB- étroitement associée au MRP tout en étant indé-
nées [158> -B SÏHVMBUJPO UIFSNJRVF FTU TPVT MF pendante de lui [171, 172, 173, 174>-BDPPQÏ-
contrôle des composantes sympathique et para- SBUJPOSFTQJSBUPJSFEVQBUJFOUFTUTPVWFOUVUJMJTÏF
TZNQBUIJRVFEV4/" EFDPODFSUBWFDMFTZTUÒNF FO BTTPDJBUJPO BWFD VO USBJUFNFOU DSBOJPTBDSBM
rénine-angiotensine [159, 160, 161, 162]. Elle se [175, 176, 177, 178, 179]. De plus, la manipu-
manifeste dans la plage des fréquences de 0,5–2,0 MBUJPO DSÉOJFOOF QFVU BGGFDUFS MB SFTQJSBUJPO QVM-
cpm (0,009 à 0,02 Hz) [163, 164, 165, 166, 167, monaire [180, 181]. Un profond soupir spontané
168>MBNÐNFQMBHFEFGSÏRVFODFTRVFMBjNBSÏF est décrit comme signalant le point thérapeutique
lente » de Becker [169]. GJOBMEFMBNBOJQVMBUJPODSÉOJFOOF<182>-hBOBMZTF
EF'PVSJFSEFMBQSFTTJPOBSUÏSJFMMFFUEFMBWJUFTTF
du flux sanguin montre que les oscillations de
Respiration pulmonaire CBTTF GSÏRVFODF  MB GSÏRVFODF EF WBTPNPUSJDJUÏ
et physiologie rénale thermique/endothéliale de 0,5–1,2 cpm (0,009–
 ù )[  MB GSÏRVFODF CBSPSÏGMFYFWBHBMF EF
-hPCMJHBUJPO GJOBMF EV .31  DPNNF MhB JOEJRVÏ 6–12 cpm (0,10–0,20 Hz) et la fréquence pulmo-
Magoun, est « l'élimination des déchets métabo- naire de 15–25 cpm (0,25–0,42 Hz) sont toutes
MJRVFTËUSBWFSTMFTÏNPODUPJSFTBQQSPQSJÏT<170] ». sur des bandes de fréquence distinctes [183, 184,
-FTEÏDIFUTEFMBSFTQJSBUJPODFMMVMBJSFBÏSPCJRVF 185>-BGSÏRVFODFEFWBTPNPUSJDJUÏUIFSNJRVF
(eau et CO2) et anaérobique (nitrite, succinate, endothéliale et les composantes de fréquence
sulfure, méthane et acétate) sont principalement CBSPSÏGMFYFWBHBMF TPOU DFQFOEBOU ÏUSPJUFNFOU
ÏMJNJOÏTQBSMFTQPVNPOTFUMFTSFJOT-BSFTQJSB- liées, et potentiellement modulées par la respira-
tion pulmonaire et la physiologie rénale sont donc UJPOQVMNPOBJSFQBSMhFOUSBÔOFNFOUEFTGSÏRVFODFT
d'une grande importance dans le cadre du MRP. [186, 187].
-B SFTQJSBUJPO QVMNPOBJSF GPVSOJU MB EFSOJÒSF #JFO RVF MB SFTQJSBUJPO QVMNPOBJSF TVSWJFOOF
ÏUBQF EV SFUPVS WFJOFVY FU MZNQIBUJRVF WFST MF habituellement à la fréquence de 15–25 cpm (0,25–
D”VS BWFDMFTQPVNPOTRVJFYQVMTFOUMFTEÏDIFUT  )[ DFUUFSFTQJSBUJPOQFVUÐUSFWPMPOUBJSFNFOU
FU PYZHÒOFOU MF TBOH -B DBHF UIPSBDJRVF  MF SBMFOUJF -PSTRVhVOF QFSTPOOF SFTQJSF BWFD VOF
Chapitre 2. Mécanisme respiratoire primaire 37

fréquence de cinq à sept respirations par minute quement énoncée dans le cadre des oscillations de
(0,08–0,12 Hz), la composante baroréflexe de 0,1 0,5–12 cpm (0,009–0,20 Hz), et de la physiolo-
)[FTUFOUSBÔOÏFBWFDMBSFTQJSBUJPO BWFDVOFBVH- gie et de la biochimie qui leur sont associées.
mentation proportionnelle de la puissance de l'os- -hVUJMJTBUJPO EF DFT PTDJMMBUJPOT QPVS ÏUVEJFS FU
cillation qui en résulte, et un effet sur la physiologie comprendre le MRP fournit un modèle holistique
DBSEJPWBTDVMBJSFËDFUUFGSÏRVFODF<188, 189, 190]. RVJ VOJU MF 4/$ BWFD DIBRVF DFMMVMF EV DPSQT Ë
%FT FYFNQMFT EF UFMT FOUSBÔOFNFOUT DPNQSFOOFOU USBWFST MFT CSBODIFT TZNQBUIJRVF FU QBSBTZNQB-
les psalmodies et les chants [191, 192>"JOTJ ËUSB- UIJRVFEV4/" MFTZTUÒNFDBSEJPWBTDVMBJSF MFGBT-
WFSTMhFOUSBÔOFNFOUEFTGSÏRVFODFT VOFSFTQJSBUJPO cia et la physiologie de la respiration cellulaire.
pulmonaire contrôlée augmente la puissance des -F/54 FUÏWFOUVFMMFNFOUMFTOPZBVYWBHBVY 
PTDJMMBUJPOTDBSEJPWBTDVMBJSFT EBOT MF QMBODIFS EV RVBUSJÒNF WFOUSJDVMF GPVS-
-FT SFJOT BHJTTFOU ÏHBMFNFOU QPVS ÏMJNJOFS EV nissent le synchroniseur (zeitgeber) pour les fré-
TBOHMFTEÏDIFUTEFMBSFTQJSBUJPODFMMVMBJSF-BQSFT- quences 6–12 cpm (0,10–0,20 Hz) de la marée
sion du sang artériel perfusant les reins oscille de rapide, et 0,5–1,2 cpm (0,009–0,02 Hz) de la
manière complexe dans la plage des fréquences de marée lente. Ces oscillations dans la physiologie
 oDQN  o )[ -PSTRVFMBQSFTTJPO DBSEJPWBTDVMBJSF  TZODISPOJTÏFT BWFD MFT CFTPJOT
BSUÏSJFMMF EJNJOVF  MFT DFMMVMFT KVYUBHMPNÏSVMBJSFT NÏUBCPMJRVFT EF DIBRVF DFMMVMF EV DFSWFBV 
des reins libèrent la rénine dans la circulation où BTTVSFOU BV NPJOT FO QBSUJF MF NPVWFNFOU EV
elle hydrolyse l'angiotensinogène hépatique pour 4/$ RVJ  Ë TPO UPVS  FOUSBÔOF MB GMVDUVBUJPO EV
former l'angiotensine I. Dans les poumons, l'en- MJRVJEFDÏSÏCSPTQJOBM-hPTDJMMBUJPOEFMBQSFTTJPO
[ZNF EF DPOWFSTJPO EF MhBOHJPUFOTJOF DBUBMZTF MB JOUSBDSÉOJFOOFËDFTGSÏRVFODFTEÏQMBDFMFMJRVJEF
DPOWFSTJPOEFMhBOHJPUFOTJOF*QPVSGPSNFSMFQVJT- cérébrospinal dans le sac dural spinal qui, démon-
TBOUWBTPDPOTUSJDUFVSBOHJPUFOTJOF**-hPTDJMMBUJPO USBOUTBDBQBDJUBODF SFOWPJFMFMJRVJEFDÏSÏCSPTQJ-
de fréquence 0,5–2,0 cpm (0,009–0,02 Hz), à la OBM EÏQMBDÏ EBOT MF DSÉOF MPSTRVF MB QSFTTJPO
NÐNFGSÏRVFODFRVFMBjNBSÏFMFOUFxEF#FDLFS JOUSBDSÉOJFOOF EJNJOVF $FUUF PTDJMMBUJPO  RVJ TF
[193>  FTU SÏHJF QBS MFT TZTUÒNFT OFSWFVY TZNQB- NBOJGFTUF DPNNF VO NPVWFNFOU EV DFSWFBV FU
UIJRVFFUQBSBTZNQBUIJRVF EFDPODFSUBWFDMFTZT- une fluctuation du liquide cérébrospinal, se pro-
tème rénine-angiotensine [194, 195]. duit aux fréquences attribuées aux marées rapides
et lentes du MRP. Toutefois, le MRP, en tant que
phénomène corporel global, doit inclure plus
qu'une simple oscillation du SNC. Nous propo-
Conclusion sons donc ce qui suit :
tMFD”VS TPVTMhJOGMVFODFDFOUSBMFEVUSPODDÏSÏ-
-BDPNQBSBJTPOEFTEFTDSJQUJPOTEV.31EBOTMB CSBM  CBU Ë VO SZUINF EPOU MB GSÏRVFODF WBSJF
MJUUÏSBUVSF PTUÏPQBUIJRVF BWFD MFT JOGPSNBUJPOT aux fréquences de 6–12 cpm (0,10–0,20 Hz)
actuelles sur les oscillations physiologiques de pour la marée rapide et de 0,5–1,2 cpm (0,009–
basse fréquence dans la plage 0,009–0,20 Hz 0,02 Hz) pour la marée lente. Il pompe le sang
démontre beaucoup plus que des similitudes for- RVJBSSJWFEBOTtous les lits capillaires du corps
tuites. Il est proposé dans ce texte qu'il existe des via les artères et les artérioles dont les parois se
QSFVWFTTVGGJTBOUFTQPVSDPODMVSFRVFMhPTDJMMBUJPO DPOUSBDUFOU Ë DFT NÐNFT GSÏRVFODFT -B QSFT-
de 6–12 cpm (0,10–0,20 Hz), associée à la phy- sion artérielle, le flux sanguin capillaire,
TJPMPHJFCBSPSÏGMFYFFUËMBQIZTJPMPHJFWBHBMF FTU MhIÏNBUPDSJUF DBQJMMBJSF FU MB DBQBDJUBODF WFJ-
MB WBHVF 4VUIFSMBOE  PV MB jNBSÏF SBQJEFx EF neuse oscillent toutes à ces fréquences ;
Becker, et que l'oscillation de 0,5–1,2 cpm (0,009 tMPSTRVF MF TBOH USBWFSTF MF GJMUSF QBTTFCBT EFT
à 0,02 Hz), associée à la régulation thermique et à DBQJMMBJSFTFUQÏOÒUSFEBOTMFTZTUÒNFWFJOFVY MFT
MBWBTPNPUSJDJUÏJOEVJUFQBSMhFOEPUIÏMJVN FTUMB oscillations des marées rapide de 6–12 cpm
« marée lente » de Becker. Il s'ensuit donc qu'une (0,10–0,20 Hz) et lente de 0,5–1,2 cpm (0,009–
EFTDSJQUJPOIZQPUIÏUJRVFEV.31QFVUÐUSFMPHJ- 0,02 Hz) sont moins contraintes qu'elles ne le
38 Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respiratoire primaire

TPOUEBOTMFTZTUÒNFBSUÏSJFMËQBSPJTÏQBJTTFT-B spontanée. Encore une fois, l'efficacité du sys-


DBQBDJUBODFEFDFTWFJOFTËQBSPJTNJODFTQFSNFU UÒNFFTUBNÏMJPSÏFHSÉDFËMhFOUSBÔOFNFOUQBSMF
VOFGMVDUVBUJPOEFWPMVNFOFUUFNFOUQMVTHSBOEF  synchroniseur du tronc cérébral, aux fréquences
BWFDEFTEÏQMBDFNFOUTQSPQPSUJPOOFMTEFTTUSVD- de la marée rapide de 6–12 cpm (0,10–0,20
UVSFTBEKBDFOUFT-BWBTPNPUSJDJUÏEFTWFJOVMFTFU Hz) et de la marée lente de 0,5–1,2 cpm
des artérioles, la pression artérielle et la fluctua- (0,009–0,02 Hz) ;
tion de l'hématocrite qui résultent des oscillations tMFTMJRVJEFTSFUPVSOÏTEBOTMFTDBQJMMBJSFTTPOU
des marées rapide de 6–12 cpm (0,10–0,20 Hz) USBOTQPSUÏTWFSTMFD”VSËUSBWFSTMFTWFJOFTË
et lente de 0,5–1,2 cpm (0,009–0,02 Hz) sont NJODFT QBSPJT -B DBQBDJUBODF EF DFT WFJOFT
renforcées par la capacitance des fascias, qui QFSNFU VOF TÏRVFTUSBUJPO TBOHVJOF WBSJBCMF
contribue à la distribution et au mélange des dans la périphérie et facilite la régulation ther-
MJRVJEFT FYUSBWBTDVMBJSFT FU GBDJMJUF NÏDBOJRVF- NJRVF -hPTDJMMBUJPO EV TZTUÒNF WFJOFVY BVY
NFOU MFVS QBTTBHF Ë USBWFST MFT QBSPJT EFT DBQJM- fréquences de la marée rapide 6–12 cpm
laires et des lymphatiques ; (0,10–0,20 Hz) et de la marée lente 0,5–
tMPDBMFNFOU MFNÏUBCPMJTNFEhVOFDFMMVMF SÏHVMÏ 1,2 cpm (0,009–0,02 Hz) facilite le retour
QBSMhBDUJWJUÏSFTQJSBUPJSFEFTFTNJUPDIPOESJFT  FGGJDBDFEVTBOHWFSTMFD”VS-hPTDJMMBUJPOËMB
PTDJMMFEFNBOJÒSFJOEÏQFOEBOUF BWFDFTTFOUJFM- fréquence de la marée lente 0,5–1,2 cpm
MFNFOU MB NÐNF GSÏRVFODF RVF MB DPNQPTBOUF (0,009–0,02 Hz) maintient la température
de la marée rapide du MRP de 6 à 12 cpm centrale du corps par un déplacement du sang
 o )[ -BSFTQJSBUJPODFMMVMBJSFSÏHVMF FOWBFUWJFOUFOUSFMFTWFJOFTTQMBODIOJRVFTFU
MFUPOVTBSUÏSJPMBJSFMPDBM-hPTDJMMBUJPOEFMhIÏ- cutanées ;
NBUPDSJUFFUEFMBWJUFTTFEhÏDPVMFNFOUEVTBOH tMhFGGFUEFDPPSEJOBUJPOTVSMFTTZTUÒNFTMZNQIB-
produit à son tour des forces de cisaillement UJRVF FU WFJOFVY EFT PTDJMMBUJPOT EFT NBSÏFT
PTDJMMBOUFTBGGFDUBOUMhÏQJUIÏMJVNWBTDVMBJSFBWFD rapide 6–12 cpm (0,10–0,20 Hz) et lente 0,5–
pour résultat une modulation de la synthèse du  DQN  o )[ QFVUÐUSFDPOTJEÏSÏ
NO. Une libération accrue de NO produit une comme un « cœur périphérique » fonctionnant
WBTPEJMBUBUJPOMPDBMFFUMhJOIJCJUJPOEFMhBDUJWJUÏ de manière efficace pour le retour lymphatique
mitochondriale ; et sanguin.
tMhIÏNBUPDSJUF DBQJMMBJSF  FU QBS DPOTÏRVFOU "JOTJ MFTNÏDBOJTNFTEFDPOUSÙMFMPDBVYFUDFO-
l'équilibre de Starling (voir tableau 2.1., traux agissent en synergie pour satisfaire les
-hÏRVJMJCSF EF 4UBSMJOH  GMVDUVF TPVT DFUUF besoins métaboliques des tissus périphériques et
JOGMVFODF-FTÏDIBOHFTEVNÏUBCPMJTNFDFMMV- FYQVMTFSMFTEÏDIFUTRVJEPJWFOUÐUSFÏMJNJOÏTQBS
MBJSFTFQSPEVJTFOUEBOTMFHFMJOUFSTUJUJFM-FT MFTQPVNPOTFUMFTSFJOT-PDBMFNFOU MhBDUJWJUÏEF
liquides, qui ne se déplacent pas aussi libre- MB NVTDVMBUVSF EV MJU WBTDVMBJSF FTU NPEJGJÏF FU
NFOUBVUSBWFSTEFDFHFMRVhJMTOFMFGFSBJFOU intégrée par les modifications de la composition
dans un milieu purement liquide, sont pompés du liquide extracellulaire. Un contrôle neural est
par les pressions oscillantes dans et hors du exercé par l'intermédiaire des terminaisons sensi-
DPNQBSUJNFOUJOUSBWBTDVMBJSFFUBVUSBWFSTEF UJWFT TQÏDJBMJTÏFT EF OFVSPOFT BGGÏSFOUT QÏSJQIÏ-
MhJOUFSTUJDJVN -FT PTDJMMBUJPOT EV .31 DFO- riques au sein des centres d'intégration du SNC.
tral, pression et flux sanguin, agissent pour 6OF SÏQPOTF TF QSPEVJU BVY EJGGÏSFOUT OJWFBVY
FOUSBÔOFS MFT PTDJMMBUJPOT MPDBMFT JOEVJUFT d'oxygène, de dioxyde de carbone, de la concen-
métaboliquement ; tration en ions hydrogène, et de la température du
tMFTMJRVJEFT MFTQSPUÏJOFT FUMFTQBSUJDVMFTRVJOF sang et du liquide extracellulaire. Ou, comme
TPOU QBT SFUPVSOÏT WFST MF TZTUÒNF BSUÏSJPWFJ- Magoun l'a proposé pour le MRP, les oscillations
neux sont retirés de l'intersticium via la circula- physiologiques de basses fréquences dans la plage
UJPOMZNQIBUJRVF-FQBTTBHFEBOTMFTDBQJMMBJSFT 0,009–0,20 Hz facilitent « l'échange métabolique
MZNQIBUJRVFT FU MF USBOTQPSU WFST MFT MZNQIBO- dynamique dans chaque cellule, à chaque phase
HJPOT FTU TPVNJT Ë MB DPOUSBDUJMJUÏ WBTDVMBJSF d'action ».
Chapitre 2. Mécanisme respiratoire primaire 39

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QSJODJQMFUPPTUFPQBUIJDNBOJQVMBUJWFQSPDFEVSFTx  (Hoboken) 2011 ; 63(4) : 630–2. doi : 10.1002/
+"N0TUFPQBUI"TTPD    Qo acr.20406.
<> -FF311SJNBSZBOETFDPOEBSZSFTQJSBUJPO 1BSU** <> #FDLFS3& -JGFJO.PUJPO PQDJU
""0+PVSOBM  o <> "LTFMSPE 4 FUù BM  j)FNPEZOBNJD SFHVMBUJPO 
<> :PVOP[BJ3 'SZNBOO7. /BSEFMM#& 1SZPS.+  *OWFTUJHBUJPOCZTQFDUSBMBOBMZTJTx PQDJU
Senicki M. Effects of temporal manipulation on res- <> "LTFMSPE4FUùBM j1PXFSTQFDUSVNBOBMZTJTPGIFBSU
QJSBUJPO + "NFS 0TUFPQBUI "TTPD    SBUFGMVDUVBUJPO"RVBOUJUBUJWFQSPCFPGCFBUUPCFBU
&0" DBSEJPWBTDVMBSDPOUSPMx PQDJU
2
Examen ostéopathique
« Our art has always been ahead of our science. It will Cette plainte oriente les questions afin d'en
always be. But the nearer we can bring them together, obtenir une compréhension précise. Cela est
the most effectively we can practice osteopathy [1] »
souvent suivi d'une anamnèse générale sur l'état
A. Willard de santé du patient, puis de l'examen physique.
(« Notre art a toujours été en avance sur notre science. Il L'évaluation des informations obtenues à partir
le sera toujours. Mais plus nous pouvons les rap- de l'anamnèse et de l'examen physique permet
procher, plus nous pouvons pratiquer l'ostéopathie d'identifier un diagnostic et de formuler une
efficacement ».) intervention thérapeutique.
La description d'une anamnèse et d'un exa- La pratique médicale allopathique se concentre
men physique complets du patient qui vieillit principalement sur l'identification de la patholo-
n'est pas l'objet de ce texte. Dans ce chapitre, ce gie. L'ostéopathie vise non seulement le dia-
qui suit est une description des points caractéris- gnostic de cette pathologie, mais souligne aussi
tiques de l'approche ostéopathique pour le dia- la relation entre la structure et la fonction, et
gnostic et le traitement de la dysfonction l'impact de la dysfonction somatique sur la capa-
somatique chez le patient qui vieillit. Cette éva- cité du patient à répondre ou à compenser toute
luation ostéopathique est un atout précieux pour pathologie organique.
une anamnèse et un examen physique complets,
et ne cherche pas à les remplacer. Références
L'examen consiste en la collecte d'informa-
[1] Willard A. « The application of the principles of
tions visant à évaluer l'état de santé d'un indi- osteopathy ». In : Year Book of the Academy of
vidu, et ses besoins. Il est généralement axé Applied Osteopathy : Indianapolis, American
autour d'une plainte, motif de la consultation. Academy of Osteopathy ; 1940. p. 3–13.
Chapitre 3
Dysfonction somatique
et son diagnostic
Définition de la symptomatiques. Dès lors, il est préférable de trai-
dysfonction somatique ter ces dysfonctions le plus tôt dans la vie pour
espérer une normalisation. Alors que la dysfonc-
tion intraosseuse se produit dans la structure d'un
La dysfonction somatique est définie comme « la seul os, la dysfonction interosseuse se produit
fonction perturbée ou altérée des composantes entre des os adjacents, et implique la relation arti-
associées au système somatique (la structure du culaire entre ces os et les tissus mous associés.
corps) : squelettiques, structures arthrodiales et La dysfonction somatique peut aussi être classée
myofasciales et éléments vasculaires, lympha- quant à son étiologie : dysfonction physiologique,
tiques et nerveux qui leur sont rattachés [1] ». produite dans l'amplitude de mouvement normale
C'est la reconnaissance de la contribution de la des structures concernées ; non physiologique, le
dysfonction somatique sur l'état général de l'indi- résultat de forces exogènes sur les structures
vidu et son traitement spécifique avec une mani- concernées ; et réflexe, la dysfonction qui est une
pulation ostéopathique qui rend l'ostéopathie réponse sous contrôle neurologique à des condi-
caractéristique. tions localisées ailleurs dans le corps.
La classification de la dysfonction somatique peut Chacune des subdivisions de la dysfonction
être subdivisée en considérant les structures anato- somatique ci-dessus peut être décrite en termes du
miques dysfonctionnelles qui sont principalement mouvement démontré par la structure dysfonction-
concernées. Dès lors, la dysfonction somatique peut nelle. Ces mouvements comprennent la flexion,
être principalement osseuse (intraosseuse), articu- l'extension, la rotation, l'inclinaison latérale, la
laire (interosseuse), ligamentaire, membraneuse, fas- translation antéropostérieure, la translation latérale,
ciale, musculaire, ou concerner une combinaison de la compression, la distraction, la rotation latérale
ces structures. En outre, la dysfonction somatique (externe), la rotation médiale (interne), la torsion
peut affecter de façon mécanique ou neuroréflexe et ceux des respirations primaire et pulmonaire.
les structures viscérales, neurales, lymphatiques et Toutes les composantes de l'organisme
vasculaires. doivent se déplacer librement, chacun dans sa
Les dysfonctions intraosseuses peuvent survenir configuration spatiale complexe. Comprendre la
car les os des nourrissons et des enfants sont dysfonction dans ce contexte peut être simplifié
constitués de plusieurs centres de croissance unis en la définissant en fonction de quatre dimen-
par du tissu cartilagineux ou membraneux flexible. sions, i. e. les trois axes et plans de l'espace, et le
Jusqu'à ce que l'ossification soit complète, cette facteur de temps. Lors de l'examen physique, la
relation est soumise à l'impact des forces exogènes palpation est utilisée pour évaluer le mouvement
sur l'os, avec en résultat le développement d'une d'une structure dans les trois plans de l'espace,
dysfonction intraosseuse. Ces dysfonctions sont et dans le contexte de sa relation avec le temps
souvent ignorées jusqu'à tard dans la vie comme en témoigne le mécanisme respiratoire
lorsqu'elles aboutissent à des compensations primaire (MRP) biphasique.

L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans


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48 Examen ostéopathique

Typiquement, les structures anatomiques ascendantes, la facilitation segmentaire vertébrale


affichent des schémas de mouvement complexes. de la dysfonction somatique peut présenter des
Ainsi, la dysfonction somatique décrite dans le manifestations somatoémotionnelles. Ainsi, une
cadre des trois axes et plans de l'espace présente personne devient plus vulnérable lorsqu'elle subit
souvent un mouvement de plus grande amplitude les changements physiologiques du vieillissement
dans un plan que dans les autres. C'est ce que l'on avec la perte de flexibilité qui en résulte, une dimi-
appelle le mouvement majeur, et les deux autres nution de la base homéostasique, et que de plus
composantes, d'amplitude variable, dans les deux en plus de problèmes – y compris la dysfonction
plans restants sont des mouvements mineurs. Bien somatique – deviennent chroniques. L'état de
que les termes « majeurs » et « mineurs » soient facilitation est également présent chroniquement,
appliqués à la description de la dysfonction, cette abaissant le seuil du sujet à l'inconfort de stimuli
description se réfère à l'amplitude du mouvement supplémentaires. Dès lors, la palpation diagnos-
et pas nécessairement à son importance dans le tique et le traitement manipulatif doivent être exé-
contexte de la dysfonction et de son traitement. cutés avec la plus grande délicatesse, afin d'éviter
Lors du diagnostic de la dysfonction somatique, de déclencher toute douleur physique et poten-
tous les aspects du mouvement doivent être pris tiellement d'augmenter la réponse inflammatoire.
en considération. Souvent, cependant, la solution La dysfonction somatique peut être considérée
pour un traitement efficace réside dans la recon- dans le contexte de son effet nocif sur la méca-
naissance de la contribution du mouvement nique du corps. Il faut aussi tenir compte de son
mineur. impact sur l'énergie du sujet. N'importe quelle
Dans ce texte, la dysfonction somatique, une zone du corps en mouvement requiert une
fois diagnostiquée, est nommée par la direction du dépense d'énergie. La présence d'une dysfonction
mouvement le plus libre. Ainsi, si une côte se somatique réclame plus de travail et, par consé-
déplace librement pendant l'expiration et difficile- quent, plus d'énergie pour atteindre le même
ment pendant l'inspiration, elle est décrite comme niveau de fonction qu'en l'absence de dysfonction
une côte en expiration. somatique. Par conséquent l'évaluation de la dys-
La dysfonction somatique peut en outre être fonction somatique doit être définie à la fois
classée comme primaire ou secondaire, selon mécaniquement et énergiquement.
qu'elle existe indépendamment ou qu'elle est
mécaniquement ou de manière réflexe compensa-
trice pour une dysfonction adjacente ou distante. Diagnostic de la
D'autre part, la dysfonction somatique peut être dysfonction somatique
classée selon sa durée : aiguë, quand moins de
trente jours se sont écoulés depuis la survenue de Le diagnostic de la dysfonction somatique, comme
la dysfonction, subaiguë, après un à six mois, ou pour tout autre diagnostic clinique, est basé sur
chronique, après plus de six mois. une anamnèse complète et un examen physique.
Fréquemment, la dysfonction somatique est L'examen physique peut aussi inclure l'évaluation
associée à un inconfort physique. Le plus souvent, de tous les systèmes corporels pertinents pour une
ce malaise est neurologiquement une manifesta- pathologie organique et l'évaluation de l'état
tion de la nociception. L'activité nociceptive de la fonctionnel du corps. Une évaluation fonction-
zone de dysfonction affecte le système nerveux nelle approfondie peut être effectuée tout d'abord
central (SNC). Il en résulte un état d'irritabilité, par l'observation de la position statique puis des
appelé facilitation, au niveau anatomique du SNC mouvements actifs, et enfin par la palpation à la
où se projettent les neurones nociceptifs stimulés. recherche d'anomalies structurelles et de restric-
Cette irritabilité est la source de manifestations tions fonctionnelles subtiles. En fin de compte, la
réflexes neurologiques, viscérosomatiques, somatovis- dysfonction somatique est définie par l'identifica-
cérales, somatosomatiques et viscéroviscérales, de la tion précise par la palpation d'une restriction fonc-
dysfonction somatique, et par des voies spinales tionnelle. Notez que la simple palpation d'une
Chapitre 3. Dysfonction somatique et son diagnostic 49

structure fournit des informations sur sa taille, sa d'observer d'autres signes physiques, comme la
forme et son asymétrie, qui ne sont pas nécessaire- respiration et les caractéristiques cutanées telles
ment les conséquences d'une dysfonction soma- que pâleur, hyperémie, lésions, cicatrices, et distri-
tique réversible. bution du système pileux. Des changements
Il faut ajouter que l'observation et la palpation peuvent résulter d'une altération de la neurophy-
de la structure peuvent révéler des asymétries qui siologie associée à la dysfonction somatique. De
sont le résultat d'une dysfonction intraosseuse. fait, ils peuvent aider le praticien à identifier la dys-
Une telle dysfonction entre les différentes parties fonction somatique.
d'un os survient généralement tôt dans la vie, L'observation dynamique, l'étude de la qualité et
avant l'ossification. Par exemple, dans les pre- de la quantité des mouvements macroscopiques et
mières années de la vie, le sacrum est composé de mineurs nécessitent la connaissance de la physiolo-
cinq segments vertébraux qui n'ont pas fusionné. gie normale de la zone étudiée. À ce stade, il peut
Si un enfant de 2 ans tombe avec force sur un côté être aussi utile d'observer le patient lors du désha-
du bassin, une torsion intraosseuse dysfonction- billage. Le patient est-il capable d'exécuter des
nelle peut se produire entre la partie supérieure et gestes symétriques dans toute l'amplitude du mou-
la partie inférieure du sacrum. En conséquence, vement normalement disponible, ou démontre-t-il
plus tard dans sa vie, ce sujet peut développer une asymétrie, raideur ou incoordination ?
dysfonction somatique compensatrice entre L5 et Avec l'expérience, la combinaison des observa-
S1. Cette dysfonction secondaire peut être soula- tions statiques et dynamiques permet d'identifier
gée par un traitement par manipulation ostéopa- la zone de dysfonction. Comme quand, en obser-
thique. Toutefois, elle aura tendance à se vant un arbre, vous pouvez déterminer comment
reproduire à cause de la dysfonction sacrale il a été et est influencé par le souffle du vent. Votre
intraosseuse subjacente. Chez le patient adulte, observation fournit des informations sur la force
même si une dysfonction intraosseuse peut être et la direction du vent. De telles informations sur
prise en compte, le potentiel de résolution est les forces extérieures sont inscrites dans toutes les
considérablement réduit par la fin de l'ossifica- structures, y compris celles du patient, et sont dis-
tion. Par conséquent, des interventions thérapeu- ponibles par l'observation.
tiques compensatrices comme les orthèses et les
Palpation des structures
exercices peuvent parfois être ajoutées au proto-
cole de traitement pour de meilleurs résultats La palpation des structures exige le respect de
thérapeutiques. l'envie du patient d'être touché et la nécessité
d'avoir des mains propres et chaudes. Commencez
par la palpation de la peau. Est-elle douce, lisse ou
Principes généraux rugueuse, grasse, sèche ou humide ? Notez la tem-
pérature de la peau. Dans les zones de dysfonction
Observation
du système nerveux autonome (SNA), la dysfonc-
« The basis of science is observation [2]. » tion somatique peut altérer la vasomotricité et
G.G. Simpson
modifier la température de la peau.
Ensuite avec le toucher le plus léger, à travers la
(« La base de la science est l'observation. »)
peau, palpez le tissu subcutané. Avec le vieillisse-
L'observation, l'évaluation visuelle, peut être ment, les tissus perdent souplesse et douceur.
utilisée pour décrire la structure (statique) et la Selon le sujet, le fascia superficiel est plus ou
fonction (dynamique). Une compréhension moins dense. Pour identifier la dysfonction soma-
approfondie de l'anatomie est nécessaire pour tique par palpation, cherchez les zones où les tis-
observer efficacement la structure. Cette connais- sus affichent un changement, une souplesse
sance permet au praticien d'identifier les points de diminuée.
repère et, par conséquent, leurs changements par Rappelons qu'en présence d'une maladie systé-
rapport à la normale. En même temps, il convient mique, des changements généralisés sont présents
50 Examen ostéopathique

dans les tissus. L'hypothyroïdie insuffisamment d'accomplir le plus efficacement possible ces deux
contrôlée produit une infiltration cutanée don- objectifs, les restrictions de mouvement doivent
nant un aspect bouffi palpable, le myxédème. Le être précisément diagnostiquées. C'est le rôle de
diabète sucré entraîne un œdème subcutané pro- la palpation des fonctions.
portionnel à l'hyperglycémie [3]. L'insuffisance L'appréciation du schéma, de la quantité et de
rénale produit des changements de texture des la puissance du mouvement disponible couvrent
tissus subcutanés proches de ceux du diabète [4]. un continuum allant de la plus subtile motilité
Il est probable que la majorité des maladies systé- inhérente présente dans tous les tissus vivants au
miques, sinon toutes, résultent en changements mouvement macroscopique de vastes zones du
généralisés de la texture des tissus potentiellement corps. Par conséquent, la palpation diagnostique
identifiables par une palpation éduquée. des fonctions doit employer un continuum ana-
Afin de palper les muscles, palpez plus en pro- logue, depuis le test d'écoute le plus subtil
fondeur et notez leur texture, tonus, volume et jusqu'au test d'amplitude du mouvement macros-
forme. Recherchez des zones d'inconsistance dans copique. Alors que les tests d'écoute observent pas-
les tissus qui pourraient indiquer des troubles sivement la puissance et le schéma du mouvement,
somatiques. En augmentant la pression à travers les tests d'amplitude induisent activement le mou-
les couches tissulaires, portez votre attention sur vement. Les tests d'écoute et la visualisation sont
les relations articulaires et osseuses. utilisés pour évaluer le schéma, la qualité et la
L'application d'une pression palpatoire gra- quantité des mouvements les plus fins et, ce
duelle permet de différencier la peau, le tissu faisant, la puissance de la manifestation du MRP
conjonctif, les muscles, les os et les articulations. au sein et autour de ces tissus. La restriction du
Avec une palpation avertie, il est possible d'identi- mouvement résultant de la dysfonction somatique
fier la forme, la taille et la position dans l'espace est toujours associée à une restriction locale, et à
des structures au sein de la zone considérée. distance, du MRP. Les tests d'amplitude du mou-
Comparez la sensation obtenue dans cette région vement évaluent l'existence, l'amplitude et la
avec une sensation palpatoire normale, obtenue liberté du mouvement entre des structures adja-
pour la même zone, chez des patients du même centes. Cela permet de définir la tension des tissus
âge. Comparez les structures paires avec la même mous et la mobilité articulaire.
structure de l'autre côté.
Il faut souligner que les termes « écoute » et « visualisa-
La dysfonction somatique démontre une altération de la tion » sont employés au sens figuré pour décrire la forme
forme, de la position et de la texture du tissu. L'évaluation la plus passive de palpation des fonctions. La visualisa-
palpatoire de ces qualités permet la différenciation entre tion est utilisée en association avec la palpation avec
le normal et l'anormal, et offre au praticien une appré- écoute, de telle sorte que le praticien se représente
ciation de l'état de santé du patient. mentalement l'anatomie de la zone palpée. Ces termes
sont utilisés à plusieurs reprises dans cet ouvrage, et ne
doivent pas être confondus avec les sensations obte-
Palpation des fonctions nues avec les oreilles et les yeux.
Les informations diagnostiques tirées de l'obser-
vation et de la palpation des structures doivent Lors de l'examen physique, il est recommandé de
être confirmées par la palpation des fonctions. La commencer par les aspects les moins agressifs de
dysfonction somatique compromet fonctionnelle- l'examen et de continuer avec les procédures plus
ment la physiologie normale et la mobilité anato- puissantes. Effectivement, les résultats obtenus par les
mique, et par conséquent draine l'énergie du tests d'écoute peuvent être temporairement modifiés
sujet. La manipulation ostéopathique peut être par d'autres procédures ; il est donc préférable d'em-
utilisée pour améliorer l'énergie du sujet, mais elle ployer ces tests d'écoute et de visualisation avant de
traite aussi spécifiquement la dysfonction soma- procéder aux tests d'amplitude du mouvement.
tique en rétablissant le mouvement normal. Afin Toutefois, avec l'expérience, l'identification des
Chapitre 3. Dysfonction somatique et son diagnostic 51

modifications dans le mouvement subtil des tissus


La dysfonction somatique est nommée par la direction
avec les tests d'écoute supprime la nécessité d'effec- du mouvement le plus libre.
tuer d'autres tests de mouvement.
Lors d'un test de mobilité, on compare la réponse
d'une structure aux forces appliquées dans des Tests d'écoute
directions opposées, à savoir : l'extension vs la Le test d'écoute permet d'évaluer efficacement le
flexion, la rotation droite vs la rotation gauche, mouvement disponible et la puissance du MRP.
l'inclinaison latérale droite vs l'inclinaison latérale Quand le MRP est palpé au niveau de la tête, il est
gauche, la translation antérieure vs la translation souvent désigné comme l'impulsion rythmique
postérieure, la translation latérale droite vs la trans- crânienne (IRC). Mais le MRP est palpable dans
lation latérale gauche, la compression vs la distrac- tout le corps. Par conséquent, ce mouvement
tion, l'abduction vs l'adduction, la rotation latérale biphasique – les phases d'inspiration et d'expira-
(externe) vs la rotation médiale (interne), et les tor- tion du MRP – est aussi palpable dans tout le
sions opposées. La structure anatomique diagnosti- corps. Pour autant, une dysfonction somatique
quée détermine quels mouvements sont à évaluer. modifie la symétrie et la puissance de ce phéno-
Entre chacun des mouvements opposés, il existe mène biphasique. Aussi, dans le test d'écoute, la
un point neutre d'équilibre fonctionnel. Par ailleurs zone examinée est observée pour évaluer sa rela-
chaque mouvement est défini par des barrières tion avec le MRP. Tous les aspects du mouvement,
physiologiques (la tension des tissus mous) et des i. e. la qualité, l'asymétrie et la restriction, peuvent
barrières anatomiques (la limite extrême du mou- être appréciés par l'écoute de la motilité inhérente
vement qui ne peut être dépassée que par la rup- de la structure.
ture de la structure testée). En revanche, la Au début du test d'écoute, la palpation est totale-
dysfonction somatique entre deux structures ana- ment passive. Ce premier contact doit se faire avec
tomiques adjacentes est perceptible par la présence le toucher le plus léger possible. Après avoir établi le
d'une barrière dysfonctionnelle, limitant le mouve- contact palpatoire, « écoutez » tranquillement la
ment dans une direction entre les barrières physio- zone palpée. Attendez la perception du mouvement
logiques existantes. Ainsi, en présence d'une inhérent sans rien faire pour influencer ce mouve-
dysfonction somatique, il existe une limitation du ment. La perception du MRP, de la « respiration des
mouvement dans une direction, avec un nouveau tissus » peut être comparée à celle du mouvement de
point d'équilibre, le point neutre dysfonctionnel. la cage thoracique lors d'une respiration tranquille.
Lors du test de toutes les paires de mouvements En l'absence de dysfonction somatique, les tissus
couplés ci-dessus, il est impératif qu'après l'intro- donnent l'impression de s'expanser pendant la
duction du mouvement dans une direction don- phase inspiratoire du MRP, et de se contracter pen-
née, la structure considérée revienne en position dant la phase expiratoire. L'amplitude de ce mouve-
neutre avant de procéder au test du mouvement ment est à peu près aussi grande que l'amplitude
opposé. La qualité du mouvement ressenti pen- observée lors de la palpation d'un pouls artériel
dant le retour à la position neutre est aussi impor- périphérique, mais sa fréquence est d'environ un
tante que celle du mouvement initial. Si un dixième de celle du pouls [5].
mouvement est dysfonctionnel, il existe une res- La fréquence du MRP varie entre quatre et qua-
triction de ce mouvement dans une direction, avec torze cycles par minute, avec la majorité des fré-
une facilité au retour à la position neutre, alors que quences observées par palpation qui tendent vers la
le mouvement dans la direction opposée est libre moitié inférieure de cette fourchette [6, 7, 8] Cette
avec une résistance au retour à la position neutre. fréquence, bien que distinctement différente et
Le placement des mains pour la palpation des généralement plus lente que la fréquence de la res-
fonctions est le même que pour le traitement. piration pulmonaire, coïncide parfois avec cette
Aussi, pour toutes les descriptions suivantes, voir dernière par laquelle elle peut être entraînée.
les descriptions faites dans la partie III, Traitement En l'absence de dysfonction somatique, le mou-
du patient, p. 103. vement du MRP démontre un équilibre biphasique
52 Examen ostéopathique

qualitatif et quantitatif. En présence d'une dys- visualisée et la motilité subtile que vous écoutez.
fonction somatique, la perception du mouvement L'identification des mouvements permet d'identi-
dans la zone dysfonctionnelle est généralement fier les zones de restriction et les variations subtiles
modifiée de telle manière qu'il est libre dans une de l'anatomie correspondante.
phase du MRP et restreint dans l'autre phase. La Le test d'écoute nécessite un toucher très déli-
dysfonction est identifiée en fonction de ce schéma cat. Toutefois, cela ne signifie pas que seules les
dysfonctionnel. Une restriction du mouvement couches superficielles des tissus sont palpées. En
pendant la phase inspiratoire du MRP est une dys- imaginant mentalement les différentes structures
fonction expiratoire, tandis qu'une restriction et les différentes couches, vous pouvez vous
pendant la phase expiratoire est une dysfonction concentrer sur des structures plus profondes, avec
inspiratoire. Il faut reconnaître que dans certaines un contact de main qui accompagne progressive-
dysfonctions, comme dans la compression de la ment la progression de la palpation, mais sans
synchondrose sphénobasilaire (SSB), le mouve- l'application d'un toucher invasif.
ment biphasique peut être globalement limité. L'appréciation du MRP, de son rythme, de sa
Dans ce cas, la dysfonction est décrite en termes puissance et des schémas dysfonctionnels d'une
d'état anatomique (i.e. compression) et non structure donnée – ou entre des structures –
comme une restriction d'une phase du MRP. nécessite une écoute tranquille. Dès lors, pour
Dans le cas où le mouvement palpable du MRP percevoir le MRP, vous devez apprendre à être
biphasique, flexion-rotation externe pendant l'ins- présent et à vous concentrer d'une manière déten-
piration et extension-rotation interne pendant due. Le temps et la patience sont nécessaires pour
l'expiration, est difficile à percevoir, il peut être obtenir l'information désirée. Le contact conscient
utile de visualiser mentalement les mouvements de l'écoute n'est pas un simple contact mécanique.
normaux de la structure en cours d'évaluation. La Il se prête particulièrement bien à l'examen des
visualisation se fait sans induire activement le personnes malades et fragiles. En réalité, la dys-
mouvement. Pendant la visualisation visualisez fonction somatique est souvent inconfortable, et
mentalement l'un après l'autre les différents mou- les procédures qui emploient des forces palpa-
vements opposés et comparez les. L'imagerie toires supérieures à celles utilisées dans le test
mentale impliquée dans ce processus vous permet d'écoute peuvent entraîner la structure dans le
de devenir plus conscient des indices subtils palpés sens de la restriction, augmentant l'inconfort du
par les mains et la direction du mouvement libre patient. Parce que le test d'écoute est davantage
du MRP sera facilement appréciable, tandis que la axé sur la qualité du mouvement disponible que
direction dysfonctionnelle ne le sera pas. sur sa quantité, le patient n'est pas mis en position
Si cela ne suffit pas, procédez à une forme plus d'inconfort. En mettant l'accent sur la qualité du
active de la visualisation, en imaginant la structure mouvement, vous connaissez la position d'équi-
diagnostiquée se déplacer dans une direction, puis libre et la direction de la restriction dès le début
revenir en position neutre, et, enfin, se déplacer du test d'écoute. Ainsi, le suivi de la position
dans la direction opposée. Ce processus d'imagi- d'équilibre fonctionnel a tendance à avoir un effet
ner mentalement le mouvement tout en le palpant apaisant sur le patient, même en présence d'une
va déclencher une prise de conscience propriocep- dysfonction somatique.
tive subtile de vos muscles long fléchisseur du Lors du diagnostic avec le test d'écoute, vous
pouce et fléchisseur profond des doigts qui indui- identifiez les forces inhérentes aux tissus. Après
ront le mouvement le plus léger possible. La dys- cela, le traitement suit parfaitement grâce à l'utili-
fonction dans la direction du mouvement libre est sation de ces forces intrinsèques.
plus facile à visualiser.
Le processus de visualisation est grandement Tests d'amplitude du mouvement
facilité par une connaissance approfondie de l'ana- Si nécessaire, le test d'amplitude du mouvement
tomie de la zone palpée. Cette connaissance vous peut être utilisé pour confirmer le diagnostic fait
permet d'apprécier plus facilement la structure par le test d'écoute. Après l'écoute palpatoire et la
Chapitre 3. Dysfonction somatique et son diagnostic 53

visualisation, si vous n'êtes pas sûr de ce que vous test d'amplitude du mouvement, utilisées de
avez observé, il convient de procéder à des tests de manière encore plus subtile, vous conduit au test
mouvement dynamiques. d'écoute décrit ci-dessus.
Le test d'amplitude du mouvement est l'évalua-
tion de l'amplitude des mouvements passifs dispo- Références
nibles, entre deux structures anatomiques [1] Chila AG, editor. « Glossary of osteopathic termino-
adjacentes. Le plus souvent, ce test est identifié en logy ». In : Foundations of Osteopathic Medicine.
termes de mouvements anatomiques. Des schémas 3e éd. Philadelphie : Wolters Kluwer/Lippincott
de mouvements complexes sont définis pour Williams and Wilkins ; 2011. p. 1106.
chaque structure, qui peuvent être décomposés par [2] Simpson GG. Biology and the nature of science.
Science 1963 ; 139(3550) : 81–8.
paires comme cela est décrit ci-dessus (extension vs
[3] Nelson K, Mnabhi A, Glonek T. The accuracy of dia-
flexion, rotation droite vs rotation gauche etc.). gnostic palpation : The comparison of soft tissue fin-
Pour autant, en termes de diagnostic ostéopa- dings with random blood sugar in diabetic patients.
thique, le test d'amplitude du mouvement ne doit Osteopathic Family Physician 2010 ; 2(6) : 165–9.
pas être confondu avec celui employé pour le dia- [4] Tarr R, Nelson K, Vatt R, Richardson D. Palpatory
gnostic orthopédique. Les mouvements évalués findings associated with the diabetic state. J Am
Osteopath Assoc 1985 ; 85(9) : 604–5.
sont comparables, mais les forces utilisées pour [5] Nelson KE, Sergueef N, Lipinski CM, Chapman AR,
évaluer ces mouvements sont beaucoup moins Glonek T. Cranial rhythmic impulse related to the
puissantes. Cela est particulièrement important Traube-Hering-Mayer oscillation : Comparing laser-
pour diagnostiquer des personnes fragiles. Doppler flowmetry and palpation. J Am Osteopath
En règle générale, les restrictions dysfonction- Assoc 2001 ; 101(3) : 163–73.
nelles de la plus grande importance se retrouvent [6] Woods JM, Woods RH. A physical finding related to
psychiatric disorders. J Am Osteopath Assoc 1961 ;
dans les mouvements mineurs entre deux struc- 60 : 988–93.
tures anatomiques adjacentes. En témoigne la res- [7] Glonek T, Sergueef N, Nelson K. « Physiological
triction d'abduction ou d'adduction dans la rhythms/oscillations ». In : Chila AG, editor.
dysfonction ulnohumérale. Pour ces raisons, le Foundations of Osteopathic Medicine. Philadelphie :
test d'amplitude du mouvement doit être employé Wolters Kluwer/Lippincott Williams and Wilkins ;
2011. p. 162–90, chapitre 11.
en utilisant un contact le plus léger possible, qui
[8] Sergueef N, Greer MA, Nelson KE, Glonek T. The
permette toutefois la perception des nuances du palpated cranial rhythmic impulse (CRI) : Its nor-
mouvement et de sa barrière. Avec l'expérience, mative rate and examiner experience. International
vous verrez que l'emploi des forces légères dans le Journal of Osteopathic Medicine 2011 ; 14 : 10–6.
Chapitre 4
Anamnèse et examen physique
Anamnèse tMBOFVSPQIZTJPMPHJF ZDPNQSJTMFTGPODUJPOTTFO-
TPSJNPUSJDF TZNQBUIJRVFFUQBSBTZNQBUIJRVF
L'établissement d'un diagnostic commence avec tMB QFSGVTJPO UJTTVMBJSF  OPUBNNFOU BSUÏSJFMMF 
l'anamnèse du patient. L'anamnèse du patient qui WFJOFVTFFUMZNQIBUJRVF
vieillit, comme pour tout autre patient, débute par tMBSFTQJSBUJPOQSJNBJSF
l'historique de la plainte principale et se poursuit 1PVSEÏMJNJUFSMh)1 VOFTÏSJFEFEÏUBJMTEPJWFOU
par une demande de renseignements jusqu'à ce ÐUSF SFDIFSDIÏT &O QBSUJDVMJFS  TJ MB 11 FTU VOF
qu'un tableau complet de la situation du patient QMBJOUFEFEPVMFVS Mh)1EPJUJODMVSFMFTJOGPSNB-
soit obtenu. La séquence typique de ce processus tions suivantes :
est la suivante : tMJFVPáTFTJUVFMBEPVMFVS &TUDFRVhFMMFJSSB-
tQMBJOUFQSJODJQBMF 11  EJF Ë QSPYJNJUÏ PV Ë EJTUBODF  3BQQFMPOT RVF
tIJTUPSJRVFEFMBQMBJOUF )1  MFTEPVMFVSTQFVWFOUÐUSFEhPSJHJOFSÏGMFYF$F
tFYBNFOEFTTZTUÒNFT &4  qui semble être une plainte musculosquelet-
tBOUÏDÏEFOUTNÏEJDBVY ".  tique primaire peut être, en réalité, un derma-
tIJTUPJSFTPDJBMF )4  UPNF PV VO NZPUPNF BTTPDJÏ Ë VO SÏGMFYF
tBOUÏDÏEFOUTGBNJMJBVY "'  viscérosomatique. Dès lors, la localisation de la
-BQMBJOUFQSJODJQBMF 11 FYQMJRVFMBSBJTPOEF EPVMFVSEPJUWPVTJODJUFSËFYBNJOFSBUUFOUJWF-
MBWJTJUFEVQBUJFOU-hBDRVJTJUJPOEFDFTJOGPSNB- ment les viscères potentiellement en cause lors
tions commence par une question ouverte, simple, EF Mh&4 &O SFWBODIF  DF RVJ TFNCMF ÐUSF VOF
comme : « Qu'est-ce qui vous amène aujourd'hui ? » douleur viscérale peut s'avérer la projection vis-
La réponse du patient doit être enregistrée avec DÏSBMFEhVOSÏGMFYFTPNBUPWJTDÏSBM PVUPVUTJN-
TFTQSPQSFTNPUT QBSFYFNQMFj+hBJNBMËMBUÐUFFU plement évoquer localement une douleur
FOWJFEFWPNJSx-h)1DPOTJTUFFOMBEFTDSJQUJPO TPNBUJRVF
EF MB QMBJOUF QSJODJQBMF FO EÏUBJM -h&4  MFT ".  tRVBMJUÏEÏDSJSFMBEPVMFVS&TUFMMFGPSUF TPVSEF 
Mh)4FUMFT"'GPVSOJTTFOUEhJNQPSUBOUFTJOGPSNB- persistante, lancinante ou comme une brûlure ?
UJPOT TVQQMÏNFOUBJSFT RVJ BJEFSPOU Ë GPDBMJTFS tHSBWJUÏEÏDSJSFMBEPVMFVSTVSVOFÏDIFMMFEF
MhFYBNFOQIZTJRVF MhJEFOUJGJDBUJPOEhVOEJBHOPT- ùË
UJD FU  FO GJO EF DPNQUF  MB EÏUFSNJOBUJPO EhVO tNPNFOUFUGSÏRVFODFMBEPVMFVSTVSWJFOUFMMFË
protocole de traitement. une heure précise de la journée, semaine, mois
/PUF[RVFMFTEPNBJOFTTVJWBOUTEhJOGPSNBUJPO  PVBOOÏF 1BSFYFNQMF MFTEPVMFVSTNVTDVMPT-
qui devraient être inclus dans toute anamnèse, quelettiques associées à un déséquilibre postural
sont d'un intérêt particulier pour l'ostéopathe : DPOTÏDVUJG Ë VOF KBNCF BOBUPNJRVFNFOU QMVT
Mh)1 Mh&4FUMFT". EBOTMFDPOUFYUFEFMB11 courte et donc à un déséquilibre pelvien se pro-
RVFMT TZTUÒNFT PSHBOJRVFT TPOU JNQMJRVÏT DPN- EVJTFOU GSÏRVFNNFOU Ë MB NÐNF IFVSF EF MB
NFOUMBEZTGPODUJPOTPNBUJRVFBGGFDUFMBGPODUJPO KPVSOÏF MPSTRVFMFQBUJFOUGBUJHVF"MPSTRVFMB
FGGJDBDFEFDFTTZTUÒNFTQBSTPOJNQBDUTVS EPVMFVS BTTPDJÏF BVY TQBTNFT NVTDVMBJSFT FU Ë
tMFT TUSVDUVSFT TRVFMFUUJRVFT  BSUISPEJBMFT FU l'arthrite apparaît souvent au mouvement après
NZPGBTDJBMFT une période d'immobilité. La douleur est-elle

L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans


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56 Examen ostéopathique

DPOTUBOUF  DPNNF BWFD MhJOGMBNNBUJPO  PV NFOUFYDMVTJWFNFOUoMFTNFNCSFTQSPDIFTEFMB


JOUFSNJUUFOUF DPNNFBWFDMFTDPMJRVFTBGGFDUBOU GBNJMMFEVQBUJFOU*ODMVSFMFTQFSTPOOFTEÏDÏEÏFT 
VO WJTDÒSF DSFVY  FU TJ FMMF FTU JOUFSNJUUFOUF  MFTNBMBEJFTTQÏDJGJRVFTRVJMFTDPODFSOBJFOUFUMB
combien de temps dure-t-elle ? cause du décès.
tEVSÏFEFQVJTDPNCJFOEFUFNQTMFQSPCMÒNF
persiste-t-il ?
tDPOUFYUF  MF QBUJFOU BUJM GBJU RVFMRVF DIPTF Examen physique
DBVTBOUMFQSPCMÒNF PVRVFGBJTBJUJMBVNPNFOU
de sa survenue ? -BQBSUJFTQÏDJGJRVFNFOUPTUÏPQBUIJRVFEFMhFYB-
tGBDUFVSTBHHSBWBOUTEÏDSJSFDFRVJEJNJOVFPV men physique comporte trois volets : l'observa-
BVHNFOUFMFQSPCMÒNF tion, la palpation des structures et la palpation des
tTJHOFTFUTZNQUÙNFTBTTPDJÏTOBVTÏFT WPNJTTF- GPODUJPOT#JFORVFQSÏTFOUÏFTTÏRVFOUJFMMFNFOU 
ments, etc. BWFDMhFYQÏSJFODF MFTDPNQPTBOUFTEFDFUUFÏWBMVB-
-h&4FTUVOÏMÏNFOUFYUSÐNFNFOUJNQPSUBOUEF tion s'intègrent complètement. Les trois étapes
MhBOBNOÒTF*MGPVSOJUEFTJOGPSNBUJPOTIPMJTUJRVFT peuvent alors être réalisées presque simultané-
qui pourraient être négligée si l'anamnèse se limi- NFOU 4J QPTTJCMF  FYBNJOF[ MF QBUJFOU FO TPVT
UBJUËMh)1-h&4SFDPVWSFEFTJOGPSNBUJPOTEBOT vêtements, ou vêtu de manière à permettre la
DIBDVOEFTTZTUÒNFTPSHBOJRVFTËFYBNJOFS palpation.
tBMMFSHJFJNNVOPMPHJF L'observation, l'évaluation visuelle du patient,
tTZNQUÙNFT HÏOÏSBVY  RVBMJUÏ EV TPNNFJM  WPVTGPVSOJUVOFBQQSÏDJBUJPOEFTPOÏUBUEFUFO-
GBUJHVF GJÒWSF QFSUFPVHBJOEFQPJET TÏHSJUÏ$FMBFTUUSÒTJNQPSUBOUFU MPSTRVFNBÔ-
tFOEPDSJOPMPHJF USJTÏ DFMBQFVUWPVTGPVSOJSVOFHSBOEFQBSUJFEF
tIÏNBUPMPHJF MhJOGPSNBUJPO OÏDFTTBJSF QPVS EJBHOPTUJRVFS MB
tTZTUÒNFDBSEJPWBTDVMBJSF EZTGPODUJPO TPNBUJRVF -hPCTFSWBUJPO DPOTJTUF
tTZTUÒNFSFTQJSBUPJSF FOMhBDRVJTJUJPOEFMhJOGPSNBUJPOËQBSUJSEFQMV-
tTZTUÒNFHBTUSPJOUFTUJOBM sieurs indices visibles qui peuvent ensuite être
tTZTUÒNFHÏOJUPVSJOBJSF synthétisés en une appréciation holistique de la
tTZTUÒNF03- GPODUJPOEFUPVUMFDPSQTEVQBUJFOU"VTTJDPN-
tTZTUÒNFWJTVFM QMFYF RVF DFMB QVJTTF TFNCMFS BV EÏQBSU  BWFD
tTZTUÒNFNVTDVMPTRVFMFUUJRVF MhFYQÏSJFODF  DFMB TF GBJU SBQJEFNFOU $FMB DPN-
tOFVSPMPHJF mence dès que vous voyez le patient. Vous pou-
tQTZDIJBUSJF WF[PCTFSWFSMBGBÎPOEPOUJMNBSDIFEBOTMBTBMMF
-FT ". EV QBUJFOU EPJWFOU ÐUSF SFDVFJMMJT  Z EhFYBNFO FU TF DPNQPSUF QFOEBOU MhBOBNOÒTF
compris les grandes maladies, les maladies chro- Vous pouvez évaluer sa posture et les mouve-
OJRVFTQSÏTFOUFTFUUPVUFDIJSVSHJF&OQBSUJDVMJFS ments de sa tête, son visage, sa colonne, ses bras
pensez au diabète, à l'hypertension et à l'asthme. FUTFTKBNCFT-FEJBHOPTUJDGBJUQBSMhPCTFSWBUJPO
'BJUFTÏHBMFNFOUVOJOWFOUBJSFEFUPVTMFTNÏEJDB- EPJUÐUSFDPOGJSNÏQBSMBQBMQBUJPOEFTTUSVDUVSFT
ments ou suppléments de santé que le patient FUEFTGPODUJPOT
prend. La palpation des structures, l'évaluation tactile
-h)4FUMFT"'TPOUFOSFHJTUSÏT UPVUDPNNFMFT EFMhBOBUPNJFTUBUJRVF WPVTGPVSOJUVOFBQQSÏDJB-
".-h)4EPJUDPNQSFOESFMhÏUBUDJWJM MFOPNCSF tion de l'architecture du patient. La palpation des
EhFOGBOUT MBQSPGFTTJPO MFTUZMFEFWJF MFTBDUJWJUÏT TUSVDUVSFT QFSNFU EF QSÏDJTFS MFT JOGPSNBUJPOT
QIZTJRVFT  MhVTBHF EF ESPHVFT Z DPNQSJT UBCBD  PCUFOVFTQBSPCTFSWBUJPO$FMBFTUFGGFDUVÏQPVS
BMDPPM FUBVUSFTESPHVFTSÏDSÏBUJWFT MFTWPZBHFT évaluer les asymétries de position et les anomalies
SÏDFOUT Ë MhÏUSBOHFS  FU MhFYQPTJUJPO Ë EFT BHFOUT TUSVDUVSFMMFTRVJJOGMVFODFOUMhÏUBUGPODUJPOOFMEV
QBUIPHÒOFTFOWJSPOOFNFOUBVYËUSBWFSTEFTBDUJWJ- patient.
UÏTSÏDSÏBUJWFTPVEFTBOJNBVY-FT"'DPNQPSUFOU La palpation des fonctions, l'évaluation tactile de
MFTNBMBEJFTBGGFDUBOUTVSUPVUoNBJTQBTOÏDFTTBJSF- MBDBQBDJUÏEZOBNJRVFEFTTUSVDUVSFT WPVTGPVSOJU
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 57

VOFBQQSÏDJBUJPOEFMhBQUJUVEFEVQBUJFOUËGPOD- $IF[ VO QBUJFOU RVJ B VOF CPOOF QPTUVSF  FO


UJPOOFS$FUUFÏWBMVBUJPOEPJUÐUSFDPOTJEÏSÏFTVS vue antérieure, la ligne de gravité doit se situer
MFT OJWFBVY NBDSP FU NJDSP FU EPJU ÏHBMFNFOU EBOT MF QMBO DPSPOBM FU EJWJTFS MF DPSQT FO EFVY
inclure l'évaluation des rythmes intrinsèques. La NPJUJÏTÏHBMFT&MMFQBTTFQBSMBHMBCFMMF MFNJMJFV
SFMBUJPOFOUSFTUSVDUVSFFUGPODUJPOFTUVOQSJODJQF de l'échancrure sternale, l'ombilic, la symphyse
GPOEBNFOUBM EF MB GPODUJPO TPNBUJRVF FU QBS pubienne et se projette au sol à égale distance
DPOTÏRVFOUEFMBEZTGPODUJPO entre les pieds du patient.
6OFYBNFOTQÏDJGJRVFNFOUPTUÏPQBUIJRVFEPJU 0CTFSWF[ MFT QJFET EV QBUJFOU -FT EFVY QJFET
JODMVSF EBOTMBNFTVSFEVQPTTJCMF MhFYBNFOEV EPJWFOUÐUSFQMBDÏTEFUFMMFTPSUFRVhJMTGPSNFOUVO
patient en position debout, assise, décubitus ven- angle ouvert en avant de 30°. Le poids du corps
USBMFUEPSTBM"QSÒTMhPCTFSWBUJPO MBQBMQBUJPOEFT EPJUÐUSFEJTUSJCVÏEFNBOJÒSFÏHBMFTVSMFTEFVY
TUSVDUVSFT FU MB QBMQBUJPO EFT GPODUJPOT TVJWFOU QJFET /PUF[ MhFYJTUFODF EF QJFET DSFVY PV EF
Dans l'accomplissement de cette évaluation, notez QJFET QMBUT $FT TDIÏNBT QFVWFOU JNQMJRVFS MB
que, bien que l'observation et la palpation puissent NÏDBOJRVFUPUBMFEVQJFEBWFDQPVSMFQJFEDSFVY 
ÐUSFFGGFDUVÏFTEBOTDIBRVFQPTJUJPOEVQBUJFOU MF un pied complètement positionné en inversion
QSPUPDPMFEhFYBNFOQFVUÐUSFNPEJGJÏQPVSÏWJUFS SPUBUJPO FYUFSOF  FU QPVS MF QJFE QMBU  VO QJFE
MFT SÏQÏUJUJPOT JOVUJMFT -hFYBNFO FO QPTJUJPO DPNQMÒUFNFOU QPTJUJPOOÏ FO ÏWFSTJPO SPUBUJPO
EFCPVU GPVSOJU MF UBCMFBV MF QMVT DPNQMFU EF MB JOUFSOF  -PSTRVF DFT EZTGPODUJPOOFNFOUT TPOU
mise en charge dynamique du patient. La position symétriques, ils peuvent être la conséquence d'un
BTTJTFGPVSOJUVOFJNBHFEFMBNÏDBOJRVFQPTUVSBMF ÏUBU EF GMFYJPOSPUBUJPO FYUFSOF EF UPVU MF DPSQT
EV QBUJFOU  TBOT MhJOGMVFODF EFT NFNCSFT JOGÏ- QPVSMhJOWFSTJPOCJMBUÏSBMFEFTQJFETPVEhFYUFOTJPO
rieurs. Les positions ventrale et dorsale permettent rotation interne pour l'éversion bilatérale.
VOF ÏWBMVBUJPO GPODUJPOOFMMF JOEÏQFOEBOUF EF Des asymétries au niveau de l'aspect des pieds
MhJOGMVFODFEFMBHSBWJUÏ%BOTDIBRVFQPTJUJPO MFT QFVWFOU SÏTVMUFS EhVOF EZTGPODUJPO EV NFNCSF
SÏTVMUBUTWJTVFMTQFVWFOUÐUSFDPOGJSNÏTQBSMBQBM- JOGÏSJFVS  EV CBTTJO PV EF MB DPMPOOF WFSUÏCSBMF
QBUJPOQPVSGBJSFMBEJGGÏSFODFFOUSFMFTJOGMVFODFT 1BSFYFNQMF VOEÏQMBDFNFOUQPTUÏSJFVSEVGJCVMB
TUSVDUVSBMFT FU GPODUJPOOFMMFT -B QBMQBUJPO EFT distal peut entraîner l'abduction du talus et l'in-
GPODUJPOT  MPSTRVhFMMF FTU VUJMJTÏF BWFD MF QBUJFOU WFSTJPOEVQJFEBWFDEFDFDÙUÏ VOFBSDIFMPOHJ-
EBOTDIBDVOFEFTQPTJUJPOT GPVSOJUVOFQFSTQFD- tudinale médiale haute, alors qu'un déplacement
UJWFMÏHÒSFNFOUEJGGÏSFOUF BOUÏSJFVSEVGJCVMBEJTUBMQFVUQSPEVJSFVOBGGBJT-
sement de l'arche longitudinale médiale.
%FTEZTGPODUJPOTBSUJDVMBJSFTEFSPUBUJPOMBUÏSBMF
Observation et palpation FYUFSOF FUNÏEJBMF JOUFSOF BVOJWFBVEVQJFE 
en position debout, de face UFMMFT MFT EZTGPODUJPOT TVCUBMJFOOF  UBMPOBWJDVMBJSF
et calcanéocuboïdienne, sont souvent le résultat
1PVS EFT SBJTPOT QTZDIPMPHJRVFT  JM QFVU ÐUSF EhFOUPSTFT FU EF GPVMVSFT -B EZTGPODUJPO TVCUB-
BQQSPQSJÏEFDPNNFODFSQBSVOCSFGFYBNFOEFMB MJFOOFFTUQMVTGSÏRVFOUFBWFDMFUBMVTFUMFDBMDB-
SÏHJPO EPOU TF QMBJOU MF QBUJFOU 1PVS BVUBOU  néus en rotation latérale. Dans ce cas, le talus est
quelle que soit la plainte principale et en tenant déplacé en avant tandis que le calcanéus est déplacé
compte autant que possible des limites de chaque FOBSSJÒSF®MhPQQPTÏ MFTEZTGPODUJPOTUBMPOBWJDV-
QBUJFOU  MhFYBNFO QIZTJRVF EFWSBJU JODMVSF MhÏWB- MBJSFFUDBMDBOÏPDVCPÕEJFOOFEÏNPOUSFOUQMVTGSÏ-
MVBUJPOEVQBUJFOUFOQPTJUJPOEFCPVU$FUUFÏWB- RVFNNFOUVOFSPUBUJPONÏEJBMFEFTDPVQMFTUBMVT
MVBUJPO EPOOF VO BQFSÎV UFOTÏHSJUBM HMPCBM EV PTOBWJDVMBJSF PVDBMDBOÏVTDVCPÕEF
patient. La posture debout du patient doit d'abord 3FHBSEF[MFTNFNCSFTJOGÏSJFVSTQPVSWPJSTJMFT
être inspectée visuellement, en notant les zones EJBQIZTFTUJCJBMFFUGÏNPSBMFTPOUBMJHOÏFTPVTJFMMFT
EhJOUÏSÐU$FTSÏTVMUBUTWJTVFMTQFVWFOUBMPST MFDBT GPSNFOUVOBOHMFFOUSFFMMFT QSPEVJTBOUVOWBMHVT
échéant, être davantage évalués par palpation des PVVOWBSVTEFTHFOPVY$IFSDIF[BVTTJVOFUPSTJPO
TUSVDUVSFTFUEFTGPODUJPOT FUUPVUHMJTTFNFOUMBUÏSBMPVNÏEJBMFOUSFMFTEFVYPT
58 Examen ostéopathique

&OTVJUF FYBNJOF[MFTSPUVMFT3FHBSEF[DIBRVF HFOPV GJHVSFù %FGBJU MFEÏQMBDFNFOUQPTUÏ-


rotule et les tissus environnants à la recherche SJFVSEFMhPTDPYBMNFUFODIBSHFMFUSBDUVTJMJPUJ-
EhBTZNÏUSJF  QFVUÐUSF TJHOF EhVOF EZTGPODUJPO Ë bial, et par conséquent le genou, résultant en un
distance. Très souvent, la déviation de la rotule est déplacement latéral de la rotule.
BTTPDJÏFËVOFEZTGPODUJPOEFMhPTDPYBMJQTJMBUÏSBM Notez toute déviation latérale du bassin d'un
Le tenseur du fascia lata a son origine sur la partie DÙUÏ PV EF MhBVUSF i. e. le « side-shift » du bassin.
antérolatérale de la crête iliaque et se prolonge par &OTVJUF  PCTFSWF[ MFT HSBOET USPDIBOUFST FU MFT
le tractus iliotibial qui s'insère latéralement sur le points de repère du bassin, particulièrement les
DSÐUFT JMJBRVFT QPVS SFDIFSDIFS EFT BTZNÏUSJFT 4J
Crête iliaque les trochanters sont au même niveau et les crêtes
Epine iliaque JMJBRVFT TPOU BTZNÏUSJRVFT  VOF EZTGPODUJPO EV
antérosupérieure
Moyen glutéal bassin telle une torsion peut être présente.
3BQQFMPOT RVhVOF BTZNÏUSJF BOBUPNJRVF EFT PT
DPYBVY  CJFO RVF QFV GSÏRVFOUF  QFVU ÏHBMFNFOU
DPOEVJSFËDFUUFDPODMVTJPO-PSTRVFMFTEFVYUSP-
chanters et les crêtes iliaques sont asymétriques, il
Sartorius
FYJTUF WSBJTFNCMBCMFNFOU VOF JOÏHBMJUÏ EF MPO-
Tenseur gueur de jambes anatomique. Dans ce cas, un os
Grand
du fascia DPYBM QPTUÏSJFVS SPUBUJPO JOUFSOF  TF USPVWF EV
lata
glutéal DÙUÏEFMBKBNCFMBQMVTMPOHVF6OUFMEÏTÏRVJMJCSF
Droit
EhJOÏHBMJUÏ EF MPOHVFVS EF KBNCFT GPODUJPOOFMMF
fémoral QFVU ÏHBMFNFOU QSPWFOJS EhVOF EZTGPODUJPO EhVO
pied, d'une cheville, d'un genou ou d'une hanche.
&OTVJUF SFHBSEF[MBDBHFUIPSBDJRVF FUÏWBMVF[
MhBJTBODF EF MhFYDVSTJPO SFTQJSBUPJSF  FO OPUBOU
Vaste UPVU NPVWFNFOU BTZNÏUSJRVF EFT DÙUFT 6OF
médial EJNJOVUJPO EF MB DZQIPTF UIPSBDJRVF GBDJMJUF MB
Long biceps
fémoral
phase inspiratoire de la respiration, alors que son
Tractus BVHNFOUBUJPO GBDJMJUF MB QIBTF FYQJSBUPJSF 6OF
iliotibial courbure thoracique latérale permet un plus grand
EFHSÏ EF NPVWFNFOU EFT DÙUFT EV DÙUÏ EF MB
DPOWFYJUÏ %F QMVT  VOF SPUBUJPO QPTUÏSJFVSF EFT
Semitendineux
DÙUFTTFSBQSÏTFOUFEVDÙUÏEFMBDPOWFYJUÏWFSUÏ-
CSBMF FU VOF SPUBUJPO BOUÏSJFVSF EV DÙUÏ EF MB
Court biceps
fémoral DPODBWJUÏ$FTDPODMVTJPOTEPJWFOUÐUSFDPSSPCP-
Semimembraneux rées par l'observation de dos et la palpation des
GPODUJPOT
Patella
$PNQBSF[MFTÏQBVMFT/PUF[MBQPTJUJPOEFTDMB-
vicules. Les asymétries de ces structures peuvent
SÏTVMUFSEFEZTGPODUJPOEFTBSUJDVMBUJPOTTUFSOPDMB-
Tête fibulaire
viculaire, acromioclaviculaire, scapulothoracique,
de la cage thoracique, du rachis cervical et du
Long fibulaire Tibial antérieur
crâne, isolées ou combinées, qui peuvent être
Gastrocnémien FMMFTNÐNFTMBDPOTÏRVFODFEhBVUSFTEZTGPODUJPOT
(chef latéral)
BSUJDVMBJSF  NVTDVMBJSF  GBTDJBMF  MJHBNFOUBJSF PV
membraneuse.
Figure 4.1. Muscles de la hanche et de la cuisse.
Drake R.L., Gray's Atlas of anatomy, Philadelphie, Churchill
0CTFSWF[MFQPSUEFMBUÐUFFUMBDPMPOOFDFSWJ-
Livingstone/Elsevier, 2010, p. 280. DBMF&YBNJOF[MBSFMBUJPOFOUSFMhPDDJQVUFUMhBUMBT
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 59

Notez toute inclinaison latérale ou toute rotation le milieu du genou et la malléole latérale. Toute
RVJEÏQMBDFMBUÐUFTVSMFDÙUÏ/PSNBMFNFOU MFT déviation des repères anatomiques de cet aligne-
MJHOFT NÏEJBOFT EV WJTBHF FU EV UIPSBY EPJWFOU NFOUEPJUWPVTJODJUFSËDIFSDIFSVOFEZTGPODUJPO
être alignées. Le déplacement de la ligne médiane posturale.
EVWJTBHFEhVODÙUÏQFVUJOEJRVFSVOFJODMJOBJTPO Évaluez les courbures spinales, les lordoses cer-
MBUÏSBMFEFMhPDDJQVUEFDFDÙUÏ BWFDVOFSPUBUJPO vicale et lombale, ainsi que la cyphose thoracique
PDDJQJUBMFBTTPDJÏFEVDÙUÏPQQPTÏ%BOTDFDBT TJ ËMBSFDIFSDIFEFNPEJGJDBUJPOTEFDFTDPVSCVSFT
MFNFOUPOFTUQSPÏNJOFOU MBEZTGPODUJPOFTUEV 'SÏRVFNNFOU DIF[MFTVKFURVJWJFJMMJU MBNVTDV-
DÙUÏEVDPOEZMFPDDJQJUBMBOUÏSJFVS*OWFSTFNFOU  lature postérieure du tronc est moins tonique et
TJMFNFOUPOFTUSFOUSÏ MBEZTGPODUJPOFTUQSPCB- GBWPSJTF MB DZQIPTF UIPSBDJRVF  BMPST RVF MB GBJ-
CMFNFOUEVDÙUÏEVDPOEZMFPDDJQJUBMQPTUÏSJFVS blesse de la musculature antérieure, en particulier
"JOTJ VOFUÐUFJODMJOÏFËESPJUFBWFDVONFOUPO la musculature abdominale, augmente les lordoses
QSPÏNJOFOU TJHOBMF VOF EZTGPODUJPO EV DPOEZMF cervicale et lombale. Notez qu'une augmentation
occipital droit, alors qu'avec un menton rentré, la ou une diminution de toutes les courbures spi-
EZTGPODUJPO FTU QSPCBCMFNFOU BV OJWFBV EV OBMFTQFVWFOUÐUSFVOFBEBQUBUJPOËVOFEZTGPOD-
condyle occipital gauche. tion crânienne ou pelvienne, ou résulter d'une
3FHBSEF[ BUUFOUJWFNFOU MFT PSFJMMFT  GSÏRVFN- dystonie globale de la musculature du tronc. La
NFOU MF SFGMFU EF MB QPTJUJPO EFT PT UFNQPSBVY GMFYJPOEFMB44#FUMBGMFYJPOEVTBDSVNBVSPOU
Lorsque l'oreille est décollée, l'os temporal ipsilaté- tendance à diminuer les courbures antéroposté-
SBMQFVUÐUSFFOSPUBUJPOFYUFSOF FUMPSTRVFMhPSFJMMF SJFVSFT BMPSTRVFMhFYUFOTJPOBVSBUFOEBODFËMFT
TFNCMFQMBRVÏFDPOUSFMFDÙUÏEFMBUÐUF MhPTUFN- accentuer. La lordose cervicale peut également
poral est susceptible d'être en rotation interne. être augmentée pour compenser une cyphose dor-
&OTVJUF PCTFSWF[MBQPTJUJPOEFMBNBOEJCVMF TBMF FUMBMPSEPTFMPNCBMFQFVUTVJWSFMhFYUFOTJPO
Normalement, le milieu du menton, le gnathion, EV TBDSVN GMFYJPO BOBUPNJRVF TBDSBMF PV OVUB-
doit être aligné avec la ligne médiane du visage. UJPO  VOF CBTDVMF BOUÏSJFVSF EV CBTTJO PV VOF
5PVUFGPJTMBQPTJUJPOEFMBNBOEJCVMFFTUJOGMVFO- QSPÏNJOFODFBCEPNJOBMF&OPVUSF MhBHHSBWBUJPO
DÏF QBS MFT UFNQPSBVY &O QSÏTFODF EhVOF EZT- des courbures thoracique et lombale dans le plan
GPODUJPOTPNBUJRVFEFMhPTPDDJQJUBMTVSMhBUMBT MFT sagittal peut être associée à la présence de cour-
PTUFNQPSBVYPOUUFOEBODFËTVJWSFMBSPUBUJPOEF bures latérales et à l'inclinaison du bassin dans le
MhPDDJQVU"JOTJ MPSTRVFMhPDDJQVUFTUFOSPUBUJPO plan coronal, comme dans la scoliose. Une perte
droite, l'os temporal droit est en rotation interne, EFMBMPSEPTFMPNCBMF BGGFDUBOUQBSUJDVMJÒSFNFOU
FUMhPTUFNQPSBMHBVDIFFOSPUBUJPOFYUFSOF%ÒT L1-L3, est communément rencontrée, associée à
MPST  MPSTRVF MF HOBUIJPO EÏWJF WFST MF DÙUÏ EF EFT TQBTNFT NVTDVMBJSFT MPNCBVY BOUÏSJFVST
l'oreille décollée, il accompagne la rotation QTPBT [1].
FYUFSOFEFMhPTUFNQPSBM4J UPVUFGPJT MFHOBUIJPO L'altération de la posture cervicale, en particu-
FTUEÏWJÏWFSTMFDÙUÏEFMhPSFJMMFQMBRVÏF VOFEZT- lier au niveau de la colonne cervicale supérieure,
GPODUJPO EF MhBSUJDVMBUJPO UFNQPSPNBOEJCVMBJSF QFVU TF QSPEVJSF ThJM FYJTUF VOF EZTGPODUJPO EFT
"5. FTUQSPCBCMFNFOUQSÏTFOUF DPOEZMFT PDDJQJUBVY 6OF EZTGPODUJPO BOUÏSJFVSF
Les résultats visuels peuvent être corroborés BWFDBVHNFOUBUJPOEFMhFYUFOTJPODFSWJDBMFTVQÏ-
BWFDMBQBMQBUJPOEFTTUSVDUVSFTFUEFTGPODUJPOT SJFVSFFTUGSÏRVFOUF-BEZTGPODUJPOQFVUÐUSFVOJ-
voirDJEFTTPVT  latérale avec un seul condyle antérieur. Dans ce
DBT  MhPDDJQVU FTU FO SPUBUJPO EV DÙUÏ PQQPTÏ BV
Observation et palpation DPOEZMFBOUÏSJFVS$FUUFSPUBUJPOFTUTPVWFOUDPN-
en position debout, de côté pensée par une rotation opposée au niveau de
$$FUPV$$-hBVHNFOUBUJPOEFMhFYUFO-
2VBOE PO PCTFSWF MF QSPGJM EV QBUJFOU  MB MJHOF sion cervicale supérieure est typique chez les sujets
WFSUJDBMFQBSUBOUEVQPSFBDPVTUJRVFFYUFSOFEPJU qui présentent des troubles des voies respiratoires
QBTTFS QBS MB UÐUF IVNÏSBMF  MB UÐUF GÏNPSBMF  supérieures.
60 Examen ostéopathique

6O FGGBDFNFOU EF MB DPVSCVSF DFSWJDBMF TVQÏ-


Toute pathologie nécessitant un traitement médical doit
SJFVSFTJHOBMFVOFEZTGPODUJPOEFGMFYJPOEFTWFS- être soigneusement écartée avant l'utilisation de procé-
tèbres cervicales supérieures. Dans ce cas, la dures ostéopathiques. En présence de telles conditions,
DPMPOOF DFSWJDBMF NPZFOOF PV JOGÏSJFVSF DPN- le traitement médical doit être initié avant que des pro-
QFOTF QPVS QFSNFUUSF MFT NPVWFNFOUT EhFYUFO- cédures manipulatives soient employées.
sion, ce qui contribue à l'instabilité cervicale et à
l'arthrite dégénérative de la région, avec atteinte
QPUFOUJFMMFEVQMFYVTCSBDIJBM Une proéminence abdominale peut aussi résul-
-BEZTGPODUJPOEFGMFYJPOEFTWFSUÒCSFTDFSWJDBMFT ter de troubles pathologiques de la structure
supérieures, comme la cyphose thoracique avec une comme une interruption de la solution de conti-
ÏWFOUVFMMFjCPTTFEFCJTPOx GBWPSJTFMBQSPKFDUJPO OVJUÏ EF MB QBSPJ BCEPNJOBMF BOUÏSJFVSF $FMB TF
de la tête vers l'avant. Typiquement, la « bosse de voit dans les hernies ombilicales et inguinales et
CJTPOxTFEÏWFMPQQFTVSUPVUDIF[MFTGFNNFT ËMB dans le diastasis des grands droits.
TVJUF EF EZTGPODUJPO TPNBUJRVF BV OJWFBV EF Les pathologies viscérales qui doivent être
%% PV %% 0VUSF MhBTQFDU JOFTUIÏUJRVF considérées chez les patients avec une proémi-
EPOU TF QMBJHOFOU MFT QBUJFOUFT  DFUUF EZTGPODUJPO nence abdominale sont :
FTUTPVWFOUBTTPDJÏFËEFTUSPVCMFTEV4/" tMFT BTDJUFT  BTTPDJÏFT Ë MhJOTVGGJTBODF IÏQBUJRVF 
3FDIFSDIF[ VOF QSPUSBDUJPO PV VOF SÏUSBDUJPO MhJOTVGGJTBODFSÏOBMF MhJOTVGGJTBODFDBSEJBRVF MB
de la ceinture scapulaire. La protraction de la cein- pancréatite et une myriade d'étiologies plus
ture scapulaire accompagne l'augmentation de la SBSFT
DZQIPTF UIPSBDJRVF  FU VOF GBJCMFTTF EFT NVTDMFT tMBWJTDÏSPNÏHBMJF MFQMVTTPVWFOUEVGPJFFUEF
QBSBWFSUÏCSBVYFUTDBQVMPUIPSBDJRVFT FOQBSUJDV- MBSBUF FUEFHSBOETGJCSPNFTVUÏSJOT
lier les rhomboïdes majeur et mineur. La rétrac- La distension gastro-intestinale est une cause
tion de la ceinture scapulaire se voit en présence GSÏRVFOUFEFQSPÏNJOFODFBCEPNJOBMF$FMBQFVU
EhVOF EZTGPODUJPO EhFYUFOTJPO BV OJWFBV UIPSB- être causé par la constipation et diverses intolé-
DJRVFJOUFSTDBQVMBJSF6OFUFMMFEZTGPODUJPOQFVU SBODFT BMJNFOUBJSFT $FQFOEBOU  DFMB QFVU ÏHBMF-
être segmentaire ou associer plusieurs segments NFOUÐUSFTFDPOEBJSFËVOFQBUIPMPHJFBGGFDUBOUMF
WFSUÏCSBVY GJYÏT FO FYUFOTJPO DPNNF PO QFVU MF GPJF FU MF QBODSÏBT  Ë VOF PCTUSVDUJPO HBTUSP
voir chez les individus qui ont l'habitude de intestinale et à l'utilisation de médicaments anti-
prendre une posture au « garde-à-vous » ou qui cholinergiques et opiacés.
QSBUJRVFOUEFTFYFSDJDFTEFNVTDVMBUJPOBWFDTPV- La proéminence de l'abdomen peut être simple-
MÒWFNFOU EF QPJET $FUUF NÐNF BUUJUVEF FTU ment le résultat d'une accumulation de graisse
DPOTUBUÏFDIF[MFTGFNNFTBWFDVOFGPSUFQPJUSJOF TVCDVUBOÏFFUÏQJQMPÕRVF#JFORVFDFTPJUMFQMVT
qui, par nécessité, ont déplacé leur centre de gra- TPVWFOU BTTPDJÏ Ë VO BQQPSU DBMPSJRVF FYDFTTJG 
vité vers l'arrière en serrant les scapulas. Notez typiquement en tandem avec une activité physique
RVhVOF [POF EhFYUFOTJPO UIPSBDJRVF DISPOJRVF diminuée, des conditions subjacentes comme l'hy-
MÏHÒSFNFOUJOGÏSJFVSF EF5Ë5 ThPCTFSWFDIF[ QPUIZSPÕEJFFUMhJOTVGGJTBODFTVSSÏOBMJFOOFEPJWFOU
les patients atteints de pancréatite chronique <>. être considérées. L'obésité abdominale doit égale-
0CTFSWF[ MF DPOUPVS EF MB QBSPJ BCEPNJOBMF NFOU ÐUSF QSJTF FO DPOTJEÏSBUJPO DPNNF VO GBD-
antérieure. De multiples causes peuvent provoquer teur de risque pour l'hyperlipidémie, le
VOFQSPÏNJOFODFBCEPNJOBMF DPNNFQBSFYFNQMF développement de maladies cardiovasculaires,
l'augmentation de la lordose lombale, une diminu- MhBVHNFOUBUJPO EFT DZUPLJOFT JOGMBNNBUPJSFT  MB
tion du tonus de la paroi abdominale, des masses résistance à l'insuline et le développement du
intra-abdominales, une ascite ou une distension diabète.
HBTUSPJOUFTUJOBMF#FBVDPVQEFDFTDBVTFTOÏDFTTJUFOU Les simples étiologies musculosquelettiques
EÏGJOJUJWFNFOUEFTTPJOTNÏEJDBVY NBJTQMVTJFVST englobent la perte de tonus de la paroi abdomi-
d'entre elles peuvent être améliorées par des procé- nale, une antéversion du bassin et une augmenta-
dures ostéopathiques. tion de la lordose lombale. Notez ici encore que
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 61

l'augmentation des courbures spinales dans le plan de l'occiput et du basicrâne. Une inclinaison de
sagittal peut être associée à la présence de cour- cette ligne doit vous évoquer un schéma d'incli-
CVSFT MBUÏSBMFT DPNNF DFMMFT WVFT EBOT MB TDP- naison latérale-rotation de l'occiput.
MJPTF FUËVOFJODMJOBJTPOEVCBTTJOEBOTMFQMBO Évaluez l'alignement des structures médianes :
coronal. QSPUVCÏSBODFPDDJQJUBMF QSPDFTTVTÏQJOFVYDFSWJ-
$POGJSNF[MFTSÏTVMUBUTWJTVFMTBWFDMBQBMQBUJPO DBVY UIPSBDJRVFT MPNCBVYFUTJMMPOJOUFSHMVUÏBM 
EFTTUSVDUVSFTFUEFTGPODUJPOT voir1BMQBUJPOEFT MFRVFM SFGMÒUF TPVWFOU MB QPTJUJPO TBDSBMF
GPODUJPOTFOQPTJUJPOEFCPVU EFEPT Q  3FDIFSDIF[UPVUFJODMJOBJTPOEFMBCBTFEVTBDSVN
FUDPNQBSF[MBQPTJUJPOEFTGPTTFUUFTEF7ÏOVTFUMB
Observation et palpation TZNÏUSJFEVMPTBOHFEF.JDIBFMJT GJHVSFù -FT
en position debout, de dos courbures spinales dans le plan coronal sont asso-
ciées à des déplacements de ces points de repère.
-hFYBNFOEVQBUJFOUEFEPTFTUQBSUJDVMJÒSFNFOU "WFD MF TVKFU EBOT VOF QPTJUJPO EÏUFOEVF  MFT
JNQPSUBOU$FUUFQPTJUJPOWPVTQFSNFUEhÏWBMVFS CSBTSFMÉDIÏTTVSMFTDÙUÏT PCTFSWF[MFTDPOUPVST
QMVT EJSFDUFNFOU MB TUSVDUVSF FU MB GPODUJPO EF MBUÏSBVYEVUIPSBYFUMhFTQBDFFOUSFMFCVTUFFUMFT
MhBOBUPNJFBYJBMFQFOEBOUMBNJTFFODIBSHF CSBT0CTFSWF[BVTTJMFOJWFBVEFMhFYUSÏNJUÏJOGÏ-
rieure des doigts du patient, et comparez les lon-
gueurs de bras. Un niveau plus bas que l'autre
Observation QFVUSFGMÏUFSVOFEZTGPODUJPOEFMhVOFEFTBSUJDVMB-
%FEPT FYBNJOF[MFQBUJFOUQPVSSFQÏSFSMBTZNÏ- tions du bras, de la ceinture scapulaire, ou une
trie des points de repère suivants : oreilles, proces- inclinaison latérale vertébrale.
TVTNBTUPÕEFT IBVUFVSEFTÏQBVMFT QMJTBYJMMBJSFT 3FDIFSDIF[ VOF QSPÏNJOFODF QBSBWFSUÏCSBMF
postérieurs, angles scapulaires, crêtes iliaques, BTZNÏUSJRVF&MMFDPSSFTQPOEËMBDPNQPTBOUFEF
ÏQJOFT JMJBRVFT QPTUÏSPTVQÏSJFVSFT &*14  QMJT SPUBUJPOEÏDSJUFQBS'SZFUUFEBOTMFHSPVQFEFWFS-
HMVUÏBVY QMJTQPQMJUÏT UFOEPOTEh"DIJMMFFUDBMDB- UÒCSFTEhVOFDPVSCVSFMBUÏSBMF UZQF 6OFUFMMF
OÏVT3FHBSEF[MBMJHOFJOGÏSJFVSFEhJNQMBOUBUJPO QSPÏNJOFODFFTUTJUVÏFTVSMFDÙUÏEFMBDPOWFYJUÏ
EFTDIFWFVY$FMBEPOOFVOFJEÏFEFMBQPTJUJPO EFMBDPVSCVSFMBUÏSBMFFUQFVUÐUSFQMVTGBDJMFNFOU
observée avec le patient penché en avant.
3FDIFSDIF[EFTHJCCPTJUÏTDPTUBMFT BTTPDJÏFTËMB
TDPMJPTF DPVSCVSF MBUÏSBMF EF MB DPMPOOF TVQÏ-
SJFVSFË¡ DPSSFTQPOEBOUÏHBMFNFOUËMBDPN-
posante de rotation de la courbure latérale. Dans
la région thoracique supérieure, l'omoplate peut
TFNCMFSQMVTQPTUÏSJFVSFEVDÙUÏEFMBHJCCPTJUÏ 
également la conséquence de la rotation verté-
brale qui pousse la scapula en arrière. Les cour-
CVSFT MBUÏSBMFT EF MB DPMPOOF WFSUÏCSBMF 'SZFUUF 
UZQF QFVWFOUÐUSFEFTEZTGPODUJPOTTPNBUJRVFT
QSJNBJSFT$FQFOEBOU FMMFTTPOUQMVTTVTDFQUJCMFT
d'être secondaires à une inclinaison pelvienne
BGGFDUBOUMBDPMPOOFWFSUÏCSBMFBVUSBWFSTEFGPSDFT
BTDFOEBOUFT PVËVOFEZTGPODUJPODSBOJPDFSWJDBMF
BGGFDUBOUMBDPMPOOFWFSUÏCSBMFBVUSBWFSTEFGPSDFT
descendantes.
De plus, observez les signes cutanés tels l'hype-
rémie, les changements de pigmentation, les
Figure 4.2. Observation de dos. UÏMBOHJFDUBTJFTFUMFTCPVUPOT$FTTJHOFTTPOUGSÏ-
Notez l'asymétrie des EIPS. RVFNNFOU PCTFSWÏT BV OJWFBV EF EZTGPODUJPOT
 Examen ostéopathique

TPNBUJRVFTBGGFDUBOUMFTSÏHJPOTUIPSBDJRVFTVQÏ-
rieure et lombosacrale.

Palpation des structures dans


la position debout, de dos
Tout en observant le patient, il convient de palper
TJNVMUBOÏNFOUMFTTUSVDUVSFT$FMBWPVTSFOTFJHOF
immédiatement sur l'architecture osseuse et les
anomalies structurelles subtiles qui peuvent être
présentes, ainsi que sur la présence ou l'absence de
UFOTJPOFUUPVUDIBOHFNFOUEFUFYUVSFBVOJWFBV
des tissus mous. La séquence de la palpation peut
être la même que la séquence d'observation
visuelle et peut être réalisée simultanément. Le
positionnement bilatéral des mains au niveau des
PSFJMMFT  QSPDFTTVT NBTUPÕEFT  ÏQBVMFT  QMJT BYJM-
laires postérieurs, angles scapulaires, crêtes
JMJBRVFT &*14 QMJTHMVUÏBVY QMJTQPQMJUÏT UFOEPOT
Eh"DIJMMFFUDBMDBOÏVTGPVSOJUOPOTFVMFNFOUEFT
repères tactiles, mais vous permet également de
discerner visuellement des asymétries subtiles plus
GBDJMFNFOU -B QBMQBUJPO EFT TUSVDUVSFT DPOUJOVF
QPVSÏWBMVFS FOGPODUJPOEVNPUJGEFMBDPOTVMUB-
UJPO MhFOTFNCMFEFTTUSVDUVSFTBYJBMFTFUBQQFOEJ-
DVMBJSFTEVQBUJFOU$hFTUBVDPVSTEFDFQSPDFTTVT
RVF MFT BOPNBMJFT EF UFYUVSF EFT UJTTVT EPJWFOU
Figure 4.3. Test d'écoute du bassin.
être recherchées. Sergueef N. L'Odyssée de l'iliaque, Paris, Spek, 1985.

Palpation des fonctions en


EFTTPVTBVOJWFBVEFTNFNCSFTJOGÏSJFVST1PVSDF
position debout, de dos
GBJSF QMBDF[MFTQPVDFTTVSMFT&*14 MFTNBJOTTVS
#JFO RVF MB QBMQBUJPO EFT GPODUJPOT FO QPTJUJPO les crêtes iliaques, et palpez le mécanisme respira-
EFCPVUQFVUoFUEPJUoÐUSFFGGFDUVÏFEFGBDFFUEF UPJSFQSJNBJSF .31  GJHVSFù 
DÙUÏ  MB QPTJUJPO MB QMVT FGGJDBDF FU MB QMVT GBDJMF &OMhBCTFODFEFUPVUFEZTGPODUJPO MFTPTDPYBVY
QPVS DFU FYBNFO FTU EF EPT $FMB WPVT QFSNFU QSÏTFOUFOU MFT DPNQPTBOUFT EF SPUBUJPO FYUFSOF FU
EhFYBNJOFSGBDJMFNFOUMFTBDSVNFUMFTPTDPYBVY interne craniosacrales dans chacun des trois plans
TVDDFTTJWFNFOU  FU EhPCUFOJS BJOTJ EFT JOGPSNB- [3]-PSTEFMBSPUBUJPOFYUFSOF MBQIBTFJOTQJSBUPJSF
UJPOT DPNNF MhBEBQUBUJPO QFMWJFOOF BVY GPSDFT EV.31 MFNPVWFNFOUQBMQBCMFFTUMFTVJWBOU
BTDFOEBOUFTFUEFTDFOEBOUFT&OPVUSF QFOEBOUMF tMFT PT DPYBVY EÏNPOUSFOU MB DPNQPTBOUF
NPVWFNFOU EF MhPT DPYBM  Mh&*14 QSÏTFOUF VO majeure du mouvement dans le plan sagittal, à
changement de position plus important que celui savoir une rotation antérieure, palpable au
EFMhÏQJOFJMJBRVFBOUÏSPTVQÏSJFVSF &*"4  OJWFBV EFT DSÐUFT JMJBRVFT  BWFD Mh&*14 RVJ TF
Lorsque l'on applique les tests d'écoute sur le EÏQMBDFWFSTMFIBVU
CBTTJO  EJGGÏSFOUT NPVWFNFOUT QFMWJFOT TPOU QFS- tEBOTMFQMBODPSPOBM VOFDPNQPTBOUFNJOFVSF
ÎVTJOEJRVBOUMB[POFEZTGPODUJPOOFMMFEVDPSQT du mouvement est une abduction de la crête
L'appréciation de ces mouvements permet d'iden- JMJBRVFBWFDMh&*14RVJTFEÏQMBDFMBUÏSBMFNFOU
UJGJFS VOF EZTGPODUJPO RVF DF TPJU BV OJWFBV EV tEBOTMFQMBOUSBOTWFSTBM VOFDPNQPTBOUFNJOFVSF
TBDSVN  BVEFTTVT EBOT MF TRVFMFUUF BYJBM PV BV du mouvement est un déplacement latéral de
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 63

l'ensemble de crête iliaque, plus important au QFOTBUJPOEVTBDSVNËVOFEZTGPODUJPOEF-TVS


OJWFBVEFMh&*14RVhBVOJWFBVEFMh&*"4 4PVËVOFDPNQFOTBUJPOEhVOFEZTGPODUJPOEF
%F UFMMF TPSUF RVF MPST EF MB SPUBUJPO FYUFSOF  rotation de toute structure médiane susjacente.
i. e.MBDPNCJOBJTPOEFTUSPJTDPNQPTBOUFT Mh&*14 1BSFYFNQMF MPSTRVF-FTUFOEZTGPODUJPOEBOT
se déplace vers le haut et le dehors. Lors de la rota- VO NPEÒMF 'SZFUUF  UZQF  TPJU FO GMFYJPO PV
UJPOJOUFSOFMh&*14TFEÏQMBDFFOEJSFDUJPOPQQP- FYUFOTJPO FU SPUBUJPOJODMJOBJTPO MBUÏSBMF WFST MB
sée, à savoir vers le bas et le dedans. droite, le sacrum compense avec une torsion
-PSTRVFMFTEFVYPTDPYBVYTVJWFOUEFNBOJÒSF HBVDIFTVSVOBYFPCMJRVFESPJUEVTBDSVN%BOT
TZODISPOFMFTEFVYQIBTFTEV.31 WPVTBWF[ Ë l'écoute du sacrum, la torsion gauche est sentie
l'écoute, une sensation d'unité au niveau de la GBDJMFNFOUBMPSTRVFMBUPSTJPOESPJUFFTUMJNJUÏF
ceinture pelvienne <>/PSNBMFNFOU MBGMFYJPOFU De même, le bassin peut démontrer un schéma de
MhFYUFOTJPODSBOJPTBDSBMFTEVTBDSVNTVJWFOUBVTTJ UPSTJPO EhVO DÙUÏ QPVS DPNQFOTFS VOF EZTGPOD-
MF .31 "VTTJ  QFOEBOU MB QIBTF JOTQJSBUPJSF EV UJPOEFSPUBUJPOEVDÙUÏPQQPTÏEhVOFTUSVDUVSF
.31 MPSTRVFMFTEFVYPTDPYBVYTFEÏQMBDFOUFO TRVFMFUUJRVF BYJBMF NÏEJBOF TVTKBDFOUF -PST EF
SPUBUJPOFYUFSOF MFNPVWFNFOUMBUÏSBMEFT&*14 l'écoute du bassin, en règle générale, plus la dys-
permet une ouverture des articulations sacro- GPODUJPOBYJBMFFTUCBTTF QMVTMBTFOTBUJPOEFUPS-
JMJBRVFT GBDJMJUBOUMFEÏQMBDFNFOUQPTUÏSJFVSEFMB sion sacrale est grande [6].
CBTFTBDSBMF FOGMFYJPODSBOJPTBDSBMF*OWFSTFNFOU  /PUF[RVhJMOhZBQBTEFEZTGPODUJPOEFMhBSUJDV-
QFOEBOUMBQIBTFFYQJSBUPJSFEV.31 MPSTRVFMFT lation sacro-iliaque dans le cas d'une torsion du
PT DPYBVY TF EÏQMBDFOU FO SPUBUJPO JOUFSOF  MF sacrum. Le schéma de torsion pelvienne est une
NPVWFNFOU NÏEJBM EFT &*14 GFSNF MFT BSUJDVMB- DPNQFOTBUJPOËVOFEZTGPODUJPOTVTKBDFOUF$FMB
tions sacro-iliaques, en concomitance avec le QFVUÐUSFBVTTJCBTRVF-4PVBVEFTTVT BVTTJ
EÏQMBDFNFOUBOUÏSJFVSEFMBCBTFTBDSBMF FOFYUFO- haut que les structures crâniennes. Dans ces cir-
sion craniosacrale. DPOTUBODFT MFTEFVYPTDPYBVYTVJWFOUMFTBDSVN
"QSÒTBWPJSÏDPVUÏMFTEFVYPTDPYBVY DPNNF $FNÏDBOJTNFBÏUÏNJTFOÏWJEFODFQBS4USBDIBO
EÏDSJUDJEFTTVT WPVTQPVWF[EÏQMBDFSMFTQPVDFT et al. sur des cadavres [7]"WFDVOFUPSTJPOTBDSBMF
RVJÏUBJFOUTVSMFT&*14 FOEJSFDUJPOMÏHÒSFNFOU HBVDIF MhPTDPYBMESPJUTFEÏQMBDFQMVTGBDJMFNFOU
plus médiale et craniale, de telle sorte qu'ils FO SPUBUJPO FYUFSOF FU EÏNPOUSF FO SFUPVS VOF
DPOUBDUFOU ÏHBMFNFOU MB CBTF EV TBDSVN $FUUF SPUBUJPO JOUFSOF NPJOT JNQPSUBOUF &O NÐNF
QPTJUJPOQFSNFUVOFÏDPVUFTJNVMUBOÏFEFTEFVY UFNQT MhPTDPYBMHBVDIFTFEÏQMBDFGBDJMFNFOUFO
PTDPYBVYFUEVTBDSVN ÏWBMVBOUOPOTFVMFNFOU SPUBUJPOJOUFSOF BWFDVOFSPUBUJPOFYUFSOFNPJOT
MFVSTNPVWFNFOUTSFTQFDUJGT NBJTBVTTJMFVSSFMB- JNQPSUBOUF1PVSBVUBOU QFOEBOUMFUFTUEhÏDPVUF 
tion, et donc la liberté de mouvement dans les la sensation de l'unité du mouvement de la cein-
articulations sacro-iliaques. ture pelvienne est constamment présent, i. e. la
TFOTBUJPO RVF MPSTRVhVO PT DPYBM TF EÏQMBDF 
Torsion pelvienne l'autre se déplace en même temps, mais dans la
$PNNFEÏDSJUDJEFTTVT FOMhBCTFODFEFEZTGPOD- EJSFDUJPOPQQPTÏF*MGBVUBKPVUFSRVFMFTNPVWF-
UJPO MFTPTDPYBVYTVJWFOUMFTBDSVN*MDPOWJFOU NFOUT EFT PT DPYBVY EÏDSJUT DPNNF SPUBUJPO
EFOPUFSJDJRVhFOSBJTPOEFMBQPTUVSFG”UBMFQSJTF FYUFSOFPVJOUFSOF FOBTTPDJBUJPOBWFDMBUPSTJPO
in utero, presque tout le monde présente une tor- EVTBDSVN OFTPOUQBTFYBDUFNFOUMFTNÐNFTRVF
sion pelvienne [5]$PNNFMhPSHBOJTBUJPOTUSVDUV- DFVYRVJTFQSPEVJTFOUBWFDVOFGMFYJPOPVFYUFO-
SBMFEVDPSQTTFEÏGJOJUQSÏDPDFNFOUEBOTMBWJF DF TJPODSBOJPTBDSBMFEVTBDSVN%VDÙUÏPQQPTÏËMB
schéma de torsion est le schéma de base sur lequel UPSTJPO TBDSBMF  MB SPUBUJPO FYUFSOF EF MhPT DPYBM
ThBKPVUFOUUPVUBVMPOHEFMBWJFEFTEZTGPODUJPOT présente une composante majeure de rotation
somatiques induites par les diverses contraintes BOUÏSJFVSF FUEFVYDPNQPTBOUFTNJOFVSFTRVJEJG-
subies par le sujet. GÒSFOUMÏHÒSFNFOUEFDFMMFTEFMBSPUBUJPOFYUFSOF
&O QMVT EF MhPSJHJOF JOUSBVUÏSJOF  VO TDIÏNB décrite ci-dessus, avec un déplacement médial de
de torsion pelvienne peut être associé à la com- la crête iliaque.
 Examen ostéopathique

Mouvements pelviens dissociés TBDSVN/PUF[UPVUFGPJT RVFCJFORVFDFUFTUTPJU


4J BVDPVSTEVUFTUEhÏDPVUF MFTFOTEFMhVOJUÏEV MBSHFNFOUVUJMJTÏ JMFYJTUFVOEPVUFRVBOUËTBWBMJ-
mouvement de la ceinture pelvienne est absent, dité [9].
BWFD MB TFOTBUJPO RVF MFT EFVY PT DPYBVY TF Vous êtes derrière le patient qui est debout,
EÏQMBDFOU TBOT TZODISPOJF  MB EZTGPODUJPO QFVU FUù WPVT QMBDF[ WPT QPVDFT TVS MFT &*14 7PVT
ÐUSFEBOTMFTNFNCSFTJOGÏSJFVST MFTPTDPYBVYPV demandez au patient de se pencher lentement vers
les articulations sacro-iliaques. Dans ce cas, une l'avant à partir des hanches, avec un mouvement
TFOTBUJPOEFSFTUSJDUJPOEVNPVWFNFOUFTUQFSÎVF de bas en haut. Vous observez le mouvement de
TPVT MF QPVDF TJUVÏ TVS Mh&*14 FU MB CBTF EV WPT QPVDFT -F UFTU EF GMFYJPO EFCPVU FTU EJU
sacrum. jQPTJUJGx DFRVJJOEJRVFVODÙUÏPáMhPTDPYBMFTU
EZTGPODUJPOOFM  EV DÙUÏ Pá MF QSFNJFS QPVDF TF
déplace vers le haut, avec le plus grand mouve-
Tests d'amplitude du mouvement
NFOUQFOEBOUMBGMFYJPOEVQBUJFOU/PUF[RVhVO
en position debout
UFTUGBVTTFNFOUQPTJUJGQFVUÐUSFPCTFSWÏEVDÙUÏ
"VOJWFBVTQJOBM MFTUFTUTEhBNQMJUVEFEVNPVWF- PQQPTÏËDFMVJPáMFTNVTDMFTJTDIJPKBNCJFSTTPOU
ment macroscopique peuvent être évalués en le plus contractés.
demandant au patient debout de se pencher en
BWBOU FOBSSJÒSF EFThJODMJOFSTVSMFTDÙUÏTFUEF
GBJSFEFTSPUBUJPOTBVOJWFBVEFDIBRVFSÏHJPOEF Observation et palpation
MBDPMPOOFWFSUÏCSBMF BGJOEFDPNQMÏUFSMFTPCTFS- en position assise
WBUJPOT QSÏDÏEFOUFT -B UFOTJPO EFT EJGGÏSFOUT
Observation
HSPVQFT NVTDVMBJSFT EJGGÒSF TFMPO MFT DPVSCVSFT
WFSUÏCSBMFT "JOTJ  MF QBUJFOU RVJ B VOF DPMPOOF L'observation et la palpation dans cette position
lombale hyperlordotique démontre une augmen- DPOTJTUFOU QPVS MhFTTFOUJFM EBOT MhFYBNFO EF MB
tation de la tension des ischiojambiers et des colonne vertébrale, de la ceinture scapulaire et des
NVTDMFT GMÏDIJTTFVST EF IBODIF  UBOEJT RVF TFT membres supérieurs, avec une évaluation sans l'in-
NVTDMFT BCEPNJOBVY TPOU NPJOT UPOJRVFT GMVFODFEFTNFNCSFTJOGÏSJFVST$FMBFTUJOUÏSFTTBOU
Lorsqu'il se penche en avant, il compense généra- quand il y a une inégalité de longueur des jambes,
MFNFOUFOGMÏDIJTTBOUMFTHFOPVY DFRVJFYJTUFDIF[EFTHFOTPáMBEJGGÏSFODF
anatomique de longueur de jambe moyenne est de
Test de déplacement latéral du bassin  NN BWFDQMVTEFEFMBQPQVMBUJPOPáMB
Vous êtes debout derrière le patient et vous posez EJGGÏSFODFFTUEFNNPVQMVT[10].
une main sur son épaule pour le stabiliser. Vous $PNNFODF[ QBS JOTQFDUFS WJTVFMMFNFOU MF
placez l'autre main sur la hanche contralatérale du QBUJFOU DPNNF DFMB FTU EÏDSJU DJEFTTVT WPJS
QBUJFOU7PVTBQQMJRVF[EPVDFNFOUVOFGPSDFEF 0CTFSWBUJPO FU QBMQBUJPO FO QPTJUJPO EFCPVU 
translation sur cette hanche en direction médiale, Qù FUOPUF[UPVUF[POFEhJOUÏSÐUDPNNFMFT
DPOUSF MB GPSDF EF TUBCJMJTBUJPO EF WPUSF NBJO asymétries et les signes cutanés associés à une
QMBDÏFTVSMhÏQBVMFEVQBUJFOU$IBOHF[MFQMBDF- EZTGPODUJPOTPNBUJRVFBJHVÑPVDISPOJRVF$FT
ment des mains pour répéter le processus dans la résultats visuels peuvent alors, le cas échéant,
direction opposée, puis comparez la symétrie du être davantage évalués par la palpation des
NPVWFNFOU$FUFTUFTUQPTJUJGEVDÙUÏWFSTMFRVFM structures.
MFCBTTJOEVQBUJFOUTFEÏQMBDFMFQMVTGBDJMFNFOU

Test de flexion debout Palpation des structures


en position assise
$FUUFQSPDÏEVSFFTUVOUFTUDMBTTJRVFNFOUQSPQPTÏ
QPVSEÏUFSNJOFSMFDÙUÏEhVOFEZTGPODUJPOTPNB- 3FDIFSDIF[MFTDIBOHFNFOUTEFUFYUVSFEBOTMFTUJT-
tique iliosacrale [8]. Le terme « iliosacral » se TVTFOMFTQBMQBOUBVEFTTVTEFTQSPDFTTVTÏQJOFVY
SÏGÒSFBVNPVWFNFOUEFMhPTDPYBMQBSSBQQPSUBV et transverses des vertèbres lombales, thoraciques
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 65

et cervicales, et dans la région thoracique au-dessus VOF EZTGPODUJPO TUFSOPDMBWJDVMBJSF QFVU BGGFDUFS
EFT BOHMFT DPTUBVY "WFD VO UPVDIFS USÒT MÏHFS  UPVUF MB DFJOUVSF TDBQVMBJSF 1FOTF[ Ë ÏWBMVFS MFT
notez la qualité de la peau, puis avec une pression QSFNJÒSFFUTFDPOEFDÙUFT6OFEZTGPODUJPOEFMB
MÏHÒSFNFOU QMVT GPSUF  ÏWBMVF[ MB UFYUVSF EV UJTTV QSFNJÒSFDÙUFQFVUBGGFDUFSMFNPVWFNFOUEFMhBSUJ-
TVCDVUBOÏ &O QSÏTFODF EhVOF EZTGPODUJPO TPNB- DVMBUJPO TUFSOPDMBWJDVMBJSF 1BS BJMMFVST  MhBSUJDVMB-
UJRVFBJHVÑ MhBDUJWBUJPOEVUPOVTTZNQBUIJRVFEFMB tion acromioclaviculaire est souvent impliquée dans
peau peut entraîner une chaleur, une augmentation MFT QSPCMÒNFT EhÏQBVMF 1PVS DFMB  DPNQBSF[ MB
de la transpiration et de la sensation de plénitude position de l'acromion en relation avec la partie
subcutanée palpable. Typiquement, avec l'âge, latérale de la clavicule.
l'élasticité et la plénitude de la peau ont tendance à 1BMQF[ FU DPNQBSF[ MFT TUSVDUVSFT NZPGBTDJBMFT
EJNJOVFS/ÏBONPJOT MFTSÏHJPOTPáDFUUFEJNJOV- EFT NFNCSFT TVQÏSJFVST /PUF[ MFT EJGGÏSFODFT
tion est la plus importante peuvent indiquer une dans la qualité des tissus et le tonus musculaire.
EZTGPODUJPO TPNBUJRVF DISPOJRVF &O BQQMJRVBOU ²WBMVF[ FU DPNQBSF[ MFT EFVY DPVEFT /PUF[ MFT
une pression encore plus grande, notez toute JOGJMUSBUJPOT TVCDVUBOÏFT  ÏWPDBUSJDFT EF EZTGPOD-
NPEJGJDBUJPOEFMBUFOTJPONVTDVMBJSF UJPOTPNBUJRVF1BMQF[MFTNBJOTFUMFTQPJHOFUT
-PSTRVF WPVT QBMQF[ MFT QSPDFTTVT ÏQJOFVY  -ËFODPSF OPUF[MFTEJGGÏSFODFT-FQMVTTPVWFOU 
notez leur alignement et comparez les espaces VOFEZTGPODUJPOTPNBUJRVFMPDBMFFTUBTZNÏUSJRVF 
JOUFSÏQJOFVY Ë MB SFDIFSDIF EhJSSÏHVMBSJUÏT BMPST RVF MFT NPEJGJDBUJPOT TZNÏUSJRVFT QFVWFOU
3BQQFMF[WPVTRVFMhBTZNÏUSJFQFVUÐUSFEVFËEFT SFGMÏUFSVOFNBMBEJFTZTUÏNJRVFTVCKBDFOUFPVVOF
variations anatomiques de développement ou à UFOEBODFËMBGMFYJPOPVMhFYUFOTJPODSBOJPTBDSBMF
des processus pathologiques tels que l'ostéopo- dans le schéma corporel global.
SPTFPVMhBSUISPTF)BCJUVFMMFNFOU MFSBQQSPDIF-
NFOU EF EFVY QSPDFTTVT ÏQJOFVY TJHOBMF VOF
Palpation des fonctions
QPTUGMFYJPOJOUFSTFHNFOUBJSF i. e.VOFFYUFOTJPO
en position assise
BOBUPNJRVF BMPSTRVFMBTÏQBSBUJPOEFEFVYQSP-
DFTTVTÏQJOFVYJOEJRVFVOFBOUÏGMFYJPO i. e. une "WFDMhFYQÏSJFODF MFTUFTUTEhÏDPVUFGPVSOJTTFOUEFT
GMFYJPOBOBUPNJRVF&OSBJTPOEFTWBSJBUJPOTBOB- JOGPSNBUJPOTQSÏDJTFTTVSMhÏUBUGPODUJPOOFMEFDIBRVF
tomiques possibles, ces observations statiques
EPJWFOU UPVKPVST ÐUSF DPOGJSNÏFT QBS EFT UFTUT
d'écoute et, si nécessaire, des tests d'amplitude du
mouvement des zones en question.
&OTVJUF  QBMQF[ MB DFJOUVSF TDBQVMBJSF -FT
patients ayant des problèmes d'épaule ont généra-
MFNFOUMFTÏQBVMFTFOSPVMÏFTWFSTMhBWBOU1BMQF[MFT
TUSVDUVSFT NZPGBTDJBMFT EF MB DFJOUVSF TDBQVMBJSF
$IF[ MFT QBUJFOUT BUUFJOUT EV TZOESPNF EV EÏGJMÏ
UIPSBDPCSBDIJBM  OPUF[ MhFGGBDFNFOU EFT FTQBDFT
supraclaviculaires. Notez aussi toute asymétrie dans
MBQPTJUJPOEFTTDBQVMBTFUEFTDMBWJDVMFT1BMQF[MFT
DMBWJDVMFT Ë MB SFDIFSDIF EhBTZNÏUSJFT EF GPSNF 
SÏWÏMBUSJDF EhBODJFOT USBVNBUJTNFT BWFD GSBDUVSFT
$PNQBSF[MFTPCMJRVJUÏTDMBWJDVMBJSFTFUQBMQF[MFT
FYUSÏNJUÏTNÏEJBMFTFUMBUÏSBMFTEFTDMBWJDVMFT6OF
proéminence peut résulter respectivement d'une
EZTGPODUJPO EF MhBSUJDVMBUJPO TUFSOPDMBWJDVMBJSF PV
acromioclaviculaire. L'articulation sternoclavicu-
laire est la seule articulation interosseuse entre la
DFJOUVSF TDBQVMBJSF FU MF TRVFMFUUF BYJBM %ÒT MPST  Figure 4.4. Test d'écoute vertébrale.
66 Examen ostéopathique

TFHNFOUWFSUÏCSBM1MBDF[MhJOEFYFUMFNÏEJVTEFMB USPODEFTEFVYDÙUÏT%FTSFTUSJDUJPOTEFNPVWF-
NBJO EPNJOBOUF EF DIBRVF DÙUÏ EV QSPDFTTVT NFOUQFVWFOUÐUSFPCTFSWÏFTËEJGGÏSFOUTOJWFBVY
ÏQJOFVYEFMBWFSUÒCSFËÏWBMVFS GJHVSFù  de la colonne.
&OTVJUF WJTVBMJTF[MBWFSUÒCSFFUTFTBSUJDVMBUJPOT 1PVSUFTUFSMFTNPVWFNFOUTQBTTJGTEFMBDPMPOOF
avec les segments adjacents. Écoutez la motilité vertébrale, en position assise, le test avec main
JOIÏSFOUF EV .31 EBOT DF TFHNFOU TQJOBM FU BDUJWFFUNBJOQBTTJWFFTUQSÏGÏSBCMF*MDPOWJFOUEF
EÏUFSNJOF[ThJMTFEÏQMBDFQMVTMJCSFNFOUFOGMFYJPO souligner que les tests d'amplitude du mouve-
PVFOFYUFOTJPO FOJODMJOBJTPOMBUÏSBMFESPJUFPV ment en termes de diagnostic ostéopathique ne
HBVDIF FUFOSPUBUJPOESPJUFPVHBVDIF4JOÏDFT- EPJWFOU QBT ÐUSF DPOGPOEVT BWFD DFVY FNQMPZÏT
saire, procédez à la visualisation du mouvement. QPVSMFEJBHOPTUJDPSUIPQÏEJRVF-FTGPSDFTVUJMJ-
1PVS DF GBJSF  SFQSÏTFOUF[WPVT TVDDFTTJWFNFOU TÏFTQPVSÏWBMVFSMFTNPVWFNFOUTEBOTMhFYBNFO
chacune des paires de mouvements à la recherche ostéopathique sont très douces. Dans le test avec
d'asymétrie et de restriction. La visualisation aug- main active et main passive, le mouvement est
mente les sensations palpatoires. À ce stade, si une JOUSPEVJUEhVOFNBJOoMBNBJOBDUJWFo UBOEJTRVF
EZTGPODUJPOFTUJEFOUJGJÏF JMDPOWJFOUEFMBUSBJUFS MhBVUSF NBJO o MB NBJO QBTTJWF o FOSFHJTUSF MB
FOVUJMJTBOUMFTQSJODJQFTJOEJSFDUT voir partie III, réponse au niveau testé. Lors de ce test, vous
5SBJUFNFOUEVQBUJFOU Q 4J FOSFWBODIF WPVT devez vous concentrer sur ce que la main passive
BWF[CFTPJOEFQSÏDJTF[MBEZTGPODUJPO QSPDÏEF[Ë TFOU6OFFSSFVSGSÏRVFOUFDPOTJTUFËTFDPODFO-
des tests d'amplitude du mouvement. USFSQMVUÙUTVSMBNBJOBDUJWF FUEPODËBWPJSMhBQ-
-BQBMQBUJPOEFTGPODUJPOTQPVSMFTDÙUFT MFTUFS- préciation d'un mouvement se produisant à
OVN MBDFJOUVSFTDBQVMBJSFFUMFTFYUSÏNJUÏTTVQÏ- EJGGÏSFOUToFUTPVWFOUNVMUJQMFToOJWFBVY"WFD
SJFVSFT TVJWFOU MFT NÐNFT QSJODJQFT 1PVS VOF MhFYQÏSJFODF  WPVT TFOUJSF[ VOF SÏQPOTF TPVT MB
description de la position des mains, voir partie III, main passive au moindre mouvement induit avec
Traitement du patient, p. 103. la main active, et lorsque cette compétence sera
bien développée, les tests directs de mouvement
QBTTJGGVTJPOOFSPOUQBSGBJUFNFOUBWFDMBQSPDÏEVSF
Tests d'amplitude du mouvement indirecte des tests d'écoute.
en position assise $PNNFODF[BVOJWFBVEFMBDPMPOOFMPNCBMF
4JWPVTBWF[QVGBJSFVOEJBHOPTUJDEFEZTGPODUJPO 1MBDF[WPVTEFSSJÒSFMFQBUJFOUBTTJTFUNFUUF[VO
somatique par l'écoute puis procéder au traite- avant-bras sur le haut de son dos et ses épaules, de
ment, les tests d'amplitude du mouvement en TPSUFRVFMFDPVEFTPJUTVSVOFÏQBVMFFUMBNBJOùo
QPTJUJPOBTTJTFOFTPOUQBTOÏDFTTBJSFT5PVUFGPJT  MB NBJO BDUJWF o TVS MhBVUSF ÏQBVMF -F QPVDF FU
TJWPVTOhÐUFTQBTDFSUBJOEVTDIÏNBQFSÎV DPOGJS- MhJOEFYPVMhJOEFYFUMFNÏEJVTEFMBNBJOQBTTJWF
mez les observations des tests d'écoute en utilisant TPOUQMBDÏTEFDIBRVFDÙUÏEFMBWFSUÒCSFMPNCBMF
les tests d'amplitude du mouvement. située au-dessous de l'espace intervertébral à éva-
1PVS MFT EJGGÏSFOUFT SÏHJPOT  MPNCBMFT  UIPSB- MVFS  JEFOUJGJÏ QBS MB QBMQBUJPO EFT TUSVDUVSFT -F
ciques et cervicales, il peut être intéressant de bout de vos doigts couvre l'espace intervertébral
DPNNFODFS QBS EFT UFTUT EF NPVWFNFOU BDUJG pour apprécier le mouvement se produisant à ce
avant de procéder à des tests de mobilité segmen- OJWFBV "WFD MhBWBOUCSBT BDUJG  JOUSPEVJTF[ MB
taire. Tout d'abord, cela vous donne, ainsi qu'au GMFYJPOFYUFOTJPO MhJODMJOBJTPOMBUÏSBMFFUMBSPUB-
patient, une évaluation de la mobilité globale et tion, et pour chacun de ces mouvements, avec les
EFT[POFTTQÏDJGJRVFTEFSFTUSJDUJPO&OTVJUF DFMB doigts de la main passive, évaluez la réponse au
permet au patient d'apprécier une amélioration niveau de l'espace intervertébral. Notez que
MPSTRVF MF UFTU FTU EF OPVWFBV FGGFDUVÏ BQSÒT VO MPSTRVFWPVTGBJUFTDFUFTU JMFTUJNQPSUBOUEhJOUSP-
USBJUFNFOUSÏVTTJ1PVSFGGFDUVFSEFTUFTUTEFNPV- duire chaque mouvement à partir de la position
WFNFOUBDUJG WPVTWPVTUFOF[EFSSJÒSFMFQBUJFOUFU OFVUSF-BEZTGPODUJPOFTUOPNNÏFEVDÙUÏEFMB
vous lui demandez de se pencher en avant et en GBDJMJUÏ%BOTDFDBT MFNPVWFNFOUEFSFUPVSËMB
BSSJÒSF ËESPJUFQVJTËHBVDIF FOGJOEFUPVSOFSMF position neutre est qualitativement restreint.
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 67

"QSÒTBWPJSEJBHOPTUJRVÏVOTDIÏNBEZTGPODUJPO- 5PVUFGPJT MBQSPYJNJUÏEFMBDPMPOOFDFSWJDBMF


nel, il convient de le traiter en utilisant les prin- FU EV TPNNFU EF MB UÐUF GBJU RVF MFT GPSDFT
DJQFT JOEJSFDUT voir, partie III, Traitement du employées pour introduire le mouvement doivent
QBUJFOU Q  ÐUSFQMVTGBJCMFTRVFDFMMFTVUJMJTÏTQPVSMBDPMPOOF
$PNNFEÏDSJUDJEFTTVTQPVSMBDPMPOOFMPNCBMF  UIPSBDJRVF TVQÏSJFVSF $PNNF DJEFTTVT  VOF
UFTUF[MBQPSUJPONPZFOOFFUJOGÏSJFVSFEFMBDPMPOOF EZTGPODUJPO TPNBUJRVF FTU QSÏTFOUF MPSTRVF MF
UIPSBDJRVF 1PVS UFTUFS MFT NPVWFNFOUT EF MB NPVWFNFOUFTUGBDJMFEBOTMBEJSFDUJPOEFMBEZT-
colonne vertébrale thoracique supérieure, la main GPODUJPO BWFDVOSFUPVSËMBQPTJUJPOOFVUSFFUVO
active est placée sur la tête du patient. Les doigts de NPVWFNFOUEBOTMBEJSFDUJPOPQQPTÏFQMVTEJGGJ-
la main passive sont positionnés comme cela est cile. Vous devez toujours évaluer aussi bien la
décrit ci-dessus. L'introduction du mouvement qualité que la quantité de mouvement. Traitez les
BWFDMBNBJOBDUJWFEPJUÐUSFGBJUUSÒTEÏMJDBUFNFOU  EZTGPODUJPOT JEFOUJGJÏFT FO VUJMJTBOU MFT QSJODJQFT
FOVUJMJTBOUMhBNQMJUVEFMBQMVTGBJCMFQPTTJCMF JOEJSFDUT voir, partie III, Traitement du patient,
&OTVJUF ÏWBMVF[MFTNPVWFNFOUTBVOJWFBVEFMB Q 
DPMPOOF DFSWJDBMF EBOT MFT [POFT Pá EFT DIBOHF- 6OUFTUEFMhBNQMJUVEFEVNPVWFNFOUBDUJGEF
NFOUTEFUFYUVSFEFTUJTTVTPOUÏUÏJEFOUJGJÏT-F MB DPMPOOF DFSWJDBMF QFVU ÐUSF FGGFDUVÏ BWFD
placement des mains est le même que celui décrit MFù QBUJFOU FO QPTJUJPO BTTJTF 3BQQFMF[WPVT
QPVSMBDPMPOOFUIPSBDJRVFTVQÏSJFVSF GJHVSFù  qu'une douleur peut apparaître lorsque le patient
SÏBMJTF BDUJWFNFOU MFT NPVWFNFOUT 1BS DPOTÏ-
RVFOU JOTJTUF[QPVSRVhJMOFGBTTFRVFMFTNPVWF-
NFOUTDPOGPSUBCMFT
(ÏOÏSBMFNFOU  MPST EF MB GMFYJPO DFSWJDBMF  MF
patient doit être capable de placer le menton sur la
QPJUSJOF4JDFMBOhFTUQBTQPTTJCMF NFTVSF[MBEJT-
tance entre le menton et la poitrine avec les doigts,
et déterminez quelle est la cause de cette restric-
UJPO&ONPZFOOF FOWJSPOEFMBGMFYJPODFS-
vicale se produit à la charnière craniocervicale,
BWFDMFTSFTUBOUTSÏQBSUJTFOUSF$FU$
Normalement, l'inclinaison latérale cervicale
doit permettre au patient de toucher l'épaule avec
MhPSFJMMF JQTJMBUÏSBMF  FU DF  EFT EFVY DÙUÏT
Néanmoins, avec l'âge, il y a une diminution natu-
relle de l'amplitude des mouvements, et l'inclinai-
son latérale est le mouvement le plus rapidement
FU MF QMVT GSÏRVFNNFOU SFTUSFJOU EBOT EF OPN-
breuses maladies dégénératives.
La position assise est particulièrement utile lors
des tests d'amplitude du mouvement de la cein-
ture scapulaire et des articulations des membres
TVQÏSJFVST QPVSVOFEFTDSJQUJPOEFMBQPTJUJPOEFT
mains pour ces procédures, voir, partie III,
5SBJUFNFOUEVQBUJFOU Q 

Test de flexion assis


$FUUFQSPDÏEVSFFTUVOUFTUDMBTTJRVFNFOUQSPQPTÏ
Figure 4.5. Test d'amplitude des vertèbres thoraciques QPVSEÏUFSNJOFSMFDÙUÏEhVOFEZTGPODUJPOTPNB-
supérieures. tique sacro-iliaque [11].
68 Examen ostéopathique

Vous êtes derrière le patient qui est assis, et Observation et palpation


WPVT QMBDF[ WPT QPVDFT TVS MFT &*14 -F QBUJFOU en procubitus
est alors invité à se pencher lentement en avant, à
partir de la tête, avec un mouvement de haut en L'observation ainsi que la palpation des struc-
CBT $F UFTU FTU EJU jQPTJUJGx  DF RVJ JOEJRVF MF UVSFTFUEFTGPODUJPOTQFVWFOUBVTTJÐUSFBDDPN-
DÙUÏ EF MhBSUJDVMBUJPO TBDSPJMJBRVF FO EZTGPOD- plies avec le patient en position procubitus, si
UJPO EVDÙUÏPáMFQSFNJFSQPVDFTFEÏQMBDFWFST DFUUFQPTJUJPOFTUDPOGPSUBCMF5PVUFGPJT MFTQFS-
le haut avec le plus grand mouvement. Il y a un TPOOFTTPVGGSBOUEFEPVMFVSTDFSWJDBMFTPVMPN-
débat quant à savoir si les pieds du patient doivent bales, ou encore celles ayant des problèmes
UPVDIFS MF TPM QFOEBOU MhFYÏDVUJPO EV UFTU $FMB EhÏQBVMF QFVWFOU QSÏGÏSFS EhBVUSFT BMUFSOBUJWFT
TFNCMFBWPJSQFVPVQBTEhFGGFUTVSMFTSÏTVMUBUTEV 1PVS FGGFDUVFS MhFYBNFO FO QSPDVCJUVT  MB UÐUF
UFTU 5PVUFGPJT MF QMBDFNFOU EFT QJFET TVS MF TPM du patient doit idéalement être dans une posi-
tend à réduire la crainte de tomber en avant, hors UJPOOFVUSF4JMFQBUJFOUBVOFQSÏGÏSFODFQPVS
EFMBUBCMFEhFYBNFO MPSTEFMBGMFYJPO1BSDPOTÏ- UPVSOFS MB UÐUF EhVO DÙUÏ  DFMB JOEJRVF MF DÙUÏ
RVFOU JMFTUTPVIBJUBCMFDIBRVFGPJTRVFDFMBFTU EhVOF EZTGPODUJPO HÏOÏSBMFNFOU TJUVÏF EBOT MB
possible. région thoracique supérieure ou cervicale. Un
coussin placé sous l'abdomen peut être néces-
Test d'Adson TBJSF QPVS PGGSJS QMVT EF DPOGPSU EBOT MB SÏHJPO
-FUFTUEh"ETPOFTUVUJMJTÏQPVSNPOUSFSMBEJNJ- lombopelvienne.
nution ou la disparition du pouls de l'artère
radiale lors de la compression de l'artère subcla-
vière dans le triangle interscalénique. Vous pal- Observation
pez le pouls radial tout en étendant et en tournant $PNNFODF[ QBS JOTQFDUFS WJTVFMMFNFOU MF
MBUÏSBMFNFOU SPUBUJPOFYUFSOF MFCSBTFUMhÏQBVMF patient en notant les zones qui attirent votre
du patient. Le patient est alors invité à tourner la BUUFOUJPO 0CTFSWF[ MFT BTZNÏUSJFT EV EPT  MB
UÐUF QPVS SFHBSEFS TB NBJO EV DÙUÏ FYBNJOÏ  FU QPTJUJPOEFTTDBQVMBT MBQPTJUJPOEFTPTDPYBVY
FOTVJUFËJOTQJSFSQSPGPOEÏNFOUFUËSFUFOJSTPO FU EFT GPTTFUUFT EF 7ÏOVT /PUF[ MhFYJTUFODF EF
TPVGGMF -F UFTU FTU QPTJUJG MPSTRVF MF QPVMT FTU courbures latérales au niveau de la colonne ver-
absent ou diminué, parce que dans cette posi- tébrale, toute inclinaison de la base du sacrum,
tion, le scalène antérieur comprime l'artère sub- HÏOÏSBMFNFOU JOGÏSJFVSF EV DÙUÏ Pá MhFYUSÏNJUÏ
DMBWJÒSF GJHVSFù  supérieure du sillon interglutéal se déplace laté-
SBMFNFOU 0CTFSWF[ MB NVTDVMBUVSF QBSBWFSUÏ-
CSBMF3FHBSEF[MFDBTÏDIÏBOUMBSÏQBSUJUJPOTVS
MFEPTEVQBUJFOUEVTZTUÒNFQJMFVY VOFEJTQPTJ-
UJPO BTZNÏUSJRVF ÏUBOU TPVWFOU MF SFGMFU EhVOF
EZTGPODUJPOWFSUÏCSBMFDISPOJRVFËDFUFOESPJU
$IFSDIF[ BVTTJ UPVU DIBOHFNFOU EF QJHNFOUB-
tion, la présence de pétéchies et de boutons ainsi
que des télangiectasies, souvent dans les zones
thoracique supérieure ou lombosacrale, suggé-
SBOUVOFEZTGPODUJPO/PUF[UPVUFTMFTDJDBUSJDFT
FUFYQMPSF[MFVSÏUJPMPHJF
&YBNJOF[MFTNFNCSFTJOGÏSJFVST FODPNQBSBOU
MFTEFVYGPTTFTQPQMJUÏFT3FHBSEF[ÏHBMFNFOUMFT
UFOEPOTEh"DIJMMFFUMhBMJHOFNFOUEFMBGBDFQPTUÏ-
rieure du calcanéus avec le tibia. Une position de
DBMDBOÏVT NPEJGJÏF QFVU ÐUSF MF TJHOF EhVOF EZT-
Figure 4.6. Test d'Adson. GPODUJPOEBOTMFQJFE$FTSÏTVMUBUTWJTVFMTQFVWFOU 
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 69

le cas échéant, être davantage évalués avec la pal-


QBUJPOEFTTUSVDUVSFTFUEFTGPODUJPOT

Palpation des structures en procubitus


1BMQF[MFTEJGGÏSFOUFTDPVDIFTUJTTVMBJSFTFOBMMBOU
EFMBTVQFSGJDJFËMBQSPGPOEFVS$PNNFODF[QBS
une palpation légère de la peau du dos du patient.
&TUFMMF EPVDF  MJTTF  SVHVFVTF  TÒDIF PV NPJUF 
/PUF[MFTFOESPJUTPáMBUFNQÏSBUVSFFUPVMBUFY-
UVSFDIBOHFOU DFRVJQFVUJOEJRVFSVOFEZTGPOD-
tion somatique subjacente. Une rougeur qui
persiste après la palpation, la « tache sanguine »,
QFVUBVTTJÐUSFVOTJHOFEFEZTGPODUJPO-PSTRVFMB
QFBVFTUGSPJEF NJODF TÒDIF BWFDVOBTQFDUCSJM-
MBOU MBEZTGPODUJPOTPNBUJRVFFTUDISPOJRVF
Évaluez les tissus subcutanés à la recherche de
[POFTJOGJMUSÏFTPV”EÏNBUFVTFT-FTSÏGMFYFTWJT- Figure 4.7. Normalisation globale du sacrum.
DÏSPTPNBUJRVFTTPOUTPVWFOUGBDJMFNFOUQBMQBCMFT
dans les tissus subcutanés, donnant une sensation
évaluer, et vous écoutez le mouvement inhérent à
EF DBPVUDIPVD PV EF CPVGGJTTVSF Ë DFU FOESPJU
DFUUF WFSUÒCSF NÐNF QMBDFNFOU EF MB NBJO RVF
QPVSMFVSTMPDBMJTBUJPOT voirUBCMFBV 3ÏGMFYFT
sur la GJHVSFù Q 
WJTDÏSPTPNBUJRVFT Q 
-FTUFTUTEhÏDPVUFEVTBDSVNFUEFTPTDPYBVY
&OTVJUF  QBMQF[ MFT NVTDMFT EV EPT *EFOUJGJF[
QFVWFOUÐUSFSÏBMJTÏTFOQSPDVCJUVT1PVSUFTUFSMF
tout changement de leur tonicité, i. e. hypertonie,
TBDSVN JOTUBMMF[WPVTTVSMFDÙUÏEFMBUBCMFEhFYB-
IZQPUPOJFPVBUPOJF-FTNVTDMFTTQJOBVYMFTQMVT
men, au niveau du bassin du patient, en direction
TVQFSGJDJFMTTPOUMFTQMVTMPOHTFUMFTNVTDMFTTQJ-
craniale, et placez la paume de votre main sur le
OBVY QSPGPOET MFT QMVT DPVSUT -hIZQFSUPOJF EFT
sacrum, avec le bout des doigts sur la base du
NVTDMFT MPOHT FU DPVSUT EV NÐNF DÙUÏ QFVU ÐUSF
TBDSVN GJHVSFù 
VOFSÏQPOTFËEFTTDIÏNBTQPTUVSBVYBTZNÏUSJRVFT
-PST EF MB GMFYJPO DSBOJPTBDSBMF  MB CBTF EV
et à des courbures de groupes de vertèbres. Dans la
sacrum se déplace vers l'arrière tandis que la
scoliose, par suite de la rotation vertébrale, ces
DPOWFYJUÏEVTBDSVNEJNJOVF FUMPSTEFMhFYUFO-
muscles créent la proéminence musculaire paraver-
sion craniosacrale, la base du sacrum se déplace en
UÏCSBMF-hIZQFSUPOJFEFTNVTDMFTDPVSUTEhVODÙUÏ
BWBOUFUMBDPOWFYJUÏEVTBDSVNBVHNFOUF-BQBM-
SFGMÒUFEBWBOUBHFVOFEZTGPODUJPOTFHNFOUBJSF
QBUJPOEVDPDDZYQFVUTVJWSF1PVSDFMB QMBDF[MB
La position couchée est une bonne occasion
paume de votre main sur le sacrum, avec les doigts
QPVS ÏWBMVFS MFT NFNCSFT JOGÏSJFVST TBOT BQQVJ
orientés caudalement, de telle sorte que le médius
%FTUFOTJPOTEZTGPODUJPOOFMMFTEBOTMFTJTDIJPKBN-
TPJUTVSMFDPDDZY&OMhBCTFODFEFEZTGPODUJPO MF
biers et les mollets peuvent être occultées dans
DPDDZYTVJUMFTBDSVN-PSTEFMBGMFYJPODSBOJPTB-
d'autres circonstances.
DSBMF  MF TPNNFU EV DPDDZY TF EÏQMBDF EPSTBMF-
NFOU  BKPVUBOU Ë MB EJNJOVUJPO EF MB DPOWFYJUÏ
Palpation des fonctions en procubitus TBDSBMF MPST EF MhFYUFOTJPO DSBOJPTBDSBMF  JM TF
$PNNF DFMB FTU EÏDSJU EBOT 1BMQBUJPO EFT GPOD- déplace ventralement.
UJPOTFOQPTJUJPOBTTJTF Q MFTUFTUTEhÏDPVUF 1PVSUFTUFSMFTPTDPYBVY QMBDF[MFTEFVYNBJOT
PGGSFOUVOFJOGPSNBUJPOQSÏDJTFQPVSDIBRVFTFH- sur le bassin de telle sorte que les pouces soient sur
NFOUWFSUÏCSBM7PVTQMBDF[MFQPVDFFUMhJOEFYPV MFT &*14 FU MFT NBJOT TVS MFT DSÐUFT JMJBRVFT
MhJOEFY FU MF NÏEJVT EF MB NBJO EPNJOBOUF EF -hÏDPVUF EV .31 SFOTFJHOF TVS MF NPVWFNFOU
DIBRVFDÙUÏEVQSPDFTTVTÏQJOFVYEFMBWFSUÒCSFË JOIÏSFOUEFTPTDPYBVY
70 Examen ostéopathique

Tests d'amplitude du
mouvement en procubitus
4JOÏDFTTBJSF MFTUFTUTEhBNQMJUVEFEVNPVWFNFOUFO
QSPDVCJUVTQFVWFOUDPNQMÏUFSMhFYBNFO%BOTDFUUF
QPTJUJPO MFTEJGGÏSFOUFTQPTJUJPOTEFTEPJHUTVUJMJTFOU
MFTQSJODJQFTEFTQFUJUTMFWJFST1PVSUFTUFSMBGMFYJPO
FYUFOTJPO FOUSF EFVY TFHNFOUT WFSUÏCSBVY  QMBDF[
WPVTTVSMFDÙUÏEFMBUBCMF BWFDMFQPVDFFUùMhJOEFYEF
DIBRVFNBJOEFQBSUFUEhBVUSFEFTùQSPDFTTVTÏQJOFVY
EFT WFSUÒCSFT GJHVSFù   -hFYUFOTJPO FU MB GMFYJPO
sont introduites successivement, en rapprochant len-
UFNFOUQVJTFOTÏQBSBOUMFTEFVYQSPDFTTVTÏQJOFVY 
leur permettant de retourner à la position neutre après
chaque mouvement.
$FQMBDFNFOUEFTEPJHUTQFVUÐUSFVUJMJTÏQPVSUFT-
ter les vertèbres lombales et thoraciques. Un test
similaire au niveau cervical nécessite un toucher
très délicat.
Le test d'inclinaison latérale peut être appliqué
FOVUJMJTBOUMBNÐNFQPTJUJPOEFNBJO1PVSJOUSP-
EVJSFMhJODMJOBJTPOMBUÏSBMF GJYF[MFQSPDFTTVTÏQJ-
OFVY JOGÏSJFVS UPVU FO JODMJOBOU MBUÏSBMFNFOU TVS Figure 4.9. Test de rotation.
VODÙUÏMFQSPDFTTVTTVQÏSJFVS QVJTMBJTTF[MBWFS-
tèbre revenir à la position neutre avant d'intro- Une autre méthode d'évaluation de la rotation
EVJSFMhJODMJOBJTPOTVSMFDÙUÏPQQPTÏ consiste à placer le pouce d'une main sur le pro-
Le test de rotation consiste à placer un pouce cessus transverse de la vertèbre supérieure, et le
TVSMFDÙUÏMBUÏSBMEVQSPDFTTVTÏQJOFVYEFMBWFS- pouce de l'autre main sur le processus transverse
tèbre supérieure, et le pouce de l'autre main sur le DPOUSBMBUÏSBMEFMBWFSUÒCSFJOGÏSJFVSF-BSPUBUJPO
DÙUÏDPOUSBMBUÏSBMEVQSPDFTTVTÏQJOFVYEFMBWFS- gauche est introduite, en poussant doucement, en
UÒCSFJOGÏSJFVSF1PVSJOUSPEVJSFVOFSPUBUJPOTVS avant, sur le processus transverse droit de la ver-
VO DÙUÏ  QPVTTF[ MF QSPDFTTVT ÏQJOFVY TVQÏSJFVS tèbre supérieure, avec l'application d'une contre-
WFSTMFDÙUÏPQQPTÏ UPVUFOBQQMJRVBOUVOFDPOUSF GPSDF TVS MF QSPDFTTVT USBOTWFSTF HBVDIF EF MB
GPSDFTVSMBWFSUÒCSFJOGÏSJFVSF&OTVJUF JOWFSTF[MB WFSUÒCSFJOGÏSJFVSF*OWFSTF[BMPSTMBQPTJUJPOEFT
QPTJUJPOEFTQPVDFT BGJOEFUFTUFSMBSPUBUJPOEBOT pouces pour introduire une rotation dans le sens
MhBVUSFTFOT GJHVSFù  opposé.
1PVS QSPHSFTTFS EBOT MB QBMQBUJPO  RVFMMF RVF
soit la position des mains, il est recommandé de
commencer par des tests d'écoute avant de procé-
EFSBVYUFTUTEhBNQMJUVEFEVNPVWFNFOU

Observation et palpation
en décubitus dorsal
-PSTEFMhFYBNFOFOEÏDVCJUVTEPSTBM MFQBUJFOUFTU
plus apte à se détendre, il peut voir ce qu'il se passe
Figure 4.8. Test de flexion-extension. FUJOUFSBHJSBWFDWPVT$FMBMVJEPOOFVOTFOUJNFOU
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 71

EFDPOUSÙMF1PVSDFMB JMFTUBCTPMVNFOUOÏDFTTBJSF JOGÏSJFVS  FU EÏUFSNJOF[ TPO PSJHJOF  CBTTJO 


que le patient se positionne dans la position la plus hanche, genou ou pied. Une rotation complète du
DPOGPSUBCMF $FMB HBSBOUJU EFT SÏTVMUBUT EhFYBNFO NFNCSFJOGÏSJFVSFTUGSÏRVFNNFOUBTTPDJÏFËVOF
non altérés par les tensions musculaires résultant EZTGPODUJPOEFMhPTDPYBMJQTJMBUÏSBM PáMBSPUBUJPO
EhVOJODPOGPSU1PVSBNÏMJPSFSMFDPOGPSUEVQBUJFOU  MBUÏSBMF FYUFSOF  TVJU MB SPUBUJPO FYUFSOF EF MhPT
quelques ajustements peuvent être nécessaires, DPYBM  FU Pá MB SPUBUJPO NÏEJBMF JOUFSOF  TVJU MB
comme l'addition d'un oreiller sous sa tête en cas de SPUBUJPOJOUFSOFEFMhPTDPYBM%FTNFNCSFTJOGÏ-
cyphose importante. rieurs symétriquement en rotation latérale ou
-hFYBNFOEVQBUJFOUFOEÏDVCJUVTEPSTBMËMBGJO NÏEJBMF QFVWFOU TJHOBMFS VOF EZTGPODUJPO EF
EFMBTÏRVFODFEhFYBNFOFTUBQQSPQSJÏ DBSMPSTRVF GMFYJPOPVEhFYUFOTJPODSBOJPTBDSBMFEVTBDSVN
les procédures indirectes sont utilisées, elles 0CTFSWF[MhBMJHOFNFOUEVUJCJBFUEVGÏNVS ËMB
peuvent être accomplies pour presque toutes les recherche d'un genu valgum ou genu varum qui
zones du corps, en laissant le patient dans cette persiste en position couchée, et comparez la posi-
position. Il est donc inutile de demander au UJPOFUMhPSJFOUBUJPOEFTEFVYSPUVMFT/PUF[UPVU
patient de changer de position, ce qui permet une EÏTBMJHOFNFOU &OTVJUF  DIFSDIF[ UPVU EÏGBVU
DPOUJOVJUÏ IBSNPOJFVTF FOUSF MhFYBNFO FU MF EhFYUFOTJPO TPJUBVOJWFBVEFMBIBODIF TPJUBV
traitement. OJWFBV EV HFOPV 4J MB IBODIF FTU MÏHÒSFNFOU
GMÏDIJFFUFOSPUBUJPOMBUÏSBMF FYUFSOF TVTQFDUF[
Observation une tension du muscle psoas ipsilatéral.
Inspectez visuellement le patient, notez les zones &YBNJOF[MFQMBDFNFOUEVCBTTJOQBSSBQQPSUËMB
d'intérêt. Le cas échéant, ces résultats visuels UBCMFEFUSBJUFNFOU BVYNFNCSFTJOGÏSJFVSTFUBV
peuvent être davantage évalués par la palpation UIPSBY6OFEÏWJBUJPOMBUÏSBMFEVCBTTJOTVSMBUBCMF
EFTTUSVDUVSFTFUEFTGPODUJPOT QFVUÐUSFMFTJHOFEhVOFEZTGPODUJPOMPNCPTBDSBMF
0CTFSWF[MBQPTJUJPORVFMFQBUJFOUQSFOETQPO- Notez toute asymétrie des repères anatomiques,
tanément, en notant les asymétries, et interrogez- &*"4 DSÐUFTJMJBRVFTFUHSBOETUSPDIBOUFST
MFTVSUPVUFTMFT[POFTEhJODPOGPSU/PSNBMFNFOU  ²WBMVF[MBDBHFUIPSBDJRVFFUMBGBDJMJUÏEFMBSFT-
les patients se positionnent dans une position de QJSBUJPO UIPSBDPBCEPNJOBMF &TUJNF[ MB TZNÏUSJF
DPOGPSU RVJJOEJRVFMFVSTDIÏNBEZTGPODUJPOOFM et la coordination des mouvements respiratoires
&YBNJOF[MFTNFNCSFTJOGÏSJFVST/PUF[MBQSÏ- entre l'abdomen et la cage thoracique.
TFODFEh”EÒNF FOQBSUJDVMJFSBVOJWFBVEFTDIF- 5ZQJRVFNFOU BV OJWFBV EFT DÙUFT TVQÏSJFVSFT
WJMMFTFUEFTQJFET²WBMVF[MhÏUBUWFJOFVY/PUF[MB QFOEBOUMhJOTQJSBUJPO MBQBSUJFBOUÏSJFVSFEFTDÙUFT
présence de cicatrices qui peuvent résulter de trau- se déplace cranialement, ce qui résulte en une aug-
matismes passés ou de chirurgie. mentation du diamètre thoracique antéroposté-
²UVEJF[ MhBTZNÏUSJF EFT EFVY QJFET %BOT MB SJFVS$hFTUDFRVFMhPOBQQFMMFMFNPVWFNFOUFO
position de repos, cherchez la présence de prona- jCSBT EF QPNQFx EFT DÙUFT "MPST RVF  EBOT MFT
UJPOPVEFTVQJOBUJPOEBOTMFTQJFET$PNQBSF[MF DÙUFT JOGÏSJFVSFT  QFOEBOU MhJOTQJSBUJPO  DhFTU MB
EFHSÏ EF GMFYJPO EFT DIFWJMMFT 5PVUF BTZNÏUSJF QBSUJF MBUÏSBMF EFT DÙUFT RVJ TF EÏQMBDF DSBOJBMF-
peut signaler d'anciennes blessures à la cheville. ment, produisant une augmentation du diamètre
Généralement, après 50 ans, les pieds sont plus en USBOTWFSTBMEVUIPSBY EÏTJHOÏDPNNFNPVWFNFOU
pronation, plus plats, avec une diminution de en « anse de seau ».
l'amplitude des mouvements de la cheville et des 5PVUFTMFTDÙUFTEÏNPOUSFOU EBOTVOFDFSUBJOF
premières articulations métatarsophalangiennes. NFTVSF ËMBGPJTMFNPVWFNFOUFOBOTFEFTFBVFU
/PUF[ MhFYJTUFODF EF EÏGPSNBUJPOT EhIBMMVY WBM- MF NPVWFNFOU FO CSBT EF QPNQF $FQFOEBOU 
HVT  MFT EÏGBVUT EhBMJHOFNFOU EFT QIBMBOHFT EFT QPVSMFTDÙUFTTVQÏSJFVSFT MFNPVWFNFOUFOCSBT
orteils, et la présence d'orteils en maillet, en mar- de pompe esr le mouvement majeur, et le mouve-
UFBVFUFOHSJGGF EFEVSJMMPOTPVEFDPST ment en anse de seau, le mouvement mineur.
Notez toute augmentation de la rotation laté- *OWFSTFNFOU QPVSMFTDÙUFTJOGÏSJFVSFT MFNPVWF-
SBMF FYUFSOF  PV NÏEJBMF JOUFSOF  EV NFNCSF ment en anse de seau est le mouvement majeur,
 Examen ostéopathique

et le mouvement en bras de pompe, le mouve- EZTGPODUJPO BV OJWFBV EFT WFSUÒCSFT DFSWJDBMFT
NFOU NJOFVS -FT EZTGPODUJPOT BSUJDVMBJSFT FOUSF typiques ou des vertèbres thoraciques supérieures.
MFT DÙUFT FU MFVST TFHNFOUT TQJOBVY UIPSBDJRVFT
SFTQFDUJGTPOUUFOEBODFËTFQSPEVJSFDPNNFEFT Palpation des structures
SFTUSJDUJPOT EFT NPVWFNFOUT NJOFVST "JOTJ  MFT en décubitus dorsal
QSFNJÒSF FU TFDPOEF DÙUFT TPOU UZQJRVFNFOU FO
Longueur des jambes
EZTGPODUJPOEBOTVOFQPTJUJPOEhBOTFEFTFBVÏMF-
WÏF JOTQJSBUJPO  FU MFT DÙUFT JOGÏSJFVSFT EBOT VO $PNNFODF[ BV OJWFBV EFT QJFET "WFD MF QBUJFOU
mouvement en bras de pompe, en inspiration BMMPOHÏTVSMBUBCMFEhFYBNFO ÏWBMVF[MBMPOHVFVS
FYQJSBUJPO SFTUSFJOUF  PV FO FYQJSBUJPO JOTQJSB- EFTKBNCFT1PVSDFMB QSFOF[MFTQJFETEVQBUJFOU
UJPOSFTUSFJOUF  avec les mains, de telle sorte que les talons reposent
-B SFTQJSBUJPO EJBQISBHNBUJRVF EPJU TF GBJSF EBOTWPTQBVNFT$PNQBSF[MFOJWFBVEFTNBMMÏPMFT
TBOTFODPNCSF BMUFSOBOUMhFYQBOTJPOFUMBDPOUSBD- NÏEJBMFT "WFD MFT QFUJUFT JOÏHBMJUÏT EF MPOHVFVS 
tion de l'abdomen et de la cage thoracique pen- DFUUF NÏUIPEF OF EJTDSJNJOF QBT FGGJDBDFNFOU MFT
EBOU MhJOTQJSBUJPO FU MhFYQJSBUJPO /PUF[ UPVUF EJGGÏSFODFT GPODUJPOOFMMFT FU BOBUPNJRVFT EF MPO-
BTZNÏUSJF FOUSF MFT EFVY DÙUÏT EF MB DBHF UIPSB- HVFVSEFTKBNCFT QPVSWPJSEhBVUSFTNÏUIPEFTFU
DJRVF6OFEZTGPODUJPODPTUBMFQFVUÐUSFEPVMPV- savoir si et dans quelle mesure, une talonnette est
reuse et le patient peut éviter le mouvement appropriée, voir la partie sur l'inégalité de longueur
SFTQJSBUPJSF BV OJWFBV EF MB EZTGPODUJPO &O GBJU  des jambes, Le déséquilibre postural, partie IV, cha-
toute partie de la zone thoracoabdominale qui ne QJUSF Q 
contribue pas au mouvement respiratoire global
JOEJRVFVOF[POFEFEZTGPODUJPO Malléoles
0CTFSWF[MFDPOUPVSBCEPNJOBMFUTPONPVWF- 1PVSDIBRVFKBNCFDPNQBSF[MFOJWFBVEFTNBM-
ment durant la respiration. Le contour et le mou- MÏPMFTNÏEJBMFFUMBUÏSBMF GJHVSFù 
vement doivent être réguliers et symétriques. Une
EZTGPODUJPO WJTDÏSBMF BCEPNJOBMF QFVU EJNJOVFS
l'amplitude respiratoire abdominale.
Évaluez la tonicité musculaire de la paroi abdo-
NJOBMFFOOPUBOUMFT[POFTEFGBJCMFTTF3FHBSEF[
l'emplacement de l'ombilic qui doit être centré.
4hJMOFMhFTUQBT DFMBQFVUTJHOBMFSVOFEZTGPODUJPO
JOUSBBCEPNJOBMF PV VOF EZTGPODUJPO TPNBUJRVF
au niveau de la colonne vertébrale lombale
moyenne. Le cas échéant, notez l'organisation du
TZTUÒNF QJMFVY FOUSF MB [POF TVTQVCJFOOF FU MB
SÏHJPO MÏHÒSFNFOU TVQÏSJFVSF Ë MhPNCJMJD $FUUF
MJHOFSFGMÒUFMhÏUBUGPODUJPOOFMEFMBDPMPOOFMPN-
bale. Une déviation de l'alignement de la ligne
NÏEJBOF QFVU ÐUSF MF TJHOF EhVOF EZTGPODUJPO
somatique lombale au même niveau horizontal.
L'ombilic est normalement situé à hauteur de L3.
&OTVJUF PCTFSWF[MBQPTJUJPOEFMBUÐUF/PUF[
VOFQSÏTFODFFYDFTTJWFEFGMFYJPOPVEhFYUFOTJPO 
d'inclinaison latérale et de rotation. La combinai-
son d'inclinaison latérale et de rotation dans des
EJSFDUJPOTPQQPTÏFTTJHOBMFVOFEZTGPODUJPOPDDJQJUP
atlantale, tandis qu'une inclinaison latérale et une
rotation dans le même sens sont associées à une Figure 4.10. Comparaison de la hauteur des malléoles.
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 73

/PSNBMFNFOU MPSTRVFMFTJOEFYTPOUQMBDÏTQFS- Évaluez le sternum et les articulations sternocos-


pendiculairement sous les malléoles, le bord supé- UBMFT 1BMQF[ MB SÏHJPO UIPSBDPBCEPNJOBMF /PUF[
rieur du doigt situé sous la malléole latérale est au les changements de température de la paroi abdo-
NÐNFOJWFBVRVFMFCPSEJOGÏSJFVSEVEPJHUTJUVÏ NJOBMFj-FTDPOEJUJPOTDISPOJRVFTFUEFGBJCMFWJUB-
TPVT MB NBMMÏPMF NÏEJBMF 5PVUF EJGGÏSFODF QFVU MJUÏ QSÏTFOUFSPOU VOF QFBV GSPJEF FU NPJUF TVS
ÐUSFBTTPDJÏFËVOFEZTGPODUJPOEFMBGJCVMB MhBCEPNFOFUEFT[POFTGSPJEFTBVOJWFBVEFMBQFBV
EFTTFHNFOUTTQJOBVYJNQMJRVÏTBMPSTRVFUPVUMhJO-
Changements de texture des tissus WFSTFThPCTFSWFSBEBOTVOFDPOEJUJPOBJHVÑ<>. »
3FDIFSDIF[MFTDIBOHFNFOUTEFUFYUVSFEFTUJTTVT $IFSDIF[MFTDIBOHFNFOUTEFUFYUVSFEFTUJTTVT
Des troubles circulatoires et une diminution de la TVCDVUBOÏT WPJSUBCMFBV 3ÏGMFYFTWJTDÏSPTP-
GPODUJPO MZNQIBUJRVF QFVWFOU BGGFDUFS MB UFYUVSF NBUJRVFT  Q   1MVTJFVST BVUFVST POU EÏDSJU
EVUJTTV6O”EÒNFEFTNFNCSFTJOGÏSJFVSTQFVU VOFDPSSÏMBUJPOFOUSFMFTWBSJBUJPOTEFUFYUVSFEFT
ÐUSFMFSÏTVMUBUEhVOSFUPVSWFJOFVYFUPVMZNQIB- UJTTVTFUVOFEZTGPODUJPOEFTWJTDÒSFT$FTSÏTVMUBUT
UJRVFJOTVGGJTBOU6O”EÒNFCJMBUÏSBMEFTNFNCSFT palpables ont été décrits comme des « petites
JOGÏSJFVST FTU QMVT TVTDFQUJCMF EF QSPWFOJS EhVOF QFSMFT EF UBQJPDB GFSNF  QBSUJFMMFNFOU GJYÏFT 
NBMBEJFTZTUÏNJRVF JOTVGGJTBODFDBSEJBRVF JOTVG- TJUVÏFTTPVTMBQFBVEBOTMFGBTDJBQSPGPOE[13] ».
GJTBODFSÏOBMF JOTVGGJTBODFIÏQBUJRVFPVNBMOVUSJ- $FTPOUMFTSÏGMFYFTEF$IBQNBOùj6OTZTUÒNFEF
UJPOQSPUÏJOPDBMPSJRVFBWFDQSPEVDUJPOJOTVGGJTBOUF QPJOUTSÏGMFYFTBOUÏSJFVSTFUQPTUÏSJFVSTRVJTFQSÏ-
EhBMCVNJOF TÏSJRVF  PV EhVOF PCTUSVDUJPO WFJ- TFOUFOUDPNNFEFTBOPNBMJFTQSÏWJTJCMFTEFMBUFY-
neuse ou lymphatique intra-abdominale ou intra- UVSFEFTGBTDJBT BQQBSFODFEFQMBRVFPVBQQBSFODF
UIPSBDJRVF&OSFWBODIF VO”EÒNFBTZNÏUSJRVF GJCSFVTF EFT UJTTVT JNQMJRVÏT  TVQQPTÏT ÐUSF MF
EFTNFNCSFTJOGÏSJFVSTSFQSÏTFOUFEBWBOUBHFVOF SFGMFUEFMBEZTGPODUJPOPVEFMBQBUIPMPHJFWJTDÏ-
PCTUSVDUJPOQIZTJRVFEBOTMFNFNCSFBGGFDUÏ6OF SBMF *OJUJBMFNFOU VUJMJTÏT QBS 'SBOL $IBQNBO 
EZTGPODUJPO TPNBUJRVF QFVU FO ÐUSF SFTQPOTBCMF %0 FUEÏDSJUTQBS$IBSMFT0XFOT %0<>. »
"JOTJ VOFEZTGPODUJPOEFCSBODIFQVCJFOOFTVQÏ-
Région cervicale
rieure produit une tension sur le muscle grand
adducteur ipsilatéral qui peut compromettre le sys- &OTVJUF QBMQF[ MB SÏHJPO DFSWJDBMF /PUF[ UPVUF
UÒNFWFJOFVYFUMZNQIBUJRVFBVOJWFBVEVIJBUVT UFOTJPO NZPGBTDJBMF EBOT MFT NVTDMFT BOUÏSJFVST
EFMhBEEVDUFVS/PUF[ÏHBMFNFOUUPVUFJOGJMUSBUJPO du cou, dans la région occipitale et dans les
localisée des tissus, en particulier autour de la NVTDMFTQBSBWFSUÏCSBVY3BQQFMF[WPVTMBEJTUSJ-
SPUVMF TVSMFTDÙUÏTEVHFOPVPVTVSMBDIFWJMMF RVJ CVUJPOEVOFSGHSBOEPDDJQJUBM HSBOEOFSGPDDJ-
QFVUJOEJRVFSVOFEZTGPODUJPOTPNBUJRVF QJUBMEh"SOPME JNQMJRVÏEBOTMFTNBVYEFUÐUF
TVCPDDJQJUBVY$POTUJUVÏQBSMFSBNFBVEPSTBMEV
Tonicité musculaire EFVYJÒNF OFSG DFSWJDBM  JM ÏNFSHF FO BSSJÒSF EF
Évaluez la tonicité musculaire des muscles postu- DIBRVFDÙUÏEVDPV FOEFTTPVTEVCPSEJOGÏSJFVS
SBVYFODMJOTËMBSBJEFVS FOQBSUJDVMJFSMFTBEEVD- EV NVTDMF PCMJRVF JOGÏSJFVS EF MB UÐUF 1VJT JM
teurs de la hanche, ischiojambiers, droit antérieur, monte obliquement entre les muscles oblique
UFOTFVS EV GBTDJB MBUB FU QJSJGPSNF &WBMVF[ BVTTJ JOGÏSJFVSFUTFNJÏQJOFVYEFMBUÐUF NVTDMFHSBOE
MFTNVTDMFTFODMJOTËMBGBJCMFTTF MFTMPOH DPVSUFU DPNQMFYVT  *M QFSGPSF FOTVJUF MF TFNJÏQJOFVY
USPJTJÒNF GJCVMBJSFT  MF UJCJBM BOUÏSJFVS  MFT WBTUFT puis le trapèze près de son insertion occipitale et
médial et latéral, et les muscles droit et transverse continue pour innerver le cuir chevelu de l'occi-
de l'abdomen. Tous ces muscles participent à QVUBVTPNNFUEFMBUÐUF GJHVSFù 
l'équilibre postural et leur hyper ou hypotonicité "JOTJ VOFEZTGPODUJPOTPNBUJRVFWFSUÏCSBMFEF$ 
peut être le signe d'une instabilité posturale. BTTPDJÏFËMhÏUBUEFGBDJMJUBUJPONÏEVMMBJSF $ QFVU
entraîner des douleurs en rapport avec la distribution
Région thoracoabdominale EV OFSG HSBOE PDDJQJUBM %F QMVT UPVUF EZTGPODUJPO
1BMQF[MBDBHFUIPSBDJRVF ËMBSFDIFSDIFEhVOFEZT- TPNBUJRVF DFSWJDBMF TVQÏSJFVSF $$ FUù $$ 
GPODUJPODPTUBMFTPJUFOJOTQJSBUJPOPVFOFYQJSBUJPO QFVUBVHNFOUFSMBUFOTJPOEVNVTDMFPCMJRVFJOGÏSJFVS
 Examen ostéopathique

Troisième nerf occipital (rameau dorsal de C3) Petit droit postérieur de la tête
Semi-épineux de
Branche supérieure de l'artère occipitale la tête (sectionné) Grand droit postérieur de la tête
Nerf grand
occipital (rameau Oblique supérieur de la tête
dorsal de C2)

Splénius de la
tête (sectionné)

Artère occipitale

Rameau dorsal de C1 Processus mastoïde


du temporal
Branche inférieure
de l'artère occipitale Processus transverse
de C1 (atlas)
Artère vertébrale
Rameau dorsal de C2 Oblique inférieur
de la tête
Processus transverse
Longissime de la tête de C2 (axis)
Processus épineux de
C2 (axis)
Interépineux du cou
Rameau dorsal de C3 Multifide

Semi-épineux de Épineux du cou


la tête (sectionné)

Sternocléidomastoïdien
(sectionné)

Splénius de la tête (sectionné)


Trapèze (sectionné) Semi-épineux du cou

Figure 4.11. Région suboccipitale.


Drake R.L., Gray's Atlas of anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 43.

EF MB UÐUF DPNQSJNBOU ÏWFOUVFMMFNFOU MF OFSG 1BMQF[MFTSFQÒSFTPTTFVYEVSBDIJTDFSWJDBM-B


HSBOEPDDJQJUBM$FOFSGFTUQSJODJQBMFNFOUWVMOÏ- connaissance des repères anatomiques des tissus
rable en raison de sa relation avec le muscle PTTFVYFUEFTUJTTVTNPVTFTUQSJNPSEJBMFQPVSVOF
PCMJRVFJOGÏSJFVS1PVSBVUBOU MBGMFYJPOEVSBDIJT palpation précise. Les pointes des masses latérales
DFSWJDBMTVQÏSJFVSÏUJSFMFTSBDJOFTEPSTBMFTEF$  EF$TPOUQBMQBCMFTFOBSSJÒSFEFMBNBOEJCVMF 
UBOEJTRVFMBSPUBUJPOÏUJSFMBSBDJOFEPSTBMFEF$ au-dessus et en avant de la pointe des processus
EV DÙUÏ PQQPTÏ Ë MB SPUBUJPO [15]. La névralgie NBTUPÕEFT5ZQJRVFNFOU VODÙUÏFTUQMVTTFOTJCMF
QSPEVJUFQBSMBDPNQSFTTJPOEVOFSGHSBOEPDDJQJUBM RVF MhBVUSF  DF RVJ TJHOBMF VOF EZTGPODUJPO FU
FTUBQQFMÏFOÏWSBMHJFEF$ PVOÏWSBMHJFEh"SOPME nécessite une grande délicatesse du toucher.
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 75

Déterminez la position des masses latérales, en QJFETQPVSTFOUJSTJMFNPVWFNFOUFYJTUFRVBMJUBUJ-


OPUBOU TJ VO DÙUÏ FTU QMVT DSBOJBM  BOUÏSJFVS FU WFNFOUFURVBOUJUBUJWFNFOUEBOTMFTEFVYKBNCFT
proéminent. "WFD EF MhFYQÏSJFODF  WPVT TBVSF[ WJUF RVFMMF
$ FTU OPSNBMFNFOU JEFOUJGJÏ BV OJWFBV EF KBNCFFTUEZTGPODUJPOOFMMF FUËRVFMOJWFBV
MhBOHMF HPOJBRVF PV BOHMF NBOEJCVMBJSF  GPSNÏ
par le bord postérieur de la branche montante et Pied
MFCPSEJOGÏSJFVSEVDPSQTEFMBNBOEJCVMF$FTU ²WBMVF[ DIBDVO EFT PT EFT NFNCSFT JOGÏSJFVST
aussi normalement, au niveau de l'os hyoïde. "QQMJRVF[ MFT UFTUT EhÏDPVUF TVS MFT DBMDBOÏVT 
$$FTUBVOJWFBVEVDBSUJMBHFUIZSPÕEF FU$ talus, cuboïde, et os naviculaire, ainsi que sur les
FTU BV OJWFBV EV DBSUJMBHF DSJDPÕEF 5PVUFGPJT  JM articulations subtalienne, calcanéocuboïdienne,
convient de souligner qu'avec le vieillissement, DVOÏPDVCPÕEJFOOF FU UBMPOBWJDVMBJSF $PNNF
EFTNPEJGJDBUJPOTQPTUVSBMFToFOQBSUJDVMJFSEBOT toutes les structures paires, en l'absence de dys-
MB SÏHJPO DFSWJDBMF o PV EFT NPEJGJDBUJPOT EV GPODUJPO MFTPTEFTQJFETEÏNPOUSFOUEFTNPVWF-
schéma occlusal peuvent altérer ces relations. Le NFOUTEFSPUBUJPODSBOJPTBDSBMFFYUFSOFFUJOUFSOF 
UVCFSDVMFBOUÏSJFVSEVQSPDFTTVTUSBOTWFSTFEF$  résultant d'une combinaison des mouvements
le tubercule carotidien, aussi appelé tubercule de dans chacun des trois plans de l'espace. Un des
$IBTTBJHOBD FTUVOTJUFPáMhBSUÒSFDBSPUJEFQFVU mouvement est une composante majeure et les
être comprimée. EFVYBVUSFTTPOUEFTDPNQPTBOUFTNJOFVSFT QPVS
1BMQF[MFTQSPDFTTVTÏQJOFVYEFTWFSUÒCSFTDFS- BVUBOUUPVUBVTTJJNQPSUBOUFT-BSPUBUJPOFYUFSOF
WJDBMFT QPVSJEFOUJGJFSUPVUEÏTBMJHOFNFOU UPVUF DSBOJPTBDSBMFBGGJDIFEFTDPNQPTBOUFTEFNPVWF-
dépression ou proéminence. L'évaluation des ment qui ressemblent à l'inversion du pied tandis
FTQBDFT FOUSF MFT EJGGÏSFOUT QSPDFTTVT ÏQJOFVY que la rotation interne craniosacrale ressemble à
OÏDFTTJUFVOUPVDIFSEÏMJDBU%ÏUFSNJOF[ThJMFYJTUF MhÏWFSTJPO -PST EF MB SPUBUJPO FYUFSOF DSBOJPTB-
des irrégularités. Très souvent, la pointe du pro- DSBMF MBQIBTFJOTQJSBUPJSFEV.31 MFNPVWFNFOU
DFTTVT ÏQJOFVY EF $  FU NPJOT TPVWFOU $  palpable de chacun des os du pied est le suivant :
TFNCMFBOUÏSJFVSFQBSSBQQPSUBVYQSPDFTTVTÏQJ- tEBOTMFQMBOTBHJUUBM VOFDPNQPTBOUFQSJODJQBMF
OFVYTVTFUTVCKBDFOUT$FMBQFVUSFGMÏUFSVOFEZT- EVNPVWFNFOUFTUVOFGMFYJPOQMBOUBJSF
GPODUJPOTPNBUJRVFEhFYUFOTJPOËDFOJWFBVQBSGPJT tEBOTMFQMBODPSPOBM VOFDPNQPTBOUFNJOFVSF
associée à des douleurs cervicales et de l'épaule. du mouvement est la supination i. e. une éléva-
$POUJOVF[FOQBMQBOUBWFDEÏMJDBUFTTFMFTQSPDFT- tion du bord médial de l'os tandis que le bord
TVT USBOTWFSTFT EFT WFSUÒCSFT DFSWJDBMFT $IFSDIF[ MBUÏSBMEFTDFOE
une proéminence postérieure associée à une rota- tEBOTMFQMBOUSBOTWFSTBM MBDPNQPTBOUFNJOFVSF
tion ipsilatérale de ce segment vertébral, alors du mouvement est l'adduction.
qu'une proéminence latérale est associée à une Les mouvements opposés se produisent lors de
JODMJOBJTPO MBUÏSBMF DPOUSBMBUÏSBMF 1PVS DPNQMÏUFS MBSPUBUJPOJOUFSOFDSBOJPTBDSBMF MBQIBTFFYQJSB-
MhÏWBMVBUJPO QSPDÏEF[ËMBQBMQBUJPOEFTGPODUJPOT UPJSFEV.31*EFOUJGJF[MFTSFTUSJDUJPOTEFNPV-
vement dans les composantes majeures et
NJOFVSFT4JOÏDFTTBJSF QSPDÏEF[BVYUFTUTEhBN-
Palpation des fonctions
QMJUVEFEVNPVWFNFOUFUUSBJUF[MFTEZTGPODUJPOT
en décubitus dorsal
JEFOUJGJÏFTFOVUJMJTBOUMFTQSJODJQFTJOEJSFDUT voir
$PNQMÏUF[ MhFYBNFO BWFD MB QBMQBUJPO EFT GPOD- QBSUJF*** 5SBJUFNFOUEVQBUJFOU Q 
tions, en utilisant les tests d'écoute pour évaluer la -FTEZTGPODUJPOTTVCUBMJFOOFTFOUSFMFUBMVTFUMF
NPUJMJUÏJOIÏSFOUFEV.31EBOTMFT[POFTËÏWB- DBMDBOÏVTTPOUUSÒTTPVWFOUBTTPDJÏFTBVYFOUPSTFT
MVFS$PNNFODF[QBSMFTNFNCSFTJOGÏSJFVST&O de la cheville. Typiquement, le talus et le calca-
tant que structures paires, ils doivent démontrer OÏVT TPOU UPVT EFVY FO EZTGPODUJPO EF SPUBUJPO
des mouvements biphasiques de rotation craniosa- MBUÏSBMF FYUFSOF  NBJT EBOT MF QMBO TBHJUUBM  MF
DSBMF FYUFSOF FU JOUFSOF $PNNFODF[ BV OJWFBV NPVWFNFOUFOUSFDFTEFVYPTEJGGÒSF-FUBMVTFTU
EFTQJFET FOQMBÎBOUMFTEFVYNBJOTTVSMFEPTEFT déplacé en avant tandis que le calcanéus est
76 Examen ostéopathique

EÏQMBDÏ FO BSSJÒSF *OWFSTFNFOU  MFT EZTGPODUJPOT Bassin


talonaviculaire, et calcanéocuboïdienne sont habi- Le bassin peut être évalué en décubitus dorsal.
UVFMMFNFOU EFT EZTGPODUJPOT EF SPUBUJPO NÏEJBMF $PNNFODF[QBSMFTUFTUTEhÏDPVUFTVSMFTPTDPYBVY
JOUFSOF  GJHVSFù FUDPOUJOVF[BWFDMhÏWBMVBUJPOEFMB
colonne vertébrale lombale et du sacrum.
Fibula
Notez que l'évaluation sans appui donne des
&OTVJUF ÏDPVUF[MFTNPVWFNFOUTFOUSFMFUJCJBFU JOGPSNBUJPOTQMVTQSÏDJTFTTVSMFTNPVWFNFOUTEV
MB GJCVMB  UBOU EBOT MhBSUJDVMBUJPO QSPYJNBMF RVF CBTTJORVhFOQPTJUJPOEFCPVU-PSTRVFMBEZTGPOD-
distale. Normalement, un glissement postérieur tion pelvienne trouvée lors de l'évaluation en posi-
PVBOUÏSJFVSEFMBGJCVMBQSPYJNBMF QBSSBQQPSUBV tion debout persiste en décubitus dorsal, la
tibia, doit être associé au mouvement opposé au EZTGPODUJPO FTU CJFO BV OJWFBV EV CBTTJO &O
OJWFBV EF MhBSUJDVMBUJPO UJCJPGJCVMBJSF EJTUBMF SFWBODIF TJDFUUFEZTGPODUJPOOhFTUQMVTQSÏTFOUF
Évaluez la membrane interosseuse qui peut égale- FO EÏDVCJUVT EPSTBM  MB EZTGPODUJPO QFMWJFOOF
NFOU DPOUSJCVFS Ë MB EZTGPODUJPO UJCJPGJCVMBJSF observée en position debout est une compensa-
5SBJUF[MFTEZTGPODUJPOTJEFOUJGJÏFTFOVUJMJTBOUMFT UJPOËVOFBVUSFEZTGPODUJPOTPNBUJRVF3BQQFMF[
principes indirects. vous aussi qu'en plus de la douleur de la
EZTGPODUJPO NVTDVMPTRVFMFUUJRVF  MF SBDIJT MPN-
Genou
CBM MFTBDSVN MFDPDDZYFUMFTPTDPYBVYQFVWFOU
Écoutez les mouvements au niveau du genou, en ÐUSFSFTQPOTBCMFTEFUSPVCMFTWJTDÏSBVYGPODUJPO-
ÏWBMVBOUMFTNPVWFNFOUTEFMBSPUVMFFUDFVYEV OFMT BCEPNJOBVY FU QFMWJFOT -F USBJUFNFOU EFT
UJCJBQBSSBQQPSUBVGÏNVSEBOTMFTSPUBUJPOTMBUÏ- [POFTEZTGPODUJPOOFMMFTEPJUTVJWSF QPVSVOFEFT-
SBMF FYUFSOF NÏEJBMF JOUFSOF  MhBCEVDUJPO cription de la position des mains pour les procé-
MhBEEVDUJPO FU MFT HMJTTFNFOUT MBUÏSBMNÏEJBM 4J dures de traitement, voir partie III, Traitement du
nécessaire, utilisez les tests d'amplitude du mou- QBUJFOU Q 
WFNFOUQPVSDPOGJSNFSMFTJOGPSNBUJPOTPCUFOVFT
ËQBSUJSEFMhÏDPVUF5SBJUF[MFTEZTGPODUJPOTJEFO- Plancher pelvien
UJGJÏFTBWFDEFTQSJODJQFTJOEJSFDUT5SÒTTPVWFOU MB -hÏWBMVBUJPO EV QMBODIFS QFMWJFO QFVU TVJWSF 4J
GJCVMB FTU JNQMJRVÏF EBOT MFT EZTGPODUJPOT EV WPVTBWF[MFTRVBMJGJDBUJPOTBEÏRVBUFT VOFÏWBMVB-
genou ou du pied et doit être testée en premier. UJPO JOUFSOF QFVU ÐUSF SÏBMJTÏF 1PVS VO FYBNFO
3BQQFMF[WPVTBVTTJRVFMFTEPVMFVSTBVOJWFBVEV BQQSPGPOEJ  MB NFJMMFVSF QPTJUJPO FTU MB QPTJUJPO
HFOPV QFVWFOU SÏTVMUFS EhVOF EZTGPODUJPO EF MB HZOÏDPMPHJRVF QPVS VO FYBNFO WBHJOBM  FU MF
cheville, de la hanche ou du bassin. EÏDVCJUVTMBUÏSBMQPVSVOFYBNFOBOPSFDUBM%BOT
MBQPTJUJPOHZOÏDPMPHJRVF JMFTUQSÏGÏSBCMFEhFYB-
Hanche
miner la patiente sur une table équipée d'étriers,
Évaluez les articulations des hanches avec des avec la patiente positionnée de telle sorte que le
UFTUTEhÏDPVUF3BQQFMF[WPVTRVFMBEZTGPODUJPO périnée soit situé le plus près possible du bord de
de la hanche peut résulter d'un déséquilibre de la
UFOTJPOEFTNVTDMFTQPTUVSBVYBTTPDJÏËVOEÏTÏ-
RVJMJCSF QPTUVSBM "JOTJ  FO QSÏTFODF EhVOF EZT-
GPODUJPOEFMBIBODIF WJTVBMJTF[DFTNVTDMFTBGJO
EF EÏUFSNJOFS TJ MhVO EhFVY DPOUSJCVF Ë MB EZT-
GPODUJPOWÏSJGJF[FOQBSUJDVMJFSMFTBEEVDUFVST MFT
JTDIJPKBNCJFST MFTPCUVSBUFVSTJOUFSOFFUFYUFSOF 
MFQJSJGPSNFFUMFHSPVQFJMJPQTPBT TQÏDJBMFNFOUMF
HSBOE QTPBT -F USBJUFNFOU EF DFT EZTGPODUJPOT 
en utilisant des procédures de relâchement myo-
GBTDJBM  QSPEVJU TPVWFOU VOF EÏUFOUF EF UPVU MF
bassin. Figure 4.12. Évaluation pelvienne globale.
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 77

MB UBCMF EhFYBNFO $FUUF QPTJUJPO QFSNFU VOF "QSÒT MB QBMQBUJPO  EFNBOEF[ Ë MB QBUJFOUF EF
bonne évaluation des muscles du plancher pelvien DPOUSBDUFSMFTNVTDMFTEVQÏSJOÏF1PVSGBDJMJUFSMB
BJOTJ RVF EF MB NPCJMJUÏ EV DPDDZY $PNNFODF[ DPNQSÏIFOTJPOEFDFRVJEPJUÐUSFGBJU EJUFTMVJEF
par une palpation des tubérosités ischiatiques et contracter les muscles comme si elle voulait arrê-
OPUF[ UPVUF BTZNÏUSJF EF GPSNF FU EF QPTJUJPO ter un écoulement d'urine. Demandez-lui de
QPVWBOU ÐUSF MJÏF Ë EFT EZTGPODUJPOT JOUFS PV DPOUSBDUFS MFT NVTDMFT WBHJOBVY TVS WPUSF EPJHU
JOUSBPTTFVTFTEFTPTDPYBVY4VSMBGBDFNÏEJBMFEF EhFYBNFO FU ÏWBMVF[ MFT EJGGÏSFOUFT DPNQPTBOUFT
ces tubérosités, palpez le plancher pelvien pour du plancher pelvien. Notez la participation
noter toute asymétrie de tonicité, ou une hyper- EhBVUSFT NVTDMFT  FO QBSUJDVMJFS DFVY EF MB QBSPJ
ou hypotonie. abdominale, des adducteurs de la hanche et des
"WFDEÏMJDBUFTTF JOUSPEVJSFVOJOEFYHBOUÏEBOT HMVUÏBVY VOFSÏBDUJPOGSÏRVFOUFDIF[MFTQBUJFOUT
MFWBHJO PVMhBOVTQPVSMFQBUJFOUEFTFYFNBTDV- n'ayant pas conscience de leur plancher pelvien.
MJO1BMQF[MFTQBSPJTWBHJOBMFTPVSFDUBMFT/PUF[ )BCJUVFMMFNFOU  BWFD VO QSPMBQTVT VUÏSJO  MF
UPVUFTFOTJCJMJUÏËMBQBMQBUJPO EFTGJCSFTNVTDV- muscle pubococcygien est atrophié, et le vagin
MBJSFT IZQFS PV IZQPUPOJRVFT "V OJWFBV EFT TFNCMFUSÒTTQBDJFVYBWFDEFTQBSPJTUSÒTNPCJMFT
épines sciatiques, palpez les ligaments sacrotubé- "QSÒT MhFYBNFO  QSPDÏEF[ BV USBJUFNFOU  RVJ
SBVY FU TBDSPTQJOBVY 6OF UFOTJPO MJHBNFOUBJSF doit inclure la normalisation de la colonne lom-
asymétrique est présente lorsque le sacrum est en CBMF MFTPTDPYBVY MFTBDSVNFUMFDPDDZY5PVUF
EZTGPODUJPOEFUPSTJPO²WBMVF[MBSFMBUJPOTBDSP- EZTGPODUJPOEFTTUSVDUVSFTNZPGBTDJBMFTEPJUÏHBMF-
DPDDZHJFOOF4BJTJTTF[MFDPDDZYFOUSFMhJOEFYWBHJ- ment être prise en compte. Lorsque le traitement
OBM  PV SFDUBM  FU MF QPVDF QMBDÏ Ë MhFYUÏSJFVS FTU UFSNJOÏ  SÏÏWBMVF[ MFT FOESPJUT EZTGPODUJPO-
²WBMVF[MFNPVWFNFOUFYJTUBOUFOUSFMFTBDSVNFU OFMT &OGJO  VO QSPHSBNNF WJTBOU Ë BDDSPÔUSF MB
MFDPDDZY QSJTFEFDPOTDJFODFFUËSFOGPSDFSMFQMBODIFSQFM-
$IF[MBGFNNF VOFÏWBMVBUJPOQMVTQSÏDJTFEFT WJFO EPJU ÐUSF DPOTJEÏSÏ  BWFD QBS FYFNQMF EFT
NVTDMFT EV QMBODIFS QFMWJFO  JODMVBOU MFT EJGGÏ- jFYFSDJDFTEF,FHFMx voirQBSUJF*7 DIBQJUSF 
SFOUFTQBSUJFTEVNVTDMFÏMÏWBUFVSEFMhBOVT JMJP- %ZTGPODUJPOTVSPHÏOJUBMFT Q 
DPDDZHJFO  JTDIJPDPDDZHJFO FU QVCPDPDDZHJFO 
peut être accomplie. Dans la position gynécolo- Région thoracoabdominale
gique, la position de la palpation est décrite 1BMQF[ MB DBHF UIPSBDJRVF  Ë MB SFDIFSDIF EhVOF
DPNNFTJWPVTÏUJF[GBDFËVOFIPSMPHF&OWJSPO EZTGPODUJPO DPTUBMF TPJU FO JOTQJSBUJPO  TPJU FO
  DN BVEFTTVT EF MhPSJGJDF WBHJOBM  MF NVTDMF FYQJSBUJPO²WBMVF[MFTUFSOVNFUMFTBSUJDVMBUJPOT
pubococcygien peut être palpé entre 7 et TUFSOPDPTUBMFT"WFDMFTUFTUTEhÏDPVUF ÏWBMVF[MF
11 heures sur la gauche et de 1 à 5 heures sur la EJBQISBHNF &TTBZF[ EF WJTVBMJTFS TFT EJGGÏSFOUFT
droite. L'évaluation du muscle puborectal est QBSUJFTQPVSEÏUFSNJOFSThJMFYJTUFVOFSFTUSJDUJPO
FGGFDUVÏF QMVT MBUÏSBMFNFOU EBOT MF WBHJO EJTUBM EF NPCJMJUÏ TVS MhVOF EhFOUSF FMMFT OPUF[ UPVUF
Insérez davantage le doigt dans le vagin, pour pal- EJGGÏSFODFEBOTMBUFOTJPOFUMBMJCFSUÏEVNPVWF-
QF[ MF NVTDMF JMJPDPDDZHJFO FOUSF  FU  IFVSFT NFOU FOUSF EFT EFVY NPJUJÏT EJBQISBHNBUJRVFT
tandis que le muscle coccygien est palpé avec le ainsi qu'entre les parties postérieure et antérieure.
EPJHU JOTÏSÏ QMVT QSPGPOEÏNFOU EBOT MF WBHJO Ë /PSNBMJTF[ UPVUF EZTGPODUJPO EJBQISBHNBUJRVF
FUIFVSFT.ÐNFThJMOhFTUQBTEÏDSJUDPNNF 4JMBEZTGPODUJPOQFSTJTUF SFDIFSDIF[VOFEZTGPOD-
GBJTBOUEJSFDUFNFOUQBSUJFEVQMBODIFSQFMWJFO MF tion primaire à distance qui peut contribuer à la
muscle obturateur interne présente une relation EZTGPODUJPO EJBQISBHNBUJRVF PV ÐUSF TB DBVTF
GPSUF BWFD MF NVTDMF QVCPDPDDZHJFO *M QFVU ÐUSF principale.
QBMQÏQBSWPJFJOUSBWBHJOBMFBWFDMhJOEFYEJSJHÏFO &O FGGFU  MB EZTGPODUJPO EJBQISBHNBUJRVF QFVU
IBVU FU MBUÏSBMFNFOU EF DIBRVF DÙUÏ Ë  FU ÐUSFVOFEZTGPODUJPOQSJNBJSFEVEJBQISBHNFPV
IFVSFT6OFEZTGPODUJPOEFMhPCUVSBUFVSJOUFSOF MBDPOTÏRVFODFEhVOFEZTGPODUJPOEFMBDBHFUIP-
QFVUDPOUSJCVFSËEFTTZNQUÙNFTVSJOBJSFTFUËMB SBDJRVF  EV SBDIJT MPNCBM PV EFT PT UFNQPSBVY
dyspareunie. 6OFEZTGPODUJPOEFMBTJYJÒNFËMBEPV[JÒNFDÙUF
78 Examen ostéopathique

QFVUBGGFDUFSMFEJBQISBHNFBVOJWFBVEFTFT[POFT Région cervicale


EhJOTFSUJPO -FT DÙUFT JOGÏSJFVSFT QFVWFOU ÐUSF &OTVJUF ÏWBMVF[ MB GPODUJPO EF MB DPMPOOF DFSWJ-
FMMFTNÐNFT EZTGPODUJPOOFMMFT  FO SBJTPO EhVOF DBMF "WFD MF WJFJMMJTTFNFOU  QSFTRVF UPVT MFT
EZTGPODUJPOWFSUÏCSBMFUIPSBDJRVFJOGÏSJFVSF6OF QBUJFOUTÏQSPVWFOUEFTEPVMFVSTBVDPV4PVWFOU 
EZTGPODUJPOEJBQISBHNBUJRVFQFVUBVTTJBDDPNQB- VOF EZTGPODUJPO TPNBUJRVF JNQPSUBOUF FTU USPV-
gner une restriction du mouvement des vertèbres vée dans la région cervicale supérieure et au niveau
MPNCBMFTTVQÏSJFVSFTRVJBGGFDUFMFEJBQISBHNFË EF MB DIBSOJÒSF DSBOJPDFSWJDBMF Pá TPOU TJUVÏT VO
USBWFSTTFTQJMJFST5PVUBVUBOU VOFEZTGPODUJPOEF grand nombre des propriocepteurs de la colonne
MhPTUFNQPSBMBGGFDUFMF.31FUMFEJBQISBHNFDSÉ- cervicale. Des troubles sensorimoteurs, tels que le
OJFO RVJËTPOUPVSQFVUMJNJUFSMBQMFJOFFYDVS- manque d'équilibre, peuvent résulter d'une dys-
sion du diaphragme thoracoabdominal. GPODUJPO TPNBUJRVF DFSWJDBMF TVQÏSJFVSF &O SBJ-
1BMQF[MBQBSPJBCEPNJOBMFFUMFDPOUFOVBCEP- TPO EF DF TZTUÒNF QSPQSJPDFQUJG FYUSÐNFNFOU
NJOBM&NQMPZF[MFTUFTUTEhÏDPVUFQPVSÏWBMVFSMB sophistiqué et de l'emplacement des artères verté-
UPOJDJUÏ FU MB TZNÏUSJF EFT DPNQPTBOUFT NZPGBT- brales, la palpation et le traitement de cette région
ciales de l'abdomen. Écoutez la motilité inhérente EPJWFOUÐUSFFYDFQUJPOOFMMFNFOUEÏMJDBUT$FTGBJUT
de l'abdomen globalement, ainsi qu'au niveau de KVTUJGJFOU MB OÏDFTTJUÏ EhVOF ÏWBMVBUJPO NÏEJDBMF
la paroi abdominale et de chaque viscère. Traitez complète de la région avant la mobilisation de la
toute zone ou la motilité est restreinte et toute colonne cervicale. Les procédures indirectes sont
EZTGPODUJPOWJTDÏSBMF EF MPJO MF USBJUFNFOU EF DIPJY EBOT DFUUF [POF
GSBHJMF
Ceinture scapulaire
"WFD VOF HSBOEF QSÏDJTJPO QBMQBUPJSF  ÏWBMVF[
1SPDÏEF[ËMhÏWBMVBUJPOEFMBDFJOUVSFTDBQVMBJSF les vertèbres cervicales. Les tests d'écoute per-
Testez les clavicules et les articulations sternoclavi- mettent une appréciation du mouvement sans
culaires, acromioclaviculaires, glénohumérales, et MhVTBHFEFMBGPSDFFUEFMhBNQMJUVEFEhBVUSFTUFTUT
scapulothoraciques. Évaluez également les tissus RVJQFVWFOUÐUSFUSPQBHSFTTJGTQPVSMFQBUJFOUGSB-
NPVT BTTPDJÏT  Z DPNQSJT MFT TUSVDUVSFT NZPGBT- HJMF²WBMVF[MFTGBTDJBTDFSWJDBVYFUMFTTUSVDUVSFT
ciales et les éléments vasculaires, lymphatiques et viscérales associées. L'utilisation judicieuse des
OFVSBVYRVJMFTBDDPNQBHOFOU tests d'amplitude du mouvement peut suivre en
GPODUJPOEFMBUPMÏSBODFEVQBUJFOU
Colonne vertébrale
Toutes les vertèbres peuvent être évaluées avec le
QBUJFOU FO EÏDVCJUVT EPSTBM $FUUF QPTJUJPO FTU Tests d'amplitude du mouvement
DFQFOEBOUEhVOJOUÏSÐUQBSUJDVMJFSQPVSMhFYBNFO en décubitus dorsal
des vertèbres thoraciques supérieures et lombales. $IBDVO EFT UFTUT EhÏDPVUF QFVU FO PVUSF ÐUSF
$FMB QFSNFU EhÏUVEJFS DFT [POFT FO BTTPDJBUJPO DPOGJSNÏ TJOÏDFTTBJSF BWFDEFTUFTUTTVCUJMTEhBN-
BWFD MhFYBNFO EFT SÏHJPOT DFSWJDBMF FU DSBOJBMF  plitude du mouvement. Les positions des mains
ainsi que du bassin, sans déplacer le patient. sont les mêmes que celles utilisées pour le traite-
Lorsque vous utilisez des procédures indirectes, la NFOU voir partie III, Traitement du patient,
DPOUJOVJUÏ EBOT MF USBJUFNFOU EFT EJGGÏSFOUFT Q   %FT UFTUT BDUJGT EhBNQMJUVEF EV NPVWF-
SÏHJPOTFTUCÏOÏGJRVF-BQMVQBSUEVUFNQT QMV- ment permettent d'évaluer le mouvement dispo-
TJFVST[POFTEPJWFOUÐUSFUSBJUÏFT&OMBJTTBOUWPUSF nible et peuvent être nécessaires pour estimer
patient dans la même position, vous éliminez les complètement l'étendue des limitations du
TUJNVMBUJPOT QSPQSJPDFQUJWFT EV 4/$ BTTPDJÏFT Ë QBUJFOU$hFTUBVTTJVOCPONPZFOQPVSQFSNFUUSF
DIBRVF DIBOHFNFOU EF QPTJUJPO FMMFT TPOU JOV- au patient d'apprécier le degré d'amélioration
UJMFTFUOVJTFOUËMBGMVJEJUÏEFMBTÏRVFODFEFUSBJ- PCUFOVBQSÒTVOUSBJUFNFOUSÏVTTJ FUQPVSMVJGBJSF
UFNFOU -FT EZTGPODUJPOT TPNBUJRVFT JEFOUJGJÏFT comprendre la nécessité de mesures telles que les
EPJWFOU ÐUSF USBJUÏFT voir la position des mains FYFSDJDFTQPVSDPOUJOVFSËBNÏMJPSFSTBDPOEJUJPO
EBOTQBSUJF*** 5SBJUFNFOUEVQBUJFOU Q  et à maintenir cette amélioration.
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 79

Observation et palpation EFTDPNQPTBOUFTEVDSÉOF NBJTQMVUÙUMFSÏTVMUBU


du neurocrâne EFUSBDUJPOTEFTTUSVDUVSFTNZPGBTDJBMFTWFSUÏCSBMFT
EZTGPODUJPOOFMMFT ® UJUSF EhFYFNQMF  MPSTRVF MB
"VYGJOTEFDMBSJGJDBUJPO MFOFVSPDSÉOFFUMFWJTDÏ- tête d'un patient inclinée vers la droite est « réali-
rocrâne sont abordés séparément dans cette pré- gnée », lors de la palpation de l'occiput ou du
TFOUBUJPO $FQFOEBOU  DFUUF TÏRVFODF QFVU ÐUSF sphénoïde, votre première sensation sera celle
NPEJGJÏF FO GPODUJPO EFT CFTPJOT EF MhJOEJWJEV EhVOF JODMJOBJTPO MBUÏSBMF ESPJUF $FMB SFGMÒUF MB
1BS FYFNQMF  MhPCTFSWBUJPO EV WJTDÏSPDSÉOF QFVU EZTGPODUJPOEFMBDPMPOOFDFSWJDBMFFUQBTOÏDFT-
suivre l'observation de la boîte crânienne, avant la sairement le mouvement de l'occiput ou du
palpation du neurocrâne. sphénoïde.
L'observation et la palpation du neurocrâne $POTJEÏSF[ MF TDIÏNB HMPCBM EV DSÉOF 6OF
TPOU QMVT GBDJMFT FO EFDVCJUVT EPSTBM 5PVUFGPJT  augmentation de la largeur du crâne peut être
FMMFT QFVWFOU ÐUSF SÏBMJTÏFT EBOT EJGGÏSFOUFT BTTPDJÏFËMBGMFYJPODSÉOJFOOF BMPSTRVhVOFEJNJ-
positions, telles que la position assise quand un OVUJPO FTU MJÏF Ë MhFYUFOTJPO 3BQQFMF[WPVT 
patient peut avoir peur de s'allonger en raison de cependant, que seule la palpation du mouvement
vertiges. N'oubliez pas que plus vous établissez QFVUEJGGÏSFODJFSVOFEZTGPODUJPOBWFDSFTUSJDUJPO
VOFSFMBUJPOEFDPOGJBODFBWFDMFQBUJFOU NFJMMFVS de mouvement, d'un crâne morphologiquement
sera le résultat du traitement. Votre langage cor- plus large, ou plus étroit, dans lequel le mouve-
porel et celui de votre toucher au cours de la palpa- ment est intact.
tion et du traitement sont d'une importance 3FHBSEF[MFTUJTTVTTVQFSGJDJFMTEVGSPOU BVUPVS
QSJNPSEJBMF6ONFTTBHFEFDPOGJBODFPVEFEÏGJBODF EFTPSFJMMFTFUQBSUPVUPáMFTDIFWFVYEVQBUJFOU
est transmis dès le premier contact avec le patient. permettent l'observation du neurocrâne. Notez
$FMB FTU QBSUJDVMJÒSFNFOU JNQPSUBOU MPSTRVF MhPO toutes les asymétries dans les rides, les troubles
touche le crâne, parce que le patient doit se détendre EFSNBUPMPHJRVFT FU MFT JOGJMUSBUJPOT EFT UJTTVT
complètement pour de meilleurs résultats. 0CTFSWF[MFTUSBJUTEVQBUJFOU OPUF[MFTTJHOFTEF
nervosité comme les tics.
Observation du neurocrâne
3FHBSEF[MFTBTZNÏUSJFTWJTJCMFT&OSBJTPOEFT
#JFORVFMFOFVSPDSÉOFTFDPNQPTFEFIVJUPT MhPT DIFWFVY  JM FTU QMVT GBDJMF EhPCTFSWFS MhBTZNÏUSJF
PDDJQJUBM  MFT EFVY PT QBSJÏUBVY  MhPT GSPOUBM  MFT des structures du viscérocrâne que de celles du
EFVYPTUFNQPSBVY MFTQIÏOPÕEFFUMhFUINPÕEF JMT OFVSPDSÉOF4PZF[DPOTDJFOUEVGBJURVFMFWJTDÏ-
ne sont pas tous directement accessibles, que ce SPDSÉOF OF SFGMÒUF QBT OÏDFTTBJSFNFOU MB CPÔUF
soit visuellement ou par palpation. crânienne.
$PNNFODF[ QBS VOF PCTFSWBUJPO HÏOÏSBMF EV 3FDIFSDIF[BVOJWFBVEFTGPTTFTUFNQPSBMFTEFT
crâne. Idéalement, la ligne médiane du crâne doit indices quant à la position des grandes ailes du
ÐUSFBMJHOÏFBWFDMBMJHOFNÏEJBOFEVUSPOD4JDF TQIÏOPÕEF 6OF GPTTF RVJ FTU TVQÏSJFVSF  JOGÏ-
OhFTUQBTMFDBT VOFPVEFTEZTGPODUJPOTBVOJWFBV SJFVSF QSPGPOEFPVQMFJOFTVSVODÙUÏSFOTFJHOF
des vertèbres cervicales ou thoraciques supérieures TVSMBQPTJUJPOEFMBGBDFMBUÏSBMFEFMBHSBOEFBJMF
QFVWFOUÐUSFQSÏTFOUFT4JQPTTJCMF USBJUF[EFUFMMFT EVTQIÏOPÕEFEFDFDÙUÏ-FQBUJFOUBZBOUMFTZFVY
EZTGPODUJPOT BWBOU EhBCPSEFS MF DSÉOF 4J  QPVS GFSNÏT  OPUF[ MhPCMJRVJUÏ EF MB MJHOF EFT DJMT
RVFMRVF SBJTPO RVF DF TPJU  DFT EZTGPODUJPOT OF 0SEJOBJSFNFOU DFTMJHOFTTPOUMFSFGMFUEFMBQPTJ-
peuvent pas être traitées immédiatement, assurez- UJPO EFT BJMFT EV TQIÏOPÕEF -FT JOGPSNBUJPOT
vous que le patient prenne la position la plus recueillies par l'observation doivent, bien sûr, être
DPOGPSUBCMFQPTTJCMFMPSTEVUSBJUFNFOUEVDSÉOF DPOGJSNÏFTQBSMBQBMQBUJPO1PVSDFMBWPVTQPV-
Une erreur courante consiste à aligner la tête du vez utiliser les tests d'écoute.
QBUJFOUBWFDTPOUSPOD TBOTUSBJUFSMFTEZTGPODUJPOT -BQPTJUJPOEFTPTUFNQPSBVYQFVUÐUSFTVQQP-
WFSUÏCSBMFT BWBOU EhÏWBMVFS MF DSÉOF 4J MF QBUJFOU sée à partir de l'observation de la position des
FTUQPTJUJPOOÏEFDFUUFGBÎPO MFTNPVWFNFOUTSFT- PSFJMMFT SFGMFUTEFTPTUFNQPSBVY&OSÒHMFHÏOÏ-
TFOUJTEBOTMBUÐUFOFTPOUQBTGPSDÏNFOUMFSFGMFU rale, une oreille décollée est associée à la rotation
80 Examen ostéopathique

FYUFSOFEFMhPTUFNQPSBMJQTJMBUÏSBM BMPSTRVFQMB- muscles, soit primaire, soit secondaire, peut


RVÏFDPOUSFMFDÙUÏEFMBUÐUF FMMFFTUSBUUBDIÏFËMB contribuer à la diminution de la sensation du
SPUBUJPOJOUFSOFEFMhPTUFNQPSBM$FOhFTUDFQFO- .31MPSTEFMBQBMQBUJPO
dant pas toujours le cas et cette observation doit L'occiput et le sphénoïde sont des os impairs et,
toujours être corroborée par d'autres évaluations. ËDFUJUSF BVDPVSTEVDZDMFEV.31 JMTEÏNPOUSFOU
1BSDPOTÏRVFOU PCTFSWF[MFTQPTJUJPOTSFMBUJWFT VOF GMFYJPO FU VOF FYUFOTJPO &O GBJU  DhFTU VOF
EFT [POFT TVQÏSJFVSF FU JOGÏSJFVSF EhJOTFSUJPO EF TJNQMJGJDBUJPO FYDFTTJWF &NCSZPMPHJRVFNFOU  MF
MhPSFJMMFTVSMBUÐUF-PSTRVFMBGJYBUJPOTVQÏSJFVSF basiocciput et le corps du sphénoïde sont d'ori-
FTUTJUVÏFQMVTFOBWBOURVFMhJOGÏSJFVSF MFUFNQP- HJOFDBSUJMBHJOFVTFFUJMTGPOUCJFOVONPVWFNFOU
ral est probablement en rotation antérieure. NBOJGFTUFEFGMFYJPOFUEhFYUFOTJPO&OSFWBODIF 
Inversement, la rotation du temporal est posté- l'écaille occipitale et les grandes ailes du sphénoïde
SJFVSFMPSTRVFMBGJYBUJPOTVQÏSJFVSFEFMhPSFJMMFFTU TPOU QMVT GMFYJCMFT FU  EBOT VOF DFSUBJOF NFTVSF 
QPTUÏSJFVSFQBSSBQQPSUËMBGJYBUJPOJOGÏSJFVSF-B FMMFTTFEÏQMBDFOUFOSPUBUJPOFYUFSOFQFOEBOUMB
rotation antérieure ou postérieure de l'os tempo- GMFYJPOFUFOSPUBUJPOJOUFSOFQFOEBOUMhFYUFOTJPO
ral, dans le plan sagittal, est la composante majeure 1BSDPOTÏRVFOU FOQSÏTFODFEFEZTGPODUJPOTEFMB
EF MB SPUBUJPO DSBOJPTBDSBMF FYUFSOF PV JOUFSOF  44# DPNNF MB torsion, le sidebending-rotation et
respectivement [16]#JFORVFMhPOPCTFSWFTPV- les strains, des asymétries latérales des parties
vent le décollement de l'oreille, la position relative squameuses de l'occiput et des grandes ailes du
EFT[POFTEhJOTFSUJPOFTUVOJOEJDBUFVSQMVTGJBCMF TQIÏOPÕEFQFVWFOUFYJTUFS
Le sidebending-rotation et la torsion EF MB 44# Évaluez l'écaille occipitale à la recherche d'asy-
peuvent être évalués par l'observation. Imaginez métrie. Vous la sentirez déplacée caudalement
VOFMJHOFSFMJBOUMFTEFVYGPTTFTUFNQPSBMFT MhFN- JOGÏSJFVSF EVDÙUÏEFMBGMFYJPOSPUBUJPOFYUFSOF
QMBDFNFOUEFTGBDFTUFNQPSBMFTEFTHSBOEFTBJMFT DSBOJPTBDSBMF  FU EÏQMBDÏF DSBOJBMFNFOU TVQÏ-
EVTQIÏOPÕEF6ODÙUÏFTUTPVWFOUQMVTCBTRVF SJFVSF EBOTMhFYUFOTJPOSPUBUJPOJOUFSOFDSBOJPTB-
MhBVUSF -PSTRVF DFMB DPSSFTQPOE BV DÙUÏ EF MB DSBMF 4PZF[ DPOTDJFOU RVhJM FYJTUF QFVU ÐUSF VOF
SPUBUJPOFYUFSOFEVUFNQPSBM JMFYJTUFQSPCBCMF- EZTGPODUJPOPDDJQJUPDFSWJDBMFBWFDVOFJODMJOBJTPO
ment un sidebending-rotation EF MB 44# EF DF MBUÏSBMFEFMBUÐUFRVJQFVUNPEJGJFSMBQPTJUJPOEF
DÙUÏ-PSTRVFMFDÙUÏQMVTCBTEFMBMJHOFFTUEV MhÏDBJMMFPDDJQJUBMF-BQBMQBUJPOEFTGPODUJPOTFTU
DÙUÏEFMBSPUBUJPOJOUFSOFEVUFNQPSBM VOFtor- OÏDFTTBJSFQPVSDPOGJSNFSMFTSÏTVMUBUT
sion ipsilatérale peut être présente. La palpation La palpation du sphénoïde peut être réalisée
EFTGPODUJPOTEPJUDPOGJSNFSDFTPCTFSWBUJPOT EBOTMFTGPTTFTUFNQPSBMFT FOÏWBMVBOUMBQPSUJPO
-hPTGSPOUBMFTUÏHBMFNFOUPCTFSWÏTBOTEJGGJDVMUÏ la plus latérale des grandes ailes du sphénoïde, et
3FHBSEF[MFGSPOU*MTFSBQMVTMBSHFBWFDEFTCPTTFT EBOTMBDBWJUÏCVDDBMF BGJOEFQBMQFSMFTQSPDFTTVT
GSPOUBMFTFGGBDÏFTFUEFTTPVSDJMTQMVTÏUJSÏTMBUÏSBMF- QUÏSZHPÕEJFOT 1FOEBOU MB GMFYJPOSPUBUJPO
NFOU  MPST EF MB GMFYJPOSPUBUJPO FYUFSOF DSBOJPTB- FYUFSOF DSBOJPTBDSBMF  MFT GPTTFT UFNQPSBMFT TPOU
DSBMF 6O GSPOUBM ÏUSPJU BWFD EFT CPTTFT GSPOUBMFT pleines et les processus ptérygoïdiens se déplacent
QSPÏNJOFOUFTFUEFTTPVSDJMTDPVSUTFTUBTTPDJÏËMhFY- MBUÏSBMFNFOUFUWFSTMFIBVU UBOEJTRVhFOFYUFO-
tension-rotation interne craniosacrale. L'observation TJPOSPUBUJPO JOUFSOF DSBOJPTBDSBMF  MFT GPTTFT
du viscérocrâne est discutée ci-dessous. temporales se creusent et les processus ptérygoï-
diens se déplacent médialement et vers le bas.
Palpation des structures du neurocrâne -FTPTUFNQPSBVYQFVWFOUÐUSFQBMQÏTBVOJWFBV
$POUJOVF[MhÏWBMVBUJPOEVOFVSPDSÉOFBWFDMBQBM- de l'écaille temporale, le processus zygomatique
pation des structures du crâne qui peuvent être inclus, et aussi au niveau du processus mastoïde.
BJOTJQMVTGBDJMFNFOUBQQSÏDJÏFTRVhBWFDVOFTJNQMF %F DIBRVF DÙUÏ  QFOEBOU MB GMFYJPOSPUBUJPO
observation. Évaluez la qualité des tissus mous, la FYUFSOF DSBOJPTBDSBMF  MhÏDBJMMF UFNQPSBMF ThFY-
peau, les tissus subcutanés et les muscles. Évaluez QBOTF$FMBTVJUOPSNBMFNFOUMFEÏQMBDFNFOUMBUÏ-
FOQBSUJDVMJFSMFTNVTDMFTRVJTFGJYFOUTVSMhÏDBJMMF ral de la grande aile du sphénoïde. La pointe du
de l'occiput et du temporal. L'hypertonie de ces processus mastoïde devient postérieure, médiale
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 81

FUIBVUF1FOEBOUMhFYUFOTJPOSPUBUJPOJOUFSOFDSB-
niosacrale, l'écaille temporale est plus plate, et la
pointe du processus mastoïde est antérieure, laté-
rale et basse.
-BQBMQBUJPOEFMhPTGSPOUBMEPOOFEFTJOGPSNB-
tions qui peuvent être analysées avec les mêmes
QSJODJQFT RVJ DFVY EÏDSJUT DJEFTTVT voir
0CTFSWBUJPOEVOFVSPDSÉOF Q 7PVTTFOUJSF[
MhPT GSPOUBM QMVT MBSHF BWFD EFT CPTTFT GSPOUBMFT
RVJThFGGBDFOUQFOEBOUMBGMFYJPOSPUBUJPOFYUFSOF
DSBOJPTBDSBMF FUQMVTÏUSPJUBWFDEFTCPTTFTGSPO-
UBMFT QSPÏNJOFOUFT QFOEBOU MhFYUFOTJPOSPUBUJPO
interne craniosacrale. Figure 4.13. Prise par la voûte.
&OGJOQBMQF[MFTPTQBSJÏUBVYRVJQPVSSBJFOUOF
pas avoir été bien évalués visuellement à cause des
DIFWFVY-FCPSENÏEJBMEVQBSJÏUBMFTUBQMBUJFO VOFCPOOFBQQSÏDJBUJPOEV.31FUEFTNFN-
GMFYJPOSPUBUJPOFYUFSOFDSBOJPTBDSBMF FUQSPÏNJ- branes crâniennes.
OFOUEBOTMhFYUFOTJPOSPUBUJPOJOUFSOF Nous proposons une troisième position qui
QFVU QBSBÔUSF FSHPOPNJRVFNFOU QMVT TBUJTGBJ-
sante pour certains praticiens. Nous avons
Palpation des fonctions du neurocrâne
nommé cette position la « prise en berceau
Prise par la voûte et prise en berceau [18] ». Vous êtes assis à la tête du patient qui est
$PNNFODF[MBQBMQBUJPOEFTGPODUJPOTQBSVOF en décubitus dorsal. Vous placez les mains sous
évaluation globale du crâne. La « prise par la l'occiput, les doigts orientés médialement, de
voûte » est une procédure standard pour réali- UFMMFNBOJÒSFRVFMBQVMQFEFTJOEFY NÏEJVTFU
ser cette évaluation. Vous êtes assis à la tête du annulaires est en contact avec l'occiput en des-
patient qui est en décubitus dorsal. Vous sous de la ligne nucale supérieure. De chaque
DPOUBDUF[MFDSÉOFEFUFMMFGBÎPORVFWPTNBJOT DÙUÏEFMBUÐUF WPVTQMBDF[MBGBDFMBUÏSBMFEFMB
épousent avec délicatesse les parties latérales du phalange distale des pouces sur les grandes ailes
DSÉOF  MB QVMQF EFT JOEFY FTU TVS MFT HSBOEFT EVTQIÏOPÕEF GJHVSFù 
ailes du sphénoïde, les médius sont sur les Dès que vous appliquez correctement l'une de
écailles temporales, en avant des pores acous- ces prises, le patient doit immédiatement ressentir
tiques, les annulaires sont sur les parties mas- VOFTFOTBUJPOEFDPOGJBODFFUEFEÏUFOUF%BOTDFT
UPÕEJFOOFT EFT PT UFNQPSBVY  FO BSSJÒSF EFT
pores acoustiques, et les petits doigts sont sur
l'écaille de l'occiput. Les pouces sont croisés
au-dessus de la suture sagittale sans la toucher
GJHVSFù 
6OF QPTJUJPO EF NBJO MÏHÒSFNFOU EJGGÏSFOUF
est décrite dans l'édition de 1951, approuvée
QBS 4VUIFSMBOE  EF L'ostéopathie dans le champ
DSÉOJFOMFTJOEFYTPOUTVSMB[POFGSPOUPTQIÏ-
OPÕEBMFPVTVSMBGBDFMBUÏSBMFEFTHSBOEFTBJMFT 
MFT QIBMBOHFT NPZFOOFT PV QSPYJNBMFT EFT
NÏEJVTTPOUTVSMFTBOHMFTBOUÏSPJOGÏSJFVSTEFT
QBSJÏUBVY  MFT BOOVMBJSFT TVS MFT BOHMFT NBTUPÕ-
EJFOTEFTQBSJÏUBVYFUMFTQFUJUTEPJHUTTPOUTVS
l'écaille de l'occiput [17]$FUUFPQUJPOQFSNFU Figure 4.14. Prise en berceau.
 Examen ostéopathique

circonstances, vous allez acquérir une bonne pathique < >, et avec le vieillissement, l'alté-
appréciation de la dynamique crânienne, et l'im- SBUJPO EF MB GPODUJPO BVUPOPNF NPEJGJF MB CBTTF
QVMTJPOSZUINJRVFDSÉOJFOOF *3$ QFVUÐUSFQBM- GSÏRVFODFFOSFHJTUSÏFDIF[MFTKFVOFTBEVMUFT<>.
pée de manière optimale. $FMBQFVUDPOUSJCVFSËMBEJGGÏSFODFSFTTFOUJFFOUSF
TVKFUTKFVOFTFUNPJOTKFVOFT)BCJUVFMMFNFOU PO
Écoute QBMQFVO.31QVJTTBOUDIF[MFTKFVOFTJOEJWJEVT
1MBDF[WPTNBJOTDPNNFEÏDSJUDJEFTTVT TPJUFO FO CPOOF TBOUÏ  BMPST RVF MB QVJTTBODF EF Mh*3$
prise par la voûte, soit en prise en berceau, et, peut diminuer chez les personnes âgées. Il
DPNNFMhBEJU4VUIFSMBOE « allowing the physiologi- DPOWJFOUEFOPUFS UPVUFGPJT RVFMBQVJTTBODFEV
cal function within to manifest its own unerring .31QFVUÐUSFNBJOUFOVFËUPVUÉHFMPSTRVFMFT
potency rather than the use of blind force from wit- personnes restent en bonne santé, alors qu'une
hout [19]x jFOMBJTTBOUMBGPODUJPOQIZTJPMPHJRVF EZTGPODUJPOTPNBUJRVFPVEFTQSPCMÒNFTEFTBOUÏ
JOUFSOF NBOJGFTUFS TB QVJTTBODF JOGBJMMJCMF  QMVUÙU MhBGGFDUFSPOU -hÏWBMVBUJPO EV .31 FTU VO CPO
RVhFO BZBOU SFDPVST Ë VOF GPSDF BWFVHMF EF outil pour évaluer le patient, pour diagnostiquer
MhFYUÏSJFVSx  UPVUFEZTGPODUJPO QVJTQPVSVUJMJTFSTBQVJTTBODF
/PUF[MFTEJGGÏSFOUFTTFOTBUJPOTRVFWPVTSFTTFO- EBOT MB QIBTF UIÏSBQFVUJRVF  voir partie III.
tez. Le crâne semble-t-il dur, lourd, compact, serré, 5SBJUFNFOUEVQBUJFOU Q 
restreint, comprimé, ou les tissus vous donnent-ils Idéalement, le crâne doit démontrer une moti-
un sentiment de vitalité ? Tranquillement, « écou- MJUÏ TZNÏUSJRVF TBOT SFTUSJDUJPO "WFD MFT NBJOT
tez » et attendez la perception du mouvement inhé- encore dans l'une des positions décrites ci-dessus,
rent qui peut être décrite comme la perception DPNQBSF[MFTTFOTBUJPOTQFSÎVFTTVSMFTDÙUÏTESPJU
EhVOF jSFTQJSBUJPO UJTTVMBJSFx -F .31 QFVU ÐUSF FUHBVDIFEFMBUÐUF&OQSÏTFODFEhVOFEZTGPOD-
comparé au mouvement de la cage thoracique lors UJPO MBSFTUSJDUJPOEFMBNPUJMJUÏQFVUBGGFDUFSUPVU
d'une respiration calme, avec la sensation d'une MFDSÉOFPVTFMJNJUFSËVOTFVMDÙUÏ-BEZTGPOD-
FYQBOTJPOBVDPVSTEFMBQIBTFJOTQJSBUPJSF GMFYJPO tion peut se trouver dans les structures du crâne
SPUBUJPOFYUFSOFDSBOJPTBDSBMF FUEhVOFDPOUSBDUJPO PV EBOT TPO DPOUFOV -B EZTGPODUJPO TPNBUJRVF
BVDPVSTEFMBQIBTFFYQJSBUPJSF FYUFOTJPOSPUBUJPO BGGFDUBOUMFNPVWFNFOUEVDSÉOFQFVUÐUSFEBOTMB
JOUFSOFDSBOJPTBDSBMF &OSÒHMFHÏOÏSBMF TPOBNQMJ- voûte, la base du crâne, la région cervicale ou
tude est autant perceptible que celle palpée sur le quelque part plus caudalement dans le corps. La
QPVMTEhVOFBSUÒSFQÏSJQIÏSJRVF NBJTTBGSÏRVFODF EZTGPODUJPO BHJU DPNNF VOF BODSF WFST MBRVFMMF
FTU CFBVDPVQ QMVT GBJCMF  FOWJSPO VO EJYJÒNF PV tous les tissus semblent être attirés, et la restriction
moins, de celle du pouls <   ù>. de la motilité est indicative de l'emplacement de la
0CTFSWF[ Mh*3$  MB TFOTBUJPO QBMQÏF EV .31 EZTGPODUJPO
4FOUF[WPVT MhFYQBOTJPO FU MB DPOUSBDUJPO 
$PNNFOUEÏDSJSJF[WPVTDFUUFNPUJMJUÏJOIÏSFOUF  Membranes crâniennes et spinales
1FSDFWF[WPVTVOQIÏOPNÒOFGPSU QVJTTBOU ÏOFS- $PNNFMhBEÏDMBSÏ#FDLFS« The greatest and most
HJRVF  EZOBNJRVF PV GBJCMF  GSBHJMF  BOÏNJRVF  direct conditioner of stress reactions are membra-
4FOUF[WPVTVOÏRVJMJCSFEBOTMBQVJTTBODFFUEBOT nous articular strains in the craniosacral mecha-
MhBNQMJUVEFEFMh*3$ MBSÏTJMJFODF MBQVJTTBODF PV nism that lead to a disturbance of mobility and
des irrégularités avec immobilité ou agitation ? motility of the cranial articular mechanism, abnor-
3FTTFOUF[WPVT MF DBMNF QFOEBOU DF QSPDFTTVT mal patterns of mobility of the reciprocal tension
d'écoute ? membrane, venous retardation, loss of mobility and
Dès cette première évaluation, vous avez une motility of the pituitary gland within the sella tur-
idée de l'état de votre patient. Nous avons montré sica, disturbances of the hypothalamic areas, hyper
RVF Mh*3$ QBMQBCMF DPSSFTQPOE Ë MhPTDJMMBUJPO EF and hypo irritability of the central innervation of
CBTTFGSÏRVFODFEF5SBVCF)FSJOHEBOTMBWJUFTTF the sympathetic and parasympathetic nervous sys-
EVGMVYTBOHVJO<>&OPVUSF DFTPTDJMMBUJPOTEF tems, and hormonal changes that accompany all of
CBTTFTGSÏRVFODFTTPOUNÏEJÏFTQBSMhBDUJWJUÏTZN- this reaction to strain and stress <>. »
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 83

j-FT QMVT HSBOET FU QMVT EJSFDUT HBSBOUT EFT USBM MBDPOOFYJPOEFMBEVSFNÒSFTQJOBMFFOUSF
réactions de stress sont les strains articulaires MhPTPDDJQJUBMBVOJWFBVEVGPSBNFONBHOVNFUMF
NFNCSBOFVYEBOTMFNÏDBOJTNFDSBOJPTBDSBMRVJ pelvis [30].
conduisent à une perturbation de la mobilité et de
la motilité du mécanisme articulaire crânien, à des Synchondrose sphénobasilaire
TDIÏNBTBOPSNBVYEFMBNPCJMJUÏEFMBNFNCSBOF Gardez une des prises décrites ci-dessus, soit la
EFUFOTJPOSÏDJQSPRVF ËVOSFUBSEWFJOFVY ËVOF QSJTF QBS MB WPßUF  TPJU MB QSJTF FO CFSDFBV EFT
perte de la mobilité et de la motilité de l'hypo- positions alternatives sont décrites, voir partie III.
physe dans le selle turcique, à des troubles des 5SBJUFNFOUEVQBUJFOU Q -PSTRVFWPVTTFO-
zones hypothalamiques, à une hyper- et hypo- tez une restriction de motilité qui implique tout le
irritabilité de l'innervation centrale des systèmes DSÉOF  BVTTJ CJFO EhVO DÙUÏ RVF EF MhBVUSF EF MB
OFSWFVYTZNQBUIJRVFFUQBSBTZNQBUIJRVF FUËEFT CPÔUFDSÉOJFOOF VOFEZTGPODUJPOEFMB44#QFVU
DIBOHFNFOUT IPSNPOBVY BDDPNQBHOBOU MhFO- être présente. Quand la restriction est limitée à un
semble de cette réaction au strainFUBVTUSFTTx TFVMDÙUÏ JMQFVUFYJTUFSVOFEZTGPODUJPOVOJMBUÏ-
&OÏDPVUBOUMFDSÉOF FTTBZF[EFTFOUJSMBEJGGÏ- rale, comme une compression occipitomastoï-
rence entre la couche osseuse du crâne et la couche EJFOOF PV TQIÏOPTRVBNFVTF 1PVS MPDBMJTFS QMVT
membraneuse des membranes durales. La couche QSÏDJTÏNFOU VOF UFMMF EZTGPODUJPO VOJMBUÏSBMF 
FYUFSOFEFMBEVSFNÒSFFTUDPOUJHVÑBVQÏSJPTUF comparez la sensation des moitiés antérieure et
JOUFSOF EV DSÉOF  SÏVOJTTBOU BJOTJ GPODUJPOOFMMF- QPTUÏSJFVSFEVDSÉOFTVSMFDÙUÏEZTGPODUJPOOFM
ment l'ensemble des os du crâne. La couche -FTEZTGPODUJPOTEFMB44#TPOUEÏDSJUFTDPNNF
interne de la dure-mère se replie sur elle-même la flexion ou l'extension craniosacrale, la torsion, le
QPVSGPSNFSMBGBVYEVDFSWFBV MBUFOUFEVDFSWF- sidebending-rotation, les strainsWFSUJDBVYPVMBUÏ-
MFU MBGBVYEVDFSWFMFUFUMFEJBQISBHNFEFMBTFMMF SBVYFUMBDPNQSFTTJPO
$FTQPSUJPOTKPVFOUÏHBMFNFOUVOSÙMFJNQPSUBOU tEZTGPODUJPOEFGMFYJPODSBOJPTBDSBMFMPSTRVFMB
dans la réunion des os du crâne. Dans le plan 44#TFEÏQMBDFMJCSFNFOUFOGMFYJPODSBOJPTB-
TBHJUUBM MBGBVYEVDFSWFBVSFMJFMFGSPOUBMFUMhPT DSBMFFUOFQFVUQBTTFEÏQMBDFSFOFYUFOTJPO
ethmoïde de la partie antérieure du crâne à l'occi- L'ensemble du crâne peut être dans un état de
put de la partie postérieure. Transversalement, la GMFYJPOSPUBUJPO FYUFSOF DSBOJPTBDSBMF FU MF
tente du cervelet unit l'occiput, les sutures parié- .31 FTU GBDJMJUÏ EBOT MB QIBTF JOTQJSBUPJSF
UPNBTUPÕEFT FUMFTEFVYPTUFNQPSBVYBVYQSPDFT- *OWFSTFNFOU  EBOT VOF EZTGPODUJPO EhFYUFO-
TVT DMJOPÕEFT EV TQIÏOPÕEF &O PVUSF  MFT TJPODSBOJPTBDSBMF MB44#TFEÏQMBDFMJCSFNFOU
NFNCSBOFT EVSBMFT DSÉOJFOOFT DPOUSJCVFOU BVY EBOT MhFYUFOTJPO DSBOJPTBDSBMF FU OF QFVU TF
ÏDIBOHFTGMVJEJRVFTFOUSFMFMJRVJEFDÏSÏCSPTQJOBM EÏQMBDFSFOGMFYJPO-hFOTFNCMFEVDSÉOFQFVU
et le sang, et elles présentent des relations étroites ÐUSFEBOTVOÏUBUEhFYUFOTJPOSPUBUJPOJOUFSOF
BWFDMFTOFSGTDSÉOJFOT DSBOJPTBDSBMF FU MF .31 FTU GBDJMJUÏ EBOT MB
%BOTMBQBMQBUJPOEFTEJGGÏSFOUFTDPVDIFTUJTTV- QIBTFFYQJSBUPJSF
laires, généralement les os du crâne du patient tEZTGPODUJPOEFtorsion lorsque la grande aile du
plus âgé semblent plus denses que les membranes TQIÏOPÕEFTFEÏQMBDFWFSTMFIBVUEhVODÙUÏ FU
EVSBMFTRVJPGGSFOUQMVTEFTPVQMFTTF²WBMVF[MB WFST MF CBT EF MhBVUSF DÙUÏ  BMPST RVF MhÏDBJMMF
restriction de la mobilité des membranes durales PDDJQJUBMF TF EÏQMBDF WFST MF CBT EV DÙUÏ EF MB
FU MhBTZNÏUSJF EF MFVS UFOTJPO "QQSÏDJF[ MF HSBOEFBJMFIBVUFFUWFSTMFIBVUEFMhBVUSFDÙUÏ
j'VMDSVN EF 4VUIFSMBOEx BV OJWFBV EV TJOVT tEZTGPODUJPO EF sidebending-rotation lorsque la
ESPJU PáMFTEFVYDÙUÏTEFMBUFOUFEVDFSWFMFU MB grande aile du sphénoïde et l'écaille occipitale se
GBVYEVDFSWFBVFUMBGBVYEVDFSWFMFUFOGPSNF EÏQMBDFOUWFSTMFCBTEVNÐNFDÙUÏFUThÏDBSUFOU
EFGBVDJMMFTFSFKPJHOFOU<>$FUUF[POFDPOTUJ- MhVOF EF MhBVUSF EF DF DÙUÏ  BMPST RVhFMMFT TF
tue une zone suspendue de tension réciproque EÏQMBDFOUUPVUFTMFTEFVYWFSTMFIBVUFUTFSBQ-
FOUSFDFTSFQMJTEVSFNÏSJFOT&OTVJUF ÏWBMVF[MB QSPDIFOUMhVOFEFMhBVUSFEVDÙUÏPQQPTÏ#JFO
sensation de continuité du core-link MJFO DFO- que la plupart du temps, elles s'écartent l'une de
 Examen ostéopathique

MhBVUSFEVDÙUÏJOGÏSJFVS JMZBDFQFOEBOURVFMRVFT sée en association avec l'écoute. Lors de l'évalua-


FYDFQUJPOTPáFMMFTThÏDBSUFOUEVDÙUÏTVQÏSJFVS UJPOEFMB44# WPVTEFWF[WJTVBMJTFSMhFNQMBDFNFOU
tEZTGPODUJPOEFstrain vertical quand un dépla- FU MhPSJFOUBUJPO EFT TVSGBDFT BSUJDVMBJSFT BJOTJ RVF
DFNFOUWFSUJDBMBMJFVBVOJWFBVEFMB44#FOUSF MFT TUSVDUVSFT FOWJSPOOBOUFT 3BQQFMF[WPVT RVF
MhPDDJQVUFUMFTQIÏOPÕEF$FMBTVJUMhBQQMJDBUJPO les points de contact de vos mains sur le sphénoïde
EhVOFGPSDFEJSJHÏFWFSTMFIBVUPVWFSTMFCBT  et l'occiput sont sur des portions d'origine mem-
TPJUFOBWBOU TPJUFOBSSJÒSFEFMB44#6Ostrain CSBOFVTF BMPSTRVFMB44#GBJUQBSUJFEFMBCBTFDBS-
vertical inférieurFTUQSÏTFOUMPSTRVFMBTVSGBDF UJMBHJOFVTFNPJOTTPVQMF"JOTJ MPSTEFMhÏWBMVBUJPO
articulaire postérieure du corps sphénoïdal se du mouvement du corps du sphénoïde au niveau
EÏQMBDFWFSTMFCBTFUMBTVSGBDFBSUJDVMBJSFBOUÏ- EF MB 44#  MB QSFNJÒSF TFOTBUJPO FTU DFMMF EFT
rieure du basiocciput se déplace vers le haut. Un HSBOEFTBJMFTPáTPOUQMBDÏTWPTEPJHUT BWFDQFVU
strain vertical supérieur est présent lorsque l'ar- ÐUSFMBTFOTBUJPOEFMBGMFYJCJMJUÏEFTHSBOEFTBJMFTFU
rière du corps sphénoïdal est haut et l'avant du pas nécessairement celle du mouvement du corps
CBTJPDDJQVUFTUCBT TQIÏOPÕEBM4BOTWJTVBMJTBUJPOQSÏDJTFEFMB44# JM
tEZTGPODUJPO EF strain latéral RVBOE VOF GPSDF FTUGBDJMFEFDPNNFUUSFMhFSSFVSEFQBMQFSMFNPV-
latérale est appliquée en avant ou en arrière de la WFNFOU TVQFSGJDJFM FO TVQQPTBOU RVF DF RVJ FTU
44#  QSPWPRVBOU VO EÏQMBDFNFOU MBUÏSBM FOUSF QFSÎVFTUMFNPVWFNFOUEFMB44# NÐNFMPSTRVF
l'occiput et le sphénoïde. Un strain latéral droit DFMMFDJQSÏTFOUFVOFEZTGPODUJPOEFDPNQSFTTJPO
FTUQSÏTFOUMPSTRVFMBTVSGBDFBSUJDVMBJSFQPTUÏ- PVFTUDPNQMÒUFNFOUPTTJGJÏF
rieure du corps sphénoïdal est déplacée vers la "QSÒTMhÏDPVUFEFMB44# EÏUFSNJOF[MFTDIÏNB
ESPJUF FU MB TVSGBDF BSUJDVMBJSF BOUÏSJFVSF EV EZTGPODUJPOOFM FU VUJMJTF[ MFT QSJODJQFT JOEJSFDUT
CBTJPDDJQVUFTUEÏQMBDÏFWFSTMBHBVDIF"WFDVO DPOKPJOUFNFOU BVY GPSDFT JOIÏSFOUFT EV .31
strain latéral gauche, l'arrière du corps sphénoï- pour traiter ce qui a été trouvé.
dal est déplacé vers la gauche, et l'avant du
CBTJPDDJQVUFTUEÏQMBDÏWFSTMBESPJUF Base crânienne
tEZTGPODUJPO EF compression, le plus souvent le "QSÒTMB44# ÏWBMVF[MFTBSUJDVMBUJPOTSFTUBOUFTEF
résultat de traumatismes graves appliqués sur la la base du crâne, y compris les articulations des
UÐUF DPNNF VOF OBJTTBODF EJGGJDJMF  PV VOF
DIVUFTÏWÒSFTVSMBUÐUF"VDVOFNPUJMJUÏOFQFS-
TJTUFBVOJWFBVEFMB44#
#JFO RVF DFSUBJOT BVUFVST TJHOBMFOU RVF MB 44#
DPNNFODF Ë ThPTTJGJFS EÒT MhÉHF EF  BOT  [31], la
NBKPSJUÏ BGGJSNF RVF MB GVTJPO EF MB 44# EÏNBSSF
peu de temps après la puberté, et que ce processus
EVSFFOWJSPOKVTRVhËMhÉHFEFBOT<,   
35, 36]$IF[MFTVKFURVJWJFJMMJU FOSBJTPOEVEFHSÏ
EhPTTJGJDBUJPO EF MB 44#  MB GMFYJPO PV MhFYUFOTJPO
DSBOJPTBDSBMFRVFMhPOSFTTFOUFTUQMVTMFSFGMFUEFMB
GMFYJCJMJUÏPTTFVTFRVhVOSÏFMNPVWFNFOUBSUJDVMBJSF
De plus, les mouvements palpés correspondent
BVTTJËMBNPUJMJUÏJOUSBDSÉOJFOOFFUBVYNFNCSBOFT
EVSBMFT-hPSHBOJTBUJPOEFTGJCSFTEFUFOTJPOEFDFT
NFNCSBOFTQFVUDPNNFODFSUÙU EÒTMBWJFG”UBMF
$FMBEÏGJOJUEFTTDIÏNBT RVFMFTPTEVQMJRVFOUBV
cours de leur développement [37].
6OFDPOOBJTTBODFBQQSPGPOEJFEFMhBOBUPNJFFTU
OÏDFTTBJSFQPVSWJTVBMJTFSMB44# RVJOFQFVUÐUSF
palpée directement. La visualisation doit être utili- Figure 4.15. Écoute bilatérale des temporaux.
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 85

EFVY PT UFNQPSBVY BWFD MhPDDJQVU MFT TVUVSFT cation variable avec des asymétries individuelles
PDDJQJUPNBTUPÕEJFOOFT<0.>FUQÏUSPPDDJQJUBMFT  [39] &O HÏOÏSBM  MhPTTJGJDBUJPO TF QSPEVJU FOUSF
FU MF TQIÏOPÕEF MFT TZODIPOESPTFT TQIÏOPQÏ- ùFUBOT FUUZQJRVFNFOU MBTVUVSFOFThPTTJGJF
USFVTFT  $IBDVOF EF DFT BSUJDVMBUJPOT JNQMJRVF pas complètement < >.
MhPT UFNQPSBM "VTTJ  DPNNFODF[ QBS VOF QSJTF Les plaintes les plus souvent associées à une dys-
HMPCBMFEFMhPTUFNQPSBM GJHVSFù  GPODUJPOEFMh0.TPOUEFTNBVYEFUÐUF EFTEPV-
"WFD MF QBUJFOU FO EÏDVCJUVT EPSTBM  BTTFZF[ leurs cervicales avec restriction de mobilité, des
WPVT Ë MB UÐUF EF MB UBCMF %F DIBRVF DÙUÏ EF MB ÏUPVSEJTTFNFOUTFUQBSGPJTVOFEZTGPODUJPOWBHBMF
UÐUF  QMBDF[ MF QPVDF FU MhJOEFY BVEFTTVT FU BV FOSBJTPOEFMhBUUFJOUFEVOFSGWBHVFEBOTMFGPSB-
dessous des processus zygomatiques, les médius men jugulaire.
BV OJWFBV EFT QPSFT BDPVTUJRVFT FYUFSOFT  MFT -FT EZTGPODUJPOT JNQMJRVBOU MFT TVUVSFT 0.
annulaires sur la pointe des processus mastoïdes, TPOU TPVWFOU BTTPDJÏFT Ë EFT EZTGPODUJPOT QÏUSP
et les auriculaires sur la partie supérieure des por- PDDJQJUBMFT&OQSJODJQF FOMhBCTFODFEFQBUIPMP-
tions mastoïdiennes. Écoutez le mouvement des HJF MBTVUVSFQÏUSPPDDJQJUBMFoÏHBMFNFOUOPNNÏF
PT UFNQPSBVY RVJ EFWSBJU ÐUSF MJCSF Ë MB GPJT FO GJTTVSF QÏUSPPDDJQJUBMF PV TZODIPOESPTF QÏUSP
SPUBUJPO FYUFSOF FU JOUFSOF -PST EF MB SPUBUJPO PDDJQJUBMFoSFTUFOPOPTTJGJÏFKVTRVhËMBGJOEFMhÉHF
FYUFSOF DSBOJPTBDSBMF  MB QIBTF JOTQJSBUPJSF EV adulte. Les tissus mous de la suture pétro-occipi-
.31 MFNPVWFNFOUQBMQBCMFFTUMFTVJWBOU[38] : UBMF OPO GVTJPOOÏF TFNCMFOU BHJS QPVS GSFJOFS MB
tMFT PT UFNQPSBVY EÏNPOUSFOU MB DPNQPTBOUF USBOTNJTTJPO EFT GPSDFT EF MB QPTUVSF  QSPUÏHFBOU
majeure de leur mouvement dans le plan sagit- ainsi le contenu de la partie pétreuse temporale, en
tal, avec une rotation antérieure qui est sentie au particulier les appareils vestibulaire et cochléaire
OJWFBVEFTQSPDFTTVT[ZHPNBUJRVFT TFEÏQMBÎBOU <> 5PVUFGPJT  BWFD MF WJFJMMJTTFNFOU  MB TVUVSF
vers le bas, et au niveau de la pointe des proces- pétro-occipitale passe par des phases diverses d'os-
TVTNBTUPÕEFTTFEÏQMBÎBOUWFSTMFIBVU TJGJDBUJPO  CJFO RVF DFUUF PTTJGJDBUJPO DPNNFODF
tEBOTMFQMBODPSPOBM VOFDPNQPTBOUFNJOFVSF beaucoup plus tard que dans les autres synchon-
du mouvement produit une abduction de ESPTFTEFMBCBTFEVDSÉOF0SEJOBJSFNFOU VOQMVT
l'écaille temporale qui se déplace latéralement, HSBOE EFHSÏ EhPTTJGJDBUJPO TF QSPEVJU DIF[ MFT
et une adduction de la pointe du processus mas- IPNNFTBWFDEFTBTZNÏUSJFTJOEJWJEVFMMFT0OTVQ-
UPÕEFRVJTFEÏQMBDFNÏEJBMFNFOU QPTF RVF DF TPOU MFT GBDUFVST ÏQJHÏOÏUJRVFT RVJ
tEBOT MF QMBO USBOTWFSTBM  VOF DPNQPTBOUF JOGMVFODFOUDFUUFPTTJGJDBUJPO UFMTMFTGBDUFVSTCJP-
mineure du mouvement produit un déplace- NÏDBOJRVFT FO NPEJGJBOU MhFOWJSPOOFNFOU DFMMV-
ment latéral de l'ensemble de l'os temporal, MBJSFFUMhFYQSFTTJPOEFTHÒOFT<>. Il est également
NBJTEFGBÎPOQMVTJNQPSUBOUFFOBSSJÒSFRVhFO TVHHÏSÏRVFMhPTTJGJDBUJPOEFMBTVUVSFSÏTVMUFEBOT
avant. VOF QFSUF EF TPO FGGFU NPEÏSBUFVS EBOT MB USBOT-
Dans le cas d'une restriction de la motilité, NJTTJPOEFTGPSDFT VOFDBVTFQPTTJCMFEFMBTVSEJUÏ
visualisez l'ensemble de l'os temporal et percevez EFUSBOTNJTTJPOMJÏFËMhÉHF EFMBEZTGPODUJPOEFT
MBQPSUJPOMJNJUÏF-BWJTVBMJTBUJPOEFTEJGGÏSFOUFT voies respiratoires supérieures et de l'apnée.
BSUJDVMBUJPOT QFSNFU EhJEFOUJGJFS MhFNQMBDFNFOU -BEZTGPODUJPOEFMBTZODIPOESPTFTQIÏOPQÏ-
EhVOFEZTGPODUJPO4JOÏDFTTBJSF DPOGJSNFSMBQBM- USFVTF FTU TPVWFOU BTTPDJÏF Ë EhBVUSFT EZTGPOD-
pation avec une étude de chacune des articulations UJPOTEFMBCBTFEVDSÉOF-hPTTJGJDBUJPOEFDFUUF
voirQBSUJF*** 5SBJUFNFOUEVQBUJFOU Q  TZODIPOESPTF DPNNFODF WFST  BOT  NBJT FMMF
6OF EZTGPODUJPO JNQMJRVBOU MB TVUVSF 0. FTU OF ThPTTJGJF KBNBJT DPNQMÒUFNFOU <, > &O
GSÏRVFOUF$FMBFTUTPVWFOUMFSÏTVMUBUEhVOFDIVUF raison de sa relation étroite avec la trompe audi-
FO BSSJÒSF  PV EhVOF EZTGPODUJPO QPTUVSBMF DISP- UJWF USPNQFEh&VTUBDIF QBSUJFMMFNFOUGJYÏFËMB
OJRVF BWFD VOF UFOTJPO FYDFTTJWF TVS MF NVTDMF CBTFEVDSÉOFFYUFSOFTPVTDFUUFTVUVSF MBEZT-
TUFSOPDMÏJEPNBTUPÕEJFO -FT TVUVSFT 0. FOUSF GPODUJPO EF MB TZODIPOESPTF TQIÏOPQÏUSFVTF
MhÏDBJMMFEFMhPDDJQVUFUMFTEFVYQPSUJPOTNBTUPÕ- QFVUDPOUSJCVFSËMhJOGMBNNBUJPODBUBSSIBMFEFMB
EJFOOFTEFTPTUFNQPSBVYNBOJGFTUFOUVOFPTTJGJ- USPNQF BVEJUJWF 4PO ÏWBMVBUJPO FU TPO USBJUF-
86 Examen ostéopathique

ment sont également d'un intérêt particulier UJRVFT MFTEFVYNBYJMMBJSFT MFTEFVYPTOBTBVYFU


DIF[MFTQBUJFOUTTPVGGSBOUEFEZTGPODUJPOTQPTUV- MFT EFVY PT MBDSZNBVY -FT EFVY PT QBMBUJOT
SBMFTFUEFEZTGPODUJPOTPSPGBDJBMFT peuvent être partiellement observés et palpés en
CPVDIF  Pá JMT GPSNFOU MB QBSUJF QPTUÏSJFVSF EV
Voûte QBMBJTEVS-FTEFVYDPSOFUTJOGÏSJFVSTFUMFWPNFS
-B WPßUF DSÉOJFOOF o PV DBMWBSJB o  EhPSJHJOF ne peuvent pas être directement observés ou pal-
NFNCSBOFVTF FTUGBDJMFNFOUBDDFTTJCMF-BQBMQB- pés. La mandibule sera considérée ici pour des rai-
UJPOEFTPTQBSJÏUBVYQFSNFUVOFCPOOFBQQSÏDJB- TPOTGPODUJPOOFMMFT UPVUFGPJTFMMFOFGBJUQBSUJFOJ
tion des sutures de la voûte, à savoir les sutures du viscérocrâne, ni du neurocrâne.
coronale, lambdoïde, sagittale, sphénopariétales et $PNNFMBCBTFEVDSÉOF MBGBDFFTUEÏUFSNJOÏF
QBSJÏUPNBTUPÕEJFOOFT"WFDMFTEFVYNBJOTTVSMFT QBSEFTGBDUFVSTHÏOÏUJRVFT/ÏBONPJOT MFTDBSBD-
PTQBSJÏUBVY ÏDPVUF[MFVSNPVWFNFOU FUTJWPVT UÏSJTUJRVFT GBDJBMFT EF MB QFSTPOOF RVJ WJFJMMJU
EÏUFDUF[VOFSFTUSJDUJPO WJTVBMJTF[MFTPTQBSJÏUBVY SÏTVMUFOUÏHBMFNFOUEFMhJOGMVFODFEFQVJTTBOUTGBD-
et essayez de discerner quelle portion est res- teurs épigénétiques, tels que l'action de la muscula-
USFJOUF -B WJTVBMJTBUJPO EFT EJGGÏSFOUFT TVUVSFT UVSFGBDJBMFFUEFTGBTDJBTFOWJSPOOBOUT-PSTRVhVO
QFSNFU EF MPDBMJTFS MB EZTGPODUJPO 4J OÏDFTTBJSF  individu arrive à maturité, les tissus mous de son
DPOGJSNF[MBQBMQBUJPOBWFDVOFÏUVEFEFDIBDVOF WJTBHF SÏWÒMFOU MFT IBCJUVEFT EF TPO FYQSFTTJPO
des articulations. GBDJBMFPVEFMhVUJMJTBUJPOEhBVUSFTGPODUJPOTPSBMFT
-BQBMQBUJPOEFTPTQBSJÏUBVYQFSNFUÏHBMFNFOU telles que la respiration, la mastication, le langage et
VOFCPOOFBQQSÏDJBUJPOEFTGMVJEFTJOUSBDSBOJBVY MFTGPODUJPOTWJTVFMMFT-FTÏNPUJPOTOÏHBUJWFTFUMFT
-FTTJOVTWFJOFVYPOUVOFSFMBUJPOÏUSPJUFBWFDMFT DPOUSBJOUFTEFMBWJFUFOEFOUËGBÎPOOFSVOTDIÏNB
sutures de la voûte, en particulier le sinus sagittal de rotation interne dans les tissus mous, tandis que
supérieur, le long de la suture sagittale, et les sinus MFTÏWÏOFNFOUTÏNPUJPOOFMTQPTJUJGTFUVOFOWJSPO-
MBUÏSBVYFOSBQQPSUBWFDMFTTVUVSFTMBNCEPÕEFTFU OFNFOU DPOGPSUBCMF DPOUSJCVFOU Ë MB SPUBUJPO
pariétomastoïdiennes. FYUFSOF -F WJTBHF OPVT QFSNFU EF DPNNVOJRVFS
²WBMVF[MBSFMBUJPOFOUSFMhPTGSPOUBM MFTQBSJÏ- avec le monde. Le statut de cette communication
UBVYFUMFTQIÏOPÕEF&OTVJUF FYBNJOF[MBSFMBUJPO peut être apprécié dans les rides entourant les struc-
FOUSFMhPTGSPOUBMFUMFWJTDÏSPDSÉOF-FTEZTGPOD- UVSFTTFOTPSJFMMFT DPNNFMFTZFVY MBCPVDIFFUMF
UJPOTGSPOUBMFTTPOUEFHSBOEFJNQPSUBODFEBOTMF OF[  RVJ TPOU EFT JOUFSGBDFT FOUSF MF NPOEF FYUÏ-
traitement des troubles du viscérocrâne comme SJFVSFUMhJOEJWJEV&OPVUSF BWFDMFWJFJMMJTTFNFOU 
MFT USPVCMFT PDVMBJSFT PV DFVY EFT WPJFT SFTQJSB- DFSUBJOFT SÏHJPOT EV TRVFMFUUF GBDJBM TVCJTTFOU EFT
toires supérieures. résorptions osseuses, en particulier le squelette de la
6OF GPJT RVF WPVT BWF[ UFSNJOÏ WPUSF ÏWBMVB- QBSUJFNPZFOOFEFMBGBDF<>.
tion, vous pouvez commencer la phase de traite- 0CTFSWF[MhBTQFDUHMPCBMEVWJTDÏSPDSÉOF/PUF[
NFOUEFMBEZTGPODUJPOTPNBUJRVFEVOFVSPDSÉOF  MBRVBMJUÏEFMBQFBVoSPVHFVS QÉMFVS TÏDIFSFTTF 
FO BCPSEBOU MFT EZTGPODUJPOT NFNCSBOFVTFT EFTRVBNBUJPO  CPVUPOT FU FYDPSJBUJPOT 3FQÏSF[
&OTVJUF TJQPTTJCMF MB44#FUMFTBVUSFTEZTGPOD- MFTBTZNÏUSJFTEVGSPOU EFTTPVSDJMT EFTZFVY EFT
tions de la base et de la voûte peuvent être narines, des joues, des lèvres et de la mâchoire.
normalisées. Étudiez la ligne médiane du visage, longeant la
suture métopique, l'arête du nez et la symphyse
NFOUPOOJÒSF$FTTUSVDUVSFTEPJWFOUÐUSFBMJHOÏFT
Observation et palpation Une courbure de cette ligne, associée à une asymé-
du viscérocrâne USJFGBDJBMF BWFDEVDÙUÏEFMBDPODBWJUÏVOFGBDF
relativement plus petite, signale souvent une dys-
Observation du viscérocrâne
GPODUJPO EF MB 44# &O SFWBODIF  MPSTRVF DFUUF
%FT USFJ[F PT RVJ GPSNFOU MF TRVFMFUUF GBDJBM PV MJHOF NÏEJBOF QSÏTFOUF VOF DBTTVSF  JM FYJTUF GSÏ-
WJTDÏSPDSÉOF  TFVMT IVJU TPOU GBDJMFNFOU PCTFS- RVFNNFOUVOFEZTGPODUJPOBGGFDUBOUMFTPTEVWJT-
WBCMFTFUQBMQBCMFT$FTPOUMFTEFVYPT[ZHPNB- cérocrâne au point de rupture de l'alignement.
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 87

3FHBSEF[ MFT PT [ZHPNBUJRVFT *MT DPOTUJUVFOU MBQBSUJFEZTGPODUJPOOFMMF²WBMVF[MBTZNÏUSJFEFT


VOFJOUFSGBDFJNQPSUBOUFFOUSFMFWJTDÏSPDSÉOFFUMF EFVYOBSJOFT MFVSTUBJMMF GPSNFFUQPTJUJPO-FT
neurocrâne. Ils absorbent une partie des contraintes BTZNÏUSJFTTPOUGSÏRVFOUFT&MMFTQFVWFOUSÏTVMUFS
appliquées sur le viscérocrâne, comme dans la mas- d'un traumatisme sur le nez, avec pour consé-
UJDBUJPO EFTPSUFRVFMFTGPSDFTOFTPOUQBTDPN- RVFODF VOF EZTGPODUJPO GSÏRVFOUF EF MB TVUVSF
QMÒUFNFOU USBOTNJTFT BV OFVSPDSÉOF 1FOEBOU MB GSPOUPFUINPÕEBMF FUPV EF MB TVUVSF GSPOUPOB-
GMFYJPOSPUBUJPO FYUFSOF DSBOJPTBDSBMF  MF CPSE TBMF FOUSFMFTPTEVOF[FUMFTDBSUJMBHFTMBUÏSBVY 
antérosupérieur, bord orbitaire, de l'os zygoma- FUPV EV DBSUJMBHF TFQUBM BWFD EÏWJBUJPO TFQUBMF
UJRVFFTUÏWFSTÏ UBOEJTRVFMFCPSEQPTUÏSPJOGÏSJFVS associée. Notez si le patient respire par le nez,
PV CPSE [ZHPNBUJRVF FTU JOWFSTÏ 1FOEBOU BWFD MFT EFVY OBSJOFT  TBOT BVDVOF EJGGJDVMUÏ OJ
MhFYUFOTJPOSPUBUJPO JOUFSOF DSBOJPTBDSBMF  MhJO- CSVJU%FNBOEF[BVQBUJFOUTJVODÙUÏFTUDISPOJ-
verse se produit avec un bord antérosupérieur quement obstrué, ce qui peut correspondre au
JOWFSTÏ FUVOCPSEQPTUÏSPJOGÏSJFVSÏWFSTÏ/PUF[ DÙUÏ EF MB EZTGPODUJPO -FT QSPDÏEVSFT PTUÏPQB-
que la proéminence de la pommette correspond au UIJRVFTOFQFVWFOUNPEJGJFSMhBMJHOFNFOUTUSVDUV-
CPSEQPTUÏSPJOGÏSJFVS1BSDPOTÏRVFOU VOQBUJFOU SBM  NBJT FMMFT QFVWFOU BNÏMJPSFS MB GPODUJPO
qui a une pommette proéminente peut avoir une respiratoire.
EZTGPODUJPO EhFYUFOTJPOSPUBUJPO JOUFSOF EF MhPT 7ÏSJGJF[ MB QBSUJF JOGÏSJFVSF EV WJTDÏSPDSÉOF
zygomatique ipsilatéral. 3FHBSEF[ MFT NBYJMMBJSFT  OPUF[ MFVS BTZNÏUSJF
Évaluez la taille et la symétrie des orbites )BCJUVFMMFNFOU  MB MÒWSF TVQÏSJFVSF FTU VOF
PTTFVTFT $POTJEÏSF[ MF EJBNÒUSF PSCJUBJSF RVJ CPOOF JOEJDBUJPO EFT NBYJMMBJSFT  FMMF FO SFGMÒUF
relie l'angle supéromédial de l'orbite à l'angle MhBTZNÏUSJF UBOEJTRVFMBMÒWSFJOGÏSJFVSFSFGMÒUF
JOGÏSPMBUÏSBM )BCJUVFMMFNFOU  VO EJBNÒUSF QMVT MBNBOEJCVMF$IF[MFTIPNNFT MBEJTUSJCVUJPO
MPOHDPSSFTQPOEËMBGMFYJPOSPUBUJPOFYUFSOFDSB- EFMBQJMPTJUÏGBDJBMF FOQBSUJDVMJFSBVOJWFBVEFMB
OJPTBDSBMF BMPSTRVhVOEJBNÒUSFQMVTQFUJUSFGMÒUF moustache, renseigne sur la position des
VOTDIÏNBEhFYUFOTJPOSPUBUJPOJOUFSOFDSBOJPTB- NBYJMMBJSFT
DSBMF -B GMFYJPOSPUBUJPO FYUFSOF FTU ÏHBMFNFOU ²WBMVF[MBQSPGPOEFVSFUMhPCMJRVJUÏEFTTJMMPOT
BTTPDJÏFËVOFEJNJOVUJPOEFMBQSPGPOEFVSPSCJ- OBTPHÏOJFOT 6OF BVHNFOUBUJPO EF MFVS QSPGPO-
UBJSF FU Ë MhIZQFSNÏUSPQJF  BMPST RVF MhFYUFOTJPO EFVS TJHOBMF VOF SPUBUJPO FYUFSOF JQTJMBUÏSBMF EV
rotation interne est associée à une augmentation NBYJMMBJSF FUPV EF MhPT [ZHPNBUJRVF  UBOEJT
EFMBQSPGPOEFVSPSCJUBJSFFUËMBNZPQJF RVhVOFEJNJOVUJPOEFMBQSPGPOEFVSJOEJRVFVOF
3FHBSEF[MFTZFVY FUOPUF[UPVUFNPEJGJDBUJPO SPUBUJPOJOUFSOF0CTFSWF[MFQIJMUSVN RVJFTUMF
EFUBJMMF GPSNFFUQPTJUJPO0CTFSWF[MBTZNÏUSJF sillon situé au-dessus de la lèvre supérieure, et ses
et la qualité des mouvements oculaires. Notez la CFSHFT -hPSJFOUBUJPO EFT TJMMPOT OBTPMBCJBVY o
QPTJUJPO OFVUSF EF SFQPT EF DIBRVF ”JM FU UPVUF UPVUDPNNFDFMMFEFTCFSHFTEVQIJMUSVNoSFGMÒUF
tendance à dévier de l'alignement oculaire bilaté- MhÏUBUEFTNBYJMMBJSFT1MVTDFTSFQÒSFTThIPSJ[POUB-
SBM&TTBZF[EFWPJSTJMhBTZNÏUSJFEFTNPVWFNFOUT MJTFOU QMVTMBSPUBUJPOFYUFSOFFTUQSPCBCMFQMVT
PDVMBJSFTFTUBTTPDJÏFËVOFEZTGPODUJPOWFSUÏCSBMF ils se verticalisent, plus la rotation est interne.
PV DSÉOJFOOF 1BS FYFNQMF  VO QBUJFOU RVJ QSÏ- Typiquement, vous trouvez une asymétrie, avec
TFOUFVOFEZTGPODUJPOPDDJQJUPBUMBOUBMFBWFDVOF VO NBYJMMBJSF FO SPUBUJPO FYUFSOF FU MhBVUSF FO
inclinaison latérale gauche et une rotation droite rotation interne.
QFVU EÏNPOUSFS VOF TVCUJMF FYPUSPQJF EF Mh”JM Notez l'alignement des lèvres et leur relation
HBVDIFFUVOFÏTPUSPQJFEFMh”JMESPJU/PUF[UPVU entre elles. Normalement, quand elles sont en
OZTUBHNVTThJMFTUDPOGJSNÏ VOFYBNFOOFVSPMP- contact, il ne doit y avoir aucune protrusion ou
gique complet est indiqué. tension de la musculature périorale. Lorsque ces
&YBNJOF[MFOF[ TBUBJMMF TBGPSNFFUTBQPTJ- TJHOFT TPOU QSÏTFOUT  JM QFVU FYJTUFS VO USPVCMF
UJPO 0CTFSWF[ MhBMJHOFNFOU EFT EJGGÏSFOUFT QBS- occlusal ou de la nervosité. Demandez au patient
UJFTEVOF[MFTPTOBTBVY MFTDBSUJMBHFTMBUÏSBVY de serrer les dents et regardez les muscles mastica-
FUBMMBJSFT4JWPVTOPUF[VOFBTZNÏUSJF JEFOUJGJF[ teurs à la recherche d'asymétrie.
88 Examen ostéopathique

3FDIFSDIF[EFTUSBDFTEFDJDBUSJDFTTVSMFNFO- SJFVSFT voir 4ZTUÒNF TUPNBUPHOBUIJRVF  QBSUJF


UPO TPVWFOUMFSÏTVMUBUEhVOFDIVUFBWFDEZTGPOD- *7 DIBQJUSF Q 
tion possible de la charnière occipitocervicale et
EFMh"5.&YBNJOF[MBQPTJUJPOFUMBTZNÏUSJFEF
Palpation des structures
la mandibule. Notez l'alignement de la symphyse
du viscérocrâne
NFOUPOOJÒSFBWFDMBMJHOFNÏEJBOFEFMBGBDFBV
EFTTVT FU MB GPVSDIFUUF TUFSOBMF BVEFTTPVT La palpation des structures corrobore les conclu-
Inspectez la zone pré-auriculaire à la recherche TJPOTEFMhPCTFSWBUJPOWJTVFMMF$PNNFODF[QBSMB
EhVO HPOGMFNFOU PV EhVO ÏSZUIÒNF  ÏWFOUVFMMF- palpation des os zygomatiques. Ils sont presque
NFOUTJHOFTEhVOFEZTGPODUJPONBOEJCVMBJSF-FT FOUJÒSFNFOUQBMQBCMFT$PNQBSF[MFVSGPSNFQPVS
condyles de la mandibule s'articulent dans les SFDIFSDIFSVOFBTZNÏUSJF%FDIBRVFDÙUÏ QBMQF[
GPTTFTNBOEJCVMBJSFTEFTPTUFNQPSBVY2VBOEVO MFT CPSET BOUÏSPTVQÏSJFVST FU QPTUÏSPJOGÏSJFVST 
PTUFNQPSBMFTUFOSPUBUJPOFYUFSOF MBGPTTFNBO- BGJO EF EÏUFSNJOFS MB EJGGÏSFODF FOUSF MB GMFYJPO
dibulaire est déplacée vers l'arrière, alors qu'elle SPUBUJPO FYUFSOF FU MhFYUFOTJPOSPUBUJPO JOUFSOF
est déplacée vers l'avant lors de la rotation interne DSBOJPTBDSBMFT voir0CTFSWBUJPOEVWJTDÏSPDSÉOF 
EF MhPT UFNQPSBM &O DPOTÏRVFODF  MF NFOUPO TF Q 
EÏQMBDF WFST MF DÙUÏ EV UFNQPSBM FO SPUBUJPO 1BMQF[ MFT PT OBTBVY QPVS EJGGÏSFODJFS MB SPUB-
FYUFSOF FU ThÏMPJHOF EV UFNQPSBM FO SPUBUJPO UJPO FYUFSOF  Pá MF CPSE QPTUÏSJFVS EF MhPT OBTBM
JOUFSOF"JOTJ MPSTRVFMBQPJOUFEVNFOUPOEÏWJF semble déplacé latéralement, de la rotation
WFST MF DÙUÏ EF MhPSFJMMF EÏDPMMÏF  WPVT EFWF[ JOUFSOF PáJMTFNCMFEÏQMBDÏNÏEJBMFNFOU%FMB
SFDIFSDIFSVOFEZTGPODUJPOEVPVEFTUFNQPSBVY  NÐNF NBOJÒSF  QBMQF[ MFT QSPDFTTVT GSPOUBVY  MF
ou de la base crânienne. Inversement, lorsque le DPSQTFUMFTQSPDFTTVTBMWÏPMBJSFTEFTNBYJMMBJSFTË
NFOUPOEÏWJFWFSTMFDÙUÏEFMhPSFJMMFQMBRVÏFTVS la recherche d'asymétries. La palpation des por-
MFDSÉOF VOFEZTGPODUJPOEFMh"5.QFVUÐUSFQSÏ- UJPOTQBMBUJOFTQFVUÐUSFGBJUFJOUSBPSBMFNFOU%V
sente. Demandez au patient d'ouvrir lentement la DÙUÏ EF MB SPUBUJPO FYUFSOF  MF NBYJMMBJSF TFNCMF
bouche tout en observant le déplacement de la QMVTMBSHF MFQBMBJTQBSBÔUJOGÏSJFVSFUBQMBUJ UBOEJT
symphyse mentonnière. Notez tout mouvement RVF EV DÙUÏ EF MB SPUBUJPO JOUFSOF  MF NBYJMMBJSF
EÏTBMJHOÏ  MF TJHOF EhVOF EZTGPODUJPO NBOEJCV- semble étroit, le palais paraît haut et arqué.
laire avec généralement une déviation de la man- %FDIBRVFDÙUÏEVWJTBHF QBMQF[MFTDPOEZMFT
EJCVMFWFSTMFDÙUÏBGGFDUÏ%FNBOEF[BVQBUJFOU de la mandibule. Demandez au patient d'ouvrir et
de déplacer la mandibule latéralement à droite et à EF GFSNFS MFOUFNFOU MB CPVDIF QPVS GBDJMJUFS DF
gauche et évaluer l'aisance du mouvement, et processus. Notez toute asymétrie dans la taille et
MhBNQMJUVEF EF DFT EÏQMBDFNFOUT 0CTFSWF[ FU MBQPTJUJPOEFTDPOEZMFT MBUFYUVSFEVUJTTVTVCDV-
OPUF[ MhFYJTUFODF EhVO DÙUÏ EPNJOBOU EBOT MB tané, sa sensibilité, et l'ampleur des mouvements
mastication. du condyle mandibulaire. Normalement, il n'y a
Demandez au patient d'ouvrir la bouche. QBTEFCSVJUEBOTMh"5.MPSTEFMhPVWFSUVSFEFMB
0CTFSWF[MFTEFOUTFUOPUF[UPVUEÏGBVUEhBMJHOF- bouche. Un crépitus, des craquements ou des cla-
ment dentaire, les chevauchements, couronnes RVFNFOUT SÏWÒMFOU VOF EZTGPODUJPO ²WBMVF[ MF
FUCSJEHFT3FDIFSDIFSMBQSÏTFODFEhFNQSFJOUFT degré de l'ouverture mandibulaire en mesurant la
dentaires sur les parties latérales de la langue, un EJTUBODF FOUSF MFT CPSET JODJTJGT EFT EFOUT BOUÏ-
TJHOFEFNBMQPTJUJPOMJOHVBMFFUPVEhPDDMVTJPO SJFVSFTTVQÏSJFVSFTFUJOGÏSJFVSFT$IF[MFQBUJFOU
EZTGPODUJPOOFMMF%FNBOEF[BVQBUJFOUEFTFSSFS BEVMUF  UPVUF PVWFSUVSF JOGÏSJFVSF Ë  NN FTU
les dents et observez l'occlusion. Normalement, considérée comme anormale.
la ligne médiane entre les incisives supérieures et &YBNJOF[MFTNVTDMFTNBTUJDBUFVST%FDIBRVF
JOGÏSJFVSFTEPJUÐUSFBMJHOÏF&OPVUSF MFTJODJ- DÙUÏ MFNBTTÏUFSQFVUÐUSFQBMQÏBVOJWFBVEFTFT
sives supérieures doivent légèrement recouvrir insertions sur l'arcade zygomatique et l'angle de la
MFT JODJTJWFT JOGÏSJFVSFT FU MFT NPMBJSFT TVQÏ- NBOEJCVMF -FT NVTDMFT UFNQPSBVY TF USPVWFOU
SJFVSFTEPJWFOUThFOHSFOFSTVSMFTNPMBJSFTJOGÏ- EBOTMFTGPTTFTUFNQPSBMFT*MTQFVWFOUÏHBMFNFOU
Chapitre 4. Anamnèse et examen physique 89

être palpés intraoralement le long du bord anté-  <> 4USBDIBO8' #FDLXJUI$( -BSTPO/+ (SBOU+)"
rieur de la branche de la mandibule. Le muscle TUVEZPGUIFNFDIBOJDTPGUIFTBDSPJMJBDKPJOU+"N
0TUFPQBUI"TTPD  o
ptérygoïdien médial est palpé intraoralement dans  <> $IJMB "(  FEJUPS (MPTTBSZ PG PTUFPQBUIJD UFSNJOP-
la région rétromolaire, au niveau de l'angle man- MPHZ*O'PVOEBUJPOTPG0TUFPQBUIJD.FEJDJOFe éd
dibulaire et la palpation du ptérygoïdien latéral, 1IJMBEFMQIJF  8PMUFST ,MVXFS-JQQJODPUU 8JMMJBNT
CJFO RVF EJGGJDJMF  FTU QPTTJCMF JOUSBPSBMFNFOU BO BOE8JMLJOTQ
BSSJÒSFEFMBUVCÏSPTJUÏNBYJMMBJSF<>.  <> 7JODFOU4NJUI #  (JCCPOT 1 *OUFSFYBNJOFS BOE
JOUSBFYBNJOFSSFMJBCJMJUZPGUIFTUBOEJOHGMFYJPOUFTU
Discutez les modes masticatoires avec le patient. .BO5IFS  o
&YQMJRVF[MVJMBOÏDFTTJUÏEFNBTUJRVFSBVUBOURVF <> /FMTPO,& .OBCIJ"5IFQBUJFOUXJUICBDLQBJO
QPTTJCMFEFTEFVYDÙUÏT 4IPSUMFHTZOESPNFBOEQPTUVSBMCBMBODF*O/FMTPO
,&  (MPOFL 5  FEJUPST 4PNBUJD %ZTGVODUJPO JO
0TUFPQBUIJD'BNJMZ.FEJDJOF#BMUJNPSF -JQQJODPUUù
Palpation des fonctions 8JMMJBNT8JMLJOTQo DIBQJUSF
du viscérocrâne <> j(MPTTBSZPGPTUFPQBUIJDUFSNJOPMPHZx PQDJU
<> /PSUIVQ 5- .BOJQVMBUJWF USFBUNFOU PG NVDPVT
#JFO RVF MFT PT GSPOUBVY FU MF TQIÏOPÕEF GBTTFOU DPMJUJT *O  :FBS #PPL PG UIF "DBEFNZ PG "QQMJFE
QBSUJFEVOFVSPDSÉOF JMGBVUTFSBQQFMFSRVhJMTPOU 0TUFPQBUIZ *OEJBOBQPMJT  "NFSJDBO "DBEFNZ PG
VOFJOGMVFODFJNQPSUBOUFTVSMFTGPODUJPOTWJTVFMMF 0TUFPQBUIZ
<> 8BTIJOHUPO, .PTJFMMP3 7FOEJUUP. 4JNFMBSP+ 
et respiratoire du viscérocrâne. Dès lors, les dys- $PVHIMJO1 $SPX85 FUBM1SFTFODFPG$IBQNBO
GPODUJPOTEFDFTPTEPJWFOUÐUSFBVUBOURVFQPT- SFGMFY QPJOUT JO IPTQJUBMJ[FE QBUJFOUT XJUI QOFVNP-
sible normalisées avant de traiter le viscérocrâne. OJB+"N0TUFPQBUI"TTPD  o
6UJMJTF[ EFT UFTUT EhÏDPVUF QPVS DPOGJSNFS MFT <> j (MPTTBSZ PG PTUFPQBUIJD UFSNJOPMPHZ x  PQ DJU 
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<> 7JUBM +.  (SFOJFS '  %BVUIFSJCFT .  #BTQFZSF ) 
éléments constituant l'orbite et le globe oculaire. -BWJHOPMMF# 4FOFHBT+"OBOBUPNJDBOEEZOBNJD
²DPVUF[DFVYGPSNBOUMFOF[ TPVWFOUFOEZTGPOD- TUVEZPGUIFHSFBUFSPDDJQJUBMOFSWF OPG"SOPME 
tion dans les problèmes de rhinite et de sinusite. "QQMJDBUJPOTUPUIFUSFBUNFOUPG"SOPMEhTOFVSBMHJB
7ÏSJGJF[MFT"5.BWFDEFTUFTUTEhÏDPVUF FUTJVOF 4VSH3BEJPM"OBU  o
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1986.
utilisant les principes indirects. Le traitement <> .BHPVO )* 0TUFPQBUIZ JO UIF $SBOJBM 'JFME
ostéopathique peut être utilisé pour traiter la ,JSLTWJMMFù5IF+PVSOBM1SJOUJOH$PNQBOZ
EPVMFVS MBGPODUJPOFUMBTUSVDUVSF QPVSMFQMBDF- p. 97.
ment des mains, voir partie III, Traitement du <> 4FSHVFFG/$SBOJBM0TUFPQBUIZGPS*OGBOUT$IJMESFO
QBUJFOU Q  BOE "EPMFTDFOUT ²EJNCPVSH   $IVSDIJMM
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Références 'SFF 1SFTT $PNQBOZ e édition. Indianapolis:
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UJPOWFSUÏCSBMFx1BSJT4QFL UJWFSBUFBOEFYBNJOFSFYQFSJFODF*OU+0TUFPQBUIJD
90 Examen ostéopathique

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<> #FDLFS 3& j %JBHOPTUJD UPVDI  *UT QSJODJQMFT BOE HSFTT BOE BHF SFMBUJPOTIJQ 1BSU ** &DUPDSBOJBM DMP-
application », partie IV, « Trauma and stress ». In : TVSF JO BEVMU NBMFT PG XIJUF TUPDL "N + 1IZT
:FBS #PPL PG UIF "DBEFNZ PG "QQMJFE 0TUFPQBUIZ "OUISPQPMo
*OEJBOBQPMJT  "NFSJDBO "DBEFNZ PG 0TUFPQBUIZ <> #BMCPOJ "-  &TUFOTPO 5-  3FJEFOCFSH +4 
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3
Traitement du patient
Principes
« To find health should be the object of the doctor. (« Il y a un très grand art dans l’application de la science
Anyone can find disease [1]. » de l’ostéopathie. Personne n’a jamais atteint sa perfection.
A.T. Still Il n’y a aucun autre art ou compétence similaire. Nous
commençons tous à zéro et nous n’apprenons que par la
(« Trouver la santé devrait être l’objectif du médecin. pratique. On peut nous enseigner comment procéder mais
N’importe qui peut trouver la maladie. ») tout le monde doit acquérir sa propre compétence. »)

« There is a very great art in the application of the Références


science of osteopathy. No one has ever attained [1] Still AT. Philosophy of Osteopathy, Kirskville. 1899.
perfection in it. There is no other art or skill similar to In : Still AT, editor. Indianapolis. 2e édition American
it. We all begin at zero and we learn only by practice. Academy of Osteopathy ; 1971. p. 28.
We may be taught how to proceed but everyone must [2] Fryette HH. « Osteopathy ». In : Year Book of the
acquire his own skill. [2] » Academy of Applied Osteopathy, Indianapolis.
H.H. Fryette American Academy of Osteopathy ; 1948. p. 21–4.
Chapitre 5
Traitement ostéopathique
De par le monde, l'ostéopathie existe à travers un téopathie n'aurait peut-être jamais vu le jour. Que
groupe diversifié de professionnels de la santé. l'on choisisse de suivre la pratique de l'ostéopathie
Cette communauté d'ostéopathes (diplômé en pure, ou la pratique de la médecine ostéopathique
ostéopathie, DO, ou docteur en médecine ostéo- intégrée, il doit être admis que des soins de santé
pathique, DMO) partage la philosophie fonda- modernes complets exigent que, si la pratique de
mentale de l'ostéopathie, et la reconnaissance de la médecine ostéopathique n'est pas choisie, l'os-
la contribution de la fonction et de la dysfonction téopathe non médecin doit être pleinement
de la structure du corps dans le développement et conscient de ses limites, et savoir travailler comme
le maintien de la santé de leurs patients. membre d'une équipe de soins pluridisciplinaires
À l'origine, Still proposa que sa philosophie et du XXIe siècle.
ses principes des soins de santé soient enseignés à La philosophie de l'ostéopathie est fermement
l'université Baker à Baldwin City, Kansas, comme ancrée dans le concept trinitaire de l'humanité,
un programme d'études médicales pour un corps, mental, esprit [1]. Ce concept, embrassé par
diplôme de médecine, similaire à la pratique de Still et plus tard par Sutherland, a été parfaitement
l'époque pour l'octroi des diplômes de médecine développé au XVIIIe siècle par Emanuel Swedenborg,
en homéopathie. Quand son offre fut rejetée, il un scientifique et théologien suédois [2]. Il recon-
décida de créer sa propre école et inventa le nom naît l'influence réciproque du corps et de l'esprit, et
« ostéopathie » pour le programme d'études. l'importance du mental comme pont entre les
Cette pratique a évolué dans une forme intégra- deux. Ainsi, l'approche thérapeutique de l'ostéopa-
tive de la pratique médicale, la médecine ostéopa- thie emploie le corps comme une source de guéri-
thique, telle qu'elle est pratiquée aux États-Unis son physique autant qu'émotionnelle et spirituelle,
et ailleurs. Pour autant, dans de nombreux pays de promotion et de maintien de la santé, et en
du monde, beaucoup ont choisi de limiter la por- même temps elle reconnaît l'impact que les
tée de leur pratique ostéopathique à celle initiale- influences mentales et spirituelles ont sur le corps.
ment proposée par Still. La philosophie ostéopathique, dans le cadre de
On peut débattre du maintien de la pureté du la composante corporelle de la nature trinitaire de
concept original de l'ostéopathie du XIXe siècle. l'humanité, peut être résumée par les quatre prin-
Toutefois, l'intégration des progrès de la méde- cipes suivants [3] :
cine du XXIe siècle dans la pratique ostéopathique tl'être humain est une unité fonctionnelle dyna-
peut aussi être argumentée, et les progrès de la mique. En tant que tel, le niveau d'efficacité de
médecine moderne doivent être reconnus. Si les la fonction de n'importe quelle zone du corps a
traitements modernes des maladies infectieuses un impact sur toutes les autres zones du corps à
avaient été disponibles en 1864, lorsque Still per- travers les interactions membraneuses, myofas-
dit trois de ses enfants de méningite cérébrospi- ciales, articulaires osseuses, neurologiques et
nale, il est tout à fait possible qu'il n'ait jamais vasculaires, et par l'intermédiaire du mécanisme
perdu sa foi dans sa formation médicale, et l'os- respiratoire primaire (MRP) ;

L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans


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94 Traitement du patient

tle corps possède des mécanismes d'autorégulation traiter une seule chose : la dysfonction somatique.
qui sont autocuratifs par nature. Sa fonction est Comme dans tout autre domaine de la santé, avant
orientée vers l'homéostasie, un équilibre physio- qu'une intervention spécifique de traitement ne
logique entre les différentes fonctions du corps, soit appliquée, un diagnostic précis doit être établi
et par conséquent un état de santé optimal ; (voir partie II, Examen ostéopathique, p. 56).
tla structure et la fonction sont liées à tous les Le diagnostic de la dysfonction somatique est
niveaux. La structure détermine la fonction et basé sur l'identification par la palpation de :
est, à son tour, influencée par la fonction et la tla texture anormale du tissu mou (T) ;
dysfonction ; tl'asymétrie positionnelle de la structure anato-
tle traitement logique est fondé sur ces principes. mique (A) ;
Une structure et des relations structurales opti- tla restriction du mouvement (R), dans les limites
males aboutissent à un fonctionnement opti- normales du mouvement physiologique de la
mal. La dysfonction somatique, l'obstacle à une structure examinée ;
fonction normale, résulte avec le temps en une tla sensibilité à la palpation (T), qui peut se mani-
structure anormale. Lorsque l'individu vieillit, fester par une réaction involontaire de la part du
la modification de la structure devient progres- patient, et qui est en réalité étroitement liée à la
sivement plus importante. La capacité d'auto- texture anormale du tissu (notez ici que T cor-
guérison du corps peut être affectée par respond dans la langue anglaise à « tenderness »).
l'incapacité de compenser l'âge, la maladie et la Le « TART » mnémonique qui en résulte décrit
dysfonction somatique. La progression du les critères du diagnostic de la dysfonction soma-
temps (vieillissement) est permanente, alors que tique, pour lequel la présence d'un seul de ces cri-
la maladie peut être plus ou moins traitée par tères est suffisante. Quel que soit le schéma
des moyens médicaux standard et la dysfonction dysfonctionnel, l'asymétrie de position et la res-
somatique prise en compte par le traitement triction du mouvement sont d'une importance
ostéopathique. La réduction de la dysfonction primordiale lorsqu'il s'agit de décider comment
somatique dans une zone anatomique affecte le appliquer l'intervention la plus appropriée de
corps entier. Par conséquent, l'objectif distinctif TMO.
de la pratique ostéopathique est de diagnosti- Une fois la région anatomique dysfonctionnelle
quer et de traiter la dysfonction somatique aux identifiée, il convient de décider de ce qui main-
différents niveaux de dysfonction, i. e. fluidique, tient la dysfonction. Déterminer si cela est plus
membraneux, myofascial, ligamentaire, intra- et articulaire, musculaire ou fascial facilitera le choix
interosseux, augmentant ainsi la capacité totale de la procédure ostéopathique la plus efficace.
du corps à rétablir et à entretenir la santé. Le Lors du diagnostic avec le test d'écoute (voir
traitement de la dysfonction somatique, par la partie II, Examen ostéopathique, p. 51), l'équi-
capacité d'autoguérison du corps, agit pour libre tenségrital des forces inhérentes des tissus est
maintenir la santé, et en présence de la maladie, évalué. Par un toucher averti, le praticien apprécie
améliore la capacité d'autoguérison du corps et les forces qui ont été appliquées sur les tissus, tou-
par conséquent l'efficacité du traitement médi- jours inscrites dans les tissus, ainsi que l'état des
cal standard. fascias, ligaments, et relations articulaires. Grâce à
ce toucher, le praticien perçoit également la force
intrinsèque biodynamique du tissu manifestant sa
propre puissance. Becker a défini cette apprécia-
Déterminer l'application tion de la puissance biodynamique comme : « […]
du traitement ostéopathique a functioning point of stillness, a fulcrum point,
within the bioenergy field in body physiology over,
Le traitement est spécifiquement défini par le dia- around, and through which these patterns of activity
gnostic de l'affection à traiter. Le traitement mani- are manifesting themselves [4] » (« […] un point de
pulatif ostéopathique (TMO) est utilisé pour tranquillité en fonction, un point d'appui dans le
Chapitre 5. Traitement ostéopathique 95

champ bioénergétique de la physiologie du corps, normale (voir partie II, Examen ostéopathique,
sur lequel, autour duquel et au travers duquel ces p. 45). La restriction du mouvement est décrite
schémas d'activité se manifestent »). comme étant le résultat d'une barrière dysfonc-
En l'absence d'un schéma dysfonctionnel claire- tionnelle, ou restrictive. Le TMO, en grande par-
ment identifiable, mais en présence d'une texture tie, met l'accent sur le rétablissement d'une
anormale du tissu et d'une sensibilité à la palpa- fonction normale et sur l'élimination de la barrière
tion, vous devez envisager une étiologie médiée dysfonctionnelle, ou restrictive.
par voie réflexe, viscérosomatique ou somatoso- Les procédures de manipulation qui déplacent
matique. Dans ces circonstances, la source du les structures contre la barrière (on dit qu'elles
réflexe doit être recherchée et traitée spécifique- « engagent » la barrière) sont appelées procédures
ment, le cas échéant avec l'utilisation de traite- directes. Les procédures qui éloignent les struc-
ments médicaux. Le TMO peut être intégré dans tures de la barrière sont des procédures indirectes.
le protocole d'un traitement complet, mais igno- En outre, des procédures combinées emploient suc-
rer la pathologie subjacente est une faute grave. cessivement les méthodes de traitement indirect,
Un critère supplémentaire dans le choix de la puis direct. Cela est le plus souvent fait en com-
procédure ostéopathique est le niveau de tolérance mençant avec le patient dans la position indirecte,
du patient. Les sujets jeunes, les adultes en bonne permettant un relâchement de la tension dysfonc-
santé sont physiologiquement plus tolérants au tionnelle, puis en allant dans la direction de la bar-
TMO. Au fur et à mesure que la personne vieillit, sa rière restrictive, entraînant souvent la zone
tolérance pour les procédures manipulatives dimi- dysfonctionnelle à travers toute l'amplitude du
nue. L'existence d'une maladie concomitante dimi- mouvement.
nue encore la tolérance du patient. La présence Les procédures ostéopathiques sont aussi défi-
d'états inflammatoires aigus ou chroniques limite nies par l'identification de la force employée pour
particulièrement cette tolérance. Si un patient, par la correction. Dans le cas des procédures indi-
ailleurs en bonne santé, réagit avec une intensité rectes, il s'agit souvent de la force inhérente à la
inattendue au TMO choisi de façon appropriée, la structure tenségritale du corps ; elle peut être aug-
présence d'une maladie non diagnostiquée devrait mentée en utilisant une compression induite par le
être activement recherchée, en particulier, mais pas praticien, des forces distractives ou vibratoires, et
exclusivement, une connectivite. /ou la présence dynamique du MRP (voir partie I,
Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respira-
toire primaire, p. 27). Les procédures directes
tiennent compte de l'origine de la force de correc-
Différents traitements tion finale qui est appliquée contre la barrière, que
ostéopathiques ce soit une force appliquée par le patient, comme
cela se produit dans les procédures myotensives
Au fil des années, de nombreux traitements ostéo- (muscle energy), ou une force appliquée par le pra-
pathiques ont été décrits. Ceux-ci sont fondamen- ticien. La méthode d'application de la force pour
talement basés sur des thérapies manuelles la correction finale peut alors être subdivisée en
traditionnelles, dont certaines, le Tui Na par fonction de la vitesse avec laquelle la force est
exemple, remonte à des milliers d'années. En fait, appliquée contre la barrière, et de l'amplitude du
toutes les variantes du TMO sont basées sur deux mouvement qui en résulte.
catégories fondamentales de procédures de traite- Enfin, les différentes catégories de TMO peuvent
ment : les techniques directes et les techniques être considérées dans le contexte relatif de leur
indirectes. Ces deux formes de TMO partagent un puissance. Plus une procédure est agressive, plus la
aspect très important : elles sont fondées sur le dia- limite de la tolérance du patient arrivera rapide-
gnostic précis de la dysfonction somatique dans le ment. Pour les fins de cette présentation, une liste
contexte du mouvement physique et de la restric- des différents types de procédures ostéopathiques
tion de ce mouvement par rapport à son amplitude peut être développée, de la plus agressive à la moins
96 Traitement du patient

agressive. Loin d'être une référence absolue, cette tissu myofascial, à médiation réflexe ; dans ce cas,
liste est très arbitraire, car les procédures indirectes la « barrière » associée à l'augmentation de tension
peuvent parfois être très puissantes ; de plus, un des tissus mous doit aussi être appréciée. En outre,
autre facteur impacte la tolérance du patient : la bien que plusieurs des procédures indiquées
durée du temps nécessaire pour obtenir l'effet thé- doivent être spécifiquement appliquées, elles
rapeutique souhaité. peuvent également être utilisées pour l'effet géné-
En général, plus il faut de temps pour appli- ral qu'elles ont sur le patient ; ce sont par exemple
quer une intervention donnée, plus son dosage les procédures d'amplitude de mouvement, de
est important, et l'ostéopathe doit toujours res- mobilisation articulaire, des tissus mous, myofas-
ter vigilant quant à la réponse du patient et de ciale directe et indirecte, et les procédures d'os-
ses tissus. Il peut être débattu que 5 à 10 minutes téopathie crânienne.
de relâchement myofascial indirect pourraient
exposer un patient à une plus grande dose de Procédures directes
TMO, et par conséquent être plus agressives Dans les procédures directes, la barrière restrictive
qu'une seule procédure, à grande vitesse et à est engagée et une force corrective finale exogène
faible amplitude (HVLA) appliquée avec préci- est employée, ou, comme dans les procédures
sion, qui ne durerait que quelques secondes. myotensives (muscle energy), une force générée
Incontestablement, un praticien ostéopathe par le patient. Elles sont parmi les formes les plus
accompli doit posséder les compétences néces- agressives de TMO.
saires pour utiliser intelligemment l'ensemble du 1. HVLA (High Velocity Low Amplitude), égale-
spectre des procédures. « One must not be a ment connue sous le nom de « technique avec
blacksmith only, and only able to hit large bones thrust ». Cette procédure emploie une force
and muscles with a heavy hammer, but one must be thérapeutique générée par le praticien,
able to use the most delicate instruments of the sil- de brève durée (grande vitesse), appliquée sur
versmith in adjusting the deranged, displaced une très courte distance (faible amplitude),
bones, nerves, muscles and remove all obstructions, dans l'amplitude anatomique du mouvement
and thereby set the machinery of life moving. To do de l'articulation.
this is to be an osteopath[5]. » (« Il ne faut pas être 2. Mobilisation articulaire (Articulation). Cette
seulement un forgeron, et seulement capable de procédure applique une force de faible vitesse,
frapper les grands os et les muscles avec un gros de modérée à grande amplitude, générée par le
marteau, il faut aussi être en mesure d'utiliser les praticien contre la barrière restrictive, de sorte
instruments les plus délicats de l'orfèvre en ajus- que l'articulation soit mobilisée dans toute son
tant les os, les nerfs, les muscles déséquilibrés, amplitude.
déplacés, et éliminer tous les obstacles, réglant 3. Rebond (Springing). Cette procédure applique
ainsi le mouvement du mécanisme de la vie. des forces de faible vitesse, d'amplitude modé-
Faire cela, c'est être un ostéopathe. ») rée, générées par le praticien par lesquelles la
barrière restrictive est engagée de façon répé-
tée pour augmenter la liberté du mouvement.
Traitements manipulatifs C'est une forme de mobilisation articulaire.
ostéopathiques du plus 4. Positionnement (Positional technique). Cette
au moins agressif procédure combine l'effet du levier généré par
le praticien et le mouvement respiratoire du
Pour toutes les procédures ci-dessous, la barrière patient, en utilisant un point d'appui pour
dysfonctionnelle doit être clairement définie et localiser les forces contre la barrière dysfonc-
considérée avec précision. Certaines d'entre elles, tionnelle, afin d'obtenir la mobilisation. Ce
comme la pression inhibitrice, sont employées processus peut être incorporé dans les procé-
pour traiter des changements de texture aigus du dures du rebond ou de thrust.
Chapitre 5. Traitement ostéopathique 97

5. Amplitude de mouvement (Range of praticien spécialement produite pour


motion). Cette procédure, similaire à la pro- détendre, renforcer ou étirer les muscles, ou
cédure de mobilisation articulaire, applique mobiliser les articulations.
un mouvement actif (généré par le patient) 11. Inhibition progressive des structures neuro-
ou passif (généré par le praticien) sur une musculaires (Progressive Inhibition of
partie du corps jusqu'à sa limite physiolo- Neuromuscular Structures [PINS]). Cette
gique ou anatomique dans tous les plans du procédure applique une pression inhibitrice
mouvement. séquentiellement le long d'une série de points
6. Traction (Traction). Cette procédure applique situés entre deux points connexes sensibles.
une force continue ou intermittente, de grande Parce que cela consiste en l'application systé-
ou de faible amplitude, générée par le praticien matique d'une série de pressions inhibitrices,
(ou par un appareil) pour étirer ou séparer les cela peut être considéré comme étant plus
tissus dysfonctionnels le long d'un axe agressif qu'une pression inhibitrice appliquée
longitudinal. sur un seul point.
7. Tissus mous (Soft tissue). Cette procédure, éga- 12. Pression inhibitrice (Inhibitory pressure).
lement appelée traitement myofascial, implique Cette procédure est réalisée avec une vitesse
généralement une combinaison d'étirement extrêmement faible, pratiquement aucune
latéral, d'étirement linéaire, de pression pro- amplitude, dans laquelle une pression aug-
fonde, de traction, ou de séparation de l'ori- mentant très lentement est appliquée et main-
gine et de l'insertion du muscle et des structures tenue pour réduire une activité réflexe et
myofasciales associées, tout en surveillant la produire un relâchement des tissus mous pré-
réponse des tissus et les modifications du mou- sentant un changement de texture de tissu
vement par la palpation. aigu, souvent médié par voie réflexe. Cela
8. Relâchement facilité par oscillation (Facilitated peut être utilisé pour traiter la composante
oscillatory release). Cette procédure est l'appli- somatique de réflexes viscérosomatiques et
cation d'une force oscillatoire manuelle utilisée somatosomatiques aigus, tout en offrant une
pour augmenter la force de correction finale de influence somatoviscérale.
toute autre procédure articulatoire, ligamen- 13. Relâchement myofascial direct (Direct myo-
taire ou myofasciale. En tant que telle, cette fascial release). Catégorie de procédures dans
procédure peut être utilisée avec des procé- lesquelles la barrière myofasciale dysfonction-
dures directes, indirectes, et combinées. nelle est engagée et les tissus sont chargés
9. Énergie musculaire (Muscle energy). Cette avec une force constante, similaire à celle de la
procédure applique une force générée par le pression inhibitrice, jusqu'à ce que le relâche-
patient lorsque, sur demande, il contracte acti- ment des tissus se produise.
vement ses muscles d'une position contrôlée
avec précision dans une direction spécifique,
Procédures combinées
contre une contre-force générée avec préci-
sion par le praticien. Cette procédure est pla- Les procédures combinées consistent en l'applica-
cée ici un peu arbitrairement dans le tion séquentielle des principes directs et indirects.
continuum de l'agressivité, car la force de cor- Le positionnement initial est typiquement indi-
rection finale est générée par le patient, ce qui rect, à distance de la barrière dysfonctionnelle.
lui permet de contrôler l'intensité de l'inter- Après qu'un relâchement thérapeutique a été
vention. obtenu, des forces directes sont appliquées dans la
10. Myotension (Myotension). Cette procédure direction de la barrière dysfonctionnelle précé-
applique une force générée par le patient demment identifiée.
alternant contraction musculaire et relâche- 14. Relâchement positionnel facilité (Facilitated
ment, contre une contre-force générée par le positional release). Il s'agit d'une forme de
98 Traitement du patient

relâchement myofascial dans lequel la région tion d'un contre-strain indirect. Les tissus
dysfonctionnelle du corps est placée dans une sont étirés du coté contralatéral au strain de
position neutre, réduisant les tensions tissu- la dysfonction. Comme cela a été décrit à
laires et articulaires dans tous les plans, et une l'origine par Jones, le patient est positionné
force de compression, de distraction, ou de avec précision, et cette position est mainte-
torsion est appliquée pour faciliter le relâche- nue pendant 90 secondes afin d'obtenir un
ment thérapeutique. relâchement. Le contre-strain est décrit ici
15. Technique de Still (Still technique). C'est une parce qu'il emploie un positionnement indi-
méthode articulatoire spécifique, non répéti- rect. Quand le temps d'application de la pro-
tive, initialement indirecte puis suivie par un cédure est pris en compte, des procédures
déplacement de la zone dysfonctionnelle dans combinées comme le relâchement position-
l'amplitude du mouvement de manière nel facilité peuvent-être moins agressives car
directe. Attribuée à Andrew Taylor Still. elles nécessitent généralement beaucoup
16. Technique vibratoire par percussion (Percussion moins de temps.
vibrator technique). Technique de manipulation 19. Technique fonctionnelle (Functional tech-
impliquant l'application spécifique d'une force nique). Dans cette procédure, le praticien est
vibratoire mécanique pour traiter la dysfonction guidé par les sensations tenségritales de faci-
somatique. Cette technique ostéopathique a été lité et de tension dans la zone dysfonction-
développée par Robert Fulford, DO. nelle. Lorsque les tissus sont accompagnés
17. Relâchement neuromusculosquelettique inté- dans le sens de la facilité jusqu'à la position
gré (Integrated neuromusculoskeletal release). neutre, la tension des tissus décroît dans tous
Cette procédure est une forme de relâche- les plans. La zone est maintenue en position
ment myofascial qui vise à étirer et libérer de ou séquentiellement déplacée, en suivant la
manière réflexe les restrictions tissulaires et sensation de diminution de résistance des tis-
articulaires, dans laquelle les forces directes et sus. Certains suggèrent une légère compres-
indirectes sont appliquées en combinaison. sion pour exagérer la position qui est
maintenue jusqu'à percevoir une libération
totale de la tension des tissus.
Procédures indirectes 20. Déroulement fascial (Fascial unwinding).
Dans les procédures indirectes, la barrière restric- Cette procédure est une forme globale de
tive est désengagée et la partie dysfonctionnelle du relâchement fascial (voir technique suivante),
corps éloignée de la barrière restrictive. Ces procé- impliquant un feedback constant des tensions
dures constituent la forme de TMO le plus doux, myofasciales du corps du patient qui permet
le moins agressif et, de faible dosage quand le au praticien, à l'aide des sensations de facilité
temps requis pour leur application n'est pas pris en et de tension, de déplacer le corps du patient
considération. Le patient peut être positionné de ou une partie de celui-ci à travers une série de
telle sorte que les forces s'accumulent à l'opposé relâchements successifs. Cette procédure est
de la barrière dysfonctionnelle ou jusqu'à ce que la placée avant le relâchement fascial dans le
tension des tissus soit égale dans un ou dans tous continuum, car il se compose d'une série de
les plans et directions. relâchements l'un après l'autre.
18. Contre-strain (Counterstrain, nommé à 21. Relâchement fascial ou relâchement myofas-
l'origine « Relâchement spontané par posi- cial (Fascial release or myofascial release).
tionnement » [Spontaneous release by positio- Cette procédure est guidée par les sensations
ning], plus tard appelé « Strain contre-strain » tenségritales de facilité et de tension. Dans la
[Strain-Counterstrain®]). Cette procédure zone dysfonctionnelle, les tissus sont accom-
est potentiellement plus agressive que les pagnés dans le sens de la facilité jusqu'à une
autres formes de procédures indirectes parce position neutre, ce qui entraîne une réduc-
que la force de correction finale est l'applica- tion de la tension du tissu dans tous les plans.
Chapitre 5. Traitement ostéopathique 99

La région est alors maintenue dans la position micité viscérale inhérente, étroitement liée au
d'équilibre fonctionnel jusqu'à ce qu'un relâ- MRP – si ce n'est le MRP lui-même – peut
chement se produise et que la liberté du mou- être utilisée pour rétablir la liberté du mouve-
vement soit obtenue. ment viscéral, et par conséquent sa fonction.
22. Ostéopathie dans le champ crânien (Osteopathy Finalement, pour déterminer le choix de la pro-
in the cranial field)*, ou traitement crânien. cédure ostéopathique la plus appropriée pour le
Méthode de traitement qui utilise des forces patient, chaque praticien doit considérer le schéma
inhérentes à la structure tenségritale du corps, dysfonctionnel, la composante anatomique (arti-
en particulier la membrane durale de tension culaire, musculaire, fasciale, et membraneuse) ou
réciproque, et qui amplifie ces forces en utili- physiologique (neuroréflexe et rythme inhérent)
sant la rythmicité inhérente du MRP pour responsable de la dysfonction, et la tolérance du
induire un équilibre fonctionnel et améliorer patient.
la puissance du MRP.
23. Technique d'équilibrage des tensions liga-
mentaires (Balanced ligamentous tension tech- Réponse au traitement
nique, BLTT)* aussi nommée technique du
strain articulaire ligamentaire (ligamentous Après avoir diagnostiqué la dysfonction et décidé
articular strain technique, LAST). Cette pro- de la procédure la plus appropriée à utiliser pour le
cédure est une forme de manipulation articu- traitement, il convient désormais de déterminer le
laire qui emploie les principes de l'ostéopathie dosage de cette procédure. Les questions fré-
crânienne en utilisant la structure tenségritale quemment posées sont les suivantes.
du corps et la rythmicité inhérente du MRP,
pour induire l'équilibre fonctionnel et renfor-
cer la puissance du MRP. Quand doit-on s'arrêter ?
24. Manipulation viscérale (Visceral manipula-
tion)1 ou technique ventrale (ventral tech- Une règle très simple à suivre est de traiter le
nique). Forme de traitement destiné à patient jusqu'à ce qu'une réponse se produise.
améliorer la fonction physiologique des vis-
cères. En suivant les sensations tenségritales
de facilité et de tension, le viscère à traiter est Quel genre de réponse
accompagné jusqu'à un point d'équilibre, doit-on rechercher ?
souvent ses zones de fixation fasciale. La ryth-
Un assouplissement des tissus mous de la zone à
traiter est une bonne réponse, aussi décrit comme
1
Bien que présentées séparément, les descriptions un relâchement. L'augmentation de la tension
des procédures manipulatives ci-dessus considèrent très musculaire lors de l'application d'un TMO
certainement la même chose, i. e. l'anatomie et la physio-
indique que la tolérance du patient a déjà été
logie globale du corps humain. Dès lors, elles sont plus
semblables qu'il n'y paraît. Pour l'auteur, la plus grande
dépassée. À ce stade, le traitement doit être arrêté
différence entre toutes les procédures décrites ci-dessus, en et repris plus tard, après que le patient se sera
dehors de l'anatomie des zones dysfonctionnelles considé- reposé. Une procédure moins agressive doit alors
rées, est de savoir si la procédure de traitement suit les prin- être sélectionnée. Une modification du tonus
cipes des procédures directes ou indirectes. Pour autant, autonome indique aussi une réponse. L'obtention
des procédures apparemment différentes comme l'HVLA d'un still point (point tranquille) suivi d'une aug-
et l'ostéopathie crânienne ont toutes le même objectif : la
mentation de l'amplitude du MRP est également
réduction de la dysfonction somatique et l'optimisation
de la physiologie humaine et de la capacité inhérente du
un signal satisfaisant. Une vasodilatation cutanée
corps à l'autoguérison. En conséquence toutes ces procé- (rougeur et augmentation de la température de la
dures peuvent avoir leur place dans l'arsenal thérapeutique peau) ou une augmentation de la transpiration
ostéopathique. indique qu'il est temps d'arrêter. De même, une
100 Traitement du patient

augmentation du rythme cardiaque ou respira- Les patients atteints de maladies chroniques éta-
toire indique que l'on a atteint le niveau de tolé- blies peuvent nécessiter un traitement d'entretien,
rance du patient. En aucun cas le patient ne doit mais dans ces circonstances, il faut leur expliquer
percevoir que l'intervention est inconfortable, et ce qu'ils sont en droit d'attendre d'un traitement
le praticien doit savoir s'arrêter et choisir une efficace, et leur laisser la possibilité de déterminer
autre approche, ou attendre et essayer de nouveau le rythme des séances. Un tel programme inclut
à une date ultérieure. rarement plus d'une consultation par mois, à
moins d'avoir une exacerbation aiguë de la mala-
die chronique. Dans le cas d'une telle exacerba-
Pour faciliter l'examen et obtenir les meilleures réponses tion, le protocole de trois à cinq séances décrit
lors d'un traitement, le patient doit se sentir en sécurité : ci-dessus doit s'appliquer.
« Si la neuroception identifie une personne comme sûre,
alors un circuit neural inhibe activement les zones du cer-
veau qui organisent les stratégies défensives de “fight,
flight, and freeze” (“lutte, fuite, et immobilisation”) [6]. »
Suivi du patient
Le programme de traitement du suivi ultérieur
peut être déterminé par l'observation de la
Comme mentionné précédemment, l'état de réponse du patient au traitement initial. Après que
santé du patient a un effet significatif sur sa tolé- le patient a été traité efficacement la première fois,
rance à la procédure appliquée. Plus l'individu est il peut avoir besoin d'être vu pour une deuxième
malade, plus la tolérance est basse. Ainsi, des doses visite de réévaluation. Cela peut se faire dans les
inférieures de TMO moins agressif fourniront une 48 à 72 heures. Après une intervention réussie, la
réponse thérapeutique optimale sans dépasser le réponse du patient suit souvent la séquence sui-
seuil de tolérance du patient. En cas de doute vante :
quant au dosage qu'un patient malade peut tolé- Immédiatement après le traitement, le patient
rer en toute sécurité, il est préférable de pécher par doit sentir un soulagement symptomatique. Cette
excès de prudence. Il est toujours possible d'aug- période peut être transitoire, d'une durée de
menter lentement la dose de TMO lors des traite- quelques heures, ou elle peut être permanente.
ments successifs. En revanche, en présence d'une Lorsque le patient ne vit pas cette phase de soula-
surdose, il faut attendre la récupération du patient gement, le diagnostic initial est probablement
et vous perdez un temps précieux. incorrect, ou le traitement appliqué inefficace.
Cela pose un dilemme thérapeutique, car un trai-
tement supplémentaire, à ce moment, augmente
Combien de fois le patient de manière significative la probabilité de dépasser
doit-il être traité ? les limites de la tolérance du patient. Dans ces cir-
constances, le diagnostic doit être soigneusement
La réponse à cette question n'est pas facile. Certes, reconsidéré et, s'il est toujours jugé correct, seules
si le patient a une excellente réponse au premier des formes moins agressives de TMO doivent être
traitement, si la dysfonction somatique traitée est utilisées.
complètement résolue et si le MRP du patient À la fin de cette première visite, expliquez à
démontre une forte amplitude après l'interven- votre patient qu'il doit s'abstenir de toute suracti-
tion, un seul traitement peut ainsi être suffisant. vité jusqu'à ce qu'il soit réévalué, car la nature
Toutefois, si l'on traite un problème particulière- humaine est telle que lorsqu'un individu se sent
ment grave, ou si la condition est chronique, plu- soulagé, il suppose qu'il a complètement récu-
sieurs interventions peuvent être nécessaires. Cela péré, et trop souvent cela n'est pas le cas.
dit, il n'y a aucune raison pour traiter un patient Après la période de soulagement symptomatique,
plus de trois à cinq fois. Il peut revenir ultérieure- les patients peuvent avoir une réaction de rebond,
ment, si nécessaire, à sa demande. avec exacerbation des symptômes originaux. Ils
Chapitre 5. Traitement ostéopathique 101

doivent être avertis de cette possibilité, afin d'évi- durant les intervalles séparant les traitements, il
ter des inquiétudes inutiles. Cette réaction ne doit existe des circonstances qui contribuent au pro-
pas durer plus de 24 heures, et 48 heures pour les blème et qui doivent être recherchées et traitées. Il
personnes âgées qui ont une réponse physiolo- peut s'agir de réflexes viscérosomatiques et soma-
gique plus lente. Si le patient éprouve la période tosomatiques, d'une compensation à une dysfonc-
initiale de soulagement, mais que la réaction de tion posturale, de syndromes de surmenage et/ou
rebond se prolonge au-delà des 24 à 48 heures de problèmes somatoémotionels.
acceptables, il est probable que le diagnostic était
correct mais le traitement trop agressif, entraînant
une réaction excessive. Aussi, la deuxième séance Traitement des patients
de TMO doit être moins forte. Comme men- après traumatismes
tionné ci-dessus, si un patient apparemment en
bonne santé réagit avec une réaction de rebond Les procédures ostéopathiques sont utilisées spé-
d'une intensité inattendue à un TMO choisi de cifiquement pour traiter la dysfonction somatique,
façon appropriée, la présence d'une maladie non et dans la plupart des cas, sont destinées à aug-
diagnostiquée devra être activement recherchée, menter le mouvement disponible. Il est donc
en particulier, mais non exclusivement, une inapproprié de manipuler les zones structurelle-
connectivite. ment instables du système musculosquelettique.
La réaction de rebond est suivie par une période Ayant cette mise en garde à l'esprit, convenons
de récupération fonctionnelle et un soulagement que les patients ayant subi des traumatismes phy-
qui peuvent durer de quelques jours à une durée siques peuvent bénéficier d'un TMO correcte-
indéterminée. C'est au cours de cette période de ment appliqué.
récupération fonctionnelle qu'il convient d'exa- Fréquemment, le traumatisme se traduit dans
miner le patient pour le suivi et réévaluer la dys- les tissus par des fractures et des déchirures, et
fonction résiduelle. donc aucune force ne doit être appliquée sur ces
Idéalement, la deuxième visite devrait se faire zones. En revanche, les zones à distance des tis-
dans les 48 heures (72 heures pour les personnes sus traumatisés instables présentent souvent une
plus âgées qui ont des réactions plus lentes) après dysfonction somatique, et un traitement appro-
le traitement initial afin de pouvoir réévaluer le prié de ces zones peut diminuer l'inconfort du
patient au cours de la période de récupération patient et favoriser la guérison en raison de la
fonctionnelle et de soulagement des symptômes, diminution du stress tenségrital et de l'augmen-
mais avant qu'il n'ait eu l'occasion de se blesser à tation de la perfusion tissulaire dans la zone
nouveau. C'est le meilleur moment pour apprécier traumatisée.
l'impact du traitement initial sur la dysfonction du Néanmoins, les traumatismes physiques résultent
patient. de forces exogènes, et il est très difficile d'estimer
Après la seconde, et toute revisite ultérieure, s'il initialement la tolérance du patient. Une approche
existe encore une dysfonction somatique rési- simple à ce dilemme est de déterminer, comme
duelle, les revisites doivent être programmées en ci-dessus, l'estimation du niveau de tolérance du
doublant approximativement la durée entre cha- patient, et d'appliquer seulement la moitié de cette
cune d'entre elles. Si le traitement est efficace, le dose. Les traitements ultérieurs peuvent ensuite
patient doit continuer à récupérer et rester sans être ajustés comme cela est indiqué ci-dessus. Dans
symptôme durant toute la durée séparant les ces circonstances, l'utilisation de procédures indi-
traitements. À tout moment au cours de cette rectes est particulièrement recommandée. En
séquence de traitement, si l'on estime que le pro- outre, l'habileté palpatoire nécessaire pour utiliser
blème est résolu, le patient ne doit revenir qu'il s'il ces procédures indirectes est spécialement utile lors
en sent le besoin. Toutefois, si pendant ce temps le du diagnostic initial d'un traumatisme aigu qui se
patient répond au traitement de manière appro- présente sans solution de continuité immédiate-
priée mais ne parvient pas à rester sans symptôme ment apparente.
102 Traitement du patient

Références [4] Becker RE. « Diagnostic touch : Its principles and


application », partie IV, « Trauma and stress ». In :
[1] Seffinger MA, King HH, et al. Osteopathic phi- Year Book of the Academy of Applied Osteopathy.
losophy. In : Chila AG, editor. Foundations of Indianapolis : American Academy of Osteopathy ;
Osteopathic Medicine. 3e éd. Philadelphie : Wolters 1965 ; (12) : 165.
Kluwer/Lippincott Williams and Wilkins ; 2011. p. 7, [5] Still AT. In : Autobiography of Andrew T. Still.
chapitre 1. Kirskville : publiée par l'auteur ; 1908. p. 290, chapitre
[2] Fuller D. Osteopathy and Swedenborg. Bryn Athyn : XXIV.
Swedenborg Scientific Assn Press ; 2012. [6] Porges SW. The Polyvagal Theory : Neuro-
[3] Chila AG, editor. Glossary of osteopathic termi- physiological Foundations of Emotions, Attachment,
nology. In : Foundations of Osteopathic Medicine. Communication, and Self-regulation. New York :
3e éd. Philadelphie : Wolters Kluwer/Lippincott WW Norton and Company ; 2011.
Williams and Wilkins ; 2011. p. 1098–9.
Chapitre 6
Procédures
Les personnes qui utilisent les procédures décrites chronique est fréquemment rencontrée, et souvent
dans cet ouvrage doivent être des praticiens édu- difficile à traiter. Une méthode efficace pour aug-
qués, qualifiés, qui reconnaissent que toute inter- menter la puissance des procédures indirectes est
vention appliquée à un autre être humain n'est pas l'addition d'un pompage. Cela consiste à suivre les
sans risque. Le praticien est invité à se rendre structures de la zone dysfonctionnelle dans leurs
compte que les procédures décrites ci-dessous, mouvements majeurs et mineurs les plus libres, et à
lorsqu'elles sont utilisées pour traiter des patients employer le rythme et la puissance du MRP pour
présentant une pathologie organique concomi- libérer la restriction dysfonctionnelle. Les tissus res-
tante, ne doivent être utilisées que dans un mode pirent au rythme du MRP. On les accompagne donc
complémentaire ou d'intégration. Toutes les dys- en synchronie avec les mouvements du MRP, dans
fonctions et maladies systémiques subjacentes les allers-retours de l'inspiration et de l'expiration
doivent d'abord être diagnostiquées et traitées de craniosacrale, i. e. dans le sens de la facilité, mais
manière appropriée par une autorité médicale aussi en les encourageant chaque fois à revenir
reconnue. De plus, gardez toujours à l'esprit doucement dans le sens de la restriction. Il ne s'agit
qu'une dysfonction somatique peut être la consé- pas d'une procédure directe parce que la barrière
quence de réflexes viscérosomatiques. dysfonctionnelle dans le sens de la restriction n'est
Bien qu'un continuum de procédures – des plus jamais engagée. Progressivement, les mouvements
agressives aux moins agressives – ait été décrit à la deviennent plus libres, et le pompage peut s'arrê-
fin du chapitre précédent, il ne peut être assez sou- ter lors d'un relâchement satisfaisant. Cette procé-
ligné que le choix de la dose la plus faible de la pro- dure est très efficace lorsque les mouvements
cédure la moins agressive est toujours le meilleur mineurs et le MRP sont spécifiquement pris en
choix. Il est toujours préférable de sous-doser que compte en plus des mouvements majeurs, plus
d'avoir à traiter les résultats d'un surdosage. Cet facilement perceptibles.
ouvrage traite de la prise en charge des personnes Lors du traitement d'un patient, non seulement
qui vieillissent, et qui peuvent être fragiles. Dès lors, vous devez faire le bon diagnostic et appliquer l'in-
la discussion des procédures de traitement qui suit tervention la plus appropriée, mais vous devez le
met l'accent sur les procédures indirectes qui sont faire d'une manière non douloureuse, en créant un
parmi les moins agressives du continuum de trai- climat de sécurité et en inspirant confiance. Pour
tement. Comme l'a dit Anne L. Wales : « The fact cela, il est important de rester constamment sen-
that the active force, operating in these procedures sible au patient, de se rappeler l'importance du lan-
upon the area of stress, comes from within the body gage corporel et des messages transmis par vos
minimizes the risk of trauma [1]» (« Le fait que la mains depuis le premier contact jusqu'à la fin du
force active, opérant dans ces procédures sur la traitement. Ces différents signaux démontrent au
zone du stress, vienne de l'intérieur du corps réduit patient que vous maîtrisez le problème, ce qui, en
le risque de traumatisme »). retour, permet au patient de répondre plus effica-
En gardant ce qui précède à l'esprit, il faut recon- cement au traitement en évitant la réponse du sys-
naître que, en particulier dans le traitement des tème sympathique de « fight, flight, and freeze »
patients plus âgés, une dysfonction somatique (lutte, fuite, et immobilisation).

L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans


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104 Traitement du patient

En raison de la complexité du schéma dysfonction-


nel présent, le patient qui a vieilli peut, au premier
abord, sembler pour le praticien débutant un défi
écrasant. Trop souvent, le débutant se croit obliger
de tout devoir traiter, avec une tendance à se concen-
trer sur les structures qui ne sont pas symétriques.
Cependant, le but du traitement est d'améliorer
le niveau fonctionnel du patient, et pas nécessaire-
ment de retrouver une symétrie des structures, en
particulier si le patient a plus de 50 ans. Idéalement,
le traitement doit se concentrer sur ce qui est consi-
déré comme l'endroit le plus important à traiter : le
centre biodynamique de la dysfonction, la région,
ou point focal qui est responsable du plus grand
nombre de compensations.
Figure 6.1. Normalisation myofasciale du pied.
Pour cela, les tests d'écoute permettent de diffé-
rencier les dysfonctions primaires des dysfonctions
de compensation. Lors de l'écoute de la dysfonc- gauche. Accompagnez le mouvement des struc-
tion primaire, la restriction du mouvement semble tures myofasciales du pied dans le sens de la faci-
qualitativement plus importante, et le mouvement lité. Le plus souvent, il s'agit d'un schéma de
n'est présent que dans une seule direction, sans torsion avec la partie distale du pied en rotation
retour. Il s'agit de la direction de la dysfonction. En médiale. Identifiez la position où toutes les ten-
revanche, lors de l'écoute des dysfonctions de com- sions tissulaires ont diminué, et faites un pompage
pensation, le mouvement semble diminué en au rythme du MRP, jusqu'au relâchement.
quantité et en qualité dans une direction par rap-
port à la normale, mais dans une certaine mesure, Remarques
le mouvement existe encore dans les autres direc- Avec la même position des mains, il peut être pos-
tions, bien que réduit. sible de se concentrer plus spécifiquement, si
besoin, soit au niveau de l'articulation tarsienne
transversale (médiotarsienne ou articulation de
Procédures des Chopart), soit au niveau de l'articulation tarsomé-
membres inférieurs tatarsienne (articulation de Lisfranc) (figure 6.2).
En se concentrant sur la face plantaire médiale du
Procédure myofasciale du pied pied, les dysfonctions myofasciales qui contribuent
Indications à la fasciite plantaire peuvent être normalisées.

Pied plat ; fasciite plantaire ; hallux valgus ; défor-


mations des orteils. Procédure pour tendinite
Procédure (figure 6.1)
du tendon d'Achille
(Exemple : normalisation globale des compo- Indications
santes myofasciales du pied gauche.) Tendinite du tendon d'Achille.
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à hauteur du pied du patient du Procédure (figure 6.3)
côté de la dysfonction. (Exemple : tendinite du tendon d'Achille gauche.)
Avec votre main droite, maintenez la partie dis- Patient en décubitus ventral, allongé sur la table
tale du pied entre le pouce et les autres doigts tout de façon à ce que le pied gauche dépasse du bord
en empaumant le talon gauche avec votre main de la table.
Chapitre 6. Procédures 105

Articulations
interphalangiennes
A
Articulations
Articulation
métatarsophalangiennes Articulation
talocalcanéo-naviculaire
tarsienne
Articulation transversale
calcanéocuboïdienne
B
Articulations tarsométatarsiennes

Articulation subtalienne
Articulations Articulations
métatarsophalangiennes interphalangiennes
Articulations
tarsométatarsiennes
Scaphoïde
Cuboïde
Articulation
Articulation calcanéocuboïdienne
talocalcanéo-
naviculaire C

Talus
Articulation Articulations
subtalienne tarsométatarsiennes Articulation Articulation
Calcanéus calcanéocuboïdienne talocalcanéo-naviculaire
Articulations Articulations
interphalangiennes métatarsophalangiennes

Figure 6.2. Articulations tarsienne transversale et tarsométatarsienne.


A. Vue dorsale (talus transparent) ; B. Vue latérale ; C. Vue médiale.
Source : R.L. Drake, Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008 p. 313.

insertion. Votre main gauche repose sur la partie


distale du mollet de telle sorte que votre index et
votre pouce gauche soient de chaque côté du ten-
don, à peu près au niveau de la jonction musculo-
tendineuse. Faites une écoute du mouvement des
fibres du tendon d'Achille situées entre vos deux
mains. Tout en écoutant ce mouvement, suivez
ses différentes composantes jusqu'à ce qu'un
point d'équilibre myofascial et ligamentaire soit
obtenu. À ce stade, tout schéma dysfonctionnel
devrait commencer à se libérer. Maintenez la posi-
Figure 6.3. Procédure pour tendinite du tendon d'Achille. tion d'équilibre, faites un pompage très délicat en
suivant le MRP, jusqu'au relâchement complet.
Praticien assis à côté de la table, à la gauche du
patient, face à la jambe. Remarques
Avec votre main droite, contactez le calcanéum À tout moment, vous pouvez percevoir un point
de telle manière que l'index et le pouce soient de de plus grande tension quelque part dans le ten-
chaque côté du tendon d'Achille, au niveau de son don d'Achille. À ce stade, il est conseillé de
106 Traitement du patient

déplacer vos mains tout en maintenant la prise Accompagnez les tissus dans la direction de l'ai-
pouce-doigts sur le tendon, afin de contacter le sance jusqu'à ce qu'un point d'équilibre myofas-
tendon immédiatement au-dessus et au-dessous cial et ligamentaire soit obtenu. Employez les
du point de tension. forces inhérentes du MRP pour faciliter la
Cette procédure est plus efficace si la dysfonc- normalisation.
tion concomitante du calcanéum et la posture glo-
bale du patient sont également normalisées. Procédures cuboïdiennes
Indications
Procédure subtalienne Dysfonction entre le cuboïde et le calcanéus ou
l'os naviculaire et parfois le troisième cunéiforme
Indications
et/ou les quatrième et cinquième métatarsiens.
Entorse de la cheville avec restriction de mouve- Souvent désigné comme « cuboïde bas » lorsque le
ment affectant l'articulation subtalienne. cuboïde se trouve en rotation médiale et que la
voûte plantaire longitudinale latérale est affaissée.
Procédure (figure 6.4)
Procédure (figure 6.5)
(Exemple : dysfonction subtalienne gauche.)
Patient en décubitus dorsal. (Exemple : dysfonction du cuboïde gauche.)
Praticien assis au pied de la table de traitement, Patient en décubitus dorsal.
du côté de la dysfonction. Praticien assis au pied de la table de traitement,
Avec votre main droite, empaumez le calcanéus du côté de la dysfonction.
du pied gauche du patient, et placez votre main Empaumez le calcanéus du pied gauche du
gauche de telle manière que son bord radial patient avec votre main gauche. Placez votre main
contacte la face dorsale du pied du patient sur le droite sur la face latérale du pied de telle sorte que
col du talus. Faites une écoute de la relation votre pouce contacte la portion proximale et
talocalcanéenne, suivez les tissus dans la direction médiale de la face plantaire du cuboïde, et que
des mouvements les plus libres (inversion/éver- votre médius (ou votre index) contacte la face dor-
sion). L'inversion calcanéenne et la flexion plan- sale du cuboïde au même niveau proximal et
taire sont souvent (mais pas toujours) rencontrées. médial. Avec vos mains ainsi positionnées, faites
une écoute du cuboïde et suivez son mouvement
dans le sens de l'aisance jusqu'à ce qu'un point
d'équilibre soit obtenu. Maintenez cette position
d'équilibre myofascial et ligamentaire, et tout en
suivant le MRP, attendez le relâchement.

Figure 6.4. Procédure subtalienne. Figure 6.5. Procédure cuboïdienne.


Chapitre 6. Procédures 107

Figure 6.6. Procédure cuboïdienne alternative.

Procédure alternative (figure 6.6) Figure 6.7. Procédure naviculaire.

(Exemple : dysfonction du cuboïde gauche.)


Le patient et le praticien sont dans les mêmes posi- Praticien assis au pied de la table, à la droite du
tions que ci-dessus. patient, regardant la face médiale du pied gauche
Avec votre main droite, saisissez la face latérale du patient.
du pied gauche du patient de manière à ce que Placez le pouce et l'index de votre main gauche
votre pouce contacte la face dorsale de la portion sur le col du talus du pied gauche du patient. Le
proximale et médiale du cuboïde, et que votre pouce et l'index de votre main droite sont sur l'os
index contacte la face plantaire du cuboïde au naviculaire, respectivement sur la face plantaire et
même emplacement proximal et médial. Ensuite, sur la face dorsale. Suivez les mouvements talona-
saisissez les têtes des quatrième et cinquième viculaires jusqu'au point d'équilibre myofascial et
métatarsiens entre vos index et médius gauches ligamentaire. Maintenez cette position en synchro-
(sur la face dorsale) et votre pouce (sur la face nicité avec le MRP jusqu'au relâchement.
plantaire). Avec vos mains ainsi positionnées, Remarques
faites une écoute du mouvement entre le cuboïde
La procédure ci-dessus peut être modifiée pour trai-
et les métatarsiens, trouvez le point d'équilibre
ter une dysfonction entre l'os naviculaire et les
optimal et attendez un relâchement.
cunéiformes. Saisissez l'os naviculaire entre le pouce
et l'index de votre main gauche et les cunéiformes
entre le pouce et l'index de votre main droite.
Procédure naviculaire
Indications Procédure pour l'hallux valgus
Dysfonction de l'os naviculaire par rapport au Indications
talus ou aux trois cunéiformes. Souvent désigné Traitement des tensions myofasciales et ligamen-
comme un « os naviculaire bas » lorsque l'os navi- taires qui conduisent au développement et au
culaire se trouve en rotation médiale. Cette dys- maintien d'un hallux valgus.
fonction affecte l'arche longitudinale médiale du
pied et elle est associée au pied plat. Procédure (figure 6.8)
(Exemple : hallux valgus gauche.)
Procédure (figure 6.7) Patient en décubitus dorsal avec la hanche et le
(Exemple : dysfonction de l'os naviculaire gauche.) genou droits fléchis ; la jambe gauche est allongée
Patient en décubitus dorsal avec la hanche et le et le pied gauche est hors de la table de traitement.
genou droits fléchis ; la jambe gauche est allon- Praticien assis au pied de la table, à la droite du
gée et le pied gauche est hors de la table de patient, regardant la face médiale du pied gauche
traitement. du patient.
108 Traitement du patient

Figure 6.8. Procédure pour l'hallux valgus. Figure 6.9. Procédure tibiofibulaire proximale.

Avec le pouce et l'index de votre main gauche, du genou ou de la cheville, affectant potentielle-
saisissez la partie distale du premier métatarse du ment la mécanique du pied tendinite du tendon
pied du patient, avec votre pouce sur la face plan- d'Achille ; crampes aux jambes ; troubles circula-
taire et votre index sur la face dorsale. Avec le toires de la jambe.
pouce et l'index de votre main droite, saisissez la
base de la phalange proximale de l'orteil. Suivez le Procédure tibiofibulaire proximale
mouvement du métatarse et de la phalange dans le Procédure (figure 6.9)
sens de l'aisance, le plus souvent avec l'orteil en
(Exemple : dysfonction tibiofibulaire proximale
rotation médiale, abduction et flexion plantaire,
gauche.)
jusqu'au point d'équilibre myofascial et ligamen-
Patient en décubitus dorsal avec la hanche et le
taire. Maintenez cette position en suivant le MRP,
genou gauches suffisamment fléchis pour pouvoir
jusqu'au relâchement des tensions.
reposer le pied gauche à plat sur la table.
Remarques Praticien assis sur la table de traitement, du côté
gauche, au niveau du pied du patient, ou légère-
Cette procédure renforce le mécanisme d'auto-
ment caudalement, regardant le patient.
guérison de l'organisme, mais ne supprime pas ins-
Avec votre main droite, saisissez la tête de la
tantanément les modifications osseuses observées
fibula gauche du patient de telle manière que
dans l'hallux valgus. Pour optimiser l'efficacité de
votre pouce soit sur la face antérieure et votre
cette procédure, les relations dysfonctionnelles
index replié sur la face postérieure, contactant la
talonaviculo-tarsiennes et posturales qui modifient
fibula au niveau de l'articulation interphalan-
la distribution des forces dans le pied, souvent dans
gienne proximale de l'index. Votre main gauche
un schéma craniosacral d'extension-rotation
repose sur la tubérosité tibiale de telle sorte que le
interne, doivent également être prises en compte.
pouce soit sur la portion latérale de la tubérosité,
Les principes de cette procédure peuvent être
et vos doigts sur la portion médiale. Accompagnez
appliqués à toutes les articulations métatarsiennes,
les mouvements de la fibula dans le sens de la faci-
phalangiennes, et interphalangiennes des orteils, y
lité (glissement antéro-inférieur ou postérosupé-
compris pour des conditions comme les orteils en
rieur) jusqu'au point d'équilibre myofascial et
marteau.
ligamentaire, et jusqu'au relâchement. Un pom-
page peut faciliter ce relâchement, en particulier
dans le cas d'une dysfonction chronique.
Procédures tibiofibulaires
Indications Procédure tibiofibulaire distale
Procédure (figure 6.10)
Dysfonction tibiofibulaire proximale et/ou dis-
tale, se présentant souvent comme des douleurs (Exemple : dysfonction tibiofibulaire distale gauche.)
Chapitre 6. Procédures 109

Figure 6.11. Procédure tibiofibulaire distale et proximale.

Avec votre main droite, saisissez la tête de la


fibula gauche afin que votre pouce soit sur la face
antérieure et votre index sur la face postérieure.
Avec la main gauche, saisissez la malléole latérale
gauche de telle manière que votre pouce soit sur la
face antérieure et votre index sur la face postérieure.
En suivant le MRP, accompagnez les mouvements
Figure 6.10. Procédure tibiofibulaire distale.
de la fibula dans le sens de l'aisance jusqu'à trouver
Patient en décubitus dorsal avec la hanche et le un point d'équilibre. Attendez un relâchement.
genou droits fléchis ; la jambe gauche est allongée
Remarques
et le pied gauche est hors de la table de traitement.
Praticien assis ou debout au pied de la table de Lors du traitement d'une dysfonction tibiofibu-
traitement. laire, la visualisation des tensions dysfonction-
Saisissez la malléole latérale gauche avec votre nelles au sein de la membrane interosseuse est
main droite de manière à ce que votre pouce soit recommandée. L'intégration de ces informations
sur la face antérieure et votre index sur la face pos- dans la normalisation, lors de la recherche du
térieure. Votre main gauche saisit alors l'extrémité point d'équilibre, facilite souvent la libération des
inférieure du tibia de telle sorte que votre pouce dysfonctions.
soit sur la face tibiale antérieure et vos doigts sur la Dans le cas d'une dysfonction physiologique,
face postérieure. Suivez les mouvements de la les mouvements fibulaires proximal et distal sont
fibula dans le sens de la facilité (mouvement essen- couplés dans des directions opposées (fibula
tiellement antérieur ou postérieur) jusqu'à ce proximale antérieure/distale postérieure ou proxi-
qu'un point d'équilibre myofascial et ligamentaire male postérieure/distale antérieure). Dans la dys-
soit obtenu. Attendez le relâchement. fonction non physiologique, qui fait suite à un
traumatisme, les relations tibiofibulaires sont
Procédure tibiofibulaire distale déterminées par la direction des forces exogènes
et proximale responsables du traumatisme. Dans ces circons-
tances, une subluxation supérieure à la fois des
Procédure (figure 6.11)
articulations tibiofibulaires proximale et distale est
(Exemple : dysfonction tibiofibulaire combinée la dysfonction la plus fréquente.
distale et proximale gauche.) Pour les cas chroniques, dans chacune des
Patient en décubitus dorsal. procédures décrites ci-dessus, la normalisation
Praticien assis sur le côté gauche de la table, au de la dysfonction peut être facilitée par un
niveau du mollet, faisant face à la jambe du patient. pompage.
110 Traitement du patient

Procédures pour le genou


Indications
Dysfonction du genou ; entorse ; foulure ; douleur
et plainte fonctionnelle comme les craquements
articulaires.
Notez que, dans le traitement des plaintes du
genou, en raison de la complexité de l'anatomie
interne de cette articulation, toute instabilité
ligamentaire et toute perturbation structurale
interne doivent être soigneusement écartées. Si Figure 6.12. Procédure pour le genou.
elles sont diagnostiquées, un traitement appro-
prié doit être initié avant de démarrer le traite-
ment de la dysfonction somatique. Un traitement tension craniosacrale avec genu valgus, ou de
manipulatif sans stabilisation efficace est inappro- flexion craniosacrale avec genu varum, est plus
prié pour les patients présentant une instabilité probable.
structurelle. Cela dit, après qu'un traitement Procédure (figure 6.12)
approprié de ces conditions orthopédiques est
(Exemple : dysfonction du genou gauche.)
commencé, l'intégration d'un traitement de la
Patient en décubitus dorsal avec un petit coussin
dysfonction somatique concomitante, appliqué
sous le genou gauche pour le fléchir légèrement.
en évitant tout stress aux structures anatomiques
Praticien assis à côté de la table de traitement,
instables, peut améliorer la capacité de récupéra-
sur le côté gauche du patient, au niveau du genou.
tion du patient. Dans ces circonstances, les pro-
Avec votre main droite, saisissez la face anté-
cédures fonctionnelles indirectes les plus délicates
rieure de la partie distale de la cuisse de telle sorte
sont appropriées.
que vos doigts contactent le condyle fémoral
Rappelez-vous que la douleur au genou est sou-
médial, avec l'index sur l'interligne articulaire
vent un symptôme qui résulte d'une dysfonction
fémorotibial. Votre pouce doit être placé en des-
somatique tibiofibulaire distale ou d'une dysfonc-
sous du condyle fémoral latéral pour palper l'in-
tion pelvienne qui doit donc être traitée. Une
terligne articulaire latéral. Votre main gauche est
douleur tibiofibulaire proximale à la suite d'une
placée sur la tubérosité tibiale, avec le pouce et
contrainte compensatoire induite par une dys-
l'index palpant respectivement les interlignes arti-
fonction tibiofibulaire distale peut être interprétée
culaires latéral et médial. Faites une écoute des
comme une douleur du genou. Par ailleurs, une
mouvements entre le tibia et le fémur (flexion/
dysfonction de rotation interne (postérieure) de
extension, rotation médiale/latérale, abduction/
l'os coxal entraîne des douleurs antérieures du
adduction, glissement médial/latéral, glissement
genou, avec une corrélation entre les douleurs
antérieur/postérieur, et compression/décompres-
antéromédiales et une tension accrue du muscle
sion). Suivez les mouvements ci-dessus, dans la
sartorius, et entre les douleurs antérolatérales et
direction de la plus grande aisance, en les empi-
une tension du tenseur du fascia lata. Les douleurs
lant, jusqu'à la position finale d'équilibre ligamen-
postérieures du genou (poplitées) sont corrélées à
taire et myofascial. À ce stade, maintenez la
une dysfonction de rotation externe (antérieure)
position d'équilibre, tout en suivant le MRP.
de l'os coxal par l'augmentation de la tension des
Attendez un relâchement.
muscles ischiojambiers.
Si le patient se présente avec une plainte unilaté- Remarques
rale du genou, une étiologie locale – tibiofibulaire, Avec le patient en position de décubitus dorsal
fémorotibiale, fémoropatellaire – ou coxale doit comme décrit ci-dessus, toute dysfonction patel-
être recherchée. Si la plainte est bilatérale, une laire myofasciale peut être normalisée en dépla-
étiologie posturale plus globale, un schéma d'ex- çant vos mains autour de la rotule.
Chapitre 6. Procédures 111

À partir de la position décrite ci-dessus (voir


figure 6.13), vous pouvez déplacer légèrement la
main droite distalement, ce qui vous permettra de
traiter non seulement le genou, mais aussi, avec
l'expérience, la cheville et les dysfonctions tibiofi-
bulaire et myofasciale de la jambe.

Normalisation de la fosse poplitée


Indications
Troubles du retour veineux et lymphatique du à la
tension myofasciale dysfonctionnelle de la fosse
poplitée.

Procédure (figure 6.14)


(Exemple : dysfonction de l'espace poplité droit.)
Patient en décubitus dorsal avec la hanche et le
genou droits fléchis, et le pied à plat sur la table.
Praticien debout, faisant face au patient, du côté
de la dysfonction, au niveau du pied du patient.
Placez les deux mains de part et d'autre de la
fosse poplitée du patient, de telle sorte que la
pulpe des doigts de votre main droite accroche
doucement la face médiale de la fosse (semi-
Figure 6.13. Procédure pour le genou en position assise.
membraneux, semitendineux, et chef médial du
gastrocnémien) et la pulpe des doigts de votre
Procédure en position assise
main gauche, la face latérale de la fosse (biceps
Procédure (figure 6.13) fémoral et chef latéral du gastrocnémien). Vos
(Exemple : dysfonction du genou gauche.) pouces reposent de part er d'autre de la tubérosité
Patient assis confortablement, sur le côté de la tibiale. Employez les principes indirects et suivez
table de traitement. les tissus mous dans une position d'équilibre myo-
Praticien assis du côté opposé à la dysfonction. fascial. Ensuite, faites un pompage des tissus, si
Votre main gauche saisit les condyles médial et possible au rythme du MRP.
latéral du fémur de sorte que votre index palpe
l'interligne fémorotibial latéral et votre pouce l'in-
terligne fémorotibial médial. Votre main droite sai-
sit l'extrémité distale du tibia. Écoutez et visualisez,
comme ci-dessus, les mouvements présents.
Employez les principes indirects et suivez les dépla-
cements les plus libres jusqu'à la position d'équi-
libre ligamentaire et myofascial. En suivant le MRP,
faites un pompage pour faciliter le relâchement.

Remarques
Cette procédure vous permet de placer le genou
dans la position de flexion qui correspond à celle
dans laquelle s'est produite la dysfonction. Figure 6.14. Normalisation de la fosse poplitée.
112 Traitement du patient

Remarques utilisant les principes indirects, recherchez les


Avant l'application de toute procédure veineuse et mouvements les plus libres (rotation médiale/
lymphatique globale visant à réduire la congestion latérale, et abduction/adduction de la hanche et
périphérique, les obstructions myofasciales locales du genou). Accompagnez les mouvements de la
au drainage veineux et lymphatique doivent être hanche et du genou dans le sens de la facilité
normalisées. jusqu'à trouver une position d'équilibre ligamen-
taire et myofascial. Dans cette position, utilisez
l'action de pompage du MRP pour faciliter un
Normalisation des ischiojambiers relâchement.
Indications Remarques
Dysfonction lombopelvienne ; restriction de la Si la tension des ischiojambiers est importante,
flexion de la hanche ; douleur postérieure de la observez le mouvement respiratoire pulmonaire
cuisse ; dysfonction du genou. du patient pour identifier la phase (inspiratoire
ou expiratoire) dans laquelle se produit le plus
Procédure (figure 6.15)
grand relâchement. Puis demandez au patient de
(Exemple : tension dysfonctionnelle des ischio- respirer plus lentement, en prolongeant la phase
jambiers du côté gauche.) respiratoire qui produit la meilleure réponse de
Patient en décubitus dorsal avec la hanche et le relâchement.
genou gauches fléchis.
Praticien debout, à côté de la table de traite-
ment, du côté de la dysfonction, faisant face au Procédure pour la hanche
patient.
Indications
Avec votre main gauche, saisissez la face posté-
rieure de la cheville. Votre main droite repose sur la Douleur, dysfonction et arthrite de la hanche ;
partie antérieure du genou. Le patient est invité à dysfonction de l'iliopsoas, dysfonction du piri-
étendre progressivement le genou gauche, tandis forme ; dysfonction et douleur associées du genou
que vous surveillez l'aisance du mouvement. À la et de la région lombopelvienne.
première sensation de résistance à l'extension, en
Procédure (figure 6.16)
(Exemple : dysfonction de la hanche gauche.)
Patient en décubitus dorsal avec la hanche et le
genou gauches fléchis.
Praticien debout, à côté de la table de traite-
ment, du côté de la dysfonction, au niveau du bas-
sin du patient.
Avec votre main droite, contactez l'os coxal
gauche de manière à ce que votre pouce repose
sur l'épine iliaque antérosupérieure (EIAS) et à
ce que votre index soit dirigé vers l'arrière, le
long de la crête iliaque. Votre main gauche saisit
la face antérieure de la cuisse du patient de
manière à maintenir son genou contre la face
antérieure de votre épaule gauche. Recherchez
l'amplitude de flexion de hanche qui produit la
meilleure position d'équilibre. Dans cette posi-
tion, faites une écoute des mouvements de la
Figure 6.15. Normalisation des ischiojambiers. hanche (flexion/extension, abduction/adduc-
Chapitre 6. Procédures 113

devez rechercher et éliminer sérieusement toute


pathologie viscérale subjacente, avant de faire un
TMO (voir Dysfonction somatique vertébrale,
partie IV, chapitre 7, p. 209).

Normalisation pelvienne globale


Indications
Dysfonction somatique pelvienne ; dysfonctions
viscérales pelviennes, y compris la constipation et
les troubles fonctionnels du bas appareil urinaire ;
dysfonction du plancher pelvien ; dysfonction du
genou ; inégalité fonctionnelle de longueur de
jambe.

Procédure globale
Procédure (figure 6.17)
Patient en décubitus dorsal avec les jambes
pliées ou étendues selon ce qui est le plus
confortable.
Praticien debout, à côté de la table de traite-
ment, au niveau du bassin.
Placez vos mains sur le bassin du patient de
Figure 6.16. Procédure pour la hanche.
manière à ce que vos pouces ou éminences thé-
nars contactent les EIAS, et à ce que vos index
contactent les crêtes iliaques. Faites une écoute
tion, rotation médiale/latérale, sans oublier les de la position et du mouvement inhérent des os
mouvements mineurs de glissement médial/laté- coxaux, en essayant de sentir la rotation interne
ral, glissement cranial/caudal, et la compres- ou externe avec les mouvements majeurs et
sion/décompression). Parce que la hanche ne mineurs. Accompagnez les mouvements dans
peut être directement palpée, il est particulière- le sens de la facilité jusqu'à un point d'équi-
ment utile de visualiser la relation entre la tête libre myofascial et ligamentaire. Tout en conser-
fémorale et l'acetabulum durant cette écoute. vant cette position, suivez le MRP jusqu'au
Suivez chacun des mouvements dans la direction relâchement.
de l'aisance, en les empilant jusqu'à ce que la
position finale d'équilibre ligamentaire et myo-
fascial soit obtenue. À ce stade, tout en mainte-
nant la position d'équilibre, suivez le MRP
jusqu'à sentir un relâchement tissulaire.

Procédures pelviennes
Comme les dysfonctions des régions pelvienne et
lombosacrale peuvent être le résultat de réflexes
viscérosomatiques splanchniques pelviens, vous Figure 6.17. Normalisation pelvienne globale.
114 Traitement du patient

Procédure alternative avec le MRP. Les dysfonctions pelviennes


Procédure (figure 6.18) démontrent souvent des schémas de mouve-
ments asymétriques avec une restriction de mou-
Patient en décubitus dorsal avec les jambes vement plus importante sur un des deux côtés.
tendues. La normalisation de la plus grande restriction
Praticien debout ou assis, à côté de la table de peut être facilitée par l'utilisation d'une procé-
traitement, à hauteur des cuisses du sujet. dure de pompage qui emploie les forces inhé-
Placez la paume de votre main caudale, les rentes du MRP.
doigts étendus en direction craniale sur la partie
inférieure de l'hypogastre, de telle sorte que le
talon de votre main soit sur la partie inférieure de
Procédures pour l'os coxal
la symphyse pubienne. Votre avant-bras et main
craniaux reposent transversalement sur le ventre Indications
du patient, de manière à contacter bilatéralement
Dysfonction sacro-iliaque (SI) ; dysfonctions vis-
les EIAS. Écoutez la position et le mouvement
cérales pelviennes incluant la constipation et les
inhérent des os coxaux tout en visualisant le bol
troubles fonctionnels du bas appareil urinaire ;
pelvien et son plancher. Déterminez s'il existe une
dysfonction autonome pelvienne ; dysfonction du
antéversion pelvienne (pelvis basculé vers l'avant)
plancher pelvien ; dysfonction compensatrice du
ou une rétroversion (pelvis incliné vers l'arrière).
genou ; inégalité fonctionnelle de longueur de
Ces deux positions affectent la distribution des
jambe.
forces sur le plancher pelvien (voir Os coxaux, par-
tie IV, chapitre 12, p. 385). Avec votre avant-bras
Procédure
et votre main craniaux, essayez de définir si les os
coxaux sont en rotation interne ou externe. (Exemple : dysfonction de l'os coxal gauche.)
Accompagnez les mouvements perçus dans le sens Dans une position similaire à celle décrite ci-
de la facilité jusqu'à ce qu'un point d'équilibre dessus pour la procédure de l'articulation de la
myofascial et ligamentaire soit obtenu. Maintenez hanche (voir figure 6.16.), le patient est en décu-
la synchronicité avec le MRP et attendez un bitus dorsal avec la hanche et le genou gauches
relâchement. fléchis.
Praticien debout, à côté de la table de traite-
Remarques ment, du côté de la dysfonction, au niveau du
L'objectif du traitement est d'avoir un mouve- bassin.
ment libre des deux côtés du bassin, avec des Avec votre main droite, contactez l'os coxal
rotations externe et interne en synchronisme gauche de manière à ce que votre pouce repose
sur l'EIAS, et votre index soit le long de la crête
iliaque. Votre main droite peut être aussi placée
plus en arrière le long de la crête iliaque, ce qui
vous permet de contrôler l'articulation sacro-
iliaque gauche avec la pulpe de votre médius. La
hanche et le genou du patient étant fléchis, placez
votre main gauche sur la face antérieure de la
cuisse du patient de manière à maintenir son
genou contre la face antérieure de votre épaule
gauche. Alternativement, vous pouvez, avec votre
main gauche, contacter la tubérosité ischiatique
du patient, ce qui vous offre un meilleur contrôle
de l'os coxal et plus d'informations sur les struc-
Figure 6.18. Normalisation pelvienne globale alternative. tures qui s'y insèrent (figure 6.19).
Chapitre 6. Procédures 115

Figure 6.20. Normalisation de la symphyse pubienne.

Figure 6.19. Procédure pour l'os coxal.


Praticien debout, sur le côté gauche de la table
de traitement, au niveau du bassin.
Écoutez l'os coxal et la SI gauches et, en dépla- Placez votre main droite sur l'os coxal gauche
çant doucement la position de votre thorax, de manière à ce que votre pouce soit sur l'EIAS,
accompagnez la rotation interne ou externe de et vos doigts le long de la crête iliaque. La hanche
l'os coxal dans la position d'aisance en tenant et le genou du patient sont fléchis, et vous main-
compte des mouvements majeurs et mineurs, tenez le genou du patient contre la face antérieure
jusqu'à un point d'équilibre ligamentaire et myo- de votre épaule gauche. Placez l'index et le
fascial pelvien et SI. Restez en phase avec le MRP médius de votre main gauche sur le bord supé-
jusqu'au relâchement (voir Observation et palpa- rieur de la branche ischiopubienne gauche, et le
tion en position debout, de dos : Palpation des pouce sur le bord inférieur, juste en dehors de la
fonctions dans la position debout, de dos, partie symphyse. Faites une écoute de l'os coxal et de la
II, p. 62). branche ischiopubienne gauches, et en modifiant
doucement la position de votre thorax, accompa-
gnez la rotation interne de l'os coxal (ce qui faci-
Normalisation de la lite le déplacement cranial de la branche
symphyse pubienne ischiopubienne) en tenant compte des mouve-
ments mineurs de l'os coxal. Suivez les mouve-
Indications ments dans le sens de la facilité jusqu'au point
Dysfonctions somatiques pelviennes ; dysfonctions d'équilibre myofascial et ligamentaire pelvien et
viscérales pelviennes, incluant la constipation et les pubien. Si nécessaire, utilisez un pompage pour
troubles fonctionnels du bas appareil urinaire ; faciliter le relâchement.
dysfonctions du plancher pelvien ; inégalité fonc-
tionnelle de longueur de jambe ; œdème du Remarques
membre inférieur. Un œdème du membre inférieur peut être le
résultat d'une dysfonction ipsilatérale supé-
Procédure (figure 6.20) rieure de la branche ischiopubienne qui met en
(Exemple : branche ischiopubienne gauche tension le grand adducteur, compromettant
supérieure.) potentiellement la vascularisation veineuse et
Patient en décubitus dorsal avec la hanche et le lymphatique profonde au niveau du hiatus des
genou gauches fléchis. adducteurs.
116 Traitement du patient

Pour normaliser une dysfonction inférieure de la Placez le pied gauche du patient sur la face anté-
branche ischiopubienne, introduisez une rotation rieure de votre cuisse gauche et, avec votre main
externe de l'os coxal pour accompagner le déplace- gauche, contrôlez son genou gauche. Dans cette
ment caudal de la branche ischiopubienne. position, vous pouvez modifier la position du
membre inférieur du patient en déplaçant votre
cuisse et votre main gauche, ce qui influe sur l'os
Procédures sacro-iliaques coxal et la SI ipsilatérale. Ensuite, placez la paume
Indications de votre main droite sous l'os coxal gauche du
patient de manière à ce que votre index et votre
Dysfonction sacro-iliaque ; dysfonction somatique médius soient sur l'articulation SI gauche. En
pelvienne ; dysfonction viscérale pelvienne ; dysfonc- écoutant l'articulation SI, ajustez le positionne-
tion autonome pelvienne ; dysfonction du plancher ment du membre inférieur par flexion/extension,
pelvien ; dysfonction compensatrice du genou ; iné- rotation médiale/latérale et abduction/adduction
galité fonctionnelle de longueur de jambe. de la hanche jusqu'au point d'équilibre myofascial
et ligamentaire de la SI. La flexion de la hanche
Procédure en décubitus dorsal induit une rotation interne de l'os coxal (os coxal
(Exemple : dysfonction SI gauche.) postérieur), tandis que l'extension induit une
rotation externe (os coxal antérieur). L'extension
Procédure (figure 6.21) de la hanche peut être obtenue en abaissant votre
Patient en décubitus dorsal, près du bord de la cuisse gauche ou en élevant la table. Tout en
table avec la hanche et le genou gauches fléchis. maintenant la position d'équilibre ligamentaire et
Praticien assis sur le côté gauche du patient, au myofascial, suivez le MRP, et attendez un relâche-
niveau du bassin. ment tissulaire.

Remarques
Cette procédure permet la normalisation des ten-
sions des composantes myofasciales entourant l'os
coxal, en particulier les ligaments iliolombaux,
sacrospinal, et sacrotubéral, et les muscles piri-
forme et glutéaux. Pour ce faire, une connaissance
approfondie de l'anatomie de la région et la capa-
cité de la visualiser sont essentielles.
La position de décubitus dorsal du patient faci-
lite la normalisation de la dysfonction de rotation
interne de l'os coxal (os coxal postérieur).

Procédure en décubitus ventral


(Exemple : dysfonction SI gauche.)

Procédure (figure 6.22)


Patient en décubitus ventral.
Praticien debout sur le côté gauche du patient,
au niveau du bassin.
Placez la paume de votre main gauche sur le
bassin du patient de manière à ce que la pulpe de
vos doigts soit sur l'articulation SI gauche. Avec
Figure 6.21. Procédure sacro-iliaque en décubitus votre main droite, saisissez la cheville gauche du
dorsal. patient, et demandez-lui de fléchir le genou. Tout
Chapitre 6. Procédures 117

Placez la jambe gauche du patient sur la face


antérieure de votre cuisse droite, et avec votre main
droite saisissez la partie proximale de cette jambe.
Placez la pulpe des doigts de votre main gauche sur
l'articulation SI. À partir de cette position, vous
pouvez modifier la position du membre inférieur
du patient en déplaçant votre cuisse et votre main
droite, et influencer ainsi sur l'os coxal et la SI ipsi-
latérale. Tout en écoutant l'articulation SI, ajustez
le positionnement du membre inférieur du patient
par flexion/extension, rotation médiale/latérale et
Figure 6.22. Procédure sacro-iliaque en décubitus ventral. abduction/adduction de la hanche jusqu'à ce
qu'une position d'équilibre ligamentaire et myofas-
en écoutant l'articulation SI et la relation entre le cial de la SI soit obtenue. La flexion de la hanche
sacrum et l'os coxal, ajustez le positionnement du induit une rotation interne de l'os coxal (os coxal
membre inférieur du patient par flexion/exten- postérieur), tandis que l'extension induit une rota-
sion du genou, et rotation médiale/latérale, tion externe (os coxal antérieur). En maintenant la
abduction/adduction de la hanche jusqu'à sentir position d'équilibre ligamentaire et myofascial, sui-
un relâchement des tensions au niveau SI. vez le MRP, et attendez un relâchement.

Remarques
La position de votre main gauche peut être modi-
fiée en la plaçant transversalement pour que la pulpe
de vos doigts soit sur les ligaments SI, sacrospinal,
ou sacrotubéral, vous permettant ainsi de normali-
ser plus spécifiquement ces structures (figure 6.23).

Procédure alternative
en décubitus ventral
(Exemple : dysfonction SI gauche.)
Procédure (figure 6.24)
Patient en décubitus ventral, près du bord de la
table, avec la hanche et le genou gauches fléchis de
telle manière que la jambe déborde de la table.
Praticien assis sur le côté gauche du patient, au
niveau du bassin.

Figure 6.23. Normalisation des ligaments Figure 6.24. Procédure sacro-iliaque alternative en
sacro-iliaques. décubitus ventral.
118 Traitement du patient

Remarques teur du tabouret, ou en abaissant la hauteur de la


Cette procédure peut encore être modifiée pour table. Si cela n'est pas possible, un petit coussin
normaliser une dysfonction du plancher pelvien. sous la cuisse droite du patient peut aussi pro-
Placez votre main gauche sur la tubérosité ischia- duire une flexion de la hanche. La position du
tique du patient, avec les doigts dirigés médiale- sacrum peut également être modifiée en deman-
ment pour palper les structures myofasciales du dant au patient de faire des micromouvements de
plancher pelvien qui sont fixées sur l'ischion. flexion/extension, rotation et/ou inclinaison
Positionnez le membre inférieur du patient tel latérale de la colonne cervicale, Si nécessaire, uti-
que décrit ci-dessus pour obtenir l'équilibre liga- lisez aussi des mouvements d'épaule vers l'avant/
mentaire et myofascial, et la normalisation des vers l'arrière, d'élévation/d'abaissement, jusqu'à
tissus. ce qu'une position d'équilibre du sacrum soit
obtenue. Employez les forces inhérentes du MRP
Procédure en position assise (figure 6.25) et accompagnez les mouvements du sacrum et de
(Exemple : dysfonction SI droite.) l'os coxal dans le sens de l'aisance jusqu'à la
Patient assis sur le côté de la table, avec le pied droit normalisation.
reposant sur un tabouret réglable en hauteur de
manière à ce que sa cuisse repose à peine sur la table. Normalisation globale du sacrum
Praticien assis, derrière le patient.
Contactez la base du sacrum du patient avec la Indications
pulpe des index, médius et annulaire de votre Dysfonction sacro-iliaque ; dysfonction somatique
main gauche. Placez votre main droite sur l'os pelvienne ; dysfonction viscérale pelvienne ; dys-
coxal droit de telle sorte que votre pouce repose fonction autonome pelvienne ; dysfonction du
sur l'épine iliaque postérosupérieure (EIPS), et plancher pelvien.
les autres doigts soient dirigés en avant le long de
la crête iliaque. Tout en écoutant l'articulation SI, Procédure (figure 6.26)
suivez les principes indirects pour accompagner Patient en décubitus ventral, avec les pieds en
l'os coxal dans le sens de la facilité. Cela peut être dehors de la table. La tête du patient, si possible,
facilité en demandant au patient de faire de très doit être dans le prolongement du reste de la
petits mouvements d'abduction ou d'adduction,
et de rotation latérale ou médiale de la cuisse
droite. Si nécessaire, la flexion de la hanche du
patient peut être introduite en modifiant la hau-

Figure 6.25. Procédure sacro-iliaque en position assise. Figure 6.26. Normalisation globale du sacrum.
Chapitre 6. Procédures 119

colonne vertébrale, sans rotation cervicale. S'il le Procédure globale


souhaite, le patient peut placer les mains sous le Procédure (figure 6.27)
front.
Praticien debout sur le côté du patient, au Patient en décubitus ventral, avec les pieds en dehors
niveau du bassin. de la table. La tête du patient, si possible, doit rester
Placez la paume de votre main dominante sur le dans le prolongement du reste de la colonne verté-
sacrum, de manière à ce que vos éminences thé- brale, sans rotation cervicale. S'il le souhaite, le
nar et hypothénar reposent sur les angles inférola- patient peut placer les mains sous le front.
téraux du sacrum, et à ce que vos doigts, dirigés Praticien debout sur le côté du patient, au
cranialement, reposent sur la base du sacrum. niveau du bassin.
Faites une écoute du sacrum pour sentir la Placez la pulpe de vos pouces sur la face médiale
flexion/extension, l'inclinaison latérale, la rota- des tubérosités ischiatiques du patient. Notez
tion et la motilité intraosseuse inhérente (inspira- toute asymétrie dans la tension myofasciale et liga-
tion/expiration craniosacrales). Accompagnez le mentaire du plancher pelvien, en particulier, des
sacrum dans ses mouvements les plus libres, aussi ligaments sacrotubéraux. Normalisez le déséqui-
bien interosseux que, si possible, intraosseux. libre identifié en demandant au patient, selon le
Respectez bien le rythme du MRP. La normalisa- cas, d'abducter ou d'adducter les cuisses, et de
tion est souvent associée à un « still point » (point faire une rotation latérale ou médiale jusqu'à
tranquille). obtenir un relâchement optimal du plancher pel-
vien. Il est utile d'observer le mouvement respira-
Remarques toire pulmonaire du patient pour identifier la
phase (inspiratoire ou expiratoire) dans laquelle se
La position décrite ci-dessus vous permet d'éva-
produit le plus grand relâchement. Ensuite,
luer le mouvement du sacrum. Si vous sentez un
demandez au patient de respirer plus lentement,
mouvement peu libre, visualisez le site de la res-
en prolongeant la phase respiratoire qui facilite le
triction (articulation SI, L5-S1, coccyx et/ou
relâchement. Avec les pouces dirigés cranialement
structures myofasciales), et si nécessaire,
et latéralement, accompagnez le mouvement du
employez une autre procédure pour traiter la
plancher pelvien dans le sens de la facilité jusqu'au
dysfonction.
point d'équilibre myofascial et ligamentaire et au
En suivant le MRP jusqu'au « still point », cette
relâchement.
procédure améliore le tonus parasympathique.
Cela peut être utile pour une dysfonction viscérale
résultant d'une dysfonction parasympathique
sacrale.
Cette procédure peut également être utilisée
pour améliorer le drainage du liquide cérébrospi-
nal qui entoure les nerfs sacraux à leur sortie des
foramens sacraux.

Normalisations
du plancher pelvien
Indications
Dysfonction du plancher pelvien ; compression du
nerf pudendal ; dysfonction viscérale pelvienne ;
dysfonction autonome pelvienne ; congestion pel-
vienne ; dysfonction SI ; troubles vasculaires des
membres inférieurs. Figure 6.27. Normalisation du plancher pelvien.
120 Traitement du patient

Remarques En déplaçant votre pouce droit cranialement


Pour des procédures supplémentaires pour traiter pour contacter la face médiale de l'épine sciatique,
une dysfonction du plancher pelvien, voir les pro- la procédure ci-dessus peut être modifiée pour
cédures de l'os coxal et SI décrites ci-dessus. normaliser le ligament sacrospinal. Cette modifi-
cation est particulièrement utile lors du traitement
Procédure unilatérale de la compression du nerf pudendal qui se trouve
en contact étroit avec le ligament sacrospinal avant
Procédure (figure 6.28)
d'entrer dans le canal d'Alcock.
(Exemple : dysfonction du plancher pelvien du
côté gauche.)
Patient en décubitus ventral. Procédure coccygienne
Praticien debout sur le côté droit du patient, au
niveau du bassin. Dysfonction coccygienne ; dysfonction du plan-
Placez le pouce de votre main droite sur la face cher pelvien ; dysfonction des ligaments sacrotu-
médiale de la tubérosité ischiatique gauche, avec béraux et sacrospinaux.
les autres doigts étendus latéralement. Demandez
Procédure (figure 6.29)
au patient de fléchir le genou gauche et saisissez sa
cheville gauche avec votre main gauche. Palpez le Patient en décubitus ventral, avec les pieds en
plancher pelvien avec votre pouce droit, et ajustez dehors de la table. La tête du patient est, si pos-
le positionnement du membre inférieur du patient sible, dans le prolongement du reste de la colonne
par flexion/extension du genou, rotation laté- vertébrale, sans rotation cervicale. S'il le souhaite,
rale/médiale et abduction/adduction de la le patient peut placer les mains sous le front.
hanche jusqu'au relâchement optimal des struc- Praticien debout sur le côté du patient, au
tures ligamentaires et myofasciales pelviennes. niveau du bassin.
Placez votre main craniale sur le sacrum du
Remarques patient, dirigée caudalement, de manière à ce que
Soyez extrêmement délicat lors de l'introduction vos éminences thénar et hypothénar contactent la
de la rotation latérale/médiale et de l'abduction/ base du sacrum et que votre médius repose sur le
adduction de la hanche chez les patients présen- coccyx. Puis placez le bout de l'index et du médius
tant une pathologie du genou. de votre main caudale sur le médius de votre main
Cette procédure peut être utilisée pour norma- craniale palpant le coccyx. Faites une écoute du
liser une compression du nerf pudendal lorsqu'il mouvement du coccyx et accompagnez ce mouve-
passe dans le canal d'Alcock, et pour réduire une ment dans ses composantes les plus libres. Il s'agit
congestion pelvienne. le plus souvent de flexion, avec un certain degré
de rotation et d'inclinaison latérale (généralement
dans la même direction). Comme le coccyx est un

Figure 6.28. Normalisation unilatérale du plancher


pelvien. Figure 6.29. Procédure coccygienne.
Chapitre 6. Procédures 121

prolongement du sacrum, il est particulièrement


important que vous suiviez le mouvement cranio-
sacral de flexion/extension du sacrum avec la
main craniale. Avec le coccyx en position d'équi-
libre ligamentaire et myofascial, tout en suivant le
MRP, attendez un relâchement.

Remarques
Avant d'appliquer la procédure du coccyx, il
convient d'identifier et de traiter toute dysfonction
concomitante du sacrum, et des ligaments sacro-
tubéraux et sacrospinaux.
Il est possible d'effectuer la procédure du coc- Figure 6.30. Procédure combinée sacro-iliaque et
cyx en saisissant le coccyx entre un doigt ganté, lombosacrale.
inséré dans le rectum du patient, et le médius de
l'autre main placé à l'extérieur sur le coccyx. Cette votre main craniale soient sur les portions latérales
procédure, cependant, ne doit être effectuée que de la base du sacrum. Faites une écoute du sacrum,
par des praticiens qui sont légalement qualifiés observez la flexion/extension, l'inclinaison latérale
pour le faire. et la rotation. Employez les principes indirects et sui-
vez les mouvements du sacrum dans le sens de la
facilité. Tout en maintenant la position sacrale
Procédures lombopelviennes d'équilibre ligamentaire et myofascial, suivez le
MRP, et attendre un relâchement.
Indications
Remarques
Dysfonction sacro-iliaque ; dysfonction lombosa- Pour faciliter la recherche de la position d'équi-
crale ; dysfonction viscérale pelvienne ; dysfonc- libre ligamentaire et myofascial du sacrum,
tion autonome pelvienne ; dysfonction du plancher demandez au patient de tourner la tête à gauche
pelvien ; inégalité fonctionnelle de longueur de ou à droite, et de faire une dorsiflexion ou une
jambe. flexion plantaire avec un ou deux pieds. Les mou-
vements demandés amplifient les déplacements du
sacrum. Ainsi, la rotation de la tête favorise la tor-
Procédure combinée sacro- sion sacrale ipsilatérale, et la dorsiflexion du pied
iliaque et lombosacrale accentue la flexion craniosacrale du sacrum, tandis
que la flexion plantaire accentue l'extension cra-
Procédure (figure 6.30)
niosacrale. Vous pouvez conserver les mouve-
(Exemple : restriction globale du mouvement ments qui facilitent l'acquisition de la position
sacral.) sacrale d'équilibre ligamentaire et myofascial.
Patient en décubitus ventral, avec les pieds en Alternativement, le sacrum peut être contrôlé
dehors de la table. La tête du patient, si possible, en plaçant vos index sur la base du sacrum, pen-
dans le prolongement du reste de la colonne ver- dant que vos pouces palpent bilatéralement
tébrale, sans rotation cervicale. Le patient peut les AIL.
placer les mains sous le front.
Praticien debout sur le côté du patient, au
niveau du bassin. Procédures lombosacrales
Placez votre main caudale de telle manière que
Indications
l'index et le pouce soient sur les angles inférolatéraux
(AIL) du sacrum du patient, et l'index et le pouce de Dysfonction lombosacrale ; lombalgie commune.
122 Traitement du patient

Procédure en décubitus ventral tête vers la gauche ou vers la droite contribue au


Procédure (figure 6.31) mouvement de torsion du sacrum. Une dorsi-
flexion du pied augmente – normalement – la
(Exemple : torsion lombosacrale ; dysfonction flexion craniosacrale du sacrum alors qu'une
lombosacrale Fryette, type-I ou type-II. Voir Le flexion plantaire favorise l'extension.
bassin et la colonne vertébrale lombale, partie IV,
chapitre 7, p. 208.) Procédure en décubitus dorsal
Patient en décubitus ventral, avec les pieds en
Procédure (figure 6.32)
dehors de la table pour réduire le stress de l'exten-
sion anatomique lombosacrale. La tête du patient, (Exemple : L5 en rotation droite, sacrum en rota-
si possible, doit rester dans l'axe de la colonne. Le tion gauche.)
patient peut, s'il le souhaite, placer les mains sous Patient en décubitus dorsal.
le front. Praticien debout du côté droit du patient, à
Praticien debout sur le côté du patient, au hauteur du bassin.
niveau du bassin. Fléchissez vos hanche et genou droits et pla-
Votre main caudale est placée de telle sorte que cez votre pied droit sur la table transversale-
vos index et pouce contactent la base du sacrum. ment, à 20 ou 30 cm du bassin du patient.
L'index et le pouce de votre main craniale sont de Demandez au patient de fléchir les hanches et les
chaque côté du processus épineux de L5. Faites une genoux et de placer les mollets sur votre cuisse
écoute et, en employant des principes indirects, sui- droite. Ensuite, placez votre main gauche sur la
vez le mouvement du sacrum et de L5 dans le sens crête iliaque droite du patient, puis, avec votre
de la facilité (flexion/extension, inclinaison latérale avant-bras et votre main droite, contrôlez les
et rotation). Tout en maintenant la position d'équi-
libre ligamentaire et myofascial lombosacral, suivez
le MRP jusqu'à la normalisation.

Remarques
Pour faciliter la normalisation, vous pouvez sollici-
ter la coopération du patient. Une rotation de la

Figure 6.31. Procédure lombosacrale en décubitus Figure 6.32. Procédure lombosacrale en décubitus
ventral. dorsal.
Chapitre 6. Procédures 123

jambes du patient contre votre thorax. Visualisez


et faites une écoute des mouvements du bassin.
Utilisez les jambes du patient comme des leviers,
pour accompagner les mouvements de chaque
os coxal en rotation interne ou externe, grâce à
la flexion/extension et abduction/adduction de
chaque jambe. Un déplacement des jambes et
chevilles du patient vers la gauche de la ligne
médiane du bassin introduit une torsion gauche
du bassin, alors qu'un déplacement vers la droite
introduit une torsion droite du bassin.
L'augmentation de la flexion de la hanche aug-
mente la rotation interne de l'os coxal ipsilatéral,
tandis que l'extension augmente la rotation
externe. Dans l'exemple ci-dessus, il y a une
rotation interne de l'os coxal à gauche et une
rotation externe à droite, à la suite de la rotation
gauche du sacrum. Après avoir suivi le mouve-
ment des os du bassin dans la position d'équi-
libre myofascial et ligamentaire, portez votre
attention sur la relation intersegmentaire entre
le sacrum et L5, en accompagnant la flexion ou
l'extension du sacrum, l'inclinaison latérale
gauche ou droite, et la rotation gauche ou droite
jusqu'à la position optimale d'équilibre. Figure 6.33. Procédure lombosacrale en position
Employez les forces inhérentes du MRP jusqu'à assise.
la normalisation.

Remarques droite sur un axe oblique droit. Voir Le bassin et


Cette procédure est particulièrement utile car la colonne vertébrale lombale, partie IV, cha-
elle permet de normaliser globalement le bassin, pitre 7, p. 208.)
tout en autorisant une normalisation plus spéci- Patient assis, jambes pendantes hors de la table
fique, si nécessaire, sur une ou sur les deux arti- de traitement.
culations SI, sur L5-S1, ou même sur d'autres Praticien assis ou debout, derrière le patient.
segments lombaux. Par une écoute attentive, il Placez le bout des pouce et index de votre main
peut être également possible de libérer les ten- gauche de part et d'autre du processus épineux de
sions ligamentaires et myofasciales impliquant les L5, de telle manière que vous puissiez également
ligaments sacrospinaux et sacrotubéraux, les sentir l'espace interépineux entre L5 et S1. Placez
muscles piriformes, iliopsoas et obturateurs ensuite votre main droite sur l'épaule droite du
internes. patient. Avec votre main gauche, faites une écoute
de la relation intersegmentaire entre L5 et S1.
Procédure en position assise Employez les principes indirects pour accompa-
gner L5 sur S1 dans le sens de la facilité, en intro-
Procédure (figure 6.33)
duisant avec votre main droite l'inclinaison
(Exemple : L5 en inclinaison droite, rotation latérale droite et la rotation gauche à partir de
gauche, vertèbre la plus inférieure d'une cour- l'épaule droite du patient, jusqu'au point d'équi-
bure de groupe Fryette, type I. Cela se voit avec libre myofascial et ligamentaire. Attendez un
une torsion sacrale vers l'avant, avec rotation relâchement.
124 Traitement du patient

Procédure alternative cette procédure lombosacrale en position assise


Procédure (figure 6.34) entraîne parfois une réponse présyncopale du
patient.
(Exemple : torsion lombosacrale ; dysfonction
lombosacrale Fryette, type I ou II. Voir Le bassin
et la colonne vertébrale lombale, partie IV, cha- Procédures lombales
pitre 7, p. 208.)
Patient assis, jambes pendantes hors de la table
Comme les dysfonctions des régions lombales
de traitement.
peuvent être le résultat de réflexes viscérosoma-
Praticien assis, derrière le patient.
tiques splanchniques pelviens, vous devez recher-
Contactez la base du sacrum du patient avec
cher et éliminer sérieusement toute pathologie
le bout des pouces, et placez les index de
viscérale subjacente, avant de faire un TMO (voir
chaque côté du processus épineux de L5. Faites
Dysfonction somatique vertébrale, partie IV, cha-
une écoute de la charnière lombosacrale, puis
pitre 7, p. 209).
employez les principes indirects pour accompa-
Par ailleurs, la majorité des procédures ostéopa-
gner L5 et le sacrum dans le sens de la facilité.
thiques ne devraient jamais être appliquées sur des
Cela peut être facilité en demandant au patient
zones d'instabilité vertébrale, d'hypermobilité, ou
de faire de très petits mouvements de flexion/
sur des niveaux vertébraux avec compression neu-
extension, rotation et/ou inclinaison latérale
rologique. Seules des procédures indirectes appli-
de la tête, et si nécessaire d'avancer/de reculer,
quées après consultation médicale et avec la plus
d'élever/d'abaisser une épaule jusqu'au point
grande prudence peuvent être considérées par les
d'équilibre myofascial et ligamentaire lombosa-
praticiens expérimentés. En aucune circonstance
cral. Pour plus de finesse dans cette recherche,
une procédure ne doit être appliquée si elle peut
vous pouvez contrôler la charnière lombosa-
résulter en une plus grande instabilité dans une
crale avec une main et introduire les petits
région déjà instable.
mouvements céphaliques de la tête ou de
l'épaule du patient avec l'autre main. Employez
les forces inhérentes du MRP pour faciliter la
normalisation.
Procédures lombales globales
Indications
Remarques
Dysfonction lombosacrale ; dysfonction lombale ;
Le praticien doit faire preuve de prudence car, si
lombalgie commune.
la tolérance du dosage du patient est dépassée,

Procédure en décubitus ventral


Procédure (figure 6.35)
(Exemple : tension des muscles paravertébraux
lombaux.)
Patient en décubitus ventral, avec les pieds en
dehors de la table pour réduire le stress de l'exten-
sion anatomique lombosacrale. La tête du patient,
si possible, doit rester dans l'axe de la colonne. Le
patient peut, s'il le souhaite, placer les mains sous
le front.
Praticien debout sur le côté du patient, au
niveau du bassin, regardant cranialement.
Figure 6.34. Procédure lombosacrale en position assise Placez vos éminences thénars de chaque côté du
alternative. dos du patient, sur les muscles paravertébraux
Chapitre 6. Procédures 125

tion latérale vers la gauche avec la main droite.


Après avoir laissé les tissus revenir à la position
neutre, répétez ce processus en introduisant
rotation et translation latérale vers la droite avec
la main gauche. Comparez la réponse de com-
pliance ou de résistance obtenue et appliquez la
procédure indirecte décrite ci-dessus en com-
mençant par le côté où le mouvement est le plus
facile.

Procédure alternative
Procédure (figure 6.36)
(Exemple : rotation et translation latérale vers la
gauche.)
Une fois l'asymétrie dysfonctionnelle identifiée,
utilisez la méthode décrite ci-dessus en vous pla-
çant sur le côté gauche du patient, au niveau de la
charnière lombosacrale. Les doigts de votre main
droite saisissent l'os coxal droit du patient au
niveau de l'EIAS. Placez vos éminences thénar et
hypothénar de la main gauche sur les muscles
paravertébraux lombaux droits, avec les doigts
étendus latéralement. Suivez le mouvement liga-
Figure 6.35. Normalisation lombale globale. mentaire et myofascial lombal avec votre main
gauche, tout en soulevant doucement et en pro-
lombaux, avec les doigts étendus obliquement en duisant une rotation du bassin du patient dans le
direction latérale et craniale. Faites une écoute de sens de la facilité avec votre main droite. Laissez
la colonne lombale et de ses éléments myofasciaux revenir à la position neutre et répétez le mouve-
et ligamentaires pour évaluer l'asymétrie de rota- ment en pompage jusqu'à ce que les tissus dys-
tion et de translation latérale. En utilisant les prin- fonctionnels retournent à la position neutre sans
cipes indirects, suivez les tissus dans le sens de la résistance. Ce processus doit être réitéré dans la
facilité. Employez le MRP pour faire un pompage direction opposée à l'asymétrie initiale, jusqu'à ce
jusqu'à ce que les tissus dysfonctionnels que les deux côtés démontrent une qualité de
démontrent une qualité de mouvement leur per- mouvement égale.
mettant de revenir à la position neutre sans résis-
tance. Ce processus doit être répété dans la
direction opposée à l'asymétrie initiale si néces-
saire, jusqu'à ce que les deux côtés démontrent un
mouvement de qualité égale.

Remarques
Si le patient démontre des tensions importantes,
ou s'il est obèse, il peut s'avérer difficile d'iden-
tifier l'asymétrie de la colonne lombale et de ses
éléments myofasciaux et ligamentaires. Dans ces
circonstances, vous pouvez introduire douce-
ment un mouvement de rotation et de transla- Figure 6.36. Normalisation lombale globale alternative.
126 Traitement du patient

Procédures lombales
segmentaires
Indications
Dysfonction lombosacrale ; dysfonction inter-
segmentaire lombale ; lombalgie ; dysfonctions
de l'iliopsoas et du diaphragme thoracoab-
dominal.

Procédure en décubitus ventral


Procédure (figure 6.37)
(Exemple : dysfonction de L3-L4.)
Patient en décubitus ventral, avec les pieds en
dehors de la table pour réduire le stress de l'exten-
sion anatomique lombosacrale. La tête du patient,
si possible, doit rester dans l'axe de la colonne. Le
patient peut, s'il le souhaite, placer les mains sous
le front.
Praticien assis sur le côté du patient, au niveau
de la colonne lombale.
Placez votre main caudale de telle manière que
l'index et le pouce soient de chaque côté du pro-
Figure 6.38. Procédure lombale segmentaire
cessus épineux de L4. Placez l'index et le pouce de en décubitus dorsal.
votre main craniale, de chaque côté du processus
épineux de L3. Faites une écoute, et employez les
principes des normalisations indirectes, pour Procédure en décubitus dorsal
accompagner le mouvement de L3 dans le sens de Procédure (figure 6.38)
la facilité (flexion/extension, inclinaison latérale,
(Exemple : dysfonction de L1-L2.)
et rotation). Tout en maintenant la position de
Patient en décubitus dorsal.
tension ligamentaire intersegmentaire lombale
Praticien debout sur le côté du patient, au
équilibrée, faites un pompage en suivant le MRP
niveau du bassin.
jusqu'au relâchement.
De chaque côté, glissez les mains sous le dos du
patient, de telle manière que bilatéralement vos
index contactent les processus transverses de L1,
et vos médius contactent les processus transverses
de L2. Faites une écoute, et employez les prin-
cipes des normalisations indirectes pour accompa-
gner le mouvement entre L1 et L2 dans le sens de
la facilité (flexion/extension, inclinaison latérale,
et rotation). En suivant le MRP, faites un pom-
page jusqu'au relâchement.

Procédure en position assise


Procédure (figure 6.39)

Figure 6.37. Procédure lombale segmentaire (Exemple : dysfonction de L2-L3 en flexion, incli-
en décubitus ventral. naison et rotation droite.)
Chapitre 6. Procédures 127

Remarques
Cette procédure peut être utilisée pour la nor-
malisation des dysfonctions intersegmentaires
de la colonne vertébrale comprises entre le
niveau thoracique moyen et la charnière
lombosacrale.
Lors de l'introduction du mouvement par
l'épaule du patient, vous devez impérativement
vous concentrer sur la main d'écoute (dans
l'exemple ci-dessus la main gauche), i. e. la main
qui suit la dysfonction lombale, et non sur la main
active (main droite). Dans le cas contraire, vous
aurez des informations contradictoires reflétant
potentiellement les dysfonctions entre la main
active et la main d'écoute.

Procédures des tissus


mous lombopelviens
Normalisation du piriforme
Indications
Dysfonction du piriforme entraînant des douleurs
dans la fesse ; rotation latérale de la hanche ; inéga-
lité fonctionnelle de longueur de jambe ; compres-
Figure 6.39. Procédure lombale segmentaire en position sion du nerf sciatique ; compression du nerf
assise. pudendal avec douleur pelvienne.

Patient assis sur le côté de la table. Procédure (figure 6.40)


Praticien debout derrière le patient. (Exemple : dysfonction du piriforme gauche.)
Placez l'extrémité de l'index et du pouce de Patient en décubitus dorsal avec la hanche et le
votre main gauche, de chaque côté du processus genou gauches fléchis.
épineux de L2 de façon à sentir également les Praticien debout au niveau du bassin du patient,
tissus interépineux entre L2 et L3. Ensuite, pla- du côté de la dysfonction.
cez votre main droite sur l'épaule droite du Placez votre main droite sur l'os coxal gauche
patient. Avec votre main gauche, faites une afin que vos doigts s'étendent vers l'arrière
écoute de la relation intersegmentaire entre L2 pour palper le grand trochanter gauche au
et L3. Employez les principes des normalisations point d'insertion du muscle piriforme. Votre
indirectes et accompagnez L2 sur L3 dans le sens main gauche saisit la cuisse du patient, en
de la facilité, en introduisant la flexion, l'inclinai- tenant le genou contre la face antérieure de
son latérale droite et la rotation droite avec votre votre épaule gauche. En ajustant la flexion de la
main droite à partir de l'épaule droite du patient. hanche, l'abduction et la rotation latérale, pla-
Suivez le mouvement entre L2 et L3 jusqu'au cez la hanche dans la position d'aisance.
point d'équilibre myofascial et ligamentaire et Visualisez et faites une écoute du piriforme, et
employez les forces inhérentes du MRP jusqu'à accompagnez-le dans sa position d'équilibre
la normalisation. myofascial jusqu'au relâchement.
128 Traitement du patient

Notez qu'il ne s'agit pas d'une procédure de


« muscle energy » traditionnelle, car après la
contraction thérapeutique, le muscle n'est pas
étiré directement pour retrouver une nouvelle
barrière. Le but recherché est plutôt l'améliora-
tion de la qualité du relâchement.

Normalisation
de l'obturateur interne
Indications
Dysfonction de l'obturateur interne entraînant
des douleurs de hanche ; rotation latérale de la
hanche ; dysfonction de l'os coxal ; dysfonction du
plancher pelvien.

Procédure
Cette procédure est essentiellement la même que
la procédure pour le muscle piriforme décrite ci-
dessus. Elle diffère en ce que la main qui contrôle
le muscle (dans l'exemple précédent, la main
droite) doit être placée de sorte que les doigts
soient en contact avec le point d'insertion de l'ob-
Figure 6.40. Normalisation du piriforme. turateur interne, situé plus en arrière sur le grand
trochanter. De plus, la position d'aisance est obte-
nue avec une flexion de la hanche d'environ 90°.
Remarques
Dans le cas d'une dysfonction chronique où la
libération de la tension dysfonctionnelle du piri- Normalisation de l'iliopsoas
forme ne se produit pas facilement, ajoutez une
modification isométrique à la procédure précé- Indications
dente. Demandez au patient de faire un mouve- Spasme du muscle grand psoas résultant en dou-
ment de rotation latérale et d'abduction de la leurs lombosacrale, SI, inguinale, ou douleur
hanche, contre la résistance de votre main gauche. impliquant plusieurs de ces structures ; restriction
La contraction du muscle piriforme doit être très de l'extension de la hanche ; déplacement latéral
douce et très brève (environ 2 secondes). Pendant (sideshift) du bassin contralatéral à la dysfonction ;
le relâchement, faites une écoute attentive du spasme du muscle iliaque ; douleur intrapelvienne.
muscle piriforme, et notez la facilité et le degré du
relâchement. Ce processus peut être répété plu- Procédure (figure 6.41)
sieurs fois, si nécessaire, pour obtenir une relaxa- (Exemple : dysfonction de l'iliopsoas gauche.)
tion musculaire optimale. Pour de meilleurs Patient en décubitus dorsal avec la hanche et le
résultats, induisez chaque contraction séquentielle genou gauches fléchis.
en modifiant légèrement la rotation latérale de la Praticien debout, à côté de la table de traite-
hanche et l'abduction, toujours à la recherche du ment, du côté de l'iliopsoas dysfonctionnel, au
mouvement le plus libre, pour obtenir au final des niveau du bassin, tourné vers la tête du patient.
relâchements de qualité satisfaisante dans toutes Placez le bout des doigts de votre main droite
les directions. sur le quadrant inférieur gauche de l'abdomen du
Chapitre 6. Procédures 129

tion lombale supérieure de flexion doit être traitée


avant d'aborder la dysfonction de l'iliopsoas.
Le grand psoas se compose de cinq digitations,
provenant chacune des corps de deux vertèbres
adjacentes et de leur disque intervertébral, de T12
à L5. Ce muscle peut, par conséquent, être fonc-
tionnellement considéré comme une série de petits
muscles individuels, chacun ayant un potentiel
dysfonctionnel légèrement différent. La visualisa-
tion peut être utilisée pour identifier quelle com-
posante du grand psoas est dysfonctionnelle. Aussi,
pendant la normalisation, vous pouvez considérer
cette composante plus précisément en variant le
degré de flexion de la hanche en même temps que
celui de la rotation médiale/latérale et de l'abduc-
tion/adduction, offrant ainsi la recherche la plus
fine pour le relâchement myofascial.
La partie iliaque du groupe iliopsoas ne croise
pas la charnière lombosacrale ; ce muscle provient
de la face médiale de l'os coxal. Pour normaliser
spécifiquement une dysfonction du muscle iliaque
à l'aide de la procédure décrite ci-dessus, la main
droite qui est placée sur le quadrant inférieur
gauche de l'abdomen du patient doit être dépla-
cée de manière à ce que les doigts contournent
l'EIAS en direction de la fosse iliaque de l'os coxal
pour palper le muscle iliaque. La main gauche et le
thorax sont utilisés comme décrit ci-dessus.
Positionnez le patient pour obtenir l'équilibre et
Figure 6.41. Normalisation de l'ilopsoas. la libération myofasciale (figure 6.42).
Une modification isométrique peut être ajoutée
patient, juste au-dessus de la moitié latérale du dans le cas d'une dysfonction chronique où le
ligament inguinal, pour contacter la portion distale relâchement de la tension du muscle iliopsoas ne
du muscle iliopsoas gauche. Votre main gauche se produit pas facilement. Demandez au patient
saisit la cuisse du patient, en tenant le genou contre de contracter très doucement et brièvement (envi-
le côté gauche de votre thorax. En ajustant la ron 2 secondes) l'iliopsoas en fléchissant la hanche
flexion de la hanche, l'abduction et la rotation laté- contre la résistance de votre main gauche. Pour de
rale, placez la hanche dans sa position d'aisance. meilleurs résultats, chaque contraction séquen-
Visualisez le muscle iliopsoas dysfonctionnel et tielle doit se faire en modifiant très subtilement la
faites une écoute, afin de déterminer la compo- flexion de la hanche, la rotation médiale/latérale
sante (grand psoas ou iliaque) démontrant la plus et l'abduction/adduction, toujours à la recherche
grande tension. Suivez-le dans la position d'équi- de la plus grande aisance. Lorsque vous invitez le
libre myofascial et attendez un relâchement. patient à relâcher la contraction, soyez très attentif
à la qualité et au degré de la relaxation. La norma-
Remarques lisation est satisfaisante lorsque le relâchement est
Généralement, la dysfonction du muscle iliopsoas libre de toute tension. Ce processus peut être
est associée à une dysfonction somatique lombale répété plusieurs fois jusqu'à obtenir une relaxation
supérieure ipsilatérale de flexion. Cette dysfonc- musculaire optimale.
130 Traitement du patient

Figure 6.43. Normalisation du carré des lombes.

Procédure (figure 6.43)


(Exemple : dysfonction du carré des lombes
gauche.)
Patient couché sur le côté droit avec les hanches
et les genoux fléchis pour le confort et la stabilité
de la position.
Praticien debout à côté de la table de traitement
en face du patient, au niveau de la colonne
lombale.
Placez la paume de la main droite sur la crête
iliaque, avec les doigts dirigés vers l'arrière et cra-
Figure 6.42. Normalisation du muscle iliaque.
nialement en direction de la colonne lombale.
Placez la paume de la main gauche sur la cage tho-
racique inférieure, avec les doigts dirigés vers l'ar-
Notez qu'il ne s'agit pas d'une procédure de rière et caudalement. Ce placement de mains vous
« muscle energy » traditionnelle, car après la permet d'écouter simultanément le carré des
contraction thérapeutique, le muscle n'est pas lombes, l'os coxal et les côtes inférieures.
étiré directement pour retrouver une nouvelle Accompagnez les mouvements perçus au niveau
barrière. Le but recherché est plutôt l'améliora- de l'os coxal et des côtes inférieures jusqu'à la
tion de la qualité du relâchement. position d'équilibre ligamentaire et myofascial, la
plupart du temps dans un schéma de torsion entre
vos deux mains. Attendez un relâchement. Si
Normalisation du carré nécessaire, la libération peut être facilitée par une
des lombes action de pompage entre vos deux mains.
Indications
Douleur au flanc ; dysfonction lombosacrale
et/ou SI ; déséquilibre pelvien avec un raccour- Procédures thoraciques
cissement fonctionnel du membre inférieur
ipsilatéral ; dysfonctions des côtes inférieures Comme les dysfonctions des régions thoraciques
ipsilatérales. peuvent être le résultat de réflexes viscérosoma-
Chapitre 6. Procédures 131

tiques médiés par le système sympathique, vous myofasciaux et ligamentaires pour définir s'il existe
devez absolument rechercher et éliminer toute une asymétrie de rotation, translation latérale, et
pathologie viscérale subjacente avant de faire un d'inspiration ou d'expiration. Employez les prin-
TMO (voir Dysfonction somatique vertébrale, cipes indirects et accompagnez les tissus dans le
partie IV, chapitre 7, p. 209). sens de la facilité. Observez le mouvement respira-
toire pulmonaire du patient pour identifier la phase
(inspiratoire ou expiratoire) dans laquelle se pro-
Procédures globales duit le plus grand relâchement. Demandez au
de la cage thoracique patient de respirer plus lentement, en prolongeant
Indications la phase respiratoire la plus libre, jusqu'à ce que les
tissus dysfonctionnels démontrent une qualité de
Dysfonction somatique de la cage thoracique avec mouvement leur permettant de revenir à la posi-
diminution de la compliance ; dysfonction pulmo- tion neutre, sans résistance. Le processus ci-dessus
naire ; dysfonction cardiaque ; congestion veineuse doit être répété, si nécessaire, dans la direction
et lymphatique. opposée, jusqu'à ce que les deux côtés démontrent
Notez impérativement que cette procédure et une qualité de mouvement identique.
toute autre procédure employées dans le traite-
ment des dysfonctions pulmonaires et cardiaques Procédure alternative
doivent être utilisées d'une manière intégrée en Procédure (figure 6.45)
tant que thérapie complémentaire. Les dysfonc-
tions et maladies pulmonaires et cardiaques subja- Patient en décubitus dorsal.
centes doivent d'abord être diagnostiquées et Praticien debout, à côté de la table de traite-
traitées selon les standards médicaux appropriés. ment, au niveau du thorax.
Placez une main sur le sternum, de manière à ce
Procédure sternocostale que les doigts soient dirigés cranialement, et que,
de chaque côté du sternum, l'auriculaire et l'index
Procédure (figure 6.44)
ou le pouce soient sur les portions médiales des
Patient en décubitus dorsal. cartilages costaux. Placez l'éminence thénar de
Praticien debout, à côté de la table de traite- l'autre main sur le ou les cartilages costaux des
ment, au niveau du thorax, faisant face au patient. côtes à normaliser, avec vos doigts tendus latérale-
Placez vos éminences thénars bilatéralement sur ment sur la cage thoracique du patient. Faites une
les portions médiales de la poitrine du patient, de écoute. Employez les principes indirects et accom-
manière à ce que vos pouces soient dirigés céphali- pagnez les tissus costaux dans le sens de la facilité.
quement, et vos doigts latéralement. Faites une Utilisez la coopération respiratoire du patient
écoute de la cage thoracique et de ses éléments comme décrit ci-dessus.

Figure 6.44. Procédure sternocostale. Figure 6.45. Procédure sternocostale alternative.


132 Traitement du patient

Procédure sterno-occipitale n'est pas approprié, il est souvent inconfortable


Procédure (figure 6.46) pour le patient, et ne fournit aucun avantage
thérapeutique.
Patient en décubitus dorsal. Vous pouvez commencer ces procédures par
Praticien assis à la tête de la table. une écoute de la cage thoracique avec la main
Placez une main sous l'occiput, et l'autre main placée sur le sternum. Cela permet d'avoir un
sur le sternum, avec la paume de la main sur le sens global de la motilité de la cage thoracique
corps du sternum et les doigts dirigés caudale- et facilite l'identification des zones de restric-
ment. Faites une écoute et accompagnez le ster- tion exigeant un traitement plus spécifique,
num et l'occiput dans leur position d'aisance telle l'articulation sternomanubriale (angle de
respective. Utilisez les forces inhérentes du MRP Louis).
pour la normalisation. Celle-ci se manifeste sou- Au cours de l'application de cette procédure, le
vent par une profonde respiration spontanée du niveau de profondeur du traitement, et donc le
patient. Si cela ne se produit pas, ou si la libération tissu sur lequel vous agissez, peut être ajusté en
est incomplète, il est utile d'observer le mouve- augmentant ou en diminuant la pression appli-
ment respiratoire pulmonaire du patient pour quée avec les mains. Cette pression est déterminée
identifier la phase (inspiratoire ou expiratoire) par l'écoute et la visualisation, en utilisant tou-
dans laquelle le relâchement est le meilleur. jours le contact le plus léger, sans introduire une
Demandez alors au patient de respirer plus lente- déformation des structures palpées.
ment, en prolongeant cette phase respiratoire.

Remarques
Procédure globale
Chez les femmes, le placement des mains doit de la colonne thoracique
éviter la poitrine. Un contact sur la poitrine
Indications
Maux de dos et de la paroi thoracique associés à
des dysfonctions de la colonne vertébrale et des
côtes ; dysfonction myofasciale paraspinale ; dys-
fonction de la ceinture pectorale ; diminution de la
compliance de la cage thoracique compliquant les
maladies cardiopulmonaires ; congestion veineuse
et lymphatique ; dysautonomie sympathique.

Procédure (figure 6.47)


(Exemple : diminution de la mobilité de la cage
thoracique ; patient d'abord positionné sur le côté
du plus grand confort, dans ce cas, le côté droit.)
Patient couché sur le côté avec les hanches et les
genoux fléchis pour le confort et la stabilité de la
position, avec un ou plusieurs oreillers, selon besoin,
pour supporter la tête et la colonne cervicale.
Praticien debout à côté de la table de traitement
en face du patient, au niveau de la colonne
thoracique.
Placez votre main droite entre le bras gauche et
la cage thoracique du patient, de telle sorte que la
pulpe de vos doigts contacte la région paraverté-
Figure 6.46. Procédure sterno-occipitale. brale gauche des vertèbres thoraciques inférieures.
Chapitre 6. Procédures 133

Figure 6.48. Procédure segmentaire de la colonne


thoracique en décubitus latéral.
Figure 6.47. Procédure globale de la colonne
thoracique.
Praticien debout à côté de la table de traite-
Votre main gauche doit reposer sur la scapula ment, en face du patient, au niveau de la colonne
gauche, avec les doigts dirigés médialement et thoracique.
caudalement vers la colonne vertébrale thoracique Placez votre main droite entre le bras gauche
moyenne. Ce placement de mains vous permet et la cage thoracique du patient, de telle sorte
d'écouter la colonne thoracique, les côtes et les que votre index et votre médius soient de
structures myofasciales de l'hémithorax gauche. chaque côté du processus épineux de T7. Placez
Suivez le mouvement senti dans la position d'équi- votre main gauche avec les doigts dirigés cauda-
libre ligamentaire et myofascial, la plupart du lement, de telle sorte que l'index et le médius
temps démontrant une torsion entre vos deux soient de chaque côté du processus épineux de
mains. Attendez un relâchement. Si nécessaire, la T6. Faites une écoute du mouvement entre T6
libération peut être améliorée en utilisant un pom- et T7. Accompagnez T6 sur T7 dans le sens de
page entre vos deux mains. Répétez la procédure la facilité, en introduisant une extension, une
avec le patient couché sur le côté gauche. rotation gauche et une inclinaison latérale
gauche avec votre main gauche jusqu'au point
d'équilibre myofascial et ligamentaire.
Procédures segmentaires Employez les forces inhérentes du MRP
de la colonne thoracique jusqu'au relâchement.

Indications Remarques
Dysfonction somatique thoracique ; influences Dans cette procédure, vous pouvez utilisez les
somatoviscérales sympathiques segmentaires pouce et index à la place des index et médius pour
associées. contrôler les processus épineux.

Procédure en décubitus latéral Procédure en position assise


Procédure (figure 6.48) Procédure (figure 6.49)
(Exemple : dysfonction d'extension, d'inclinaison (Exemple : dysfonction d'extension, d'inclinaison
latérale et de rotation gauches, T6-T7.) latérale et de rotation droites, T5-T6.)
Patient couché sur le côté droit avec les hanches Patient assis sur le côté de la table.
et les genoux fléchis pour le confort et la stabilité Praticien debout derrière le patient.
de la position, et avec un ou plusieurs oreillers, Placez le bout de vos index et médius de la
selon besoin, pour supporter la tête et la colonne main gauche de part et d'autre du processus épi-
cervicale. neux de T5, de manière à pouvoir sentir les tissus
134 Traitement du patient

Figure 6.50. Procédure segmentaire de la colonne


thoracique supérieure en position assise.

Remarques
Figure 6.49. Procédure segmentaire de la colonne
thoracique en position assise.
Par rapport à la procédure en décubitus latéral,
cette procédure permet de normaliser plus facile-
ment les dysfonctions des régions thoraciques
interépineux entre T5 et T6. Placez votre main moyenne et supérieure.
droite sur l'épaule droite du patient. Avec la Pour traiter la région thoracique supérieure, la
main gauche, faites une écoute de la relation main active qui est placée sur l'épaule peut être
intersegmentaire entre T5 et T6. Employez les déplacée sur le dessus de la tête du patient
principes des méthodes indirectes et accompa- (figure 6.50).
gnez T5 sur T6 dans le sens de la facilité. Pour Notez bien qu'aucune compression ne doit être
faciliter le relâchement, introduisez avec la main appliquée sur la tête ou la colonne cervicale du
droite une extension, une inclinaison latérale patient. En outre, lors de l'introduction du mouve-
droite et une rotation droite au niveau de T5, à ment par l'intermédiaire de la tête et de la colonne
partir de très petits mouvements de l'épaule cervicale, il est extrêmement important que votre
droite du patient. Utilisez les principes des pro- attention soit sur la main d'écoute placée au niveau
cédures indirectes, en accompagnant le mouve- de la dysfonction thoracique (dans l'exemple ci-
ment de T5 sur T6 jusqu'au point d'équilibre dessus, la main gauche), et non sur la main active
myofascial et ligamentaire. La normalisation de (la main droite). Les informations reçues par la
la dysfonction peut être facilitée par un pompage main active correspondent aux segments supérieurs
au rythme du MRP. et non au segment dysfonctionnel.
Chapitre 6. Procédures 135

Procédure de Sutherland T5 à droite et de T6 à gauche vers l'avant, dans


Procédure [2] (figure 6.51) le plan des processus articulaires, dans le sens de
la dysfonction. Demandez alors au patient d'éle-
(Exemple : dysfonction d'extension, d'inclinaison ver l'épaule droite, tout en abaissant et dépla-
latérale et de rotation gauches, T5-T6.) çant légèrement l'épaule gauche vers l'arrière.
« One of the frequent fascial drags occurs at the upper Lorsque le point d'équilibre myofascial et liga-
dorsal region, an area that became designated as “the old- mentaire est trouvé, une coopération respira-
age-center” during the early presentation of the science of toire peut être utilisée. Demandez au patient
osteopathy [3]. »
d'inspirer profondément et de retenir le souffle.
(« Une des zones de tension fasciale fréquente se Maintenez cette position jusqu'au relâchement.
situe dans la région dorsale supérieure, une zone Pour faciliter ce relâchement, vous pouvez, si
qui a été désignée comme “le centre de la vieillesse” nécessaire, répéter la phase de coopération
lors de la présentation du début de la science de
l'ostéopathie. »)
respiratoire.
Patient assis sur le côté de la table.
Praticien debout derrière le patient. Remarques
Placez un doigt sur chaque processus trans-
Si la dysfonction est T5 en flexion, rotation et
verse de T5. Demandez au patient de soulever
inclinaison latérale gauches, vous percevrez une
alternativement une épaule et d'abaisser l'autre,
plus grande liberté de mouvement au niveau du
pendant que vous écoutez la liberté du mouve-
processus transverse droit de T5 lorsque le patient
ment. Dans cet exemple, vous sentirez une res-
élève l'épaule droite et une restriction lorsqu'il
triction de mouvement au niveau du processus
l'abaisse. Le déséquilibre ligamentaire de la dys-
transverse gauche de T5 lorsque le patient élève
fonction sera principalement du côté de la conve-
l'épaule gauche, et un mouvement libre quand il
xité et la coopération respiratoire sera l'expiration
l'abaisse, alors qu'à droite, le processus trans-
profonde.
verse démontre une relative liberté de mouve-
ment pendant l'élévation et l'abaissement de
l'épaule droite. Une fois la dysfonction identi- Procédure costovertébrale
fiée, déplacez vos doigts pour qu'ils soient juste Procédure (figure 6.52)
sous les processus transverses droit de T5 et
gauche de T6. En utilisant les principes indi- (Exemple : dysfonction d'extension, d'inclinaison
rects, accompagnez les processus transverses de latérale et de rotation gauches, T5-T6.)
Dans cette procédure, les côtes sont utilisées
comme leviers pour normaliser la dysfonction ver-
tébrale thoracique.
Patient assis sur le côté de la table.
Praticien assis sur la table, du côté gauche du
patient.
Placez le pouce et l'index de votre main droite
de chaque côté du processus épineux de T5.
Placez le pouce et l'index de votre main gauche
respectivement sur les cartilages costaux gauche et
droit des cinquièmes côtes. Faites une écoute de
T5 et des côtes. Dans cet exemple, avec une incli-
naison latérale et une rotation gauches de T5, la
cinquième côte gauche se déplace vers l'arrière et
vers le bas, alors que la cinquième côte droite se
déplace vers l'avant et vers le haut. Suivez ces
Figure 6.51. Procédure de Sutherland. mouvements jusqu'à la position d'équilibre
136 Traitement du patient

Figure 6.53. Procédure cervicothoracique.

mentaires de la région pour définir la présence


de flexion, extension, et les asymétries de rota-
tion, translation latérale, et inclinaison latérale.
Si nécessaire, il est possible de faire des tests de
mouvement plus importants en introduisant
les mouvements à évaluer à partir de l'occiput.
Figure 6.52. Procédure costovertébrale. Ainsi, vous pouvez augmenter et diminuer
légèrement la flexion occipitale avec la main
occipitale pour produire la flexion et l'exten-
ligamentaire et myofascial et, en utilisant les forces
sion thoracique supérieure ou cervicale, et
inhérentes du MRP, attendez un relâchement. Si
introduire rotation et inclinaison latérale selon
nécessaire, faites un pompage entre vos deux
le besoin. L'inclinaison latérale est associée à
mains.
une translation sur le côté opposé. Faites cette
recherche avec des mouvements d'une grande
Procédure cervicothoracique
délicatesse. Des mouvements trop grossiers ne
Indications permettent pas de bien localiser les restric-
Dysfonction somatique thoracique supérieure et tions. Pour la normalisation, utilisez les prin-
cervicale avec douleur, ou troubles fonctionnels, cipes des procédures indirectes, suivez les
impliquant la tête, le cou, le haut du dos, le tissus dans le sens de l'équilibre ligamentaire et
membre supérieur, ou toute combinaison de ces myofascial en utilisant les forces inhérentes du
structures. La présence de réflexes sympathiques MRP. Si nécessaire, faites un pompage pour
thoraciques supérieurs et parasympathiques cervi- faciliter le relâchement.
caux supérieurs peut entraîner de multiples
plaintes somatoviscérales. Remarques
Si la normalisation vous semble difficile, évaluez
Procédure (figure 6.53) les segments vertébraux sus- et subjacents à la
Patient en décubitus dorsal. zone dysfonctionnelle. Le cas échéant, normali-
Praticien assis à la tête de la table. sez ces segments puis revenez sur la zone
Cette procédure vous permet de tester et de initiale.
normaliser les vertèbres thoraciques supé- Comme les dysfonctions de cette région
rieures et cervicales Avec une main, empaumez peuvent être le résultat de réflexes viscérosoma-
l'occiput du patient. Placez la pulpe des index tiques vous devez rechercher et éliminer sérieuse-
et médius de l'autre main sur les processus épi- ment toute pathologie viscérale subjacente, avant
neux de l'interligne dysfonctionnelle. Faites de faire un TMO (voir Dysfonction somatique
une écoute des structures myofasciales et liga- vertébrale, partie IV, chapitre 7, p. 209).
Chapitre 6. Procédures 137

Procédures costales de se déplacer en avant et demandez au patient


pour les côtes 4 à 10 de tourner lentement la ceinture pectorale en
déplaçant l'épaule contralatérale vers l'arrière,
Indications jusqu'au point d'équilibre. Faites une écoute et
Maux de dos, douleur intercostale et douleur suivez la côte dans le sens de l'aisance (déplace-
des parois thoraciques avec dysfonction costale ; ment antérieur/postérieur, cranial/caudal,
dysfonction scapulothoracique ; diminution de translation latérale et rotation) jusqu'à ce qu'un
la compliance de la cage thoracique compli- point de tension ligamentaire et myofascial équi-
quant les maladies cardiopulmonaires ; conges- libré soit obtenu. Observez la respiration du
tion veineuse et lymphatique ; dysautonomie patient afin d'identifier la phase (inspiratoire ou
sympathique. expiratoire) dans laquelle le relâchement se pro-
duit. Demandez alors au patient de respirer len-
Procédure de Sutherland tement, en prolongeant la phase respiratoire qui
fournit la meilleure réponse. Attendez un relâ-
Procédure [4] (figure 6.54)
chement complet.
Patient assis sur le côté de la table.
Praticien assis, faisant face au patient du côté de Procédure alternative
la dysfonction. Patient et praticien assis comme ci-dessus.
Placez vos mains afin que vos index et pouces Placez l'index et le médius de vos mains de telle
suivent le trajet de la côte dysfonctionnelle. Vos sorte qu'ils soient en arrière, sur la côte, juste en
pouces se rejoignent latéralement sur la côte dehors de l'articulation costotransverse, et en
dysfonctionnelle, près de la ligne axillaire posté- avant, en dehors de l'articulation sternocostale.
rieure. En arrière, la pulpe de votre index repose Faites une écoute et suivez la côte dans le sens
près de l'angle de la côte, et en avant, votre de l'aisance jusqu'à l'équilibre ligamentaire et
index s'étend en direction de la jonction costo- myofascial. Employez la respiration du patient
chondrale. Maintenez la côte pour l'empêcher comme ci-dessus pour obtenir un relâchement
complet.

Procédures pour la première côte


Indications
Dysfonction de la première côte ; syndrome du
défilé thoracique associé à une dysfonction des
scalènes antérieur et moyen ; syndrome de surme-
nage des muscles scalènes associé à une maladie
pulmonaire obstructive chronique.

Procédure en position assise


Procédure (figure 6.55)
(Exemple : dysfonction de la première côte
gauche.)
Patient assis sur le côté de la table.
Praticien debout derrière le patient.
Placez la pulpe de votre index ou de votre
médius gauche sur la partie supérolatérale de la
Figure 6.54. Procédure de Sutherland pour les côtes. première côte. Votre main droite repose sur le
138 Traitement du patient

Figure 6.56. Procédure pour la première côte en


décubitus dorsal.

ciput du patient. Faites une écoute du mouve-


ment de la côte, et ajustez la position de la tête
et du cou du patient à l'aide d'une flexion/
extension, d'une rotation et d'une inclinaison
Figure 6.55. Procédure pour la première côte en latérale droite/gauche jusqu'au point d'équi-
position assise. libre ligamentaire et myofascial. Surveillez la
respiration du patient et déterminez la phase
dessus de la tête du patient. Faites une écoute de respiratoire qui diminue la tension. Ensuite,
la première côte, et ajustez la position de la tête et demandez au patient de respirer lentement,
du cou du patient en recherchant les mouvements prolongeant la phase respiratoire qui fournit le
de flexion/extension, rotation, et inclinaison meilleur relâchement. Attendez un relâchement
droite/gauche jusqu'au point de tension ligamen- complet.
taire et myofasciale équilibrée. Surveillez la respi-
Remarques
ration du patient et déterminez la phase
(inspiratoire ou expiratoire) dans laquelle le relâ- La plupart du temps, la première côte présente
chement se produit. Demandez au patient de res- une dysfonction d'inspiration. Dans ce cas, la
pirer lentement, en prolongeant la phase phase respiratoire qui fournit le meilleur relâ-
respiratoire qui offre la meilleure réponse. chement est l'inspiration. En raison de l'inser-
Attendez un relâchement complet. tion des muscles scalènes antérieur et moyen
sur la première côte, la diminution de la ten-
Procédure en décubitus dorsal sion peut être aussi obtenue en associant une
Procédure (figure 6.56) inclinaison cervicale ipsilatérale, une rotation
contralatérale d'amplitude variable, et une
(Exemple : dysfonction de la première côte flexion.
gauche.)
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table de Procédures pour la
traitement. deuxième côte
Placez votre main gauche de manière à ce
Indications
que la pulpe de votre pouce repose entre les
muscles sternocléidomastoïdien et trapèze sur Dysfonction de la deuxième côte ; syndrome de
la partie supérolatérale de la première côte. surmenage des muscles scalènes associé à une
Placer la paume de votre main droite sous l'oc- maladie pulmonaire obstructive chronique.
Chapitre 6. Procédures 139

Procédure en position assise fonction et une rotation contralatérale. Surveillez


Procédure (figure 6.57) la respiration du patient et déterminez la phase (le
plus souvent inspiratoire) dans laquelle le relâche-
(Exemple : dysfonction de la deuxième côte ment de la tension se produit. Demandez au
gauche.) patient de respirer lentement, en prolongeant la
Patient assis sur le côté de la table. phase respiratoire qui fournit la meilleure réponse.
Praticien debout derrière le patient. Attendez un relâchement complet.
Placez la pulpe du pouce de votre main gauche
sur l'angle de la deuxième côte juste au-dessus de Procédure alternative
la scapula, et l'index et le médius sur la partie anté-
rieure de la côte en dehors de son articulation Patient assis sur le côté de la table.
chondrosternale. Votre main droite repose sur le Praticien debout derrière le patient.
dessus de la tête du patient. Faites une écoute du Placez votre main gauche de manière à ce que la
mouvement de la côte, et modifiez la position de pulpe de votre pouce contacte l'angle de la deu-
la tête et de la colonne cervicale en utilisant l'incli- xième côte juste au-dessus de la scapula. Vos
naison latérale, la rotation et la flexion/extension pouce et index droits, ou index et médius sont de
pour obtenir un équilibre ligamentaire et myofas- part et d'autre du processus épineux de T2. Faites
cial. En raison de l'insertion du muscle scalène une écoute du mouvement entre la côte et T2, et
postérieur sur la seconde côte, un relâchement de suivez ces mouvements dans le sens de la facilité
la tension peut être souvent obtenu par une incli- jusqu'au point d'équilibre ligamentaire et myofas-
naison de la colonne cervicale ipsilatérale à la dys- cial. Attendez un relâchement complet.

Procédure pour l'orifice


supérieur du thorax
Indications
Dysfonction des constituants osseux et myofas-
ciaux de l'orifice supérieur du thorax ; syndrome
du défilé thoracique ; diminution de la compliance
de la cage thoracique compliquant les maladies
cardiopulmonaires ; congestion veineuse et lym-
phatique. Parce que la cage thoracique est suspen-
due à l'orifice supérieur du thorax, une dysfonction
de cet orifice peut affecter globalement la com-
pliance de la cage thoracique.

Procédure (figure 6.58)


Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table.
Placez vos mains sur les épaules du patient afin
que, bilatéralement, vos pouces soient sur les pro-
cessus transverses de T2 et les deuxièmes côtes,
vos index soient sur les premières côtes, et vos
autres doigts sur les clavicules. Avec les pouces,
suivez la rotation et l'inclinaison latérale de T2 et
le mouvement associé des deuxièmes côtes. Les
autres doigts suivent globalement la rotation
Figure 6.57. Procédure pour la deuxième côte. gauche/droite, les déplacements antérieur/
140 Traitement du patient

Procédure en décubitus dorsal (figure 6.59)


Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à côté de la table, au niveau de la
poitrine du patient.
Faites glisser vos mains, paumes vers le haut,
sous la poitrine du patient avec les doigts dirigés
médialement, pour contacter les côtes en dehors
des articulations costotransverses. Observez la res-
piration du patient. Lorsqu'il expire, fléchissez les
doigts en soulevant les angles des côtes du patient
en direction antérieure, pour augmenter le mou-
vement expiratoire de la cage thoracique. Lorsque
le patient commence à inspirer, détendez lente-
ment vos mains. Ce processus peut être répété
plusieurs fois. Repositionnez vos mains le long de
la cage thoracique, vers le haut ou vers le bas, et
répétez la procédure. Quand un côté de la poi-
trine a été traité, déplacez-vous de l'autre côté du
patient et appliquez la même procédure.

Procédure en position assise (figure 6.60)


Patient assis sur une chaise ou sur le côté de la
table de traitement.
Praticien debout face au patient.
Le patient croise les bras et se penche en avant,
en soulevant les bras afin de pouvoir les placer sur
Figure 6.58. Procédure pour l'orifice supérieur
du thorax.
votre poitrine au niveau pectoral. Entourez le
buste du patient pour placer les mains bilatérale-
ment sur les côtes, les doigts dirigés médialement
postérieur et latéraux, et l'élévation/la dépression
vers la musculature paravertébrale du patient.
de l'orifice supérieur du thorax.
Demandez au patient d'inspirer et en même
Quand un côté de l'orifice supérieur du thorax
temps, penchez-vous en arrière, en tractant dou-
est élevé, le côté opposé est généralement abaissé.
cement les muscles paravertébraux bilatéralement
Faites une écoute du mouvement de ces struc-
dans une direction antérolatérale. Cela facilite
tures, et suivez-les jusqu'au point d'équilibre liga-
mentaire et myofascial. Observez la respiration du
patient et identifiez la phase dans laquelle se pro-
duit le relâchement. Demandez au patient de res-
pirer lentement, en prolongeant la phase
respiratoire qui fournit la meilleure réponse.
Attendez un relâchement complet.

Procédures du « rib raising »


Indications
Congestion passive des poumons ; pneumonie ; Figure 6.59. Procédure du rib raising en décubitus
bronchite. dorsal.
Chapitre 6. Procédures 141

Figure 6.61. Procédure du pompage thoracique.

est contre-indiquée en présence d'une néoplasie


pulmonaire, d'un pneumothorax, d'un cancer pul-
monaire et d'une blessure à la cage thoracique.

Procédure (figure 6.61)


Patient en décubitus dorsal.
Praticien debout à la tête de la table.
Placez vos paumes de main sur la paroi thora-
cique supérieure, juste au-dessous des clavicules,
avec les doigts dirigés vers le bas et le dedans le
long et sur le sternum. Chez les femmes, le place-
ment des mains doit être plus supérieur et médial
pour éviter le contact des seins. Le contact direct
avec la poitrine n'est pas approprié, il est souvent
inconfortable pour le patient, et ne fournit aucun
avantage thérapeutique. Demandez au patient
d'inspirer et d'expirer profondément, et à la fin de
l'expiration, comprimez et relâchez la cage thora-
Figure 6.60. Procédure du rib raising en position assise.
cique, à une fréquence d'environ 60 à 120 com-
pressions par minute. Cette fréquence est
l'effort inspiratoire du patient et contribue à dimi- déterminée par la compliance et la réponse du
nuer sa cyphose dorsale. Lorsque le patient expire, thorax aux compressions. Selon la réponse du
revenez à la position de départ, déplacez vos mains patient, arrêtez les compressions après trois à cinq
vers le haut ou vers le bas de la colonne vertébrale, secondes, demandez-lui de respirer profondé-
et répétez la procédure. ment, puis répétez le processus.

Remarques
Procédure du pompage thoracique,
modification avec oscillation Selon Facto, en raison de la localisation des gan-
glions sympathiques, en relation étroite avec les
Indications
têtes costales, l'application de cette procédure
Troubles pulmonaires congestifs comme la bron- entraîne une réponse vasomotrice, motrice, et
chite et la pneumonie. Notez que cette procédure trophique sur les tissus influencés par ces
142 Traitement du patient

ganglions, Cette procédure peut également avoir


une influence sur la moelle épinière, diminuer la
congestion en augmentant le drainage veineux et
lymphatique et de ce fait contribuer à la normali-
sation de la fonction segmentaire [5].
Cette procédure est décrite avec une fréquence
variant de 4 à 120 par minute. La modification
avec oscillation décrite ci-dessus est dans la four-
chette haute. D'après le consensus, il semble que
la fréquence la plus confortable soit proche de la
fréquence respiratoire normale [6].

Procédures
diaphragmatiques
Indications
Dysfonction somatique du diaphragme thora-
coabdominal en conjonction avec une diminution
du mouvement respiratoire, ce qui contribue à
une dysfonction pulmonaire, une dysfonction car-
diaque, une congestion veineuse et lymphatique. Figure 6.62. Procédure diaphragmatique bilatérale.
Le stress psychoémotionnel est fréquemment
associé à une dysfonction du diaphragme 10. Vos doigts sont allongés bilatéralement en
thoracoabdominal. direction postérolatérale, le long des corps cos-
Notez bien que cette procédure et toute autre taux. Pendant que le patient respire tranquille-
procédure employée pour traiter des troubles pul- ment, visualisez le diaphragme et son dôme, et
monaires, cardiaques et psychoémotionnels faites une écoute du mouvement dans ses diffé-
doivent être utilisées d'une manière intégrée en rentes parties (costale, sternale et lombale).
tant que thérapie complémentaire. Les dysfonc- Lorsque vous sentez une restriction de mouve-
tions et maladies pulmonaires, cardiaques et les ment sur une portion du diaphragme, accompa-
troubles psychiatriques subjacents doivent d'abord gnez cette portion dans l'expiration, raccourcissant
être diagnostiqués et traités selon les standards ainsi les fibres musculaires entre leurs origines
médicaux appropriés. périphériques et leurs insertions sur le tendon cen-
tral du diaphragme. Quand une position d'équi-
libre myofascial est obtenue, utilisez les forces
Procédures diaphragmatiques inhérentes du MRP pour compléter la normalisa-
bilatérales tion. En cas de difficulté dans l'obtention du relâ-
chement, vous pouvez aussi demander au patient
Procédure (figure 6.62)
une cooprération respiratoire. Il peut inspirer len-
Patient en décubitus dorsal. tement et maintenir l'expiration tant que cela
Praticien debout, sur un côté de la table, au reste confortable. Cette séquence peut être répé-
niveau de l'abdomen du patient. tée jusqu'au relâchement.
Placez vos mains bilatéralement sur la cage tho-
racique inférieure du patient de telle manière que Procédure alternative (figure 6.63)
vos pouces, dirigés cranialement, soient sur le Praticien debout à la tête de la table, regardant
bord inférieur des cartilages costaux des côtes 7 à caudalement.
Chapitre 6. Procédures 143

En raison du lien entre les trois diaphragmes (crâ-


nien, thoracoabdominal, pelvien), une dysfonction
affectant l'un d'eux peut affecter les deux autres. En
tant que telle, toute dysfonction d'un os sur lequel
les diaphragmes crânien et pelvien s'insèrent peut
être une source de dysfonction pour le diaphragme
thoracoabdominal. Les dysfonctions de l'os tempo-
ral démontrent fréquemment cette relation.

Procédure diaphragmatique
unilatérale
Figure 6.63. Procédure diaphragmatique alternative. Cette procédure peut traiter efficacement toutes
les parties du diaphragme. Toutefois, elle vous
Placez vos mains de chaque côté de la partie permet de traiter plus facilement les dysfonctions
inférieure de la cage thoracique du patient de telle impliquant les piliers et la partie postérieure du
sorte que la pulpe de vos index, médius, annu- diaphragme.
laires, et auriculaires contactent les bords costaux
Procédure (figure 6.64)
inférieurs. La paume de vos mains et vos pouces
reposent confortablement sur la cage thoracique. Patient en décubitus dorsal.
Laissez le patient respirer tranquillement, et faites Praticien assis du côté de l'hémidiaphragme
une écoute du diaphragme et de la cage thora- dysfonctionnel à hauteur de l'abdomen, regardant
cique. Lorsque vous sentez une restriction de cranialement.
mouvement sur un côté du diaphragme, accompa- Placez une main paume vers le haut, sous la cage
gnez le mouvement pendant l'expiration. Lorsque thoracique du patient de manière à ce que les
vous obtenez une position d'équilibre myofascial, index, médius et annulaire soient en contact avec
demandez au patient d'expirer lentement et de les processus épineux de T12-L2. L'autre main est
retenir le souffle pendant l'expiration, aussi long- placée en avant de la cage thoracique au même
temps que cela reste confortable. Il peut être niveau, avec les doigts dirigés médialement vers le
nécessaire de répéter cette opération plusieurs fois sternum, et le pouce dirigé vers l'arrière le long du
afin d'obtenir une libération complète. rebord costal inférieur. Laissez le patient respirer
tranquillement, visualisez la coupole diaphragma-
Remarques tique et faites une écoute du mouvement des diffé-
Si vous accompagnez les tissus avec justesse dans rentes parties du diaphragme (sternale, costale, et
la position d'équilibre myofascial, une coopéra- lombale). Accompagnez la partie dysfonctionnelle
tion respiratoire spontanée du patient se produit
fréquemment, avec le parfait dosage. Ce processus
se produit souvent en synchronie avec le MRP.
Lorsque vous identifiez une dysfonction
diaphragmatique concernant les piliers du
diaphragme, cela implique souvent une dysfonc-
tion vertébrale thoracolombale qui doit être nor-
malisée avant de pouvoir obtenir une libération du
diaphragme. Inversement, une dysfonction
diaphragmatique primaire peut entraîner des dys-
fonctions vertébrales thoracolombales difficiles à
normaliser sans libération du diaphragme. Figure 6.64. Procédure diaphragmatique unilatérale.
144 Traitement du patient

de la coupole diaphragmatique dans l'expiration,


raccourcissant ainsi les fibres musculaires entre
leurs origines périphériques et leurs insertions sur
le tendon central du diaphragme. Quand une posi-
tion d'équilibre myofascial est obtenue, demandez
au patient d'expirer lentement et de rester dans
l'expiration, tant que cela reste possible conforta-
blement. Répétez cette phase jusqu'au relâche-
ment. Après avoir traité un côté, si nécessaire,
répétez la procédure sur l'autre hémidiaphragme.

Procédures cervicales
Comme les dysfonctions des régions cervicales
peuvent être le résultat de réflexes viscérosoma-
tiques, vous devez absolument rechercher et éli-
miner toute pathologie viscérale subjacente, avant
de faire un TMO voir Dysfonction somatique ver-
tébrale, partie IV, chapitre 7, p. 209).
En outre, en raison du risque potentiel de com-
pression de l'artère vertébrale et d'ischémie céré-
Figure 6.65. Procédure occipito-atlantale en décubitus
brale associée, une extrême prudence est de dorsal.
rigueur lors des procédures cervicales, en particu-
lier dans l'association des mouvements d'exten- Praticien assis à la tête de la table.
sion, d'inclinaison latérale et de rotation. Aucune Placez les deux mains sous l'occiput de manière à
procédure ne doit être appliquée sur ou à travers ce que la pulpe des index, médius, et annulaire
les zones d'instabilité vertébrale, d'hypermobilité, contacte la partie squameuse de l'occiput aussi bas
ou sur les niveaux de la colonne vertébrale avec que possible, en dedans de la suture occipitomas-
compression neurologique. toïdienne. Toute force de compression sur la suture
occipitomastoïdienne doit être impérativement évi-
Procédures occipito-atlantales tée. Placez le bout de vos pouces sur les masses laté-
rales de C1. Visualisez les condyles occipitaux et
Indications l'articulation entre C0 et C1. Faites une écoute du
Dysfonction occipito-atlantale ; maux de tête suboc- mouvement pour identifier les dysfonctions (res-
cipitaux ; dysfonction proprioceptive cervicale supé- trictions de flexion/extension, rotation droite/
rieure ; névralgie du nerf grand occipital (nerf gauche, inclinaison latérale droite/gauche, transla-
d'Arnold) ; dysfonction myofasciale antérieure et tion antérieure/postérieure, translation droite/
pharyngienne, comme dans l'apnée du sommeil, les gauche). Accompagnez les mouvements identifiés
ronflements et les troubles de la déglutition ; réflexes dans le sens de la facilité jusqu'à un point de tension
somatoviscéraux vagal et trigéminal. ligamentaire et myofasciale équilibrée. Vous pou-
vez faciliter l'introduction de l'inclinaison latérale
Procédure en décubitus dorsal de l'occiput par un appui de votre sternum sur le
sommet de la tête du patient. La libération de la
Procédure (figure 6.65)
dysfonction peut être facilitée par l'utilisation d'un
Patient en décubitus dorsal touchant le sternum pompage respectant la motilité inhérente du MRP.
du praticien avec le sommet du crâne. Attendez un relâchement complet.
Chapitre 6. Procédures 145

Remarques
Les condyles occipitaux ne peuvent pas être palpés
directement ; la visualisation de leur relation avec
l'atlas pendant la procédure est donc importante.
Rappelez-vous que les condyles ne sont pas infé-
rieurs par rapport à l'extrémité de vos doigts, mais
antérieurs et légèrement supérieurs.
Trop souvent, lors de l'examen de l'occiput et
de l'atlas, les mouvements induits sont transmis au
niveau de C3 ou plus bas en raison du manque de
précision dans la palpation et de l'usage d'une
force et d'une amplitude trop grandes. En raison
de la fréquente restriction de la mobilité de la
charnière craniocervicale, les mouvements induits
doivent être très fins.
La rotation occipitale est le plus souvent asso-
ciée à une inclinaison latérale contralatérale. Au
cours de cette procédure, l'observation d'une
inclinaison latérale ipsilatérale peut signaler la pré-
sence d'une dysfonction cervicale inférieure.

Procédure en position assise


Procédure (figure 6.66)
Patient assis sur une chaise.
Praticien debout sur un des côtés du patient.
Placez l'extrémité du pouce et de l'index de
votre main postérieure, la main d'écoute, au
niveau de C1, entre l'écaille occipitale et le proces- Figure 6.66. Procédure occipito-atlantale en position
sus épineux de C2. Avec légèreté, posez votre assise.
main antérieure, la main active, sur le dessus de la
tête du patient. Faites une écoute du mouvement évitée. La tension musculaire découlant de l'effort
entre C0 et C1, et identifiez la dysfonction (res- fourni par le patient pour tenir la tête peut interfé-
triction de flexion/extension, rotation droite/ rer avec l'écoute. Une main trop lourde peut
gauche, inclinaison latérale droite/gauche, trans- inciter le patient à augmenter cette réponse mus-
lation droite/gauche et/ou antérieure/posté- culaire, ce qui limite encore plus l'écoute. Un tou-
rieure). Accompagnez les mouvements identifiés cher léger non seulement facilite l'écoute, mais
dans le sens de la facilité jusqu'au point d'équi- également contribue à établir un climat de
libre ligamentaire et myofascial. Employez les confiance entre le patient et le praticien.
forces de la motilité inhérente du MRP pour faci- Lorsque la dysfonction somatique est présente
liter une complète libération. pendant une longue période, les patients déve-
loppent souvent une amnésie fonctionnelle. Ils
Remarques perdent la capacité d'utiliser la zone dysfonction-
Votre main doit toucher la tête du patient le plus nelle dans toutes les amplitudes de mouvement et
légèrement possible, ce qui vous permet toujours modifient la proprioception de cette région. Bien
de faire une écoute efficace. Les patients sont sou- que cela soit vrai dans tout le corps, c'est particu-
vent fragiles, et la compression de la charnière cra- lièrement important dans la région cervicale supé-
niocervicale et de la colonne cervicale doit être rieure, et même si la dysfonction est résolue de
146 Traitement du patient

façon efficace, le patient va continuer à fonction- fonction peut être améliorée par l'utilisation d'un
ner en utilisant le schéma dysfonctionnel avec une pompage. Attendez un relâchement complet.
proprioception déficiente. Pour cette raison, il est
impératif de rééduquer le patient pour qu'il utilise Remarques
consciemment toute la gamme des mouvements Le contact de votre sternum contre le sommet de
possibles, avec une proprioception optimale [7]. la tête du patient vous permet d'établir une unité
fonctionnelle entre C0 et C1 que vous n'avez pas
à établir avec les mains. Vous pouvez ainsi les
Procédure atlanto-axiale détendre et faire une écoute plus efficace de
Indications C1-C2. Ce contact entre votre sternum et le
patient doit être le plus léger possible.
Dysfonction atlanto-axiale ; maux de tête subocci-
Bien que le principal mouvement de C1-C2 soit
pitaux ; dysfonction proprioceptive cervicale supé-
la rotation, l'existence de mouvements mineurs
rieure ; névralgie du nerf grand occipital (nerf
d'inclinaison latérale et de glissement antéropos-
d'Arnold) ; réflexes somatoviscéraux vagal et
térieur et/ou de glissement latéral est décrite
trigéminal.
depuis longtemps [8]. L'incorporation de ces
Procédure (figure 6.67) mouvements mineurs dans la procédure améliore
grandement l'efficacité du traitement.
Patient en décubitus dorsal touchant le sternum
du praticien avec le sommet du crâne.
Praticien assis à la tête de la table.
Placez les deux mains sous la tête du patient, de
Procédures pour les vertèbres
manière à contacter les masses latérales de C1 avec cervicales typiques
les pouces, et l'extrémité des processus transverses Indications
de C2 avec les index ou médius. Visualiser l'articu-
Dysfonction somatique cervicale ; torticolis ; maux
lation entre C1 et C2. Faites une écoute des mou-
de tête ; dysfonction myofasciale antérieure,
vements présents pour identifier une dysfonction
comme dans l'apnée du sommeil, les ronflements
(restriction de flexion/extension, rotation droite/
et les troubles de la déglutition ; dysfonction du
gauche, inclinaison latérale droite/gauche, transla-
réflexe cervico-oculaire ; réflexes somatoviscéraux
tion droite/gauche et/ou antérieure/posté-
C2, vagal et trigéminal ; dysfonction du nerf phré-
rieure). Suivez les mouvements identifiés dans le
nique (C3-C5).
sens de la facilité jusqu'au point de tension liga-
mentaire et myofasciale équilibrée. Vous pouvez
faciliter l'introduction de l'inclinaison latérale Procédure en décubitus dorsal
atlantale par un appui de votre sternum sur le som- Procédure (figure 6.68)
met de la tête du patient. La libération de la dys-
(Exemple : dysfonction C3-C4.)
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table.
Placez les deux mains sous la tête du patient de
telle façon que l'extrémité de vos index soit en
contact avec les processus transverses de C3, et
que l'extrémité de vos médius contrôle l'espace
intervertébral entre C3 et C4. Visualisez la rela-
tion articulaire entre C3 et C4. Faites une écoute
des mouvements présents pour identifier une dys-
fonction (restriction de flexion/extension, rota-
tion et inclinaison latérale droites/gauches,
figure 6.67. Procédure atlanto-axiale. translation droite/gauche et/ou antérieure/
Chapitre 6. Procédures 147

et médius contactent respectivement les processus


épineux de C4 et C3. Visualisez la relation articu-
laire entre C3 et C4. Faites une écoute des mou-
vements présents pour identifier une dysfonction
(restriction de flexion/extension, rotation et incli-
naison latérale droites/gauches, translation
droite/gauche et/ou antérieure/postérieure).
Employez les principes indirects et accompagnez
C3 sur C4 dans le sens de la facilité, en introdui-
sant une flexion ou une extension, une inclinaison
Figure 6.68. Procédure cervicale en décubitus dorsal. latérale et une rotation à partir de la tête avec
votre main active. Avec votre main d'écoute, sur-
postérieure). Si nécessaire, vous pouvez préciser la veillez C3-C4 jusqu'au point d'équilibre myofas-
dysfonction en introduisant doucement les mou- cial et ligamentaire. Si nécessaire, faites un
vements. Il vous suffit de déplacer la tête du pompage. Utilisez les forces inhérentes du MRP
patient avec la paume de vos mains, en suivant la pour faciliter la normalisation.
progression du mouvement de haut en bas,
jusqu'à C3-C4. Accompagnez les mouvements Procédure assise
identifiés dans le sens de la facilité jusqu'au un Procédure (figure 6.70)
point de tension ligamentaire et myofasciale équi-
librée. Vous pouvez utiliser un pompage qui res- (Exemple : dysfonction C3-C4.)
pecte la motilité inhérente du MRP pour Patient assis sur une chaise.
encourager le relâchement. Praticien debout sur le côté.

Procédure alternative
Procédure (figure 6.69)
(Exemple : dysfonction C3-C4.)
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table.
Placez une main transversalement sous l'occi-
put, en veillant à ne pas comprimer les sutures
occipitomastoïdiennes. Cette main est la main
active. Placez l'autre main, la main d'écoute,
paume vers le haut transversalement sur la table de
traitement, de sorte que les extrémités des index

Figure 6.69. Procédure cervicale alternative. Figure 6.70. Procédure cervicale en position assise.
148 Traitement du patient

Placez la pulpe du pouce et de l'index de votre


main postérieure, la main qui écoute, de manière
à contacter bilatéralement les processus articu-
laires entre C3 et C4. Placez votre main anté-
rieure, la main active, sur le dessus de la tête du
patient. Faites une écoute des mouvements entre
C3 et C4 pour identifier une dysfonction (restric-
tion de flexion/extension, rotation et inclinaison
latérale droites/gauches, translation droite/
gauche et/ou antérieure/postérieure). Si néces-
saire, vous pouvez introduire de subtils mouve-
ments avec la main craniale pour confirmer la
restriction. Suivez les mouvements dysfonction-
nels identifiés dans le sens de la facilité jusqu'au
Figure 6.71. Normalisation fasciale cervicale.
point d'équilibre ligamentaire et myofascial, et
jusqu'à la normalisation. rieure du cou du patient. Faites une écoute de la
Remarques tension des tissus mous cervicaux et, en utilisant
les principes indirects, suivez les mouvements per-
Lors de l'introduction des mouvements, il est çus tant au niveau de la main occipitale que de la
extrêmement important de se focaliser sur le main cervicale, jusqu'à ce que l'équilibre myofas-
niveau de la dysfonction cervicale. Il est plus facile cial soit obtenu.
de commettre l'erreur d'être attentif à la main
active, ce qui vous fournit des informations impli- Procédure alternative
quant les structures situées au-dessus de la zone
Procédure (figure 6.72)
qui est diagnostiquée et traitée.
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table.
Procédures fasciales cervicales Empaumez la mandibule du patient avec une
Indications main, et placez l'autre main sur le sternum de
manière à ce que les doigts soient dirigés caudale-
Tension dysfonctionnelle du fascia cervical comme
ment, et que les éminences thénar et hypothénar
dans l'apnée du sommeil, les ronflements, les
contactent les extrémités médiales des clavicules.
troubles de la déglutition et les troubles vocaux ;
Faites une écoute des tissus mous cervicaux entre
dysfonction de l'orifice supérieur du thorax ; torti-
les deux mains. En utilisant les principes indirects,
colis ; maux de tête ; congestion lymphatique et
suivez les tissus jusqu'à l'équilibre myofascial et
veineuse de la tête et du cou. Une normalisation
jusqu'au relâchement.
du fascia cervical peut être appropriée dans le trai-
tement des dysfonctions affectant toute structure
sur laquelle s'insère ce fascia, i. e. les clavicules, le
sternum, l'occiput, les os temporaux, la mandi-
bule, l'os hyoïde et les vertèbres cervicales.

Procédure en décubitus dorsal


Procédure (figure 6.71)
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table.
Placez une main sous l'occiput du patient, et
l'autre main, transversalement, sur la face anté- Figure 6.72. Normalisation fasciale cervicale alternative.
Chapitre 6. Procédures 149

Procédure submandibulaire
Procédure (figure 6.73)
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table.
Recourbez les doigts bilatéralement autour du
bord inférieur du corps de la mandibule de
manière à ce que la pulpe de vos doigts soit sur la
zone d'insertion mandibulaire du fascia cervical
superficiel. Vos pouces reposent sur les faces laté-
rales de la mandibule dans la région du foramen
mentonnier (foramen mentale). Avec la palpation,
recherchez les zones de tension fasciale dysfonc-
tionnelle. Faites une écoute des tissus mous man-
dibulaires et submandibulaires et, en utilisant les
principes indirects, accompagnez ces tissus
jusqu'au point d'équilibre myofascial et au
relâchement.

Procédure de l'os hyoïde


Procédure (figure 6.74)
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis sur le côté de la table.
Placez votre main céphalique sous l'occiput
du patient et, avec le pouce et l'index de votre

Figure 6.74. Procédure de l'os hyoïde.

main caudale, contrôlez l'os hyoïde. Faites une


écoute des structures myofasciales entourant l'os
hyoïde. Vous pouvez préciser le schéma dysfonc-
tionnel, si nécessaire, en introduisant de subtils
mouvements de l'os hyoïde vers la droite ou vers
la gauche, vers le haut ou vers le bas, ou des
mouvements combinés de torsion. Utilisez les
principes des procédures indirectes et, avec un
toucher d'une extrême délicatesse, accompa-
gnez les tissus dans le sens de l'aisance jusqu'à
l'équilibre myofascial et le relâchement des
tensions.

Procédure du larynx
Procédure
En utilisant les mêmes positions du patient et
du praticien que celles décrites ci-dessus pour
Figure 6.73. Procédure submandibulaire. l'os hyoïde, vous pouvez normaliser le larynx.
150 Traitement du patient

Décalez la main caudale pour la placer sur les car-


tilages du larynx et suivez la procédure telle que
décrite ci-dessus.

Remarques
Les structures cervicales antérieures, le larynx, la
trachée et les artères carotides sont très sensibles à
la compression. Le sinus carotidien, en particulier,
peut être stimulé par palpation, ce qui entraîne de
fortes diminutions de la fréquence cardiaque et/
ou de la pression artérielle. Par conséquent, ces
procédures doivent être effectuées en utilisant un
contact très léger pour éviter toute compression,
ou la perception par le patient d'une éventuelle
compression. Si le patient ressent cela, il ne sera
pas détendu.

Procédures des
membres supérieurs
Procédure myofasciale globale
du membre supérieur
Indications
Figure 6.75. Procédure myofasciale globale du membre
Douleur myofasciale et/ou articulaire ; dysfonction supérieur.
du membre supérieur comme le syndrome de la
coiffe des rotateurs, l'épicondylite latérale (tennis
elbow) ou l'épicondylite médiale (coude du gol- Remarques
feur), la compression du nerf cubital, la dysfonction Cette position de la main vous permet également
radio-ulnaire et le syndrome du canal carpien. de contrôler l'articulation acromioclaviculaire, et
si nécessaire, vous pouvez positionner le membre
Procédure (figure 6.75) supérieur de manière à agir sur l'acromion pour
Patient assis. normaliser l'articulation acromioclaviculaire.
Praticien assis à côté du patient du côté de la
dysfonction.
Saisissez le poignet du patient avec votre main Procédures claviculaires
caudale. Placez votre main craniale sur l'épaule
Indications
du patient, avec le pouce sur l'acromion et les
autres doigts dirigés vers la clavicule. Faites une Dysfonction acromioclaviculaire et/ou sternocla-
écoute. Suivez les forces inhérentes du MRP et viculaire se présentant souvent comme une dou-
accompagnez les tissus de l'extrémité supérieure leur de l'épaule, du cou ou de la portion antérieure
dans la position d'aisance, le plus souvent une du thorax, pouvant potentiellement affecter le
torsion myofasciale et ligamentaire sur l'axe long, membre supérieur, la tête et la colonne cervicale ;
nécessitant diverses combinaisons de position du syndrome du défilé thoracique ; syndrome de la
poignet, de l'avant-bras (pronation ou supina- coiffe des rotateurs, spasme du muscle subclavier.
tion), du coude et de l'épaule. Attendez un Le traitement des dysfonctions claviculaires peut
relâchement. être nécessaire dans le cas de congestion veineuse
Chapitre 6. Procédures 151

et lymphatique du membre supérieur et dans les


dysfonctions des voies aériennes supérieures.

Procédure sternoclaviculaire
Procédure
(Exemple : dysfonction sternoclaviculaire droite.)
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table de
traitement.
Avec le pouce et l'index de votre main gauche, sai-
sissez l'extrémité médiale de la clavicule près de l'arti-
culation sternoclaviculaire. Avec la main droite,
saisissez le coude droit du patient de manière à
empaumer l'olécrâne. Introduisez des mouvements
d'une grande finesse de flexion/extension, abduc-
tion/adduction, rotation médiale/latérale, et d'élé-
vation/dépression de l'épaule jusqu'à ce que
l'équilibre myofascial et ligamentaire optimal soit
obtenu au niveau de l'articulation sternoclaviculaire.

Remarques
La procédure ci-dessus peut être réalisée avec Figure 6.77. Procédure sternoclaviculaire bilatérale.
patient assis et le praticien debout à côté ou der-
rière le patient, du côté de la dysfonction.
traiter des dysfonctions sternoclaviculaire, sterno-
Les mouvements introduits à partir du bras
costale supérieure, du fascia clavipectoral et de
doivent être de très faible amplitude, mais suffi-
spasme du muscle subclavier (figure 6.76).
sants pour moduler la tension myofasciale et liga-
mentaire sternoclaviculaire.
En positionnant les doigts contactant l'articula- Procédure sternoclaviculaire bilatérale
tion sternoclaviculaire, de telle sorte qu'ils Procédure (figure 6.77)
puissent aussi contrôler la partie antérieure du
Patient en décubitus dorsal.
thorax aussi bas que la deuxième ou la troisième
Praticien assis à la tête de la table de
côte, cette procédure peut être employée pour
traitement.
Avec les pouces et index des deux mains, saisis-
sez bilatéralement les clavicules au niveau des arti-
culations sternoclaviculaires. Faites une écoute des
mouvements entre les clavicules et le sternum, et
entre les deux clavicules. Accompagnez ces mou-
vements jusqu'à la position d'équilibre myofascial
et ligamentaire optimal des articulations sterno-
claviculaires. Pour faciliter le relâchement, vous
pouvez faire un pompage au rythme du MRP.

Remarques
La procédure ci-dessus peut être réalisée avec le
Figure 6.76. Normalisation de l'articulation patient assis et le praticien debout derrière le
sternoclaviculaire et du fascia clavipectoral. patient.
152 Traitement du patient

Cette procédure est particulièrement utile lors


du traitement des dysfonctions des fascias
cervicaux.

Procédure acromioclaviculaire
Procédure (figure 6.78)
(Exemple : dysfonction acromioclaviculaire gauche.)
Patient en décubitus dorsal.
Praticien debout du côté de la dysfonction.
Placez votre main droite sur l'épaule gauche du
patient, de telle sorte que votre médius soit sur
l'acromion, et votre pouce et index de part et
d'autre de l'extrémité latérale de la clavicule.
Demandez au patient de fléchir son coude gauche.
Placez votre main gauche sur la face dorsale du Figure 6.79. Procédure acromioclaviculaire bilatérale.
bras du patient. Recherchez les mouvements les
plus libres dans la flexion/extension, abduction/
adduction, rotation médiale/latérale, et éléva- Praticien assis à la tête de la table de
tion/dépression de l'épaule jusqu'à la position traitement.
d'équilibre myofascial et ligamentaire optimal de Avec les pouces et index, saisissez bilatérale-
l'articulation acromioclaviculaire. Attendez le ment, les extrémités latérales des clavicules. Faites
relâchement. une écoute des mouvements entre les clavicules et
les acromions, et entre les deux clavicules.
Remarques Accompagnez les mouvements perçus jusqu'à la
La procédure ci-dessus peut être réalisée avec le position d'équilibre myofascial et ligamentaire
patient assis et le praticien debout à côté ou der- optimal des articulations acromioclaviculaires.
rière le patient, du côté de la dysfonction. Attendez le relâchement.
Les mouvements introduits avec le bras doivent
Remarques
être délicats, mais suffisants pour affecter la tension
myofasciale et ligamentaire acromioclaviculaire. La procédure ci-dessus peut être réalisée avec le
patient assis et le praticien debout derrière le
Procédure acromioclaviculaire patient.
bilatérale Cette procédure est particulièrement utile dans
Procédure (figure 6.79) le traitement des dysfonctions fasciales cervicales.

Patient en décubitus dorsal. Procédure combinée acromio-


et sternoclaviculaire
Procédure (figure 6.80)
(Exemple : dysfonction claviculaire droite.)
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table.
Avec le pouce et l'index de votre main gauche,
saisissez l'extrémité médiale de la clavicule. Avec
le pouce et l'index de votre main droite, saisissez
l'extrémité latérale de la clavicule. Accompagnez
les mouvements les plus libres, dans le sens de
Figure 6.78. Procédure acromioclaviculaire. l'aisance, jusqu'au point d'équilibre myofascial et
Chapitre 6. Procédures 153

Procédure (figure 6.81)


(Exemple : normalisation scapulaire gauche.)
Patient en décubitus latéral droit avec les
hanches et les genoux fléchis pour le confort et la
stabilité de la position et, si besoin, avec un ou
plusieurs coussins pour supporter la tête et la
colonne cervicale.
Praticien debout à côté de la table de traite-
ment, face au patient, au niveau de l'épaule.
Placez votre avant-bras droit entre le bras
gauche et la cage thoracique du patient, avec le
pouce sur le bord scapulaire latéral, et votre index
Figure 6.80. Procédure acromio- et sternoclaviculaire. sur le bord médial, ce qui vous permet de contrô-
ler l'angle inférieur de la scapula. Votre main
ligamentaire. Utilisez les forces inhérentes du gauche repose au-dessus de la scapula de telle
MRP pour faciliter le relâchement. sorte que les doigts soient dirigés caudalement
le long du bord scapulaire médial et que le pouce
Remarques repose sur le bord supérieur de l'épine scapulaire.
La procédure ci-dessus peut être réalisée avec le Ce placement des mains vous permet d'écouter la
patient assis et le praticien debout derrière le scapula et les structures myofasciales qui l'en-
patient du côté de la dysfonction. tourent. Faites une écoute et visualisez ces struc-
tures, et suivez les mouvements les plus libres
(craniale/caudal, médial/latéral, et glissement
Procédure scapulaire dans le sens horaire/antihoraire) jusqu'à la posi-
tion d'équilibre ligamentaire et myofascial.
Indications
Attendez une normalisation. Si nécessaire, la
Dysfonction scapulaire associée à des dysfonctions libération des tensions peut être améliorée en
du muscle élévateur de la scapula, des articulations utilisant une action de pompage entre vos deux
scapulohumérale et/ou acromioclaviculaire, ou mains.
des dysfonctions de la colonne vertébrale thora-
cique ou cervicale ; douleur myofasciale et/ou
articulaire ; dysfonction de l'épaule ; syndrome de Procédure scapulohumérale
la coiffe des rotateurs.
Indications
Douleur myofasciale et/ou articulaire ; dysfonction
de l'épaule ; syndrome de la coiffe des rotateurs.

Procédure (figure 6.82)


Patient assis.
Praticien assis ou debout à côté du patient, du
côté de la dysfonction.
Placez votre main postérieure sur l'épaule du
patient avec le pouce sur l'acromion, et les doigts
sur la clavicule. Avec l'autre main, fléchissez le
coude du patient et empaumez l'avant-bras de
façon à maintenir l'extrémité distale de l'humérus
entre le pouce et les autres doigts. Dans cette
Figure 6.81. Procédure scapulaire. position, faites une écoute des mouvements de
154 Traitement du patient

Procédures du coude
Indications
Épicondylalgie latérale ou médiale ; épicondy-
lite ; tension dans l'avant-bras ; douleur au
poignet.

Procédure ulnohumérale
Procédure (figure 6.83)
(Exemple : dysfonction ulnohumérale gauche.)
Patient assis.
Praticien assis ou debout devant le patient, du
côté de la dysfonction.
Le coude gauche du patient doit être suffisam-
ment fléchi et son avant-bras en position neutre,
de telle sorte que vous puissiez tenir leur main
entre votre poitrine et votre bras avec leur paume
contactant la face médiale de votre bras gauche.
Avec votre main gauche, saisissez l'olécrâne
gauche du patient entre le pouce et l'index. Avec
votre main droite placée en arrière de l'extrémité
Figure 6.82. Procédure scapulohumérale. distale de l'humérus, saisissez les épicondyles
médial et latéral entre vos pouce et index ou
médius. À partir de l'olécrâne, faites une écoute
l'articulation scapulohumérale (mouvements de la relation ulnohumérale. Vous pouvez, si
majeurs de flexion/extension, abduction/adduc- nécessaire, introduire de très petits mouvements
tion, rotation médiale/latérale, et mouvements de flexion/extension dans l'articulation ulnohu-
mineurs de glissement antérieur/postérieur, glis- mérale. Normalement, la flexion est combinée
sement latéral/médial, glissement craniale/caudal avec des mouvements mineurs d'adduction et de
et compression/décompression). Visualisez la rotation latérale de l'ulna, alors que l'extension est
relation entre la tête humérale et la glène au cours associée à l'abduction et à la rotation médiale.
de ce processus. Suivez chacun des mouvements Suivez chacun des mouvements dans le sens de la
dans la direction de l'aisance, en les empilant
jusqu'à la position finale d'équilibre ligamentaire
et myofascial. Utilisez les forces inhérentes du
MRP jusqu'à la normalisation.

Remarques
Le placement de la main postérieure avec les
doigts en contact sur l'acromion et l'extrémité
latérale de la clavicule vous permet de suivre l'arti-
culation acromioclaviculaire autant que la scapu-
lohumérale. En positionnant l'épine scapulaire et
la clavicule dans le sens de l'aisance, vous réduisez
la tension de l'arche coracoacromiale.
Cette procédure peut également être effectuée
avec le patient en décubitus dorsal. Figure 6.83. Procédure ulnohumérale.
Chapitre 6. Procédures 155

facilité, en les accumulant jusqu'à la position finale Procédure radio-ulnaire


d'équilibre ligamentaire et myofascial. Attendez la Procédure (figure 6.85)
normalisation.
(Exemple : dysfonction radio-ulnaire gauche.)
Remarques Patient assis.
N'oubliez pas que lors de l'abduction ulnaire, la Praticien assis ou debout devant le patient du
pointe de l'olécrâne se déplace médialement, et côté de la dysfonction.
que pendant l'adduction, elle se déplace Le coude gauche du patient doit être suffisam-
latéralement. ment fléchi et son avant-bras en position neutre,
de telle sorte que vous puissiez tenir sa main entre
Procédure radiohumérale votre poitrine et votre bras avec sa paume contac-
tant la face médiale de votre bras gauche. Avec
Procédure (figure 6.84)
votre main gauche, saisissez l'olécrâne gauche
(Exemple : dysfonction radiohumérale gauche.) entre le pouce et l'index ou médius. Avec votre
Patient assis. main droite, saisissez la tête radiale entre le pouce
Praticien assis ou debout devant le patient du et l'index. Faites une écoute du mouvement de la
côté de la dysfonction. tête radiale par rapport à l'encoche radiale de
Le coude gauche du patient doit être suffisam- l'ulna (glissement antérieur/postérieur et rotation
ment fléchi et son avant-bras en position neutre, médiale/latérale). Accompagnez ces mouvements
de telle sorte que vous puissiez tenir sa main entre dans le sens de l'aisance, en les empilant, jusqu'à la
votre poitrine et votre bras avec sa paume contac- normalisation.
tant la face médiale de votre bras gauche. Avec
votre main gauche placée en arrière de l'extrémité Remarques
distale de l'humérus, saisissez les épicondyles Les rapports entre l'humérus, l'ulna et le radius
médial et latéral entre vos pouce et index ou sont complexes. La combinaison des mouvements
médius. Avec votre main droite, saisissez la tête entre ces os permet la flexion/extension du coude
radiale entre le pouce et l'index. Faites une écoute et la pronation/supination de l'avant-bras. La
du mouvement de la tête radiale sous le capitule pronation est associée à la flexion du coude et au
de l'humérus (glissement antérieur/postérieur, glissement postérieur de la tête radiale, alors que
glissement médial/latéral, rotation médiale/laté- la supination combine l'extension du coude et le
rale et compression/décompression). Suivez ces glissement antérieur de la tête radiale.
mouvements dans le sens de la facilité, en les Bien que le mouvement ulnohuméral principal
empilant, jusqu'à la normalisation. soit la flexion/extension, l'ulna est souvent en dys-
fonction dans l'abduction/adduction. L'abduction
de l'ulna comprime la tête radiale contre le capitule

Figure 6.84. Procédure radiohumérale. Figure 6.85. Procédure radio-ulnaire.


156 Traitement du patient

de l'humérus, déplaçant le radius caudalement, ce Patient assis sur une chaise à côté de la table de
qui place la membrane interosseuse sous contrainte traitement de manière à reposer l'avant-bras sur la
et tend à produire une adduction au niveau du poi- table de traitement, le poignet étant au-delà du
gnet. Inversement, l'adduction ulnaire sépare la bord de la table. Cela permet une détente com-
tête radiale du capitule, avec une tendance à l'ab- plète de l'avant-bras, du poignet et de la main du
duction du poignet. patient.
Typiquement, l'abduction ou l'adduction ulno- Praticien assis devant le patient.
humérale constitue la dysfonction somatique pri- Maintenez la portion radiale du poignet avec
maire du coude. Elle doit être traitée ou exclue votre main gauche et le bord ulnaire avec votre
avant d'aborder la radiohumérale, la radio-ulnaire main droite, de manière à ce que vos pouces soient
ou les dysfonctions de la membrane interosseuse en contact avec la face dorsale des os du carpe, et
et du poignet. De même, les dysfonctions radio- vos doigts avec la face palmaire. Faites une écoute
ulnaires doivent être traitées ou exclues avant de la relation entre l'ulna, le radius et les os du
d'aborder les dysfonctions de la membrane inter- carpe. Si nécessaire, introduisez de petits mouve-
osseuse et du poignet. ments de flexion/extension et d'adduction/
La visualisation des déséquilibres de tension au abduction. Pensez également à rechercher les
niveau de la membrane interosseuse favorise mouvements mineurs de glissement antérieur/
considérablement les processus de diagnostic et de postérieur, de glissement médial/latéral, de rota-
traitement du coude (et du poignet), et facilite tion médiale/latérale, et de compression/décom-
souvent la libération de dysfonctions résistantes. pression. Accompagnez ces mouvements dans le
sens de l'aisance, jusqu'à l'équilibre ligamentaire
et myofascial et à la normalisation.
Procédures du poignet
et de la main Procédure du fascia palmaire
Procédure globale du poignet Indications
Indications Dysfonction et douleur du poignet ; syndrome du
canal carpien ; crampe de l'écrivain ; dysfonction
Dysfonction et douleur du poignet ; syndrome du du rétinaculum des fléchisseurs (ligament annu-
canal carpien ; crampe de l'écrivain. laire antérieur du carpe).
Procédure (figure 6.86)
(Exemple : Dysfonction du poignet gauche.)

Figure 6.86. Procédure globale du poignet. Figure 6.87. Normalisation du fascia palmaire.
Chapitre 6. Procédures 157

Procédure (figure 6.87) Patient assis sur une chaise avec l'avant-bras
Patient assis sur une chaise à côté de la table de gauche reposant confortablement sur la table de
traitement de manière à pouvoir poser l'avant-bras traitement, avec le poignet au-delà du bord de la
sur la table et le poignet au-delà du bord de la table. Le bras du patient doit reposer sur l'ulna
table. pour que l'avant-bras soit en position neutre, ni
Praticien assis devant le patient. en pronation ni en supination.
Maintenez la portion radiale du poignet avec Praticien assis à la gauche du patient, regardant
votre main gauche et le bord ulnaire avec votre la face palmaire de la main gauche du patient.
main droite, de manière à ce que vos pouces soient Avec le pouce et l'index de votre main gauche,
en contact avec la face dorsale des os du carpe et saisissez la partie distale du premier os métacar-
que vos doigts sur la face palmaire soient sur les pien du patient de manière à ce que votre pouce
extrémités médiales et latérales du rétinaculum soit sur la face palmaire, et votre index sur la face
des fléchisseurs. Faites une écoute de la tension dorsale. Avec le pouce et l'index de votre main
myofasciale du rétinaculum et accompagnez les droite, saisissez la base de la phalange proximale.
tissus dans la position d'équilibre ligamentaire et Suivez le mouvement entre la phalange et le méta-
myofascial. Pour faciliter la normalisation, faites carpien dans le sens de l'aisance, le plus souvent
un pompage. avec une rotation latérale, flexion, et glissement
palmaire du pouce, jusqu'au point d'équilibre
Remarques myofascial et ligamentaire. Utilisez les forces inhé-
L'efficacité de cette procédure peut être améliorée rentes du MRP pour faciliter la normalisation.
en la combinant avec la procédure globale du poi-
gnet et la procédure myofasciale globale du Remarques
membre supérieur décrites ci-dessus. Cette procédure peut également être appliquée
aux articulations métacarpophalangiennes et
Procédure de l'articulation interphalangiennes de tous les doigts.
métacarpophalangienne du pouce
Indications
Traitement des tensions myofasciales et ligamen- Procédures viscérales
taires qui conduisent au développement et au
maintien d'une douleur métacarpophalangienne « The first essential could well be voiced in Dr. Still's often
du pouce. repeated admonition, “No jabbing” the patient with the
fingers. In other words, the approach should be one that
Procédure (figure 6.88) would not cause the tissues of the patient to resist [9]. »
(Exemple : dysfonction de l'articulation métacar-
(« Le premier impératif pourrait bien être énoncé dans
pophalangienne du pouce gauche.)
l'exhortation souvent répétée du Dr Still : “N'enfoncez
pas” vos doigts dans le patient. En d'autres termes,
l'approche doit être telle qu'elle n'entraîne aucune résis-
tance de la part des tissus du patient. »)
Avant d'appliquer les procédures de manipula-
tion viscérales décrites ci-dessous, un diagnostic
médical complet doit être obtenu. Les procédures
manipulatives ne doivent pas être appliquées sur
des régions d'instabilité structurelle, en présence
de processus inflammatoires aigus, ou de n'im-
porte quelle manière qui serait incompatible
Figure 6.88. Procédure de l'articulation avec – ou qui perturberait – la qualité des soins
métacarpophalangienne du pouce. médicaux.
158 Traitement du patient

La motilité viscérale inhérente est décrite vos doigts, dirigés postérolatéralement sur la par-
ci-dessous dans le contexte des axes cartésiens et tie inférieure du gril costal gauche du patient,
des plans cardinaux du corps. Ces descriptions contrôlent les côtes et l'hémidiaphragme
sont des simplifications réductrices de mouve- gauches. Votre main droite surveille le mouve-
ments complexes en trois dimensions, dans le but ment inhérent de l'estomac.
d'expliquer les procédures manipulatives. Faites une écoute du mouvement inhérent de
l'estomac en rotation externe ou interne. La rota-
tion externe consiste en un mouvement majeur et
Procédures gastriques deux mouvements mineurs. Le mouvement
Indications majeur est une rotation dans le plan coronal,
autour d'un axe antéropostérieur horizontal, où
Ptose ; syndrome de Glénard ; retard dans la le fundus se déplace médialement avec augmenta-
vidange gastrique, reflux gastro-œsophagien. tion de la concavité de la petite courbure de l'es-
tomac. Les mouvements mineurs sont une
Procédure en décubitus dorsal rotation dans le plan sagittal, autour d'un axe
Procédure (figure 6.89) transversal horizontal, dans laquelle le fundus se
Patient en décubitus dorsal. déplace antérieurement, et une rotation dans le
Praticien debout à côté de la table de traite- plan transversal, autour d'un axe vertical, dans
ment, du côté droit du patient, au niveau du bas- laquelle la portion latérale de la grande courbure
sin, tourné cranialement. se déplace antérieurement. Le mouvement de
Placez la paume de votre main gauche sur l'ab- rotation interne associe les déplacements oppo-
domen de telle sorte que vos doigts soient dirigés sés. Le mouvement majeur est une rotation dans
postérolatéralement sur la partie inférieure du le plan coronal où le fundus se déplace latérale-
gril costal droit du patient, et le pouce dirigé cra- ment, avec diminution de la concavité de la petite
nialement sur la partie inférieure du sternum. courbure. Les mouvements mineurs sont une
Cette main, bien que relativement passive tout rotation dans le plan sagittal, dans laquelle le fun-
au long de la procédure, est utilisé pour contrô- dus se déplace postérieurement, et une rotation
ler les côtes inférieures droites et l'hémi- dans le plan transversal, dans laquelle la portion
diaphragme droit. Placez votre main droite dans latérale de la grande courbure se déplace posté-
une position similaire à celle de votre main rieurement. Accompagnez la motilité inhérente
gauche, de sorte que votre pouce, dirigé céphali- de l'estomac, suivez les mouvements dans le sens
quement, contacte le processus xiphoïde et que de l'aisance jusqu'au point d'équilibre, et atten-
dez le relâchement.

Procédure en position assise


Procédure (figure 6.90)
Patient assis.
Praticien debout derrière le patient.
Placez vos mains de manière à ce que vos émi-
nences hypothénars soient en dessous des bords
costaux et que vos doigts soient dirigés médiale-
ment. Avec la main gauche, faites une écoute de la
position et de la motilité inhérente de l'estomac.
Accompagnez cette motilité gastrique et suivez le
mouvement de l'estomac dans le sens de la facilité,
jusqu'à l'équilibre ligamentaire et fascial et au
Figure 6.89. Procédure gastrique en décubitus dorsal. relâchement.
Chapitre 6. Procédures 159

Procédure (figure 6.91)


Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à côté de la table de traitement du
côté droit du patient, au niveau de l'abdomen.
Placez la paume de votre main gauche les doigts
dirigés médialement sur le gril costal antéro-
inférieur de l'hémithorax droit. Placez votre main
droite de sorte que le bord cubital repose juste en
dessous du bord costal ou bord inférieur du foie.
Figure 6.90. Procédure gastrique en position assise. Le bord inférieur du foie peut être délimité en
demandant au patient de respirer profondément.
Faites une écoute du mouvement inhérent du
Remarques foie en rotation externe ou interne. La rotation
Durant la recherche de l'équilibre ligamentaire et externe consiste en un mouvement majeur et deux
fascial, la procédure peut être grandement amélio- mouvements mineurs. Le mouvement majeur est
rée par la visualisation de la relation entre le une rotation dans le plan coronal, autour d'un axe
diaphragme et l'estomac. antéropostérieur horizontal, où le lobe droit se
Pour toute dysfonction gastrique, n'oubliez pas déplace caudalement. Les mouvements mineurs
le traitement des dysfonctions somatiques verté- consistent en une rotation dans le plan sagittal,
brales responsables des influences somatoviscé- autour d'un axe transversal horizontal, dans
rales sympathique (T5-T10) et parasympathique laquelle le bord antérieur du foie se déplace cauda-
(occiput-C2). lement, et en une rotation dans le plan transversal,
autour d'un axe vertical, dans laquelle la portion
latérale du foie se déplace antérieurement. Le
Procédure hépatique mouvement de rotation interne associe les dépla-
Indications cements opposés. Le mouvement majeur est une
rotation dans le plan coronal, où le lobe droit se
Conditions résultant en une congestion du foie ;
déplace cranialement. Les mouvements mineurs
dysfonction ligamentaire et fasciale du péritoine
consistent en une rotation dans le plan sagittal,
viscéral hépatique. Cette procédure est contre-indi-
dans laquelle le bord antérieur du foie se déplace
quée chez les patients atteints de cancer du foie,
cranialement, et en une rotation dans le plan trans-
après un traumatisme hépatique et une hépatite
versal, dans laquelle la portion latérale du foie se
aiguë.
déplace postérieurement.
Suivez le mouvement dans le sens de la facilité
jusqu'à l'équilibre ligamentaire et fascial et atten-
dez un relâchement. À partir du point d'équilibre,
une action de pompage, synchrone avec la moti-
lité inhérente du foie, peut être employée pour
induire une décongestion hépatique.
Remarques
Pour le pompage du foie, vous pouvez placer vos
mains dans une position alternative. Glissez une
paume, tournée vers le haut, sous le dos du patient
en dessous des côtes inférieures. L'autre main est
sur la partie antérieure du gril costal, avec le bord
cubital juste en dessous du bord costal ou bord
Figure 6.91. Procédure hépatique. inférieur du foie.
160 Traitement du patient

Une dysfonction hépatique peut également Le mouvement majeur est une rotation dans le
être améliorée par le traitement des dysfonctions plan coronal autour d'un axe antéropostérieur
somatiques affectant le niveau de la colonne ver- horizontal, où le bord supérieur de la surface
tébrale responsable des influences somatoviscé- convexe de la rate se déplace médialement. Les
rales sympathique (T6-T9) et parasympathique mouvements mineurs sont une rotation dans le
(occiput-C2). plan sagittal, autour d'un axe transversal horizon-
tal, dans laquelle le bord supérieur de la rate se
déplace antérieurement, et une rotation dans le
Procédure splénique plan transversal, autour d'un axe vertical, dans
Indications laquelle le bord antérieur de la rate se déplace
médialement. Le mouvement de rotation interne
Conditions résultant en une congestion de la rate ; associe les déplacements opposés. Le mouvement
dysfonction ligamentaire et fasciale du péritoine majeur est une rotation dans le plan coronal où le
viscéral splénique. Cette procédure est contre- bord supérieur de la rate se déplace latéralement.
indiquée chez les patients présentant un trauma- Les mouvements mineurs sont une rotation dans
tisme ou une tumeur maligne de la rate et une le plan sagittal, où le bord supérieur se déplace
splénomégalie aiguë. postérieurement, et une rotation dans le plan
Procédure (figure 6.92) transversal, où le bord antérieur se déplace
latéralement.
Patient en décubitus dorsal. Suivez les mouvements dans le sens de la facilité
Praticien assis ou debout à côté de la table de jusqu'à l'équilibre et attendez un relâchement.
traitement sur le côté gauche du patient.
Placez la paume de votre main gauche sur le Remarques
bord costal antéro-inférieur de l'hémithorax Pour un pompage splénique, vous pouvez placer
gauche, les doigts dirigés médialement. Placez la le dos de votre main droite contre le rebord costal
paume de votre main droite sous les angles des inférieur de l'hémithorax gauche, au niveau de la
neuvième, dixième, et onzième côtes. Faites une ligne axillaire moyenne, avec les doigts recourbés
écoute du mouvement inhérent de la rate. Les et reposant sur la table. Placez votre main gauche
rotations externe et interne consistent en un dans la paume de l'autre main, et pour réaliser
mouvement majeur et deux mouvements mineurs. l'action de pompage, réalisez un mouvement de
roulement de vos mains en direction médiale,
comprimant ainsi l'hémithorax à une fréquence de
une à deux compressions par seconde, dix à vingt
fois. Cette fréquence est déterminée par la com-
pliance et la réponse de l'hémithorax aux
compressions.
Une dysfonction splénique peut également être
améliorée par le traitement des dysfonctions
somatiques affectant le niveau de la colonne verté-
brale responsable des influences somatoviscérales
sympathique (T5-T12) et parasympathique
(occiput-C2).

Procédure pour la constipation


Indications
Figure 6.92. Procédure splénique. Constipation.
Chapitre 6. Procédures 161

Figure 6.94. Procédure utérine.

Praticien debout sur un côté de la table, au


niveau des cuisses du sujet.
Placez la paume de votre main caudale sous le
Figure 6.93. Procédure pour la constipation. sacrum du patient. Avec le pouce et l'index ou le
médius de votre main craniale, contactez le fond
utérin. Faites une écoute de la position et du mou-
Procédure (figure 6.93) vement inhérent de l'utérus et du sacrum.
Patient en décubitus dorsal. Normalement, la position de l'utérus reflète celle
Praticien assis ou debout du côté droit, au du sacrum. Suivez les mouvements dans le sens de
niveau de l'abdomen. la facilité jusqu'au point d'équilibre myofascial et
Placez votre main craniale sur l'abdomen au ligamentaire. Maintenez la synchronicité avec le
niveau de la fosse iliaque gauche pour palper avec les MRP jusqu'au relâchement.
doigts le côlon sigmoïde et la partie distale du côlon
descendant. Faites une écoute et visualisez le contenu
abdominal. Avec la pulpe de vos doigts, identifiez la Procédures crâniennes
zone de plus grande tension. Votre main caudale est
sur l'os coxal gauche, les doigts dirigés en arrière le Les procédures suivantes respectent les prin-
long de la crête iliaque. Faites une écoute et visuali- cipes de tenségrité, dans lesquels les mem-
sez la motilité inhérente de l'os coxal. En utilisant les branes durales représentent les éléments
principes indirects, avec les deux mains, accompa- précontraints supportant la tension, et les os,
gnez l'os coxal et le côlon vers une position d'équi- les composantes comprimées. Pour obtenir des
libre et un relâchement des tensions. résultats précis, il est nécessaire de visualiser
Remarques ces deux éléments individuellement et de faire
la différence entre les restrictions qui les
Avant d'utiliser la procédure ci-dessus, vous devez
concernent. Cela suppose l'identification de
d'abord bien identifier et traiter toute dysfonction
l'emplacement et de la profondeur de la dys-
somatique de l'os coxal, du sacrum et de la
fonction primaire. Les dysfonctions articu-
colonne lombale.
laires, bien qu'entraînant potentiellement des
dysfonctions secondaires à distance, sont loca-
Procédure utérine lisées sur le site anatomique des composantes
comprimées. En revanche, les dysfonctions
Indications
membraneuses ont une incidence sur tous les
Malposition de l'utérus ; congestion pelvienne. os sur lesquels elles sont attachées, entraînant
un schéma osseux dysfonctionnel plus global.
Procédure (figure 6.94) Cela dit, bien que vous devriez vous concen-
Patient en décubitus dorsal. trer sur l'emplacement précis de la dysfonction
162 Traitement du patient

primaire, il faut reconnaître que, par sa nature contactent l'écaille des os temporaux en avant du
même, un système tenségrital est un système pore acoustique externe, et les annulaires sont sur
holistique, et que travailler sur l'une de ses com- les os temporaux en arrière de l'oreille. Vos auri-
posantes affecte finalement toutes les parties du culaires reposent sur les angles latéraux de l'écaille
système. occipitale. Croisez les pouces au-dessus de la
Avant d'appliquer l'une des procédures crâ- suture sagittale sans toucher le crâne. Faites une
niennes décrites ci-dessous, un diagnostic médical écoute du schéma des membranes et de leur
complet doit être obtenu. Les procédures mani- motilité. Suivez les mouvements dans la direction
pulatives ne doivent pas être appliquées dans les de la facilité. Utilisez les forces inhérentes du
régions d'un traumatisme, de processus inflamma- MRP jusqu'au relâchement. À ce stade, une coo-
toires aigus, de compromis circulatoire, ou de pération respiratoire spontanée du patient se pro-
n'importe quelle manière qui serait incompatible duit souvent avec une profonde inspiration. Si
avec – ou qui perturberait – la qualité des soins cela ne se produit pas, ou si la libération est
médicaux. incomplète, demandez au patient de respirer pro-
fondément, en inspirant le plus longtemps pos-
sible pour faciliter le relâchement d'un schéma
Normalisations globales des craniosacral dysfonctionnel de flexion-rotation
membranes intracrâniennes externe, ou en expirant pour une extension-
Indications rotation interne.

Dysfonction crânienne ; congestion des sinus vei- Prise fronto-occipitale (figure 6.96)
neux intracrâniens, normalisation de la fluctuation
Patient en décubitus dorsal.
du liquide cérébrospinal, ce qui peut contribuer
Praticien assis à côté de la table.
aux fonctions cérébrales, thalamiques, hypothala-
Placez une main transversalement sous l'occiput
miques et hypophysaires.
tandis que l'autre main repose en avant sur l'os
frontal de telle manière que la pulpe de votre
Prise par la voûte (figure 6.95)
pouce soit sur le sommet d'une aile sphénoïdale,
Patient en décubitus dorsal. et la pulpe de votre médius sur le sommet de
Praticien assis à la tête de la table. l'autre aile. Visualisez et faites une écoute des
Placez une main de chaque côté du crâne afin membranes intracrâniennes, et accompagnez les
que la pulpe de vos index soit sur la partie supé- mouvements dans la direction de la facilité comme
rieure des grandes ailes du sphénoïde. Vos médius cela est décrit ci-dessus.

Figure 6.95. Prise par la voûte. Figure 6.96. Prise fronto-occipitale.


Chapitre 6. Procédures 163

Normalisation contrôler le sphénoïde. Cela vous permet de


de la tente du cervelet concentrer votre attention sur les portions et
expansions antérieures de la tente du cervelet, en
Indications particulier le diaphragme de la selle et sur le toit et
Normalisation de la tente du cervelet ; normali- les parois des loges latérosellaires qui ont des rap-
sation des parois et du contenu de la loge laté- ports étroits avec le sphénoïde, les nerfs oculomo-
rosellaire ; contribution au drainage des sinus teurs (III), trochléaires (IV), trijumeaux (V) et
caverneux. abducens (VI).

Procédure (figure 6.97)


Patient en décubitus dorsal.
Normalisation globale
Praticien assis à la tête de la table. de la base crânienne
Prenez une prise temporale bilatérale. Les Indications
pouces et les index sont respectivement au-dessus
et au-dessous des processus zygomatiques. Vos Dysfonctions myofasciales cervicales affectant le
médius sont en contact avec les pores acoustiques pharynx, la déglutition et la respiration (y compris
externes, vos annulaires sont sur la pointe des pro- l'apnée du sommeil) ; dysfonction de l'articulation
cessus mastoïdes, et les auriculaires sur l'occiput temporomandibulaire (ATM).
en arrière de l'astérion. Visualisez et faites une
écoute de la tente du cervelet et des mouvements Procédure (figure 6.98)
des os temporaux. Accompagnez les mouvements Patient en décubitus dorsal.
dans le sens de l'aisance, et utilisez les forces inhé- Praticien assis à la tête de la table.
rentes du MRP jusqu'au relâchement. Placez une main sous l'occiput. Avec l'autre main
empaumez la mandibule. Visualisez et faites une
Remarques écoute des mouvements de l'occiput par rapport à
En déplaçant les pouces sur les faces latérales des la colonne cervicale. Ensuite, visualisez les ATM et
grandes ailes du sphénoïde, vous pouvez aussi faites une écoute des mouvements des condyles

Figure 6.97. Normalisation de la tente du cervelet. Figure 6.98. Normalisation globale de la base
crânienne.
164 Traitement du patient

dans les fosses mandibulaires. Accompagnez gauche). Accompagnez ces mouvements dans la
l'occiput et la mandibule dans une position de position de la plus grande aisance. Ensuite, faites
tension myofasciale et ligamentaire équilibrée. une écoute de la relation entre l'occiput et les os
Suivre les mouvements intraosseux de l'occiput et temporaux et, en utilisant les index, suivez les os
de la mandibule vous permettra d'améliorer l'effica- temporaux dans leur position d'aisance.
cité de cette procédure. Attendez un relâchement. Employez la motilité inhérente du MRP pour
obtenir la normalisation. Dans les cas chroniques,
la libération de la dysfonction peut être facilitée
Normalisation de la base
en utilisant une action de pompage.
crânienne postérieure
Indications Remarques
Vous devez être extrêmement délicat lors de l'exé-
Dysfonction entre l'occiput et l'atlas, et entre l'oc-
cution de cette procédure, afin d'éviter des effets
ciput et les os temporaux ; dysfonction au niveau
indésirables tels que nausées, vomissements ou
du foramen jugulaire résultant en syndromes de
maux de tête, qui s'expliquent par les rapports du
compression des nerfs crâniens (IX, X, XI) et de
foramen jugulaire.
congestion intracrânienne ; stase au niveau du
foramen hypoglosse résultant en dysfonction du
nerf hypoglosse (XII) ; dysfonctions myofasciales Procédures de la synchondrose
cervicales affectant le pharynx, la déglutition et la sphénobasilaire
respiration (y compris l'apnée du sommeil).
Indications
Procédure (figure 6.99)
Schémas dysfonctionnels de la base du crâne et
Patient en décubitus dorsal. des membranes secondaires à une dysfonction de
Praticien assis à la tête de la table. la synchondrose sphénobasilaire (SSB).
Placez vos mains sous l'occiput de telle manière
que les annulaires et auriculaires contactent Prise par la voûte
l'écaille de l'occipital. La pulpe de vos médius est
au niveau de l'arc postérieur de C1, vos index Procédure (figure 6.100)
sont sur les processus mastoïdes, et vos pouces Patient en décubitus dorsal.
reposent sur les côtés de la tête. Faites une écoute Praticien assis à la tête de la table.
et identifiez les mouvements de la charnière occi- Vos mains contactent bilatéralement les par-
pito-atlantale (flexion/extension, inclinaison ties latérales du crâne afin de placer la pulpe de
latérale droite/gauche et rotation droite/ vos index sur la portion latérale des grandes ailes

Figure 6.99. Normalisation de la base crânienne


postérieure. Figure 6.100. Prise par la voûte.
Chapitre 6. Procédures 165

du sphénoïde. Vos médius contactent l'écaille Prise en berceau


des os temporaux en avant du pore acoustique Procédure (figure 6.102)
externe et les annulaires reposent sur les os tem-
poraux en arrière de l'oreille. Vos auriculaires Patient en décubitus dorsal.
sont sur les angles latéraux de la partie squa- Praticien assis à la tête de la table.
meuse de l'occiput. Croisez les pouces au-dessus Placez vos mains de chaque côté de la tête de
de la suture sagittale sans toucher le crâne. sorte que la pulpe de vos index, médius et annu-
Visualisez et faites une écoute de la SSB. Utilisez laires soit en contact avec les parties latérales de
les principes des procédures indirectes et accom- l'écaille de l'occipital. Contactez bilatéralement
pagnez les mouvements identifiés. Utilisez les les grandes ailes du sphénoïde avec la face latérale
forces inhérentes du MRP jusqu'à la normalisa- de la phalange distale de vos pouces. Faites une
tion. Si besoin, faites un pompage de la SSB au écoute de la SSB. Utilisez les forces inhérentes du
rythme du MRP. MRP et accompagnez les mouvements identifiés
jusqu'au point de tension membraneuse équili-
Prise fronto-occipitale brée et au relâchement.
Procédure (figure 6.101) Remarques
Patient en décubitus dorsal. Les trois procédures décrites ci-dessus visent à
Praticien assis sur un côté à la tête de la table. normaliser une dysfonction de la SSB. Cependant,
Placez une main transversalement sous l'oc- il faut reconnaître que la SSB est fusionnée chez la
ciput. Placez l'autre paume transversalement majorité des individus vers le milieu de la troi-
sur l'os frontal, de telle sorte que la pulpe de sième décennie de la vie. Une dysfonction de la
vos pouce et médius contacte bilatéralement la SSB chez les patients âgés peut être considérée
face latérale des grandes ailes du sphénoïde. comme une dysfonction intraosseuse de la base du
Visualisez et faites une écoute de la SSB. crâne. Les dysfonctions de la SSB peuvent influen-
Utilisez les principes des procédures indirectes cer les dysfonctions somatiques de tout le corps.
et accompagnez les mouvements identifiés. Là Le fait d'encourager les tissus crâniens à se dépla-
encore, vous pouvez faire un pompage de la cer vers leur position d'aisance tenségritale – si ce
SSB au rythme du MRP, jusqu'au relâchement n'est d'y arriver totalement – facilite la libération
des tensions. des dysfonctions des régions adjacentes, ainsi que
de celles situées à distance. Cette région peut aussi
être traitée pour améliorer les mouvements flui-
diques dans le crâne et dans les foramens de la
base crânienne.

Figure 6.101. Prise fronto-occipitale. Figure 6.102. Prise en berceau.


166 Traitement du patient

Dans ces différentes prises, les points de contact


sur le crâne sont éloignés de la SSB. Aussi, l'erreur
fréquemment commise consiste à palper le mou-
vement superficiel du crâne membraneux, et à
penser que ce qui est perçu est le mouvement de
la SSB. Une connaissance approfondie de l'anato-
mie est nécessaire pour visualiser et concentrer son
attention sur la SSB.
Lors du traitement de dysfonctions crâniennes,
il est toujours opportun de laisser les patients
dans leur position de plus grand confort pour
promouvoir un équilibre myofascial et ligamen-
taire. Normalement, le patient prend spontané-
ment cette position. Une habitude fréquente
consiste à commencer le traitement en redres-
sant le cou du patient et en alignant la tête sur la
ligne médiane de la table. Cette erreur peut
créer des informations palpatoires parasites s'il
existe des dysfonctions somatiques au niveau
vertébral. Figure 6.103. Normalisation bilatérale des temporaux.
Accordez une attention particulière aux dys-
fonctions de la région cervicothoracique. Il est cervelet affectant le contenu de la loge latérosel-
conseillé de traiter ces dysfonctions avant laire (sinus caverneux, artère carotide interne,
d'aborder les dysfonctions crâniennes. Toutefois, III, IV, V1, VI).
si cela n'est pas possible, laissez le patient dans sa
position d'aisance (habituellement avec une Procédure (figure 6.103)
inclinaison et une rotation de la tête), ce qui Patient en décubitus dorsal.
limite la perception d'informations parasites. La Praticien assis à la tête de la table.
normalisation crânienne et un relâchement glo- Positionnez vos mains bilatéralement sur les os
bal des tissus sont grandement facilités en lais- temporaux, de telle sorte que vos pouces et index
sant le patient dans sa position de confort soient respectivement au-dessus et au-dessous des
optimal durant le traitement. Aussi, pensez à processus zygomatiques. Vos médius sont au niveau
tenir compte de la partie inférieure du corps et des pores acoustiques externes. Vos annulaires
de la position du sacrum. Demandez au patient contactent la pointe des processus mastoïdes et vos
de fléchir ou d'étendre une ou les deux jambes. auriculaires, la partie supérieure des portions mas-
La flexion de la jambe facilite le recul de la base toïdiennes. Faites une écoute et accompagnez les
sacrale ipsilatérale, alors que l'extension favorise mouvements avec l'aide des forces inhérentes du
son avancée. MRP, jusqu'au point de tension membraneuse
équilibrée et à la normalisation.

Normalisation bilatérale Remarques


des temporaux Magoun déclara : « With an external rotation
lesion of the temporal, the (pharyngotympanic)
Indications
tube may be held continuously open, and the patient
Dysfonction de l'os temporal ; dysfonction vesti- complains of a low-pitched roar. With internal
bulaire ; dysfonction de la trompe auditive (trompe rotation, it may be held closed, accompanied by
d'Eustache) avec maux de tête, acouphènes et high-pitched humming or buzzing [10] » (« Avec
déficience auditive ; dysfonction de la tente du une dysfonction de rotation externe du temporal,
Chapitre 6. Procédures 167

la trompe (pharyngotympanique) peut être main- Procédure (figure 6.104)


tenue continuellement ouverte, et le patient se Patient en décubitus dorsal.
plaint d'un mugissement dans les graves. Avec la Praticien assis à la tête de la table.
rotation interne, elle peut être maintenue fermée, Placez une main transversalement sous l'occi-
avec un bourdonnement ou un bruit dans les put, avec la pulpe des index, médius et annulaire
aigus. ») contactant l'écaille occipitale, en dedans de la
Lorsque les os temporaux sont en rotation suture OM, du côté de la dysfonction. L'autre
externe, les méats acoustiques sont plus grands, main est placée sur l'os temporal, avec le pouce et
alors qu'ils sont plus petits en présence d'une rota- l'index au-dessus et en dessous du processus
tion interne. En faisant une écoute des tissus des zygomatique. Le médius est au niveau du pore
méats acoustiques avec vos médius, dans la posi- acoustique externe, l'annulaire sur la pointe du
tion décrite ci-dessus, vous percevez un mouve- processus mastoïde, et l'auriculaire sur la portion
ment qui correspond généralement au schéma de mastoïdienne. Faites une écoute des mouve-
rotation interne/externe des os temporaux. ments de l'occiput et du temporal. En utilisant
Accompagner les tissus des méats acoustiques vers les principes indirects, accompagnez les mouve-
un point de tension équilibrée peut faciliter la nor- ments dysfonctionnels jusqu'au point de tension
malisation de la membrane tympanique, et par membraneuse et myofasciale équilibrée. Dans les
l'intermédiaire de sa relation avec les osselets, cas chroniques, employez les forces inhérentes
potentiellement améliorer la transmission du son du MRP pour faire un pompage de la suture
par l'oreille moyenne. jusqu'à la normalisation.
Visualisez l'oreille interne, et accompagnez
les forces inhérentes du MRP pour normaliser
les parties pétreuses des os temporaux et contri- Normalisation pétro-occipitale
buer à la circulation de la périlymphe et de
l'endolymphe. Indications
Dysfonction de la suture pétro-occipitale affectant
les foramens jugulaire et déchiré et leurs conte-
Normalisation de la suture nus ; dysfonctions du pharynx et du palais mou,
occipitomastoïdienne comme dans l'apnée du sommeil ; déficience
Indications auditive.
Dysfonction de la suture occipitomastoïdienne Procédure
(OM) affectant le foramen jugulaire et son Patient en décubitus dorsal.
contenu, souvent le résultat d'une chute sur l'ar- Praticien assis à la tête de la table.
rière de la tête. Placez vos mains comme décrit ci-dessus pour
la normalisation de la suture occipitomastoï-
dienne. Visualisez la suture pétro-occipitale, l'oc-
ciput et la partie pétreuse de l'os temporal, sa
position et son mouvement. Normalement, le
bord postérieur de la partie pétreuse monte pen-
dant la flexion-rotation externe crânienne et des-
cend au cours de l'extension-rotation interne.
Utilisez les principes des procédures indirectes et
accompagnez les mouvements dysfonctionnels
jusqu'au point de tension membraneuse et myo-
fasciale équilibrée. Si nécessaire, employez les
Figure 6.104. Normalisation de la suture forces inhérentes du MRP pour faire un pom-
occipitomastoïdienne. page de la suture jusqu'à la normalisation.
168 Traitement du patient

Remarques Remarques
Normalement, la suture pétro-occipitale ne s'ossi- Dans le cas d'une dysfonction affectant une suture
fie pas et devrait donc contribuer à la motilité de particulière, une procédure spécifique, parmi
la base crânienne chez tous les individus. Cette celles décrites ci-dessous, peut être nécessaire.
suture s'ossifie parfois, et cette ossification sur-
vient chez les hommes d'âge mûr qui présentent Procédure sphénotemporale
une surdité de transmission liée à l'âge [11].
Indications

Procédure sphénoïdale Dysfonction de la tente du cervelet affectant le


contenu de la loge latérosellaire (sinus caver-
Indications neux, artère carotide interne, III, IV, V1, VI) ;
Dysfonction de la base du crâne et dysfonction dysfonction de la synchondrose sphénopétreuse
membraneuse secondaire à une dysfonction de la affectant le foramen déchiré et son contenu ;
SSB ; dysfonctions oculaires, dysfonctions orofa- dysfonction de la suture sphénosquameuse ;
ciales ; dysfonction de l'axe hypothalamo- dysfonction du pharynx et du palais mou,
hypophyso-surrénalien ; dysfonction des voies comme dans l'apnée du sommeil et dans les
respiratoires supérieures. troubles des voies aériennes supérieures ; dys-
fonction de la trompe auditive (trompe d'Eus-
tache) ; dysfonction oculaire ; dysfonction de
Procédure (figure 6.105)
l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien.
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table. Procédure (figure 6.106)
Vos mains contactent bilatéralement les parties Patient en décubitus dorsal.
latérales du crâne afin que la pulpe de vos index ou Praticien assis à la tête de la table.
médius soit sur la partie latérale des grandes ailes Placez la partie latérale de la pulpe de vos pouces
du sphénoïde. Notez que la première sensation sur la face latérale des grandes ailes du sphénoïde.
perçue reflète le mouvement des grandes ailes et Avec les autres doigts, contactez les os temporaux,
pas nécessairement celui des autres régions du de telle sorte que vos index soient sur le bord infé-
sphénoïde. Faites une écoute de la motilité inhé- rieur des processus zygomatiques, vos médius au
rente du sphénoïde. La visualisation est utile pour niveau des pores acoustiques externes, vos annu-
définir quelle partie du sphénoïde est dysfonction- laires sur les extrémités des processus mastoïdes, et
nelle. Accompagnez le sphénoïde dans le sens de vos auriculaires sur les portions mastoïdiennes.
la facilité jusqu'au point de tension membraneuse Visualisez la relation entre les os temporaux et le
et myofasciale équilibrée, et en utilisant les forces sphénoïde, avec une attention particulière pour les
inhérentes du MRP, jusqu'à la normalisation. loges latérosellaires, et le diaphragme de la selle.

Figure 6.105. Procédure sphénoïdale. Figure 6.106. Procédure sphénotemporale.


Chapitre 6. Procédures 169

Faites une écoute pour identifier toute dysfonc- Palpez bilatéralement la suture sphénosqua-
tion articulaire et/ou membraneuse dans la meuse de manière à ce que la pulpe de vos index
région. Accompagnez les mouvements du sphé- contacte les grandes ailes du sphénoïde et vos
noïde et de chaque os temporal, jusqu'au point médius l'écaille des os temporaux, en arrière de la
d'équilibre membraneux et articulaire et jusqu'à la suture. Faites une écoute et identifiez le mouve-
normalisation. ment présent au niveau de la suture. En utilisant
les principes indirects, accompagnez les mouve-
Remarques ments dans le sens de l'aisance, jusqu'à l'équilibre
Il existe une relation tenségritale entre les quatre membraneux et myofascial, et la normalisation.
zones que vous contactez, i. e. bilatéralement, les Remarques
grandes ailes avec vos pouces et les os temporaux
avec les autres doigts. Dans des circonstances de Une dysfonction unilatérale peut être traitée en
fonctionnement optimal, le centre de l'équilibre utilisant le « V spread ». Les doigts du côté dys-
tenségrital entre ces quatre zones devrait être au fonctionnel sont placés sur la suture sphénosqua-
niveau de la selle turcique, du diaphragme de la meuse comme décrit ci-dessus afin de recevoir la
selle, avec de part et d'autre les loges latérosellaires. potentialisation induite par le MRP. Un ou deux
Vos index peuvent être positionnés soit au-des- doigts de l'autre main contactent légèrement le
sous des processus zygomatiques pour accompa- crâne, si possible, sur le point contralatéral le plus
gner la rotation interne des os temporaux, soit éloigné de la dysfonction pour induire l'impulsion
au-dessus pour accompagner la rotation externe. du MRP en direction de la dysfonction. Tout en
Les loges latérosellaires contiennent une grande respectant le MRP, employez doucement une
quantité de fluides, souvent responsables d'une action de pompage au niveau de la suture dysfonc-
stase affectant potentiellement les III, IV, V1, VI. tionnelle pour renforcer la puissance du MRP et
faciliter la normalisation.
La suture sphénosquameuse est significative-
Procédure sphénosquameuse ment affectée par le muscle temporal et les
troubles occlusaux qui, si présents, doivent être
Indications traités.
Céphalées de tension ; tension des muscles tempo-
raux ; drainage des sinus veineux intracrâniens. Procédure sphénofrontale
Procédure (figure 6.107) Indications
Patient en décubitus dorsal. Dysfonctions oculaires ; céphalées frontales ; sinu-
Praticien assis à la tête de la table. sites ; dysfonctions maxillofaciales et orales.

Figure 6.107. Procédure sphénosquameuse. Figure 6.108. Procédure sphénofrontale.


170 Traitement du patient

Procédure (figure 6.108) normalisation. En cas de dysfonction chronique,


Patient en décubitus dorsal. cette procédure peut être complétée par un pom-
Praticien assis à la tête de la table. page synchrone avec le MRP.
Bilatéralement, placez vos mains de telle
Remarques
façon que la pulpe de vos médius contacte les
grandes ailes du sphénoïde et la pulpe de vos Typiquement, un zygoma est en rotation externe
index contacte les processus zygomatiques des et l'autre en rotation interne. Cette asymétrie est
os frontaux. Faites une écoute du mouvement souvent associée à une torsion ou à un sidebending
entre les os frontaux et le sphénoïde. En utili- rotation de la SSB. Toutefois, vous devez évaluer
sant les principes indirects, accompagnez les la qualité du mouvement avec attention. S'il existe
mouvements dans le sens de la facilité et de la une différence qualitative du mouvement entre les
normalisation. deux côtés, en plus de l'asymétrie, vous avez de
fortes chances de trouver une dysfonction zygo-
matique du côté le plus restreint. Dans ce cas, la
Procédure zygomatique dysfonction doit être précisée et traitée (sphéno-,
fronto-, temporo-, maxillozygomatique, ou une
Indications combinaison de ces articulations).
Dysfonction de l'os zygomatique ; dysfonction des
voies aériennes supérieures ; troubles oculaires ;
troubles dentaires. Procédure sphénozygomatique
Indications
Procédure (figure 6.109)
Patient en décubitus dorsal. Dysfonction entre l'os sphénoïde et les os zygo-
Praticien assis à la tête de la table. matiques ; dysfonctions oculaires ; dysfonctions
Placez vos mains bilatéralement sur les os zygo- sinusales.
matiques de telle sorte que vos index contactent
Procédure (figure 6.110)
les bords orbitaires et vos médius les bords massé-
térins. Faites une écoute des mouvements et suivez- Patient en décubitus dorsal.
les dans leurs positions d'aisance jusqu'à la Praticien assis à la tête de la table.
Placez les faces latérales de vos pouces en
contact avec les grandes ailes du sphénoïde et vos
index et médius respectivement sur les bords orbi-
taires et massétérins des zygomas. Faites une

Figure 6.109. Procédure zygomatique. Figure 6.110. Procédure sphénozygomatique.


Chapitre 6. Procédures 171

écoute des mouvements de l'os sphénoïde et des jusqu'à la normalisation. Si nécessaire, employez
zygomas, en notant leur motilité inhérente et leur les forces inhérentes du MRP et faites un pom-
relation. Suivez le mouvement dans le sens de la page pour induire le relâchement.
facilité jusqu'à la normalisation.
Remarques
Anecdotiquement, il a été observé que les dysfonc-
Procédure frontale tions frontales peuvent être associées à des pro-
Indications blèmes cognitifs. Cette procédure est très relaxante
et est souvent appréciée par le patient. Toute dys-
Dysfonction du viscérocrâne incluant les troubles fonction frontale doit être traitée efficacement
oculaires et ceux des cavités nasales ; maux de tête ; avant d'aborder les dysfonctions de la face.
congestion lymphatique et veineuse du visage ;
dysfonction de la faux du cerveau.
Procédures frontozygomatiques
Procédure (figure 6.111)
Indications
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table. Dysfonctions du viscérocrâne comme dans les dys-
Placez la pulpe de vos index sur la suture méto- fonctions oculaires et des cavités nasales ; maux de
pique, au niveau de l'ophryon (au-dessus de la tête ; congestion faciale lymphatique.
glabelle). La pulpe de vos médius et annulaire doit
reposer bilatéralement sur les arcades sourcilières Procédure unilatérale
et les processus zygomatiques de l'os frontal. Procédure (figure 6.112)
Faites une écoute, notez la motilité inhérente du
MRP et la présence de restriction. Accompagnez Patient en décubitus dorsal.
les mouvements en utilisant les principes indirects Praticien assis à la tête de la table, du côté
opposé à la dysfonction.
Placez le pouce et l'index de votre main craniale
de chaque côté du processus zygomatique de l'os
frontal, et le pouce et l'index de votre main cau-
dale de chaque côté du processus frontal de l'os
zygomatique. Faites une écoute et, en utilisant les
principes indirects, accompagnez les mouvements
dans le sens de la facilité. Attendez un relâche-
ment. Si nécessaire, employez les forces inhérentes
du MRP pour faire doucement un pompage et
faciliter la normalisation.

Figure 6.111. Procédure frontale. Figure 6.112. Procédure frontozygomatique.


172 Traitement du patient

Procédure bilatérale
Procédure (figure 6.113)
Pour traiter une dysfonction frontozygomatique
bilatérale, votre main croniale, doit être placée
transversalement sur l'os frontal, de telle sorte que
la pulpe de vos pouce et index contacte bilatérale-
ment la face latérale des processus zygomatiques
de l'os frontal. Le pouce, l'index et le médius de
votre main caudale contactent bilatéralement les
os zygomatiques. Faites une écoute et normalisez
comme ci-dessus.

Procédures de la voûte
Normalisation de la suture coronale
Indications Figure 6.114. Normalisation de la suture coronale.

Dysfonction de la suture coronale ; congestion


intracrânienne secondaire à une diminution de la vers l'arrière, alors que les parties latérales de l'os
réabsorption du liquide cérébrospinal et du drai- frontal se déplacent latéralement et légèrement
nage veineux intracrânien. vers l'avant. L'inverse se produit lors de l'expira-
tion craniosacrale (extension-rotation interne).
Procédure (figure 6.114)
Identifiez et suivez les mouvements dysfonction-
Patient en décubitus dorsal. nels dans le sens de la facilité. Utilisez les forces
Praticien assis à la tête de la table. inhérentes du MRP pour faire un pompage et faci-
Croisez les pouces et placez-les autant que pos- liter le relâchement.
sible en avant, et de chaque côté de la suture sagit-
tale. Placer la pulpe de vos index et médius en Normalisation de la suture lambdoïde
avant de la suture coronale, en contact avec les Indications
parties latérales de l'os frontal. Faites une écoute
des mouvements de la suture. Pendant l'inspira- Dysfonction de la suture lambdoïde ; congestion
tion craniosacrale (flexion-rotation externe), la intracrânienne secondaire à une diminution de la
partie médiale des os pariétaux, sur laquelle vous
avez les pouces, descend et se déplace légèrement

Figure 6.113. Procédure frontozygomatique bilatérale. Figure 6.115. Normalisation de la suture lambdoïde.
Chapitre 6. Procédures 173

réabsorption du liquide cérébrospinal et du drai-


nage veineux intracrânien.

Procédure (figure 6.115)


Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table.
Croisez les pouces et placez-les autant que pos-
sible en arrière, et de chaque côté de la suture
sagittale. Placez la pulpe de vos médius, annulaires
et auriculaires en arrière de la suture lambdoïde,
pour contacter les parties latérales de l'écaille occi-
pitale. Faites une écoute des mouvements de la
suture. Pendant l'inspiration craniosacrale (flexion- Figure 6.116. Procédure pariétale.
rotation externe), la partie médiale des os parié-
taux, sur laquelle vous avez les pouces, descend et Vos mains contactent bilatéralement les parties
se déplace latéralement et postérieurement, pen- latérales du crâne afin que la pulpe de vos doigts
dant que les parties latérales de l'occiput se soit sur les bords latéraux des os pariétaux. Croisez
déplacent latéralement et en arrière. L'inverse se vos pouces au-dessus de la suture sagittale sans
produit lors de l'expiration craniosacrale (exten- toucher le crâne. Faites une écoute du mouvement
sion-rotation interne). Identifiez et accompagnez des os pariétaux et du MRP. Utilisez les principes
les mouvements dysfonctionnels dans le sens de la des procédures indirectes et accompagnez les
facilité. Utilisez les forces inhérentes du MRP pour mouvements identifiés. Si nécessaire, faites un
faire un pompage et faciliter le relâchement. pompage des pariétaux avec la contribution des
forces inhérentes du MRP, jusqu'au relâchement.
Remarques
Dans la plupart des cas, les bords antérieurs et Remarques
postérieurs des os pariétaux ont le même biseau- Par le fait que vous ne contactez que les os parié-
tage, avec un biseau à table externe médialement taux, ce placement des mains vous permet de vous
et un biseau à table interne latéralement. Les concentrer sur les impulsions rythmiques du MRP
bords correspondant des os frontal et occipital sans être distrait par les mouvements complexes
démontrent des biseautages inverses, i. e. à table de plusieurs os. Vous pouvez utiliser la même
interne médialement et à table externe latérale- position pour appliquer les principes de la com-
ment. Pour désengager un os par rapport à l'autre, pression du quatrième ventricule (CV4) afin
le contact doit être sur le côté de la suture qui est d'améliorer la puissance du MRP (voir ci-dessous,
à table externe. Compression du quatrième ventricule, p. 179).

Procédure pariétale
Indications
Procédure faciale
Indications
Dysfonction pariétale ; céphalées de tension ;
congestion intracrânienne secondaire à une dimi- Dysfonctions orbitaires ; troubles oculaires ; dys-
nution de la réabsorption du liquide cérébrospinal fonctions respiratoires supérieures ; dysfonctions
et du drainage veineux intracrânien. maxillofaciales et orales.

Procédure (figure 6.116) Procédure (figure 6.117)


Patient en décubitus dorsal. Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis à la tête de la table. Praticien assis à la tête de la table.
174 Traitement du patient

Figure 6.118. Procédure orbitaire globale.

supérieure affectant son contenu ; dysfonction des


muscles extraoculaires.

Procédure (figure 6.118)


(Exemple : cavité orbitaire gauche.)
Patient en décubitus dorsal, les yeux fermés.
Praticien assis à la tête de la table.
Placez votre main droite sur l'os frontal de
telle manière que la pulpe de votre médius
Figure 6.117. Procédure faciale.
contacte le processus maxillaire gauche de l'os
frontal, et que la pulpe de votre index repose sur
Placez vos mains sur le visage du patient avec l'arcade sourcilière. La pulpe de vos index et
la pulpe de vos pouces sur l'ophryon (au-dessus médius gauches sont respectivement sur les bords
de la glabelle). Placez la pulpe de vos index sur orbitaire et massétérin de l'os zygomatique.
les os nasaux. Vos médius reposent sur le corps Faites une écoute de la motilité inhérente de l'or-
des maxillaires, et vos annulaires et auriculaires bite. Suivez ce mouvement, et employez les
sur les zygomas. Faites une écoute et visualisez forces du MRP pour réaliser un pompage
les mouvements entre les os frontaux, maxillaires jusqu'au relâchement.
et zygomatiques. Suivez ces mouvements en res-
pectant la relation entre chacun de ces os. En Remarques
utilisant les principes des procédures indirectes Le diamètre de l'orbite est défini par une ligne
et les forces inhérentes du MRP, accompagnez le reliant les angles supéromédial et inférolatéral de
mouvement des os jusqu'à la position d'équi- l'orbite. Dans cette procédure, le pompage contri-
libre et la normalisation. Si nécessaire, employez bue à l'augmentation et à la diminution du dia-
les forces inhérentes du MRP pour faire un mètre orbitaire.
pompage.
Procédure oculaire
Procédures oculaires Indications

Procédure orbitaire globale Tension des muscles intra- et extraoculaires ; stase


fluidique intraoculaire pouvant contribuer au
Indications
glaucome chronique (note : le glaucome aigu est
Congestion des veines orbitaires ; stase fluidique une urgence nécessitant une attention médicale
intraoculaire ; dysfonction de la fissure orbitaire immédiate).
Chapitre 6. Procédures 175

Figure 6.119. Procédure oculaire. Figure 6.120. Normalisation bilatérale des globes
oculaires.
Procédure (figure 6.119)
Patient en décubitus dorsal, les yeux fermés. l'autre main peut être sur l'os identifié. Dans la
Praticien assis à la tête de la table. figure 6.121., l'os frontal est l'os considéré.
Placez la pulpe de vos index sur le globe ocu-
laire du patient de telle sorte qu'ils reposent dou- Normalisation des fluides intraoculaires
cement sur la sclérotique de chaque côté de la Indications
cornée. Palpez le globe oculaire et faites une
Stase des fluides intraoculaires pouvant contribuer
écoute, en identifiant les tensions entre le globe
entre autres au glaucome chronique (note : le
oculaire et une des portions de la cavité orbitaire
glaucome aigu est une urgence nécessitant une
(frontal, sphénoïde, zygomatique et maxillaire).
attention médicale immédiate).
En employant les principes des procédures indi-
rectes, suivez le mouvement du globe oculaire
dans une position d'équilibre myofascial et atten-
dez le relâchement.

Remarques
Le test d'écoute et la normalisation des globes
oculaires peuvent être effectués en plaçant bilaté-
ralement le bout des doigts et des pouces sur les
globes oculaires de manière à pouvoir palper la
sclérotique autour de la cornée (figure 6.120).
Dans le cas où vous sentiriez une tension impor-
tante entre le globe oculaire et l'un des os de l'or-
bite, une main peut rester sur le globe oculaire, et Figure 6.121. Normalisation oculo-orbitaire.
176 Traitement du patient

Procédures
temporomandibulaires
Indications
Dysfonction de l'ATM se manifestant souvent par
des douleurs articulaires, une malocclusion, des
maux de tête, des douleurs de l'oreille, des ver-
tiges, des douleurs cervicales et un déséquilibre
postural.
Lors du traitement des dysfonctions de l'ATM,
vérifiez que le patient a eu une évaluation dentaire
complète avec une recherche de dysfonction
occlusale.

Procédure frontomandibulaire
Procédure (figure 6.123)
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis sur le côté de la table de
traitement.
Placez une main sur l'os frontal de telle
Figure 6.122. Normalisation des fluides intraoculaires.
manière que votre pouce et votre médius soient
sur les grandes ailes du sphénoïde. Avec l'autre
Procédure (figure 6.122) main, empaumez la mandibule du patient. Faites
Patient en décubitus dorsal, les yeux fermés. une écoute des mouvements entre la mandibule
Praticien assis à la tête de la table. et le crâne. Suivez ces mouvements dans le sens
Placez la pulpe de vos index sur le globe oculaire de la facilité jusqu'à l'équilibre ligamentaire et
du patient de telle sorte qu'ils reposent très légère- myofascial optimal et au relâchement des
ment sur la sclérotique, sur des côtés opposés de la tensions.
cornée. Palpez le globe oculaire et faites une
Remarques
écoute, en comparant la tension ressentie par
chaque doigt. Répétez cette procédure, en dépla- Le shénoïde et la mandibule sont unis par de
çant les doigts autour de la sclérotique pour identi- nombreuses structures myofasciales et ligamen-
fier les zones de tension. Commencez le traitement taires. Très souvent, vous aurez une sensation de
sur les zones de moindre tension, en suivant la torsion entre les deux mains.
motilité inhérente du globe oculaire. L'amélioration
de cette motilité peut être accomplie avec une pro-
cédure de pompage très doux, en suivant le mouve-
ment entre vos deux doigts, jusqu'à l'équilibre et
une augmentation de l'amplitude. Poursuivez la
procédure en déplaçant vos doigts vers une nou-
velle position et répétez le processus jusqu'à ce que
tous les points de la circonférence du globe oculaire
soient équilibrés, et la motilité optimisée.

Remarques
Cette procédure doit être effectuée après la procé-
dure oculaire décrite ci-dessus. Figure 6.123. Procédure frontomandibulaire.
Chapitre 6. Procédures 177

Le visage du patient est très sensible aux sti- articulation est très sophistiquée, ce qui requiert
muli tactiles. Vous devez donc utiliser le tou- une extrême délicatesse durant toute la
cher le plus léger possible pour assurer le procédure.
confort du patient et éviter anxiété et réactions Lors de l'écoute de l'ATM, il est recommandé
de défense. Cela revêt une importance particu- de visualiser le disque articulaire. Les dysfonc-
lière lors du traitement des dysfonctions de tions peuvent se produire entre le disque et le
l'ATM, car les situations stressantes sont fré- condyle mandibulaire ou, plus souvent, entre le
quemment associées à la crispation des muscles disque et la fosse mandibulaire. Lors du traite-
masticateurs. ment de ces dysfonctions, il convient d'établir
Le fait de suivre le MRP induit souvent une une unité fonctionnelle entre la fosse mandibu-
relaxation du patient qui facilite la normalisation. laire et le disque dans le cas d'une dysfonction
disque/condyle ou entre le condyle et le disque
Procédure pour l'articulation dans le cas d'une dysfonction disque/fosse
temporomandibulaire mandibulaire.
Procédure (figure 6.124)
Procédure bilatérale
(Exemple : dysfonction de l'ATM droite.) Procédure (figure 6.125)
Patient en décubitus dorsal.
Praticien assis sur le côté gauche de la table de Patient en décubitus dorsal.
traitement. Praticien assis à la tête de la table de
Placez l'index et le médius de la main gauche traitement.
de part et d'autre du condyle mandibulaire droit. Placez vos mains bilatéralement de manière à
L'index et le médius de la main droite contactent ce que vos pouces soient sur les grandes ailes du
le processus zygomatique de l'os temporal au sphénoïde, et vos index et médius de part et
niveau de la fosse mandibulaire. Faites une écoute d'autre des branches mandibulaires. Faites une
de l'ATM. Si nécessaire, introduisez de petits écoute du mouvement des condyles. Si néces-
mouvements des condyles (glissement antérieur/ saire, introduisez de petits mouvements des
postérieur, glissement médial/latéral, compres- condyles (glissement antérieur/postérieur, glis-
sion/décompression). Accompagnez les mouve- sement médial/latéral, compression/décom-
ments du condyle dans le sens de la plus grande pression). Suivez ces mouvements dans le sens
aisance, jusqu'à l'équilibre ligamentaire et myo- de la facilité jusqu'à l'équilibre ligamentaire et
fascial optimal et jusqu'à la libération de myofascial optimal et jusqu'à la libération des
l'articulation. articulations temporomandibulaires.

Remarques
Les dysfonctions de l'ATM sont souvent extrê-
mement douloureuses. L'innervation de cette

Figure 6.125. Procédure temporomandibulaire


Figure 6.124. Procédure temporomandibulaire. bilatérale.
178 Traitement du patient

Remarques Procédures de
En déplaçant vos index et médius pour qu'ils modulation du mécanisme
contactent les angles mandibulaires, cette procé- respiratoire primaire
dure peut être utilisée pour obtenir le relâchement
des muscles de la mastication, en particulier les
Pendant l'application de nombreuses procédures
ptérygoïdiens médiaux et latéraux. Correctement
de ce texte, vous pouvez moduler le MRP à divers
appliquée, cette procédure est très relaxante pour
degrés. Des procédures plus spécifiques peuvent
le patient.
aussi être utilisées pour équilibrer globalement le
Dans les cas de dysfonctions chroniques de
MRP, ou encore pour augmenter ou diminuer sa
l'ATM, vous pouvez ajouter une modification iso-
puissance.
métrique. Après l'obtention de la position d'équi-
libre myofascial et ligamentaire optimal, demandez
au patient de déplacer la mandibule dans le sens de Équilibration globale du
la facilité, très doucement et brièvement (pendant mécanisme respiratoire primaire
environ 2 secondes). Il est recommandé de guider
le patient avec les doigts. Le patient est alors invité Procédure (figure 6.126)
à se détendre. À ce stade, faites une écoute atten- Patient en décubitus dorsal.
tive de la qualité et de la quantité du mouvement Praticien assis à la tête de la table de traitement.
de détente. Si nécessaire, répétez ce processus plu- Placez bilatéralement la paume de vos mains sur
sieurs fois, pour obtenir une relaxation musculaire les os pariétaux. Évaluez la qualité du MRP et sa
optimale. Pour de meilleurs résultats, chaque sensation palpable, l'impulsion rythmique crâ-
contraction séquentielle doit se produire avec des nienne (IRC). Appréciez la puissance et la fré-
paramètres et des amplitudes de mouvement légè- quence du MRP. Suivez les fluides et les tissus du
rement différentes (glissement antérieur/posté- crâne jusqu'au point de tension membraneuse
rieur, glissement médial/latéral, et compression/ équilibrée, et laissez la puissance du MRP atteindre
décompression), en fonction de la qualité de la un still point.
réponse obtenue pendant la phase de détente.
Notez qu'il ne s'agit pas d'une procédure de
« muscle energy » traditionnelle, car après la
contraction thérapeutique, les structures dysfonc-
tionnelles ne sont pas étirées directement pour
retrouver une nouvelle barrière.
Après de longues périodes de dysfonction
somatique avec limitation des mouvements, les
patients développent souvent une amnésie fonc-
tionnelle et perdent la proprioception de la zone
dysfonctionnelle et la capacité de la déplacer
dans toute l'amplitude des mouvements.
Lorsque cela affecte l'ATM, même si la dysfonc-
tion est résolue de façon efficace, le patient va
continuer à utiliser le schéma dysfonctionnel et
démontrer une incessante déficience proprio-
ceptive. Pour cette raison, il est impératif de réé-
duquer la capacité du patient à utiliser
consciemment la gamme complète des mouve-
ments, et de l'aider ainsi à recouvrer une pro- Figure 6.126. Équilibration globale du mécanisme
prioception optimale [12, 13]. respiratoire primaire.
Chapitre 6. Procédures 179

Pour permettre au MRP de se normaliser, vous la tête du patient reposer sur vos éminences thé-
devez avoir la patience de laisser s'exprimer les nars, résultant en une pression sur les angles laté-
cycles d'inspiration et d'expiration craniosacrales, raux de l'occiput, dirigée médialement. Écoutez
tranquillement, autant de fois que nécessaire, sans le mouvement et accompagnez l'occiput en
chercher à augmenter ou à diminuer leur puis- extension, en augmentant doucement la pression
sance. Vos mains agissent comme un point d'ap- dirigée médialement de vos éminences thénars
pui contre lequel le MRP s'équilibre. sur les angles latéraux. Lorsque l'occiput atteint
une extension complète et est sur le point d'en-
trer dans la phase de flexion du cycle, résistez
Compression du quatrième doucement et maintenez-le en extension. Ce pro-
ventricule (CV4) cessus est répété à chaque cycle de l'IRC. Soyez
Indications attentif à l'amplitude de l'IRC, qui diminue pro-
gressivement pour atteindre un still point lorsque
Cela permet d'augmenter la puissance du MRP l'IRC semble s'arrêter. Après le still point, atten-
en utilisant une approche occipitale. Cette procé- dez que le mouvement de l'IRC redevienne pal-
dure tend à détendre le patient. Elle est classique- pable, puis suivez-le dans la flexion et l'extension
ment décrite comme stimulant la capacité de suivantes.
récupération inhérente du corps en favorisant les
échanges fluidiques, en particulier lymphatique et Remarques
cérébrospinal. La procédure de la CV4 ne peut pas être réalisée
de manière efficace chez les patients qui pré-
Procédure (figure 6.127)
sentent une dysfonction occipitale de flexion-
Patient en décubitus dorsal. rotation externe.
Praticien assis à la tête de la table de Les principes de la procédure du CV4 peuvent
traitement. aussi être appliqués sur les pariétaux, le(s)
Placez vos mains, paumes vers le haut, sous la frontal(aux), les temporaux, ou le sacrum. En fait,
tête du patient, une main reposant dans la paume il convient d'appliquer cette procédure sur le
de l'autre, de telle façon que les éminences thé- sacrum en cas de traumatisme crânien.
nars soient parallèles, en contact avec les angles Une durée moyenne de la CV4 de 3 à 7 minutes
latéraux de l'occiput du patient, en dedans de la a été décrite [14], et a été démontrée de 4,43 ±
suture occipitomastoïdienne. Laissez le poids de 2,22 minutes [15].

Roulement bilatéral
des os temporaux
Indications
Cela permet d'augmenter la puissance du MRP en
utilisant une approche bitemporale. Cette procé-
dure est stimulante et, selon Magoun, indiquée
pour passer d'une dominance parasympathique
vers un tonus sympathovagal plus équilibré [16].
Cependant, il faut être prudent et ne pas exagérer.
L'objectif est d'atteindre un équilibre entre le
tonus sympathique et le tonus parasympathique,
et non de passer d'un état à l'autre. Cette procé-
dure ne doit pas être utilisée chez les patients
Figure 6.127. Compression du quatrième ventricule. souffrant de vertiges.
180 Traitement du patient

Figure 6.128. Roulement bilatéral des os temporaux. Figure 6.129. Roulement alternatif des os temporaux.

Procédure (figure 6.128) une procédure incitative, le roulement alterna-


Patient en décubitus dorsal. tif des os temporaux est une procédure répres-
Praticien assis à la tête de la table de traitement. sive. Elle agit sur la fluctuation latérale du
Placez vos mains doigts croisés et paumes vers le liquide cérébrospinal, et peut être indiquée
haut sous la tête du patient de manière à ce que dans les cas de congestion veineuse intracrâ-
vos éminences thénars soient sous les portions les nienne ou d'insomnie. Cette procédure ne doit
plus postérieures des parties squameuses des os pas être utilisée chez les patients souffrant de
temporaux. Vos pouces sont dirigés vers le bas vertiges.
pour contacter bilatéralement les processus mas-
Procédure (figure 6.129)
toïdes. Faites une écoute du MRP et suivez l'IRC,
en incitant très doucement la rotation externe des Patient en décubitus dorsal.
temporaux avec vos pouces et la rotation interne Praticien assis à la tête de la table de traitement.
avec vos éminences thénars. Cela ajoute de l'éner- Comme précédemment, placez vos mains
gie au système, en augmentant de plus en plus doigts croisés et paumes vers le haut sous la tête
l'amplitude de l'IRC palpable. du patient de manière à ce que vos éminences
thénars soient sous les portions les plus posté-
Remarques rieures des parties squameuses des os temporaux.
Il faut être prudent et ne pas exagérer cette inter- Vos pouces sont dirigés vers le bas pour contacter
vention. Lorsque vous sentez l'amplitude de bilatéralement les processus mastoïdes. Faites
l'IRC augmenter, il est opportun d'arrêter et une écoute du MRP et du mouvement des os
d'observer la réponse du patient. Il est préférable temporaux. La majorité des individus démontrent
de recommencer progressivement ce processus un certain degré d'asymétrie dans le mouvement
lors des traitements ultérieurs plutôt que de trop des os temporaux. Accompagnez un os temporal
en faire et d'avoir des réactions adverses. en rotation externe et l'autre en rotation interne.
Cette même procédure peut être appliquée à tous Répétez ce processus en alternant d'un côté à
les os pairs comme les pariétaux et les os coxaux. l'autre. Cela produit une fluctuation latérale.
Lorsque vous percevez cette fluctuation latérale,
réduisez progressivement son amplitude en la
Roulement alternatif ralentissant d'une manière similaire au CV4 [17].
des os temporaux
Remarques
Indications
Cette procédure ne peut pas être effectuée de
Par rapport à la procédure de roulement bilaté- manière efficace chez les patients qui ont une dys-
ral des os temporaux décrite ci-dessus, qui est fonction d'un os temporal.
Chapitre 6. Procédures 181

Cette procédure de roulement alternatif peut [8] Ibid.


être appliquée à tous les os pairs comme les parié- [9] Young MD. Head's law and its relation to treatment
of the viscera. In : Year Book of the Academy of
taux et les os coxaux. Applied Osteopathy. Indianapolis : American
Academy of Osteopathy ; 1947. p. 65–9.
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2e éd Kirksville : The Journal Printing Company ;
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G. Sutherland, DO. In : Year Book of the Academy foundation for understanding the clinicopathologies
of Applied Osteopathy. Indianapolis : American of the cranial base. Anat Rec A Discov Mol Cell Evol
Academy of Osteopathy ; 1949. p. 1–24. Biol 2005 ; 282(1) : 38–48.
[3] Sutherland WG. Contributions of Thought. In : Fort [12] Sergueef N., C0, C1, C2, Données physiologiques et
Worth : Sutherland Cranial Teaching Foundation, normalisations, op. cit.
Inc ; 1998. p. 279. [13] Sergueef N. Normaliser la colonne sans « manipula-
[4] Lippincott H.A., « The osteopathic technique of tion vertébrale ». Paris : Spek ; 1994.
W.M. G. Sutherland, DO », op. cit. [14] Becker RE. In : Life in Motion. Portland : Rudra
[5] Facto LL. The osteopathic treatment for lobar pneu- Press ; 1997. p. 106.
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In : Year Book of the Academy of Applied J Manipulative Physiol Ther 2006 ; 29(8) :
Osteopathy. Indianapolis : American Academy of 626–36.
Osteopathy ; 1965. p. 136–8. [16] Magoun H.I., Osteopathy in the Cranial Field,
[7] Sergueef N. C0, C1, C2, Données physiologiques et 2e éd., op. cit., p. 86.
normalisations. Paris : Spek ; 1989. [17] Ibid., p. 88.
Chapitre 7
Dysfonctions
musculosquelettiques
Système axial La colonne vertébrale se compose d'un total
de trente-trois vertèbres : sept vertèbres cervi-
Les douleurs du dos et du cou sont parmi les cales, douze thoraciques, cinq lombales, cinq
plaintes les plus fréquentes chez les personnes sacrales et quatre coccygiennes. Les cinq ver-
qui vieillissent. Aussi, une connaissance appro- tèbres sacrales sont fusionnées pour former le
fondie de l'anatomie et de la physiologie de la sacrum ; parfois, les vertèbres coccygiennes sont
colonne vertébrale facilite la compréhension des également fusionnées (figure 7.1).
mécanismes impliqués dans le processus dys- À l'exception de la première vertèbre cervicale,
fonctionnel de ces douleurs, et étaye le traite- l'atlas, chaque vertèbre se compose d'un corps, de
ment des patients souffrant de ces symptômes. deux pédicules et de deux lames qui se rejoignent en
arrière pour former le processus épineux. L'atlas est
un os en forme d'anneau, sans corps. De chaque
Colonne vertébrale côté d'une vertèbre, les processus articulaires supé-
rieurs et inférieurs, également nommés zygapophyses,
La colonne vertébrale supporte le tronc et les forment les articulations synoviales entre les ver-
membres supérieurs (MS), protège la moelle épi- tèbres adjacentes. Bilatéralement, les processus trans-
nière et offre une insertion solide aux muscles spi- verses complètent la vertèbre. De nombreux muscles
naux. En même temps, elle permet des mouvements s'insèrent sur les processus épineux et transverses ;
entre les vertèbres adjacentes, autorisant une ces processus agissent comme des bras de levier.
mobilité spinale dans tous les plans principaux. Toujours à l'exception de l'articulation entre
Dans le plan sagittal, la colonne vertébrale pré- l'atlas et la deuxième vertèbre cervicale – l'axis –
sente quatre courbures : cervicale, thoracique, une autre articulation existe entre les vertèbres
lombale et sacrale. adjacentes, où les corps vertébraux sont unis entre
Normalement, dans les régions cervicale et eux par l'intermédiaire de disques intervertébraux.
lombale, la convexité des courbures est antérieure Le corps vertébral consiste en une corticale qui
et constitue une lordose. Dans les régions thora- entoure un noyau d'os spongieux rempli de tissu
cique et sacrale, la convexité de la courbure est hématopoïétique. Avec le vieillissement, ce noyau
postérieure et forme une cyphose. Dès 8 à devient graisseux. Entre le noyau spongieux du
23 semaines de gestation, les examens radiogra- corps vertébral et le disque intervertébral, le plateau
phiques de fœtus humains démontrent l'existence vertébral forme une barrière structurale qui évite
d'une courbure cervicale. Un aplatissement lom- l'extrusion du disque dans le corps vertébral poreux.
bal a également été reconnu dès la huitième Cet agencement répartit uniformément la pression
semaine [1]. Dans le plan coronal, une courbure sur le corps vertébral et agit comme une interface
de la colonne vertébrale est pathologique, et une semi-perméable, qui permet le transfert de l'eau et
courbure supérieure à 10 ° constitue une des solutés mais inhibe la perte de grandes molé-
scoliose. cules de protéoglycane à partir du disque [2].

L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans


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186 Considérations cliniques

Foramen vertébral
Processus articulaire supérieur
Processus épineux
7 vertèbres
cervicales (CI-CVII)

Processus articulaire inférieur


Corps vertébral
Foramen transversaire

Processus transverse
CV

Processus articulaire supérieur

Processus transverse

Facette articulaire
Foramen vertébral avec le tubercule de K5

Processus articulaire inférieur 12 vertèbres


Processus épineux thoraciques (TI-TXII)

Demi facette articulaire


Corps vertébral avec la tête de K5
Demi facette articulaire
avec la tête de K6

TV

Foramen vertébral
Processus articulaire supérieur

Processus épineux

5 vertèbres
lombales (LI-LV)
Pédicule

Processus transverse
Corps vertébral
Sacrum
Processus articulaire inférieur (5 vertèbres
sacrales
soudées I-V)

Coccyx
(3-4 vertèbres
coccygiennes
LIII soudées I-IV)

Figure 7.1. Les vertèbres.


Source : R.L. Drake, Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p.22.

Cela semble être le maillon faible du corps vertébral Vertèbres cervicales


qui, sous une contrainte excessive, peut se déformer
et autoriser une hernie verticale du noyau pulpeux Il y a sept vertèbres cervicales. Les troisième,
discal à travers le plateau vertébral, nommée hernie quatrième, cinquième, et sixième vertèbres
intraspongieuse ou hernie de Schmorl. cervicales sont considérées comme des ver-
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 187

tèbres typiques. Les première, deuxième et Vertèbres cervicales typiques


septième sont dotées de caractéristiques parti- Les vertèbres cervicales typiques ont un corps verté-
culières, et seront décrites séparément bral petit et large. La face supérieure du corps, en
(figure 7.2). forme de selle, est caractérisée par la présence d'uncus

Tubercule antérieur
Fossette de la dent
Arc antérieur Tubercules du ligament
transverse de l'atlas
Foramen transversaire
Masse latérale Arc antérieur Facette articulaire supérieure

Facette articulaire supérieure

Sillon de l'artère vertébrale Processus transverse


Masse latérale
Foramen vertébral Arc postérieur Tubercule antérieur

Tubercule postérieur

CI (atlas) vue supérieure CI (atlas) vue antérieure


Anterior articular facet
Dent
Dent (processus odontoïde)
Facette articulaire Sillon du ligament transverse
supérieure de l'atlas sur la face postérieure
de la dent Facette articulaire antérieure

Facette articulaire supérieure

Facettes Processus transverse


des ligaments alaires Portion interarticulaire

Foramen vertébral
Processus épineux
Facette articulaire inférieure
Corps
CII (axis) vue supérieure CII (axis) vue antérieure
Corps Pédicule
Corps Uncus
Foramen transversaire Tubercule antérieur

Tubercule postérieur

Gouttière
du nerf spinal

Facette articulaire
supérieure
Processus articulaire
Lame Facette articulaire
inférieure
inférieure
Processus épineux Processus épineux (bifide)
Foramen vertébral
(bifide)

CV vue supérieure CV vue antérieure


Uncus

Articulation zygapophysaire Corps vertébral

Capsule articulaire
CIV

Articulation uncovertébrale
Uncus

Disque intervertébral

CV Articulation uncovertébrale
Facette articulaire inférieure
CIV/CV vue antérieure

Figure 7.2. Vertèbres cervicales.


Source : R.L. Drake, Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 24.
188 Considérations cliniques

qui s'élèvent à la périphérie latérale du plateau supé- de deux masses latérales reliées par un arc anté-
rieur. Ces processus limitent les mouvements laté- rieur et un arc postérieur. Parce que l'atlas n'a pas
raux de glissement. La face supérieure du corps de corps vertébral, il est souvent désigné comme
présente aussi plusieurs foramens vasculaires, les l'anneau atlantal. Les bords supérieur et inférieur
foramens basivertébraux. Par ces foramens émergent de l'arc antérieur donnent insertion à la membrane
les veines basivertébrales formées dans le tissu osseux atlanto-occipitale antérieure. La face antérieure de
des corps vertébraux, pour aller se drainer dans les l'arc antérieur présente un tubercule où se fixe le
plexus veineux vertébraux antérieurs externe et sur- ligament longitudinal antérieur. La face posté-
tout interne. La face inférieure du corps vertébral est rieure présente une facette articulaire pour la dent
concave et la partie la plus caudale du bord antérieur de l'axis, qui est maintenue contre l'arc antérieur
se projette caudalement pour couvrir partiellement par le ligament transverse.
la face antérieure du disque intervertébral. De chaque côté, la masse latérale est dirigée anté-
La face antérieure du corps vertébral est romédialement et présente un processus articulaire
convexe, tandis que la face postérieure est légère- supérieur, légèrement concave, pour le condyle
ment concave. Les ligaments longitudinaux anté- occipital. Le processus articulaire inférieur de la
rieur et postérieur s'insèrent sur les bords masse latérale est plat et à peu près circulaire. Il
supérieurs et inférieurs de ces faces. regarde en dedans et très légèrement vers l'arrière.
En raison de l'élargissement cervical de la L'arc postérieur est plus long que l'arc antérieur et
moelle épinière, et donc de la nécessité d'un plus représente les trois cinquièmes de la circonférence de
grand canal vertébral, les pédicules vertébraux l'anneau atlantal. Juste derrière la masse latérale, une
cervicaux sont dirigés postérolatéralement, et les large rainure reçoit l'artère vertébrale et un plexus
lames postéromédialement. De chaque côté, un veineux. La membrane atlanto-axiale postérieure se
pilier articulaire situé entre les processus articu- fixe sur le bord supérieur, et les ligaments jaunes
laires supérieurs et inférieurs – aussi nommé masse (interlamaires) sur le bord inférieur. En arrière, un
latérale – représente la jonction entre lame et pédi- tubercule représente un processus épineux sous-
cule. Les processus articulaires supérieurs sont développé et donne insertion au ligament nuchal.
relativement plats et regardent en arrière et en Latéralement, les processus transverses s'étendent
haut. Les processus inférieurs, positionnés davan- davantage qu'aux autres niveaux cervicaux, à l'ex-
tage dans le plan coronal, regardent en avant. ception de celui de la septième vertèbre cervicale.
Ainsi, le plan passant par les articulations entre ces Leur sommet est facilement palpable bilatérale-
processus est dirigé vers les yeux du patient. ment entre la branche de la mandibule et le proces-
Le processus épineux est court et bifide, avec deux sus mastoïde. Cela constitue des repères importants
tubercules généralement de taille inégale. Le proces- dans la normalisation de la colonne cervicale.
sus transverse dirigé antérolatéralement présente un
foramen transversaire pour le passage de l'artère ver- C2
tébrale. Ce processus se termine par deux tubercules, Le corps de la deuxième vertèbre cervicale, l'axis,
antérieur et postérieur. Le tubercule antérieur a un est fusionné avec le noyau d'ossification du corps
développement homologue à celui des côtes de la de l'atlas susjacent pour former la dent de l'axis,
colonne vertébrale thoracique. Par conséquent, les également appelée le processus odontoïde. Tout au
segments cervicaux inférieurs présentent parfois des long de la vie, une synchondrose persiste entre le
côtes cervicales congénitales. Le sixième tubercule corps et la dent de l'axis, et un disque rudimen-
antérieur, le tubercule carotidien de Chassaignac, est taire peut souvent être observé. La dent est de
normalement le plus long. À ce niveau, l'artère caro- forme conique ; sa face postérieure arbore une
tide peut être comprimée dans l'espace situé entre le large rainure pour le ligament transverse, alors que
corps vertébral et le tubercule antérieur. sa face antérieure expose une facette articulaire
ovoïde pour l'arc antérieur de l'atlas.
C1 Plusieurs ligaments se fixent sur la dent et parti-
La première vertèbre cervicale, l'atlas, s'articule cipent au maintien de sa position. Depuis son som-
avec l'occiput et supporte la tête. Elle se compose met, le ligament apical se dirige vers l'os occipital
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 189

et se fixe sur le clivus. Des surfaces postérolatérales l'autre en dessous, à hauteur du foramen interver-
de la dent, les ligaments alaires se dirigent vers tébral. Les corps des neuvième, dixième, onzième
l'avant pour s'insérer également sur l'occiput. et douzième vertèbres thoraciques exhibent seule-
De chaque côté de la dent, une large facette arti- ment des demi-facettes costales supérieures. En
culaire ovoïde, légèrement convexe, s'articule avec outre, tous les processus transverses, à l'exception
l'atlas susjacent. Sur le bord inférieur du corps ver- des deux ou trois processus inférieurs, ont des
tébral, antérieurement, se fixe le ligament longitu- facettes articulaires, les facettes costotransver-
dinal antérieur, alors que postérieurement, le saires, qui s'articulent avec le tubercule de la côte
bord inférieur donne attache au ligament longitu- correspondante (figure 7.3 ; figure 7.4).
dinal postérieur et à la membrane tectoriale. Les processus articulaires supérieurs sont plats et
Le processus transverse est dirigé en bas et en regardent postéro-supérolatéralement, alors que les
dehors. Son bout arrondi peut être palpé à travers processus articulaires inférieurs regardent antéro-
le muscle sterno-cléido-mastoïdien. Le processus inféromédialement. Généralement, au niveau de la
épineux de grosse taille donne insertion au liga- onzième vertèbre thoracique – ou parfois de la
ment nuchal entre ses deux tubercules. Il peut être douzième –, l'orientation des processus articulaires
facilement palpé. En fait, c'est le premier proces- change, les processus articulaires supérieurs restant
sus épineux palpable sous l'os occipital. thoraciques, dirigés postérolatéralement, alors que
les processus articulaires inférieurs ressemblent plus
C7 à ceux des vertèbres lombales, avec une direction
La septième vertèbre cervicale, la vertèbre proémi- antéromédiale. Cette transition dans l'orientation
nente, a un long processus épineux avec un tuber- des processus articulaires entre les types thoracique
cule généralement bien visible sur la ligne médiane et lombal marque un changement dans le mouve-
postérieure de la partie inférieure du cou. Il donne ment spinal intersegmentaire disponible, d'un
insertion au ligament nuchal et à de multiples mouvement essentiellement de rotation à une pré-
muscles : trapèze, splénius de la tête, semi-épineux dominance de flexion-extension.
de la tête et du cou, multifide et inter-spinaux. Leur Les processus transverses thoraciques sont longs,
traction explique l'importance du tubercule. Les épais et solides, dirigés obliquement en arrière et
processus transverses sont larges et proéminents et latéralement. Il n'y a pas de foramen transversaire
présentent à leur bord antérieur l'insertion de la dans le processus transverse. À l'avant de chaque
membrane suprapleurale. extrémité des processus transverses des cinq ou six
vertèbres supérieures, une petite facette concave
Vertèbres thoraciques dirigée antérolatéralement s'articule avec la côte. En
dessous de ce niveau, les facettes sont plus ou moins
Il y a douze vertèbres thoraciques. Elles offrent un plates, dirigées supérolatéralement et un peu anté-
support à la cage thoracique, ce qui, de fait, réduit rieurement. La ligne virtuelle reliant les articulations
la mobilité de la colonne vertébrale thoracique. costovertébrales et costotransversaires forme un
Aux extrémités supérieure et inférieure de la « axe » pour le mouvement respiratoire des côtes.
région thoracique, les vertèbres thoraciques sont Toutes les côtes ont des mouvements en « bras
atypiques et ressemblent respectivement aux ver- de pompe » ou en « anse de seau » (figure 7.5). Le
tèbres cervicales et lombales. mouvement prédominant dépend de la situa-
Les corps des vertèbres sont plus ou moins en forme tion respective des articulations costoverté-
de cœur et leurs dimensions antéropostérieure brales et costotransversaires. Pour la première
(AP) et transversale sont presque identiques. côte, l'axe reliant les articulations costotrans-
Leurs bords supérieurs et inférieurs permettent la versaire et costovertébrale est quasiment hori-
fixation des ligaments longitudinaux antérieur et zontal transversal, et presque dans le plan
postérieur. De chaque côté, le corps de la vertèbre coronal. Aussi les côtes supérieures ont un
thoracique typique présente deux demi-facettes mouvement majeur en « bras de pompe » et un
costales, qui s'articulent avec la tête des côtes : mouvement mineur en « anse de seau ». Pour la
l'une au-dessus, près de la racine du pédicule, septième côte, l'axe fait un angle d'environ 45°
190 Considérations cliniques

Disque intervertébral

Noyau pulpeux

Superior articular process


Anneau fibreux
Processus transverse

Corps vertébral
Processus épineux

Moelle épinière
Nerf spinal

Rameau dorsal
Disque intervertébral

Facette articulaire supérieure


Rameau antérieur
Facette costale
Disque intervertébral transversaire
Cartilage hyalin
Anneau fibreux Noyau pulpeux

Foramen intervertébral
Facette costale
inférieure
Disque intervertébral
Ligament
Facette costale costotransverse
supérieure supérieur

Ligament radié Ligament


de l'articulation costotransverse
costovertébrale latéral

Tronc et ganglions
sympathiques

Corps vertébral de LV Sacrum Rameaux communicants gris et blanc Côte Nerf intercostal

Disque intervertébral de la Foramens et disques intervertébraux de la région thoracique


région lombale inférieure de la
colonne vertébrale
Image par résonnance
magnétique pondérée T2 en coupe sagitale

Figure 7.3. Vertèbres thoraciques.


Source : R.L. Drake, Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 32.
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 191

Processus articulaire supérieur Facette costale supérieure

Face costale du processus


transverse

Disque Sternum
Processus
articulaire intervertébral
inférieur
Corps vertébral

e
Facette costale inférieure
5 côte

Cartilage costal

Figure 7.4. Articulations costovertébrales et sternocostales.


Source : R.L. Drake, Gray's Anatomie pour les étudiants, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p.126.

Axe
Première côte
Mouvement en « bras de pompe »

Axe

Septième côte
Mouvement en « anse de seau »

Figure 7.5. Mouvement costal en bras de pompe et en anse de seau.


© Éléonore Lamoglia.

par rapport à l'axe horizontal transversal, et dance à se produire comme des restrictions des
l'articulation costotransversaire est postérieure mouvements costovertébraux mineurs.
par rapport à l'articulation costovertébrale. Par Le processus épineux de la vertèbre thoracique
conséquent, les côtes inférieures ont un mouve- est long et incliné vers le bas. À chaque niveau, il
ment majeur en « anse de seau » et un mouve- donne insertion aux ligaments supraspinaux et
ment mineur en « bras de pompe ». Les interspinaux. Son obliquité est maximum au
dysfonctions respiratoires des côtes ont ten- niveau de T7, où la pointe du processus épineux
192 Considérations cliniques

atteint le niveau du corps de T9. En pratique, rap- quent, T10 n'a que des demi-facettes supé-
pelez-vous que le niveau de la pointe du processus rieures. De plus, le processus transverse peut ne
épineux ne correspond pas toujours au niveau du pas avoir de facette pour le tubercule de la
processus transverse. dixième côte.

La position approximative du processus transverse d'un


T11
segment thoracique donné peut être identifiée à partir Le corps de la onzième vertèbre thoracique res-
de l'emplacement du processus épineux de la même semble par sa taille et sa forme à une vertèbre lom-
vertèbre. Pour T1 à T3, les processus transverses sont bale. T11 s'articule seulement avec la tête des
palpables au même niveau que l'extrémité des proces- onzièmes côtes, par de grandes facettes articu-
sus épineux respectifs. Pour T4-T6, les processus trans-
laires. Les processus transverses sont très petits et
verses sont palpables un demi-segment vertébral
au-dessus des extrémités des processus épineux. Pour
n'ont pas de facettes articulaires. Le processus épi-
T7-T9, les processus transverses sont situés un seg- neux est court et presque horizontal.
ment vertébral au-dessus de la pointe des épineuses.
Les trois vertèbres thoraciques les plus basses inversent
cette séquence de position de telle sorte que le proces-
T12
sus transverse de T10 est un niveau vertébral complet La douzième vertèbre thoracique ressemble aux
au-dessus de la pointe du processus épineux ; le pro- vertèbres lombales. T12 s'articule avec la tête des
cessus transverse de T11 est un demi-segment verté- douzièmes côtes. De chaque côté, les processus
bral au-dessus de la pointe du processus épineux, et le transverses montrent trois tubercules : supérieur,
processus transverse de T12 est au même niveau que
inférieur et latéral. Les tubercules supérieurs et
l'extrémité du processus épineux.
inférieurs correspondent aux processus mamil-
laires et accessoires des vertèbres lombales.

T1
Vertèbres lombales
La première vertèbre thoracique ressemble à une
vertèbre cervicale, mais son corps présente une Il y a cinq vertèbres lombales, reconnaissables par
facette costale supérieure arrondie qui s'articule leur grande taille, l'absence de facettes costales
avec la facette de la tête de la première côte. sur les côtés du corps et de foramen transversaire
Inférieurement, T1 présente une facette plus dans le processus transverse. Le corps de chaque
petite qui s'articule avec une demi-facette de la vertèbre lombale est gros et plus large transversa-
tête de la deuxième côte. Le processus épineux est lement qu'antéropostérieurement. Les pédicules
long, horizontal, et ressemble au processus épi- courts apparaissent à la limite supérieure de
neux de la septième vertèbre cervicale. chaque corps. Ils sont dirigés postérolatérale-
ment et leurs encoches inférieures sont bien mar-
T9 quées, alors que les supérieures sont peu
profondes (figure 7.6 ; figure 7.7).
Le corps de la neuvième vertèbre thoracique pré-
Les processus transverses sont minces et longs,
sente seulement des demi-facettes costales supé-
sauf au niveau de L5 où ils sont plus épais. Ils aug-
rieures. Par conséquent, T9 s'articule au-dessus
mentent en longueur de la première à la troisième
avec la neuvième côte, mais ne s'articule pas au-
vertèbre lombale, puis raccourcissent. Ils sont
dessous avec la dixième côte.
situés en avant des processus articulaires au lieu
d'être derrière eux comme pour les vertèbres tho-
T10 raciques, et les trois processus transversaux supé-
La dixième vertèbre thoracique ne s'articule rieurs sont plus horizontaux que les deux plus
qu'avec la dixième paire de côtes. Par consé- inférieurs. Ils se projettent postérolatéralement.
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 193

Processus articulaire supérieur Facette articulaire


supérieure
Processus mamillaire

Processus
transverse

Corps
Lame

Processus
accessoire
Portion
interarticulaire
Facette articulaire inférieure Processus épineux
Extension
Figure 7.6. Vertèbre lombale de trois quarts.
Source : R.L. Drake, Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill
Livingstone/Elsevier, 2008, p. 30.

Un processus accessoire minuscule caractérise la


portion postéro-inférieure de la racine de chaque
processus transverse.
Le processus épineux est épais, plus ou moins
horizontal, quadrangulaire, et ses bords postérieur
et inférieur sont épaissis.
Les processus articulaires supérieurs ont la
forme de facettes articulaires verticales, concaves
et dirigées postéromédialement. Sur leurs bords
postérieurs un tubercule rugueux, le processus
mamillaire donne insertion au muscle multifide et
aux muscles intertransversaires médiaux. Les pro-
cessus articulaires inférieurs représentent des Flexion
facettes articulaires verticales, convexes et dirigées Figure 7.7. Vertèbres lombales en extension
antérolatéralement. et en flexion.
Source : Standring S. (éd). Gray's anatomy : The anatomical basis
Le foramen vertébral est triangulaire, plus grand of clinical practice, Edimbourg, Churchill LIvingstone, 2008, p. 760.
qu'au niveau thoracique mais plus petit que dans Churchill Livingstone, 2008, p. 760.
les vertèbres cervicales. Le cône terminal de la
moelle épinière est contenu dans le canal spinal,
approximativement au niveau de la première ver- Une palpation précise de L5 est indispensable pour
tèbre lombale. Les nerfs spinaux en dessous de L1 tout traitement lombosacral. Plusieurs méthodes
forment la queue de cheval et sortent par leurs existent, et leur combinaison s'avère le meilleur gage
foramens intervertébraux respectifs, entourés par de justesse [3].
La ligne qui joint les hauteurs des crêtes iliaques passe
les méninges spinales.
par l'espace L4-L5. De là, on peut palper le processus
épineux de L5. Une autre méthode consiste à repérer les
L5 épines iliaques postérosupérieures, situées aux extrémi-
La cinquième vertèbre lombale présente le corps tés postérieures des crêtes iliaques. Leur position cor-
le plus gros. Elle se caractérise également par des respond au centre des fossettes de Vénus, souvent plus
processus transverses épais et un petit processus apparentes chez la femme que chez l'homme.
Habituellement, la ligne horizontale qui les réunit passe
épineux. u
194 Considérations cliniques

u La grande base du sacrum correspond à la face


par le processus épineux de S2 et par le milieu des arti-
culations sacro-iliaques. Au-dessus de cette ligne, on
supérieure de la première vertèbre sacrale. Elle est
peut repérer S1, la base sacrée, et l'interligne L5-S1. dirigée vers le haut et vers l'avant, avec un bord
antérieur nommé le promontoire sacral. Les liga-
ments longitudinaux antérieur et postérieur sont
insérés au niveau des faces ventrale et dorsale du
Sacrum premier corps sacral.
De chaque côté, les processus transverses sont
Le sacrum est un os important, de forme triangulaire, grands. Ils s'élargissent latéralement et sont nom-
situé à la base de la colonne vertébrale. Il résulte de la més ailes du sacrum.
fusion de cinq vertèbres sacrales. On le compare à un Les processus articulaires supérieurs dirigés supé-
coin placé entre les deux os coxaux, et il forme la paroi rieurement affichent des facettes articulaires qui sont
postérosupérieure de la cavité pelvienne. Sa grande concaves et regardent postéromédialement. Ils arti-
base supérieure s'articule avec la cinquième vertèbre culent avec les processus articulaires inférieurs de L5.
lombale pour former l'angle sacrovertébral, et son Les lames se rejoignent au tubercule épineux.
sommet s'articule avec le coccyx. Les cinq vertèbres Une crête sacrale médiane sur la portion postéro-
sacrales sont généralement complètement fusion- supérieure de la face dorsale, résultant de la fusion
nées en un seul os vers l'âge de 25 ans. (figure 7.8) des épines sacrales, montre trois ou quatre tuber-
Il forme une courbure à convexité postérieure. La cules épineux. Dans la paroi postérieure du canal
face antérieure du sacrum, concave, forme le toit de sacral, le défaut de fusion entre les lames de la cin-
la cavité pelvienne. Le dimorphisme sexuel est quième vertèbre sacrale crée le hiatus sacral.
typique. Généralement, le sacrum de la femme est La fusion des vertèbres sacrales produit quatre
plus petit et plus large, avec une plus grande cour- paires de foramens sacraux antérieurs et posté-
bure dans sa moitié inférieure que chez l'homme. rieurs. Ils débouchent dans le canal sacral ; les fora-

Canal sacral

A B Processus
articulaire
supérieur
LV

Sacrum

Aile
Foramens
Hiatus sacral sacraux
Promontoire postérieurs
Corne du sacrum

C Processus articulaire
Aile
supérieur
Foramens
sacraux Promontoire
antérieurs

Corne

Coccyx
Processus transverse Facette articulaire
pour l’os coxal

Figure 7.8. Sacrum et coccyx.


A. Vue antérieure ; B. Vue postérieure ; C. Vue latérale.
Source : R. L. Drake. Gray's anatomie pour les étudiants, Philadelphia, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 425.
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 195

mens sacraux antérieurs livrent passage aux La base ou face supérieure du premier corps
rameaux ventraux des quatre nerfs sacraux supé- vertébral coccygien supporte une facette articu-
rieurs, alors que les foramens sacraux postérieurs laire pour l'articulation avec le sommet du sacrum.
transmettent les rameaux dorsaux. De chaque De chaque côté, deux cornes coccygiennes dirigées
côté du hiatus sacral, les processus articulaires supérieurement s'articulent avec les cornes sacrales.
inférieurs de la cinquième vertèbre sacrale dirigés Des petits processus transverses, non développés,
inférieurement forment les cornes du sacrum. Le s'étendent supérolatéralement et parfois s'arti-
canal sacral contient la queue de cheval, le filum culent ou fusionnent avec la portion inférieure de
terminale et les méninges spinales. Les racines spi- l'angle sacral inférolatéral. Sur la face dorsale de la
nales sacrales inférieures et le filum terminale première vertèbre coccygienne, le filum terminale,
percent la partie la plus inférieure de l'arachnoïde situé entre les ligaments sacrococcygiens postérieurs
et de la dure-mère à la hauteur du milieu du profonds et superficiels, se mêle avec ces ligaments
sacrum. Après cela, le filum terminale apparaît au périoste de l'os.
sous le hiatus sacral et gagne le coccyx.
La face latérale du sacrum est large dans sa par-
tie supérieure, mais rétrécie en un bord mince Ligaments de la
dans sa partie inférieure. Chacune des faces laté- colonne vertébrale
rales du sacrum porte une surface auriculaire, une
grande facette en forme de L pour l'articulation Les ligaments de la colonne vertébrale et les muscles
avec l'os coxal. La zone postérieure à cette facette intrinsèques jouent un rôle important dans la limite
est large et rugueuse et donne insertion aux puis- du mouvement vertébral. Ils participent également
sants ligaments interosseux sacro-iliaques (SI). La aux dysfonctions de la colonne vertébrale ainsi qu'à
surface auriculaire ressemble à un L inversé. Le ses processus dégénératifs (figure 7.9).
petit bras craniale correspond à la première ver-
tèbre sacrale ; le grand bras caudal descend Ligaments longitudinaux
jusqu'au milieu de la troisième vertèbre sacrale. antérieur et postérieur
Du cartilage hyalin recouvre la surface auriculaire Deux longs ligaments relient l'os occipital au pel-
qui s'avère être plus irrégulière avec l'âge. Les vis. Ce sont les ligaments longitudinaux antérieur
ligaments sacrotubéraux et sacrospinaux sont fixés et postérieur. Au niveau du crâne, le ligament lon-
au-dessous de la surface auriculaire au niveau du gitudinal antérieur s'insère sur la face externe de la
processus transverse de S4. La traction de ces liga- partie basilaire de l'occipital, sur le tubercule anté-
ments sur la face latérale du sacrum façonne une rieur de C1 et la face antérieure du corps de C2.
proéminence osseuse palpable. Ce point de repère, Ensuite, il se fixe souplement sur les faces anté-
essentiel en ostéopathie, est nommé l'angle rieures des corps vertébraux, alors qu'il est plus
inférolatéral. solidement adhérent aux plateaux vertébraux et
La partie inférieure de la cinquième vertèbre aux disques intervertébraux. Caudalement, le liga-
sacrale est le sommet du sacrum. Elle présente une ment longitudinal antérieur s'insère sur la partie
facette ovale pour l'articulation avec le coccyx. supérieure de la face antérieure du sacrum. Assez
solide, ce ligament est un peu plus épais et plus
étroit sur les corps vertébraux qu'au niveau des
Coccyx disques intervertébraux, et généralement dans la
région thoracique que dans les régions cervicale et
Le coccyx est la partie terminale de la colonne ver- lombale.
tébrale. Il résulte de la fusion de trois à cinq ver- Le ligament longitudinal postérieur s'étend
tèbres coccygiennes et a une forme triangulaire sur les faces postérieures des corps vertébraux
dont la base est projetée supérieurement. Parfois, depuis l'axis jusqu'au sacrum et constitue la
la première vertèbre coccygienne n'est pas fusion- paroi antérieure du canal spinal. Il est solide-
née avec le deuxième segment du coccyx. ment fixé à chaque disque intervertébral, aux
196 Considérations cliniques

Ligament longitudinal antérieur


Protubérance occipitale externe
Corps vertébral lombal
Ligaments nuchaux Processus articulaire supérieur

Facette articulaire
supérieure
Vertèbre proéminente
(processus épineux de CVII)

Ligament supraspinal

Ligament interspinal

Disque intervertébral

Ligament longitudinal
postérieur

Ligament jaune

Processus épineux

Capsule de l'articulation
zygapophysaire

Processus transverse Ligament


Ligaments nuchaux supraspinal
et supraspinaux (vue latérale)

Ligament longitudinal antérieur

Processus articulaire supérieur


Ligament
interspinal

Facette articulaire inférieure

Processus articulaire inférieur


Ligament jaune

Ligaments vertébraux de la région lombale


Processus (vue oblique postérieure)
épineux

Ligament
supraspinal

Disque intervertébral
Ligament longitudinal postérieur Facette articulaire inférieure

Ligament jaune

Figure 7.9. Ligaments vertébraux.


Source : R.L. Drake, Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 35.

plateaux vertébraux et aux bords adjacents des limitée et laisse un espace pour les veines basi-
corps vertébraux. Entre le ligament et la face vertébrales. Le ligament est large au niveau cer-
postérieure des corps vertébraux, l'insertion est vical et thoracique supérieur, et commence à se
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 197

rétrécir dans la région thoracique inférieure. Au des processus épineux bifides des vertèbres cervi-
niveau du rachis lombal, il est dentelé, plus cales. Bilatéralement, il donne insertion à la muscu-
étroit au niveau des corps vertébraux et large lature cervicale postérieure et au fascia cervical.
sur les disques intervertébraux. Au niveau de Notez qu'il existe une continuité entre le ligament
L5, il diminue de moitié par rapport à sa largeur nuchal et la dure-mère spinale postérieure aux
cervicale supérieure. Des ligaments périverté- niveaux atlanto-occipital et atlanto-axial.
braux peuvent être décrits comme des fibres
profondes qui s'étendent entre des vertèbres
Autres ligaments vertébraux
adjacentes [4].
Au-dessus de l'axis, le ligament longitudinal Les autres ligaments vertébraux sont les ligaments
postérieur est en continuité avec la membrane tec- inter- et supraspinaux qui relient les processus épi-
toriale qui s'étend jusqu'à la face interne de la par- neux adjacents. Les premiers sont petits, et plus
tie basilaire de l'occiput. Elle s'insère sur le bord ou moins membraneux. Les derniers forment un
antérieur du foramen magnum, où ses fibres se cordon fibreux solide s'étendant entre les pointes
mélangent avec celles de la dure-mère crânienne. des processus épineux de C7 au sacrum. Au-dessus
de C7, le ligament supraspinaux se prolonge par le
ligament nuchal.
Ligaments jaunes Au-dessus de C2, les membranes atlanto-occipi-
Les ligaments jaunes relient les lames des vertèbres tales antérieure et postérieure et des capsules
adjacentes. Chaque ligament est fixé cranialement fibreuses entourent les condyles occipitaux et les
sur la face antéro-inférieure de la lame du segment facettes articulaires atlantales supérieures. La
vertébral susjacent, et caudalement sur le bord membrane atlanto-occipitale antérieure relie le
postérosupérieur de la lame subjacente. bord antérieur du foramen magnum au bord
Latéralement, les fibres s'étendent jusqu'aux cap- supérieur de l'arc atlantal antérieur. Il s'agit d'une
sules des processus articulaires. Au niveau cervical, structure fibreuse solide qui se mêle avec la cap-
ces ligaments sont minces, larges et longs ; ils sule articulaire atlanto-occipitale, et en avant avec
s'épaississent caudalement et sont le plus épais au la portion médiane du ligament longitudinal anté-
niveau lombal. rieur. La membrane atlanto-occipitale postérieure
Un pourcentage élevé de fibres d'élastine jaunes relie le bord postérieur du foramen magnum au
donne son nom à cette structure. Elles pré- bord supérieur de l'arc atlantal postérieur. Large
viennent la séparation des lames lors de la flexion et mince, elle se mêle également avec la capsule
vertébrale [5]. Avec l'âge, ce ligament peut articulaire atlanto-occipitale.
s'épaissir, ce qui contribue avec d'autres modifica- En arrière de la dent de l'axis, le ligament trans-
tions dégénératives à la sténose du canal spinal au verse divise transversalement l'anneau atlantal. Il est
niveau cervical et lombal [6]. fixé sur chaque masse latérale de l'atlas par un petit
tubercule. Sa longueur moyenne est de 19,7 mm.
Un faisceau médian longitudinal solide relie son
Ligaments nuchaux bord supérieur à la partie basilaire de l'os occipital,
Plusieurs descriptions ont été rapportées pour les où il se fixe entre la membrane tectoriale et le liga-
ligaments nuchaux. En fait, de nombreux auteurs ment apical de la dent. De son bord inférieur, un
décrivent deux structures : un raphé dorsal et une faisceau longitudinal délicat est relié à la face posté-
cloison aponévrotique médiane. Le bord postérieur rieure de l'axis. Cet ensemble formé par le ligament
du raphé dorsal est superficiel, s'étend sur toute la transverse et ses parties longitudinales est souvent
colonne cervicale et se fixe sur la protubérance nommé ligament cruciforme. Le ligament trans-
occipitale externe et le processus épineux de C7. La verse compartimente l'anneau de l'atlas en une par-
cloison aponévrotique fibroélastique s'insère sur la tie antérieure et une partie postérieure. La partie
partie médiane de la crête occipitale externe, le antérieure contient la dent, tandis que la partie pos-
tubercule postérieur de C1, et entre les tubercules térieure renferme la moelle épinière et les méninges.
198 Considérations cliniques

Supérieurement, les deux ligaments alaires sta- dent de l'axis et l'arc antérieur de l'atlas. Sur la
bilisent la dent. Assez solide, chaque ligament face antérieure de la dent, une facette verticale et
consiste en un faisceau reliant la portion postéro- ovoïde s'articule avec une facette située sur la par-
latérale de l'apex de la dent au côté médial du tie postérieure de l'arc atlantal antérieur.
condyle occipital. Du sommet de la dent, le liga-
ment apical se projette sur le bord antérieur du Disques intervertébraux
foramen magnum.
Les disques intervertébraux sont des structures
Articulations de la cartilagineuses unissant les faces adjacentes des
colonne vertébrale corps vertébraux de C2 jusqu'au sacrum. Ils
contribuent aux amphiarthroses intervertébrales,
L'anatomie de la colonne vertébrale détermine les les articulations les plus importantes de la colonne
mouvements démontrés par les vertèbres. Ainsi, vertébrale, qui permettent des mouvements de
entre C2 et S1, les disques intervertébraux per- flexion, d'extension, de latéroflexion et de rota-
mettent une articulation intervertébrale entre les tion. Au niveau des colonnes cervicale et lombale,
corps des vertèbres de type amphiarthrose. De le disque intervertébral représente environ un tiers
plus, les processus articulaires des vertèbres (zyga- de la hauteur du corps vertébral, ce qui permet
pophyses) forment des diarthroses, les articulations une plus grande mobilité qu'au niveau thoracique
zygapophysaires ou interapophysaires postérieures, où il correspond à un sixième de la hauteur du
alors que les articulations entre les lames, les pro- corps vertébral. Bien que cela varie selon les indi-
cessus transverses et épineux, constituent des arti- vidus, les disques ont une épaisseur d'environ 0,7
culations fibreuses. Dans la zone cervicale, des à 1 cm. Ils sont constitués d'un anneau externe
articulations supplémentaires uniques sont pré- dense, de cartilage fibreux avec des lamelles
sentes entre les vertèbres typiques. Entre C3 et concentriques, l'anneau fibreux, qui entoure le
C7, les articulations uncovertébrales, ou articula- noyau pulpeux (nucleus pulposus), un centre plus
tions de Luschka, existent entre les uncus des gélatineux qui se compose de 88 % d'eau chez le
bords supérieurs de la face supérieure des corps sujet jeune et sain [8]. Les fibres de collagène de
vertébraux et la face inférieure des corps verté- l'anneau sont disposées de façon oblique dans des
braux susjacents. Elles présentent une synoviale, couches de directions alternées, et quinze à vingt-
un cartilage articulaire et une capsule [7]. Souvent, cinq couches distinctes ont été identifiées dans la
ces articulations sont le siège du développement colonne vertébrale lombale humaine [9]. Avec le
d'ostéophytes. vieillissement, la circonférence et le rayon de ces
Au-dessus de C2, la charnière entre la colonne couches augmentent notablement.
vertébrale et le crâne se compose de deux unités Des fibres de collagène s'étendent depuis l'an-
articulaires : l'articulation de l'os occipital avec l'at- neau fibreux jusqu'aux tissus adjacents, unissant
las, et l'articulation entre l'atlas et l'axis. Cette rela- cette structure fibrocartilagineuse aux bords des
tion permet des mouvements précis qui améliorent corps vertébraux, aux ligaments longitudinaux anté-
considérablement la mobilité du rachis cervical. rieur et postérieur, et supérieurement et inférieure-
Entre l'os occipital et l'atlas, ce sont deux articula- ment au cartilage hyalin des plateaux vertébraux.
tions synoviales, les articulations atlanto-occipi- Au niveau moléculaire et cellulaire, les compo-
tales. Leurs surfaces articulaires, i. e. les condyles sants du disque intervertébral lombal sont sem-
occipitaux et les masses latérales de l'atlas, sont blables à ceux du cartilage articulaire. La matrice
inversement conformées : les condyles occipitaux du noyau pulpeux et les plateaux vertébraux carti-
sont convexes et les facettes atlantales sont concaves. lagineux dérivent de cellules de type chondrocyte
Entre l'atlas et l'axis, ce sont trois articulations qui synthétisent le collagène de type II, des pro-
synoviales, les articulations atlanto-axiales. Deux téoglycanes et des protéines non collagéniques,
d'entre elles sont situées entre les masses latérales alors que l'anneau fibreux se développe à partir de
de l'atlas et de l'axis, et l'autre se trouve entre la cellules de type fibroblaste [10]. Par conséquent,
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 199

les propriétés de la matrice lui permettent de sup- mécanorécepteurs sont également présents, ayant
porter des forces de compression. généralement la morphologie des organes tendi-
Dans le disque d'un adulte normal, les nerfs et les neux de Golgi, également un petit nombre de
vaisseaux sanguins sont très peu présents. récepteurs de Ruffini, et un très petit nombre de
Normalement, le disque intervertébral n'a pratique- corpuscules de Pacini [15] (figure 7.10).
ment ni système lymphatique, ni système vasculaire
[11], et il est vascularisé par diffusion passive à partir Canal vertébral
des vaisseaux des plateaux vertébraux et de ceux
situés autour de l'espace annulaire [12]. En outre, les Le canal vertébral s'étend du foramen magnum au
modifications de la posture individuelle influent sur hiatus sacral. Sa taille varie, s'adaptant aux variations
l'apport nutritif [13, 14]. Dans les positions assises du diamètre de la moelle épinière. En règle générale,
associées à une flexion de la colonne vertébrale lom- dans la région cervicale, le canal est grand et triangu-
bale, plus de fluide sort des disques lombaux que laire, son diamètre AP étant à peu près de 21 mm
dans les postures redressées. De plus, les variations entre C1 et C3 et de 18 mm entre C4 et C7.
entre le jour, quand la personne est en charge et en Typiquement, le diamètre sagittal médian de la
mouvement, et la nuit, quand elle se repose, moelle épinière cervicale occupe environ 40 % du dia-
influencent également les échanges fluidiques. mètre sagittal médian du canal cervical [16]. Notez
Le noyau pulpeux n'a pas d'innervation ; seules qu'une diminution de 2 à 3 mm se produit dans le
les lamelles externes de l'anneau fibreux diamètre du canal cervical lors de l'extension du cou.
contiennent les terminaisons nerveuses des nerfs Comme dans la région cervicale, le canal verté-
sinuvertébraux de Luschka. Un petit nombre de bral lombal est large et triangulaire, son diamètre
Moelle spinale
Pie-mère

Espace subarachnoïdien
Plexus veineux vertébral
interne antérieur Arachnoïde
Dure-mère
Ligament longitudinal
postérieur Ganglion spinal

Rameau postérieur

Espace extradural Rameau antérieur

Graisse extradurale

Corps vertébral

Processus
Disque intervertébral transverse

Processus
épineux

Figure 7.10. Canal vertébral et foramen intervertébral.


Source : R.L. Drake, Gray's Anatomie pour les étudiants, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 62.
200 Considérations cliniques

AP mesurant à peu près 18 mm. Sa taille diminue


À chaque mouvement de la colonne vertébrale, la taille
progressivement de L1 à L5. Dans la région tho- des foramens intervertébraux varie. Au niveau lombal, la
racique, le canal vertébral est petit et circulaire. flexion augmente les dimensions foraminales, alors que
l'extension les diminue. L'inclinaison latérale affecte
Foramens intervertébraux considérablement le foramen intervertébral en dimi-
nuant la largeur, la hauteur et la surface du foramen du
De chaque côté de la colonne vertébrale, les fora- côté de l'inclinaison, alors que de l'autre côté, ces
mens intervertébraux (trous de conjugaison) per- mesures sont augmentées. La rotation produit égale-
mettent un accès dans et hors du canal vertébral. ment une diminution des mesures foraminales du côté
Antérieurement, il est limité au-dessus par la par- de la rotation et une augmentation de l'autre côté[17].
tie postérolatérale du corps vertébral susjacent, le
disque intervertébral, et au-dessous par la partie
postérolatérale du corps de la vertèbre subjacente. Canal radiculaire
Postérieurement, la limite est l'articulation zyga-
pophysaire et une partie de la portion ventrale de Le canal radiculaire est l'espace dans lequel che-
la capsule fibreuse de l'articulation. Inférieurement, mine la racine des nerfs spinaux, entre son point
il est formé par l'échancrure supérieure du pédi- d'émergence de la moelle épinière et sa sortie du
cule de la vertèbre subjacente, et en haut par foramen intervertébral. Il a été largement étudié
l'échancrure inférieure du pédicule de la vertèbre dans la région lombale. En forme de gouttière
susjacente. concave médialement, orientée verticalement ou
Des caractéristiques spécifiques existent selon le obliquement vers le bas et quelque peu vers l'ar-
niveau vertébral. Au niveau cervical, les foramens rière [18], le canal radiculaire lombal est générale-
intervertébraux sont dirigés antérolatéralement, ment divisé en trois parties : la partie rétrodiscale,
alors qu'aux niveaux thoracique et lombal, ils sont la partie parapédiculaire ou récessus latéral, et le
dirigés latéralement. En outre, entre T1 et T10, foramen intervertébral :
les bords antéro-inférieurs du foramen sont mar- tMB QBSUJF SÏUSPEJTDBMF FTU TJUVÏF FOUSF MF EJTRVF
qués par les articulations des têtes costales. Au intervertébral en avant, et la face antérolatérale
niveau lombal, les insertions vertébrales du grand du processus articulaire supérieur recouverte
psoas entourent les foramens entre T12 et L1, et par la partie latérale du ligament jaune en
L4 et L5. Cela est d'une grande importance cli- arrière. C'est dans cet espace que se manifestent
nique, car une dysfonction du muscle iliopsoas les conflits discaux sans migration ;
peut être responsable de la compression des tMBQBSUJFQBSBQÏEJDVMBJSF PVSÏDFTTVTMBUÏSBM FTU
structures qui entrent et sortent du canal verté- en dedans de toute la hauteur du pédicule. En
bral, tels les nerfs spinaux et les vaisseaux arrière, elle est limitée par la partie articulaire et
sanguins. le ligament jaune. En avant, elle est limitée par
Toute structure enfermée dans le foramen la face postérieure du corps vertébral recouvert
intervertébral peut être affectée par les change- par le ligament longitudinal postérieur ;
ments du contour foraminal. Par conséquent, le tMF GPSBNFO JOUFSWFSUÏCSBM EJGGÒSF FO GPSNF FU
nerf spinal et ses gaines méningées, les nerfs dimensions en fonction du niveau de la colonne
méningés récurrents, les artères spinales et les lombale. Au-dessus, il est limité par le bord infé-
plexus foraminaux – le système d'échange entre rieur concave du pédicule, très proche de la
les plexus veineux vertébraux internes (intraspi- racine nerveuse. La limite inférieure du canal
naux) et externes (extraspinaux) – pourraient être radiculaire est définie par le bord supérieur du
comprimés par une hernie discale ou une dégéné- pédicule de la vertèbre subjacente, et par l'es-
rescence discale, et une arthrose des processus pace rétrodiscal. Dans sa partie inférieure, le
articulaires avec formation d'ostéophytes. Cela foramen intervertébral est limité en avant par la
peut être encore aggravé par le port de charges, convexité du disque et en arrière par le ligament
une bascule du bassin et des spasmes musculaires. jaune recouvrant les processus articulaires.
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 201

Dans le récessus latéral, les deux racines du nerf Une compression osseuse du nerf spinal peut
spinal, les racines antérieures et postérieures, également se produire dans la partie inférieure du
courent en direction du ganglion spinal, où elles récessus latéral. En avant, cela peut être le renfle-
se rejoignent. Typiquement, le ganglion spinal est ment du disque ; en arrière, cela peut être l'ar-
situé au niveau du foramen intervertébral. Les throse du processus articulaire ou une lyse
racines spinales sont fortement engainées dans les isthmique. De plus, la taille de la gouttière dans
trois couches des méninges, qui peuvent être laquelle chemine le nerf spinal diminue au niveau
adhérentes au récessus latéral [19] (figure 7.11). des vertèbres lombales inférieures, alors que la
Au-delà du foramen intervertébral lombal, les taille des nerfs spinaux augmente, ce qui produit
méninges entourant les racines des nerfs spinaux potentiellement plus de stress. Cette compression
se prolongent sur 6,7 à 8 mm [20]. Des vaisseaux peut également être aggravée par le port de
lymphatiques, des artérioles, des plexus veineux et charges, une bascule du bassin et des spasmes
le nerf sinuvertébral voyagent avec le nerf spinal. musculaires.

Artère spinale antérieure Espace subarachnoïdien

Trabécules arachnoïdiens

Pie-mère

Artères spinales postérieures

Ligament dentelé

Racine ventrale

Racine dorsale

Ganglion spinal Arachnoïde

Dure-mère

Nerf spinal

Branches méningées
récurrentes des nerfs spinaux

Figure 7.11. Méninges recouvrant la portion thoracique de la moelle épinière.


Source : R.L. Drake, Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 49.
202 Considérations cliniques

Innervation dural, les tissus mous épiduraux, le ligament lon-


gitudinal postérieur et la partie postérieure de
Ce sont les nerfs spinaux et les nerfs sinuverté- l'anneau fibreux. Ses branches entourent aussi les
braux qui innervent la colonne vertébrale. Chaque vaisseaux sanguins et accompagnent les veines
nerf spinal est formé par la réunion au niveau des basivertébrales dans les corps vertébraux. Fait
foramens intervertébraux des rameaux ventral et intéressant d'un point de vue clinique, les parties
dorsal. Le nerf sinuvertébral (méningé récurrent latérales des anneaux fibreux sont innervées par
de Luschka) est formé à la sortie du foramen des branches du rameau ventral et des rameaux
intervertébral par la fusion d'une racine somatique communicants gris. Ces dernières passent entre,
de la branche ventrale du nerf spinal et d'une puis au plus profond des insertions d'origine des
racine sympathique du rameau communicant gris, grands psoas. Aussi, les dysfonctions du psoas
en provenance d'un ganglion sympathique thora- peuvent être potentiellement impliquées dans les
cique. Puis le trajet du nerf sinuvertébral est récur- mécanismes de la douleur au bas du dos, de par
rent et traverse l'opercule fibreux de Forestier leur relation avec les anneaux fibreux. Le ligament
pour retourner dans le foramen intervertébral longitudinal antérieur reçoit des branches des
(figure 7.12 ; figure 7.13). rameaux communicants gris.
Le nerf sinuvertébral innerve les structures du En arrière, les branches médiales des rameaux
canal vertébral. Il présente une série de fins fila- dorsaux innervent les processus articulaires, le
ments qui montent ou descendent sur un ou plu- périoste des éléments osseux postérieurs, les
sieurs niveaux, et s'anastomosent avec les nerfs muscles, et la peau. Chaque articulation zygapophy-
sinuvertébraux d'autres interlignes. Le nerf sinu- saire reçoit une innervation d'au moins deux seg-
vertébral est distribué à la face ventrale du sac ments consécutifs.

Plexus prévertébral

Ganglion prévertébral
(sympathique) Aorte

Corps vertébral

Racine antérieure
Ganglion sympathique

Contingent viscéral Rameau spinal antérieur

Rameau spinal
postérieur
Racine postérieure
Nerf spinal

Lame
Espace extradural

Moelle spinale Arachnoïde


Dure-mère
Pie-mère
Espace subarachnoïdien

Processus épineux

Figure 7.12. Nerfs spinaux (coupe transversale).


Source : R.L. Drake, Gray's Anatomie pour les étudiants, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 63.
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 203

Ligament longitudinal antérieur

Rameau gris

Ligament longitudinal
postérieur
Nerf sinuvertébral

Figure 7.13. Nerfs sinuvertébraux.


Source : S. Standring (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 731.

Le tiers externe de l'anneau des disques intervertébraux


Vascularisation
reçoit son innervation par les nerfs sinuvertébraux, les
Apport sanguin
parties antérieure et postérolatérale de l'anneau
reçoivent des branches des rameaux sympathiques La vascularisation de la colonne cervicale se fait
communicants gris. Lorsque les disques sont endomma- par des branches de l'artère subclavière. L'artère
gés, les nerfs peuvent s'infiltrer au centre dans le noyau subclavière droite naît du tronc brachiocépha-
pulpeux. En fait, cette croissance nerveuse est présente lique, derrière le bord supérieur de l'articulation
dans la lombalgie chronique, et parce que les nerfs sinu-
sternoclaviculaire droite, puis elle se dirige supé-
vertébraux sont constitués de nerfs polysegmentaires
mixtes et de plexus nerveux, cela facilite un signal poly-
rolatéralement pour passer entre les scalènes anté-
segmentaire et la propagation de la douleur. rieur et moyen. L'artère subclavière gauche naît
de la crosse de l'aorte, au niveau de l'interligne
T3/T4. Elle monte ensuite dans le cou, se cour-
bant latéralement pour contacter le bord médial
Au niveau cervical, l'innervation est assurée par du scalène antérieur gauche, qu'elle contourne.
des fibres nerveuses qui sont en partie des voies L'artère vertébrale, l'une des branches de l'ar-
nerveuses sympathiques et sensitives. Notez qu'il tère subclavière, provient de la partie supéroposté-
existe une projection de la moelle épinière au trac- rieure de l'artère subclavière. Elle monte dans le
tus trigéminal spinal qui peut jouer un rôle dans cou en passant à travers les foramens des processus
l'inflammation neurogène de la dure-mère crâ- transverses des vertèbres cervicales, à l'exception
nienne. De même, le chevauchement entre les de la septième vertèbre cervicale. Au niveau de
afférences trigéminales et cervicales supérieures C1, l'artère vertébrale contourne les masses laté-
dans tout le complexe trigéminocervical, du noyau rales de la vertèbre, pour entrer dans le crâne par
trigéminal caudal aux segments cervicaux supé- le foramen magnum. Plusieurs branches cervicales
rieurs, permet de comprendre les mécanismes de naissent de l'artère vertébrale. Ces petites branches
douleurs cervicales projetées [21]. spinales pénètrent dans le canal vertébral à travers
204 Considérations cliniques

le foramen intervertébral pour se distribuer à la nombreuses anastomoses et se connectent aux veines


moelle épinière, la dure-mère spinale et les corps intervertébrales.
vertébraux. En avant et en arrière, les plexus veineux verté-
La vascularisation de la colonne vertébrale tho- braux externes sont particulièrement bien déve-
racique provient de branches de l'aorte thora- loppés dans la région cervicale. Antérieurs aux
cique. Dans le prolongement de l'arc aortique, corps vertébraux, les plexus externes antérieurs
l'aorte thoracique commence à hauteur de l'inter- sont interconnectés avec les veines basivertébrales
ligne T3/T4. Elle se termine au niveau du fora- et intervertébrales et reçoivent des branches des
men aortique du diaphragme, à hauteur du bord corps vertébraux. Postérieurs aux lames verté-
inférieur de T12. Elle donne des branches au péri- brales, les plexus externes postérieurs entourent
carde, aux poumons, aux bronches, à l'œsophage les processus transverses et épineux. Après avoir
et à la paroi thoracique. Les branches dorsales des rejoint les plexus internes, les plexus externes pos-
artères intercostales postérieures ont une branche térieurs se drainent dans les veines intercostales
spinale, qui passe à travers le foramen interverté- postérieures et lombales.
bral, pénètre dans le canal vertébral et vascularise Entre la dure-mère et les vertèbres, les plexus
les vertèbres, la moelle épinière et la dure-mère veineux vertébraux internes reçoivent le drainage
spinale. veineux des vertèbres, de la moelle rouge et de la
La vascularisation du rachis lombal provient de moelle épinière. Ils produisent un réseau compact
branches de l'aorte abdominale. L'aorte abdomi- avec deux veines longitudinales verticales, anté-
nale prolonge l'aorte thoracique au niveau du rieure et postérieure. En arrière des corps verté-
foramen aortique du diaphragme. De là, elle des- braux et des disques intervertébraux, les plexus
cend en avant des vertèbres jusqu'au niveau de L4 internes antérieurs forment de grosses veines plexi-
où elle se divise en deux artères iliaques primitives. formes courant sur les faces vertébrales, de chaque
Les branches dorsales de l'aorte abdominale sont côté du ligament longitudinal postérieur. Des
les artères lombales et sacrale médiane. Parmi branches transversales reçoivent les grosses veines
celles-ci, l'artère d'Adamkiewicz fournit un apport basivertébrales. De chaque côté, en avant des liga-
sanguin significatif à la moelle épinière lombale et ments jaunes, les plexus internes postérieurs se
sacrale [22]. Des dommages ou une obstruction connectent avec les plexus externes postérieurs
de cette vascularisation artérielle peut entraîner un dans les veines circulant parmi les ligaments.
syndrome de l'artère spinale antérieure [23]. Les Les plexus veineux vertébraux internes et
symptômes sont une incontinence urinaire et externes antérieurs reçoivent les veines basiver-
fécale et une paraplégie des membres inférieurs tébrales larges et tortueuses, qui se forment dans
(MI), avec une fonction sensorielle conservée le tissu osseux des corps vertébraux et émergent
dans une certaine mesure. au niveau des divers foramens des corps verté-
Ce sont les branches dorsales des artères lom- braux, principalement sur leur face postérieure.
bales qui se distribuent aux muscles dorsaux, aux En fait, une grande quantité de tissu hémato-
articulations et à la peau, et qui pénètrent dans poïétique se trouve dans l'os trabéculaire des
le canal vertébral pour vasculariser la moelle épi- corps vertébraux.
niere, les méninges, les fascias, les ligaments, les Les plexus veineux vertébraux internes et
vertèbres et les articulations. externes se connectent aux veines intervertébrales.
Les veines intervertébrales accompagnent les nerfs
spinaux à travers le foramen intervertébral. Après
Drainage veineux avoir reçu les plexus vertébraux internes et
Le drainage veineux (figure 7.14) de la colonne verté- externes et ceux de la moelle épinière, elles se
brale se fait par les veines vertébrales [24]. Ces plexus drainent dans les veines vertébrales, intercostales
veineux complexes, internes et externes au canal ver- postérieures, lombales et sacrales. Les veines inter-
tébral, sont présents tout au long de la colonne ver- costales se connectent soit avec les systèmes veineux
tébrale. Ils n'ont pas de valves, se composent de cave soit avec le système veineux azygos. Après
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 205

Plexus vertébral interne antérieur

Plexus vertébral Dure-mère


externe antérieur
Plexus vertébral
interne postérieur

Veine basivertébrale

Nerf spinal

Plexus veineux vertébral


(Vue postérieure gauche)
Veine hémiazygos
accessoire

Veine intervertébrale

Veine intercostale
postérieure
Rameau
postérieur
Rameau antérieur Veine reliée au plexus
veineux externe postérieur
(non dessiné)
Veine basivertébrale Veine spinale antérieure

Ligament
longitudinal postérieur

Plexus vertébral
Dure-mère
interne antérieur

Veine intervertébrale Veine radiculaire antérieure


Veine radiculaire postérieure

Graisse
extradurale

Veine sulcale (centrale) postérieure Veines drainant la


Plexus vertébral Veine spinale moelle épinière
interne postérieur postérieure (coupe transversale)

Figure 7.14. Drainage veineux.


Source : R.L. Drake, Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 47.

avoir enveloppés les corps vertébraux, les veines maintien de la mobilité segmentaire entre les ver-
lombales se drainent dans les veines lombales tèbres peut par conséquent améliorer les circula-
ascendantes ou dans la veine cave inférieure. tions veineuse et lymphatique. Une saillie du
Notez que la formation d'ostéophytes et une disque peut également comprimer les plexus vei-
saillie du disque peuvent entraver les fonctions des neux vertébraux internes et être responsable d'une
systèmes nerveux et veineux passant par le fora- dilatation veineuse et d'un œdème de la racine
men intervertébral, résultant en une stase. Le nerveuse conduisant à l'ischémie.
206 Considérations cliniques

Mouvements spinaux Afin d'exposer clairement la mécanique verté-


brale, une référence pour les mouvements décrits
Mouvements physiologiques doit être définie. Le mouvement de n'importe
quel segment de la colonne vertébrale est décrit
de la colonne vertébrale par rapport au mouvement d'un point situé sur la
Le mouvement spinal démontré par la colonne partie la plus antérosupérieure du corps vertébral
vertébrale dans des circonstances de mise en de ce segment (voir figure 7.15., point G).
charge normales est dit physiologique. En géné- Lorsqu'on décrit le mouvement d'un segment
ral, lorsqu'il existe une restriction de mouvement vertébral unique, la référence est le segment verté-
associée à une dysfonction somatique vertébrale, bral immédiatement subjacent. Ainsi, le mouve-
elle se produit dans l'amplitude normale du mou- ment décrit et attribué à un segment spinal donné
vement physiologique de l'articulation vertébrale est en fait la description du mouvement entre des
concernée. Ces modèles ont été décrits dans la lit- segments de l'unité vertébrale, définie comme
térature ostéopathique par des auteurs comme deux vertèbres adjacentes, avec le disque interver-
Harrison H. Fryette [25, 26], Fred L. Mitchell Sr. tébral associé et leurs éléments arthrodiaux, liga-
[27] et William L. Johnston [28]. mentaires, musculaires, vasculaires, lymphatiques
Lorsque l'on considère la dysfonction soma- et neuraux [29]. En décrivant le mouvement d'un
tique vertébrale, il est toutefois important de faire groupe de vertèbres contiguës (trois ou plus), la
la différence entre les mouvements physiologiques et référence est la position anatomique. Puisque la
non physiologiques. Les mouvements non physiolo- dysfonction somatique se manifeste presque tou-
giques résultent de forces exogènes, à la fois des jours comme une restriction de mouvement, elle
macro- et microtraumatismes. On les trouve éga- peut être décrite dans le contexte de la direction
lement associés à une modification de l'anatomie dans laquelle le mouvement est libre ou restreint.
normale, comme cela se voit dans des conditions
pathologiques. Dès lors, les schémas des mouve- y

ments non physiologiques sont infiniment C


variables, déterminés par la direction des forces
G
exogènes ou les variations anatomiques patholo- F B

giques spécifiques.
En outre, une dysfonction vertébrale avec une
restriction de mouvement imprécise est souvent le
résultat de réflexes viscérosomatiques. Le mouve- A
ment semble ambigu parce qu'il s'agit de la mani-
x
festation d'un réflexe médullaire à médiation E

neurologique et non d'une origine mécanique. D


z
Par conséquent, lors d'un diagnostic de dysfonc-
tion somatique, l'identification de schémas de
Figure 7.15. Mouvements vertébraux.
mouvements incompatibles avec le mouvement Le mouvement (A) autour de l'axe transversal horizontal (x)
physiologique attendu dans une zone donnée doit est la flexion/extension.
vous alerter sur la possibilité d'étiologies anato- Le mouvement (B) le long de l'axe transversal horizontal (x)
miques, traumatiques ou viscérosomatiques est la translation latérale gauche ou droite.
Le mouvement (C) autour de l'axe vertical (y) est la rotation
aberrantes. gauche ou droite.
La description des mouvements physiologiques Le mouvement (D) le long de l'axe vertical (y) est la
et non physiologiques est mieux comprise translation craniale ou caudale.
lorsqu'on les analyse dans le contexte des mouve- Le mouvement (E) autour de l'axe horizontal AP (z) est la
latéroflexion gauche ou droite.
ments simples qui se produisent sur ou le long des Le mouvement (F) le long de l'axe horizontal AP (z) est la
axes cartésiens appliqués aux trois dimensions translation antérieure ou postérieure.
(transversal, vertical, et AP) (figure 7.15). © Éléonore Lamoglia.
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 207

Dans ce texte, la dysfonction somatique est décrite palement les schémas de mouvements décrits par
dans le contexte de la direction où le mouvement Fryette [32]. Lorsque cela est nécessaire, des com-
est libre. paraisons sont faites avec d'autres auteurs.
Le mouvement physiologique rencontré dans Fryette a décrit des mouvements physiologiques, et
toutes les régions de la colonne vertébrale résulte donc éventuellement dysfonctionnels, se produi-
de l'anatomie normale. Les vertèbres démontrent sant dans des situations neutres (type-I) et non
des mouvements segmentaires typiques en raison neutres (type-II) pour les segments typiques de la
de leur anatomie intervertébrale régionale unique colonne vertébrale. Les principes de ces mouve-
[30]. Ainsi, les types de mouvement physiolo- ments physiologiques spinaux s'appliquent seule-
gique cervicaux, thoraciques et lombaux (et lom- ment aux mouvements entre des vertèbres
bosacraux) sont prévisibles. Le mouvement typiques. Telle que définie par Fryette, cette rela-
segmentaire est déterminé, en partie, par la rela- tion se produit uniquement entre deux ou plu-
tion entre les corps vertébraux adjacents et le sieurs segments de la colonne vertébrale qui
disque intervertébral. L'anatomie unique des possèdent des processus articulaires et des disques
corps vertébraux des segments typiques du rachis intervertébraux :
cervical modifie quelque peu ces schémas par rap- tFOMhBCTFODFEFGMFYJPOPVEhFYUFOTJPOTJHOJGJDB-
port au reste de la colonne vertébrale et sera dis- tive, i. e. dans une situation neutre, lorsque les
cuté ci-dessous. L'amplitude intervertébrale du forces de la latéroflexion sont appliquées à un
mouvement est en outre modifiée, par l'anatomie groupe de trois segments ou plus, la rotation se
des processus intervertébraux uniques pour produit dans la convexité de la latéroflexion.
chaque zone vertébrale. L'orientation des proces- Autrement dit, la latéroflexion et la rotation se
sus articulaires au niveau du rachis cervical, situées produisent dans des directions opposées par
entre le plan coronal et le plan transversal, permet rapport à la position anatomique ;
plus facilement la rotation. L'orientation des pro- tFO QSÏTFODF EhVOF GMFYJPO PV EhVOF FYUFOTJPO
cessus articulaires dans la colonne thoracique, intersegmentaire qui engage les articulations
dans le plan coronal, permet plus facilement la des processus articulaires vertébraux, les mou-
latéroflexion et à un moindre degré la rotation. vements sont dits non neutres. Les forces du
L'orientation des processus articulaires dans la mouvement sont alors appliquées entre deux
colonne lombale, dans le plan sagittal, permet plus vertèbres adjacentes, i. e. sur l'unité vertébrale.
facilement la flexion et l'extension. L'orientation Dans ce cas, l'introduction de la latéroflexion
des processus articulaires de la charnière lombosa- produit la rotation du segment supérieur dans la
crale étant variable, cela se traduit souvent par des concavité. Autrement dit, en présence d'une
mouvements qui varient selon les individus entre flexion ou d'une extension importante, la rota-
les schémas physiologiques neutres et non neutres. tion et la latéroflexion du segment supérieur de
Une asymétrie potentielle des processus articu- l'unité vertébrale, par rapport au segment verté-
laires (tropisme des processus) est commune à la bral inférieur, se produisent dans la même direc-
charnière lombosacrale, introduisant la possibilité tion (voir Courbures vertébrales latérales, partie
de schémas de mouvements aberrants. IV, chapitre 8, p. 280).
Rappelez-vous que les schémas du mouvement
spinal physiologique et tous les axes de mouve-
ment proposés dans ce document sont hypothé- Mouvements physiologiques
tiques. Ces types de mouvements sont le résultat du sacrum
d'observations et ils ont d'abord été formellement
proposés il y a plus de quatre-vingt-dix ans [31]. Les mouvements du sacrum peuvent être envisa-
En tant que tels, ils ont pour but d'offrir un cadre gés par rapport à l'os coxal (sacrum antérieur et
pour la résolution de problèmes cliniques. Le fait postérieur) ou par rapport à la colonne lombale
qu'ils aient été employés pendant presque un siècle (torsions vers l'avant et vers l'arrière). Dans les
atteste de leur utilité. Ce chapitre examine princi- deux cas, la rotation sacrale a lieu autour de l'axe
208 Considérations cliniques

oblique droit ou gauche. Généralement, les dys-


fonctions sacro-iliaques associent une rotation et
une latéroflexion dans des directions opposées
[33]. Cette relation couplée de latéroflexion et de
rotation est décrite avec le sacrum tournant autour
d'un axe oblique hypothétique. Cet axe sacral
oblique, d'abord décrit par H.I. Magoun Sr. [34],
est décrit actuellement comme reliant le pôle
supérieur de l'articulation SI d'un côté au pôle
inférieur de l'articulation SI contralatérale.

Bassin et colonne vertébrale lombale


Fryette déclara qu'« anatomiquement, le sacrum
fait partie du bassin mais physiologiquement, il
fait partie de la colonne lombale [35] ». La latéro-
flexion de la colonne lombale sur le sacrum pro-
voque une latéroflexion et une rotation du sacrum
de telle sorte que le sacrum semble être en rota-
tion autour de l'axe oblique situé du côté de la
latéroflexion lombale. Ainsi, une latéroflexion
lombale droite engage l'axe oblique droit du
sacrum, et une latéroflexion lombale gauche
engage l'axe oblique gauche. Dans des circons-
tances de mise en charge neutre (absence de
flexion ou d'extension importante), le sacrum,
par rapport à L5, se déplace vers l'avant du côté
opposé à l'axe oblique engagé. Cela est considéré
comme une torsion vers l'avant et est de plus iden- Figure 7.16. Fryette Type-1 et torsion vers l'avant.
© Éléonore Lamoglia.
tifié par l'axe oblique concerné, à savoir rotation
droite sur l'axe sacral oblique droit ou rotation Sacrum et os coxal
gauche sur l'axe sacral oblique gauche. Cela est
Sacrum antérieur/postérieur
identique aux mouvements spinaux décrits ci-des-
sus, Fryette, type-I, avec le sacrum qui fonctionne Un « sacrum antérieur » est, par définition, anté-
comme le segment le plus bas dans une courbure rieur à l'os coxal ipsilatéral. Dans ces circons-
lombale de groupe (figure 7.16). tances, si l'os coxal est décrit par rapport au
Dans des circonstances non neutres (présence sacrum, l'os coxal est postérieur par rapport au
d'une flexion ou d'une extension importante), le sacrum. Notez que la terminologie « os coxal pos-
sacrum, par rapport à L5, se déplace vers l'arrière térieur » se réfère aussi parfois à la position d'un os
du côté opposé à l'axe oblique engagé. Cela est coxal par rapport à l'os coxal contralatéral. Cela
considéré comme une torsion vers l'arrière et est peut résulter d'une asymétrie dans les tensions des
de plus identifié par l'axe oblique concerné, à tissus mous, d'une dysfonction de l'articulation SI
savoir rotation gauche sur l'axe sacral oblique et/ou de la symphyse pubienne, ou même de la
droit ou rotation droite sur l'axe sacral oblique mécanique lombosacrale. Une relation semblable
gauche. Cela est identique aux mouvements spi- existe entre le sacrum et l'os coxal ipsilatéral du
naux décrits ci-dessus, Fryette, type II, avec le côté du « sacrum postérieur ».
sacrum qui fonctionne comme le segment infé- Rappelons que lorsque des forces de rotation
rieur de la relation L5-S1 (figure 7.17). venant d'en haut sont appliquées sur le sacrum et
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 209

couchement ou après une utilisation soutenue des


muscles adducteurs des cuisses.

Bassin et membres inférieurs


Lorsque le sacrum tourne vers l'arrière, sa face
ventrale s'éloigne du grand trochanter du côté de
la rotation postérieure, plaçant le muscle piriforme
ipsilatéral en tension. Il s'ensuit un réflexe d'étire-
ment, ce qui entraîne le spasme du piriforme
trouvé en association avec un sacrum postérieur.
La relation entre un sacrum antérieur et la ten-
sion de muscle moyen glutéal est similaire, mais
n'est pas immédiatement aussi évidente. Le
sacrum antérieur est antérieur à l'os coxal ipsilaté-
ral. Il existe une restriction du mouvement posté-
rieur du sacrum par rapport à l'os coxal du côté
dysfonctionnel. Dans des circonstances de mise en
charge normales, les forces venant du haut qui
agissent sur le sacrum antérieur, à travers la
colonne lombale, ont tendance à le tirer vers l'ar-
rière (vers une position neutre). En raison de la
restriction SI, l'os coxal est également tiré vers
l'arrière par rapport au fémur. Cette entraîne une
mise en tension du muscle moyen glutéal (et petit
glutéal), qui s'insère sur la face latérale de l'os
Figure 7.17. Fryette Type-2 et torsion vers l'arrière. coxal et se termine sur la face latérale du grand
© Éléonore Lamoglia. trochanter. L'augmentation de la tension résulte
en un spasme musculaire.
que le sacrum tourne, les ligaments SI sont tendus.
Dès lors, l'os coxal peut être entraîné à se déplacer
avec le sacrum, mais à un degré moindre [36].
Dysfonction somatique
Lorsque les forces du mouvement viennent du vertébrale
bas et s'appliquent sur l'os coxal, il convient de
parler de mouvement ou de dysfonction iliosa- La dysfonction somatique vertébrale affecte large-
cral. Dans ce texte, nous nommons les mouve- ment les individus qui vieillissent, en impliquant
ments de l'os coxal, rotation externe (rotation tous les niveaux de la colonne vertébrale.
antérieure) ou rotation interne (rotation posté- Toutefois, elle est plus fréquente dans les régions
rieure) afin de considérer toutes les composantes thoracique supérieure, lombale et cervicale. Même
du mouvement coxal et non seulement la compo- si elle peut résulter d'un traumatisme, elle est sou-
sante dans le plan AP, i. e. la rotation antérieure vent la conséquence des effets cumulatifs des
ou postérieure (voir Palpation des fonctions dans contraintes des activités physiques quotidiennes.
la position debout, de dos, partie II, Examen La plainte initiale d'une dysfonction vertébrale est
ostéopathique, p. 62). généralement une douleur musculosquelettique
localisée, ou projetée.
Symphyse pubienne Typiquement, la dysfonction somatique verté-
Fréquemment, les dysfonctions du pubis brale qui se manifeste chez les adultes vieillissants
consistent en glissements supérieur et inférieur. démontre la relation entre les mouvements de
Cette dysfonction est parfois observée après l'ac- flexion-extension, latéroflexion et rotation telle
210 Considérations cliniques

que décrite par Fryette [37]. Les changements liés identifiée doit être soigneusement évaluée pour
à l'âge rencontrés chez les patients âgés, associés à écarter une origine viscérosomatique. Le traite-
la possibilité d'une pathologie concomitante, ment efficace de la dysfonction viscérosomatique
tendent à réduire leur tolérance au traitement par est basé sur le traitement approprié de l'affection
manipulation ostéopathique. Cela ne signifie pas viscérale subjacente.
nécessairement que les manipulations à grande Par conséquent, il est impératif de garder à l'es-
vitesse et à faible amplitude soient contre-indi- prit que la dysfonction somatique peut se traduire
quées pour ces personnes. Plutôt, cela exige de comme une manifestation réflexe d'une
votre part une évaluation soigneuse du patient et dysfonction ou maladie viscérale. Bien que l'em-
une grande attention au dosage du traitement que placement de ces réflexes puisse varier légèrement
le patient peut tolérer sans risque. En comparai- d'un individu à l'autre, leurs emplacements sont
son, l'efficacité et la douceur des procédures indi- généralement bien connus (voir tableau 7.1.).
rectes en font les manipulations idéales pour traiter Alors qu'une zone réflexe peut inclure plusieurs
les personnes fragiles ou gravement malades. segments spinaux, la présentation clinique d'un
De plus, en raison de l'incidence d'une patholo- réflexe viscérosomatique peut n'impliquer que deux
gie concomitante viscérale chez les personnes segments vertébraux adjacents au sein de cette
vieillissantes, la dysfonction somatique vertébrale grande zone [38]. À la palpation, la dysfonction

Tableau 7.1. Réflexes viscérosomatiques.


Yeux, oreilles nez, gorge Le réflexe sympathique est de T1 à T5. Le nerf trijumeau est la voie finale à la fois pour les innervations
sympathique et parasympathique des voies aériennes supérieures. Les muscles de la mastication, le
plus souvent les muscles temporaux, reçoivent leur innervation motrice du nerf trijumeau et servent de
composante somatique pour les réflexes viscérosomatiques sympathiques et parasympathiques des voies
aériennes supérieures. Un autre site réflexe se situe au niveau occiput-C2. Cela provient d'un réflexe entre
le nerf trijumeau et les nerfs cervicaux supérieurs[42]
Cœur Le réflexe sympathique est de T1 à T5, plus souvent du côté gauche que du côté droit. Le réflexe
parasympathique est vagal : occiput, C1, C2
Poumons Le réflexe sympathique est bilatéral de T1 à T4. Les affections impliquant les deux poumons résultent en
réflexes bilatéraux. Les affections n'impliquant qu'un seul poumon résultent en un réflexe situé du côté du
poumon impliqué. Le réflexe parasympathique est vagal : occiput, C1, C2
Tube digestif - Le réflexe parasympathique du tube digestif depuis son origine jusqu'à la moitié du côlon transverse est
vagal : occiput, C1, C2. Le réflexe parasympathique depuis la moitié distale du côlon transverse jusqu'au
rectum est sacropelvien : S2 à S4
- L'œsophage a un réflexe sympathique de T3 à T6 à droite
- L'estomac a un réflexe sympathique de T5 à T10 à gauche
- Le duodénum a un réflexe sympathique de T6 à T8 à droite
- L'intestin grêle a un réflexe sympathique de T8 à T10 bilatéralement
- L'appendice et le cæcum ont un réflexe sympathique de T9 à T12 à droite
- Le côlon ascendant a un réflexe sympathique de T11 à L1 à droite
- Le côlon descendant jusqu'au rectum a un réflexe sympathique de L1 à L3 à gauche
Pancréas Le réflexe sympathique peut être gauche ou bilatéral, de T5 à T9. Le réflexe parasympathique est vagal :
occiput, C1, C2
Foie et vésicule biliaire Le réflexe sympathique est à droite de T5 à T10. Le réflexe parasympathique est vagal : occiput, C1, C2
Rate Le réflexe sympathique est à gauche de T7 à T9
Rein Le réflexe sympathique est du même côté que le rein impliqué, de T9 à L1. Le réflexe parasympathique est
vagal : occiput, C1, C2
Vessie Le réflexe sympathique est bilatéral, de T11 à L3. Le réflexe parasympathique est sacropelvien de S2 à S4
Ovaires Le réflexe sympathique est du même côté que l'organe impliqué, de T10 à T11
Glandes surrénales Le réflexe sympathique est du même côté que la glande impliquée, de T8 à T10
Les emplacements ci-dessus sont un résumé de la littérature ostéopathique [43–49].
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 211

somatique réflexe démontre une sensibilité et une premier. Pour autant, cela permet un traitement
texture anormales des tissus, en particulier des tis- complémentaire de la maladie viscérale, pour
sus subcutanés. Il n'est pas nécessaire de trouver laquelle la réduction de la dysfonction somatique
en plus une modification de la position anato- associée est considérée comme ayant un effet salu-
mique ou une restriction du mouvement avec des taire sur l'état viscéral. Toutefois, il est important de
barrières clairement définies. noter que, en présence d'une pathologie viscérale
Les dysfonctions somatiques spinales viscéroso- établie, un traitement par manipulations ostéopa-
matiques ne sont pas d'origine mécanique, c'est la thiques ne doit pas être considéré comme un traite-
réponse somatique segmentairement associée à ment primaire de la pathologie subjacente viscérale.
une augmentation de l'activité des neurones affé-
rents viscéraux généraux (AVG), souvent associée
à une inflammation viscérale. Ces neurones AVG Changements liés
reviennent au système nerveux central (SNC) avec au vieillissement
les nerfs sympathiques et parasympathiques qui
innervent l'organe particulier. En tant que tels, les Chez la plupart des individus, une perte de sou-
réflexes viscérosomatiques se trouvent dans les plesse et une diminution des amplitudes de mou-
zones spinales associées au système nerveux auto- vement apparaissent avec l'âge. Les dysfonctions
nome. Les réflexes sympathiques se trouvent entre somatiques accumulées au fil des ans s'ajoutent à
T1 et L2. Les réflexes parasympathiques sont la perte de l'élasticité du tissu conjonctif et contri-
sacraux (splanchniques pelviens) et cervicaux buent à sa défaillance.
supérieurs (occiput, C1, et C2 – une indication de De plus, en fonction de l'âge, la densité osseuse
l'activité vagale, peut-être le résultat de projec- apparente varie considérablement ; certaines
tions vagales directes au niveau de la moelle épi- ostéoporoses liées à l'âge augmentent ce proces-
nière cervicale supérieure) [39]. Ainsi, l'activité sus. Dès la quatrième décennie de la vie la déminé-
afférente nociceptive d'un viscère entraîne une ralisation progresse de telle sorte que les hommes
sensibilisation des neurones de second ordre au âgés peuvent progressivement perdre jusqu'à 30 %
sein de la moelle épinière. Ces neurones sensibili- de leur densité osseuse, alors que les femmes
sés peuvent également recevoir une nociception peuvent perdre jusqu'à 50 % [50]. En consé-
convergente des tissus somatiques, en particulier quence, entre 30 et 80 ans, chaque personne peut
des tissus somatiques profonds, et des autres vis- subir une perte de volume osseux dans la colonne
cères. Par conséquent, pour les tissus somatiques lombale de 53 %, dans la colonne thoracique de
et les organes viscéraux qui démontrent les mêmes 41%, et dans le rachis cervical de 24 % [51].
projections segmentaires de leurs neurones affé- Toute diminution de la densité osseuse, associée
rents spinaux sur un niveau donné de la moelle aux modifications de l'architecture tridimension-
épinière, ou sur des zones se chevauchant, un nelle du réseau trabéculaire de l'os, entraîne une
tableau d'hyperalgésie et de douleur viscérale pro- diminution de la force structurale. Normalement,
jetée est établi [40]. En tant que praticien ostéo- les travées sont orientées parallèlement aux lignes
pathe, vous pouvez utiliser ces plaintes de douleur de force et les travées verticales prédominent dans
projetée pour un diagnostic. En effet, vos compé- les deux tiers antérieurs du corps vertébral, alors
tences palpatoires devraient vous permettre que les travées horizontales sont plus apparentes
d'identifier les changements de texture des tissus dans la partie postérieure. Un aspect plus poreux
associés, souvent bien avant la présentation cli- de l'os spongieux est la conséquence d'une grande
nique de la pathologie viscérale [41]. perte des composantes horizontales, qui agissent
En la présence d'influx viscéral, l'état facilité du comme des entretoises transversales. Avec l'âge,
segment de la moelle épinière peut à son tour entraî- les travées horizontales perdent considérablement
ner une réponse somatoviscérale. Une fois la rela- de leur épaisseur, deviennent plus minces et se
tion viscérosomatique/somatoviscérale établie, cela perforent. En revanche, l'épaisseur des travées
peut être difficile de déterminer ce qui est apparu en verticales reste indépendante de l'âge, bien qu'une
212 Considérations cliniques

perte absolue de ces travées puisse être plus grande masse osseuse s'organise. Plus tard, à partir de la
que celle des travées horizontales [52]. quatrième décennie, une perte osseuse se produit.
Ainsi, l'architecture de l'os trabéculaire devient Des stimuli environnementaux qui ont lieu pendant
plus fragile et peut s'effondrer sous des charges de des périodes critiques du développement, dès la vie
compression normale. De plus, des modifications intra-utérine, seraient un facteur de risque d'ostéo-
morphologiques comme l'augmentation des porose plus tard dans la vie [58].
espaces intratrabéculaires s'ajoutent à la fragilité Quand il y a une déconnexion entre la résorp-
des os [53]. En conséquence, les corps vertébraux tion et la formation osseuse, avec plus de résorp-
sont moins résistants dans leur capacité à suppor- tion que de formation osseuse, la masse osseuse
ter le poids. Des microfractures et des microcals diminue, ce qui entraîne l'ostéoporose. La résis-
apparaissent dans l'os subchondral, associés à tance osseuse décline, ce qui peut conduire aux
l'augmentation de la concavité de la jonction dis- fractures à la suite de traumatismes minimes. En
covertébrale [54, 55]. fait, seuls 25 % des fractures vertébrales sont la
Le plus souvent, les changements qui accom- conséquence d'une chute ; les autres peuvent résul-
pagnent le vieillissement comprennent l'ostéopo- ter d'activités quotidiennes impliquant une flexion
rose, les ostéophytes ou éperons osseux, l'arthrose ou le soulèvement d'objets légers, avec un para-
des processus articulaires, les maladies dégénéra- mètre de compression [59]. Les sites de fracture
tives du disque et les sténoses du canal vertébral. les plus courants sont les vertèbres, le poignet et la
hanche. À 50 ans, une femme a 17,5 % de risque de
Ostéoporose subir une fracture de la hanche, et 16 % de risque
de subir une fracture vertébrale, alors qu'un
En 1993, un consensus décrit l'ostéoporose comme homme a respectivement un risque de 6 % et de 5
une maladie systémique du squelette caractérisée par % [60]. En règle générale, les fractures vertébrales
une faible masse osseuse et une détérioration microar- primaires ont lieu au niveau du rachis thoracique
chitecturale du tissu osseux résultant en une augmen- moyen ou thoracolombal et se présentent comme
tation de sa fragilité et par conséquent un risque de des fractures en coin. Avec la progression de l'os-
fracture [56]. Dans ses lignes directrices pour le dia- téoporose, des fractures biconcaves apparaissent au
gnostic et le traitement de l'ostéoporose, l'Interna- niveau lombal [61]. Les fractures vertébrales sont
tional Osteoporosis Foundation a déclaré que, plus associées à une augmentation significative des
de 40 % des femmes d'âge moyen en Europe connaî- maux de dos, une diminution de la hauteur totale
tront une ou plusieurs fractures ostéoporotiques de la personne, une diminution de la fonction phy-
avant la fin de leur vie [57]. Ces fractures ont des sique, le handicap et l'isolement social. En outre, le
conséquences malheureuses pour la santé en raison risque de mortalité est accru, et ce jusqu'à cinq ans
de leur association avec une augmentation de la mor- après la fracture vertébrale, chez les hommes
talité et de la morbidité, qui sont à leur tour une comme chez les femmes [62, 63].
charge importante pour le système de santé. Les douleurs vertébrales peuvent être associées
Tout os vivant se compose d'un réseau de tissu à différentes conditions et à cause de cela, les frac-
conjonctif calcifié, de plus ou moins grande densité tures vertébrales sont parfois négligées et ne sont
en fonction de l'âge et la santé de l'individu. En tant pas toujours diagnostiquées. Bien que la diminu-
que structure dynamique et vivante, le squelette tion de hauteur puisse être due à de multiples frac-
subit un ajustement continu. Parmi les composants tures, cela n'est considéré comme un indicateur
cellulaires de l'os, les ostéoblastes sont responsables fiable de l'existence d'une fracture que si la dimi-
de la formation osseuse et les ostéoclastes de la nution dépasse 4 cm [64]. Dans une étude des
résorption. Normalement, un renouvellement régu- fractures ostéoporotiques sur plusieurs centres de
lier a lieu avec formation osseuse et résorption soins, un peu plus des deux tiers des nouvelles
osseuse. En fait, c'est au cours des deux premières fractures vertébrales détectées radiographique-
décennies de la vie que la plupart de la croissance et ment n'avaient pas été diagnostiquées clinique-
de la minéralisation du squelette se produit et que la ment [65]. Gardez cela à l'esprit et soyez toujours
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 213

très prudent lors du traitement des problèmes de les plus souvent cités dans l'épidémiologie de l'os-
dos chez vos patients. téoporose [67, 68]. La perte de poids, en particu-
Les évaluations radiologiques des fractures ver- lier après 50 ans, est liée à une faible masse osseuse
tébrales doivent être effectuées par des cliniciens et il est observé que pour chaque dizaine de kilos
ayant une expertise précise dans la radiologie de perdus, il y a une diminution de 3,9 % de la masse
l'ostéoporose. En règle générale, les fractures ver- osseuse [69]. Une ménopause survenant précoce-
tébrales ostéoporotiques affichent une diminution ment de manière naturelle et un âge tardif de la
de la hauteur du mur antérieur du corps vertébral, ménarche semblent augmenter le risque de faible
alors que la dimension du mur postérieur reste densité osseuse. En revanche, l'allaitement mater-
inchangée. Il en résulte une déformation en forme nel ne semble pas être un facteur de risque ; il peut
de coin qui entraîne une cyphose locale. S'il existe même parfois avoir un effet protecteur [70]. Une
plusieurs fractures vertébrales contiguës, il y aura supplémentation en calcium ou en vitamine D a
une augmentation de la cyphose thoracique et de démontré des effets positifs dans certaines études,
la lordose cervicale. Cela est généralement plus mais pas dans toutes [71, 72].
sévère chez les femmes, avec le développement
d'une « bosse de bison » dans la région thoracique
supérieure. Ostéophytes
Classiquement, les déformations vertébrales sont
décrites comme des déformations en coin, bicon- Selon certains auteurs, les ostéophytes, également
caves et par tassement. Les déformations en coin et appelés éperons osseux, sont des excroissances
par tassement, les plus fréquentes, se rencontrent d'os en bonne santé qui se développent comme
dans les portions thoracique moyenne et thoraco- mécanisme de défense contre la pression [73, 74].
lombale de la colonne vertébrale chez les hommes En fait, les ostéophytes augmentent la force de
et les femmes, alors que les déformations bicon- compression vertébrale de 17 % [75]. Ils sont plus
caves sont souvent situées dans la colonne lom- fréquents chez les hommes qui ont souvent subi
bale. Elles résultent d'hernies verticales du noyau des mises en charge compressives importantes de
pulpeux à travers les plateaux des corps verté- la colonne vertébrale. Bien que les éperons ostéo-
braux, souvent appelées radiologiquement les phytiques soient asymptomatiques la plupart du
nœuds de Schmorl. Une déformation vertébrale, temps, les ostéophytes vertébraux antérieurs sont
cependant, ne signifie pas toujours l'existence associés à la dégénérescence du disque interverté-
d'une fracture vertébrale, alors que les fractures bral lombal [76, 77]. Pour autant, en limitant
vertébrales démontrent systématiquement une progressivement le mouvement, la formation
déformation vertébrale. Le vieillissement aug- d'ostéophytes peut aussi améliorer l'instabilité
mente la prévalence des déformations vertébrales, vertébrale [78]. En plus de leur survenue dans le
en particulier chez les femmes [66]. périoste recouvrant l'os, au niveau de la jonction
La plupart des facteurs de risque de l'ostéopo- entre le cartilage et l'os, les ostéophytes peuvent
rose ne peuvent être évités ou modifiés. également résulter d'une traction à l'insertion des
Néanmoins, il peut être utile d'identifier les tendons et des ligaments. Ils peuvent être considé-
patients à risque, de les traiter et de leur proposer rés comme des éperons inflammatoires – comme
des mesures préventives telles que des exercices et les syndesmophytes–des excroissances osseuses se
un traitement ostéopathique pour améliorer leur développant à l'intérieur d'un ligament on les
équilibre et leur fonction posturale. Une trouve sur les zones d'insertion osseuse des liga-
contrainte mécanique, dans des limites fonction- ments et des tendons, dans des pathologies telle la
nelles, est nécessaire pour maintenir la densité spondylarthrite ankylosante.
osseuse. Un programme d'exercices intelligents Même s'il existe des disparités individuelles, des
peut contribuer à cet objectif. ostéophytes peuvent apparaître sur les faces anté-
L'âge, le sexe féminin, les facteurs génétiques, le rieures et latérales des corps vertébraux dès l'âge de
tabagisme et la minceur sont les facteurs de risque 20 ans. À 60 ans, 90 % des personnes présentent
214 Considérations cliniques

des ostéophytes [79]. Les ostéophytes antérieurs ostéophytes antérieurs. Dans l'abdomen, le tronc
sont généralement plus fréquents, en particulier sympathique et les rameaux communicants sont le
dans la région thoracique, tandis que les ostéo- plus souvent sous pression [89], alors que dans le
phytes postérieurs sont plus fréquents dans les thorax, ce sont les nerfs splanchniques qui sont fré-
régions cervicale et lombale. Notez que les ostéo- quemment comprimés, avec une plus grande fré-
phytes apparaissent dans les concavités de la quence au niveau de T8-10 [90].
colonne vertébrale, là où la pression est la plus
grande, et ils sont surtout présents près des som- Arthrose des processus
mets des courbures AP de la colonne vertébrale articulaires
(C5, T8 et L3-4), alors qu'ils sont rarement pré-
sents dans les zones de moindre pression telles Les processus articulaires sont parmi les structures
que les intersections entre la ligne de gravité et la vertébrales où se produit une dégénérescence. Avec
colonne vertébrale (TI, T12, et L5-S1) [80]. l'âge, comme dans les autres diarthroses, l'arthrose
Les ostéophytes peuvent s'infiltrer dans tous les des processus articulaires se développe progressive-
types de tissus mous entourant les vertèbres. Ils ment. L'arthrose, ou arthrite dégénérative, est défi-
peuvent également se développer dans les liga- nie par le National Collaborating Centre for
ments vertébraux, et des ostéophytes antérieurs Chronic Conditions comme « un processus méta-
sont très souvent observés dans le ligament longi- boliquement actif, dynamique qui implique tous les
tudinal antérieur, qui recouvre une bonne partie tissus articulaires : le cartilage, l'os, la synoviale/
de la face antérieure des corps vertébraux. Parce capsule, les ligaments et les muscles ». Habituelle-
qu'il y a moins de stress sur le ligament longitudi- ment, plusieurs changements pathologiques appa-
nal postérieur, les ostéophytes postérieurs se raissent, comme la perte du cartilage hyalin et le
développent moins souvent dans ce ligament. On remodelage de l'os contigu avec la formation d'os-
les trouve également dans les insertions des muscles téophytes. Les symptômes peuvent inclure la dou-
prévertébraux, dans les piliers du diaphragme et leur, la fragilité et la raideur. Les nombreux facteurs
dans les insertions du muscle psoas [81]. de risque sont généralement divisés en facteurs
En tant que mécanisme de défense contre la pres- génétiques (bien qu'à ce jour, aucun gène respon-
sion, les ostéophytes peuvent être asymptomatiques. sable ne soit connu), facteurs constitutionnels tels
Néanmoins, ils compriment parfois les structures que le vieillissement, le sexe féminin, l'obésité, et
situées autour des vertèbres, ce qui entraîne des facteurs biomécaniques tels que le surmenage arti-
symptômes. La compression de la moelle épinière et culaire ou les traumatismes.
des nerfs spinaux est fréquente [82]. Les ostéo- De multiples études montrent une augmenta-
phytes des corps vertébraux L5-S1 peuvent pro- tion de la surface des processus articulaires asso-
duire une radiculopathie lombale provoquée par ciée à l'âge ; en particulier dans la colonne
une compression extraforaminale, avec compression vertébrale lombale, ce qui est probablement
du cinquième nerf lombal [83, 84]. Pour autant, secondaire à une augmentation de la mise en
des résultats radiologiques anormaux significatifs du charge au niveau des processus articulaires [91].
canal spinal lombal ne sont pas toujours trouvés, et Une corrélation significative entre l'arthrose et
la présence d'ostéophytes peut être mal diagnosti- l'orientation sagittale des articulations zygapophy-
quée [85]. Des ostéophytes cervicaux peuvent pro- saires lombales est également signalée [92]. Cela
voquer une compression de l'œsophage et de la suggère soit que le processus articulaire d'orienta-
trachée entraînant des symptômes tels que dyspha- tion sagittale est susceptible de développer de
gie, toux, essoufflement ou oppression de la gorge l'arthrose, soit que le remodelage de l'arthrose
[86, 87]. Une compression symptomatique de l'ar- modifie l'apparence et l'orientation des processus
tère vertébrale provoquée par des ostéophytes cervi- articulaires. Dans tous les cas, la recherche d'un
caux antérieurs est également décrite [88]. Le tronc équilibre postural optimal pour tous – le plus tôt
sympathique, situé antérolatéralement sur le corps possible – est primordiale pour une mise en charge
des vertèbres, peut aussi être comprimé par des optimale et une réduction des risques d'arthrose.
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 215

L'arthrose peut être douloureuse et peut jouer


un rôle dans les radiculopathies. En fait, plusieurs
rapports suggèrent que la compression mécanique Moelle
du nerf n'est pas la seule cause de radiculopathie épinière
et que les facteurs chimiques générés par l'inflam-
mation des articulations zygapophysaires peuvent
se propager aux racines nerveuses et induire une Queue de
radiculopathie. L'interleukine-1 bêta (IL-1β) et le cheval
facteur de nécrose tumorale α (TNF-α) sont les
principales cytokines pro-inflammatoires synthéti-
sées au cours du processus arthrosique. Une aug-
mentation de l'expression de la protéine TNF-α
dans le ganglion de la racine dorsale se produit au LIV

cours de la phase inflammatoire aiguë, associée à la


durée de l'allodynie mécanique [93]. La présence Hernie du
noyau
d'une augmentation des niveaux de TNF-α peut pulpeux
produire une activité électrophysiologique axo- LV
nale aberrante indépendante de l'implication du
récepteur périphérique [94, 95].

Discopathie dégénérative
Bien que n'importe quelle partie du système mus-
Protrusion du disque intervertébral
culosquelettique – muscles, cartilages articulaires,
(coupe sagittale médiane)
disques intervertébraux, tendons, ligaments et
capsules articulaires – puisse être altérée par le
processus de vieillissement, aucun tissu musculos-
quelettique ne subit une transformation plus frap- Noyau pulpeux
pante que celle du disque intervertébral [96]. Les
changements qui surviennent dans le disque
Anneau fibreux
incluent la déshydratation, le remodelage du
noyau pulpeux et la rigidité de l'anneau fibreux. Hernie du Défection
noyau de l'anneau
Ces altérations dégénératives commencent par des pulpeux fibreux
modifications biochimiques fines qui conduisent à
des modifications microstructurales pour finir par
une transformation structurale macroscopique du
Compression des
segment intervertébral. Toutefois, il existe des dif- racines nerveuses
férences individuelles considérables, et différen- spinales
Queue de cheval
cier les modifications liées à l'âge de celles d'un Dure-mère
vieillissement prématuré ou d'une dégénérescence
survenant à tout âge est très difficile (figure 7.18).
Protrusion du disque intervertébral (vue supérieure)
Dès la fin de la première décennie de la vie,
d'importantes modifications liées à l'âge peuvent Figure 7.18. Protrusion du disque intervertébral.
Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill
être observées dans le disque intervertébral. Dans Livingstone/Elsevier, 2008, p. 33.
la première moitié de la deuxième décennie, les
trois parties anatomiques du disque, i. e. le noyau Dans un disque sain, la synthèse et la dégradation
pulpeux, l'anneau fibreux et les plateaux cartilagi- des éléments de la matrice sont équilibrées. Par
neux, sont plus ou moins affectées [97]. conséquent, les premiers signes de vieillissement
216 Considérations cliniques

sont la perte d'aggrécan et d'eau, une organisation plusieurs facteurs soient nécessaires pour produire
réduite du collagène, et une réduction de la hau- la douleur associée à la dégénérescence discale.
teur du disque. De multiples facteurs peuvent expli- Ceux-ci incluent les lésions de mise en charge de
quer ces modifications de l'équilibre métabolique l'anneau fibreux, la nutrition du disque, l'inflam-
du disque, y compris une prédisposition génétique mation, la néo-innervation, la sensibilisation noci-
[98]. Toutefois, le plus important de ces facteurs ceptive et la prédisposition génétique.
semble être une baisse de la nutrition de la partie Les nerfs sinuvertébraux innervent le tiers externe
centrale du disque, et la diminution de l'apport de l'anneau fibreux, tandis que les branches directes
sanguin semble initier la dégradation du tissu discal des rameaux communicants gris sympathiques
[99]. Normalement, chez des individus en bonne innervent les portions antérieures et postérolaté-
santé, le disque est avasculaire, à l'exception d'une rales de l'anneau. Des expériences immunocytochi-
vascularisation minimale à la partie externe de l'an- miques chez les rats révèlent deux voies entre
neau fibreux. L'essentiel de la nutrition du disque l'anneau et le ganglion de la racine dorsale : l'une
est assuré par diffusion passive à partir des vaisseaux en provenance du nerf sinuvertébral, et l'autre sui-
des plateaux vertébraux. Avec le vieillissement, un vant le tronc sympathique paravertébral [103]. En
apport sanguin diminué aux plateaux vertébraux conséquence, deux types de symptômes peuvent
produit une dégradation des tissus à partir du être présents avec un disque dégénéré. L'un est une
noyau pulpeux. Des lésions des bords des corps douleur radiculaire pouvant résulter de la sténose
vertébraux, la formation de fissures au niveau des et de l'irritation de la racine nerveuse ou de la
plateaux vertébraux et des déchirures au niveau des queue de cheval, et l'autre est une douleur discogé-
zones d'insertion de l'anneau fibreux sont associées nique suite à la perturbation du disque [104]. En
à des fissures et des séparations en rayon de l'an- outre, la compression de la racine nerveuse produit
neau de la périphérie aux régions centrales. Les un œdème local et une ischémie qui affectent le
vaisseaux sanguins pénètrent à travers les lésions et transport axoplasmique [105].
de nouveaux vaisseaux sanguins se forment à partir Il semble que la lombalgie discogénique dispose
des vaisseaux préexistants. À ce stade, les cellules de voies afférentes dans les nerfs sinuvertébraux.
vasculaires des vaisseaux envahisseurs produisent Les études actuelles montrent que de nombreuses
des cytokines et des protéases augmentant ainsi la fibres nociceptives issues de l'anneau fibreux des
voie destructrice [100]. En fait, dans le disque disques intervertébraux inférieurs passent par le
dégénéré et dans le tissu de la hernie discale, une tronc sympathique dans un mode non segmentaire
pénétration vasculaire est démontrée. et peuvent être considérées comme des afférences
À la naissance, de multiples terminaisons ner- sensitives sympathiques [106]. Par conséquent, des
veuses périvasculaires et libres sont situées sur et similitudes apparaissent entre l'innervation sensi-
entre les couches périphériques de l'anneau fibreux. tive du disque et celle de certaines structures enté-
Puis, au cours du développement, l'innervation des riques, et la douleur discale peut être considérée
disques intervertébraux diminue et le noyau pul- comme une douleur viscérale [107]. En outre,
peux adulte n'a pas innervation. Toutefois, lorsque parce que le tronc sympathique provient des myé-
les processus dégénératifs commencent, comme lomères de T1-L2 seulement, comme les nerfs
l'innervation suit la distribution des vaisseaux, une sympathiques, il est suggéré que « la lombalgie dis-
croissance interne des nerfs accompagne la crois- cogénique est transmise non-segmentairement par
sance des vaisseaux sanguins [101]. De sorte que les afférences sympathiques viscérales, principale-
dans les disques intervertébraux pathologiques des ment par le biais de la racine nerveuse spinale L2, et
nerfs sont associés aux vaisseaux sanguins, et on que cela peut être perçu comme une douleur pro-
trouve des fibres nerveuses nociceptives dans l'an- jetée dans le dermatome L2 [108] ». Cliniquement,
neau et le noyau du disque [102]. Cela peut être la normalisation de la dysfonction somatique de L2
une source de mal de dos. doit être envisagée lors du traitement d'une lom-
La dégénérescence du disque intervertébral balgie discogénique, d'une douleur inguinale, et/
n'est pas toujours symptomatique. Il semble que ou d'une douleur antérolatérale de la cuisse. Cette
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 217

relation entre une pathologie discale lombale infé- dure-mère et les gaines des racines cervicales aux-
rieure et un « réflexe viscérosomatique » lombal quelles elle peut être souplement fixée [114]. En
supérieur (en fait un réflexe somatosomatique) per- fait, cette structure constitue une partie impor-
met de mieux comprendre la contention physiolo- tante de la paroi postérieure du canal spinal, et son
gique réalisée par le psoas en présence d'un hypertrophie peut contribuer de manière signifi-
problème discal lombal [109]. cative au développement de la sténose spinale. Il
est intéressant de noter que cette sténose est sou-
vent présente dans les régions de la lordose verté-
Sténose spinale brale où le ligament, dans la concavité de la
courbure, est sous moindre tension, mais où plus
La sténose canalaire est un rétrécissement du canal de stress est présent, associé à des mouvements
spinal qui survient sur un ou plusieurs niveaux spi- plus grands qu'aux autres niveaux vertébraux.
naux. La plupart du temps, les régions lombale et L'ossification des ligaments vertébraux, quand
cervicale sont impliquées, et le plus souvent, la elle survient, est plus fréquemment rencontrée
sténose est asymptomatique et passe inaperçue dans la colonne thoracique inférieure, au niveau
jusqu'à ce que des radiographies révèlent sa pré- T9-10 ou plus bas [115]. Le stress mécanique
sence. Typiquement, les symptômes commencent répétitif est considéré comme l'un des facteurs
graduellement et s'aggravent au fil du temps, de importants qui initient les processus dégénératifs
manière différente selon le site de la sténose. des ligaments vertébraux et leur ossification. Dans
La prévalence de la sténose lombale est plus ces ligaments, les fibres élastiques sont sensibles
importante que celle de la sténose cervicale, et aux contraintes d'étirement cyclique répétées et
dans les deux cas, la prévalence de la sténose cana- sous un tel stress, les cellules fibroblastiques
laire acquise augmente avec l'âge. La sténose cervi- mésenchymateuses se transforment en chondro-
cale est estimée à 4,9 % de la population adulte, 6,8 cytes et en ostéoblastes avec une augmentation de
% de la population des 50 ans ou plus, et 9 % de la l'expression des cytokines. Pour certains cher-
population des 70 ans ou plus [110] ; ce trouble cheurs, l'hypertrophie se produit aussi en raison
est remarquablement plus fréquent dans la popula- de la cicatrisation survenant pendant le processus
tion japonaise [111]. Il convient de noter que des de guérison des plaies [116]. Les autres facteurs
variations considérables existent dans les dimen- systémiques favorisant l'ossification du ligament
sions du canal cervical. La dimension antéroposté- jaune incluent un métabolisme irrégulier de l'hor-
rieure du canal cervical est la plus étroite au niveau mone de croissance, la calcitonine et le glucose,
de C4 pour les Afro-Américains et au niveau de C6 l'obésité et les antécédents génétiques [117].
pour les Caucasiens, alors que la dimension trans- Habituellement, le ligament jaune présente une
versale est généralement plus étroite au niveau de teneur élevée en fibres élastiques, avec 60 à 70 %
C2-C3 [112]. Par comparaison, la prévalence de la d'élastine et seulement 30 à 40 % de collagène
sténose du canal spinal lombal est estimée à 20 % dans la matrice extracellulaire [118]. Pour cette
de la population des moins de 40 ans, et à 47,2 % raison, le ligament jaune est ainsi nommé, car il est
des personnes de 60 à 69 ans [113]. généralement de couleur jaune du fait de sa plus
Les lésions dégénératives avec hypertrophie des grande teneur en fibres élastiques qu'en fibres de
massifs articulaires sont un des facteurs majeurs du collagène [119]. En revanche, l'hypertrophie du
rétrécissement du canal spinal. Tout autant, l'hy- ligament jaune révèle une augmentation du
pertrophie et/ou l'ossification des ligaments nombre et de la taille des fibres de collagène, des
jaunes contribuent à ce rétrécissement. De chaque cellules fibrocartilagineuses entre ces fibres de col-
côté de la vertèbre, le ligament jaune s'étend du lagène, et une ossification.
bord supérieur de la lame inférieure à la moitié Une ossification des ligaments vertébraux, en par-
inférieure de la face antérieure de la lame supé- ticulier celle du ligament jaune, se rencontre fré-
rieure. La partie supérieure de la face antérieure de quemment. Notez qu'une ossification de la
chaque lame est habituellement en contact avec la dure-mère associée à celle du ligament jaune n'est pas
218 Considérations cliniques

rare. Au niveau de la compression sténotique, le canal régions, les contraintes compensatoires imposées à
central qui contient la moelle épinière et les foramens la région instable peuvent être diminuées. La
qui contiennent les nerfs spinaux sont sous pression. chirurgie visant à soulager la pression sur la moelle
De plus, une sténose spinale sévère peut comprimer épinière ou les racines nerveuses doit être réalisée
la moelle épinière et modifier sa vascularisation arté- en urgence dans les circonstances décrites ci-dessus
rielle. La douleur peut être présente, même si le plus et doit être considérée si les traitements conserva-
souvent les sténoses canalaires cervicales ne pro- teurs n'améliorent pas la situation.
voquent aucune douleur. Pour autant, différents
symptômes sont présents avec une telle sténose, tels
un engourdissement, une faiblesse ou des picote- Contribution ostéopathique
ments dans la jambe, le pied, l'épaule, le bras ou la
main. Une incoordination peut aussi se manifester à l'examen physique
avec une instabilité posturale. Paradoxalement, la et au traitement
compression dorsale de la moelle cervicale entraîne
souvent des symptômes des MI avant l'apparition de L'examen physique commence dès le premier
symptômes dans les MS, en raison de la localisation moment où vous observez le patient. Cela peut
plus dorsale dans les tractus ascendants des neurones être dès que vous entrez dans la salle d'examen,
correspondant aux segments inférieurs. ou, mieux encore, lorsque le patient passe de la
Avec une sténose canalaire lombale peuvent salle d'attente à la salle d'examen. À cette phase,
apparaître des douleurs chroniques au bas du et à tout moment par la suite, observez les zones
dos avec irradiation secondaire dans la fesse et/ de restriction de la mobilité lorsque le patient
ou des crampes dans les jambes après de longues marche et exécute des mouvements de transition
périodes de marche. La plupart du temps, ces (position assise à debout, debout à assise, mon-
symptômes s'améliorent lorsque le patient se tée sur la table de traitement) et lors de tout
penche en avant, s'accroupit ou s'assoit. Les autre déplacement. Quand le patient est sta-
patients peuvent également signaler des troubles tique, debout, assis ou couché, notez sa position
du transit ou des troubles urinaires avec dyses- spontanée, en particulier les asymétries du tho-
thésies dans la zone du périnée, et des pro- rax, de la tête et du cou, des épaules, des bras et
blèmes vésicaux allant de l'extrême urgence au des jambes (voir partie II, Examen ostéopa-
retard mictionnel. Ces derniers symptômes thique, p. 45).
constituent une urgence médicale et indiquent Lors de l'examen du système neuromusculos-
que le patient doit être immédiatement examiné quelettique, commencez si possible avec le patient
par un neurochirurgien. debout et observez-le de face, de côté et de dos.
Une fois la pathologie subjacente identifiée et De face, notez la position de la tête et la symétrie
traitée de façon appropriée, les objectifs du traite- du thorax, de l'abdomen et du bassin. Déterminez
ment sont de maintenir la flexibilité et la stabilité de si le poids du corps est transmis de manière égale
la colonne vertébrale, avec des exercices et des pro- sur les deux MI. De côté, examinez l'équilibre
cédures ostéopathiques pour optimiser l'équilibre postural. L'oreille, l'épaule, la hanche, le genou et
postural. Rappelons que ces procédures sont géné- la malléole latérale doivent être alignés. Observez
ralement employées pour réduire la restriction du les lordoses cervicale et lombale ainsi que la
mouvement et que, par conséquent, elles ne sont cyphose thoracique à la recherche de zones d'aug-
pas appropriées pour les zones d'instabilité structu- mentation ou d'effacement de la courbure.
relle. Dans ces circonstances, des exercices de stabi- De dos, avec le patient debout, observez encore
lisation doivent être conseillés, avec des interventions les repères posturaux : les mastoïdes, acromions,
manuelles qui utilisent les procédures indirectes les crêtes iliaques, grands trochanters, plis poplités et
plus douces, plus particulièrement limitées aux malléoles médiales. Recherchez un sideshift pel-
zones de restriction du mouvement adjacentes à vien, i. e. la déviation du bassin de chaque côté de
l'instabilité. En abordant judicieusement ces la ligne médiane, soit actif, soit passif. Cela peut
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 219

résulter d'une traction musculaire avec déplace- initialement. Pour le traitement de la dysfonction
ment latéral du bassin en direction opposée aux somatique chez ces personnes, il convient de com-
muscles tendus, d'une courbure lombale de mencer par utiliser les principes indirects pour
groupe, Fryette type I, avec déplacement latéral libérer toute restriction de mouvement identifiée.
du côté de la concavité, ou d'une jambe anatomi- Les dysfonctions souvent présentes et d'une
quement courte avec déplacement latéral du côté importance particulière incluent celles du bassin,
de la jambe longue. de la colonne vertébrale thoracique supérieure,
Ensuite, regardez l'asymétrie du thorax. Observez des côtes associées, du diaphragme thoracoabdo-
la position des épaules, des scapulas, et toute proé- minal, de la ceinture scapulaire, de la région
minence paravertébrale asymétrique. Cette dernière cervico-occipitale et du crâne (pour une descrip-
observation est confirmée lorsque le patient se tion des procédures, voir partie III, Traitement du
penche en avant à partir des hanches. Une proémi- patient, p. 103).
nence asymétrique de la région paravertébrale est le Rappelez-vous aussi que le but du traitement est
plus souvent la manifestation d'une rotation verté- de rétablir la meilleure fonction possible appro-
brale du côté convexe, trouvée en présence d'une priée à l'état du patient, et non pas de corriger les
courbure de groupe, Fryette type I. asymétries dues à des modifications structurales.
Puis vous examinez le bassin et la base du Le dosage est extrêmement important. Lorsqu'une
sacrum pour identifier un déséquilibre qui pour- inflammation est présente, utilisez les procédures
rait affecter la colonne vertébrale. Si nécessaire, en de traitement les plus douces possibles en étant
présence d'une bascule pelvienne ou d'asymétrie particulièrement attentif aux réponses tissulaires.
des membres inférieurs, placez une cale sous le Soyez également extrêmement prudent en pré-
pied de la jambe qui semble être courte. Puis réé- sence d'instabilité structurelle. L'objectif de la
valuez la colonne vertébrale en position debout, quasi-totalité des procédures de traitement manuel
pour déterminer si elle est affectée par la normali- est d'éliminer les limitations dysfonctionnelles du
sation de la différence de longueur des MI. Pour mouvement. Cela peut être dangereux dans les
les mêmes raisons, lorsque vous observez le zones d'instabilité. Il convient également de souli-
patient en position assise, vous pouvez placer une gner que toute pathologie organique subjacente
cale sous la tubérosité ischiatique pour équilibrer doit être identifiée et traitée de manière appropriée
le bassin. dans le cadre du traitement complet de l'individu.
Procédez ensuite à l'examen en position assise, Cela nécessite souvent, selon le cas, des examens
procubitus et décubitus. Faites un examen complet de laboratoire et des évaluations radiographiques.
à la recherche des dysfonctions somatiques de la
colonne vertébrale, du sacrum, du bassin, des MI,
de la ceinture scapulaire, et si nécessaire des MS. Conseils au patient
La position assise facilite l'examen de la colonne
vertébrale thoracique supérieure. Avec le patient Tout le monde peut bénéficier de programmes
en procubitus, la région lombopelvienne et le pour améliorer la marche, l'équilibre, la force et
mouvement articulaire de la SI peuvent encore l'assurance. Si possible la marche et la natation
être considérés. Enfin, avec le patient en décubitus devraient être encouragées. Le dosage est d'une
dorsal, évaluez le bassin (relation ilio-iliaque et importance primordiale et les programmes d'exer-
symphyse pubienne), le diaphragme thoracoabdo- cice doivent être individualisés.
minal, la cage thoracique, l'orifice supérieur du Il a été démontré que la solidité des os peut être
thorax, les muscles antérieurs du cou, de la colonne augmentée avec des exercices aérobiques de mise
cervicale, et la région crânienne. en charge, si le programme dure au moins 1 an
Dans chaque région, recherchez par la palpation [120]. En particulier, le renforcement des muscles
les dysfonctions somatiques membraneuses, myo- extenseurs du dos peut consolider les travées
fasciales et interosseuses qui contribuent aux res- transverses des vertèbres et aider à prévenir les
trictions fonctionnelles observées visuellement fractures vertébrales. Les exercices d'équilibre
220 Considérations cliniques

doivent également être encouragés pour réduire un certain degré d'inversion du processus muscu-
les risques de chutes et les fractures qui en losquelettique chronique dégénératif devrait être
résultent [121]. possible.
La nutrition est tout aussi importante. Une Les processus dégénératifs musculosquelet-
hydratation adéquate est primordiale. Les aliments tiques peuvent affecter toutes les zones des
raffinés devraient être évités autant que possible, membres supérieurs et inférieurs. Les décrire tous
tandis qu'une alimentation riche en fruits et en n'est pas notre objectif. Toutefois, certaines caté-
légumes frais, et en antioxydants tels que les vita- gories sont fréquentes et nous allons les examiner
mines C et E est recommandée. Une alimentation avec des exemples précis. Ces catégories sont les
riche en probiotiques qui favorisent la croissance suivantes :
des bactéries bénéfiques (Bifidobacterium, tMhBSUISJUF EÏHÏOÏSBUJWF  QBS FYFNQMF MhPTUÏPBS-
Lactobacillus, et Bacteroides) peut être conseillée. thrite (OA) ou arthrose de la hanche et du
Les intolérances au lactose et au gluten doivent genou ;
être envisagées. tMFT TZOESPNFT EF TVSNFOBHF overuse syn-
Discutez des positions de sommeil avec votre dromes), par exemple le syndrome de la coiffe
patient. Les patients doivent éviter l'utilisation de des rotateurs ;
plusieurs oreillers qui ont tendance à projeter la tMFT TZOESPNFT DBOBMBJSFT  QBS FYFNQMF MF TZO-
tête en avant et affectent le cou, la base du crâne drome du canal carpien (SCC).
et l'équilibre mandibulaire. Conseillez-leur de
prêter attention à leurs positions lorsqu'ils
regardent la télévision ou lisent avec la tête tou-
jours tournée du même côté. Encouragez-les à
Arthrite dégénérative :
solliciter les deux côtés autant que possible. arthrose du genou
et de la hanche
Chez l'être humain, les membres inférieurs (MI)
Système appendiculaire assurent la mobilité, permettant les déplacements
d'un endroit à l'autre. Dès lors, la dysfonction
Le processus normal du vieillissement s'accom- somatique de n'importe quelle structure des MI,
pagne de changements anatomiques qui sont iné- ou du thorax fonctionnellement associé, affecte
vitables. Cela ne signifie pas, cependant, que rien les MI causant douleur, limitation des amplitudes
ne peut être fait pour traiter une personne qui articulaires, faiblesse musculaire et finalement
vieillit. Lorsque l'on considère les pathologies réduction de la fonction. Lorsque ces dysfonc-
appendiculaires et les troubles associés, il faut tions ne sont pas traitées, elles peuvent entraîner
reconnaître que souvent, la présence d'une dys- des problèmes articulaires chroniques. Aussi,
fonction somatique ajoute des contraintes phy- lorsque la personne vieillit, des limitations fonc-
siques aux maladies chroniques. De plus, l'effet tionnelles apparaissent, telle l'incapacité à marcher
cumulatif de toute une vie de tels compromis sur des distances satisfaisantes ou à monter des
fonctionnels instaure probablement des zones de escaliers, ce qui conduit à l'invalidité avec une
vulnérabilité propices aux processus dégénératifs. dégradation de la qualité de vie. L'arthrose, fré-
Dès lors, un diagnostic de dysfonction somatique quemment le résultat d'une vie de macro- et de
précoce devrait améliorer la capacité fonction- microtraumatismes, contribue à l'invalidité chez
nelle du patient, réduire le stress physique et les personnes âgées. Ce handicap peut être aggravé
diminuer la progression des processus dégénéra- par une dysfonction somatique toutefois réver-
tifs. Un des principes ostéopathiques fondamen- sible. Les changements dégénératifs de l'arthrose
taux repose sur la capacité du corps à s'autoguérir. peuvent toucher n'importe quelle articulation du
Il est donc raisonnable de conclure que, lorsque corps. Les genoux et les hanches sont couram-
la dysfonction somatique est traitée efficacement, ment affectés.
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 221

Arthrose du genou : gonarthrose absorbée sur la portion latérale (genu varus), ou


médiale (genu valgus) du genou, entraînant une
Les genoux sont particulièrement sujets au déve- usure plus rapide de cette région. Les patients
loppement de l'arthrose. Quand on demande aux ayant des pieds plats, en hyperpronation, induisent
gens quelle zone de leur corps est la plus touchée des contraintes de genu valgus, tandis que ceux
par la douleur, le gonflement, ou la raideur, le plus ayant des pieds creux induisent des contraintes de
souvent, ils répondent le genou et le dos. La pré- genu varus. De plus, les patients ayant les pieds
valence des troubles du genou est de plus de 16 % creux, avec hypopronation, absorbent moins l'im-
chez les adultes de plus de 55 ans [122] (sur la pact des charges à chaque pas, ce qui transmet plus
dysfonction du genou, les déséquilibres du pied et de force à travers la jambe et oblige les genoux à
l'inégalité de longueur des jambes, voir partie IV, amortir cet impact.
chapitre 8, Dysfonctions posturales, p. 274). D'autre part, toute faiblesse et déséquilibre
L'arthrose du genou, ou gonarthrose, est un fonctionnel des muscles entourant le genou com-
processus pathologique avec destruction progres- promettent la capacité musculaire du patient à
sive du cartilage articulaire, épaississement de l'os amortir l'impact de la mise en charge lors de la
subchondral et formation d'ostéophytes, ce qui marche ou de la course. Cela augmente d'autant
entraîne une déformation articulaire. La radiogra- les forces que devra absorber l'articulation du
phie a généralement été utilisée pour le diagnos- genou. Inversement, une augmentation de la ten-
tic, car les pincements de l'interligne articulaire, sion musculaire, affectant particulièrement les
l'usure de l'os et la formation d'excroissances muscles quadriceps, ischiojambiers et triceps suraux,
osseuses sont facilement visibles avec cet examen rapproche le tibia et le fémur. Chez le patient qui
[123]. Toutefois, les enquêtes de population souffre d'arthrose du genou, cette tension muscu-
montrent qu'une distinction doit être faite entre laire comprime un espace articulaire déjà réduit.
les résultats des radiographies et la condition cli- L'augmentation de la tension musculaire diminue
nique. Il a été démontré que 50 % des patients aussi la flexibilité articulaire et la coordination, et
présentant des signes radiographiques d'arthrose ralentit le temps de réaction.
du genou n'ont pas de douleur. Par ailleurs, 50 % Les muscles quadriceps soutiennent de manière
des patients, âgés de 55 ans ou plus, qui se significative le poids du corps et aident à absorber
plaignent de douleurs au genou n'ont pas de la charge placée sur l'articulation du genou.
signes d'arthrose sur leur radiographie [124]. Ces Lorsque la douleur dissuade le patient de mettre le
observations doivent nous faire réfléchir sérieuse- genou en charge, les quadriceps développent typi-
ment à une déficience fonctionnelle, responsable quement une atrophie par inactivité. Cela conduit
des plaintes de douleur des patients. progressivement vers une impossibilité à amortir
Les facteurs de risque pour l'arthrose du genou l'impact de la mise en charge et établit un cercle
et de toute autre articulation portante sont l'obé- vicieux de douleur, inactivité et faiblesse progres-
sité et les traumatismes. Des activités sportives et sant à moins qu'un traitement efficace ne soit
un travail difficile nécessitant des flexions des appliqué.
genoux répétées augmentent aussi probablement La faiblesse du muscle moyen glutéal déstabilise
le risque d'arthrose du genou. la marche, obligeant le patient à se dandiner, avec
Outre l'obésité, l'alignement du genou et la une augmentation du déplacement de la hanche
morphologie du pied contribuent largement à d'un côté à l'autre. Cette perte de la fonction du
l'arthrose des genoux. Une personne qui est en moyen glutéal qui normalement stabilise les
surpoids augmente la charge sur l'articulation du hanches, surtout en marchant, peut aussi contri-
genou, et l'usure du cartilage articulaire est plus buer à l'arthrose du genou. Les muscles de la
rapide que chez une personne de poids idéal. Les cuisse devront travailler plus fort pour contrôler la
patients avec genu varus ou valgus ont une com- hanche, provoquant un déséquilibre dans la trans-
pression inégale des surfaces articulaires du genou. mission des forces au niveau des articulations du
La plupart de la charge du poids du corps est genou.
222 Considérations cliniques

Arthrose de la hanche : des escaliers ou des échelles, et l'exposition au por-


coxarthrose tage d'objets lourds combiné à des positions age-
nouillées ou accroupies contribuent également au
Après 55 ans, la prévalence de la coxarthrose dans développement de l'arthrose de la hanche [134,
le monde occidental est comprise entre 3 % et 135]. Une force égale au tiers de la masse du corps
12 %, un chiffre qui est la moitié de celui de l'ar- est appliquée sur la hanche en position debout, et
throse du genou [125]. Plusieurs études montrent cette force est de cinq à sept fois le poids du corps
qu'une composante génétique européenne est lors de la montée des escaliers [136].
requise pour l'expression du phénotype [126]. En
fait, l'arthrose primaire conduit à des arthroplasties
Évolution de la hanche et du bassin
totales de la hanche chez 65 à 70 % des personnes
avec des gènes européens, alors qu'elle est presque Pour bien comprendre la mécanique de la hanche,
inexistante en Asie, en Asie du Sud et en Afrique. il convient de rappeler sa phylogenèse ainsi que
En plus de l'influence génétique, il existe des fac- celle du bassin. Outre l'encéphalisation, l'autre
teurs épigénétiques. C'est le cas des malformations caractéristique de l'évolution de l'être humain est
acquises ou congénitales de la hanche qui la marche bipède, qui a transformé la structure et
prédisposent au développement de l'arthrose. Des la fonction du bassin. En comparaison avec les
pathologies non diagnostiquées chez les enfants, australopithèques ou les singes modernes, le bas-
comme la maladie de Legg-Calvé-Perthes (ostéo- sin de l'homme moderne est plus large, avec des
chondrite primitive de la hanche), l'épiphysiolyse articulations de hanche relativement plus espa-
fémorale supérieure ou la dysplasie de la hanche cées. L'évolution pelvienne a aussi été grande-
comportent des facteurs biomécaniques qui ment influencée par l'accouchement, car des
dérèglent la congruence de l'articulation [127]. détroits pelviens plus grands permettent la nais-
Les articulations imparfaites sont associées à une sance de bébés avec de plus gros cerveaux.
augmentation du stress intra-articulaire avec Toutefois, avec un bassin plus large, les articula-
microlésions et remodelage préjudiciables à la tions de la hanche subissent plus le stress méca-
fonction articulaire [128]. nique associé au poids du tronc. Cela a conduit,
Toute augmentation de la charge des articula- au cours de la bipédie, au développement de
tions portantes, comme cela se produit chez les muscles abducteurs puissants pour stabiliser le
sujets obèses, est aussi un facteur de risque [129]. bassin, à des modifications de la tête fémorale
En fait, chez les personnes âgées, un BMI (Body devenue plus large, ainsi capable d'absorber plus
Mass Index) ou IMC (indice de masse corporelle) de de stress, et à des modifications du col fémoral qui
moins de 24,8 est associé à une absence d'arthrose est maintenant plus long, augmentant encore la
de la hanche [130]. L'accumulation de microtrau- puissance des muscles abducteurs.
matismes suivant l'augmentation du stress intra- Une autre grande différence entre l'homme et
articulaire est considérée comme un facteur le chimpanzé associée du bipédisme est que le
mécanique typique subjacent à l'OA [131]. chimpanzé marche avec une flexion des hanches et
Plusieurs études ont mis en évidence de tels fac- des genoux pour compenser la position du tronc
teurs dans l'étiopathogénie de cette maladie. Par penchée en avant. Les humains se distinguent clai-
exemple, les études sur l'influence de toute une vie rement des chimpanzés car ils possèdent une
d'activités physiques soutenues, que ce soit de loi- colonne lombale flexible qui permet la lordose.
sir ou professionnelles, avec mises en charge arti- Ainsi, lors de la locomotion debout, ils sont
culaires répétées font état d'un facteur de risque capables de maintenir une position verticale, avec
pour l'arthrose avec une évidence qui va de modé- la tête, les bras et le tronc à la verticale des articu-
rée à forte [132]. Les activités sportives avec mises lations des MI. La lordose lombale est devenu un
en charge importantes peuvent aussi être associées avantage significatif, permettant à l'être humain,
à la coxarthrose [133]. Les activités profession- lors de la position bipède, de maintenir les hanches
nelles où il faut soulever des objets lourds, monter et les genoux dans des positions plus en extension
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 223

[137, 138]. Il faut aussi noter que dans la bipédie, congruence. En conséquence, la transmission des
l'extension de la hanche qui se déroule dans l'arti- efforts de mise en charge est seulement concen-
culation coxofémorale est associée à une rétrover- trée sur une petite partie de la surface du cartilage
sion du bassin. Cela est décrit comme une « double de la tête fémorale, potentiellement fragilisée. En
extension [139] ». En conséquence, la couverture effet, lorsqu'une force est répartie sur une grande
antérieure de la tête fémorale par l'acétabulum est surface articulaire, cela ne produit aucune bles-
réduite. sure ; en revanche, une force minimale transmise
Selon la théorie de la récapitulation, l'ontoge- sur une petite zone de contact provoque des
nèse récapitule la phylogenèse. Ce processus contraintes et peut occasionner des lésions du
s'étend dans la petite enfance et l'enfance. Ainsi, cartilage [141] (figure 7.19 ; figure 7.20 ; figure 7.21).
l'enfant rampe d'abord, puis marche à quatre
pattes, avant de marcher à environ 15 mois. À
Anatomopathologie de la coxarthrose
18 mois, l'acétabulum est assez plat. Son creuse-
ment est visible à 3 ans et continue au cours des Bien que la coxarthrose résulte d'une interaction
années suivantes, avec une paroi postérieure entre de multiples facteurs, les déséquilibres méca-
montrant toujours plus d'ossification que la paroi niques et structurels jouent un rôle important.
antérieure. Après la fermeture du cartilage trira- Pendant la petite enfance, avant que l'ossification
dié (cartilage en Y) entre 11 et 13 ans, il n'y a des trois parties de l'os coxal se produise, les
pratiquement plus d'autre changement confor- contraintes appliquées sur l'acétabulum peuvent
mationnel [140]. À ce stade, plus de la moitié engendrer une dysfonction intraosseuse de l'os
antérieure de la tête fémorale n'est pas couverte coxal et une dysplasie développementale de
par l'acétabulum. Normalement, l'acétabulum hanche (DDH) [142]. Les contraintes utérines et
humain regarde vers l'avant, le dehors et le bas, et la position de sommeil de l'enfant, avec une préfé-
l'articulation de la hanche offre la meilleure rence pour s'allonger sur un côté, sont des
congruence lorsque le fémur est en flexion, exemples de facteurs contributifs [143]. Certaines
abduction et rotation latérale. Toutefois, lorsque études associent l'arthrose de la hanche avec la
les humains sont dans une position verticale, la DDH [144]. En effet, les patients atteints de
« double extension » et l'insuffisance de couver- DDH présentent un défaut de couverture acéta-
ture antérieure n'autorisent pas une telle bulaire de la tête fémorale dans ses parties anté-

α β

Figure 7.19. Orientation de l'acétabulum et de la tête fémorale droits.


α Normalement, l'acétabulum regarde vers l'avant, le dehors et le bas.
β Angle d'antéversion de l'acétabulum.
γ Angle d'antéversion du fémur.
224 Considérations cliniques

Toît acétabulaire

Labrum acétabulaire Tête fémorale


Ligament de la tête
Ligaments et capsule articulaire
fémorale
Membrane synoviale
Fosse acétabulaire
Col fémoral

Plaque épiphysaire

Ligament transverse
Grand trochanter acétabulaire

Membrane synoviale
Zone orbiculaire
Petit trochanter

Coupe coronale

Corps vertébral de LIV

Ilium

Acétabulum

Tête fémorale
Grand trochanter

Col fémoral Petit trochanter

Tubérosité
ischiatique
Articulations des hanches
Image tomodensitométrique dans le plan coronal

Figure 7.20. Section coronale de l'articulation de la hanche.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 278.

rieure et antérosupérieure [145]. En outre, la laire entre le col du fémur et le bord antérieur de
dysplasie de la hanche peut être associée à une l'acétabulum, une cause d'arthrose de la hanche,
rétroversion de l'acétabulum [146], avec un acéta- qui se retrouve chez 20 % des patients atteints
bulum qui regarde en dehors, en bas, et plus en d'arthrose idiopathique de la hanche, alors que
arrière qu'à la normale. La rétroversion de l'acéta- cela ne se voit que dans 5 % de la population géné-
bulum peut augmenter le conflit fémoroacétabu- rale [147, 148].
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 225

fémorale se coince contre le bord acétabulaire lors


de la flexion de la hanche, ce qui conduit finale-
ment à l'abrasion chondrale. Dans le second, il y a
un contact entre le bord acétabulaire et la jonction
Moyen glutéal
entre la tête et le col fémoral. Lors de l'examen
clinique, outre la douleur à l'aine et les preuves
radiographiques, une diminution de l'amplitude
du mouvement peut être observée. En plus, dans
la plupart des cas, l'« impingement test » (mouve-
ment passif de la cuisse en flexion complète,
adduction et rotation médiale) provoque la dou-
leur [150]. Au cours de ce mouvement, la partie
proximale et antérieure du col fémoral contacte le
bord de l'acétabulum, en général à l'endroit où le
labrum acétabulaire est endommagé.

Coxarthrose et dysfonction somatique


A
D'un point de vue ostéopathique, les dysfonctions
posturales contribuent largement au déséquilibre
de la mise en charge. En fait, toute dysfonction du
corps peut affecter la posture et la transmission
des lignes de force. Il peut s'agir d'une dysfonc-
tion somatique appendiculaire, vertébrale, viscé-
Petit glutéal
rale, ou crânienne. Les petites inégalités
anatomiques de la longueur des jambes, qui sont
Piriforme présentes chez plus de la moitié des adultes,
Jumeau supérieur peuvent aussi être responsables de la mise en place
Obturateur interne et du maintien d'une dysfonction posturale [151]
(voir partie IV, chapitre 8, Dysfonctions postu-
Jumeau inférieur
rales, p. 274).
Carré fémoral Les hanches sont d'une importance primordiale
dans le support du poids du corps, et dans sa dis-
tribution aux MI. Dans l'étude de l'articulation
coxofémorale, l'os coxal doit être autant pris en
compte que le fémur. De chaque côté, les os
coxaux ajustent constamment la position des acé-
B tabulums sur les têtes fémorales pour permettre
différentes postures. Au-dessous des os coxaux, les
Figure 7.21. Influences tenségritales.
A : Moyen glutéal ; B : Petit glutéal et cours rotateurs têtes fémorales s'orientent continuellement dans
latéraux de l'articulation de la hanche. les acétabulums pendant la marche ou la course.
Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of Aussi, toute dysfonction de l'os coxal et/ou du
clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 1369.
fémur compromet la congruence entre la tête
fémorale et l'acétabulum et résulte en contraintes
Deux principaux types de conflit fémoroacétabu- anormales sur le cartilage articulaire.
laire sont souvent décrits comme faisant partie de En tant que structure paire, les fémurs
l'étiopathogénie de l'arthrose de la hanche [149]. démontrent des mouvements de rotation craniosa-
Dans le premier, la partie asphérique de la tête crale externe et interne. Les dysfonctions du fémur
226 Considérations cliniques

peuvent inclure des restrictions de flexion/exten- les défauts de congruence de l'articulation


sion, abduction/adduction, rotation médiale/ coxofémorale.
latérale, et des mouvements mineurs de glisse- En raison de la relation tenségritale entre les
ments médial/latéral et craniale/caudal. différentes parties du corps, les déséquilibres
Normalement, lorsque le sacrum se déplace en myofasciaux peuvent affecter le bassin par des
flexion et en extension craniosacrales, les os coxaux forces descendantes ou ascendantes. Venant du
se déplacent respectivement en rotations craniosa- haut, un spasme asymétrique des muscles grands
crales externe et interne, les combinaisons de trois psoas peut affecter le bassin et le déplacer latéra-
composantes qui peuvent être décrites dans chacun lement du côté opposé au spasme. Venant du
des trois plans de l'espace [152]. Lors de la rotation bas, une dysfonction du genou ou du pied peut
craniosacrale externe, pendant la phase inspiratoire provoquer un déséquilibre myofascial de la ban-
du mécanisme respiratoire primaire (MRP), le delette iliotibiale. Une fois de plus, dans chaque
mouvement des os coxaux est le suivant : cas, la congruence de l'articulation coxofémo-
tEBOTMFQMBOTBHJUUBM MBDPNQPTBOUFNBKFVSFEV rale est affectée. Pour cette raison, une évalua-
mouvement est une rotation antérieure, dans tion posturale et fonctionnelle complète du
laquelle l'épine iliaque antérosupérieure (EIAS) patient doit être effectuée.
et le tubercule pubien se déplacent vers le bas,
l'épine iliaque postérosupérieure (EIPS) se
déplace vers le haut et la tubérosité ischiatique Contribution ostéopathique
se déplace vers l'arrière et vers le haut ; à l'examen physique
tEBOT MF QMBO DPSPOBM  VOF DPNQPTBOUF et au traitement
mineure du mouvement est une abduction de
la crête iliaque et une adduction de la tubéro- Lors du traitement d'un patient souffrant d'ar-
sité ischiatique ; throse au niveau des articulations portantes des
tEBOTMFQMBOUSBOTWFSTBM VOFDPNQPTBOUFNJOFVSF MI, un déséquilibre fonctionnel du bassin, des
du mouvement est un déplacement latéral de hanches, des genoux et des pieds doit toujours
l'ensemble de la crête iliaque, mais à un plus être recherché et traité de façon appropriée avec
grand degré au niveau de l'EIPS qu'au niveau de un traitement manipulatif ostéopathique (TMO).
l'EIAS. Un examen postural complet doit aussi être effec-
Lors de la rotation craniosacrale interne, la tué afin d'identifier toute dysfonction affectant la
phase expiratoire du MRP, l'inverse se produit. transmission des forces sur les articulations coxo-
Les dysfonctions somatiques du sacrum, comme fémorales (voir Partie II, Examen ostéopathique,
les torsions sacrales, affectent la position des os p. 45). Commencez avec le patient debout.
coxaux, modifiant l'orientation des acétabulums. Observez la posture et la distribution des lignes de
De même, un changement de position de l'acéta- force qui doit être répartie de manière égale entre
bulum se produit en présence d'une inégalité de les deux pieds. Observez l'alignement des pieds
longueur de jambe ou de tout déséquilibre myo- du patient. Ils doivent normalement former un
fascial des structures qui s'insèrent sur l'os coxal angle de 30 °, ouvert en avant. Une dysfonction
ou le fémur (voir Le mouvement physiologique somatique du fémur ou de l'os coxal en rotation
du sacrum, partie IV, chapitre 7, Dysfonctions externe ou interne peut entraîner respectivement
musculosquelettiques, p. 207 ; et L'inégalité de une augmentation ou une diminution de cet
longueur des membres inférieurs, partie IV, cha- angle. Observez l'alignement des MI. Puis obser-
pitre 8 Dysfonctions posturales, p. 274). vez les structures susjacentes, car elles peuvent
Avec le vieillissement, une perte de la lordose interférer avec l'équilibre pelvien.
lombale se produit, en particulier dans la partie Ensuite, procédez à des tests d'écoute du bassin
inférieure de la colonne lombale [153]. Dans le en position debout et en position couchée (comme
même temps, il existe une perte de l'extension de cela est décrit dans la partie II, Examen ostéopa-
la hanche [154]. Autant de facteurs qui favorisent thique, p. 62). Évaluez la mobilité articulaire des
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 227

os coxaux, des hanches et des structures myofas- Syndromes de surmenage :


ciales en relation avec le bassin. Normalisez les syndrome de la coiffe
dysfonctions identifiées.
des rotateurs
Conseils au patient Depuis l'acquisition de la station debout, les
Puisque l'obésité augmente considérablement la membres supérieurs (MS) ne supportent plus de
possibilité de développer de l'arthrose dans les mise en charge. Aussi, les êtres humains ont déve-
articulations portantes, encouragez le patient à loppé de nouvelles fonctions avec les MS, nécessi-
maintenir un poids de santé. Encouragez-le à tant une performance supplémentaire des
suivre une routine régulière d'exercices pour amé- structures préexistantes. Ce faisant, les MS ont
liorer la souplesse et l'amplitude des mouvements gagné une plus grande mobilité, mais ont perdu en
des hanches. Les exercices doivent relâcher la ten- stabilité. Les mouvements nouvellement acquis,
sion myofasciale des muscles en tension, le plus l'abduction, la supination et la pronation, ont per-
souvent les fléchisseurs de la hanche, adducteurs mis aux humains de développer leur dextérité
de la hanche, ischiojambiers, droit antérieur, ten- manuelle. Pour autant, dans les pathologies des
seur du fascia lata et piriforme. En revanche, la MS, ces mouvements sont souvent les premiers à
tonification bilatérale des muscles grand et moyen disparaître et les plus difficiles à récupérer.
glutéaux est recommandée. Dans l'ensemble de la population, entre 16 % et
Expliquez à votre patient que rester en position 26 % des personnes se plaignent de douleurs à
assise pendant de longues périodes n'est pas recom- l'épaule [157]. Ce nombre augmente avec l'âge,
mandé, et qu'il faut se lever de temps en temps afin et chez les personnes de plus de 65 ans, 34 % ont
de s'étirer. En particulier, l'étirement régulier des des douleurs de l'épaule, et 30 % ont une restric-
hanches et des iliopsoas est une bonne habitude. tion de mouvement de l'articulation associée à
Enseignez à votre patient une marche correcte qui une invalidité [158]. L'épaule est l'articulation du
utilise autant que possible l'extension de la hanche, corps qui a la plus grande amplitude de mouve-
tout en évitant la bascule du bassin vers l'avant. ment. Par conséquent, toute douleur de l'épaule,
Comme il y a un risque de fracture avec l'arthrose ou restriction de sa mobilité, affecte considérable-
de la hanche [155], un programme d'exercices pour ment la qualité de vie, et les moindres activités
améliorer l'équilibre est indiqué. Donnez aussi des quotidiennes comme se nourrir et s'habiller
conseils pour la prévention des chutes tels que l'éli- deviennent difficiles. De surcroît, avec l'âge, les
mination des sources de danger potentiel à la mai- maladies dégénératives augmentent. L'arthrose de
son, le maintien d'un éclairage suffisant et le port de l'épaule et le syndrome de la coiffe des rotateurs
chaussures bien ajustées, antidérapantes et sûres. sont les causes les plus fréquentes de douleur et
Expliquez l'importance de faire des exercices d'incapacité dans la population âgée.
pour renforcer les muscles affaiblis sans causer des
contraintes excessives aux articulations arthro- Syndrome de la coiffe
siques. Il est montré que chez des patients suivis des rotateurs
pendant de longues périodes, les exercices phy-
siques n'accélèrent pas le développement de l'ar- Comme avec n'importe quel autre problème
throse, à condition que tout exercice traumatisant d'épaule, l'incidence du syndrome de la coiffe des
soit évité. De plus, il est prouvé que l'exercice rotateurs augmente avec l'âge. Toutefois, une inci-
convenablement dosé réduit la douleur et le han- dence précise de cette maladie est difficile à établir
dicap. Les patients ayant une OA diagnostiquée, car de nombreux sujets sont asymptomatiques.
qui pratiquent des exercices de renforcement Néanmoins, dans l'évaluation des épaules d'indivi-
musculaire, aquatiques, ou ceux décrits en kinési- dus asymptomatiques par résonance magnétique,
thérapie, ont une amélioration fonctionnelle avec 54 % des sujets de plus de 60 ans présentent une
réduction de la douleur et de l'invalidité [156]. déchirure de la coiffe des rotateurs [159].
228 Considérations cliniques

Anatomopathologie supraépineux, infraépineux, petit rond et subscapu-


de la coiffe des rotateurs laire et de leurs tendons qui stabilisent la tête de
Afin de diagnostiquer et de traiter toute dysfonc- l'humérus dans la cavité glénoïde. Tous ces muscles
tion de l'épaule, une bonne connaissance des sont originaires de la scapula et s'insèrent sur l'hu-
structures anatomiques de la région est nécessaire, mérus. Le supraépineux provient de la fosse supraé-
ainsi qu'une bonne compréhension de la façon pineuse de la scapula et se termine sur la partie
dont la dysfonction somatique affecte la fonction. supérieure du tubercule majeur de l'humérus. Le
La ceinture scapulaire, ou ceinture pectorale, est muscle infraépineux prend son origine dans la fosse
constituée anatomiquement de trois os pairs infraépineuse de la scapula et se termine sur la par-
(scapula, clavicule, et humérus). Ces trois os sont tie moyenne du tubercule majeur. Le petit rond
unis les uns aux autres et au squelette axial par naît des deux tiers supérieurs de la bordure latérale
cinq articulations : de la scapula et se termine sur la partie inférieure du
tl'articulation scapulohumérale, entre la tête de tubercule majeur. Le subscapulaire naît de la face
l'humérus et la cavité glénoïdale de la scapula, ventrale de la scapula et se termine sur la petite
est l'articulation principale. Elle permet tubérosité de l'humérus.
l'adduction, l'abduction, les rotations médiale Sur la tête de l'humérus, les tendons des muscles
et latérale, la flexion et l'extension du bras ; de la coiffe des rotateurs sont jointifs et forment
tl'articulation acromioclaviculaire est l'articula- un manchon continu en entrecroisant certaines de
tion entre l'acromion de la scapula et l'extré- leurs fibres [160]. Un chevauchement existe entre
mité latérale de la clavicule. Elle permet des l'infra- et le supraépineux, et entre l'infraépineux
mouvements de translation et de rotation entre et le petit rond qui rend leur séparation difficile.
l'acromion de la scapula et la surface acromiale En fait, ce dispositif permet une répartition des
de la clavicule ; charges de la contraction, d'un muscle aux ten-
tl'articulation sternoclaviculaire est l'articula- dons voisins, à la fois dans la fonction normale et
tion entre le manubrium du sternum, le premier dans la dysfonction. En outre, certaines fibres des
cartilage costal et l'extrémité médiale de la cla- tendons des subscapulaire et supraépineux
vicule. C'est l'articulation qui unit la ceinture entourent le tendon du long biceps, ce qui conduit
scapulaire au thorax ; certains auteurs à considérer ce tendon comme
tl'articulation scapulothoracique n'est pas une une partie de la coiffe des rotateurs [161]. De
véritable articulation anatomique, mais plutôt plus, l'intégrité du tendon subscapulaire semble
une articulation physiologique. Elle est formée nécessaire à la stabilité du tendon du biceps [162].
par la relation entre la face antérieure de la sca- L'une des principales fonctions des muscles de la
pula et le gril costal. Elle permet des mouve- coiffe des rotateurs est leur contribution à la com-
ments de glissement de la scapula ; pression de la tête humérale dans la cavité glénoïde.
tl'articulation subacromiale est également une Normalement, ce sont les forces antagonistes entre
articulation physiologique et non une véritable les muscles subscapulaire en avant et infraépineux et
articulation anatomique. Elle se situe entre la petit rond en arrière qui stabilisent l'articulation sca-
tête de l'humérus et le ligament coracoacro- pulohumérale. De fait, les muscles de la coiffe des
mial ; elle contient la bourse synoviale subacro- rotateurs maintiennent la tête humérale dans sa
miodeltoïdienne et le tendon du supraépineux. position centrée et contrôlent les mouvements de
translation humérale. En revanche, toute dysfonc-
tion de ces muscles conduit à l'instabilité de l'épaule.
Muscles de la coiffe des rotateurs
Les muscles de la coiffe des rotateurs permettent
Alors que les articulations de l'épaule sont conçues d'effectuer plusieurs mouvements supplémen-
pour la mobilité, les muscles et ligaments assurent taires. Il s'agit notamment de l'abduction pour le
la stabilité (figure 7.22). Parmi les nombreux muscles supraépineux, de la rotation latérale pour l'infraé-
de l'épaule, la coiffe des rotateurs est d'une impor- pineux et le petit rond, et de la rotation médiale
tance primordiale. Elle se compose des muscles pour le subscapulaire.
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 229

Dentelé antérieur
1 Supraépineux Epine scapulaire
2 Infraépineux
3 Petit rond 1 Supraépineux
4 Subscapulaire
Ligament acromioclaviculaire

Acromion

2 Infraépineux
K1
1 Supraépineux
Clavicule

Ligament coracoacromial

4 Subscapulaire

Processus
Petit rhomboïde coracoïde
1 Supraépineux
Clavicule

Acromion

Epine scapulaire Sternum


Muscles scapulaires (Vue supérieure)
2 Infraépineux Ligament coracoacromial
Tendon du long biceps
Processus
3 Petit rond 1 Supraépineux coracoïde

Acromion
Grand rhomboïde

Deltoïde
Grand rond
2 Infraépineux

Dentelé Cavité glénoïde


antérieur
Labrum glénoïdal
3 Petit rond

Humérus Grand rond 4 Subscapulaire

long chef du
triceps brachial
Grand dorsal

Muscles associés à
Muscles scapulaires (vue postérieure) l'articulation glénohumérale
(vue latérale)

Figure 7.22. Muscles scapulaires.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 364.
230 Considérations cliniques

Arche coracoacromiale Le vieillissement est associé au développement


L'arche coracoacromiale est située au-dessus de la de petites épines acromiales au niveau des enthèses
coiffe des rotateurs. Elle se compose de l'acro- [164]. Une enthésopathie acromiale au niveau de la
mion, du ligament coracoacromial (LCA) et du zone d'insertion du LCA sur l'acromion est fré-
processus coracoïde. Elle forme le toit d'un espace, quente. Cela peut résulter d'une augmentation de
le défilé du supraépineux, traversé par le tendon du la traction du LCA sur l'acromion, éventuellement
supraépineux, et elle contient une bourse séreuse la conséquence d'un déséquilibre de la ceinture
placée entre le tendon du supraépineux et la voûte scapulaire [165]. En fait, même lorsque la coiffe
acromiale (figure 7.23). Aussi, tout changement des rotateurs est normale, des changements dégé-
dans les rapports entre les différentes structures de nératifs de l'arche coracoacromiale sont observés
l'arche coracoacromiale peut comprimer le ten- lors du vieillissement [166]. De plus, le tendon du
don du supraépineux, entre l'arche coracoacro- supraépineux s'épaissit et présente plus de risque
miale au-dessus et la tête humérale au-dessous. de déchirure [167]. Cette perte d'élasticité, asso-
Parmi toutes ces structures, le processus coracoïde ciée aux frottements répétés au niveau du contact
semble être responsable des plus grandes modifi- acromial, entraîne des dommages du tendon.
cations du défilé du supraépineux [163]. Normalement, le collagène de type I est le plus
Le LCA est au centre de l'arche coracoacro- abondant dans la coiffe des rotateurs, offrant une
miale. En forme de V, il naît du bord antérieur de résistance à la traction. Pour autant, avec le vieillis-
l'acromion et se dirige en avant et en bas pour sement et la dégénérescence du tendon, le colla-
s'insérer sur la face postérieure du processus cora- gène de type III, plus faible, augmente [168].
coïde. Médialement, le LCA est en continuité avec Comme pour tous les autres tendons du corps, les
le fascia clavipectoral (membrane costocoracoïde) changements associés au vieillissement peuvent
qui entoure le muscle subclavier, s'insère sur la cla- conduire à une déficience tendineuse de la coiffe
vicule et se confond en arrière avec le fascia cervi- des rotateurs. Notons, ici encore, l'importance du
cal profond. Latéralement, le LCA est en continuité stress oxydatif dans la réduction de la synthèse du
avec le fascia recouvrant la face inférieure du del- collagène [169].
toïde. Il convient de noter que ces multiples Les 10 mm les plus distaux du tendon du supraé-
connexions myofasciales influencent l'arche cora- pineux sont reconnus comme une « zone critique »
coacromiale et que leurs dysfonctions contribuent et comme le site le plus fréquent pour les déchi-
au syndrome de la coiffe des rotateurs. rures de la coiffe des rotateurs [170]. Cette zone
montre une hypovascularité qui peut être un fac-
teur prédisposant aux déchirures, même si une
hypervascularité semble aussi se développer dans
Changements associés à l'âge
cette « zone critique » après toute compression
Le débat existe toujours pour déterminer l'étio- mécanique [171]. De toute évidence, l'inflamma-
pathogénie des lésions de la coiffe des rotateurs, tion joue aussi un rôle important dans la genèse de
et pour définir si des facteurs extrinsèques ou la rupture de la coiffe des rotateurs, comme cela
intrinsèques sont en cause. Les facteurs extrin- est démontré par les gonflements inflammatoires
sèques pourraient se situer au niveau du crochet de la bourse subacromiodeltoïdienne [172].
de l'acromion avec l'existence d'un conflit méca-
nique entre l'acromion d'un côté, les tendons et
Syndrome de la coiffe des rotateurs
tissus mous de la voûte coracoacromiale de
et dysfonction somatique
l'autre. Les facteurs intrinsèques sont les chan-
gements dégénératifs des tendons de la coiffe. De multiples variantes anatomiques et morpholo-
Ces deux théories sont probablement complé- giques existent parmi les composantes scapulaires
mentaires et de toute évidence, la dégénéres- au sein de la population. Plusieurs études ont exa-
cence liée à l'âge est l'un des multiples facteurs miné les différences dans la taille et la forme de
étiopathogénétiques. l'acromion et du processus coracoïde chez les
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 231

Epine scapulaire

Acromion
Ligament coracoacromial
(sectionné)
Tendon de l'infraépineux
(sectionné) Echancrure suprascapulaire
Bourse
subacromiodeltoïdienne Supraépineux (sectionné)
Ligament coracoacromial
(sectionné)
Processus coracoïde
Membrane fibreuse de la capsule
Ligament huméral articulaire
transverse

Gaine synoviale Bourse subtendineuse du subscapulaire


Tendon du long (sectionné)
biceps (sectionné) Tendon du court biceps (sectionné)

Humérus Tendon du subscapulaire (sectionné)


Bourses de l'articulation glénohumérale (vue supérieure)

Acromion Membrane fibreuse de la capsule articulaire


Labrum glénoïdal Supraépineux
Membrane synoviale
Scapula

Tendon du supraépineux

Bourse
subacromiodeltoïdienne

Cartilage articulaire

Récessus axillaire

Deltoïde

Humérus

Long biceps

Petit rond
Grand rond (sectionné)

Articulation glénohumérale (vue antérieure)

Figure 7.23. Rapports glénohuméraux.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 358.
232 Considérations cliniques

patients souffrant du syndrome de la coiffe des altération de l'apport sanguin au niveau des nerfs
rotateurs, dans une tentative de définition des périphériques peut produire des dysesthésies et
caractéristiques prédisposantes. En fait, la simple paresthésies [173, 174].
observation de la posture scapulaire de plusieurs
individus montre bien que selon la personne, la
scapula repose différemment sur le thorax. Cette Contribution ostéopathique
position scapulaire résulte de multiples influences à l'examen physique
s'exprimant à travers les relations myofasciales. Ces et au traitement
influences émanent de la colonne cervicale, thora-
cique et lombosacrale, ainsi que des côtes et de Les procédures ostéopathiques, associées à un
certains viscères. Dans ce cas, le principe ostéopa- traitement médical approprié, doivent être utili-
thique de la relation entre la fonction et la struc- sées pour contribuer au traitement des différentes
ture est bien illustré. Toute dysfonction de la présentations du syndrome de la coiffe des rota-
scapula résultant de ces influences aura elle-même teurs. Elles facilitent la capacité inhérente du
une incidence sur la position des repères de la sca- corps à l'autoguérison, améliorent la capacité
pula et sur les contraintes mécaniques qui s'y fonctionnelle et le confort du patient. Une éva-
appliquent. Ainsi peuvent s'expliquer la formation luation holistique doit inclure des questions ren-
d'épines acromiales ou les modifications de la taille seignant sur la vie psychosociale et professionnelle
et de la forme des structures. En outre, pour que la du patient, ainsi qu'un examen physique.
coiffe des rotateurs fonctionne à un niveau opti- Demandez au patient s'il a des douleurs, une ins-
mal, la scapula doit être bien positionnée, et en tabilité, une faiblesse, ou une perte d'amplitude
tant que tel, une dysfonction scapulaire peut du mouvement. Les plaintes de paresthésies
contribuer au syndrome de la coiffe des rotateurs. peuvent être associées à des troubles neurovascu-
L'articulation acromioclaviculaire est un site laires, nécessitant une évaluation neurologique
de dysfonction somatique articulaire pouvant appropriée pour radiculopathie, neuropathie,
affecter l'épaule de manière significative. En fait, ainsi qu'à des anomalies structurales qui pour-
la dysfonction acromioclaviculaire modifie légè- raient aboutir à un syndrome du défilé thora-
rement la position neutre de la scapula, et de ce cique. La présence de tout déficit neurologique
fait produit des symptômes en rapport non seu- nécessite une évaluation complète à la recherche
lement avec l'articulation acromioclaviculaire, d'une pathologie organique.
mais aussi potentiellement avec les muscles Observez le patient, pendant et après l'anam-
scapulothoraciques. nèse. Regardez la ceinture scapulaire et évaluez sa
Les douleurs de l'épaule peuvent également relation avec les autres parties du corps. Les dys-
résulter d'une dysfonction affectant le rachis cer- fonctions de l'épaule peuvent suivre des dysfonc-
vical, puisque l'innervation des muscles et autres tions du rachis cervical, thoracique et lombosacral,
tissus de l'épaule, du bras et de la main pro- des côtes, du bassin et des viscères.
viennent de la colonne cervicale. Les douleurs Ensuite, procédez à un test d'écoute de la sca-
peuvent également suivre une dysfonction soma- pula. Cela peut être fait avec le patient assis. Placez
tique thoracique en raison de la facilitation seg- la paume de votre main sur la scapula, avec les
mentaire qui lui est associée. L'innervation doigts dirigés cranialement. Ce placement de la
sympathique pour les MS émane de la région tho- main vous permet d'écouter la scapula et d'évaluer
racique, depuis la portion moyenne de cette sa motilité. En l'absence de dysfonction, en tant
région jusqu'à sa portion supérieure. La facilita- que structure paire, la scapula présente les compo-
tion segmentaire affecte les corps cellulaires sym- santes d'un mouvement de rotation craniosacrale
pathiques dans la colonne intermédiolatérale. Il en externe et interne, dans chacun des trois plans de
résulte une augmentation du tonus vasomoteur, l'espace. Pendant la rotation craniosacrale externe,
produisant une diminution de la perfusion des tis- la phase inspiratoire du MRP, le mouvement est le
sus périphériques. En conséquence, une légère suivant :
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 233

tEBOT MF QMBO TBHJUUBM  MB TDBQVMB TF EÏQMBDF FO région craniocervicale et à la moitié inférieure du
rotation postérieure, l'angle supérieur se déplace corps. De ce fait, la clavicule fait partie d'une rela-
vers l'arrière et l'angle inférieur vers l'avant ; tion tenségritale et agit comme une « poutre »
tEBOTMFQMBODPSPOBM MhBOHMFTVQÏSJFVSEFMBTDB- rigide supportant la compression qui étire les
pula se déplace latéralement et l'angle inférieur « câbles » souples des structures myofasciales (voir
médialement ; Tenségrité, partie I, Ostéopathie, fascia, fluides et
tEBOTMFQMBOUSBOTWFSTBM MhFOTFNCMFEFMBTDBQVMB mécanisme respiratoire primaire, p. 16).
se déplace vers l'arrière, le bord axillaire démon- Avec le patient assis ou en décubitus dorsal, tes-
trant un déplacement plus important que le tez l'humérus par rapport à la scapula au niveau de
bord spinal. l'articulation scapulohumérale. Commencez par
Pendant la rotation craniosacrale interne, la un test d'écoute. Lors de la phase inspiratoire du
phase expiratoire du MRP, le mouvement est MRP, l'humérus démontre une rotation craniosa-
inverse. crale externe, alors qu'il y a une rotation interne
Écoutez et identifiez le degré de dysfonction de pendant la phase expiratoire. La plupart du temps,
rotation craniosacrale externe ou interne de la sca- avec une épaule dysfonctionnelle, il y a une dys-
pula, globalement, puis dans chacun des plans de fonction somatique au niveau de l'articulation sca-
l'espace. Déterminez également si une dysfonc- pulohumérale. La tête de l'humérus est en rotation
tion somatique à distance affecte le mouvement latérale ou médiale avec des restrictions affectant
de la scapula par l'influence des structures myofas- également l'équilibre entre les mouvements
ciales. Dans ce cas, la scapula semble attirée vers le mineurs de glissement antérieur/postérieur, laté-
site de la dysfonction. Cette dysfonction à distance ral/médial, cranial/caudal, ou n'importe quelle
doit être normalisée avant de pouvoir traiter la combinaison de ces mouvements. Si nécessaire,
scapula efficacement. Les dysfonctions myofas- procédez à un test d'amplitude du mouvement.
ciales doivent aussi être traitées. Suivez les mouve- Soyez respectueux des capacités du patient et rap-
ments que vous percevez, reflets de leur équilibre pelez-vous que la rigidité peut indiquer une cap-
tenségrital, jusqu'à leur normalisation. La scapula sulite rétractile et/ou une arthrite, et que les
doit être libre de toute influence dysfonctionnelle crépitations peuvent être associées à de l'arthrose,
afin d'offrir un support adéquat aux structures ou à une pathologie de la bourse subacromiodel-
myofasciales qui se fixent sur elle et de permettre toïdienne et/ou de la coiffe des rotateurs. Traitez
un fonctionnement correct de toutes ses parties. toute dysfonction somatique trouvée.
Évaluez la clavicule, les articulations acromio- Plusieurs tests orthopédiques sont décrits pour
claviculaire et sternoclaviculaire. L'articulation évaluer les muscles de la coiffe des rotateurs.
acromioclaviculaire est une articulation arthro- Toutefois, ils ne démontrent pas tous le même
diale, avec la surface articulaire claviculaire latérale niveau de fiabilité [175, 176]. Habituellement, le
qui regarde vers le dehors et vers le bas pour cou- test de Jobe est utilisé pour évaluer la force et l'inté-
vrir une facette correspondante sur le bord médial grité du muscle supraépineux et de son tendon. Le
de l'acromion. Le mouvement de l'extrémité cla- patient est assis ou debout. Le praticien est debout
viculaire latérale est un glissement antéroposté- devant le patient, du côté à tester. Faites une
rieur. L'articulation sternoclaviculaire est une abduction du bras du patient de 90 ° dans le plan
articulation synoviale, en selle avec un disque arti- coronal, avec une adduction de 30 ° dans le plan
culaire qui délimite deux parties. Au niveau de transversal, afin de placer le bras dans le plan de la
cette articulation, la clavicule se déplace principa- scapula. Demandez au patient de garder le coude
lement antéropostérieurement, avec un petit tendu et de tourner le bras à l'intérieur avec le
degré de rotation sur l'axe long de la clavicule. pouce dirigé vers le sol, comme si il vidait une
Identifiez et traitez toutes les dysfonctions qui canette ou un verre. Stabilisez la scapula avec
peuvent être présentes. La clavicule est un os clé votre main postérieure, placez votre main anté-
affectant plusieurs structures myofasciales qui se rieure sur l'avant-bras du patient et demandez au
fixent sur elle. Elle unit l'épaule au tronc, à la patient d'effectuer une abduction de l'épaule
234 Considérations cliniques

contre la résistance de votre main antérieure. Le Insistez sur l'importance d'une bonne posture et
test est positif quand la douleur (ou la faiblesse) sur comment celle-ci affecte la ceinture scapulaire.
empêche le patient d'effectuer le mouvement. Apprenez à votre patient à rétracter les épaules et à
Dans le traitement du syndrome de la coiffe des éviter les positions combinant flexion, adduction et
rotateurs, la plupart du temps, les traitements rotation médiale de l'épaule, la position provo-
conservateurs sont d'abord utilisés avant d'envisa- quant le plus fréquemment une compression du
ger la chirurgie. Aussi, les manipulations ostéopa- défilé du supraépineux [178]. Cette position n'est
thiques ont une place de choix. Des études pas spontanément reconnue par le patient comme
suggèrent que la thérapie manuelle en conjonc- nocive, car elle peut se produire pendant des
tion avec un programme de renforcement et d'éti- moments d'inactivité, ou des périodes de détente.
rement musculaire est plus bénéfique que le Une telle position d'enroulement des épaules est
renforcement et l'étirement seul [177]. Le traite- souvent prise en position assise sur un canapé, en
ment ostéopathique consiste à normaliser toute regardant la télévision par exemple. Notez que c'est
dysfonction vertébrale, scapulothoracique et clavi- aussi fréquemment la position de l'épaule dans la
culaire en plus de l'articulation glénohumérale. position de sommeil en décubitus latéral. Une corré-
Pour optimiser les résultats, il est souvent béné- lation a été effectivement démontrée entre le côté
fique d'évaluer et de traiter le schéma fonctionnel de la douleur de l'épaule et le côté sur lequel une
global du patient. personne préfère dormir [179]. Pour cette raison,
Rappelons que, après de longues périodes de incitez votre patient à dormir en position de décu-
dysfonction somatique avec limitation du mouve- bitus dorsal ou en évitant la position de décubitus
ment et douleur, les patients développent souvent latéral du côté de l'épaule dysfonctionnelle.
une amnésie fonctionnelle. Ils perdent la capacité Encouragez votre patient à suivre un pro-
de déplacer la zone dysfonctionnelle dans toute gramme d'exercices supervisé par un kinésithéra-
son amplitude de mouvement. Pour cela, une réé- peute expérimenté, puis à pratiquer les exercices
ducation fine, avec prise de conscience et réinté- seul pour continuer à améliorer la force, diminuer
gration des mouvements dysfonctionnels, est la douleur et améliorer la fonction. Les exercices
conseillée. Commencez par expliquer au patient classiques comprennent des exercices où le patient
comment visualiser le mouvement qui doit être est penché en avant, le bras dysfonctionnel pen-
récupéré, puis demandez-lui de réaliser douce- dant, relâché en direction du sol, et l'autre bras en
ment ce mouvement dans la plus petite amplitude appui sur une table. Demandez au patient d'exé-
possible, puis progressivement dans toute l'ampli- cuter des mouvements de rotation souple du bras,
tude du mouvement, retrouvant ainsi une pro- dans le sens des aiguilles d'une montre dix fois,
prioception optimale. La rééducation peut être puis dix fois dans le sens contraire. Ensuite, les
complétée par des exercices pour améliorer la pos- mouvements sont réalisés d'avant en arrière, puis
ture globale, la souplesse et la force de l'épaule. d'un côté à l'autre. Une augmentation progressive
de l'amplitude du mouvement est recommandée,
et ces exercices doivent être effectués au moins
Conseils au patient trois fois par jour.
Après avoir réussi ces exercices, le patient peut
Expliquez à votre patient que très souvent, le syn- ensuite progresser avec des exercices actifs aidés,
drome de la coiffe des rotateurs est un syndrome en utilisant le bras non affecté pour aider le côté
de surmenage et que certains ajustements sont dysfonctionnel. Apprenez-leur à sentir quels sont
nécessaires dans la routine et les activités quoti- les mouvements faciles et à suivre tout d'abord les
diennes pour réduire le stress de l'épaule. plages d'aisance, pour progressivement gagner en
Identifiez avec votre patient les mouvements nui- amplitude. Ensuite, ils peuvent progresser avec
sibles ou les mauvaises positions répétées au cours des exercices plus actifs. Faire face à un miroir est
de la journée, en particulier les positions où le recommandé pour éviter des compensations
coude est soulevé au-dessus du niveau de l'épaule. inefficaces.
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 235

Syndromes canalaires : Le nerf médian chemine ensuite dans la fosse


syndrome du canal carpien cubitale (pli du coude) où il passe à la face pro-
fonde du fascia bicipital pour entrer dans l'avant-
bras, entre les deux chefs du rond pronateur. Il
Syndrome du canal carpien glisse ensuite sous l'arcade fibreuse du fléchisseur
Le syndrome du canal carpien est un syndrome commun superficiel des doigts et descend dans
canalaire du nerf médian qui représente environ toute la loge antébrachiale ventrale. Au niveau du
90 % de tous les syndromes canalaires [180]. La poignet, le nerf médian s'engage dans le canal
prévalence de SCC symptomatiques, confirmés carpien. Lors de son passage à travers le canal car-
par l'électrophysiologie, est d'environ 3 % chez les pien, le nerf médian donne l'innervation sensitive
femmes et de 2 % chez les hommes [181]. Cela de la peau de la portion palmaire des pouce,
survient plus souvent chez les femmes avec des index, médius et moitié radiale de l'annulaire, et
pics entre 50 et 59 ans. Pour les hommes, un pic les parties terminales de leurs portions dorsales.
supplémentaire existe entre 70 et 79 ans [182]. Le nerf innerve également les muscles court
Le SCC est associé à des activités de la main et abducteur du pouce, opposant du pouce, long
du poignet où la répétition, la force, une pression fléchisseur du pouce, et les deux muscles lombri-
externe et des vibrations sont impliquées, comme caux latéraux (figure 7.25).
par exemple taper sur un clavier, frotter ou utiliser Le rétinaculum des fléchisseurs est une forte
des outils manuels à air comprimé. En fait, depuis bande de tissu conjonctif, de 2,5 à 3 cm de long,
2003, le SCC est inscrit dans la liste des maladies fermement fixée aux quatre os du poignet : en
professionnelles de l'Union européenne. Certaines dedans sur le pisiforme et le crochet de l'hama-
caractéristiques anthropométriques telle une main tum, et latéralement sur le tubercule du scaphoïde,
courte et large avec un poignet carré augmentent le tubercule du trapèze, et parfois le processus sty-
la susceptibilité au SCC [183]. L'obésité est un loïde radial. Le ligament carpien transverse repré-
autre facteur de risque [184] ainsi que le taba- sente la partie centrale du rétinaculum des
gisme, la consommation de caféine et d'alcool fléchisseurs.
[185]. En outre, plusieurs pathologies sont liées Une des théories du SCC, la théorie de la com-
au SCC, comme l'arthrite inflammatoire, la frac- pression mécanique, propose que les symptômes
ture du poignet, l'hypothyroïdisme, le diabète du SCC sont dus à la compression du nerf médian
sucré et l'utilisation de corticostéroïdes et d'œs- dans le canal carpien. En effet, toute diminution
trogènes [186]. de l'espace du canal carpien peut contribuer à la
compression du nerf, comme lors des mouve-
ments répétés de flexion-extension du poignet,
Anatomopathologie du canal carpien
flexion des doigts, supination, ou en présence de
Le canal carpien est un espace situé entre la face traumatismes et de processus inflammatoires ou
concave du carpe et le rétinaculum des fléchisseurs métaboliques. Il est également possible que
(ligament annulaire antérieur du carpe). Les tendons l'œdème du contenu du canal carpien compro-
fléchisseurs des doigts et le nerf médian traversent mette le nerf médian en l'absence de toute dimi-
cet espace. Son volume, en fonction de la taille de la nution du volume du canal carpien.
main, est d'environ 5 ml [187] (figure 7.24). Une compression neurale a des effets physiopa-
Une compression du nerf médian caractérise le thologiques sur la microanatomie neuronale ainsi
SCC. Le nerf médian provient du plexus brachial que sur les tissus environnants. Les nerfs périphé-
(nerfs spinaux C5-T1). Dans le cou, le plexus bra- riques peuvent contenir des fibres sensitives,
chial chemine entre les muscles scalènes antérieur motrices, afférentes viscérales générales, et sympa-
et moyen, et passe ensuite entre la première côte thiques. Des fibres myélinisées et amyéliniques
et la clavicule pour atteindre l'aisselle et le bras. sont présentes au sein des nerfs moteurs et senso-
Dans le bras, il reste sur le côté médial de l'humé- riels. La plupart des fibres nerveuses périphériques
rus, entre les muscles biceps brachial et brachial. sont assemblées en faisceaux, eux-mêmes engainés
236 Considérations cliniques

Rétinaculum des
fléchisseurs Tendon du fléchisseur
Rétinaculum des fléchisseurs radial du carpe

Hamulus de
Tubercule
l’hamatum Pisiforme du trapèze
Pisiforme Tubercule du
trapèze
Trapèze
Tubercule
du Triquetrum
scaphoïde

Trapèzoïde
Hamatum
Capitatum

Arche carpienne

Doigt III
(médius)
Doigt IV Doigt II
(annulaire) (index)

Doigt V
(auriculaire)
Rétinaculum des fléchisseurs
Nerf médian

Doigt I
(pouce)

Tendon du long palmaire Muscles


thénariens
Artère ulnaire Tendon du
fléchisseur radial
du carpe
Nerf ulnaire
Tendon du long
fléchisseur du
pouce
Tendons du fléchisseur
superficiel des doigts Tendon du long abducteur
du pouce
Tendons du fléchisseur Tendon du court
profond des doigts extenseur du pouce
Tendon de l'extenseur Veine céphalique
ulnaire du carpe
Veine basilique
Artère radiale

Tendon de l'extenseur du petit doigt Tendon du long extenseur du pouce


Tendon du long extenseur radial du carpe
Tendons extenseurs des doigts
Tendon du court extenseur radial du carpe
Muscle extenseur de l'index

Figure 7.24. Canal carpien. Rapports des structures.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 406.
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 237

Nerfs digitaux palmaires propres (nerf médian) Innervation cutanée de la main


par le nerf médian
e e
3 et 4 lombricaux innervés
par le nerf ulnaire
Innervation par
la branche cutanée
dorsale du nerf ulnaire

Innervation par la
branche cutanée
palmaire du nerf
médian
Vue palmaire

e e
1 et 2 lombricaux innervés
par le nerf médian

Vue dorsale

Nerf digital
palmaire propre
(nerf ulnaire)
Muscles intrinsèques
innervés par le nerf
ulnaire à l'exception Nerfs digitaux palmaires
des muscles communs
thénariens et des (nerf médian)
e e
1 et 2 lombricaux
Nerf digital
palmaire commun
Innervation cutanée
Muscles
par la branche
hypothénariens
superficielle du
innervés par le
Muscles thénariens nerf ulnaire
nerf ulnaire
innervés par le nerf
Court palmaire médian
Branche récurrente du nerf médian
Innervation cutanée
Branche profonde par la branche
du nerf ulnaire palmaire du nerf
Branche superficielle ulnaire
du nerf ulnaire Branche palmaire
du nerf médian
Branche palmaire Vue palmaire
du nerf ulnaire
Nerf médian Innervation cutanée de la
Nerf ulnaire main par le nerf médian
Radius
Ulna

Innervation de la main, nerfs médian et ulnaire


(vue palmaire)

Vue dorsale

Figure 7.25. Innervation de la main.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 417.
238 Considérations cliniques

par une enveloppe de tissu conjonctif (TC) qui toïde et grand pectoral, qui s'insèrent sur la clavi-
forme le périnèvre, et tous les faisceaux du nerf cule, l'acromion et l'épine de la scapula. À sa
sont entourés par une autre couche de TC, l'épi- partie distale, le rétinaculum des fléchisseurs est
nèvre et le mésonèvre ou paranèvre. Un nerf peut continu avec l'aponévrose palmaire. Ainsi, toute
comporter de 30 à 75 % de TC et une compres- dysfonction des segments vertébraux associés et
sion neurale peut entraîner un épaississement de des épaules peut affecter tenségritalement le réti-
ce TC. Le mésonèvre joue un rôle essentiel dans le naculum des fléchisseurs.
glissement du nerf, et en présence de fibrose, cette Comme l'un des syndromes neurologiques
fonction peut être limitée. Ajoutons que dans le affectant le plexus brachial, le SCC peut, dans le
cas d'une compression neurale chronique, la cadre de la théorie de la « double crush », présenter
microcirculation intraneurale, via les vasa nervosa, des dysfonctions associées affectant les racines des
et la structure des fibres nerveuses sont modifiées, nerfs spinaux, le plexus brachial dans sa traversée
avec une augmentation de la perméabilité vascu- du cou et le nerf médian périphérique [190]. Les
laire qui se traduit par la formation d'œdème, une neurones moteurs des nerfs périphériques ont
détérioration du transport axonal antérograde et leurs corps cellulaires dans la corne ventrale de la
rétrograde, et une altération de la fonction ner- substance grise de la moelle épinière, et les corps
veuse [188]. Avec le développement du tissu cellulaires des nerfs sensitifs dans le ganglion de la
fibreux, des cicatrices, finissent par se produire racine dorsale. Dès lors, toute dysfonction soma-
dans le nerf. Ainsi, les symptômes du SCC décrits tique des segments vertébraux de C4-C5 à T1-T2,
comme des picotements, des engourdissements, impliquant le plexus brachial, peut faciliter le
des douleurs et une perte réversible de la développement du SCC.
conduction nerveuse peuvent être associés à une Lors de la traversée du cou, le plexus brachial
possible dysfonction vasculaire et une ischémie du passe entre les muscles scalènes antérieurs et
segment neural touché. moyens, la première côte et la clavicule, et donc le
En outre, des compressions successives peuvent nerf médian est vulnérable à toute dysfonction
se produire sur un nerf périphérique. En 1973, somatique affectant l'une de ces structures, alors
Upton et McComas décrivent la théorie de la qu'en périphérie, il est vulnérable à toute com-
« double crush » (double compression), qui propose pression myofasciale le long de son parcours, en
que des compressions successives peuvent agir de particulier au niveau du coude et de l'avant-bras.
façon cumulative et causer un syndrome canalaire Les dysfonctions du radius et de l'ulna peuvent
distal symptomatique [189]. L'impact proximal, également être impliquées dans le SCC.
par exemple, au niveau de la colonne cervicale, Au niveau du poignet, une dysfonction soma-
pourrait modifier le débit axoplasmique et aug- tique de l'un des os du carpe, en particulier l'os
menter la vulnérabilité des fibres nerveuses dis- semi-lunaire, peut diminuer le volume du canal
tales à une compression distale. Pour cette raison, carpien et contribuer au SCC [191]. Nous trou-
lors du traitement du SCC, toute dysfonction vons souvent une dysfonction d'extension du
somatique le long du parcours du plexus brachial semi-lunaire, typiquement à la suite d'une chute
doit également être normalisée. sur un poignet en hyperextension. L'extension du
poignet est associée à plus de pression sur le nerf
médian [192].
Syndrome du canal carpien
Les fibres préganglionnaires de la division sym-
et dysfonction somatique
pathique concernant les MS ont leur corps cellu-
Le rétinaculum des fléchisseurs fait partie d'un laire dans la colonne intermédiolatérale de la
modèle tenségrital. À sa partie proximale, le rétina- moelle épinière, dans le segment spinal thoracique
culum des fléchisseurs est la suite directe du fascia moyen et supérieur. Toute dysfonction somatique
antébrachial profond, qui est lui même le prolon- de ces régions peut contribuer à une dysfonction
gement du fascia brachial ; le fascia brachial est sympathique et aboutir à un vasospasme, avec
continu avec le fascia couvrant les muscles del- diminution de la perfusion sanguine du vasa ner-
Chapitre 7. Dysfonctions musculosquelettiques 239

vosa et troubles du drainage veineux et lympha- Une procédure d'étirement du ligament fléchis-
tique, augmentant les effets pathophysiologiques seur peut également être appliquée (« Opponens roll
présents dans le SCC [193, 194]. Une diminution maneuver [197] »). Cette procédure peut être
de la puissance de la composante baroréflexe du enseignée au patient comme un exercice à répéter à
MRP peut aussi contribuer à une insuffisance de la la maison. Prenez l'éminence thénar du patient avec
circulation périphérique [195]. une main, et l'éminence hypothénar avec l'autre
main, de sorte que vos pouces sont de chaque coté
de la face palmaire de la main du patient, en contact
Contribution ostéopathique avec les extrémités médiale et latérale du rétinacu-
à l'examen physique lum des fléchisseurs, et vos doigts sur la face dorsale
et au traitement des os du carpe. Étirez progressivement l'éminence
thénar du patient latéralement, portant le pouce
La plupart du temps, les options thérapeutiques dans une rétroposition avec rotation latérale afin de
non chirurgicales sont tout d'abord proposées aux soulever le ligament carpien transverse du nerf
patients avec un diagnostic de SCC. La réduction [198]. Le dosage de l'application de cette procé-
de l'inflammation, et par conséquent de l'œdème dure est une question délicate. Il s'agit d'une procé-
du contenu du canal carpien, avec des médicaments dure directe qui peut être énergique. Il faut donc
anti-inflammatoires non stéroïdiens est la première être extrêmement respectueux du niveau de tolé-
ligne du traitement médical. Ensuite, des injections rance des tissus. Les principes du dosage, discutés
locales de stéroïdes et/ou des attelles sont propo- précédemment dans cet ouvrage, doivent être
sées, et après cela, la chirurgie [196]. Un TMO rigoureusement respectés (voir partie III,
peut être proposé dans une approche médicale Traitement du patient, p. 93). Dans l'emploi des
intégrative, comme une option non chirurgicale. procédures directes, cherchez à obtenir la réponse
En raison de tous les sites potentiels où une dys- thérapeutique optimale, sans dépasser la tolérance
fonction somatique peut contribuer au SCC, com- du patient et le blesser. Une palpation intelligente
mencez l'examen structurel ostéopathique et le est toujours associée à la prudence.
TMO au niveau de la colonne thoracique et des Une manipulation neurale peut être appliquée
côtes, puis continuez au niveau de la colonne cervi- sur les adhérences du nerf médian avec son envi-
cale. Ensuite, examinez les tissus mous du cou, avec ronnement de tissu conjonctif pour restaurer le
une attention particulière pour les muscles scalènes. glissement du nerf [199]. Des procédures myofas-
Pensez aussi à la ceinture scapulaire et aux épaules ciales doivent aussi être appliquées aux muscles
pour leur relation avec le plexus brachial. Évaluez les thénars et aux tendons fléchisseurs, car la tension
mouvements du coude et de l'avant-bras. Après cela, de ces structures peut contribuer à la compression
examinez les os du carpe et du métacarpe avec une du nerf médian.
attention spéciale pour le semi-lunaire. Toute dys-
fonction somatique identifiée devrait être traitée. Conseils au patient
Le traitement peut être complété par un relâ-
chement myofascial de la nuque, des épaules, des Tout d'abord, expliquez au patient l'importance du
bras, du poignet et des structures des doigts. En repos pour la main concernée et la nécessité d'éviter
particulier, la normalisation du rétinaculum des toute activité qui contribue au SCC. Encouragez-le
fléchisseurs, qui s'étend de la partie distale du à prendre des pauses lorsqu'il utilise sa main et à
radius (partie proximale du pli de flexion du poi- éviter les activités répétitives continues.
gnet) à la partie proximale du troisième métacar- La vitamine B-6 peut être utilisée comme un trai-
pien, peut être envisagée pour alléger la pression tement conservateur adjuvant, à 200 mg par jour,
sur le nerf médian. Appliquez une procédure sauf si les symptômes s'aggravent [200]. Lorsque
indirecte, avec une écoute du tissu conjonctif, en l'on utilise thérapeutiquement l'une des vitamines
suivant très attentivement la réponse des tissus, du complexe B, il est toujours conseillé d'assurer
en particulier s'il existe une inflammation. une supplémentation de toutes les vitamines du
240 Considérations cliniques

complexe B. Cela tend à réduire la possibilité de vités peut avoir entraîné des changements
produire une carence secondaire des vitamines B structuraux irréversibles avec perte de fonction, la
non supplémentées, en raison de l'élimination dysfonction somatique est réversible et son traite-
rénale de tout le groupe des vitamines hydroso- ment efficace conduira à des gains fonctionnels
lubles. Des remèdes homéopathiques, comme un qui sont non seulement physiquement bénéfiques,
gel à l'arnica, peuvent également être utilisés pour mais aussi émotionnellement puissants.
contribuer au soulagement de la douleur et de l'in- Les principes du traitement de la myriade des
flammation. Une alimentation équilibrée composée conditions qui entraînent des plaintes des MS et
d'aliments non raffinés est toujours recommandée des MI, dans le contexte des principes ostéopa-
pour améliorer la santé des tissus conjonctifs. thiques, sont étonnamment similaires et illustrés
Des attelles de poignet peuvent être employées par les conditions discutées ci-dessus. Lors du trai-
pendant la nuit. Si elles sont tolérées sans gêne, elles tement de ces problèmes, il est très facile de se
peuvent être utiles pour soulager les symptômes centrer sur le site de la plainte du patient et de
nocturnes de picotement et d'engourdissement. perdre la perspective holistique qui est distinctive-
Encouragez votre patient à faire des étirements ment ostéopathique. Il faut toujours se rappeler
des structures myofasciales, en particulier le cou, l'observation de W. F. Strachan : « Diagnosis of any
les épaules, les bras, les poignets et les doigts, sans complaint in a peripheral part is not complete
déclencher de douleurs ou les symptômes du without analysis of the region of the spine segmen-
SCC. Cela peut être fait simplement en inclinant tally related [202]. » (« Le diagnostic d'une plainte
la tête d'un côté, en maintenant la position pen- dans une partie périphérique n'est pas complète
dant trois ou quatre respirations lentes et en sans une analyse de la région de la colonne verté-
répétant le même mouvement de l'autre côté. Ce brale segmentairement associée. ») À cela, ajou-
cycle doit être répété environ cinq fois, au moins tons que la relation de la plainte au MRP pourrait
trois fois par jour. Encouragez également votre aussi être considérée.
patient à tourner doucement les poignets dans les
deux sens, et à étirer les paumes des mains et les
doigts. Le yoga apporte une certaine amélioration Références
et peut être recommandé [201]. Quel que soit
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Chapitre 8
Dysfonctions posturales
La posture peut être définie comme la relation physe pubienne, pour arriver au sol à égale
spatiale entre les différentes parties du corps, afin distance entre les deux pieds (figure 8.1).
de maintenir une position stable. Bien que plu- Une posture équilibrée est la condition néces-
sieurs postures puissent être décrites, la plupart du saire pour être en mesure de se tenir debout, de
temps le terme « posture » désigne le corps en marcher et d'effectuer des activités quotidiennes
position debout. Apparaissant comme un état sans danger. Avec l'âge, la posture d'un individu
d'équilibre, la posture peut, au premier abord, se détériore assez souvent. En fait, il est facile d'es-
sembler être une relation statique de la position timer l'âge de quelqu'un à travers sa posture. Une
entre les différentes parties du corps. En fait, et mauvaise posture peut vieillir un sujet alors qu'une
surtout d'un point de vue ostéopathique, la pos- bonne posture donne une allure plus jeune. De
ture est réellement dynamique, nécessitant une surcroît, une posture déséquilibrée est un com-
adaptation continue aux influences gravitation- promis fonctionnel potentiellement sévère, avec
nelles. Dès lors, la posture reflète constamment l'incapacité de marcher en toute sécurité, de mon-
l'évolution fonctionnelle – et par conséquent, ter les escaliers ou de s'habiller de manière auto-
potentiellement dysfonctionnelle – de l'état du nome. Le risque de chutes avec la possibilité de
corps. De nombreux facteurs influencent l'aspect blessures augmente.
postural de l'individu, et ils reflètent sa psycholo- Le maintien de la posture est une activité non
gie autant que ses capacités motrices. L'observation volontaire qui repose sur une interaction com-
de la posture statique d'un individu dans diffé- plexe entre différents mécanismes physiologiques.
rentes positions permet à l'examinateur de com- Sur la base d'une intégration sélective et rapide
prendre l'étiologie de nombreuses dysfonctions. d'informations sensorielles provenant de multiples
En règle générale, une personne démontre une sources, le système nerveux central (SNC) produit
bonne posture lorsque le corps est droit, le menton des réponses motrices appropriées et complexes.
rentré, les épaules en arrière avec la poitrine déga- Pour autant, en raison du déclin, lié à l'âge, des
gée, un ventre plat et le poids du corps également systèmes musculosquelettique et sensoriel, du
réparti sur les têtes fémorales. Dans le plan sagittal, traitement neural et de la conduction de l'infor-
les courbures cervicales, thoraciques et lombales ne mation, une bonne posture devient plus difficile à
sont pas exagérées et la verticale partant du pore maintenir lorsque l'individu vieillit. Inversement,
acoustique externe aligne la tête humérale, la tête la réduction des dysfonctions des systèmes muscu-
fémorale, le milieu du genou et la malléole latérale. losquelettique et sensoriel peut améliorer la pos-
Au niveau de la colonne vertébrale, la ligne de gra- ture, permettant une plus grande stabilité de la
vité longe le plan de la dent de l'axis, tombe en masse du corps contre la gravité.
avant du corps de la seconde vertèbre thoracique, Le SNC contrôle et coordonne la posture et
passe par le centre du corps de la douzième vertèbre l'équilibre avec plusieurs processus qui produisent
thoracique, à l'arrière du corps de la cinquième ver- des changements musculosquelettiques réactifs en
tèbre lombale, et arrive en avant du sacrum [1]. réponse aux variations de l'environnement
Dans le plan frontal, la ligne de gravité divise le externe. Trois systèmes sensoriels – vestibulaire,
corps en deux parties ; elle relie la glabelle, le visuel et somatosensitif/proprioceptif – four-
milieu de la fourchette sternale et la sym- nissent des informations indispensables à la

L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans


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250 Considérations cliniques

régulation de l'équilibre postural d'un individu. angulaires de la tête. Le système visuel renseigne
L'appareil vestibulaire fournit des informations sur l'orientation des yeux et de la tête par rapport
sur les accélérations gravitationnelles, linéaires, et aux éléments environnants. Les données somato-
sensitives/proprioceptives procurent des informa-
tions sur la position du corps par rapport aux
surfaces de contact extérieures et sur l'orientation
des différentes parties du corps les unes par rap-
Pore acoustique port aux autres.
externe Comprendre l'anatomie et la physiologie des
systèmes vestibulaire, visuel et somatosensitif/
proprioceptif permet de mieux comprendre les
problèmes de posture et d'équilibre rencontrés
par les patients, et comment les procédures théra-
Tête humérale peutiques peuvent répondre à ces dysfonctions.

Système vestibulaire
L'appareil vestibulaire (figure 8.2) est l'organe
sensoriel qui perçoit les sensations d'équilibre. De
chaque côté du crâne, il est situé dans la partie
pétreuse de l'os temporal (figure 8.3), enfermé
dans le labyrinthe osseux formé de trois cavités
osseuses : le vestibule, les canaux semicirculaires et
Tête fémorale la cochlée. Dans ces cavités, des conduits et des
sacs membraneux forment le labyrinthe membra-
neux, la partie fonctionnelle de l'appareil vestibu-
laire. Le labyrinthe membraneux est rempli
d'endolymphe et est séparé du périoste qui recouvre
les parois du labyrinthe osseux par la périlymphe,
un liquide dont la composition est proche de celle
du liquide cérébrospinal.
Le labyrinthe membraneux (figure 8.4) se
compose de trois canaux semicirculaires et
deux grands « sacs » – l'utricule et le saccule –
Genou appartenant tous au système de l'équilibre. Il se
compose également du canal cochléaire (cochlée
membraneuse), l'organe sensoriel de l'audi-
tion. Ce canal est logé en avant, dans la cochlée
(limaçon) du labyrinthe osseux ; en arrière, les
trois canaux semicirculaires membraneux sont
dans les trois canaux semicirculaires du laby-
rinthe osseux, et entre les deux, on trouve le
saccule et l'utricule dans le vestibule du laby-
rinthe osseux.
Malléole latérale
Les trois canaux semicirculaires se vident dans
l'utricule. Le canal utriculosacculaire unit l'utri-
Figure 8.1. Équilibre postural sagittal. cule et le saccule et crée un lien entre toutes les
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 251

Artère carotide interne

Trompe auditive

Récessus épitympanique
Sillon pour le sinus
Méat externe pétreux inférieur

Canal semicirculaire Premier tour de la


antérieur cochlée
Aditus ad antrum Nerf cochléaire
Nerf facial
Vestibule Nerf vestibulaire
Canal semicirculaire Aqueduc du vestibule
latéral
Canal semicirculaire
postérieur Sillon pour le sinus
sigmoïde
Antre mastoïdien

Figure 8.2. Appareil vestibulocochléaire dans la partie pétreuse de l'os temporal.


Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 622.

temporal pour apparaître sur la face postérieure


2 de la partie pétreuse de l'os temporal, dans la
fosse cérébrale postérieure. À ce niveau, le canal
1 endolymphatique s'agrandit pour former le sac
endolymphatique, une poche extradurale qui est
une extension intracrânienne du labyrinthe
membraneux. Il aide à maintenir la constance
6 3
volumétrique et électrochimique de l'endo-
lymphe, phénomènes indispensables pour l'audi-
tion et la fonction vestibulaire [2].
5
4

7
Récepteurs sensoriels
8
9
de l'équilibre
Les récepteurs sensoriels de l'équilibre se
trouvent dans chacune des composantes de l'ap-
Figure 8.3. Os temporal droit : vue médiale.
1. Bord sphénoïdal ; 2. Bord pariétal ; 3. Fissure pareil vestibulaire, i. e. dans l'utricule, le saccule
pétrosquameuse supérieure ; 4. Eminentia arcuata ; 5. Tegmen et les trois canaux semicirculaires. Chacune de
tympani ; 6. Empreinte trigéminale ; 7. Pore acoustique ces structures détecte des mouvements spéci-
interne ; 8. Fossa subarcuata ; 9. Fossette unguéale. fiques. L'utricule et le saccule détectent les
Source : Sergueef N., Anatomie fonctionnelle appliquée à
l'ostéopathie crânienne, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, 2009. forces gravitationnelles et les accélérations
linéaires de la tête dans l'espace, tandis que les
parties du labyrinthe membraneux. Le canal canaux semicirculaires transmettent des informa-
endolymphatique sort du canal utriculosacculaire tions sur l'accélération angulaire, comme pen-
et passe dans l'aqueduc vestibulaire à travers l'os dant la rotation de la tête.
252 Considérations cliniques

Utricule et saccule une orientation différente et donc une fonction dif-


La face interne de l'utricule et du saccule férente. La macula de l'utricule est positionnée
(figure 8.5) présentent des aires sensorielles minus- essentiellement dans le plan transversal à la face
cules, d'environ 2 mm de diamètre : la macula de inférieure de l'utricule ; par conséquent, elle détecte
l'utricule et la macula du saccule. Chacune d'elles a l'orientation de la tête lorsque la tête est en position
verticale. La macula du saccule est située essentiel-

Hélicotréma Ampoule du canal Canal semicirculaire


semicirculaire antérieur antérieur
Utricule Crus commune
Saccule Canal semicirculaire
Hamulus postérieur
Ampoule du canal
semicirculaire latéral

Canal cochléaire

Vestibule

Fenêtre du vestibule Canal semicirculaire


latéral
Ductus reuniens
Ampoule du canal
Fenêtre de la cochlée semicirculaire postérieur
Canal endolymphatique
Canal utriculosacculaire
Sac endolymphatique

Figure 8.4. Labyrinthe osseux et membraneux.


Les flèches indiquent la direction de l'onde de pression dans la cochlée.
Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill
Livingstone, 2008, p. 636.

A B C Otolithes

Saccule Membrane
otolithique

Kinocil Stéréocil

Plaque
cuticulaire
Calice
nerveux Cellule de
afférent type II
Utricule
Cellule de
type I Terminaison
efférente
Synapse
Membrane afférente
otolithique en bouton Terminaison
et vésicules afférente

Terminaison
efférente

Macula
Épithélium Cellules
sensoriel de soutien
et cellules ciliées

Figure 8.5. Organisation morphologique des maculas de l'utricule et du saccule, et de leur relation avec la membrane
otolithique.
Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 39e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2004, p. 637.
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 253

lement dans le plan vertical ; elle détecte l'orienta- Canaux semicirculaires


tion de la tête lorsque la personne est couchée. Dans chaque os temporal, les trois canaux semicircu-
Chaque macula est recouverte d'un épithélium laires membraneux sont situés à l'intérieur des trois
neurosensoriel composé de milliers de cellules canaux semicirculaires du labyrinthe osseux à qui ils
ciliées qui synapsent avec les terminaisons senso- sont, dans une large mesure, fermement attachés. Ils
rielles du nerf vestibulaire. Une couche gélati- sont nommés canaux semicirculaires antérieur, pos-
neuse recouvre cet épithélium et forme la térieur et latéral (horizontal), et sont organisés à
membrane otolithique dans laquelle sont intégrés angle droit les uns par rapport aux autres, de sorte
de nombreux petits cristaux de carbonate de cal- qu'ils représentent les trois plans de l'espace. Lors de
cium – les otolithes ou otoconies. En raison de leur la flexion vers l'avant de la tête d'environ 30°, les
poids, les otolithes courbent les cils – les canaux semicirculaires latéraux sont à peu près hori-
projections des cellules ciliées dans la couche zontaux ; les canaux antérieurs sont dans un plan
gélatineuse – dans la direction de la force vertical dirigé vers l'avant et à 45° vers l'extérieur, et
gravitationnelle. les canaux postérieurs sont dans un plan vertical
Chaque cellule ciliée comporte plusieurs ran- dirigé vers l'arrière et à 45° vers l'extérieur.
gées de petits cils, appelés stéréocils, et un grand Avant de déboucher dans l'utricule, les extrémités
cil, le kinocil. Le kinocil est constamment posi- médiales des canaux supérieur et postérieur se com-
tionné sur un côté de la cellule ciliée, et les sté- binent pour former un canal commun – la crus com-
réocils sont progressivement plus courts en mune. Chaque canal semicirculaire est dilaté à l'une
direction opposée. Il en résulte pour chaque cel- de ses extrémités pour former une ampoule. Les
lule un axe de polarité qui va du plus petit stéréo- canaux et les ampoules sont remplis d'endolymphe.
cil au kinocil. La pointe de chaque stéréocil est La paroi membraneuse de chaque ampoule pré-
reliée au stéréocil voisin le plus grand, et finale- sente une cloison transversale avec une zone senso-
ment, au kinocil, par de minuscules filaments. Par rielle au milieu – la crête ampullaire. Une substance
conséquent, le déplacement du faisceau de sté- gélatineuse, la cupule, recouvre le bord libre de la
réocils dans le sens du kinocil éloigne les stéréo- crête. Les cellules ciliées situées sur la crête ampul-
cils du corps de la cellule. En conséquence, laire se projettent dans la cupule. Ainsi, le flux
plusieurs centaines de canaux s'ouvrent dans la d'endolymphe dans l'ampoule peut recourber la
membrane des cellules neurales à la base des sté- cupule et les stéréocils des cellules sensorielles insé-
réocils, ce qui produit une dépolarisation des cel- rées dans sa base. La rotation de la tête dans une
lules ciliées, la libération de neurotransmetteurs direction dévie la cupule d'un côté, tandis que la
et une plus grande décharge neurale dans les neu- rotation de la tête dans la direction opposée pro-
rones primaires afférents. Avec le mouvement voque un déplacement inverse. Lorsque l'inclinai-
contraire, lorsque le faisceau de stéréocils son de la cupule se produit dans le sens des kinocils
s'éloigne du kinocil, on observe une hyperpolari- de ces cellules ciliées, elles se dépolarisent ; en
sation des cellules ciliées, une réduction de la revanche, une inclinaison dans le sens inverse pro-
libération de neurotransmetteurs et une diminu- duit leur hyperpolarisation. Les trois canaux semi-
tion des effets de la décharge neurale. circulaires perçoivent des accélérations angulaires
Le déplacement du faisceau de stéréocils est lors de l'inclinaison et de la rotation de la tête dans
critique pour la transduction sensorielle, et de n'importe quelle direction. Les signaux sont trans-
fait, l'orientation de la tête dans l'espace déter- mis, de ces cellules ciliées au SNC, par l'intermé-
mine les signaux transmis au cerveau pour régu- diaire du nerf vestibulocochléaire.
ler l'équilibre. Comme les cellules ciliées ont Soulignons la complémentarité des deux
des orientations différentes, un certain nombre oreilles. Les canaux semicirculaires fonctionnent
d'entre elles sont stimulées par la flexion de la par paires : les deux canaux horizontaux sont pla-
tête vers l'avant, tandis que d'autres sont stimu- cés dans le même plan, tandis que le canal anté-
lées par une flexion de la tête vers l'arrière ou rieur d'un côté est dans le même plan que le
sur le côté. canal postérieur du côté contralatéral. Il y a aussi
254 Considérations cliniques

une relation couplée entre les utricules et les sac- Nerf vestibulocochléaire
cules. Ce mode d'action est d'une importance
primordiale pour le contrôle oculomoteur et le La plupart des fibres du nerf vestibulocochléaire
contrôle postural global musculaire et somato- (VIII) entrent dans le tronc cérébral à la jonction
sensitif/proprioceptif. En cas de dysfonctionne- de la moelle allongée et du pont, où elles synapsent
ment de l'une des composantes du système dans le complexe nucléaire vestibulaire du tronc
vestibulaire, des signaux inappropriés ou inexacts cérébral. Les neurones vestibulaires afférents pri-
sont envoyés au cerveau, résultant en troubles de maires synapsent dans les noyaux vestibulaires
l'équilibre. Une dysfonction des os temporaux, avec des neurones de second ordre qui trans-
avec asymétrie des deux parties pétreuses et de portent des fibres dans le cervelet, les voies vesti-
leurs contenus peut produire des signaux ambi- bulospinales, le faisceau longitudinal médial, et
gus. Pour cette raison, les procédures visant à d'autres régions du tronc cérébral, en particulier
normaliser les dysfonctions somatiques des os les noyaux réticulaires. D'autres fibres nerveuses
temporaux sont recommandées dans le traite- vestibulaires ont des collatérales qui synapsent
ment des troubles de l'équilibre. Selon Magoun : directement dans le cervelet. Les influx du cerve-
« Les dysfonctions peuvent interférer avec la libre let vers la moelle épinière contrôlent la relation
fluctuation, ou elles peuvent perturber le parallé- entre la facilitation et l'inhibition de multiples
lisme des canaux semicirculaires et ainsi l'équi- muscles antigravitaires, par conséquent surveillant
libre [3]. » automatiquement l'équilibre (figure 8.6).

Noyau d' Edinger–Westphal

Noyau oculomoteur

Noyau trochléaire Noyau trigéminal mésencéphalqiue

Noyau trigéminal somatomoteur Noyau trigéminal sensitif principal

Noyau abducens
Noyau trigéminal spinal
Noyau moteur facial

supérieur
Noyau salivaire Noyau cochléaire dorsal
inférieur
Supérieur
Noyau dorsal du nerf vague

Noyau ambigu Noyau du tractus solitaire Latéral


Noyau hypoglosse

Noyaux des nerfs crâniens efférents Cochléaire


dorsal
Inférieur
Médial
Noyaux des nerfs crâniens afférents

B Noyaux vestibulaires

Figure 8.6. Complexe nucléaire vestibulaire.


Les composantes des noyaux vestibulaires sont indiquées en pointillés et plus en
détail en B.
Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 276.
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 255

Le complexe nucléaire vestibulaire (CNV) est situé dans le lobe pariétal au fond du sillon latéral
constitué de noyaux vestibulaires et de groupes de (scissure de Sylvius), contribuent également à la
neurones voisins. C'est le site de l'intégration neu- conscience de l'état d'équilibre du corps.
rale de l'information en provenance de multiple
systèmes sensitifs, moteurs et cognitifs de niveau
supérieur [4]. Du CNV, l'information émerge Système visuel
pour contrôler l'œil, la tête et les mouvements du
corps. En outre, il y a une influence vestibulaire La vision est une source essentielle d'information
sur les capacités oculomotrices et de coordination sur l'orientation spatiale, qui permet de maintenir
motrice engagées dans les tâches cognitives quoti- posture et équilibre. Les sujets qui ont une des-
diennes qui démontrent des interactions cogniti- truction de l'appareil vestibulaire ou qui ont perdu
vovestibulaires [5]. Il est également prouvé que le une grande partie de leur conscience propriocep-
système vestibulaire influe sur le développement tive peuvent encore conserver l'équilibre à travers
de la mémoire spatiale à travers des zones du cer- les mécanismes visuels.
veau comme l'hippocampe [6], et que des
réponses vestibulaires/autonomes régulent la Récepteurs sensoriels
pression artérielle et de la fonction respiratoire
pendant le mouvement et les variations posturales. Le sens de la vision est extrêmement complexe. Il
Effectivement, cette régulation de la pression nous permet de percevoir le monde qui nous
artérielle en réponse au changement postural est entoure. Plusieurs processus se produisent
altérée chez les patients au début d'une dysfonc- simultanément : la lumière et les images des objets
tion vestibulaire [7]. Cette dernière observation extérieurs doivent traverser les milieux transpa-
est d'un intérêt particulier pour l'ostéopathe, car il rents du bulbe oculaire – la cornée, l'humeur
a été démontré que l'impulsion rythmique crâ- aqueuse, le cristallin et le corps vitré – avant d'at-
nienne (IRC), la composante palpable du méca- teindre la rétine ; elles sont reçues par des récep-
nisme respiratoire primaire (MRP), est associée à teurs rétiniens, et en stimulant une réaction
la physiologie baroréflexe [8], et que la manipula- chimique et des potentiels d'action, transmises par
tion crânienne affecte les oscillations de basse fré- le nerf optique (II) au cortex visuel dans le lobe
quence de la vitesse du flux sanguin, des occipital où l'information peut être traitée. De
manifestations de la physiologie baroréflexe chaque côté du crâne, le nerf optique passe par
[9, 10] (voir Baroréflexe, partie IV, chapitre 9, le canal optique, où les deux racines de la petite
Dysfonctions cardiovasculaires, p. 298). aile du sphénoïde se joignent au corps sphénoïdal.
Lorsque la tête se déplace rapidement ou se Ensuite, les deux nerfs optiques se réunissent pour
penche en avant, en arrière ou latéralement, des former le chiasma optique. Schématiquement, le
mécanismes vestibulaires sont nécessaires pour chiasma optique est situé directement au-dessus de
stabiliser les yeux, afin de préserver une image la selle turcique de l'os sphénoïde, en avant de la
constante sur les rétines. Des réflexes sont trans- tige pituitaire, et en dessous de l'hypothalamus et
mis à travers les noyaux vestibulaires et le faisceau du troisième ventricule. Dans le chiasma, les fibres
longitudinal médial aux noyaux oculomoteurs. des moitiés nasales de la rétine se dirigent vers le
Ainsi, lorsque la tête tourne rapidement, les tractus optique contralatéral, alors que les fibres
signaux provenant des canaux semicirculaires pro- temporales gagnent le tractus optique ipsilatéral.
voquent un mouvement des yeux dans la direction Puis, de chaque côté les fibres optiques synapsent
opposée à la rotation de la tête, de sorte que les au niveau des corps géniculés latéraux du thalamus.
yeux restent fixés sur un objet particulier (Voir Enfin, les fibres suivent les radiations optiques qui
réflexe vestibulo-oculaire, partie IV, chapitre 8, se projettent sur le cortex visuel dans la zone de la
Dysfonctions posturales, p. 256). Des signaux fissure calcarine du côté médial du lobe occipital.
ascendants vers le cortex cérébral, qui se terminent Les réactions chimiques et les potentiels d'action
dans un centre cortical primaire de l'équilibre générés au niveau des différents photorécepteurs
256 Considérations cliniques

par la lumière passant à travers l'œil, construisent Avec le vieillissement, les muscles droits hori-
une représentation bidimensionnelle de l'objet zontaux sont déplacés inférieurement, avec un
visualisé qui est transmise au cerveau. Ensuite, le déplacement plus important pour le droit médial
cerveau restructure une représentation en trois que le droit latéral, tandis que les droits supérieur
dimensions avec les informations provenant des et inférieur ne changent pas leur position. Cela
deux yeux. Ainsi, grâce à l'activité du système peut être la conséquence d'un déplacement infé-
visuel, nous éprouvons des sensations qui repré- rieur des poulies musculaires correspondantes, et
sentent l'objet et son entourage. peut contribuer chez les personnes âgées à une
altération de la capacité à relever les yeux, ce qui
Propriocepteurs des est fréquemment observé, et prédispose à un
muscles extraoculaires modèle typique de strabisme incomitant [14].
L'innervation des MEO provient des nerfs oculo-
Parce que les yeux et le monde visuel bouge, une moteur (III), trochléaire (IV) et abducens (VI). Le
information extrarétinienne est nécessaire pour III innerve les muscles droits supérieur, médial et
maintenir le regard dans une certaine direction. Il inférieur, ainsi que le muscle oblique inférieur, le IV
semble que cette information soit fondamentale innerve le muscle oblique supérieur et le VI le droit
pour le contrôle des mouvements oculaires et latéral. Ces nerfs traversent tous la loge latérosel-
pour permettre au cerveau de définir la direction laire, puis traversent la fissure orbitaire supérieure,
du regard et la relation de l'organisme à son entre les petite et grande ailes de l'os sphénoïde.
environnement [11]. En fait, un mécanisme de Aussi, les dysfonctions interosseuses du sphénoïde
feedback non visuel semble provenir des proprio- et les dysfonctions membraneuses affectant la loge
cepteurs des muscles extraoculaires (MEO) [12]. latérosellaire peuvent fonctionnellement compro-
Cela permet aux deux yeux d'être dirigés vers le mettre ces nerfs [15].
même point.
Pour chaque bulbe oculaire, le contrôle muscu-
laire des mouvements est sous l'influence de trois Réflexe vestibulo-oculaire
paires de muscles :
tMFTNVTDMFTESPJUTNÏEJBMFUMBUÏSBM Le rôle du réflexe vestibulo-oculaire (RVO), aussi
tMFTNVTDMFTESPJUTTVQÏSJFVSFUJOGÏSJFVS appelé le réflexe oculovestibulaire, est de stabiliser
tMFTNVTDMFTPCMJRVFTTVQÏSJFVSFUJOGÏSJFVS les images sur la rétine pendant un mouvement de
Ces muscles interagissent les uns avec les autres, la tête, en produisant un mouvement des yeux
et ne fonctionnent pas comme des unités isolées. dans la direction opposée au mouvement de la
Pour chaque bulbe oculaire, chacun des trois tête. Ainsi, lorsque la tête tourne vers la droite, les
agencements musculaires est réciproquement yeux se déplacent vers la gauche, et vice-versa.
innervé, afin qu'un muscle de la paire se détende Le mouvement des yeux est sous le contrôle des
pendant que l'autre se contracte. MEO. Dans le plan transversal, le droit latéral
t-FTNVTDMFTESPJUTTVQÏSJFVSFUJOGÏSJFVSBEEVDUFOU déplace l'œil latéralement, et le muscle droit
le globe oculaire, en association avec une éléva- médial déplace l'œil médialement. Normalement,
tion et une rotation médiale (intorsion) pour le ils travaillent en binôme pour déplacer les yeux
droit supérieur, et un abaissement et une rotation dans la même direction. Par exemple, pour dépla-
latérale (extorsion) pour le droit inférieur. cer les deux yeux horizontalement vers la droite, le
t-FNVTDMFESPJUNÏEJBMBEEVDUFMFCVMCFPDVMBJSF muscle droit latéral de l'œil droit et le muscle
t-FNVTDMFESPJUMBUÏSBMBCEVDUFMFCVMCFPDVMBJSF droit médial de l'œil gauche se contractent pour
t-FT NVTDMFT PCMJRVFT JOGÏSJFVS FU TVQÏSJFVS entraîner les deux yeux vers la droite.
abductent l'œil, avec une composante d'abais- Le déplacement de la tête déclenche des signaux
sement et d'intorsion pour l'oblique supérieur, de l'appareil vestibulaire de l'oreille interne à l'ori-
et d'élévation et d'extorsion pour l'oblique infé- gine du RVO. La rotation de la tête est perçue par les
rieur [13]. canaux semicirculaires, tandis que la translation de la
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 257

tête est perçue par l'utricule et le saccule. Aussi, lors parfois associées au diabète, diminuent la vision
de la rotation de la tête vers la droite, la crête ampul- centrale, et le glaucome altère le champ de vision.
laire du canal semicirculaire latéral (horizontal) est Typiquement, après l'âge de 50 ans, en l'absence
excitée du côté droit, tandis que la crête ampullaire de pathologie oculaire, l'acuité visuelle et l'adapta-
gauche est inhibée. Des impulsions sont envoyées tion à l'obscurité diminuent. La transparence du
depuis le côté droit par le VIII aux noyaux vestibu- cristallin est moindre et le noyau devient plus
laires du tronc cérébral, où le complexe nucléaire rigide, ce qui diminue sa capacité à changer de
vestibulaire droit recueille plus d'influx périphé- forme pour l'accommodation. En conséquence, il
riques que le gauche. Des neurones de second ordre y a une incapacité à se focaliser sur des distances
sont, par conséquent, activés sur la droite. Ils sti- proches. Cela définit la presbytie, une forme cou-
mulent les neurones du III au niveau des noyaux rante de déficience visuelle chez les personnes de
oculomoteurs du côté droit, et en traversant la ligne plus de 40 ans [20]. La presbytie peut être corri-
médiane, les neurones du VI sont stimulés au niveau gée soit par différentes paires de lunettes, une paire
du noyau abducens gauche. L'inverse se produit pour la vision de loin et une autre pour la vision
dans le complexe nucléaire vestibulaire gauche. de près, soit, plus commodément, avec une seule
Par conséquent, lors de la rotation de la tête paire à verres multifocaux qui peuvent être des
vers la droite, les motoneurones des noyaux verres bifocaux, trifocaux ou progressifs.
oculomoteurs droits produisent une contraction Néanmoins, avec des verres multifocaux, les objets
du muscle droit médial du côté droit de la tête, éloignés situés dans le champ visuel inférieur sont
entraînant un mouvement de l'œil droit vers la indistinctement perçus, un facteur particulière-
gauche. En même temps, les motoneurones du ment important pour les personnes âgées.
noyau abducens gauche stimulent le muscle droit Effectivement, les études montrent que les verres
latéral du côté gauche de la tête, ce qui entraîne multifocaux réduisent la perception de la profon-
un mouvement de l'œil gauche vers la gauche. En deur et la sensibilité des contrastes à des distances
revanche, le droit médial de l'œil gauche et le critiques dans la détection des obstacles de l'envi-
droit latéral de l'œil droit sont au repos à cause ronnement [21]. Monter ou descendre les esca-
d'une diminution de la stimulation. liers devient plus difficile, ce qui augmente le
risque de chutes, en particulier lorsque la personne
vieillit [22]. Par conséquent, les personnes âgées
Vision et équilibre peuvent être encouragées à ne pas porter des verres
multifocaux lors de la montée ou de la descente
Plusieurs études démontrent l'influence de la des escaliers, ou dans les lieux inconnus, comme
vision sur la posture et l'équilibre. Une diminu- stratégie pour la prévention des chutes [23, 24].
tion de l'acuité visuelle, des restrictions du champ En fait, l'amélioration de la perception de la pro-
visuel, une augmentation de la sensibilité à fondeur et de la sensibilité des contrastes devrait
l'éblouissement et des perceptions amoindries des être considérée comme un facteur important,
distances augmentent l'instabilité posturale nécessaire à la préservation de l'équilibre et à la
[16, 17]. Le vieillissement est souvent associé à protection contre les dangers environnants [25].
des déficiences visuelles telle la différence de vision Dans tous les cas, la déficience visuelle affecte le
entre les deux yeux, ce qui diminue la stéréopsie contrôle postural, en particulier si elle est acquise
et, par conséquent, la perception des distances ou et non congénitale [26]. Les personnes en bonne
de la profondeur de champ. Généralement, les santé sont capables d'ajuster l'oscillation de leur
personnes vieillissantes développent des cataractes centre de gravité en réponse aux forces externes
résultant en une diminution de l'acuité visuelle et exercées sur leur corps, aux particularités des sols
de la sensibilité aux contrastes [18]. De même, la et aux modifications du milieu environnant. En
dégénérescence maculaire liée à l'âge est assez fré- revanche, une acuité visuelle diminuée affecte
quente, avec des changements dans la vision cen- l'ampleur du balancement antéropostérieur (AP)
trale et l'acuité visuelle [19]. Les rétinopathies, et le spectre de cette oscillation [27].
258 Considérations cliniques

En position debout sur une surface souple, gravité du corps à l'intérieur de sa base de sup-
lorsque l'acuité visuelle et la sensibilité aux port. Les influx somatosensitifs/proprioceptifs
contrastes sont insuffisantes, ce qui est associé à fournissent des informations sur l'orientation des
une information proprioceptive insuffisante, le différentes parties du corps les unes par rapport
balancement postural s'intensifie, augmentant aux autres, et sur la situation du corps dans l'envi-
ainsi le risque de chutes [28]. Même si des méca- ronnement. Les mécanismes afférents périphé-
nismes compensatoires existent à travers les sys- riques liés au contrôle postural proviennent
tèmes vestibulaire et somatosensitif pour maintenir principalement des systèmes extéroceptif et pro-
l'équilibre et compenser une information visuelle prioceptif. Ils permettent à l'individu de préserver
déficiente ou absente, par le fait qu'une mauvaise une position normale imperturbable et de réaliser
acuité visuelle double à peu près le risque de les activités quotidiennes en toute sécurité.
chutes [29], l'influence visuelle sur l'équilibre Lorsque la stabilité posturale est défiée, plusieurs
devrait être considérée et améliorée autant que systèmes sensoriels sont également impliqués, tels
possible [30]. Les programmes conçus pour amé- les systèmes visuel et vestibulaire.
liorer le déficit postural devraient inclure l'amélio- Les sensations extéroceptives de contact,
ration de la vision au même titre que les pression, vibration et irritation sont détectées
rééducations vestibulaire et somatosensitive, afin par les mécanorécepteurs cutanés du système
d'acquérir une meilleure posture, d'améliorer somatosensitif. Ces sensations sont habituelle-
l'équilibre et de réduire le risque de chutes, ce qui ment classées en sensations tactiles. Les sensa-
au final peut augmenter la morbidité [31]. tions proprioceptives, ou sensations de position,
perçoivent la position statique et la vitesse de
déplacement des différentes parties du corps.
Système somatosensitif/ Les messages nerveux proviennent de grandes
proprioceptif quantités de récepteurs, généralement considé-
rés comme des propriocepteurs, situés dans les
articulations, les muscles, le tissu conjonctif et
En fonction de leur territoire, les sensations soma-
les ligaments.
tiques peuvent être classées comme des sensations
extéroceptives, proprioceptives et intéroceptives.
Les sensations extéroceptives sont en relation avec la Sens tactile
surface du corps. Les sensations proprioceptives
sont associées aux sensations de position et aux Les mécanorécepteurs cutanés contribuent à la
sensations des tendons et des muscles. Les sensa- sensation tactile. Ils se composent des corpuscules
tions intéroceptives ou sensations viscérales pro- de Meissner et de Pacini, aux vitesses de conduc-
viennent des viscères du corps. Les sensations tion rapide, des disques de Merkel et des corpus-
somatiques peuvent être aussi classées en fonction cules de Ruffini, à la vitesse de conduction lente.
des caractéristiques du stimulus, i. e. thermique, En outre, dans les zones de peau velue, il y a des
mécanique ou chimique, ou encore en fonction de récepteurs du follicule pileux, tandis que la peau
la nature de leur perception, telles les sensations glabre contient des terminaisons nerveuses libres.
thermiques, de douleur, ou les sensations pro- Les récepteurs du follicule pileux perçoivent soit
fondes constituées, par exemple, de pression ou de le mouvement des objets se déplaçant sur la sur-
vibration sur les tissus profonds comme les fascias, face du corps, soit tout premier contact avec le
les muscles et les os. corps. Les terminaisons nerveuses libres sont
Le contrôle postural correspond à une interac- situées partout dans la peau ainsi que dans
tion continue entre les systèmes sensoriel, sensitif d'autres tissus ; elles perçoivent le toucher, la
et moteur. Les sujets doivent ressentir les stimuli pression et la douleur. Les corpuscules de Meissner
environnementaux, s'adapter aux variations de réagissent en une fraction de seconde après la sti-
l'orientation du corps et maintenir le centre de mulation. Ainsi, ils sont particulièrement sen-
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 259

sibles aux objets en mouvement sur la surface de Différents types de récepteurs interviennent
la peau et aux vibrations de basse fréquence. Les dans la prise de conscience de la position des dif-
corpuscules de Pacini sont situés directement sous férentes parties du corps, que ce soit d'un point de
la peau et dans la profondeur des fascias. Ils réa- vue statique ou dynamique. Ce sont principale-
gissent en quelques centièmes de seconde à une ment les fuseaux neuromusculaires, mais aussi les
vive compression locale des tissus. Leur rôle organes tendineux de Golgi, les récepteurs tactiles de
consiste essentiellement à percevoir les vibrations la peau, et les récepteurs profonds situés près des
des tissus ou des changements rapides dans les tis- articulations.
sus. Les disques de Merkel se trouvent sous l'épi-
thélium de la peau ; ils participent à la localisation Fuseaux neuromusculaires
des sensations tactiles, notamment des zones Les fuseaux neuromusculaires font partie de sys-
superficielles du corps, et ils identifient la consis- tèmes fonctionnels complexes [36]. En tant que
tance de ce qui est ressenti. Les terminaisons de mécanorécepteurs sensibles à l'étirement, ils four-
Ruffini réagissent très lentement. On les trouve nissent des informations au SNC concernant la
dans les tissus subcutanés où elles perçoivent les longueur et la vitesse de contraction d'un muscle.
situations où les tissus sont sous déformation Par conséquent, ils contribuent à la régulation
constante. Elles sont également présentes dans les inconsciente, automatique et réflexe de la posture
capsules articulaires. ainsi qu'à la sensation kinesthésique. Toutefois, les
Des études montrent que les mécanorécep- débats existent sur la fonction des fuseaux muscu-
teurs cutanés des pieds pourraient jouer un rôle laires en tant que capteurs de position, car ils pro-
important dans le contrôle de la position debout duisent à la fois des impulsions en réponse aux
[32, 33]. Au cours de la position statique, les variations de longueur du muscle et à l'activité
récepteurs des pieds renseignent sur la réparti- fusimotrice de la contraction musculaire. En
tion du poids du corps entre les deux pieds, conséquence, le SNC doit différencier les deux
ainsi que sa répartition entre les parties anté- activités [37, 38].
rieure et postérieure du pied. En outre, la sti- Les fuseaux neuromusculaires sont intégrés
mulation des mécanorécepteurs cutanés des parallèlement aux fibres du muscle. Ils
pieds produit des réflexes importants sur plu- mesurent 3 à 10 mm de longueur et sont enfer-
sieurs muscles des membres inférieurs (MI), més dans une capsule de tissu conjonctif. Les
principalement du côté ipsilatéral, ce qui est fuseaux neuromusculaires sont des organes
modulé en fonction de la tâche que le sujet caractéristiques, ayant à la fois une innervation
assume. Ainsi, l'expression de l'activité réflexe afférente, sensitive et une innervation efférente
cutanée est flexible [34]. motrice.

Innervation sensitive
Sens proprioceptif
Chaque fuseau se compose de terminaisons ner-
Le sens proprioceptif comprend deux catégories : veuses afférentes entourant trois à douze fibres
la statesthésie et la kinesthésie ou proprioception musculaires intrafusales très petites. Dans un
dynamique. La statesthésie, ou sensation de la posi- fuseau neuromusculaire, les fibres intrafusales sont
tion statique, représente la perception consciente organisées en deux groupes et forment soit les
de l'orientation des différentes parties du corps les fibres intrafusales à sac nucléaire, soit les fibres à
unes par rapport aux autres. La kinesthésie, ou sen- chaîne nucléaire. Elles transmettent des informa-
sation de la vitesse et du déplacement des diffé- tions au SNC sur les conditions dynamiques et
rentes parties de notre corps, est un terme inventé statiques du muscle. Ces fibres intrafusales sont
par Henry C. Bastian en 1888 pour définir l'apti- côte à côte et parallèles aux grandes fibres extrafu-
tude à détecter la position et le mouvement des sales du muscle squelettique, à laquelle elles sont
membres et du tronc [35]. rattachées (figure 8.7).
260 Considérations cliniques

Fibres
extrafusales

Fibres
Afférent Ia
intrafusales

Motoneurones γ
Afférent II

Figure 8.7. Fuseaux neuromusculaires.


© Éléonore Lamoglia.

L'innervation sensitive est de deux types, pri- motoneurones gamma sont stimulés, ils pro-
maire et secondaire, et se compose des terminai- duisent une contraction des fibres intrafusales et
sons amyéliniques de grands axones myélinisés : donc une stimulation des terminaisons sensitives.
tMhJOOFSWBUJPO BGGÏSFOUF TFOTJUJWF QSJNBJSF TF La région centrale des fibres musculaires intra-
compose des terminaisons des grandes fibres fusales a peu ou pas de filaments d'actine et de
sensitives du groupe Ia. Également nommées myosine, donc les fuseaux neuromusculaires ne
terminaisons annulospiralées, elles sont situées sont contractiles que sur leurs extrémités et non
sur l'équateur du fuseau neuromusculaire, orga- sur la région équatoriale du centre. Les fibres effé-
nisées en spirales autour des parties nucléées des rentes γ sont de petite taille ; elles proviennent des
fibres intrafusales ; cornes ventrales de la moelle, et ce sont elles qui
tMhJOOFSWBUJPO BGGÏSFOUF TFOTJUJWF TFDPOEBJSF TF innervent les fibres intrafusales. En revanche, ce
compose des terminaisons d'afférences myélini- sont les fibres efférentes alpha (α), plus grosses,
sées plus minces, les afférences du groupe II. qui innervent les fibres musculaires extrafusales.
Ces terminaisons en bouquet se destinent prin- Les motoneurones γ synapsent sur la région
cipalement aux fibres nucléaires en chaîne. contractile des fibres intrafusales. Ainsi, lors d'une
Alors que les terminaisons primaires réagissent contraction musculaire, la contraction des extré-
rapidement, les terminaisons secondaires mités des fibres intrafusales active les motoneu-
s'adaptent plus lentement à l'étirement statique. rones γ qui règlent la sensibilité des fuseaux
neuromusculaires et le niveau de contraction des
Innervation motrice fibres intrafusales.
L'innervation motrice des fuseaux neuromuscu- En fait, la région centrale non contractile fonc-
laires est sous l'influence des motoneurones gamma tionne comme l'organe sensoriel. Tout étirement
(γ) et des motoneurones bêta (β). Lorsque les de cette région à la suite de l'allongement du
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 261

muscle stimule les fibres sensitives. Par ailleurs, laires. Ils sont sensibles à de très faibles variations
même si la longueur du muscle ne change pas, la musculaires, à toute contraction ou tout étirement,
contraction des extrémités des fibres intrafusales et ils envoient immédiatement des informations au
étire la région centrale. Cela permet un réglage système nerveux sur l'importance de la tension
constant de la sensibilité du fuseau neuromuscu- présente dans le muscle. Alors que le fuseau neuro-
laire en contrôlant le niveau de contraction des musculaire perçoit la longueur et les modifications
fibres intrafusales, ce qui augmente leur sensibilité de longueur du muscle, l'organe tendineux de
aux variations de longueur du muscle. Golgi identifie la tension musculaire, telle qu'elle
Quand la stimulation des motoneurones γ est se présente dans l'organe tendineux lui-même. Il
associée à l'activation des motoneurones α par le fournit une réponse intensive dynamique lorsque
SNC, le processus est appelé co-activation alpha- la tension musculaire augmente brusquement, et
gamma. De surcroît, les motoneurones α et une réponse statique en une fraction de seconde
γ reçoivent aussi des informations à partir des récep- lorsque la tension musculaire diminue.
teurs articulaires et cutanés, des interneurones spi- L'activation de l'organe tendineux de Golgi sti-
naux (le site de facilitation segmentaire associée à la mule de larges neurones afférents, de type Ib à
dysfonction somatique vertébrale) [39, 40] et des conduction rapide. Cette information afférente
centres supérieurs. Cela permet un feedback précis sur
la longueur du muscle et la vitesse de la contraction.
La stabilisation de la position du corps est une
des fonctions importantes du fuseau neuromuscu-
laire. Elle résulte de signaux excitateurs de la
région de facilitation bulboréticulaire située dans
le pont, et des segments associés du tronc cérébral
envoyés par l'intermédiaire des fibres nerveuses γ
aux fibres musculaires intrafusales des fuseaux
neuromusculaires. En conséquence, les extrémités
des fuseaux sont raccourcies et la région centrale
est étirée, stimulant les fibres sensitives et intensi-
fiant leur signal. Lorsque les fuseaux des deux
côtés d'une articulation sont activés simultané-
ment, les muscles sont stimulés des deux côtés et
se contractent. Ainsi, la position de l'articulation
est effectivement stabilisée.

Organes tendineux de Golgi


Les centres médullaires sont constamment infor-
més de l'état fonctionnel de chaque muscle, i. e.
de sa longueur ou de sa tension. Outre les fuseaux
neuromusculaires, un autre type de récepteur
sensoriel, l'organe tendineux de Golgi, fournit
cette information. Ces récepteurs sont situés dans
les tendons des muscles et ils relaient l'informa-
tion sur la tension du tendon ou la vitesse du
changement de tension (figure 8.8).
L'organe tendineux de Golgi est un récepteur
sensoriel encapsulé situé à l'interface musculoten-
Figure 8.8. Organes tendineux de Golgi.
dineuse. Chaque organe tendineux de Golgi est Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of
généralement associé à dix à quinze fibres muscu- clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 60.
262 Considérations cliniques

synapse dans la corne dorsale de la moelle. Le signal L'une des plus importantes sources d'informa-
local excite un interneurone inhibiteur qui inhibe le tion proprioceptive, essentielle à la préservation
motoneurone α du muscle associé. En conséquence, de l'équilibre, provient des signaux envoyés par
la tension diminue dans ce muscle et son tendon, les propriocepteurs du cou. Alors que l'appareil
sans affecter les muscles voisins. Ce réflexe inhibiteur vestibulaire détecte l'orientation et le mouve-
établit un système de rétroaction négative, induisant ment de la tête, les propriocepteurs du cou infor-
une relaxation dans un muscle qui est trop tendu. ment le SNC sur la position de la tête par rapport
Cela empêche le développement d'une trop grande au reste du corps. L'information est transmise
tension avec un risque de déchirure des fibres mus- directement aux noyaux vestibulaires et réticu-
culaires ou tendineuses, ou d'avulsion du tendon. laires du tronc cérébral et indirectement par l'in-
termédiaire du cervelet. Chaque fois qu'un sujet
Propriocepteurs articulaires penche la tête, les propriocepteurs du cou contre-
Situés dans la capsule articulaire et les ligaments, balancent les signaux de l'appareil vestibulaire,
les propriocepteurs articulaires détectent une diffusant des signaux exactement contraires aux
déformation mécanique [41]. Ils se composent signaux provenant de l'appareil vestibulaire. Cela
des corpuscules de Pacini à la vitesse de conduc- permet d'éviter la perception d'un déséquilibre.
tion rapide, des terminaisons de Ruffini à la vitesse Notez l'importance de la région cervicale, et le
de conduction lente, des récepteurs ligamentaires rôle de l'ostéopathie qui, par la normalisation des
et des terminaisons nerveuses libres. Les corpus- articulations et des tissus associés contribue au
cules de Pacini réagissent à la stimulation méca- maintien d'une fonction proprioceptive plus pré-
nique au cours du mouvement ; ils ne réagissent cise et d'un meilleur contrôle sensorimoteur.
pas lorsque l'articulation est maintenue dans une
position constante. Inversement, les terminaisons Intégration centrale
de Ruffini répondent aux extrêmes du mouve-
ment articulaire et encore plus au mouvement L'équilibre humain et la posture reposent sur une
passif. Comparables aux organes tendineux de intégration synchronisée des informations senso-
Golgi, les terminaisons de Ruffini réagissent aux rielles en provenance des systèmes vestibulaires et
tensions ligamentaires. Les terminaisons ner- visuels, et des informations sensitives du système
veuses libres répondent à une grande déformation somatosensitif/proprioceptif qui fournissent des
mécanique et à l'inflammation. données à la fois sur la position et le mouvement
Les mécanorécepteurs, présents dans les articula- de chaque articulation et sur l'ensemble du corps.
tions – et autour –, préservent le contrôle postural Les informations sur la contraction musculaire et
et la sensation articulaire. Associés aux informa- d'autres informations sensitives des parties péri-
tions visuelles et auditives qui élargissent encore phériques du corps sont constamment transmises
plus notre perception de l'espace, les mécanorécep- au cervelet à partir des zones cérébrales du contrôle
teurs contribuent au maintien de la stabilité postu- moteur. De cette manière, toutes les informations
rale. En particulier, les propriocepteurs des pieds, des sur les variations de la position, la vitesse de dépla-
genoux et du cou sont d'une grande importance. cement ou des conditions stressantes impliquant
Les propriocepteurs des pieds informent sur la une partie de l'appareil locomoteur sont identi-
répartition du poids du corps entre les deux pieds, fiées et envoyées au cervelet. Ensuite, le cervelet
et sur la pression des pieds sur le sol. Pour autant, compare le mouvement détecté à partir de l'infor-
chaque partie du corps contribue à l'information mation sensitive périphérique avec les mouve-
proprioceptive pour le maintien de l'équilibre. Par ments attendus par le système moteur. Quand ils
exemple, une personne qui est en train de courir ne correspondent pas, des signaux de correction
perçoit la pression de l'air contre son corps, ce qui sont renvoyés dans le système moteur, entraînant
indique qu'une force est appliquée sur le corps. En l'activation des muscles appropriés.
conséquence, cette personne peut se pencher en Trois niveaux du cervelet sont responsables de
avant pour résister. ces fonctions de contrôle moteur synchronisé. Ce
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 263

sont le vestibulocérébellum, le spinocérébellum et tion ne fait pas exception, et à ce titre, une baisse
le cérébrocérébellum. Le vestibulocérébellum se de la sensibilité cutanée dans les MI a un impact
compose principalement de petits lobes cérébel- négatif sur l'équilibre et la mobilité chez l'adulte
leux flocculonodulaires situés sous le cervelet pos- qui vieillit [43]. Plusieurs études montrent des dif-
térieur et des parties contiguës du vermis. Les férences entre les personnes jeunes et âgées dans la
circuits neuronaux de la plupart des mouvements perception sensitive/proprioceptive, tels une
qui équilibrent le corps s'y trouvent, et sa défail- diminution de la sensibilité somatosensitive [44],
lance entraîne de graves problèmes d'équilibre et des seuils plus élevés pour les stimuli vibratoires
de posture. En particulier, le vestibulocérébellum [45] et une augmentation de l'erreur dans la sen-
joue un rôle important dans la gestion de l'équi- sation de la position articulaire [46 , 47, 48].
libre entre les contractions des muscles agonistes La diminution de la force musculaire associée au
et antagonistes de la colonne vertébrale, des vieillissement contribue aussi à la diminution de la
hanches et des épaules. Cela permet une prompte proprioception. Il peut en résulter une altération
accommodation aux variations rapides de la posi- de la performance physique et une perte d'auto-
tion du corps médiée par l'appareil vestibulaire. nomie. Globalement, avec l'âge les modifications
Le spinocérébellum comprend la plupart du ver- dans la fonction et la structure musculaires restent
mis, du cervelet antérieur et postérieur, et des mineures jusqu'à l'âge de 60–70 ans, alors qu'après
zones de transition contiguës de chaque côté du 70 ans, elles augmentent de façon significative
vermis. La coordination des parties distales des [49]. Toutefois, les niveaux de puissance de couple
extrémités provient du spinocérébellum. maximum commencent à baisser dans la quatrième
Le cérébrocérébellum se compose des volumi- décennie [50]. Rappelons qu'il existe des varia-
neuses régions latérales des hémisphères tions entre individus et chez des sujets sains, plu-
cérébelleux, en dehors des zones de transition. La sieurs muscles ne démontrent pas d'affaiblissement
quasi-totalité de ses influx provient du cortex lié à l'âge. La perte de force diffère de muscle à
moteur cérébral et des cortex contigus prémoteur muscle, et certains, comme les muscles non sollici-
et somatosensitif. L'information repart du céré- tés dans la mise en charge, sont moins affectés par
brocérébellum pour établir un feedback avec le sys- l'âge que ceux contribuant à cette fonction [51].
tème sensitivomoteur du cortex cérébral qui Par ailleurs, le déclin de la fonction musculaire
permet le développement de « l'imagerie motrice » peut également être dû à l'influence de facteurs
du mouvement à réaliser, organisant ainsi chrono- extrinsèques à l'âge des fibres musculaires squelet-
logiquement, à l'avance, le mouvement volontaire tiques telles les restrictions dans le régime alimen-
des différentes régions du corps. taire, l'exercice et l'immobilité, et les comorbidités
Les techniques de neuro-imagerie permettent [52]. En fait, les facteurs entraînant le vieillisse-
de comprendre quels sont les sites du cerveau qui ment du muscle squelettique sont multiples,
traitent l'information kinesthésique. Une intégra- impliquant également des transformations biochi-
tion centrale des informations multisensorielles et miques intrinsèques du métabolisme musculaire,
sensitives semble se produire, et c'est le cervelet des variations dans la répartition et la taille des
qui accomplit cette fonction critique [42]. fibres musculaires et une perte globale de la masse
musculaire. D'autres facteurs comme le contrôle
de la contraction musculaire par le système ner-
Changements liés à l'âge veux moteur et l'amyotrophie de dénervation des
muscles squelettiques peuvent également être les
Force musculaire et perception principaux mécanismes de la dégénérescence mus-
proprioceptive culaire chez la personne vieillissante [53].
Selon Vladimir Janda, les muscles peuvent être
Une diminution de toutes les fonctions somato- classés en deux groupes, en fonction de leurs fonc-
sensitives et physiologiques a lieu dans le cadre du tions : les muscles posturaux et les muscles pha-
processus normal de vieillissement. La propriocep- siques [54]. Le groupe des muscles posturaux se
264 Considérations cliniques

compose de muscles impliqués dans des schémas plan sagittal et coronal, devraient être combinés
où la flexion anatomique, l'adduction et la rota- au traitement ostéopathique pour un protocole
tion médiale sont combinées. En revanche, le thérapeutique complet.
groupe des muscles phasiques gère les schémas D'un point de vue ostéopathique, une corréla-
associant l'extension anatomique, l'abduction et la tion peut être observée entre d'une part la des-
rotation latérale. Dans leur fonction antigravitaire, cription de Janda, i. e. l'extension anatomique,
les deux groupes doivent s'équilibrer l'un l'autre l'abduction et la rotation latérale des muscles pha-
afin de maintenir une posture droite. Quand il y a siques et la flexion anatomique, l'adduction et la
un trouble du SNC, comme dans une paralysie rotation médiale des muscles posturaux, et d'autre
cérébrale ou un accident vasculaire cérébral, Janda part le MRP de Sutherland. Le phénomène
a observé que les muscles posturaux sont plus pré- cyclique du MRP se compose de deux phases,
disposés à la rigidité, et les muscles phasique à la l'inspiration et l'expiration craniosacrales. Au
faiblesse. Notez que la plupart du temps, les cours de la phase inspiratoire, la colonne verté-
mêmes schémas de déséquilibre sont présents dans brale et les structures non appariées de la ligne
la douleur chronique musculosquelettique. médiane du crâne et du bassin se déplacent dans la
Parmi les muscles phasiques ayant tendance à la direction de ce qui est nommé flexion craniosa-
faiblesse, on trouve les long, court et troisième crale, tandis que les structures anatomiques paires
fibulaires, le tibial antérieur, les vastes médial et se déplacent en rotation externe. Dans la phase
latéral ; les grand et moyen glutéaux ; le transverse expiratoire craniosacrale, les structures médianes
et le droit de l'abdomen, et le multifide. Parmi les se déplacent dans la direction de l'extension cra-
muscles posturaux plus prédisposés à la rigidité, niosacrale, et les structures paires en rotation
on trouve les adducteurs de la hanche, les ischio- interne. Rappelons que les mouvements de flexion
jambiers, le droit fémoral, le tenseur du fascia lata et d'extension craniosacrales décrits ici, dans cer-
et le piriforme. tains cas, sont différents de la flexion et de l'exten-
Plusieurs études démontrent l'existence de sion anatomiques, et qu'ils ne doivent pas être
déséquilibres dans la force musculaire des patients confondus avec elles.
qui vieillissent. La force du quadriceps, par Les différents segments vertébraux démontrent
exemple, diminue avec l'âge [55], et elle est fré- une flexion et une extension craniosacrales.
quemment utilisée comme marqueur de la force Globalement, le mouvement d'ensemble de la
des MI [56]. Les abducteurs et les adducteurs de colonne vertébrale, en synchronisme avec le MRP,
la hanche montrent une réduction de l'ampleur et affiche une diminution des courbures AP nor-
de la puissance du mouvement avec le vieillisse- males pendant la phase inspiratoire et une aug-
ment [57]. Ces pertes peuvent altérer les mouve- mentation durant la phase expiratoire. Les
ments rapides de déplacement latéral, tellement structures des membres supérieurs (MS) et infé-
importants dans le maintien de l'équilibre. En fait, rieurs présentent également un mouvement
la stabilité médiolatérale est considérablement biphasique en synchronisme avec le MRP, avec
réduite chez les femmes entre 40 et 60 ans [58]. une rotation externe pendant la phase inspiratoire
Cela représente un facteur de risque de chutes du MRP et une rotation interne durant la phase
latérales, fréquentes chez les adultes qui vieil- expiratoire. Dès lors, une dysfonction somatique
lissent, chutes qui sont associées à la possibilité de de flexion craniosacrale, à n'importe quel niveau
fracture de la hanche. Le moyen glutéal figure parmi les structures de la ligne médiane du crâne,
également parmi les muscles stabilisateurs du bas- de la colonne vertébrale ou du bassin, est associée
sin dans le plan frontal. Le temps de réaction de ce à un schéma facilitant la rotation externe des
muscle semble être, avec la durée de la réalisation structures paires. Inversement, une dysfonction
du pas, la meilleure variable pour prédire un risque somatique d'extension craniosacrale est associée à
accru de chute latérale chez un patient [59]. Dès un schéma facilitant la rotation interne des struc-
lors, des programmes composés d'exercices de tures paires. Chez le patient qui vieillit, ces sché-
mise en charge, avec travail de l'équilibre dans les mas peuvent être chroniques, et dans une approche
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 265

tenségritale, associés à des déséquilibres muscu- trouvent dans une position debout calme, les
laires. Ainsi, une dysfonction somatique de flexion yeux fermés, il y a une diminution de la percep-
craniosacrale peut être associée à une dominance tion de la position du genou, ainsi qu'un balance-
des muscles phasiques contribuant à l'extension ment postural accru, autant dans les directions
anatomique, l'abduction et la rotation externe. latérales qu'AP [64].
Inversement, une dysfonction somatique d'exten- L'arthrose du genou peut être plus ou moins
sion craniosacrale peut être trouvée avec une douloureuse. Lorsque l'on compare les personnes
dominance des muscles posturaux participant à la souffrant de cette maladie avec ou sans douleurs, il
flexion anatomique, l'adduction et la rotation en résulte que par rapport à celles qui ne souffrent
interne. pas, les personnes avec douleur démontrent une
baisse de l'acuité proprioceptive, une réduction de
la force du quadriceps et une augmentation du
Arthrose balancement postural. Toutefois, les personnes sans
douleur démontrent une acuité proprioceptive
Les changements de la fonction musculaire et réduite par rapport à des sujets sains [65]. La per-
donc de la proprioception peuvent être causés par ception d'une diminution de la douleur au genou,
l'arthrite, des séquelles de blessures antérieures ou en utilisant soit un anesthésique local périphérique,
des neuropathies. Les blessures et l'inflammation soit un mécanisme placebo central, résulte en une
peuvent produire des modifications directes ou augmentation de la contraction volontaire maxi-
indirectes dans la transmission des informations male du quadriceps, mais n'entraîne pas d'augmen-
captées par des mécanorécepteurs. Les dégâts tation de la proprioception [66].
peuvent affecter les ligaments, la capsule articu- Toute baisse de l'acuité proprioceptive dans le
laire et les fibres nerveuses, avec une diminution genou modifie la répartition des forces au niveau
du contrôle de l'équilibre et un risque accru de articulaire et peut promouvoir d'autres change-
chute. ments dégénératifs dans l'articulation. En outre,
L'arthrose se développe assez souvent dans les avec l'inflammation, comme cela se produit dans
genoux. Avant l'âge de 70 ans, des signes radio- l'arthrose, il y a augmentation de l'activité sponta-
graphiques d'arthrose du genou sont présents née et de la réactivité des nocicepteurs. En règle
chez environ 27 % des individus, et ces signes générale, les afférences nociceptives à seuil élevé,
augmentent à 44 % chez les sujets de 80 ans ou situées dans la synoviale et le périoste, sont silen-
plus [60]. Chez les patients souffrant d'arthrose cieuses. Elles deviennent actives lorsque l'articula-
du genou, outre la présence de douleurs, la qua- tion est sollicitée au-delà de ses limites
lité de vie est altérée. Il y a une réduction de la physiologiques. Avec l'inflammation articulaire, la
mobilité articulaire, résultant en une incapacité et sensibilité mécanique des nocicepteurs articulaires
un risque accru de chutes. Une diminution de la est modifiée et de nombreux neurones afférents,
proprioception est clairement associée à l'arthrose totalement non excitables dans une articulation
des genoux [61]. Une des raisons en est peut-être saine, deviennent sensibles, avec un seuil d'excita-
la modification articulaire associée à l'arthrose, tion abaissé. En outre, la sensibilisation des noci-
qui affecte la riche innervation sensitive du genou. cepteurs articulaires est augmentée par les
Des mécanorécepteurs sont présents dans les liga- médiateurs inflammatoires libérés dans l'articula-
ments croisés antérieur et postérieur, les liga- tion, qui se combinent aux récepteurs situés sur les
ments collatéraux et les ménisques [62, 63]. terminaisons nerveuses [67].
Normalement, avec l'âge, la perception de la Entre autres causes, l'arthrose peut résulter
position du genou en appui complet ne diminue d'une contrainte articulaire excessive. Dans ce
pas. Cependant, dans des conditions d'appui par- développement, le rôle de la fonction musculaire a
tiel, lorsque l'activité musculaire est réduite, il y a été largement étudié, en particulier pour connaître
une diminution de cette sensibilité. Ainsi, lorsque l'effet de l'activité musculaire sur le genou. De
des personnes ayant des genoux arthrosiques, se fait, la vulnérabilité musculaire est reconnue
266 Considérations cliniques

comme un facteur contribuant à augmenter la Le BPPV se produit lorsque des otolithes sont
charge articulaire, et elle est déclarée facteur de délogés de la macula de l'utricule et entrent dans
risque potentiel pour le développement de l'ar- un des canaux semicirculaires de l'oreille interne.
throse du genou [68]. Pour cette raison, les pro- N'importe lequel des canaux semicirculaires peut
cédures ostéopathiques traitant une dysfonction être impliqué, mais le plus souvent, c'est le canal
somatique des articulations des MI, en particulier postérieur, avec une prévalence de plus de 91 %
du genou, doivent être associées à des exercices comparativement à 8 % pour le canal latéral (hori-
afin d'améliorer la force musculaire, avec une zontal) et moins de 1 % pour le canal antérieur
attention particulière pour les quadriceps. [74]. Quand des otolithes délogés sont libérés,
soit ils flottent librement dans l'un des canaux
semicirculaires pour produire une condition appe-
Troubles vestibulaires lée canalithiase, soit ils adhèrent aux cellules
ciliées de la cupule du canal et se déplacent avec
Vertige positionnel paroxystique bénin
elles, conduisant à une cupulolithiase. Pendant les
Le vertige est la troisième des plaintes les plus fré- mouvements de la tête, l'otolithe se déplace et sti-
quentes des patients ambulatoires [69]. Les étour- mule anormalement la crête ampullaire du canal
dissements et les problèmes d'équilibre peuvent concerné. En réponse à cette augmentation de
être causés par de multiples pathologies affectant l'activité neurale d'un côté par rapport à l'autre, le
l'appareil vestibulaire. Ces pathologies peuvent circuit réflexe du RVO déclenche des mouve-
être centrales ou périphériques, touchant respecti- ments oculaires compensateurs. Cela explique
vement les circuits cérébraux, et/ou les organes l'association d'un bref nystagmus et d'un vertige
de l'oreille interne, et/ou le VIII. Les pathologies chez les patients souffrant de BPPV.
périphériques, assez fréquentes, se manifestent le Les différents types de nystagmus sont décrits en
plus souvent comme un vertige positionnel fonction de la direction de leur phase rapide.
paroxystique bénin (VPPB) [70]. Ainsi, un nystagmus horizontal avec une phase
Un vertige est la réaction qui peut suivre une rapide battant dans la direction de l'oreille droite
rotation de la tête avec trouble de l'équilibre, sen- du patient est défini comme un nystagmus hori-
sation de déplacement du corps ou des objets zontal vers la droite. Pour le praticien qui regarde
environnants dans un mouvement giratoire ou son patient, un nystagmus rotatoire battant dans
oscillatoire, et étourdissements. Le VPPB est l'une la direction de l'oreille gauche du patient est un
des causes les plus fréquentes de vertiges, avec une nystagmus dans le sens horaire, et un nystagmus
prévalence de 2,4 % dans la population générale rotatoire battant vers l'oreille droite du patient est
[71]. Bien que ce mécanisme ne soit pas totale- un nystagmus antihoraire.
ment compris, certaines conditions sont associées Un nystagmus est différent selon le canal semicir-
au VPPB secondaire telles que les traumatismes culaire touché. Les nystagmus associés aux troubles
crâniens, la névrite vestibulaire, la maladie de du canal semicirculaire latéral (horizontal) sont
Menière et les séquelles postopératoires [72]. horizontaux, avec une phase rapide en direction du
Normalement, le BPPV est un vertige épisodique côté concerné et une phase lente en direction oppo-
sans perte d'audition, alors que la maladie de sée. Les nystagmus associés à des troubles du canal
Menière se présente comme un vertige épisodique postérieur sont verticaux supérieurs et rotatoires en
avec perte auditive. Un vertige associé à une vision direction de l'oreille affectée. Enfin, les nystagmus
floue pendant la rotation de la tête peut être causé associés aux troubles du canal antérieur sont verti-
par une compression de l'artère vertébrale, ce qui caux inférieurs et rotatoires vers l'oreille affectée.
est généralement diagnostiqué par angiographie En 1952, Dix et Hallpike décrivent une
[73]. Dès lors, la compression de l'artère verté- manœuvre pour diagnostiquer ce trouble, appelée la
brale doit toujours être considérée et exclue avant manœuvre de Dix-Hallpike : « Le patient est sur un
d'effectuer les tests de BPPV ou toute autre mani- lit, couché sur le dos avec la tête débordant un peu.
pulation du rachis cervical. La tête est ensuite abaissée d'environ 30° en dessous
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 267

du niveau du lit et tournée d'un côté d'environ 30° A


à 45°. Pour prendre cette position, le patient est
d'abord assis sur le lit avec la tête tournée d'un côté
et le regard fixé sur le front de l'examinateur. E
L'examinateur saisit alors la tête du patient ferme-
ment entre ses mains et pousse rapidement le patient
dans la position critique [75]. »
La plupart du temps, cette manœuvre est prati- B
quée avec quelques variantes [76]. En général, au
début de la manœuvre, le patient est dans une
position assise verticale, sans lunettes, avec le pra-
ticien debout sur son côté. On demande au patient
de garder les yeux ouverts. Afin de tester l'implica-
tion du canal postérieur à droite, le praticien
tourne la tête du patient de 45° à droite. Cette
position de la tête est maintenue et, assez rapide- D
ment, le patient est déplacé en position couchée, C
avec l'oreille droite vers le bas, le cou en dehors de
la table de traitement, en extension d'environ 20°
Figure 8.9. Manœuvre d'Epley pour une dysfonction de
au-dessous du plan transversal, et la tête soutenue l'oreille droite.
par les mains du praticien. Le diagnostic de VPPB © Éléonore Lamoglia.
est positif si le patient développe un vertige et un
nystagmus. Ensuite, le patient est progressivement
replacé en position assise. Le même processus est encore deux fois, et au cours de ce processus, le
répété pour l'oreille gauche [77]. patient peut avoir des vertiges. Par mesure de pré-
Une fois le diagnostic de VPPB établi, le traite- caution, le patient doit être informé de s'abstenir
ment est habituellement rapide, simple, et efficace après la procédure, si possible, de faire une flexion,
dans plus de 90 % des cas [78]. La plupart du une extension, une inclinaison, ou une rotation de
temps, une version « modifiée » de la manœuvre, la tête, même si ces restrictions posturales après le
développée par Epley, est utilisée. Dans la traitement sont débattues [79] (figure 8.9).
manœuvre d'Epley, le patient est initialement posi- En 1988 Semont décrit une autre procédure
tionné dans une position assise droite, avec les pour traiter la cupulolithiase du canal postérieur,
jambes tendues et la tête tournée de 45° vers la manœuvre de Semont ou manœuvre libératoire
l'oreille affectée, i. e. l'oreille qui est positive avec [80]. Le patient est initialement dans une position
la manœuvre de Dix-Hallpike. Le patient est alors assise droite, avec la tête tournée de 45° du côté
rapidement mis de nouveau dans une position opposé à l'oreille concernée. Il s'allonge ensuite
couchée, l'oreille affectée vers le bas, et une exten- rapidement du côté affecté tout en conservant la
sion du cou d'environ 30°. Cette position est rotation cervicale. Cette position est maintenue
maintenue pendant 20 à 30 secondes. La tête est pendant 30 secondes environ. Ensuite, le patient
ensuite tournée de 90° vers le côté opposé et est rapidement déplacé en position de décubitus
maintenue dans cette position pendant environ 20 latéral opposé, sans pause dans la position assise et
à 30 secondes. Puis, le patient roule de la position en maintenant toujours la même rotation cervi-
couchée sur le dos à la position couchée sur le cale. Cette position est maintenue pendant envi-
côté, vers l'oreille non affectée, et maintient cette ron 30 secondes, puis en gardant toujours la tête
position pendant 20 à 30 secondes. Enfin, le fixe, le patient retourne lentement à la position
patient est ramené progressivement à la position assise droite (figure 8.10).
assise droite, tout en maintenant la rotation de Dans tout traitement du VPPB, il est conseillé
45 ° de la tête. Cette manœuvre doit être répétée d'associer un traitement ostéopathique afin de
268 Considérations cliniques

symptômes vestibulaires consistent en vertiges


récurrents, spontanés et épisodiques. Ces vertiges
Position 1 durent d'au moins 20 minutes à plusieurs heures,
sont souvent prosternants et associés à un déséqui-
libre qui peut persister pendant plusieurs jours, avec
nausées ou vomissements, ou les deux, mais sans
perte de conscience. Dans tous les cas, un nystag-
mus rotatoire horizontal est observé. Les symp-
tômes auditifs incluent une perte de l'audition et des
Position 2
acouphènes. La sensation de pression dans l'oreille
peut ou non être associée à l'acouphène.
Généralement, la maladie de Menière typique
renvoie à la présence simultanée de symptômes
cochléaires, i. e. perte de l'audition, acouphène,
sensation de pression, et de symptômes vestibu-
laires, i. e. vertiges. La maladie de Menière aty-
Position 3 pique donne des symptômes soit cochléaires, soit
vestibulaires.
L'étiologie de la maladie de Menière est multi-
factorielle, avec une prédisposition génétique
[83]. La plupart du temps, son apparition survient
vers l'âge de 40 ans, avec une incidence qui aug-
Figure 8.10. Manœuvre de Semont ou manœuvre mente par la suite avec l'âge [84]. Plusieurs hypo-
libératoire pour une dysfonction de l'oreille droite. thèses ont été proposées pour expliquer son
© Éléonore Lamoglia.
étiopathogénie. Pour certains auteurs, des aller-
gies, des réactions autoimmunes [85] et des infec-
normaliser toutes les dysfonctions somatiques
tions virales [86, 87] pourraient causer la maladie.
identifiées au niveau de la colonne thoracique et
D'autres proposent que les mêmes mécanismes
cervicale, des os temporaux et autres structures de
physiopathologiques entraînant une constriction
la base du crâne, et des méninges.
vasculaire responsable des migraines causent la
maladie de Menière [88]. En règle générale, il est
Maladie de Menière
admis que la physiopathologie de la maladie de
En 1861, Prosper Menière décrit une maladie Menière est un hydrops endolymphatique, i. e. une
avec vertige épisodique, bourdonnements dans accumulation anormale d'endolymphe ; toutefois,
les oreilles et perte d'audition [81]. À cette tous les patients concernés n'ont pas un hydrops
époque, il était admis que la maladie résultait endolymphatique [89].
d'un trouble du cerveau, et son nom était L'ensemble du labyrinthe membraneux est rem-
« congestion cérébrale apoplectique ». Menière pli d'endolymphe et séparé du périoste qui
conteste cette théorie et propose qu'il s'agit plu- recouvre les parois du labyrinthe osseux par la
tôt d'un trouble associé à l'organe périphérique périlymphe. L'endolymphe s'écoule dans le canal
de l'oreille interne, comme un « glaucome de endolymphatique et le sac endolymphatique, et, à
l'oreille interne ». travers l'épithélium spécialisé du sac, dans le
En 1995, l'American Academy of Otolaryngology- plexus vasculaire adjacent. Le rôle du sac endo-
Head and Neck Surgery définit un ensemble précis lymphatique est d'une grande importance : il
de critères pour le diagnostic de cette maladie [82]. contrôle la réponse immunitaire de l'oreille
Une triade de symptômes décrit la maladie de interne, l'élimination des déchets endolympha-
Menière : symptômes vestibulaires, symptômes tiques par phagocytose et le volume et la pression
auditifs et sensation de pression dans l'oreille. Les de l'endolymphe. Toute baisse de la capacité de
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 269

résorption du sac endolymphatique qui se traduit Le traitement médical de la maladie de Menière


par une augmentation de la quantité de fluide est singulièrement empirique [95]. Les procédures
dans le compartiment endolymphatique, créant ostéopathiques visant à améliorer la fluctuation du
un hydrops endolymphatique, peut faire partie de liquide cérébrospinal, la tension membraneuse et
la physiopathologie de la maladie de Menière [90] les dysfonctions inter- et intraosseuses des os tem-
(voir le sac endolymphatique, figure 8.4., p. 252). poraux doivent être envisagées. Si la maladie pro-
Normalement, les mécanismes homéostatiques gresse, malgré un traitement conservateur, la
prévalent entre les différents compartiments flui- chirurgie peut être une option. Les interventions
diques de périlymphe et d'endolymphe de l'oreille chirurgicales peuvent être conservatrices, cher-
interne, le tissu périlymphatique et le liquide céré- chant le renforcement du sac endolymphatique, et
brospinal. Cela influence la production et la quand cela échoue, d'autres procédures telles que
résorption de périlymphe et d'endolymphe. La la labyrinthectomie et la neurectomie vestibulaires
perturbation de ces mécanismes provoque un sont parfois tentées [96, 97].
hydrops endolymphatique et un obstacle au fonc-
tionnement normal de l'oreille interne [91]. Ainsi, Proprioception cervicale
l'insuffisance du drainage veineux peut entraîner
une accumulation de liquide dans l'oreille interne. Les propriocepteurs associés à la colonne cervicale
Une dérégulation des échanges fluidiques entre sont liés de manière significative aux systèmes ves-
l'oreille interne et le liquide cérébrospinal peut tibulaire et visuel. Ils sont tous intégrés au niveau
aussi contribuer à celle de l'homéostasie endolym- du SNC pour une représentation interne de
phatique. Chez les patients souffrant de la maladie l'orientation posturale et spatiale. Cette interrela-
de Menière, la taille de l'aqueduc du vestibule et tion facilite la production de réponses motrices
du sac endolymphatique sont réduites, et il existe adaptées aux défis de l'environnement.
moins de structures épithéliales tubulaires dans Les propriocepteurs du cou contribuent à la
leur portion intraosseuse [92]. Chez certains indi- coordination des yeux, de la tête et du corps, en
vidus, l'hydrops endolymphatique peut être asso- particulier au contrôle sensorimoteur de la stabili-
cié à des altérations hémodynamiques du SNC sation de la tête sur le tronc. En tant que tels, ils
central [93]. influencent l'orientation spatiale et le contrôle
Selon Magoun, Sutherland a déclaré : « Avec postural. Le système proprioceptif de la colonne
chaque fluctuation du liquide cérébrospinal, une cervicale est particulièrement riche en mécanoré-
vague se forme dans l'endolymphe qui augmente cepteurs, situés dans les capsules articulaires cervi-
le mouvement des fluides dans l'oreille interne. La cales, les ligaments et les muscles. Principalement
relation du canal avec à la fois le saccule et l'utri- situés dans la partie supérieure de la colonne cer-
cule est d'importance dans le vertige, la surdité et vicale, la plupart d'entre eux sont les afférences
ce qui y ressemble [94]. » des fuseaux neuromusculaires des muscles courts,
comme les muscles suboccipitaux [98]. Comparés à
L'utricule et le saccule sont réunis l'un avec l'autre par
d'autres muscles humains, ces muscles courts pré-
le canal endolymphatique qui pénètre dans l'aqueduc du sentent une très grande teneur et une très grande
vestibule et se termine par le sac endolymphatique. densité de fuseaux neuromusculaires. Parmi ces
L'endolymphe s'écoule dans le canal endolymphatique muscles, les obliques de la tête supérieur et infé-
puis dans le sac endolymphatique. Ce sac repose sur la rieur ont une densité de fuseaux neuromusculaires
face postérosupérieure de la partie pétrotympanique de significativement plus élevée que les muscles grand
l'os temporal en formant un renflement sous la dure- droit postérieur de la tête et petit droit postérieur
mère. Cela constitue une véritable extension intracrâ- de la tête [99]. En raison de leur proximité avec
nienne de l'aqueduc du vestibule et du labyrinthe les articulations de la colonne cervicale supérieure
membraneux. L'orifice endocrânien de l'aqueduc du et de leur teneur et densité très élevées en fuseaux
vestibule est visible dans la partie supérieure de la fos-
neuromusculaires, ces muscles perçoivent les posi-
sette unguéale (voir figure 8.4., p. 252).
tions et les mouvements des articulations
270 Considérations cliniques

Troisième nerf occipital (rameau dorsal de C3) Petit droit postérieur de la tête
Semi-épineux de
Branche supérieure de l'artère occipitale la tête (sectionné) Grand droit postérieur de la tête
Nerf grand
occipital (rameau Oblique supérieur de la tête
dorsal de C2)

Splénius de la
tête (sectionné)

Artère occipitale

Rameau dorsal de C1 Processus mastoïde


du temporal
Branche inférieure
de l'artère occipitale Processus transverse
de C1 (atlas)
Artère vertébrale
Rameau dorsal de C2 Oblique inférieur
de la tête
Processus transverse
Longissime de la tête de C2 (axis)
Processus épineux de
C2 (axis)
Interépineux du cou
Rameau dorsal de C3 Multifide

Semi-épineux de Épineux du cou


la tête (sectionné)

Sternocléidomastoïdien
(sectionné)

Splénius de la tête (sectionné)


Trapèze (sectionné) Semi-épineux du cou

Figure 8.11. Région suboccipitale.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 43.

craniocervicales. Ils participent donc à la régula- proprioceptif se projette sur le CNV et le colliculus
tion fine de la statesthésie et de la kinesthésie de la supérieur, où la coordination entre la vision et les
tête et du cou (figure 8.11). mouvements cervicaux se produit [100]. De plus,
L'information sensitive du système proprioceptif il rejoint le noyau cervical central, une voie vers le
cervical gagne le SNC en passant par les ganglions cervelet où a lieu l'intégration des informations
des racines dorsales de la moelle épinière. De là, vestibulaire, oculaire, et proprioceptive [101].
elle suit les interneurones qui synapsent dans ces Généralement la capacité fonctionnelle du sys-
ganglions vers les voies ascendantes et descen- tème locomoteur diminue avec l'âge. Chez les
dantes, ou vers les motoneurones α de la corne hommes, la fonction musculosquelettique, l'équi-
antérieure, formant des arcs réflexes polysynap- libre et la mobilité sont souvent réduits de manière
tiques ou monosynaptiques. L'influx du système significative vers la septième décennie de vie
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 271

[102]. À cette période, les contraintes subies tout qu'au niveau inférieur [109]. La dysfonction
au long de la vie se sont accumulées et la région somatique de la colonne cervicale supérieure, « la
cervicale est particulièrement vulnérable. Un trau- fonction perturbée ou altérée des composantes
matisme peut être le résultat de microcontraintes associées au système somatique (la structure de
répétitives, comme cela peut se voir avec un stress corps) : squelettiques, structures arthrodiales et
postural chronique de travail sur un ordinateur myofasciales et éléments vasculaires, lymphatiques
pendant des années. Ou bien, cela peut être le et nerveux qui leur sont rattachés [110] », contri-
résultat d'un seul épisode de macrocontrainte, bue à la diminution de la proprioception.
comme dans un whiplash (coup du lapin), ce qui Le lien entre les troubles sensorimoteurs dans les
survient souvent lors de collisions de véhicules problèmes du cou et l'instabilité posturale, le dys-
automobiles. Suite à ce type de traumatisme cervi- fonctionnement du contrôle des mouvements de
cal, le patient peut éprouver des troubles de la tête et des yeux, les vertiges et les déséquilibres
l'équilibre supérieurs à la normale [103]. Des a été démontré [111]. En général, avec l'âge, la
déficits du système locomoteur, comme une dimi- détérioration de la fonction vestibulaire peut être
nution de l'amplitude des mouvements, peuvent compensée par la proprioception du cou [112].
également être présents [104]. En fait, dans les Normalement, avec la rotation du cou, les infor-
troubles musculosquelettiques du cou, une dys- mations en provenance des muscles et des proces-
fonction affectant les propriocepteurs cervicaux, sus articulaires de la colonne cervicale produisent
particulièrement les propriocepteurs articulaires et un réflexe cervico-oculaire qui fonctionne avec le
ceux des fuseaux neuromusculaires, peut altérer réflexe vestibulo-oculaire pour contrôler les
les influx afférents vers le SNC, perturbant l'inté- muscles extraoculaires, avec une réponse oculaire
gration et le réglage du contrôle sensorimoteur qui maintient la stabilité visuelle. Toutefois, chez
[105]. Des études suggèrent également que l'in- les personnes qui vieillissent et dont le cou est
formation nociceptive périphérique initiale qui fait raide ou présente des dysfonctions somatiques
suite à un traumatisme cervical, tel le whiplash, avec réduction de l'amplitude des mouvements, il
peut produire dans la phase aiguë de la blessure peut exister, lors de la rotation du cou, une dimi-
des troubles de la fonction motrice pouvant per- nution de l'information proprioceptive, et par
sister dans le temps [106]. Des troubles du traite- conséquent de la réponse compensatoire [113]. Le
ment de la douleur peuvent également être concept de facilitation tel qu'il est associé à la dys-
associés aux changements sensoriels survenant à la fonction somatique vertébrale a été initialement
suite d'un traumatisme cervical [107]. identifié par Denslow et al. [114]. L'information
Les troubles sensorimoteurs, comme le manque somatosensitive comme source de la dysfonction
d'équilibre, se retrouvent plus fréquemment chez somatique vertébrale a été décrite [115]. Dès lors,
les patients souffrant de douleurs cervicales chro- la dysfonction somatique vertébrale est associée à
niques que chez les sujets témoins. Fait intéressant, une réponse centrale exagérée à l'information sen-
il semble que les atteintes sensorimotrices soient sitive. La facilitation d'un niveau de la moelle épi-
plus importantes chez les patients souffrant de dou- nière par la dysfonction somatique peut donc
leurs de la colonne cervicale supérieure que chez les perturber l'information proprioceptive à travers les
patients souffrant de la colonne inférieure. Une voies spinales ascendantes. Pour cela, la dysfonc-
explication peut être le lien anatomique et neuro- tion somatique vertébrale doit être identifiée et
physiologique entre le dispositif de contrôle senso- traitée. Les procédures ostéopathiques visant à
rimoteur et la région cervicale supérieure [108]. traiter la dysfonction somatique, avec une rééduca-
Les patients souffrant de douleur chronique ont tion sensorimotrice, doivent être considérées afin
également plus de dysfonctions somatiques dans la d'améliorer la dysfonction réflexe cervico-oculaire.
région cervicale que les sujets asymptomatiques, La normalisation de la colonne cervicale supé-
toujours avec une plus grande fréquence au niveau rieure, et particulièrement celle de l'os occipital,
de la région cervicale supérieure, en particulier au où la plupart des muscles du cou s'insèrent, est
niveau de l'articulation occipitocervicale, plutôt d'une importance primordiale.
272 Considérations cliniques

Système stomatognatique récepteurs parodontaux contribuent à la stéréo-


gnosie orale et à la modulation du contrôle
Parmi les différents facteurs qui influent sur la neuromoteur de la fonction mandibulaire [119].
posture du corps, le système stomatognathique Aussi, la perte de ces mécanorécepteurs contribue
(SS) peut jouer un rôle important. Le SS est un à l'évolution des sensations proprioceptives et de
arrangement fonctionnel qui comprend plusieurs la fonction mandibulaire. Les sensations proprio-
composantes : les maxillaires et la mandibule, ceptives et kinesthésiques orales sont décrites
avec leurs arcades dentaires, tissus mous et struc- comme les « perceptions de la position statique de
tures vasculoneurales ; les articulations temporo- la mâchoire, et de la vitesse des mouvements et
mandibulaires (ATM) et les muscles de la des forces générées lors des contractions des
mastication [116]. De plus, des relations myofas- muscles mandibulaires [120] ».
ciales existent entre la mandibule, l'os hyoïde, le Habituellement la perte des dents est associée à
crâne et le sternum [117]. Cela forme une la perte de mécanorécepteurs parodontaux et,
« chaîne cinétique » dans laquelle chaque struc- bien souvent, à la modification de l'occlusion. De
ture est interdépendante des autres dans le cadre fait, chez le sujet qui vieillit, cette perte est consi-
d'un système qui influence l'équilibre postural. dérée comme un facteur de risque d'instabilité
Les relations structurelles et fonctionnelles entre posturale [121]. Les études montrent que la
la région cervicale, le crâne et les ATM consti- modification de la relation occlusale est associée à
tuent un système complexe, dénommé le « sys- une diminution de la force dynamique des MI et à
tème craniocervico-mandibulaire ». une diminution de la durée pendant laquelle une
L'occlusion est le rapport entre les surfaces personne est capable de se tenir debout, sur une
occlusales des dents maxillaires et mandibu- jambe, avec les yeux ouverts [122].
laires quand elles sont en contact. L'occlusion De surcroît, la dysfonction occlusale peut géné-
est définie en fonction des positions respectives rer des troubles de l'ATM. Les troubles de l'ATM
des dents. On dit que l'occlusion est en rela- peuvent aussi être la conséquence d'un trauma-
tion centrée lorsque les surfaces occlusales des tisme direct sur l'articulation, ou d'un trauma-
dents mandibulaires et maxillaires sont en tisme indirect, comme lors d'un traumatisme
contact maximum ou intercuspidation. Dans ce cervical ou d'une intubation pendant un acte
cas, la mandibule est en relation centrée par chirurgical quand la bouche est ouverte et le rachis
rapport aux maxillaires. Normalement, cela cervical positionné en hyperextension. Les dys-
permet une meilleure symétrie de la position et fonctions de l'ATM, l'un des troubles qui affectent
de la fonction des structures myofasciales asso- le système craniomandibulaire, sont associées à
ciées. Pour autant, avec l'âge, des modifications des problèmes d'équilibre [123].
des structures dentaires se produisent souvent. Les dysfonctions de l'ATM contribuent à des
Les dents peuvent être remplacées par des cou- modifications musculosquelettiques du système
ronnes, des bridges ou des implants, avec la craniomandibulaire. Par rapport aux sujets asymp-
possibilité de modifications de l'occlusion et de tomatiques, les patients souffrant de dysfonctions
troubles de l'ATM. de l'ATM démontrent une différence significative
En fait, les dents naturelles ont des mécanoré- dans la mesure de l'interligne articulaire CO-C1
cepteurs parodontaux extrêmement sensibles. [124]. Ils se présentent avec une augmentation de
Situés au milieu des fibres de collagène des liga- la lordose cervicale et une position de tête vers
ments qui fixent la racine de la dent à l'os alvéo- l'avant [125, 126].
laire, ces mécanorécepteurs fournissent des En fait, l'ATM influence la posture, et vice-
informations sur toute contrainte appliquée sur la versa. Par exemple, la modification des voûtes
dent [118]. Ils démontrent des capacités discrimi- plantaires produit des changements dans le plan
nantes sensitives sur l'ampleur, la direction et la occlusal [127]. Tout autant, les changements pos-
vitesse d'application de la charge occlusale. turaux, en particulier au niveau de la charnière
Associés aux mécanismes de feedback, ces mécano- craniocervicale, affecte l'occlusion [128, 129].
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 273

Pour certains auteurs, l'association entre les fant semble être installé dans une spirale entre la
troubles de l'ATM et ceux de l'équilibre et de la tête et le bassin. Par conséquent, avec une torsion
marche peut être expliquée par les voies anato- du bassin vers la gauche, la tête de l'enfant est sou-
miques et physiologiques du nerf trijumeau et ses vent tournée vers la droite. Dans une étude por-
connexions avec la corne dorsale de la moelle épi- tant sur 649 enfants, un modèle de torsion sacrale
nière cervicale bilatéralement de C1 à C5, la for- gauche est présent dans 60,2 % des cas, et un
mation réticulée, les noyaux vestibulaires, et le modèle de torsion sacrale droite dans 32,4 %. En
cervelet [130, 131]. Ces connexions peuvent faire outre, l'os occipital est incliné à gauche et tourné à
partie de l'influence réciproque entre le SS et la droite dans 56,0 % des cas, alors que l'inverse est
posture. Cela est illustré par le fait que, après une trouvé dans 43,7 % des cas [133].
anesthésie de conduction unilatérale du nerf man- En raison de la résilience et de la flexibilité de
dibulaire, le contrôle postural chez des sujets leurs tissus, les enfants s'adaptent considérable-
humains est fortement détérioré [132]. ment. Et même s'il y a asymétrie pelvienne, le mou-
vement du bassin est encore possible dans les deux
sens, en dépit du fait qu'il y ait une meilleure qua-
Déséquilibre pelvien lité dans le sens de la torsion gauche. Plus tard
durant l'enfance, des dysfonctions somatiques
L'une des conditions préalables à une bonne pos- peuvent survenir à la suite de traumatismes divers,
ture est un corps bien équilibré. Tout au long de comme les blessures sportives. Ces dysfonctions
la vie, cependant, tout le monde accumule des somatiques acquises s'ajoutent au schéma initial,
dysfonctions somatiques qui peuvent affecter la présent à la naissance, de torsion pelvienne, ce qui
capacité du corps à lutter efficacement contre la rend parfois leur diagnostic difficile pour le prati-
gravité. Et chaque partie du corps, les MI, le bas- cien inexpérimenté. Chez les adultes, un modèle
sin, la colonne vertébrale, les MS et le crâne, peut pelvien asymétrique, qui correspond au schéma
être affectée par toute autre partie, de par leur d'enfance de torsion du bassin à gauche, est assez
relation tenségritale. fréquent. Sur 100 cas, Mitchell a trouvé 72 per-
Quatre os constituent le bassin : le sacrum, les sonnes avec un os coxal postérieur à gauche et seu-
deux os coxaux et le coccyx. Une symétrie pel- lement 6 avec un os coxal postérieur à droite [134].
vienne parfaite est exceptionnelle. Dès la vie intra- L'asymétrie pelvienne associée à la torsion du
utérine, le fœtus adopte des positions asymétriques. bassin, avec une torsion sacrale, doit être différen-
La plupart du temps, dans les derniers mois de la ciée des autres asymétries pelviennes. En effet, une
grossesse, le fœtus se place dans une position où asymétrie pelvienne peut également résulter d'une
son bassin est en torsion vers la gauche. À cette dysfonction somatique au niveau de l'articulation
période, le fœtus est le plus souvent dans une pré- sacro-iliaque (SI) ou de n'importe quelle articula-
sentation céphalique, avec l'os coxal gauche contre tion du MI. Elle peut aussi accompagner des
la colonne vertébrale de sa mère, et l'os coxal droit changements structuraux, tels que les séquelles de
contre la paroi abdominale maternelle. Dans ce fractures ou les dysfonctions intraosseuses qui
schéma de torsion du bassin fœtal vers la gauche, le favorisent un développement asymétrique.
sacrum fœtal combine rotation et inclinaison laté- Rappelons que bien que les changements structu-
rale en directions opposées, i. e. rotation gauche et raux peuvent être appréciés par une palpation des
inclinaison latérale droite. Dans ce cas, l'os coxal structures, la dysfonction somatique est seulement
gauche accompagne la torsion sacrale gauche, avec diagnostiquée par la palpation des fonctions.
une rotation interne où la composante majeure du La différence entre les mouvements pelviens
mouvement est une rotation postérieure, et l'os associés aux torsions du bassin et ceux associés à
coxal droit démontre une rotation externe avec une asymétrie pelvienne due à une dysfonction
une composante majeure de rotation antérieure. À somatique de la SI peut être facilement appréciable
la naissance, le même schéma est souvent présent, par la palpation des fonctions, en particulier grâce
incorporé dans un schéma corporel global, où l'en- aux tests d'écoute. Toutefois, une certaine
274 Considérations cliniques

expérience est nécessaire. En présence d'un schéma Cela dit, avec l'âge, les symptômes musculosque-
de torsion du bassin, un os coxal se déplace sans lettiques, comme les douleurs au bas du dos, asso-
difficulté en rotation externe, revient et démontre ciés à une inclinaison pelvienne consécutive à une
une phase de rotation interne moins importante. ILMI aussi faible que 3 à 6 mm ont tendance à
Dans le même temps, l'autre os coxal se déplace devenir plus fréquents. C'est parce qu'une inclinai-
facilement dans la rotation interne, un peu moins son du bassin instaure une dissymétrie vertébrale
dans la phase de rotation externe. Une sensation dans le plan coronal afin de maintenir l'équilibre
d'unité dans le mouvement de la ceinture pel- postural. Cela impose une charge de travail asymé-
vienne est bien établie, avec la perception que trique pour la musculature du tronc, en particulier
lorsqu'un os coxal se déplace, l'os coxal contralaté- les muscles paravertébraux. En vieillissant, les
ral se déplace aussi, en synchronie, bien que dans la patients perdent progressivement la force muscu-
direction opposée [135]. Le plus souvent, ce laire nécessaire pour offrir une réponse posturale
schéma résulte d'une dysfonction entre le sacrum adéquate à l'ILMI. Aussi, ils deviennent vulné-
et L5. Dans ce cas, le sacrum démontre une rota- rables, avec fatigue musculaire, douleur et compro-
tion associée à une inclinaison latérale du côté mis fonctionnel. Typiquement, ce processus
opposé, et la rotation du sacrum est opposée à la commence à se manifester après la quatrième
rotation de L5. Une torsion du bassin peut égale- décennie de la vie et souvent à la même heure,
ment compenser toute dysfonction du squelette chaque jour, lorsque le patient décompense le stress
axial susjacent, y compris éventuellement celle de de la mise en charge [141]. En tant que telle, bien
la base du crâne. Le bassin ne présente pas, alors, qu'une ILMI n'ait que peu de conséquence chez la
de dysfonction primaire, mais une accommodation majorité des patients, elle doit être sérieusement
à une dysfonction susjacente. considérée comme un facteur contributif, dans les
Inversement, si durant le test d'écoute le sens cas où une dysfonction somatique est récurrente,
d'unité de la ceinture pelvienne n'est pas présent, en particulier chez les patients qui vieillissent.
avec la sensation que les deux os coxaux se L'inégalité de longueur des MI est décrite
déplacent sans synchronie, la dysfonction soma- comme étant anatomique ou fonctionnelle :
tique se trouve dans les MI, y compris les os tVOF ILMI anatomique correspond à des diffé-
coxaux et les articulations SI [136] (voir rences mesurées dans les os du MI, et peut être
Palpation des fonctions en position debout, de la conséquence de variations structurales telles
dos, partie II, chapitre 4, Anamnèse et examen qu'un développement asymétrique, une coxa
physique, p. 62). vara unilatérale, une fracture avec raccourcisse-
ment ou allongement, et la prothèse de hanche ;
tVOFILMI fonctionnelle, peut accompagner une
Inégalité de longueur dysfonction somatique du bassin, comme une
des membres inférieurs torsion pelvienne ou une dysfonction soma-
tique iliosacrale, avec des asymétries lombales,
L'inégalité de longueur des membres inférieurs des déséquilibres des tensions ligamentaires,
(ILMI) est très souvent associée à une torsion fasciales ou musculaires telle la psoïte, ou des
pelvienne et peut en être la cause ou la consé- dysfonctions somatiques des articulations des
quence. L'ILMI est très fréquente, avec une pré- MI [142, 143].
valence de 90 % dans la population et une inégalité Fait intéressant, des études montrent qu'une
moyenne de 5,2 mm [137]. En règle générale, la simulation d'ILMI résulte en torsion du bassin.
jambe droite est la jambe la plus courte [138, Généralement, l'os coxal contralatéral au côté de
139]. Il est généralement admis que pour la l'élévation se déplace plus volontiers dans un
majorité des individus, une ILMI anatomique de mouvement de rotation antérieure et l'os coxal
moins de 20 mm est la plupart du temps non cli- ipsilatéral dans un mouvement de rotation posté-
niquement significative, sans besoin de talonnette rieure [144, 145]. En outre, l'inclinaison latérale
pour compenser [140]. du tronc augmente du côté de l'élévation [146].
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 275

La torsion pelvienne est associée à une inclinai- longue et se déplace antérieurement du côté de la
son latérale du sacrum. Ce schéma crée un désé- jambe la plus courte, il entraîne les os coxaux avec
quilibre postural. L'inclinaison de la base sacrale lui, respectivement en arrière et en avant [150].
se traduit potentiellement par des courbures ver- Cette rotation sacrale a lieu de telle façon que le
tébrales latérales compensatoires au niveau lom- sacrum entraîne les os coxaux avec lui, mais pas
bal, thoracique et cervical, avec une augmentation aussi loin. Dans ces circonstances, une dysfonction
concomitante des courbures AP préexistantes. Il y articulaire sacro-iliaque peut se voir, avec un
aura contrainte au niveau des sommets des cour- sacrum postérieur par rapport à l'os coxal du côté
bures latérales, à l'endroit où la rotation vertébrale de la jambe la plus longue, ou antérieur par rap-
change de direction. De plus, il existe un aplatisse- port à l'os coxal du côté de la jambe la plus courte
ment de la courbure rachidienne AP au niveau des [151]. Ainsi, il est important de différencier un
points de croisement entre les courbures latérales schéma dysfonctionnel global du bassin, des dys-
adjacentes, à l'endroit où l'inclinaison latérale fonctions articulaires qui peuvent se manifester au
change de direction. À ces points de croisement, sein du schéma pelvien global.
on rencontre souvent des dysfonctions vertébrales
(Fryette, type-II, avec une composante AP oppo-
Examen de l'inégalité
sée à la courbure normale).
de longueur des jambes
Le plus souvent, la torsion du bassin s'observe
avec une rotation vers le côté de la jambe la plus L'examen d'ILMI est une procédure de dépistage
longue [147]. Pour autant, cette tendance n'est habituelle pour le diagnostic. Plusieurs méthodes
pas toujours présente et des torsions du bassin et sont utilisées pour cette évaluation, que ce soit par
des courbures lombales latérales existent aussi un examen physique ou par l'imagerie radiogra-
chez les patients sans ILMI, ce qui suggère que phique. L'examen physique est souvent réalisé à
d'autres mécanismes peuvent être impliqués l'aide d'un mètre ruban pour évaluer la longueur
[148]. Comprendre les schémas présents à la nais- de chaque MI en mesurant la distance entre
sance et l'évolution posturale tout au long de la l'épine iliaque antérosupérieure et la malléole
vie peut aider à différencier entre : médiale. L'évaluation de la fiabilité de cette
a) une asymétrie de l'ensemble du corps résultant méthode révèle des variations considérables, et sa
en une ILMI fonctionnelle et une torsion du précision pour déterminer les différences dans la
bassin, où un mouvement libre est présent au longueur des jambes a toujours été mise en doute
niveau des articulations SI et L5-S1 ; [152], même si elle peut être considérée pour de
b)une dysfonction somatique localisée affectant le grandes asymétries [153]. Certains auteurs pro-
bassin et/ou les articulations des MI, qui doit posent une variante de cette procédure en mesu-
être normalisée. rant la longueur réelle de la jambe, du bassin au
L'accommodation pelvienne à l'ILMI a été décrite bas du talon, en tenant donc compte d'un rac-
dans la littérature ostéopathique. Dans la descrip- courcissement possible à la cheville [154].
tion du cycle de la marche, Mitchell explique que La tentative de mesurer la longueur de la jambe
les asymétries dans les articulations portantes, à l'aide d'un mètre ruban peut suffire pour déter-
comme cela se voit dans l'ILMI, provoquent un miner des inégalités anatomiques orthopédiques
déplacement postérieur du sacrum du côté où le (20 mm ou plus) de la longueur des jambes. Le
poids est supporté [149]. Chez le patient avec une plus souvent, les inégalités considérées lors du
ILMI, cela se produit chroniquement du côté de la traitement de la dysfonction somatique secondaire
jambe la plus longue. Une compensation sacrale à une ILMI sont nettement plus faibles. Le fait
similaire existe du côté de la concavité produite par d'utiliser un mètre ruban présente une erreur
l'inclinaison latérale lombale qui, lorsqu'elle résulte potentielle inhérente d'au moins quelques milli-
d'une ILMI, se trouve du côté de la jambe la plus mètres, quelles que soient les structures anato-
longue. Comme le sacrum se déplace postérieure- miques choisies, invalidant ainsi cette mesure pour
ment du côté de la jambe anatomiquement la plus évaluer une ILMI mineure.
276 Considérations cliniques

La majorité des ILMI doivent être identifiées comme avec les radiographies en position couchée,
par l'examen physique. Dans ce cas, il est préfé- où le patient doit rester immobile entre les diffé-
rable d'examiner le patient dans la position rentes expositions radiographiques, le risque d'er-
debout, de dos, avec les genoux en extension reur est possible si le patient bouge entre les clichés.
complète et le poids du corps également réparti Dès lors, la méthode la plus efficace pour mesurer
sur les deux jambes. Le sol devient ainsi un point une ILMI et pour obtenir en même temps une éva-
de référence fixe. Après avoir évalué la symétrie luation des compensations posturales du patient
des hanches, des genoux, des chevilles et des consiste à prendre des radiographies standards en
pieds, observez et comparez la symétrie de plu- position debout [156, 157, 158, 159, 160].
sieurs points de repère anatomiques. Ces points de Il est admis que pour une ILMI de moins de
repère sont les suivants : 20 mm, il n'est pas nécessaire de compenser avec
tMF TPNNFU EFT HSBOET USPDIBOUFST  MhJOEJDBUFVS une talonnette [161]. Cela peut être vrai pour
le plus apparent de l'ILMI ; l'ensemble de la population. Pour autant, avec la
tMFTÏQJOFTJMJBRVFTQPTUÏSPTVQÏSJFVSFT décompensation fonctionnelle qui se produit nor-
tMFTGPTTFUUFTEF7ÏOVT malement avec le vieillissement, une ILMI aussi
tMBQBSUJFMBQMVTMBUÏSBMFEFTDSÐUFTJMJBRVFT petite que 3 à 6 mm peut s'avérer cliniquement
L'examen se poursuit en demandant au patient importante [162, 163].
de se pencher en avant à partir des hanches et en Pour savoir si – et de combien – une talonnette
recherchant une proéminence paravertébrale lom- est appropriée, placez une série de petites cales
bale asymétrique, ce qui indique une rotation ver- sous la jambe courte (avec des incréments de
tébrale associée à une courbure latérale de la 1 mm d'épaisseur), jusqu'à ce que le bassin soit
colonne vertébrale. Enfin, vous examinez le dépla- équilibré et qu'au test d'écoute du bassin, vous
cement latéral (sideshift) du bassin. ayez une sensation de mouvement satisfaisant
Grâce à cette séquence d'examen, la présence [164]. La mise en place d'une talonnette peut être
d'une ILMI peut être identifiée par l'association utile si, lors de ce test, les mouvements du sacrum
d'une multitude de signes physiques. En règle et des deux os coxaux sont qualitativement et
générale, les grands trochanters et tous les points quantitativement plus équilibrés. Si une radiogra-
de repère du bassin sont plus hauts du côté de la phie standard a été faite, il convient de commen-
jambe la plus longue. La proéminence paraverté- cer avec des cales d'environ la moitié de l'ILMI
brale est présente du côté de la jambe courte et le mesurée, et de progresser à partir de là. L'épaisseur
déplacement latéral du bassin plus libre vers la de la cale qui équilibre fonctionnellement le bas-
jambe longue. Notez que ces observations peuvent sin détermine l'épaisseur de la talonnette qui doit
varier considérablement d'un patient à l'autre, en être employée. Lorsque la correction est de 1 cm
fonction de variations anatomiques individuelles ou plus, une semelle complète adaptée à la chaus-
(asymétries congénitales, changements structuraux sure du patient est plus satisfaisante qu'une talon-
traumatiques, scoliose) et de dysfonctions muscu- nette, afin d'éviter des contraintes inutiles de
laires (spasme du grand psoas en particulier). compensation sur les articulations du pied. Dans
L'existence d'incohérences dans le schéma identi- tous les cas, avant d'utiliser une talonnette, vous
fié doit vous conduire à rechercher des tractions devez faire les normalisations des dysfonctions
musculaires dysfonctionnelles ou des variantes ana- présentes puis réévaluer cliniquement le patient,
tomiques. De plus, bien que cette séquence d'exa- puis, si nécessaire, conseiller une talonnette [165].
men permette d'identifier la possibilité d'une Ensuite, le patient est revu et, si besoin, normalisé
ILMI, elle ne renseigne pas sur son importance. La avec des procédures ostéopathiques jusqu'à ce
radiographie offre des mesures plus précises. qu'il soit capable de maintenir l'amélioration cli-
Parmi les différentes méthodes d'évaluation, les nique. Lorsque le patient s'adapte à son traite-
mesures radiographiques telles que les scanno- ment par talonnette, il peut être nécessaire de
grammes sont reconnues comme fiables pour l'éva- réévaluer et d'augmenter (ou moins fréquemment
luation d'une ILMI anatomique [155]. Toutefois, de diminuer) la hauteur de la talonnette en incré-
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 277

ments de 1 mm pour maintenir l'équilibre fonc- L'étiopathogénie des symptômes affectant les
tionnel. L'accommodation au traitement par pieds chez les personnes qui vieillissent est multifac-
talonnette progresse lentement au fur et à mesure torielle. Certains facteurs sont intrinsèques aux pieds,
que le bassin s'adapte à son nouvel équilibre. comme les pieds plats, les hallux valgus, les déforma-
Typiquement, les zones de stress dysfonctionnel tions des orteils en marteau, les durillons et les cors,
remontent progressivement le long du squelette alors que d'autres sont extrinsèques, tels le port de
axial. chaussures mal ajustées ou les affections systémiques
comme l'obésité et l'arthrose généralisée [173].

Déséquilibres du pied Hallux valgus


L'hallux valgus, ou hallux abducto valgus, est une
Fonctionnellement, le pied sert d'appui au corps déviation – abduction – du gros orteil (hallux) vers
et nous propulse en avant lors de la marche. En la ligne médiane du pied. Un angle d'abduction de
plus de la fonction de simple charnière de l'arti- l'hallux supérieur à 15° par rapport au premier méta-
culation de la cheville, les multiples articulations tarsien est considéré comme anormal (figure 8.12).
du pied forment un complexe sophistiqué capable Plusieurs étiologies existent pour expliquer
de s'adapter aux différentes surfaces du sol, et cette déformation. Les chaussures, en particulier
nous permettent une posture bipède appropriée. les talons hauts, sont souvent mentionnées, mais
Pour remplir ce rôle, le pied, sensible aux minus- différentes études contestent ce point de vue
cules déformations de la surface du sol, doit [174]. Une prédisposition génétique peut exister,
constamment s'accommoder [166]. Toute dys- ainsi que d'un dimorphisme sexuel, avec une sur-
fonction somatique dans le pied perturbe cette face articulaire de la première tête métatarsienne
fonction complexe, compromettant ainsi l'équi- plus arrondie et plus petite chez les femmes, ce qui
libre postural. Tout autant, une dysfonction pos- contribue à une articulation moins stable [175].
turale peut affecter les propriétés statiques et
dynamiques du pied.
Une incidence accrue des troubles du pied s'ob-
serve avec le vieillissement. Après l'âge de 70 ans,
plus d'un tiers de la population a des douleurs
invalidantes du pied [167]. La plupart du temps,
cela continue à augmenter avec l'âge [168, 169].
De plus, en accord avec les principes holistiques,
les sujets qui souffrent de douleurs invalidantes du
pied se plaignent aussi de douleur dans d'autres
parties du corps, y compris le dos, les hanches, les
genoux et les mains ou les poignets [170].
Chez les personnes de plus de 50 ans, les pieds
sont plus en pronation, plus plats, avec une réduc-
tion de l'amplitude de mouvement dans la cheville
et dans les premières articulations métatarsopha-
langiennes. Les hallux valgus et autres déforma-
tions des orteils, la faiblesse des fléchisseurs des
orteils et la diminution de la sensibilité tactile plan-
taire se rencontrent plus fréquemment que chez
les sujets jeunes [171]. En conséquence, pendant
la marche, la répartition des contraintes de pres-
sion plantaire est modifiée et les risques de perte
d'équilibre et de chute sont augmentés [172]. Figure 8.12. Hallux valgus. Angle d'abduction.
278 Considérations cliniques

De fait, l'hallux valgus est deux fois plus fréquent Par exemple, un schéma d'extension du sacrum
chez les femmes que chez les hommes [176]. associé à une rotation interne des MI peut prédis-
Normalement, le pied démontre trois arches : poser à un hallux valgus bilatéral.
deux arches longitudinales (médiale et latérale) et L'augmentation de l'éversion du pied peut éga-
une arche transversale. Ces arches transforment le lement résulter d'un déséquilibre postural, avec
pied, qui passe d'un système de levier rigide à un un déplacement de la ligne de gravité en avant de
mécanisme avec ressort dynamique. Les ligaments la colonne vertébrale, ce que l'on rencontre fré-
et les muscles entretiennent cet arrangement, main- quemment chez les personnes de plus de 40 ans
tenant les os entre eux, tout en permettant les défor- [179]. Normalement, 60 % du poids du corps est
mations dynamiques et les ressorts nécessaires à la transmis à la partie postérieure du pied, et 40 % à
locomotion. L'arche médiale dépend de l'intégrité la partie antérieure. Avec un déplacement de la
du premier rayon, i. e. la phalange distale, le premier ligne de gravité en avant, la pression appliquée sur
métatarsien, le premier cunéiforme et l'os navicu- la partie antérieure du pied est augmentée. Lors
laire. Bien que la cause de l'hallux valgus soit multi- de la mise ne charge, le premier orteil a tendance
factorielle, la défaillance de n'importe quelle partie à être tracté dans un valgus ; normalement, ce sont
de ce premier rayon, y compris l'articulation talona- les ligaments, les muscles et les deux os sésamoïdes
viculaire, peut entraîner un hallux valgus [177]. situés sous la tête du premier métatarsien qui
Cela peut se produire lorsque le calcanéus est en empêchent cette déformation. Toutefois, dès que
éversion, ce qui augmente la transmission des forces la tête métatarsienne n'est plus maintenue en posi-
sur la tête du premier métatarsien [178]. Toute res- tion correcte, la contraction des muscles contri-
triction de la mobilité dans les articulations subta- bue à l'augmentation de la déformation.
lienne et talocrurale peut aussi prédisposer à l'hallux L'hallux valgus peut être une condition pro-
valgus. Cela peut être le résultat d'une dysfonction gressive qui devient de plus en plus douloureuse.
somatique réversible, ou la conséquence d'une série La pression des chaussures exercée sur l'articula-
de traumatismes de la cheville, accumulés au cours tion métatarsophalangienne peut produire un
de la vie, avec des changements structuraux. De gonflement et un « oignon » avec une accumula-
plus, le talus est fortement influencé par la fibula, et tion de fluide à la base du gros orteil. Le traite-
donc toute dysfonction des articulations tibiofibu- ment initial est conservateur, visant à diminuer
laires proximale et/ou distale doit être considérée l'angle d'abduction et à empêcher l'augmentation
chez les personnes souffrant d'un déséquilibre du de la déformation. Les procédures ostéopathiques
premier rayon. L'hallux valgus peut également se ayant pour but l'élimination ou la réduction de la
produire avec une raideur du tendon d'Achille et dysfonction somatique doivent être employées.
une diminution de la flexion dorsale de la cheville. Bien que le schéma dysfonctionnel soit individuel,
Lorsque le pied est en pronation, le premier il convient d'aborder la dysfonction du pied, de la
rayon tourne sur son axe longitudinal et la pres- jambe, du bassin et de la colonne vertébrale en se
sion est augmentée sur le bord médial de l'hallux, rappelant que « le diagnostic d'une plainte dans
en particulier lors de l'élévation du talon. Cela une partie périphérique n'est pas complet sans
peut être un facteur contribuant à l'hallux valgus. l'analyse de la région de la colonne vertébrale seg-
Typiquement, la pronation du pied est combinée mentairement associée [180] ». En fait, le patient
à des mouvements de flexion dorsale et d'abduc- doit être examiné dans sa totalité, sans oublier de
tion. L'association de ces trois mouvements est vérifier l'équilibre pelvien, l'accommodation pos-
appelée éversion. Dans le concept craniosacral, turale et le schéma craniosacral. Éventuellement,
pendant le mouvement d'extension-rotation en cas de déformation sévère, de douleur et de
interne associé à l'expiration craniosacrale, la rota- compromis fonctionnel, une correction chirurgi-
tion interne du MI produit un schéma d'éversion cale peut être nécessaire. La chirurgie n'est pas,
du pied. Par conséquent, toute dysfonction soma- cependant, une panacée. En postopératoire, vous
tique qui augmente le schéma d'éversion du pied devez encore résoudre le compromis fonctionnel
peut faciliter le développement d'un hallux valgus. qui suit la chirurgie.
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 279

Déformations des orteils t-horteil en maillet est une déformation de


Chaque rayon du pied est constitué d'un os du flexion de l'articulation interphalangienne dis-
métatarse et des phalanges proximale, intermé- tale, donnant à l'orteil un aspect de maillet. Les
diaire et distale. En raison de la petite taille des articulations interphalangienne proximale et
surfaces articulaires métatarsophalangiennes, métatarsophalangienne restent en position
interphalangiennes proximales et distales, le rôle neutre, bien que la phalange distale puisse
des ligaments et des muscles est d'une importance s'écarter médialement ou latéralement.
primordiale dans la stabilisation de ces t-horteil en marteau est caractérisé par une
articulations. déformation de flexion de l'articulation inter-
Les déformations des orteils (figure 8.13) com- phalangienne proximale, avec, la plupart du
prennent les orteils en maillet, en marteau et en temps l'articulation interphalangienne distale
griffe. Comme pour l'hallux valgus, ils sont la maintenue en extension.
conséquence d'une perturbation de l'équilibre t-horteil en griffe présente des déformations de
entre les structures du pied, susceptible d'être flexion des articulations interphalangiennes
aggravée par de mauvaises chaussures. proximale et distale associées à une hyperexten-
sion de l'articulation métatarsophalangienne.
Une déformation des orteils en griffe peut
signaler une affection neurologique subjacente.

Déséquilibre vertébral
Avec l'âge, la posture change et la colonne verté-
brale est un des endroits où les changements se
produisent. Idéalement, aucune courbure rachi-
Orteil en maillet dienne ne doit être présente dans le plan coronal.
Toute courbure latérale de la colonne vertébrale
supérieure à 10° est classée comme une scoliose et
est considérée comme étant pathologique.
Néanmoins, en raison de la propension aux désé-
quilibres pelviens mineurs résultant d'une ILMI,
et d'autres influences environnementales, comme
les postures associées à différents types de travaux
et maintenues de façon chronique, les courbures
Orteil en marteau latérales de la colonne vertébrale de moins de 10°
sont omniprésentes dans la population.
Dans le plan sagittal, les quatre courbures AP de
la colonne vertébrale sont les courbures cervicale,
thoracique, lombale et sacrale. En général, le pro-
fil sagittal de la colonne vertébrale est décrit
comme étant lordotique entre C1-C7 et L1-L5,
et cyphotique entre T1-T12, et au niveau de la
zone du coccyx.
Bien que les variations entre les courbures nor-
Orteil en griffe males et les courbures pathologiques soient bien
définies dans le plan coronal, on fait moins atten-
Figure 8.13. Déformations des orteils.
Orteils en maillet, en marteau, et en griffe. tion au plan sagittal. Pour autant, les courbures
Source : © Éléonore Lamoglia. rachidiennes dans le plan coronal sont
280 Considérations cliniques

accompagnées par une augmentation des cour- Les mouvements neutres décrits par Fryette
bures dans le plan sagittal, et les déséquilibres fonc- (également nommés « type-I » ou « principe phy-
tionnels mineurs du rachis sont aussi fréquents siologique I ») sont une description du mouve-
dans le plan sagittal que dans le plan coronal. La ment d'un groupe d'au moins trois vertèbres
littérature médicale traditionnelle note que la plu- typiques contiguës. Ils définissent les mécanismes
part des maladies dégénératives vertébrale ont lieu des courbures latérales fonctionnelles du rachis.
dans des colonnes bien alignées dans le plan coro- Pour être bien compris, ces mécanismes doivent
nal, mais en déséquilibre dans le plan sagittal [181]. être considérés à la fois sous l'angle du mouve-
D'un point de vue ostéopathique toutefois, il ment démontré par l'ensemble du groupe, et sous
convient de régler le déséquilibre vertébral à la fois celui de chacun des différents segments qui com-
dans les plans coronal et sagittal avant que les fac- posent le groupe.
teurs de stress n'induisent une pathologie, ou, si Dans la description de la mécanique des cour-
une maladie dégénérative a commencé, d'essayer bures vertébrales latérales, le premier principe du
de réduire sa progression. mouvement physiologique de Fryette stipule que
lorsque la colonne vertébrale est en position
neutre (absence de flexion ou d'extension signi-
Courbures vertébrales latérales ficative), et qu'une inclinaison latérale est intro-
Afin de diagnostiquer et de traiter efficacement les duite, la rotation se produit dans le sens de la
dysfonctions vertébrales, il est utile de com- convexité occasionnée. Simplement dit, le mou-
prendre l'anatomie fonctionnelle de la colonne vement de Fryette en position neutre (type-I),
vertébrale. Qu'elles soient pathologiques, telles ou la mécanique d'un groupe, démontre une
les scolioses, ou le résultat de compensations pos- inclinaison latérale et une rotation dans des
turales mineures, les courbures rachidiennes dans directions opposées, avec une rotation maximale
le plan coronal – courbures latérales – démontrent dans le groupe qui se produit au sommet (seg-
une relation couplée prévisible entre l'inclinaison ment le plus central) de la courbure. Comme
latérale et la rotation associée ; cela se produit dans avec la plupart des simplifications, la mécanique
des circonstances de mise en charge, comme le vertébrale réelle est plus complexe que ce qu'im-
résultat du mouvement physiologique normal de plique cette déclaration. Lorsque le groupe de
la colonne vertébrale. Ces mécanismes vertébraux vertèbres est évalué par rapport à la position ana-
sont couramment rencontrés avec les dysfonctions tomique, l'inclinaison latérale et la rotation de
somatiques vertébrales, et ils doivent être différen- l'ensemble du groupe se produisent, en fait, dans
ciés des dysfonctions résultant d'un traumatisme. des directions opposées. C'est quand on analyse
Ces dernières démontrent des schémas dysfonc- la mécanique des segments individuels au sein du
tionnels très variables, dépendant dans une large groupe que la complexité apparaît. Il est impor-
mesure des forces exogènes du traumatisme. Les tant d'avoir une compréhension approfondie de
mouvements physiologiques de la colonne verté- ces différents mécanismes vertébraux, parce que
brale associés à une dysfonction somatique ont été c'est seulement avec cette appréciation que les
initialement décrits par Fryette– un élève de procédures manipulatives peuvent être utilisées
Littlejohn – comme neutres et non neutres, et intelligemment et efficacement, et que les sché-
sont limités dans leur incidence aux vertèbres mas dysfonctionnels associés à la réponse physio-
typiques [182, 183]. Les vertèbres typiques sont logique de la colonne vertébrale à la mise en
les segments spinaux qui possèdent des processus charge peuvent être différenciés des schémas dys-
articulaires supérieurs et inférieurs et reposent sur fonctionnels traumatiques, des schémas fonc-
un disque intervertébral. Ainsi, ces mouvements tionnels résultant d'anomalies structurales et de
physiologiques, avec quelques variations dans le réflexes viscérosomatiques.
rachis cervical (voir ci-dessous, la mécanique cer- Pour illustrer cela, examinons le mouvement
vicale), s'appliquent à partir de C2 sur C3 jusqu'à physiologique de cinq segments d'une courbure
L5 sur S1. vertébrale latérale (figure 8.14).
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 281

Considérons maintenant, la mécanique articu-


laire entre chacun des cinq segments au sein du
groupe. Ici, la mécanique segmentaire est décrite
0° rotation par rapport au segment vertébral immédiatement
subjacent. Pour les raisons de cette analyse, com-
1
mençons par la partie inférieure de la courbure en
examinant le segment 4 par rapport au segment 5,
et remontons par segments jusqu'au segment
2 5° rotation droite
1 par rapport au segment 2. Par rapport à la posi-
tion anatomique, toute la courbure est inclinée vers
la gauche, et donc chaque segment de la courbure
est également incliné vers la gauche par rapport au
3 10° rotation droite segment subjacent. La partie inférieure de la cour-
bure, le segment 5, est située à un point charnière
avec 0° de rotation ; la mécanique articulaire subja-
4 cente au segment 5 n'est pas considérée ici.
5° rotation droite
Par rapport à la position anatomique et par rap-
port au segment 5 qui a 0° de rotation, le segment
4 a tourné de 5° vers la droite. Ainsi, le segment 4,
0° rotation
5 par rapport au segment 5, est incliné à gauche et
en rotation droite de 5°.
Figure 8.14. Fryette, type-I, courbure latérale de groupe. De la même façon, par rapport à la position ana-
© Éléonore Lamoglia. tomique, le segment 3 (le sommet de la courbure)
a tourné de 10° vers la droite. C'est 5° de rotation
à droite de plus que pour le segment 4. Par rap-
Par rapport à la position anatomique, le groupe port au segment 4, le segment 3 est incliné sur le
entier est incliné sur le côté gauche et tourné vers côté gauche et en rotation droite de 5°.
la droite. Chacun des segments de la courbure La prochaine étape peut être déroutante, bien
contribue à ce schéma, même si c'est un peu diffé- que vraiment très simple. Ce qu'il faut retenir,
remment. Les segments 1 et 5 sont situés aux c'est que la rotation change au sommet de la cour-
charnières entre cette courbure et les courbures bure. Le segment 2 (le segment immédiatement
latérales sus- et subjacentes. Ces segments sont au-dessus de l'apex) a seulement tourné de 5° vers
censés être les points où l'inclinaison latérale la droite (par rapport à la position anatomique),
change. Au niveau de ces points charnière, il n'y a tandis que le segment 3 (le sommet) a tourné de
pas de rotation (0° de rotation) par rapport à la 10° vers la droite. Par conséquent, le segment 2 a
position anatomique. fait une rotation inférieure de 5° par rapport à
Le segment 3 est situé au sommet de la cour- celle du segment 3. Relativement, le segment 2 a
bure. Ce sommet est, par définition, le segment tourné de 5° vers la gauche. Par conséquent le seg-
où la rotation par rapport à la position anatomique ment 2, par rapport au segment 3, est incliné à
est la plus grande. Pour les besoins de cet exemple, gauche et en rotation gauche de 5°.
supposons arbitrairement que ce segment 3 ait Suivant la logique ci-dessus, il est évident que le
tourné de 10° vers la droite par rapport à la posi- segment 1, le point charnière supérieur de la cour-
tion anatomique, où la rotation est de 0°. Les seg- bure, avec 0° de rotation, a réellement tourné de
ments 2 et 4 ont également tourné vers la droite, 5° vers la gauche par rapport au segment 2, et en
plus que les segments 1 et 5 mais moins que le tant que tel, par rapport au segment 2, le segment
segment 3. Supposons que les segments 2 et 4 1 est incliné à gauche et en rotation gauche.
aient tourné de 5° vers la droite par rapport à la Cet exercice peut sembler inutile jusqu'à ce que
position anatomique. l'on se rende compte que la plupart des procédures
282 Considérations cliniques

ostéopathiques introduisent la rotation dans une [184]. C'est discutable. Fryette, en fait, a décrit la
seule direction à la fois. Par conséquent, lors du trai- mécanique neutre dans la région cervicale, en
tement d'une courbure de groupe en inclinaison notant : « Comme il a été impliqué, dans tous les
gauche et en rotation droite avec les principes indi- mouvements qui impliquent l'inclinaison latérale,
rects, l'introduction d'une inclinaison latérale il y a un mouvement de torsion d'accompagne-
gauche et d'une rotation droite ne permettra de ment du corps vertébral vers la concavité et une
traiter efficacement la courbure que sur le segment tendance au déplacement latéral vers la convexité.
apical et en-dessous. Cela peut conduire à l'échec du Dans l'inclinaison latérale-torsion-déplacement
traitement, ou au rétablissement rapide de la méca- latéral, les processus articulaires se verrouillent du
nique dysfonctionnelle de la courbure, en particulier côté de la concavité [185]. » Ainsi, par rapport à la
dans les cas des dysfonctions chroniques où les res- position anatomique, l'inclinaison latérale et la
trictions intersegmentaires sont bien installées. rotation des vertèbres cervicales typiques (C2-C7)
Ici, dans le contexte des courbures latérales de se font dans la même direction. Dans ce cas, les
la colonne vertébrale, il est approprié de discuter mécanismes segmentaires individuels au sein du
brièvement de la mécanique dysfonctionnelle groupe, tels que discutés ci-dessus, montrent le
Fryette, type-II. Les dysfonctions de type-II même changement au-dessus du sommet de la
démontrent un mouvement vertébral physiolo- courbure. Toutefois, en raison de la différence de
gique non neutre et se produisent lorsque la pré- rotation, l'inclinaison latérale/rotation interseg-
sence d'une flexion ou d'une extension mentaire dans la même direction est présente dans
intersegmentaire locale engage les articulations les segments subjacents au sommet, et en direc-
des processus articulaires vertébraux. Dans ces cir- tion opposée au-dessus du sommet.
constances, lorsque l'inclinaison latérale est intro-
duite, le segment supérieur doit tourner avant Courbures vertébrales
l'inclinaison latérale, et l'inclinaison latérale et la antéropostérieures
rotation se font dans le même sens. Les dysfonc-
Lordose lombale
tions de type-II sont souvent trouvées aux char-
nières du type-I. Effectivement, au point charnière Dans le plan sagittal, en position debout, l'aligne-
entre deux courbures de type-I, en raison de ment de la colonne vertébrale et du bassin pré-
l'aplatissement de la courbure AP, il y a une aug- sente une grande variabilité selon les individus.
mentation de la vulnérabilité dans la région thora- Chez les sujets âgés de plus de 40 ans sans anoma-
cique avec la possibilité de dysfonctions lie rachidienne pathologique, la lordose lombale est
d'extension de type-II, et dans la région lombale d'environ 64° (+/- 10°) [186]. Dans une large
de dysfonctions de flexion de type-II. Parce que mesure, le caractère distinctif de la lordose lom-
les courbures de type-I sont associées à une aug- bale repose sur l'orientation de l'inclinaison sacrale
mentation de la courbure AP préexistante (lor- et du pelvis. En règle générale, la partie supérieure
dose, cyphose), et parce que la mécanique de de la lordose lombale reste plutôt constante. En
rotation intersegmentaire change au sommet revanche, la partie inférieure de la lordose lom-
d'une courbure de type-I, on trouve une méca- bale, essentielle dans la définition de la lordose
nique intersegmentaire ressemblant au type-II lombale globale, peut varier [187]. Avec le vieillis-
(mécanique de flexion) au-dessus du sommet sement, la perte de la lordose lombale se produit
d'une courbure thoracique type-I, et de type-II en particulier dans la partie inférieure de la colonne
(mécanique d'extension) au-dessus du sommet de vertébrale lombale [188]. Cette perte est associée
la courbure lombale de type-I. à la lombalgie chronique et à une orientation du
sacrum plus verticale [189]. D'un point de vue
Mécanique cervicale ostéopathique, lorsque la base du sacrum se
Il y a un consensus pour dire que les vertèbres déplace en arrière, le sacrum se verticalise et la
typiques de la colonne cervicale ne suivent pas les base du sacrum devient plus horizontale. Ce mou-
règles des mouvements physiologiques neutres vement, dans la terminologie de l'ostéopathie
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 283

craniosacrale est une flexion craniosacrale (exten- du bassin du côté opposé au grand psoas principa-
sion sacrale anatomique). Il se produit pendant la lement contracté. Une dysfonction somatique dans
phase d'inspiration du MRP – flexion craniosa- la moitié supérieure de la colonne lombale peut
crale – et est associé à une diminution de la lordose produire un spasme du grand psoas. Fréquemment,
lombale. Ainsi, lorsqu'un patient présente une on trouve une dysfonction de type-II de L1/L2 ou
dysfonction somatique de flexion craniosacrale de L2/L3 en flexion, et rotation-inclinaison laté-
(modèle craniosacral), la courbure lombale AP est rale du côté du grand psoas spastique. Le traite-
diminuée. ment de cette dysfonction somatique permet de
Typiquement, un déséquilibre sagittal de la soulager le spasme. Le spasme secondaire du grand
colonne vertébrale compensé par une flexion des psoas est rencontré en présence d'une instabilité
genoux est corrélé à une diminution de la lordose lombosacrale (hernie discale, spondylolisthésis) ou
lombale [190]. Un tel schéma altère le bon fonc- d'une inflammation (spondylodiscite). En effet, les
tionnement des articulations portantes, en parti- spasmes musculaires forment une « attelle » physio-
culier les genoux et les tissus mous environnants, logique protectrice. Dans ce cas, le traitement défi-
et représente un facteur de risque de chute [191]. nitif est la stabilisation efficace de la charnière
Très souvent, la flexion du genou est également lombosacrale instable [193].
associée à une tension accrue des muscles posté- Une perte de la masse musculaire est associée au
rieurs de la cuisse et des muscles fléchisseurs de la processus du vieillissement. Alors que la force du
hanche, avec une diminution conséquente de la quadriceps diminue avec l'âge [194], la taille du
mobilité de la hanche. Inversement, la dysfonc- muscle, mesurée par sections, est maintenue
tion somatique du genou peut provoquer un jusqu'à environ 60 ans. En revanche, la taille du
déséquilibre postural. Notez que, en dehors d'une grand psoas diminue de façon constante de 20 à
maladie rhumatismale, des douleurs aux deux 60 ans et de façon significative entre 60 et 70 ans
genoux résultent souvent de déséquilibres postu- [195]. Lorsque les gens vieillissent, ils ont ten-
raux, avec par exemple une dysfonction somatique dance à passer plus de temps en position assise et
du bassin ou de la colonne vertébrale, alors que moins de temps à pratiquer les mouvements qui
des douleurs sur un seul genou peuvent être asso- étirent les muscles iliopsoas. En position debout, il
ciées à une dysfonction somatique de ce genou. n'y a pas de différences statistiquement significa-
Une dysfonction somatique du groupe iliopsoas tives dans l'extension de hanche entre les adultes
est également une cause majeure de la diminution de différents groupes d'âge. Toutefois, des diffé-
de la lordose lombale. Normalement, ce groupe, en rences significatives sont trouvées lorsque les sujets
particulier le muscle grand psoas, joue un rôle à la se promènent. Les sujets plus âgés présentent une
fois comme fléchisseur de la hanche et comme sta- extension de la hanche diminuée et une augmen-
bilisateur dynamique de la colonne lombale [192]. tation de l'inclinaison antérieure du bassin [196].
Lorsque le muscle grand psoas est dysfonctionnel, Par conséquent, en plus des procédures ostéopa-
avec une tension accrue, l'extension de la colonne thiques visant à équilibrer la colonne vertébrale et
lombale est diminuée. Néanmoins, le niveau L5-S1, les muscles iliopsoas, des conseils doivent être pro-
sans insertion du grand psoas, compense cette digués sur la façon de marcher correctement, avec
diminution de la lordose avec une augmentation de un contrôle de l'inclinaison pelvienne et suffisam-
l'extension segmentaire, source potentielle de dou- ment d'extension de la hanche.
leurs dans le bas du dos. Aussi, le traitement appro-
prié pour ces patients est le traitement du spasme Cyphose thoracique
du muscle grand psoas, et non la manipulation de Chez les sujets âgés, la perte de la lordose lombale
la charnière lombosacrale douloureuse. est souvent associée à une augmentation de la
Le spasme du muscle grand psoas peut être classé cyphose thoracique. Normalement, la colonne tho-
comme primaire ou secondaire. Le spasme primaire racique forme une courbure antérieure, une
est le plus souvent bilatéral, mais ordinairement un cyphose, en partie due à la forme des corps verté-
côté prédomine, produisant un déplacement latéral braux et des disques intervertébraux. Chez la
284 Considérations cliniques

personne qui vieillit, une hypercyphose peut résul- les condyles sont antérieurs oblige le patient à
ter de multiples causes, comme les fractures compenser en augmentant la lordose cervicale et
vertébrales, les états inflammatoires, les maladies la cyphose thoracique.
dégénératives du disque ou l'ostéoporose. La fai- Radiographiquement, la cyphose thoracique est
blesse des muscles extenseurs paravertébraux tho- quantifiée par l'angle de la cyphose (figure 8.15).
raciques contribue également de manière Des lignes sont tracées à partir du bord supérieur
significative à l'augmentation de la cyphose. Chez de la vertèbre supérieure de la courbure cyphotique
les femmes en bonne santé post-ménopausiques, et du bord inférieur de la vertèbre inférieure. À par-
la force des extenseurs du dos montre une relation tir de ces deux lignes, on trace des lignes perpendi-
avec la posture, de telle sorte que plus la cyphose culaires qui se croisent pour former l'angle de la
est importante, plus la force des muscles a dimi- cyphose. Typiquement, la cyphose commence à
nué [197]. L'hypercyphose peut compenser une augmenter après 40 ans, plus rapidement chez les
dysfonction somatique ailleurs dans le corps, sou- femmes que chez les hommes [198, 199]. Entre 55
vent dans la colonne thoracique supérieure et cer- et 60 ans, l'angle de la cyphose mesure en moyenne
vicale. Par exemple, une dysfonction occipitale où 43° chez les femmes, pour atteindre 52° de 76 à 80
ans [200]. En plus d'une douleur accrue dans la
colonne thoracique supérieure et moyenne, l'aug-
mentation de la cyphose est associée à des pro-
blèmes d'équilibre et à une diminution de la vitesse
de la marche, deux facteurs de risque de chute
[201]. Elle est également associée à un risque
majoré de fracture vertébrale, d'insuffisance cardio-
pulmonaire et de mortalité accrue [202,203,204].
Ainsi, la qualité de vie diminue à mesure que l'angle
de la cyphose augmente.
Une dysfonction somatique thoracique existe
fréquemment chez tous les patients. Ces dysfonc-
tions peuvent avoir leur origine dès la fin de la vie
fœtale, ou à la suite de l'accouchement, quand la
tête du fœtus est comprimée contre le bassin
maternel, en raison des pressions exercées par les
contractions utérines sur le siège fœtal, ou que la
tête et le rachis cervical sont excessivement incli-
nés sur un côté. La dysfonction somatique des
régions cervicale et thoracique supérieure peut
également se produire lors de l'expulsion des
épaules si la naissance est difficile. Pendant l'en-
fance et l'adolescence, les blessures sportives
contribuent également à cette dysfonction soma-
tique. Dans la vie adulte, une mauvaise posture est
une autre étiologie possible, ou un facteur aggra-
vant une dysfonction déjà présente. Ainsi,
lorsqu'une personne vieillit, la tête tend à se
déplacer vers l'avant, les épaules sont plus arron-
dies et la colonne vertébrale thoracique se cyphose.
Cela est particulièrement vrai dans la région tho-
racique supérieure où ces changements contri-
Figure 8.15. Angle de la cyphose.
© Éléonore Lamoglia. buent parfois à former une « bosse de bison ».
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 285

Ces mécanismes posturaux peuvent être évalués physe pubienne sépare le corps en deux moitiés
à travers une analyse de la ligne de gravité. Avec le symétriques. Lorsqu'elle est prolongée vers le sol,
sujet debout sur une plate-forme contenant des elle doit tomber à égale distance des deux pieds.
capteurs de pression, le centre de la distribution des Ensuite, examinez la symétrie du bassin, du
forces par rapport à la position des pieds du sujet thorax, de l'abdomen, et la symétrie et l'aligne-
définit la projection du centre de gravité, et la ligne ment des MI. Notez si la distribution des lignes
de gravité. Chez les sujets de plus de 40 ans, cette de force est égale sur les deux MI. Si la transmis-
ligne de gravité est antérieure à toute la colonne sion des charges est asymétrique, tentez de définir
vertébrale, alors qu'elle passe par L4-L5 chez les la cause de cette asymétrie. Il peut s'agir d'une
sujets jeunes [205]. Dans le plan coronal, la ligne dysfonction d'une articulation du MI, ou cela
de gravité se déplace vers la droite de la colonne peut être lié à une dysfonction de la colonne ver-
vertébrale. Dans de nombreuses études, la colonne tébrale. Enregistrez tout déplacement latéral du
vertébrale, le bassin, le point équidistant des têtes bassin, conséquence possible d'une dysfonction
fémorales et le point équidistant des talons sont contralatérale du grand psoas et/ou d'une ILMI
toujours situés sur la gauche de la ligne de gravité, avec un déplacement du côté de la jambe longue
en raison de la répartition inégale de la masse du [208].
corps de part et d'autre du plan sagittal [206, 207]. Comparez la hauteur des grands trochanters et
des crêtes iliaques qui peuvent révéler une ILMI
ou une dysfonction somatique dans le pied, le
Contribution ostéopathique genou, la hanche ou le bassin. Notez la protrac-
à l'examen physique tion de la ceinture scapulaire et son asymétrie.
Comparez la hauteur des épaules.
et au traitement Observez l'inclinaison latérale ou la rotation de
la tête et le déplacement de la ligne de gravité
L'examen postural est un examen complet du d'un côté. Évaluez la relation entre l'os occipital
corps (voir pour le détail partie II, Examen ostéo- et l'atlas. Normalement, la ligne médiane du
pathique, p. 45). Si possible, cela commence avec visage doit être alignée avec la ligne médiane tho-
le patient debout, pour évaluer sa capacité à faire racoabdominale. Si, au niveau du menton, la ligne
face aux forces de la gravité. Une évaluation plus médiane du visage est déviée vers un côté du
approfondie et le traitement sont effectués en posi- corps, cela peut indiquer une inclinaison latérale
tion décubitus. L'examen postural général donne contralatérale de l'os occipital. Cette inclinaison
un aperçu de l'ensemble des mécanismes fonction- latérale est associée à une rotation occipitale
nels et dysfonctionnels du corps. C'est le contexte contralatérale. En outre, si le menton est déplacé
dans lequel doivent être considérées les dysfonc- vers l'avant, le condyle occipital qui est antérieur
tions plus localisées qui sont responsables ou qui (celui situé du côté opposé à celui de la rotation
contribuent à la plainte principale du patient. occipitale) est dysfonctionnel. Inversement, si le
menton est rentré, la dysfonction est du côté du
condyle postérieur.
Observation et palpation Regardez les os temporaux ; habituellement, les
en position debout oreilles reflètent leur position. Lorsque l'oreille est
décollée, l'os temporal ipsilatéral peut être en
L'observation et la palpation en position debout
rotation externe. Inversement, lorsque l'oreille est
sont réalisées de face, de côté et de dos.
plaquée contre le côté de la tête, l'os temporal est
en rotation interne. Ensuite observez la position
De face
de la mandibule et l'occlusion. Normalement, le
Observez la posture globale du sujet. menton doit être centré sur la ligne médiane du
Normalement, la ligne de gravité qui relie la gla- visage. En cas de déviation du menton de cette
belle au milieu de la fourchette sternale et à la sym- ligne médiane, en règle générale, le menton est
286 Considérations cliniques

dévié du côté de l'os temporal en rotation externe. indique la présence de courbures latérales au
Lorsque cela n'est pas le cas, une dysfonction niveau de la colonne vertébrale, de type-I dans le
somatique de l'ATM peut être suspectée. modèle de Fryette.
Demandez au patient de laisser aller les bras sur
De côté les côtés, et observez à quel niveau les doigts
Regardez l'équilibre postural latéral. Normale- contactent le côté des jambes. Une position asy-
ment, le pore acoustique externe, la tête humérale, métrique de la pointe des doigts peut indiquer
la tête fémorale, le milieu du genou et la malléole une inclinaison latérale vertébrale ou une dysfonc-
latérale doivent être alignés. Évaluez les lordoses tion du MS, y compris de l'épaule.
cervicale et lombale et la cyphose thoracique en Palpez la forme et l'alignement des processus
recherchant des augmentations ou des effacements épineux des vertèbres. Palpez les crêtes iliaques, la
des courbures ou de certaines portions vertébrales. base sacrale et les grands trochanters. Procédez à
Appréciez la posture du cou, regardez en particu- des tests d'écoute (voir partie 2, Examen ostéopa-
lier la région cervicale supérieure. Si la tête est thique, figure 4.3., p. 62) pour mieux identifier les
déplacée vers l'avant, ce qui augmente la lordose dysfonctions précédemment observées et, si néces-
cervicale et modifie le profil du visage, les condyles saire, procédez également à des tests d'amplitude
occipitaux sont probablement déplacés antérieure- du mouvement, des tests de mouvement actif et
ment. Considérez aussi la relation entre la posture passif, y compris le test du déplacement latéral du
de la tête en avant, la lordose cervicale et la cyphose bassin (voir Test de déplacement latéral du bassin,
thoracique. Un déplacement vers l'avant de la tête partie II, Examen ostéopathique, p. 64).
peut être le signe d'une dysfonction de la colonne
cervicale ou d'une compensation de l'augmenta- Test de piétinement de Fukuda
tion de la cyphose thoracique. Très souvent, les
patients âgés, en particulier les femmes, présentent Ce test peut être utilisé pour identifier un dys-
une augmentation des courbures AP cervicale et fonctionnement labyrinthique. En 1959, Tadashi
thoracique supérieure associée à une dysfonction Fukuda décrit ce test afin d'identifier le laby-
somatique impliquant la charnière craniocervicale rinthe le plus faible. Pour ce faire, le sujet, les
ou les vertèbres thoraciques supérieures. La « bosse yeux fermés et les bras tendus, est invité à faire
de bison » – flexion thoracique supérieure mar- une marche sur place de cinquante à cent pas. Ce
quée, associée à une colonne cervicale inférieure faisant, le sujet tourne involontairement par rap-
en extension – est souvent l'expression de ce type port à la position initiale. Normalement, la dévia-
de dysfonction. tion autour de l'axe vertical du corps est comprise
entre 20° et 30°. Un plus grand écart indique
une fonction labyrinthique asymétrique avec un
De dos labyrinthe altéré du côté de la rotation [209].
Examinez la symétrie des repères anatomiques : Toutefois, la fiabilité de ce test pour établir le
les oreilles, les processus mastoïdes, les angles sca- côté de la dysfonction vestibulaire est contestée
pulaires, la hauteur d'épaule, les crêtes iliaques et [210].
les plis poplités. Regardez la ligne inférieure de Le test de piétinement de Fukuda a été
l'implantation capillaire qui reflète potentielle- modifié afin d'évaluer l'influence de l'occlu-
ment la position de l'occiput et du basicrâne. sion dentaire sur la posture. Dans ce cas, le
Souvent, l'inclinaison latérale et la rotation de patient est invité à effectuer la marche sur place
l'occiput sont évidentes. Notez l'alignement des avec et sans contact des dents. Un plus grand
structures médianes : protubérance occipitale, écart lors du test avec contact des dents peut
processus épineux des vertèbres et sillon interglu- indiquer un défaut occlusal. De surcroît, quand
téal. Demandez au patient de se pencher en avant cela est fait avant et après un traitement ostéo-
à partir des hanches. Des gibbosités paraverté- pathique, ce test peut aussi démontrer l'effica-
brales asymétriques peuvent être observées, ce qui cité du traitement.
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 287

Observation et palpation nent dans un examen ostéopathique. De fait, si


en décubitus dorsal une ILMI anatomique est suspectée, une évalua-
tion radiologique peut être nécessaire.
D'autres observations et palpations de la structure Examinez les pieds. Notez les asymétries des
et des fonctions peuvent être accomplies avec le arches longitudinales et transversales. Très sou-
patient en décubitus dorsal. Des différences vent, chez le patient qui vieillit, les pieds sont
peuvent être observées, car dans cette position, le plus plats et plus en pronation. Comparez la posi-
patient n'a pas à répondre aux forces de la gravité. tion des chevilles. Recherchez des déformations
Pour autant, une dysfonction somatique est pré- telles que l'hallux valgus et les orteils en
sente à la fois dans la position debout et dans la marteau.
position décubitus. Si une restriction du mouve- Avec des tests d'écoute, évaluez la motilité
ment observée en position debout dans une inhérente du MRP dans les différents os des
région particulière n'est pas présente lors de l'exa- pieds. Évaluez les articulations tibiofibulaires
men sans mise en charge, cela signale la compen- distales et proximales. Vérifiez le calcanéus, le
sation d'une dysfonction somatique ailleurs dans talus, le cuboïde, l'os naviculaire, ainsi que les
le corps. articulations subtalienne, calcanéocuboïdienne,
Demandez au patient de s'allonger conforta- cunéocuboïdienne et talonaviculaire. Si néces-
blement sur la table d'examen. Observez son saire, procédez à des tests d'amplitude du mou-
attitude globale, l'alignement des différentes vement, et traitez toute dysfonction somatique
parties du corps. Notez toute difficulté à rester identifiée avec les procédures ostéopathiques
en position couchée de façon détendue, ce qui appropriées. Rappelez-vous que les pieds
peut révéler une dysfonction. Ensuite, évaluez affectent la posture, et que réciproquement,
les MI et la longueur des jambes. Avec les mains, toute dysfonction posturale contribue à une
saisissez les deux pieds du patient de telle sorte mauvaise répartition des pressions au niveau
que les talons reposent sur vos paumes. des pieds, ce qui favorise les dysfonctions du
Comparez le niveau des malléoles médiales. pied et les déformations d'orteils.
Parce que cette procédure est effectuée sans Ensuite, comparez les genoux. Recherchez des
mise en charge, cela permet de comparer la dysfonctions entre le tibia, le fémur et la rotule.
contribution de la dysfonction somatique, qui Évaluez l'alignement entre le tibia et le fémur.
entraîne une ILMI fonctionnelle, à une inégalité Notez tout genu varum ou genu valgum, toute
d'ILMI anatomique. Une ILMI fonctionnelle rotation fémorotibiale, et toute translation latérale
peut accompagner un spasme musculaire asymé- ou médiale. Observez la position des cuisses, en
trique, en particulier du muscle carré des lombes notant toute asymétrie dans la flexion des hanches
ou de l'iliopsoas. La présence d'une courbure et dans les rotations latérale et médiale. Lorsque
lombale de groupe fait également remonter le d'un côté, une cuisse révèle une flexion légère-
MI du côté de la concavité de la courbure. ment plus importante au niveau de l'articulation
Considérez aussi l'effet d'une torsion du bassin de la hanche, avec une rotation latérale plus mar-
qui déplace l'acétabulum, et par conséquent le quée, soupçonnez une tension plus grande du
MI, vers le haut du côté du déplacement posté- muscle iliopsoas ipsilatéral.
rieur de l'os coxal, et vers le bas du côté du Confirmez les données de l'observation avec
déplacement antérieur. Ces résultats peuvent des tests d'écoute, et le cas échéant, utilisez
ensuite être comparés avec ceux de l'examen en d'autres tests de mouvement. Traitez toute dys-
position debout, où l'ILMI anatomique est plus fonction somatique identifiée. La normalisation
flagrante. Pour autant, l'appréciation clinique des genoux et des pieds est particulièrement
d'une ILMI, et la différenciation entre une importante pour l'équilibre postural. La plupart
ILMI fonctionnelle et une ILMI anatomique, du temps, les dysfonctions affectant la fibula
est complexe ; en particulier lors de l'évaluation doivent être prises en compte avant le traitement
d'une petite différence d'ILMI, ce qui est perti- du genou ou du pied en raison de son influence
288 Considérations cliniques

sur ces structures. Des deux articulations tibiofi- inférieures, les côtes et les structures myofasciales
bulaires, l'articulation distale est la plus apte à être associées. Les dysfonctions somatiques thora-
le site d'une dysfonction articulaire primaire ciques supérieures sont fréquentes ; elles affectent
[211]. Dans tous les cas, rappelez-vous l'impor- souvent le crâne, la colonne cervicale et l'équilibre
tance de la membrane interosseuse et sa contribu- postural. Traitez toute dysfonction somatique
tion à la dysfonction tibiofibulaire. identifiée.
Notez la position du bassin par rapport à la L'observation et la palpation du neurocrâne se
table d'examen, aux MI subjacents et au thorax font également dans la position couchée. Avec
susjacent. Une déviation latérale du bassin par des tests d'écoute, procédez à un examen com-
rapport à la ligne médiane peut être associée à une plet du crâne avec une prise par la voûte.
dysfonction lombosacrale. Notez toute asymétrie Appréciez la qualité globale des tissus, l'état de
des repères anatomiques : épines iliaques antéro- tension des membranes intracrâniennes et intras-
supérieures, crêtes iliaques et grands trochanters. pinales. Évaluez les différentes zones où existe
Appliquez les tests d'écoute sur les os coxaux, le une tension membraneuse et définissez les zones
sacrum et la colonne lombale, et normalisez les vers lesquelles les membranes sont attirées.
dysfonctions. Évaluez la qualité du PRM, sa fréquence et sa
Observez la cage thoracique. Évaluez le mouve- puissance.
ment respiratoire pulmonaire au repos et l'excur- Portez une attention particulière à la base du
sion diaphragmatique. Le mouvement respiratoire crâne, où l'innervation arrivant et partant du cer-
pulmonaire doit être symétrique, et l'excursion velet peut être affectée. Vérifiez les os temporaux,
diaphragmatique ample et sans entrave. Une dys- où le VIII peut être sous contrainte au niveau du
fonction du diaphragme thoracoabdominal peut méat acoustique interne, ou en raison de la ten-
être associée à un déséquilibre postural, en parti- sion de la membrane durale et de l'augmentation
culier lorsqu'il existe une dysfonction somatique de la pression endolymphatique [212]. Évaluez la
lombale et du muscle grand psoas. Ensuite, éva- position de la partie mastoïdienne de l'os tempo-
luez l'abdomen, et identifiez une obésité excessive ral, en particulier de la pointe du processus. La
pouvant affecter la posture en charge. Appliquez pointe du processus mastoïde est postérieure,
les tests d'écoute sur la cage thoracique et recher- médiale, et haute en rotation externe de l'os tem-
chez les dysfonctions des côtes, du sternum et du poral, et elle est antérieure, latérale et basse en
diaphragme ; palpez la paroi abdominale et le rotation interne. Procédez à la palpation des fonc-
contenu de l'abdomen, puis normalisez toute dys- tions avec des tests d'écoute. À un niveau plus
fonction somatique identifiée. profond, évaluez la motilité des fluides intracra-
Ensuite, observez l'aspect général et la symétrie niaux. Traitez les dysfonctions identifiées en sui-
des épaules et des clavicules. Notez des asymétries vant les principes indirects.
de tension myofasciale dans les MS. Observez la L'observation et la palpation des orbites et des
position de repos de la tête et son degré de flexion, globes oculaires peut suivre. Observez la face, en
d'extension, d'inclinaison latérale et de rotation particulier la symétrie du front, des sourcils, des
par rapport au thorax. Essayez d'identifier l'ori- yeux, des pommettes, et des fosses temporales.
gine de ces malalignments : région cervicothora- Palpez les os frontal, sphénoïde, zygomatiques et
cique, colonne cervicale moyenne ou supérieure. maxillaires et utilisez des tests d'écoute pour
L'inclinaison latérale et la rotation dans la même confirmer les résultats de l'observation. En raison
direction se produisent dans la colonne thora- de leurs insertions myofasciales, toute dysfonction
cique supérieure ou cervicale ; une dysfonction de l'un de ces os aura une incidence sur l'équilibre
essentiellement de rotation se produit entre l'atlas des muscles extraoculaires. De plus, le traitement
et l'axis, une inclinaison latérale et une rotation de la dysfonction affectant les os de la face et les
dans des directions opposées se font dans la char- globes oculaires favorise le drainage lymphatique
nière occipitocervicale. Évaluez les vertèbres cer- des globes. Suivez les principes indirects pour trai-
vicales, thoraciques supérieures, moyennes et ter les dysfonctions.
Chapitre 8. Dysfonctions posturales 289

Conseils au patient hanches, mais aussi dans les régions lombales, tho-
raciques et cervicales de la colonne vertébrale. Les
Le contrôle de l'équilibre est une interaction com- exercices doivent également rechercher la libéra-
plexe entre les entrées sensorielles (systèmes tion des tensions myofasciales dans les muscles
visuel, vestibulaire et proprioceptif), l'intégration tendus, le plus souvent les adducteurs de hanche,
centrale et les réponses neuromusculaires. Pour les ischiojambiers, le droit antérieur, le tenseur du
autant, les performances de l'équilibre peuvent fascia lata et le piriforme. Encouragez votre patient
être améliorées par la pratique de différents exer- à faire des étirements doux, toujours dans les
cices et activités physiques qui stimulent le amplitudes faciles, pour ne pas provoquer des
contrôle de l'équilibre tout en contribuant à son mécanismes réflexes qui augmenteraient la tension
bon vieillissement [213]. musculaire.
Les exercices proprioceptifs sont à envisager. Ils L'amélioration de la force des muscles suivants
renforcent la capacité proprioceptive des structures doit faire aussi partie du programme : vaste médial
musculosquelettiques et stimulent continuellement et latéral du quadriceps fémoral, grand glutéal,
l'intégration sensorimotrice. Pour ces raisons, ils ont moyen glutéal, transverse et droit de l'abdomen et
un effet optimal sur une régulation précise de l'équi- multifide. Le renforcement des muscles exten-
libre. Ils consistent en la pratique d'exercices d'équi- seurs du dos, en particulier, améliore l'équilibre
libre, en mise en charge, avec et sans l'apport de la postural en réduisant la tendance à l'augmenta-
vision pour améliorer le sens de la position. Ils com- tion de la cyphose.
prennent le yoga, le tai-chi et la gymnastique douce, Persuadez le patient de la nécessité de porter
comme l'Autogenic Functional Balancing sm [214]. des chaussures avec des talons bas et de vastes
Les exercices proprioceptifs se concentrent sur la zones de contact afin de réduire le risque de
sensibilisation posturale et vous permettent d'aider chutes. Cela permet également d'éviter la défor-
le patient à prendre conscience de ses mauvaises mation du pied. Pour l'hallux valgus et les autres
habitudes et à apprendre une bonne posture. Cela déformations du pied, encouragez les traitements
commence avec le développement d'une prise de conservateurs autant que possible. Il s'agit notam-
conscience d'un bon contact des plantes du pied ment d'attelles nocturnes pour équilibrer la trac-
avec le sol. La répartition des pressions doit être tion des ligaments environnants, d'exercices de
plus importante au niveau des talons, et moins pieds pour améliorer la souplesse et la force mus-
forte sur l'avant des pieds. Ces exercices doivent culaire, et d'orthèses pour restaurer la fonction du
être effectués sur différents types de surfaces pour pied. Une bande élastique peut être utilisée pour
stimuler la proprioception. Ils doivent également faciliter la proprioception du genou. Lorsque la
inclure des changements dans la base de support, fonction est affectée, les interventions chirurgi-
comme se tenir debout avec les pieds plus ou cales peuvent être nécessaires.
moins séparés, ou debout sur un seul pied. Toute Les patients doivent être contrôlés pour leur
stratégie intensifiant ces exercices, comme ajouter acuité visuelle et doivent porter des lunettes
des mouvements avec les MS, peut être utile dans appropriées. Ils doivent contrôler leur poids pour
la progression [215]. Les habitudes de marche du éviter le stress sur les articulations portantes, en
patient peuvent avoir besoin d'être reconsidérées, particulier sur les genoux.
en particulier la tendance à marcher avec une pos-
ture penchée vers l'avant qui maintient trop la Références
flexion de hanche et contribue au renforcement
des muscles fléchisseurs de la hanche, notamment [1] Standring S, editor. Gray's Anatomy : The anato-
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Chapitre 9
Dysfonctions cardiovasculaires
« An Osteopath must know the shape and position nique. L'élimination – ou la réduction – de
of every bone in the body, as well as that part to l'influence des dysfonctions somatiques et viscé-
which every ligament and muscle is attached. He
must know the blood and the nerve supply. He must rales augmente le confort du patient, ses possibilités
comprehend the human system as an anatomist, fonctionnelles, et accroît sa capacité inhérente d'au-
and also from a physiological standpoint [1]. » toguérison aux points de vue mécanique, neuro-
A.T. Still physiologique et circulatoire. Dès lors, le traitement
par manipulations ostéopathiques peut être utilisé
(« Un ostéopathe doit connaître la forme et la pour sa contribution au traitement de la dysfonc-
position de tous les os du corps, ainsi que la partie tion et de la maladie cardiovasculaire. Il convient
sur laquelle chaque ligament et chaque muscle toutefois de ne jamais l'utiliser sans un diagnostic
sont attachés. Il doit connaître la vascularisation et médical complet ou comme une alternative aux
l'innervation. Il doit appréhender le système humain
comme un anatomiste, mais aussi d'un point de vue normes acceptées de la pratique médicale.
physiologique. »)
Les principes ostéopathiques ont été appliqués
pour le traitement des maladies et dysfonctions Hypertension
cardiovasculaires depuis Still, qui a déclaré : « The
osteopath of practice and skill knows and has L'hypertension artérielle (HTA) est un état dans
demonstrated to his own satisfaction that when he lequel la tension artérielle (TA) est chronique-
adjusts the spine and ribs, the heart acts normally. ment élevée. C'est l'une des plus communes
To him this is not theory but a truth of his own conditions cliniques affectant les personnes âgées.
demonstration [2]. » (« L'ostéopathe expérímenté Aux États-Unis, sa prévalence est d'environ 30 %
et compétent sait et s'est prouvé à lui-même que de la population adulte [3]. Dans le monde, on
quand il ajuste la colonne vertébrale et les côtes, le l'estime à environ 40 %, et c'est la cause d'environ
cœur agit normalement. Pour lui, ce n'est pas une 12,8 % du total des décès [4]. Avec le vieillisse-
théorie, mais une vérité qu'il a personnellement ment, les gros troncs artériels perdent leur disten-
observé. ») Depuis cette époque, plus d'évidences sibilité, ce qui entraîne une augmentation de la
sont disponibles qui nous permettent de discuter pression artérielle systolique. L'incidence de
de la façon dont les principes ostéopathiques se l'HTA est donc plus élevée chez les personnes
rapportent aux dysfonctions cardiovasculaires, âgées, mais aussi chez les femmes et dans les
telles l'hypertension et l'insuffisance cardiaque couches défavorisées. En général, jusqu'à 45 ans,
congestive (ICC), et comment les patients présen- un pourcentage plus élevé d'hommes que de
tant ces conditions peuvent bénéficier d'un traite- femmes ont une TA anormalement élevée. De 45
ment manipulatif ostéopathique (TMO). à 55 ans, le pourcentage d'hommes et de femmes
Toutefois, il faut se rappeler qu'un TMO n'est hypertendus est comparable, alors qu'après
pas un traitement spécifique de la pathologie orga- 55 ans, un pourcentage beaucoup plus élevé de
nique. Il est utilisé de manière appropriée comme femmes ont une HTA [5].
une thérapie complémentaire dans une approche Selon le septième rapport du Joint National
holistique du traitement de la pathologie orga- Committee sur la prévention, la détection,

L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans


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298 Considérations cliniques

Tableau 9.1 rapides dans l'activité du système nerveux auto-


Catégorie Pression artérielle Pression artérielle nome (SNA) ajustent la fonction cardiaque, et le
systolique diastolique système vasculaire pour aussitôt réguler la TA.
Normal < 120 mm Hg < 80 mm Hg Par ailleurs, sur de longues périodes, des heures
Préhypertension 120–139 mm Hg 80–89 mm Hg ou des jours, la libération d'hormones contribue
Stade 1 140–159 mm Hg 90–99 mm Hg
aussi à cette régulation : elles influencent la pression
artérielle grâce à leurs effets sur la physiologie car-
Stade 2 = ou > 160 mm Hg = ou > 100 mm Hg
diovasculaire, et modifient le volume sanguin à tra-
vers leurs actions sur la fonction rénale. La
l'évaluation et le traitement de l'hypertension noradrénaline et l'adrénaline sont libérées par les
artérielle de l'American Heart Association (AHA), médullosurrénales. La rénine libérée par les reins
les critères de l'HTA, chez les adultes âgés de 18 active la formation de l'angiotensine II. L'aldostérone
ans ou plus, sont définis dans le tableau 9.1 [6]. est libérée par la corticosurrénale, et la vasopressine,
Des comorbidités significatives existent, et dans le l'hormone antidiurétique, par l'hypophyse posté-
monde, l'HTA augmente le risque de maladie coro- rieure, i. e. la neurohypophyse. Toutes ces hormones
narienne et d'AVC. D'autres complications sont pos- participent à la régulation de la TA.
sibles, telles une insuffisance cardiaque, une maladie
Baroréflexe
vasculaire périphérique, une insuffisance rénale, une
hémorragie rétinienne, et une déficience visuelle. En Le baroréflexe est une partie du mécanisme nerveux
fait, en 2011, la maladie cardiaque et l'AVC étaient qui contrôle la TA. Il est déclenché par la stimula-
respectivement la première et la quatrième princi- tion des barorécepteurs situés dans plusieurs zones
pales causes de décès aux États-Unis [7]. du système cardiovasculaire. Quand la TA aug-
mente, les parois artérielles sont étirées, ce qui
induit les barorécepteurs à transmettre des influx
t -BQSFTTJPOEJBTUPMJRVFDPSSFTQPOEËMBQSFTTJPOBSUÏ- afférents au SNC, entraînant des signaux de rétroac-
SJFMMFNFTVSÏFMPSTEFMBQIBTFEFSFMÉDIFNFOUEVD”VS  tion qui maintiennent l'homéostasie circulatoire.
PVEJBTUPMF Les barorécepteurs sont des terminaisons ner-
t -BQSFTTJPOTZTUPMJRVFFTUMBQSFTTJPOBSUÏSJFMMFNFTV- veuses sensibles à l'étirement et hautement spécia-
SÏF MPST EF MB QIBTF EF MB DPOUSBDUJPO EV D”VS  PV lisées. On les trouve dans les parois d'un certain
TZTUPMF nombre de grandes artères systémiques, dont
t -BQSFTTJPOQVMTÏFDPSSFTQPOEËMBEJGGÏSFODFFOUSFMF presque toutes les grandes artères de la région
QJD TZTUPMJRVF EF QSFTTJPO FU MB QSFTTJPO EF GJO EF thoracique et du cou. Ces récepteurs sont particu-
EJBTUPMF
lièrement abondants dans le sinus carotidien, la
légère dilatation de l'artère carotide commune
Contrôle de la pression artérielle lors de sa bifurcation en carotides interne et
externe, et dans la paroi de la crosse aortique. Lors
La TA résulte à la fois du débit cardiaque et de la de la palpation du cou, rappelez-vous que le sinus
résistance vasculaire systémique. Toutefois, un carotidien est situé en avant du muscle sternocléi-
mécanisme régulateur existe afin de maintenir une domastoïdien, dans le plan transversal reliant le
TA normale et de fournir une perfusion adéquate bord supérieur du cartilage thyroïde et le bord
de tous les systèmes de tissus et différents organes. inférieur de C4. La stimulation de ses barorécep-
Ce mécanisme est composé de plusieurs facteurs teurs provoque une augmentation de la stimula-
hormonaux et neuraux locaux et systémiques en tion parasympathique du cœur, ce qui peut induire
interaction étroite, en réponse à tout changement une bradycardie et une syncope.
aigu ou chronique de la TA enregistré par les Les barorécepteurs du sinus carotidien envoient
barorécepteurs. Les barorécepteurs informent des signaux à travers les nerfs de Hering, branches
constamment le système nerveux central (SNC) des nerfs glossopharyngiens (IX), au noyau du
de l'état de la TA. En réponse, des changements tractus solitaire (NTS) dans la moelle du tronc
Chapitre 9. Dysfonctions cardiovasculaires 299

cérébral. Les barorécepteurs aortiques envoient La division sympathique du SNA envoie aussi
des signaux au NTS à travers les nerfs de Cyon, des fibres au cœur. Quand elles sont stimulées, ces
branches du nerf vague (X). Les barorécepteurs fibres augmentent à la fois la fréquence du cœur,
artériels permettent un contrôle de chaque instant sa force et son volume d'éjection. La stimulation
de la TA. Toutefois, leur rôle dans la régulation à sympathique affecte également le retour veineux
long terme de la TA est encore débattu. et lymphatique. L'oscillation de basse fréquence
Les influx des barorécepteurs sont intégrés dans de l'activité baroréflexe augmente le tonus des
la moelle allongée, avec en retour un équilibre de la vaisseaux de résistance qui, en combinaison avec
pression artérielle vers le niveau normal par l'inter- les valvules des veines et des vaisseaux lympha-
médiaire de l'action du SNA sur la circulation. tiques, augmente le retour du flux sanguin vers le
Lorsque la pression artérielle systémique est aug- cœur. En revanche, la division parasympathique
mentée, l'influx sympathique efférent est inhibé, ce du SNA à travers le nerf vague (X) ralentit la fré-
qui réduit le tonus vasculaire, la fréquence car- quence cardiaque, mais elle n'a pas d'effet direct
diaque et la contraction du muscle cardiaque, alors sur le tonus vasculaire périphérique.
qu'une augmentation du parasympathique diminue L'innervation sympathique du cœur provient
la fréquence cardiaque. La TA décline à la fois par de neurones préganglionnaires ayant leurs corps
une diminution de la résistance périphérique et par cellulaires dans la corne intermédiolatérale de la
une diminution du débit cardiaque. Avec une moelle épinière entre T1 et T4. Paradoxalement,
diminution de la pression artérielle systémique, le les ventricules sont innervés par les segments tho-
contraire se produit. Cette alternance donne les raciques supérieurs, alors que les segments infé-
oscillations de Traube-Hering observées dans la TA rieurs innervent les atrias (oreillettes). Ces fibres
et la vitesse du flux sanguin, clairement associées à préganglionnaires cheminent à travers les rameaux
l'impulsion rythmique crânienne, et qui peuvent communicants blancs pour synapser dans un gan-
être affectées par les TMO crâniens [8–10]. glion situé au même niveau spinal que celui d'où
Outre les barorécepteurs, la TA est également elles proviennent, ou elles montent le long de la
contrôlée par les chémorécepteurs situés dans le chaîne paravertébrale pour synapser dans le gan-
corpuscule carotidien (glomus), une structure de glion cervical. De ces ganglions, les fibres post-
5 mm située en arrière de la bifurcation caroti- ganglionnaires forment les nerfs cardiaques
dienne et le long de la crosse de l'aorte. Lorsque la sympathiques. Dès lors, une dysfonction soma-
TA descend sous un niveau critique, la diminution tique impliquant les segments spinaux de la région
du flux sanguin entraîne une diminution de la T1-T4, en raison de la facilitation segmentaire qui
concentration en oxygène et une augmentation de lui est associée, peut produire des réflexes somato-
la concentration en dioxyde de carbone et en viscéraux avec une augmentation de la stimulation
hydrogène. Cela déclenche une réponse réflexe des sympathique du myocarde. Une augmentation du
chémorécepteurs à travers les nerfs de Hering et les tonus sympathique peut précipiter une tachycar-
nerfs de Cyon qui la signalent au centre vasomo- die sinusale et une irritabilité ventriculaire avec des
teur du tronc cérébral afin d'augmenter la pression contractions ventriculaires prématurées.
artérielle vers un retour à la normale (figure 9.1). L'innervation parasympathique du cœur pro-
vient de neurones, à la fois du noyau vagal dorsal,
Système nerveux autonome qui se trouve sous le plancher du quatrième
Le contrôle neural de la TA dépend principale- ventricule, et du noyau ambigu de la moelle allon-
ment du SNA. La division sympathique du SNA gée. Le X sort du crâne par le foramen jugulaire,
contrôle le système vasculaire de presque tous les et certaines de ses fibres forment des branches car-
tissus. La stimulation sympathique des petites diaques vagales qui synapsent dans les plexus
artères et artérioles augmente la résistance au flux cardiaques et les parois atriales. Une dysfonction
sanguin, et la stimulation des gros vaisseaux dimi- de la base du crâne entre la partie pétreuse de l'os
nue leur volume, poussant le sang vers le cœur, temporal et l'occiput peut compromettre le X à sa
affectant ainsi la pompe cardiaque. sortie du crâne. Une dysfonction somatique
300 Considérations cliniques

#ENTRE CARDIOVASCULAIRe
DANS LE BUBLE
Barorécepteurs
dans les corpuscules carotidiens

PA PA

LACTIVITÏ DES BARORÏCEPTEURS LACTIVITÏ DES BARORÏCEPTEURS

Barorécepteurs
dans l’arc aortique

des impulsions des impulsions


parasympathiques sympathiques
s la fréquence cardiaque s la fréquence cardiaque
s la force de la contraction s la force de la contraction
cardiaque
cardiaque

DE LACTIVITÏ SYMPATHIQUe DE LACTIVITÏ SYMPATHIQUE

s VASODILATATION s VASOCONSTRICTIOn

Figure 9.1. Réflexe


issu des
barorécepteurs.
PA PA Source : Waugh A., Grant
A., Anatomie et physiologie
normales et pathologiques,
Issy-les-Moulineaux, Elsevier
Masson, 2007, p. 97.

cervicale supérieure est également liée à des contribuent au contrôle de la TA par des ajuste-
réflexes somatoviscéraux vagaux. Une hyperacti- ments du volume des liquides extracellulaires, et
vité vagale est associée à une bradycardie et à des par le système rénine-angiotensine pour un contrôle
arythmies. En raison des relations ci-dessus, toute à long terme. Lorsque la pression artérielle devient
dysfonction somatique affectant particulièrement trop faible, la rénine – une enzyme protéine – est
la partie supérieure du rachis thoracique, les ver- libérée par les reins. La rénine agit par voie enzyma-
tèbres cervicales supérieures, et la base du crâne tique sur la globuline (angiotensinogène produite
doit être recherchée et traitée chez les sujets qui dans le foie), pour libérer un peptide, l'angioten-
présentent une TA dysfonctionnelle (figure 9.2). sine I. Une conversion se produit alors, activée par
l'enzyme de conversion de l'angiotensine qui trans-
Système rénine-angiotensine forme l'angiotensine I en angiotensine II. Cela se
Alors que le SNA assure principalement le contrôle à produit surtout dans les poumons, mais aussi dans
court terme de la TA en ajustant constamment la d'autres tissus tels les reins et les vaisseaux sanguins.
résistance et la capacitance vasculaire périphérique, L'angiotensine II est un puissant vasoconstricteur
ainsi que la capacité de pompage du cœur, les reins qui peut rapidement produire une vasoconstriction
Chapitre 9. Dysfonctions cardiovasculaires 301

Noyau moteur dorsal du nerf vague

Sympathique préganglionnaire
Sympathique postganglionnaire
Parasympathique préganglionnaire
Parasympathique postganglionnaire
Moelle

Nerfs vagues

Rameaux cardiaques cervicaux


et thoraciques du vague

Moelle
épinière cervicale

Ganglion
sympathique
cervical

Niveaux médullaires
T1-T4

Rameau
communicant
Nerfs cardiaques blanc
Plexus cardiaque cervicaux et thoraciques

Figure 9.2. Innervation efférente viscérale (motrice) du coeur (sympathique et parasympathique).


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 120.

dans de nombreuses régions du corps. Cela arrive la réabsorption de sodium et d'eau dans le sang et
beaucoup plus dans les artérioles que dans les la libération de potassium dans l'urine. Cela aug-
veines. En conséquence, la résistance périphérique mente progressivement le volume du liquide
totale est augmentée, ce qui contribue à l'augmen- extracellulaire, et augmente la TA. Ainsi, la TA
tation de la pression artérielle. peut être contrôlée par ce mécanisme à long
L'angiotensine II stimule également la sécré- terme. De fait, ce sont diverses interactions entre
tion de l'hormone aldostérone par les glandes surré- le système nerveux et le système rénine-
nales. L'aldostérone affecte les reins, augmentant angiotensine-aldostérone qui contrôlent la TA.
302 Considérations cliniques

Physiopathologie nitialisés à une tension plus élevée, avec une


de l'hypertension réduction progressive de la sensibilité baroréflexe
artérielle.
L'hypertension peut être essentielle ou secon- L'hypertension peut aussi résulter d'une dys-
daire. L'HTA essentielle (aussi appelée HTA pri- fonction du système rénine-angiotensine-aldostérone
maire ou idiopathique) se développe à partir de qui régule le volume des liquides extracellulaires
causes incertaines et représente plus de 90 % des et la résistance périphérique. La résistance péri-
cas d'HTA [11]. L'HTA secondaire se développe phérique accrue, un facteur contributif à l'HTA
comme la conséquence d'un problème médical, reconnu, est influencée par plusieurs mécanismes,
telles les maladies rénovasculaire, rénale chro- dont le système rénine-angiotensine-aldostérone.
nique, de la thyroïde et l'apnée du sommeil. Une Normalement, le tonus vasculaire et la régula-
consommation excessive de réglisse, certains tion de la prolifération intimale vasculaire sont
remèdes à base de plantes et les drogues illicites contrôlés par le monoxyde d'azote (NO), dérivé
peuvent également contribuer au développement de l'endothélium. En revanche, une dysfonction
de l'HTA secondaire. endothéliale résulte en une augmentation de
Une interaction de multiples facteurs géné- l'inactivation et/ou une réduction de la synthèse
tiques et épigénétiques semblent être à l'origine de NO, conduisant à l'inflammation vasculaire et
de l'HTA essentielle. L'influence génétique sur la au vasospasme [19]. Cela se produit dans l'HTA,
TA a été confirmée par plusieurs études [12, et des évidences suggèrent que le stress oxydatif
13]. De nombreux loci génétiques ont été trou- joue un rôle important dans cette altération endo-
vés, avec pour chacun d'eux des effets potentiels théliale [20].
sur la TA [14]. L'augmentation du stress oxydatif est impli-
Les facteurs épigénétiques sont bien connus et quée dans le développement de plusieurs mala-
comprennent l'obésité, la résistance à l'insu- dies liées à l'âge [21]. En effet, l'HTA tend à
line, une forte consommation d'alcool (plus augmenter chez les personnes âgées, où les chan-
d'un verre par jour pour les femmes et plus de gements de la fonction baroréflexe affectent le
deux verres par jour pour les hommes), un contrôle de la TA [22]. Avec le vieillissement, il
apport en sel élevé, le vieillissement, la sédenta- existe également une diminution de l'élasticité
rité et le stress. En revanche, la modification du dans la compliance de l'artère carotide commune
mode de vie (perte de poids, réduction de la [23]. Cette rigidification peut atténuer les effets
consommation de sodium et d'alcool et activité des stimuli appliqués sur les barorécepteurs,
physique accrue) peut améliorer la TA à des contribuant à la dysfonction baroréflexe qui sur-
degrés divers [15]. vient avec l'âge [24]. L'athérosclérose peut éga-
L'exposition au stress contribue grandement au lement être un facteur qui rigidifie les artères. En
développement de l'HTA [16]. L'activation du outre, la régulation du SNA est altérée avec l'âge,
système sympathique est reconnue comme pro- le tonus sympathique est notamment augmenté,
cessus qui à la fois initie et maintient l'élévation de avec une diminution significative de l'activité
la TA [17]. L'hyperréactivité de l'axe hypotha- parasympathique nocturne qui se manifeste par
lamo-hypophyso-surrénalien (HHS) peut aussi être une baisse constante de la modulation vagale car-
un facteur de risque pour l'HTA par la libération diaque [25].
de cortisol en réponse au stress [18]. L'hypertension est un facteur de risque majeur
Dans le contrôle de la TA, le baroréflexe joue d'accident vasculaire cérébral, d'infarctus du
un rôle primordial, et normalement, après une myocarde et d'insuffisance cardiaque. Elle peut
modification suffisante de la TA, des signaux être associée à de possibles complications, telles la
baroréflexes sont transmis au SNC afin de mainte- rétinopathie hypertensive et la néphropathie
nir l'homéostasie circulatoire. Cependant, chez les hypertensive. Par conséquent, les patients hyper-
patients hypertendus, il y a une insuffisance de la tendus doivent être suivis médicalement, avec le
fonction baroréflexe et les barorécepteurs sont réi- TMO employé seulement pour sa contribution
Chapitre 9. Dysfonctions cardiovasculaires 303

(IC) : « […] un syndrome causé par une dysfonc-


tion cardiaque, résultant généralement d'une dys-
fonction ou d'une perte du myocarde, et
Modifications
dans la pression
caractérisé par une dilatation et/ou une hypertro-
artérielle phie ventriculaire gauche. Que la dysfonction soit
principalement systolique ou diastolique ou mixte,
cela conduit à des anomalies neuro-hormonales et
Cœur
Modifications Barorécepteurs circulatoires, qui entraînent en général des symp-
détectent les
dans la fréquence
modifications
tômes caractéristiques tels une rétention d'eau, un
cardiaque et le
débit systolique de la PA essoufflement et une fatigue, surtout à l'effort. En
Centres
supérieurs l'absence d'intervention thérapeutique appro-
par ex. priée, habituellement l'IC progresse, à la fois au
Vaisseaux sanguins hypothalamiques
Vasoconstriction niveau de la fonction cardiaque et des symptômes
ou vasodilatation cliniques. La sévérité des symptômes cliniques
peut varier considérablement au cours du proces-
sus pathologique et peut ne pas être corrélée avec
des changements dans la fonction cardiaque sub-
Centre
jacente. Bien que l'IC soit progressive et souvent
Chémorécepteurs
cardiovasculaire détectent fatale, les patients peuvent être stabilisés, et la
dans le bulbe et le pont les modifications fonction et le remodelage myocardiques peuvent
du taux sanguin
de CO2 par ex.
s'améliorer, soit spontanément, soit à la suite
d'une thérapie. En termes physiologiques, l'IC est
Figure 9.3. Résumé des principaux mécanismes de un syndrome caractérisé par une congestion vei-
contrôle de la pression artérielle.
Source : Waugh A., Grant A., Anatomie et physiologie normales et neuse pulmonaire et/ou systémique, et/ou une
pathologiques, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, 2007, p. 96. oxygénation périphérique insuffisante, au repos
ou en période de stress, causés par la dysfonction
cardiaque [29]. »
complémentaire. D'un point de vue ostéopa- L'insuffisance cardiaque est un syndrome cli-
thique, il est intéressant de considérer l'impor- nique de prévalence croissante, avec une morbi-
tance du SNA et du baroréflexe dans le dité et une mortalité importantes. Parmi les
développement de l'HTA, et comment la dys- individus qui, à 50 ans, n'ont aucune maladie car-
fonction somatique, impliquant en particulier le diovasculaire (MCV), la probabilité de l'appari-
crâne, la colonne cervicale supérieure et la région tion d'une MCV pendant le reste de leur vie est de
thoracique supérieure, peut affecter leur physio- plus de 50 % pour les hommes, et de près de 40 %
logie. Parce que l'objectif d'une approche ostéo- pour les femmes [30]. Selon la World Heart
pathique est d'éliminer ou de diminuer l'influence Failure Society (Association mondiale de l'insuffi-
de la dysfonction afin de soutenir la capacité inhé- sance cardiaque), la prévalence moyenne de l'in-
rente du corps à l'autoguérison, le TMO est suffisance cardiaque est comprise entre 2 et 2,5 %
recommandé comme une approche thérapeu- dans le monde occidental, avec une augmentation
tique intégrée dans l'HTA essentielle [26–28] importante de ce nombre lorsque les personnes
(figure 9.3). vieillissent [31]. L'insuffisance cardiaque conges-
tive (ICC) est un état physiopathologique dans
lequel le cœur défaillant ne peut plus pomper suf-
Insuffisance cardiaque fisamment de sang pour répondre aux besoins
hémodynamiques de l'organisme. Il s'agit d'une
La Heart Failure Society of America (Société de maladie chronique secondaire, qui se développe
l'insuffisance cardiaque d'Amérique) donne la généralement au fil du temps, à partir de l'IC
définition suivante de l'insuffisance cardiaque (figure 9.4 ; figure 9.5).
304 Considérations cliniques

Artère Artère cardiaque systolique est la plus courante. Elle sur-


pulmonaire pulmonaire
droite gauche vient lorsque le cœur ne se contracte pas correcte-
ment ou que la résistance périphérique est trop
Aorte grande, et la force nécessaire pour la circulation
Veine sanguine insuffisante. L'insuffisance cardiaque
cave
supérieure
Veines diastolique survient lorsque le cœur ne peut pas se
pulmonaires
AG gauches relâcher correctement, ce qui provoque une accu-
AD mulation de liquides, en particulier dans les
membres inférieurs. Souvent, cela est associé à
une TA élevée et à une hypertrophie du
Veine
cave VG myocarde.
inférieure
VD
"V SFQPT  MF EÏCJU DBSEJBRVF FTU FOWJSPO EF  MNJO *M
WBSJF FO GPODUJPO EFT DJSDPOTUBODFT  UFMMFT RVF FGGPSU 
ÏUBU EhIZESBUBUJPO  BOÏNJF  HSPTTFTTF "JOTJ  QFOEBOU
Figure 9.4. Direction du flux sanguin dans le cœur.
Source : Waugh A., Grant A., Anatomie et physiologie normales et MhFGGPSU BWFDMhBVHNFOUBUJPOEFMBGSÏRVFODFDBSEJBRVF 
pathologiques, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, 2007. MFEÏCJUDBSEJBRVFBVHNFOUFFUQFVUBUUFJOESFVOFWBMFVS
EFMNJO
RESPIRATION EXTERNE

Quand le cœur est endommagé, comme après


un infarctus du myocarde, le débit cardiaque
peut être sérieusement réduit. Cela déclenche
Veines
pulmonaires
des réflexes au niveau des barorécepteurs et des
Artères chémorécepteurs qui, à leur tour, stimulent le
pulmonaires
AG
Cœur système nerveux sympathique (SNS). En consé-
AD
quence, la stimulation sympathique active ce qui
VG
VD
reste de la musculature ventriculaire et accroît le
tonus des vaisseaux sanguins pour augmenter le
retour veineux. En outre, la diminution du débit
Veines Artères
cardiaque entraîne une diminution du débit
AD – Atrium droit
systémiques
VD – Ventricule droit systémiques rénal, d'où rétention de liquides dans l'orga-
AG – Atrium gauche
VG – Ventricule gauche
nisme et augmentation du volume sanguin circu-
lant (précharge), donc du retour veineux et du
travail du cœur. Après plusieurs jours ou plu-
sieurs semaines, et avec le retour vers un débit
cardiaque et une rétention d'eau presque nor-
maux, le patient va développer une insuffisance
cardiaque compensée. Ainsi, les patients peuvent
RESPIRATION INTERNE
ignorer des lésions cardiaques si le dommage
Figure 9.5. Respiration externe et respiration interne. s'est produit petit à petit, avec chaque fois une
Source : Waugh A., Grant A., Anatomie et physiologie normales et
pathologiques, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, 2007, p. 88. compensation. Néanmoins, lors d'activités phy-
siques intenses, le cœur n'est pas capable d'aug-
Physiopathologie de l'insuffisance menter de façon appropriée sa capacité de
cardiaque congestive pompage et le patient ressent les symptômes de
l'insuffisance cardiaque.
L'insuffisance cardiaque congestive peut être clas- Dans les cas de graves lésions cardiaques avec
sée comme systolique ou diastolique. L'insuffisance une compensation insuffisante, le débit cardiaque
Chapitre 9. Dysfonctions cardiovasculaires 305

est réduit et la rétention d'eau augmentée. Avec Ainsi, avec les patients qui souffrent d'ICC,
cette augmentation de la quantité des fluides cor- l'activation initiale du SNS entretient le cœur
porels, le patient développe un œdème. C'est défaillant en stimulant la contractilité du tissu
l'insuffisance cardiaque décompensée qui peut musculaire, améliorant le débit systolique et la
conduire à la mort. vasoconstriction périphérique afin de préserver la
Le vieillissement est lié au déclin de la structure perfusion artérielle. Néanmoins avec le temps,
et de la fonction. À ce titre, le cœur vieillissant cela contribue à une décompensation cardiaque et
développe un certain degré d'hypertrophie ventri- à une insuffisance cardiaque [35].
culaire gauche associée à une augmentation du En fait, l'ICC est un syndrome complexe avec
poids du cœur, même s'il n'y a pas de source dis- une composante de dysfonction du SNA, compre-
tincte d'augmentation de la post-charge. En nant une activation de la division sympathique et
outre, le cœur démontre une augmentation de la une diminution de l'activité vagale. Habituellement,
durée de contraction et un certain retard dans la le traitement de l'insuffisance cardiaque se
relaxation qui peut contribuer à la susceptibilité concentre sur l'inhibition du SNS activé, par l'uti-
du patient âgé à l'insuffisance cardiaque diasto- lisation de bêtabloquants et/ou un entraînement
lique [32]. Les vaisseaux qui vieillissent présentent physique. Plusieurs études suggèrent également
aussi des changements physiques, incluant une qu'une stimulation vagale périodique pourrait
hypertrophie et une rigidité vasculaire, qui avoir des effets positifs importants sur un cœur
peuvent être considérées comme la phase prodro- défaillant et dans l'insuffisance cardiaque [36, 37].
mique de la maladie athéroscléreuse et peuvent En effet, il semble que la dysfonction vagale pré-
jouer un rôle dans l'augmentation des pressions sente dans l'IC puisse être réversible [38]. Par
systolique et pulsée. conséquent, il serait possible de redéfinir le tonus
Par ailleurs, comme nous l'avons déjà signalé, autonome pour un meilleur équilibre physiolo-
avec l'âge, des changements se produisent dans la gique [39], et la stimulation vagale périodique
physiologie baroréflexe. Le réflexe barorécepteur- chez les patients souffrant d'IC serait un traite-
fréquence cardiaque semble être compromis, ment possible. Un tel traitement est effectué médi-
même si le contrôle de la pression artérielle paraît calement par l'utilisation d'un neurostimulateur
mieux préservé. La modulation vagale cardiaque implantable qui délivre des impulsions électriques
démontre constamment un affaiblissement asso- à faible courant pour stimuler le nerf vague [40].
cié au vieillissement [33]. En soi, ces changements
peuvent contribuer au développement de l'IC,
par une diminution de la fonction sympatho-inhi- Fonction cardiovasculaire
bitrice des réflexes barorécepteurs artériels, et et la dysfonction somatique
une augmentation des réflexes cardiaques affé-
rents sympatho-excitateurs et chémorécepteurs Normalement, le sang de la périphérie arrive dans
artériels. la cage thoracique à l'atrium droit, où il passe dans
L'insuffisance cardiaque est associée à une le ventricule droit qui pompe le sang vers les pou-
réduction chronique du flux sanguin tissulaire, mons. Le sang oxygéné provenant des poumons
ce qui peut en retour influencer la fonction du pénètre ensuite dans l'atrium gauche, et s'écoule
corpuscule carotidien, en particulier l'activation dans le ventricule gauche. Le ventricule gauche
chémoréflexe de l'activité sympathique, jouant pompe le sang dans l'aorte puis dans toutes les
ainsi un rôle dans le déséquilibre autonome vu parties du corps. Le sang périphérique est renvoyé
dans l'ICC [34]. De plus, une dysfonction de la au cœur grâce à l'interaction entre les oscillations
régulation sympathique centrale due à des alté- de la vasomotricité, l'action de la « pompe muscu-
rations de l'axe rénine-angiotensine-aldostérone laire » au niveau appendiculaire, et l'action cen-
et du système des cytokines contribue aussi au trale de la « pompe cardiaque ». Il est important de
dérèglement de la division sympathique du réaliser que ce mécanisme circulatoire doit fonc-
SNA. tionner dans un état d'équilibre dynamique entre
306 Considérations cliniques

ses composantes centrales et périphériques. Cet le rapport entre le volume d'éjection et le volume
équilibre peut être compromis par l'impact méca- diastolique final qui est normalement de 59 à
nique et neurophysiologique de la dysfonction 75 %, et une diminution du débit cardiaque.
somatique. Divers aspects de la physiopathologie Notons, que cela peut être présent, même avec
de l'IC, y compris l'augmentation du tonus adré- une fonction cardiaque normale, à la suite d'une
nergique bêta et l'altération de la réponse baroré- diminution de la précharge. Une insuffisance car-
flexe, sont également associés à la dysfonction diaque systolique se produit lorsque le cœur est
somatique. Par ailleurs, la facilitation spinale tho- incapable de se contracter de manière adéquate
racique supérieure résulte en une augmentation (diminution de l'état inotrope), et/ou lorsque
de la stimulation sympathique du myocarde [41, l'augmentation de la post-charge dépasse la capa-
42]. Ainsi, le diagnostic et le traitement de la dys- cité contractile du myocarde.
fonction somatique peuvent être intégrés dans le La performance cardiaque est affectée de
traitement des patients souffrant d'IC pour atté- manière significative, à n'importe quel niveau ino-
nuer cette source de stress sur un cœur déjà trope ou quantité de post-charge, par la précharge.
compromis. La distribution du volume sanguin est parmi les
principaux déterminants de la précharge [43]. La
distribution du volume sanguin entre les compar-
-F WPMVNF EhÏKFDUJPO TZTUPMJRVF FTU MF WPMVNF TBOHVJO
timents intra- et extrathoraciques affecte la pré-
ÏKFDUÏQBSDIBRVFWFOUSJDVMFQBSNJOVUF$FWPMVNFFTU
EF  NM QBS CBUUFNFOU FU EF  MJUSFT QBS KPVS *M charge et est déterminée par plusieurs facteurs qui
EÏQFOEEFMBGPSDFEFDPOUSBDUJPOEVWFOUSJDVMFFUEFMB peuvent être affectés par l'état fonctionnel du sys-
QPTUDIBSHF  i. e. MFT GPSDFT RVJ ThPQQPTFOU Ë MB GPSDF tème musculosquelettique. Ces facteurs incluent :
EhÏKFDUJPO-BQSÏDIBSHFDPSSFTQPOEBVTBOHRVJFOUSF 1 la posture debout ;
EBOTMFTWFOUSJDVMFTBWBOUMFVSDPOUSBDUJPO 2 la pression intrapéricardique ;
3 l'oscillation tonique du baroréflexe ;
4 la pompe musculaire ;
5 la pression négative intrathoracique.
Circulation systémique générale Posture debout
Le débit cardiaque est le résultat d'une interaction La posture debout augmente le volume sanguin
complexe entre la capacité de pompage du cœur extrathoracique et diminue le volume sanguin
et de la dynamique de la circulation périphérique. intrathoracique, réduisant la précharge et par
La force de contraction des ventricules est une conséquent le volume d'éjection. Dans la position
fonction de la longueur en fin de diastole du debout, la gravité tend à maintenir les liquides
muscle cardiaque qui est étroitement corrélée au dans les zones du corps qui sont extrathoraciques.
volume ventriculaire télédiastolique (volume de Si les facteurs 3, 4, et 5 sont compromis, les
sang dans le ventricule gauche en fin de diastole). liquides ont tendance à s'accumuler dans ces
Le volume d'éjection cardiaque correspond direc- zones et la précharge n'augmente pas avant que le
tement au volume de sang qui revient au cœur patient s'allonge, soulignant la capacité limitée du
(précharge), en même temps qu'à la longueur de la patient souffrant d'IC.
fibre musculaire cardiaque, et inversement à la
résistance artérielle (post-charge). Le volume Pression intrapéricardique
d'éjection ventriculaire est par conséquent le La pression intrapéricardique définit physique-
résultat de la précharge au début de la contraction ment les limites du volume en fin de diastole
ventriculaire, de la relation force-vitesse-longueur, ventriculaire. La tension péricardique (ou épan-
ou état inotrope du muscle, et de la post-charge, chement) limite la capacité ventriculaire à gérer
la force que le muscle doit développer pour une la précharge ou à surmonter la post-charge en
contraction efficace. L'insuffisance cardiaque dias- limitant physiquement le volume ventriculaire en
tolique est la dépression de la fraction d'éjection, fin de diastole. Notons ici que la pression intra-
Chapitre 9. Dysfonctions cardiovasculaires 307

péricardique est potentiellement affectée par une baroréflexe, telle qu'elle se manifeste dans la
dysfonction fasciale influençant le médiastin. À vitesse du flux sanguin périphérique peut être aug-
ce titre, l'impact de l'équilibre fonctionnel de la mentée par le TMO crânien [45].
cage thoracique et du diaphragme thoracoabdo-
minal sur les fascias du médiastin est de grande « Pompe musculaire »
importance. De plus, en raison des principes de La pompe musculaire, i. e. la contractilité musculaire
tenségrité, toute dysfonction fasciale à distance appendiculaire, déplace le sang veineux et la lymphe
du thorax peut également influencer le péricarde vers le cœur. Le mouvement des muscles change
(voir partie I, Ostéopathie, fascia, fluides et dynamiquement les tensions fasciales, ce qui com-
mécanisme respiratoire primaire, p. 27). prime les vaisseaux adjacents où les valvules
empêchent le flux rétrograde du sang veineux et de
Oscillation tonique du baroréflexe la lymphe et favorisent leur progression vers le cœur.
L'oscillation tonique du baroréflexe contracte les Cela réduit le volume de sang extrathoracique tout
muscles lisses des parois des vaisseaux périphériques en augmentant le volume sanguin intrathoracique et
de manière intermittente. Dans le système artériel, le volume ventriculaire de fin de diastole. La dysfonc-
cela crée l'oscillation de la pression artérielle et de la tion somatique, en particulier de la colonne verté-
vitesse du flux sanguin, et cela module la post- brale lombale, du sacrum, du bassin et des membres
charge. Dans les parois des veines et des gros vais- inférieurs, peut potentiellement nuire à l'efficacité de
seaux lymphatiques, cela draine le sang et la lymphe la pompe musculaire des membres inférieurs.
vers le cœur, agissant en harmonie avec les facteurs
4 et 5, pour compenser la réduction de la précharge Pression intrathoracique moyenne négative
et augmenter le volume en fin de diastole. La pression intrathoracique moyenne négative,
Le gradient de pression du retour veineux est la augmentée par la baisse de la pression intrathora-
pression systémique moyenne de remplissage. cique lors de l'inspiration, attire normalement le
Bien que le débit du retour sanguin vers le cœur sang et la lymphe dans la poitrine. Par conséquent,
soit le résultat de facteurs cardiaques et de facteurs cela augmente la précharge et le volume ventricu-
périphériques, dans une large mesure ce débit est laire de fin de diastole.
déterminé par la pression systémique moyenne de La position du diaphragme thoracoabdominal
remplissage. En raison de la capacitance des entre les cavités thoracique et abdominale crée
veines, jusqu'à vingt fois supérieure à celle des une « pompe à deux chambres » qui attire le sang
artères, la pression systémique moyenne de rem- et la lymphe vers le cœur. Lors de l'inspiration, la
plissage est principalement une conséquence du cage thoracique s'expanse activement dans toutes
tonus vasculaire dans le système veineux. Si la ses dimensions. Le diaphragme se contracte et son
résistance périphérique totale est augmentée de dôme descend. Cela diminue la pression intratho-
20 % uniquement par la vasoconstriction arté- racique et dans le même temps, la descente du
rielle, le retour veineux est diminué d'environ 6 %. diaphragme comprime le contenu abdominal,
Si cette même augmentation de 20 % de la résis- entraînant une augmentation de la pression intra-
tance périphérique se produit par une vasocons- abdominale [46]. Ensuite, lors de l'expiration, la
triction veineuse, la diminution du retour veineux cage thoracique revient passivement, et le
est multipliée par neuf, à environ 53 % [44]. diaphragme se détend et monte de nouveau dans
Ainsi, le capaciteur fonctionnel au sein du sys- le thorax, ce qui entraîne une diminution de la
tème circulatoire périphérique est principalement pression intra-abdominale et une augmentation
veineux. Le système lymphatique contribue égale- de la pression intrathoracique. Cette alternance
ment à cette capacitance périphérique. Cette capa- du gradient de pression entre les cavités intratho-
citance et son effet sur la précharge, le tonus racique et intra-abdominale, en association avec
artériel et la post-charge sont modulés par l'oscil- les valvules antireflux des veines et des vaisseaux
lation de basse fréquence du tonus sympathique lymphatiques, attire le sang et la lymphe en prove-
du baroréflexe. Rappelons que la puissance du nance des extrémités.
308 Considérations cliniques

Pendant l'inspiration les liquides de l'abdomen faible. La pression moyenne de l'artère pulmonaire
sont comprimés, en même temps que la pression (15 mm Hg) est d'environ un sixième de celle de
intrathoracique négative attire l'air et les liquides à la pression aortique moyenne (100 mm Hg).
basse pression dans le thorax. Pendant l'expira- Parce que les capillaires pulmonaires reçoivent
tion, l'air est chassé des poumons, en même temps peu de soutien du poumon environnant, ils s'ef-
que le sang et la lymphe sont expulsés des veines fondrent ou se distendent en réponse aux pres-
et du canal thoracique, alors que la baisse conco- sions internes et externes à ces capillaires. La
mitante de la pression intra-abdominale aspire le pression intra-alvéolaire détermine la pression
sang et la lymphe de la périphérie vers l'abdomen entourant les capillaires pulmonaires, et quand
en préparation au cycle suivant. Le mécanisme elle est supérieure à la pression des capillaires, ils
d'entraînement de cette pompe thoracoabdomi- s'effondrent. Le parenchyme pulmonaire agit
nale dépend du mouvement efficace de la cage dans un mode tenségrital avec les artères et les
thoracique et du diaphragme et, en tant que tel, veines pulmonaires. Pendant l'inspiration, lorsque
toute dysfonction de ces structures peut réduire les poumons se dilatent, les plus grands vaisseaux
considérablement l'effet de pompage. pulmonaires sont effectivement maintenus
Un compromis neuromusculaire de la paroi et ouverts par la traction radiale des poumons envi-
du diaphragme thoracoabdominaux, comme cela ronnants. La résistance vasculaire pulmonaire est
se voit dans l'obésité, la cyphoscoliose et la dys- le résultat du gradient de pression pulmonaire
fonction somatique, peut provoquer une hypo- (environ 10 mm Hg), divisé par le débit sanguin
ventilation chronique qui peut, à son tour, mettre pulmonaire.
le cœur en défaut [47]. Un des critères de la dys- Le volume du poumon est un déterminant sup-
fonction somatique est la restriction du mouve- plémentaire de la résistance vasculaire pulmonaire,
ment. Une dysfonction somatique affectant la et en raison de l'effet tenségrital du parenchyme
colonne vertébrale thoracique, les côtes, le pulmonaire sur le calibre des vaisseaux extra-
diaphragme thoracoabdominal, les muscles respi- alvéolaires, la résistance pulmonaire est plus faible
ratoires accessoires et les fascias intra et extratho- lors de l'inhalation, même si celle-ci tend à compri-
raciques, qui entraîne une diminution de la mer les capillaires pulmonaires, ce qui résulte en
compliance de la cage thoracique, est présente une augmentation de la résistance vasculaire [49].
dans une certaine mesure chez tous les adultes, Ainsi, lors de l'inspiration, lorsque le sang et la
devenant progressivement plus importante avec lymphe sont déplacés du compartiment extratho-
l'âge. Dès lors, la dysfonction somatique peut racique dans le compartiment intrathoracique, le
réduire le retour du sang veineux et de la lymphe sang est également attiré plus facilement dans le
vers le cœur, ce qui diminue la précharge, prédis- système artériel pulmonaire. En même temps, en
posant à – ou aggravant – l'IC. raison de l'effondrement des capillaires pulmo-
naires causé par l'augmentation de la pression
intra-alvéolaire en association avec la diminution de
Circulation pulmonaire la pression intrathoracique, les veines pulmonaires
Non seulement la circulation pulmonaire perfuse se distendent, augmentant la précharge cardiaque
les poumons, mais elle agit également comme un gauche. Lorsque la fréquence respiratoire tombe à
réservoir sanguin, par conséquent d'une manière environ six respirations par minute, elle entraîne le
similaire à celle des veines périphériques, comme baroréflexe, augmentant considérablement la puis-
un capaciteur pour le côté gauche du cœur. À tout sance de l'ensemble du mécanisme, à la fois dans les
moment, la circulation pulmonaire contient envi- circulations pulmonaire et systémique [50, 51].
ron 10 % du volume total du sang circulant. La La dysfonction de la pompe musculaire périphé-
grande distensibilité du système vasculaire pulmo- rique, du diaphragme thoracoabdominal et du
naire permet une adaptation aux changements système musculosquelettique de la cage thora-
significatifs de la circulation sanguine [48]. La cique résulte en une résistance veineuse périphé-
pression dans le système vasculaire pulmonaire est rique accrue et une diminution de la précharge
Chapitre 9. Dysfonctions cardiovasculaires 309

cardiaque à droite. La circulation pulmonaire est déclaré Cathie : « Les troubles de la fonction auto-
également affectée par une dysfonction de la cage nome peuvent avoir une origine centrale, distale,
thoracique avec une précharge réduite à gauche. ou tout au long du parcours ou du cheminement
de l'influx nerveux. Les efforts visant à localiser la
source principale de la perturbation doivent
prendre en compte la représentation centrale, les
Contribution ostéopathique voies, et la région de la réponse finale. En outre,
à l'examen physique souvenez-vous de l'importance du rôle des voies
et au traitement réflexes… Les tensions fixées ne sont en aucun cas
limitées aux structures somatiques. Elles peuvent
Selon Arthur D. Becker, en thérapie cardiaque : exister comme troubles viscéraux, vasculaires, et
« Toute discussion sur l'application des principes même mentaux [54]. »
ostéopathiques doit traiter principalement du sys- Commencez votre évaluation de la dysfonction
tème nerveux autonome [52]. » somatique par une observation de la posture glo-
Lors du traitement de patients présentant des bale de votre patient. Une cyphoscoliose peut avoir
symptômes cardiovasculaires, un diagnostic médi- des effets cardiopulmonaires et respiratoires. Avec
cal complet doit toujours être obtenu. Parfois, les le vieillissement, la perte progressive de la masse
patients peuvent présenter des symptômes cardio- musculaire et la faiblesse associée des muscles
vasculaires qui ne sont pas nécessairement le résul- extenseurs paravertébraux thoraciques contribuent
tat d'une pathologie cardiovasculaire primaire, et à l'augmentation de la cyphose, entraînant des
les causes non cardiaques potentiellement réver- épaules arrondies et une posture de tête vers
sibles doivent être considérées. Même si la cause l'avant. En particulier, la région thoracique supé-
de la condition cardiovasculaire est irréversible, le rieure subit des changements significatifs, avec une
traitement de la dysfonction somatique avec un flexion marquée de la colonne thoracique supé-
TMO, en tant que thérapie complémentaire, peut rieure, parfois appelée la « bosse de bison », une
soulager toute dysfonction concomitante muscu- augmentation compensatoire de la lordose cervi-
losquelettique, autonome et circulatoire, permet- cale. La charnière cervicothoracique est une zone
tant à la capacité inhérente d'autoguérison du de transition importante de la colonne vertébrale
corps de jouer, améliorant ainsi potentiellement la qui mérite une attention primordiale dans les
capacité fonctionnelle et la qualité de vie du troubles cardiovasculaires en raison de sa relation
patient. avec les ganglions sympathiques cervicaux infé-
Selon les principes de la médecine ostéopathique, rieurs. La présence d'une importante cyphose tho-
une approche globale du patient doit prendre en racique tend à déplacer les côtes dans une position
compte le corps, le mental et l'esprit. Les dysfonc- d'expiration, augmentant la quantité du travail
tions cardiovasculaires affectent ces trois compo- nécessaire pour l'inspiration et réduisant le gra-
santes, et lors de l'examen et du traitement, le dient de pression respiratoire intrathoracique. Les
patient doit se sentir en complète sécurité : « Si la autres déformations de la poitrine, comme le tho-
neuroception identifie une personne comme sûre, rax en carène et l'entonnoir xiphoïdien, réduisent
alors un circuit neural inhibe activement les zones également la compliance de la cage thoracique.
du cerveau qui organisent les stratégies défensives Avec le patient en position assise, palpez les ver-
de “fight, flight, and freeze” [53]. » tèbres et les côtes en accordant une attention par-
À la fois dans l'HTA et dans l'IC, l'objectif d'un ticulière à la région thoracique supérieure. La
traitement distinctement ostéopathique est de plupart des évaluations ostéopathiques des
réduire ou d'éliminer les restrictions physiques de patients souffrant de maladies cardiovasculaires
la dysfonction somatique, d'optimiser la fonction démontrent la présence d'une dysfonction soma-
du SNA, et donc de normaliser toute dysfonction tique dans la zone T1-T4 [55, 56]. Cette zone est
qui pourrait interférer avec les divisions sympa- importante pour le diagnostic en raison de la pré-
thique et parasympathique du SNA. Comme l'a sence des réflexes viscérosomatiques cardiaques,
310 Considérations cliniques

et de plus, le traitement de toute dysfonction dans lymphatique peuvent être améliorés par le traite-
cette région peut diminuer l'influence somatovis- ment de la dysfonction somatique qui :
cérale sympathique. Une association entre la dys- 1) diminue les tensions myofasciales locales com-
fonction somatique aux niveaux C6, T2 et T6 et primant les vaisseaux périphériques ;
l'HTA a également été démontrée [57, 58]. 2) améliore l'efficacité mécanique de la pompe
Recherchez les changements de texture du tissu et thoracoabdominale ;
les restrictions de la mobilité. Toute dysfonction 3) réduit les effets de la facilitation et de l'aug-
thoracique peut être normalisée à ce stade. mentation du tonus sympathique sur le système
La progression de l'IC est associée à une aug- vasculaire périphérique.
mentation de l'activité du SNS, une diminution L'insuffisance cardiaque congestive est le résultat
de celle du système nerveux parasympathique d'une décompensation entre la fonction cardiaque
(SNP) et un processus inflammatoire chronique et la circulation périphérique. Un facteur non car-
qui peut être atténué par la régulation de la fonc- diaque, important dans le développement de l'IC,
tion du SNA à travers une stimulation vagale [59]. est le compromis fonctionnel de la pompe thora-
La facilitation spinale associée à des dysfonctions coabdominale. Les troubles du système neuromus-
somatiques thoraciques supérieures résulte en une culosquelettique respiratoire augmentent la charge
augmentation du tonus sympathique au niveau du de travail du myocarde par une insuffisance de la
cœur et des poumons. De même, une dysfonction circulation pulmonaire et systémique. Le processus
somatique thoracolombale augmente le tonus normal de vieillissement s'accompagne d'une perte
vasomoteur systémique et la post-charge car- progressive de la mobilité, avec comme consé-
diaque. Un TMO appliqué de façon appropriée quence une déficience fonctionnelle. Cela se voit à
produit une vasodilatation périphérique et peut l'extrême chez le cyphoscoliotique, mais aussi avec
ainsi réduire les contraintes de la post-charge pla- des degrés moindres chez toute personne âgée. La
cées sur le cœur défaillant. Dès lors, l'application dysfonction somatique affectant la colonne verté-
appropriée d'un TMO devrait contribuer au trai- brale thoracique, les côtes et le diaphragme thora-
tement de l'IC. coabdominal diminue la compliance de la cage
Complétez l'examen avec le patient en décubi- thoracique, ce qui entraîne une diminution du gra-
tus dorsal. Observez son mode respiratoire, qui dient de pression entre l'inspiration intrathoracique
doit être libre, notez l'asymétrie entre les deux et l'expiration. Il s'ensuit une diminution de la pré-
côtés de la cage thoracique, ou toute diminution charge cardiaque, du remplissage du ventricule, et
de mobilité dans une partie du thorax qui peut du débit cardiaque induisant ou augmentant de ce
être liée à des dysfonctions costales. En raison de fait, l'insuffisance cardiaque. Ainsi, un TOM effi-
la relation entre le péricarde, qui se continue cau- cace pour améliorer la compliance thoracique peut
dalement pour se mêler au centre tendineux du potentiellement augmenter la précharge et, si le
diaphragme (centre phrénique) via le ligament myocarde est physiquement capable de répondre,
péricardiacophrénique, et le diaphragme, toute augmenter le débit cardiaque, réduisant les symp-
dysfonction fasciale médiastinale ou diaphragma- tômes débilitants de la dysfonction diastolique.
tique doit être normalisée (figure 9.6). Ensuite, palpez la colonne cervicale à la
Notez tout œdème associé à l'IC, dans les recherche d'une dysfonction avec une attention
jambes, les chevilles, les pieds, et l'abdomen. particulière pour le niveau C6-C7, identifié comme
Testez les clavicules, les articulations sternoclavi- dysfonctionnel chez les sujets souffrant d'HTA
culaires et acromioclaviculaires, et les tissus mous [60, 61]. Examinez les structures cervicales anté-
associés, y compris les structures myofasciales, vas- rieures et vérifiez l'os hyoïde. Le péricarde fibreux se
culaires, lymphatiques, et neurales. Les systèmes mêle cranialement au fascia prétrachéal, fixé à l'os
veineux et lymphatique sont susceptibles d'être hyoïde. Dans cette zone très délicate, les procé-
comprimés par les structures musculosquelet- dures indirectes sont de loin le traitement de choix
tiques dysfonctionnelles. Les retours veineux et pour normaliser les dysfonctions.
Chapitre 9. Dysfonctions cardiovasculaires 311

Trachée
Artère carotide commune gauche
Artère carotide commune droite Plèvre pariétale cervicale
Plèvre pariétale cervicale
Nerf phrénique gauche
Nerf phrénique droit
Artère subclavière droite Artère subclavière gauche

Artère thoracique interne droite


Artère thoracique interne gauche
Veine
brachiocéphalique droite Veine
Tronc brachiocéphalique brachiocéphalique gauche
Arc aortique
Veine cave supérieure
Ligament artériel

Branches de l'artère Artère pulmonaire gauche


pulmonaire droite

Vaisseaux
péricardiacophréniques
droits Vaisseaux
péricardiacophréniques
gauches
Nerf phrénique
Péricarde fibreux
et artère et veine
péricardiacophréniques
droits
Section de la
plèvre costale
Diaphragme
Œsophage

Figure 9.6. Péricarde.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 86.

Évaluez la charnière craniocervicale, en raison membranes craniosacrales, en accordant une


de sa relation avec le X. Des réflexes somatoviscé- attention particulière à l'axe hypothalamo-hypo-
raux vagaux peuvent induire ou aggraver des physaire. Normalisez tout schéma dysfonctionnel
troubles du rythme cardiaque telles la bradycardie et équilibrez l'oscillation du MRP, associée à la
ou l'arythmie. Ensuite, évaluez la base du crâne physiologie baroréflexe et vagale pour son
qui peut également être associée à une dysfonc- influence sur la fonction cardiaque et le tonus
tion vagale due à l'atteinte du nerf vague dans le vasomoteur.
foramen jugulaire. De plus, en raison de l'inser- En ostéopathie crânienne, la procédure du
tion du fascia cervical, cette région peut être l'ori- « roulement » des os temporaux est citée comme
gine d'une dysfonction du rachis cervical et/ou de ayant une influence bénéfique plus ou moins
l'anneau thoracique supérieur. immédiate sur la TA [62]. Selon Magoun, un
Le patient en position de décubitus dorsal, uti- roulement bilatéral des temporaux est indiqué
lisez une prise par la voûte et examinez le crâne. dans l'hypotension, alors qu'une procédure plus
Observez la qualité du mécanisme respiratoire pri- répressive, comme le roulement alternatif des
maire (MRP) et sa sensation palpable, l'impulsion temporaux, appliquée avec un mouvement ryth-
rythmique crânienne (IRC). Évaluez la puissance mique très lent, est indiquée dans le traitement de
du MRP et la fréquence de l'IRC. Examinez les l'HTA [63].
312 Considérations cliniques

Conseils au patient la physiologie baroréflexe [69]. Le pranayama, la


technique de respiration yogique, a le potentiel
d'accroître l'activité parasympathique tout en
En plus des médicaments appropriés et du traite-
diminuant l'activité sympathique [70].
ment de la dysfonction somatique, l'approche des
maladies cardiovasculaires inclut des modifications
diététiques, une perte de poids, la pratique d'une Références
activité physique et l'apprentissage de techniques [1] Still AT. Autobiography of Andrew T, Still, Kirskville,
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surveillés et contrôlés. De plus, la sensibilité au wcm/@sop/@smd/documents/downloadable/
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sodium augmentant avec l'âge [65], l'apport ali-
[6] Chobanian AV, Bakris GL, Black HR, Cushman WC,
mentaire en sodium doit être réduit (< 1,5 g de Green LA, Izzo Jr. JL, et al. Seventh report of the
sodium par jour). Il faut limiter la consommation Joint National Committee on prevention, detection,
d'alcool, et le régime alimentaire doit être riche en evaluation, and treatment of high blood pressure.
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doit être encouragée [66]. Pour les patients 2013.
atteints d'insuffisance cardiaque, un programme [8] Nelson KE, Sergueef N, Lipinski CM, Chapman AR,
de réadaptation cardiaque supervisée est indiqué. Glonek T. Cranial rhythmic impulse related to the
Marcher pendant 30 minutes plusieurs fois par Traube-Hering-Mayer oscillation : Comparing laser-
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semaine est une option qui peut être simple. Assoc 2001 ; 101(3) : 163–73.
Les méthodes pour réduire le stress telles que le [9] Sergueef N, Nelson KE, Glonek T. The effect of
biofeedback, la relaxation, le yoga ou la méditation cranial manipulation on the Traube-Hering-Mayer
doivent être encouragées. Dans les maladies car- oscillation as measured by laser-Doppler flowmetry.
diovasculaires, il existe une augmentation de l'ac- Altern Ther Health Med 2002 ; 8(6) : 74–6.
[10] Nelson KE. The 2010 Northup Memorial Lecture :
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Chapitre 10
Dysfonctions respiratoires
Still recommandait un traitement manipulatif médiastinal. Chaque poumon est recouvert d'une
ostéopathique (TMO) pour les patients souffrant membrane séreuse, la plèvre. La plèvre pariétale
de troubles respiratoires [1]. Toutefois, le TMO recouvre la paroi thoracique et le diaphragme, et
n'est pas un traitement spécifique des pathologies se reflète sur le poumon pour former la plèvre vis-
pulmonaires organiques. L'élimination ou la cérale. Entre les deux plèvres, il existe un espace
réduction de l'influence de la dysfonction soma- virtuel, la cavité pleurale, rempli d'une couche
tique d'un point de vue mécanique, neurophysio- mince de liquide pleural sécrété par l'épithélium
logique et circulatoire facilite la capacité inhérente du feuillet pariétal. Ainsi, les plèvres pariétale et
du corps à l'autoguérison. Par conséquent, le viscérale glissent l'une contre l'autre, sans heurts,
TMO peut être utilisé pour sa contribution com- pendant toutes les phases de la respiration. En plus
plémentaire dans le traitement des troubles respi- d'un drainage constant dans les canaux lympha-
ratoires. Cependant, il ne doit jamais être utilisé tiques, le liquide pleural est réabsorbé par la plèvre
sans un diagnostic médical complet ou comme viscérale. Normalement, la force de rétraction
une alternative aux critères acceptés de la pratique élastique du poumon vers l'intérieur et la traction
médicale. de la paroi de la cage thoracique vers l'extérieur
La compréhension des principes anatomiques et maintiennent une pression négative dans la cavité
physiologiques de la respiration est nécessaire pleurale, et les deux feuillets sont maintenus l'un
pour reconnaître quand le TMO peut renforcer contre l'autre (figure 10.1).
les capacités inhérentes du corps du patient et Le feuillet pariétal se compose des parties costo-
améliorer sa condition. Après avoir rappelé les vertébrale, médiastinale, diaphragmatique et cervi-
bases de l'anatomie pulmonaire, nous étudierons cale. La partie costovertébrale recouvre la face
la maladie pulmonaire obstructive chronique interne de la paroi thoracique et les corps verté-
(MPOC), la pneumonie et l'apnée du sommeil, braux. La partie médiastinale épouse les structures
ainsi que la contribution du traitement ostéopa- médiastinales, tandis que la plèvre diaphragma-
thique dans ces pathologies. tique tapisse la surface diaphragmatique. De
chaque côté, la plèvre cervicale, aussi nommée
dôme pleural, recouvre l'apex des poumons, ren-
Poumons forcée par une membrane suprapleurale, le fascia de
Sibson Cette membrane est un épaississement du
Pendant la ventilation pulmonaire, les échanges fascia endothoracique, la lame conjonctive qui
gazeux entre l'air et les alvéoles pulmonaires per- recouvre la plèvre pariétale. La membrane supra-
mettent de délivrer aux tissus la quantité d'oxy- pleurale se fixe sur le bord médial de la première
gène nécessaire et d'éliminer le dioxyde de côte et le processus transverse de la septième ver-
carbone du sang. La ventilation implique les pou- tèbre cervicale, et son sommet se situe 2,5 cm
mons et les voies aériennes de conduction. au-dessus de la jonction des tiers médian et moyen
Les poumons, les organes essentiels de la respi- de la clavicule. Les fibres du fascia cervical se
ration, sont situés à l'intérieur des parois de la cage mélangent également avec celles du dôme pleural.
thoracique, de chaque côté du cœur et du contenu En fait, plusieurs épaississements de tissu conjonctif,

L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans


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316 Considérations cliniques

collectivement décrits comme l'appareil suspenseur tMFligament transversopleural, qui se fixe sur le
du poumon, unissent la colonne vertébrale et la processus transverse de C7 ;
première côte à la plèvre (figure 10.2). Ce sont : tMFligament costopleural, qui s'insère sur la pre-
tMFligament vertébropleural, qui se détache de la mière côte.
lame prévertébrale entre C6 et T1 ;
Apex du poumon droit Trachée

Cavité pleurale gauche


Bronche principale entourant le poumon
droite gauche

Plèvre pariétale

Plèvre viscérale Médiastin

Cavité pleurale
droite

Récessus
costodiaphragmatique

Diaphragme

Figure 10.1. Cavités pleurales.


Source : Drake R.L., Gray's Anatomie pour les étudiants, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 129.

C6
Ligament transversopleural
C7

Ligament costopleural
T1
Muscle scalène antérieur
Ligament vertébropleural

Dôme pleural

Première côte

Figure 10.2. Appareil suspenseur du poumon.


© Éléonore Lamoglia.
Chapitre 10. Dysfonctions respiratoires 317

négative intrapleurale et maintient ainsi les poumons


Depuis le XVIIe siècle, la description anatomique des muscles contre la paroi thoracique. Normalement, après
scalènes fait débat. Selon la délicatesse de la dissection, l'étirement de l'inspiration, la rétraction élastique
jusqu'à sept muscles scalènes ont été décrits. Certains des poumons et la relaxation du diaphragme entraîne
auteurs considèrent que le corps du scalène moyen se
l'expiration. Toutefois, avec l'âge, des changements
confond avec celui du scalène postérieur, et ils ne
décrivent que deux scalènes : antérieur et postérieur [2]. physiologiques se produisent, avec une diminution
Le muscle scalène pleural, également nommé petit sca- de la rétraction élastique des poumons, de la com-
lène ou muscle suspenseur de la plèvre, se fixe sur le pliance de la paroi thoracique et de la force des
bord médial ou supérieur de la première côte et le pro- muscles respiratoires. Ces changements sont irréver-
cessus transverse de la septième et parfois sixième ver- sibles ; en revanche, une dysfonction somatique
tèbre cervicale, pour se terminer sur la plèvre. De taille additionnelle de la colonne vertébrale, des côtes ou
variable, il peut se fibroser chez certains sujets ; il est du diaphragme, qui participe au mécanisme respira-
alors décrit comme « ligament transversopleural ». toire dysfonctionnel, est réversible avec un TMO.
De surcroît, toute dysfonction de la colonne cervi-
En raison de ces relations, toute dysfonction cale moyenne peut affecter le nerf phrénique et par
somatique de la colonne cervicale, thoracique, des conséquent la fonction du diaphragme (figure 10.4).
côtes, du diaphragme et des structures myofasciales Une restriction du mouvement diaphragmatique
connexes doit être normalisée pour optimiser la augmente la stase veineuse et lymphatique dans les
motilité et la fonction des poumons (figure 10.3). poumons comme dans le reste du corps. Par consé-
Au cours de l'inspiration normale, l'expansion de quent, en normalisant la dysfonction somatique du
la cage thoracique et la descente du diaphragme rachis cervical, de la cage thoracique et des muscles
tractent les poumons vers le dehors et vers le bas, ce respiratoires (en particulier du diaphragme), le
qui se traduit par une augmentation de la pression TMO peut améliorer la fonction pulmonaire.

K1

Poumon
Poumon droit
Diminution de la pression gauche

Diaphragme K8

Augmentation de la pression

Zone d'apposition Zone d'apposition

Figure 10.3. Modifications des pressions durant l'inspiration.


Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 1011.
318 Considérations cliniques

Scalène antérieur

Nerf phrénique

Artère et veine
subclavières droites K1

Veine cave supérieure

Péricarde Branche péricardique


du nerf phrénique
Diaphragme

Nerf phrénique,
branche
phrénicoabdominale

Figure 10.4. Distribution des nerfs phréniques droit et gauche.


Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 1010.

Voies aériennes de conduction L'air inhalé circule depuis la capacité limitée du


nez, du pharynx et de la trachée pour s'étendre au
Entre la trachée et les alvéoles, les voies aériennes se niveau des alvéoles sur une surface de 70 m2 [3].
ramifient et forment l'arbre respiratoire. En partant Au cours de cette progression, l'air est en contact
des cavités nasales (ou de la cavité orale), les voies direct avec la muqueuse respiratoire qui tapisse les
aériennes se composent du pharynx et de la trachée, voies aériennes. L'épithélium de la muqueuse
qui se divise en bronches principales droite et gauche repose sur une fine couche de tissu conjonctif
au niveau de l'angle sternal et de la cinquième ver- lâche, la lamina propria, avec une submuqueuse
tèbre thoracique. Les bronches principales se pro- contenant les glandes, le muscle lisse bronchique, les
longent par les bronches lobaires qui se divisent en vaisseaux sanguins, les tissus lymphoïdes et les
bronches segmentaires, puis en plusieurs bronchioles nerfs. De plus, il existe des plaques cartilagineuses
primaires. Les bronchioles primaires se ramifient en depuis la trachée jusqu'à la plus petite des bronches.
bronchioles terminales, lesquelles donnent plusieurs Une des fonctions de l'épithélium qui tapisse
bronchioles respiratoires qui forment les conduits les voies aériennes est de protéger les poumons
alvéolaires. L'échange gazeux entre l'air, les pou- contre les agents infectieux et toxiques. Cela est
mons et le sang des capillaires se produit dans les accompli par la présence de jonctions serrées qui
cinq ou six sacs alvéolaires associés au conduit alvéo- unissent les cellules épithéliales et fournissent une
laire où de minces parois alvéolaires et un épithélium barrière physique entre les tissus et l'espace aérien.
pavimenteux permettent une diffusion rapide de Des lymphocytes, pour la plupart des cellules T
l'oxygène et du dioxyde de carbone (figure 10.5). originaires du tissu lymphoïde associé aux
Chapitre 10. Dysfonctions respiratoires 319

Les petites particules sont phagocytées. La clai-


Trachée
rance mucociliaire est assistée par les réflexes des
Anneaux voies aériennes tels que la toux et les éternuements.
de cartilage
Les réflexes de toux et d'éternuement résultent de
Bronche
principale la mise en contact de substances irritatives avec
respectivement les bronches et la trachée, très sen-
Bronche sibles, et les voies nasales. Les influx sont transmis
lobaire depuis les voies aériennes à la moelle allongée où
Voie
de passage sont déclenchés les réflexes (figure 10.6).
Bronche
segmentaire
de l’air L'importance de la clairance épithéliale méca-
nique du mucus, comme mécanisme inné primaire
Cartilage
bronchique de défense des voies aériennes, est cependant
contesté. En plus du remplacement de la perte d'eau
Bronchioles à partir de la surface des voies aériennes, perte asso-
ciée à la climatisation de l'air inhalé, une autre fonc-
Bronchioles tion de l'épithélium des régions proximales des voies
respiratoires
Siège des aériennes est de former un « bouclier chimique » qui
échanges
Lobule
gazeux protège les poumons contre les bactéries inhalées.
Pour cela, les épithéliums secrètent, entre autres,
dans les voies aériennes des défensines sensibles au
Canal alvéolaire
sel, et sur les surfaces des voies aériennes un liquide
Alvéoles
de faible teneur en sel qui active ces défensines [6].
Figure 10.5. Voies aériennes inférieures.
Source : Waugh A., Grant A., Anatomie et physiologie normales et
pathologiques, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, 2007, p. 261. Paroi musculaire
et contrôle nerveux
muqueuses des parois des voies aériennes, et des
immunoglobulines en provenance des cellules B Toutes les parois de la trachée et des bronches, à
contribuent à la protection immunitaire des voies l'exception des parties occupées par des plaques
aériennes. En outre, l'épithélium pseudostratifié, de cartilage, contiennent des cellules musculaires
essentiellement cilié, contient des cellules calici- lisses. Les parois des bronchioles, à l'exception des
formes mucosécrétantes et des glandes séreuses bronchioles respiratoires où l'échange gazeux se
subjacentes. En association, elles produisent une produit, sont presque exclusivement des muscles
sécrétion bicouche. La couche de mucus externe, lisses. Une contraction dysfonctionnelle de
collante, piège les particules. Lorsque les parti- ces muscles lisses resserre les petites bronchioles et
cules sont inhalées et piégées, elles sont éliminées les grandes bronches du poumon comme cela se
par le courant mucociliaire de la couche de séro- voit dans les maladies obstructives.
sité subjacente. Les cellules cylindriques ciliées Les muscles lisses des bronchioles sont sous le
jouent un rôle important dans la production d'un contrôle du système nerveux autonome (SNA).
courant de rejet mucociliaire vers l'extérieur, tout Seul un petit nombre de fibres nerveuses sympa-
le long de la surface des bronchioles, des bronches thiques accède aux parties centrales du poumon.
et de la trachée. En effet, toutes les voies aériennes Par conséquent, la dilatation sympathique des
de conduction du nez aux bronchioles sont tapis- bronchioles résulte principalement de la libéra-
sées par un épithélium cilié, avec environ deux tion de noradrénaline dans le sang par la stimu-
cents cils sur chaque cellule épithéliale [4]. La lation sympathique des médullosurrénales [7].
plupart des particules inhalées, piégées dans le Les fibres nerveuses parasympathiques effé-
fluide visqueux, sont propulsées par le battement rentes, dérivés des nerfs vagues, infiltrent le paren-
des cils à raison de dix à vingt fois par seconde, et chyme pulmonaire et modulent la constriction des
éliminées à un rythme de 1 cm par minute [5]. bronchioles préservant le tonus musculaire bron-
320 Considérations cliniques

Noyau trigéminal sensitif

Irritants
IX, X, XI

Centre respiratoire Noyau


Nerf phrénique ambigu

Nerfs moteurs des muscles


intercostaux et abdominaux

Figure 10.6. Réflexes de toux et d'éternuement.


Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 284.

chique. Normalement, lorsqu'elles sont stimulées, trijumeau, et se connectent avec le noyau vagal
elles libèrent de l'acétylcholine, ce qui se traduit dorsal dans le tronc cérébral à travers la forma-
par une constriction modérée des bronchioles. tion réticulée, et le noyau ambigo.
Cependant, dans les conditions pathologiques où De plus, plusieurs structures profondes du cer-
une constriction des bronchioles est déjà présente, veau sont associées à la modulation autonome
l'influence parasympathique peut aggraver la pulmonaire. Elles comprennent l'amygdale, la
constriction. Subséquemment, la bronchoconstric- matière grise périaqueducale du mésencéphale,
tion augmente la résistance des voies aériennes, ce la protubérance dorsale et la moelle allongée, et
qui peut être critique dans des conditions telles elles peuvent avoir un effet inhibiteur sur les
que l'asthme et la MPOC. fibres préganglionnaires vagales liées aux voies
Plusieurs réflexes pulmonaires peuvent stimuler aériennes, atténuant par conséquent leur action
les fibres parasympathiques. Certains partent des bronchoconstrictive cholinergique [8].
poumons, où la membrane épithéliale des voies Outre le contrôle de la musculature des bron-
aériennes peut être irritée par la fumée de ciga- chioles, le SNA affecte l'apport sanguin vers les
rette, les polluants ou une infection bronchique. poumons et contrôle la sécrétion glandulaire.
D'autres commencent dans les voies aériennes L'activité parasympathique dans le réseau capil-
supérieures. Ce sont les réflexes naso-pharyngo- laire subépithélial trachéobronchique a un effet
bronchiques qui impliquent les nerfs trijumeau vasodilatateur et augmente la fluidité des sécré-
et vague. L'inflammation stimule les récepteurs tions muqueuses, tandis que l'activité sympa-
du nez et du pharynx. Certaines des fibres affé- thique produit une vasoconstriction et des
rentes de ces récepteurs contribuent au nerf sécrétions plus visqueuses.
Chapitre 10. Dysfonctions respiratoires 321

Les processus vasculaires, tels que la vasodilata- bien avant que tout signe radiologique détectable de
tion, la vasoconstriction, l'extravasation plasmatique dégénérescence articulaire ne soit présent [12]. Après
et l'exsudation, sont des réponses à la qualité de l'air 40 ans, la cyphose thoracique commence à augmen-
inspiré, perçue par les nerfs sensitifs. De plus, après ter, et sa progression est plus rapide chez les femmes
une stimulation des fibres C qui se traduit par un que chez les hommes [13, 14]. Cela conduit à une
réflexe d'axone local avec une conduction antidro- augmentation du diamètre antéropostérieur du tho-
mique, des neuropeptides peuvent être libérés [9]. rax et à un aplatissement du dôme diaphragmatique,
Cela affecte potentiellement le système vasculaire de avec augmentation de l'effort respiratoire. En fait,
la muqueuse produisant une vasodilatation. bien que la compliance pulmonaire dynamique aug-
L'innervation sympathique des poumons pro- mente avec l'âge [15], la compliance du système res-
vient des segments spinaux entre T2 et T7 [10]. piratoire diminue de 20 % entre 20 et 60 ans [16]. En
Les fibres préganglionnaires synapsent dans la plus de l'échec respiratoire et de la fatigue résultant de
moelle cervicale et les quatre premiers ganglions l'augmentation de la charge ventilatoire, la diminu-
paravertébraux pour atteindre le plexus pulmo- tion de la force des muscles respiratoires qui s'accom-
naire avec des fibres parasympathiques des nerfs pagne d'une toux inefficace peut nuire à l'assistance
vagues. Comme les fibres sympathiques qui se de la clairance mucociliaire.
destinent aux poumons comportent des fibres La maturation des poumons se produit vers
vasoconstrictrices, toute dysfonction somatique 20 ans chez les femmes et 25 ans chez les
entre T2 et T7 peut affecter l'apport sanguin vers hommes [17]. Vers 35 ans, la fonction pulmonaire
les poumons par des réflexes somatoviscéraux, et commence à faiblir avec une réduction marquée des
doit être prise en compte [11]. En outre, les réponses ventilatoires à l'hypoxie et l'hypercapnie.
régions occipitales et cervicales supérieures, sites Dans le développement des maladies liées à
potentiels d'une dysfonction somatique avec des l'âge, la physiologie pro-inflammatoire et l'aug-
réflexes somatoviscéraux par le nerf vague, doivent mentation du stress oxydatif semblent être d'une
être évaluées et traitées, le cas échéant, pour opti- importance primordiale [18, 19]. En fait, le stress
miser la fonction parasympathique. oxydatif, défini comme une perturbation de la
signalisation et du contrôle redox [20], peut
intensifier les processus d'inflammation et de vieil-
lissement au niveau cellulaire. Les extrémités des
Modifications liées à l'âge chromosomes sont protégées par des télomères
qui les empêchent de fusionner entre elles ou de se
Avec le vieillissement, plusieurs changements restructurer. Avec le vieillissement, les télomères
structuraux majeurs ont lieu dans le système respi- se raccourcissent, et ce bien qu'il y ait une baisse
ratoire. L'élasticité pulmonaire diminue, la rigidité de la division cellulaire lorsque l'individu vieillit –
de la paroi thoracique s'intensifie, les muscles res- à chaque division, le télomère devient plus court.
piratoires s'affaiblissent, et en raison de la modifi- Ce raccourcissement des télomères est intensifié
cation progressive de la posture associée à l'âge, la par le stress oxydatif [21], ce qui semble être en
position de l'appareil respiratoire supérieur est corrélation avec une diminution de la fonction
modifiée. En conséquence, les fonctions respira- pulmonaire et un risque accru de MPOC [22].
toires, tels la capacité vitale et les échanges gazeux,
déclinent. Dès lors, il est important de comprendre
les effets du vieillissement sur le poumon, de faire
la distinction entre les modifications pathologiques
et les changements qui font partie du processus Maladie pulmonaire
normal de vieillissement, et de comprendre com- obstructive
ment le TMO peut contribuer au traitement des
troubles respiratoires chez les personnes âgées. La maladie pulmonaire obstructive chronique est
Chez les sujets en bonne santé, la compliance de la actuellement définie comme « une maladie com-
cage thoracique diminue dès la quatrième décennie, mune évitable et traitable […] caractérisée par une
322 Considérations cliniques

limitation persistante du flux aérien qui est géné- de mucus, une hyperplasie des cellules épithéliales,
ralement progressive et associée à une augmenta- un œdème inflammatoire de l'épithélium bronchio-
tion de la réponse inflammatoire chronique des laire et une perturbation de la réparation des tissus.
voies aériennes et des poumons aux particules ou L'inflammation chronique est caractérisée par un
gaz nocifs. Les exacerbations et les comorbidités plus grand nombre de macrophages alvéolaires, de
contribuent à sa gravité [23] ». neutrophiles, de lymphocytes T cytotoxiques, et par
L'obstruction des petites voies aériennes, comme la libération de nombreux médiateurs de l'inflam-
cela se produit dans la bronchiolite obstructive chro- mation tels les lipides, les chimiokines, les cytokines
nique, la bronchite asthmatique chronique et l'emphy- et les facteurs de croissance [29]. L'inflammation
sème, caractérise la MPOC. Cependant, la bronchite chronique conduit à l'obstruction des petites voies
chronique, définie par une toux productive de plus de aériennes. Une plus grande difficulté expiratoire
trois mois pendant plus de deux années consécutives, s'ensuit, provoquant le piégeage de l'air dans les
ne présente pas de restriction du flux aérien. alvéoles, ce qui les étire et qui, combiné à une infec-
La maladie pulmonaire obstructive chronique tion pulmonaire, a le potentiel d'en détruire les
est également décrite comme la maladie d'un vieil- parois. De plus, la destruction des parois alvéolaires
lissement accéléré du poumon, et parce qu'elle se diminue l'oxygénation du sang et l'élimination du
développe lentement au fil des ans, sa prévalence dioxyde de carbone.
est fonction de l'âge [24]. La survenue de la De nombreuses similitudes existent entre le
MPOC est en augmentation, avec plus de 10 % de poumon vieillissant et la MPOC, bien que la fonc-
personnes touchées dans le monde chez les adultes tion pulmonaire diminue plus rapidement dans la
de 40 ans et plus [25]. En fait, avec la nécessité de MPOC que chez le patient qui vieillit [30]. L'une
gérer médicalement un nombre croissant de per- des principales similitudes dans les deux cas est
sonnes vivant plus longtemps avec cette maladie, la l'augmentation de la taille des espaces alvéolaires
MPOC est considérée comme l'un des principaux [31]. Cela peut conduire à un emphysème, i. e.
problèmes de santé des prochaines décennies [26]. l'agrandissement anormal des espaces aériens en
Des facteurs génétiques peuvent faire partie de aval des bronchioles terminales, à des dommages
l'étiologie de la MPOC [27]. Les facteurs épigéné- de la paroi alvéolaire, et à la destruction de la sur-
tiques jouent également un rôle important dans son face pulmonaire des échanges gazeux, comme cela
développement. Il s'agit notamment de stimuli se produit chez les patients atteints de MPOC.
environnementaux comme la fumée de tabac, le
tabagisme passif, l'exposition professionnelle aux Inflammation et infections
poussières et aux produits chimiques, la pollution de
La physiologie pro-inflammatoire et l'augmenta-
l'air extérieur et intérieur ainsi que les allergènes.
tion du stress oxydatif jouent un rôle important
dans un grand nombre des mécanismes pathogé-
Physiopathologie de la MPOC niques de la MPOC [32]. Le stress oxydatif a un
effet important sur le raccourcissement des télo-
Bien qu'elle ne soit pas tout à fait comprise, la patho- mères [33], ce qui est associé à une fonction pulmo-
genèse reconnue de la MPOC est une réponse naire diminuée et à un risque accru de MPOC [34].
immunitaire inflammatoire innée et adaptative à Les infections virales et bactériennes semblent
l'inhalation de particules et de gaz toxiques [28]. jouer un rôle dans les exacerbations de la MPOC, en
Normalement, la clairance mucociliaire élimine les particulier la grippe et le virus respiratoire syncytial
particules infectieuses et nocives, et les jonctions [35]. De plus, l'exposition directe et passive à la
intercellulaires épithéliales serrées forment une bar- fumée de tabac a un impact significatif sur la flore
rière protectrice. Quand l'épithélium est exposé à bactérienne de l'oropharynx, augmentant les micro-
des irritants, en particulier à la fumée de cigarette, organismes pathogènes et diminuant la flore nor-
cette barrière est rompue. En conséquence, les cel- male qui, habituellement, empêche la croissance des
lules inflammatoires infiltrent la muqueuse, la sub- agents pathogènes [36]. Chez ces patients, la pro-
muqueuse et le tissu glandulaire avec une prolifération tection contre l'aspiration silencieuse des sécrétions
Chapitre 10. Dysfonctions respiratoires 323

pharyngées qui se produit souvent au cours du som- De plus, la rigidité de la cage thoracique, associée
meil est moins efficace, ce qui peut entraîner une à une dysfonction d'extension des vertèbres thora-
inflammation et une infection des voies aériennes. ciques et/ou des dysfonctions costales en inspira-
Une fois la réponse immunitaire innée et adap- tion, réduit la contraction de la cage thoracique qui
tative inflammatoire produite chez les patients se produit normalement lors de l'expiration. Ainsi,
atteints de MPOC, la progression de la maladie et un traitement ostéopathique qui normalise la dys-
la gravité de la limitation du flux aérien sont liées fonction somatique a un impact sur la respiration et
au degré et à la gravité de la réponse tissulaire. Les permet d'optimiser les ressources du patient.
changements ont lieu dans les petites voies
aériennes qui deviennent les principaux sites
d'obstruction de la MPOC. Il s'agit notamment Pneumonie
de l'augmentation des glandes à mucus des
bronches, d'un épaississement des parois des voies Pour les patients atteints de pneumonie, l'ostéopa-
aériennes et de l'accumulation d'exsudats inflam- thie est préconisée depuis plus d'un siècle. Ainsi,
matoires, conduisant à l'occlusion des voies Still a déclaré : « I have successfully treated many
aériennes. En fait, la progression de la MPOC est cases of pneumonia, both lobar and pleuritic, by cor-
fortement corrélée avec l'épaississement de la recting the ribs at their spinal articulations [39]. »
paroi des voies aériennes par ce processus de « J'ai traité avec succès de nombreux cas de pneu-
remodelage [37]. De plus, les dommages emphy- monie, à la fois lobaire et pleurale, en corrigeant les
sémateux de la paroi alvéolaire et la destruction de côtes à leurs articulations vertébrales. »
la surface d'échange des gaz abaissent la pression La pneumonie est encore une cause impor-
de rétraction élastique des poumons nécessaire tante de morbidité et de mortalité dans le monde,
pour chasser l'air durant l'expiration forcée [38]. et un traitement antibiotique est recommandé
dans la plupart des lignes directrices consen-
Dyspnée suelles sur le traitement de la pneumonie acquise
La dyspnée (essoufflement, difficulté ou détresse en communauté (PAC) chez les adultes [40, 41].
respiratoire) est l'un des principaux symptômes de la Toutefois, en tant que traitement d'appoint, le
MPOC. Elle est associée à une tolérance réduite aux TMO a aussi démontré sa capacité à optimiser le
exercices et joue un rôle important dans la dégrada- mécanisme d'autoguérison de l'organisme pour
tion de la qualité de vie. Les causes de la dyspnée et se défendre contre l'infection. L'épidémie de la
d'une tolérance diminuée aux exercices sont com- grande grippe et pneumonie de 1918 est un
plexes et multifactorielles. Parmi elles, une méca- exemple classique, où une baisse importante de
nique ventilatoire anormale et une hyperinflation du la morbidité et de la mortalité a été démontrée
poumon sont des éléments clés. Pendant l'expira- chez les patients traités par un médecin ostéo-
tion, la vidange des poumons est limitée en raison de pathe [42, 43]. Plus récemment, l'utilisation de
la détérioration de la paroi alvéolaire et de la perte de TMO pour les patients âgés, hospitalisés pour
la pression de rétraction élastique des poumons, une pneumonie, a montré une réduction consi-
associée à l'augmentation de la résistance des voies dérable de la durée du traitement antibiotique
aériennes à la suite de l'accumulation d'exsudat et du nécessaire et du temps d'hospitalisation [44].
rétrécissement des petites voies aériennes. Les voies La pneumonie acquise en communauté, la plus
aériennes rétrécies peuvent entraîner une respiration commune, est contractée en dehors des hôpitaux et
sifflante, le « wheezing », typique de l'asthme. Dans autres établissements de soins de santé, alors que la
les cas graves, la vidange du poumon est altérée. Par pneumonie nosocomiale est acquise au cours d'un
conséquent, au cours des activités, les anomalies séjour à l'hôpital pour une autre maladie. La pneu-
ventilatoires produisent une demande ventilatoire monie est la sixième cause de décès aux États-Unis et
élevée, avec un mode respiratoire assez rapide et de la cause la plus fréquente de décès par maladie infec-
peu d'amplitude. Au fur et à mesure que la maladie tieuse [45]. La pneumonie est une inflammation des
progresse, l'intolérance à l'effort augmente. structures parenchymateuses de l'un ou des deux
324 Considérations cliniques

poumons, où quelques ou toutes les alvéoles sont munité à médiation cellulaire, et des lymphocytes
remplies de fluide et de cellules sanguines. B, qui produisent des immunoglobulines [46].
Typiquement, la classification est basée sur les sché- Toutefois, les processus infectieux peuvent
mas anatomiques et radiologiques. Ainsi, une pneu- vaincre cette première ligne de défense et se propa-
monie lobaire implique une partie ou tout un lobe ger dans les voies aériennes inférieures. En effet,
pulmonaire, alors qu'une bronchopneumonie est irré- une forte relation existe entre les voies aériennes
gulière et affecte plus d'un lobe. Les adultes de 65 ans supérieures et inférieures, illustrée par le concept
ou plus, et les sujets qui ont une maladie chronique des voies aériennes unifiées [47]. Les voies aériennes
ou un système immunitaire affaibli sont plus à risque. supérieures et inférieures sont sans discontinuité
afin de permettre le passage de l'air dans et hors des
poumons. Elles forment une unité fonctionnelle
Physiopathologie entièrement recouverte par un épithélium cilié avec
de la pneumonie des glandes mucineuses et une riche vascularisation
et innervation. L'écoulement post-nasal de mucus
Habituellement causée par une infection, la pneu- et de cellules inflammatoires peut diffuser une
monie est souvent une complication d'une autre infection des voies aériennes supérieures vers les
condition, comme la grippe. Le Streptococcus poumons. En outre, selon le concept des voies
pneumoniae, ou pneumocoque, est la cause la plus aériennes unifiées, une autre voie possible est la
fréquente de la PAC bactérienne. Les virus et, migration de cellules inflammatoires dans les pou-
dans une moindre mesure, les moisissures et les mons par l'intermédiaire du système vasculaire.
parasites peuvent également provoquer une pneu- Ainsi, une infection bactérienne ou virale des
monie. L'infection peut se produire par l'inhala- voies aériennes supérieures peut se propager aux
tion de micro-organismes libérés dans l'air alvéoles. Lorsque l'infection atteint les alvéoles, il
lorsqu'une personne infectée éternue, tousse ou s'ensuit une inflammation, avec exsudation de
parle. D'autres cas existent où les aérosols, fluides dans les espaces aériens des alvéoles,
douches, équipements de thérapie respiratoire ou incluant des globules rouges et blancs. Les alvéoles
conditionneurs d'air contaminés sont en cause. se remplissent progressivement de liquide et de
Dans des conditions normales l'anneau de cellules, et l'infection se répand d'alvéole en
Waldeyer (anneau tonsillaire), situé à l'entrée des alvéole pour finalement contaminer des zones pul-
voies aériennes supérieures et de la voie digestive, monaires plus larges, des lobes, ou parfois, dans
constitue le principal moyen de défense contre les les cas graves, tout un poumon. De ce fait, la ven-
agents pathogènes. L'anneau de Waldeyer est tilation alvéolaire est réduite, diminuant le rapport
une importante collection de tissu lymphoïde, ventilation/perfusion et, parce que le flux sanguin
organisé de façon circulaire dans la couche dans le poumon reste normal, il en résulte une
muqueuse interne qui tapisse les cavités nasales et hypoxémie et une hypercapnie.
le pharynx. Il comprend les tonsilles nasopharyn- L'apparition de la pneumonie est souvent bru-
giennes, palatines, tubaires, linguales, et le tissu tale, avec des symptômes comme une forte fièvre,
lymphoïde situé dans les intervalles intertonsil- des nausées et des vomissements, une hypother-
laires. Cet anneau défensif est à un point straté- mie, des frissons, une tachypnée, une tachycardie
gique où de nombreux antigènes entrent en et des malaises. Ensuite, la toux apparaît, avec
contact avec le corps par l'intermédiaire de la l'expectoration de crachats et la présence d'une
nourriture et de l'air inspiré. Par conséquent, son crépitance auscultable, de râles, et de ronchi. Avec
rôle dans le système immunitaire en tant que site la progression de la maladie, les crachats deviennent
de reconnaissance de l'antigène et de la synthèse purulents, teintés de sang, ou de couleur rouille et
d'anticorps est important. Les tonsilles nasopha- le patient peut décrire une douleur de poitrine.
ryngiennes et palatines sont les principales Des complications peuvent survenir, en particu-
sources des lymphocytes T, qui participent à l'im- lier chez les patients âgés, les fumeurs et les
Chapitre 10. Dysfonctions respiratoires 325

personnes souffrant d'insuffisance cardiaque et/ou Définition


d'une maladie pulmonaire préexistantes. L'infection
peut se propager dans la circulation sanguine, cau- La description classique d'une personne présen-
sant potentiellement un choc septique et la défail- tant un syndrome d'AOS est brossée par Charles
lance de plusieurs organes. Une pneumonie peut Dickens, dans son roman The Posthumous Papers
également entraîner une pleurésie et un syndrome of the Pickwick Club (Les Papiers posthumes du
de détresse respiratoire aiguë. Pickwick Club) publié en 1837 [50] : son person-
Dans le traitement des patients atteints de pneu- nage appelé Joe ronfle avec force, est obèse et tou-
monie, l'application d'un TMO est basée sur des jours endormi. Ainsi, en 1956, le terme
principes anatomophysiologiques, et vise à optimi- « Pickwickian » (syndrome de Pickwick) est adopté
ser les capacités d'autoguérison du patient. Depuis pour décrire les patients obèses avec somnolence
Still, la mobilisation de la cage thoracique, en par- attribuée à l'hypercapnie [51]. Toutefois, les
ticulier de la colonne thoracique et des côtes avec dénominations « syndrome d'apnée du sommeil »
étirement des muscles paravertébraux, est recom- et « syndrome d'apnée obstructive du sommeil »
mandée. En outre, toute dysfonction du rachis apparaissent plus tard, en 1976, inventés par
cervical, de la cage thoracique, du diaphragme, Guilleminault et al. pour souligner l'apparition de
des muscles respiratoires accessoires et des muscles ce syndrome chez les patients non obèses [52].
intercostaux doit être normalisée. Le traitement Une apnée est définie comme l'arrêt total du
doit inclure la normalisation de la colonne verté- flux de l'air pendant au moins 10 secondes. Quand
brale thoracique supérieure et cervicale supérieure un épisode de respiration superficielle se produit,
pour leur influence somatoviscérale (respective- ce qui provoque une désaturation en oxygène, cela
ment sympathique et parasympathique). Outre est désigné comme une hypopnée. En revanche, le
l'amélioration de la compliance de la cage thora- « syndrome de résistance des voies aériennes supé-
cique, de l'efficacité respiratoire et de la circula- rieures » décrit les efforts respiratoires anormaux
tion sanguine et lymphatique, l'objectif du pendant le sommeil sans apnées [53]. Outre ces
traitement vise aussi à réduire l'activité sympa- anomalies respiratoires, il existe des étiologies de
thique, à augmenter l'activité parasympathique et survenue des apnées non associées à l'effort inspi-
à renforcer la clairance ciliaire bronchique. ratoire, sous influence centrale ; ce sont les apnées
centrales. Cela caractérise la respiration de Cheyne-
Stokes qui peut résulter de conditions où la capa-
cité du cerveau à réguler la respiration est
Apnée obstructive compromise, incluant une hyperventilation avec
du sommeil diminution de la pression partielle de dioxyde de
carbone, l'insuffisance cardiaque congestive, les
Les chiffres de la prévalence de l'apnée obstructive accidents vasculaires cérébraux, l'hypertension
du sommeil (AOS) diffèrent en raison de la variabi- artérielle pulmonaire et la respiration agonique de
lité des définitions de la maladie, de son processus nombreuses autres causes.
d'évaluation et des différences dans les méthodes Classiquement, le diagnostic de l'AOS se fait
d'échantillonnage. Dans la population générale, durant la nuit avec une polysomnographie dans un
l'apparition de l'AOS, associée à une somnolence laboratoire spécialisé en pathologie du sommeil,
diurne, est pour les adultes d'environ 3 à 7 % chez bien que maintenant, la polysomnographie ambu-
les hommes et 2 à 5 % chez les femmes. Les chiffres latoire soit également possible [54]. Cette techno-
sont plus élevés pour les personnes en surpoids ou logie mesure le temps de sommeil, les phases du
obèses, et pour les personnes âgées [48]. Cependant, sommeil, l'effort respiratoire, le débit d'air, le
il faut souligner que jusqu'à 93 % des femmes et 82 rythme cardiaque, l'hypoxémie nocturne (par
% des hommes peuvent avoir une forme modérée à exemple, la désaturation de l'oxyhémoglobine
sévère du syndrome de l'apnée du sommeil, qui moyenne), et la fréquence des événements
n'est pas cliniquement diagnostiquée [49]. apnéiques et hypopnéiques. Cette procédure
326 Considérations cliniques

génère une mesure, l'index d'apnée-hypopnée Puis, le larynx descend d'une position cervicale
(IAH), qui est le nombre moyen d'apnées ou haute au niveau de C1-C3 entre 30 mois et 3 ans
d'hypopnées par heure de sommeil. Un IAH égal à une position inférieure chez l'adulte, entre les
ou supérieur à 5 accompagné de symptômes tels bords supérieurs de C4 et C7 [59].
une somnolence diurne excessive, une fatigue ou Ainsi, l'ontogenèse répète la phylogenèse. Chez
des troubles cognitifs, ou un IAH égal ou supé- tous les animaux, y compris les primates non
rieur à 15 sans symptômes associés identifient un humains, le larynx est positionné dans le haut du
syndrome d'AOS [55]. cou. Avec l'acquisition de la station bipède, le
larynx descend et le palais mou se raccourcit,
ouvrant l'espace entre l'épiglotte et le palais mou.
Physiopathologie de l'apnée À ce stade, les sons laryngés peuvent s'échapper de
obstructive du sommeil la cavité orale et produire les voyelles et les
consonnes du langage humain dans la région
Plusieurs facteurs prédisposent au syndrome supralaryngée du pharynx devenue plus grande.
d'AOS. Un facteur génétique est possible [56, Ces modifications évolutives dans le tractus respi-
57], avec une hypothèse suggérant des modifica- ratoire supérieur humain pour faciliter le langage
tions dans les mécanismes d'activation neurale ont été nommées « The Great Leap Forward »
intrinsèque au sommeil [58]. Il est aussi admis (Le Grand Bond en avant) dans l'évolution
que certaines caractéristiques anatomiques favo- humaine [60]. Elles sont également considérées
risent un rétrécissement des voies aériennes supé- comme la base anatomique de l'acquisition du
rieures contribuant aux AOS. Aussi, comme une syndrome d'AOS [61].
dysfonction somatique réversible peut être res- En plus de la descente du larynx, d'autres chan-
ponsable d'un tel rétrécissement, une étude de gements ont eu lieu dans l'évolution phylogéné-
l'évolution et de la fonction de l'anatomie des voies tique et ontogénétique de la posture bipède,
aériennes supérieures, et de l'effet potentiel de la contribuant aussi au développement de l'AOS.
dysfonction somatique, peut faciliter la compré- L'une des différences significatives entre les
hension, et par conséquent le traitement, de l'OSA. humains et les autres primates est l'augmentation
de la flexion basilaire du crâne chez les humains.
Évolution phylogénétique Notez ici que la majeure partie de la flexion basi-
et ontogénétique laire se produit au niveau de la synchondrose sphé-
Les voies aériennes supérieures constituent une nobasilaire, située sur la paroi supéropostérieure du
région très complexe qui contribue à des fonc- nasopharynx [62]. De fait, l'angle entre le pharynx
tions physiologiques aussi diverses que la dégluti- et la cavité nasale a tendance à se fermer, réduisant
tion, la respiration et la vocalisation. C'est l'efficacité des voies aériennes supérieures.
également un site où les changements associés à En concomitance avec la flexion basilaire, le
l'évolution phylogénétique et ontogénétique sont bloc facial fait une rotation antérieure. En consé-
considérables. Les études anatomiques compara- quence, l'espace pour les dents est réduit et la
tives entre les primates non humains et les humains mandibule, les maxillaires, l'ethmoïde, et les pala-
modernes fournissent une appréciation de l'évolu- tins sont plus courts. La langue se déplace vers
tion des fonctions et du potentiel dysfonctionnel l'arrière, d'une position entièrement intrabuccale
des voies aériennes supérieures. Au cours des deux chez les primates non humains vers une position
premiers mois de la vie, le larynx est placé haut partiellement pharyngienne chez l'homme.
dans le pharynx, et pendant la déglutition et la Compte tenu de tous ces changements, il est
respiration, l'épiglotte reste en contact avec le intéressant de noter qu'il existe une corrélation
palais mou, offrant une voie aérienne continue du significative entre l'IAH et la descente du larynx,
nez à travers le larynx jusque dans la trachée. l'angulation de la base du crâne et la rotation
Progressivement, ce contact disparaît et vers antérieure du viscérocrâne, chez les individus de
6 mois, il n'est présent que pendant la déglutition. sexe masculin souffrant d'AOS [63].
Chapitre 10. Dysfonctions respiratoires 327

Spécificités anatomiques de l'AOS tures liées aux voies aériennes supérieures, ce qui
Chez les patients atteints d'AOS, plusieurs études inclut le pharynx, le larynx, l'os hyoïde, la base du
ont démontré différentes particularités anatomiques. crâne, les maxillaires, la mandibule, le palais mou, la
Et de fait, l'AOS illustre parfaitement le principe langue et le rachis cervical. Aussi, toute dysfonction
ostéopathique de la relation entre la structure et la somatique affectant ces structures doit être considé-
fonction. Le rétrécissement des voies aériennes rée lors du traitement de l'AOS (figure 10.7).
supérieures, comme on l'observe dans l'AOS, peut Le pharynx : cranialement, le pharynx est fixé à la
être associé à une dysfonction de chacune des struc- base du crâne : sur les bords postérieurs des lames

Ostium de la trompe auditive Pli salpingopalatin


Tonsille pharyngienne

Corps du sphénoïde

Pli salpingopharyngien

Atlas
Palais mou
Pli palatopharyngien

Os occipital Génioglosse

Ligament
transverse de l'atlas

Tonsille palatine
Pharynx Géniohyoïdien
Mylohyoïdien
Espace rétropharyngien
Os hyoïde

Épiglotte
Graisse pré-épiglottique

Lame du cartilage cricoïde


Cartilage thyroïde
Plis vestibulaire et vocal

Arc du cartilage cricoïde

Fascia cervical profond,


Fascia cervical profond, lame prévertébrale
lame prévertébrale
Isthme de la glande thyroïde
Veine thyroïdienne inférieure

Œsophage

Trachée
Figure 10.7. Section sagittale de la base crânienne et du cou.
Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 562.
328 Considérations cliniques

médiales des processus ptérygoïdes de l'os sphénoïde, ouvre la voie respiratoire nasale. Le palais mou se
sur la partie pétreuse et le processus styloïde des os compose de l'aponévrose palatine, de graisse, de
temporaux, et sur le tubercule pharyngien de l'os occi- tissu lymphoïde et de cinq paires de muscles : les
pital. En arrière, le pharynx est fixé à la colonne cervi- muscles élévateurs du voile du palais (EVP), ten-
cale et au fascia prévertébral. Il est aussi relié au raphé seurs du voile du palais (TVP), uvulaires, palato-
ptérygomandibulaire, à la mandibule, à la langue, à pharyngiens, et palatoglosses. Les EVP et TVP
l'os hyoïde et aux cartilages thyroïde et cricoïde. proviennent de la base du crâne. L'EVP provient
Le pharynx se compose de deux groupes de de l'apex pétreux de l'os temporal et du cartilage
muscles pairs : trois muscles constricteurs et deux de la trompe auditive. Le TVP prend son origine
muscles longitudinaux. Ces muscles sont innervés dans la fosse scaphoïde du processus ptérygoïde,
par le nerf vague (X), sauf les muscles stylopharyn- sur l'épine du sphénoïde, et sur la paroi latérale
giens qui sont innervés par le nerf glossopharyngien du cartilage de la trompe auditive, puis descend
(IX). Le rôle du X est primordial dans la préservation verticalement, pour se courber autour de l'hamu-
de la perméabilité des voies aériennes pharyngées. lus ptérygoïdien. Les muscles uvulaires forment
Pour cette raison, toutes les dysfonctions de la base la luette. Le muscle palatopharyngien provient
du crâne – en particulier du foramen jugulaire – et de du pharynx et le palatoglosse de la langue. Tous
la colonne cervicale doivent être normalisées lorsque ces muscles sont innervés par le plexus pharyn-
la perméabilité des voies aériennes est fonctionnelle- gien (IX et X), à l'exception du TVP qui est
ment compromise. La position de la colonne cervi- innervé par le nerf mandibulaire (V3).
cale affecte également la taille de l'oropharynx : elle En raison de l'emplacement des insertions des
est réduite dans la flexion cervicale et augmentée muscles du palais mou, toute dysfonction de la
dans l'extension [64]. Par conséquent, la normalisa- base du crâne peut affecter leur fonction et le
tion des dysfonctions cervicales peut être utile pour rapport stratégique entre la base du crâne, la
les patients atteints d'AOS, qui démontrent généra- langue et le pharynx. La position et la surface du
lement une flexion du cou associé à un pharynx palais mou joue un rôle dans l'AOS. Chez les
étroit [65]. Fréquemment, les dysfonctions cervi- patients souffrant d'AOS, la surface rétropalatale
cales dans le plan antéropostérieur compensent des du voile est nettement plus petite [67]. La lon-
dysfonctions de la colonne thoracique. Aussi, il est gueur du voile affecte également le ronflement.
toujours opportun d'examiner et de traiter la De plus, une luette large est associée à l'AOS
colonne thoracique lors d'un traitement de la [68]. Rappelons toutefois que la muqueuse du
colonne cervicale. palais mou peut devenir œdémateuse et s'élargir
Plusieurs études démontrent une réduction de en raison de la contrainte mécanique provoquée
la dimension antéropostérieure aux différents par les vibrations du ronflement [69, 70].
niveaux de la voie aérienne, corrélée à la gravité de
l'AOS. La dimension la plus étroite se trouve dans
Autres facteurs de risque
l'oropharynx [66].
Le palais mou : Le palais mou (voile du palais) Position de sommeil : la position dans laquelle nous
est une structure tout aussi importante dans la dormons a également été étudiée, et lorsque l'on
mise en place de la voie respiratoire et dans le compare les positions de décubitus dorsal et de
processus du ronflement. Souvent comparé à un décubitus latéral, les événements apnéiques les plus
rideau pendant sous le bord postérieur du palais graves se produisent en décubitus dorsal [71]. La
dur, i. e. les bords postérieurs des deux os pala- gravité est en partie responsable, car dans la position
tins, le palais mou s'étend vers le bas et vers l'ar- couchée sur le dos, la langue et le palais mou se
rière entre la cavité orale et le pharynx. En déplacent vers l'arrière, ce qui réduit l'espace oro-
position plutôt horizontale, il sépare le nasopha- pharyngien [72]. En revanche, la position latérale
rynx de l'oropharynx et facilite la voie respira- préserve un passage aérien pharyngien, et dans cette
toire orale. Lorsqu'il est en appui contre la base position, les patients atteints d'AOS démontrent
de la langue, il ferme l'isthme oropharyngien et moins d'événements obstructifs nocturnes [73].
Chapitre 10. Dysfonctions respiratoires 329

L'action protrusive de la langue : la position lin- Les différences de la répartition des graisses
guale dépend des muscles génioglosses. Ils empêchent entre les hommes et les femmes peuvent aussi
la langue de tomber vers l'arrière contre la paroi du expliquer, en partie, ces différences dans la préva-
pharynx, ce qui préserve un passage aérien dans la lence de l'AOS. Deux sites sont spécifiquement
région oropharyngienne. Toutefois, pendant le som- concernés dans la pathogenèse de l'OSA : 1) le
meil paradoxal, les unités motrices des génioglosses dépôt de graisse dans le cou autour de la voie
peuvent rester inactives pendant des périodes allant aérienne pharyngienne qui peut augmenter la
jusqu'à 90 secondes [74]. Cela conduit certains pression des tissus et réduire cette voie ; 2) la
auteurs à considérer la stimulation du nerf hypo- graisse intra-abdominale qui peut diminuer les
glosse (XII) comme une thérapie alternative possible volumes pulmonaires [81].
pour l'AOS [75]. Le XII sort du crâne par le canal de
l'hypoglosse, à l'arrière de la base du crâne, à proxi- Caractéristiques associées
mité du foramen jugulaire. Pour cela, cette région La somnolence diurne est une plainte fréquente
doit faire partie de l'évaluation et du traitement chez les patients souffrant d'OSA. Cela peut avoir de
ostéopathique chez les patients souffrant d'AOS. graves effets négatifs sur la qualité de vie d'une per-
L'os hyoïde : les muscles génioglosses et hyo- sonne. À côté de la somnolence, la fragmentation du
glosses se fixent sur l'os hyoïde. Par conséquent, sommeil est associée à une diminution des perfor-
ces muscles peuvent affecter et être affectés par la mances cognitives, une activité physique réduite, et
position de l'os hyoïde. Plusieurs études montrent finalement une prise de poids. Un sommeil discon-
que chez les personnes souffrant d'AOS, l'os tinu et insuffisant augmente l'activation du système
hyoïde est plus inférieur et plus postérieur que sympathique avec des conséquences potentielles sys-
chez les sujets du groupe de contrôle. Par ailleurs, témiques qui affectent le tonus vasculaire, les média-
avec l'âge, la position de l'os hyoïde tend à des- teurs de l'inflammation et l'équilibre hormonal. Le
cendre, et le vieillissement est associé à une plus développement d'une hypertension, d'une insuffi-
grande prévalence d'AOS [76]. sance cardiaque congestive, de maladies corona-
Alors que l'os hyoïde n'a pas d'articulation riennes, d'arythmies, d'accident vasculaire cérébral,
directe avec d'autres structures squelettiques, il d'une intolérance au glucose et d'un diabète peuvent
est un lien entre la tête et le cou ; une interface suivre [82, 83, 84, 85, 86].
entre la mandibule et la langue, au-dessus, et la Il convient de souligner que, chez les patients
partie supérieure du thorax, au-dessous. Dès lors, souffrant d'OSA, les facteurs de l'anatomie fonc-
sa position et son mouvement sont influencés par tionnelle qui ont été identifiés comme contribuant
les changements qui se produisent au niveau de la à la physiopathologie de l'OSA sont les zones les
mandibule, de la langue, ou n'importe où dans le plus susceptibles de présenter une éventuelle dys-
thorax. Ainsi, la position de l'os hyoïde dépend de fonction. Ainsi, le traitement de ces patients consiste
la relation maxillomandibulaire antéropostérieure à évaluer ces sites potentiellement dysfonctionnels
[77], et dans l'AOS, la mandibule se trouve en et à traiter toute dysfonction somatique identifiée.
rétroposition [78]. Des appareils d'avancement
mandibulaire sont parfois utilisés chez les sujets
atteints d'AOS pour augmenter la dimension laté- Contribution ostéopathique
rale et antéropostérieure de la lumière du pha-
rynx, en particulier au niveau rétroglossal [79].
à l'examen physique
Sexe : la prévalence de l'AOS est plus grande et au traitement
chez les hommes que chez les femmes. Une expli-
cation possible est que bien que les espaces aériens L'ostéopathe utilise ses connaissances de l'anato-
du pharynx affichent des dimensions similaires mie et de la physiologie pour développer une
chez les hommes et les femmes, ils sont entourés logique de traitement. En cas de troubles respira-
chez ces dernières par des structures plus petites, toires, le traitement ostéopathique vise à optimiser
et de ce fait, ils requièrent moins d'effort pour les mécanismes de la respiration, à améliorer la cir-
maintenir la perméabilité des voies aériennes [80]. culation artérielle, veineuse et lymphatique des
330 Considérations cliniques

voies respiratoires, à équilibrer les fonctions auto- faible amplitude avec, pendant l'inspiration, des
nomes en considérant les influences somatoviscé- déplacements des bords costaux vers l'extérieur et
rales, et à travers ces mécanismes, s'il y a lieu, à vers le haut, et une expansion de la cage thoracique
augmenter les défenses du corps contre l'infection. supérieure presque imperceptible. Notez la profon-
Le diagnostic doit commencer par l'observa- deur et l'effort apparent des mouvements respira-
tion. La posture des patients est influencée par les toires. La respiration diaphragmatique doit être libre,
troubles pulmonaires. Pour faciliter la respiration, avec une alternance coordonnée entre l'expansion et
les patients peuvent prendre une position dans le relâchement, abdominal et thoracique, lors de
laquelle ils soutiennent leur thorax en s'appuyant l'inspiration et de l'expiration. Normalement, l'expi-
sur leurs bras pour fixer les épaules et les muscles ration est passive. Notez les asymétries et/ou la pré-
du cou, aidant ainsi à la respiration. dominance de mouvements respiratoires entre la
Regardez la ceinture scapulaire, chez les patients cage thoracique et l'abdomen. Repérez aussi l'utilisa-
souffrant de troubles respiratoires, les épaules sont tion possible des muscles respiratoires accessoires et
souvent protractées. Examinez et palpez les clavicules leur hypertrophie. Regardez s'il existe une zone de
et les fosses susclavières qui peuvent être déprimées et dysfonction costale qui pourrait être douloureuse,
présenter une tension apparente des structures myo- conduisant le patient à éviter les mouvements respi-
fasciales. Étudiez la mobilité de la charnière cervico- ratoires à ce niveau. Des modes ventilatoires anor-
thoracique et de la colonne cervicale. Les épaules maux sont souvent observés avec les troubles de la
enroulées vers l'avant s'accompagnent souvent d'une respiration. Souvent, il existe un asynchronisme entre
posture où le cou semble raccourci et rigide, avec une les mouvements thoracique et abdominal – dénommé
augmentation de la cyphose thoracique supérieure et la respiration paradoxale abdominothoracique, un
de la lordose cervicale. Observée de côté, la tête signe de dysfonction diaphragmatique – où la paroi
semble projetée vers l'avant, avec une tension accrue abdominale rentre lorsque la cage thoracique s'ex-
des tissus mous cervicaux antérieurs. Faites une pal- panse. Palpez le mouvement du thorax à la recherche
pation des structures et des fonctions de la colonne d'une dysfonction. Le mouvement de la cage thora-
vertébrale et de la base du crâne. Les réflexes viscéro- cique est limité du côté du poumon concerné. Ce
somatiques provenant des voies aériennes se trouvent mouvement peut également être limité du côté de la
au niveau de T1-T4. Ces réflexes sont bilatéraux concavité d'une courbure vertébrale thoracique.
pour les troubles impliquant les deux poumons, et Ensuite, palpez le diaphragme, les espaces intercos-
pour les troubles unilatéraux, les réflexes sont ipsila- taux, les côtes et le sternum. Les déséquilibres mus-
téraux. Le réflexe parasympathique est vagal, au culosquelettiques peuvent prédisposer la personne
niveau de C0, C1, et C2. âgée à une dysfonction pulmonaire et à la maladie,
Continuez avec une inspection générale du tho- mais ils peuvent aussi résulter d'une pathologie pul-
rax, de sa forme et de sa dynamique. Avec l'âge, a monaire, qu'ils sont alors susceptibles d'augmenter.
tendance à se développer une configuration de tho- Tout en palpant la cage thoracique, appréciez la
rax en tonneau, dans laquelle le diamètre antéropos- transmission des vibrations vocales, i. e. la vibration
térieur se rapproche du diamètre latéral. Les côtes perçue par palpation lorsque le patient parle. Placez
qui sont normalement obliques ont tendance à s'ho- les faces palmaires de vos mains sur le thorax et
rizontaliser. Cette tendance est augmentée dans les demandez au patient de répéter le chiffre « trente-
troubles respiratoires, en particulier avec la MPOC. trois », qui produit une bonne vibration. Comparez
Avec le patient en décubitus dorsal, évaluez le les deux côtés et les différentes parties du thorax –
mode ventilatoire et l'aisance de la respiration antérieur, latéral et postérieur. Cela vous fournit des
thoracoabdominale. Évaluez le rythme respira- informations sur la densité du thorax et du tissu pul-
toire, sa fréquence et sa régularité. Au repos, la monaire subjacent. Les vibrations sont diminuées en
fréquence respiratoire chez un adulte est d'envi- présence de fluide dans la cavité pleurale et d'une
ron 14 à 20 cpm. distension des poumons. Elles sont augmentées dans
Habituellement, tout au long d'une respiration des pathologies comme la pneumonie, où il y a une
calme, les mouvements de la cage thoracique sont de augmentation de la densité du tissu pulmonaire.
Chapitre 10. Dysfonctions respiratoires 331

Regardez les espaces submaxillaires, et observez Avec le relâchement de la tension myofasciale, la


la position et le mouvement de la mandibule, de correction de la dysfonction somatique permet
l'os hyoïde et de la trachée. La palpation de la tra- d'améliorer l'apport de sang artériel et le drainage
chée peut être faite en plaçant deux doigts de veineux et lymphatique des tissus. Les procédures
chaque côté de la trachée, juste au-dessus de la comme la pompe thoracique et le relâchement de
fourchette sternale, en dedans des muscles sterno- l'orifice supérieur du thorax permettent également
cléidomastoïdiens. Cela doit être fait avec le contact d'améliorer le drainage lymphatique et la clairance
le plus léger possible pour éviter de provoquer un ciliaire bronchique. En outre, le pompage thoracique
réflexe de toux. Notez toute déviation latérale et le augmente la pression intrathoracique négative et
mouvement pendant l'inspiration lorsque la tra- draine les sécrétions de l'arbre trachéobronchique. La
chée descend normalement d'environ 1 à 2 cm. procédure du « rib raising » (soulèvement des côtes)
Ensuite, examinez la tête du patient avec une et la libération des tissus mous dans la région thora-
attention particulière sur le visage. Vérifiez la per- cique détend les muscles le long de la colonne verté-
méabilité des narines. Pendant l'inspiration, le brale thoracique et réduit l'activité sympathique. Par
mouvement des parties latérales des cartilages des réflexes viscérosomatiques, la dysfonction pulmo-
alaires vers l'extérieur, est normalement à peine naire contribue à la contraction musculaire, qui à son
visible. Étudiez la position des lèvres, les patients tour stimule le système nerveux sympathique. Des
atteints d'une MPOC sévère et d'emphysème ont pressions inhibitrices peuvent donc être utilisées pour
tendance à pincer spontanément leurs lèvres pen- réduire l'activité sympathique, tandis que l'activité
dant l'expiration, augmentant ainsi la pression parasympathique peut être augmentée avec un relâ-
dans l'arbre bronchique, ce qui sauvegarde la per- chement myofascial suboccipital et une compression
méabilité des voies aériennes les plus petites. du quatrième ventricule. L'augmentation de l'activité
Demandez au patient d'ouvrir la bouche et obser- parasympathique favorise la clairance ciliaire bron-
vez la relation entre la langue et les dents. Chez les chique. Par ailleurs, l'amélioration de la fonction
patients souffrant d'OSA, pour évaluer le muscle diaphragmatique permet de réduire l'utilisation des
génioglosse, demandez-leur de sortir la langue muscles respiratoires accessoires.
vers l'avant et d'un côté puis de l'autre, et notez Les procédures du traitement ostéopathique
toute asymétrie. Pour mieux évaluer la tonicité de doivent être spécifiquement destinées à renforcer
ces muscles, demandez au patient de pousser la les capacités inhérentes du corps du patient, en
langue latéralement contre l'intérieur de la joue fonction de ses troubles respiratoires spécifiques.
tout en palpant avec vos doigts le mouvement à Chez les patients qui ont chroniquement une
l'extérieur de la joue. Vérifiez également les arti- capacité respiratoire diminuée, comme dans la
culations temporomandibulaires (ATM) en raison MPOC, le TMO vise à leur permettre de fonc-
de leur rapport avec la sphère oropharyngée. tionner à leur niveau optimal, compte tenu de leur
En utilisant des principes indirects, traitez toute pathologie pulmonaire. Pour autant, vous devez
dysfonction identifiée au niveau de : être extrêmement attentif à ne pas dépasser le
tMBCBTFEVDSÉOF MFGPSBNFOKVHVMBJSFQPVSMF9  niveau de tolérance de votre patient. Les patients
et le canal hypoglosse pour le XII ; souffrant de troubles respiratoires peuvent très
tMB[POFPSPGBDJBMF MBNBOEJCVMF MhPTIZPÕEFFU facilement développer un état de détresse respira-
la langue (en particulier chez les patients souf- toire s'ils sont traités de manière trop agressive.
frant d'OSA) ; Pour un résultat optimum, le patient doit être
tMFSBDIJTDFSWJDBM $ $QPVSMF9 FU$$ détendu et pour se faire, il doit avoir confiance en
pour leur relation avec le nerf phrénique et le vous (voir la description des procédures dans la
diaphragme ; partie III, Traitement du patient, p. 92).
tMFSBDIJTUIPSBDJRVF MFTDÙUFT MFTUFSOVNFUMFT
« I have successfully treated many cases of
clavicules ; pneumonia, both lobar and pleuritic, by correcting
tMFEJBQISBHNF the ribs at their spinal articulations. If I find much
tMFTQPVNPOT MFGPJFFUMBSBUF figure 10.8). cutting pain in lung and pleura, I carefully palpate
332 Considérations cliniques

Orifice de la veine cave Hiatus œsophagien

Diaphragme

Ligament arqué médian


(hiatus aortique)
Ligament arqué médial
Ligament arqué latéral
Pilier diaphragmatique Pilier diaphragmatique gauche
droit
Transverse de
l'abdomen (sectionné)
Transverse de l'abdomen
Carré des lombes
Grand psoas

Petit psoas

Iliaque

Epine iliaque
antérosupérieure

Ligament inguinal

Tubercule pubien

Figure 10.8. Diaphragme et muscles de la paroi abdominale postérieure.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 173.

over the upper ribs of the side on which the pain is When the ribs are adjusted and the blood and nerve
located. I usually find the sixth, seventh, and eighth supply freed from pressure, the fever generally goes
ribs pushed above or below or twisted upon the down and ease will follow [87]. »
transverse processes thus closing up the intercostal A.T. Still
veins by pressure and disturbing the vaso motors to
the lungs. I carefully adjust the misplaced ribs and
if a cough continues to annoy the patient, explore (« J'ai traité avec succès de nombreux cas de
higher up for a displaced first, second, third, or pneumonies, à la fois lobaires et pleurales, en
fourth rib and correct any variations found. Such corrigeant les côtes à leurs articulations vertébrales.
variations may cause a tightening of the clavicle Si je trouve beaucoup de douleur en coup de
pressing down on branches of the pneumogastric poignard dans le poumon et la plèvre, je palpe
nerve as they pass under it. Carefully adjust ribs and attentivement les côtes supérieures du côté où la
clavicle and the cough will cease, if taken in time. douleur est localisée. Je trouve habituellement les
Chapitre 10. Dysfonctions respiratoires 333

sixième, septième, et huitième côtes remontées réaction n'est pas bénéfique, car elle augmente le
ou descendues ou en torsion sur les processus rythme et l'effort respiratoires, accroissant la sensa-
transverses obturant ainsi les veines intercostales
par pression et perturbant la vasomotricité vers tion de dyspnée. Inversement, un ralentissement
les poumons. J'ajuste attentivement les côtes mal conscient de la respiration, avec de grandes respira-
placées, et si une toux continue à ennuyer le patient, tions lentes et profondes, est favorable.
j'explore plus haut à la recherche d'un déplacement Commencez par faire prendre conscience à vos
des première, deuxième, troisième ou quatrième
côtes et corrige toute modification constatée. patients de leur mode respiratoire. Apprenez-leur
De telles modifications peuvent provoquer un à utiliser le diaphragme pour une meilleure respi-
resserrement de la clavicule qui appuie vers le bas ration. Demandez-leur de placer une main sur la
sur les branches du nerf pneumogastrique passant poitrine et l'autre juste en dessous de la cage tho-
en dessous. Ajustez soigneusement les côtes et la
clavicule, et si elle est prise à temps, la toux cessera. racique. Puis, demandez-leur de respirer lente-
Lorsque les côtes sont ajustées et le sang et les ment par le nez et de sentir comment l'estomac se
nerfs libérés de la pression, généralement la fièvre déplace sous leur main. Pendant l'expiration, ils
baisse et le soulagement suit. ») doivent contracter leurs muscles abdominaux et
expirez en pinçant les lèvres. Au cours de cet exer-
cice, le cou et les épaules doivent être relâchés.
Conseils au patient Vous pouvez encore apprendre à votre patient
comment mobiliser et évacuer les sécrétions tra-
L'amélioration de la capacité inhérente du corps à chéobronchiques avec la technique d'augmenta-
l'autoguérison est renforcée par des principes fon- tion du flux expiratoire. Demandez-leur d'inspirer
damentaux de bonne hygiène de vie. Tous les profondément, en remplissant leurs poumons
patients souffrant de troubles respiratoires autant que possible, puis d'expirer à travers la
devraient essayer de dormir sept à neuf heures par bouche ouverte par plusieurs expirations éner-
nuit, de façon régulière, afin d'équilibrer le SNA giques, tout en disant « hein ». L'expiration est
et de promouvoir l'homéostasie. essentiellement obtenue par la contraction des
De même, l'alimentation est un facteur impor- muscles abdominaux. Ce processus peut être
tant. L'apport quotidien de protéines, de fruits frais répété autant de fois que nécessaire pour mobiliser
et de légumes doit être recommandé pour fournir et éliminer le mucus des voies aériennes.
les vitamines, minéraux et acides aminés nécessaires Insistez sur l'importance de la respiration nasale
à la restauration des fonctions du corps. Les sucres et conseillez au patient de pratiquer des activités
et les aliments transformés qui augmentent l'acidité vocales telles que le chant, ou de fredonner pour
gastrique devraient être limités et, comme ils aug- aider au contrôle et à l'amélioration de la respira-
mentent la production de mucus, consommés tôt, tion. Des étirements en douceur de la nuque, des
de préférence avant 17 heures, pour permettre une épaules, et de la cage thoracique avec des flexions/
vidange gastrique si possible avant le coucher. extensions de la colonne, des inclinaisons latérales
Encouragez le patient à boire beaucoup – eau, jus et des rotations droites/gauches sont aussi
de fruits ou thé léger –, au moins six à dix verres de conseillées pour faciliter la respiration. Une bonne
liquide par jour, et à éviter l'alcool. posture doit être encouragée, avec une attention
Aidez votre patient à reconnaître ses limites et à particulière sur la position des épaules, de la
ne pas les dépasser. Des activités physiques, dans la cyphose thoracique et de la lordose cervicale.
limite de la tolérance, sont essentielles pour main- Pour chaque dysfonction respiratoire, des
tenir et améliorer le bien-être. La sensation d'étouf- conseils plus spécifiques peuvent être donnés.
fement que les patients perçoivent pendant la
respiration est très stressante et les exercices respi- Maladie pulmonaire obstructive chronique
ratoires peuvent les aider, en leur donnant un cer- Encouragez le patient à arrêter de fumer, en expli-
tain contrôle sur leur respiration. Quand un patient quant que c'est la meilleure façon d'influencer la
commence à ressentir une dyspnée, cela entraîne progression de la maladie. Conseillez-lui de se
généralement une sensation d'anxiété. Cette faire aider. Incitez votre patient à éviter la pollu-
334 Considérations cliniques

tion de l'air au travail, ainsi qu'à l'intérieur autant peut être renforcée en demandant au patient de
qu'à l'extérieur de son habitation. Les allergènes sortir la langue, en avant, et alternativement à
doivent être recherchés, identifiés et éliminés droite et à gauche. Une tonification peut être obte-
autant que possible. Ils comprennent le plus sou- nue en demandant au patient de placer les doigts
vent les pollens, les aliments, les moisissures, les contre la face externe de la joue, et de pousser la
poussières et les poils d'animaux. langue latéralement contre la face interne de la
Les patients atteints de MPOC devraient, autant joue, tout en résistant avec les doigts. Répétez
que possible, maintenir une activité régulière adap- l'exercice de l'autre côté. Conseillez aussi le chant
tée à leur niveau de tolérance respiratoire. Des pro- qui est une bonne façon de se détendre. De plus, le
grammes de rééducation, où l'on enseigne au chant est un excellent exercice de respiration, qui
patient comment améliorer la tolérance à l'exercice tonifie également le palais mou et les muscles
et la façon de gérer les symptômes de dyspnée et de orofaciaux.
fatigue, peuvent être indiqués. Encouragez-les à
soulager leur essoufflement avec une respiration Références
avec les lèvres pincées, en particulier lorsqu'ils font [1] Still AT. In : Kirskville AT, Still, editors. Philosophy of
une longue marche ou des activités plus difficiles. Osteopathy. 2e édition. Indianapolis : American
Les patients bénéficieront également de techniques Academy of Osteopathy ; 1899, 1971.
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maintenir un environnement chaud et humide Livingstone ; 2008.
pour aider à liquéfier le mucus. [6] Knowles M.R., Boucher R.C., « Mucus clearance as a
primary innate defense mechanism for mammalian
Apnée obstructive du sommeil airways », op. cit.
[7] Hall J.E., « Pulmonary ventilation », op. cit.
Pour améliorer l'AOS, conseillez de perdre du [8] Hyam JA, Brittain JS, Paterson DJ, Davies RJ,
poids et d'éviter alcool et sédatifs. Encouragez Aziz TZ, Green AL. Controlling the lungs via the
aussi votre patient à éviter la position de sommeil brain : A novel neurosurgical method to improve lung
function in humans. Neurosurgery 2012 ; 70(2) :
en décubitus dorsal. La ventilation en pression 469–77 discussion p. 477–478.
positive continue est considérée comme un bon [9] Pisi G, Olivieri D, Chetta A. The airway neurogenic
traitement, mais souvent, les patients ne s'y inflammation : clinical and pharmacological implica-
adaptent pas. Les autres options classiques sont tions. Inflamm Allergy Drug Targets 2009 ; 8(3) :
l'orthèse d'avancée mandibulaire qui repositionne 176–81.
[10] Litton HE. Manipulative treatment of pneumonia.
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In : Year Book of the Academy of Applied Osteopathy.
TMO offre une bonne alternative pour une Indianapolis : American Academy of Osteopathy ;
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rales doivent être normalisées, en particulier les [11] Ibid.
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Enseignez à votre patient des exercices qui ren- [13] Fon GT, Pitt MJ, Thies Jr AC. Thoracic kyphosis :
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Chapitre 10. Dysfonctions respiratoires 335

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Chapitre 10. Dysfonctions respiratoires 337

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Chapitre 11
Dysfonctions gastro-intestinales
« I will say, after forty years' observation and practice, être associées à des troubles multiples. Toute por-
that no good can come to the patient by pulling, tion du tractus GI peut être affectée. La portion
pushing, and gouging in the sacred territory of the
abdominal organs ; but much harm can and does supérieure du tractus GI est constituée de la cavité
follow bruising the solar plexus, from which a branch buccale, du pharynx, de l'œsophage, de l'estomac
of nerves goes to each organ of the abdomen. Upon et du duodénum. La dysphagie et le reflux gastro-
that center depends all the elaborate work of the œsophagien sont parmi les troubles les plus fré-
functioning of the abdomen. I say, “Hands off”. Go to
the spine and ribs only. If you do not know the power quents de cette portion. La portion inférieure
of the spinal nerves on the liver to restore health, comprend la plus grande partie de l'intestin grêle
you must learn or quit, because you are only an owl et l'ensemble du gros intestin. Le syndrome du
of hoots, more work than brains. I want the man côlon irritable, les flatulences et la constipation
who wishes to know the work that is done by the
organs or contents of the abdomen also to know the sont les plaintes les plus fréquentes de cette région.
danger of ignorance, and that wild force in treating L'association fondamentale en ostéopathie entre
the abdomen cannot be tolerated as any part of this la structure et la fonction est parfaitement démon-
sacred philosophy [1]. » trée lorsque l'on considère la fonction et la dys-
A.T. Still fonction GI. Le tractus GI est relié au reste du
corps par les systèmes lymphatique et vasculaire.
(« Je dirai, après quarante ans d'observation et de
pratique, que rien de bon ne peut arriver au patient Grâce à son réseau nerveux, il influence et est sous
en tirant, poussant, et gougeant dans le territoire l'influence des côtes et de la colonne vertébrale par
sacré des organes abdominaux ; mais beaucoup l'intermédiaire des réflexes viscérosomatiques,
de mal peut suivre et suit l'écrasement du plexus somatoviscéraux, et viscéroviscéraux [2]. Aussi, la
solaire, à partir duquel une branche des nerfs va
à chaque organe de l'abdomen. De ce centre connaissance de ces structures est nécessaire pour
dépend tout le travail complexe du fonctionnement comprendre la fonction et la dysfonction du tractus
de l'abdomen. Je dis : “Ne touchez pas.” Allez à la GI afin de promouvoir une fonction équilibrée.
colonne vertébrale et aux côtes seulement. Si vous
ne connaissez pas la puissance des nerfs spinaux
sur le foie pour restaurer la santé, vous devez
apprendre ou abandonner, parce que vous êtes
seulement un hibou qui hulule, plus de bruit que de
Dysphagie
cervelle. Je veux que l'homme qui souhaite connaître
le travail qui est fait par les organes ou le contenu La dysphagie, ou difficulté à avaler, l'un des pro-
de l'abdomen connaisse également le danger blèmes rencontrés chez les personnes qui vieil-
de l'ignorance, et que la force sauvage dans le
traitement de l'abdomen ne peut être tolérée comme
lissent, provoque fréquemment l'entrée de la
une partie de cette philosophie sacrée. ») matière ingérée dans la trachée. Cela peut entraî-
ner des infections des voies respiratoires infé-
Une fonction gastro-intestinale (GI) saine est rieures, et peut également être un problème
essentielle pour un vieillissement confortable. majeur dans le maintien d'une alimentation suffi-
Cela permet à l'individu âgé de préserver son sante. La dysphagie peut résulter d'une grande
indépendance. Néanmoins, tout au long du vieil- variété de conditions, troubles et maladies tels les
lissement, des modifications histologiques et phy- déficits fonctionnels ou structurels de la cavité
siologiques ont lieu dans le tractus GI qui peuvent buccale, du pharynx, du larynx, de l'œsophage ou

L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans


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340 Considérations cliniques

des sphincters œsophagiens. Les pathologies de divers niveaux du système nerveux central
organiques qui nécessitent un traitement médical (SNC), du cortex cérébral à la moelle allongée et
doivent d'abord et toujours être écartées. Les aux nerfs crâniens qui innervent les muscles striés.
ostéophytes sur la face antérieure des vertèbres
cervicales sont fréquents avec l'âge et peuvent
interférer avec le passage de la nourriture. Près de Phase orale de la déglutition
22 % des seniors en bonne santé vivant de manière
indépendante évoquent une dysphagie [3]. De En règle générale, la phase orale de la déglutition
multiples étiologies peuvent entraîner une dyspha- est considérée comme volontaire et sa durée
gie fonctionnelle, depuis les dysfonctions neurales dépend de l'état fonctionnel de la dentition du
aux changements fonctionnels du pharynx, ou des sujet, de la qualité et du goût de la nourriture et,
muscles impliqués dans le processus de la dégluti- en particulier pour le patient âgé, de l'environne-
tion. Les principes ostéopathiques peuvent être ment. Les aspects structurels orofaciaux doivent
appliqués pour résoudre ces problèmes et amélio- aussi être pris en considération. Effectivement,
rer la fonction de déglutition. l'augmentation des angles goniaques et des lon-
En général, la déglutition est divisée en trois gueurs du corps de la mandibule et du ramus, des
phases : orale, pharyngienne et œsophagienne incisives mandibulaires en linguoversion ainsi
(figure 11.1). Le passage en douceur d'un bol de qu'une augmentation de la longueur des arcades
nourriture de la bouche à l'estomac implique de dentaires sont associés à une déglutition plus
multiples fonctions sensorimotrices avec la partici- longue [4].
pation de la musculature orofaciale, linguale, laryn- L'une des principales structures participant à la
gée, pharyngée et œsophagienne, et la participation phase orale de la déglutition est la langue. Lorsque

Bolus d’aliments
sur la langue

Cavité
nasale

Naso-
pharynx

Palais mou

Oro-
Langue pharynx

Laryngo-
pharynx

Épiglotte fermant
l’orifice du larynx
Œsophage

Figure 11.1. Situation des structures pendant la déglutition.


Source : Waugh A., Grant A., Anatomie et physiologie normales et pathologiques, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, 2007, p. 307.
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 341

les aliments sont mastiqués et forment un bolus, suprahyoïdiens, pairs : les muscles digastrique,
ils sont pressés contre le palais dur par la langue. stylohyoïdien, géniohyoïdien et mylohyoïdien. Ils
Puis la langue propulse le bolus vers l'arrière de la élèvent la langue. En outre, la contraction des
bouche et dans le pharynx, où le réflexe de déglu- muscles des lèvres et des joues – muscle orbiculaire
tition est initié. des lèvres et muscles buccinateurs – est essentielle
La langue est une structure musculaire. Elle est pour éviter la fuite de la nourriture ou du liquide
composée de dix-sept muscles (huit pairs et un hors de la cavité buccale.
impair) à la fois intrinsèques et extrinsèques. Les Normalement, la langue démontre de grands
muscles intrinsèques sont : mouvements dans les trois plans de l'espace [5].
tMF MPOHJUVEJOBM TVQÏSJFVS EF MB MBOHVF TFVM Elle ajuste constamment sa taille et sa forme afin
muscle impair) ; d'aider au mélange de la nourriture lors de la mas-
tMFTMPOHJUVEJOBVYJOGÏSJFVSTEFMBMBOHVF tication et à la propulsion vers l'arrière, dans l'oro-
tMFTUSBOTWFSTFTEFMBMBOHVF pharynx, du bol alimentaire qui en résulte.
tMFTWFSUJDBVYEFMBMBOHVF Toutefois, pour permettre ces multiples fonctions
Ils modifient la forme de la langue, ce qui per- de manière efficace, les structures sur lesquelles la
met les mouvements précis de la succion, de la langue se fixe, i. e. la mandibule, l'os hyoïde, les
déglutition et du langage. processus styloïdes des os temporaux et le bord
Il y a cinq paires de muscles extrinsèques qui postérieur du voile du palais et de son aponévrose,
fixent de façon symétrique la langue au crâne, à doivent être exemptes de toute dysfonction soma-
l'os hyoïde et au pharynx. Ce sont les génio- tique. Lorsque l'on mange et que l'on parle, la
glosses, hyoglosses, styloglosses, palatoglosses et position de la langue est normalement assortie aux
pharyngoglosses. Une cloison sagittale médiane changements de position de l'os hyoïde et de la
fibreuse divise la langue en deux moitiés et se fixe mandibule [6]. Même si l'os hyoïde n'a aucune
au corps de l'os hyoïde. Ces paires musculaires tra- articulation directe avec d'autres structures sque-
vaillent de concert, symétriquement ou asymétri- lettiques, il représente néanmoins une interface
quement, permettant à la langue de sortir, de se importante entre la mandibule et la langue susja-
rétracter et de se déplacer latéralement vers la centes et la partie thoracique supérieure subja-
gauche ou vers la droite : cente. En conséquence, sa position et son
tMFT HÏOJPHMPTTFT OBJTTFOU EF DIBRVF DÙUÏ EF MB mouvement sont influencés par la fonction et la
mandibule et s'insèrent sur l'os hyoïde ; ils se position de la mandibule ou de toute portion du
mêlent aux muscles intrinsèques de la langue et thorax qui à son tour affectera la fonction
sont les muscles principaux de la protrusion ; linguale.
tMFT IZPHMPTTFT WJFOOFOU EF MhPT IZPÕEF FU TF Lors de la déglutition, la posture et la fonction
perdent dans la langue ; ils rétractent la langue ; linguales sont également liées de manière significa-
tMFT TUZMPHMPTTFT WJFOOFOU EV QSPDFTTVT TUZMPÕEF tive à la morphologie dentofaciale. Il existe une rela-
des os temporaux et se terminent sur la partie tion entre le mouvement lingual, la voûte palatine et
latérale de la langue ; ils rétractent aussi la la longueur de l'arcade, mais pas sa largeur, qui
langue ; illustre l'association entre la structure et la fonction
tMFT NVTDMFT QBMBUPHMPTTFT WJFOOFOU EF MhBQPOÏ- du système stomatognathique. Des études révèlent
vrose du palais mou et se terminent sur la partie que la dimension verticale intermaxillaire est signifi-
latérale de la langue ; ils élèvent la partie posté- cativement et positivement associée à l'ampleur du
rieure de la langue, fermant ainsi l'isthme mouvement de la langue [7]. Une augmentation de
oropharyngé ; la longueur de l'arcade palatine est également asso-
tMFT QIBSZOHPHMPTTFT TPOU EFT GBJTDFBVY EV ciée à une déglutition plus longue. Dès lors, avec
muscle constricteur supérieur du pharynx qui se l'âge, les patients qui ont une ou plusieurs de leurs
terminent sur les côtés de la langue. dents naturelles remplacées par des prothèses den-
La complexité des mouvements ci-dessus est en taires ou des dentiers peuvent éprouver des difficul-
outre complétée par la participation des muscles tés. Cela est particulièrement vrai si la prothèse n'est
342 Considérations cliniques

pas parfaitement adaptée à l'individu. La malocclu- pour éviter le passage des aliments dans la trachée.
sion qui en résulte, avec des dents et des mâchoires Ainsi, le bolus passe dans le pharynx, se divisant
ne permettant pas un articulé dentaire satisfaisant, autour de l'épiglotte tandis que le palais mou se
rend la mastication moins efficace. Des particules déplace contre la paroi postérieure du pharynx
alimentaires de gros volume subsistent dans le bol pour fermer l'entrée du nasopharynx. Les muscles
alimentaire rendant la déglutition plus difficile. fixés sur l'os hyoïde tirent le larynx vers le haut et
Tout autant, les dysfonctions de l'articulation tem- l'avant. Cela agrandit l'ouverture de l'œsophage,
poromandibulaire qui peuvent également être pré- et le bolus, toujours sous l'influence de la gravité
sentes, avec la douleur qui leur est associée, peuvent et des contractions des constricteurs du pharynx,
diminuer la coordination des muscles orofaciaux, entre dans l'œsophage. Durant cette phase, une
contribuant aux difficultés de la déglutition. fermeture vélopharyngée inadéquate peut entraî-
Lorsque le bol alimentaire atteint le dos de la ner une régurgitation nasale et diminuer la pres-
langue, le réflexe de déglutition est provoqué. De sion pharyngée nécessaire pour avaler.
multiples récepteurs autour de l'ouverture de l'oro- Le pharynx est un demicylindre musculomem-
pharynx sont stimulés par l'arrivée du bol alimen- braneux qui relie les cavités nasales et buccale au
taire. Les impulsions sensorielles sont transmises au larynx et à l'œsophage. Il s'étend de la base du
centre de la déglutition dans le tronc cérébral par la crâne jusqu'au niveau de la sixième vertèbre cervi-
branche maxillaire du nerf trijumeau (V), le nerf cale où il rejoint l'œsophage (figure 11.2 ;
glossopharyngien (IX), et le nerf vague (X), en par- figure 11.3). Trois couches forment la paroi pha-
ticulier sa branche laryngé supérieure. Ces nerfs ryngée : une couche muqueuse interne, une couche
innervent le dos de la langue, l'épiglotte, les piliers fibreuse intermédiaire, et une couche externe. La
du voile du palais et les parois du pharynx. Au partie la plus épaisse de la couche fibreuse intermé-
niveau du tronc cérébral, les fibres afférentes impli- diaire du segment supérieur de la paroi pharyngée
quées dans le déclenchement de la déglutition forme le fascia pharyngobasilaire, solidement fixé à
voyagent avec les V, IX et X, rejoignent le tractus la base du crâne selon une ligne en forme de U
solitaire et finissent dans le noyau du tractus soli- irrégulier. Antérieurement, ce fascia s'insère sur le
taire (NTS). La déglutition peut aussi dépendre de bord postérieur de la lame ptérygoïdienne médiale
centres supérieurs, et les études révèlent que durant de l'os sphénoïde. Puis il s'incurve sous les parties
cette fonction, les sujets âgés en bonne santé cartilagineuses des trompes auditives, s'insère sur la
démontrent plus d'aires corticales actives que les partie pétreuse de l'os temporal, se prolonge
jeunes participants. Une des raisons pourrait être jusqu'au tubercule pharyngien de la partie basilaire
qu'avec le vieillissement, plus d'efforts sont néces- occipitale pour se mêler aux fibres contralatérales.
saires pour avaler, résultant en une plus grande acti- Le bord antérieur de la paroi pharyngée n'est
vation neurale [8]. pas continu. Plutôt, il présente de multiples inser-
tions : sur la lame ptérygoïdienne médiale, le raphé
ptérygomandibulaire, la mandibule, la langue, l'os
Phase pharyngienne hyoïde et les cartilages thyroïde et cricoïde.
de la déglutition Six muscles participent à la formation de la
paroi pharyngée. De chaque côté, les muscles
Lors de la phase pharyngienne, le bolus alimen- constricteurs du pharynx – supérieur, moyen et
taire et les liquides sont transférés de la cavité buc- inférieur – rétrécissent la cavité du pharynx, et
cale vers l'estomac par l'œsophage. Pendant que la trois muscles longitudinaux – stylopharyngien,
langue propulse le bolus en arrière, l'os hyoïde se salpingopharyngien et palatopharyngien – élèvent
déplace vers l'avant, le larynx vers le haut et l'avant la paroi pharyngée et contribuent à la déglutition.
en direction de la base de la langue, et l'épiglotte Les fibres des trois muscles constricteurs
recouvre l'ouverture supérieure du larynx. Le s'unissent postérieurement au niveau du raphé
déplacement de l'épiglotte et le rapprochement pharyngien médian, une bande fibreuse, fixée à sa
des cordes vocales dans le larynx se combinent partie supérieure sur le tubercule pharyngien de
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 343

Tenseur du voile du palais


Trompe auditive
Artère maxillaire Nerf mandibulaire
Raphé ptérygomandibulaire Élévateur du voile du palais
Buccinateur Artère méningée moyenne

Digastrique sectionné
(ventre postérieur)
Stylopharyngien
Constricteur supérieur
Nerf glossopharyngien
Hamulus ptérygoïdien

Styloglosse
Hyoglosse (sectionné)
Ligament stylohyoïdien
Stylohyoïdien
Constricteur moyen
Membrane thyrohyoïdienne
Nerf laryngé interne
Vaisseaux laryngés supérieurs
Thyropharyngien

Cricopharyngien
Cartilage cricoïde
Nerf laryngé récurrent
Trachée
Œsophage

Figure 11.2. Muscles du pharynx, vue latérale.


Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 568.

l'occiput. Ce raphé descend jusqu'au niveau de la Le pharynx se compose de trois parties :


sixième vertèbre cervicale où il se perd dans la tMFnasopharynx, au-dessus et en arrière du palais
paroi postérieure de l'œsophage. Un espace dur ;
rétropharyngé mince, rempli de tissu cellulaire tMhoropharynx, du nasopharynx à la base de
lâche, unit le pharynx à la partie cervicale de la l'épiglotte ;
colonne vertébrale et au fascia prévertébral recou- tMF laryngopharynx, de la base de la langue
vrant les muscles longs du cou et longs de la tête. jusqu'au larynx.
344 Considérations cliniques

Fascia Insertion du raphé pharyngien


pharyngobasilaire sur le tubercule pharyngien
(os occipital)
Processus Élévateur du voile du palais
styloïde
Tenseur du voile du palais

Stylohyoïdien (sectionné)
Constricteur
Ligament stylohyoïdien supérieur
Stylopharyngien
Styloglosse
Fibres du constricteur
moyen provenant du
ligament stylohyoïdien
Constricteur
moyen
Stylohyoïdien (sectionné)

Grande corne
de l’os hyoïde

Raphé pharyngien

Constricteur inférieur
(thyropharyngien)

Constricteur inférieur
(cricopharyngien)

Œsophage

Trachée

Figure 11.3. Muscles du pharynx et fascia pharyngobasilaire, vue postérieure.


Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 570.

Le pharynx fournit une voie de passage pour et du larynx vers le haut et l'avant, ajouté à la
deux fonctions : la progression du bolus des ali- pression du bolus descendant, se traduit par l'ou-
ments et des liquides de la cavité buccale en direc- verture du sphincter œsophagien supérieur qui
tion de l'estomac par l'œsophage, et le transit de permet le passage du bolus dans l'œsophage.
l'air vers et depuis les poumons. Le pharynx doit Même si une personne vieillit en restant en
coordonner la respiration et la déglutition afin bonne santé, les processus impliqués dans l'élé-
d'empêcher le passage des aliments dans les pou- vation du larynx sont généralement plus lents
mons. Le passage d'un bolus par le pharynx sans que chez des adultes plus jeunes, en particulier
aspiration de nourriture est essentiel. La protec- l'initiation de l'excursion hyolaryngienne maxi-
tion des voies respiratoires contre une aspiration male [10]. Cela peut être parce que les per-
d'aliments est multifactorielle et engage une inte- sonnes âgées ont des sensations orales atténuées
raction subtile entre les voies respiratoires supé- par rapport aux jeunes adultes [11]. Le réflexe
rieures et les voies GI supérieures [9]. Tout de déglutition pharyngée est une réponse à la
d'abord, l'adduction des cordes vocales ferme stimulation des récepteurs sensitifs oropharyn-
l'espace entre les plis vocaux – la glotte – qui gés par les différentes propriétés du bolus telles
forme la partie supérieure du larynx. De plus, les que le volume, la viscosité et la température
cartilages aryténoïdes du larynx, sur lesquels les [12]. Par ailleurs, en raison des délais plus longs
cordes vocales sont fixées, basculent vers l'avant dans l'initiation de la déglutition pharyngée,
pour rejoindre la base de l'épiglotte. Le larynx est plus de résidus peuvent rester dans la cavité buc-
poussé sous la base de la langue et l'épiglotte s'in- cale et le pharynx.
cline vers l'arrière pour assurer l'étanchéité du D'un point de vue ostéopathique, en gardant à
vestibule laryngé. Le déplacement de l'os hyoïde l'esprit la relation entre la structure et la fonc-
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 345

tion, les activités musculaires du pharynx peuvent partie la plus proximale de l'œsophage. Au repos, le
être influencées par les structures sur lesquelles il SSO est fermé par la contraction musculaire tonique.
s'insère. Elles doivent être exemptes de toute Par conséquent, lors de l'inspiration, il prévient le
dysfonction somatique afin de permettre aux passage de l'air dans le tube digestif et empêche le
muscles d'optimiser leur fonction avec le meil- reflux des substances œsophagiennes dans l'hypo-
leur effet de levier possible. Par conséquent, les pharynx, protégeant ainsi les voies respiratoires.
dysfonctions de la base du crâne, de la colonne Lors de la déglutition, le SSO doit se détendre de
cervicale, de l'os hyoïde et de la mandibule façon transitoire pour permettre le passage du bol
doivent être considérées et normalisées lors de alimentaire dans l'œsophage. Dans ce processus,
l'évaluation d'une déglutition dysfonctionnelle. plusieurs facteurs s'associent. Le muscle cricopha-
Par ailleurs, puisque les nerfs crâniens glossopha- ryngien doit se relâcher, et la contraction des
ryngien (IX) et vague (X) déclenchent l'activité muscles suprahyoïdiens et thyrohyoïdiens doit tirer
motrice de la déglutition, les rapports entre l'os l'os hyoïde vers l'avant et le larynx vers le haut et
occipital et les os temporaux doivent aussi être l'avant. La pression exercée par le bolus qui des-
évalués pour leurs effets sur le foramen jugulaire cend s'ajoute à ces activités musculaires, contri-
où cheminent ces nerfs. buant ainsi à l'ouverture du SSO. Une rigidité du
SSO, éventuellement causée par une fibrose ou de
l'inflammation, peut limiter son ouverture [14].
Phase œsophagienne De plus, une dysfonction somatique de la base du
de la déglutition crâne, de la colonne cervicale, de la colonne thora-
cique, ou une combinaison de ces dysfonctions
La troisième phase du mécanisme de la dégluti- peut empêcher la musculature du SSO de se
tion est la phase œsophagienne. L'œsophage est détendre correctement.
une structure tubulaire qui relie le pharynx à l'es- À la jonction œsogastrique, le sphincter inférieur de
tomac, et qui comporte un sphincter musculaire l'œsophage (SIO), normalement maintenu fermé par
supérieur et un sphincter musculaire inférieur. une contraction tonique, se relâche lors de la dégluti-
La partie supérieure de l'œsophage, le tiers supé- tion pour le passage des liquides et des aliments.
rieur est l'œsophage cervical, formé essentiellement de
fibres musculaires squelettiques. Le reste, les deux
tiers inférieurs, la partie thoracique, se compose de Reflux gastro-œsophagien
muscles lisses. Après la déglutition, le bol alimentaire
passe par le pharynx et le sphincter supérieur de l'œso- Entre l'œsophage et l'estomac, une région
phage (SSO) pour entrer dans l'œsophage. Une onde spécifique – la jonction œsogastrique (JOG) – se
primaire de contraction commence au niveau du compose du SIO et des structures anatomiques
pharynx et se déplace sur toute la longueur de l'œso- adjacentes : la boucle gastrique et les piliers du
phage, renforcée par des ondes secondaires dans le diaphragme. Normalement, ces structures fonc-
corps de l'œsophage. En position verticale, la gravité tionnent ensemble pour rester compétentes dans
assiste ce péristaltisme pour propulser le bolus dans les circonstances statiques et dans les situations
l'œsophage et dans l'estomac. Dans la partie thora- dynamiques de l'augmentation de la pression
cique de l'œsophage, le mouvement du bolus est dif- intra-abdominale ou de la déglutition. Par consé-
férent de celui du pharynx, et il est totalement sous quent, elles empêchent le reflux du contenu gas-
l'influence du système nerveux autonome (SNA) trique dans la JOG et pourtant, elles doivent aussi
avec les X, et les branches sympathiques cervicales et permettre le passage des aliments ingérés dans
thoraciques. Il en résulte un véritable péristaltisme. l'estomac lors de la déglutition (figure 11.4).
D'un point de vue fonctionnel, le SSO corres- Une dysfonction de la barrière de la JOG est
pond à la zone de haute pression intraluminale qui l'étiologie primaire du reflux gastro-œsophagien
se situe entre le pharynx et l'œsophage cervical [13]. (RGO) [15]. En présence d'un RGO, le contenu
Il se compose des muscles constricteurs inférieurs gastrique acide reflue dans l'œsophage et peut
du pharynx, du muscle cricopharyngien et de la monter aussi haut que le niveau de l'œsophage
346 Considérations cliniques

Muscle œsophagien longitudinal


Muscle œsophagien circulaire

Epaississement musculaire progressif


Muqueuse
œsophagienne Ligament phréno-œsophagien
(portion ascendante)
Submuqueuse
Fascia supradiaphragmatique

Diaphragme Diaphragme
Fascia subdiaphragmatique
(transversalis)
Ligament
phréno-œsophagien
(portion descendante)

Ligament phréno-
œsophagien
(portion descendante)

Anneau graisseux subhiatal


Ligne en zigzag (Z) :
jonction entre les
muqueuses Péritoine
œsophagienne
et gastrique Incisure cardiale

Cardia de
l'estomac
Plis gastriques (rugae)

Figure 11.4. Jonction œsogastrique.


Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 1111.

supérieur, du pharynx et du larynx, avec une aspi- chronique. La prévalence estimée du RGO, avec
ration potentielle dans la trachée. Une stimulation apparition de symptômes tels que brûlures d'es-
des chémorécepteurs des portions moyenne ou tomac, régurgitations ou douleur rétrosternale au
haute de la muqueuse œsophagienne peut être la moins une fois par semaine, est de 10–20 % dans
source d'une inhibition du réflexe respiratoire, le monde occidental, alors qu'en Asie, elle est
d'une hypertension artérielle et d'une bradycardie. inférieure à 5 % [17]. Il existe une association
En outre, une exposition excessive de la muqueuse significative entre l'incidence du RGO et le fait
œsophagienne au contenu gastrique acide à la d'avoir un parent proche avec cette maladie. De
suite d'un reflux peut produire des érosions graves même, une association existe aussi quand le
de l'œsophage, entraînant des complications, telles conjoint présente un RGO, ce qui pourrait
que l'œsophagite, la sténose peptique, l'œsophage remettre en question le rôle des facteurs environ-
de Barrett (stade précancéreux de l'adénocarci- nementaux partagés, comme l'alimentation [18].
nome) et finalement le cancer de l'œsophage. En outre, une masse corporelle élevée et le taba-
Habituellement, la majorité des patients ont des gisme semble être significativement associés à
plaintes légères à modérément sévères. Pourtant, la l'incidence du RGO [19]. En revanche, aucune
douleur liée au RGO affecte la qualité de vie avec association significative n'est trouvée entre le sexe
ou sans érosions œsophagiennes [16]. et le RGO [20]. Parce que structure et fonction
Les symptômes de cette dysfonction sont des sont liées, une compréhension de l'anatomie et
brûlures d'estomac récurrentes, une régurgita- de la fonction de la JOG peut aider à la compré-
tion acide, et éventuellement une toux irritative hension et au traitement du RGO.
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 347

Hiatus œsophagien s'étendent dans la submuqueuse œsophagienne


[21]. Ce lien entre le diaphragme et l'œsophage est
Un peu au-dessus de la JOG, l'œsophage passe du nommé ligament phréno-œsophagien. Ce ligament
thorax à l'abdomen en traversant le diaphragme au permet la mobilité de la JOG lors de la respiration et
niveau de T10. Le plus souvent, le hiatus œsophagien de la déglutition, tout en limitant le déplacement
(figure 11.5) se trouve dans le pilier diaphragmatique de l'œsophage vers le haut. En outre, pendant
droit, entre le centre tendineux du diaphragme l'inspiration pulmonaire, le hiatus œsophagien
(centre phrénique) et le hiatus aortique. Les deux diaphragmatique se contracte en réponse à l'aug-
nerfs vagues (X) traversent également le diaphragme mentation de la pression intra-abdominale [22].
avec l'œsophage. Au niveau du hiatus œsophagien, la Le fascia transversalis fait partie d'une vaste
partie médiale du pilier droit entoure souvent l'œso- couche de fascia située entre le péritoine et la paroi
phage pour former un sphincter externe ; pour abdominale ; il se prolonge caudalement par le fascia
autant, les fibres du pilier ne sont pas directement pelvien, en arrière par le fascia thoracolombal, et cra-
reliées à la paroi œsophagienne. Pour être plus précis, nialement par la couche fasciale recouvrant la face
certaines fibres qui proviennent du fascia transversalis inférieure du diaphragme. Les fibres du ligament
forment un fascia sous le diaphragme et passent dans phréno-œsophagien, en forme de cône autour de la
le hiatus œsophagien, enveloppant l'œsophage pour JOG, proviennent de cette couche fasciale. En outre,
se fondre dans ses parois, 2–3 cm au-dessus de la l'estomac est relié au diaphragme par le ligament
JOG. Quelques-unes des fibres élastiques du fascia gastrophrénique, i. e. la partie du grand épiploon qui

Nerf vague droit Trachée


Artère intercostale suprême droite Œsophage
Artère carotide
commune gauche
Tronc brachiocéphalique Artère intercostale suprême gauche
Troisième artère (branche du tronc costocervical gauche)
intercostale postérieure droite
Veine intercostale Nerf vague gauche
postérieure Nerf laryngé récurrent gauche
Artère subclavière gauche
Artères
intercostales Arc aortique
postérieures
Bronche Plexus œsophagien
principale droite Bronche principale gauche
Tronc vagal Aorte thoracique
postérieur Branches médiastinales
de l'aorte
Nerf Tronc vagal antérieur
intercostal Branches œsphagiennes
de l'aorte

Hiatus œsophagien
Tronc vagal antérieur

Estomac

Diaphragme

Figure 11.5. Hiatus œsophagien.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, p. 112.
348 Considérations cliniques

s'étend de la grande courbure de l'estomac jusqu'à la plus grande le long du bord dorsal de l'estomac, ce qui
face inférieure du diaphragme. entraîne dorsalement le développement d'une grande
D'un point de vue ostéopathique, en suivant les courbure et ventralement d'une petite courbure.
principes de la relation entre la structure et la Ensuite, l'intestin antérieur tourne de telle manière
fonction, les relations fasciales entre l'œsophage et que la grande courbure se déplace vers la gauche et la
le diaphragme doivent être équilibrées pour nor- petite courbure vers la droite. Les deux X suivent cette
maliser une dysfonction de la JOG. rotation. Par conséquent, le X droit devient postérieur
Après avoir traversé le hiatus œsophagien du et innerve la partie dorsale de l'estomac, alors que le X
diaphragme, les X donnent naissance aux nerfs gas- gauche devient antérieur et innerve la partie ventrale
triques. Le drainage du plexus veineux inférieur de de l'estomac. Une partie de la torsion de l'estomac a
l'œsophage passe également au travers du hiatus pour lieu entre la partie inférieure de l'œsophage et le
rejoindre la veine porte. En dessous du diaphragme, pylore, qui ne sont donc plus dans le même plan. Cela
les branches œsophagiennes des artères gastriques est considéré comme un facteur de risque pour le
gauches et quelques vaisseaux lymphatiques che- RGO. Rappelez-vous aussi que la partie supérieure de
minent le long de l'œsophage à travers cet orifice, l'œsophage – le pharynx – est fixée à la base du crâne
et qu'en raison de leur relation tenségritale, une
dysfonction de la zone crânienne peut contribuer
Cardia à une dysfonction du complexe gastro-œsophagien.
Un test d'écoute peut être utilisé pour palper les
L'œsophage s'ouvre dans l'estomac au niveau du
mouvements de l'estomac. Normalement, l'estomac
cardia. Cet orifice, situé au-dessous, est anatomi-
présente des mouvements qui se produisent dans les
quement distinct du hiatus œsophagien du
mêmes directions que ceux décrits lors du processus
diaphragme. Parce qu'il n'y a pas de sphincter par-
de développement. Ces mouvements peuvent être
ticulier associé à l'orifice du cardia, la relation
décrits dans le cadre des trois plans cardinaux, avec
entre le hiatus œsophagien et l'œsophage infé-
un mouvement majeur survenant dans le plan coro-
rieur est fonctionnellement très importante.
nal (frontal) et deux composantes mineures qui se
L'œsophage n'est pas rectiligne, et en dessous du
déroulent dans les plans transversal (horizontal) et
diaphragme sa petite portion abdominale se courbe
sagittal. Dans le plan coronal, l'apex du fundus de
vers la gauche et s'ouvre dans l'estomac, à l'orifice
l'estomac se déplace vers le bas et vers la droite alors
du cardia. La partie droite de l'œsophage abdomi-
que la partie inférieure de l'estomac se déplace vers le
nal se continue avec la petite courbure de l'estomac,
haut et vers la droite. Il en résulte une augmentation
alors que la partie gauche se continue avec la grande
de la concavité de la petite courbure. Dans le plan
courbure. Le bord latéral gauche de l'œsophage et
transversal, la grande courbure se déplace vers l'avant
la courbure du fundus de l'estomac se réunissent à
et en dedans en produisant une rotation de l'esto-
l'incisure cardiale de l'estomac (angle de His).
mac vers la droite, avec la face antérieure regardant à
Normalement, l'orifice du cardia se situe à la
droite. Dans le plan sagittal, le sommet du fundus de
gauche de la ligne médiane, au niveau de T11 en
l'estomac se déplace vers l'avant, avec peu de mouve-
arrière, et au niveau du septième cartilage costal
ment à la partie inférieure de l'estomac.
gauche en avant. Le cardia est au-dessus et en avant
L'identification d'une restriction de la motilité ou
de l'orifice aortique, et un peu à gauche de celui-ci.
une forte sensation de torsion dans cette région peut
être une indication pour un traitement ostéopa-
Mouvement de l'estomac thique, afin de normaliser la dysfonction identifiée.

Embryologiquement, l'œsophage et l'estomac


dérivent de l'intestin antérieur. À 4 semaines de gesta- Rôle du sphincter inférieur
tion, une dilatation se développe dans l'intestin anté- de l'œsophage
rieur, dans le plan sagittal, pour le futur estomac. Puis
plusieurs changements spatiaux ont lieu avant que À des fins histologiques et endoscopiques, la transi-
l'estomac atteigne sa position finale. La croissance est tion interne entre l'œsophage et l'estomac est souvent
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 349

identifiée comme la JOG. L'emplacement précis de quemment associée au RGO [27, 28]. Ce réflexe est
cette jonction est difficile à délimiter car la muqueuse déclenché par la stimulation des mécanorécepteurs ou
gastrique du type de celle du fundus continue sur une des récepteurs des muqueuses, avec une activation des
certaine distance dans l'œsophage abdominal [23]. afférences sensitives de la zone pharyngée (nerfs
À l'extrémité inférieure de l'œsophage, dans sa laryngé supérieur et glossopharyngien). Cette infor-
portion interne, le SIO est constitué de muscles mation est envoyée au rhombencéphale, où la motri-
lisses qui entretiennent une pression tonique à la cité du SIO est modulée. Les fibres sensitives du SIO
JOG. Cela produit un obstacle majeur pour le reflux cheminent avec soit l'innervation sympathique, soit
du contenu gastrique dans l'œsophage. Autour de l'innervation vagale [29]. Les nerfs sympathiques ont
l'œsophage, les expansions gastriques et le pilier du leurs corps cellulaires dans les ganglions des racines
diaphragme contribuent à la fonction du SIO. dorsales entre T1 et L1-2. Ils se terminent dans la
Normalement, ces deux sphincters se détendent moelle épinière thoracique et lombale, et il est admis
rapidement et en même temps pour permettre le qu'ils transmettent principalement des stimuli noci-
passage du bol alimentaire dans l'estomac. ceptifs. Les afférences vagales ont leurs corps cellu-
Toutefois, en raison du gradient de pression entre laires dans le ganglion inférieur (plexiforme) du X. Ils
l'abdomen et le thorax, le contenu intragastrique a se terminent dans le NTS et la formation réticulée
tendance à être entraîné vers l'œsophage. Environ voisine. Habituellement, ils transportent des stimuli
90 % de la pression basale à la JOG est produite par non douloureux. Les neurones du NTS sont étroite-
les fibres musculaires lisses de l'œsophage distal, au ment liés au noyau moteur dorsal du X. De plus, le X
SIO. Lorsque la pression abdominale est augmentée, fournit l'innervation motrice pour le SIO et contient
par exemple lors de l'inspiration ou lors d'un effort, les neurones efférents qui peuvent augmenter ou
les piliers du diaphragme, la partie externe du SIO, se diminuer le tonus du SIO par stimulation des neu-
contractent, participant à la défense contre les RGO. rones moteurs inhibiteurs ou excitateurs du plexus
Inversement, immédiatement après la déglutition, myentérique du SIO [30]. Les neurones myenté-
l'expiration détend les piliers du diaphragme pour riques excitateurs dans le SIO sont cholinergiques et
permettre le passage du contenu œsophagien dans stimulent les récepteurs muscariniques des muscles
l'estomac par le mouvement péristaltique. lisses, tandis que les neurones inhibiteurs reçoivent
Généralement, le RGO est considéré comme des entrées nicotiniques cholinergiques puissantes des
multifactoriel, avec l'implication de différents fibres vagales efférentes. Toutefois, expérimentale-
mécanismes : une augmentation temporaire de la ment, même si le X innerve à la fois les neurones
pression intra-abdominale, un pilier diaphragma- moteurs myentériques excitateurs et inhibiteurs, la
tique dysfonctionnel, une altération de la clairance stimulation vagale produit habituellement une relaxa-
acide de l'œsophage, la sécrétion d'acide gastrique, tion du SIO [31]. Bien que l'innervation motrice du
la vidange gastrique et/ou un reflux libre et spon- SIO soit assurée essentiellement par le X, il a été rap-
tané, lié à une faible pression au repos du SIO. porté que la stimulation des nerfs sympathiques
Pour autant, certaines études remettent en ques- splanchniques provoque le relâchement du SIO par
tion la notion traditionnelle stipulant que les épi- l'activation de récepteurs adrénergiques, ce qui justifie
sodes de reflux sont la conséquence d'une faiblesse la normalisation du SNA.
du tonus du SIO, rapportant qu'ils sont plutôt le Normalement, une relaxation passagère du SIO
résultat d'une relaxation complète passagère du permet les éructations, l'évacuation des gaz piégés
SIO [24, 25]. L'incisure cardiale de l'estomac au-dessus du contenu gastrique. À ce moment,
(angle de His) entre le fundus de l'estomac et une petite quantité d'acide gastrique peut norma-
l'œsophage est également considéré comme ayant lement refluer, sans conséquence pour la
une certaine influence. Les RGO semblent se pro- muqueuse œsophagienne. Une relaxation passa-
duire plus fréquemment lorsque cet angle est gère du SIO non déglutitive est influencée par la
moins fermé [26]. posture, et se produit plus souvent en position
En raison d'une voie vagovagale médiée par le debout que couchée [32]. Tout autant, une ali-
tronc cérébral, une relaxation transitoire complète du mentation riche en graisses peut contribuer à aug-
SIO, sans déglutition pharyngée, semble être fré- menter cette occurrence [33]. En outre, la
350 Considérations cliniques

déficience de la fonction motrice gastrique proxi- dans sa dimension verticale. À la partie inférieure
male et une sensibilité gastrique accrue contri- du ligament, le tissu élastique disparaît et un tissu
buent à la tendance au RGO [34]. Une dysfonction aréolaire lâche remplit l'espace entre le ligament et
de l'estomac proximal peut contribuer au retard l'œsophage, autorisant une plus grande mobilité
de la vidange gastrique et à la relation entre une de l'œsophage. La hernie hiatale est plus fré-
relaxation passagère du SIO et le RGO. quente chez les sujets ayant un indice de masse
corporelle élevé, et chez les hommes [37].

Hernie hiatale Syndrome du côlon irritable


Une hernie hiatale (figure 11.6) se produit lorsque De l'orifice pylorique de l'estomac à la jonction iléo-
les structures au sein de l'abdomen font hernie à cæcale, l'intestin grêle forme la partie la plus longue
travers le hiatus œsophagien du diaphragme. En du tube digestif. Il mesure près de 6–7 m de long, et
conséquence, la compétence du SIO est affaiblie comprend le duodénum, le jéjunum et l'iléon.
et la fonction de la JOG est altérée, entraînant une L'iléon s'ouvre dans le gros intestin à la jonction iléo-
altération de la clairance acide de l'œsophage avec cæcale, à l'union du cæcum et du côlon ascendant. À
une exposition œsophagienne à l'acide accrue. ce niveau, deux replis de l'iléon se prolongent et for-
Bien que la hernie hiatale soit associée au RGO, le ment une valve interne, et la musculature de l'iléon
reflux peut se produire sans hernie. forme un sphincter qui entoure l'orifice. Fermé au
Fréquemment, une hernie hiatale est associée à repos, cet orifice s'ouvre à chaque contraction de
un élargissement du hiatus musculaire diaphrag- l'iléon terminal, libérant le contenu de l'iléon dans le
matique et à la laxité du ligament phréno-œsophagien. cæcum. Cette structure peut empêcher le reflux du
En conséquence, le cardia gastrique peut glisser chyme cæcal dans l'iléon.
vers le haut, et dans les cas critiques, d'autres Mesurant près de 1,5 m, le gros intestin s'étend
organes (rate ou pancréas) font hernie [35]. de l'extrémité distale de l'iléon à l'anus. Il com-
Le ligament phréno-œsophagien formant un prend le cæcum, l'appendice, le côlon, le rectum
cône autour de la JOG a également été décrit et le canal anal. Il absorbe les liquides et les sels du
comme un tube de tissu conjonctif, le tube fascial contenu intestinal et forme les selles.
phréno-œsophagien [36]. Cela permet des mou- Le syndrome du côlon irritable (SCI) est très fré-
vements de glissement de l'œsophage tout en évi- quent. Ce syndrome est parfois décrit sous diverses
tant le développement d'une hernie hiatale. appellations, telles que côlon irritable, colite chro-
Néanmoins avec l'âge, généralement après 50 ans, nique, colopathie fonctionnelle chronique, colite
le ligament phréno-œsophagien peut être étiré spasmodique ou trouble fonctionnel de l'intestin.

Œsophage Incisure cardiale de l’estomac

Hernie hiatale Diaphragme

Fundus

Grande courbure
Petite courbure

Pylore

Figure 11.6. Hernie hiatale.


© Éléonore Lamoglia
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 351

Cependant, il doit être différencié des maladies de facilitation des segments spinaux connexes qui
inflammatoires de l'intestin comme la colite ulcé- fournissent l'innervation du tractus GI affecté peut
reuse et la maladie de Crohn [38]. entraîner une augmentation de la sensibilité de l'in-
Le syndrome du côlon irritable est plus fréquent testin à la distension et à d'autres signaux afférents
chez les femmes, avec des symptômes apparaissant viscéraux généraux. De plus, des réflexes viscérovis-
généralement autour de la vingtième année. Cela céraux de viscères segmentairement associés et une
peut être des ballonnements et des gaz, un besoin facilitation centrale à la suite d'un stress émotionnel
puissant d'aller à la selle, avec soit une diarrhée, en peuvent augmenter les symptômes du SCI.
particulier après les repas ou dès le matin, soit une
constipation, avec parfois du mucus dans les selles.
Bien que l'étiologie soit inconnue, plusieurs fac- Microbiote intestinal
teurs peuvent jouer un rôle dans la physiopathologie
et la présentation clinique des symptômes du SCI. Quatre couches principales forment la paroi intes-
Des variations dans le microbiote – les bactéries qui tinale (figure 11.7) :
vivent dans l'intestin (voir ci-dessous) – perturbent tMBNVRVFVTF
l'équilibre de l'environnement GI interne. Un état tMBTVCNVRVFVTF

Direction de la migration
cellulaire

Absorption
entérocytaire
Cellules
à mucus

Vaisseau
lymphatique
central (lactée)

Orifices des
cryptes
Fibroblastes de Lieberkühn

Épithélium Follicule
lymphoïde
Lamina
propria
Muqueuse

Muqueuse
musculaire

Submuqueuse

Muscle
circulaire
Musculeuse
externe Muscle
longitudinal
Séreuse

Figure 11.7. Architecture des villosités intestinales.


Les différentes couches et cellules ne sont pas dessinées à l'échelle.
Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p.1134.
352 Considérations cliniques

tMBNVTDVMFVTFFYUFSOF Sur environ 200 à 300 m2 de superficie, la sur-


tMBTÏSFVTF face de la muqueuse du tractus GI humain est
La couche la plus profonde, la muqueuse, est colonisée par 1 014 bactéries de plus de 1 000
composée d'un épithélium avec lamina propria espèces et sous-espèces différentes telles qu'elles
subjacente et d'une couche de muscle lisse, la sont détectées par les méthodes de culture ordi-
muqueuse musculaire. Fonctionnant comme une naires [39]. Plusieurs facteurs semblent affecter
barrière protectrice, l'épithélium est aussi un leur nombre : la partie du tractus GI considéré, la
endroit où la sécrétion et l'absorption ont lieu. sécrétion de mucine, le pH, le péristaltisme, les
Des valvules conniventes, les multiples replis sites d'adhésion bactérienne et la disponibilité
transversaux de la muqueuse, des villosités, des des éléments nutritifs. Un péristaltisme moindre
cryptes et des glandes augmentent la surface de et de faibles potentiels d'oxydoréduction
sécrétion ou d'absorption. De plus, sur le pôle api- explique probablement pourquoi le côlon est le
cal de chaque entérocyte, des microvillosités aug- site principal de la colonisation microbienne.
mentent encore cette superficie. Une couche de Inversement, les sécrétions gastriques, pancréa-
tissu conjonctif lâche – la lamina propria – soutient tiques et la bile inhibent la colonisation de l'esto-
l'épithélium de surface et contient les vaisseaux mac et de l'intestin grêle proximal par la plupart
nourriciers et les vaisseaux lymphatiques. Des cel- des bactéries.
lules neuroendocrines, i. e. des cellules entéroendo- La colonisation bactérienne du tube digestif sté-
crines qui sécrètent des hormones en réponse à rile des nouveau-nés commence rapidement dès la
l'absorption des nutriments, sont réparties au sein naissance. À l'âge d'environ 2 ans, la flore intesti-
de l'épithélium. Sur tout l'épithélium, des jonc- nale de l'enfant ressemble à celle de l'adulte. Pour
tions serrées, où les membranes des cellules adja- toute personne, la microflore est affectée par le
centes sont en contact, fonctionnent comme une mode d'accouchement, l'alimentation, le niveau
barrière contre les pathogènes alimentaires et la d'hygiène et l'exposition aux médicaments. Chez
flore entérique trouvée dans la lumière intestinale, les nourrissons allaités au sein, la flore bactérienne
même si, dans le même temps, elles permettent est composée typiquement de bifidobactéries, tan-
une absorption sélective des nutriments. dis que chez les nourrissons nourris au biberon,
La submuqueuse est la couche la plus solide de la des bactéries anaérobies et aérobies sont pré-
paroi intestinale. Néanmoins, cette couche peut sentes [40]. En outre, la flore des nourrissons
s'adapter aux variations de volume de l'intestin. allaités au sein comporte beaucoup moins d'es-
Elle contient le réseau artériel majeur de la paroi pèces susceptibles d'être pathogènes [41].
intestinale, qui se distribue à la muqueuse et à la L'organisme d'accueil peut réagir aux signaux
musculeuse externe. bactériens dès la première colonisation bacté-
La musculeuse externe, la couche de muscles rienne. Il en résulte une altération de l'expression
lisses de la muqueuse, permet des ajustements de génétique chez l'hôte, qui aboutit à un environne-
la structure de la muqueuse afin de s'adapter au ment adapté aux bactéries bénéfiques enrayant la
contenu de l'intestin. Les cellules de la muqueuse croissance éventuelle d'autres bactéries. Il est
musculaire sont également présentes à l'intérieur généralement admis que l'équilibre de l'écosys-
des villosités muqueuses qui se prolongent dans la tème de la barrière protégeant du microbiote est
lumière intestinale. Par sa contraction, la d'une importance primordiale dans le maintien de
muqueuse musculaire augmente les échanges vas- l'homéostasie et des réponses immunitaires intes-
culaires et le drainage lymphatique. tinales tout au long de la vie. Aussi, la colonisation
Autour de la musculeuse externe, une couche de de l'intestin précocement dans la vie peut avoir un
tissu conjonctif, riche en tissu adipeux, constitue la impact sur la santé de l'individu jusqu'à la vieil-
séreuse. Cette couche, la plus externe de la paroi lesse. En fait, les dommages et les blessures à la
intestinale, est recouverte par le péritoine viscéral. surface de la barrière intestinale sont détectés dans
Dans d'autres endroits, la séreuse constitue l'ad- plusieurs maladies, y compris le SCI, la maladie de
ventice et se combine avec le fascia environnant. Crohn et la colite ulcéreuse [42].
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 353

Une fois l'équilibre de l'écosystème de la barrière la submuqueuse et la musculaire externe, dans la


du microbiote déréglé, la pénétration et l'absorp- musculaire externe et la séreuse. Les corps cellu-
tion des facteurs toxiques et immunogènes peuvent laires du SNE fournissent l'innervation intrin-
augmenter dans le corps. Les bactéries pathogènes sèque sensitive et motrice de la paroi intestinale.
de l'intestin s'infiltrent dans la circulation artério- Ils rejoignent l'innervation extrinsèque sensitive,
veineuse ou lymphatique, avec une libération motrice et sensitivomotrice des nerfs d'origines
potentielle d'endotoxines, tels les lipopolysaccha- crânienne et spinale, pour réguler la motilité intes-
rides, qui stimulent les macrophages pour produire tinale et la fonction des muqueuses.
des cytokines en excès, comme le facteur de nécrose
tumorale (TNF) et l'interleukine [43].
Innervation extrinsèque
Certains patients sont génétiquement prédispo-
sés à développer un SCI, mais les facteurs environ- L'innervation extrinsèque de l'intestin provient de
nementaux auxquels le patient est exposé doivent neurones situés en dehors de l'intestin. Elle se
également être considérés. Lorsque les facteurs compose de fibres sympathiques et parasympa-
environnementaux sont en cause, un déséquilibre thiques, et de branches sensitives viscérales du sys-
s'installe entre les bactéries commensales à fort tème nerveux périphérique. Les terminaisons
potentiel pathogène et celles qui sont bénéfiques, sensitives viscérales répondent à toute activité
contribuant à la pathogenèse [44]. En outre, avec musculaire extrême de l'intestin, que ce soient des
l'âge, l'endommagement de la barrière épithéliale contractions ou des dilatations. Les neurones sen-
intestinale est amplifié par la diminution du flux sitifs du X ont leurs corps cellulaires dans les gan-
sanguin, qui entraîne une ischémie potentielle, et glions inférieur et supérieur du X. L'entrée
l'utilisation accrue de médicaments comme les sensitive spinale se fait à travers les nerfs périvascu-
anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) [45]. laires passant par les ganglions prévertébraux en
direction de la corne dorsale de la moelle épinière ;
ces neurones ont leurs corps cellulaires dans les
Sensibilité intestinale ganglions de la racine dorsale. Les axones effé-
rents parasympathiques ont leurs corps cellulaires
L'innervation de l'intestin provient de nerfs dans le noyau moteur dorsal du X de la moelle
intrinsèques, du système nerveux entérique (SNE), allongée. Les neurones efférents sympathiques
et de nerfs extrinsèques, du système nerveux auto- proviennent de la moelle épinière thoracique et
nome (SNA). Le SNE consiste en plexus ganglion- lombale, et ils synapsent dans les ganglions sympa-
naires et non ganglionnaires, tandis que thiques prévertébraux, à savoir les ganglions
l'innervation extrinsèque dérive des nerfs vagues, cœliaque, mésentérique et pelviens.
splanchniques, et pelviens. Le X contient jusqu'à 80 % de fibres afférentes.
L'intégration des sensations GI semble se faire
Innervation intrinsèque dans la moelle allongée et le NTS, d'où les impul-
L'innervation intrinsèque de l'intestin provient de sions passent vers le thalamus et le cortex [46].
neurones du SNE qui sont situés dans la paroi Normalement, l'hypothalamus intègre les infor-
intestinale, dans des plexus ganglionnaires intra- mations GI et celles de l'environnement, et ces
muros. Un maillage d'axones délicats et de minus- processus – à l'exception de la faim, de la satiété,
cules ganglions, situé entre les couches circulaires du besoin de déféquer et de la distension gastrique
et longitudinales de la musculeuse externe, consti- et rectale – n'atteignent pas la perception
tue le plexus myentérique ou plexus d'Auerbach. consciente.
Plusieurs autres plexus se trouvent dans la submu- Une interaction constante – l'axe cerveau-intestin –
queuse ; parmi eux, le plexus de Meissner est le existe entre l'intestin et le SNC, à travers les neu-
plus superficiel. En outre, des plexus nerveux non rones somatiques et les neurones autonomes. En
ganglionnaires sont dispersés dans la paroi de l'in- conséquence, le SNC module l'activité motrice de
testin. Ils se trouvent dans la lamina propria, entre l'intestin à travers le SNA (sympathique et para-
354 Considérations cliniques

sympathique) en préservant le rythme normal de nécessairement cette dernière manifestation, car


l'activité dans le tractus GI ainsi qu'en ajustant les un modèle multifactoriel, avec des facteurs intrin-
influx autonomes pour répondre à n'importe quel sèques et environnementaux, est le plus fréquent.
défi externe. L'acétylcholine libérée par les fibres De surcroît, un phénomène de sommation spa-
parasympathiques augmente la motilité intesti- tiale peut être activé dans le tractus GI. Quand
nale, tandis que la noradrénaline, la somatostatine une distension importante est produite en même
et le neuropeptide Y libérés par les fibres sympa- temps sur plusieurs sites, la perception de la dis-
thiques diminuent la motilité. En outre, une com- tension est plus intense que si elle est produite par
munication se produit entre les différentes régions la distension d'un seul endroit. Par conséquent,
du tractus GI par des signaux myogéniques et une sommation spatiale devrait être considérée
neurogéniques le long de l'intestin, et par des arcs chez les patients présentant des gaz intestinaux
réflexes transmis via les neurones autonomes. excessifs, confinés dans différents sites du tractus
Des différences individuelles sont présentes GI. Rappelons que la distension phasique rapide
dans la physiologie du SNC. Chez les patients stimule les neurones afférents splanchniques. Cela
souffrant de troubles GI fonctionnels, on trouve suggère que la sensibilisation chez les patients
une sensibilité accrue aux stimuli tels que la dis- atteints du SCI se produit dans les nerfs afférents
tension de l'intestin [47]. En fait, une susceptibi- lombaux splanchniques [49]. D'un point de vue
lité génétique aux troubles GI fonctionnels peut ostéopathique, cela justifie la normalisation de la
exister. De plus, parce que les afférences viscérales colonne lombale et de ses structures myofasciales.
sont responsables de l'initiation des réflexes gastro-
intestinaux, l'hypersensibilité intestinale peut Perception de la douleur
modifier la motilité du tractus GI en augmentant La perception de la douleur semble être essentielle-
les réflexes intestinaux afférents-efférents (viscéro- ment médiée par l'innervation spinale [50]. Les
somatique, somatoviscéral et viscéroviscéral). afférences viscérales trouvées dans les ganglions
des racines dorsales thoracolombales sont princi-
Sensibilisation palement des afférences au seuil d'activation élevé
Normalement, l'innervation sensitive de l'intestin et des fibres nociceptives du tractus GI. Elles sont
est responsable de la régulation de la motilité vis- capables de coder les événements nuisibles. Les
cérale et de l'activité sécrétoire, ainsi que de la substances chimiques libérées au cours de l'in-
conduction des sensations viscérales comme la flammation et des blessures stimulent les nocicep-
douleur. Cependant, les stimuli qui affectent les teurs spinaux qui peuvent activer les processus de
neurones sensitifs peuvent modifier leur sensibi- sensibilisation et d'augmentation de l'activité
lité. Cela se produit souvent rapidement, mais nociceptive [51]. En revanche, les neurones du
quand cela se produit lentement, la sensibilisation ganglion inférieur du X et les ganglions de la
qui en résulte est généralement plus persistante. racine dorsale caudale de la division parasympa-
Lorsque les neurones deviennent sensibilisés, une thique du SNA présentent généralement des
baisse des facteurs neurotrophiques de ces neu- mécanorécepteurs d'activation du tractus GI
rones avec altération de l'expression des gènes proximal et des chémorécepteurs du gros intestin
peut suivre. Il s'ensuit des conditions physiopa- à bas seuil [52].
thologiques comme le SCI [48]. Les douleurs abdominales ressenties par les
La sensibilisation des neurones GI afférents, à patients souffrant du SCI sont associées à des
travers la somme des processus centraux et péri- contractions intestinales anormales. Avec l'âge, les
phériques, peut contribuer à la pathogenèse de afférences viscérales démontrent un remodelage
l'hypersensibilité viscérale, à la distension luminale structural dystrophique et régressif qui semble être
de l'intestin, aux douleurs abdominales et aux associé à une trophicité diminuée [53]. Cela peut
malaises ressentis par les patients souffrant du résulter en mécanismes de rétroaction afférents à
SCI. Il convient de noter ici, toutefois, que tous partir de l'intestin, en réflexes viscéroviscéraux GI
les patients atteints du SCI ne présentent pas et en réflexes viscérosomatiques (figure 11.8).
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 355

Système nerveux central

Autres
récepteurs États émotionnels

Plexus Muscle lisse


nerveux ou glandes
Paroi du tube digestif

Chémo-osmo-ou
mécanorécepteurs

Stimulus Lumière du tube digestif Réponse

Figure 11.8. Schéma d'organisation des voies de la sensibilité digestive.


Source : Ducrotté P., « Physiopathologie et traitement des troubles fonctionnels intestinaux », EMC Gastro-entérologie, 9-058-A-10, 2005.

Exposition au stress tions, la nervosité, le jeûne ou la nourriture,


l'hypersensibilité viscérale, l'intolérance au lactose
De multiples facteurs sont impliqués dans le SCI, ou au gluten, les infections entériques, la chirurgie
beaucoup d'entre eux étant le résultat d'interac- ou la dysfonction somatique peuvent être considé-
tions neurales et musculaires complexes qui ont rés comme autant de déclencheurs de stress qui
lieu à plusieurs niveaux, sous l'influence de neuro- activent une réponse exagérée du SNA.
transmetteurs et d'hormones [54]. La modifica-
tion du transit intestinal résulte d'une dysfonction
Homéostasie
du SNA et d'une altération persistante de la réacti-
vité autonome. Typiquement, les patients atteints Dans le milieu du XIXe siècle, Claude Bernard
du SCI démontrent une réactivité accrue au stress. développe le concept du milieu intérieur. Sa théo-
Il convient de souligner que le stress, défini comme rie déclare que le corps tente de maintenir la
une menace aiguë pour l'homéostasie de l'orga- constance des différentes fonctions internes.
nisme, peut provenir de l'extérieur ou de l'envi- Environ soixante-quinze ans plus tard, Walter
ronnement interne. Dès lors, pour maintenir la Cannon développe la théorie de l'homéostasie
stabilité de l'environnement interne et assurer la basée sur les mêmes principes, auxquels il ajoute le
survie de l'organisme, une réponse adaptative se rôle du comportement et des émotions comme
produit [55]. Il est montré que le stress psycholo- facteurs influant sur les différentes fonctions
gique et/ou le stress environnemental augmente la internes. Les théories modernes adoptent le
perméabilité GI. La fragilisation de la barrière de la concept de l'homéostasie dans un sens plus large,
muqueuse intestinale qui en résulte permet l'expo- et soulignent que la fonction normale de repos de
sition du système immunitaire muqueux au l'environnement interne n'est pas physiologique-
contenu intestinal, prédisposant l'individu à une ment statique, mais plutôt qu'elle se réajuste
inflammation intestinale chronique, avec l'aug- continuellement pour maintenir un état d'équi-
mentation des symptômes du SCI [56]. Les émo- libre fonctionnel [57].
356 Considérations cliniques

Afin de maintenir cet équilibre subtil, la récipro- reçoit aussi l'entrée des barorécepteurs situés dans
cité est constamment en action. Des informations les carotides, la crosse de l'aorte, et ailleurs, et qu'il
sensorielles continues parviennent au SNC ayant est à son tour responsable de l'activité baroréflexe
pour origine les systèmes cardiovasculaire, diges- démontrée comme étant associée aux impulsions
tif, respiratoire, génito-urinaire et endocrinien, rythmiques crâniennes [59, 60].
ainsi que les modifications chimiques, osmotiques, Considéré comme un intégrateur, l'hypothala-
et volumétriques du corps, et celles en provenance mus reçoit les influx de plusieurs zones du SNC et
des fonctions cognitives et des émotions. de la périphérie, incluant des informations sur les
Réciproquement, le cerveau exerce une influence viscères et les systèmes sensoriels (olfactif, gustatif,
sur l'ensemble des fonctions corporelles. visuel) et limbique. Il reçoit également des don-
nées en provenance des systèmes endocrinien,
psychoémotionnel et immunitaire, de la thermo-
Intéroception régulation et des biorythmes de l'organisme.
Il y a environ un siècle, Charles Scott Sherrington Sous le cortex, plusieurs structures forment
emploie le mot « intérocepteur » pour décrire les ensemble le système limbique ; ce sont le fornix, la
récepteurs nerveux sensitifs ayant pour origine l'in- stria terminalis, les amygdales, l'hippocampe et la
térieur du corps. Ces neurones afférents viscéraux circonvolution cingulaire. Il est généralement
généraux (AVG) vont vers le SNC par les nerfs péri- admis que ces structures sont engagées dans les
phériques du SNA parasympathique et sympa- comportements émotionnel et de motivation. Les
thique. Les neurones AVG intéroceptifs qui amygdales jouent un rôle majeur dans le traite-
proviennent du tractus GI synapsent au niveau de ment et la mémoire des réactions émotionnelles.
la moelle épinière et du tronc cérébral avant d'at- Le cortex frontal est également impliqué dans les
teindre les plus hauts niveaux du SNC. La fiabilité fonctions émotionnelles, en plus de son rôle com-
anatomique de l'entrée des AVG en provenance des munément accepté dans la médiation des plus
viscères résulte en réflexes viscérosomatiques GI dia- hautes fonctions cérébrales telles que la pensée et
gnostiquement utiles. Les neurones AVG qui le jugement. Par conséquent, le cortex frontal
voyagent avec le parasympathique, le X et les nerfs peut être considéré comme faisant partie du sys-
splanchniques pelviens produisent des réflexes spi- tème de traitement sensoriel viscéral [61].
naux palpables respectivement dans les régions cer- De grandes variations existent parmi les individus
vico-occipitale et sacrale. Les neurones GI AVG qui quant à leur prise de conscience des sensations viscé-
voyagent avec des nerfs sympathiques produisent rales, ce qui affecte différemment la pensée, les
des réflexes viscérosomatiques dans la région thora- émotions et le comportement. Les sensations viscé-
colombale [58] (voir tableau 7.1., Réflexes viscéro- rales sont connues pour contribuer à la conscience
somatiques, partie IV, chapitre 7, p. 210). du « moi » [62]. Chez les sujets atteints de troubles
Le X est probablement le nerf périphérique GI fonctionnels, les études révèlent une hypersensi-
ayant le plus grand nombre de neurones AVG. bilité viscérale. Une distension du rectum contrôlée
Contenant jusqu'à 80 % de fibres AVG, le X est par manométrie rectale provoque chez les patients
très impliqué dans l'intéroception, la perception souffrant du SCI une sensibilité accrue, non seule-
des états sensitifs internes. Ces neurones afférents ment au niveau du rectum mais sur toute l'étendue
du nerf parasympathique X, ainsi que ceux des de l'intestin. En fait, l'hypersensibilité viscérale est
nerfs crâniens parasympathiques facial (VII) et considérée comme un facteur pathogénique clé, qui
glossopharyngien (IX), synapsent dans le tronc sous-tend l'état émotionnel démontré par les
cérébral, dans le NTS, une zone située le long de la patients souffrant de troubles GI fonctionnels [63].
moelle allongée et de la partie inférieure du pont. Les personnes prédisposées peuvent subir une
Les neurones du NTS se projettent sur le noyau exacerbation des symptômes en raison des boucles
parabrachial du pont, le locus cœruleus, le noyau de sensibilisation développées dans l'enfance entre
ambigu, puis vers les centres supérieurs aux niveaux le cerveau et le tractus GI. En effet, des études
hypothalamique et cortical. Rappelons que le NTS révèlent que le stress vécu au début de la vie, au
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 357

cours d'une période de vulnérabilité du système patients identifient la constipation comme une
nerveux en développement, peut causer des chan- défécation tous les deux jours ou moins, et 25 %
gements à long terme dans l'axe cerveau-intestin comme seulement des selles dures [71].
[64, 65]. Les voies de la douleur altérées et l'hype- En fonction de la définition et des facteurs démo-
ralgésie viscérale peuvent entraîner une prédisposi- graphiques utilisés, jusqu'à 27 % des individus
tion à développer des troubles fonctionnels et déclarent être constipés [72]. Bien que ce soit une
affectifs plus tard dans la vie. Lors d'une exposition plainte fréquente chez les personnes âgées, l'âge
à une stimulation sensitive comme la distension n'entraîne aucune augmentation du pourcentage de
rectale, les patients souffrant du SCI présentent personnes ayant déclaré des selles peu fréquentes.
une activation accrue des cortex cingulaire anté- Toutefois, avec le vieillissement, plus d'individus
rieur, de l'insula et des régions préfrontales médiales signalent une constipation, avec une prévalence plus
ventrales. Cela suggère des réponses affectives élevée chez les femmes. Ordinairement, les déclara-
amplifiées à des stimuli viscéraux douloureux [66]. tions de constipation des sujets âgés sont associées à
En outre, environ 40 % des patients atteints du SCI des sentiments de mauvaise santé, d'anxiété, d'isole-
montrent des signes d'anxiété accrue [67]. ment social et de dépression [73]. Des revenus
faibles, un niveau d'éducation peu élevé, un apport
calorique réduit et l'inactivité sont des facteurs habi-
Constipation tuellement liés à la constipation [74]. En concomi-
tance avec le vieillissement, il existe aussi une plus
Le vieillissement est associé à une multiplicité de grande utilisation de laxatifs [75] et une consomma-
troubles GI. Les troubles GI fonctionnels ont été tion plus importante de médicaments, avec pour
décrits et classés par un comité d'experts internatio- certains d'entre eux un effet secondaire de constipa-
naux qui ont défini les critères de Rome pour le tion. Parmi les médicaments sans ordonnance les
diagnostic des troubles fonctionnels de l'intestin et plus souvent associés à la constipation, on trouve les
des douleurs abdominales fonctionnelles [68]. Pour antiacides, les suppléments de calcium et de fer, les
répondre à ces critères, les symptômes doivent être antidiarrhéiques et les AINS [76].
présents pendant au moins 12 semaines au cours Pour tout patient présentant une constipation,
des 12 mois précédents, en l'absence d'une explica- une anamnèse et un examen physique approfondi
tion structurale ou biochimique [69]. Les patients doivent être effectués parce que l'augmentation
souffrant de constipation doivent déclarer moins de importante du temps de transit intestinal et une
trois défécations par semaine. Pour au moins 25 % altération de la motilité n'est pas nécessairement
de ces défécations il faut forcer, avoir des selles gru- une conséquence du vieillissement. En effet, les
meleuses ou dures, et l'expérience d'une évacuation études montrent que la motilité du côlon sig-
incomplète ou d'une obstruction anorectale pou- moïde, du rectosigmoïde et du rectum n'est pas
vant nécessiter l'utilisation de manœuvres manuelles influencée par l'âge ou le sexe [77].
telles que l'évacuation digitale, afin de faciliter la
défécation. En outre, des selles molles ne peuvent
être présentes, et par conséquent les critères sont Motilité du côlon
insuffisants pour un diagnostic de SCI.
Dans ce contexte, la constipation fonctionnelle La constipation est multifactorielle, impliquant
comprend les troubles fonctionnels décrits comme potentiellement une motilité anormale du côlon, des
une « défécation qui dure, difficile, peu fréquente modifications épithéliales, neurales et musculaires,
ou apparemment incomplète [70] ». Cependant, et parfois, une dysfonction du plancher pelvien.
les médecins et les patients peuvent avoir une défi- Normalement, le côlon montre une motilité avec
nition différente. La plupart des médecins défi- des contractions de forte amplitude que l'on croit
nissent la constipation comme une selle tous les être le mécanisme mobilisant le contenu du côlon.
trois ou quatre jours ou moins, parfois en associa- En revanche, les patients constipés démontrent une
tion avec des selles dures. En revanche, 27 % des certaine inertie colique. La diminution du péristal-
358 Considérations cliniques

tisme augmente le temps de transit à travers les avec une augmentation du temps de transit dans le
côlons ascendant et transverse. En plus, le transit rectosigmoïde et le côlon droit. Cela peut expliquer
ralenti dans la partie rectosigmoidale du côlon agit certains cas d'obstruction fonctionnelle anorectale
comme une résistance à un transit normal, créant un avec constipation [82].
retard dans l'évacuation du contenu fécal [78, 79].
Quatre couches principales forment la paroi de Canal anal
l'intestin : la muqueuse, la submuqueuse, la mus- En même temps que les matières fécales se déplacent,
culeuse externe, et la séreuse. La musculeuse les muscles du plancher pelvien se détendent pour
externe se compose principalement de muscles permettre l'alignement du rectum et du canal anal.
lisses. Elle est constituée de deux couches muscu- Le rectum mesure de 15 à 20 cm de longueur, et
laires : une couche circulaire interne et une couche s'étend de la jonction rectosigmoïde, située au
longitudinale externe. Le péristaltisme est le résul- niveau de la troisième vertèbre sacrale, à l'orifice
tat des activités musculaires coordonnées de ces anal. Distal par rapport au rectum, le canal anal est
deux couches, causant la motilité du côlon qui dirigé dans une direction antéropostérieure, et ses
propulse les selles dans le rectum. parois latérales sont en contact étroit.
Les cellules interstitielles de Cajal (CIC) sont Normalement, le canal anal est fermé par les
des cellules stimulatrices, situées à plusieurs sphincters anaux internes et externes. Le sphincter
endroits de la paroi intestinale. On les trouve dans anal interne correspond à l'extrémité inférieure de
le plexus myentérique, entre les couches circulaire l'épaisse couche des muscles lisses circulaires de
et longitudinale de la musculeuse externe, et à l'intestin. Aussi, des CIC se trouvent à l'intérieur du
l'interface entre la couche circulaire et la submu- sphincter anal interne. Le sphincter anal externe se
queuse. Les variations de potentiel de membrane compose de trois parties : superficielle, subcutanée
des CIC produisent des ondes lentes d'activité et profonde. Le muscle puborectal, la partie médiale
électrique rythmique qui se propagent tout au de l'élévateur de l'anus, se combine avec la partie
long de la musculeuse externe. De plus, les CIC profonde du sphincter externe du canal anal ; à ce
modulent l'activité neurale entérique. Elles titre, il contribue à former l'anneau encerclant la
affichent une relation étroite avec les terminaisons jonction anorectale. En outre, les fibres du muscle
intramusculaires des neurones afférents vagaux et, élévateur de l'anus se mêlent à la couche musculaire
de cette façon, peuvent avoir un rôle dans la signa- longitudinale externe de la musculeuse externe qui
lisation afférente [80]. Les études montrent une enveloppe le canal anal. En arrière du rectum, les
diminution de leur nombre chez les patients pré- fibres pubococcygiennes des muscles élévateurs de
sentant un transit lent et une constipation [81]. l'anus se fixent sur la face antérieure du coccyx.

Jonction anorectale
Dysfonction du plancher pelvien
En règle générale, la jonction anorectale, entre le
Une évacuation rectale inefficace peut également rectum et le canal anal, forme un angle d'environ
être associée à une dysfonction du plancher pelvien. 90 °, ouvert en arrière. Les contractions des
Normalement, il existe une perception de plénitude muscles puborectaux maintiennent cette angula-
rectale lorsque les selles atteignent le rectum, cau- tion. Par conséquent, ces muscles jouent un rôle
sée probablement par l'activation des récepteurs à important dans la continence anale. La défécation
l'étirement du mésentère ou des muscles du plan- est initiée par une augmentation de la pression
cher pelvien. Cela déclenche un réflexe rectoanal intra-abdominale produite par la contraction mus-
inhibiteur qui produit une relaxation du sphincter culaire des muscles carrés des lombes, droits de
anal interne et la contraction du sphincter externe. l'abdomen, obliques externes et internes, et trans-
Ensuite, si l'environnement est propice, la déféca- verse de l'abdomen. Ensuite, la relaxation des
tion peut suivre. Toutefois, lorsque la défécation est muscles puborectaux et du sphincter anal externe
reportée de façon coutumière, des changements produit l'ouverture du canal anal permettant la
peuvent se développer dans la fonction du côlon, défécation. Tout au long du passage des selles, la
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 359

jonction anorectale se déplace vers le bas et l'ar-


rière, et l'angle anorectal augmente jusqu'à envi-
ron 130–140°. Normalement, les contractions des
muscles circulaires du rectum contribuent au
mouvement des matières fécales vers l'anus. Dans Sacrum
le même temps, le plancher pelvien se déplace
légèrement vers le bas. Après le passage des selles
dans l'anus, l'anus et le rectum retournent à leur Rectum
Symphyse
position initiale (figure 11.9). pubienne Muscle
Pendant la défécation, la position accroupie est puborectal
Canal anal
celle qui permet le meilleur alignement du rectum
et du canal anal. Typiquement, afin d'obtenir une
sensation satisfaisante de vidange de l'intestin, les Figure 11.9. Jonction anorectale.
La jonction anorectale entre le rectum et le canal anal
personnes décrivent des efforts d'expulsion plus forme un angle d'environ 90°.
importants dans la position assise que dans la pos- © Éléonore Lamoglia
ture accroupie [83]. Dès lors, la position accrou-
pie peut prévenir toute tension excessive et des dal, formé par des fibres provenant des rameaux
dommages possibles à la région anorectale [84]. ventraux des racines S2 et S3, et moins régulière-
ment S1 et S4. Aussi, les structures sur lesquelles
Influence périnéale les muscles puborectaux se fixent et les structures
Une dysfonction des muscles puborectaux et du qui entourent le nerf pudendal doivent être éva-
sphincter anal externe peut contribuer à retarder luées pour rechercher toute dysfonction soma-
ou à réduire l'ouverture du canal anal. tique, dont la normalisation devrait contribuer au
L'innervation de ces muscles vient du nerf puden- traitement de la constipation (figure 11.10).

Ligament sacrospinal

Ligament sacrotubéral
Nerf rectal inférieur
Canal d'Alcock

Nerf dorsal du clitoris Nerf périnéal

Branche labiale Branche


postérieure du nerf (musculaire)
périnéal profonde du nerf
périnéal
Figure 11.10. Nerf pudendal.
Source : Fellous K., « Algies anorectales essentielles chroniques », EMC Gatro-entérologie (Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson), 9-087-F-10, 2007, p. 4.
360 Considérations cliniques

En général, les pressions du sphincter anal défécation est sous l'influence de voies excita-
diminuent avec l'âge, en particulier chez les trices, tandis que l'adaptation du volume du côlon
femmes [85]. Chez ces patients, un amincisse- et de sa détente est, à l'inverse, sous le contrôle
ment du sphincter anal externe et un épaississe- des voies inhibitrices.
ment du sphincter anal interne sont souvent Les fibres motrices somatiques quittent la
démontrés [86]. Par conséquent, l'initiation de moelle épinière avec les nerfs spinaux. Après le
la défécation nécessite plus d'efforts et produit foramen intervertébral, les nerfs spinaux se
une descente du périnée. En outre, la vidange du divisent en rameaux dorsaux et ventraux. Le nerf
rectum peut être incomplète. Le vieillissement pudendal dérive des rameaux ventraux des racines
peut aussi contribuer à une descente périnéale S2, S3 et S4, et moins régulièrement de S1 et S5.
excessive, en raison du ralentissement de la Placé médialement et caudalement par rapport au
conduction nerveuse pudendale [87]. Chez les tronc du nerf sciatique, il passe dans le canal infra-
femmes, une atteinte de l'innervation du plan- piriforme, entre le muscle piriforme et le ligament
cher pelvien survenue lors d'un accouchement sacrospinal. Le nerf pudendal est en contact étroit
peut aussi concourir à une descente périnéale avec le ligament sacrospinal. À proximité de l'in-
excessive et à la constipation. La faiblesse neuro- sertion du ligament sur l'épine sciatique et entre le
pathique du sphincter anal externe peut s'expli- ligament sacrospinal ventralement et le ligament
quer par la vulnérabilité du nerf pudendal le long sacrotubéral dorsalement, le nerf pudendal tourne
de son trajet (voir ci-dessous, Innervation du autour de l'épine sciatique. Il passe ensuite à tra-
sphincter anal). Lors d'un accouchement par vers la petite échancrure sciatique pour entrer
voie basse, lorsque la tête fœtale descend, le nerf dans la région périnéale, où il pénètre dans un
pudendal peut être comprimé et étiré, en parti- dédoublement du fascia du muscle obturateur
culier dans son contournement de l'épine interne qui constitue le canal d'Alcock, ou canal
sciatique. pudendal [88].
Habituellement, trois branches du nerf puden-
dal apparaissent à l'intérieur du canal d'Alcock ;
Innervation du sphincter anal ce sont les nerfs rectal inférieur, périnéal et dorsal
du clitoris. Le nerf rectal inférieur innerve les
Le plancher pelvien et l'anorectum reçoivent à la téguments autour de l'anus. Il donne l'innerva-
fois une innervation autonome sympathique et tion sensitive de la partie distale du canal anal et
parasympathique et une innervation somatique. de la peau périanale, et l'innervation motrice du
Le rectum et le sphincter anal interne sont inner- sphincter anal externe. Le nerf périnéal innerve
vés par le plexus hypogastrique inférieur qui reçoit les muscles ischiocaverneux, bulbospongieux
des projections neurales venant des racines spi- (bulbocaverneux), transverse superficiel et le
nales T10-L1 via le plexus hypogastrique supé- muscle du sphincter urétral du plancher pelvien.
rieur et de S2-S4 via les branches du plexus Le nerf dorsal du clitoris donne l'innervation
sacral. Les muscles lisses du rectum et le sphinc- sensitive du clitoris au niveau de la symphyse
ter anal interne reçoivent une innervation du pubienne.
SNA via le plexus hypogastrique inférieur, tandis En considérant les relations anatomiques et phy-
que le sphincter anal externe et les muscles éléva- siologiques entre les muscles et les nerfs du plan-
teurs sont généralement sous le contrôle du sys- cher pelvien, il est d'une importance primordiale
tème nerveux somatique via les nerfs sacraux de traiter les dysfonctions somatiques du plancher
(S2-S4). pelvien et des segments spinaux connexes. Les
L'innervation parasympathique sacrale du côlon stimuli afférents des viscères affectent les tissus
présente à la fois des neurones excitateurs et inhi- somatiques innervés par les mêmes segments spi-
biteurs. L'activité propulsive du côlon lors de la naux, provoquant des réflexes viscérosomatiques.
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 361

Les récepteurs viscéraux transmettent des impul- antérieure dans une direction postérieure et supé-
sions afférentes à travers la corne dorsale de la rieure. Le patient est alors autorisé à se laisser aller
moelle épinière où ils synapsent avec des interneu- vers l'avant sur votre prise. En présence d'une
rones. Ces neurones transmettent des impulsions ptose, le patient perçoit une diminution de la gêne
aux nerfs sympathiques et parasympathiques, et abdominale, suivie de la réapparition des symp-
aux nerfs périphériques moteurs efférents, à l'ori- tômes lorsque vous relâchez la pression.
gine des changements sensitifs et moteurs dans les Une modification de cette procédure, proposée
structures somatiques, i. e. les muscles, fascias, et par Martin C. Beilke, peut être effectuée en se
peau du plancher pelvien. Des contractions tenant debout devant le patient avec une main sou-
constantes des muscles du plancher pelvien, résul- levant l'abdomen pendant l'auscultation du rythme
tant d'une stimulation viscérale nocive, peuvent cardiaque. Le soulagement de la ptose est associé à
entraîner une dysfonction du plancher pelvien. En un ralentissement de la fréquence cardiaque [91].
fait, une dysfonction somatique ne répondant pas à Le traitement de la viscéroptose consiste en pro-
un traitement manipulatif doit évoquer la possibi- cédures ostéopathiques visant à équilibrer les com-
lité d'une étiologie viscérosomatique. Il est donc posantes du tractus GI abdominal, le diaphragme
de la plus haute importance de rechercher et de thoracoabdominal et la colonne lombale, sans
traiter de façon appropriée la pathologie viscérale oublier le muscle iliopsoas. Les problèmes postu-
dans le traitement d'une dysfonction somatique. raux devraient être abordés, y compris l'identifica-
tion et le traitement d'une inégalité de longueur
des membres inférieurs qui peut contribuer à aug-
menter la pression intra-abdominale. Des normali-
Viscéroptose sations et des exercices de repositionnement
viscéral peuvent être utilisés. Si nécessaire, un sou-
La viscéroptose se réfère au prolapsus d'un viscère tien de la paroi abdominale peut également être
abdominal. Initialement décrite par Frantz Glénard conseillé, sous la forme d'une ceinture abdominale
comme « entéroptose », il s'agit d'un déséquilibre parfaitement ajustée. Dans les cas extrêmes, une
de la posture GI (« statique intestinale ») associée à intervention chirurgicale est parfois indiquée.
une ptose de n'importe quelle partie du tube
digestif [89]. Il en résulte une influence dysfonc-
tionnelle sur la digestion et la santé globale de
l'individu. Les symptômes comprennent disten-
Contribution ostéopathique
sion et douleurs abdominales, nausées, vomisse- à l'examen physique
ments, constipation, diarrhée, maux de tête, maux et au traitement
de dos, tachycardie, troubles vasomoteurs, fatigue
et anxiété. Parce que la ptose peut produire un Dans le cas d'un patient se plaignant d'un pro-
éventail de symptômes GI aussi large, ainsi que des blème GI, l'examen physique doit commencer par
symptômes dans de nombreux autres systèmes, il un examen de la zone de la plainte, dans ce cas la
est impératif que la pathologie organique soit région thoracoabdominale du patient. En plus
exclue. En fait, la viscéroptose a été identifiée d'être logique, cette approche est psychologique-
comme un facteur causatif dans des conditions ment importante pour montrer au patient que
potentiellement graves telles que le syndrome de leur plainte a été comprise. À la suite de quoi
l'artère mésentérique supérieure [90]. l'examen peut s'étendre aux autres parties du
En utilisant le test de Glénard, le diagnostic corps, à la recherche de dysfonctions somatiques
s'effectue debout. Vous vous placez derrière le associées, à savoir, la colonne vertébrale, le crâne,
patient, vos bras autour de son abdomen. Avec les le bassin et les structures myofasciales, y compris –
mains jointes, vous soulevez la paroi abdominale mais pas exclusivement – le diaphragme thora-
362 Considérations cliniques

coabdominal, la musculature abdominale du processus xiphoïde, accompagnant éventuelle-


prévertébrale et le diaphragme pelvien. ment un RGO. Notez si l'ombilic est centré ou
Si possible, commencez l'examen musculosque- déplacé à la suite de tensions myofasciales.
lettique avec le patient debout. Observez-le, de Observez l'anneau thoracique supérieur. Notez
face, de côté et de dos. Habituellement, les patients toute tension au niveau du rachis cervical. Évaluez
atteints de dysfonction abdominale ont une pos- la position de l'os hyoïde et celle de la mandibule :
ture typique, avec un abdomen proéminent et une sont-elles centrées ? Étudiez le patient en train de
augmentation de la cyphose thoracique supé- déglutir, notez la facilité ou l'inconfort. Examinez
rieure. Observez le contour de l'abdomen : est-il l'intérieur de la bouche, vérifiez l'état des dents
proéminent, plat, asymétrique ? La musculature et, le cas échéant, des prothèses dentaires.
abdominale est-elle tonique ? Une diminution du Demandez au patient de serrer les dents et obser-
tonus de la paroi abdominale antérieure, souvent vez l'occlusion : les lignes médianes interincisives
associée à une augmentation de la lordose lom- supérieure et inférieure doivent être alignées et
bale, peut être responsable d'une ptose GI [92]. les incisives supérieures doivent légèrement
Examinez la colonne vertébrale à la recherche de recouvrir les incisives inférieures. Les molaires
courbures antéropostérieures et latérales dysfonc- supérieures doivent reposer sur les molaires infé-
tionnelles, d'asymétries de position et d'altération rieures. Remarquez s'il existe une possibilité de
de la tension musculaire paravertébrale. Si un mastication dysfonctionnelle. Après avoir effectué
changement de texture du tissu paravertébral est la palpation des structures et évalué les fonctions,
identifié, considérez les viscères qui peuvent être procédez au traitement.
responsables d'une dysfonction somatique viscéro- En général, le traitement manipulatif doit de
somatique réflexe au niveau spinal identifié(s). préférence suivre les principes indirects. La mani-
Les asymétries posturales dues à des différences pulation doit être spécifiquement appliquée à une
de longueur des jambes, parfois aussi mineures dysfonction somatique clairement identifiée.
que 3 mm, peuvent être une source de dysfonc- D'une manière réflexe, une dysfonction soma-
tion somatique chronique résultant en réflexes GI tique affecte également le SNA. Dès lors, l'état de
somatoviscéraux. Notez la présence d'un déplace- facilitation qui en résulte, augmente, à son tour, la
ment latéral du bassin qui peut être le résultat réponse aux stimuli intestinaux, soit mécaniques,
d'une contraction asymétrique du muscle iliop- soit chimiques. Une hypersensibilité viscérale et
soas contralatéral. La contraction du muscle iliop- une dysfonction suivent cet état. La dysfonction
soas, fréquente chez les patients souffrant du SCI, somatique peut participer et avoir une incidence
peut être un réflexe viscérosomatique d'irritation sur toute structure osseuse, articulaire, ligamen-
de la jonction iléocolique. taire, membraneuse, fasciale, musculaire, viscérale
Ensuite, installez le patient en position décubi- et vasculaire, anatomiquement associée au tractus
tus dorsal. Inspectez l'abdomen, notez sa forme, GI. Les neurones sensitifs vagaux ont leurs corps
son contour et son mouvement avec la respiration. cellulaires dans les ganglions supérieur et inférieur
Existe-t-il un bon mouvement avec une respira- du X, situés respectivement dans et sous le fora-
tion se produisant autant dans la cage thoracique men jugulaire. L'entrée sensitive spinale a lieu via
que dans l'abdomen ? Observez l'asymétrie abdo- les nerfs périvasculaires passant par les ganglions
minale ; notez si l'abdomen semble en tension, prévertébraux en direction de la corne dorsale de
avec des zones de flatulence ou des zones avec la moelle épinière. Les corps cellulaires de ces neu-
changement de texture du tissu subcutané qui rones sont situés dans les ganglions de la racine
pourraient révéler des dysfonctions subjacentes. dorsale. De plus, la perception de la douleur viscé-
Les patients souffrant du SCI présentent un abdo- rale semble être essentiellement médiée par l'in-
men distendu avec un changement de texture du nervation vertébrale [93]. Rappelons que la
tissu subcutané des zones périombilicale et hypo- charnière craniocervicale et la région sacropel-
gastrique. Notez toute tension sous le bord infé- vienne (parasympathique), ainsi que la colonne ver-
rieur de la cage thoracique, en particulier autour tébrale thoracique et thoracolombale (sympathique)
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 363

peuvent être des sites de dysfonction somatique Jonction gastro-œsophagienne


résultant de stimuli viscérosomatiques, qui pro-
duisent à leur tour une dysfonction somatoviscé- Afin d'évaluer et de traiter la JOG, palpez les
rale. La reconnaissance de la dysfonction somatique régions épigastrique et sternale. Évaluez et traitez
dans ces régions peut être utile pour le diagnostic, le diaphragme et ses relations avec la JOG. Le
et traiter ces régions peut contribuer au rétablisse- diaphragme thoracoabdominal doit démontrer
ment de l'équilibre de la fonction intestinale. une liberté et une symétrie de son excursion. Son
Les dysfonctions somatiques impliquant la insertion sur le processus xiphoïde et les portions
colonne thoracique, les côtes et le diaphragme costales voisines doit être exempte de toute dys-
thoracoabdominal doivent être identifiées et trai- fonction. Contrôlez et équilibrez la région cervi-
tées pour leur impact sur le drainage lymphatique cale (C3, C4, et C5) en raison du nerf phrénique
et veineux du contenu abdominal. Les dysfonc- et de son rôle dans la fonction diaphragmatique.
tions du diaphragme, de la paroi abdominale et de Examinez et traitez toute dysfonction somatique
la région pelvienne doivent aussi être identifiées et affectant la charnière dorsolombale en raison de
traitées pour réduire l'impact des tensions fasciales son potentiel dysfonctionnel sur les piliers du
dysfonctionnelles sur le tractus GI. De plus, une diaphragme.
dysfonction du diaphragme thoracoabdominal Palpez la région hypocondriaque gauche et avec
affecte également la fonction du plexus mésenté- des tests d'écoute, observez le mouvement inhé-
rique. Dans toute procédure de traitement, il est rent de l'estomac. Ce mouvement démontre un
très important de prêter attention à la motilité enroulement et un déroulement similaire au pro-
inhérente du mécanisme respiratoire primaire cessus de développement embryologique qui a
(MRP). Normaliser une dysfonction somatique en créé les courbures de l'estomac. Il doit exister un
suivant ce rythme physiologique affecte le SNA et équilibre palpable entre les phases d'enroulement
impacte la perfusion tissulaire, ce qui réduit la et de déroulement de ce mouvement gastrique.
congestion. Une prédominance d'une phase peut être traitée
en utilisant une approche indirecte. Cela peut être
Dysphagie encore amélioré en équilibrant les relations fas-
ciales entre l'estomac et le diaphragme, et, si elle
Lors de l'évaluation d'une dysphagie, envisagez est présente, la torsion entre l'estomac et
une dysfonction de la base crânienne, de la l'œsophage.
colonne vertébrale cervicale et des tissus mous Pour améliorer l'état des patients souffrant d'un
cervicaux, du larynx, de l'os hyoïde, de la mandi- RGO et/ou de hernie hiatale, toute dysfonction
bule et des articulations temporomandibulaires. des vertèbres lombales (L1, L2, L3, et parfois L4)
La relation entre l'occiput et les os temporaux doit être normalisée en raison de leur potentiel
doit également être évaluée pour son influence dysfonctionnel sur les piliers du diaphragme et sur
potentielle sur les foramens jugulaires et les IX et les nerfs sympathiques splanchniques. Les inser-
X. Un changement de texture du tissu réflexe vis- tions costales du diaphragme, i. e. les côtes 7–12,
cérosomatique de l'œsophage peut être présent les cartilages costaux et les vertèbres thoraciques
dans la région thoracique supérieure (T2-T6 à associées doivent être examinés et traités si
droite), et du X au niveau C0, C1, C2. Une dys- nécessaire.
fonction somatique primaire dans ces mêmes Parce que la compression du foramen jugulaire
régions peut influencer l'œsophage à travers les peut influer la sortie du X, examinez et traitez la
influences somatoviscérales [94]. La reconnais- charnière craniocervicale, en portant une atten-
sance d'une dysfonction somatique dans ces tion particulière à la relation entre l'occiput et les
régions spinales doit conduire à une évaluation os temporaux. Examinez et équilibrez également
plus approfondie des zones segmentairement toute dysfonction cervicale haute (C0, C1, et C2)
connexes. Son traitement peut affecter l'œso- associée aux réflexes cervical supérieur, vagal et
phage par l'influence somatoviscérale. somatoviscéral/viscérosomatique.
364 Considérations cliniques

Syndrome du côlon irritable aussi résulter du réflexe viscérosomatique T12 à


droite associé à une inflammation de l'appendice,
Lors de l'examen du patient souffrant d'un SCI, quelle que soit sa position.
la dysfonction somatique réflexe viscérosoma- Très souvent, il y a un changement de texture
tique de l'intestin grêle et ses zones d'influence des tissus profonds, palpable dans les zones
somatoviscérales peuvent être identifiées dans la périombilicale et hypogastrique et dans la région
région des niveaux spinaux T8-T10 (sympa- de la jonction iléocolique, où le cæcum et le côlon
thique) et C0, C1, et C2 (vagal, parasympa- ascendant s'unissent. Avec les tests d'écoute,
thique). Une dysfonction réflexe associée au observez le mouvement inhérent de la région.
côlon proximal peut être trouvée au niveau T12- Libérez toute dysfonction en utilisant les principes
L1 à droite (sympathique) et C0, C1, et C2 indirects de la manière la plus délicate possible.
(vagal, parasympathique). Les réflexes sympa- Examinez et traitez la colonne cervicale et la
thiques pour le côlon distal sont L1-L2 à gauche, charnière craniocervicale avec une attention parti-
et les réflexes parasympathiques sont S2-S4. culière à la relation entre l'occiput et les os tempo-
L'identification de la dysfonction somatique dans raux, car la compression du foramen jugulaire
ces régions aidera au diagnostic et sa normalisa- peut affecter les réflexes viscérosomatiques/soma-
tion peut entraîner une influence somatoviscérale toviscéraux par l'intermédiaire du X. De même,
bénéfique [95]. examinez le sacrum et traitez toute dysfonction
Pour mieux évaluer et traiter le SCI, suivez les somatique identifiée pour de possibles réflexes vis-
principes indirects et traitez les dysfonctions iden- cérosomatiques/somatoviscéraux parasympa-
tifiées dans les régions périombilicale et hypogas- thiques pelviens (S2, S3, et S4).
trique. Examinez et traitez les dysfonctions L'évaluation et le traitement craniosacraux
somatiques primaires de la colonne vertébrale semblent intéressants ici, car l'observation empi-
thoracolombale pour leurs effets somatoviscéraux. rique montre que les personnes souffrant d'un SCI
Examinez le muscle iliopsoas. Normalisez les dys- se sentent généralement mieux après un traitement
fonctions de ce groupe musculaire avec délicatesse par ostéopathie crânienne, en particulier après une
pour éviter de stimuler les ganglions sympathiques normalisation de la zone frontale. De même, si le
situés entre les fibres musculaires. Une dysfonc- patient est soumis à un stress, l'application d'une
tion de l'iliopsoas peut être le résultat d'une dys- compression du quatrième ventricule (CV4) pour
fonction somatique primaire du rachis équilibrer le SNA peut s'avérer salutaire.
thoracolombal, de la colonne lombosacrale, des
articulations sacro-iliaques ou des articulations de
la hanche. La dysfonction résultante peut provo- Constipation
quer des troubles ressemblant à ceux des organes
abdominaux et pelviens. La dysfonction de T12- Pour évaluer et traiter le patient qui souffre de
L4 affecte le plexus lombal et le nerf fémoral et constipation, palpez la région iliaque gauche.
donc les iliopsoas innervés par ces nerfs. En outre, Évaluez la motilité du côlon. Normalisez toute
le muscle iliopsoas peut se spasmer à la suite d'un dysfonction du bassin, i. e. le sacrum, le coccyx et
réflexe viscérosomatique des structures viscérales les os coxaux, en raison de leur relation avec la
innervées par les racines nerveuses T12-L4. Un musculature du plancher pelvien et des réflexes
des signes de la dysfonction du muscle grand somatoviscéraux parasympathiques pelviens.
psoas, une extension de la hanche droite limitée Équilibrez le rapport entre les os coxaux et le
chez un patient souffrant de douleurs abdomi- sacrum pour libérer tout déséquilibre myofascial
nales aiguës, est un indice diagnostique pour une affectant le nerf pudendal. Normalisez toute dys-
appendicite aiguë. Cela semble se produire quand fonction de la charnière thoracolombale pour leur
un appendice rétrocæcal enflammé repose directe- relation somatoviscérale avec le plexus hypogas-
ment sur le muscle grand psoas. Notez qu'une trique inférieur et les innervations du rectum et du
augmentation de la tension du grand psoas peut sphincter anal interne [96, 97].
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 365

Conseils au patient (comme les tomates, les agrumes et les jus de


fruits). Les aliments gras retardent la vidange gas-
trique et ont tendance à réduire la compétence du
Dans le traitement des patients présentant une
sphincter inférieur de l'œsophage, facilitant ainsi
dysfonction GI, et de ceux ayant une maladie
le reflux. Les boissons à éviter incluent les bois-
organique, les meilleurs résultats sont toujours
sons gazeuses, le café et l'alcool. Non seulement
obtenus lorsque ces patients s'impliquent active-
l'alcool augmente la sécrétion d'acide gastrique,
ment dans le protocole thérapeutique. Pour tout
mais il diminue également le tonus du sphincter
problème lié à l'appareil digestif, il est toujours
inférieur de l'œsophage. De surcroît, chaque per-
bénéfique d'améliorer le régime alimentaire,
sonne a des sensibilités paticulières à certains ali-
d'augmenter les activités physiques et de diminuer
ments et/ou boissons. Les patients doivent donc
le stress et la fatigue.
être encouragés à identifier les aliments et bois-
sons qui sont susceptibles de causer leur RGO et à
Pour la dysphagie les éviter. Si cela s'avère difficile, il peut être utile
de tenir un journal alimentaire dans lequel ils
Expliquez aux patients comment créer pour leurs enregistrent le contenu de leur alimentation ainsi
repas un environnement agréable et non stressant. que l'état de leurs symptômes (aucun, léger,
Il est important de favoriser leur prise de modéré, sévère) pendant plusieurs semaines, voire
conscience de la qualité des aliments et des sensa- plus. S'ils identifient un aliment ou une boisson
tions buccales. Les patients doivent manger à des qui semble aggraver leurs symptômes, ils doivent
heures régulières, et essayer d'avoir une nourri- l'éviter pendant plusieurs jours, et si les symp-
ture variée aux saveurs différentes. Ils doivent tômes disparaissent, ils doivent essayer le produit à
aussi être encouragés à bien mâcher leurs aliments, nouveau. Si cela aggrave encore leurs symptômes,
et à faire des efforts pour ne pas avaler de l'air, car ils savent que c'est un aliment ou une boisson à
l'aérophagie est responsable de la distension gas- éviter. Enfin, encouragez vos patients à éviter de
trique post-prandiale et des éructations. De manger de gros repas qui favorisent le reflux acide
même, mâcher des chewing-gums ou boire avec et prolongent la vidange gastrique [98].
une paille peut entraîner de l'aérophagie. Incitez Ces patients devraient éviter de se coucher pen-
vos patients à bien s'asseoir, avec une bonne pos- dant les trois heures qui suivent un repas. Quand
ture, en particulier en mangeant. Il semble qu'une ils vont au lit, l'élévation de la tête du lit de 15 à
posture érigée tende à aligner le passage de l'œso- 20 cm peut être utile. Ils peuvent également pré-
phage à travers le thorax vers l'estomac, ce qui senter moins de reflux s'ils dorment couchés sur le
permet de faciliter la descente du bol alimentaire. côté gauche [99].
Enfin, conseillez vos patients sur la façon de Le tabagisme est si nuisible qu'en aucune circons-
réduire les réactions au stress psychologique ou tance il ne devrait être toléré. Spécifiquement pour
social. Des activités comme la méditation, ou tout le patient souffrant de RGO, la nicotine est nocive
ce qui favorise la relaxation, sont souvent béné- pour le sphincter inférieur de l'œsophage. En outre,
fiques et doivent être encouragées. le tabagisme diminue la capacité du corps à rempla-
cer les cellules des muqueuses œsophagiennes
Pour le reflux gastro-œsophagien endommagées et retarde la vidange gastrique.
Plusieurs médicaments en vente libre et complé-
On sait que certains aliments et boissons favo- ments alimentaires peuvent entraîner des lésions
risent le reflux acide. Dès lors, restreindre ces ali- de la muqueuse œsophagienne. Ce sont les AINS,
ments peut être bénéfique pour le patient souffrant notamment l'aspirine, l'acide ascorbique, le sulfate
d'un RGO. Les aliments à éviter sont le chocolat, ferreux, et des substituts du sel, pauvres en sodium
les légumes crucifères (comme le chou-fleur, les et contenant du chlorure de potassium [100].
épinards, les oignons, les choux, les choux de L'utilisation d'antiacides de carbonate de cal-
Bruxelles et le brocoli) et les aliments acides cium peut paradoxalement aboutir à une production
366 Considérations cliniques

d'acide gastrique en contrecoup. De plus, les antia- pensent pouvoir faire une activité, et ensuite com-
cides en général doivent être utilisés avec prudence mencer avec la moitié de cette durée. Il est plus
chez les personnes âgées en raison du risque poten- facile et plus gratifiant de commencer lentement
tiel de surcharge en sel, constipation, diarrhée, et et d'augmenter progressivement la durée de
des interférences possibles avec l'absorption l'exercice que de dépasser sa tolérance et de souf-
d'autres médicaments. frir ensuite, et d'avoir à tout recommencer depuis
Les médicaments anticholinergiques qui le début. Enfin, pour améliorer la réponse au
entravent la fonction œsophagienne et retardent stress physique, encouragez vos patients à adop-
la vidange gastrique devraient être évités autant ter un horaire quotidien régulier avec au moins
que possible. Beaucoup de suppléments à base de huit heures de sommeil par nuit.
plantes sont anticholinergiques et devraient égale- Il est aussi extrêmement important que les
ment être évités. Les plantes anticholinergiques patients aient des habitudes alimentaires opti-
puissantes incluent la belladone et la stramoine males. Les symptômes du SCI (alternance de
(herbe aux fous). D'autres sont moins fortes et crampes, douleurs abdominales, ballonnements,
plus communément utilisées, comme la camo- gaz, diarrhée et constipation) exigent que diffé-
mille, le fenouil, la lobélie, l'agripaume, la valé- rentes approches soient employées en fonction
riane, l'onagre et celles de la famille de la menthe. des symptômes présents. Pour aider à réguler la
Une bonne posture et des activités physiques fonction intestinale, les repas doivent être
sont importantes. Les patients doivent être encou- consommés à la même heure chaque jour et ne
ragés à « s'asseoir droit ». La posture érigée tend à doivent pas être sautés. Si la diarrhée est impor-
redresser l'œsophage dans son passage à travers le tante, de petits repas fréquents peuvent être sou-
thorax, augmentant le tonus du SIO, alors qu'une haitables. Si la constipation est le symptôme
position assise avachie tend à comprimer l'esto- dominant, manger de plus grandes quantités
mac entre le contenu abdominal et le diaphragme, d'aliments riches en fibres peut aider à stimuler le
ce qui augmente la pression intra-abdominale et transit colique. Le patient doit, cependant, rester
aggrave le reflux. De même, les patients devraient bien hydraté. L'eau est la meilleure boisson. Boire
éviter de porter des vêtements qui les serrent huit verres (environ 1,5 litre) par jour est un
autour de l'abdomen. Encouragez aussi vos minimum pour un adulte. L'alcool et les boissons
patients à perdre du poids, en combinant restric- contenant de la caféine stimulent les intestins et
tion calorique et activité physique. aggravent la diarrhée. Les boissons gazeuses
peuvent produire des gaz, augmentant les ballon-
nements abdominaux.
Pour le syndrome Tous les aliments et boissons qui aggravent les
du côlon irritable symptômes du patient sont à éviter. Cela inclut
principalement l'alcool, le chocolat, le café et les
Les stress émotionnel et physique sont les princi- boissons gazeuses qui contiennent de la caféine
paux contributeurs au SCI. Dès lors, toute acti- (ainsi que certains médicaments en vente libre).
vité qui favorise la relaxation est bénéfique. Les succédanés du sucre contenant du sorbitol ou
L'exercice physique aide souvent à dissiper les du mannitol peuvent agir comme des laxatifs
tensions et à soulager la dépression et le stress, osmotiques dans le côlon. Les aliments gras
permettant aux patients de se sentir mieux dans peuvent également être un problème pour cer-
leur peau. De plus, l'exercice stimule le péristal- taines personnes. Si les ballonnements et les flatu-
tisme normal de l'intestin. Encouragez vos lences sont une gêne, les aliments riches en fibres
patients à choisir une forme d'exercice physique comme les haricots, le chou, le chou-fleur et le bro-
qu'ils trouvent agréable et qu'ils pourront prati- coli, qui augmentent généralement ces symptômes,
quer régulièrement. Les personnes inactives doivent être évités. Mâcher du chewing-gum ou
doivent être incitées à commencer lentement. boire avec une paille peut favoriser l'aérophagie,
Elles doivent décider combien de temps elles aggravant les ballonnements abdominaux.
Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 367

Les fibres alimentaires ne sont pas forcément Le régime alimentaire doit contenir une variété
bénéfiques. Elles aident au traitement de la consti- d'aliments sains sans ceux qui aggravent les symp-
pation, mais, comme mentionné ci-dessus, trop de tômes. Si cela s'avère difficile, les patients peuvent
fibres peut aggraver les ballonnements abdomi- trouver utile de tenir un journal alimentaire dans
naux, les flatulences et les crampes. Parce que les lequel ils enregistrent le contenu de leur alimenta-
symptômes du SCI sont volatils, il est préférable tion ainsi que l'état (aucun, léger, modéré, sévère)
d'augmenter graduellement les fibres alimentaires de leurs symptômes pendant plusieurs semaines,
sur une période de plusieurs semaines. Les ali- voire plus. S'ils identifient un aliment qui semble
ments riches en fibres sont les fruits, les légumes, aggraver leurs symptômes, ils doivent l'éviter pen-
les légumineuses et les céréales complètes. Si le dant plusieurs jours, et après la disparition des
patient est intolérant au gluten, il faut être pru- symptômes, l'essayer à nouveau. Si cela aggrave
dent avec les céréales complètes. Certaines per- encore leurs symptômes, ils savent que c'est un
sonnes préfèrent prendre un produit riche en aliment à éviter.
fibres alimentaires, comme les fibres de psyllium. Il convient également d'envisager une alimenta-
Dans ce cas, la consommation doit être progres- tion riche en probiotiques qui favorisent la crois-
sive, avec suffisamment d'eau comme décrit ci- sance des bactéries bénéfiques (Bifidobacterium,
dessus. Si les fibres alimentaires s'avèrent Lactobacillus, et Bacteroides). Cela inclut des car-
bénéfiques, elles doivent être consommées régu- bohydrates prébiotiques tels que l'inuline et l'oli-
lièrement et quotidiennement. gofructose, des plantes qui ne sont pas digestibles
Rappelez-vous qu'une intolérance au lactose dans l'intestin grêle, mais qui fermentent grâce
et/ou au gluten peut aggraver les symptômes du aux bactéries du côlon [102].
SCI. Certaines personnes ont une déficience par-
tielle en lactase. Cela signifie que leur organisme
produit une certaine quantité de lactase, mais Pour la constipation
qu'une fois celle-ci utilisée, elles en sont défi-
cientes jusqu'à ce qu'elles produisent plus de cette Souvent les individus deviennent constipés à cause
enzyme. Ces personnes peuvent être en mesure de d'une hydratation insuffisante, de fibres alimen-
consommer occasionnellement de petites quanti- taires inadéquates et d'un manque d'activité
tés de produits laitiers. Elles peuvent aussi obtenir physique.
un soulagement en utilisant des produits conte- Le patient doit maintenir une bonne hydrata-
nant de la lactase pour aider la digestion du lac- tion. L'eau est la meilleure boisson. Boire huit
tose. Ou elles peuvent éliminer complètement les verres (environ 1,5 litre) par jour est un minimum
produits avec du lait de vache et les remplacer par pour un adulte.
des produits avec du lait de brebis ou de chèvre, Manger des aliments riches en fibres peut
ou des produits à base de soja. Dans tous les cas, réduire le temps du transit colique. Les fibres ali-
elles doivent s'assurer d'avoir suffisamment de mentaires sont les parties d'origine végétale de
protéines, de calcium et de vitamines du groupe B l'alimentation qui passent à travers le tube digestif
à partir d'autres sources [101]. sans être transformées par les enzymes de la diges-
On trouve du gluten dans les céréales les plus tion. Elles sont classées en fibres solubles ou inso-
couramment disponibles. Une intolérance au glu- lubles. Les deux types de fibres alimentaires sont
ten produit des douleurs et des crampes abdomi- importants pour la santé.
nales, des ballonnements, des gaz et de la diarrhée. Les fibres solubles attirent l'eau, formant un gel
Dans ce cas, les patients atteintes du SCI peuvent qui, bien que potentiellement constipant, aide à
trouver que leurs symptômes sont considérable- garder l'eau dans les selles. En interférant avec
ment aggravés, et éviter tout ce qui contient ces l'absorption du cholestérol alimentaire, ce gel
céréales. Les produits sans gluten incluent le sarra- contribue également à abaisser le niveau des lipo-
sin, le maïs, l'amarante, le millet, le quinoa, le riz, protéines de basse densité ou LDL (low density pro-
le sorgho et le riz sauvage. tein), qui représentent le « mauvais » cholestérol.
368 Considérations cliniques

Les sources alimentaires de fibres solubles com- aliments transformés, les céréales raffinées, les
prennent les myrtilles, les pommes, les oranges, les amuse-gueules et les bonbons sont à éviter.
poires, les fraises, les concombres, le céleri, Le patient doit essayer d'établir et de maintenir la
les carottes, les lentilles, les haricots, les pois secs, régularité de ses horaires quotidiens. Pour aider à
les flocons d'avoine, le son d'avoine, les graines de réguler la fonction intestinale, les repas doivent être
lin et les noix. Certaines personnes trouvent accep- consommés à la même heure chaque jour et ne
table de consommer un produit riche en fibres ali- doivent pas être ignorés. Il est important que le
mentaires, comme les fibres de psyllium. patient apprenne à reconnaître et à répondre à l'en-
Les fibres insolubles sont celles qui contribuent vie d'aller à la selle. Le fait de se retenir consciem-
le plus à prévenir la constipation en ajoutant du ment bloque la motilité colique normale. Lors
volume aux selles. Elles ne se dissolvent pas dans d'une tentative de défécation, l'évacuation peut
l'eau. Elles traversent donc le tractus GI relative- être initiée en stimulant le réflexe gastrocolique.
ment intactes, réduisant le temps du transit Cela peut être souvent accompli en buvant un verre
colique. Les sources alimentaires de fibres inso- d'eau chaude tout en étant assis sur les toilettes.
lubles sont les céréales complètes, l'orge, le boul- L'activité physique stimule mécaniquement le
gour, le couscous, le riz complet, les graines, les péristaltisme. Le patient doit être régulièrement et
noix, le son de blé, le son de maïs, le brocoli, le constamment actif. Cela peut être aussi simple que
chou, les carottes, le céleri, les concombres, les de marcher. Pour les personnes qui sont inca-
légumes feuillus vert foncé, les haricots verts, les pables de se déplacer efficacement, des massages
oignons, les tomates, les courgettes, les raisins doux de l'abdomen peuvent être autoadministrés,
secs, les raisins, les fruits et la peau des légumes à ou effectués par un membre de la famille.
racines. Si le patient est intolérant au gluten, la L'utilisation de laxatifs doit être évitée. Ils
prudence doit être de mise avec la plupart des finissent par entraîner une dépendance et irritent
céréales complètes (voir ci-dessus). le tractus GI.
L'Américain moyen consomme environ 11 g de
fibres par jour. La quantité recommandée de fibres
alimentaires qui doit être consommée quotidien- Références
nement est de 21 à 25 g pour les femmes, et de [1] Still AT. In : The Philosophy and Mechanical
30 à 38 g pour les hommes [103]. Principles of Osteopathy. Osteopathic Enterprise :
Kirksville ; 1986. p. 146.
Une augmentation de la consommation de fibres [2] Nelson KE. Viscerosomatic and somatovisceral
alimentaires est d'une grande utilité dans le traite- reflexes. chapitre 5, In : Nelson KE, Glonek T, edi-
ment de la constipation chronique. Cependant, cela tors. Somatic Dysfunction in Osteopathic Family
peut être une source de ballonnements et de flatu- Medicine. Baltimore : Lippincott, Williams &
lences et si ces fibres sont consommées excessive- Wilkins ; 2007. p. 33–55.
[3] Wilkins T, Gillies RA, Thomas AM, Wagner PJ. The
ment, en particulier sans apport d'eau suffisant ; elles prevalence of dysphagia in primary care patients :
peuvent effectivement être constipantes. Si la A HamesNet Research Network Study. J Am Board
consommation de fibres alimentaires s'avère béné- Fam Med 2007 ; 20(2) : 144–50.
fique, elle doit être instaurée progressivement, en [4] Cheng CF, Peng CL, Chiou HY, Tsai CY.
augmentant petit à petit la quantité consommée quo- Dentofacial morphology and tongue function
during swallowing. Am J Orthod Dentofacial
tidiennement, en conjonction avec un apport d'eau Orthop 2002 ; 122(5) : 491–9.
suffisant. Une fois que cela a été évalué de façon satis- [5] Abd-el-Malek S. The part played by the tongue in
faisante, la quantité définie de fibres doit être mastication and deglutition. J Anat 1955 ; 89(2) :
constamment consommée sur une base quotidienne. 250–4.
Les aliments faibles en fibres, y compris les [6] Matsuo K, Palmer JB. Kinematic linkage of the
tongue, jaw, and hyoid during eating and speech.
graisses, les viandes et les produits laitiers, doivent Arch Oral Biol 2010 ; 55(4) : 325–31.
être consommés avec modération et uniquement [7] Cheng C.F., Peng C.L., Chiou H.Y., Tsai C.Y.,
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Chapitre 11. Dysfonctions gastro-intestinales 369

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Chapitre 12
Dysfonctions urogénitales

Dans ce chapitre, nous allons discuter des troubles l'urètre, l'utérus, le vagin et le rectum. Le plancher
du plancher pelvien, incluant les prolapsus d'or- pelvien est, en général, décrit comme un
gane pelvien, les troubles fonctionnels du bas diaphragme formé par des muscles pairs, les
appareil urinaire et les troubles bénins de la muscles élévateurs de l'anus, et dans la partie anté-
prostate. rieure par la membrane périnéale (diaphragme
urogénital), le muscle sphincter externe de l'urètre
et les muscles transverses profonds du périnée. Les
Troubles du plancher pelvien muscles élévateurs de l'anus constituent une partie
importante du diaphragme pelvien. Ils sont
Les troubles du plancher pelvien sont fréquents constitués de plusieurs portions étroitement unies
chez les femmes, le plus souvent associés à l'ac- les unes avec les autres, difficiles à séparer, qui for-
couchement et au vieillissement. Plusieurs présen- ment une grande nappe musculaire. Chaque por-
tations cliniques interdépendantes peuvent être tion est nommée selon son origine et son insertion
présentes : prolapsus des organes pelviens, incon- sur le bassin, formant ainsi les muscles iliococcy-
tinence urinaire ou anale, vessie hyperactive et giens, ischiococcygiens et pubococcygiens. De la
troubles de la défécation. Jusqu'à 67,7 % des sorte, le diaphragme résiste aux forces descen-
femmes souffrent dans leur vie d'une forme de dantes qui résultent normalement de l'augmenta-
dysfonction du plancher pelvien, avec au moins un tion de la pression intra-abdominale.
trouble majeur [1]. Cela engendre des situations
invalidantes, souvent associées à la honte, l'isole- Élévateur de l'anus
ment, la perte d'autonomie et une qualité de vie Iliococcygien
réduite. Toutes ces conditions ont en commun
Le muscle iliococcygien forme la partie latérale de
une dysfonction des composantes du plancher pel-
chaque élévateur de l'anus. Il s'étale de la face
vien. Après qu'une évaluation approfondie des
médiale de l'épine sciatique et du fascia de l'obtura-
pathologies organiques colorectales, gynécolo-
teur interne au bord latéral des deux derniers seg-
giques et urologiques a été effectuée et qu'un trai-
ments du coccyx. Médialement, les fibres du muscle
tement adéquat pour toutes les pathologies
iliococcygien se réunissent à celles du muscle
identifiées a été initié, le traitement des dysfonc-
contralatéral pour former un raphé qui prolonge le
tions somatiques par manipulations ostéopa-
ligament anococcygien. Situé entre l'anus et le coc-
thiques (OMT) peut être approprié.
cyx, ce raphé offre une résistance supplémentaire au
plancher pelvien postérieur, sur lequel s'appuient
Plancher pelvien les organes pelviens lors des efforts de poussée.

Le plancher pelvien est constitué bilatéralement Ischiococcygien


d'un réseau symétrique de muscles striés, liga- La partie ischiococcygienne de l'élévateur de l'anus
ments et tissus qui s'unissent sur la ligne médiane est parfois décrite comme un muscle distinct de
et fonctionnent comme un hamac qui soutient les l'élévateur – le muscle coccygien. De forme
organes du bassin, i. e. d'avant en arrière la vessie, triangulaire, avec un sommet dirigé latéralement,
L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans
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374 Considérations cliniques

Ligament
Muscle obturateur interne anococcygien
Arc tendineux Muscle
Canal obturateur coccygien

Muscle Ligament
iliococcygien sacroépineux
Élévateur Muscle Ouverture anale
de l’anus pubococcygien
Muscle
puborectal

Hiatus urogénital

Figure 12.1. Plancher pelvien.


Source : Drake R.L., Gray's Anatomie pour les étudiants, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 392.

ce muscle s'étend de l'épine sciatique aux bords d'autre de l'urètre, du vagin et de l'anorectum, aux
latéraux du coccyx et du cinquième segment sacral. parois desquelles elles se mêlent. C'est par ce hia-
Ainsi, il constitue la partie postérieure du tus que le prolapsus génital se produit, et l'activité
diaphragme pelvien et recouvre la face médiale du musculaire tonique des muscles pubococcygiens
ligament sacrospinal. est donc d'une importance primordiale pour main-
tenir la compétence du hiatus urogénital. Chez les
Pubococcygien hommes, les muscles pubococcygiens se fixent sur
Le muscle pubococcygien est le troisième consti- les tissus de soutien péri-urétraux pour former le
tuant de l'élévateur de l'anus (figure 12.1). Aussi pubo-urétral, qui se dirige latéralement et caudale-
nommé muscle puboviscéral, il est divisé en plu- ment vers la prostate. Chez les femmes, les mêmes
sieurs parties selon les viscères pelviens auxquels il fibres continuent vers l'arrière, encerclent la paroi
est associé, à savoir pubo-urétral et puborectal chez postérieure du vagin et forment le pubovaginal.
l'homme, pubovaginal et puborectal chez la femme. Chez les deux sexes, une partie des fibres médiales
Les fibres naissent de la face interne de l'os pubien rejoignent le centre tendineux du périnée et la jonc-
et de la partie antérieure de l'arc tendineux, un tion anorectale, où certaines d'entre elles se mêlent
épaississement linéaire du fascia recouvrant le aux fibres musculaires du sphincter anal externe.
muscle obturateur interne. De là, elles se dirigent En arrière du rectum, les muscles puborectaux for-
vers l'arrière du rectum, presque horizontalement. ment une sangle musculaire épaisse contournant la
De chaque côté, les fibres les plus médiales for- jonction anorectale. Quelques fibres des muscles
ment les bords latéraux du hiatus lévatorien ou pubococcygiens rejoignent également le raphé
hiatus urogénital. Elles cheminent de part et médian à cet endroit.
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 375

Innervation de l'élévateur de l'anus Le nerf pudendal prend naissance au niveau des


L'innervation de l'élévateur de l'anus provient foramens S2, S3 et S4, et moins régulièrement de
principalement des deuxième, troisième et qua- S1 et S5. (voir Innervation du sphincter anal. par-
trième segments spinaux sacraux. Les différentes tie IV, chapitre 11, p. 360) (figure 12.2).
composantes du pubococcygien, i. e. le pubo-
urétral, le puborectal et le pubovaginal, sont Fonction de l'élévateur de l'anus
innervées par les deuxième et troisième seg- Globalement, le pubococcygien comprime les
ments spinaux sacraux à travers le nerf pudendal. canaux viscéraux qui traversent le plancher pel-
Les ischiococcygiens et iliococcygiens sont vien. Il élève également le vagin, le centre tendi-
innervés par des branches directes du plexus neux du périnée et l'anus. Lorsqu'il est spasmé, il
sacral des troisième et quatrième segments spi- contribue à la douleur abdominale basse, au mal
naux sacraux. de dos et à la dyspareunie. En plus de sa contribu-
Le nerf pudendal a classiquement été décrit tion au renfort du sphincter anal externe, l'action
comme le nerf innervant une partie des muscles contractile du puborectal maintient le hiatus uro-
élévateurs de l'anus. Cependant, des études génital fermé et tire les parties distales de l'urètre,
récentes contestent cette description et indiquent du vagin et du rectum vers le pubis. Par consé-
que le nerf pudendal ne contribue pas directement quent, chez les femmes, il fonctionne comme un
à l'innervation du muscle élévateur de l'anus [2]. sphincter vaginal. Il contribue également au main-
Le muscle élévateur semblerait directement tien de l'angle anorectal entre le rectum et le canal
innervé par un nerf provenant des racines sacrales anal, qui est normalement d'environ 90°, ce qui
S3, S4 et S5, le nerf de l'élévateur de l'anus, che- obstrue le rectum et restreint l'évacuation rectale.
minant sur la face supérieure du plancher pelvien. Son rôle dans la continence anale et urinaire est

Ligament
sacrospinal

Ligament sacrotubéral
Nerf rectal inférieur
Canal d'Alcock

Nerf dorsal du clitoris


Nerf périnéal

Branche labiale
Branche (musculaire)
postèrieure
profonde du nerf
du nerf périnéal
périnéal

Figure 12.2. Nerf pudendal.


Source : Fellous K., « Algies anorectales essentielles chroniques », EMC Gatro-entérologie (Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson), 9-087-F-10, 2007, p. 4.
376 Considérations cliniques

fonction pelvienne. Tout autant, une restriction


du diaphragme thoracoabdominal peut résulter
d'une dysfonction lombale, de la cage thora-
cique ou d'une dysfonction crânienne ou pel-
Sacrum vienne, et une restriction du diaphragme pelvien
peut résulter d'une dysfonction pelvienne ou
crânienne.
Rectum
Symphyse
pubienne Muscle Membrane périnéale
puborectal
Canal anal La membrane périnéale consiste en un agence-
ment fascial épais dans la partie antérieure du
Figure 12.3. Jonction anorectale. plancher pelvien, reliant transversalement la
© Éléonore Lamoglia.
ligne médiane et les parois latérales du bassin.
En 1873, Jacob Henle décrit cette partie du
plancher pelvien comme le diaphragme urogé-
primordial. Dans cette fonction, il est aidé par les nital [5], un nom qui a été abandonné en rai-
muscles iliococcygiens et ischiococcygiens. En son de son imprécision. La membrane
revanche, la relaxation des muscles puborectaux et périnéale est une nappe épaisse de tissu
du sphincter anal externe augmente l'angle conjonctif et non une membrane musculaire,
anorectal à environ 130–140°, ouvrant le canal comme le suggère la dénomination de
anal afin de permettre la défécation. Après la défé- diaphragme urogénital.
cation, les muscles coccygiens tirent le coccyx vers La membrane périnéale est tendue entre les
l'avant (figure 12.3). deux côtés de l'arcade pubienne couvrant la par-
Au cours de la phase inspiratoire d'une res- tie antérieure de l'ouverture inférieure du bas-
piration calme, l'élévateur de l'anus fonc- sin. De forme triangulaire, elle fixe sa base
tionne en synergie avec le diaphragme postérieure sur le centre tendineux du périnée.
thoracoabdominal [3]. Grâce au mouvement En avant, un petit espace sépare la membrane du
rythmique de la respiration, le diaphragme pel- ligament pubien inférieur. Ainsi, la membrane
vien contribue au drainage des fluides du bas- périnéale obstrue le hiatus urogénital, perforée
sin et des tissus périnéaux ainsi qu'au pompage toutefois par l'urètre chez l'homme et par
des fluides des membres inférieurs dans la l'urètre et le vagin chez la femme. Sa partie ven-
cavité abdominale. trale est formée par un mélange de tissus en pro-
L'évaluation de la fonction et de la synergie venance des structures environnantes, en
entre les trois diaphragmes, i. e. crânien, thora- continuité avec l'arcade tendineuse, alors que sa
coabdominal et pelvien, fait partie de l'examen partie dorsale consiste en un feuillet séparé,
ostéopathique de l'ensemble du corps [4]. Toute fibreux et dense [6].
restriction dans le mouvement de l'un ou de plu- En dessous de la membrane périnéale se
sieurs de ces diaphragmes indique une dysfonc- trouve l'espace périnéal superficiel qui entoure
tion somatique des structures sur lesquelles ils se les muscles superficiels du périnée, les ischioca-
fixent, des viscères associés au diaphragme ou du verneux, bulbospongieux et transverse superfi-
diaphragme lui-même. En outre, en raison de ciel. En avant, cet espace renferme les corps
l'interdépendance de ces diaphragmes à travers érectiles des organes génitaux externes – pénis
la membrane de tension réciproque, une restric- et scrotum chez l'homme, vulve et clitoris chez
tion au niveau du diaphragme crânien, formé par la femme – et les muscles associés qui se fixent
la tente du cervelet, la faux du cerveau, la faux sur la membrane périnéale et les branches
du cervelet et les structures associées, peut résul- ischiopubiennes. Supérieurement, la membrane
ter d'une dysfonction crânienne, ou d'une dys- est associée à la partie antérieure des muscles
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 377

élévateurs de l'anus qui fusionnent avec les tis- de plusieurs structures au centre du plancher pel-
sus conjonctifs péri-urétraux et périvaginaux. vien. Il est situé à peu près à mi-distance entre les
Cette relation entre la membrane périnéale et deux tubérosités ischiatiques, sur le bord posté-
les muscles élévateurs de l'anus illustre la contri- rieur de la membrane périnéale à laquelle il est
bution de la membrane périnéale au soutien du fixé. Bien que n'étant pas en soi une structure ana-
vagin et de l'urètre (figure 12.4). tomique distincte, le centre tendineux du périnée
a une grande importance dans la fonction du plan-
Poche périnéale cher pelvien. Placé en arrière du tiers distal de la
Au-dessus de la membrane périnéale se trouve la paroi vaginale postérieure et en avant de la paroi
poche périnéale profonde, i. e. l'espace profond du anale antérieure, à laquelle il se fixe directement,
triangle urogénital où sont situés le muscle le centre tendineux du périnée se compose du ras-
sphincter externe de l'urètre, les muscles trans- semblement fibromusculaire des muscles éléva-
verses profonds du périnée et divers éléments vas- teurs de l'anus, des muscles transverses profonds
culonerveux. La membrane périnéale et la poche et superficiels du périnée, du sphincter externe de
périnéale profonde participent à la constitution l'anus et des muscles bulbospongieux (bulboca-
du plancher pelvien et au soutien des structures verneux). Chez les femmes, le sphincter urétrova-
du système urogénital dans la cavité pelvienne. ginal se fixe également au centre tendineux. Le
Ensemble, elles séparent la cavité pelvienne au- support du vagin distal et la fonction anorectale
dessus, du périnée au-dessous. Au centre, un hia- sont fortement influencés par l'état du centre ten-
tus circulaire permet le passage de la portion dineux du périnée.
distale de l'urètre (figure 12.5 ; figure 12.6). Chez
les femmes, un autre hiatus, en arrière de celui de Le centre tendineux est séparé de la peau par une fine
l'urètre, permet à la portion distale du vagin couche de tissu subcutané. De taille et de consistance
d'entrer dans le vestibule vulvaire. variables, il se trouve en arrière du vestibule vaginal ou
du bulbe du pénis et en avant de l'anus et du canal
Plusieurs muscles de la poche périnéale pro-
anal.
fonde sont des sphincters, principalement pour
l'urètre. Le sphincter urétral externe encercle
l'urètre membraneux. De chaque côté, le muscle
transverse profond du périnée s'étend le long du Lors de l'accouchement, le coccyx maternel est
bord libre de la membrane périnéale, depuis la poussé en arrière par la descente de la tête fœtale.
face médiale de la branche ischiopubienne, pour Cela augmente la tension du plancher pelvien,
s'unir au muscle contralatéral, stabilisant la posi- avec normalement une résistance plus grande en
tion du centre tendineux du périnée et renforçant arrière où le centre tendineux du périnée peut
le sphincter urétral externe. Chez les femmes, il y être étiré et parfois déchiré. L'épisiotomie propo-
a aussi un muscle sphincter urétrovaginal et un sée pour éviter une telle possibilité est toutefois
muscle compresseur de l'urètre (constricteur de la discutée [7]. Dans les pays anglo-saxons, les épi-
vulve). L'urétrovaginal consiste en fibres circu- siotomies sont plutôt médianes et consistent en
laires encerclant l'urètre proximal, et en fibres une incision à travers la peau et le centre tendi-
arciformes qui passent en avant de l'urètre distal neux du périnée sur environ 4 cm, de la four-
pour rejoindre les faces antérieure et latérales du chette vulvaire vers l'anus, avec un risque
vagin. Le compresseur de l'urètre est constitué de important de rupture du sphincter anal. En
fibres reliant les branches du pubis et passant en France, l'épisiotomie est le plus souvent médio-
avant de l'urètre distal. latérale, de la fourchette vulvaire vers la région
ischiatique.
Notez bien que la zone située entre le vagin et
Centre tendineux du périnée
l'anus est souvent décrite cliniquement comme le
Le centre tendineux du périnée, ou noyau fibreux « périnée » ; toutefois, il est plus approprié de par-
central du périnée, est formé par la convergence ler de centre tendineux du périnée. Le terme
378 Considérations cliniques

Symphyse pubienne
Ligament pubien inférieur Urètre
Sphincter urétral externe
Membrane périnéale
(retirée du côté opposé)
Arc ischiopubien
Obturateur interne

Glande bulbourétrale

Centre tendineux du Muscle transverse profond


périnée du périnée

Tubérosité ischiatique Puborectal


Pubococcygien Élévateur
Tendon de
de l'anus
l'obturateur interne Iliococcygien
Ligament sacrotubéral

Piriforme Anus

Muscles de la poche périnéale profonde chez l'homme


( à gauche, la membrane périnéale est retirée pour exposer la poche périnéale profonde)
Symphyse pubienne
Ligament pubien inférieur
Urètre
Sphincter urétrovaginal
Membrane périnéale
(retirée du côté opposé) Compresseur de l'urètre

Vagin

Tubérosité ischiatique
Muscle transverse profond
Centre tendineux
du périnée
du périnée
Tendon de Puborectal
l'obturateur interne
Pubococcygien Élévateur
de l'anus
Ligament sacrotubéral Iliococcygien

Piriforme
Anus

Muscles de la poche périnéale profonde chez la femme


( A gauche, la membrane périnéale est retirée pour exposer la poche périnéale profonde)

Orifice vaginal
Méat urétral
Muscle transverse Sphincter urétrovaginal
profond du périnée
Sphincter Méat urétral Muscle transverse
urétral externe Sphincter urétral externe profond du périnée
Fascia pelvien Fascia pelvien Compresseur
de l'urètre

Membrane périnéale Membrane périnéale


Poche périnéale profonde Poche périnéale profonde
Muscles de la poche périnéale profonde chez l'homme Muscles de la poche périnéale profonde chez la femme

Figure 12.4. Membrane et poche périnéales.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 245.
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 379

Symphyse pubienne
Ligament suspenseur du clitoris Gland du clitoris
Membrane périnéale Urètre
Obturateur interne Bulbospongieux
Ischiocaverneux
Muscle transverse
superficiel du périnée

Vagin

Centre tendineux
du périnée Puborectal
Pubococcygien (portion de
(portion de l’élévateur l’élévateur
de l’anus) de l'anus)

Ligament sacrotubéral Iliococcygien


(portion de l’élévateur de l’anus)

Figure 12.5. Espace périnéal superficiel chez la femme.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 248.

Ligament fondiforme du pénis


Ligament suspenseur du pénis
Bulbospongieux Corps du pénis
Raphé périnéal Gland du pénis
Ischiocaverneux
Membrane périnéale
Obturateur interne Muscle transverse
superficiel du périnée

Pubococcygien
(portion de l’élévateur
de l’anus)
Iliococcygien
Ligament
(portion de l’élévateur
sacrotubéral
de l’anus)
Puborectal Centre tendineux du périnée
(portion de l’élévateur de l’anus)
Figure 12.6. Espace périnéal superficiel chez l'homme.
Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 248.

« périnée » doit être réservé à la description anato- Prolapsus des organes pelviens
mique de l'intégralité des structures comblant le
détroit inférieur du bassin [8]. L'apport vascu- Les patients souffrant de dysfonction somatique
laire et nerveux du périnée vient du paquet vascu- du plancher pelvien peuvent présenter des prolap-
lonerveux pudendal (voir ci-dessus la description sus des organes pelviens et/ou des symptômes d'in-
de l'élévateur de l'anus et Innervation du sphinc- continence fécale ou urinaire. Dans de nombreux
ter anal, partie IV, chapitre 11, p. 360). cas, ces conditions sont associées. Le prolapsus des
380 Considérations cliniques

organes pelviens fait le plus souvent référence au peuvent également être des facteurs qui contri-
déplacement caudal des organes pelviens avec une buent aux troubles du plancher pelvien [18].
saillie du vagin et à l'extrême, de l'utérus à travers Cependant, même si plusieurs facteurs ont été
le vestibule vulvaire. Près de 41 % des femmes identifiés, l'étiologie des prolapsus reste mal com-
âgées de 50 à 79 ans démontrent un certain degré prise. C'est ici que la connaissance de l'anatomie
de prolapsus des organes pelviens [9]. Pour les pelvienne, et de l'effet de la dysfonction soma-
femmes de 55 ans ou plus, le prolapsus des organes tique pelvienne sur les os du bassin et sur toutes
pelviens est la principale cause de l'hystérectomie les structures qui forment le plancher pelvien,
aux États-Unis [10]. L'étiologie du prolapsus du devient extrêmement précieuse.
plancher pelvien est complexe, résultant d'une
combinaison de facteurs. Le plus souvent, la perte
Plaque des releveurs
du soutien des muscles et/ou des tissus conjonc-
tifs qui constituent le plancher pelvien est impli- En 1907, Halban et Tandler inventent le nom
quée, et l'accouchement vaginal est généralement « plaque des releveurs », qu'ils définissent comme
considéré comme l'étiologie principale qui affai- suit : « […] dans le segment postérieur où (les
blit ou étire les structures de soutien des viscères muscles releveurs) s'unissent aux muscles similaires
pelviens. Effectivement, l'augmentation de la des- de l'autre côté, s'entrelaçant les uns avec les autres.
cente des organes pelviens après l'accouchement a De ce fait, la partie postérieure du diaphragme en
été démontrée [11]. Lorsque l'on compare les arrière du rectum est considérablement renforcée.
femmes présentant une dysfonction du plancher Nous voulons désigner cette partie comme la
pelvien aux femmes nullipares, la dysfonction neu- plaque des releveurs [19]. »
romusculaire de l'élévateur de l'anus et des Anatomiquement, la plaque des releveurs
muscles du sphincter externe de l'anus semble désigne la région située entre l'anus et le coccyx,
correspondre à une neuropathie d'étirement [12]. où les fibres de l'iliococcygien et les fibres posté-
Avec chaque accouchement, le risque augmente, rieures du muscle pubococcygien se mêlent et
et la parité montre une forte relation avec les pro- forment un raphé continu avec le ligament ano-
lapsus des organes pelviens. De plus, il semble que coccygien fibroélastique. Cet ajout solide au
les femmes ayant eu deux accouchements vagi- plancher pelvien postérieur fournit un support
naux ont significativement plus de probabilité pour le rectum et les deux tiers supérieurs du
d'avoir une chirurgie pour prolapsus que les vagin susjacent.
femmes qui n'ont pas eu d'accouchement par voie Initialement, la plaque des releveurs a été décrite
vaginale [13]. comme située dans un plan transversal chez un
La physiologie du vieillissement semble égale- sujet en position debout. Par conséquent, la théorie
ment diminuer l'intégrité des structures du sou- était que toute faiblesse du muscle élévateur de
tien pelvien, contribuant ainsi aux troubles du l'anus relâchait la sangle en arrière de l'anorectum,
plancher pelvien. Statistiquement, la prévalence ce qui produisait le relâchement de la plaque des
des prolapsus augmente avec l'âge [14, 15]. releveurs, occasionnait une augmentation du hiatus
D'autres facteurs, comme une prédisposition urogénital et conduisait à un prolapsus des organes
génétique [16] et/ou certains facteurs acquis et pelviens. Les descriptions plus récentes de l'orienta-
congénitaux, peuvent également jouer un rôle. En tion de la plaque des releveurs sont toutefois diffé-
fait, près de 30 % des cas de prolapsus des organes rentes. Lors de l'examen du bassin, une ligne reliant
pelviens chez les jeunes femmes semblent être les ischions sépare le périnée en deux triangles :
familiaux [17]. D'autres facteurs tels que l'obé- en avant, le triangle urogénital, et en arrière, le
sité, une toux chronique, des efforts fréquents et triangle anal, où se trouve la plaque des releveurs
excessifs lors des selles, des tissus conjonctifs défi- (figure 12.7).
cients avec des antécédents de varices, une hernie, Normalement, en position debout, le triangle
des hémorroïdes et le soulèvement d'objets lourds urogénital est situé dans le plan transversal,
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 381

alors que le triangle anal est incliné de telle plaque des releveurs fait un angle moyen de 44,3°,
sorte que sa face endopelvienne profonde ouvert en avant [20] (figure 12.8).
regarde vers l'avant. En revanche, les femmes souffrant de prolapsus des
Chez les femmes qui ont des planchers pelviens organes pelviens présentent un angle de la plaque des
normaux, les études par IRM dynamique, avec le releveurs significativement plus grand que le groupe
sujet en décubitus dorsal, montrent que par rap- témoin. En outre, ces femmes démontrent un dépla-
port à une ligne de référence antéropostérieure, la cement caudal du centre tendineux du périnée.

Symphyse pubienne
Corps du pubis
Arcade pubienne Triangle urogénital

Tubérosité ischiatique

Ligament sacrotubéral
Triangle anal
Coccyx
Figure 12.7. Triangle urogénital et triangle anal.
Source : Drake R.L., Gray's Anatomie pour les étudiants, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 433.

Appareil de la
reproduction
Trompe utérine
Ovaire
Utérus Appareil gastro-
Vagin intestinal
Appareil urinaire
Rectum
Vessie

Canal anal
Urètre

Orifice anal

Figure 12.8. Angle de la plaque des releveurs.


Source : Drake R.L., Gray's Anatomie pour les étudiants, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 407.
382 Considérations cliniques

Syndrome du releveur Chaque composante des muscles élévateurs de


Le syndrome de l'élévateur de l'anus ou syndrome l'anus, l'iliococcygien, l'ischiococcygien et le pubo-
du releveur n'est pas associé à une pathologie coccygien (et ses subdivisions en pubo-urétral,
organique spécifique. Il s'agit plutôt d'un pubovaginal et puborectal), peut être visualisée à
ensemble de symptômes et de signes. Bien que l'IRM [24]. En reconnaissant l'origine et l'insertion
tous les patients n'aient pas tous les symptômes, le de chacune de ces composantes, leur fonction
syndrome du releveur peut se manifester par une devient claire et l'identification des dommages sur
dyspareunie, des symptômes mictionnels irritatifs, une partie spécifique des tissus permet la compré-
une constipation, des douleurs vaginales, vulvaires hension des schémas fonctionnels et dysfonction-
et anorectales, des spasmes de l'élévateur de nels précis des troubles du plancher pelvien.
l'anus, des douleurs abdominales basses et des Normalement, le complexe musculaire pubo-
douleurs au bas du dos. coccygien, avec ses insertions sur l'urètre, le vagin
Normalement, le complexe du muscle élévateur et l'anorectum, comprime les canaux viscéraux qui
de l'anus maintient un état constant de contraction. traversent le plancher pelvien. Il élève aussi le
Il en résulte un plancher pelvien actif qui résiste aux vagin, le centre tendineux du périnée et l'anus.
forces vers le bas de l'augmentation de la pression Dans les troubles du plancher pelvien, les études
intra-abdominale. Ces muscles sont constitués d'un avec IRM de ces muscles montrent que les anoma-
mélange de fibres de type I à contraction lente et de lies du muscle pubococcygien sont plus fréquentes
fibres de type II à contraction rapide. Chez les que celles du muscle iliococcygien [25]. Une défi-
femmes, les muscles élévateurs de l'anus sont cience des insertions est visible à l'origine du
constitués de 66 % de fibres lentes, un pourcentage muscle, sur la face interne de l'os pubien. Elle se
plus élevé que les 48 % trouvés dans les autres voit également au niveau des insertions pubococ-
muscles de la femme [21]. Ces fibres de type I à cygiennes sur la paroi latérale du vagin, le centre
contraction lente fournissent une activité de base tendineux du périnée, et l'espace intersphinctérien
des muscles élévateurs qui maintient la fermeture [26]. En raison de la fonction du muscle pubococ-
du hiatus urogénital et tire l'urètre distal, le vagin et cygien, toute anomalie de ce muscle explique
le rectum vers les os du pubis. Les fibres de type II pourquoi les femmes souffrant de prolapsus des
à contraction rapide sont actives en réponse à une organes pelviens présentent un hiatus urogénital
augmentation rapide de la pression abdominale, ou plus grand. En fait, le volume, la forme et l'inté-
bien elles peuvent être utilisées volontairement, grité de l'élévateur diffèrent entre les groupes de
comme dans les exercices de rééducation du plan- personnes asymptomatiques et de celles avec pro-
cher pelvien tels les exercices de Kegel [22]. En lapsus [27].
association avec les composantes musculaires striées
des sphincters de l'anus et de l'urètre, les fibres des Accouchement
élévateurs de l'anus sont capables de se contracter Après un accouchement par voie basse, l'IRM
rapidement dans des situations critiques, comme montre que 20 % des femmes primipares pré-
dans la toux ou les éternuements, pour maintenir la sentent des anomalies des parties pubococcy-
continence. Inversement, tout au long de la mic- gienne et iliococcygienne du complexe de
tion, défécation, et parturition, les fibres de l'éléva- l'élévateur de l'anus, alors qu'aucune personne du
teur de l'anus se détendent. groupe de contrôle n'a de tels résultats [28]. Cela
Il a été suggéré que le dommage neuromuscu- implique que l'accouchement par voie basse
laire des muscles élévateurs contribue à l'affaisse- contribue au développement du prolapsus des
ment de la plaque des releveurs, augmentant ainsi organes pelviens à travers une blessure de l'éléva-
le hiatus urogénital. Des modifications morpholo- teur. Le mécanisme de la blessure pendant l'ac-
giques de l'élévateur sont démontrées par IRM et couchement par voie basse peut être un étirement
certains auteurs proposent une subclassification des du plancher pelvien associé à des déchirures au
prolapsus des organes pelviens sur cette base [23]. niveau des sites d'insertion musculaires. La taille
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 383

de la tête fœtale semble influer sur la proportion loppement en post-partum de la douleur pelvienne
de l'étirement des tissus avec un ratio plus grand chronique du syndrome du releveur de l'anus.
sur la partie pubococcygienne de l'élévateur, le Dans une certaine mesure, cela peut être prévenu
plus souvent à l'issue de la deuxième étape du tra- par une éducation des muscles du plancher pelvien
vail de l'accouchement. En effet, un accouche- avant et pendant la grossesse. Cela peut améliorer
ment par voie basse difficile, une deuxième étape le contrôle et la flexibilité musculaires lors de l'ac-
du travail prolongée, un grand poids du nourris- couchement, sans affecter les résultats du travail, de
son à la naissance, une présentation de l'épaule ou l'accouchement ou les taux de complication [30].
en occipitosacral et l'usage de forceps sont sou- Cependant, l'activation des muscles du plancher
vent associés à une incidence accrue de prolapsus. pelvien lors de l'accouchement par voie basse est
Pendant la grossesse, les hormones affectent la corrélée avec une plus grande résistance à la pro-
composition biochimique des tissus du plancher gression du fœtus, ce qui peut être un obstacle à sa
pelvien et donc les propriétés viscoélastiques de la descente et allonger la durée du travail [31]. Les
paroi vaginale, des muscles puboviscéraux et du normalisations ostéopathiques avant et pendant la
centre tendineux du périnée. En conséquence, grossesse des structures du bassin et de la posture
lors de l'accouchement, la réponse à l'étirement de la femme doivent aussi être considérées.
qui est appliqué sur ces structures peut varier d'un
individu à l'autre.
Prolapsus vaginal
Outre le traumatisme direct sur le complexe de
l'élévateur, l'accouchement par voie basse peut Le support des viscères pelviens dépend de nom-
également être responsable de lésions neuropa- breuses structures. Comme nous l'avons décrit ci-
thiques. Les éléments constitutifs des muscles dessus, le plancher pelvien joue un rôle majeur, en
pubococcygiens, i. e. pubo-urétral, puborectal et particulier dans le support du rectum et des deux
pubovaginal, sont innervés par les deuxième et tiers supérieurs du vagin. Normalement, la vessie
troisième segments spinaux sacraux via le nerf repose sur la face antérieure du vagin, et l'utérus
pudendal. Dès lors, une compression ou des lésions repose sur la face supérieure de la vessie. Le rôle
ischémiques de ce nerf, comme cela peut se pro- du vagin et des structures qui l'entourent est donc
duire lors de la descente de la tête fœtale, doivent essentiel dans ce support. Les fascias du bassin qui
être considérées. Des efforts excessifs répétés et la enveloppent les viscères, les maintiennent en équi-
descente périnéale associée peuvent aussi causer un libre et les unissent les uns aux autres, tout comme
étirement et une neuropathie par compression du la cavité pelvienne osseuse, sont également impor-
nerf pudendal. Cela est particulièrement vrai au tants pour maintenir la tenségrité du système.
point où il se recourbe autour de l'épine sciatique Chacun des organes de la cavité pelvienne est
et passe dans le canal d'Alcock (canal pudendal), entouré par un réseau dense de tissu conjonctif
une gaine fibreuse étroite dans un dédoublement fibreux – le fascia endopelvien ou fascia pelvien
du fascia du muscle obturateur interne. D'autres pariétal – qui interconnecte les viscères pelviens et
zones de compression potentielles du nerf puden- les fixe sur les parois du bassin. Ainsi, le vagin est
dal se situent au niveau du muscle piriforme, et enveloppé par ce fascia, qui est amarré de chaque
entre les ligaments sacrotubéraux et sacrospinaux. côté à l'arc tendineux, fixé antérieurement à l'os
Une modélisation informatique 3D de l'accouche- pubien et en arrière à l'épine sciatique. Le vagin et
ment par voie basse montre que lors de la deu- l'utérus sont, par conséquent, stabilisés à l'intérieur
xième étape du travail, la première collatérale du du bassin par le fascia endopelvien, qui leur permet
nerf pudendal, i. e. le nerf rectal inférieur, est étirée toutefois une certaine quantité de mouvements en
au-delà du seuil de déformation de 15 % connu réponse à l'action de la miction, de la défécation, du
pour causer des dommages permanents au niveau coït et de la parturition. Bien que plusieurs compo-
des nerfs appendiculaires [29]. Compte tenu des santes du fascia endopelvien aient reçu des noms
données cliniques et neurophysiologiques, ces spécifiques selon les organes qu'il couvre, ce fascia
lésions représentent une cause réelle pour le déve- est en fait une entité ininterrompue, composée de
384 Considérations cliniques

Ligament
utérosacral

Ligament
transverse cervical

Ligament
pubocervical

Septum
rectovaginal

Figure 12.9. Fascia endopelvien.


Source : Drake R.L., Gray's Anatomie pour les étudiants, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 459.

collagène, d'élastine et de fibres musculaires lisses De chaque côté de l'utérus, le paramètre aussi
non vasculaires qui entourent les vaisseaux sanguins décrit comme étant le segment inférieur du liga-
et lymphatiques, et les nerfs (figure 12.9). ment large consiste en un tissu cellulofibreux qui
rattache de part et d'autre le col de l'utérus aux
parois pelviennes, tout en s'adaptant à la position
Le « fascia endopelvien » ou l'« aponévrose endopel- de l'utérus [33]. Il forme les ligaments cardinaux
vienne » consiste en une lame continue de tissu conjonc- et utérosacraux. Les ligaments cardinaux
tif qui recouvre les muscles pariétaux et qui se confond contiennent les artères et les veines utérines ; ils se
avec la gaine fibreuse des viscères pelviens. fixent aux parois du bassin postérolatéralement.
Une classification plus récente propose de subdiviser le
Les ligaments utérosacraux sont formés principa-
fascia endopelvien en trois groupes de fascias : les fascias
pelviens pariétal, viscéral et extraséreux [32]. Le fascia
lement d'un mélange de tissu conjonctif et de
pelvien pariétal recouvre les structures limitant la cavité fibres musculaires lisses entourant certains des
pelvienne, tels les muscles élévateurs de l'anus, obtura- nerfs autonomes pelviens, essentiellement le
teurs internes, coccygiens et piriformes. Le fascia pelvien plexus hypogastrique inférieur et le nerf hypogas-
viscéral correspond à la réflexion du fascia pelvien parié- trique [34]. Le plus souvent, les fibres de ces liga-
tal ; il enveloppe les organes pelviens et les fixe aux parois ments naissent du col utérin et du vagin. De là,
du bassin. Le fascia pelvien extraséreux est le tissu elles contournent les faces latérales du rectum et
conjonctif de plus ou moins grande densité dans lequel les sont recouvertes de péritoine pariétal. Selon les
organes pelviens sont incorporés, leur permettant chan- auteurs, l'insertion postérieure est décrite sur le
gement de forme et mouvement, et qui supporte les diffé- fascia présacral à hauteur de la partie inférieure de
rentes structures neurovasculaires du bassin.
l'articulation sacro-iliaque [35], sur le sacrum en
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 385

regard de S1-S3 [36] ou encore sur le ligament quence de la contrainte appliquée sur le fascia
sacrospinal et le muscle coccygien [37]. Le péri- plutôt qu'une prédisposition de l'hôte au prolap-
toine qui recouvre les ligaments utérosacraux est sus [40]. L'expression du collagène III prévaut
en continuité avec celui recouvrant le rectum, et dans les tissus où la flexibilité et la distension sont
en raison de la présence habituelle du côlon sig- nécessaires en réponse au stress.
moïde sur le côté gauche du bassin, le ligament
utérosacral droit semble plus antérieur.
Os coxaux
Les ligaments utérosacraux contribuent à la
fixité de l'utérus et dans une certaine mesure à Le prolapsus du plancher pelvien est certainement
celle du vagin proximal. De par leurs insertions multifactoriel. Toutes les femmes subissent un éti-
sur le col et l'isthme utérins, ils fixent la partie rement du plancher pelvien lors d'un accouche-
inférieure de l'utérus, favorisant ainsi la flexion ment, mais toutes ne subissent pas nécessairement
du corps utérin. Les dysfonctions somatiques du de dommages. Afin de comprendre pleinement
sacrum, comme les torsions, ainsi que les dys- l'étiologie du prolapsus des organes pelviens, il faut
fonctions sacro-iliaques et ilio-iliales peuvent considérer les conséquences de la dysfonction
affecter ces ligaments, et par conséquent la fonc- somatique des os coxaux, et des ligaments, fascias,
tion de l'utérus et des structures connexes, i. e. et viscères qui leurs sont rattachés. Rappelons que
le plexus hypogastrique inférieur et le nerf la dysfonction somatique résulte en une fonction
hypogastrique. altérée des « structures squelettiques, arthrodiales
Inférieurement, le bord du paramètre est proche et myofasciales, et des éléments vasculaires, lym-
de l'insertion du muscle élévateur de l'anus, à la phatiques et nerveux qui leur sont rattachés [41] ».
jonction des tiers moyen et inférieur du vagin. Quatre os principaux forment le bassin : les os
Antérieurement, le fascia entourant le vagin se coxaux, pairs, le sacrum et le coccyx. Les os coxaux
confond avec celui de l'urètre. Latéralement, il est résultent de la fusion de l'ilium, de l'ischium et du
fixé de chaque côté aux muscles pubovaginaux et pubis au niveau de l'acétabulum. En arrière, l'os
à la membrane périnéale, et en arrière au centre coxal s'articule avec le sacrum pour former l'arti-
tendineux du périnée. Ces insertions offrent un culation sacro-iliaque, et en avant, les parties
support vaginal important qui, lorsqu'il est affai- pubiennes de l'os coxal s'articulent entre elles à la
bli, peut prédisposer au développement d'une rec- symphyse pubienne.
tocèle et d'une descente périnéale [38]. Des Le bassin est divisé par un plan oblique en grand
étirements ou avulsions de ces insertions peuvent bassin, aussi appelé « faux » bassin, et en petit bas-
survenir pendant un accouchement par voie basse, sin, ou « vrai » bassin. Ce plan passe en arrière par
en association avec des efforts fréquents et exces- le promontoire du sacrum, en avant par le bord
sifs lors des selles, et le processus normal de supérieur de la symphyse pubienne, et latéralement
vieillissement. par les lignes arquées (lignes innominées). Les
Parce que le fascia endopelvien est composé de organes pelviens se trouvent dans le petit bassin,
tissu conjonctif, les patientes souffrant de prolap- i. e. la cavité pelvienne ressemblant à un canal
sus peuvent présenter des modifications du méta- incurvé. Sa circonférence supérieure correspond
bolisme du collagène. En effet, chez les femmes au détroit supérieur, alors que le pourtour inférieur
souffrant de prolapsus, la quantité du collagène est le détroit inférieur.
vaginal est augmentée par rapport à celle des Chez les quadrupèdes, le sacrum est presque
femmes sans prolapsus [39]. Bien que le débat horizontal et continue la ligne à peu près horizon-
persiste quant à savoir si cette altération est une tale de la colonne vertébrale. Ainsi, les viscères
cause ou une conséquence du prolapsus des pelviens sont supportés en partie par la muscula-
organes pelviens, le fait que les changements ture abdominale et partiellement par la partie ven-
observés soient essentiellement une augmenta- trale de la cavité pelvienne. Avec l'acquisition du
tion de l'expression du collagène III implique bipédisme, le bassin humain a fait une rotation
que cette augmentation peut être une consé- postérieure. Toutefois, en position debout,
386 Considérations cliniques

lorsque la posture du sujet est équilibrée, le bassin plus petits que ceux des femmes blanches [43] ont
se trouve toujours dans une position de légère également une prévalence plus faible de prolapsus
antéversion, de telle sorte que les épines iliaques des organes pelviens [44].
antérosupérieures et la partie antérieure de la sym- L'angle du détroit supérieur du bassin se réfère à
physe pubienne sont situées dans le même plan l'angle formé par l'intersection de la ligne reliant le
coronal, perpendiculaire au sol (figure 12. 10). promontoire sacral à la partie supérieure de la sym-
L'épine iliaque antérosupérieure et l'épine physe pubienne et la ligne verticale (figure 12. 11).
iliaque postéro-inférieure se trouvent dans le Chez les femmes sans prolapsus, cet angle est
même plan transversal. Dès lors, en position d'environ 29,5°, alors que chez les femmes ayant
debout équilibrée, la pression exercée par le un prolapsus avancé des organes pelviens, cet angle
contenu intra-abdominal est appliquée sur le bas- est d'environ 37,5° [45]. Cela va de pair avec une
sin osseux, à savoir, le pubis, la ceinture pelvienne diminution de la lordose lombale ou un déplace-
antérieure et les ailes iliaques. En conséquence, la ment postérieur de la base du sacrum. Dans un tel
contrainte appliquée sur les muscles pelviens, le cas, une plus grande proportion de la pression du
fascia endopelvien et le plancher pelvien est contenu intra-abdominal est dirigée vers les viscères
moindre. pelviens, leurs supports conjonctifs et musculaires,
En réalité, les changements dans l'orientation et ce qui peut favoriser un prolapsus des organes pel-
la forme du bassin osseux ont été associés au déve- viens. Le vieillissement est associé à une diminution
loppement du prolapsus des organes pelviens. La de la lordose lombale ; cependant, une cause fré-
forme pelvienne platypelloide, à savoir un bassin quente de cette diminution est la dysfonction des
avec un diamètre transverse important, est signifi-
cativement associée à des troubles du plancher
pelvien. En revanche, le bassin anthropoïde, avec
un diamètre transverse étroit, présente le risque le
plus faible [42]. Les femmes noires qui ont des
bassins osseux où les diamètres transverses sont

Épine iliaque antérosupérieure


Ouverture supérieure
du pelvis

Tubercules du pubis
Figure 12.11. Angle du détroit supérieur.
Arcade pubienne
Angle formé par l'intersection de la ligne reliant le
Figure 12.10. Orientation des os coxaux. promontoire sacral à la partie supérieure de la symphyse
Source : Drake R.L., Gray's Anatomie pour les étudiants, Philadelphie, pubienne et la ligne verticale.
Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 428. © Éléonore Lamoglia.
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 387

muscles iliopsoas, ce qui peut être traité en utilisant Évidemment, chaque partie du complexe tensé-
des procédures ostéopathiques. Une dysfonction grital – les os, les nerfs, les muscles et les tissus
du sacrum en flexion craniosacrale – extension ana- conjonctifs – interagit constamment avec la
tomique – peut être aussi corrélée à la diminution colonne vertébrale et les structures environnantes.
de la lordose lombale. Cela peut suivre une chute Par conséquent, les troubles du plancher pelvien
sur les fesses, avec le déplacement du coccyx vers peuvent résulter d'une dysfonction somatique de
l'avant. De plus, comme plusieurs des muscles qui l'une ou de plusieurs de ces structures.
font partie de l'élévateur de l'anus s'insèrent sur le
coccyx, toute dysfonction somatique du coccyx
Symptômes du prolapsus
peut influer leur fonction et doit également être
des organes pelviens
considérée.
Des courbures rachidiennes et une version pel- Le prolapsus des organes pelviens se réfère à la des-
vienne normales protègent le bassin des forces cente vers le bas des organes pelviens qui se traduit
intra-abdominales directes. Pourtant, lorsque la par une saillie du vagin, de l'utérus ou des deux, à
femme vieillit, les changements de la posture travers le vestibule vulvaire. Le prolapsus des
contribuent à diminuer les effets protecteurs de organes pelviens est différent du prolapsus rectal
la colonne vertébrale et du bassin osseux. ou anal, dans lequel le rectum sort à travers l'anus.
L'augmentation de la cyphose thoracique est Le prolapsus des organes pelviens n'affecte que les
corrélée au prolapsus des organes pelviens. Dans femmes, alors que le prolapsus rectal peut affecter
ce cas, la position de la cage thoracique au-dessus les femmes et les hommes.
de l'abdomen change de telle sorte que la pres- En règle générale, la paroi vaginale antérieure
sion intra-abdominale augmente [46]. est le segment du vagin qui dépasse. Elle est

Utérus
Vessie Rectum

Normal Prolapsus utérin

Cystocèle Rectocèle

Figure 12.12. Prolapsus des organes pelviens.


© Éléonore Lamoglia.
388 Considérations cliniques

souvent associée à une descente de la vessie, i. e. les hommes, est fréquente chez celles souffrant de
une cystocèle [47]. D'autres parties des organes prolapsus des organes pelviens. Toutefois,
pelviens peuvent saillir, comme la paroi vaginale l'incontinence urinaire et la vessie hyperactive se
postérieure et le sommet du vagin et/ou l'utérus. voient chez les hommes et les femmes. La préva-
Le prolapsus de la paroi vaginale postérieure peut lence des TFBAU varie, selon la définition propo-
être associé à une descente du rectum, i. e. une sée pour la dysfonction, les différentes populations
rectocèle ; l'intestin grêle ou le gros intestin peuvent étudiées et les méthodes d'échantillonnage
aussi être impliqués (figure 12. 12). employées. Ainsi, l'incidence déclarée de l'incon-
De nombreuses femmes souffrant de prolapsus tinence urinaire chez les femmes varie de 5 à
des organes pelviens sont asymptomatiques [48]. 69 %, même si un grand nombre d'études rappor-
Les patientes présentant des symptômes évocateurs tant la prévalence de n'importe quel type d'in-
de prolapsus doivent consulter un médecin. Le plus continence urinaire décrit une fourchette
souvent, ces femmes décrivent une sensation de comprise entre 25 et 45 % [50]. Environ 25 % des
lourdeur ou de pression dans la zone du vagin et hommes de 40 ans ou plus ont quelques TFBAU,
l'impression que l'utérus, la vessie ou le rectum mais parce que la plupart de ces hommes ne sont
font saillie. Dans les cas avancés, un renflement pas terriblement perturbés par leurs symptômes,
vaginal peut être senti ou perçu dans le vestibule seuls 5 % à 10 % d'entre eux pensent que leurs
vulvaire. Tous les symptômes sont aggravés en posi- symptômes sont suffisamment sévères pour que
tion debout, ou lors des efforts de poussée pendant cela nécessite une intervention [51]. Afin de
la défécation, ou en toussant. Ils diminuent en posi- comprendre ces troubles dans le cadre de la dys-
tion couchée. Des difficultés pour aller à la selle fonction somatique, un examen des relations
avec une sensation de défécation incomplète, ou entre les structures du plancher pelvien, leurs
des dysuries, i. e. des difficultés à la miction, avec fonctions, et la vessie est de rigueur.
des signes d'incontinence peuvent être associés à
un prolapsus utérin. Toutefois, ces symptômes
Vessie
peuvent aussi révéler d'autres troubles du plancher
pelvien, comme les conditions impliquant la vessie La vessie est le viscère le plus antérieur de la cavité
ou le tractus gastro-intestinal inférieur. pelvienne. Sa taille et sa position varient en fonction
Le prolapsus des organes pelviens est associé à de la situation et de la réplétion des autres viscères,
une dysfonction de l'élévateur de l'anus. ainsi que du contenu vésical. Entièrement située à
Cliniquement, la dyspareunie et la douleur abdo- l'intérieur de la cavité pelvienne quand elle est vide,
minale basse sont trouvées en association avec une elle se gonfle vers l'avant et vers le haut de la cavité
dysfonction des muscles pubococcygien, iliococ- abdominale quand elle est pleine. On lui décrit clas-
cygien et coccygien, alors qu'une défécation dou- siquement un apex, une face supérieure, deux faces
loureuse et la constipation sont associées à une inférolatérales, une base et un col (figure 12. 13).
dysfonction des muscles puborectaux. En outre, la La face supérieure de la vessie est de forme
dysfonction du muscle obturateur interne peut triangulaire, avec un apex dirigé vers le haut et
contribuer à des symptômes urinaires, à la dyspa- l'avant en direction de la partie supérieure de la
reunie et aux douleurs de la hanche [49]. symphyse pubienne. Au niveau de son apex, la ves-
sie est suspendue à la face profonde de l'ombilic
par le ligament ombilical médian, i. e. le ligament
Troubles fonctionnels de l'ouraque. Lorsque la vessie se remplit, la face
du bas appareil urinaire supérieure devient plus convexe.
Chez la femme, la face supérieure est principale-
Les troubles fonctionnels du bas appareil urinaire ment recouverte par le péritoine qui se prolonge
(TFBAU) incluent l'incontinence urinaire, la ves- en arrière vers la jonction du corps et du col de
sie hyperactive et la nycturie. L'incontinence l'utérus, formant la poche vésico-utérine. Du tissu
urinaire, plus présente chez les femmes que chez fibroaréolaire remplit l'espace entre la partie la
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 389

quité associée au tonus des muscles de la paroi


A Uretères vésicale empêche normalement le reflux de l'urine.
La base de la vessie, appelée aussi le fond, diri-
Trigone
Base
gée vers l'arrière et le bas, a la forme d'un triangle
Face supérieure inversé. Chez la femme, elle est située en regard
Ligament de la paroi vaginale antérieure, et repose sur elle.
ombilical
médian
Chez l'homme, elle est en avant du rectum, entre
la poche rectovésicale au-dessus et les vésicules
séminales et canaux déférents au-dessous.
Apex Le col de la vessie est la partie la plus inférieure et
Faces la plus fixe de la vessie urinaire. Situé à environ
inférolatérales
3–4 cm en arrière de la partie inférieure de la sym-
Urètre
physe pubienne, il est contigu à l'orifice urétral
interne et est parfois appelé l'urètre postérieur. Il
B Uretères mesure 2 à 3 cm. Chez la femme, le col de la vessie
est en relation avec le fascia endopelvien ; chez
Orifices des uretères l'homme, il se trouve immédiatement au-dessus de la
prostate. De chaque côté, une lame fibromusculaire
solide maintient la position du col vésical et le fixe,
ainsi que la partie pelvienne de l'urètre, sur la face
postéro-inférieure du pubis. Chez l'homme, cet
ensemble est associé à la capsule fibreuse de la pros-
tate qui entoure le col de la vessie et la partie contiguë
de l'urètre, et constitue les ligaments puboprosta-
tiques. Chez la femme, les deux lames fibromuscu-
Trigone
laires forment les ligaments pubovésicaux qui, associés
à la membrane périnéale et aux muscles élévateurs de
Urètre Orifice interne l'anus, contribuent au soutien de la vessie.
de l’urètre
Des muscles lisses participent à la formation du
Figure 12.13. Vessie. col de la vessie. En fait, le col de la vessie représente
A. Vue supérolatérale ; B. Trigone (zone de la paroi interne une unité fonctionnelle distincte, différente du
de la vessie de forme triangulaire délimitée en haut par les
deux orifices urétéraux). Vue antérieure ; la portion
muscle détrusor qui forme la paroi de la vessie. Dans
antérieure de la vessie est sectionnée. cette portion, le muscle s'appelle le sphincter
Source : Drake R.L., Gray's Anatomie pour les étudiants, Philadelphie, interne. Chez la femme, il s'agit d'un muscle lisse
Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 442.
distinct, constitué de faisceaux de faible diamètre
s'étalant obliquement ou longitudinalement dans
plus postérieure de la face supérieure de la vessie et la paroi urétrale. En règle générale, le col de la ves-
le col utérin. Chez l'homme, la face supérieure est sie est au-dessus du plancher pelvien avec les liga-
totalement recouverte par le péritoine, qui se pro- ments pubovésicaux, le fascia endopelvien et le
longe postérieurement dans la poche rectovésicale muscle élévateur de l'anus qui le maintiennent dans
et en avant dans le pli ombilical médian. cette position. En réponse à l'augmentation de la
De chaque côté de la vessie, les faces inférolaté- pression intra-abdominale, l'élévateur de l'anus se
rales sont situées entre le muscle élévateur de contracte, ce qui augmente la fermeture de l'urètre
l'anus et le muscle obturateur interne adjacent. et le maintien de la continence. Chez l'homme, le
Elles ne sont pas recouvertes de péritoine. col de la vessie est entièrement entouré par un col-
La face postérieure reçoit la terminaison des lier de fibres musculaires lisses qui se prolongent
uretères. Elles pénètrent obliquement la vessie et pour envelopper la partie préprostatique de l'urètre,
y rentrent sur quelques centimètres. Cette obli- et est nommé le sphincter préprostatique.
390 Considérations cliniques

Lorsque la vessie se remplit, elle devient plus vessie, ce muscle est sous le contrôle du système
ovoïde. En avant, elle soulève le péritoine pariétal nerveux volontaire et peut être activé consciem-
de la région suspubienne de la paroi abdominale. ment pour stopper la miction lorsque des com-
Ses faces inférolatérales se déplacent en avant et mandes involontaires tentent de vider la vessie
s'appuient contre la paroi abdominale, environ (figure 12. 14).
5–7 cm au-dessus de la symphyse pubienne. La partie pubococcygienne du muscle élévateur
Extérieurement, la paroi de la vessie est consti- de l'anus est de grande importance pour la fonc-
tuée de la séreuse recouvrant les fibres musculaires tion urétrale. Elle s'étend presque à l'horizontale,
lisses du muscle détrusor et d'une matrice extracel- du pubis (en avant) à la partie dorsale du rectum
lulaire. Sous cette couche se trouvent la lamina pro- (en arrière), avec ses fibres les plus médiales lon-
pria et l'urothélium. Les fibres du muscle détrusor geant l'urètre, le vagin et l'anorectum. À cet
s'étendent dans toutes les directions. Tout au long endroit, les fibres du pubococcygien se mêlent au
de la phase de remplissage du cycle de la miction, la support péri-urétral pour former le pubo-urétral,
compliance de la vessie est assurée par un amincis- qui chez l'homme se prolonge en bas et en dehors
sement de la lamina propria, un aplatissement de jusqu'à la prostate. Chez la femme, elles entourent
l'urothélium et une réorientation des fibres muscu- la paroi dorsale du vagin en arrière, pour former le
laires du détrusor et des tissus conjonctifs [52]. pubovaginal. Chez les deux sexes, certaines fibres
Pendant la phase de la vidange du cycle de la mic- du pubo-urétral s'unissent avec le centre tendineux
tion, le muscle détrusor se contracte pour expulser du périnée. Aussi, une tonicité suffisante de l'éléva-
l'urine de la vessie, utilisant la matrice extracellu- teur de l'anus est nécessaire pour le maintien de la
laire comme un échafaudage pour générer la ten- position du col de la vessie. Au cours de la miction,
sion. En effet, les propriétés viscoélastiques comme pendant la défécation, l'élévateur de l'anus
importantes du muscle lisse détrusor dépendent en doit se détendre ; quand ce muscle est dysfonction-
partie de la matrice extracellulaire [53]. Une autre nel, la position de l'urètre peut changer, ce qui
particularité de ce muscle est la fusion entre les cel- modifie la pression intra-urétrale et la continence.
lules du muscle, ce qui permet à une activité élec-
trique de faible résistance de se propager d'une
cellule à l'autre. En conséquence, un potentiel Innervation
d'action peut atteindre toutes les cellules en même La fonction normale du bas appareil urinaire implique
temps et produire une contraction de l'ensemble de la rétention d'urine, sans fuite. De temps en temps,
la vessie. Pendant la phase de remplissage de la ves- cette fonction est interrompue dans des conditions
sie, le détrusor se détend pour permettre à l'urine appropriées par l'expulsion volontaire d'urine. Pour
de s'accumuler dans la vessie. Parallèlement à l'ac- ce faire, il doit y avoir un équilibre entre les systèmes
tion du détrusor, l'urètre agit de manière réci- nerveux autonome périphérique, somatique périphé-
proque en se contractant au cours de remplissage et rique et le système nerveux central (SNC).
en se relâchant pendant la vidange. Le système nerveux autonome périphérique est
constitué de fibres nerveuses afférentes et efférentes.
Les fibres nerveuses afférentes véhiculent l'informa-
Urètre tion sensorielle périphérique à la partie dorsale de la
Le col de la vessie se continue vers le bas par moelle épinière, et de là vers les centres de traitement
l'urètre. Chez la femme, l'urètre mesure seulement du SNC. Les axones moteurs efférents sortent par la
environ 4 cm de long, tandis que chez l'homme il racine ventrale de la moelle épinière (figure 12. 15).
est d'environ 20 cm. De plus, chez l'homme, la Le plexus hypogastrique inférieur (plexus pelvien)
prostate entoure l'urètre en dessous de la vessie. est situé au niveau du plancher pelvien. Il dérive
Chez les deux sexes, en dessous du col de la vessie, du plexus hypogastrique supérieur et des nerfs
l'urètre traverse le diaphragme urogénital, encerclé splanchniques pelviens et consiste en un réseau
par un muscle strié appelé le sphincter externe de de nerfs autonomes et de ganglions avec des
l'urètre. À la différence des muscles lisses de la composantes sympathiques et parasympathiques.
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 391

Urètre
Vessie
Sphincter externe
,
de l urètre
Glande para-urétrale (glande de Skene)
Espace profond du périnée
Membrane du périnée Glande vestibulaire majeure
Gland du clitoris
, ,
Orifice externe de l urètre Ouverture pour le vagin dans l espace profond
A Conduit de la glande de Skene du périnée et la membrane du périnée

Vessie ,
, 1. Partie préprostatique de l urètre
Sphincter interne de l urètre
(muscle lisse)
,
Prostate 2. Partie prostatique de l urètre
,
Sphincter externe de l urètre Espace profond du périnée
(muscle squelettique)
Membrane du périnée
Glande et conduit bulbo-urétraux
2e courbure quand le
pénis est flasque ,
3. Partie membraneuse de l urètre
Pénis
1re courbure
,
4. Partie spongieuse de l urètre
Fosse naviculaire

B ,
Orifice externe de l urètre

Sinus prostatiques
Sphincter interne de l’urètre
(muscle lisse) Crête urétrale

Prostate
Colliculus séminal

Utricule prostatique

Éléments glandulaires
de la prostate

Stroma fibromusculaire
Orifices des conduits (muscle lisse et tissu
des éléments glandulaires fibreux de soutien)
de la prostate

Orifices des conduits


éjaculateurs

Espace profond du périnée


Membrane du périnée
C Sphincter externe de l’urètre
(muscle squelettique)

Figure 12.14. Urètre.


A. Chez la femme ; B. Chez l'homme ; C. Partie prostatique de l'urètre chez l'homme.
Source : Drake R.L., Gray's Anatomie pour les étudiants, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010 p. 445–446.
392 Considérations cliniques

A B
Tronc sympathique
Plexus hypogastrique supérieur sacral gauche

Ganglion et tronc
sympathiques gauches

Nerf hypogastrique droit

Plexus
hypogastrique
inférieur droit

Nerf
obturateur Ganglion
sympathique
sacral

Ganglion impair

Plexus hypogastrique
inférieur droit
Nerfs sympathiques sacraux

Fibres autonomes pour les


viscères pelviens Nerfs parasympathiques pelviens (S2,3,4)

Figure 12.15. Innervation autonomique du bassin.


Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008.

La partie antérieure du plexus hypogastrique infé- thiques préganglionnaires est l'acétylcholine


rieur, située plus près de la vessie, constitue le (ACh), et la noradrénaline pour les fibres post-
plexus vésical. Les fibres efférentes sympathiques ganglionnaires sympathiques. En revanche, les
préganglionnaires proviennent des segments tho- nerfs efférents parasympathiques provoquent la
racolombaux de la moelle épinière entre T10 et contraction du détrusor et la relaxation du
L2. Elles se rendent dans le plexus pelvien puis au muscle lisse urétral et du sphincter interne de la
bas appareil urinaire avec les nerfs pelviens. Les vessie. Le neurotransmetteur parasympathique
fibres efférentes parasympathiques préganglion- primaire est l'ACh pour les fibres pré- et post-
naires proviennent des deuxième, troisième et ganglionnaires parasympathiques.
quatrième segments sacraux de la moelle épinière Les axones afférents des nerfs pelviens trans-
où sont situés leurs corps cellulaires. Leurs axones mettent des informations à partir du bas appareil
courent dans la branche antérieure des nerfs spi- urinaire à la moelle épinière lombosacrale. Le col
naux sacraux comme des nerfs splanchniques pel- de la vessie et la partie initiale de l'urètre pos-
viens pour rejoindre les rameaux sympathiques du sèdent le plexus de nerfs afférents le plus épais,
plexus pelvien. Ils synapsent avec les neurones tandis que la lamina propria de la région supé-
parasympathiques post-ganglionnaires dans les rieure de la vessie n'a pas d'innervation afférente.
plexus et à l'intérieur de la paroi vésicale. Ces nerfs afférents se trouvent dans le suburothé-
Les nerfs efférents sympathiques augmentent lium, formant un plexus qui repose sous la
la contraction du muscle lisse urétral et du muqueuse urothéliale, avec des terminaisons ner-
sphincter interne de la vessie, et de manière veuses qui s'étendent dans l'urothélium.
réflexe diminuent l'activité parasympathique. Le Inversement, l'innervation afférente de la mus-
principal neurotransmetteur des fibres sympa- culature semble exister dans toute la vessie [54].
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 393

Les fibres sensitives perçoivent le degré d'étire- centres de contrôle supérieurs, dans le cortex ou le
ment de la paroi vésicale. En particulier, les tronc cérébral. La miction peut être évitée par la
signaux d'étirement du col de la vessie sont princi- contraction répétée du sphincter externe de la ves-
palement responsables pour initier les réflexes de sie. Lorsque les circonstances sont appropriées pour
miction. Ces nerfs afférents font usage de nom- permettre la miction, les centres corticaux inhibent
breux neurotransmetteurs, y compris la substance le sphincter externe de la vessie de sorte que la mic-
P, les neurokinines, le peptide relié au gène calci- tion puisse se produire. À cet instant, la contraction
tonine et le polypeptide intestinal vasoactif. des muscles abdominaux contribue à l'augmenta-
Deux types de fibres afférentes vésicales existent tion de la pression dans la vessie, ce qui stimule
dans les nerfs pelviens. Ce sont les fibres myélini- encore plus les récepteurs d'étirement.
sées Aδ qui répondent à la distension de la vessie,
et les fibres amyéliniques C qui, normalement, Troubles urinaires
répondent aux stimuli thermiques ou chimiques.
Les troubles urinaires doivent être différenciés des
Dans certaines circonstances, la sensibilité des ter-
anomalies de la miction causées par des trauma-
minaisons afférentes peut être affectée par la libé-
tismes ou une maladie associée à la destruction des
ration de médiateurs de types cellulaires divers,
fibres nerveuses sensitives. De telles pathologies
tels l'urothélium, les myofibroblastes, les masto-
organiques ne sont pas directement considérées
cytes et autres cellules du tissu conjonctif [55].
dans ce texte. Les troubles urinaires, leurs catégo-
Ainsi, les terminaisons afférentes deviennent sensi-
ries et leurs définitions, basés sur les symptômes des
bilisées et produisent des réflexes de miction
patients, ont été examinés par l'International
pathologiques.
Continence Society en vue d'homogénéiser la com-
Le système somatique périphérique est, pour le
munication entre les médecins, les patients et les
sphincter externe de la vessie, constitué de fibres
chercheurs. La plupart des symptômes des TFBAU
motrices squelettiques transmises via le nerf
sont classés en trois catégories. Ce sont [56] :
pudendal (rameaux ventraux des racines S2-S3,
tMFTTZNQUÙNFTEFMBQIBTFEFSFNQMJTTBHF
S4, et moins régulièrement S1 et S5). Ce sont des
tMFTTZNQUÙNFTEFMBQIBTFNJDUJPOOFMMF
fibres nerveuses somatiques sous le contrôle
tMFTTZNQUÙNFTEFMBQIBTFQPTUNJDUJPOOFMMF
volontaire du système nerveux et qui peuvent être
Les symptômes de la phase de remplissage
consciemment sollicitées pour arrêter la miction.
sont « ressentis au cours de la phase de remplis-
sage de la vessie » et comprennent une augmen-
Miction normale tation de l'incontinence urinaire, de la
La miction normale est le stockage et l'élimination fréquence diurne et de la nycturie. Les symp-
des déchets liquides de l'organisme par les voies tômes de la phase mictionnelles sont « ressentis
urinaires. La continence est la capacité à emmaga- pendant la phase mictionnelle » et incluent une
siner l'urine, et d'uriner quand cela est sociale- faiblesse du jet, un jet en arrosoir, un jet haché
ment acceptable. et un jet hésitant. Les symptômes de la phase
Au cours de la phase de remplissage, la vessie est post-mictionnelle sont « ressentis immédiate-
capable de stocker environ 600 ml d'urine. En rai- ment après la miction », comme une sensation
son de ses propriétés viscoélastiques, la vessie peut de vidange vésicale incomplète ou des gouttes
accumuler 250 à 350 ml d'urine avec peu d'aug- retardataires.
mentation de la pression interne. Avec la fermeture
Incontinence urinaire
du sphincter urétral, la continence est maintenue
parce que la pression urétrale est plus élevée que la L'incontinence urinaire, un symptôme de la phase
pression intravésicale. Lorsque la tension des parois de remplissage, est définie comme la plainte de
vésicales augmente au-dessus d'un niveau seuil, le « toute perte involontaire d'urine [57] ».
réflexe de miction est provoqué. Alors que le réflexe Habituellement, la prévalence de l'incontinence
de miction est essentiellement un réflexe spinal urinaire est considérée comme étant multifacto-
autonome, il peut également être influencé par les rielle, et plusieurs facteurs de risque sont recon-
394 Considérations cliniques

nus. Ce sont : le tabagisme, la bronchite chronique, long de la vie [73]. Plusieurs facteurs peuvent
l'asthme, l'origine ethnique [58], l'âge [59], la contribuer à l'incontinence urinaire avec le vieillis-
parité, l'accouchement par voie basse [60], l'hys- sement. Comme les muscles pubo-urétraux et
térectomie, l'obésité [61, 62], les troubles du col- pubovaginaux sont innervés par les deuxième et
lagène [63], une maladie chronique, la troisième segments spinaux sacraux qui passent par
constipation et le diabète, ainsi que les maladies le nerf pudendal, une diminution de la conduction
neurologiques [64]. Chez les femmes, l'accouche- du nerf pudendal, associée au vieillissement, peut
ment par voie basse est considéré comme l'étiolo- affaiblir la fonction des muscles élévateurs de l'anus
gie principale. Dans la tranche d'âge des 15–86 [74]. En outre, dans la paroi ventrale de l'urètre, la
ans, jusqu'à 50,7 % des femmes souffrent d'incon- somme des fibres musculaires striées est divisée par
tinence urinaire ; toutefois, si l'on ne considère sept entre 15 et 80 ans, avec une perte moyenne de
que les personnes nullipares, l'incontinence uri- 2 % par an [75]. Ces changements dans la contrac-
naire diminue à 24,3 % [65]. Dans une autre tilité du muscle font qu'un temps plus long est
étude, il est montré que les femmes noires sont nécessaire pour que les muscles striés produisent la
moins susceptibles d'avoir des problèmes d'incon- même force que ceux de jeunes adultes [76].
tinence que les femmes blanches non hispaniques Néanmoins, bien qu'il y ait une diminution du
[66]. Fait intéressant, les femmes noires affichent volume relatif du muscle strié de l'urètre chez la
également des diamètres pelviens transverses plus femme, il n'y a pas de changement dans les parties
étroits que les femmes blanches [67], une surface musculaires lisses [77]. Bien que l'incidence de
du plancher pelvien de 5,1 % plus petite [68] et l'incontinence urinaire augmente généralement
ont une prévalence plus faible d'avoir un prolap- avec l'âge, ce n'est pas totalement une conséquence
sus des organes pelviens [69]. Ces observations de l'âge. Les études sur les effets du vieillissement
semblent souligner l'importance du bassin osseux sur le bas appareil urinaire et la fonction du plan-
et du système de soutien du plancher pelvien. cher pelvien chez les femmes nullipares montrent
L'incontinence urinaire peut être subdivisée en qu'il y a une diminution de la pression de clôture
trois catégories [70] : urétrale maximale quand les femmes vieillissent,
1. incontinence urinaire à l'effort (IUE), la plainte mais que le soutien des organes pelviens, le soutien
d'une « fuite involontaire d'urine lors d'un effort urétral et la fonction du muscle élévateur ne sont
physique, lors de la toux et des éternuements » ; pas affectés [78]. Par conséquent, l'incontinence ne
2. incontinence urinaire par urgenturie (IUU) : doit pas être considérée comme un effet normal du
« fuite involontaire d'urine accompagnée ou vieillissement. Les altérations du bas appareil uri-
immédiatement précédée par une urgenturie » ; naire et des structures associées peuvent jouer un
3. incontinence urinaire mixte (IUM) : la plainte rôle dans le développement de l'incontinence.
d'une « fuite involontaire d'urine associée à Normalement, deux systèmes interagissent pour
une urgenturie avec également des fuites invo- prévenir l'incontinence urinaire. Ce sont les sys-
lontaires d'urine lors des exercices physiques, tèmes sphinctérien et de soutien [79]. Souvent, la
des éternuements ou de la toux ». diminution de la résistance à l'écoulement pen-
Dans la population adulte des femmes, la préva- dant la phase de remplissage qui entraîne l'IUE est
lence de toute forme d'incontinence urinaire est due à la faiblesse de l'un ou des deux systèmes, à
comprise entre 49,2 et 50,7 %, tandis que la pré- savoir le mécanisme du sphincter urétral et la mus-
valence de l'IUE se situe entre 16,1 et 23,7 %, culature urétrale, éventuellement associée à la fai-
celle de l'IUU entre 7,7 et 9,9 %, et celle de l'IUM blesse du plancher pelvien [80].
entre 14,5 et 26,9 % [71, 72]. En dessous du col de la vessie, l'urètre est
La prévalence de l'IUE augmente lors de la cin- entouré par les muscles striés du sphincter urétral.
quième décennie de la vie puis diminue, alors que la Après la traversée du diaphragme urogénital par
prévalence de l'IUU montre un petit pic dans la l'urètre, le muscle compresseur de l'urètre (faisceau
quatrième décennie, puis augmente après l'âge de profond du muscle bulbospongieux) et le sphinc-
50 ans. L'IUM se produit régulièrement tout au ter urétrovaginal prolongent le sphincter urétral.
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 395

Le compresseur de l'urètre qui se mêle au le col de la vessie par contraction des muscles pel-
diaphragme urogénital s'insère latéralement sur viens [84]. Lorsque le col de la vessie reste en des-
les branches ischiopubiennes et entoure l'urètre. sous du plancher pelvien, la stabilisation de l'urètre
Le sphincter urétrovaginal entoure également est insatisfaisante, en particulier durant les phases
l'urètre et le vagin. Ces muscles péri-urétraux par- d'augmentation de la pression intra-abdominale,
ticipent au maintien de la continence urinaire. ce qui conduit à l'incontinence urinaire à l'effort.
En outre, l'urètre repose sur un plancher de En outre, lors de l'accouchement par voie basse,
soutien, qui se compose chez la femme de la paroi le nerf pudendal qui innerve le sphincter externe
vaginale antérieure, fixée de chaque côté par ses de la vessie est susceptible d'être blessé.
attaches à l'arc tendineux du fascia pelvien et aux L'étirement et la compression du nerf peuvent
muscles élévateurs de l'anus. Antérieurement, entraîner une ischémie qui compromet la fonction
l'urètre est fixé au pubis par les ligaments nerveuse [85]. Le plus souvent, cela survient
pubo-urétraux. lorsque ce nerf passe entre les ligaments sacrospi-
Afin de maintenir l'urine dans la vessie au repos, nal et sacrotubéral ou dans le canal d'Alcock,
et pendant toute augmentation de la pression avant qu'il entre dans la fosse ischiorectale et qu'il
abdominale comme c'est le cas avec la toux ou le innerve le sphincter externe de l'urètre.
rire, la pression de clôture urétrale doit être supé- La dysfonction de l'élévateur de l'anus peut entraî-
rieure à la pression intravésicale. Au repos, cette ner une atrophie musculaire, sollicitant davantage le
fonction est assurée par la constriction du sphinc- fascia endopelvien pour le soutien des organes pel-
ter urétral qui empêche les fuites d'urine. Lors viens. Progressivement, les tissus conjonctifs sont
d'une augmentation soudaine de la pression trop étirés et remplissent incomplètement leur fonc-
abdominale, la contraction musculaire de l'éléva- tion de soutien. Un prolapsus d'organe pelvien et/
teur de l'anus augmente la résistance du fascia pel- ou une incontinence peuvent suivre.
vien et du vagin, ce qui résulte en une augmentation Après la normalisation de toute dysfonction
de la pression contre le col de la vessie et de somatique affectant le bassin, une rééducation du
l'urètre, assurant le maintien de la fermeture plancher pelvien pour réduire l'incontinence uri-
de l'urètre. Dans la théorie du « hamac » de la clô- naire et augmenter la tonicité du plancher pelvien
ture urétrale, les faces antérieure et postérieure de doit être encouragée. Il est indispensable de gui-
l'urètre sont ainsi comprimées entre les pressions der les patientes pour leur apprendre quand et
abdominales et pelviennes [81]. comment utiliser les muscles pelviens. Lorsque
Toute faiblesse ou dysfonction du muscle éléva- des défauts structuraux sont présents, la chirurgie
teur de l'anus ou de l'intégrité du fascia endopel- peut être nécessaire.
vien peut par conséquent compromettre la
continence urinaire. Une atteinte du muscle éléva-
Pollakiurie
teur de l'anus, de son innervation, ou de toute
partie du fascia endopelvien affaiblit la stabilisa- Outre l'incontinence urinaire, les symptômes de la
tion de l'urètre [82]. L'accouchement par voie phase de remplissage comprennent la pollakiurie
basse peut causer une telle dysfonction, en parti- diurne et la nycturie. Selon l'International
culier lorsque les femmes tombent enceintes tard Continence Society, la pollakiurie est la plainte
dans la vie. En fait, pour chaque année de report « d'une augmentation de la fréquence miction-
d'une grossesse, il y a une augmentation de près nelle pendant la journée », et la nycturie celle
de 10 % de la probabilité d'un traumatisme du « d'un besoin d'uriner pendant la nuit réveillant le
muscle élévateur [83]. Lorsque l'accouchement patient une ou plusieurs fois » [86].
par voie basse modifie le soutien urétral, la posi- Normalement, la compliance vésicale permet
tion du col de la vessie est plus basse que chez les une augmentation de volume avec peu d'augmen-
femmes nullipares, ou chez celles qui ont eu une tation de la pression interne. Néanmoins, avec le
césarienne élective. Après un accouchement par vieillissement, cette compliance peut décliner et
voie basse, il y a aussi plus de difficulté à remonter moins de remplissage suffit à augmenter la pression
396 Considérations cliniques

interne jusqu'au seuil qui déclenche une miction [89] ». L'activité anormale du détrusor, observée
réflexe. Une capacité vésicale plus petite est dans les examens urodynamiques, est classée
fréquemment associée à des contractions préma- comme une hypoactivité ou une hyperactivité
turées du détrusor. Cela fait partie du syndrome détrusorienne. L'hypoactivité détrusorienne est
clinique d'hyperactivité vésicale défini par l'Inter- définie comme « une contraction de moindre
national Continence Society comme un « syn- force et/ou de durée, résultant en une vidange
drome basé sur la symptomatologie, caractérisé vésicale prolongée et/ou un défaut de vidange
par la survenue d'urgenturies avec ou sans incon- complète dans un laps de temps normal ».
tinence urinaire ». Habituellement, la pollakiurie L'hyperactivité détrusorienne correspond à des
et la nycturie font également partie de ce syn- « contractions détrusoriennes involontaires pen-
drome, mais aucune infection ou autre étiologie dant la phase de remplissage, qui peuvent être
évidente ne doivent être présentes. spontanées ou provoquées » [90]. En outre, l'hy-
La prévalence de l'hyperactivité vésicale est d'en- peractivité détrusorienne peut être divisée en
viron 16 % chez les hommes et les femmes de plus deux subcatégories : 1) l'hyperactivité détruso-
de 40 ans, et généralement, ce syndrome est plus rienne neurogène quand il existe une cause neu-
souvent rencontré chez les femmes que chez les rologique évidente, et 2) l'hyperactivité
hommes [87]. La pollakiurie est présente chez 85 détrusorienne idiopathique, lorsque aucune cause
% des sujets ayant une hyperactivité vésicale, suivie ne peut être définie. Bien que la dysfonction
par l'urgenturie (54 %), i. e. le désir soudain et somatique puisse contribuer à toute forme d'acti-
impérieux d'uriner, et l'incontinence par império- vité anormale du détrusor, le diagnostic d'hype-
sité (36 %). Fréquemment, ces symptômes ont une ractivité détrusorienne idiopathique devrait
influence majeure sur la qualité de vie et de som- particulièrement faire rechercher une dysfonction
meil, même chez les patients sans incontinence. somatique comme une étiologie possible.
Dans le syndrome de l'hyperactivité vésicale, l'en- Plusieurs explications ont été proposées quant à
vie d'uriner se produit au moins huit fois par jour l'apparition d'une hyperactivité détrusorienne.
et deux fois par nuit. Une envie soudaine d'aller Elles incluent une altération possible de la fonc-
aux toilettes pour uriner, sans avertissement préa- tion autonome, une hypersensibilité à l'acétylcho-
lable, peut entraîner une incontinence si la per- line, une interruption des voies inhibitrices issues
sonne est incapable de se rendre à la salle de bains des régions cérébrales, des modifications ultras-
à temps. Des fuites d'urine irrépressibles pendant tructurales de l'urothélium vésical et une augmen-
la journée peuvent également être présentes. tation du facteur de croissance des nerfs qui peut
La nycturie – le besoin d'uriner réveillant le modifier l'expression des récepteurs dans les fibres
patient – peut avoir différentes étiologies, comme sensitives, ce qui réduit leur seuil de réaction aux
la pollakiurie nocturne – le volume d'urine éliminé stimuli. L'augmentation de l'activité sympathique
pendant les heures de sommeil dépasse 35 % de la a également été associée à l'hyperactivité détruso-
production quotidienne [88] –, les problèmes de rienne [91]. Rappelons que l'augmentation de
remplissage vésical tels qu'une hyperactivité noc- l'activité sympathique est une composante impor-
turne du détrusor, un trouble primaire du som- tante des dysfonctions somatiques thoracique et
meil, ou une combinaison de ces troubles. En thoracolombale [92].
outre, des pathologies organiques peuvent être Chez les femmes ménopausées, les modifica-
associées à une pollakiurie nocturne, comme les tions du système urogénital sont associées à une
troubles neurologiques, l'hypertension et l'insuf- diminution des taux d'estrogènes circulants. Les
fisance cardiaque congestive. altérations atrophiques du bas appareil urinaire
Normalement, la fonction de miction du détru- qui en découlent peuvent contribuer aux troubles
sor est « réalisée par une contraction continue du de la fonction urinaire telle l'incontinence [93].
détrusor volontairement initiée qui conduit à En outre, la diminution de l'apport sanguin vers
compléter la vidange vésicale dans un laps de les tissus urogénitaux empêche une trophicité tis-
temps normal et en l'absence d'obstruction sulaire normale.
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 397

Troubles mictionnels des mobilisations articulaires, des techniques de


et post-mictionnels « muscle energy », de renforcement musculaire, d'éti-
Les symptômes mictionnels sont perçus au cours rement, et une rééducation neuromusculaire [94].
de la miction. Une miction normale implique une
interaction réciproque entre une contraction effi-
cace du détrusor et une relaxation totale des Troubles bénins
sphincters urétraux, permettant de vider efficace- de la prostate
ment la vessie.
Chez les hommes, une obstruction du col vési- La prostate est une glande fibromusculaire du sys-
cal secondaire à une hyperplasie de la prostate sur- tème reproducteur masculin qui entoure l'urètre
vient fréquemment. Une augmentation du prostatique et qui se trouve dans le petit bassin, en
volume de la prostate produit un rétrécissement arrière du bord inférieur de la symphyse pubienne,
du col de la vessie et de l'urètre postérieur. Aussi, juste en dessous de la vessie et en avant du rectum
avec une obstruction à la sortie de la vessie, le (figure 12. 16). Bien qu'une capsule de tissu conjonc-
sujet peut avoir du mal à initier le jet. Il peut éga- tif solide, mais mince, enveloppe la prostate, celle-
lement, pendant la miction, présenter une fai- ci peut être facilement palpée par le rectum.
blesse du jet et décrire un jet haché où la miction Tout au long de l'enfance, la prostate reste de
est interrompue à une ou plusieurs reprises. Après petite taille. Puis, au cours de la puberté, elle com-
avoir uriné, des gouttes retardaires se manifestent mence une phase de maturation sous l'impulsion
souvent immédiatement après la miction. De plus, de la testostérone, et sa taille augmente de plus du
la vidange vésicale peut ne pas être complète, avec double. Chez le jeune adulte, la dimension anté-
de l'urine résiduelle qui peut favoriser l'infection. ropostérieure de la prostate est d'environ 2 cm,
Les changements dans les systèmes neurolo- tandis que sa dimension verticale est d'environ
gique et musculosquelettique influent souvent sur 3 cm. À ce stade, son poids est d'environ 8 g.
la miction. Les dysfonctions du système musculos- Après l'âge de 45–50 ans, avec l'apparition d' une
quelettique comprennent les dysfonctions des os hyperplasie bénigne de la prostate (HBP), la pros-
et des articulations lombopelviennes, i. e. les ver- tate augmente très souvent de taille, pesant jusqu'à
tèbres lombales, les os coxaux, le sacrum et le coc- 40 g ; elle atteint même 150 g après 50 ans [95].
cyx, ainsi que les articulations lombales, Dans une certaine mesure, la prostate a la forme
lombosacrales, sacro-iliaques, sacrococcygienne et d'une pyramide inversée et aplatie. À la partie
de la symphyse pubienne. Cela inclut également supérieure, la base pyramidale de la prostate
les dysfonctions des fascias et des muscles du plan- mesure environ 4 cm transversalement et se conti-
cher pelvien, et aussi des muscles piriforme, obtu- nue, au-dessus, par le col de la vessie. À la partie
rateur interne sur lequel l'élévateur de l'anus se inférieure, l'apex pyramidal de la prostate se situe
fixe, et iliopsoas. Une dysfonction du plancher sur le plancher pelvien. De chaque côté, la face
pelvien peut causer une congestion des organes inférolatérale est bordée par les fibres antérieures
pelviens ; pour cela, un drainage vasculaire et lym- du muscle élévateur de l'anus qui forment le
phatique peut être envisagé. Enfin, toute dysfonc- muscle pubo-urétral.
tion des systèmes nerveux autonome, somatique La face antérieure de la prostate est étroite et
et central, souvent consécutive à une dysfonction convexe transversalement. En avant et en haut, la
somatique impliquant les régions thoracolom- capsule de la prostate se mêle aux ligaments pubo-
bale (sympathique) et sacropelvienne (parasym- prostatiques qui la fixent au pubis. La face posté-
pathique), devrait être normalisée. Des patients rieure de la prostate est plate transversalement et
consultant pour une augmentation de la fré- convexe verticalement. Elle présente un sillon
quence mictionnelle ont été améliorés avec un médian qui sépare deux lobes latéraux. Au cours
traitement de thérapie manuelle comprenant des de la palpation, la disparition de ce sillon indique
techniques directes de relâchement myofascial, une augmentation de la taille de la prostate.
398 Considérations cliniques

Uretère

Artère iliaque
externe

Artère
épigastrique
inférieure

Anneau inguinal
profond
Canal inguinal Ampoule
du conduit
Conduit déférent
déférent
Anneau inguinal Vésicule
superficiel séminale
Cordon spermatique
Conduits
éjaculateurs
Prostate

Glande bulbo-urétrale dans


,
l espace profond du périnée
Conduit déférent
Sac musculofascial ,
Tête de l épididyme
,
Corps de l épididyme
Testicule
,
Queue de l épididyme
Scrotum
Tunique vaginale du testicule
Figure 12.16. Appareil génital masculin.
Source : Drake R.L., Gray's Anatomie pour les étudiants, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 449.

Une capsule prostatique et une condensation épaisse une partie transitionnelle de 5 %. Cliniquement,
du fascia pelvien nommé le fascia de Denonvillier cette différenciation est importante. Presque tous
séparent la prostate, les vésicules séminales et les les cancers apparaissent dans la partie périphé-
ampoules des canaux déférents, du rectum. rique. Par ailleurs, l'HBP, se développe dans la
De chaque côté de la prostate, les vésicules partie transitionnelle, autour de la partie distale
séminales se déversent dans les extrémités prosta- de l'urètre préprostatique. L'HBP peut dilater la
tiques des ampoules des canaux déférents. Le portion transitionnelle qui devient alors la plus
contenu des ampoules et des vésicules séminales grande partie de la prostate. Ainsi, au-dessus et de
passent par les canaux éjaculateurs, traversent la part et d'autre de l'urètre, les lobes prostatiques
prostate et débouchent dans l'urètre prostatique. arrondis peuvent finir par comprimer ou tordre
Le tissu glandulaire de la prostate est générale- les portions préprostatique et prostatique de
ment divisé en trois parties distinctes : une partie l'urètre.
périphérique qui occupe 70 % du volume total, Chez la plupart des hommes, l'HBP est une
une partie centrale d'environ 25 % du volume et maladie de la prostate qui se développe avec l'âge.
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 399

Si un homme vit assez longtemps, il faut s'y en position debout comme cela est décrit dans la
attendre, même si cela n'est pas toujours sympto- partie II, Examen ostéopathique (p. 57). Évaluez
matique. Typiquement, la partie transitionnelle de la posture globale ; toute dysfonction dans l'équi-
la prostate s'agrandit progressivement, provo- libre postural affecte la répartition des pressions
quant une obstruction urinaire. D'autres symp- entre les cavités intrathoracique, intra-abdominale
tômes sont présents, tels une faiblesse du jet, une et intrapelvienne et doit être considérée. Notez
difficulté à initier la miction, un jet haché, une toute asymétrie dans les membres inférieurs et la
sensation de vidange vésicale incomplète, une nyc- colonne vertébrale lombosacrale qui peut interférer
turie, des infections des voies urinaires, des avec la fonction normale de la région pelvienne.
troubles rénaux. Toutefois, de nombreux hommes Observez le patient assis. Il peut s'asseoir de
avec une hypertrophie prostatique n'ont que des façon asymétrique afin d'éviter la pression sur le
symptômes urinaires légers. côté dysfonctionnel. Il peut avoir des difficultés à
Toute pathologie subjacente doit être identifiée rester immobile en position assise, bougeant
et traitée de façon appropriée médicalement. Lors constamment à la recherche d'une position
du toucher rectal, en présence d'une HBP, la pros- confortable. Cela peut résulter d'une dysfonction
tate semble volumineuse. Si lors de la palpation de du coccyx, des articulations lombosacrales, sacro-
la prostate vous sentez une masse distincte, des iliaques ou coxofémorales.
examens médicaux complémentaires doivent être Ensuite, avec le patient en décubitus dorsal sur
effectués à la recherche d'une éventuelle néoplasie, la table de traitement, observez le bassin et notez
avant d'employer un traitement manipulatif. Dans une augmentation de l'anté- ou de la rétroversion,
le cas d'une HBP, toute dysfonction somatique la conséquence possible d'une extension ou d'une
lombopelvienne devrait être spécifiquement iden- flexion craniosacrale du sacrum. Recherchez aussi
tifiée et traitée. Pensez aux dysfonctions lombale, une modification de la lordose lombale, peut-être
sacrale et pelvienne, y compris les dysfonctions le résultat d'une dysfonction lombale. Très sou-
sacrococcygienne et coxofémorale, celles du fascia vent, la dysfonction du muscle iliopsoas entraîne
et des ligaments pelviens. Une attention particu- une diminution de cette lordose.
lière doit être accordée au piriforme, à l'obturateur Visuellement, recherchez une asymétrie dans la
interne, à l'élévateur de l'anus et aux autres muscles position du bassin. Notez toute torsion du bassin,
du plancher pelvien, ainsi qu'aux ligaments sacros- l'indication d'une torsion éventuelle du sacrum.
pinaux et sacrotubéraux. La normalisation du Chez les femmes, la dysfonction somatique du
mouvement de ces structures devrait améliorer la sacrum – comme la torsion sacrale – peut modifier
circulation pelvienne et diminuer la stase prosta- la tension des ligaments utérosacraux et affecter
tique. En utilisant les principes indirects pour libé- l'utérus. Observez le contact du bassin avec la sur-
rer toute restriction de mouvement identifiée, vous face de la table de traitement ; lorsqu'un côté est
pouvez, si vous avez les qualifications appropriées, plus en appui que l'autre, une dysfonction de l'ar-
équilibrer la prostate et les structures environ- ticulation sacro-iliaque et/ou des vertèbres lom-
nantes par voie rectale. bales peut être présente. Comparez la hauteur des
grands trochanters et des crêtes iliaques à la
recherche d'une inégalité.
Palpez les os coxaux à la recherche d'une asymé-
Contribution ostéopathique trie. Notez aussi toute asymétrie de position des
à l'examen physique branches pubiennes signalant une dysfonction de
et au traitement la symphyse pubienne, ce qui affecte les structures
myofasciales qui s'y rattachent tels les muscles du
Pour un bon diagnostic de la douleur pelvienne plancher pelvien et les ligaments puboprostatiques
chronique et de la dysfonction, un examen physique et pubovésicaux.
complet est indispensable. Tout d'abord, observez Le patient étant toujours en décubitus dorsal,
la démarche du patient. Ensuite, observez le patient palpez les tissus mous du pelvis et ceux de la paroi
400 Considérations cliniques

abdominale inférieure. Remarquez toute tension Conseils au patient


ou différence dans la qualité de ces tissus.
Effectuez des tests d'écoute sur les organes pel-
Les patients présentant des troubles du plancher
viens. Appréciez leur motilité inhérente (voir par-
pelvien peuvent souvent bénéficier de la pratique
tie III, Traitement du patient, p. 76). Si un
d'exercices spécifiques. Tout d'abord, ces patients
mouvement dysfonctionnel est identifié, décidez
devraient s'efforcer d'acquérir une meilleure pos-
s'il résulte d'une dysfonction intrinsèque de l'or-
ture. L'amélioration de la posture équilibre la
gane ou s'il est la conséquence d'une dysfonction
répartition de la pression entre les cavités intratho-
des structures osseuses et myofasciales environ-
racique, intra-abdominale et intrapelvienne, ce qui
nantes. Puis palpez et évaluez le plancher pelvien
diminue la pression appliquée sur le plancher pel-
avec une attention particulière à l'évaluation des
vien lorsque la posture est incorrecte. Une atten-
muscles élévateurs de l'anus. Si nécessaire, effec-
tion particulière doit être accordée à la diminution
tuez un examen par voie interne rectale et/ou
de la cyphose thoracique supérieure, à l'étirement
vaginale, avec une attention particulière pour les
des muscles iliopsoas, piriformes et obturateurs
muscles élévateurs de l'anus, puborectaux, iliococ-
internes, et à la tonification du groupe des muscles
cygiens et obturateurs internes (voir partie II,
glutéaux. Les exercices doivent sembler faciles et
Examen ostéopathique, p. 77). Chez les hommes,
pratiques à effectuer, sans avoir besoin de gros et
vérifiez la vessie et la prostate ; chez les femmes,
coûteux équipements.
vérifiez la vessie et l'utérus.
Avec le patient en position décubitus ventral,
observez et notez toute asymétrie des processus
Étirement de la région
épineux lombaux, la profondeur et la position des
articulations sacro-iliaques, la position des angles
thoracique supérieure
inférolatéraux du sacrum et la position du coccyx. Pour étirer facilement la région thoracique supé-
Palpez la colonne lombale, la charnière lombosa- rieure, demandez au patient de se tenir face à un
crale, le sacrum, le coccyx et les ligaments sacros- mur, avec les pieds à environ 30 cm du mur. Les
pinaux et sacrotubéraux. paumes de ses deux mains sont placées à plat sur le
La palpation de ces structures peut être réalisée mur aussi haut que possible, avec ses bras aussi
en position décubitus dorsal si vous pouvez glisser tendus que faisable. Toutefois, la position des
vos mains sous le dos et le bassin du patient. Cette mains et des bras doit rester confortable. À partir
position est également recommandée pour cette de cette position, demandez-lui d'avancer douce-
partie de l'examen si le patient a des difficultés à ment le thorax vers le mur. S'il le peut, il laisse la
bouger confortablement sur la table d'examen. poitrine en contact avec le mur, le temps de
Effectuez des tests d'écoute sur les os coxaux, le prendre trois ou quatre respirations lentes et pro-
sacrum, le coccyx et la colonne vertébrale lombale fondes. Il retourne ensuite à la position initiale et
pour évaluer la mobilité articulaire et la motilité répète ce mouvement quatre ou cinq fois. Insistez
intraosseuse. Comme l'innervation de l'élévateur pour que ce mouvement ne soit fait que dans les
de l'anus dérive de fibres provenant principale- amplitudes confortables pour le patient.
ment des deuxième, troisième et quatrième seg-
ments spinaux sacraux, une dysfonction affectant
la motilité intraosseuse du sacrum peut entraîner Étirement du muscle iliopsoas
une stase et une congestion au niveau des fora-
mens sacraux. Ce qui peut ensuite affecter la fonc- Le muscle iliopsoas peut être étiré à l'aide d'une
tion des nerfs sacraux, et par conséquent celle des position semblable à celle utilisée pour étirer la
muscles élévateurs de l'anus. région thoracique supérieure. Face au mur, comme
Une fois la dysfonction somatique clairement ci-dessus, le patient place ses mains contre le mur
définie, procédez au traitement en suivant les au niveau de ses épaules. Puis, debout sur un pied,
principes indirects. il fait une extension de la jambe contralatérale pour
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 401

étirer les muscles fléchisseurs de la hanche, en par- un pessaire peut être utilisé pour soutenir les
ticulier le muscle iliopsoas. Le dos doit rester droit, organes pelviens, en particulier si le patient ne
tonifiant les muscles paravertébraux lombaux, peut pas subir une intervention chirurgicale. Dans
abdominaux et glutéaux. L'étirement doit être les cas graves, la chirurgie peut être nécessaire.
maintenu pendant environ 30 secondes et répété Les exercices de Kegel sont destinés à renforcer
doucement une dizaine de fois. Le processus doit les muscles du plancher pelvien. Arnold Kegel
être répété de l'autre côté. Cet exercice peut égale- raconte que Van Skolkvik observait que dans une
ment être utilisé pour renforcer les muscles tribu d'indigènes en Afrique du Sud, les périnées
glutéaux. étaient toniques [96]. Après l'accouchement, les
sages-femmes vérifiaient la force du périnée de la
mère, et plusieurs jours post-partum, la nouvelle
Étirement des muscles piriforme mère commençait des exercices consistant en
et obturateur interne contraction des muscles vaginaux sur les doigts
intravaginaux. Ce processus continuait pendant
Pour étirer le muscle piriforme ou le muscle obtu- quelques semaines, jusqu'à ce que le résultat sou-
rateur interne, le patient doit se coucher sur le sol haité soit atteint.
ou sur un lit ferme. Une jambe est maintenue bien Pour pratiquer les exercices de renforcement du
droite sur le sol ou sur le lit tout au long de la pro- plancher pelvien correctement, la patiente doit
cédure. L'autre jambe – du côté de l'étirement – être guidée. Beaucoup de femmes ont tout
est fléchie au niveau de la hanche et du genou, tout d'abord quelques difficultés pour contracter cor-
en gardant le pied à plat sur le sol ou le lit. C'est la rectement les muscles du plancher pelvien.
position de départ de l'exercice. Le patient croise Souvent, elles contractent à tort d'autres muscles,
les doigts, et avec les mains, il saisit le genou fléchi comme les muscles glutéaux, adducteurs des
de manière à pouvoir attirer le genou en direction hanches et abdominaux. Une description basique
médiale, et en direction de l'épaule opposée. Ainsi, de l'anatomie et de la physiologie des organes pel-
les paramètres d'abduction et de rotation médiale viens, ainsi que des différentes parties des muscles
de la hanche sont introduits. Cette position est élévateurs de l'anus, en particulier les pubococcy-
maintenue pendant 30 secondes environ. Pendant giens, peut aider à la prise de conscience qui per-
ce temps, le patient doit respirer lentement pour mettra à la patiente d'identifier les bons muscles à
augmenter le relâchement musculaire. Puis il contracter. Vous devez insister sur le rôle du
revient tranquillement à la position de départ et pubococcygien. Il forme le bord latéral du hiatus
répète la procédure une dizaine de fois. lévatorien, en bordant latéralement l'urètre, le
vagin et l'anorectum, et par son action, il est res-
Pour les troubles ponsable du maintien de la fermeture du hiatus. Si
du plancher pelvien vous avez les qualifications appropriées, la palpa-
tion intravaginale pendant l'exécution de l'exer-
En règle générale, les traitements conservateurs cice peut aider la patiente à identifier les muscles
pour les troubles du plancher pelvien commencent pubococcygiens et à les contracter correctement.
par un programme de renforcement du plancher Avant de commencer l'exercice, la patiente doit
pelvien avec des exercices de type Kegel pendant vider sa vessie. Pour effectuer correctement les
une période de 2 à 3 mois. Les résultats sont plus exercices de Kegel, il faut une contraction volon-
satisfaisants si toute dysfonction pelvienne a été taire maximale des muscles pubococcygiens de
traitée avant de commencer les exercices. Cela 5 ou 6 secondes, suivie d'un relâchement d'une
aide le patient à mieux contrôler sa musculature. dizaine de secondes. L'exercice doit être répété
En effet, pour qu'un muscle travaille correcte- une dizaine de fois, et doit être effectué plusieurs
ment, les structures sur lesquelles il s'insère fois par jour pendant 3 ou 4 mois. La progression
doivent être équilibrées afin de faciliter le méca- implique de pratiquer les exercices dans diffé-
nisme des leviers. Dans les cas avérés de prolapsus, rentes positions, tout d'abord en décubitus, puis
402 Considérations cliniques

dans les positions assise, debout et accroupie, en En outre, une attention particulière devrait être
essayant toujours de détendre les muscles abduc- accordée aux sphincters urétraux. Une description
teurs des hanches, abdominaux et glutéaux. de l'anatomie et de la physiologie de la vessie et
Dans les cas où la patiente a des difficultés à des sphincters urétraux peut aider le patient à
identifier et à contracter les muscles corrects, des comprendre le fonctionnement normal et anor-
cônes vaginaux, allant de 20 à 70 g, introduits dans mal de la vessie et comment contracter ses sphinc-
le vagin peuvent aider à cette prise de conscience. ters de manière appropriée. Afin d'améliorer la
Quand la patiente se lève et marche avec le cône en prise de conscience des muscles du plancher pel-
place, elle doit contracter seulement les muscles du vien, le patient peut visualiser un arrêt du passage
plancher pelvien, et non les muscles abdominaux des selles ou de la miction, en faisant attention
et glutéaux. Initialement, il faut commencer avec non seulement aux sphincters postérieurs entou-
un cône de plus petit poids, puis, quand il est pos- rant le canal anal, mais aussi aux sphincters anté-
sible de le garder dans le vagin pendant 20 minutes rieurs entourant l'urètre. Les hommes peuvent
deux fois de suite au cours des activités quoti- visualiser le déplacement du pénis de haut en bas.
diennes normales, la patiente peut évoluer vers un Les patients peuvent également essayer d'inter-
cône de poids supérieur [97]. rompre le flux du jet urinaire lors de la miction
Les techniques de biofeedback peuvent aussi être pour améliorer leur perception des sphincters
utilisées. Une sonde est insérée dans le vagin, ce urétraux.
qui permet à la patiente de visualiser l'efficacité de Une fois la prise de conscience des sphincters
ses contractions sur un écran vidéo et de les ajuster urétraux établie, demandez au patient de les
en conséquence. Certaines des sondes produisent contracter activement, en augmentant progressi-
une stimulation électrique de sorte que la conduc- vement la durée de la contraction jusqu'à
tion du courant stimule la contraction des bons 10 secondes, avec une période égale de relâche-
muscles. ment entre les contractions. Cet exercice peut être
répété jusqu'à quinze fois, trois ou quatre fois par
jour. Le patient doit alterner des contractions
Pour les troubles fonctionnels rapides, pour renforcer les sphincters urétraux,
du bas appareil urinaire avec des contractions lentes pour gagner en endu-
rance. Après plusieurs jours de pratique de ces
Tous les conseils décrits ci-dessus pour les troubles exercices, le patient doit être encouragé à les pra-
du plancher pelvien sont également valables pour tiquer dans différentes positions, telles les posi-
les TFBAU. L'amélioration de la contractilité des tions assise et debout. Répéter la contraction est la
muscles pelviens est d'une importance primor- clé de l'amélioration de la continence urinaire, et
diale. Les fibres du muscle pubococcygien s'entre- à cette fin, les exercices doivent être poursuivis
mêlent avec la masse musculaire entourant le col pendant au moins 2 ou 3 mois.
de la vessie, et donc sa fonction doit être amélio- Une contraction consciente des muscles du plan-
rée. Lorsque la pression intra-abdominale s'inten- cher pelvien, juste avant et pendant l'apparition d'une
sifie, l'élévateur de l'anus doit être capable de se augmentation de la pression intra-abdominale lors
contracter afin d'augmenter la pression de clôture d'activités stressantes comme la toux, est également
urétrale et de maintenir ainsi la continence. conseillée pour améliorer l'incontinence urinaire à
La contraction active des muscles du plancher l'effort. Cette « contraction unique, intentionnelle-
pelvien affecte le réflexe de miction. La pression ment anticipée », technique appelée « the knack » (« le
du détrusor diminue lorsque la pression urétrale truc »), peut être différenciée des exercices de Kegel,
augmente. En effet, il semble que la contraction les exercices répétitifs effectués pour renforcer le
des muscles du plancher pelvien inhibe la relaxa- plancher pelvien [99].
tion du sphincter interne générée par le réflexe de En plus des exercices du plancher pelvien, le
miction, ce qui, à son tour, produit la relaxation patient doit aussi apprendre des techniques pour
réflexe du détrusor [98]. contrôler et réprimer toute urgence, afin de
Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 403

restaurer la fonction normale de la vessie. Pour niques de biofeedback, avec ou sans stimulation
empêcher toute fuite urinaire, certains patients électrique, peuvent être envisagées comme cela est
ont l'habitude de vider leur vessie sur le principe expliqué ci-dessus.
de « ne jamais manquer une chance [100] ».
Inversement, d'autres ne tiennent pas compte du
besoin d'uriner, ce qui conduit à une distension de Pour les troubles bénins
la vessie et à des troubles de la miction. Encouragez de la prostate
donc le patient à uriner en se levant le matin, et
avant d'aller dormir la nuit. Pendant la journée, Des mesures conservatoires peuvent être prises,
une routine de miction à intervalles réguliers après qu'un examen médical a été effectué afin
devrait être établie. Au fur et à mesure que le d'identifier et de traiter de manière appropriée
patient s'adapte à ce programme, le temps entre une néoplasie, des infections récurrentes des voies
les mictions pendant la journée peut être progres- urinaires, une hématurie macroscopique ou
sivement augmenté. Normalement, la vessie doit microscopique, et les signes d'obstruction, y com-
être vidée toutes les 3 à 4 heures. pris un volume urinaire résiduel post-mictionnel
Lorsqu'une incontinence urinaire par urgentu- élevé et une hydronéphrose. Les effets des médi-
rie est présente, encouragez votre patient à chan- caments sur la prostate doivent également être
ger l'habitude de se précipiter immédiatement à la pris en considération.
salle de bains. Au contraire, apprenez-lui à se Des changements du mode de vie peuvent être
détendre et à détourner son attention de la vessie, utilisés pour aider à soulager certains des symptômes
en se concentrant par exemple sur la respiration, et d'une HBP et réduire l'aggravation de cet état.
à marcher tranquillement vers la salle de bains. Ceux-ci, toutefois, ne pourront guérir la maladie.
Quelques ajustements simples du style de vie En plus des exercices du plancher pelvien, le
font également partie de la thérapie. Conseillez à patient doit acquérir de bonnes habitudes uri-
vos patients une modification du régime alimen- naires afin d'aider à la restauration de la fonction
taire. En particulier, la consommation des irri- normale de la vessie. La miction dès la première
tants vésicaux telles la caféine et les boissons sensation de l'envie est recommandée. Retarder la
gazeuses qui produisent un effet diurétique doit miction peut trop étirer le muscle détrusor, ce qui
être éliminée ou réduite. Bien qu'il soit recom- l'affaiblit. Cependant, apprenez aussi à votre
mandé que les patients réduisent la consomma- patient à contrôler l'envie d'uriner, avec l'utilisa-
tion de liquide avant de se coucher, ils doivent tion de techniques de relaxation, telles la respira-
être encouragés à boire environ 1,5 l, par jour, tion lente ou la distraction mentale, comme cela
soit environ six à huit verres. Une trop grande est décrit ci-dessus pour la gestion des TFBAU.
restriction de l'apport hydrique résulte en une Un calendrier mictionnel peut être établi, avec
concentration urinaire qui irrite la muqueuse des intervalles réguliers d'environ 3 à 4 heures pour
vésicale et favorise l'urgenturie, la pollakiurie et rétablir le fonctionnement de la vessie. La double
les infections des voies urinaires [101]. miction, l'acte d'uriner suivi d'une deuxième tenta-
Contrôler son poids, cesser de fumer et mettre tive quelques instants plus tard, peut aider à rétablir
en place des habitudes intestinales régulières font et à renforcer le contrôle du sphincter urétral. Si
aussi partie du programme à conseiller à vos possible, après la vidange de la vessie, le patient doit
patients pour une meilleure fonction vésicale. se promener dans les toilettes pendant 1 minute ou
Bien que cela ne soit pas l'objet de cet ouvrage, 2, puis revenir avant de tenter la seconde miction.
une prise en charge médicale complète de ces Cet exercice peut être utile pour apprendre à vider
patients est nécessaire avec la prescription éven- la vessie plus complètement en une seule fois, et il
tuelle de médicaments modulant les symptômes, peut aussi aider à prévenir l'incontinence.
ou l'élimination de ceux qui pourraient avoir des Encouragez votre patient à rester actif afin
effets secondaires urinaires indésirables. Si ce pro- d'éviter une rétention d'urine. La consommation
gramme d'exercices n'est pas suffisant, des tech- de liquides 1 heure ou 2 avant le coucher doit être
404 Considérations cliniques

déconseillée, afin d'éviter la nycturie. En particu- [9] Hendrix SL, Clark A, Nygaard I, Aragaki A,
lier, les boissons contenant de la caféine et l'alcool Barnabei V, McTiernan A. Pelvic organ prolapse in
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évitées. Des modifications alimentaires, incluant la [10] Lepine LA, Hillis SD, Marchbanks PA, Koonin LM,
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vessie et entraîner une pollakiurie et une nycturie, lance – United States, 1980–1993. MMWR CDC
doivent aussi être envisagées. Surveill Summ 1997 ; 46(4) : 1–15.
Expliquez à votre patient l'importance de rester [11] Dietz HP, Bennett MJ. The effect of childbirth
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tendance à provoquer la contraction des muscles [12] Weidner AC, Barber MD, Visco AG, Bump RC,
du plancher pelvien, ce qui augmente la rétention Sanders DB. Pelvic muscle electromyography of
urinaire et rend la miction difficile. Il est égale- levator ani and external anal sphincter in nulliparous
ment important, dans la mesure du possible, women and women with pelvic floor dysfunction.
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Chapitre 12. Dysfonctions urogénitales 407

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Chapitre 13
Dysfonctions autonomiques
« […] je me suis mis à être un peu gai, parce qu'on tMFTZTUÒNFQBSBTZNQBUIJRVF
m'a dit que cela est bon pour la santé [1]. » tMFTZTUÒNFFOUÏSJRVF
F.-M. Arouet, dit Voltaire
De nombreuses structures innervées par le
Aussi appelé le système nerveux végétatif, le sys- SNA reçoivent à la fois une innervation sympa-
tème nerveux viscéral, ou le système nerveux invo- thique et une innervation parasympathique. Le
lontaire, le système nerveux autonome (SNA) est système nerveux entérique est, d'autre part, un
impliqué dans une myriade de conditions cli- agencement de neurones à l'intérieur des parois
niques. Comme les procédures ostéopathiques du tractus gastro-intestinal (GI). L'activité péri-
affectent le SNA, une description de son organisa- phérique du SNA est de plus coordonnée par des
tion et de ses composantes est une condition pré- réseaux neuronaux dans le cerveau antérieur,
alable pour comprendre l'effet de la dysfonction l'hypothalamus, le mésencéphale et la moelle
somatique et la base physiologique d'un traite- allongée (bulbe). Dans ce chapitre, nous allons
ment ostéopathique. Ensuite, il convient de discu- nous concentrer principalement sur les compo-
ter de l'influence du SNA sur plusieurs troubles santes sympathique et parasympathique du SNA.
affectant le patient qui vieillit, tels la dysautono- Le SNA maintient l'équilibre du milieu inté-
mie, le syndrome de fatigue chronique, la fibro- rieur. La nécessité d'une cohérence au sein de
myalgie et les troubles associés au sommeil et à la l'environnement biologique interne est un
ménopause. concept reconnu depuis Hippocrate qui proposa
Le système nerveux est habituellement décrit un équilibre harmonique parmi les « humeurs »
comme étant composé de deux éléments : le sys- du corps [2]. Plus tard, Claude Bernard a décrit le
tème nerveux cérébrospinal, qui contrôle les fonc- « milieu intérieur » et l'importance de sa stabilité,
tions en rapport avec l'environnement externe, et et ce dans de nombreuses publications entre 1854
le SNA, qui régule l'environnement interne. Ces et sa mort en 1878 [3]. En 1926, Walter Cannon
deux composantes sont toutefois étroitement renforce ce concept en inventant le terme
liées, de par leurs origines embryologiques et leurs « homéostasie [4] ». Bien que les êtres vivants
relations physiologiques. Plutôt que deux sys- soient continuellement soumis à des circons-
tèmes distincts, ils se chevauchent souvent tances perturbantes, Cannon souligne qu'un
fonctionnellement. environnement interne constant doit l'emporter
Tous les centres et les nerfs qui appartiennent pour maintenir des conditions de vie favorables. Il
au SNA innervent le muscle cardiaque, les muscles est le premier à proposer que les systèmes para-
lisses et les glandes, et régulent les processus viscé- sympathique et sympathique ont certainement
raux, y compris l'activité cardiovasculaire, la diges- des fonctions différentes [5]. Cannon a décrit
tion, le métabolisme et la thermorégulation. comment la composante parasympathique est
Essentiellement involontaire, ce système se com- impliquée dans le « rest » and « digest » (le « repos »
pose de trois parties, en interaction constante les et la « digestion »), maintenant le rythme cardiaque
unes avec les autres : basal, la respiration et le métabolisme dans des
tMFTZTUÒNFTZNQBUIJRVF conditions normales, tandis que le sympathique

L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans


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410 Considérations cliniques

régit les situations d'urgence avec une réaction de tEF GJCSFT QÏSJQIÏSJRVFT RVJ USBOTNFUUFOU MFT
« fight or flight » (« lutte ou fuite ») qui implique impulsions sensitives provenant des viscères ou
une préparation pour une action musculaire puis- des vaisseaux sanguins à…
sante avec une accélération du rythme cardiaque tEFTDPSQTDFMMVMBJSFTTJUVÏTEBOTMFTHBOHMJPOTEF
et de la respiration, une inhibition de l'estomac, la racine dorsale spinale ou sensitive crânienne
une activation des glandes sudoripares et une qui, à son tour, se connecte avec…
piloérection. tEFTGJCSFTDFOUSBMFTRVJDIFNJOFOUBWFDMFTGJCSFT
Toutefois, les fonctions et relations entre les sys- somatiques afférentes dans les racines spinales
tèmes parasympathique et sympathique ne sont dorsales ou dans les nerfs crâniens et se ter-
pas aussi simples qu'il y paraît. Les deux systèmes minent dans le SNC.
sont très liés l'un à l'autre, comme ils le sont avec Les fibres centrales se connectent à des inter-
le système somatique moteur, pour former un sys- neurones reliés aux neurones effecteurs auto-
tème intégré qui contrôle, module et coordonne nomes. Ces interneurones sont situés dans la
la régulation neurale de la plus grande partie de substance grise de la moelle épinière ou du tronc
nos activités. cérébral et forment les neurones préganglion-
naires du SNA efférent. Bien que faisant fonction-
nellement partie des deux systèmes, les neurones
Organisation et afférents viscéraux ne sont pas classés comme sym-
composantes pathique ou parasympathique.
Aussi, les fibres afférentes viscérales peuvent
Le SNA se compose de neurones situés dans les être classées comme :
systèmes nerveux central et périphérique. Le SNA tneurones afférents viscéraux généraux (AVG),
dépend des réflexes autonomes. Des afférences qui transmettent des informations à partir des
sont transmises de la périphérie vers le système viscères du thorax, de l'abdomen et du pelvis
nerveux central (SNC), et des impulsions effé- WFSTMF4/$WJBMFTOFSGTTQJOBVYFUDSÉOJFOT
rentes sont transmises du SNC aux systèmes d'or- tneurones afférents viscéraux spéciaux (AVS), qui
ganes périphériques. transmettent des impulsions pour l'odorat et le
L'information sensitive est habituellement goût par les nerfs crâniens. Ceux-ci se trouvent
envoyée par les nerfs crâniens et spinaux aux dans le nerf olfactif (I) pour l'odorat, et les nerfs
centres de contrôle homéostatique, tels ceux facial (VII), glossopharyngien (IX) et vague (X)
situés dans l'hypothalamus et le tronc cérébral, pour le goût.
avec un contrôle des centres supérieurs du système
limbique et du cortex cérébral. Puis les fibres effé-
rentes transmettent l'influx du SNC vers les effec- Organisation générale du système
teurs autonomes qui peuvent moduler différentes nerveux autonome efférent
fonctions comme la sécrétion glandulaire, le péris-
Dans le système nerveux somatique, il n'y a
taltisme gastro-intestinal, le rythme cardiaque, la
qu'un seul neurone entre la moelle épinière et
pression sanguine, la thermorégulation, la soif et
l'organe effecteur, qui est le muscle squelettique.
la faim.
Dans le SNA, en revanche, il y a au moins deux
neurones entre le SNC et l'organe effecteur ou le
Organisation générale du système tissu cible : les neurones préganglionnaire et
nerveux autonome afférent post-ganglionnaire, reliés par un ganglion auto-
nome ou ganglion relais. Le corps cellulaire des
Les voies afférentes viscérales sont très similaires neurones préganglionnaires est situé dans les
aux voies afférentes somatiques, morphologique- noyaux efférents viscéraux du tronc cérébral ou
ment et fonctionnellement. Les voies afférentes dans la colonne intermédiolatérale de la moelle
sont constituées : épinière. De là, la majeure partie du temps, les
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 411

axones myélinisés quittent le SNC en suivant les (S2-S4). Les fibres sympathiques EVG sont dis-
nerfs crâniens ou spinaux en direction des gan- tribuées via la composante thoracolombale du
glions périphériques, où typiquement ils 4/$
synapsent avec des neurones post-ganglionnaires tneurones efférents viscéraux spéciaux (EVS), qui
amyéliniques. Ces neurones vont ensuite inner- transmettent l'influx du SNC aux muscles sque-
ver l'organe effecteur ou le tissu cible. Chaque lettiques impliqués dans l'expression du visage,
neurone préganglionnaire peut synapser avec la position de la mâchoire, du cou, du larynx et
trois à vingt neurones post-ganglionnaires, élar- du pharynx via les nerfs crâniens. En fait, ce
gissant ainsi la distribution des nombreux effets sont les fibres des nerfs crâniens qui innervent
du SNA. les muscles dérivés des arcs branchiaux, i. e. le
L'innervation des organes effecteurs ou des tis- nerf trijumeau (V), le nerf facial (VII), le nerf
sus cibles par les nerfs autonomes diffère de l'in- glossopharyngien (IX), le nerf vague (X) et le
nervation du muscle squelettique par les nerfs nerf accessoire (XI).
somatiques. À la différence des muscles squelet-
tiques qui affichent des régions post-synaptiques
spécifiquement localisées, les neurones effecteurs Divisions du système
du SNA n'ont pas de sites post-synaptiques dis- nerveux autonome
tincts. En fait, les terminaisons nerveuses post-
ganglionnaires possèdent de multiples gonflements Le SNA se compose de deux divisions anatomique-
ou varicosités, qui contiennent des vésicules rem- ment et fonctionnellement distinctes : les systèmes
plies de neurotransmetteurs qui peuvent diffuser sympathique et parasympathique. À l'exception du
sur des distances pouvant aller jusqu'à plusieurs système vasculaire périphérique, les glandes sudori-
centaines de nanomètres avant qu'elles n'at- pares du tronc et des extrémités et les follicules
teignent l'organe effecteur. Par conséquent, un pileux qui ne reçoivent qu'une innervation sympa-
petit nombre de fibres motrices peut contrôler thique, normalement tous les tissus innervés par le
simultanément la fonction de masses importantes SNA subissent à tout moment l'influence des sys-
de muscle lisse ou de tissu glandulaire [6]. En tèmes sympathique et parasympathique. L'activité
outre, des communications intercellulaires spécia- tonique de ces deux divisions permet une régula-
lisées – les jonctions qui existent entre les cellules tion précise, qui améliore ou inhibe les fonctions.
du muscle cardiaque et des muscles lisses – contri- En général, les systèmes sympathique et parasym-
buent à la propagation de l'activité électrique, pathique ont des effets contraires, avec un système
entraînant une réponse de tout le tissu, même si le augmentant une activité tandis que, dans le même
tissu effecteur n'a reçu la décharge que d'une temps, l'autre système la baisse. Il convient toute-
seule fibre autonome. fois de garder à l'esprit que cela n'est pas une rela-
Les fibres efférentes viscérales peuvent être clas- tion antagoniste, mais plutôt une relation qui
sées comme : permet le maintien d'un état dynamique de l'équi-
tneurones efférents viscéraux généraux (EVG), libre dans les tissus cibles.
qui transmettent les impulsions du SNC aux Globalement, le système nerveux sympathique
muscles lisses, au muscle cardiaque et aux prévaut lors des situations d'urgence, lors de la
glandes, via les nerfs spinaux et crâniens. préparation du corps pour « fight or flight » (« lutte
Les fibres EVG peuvent être soit parasympa- ou fuite »). Le flux sanguin augmente dans les
thiques soit sympathiques. Les fibres EVG organes vitaux et les muscles squelettiques, alors
situées dans les nerfs crâniens sont parasympa- que l'activité viscérale diminue. Au contraire, le
thiques. Ces nerfs crâniens incluent le nerf ocu- système parasympathique prédomine dans les
lomoteur (III), le nerf facial (VII), le nerf situations paisibles, de repos, augmentant l'acti-
glossopharyngien (IX) et le nerf vague (X). vité des fonctions de base du corps comme la
D'autres neurones parasympathiques EVG digestion, et réduisant la fréquence et le débit
existent dans les nerfs splanchniques pelviens cardiaques.
412 Considérations cliniques

Neurone préganglionnaire
dans la colonne
intermédiolatérale

Chaîne
sympathique
Rameau
communicant gris
Nerf spinal

Racine ventrale
Rameau communicant
du nerf spinal
Vers les ganglions blanc
cœliaques et Ganglion
Neurone préganglionnaire mésentériques sympathique
Neurone postganglionnaire Neurone
postganglionnaire

Figure 13.1. Organisation générale du système nerveux sympathique efférent.


Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, p. 234.

Division sympathique n'est pas partagée au même degré par les gan-
Fibres sympathiques préganglionnaires glions parasympathiques.
Les fibres préganglionnaires de la division sympa-
thique ont leur corps cellulaire dans la colonne Ganglions sympathiques
intermédiolatérale de la moelle épinière entre le De chaque côté de la moelle épinière, longeant la
premier segment spinal thoracique et le deuxième colonne vertébrale, les ganglions sympathiques
segment lombal (T1-L2). De la moelle épinière, forment la chaîne sympathique, aussi appelée tronc
les fibres préganglionnaires cheminent dans la ou chaîne sympathique paravertébrale. Chaque
racine ventrale des nerfs spinaux puis à travers les chaîne se compose de vingt-trois ganglions qui
rameaux communicants blancs, rejoignent les s'étendent de la région cervicale à la région sacrale
ganglions sympathiques situés de chaque côté de : trois dans la région cervicale, dix à douze dans la
la moelle épinière, où elles synapsent avec les neu- région thoracique, quatre dans la région lombale,
rones post-ganglionnaires (figure 13.1). quatre ou cinq dans la région sacrale et un seul
Les fibres préganglionnaires peuvent synapser ganglion coccygien (figure 13.2).
avec les fibres post-ganglionnaires d'un ganglion Souvent, les ganglions cervicaux moyen et infé-
situé au niveau spinal de leur origine. Elles rieur ont fusionnés et forment le ganglion stellaire.
peuvent aussi rejoindre les ganglions supérieurs Puisque les fibres préganglionnaires apparaissent
ou inférieurs de la chaîne paravertébrale pour entre T1-L2, les ganglions correspondants sont les
synapser avec les neurones post-ganglionnaires seuls à recevoir des rameaux communicants blancs.
d'autres niveaux. Ainsi, un neurone préganglion- Par conséquent, les ganglions paravertébraux situés
naire peut synapser avec plusieurs neurones post- au-dessus de T1 ou au-dessous de L2 reçoivent des
ganglionnaires, et le rapport des fibres pré- et fibres préganglionnaires des segments médullaires
post-ganglionnaires est environ 1/20. Il en T1-L2. Ces fibres préganglionnaires traversent un
résulte une décharge sympathique importante, ganglion au même niveau médullaire que celui
i. e. une stimulation sympathique coordonnée duquel elles naissent, puis elles cheminent supé-
des tissus dans tout le corps, caractéristique qui rieurement ou inférieurement le long de la chaîne
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 413

Périphérie Organes

T1

Plexus viscéraux thoraciques


Les nerfs postganglionnaires
sympathiques suivent les
nerfs somatiques en direction
de la périphérie
(glandes, muscles lisses)

Cœur

Plexus prévertébraux

L2

Viscères abdominaux

Ganglion sympathique

Tronc
sympathique

Sympathique préganglionnaire
Sympathique postganglionnaire
Ganglion Viscères pelviens
impair

Figure 13.2. Système sympathique.


Tous les nerfs efférents viscéraux sympathiques (moteurs) naissent entre T1-L2 et cheminent dans les nerfs spinaux associés.
Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 14.

paravertébrale pour atteindre les ganglions situés au- dedans des foramens sacraux antérieurs. En avant
dessus ou au-dessous de T1-L2. du coccyx, les deux chaînes paravertébrales
Dans la région cervicale, les ganglions de la convergent et forment un petit ganglion appelé
chaîne paravertébrale sont situés en avant des pro- ganglion « impair ». Dans la plupart des cas, les
cessus transverses des vertèbres cervicales. Dans le fibres sympathiques préganglionnaires sont courtes,
thorax, la chaîne sympathique est en avant des têtes parce que les ganglions sont proches de leur émer-
costales. Dans la région lombale, les ganglions sont HFODFFOSFWBODIF MFTGJCSFTQPTUHBOHMJPOOBJSFT
en avant et en dehors des corps vertébraux, alors sont généralement plus longues (figure 13.3figure
que dans le bassin, ils sont en avant du sacrum et en 13.4figure 13.5).
414 Considérations cliniques

Artère carotide interne


Nerf carotidien interne
Veine jugulaire interne Nerf hypoglosse XII
Ganglion supérieur du nerf
vague droit
Nerf glossopharyngien IX Droit antérieur de la tête
Nerf accessoire XI Droit latéral de la tête
Long de la tête
C1
Ganglion cervical supérieur
C2
C3
Elévateur de la scapula
Tronc sympathique C4

Nerf supraclaviculaire C5
Long du cou
Ganglion cervical moyen Nerf phrénique
Nerf phrénique
Ganglion cervical inférieur Postérieur
Moyen Muscles scalènes
Artère subclavière droite Antérieur

Veine subclavière droite Artère subclavière gauche

Plexus brachial
Nerf vague gauche

Veine brachiocéphalique
gauche

Figure 13.3. Chaîne sympathique cervicale.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 496.

Fibres sympathiques post-ganglionnaires les nerfs spinaux via les rameaux communicants
De nombreuses fibres post-ganglionnaires se dis- gris. En fait, un nerf spinal typique contient environ
tribuant aux structures de la tête proviennent du 8 % d'axones sympathiques post-ganglionnaires.
ganglion sympathique cervical supérieur, en avant En conséquence, les fibres nerveuses post-gan-
des deuxième et troisième vertèbres cervicales. De glionnaires sympathiques cervicales et thoraciques
là, elles suivent les artères carotides jusqu'à leurs supérieures innervent les vaisseaux sanguins, les
cibles dans la tête. glandes sudoripares, les follicules pileux, les glandes
Il faut souligner que ces fibres post-ganglionnaires et les organes viscéraux de la tête (yeux, glandes
ont déjà synapsé avec des fibres préganglionnaires salivaires et muqueuses de la cavité nasale) et de la
issues des segments spinaux T1-T4. Par conséquent, poitrine (cœur et poumons). Les études anato-
les corps cellulaires de ces fibres préganglionnaires miques indiquent que l'innervation sympathique
sont situés dans la colonne latérale de la moelle tho- du membre supérieur (MS) émane de la région
racique supérieure. Pour cette raison, dans le traite- thoracique moyenne (T5-T7) [7]. Toutefois, l'ex-
ment des troubles céphaliques qui manifestent une périence clinique démontre qu'une dysfonction
dysfonction autonome comme la sinusite, en plus du somatique de la colonne thoracique supérieure ou
traitement des dysfonctions thoraciques supérieures, moyenne provoque des symptômes à médiation
il est aussi important de traiter la dysfonction soma- sympathique affectant le MS [8, 9, 10]. Les fibres
tique de la région cervicale supérieure qui peut nerveuses sympathiques thoraciques inférieures
influer sur le ganglion cervical supérieur. (T6 et plus bas) et lombales innervent les vaisseaux
Après avoir synapsé dans les ganglions, la plupart sanguins périphériques, les glandes sudoripares et
des fibres post-ganglionnaires voyagent avec les les muscles lisses pilomoteurs de la partie inférieure
artères qui irriguent les effecteurs. Pour autant, cer- du tronc et des membres inférieurs (MI), ainsi que
taines fibres post-ganglionnaires peuvent rejoindre les viscères abdominaux et pelviens.
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 415

Œsophage
Artère carotide commune droite Artère carotide commune gauche
Veine jugulaire interne droite
Tronc sympathique Tronc sympathique

Canal thoracique

Artère subclavière droite Artère subclavière gauche

Veine subclavière droite Veine subclavière gauche


Veine brachiocéphalique droite

Veine cave supérieure

Veine azygos Veine hémiazygos


accessoire

Nerfs intercostaux Veines intercostales


postérieures

Canal thoracique
Veine hémiazygos

Nerf grand splanchnique

Nerf petit splanchnique


Nerf splanchnique
inférieur Nerf grand splanchnique
Veine subcostale droite Nerf petit splanchnique
Diaphragme (sectionné) Nerf splanchnique inférieur
Citerne du chyle Pilier diaphragmatique gauche
Veine lombale ascendante
Veine cave inférieure
Pilier diaphragmatique droit

Figure 13.4. Chaîne sympathique thoracolombale.


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p. 113.

Dans plusieurs cas, les fibres préganglionnaires ment avec les médullosurrénales. Les cellules des
traversent les ganglions sympathiques de la chaîne médullosurrénales sont embryologiquement et
paravertébrale sans former de synapse, pour fonctionnellement équivalentes aux neurones
rejoindre un nerf splanchnique thoracique, lombal sympathiques post-ganglionnaires. Cependant, en
ou sacral et synapser avec les neurones des gan- tant que glande endocrine, les médullosurrénales
glions collatéraux, appelés aussi ganglions préverté- sécrètent l'adrénaline et la noradrénaline dans le
braux. Ces ganglions comprennent les ganglions système circulatoire, atteignant ainsi tous les tissus
cœliaques, mésentériques supérieur et inférieur, et effecteurs du système sympathique, au lieu d'une
des petits ganglions dispersés dans le plexus pelvien. innervation directe de façon « synaptique ».
Ils innervent le système digestif et les organes
digestifs accessoires, comme le pancréas et le foie,
Division parasympathique
et fournissent également l'innervation sympathique
pour les reins, la vessie et les organes génitaux. La division parasympathique du SNA n'innerve
Un groupe de fibres préganglionnaires chemine que les viscères et les vaisseaux sanguins de la tête
dans les nerfs splanchniques et synapse directe- et du cou, du thorax, de l'abdomen et du bassin
416 Considérations cliniques

Plexus prévertébral
Aorte abdominale

Tronc sympathique lombal droit Tronc sympathique lombal gauche

Artère iliaque commune droite


Artère iliaque commune gauche
Plexus hypogastrique supérieur
Rameau communicant gris

Nerf hypogastrique
droit Tronc lombosacral
Nerfs splanchniques Nerf hypogastrique gauche
sacraux en direction
du plexus hypogastrique Nerf glutéal supérieur
inférieur (sympathiques
postganglionnaires)
Nerf glutéal Grande échancrure sciatique
supérieur Nerfs splanchniques sacraux
Nerfs splanchniques vers le plexus hypogastrique
pelviens (parasympathiques inférieur (sympathiques
préganglionnaires venant postganglionnaires)
de S2-S4) Nerfs splanchniques pelviens
Plexus hypogastrique (parasympathiques
inférieur préganglionnaires venant
de S2-S4)
Plexus coccygien Piriforme
Nerf pudendal
Ischiococcygien
(coccygien)
Ganglion impair

Iliococcygien (portion
de l’élévateur de l’anus)
Pubococcygien (portion
de l’élévateur de l’anus)

Figure 13.5. Chaîne sympathique lombosacrale (vue antérieure).


Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008, p 239.

(figure 13.6). Le système vasculaire périphérique Les noyaux parasympathiques préganglion-


des extrémités et du tronc ne reçoit pas d'innerva- naires dans le tronc cérébral, associés à des nerfs
tion parasympathique [11]. crâniens, sont (figure 13.7) :
tMFOPZBVEh&EJOHFS8FTUQIBM *** 
Fibres parasympathiques préganglionnaires tMFOPZBVTBMJWBJSFTVQÏSJFVS 7** 
Les fibres préganglionnaires de la division para- tMFOPZBVTBMJWBJSFJOGÏSJFVS *9 
sympathique proviennent de plusieurs noyaux du tMFOPZBVEPSTBMEVOFSGWBHVF $/9 
tronc cérébral et de la région sacrale de la moelle tMFOPZBVBNCJHV *9 9 
épinière (segments S2-S4). Ils sortent du SNC Les neurones préganglionnaires qui sortent du
pour rejoindre des ganglions largement dispersés tronc cérébral accompagnent les nerfs crâniens
où ils synapsent. Contrairement au système sym- III, VII, IX et X.
pathique, où les noyaux sont situés à une certaine
distance de leur cible, les ganglions parasympa-
thiques sont situés sur les nerfs crâniens ou se Le nerf vague (X) contient 90 % des fibres préganglion-
trouvent à proximité, intégrés dans les organes naires parasympathiques du corps.
viscéraux cibles. Ainsi, les axones des neurones
préganglionnaires de la division parasympathique Les fibres parasympathiques provenant de la
sont relativement longs, et les axones post-gan- corne latérale de la moelle sacrale cheminent dans
glionnaires, courts. les racines ventrales des nerfs spinaux S2, S3 et S4.
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 417

[III]
Constriction pupillaire
Ganglion ciliaire
Glande lacrymale
Ganglion
Glande parotide
ptérygopalatin
[VII]
[IX]
Ganglion otique Glande sublinguale

[X]
Ganglion Glande submandibulaire
Flux submandibulaire
parasympathique

Plexus viscéraux thoraciques


cranial via les
nerfs crâniens

Cœur

Transition entre une


innervation par le X et
une innervation par les
nerfs splanchniques

Flux
parasympathique
Plexus prévertébraux

sacral via les nerfs


splanchniques
pelviens Synapse avec les
neurones du
Viscères abdominaux
système entérique

S2–S4

Tissus érectiles du pénis


(ou du clitoris chez
Parasympathique préganglionnaire
Parasympathique postganglionnaire Viscères pelviens la femme)

Figure 13.6. Système parasympathique.


Tous les neurones efférents viscéraux parasympathiques proviennent soit du tronc cérébral avec les nerfs crâniens III, VII,
IX et X, soit des segments S2-S4.
Source : Drake R.L., Gray's Atlas of Anatomy, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2008.

Elles suivent le rameau ventral de ces nerfs puis les tMFHBOHMJPODJMJBJSF TJUVÏEBOTMhPSCJUF
nerfs splanchniques pelviens pour atteindre le tMF HBOHMJPO QUFSZHPQBMBUJO  TJUVÏ EBOT MB GPTTF
plexus hypogastrique inférieur (plexus pelvien) QUFSZHPQBMBUJOF
avant de synapser dans les ganglions situés à proxi- tMFHBOHMJPOPUJRVF TJUVÏEBOTMBGPTTFUFNQPSBMF
mité ou à l'intérieur des viscères cibles. JOGÏSJFVSF
Ganglions parasympathiques tMFT HBOHMJPOT TVCNBOEJCVMBJSF FU TVCMJOHVBM 
situés dans le plancher buccal.
Les cinq petits ganglions périphériques pairs,
D'autres petits ganglions parasympathiques
situés dans la partie crânienne du système para-
sont situés dans les organes qu'ils innervent.
sympathique, sont :
418 Considérations cliniques

Noyau d' Edinger–Westphal

Noyau oculomoteur

Noyau trochléaire Noyau trigéminal mésencéphalqiue

Noyau trigéminal somatomoteur Noyau trigéminal sensitif principal

Noyau abducens
Noyau trigéminal spinal
Noyau moteur facial

supérieur
Noyau salivaire Noyau cochléaire
inférieur
dorsal Supérieur
Noyau dorsal du nerf vague

Noyau ambigu Noyau du tractus Latéral


Noyau hypoglosse solitaire

Noyaux des nerfs crâniens efférents Cochléaire


dorsal
Inférieur
Médial
Noyaux des nerfs crâniens afférents

B Noyaux vestibulaires

Figure 13.7. Noyaux des nerfs crâniens.


Les composantes des noyaux vestibulaires sont indiquées en pointillés en A et plus en détail en B.
Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 276.

Fibres parasympathiques post-ganglionnaires glions ciliaires, pterygopalatin, submaxillaires et


Les fibres post-ganglionnaires parasympa- otiques. Le nerf oculomoteur (III) innerve les
thiques sont plus courtes que les fibres post- yeux. Le nerf facial (VII) innerve la glande
ganglionnaires sympathiques. Les corps lacrymale, les glandes salivaires et les muqueuses
cellulaires des fibres post-ganglionnaires para- de la cavité nasale. Le nerf glossopharyngien (IX)
sympathiques sont, en général, loin du SNC, innerve la glande parotide. Les fibres préganglion-
situés soit dans des ganglions près des structures naires du noyau vagal dorsal se projettent via le
innervées, soit dans des ganglions dispersés nerf vague (X) aux fibres post-ganglionnaires inté-
dans les parois des viscères cibles. En raison de grées dans les effecteurs thoraciques et abdomi-
cette proximité entre les ganglions et l'effec- naux. Le X innerve le cœur, les poumons,
teur, la divergence dans le système parasympa- l'estomac, le foie, la vésicule biliaire, le pancréas,
thique est inférieure à celle du système l'intestin grêle et la moitié supérieure du gros
sympathique, avec un ratio moyen de fibres pré- intestin jusqu'à l'angle splénique du côlon. Les
et post-ganglionnaires d'environ 1/3. Par fibres préganglionnaires du noyau ambigu se pro-
conséquent, les effets du système parasympa- jettent via le X aux fibres post-ganglionnaires et
thique sont susceptibles d'être plus isolés et loca- fournissent la principale innervation parasympa-
lisés, contrastant avec le système sympathique où thique du ganglion cardiaque qui innerve le cœur,
une propagation de la décharge est possible. l'œsophage et les voies aériennes respiratoires.
Les fibres préganglionnaires qui voyagent à tra- La plupart des fibres préganglionnaires prove-
vers les nerfs crâniens III, VII et IX se projettent nant des nerfs spinaux S2, S3 et S4 se projettent
sur les neurones post-ganglionnaires des gan- via les nerfs splanchniques pelviens sur le plexus
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 419

hypogastrique inférieur pour atteindre la vessie, Fonctions du système


les organes génitaux et le rectum, tandis que nerveux autonome
d'autres traversent le plexus mésentérique infé-
rieur pour atteindre les côlons descendant et sig-
moïde (voir figure 12.15., p. 392). Classiquement, l'une des deux divisions du SNA est
décrite comme dominante dans différentes situa-
tions. Le système sympathique est activé lors des
Neurotransmetteurs du réactions d'urgence, de « fight or flight », tandis que
système nerveux autonome le système parasympathique domine dans les circons-
Les neurones du SNA libèrent principalement tances paisibles, de « rest and digest ». De la sorte, les
l'acétylcholine et la noradrénaline (norépinéphrine). effets de chaque division du SNA sont prévisibles.
L'acétylcholine est libérée par les fibres choliner- Lors d'une activité physique énergique ou dans
HJRVFTDFTPOUMFTGJCSFTQSÏHBOHMJPOOBJSFTFUQPTU tout état de stress, le système nerveux sympathique
ganglionnaires du système parasympathique, les prédomine afin d'affronter la situation. Une activa-
fibres préganglionnaires du système sympathique et tion généralisée survient. La constriction des artères
les fibres post-ganglionnaires sympathiques qui cutanées se traduit par une augmentation de l'apport
innervent les glandes sudoripares. La noradrénaline d'un sang bien oxygéné et riche en nutriments au
et parfois l'adrénaline (épinéphrine) sont libérées cœur, aux muscles et au cerveau tout en protégeant
QBSEFTGJCSFTBESÏOFSHJRVFTDFMBJODMVUMBQMVQBSU l'individu contre une perte de sang excessive si une
des fibres post-ganglionnaires sympathiques. blessure cutanée devait se produire. Dans le même
Afin d'avoir un certain effet, les neurotrans- temps, une vasoconstriction se produit au niveau des
metteurs doivent se lier à des récepteurs spéci- muscles lisses du système gastro-intestinal et des
fiques sur les cellules cibles. Divers récepteurs reins, réaffectant la distribution sanguine au profit
sympathiques et parasympathiques existent. des tissus actifs et des muscles se contractant. La fré-
Chacun d'eux détermine une réponse intracellu- quence cardiaque, la contractilité du myocarde, la
laire spécifique (voir tableau 13.1. ci-dessous). tension artérielle et la bronchodilatation sont aug-
L'acétylcholine libérée par les fibres prégan- mentées, tandis que le péristaltisme ralentit et que les
glionnaires se lie aux récepteurs nicotiniques des sphincters se contractent, mobilisant l'énergie du
fibres post-ganglionnaires. En outre, certains neu- corps pour faire face à une activité accrue. En outre,
ropeptides tels que les enképhalines, la somatosta- la thermorégulation est contrôlée par la transpiration,
tine et la neurotensine coexistent avec et la capacité de voir plus loin est augmentée par le
l'acétylcholine dans les fibres préganglionnaires. relâchement du corps ciliaire, permettant l'adapta-
L'acétylcholine libérée par les fibres post-gan- tion du cristallin lorsque la pupille se dilate (mydriase).
glionnaires se lie aux récepteurs muscariniques, Au cours des circonstances de « rest and digest »,
tandis que la noradrénaline libérée par les fibres l'activité parasympathique produit un ralentisse-
sympathiques post-ganglionnaires affecte plusieurs ment cardiaque et une augmentation des activités
types de récepteurs adrénergiques (α1, α2, β1, β2), intestinales glandulaires et péristaltiques, dans le
chacun avec un effet spécifique sur les cellules but de conserver l'énergie du corps. Les fonctions
post-synaptiques. gastro-intestinales (GI) sont stimulées : les sécré-
En plus des neurotransmetteurs convention- tions salivaires et GI augmentent, et la motilité
nels, acétylcholine et noradrénaline, plusieurs GI s'intensifie pour faciliter l'absorption des ali-
autres substances neuroactives ont été démontrées ments. Les autres sécrétions glandulaires, celles
dans le SNA. Certains neurones n'utilisent ni de la glande lacrymale et des glandes des voies
l'acétylcholine, ni la noradrénaline comme trans- respiratoires, s'amplifient, tandis que la stimula-
metteur principal, mais emploient plutôt des subs- tion du corps ciliaire permet une adaptation du
tances telles que l'adénosine 5'-triphosphate cristallin et que la pupille se contracte (myosis).
(ATP), de nombreux peptides et du monoxyde En outre, l'innervation parasympathique permet
d'azote (NO). également la vidange de la vessie et du rectum.
420 Considérations cliniques

Tableau 13.1. Résumé des principales fonctions du SNA.

Organe Stimulation parasympathique Stimulation sympathique


Poumons Muscles bronchiques Contraction Relâchement
Glandes bronchiques Stimulation Inhibition (α)
Stimulation (β)
Cœur Fréquence cardiaque Diminuée Augmentée
Force de contraction Diminuée Augmentée
Vitesse de conduction Augmentée Diminuée
Artères Dilatation Constriction (α)
Dilatation (β)
Veines Constriction
Glandes submandibulaires et parotides Sécrétion salivaire plus fluide Sécrétion salivaire visqueuse
Estomac Motilité Augmentée Diminuée
Sphincters Relâchement Contraction
Sécrétion Augmentée Diminuée
Intestins Motilité Augmentée Diminuée
Sphincters Relâchement Contraction
Sécrétion Augmentée Diminuée
Foie Synthèse du glycogène Glycogénolyse
Gluconéogenèse
Lipolyse
Vésicule biliaire Contraction Relâchement
Pancréas Exocrine Sécrétion d'enzyme augmentée Sécrétion d'enzyme diminuée
Endocrine Sécrétion d'insuline augmentée Sécrétion d'insuline diminuée
Reins Sécrétion de rénine augmentée
Médullosurrénales Sécrétion d'adrénaline et de
noradrénaline
Rate Contraction
Vessie Détrusor Contraction Relâchement
Sphincter Relâchement Contraction
Utérus Contraction de l'utérus gravide (α)
Relâchement de l'utérus gravide
et non gravide (β)
Organes génitaux masculins Érection Éjaculation
Glandes sudoripares Transpiration accrue
Muscles pilomoteurs Contraction
Yeux Pupille Constriction Dilatation
Muscle ciliaire Contraction pour la vision de près Relâchement pour la vision de loin
Sécrétions lacrymales Augmentée

Dysautonomie fester par une hyperactivité aiguë ou chronique,


une hypoactivité ou la défaillance des composantes
sympathique ou parasympathique du SNA. Les
La dysautonomie, ou dysfonction autonome, est un
symptômes de cette dysautonomie peuvent se
fonctionnement anormal du SNA qui peut se mani-
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 421

manifester soit par des sensations désagréables irré- tMBEJNJOVUJPOEFMhBDUJWJUÏQBSBTZNQBUIJRVFFTU


gulières, soit par des maladies plus graves. Parce associée à la dominance sympathique, avec des
que le SNA est impliqué dans le fonctionnement de symptômes de « fight or flight » (opposés à « rest
presque tous les organes, une dysfonction du SNA and digest ») : augmentation de la fréquence
peut être associée à diverses maladies impliquant cardiaque, diminution de la sécrétion salivaire et
différentes disciplines médicales comme la cardio- nasale, diminution des activités péristaltiques,
logie, la neurologie, la psychiatrie et l'endocrinolo- constipation, problèmes urinaires, et chez les
gie. Ces maladies peuvent être localisées, comme IPNNFT JNQVJTTBODF
les syndromes douloureux régionaux complexes, tMBEJNJOVUJPOEFMhBDUJWJUÏTZNQBUIJRVFFTUBTTP-
ou peuvent être des manifestations d'une dysauto- ciée à la dominance parasympathique, avec des
nomie de tout le corps comme le diabète. symptômes de « rest and digest » (opposé à
Plusieurs symptômes peuvent exister dans la « fight or flight ») : diminution de la fréquence
dysautonomie, avec de grandes variantes entre les cardiaque, diminution de la pression artérielle,
patients, depuis un léger inconfort jusqu'à une inva- hypotension orthostatique et troubles de l'éja-
lidité totale. Il peut y avoir fatigue excessive, polydip- culation chez les hommes.
sie, étourdissements ou vertiges, anxiété ou panique,
arythmie, hypotension orthostatique associée parfois
à une syncope, et des dysfonctions gastro-intestinales Baroréflexe
telles que constipation, diarrhée, nausée, reflux gas-
tro-œsophagien et le syndrome du côlon irritable. La neurophysiologie du baroréflexe est forte-
Parfois, la multiplicité des symptômes peut être très ment liée au mécanisme respiratoire primaire
déroutante pour le diagnostic et les patients peuvent (MRP) (voir aussi partie I, Ostéopathie, fascia,
en fin de compte être diagnostiqués, à tort, comme fluides et mécanisme respiratoire primaire,
ayant des troubles psychiatriques. p. 27). L'une des manifestations de la dysauto-
Le dualisme entre le corps et l'esprit est une vieille nomie – l'hypotension orthostatique avec syn-
notion qui conduit à l'idée que la maladie doit être cope, ou un état proche de la syncope – est sous
soit physique, soit mentale. Le « dualisme cartésien », le contrôle du baroréflexe. Le SNA maintient
bien que différent du dualisme proposé par Descartes l'homéostasie interne et pour ce faire, parmi
lui-même, a été utilisé pour présenter le corps d'autres fonctions, il régule la pression san-
comme un ensemble de processus mécaniques, bio- guine, l'équilibre des fluides et des électrolytes,
logiques, qui sont tout à fait distincts de l'esprit [12]. et la température du corps. La régulation de la
Cette dichotomie corps-esprit a conduit à une sépa- pression sanguine comprend la régulation des
ration entre la pratique de la psychiatrie et le reste de réponses au changement de position. Le baroré-
la pratique médicale. En revanche, la philosophie et flexe est l'un des mécanismes impliqués dans
l'approche ostéopathiques, fermement ancrées dans cette régulation.
le concept trinitaire du corps, du mental et de l'esprit Le baroréflexe dépend des barorécepteurs –
(la nature de l'humanité), sont parfaitement adé- terminaisons nerveuses sensitives qui se trouvent
quates pour fournir une approche intégrée aux dans les parois des artères et qui sont stimulées
patients souffrant de dysfonctions du SNA (voir ci- à l'étirement. Elles sont particulièrement nom-
dessous, Contribution ostéopathique à l'examen breuses dans les parois des artères carotides
physique et au traitement, p. 437). internes, juste au-dessus de la bifurcation caro-
Une grande controverse existe dans l'explication tidienne, i. e. le sinus carotidien, et dans la paroi
et la classification des différentes manifestations de de la crosse aortique à l'origine de l'artère sub-
la dysautonomie. En effet, en raison de la com- clavière droite. Elles sont également présentes
plexité des symptômes et des causes non identifiées, dans les parois des veines cardiopulmonaires, les
les mécanismes réels qui expliquent la dysautono- atria et le ventricule gauche du cœur.
mie ne sont pas bien compris. Une approche de la Les signaux du sinus carotidien sont transmis
classification de la dysautonomie est fonctionnelle : par les nerfs de Hering au IX, et à la première
422 Considérations cliniques

synapse située dans le noyau du tractus solitaire système cardiovasculaire liées au vieillissement, des
(NTS) dans la zone médullaire du tronc cérébral. maladies supplémentaires et de l'utilisation de divers
Les signaux de la crosse de l'aorte sont transmis médicaments. C'est un signe clinique qui peut être
par le nerf aortique dépresseur (de Cyon) qui symptomatique ou asymptomatique, et qui peut
chemine avec le X au NTS. Les récepteurs car- survenir chez des patients souffrant de troubles neu-
diopulmonaires situés dans le cœur et les pou- rodégénératifs tels que la maladie de Parkinson.
mons se projettent également à travers les X aux Les symptômes de l'hypotension orthostatique
NTS. Ainsi, une toute petite variation de pres- incluent des étourdissements, des vertiges, des pré-
sion déclenche un changement dans le signal syncopes et des syncopes. La perte de conscience
baroréflexe avec pour résultat un ajustement de tend à être lente et progressive. D'autres signes
la pression artérielle. Les étirements des parois sont plus globaux comme la faiblesse, la fatigue,
vasculaires augmentent la fréquence de décharge un ralentissement cognitif, les jambes qui se
des barorécepteurs, entraînant une inhibition de dérobent, un flou visuel, des maux de tête, des
l'activité sympathique et une stimulation de l'ac- douleurs au cou, une dyspnée orthostatique, ou
tivité parasympathique. Le NTS se projette sur – une douleur à la poitrine [16].
et stimule – la partie caudale ventrolatérale de la Dans des circonstances normales, 25 à 30 % du
moelle allongée (bulbe ventrolatéral caudal) qui, sang circulant se trouve dans le thorax. Pour
activée, stimule la partie rostrale (bulbe ventrola- autant, dans les quelques secondes qui suivent la
téral rostral) avec une voie efférente aux colonnes prise de la station debout, un déplacement de 300
des cellules intermédiolatérales de la moelle épi- à 800 ml de sang se produit vers les MI et le sys-
nière. L'activité parasympathique provient du tème de capacitance veineuse abdominale. Cette
noyau ambigu (NA) et du noyau moteur dorsal redistribution rapide d'environ 25 % de tout le
du nerf vague [13]. volume sanguin du corps entraîne une diminution
Ainsi, à travers le mécanisme ci-dessus, lorsque du retour veineux vers le cœur. En conséquence,
la pression augmente dans le sang, l'étirement des la pression de remplissage cardiaque est réduite et
barorécepteurs des parois vasculaires provoque le volume systolique peut baisser de 40 %. Les
une augmentation de leur fréquence de décharge. barorécepteurs sont alors moins étirés, ce qui
Dès lors, l'activité sympathique est diminuée alors résulte en une diminution de leur décharge. Cette
que l'activité parasympathique est augmentée, diminution de la stimulation des barorécepteurs
conduisant à une réduction de la pression arté- produit une augmentation de l'activité du système
rielle et du rythme cardiaque. Les événements nerveux sympathique avec libération de noradré-
inverses se produisent avec une diminution de la naline, ce qui en retour active les récepteurs des
pression artérielle [14]. parois des vaisseaux sanguins. Aussi, les vaisseaux
sanguins se contractent, augmentant la résistance
à la circulation sanguine. Généralement, cette
Hypotension orthostatique augmentation de la résistance périphérique totale
maintient une pression artérielle normale.
La dérégulation de la pression artérielle peut La physiologie des barorécepteurs est d'une
entraîner une hypotension orthostatique. La défini- importance primordiale, lors d'un changement
tion de l'hypotension orthostatique est la sui- postural, pour l'initiation d'une réponse réflexe
vante : « Une réduction durable de la pression immédiate dans le tonus vasculaire. Inversement,
artérielle systolique d'au moins 20 mmHg ou de une chute extrême du débit cardiaque ou des
la pression artérielle diastolique de 10 mmHg mécanismes vasoconstricteurs déficients peut
dans les 3 minutes suivant la position debout, ou entraîner le développement d'une hypotension
dans le test d'inclinaison avec la table basculante, orthostatique neurogène à cause d'une libération
inclinée au moins à 60° [15]. » insuffisante de noradrénaline par les neurones
Avec l'âge, la prévalence de l'hypotension orthos- vasomoteurs sympathiques et de l'insuffisance
tatique augmente en raison des modifications du vasoconstrictrice [17].
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 423

Syndrome d'hémiparesthésie de Larson et le SDRC, en considérant la contribu-


vasomotrice fonctionnelle de tion de la dysfonction somatique à la présentation
Larson, et syndrome douloureux clinique globale de ces personnes, les patients pré-
sentant un SDRC peuvent être traités de façon
régional complexe type 1
similaire avec un TMO. Les changements phy-
Le syndrome de Larson (hémiparesthésie vaso- siques de longue date dans le SNC rendent sou-
motrice fonctionnelle) est une affection avec une vent ces patients plus résistants aux TMO. Il n'y a
dominance sympathique présentant une aug- cependant aucune raison de ne pas traiter la com-
mentation du tonus vasomoteur [18]. Ce syn- posante somatique de ces patients pour atténuer,
drome partage de nombreuses caractéristiques sinon éliminer, leurs symptômes [21].
avec le syndrome douloureux régional complexe Mises à part les manifestations cutanées, la peau
type 1 (SDRC), anciennement appelé dystrophie fraîche et l'augmentation de la transpiration, les
sympathique réflexe, mais ne s'accompagne symptômes du syndrome de Larson sont principa-
généralement d'aucun antécédent de trauma- lement subjectifs. Ce sont des plaintes sensitives
tisme antérieur [19]. La peau du patient peut qui démontrent rarement des déficits sensitifs cli-
être jusqu'à 2 °C plus froide dans la zone tou- niquement manifestes. En revanche, la présence
chée [20]. Dans le syndrome complet, le patient de signes neurologiques graves, y compris des
se plaint de dysesthésies et paresthésies sur un déficits moteurs ou sensitifs, nécessite une évalua-
côté du corps affectant la tête, le tronc et les MS tion médicale complète pour écarter une patholo-
et MI. Au début de l'évolution de la maladie, la gie potentiellement grave.
présentation se limite souvent à des douleurs cer-
vicothoraciques unilatérales dans la zone haute
du muscle trapèze. Cette distribution de la dou- Syndrome de fatigue
leur s'étend souvent pour inclure le MS ipsilaté- chronique
ral et le côté de la tête et du cou. La dysfonction
somatique primaire affectant ces patients est La fatigue est fréquente chez les patients qui vieil-
associée à des changements de texture des tissus lissent, avec près de la moitié de l'ensemble de la
et de sensibilité de la région paravertébrale thora- population rapportant ce symptôme. Habituellement,
cique supérieure. À la palpation, cette dysfonc- la fatigue est temporaire et peut être expliquée.
tion agit comme un point gâchette (trigger point) Néanmoins, pour certaines personnes, la fatigue est
produisant des symptômes qui rayonnent dans la persistante et invalidante, et ne peut pas être expli-
région correspondant à la plainte du patient. La quée par une condition médicale apparente. Ces
dysfonction est typiquement une dysfonction patients peuvent souffrir du syndrome de fatigue
vertébrale, Fryette, type-II, même si elle peut chronique (SFC). Le SFC est défini par les Centers
résulter d'un réflexe viscérosomatique. La région for Disease Control and Prevention (CDC) (Centres
de cette dysfonction somatique est le plus sou- pour le contrôle et la prévention des maladies)
vent entre T1 et T5. Des dysfonctions, aussi comme « un trouble invalidant et complexe caracté-
basses que T8 ou T9, sont parfois rencontrées, risé par une profonde fatigue qui n'est pas améliorée
souvent avec des symptômes se rapportant au MI par le repos au lit et qui peut être aggravée par l'acti-
ipsilatéral. vité physique ou mentale [22] ».
Le syndrome de Larson, dans chacune de ses Les critères du CDC comprennent la fatigue
présentations, répond souvent de façon spectacu- sévère qui dure plus de 6 mois consécutifs et n'est
laire au traitement de la dysfonction somatique pas due à l'effort en cours ou à d'autres conditions
thoracique en cause, soit avec un traitement mani- médicales associées à la fatigue, en plus d'au moins
pulatif ostéopathique (TMO) spécifique, soit, quatre des symptômes physiques suivants : malaise
dans le cas de réflexes viscérosomatiques, avec un d'une durée supérieure à 24 heures après un effort,
traitement distinctif de l'affection viscérale subja- sommeil non réparateur, troubles de la mémoire à
cente. En raison des similitudes entre le syndrome court terme ou de la concentration, douleurs
424 Considérations cliniques

musculaires, polyarthralgie sans gonflement ou une population de femmes atteintes de fibromyal-


rougeur, nouveaux maux de tête, maux de gorge gie, 58,0 % d'entre elles manifestent tous les cri-
fréquents ou récurrents, et ganglions lymphatiques tères du SFC, comparativement à 26,1 % dans le
sensibles dans le cou ou les aisselles. groupe témoin avec douleur généralisée [26].
La prévalence du SFC varie de 0,007 % à 2,6 % En outre, les personnes atteintes du SFC
dans la population adulte, selon les catégories de affichent des variations dans les mesures de la
population étudiées et les méthodes d'étude [23, fonction du système nerveux sympathique et para-
24]. Les femmes, les groupes minoritaires et les sympathique [27]. Notamment, lorsque ces per-
personnes ayant un faible niveau d'éducation ont sonnes sont cognitivement défiées, elles montrent
le plus fort pourcentage de SFC. des signes d'activité vagale réduite : variabilité de
Bien que plusieurs théories de la physiopatholo- la fréquence cardiaque (VFC) faible et non réac-
gie du SFC aient été proposées, aucune cause spé- tive, réactivité de la fréquence cardiaque amplifiée,
cifique n'a encore été reconnue. L'étiologie de la et récupération prolongée de la fréquence car-
SFC est probablement multifactorielle. Différentes diaque [28].
conditions ont été prises en compte telles que les En fait, le déséquilibre du SNA, caractérisé par
maladies virales aiguës (virus Epstein-Barr, virus un système sympathique hyperactif et un système
de l'herpès humain, HIV, entérovirus), les toxines, parasympathique hypoactif, peut influencer de
les troubles immunitaires, le stress, les troubles manière critique la gravité et l'issue d'un large
psychiatriques, les troubles du sommeil, les spectre de maladies telles que le SFC, la fibromyal-
carences nutritionnelles et les traumatismes. gie, les troubles du sommeil et le syndrome du
L'association avec certaines des conditions ci-dessus côlon irritable. En fin de compte, l'énergie
a été démontrée, mais ce sont cependant des extrême nécessaire pour ajuster continuellement
observations considérées comme uniques et leurs le déséquilibre du SNA surmène le système et peut
relations ne sont pas explorées [25]. influer sur le vieillissement et les maladies [29].
Un certain nombre de symptômes décrits par
les patients avec un SFC semble impliquer le SNC.
La variabilité de la fréquence cardiaque représente la
Ils comprennent des malaises après un effort men- variation de la durée de l'intervalle entre chaque batte-
tal, une perte de mémoire, des troubles de la ment du cœur. L'analyse de cette variabilité renseigne
concentration ou de l'attention, des maux de tête, sur l'activité de la fonction autonomique.
un flou mental, des étourdissements, des pro-
blèmes d'équilibre ou des évanouissements, un
intestin irritable, des frissons et des sueurs noc-
turnes, des troubles visuels (sensibilité à la lumière, Fibromyalgie
flou, douleur oculaire), et une dépression ou des
troubles de l'humeur (irritabilité, sautes d'hu- La fibromyalgie (FM) est définie par les CDC
meur, anxiété, crises de panique). Ces observa- comme « un trouble d'étiologie inconnue,
tions ont incité les chercheurs à déterminer si le caractérisé par une douleur généralisée, un trai-
SNC pouvait être impliqué dans la physiopatholo- tement anormal de la douleur, des troubles du
gie du SFC, en utilisant la neuroimagerie structu- sommeil, une fatigue et souvent une détresse
relle et fonctionnelle, les tests cognitifs, psychologique [30] ».
l'évaluation des neuropeptides et du SNA. La fibromyalgie est plus fréquente chez les
Globalement, les résultats demeurent non femmes, avec un ratio femmes-hommes d'environ
concluants et plus de recherches doivent être 3/1 [31]. Le taux de prévalence des personnes
effectuées. qui répondent aux critères de la FM est estimé
Fait intéressant, les patients atteints du SFC pré- entre 7,3 % et 12,9 % dans les différents pays [32].
sentent des symptômes semblables à ceux trouvés La prévalence augmente régulièrement avec l'âge.
dans les maladies fonctionnelles comme la fibro- Depuis 1990, l'American College of
myalgie et le syndrome de l'intestin irritable. Dans Rheumatology (ACR) a décrit des critères pour
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 425

établir un diagnostic clinique et une classification Échelle de sévérité


des FM, une maladie où le diagnostic des syn- des symptômes
dromes somatiques peut être difficile en l'ab-
sence de caractéristiques physiques ou de L'échelle de SS évalue trois symptômes : fatigue,
laboratoire objectives, ou sans résultats patholo- sommeil non réparateur et symptômes cognitifs.
giques spécifiques [33, 34]. L'édition 2012 de la Pour chacun d'eux, le niveau de sévérité durant la
classification des critères de l'ACR comprend dernière semaine est évalué avec une échelle où 0
une plus grande reconnaissance de l'importance TJHOJGJFBVDVOQSPCMÒNF EFTQSPCMÒNFTMÏHFST 
des troubles cognitifs et des symptômes soma-  NPEÏSÏTFU TÏWÒSFT<39].
tiques [35, 36]. Elle intègre également un indice En outre, les symptômes somatiques sont aussi
de douleur généralisée (Widespread pain index, évalués dans cette SS, avec une échelle où 0 repré-
WPI), et une échelle de sévérité des symptômes TFOUF BVDVO TZNQUÙNF   VO QFUJU OPNCSF EF
(SS) [37]. TZNQUÙNFT VOOPNCSFNPEÏSÏEFTZNQUÙNFT
et 3, de nombreux symptômes. La liste des symp-
tômes somatiques que l'ACR suggère comprend :
Indice de douleur généralisée « douleurs musculaires, syndrome du côlon irritable,
manque d'énergie/fatigue, ressasser ses problèmes,
Le WPI est une mesure du nombre de régions faiblesse musculaire, maux de tête, douleurs/
douloureuses dans le corps qui est en corrélation crampes dans le ventre, engourdissements/picote-
avec le nombre de points sensibles décrits dans la ments, vertiges, insomnies, dépression, constipa-
précédente classification de l'ACR de 1990. En tion, douleurs dans le haut de l'abdomen, nausées,
fait, le WPI semble plus pratique car de nombreux nervosité, douleurs thoraciques, vision floue, fièvre,
médecins comptaient rarement le nombre de diarrhées, bouche sèche, démangeaisons, respira-
points sensibles, ou le faisaient de manière incor- tion sifflante, phénomène de Raynaud, urticaire/
recte ou ne savaient pas comment examiner ces irritations, bourdonnements dans les oreilles,
points sensibles [38]. vomissements, brûlures d'estomac, aphtes, perte/
Le WPI est obtenu en comptant le nombre de modification du goût, convulsions, yeux secs,
régions où le patient a eu des douleurs au cours de essoufflements, perte d'appétit, rougeurs, sensibilité
la semaine précédente. Le score est compris entre au soleil, difficultés d'audition, ecchymoses, perte
0 et 19, en évaluant les régions suivantes : des cheveux, mictions fréquentes, miction doulou-
tDFJOUVSF TDBQVMBJSF HBVDIF  DFJOUVSF TDBQVMBJSF reuse, et spasmes de la vessie [40] ».
ESPJUF Le score final de l'échelle de SS est obtenu en
tQBSUJF TVQÏSJFVSF EV CSBT HBVDIF  QBSUJF TVQÏ- additionnant le niveau de gravité des trois premiers
SJFVSFEVCSBTESPJU symptômes au niveau de sévérité des symptômes
tQBSUJF JOGÏSJFVSF EV CSBT HBVDIF  QBSUJF JOGÏ- somatiques, et devrait se situer entre 0 et 12.
rieure du bras droit,
tIBODIF HBVDIF GFTTF  USPDIBOUFS  IBODIF
ESPJUF GFTTF USPDIBOUFS  Critères de diagnostic
tQBSUJF TVQÏSJFVSF EF MB KBNCF HBVDIF  QBSUJF
TVQÏSJFVSFEFMBKBNCFESPJUF Trois conditions doivent être réunies pour déter-
tQBSUJFJOGÏSJFVSFEFMBKBNCFHBVDIF QBSUJFJOGÏ- miner une FM :
SJFVSFEFMBKBNCFESPJUF tVO81*TVQÏSJFVSPVÏHBMËFUVOF44TVQÏ-
tNÉDIPJSFËHBVDIFNÉDIPJSFËESPJUF rieure ou égale à 5, ou bien un WPI entre 3 et
tQPJUSJOF  FUVOF44TVQÏSJFVSFPVÏHBMFË
tBCEPNFO tMFT TZNQUÙNFT EPJWFOU BWPJS ÏUÏ QSÏTFOUT Ë VO
tIBVUEVEPT OJWFBVDPNQBSBCMFQFOEBOUBVNPJOTùNPJT
tCBTEVEPT tMFQBUJFOUOhBQBTEFQBUIPMPHJFRVJFYQMJRVFSBJU
tDPV la douleur autrement.
426 Considérations cliniques

Physiopathologie l'hyperalgésie définit une extrême sensibilité aux


stimuli douloureux avec un seuil de réponse aux
L'étiopathogénie de la FM n'est pas encore tota- stimuli nociceptifs abaissé. En outre, l'hyperalgésie
lement comprise. Les facteurs susceptibles de peut être classifiée comme primaire – générale-
contribuer à la physiopathologie de la FM com- ment dans des zones de blessures et de change-
prennent des facteurs génétiques, neuroendocri- ments tissulaires inflammatoires – ou secondaire –
OJFOT FU JNNVOPMPHJRVFT VOF EZTGPODUJPO EV en dehors de la zone de la blessure, et en réponse à
4/$FUEV4/"FUEFTGBDUFVSTÏQJHÏOÏUJRVFTUFMT des mécanismes centraux de la douleur.
que l'exposition aux déclencheurs de stress. Classiquement, l'hyperalgésie est considérée
comme résultant de l'entrée sensitive en prove-
Facteurs génétiques nance des nocicepteurs périphériques. Le message
Des facteurs génétiques et une prédisposition fami- nociceptif est transmis par des neurones afférents
liale peuvent concourir à l'étiopathogénie de la FM primaires (A-δ et fibres C) à la corne dorsale de la
et aux douleurs généralisées chroniques [41, 42]. moelle épinière, puis à des neurones spinaux de
Le polymorphisme des gènes dans les systèmes séro- second ordre qui se projettent sur différentes
toninergiques, dopaminergiques et catécholaminer- régions du cerveau telles que l'hypothalamus et le
giques semblent contribuer à l'étiopathogénie de la thalamus, le système limbique et le cortex céré-
FM, et il se peut que les individus génétiquement bral, ce qui aboutit à la perception de la douleur.
prédisposés développent une FM lorsqu'ils sont Chez les patients atteints de FM, une sensibilisa-
exposés à une multitude de facteurs de stress envi- tion des nocicepteurs joue un rôle pathogène
ronnementaux [43]. En effet, les membres de la important dans le développement de l'hyperalgésie.
famille des patients atteints de FM montrent un La sensibilisation découle d'une entrée nocive répé-
seuil de douleur inférieur à la stimulation par pres- tée ou soutenue au niveau des neurones de la corne
sion, signalant l'implication de facteurs génétiques dorsale qui conduit à une augmentation de la réac-
dans l'étiopathogénie de la FM et de la sensibilité à tivité neurale et à un traitement anormal de la dou-
la douleur [44]. En outre, les membres de la famille leur. Initialement, la conséquence d'une blessure
sont aussi beaucoup plus susceptibles d'avoir tissulaire et de l'inflammation, l'activité tonique des
d'autres syndromes, comme le syndrome du côlon fibres C nociceptives se traduit finalement par une
irritable, le syndrome de Raynaud, des maux de tête hyperexcitabilité des neurones de la corne dorsale.
et d'autres syndromes douloureux régionaux [45]. Ensuite, la libération de substance P et de glutamate
à partir de fibres afférentes primaires contribue à la
sensibilisation des neurones de la corne dorsale.
Sensibilisation
L'augmentation de l'excitabilité des neurones
Fait intéressant, les personnes souffrant de FM de la moelle épinière produit des zones agrandies
montrent un seuil de douleur abaissé, non seule- de champs récepteurs [49]. Un autre phénomène,
ment lorsqu'une stimulation de pression est appli- la sommation, reflète l'augmentation progressive
quée, mais aussi avec l'application de chaleur, de de l'excitabilité des neurones de la moelle épinière
froid [46] et de stimuli électriques [47]. Les à des stimuli successifs d'activation des fibres C. À
patients atteints de FM présentent également un la suite de la sensibilisation et de la sommation, les
seuil diminué d'audibilité douloureuse [48]. Une stimuli de même intensité sont perçus comme plus
modification dans le traitement central des don- forts. Les patients avec FM démontrent une sensi-
nées sensorielles semble expliquer cette sensibilité bilisation et une sommation anormalement exces-
accrue aux stimuli. En fait, certains patients avec sives par rapport aux témoins [50].
FM rapportent des sensations de douleur provo- Normalement, les voies descendantes inhibitrices
quées par des stimuli non nociceptifs, comme le de la douleur inhibent la transmission des informa-
toucher. Cela est défini comme allodynie, une tions douloureuses jusqu'au cerveau en libérant des
condition dans laquelle les stimuli normalement neurotransmetteurs telles la noradrénaline et la séro-
non douloureux induisent la douleur, tandis que tonine, qui sont associées à des modifications de la
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 427

douleur et de l'humeur. Toutefois, chez les patients aspects de la physiologie humaine peuvent être
avec FM, ces processus peuvent être altérés, ce qui impliqués dans la réponse au stress et, par consé-
augmente l'effet de la sensibilisation centrale [51]. quent, l'intensité du stress, l'état psychoémotion-
nel et la capacité à gérer le stress peuvent affecter
Glie spinale la santé.
La sensibilisation centrale et la modulation de la En fait, le stress est souvent considéré comme
transmission de la douleur dans la moelle épi- un état où l'homéostasie est menacée. Cependant,
nière semblent être facilitées par des facteurs dans les années 1930, Hans Selye emploie les
émanant d'une activation gliale. Les trois princi- termes « eustress » (bon stress) et « distress » (mau-
paux types de cellules gliales dans le SNC, i. e. les vais stress) pour expliquer que tous les états de
oligodendrocytes, la microglie et les astrocytes, non stress, ou les défis à l'homéostasie, ne sont pas pré-
seulement agissent comme des cellules de sou- judiciables. Il pense au contraire que des états
tien entre les différents types de cellules neurales, mineurs, transitoires, où l'homéostasie est mise en
mais sont aussi fonctionnellement actives. cause peuvent agir comme stimuli positifs et que
Récemment, les cellules gliales sont apparues seules des circonstances incontrôlables de difficul-
comme des collaborateurs clés dans les méca- tés psychologiques et physiques sont nuisibles à la
nismes pathologiques de la douleur chronique. Il santé [55].
semble que les cellules gliales de la corne dorsale Les patients atteints de FM associent souvent
sont activées par différents stimuli douloureux et des déclencheurs environnementaux à l'appari-
la libération de facteurs de stress microglial tion de leurs symptômes. Dans une étude faite sur
comme l'ATP, la substance P, et diverses chimio- 2 596 personnes souffrant de FM, environ 79 %
kines. L'activation de la microglie libère des des personnes indiquent un événement déclen-
cytokines pro-inflammatoires, du monoxyde cheur survenu « en même temps que les symp-
d'azote, des prostaglandines, des dérivés réactifs tômes de la FM ont commencé à se manifester
de l'oxygène, et de l'ATP, et contribue à des [56] ». Parmi eux, plus de 73 % rapportent un
changements dans l'expression des gènes, la sen- traumatisme émotionnel ou un stress chronique.
sibilisation centrale, la neuroinflammation et la Une maladie aiguë et des stress physiques, comme
douleur neuropathique [52, 53]. la chirurgie, les accidents de voiture et autres
blessures, constituent les autres événements les
Axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien plus fréquents. En outre, la détresse émotionnelle
et système nerveux sympathique est le principal facteur perçu comme aggravant les
« The function of the hypothalamic-pituitary
symptômes de la FM [57]. En fait, par rapport
physiology is of fundamental importance to the aux patients souffrant d'arthrose avec des niveaux
whole neuroendocrine system [54]. » de douleur similaires, les femmes souffrant de FM
W.G. Sutherland sont particulièrement sensibles au stress psycho-
(« La fonction de la physiologie hypothalamo-
social négatif [58].
hypophysaire est d'une importance fondamentale Les deux principales composantes du système
pour l'ensemble du système neuroendocrinien. ») de réponse au stress sont l'axe hypothalamo-
hypophyso-surrénalien (HHS) et le SNA (figure
Souvent, la FM est décrite comme un trouble 13.8). Ils interagissent constamment l'un avec
lié au stress et associé à un système altéré de réac- l'autre pour maintenir l'homéostasie, et le dys-
tion/réponse au stress. Le stress peut être défini fonctionnement de ce système dynamique
comme le résultat de conditions physiquement conduit à des maladies chroniques. Et en effet,
nuisibles (tels les infections et les infarctus du les patients atteints de FM présentent un dys-
myocarde) et tout état qui tend à perturber l'équi- fonctionnement du système de réponse au
libre physiologique normal. Le stress peut égale- stress, et les deux hypo- et hyperactivité de
ment avoir une origine psychologique (comme l'axe HHS et du SNA peuvent exister chez ces
l'anxiété, la colère et la panique). De nombreux individus [59].
428 Considérations cliniques

la libération de cortisol. Parmi ses différents


L'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien est une effets, la libération de cortisol dans la circulation
boucle rétroactive complexe qui implique l'hypothala-
augmente la glycémie en réponse à une demande
mus, l'hypophyse (glande pituitaire) et les glandes surré-
métabolique accrue. Le cortisol affecte égale-
nales. Fait intéressant, les TMO, en particulier
l'ostéopathie crânienne, ont depuis longtemps été pro- ment le système immunitaire et empêche la libé-
posées pour leur action sur l'axe HHS : « L'hypothalamus ration d'immunotransmetteurs. L'axe HHS est
et l'hypophyse ont une interrelation structurelle et fonc- aussi sous l'influence de neuropeptides et de
tionnelle. Le liquide cérébrospinal entoure ces deux tis- neurotransmetteurs en provenance d'autres
sus, et comme le liquide peut être affecté dans son régions du cerveau, telles que l'hippocampe et
mouvement et sa physiologie par une manipulation l'amygdale.
externe, il s'ensuit que, grâce à l'application de la tech- Dans des conditions normales, les sécrétions de
nique crânienne, nous avons le contrôle le plus efficace cortisol, sérotonine, mélatonine, autres hor-
de l'activité hypothalamopituitaire [60]. » mones, et neurotransmetteurs sont influencées
par le rythme circadien. Un maître pacemaker
Des hormones essentielles activent l'axe HHS : situé dans le noyau suprachiasmatique (NSC) de
l'hormone de libération de la corticotrophine l'hypothalamus régule le rythme circadien et syn-
(CRH), l'arginine vasopressine (AVP) à partir du chronise les autres oscillateurs circadiens cellulaires
noyau paraventriculaire de l'hypothalamus, et dans le corps. Le cycle lumière-obscurité environ-
l'hormone adrénocorticotropine (ACTH) à par- nemental réinitialise le rythme circadien à une
tir de l'hypophyse antérieure. Le cortex surréna- période de 24,18 heures [61]. Normalement, les
lien est alors stimulé par l'ACTH pour sécréter niveaux de cortisol sont élevés le matin et dimi-
du cortisol. En outre, il y a une rétroaction néga- nuent la nuit, et l'axe HHS est considéré comme
tive sur l'hypothalamus et l'hypophyse causée par un système en boucle fermée, où l'augmentation

Toile choroïdienne du troisième ventricule


Adhésion interthalamique
Foramen interventriculaire
Strie médullaire
du thalamus
Récessus suprapinéal

Septum pellucidum
Colonne du fornix
Sillon pariéto-occipital Commissure
antérieure
Scissure calcarine
Corps calleux
Grande veine cérébrale

Glande pinéale

Aire subcalleuse
Gyrus
paraterminal

Orifice médian
du quatrième Commissure Hypophyse Chiasma Lame
ventricule postérieure optique terminale
(de Magendie) Hypothalamus
Pie-mère
Épendyme

Figure 13.8. Hypothalamus et glande pinéale.


Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 240.
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 429

de la sécrétion de cortisol, suite à un stress, est tômes peuvent s'expliquer par une hyperactivité
normalisée dans une période de 24 heures. Des sympathique durable [69, 70, 71].
études montrent que la physiologie de l'axe HHS La FM considérée comme un syndrome dou-
est altérée chez les patients avec FM, et que le loureux entretenu sympathiquement est corrobo-
rythme de leur sécrétion hormonale est perturbé, rée par le fait que la douleur répond à un bloc
avec un niveau de cortisol élevé dans la soirée sympathique et se réveille avec des injections de
[62]. On suppose que l'absence de variation circa- noradrénaline [72]. De plus, par rapport aux
dienne dans l'hypercortisolémie basale démontre témoins, les patients avec FM observés pendant
une diminution de la capacité de l'axe HHS pour 24 heures durant leurs activités quotidiennes nor-
revenir à l'état initial après une épreuve [63]. La males démontrent des modifications de la fonc-
perte de la résilience de l'axe HHS après l'activa- tion du SNA cohérentes avec une hyperactivité
tion se produit aussi dans le processus de vieillisse- sympathique persistante, particulièrement évi-
ment, et peut être le résultat de l'exposition au dente la nuit [73, 74]. Normalement, l'activité
stress de toute une vie [64]. sympathique nocturne est inférieure à l'activité
Lorsque les stimuli physiques ou émotionnels sympathique diurne, tandis que l'activité parasym-
menacent l'homéostasie, et que l'organisme n'est pathique prédomine dans la période nocturne.
plus capable de produire des réponses adaptatives Notez de plus qu'une diminution significative de
aux facteurs de stress, « le stress se transforme en l'activité parasympathique nocturne survient norma-
détresse et l'homéostasie de l'organisme n'est plus lement avec le vieillissement [75]. Cela se traduit
conservée [65] ». Dès lors, les altérations de l'axe chez le patient âgé par une plus grande sensibilité à
HHS peuvent jouer un rôle dans l'étiopathogénie la douleur sympathiquement entretenue, d'une
de la FM. En outre, une dysfonction du SNA manière similaire à celle observée dans la FM.
pourrait être cruciale dans la transformation de la
détresse résultante en douleur.
La réaction instinctive de « fight or flight » du Troubles du sommeil
SNA, associée à la peur, est une réponse tout à fait
normale. Cependant, certaines personnes, comme Nous passons environ un tiers de notre vie à dor-
dans le syndrome de stress post-traumatique, ont mir, et les troubles du sommeil représentent une
été sensibilisées à des situations qui leur rappellent menace majeure pour la santé publique. Environ
inconsciemment une expérience physique ou 35 % des personnes de 65 ans et plus se plaignent
émotionnelle de leur vie antérieure fortement d'insomnie, ce qui diminue leur qualité de vie et
négative. Ces personnes perçoivent un danger en leur fonctionnement cognitif, trouble leur humeur
réponse aux signaux qui leur rappellent cette et endommage leurs interactions sociales [76].
menace [66]. En tant que tels, certains facteurs de Les troubles du sommeil ont des effets extrêmes et
stress déclenchent une réaction d'excitation qui généralisés sur l'état de santé, avec des risques
serait normalement déclenchée par le danger. Cela accrus d'hypertension, de diabète, d'obésité, de
devient alors une source d'anxiété, une réaction dépression, de crise cardiaque, d'accident vascu-
de peur acquise, irrationnelle. De plus, de telles laire cérébral, ce qui entraîne des coûts importants
réactions récurrentes de « fight or flight » déve- pour les systèmes de santé.
loppent un état continu d'excitation sans temps de
récupération suffisant [67]. Cet état d'anxiété Sommeil normal
compromet le système immunitaire, favorise l'in-
flammation et augmente le risque du développe- Le sommeil normal est constitué de deux types de
ment précoce de plusieurs maladies liées à l'âge sommeil qui alternent : le sommeil lent et le som-
[68]. L'anxiété est liée à la FM et à d'autres symp- meil paradoxal. Le sommeil lent est divisé en stades
tômes cliniques aussi associés à la FM, tels que les 1, 2 et 3. Ainsi, un cycle de sommeil commence
troubles du sommeil, le syndrome de pseudo-Ray- par une courte phase de sommeil lent stade 1, puis
naud et l'irritabilité intestinale. Tous ces symp- passe au stade 2, suivi par le stade 3 et le sommeil
430 Considérations cliniques

paradoxal. Cependant, la progression peut se faire stade est associé à une réduction marquée de
dans un ordre différent. Après les stades 1, 2 et 3, l'activité sympathique, avec une respiration stable
le stade 2 peut être répété avant de passer au som- et une diminution de la fréquence cardiaque et
meil paradoxal. Cette séquence de sommeil lent et de la pression artérielle [80]. En revanche, la
paradoxal constitue un cycle de sommeil qui peut réduction du temps d'ondes lentes est reliée au
être répété environ quatre à six fois par nuit, chaque risque d'hypertension chez les hommes de plus
cycle durant environ 90 à 110 minutes [77]. de 65 ans [81]. En règle générale, le somnambu-
lisme se produit lors du stade 3.
Sommeil lent
Le sommeil lent est aussi nommé sommeil ortho- Sommeil paradoxal
doxe, ou « non-rapid eye-movement (NREM) Le sommeil paradoxal suit les trois étapes du som-
sleep » (sommeil sans mouvements oculaires meil lent. Il a été nommé « sommeil paradoxal » en
rapides). Dans les conditions normales, chacun 1959 par Michel Jouvet car le tracé de l'EEG
des stades 1, 2 et 3 du sommeil lent est associé à montre des ondes plus rapides de faible amplitude,
une physiologie et à une activité cérébrale dis- similaires à celles qui sont enregistrées chez les
tincte avec une activité plus synchrone des neu- gens éveillés [82]. En outre, de nombreux mouve-
rones corticaux, une fonction autonome stable, ments oculaires rapides se produisent sous les pau-
des variations des mouvements oculaires et du pières fermées, ce qui explique l'appellation « rapid
tonus musculaire. Au cours des trois stades, les eye-movement (REM) sleep » des Anglo-Saxons
seuils d'excitation augmentent progressivement. (sommeil avec mouvements oculaires rapides). Le
t-F TUBEF  DPSSFTQPOE Ë MhFOEPSNJTTFNFOU  FU sommeil paradoxal représente environ 20 à 25 %
dure généralement 1 à 7 minutes. Il représente du sommeil total, soit environ 90 à 120 minutes
2 à 5 % du sommeil total et est une étape relati- par nuit, et c'est le stade du sommeil dans lequel
vement légère du sommeil qui peut être per- nos rêves les plus détaillés et les plus étranges se
turbé par le bruit. produisent. Normalement, au cours du sommeil
t-FTUBEFDPSSFTQPOEBVTPNNFJMMÏHFS*MEVSF paradoxal, l'atonie des muscles squelettiques et la
environ 10 à 25 minutes dans le premier cycle du perte des réflexes nous protègent du « passage à
sommeil puis progresse à chaque cycle suivant. l'acte » de nos rêves ou de nos cauchemars pendant
Durant cette phase, l'EEG montre des fréquences le sommeil. Le sommeil paradoxal semble aussi
mixtes avec des séries occasionnelles d'ondes de être important pour la consolidation de la mémoire
haute fréquence appelées fuseaux de sommeil que d'un contenu émotionnel [83]. Avec l'âge, la
l'on croit être importantes pour la consolidation quantité de sommeil paradoxal est très variable.
de la mémoire [78]. Habituellement, elles durent La régulation du sommeil résulte de l'interaction
1 à 2 secondes et sont générées par des interac- entre deux mécanismes : un processus qui pousse
tions entre les neurones thalamiques et corticaux. les individus à dormir (processus S), et un autre qui
Lors du stade 2, la température du corps com- les tient éveillés (processus C). La nécessité
mence à diminuer et le rythme cardiaque à homéostatique de sommeil s'accumule au cours de
ralentir. la journée pour atteindre son maximum à la fin de
t-FTUBEFSÏQPOEEFQVJT ËMBDPNCJOBJTPO la journée et disparaître tout au long de la nuit. Plus
des stades de sommeil 3 et 4 précédemment on reste éveillé, plus le besoin de dormir devient
décrits, réunis en un seul stade 3 par l'American homéostatique et le sommeil se produit inexorable-
Academy of Sleep Medicine (AASM) [79]. ment. Lorsque la dette de sommeil s'accumule, de
Durant le stade 3, l'activité électrique est consti- brèves périodes de sommeil se produisent. Elles
tuée d'ondes lentes, les ondes delta. Il représente durent de 3 à 30 secondes, sans prise de conscience
environ 20 à 45 % du sommeil total, soit 2 heures de l'individu. En fonction de l'activité de la per-
par nuit. Il correspond à un sommeil très pro- sonne au moment où elles se produisent, elles sont
fond, considéré comme réparateur. En effet, ce potentiellement dangereuses [84].
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 431

Rythmes circadiens Elles semblent interagir à travers les voies molécu-


laires impliquant les gènes « horloge ». En tant
Le cycle veille-sommeil est sous l'influence notable qu'« horloge maître », le NSC coordonne l'en-
des rythmes circadiens, les processus biologiques semble des « horloges » périphériques et les main-
qui affichent une oscillation endogène entraî- tient en synchronie. Le NSC est composé de deux
nable, d'environ 24 heures. En dehors du cycle petits groupes bilatéraux de neurones situés dans
veille-sommeil, les rythmes circadiens régulent l'hypothalamus, au-dessus du chiasma optique. La
d'autres fonctions telles que l'activité locomotrice, lumière est le plus puissant stimulus influençant les
la fréquence cardiaque, la pression artérielle, la rythmes circadiens qui active ou désactive les gènes
température du corps et les sécrétions hormo- responsables des horloges périphériques. Les infor-
nales. Inversement, des rythmes circadiens anor- mations lumineuses vont de la rétine au NSC, où
maux sont associés à des troubles du sommeil les rythmes circadiens sont générés par les voies réti-
comme l'insomnie, et sont également liés à l'obé- nohypothalamiques [88] (figure 13.9).
sité, le diabète, la dépression, le trouble bipolaire Les neurones paraventriculaires de l'hypothala-
et le trouble affectif saisonnier. mus, qui répondent à un stimulus du NSC, che-
Les rythmes circadiens sont entraînés par un zei- minent par le faisceau médial du télencéphale, à la
tgeber (synchroniseur) du SNC qui est en perma- colonne intermédiolatérale de la moelle épinière
nence réinitialisé par le cycle lumière-obscurité de thoracique supérieure. De là, les fibres prégan-
l'environnement [85]. On croyait initialement que glionnaires montent jusqu'au ganglion cervical
l'horloge circadienne biologique était exclusive- sympathique supérieur. Puis les fibres post-
ment située dans le NSC. Toutefois, le clonage des ganglionnaires se déplacent le long de l'artère
gènes « horloge » à la fin des années 1990 a démon- carotide et certaines vont atteindre la glande
tré qu'ils sont exprimés et oscillent avec un rythme pinéale. La noradrénaline libérée par ces fibres –
circadien dans chaque organe ou cellule, laissant à principalement dans l'obscurité lorsque le NSC
penser que chaque organe ou cellule possède sa est électriquement inactif – atteint les cellules
propre horloge interne [86]. Ces systèmes d'hor- pinéales par diffusion et augmente la production
loge sont appelés les horloges périphériques, en de l'hormone mélatonine [89]. Les niveaux de
contraste avec l'horloge centrale dans le NSC [87]. mélatonine sont faibles dans la journée et

Voies rétinohypothalamiques

Glande pinéale

Noyau suprachiasmatique

Ganglion sympathique
cervical supérieur

Colonne thoracique
supérieure

Figure 13.9. Voies rétinohypothalamiques.


© Éléonore Lamoglia
432 Considérations cliniques

augmentent au cours de la nuit favorisant le som- chez des individus sains, et les troubles du sommeil
meil. L'importance de la moelle épinière cervicale ne sont pas la seule explication des variations des
dans la physiologie de la mélatonine est étayée par habitudes de sommeil de l'individu qui vieillit.
le fait qu'une blessure de la moelle épinière cervi- Avec le vieillissement, l'augmentation de la phase
cale aboutit à une perte du cycle normal de la 1 du sommeil lent et la diminution du nombre de
mélatonine [90]. D'un point de vue ostéopa- mouvements oculaires rapides qui se produisent
thique, les zones thoracique supérieure, cervicale pendant le sommeil paradoxal sont parmi les princi-
supérieure et crânienne doivent être libres de toute pales modifications des habitudes de sommeil, la
restriction, et toute dysfonction somatique doit diminution des mouvements oculaires rapides étant
être normalisée afin d'optimiser la physiologie cir- plus importante chez les hommes [93]. En outre, le
cadienne. W.G. Sutherland décrit le mouvement vieillissement des noyaux hypothalamiques qui ani-
de la glande pinéale comme « tipping backward ment les rythmes circadiens peut expliquer la dimi-
when the sphenobasilar is in extension and tipping nution des niveaux de mélatonine et les irrégularités
forward when it is in flexion [91] », « basculant vers dans le cycle veille-sommeil qui se produisent avec
l'arrière lorsque la sphénobasilaire est en extension l'âge. En conséquence, la diminution de l'homéosta-
et basculant vers l'avant quand elle est en flexion ». sie du sommeil rend difficile la préservation de longs
Outre la lumière qui ajuste la phase de l'oscilla- épisodes de sommeil [94]. Notons ici l'importance
teur du NSC au cycle lumière-obscurité de l'envi- des zeitgebers [95]. Avec le vieillissement sur-
ronnement, d'autres zeitgebers existent. Ces viennent des changements de mode de vie, notam-
signaux externes provenant de l'environnement ment une diminution de l'exposition à la lumière du
représentent des indices d'entraînement fondamen- jour, des horaires d'alimentation irréguliers, une
taux pour les horloges périphériques. Parmi eux, les nycturie et une diminution de la mobilité associée à
cycles quotidiens de jeûne/alimentation sont puis- une activité moins physique. Tous ces facteurs
sants. En effet, le moment de la prise alimentaire contribuent à la modification des signaux externes
influe sur le profil d'expression de nombreux gènes provenant de l'environnement, ce qui compromet
circadiens dans les organes périphériques, y compris l'entraînement des horloges circadiennes.
le foie, les reins, le pancréas et le cœur [92]. Une Une matrice biopsychosociale complexe fait
interaction constante existe entre le NSC et les oscil- également partie du processus de vieillissement,
lateurs périphériques pour maintenir les rythmes avec l'augmentation de réveils nocturnes et de
circadiens dans une période d'environ 24 heures. siestes pendant la journée. Les personnes qui
L'oscillateur circadien en association avec l'homéos- vivent avec quelqu'un d'autre se couchent généra-
tasie du sommeil joue un rôle fondamental dans le lement plus tôt, se réveillent plus tard, avec une
contrôle de l'état de vigilance. plus grande fréquence de siestes pendant la jour-
née. En fait, les horaires de sommeil sont plus
réguliers chez les individus vivant avec une autre
Modifications personne. Ainsi, la cohabitation peut protéger
du sommeil avec l'âge contre l'avance de phase chronobiologique des
rythmes circadiens, classiquement attribuée au
De la naissance à la maturité, l'architecture du processus de vieillissement [96].
sommeil change considérablement. Les variations
affectent l'initiation et le maintien du sommeil,
l'importance de chaque stade de sommeil et l'effi- Troubles du sommeil avec l'âge
cacité du sommeil. Typiquement, avec le vieillisse-
ment, le sommeil peut être affecté par une La durée de sommeil pour les adultes, y compris
augmentation des troubles du sommeil comme les personnes âgées, est considérée comme nor-
l'apnée du sommeil et les mouvements périodiques male entre 7 et 9 heures [97]. Toutefois, la géné-
des jambes au cours du sommeil. Pour autant, les tique peut jouer un rôle important dans la
modifications du sommeil se produisent également régulation des besoins journaliers de sommeil
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 433

[98]. Habituellement, la perte de sommeil est une journée. Des facteurs physiologiques ou neu-
identifiée lorsque la durée du sommeil dure moins rophysiologiques pourraient être en cause, car les
que la moyenne basale nécessaire de 7 à 8 heures patients insomniaques démontrent des taux méta-
par nuit. Les causes de perte de sommeil sont mul- boliques plus élevés que ceux du groupe de
tifactorielles. Des raisons professionnelles ou le contrôle [101]. De plus, l'insomnie chronique est
mode de vie peuvent être impliqués, tels que les associée à une activation récurrente du système de
postes de travail avec des horaires incompatibles réponse au stress, en association avec l'axe HHS et
avec les cycles du sommeil, un environnement l'hypersécrétion de cortisol.
défavorable au sommeil, une stimulation mentale
ou physique excessive avant de se coucher, un Apnée obstructive du sommeil
meilleur accès à la télévision et à l'Internet. Un syndrome d'apnée obstructive du sommeil
D'autres circonstances associées aux troubles du (AOS) est présent quand des pauses majeures de
sommeil comprennent l'insomnie, l'apnée du la respiration se produisent pendant le sommeil
sommeil et les troubles du rythme circadien. (voir partie IV, chapitre 10, Dysfonctions respira-
toires, p. 315). Ces apnées résultent de l'effon-
Insomnie
drement total ou partiel du pharynx, qui entrave
L'insomnie est généralement considérée comme l'apport d'oxygène. Ainsi, la saturation du sang
une difficulté à s'endormir, à rester endormi ou à en oxygène diminue brusquement et par inter-
avoir une durée de sommeil suffisant. Cela consti- mittence, ce qui entraîne le réveil. En règle géné-
tue le problème de sommeil le plus fréquemment rale, le retour de la respiration se fait avec des
rapporté. Environ 35 % de la population générale halètements bruyants et des grognements. La
souffre d'insomnie, avec approximativement 25 % dysfonction pharyngée est généralement plus
de personnes déclarant une insomnie occasion- importante durant le sommeil paradoxal en raison
nelle et 9 % des difficultés de sommeil régulières de l'hypotonie des muscles des voies aériennes
[99, 100]. L'insomnie peut être associée à un supérieures qui se produit pendant cette phase de
stress psychologique et à l'hypervigilance de toute sommeil [102] (figure 13.10).

Cavité
nasale Tonsille pharyngienne

Nasopharynx

Air Palais mou

Langue
Oropharynx
Épiglotte
Os hyoïde
Laryngopharynx
Cartilage thyroïde

Cartilage cricoïde

Figure 13.10. Voies aériennes supérieures.


Source : Waugh A., Grant A., Anatomie et physiologie normales et pathologiques, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, 2007, p. 252.
434 Considérations cliniques

Les AOS touchent environ 16 % des hommes et colonne cervicale, de la base crânienne, de l'os
5 % des femmes entre 30 et 65 ans, et leur préva- hyoïde et des articulations temporomandibulaires
lence semble augmenter avec l'âge [103]. En rai- est recommandée chez les patients souffrant
son des conséquences physiopathologiques d'AOS.
possibles tels l'hypertension, les événements car- L'obésité est un facteur de risque majeur [120],
diovasculaires aigus et la résistance à l'insuline, les et chez les patients obèses, l'augmentation du
AOS doivent être diagnostiquées et traitées [104]. tissu adipeux au niveau du cou peut prédisposer
Les réveils répétés et une hypoxémie intermittente au rétrécissement des voies respiratoires [121]. De
associés aux AOS sont responsables d'une hémo- plus, comme l'apnée du sommeil est également
dynamique critique et d'une dysfonction auto- associée au sexe masculin, à la post-ménopause et
nome qui favorisent le développement de aux troubles systémiques comme l'hypertension
l'hypertension [105]. et le diabète, certains auteurs suggèrent que l'AOS
Outre une possible influence génétique [106, est une maladie systémique, une manifestation de
107], deux hypothèses essaient d'expliquer l'ef- l'obésité et/ou de l'inflammation et des anomalies
fondrement du pharynx dans l'AOS. L'hypothèse métaboliques associées, et non pas une anomalie
neurale implique des changements dans les méca- locale des voies respiratoires [122]. Dans cette
nismes d'activation des neurones intrinsèques au hypothèse, les mécanismes neuraux centraux avec
sommeil [108], alors que la proposition anato- un hypofonctionnement hypothalamique de la
mique propose un rétrécissement des voies CRH jouent un rôle clé dans la pathogenèse de
aériennes supérieures [109]. L'obstruction des l'apnée du sommeil.
voies respiratoires peut se produire dans les
régions du nasopharynx, de l'oropharynx et de
Impact des troubles du sommeil
l'hypopharynx. Toutefois, chez les patients
apnéiques, la région rétropalatine est nettement La perte de sommeil a un impact négatif sur la
plus petite, avec un rétrécissement des voies respi- santé et la qualité de vie, avec de multiples effets
ratoires dans la dimension latérale [110]. Plusieurs plus ou moins communs à tous les troubles du
facteurs sont couramment proposés pour expli- sommeil. Les personnes souffrant de troubles du
quer l'origine anatomique de l'obstruction chez sommeil ont une somnolence excessive pendant la
un patient souffrant d'AOS : journée, plus de risque d'accidents, une humeur
tQIBSZOYÏUSPJU<111> dépressive, des troubles de la mémoire et/ou de la
tMBOHVFMBSHFPVQPTJUJPOEFMBOHVFEZTGPODUJPO- concentration, et font une utilisation accrue des
nelle [112> soins de santé. En outre, les patients insomniaques
tGMFYJPO DFSWJDBMF FU CÏBODF EFOUBJSF BOUÏSJFVSF peuvent développer ultérieurement un trouble
[113> psychiatrique [123].
tQBMBJTNPVFUPVMVFUUFMPOHT<114, 115> Dans les cas de perte du sommeil, la dysfonction
tUPOTJMMFT QBMBUJOFT BNZHEBMFT  WPMVNJOFVTFT du SNA est bien documentée. Par rapport à un
[116> groupe témoin, les fréquences cardiaques
tPTIZPÕEFBCBJTTÏ<117> moyennes des patients insomniaques sont aug-
tSÏUSPQPTJUJPONBOEJCVMBJSFFUBVHNFOUBUJPOEF mentées et la variabilité de la fréquence cardiaque
la flexion basilaire [118]. est diminuée dans toutes les phases du sommeil.
Les différences craniomandibulaires trouvées Cela signifie que ces patients présentent un risque
chez les patients atteints d'AOS peuvent en partie accru de troubles liés à l'augmentation de l'acti-
expliquer les dysfonctions des tissus mous ancrés vité du système nerveux sympathique, comme les
sur le crâne et la mandibule. La posture de som- maladies coronariennes [124]. Les patients souf-
meil a également été étudiée, et les événements frant de troubles autonomes comme la FM ou le
apnéiques les plus graves se produisent dans la SFC démontrent également des troubles du som-
position couchée en décubitus dorsal [119]. Pour meil, avec une augmentation du nombre de réveils
toutes ces raisons, une normalisation de la et une hyperactivité sympathique nocturne [125].
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 435

La diminution significative de l'activité parasym- de sommeil chronique favorise les altérations


pathique nocturne qui survient avec l'âge et qui métaboliques et endocriniennes et augmente la
peut être observée avec la régression constante de gravité des pathologies liées à l'âge, comme le
la modulation vagale cardiaque contribue aussi à diabète et l'hypertension [129, 130]. En
ce déséquilibre [126]. revanche, une grande étude épidémiologique
En raison de la forte connexion entre le système d'une population de sujets avec douleur chro-
circadien et le cycle veille-sommeil, les troubles du nique généralisée a montré que, indépendam-
sommeil sont souvent associés à une perturbation ment de l'évolution des facteurs psychologiques,
du rythme circadien. Le système circadien et les un sommeil réparateur est associé à une résolu-
périodes normales de veille et de sommeil tion des symptômes et un retour à la santé mus-
influencent de nombreuses fonctions physiolo- culosquelettique [131].
giques fluctuantes, telles que la température du
corps et la sécrétion de cortisol. Le cortisol, l'un
des principaux glucocorticoïdes humains, est une
hormone libérée dans des situations stressantes
Influence du système
par le cortex de la glande surrénale. Il régule cer- nerveux autonome
tains aspects importants de la physiologie, y com- sur la ménopause
pris les fonctions cardiovasculaires, métaboliques,
immunologiques, homéostatiques et cérébrales La ménopause est un processus biologique nor-
supérieures. Le cortisol est appelé l'hormone de mal, et non pas une pathologie. C'est la cessation
l'éveil. Sa concentration augmente à partir de la naturelle des menstruations et de la fertilité qui
deuxième ou de la troisième heure après l'endor- survient généralement entre 45 et 55 ans. Durant
missement. Elle atteint un pic de libération le la ménopause, les ovaires de la femme cessent de
matin, aux environs de 9 heures. Cela est suivi par libérer des ovules et produisent moins d'œstro-
une diminution régulière au cours de la journée, gène et de progestérone. Après 12 mois d'amé-
jusqu'à ce qu'un nadir soit atteint aux alentours norrhée, une femme est dite post-ménopausique.
de minuit [127]. Plusieurs symptômes sont généralement associés à
Le contrôle circadien de la production et de la la ménopause. Ils comprennent :
sécrétion rythmiques de glucocorticoïdes implique tBSSÐUEFTNFOTUSVBUJPOT
l'activité intégrée de multiples mécanismes régula- tJOTUBCJMJUÏ WBTPNPUSJDF  CPVGGÏFT EF DIBMFVS 
teurs, à savoir le stimulateur central (NSC), les sueurs nocturnes, et, chez certaines personnes,
horloges périphériques de la glande surrénale et GSJTTPOT
une régulation centrale médiée par l'axe HHS et tJOTUBCJMJUÏWBTDVMBJSFSZUINFDBSEJBRVFJSSÏHV-
le SNA. Inversement, les glucocorticoïdes MJFSFUNBVYEFUÐUF
envoient des signaux partout dans le corps pour tJOTPNOJFFUNBORVFEhÏOFSHJF
réinitialiser les horloges périphériques, contri- tTBVUFT EhIVNFVS  JSSJUBCJMJUÏ  EÏQSFTTJPO FU
buant aux rythmes circadiens. BOYJÏUÏ
Les rythmes circadiens et la synchronisation du tUSPVCMFT HÏOJUPVSJOBJSFT  TÏDIFSFTTF WBHJOBMF 
sommeil sont essentiels pour la réactivité du sys- TFOTJCJMJUÏEFTTFJOTFUJODPOUJOFODFVSJOBJSF
tème immunitaire, un système particulièrement tEPVMFVST NVTDVMBJSFT  EPVMFVST BSUJDVMBJSFT FU
altéré en la présence d'un stress chronique [128]. ostéoporose.
En fait, la perte de sommeil interfère avec les De nombreux symptômes se produisent sou-
fonctions immunosupportives dans le corps et vent ensemble. Toutefois, cela ne démontre pas
modifie la production nocturne des glucocorti- l'existence d'un syndrome de la ménopause com-
coïdes. La privation de sommeil est un facteur de prenant à la fois des symptômes vasomoteurs et
stress qui stimule l'activité des systèmes neuroen- psychologiques. Les bouffées de chaleur et les
docriniens du stress, à savoir l'axe HHS et l'axe sueurs nocturnes sont parmi les symptômes les
sympathoadrénergique. Par conséquent, la perte plus fréquents. Pour autant, elles ne sont pas
436 Considérations cliniques

universellement mentionnées. En outre, les Les symptômes vasomoteurs tels que les bouf-
femmes qui signalent des symptômes vasomo- fées de chaleur sont une sensation de chaleur, sou-
teurs ne signalent pas nécessairement d'autres vent accompagnée par une vasodilatation cutanée
symptômes. Dans une vaste étude sur la préva- et une rougeur de la peau, avec sueur ou transpi-
lence des divers symptômes, dans un échantillon ration profuse. La fréquence cardiaque peut aug-
multiethnique de femmes ménopausées améri- menter de 5 à 25 battements par minute. Parfois,
caines, environ 55 % d'entre elles rapportent des les bouffées de chaleur sont suivies par un refroi-
bouffées de chaleur ou des sueurs nocturnes à la dissement, lorsque la température centrale du
GJO EF MB QÏSJNÏOPQBVTF DF OPNCSF EJNJOVF Ë corps diminue, suite à l'augmentation rapide de la
44 % en post-ménopause [132]. perte de chaleur causée par la transpiration et la
De multiples facteurs influent sur la prévalence vasodilatation cutanée. Ces symptômes peuvent
et la gravité des symptômes de la ménopause, tels être sporadiques ou répétés, et ils durent de
la race, l'origine ethnique, les aspects démogra- quelques secondes à une heure. Des symptômes
phiques et le mode de vie. Une grande disparité vasomoteurs fréquents peuvent être une nuisance,
interculturelle existe à l'égard des bouffées de cha- affectant les activités quotidiennes des femmes, la
leur. Des études ont montré que les symptômes vie sociale, la santé psychologique, le sentiment de
vasomoteurs affectent 0 % des femmes mayas au bien-être et la capacité à travailler, ce qui diminue
Mexique, 18 % des femmes chinoises, 70 % des considérablement la qualité de vie globale. En
femmes nord-américaines et 80 % des femmes outre, les symptômes vasomoteurs peuvent per-
néerlandaises [133]. Cependant, la sensibilité turber le sommeil. La prévalence des symptômes
culturelle affiche de nombreuses subtilités. Par d'insomnie chronique augmente avec la sévérité
exemple, pour les femmes mayas, la ménopause des bouffées de chaleur, portant avec eux les effets
n'est pas associée à une symptomatologie phy- néfastes sur la santé associés à la perte de sommeil
sique ou émotionnelle, et elles n'ont pas de mot [139]. En outre, les symptômes vasomoteurs
pour « bouffées de chaleur » [134]. Partout aux représentent un fardeau socio-économique impor-
²UBUT6OJT  MhFUIOJF KPVF ÏHBMFNFOU VO SÙMF MFT tant, avec des coûts directs et indirects qui com-
symptômes vasomoteurs sont plus répandus chez prennent la pharmacothérapie traditionnelle ainsi
les femmes afro-américaines et hispaniques, et que les modalités de médecine complémentaire
plus fréquents chez les femmes avec un indice de et alternative [140].
masse corporelle (IMC) important. Dans l'en- La physiopathologie des bouffées de chaleur
semble, les bouffées de chaleur présentent une n'est pas encore entièrement comprise. De nom-
grande variabilité dans leur fréquence et leur breuses études ont examiné comment les fluctua-
gravité. tions hormonales qui se produisent au cours de la
Les facteurs bioculturels influencent également transition vers la ménopause affectent les symp-
l'attitude des femmes envers la ménopause. Quand tômes vasomoteurs chez les femmes. Plusieurs
on demande aux femmes préménopausées si la observations montrent clairement l'importance de
ménopause a quelques aspects positifs, 67,3 % des l'œstrogène , et l'œstrogène a été utilisé pour trai-
femmes en Allemagne donnent une réponse posi- ter les bouffées de chaleur depuis plus de soixante
tive, contre 95,2 % en Papouasie-Nouvelle-Guinée ans. Cependant, les études évaluant la relation
[135]. En général, les femmes qui ont des atti- entre les niveaux d'œstrogène et l'apparition de
tudes plus négatives rapportent plus de symp- bouffées de chaleur chez les femmes symptoma-
tômes au cours de la transition vers la ménopause tiques et asymptomatiques montrent des résultats
[136]. Le stress, de faibles revenus et la peur du contradictoires, et le mécanisme expliquant son
vieillissement affectent également les symptômes action est toujours en question [141]. Bien que
de la ménopause [137], et il existe des preuves les bouffées de chaleur accompagnent nettement
épidémiologiques constantes pour indiquer que le la diminution des œstrogènes à la ménopause, les
tabagisme augmente le risque de bouffées de cha- œstrogènes ne sont pas seuls entièrement
leur [138]. responsables.
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 437

Un dérèglement transitoire du système de Contribution ostéopathique


thermorégulation situé dans l'hypothalamus a à l'examen physique
également été impliqué dans l'étiologie des
symptômes vasomoteurs [142]. L'œstrogène et
et au traitement
les neurotransmetteurs, en particulier la noradré- « The greatest and most direct conditioner of stress
naline et la sérotonine, peuvent jouer un rôle reactions are membranous articular strains in the
majeur dans l'altération des mécanismes homéos- craniosacral mechanism that lead to a disturbance
tatiques de thermorégulation. Plus de recherche, of mobility and motility of the cranial articular
mechanism, abnormal patterns of mobility of the
dans plusieurs domaines comprenant l'endocri- reciprocal tension membrane, venous retardation,
nologie, la neurophysiologie et la physiologie de loss of mobility and motility of the pituitary gland
la thermorégulation, est nécessaire pour mieux within the sella turcica, disturbances of the
comprendre la physiopathologie des bouffées de hypothalamic areas, hyper and hypo irritability
of the central innervation of the sympathetic and
chaleur. parasympathetic nervous systems, and hormonal
Outre les divers symptômes décrits, il est changes that accompany all of this reaction to strain
reconnu qu'avec l'apparition de la ménopause, les and stress [147]. »
femmes ont un plus grand risque de développer R.E. Becker
une maladie cardiovasculaire. Cela peut être dû à (« Le plus grand et le plus direct conditionneur des
la baisse des niveaux d'œstrogène, au processus réactions au stress sont les tensions articulaires
de vieillissement ou à une dérégulation du SNA. membraneuses dans le mécanisme craniosacral
qui conduisent à une perturbation de la mobilité et
Habituellement, la pression artérielle (PA) est de la motilité du mécanisme articulaire crânien, des
plus basse chez les femmes non ménopausées que schémas anormaux de la mobilité de la membrane
chez les hommes, mais après la ménopause, la de tension réciproque, un retard veineux, une
prévalence de l'hypertension est plus élevée chez perte de la mobilité et de la motilité de la glande
pituitaire dans la selle turcique, des perturbations
les femmes que chez les hommes. L'hypertension des zones hypothalamiques, une hyper- et hypo-
est un des facteurs de risque cardiovasculaire irritabilité de l'innervation centrale des systèmes
importants qui jouent un rôle dans la morbidité nerveux sympathique et parasympathique, et
et la mortalité chez les femmes ménopausées aux changements hormonaux qui accompagnent
l'ensemble de cette réaction à la tension et au
[143]. La régulation de la PA est sous le contrôle stress. »)
du système rénine-angiotensine. La composante
sympathique du SNA est également un régulateur La philosophie ostéopathique et son applica-
important de la PA, et en tant que tel, un contri- tion clinique offrent une approche intégrée
buteur à la pathogenèse de l'hypertension. En pour les patients souffrant de dysfonctions du
fait, avec la ménopause, il y a une augmentation SNA. Aussi, le diagnostic de la dysfonction
de l'activité nerveuse sympathique qui peut être somatique et l'application des procédures ostéo-
liée à une modulation centrale altérée du baro- pathiques doivent être pris en considération lors
réflexe [144]. du traitement du déséquilibre dysfonctionnel
De toute évidence, la dysfonction du SNA joue entre l'activité parasympathique et sympa-
un rôle dans l'hypertension ainsi que dans les thique. Toutefois, le TMO est précisément uti-
bouffées de chaleur de la ménopause. L'augmen- lisé dans le traitement de la dysfonction
tation de la fréquence cardiaque, le rougissement somatique et non pas dans le traitement spéci-
et la transpiration qui se produisent tout au long fique d'une pathologie organique.
des bouffées de chaleur sont des signes de l'im- Selon les principes holistiques, un examen phy-
plication du SNA. En outre, la variabilité de la sique complet est indispensable pour un bon dia-
fréquence cardiaque, un indice du contrôle vagal gnostic de la dysfonction du SNA. La contribution
du rythme cardiaque, est significativement dimi- ostéopathiquement distinctive à l'examen phy-
nuée pendant les bouffées de chaleur par rapport sique est l'évaluation du système neuromusculos-
aux minutes précédant et suivant ces bouffées de quelettique à la recherche d'une dysfonction
chaleur [145, 146]. somatique, à la fois pour son impact local et pour
438 Considérations cliniques

ses implications holistiques. Afin d'obtenir le Un déséquilibre parasympathique peut être le


meilleur lors de l'examen et du traitement, le résultat d'une dysfonction somatique de la base du
patient doit se sentir en sécurité : « Si la neurocep- crâne (sphénoïde, temporaux, occiput, sutures occi-
tion identifie une personne comme sûre, alors un pitomastoïdiennes et foramens jugulaires affectant
circuit neural inhibe activement les zones du cer- les nerfs crâniens III, VII, IX et X), des zones occi-
veau qui organisent les stratégies défensives de pito-atlantales (affectant les nerfs crâniens X) et
“fight, flight, and freeze” [148]. » d'une dysfonction somatique de la région sacrale
En position debout, observez la posture du (affectant les nerfs sacraux). Ces zones doivent être
patient. Faites particulièrement attention aux soigneusement évaluées et normalisées (figure 13.11).
zones qui peuvent contribuer à une dysfonction du Des drainages veineux et lymphatiques peuvent
SNA, telles les zones sacrale, thoracique et cranio- être nécessaires. Les procédures ostéopathiques
cervicale. La palpation des fonctions, avec des tests visent à promouvoir l'équilibre fluidique, électroly-
d'écoute, peut être faite dans cette position (voir tique et métabolique des tissus pour faciliter le drai-
partie II, Examen ostéopathique : Observation et nage des œdèmes compromettant un fonctionnement
palpation en position debout, p. 57). Complétez optimal. Toute normalisation faite en synchronicité
l'évaluation avec le patient assis, en procubitus puis avec le MRP contribue à ces échanges.
en décubitus. Procédez ensuite à l'examen de la sphère crânienne.
Dans chacune des positions que le patient Avec le patient en décubitus dorsal, utilisez la prise par
assume lors de l'examen, observez la posture prise la voûte. Évaluez la qualité du MRP et sa sensation
spontanément par le patient, notez les asymétries. palpable, l'impulsion rythmique crânienne (IRC).
Habituellement, le patient s'installe dans la posi- Évaluez la puissance du MRP et la fréquence de
tion de confort correspondant à un schéma dys- l'IRC. La puissance du MRP est souvent diminuée
fonctionnel subjacent. Questionnez votre patient chez les patients souffrant d'une dysfonction du SNA.
sur toutes les zones d'inconfort, et si nécessaire, Cherchez s'il existe une dysfonction somatique affec-
repositionnez-le avec des coussins pour ajuster sa tant le mouvement du crâne et du MRP, qui peut se
position. situer au niveau des structures du crâne, de la région
Observez le mode respiratoire du patient, et cervicale, ou quelque part à distance dans le corps. La
notez s'il existe des signes de dysfonction. Avec dysfonction agit comme une ancre vers laquelle tous
des tests d'écoute, évaluez la zone pelvienne, la les tissus semblent être attirés, et la plus grande restric-
colonne vertébrale, les côtes, l'orifice supérieur du tion de motilité indique l'emplacement de la dysfonc-
thorax et les diaphragmes crânien, thoracoabdo- tion. Si nécessaire, normalisez ces dysfonctions.
minal et pelvien. Faites attention à la qualité du Évaluez les membranes du mécanisme craniosa-
tissu conjonctif, ce qui revêt une importance par- cral, en accordant une attention particulière à
ticulière chez les patients avec FM. Normalisez les l'axe HHS. Sous l'hypothalamus, visualisez la selle
dysfonctions identifiées. La normalisation des turcique, où repose l'hypophyse entourée par des
diaphragmes avec mise en phase des fréquences expansions de la tente du cervelet qui forment le
respiratoires craniosacrale et pulmonaire est parti- diaphragme de la selle. Sutherland a déclaré : « The
culièrement bénéfique pour les patients souffrant hypothalamus, including the infundibulum and
de dysfonction du SNA. pituitary body, goes up and down rhythmically as
Un déséquilibre sympathique peut être le résul- the sphenoid circumrotates back and forth on its
tat d'une dysfonction somatique du rachis thora- transverse axis [149]. » (« L'hypothalamus, y com-
colombal, en particulier entre T1-L2 où les fibres pris l'infundibulum et le corps pituitaire, monte et
sympathiques préganglionnaires prennent nais- descend rythmiquement lorsque le sphénoïde
sance. Si nécessaire, des procédures d'inhibition pivote en arrière et en avant sur son axe transver-
ou de stimulation de ces zones peuvent être appli- sal. ») Évaluez les pôles de fixation de la tente du
quées pour un effet rapide. Pour un résultat cervelet sur les bords supérieurs des parties
durable, toute dysfonction somatique de ces zones pétreuses des os temporaux et les processus cli-
doit être normalisée. noïdes de l'os sphénoïde. Évaluez la faux du cer-
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 439

Tente du
cervelet

Nerf Incisure
trochléaire tentorielle
Sillon Nerf trigéminal
médian
du quatrième Sinus veineux
ventricule dural transverse
Nerfs facial et
vestibulocochléaire
Nerf
hypoglosse Nerfs
glossopharyngien,
Artère spinale vague et accessoire
postérieure
Nerf accessoire,
Ventre postérieur racine spinale
du digastrique
Processus Artère vertébrale
transverse Premier nerf
de l’atlas cervical (suboccipital)
Nerf
spinal accessoire Atlas, arc postérieur
Ganglion spinal
de C2 Dure-mère
Nerf vague
Veine jugulaire Rameau dorsal
interne de C3
Sternocléido- Ligament dentelé
mastoïdien
Ganglion
sympathique
cervical supérieur
Nerf spinal
accessoire
Nerf vague (déplacé médialement)
Artère carotide commune Artère vertébrale

Figure 13.11. Rapports du système nerveux autonome à la charnière craniocervicale.


Dissection du tronc cérébral et de la partie supérieure de la moelle épinière après élimination de grandes parties de
l'occipital et des pariétaux, du cervelet et du toit du quatrième ventricule. Sur le côté gauche, les foramens transversaires
de l'atlas et des troisième, quatrième et cinquième vertèbres cervicales sont ouverts pour exposer l'artère vertébrale.
Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 450.

veau et ses zones d'insertion sur l'écaille occipitale, dans les voies lymphatiques. Accompagnez le LCS et
la suture interpariétale et l'os frontal. les tissus du crâne jusqu'à un point d'équilibre mem-
Les méninges sont en relation étroite avec le braneux et articulaire, et laissez la puissance du MRP
liquide cérébrospinal (LCS). Visualisez et évaluez les atteindre un « still point » (point tranquille).
ventricules et la fluctuation du LCS. Le LCS s'écoule Si nécessaire, utilisez des procédures spécifiques
des ventricules latéraux aux foramens interventricu- pour accélérer (rotation bilatérale des os tempo-
laires (de Monro), troisième ventricule, aqueduc du raux) ou tempérer (compression du quatrième
mésencéphale (de Sylvius), quatrième ventricule, et à ventricule, CV4) le MRP et la fluctuation du LCS,
travers le foramen de Magendie et les foramens de qui augmentent respectivement le tonus des sys-
Luschka à l'espace subarachnoïdien du cerveau et de tèmes sympathique ou parasympathique. Selon
la moelle épinière. Le troisième ventricule est au- Sutherland : « No one is too sick for fourth ventricle
dessus de la selle turcique du sphénoïde qui abrite compression and in almost any case, if you do not
l'hypophyse, et en face de la glande pinéale. Le qua- know what else to do, compress the fourth ventricle
trième ventricule est au-dessus et en arrière du pont [150]. » (« Personne n'est trop malade pour une
et de la moelle allongée (bulbe), et en avant du cer- compression du quatrième ventricule et dans
velet. Rappelez-vous que le LCS est réabsorbé par presque tous les cas, si vous ne savez pas quoi faire
les granulations situées principalement au niveau de d'autre, comprimer le quatrième ventricule. ») La
la calvaria, pour ensuite retourner dans le système compression du quatrième ventricule est considé-
vasculaire, mais aussi que le LCS fluctue le long des rée comme stimulant l'axe HHS [151], et il a été
nerfs crâniens et spinaux qui sortent respectivement démontré qu'elle affectait le SNA à travers ses
du crâne et de la colonne vertébrale, pour diffuser effets sur la physiologie baroréflexe [152].
440 Considérations cliniques

Il faut reconnaître que toute technique qui fie difficulté et douleur. Vous devez donc leur
détend le patient est bénéfique. Cela peut, par expliquer qu'ils peuvent commencer par des exer-
exemple, inclure un massage du dos, du visage, des cices de respiration et des étirements doux qui
pieds ou des mains. Cela peut également impliquer peuvent être faits au lit. Les respirations lentes et
l'utilisation de techniques globales de relâchement profondes sont une excellente façon d'équilibrer
myofascial. Toutefois, afin d'obtenir un résultat le SNA, en essayant progressivement d'atteindre
plus durable et efficace, la dysfonction somatique confortablement six respirations par minute (avec
doit être précisément diagnostiquée et traitée. une inspiration pendant 4 secondes et une expira-
Il existe une relation profonde entre le SNA et le tion et une détente pendant 6 secondes). Si le
MRP. L'échange dynamique entre les dominances patient trouve cet exercice respiratoire trop diffi-
sympathique et parasympathique est probable- cile, encouragez-le à vocaliser [153] ou à chanter
ment lié d'une certaine manière aux phases oscilla- [154]. Les femmes ménopausées présentant des
toires expiratoire d'extension-rotation interne du symptômes vasomoteurs peuvent pratiquer des
MRP et inspiratoire de flexion- rotation externe. exercices de respiration lente dès qu'elles per-
Aussi, accorder une attention particulière à la çoivent l'apparition d'une bouffée de chaleur.
motilité inhérente du MRP et travailler en syn- Enseignez à vos patients des exercices doux tels
chronicité avec lui affectent positivement le traite- que ceux proposés dans l'Autogenic Functional
ment de la dysfonction du SNA. Balancing sm ou le « Senti Sur Soi [155] ». Insistez
Le dosage de toute procédure ostéopathique est sur le fait que ces exercices doivent apporter du
critique, en particulier chez le patient âgé, particuliè- plaisir et une réconciliation avec le corps. Éduquez
rement sensible et qui présente des troubles du SNA. vos patients à apprendre à s'arrêter avant qu'ils ne
Les procédures doivent être choisies judicieusement commencent à se sentir fatigués et encouragez-les
et dosées selon les réponses tissulaires et du MRP. à prendre de fréquentes périodes de repos. Faites-
leur prendre conscience du fait que dès qu'ils se
sentent mieux, ils pourraient être tentés d'en faire
Conseils au patient trop et, de fait, sentir une régression. Lorsque cela
est possible, la marche est un excellent exercice.
Un programme individualisé doit être proposé au Éduquez vos patients sur les qualités régénéra-
patient, qui peut changer avec le temps en fonc- trices d'un bon sommeil. Insistez sur la nécessité
tion des réponses obtenues. Expliquez au patient de dormir dans une pièce sombre afin de promou-
qu'il doit apprendre à « écouter » son corps et voir la sécrétion de mélatonine avec, autant que
suivre ce qu'il ressent. L'un des objectifs est de possible, des horaires de coucher et de lever régu-
promouvoir l'activité parasympathique qui tend à liers pour rester synchrone avec un rythme circa-
diminuer avec le vieillissement. Il faut donc essayer dien bénéfique.
d'éviter les événements stressants, autant que pos- Une bonne alimentation fait partie d'un pro-
sible, et essayer d'apprendre à gérer le stress. gramme de bien-être. Une alimentation équilibrée
Tous les patients souffrant de dysautonomie, doit inclure une variété de légumes, fruits et céréales
SFC, FM, ou ceux ayant des troubles associés au complètes avec une réduction des graisses saturées,
sommeil et à la ménopause peuvent bénéficier de des huiles et des sucres. Les femmes présentant des
techniques de relaxation comme celles avec respi- symptômes vasomoteurs doivent éviter les aliments
ration profonde, imagerie guidée, relaxation mus- épicés et l'alcool qui peuvent déclencher leurs
culaire ou méditation. Des exercices réguliers symptômes. Pour renforcer un bon rythme circa-
doivent être encouragés, toujours adaptés à la dien, les repas doivent être pris à des heures régu-
tolérance du patient. Souvent, les personnes avec lières de la journée pour entraîner les horloges
un SFC sont trop fatiguées, et les sujets avec FM périphériques du tube digestif. Encouragez vos
ont trop de douleur pour faire quelque chose. Ils patients à perdre du poids si nécessaire, en particu-
se sentent découragés d'entendre une fois de plus lier les patients atteints d'AOS, puisque l'obésité
qu'ils doivent faire des exercices, quand cela signi- augmente leurs symptômes.
Chapitre 13. Dysfonctions autonomiques 441

Pour chaque patient, soulignez les effets positifs [17] Ibid.


de vos conseils, et non pas l'aspect obligatoire de [18] Larson N.J., « Functional vasomotor hemiparasthesia
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Chapitre 14
Dysfonctions auditives et visuelles
Dysfonctions auditives capable de détecter ou de localiser les sons à haute
fréquence tels les sons d'avertissement et les
L'audition est la capacité de percevoir les ondes signaux d'alarme.
sonores, de distinguer leurs fréquences et de Bien que la presbyacousie soit associée au vieil-
transmettre l'information auditive au système ner- lissement, il existe d'autres facteurs de risque, y
veux central (SNC). Nous allons examiner deux compris l'exposition au bruit [2], le tabagisme
dysfonctions affectant l'audition chez le patient [3], les médicaments ototoxiques [4], une suscep-
qui vieillit : la presbyacousie (perte auditive) et les tibilité génétique plus forte chez les femmes que
acouphènes. chez les hommes [5, 6] et la comorbidité – athéro-
sclérose [7], diabète sucré [8]. La presbyacousie
est ainsi causée par une combinaison de contraintes
Presbyacousie auditives cumulées sur toute une vie. L'exposition
au bruit, tels les bruits récréatifs, la musique forte,
Environ 30 % des personnes de 65 ans ont un cer- le tir des armes à feu ou le bruit associé à certaines
tain degré de perte auditive, un nombre qui aug- conditions de travail a un effet délétère sur l'audi-
mente à 47 % après l'âge de 75 ans. La perte tion. Les personnes vivant dans les sociétés indus-
auditive est la troisième maladie chronique la plus trialisées sont particulièrement à risque [9].
fréquente après l'hypertension et l'arthrite. Aux
États-Unis, 17 % de la population adulte démontre
un certain degré de perte auditive [1]. Anatomopathologie
Le terme « presbyacousie » dérive du grec de la presbyacousie
πρέσβυς, presbus (aînés) et de άκούω, akouein
L'oreille est composée de trois parties : l'oreille
(entendre). Il indique une perte de la capacité à
externe, l'oreille moyenne et l'oreille interne. Bien
percevoir ou à discriminer les sons, associée au
qu'il existe un consensus, qui souligne l'impor-
vieillissement. Au début, il y a une diminution de
tance de l'oreille interne comme l'élément le plus
la capacité à comprendre le langage et, par la suite,
important dans la presbyacousie, une revue des
de la capacité à détecter, identifier et localiser les
différentes parties de l'oreille est nécessaire pour
sons. Cette réduction de la sensibilité auditive
comprendre les mécanismes impliqués [10].
commence, habituellement, avec les fréquences
sonores les plus élevées, comme les consonnes « s »
Oreille externe
et « f », les voix des enfants et des femmes, puis
continue progressivement vers les fréquences plus L'oreille externe comprend le pavillon de
basses. Au fur et à mesure que la perte auditive l'oreille et le méat acoustique externe qui se ter-
avance, plus de difficultés apparaissent dans les mine médialement par la membrane tympanique
environnements bruyants, affectant la communi- ou tympan. Seuls les vertébrés ont un pavillon
cation, ce qui peut, lorsque la personne vieillit, de l'oreille et un méat acoustique externe. Chez
contribuer à son isolement, à une dépression, et les autres animaux, tel l'iguane des Galapagos,
dans certains cas à la démence. De plus, il existe le tympan apparaît sur la face latérale de la tête
un danger potentiel car la personne n'est plus [11]. L'oreille externe identifie la direction du
L'ostéopathie pour les patients de plus de 50 ans
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448 Considérations cliniques

Oreille Oreille
Oreille externe moyenne interne

Méat acoustique
interne
Auricule

Méat acoustique
externe

Cartilage
Pharynx

Membrane Trompe auditive


tympanique

Figure 14.1. Oreille droite.


Section coronale.
Source : Drake R.L., Gray's Anatomy for students, Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 904.

son, réduit les basses fréquences et agit comme vague, le bouchon de cérumen est connu pour
un résonateur pour augmenter l'amplitude de être associé à une toux chronique [15].
l'onde sonore qui arrive dans l'oreille, dans la
Modifications de l'oreille externe
gamme des fréquences de la parole humaine
associées à l'âge
[12]. De ce fait, l'oreille externe assure une
transmission du son efficace de l'environnement Lorsqu'un individu vieillit, la production de
vers le tympan (figure 14.1). grandes quantités de cérumen, associées à une
La taille et la forme du méat acoustique externe migration épithéliale insuffisante, peut entraîner
diffère selon les individus. Habituellement de forme des bouchons de cérumen qui produisent des
sigmoïde et d'environ 2,5 cm de longueur, il a des démangeaisons, des acouphènes, des vertiges et
parois rigides qui protègent la membrane du tym- une perte de l'audition. Souvent, ces bouchons
pan et l'oreille moyenne d'un préjudice direct. Le sont une des causes de malfonction des prothèses
tiers latéral du méat présente un épithélium stratifié auditives. Avec l'âge, d'autres changements sur-
avec des glandes cérumineuses spécialisées. Le céru- viennent dans l'oreille externe, telles une crois-
men nettoie, lubrifie et protège le méat acoustique sance accrue des poils dans le méat acoustique
externe des bactéries et des champignons [13]. externe, en particulier chez les hommes, et l'élar-
Still utilisait spécifiquement son observation du gissement du pavillon des oreilles [16], ce qui
cérumen des patients comme un exemple de l'ap- pourrait affecter la transmission des sons.
plication des principes ostéopathiques à la pra-
tique de la médecine, et il faisait une association Oreille moyenne
entre les maladies des voies aériennes supérieures L'oreille moyenne, entre le méat acoustique externe
et inférieures et la présence de bouchons de céru- et le labyrinthe, est l'organe de la transmission des
men desséchés, par des mécanismes neuroréflexes sons recueillis par l'oreille externe. La caisse du tym-
impliquant particulièrement le nerf vague [14]. pan de l'oreille moyenne est une cavité remplie d'air,
Notez que, en raison de l'innervation sensitive du située dans la partie pétreuse de l'os temporal.
méat acoustique externe par un rameau du nerf Latéralement, elle est séparée du méat acoustique
Chapitre 14. Dysfonctions auditives et visuelles 449

externe par la membrane du tympan. Médialement, marteau) et le muscle stapédien (muscle de


elle est séparée de l'oreille interne par la fenêtre de la l'étrier). Ils participent à la régulation des sons de
cochlée (fenêtre ronde) et la fenêtre du vestibule haute intensité, et une myoclonie de ces muscles
(fenêtre ovale). L'oreille moyenne communique en peut produire un acouphène. Une dysfonction de
arrière avec les cellules mastoïdiennes, et en avant avec l'articulation temporomandibulaire (ATM) peut
le nasopharynx par la trompe auditive (trompe d'Eus- contribuer à leur déséquilibre [17].
tache) (figure 14.2). Le muscle tenseur du tympan naît de la partie
Les trois plus petits os du corps se trouvent dans cartilagineuse de la trompe auditive, de la partie
la caisse du tympan. Ce sont les osselets, qui attenante de la grande aile du sphénoïde, et de son
contribuent à la transmission et à l'amplification propre canal osseux. Il se fixe à la partie supérieure
des vibrations de la membrane du tympan jusqu'à du manche du malleus. Quand il se contracte, il
l'oreille interne : tire le manche du malleus médialement, régule la
tMFmalleus (marteau), fixé sur la membrane du tension de la membrane du tympan et ainsi amor-
tympan ; tit les sons. Il est innervé par une branche du nerf
tMhincus (enclume), relié au malleus ; mandibulaire (V3).
tMFstapès (étrier) relié à l'incus et à la paroi laté- Le muscle stapédien a son origine sur une petite
rale de l'oreille interne, au niveau de la fenêtre saillie de la paroi mastoïdienne de l'oreille
du vestibule. moyenne et se fixe à la face postérieure de la tête
Dans l'oreille moyenne, se trouvent deux du stapès. En réponse à des bruits forts, le muscle
muscles : le muscle tenseur du tympan (muscle du stapédien se contracte, tirant l'étrier vers l'arrière,

Tenseur du tympan
Trompe auditive
osseuse
Tête du malleus
Corde du tympan

Incus
Membrane tympanique

Processus styloïde

Figure 14.2. Osselets de l'oreille moyenne et muscle tenseur du tympan.


Section verticale oblique de l'os temporal gauche.
Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 636.
450 Considérations cliniques

empêchant ainsi une oscillation excessive. Il est Modifications de l'oreille moyenne


innervé par une branche du nerf facial (VII). associées à l'âge
En plus de ces deux muscles, la trompe auditive Avec l'âge, la membrane tympanique, normalement
contribue également à la protection de l'oreille translucide, s'opacifie fréquemment. Elle devient
moyenne. Elle relie la cavité tympanique au pha- aussi plus rigide et plus mince, avec une perte de sa
rynx, et par conséquent, égalise les pressions externes vascularisation. Les autres composantes de l'oreille
et internes appliquées sur la membrane du tympan. moyenne et les structures associées subissent égale-
ment des modifications. Normalement, les muscles
Fonction de l'oreille moyenne
élévateur du voile du palais, tenseur du voile du
L'onde sonore est transmise du milieu aérien de palais (TVP), et salpingopharyngien ouvrent la
l'oreille externe aux liquides et structures de la trompe auditive pour égaliser la pression entre
cochlée de l'oreille interne. L'impédance du l'oreille moyenne et l'atmosphère. Cependant, en
milieu externe aérien doit donc être adaptée au vieillissant, ils présentent des changements histopa-
milieu interne cochléaire liquidien, et les vibra- thologiques, et leurs fonctions se détériorent [18,
tions de basse pression et les grands déplacements 19]. Le TVP est particulièrement vulnérable à ces
de l'air transformés en vibrations de haute énergie altérations. Des modifications se produisent égale-
mais de faibles déplacements, pour permettre une ment dans la partie cartilagineuse de la trompe
conduction dans les liquides labyrinthiques. auditive qui se distend ou se sténose, ce qui altère sa
La surface du tympan est environ vingt fois plus compliance [20, 21]. En conséquence, le méca-
grande que celle de la fenêtre ovale, entre l'oreille nisme d'équilibrage de pression peut être moins
moyenne et l'oreille interne. Ainsi, dans la transmis- efficace, modifier le mouvement de la chaîne des
sion de la vibration sonore, la chaîne ossiculaire osselets de l'oreille et contribuer à une surdité de
démultiplie la force s'exerçant sur le tympan, et l'oreille transmission temporaire. Les modifications des
moyenne fonctionne comme un amplificateur de muscles ossiculaires peuvent aussi contribuer à cette
pression pour augmenter la sensibilité auditive. Il est dégradation de la transmission du son [22]. L'oreille
admis que si l'onde sonore s'appliquait directement moyenne est également à risque dans toute maladie
sur le liquide de l'oreille interne, il y aurait une perte inflammatoire, et les anomalies de l'oreille moyenne
théorique de 99,9 % de l'énergie, équivalente à 30 dB. et la perte auditive sont significativement plus fré-
Toutes les structures osseuses et ligamentaires de quentes chez les patients atteints d'arthrite des osse-
la chaîne ossiculaire sont impliquées dans ce proces- lets que chez les patients des groupes témoins [23].
sus. Les forces des ondes sonores frappant la mem- Une dysfonction somatique de l'os temporal
brane tympanique sont transmises au malleus, puis peut également affecter la fonction de l'oreille
à l'incus et enfin au stapès où elles arrivent avec une moyenne dans la transmission des sons. Comme l'a
pression accrue, avec toutefois des déplacement indiqué Sutherland : « When the petrous portion is
moindres que ceux produits au niveau du malleus. held in internal rotation and the mouth of the audi-
Normalement, la membrane tympanique se déplace tory tube is held closed, the patient complains of a
en dedans ou en dehors, en fonction de la pression feeling like cotton stuffed in his ear [24]. » (« Lorsque
acoustique. Étant donné que le malleus est relié au la portion pétreuse est maintenue en rotation
tympan, à chaque déplacement médial du tympan interne et que l'entrée de la trompe auditive est
correspond un déplacement analogue du malleus et maintenue fermée, le patient se plaint d'avoir la
de l'incus, poussant la base du stapès contre la fenêtre sensation d'une oreille bourrée de coton. »)
du vestibule en direction du labyrinthe et de sa péri-
lymphe. Le déplacement de la périlymphe engendre
une saillie de la membrane fibreuse qui ferme la Oreille interne
fenêtre de la cochlée, i. e. la membrane tympanique Située médialement par rapport à l'oreille
secondaire (membrane de la fenêtre ronde). Cela sti- moyenne, dans la partie pétreuse de l'os temporal,
mule les cellules ciliées de la membrane basilaire de la l'oreille interne est constituée d'un labyrinthe
cochlée, ce qui permet l'audition. osseux qui contient la périlymphe et d'un laby-
Chapitre 14. Dysfonctions auditives et visuelles 451

rinthe membraneux (figure 14.3). Le labyrinthe Le canal cochléaire s'étend à l'intérieur de la


membraneux est constitué d'une série de sacs cochlée osseuse du labyrinthe osseux. La cochlée
membraneux et de canaux remplis d'endolymphe, osseuse consiste en un tube enroulé en spirale
i. e. l'appareil vestibulaire, et le canal cochléaire autour d'un axe osseux, le modiolus (figure 14.4 ;
(cochlée membraneuse) (voir plus de détails sur le figure 14.5 ; figure 14.6). Ce tube est comparti-
système sensoriel vestibulaire dans la partie IV, menté en trois canalicules :
chapitre 8, Dysfonctions posturales, p. 249).

Hélicotréma Ampoule du canal Canal semicirculaire


semicirculaire antérieur antérieur
Utricule Crus commune
Saccule Canal semicirculaire
Hamulus postérieur
Ampoule du canal
semicirculaire latéral

Canal cochléaire

Vestibule

Fenêtre du vestibule Canal semicirculaire


latéral
Ductus reuniens
Ampoule du canal
Fenêtre de la cochlée semicirculaire postérieur
Canal endolymphatique
Canal utriculosacculaire
Sac endolymphatique

Figure 14.3. Labyrinthe osseux et membraneux.


Labyrinthe membraneux en bleu, vu à travers le labyrinthe osseux. Les flèches indiquent la direction de l'onde de pression
dans la cochlée.
Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 636.

Cavité tympanique

Lame spirale

Hélicotréma Fenêtre du vestibule


Fossette cochléaire
Cochlée
Rampe vestibulaire Canal semicirculaire latéral

Rampe tympanique Vestibule

Méat acoustique interne


Canal semicirculaire postérieur

Aqueduc vestibulaire

Figure 14.4. Cochlée osseuse et vestibule (vue supérieure).


©Éléonore Lamoglia.
452 Considérations cliniques

Hélicotréma

Modiolus

Rampe vestibulaire

Canal cochléaire

Rampe tympanique

Nerf cochléaire

Figure 14.5. Coupe transversale de la cochlée.


© Éléonore Lamoglia.

Strie vasculaire
Ligament spiral
Rampe vestibulaire
(périlymphe) Canal cochléaire
(endolymphe)

Membrane
Membrane
basilaire
tectoriale
Cellule cillée

Nerf
vestibulocochléaire

Rampe tympanique
(périlymphe)

Organe spiral
Figure 14.6. Coupe transversale de la cochlée montrant l'organe spiral (de Corti).
© Éléonore Lamoglia.

tBVDFOUSF MFcanal cochléaire (scala media) ; cochléaire est constituée du ligament spiral qui
tBVEFTTVT MBrampe vestibulaire (scala vestibuli) ; contient la strie vasculaire. Cela a été décrit comme
tBVEFTTPVT MBrampe tympanique (scala tympani). la batterie de la cochlée [25]. Il contribue à la
Le plancher du canal cochléaire – la membrane concentration en ions dans l'endolymphe et à la
basilaire – contient l'organe spiral (de Corti) qui, génération de potentiel électrique endocochléaire.
avec ses cellules ciliées, est l'élément sensoriel de l'au-
dition. Il est recouvert par la membrane tectoriale Fonction de l'oreille interne
qui flotte dans l'endolymphe contenue dans le Lorsqu'ils sont stimulés par les ondes sonores
canal cochléaire La paroi latérale du canal frappant la membrane du tympan, les osselets de
Chapitre 14. Dysfonctions auditives et visuelles 453

l'oreille moyenne se déplacent, transmettant des cochléaires. L'effet de ces facteurs de stress est une
vibrations au liquide cochléaire, ce qui produit des atteinte ou une perte de cellules ciliées sensorielles
oscillations au niveau des cellules ciliées senso- qui se traduit par une perte de l'audition com-
rielles de l'organe de Corti. En réponse, les mune, classée comme perte auditive neurosenso-
contraintes mécaniques sont transduites en impul- rielle ou surdité de perception cochléaire. Une
sions nerveuses dans le nerf vestibulocochléaire autre cause de surdité neurosensorielle peut être le
(VIII), qui sont transmises aux aires auditives du vieillissement du VIII, avec une augmentation des
cerveau pour leur traitement (figure 14.7). seuils de potentiel d'action composé.

Modifications de l'oreille interne


associées à l'âge
Classification de la presbyacousie
Les cellules ciliées de l'organe de Corti sont sou-
vent endommagées, suite à toute une vie d'expo- Harold F. Schuknecht, un pionnier dans la descrip-
sition à des bruits forts. Une fois endommagées, tion de l'oreille interne humaine en microscopie
ces cellules ne sont pas remplacées chez les mam- optique, a décrit quatre types de presbyacousie basés
mifères, contrairement à ce qui survient chez les sur des constatations pathologiques : sensorielle, neu-
poissons, les oiseaux et les reptiles [26]. rale, métabolique et de conduction cochléaire [28].
Avec le vieillissement, une diminution du flux Aujourd'hui, la perte auditive est classée en fonction
sanguin dans les microvaisseaux de la strie vascu- de la partie du système auditif qui est endommagée.
laire est fréquemment observée. Cela se traduit Trois types de perte auditive sont identifiés :
par des changements métaboliques qui conduisent tMBsurdité de perception, ou neurosensorielle ;
à des altérations de ce tissu, ce qui, à son tour, tMBsurdité de transmission ;
affecte de manière significative la physiologie tMBsurdité mixte.
cochléaire et son rôle d'amplificateur, et entraîne La surdité de perception se produit en présence
une perte d'audition. Les dommages peuvent être de dommages dans l'organe récepteur cochléaire
encore augmentés par les circonstances hypoxiques et/ou dans les fibres du VIII. L'amplitude de la
résultant d'une altération de l'apport sanguin à la perte auditive est associée au degré de dégénéres-
cochlée due à l'athérosclérose [27]. De plus, le cence de la strie vasculaire, des cellules du gan-
stress semble induire l'apoptose des cellules glion spiral et des cellules ciliées [29].

Malleus Incus Hélicotréma Nerf vestibulocochléaire (VIII)

Stapes
Méat acoustique Fenêtre du vestibule
externe (fenêtre ovale)
Rampe
vestibulaire

Conduit
cochléaire

Organe spiral

Membrane tympanique
Fenêtre de la cochlée
(fenêtre ronde) Rampe tympanique

Figure 14.7. Transmission de l'onde sonore.


Source : Drake R.L., Gray's Anatomie pour les étudiants. Philadelphie, Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 919.
454 Considérations cliniques

La surdité de perception peut également être tale amortisse les forces qui sont transmises au
associée à des dysfonctions dans les voies auditives crâne depuis une origine caudale et, ce faisant,
centrales. Toutefois, même si une baisse de la protège l'appareil cochléaire.
vitesse générale du traitement cognitif est souvent Les stress physiques de toute une vie et les dys-
associée au vieillissement [30], la perte d'audition fonctions somatiques qui en résultent affectent la
centrale survient souvent après la perte de cellules partie supérieure du corps, les membres supérieurs
sensorielles dans la cochlée [31]. Ce processus et la ceinture scapulaire reliés à la base crânienne
affecte la perception du langage et est désigné par de nombreuses structures myofasciales. Ces
comme un trouble du traitement auditif lié à l'âge. dysfonctions peuvent restreindre le mouvement
Lorsque la perte auditive n'est pas associée à au niveau de la suture pétro-occipitale et peut-être
une histopathologie anormale, elle est considérée faciliter son ossification. Pour cette raison, les dys-
comme une surdité de transmission, d'abord fonctions somatiques de la base du crâne, en par-
décrite par Schuknecht [32]. Certains auteurs ticulier celles de l'os temporal, de l'orifice
contestent son existence, affirmant que l'histochi- supérieur du thorax et de la colonne thoracique
mie moderne démontrerait un changement histo- supérieure et cervicale doivent être considérées.
logique chez les patients examinés par Schuknecht
[33]. Cependant, dans la surdité de transmission,
les sons atteignent la membrane tympanique, mais Acouphènes
la transmission du son ne parvient pas à l'oreille
interne. Le problème peut être dans l'oreille Souvent, la presbyacousie est accompagné par des
externe, dans la chaîne des osselets de l'oreille acouphènes, la perception de bruit dans les
moyenne ou dans l'oreille interne, où des modifi- oreilles. Les acouphènes sont classés en deux caté-
cations des propriétés physiques de la cochlée gories : objectifs et subjectifs.
peuvent modifier sa réponse mécanique [34]. L'acouphène objectif résulte d'un bruit généré à
Rappelons que l'oreille a de multiples connexions l'intérieur du corps et transmis à l'oreille. Il peut
avec l'os temporal. Le pavillon est fortement fixé parfois être entendu par un observateur, souvent à
sur l'os temporal par des ligaments extrinsèques. Il l'aide d'un stéthoscope, et peut apparaître lorsque le
est également relié au crâne et au cuir chevelu par flux sanguin laminaire devient turbulent. Il est
les muscles auriculaires extrinsèques. De plus, les perçu comme un bruit pulsatile continu, accentué
oreilles moyenne et interne sont logées dans la pendant la systole. Plusieurs vaisseaux peuvent être
partie pétreuse de l'os temporal. Notez que les concernés, y compris les grandes artères et les veines
deux articulations situées de chaque côté de la par- du cou et de la base du crâne, et les petites veines de
tie pétreuse de l'os temporal ne fusionnent pas l'oreille. L'acouphène objectif peut également être
comme le font d'autres synchondroses de la base associé à des bruits générés par un mouvement, ou
du crâne. En avant, la portion pétreuse s'articule un spasme musculaire (myoclonie des muscles ten-
avec la grande aile du sphénoïde pour former la seur du tympan et stapédien), souvent perçus
synchondrose sphénopétreuse. À son extrémité comme des crépitements ou des craquements.
antérieure, on trouve le foramen déchiré ou fora- L'acouphène subjectif est entendu seulement par
men lacerum (trou déchiré antérieur). En arrière, le patient et c'est le plus fréquent. Il se présente
la portion pétreuse s'articule avec la partie basilaire comme un bruit constant sans changement fré-
de l'os occipital pour former la suture pétro-occipi- quent d'intensité. Comme la sévérité de l'acou-
tale. Normalement, les os occipital et temporaux phène est évaluée par le patient et non mesurée
restent juxtaposés, séparés toute la vie par un fibro- objectivement, les études épidémiologiques rap-
cartilage [35, 36]. Pour autant, des observations portent des incidence différentes, entre 7,6 % et
montrent que cette suture peut s'ossifier, le plus 20,1 %, pour les personnes de plus de 50 ans [38].
souvent chez les hommes d'âge mur et qui pré- Décrite comme une sensation fantôme [39], la
sentent aussi une surdité de transmission liée à perception de l'acouphène subjectif comprend
l'âge [37]. Il semble que la suture pétro-occipi- des bruits tels que sonneries, sifflements,
Chapitre 14. Dysfonctions auditives et visuelles 455

bourdonnements, chuintements et tintements. lement des boucles vasculaires en contact avec le


L'acouphène peut être présent dans une ou les VIII chez des patients sans acouphènes [48]. En
deux oreilles, peut être intermittent ou continu, revanche, de multiples étiologies vasculaires,
et d'intensité plus ou moins élevée, variant d'un comme un bulbe jugulaire haut et un anévrisme,
faible bruit à un cri aigu. Souvent la qualité de vie ou encore un trajet aberrant de l'artère carotide
des patients est affectée et l'acouphène interfère interne, peuvent produire une turbulence du flux
avec le sommeil et la concentration [40]. sanguin dans l'oreille interne, et occasionner un
Plusieurs facteurs de risque existent pour les acouphène objectif pulsatile [49].
acouphènes, dont l'âge, l'exposition au bruit, le D'autres causes d'acouphènes sont qualifiées de
tabagisme, les problèmes cardiovasculaires tels somatiques. Elles sont associées à des troubles de la
que l'hypertension artérielle ou l'athérosclérose, mandibule, comme dans le syndrome de l'ATM
certains médicaments tels que les médicaments [50], ou à des whiplash (coup du lapin) et des
anti-inflammatoires non stéroïdiens et les diuré- traumatismes craniens. Après un whiplash, environ
tiques, la maladie de Menière, les schwannomes 10 % des personnes développent des symptômes
vestibulaires (neurinome du VIII) ou les trauma- otologiques, y compris des acouphènes [51]. Un
tismes craniaux [41,42,43]. Parce que l'acou- déplacement du stapès a été rapporté après une
phène est le symptôme d'une multitude de collision par l'arrière et un whiplash associé à des
conditions cliniques, certaines potentiellement acouphènes [52].
très graves, il doit être évalué soigneusement avant En considérant les acouphènes somatiques
d'employer un traitement ostéopathique. d'un point de vue ostéopathique, il est intéres-
sant de noter que jusqu'à deux tiers des per-
sonnes souffrant d'acouphènes peuvent moduler
Physiopathologie l'intensité ou la tonalité de leurs acouphènes
des acouphènes avec des mouvements de la mâchoire, des chan-
gements de la position craniocervicale, ou avec
Dans une vaste étude sur les acouphènes, les une pression appliquée sur les régions de la tête
patients devaient définir ce qu'ils croyaient être le et du cou [53–55]. Il pourrait exister une inte-
déclencheur de l'acouphène. Dans 18 % des cas, la raction au niveau du SNC entre le système ner-
réponse a été un traumatisme sonore, pour 8 % veux auditif et le système somatosensoriel [56].
des patients, un traumatisme crânien et cervical, et L'expérience clinique montre que les acouphènes
également pour 8 % des patients, des infections de somatiques peuvent être améliorés par le traite-
l'oreille, du nez et de la gorge [44]. Cependant, la ment des dysfonctions somatiques présentes au
cause de l'acouphène n'est pas toujours connue et niveau de la base du crâne, des os temporaux, de
l'acouphène peut être qualifié d'acouphène idiopa- la charnière craniocervicale, du rachis cervical et
thique [45]. de l'ATM [57, 58].
De nombreuses hypothèses sont avancées pour
expliquer les bases physiopathologiques des acou-
phènes. La plus habituelle implique la perte de
cellules ciliées dans la cochlée, ce qui entraîne le Dysfonctions visuelles
déclenchement de perceptions auditives aber-
rantes par les neurones afférents [46]. Une dété- L'élimination ou la réduction de l'influence des
rioration liée à l'âge de la fonction neurale ou à troubles somatiques d'un point de vue mécanique,
des blessures du VIII peuvent également causer neurophysiologique, et circulatoire facilitent la
des acouphènes. Le contact d'un vaisseau sur le capacité inhérente du corps à l'autoguérison. Le
VIII peut entraîner un conflit vasculonerveux, traitement manipulatif ostéopathique (TMO) peut
modifier la conduction nerveuse et conduire à une être utilisé pour sa contribution complémentaire
hyperactivité, ce qui pourrait être la cause de cer- au traitement de la dysfonction visuelle après qu'un
tains acouphènes [47]. Toutefois, on trouve éga- diagnostic médical a été réalisé, avec un examen
456 Considérations cliniques

Humeur aqueuse dans


la chambre antérieure
Surface de la cornée
Iris
Cil Chambre postérieure
Follicule et glande sébacée Limbus
Orbiculaire Sinus veineux scléral
Glandes tarsales (de Schlemm)
Tarse palpébral Corps et
muscles ciliaires
Conjonctive
Cristallin Ligament suspenseur
du cristallin
Ora serrata
Épithélium pigmentaire Face antérieure
de la rétine du corps vitré
Canal hyaloïde
Couche de neurones
rétiniens Muscle extraoculaire
Nerfs et vaisseaux Vaisseaux sanguins
de la choroïde de la rétine

Suprachoroïde
Artère centrale
Sclère
de la rétine
Choroïde
Artère et nerfs
Corps vitré ciliaires longs
Artère et nerfs
Fovea centralis au centre ciliaires courts
de la macula lutea Dure-mère
Région du disque optique Arachnoïde
Pie-mère
Fibres du nerf optique
Nerf optique

Figure 14.8. Globe oculaire gauche et une partie de la paupière inférieure. Section horizontale, vue supérieure.
Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 676.

oculaire complet incluant la cornée, le cristallin, la Dysfonctions du cristallin


rétine et le nerf optique, ainsi que l'état neurolo-
gique de l'œil et des muscles extraoculaires (MEO)
Le cristallin est situé entre le cinquième antérieur
(figure 14.8).
et les quatre cinquièmes postérieurs du globe ocu-
Avec le vieillissement de la population, la préva-
laire. C'est un disque de forme biconvexe, avec
lence de la déficience visuelle et de la cécité aug-
une couche antérieure de cellules épithéliales
mente de façon significative. En 2000, 2,76 % des
recouvrant une masse de cellules à fibres allongées
Américains avait une déficience visuelle, un
qui donnent au cristallin sa transparence et ses pro-
nombre qui devrait être de 3,6 % en 2020 [59].
priétés de réfraction. Une capsule épaisse entou-
Comme la diminution de la fonction visuelle est
rant et protégeant le cristallin est fixée sur son
liée à une réduction de la qualité de vie et des acti-
pourtour au corps ciliaire par les fibres zonulaires.
vités fonctionnelles de la vie [60], l'ostéopathie
Le corps ciliaire (figure 14.9) se compose des procès
devrait être considérée dans le cadre de la préven-
ciliaires et du muscle ciliaire. Le muscle ciliaire est res-
tion et du traitement de la déficience visuelle. Les
ponsable de la capacité du cristallin à modifier sa forme
troubles visuels les plus communs comprennent la
pour une meilleure acuité visuelle. Lorsque le muscle
presbytie, la cataracte, le glaucome et le décolle-
ciliaire se contracte, il tracte le corps ciliaire vers l'avant,
ment de la rétine (DR).
réduisant ainsi la tension dans le ligament suspenseur.
Chapitre 14. Dysfonctions auditives et visuelles 457

Cela se traduit par une relaxation de la capsule du cris- vision de près. Avec le mécanisme inverse, la diminu-
tallin et une augmentation de la convexité de sa sur- tion de la convexité du cristallin permet au cristallin de
face, ce qui permet au cristallin de s'adapter à une s'ajuster à la vision de loin. Le muscle ciliaire est
presque complètement contrôlé par des fibres para-
sympathiques du nerf oculomoteur (III) (figure 14.10).
Sclère
Choroïde

Muscle
Presbytie
ciliaire
Corps L'accommodation – le changement de la forme du
ciliaire
Procès cristallin afin de focaliser l'image d'un objet exté-
ciliaire
rieur sur la rétine – ne peut se produire que si le
Chambre postérieure
Sinus veineux de la sclère
cristallin est suffisamment souple. Avec le vieillis-
Dilatateur de la pupille
sement, le cristallin devient moins élastique, dans
une certaine mesure en raison de la dénaturation
Iris
progressive de ses protéines. Sa capacité à changer
Sphincter
de la de forme diminue, une condition nommée presby-
pupille tie, avec comme résultat une vision floue à une
distance de lecture normale, et la nécessité pour
Cornée
l'individu de porter des lunettes à double foyer.

Cataracte
Cristallin Fibres zonulaires Chambre antérieure
Les cataractes liées à l'âge se réfèrent à n'importe
Figure 14.9. Corps ciliaire.
Source : Drake R.L., Gray's Anatomie, pour les étudiants. Philadelphie, quelle opacification du cristallin, dont l'incidence
Churchill Livingstone/Elsevier, 2010, p. 901. est associée à l'âge. Sa prévalence double à chaque

Vues antérieures Vues latérales


A
Accommodation de l’œil Corps ciliaire relâché
pour la vision de loin

Le muscle ciliaire est relâché, Ligaments suspenseurs tendus


Cristallin
les ligaments suspenseurs
sont tendus et le Iris
cristallin est aplati

Cristallin pour la vision de loin

Cristallin pour la vision de près


B
Accommodation de l’œil
pour la vision de près Iris

Le muscle ciliaire est contracté, Cristallin


les ligaments suspenseurs Ligaments suspenseurs lâches
sont lâches et le cristallin
peut bomber Muscle ciliaire contracté

Figure 14.10. Forme du cristallin.


A. Vision de loin ; B. Vision de près.
Source : Waugh A., Grant A., Anatomie et physiologie normales et pathologiques, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, 2007, p. 216.
458 Considérations cliniques

décennie après 40 ans [61]. La cataracte reste la différencié de la cataracte [71]. Selon l'Organisa-
principale cause de cécité, responsable de 51 % des tion mondiale de la santé, le glaucome est mainte-
cas dans le monde [62]. Les principaux symp- nant la deuxième cause de cécité dans le monde
tômes sont une vision trouble, floue, ou faible, après la cataracte, et il est responsable d'environ
l'augmentation de la difficulté à voir la nuit, une 15 % de la charge totale causée par la cécité dans le
sensibilité à la lumière et à l'éblouissement ainsi monde [72]. La prévalence varie avec l'origine eth-
qu'une diminution de la vision des couleurs. nique, et les personnes d'ascendance africaine ou
Diverses régions du cristallin peuvent s'opacifier, hispanique et certaines populations asiatiques sont
ce qui produit différents types de cataractes [63] : les plus à risque [73] .Les autres facteurs de risque
tMB DBUBSBDUF OVDMÏBJSF  RVJ UPVDIF MF OPZBV EV comprennent l'âge avancé, les antécédents fami-
cristallin, 23,1 % des cas ; liaux, la myopie et les facteurs génétiques [74, 75].
tMBDBUBSBDUFDPSUJDBMF VOFPQBDJUÏEFMBDBQTVMF En raison de la démographie de la population qui
du cristallin, 22,0 % des cas ; vieillit rapidement, la prévalence du glaucome aug-
tMB DBUBSBDUF TVCDBQTVMBJSF QPTUÏSJFVSF  RVJ mente [76]. Aussi, le TMO, qui a pour objectif
implique l'arrière du cristallin en dessous de la l'élimination ou la réduction de l'influence des
capsule, 13,1 % des cas. troubles somatiques d'un point de vue mécanique,
Les différents emplacements sont associés à diffé- neurophysiologique et circulatoire, peut être consi-
rents facteurs de risque [64]. L'exposition au rayon- déré pour son rôle dans la prévention du glaucome
nement ultraviolet -B est associée à l'apparition de et comme traitement d'appoint [77, 78].
cataractes corticales et peut-être à des cataractes sub-
capsulaires postérieures [65]. Le diabète et le taba- Anatomopathologie du glaucome
gisme sont également associés à la cataracte corticale.
La myopie grave et des facteurs génétiques semblent En plus d'ancrer la cristallin et d'ajuster sa capacité
favoriser les cataractes nucléaires [66, 67]. En outre, de réfraction, le corps ciliaire est la source de
les cataractes subcapsulaires postérieures sont plus
fréquentes chez les hommes, chez les patients diabé- Corps ciliaire
tiques, et avec l'utilisation de corticoïdes [68, 69].
Dans un premier temps, les protéines de certaines
fibres du cristallin sont endommagées. Pro- Chambre
gressivement, elles remplacent les protéines transpa- postérieure
rentes normales, une transformation pathogène qui
conduit à l'opacification du cristallin et à une vision
floue. Une grande partie de ces dommages peut être Cornée
liée au stress oxydatif [70]. Cependant, les méca-
nismes pathogènes du développement des cataractes
Chambre
ne sont pas complètement compris. La chirurgie peut antérieure
être nécessaire, avec l'ablation du cristallin, le port
d'un verre convexe puissant en avant de l'œil ou
Iris
l'implantation d'un cristallin artificiel.

Cristallin
Glaucome
Canal de Schlemm
Dès le IVe siècle av. J.-C., le mot « glaucoma » est
employé par Hippocrate. Pour autant, cela n'est
qu'en 1626 qu'il est associé à une élévation de la
pression intraoculaire (PIO) reconnaissable par la
résistance du globe oculaire, et seulement au début Figure 14.11. Circulation de l'humeur aqueuse.
des années 1700 que le glaucome est clairement © Éléonore Lamoglia.
Chapitre 14. Dysfonctions auditives et visuelles 459

l'humeur aqueuse par l'intermédiaire de ses procès aussi une pathogenèse possible du glaucome. En
ciliaires. L'humeur aqueuse dérive du plasma dans effet, tous les patients avec une atteinte glaucoma-
les capillaires des procès ciliaires. Elle est sécrétée teuse n'ont pas une PIO élevée [79]. Normalement,
dans la chambre postérieure du globe oculaire, puis le débit sanguin est suffisant pour fournir de l'oxy-
passe à travers la pupille dans la chambre antérieure, gène et des nutriments à tous les tissus du corps.
où la plus grande partie est drainée à travers le réseau Cependant, il peut exister une dérégulation vascu-
trabéculaire de l'angle iridocornéen dans le canal de laire dans l'œil, avec une constriction artérielle inap-
Schlemm et les veines épisclérales (figure 14.11). propriée, un vasospasme ou une dilatation
insuffisante [80]. Ce dérèglement vasculaire peut
Théorie mécanique du glaucome faire partie d'un « syndrome angiospastique » qui peut
être secondaire à d'autres maladies, telles les mala-
Un drainage déficient de l'humeur aqueuse résulte
dies auto-immunes, ou qui peut exister comme un
en une augmentation de la PIO qui conduit au
syndrome angiospastique primaire en réponse à des
glaucome. Si elle n'est pas traitée, une PIO élevée
stimuli comme le froid ou le stress émotionnel [81].
peut endommager le nerf optique et produire une
La dérégulation vasculaire peut produire une fluc-
perte de vision progressive et permanente.
tuation dans la perfusion de la tête du nerf optique,
Le glaucome est soit « primaire » soit « secon-
résultant en une perte axonale et un remodelage.
daire » à une anomalie particulière ou à une mala-
La régulation vasculaire de l'œil est complexe,
die de l'œil. Les deux principaux types de glaucome
impliquant l'endothélium, les cellules neurales et
primaire sont « à angle fermé » et « à angle ouvert ».
gliales, les hormones et l'innervation autonome.
Le glaucome à angle fermé, aussi appelé glaucome
La tête du nerf optique, la rétine et la circulation
aigu, présente un angle iridocornéen fermé ou
sanguine choroïde sont sous le contrôle des cel-
étroit. Dans ce cas, le drainage de l'humeur
lules endothéliales. L'endothélium vasculaire –
aqueuse est bloqué, ce qui entraîne une hausse
l'interface entre la paroi du vaisseau et le
soudaine de la PIO qui nécessite une attention
sang – contribue sensiblement à l'angiogenèse,
médicale immédiate. Les symptômes comprennent
aux réponses inflammatoires, à l'hémostase et au
une douleur intense des yeux, des nausées, des
contrôle du tonus vasculaire par la libération de
troubles soudains de la vision, une vision floue
substances vasoactives, tels que les vasoconstric-
avec des halos autour des lumières et une rougeur
teurs ET-1, l'angiotensine II et la thromboxane,
de l'œil.
et de vasodilatateurs tels que l'oxyde nitrique, la
Le glaucome à angle ouvert, également appelé
prostacycline et le peroxyde d'hydrogène [82]. La
glaucome chronique, est la forme la plus courante.
dysfonction cellulaire endothéliale peut conduire
Il résulte d'un drainage réduit de l'humeur
à une ischémie et à une dérégulation vasculaire
aqueuse suite à des changements pathologiques
[83]. En outre, dans le glaucome, la dysfonction
dans le réseau trabéculaire de l'angle iridocor-
endothéliale peut affecter le réseau trabéculaire de
néen. Bien que cet angle reste large et ouvert, la
l'angle iridocornéen et le canal de Schlemm.
PIO augmente lentement, de façon indolore, avec
Normalement, la vitesse du flux sanguin dans
des symptômes visuels de perte de la vision péri-
la tête du nerf optique manifeste les caractéris-
phérique, apparaissant souvent très tard.
tiques associées à la vasomotricité, à la respira-
Progressivement, l'augmentation de la PIO pro-
tion et au pouls cardiaque [84]. Toutefois, dans
duit des dégâts mécaniques sur les axones des cel-
le glaucome avec une PIO normale, la plupart
lules ganglionnaires de la rétine et/ou une
des vaisseaux rétrobulbaires démontrent des
ischémie de la tête du nerf optique, avec perte
vitesses du flux sanguin réduites et des indices de
progressive de la vision.
résistance plus élevés, i. e. une plus grande résis-
tance à l'écoulement du sang dans le lit micro-
Théorie vasculaire du glaucome
vasculaire distal [85]. De plus, la dérégulation
Outre la PIO élevée comme facteur de risque majeur, vasculaire du nerf optique peut le rendre plus sen-
l'altération du débit sanguin oculaire semble être sible à la PIO.
460 Considérations cliniques

Supraorbital Lacrymal Rétinien


central
Ophtalmique
supérieur

Sinus
Frontal caverneux

Angulaire

Ophtalmique
Vorticineux inférieur

Plexus
ptérygoïdien
Facial

Facial profond

Figure 14.12. Drainage veineux orbitaire.


Source : Standring S. (éd.), Gray's Anatomy : The anatomical basis of clinical practice, 40e éd., Édimbourg, Churchill Livingstone, 2008, p. 666.

Nous avons proposé que l'oscillation de 6–12 cpm la myopie dégénérative et l'inflammation sont
(0,10–0,20 Hz), associée à la physiologie baroré- d'autres facteurs de risque moins fréquents [86].
flexe et vagale, est l'onde de Sutherland ou la « marée
rapide » de Becker, et que l'oscillation de 0,5–1,2
cpm (0,009 à 0,02 Hz), associée à la régulation Anatomopathologie
thermique et à la vasomotricité médiée endothéliale- du décollement de rétine
ment, est la « marée lente » de Becker (voir partie I,
La rétine – la couche interne du globe oculaire –
Ostéopathie, fascia, fluides et mécanisme respira-
fait entre 0,2 et 0,4 mm d'épaisseur. Elle se com-
toire primaire, p. 1). Pour ces raisons, l'ostéopathie
pose de deux couches (voir figure 14.8, p. 456) :
crânienne peut être appliquée pour contribuer à la
tMBSÏUJOFOFVSPTFOTPSJFMMFPVSÏUJOFJOUFSOF
régulation vasculaire de l'œil (figure 14.12).
tMhÏQJUIÏMJVNQJHNFOUBJSFEFMBSÏUJOFPVSÏUJOF
externe.
La lumière passe à travers l'épaisseur de la rétine
Décollement de la rétine avant d'atteindre et d'activer les photorécepteurs
des bâtonnets et des cônes. Ensuite, l'absorption
Le vieillissement, une extrême myopie, des antécé- des photons par le pigment visuel des photorécep-
dents familiaux de décollement de rétine (DR), des teurs est convertie en un message biochimique,
lésions oculaires, un DR dans l'autre œil et la puis en un message électrique transmis au cortex
chirurgie de la cataracte sont des facteurs de risque visuel du cerveau par le nerf optique.
bien connus pour le DR. Une naissance prématurée Deux systèmes distincts assurent un apport
ou d'autres maladies ou troubles oculaires, tels que sanguin à la rétine. Tous deux sont nécessaires et
la rétinoschisis, l'uvéite, la rétinopathie diabétique, proviennent de l'artère ophtalmique, une branche
Chapitre 14. Dysfonctions auditives et visuelles 461

de l'artère carotide interne. La rétine interne vitréenne dans l'espace subrétinien. L'accumulation
reçoit un apport direct par les capillaires reliés de liquide sépare ainsi la rétine sensorielle de l'épi-
aux branches de l'artère et de la veine centrales thélium pigmentaire rétinien, causant le détache-
de la rétine. La rétine externe est avasculaire et ment. Certains facteurs comme la déficience des
dépend du support vasculaire fourni par la cho- forces d'adhésion entre la rétine et l'humeur
riocapillaire de la choroïde, la couche de tissu vitrée, des changements moléculaires à l'interface
conjonctif de l'œil située entre la rétine et la vitréorétinienne peuvent prédisposer à des zones
couche protectrice externe de l'œil, la scléro- focales de traction vitréorétinienne et conduire au
tique. Effectivement, la choroïde reçoit 80 % de décollement postérieur du vitré [87].
la totalité du sang oculaire, et parce que la dis-
tance entre les choriocapillaires et les photoré-
Symptômes
cepteurs est inférieure à 20 μm, une diffusion
rapide est possible. La vision périphérique ou centrale est diminuée en
Le décollement de la rétine est la séparation de fonction du type de détachement, de sa taille et de
la rétine neurosensorielle de l'épithélium pigmen- son emplacement. Généralement, les patients
taire subjacent. Il est classé en trois groupes : ignorent les symptômes de détachement jusqu'à
séreux ou exsudatif, par traction, et rhegmatogène. ce qu'ils s'approchent de la macula et produisent
un défaut dans le champ visuel qui ne peut être
Décollement séreux ignoré. C'est souvent lors d'un examen oculaire
que le DR est découvert. Les symptômes associés
Le décollement de l'épithélium pigmentaire qui nécessitent des soins médicaux comprennent
séreux est dû à une inflammation de la chambre des troubles indolores de la vision, des change-
postérieure, des blessures, des anomalies vascu- ments dans le champ visuel périphérique, une
laires ou, moins souvent, des tumeurs oculaires baisse de l'acuité, une vision des couleurs défi-
néoplasiques. Du liquide s'accumule entre la ciente, une vision déformée, l'apparition d'éclairs
rétine neurosensorielle et l'épithélium pigmen- dans le champ visuel et de « mouches volantes ».
taire rétinien, mais la rétine reste intacte. Le DR rhegmatogène aiguë qui menace la vision
centrale est une urgence nécessitant une attention
Décollement par traction médicale immédiate.
Avec l'âge, surtout après 60 ans, la structure
vitreuse change. Le décollement par traction se
produit lorsque des cellules du corps vitré se fixent Modifications
à la surface de la rétine et se contractent. Ce tissu
fibreux ou fibrovasculaire, les « adhésions vitréoréti-
associées à l'âge
nales », détache la rétine neurosensorielle de l'épi-
thélium pigmentaire de la rétine, créant un DR. Avec le vieillissement, des changements sur-
Habituellement, la traction vitréorétinienne viennent dans les tissus mous du visage en même
occasionne des décollements postérieurs du vitré. temps que la forme du squelette facial se remo-
Ces décollements postérieurs du vitré peuvent dèle. Le volume des joues devient moins impor-
être plus précoces chez les patients atteints de tant et l'os frontal se déplace vers l'avant et
forte myopie. légèrement vers le bas, tandis que la portion cen-
trale du visage se déplace en rotation postérieure
et légèrement vers le haut [88]. Aussi, la forme, la
Décollement rhegmatogène taille et le volume des orbites osseuses évoluent
La forme la plus commune de DR est la consé- [89]. De plus, toute dysfonction somatique crâ-
quence d'une perte de continuité de la rétine par nienne de l'une des structures orbitales contribue
rupture ou déchirure. L'humeur vitrée liquéfiée à diminuer la motilité du globe oculaire et sa per-
passe au travers de cette rupture, de la cavité fusion vasculaire et fluidique.
462 Considérations cliniques

Les contractions rythmiques des muscles avec le patient en position décubitus dorsal.
extraoculaires et intraoculaires favorisent les Évaluez la synchondrose sphénobasilaire et la base
échanges fluidiques de l'œil et des structures du crâne, avec une attention particulière pour l'os
associées, et le vieillissement affecte ce système. temporal. Visualisez les parties pétreuses, leur
Chez les personnes âgées, il y a une augmentation relation avec la tente du cervelet, et les sutures
progressive de la fibrose endomysiale, des modifi- pétro-occipitale et pétrosphénoïdale. Vérifiez les
cations des fibres musculaires avec une plus articulations temporomandibulaires et le schéma
grande variation dans la taille des fibres, et la occlusal du patient. Normalisez toute
perte des éléments contractiles des MEO [90]. dysfonction.
Chez le sujet qui vieillit, les muscles droits latéral Pour les dysfonctions auditives, n'oubliez pas la
et médial sont situés plus bas par rapport au déclaration de Sutherland : « Realize that the
centre du globe oculaire, ce qui entraîne plus de middle ear is an air sinus. When the petrous portion
difficultés à initier et à maintenir un regard vers le is held abnormally in external rotation and the
haut [91]. Les effets de cette activité musculaire mouth of the auditory tube is held open, you can
modifiée, ajoutés aux changements posturaux et hear the roar [92]. » (« Sachez que l'oreille
dysfonctions somatiques du rachis cervical et de moyenne est un sinus aérien. Lorsque la partie
la charnière craniocervicale, contribuent à dimi- pétreuse est anormalement maintenue en rotation
nuer les réflexes cervico-oculaire et vestibulo-ocu- externe et que l'entrée de la trompe auditive est
laire. La stabilité visuelle peut également être maintenue ouverte, vous pouvez entendre le
affectée. Un cercle vicieux s'installe, avec une mugissement. »)
contraction compensatrice des muscles intra- et Magoun a aussi déclaré : « With an external
extraoculaires, résultant en une augmentation de rotation lesion of the temporal, the tube may be held
la PIO. continuously open, and the patient complains of a
low-pitched roar. With internal rotation, it may be
held closed, accompanied by high-pitched humming
or buzzing [93]. » (« Avec une dysfonction de
Contribution ostéopathique rotation externe du temporal, la trompe peut être
à l'examen physique maintenue continuellement ouverte, et le patient
et au traitement se plaint d'un mugissement dans les graves. Avec
la rotation interne, elle peut être maintenue fer-
L'examen et le traitement de toute dysfonction mée, avec un bourdonnement ou un murmure
auditive et visuelle commence par un bilan com- dans les aigus. »)
plet. Les dysfonctions posturales sont fréquentes Visualisez les structures de l'oreille moyenne et
chez le patient qui vieillit, et elles sont souvent de l'oreille interne dans les parties pétreuses des os
associées à des dysfonctions visuelles et auditives. temporaux. La vascularisation du système auditif
En particulier, les dysfonctions somatiques de la est très importante et une mauvaise circulation
colonne vertébrale thoracique supérieure et cervi- nuit à l'audition. En suivant et en équilibrant la
cale doivent être considérées en raison de leurs motilité inhérente de l'oreille interne, vous pou-
relations avec les systèmes vasculaire, lymphatique vez contribuer à la circulation de la périlymphe et
et nerveux autonome qui peuvent affecter les de l'endolymphe, et améliorer la circulation san-
fonctions sensorielles céphaliques. Les structures guine de la microvascularisation.
myofasciales associées à la colonne vertébrale tho- Les dysfonctions membraneuses doivent aussi
racique supérieure et cervicale, tels les muscles être diagnostiquées et traitées dans le cas de
sternocléidomastoïdiens, peuvent également être troubles auditifs et visuels. Tous les nerfs crâniens
responsables de la restriction de la mobilité de l'os établissent des relations intimes avec la dure-mère.
temporal et de la base du crâne. Pour le VIII, les rapports sont étroits au niveau du
Ensuite, procédez à l'examen du neurocrâne et méat acoustique interne, et pour les III, IV, V1, et
du viscérocrâne. Cela est plus facilement accompli VI, ils le sont au niveau de la loge latérosellaire
Chapitre 14. Dysfonctions auditives et visuelles 463

(sinus caverneux). La dure-mère forme le plan-


Parfois aussi nommée loge caverneuse ou sinus
cher, le toit, les parois latérale et médiale de la loge caverneux, la loge latérosellaire est un espace anato-
latérosellaire que ces nerfs traversent, avant de mique, de forme grossièrement trapézoïde, situé de part
passer par la fissure orbitaire supérieure pour et d'autre de la selle turcique de l'os sphénoïde. Elle
entrer dans la cavité orbitaire. Dans la loge latéro- contient diverses structures vasculonerveuses, parmi
sellaire, les rapports sont étroits entre la dure- lesquelles le sinus caverneux. Il semble donc approprié
mère, le contenu de la loge, le temporal et le de distinguer le sinus caverneux de l'espace dans lequel
sphénoïde. il chemine, i. e. la loge latérosellaire [96].
L'artère carotide interne traverse également la
loge latérosellaire, avant de donner l'artère oph- Il existe une continuité anatomique entre la
talmique. Au sein de cette loge, l'artère carotide dure-mère, le périoste et les structures de la cavité
interne assure la vascularisation des nerfs crâniens orbitaire, i. e. le globe oculaire et les MEO. Au
qui s'y trouvent, et ainsi, toute stase à l'intérieur niveau de la fissure orbitaire supérieure, la couche
de la loge peut compromettre les vasa nervorum endostéale de la dure-mère se continue à travers la
de ces nerfs. Venant du ganglion cervical supé- fissure pour se fondre avec le périoste orbitaire. En
rieur, le nerf carotidien interne accompagne l'ar- outre, un manchon dural de la couche méningée de
tère carotide interne, gagne la loge latérosellaire et la dure-mère engaine le nerf optique dans sa traver-
donne des rameaux au globe oculaire. sée du canal optique. Cette couche durale se mêle à
Situé à l'intérieur de la loge latérosellaire, le la sclérotique oculaire et adhère étroitement à l'an-
sinus caverneux draine le sang des veines ophtal- neau tendineux commun des quatre muscles droits.
miques supérieures et inférieures. Le drainage se Dès lors, toute dysfonction membraneuse dans le
continue dans les sinus pétreux supérieur et infé- crâne, et toute autre dysfonction à distance par
rieur, puis finalement à travers le foramen jugu- l'intermédiaire du core-link, peut affecter la fonc-
laire. Les membranes intracrâniennes, en particulier tion visuelle et doit être prise en compte dans le
la tente du cervelet, doivent être équilibrées pour traitement ostéopathique des dysfonctions visuelles.
assurer un bon drainage veineux des orbites et des Le globe oculaire est contenu dans – et établit
yeux. Comme Sutherland l'a souligné : « In the une relation intime avec – la cavité orbitaire. L'un
case of glaucoma, one may reason that the accumu- des principes ostéopathiques primordiaux est que
lation of fluid points to a condition somewhere back la structure et la fonction sont liées à tous les
along the intracranial membranous wall of the niveaux. La structure détermine la fonction et est,
cavernous sinus, or in the walls of the petrosal sinus, à son tour, influencée par la fonction et la dysfonc-
to a membranous restriction affecting the venous tion. Pour les dysfonctions visuelles, les structures
return, and back of that, the possibility of a cranial formant la cavité orbitaire peuvent affecter les
lesion as an etiological factor [94]. » (« Dans le cas fonctions oculaires de la vision, les aspects vascu-
du glaucome, on peut penser que l'accumulation laires et neurologiques associés, et l'activité mus-
de fluide indique quelque part le long de la paroi culaire extra- et intraoculaire. Par conséquent,
membraneuse intracrânienne du sinus caverneux, il convient d'examiner la cavité orbitaire et de voir
ou dans les parois du sinus pétreux, un état de res- comment ses composantes osseuses contribuent à
triction membraneuse affectant le retour veineux, la dysfonction oculaire. La flexion-rotation
et derrière cela, la possibilité d'une lésion crâ- externe craniosacrale est associée à une diminution
nienne comme un facteur étiologique. ») Magoun de la profondeur orbitaire, alors que l'extension-
a aussi déclaré que la compression du quatrième rotation interne est associée à une augmentation.
ventricule est « indicated for venous congestion such Ainsi, une dysfonction d'extension-rotation
as the back pressure through the cavernous or petrosal interne, en augmentant la dimension antéroposté-
sinuses in glaucoma and cataract [95] » (« indiquée rieure de la cavité orbitaire, peut amplifier la
pour la congestion veineuse telle la pression de contrainte mécanique appliquée sur le globe ocu-
reflux des sinus caverneux ou pétreux dans le glau- laire et son contenu, ce qui contribue aux dysfonc-
come et la cataracte »). tions visuelles.
464 Considérations cliniques

Une normalisation des muscles oculaires est indi- poser au bruit excessif. Une bonne alimentation
quée pour réduire la tension appliquée sur le globe riche en antioxydants, fruits et légumes est
oculaire et promouvoir l'échange des fluides. La recommandée. Les régimes riches en lipides sont
stase fluidique intraoculaire, qui pourrait contribuer déconseillés car ils sont associés à des troubles
au glaucome chronique, peut également être amélio- auditifs [99]. Il existe aussi certaines preuves de
rée par l'équilibrage des fluides intraoculaires. Notez l'existence d'une relation significative entre la
cependant que le glaucome aigu est une urgence pression artérielle systolique et la perte d'audition
nécessitant une attention médicale immédiate. dans les fréquences de la parole [100]. Ainsi, pré-
venir l'hypertension doit être envisagé (voir par-
tie IV, chapitre 9, Dysfonctions cardiovasculaires,
p. 297).
Conseils au patient Essayez de faire comprendre à votre patient que
bien qu'il ait des difficultés d'audition, il est
Dans les dysfonctions auditives comme visuelles, la important, autant que possible, qu'il maintienne
gestion du stress est un bon conseil. Expliquez à la communication et ne se retire pas des interac-
votre patient comment se détendre et comment tions sociales. Cela nécessite des efforts et de nou-
sentir le relâchement de la tension dans les épaules velles habitudes, comme faire plus attention,
et le cou, ainsi que dans les régions auditives et admettre quand il ne comprend pas et s'appliquer
orbitaires. Le cas échéant, aidez le patient à faire à rechercher des indices visuels, comme l'expres-
face à une diminution ou à une perte de fonction. sion du visage et le mouvement des lèvres, dans les
Pour détendre à la fois les yeux et les oreilles, conversations avec les autres.
encouragez votre patient à bâiller autant que pos- Les patients atteints de dysfonctions visuelles
sible. La plupart du temps, cela ouvre la trompe bénéficient également d'une bonne alimentation.
auditive, favorise le drainage de l'oreille moyenne, Encouragez-les à réduire la caféine qui, en grandes
et donc la transmission du son. Apprenez à votre quantités, peut augmenter la pression oculaire.
patient comment détendre la mandibule et les L'exercice modéré doit être encouragé pour sa
ATM avec des mouvements simples, comme contribution à l'échange des fluides oculaires et
ouvrir et fermer lentement la bouche sans aucun périoculaires. Soulignez également l'importance
effort, et faire des petits mouvements de diduc- des examens visuels annuels approfondis, et l'utili-
tion vers la droite et vers la gauche. Une sensation sation de lunettes correctrices avec la prescription
de relaxation des muscles temporaux dans les la plus précise possible.
fosses temporales doit suivre.
Les patients ayant une perte auditive peuvent Références
être équipés d'une prothèse auditive qui amplifie
le son. De tels dispositifs ses sont révélés plus effi- [1] National Institute on Deafness and Other
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Crédits illustration

Les figures mentionnées ci-après sont reproduites avec Figure 13.8 issue de la figure 16.7, p. 240.
l'aimable autorisation des éditeurs concernés. Figure 13.11 issue de la figure 28.11, p. 450.
Figure 14.2 issue de la figure 36.14 (A), p. 630.
Ross & Wilson, Anatomie et physiologie normales et
Figure 14.3 issue de la figure 37.3 (A), p. 636.
pathologiques, de Waught A, Grant A, Perelman R,
Figure 14.8 issue de la figure 40.1 (A), p. 676.
11e édition, Elsevier Masson, 2011 (traduction de
Figure 14.12 issue de la figure 39.14 (A), p. 666.
Ross and Wilson Anatomy and Physiology in Health
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Figure 9.4 issue de la figure 5.15, p. 88. Figure 6.2 issue de la p. 313.
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Figure 11.4 issue de la figure 65.1, p. 1111.
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Figure 11.7 issue de la figure 66.16, p. 1134.
Figure 12.15 issue de la figure 63.10, p. 1092. Gray's Anatomie pour les étudiants de Drake RL, Vogkl
Figure 13.1 issue de la figure 15.15, p. 234. Aw, Mitchell AWM, 2e édition, Elsevier Masson,
Figure 13.7 issue de la figure 19.1, p. 276. 2010 (traduction de Gray's Anatomy for Students
470 Crédits illustration

de Drake RL, Vogkl Aw, Mitchell AWM, 2nd ed., © Encycl Méd Chir (Elsevier Masson, Paris)
© Churchill Livingstone, an imprint of Elsevier Inc., Figure 11.8 issue de Ducrotté P., « Physiopathologie
Philadelphia, 2008) (ISBN : 978-2-8101-0151-1) et traitement des troubles fonctionnels intestinaux »,
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Figure 7.8 issue de la figure 5.22, p. 425. Figure 11.10 issue de Fellous K., « Algies anorectales
Figure 7.10 issue de la figure 2.8, p. 62. essentielles chroniques », EMC Gatro-entérologie
Figure 7.12 issue de la figure 2.9, p. 63. (Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson), 9-087-F-10,
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Figure 12.1 issue de la figure 5.34, p. 434. Figure 12.2 issue de Fellous K., « Algies anorectales
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© Éléonore Lamoglia
Figure 12.13 issue de la figure 5.40, p. 442.
Figure 7.5 ; Figure 7.15 ; Figure 7.16 ; Figure 7.17 ;
Figure 12.14 issue de la figure 5.44, pp. 445-446.
Figure 8.1 ; Figure 8.7 ; Figure 8.9 ; Figure 8.10 ;
Figure 12.16 issue de la figure 5.46 (A), p. 449.
Figure 8.13 : Figure 8.14 ; Figure 10.2 ; Figure 11.6 ;
Figure 14.1 issue de la figure 8.107, p. 904.
Figure 11.9 ; Figure 12.3 ; Figure 12.11 ;
Figure 14.7 issue de la figure 8.125, p. 919.
Figure 12.12 ; Figure 13.9 ; Figure 14.4 ; Figure 14.5 ;
Figure 14.9 issue de la figure 8.103, p. 901
Figure 14.6 ; Figure 14.11.
Index

A Aponévroses
Accommodation, 457 – extramusculaires, 4
– pelvienne, 275 – intramusculaires, 4
Accouchement Appareil
– par voie basse, 382 – suspenseur du poumon, 316
Acétylcholine, 419 – vestibulaire, 250
Acouphène, 268 Aqueduc
– idiopathique, 455 – vestibulaire, 251
– objectif, 454 Arbre respiratoire, 318
– somatique, 455 Arc
– subjectif, 454 – tendineux, 374
Acromion, 230 Artère
Activation – d'Adamkiewicz, 204
– gliale, 427 – ophtalmique, 460
Activité – spinales, 200
– baroréflexe, 28 – subclavière, 203
– parasympathique nocturne, 429 – vertébrale, 188, 203, 266
– vagale, 28 Arthrite, 60
Acuité – dégénérative, 214
– visuelle, 257 Arthrose, 214, 221
Adhérences – des processus articulaires, 212
– focales, 16 – du genou, 265
Adipocytes, 5 Articulation
Adrénaline, 419 – acromioclaviculaire, 78, 228
Ailes du sacrum, 194 – atlanto-axiales, 198
Allodynie, 426 – atlanto-occipitales, 198
– mécanique, 215 – de Luschka, 198
Ampoule, 253 – fibreuses, 198
Anamnèse, 55 – glénohumérales, 78
Angle – interapophysaires postérieures, 198
– de His, 349 – intervertébrale, 198
– de la cyphose, 284 – occipitocervicale, 271
– inférolatéral, 195 – sacro-iliaque, 63
– mandibulaire, 75 – scapulohumérale, 228
– sacrovertébral, 194 – scapulothoracique, 78, 228
Anneau – sternoclaviculaire, 78, 228
– fibreux, 198, 215 – subacromiale, 228
Anus, 77 – temporomandibulaire, 59,
Aorte 272, 342
– abdominale, 204 – uncovertébrales, 198
– thoracique, 204 – zygapophysaires, 198
Apnée Ascites, 60
– centrales, 325 Atlas, 188
– obstructive du sommeil, 433 Audition, 447
472 Index

Axe Cataracte, 458


– cerveau-intestin, 353 Ceinture
– hypothalamo-hypophyso-surrénalien, 302, 427 – scapulaire, 78
– oblique, 208 Cellules
Axis, 188 – entéroendocrines, 352
– interstitielles de Cajal, 358
B – migrantes, 4
Barorécepteurs, 298 – résidentes, 4
Baroréflexe, 298, 421, 437 – souches mésenchymateuses, 6
Barrière Cellulite, 10
– anatomiques, 51 Centre
– de la muqueuse intestinale, 355 – tendineux du périnée, 374, 376, 377
– dysfonctionnelles, 51 Cervelet, 262
– épithéliale intestinale, 353 Chaîne
– physiologiques, 51 – sympathique paravertébrale, 412
Bas appareil Charnière
– urinaire, 388 – occipitocervicale, 88
Bassin Chondroblastes, 5
– (grand), 385 Chute
– (petit), 385 – latérale, 264
Bipédisme, 222 Cicatrice, 5
Bosse de bison, 60 Circulation
Bouffées – pulmonaire, 308
– de chaleur, 436 Clairance
Bourse synoviale – épithéliale, 319
– subacromiodeltoïdienne, 228 Clavicules, 78
Bronches, 318 Co-activation alpha-gamma, 261
Bronchoconstriction, 320 Coccyx, 77
Bronchopneumonie, 324 Cochlée, 250, 451
Cœur
C – périphérique, 38
Cæcum, 364 Collagène, 7, 216, 230
Calcium, 357 Côlon
Canal – sigmoïde, 357
– cochléaire, 250, 452 Colonne
– d'Alcock, 360 – cervicale, 78
– de Schlemm, 459 – intermédiolatérale, 410
– endolymphatique, 251 Comorbidités, 298
– pudendal, 360 Complexe
– radiculaire, 200 – nucléaire vestibulaire, 255
– sacral, 194 – trigéminocervical, 203
– semicirculaires, 250 Compression
– utriculosacculaire, 250 – du nerf pudendal, 383
– vertébral, 199 – du quatrième ventricule, 439
Canalithiase, 266 – neurale, 235
Capacitance, 12, 29, 307 Concept
– vasculaire périphérique, 300 – trinitaire de l'humanité, 93
Capacité proprioceptive, 11 Condyle
Capaciteur, 12, 29, 307 – occipital, 59
Capsules Cône terminal, 193
– articulaires, 4 Conflit
Cardia, 348 – fémoroacétabulaire, 225
Index 473

Constipation, 388 Déglutition, 340


– fonctionnelle, 357 Déminéralisation, 211
Constriction Densité
– des bronchioles, 319 – osseuse, 211
Continence, 393 Dent de l'axis, 188
Contrôle Détroit
– postural, 257, 258 – inférieur, 385
Cornes – supérieur, 385
– coccygiennes, 195 Détrusor, 390
– sacrales, 195 Diagnostic, 94
Corps Diaphragme, 77, 347
– ciliaire, 456 – pelvien, 373, 376
Corpuscule – thoracoabdominal, 376
– carotidien, 299 – (trois), 376
Cortisol, 428, 433, 435 – urogénital, 376
Côtes, 189 Diastasis, 60
Courbure Disques
– rachidienne, 279 – intervertébraux, 185, 198
Crépitus, 88 Dôme
Crête – pleural, 315
– sacrale, 194 Douleur, 78
Cristallin, 257, 456 – discogénique, 216
Cupule, 253 – neuropathique, 427
Cupulolithiase, 266 – radiculaire, 216
Cycle Dysautonomie, 420
– de sommeil, 430 Dysfonction
Cyphose, 387 – autonome, 420
– thoracique, 60, 283 – calcanéocuboïdienne, 57
Cystocèle, 388 – cardiovasculaires, 297
Cytokines, 215 – non physiologique, 47
– orofaciales, 86
– physiologique, 47
D – posturales, 86
Débit – réflexe, 47
– cardiaque, 298, 306 – somatique, 94
Décollement – subtalienne, 57
– de rétine, 460 – talonaviculaire, 57
Décompensation – viscérale, 78
– cardiaque, 305 Dysfonction somatique
Défécation – aiguë, 48
– douloureuse, 388 – chronique, 48
Défensines, 319 – faciale, 47
Déficience – iliosacrale, 64
– visuelle, 257 – interosseuse, 47
Défilé, 230 – intraosseuse, 47
– du supraépineux, 230 – ligamentaire, 47
Déformations – membraneuse, 47
– biconcaves, 213 – musculaire, 47
– des orteils, 279 – primaire, 48, 61
– en coin, 213 – secondaire, 48, 61
– par tassement, 213 – subaiguë, 48
– vertébrales, 213 Dyspareunie, 77, 388
474 Index

Dysplasie – pelvien viscéral, 384


– de la hanche, 222 – pharyngobasilaire, 342
Dysuries, 388 – posturaux, 15
– prétrachéal, 310
E – prévertébral, 343
Échelle – thoracolombal, 347
– de sévérité des symptômes, 425 – transversalis, 347
Ectosquelette, 14 Fer, 357
Élévation Fibres
– du larynx, 344 – élastiques, 8
Endolymphe, 250, 268, 451 – endomysiales, 4
Endomysium, 4, 10 – extracellulaires, 4
Enthèses, 230 – intermusculaires, 4
Enthésopathie – jaunes, 8
– acromiale, 230 – post-ganglionnaires, 414
Entraînement, 30 – préganglionnaires, 412
Épaule gelée, 5 Fibroblastes, 5
Épimysium, 4, 10 Fibrocytes, 5
Épine Fibrome utérin, 60
– acromiale, 230 Fibromyalgie, 424
– iliaque antérosupérieure, 62 Fibrose, 19
– iliaque postérosupérieure, 61 Fibula, 57, 76
Épinèvre, 4, 238 Filum terminale, 195
Épisiotomie, 377 Fluage, 12
Étirement Flux
– de la région thoracique supérieure, 400 – sanguin, 30, 459
– des muscles piriforme et obturateur interne, 401 Fonction
– du muscle iliopsoas, 400 – dynamique, 49
Étourdissements, 266, 422, 424 – lymphatique, 73
Eustress, 427 Foramen
Éversion, 57 – intervertébraux, 200
– du pied, 278 – jugulaire, 364
– sacraux, 194
F Force
Facilitation, 48 – musculaire, 266
Facteurs Fossettes
– épigénétiques, 86, 222 – de Vénus, 61
– génétiques, 86 Fracture
Fascia – de la hanche, 264
– antébrachial profond, 238 – vertébrale, 212
– brachial, 238 Fryette, Harrison H., 61, 207, 423
– cervical profond, 230 Fuseaux
– cervicaux, 78 – de sommeil, 430
– clavipectoral, 151, 230 – neuromusculaires, 259
– de Denonvillier, 398
– de l'obturateur interne, 373 G
– de Sibson, 315 Ganglion
– endopelvien, 383 – collatéraux, 415
– endothoracique, 315 – prévertébraux, 415
– pectoralis, 3 – spinal, 201
– pelvien, 347 – stellaire, 412
– pelvien extraséreux, 384 – sympathique thoracique, 202
– pelvien pariétal, 383, 384 – sympathiques, 412
Index 475

Genou, 76 Hypoactivité
Genu – détrusorienne, 396
– valgus, 221 Hypotension
– varus, 221 – orthostatique, 422
Gibbosités Hypothalamus, 356
– costales, 61 Hystérésis, 12
Glande
– pinéale, 431
– surrénale, 435 I
Glaucome, 458 Impulsion rythmique crânienne, 27, 51
– à angle fermé, 459 Incisure
– à angle ouvert, 459 – cardiaque de l'estomac, 349
Gnathion, 59 Incontinence
Gonarthrose, 221 – fécale, 379
Granulocytes, 6 – urinaire, 379, 388, 393
– urinaire à l'effort, 394
H – urinaire mixte, 394
Hallux – urinaire par urgenturie, 394
– valgus, 277, 278 Incus, 449
Hernie Index
– de Schmorl, 186 – d'apnée-hypopnée, 326
– discale, 216 Indice
– inguinale, 60 – de douleur généralisée, 425
– intraspongieuse, 186 – de masse corporelle, 222
– ombilicale, 60 Inégalité de longueur de jambes
Hiatus – anatomique, 58
– de l'adducteur, 73 – fonctionnelle, 58
– lévatorien, 374 Inégalité de longueur des MI
– œsophagien, 347 – anatomique, 274
– sacral, 194 – fonctionnelle, 274
– urogénital, 374 Infarctus du myocarde, 304
Homéostasie, 6, 16, 28, 355, 409, 427 Inflammation, 216, 230
Horloge – catarrhale, 85
– interne, 431 Influence
Hormone – génétique, 222
– aldostérone, 301 Insomnie, 433
Humeur Insuffisance cardiaque, 305
– aqueuse, 459 – diastolique, 304
Hydrops endolymphatique, 268 – systolique, 304
Hyperactivité insuffisance cardiaque, 303
– détrusorienne, 396 Intégrines, 16
– sympathique, 429 Intérocepteur, 356
– vésicale, 396 Intersticium, 33
Hyperalgésie, 426 Intestin
Hyperplasie – irritable, 424
– bénigne de la prostate, 397 Inversion, 57
Hypersensibilité Ischémie, 216
– viscérale, 356
Hypertension, 430, 434
– artérielle, 297 J
– essentielle, 302 JOG, 347
– secondaire, 302 Jonction
Hypertrophie – anorectale, 358
– ventriculaire gauche, 305 – œsogastrique, 345
476 Index

K Lymphocytes
Kegel, 77, 401 – B, 6
Kinesthésie, 259 – T, 6
Kinocil, 253

L M
Labyrinthe Macrophages, 6
– membraneux, 250 Macula, 252
– osseux, 250 Maladie
Langue, 329, 341 – athéroscléreuse, 305
– laryngopharynx, 343 – cardiovasculaires, 297
Lésions – de Dupuytren, 5
– neuropathiques, 383 – de Menière, 266, 268
Leucocytes, 6 – pulmonaire obstructive, 321
Ligament Malaises, 424
– alaires, 189, 198 Malleus, 449
– anococcygien, 373 Malocclusion, 342
– apical, 188, 198 Mandibule, 341
– cardinaux, 384 Manifestations réflexes, 48
– carpien transverse, 235 – neurologiques, 48
– coracoacromial, 230 – somatoviscérales, 48
– costopleural, 316 – viscérosomatiques, 48
– cruciforme, 197 – viscéroviscérales, 48
– de l'ouraque, 388 – somatoémotionnelles, 48
– gastrophrénique, 347 Manœuvre
– interépineux, 191, 197 – de Dix-Hallpike, 266
– interosseux sacro-iliaques, 195 – d'Epley, 267
– jaune, 197, 217 – de Semont, 267
– large, 384 Marée
– longitudinal antérieur, 189, 195 – lente, 5, 27
– longitudinal postérieur, 189, 195 – rapide, 27
– nuchal, 189, 197 Matrice
– ombilical médian, 388 – extracellulaire, 4
– péricardiacophrénique, 310 Maux de tête, 424
– phréno-œsophagien, 347 Maxillaire, 87
– puboprostatiques, 389 Mécanisme
– pubovésicaux, 389 – d'adhérence, 5
– sacrococcygiens, 195 – respiratoire primaire, 47
– sacrospinal, 77, 195, 360 Mécanorécepteurs
– sacrotubéral, 77, 195, 360 – cutanés des pieds, 259
– supraépineux, 191, 197 Mécanotransduction, 5, 16
– transverse, 197 Médicaments, 357
– transversopleural, 316 Médullosurrénales, 415
– utérosacraux, 384 Membrane
– vertébropleural, 316 – atlanto-occipitales, 197
Ligne de gravité, 57, 249, 285 – interosseuse, 4, 76
Littlejohn, John Martin, 27 – otolithique, 253
Lordose, 222 – périnéale, 376
– lombale, 59, 282 – suprapleurale, 189, 315
Losange – tectoriale, 197
– de Michaelis, 61 Mémoire, 430
Lymphangions, 35 Menière, Prosper, 268
Index 477

Méninges, 4 – subscapulaire, 228


– spinales, 195 – supraépineux, 228
Ménopause, 435 – suprahyoïdiens, 341
Mésonèvre, 238 – suspenseur de la plèvre, 317
Microbiote, 351 – tenseur du tympan, 449
Miction, 393 – tenseur du voile du palais, 450
Milieu – élévateurs de l’anus, 373
– intérieur, 409 Myocarde, 303
Modèle Myoclonie, 449
– tenségrital, 238 Myofascias, 4
Motilité Myofibroblastes, 5
– du côlon, 357
Motoneurones N
– bêta, 260 Nasopharynx, 343
– gamma, 260 Nerf
Mouvement, 47 – abducens, 256
– biphasique, 51 – facial, 450
– en « anse de seau », 189 – hypogastrique, 384
– en « bras de pompe », 189 – mandibulaire, 449
– macroscopiques, 49 – méningés récurrents, 200
– majeur, 48 – oculomoteur, 256, 457
– mineurs, 48 – optique, 255, 459
– non physiologique, 206 – pudendal, 359, 360, 375, 394
– physiologique, 206, 207 – sinuvertébraux, 202, 216
MRP – sinuvertébraux de Luschka, 199, 202
– de Sutherland, 264 – spinal, 200
Muscle, 256 – trochléaire, 256
– buccinateurs, 341 – vague, 28, 85, 448
– coccygien, 373 – vestibulaire, 253
– compresseur de l'urètre, 394 – vestibulocochléaire, 253, 453
– détrusor, 389 Neurocrâne, 79
– élévateur de l'anus, 77, 373 Neuroinflammation, 427
– élévateur du voile du palais, 450 Neurones
– extraoculaires, 256 – afférents viscéraux généraux, 410
– grand psoas, 283 – afférents viscéraux spéciaux, 410
– iliococcygien, 77, 373 – efférents viscéraux généraux, 411
– infraépineux, 228 – efférents viscéraux spéciaux, 411
– intertransversaires médiaux, 193 Neuropathie
– ischiococcygien, 77, 373 – d'étirement, 380
– lisse bronchique, 318 Neutrophiles, 6
– lisses, 5 Névralgie
– masticateurs, 87, 88 – d'Arnold, 74
– moyen glutéal, 209, 221 Nociception, 11, 15
– multifide, 193 Noradrénaline, 419
– orbiculaire des lèvres, 341 Nœuds de Schmorl, 213
– petit rond, 228 Noyau
– piriforme, 209, 360 – ambigu, 299, 422
– pubococcygien, 77, 374 – du tractus solitaire, 28, 298, 422
– puboviscéral, 374 – fibreux central du périnée, 377
– quadriceps, 221 – moteur dorsal du nerf vague, 422
– salpingopharyngien, 450 – pulpeux, 198, 215
– stapédien, 449 – suprachiasmatique, 428
– suboccipitaux, 269 – vagal dorsal, 299
478 Index

Nutation, 59 Pancréatite, 60
Nycturie, 388, 395 Paramètre, 384
Nystagmus, 266 Paranèvre, 238
Paroi
O – abdominale, 347
Obésité, 221, 434 Perception
Observation, 49 – de la douleur, 354
Occlusion, 272 Périlymphe, 250, 268, 450
Œdème, 73 Périmysium, 4
Œsophage Périnée, 76, 377
– cervical, 345 Périnèvre, 238
– thoracique, 345 Périoste, 4
Oestrogène, 436 Péritoine, 347
Oignon, 278 Pharynx, 327, 434
Ontogenèse, 223 Phase
Opercule – de la vidange, 390
– fibreux de Forestier, 202 – de remplissage, 390
Orbite, 87 Phylogenèse, 223
Oreille, 447 Physiologie
Organe – cardiovasculaire, 27
– spiral (de Corti), 452 – pro-inflammatoire, 321
– tendineux de Golgi, 261 Pieds
Oropharynx, 343 – creux, 57, 221
Orteil – plats, 57, 221
– en griffe, 279 Plancher
– en maillet, 279 – pelvien, 76, 373
– en marteau, 279 Plaque des releveurs, 380
Os Plateaux
– coxaux, 62, 385 – cartilagineux, 215
– hyoïde, 75, 310, 329, 341 Plèvre, 315
Oscillateurs Plexus
– circadiens cellulaires, 428 – brachial, 60, 235
Oscillation – d'Auerbach, 353
– cardiovasculaires, 30 – foraminaux, 200
– de basse fréquence, 28 – hypogastrique inférieur, 360, 384,
– de Traube-Hering, 299 390, 417
– périodiques, 5 – myentérique, 353, 358
– physiologiques, 28 – pelvien, 390, 417
– tonique du baroréflexe, 307 – veineux vertébraux, 188
Ossification – veineux vertébraux externes, 200
– des ligaments vertébraux, 217 – veineux vertébraux internes, 200
Ostéoblastes, 5, 212 – vésical, 392
Ostéoclastes, 212 Pneumonie
Ostéophytes, 198, 212, 221 – acquise en communauté, 323
Ostéoporose, 212 – lobaire, 324
Otoconies, 253 – nosocomiale, 323
Otolithes, 253, 266 Poche
– périnéale profonde, 377
P Point neutre
Palais mou, 328 – d'équilibre fonctionnel, 51
Palpation – dysfonctionnel, 51
– des fonctions, 50 Pollakiurie, 395
– des structures, 49 Pompage, 103
Index 479

Pompe – lombosacrales, 121


– musculaire, 307 – naviculaire, 107
Position – occipito-atlantales, 144
– de sommeil, 234, 328 – oculaires, 174
Post-charge, 306 – pelviennes, 113
Posture, 387 – pour la base crânienne, 163
– cervicale, 59 – pour la constipation, 160
– debout, 306 – pour la deuxième côte, 138
Pouls – pour la fosse poplitée, 111
– artériel, 51 – pour la hanche, 112
– radial, 68 – pour la première côte, 137
Poumon, 315 – pour la suture occipitomastoïdienne, 167
Précharge, 306 – pour la suture pétro-occipitale, 167
Presbyacousie, 447 – pour la symphyse pubienne, 115
Presbytie, 457 – pour la tente du cervelet, 163
Pression – pour le carré des lombes, 130
– intra-abdominale, 387 – pour le genou, 110
– intraoculaire, 458 – pour le piriforme, 127
– intrapéricardique, 306 – pour le plancher pelvien, 119
– intrathoracique, 307 – pour le sacrum, 118
Prise – pour les ischiojambiers, 112
– en berceau, 81 – pour les membranes intracrâniennes, 162
– par la voûte, 81 – pour les os temporaux, 166
Problèmes – pour les vertèbres cervicales typiques, 146
– d'équilibre, 266 – pour l'hallux valgus, 107
Procédure – pour l'iliopsoas, 128
– atlanto-axiale, 146 – pour l'obturateur interne, 128
– cervicales, 144 – pour l'orifice supérieur du thorax, 139
– claviculaires, 150 – pour l'os coxal, 114
– coccygienne, 120 – pour tendinite du tendon d'Achille, 104
– combinées, 95 – sacro-iliaques, 116
– costales, 137 – scapulohumérale, 153
– crâniennes, 161 – sphénofrontale, 169
– cuboïdiennes, 106 – sphénoïdale, 168
– de la synchondrose sphénobasilaire, 164 – sphénosquameuse, 169
– de la voûte, 172 – sphénotemporale, 168
– des membres inférieurs, 104 – sphénozygomatique, 170
– des membres supérieurs, 150 – splénique, 160
– des tissus mous lombopelviens, 127 – subtalienne, 106
– diaphragmatiques, 142 – temporomandibulaires, 176
– directes, 95 – thoraciques, 130
– du coude, 154 – tibiofibulaires, 108
– du poignet et de la main, 156 – utérine, 161
– du « rib raising », 140 – viscérales, 157
– faciale, 173 – zygomatique, 170
– fasciales cervicales, 148 Processus
– frontale, 171 – articulaires, 185
– frontozygomatiques, 171 – coracoïde, 230
– gastriques, 158 – épineux, 61, 185
– hépatique, 159 – odontoïde, 188
– indirectes, 95 Prolapsus, 77
– lombales, 124 – des organes pelviens, 379
– lombopelviennes, 121 Promontoire sacral, 194
480 Index

Propriocepteurs, 258 Résistance


– articulaires, 262 – vasculaire, 298
Proprioception, 15 – vasculaire périphérique, 300
– dynamique, 259 Respiration
Prostate, 397 – des tissus, 51
Prothèses – pulmonaire, 28
– dentaires, 341 Restriction
Protraction, 60 – fonctionnelle, 48
Ptose Rétinaculum, 4
– des tissus mous, 10 – des fléchisseurs, 235
Rétine, 460
Q Rétraction
Queue de cheval, 195 – scapulaire, 60
Rétroversion
R – de l'acétabulum, 224
Radiculopathies, 215 Rotule, 58, 76
Rameaux Rythme
– communicants gris sympathiques, 216 – cardiaque, 28
Rampe – circadien, 428, 431
– tympanique, 452
– vestibulaire, 452 S
Raphé Sac
– pharyngien médian, 342 – endolymphatique, 251, 268
Récepteurs Saccule, 250
– articulaires, 261 Sacrum, 62
– cutanés, 261 Sacs alvéolaires, 318
Rectocèle, 388 Scoliose, 59, 279
Rectosigmoïde, 357 Sensations
Rectum, 357 – de position, 258
Réflexe – extéroceptives, 258
– de déglutition, 342 – intéroceptives, 258
– oculovestibulaire, 256 – proprioceptives, 258
– pulmonaires, 320 – tactiles, 258
– vestibulo-oculaire, 256 – viscérales, 356
– viscérosomatique, 69, 206, 210, 356, 423 Sensibilisation, 354, 426, 427
Reflux – nociceptive, 216
– gastro-œsophagien, 345 Septums
Régulation – intermusculaires, 4
– vasculaire, 459 Side-shift
Régurgitation – du bassin, 58
– nasale, 342 Sinus
Reins, 300 – carotidien, 298, 421
Relaxation – latéraux, 86
– transitoire complète, 349 – sagittal supérieur, 86
Relaxation de contrainte, 12 – veineux, 86
Renforcement Situations neutres (type-I), 207
– du plancher pelvien, 401 Situations non neutres (type-II), 207
Rénine, 300 Sommation, 426
Réponse Sommeil
– cellulaires, 5 – lent, 430
– immunitaire, 6 – non réparateur, 425
Réseau – paradoxal, 430
– trabéculaire de l'os, 211 Souffle de vie, 31
Index 481

Spasme, 283 – de l'élévateur de l'anus, 382


– du muscle grand psoas, 283 – du côlon irritable, 350
Sphincter – du défilé thoracobrachial, 65
– externe de la vessie, 390 – du releveur, 382
– inférieur de l'œsophage, 345 Système
– interne, 389 – cardiovasculaire, 298, 422
– préprostatique, 389 – entérique, 409
– supérieur de l'œsophage, 345 – immunitaire, 435
– urétral, 394 – nerveux autonome, 353, 409
– urétrovaginal, 394 – nerveux entérique, 353
Stapès, 449 – nerveux involontaire, 409
Statesthésie, 259 – nerveux végétatif, 409
Sténose, 212 – nerveux viscéral, 409
– canalaire, 217 – parasympathique, 409
– canalaire lombale, 218 – rénine-angiotensine, 300, 437
– canalaires cervicales, 218 – stomatognathique, 272, 341
– du canal spinal, 197 – sympathique, 409
Stéréocils, 253 – veineux azygos, 204
Still point, 439 – veineux cave, 204
Stress, 355, 427
– oxydatif, 230, 302, 321 T
Structure Talonnette, 72, 276
– statique, 49 Tendon, 4
Substance – d'Achille, 278
– fondamentale, 4 Tenségrité, 16, 56
Surdité Test
– de perception, 453 – d'Adson, 68
– de transmission, 450, 453 – d'amplitude, 50, 52
– mixte, 453 – d'écoute, 50, 51
– neurosensorielle, 453 – de flexion assis, 67
Surface – de flexion debout, 64
– auriculaire, 195 – de Jobe, 233
Sutures – de piétinement de Fukuda, 286
– occipitomastoïdiennes, 85 – impingement (impigement test), 225
– pétro-occipitales, 85 Théorie
Swedenborg, Emanuel, 27 – de la récapitulation, 223
Symptômes Thermorégulation, 28, 437
– cognitifs, 425 Tibia, 76
– urinaires, 77, 388 Tissu
– vasomoteurs, 435 – adipeux, 6, 9
Synchondrose, 188 – conjonctif, 3
– sphénopétreuses, 85 – conjonctif lâche, 8
Synchroniseur, 431 – réticulaire, 9
Synchroniseur (zeitgeber), 37 Tonsilles, 324
Syncopes, 422 Tonus
Syndrome – vasomoteur, 423
– angiospastique, 459 Tractus
– canalaire du nerf médian, 235 – neurovasculaire, 4
– d'apnée obstructive – trigéminal spinal, 203
du sommeil, 325 Tractus iliotibial, 58
– de fatigue chronique, 423 Transductions, 5
– de la coiffe des rotateurs, 227 – de signal, 5
– de Larson, 423 Traumatismes, 221
482 Index

Triangle – épisclérales, 459


– urogénital, 377 – intervertébrales, 204
Trompe – vertébrales, 204
– auditive, 85 Ventilation
– d'Eustache, 85 – pulmonaire, 315
Tropisme Vertèbres
– des processus, 207 – cervicales, 185
Troubles – coccygiennes, 185
– circulatoires, 73 – lombales, 185
– urinaires, 393 – sacrales, 185
Trous – thoraciques, 185
– de conjugaison, 200 Vertige, 79, 422
Tubérosités – positionnel paroxystique bénin, 266
– ischiatiques, 77 Vésicules
Tuniques – séminales, 398
– vasculaires, 4 Vessie
– viscérales, 4 – hyperactive, 388
Vestibule, 250
U Viscère, 78
Uncus, 187 Viscérocrâne, 79, 86
Unité Viscéromégalie, 60
– vertébrale, 206 Viscoélasticité, 12
Urètre, 390 Vision, 257
– postérieur, 389 Visualisation, 50
Utricule, 250 Voies
– aériennes, 318
V – aériennes supérieures, 434
Vagin, 77 – aériennes unifiées, 324
Vaisseaux – rétinohypothalamiques, 431
– de résistance, 299
Varicosités, 10 W
Vasa Wheezing, 323
– nervosa, 238 Whiplash, 455
Vasospasme, 302
Veine Z
– basivertébrales, 196 Zeitgeber, 431
– cave inférieure, 205 Zygapophyses, 185, 198

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