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THÈSE PRÉSENTÉE
AU JURY INTERNATIONAL
À MONTRÉAL
JUIN 2010
DIRECTEUR DE THÈSE ii
Michèle Pépin
Merci à Michèle d’avoir dès le départ démontré de l’intérêt vis-à-vis mon sujet et avoir
apporté de l’encadrement à la réalisation de ce document.
Nicole LeMire
Spécialement un merci sincère à Nicole pour m’avoir apporté une structure et une
discipline scientifique en regard à mes nombreuses idées et m’avoir offert son
support inconditionnel tout au long de la réalisation de ce document.
2) Quelles similitudes cette méthode a-t-elle avec les théories reliées aux périodes
l’adolescence pour trouver un équilibre, peut-elle être applicable aux autres périodes
critiques de la vie?
RÉSUMÉ FRANÇAIS v
questions suivantes:
2) Quelles similitudes cette méthode a-t-elle avec les théories reliées aux périodes
critiques de la vie, en l’occurrence, l’adolescence?
Un tableau synthèse fait ressortir tous les éléments impliqués pour faire le
permis d’établir des liens plus précis entre les éléments de comparaison.
parallèle entre tous les points de vue au niveau physique et psychologique présenté
balance. To narrow the scope of this project, the research focuses on the critical
this table, the variable « X » represents the end goal of this research.
This research combines the use of an extensive literature review with data
collected in the field. The literature provided definitions for the elements of the
comparative table, whereas the field research helped to establish more precision in
Analysis of the data suggested that this connection between physical and
psychological crisis can indeed be seen. In the process of addressing the three focus
questions, the key turning point was the identification of the adapted fulcrum X also
even as an adult. The results of the research offer the osteopath, a theoretical
that shapes experience, whichever approach may be chosen for an optimal balance.
Chapitre premier
Introduction ............................................................................................................1
Chapitre deuxième
Chapitre troisième
Méthodologie......................................................................................................51
Chapitre quatrième
4.3 Les besoins observés et les moyens d’aider les adolescents. ................... 97
Chapitre cinquième
Conclusion .............................................................................................................156
Bibliographie ..........................................................................................................161
Tableau 4.- Perception face aux responsabilités selon les adolescents. .................. .80
laquelle tout est interrelié. Selon Druelle (1995), lors d’un cours de première année en
ostéopathie au CEO, le corps suit une séquence de stades pour maintenir la santé.
régénérer.
• La lésion : le corps ne peut plus compenser, c’est un signal d’alarme qui est lancé.
C’est la révélation d’un problème plus sérieux et représente le point de balance entre
l’adaptation et la mort.
moment, tout peut arriver comme entre autres les signes de maladie.
C’est ainsi que le corps subit durant son évolution entière différents
l’équilibre physique.
CHAPITRE 1 – INTRODUCTION 3
L’être humain doit trouver des moyens pour maintenir son équilibre mental tout
d’utiliser le même processus de correction pour l’un alors qu’il a été conçu pour
cliniques dans le domaine de la santé des dernières années ont permis une
1
Mécanisme de défense se définit comme un processus psychique de défense élaboré par le Moi
sous la pression du Surmoi et de la réalité extérieure permettant de lutter contre l'angoisse
(Mécanismes de défense, s.d.).
2
Tiré de : (‘’Fondation des maladies mentales’’, s.d.).
CHAPITRE 1 – INTRODUCTION 4
d’éliminer le choc imprégné pour que les tissus puissent retrouver leur vitalité (Duval,
d’équilibre et d’échanges réciproques) n’a pas été abordée d’un point de vue
demande pour quelle raison le concept de Becker qui est utilisé avec succès au
niveau des lésions physiques, ne pourrait pas avoir les mêmes résultats aux périodes
pratique habituel. Le but est de mettre en évidence les possibilités d’appliquer les
cherche à relever les similitudes entre ce que l’on appelle: les dysfonctions
Becker pour aider à retrouver l’équilibre à ces moments-là. En d’autres mots, est-ce
que les concepts de la méthode de Becker sont applicables aux périodes critiques de
la vie? Plus précisément, existe-t-il un fulcrum sur lequel l’aspect psychologique peut
1.5 Pourquoi
L’ostéopathie maintient dans ses grands principes que l’individu doit être traité
primaire, pour ensuite équilibrer et intégrer les différentes structures entre elles par le
optimal global?
CHAPITRE 1 – INTRODUCTION 6
Puisqu’il existe plusieurs périodes critiques dans la vie d’un individu3, il est
période critique de l’adolescence a été sélectionnée puisque c’est une période clé
sens de l’identité, le sens du soi pour retrouver l’équilibre (Erikson cité par Berger,
2000).
au niveau psychologique. Une fois ce lien établi, il sera possible d’extrapoler les
3
Par exemple, le passage entre l’enfance et l’adolescence, la trentaine, la ménopause, la
vieillesse, etc.
CHAPITRE 1 – INTRODUCTION 7
physique.
comparaison entre les aspects physiques et psychologiques, ces points seront mis
côté droit représente l’aspect psychologique qui peut s’apparenter aux éléments
Ce chapitre présente les écrits ostéopathiques qui existent déjà sur le sujet.
Malgré que la thérapie manuelle existe depuis l’aube des temps, c’est
dans les années 1800. Still a complété une formation en médecine classique en
plus d’une formation en ingénierie pour satisfaire son intérêt pour la santé et la
en 1892 (Sueur, 1992). Still a maintenu vibrante l’idée que le corps possède tout
ce dont il a besoin pour fonctionner comme un réservoir infini. Selon lui : «la vie
dans l’homme est elle-même un homme, et le corps est l’empire qu’il contrôle»
(Duval, 2004, p.17). Still avait déjà à cette époque, une idée de la puissance de la
de Still décrit selon Duval (2004) était de créer une nouvelle science,
indépendante du milieu médical. Une science selon la vision de Still, qui respecte
spirituel. Tricot (2005) ajoute que Still a permis d’amener l’ostéopathie bien au-
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 10
quantifiable du savoir-être.
Les grands principes établis par Still sont repris un peu partout dans la
pris une plus grande ampleur. Une littérature ostéopathique contemporaine met en
corps. Chaque individu présente, plus ou moins consciemment dans son corps, un
4
Principes de Still:
- Le corps représente un tout interrelié
- La structure gouverne la fonction
- Le système homéostatique possède sa propre pharmacie, autoguérison
- L’artère a le rôle absolu: la circulation artérielle représente la puissance et les bienfaits du corps
(Still, 2001)
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 11
déséquilibre d’un des pôles sur les deux autres. Par exemple, une blessure
une plus grande attention auprès de son entourage. Un autre exemple, si l’individu
vit un deuil suite à la perte d’un être cher, il pourrait vivre une baisse de son
apporte effectivement une influence. Il parle d’interface qui existe avec l’aspect
somatoémotionnel :
psycho-émotionnels.
aspect physiologique en lien avec les maladies mentales. Par exemple, certains
maladie bipolaire (Frederick, L. T., 2004) entre autres. C’est ainsi qu’il est
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 12
manuelles appliquées au niveau du corps physique pouvant par contre libérer les
émotions imprégnées.
utilisées elles s’appliquent au niveau du corps sur les tissus en lésions appelées,
amenée au cours des années dans l’appellation afin d’éviter toute confusion avec
1. Déséquilibre
une distinction entre ce qui crée la lésion et ce qui la manifeste car un simple
structures anatomiques impliqués. Patterson (2001) et Korr (1982) ont porté leur
déséquilibre.
compense sans faire mention de quoi que ce soit (Dubois et Hansroul, 2006; Korr,
1982; Duval, 2004). Elle peut être également inodore, invisible à l’œil nu comme
3. Notion temporelle
(Dummer, 1995).
Corriat (2000) à trois aspects importants. Il doit être à la fois résistant, mobile et
défi pour répondre aux différents traumatismes en lien avec les habitudes de vie
métabolisme qui programme les comportements innés ainsi que l’aspect émotif.
Les causes des traumas peuvent être de sources internes ou externes. Lionnelle
transmissions à travers le corps soient par le sang, les nerfs et les fascias créant
Cette structure influencée viendra par conséquent perturber la fonction suivant les
1983).
MRP à tous les éléments du corps. Selon Duval, Becker différencie trois fonctions
6
Il existe deux grands mécanismes dans le corps humain au niveau de l’anatomie générale :
1. Le mécanisme dit volontaire est régi par le niveau supérieur (cerveau - système nerveux
central) et intermédiaire (moelle épinière – système nerveux périphérique). Ce mécanisme
est en lien avec différents systèmes interreliés tels le système nerveux, hormonal et
musculaire. Il y a présence, commande et exécution du mouvement en fonction de ce que
l’on désire accomplir de manière consciente et volontaire.
2. Le mécanisme dit involontaire transmet des influx moteurs nerveux à certains types de
fibres musculaires des viscères, du cœur et des glandes. Les commandes d’exécution de
ces viscères telles par exemple l’estomac et les intestins ne dépendent pas de la volonté.
(Spence et Mason, 1983).
Toutefois la notion d’involontaire du MRP fait référence à un aspect plus global et ne dépend
d’aucune commande supérieure ou nerveuse. Il reflète une façon unique d’exprimer la vie à
l’intérieur de la matière vivante. (Duval, 2004)
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 18
tension)
Sutherland mais à l’intérieur d’une vue globale dans l’ensemble du corps humain.
Donc selon Becker, il existe une puissance de vie, une énergie biodynamique
palpable qui se manifeste concrètement dans le corps à tous les niveaux. Becker (
ressentie par une grande liberté dans les échanges rythmiques et réciproques
(2005) une expression libre de la vie dans les structures. L’objectif ne consiste pas
selon lui à rétablir la santé, mais de supprimer les obstacles qui limitent son
expression. Tandis que la perte de la santé représente une force dite adverse, une
(2005) ajoute lorsque la structure entre en état de survie suite à un trauma, elle
quel tissu du corps. C’est en quelque sorte une autocorrection assistée. Par le
et inertie des tissus à traiter. Le fulcrum est en lien avec l’espace. (Fulcrum)
dans les tissus juste avant le retour à l’équilibre. Il représente la fin d’un
Becker.
afin de maintenir un équilibre total. Pour ce faire, il importe de bien définir ce qui
2007; Duval, 2004). Sautenet (2003) définit le fulcrum à partir des origines latines
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 21
qui signifie ‘’sous tenir’’, ‘’supporter’’. Il y a un lien avec l’espace. Le corps, peu
corps humain (Grasso, 2000) et est utilisé comme référence pour se réorganiser
dans les corrections tissulaires en redistribuant le nouvel équilibre (Druelle cité par
Dufresne, 2002).
«The potency at the ‘’stillness’’ of the fulcrum is the sum total of all energies
manifested at both ends of the levers. The fulcrum can be shifted, yet it remains
‘’still’’ in its leverage function; it is the site of the potency for rhythmic balanced
interchange action taking place in the lever» (Brooks, 2000, p.79).
toutes les énergies manifestées aux leviers. Ce qui explique l’aspect de l’espace
impliqué. Le fulcrum peut être déplacé, mais il maintient à son niveau, une
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 22
fulcrum est donc un point pivot renfermant une puissance. C’est en quelque sorte
d’univers et tous sont connectés (Becker cité par Brooks, 2000). D’autres
ostéopathes par la suite ont fait ressortir des caractéristiques selon leurs
naturel quand il fait référence à des points précis dans le corps. Tout le processus
serait situé au niveau du troisième ventricule (Sautenet, 2003). Par contre, dans
représente une conscience7 «je»8 par rapport à son environnement délimité par
7
Conscience: mouvement de l’impulsion rythmique tissulaire. Sutherland emploie également le
terme mécanique de la conscience pour décrire le MRP (Tricot, 2005).
8
Une conscience, consciente ou non de sa conscience. Un fulcrum subjectif (Tricot, 2005, p.305).
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 23
«je» doit constamment concilier des échanges réciproques, rythmiques avec son
2002, p.123).
renfermant une puissance (Sills, 2001). Gintis (2007) souligne de plus que le
mouvement n’existe pas sans le pouvoir du point neutre dans le fulcrum. D’autres
adaptable (Duval, 2004; Sautenet, 2003). Dubois et Hansroul (2006) cité par
9
La cellule convertit l’activité de la conscience qui est la communication en mouvement rythmique
d’expansion/rétraction (Tricot, 2002).
10
Éléments de la chaîne centrale de Philippe Druelle représentent une unité fonctionnelle et
énergétique: Vertex – IIIe Ventricule – Symphyse sphéno-basilaire – Œsophage/trachée/loge
thyroïdienne – Péricarde – Centre phrénique – Faux du foie/petite courbure de l’estomac – Tête du
pancréas – Racine du mésentère – Isthme de l’utérus/Fascia Denonvilliers – Noyau fibreux du
périnée (Forget, 2001).
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 24
exercé sur la force biodynamique du corps peut faire modifier celui-ci. Ce qui
niveau de la santé. Le corps lorsqu’il est confronté à des tensions et entre dans le
stade de la lésion, il perd ses points d’appui innés et recherche d’autres appuis
compensatoires (Sills, 2001). Forget (2001) souligne que ce sont les différents
l’impact d’une zone de rétention11 dans la structure du corps qui crée un fulcrum
Druelle cité par Dufresne, 2002). En effet, les ostéopathes utilisent leur corps,
patient pour retrouver ses repères vers l’équilibre. Dufresne (2002) utilise même
11
‘’Rétention: n.f. (lat. retentio) Fait de retenir. Dans l’approche tissulaire, énergie ou informations
retenues (l’énergie est l’information en mouvement) par une structure vivante pour se protéger d’un
environnement considéré comme hostile.’’ (Tricot, 2005, p.308)
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 25
vie. Becker, cité par Sautenet, repris plus tard en lien avec les propos de
Sutherland: «Le souffle de vie unifié est le fulcrum suspendu mobile, adaptable
2003, p.10). Un diagramme a été même dessiné parlant d’un ‘’Master fulcrum’’
suite aux propos de Becker. Sutherland et Schooley auraient fait mention que la
phase «Still Point» serait considérée comme étant le fulcrum des fulcrums (Dubois
et Hansroul, 2006).
logique est perçue comme une conscience un «Je». «Le concept de fulcrum est le
même, que l’on s’adresse à une conscience ou à une structure matérielle que l’on
distinguer des autres tout en étant en relation. «En créant l’espace et le temps, la
conscience crée une infinité de points ‘’extérieurs’’ avec lesquels échanger pour
lien avec une périphérie extérieure alors que le temps reflète l’expérience vécue
qui existe entre le «Je suis» et le «Non-je» ou «Je suis» et «Autrui» qui est en fait
Pour avoir la sensation d’exister, le «Je suis» va faire des échanges avec
peut se manifester et exister sans son opposé. C’est la gestion de la dualité qui
permet, selon Tricot, l’évolution des consciences et des relations entre les
systèmes de consciences.
D’un point de vue similaire, Becker parle du corps comme une connexion
personnelle au «Dynamic Stillness» qui est le fulcrum du cosmos. L’ego est aussi
un fulcrum qui représente l’opposé du sens de soi et crée le chaos plutôt que
l’harmonie, mais que tous deux doivent être pour exister (Brooks, 2000).
«Tous les corps matériels ont une vie terrestre et tout espace a une vie, éthérique
ou spirituelle. Réunis, les deux constituent l’homme. La vie terrestre possède
mouvement et puissance; les corps célestes possèdent connaissance et
sagesse…Nous avons donc la vie terrestre, avec le pouvoir de bouger, et la
sagesse céleste pour gouverner les mouvements des mondes et des êtres grâce à
l’union de la vie de l’espace et de la vie de la matière» (Still, 2003 p.261).
permet de tendre vers le point de balance et atteindre le point neutre (Druelle cité
par Dufresne, 2002). Le fulcrum est relié à l’espace et peut donc être matériel
2006).
Pour traiter, les ostéopathes utilisent leur corps et leurs mains comme
fulcrum temporaire. Comme ils proposent aux tissus une structure extérieure
stable, ils permettent au corps du client d’utiliser ce fulcrum comme point d’appui
personne et adapter ses mains aux paramètres palpatoires des tissus à traiter
(Tricot, 2002). Cela permet au corps le retour de la santé soit de ses points
d’appui innés. Le fulcrum est perçu comme un endroit clair et sans effort (Grasso,
puissance du point d’équilibre retrouvé dans les tissus du corps afin de retrouver
la reprise d’un état d’équilibre et d’échanges rythmiques plus sain (Duval, 2004).
Philippe Druelle lors d’une conférence, cité par Forget (2001), a fait mention
structures. Cette loi qui ressemble en partie à la méthode de Becker, implique des
tissulaires entre les molécules. À d’autres niveaux, Druelle mentionne que l’on
retrouve les mêmes échanges entre les êtres humains pour maintenir un équilibre
(Forget, 2001). C’est un phénomène que l’on retrouve donc, à tous les niveaux
consiste à utiliser comme outil thérapeutique les forces renfermées dans les
fulcrums dans n’importe quel tissu du corps. Il s’agit maintenant de regarder les
comprendre les phénomènes et de faire des liens entre les deux points de vue,
physique et psychologique.
crise. Ensuite, la notion de crise chez l’adolescent sera amorcée impliquant les
d’une part, et demeurent les mêmes tout au long de la vie, d’autre part» (Papalia
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 29
et Olds, 2005, p.2). Papalia et Olds (2005) ont établi un tableau synthèse à
cours de la vie. Ce sont en quelque sorte une ligne directrice de base qui
selon des approches spécifiques pour les distinguer. Dans le but d’établir un
forme de schéma adapté, les six différentes approches soulevées par Berger
12
Principes de bases selon Baltes :
1- Poursuite tout au long de la vie
2- Comporte des gains et pertes
3- Influencé par la biologie et la culture qui changent durant toute la vie
4- Exige une répartition des énergies
5- Est modifiable
6- Influencé par le contexte historique et culturel (Papalia et Olds, 2005):
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 30
lien avec les relations sociales significatives tout au long du parcours de vie. Par
Chez l’adulte, l’aspect social sera détourné aux collègues de travail, incluant chez
l’adulte avancé toute l’humanité. Les enjeux entre le soi et le monde social se
manifesteront sous forme de «crises». Dans la vision d’Erikson, ces crises sont
grandir,… » (Houde, 1991, p.49). L’annexe 5 : ‘’Les huit stades d’Erikson’’ offre
phases de crise qui sont définies comme un tournant, une période vulnérable ou
13
8 Stades d’Erikson (Berger, 2000 et Houde, 1991):
• 0-18 mois: confiance/méfiance = Espoir – personne maternelle significative
• 18mois-3ans: Autonomie/honte et doute = Volonté - parents significatifs
• 3-5,6 ans: Initiative/culpabilité = But – famille significative
• 5,6-11,12 ans: Travail/infériorité = Compétence – école et voisinage significatifs
• Adolescence: Identité/confusions des rôles = Fidélité – groupe pairs significatif
• Jeune adulte: Intimité/isolement = Amour - amitiés, partenaires sexuels significatifs
• Adulte d’âge mûr: Générativité/stagnation = Sollicitude - relations de travail significatif
• Adulte d’âge avancé: Intégrité du moi/désespoir = Sagesse - espèce humaine significative
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 31
2005). L’enjeu apparaît au niveau des différents stades à travers des polarités
dites contraires. Des pôles positif et négatif suscitent une tension créatrice où
l’équilibre est atteint. La résultante exprimerait donc, une force adaptative quand
elle est bien résolue. Par exemple, la «fidélité» représente la force résultante de
l’adolescent qui est à la recherche de son identité. Il sera confronté entre les
possibilités qui s’offrent à lui. Il devra expérimenter pour découvrir ce qui lui
convient. Il va s’engager à être fidèle face à ses choix qui représentent la force
adaptatrice dans cette phase de vie. Si la résolution du conflit n’a pas été résolue,
le jeune va rester dans un des deux pôles. La résultante peut s’orienter vers une
d’Erikson : «Il ne s’agit donc pas d’annihiler le pôle négatif au profit du pôle positif,
l’équilibre qui a été atteint à la crise précédente. Lorsqu’un stade est franchi, cela
signifie qu’il y a intégration. Dans ce cas, le pôle positif l’emporte sur le négatif.
L’individu est prêt à s’orienter vers l’autre stade en s’appuyant sur ses acquis
réalisés (Cloutier, Gosselin et Tap, 2005). Ceci donne un bref aperçu de la théorie
d’Erikson.
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 32
du cycle de la vie, introduit par Houde, incluant Erikson et dont les idées
conscience active, c'est-à-dire une maturité dans la vie que l’on peut comparer au
«L’analogie avec la course du soleil laisse croire que le mouvement de la vie est
dans la vie alors que l’adulte cherchera plus à s’ajuster à lui-même pour réussir.
d’âge.
entourage est l’un des défis de l’individuation. Il ajoute aussi la notion d’ombre que
14
Le Moi représente ce que l’individu exprime, le Soi représente tout le potentiel de l’individu
parfois inconscient et La persona représente les compromis entre l’individu et l’environnement.
(Houde, 1991)
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 33
exprimer dans une seule vie. Pour arriver au point zénith de la maturité, il y a donc
chercher un compromis entre qui il est en tenant compte de tout son potentiel et
décrit 2 postulats:
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 34
élément significatif.
conscience en lien avec le sens du temps est de tendre à devenir de plus en plus
soi-même. Goud souligne : «Chacun doit s’autoriser à être» (Houde 1991, p.159).
séparer de ses parents qui ont été les protecteurs, directeurs et scénaristes de
aura alternance entre deux pôles pour chaque phase identifiée par Gould. Chez
contrôlé.
problèmes.
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 35
Cette adaptation favorise une bonne santé mentale15 lorsqu’elle demeure souple
personne investit plus significativement dans son travail. Cette phase se situe
d’Erikson qui est la période de l’âge mûr. Vaillant discute davantage d’évènements
difficiles survenant à des moments dans la vie plutôt que de la notion de crise.
Sheehy (1983) affirme que l’existence humaine est marquée par des crises
personnalité de l’individu est vue comme une structure inachevée qui est toujours
15
5 postulats sur la santé mentale selon Vaillant:
• C’est la qualité des relations significatives qui dessine le futur et non les traumatismes
isolés de l’enfance
• La vie présente des changements remplis de discontinuité, à un certain moment ce qui
peut paraître être une maladie mentale peut être adapté
• La compréhension des mécanismes adaptatifs est la clé à la psychopathologie
• La vérité du développement de la personne demeure relative et se fait de façon
longitudinale
• La santé mentale peut se définir de façon opérationnelle tenant compte des aspects
moraux et culturels (Houde, 1991, p.202)
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 36
en charge est assumée par l’école ou les maisons de retraite, selon le cas. C’est
par tranche de 10 ans, entre 18 et 50 ans, que l’individu se retrouve à son plein
pouvoir d’expression face aux différentes possibilités qui lui sont offertes. Sheehy
non, de la vie, mais par les changements internes que ces événements créent.
monde adulte. La tâche étant de définir les objectifs correspondant à une vision de
désir de nouveauté qui s’exprimera de manière plus réaliste dans ses ambitions.
Ce n’est que vers la cinquantaine que l’individu commencera à être vraiment soi-
même. Le développement des hommes et des femmes dans ses analyses, serait
psychologie ont fait ressortir des éléments pouvant être comparés avec des
pourrait s’apparenter au point neutre avant le retour de l’équilibre dans les tissus.
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 37
Gould mentionne dans sa théorie une alternance entre deux pôles comme
évidence des éléments en lien avec l’approche ostéopathique. Les aspects seront
soulevés dans les paragraphes suivants. La théorie du cycle de vie d’Erikson est
selon Cloutier, Gosselin et Tap (2005). Cette théorie, encore très actuelle, met en
vie. C’est à dire, chaque individu, passe par différentes phases de crise pour
évoluer dans son cheminement de vie. Mais avant tout, voici un bref propos
concernant l’auteur.
(1910-1996) a dû fournir des efforts pour bâtir son identité. Il créa ainsi son
Olds 2005). Il est né en Allemagne d’une mère juive et d’un père danois. Il a perdu
les traces de son père très jeune suite au divorce de ses parents. Il a dû plus tard
stade renferme une tâche précise, exprimé sous forme de conflit entre deux pôles
qui est relié à la création de lien significatif, différent selon les périodes d’âges. La
en perspective.
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 39
moment de rupture entre l‘enfance et l’âge adulte, est un fait de société. Elle peut
varier d’une civilisation à une autre et pour une même société d’une classe sociale
Mallet et al (2003), ce serait rallongée. Cela, peu importe, le sexe en raison d’une
meilleure accessibilité scolaire. Ils remarquent que les premières règles chez les
jeunes filles surviennent de plus en plus tôt. La moyenne d’âge est passée de 15 à
bouleversements hormonaux.
du jeune et son image de soi. Son mode de pensée sera également influencé en
16
Jean Piaget : psychologue, biologiste, logicien et épistémologue suisse connu pour ses travaux
en psychologie du développement et en épistémologie avec ce qu'il a appelé l'épistémologie
génétique. (Jean Piaget, 2008).
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 40
développer au cours du temps. Les relations saines et les liens affectifs établis
suite, les cellules qui sont sous-utilisées ou inutiles seront éliminées par une
sélection naturelle. Donc, graduellement vers l’âge d’un an, on estime que l’enfant
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 41
jusqu’à 100 milliards à l’âge de 35 ans et ainsi de suite. Donc, plus il y a de liens
affectifs crées plus jeune qui connectent le cerveau mammalien au cognitif, plus il
touchées passant par ses perceptions et sentiments pour faire place au défi de
son identité17. L’adolescent sera ambivalent entre prouver qu’il est unique et se
le début d’une série de deuils puisqu’il vit une perte des objets d’amour qu’il avait
Le fait que le jeune débute une génitalité adulte rend les liens affectifs
familiaux plus menaçants en lien avec la peur de l’inceste (Clerget, 2000). Tout
parents et de l’enfance. C’est cette part de rupture, appelée «crise» qui amènera
stade établi par Erikson. Ce stade est l’occasion pour l’adolescent de développer
son sentiment d’identité. «Dans la foulée des travaux d’Erikson, la plupart des
17
‘’Première étape de ce cheminement consiste généralement à discerner, à travers diverses
situations et relations, une certaine cohérence dans ses émotions, ses pensées et ses conduites’’
(Papalia et Olds, 2005, p.339).
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 42
2005, p.237).
la vie, mais chez l’adolescent cela commence par la redécouverte de soi. «Le
des projets qui ont trait à soi» (Tourette et Guidetti, 1994, p.153).
p.103). De même, Clerget (2000) souligne que le processus de l’identité passe par
une séquence d’imitation chez l’enfant selon son âge. Cette imitation se
maintient une sorte de lien sécurisant dans son attitude de rejet et de conflit. C’est
l’écho du ‘’non’’ de l’enfant de deux ans qui revient en force. Le conflit s’exprime
par une distanciation qui peut prendre différentes formes. Elle peut être physique
(sorties fréquentes, ne pas revenir pour la nuit – découcher), être verbale (éclats
coiffure).
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 43
C’est plus facile de s’identifier à une personne qu’à une idée soulève
devient plus glouton, met les choses dans sa bouche et va chercher à provoquer
lien avec sa communauté. L’identité, selon lui, est une forme évoluée du concept
de soi. Cela donne la chance d’intégrer tous les aspects de la vie personnelle et
par la responsabilité des rôles qu’il doit assumer (Berger, 2000). Les deux pôles
de la crise représentent, d’un côté, l’identité et, de l’autre, la confusion des rôles.
La force adaptatrice résultante de cette dualité si elle est résolue, sera la fidélité. Il
y aura confrontation avec les individus significatifs, par exemple les parents et les
demeurer dans la confusion des rôles et adopter les faux-soi18. Si le pôle positif
18
Les différents faux-soi représentent en sommes des comportements plus ou moins faux :
1-l’adolescent croit faire l’objet de rejet parental et amical qui est souvent associé à une faible
estime de soi
2-l’adolescent exprime un grand désire d’impressionner l’entourage
3-l’adolescent expérimente différents comportements juste pour voir et faire son propre jugement.
Ce point marque qu’il est prêt pour la recherche de sa propre identité (Berger, 2000, p.340)
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 44
croyances rigides comme les fanatiques. Alors que l’inadaptation fait référence à
qui mène vers l’identité. En effet, c’est par le développement d’une relation
privilégiée que l’adolescent va montrer à l’autre sa propre identité qui est encore
Il existe un temps moratoire essentiel, selon Erikson, par lequel tous les
jeunes doivent passer, sinon il peut y avoir une situation de diffusion ou confusion
mais cela prend un certain temps. Une identité réussie, selon Erikson, suppose la
capacité à s’engager à long terme, suite à une exploration approfondie de soi avec
moment où l’adolescent aura résolu tous les conflits et sera en mesure et prêt, à
s’engager dans une relation d’intimité à long terme (Mallet et al, 2003).
que ce ne sont pas tous les adolescents qui remettent en question le monde de
leur enfance et leurs parents. Marcia a établi des états d’identité qui traduisent le
doit passer, selon lui, par des phases de crises et d’engagement (Bee et Mitchell,
1986).
19
Répudiation selon Erikson: refus de reconnaître et d’accepter l’autre pour ce qu’il est (Houde,
1991).
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 45
Voici un résumé des états d’identité de Marcia, selon Papalia et Olds (2005) et
Berger (2000):
• Identité moratoire: arrêt intérieur pour expérimenter sans faire des choix précis. Il
y a refus des valeurs parentales et de la société sans vraiment s’y opposer. C’est
l’ambivalence; l’adolescent peut facilement changer d’opinion et de style en
général. Le jeune adolescent est au stade de la lutte ambivalente. Cet individu,
malgré tout, s’achemine vraisemblablement vers la découverte de son identité.
Il y aura détachement des parents pour aller vers les pairs autour de 13-15 ans
une forte cohésion avec des pairs du même sexe, pour ensuite s’insérer dans la
foule et revenir aux groupes, mais cette fois hétérogène (Bee et Mitchell, 1986).
Tourette et Guidetti (1994) identifient les trois axes de l’identité établie par Claes
(1983) :
recherche d’identité. D’autres auteurs également ont voulu émettre leurs opinions
de son enfance. Le jeune est confronté à une phase dualiste où il doit répondre
peut rencontrer des difficultés s’il se base sur des faux postulats vis-à-vis de ses
d’infériorité.
Winckler (1991) ajoute que c’est seulement lorsque l’individu fait des choix
voie de réaliser son identité. C’est l’effondrement de l’image idéalisée des parents.
d’amis pour se tester et trouver des normes et règles cohérentes pour s’exprimer.
Winckler mentionne également que l’adolescent est très préoccupé par ce qu’il va
est loin de cette réalité et va au-delà de toutes les limites de la société. Dans sa
nature égocentrique, l’adolescent sent qu’il peut prendre tous les risques sans
danger. Winckler explique que l’adolescent qui se révolte contre ses parents en
dangers.
(Mathelin, 2001).
Gilligan et Erickson font, dans les écrits d’Houde (1991), une distinction
son identité, en suspens, pour se préparer à attirer l’homme, alors que chez
que la jeune fille va développer son identité. La jeune fille reçoit plus l’influence de
l’entourage pour bâtir son identité, comme elle est plus entourée de la mère
comparativement au garçon.
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 48
mère qui se projette chez sa fille alors que le garçon cherche une appartenance
femmes ce sentiment d’empathie intégré. Gilligan, dans ses propos rapportés par
Houde, souligne les deux tendances entre les femmes et les hommes en
physiologique, mais est également influencée par les lois juridiques et conventions
Montardre (2001) souligne que les filles ont plus tendance à se tourner vers
les autres pour verbaliser leurs malaises comparativement aux garçons. Ceux-ci
Sheehy (1983) mentionne une différence entre les deux sexes. Les jeunes
neurologique au niveau du cerveau et faire une distinction claire entre les garçons
venue d’un haut taux de testostérone qui va créer ses ravages. Ceux-ci vont
distinction entre les deux sexes. Le nombre de cellules demeure identique chez
les deux, mais sera plus condensé chez le cerveau de la femme. Ce qui explique
possibilités d’accomplissement sont similaires pour les deux sexes. Les seules
l’influence hormonale.
leurs effets’’, les effets de certaines hormones retrouvées chez la femme. C’est
testostérone chez les garçons favoriserait davantage la compétition lors des jeux.
Ils pourront passer des heures devant leurs jeux vidéo sans ressentir le besoin de
CHAPITRE 2 – REVUE DE LITTÉRATURE 50
hormonale sur une plus grande échelle dans le courant de la vie. Ceci permet de
comprendre les différences dans l’analyse des stimulis de la vie selon le regard
d’un garçon ou d’une fille. Barral (2005) souligne également l’influence hormonale
dans l’expression des émotions entre les femmes et les hommes. De plus, il
ajoute que l’éducation selon les différentes cultures joue aussi un grand rôle.
Véhiculer l’idée que les garçons ne doivent pas pleurer, s’enregistrent dans des
parties spécifiques du cerveau, selon lui. Ces idées peuvent s’inscrire dans la
partie qui gère les acquis, la raison ou le contrôle des émotions dans le cerveau.
d’adolescents. Il sera intéressant de voir s’il est possible d’aller chercher plus
d’informations entre autres, sur ces deux auteurs pour établir éventuellement un
tableau comparatif.
la recherche de terrain.
Chapitre troisième
Méthodologie
CHAPITRE 3 – MÉTHODOLOGIE 52
Plusieurs sources d’information ont été utilisées pour tenter de répondre aux
2) Quelles similitudes cette méthode a-t-elle avec les théories reliées aux
D’une part, une revue de littérature sur les sujets pertinents a permis de
réciproques, incluant la notion de fulcrum. L’accent a été mis sur les études ou
écrits, les articles dans les revues ou les informations sur internet ont permis de
recherche.
CHAPITRE 3 – MÉTHODOLOGIE 53
structurées ont aussi été conduites. Les entrevues ont été dirigées avec deux
en psychologie.
Sources--------------------------------------------------------------Méthodes utilisées
Livres, articles, site internet------------------------------------------------------Lecture
Ostéopathes----------------------------------Entrevue individuelle semi-structurée
Professionnels en psychologie----------Entrevue individuelle semi-structurée
Adolescents-------------------------------------------------------Groupe de discussion
l’animation des groupes de discussion auprès des jeunes. Dans les trois cas, les
questions ont été formulées à partir de la littérature qui a permis, non seulement,
Groupe 1 : Ostéopathes.
entrevues.
De plus, pour assurer une certaine crédibilité aux réponses, seulement des
niveau provincial ou fédéral dans la région de la pratique ont été retenus telle
n’ont pas été retenus comme critères de sélection. Notons que, malgré la variation
De ces 8 candidats qui ont fait les entrevues pour la recherche, il y avait plus
ostéopathie.
spécifique auprès des adolescents n’ont pas été des critères retenus. Cependant,
4 hommes et 3 femmes, entre 4 et 22 années d’expérience clinique, qui ont fait les
Critère de sélection : Dans le but de favoriser une discussion parmi des jeunes
devraient avoir développé une pensée formelle qui leur permet de réfléchir et
philosopher plus en profondeur sur les différentes questions de la vie. De plus, les
été privilégiée. Les jeunes ont été approchés via des organisations où on retrouve
de la C.-B.
Des appels téléphoniques ont été effectués dans trois écoles du Conseil
le taux de participation des jeunes à leurs activités. De ces appels, une école a
leurs locaux.
Pour éviter l’intimidation du sexe opposé qui est un facteur important à cet
âge, les garçons et les filles ont été séparés en deux groupes. C’est ainsi qu’un
jeune a fait exception au critère de l’âge puisqu’il était âgé de 14 ans. Ce jeune
s’est bien intégré à l’intérieur du groupe et a participé au même niveau que les
an. Malgré cet aspect, ils ont participé activement à la discussion et partagé leur
questions qui ont été formulées dans un ordre logique. Les questionnaires ont
servi de canevas de base pour diriger les entrevues et offrir une constance entre
les sessions. En plus de ces questions de base, des sous-questions ont été
posées durant l’entrevue pour clarifier les propos énoncés par les candidats.
questions de base qui ont été utilisées auprès des ostéopathes. Afin de situer les
questions abordées en entrevue. Ces questions ont été formulées dans le but
vécues par les jeunes et de leurs besoins exprimés du point de vue des
CHAPITRE 3 – MÉTHODOLOGIE 59
abordées lors des discussions. Ces questions ont été formulées pour avoir un
point de vue plus personnel des jeunes sur les défis de la période de
l’adolescence, sur les moyens pour les aider et pour vérifier s’il y a une différence
Les groupes de discussions auprès des jeunes ont de plus permis de vérifier
sujets.
psychologie respectivement. Pour le groupe des jeunes, les questions ont été
testées par une jeune fille, âgée de 17 ans, originaire du Québec. Des corrections
jeune fille.
Une fois, les questionnaires corrigés et validés, les entrevues ont été
planifiées. Avant l’entrevue, chaque candidat a reçu, par courriel, une lettre
candidats, soit par téléphone ou courriel. Toutes les entrevues ont été conduites
par téléphone en raison de la distance, sauf une qui a été réalisée en personne au
candidat interviewé, par courriel, afin de vérifier l’exactitude des propos. Un temps
Pour maintenir l’anonymat, aucun nom n’a été révélé dans les verbatim et l’emploi
verbatim écrits.
le directeur de l’école. Les documents suivants ont été envoyés par courriel: une
adressée aux parents, une lettre de consentement à signer par les parents et les
pertinents aux parents. Les jeunes avaient la tâche de ramener les documents
CHAPITRE 3 – MÉTHODOLOGIE 61
signés par leurs parents. Pour mener les groupes de discussion, les jeunes qui
avaient l’autorisation des parents ont été libérés durant les heures d’école. Les
groupes de discussion ont pris place dans un local de l’école. Les discussions ont
été également enregistrées. Les groupes de jeunes ont été séparés entre les
garçons et les filles pour faciliter l’aisance dans les discussions et diminuer
ceux-ci ont rempli une fiche d’inscription incluant des noms fictifs. La fiche indique
renseignement qui a été complété par les jeunes. Les jeunes ont aussi eu
courriel, comportant les mêmes conditions de correction que pour les groupes
20
Pour les annexes 25, 26 et 27 afin de faciliter la lecture et les références dans le texte; chaque
entrevue est identifiée d’un numéro spécifique et les pages sont numérotées en chiffre arabe.
CHAPITRE 3 – MÉTHODOLOGIE 62
l’emphase sur les aspects qui ont manqué dans la revue de littérature pour
compléter l’analyse.
De plus, toutes les entrevues et les deux groupes de discussion ont été
Également, les entrevues ont aussi été conduites en français pour justement
communs. Ces thèmes ont été, par la suite, regroupés par sous-thèmes dans un
ordre logique. Ensuite, toutes les informations ont été analysées en incluant la
psychologique.
thérapeutique.
CHAPITRE 3 – MÉTHODOLOGIE 64
commencé à être redondante. Les variables sont décrites dans la section 3.7 de
discussion ont été déterminés pour centraliser les informations autour des
réponses aux questions des différents groupes ont permis d’élaborer les grands
recherche.
général, incluant la vision du fulcrum idéal pour les adolescents. Les autres propos
l’adolescence dans notre société actuelle. Les réflexions ne sont pas toujours
appuyées par une expérience clinique et parfois, elles sont basées sur une
Les propos qui ne font pas appel à une expertise ostéopathique proprement dite
à ce sujet.
les moyens pour retrouver l’équilibre font partie également des thèmes retenus.
l’occasion les propos des professionnels. Les jeunes ont exprimé, en fonction de
littérature. Au chapitre suivant, les deux sections – résultats des entrevues et des
de la matière vivante à travers les tissus et Pathie, c’est l’émotion que la personne
ostéopathes soulignent que le travail ostéopathique est un art et non une simple
familiers avec cette méthode de Becker utilisé en ostéopathie, pour les raisons
suivantes :
• Méconnaissance de la méthode,
• Oubli du concept.
technique et son application pratique au cours des années. Parmi les autres
technique et deux autres présentent les principes de base de celle-ci selon leur
dans leur pratique. Notons que cette notion est la base même de la méthode de
Becker.
type « solidité ». Dans le corps humain, le type solidité réfère à des segments
solides qui s’articulent autour de certains axes. Alors que les structures plastiques,
fulcrums à travers le corps. Ces fulcrums mobiles s’organisent les uns avec les
crânien. Il ajoute :
aphysiologique est une zone tissulaire qui se ferme, qui réduit son échange ou sa
Cette fermeture crée une densité dans la matière qui devient une fixité
perceptible, et peut donc être utilisée comme fulcrum pour libérer la charge
d’énergie renfermée dans les tissus jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de différence de
potentiel d’énergie entre les tissus fermés et l’extérieur. Dans le processus, les
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 72
L’ostéopathe 3 ajoute :
‘’Pour moi, ce qui est ostéopathique dans le cadre du dialogue avec les tissus et
dans le cadre du point de balance et du point neutre tel que défini par Becker, c’est
d’être en contact avec une certaine réalité d’expression de la matière d’un individu
et d’être en dialogue avec nos mains et avec qui on est , avec les différentes
réalités tissulaires de ce patient-là…’’ (Entrevue en ostéopathie 3, p. 3).
référence au point neutre, alors que l’espace est en lien avec la géométrie des
• Centré,
• Présent,
chaise et rester en « état méditatif » pour écouter sans jugement et pour recevoir
ce que les tissus veulent exprimer à tous les niveaux des plans corporels. Il faut
être à l’écoute et demeurer réceptif pour laisser venir à soi l’information, il résume
selon lui ‘’…c’est une empathie, c’est-à-dire un cœur à cœur avec le patient.
Sentir les tissus, mais sentir ce que la personne exprime à travers les tissus, c’est
• de l’anatomie,
Becker.
corps. D’autres synonymes sont utilisés pour décrire le fulcum entre autres, le
point :
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 74
• de référence
• d’ancrage
• de puissance
• d’orientation
décrire le fulcrum alors qu’un autre le compare au point de balance qui est, dans
‘’lieu’’ qui est un chemin ou passage autour duquel les structures s’organisent.
‘’Le fulcrum peut être n’importe où dans le corps, cela n’a pas d’importance. C’est
un lieu, le point où tu en as le plus besoin pour créer l’équilibre qui va être
indispensable pour que tout soit réparti dans le corps, pour que l’acte
thérapeutique soit efficace à travers le corps’’ (Entrevue ostéopathie 8, p.2).
savoir où se situer, dit l’ostéopathe 1. Il n’est pas certain si le fulcrum, décrit par
célèbre du philosophe Archimède (287 av. J.-C. - 212 av. J.-C.) : «Donnez-moi un
maintenir cet équilibre. Ces points d’appui sont malléables selon la qualité et le
niveau de vitalité des tissus. Ils se retrouvent n’importe où dans le corps et ne sont
immobile par rapport à ce qu’il centre, et mobile par rapport à ce qui le centre
rétention, c’est-à-dire une zone où il y a une zone corporelle qui est en mal
aphysiologique chaque fois qu’il y a une restriction dans la structure, et ce, peu
L’ostéopathe 6 s’en tient au terme de fixité pour décrire cette restriction. Selon lui
qui représente les mains de l’ostéopathe en contact avec les tissus du client.
les faiblesses.
en dualité pour libérer plus en profondeur les structures impliquées. Cette dualité
l’extrapoler à bien des niveaux… à tout ce que les personnes vivent sur le plan
façon, les différents points d’appui que l’individu utilise lors de son cheminement
personnel.
puisque ce sont deux aspects non tangibles. Les croyances religieuses, ou les
peuvent devenir selon un autre ostéopathe, des fixités pour l’individu. La personne
bâtit sa vie autour de grands principes et lois qui sont basés sur des croyances
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 77
mentales ou spirituelles et qui ne sont pas toujours la meilleure chose pour son
autre exemple de croyance pouvant avoir un effet négatif : un individu peut croire
Sur un autre plan, la confiance établie dans une relation entre deux
individus peut devenir un fulcrum. Alors qu’un autre précise, sur le plan social et
peut être le sens qui ressort des propos de son client. Également, le psychologue
qui parvient à se mettre au même diapason que son client, représente une sorte
de point d’appui avec son écoute. Lorsque l’intervenant devient un miroir, il permet
client de mieux voir ce qu’il tente d’exprimer. Ce travail vise une rééquilibration de
pour l’individu. La parole entendue devient un point d’appui autre que physique
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 78
les diplômes peuvent servir aussi de points d’appui pour avancer. Ces points
d’appui permettent une assurance par exemple pour se trouver un emploi ou avoir
L’individu devra aller chercher un nouveau savoir si celui qu’il possède ne lui
Cette section résume, en partie, le contenu issu des discussions avec les
adolescents. Ce sont des propos qui sont basés sur leurs perceptions et
expériences personnelles.
De façon unanime, les jeunes indiquent que cette période n’est pas reliée à
une crise. Pour eux, c’est une période, à travers laquelle il y a plus de défis et de
difficultés.
atténuer les effets négatifs, en prenant simplement le temps avec les jeunes
la puberté débute vers l’âge de 12 ans et se poursuit jusqu’à 21 ans, alors que les
filles croient que c’est vers 15 ans. Les deux groupes s’entendent pour dire que la
puberté débute généralement plus tôt chez les filles et celles-ci sont plus matures.
La présence des pairs semble les influencer à adopter des comportements moins
matures.
la préparation de l‘avenir.
D’après les garçons, le tournant le plus important dans cette phase est la
théorie d’Erickson, pourrait être liée à la fidélité qui est la résultante vécue à
l’âge adulte. Les filles ont l’impression que les garçons véhiculent toujours le
stéréotype que celles-ci sont plus organisées, alors que les garçons pensent
encore à jouer.
rang occupé dans la famille. Les premiers de famille doivent, par exemple,
assumer une plus grande responsabilité puisqu’ils ont le rôle de grand frère ou de
entre les filles et les garçons concernant leur perception face aux responsabilités.
Filles Garçons
Les filles se questionnent pour connaître les raisons de cette constatation. Est-ce
que les responsabilités sont différentes parce qu’elles sont des filles ou est-ce
simplement un pur hasard relié aux parents? Elles mentionnent qu’elles se sentent
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 81
Les filles ajoutent que les responsabilités sont mieux assumées lorsque les
prises de décisions viennent d’elles-mêmes, sans avoir les parents derrière. Elles
à leur égard est difficile. Elles se sentent assez matures pour assumer certaines
Les filles observent que les garçons sont plus curieux au niveau de la
sexualité et ont besoin de plus d’action physique, alors qu’elles sont, à l’opposé,
plus émotives et réfléchies. L’aspect émotif de cette période fait référence aux
drames et histoires reliés aux relations avec les garçons. Ce qui confirme les
au sujet de l’apport hormonal. Les garçons sont plus dans l’action alors que les
avec les pairs. Les échanges sont clairs et francs et se basent sur une compétition
amicale, comparativement aux filles. Selon eux, elles entretiennent des relations
dramatique.
aux filles, car ils sont moins influencés par les modèles véhiculés dans les médias.
Selon les garçons, l’image, l’habillement et l’estime de soi des filles ne viennent
pas d’elles, mais sont imposés par la pression sociale des médias. Les filles
confirment ressentir de la pression face aux standards de beauté par les garçons.
Les garçons confessent avoir certaines pressions eux aussi. Même si la fille
considérer dans l’éducation et l’évolution des jeunes dans la société. Bien que ces
jeunes soient, pour la plupart, citoyens canadiens, les parents de certains d’entre
eux sont d’origine étrangère. Voir l’annexe 17 pour connaître les différentes
des conflits reliés à des différences culturelles. Par exemple, une des étudiantes a
senti de la pression de ses pairs, à son arrivée à l’école. Elle a dû s’ajuster dans
Les deux groupes soulignent que certaines cultures sont plus libertines que
d’autres, ce qui peut causer des conflits. Un jeune souligne la vision plus libérale
retrouve le plus haut taux de suicide chez les adolescents. Selon ses dires, tout
Les garçons ont amené le sujet du suicide dans la discussion. Selon eux, le
trop grande ouverture et permission offertes aux jeunes. Les communautés où les
De manière générale, les jeunes font un portrait congruent avec ce que les
vis-à-vis des idées préconçues à leurs égards. Ils ont l’impression de payer le prix
l’impression que, dans un groupe, les garçons ont une plus grande conscience
individuelle par rapport aux filles qui auraient plus tendance à se perdre dans la
Malgré le nombre limité de garçons, ceux-ci ont démontré une plus grande
assurance et ont semblé plus affirmatifs dans leurs propos que les filles. Celles-ci
ont semblé être plus animées lorsqu’il a été question de parler des garçons.
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 84
sous différents angles. C’est de revivre les crises antérieures, mais de manière
pensée formelle amènent une urgence à se redéfinir en tant qu’être humain. C’est
pose des questions pour trouver son identité. C’est l’ouverture de la conscience à
pathologiques
l’âge de 7 ans, sont de types « caractériels » et sont plus sévères, tandis qu’après
cet âge, ils sont plus de types « neuro ». Ces crises pathologiques ne font pas
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 86
transitoire, si elle est soutenue et bien gérée et elle peut survenir à tout âge. Elle
est une expérience unique et essentielle pour chaque individu dans son évolution
de vie. Les êtres humains changent continuellement selon les générations. Il n’y a
pas tout à fait de stabilité, il y a oscillement entre des périodes d’accalmie et des
périodes plus critiques. «C’est l’équilibre ou le bien-être qui veut dire que l’on ne
du vieillissement. Cette réalité demande à l’individu, peu importe son âge, une
l’impasse avec ses ressources. Les cycles dans la vie comprennent des étapes
spécifiques. Par exemple, le jeune de 15 ans ne vit pas la même réalité en termes
surmonter l’impasse.
• au rôle,
• au succès,
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 87
• à l’autonomie,
• à l’amour-propre,
l’importance de la perte, va également vivre les étapes du deuil établies par Kübler
Ross22.
pour acquérir des connaissances dans la vie. Tandis que dans le pôle de
fermeture, l’individu va se replier sur soi, il va s’isoler par rapport à l’extérieur pour
pouvoir assimiler les informations et mieux grandir. Dans cette théorie, la crise se
21
Abraham Maslow, psychologue a établi dans les années 40, une hiérarchie de 5 besoins
fondamentaux qui s’applique à tous les êtres humains. Elle représente l’ordre de priorité et chaque
besoin nécessite d’être comblé avant de passer au suivant (‘’Pyramide des besoins’’, 2009)
22
Elisabeth Kübler Ross (1926-2004) psychiatre et psychologue. Pionnière des soins palliatifs a établi 5
étapes concernant le processus du deuil : le choc et le déni, la colère, le marchandage, la dépression et la
dernière étape : l’acceptation (Elizabeth Kübler-Ross, 2009).
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 88
vit comme une crispation dans un de ces deux pôles. Il n’y a plus ce mouvement
cette époque, l’être humain a été défini, selon la théorie des systèmes de Von
Bertalanffy23, comme faisant partie d’un système complexe qui inclut son
huit crises spécifiques qui surviennent selon les nouvelles demandes sociales du
milieu de l’individu et selon la période de vie. Ces crises représentent une tension
l’individu demeure figé dans un des pôles avec les conséquences qui s’en suivent
confrontation de soi avec le monde extérieur. Alors que, chez l’adulte qui présente
une plus grande expérience de vie, elle se manifeste avec lui-même. Mis à part
23
Karl Ludwig von Bertalanffy (1901-1972) biologiste, connu pour sa théorie sur les systèmes. Il a
permis d’offrir un cadre conceptuel pour contribuer à l’avancement de certaines disciplines
(‘’Ludwig von Bertalanffy’’, 2009)
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 89
les principes de la crise et les facteurs, la différence entre les deux, c’est la
différents modèles d’autorité proposés par les parents, l’école ou tout autre
identité qui leur est propre à travers des opinions, des valeurs, des intérêts qui se
plus abstraits de la vie. Le regard sur le monde s’agrandit. Ce que les jeunes filles
recherche du ‘’qui je suis’’, moi en tant qu’être humain unique. Il faut avoir atteint
avec la sensation. C’est cette prise de conscience avec soi-même, un soi intégré
De plus, la société a ses exigences selon les âges. «Je pense que, comme
c’est la part des deux qui détermine la crise. Le professionnel 1 reprend la théorie
des rôles et, d’autre part, demeurer dans la confusion des rôles. Le jeune doit faire
sa propre exploration pour déterminer les rôles qui lui conviennent et développer
ainsi sa fidélité face à ses choix. Cette fidélité devient la force adaptatrice, la force
résultante. Sinon le jeune reste dans une extrémité d’un des pôles. Dans une
extrémité, son identité demeure sans exploration et peut se définir comme une
des rôles, qui est le résultat d’un sentiment de doute profond se définissant
cerveau en fonction des différentes expériences vécues dans la vie. Cela permet
l’individualisation signifie l’ego qui est plus en lien avec l’égocentrisme. Dans cette
par les professionnels, selon les différences culturelles et leur impact dans la
construction de l’identité du jeune. Ces constats ne sont pas basés sur des études
24
Carl Gustav Jung (1875 à 1961), médecin, psychiatre et psychologue a écrit de nombreux
ouvrages sur la psychologie analytique et a apporté une grande contribution à l’analyse des rêves
(Carl Gustav Jung, 2009)
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 92
occidentale et non-occidentale
Constats : Constats :
Conséquences : Conséquences :
• Pas prêt pour être futur adulte • Période plus fluide, moins
compliquée et intense
• Confusion de ‘’qui je suis’’ dure plus
longtemps • Plus grande complémentarité entre
le jeune et les parents
• Manque de direction et d’affiliation
rapides de notre société et l’accès aux différents médias vont créer une
discordance chez les jeunes. Cela peut créer une « incompatibilité » et une
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 93
«intolérance émotive» qui s’exprime par les phases du deuil, expliqué plus loin,
• Les adultes étaient plus occupés donc, les jeunes assumaient des
rôles et responsabilités plus tôt.
Les adultes ont plus tendance à maintenir une plus grande surveillance au niveau
des jeunes. Dans le passé, il n’y avait pas autant d’emprise, car les adultes étaient
trop occupés. Les jeunes répondaient ce que les adultes voulaient entendre.
catholique, il y avait des rites bien définis qui permettaient une certaine structure
baptême, la confirmation et les autres sacrements ont perdu leur sens avec le
«Il y a beaucoup plus de possibilités, une plus grande ouverture. C’est quelque
chose de très positif en réalité, mais il y a également un aspect dur. Dire que
maintenant va falloir choisir, essayer de comprendre, essayer de s’orienter. On est
condamné à être libre et c’est excellent comme formule» (Entrevue professionnel
5, p.4).
Selon les racines grecques, cela veut dire : «décision». C’est la réalité du défi des
développement de l’adolescence.
Il reconnaît l’influence que les sociétés exercent sur les individus selon la
à remplir des rôles sociaux et responsabilités trop rapidement. Ce qui les pousse à
adopter parfois des comportements qui ne leur conviennent pas, pouvant même
auprès des jeunes d’aujourd’hui. Ces phénomènes les coupent de vivre de vraies
médias touchants, entre autres, les jeunes filles qui vont avoir tendance à adopter
s’élargit autour d’eux. Ils doivent s’affirmer davantage pour surpasser les difficultés
jeunes sont victimes d’un monde dans lequel les adultes sont de plus en plus
professionnel pense. La difficulté des adolescents serait reliée entre autres à son
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 96
part de responsabilité des parents pour passer avec succès cette période
charnière.
être, pour certains, la source des conflits majeurs à cette période. Les parents
peuvent banaliser le vécu des jeunes et contrôler la situation, ils ont tendance à
lieu de devenir des modèles d’influence. La société actuelle, les écrits et les dires
négatifs vis-à-vis cette période d’âge créent un mouvement de panique chez les
parents. Les deux groupes de discussion font part de cette constatation. Cette
mauvaise réputation attribuée aux jeunes, fige les parents et les maintient dans un
rôle d’autorité mal contrôlée. Les parents ont tendance à contrôler les moindres
faits et gestes des jeunes, les limitant dans leurs besoins d’explorer. Le défi du
d’influence. «…il faut qu’ils sachent se détacher, ne pas envahir l’espace de leur
enfant, de leur permettre de vivre leur histoire, de ne pas tout connaître et de leur
faire confiance…» (Entrevue professionnel 2, p.6). Ils oublient trop souvent que
«...les changements sont tellement rapides que jusqu’à un certain point, il donne
l’illusion d’avoir l’autonomie d’un adulte et cela c’est toujours comme un peu le
déchirement pour l’ado qui aimerait bien avoir le pouvoir de l’adulte, mais qui en
même temps se rappelle et aime bien avoir la dépendance de l’enfant…»
(Entrevue professionnel 2, p.4)
le jeune dans son image corporelle et son estime de soi. Concernant le défi des
concernant les besoins et moyens pour aider les jeunes. Certains se sont basés
sur leurs expériences cliniques auprès de cette clientèle, d’autres ont exprimé
partagé leurs connaissances générales sur le sujet. Les jeunes ont aussi eu la
Les besoins exprimés par les jeunes, des deux groupes de discussion,
concordent avec les propos des professionnels. Ils soulèvent la problématique des
l’emphase sur l’aspect d’unicité où chacun est appelé à exprimer «qui il est». Pour
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 98
ce faire, pour eux il est important d’avoir des parents qui présentent des limites
fait qu’ils sont capables de comprendre les situations, ils ont donc besoin qu’on
sentent pas jugés. L’école et les amis représentent pour eux, des points de repère
avec un rythme de vie accéléré. Ils ajoutent avoir besoin de plus de temps de
réflexion avant de se lancer dans un choix de carrière qui détermine leur futur.
tout va très vite dans la société d’aujourd’hui, c’est d’offrir aux jeunes du temps et
élément important à cet âge, plus que ‘’qui je dois être’’: «…aborder sa vie avec
Parmi les autres besoins identifiés par les professionnels, qui aident le
structure fait référence à la famille, elle doit être stable et maintenir des relations
saines. Les jeunes ont besoin de ressentir les sentiments d’amour, de compassion
et d’encouragement et ce, malgré leurs erreurs. Ils doivent sentir qu’ils peuvent
dans notre rapport avec l’autre, avec l’être humain» (Entrevue professionnel 1,
L’école devient donc, un milieu privilégié pour les jeunes. Comme la société
actuelle est très individualiste, les écoles représentent pour les jeunes, un endroit
tous les jours. L’école reçoit aussi des critiques, selon l’ostéopathe 6, les milieux
années des directives, jusqu’au jour où les jeunes doivent décider par eux-mêmes
de leur futur. Ce qui crée, selon lui, une discordance et une ambiguïté pour le
religieuses pour offrir aux jeunes les meilleurs conseils basés sur une sagesse et
seront des points d’ancrage. Des jeunes qui ont passé, il n’y a pas si longtemps,
par la même phase, mais qui ont réussi à faire une grande différence. Cette
différence se reflète entre autres, dans une relation amoureuse stable, un choix de
amoureuses, les relations amicales et de travail. Les gens ont besoin selon le
et de sécurité selon l’échelle des besoins de Maslow. Par la suite, il est possible
de soi. Par les jeux et les plaisirs, il faut permettre aux jeunes de créer des liens
adapté
dans la reconnaissance de soi. Il revit toutes les crises antérieures, mais d’une
manière plus consciente. Quatre ostéopathes affirment que l’adolescence est une
identité, comme le mentionne un des ostéopathes, c’est reconnaître avant tout qui
exprimer leur point de vue sur ce que peut être le fulcrum idéal pour les
difficulté de juger du meilleur fulcrum pour l’adolescent étant donné que chaque
être humain est unique. L’individu centré dans «qui il est» est son propre fulcrum
expériences de vie.
trouver ses propres valeurs. Il n’a pas d’un côté, suffisamment d’expériences de
qui sont affectés. C’est la capacité d’adaptation des gens impliqués qui va
jamais.
se fait pas harmonieusement pour ces jeunes, comme ils n’ont pas encore
fonctionnent toujours à cette période, sur un mode individualiste pour acquérir leur
points d’appui pour franchir les différentes étapes dans son évolution. Selon
fratrie, les amis, un professeur, un thérapeute ou autre qui offre une vision
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 104
différente de la vie. Voici quelques qualités énumérées pour être une personne
significative :
son tour un fulcrum sécurisant. Ce fulcrum offre aux jeunes une stabilité. Ils
Le jeune peut trouver ses points d’appui dans ses relations sinon il va
participation des jeunes à des activités physiques pour mettre son corps en
retrouver.
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 105
ses connaissances, sa confiance et son estime de soi. Cet ajout est en lien avec
rétraction des tissus. Selon les propos précédents, comment est-il possible de
savoir si l’adolescent utilise les points d’appui adéquats pour évoluer? Cette
question n’a pas été directement posée aux participants, mais indirectement, il est
c’est quand la personne a finalement assimilé quelque chose et qu’elle a fait une
• Une autonomie.
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 106
‘’coach’’ vis-à-vis de ses athlètes : «…il va positionner ses athlètes d’une façon à
pouvoir faire sortir la force et la qualité que la personne peut faire sortir. Cela va
ostéopathie 4, p.7).
précisent l’utilisation de fulcrum spécifique autre que la position des mains lors
humain, selon ses dires, est d’être en résonance harmonieuse avec tous les
champ électromagnétique est déjà présent dès la naissance et tous les autres
être liés au retour d’anciens conflits non résolus dans la deuxième année de
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 107
parcours de vie. Ils peuvent être aussi le résultat d’une contradiction vécue entre
pour bâtir son identité. Il va chercher la force de la santé de l’enfant derrière les
communication.
«…l’enfant a une plus grande force de guérison que l’adulte, sa vitalité est tellement
forte qu’il utilise très bien cela quand on lui donne le droit de parole, exprimer un
désir qu’il a, s’il reçoit un non-jugement puis une reconnaissance, tu vois …le MRP
qui recommence à partir…» (Entrevue ostéopathie 7, p.3)
Cela offre un point d’appui pour l’aider dans l’affirmation de son «droit à
l’existence». «…replacer chaque personne dans leur propre vie, leur propre ‘’je’’,
haute voix, ce que l’ostéopathe sent chez le jeune, permet d’élever le niveau de
conscience de celui-ci, en lien avec ses pensées, émotions et actions. Cela lui
donne une meilleure reconnaissance de soi et lui permet d’être vrai et cohérent
avec lui.
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 108
niveau du corps, que cet ostéopathe obtient ces informations pour mieux
sur les aspects importants lors du traitement des jeunes durant la période de
l’adolescence.
à dialoguer avec les tissus avec ouverture, disponibilité et confiance. Cela permet
d’identifier les fulcrums aphysiologiques et de les libérer pour que l’individu puisse
25
Godelieve Denys-Struyf kinésithérapeute et ostéopathe. Elle a créé une méthode qui permet de
faire des liens entre le fonctionnement corporel et les comportements psychologiques (‘’Méthode
GDS’’, s.d.).
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 109
«…si nous on arrive à mettre le métabolisme donc, l’organisme qui inclut la chimie,
la biologie et l’anatomie, la circulation donc, tout ce qui est fluide-membrane-
potency dont Sutherland a parlé; bien je crois que si on veut vraiment voir les
principes de traitement, voir l’ampleur et la puissance que cela peut avoir; il faut
mettre le tout en équilibre» (Entrevue ostéopathie 4, p.7).
l’adolescent. Cela permet donc d’avoir un impact sur le comportement, sur l’aspect
de libérer le sacrum qui est le fil de l’identité et la thyroïde en lien avec les
faut s’assurer également qu’il n’y a plus de tensions au niveau des vertèbres
Pour avoir une meilleure clarté d’esprit, un propose d’enlever les tensions
au niveau crânien comme c’est l’endroit où l’on pense, décide et agit. Le jeune se
niveau peut amener un sentiment de bien-être. Ce qui crée également une plus
travaillent de pair. Un autre avait soulevé que parfois les interventions parentales
l’adolescence, de traiter les enfants en bas âge. Cela permet de mieux préparer
pouvoir.
p.4)
imposer quoi que ce soit. Cela évite de créer des réactions d’oppositions.
parents assistent au traitement de leur jeune. Donc, tous les deux bénéficient du
traitement en se replaçant chacun (parent et enfant) dans leur propre vie. Chacun
entrevoit et respecte son droit d’existence, en tant qu’être unique à part entière.
Par contre, lorsque le jeune est seul durant le traitement en cabinet, le travail est
directement centré sur lui pour découvrir et exprimer tout son potentiel d’être. Le
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 111
l’ostéopathe a un rôle d’éducateur et doit être à l’écoute des paroles et les refléter.
lésions c’est beau, mais c’est la conscience de l’individu que l’on traite. C’est pour
ostéopathie 7, p.9).
pour développer une meilleure adaptation avec le monde extérieur. C’est par le
permet d’amorcer ce type de travail bien qu’il soit limité dans son expérience de
vie.
pensées, les émotions et les actions dans la vie de tous les jours. Ce qui revient
est aux prises avec des fausses croyances et pensées négatives pouvant le
entre les pensées et les émotions du jeune et de le stimuler à utiliser ses talents et
ses dons dans les actions. D’autres vont amener la conscience à tous les niveaux
pour le jeune. C’est une observation guidée de soi-même autant au niveau mental,
Ce qui implique en réalité tous les aspects de la vie du jeune. Un des moyens
«Je pense, ce qui soutient beaucoup la pensée c’est la capacité de pouvoir parler
donc, si les jeunes ou si la personne a l’occasion de pouvoir réfléchir à voix haute
avec d’autres et je pense que c’est trop souvent sous-estimé, l’importance d’un lieu
de parole, d’un lieu d’échange de nos jours et je pense que quelque soit l’âge
quelque soit la crise ou la période difficile que le fait de pouvoir s’asseoir, de
pouvoir penser à voix haute, de pouvoir réfléchir intelligemment, de pouvoir honorer
ses questions et ses déchirements et de chercher à tâtons les réponses. Je pense
que c’est fondamental, essentiel, central» (Entrevue professionnel 2, p.3).
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 113
jeune.
tout jeune âge à prêter une écoute attentive vis-à-vis ce que les enfants ont à dire
Gendlin26.
Les parents ont à aider et à équiper les jeunes à développer les habiletés
explorer et parler à haute voix sans limite ni jugement. Un milieu où ils ont un
26
Eugène Gendlin, psychothérapeute et philosophe américain, il a développé des façons de
pensée et a travaillé avec l’Implicite (Eugène Gendlin, 2009).
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 114
trouvent une certaine valorisation dans les activités qu’ils exécutent et qu’ils soient
soutenus.
sont des besoins qui ne sont pas toujours conscients, mais qui vont orienter les
choix et les décisions de l’individu. L’être qui n’a pas le sentiment de contrôle
interne dans sa vie, va trouver le moyen de contrôler l’extérieur. Cela peut générer
lui, les rapports d’affiliation sont très importants entre les individus dans la
humain. Chaque cellule du corps trouve son identité «je» et s’assemble à d’autres
cellules pour former des organes et des systèmes. La cellule se dissout dans
l’ensemble, oubliant parfois sa propre identité, tout comme l’être humain en lien
avec son environnement. En même temps, le mandat est d’exister en tant qu’être
à part entière et en harmonie dans un système social qui est plus grand que soi.
d’équilibre globale.
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 116
posée en entrevue:
Réponse Commentaires
Tous ont donné sommairement leur point de vue sur cette question.
Ils expliquent l’inter-influence qui existe entre le corps et l’esprit comme faisant
partie d’une entité globale, les deux étant parfois difficiles à dissocier. L’équilibre
et versa.
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 118
Le corps par lui-même n’est pas animé et ne représente rien lorsqu’il n’a
l’aspect psychologique:
«…c’est notre attitude mentale qui fait qu’on est en santé ou qu’on est malade. Il
disait qu’on ne vit pas seulement de choses physiques mais aussi de ce qu’on
mets comme nourriture psychologique, émotionnelle et spirituelle dans notre corps
et lui disait que chaque cellule dans notre corps a une conscience, la conscience
cellulaire…» (Entrevue ostéopathie 1, p.6).
27
Edgar Cayce (1877-1945) : Pionnier de la médecine holistique. Grand guérisseur médiumnique,
il a ouvert sa propre hôpital. Il a aidé à prendre conscience de l’importance de la spiritualité qu’il a
introduite dans les guérisons physiques (Pascale, 2000).
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 119
Tous s’entendent sur l’importance de dégager les fixités dans les tissus,
des dysfonctions ostéopathiques, peu importe l’origine, doit être traité pour
progresser vers l’équilibre. «Le corps, c’est le reflet de la psycho… Quand le corps
va mieux, l’esprit va s’ouvrir. C’est sûr que cela fonctionne ensemble» (Entrevue
qu’il est possible d’aller plus en profondeur dans le traitement, tandis qu’un autre
neutres au niveau du corps pour retrouver l’homéostasie sans qu’il ait contact. Le
moment précis.
face à la gravité et aux autres facteurs de la vie. Il présente en général une grande
Chaque individu est confronté à lui-même pour mener son existence et doit
notion d’équilibre. C’est une roue en perpétuelle continuité qui comprend quatre
sphères. L’équilibre global se maintient dans chacun des aspects. L’individu doit
porter une attention spéciale pour garder cette roue bien ronde et fonctionnelle.
Chaque sphère de la roue, entre elles, doit demeurer en équilibre et maintenir une
28
Roue médicinale: symbole autochtone représenté par une carte qui démontre la relation entre
l’homme et son environnement (Roue médicinale, 2010)
CHAPITRE 4 – ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES 121
Sphère Moyens
• Sommeil
• Exercice
par la suite trouver les moyens pour mieux se comprendre afin de poser les
actions efficaces et nécessaires dans les relations avec le monde. Les relations
font référence non seulement au contact avec d’autres individus mais au contact
à-vis :
• Soi-même
«Observation de soi, cultivation de soi, cultivation des qualités et des vertus, des
choses qui sont positives en nous, réduction des choses qui sont négatives en
nous, réductions des vices…pratiquer la méditation, faire des études spirituelles et
intellectuelles. Si on est en groupe sur un chemin, c’est plus facile en général. Il y
a des balises» (Entrevue professionnel 5, p.5).
n’existe pas une ligne spécifique à suivre pour tous les individus. Les ostéopathes
ont mis davantage l’emphase sur des constatations alors que les professionnels
groupes de discussion. C’est dans ce chapitre que les variables proposées dans
d’apporter des réponses aux questions de la recherche. Voici un rappel des trois
questions de la recherche:
2) Quelles similitudes cette méthode a-t-elle avec les théories reliées aux périodes
critiques de la vie, en l’occurrence, l’adolescence?
méthode est déjà le fruit d’une transposition du fulcrum crânien de Sutherland, qui
«La grande contribution de Rollin Becker, c’est non seulement d’avoir étendu à la
totalité du corps humain la conception de Sutherland d’un mécanisme respiratoire
primaire cranio-sacré, mais d’avoir fait entrer ce mécanisme global, le
<<mécanisme involontaire>> dans les techniques de traitement; de l’avoir
<<utilisé cliniquement>> selon sa propre expression» (Duval, 2004).
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 125
recherche s’est centrée sur les composantes de la méthode, pour voir les
dans l’introduction avant les questions d’entrevues n’a pas semblé apporter un
projet, étaient plus familiers avec les composantes de la méthode qu’avec ses
suivre son cours. Par la suite, il y a l’ajustement des tissus au niveau du point de
effet, les ostéopathes ont davantage apporté des éléments sur l’application et la
méthode pour avoir plus d’informations précises? Ce sont les ostéopathes eux-
mêmes qui ont exprimé ouvertement, dès le début de l’entrevue, leur doute face à
sont venus confirmer les a priori de la chercheure, selon lesquels la théorie n’était
Pourtant, Becker est de notre époque et fait aussi partie des bases de
créateur de la méthode qui démontre plus qu’une méthode, mais une vision du
vivant.
l’ostéopathie, sur la notion de fulcrum? Aurait-il fallu nommer les fulcrums du corps
Sutherland>> pour maintenir ses origines ? Est-ce le fait, que Becker n’a pas
présentent une collection d’écrits divers de Becker et un livre écrit par Duval qui
l’ostéopathie.
contexte que l’on ne peut pas ignorer. Becker a découvert qu’il y a une
et une tension réciproque entre les différents tissus cellulaires. Le nom donné à sa
maintenir cet équilibre entre les tissus en réduisant les tensions, en éliminant les
obstacles qui nuisent à ces échanges. Le tout dans le but de ramener les tissus
dans un état d’équilibre avec un niveau de vitalité adéquat. Peu importe la cause,
les tissus en perte d’équilibre sont denses, tendus et en inertie. Il est possible de
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 128
expérimenté.
fulcrum autour de la lésion lorsqu’il entre en contact avec les tissus lésés. Ce
fulcrum. Les tissus lésés au niveau du point d’appui vont se modifier avant de
libérer l’énergie qui est emmagasinée dans la lésion. Cette phase fait référence au
point de balance. Il y a un moment d’accalmie, par la suite, dans les tissus qui
de rétraction et expansion. Cette phase est appelée point neutre avant le retour de
la vitalité qui est le retour de l’équilibre. Les tissus reprennent leur communication
expansion, une fluctuation des liquides et des échanges réciproques entre les
Il est clair pour la chercheure qu’il peut y avoir une différence entre
Becker s’est modifié dans la pratique ostéopathique pour devenir un autre principe
d’un point calme ou d’utiliser la puissance des deux fulcrums (fixité et point calme)
origines de la méthode? Les ostéopathes qui ont participé aux entrevues ont
méthode de Becker ne semble pas, pour la plupart, être une méthode suivie à la
lettre. Les différents fulcrums semblent être davantage utilisés dans la pratique
ostéopathique d’aujourd’hui.
son apprentissage autour d’un fulcrum de fixité qui est plus dense dans la matière.
d’autre type de fulcrum tout aussi puissant. Il aurait été intéressant de savoir si la
avait elle-même eu plus d’années d’expérience. En même temps, c’est Becker qui
avait dit, plus le fulcrum est universel, plus la réponse est universelle donc,
thérapeutique.
monde, donc des influences qui viennent de partout. Cette ouverture sur le monde
amène une richesse de connaissances mais en même temps, peut-être aussi une
traitement. Cette ouverture sur le monde semble avoir le même impact chez les
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 130
ostéopathes, que chez les jeunes adolescents d’aujourd’hui mais touchent des
d’explorer les similitudes qui existent dans les théories en psychologie. Cette
«Quelles similitudes cette méthode a-t-elle avec les théories reliées aux périodes
Selon Daniel J. Levinson pour sa part, l’individu alterne entre des phases
constate que les deux auteurs de la même époque ont élargi un savoir et une
cellulaire.
Erikson de son côté, était élève d’Anna Freud, fille du grand psychanalyste
moderne. Son livre intitulé : ‘’Enfance et société’’ paru en 1950 est considéré
dans les écrits, Becker et Erikson ont influencé des générations d’étudiants et
Leur cheminement de vie, l’époque et leur durée de vie ont été aussi
similaires.
Ont-ils reçu une même vague d’influence dans l’histoire pour apporter une
contribution qui se ressemble? Tous deux proviennent d’un milieu différent malgré
qu’Erikson, d’origine Allemande, ait immigré aux États-Unis en 1933. Il a passé les
pratique au Texas30. Il serait intéressant de retracer les faits de cette époque pour
universelle?
sa méthode ostéopathique.
29
(‘’La théorie d’Erickson’’, 2010)
30
(Erik Erikson, 2010) et (‘’Rollin Becker’’, 2007)
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 133
la théorie psychosociale d’Erikson. L’individu est appelé à vivre une série de huit
parcours de vie. Ces différentes crises sont représentées sous forme de conflits
qui existent entre deux pôles opposés. C’est par l’investissement de relations
significatives dans le pôle positif, selon la période d’âge, que l’individu va résoudre
les conflits. Cette résolution amène une émergence d’une force créatrice qui
comporte un potentiel.
Dans la méthode de Becker, le fulcrum est le point d’appui non mobile qui
pouvant être associé à un autre individu, une situation ou autres faits pouvant
terminologie qui ressemble aux différents synonymes du fulcrum, partagés par les
de chaque période de crise va dégager une force adaptatrice du moi vis-à-vis son
du MRP. La méthode de Becker est une technique qui permet de libérer l’énergie
alors que la théorie d’Erikson présente pour sa part, des moyens pour tendre vers
l’individu expérimente au cours de son existence alors que pour Becker, il est
retour de l’équilibre à l’intérieur des différents tissus du corps alors que l’autre,
précises. Alors que l’autre est plus une théorie favorisant une meilleure
psychologie qu’au niveau physique. Aurait-il été plus utile de comparer les visions
comparer une méthode avec une théorie qui sont deux aspects différents alors
que la vision des deux auteurs permet une comparaison sur des bases similaires.
retour à l’équilibre?
considération tous les éléments qui sont impliqués dans le tableau synthèse de
Les éléments du tableau sont repris en ordre dans les sections suivantes s’ils
Tout d’abord, il a été dit que le corps et l’esprit sont indissociés. Donc, il y a
adolescents d’avoir un bagage solide et des outils pour les aider dans ce passage
représenté par une recherche de l’identité chez les adolescents. Comment peut-
on aider au mieux ces jeunes qui sont touchés autant au niveau physique que
psychologique? Quel est le niveau le plus affecté sur lequel le thérapeute peut
avoir le plus grand impact et ainsi influencer positivement l’autre niveau? Avant de
même suite d’idée, les comparaisons avec les autres éléments faisant partie du
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 137
d’une description générale des caractéristiques de la notion de crise offerte par les
théorie d’Erikson mais elle peut y être reliée. Dans l’ensemble, selon la littérature
du jeune durant la crise peut avoir un impact aussi bien local (face à lui-même),
comprend entre autres sa famille, ses amis et autres contacts sociaux dans sa vie.
Erikson, il y a une mésadaptation. Ceci peut s’exprimer par des idées ou des
et la confusion. Marcia, cité par Papalia et Olds (2005), a ressorti plusieurs types
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 138
Autre comparaison, l’individu ne peut pas entrevoir la crise suivante s’il n’a
quelles sont vraiment les causes primaires sur lesquelles il est possible d’avoir un
réciproques entre les êtres humains qui viennent appuyer les propos énoncés
est comme en flottement. Cette phase est similaire à un point de balance et tend à
durer jusqu’à ce qu’il assume des choix selon ses désirs. La fidélité devient alors
la force adaptatrice du moi, qui est la résultante positive de la dualité entre les
deux pôles (l’identité et la confusion des rôles) du conflit. L’identité est assumée
comme le MRP, la fluctuation des liquides et les tensions dans les membranes
pour faire le lien avec la théorie d’Erikson. Par contre, dans les échanges sociaux,
il est recommandé de maintenir des liens harmonieux pour éviter les tensions et
relations significatives dans la vie d’un individu peut favoriser son niveau de vitalité
global étant donné que l’individu est en échange constant avec son
environnement.
ostéopathes interrogés aient mentionné que les difficultés des jeunes dans la
beaucoup trop de possibilités, les points de repères pour les jeunes seraient plus
étant donné qu’Erikson ne fait pas partie des créateurs de la thérapie manuelle?
l’individu. Un contexte qui a une grande influence sur l’individu, comme nous
• de connaître l’anatomie,
afin d’aider les individus à avoir une plus grande ouverture d’esprit. Donc, plus le
idée préconçue, plus la libération sera effective. L’individu devient ainsi plus en
mesure de définir son identité, d’échanger avec l’extérieur et proclamer son droit à
ses propos que le plus important n’est pas seulement la réponse à la lésion
existante mais consiste en toute la conscience de l’individu que l’on traite et qui
entre en jeu. Il faut maintenir cette perspective en vue, un peu comme on permet
une conscience de l’être appelée «Je suis» comme étant un point de référence
important. Il a fait la distinction entre ce «Je suis», le «Non je» et «Autrui». Un «Je
suis» conscience individuelle, comparé à «Autrui» qui est un tout autre individu
«Je suis» vivant dans un environnement extérieur à soi, le «Non Je». L’évolution
des consciences «Je» dépend de la gestion de la relation entre les trois (Je, Non-
«Je suis» conscience individuelle comme fulcrum permet de faire un lien avec la
théorie psychosociale d’Erikson puisque c’est un individu «Je» qui crée une
relation significative avec un «Autrui». Cela peut être associé au fulcrum universel
proposé par Becker. Becker avait aussi discuté d’un «fulcrum-maître» faisant
traitement autour d’un fulcrum calme qui renferme aussi une puissance. Le «Je
«Je suis» peut représenter le jeune et «Autrui» peut représenter ses choix de
relations significatives. Le «Non-je» de Tricot peut être tout ce qui se trouve dans
autre qui mettent à profit les talents du jeune. Il a fait mention que la conscience
entraîneur, ou tout autre individu qui présente une ouverture, une stabilité et un
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 143
respect pour devenir un point de repère significatif pour le jeune dans son
évolution. Les jeunes des groupes n’ont pas discuté directement de personnes
«gang». Il est important d’offrir ces points de repère aux jeunes, spécifiquement
pour eux parce qu’ils se retrouvent face aux exigences sociales qu’ils doivent vivre
lui, comme les pairs sont du même âge, ils n’ont pas assez de sagesse pour
Les jeunes ont besoin d’espace pour explorer, de temps pour réfléchir, et
de prendre contact avec leur propre conscience pour leur permettre de faire les
bons choix. Ils ont besoin qu’ont leur donne une voix.
• Quel est le niveau le plus affecté sur lequel le thérapeute peut avoir
• Comment peut-on aider au mieux ces jeunes qui sont touchés autant
cheminement?
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 144
psychologique qui est le plus affecté chez l’adolescent, étant donné qu’il y a
corps, il y aura toujours un impact positif. En résumé, ce qui rassure c’est que peu
individu est unique malgré que le développement de l’être humain se fasse sur
et les ostéopathes ont tout de même ressorti différents besoins et moyens pour
aider les jeunes dans leur développement. Sur le plan physique et psychologique
tout comme sur celui de l’environnement, l’individu vit une constante adaptation
pour maintenir à tous les points de vue un équilibre et des échanges réciproques
cité par Forget (2001) avait discuté de la loi de l’équilibre et des échanges
différentes selon les sexes, point qui a été soulevé par Bizendine dans la
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 145
être adaptés selon chaque individu. Comment est-il possible de maximiser l’effet
thérapeutique?
s’offrir l’expérience unique dont il a besoin pour avancer. Donc, comment peut-on
offrir à ces jeunes ce pouvoir comme ils sont encore dépendants et ont peu
d’expériences de vie?
recherche de la santé globale est une application qui va au-delà d’une vision,
d’une méthode, d’une théorie ou d’un principe; c’est une ouverture profonde de la
professionnel avait émis les propos de Carl Jung en psychologie, qui disait que
lors des traitements, il ne fallait pas rejeter la raison mais que cet aspect ne
responsabilité de créer dans son cabinet le milieu favorable pour le jeune. Ce sera
réalisé par :
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 146
développement similaire chez les jeunes, il y a une différence vécue entre les
semblent vivre une plus grande tension et cela influence leur construction
soi et de les aider à s’approprier leur droit à l’existence en tant qu’être unique à
Pour terminer, il est intéressant de revoir les racines grecques des mots de
adolescente :
Donc, le rôle de l’ostéopathe est d’offrir à ces jeunes un point d’appui solide.
les émotions qu’ils tentent de traduire dans la matière vivante. Ceci afin de les
aider à prendre des décisions les plus réfléchies dans leur cheminement.
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 147
d’équilibre optimal?»
ci avaient par contre exprimé des réserves quant aux possibilités d’application
pratique.
Il est clair que la méthode comme telle ne peut pas être applicable au
niveau tissulaire. Par contre, dans les sections précédentes, il a été possible de
surprise de la chercheure.
du moi retrouvées aux différentes crises nommées par Erikson en lien avec le
cérébral. Elle a souligné l’importance des relations saines et significatives dans les
premières années de la vie. Ce lien affectif aurait une incidence directe sur le
adaptative du moi selon Erikson, ces connexions permettent d’être plus outillé de
ont soulevé l’importance de traiter les enfants en bas âge. Un psychologue avait
discuté également des sept premières années de la vie comme étant des
moments cruciaux.
concrète pour les adolescents étant donné la complexité de l’être humain. Il existe
l’individu dans son contexte environnemental vu que celui-ci a un impact direct sur
«Vivre ce n’est pas s’installer dans une voiture que d’autres conduisent. Chacun
doit tenir le volant de sa voiture et rester le décisionnaire des gestes qui orientent
sa conduite» (Bernadeau, 2008, p.15)
Pour clore cette section, il a été dit que l’ostéopathie est un art. Selon la
avec ses propres couleurs et styles. La toile de vie de l’adolescent est en pleine
compréhension de l’être humain, ce qui n’était pas toujours facile à suivre. Malgré
tout, il a été possible pour la chercheure de trouver une théorie psychologique qui
retrouver dans la terminologie et le sens des mots auprès des différents écrits en
ostéopathes sur huit qui ont amené des différences dans les terminologies comme
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 150
compréhension des termes. Est-ce parce que l’ostéopathie est une profession
basée sur la perception? Il est difficile de qualifier et d’être objectif lorsqu’il est
question de décrire une perception. Est-ce le fait qu’il y a des écoles de pensée
décision a permis une plus grande ouverture pour explorer davantage et s’assurer
qu’il n’y avait pas d’autres théories plus appropriées. Malgré une exploration plus
psychologique.
avaient entre 5 et 10 années d’expérience. Pour cette recherche, faire parti d’une
association reconnue a été le seul critère retenu pour conserver une certaine
recruter plus facilement des candidats. De plus, toutes les réponses des
répondants ont été très pertinentes peu importe leurs années d’expérience.
candidats pour les entrevues. La chercheure s’est estimée chanceuse que sur 38
contacts, elle ait pu établir 15 entrevues, ce qui est un excellent taux de réponse.
Le défi a été plus grand concernant le recrutement des jeunes puisque cela
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 151
parents.
volontaire pour participer. Il est difficile de savoir si le recrutement aurait été plus
participants ont été un incitatif positif pour le recrutement. Ils ont semblé être
Les étudiants ont été libérés de leurs obligations scolaires pour le temps de
la rencontre, qui avait lieu dans les locaux de l’école. Les rencontres se sont donc
un certain contrôle.
pertinente pour compléter la recherche. Dans l’ensemble, tous les répondants ont
démontré une bonne compréhension des questions pour décrire les défis
ont été plus homogènes et répétitives que celles des ostéopathes, ainsi le
traitement des données s’est fait plus facilement qu’avec ces derniers. Pourtant,
les théories en psychologie sont très nombreuses mais il faut dire que la période
rend peut-être l’analyse plus facile. Ou est-ce que les réponses des professionnels
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 152
Aurait-il fallu accomplir plus d’entrevues avec les ostéopathes pour avoir
une ligne conductrice plus définie? La chercheure croit que les questions des
professionnels étaient davantage ciblées alors que les questions des ostéopathes
Pourtant, les adolescents vivent des transformations importantes à tous les points
des enjeux des pressions sociales pour mieux aider ces jeunes?
chercheure se demande s’il aurait été plus favorable de poser davantage des
ostéopathe, précise dans son livre sur l’étiomédecine, que le rôle des thérapeutes
aspects importants, selon la chercheure, qui peuvent amener un plus dans les
CHAPITRE 5 – DISCUSSION DES RÉSULTATS 153
ostéopathique.
chercheure n’a pas voulu influencer et diriger la pensée des répondants avec une
question précise sur Erikson. Elle était curieuse de voir avec quelle approche les
similaires. Au cours des groupes de discussion, les adolescents ont fait preuve
jeunes ont démontré un certain recul, ils étaient au courant de leur transformation
corrobore ce que les professionnels ont proposé. Donc, il est important d’éviter les
les jeunes est-elle reliée à la différence culturelle? Est-elle reliée à une plus
grande ouverture face aux autres cultures? Bien que ces jeunes s’exprimaient
bien en français et que la plupart étaient nés au Canada, ils vivent dans une
d’une autre origine ethnique. Ces jeunes, en plus de parler le français, parlent
sont aussi fort probablement confrontés à des valeurs diverses. Ou serait-ce que
d’un avenir plus prometteur, pourraient vouloir le meilleur pour l’avenir de leurs
intéressant d’interroger des jeunes vivant au Québec pour mettre plus en évidence
l’impact des différences culturelles. Est-ce le fait que les jeunes de la C.-B. sont
plus exposés à différentes expériences de vie ou est-ce le fait qu’ils sont plus
pose trop d’exigences. Il ne faut pas oublier que ce qui fait une société, ce sont les
gens qui la composent et nous en faisons tous partie. Donc nous avons tous une
L’analyse des données a fait ressortir des thèmes et des lignes directrices
conscience. Il est difficile de penser à une autre méthode quand cette dernière a
ostéopathes ainsi que sur les facteurs qui influencent cette connaissance.
Conclusion
CONCLUSION 157
2) Quelles similitudes cette méthode a-t-elle avec les théories reliées aux
périodes critiques de la vie, en l’occurrence, l’adolescence?
Un tableau synthèse a été réalisé pour mettre en lumière tous les éléments
C’est par le biais d’une méthodologie structurée qu’il a été possible d’établir une
la Colombie-Britannique et la France.
CONCLUSION 158
d’identifier, la variable qui était le fulcrum adapté X. Cette variable a été identifiée
avancer dans la vie qui est applicable autant à l’adulte qu’à l’adolescent.
Les adolescents sont des êtres dépendants depuis qu’ils sont jeunes
donc besoin du point de repère de la relation significative pour bâtir son identité et
social. Un «Je suis» individuel qui évolue en interaction avec des «Autrui» dans un
environnement «Non-je». La conscience «Je suis» existe du fait qu’elle est mise
niveaux et subissent de plus, des pressions sociales pour performer. Ils ont à
prendre des décisions et à agir comme des adultes alors qu’ils ont peu
pour dire que l’être humain est un être qui pense, réfléchit et vit des émotions qui
y aura toujours un impact positif. Il n’y a donc pas une ligne de conduite spécifique
dans les traitements des adolescents comme les deux niveaux (physique et
L’être humain est unique et a son propre cheminement à faire dans son
dans la relation et une compréhension plus approfondie du vivant qui font toute la
veut dire d’amener une variable de plus, car il y a un grand intérêt à porter à l’être
humain dans sa globalité incluant son contexte social et non pas juste à l’être
thérapeutique pour favoriser une plus grande prise de conscience de soi. Pourquoi
ne pas donner cette attention positive à ces jeunes pour mieux les comprendre et
d’avoir un impact au niveau de l’humanité comme nous sommes tous des êtres de
découvrir deux auteurs, Becker et Erikson, qui ont partagé une vision similaire de
l’individu, peu importe le contexte, à avoir une plus grande conscience de soi dans
une société qui va de plus en plus rapidement semble être un aspect important.
Un aspect qui peut permettre une bonne évolution de soi et de toute l’humanité.
C’est Still, fondateur de l’ostéopathie, qui avait la vision d’une science qui respecte
Barral, J.-P. (2005). Comprendre les messages de votre corps. Paris : Éditions
Albin Michel.
Brooks, R. (1997). Life in motion. The Osteopathic Vision of Rollin E. Becker, D.O.
Portland USA: Rudra Press.
Cloutier, R., Gosselin, P., Tap, P. (2005). Psychologie de l’enfant. (2e Édition).
Canada : Gaëtan Morin.
David, A.B. ( 2004). Anxiety and Depression: Treating Patients to Remission for
Functional Outcomes, The Journal of the American Osteopathic Association,
104(3), Mai,1.
Fondation des maladies mentales. S’ouvrir c’est déjà s’aider. (s.d.). Récupéré le
28 janvier 2008 de
http://www.fondationdesmaladiesmentales.org/fr/p/aider-une-personne/les-
maladies-mentales/description/les-causes
Les bibliothèques UdeM. (s.d.). Présentation des références selon les normes de
l’APA. (6e éd.). Récupéré le 6 avril 2010 de
http://www.bib.umontreal.ca/ED/Disciplines/psychologie/references.htm
Sheehy, G. (1983). Les passages de la vie. Les crises prévisibles de l’âge adulte.
Canada : Les Éditions de Mortagne.
Groupe 1 : Adolescents
Population cible de la recherche qui vit une période critique pertinente de leur vie. Période
charnière décisionnelle entre l’enfance et le monde adulte permet d’obtenir des informations
pouvant être transférables au monde adulte.
Échantillon : 3 groupes de 8 à 10 jeunes entre 14 et 17 ans.
Critère de sélection : Âgés entre 14 et 17 ans; niveau de scolarité secondaire II-III et IV; capable
de s’exprimer en français. Sans influence de drogue ou boisson, stable émotivement.
Méthode : Focus groupe comme il est difficile de rejoindre les jeunes, cette méthode peut être un
incitatif. Un formulaire de consentement sera proposé au départ à l’institution d’enseignement et
vis-à-vis les groupes focus également.
Démarche : Approcher le Conseil scolaire de la CB, une école francophone d’immersion ou le
Conseil Jeunesse de la CB ou entreprendre les démarches dans les écoles du Québec
ANNEXE 1 – MÉTHODOLOGIE DU PROTOCOLE DE THÈSE xix
Les réponses à ces questions ainsi que l’analyse des résultats vont permettre de
comprendre mieux la problématique et de répondre aux questions de recherche. Cette analyse
permet d’ajouter de l’information pertinente dans le domaine de la littérature actuel.
Du point de vue psychologique, les autres variables impliquées sont les périodes critiques de
la vie adulte incluant les périodes de crise selon Erickson. L’emphase de la recherche portera
spécifiquement sur la période de crise de l’adolescence. Cette période de crise sera complétée par
la vision de d’autres auteurs sur le sujet.
e
• 5 crise, identité versus confusion de rôle (vers 13-20 ans). Les autres variables
impliquées seront le fruit et les résultats de la recherche pour établir le processus de
passage des étapes de normalisation tissulaire à un niveau psychologique.
Suite aux données recueillies auprès des deux groupes d’experts (groupe 2 et 3) en lien
avec la littérature, la préparation d’un questionnaire semi-structuré sera élaborée pour le groupe 1.
Une période de pré-test sera effectuée afin de vérifier la clarté et la justesse des questions par une
mise en situation de groupe auprès de quelques jeunes.
Donc en résumé, il y aura une revue de la littérature exhaustive actuelle sur les sujets
pertinents abordés dans cette recherche. Elle sera appuyée par des entrevues individuelles
enregistrées, complétées à l’aide d’un questionnaire semi-structuré, effectué d’avance auprès de
deux clientèles expertes en lien avec le sujet. Les groupes focus pourront apporter des
informations supplémentaires concernant la population cible de cette recherche.
3.2.5 Triangulation
La recherche fait appel à différentes sources de données; d’une part elle va puiser dans la
littérature des informations pertinentes en lien avec les sujets abordés. D’autre part, elle va au
moyen d’entrevue semi-structurée se référer à deux catégories d’experts soient des ostéopathes
certifiés et des professionnels de la santé qualifiés. Pour recueillir des informations importantes
auprès de la clientèle adolescente, le chercheur établira un focus groupe de trois niveaux de
ANNEXE 1 – MÉTHODOLOGIE DU PROTOCOLE DE THÈSE xxi
secondaire. La présence des pairs est significative à ce stade et le chercheur s’assure d’avoir un
nombre suffisant de participants,
En résumé, les stratégies pour diversifier les sources et collectes sont:
Sources------------------------------------------------------------Collectes utilisées
Livres, périodiques, articles----------------------------------------------------Lecture
Experts Ostéopathes-------------------------------------Entrevue semi-structurée
Experts Professionnels de la santé-------------------Entrevue semi-structurée
Adolescent de 3 niveaux secondaire-------------------------------Focus Groupe
3.2.6 Saturation
Chaque étape de la méthodologie va déterminer le processus de la recherche. La
saturation sera observée et maintenue par le chercheur. Une fois qu’il aura établi clairement dans
la littérature une compréhension simple de la terminologie et explorer les possibilités d’établir les
liens, il pourra procéder à la mise en œuvre d’un questionnaire semi-structuré utilisé pour
l’entrevue des experts ostéopathes. Par la suite, le chercheur respectera la séquence établie dans
la méthodologie pour mener à bien le reste de la recherche. Il verra à finaliser l’entrevue des
experts professionnels de la santé et par la suite le focus groupe avant de compiler et analyser
toutes les données recueillies.
Suite :
Théorie du développement
Psychosexuel
• Phase orale
• Phase anale
• Phase phallique
APPROCHE
• Phase de latence
PSYCHODYNAMIQUE
• Phase génitale
Les actions dans cette approche
sont influencées par l’inconscient, Mécanisme de défense
les pulsions et les conflits internes. Il y • Projection
a recherche de plaisir pour éviter la • Déni
douleur. • Déplacement
• Régression
Les premières expériences • Autres
s’imprègnent dans la personnalité de Structure de la personnalité
l’individu durant toute la vie Ça – Moi - Surmoi
Modèle Erikson
(8 stades de développement dont chacun se
caractérise par une crise à résoudre)
1. Confiance et méfiance
2. Autonomie, honte et doute
3. Initiative et culpabilité
4. Travail et infériorité
5. Identité et confusion des rôles
6. Intimité et isolement
7. Générativité et stagnation
8. Intégrité et désespoir
Adaptation crée par la chercheure, tiré de Berger (2000) et Papalia et Olds (2005)
ANNEXE 3 – RÉSUMÉ DES DIFFÉRENTES APPROCHES PSYCHOLOGIQUES xxvii
Suite :
Actualisation de soi
Besoin esthétique et cognitifs
Estime de soi
Appartenance et affectivité
Exploration - sexualité
Survie de l’organisme
Adaptation crée par la chercheure, tiré de Berger (2000) et Papalia et Olds (2005).
ANNEXE 3 – RÉSUMÉ DES DIFFÉRENTES APPROCHES PSYCHOLOGIQUES xxviii
Suite :
Loi du comportement
• Stimulus
• Réponse
• Conditionnement
APPROCHE BÉHAVIORALE
Watson – Pavlov – Skinner
Cette approche stipule que l’individu
n’est pas dirigé par l’aspect inconscient
mais bien par des comportements
observables et mesurables influencés
par l’environnement. Conditionnement Conditionnement
opérant répondant
L’intérêt se situe au niveau de la relation • Renforçement +
entre la situation et la réaction. (stimulus- • Renforçement -
réponse)
Note : Selon Papalia et Olds (2005), Bandura serait dans l’approche béhaviorale alors que Berger (2000) le
sélectionne dans l’approche cognitive.
Adaptation crée par la chercheure, tiré de Berger (2000) et Papalia et Olds (2005)
ANNEXE 3 – RÉSUMÉ DES DIFFÉRENTES APPROCHES PSYCHOLOGIQUES xxix
Suite :
Lev Vygotsky
Il est un psychologue Russe intéressé par le
développement cognitif mais il met l’emphase
sur l’apprentissage dans un contexte
socioculturel. L’enfant apprend à travers les
interactions sociales.
APPROCHE SOCIOCULTURELLE
Dans cette approche, le développement
repose sur les conseils, le soutien et
l’enseignement dans un environnement •• Participation guidée (mentor)
culturel spécifique • Zone proximale de développement
Note : Papalia et Olds (2005) mettent les travaux de Vygotsky dans l’approche cognitive alors que Berger
(2000) met celui-ci dans l’approche socioculturelle.
Adaptation crée par la chercheure, tiré de Berger (2000) et Papalia et Olds (2005).
Annexe 4
Concepts freudien intégrés dans le modèle Erikson
ANNEXE 4 – CONCEPTS FREUDIENS INTÉGRÉS DANS LE MODÈLE ERIKSON xxxi
ANNEXE 4 – CONCEPTS FREUDIENS INTÉGRÉS DANS LE MODÈLE ERIKSON xxxii
Suite :
Suite :
ANNEXE 5 – LES HUIT STADES D’ERIKSON xxxvi
Suite :
L'intelligence sensori-motrice :
Elle s'épanouit de 0 à 2 ans. Avant le langage, l'intelligence du bébé est
basée sur l'action du corps sur le milieu, faite de réussites et d'erreurs. C'est
un stade expérimental, tâtonnant et non conceptuel, divisé en 6 sous-stades:
L'intelligence pré-opératoire :
concerne la période de 2 à 7 ans (accès au dossier "petite enfance"). C'est
l'époque de la pensée symbolique où se développent l'imitation, la
représentation, la réalisation d'actes fictifs. Un objet peut devenir le substitut,
le représentant d'un autre objet. Ainsi, lors d'un jeu, une pierre deviendra un
oreiller, ou une table... Les jeux symboliques seront des moyens d'adaptation
intellectuelle et affective. L'enfant transforme, invente. Il y a acquisition de la
communication par le langage, dominé par l'égocentrisme intellectuel (accès
au dossier "communication"). L'enfant ne peut se détacher de son point de
vue. La pensée n'est pas réversible mais intuitive, magique, sans avant ni
après.
Conférences
Ateliers
Écrit
Annexe 17
1) Quels sont selon vous les aspects les plus importants en regard de la
méthode d’équilibration et d’échange réciproque de Becker?
2) Selon vous, existe-il des moyens concrets et quels sont-ils pour atteindre
un niveau d’équilibre physique et psychologique dans le processus du
développement de la personne?
4) De quoi les jeunes adolescents ont-ils besoin? Les moyens qu’ils utilisent
sont-ils efficaces et pertinents?
Annexe 20
2) Est-ce que vous donnez raison aux professionnels qui abordent cette
période comme étant une crise? Expliquez?
3) Quels sont les plus grand défis que vous vivez durant cette période? Quels
sont les moyens que vous utilisez pour vous en sortir?
5) Voyez-vous une différence entre les garçons et les filles durant cette
période?
Annexe 21
Bonjour
J’ai complété ma 5ième année d’études et je mène actuellement un projet de recherche pour
finaliser ma formation en ostéopathie au CEO (Collège d’Étude Ostéopathique de Montréal) sous
la direction de Michèle Pépin D.O.
Voici un ensemble d’informations sur le projet de recherche auquel je vous invite à participer.
2. Votre participation au projet consistera à accorder une entrevue d’environ 45 minutes avec
la responsable du projet. L’entrevue se fera en personne ou par contact téléphonique
selon vos disponibilités. Le contenu portera sur une partie du sujet abordé dans la
recherche tenant compte de votre expertise. Vous trouverez ci-joint un canevas des
questions afin de vous préparer.
3. Votre participation à cette recherche, permettra de recueillir des informations, d’une part
pour comprendre sous un autre angle le processus du retour à l’équilibre chez
l’adolescent, et d’autre part, d’essayer de les préparer pour les prochaines périodes
critiques dans leur processus d’évolution.
4. S’il y a des questions auxquelles vous ne pouvez ou préférez ne pas répondre, vous êtes
tout à fait libre de choisir sans avoir à fournir de raison. Sachez par ailleurs qu’à titre de
participant volontaire à cette étude, vous avez la possibilité de vous retirer à tout moment
si vous le jugez nécessaire.
5. Une fois l’entrevue retranscrite, vous recevrez une copie écrite afin d’approuver le
contenu. Vous aurez par la suite un délai de 2 semaines pour faire les corrections. Toutes
les informations recueillies serviront strictement dans le cadre de la recherche.
Si vous acceptez les conditions ci-haut, veuillez signer en deux exemplaires le formulaire de
consentement que vous trouverez ci-joint.
Je vous remercie à l’avance pour votre précieuse contribution. Je communiquerai avec vous d’ici
les deux prochaines semaines afin de faire un suivi et vous expliquer de vive voix les prochaines
procédures.
Sincèrement,
ANNEXE 21 – DOCUMENTS UTILISÉS AUPRÈS DES CANDIDATS lxix
J’ai été informé des objectifs du projet, de l’enregistrement de l’entrevue ainsi que des
modalités de participation au projet.
J’ai l’assurance que les propos recueillis au cours de cet entretien seront traités de façon
confidentielle et ne serviront qu’à la recherche.
Par la présente, j’accepte de participer à la recherche selon les modalités décrites dans la
lettre sur le projet, ci-annexée.
Je signe ce formulaire en deux exemplaires en j’en conserve une copie pour mes dossier
et je fais suivre les autres documents selon les explications dans la lettre d’introduction.
___________________________________ _______________
Signature du participant Date
ANNEXE 21 – DOCUMENTS UTILISÉS AUPRÈS DES CANDIDATS lxx
Formulaire de renseignement
•
•
•
•
•
Mr. or Ms.
Here is some basic information regarding the project where I am asking for your
participation:
2. You are invited to participate in a 45 minute interview. The interview will be led in
person or by phone depending your availability. The content of the interview is
based on your expertise regarding the research subject. You will find the interview
questions enclosed to prepare yourself.
4. If you have some questions that you would prefer not to answer, please feel free to
do so without any explanation. Voluntarily participating in this research, gives you
the opportunity to withdraw at any time.
5. You will receive a copy of the transcript to approve the content of the interview.
You will have 2 weeks to make any corrections. All information will stay
confidential and be used only for research purposes.
You will find 2 consent forms enclosed for you to sign if you accept participating in the
interview. Also, please complete the identification form and send it by email. If you prefer,
I would be happy to send the consent forms with a self addressed stamps envelope.
Thank you for your precious contribution. I will do a follow up within 2 weeks to explain
you the next step.
Truly,
ANNEXE 22 – DOCUMENTS ANGLAIS UTILISÉS AUPRÈS DES CANDIDATS lxxiii
Research project
Mr. or Ms.
I am aware of the project objectives, recorded interview and the participation at the
project.
Please be informed:
I understand that all information will respect of the confidentiality and will only be used for
research
After signing the forms, please keep one copy for your files and return the other as per the
request on the introduction letter.
___________________________________ _______________
Participant signature Date
ANNEXE 22 – DOCUMENTS ANGLAIS UTILISÉS AUPRÈS DES CANDIDATS lxxiv
Name : Nationality:
•
•
•
•
•
Projet de recherche
Bonjour…
Si vous désirez apporter des changements, veuillez SVP me retourner simplement les
phrases que vous voulez modifier. Je vous invite à prendre également connaissance de
votre fiche renseignement.
Tel qu’entendu dans le document informatif, si je n’ai pas de vos nouvelles d’ici 2
semaines, j’en conclus que les informations soumises vous conviennent et feront parties
de l’analyse de ma recherche.
Sincèrement,
Annexe 24
Bonjour M.
J’ai complété ma 5ième année d’études et je mène actuellement un projet de recherche pour
finaliser ma formation en ostéopathie au CEO (Collège d’Étude Ostéopathique de Montréal) sous
la direction de Mme Michèle Pépin D.O. À la suite d’entrevues réalisées auprès de deux groupes
experts professionnels; je désire regrouper des jeunes adolescents âgées entre 15 et 17 ans.
4. S’il y a des questions auxquelles les jeunes ne peuvent ou préfèrent ne pas répondre, ils
ou elles sont tout à fait libre de choisir sans avoir à fournir de raison. Sachez par ailleurs
qu’à titre de participant volontaire à cette étude, ils ou elles ont la possibilité de se retirer à
tout moment si vous, les parents ou les jeunes le jugent nécessaire.
5. La confidentialité sera assurée de la façon suivante : tous les jeunes du groupe porteront
un nom fictif afin de conserver l’anonymat. Aucun élément du rapport de la recherche ne
permettra de retracer l’identité des jeunes.
6. Une fois l’entrevue retranscrite, tous les jeunes recevront une copie écrite en maintenant
l’anonymat afin d’approuver le contenu. Les jeunes auront un délai de 2 semaines pour me
remettre leurs corrections. Toutes les informations recueillies serviront strictement dans le
cadre de la recherche.
Je vous remercie à l’avance pour votre précieuse collaboration. Je communiquerai avec vous d’ici
la semaine prochaine afin de faire un suivi et voir ensemble la possibilité de recruter ces jeunes
pour le projet de recherche dans un endroit approprié.
Sincèrement,
ANNEXE 24 – DOCUMENTS UTILISÉS POUR LES GROUPES DE DISCUSSION lxxix
J’ai complété ma 5ième année en ostéopathie et je mène actuellement un projet de recherche pour
compléter ma formation au Collège d’Étude Ostéopathique de Montréal sous la direction de Mme
Michèle Pépin D.O. Avec l’accord de la Direction, votre jeune répond aux critères pour participer au
projet.
Voici un ensemble d’informations sur ce projet de recherche auquel j’invite votre jeune à participer.
4. S’il y a des questions auxquelles votre jeune ne peut ou préfère ne pas répondre, il ou elle
est tout à fait libre de choisir sans avoir à fournir de raison. Sachez par ailleurs qu’à titre de
participant volontaire à cette étude, il ou elle a la possibilité de se retirer à tout moment si
vous le jugez nécessaire.
5. La confidentialité sera assurée de la façon suivante : tous les jeunes du groupe porteront
un nom fictif afin de conserver l’anonymat. Aucun élément du rapport de la recherche ne
permettra de retracer l’identité de votre jeune.
6. Une fois l’entrevue retranscrite, tous les jeunes recevront une copie écrite en maintenant
l’anonymat afin d’approuver le contenu. Les jeunes auront un délai de 2 semaines pour me
transmettre leurs corrections. Toutes les informations recueillies serviront strictement dans
le cadre de la recherche.
Vous trouverez ci-joints deux exemplaires d’un formulaire de consentement que je vous demande
de signer si vous acceptez que votre jeune participe à la discussion de groupe. Vous pourrez
envoyer une copie par courriel ou la remettre à votre jeune lors de la discussion de groupe.
Sincèrement,
ANNEXE 24 – DOCUMENTS UTILISÉS POUR LES GROUPES DE DISCUSSION lxxx
J’ai été informé des objectifs du projet, de l’enregistrement du groupe de discussion ainsi
que des modalités de participation au projet.
J’ai l’assurance que les propos recueillis au cours de cet entretien seront traités de façon
confidentielle et ne serviront qu’à la recherche.
J’accepte par la présente, de laisser mon jeune participer à la discussion de groupe selon
les modalités décrites dans la lettre sur le projet de recherche, ci-annexée.
Veuillez SVP signer ce formulaire en deux exemplaires. Je conserve une copie pour mes
dossiers et je fais suivre l’autre copie par courriel ou par le biais de mon jeune pour la
discussion de groupe.
___________________________________ _______________
Signature du parent Date
ANNEXE 24 – DOCUMENTS UTILISÉS POUR LES GROUPES DE DISCUSSIONS lxxxi
10
ANNEXE 24 – DOCUMENTS UTILISÉS AUPRÈS DES GROUPES DE DISCUSSION lxxxii
Bonjour…
Les jeunes qui ont participé à la discussion de groupe peuvent le consulter et apporter
des changements s’ils ou elles le désirent. Tel qu’entendu dans le document informatif, si
je n’ai pas de leurs nouvelles d’ici 2 semaines, j’en conclus que les informations soumises
leurs conviennent et feront parties de l’analyse de ma recherche.
Je tiens à vous remercier de nouveau ainsi que les jeunes pour votre précieuse
collaboration à l’avancement de mon sujet de recherche.
Sincèrement,
Annexe 25
31
Pour les annexes 25, 26 et 27 afin de faciliter la lecture et les références dans le texte; chaque
entrevue est identifiée d’un numéro spécifique et les pages sont numérotées pour chacune d’entre
elle en chiffre arabe.
Entrevue ostéopathie 1 1
Question : Par rapport à la technique de Becker, selon vous quels seraient les aspects les plus
importants de sa technique?
Je sais que Rollin Becker c’était un bon ostéopathe mais j’ai jamais bien lu à son sujet.
Question : C’est en lien avec ce que lui a fait dans le fond. Il a extrapolé les découvertes de
Sutherland à travers le corps. Il y a différentes structures où l’on peut justement trouver un fulcrum
et à partir de cela on entre dans un processus de point de balance, point neutre jusqu’à l’obtention
de l’équilibre. Alors selon vous, selon cette vision, quels seraient les aspects les plus importants
dans la technique comme telle? Dans la vision de recherche de fulcrum avec tout le processus qui
s’en suit, quels sont selon vous les aspects importants?
Je suis bien embêté de répondre à cela parce que je ne suis pas vraiment familier avec sa
méthode. Mais je sais que Becker, a été un personnage; qui a d’abord été à l’origine un ostéopathe
un peu comme tout le monde, avec du structurel en masse et puis des grosses interventions
manuelles. Jusqu’au jour où il a découvert Sutherland. Son approche, c’est une approche
sensorielle, si on pourrait dire. À ce moment là, il s’est mis à traiter ses patients en modifiant
tranquillement son approche. Les patients disaient :’’c’est drôle, il nous fait plus rien mais c’est
encore plus efficace qu’avant’’.
Il a développé un aspect sensitif et puis il a eu des influences plus dans le style dans ce que l’on
apprend que quand on fait un approche sacré. De là, à ce qu’il a réussi à découvrir concernant ses
influences sur le point de vue psychique au point de vue physique bien là, je n’ai pas approfondi
beaucoup avec lui de ce côté. Je sais qu’il parle de la vie. Et il y a un livre intéressant qui a été
écrit : ‘’Life in motion’’ t’as déjà vu cela peut-être? C’est une vision de Rollin Becker, j’avais
commencé à le lire, il y a quelques années quand je l’ai acheté. Puis en fin de compte, je me suis
aperçu que je ne me suis pas rendu bien loin. Je ne l’ai pas tellement ouvert, je ne l’ai pas
approfondi beaucoup. C’est pour cela que j’essais de voir ce que je peux te donner comme
information concernant mon approche à moi.
Question : Je voulais juste voir selon vous par rapport, peu importe dans les techniques que vous
faites, est-ce que vous utilisez un peu l’approche de trouver un fulcrum au niveau des tissus?
Oui, c’est toujours cela. On commence nécessairement par un fulcrum qui serait plus dans le
physique. On est toujours par rapport à notre monde physique. On s’aperçoit qu’un moment donné,
on a presque rien fait et puis le sujet dit que : ‘’c’est drôle, mais je sens qu’il y a des émotions qui
passent et que je me sens mieux.’’ Une sensation de bien-être ou encore le patient a envie de
pleurer et il se demande : ‘’qu’est ce qu’il se passe?’’ ou encore il pourra en rire. La notion de
fulcrum au sens émotif ou psychologique, disons que ce n’est pas cela que je recherche en partant
car je ne suis pas orienté là-dessus. Je ne l’utilise pas vraiment autrement dit.
Je suis plutôt dans le domaine musculo-squelettique, un peu viscéral, fascia. Rechercher l’origine
du problème qui est souvent; en fait les gens nous consultent c’est parce qu’il y a eu un
traumatisme qui s’est passé, il y a longtemps et ils ont oubliés ou que c’est plus récent qu’ils s’en
rappellent et depuis ce temps ils ont mal ici ou mal là. Autrement dit, les gens me consultent plutôt
pour des douleurs musculo-squelettiques ou des dysfonctions organiques que pour des problèmes
émotifs, émotionnels ou sentimental et tout.
Question : Cela est certain concernant l’approche physique, c’est pour cela que j’interroge des
psychologues. C’est ce que j’essais de voir avec l’approche de Becker; de comprendre justement
et d’approfondir. C’est moi qui veut amener les concepts à un autre niveau mais je sais en principe
que l’approche en ostéopathie c’est beaucoup plus…il y en a qui s’organise plutôt au niveau
somato-émotionnel mais ce que je veux vraiment c’est regarder concrètement par rapport à cette
approche là que je trouve bien spécifique. Selon vous, est-ce que c’est possible connaissant
comme j’ai dit la philosophie du fulcrum que l’on rentre dans un point de balance, point neutre et
Entrevue ostéopathie 1 2
point d’équilibre,…est-ce que selon vous c’est quelque chose que l’on peut appliquer pas juste au
niveau physique mais à un niveau psychologique?
Oui, c’est fort possible mais à ce moment là est-ce que cela implique toujours le contact physique
avec le patient? Ou c’est plutôt le fait que le patient s’est déplacé pour venir nous voir puis que ses
problèmes constituent un fulcrum à ce moment-là? Comme un point de confiance si on pourrait
dire en nous.
Question : Si vous aviez justement à définir le fulcrum dans vos mots à vous?
Je pense peu importe sur quel plan on se place, c’est un point d’appui à partir duquel on peut avoir
un pied à terre, si on pourrait dire ou un contact, un point de référence pour pouvoir aller
investiguer ailleurs. Autour, s’éloigner un petit peu et puis revenir en étant certain que ce point est
toujours là. C’est un point de confiance en partant, ni plus ni moins. C’est cela, la notion de
fulcrum. On peut l’étaler, l’extrapoler à bien des niveaux. Mais je ne sais pas quel grand philosophe
avait dit : ‘’Donnez-moi un point d’appui et je soulèverai la terre’’. C’est Atlas qui a dit cela, je ne
sais pas là mais c’est cela; la notion de fulcrum. On fait des manœuvres, par exemple on va parler
de force et de contre-force mais entre les deux, il y a un besoin d’un fulcrum pour faire un point
d’appui sur lequel on va baser notre positionnement. On peut toujours plus facilement faire une
référence avec quelque chose que l’on peut toucher avec nos doigts.
Alors, la notion de fulcrum peut s’établir pas mal largement à tout ce que les personnes vivent sur
le plan émotionnel. La présence par exemple simplement de gens de confiance autour de soi tels
que les parents, c’est un fulcrum sur le plan social, sur le plan émotionnel. Les enfants qui perdent
ni plus, ni moins ce fulcrum familial; qui leur donnent une sensation de sécurité, pour pouvoir partir
et savoir qu’ils peuvent toujours revenir au bercail. C’est disons le couple, qui est formé par le père
et la mère quand ce couple là se sépare : le fulcrum là ce n’est pas sûre là, c’est lequel qui reste
pour l’enfant. Est-ce que c’est le père, c’est la mère? Il faut qu’il s’entende sur un des deux. C’est
souvent sur les deux et les deux commencent à s’écarter, c’est comme-ci un espèce ‘’d’éjarement’’
qui fait que la personne devient extrêmement méfiante et peu confiante à tout ce qui peut lui arriver
dans la vie après cela. C’est un départ manqué ni plus ni moins, bien souvent à cause de cela.
Cela remonte loin.
Question : On dit souvent justement en ostéopathie lorsque l’on traite, on devient nous-mêmes un
fulcrum temporaire pour aider, là vous l’amener à un niveau psychologique comme un besoin
social d’avoir des points d’appui, est-ce que vous voyez d’autres aspects ou d’autres points d’appui
qu’on a comme besoin ou comment on pourrait extrapoler comme tel le fulcrum à d’autres
niveaux?
Bien au niveau des connaissances, pour pouvoir offrir quelque chose plus tard à la société et
pouvoir vivre et avoir une rémunération. C’est un peu pour cela que l’on étudie et que l’on prend un
diplôme par ci par là. Un diplôme, c’est ni plus ni moins une question de fulcrum. Alors si j’ai un
diplôme en génie, en mécanique ou en plomberie, c’est comme un fulcrum qui donne une sécurité,
une assurance que je vais pouvoir fonctionner dans la vie puis que la société va savoir me
rémunérer en conséquence pour que je puisse continuer à échanger avec les autres. C’est une
question d’échange. La monnaie est un outil d’échange mais c’est toujours une question
d’échange. Mais à partir de quelque chose, d’un service qu’on peut offrir. Veux-tu d’autres points
de vue?
J’ai jamais extrapolé à ce point là mais oui, mais veux-tu qu’on revienne à l’ostéopathie?
Je n’ai pas vécu assez pour saisir la notion de fulcrum, qu’il utilise dedans son approche mais je
soupçonne que cela doit faire appel simplement à ce que Sutherland enseignait aussi. Est-ce que
les autres ostéopathes l’enseignent? Est-ce que la notion de fulcrum rentre aussi là-dedans.
Entrevue ostéopathie 1 3
Question : Si vous aviez à passer au niveau de l’adolescence avec votre définition de ce que vous
avez en tête du fulcrum, quel serait selon vous le meilleur fulcrum chez l’adolescent qui est à la
recherche de son identité et à quel niveau vous le voyez?
Moi je pense que c’est au niveau familial d’abord et ensuite de cela peut-être au niveau éducation,
instruction au sens d’apprendre des choses nouvelles. Mais l’adolescent ne s’en rend pas trop
compte parce qu’il est plutôt inconscient de cela. Mais l’adolescent qui perd son fulcrum familial,
c’est souvent celui qui sait pas trop où il s’en va dans la vie. Il commence quelque chose et le
laisse tomber, comme s’il avait manqué un point d’appui pour continuer à fonctionner sur lequel il
se repose solidement pour continuer à avancer sans toujours avoir à regarder en arrière pour
savoir si cela ne se dérobe pas sous ses pieds. Et dans ce sens là, oui pour l’adolescent, je pense
le fulcrum principal sur le plan émotif, psychologique; c’est sa famille. Ses frères et sœurs peuvent
y contribuer un petit peu. C’est comme un noyau familial à ce moment là.
Question : Comme nous on voit des fois, je me rappelle dans mes cours; on nous disait de faire
attention, de bien s’orienter vers les fulcrums santé parce que des fois on peut quand on est
inexpérimenté en ostéopathie, organiser le corps autour d’un faux fulcrum qui appelle dans les
cours. Selon vous quels seraient les faux fulcrums chez l’adolescent?
Question : Les fulcrums santé? C’est Geneviève qui a abordé cette notion, disant qu’au niveau du
corps il y a différents points d’appui. Il y a des points d’appui où ils sont forts où on peut aller
rechercher le maximum de force énergétique pour se débarrasser de la lésion. Comme parfois, il
peut y avoir des faux fulcrums où c’est notre corps qui s’est organisé autour de certaines structures
qui ne sont pas nécessairement des plus santé. Ce qui fait que des fois on nous disait en tant
qu’étudiant, on manque un peu d’expérience, qu’on va réorganiser la structure autour de certaines
fulcrums qui ne sont pas nécessairement les bons fulcrums.
C’est fort possible mais on s’entend que l’on peut faire cela à chaque fois. Même comme praticien
une fois gradué, ce n’est pas trop évident parce que cela fait aussi appel un peu à une notion
parallèle de lésion, de lésion primaire. Blocage autour duquel le restant du corps va essayer de se
débrouiller, d’avoir un nouveau point d’appui parce que celui qui pouvait compter est tombé. Que
ce soit le point d’appui temporaire d’un genou qui fait mal et que la personne ‘’boite’’ ou que ce soit
le point d’appui peut-être plus permanent au niveau d’une articulation sacro-iliaque qui s’est
‘’détraquée’’ parce que la personne est tombée sur le coccyx, sur l’apex du sacrum, sur une aile
iliaque. À ce moment-là, bien le fulcrum se déplace dans une marche normale, pendant que le
fulcrum se déplace alternativement d’une sacro-iliaque à l’autre mais s’il y en a une qui est
bloquée. Elle est obligée de se reposer plutôt sur l’autre ou bien qu’il s’en fait un nouveau,
relativement un peu faux; bien là, à ce moment-là, il y a bien d’autres parties du corps qu’ils vont
essayer de se réorganiser autour de cela mais qui vont se fatiguer.
On passe d’une zone de compensation mais en fait : ‘’est-ce vraiment des compensations ou bien
c’est des zones qui essaient de fonctionner malgré tout avec un point d’appui, un fulcrum qui n’est
pas à sa place? Qui n’est pas celui sur lequel le corps devrait compter normalement selon le
‘’design’’ original? Alors c’était cela, qu’elle voulait dire quand elle parlait de fulcrum santé sur le
plan musculo-squelettique. Cela peut être aussi sur d’autres plans plus subtils.
Question : Puis si on extrapolait cela chez l’adolescent selon vous, quels seraient les bons
fulcrums santé et les faux fulcrums? Est-ce que vous avez une idée si cela peut exister?
Question :…oui, ou au niveau physique, le point de vue que vous avez en tête!
Entrevue ostéopathie 1 4
Ok, un faux fulcrum cela pourrait être par exemple celui qui se pense capable de s’émanciper un
petit peu trop vite ou qu’il considère que ses parents ou sa famille sont des gens plutôt achalant,
moins que rien. Et puis qu’il se trouve des amis en dehors de cela sur lesquels il compte beaucoup
et a le droit de tout faire. Mais si un ami le laisse tomber ou qui va l’embarquer dans une aventure
qui va déboucher mal et qui va peut être ternir sa réputation, faire des bêtises où il aura des
démêlées avec la justice. Cela se voit aussi, cela pourrait être un faux fulcrum si on pourrait dire
potable qui va se dérober un moment où il s’y en attend le moins.
Question : …et est-ce que l’on peut savoir si je regarde au niveau santé physique, est-ce que c’est
possible de déterminer si on est sur un faux fulcrum ou si on est sur le bon fulcrum? C’est quoi les
éléments selon vous à ce moment là qui me permettrait de déterminer?
Question : Je dirais soit au niveau physique si vous avez en tête, c’est quoi qui me permettrait de
déterminer ce qui fait partie des bons fulcrums et pas bons fulcrums. J’aimerais voir aussi votre
point de vue par rapport : vous m’avez donné l’exemple que l’adolescent qui a laissé de côté sa
famille et qui s’est orienté vers une amitié peut ne s’avérer pas positive du tout avec le temps mais
cela on l’a vu avec le temps. Est-ce qu’il y a des signes précurseurs avant qui vous fait dire si c’est
des bons fulcrums ou pas? Comme au niveau physique, est-ce que j’ai des éléments qui me fait
dire si je suis vraiment sur le bon fulcrum sur lequel je peux m’appuyer pour être en mesure de
faire ma correction où je suis sur une structure qui n’est pas supposée être?
Si c’est au niveau physique, probablement qu’on pourrait se baser sur la palpation. S’apercevoir
qu’il y a peut-être des lignes de force qui sont faussées où il y a des zones qui sont des blocages
pratiquement difficile à définir en mot. Mais peut être en congestion énergétique si on pourrait dire
qui découle simplement aussi d’une congestion sur le plan physique, physiologique. Alors cela
pourrait être un fulcrum temporaire ou un faux fulcrum qui peut se dérober n’importe quand il y a
des réorganisations du système; qui par hasard peuvent retomber au bonne place.
La personne qui s’était coincé par exemple une articulation au niveau dorsale puis qui essait de se
faire traiter; qui ne marche pas jusqu’au jour où il reçoit une brique dans le dos ou il tombe sur
l’épaule et sent un craquement qui replace tout. À ce moment-là, les autres fulcrums qui s’étaient
bâtis temporairement sont obligés de disparaître ou ils ne sont plus utilisés. Alors peut-être sur le
plan émotif, cela peut se retrouver quand même. La personne qui est bien contente de revenir au
bercail quand tout les amis, les faux amis les ont laissé tombé ou que les choses enthousiasmes,
convictions, idéologie amènent; s’aperçoivent un moment donné d’une grosse erreur. Cela prend à
ce moment-là, un acte d’humilité pour en ressortir, pour accepter que l’on puisse avoir fait une
fausse route.
Question : C’est cela que je me demandais justement avant d’arriver au résultat, s’il y avait moyen
d’évaluer avant si on est sur la bonne route?
Il faut d’abord se poser la question puis si on accepte de l’aide parce qu’on l’a demandé parce
qu’on est vraiment désemparé.
Sinon les gens veulent nous aider mais on veut rien savoir parce que c’est un ‘’harassement’’ qui
nous fatigue et nous tanne. On a l’impression qu’ils ont tendance à nous faire voir qu’on a prise
une mauvaise décision, qu’on ne veut pas l’admettre, sur le plan psychologique en particulier.
Alors, est-ce que sur le plan physique on peut transposer cela? Bien oui, je pensais que je faisais
la bonne chose en faisait telle ou telle exercice mais je me suis plutôt démoli mes surfaces
articulaires, j’ai bâti des spasmes ou j’ai engendré l’apparition d’une inflammation. Tout cela ne ce
serait pas bâti si je n’avais pas fait cela.
Donc, sur le plan physique on voit cela par exemple chez les gens qui disent : ‘’ moi, je fais de la
course à pied et puis je fais du jogging, et puis c’est bon pour mon adrénaline’’ mais au bout de 15-
20 ans c’est drôle, puis des fois même avant la personne arrête parce qu’elle a mal aux genoux.
Entrevue ostéopathie 1 5
Est-ce que c’était pour sa santé qu’elle faisait cela? Ou c’était simplement une espèce de dessert
qu’elle se permettait mais qui a fait qu’elle avait trop d’adrénaline trop de sucres, sur le plan
psychologique, et qui a débordé sur le plan physique? Il y en a beaucoup qui passe par cette
période là, où ils ont l’impression que cela prend absolument cela, faire beaucoup de cardio,
beaucoup de ci beaucoup de ça jusqu’au jour un moment donné où ils en font tellement et ils se
dépêchent tellement pour aller faire des exercices de cardio pour se détendre qu’ils se bâtissent un
stress supplémentaire. Puis ils se tapent un infarctus à 50 ans ou à 38 ans. J’en ai vu qui sont
disparus à 60 ans puis les vieux d’aujourd’hui qui se faisaient rire d’eux à ce temps-là parce qu’ils
ne faisaient pas d’exercice bien sont rendus à 75-80, bedaines un petit peu mais ils sont encore en
santé. Ils n’ont jamais abusé de leur système. Est-ce que l’on peut aussi abuser sur le plan émotif,
psychologique? Une relation qui fasse un moment donné qui se dérobe sous nos pieds; sous notre
personne, personnalité, c’est fort possible.
Question : Je me demandais tantôt, vous parliez que la famille semblait être un fulcrum important,
est-ce que selon vous toutes les familles à quelque part sont des bons fulcrums?
Je ne pense pas non, il y en a qui sont peut-être pas si bon que cela parce que quand on voit les
résultats OK c’est peut-être un fulcrum qui a permis de progresser pour l’enfant. Mais cela ne lui a
pas permis d’aller aussi haut. Je ne parle pas nécessairement de réussite dans la vie, la réussite
matérielle. Je parle aussi haut dans son évolution psycho-spirituel si on pourrait dire, on pousse
loin. Mais comme on dit en anthropologie, il y en a qui sont rendu à certaine étape de leur
cheminement et puis ce n’est pas à nous de juger qu’ils ne sont pas assez évolué ou bien qu’ils ont
manqué leur coup. C’est peut-être nécessaire qu’ils viennent un moment donné, manquer leur
coup pour recevoir une bonne claque sur les fesses ou dans la figure et que dans une prochaine
expérience; une prochaine vie, une prochaine réincarnation, ils vont retomber dans un milieu qui va
être plus facile à accepter parce qu’ils ont vécu d’autres choses avant. Cela porte un peu loin la
continuité de la vie, d’une expérience à l’autre dans les vies précédentes au futur. Je n’osais pas
parlé de cela en ostéopathie.
Question : Mais je trouve cela intéressant car il y a bien des questionnements qui nous amènent un
peu plus loin parce que c’est toutes les remises en questions? À savoir qu’est-ce qui fait que moi je
suis née là, actuellement dans cette situation où j’ai des choses à vivre et de savoir qu’après, il n’y
a plus rien qui se passe. Je pense que si on réussit peut-être effectivement à expliquer avec les
vies antérieures et tout cela. Qu’il y a comme un cheminement qui se poursuit, qui est comme
toujours en constance et qui est de toujours trouver un certain équilibre dans nos choses. Mais je
trouve cela intéressant le point de vue par rapport justement vous disiez que vous n’étiez pas à
l’aise avec le fulcrum mais vous m’avez quand même donné pas mal d’information. Je ne sais pas
si vous avez des points ou des choses par rapport à tout cela. Quels seraient les meilleurs outils
par rapport à l’adolescence pour les aider à ce niveau-là avec ce que l’on a comme vision en
ostéopathie?
Le meilleur outil, je ne pense que cela existe de façon précise pour tout le monde ou la même
chose. Ce n’est pas comme un coffre d’outils dans lequel tu as besoin d’un tournevis ou d’un
marteau mais cela peut varier d’une personne à l’autre. Il faut peut-être que les gens qui entourent
l’adolescent sachent lui donner ce qu’il veut au moment où il en a besoin. Ne pas lui en donner trop
pour que cela le gâte et cela lui donne l’impression que la vie est trop facile et il n’a pas besoin de
se forcer à penser. L’occuper, il y a bien des adolescents qui réussissent à passer légalement à
travers leur adolescence parce qu’on a réussi à les occuper à faire quelque chose qui les rendaient
plus en contact socialement avec les autres que ce soit de les envoyer jouer au hockey ou au
soccer ou les envoyer, les encourager à jouer de la musique. S’ils ont des talents musicaux
moindrement pour jouer dans un petit band ou de pouvoir suivre des leçons, se comparer
avantageusement pour avoir un stimulus à continuer.
On doit trouver qu’il y a une culture à aller chercher là-dedans, c’est dans la musique en particulier.
Il y a bien d’autre art dans lequel il y a aussi une culture à aller chercher et si les éducateurs en
commençant par les parents aussi savent donner la chance à l’enfant qui manifeste un goût pour
les arts que ce soit la peinture, la poterie, la sculpture. Puis d’autre chose qui est à la portée quand
même et qui fait qu’on peut prendre des cours à l’adolescence. Je pense qu’il faut l’encourager
parce que c’est toute des petits fulcrums additionnels qui en bâtissent un nouveau, un grand sur
Entrevue ostéopathie 1 6
lequel la personne va même avoir un sur le plan de la satisfaction. Ils vont en parler plus tard en
disant : ‘’ah quand j’avais tel âge, j’ai fait tel affaire et je suis bien content d’avoir passé par là, j’ai
joué tel affaire quand j’étais au collège dans l’harmonie ou bien j’ai joué au hockey ou bien j’ai
quelque chose qui laisse un petit souvenir et puis qui se trouve à être un tremplin pour continuer
dans la vie. C’est en plein un fulcrum qui rejoint à peu près la même notion.
Question : Cela revient aussi à ce que vous disiez tantôt, vous voyez les diplômes comme étant
des fulcrums qui nous donnent une certaine sécurité, quelque chose sur lesquels on peut se fier et
qu’on peut avancer…
On en voit d’ailleurs un moment donné des gens, ils sentent que leurs diplômes, leurs
‘’transmettances’’ est moins requises maintenant ils ont de la misère à se trouver un emploi ou ils
sont à la perte. Ils vont rajouter quelques petits diplômes supplémentaires là-dessus et cela
regrossit leur fulcrum pour continuer. Quand ils vont ensuite se chercher un emploi où ils vont
penser à se partir une entreprise eux autres même, un petit projet. Ils vont avoir des outils sur
lesquels ils vont pouvoir bâtir leur confiance. Cela aussi, c’est une notion de fulcrum qui peut être
augmentée, grossie, solidifiée avec toutes les informations supplémentaires que l’on va aller
chercher dans la vie; les cours par-ci par-là. Des expériences d’avoir participer à des activités de
bénévolat, et d’autres activités dans lesquelles on fait des connaissances, des amis, avoir un
cercle d’amis même s’il n’est pas là constamment. Mais concevoir que si un moment donné, on a
envie de parler ou de se retrouver avec un groupe qui existe toujours même si on l’a quitté ou on
n’a pas eu le temps d’y participer depuis un bout de temps. Cela aussi donne une notion de
fulcrum sur le plan émotif psychologique. Ils ne sont pas tombés dans le vide.
Question : Dans le fond le fulcrum est applicable partout, je sais que j’avais vu par rapport à Pierre
Tricot qui lui voyait le fulcrum même dans l’univers, il le voit un peu partout. Moi je l’avais extrapolé
en disant d’une société à l’autre c’est un fulcrum aussi parce que c’est comme un point d’appui sur
lequel les gens fonctionnent ou les gens se réorganisent autour d’une société à l’autre alors c’est
comme dans le fond quelque chose qui existe partout.
Bien oui, et quand Pierre Tricot parlait de l’univers il voulait dire quoi au juste lui?
Question : Il parlait autant de l’univers comme il parlait aussi au niveau cellulaire que le fulcrum se
retrouve au niveau dans les cellules à différents niveaux. Chaque cellule se retrouve avec son
propre fulcrum et qui essait de se réorganiser autour de d’autres cellules. C’est intéressant comme
philosophie mais c’est un peu plus ‘’flyé’’
Quand les cellules commencent à ‘’déconner’’ et qu’elles font des cancers comme on dit, est-ce
parce que c’est un fulcrum qui n’existe plus à quelque part, qui vient de disparaître, que là les
cellules cherchent à se rebâtir une entité, une identité? Cela prend tellement de place et d’ego que
cela peut pousser les autres que cela peut les faire crever à côté. Qu’est-ce qu’il se passe vraiment
durant le cancer?
Question : J’avoue qu’il faut que je revois une certaine partie parce qu’il mentionnait que chaque
cellule était toujours en constance équilibre avec tout ce qui se passe autour. C’est toujours la
redéfinition du moi et le non-moi.
C’est Edgar Cayce que tu dois avoir entendu parler; le fameux clairvoyant américain qui s’était
découvert jeune l’aptitude de se mettre en transe par autohypnose. Lorsqu’il était en transe, il
suffisait qu’on lui donne le nom, l’adresse d’une personne qui a vécu, les gens venaient même pas
le voir. Ils pouvaient venir mais la plupart du temps, les gens ne venaient pas. Ils écrivaient de loin,
puis ils voulaient avoir de l’aide pour un problème de santé quelconque parce que mon docteur ne
savait pas quoi faire avec cela. Mais lui en se mettant en transe, il pouvait décrire l’aspect extérieur
du corps physique, il pouvait aussi se mettre à décrire avec sa terminologie médicale; pas
psychologique mais anatomique, physiologique. On peut connaître en médecine et en ostéopathie.
Il pouvait décrire les différentes dysfonctions dans ce corps et puis de donner des indices à
distance mais à ce moment-là, il arrivait à une notion assez que notre corps existe sur un plan
physique, mental, émotionnel et spirituel. Et que c’est notre attitude mentale qui fait qu’on est en
santé ou qu’on est malade. Il disait qu’on ne vit pas seulement de chose physique mais aussi de ce
Entrevue ostéopathie 1 7
qu’on met comme nourriture psychologique, émotionnel et spirituel dans notre corps et lui disait
que chaque cellule dans le corps a une conscience, la conscience cellulaire. Pourquoi cela
dépend, pourquoi cela se désoriente par exemple; je ne sais pas jusqu’à quel point qu’il a élaboré
là-dessus puis il y a peut-être pas de livres d’écrit qui seraient intéressant là-dessus pour répondre
à cette question-là.
Entrevue ostéopathie 2 1
Alors, ma vision, je ne sais si je n’ai pas parlé de ma vision de la technique de Becker parce que,
en fait, je ne l’utilise pas en tant que tel. J’utilise ma propre manière de pratiquer. En lisant Becker,
j’ai l’impression que c’est quelque chose qui se ressemble, mais je ne peux pas en dire vraiment
plus.
Question : Vous aviez parlé un peu du type solidiste et plastique. On parle souvent des points de
références que l’on peut avoir au niveau physique, mais au niveau plastique, selon vous, quels
seraient les points de références?
En fait, toutes les insertions anatomiques un peu dures sont des points de référence dans la
plasticité. Le système est vraiment organisé un peu comme une méduse. Ce n’est pas une image
très réjouissante, mais elle dit bien ce qu’elle veut dire. C’est du frite dans de la frite, c’est mobile.
Alors que pour le corps humain c’est nettement plus dense que la méduse, mais, quand même,
cela a une belle image.
Question : Selon vous, pour être en mesure de pratiquer de façon similaire à Becker, quels
seraient les points les plus importants?
Ce que je trouve important c’est qu’à chaque fois qu’il y a ce que j’appelle une rétention, c’est-à-
dire une zone où il y a une zone corporelle qui est en mal communication, elle crée ce que j’appelle
un fulcrum aphysiologique. Elle prend un appui pour lequel le corps n’est pas conçu pour
fonctionner et autour duquel il est obligé de s’adapter.
Question : On nous dit souvent dans les classes, les étudiants quand on est moins expérimenté,
souvent on va nous mentionner que l’ostéopathe inexpérimenté va à quelque part, réorganiser le
corps autour de structures de fixité qui sont les fulcrums aphysiologiques. Comment, selon vous,
on peut déterminer et être en mesure d’aller chercher les bons fulcrums ?
Les fulcrums physiologiques sont toujours en mouvement. Tout le système est en mouvement
autour du fulcrum, c’est un membre que l’on va considérer comme un point de référant de stabilité
du corps.
Question : Au niveau perceptuel, qu'est-ce qui va nous aider à percevoir les bons fulcrums ?
Un bon fulcrum, en fait, je ne les perçois quasiment pas. Ceux que je perçois, ce sont ceux qui ne
sont pas les bons. À partir d’un système, ils grossissent un système, ils altèrent sa mécanique.
Question : Parce que si on dit quelque part, un fulcrum à travers lequel le corps se réorganise –
parce que vous parlez de fulcrum réorganisateur et on parle de fulcrum aphysiologique qui sont
des fulcrums de fixité à travers le corps qui vont être en mesure de s’adapter ou pas. Vous parliez
justement que si le corps parvient à s’adapter, la santé est présente autour de ces fulcrums-là.
Mais, si le corps ne parvient pas à s’adapter, c’est là que l’on perd la santé. J’essaie de
comprendre comment on peut arriver justement, si vous dites que ce que vous ressentez
davantage ce sont les fulcrums aphysiologiques, comment on peut se centrer sur les bons
fulcrums ?
Les bons fulcrums, c’est en mouvement d’expansion et traction, c’est harmonieux. Les bons
fulcrums transforment les expansions et tractions en va-et-vient soit : flexions-extensions ; rotations
externes-internes ou de montée-descente. Mais tout cela, ça reste harmonieux, on perçoit bien
dans la structure que cela bouge normalement. Quand un fulcrum aphysiologique vient s’imposer
là-dessous ; d’un seul coup, oups, ça y est, cela altère un système qui se trouve ; c’est comme si
vous tirez un point d’une toile d’araignée. Si vous la rétracter et bien, toute la toile se trouve à tirer
vers ce point-là.
Entrevue ostéopathie 2 2
Justement, je crois bien que c’est d’arriver à aller suffisamment à la rencontre d’un fulcrum
aphysiologique pour lui créer un point d’appui qui va lui permettre de libérer sa charge.
L’hypothèse que je développe, c’est qu’un fulcrum aphysiologique est une zone tissulaire qui se
ferme, qui réduit son échange, ou sa communication, avec l’extérieur pour se protéger. Quand je
vais dedans, quand je vais à sa rencontre, je lui donne, je lui offre, le point d’appui du praticien qui
va lui permettre de libérer sa charge. Il va la libérer dans le mouvement, jusqu’au moment où,
quand il n’y a plus de charge d’énergie bloquée, il n’y a plus de mouvement, puisqu’il n’y a plus de
différence de potentiel. Donc, on a un retour au neutre avec un ‘‘still point’’ et si on attend un petit
peu, on a une extension tissulaire qui manifeste la fin de la libération.
Question : Vous faisiez référence que le fulcrum est relié à l’espace et que le ‘’still point’’ est relié
au temps?
Pour moi, c’est vraiment important de préciser cela parce que chez les ostéopathes américains, y
compris Becker d’ailleurs, très souvent ils utilisent le mot ‘’still point’’ pour fulcrum. C'est-à-dire,
qu’ils ont une définition qui est très impassible, un ‘’still point’’ qui est très flou. Selon le contexte,
on arrive à comprendre, mais en même temps ce n’est pas cohérent d’utiliser un mot dont le sens
change selon le contexte. Pour moi, un ‘’still point’’ c’est vraiment une question de temps. C'est-à-
dire un moment, un moment d’arrêt de la structure qui revient dans son neutre. Dans l’approche,
je considère qu’il y a deux types de fulcrums, je ne sais pas si vous avez vu cela dans le bouquin.
Ce que l’on appelle les fulcrums physiologiques, qui ne nous intéresse pas beaucoup, qui sont la
manifestation de partage au neutre de la structure dans sa physiologie comme la marée de la mer.
Et il y a des fulcrums de résolution qui soulignent vraiment la fin d’un système d’une libération de
fulcrum aphysiologique.
Question : J’avoue, j’ai vu des aspects au niveau de votre livre, mais il y a des choses que je
devais revoir parce que vous avez une vision des choses, un peu plus approfondie, que je trouve
intéressante, mais que, je dirais qu’il y a des choses que je vais réussir à assimiler, à comprendre
plus, avec la pratique également.
Oui, ce n’est pas forcément si évident que cela quoi. Il y a une ostéopathe qui va à Montréal au
mois d’août et qui va présenter une approche tissulaire. Par email, je vais vous envoyer son
courriel. Je crois que sur mon site internet cette formation est inscrite.
Question : Cela devient plus clair concernant votre fulcrum que vous parliez non physiologique et
ces points d’appui là qui réduisent quelque part la mobilité. J’aime bien l’image, d’ailleurs, de la
toile d’araignée. Concernant la méthode de Becker, est-ce possible de ramener cette méthode-là à
un niveau plus psychologique ?
Il y a deux raisons pour lesquelles on peut le faire, je crois. D’une part, quand il y a des problèmes
psychologiques, on peut imaginer que la même organisation de fulcrums se fait à un niveau plus
subtil, que l’on va considérer le niveau mental, donc dans ce niveau-là il peut y avoir des fulcrums.
Alors, c’est difficile de dire qu’ils sont non physiologiques, car ce n’est pas forcément évident. Mais
on dira aphysiologique, ce sont des fulcrums qui viennent de se rajouter. Et puis surtout, ils se
manifestent dans le corps.
Question : Ils se manifestent dans le corps? Qu’est ce que vous voulez dire?
Je veux dire par là que le psychique, le mental, la psyché, quand il y a une friction importante, elle
va se manifester dans une fission corporelle. Elle va créer dans le corps un fulcrum non
physiologique justement. C'est-à-dire, dans le système corporel on ne trouve pas que des fuclrums
reliés à la vie corporelle, à la vie biologique, on trouve des fulcrums qui sont reliés à la vie de
l’individu, de l’être, de son mental. Notamment quand on a vécu dans le passé des situations très
difficiles, même s’il n’y a pas eu des blessures physiques extrêmement importantes, la charge
émotionnelle qui résulte de cela laisse une empreinte dans le système corporel que l’on va trouver
comme un flucrum aphysiologique au niveau du corps.
Entrevue ostéopathie 2 3
Question : Donc, c’est quelque part inévitable, je sais le corps et l’esprit vont toujours ensemble,
donc, c’est inévitable, à chaque fois qu’il peut y avoir une fixité comme vous parlez des fois d’idée
ou quoi que ce soit, émotif, il va toujours y avoir une empreinte faite au niveau du corps ?
Oui par ce que le spirituel, la psyché, cherche toujours à se manifester dans l’univers physique,
cela fait partie du jeu, cela. Le corps, c’est un système de manifestations extraordinaires.
Question : Ce que je voulais essayer de voir, c’est justement comme au niveau du corps, on a des
fulcrums qui sont organisateurs, qui nous aident à avoir des sections mobiles, je voulais essayer
de voir au niveau psychologique, s’il y a possibilité que l’on puisse trouver des fulcrums sur
lesquels on peut s’appuyer, ou des fulcrums que l’on appelle santé, qui ne sont pas
nécessairement des fixités qui vont nous permettre, quelque part, de maintenir notre niveau
d’équilibre?
Question : J’essaie de voir et comprendre concernant les fulcrums…nos idées pas au niveau
physiologique justement, mais au niveau psychologique, j’essaie de voir si, physiquement, on
retrouve des fulcrums à travers le corps qui se réorganisent pour être en mesure de retrouver son
équilibre. J’essaie de voir au niveau psychologique, est-ce que l’on peut trouver des fulcrums qui
peuvent être organisateurs comme au niveau du corps pour trouver l’équilibre?
Bien sûr, mais seulement le problème de ces fulcrums c’est que, je crois que dans le domaine du
mental et psychologique, on peut très difficilement parler d’anormal et de normal. On peut parler de
fulcrums organisateurs. Alors, qu'est-ce qui va organiser la vie psychique la plupart du temps,
c’est relié à l’éducation et aux grands principes, aux grandes règles, aux grandes lois qui nous ont
été inculquées et c’est cela qui constitue, pour moi, l’élément organisateur d’une personne,
l’essentiel.
Question : On n’aurait pas comme au niveau mental, le fulcrum de Sutherland quelque part?
Ça, je ne sais pas. Ce serait bien intéressant, mais franchement, je n’ai aucun élément qui me
permette d’affirmer quelque chose.
Question : C’est ce que j’essaie de voir. Je me dis, il y a quelque chose au niveau physique, alors
comment on pourrait trouver quelque chose à un autre niveau pour être en mesure de trouver un
équilibre global, total.
C’est difficile de répondre à cette question parce que justement dans le mental c’est tellement
fluctue, c’est tellement variable d’un individu à l’autre, parce que l’organisation de notre mental, elle
peut très bien fonctionner pour un individu et puis une autre organisation mentale fonctionner pour
un autre individu et les deux étant très dissemblables, l’une par rapport à l’autre. Ce qui fait
que cela fonctionne pour l’un ou pour l’autre, c’est toujours une question d’harmonie. Mais, c’est
difficile pour moi de systématiser la définition précise parce que ce n’est pas si matériel.
Question : Selon vous, il n’y aurait pas une ligne de base ou une ligne de conduite où il pourrait y
avoir une certaine variabilité selon les personnes ou selon les différentes sociétés, mais qui est
quand même une ligne de base?
Alors, je ne peux pas affirmer qu’elle n’existe pas, mais personnellement je n’ai pas réussi à
l’isoler. Et puis, je suis très méfiant par rapport à cela parce que l’on risque fort de mettre des zéros
ou des choses très figées, parce que la nature ne l’est pas. Et à ce moment-là, on rentre dans la
psychogénité, c'est-à-dire, penser que les choses doivent être organisées absolument d’une telle
ou telle manière, bon, si on en a vraiment la preuve d’accord, mais à ce niveau-là je ne l’ai pas
moi, je ne l’ai pas.
Question : C’est que je trouve justement avec les découvertes de Sutherland qui ont amené des
choses intéressantes à comprendre au niveau du corps, c’est pour cela que j’essayais de voir au
niveau psychologique, sans trouver quelque chose qui pourrait devenir une fixité et que l’on
organise les gens comme dans des boîtes ou de façon systématique, de voir s’il y avait quelque
Entrevue ostéopathie 2 4
chose qui permettrait de réorganiser l’être humain et lui permettre, justement, d’être dans sa
mobilité à tous les points de vue.
Justement, le problème c’est la mobilité. Pour lui permettre de la mobilité, il faut simplement se
contenter d’enlever les points de fixité. Et cela, je sais faire. Mais, je ne sais pas faire mieux que
cela. Je sais faire entre guillemets parce que, des fois, cela ne marche pas non plus comme on
voudrait, mais bon.
Question : Selon vous quelles seraient les fixités chez les adolescents ou les difficultés?
Question : J’essayais de voir aussi quand on parle de la santé physique, il y a toute une espèce
d’échelle qu’on parle d’adaptation. Quand il y a adaptation, la santé est présente, mais si la santé
n’est pas là ou si le corps a de la difficulté à s’adapter ; mais là, à ce moment-là, on rentre dans un
processus vers la maladie. Alors, je vois exactement la même chose au psychologique, où la
personne est confrontée à différents viateurs durant la vie. Elle est en mesure de s’adapter, la
santé est présente, on va parler de santé mentale. Si un moment donné, cela devient trop difficile,
à ce moment- là, on peut rentrer dans différents degrés et on peut parler aussi de problèmes de
santé mentale.
Je crois que l’on peut dire cela, mais en même temps, les lois organisatrices, ou les grandes règles
organisatrices, ne sont certainement pas aussi strictes, aussi précises que quand il s’agit du corps
physique.
Question : Est-ce que vous feriez un lien entre les lésions ostéopathiques et les différentes crises
que l’on pourrait vivre dans notre développement ?
Peut être que ça dépend après, quand une épreuve est vécue, elle va générer, ce que moi
j’appelle, des tensions, des restrictions, des blocages, des mal fonctionnements, d’un système, et il
me semble que c’est l’après. Comment l’ensemble d’un système va arriver à gérer tout cela? Je
crois que le système est capable de créer des rétentions, des blocages, mais il n’a pas le niveau
de conscience nécessaire ou suffisant pour l’aider, créé. Il a besoin d’un appui extérieur, donc d’un
praticien, d’un thérapeute. Que ce soit dans le physique ou le mental. Mais, encore une fois, quand
cela arrive à s’organiser à peu près, à créer une harmonie, cela peut vivre, cela peut fonctionner.
Question : Donc, selon vous ce serait, j’avance cela, ce serait toujours difficile de rentrer dans la
prévention. On n’a pas le choix, on doit toujours comme travailler et une fois que les fixités ou la
problématique de l’adaptation à rentrer en ligne de compte ?
Dans l’état actuel des choses, je le sens comme cela. Je ne pense pas que ce soit définitif ou que
l’on ne puisse pas faire mieux que cela, mais, dans l’état actuel, je le sens comme cela. Parce
que, regardez, quand on vit une épreuve, quelle règle peut-on appliquer ou s’appliquer qui va nous
permettre de traverser cette épreuve, je dirais sans dégât, sans dommage? Je ne vois pas de
règle, c’est tellement relié à la relation et la complexité de la relation que c’est extrêmement
complexe quoi.
Question : Ce que je voulais, on sait que le jeune enfant va passer par différentes crises. Ce que je
vois au niveau de l’adolescent, c’est comme la première crise que je vois qui est la plus
consciente, parce que l’on sait qu’au niveau du cerveau, il y a un développement qui se fait, il y a
la pensée qui s’approfondit beaucoup plus. Il est plus capable de se remettre en question. Ce que
j’essayais de voir, c’est comment peut-on donner le plus d’outils à ces adolescents-là, pour être en
mesure, peu importe les événements de leur vie, qu’ils soient mieux outillés?
Entrevue ostéopathie 2 5
La réponse que je donnerai là, c’est volontiers. C’est d’une part, les aider à libérer le plus possible
les fulcrums mal physiologiques ou aphysiologiques pour leur permettre de pouvoir expérimenter le
plus directement possible ce qu’ils ont à vivre, mais au-delà de cela, c’est l’expérience personnelle
qui, seule, est importante et il n’y a personne qu’eux qui peuvent se la donner cette expérience.
Question : Vous parlez beaucoup dans votre livre justement, vous parlez du ‘je’ comme étant la
conscience par rapport à son environnement. Je trouve cela intéressant parce que vous parlez au
niveau cellulaire, mais en même temps, c’est comme quand vous dites que la cellule, pour
maintenir son identité, ses sensations d’exister, elle va toujours concilier les échanges réciproques
et rythmiques avec le milieu. Donc, on parle au niveau cellulaire, mais c’est la même chose au
niveau de l’être humain ?
Je crois que les cellules qui s’agrègent en organisme et en système, quand le système existe entre
systèmes, il y a une identité de ‘’je’’. C’est un ‘’je’’ de système, quoi. Il existe en quantité et donc il
oublie au niveau fondamental que les identités qui le composent. Donc, nous, en tant qu’humains,
on a aussi ce problème-là, d’exister en tant que ‘‘je’’, tout en gardant une relation harmonieuse, ou
la plus harmonieuse possible, avec l’environnement. Donc, à la fois existé en tant que personne
individuelle, mais en même temps, en participant à quelque chose qui nous dépasse qui est
groupe auquel on appartient, entre autres. L’adolescent a beaucoup de mal avec cela, parce qu’il
est beaucoup dans le ‘’je’’ individuel, c'est-à-dire, qu’il veut se sentir exister en tant qu’individu, en
tant que personne. Et il n’a pas encore suffisamment d’expérience pour comprendre que son
existence, en tant que personne, dépend de la qualité de sa participation à la vie sociale, à son
environnement. Il n’a pas encore compris cela.
Question : C’est ce que vous disiez, que plus il y a conscience, plus que la qualité de la
communication, il va y avoir qualité au niveau de la communication. Donc, la personne va interagir
davantage avec son milieu ?
Question : Je trouvais cela intéressant. Mais c’est justement d’amener ce jeune-là à être
davantage comme conscient. Je pense, comme on dit souvent, que pour les adolescents, c’est la
période où justement ils expérimentent. Ce que j’ai entendu dire, ce que les gens effectivement
permettent aux jeunes d’expérimenter tout en étant dans un cadre supportant. Donc, leur apporter
un certain fulcrum extérieur, mais en même temps, les laisser expérimenter, et un peu comme
vous disiez, c’est un peu un rapport entre le ‘’je’’ et le ‘’non je’’ de l’extérieur pour aller chercher le
plus d’expérience possible ?
Je me sens bien comme cela. Mais en même temps pas, ce n’est pas simplet du tout.
Question : Je n’ai pas trouvé un sujet facile. C’est quelque chose que j’avoue qui m’intrigue, ce
rapport à trouver l’équilibre. Comme j’ai dit, pour moi, je comprends ce qui se passe à l’intérieur du
corps, et ce qui se passe à l’intérieur du corps m’aide à comprendre aussi, moi à l’extérieur, en
contact avec différents êtres humains et en contact avec mon environnement. Donc, c’est toujours
un rapport d’échange et d’équilibre ?
Quand vous vous souvenez de votre propre enfance, vous vous souvenez de quelque chose de
difficile?
Question : Ce n’est peut-être pas pour rien que je fais mon sujet sur l’adolescence. Je dirais que je
pense qu’il y a vraiment des tourments, car il y a des changements qui se passent au niveau du
corps sur lesquels je n’ai pas le contrôle. Cela dépend comment j’ai vécu moi mon adolescence où
j’ai comme plus bifurqué concernant la religion. Il y en a des jeunes qui s’orientent davantage vers
les drogues, moi, c’était plus au niveau de la religion. Cela a été comme un point, je pourrais dire
quelque part que c’était un fulcrum.
Bien sûr
Toute croyance est un fulcrum. Mais on ne peut pas parler de fulcrum physiologique là, on parle de
fulcrum. C'est-à-dire, qu’il existe en tant que fulcrum, c’est tout. Parce que l’on ne peut pas savoir
si cette croyance est fondamentalement vraie ou pas, elle est et puis c’est tout, quoi. En même
temps, son utilité est indéniable, parce que si elle aide à vivre la personne, il ne faut surtout pas lui
enlever ce truc-là.
Question : Ce que j’essaie de voir, c’est si, avec la conscience maintenant, que je reviendrais en
arrière, si je faisais les choses différemment. Je serais curieuse de voir quel être humain je serais
aujourd’hui !
Question : Mais, je me dis que s’il y a des choses que je suis en mesure de comprendre pour,
peut-être aider ces nouveaux jeunes-là actuellement qui passent cette période-là, mais qui peuvent
la passer de façon plus harmonieuse ou du moins pour leur permettre le plus d’outils possible pour,
quelque part, les préparer à être en mesure d’assumer différents événements dans leur vie, ou du
moins se sentir plus outillé et plus équilibré.
Je comprends votre désir. J’ai le sentiment que ce n’est pas seulement une question d’ostéopathie.
C’est plus vaste que cela, cela fait aussi appel à d’autres aides qui sont de nature plus générale,
psychologique, de compréhension de la vie et du vivant. Souvent ces jeunes, en fait, d’une
manière générale les humains, ils n’ont pas une grande compréhension de la vie et du vivant parce
que l’on ne leur apprend pas ou on leur apprend mal.
Question : Surtout aussi quand ils sont jeunes, ils n’ont pas la notion de la mort ou la finitude de la
vie, c’est quelque chose qui s’acquière ou qui, quelque part, il y a une meilleure compréhension
avec le temps de cela où la vie a une fin à un moment donnée et ce n’est pas éternel.
Enfin, je pense que la vie est éternelle, c’est nous qui ne le sommes pas en tant qu’un système
vivant. Nos corps ne sont pas éternels.
Écrit ostéopathie 2 1
Becker a extrapolé les découvertes de Sutherland à travers le corps. Il organise les tissus en lésion
autour d’un fulcrum. Les tissus entrent dans un processus passant du point de balance, point
neutre jusqu’à l’obtention de l’équilibre.
1) Quels sont selon vous les aspects les plus importants en regard de la technique d’équilibration
et d’échange réciproque de Becker?
Rollin Becker nous fait passer d’une expérimentation (une perception) du système corporel de type
solidiste (des segments solides articulés sur des axes) à celle d’un autre type que je qualifierais
de plastique (fluide). Il perçoit le corps et décrit ses perceptions comme une plasticité. C’est
complètement différent par rapport au regard ostéopathique classique. Dans ce type de
perception/expérimentation du corps, les structures ne sont plus perçues ou conçues comme
seulement des leviers articulés sur des axes, mais comme des structures plastiques (y compris
l’os) donc souples, organisées sur des points d’appuis mobiles, des fulcrums. Le corps est ainsi
constitué d’une infinité de points d’appui (fulcrums) organisés pour fonctionner les uns avec les
autres, les uns par rapport aux autres, le tout centré sur le Fulcrum résultant, à la jonction de la
tente du cervelet et de la faux du cerveau, le fulcrum de Sutherland.
D’ailleurs un problème majeur qu’a rencontré Sutherland pour décrire ce qu’il ressentait, a été
d’utiliser un modèle solidiste (leviers et axes) pour expliquer/modéliser quelque chose de plastique.
D’où l’inadéquation du modèle des axes crâniens qui, est-il besoin de le rappeler, n’existent pas et
sont seulement des conceptualisations qui tentent de décrire une perception. Alors, à partir du
moment où j’expérimente/ressens le système corporel comme plastique, ma manière de le
comprendre, de l’étudier et aussi de le traiter change complètement. Finies les techniques
structurelles qui n’ont alors plus grand sens, bonjour les techniques d’échange réciproque que
décrit Becker.
Elle dit bien ce qu’elle veut dire. Je pense avoir dit l’essentiel ci-dessus. Je dirais, fulcrum = point
d’appui organisateur. Le fulcrum se relie à l’espace (alors que le still-point se relie au temps). Par
définition, un fulcrum est immobile par rapport à ce qu’il centre, et mobile par rapport à ce qui le
centre (d’autres fulcrums). Avec ce point de vue, on imagine, on se représente le système corporel
comme fait d’une infinité de fulcrums, ou points d’appuis organisateurs, organisés les uns par
rapport aux autres, et le tout, mobile et centré sur le fulcrum de Sutherland le Fulcrum du corps (je
ne suis d’ailleurs pas certain que ce soit totalement vrai, on dit juste que c’est ainsi, c’est-à-dire
qu’on le considère comme vrai...)
À chaque fois qu’une restriction dans une structure se produit (quelle qu’en soit la cause), elle
génère un fulcrum non physiologique (aphysiologique), c’est-à-dire un nouveau point d’appui, qui
ne fait pas partie de l’organisation fondamentale du système corporel et avec lequel celui-ci va
dorénavant devoir composer (sur ou autour duquel, il devra s’adapter). C’est la capacité du corps à
composer-adapter les fulcrums aphysiologiques qui détermine la santé. Tant que le système
parvient à “faire avec” ce point d’appui non physiologique, la santé est présente. Lorsque
l’adaptation devient difficile voire impossible, la santé décline.
Pour moi, il n’y a pas de rupture entre le physique (plus dense) et le psychique (moins dense) voire
le spirituel (encore moins dense). (On peut donc poser la question : Mais où s’arrête la globalité ?)
Il s’agit tjrs de systèmes organisés sur des points d’appui, mais dans le mental, ces points d’appuis
ne paraissent pas aussi solides que dans le physique. Pourtant, ils sont tout aussi organisateurs.
Une idée fixe n’est autre chose qu’un fulcrum aphysiologique dans le mental autour duquel les
choses s’organisent, ou même qui organise les choses de notre vie. Par exemple, si, enfant, je
suis mordu par un chien je peux conclure, sans m’en rendre compte, au moment de la douleur
intense et dans l’émotion qui s’y trouve associée que “les chiens, c’est méchant.” Me voilà avec un
fulcrum mental concernant les chiens et qui dorénavant va diriger ma vie. C’est à dire qu’à chaque
Écrit ostéopathie 2 2
fois que je vais me trouver en présence d’un chien, cela va déterminer un type de comportement
inquiet voire peureux, alors qu’il n’y a pas forcément de raison objective. J’ai perdu ma liberté par
rapport aux chiens, je suis devenu incapable de considérer qu’un chien peut être ou ne pas être
méchant. Aujourd’hui, je les considère tous comme méchants (sans même plus savoir pourquoi je
le vois ainsi). Ainsi, vivons-nous avec un tas de fulcrum mentaux et spirituels qui ne sont pas
forcément vrais mais qui organisent notre vie à notre insu.
4) Selon votre définition personnelle du fulcrum, quel serait le meilleur fulcrum chez l’adolescent à
la recherche de son identité? Expliquez votre point de vue.
Impossible pour moi de répondre à une telle question au vu de ce que je viens d’écrire. Je ne crois
pas que l’on puisse réduire les choses à UN fulcrum. Je crois plutôt que pour l’adolescent comme
pour n’importe quelle personne, il faut l’aider à trouver les fulcrum qui le fixent de manière pas juste
par rapport à la vie, afin qu’il acquière la liberté de décider de manière plus “adulte” comment
diriger sa vie.
Une des clés du passage de l’enfance à la maturité, c’est de cesser de fonctionner sur des
fulcrums (mentaux et spirituels) acquis dans l’enfance, (la plupart du temps sans en être conscient
et nés de la relation avec les parents et autres adultes), pour passer à l’établissement de ses
propres fulcrums, ceux qui nous serviront de fondement pour diriger notre vie. Mais ce passage se
fait rarement dans la souplesse, parce qu’il est générateur de conflits (notamment de conflits de
valeurs) et aussi de prise de conscience que certaines choses qu’on nous a dites ou fait croire
comme justes ne le sont pas forcément, soit dans l’absolu, soit pour nous-mêmes...
De plus, le fait d’accéder à ses propres valeurs, c’est-à-dire d’établir ses propres fulcrums, ceux
sur lesquels je désire m’appuyer dans ma vie peut en soi générer des conflits avec la famille et
l’entourage qui ne comprend pas forcément ce qui se passe. Les parents, notamment, voient leur
enfant changer, c’est-à-dire s’appuyer sur d’autres fulcrums que ceux auxquels ils sont habitués,
sans toujours comprendre ce qui se passe et parfois en étant en désaccord par rapport aux
changements. Comme dans toute relation, ce qui est le plus difficile à gérer, c’est le changement.
Parce que le moindre petit changement dans une relation fait changer toute la relation... Et là
encore, c’est la capacité d’adaptation du système (ici la famille et non pas seulement le système
corporel) qui fait que cela se passera plus ou moins facilement. D’où sans doute cette sensation
d’inconfort et de difficulté de vie de nombre d’ados tant qu’ils ne sont pas parvenus à leurs propres
conceptions de ce qu’ils sont et de ce qu’est la vie... Cela peut demander une vie entière. Certains
n’y parviennent jamais...
Question : Selon toi, en regard de la technique de Becker, c’est quoi les aspects les plus
importants à tenir en compte?
Si on s’entend par la définition que tu as définie au paragraphe précédent - que Becker organise
les tissus au niveau d’un fulcrum, alors les tissus rentrent dans un processus d’équilibre, de
dialogue et de point de balance jusqu’au point neutre. Alors, écoute, moi, je pense que l’un des
plus importants aspects est d’avoir un équilibre, d’offrir un fulcrum le plus global possible, mais, en
même temps, le plus approprié possible à la personne. Je te dirais que dans le cadre, parce que
toi tu fais ta recherche dans le carde des adolescents. Donc, il y a justement, je pense que c’est
Becker qui disait cela, plus le fulcrum va être universel, plus la réponse va être universelle. Donc,
c’est important d’être capable en tant qu’ostéopathe d’offrir un fulcrum à tous les niveaux que le
patient a besoin. Donc, je te dirais, dans ce sens-là, pour moi, c’est vraiment l’aspect le plus
important. Et pour être capable d’offrir cela, il faut savoir qui tu es en tant que thérapeute, où tu te
situes à chaque moment, cette journée-là, à ce moment-là, avec le patient. Quelles sont les choses
qui t’appartiennent à toi et quelles sont les choses qui ne t’appartiennent pas, pour être dans une
espèce de, je ne te dirais pas neutralité parce que la neutralité totale pour moi cela n’existe pas,
mais pour être juste tout simplement, pour être dans ton centre. Pour pouvoir offrir un point
d’appui, un point d’équilibre à la personne au niveau où elle en a besoin. Donc, je te dirais vraiment
c’est l’autre chose qui est vraiment très importante. Et, je continuerais dans cette même ligne
d’idées là, en disant que Madame Frymann nous disait ‘a whole patient needs a whole physician’.
Alors, il faut être capable en tant qu’ostéopathe d’offrir un fulcrum à tous les niveaux que le patient
a besoin. Cela implique des fois, il faudra lui offrir un fulcrum à plusieurs niveaux et des fois à un
niveau spécifique. Il faut avoir d’abord la connaissance. Il faut avoir d’abord l’expérience palpatoire,
et il faut aussi avoir la connaissance de qui tu es en tant que thérapeute, et où tu te situes au
moment où tu offres ce point d’équilibre là.
Question : Quand tu parles de lui offrir à tous les niveaux, à quels niveaux tu fais référence? Est-ce
que tu pourrais m’en parler un peu plus?
Je fais référence aux différents niveaux qui ont été mentionnés par Bernard Darraillans – j’espère
que tu vas avoir la chance de l’interviewer dans le cadre de ta recherche. Je fais référence aux
différents niveaux de Bernard Darraillans qui mentionnait lors d’une formation, durant le
symposium d’Allemagne auquel j’ai assisté il y a deux ou trois ans. Il mentionnait que c’était
important d’offrir un fulcrum à tous les niveaux chez le patient et spécifiquement chez l’adolescent,
parce que l’adolescent, comme tu le mentionnes, est dans une période critique de sa période de
vie. L’adolescence est une période où souvent les spasmes familiaux, les spasmes
transgénérationnels, les spasmes émotionnels et aussi, évidemment, les spasmes pragmatiques
physiques vont ressortir, et cette période, justement, si on est assez attentif et à l’écoute de cette
clientèle-là, on va pouvoir, justement, régler ces problèmes-là, les aider, en fait, leur offrir un
support pour qu’ils puissent passer à travers ces difficultés-là et trouver leur vraie forme, trouver
qui ils sont. C’est une période où ils sont très influençables, où ils se cherchent dans leur
personnalité, où ils explorent, ils expérimentent également, où ils vont faire des gaffes, des erreurs
plus ou moins grandes.
Alors, le but ce n’est pas de les empêcher de faire des erreurs, de les empêcher de faire des
gaffes, car ils apprennent de ces expériences-là, mais, en fait, le but c’est de les empêcher de faire
des erreurs ou des gaffes qui sont irréversibles sur eux, sur leur vie, sur ce qu’ils vont faire plus
tard, ce qu’ils vont devenir. Alors, je pense que cela c’est quelque chose qui est important. Et c’est
dans ce sens-là, l’ostéopathie peut leur être d’une aide significative. Alors, je te dirais que les
différents niveaux auxquels je fais allusion quand je mentionne cela, c’est d’abord, offrir un fulcrum
juste au niveau physique, sur le plan physique, après cela, évidemment, tu as le corps fluidique.
Avant le corps fluidique, tu as le corps éthérique — la couche de chaleur, ensuite tu as le corps
fluidique, après cela évidemment, tu as le corps psychique, le corps émotionnel, le corps spirituel
qui sont compris dans différentes trappes, dans différentes couches de champs
électromagnétiques. Et que nous, on va spécifiquement travailler surtout chez l’adolescent. Parce
que le champ électro magnétique de l’adolescent qui est en croissance, qui est en développement,
est à sa forme adulte. Depuis qu’il est tout petit, son champ électromagnétique d’adulte est
Entrevue ostéopathie 3 2
déterminé, alors pour que son plan physique, son plan éthérique physique, rejoigne son plan
électromagnétique. Alors, il faut essayer en autant que possible d’enlever les parasites, d’enlever
les blocages, les restrictions, les barrières, qui l’empêchent d’atteindre cet idéal-là, cette
finalisation-là. Donc, je te dirais que c’est à ce niveau-là que l’on va lui offrir un fulcrum, c’est à tous
ces niveaux-là, ça peut être un ou plusieurs niveaux en fonction de ses besoins.
Question : D’après toi, tu me parles beaucoup selon l’adolescence, mais cela peut s’appliquer à
tout le monde?
Absolument, mais c’est d’autant plus important à l’adolescence parce qu’il y a énormément de
changements, énormément de transitions. À peu près similaire, mais peut-être dans une plus
grande période de temps, à celle de la première année de vie chez le petit bébé. Alors, je te dirais
que, souvent ce que j’ai remarqué, les blocages, les conflits ou les spasmes, qui ne sont pas
réglés durant les deux premières années de vie vont se répercuter plus tard à l’adolescence, mais
de façon plus marquée. Alors, je pense que c’est important de bien préparer l’enfant, le bébé, à
cette période de transition là qui va l’amener vers une période adulte un peu plus stable, mais
évidemment avec ses expériences de vie, comme on connait tous. Donc, cela s’applique
évidemment à tous les types de clientèles, mais plus spécifiquement à l’adolescent.
Question : D’après toi, connaissant un peu l’application de la technique de Becker, est-ce que c’est
possible d’appliquer ce concept-là juste à un niveau purement psychologique?
Oui – lorsque je me branche sur le champ psychologique ou le champ psychique, parce que quand
tu dis psychologique, c’est pas tout à fait le terme juste, je te dirais le plan psychique qui
comprend, en fait, toutes les fonctions cognitives – c'est-à-dire, la tension, la confrontation, la
verbalisation, tout le processus de réception, d’intégration, d’interprétation et d’expression, en fait,
d’une information quelle qu’elle soit. Et tu as aussi l’aspect émotionnel qui est différent, qui est relié
plus à une émotion. Par exemple, si j’offre au patient un fulcrum sur le plan psychique, moi dans
mon intention, je vais aller me brancher sur ce plan-là et essayer de trouver à quel niveau je
pourrais aider le patient dans ce plan-là. Il peut me venir des images, il peut me venir des
informations, des ‘flashs ’, des sensations, des couleurs. Il peut me venir des émotions que je vais
devoir objectiver, soit en interrogeant le corps dans mon inconscient sans verbaliser ou soit en
interrogeant le corps de façon consciente verbalement. Non, ce n’est pas le bon terme. En
interrogeant le corps, j’interroge toujours le corps consciemment, mais j’interroge, je peux faire
appel au niveau subconscient du corps du patient sans verbaliser, et aussi je peux travailler au
niveau du conscient du patient en verbalisant.
Donc, cela peut aide des fois à enlever des barrières qui empêchent le patient de s’exprimer de
façon optimale dans son potentiel psychique et il y a beaucoup de traumatismes - physiques,
émotionnels, transgénérationnels qui sont à l’origine de blocages psychiques. On ne parle pas
seulement de problèmes de maladie génétique, de troubles d’apprentissage. On voit de plus en
plus d’enfants et d’adolescents avec des problèmes, par exemple d’hyperactivité, de déficits
d’attention. Il y a souvent des grands besoins à ce niveau-là chez l’enfant et l’adolescent pour lui
permettre de l’aider à enlever ces restrictions-là et de s’exprimer dans son plein potentiel. Donc, je
te donne un exemple, si je suis au niveau du plan émotionnel. Par exemple, je peux être en
dialogue, c’est la même chose être en dialogue avec les tissus sur ce plan-là, me brancher sur ce
plan là. Je peux rajouter comme autre composante la prise des pouls, pour, si par exemple,
j’interroge le patient sur quelque chose qu’il peut vivre de façon émotionnelle, ce que moi je peux
percevoir qu’il vie au niveau émotionnel.
inconsciente et il n’en a pas encore accès et il n’est pas encore capable de l’exprimer et de le
résoudre. Cela va me donner une idée. À partir de là, je vais travailler avec ce que j’ai comme
information entre les mains.
On reçoit l’information par plusieurs médiums. On reçoit l’information par les champs
électromagnétiques; on reçoit l’informatique par le corps fluidique; par le corps physique. Et cette
information-là, en fait on est de gros récepteurs. En tant qu’ostéopathe, nos mains sont un peu
l’expansion, si on veut, de cette réception-là. Mais, il n’y a pas juste nos mains qui reçoivent, qui
perçoivent l’information. Un ostéopathe c’est quelqu’un qui pourrait être à l’écoute et en dialogue
avec les tissus. Il doit être également en dialogue avec lui-même et la personne dans sa globalité
et d’aller à la rencontre de la personne, rentrer en dialogue avec quelqu’un, ce n’est pas juste lui
toucher avec ses mains, c’est beaucoup plus que cela.
Question : Tu me parlais que l’aspect psychique ou l’aspect émotionnel par rapport à la vision
ostéopathique, on peut comme la ressentir au niveau du corps et on peut comme intervenir à
différents niveaux. Je voulais voir, sans que l’on ait à mettre les mains ou quoi que ce soit, est-ce
que, selon toi, on pourrait appliquer cette technique-là, mais à un autre niveau? Je dirais que sans
que ce soit interprété au niveau du corps, est-ce que l’on pourrait l’amener à un autre niveau, sans
que ce soit identifié au niveau du corps la technique de Becker. Comme j’ai dit, ce que j’aime, c’est
comme un concept – de fulcrum, d’avec le point de balance, point neutre. Est-ce que l’on peut voir
cela aussi à l’extérieur sans que ce soit dans le corps?
Il y a des points de balance, il y a des points neutres, à tout bout de champ, chez tout le monde,
sans qu’on leur touche. Ok, ce phénomène-là, je veux dire, sinon, si les ostéopathes, si c’était
seulement les seules personnes avec leurs mains à permettre un point de balance, un point
neutre, il y avait bien du monde dans le trouble, car ce n’est pas tout le monde qui voit des
ostéopathes. Je pense que chaque personne, à un moment donné de leur vie, s’appuie, trouve un
point d’appui sur un événement de leur vie, sur une personne. Et généralement, cela se fait en
relation. C’est en relation avec un autre individu pour pouvoir avoir un point neutre, un point de
balance et pour pouvoir résoudre et se ramener vers un point d’équilibre. Il y a aussi, moi dans
mon corps, je sens constamment des points de balance et des points neutres. Si on est à l’écoute,
le corps, par son processus d’autorégulation, va toujours chercher, c’est le principe d’homéostasie,
va toujours chercher, tendre vers un nouvel équilibre. Et pour atteindre ce nouvel équilibre-là, ça
passe par un point de balance, un point neutre. Donc, oui, cela peut se passer sans que
nécessairement on touche les tissus. C’est juste quand on touche les tissus, on est témoin d’une
réalité, de ce qui se passe dans la réalité d’une certaine facette de la réalité de ces tissus-là et je te
dirais, oui tu peux parler à une personne, tu peux être en dialogue avec une personne et lui offrir,
avec qui tu es, un fulcrum à différents niveaux, absolument. Je ne sais pas si on peut appeler cela
de l’ostéopathie.
À la limite, on peut dire ‘je suis au téléphone et je suis en train de te faire un point d’appui, j’ai un
effet thérapeutique ’. C’est clair! Mais là, est-ce que cela, c’est du domaine ostéopathique? Je ne
peux pas te le dire. J’aurais un peu des doutes en fonction de la définition de l’ostéopathie. Pour
moi, ce qui est ostéopathique dans le cadre du dialogue avec les tissus et dans le cadre du point
de balance et du point neutre tel que défini par Becker, c’est d’être en contact avec une certaine
réalité d’expression de la matière d’un individu et d’être en dialogue avec nos mains et avec qui on
est - avec les différentes réalités tissulaires de ce patient-là, tant sur le plan physique, que sur le
plan liquidien, que sur le plan électromagnétique. Parce que, tu sais que sur le plan
électromagnétique, nos mains ne sont pas toujours en contact direct avec le plan physique, avec la
peau. Mais, elles sont en contact avec des couches qui sont, en fait, à distance de la peau, mais
qui sont l’expression d’une distorsion, d’une barrière, dans les tissus sur le plan physique, ou qui
amène des problèmes au niveau des tissus dans le plan physique. Les deux sont possibles, tu
peux autant avoir un problème au niveau physique qui se répercute dans le champ
électromagnétique; comme un problème électromagnétique qui va affecter le plan physique peut-
être interrelié. Mais tu es avec une personne, un individu physiquement dans la même pièce. Tu
comprends?
Question : Si tu avais à définir dans tes propres mots : qu’est-ce que le fulcrum, selon toi?
Entrevue ostéopathie 3 4
Le fulcrum, pour moi, c’est une proposition de point d’appui, de point d’équilibre, le plus global, le
plus universel possible en fonction du besoin immédiat d’un individu — à cet endroit-là, à ce
moment-là, à cette heure-là, à ce moment-là de nos vies respectives, qui vont aider l’individu à
passer à un équilibre transitoire, à un autre. Et cet équilibre-là, d’un point A à un point B, ne nous
appartient pas. Ce n’est pas quelque chose qui nous appartient, nous, en tant que thérapeute. On
est juste comme un point, on offre au patient avec qui on est, avec nos mains, avec notre
présence, avec notre être, avec notre véritable nature, un point d’équilibre transitoire qui va
permettre au patient de passer d’un point A à un point B — tout simplement. Et le résultat ne nous
appartient pas, cela appartient au patient. C’est dans son cheminement de vie, dans son évolution.
Moi, c’est la définition, pour moi, la plus simple d’un fulcrum.
Et comme je le disais tantôt, ce fulcrum peut se faire à différents niveaux. Becker parle d’organiser
le fulcrum autour de la lésion et il a aussi la possibilité d’organiser un fulcrum autour d’un point
calme qui n’est pas du tout en lien avec la lésion. Quand il y a dans un volume, une
désorganisation telle qu’il est impossible ou le thérapeute perçoit difficile, la possibilité d’offrir un
fulcrum à un patient autour d’une lésion, et bien, on va chercher une autre solution. On va
demander au patient de nous aider à trouver un point calme autour duquel on va peut-être pouvoir
trouver un meilleur équilibre tissulaire, une meilleure réponse tissulaire. Et des fois, il va falloir
travailler les deux en même temps – donc, l’espèce de dualité entre le fulcrum au niveau du point
calme et le fulcrum qui s’organise autour de la lésion.
Question : Lorsque tu parles de fulcrum qui s’organise autour de la lésion, est-ce que tu parles la
fixité?
Question : Comment on fait pour trouver si c’est la fixité ou si c’est le point calme? Qu’est ce que
cela te donne comme information?
C’est tout simple. La plupart du temps, moi de plus en plus dans ma pratique, j’aime travailler avec
les deux. C’est vraiment intéressant de travailler avec les deux en dualité – alors, autant que tu
peux aller travailler un fulcrum localement. Par exemple, dans un volume, je peux avoir deux
fulcrums: je peux avoir un fulcrum qui s’organise autour de la lésion et, en même temps, avec mon
champ de conscience, avoir un fulcrum qui s’organise autour d’un point calme et travailler avec les
deux en même temps. Et je trouve qu’à un moment donné, c’est comme s’il y avait une fusion.
Souvent, on sent une espèce d’automatique ‘shifting’ fulcrum. Comme si les deux fulcrums se
rejoignent, mais à un troisième centre, qui est différent d’où ils étaient auparavant. Il y a comme
une réorganisation tissulaire qui se passe, qui est très intéressante.
Dans ma tête, ou dans ce que je suis, ou dans ce que je sens, s’il n’y a pas de possibilité de
trouver un fulcrum autour de la lésion, je commence par trouver un fulcrum autour de la lésion.
Mais cela ne marche pas. On essaie de trouver un point calme, ailleurs. OK, cela ne marche pas.
On va essayer de trouver un autre niveau. J’essaie de toujours chercher en fonction de la réponse
que j’ai dans mes mains, le niveau où je vais sentir que je vais avoir une réponse optimale,
organisée autour d’un fulcrum transitoire, qui va permettre au patient de passer d’un point
d’équilibre A à un point d’équilibre B.
Question : Est-ce que tu peux me reparler, tu parlais tantôt que tu vois ton point fulcrum universel.
Qu’est que tu veux dire dans des mots concrets quand tu parles de fulcrum universel?
Dans ma pratique ce qui est intéressant, c’est que, par exemple quand je fais de l’ostéo-
articulaire… – j’ai découvert que quand on offre un fulcrum sur le plan physique et qu’après cela,
on remonte plan par plan : plan - corps éthérique, plan fluidique, plan psychique, plan émotionnel,
plan spirituel, et bien au-delà. Quand on fait ces plans-là dans la préparation. Par exemple, je suis
en position pour faire un ostéoarticulaire et quand je me branche dans mon intention sur tous ces
plans-là, ma technique ostéoarticulaire est beaucoup plus puissante. Mon impulse est vraiment
beaucoup plus puissant, et la réponse est aussi beaucoup plus puissante. Plus j’ai un champ de
conscience avec un fulcrum global universel chez le patient, peu importe si je fais une technique
myofaciale, viscérale, ostéoarticulaire, liquidien, protocole 1, protocole 2 –peu importe. Je vais
essayer d’équilibrer le patient dans tous ces plans-là avec mon champ de conscience. C’est
Entrevue ostéopathie 3 5
vraiment champ de conscience et je vais demander la permission aux tissus. Après cela, ‘êtes
vous d’accord pour je fasse une impulse’ et puis je vais attendre tant que je ne sens pas que j’ai la
permission au niveau des tissus. Tu me diras, mais cela comment l’as-tu découvert. Cela, je l’ai
expérimenté. J’ai été beaucoup influencé par les travaux de Philippe avec les spasmes
endocrâniens, beaucoup influencé par Gérald Lamp, et Bernard Daraillans. Je pense que ces trois
ostéopathes m’on beaucoup influencé dans ma pratique. Ils ont fait en sorte que j’ai développé un
peu cette façon de travailler à moi là qui est comme un peu inspiré de ces trois ostéopathes. Puis,
je suis persuadé qu’il y a d’autres ostéopathes qui travaillent de cette façon-là. Mais, cela ne donne
pas le même résultat quand je fais une technique ostéoorbiculaire et que je m’oriente plus, je
m’équilibre plus, sur le plan physique que quand je vérifie l’équilibre de tous mes plans dans
l’accumulation des tensions, par exemple, pour faire mon ‘impulse’.
Je n’ai pas d’autres façons de l’exprimer en mot il faut aussi le voir, car quand je l’enseigne aussi
en classe, quand je montre cela. Je dis aux étudiants ‘approchez-vous et regardez, cela c’est le
plan physique. Parfait, là je passe à un autre plan. Cela est un autre plan ’. Je ne leur explique pas
plan par plan, parce que, écoute, la formation que j’ai suivi avec Bernard Daraillans pour travailler
à tous les plans, est une formation de trois jours. Mais je leur dis, ‘là j’ai un équilibre au niveau
physique; là, j’ai un équilibre au niveau fluidique; là, j’ai un équilibre au niveau électromagnétique ’.
Je prends les trois protocoles qui sont enseignés au collège, parce que les autres protocoles
palpatoires ne sont pas nécessairement enseignés au collège – ils sont plus enseignés dans des
cours post-gradués.
Donc, quand je travaille avec les étudiants, je leur dis ‘il est possible d’offrir un plan d’équilibre à
plusieurs niveaux de palpations des tissus lorsque vous faites une technique over; lorsque vous
faites une technique fonctionnelle; lorsque vous faites une technique ostéoarticulaire ou d’énergie.
La même chose, sauf que vous avez un point d’équilibre à plusieurs niveaux. C’est la même
technique, mais rajoutez à cela un point d’équilibre, un fulcrum à plusieurs plans tissulaires et vous
allez avoir une réponse différente ’. Donc, je les ouvre à cela, je ne leur dis pas plus que cela et ils
vont évidemment se faire leur propre expérience à partir de ça.
Question : Connaissant ce point de vue là concernant le fulcrum, ce serait quoi le meilleur fulcrum
que l’on pourrait offrir à l’adolescent qui est à la recherche de son identité?
L’adolescent a plus souvent besoin d’un fulcrum au niveau électromagnétique – donc ce qui
comprend tout l’aspect psychique, l’aspect spirituel. L’adolescent est beaucoup à la recherche de
qui il est, de son identité, de sa véritable nature. Sa spiritualité, il n’en a pas tout à fait conscience à
ce moment-là, et va d’ailleurs beaucoup passer du revers de la main les valeurs souvent que ses
parents lui ont transmises pour expérimenter des choses qui vont lui amener à développer ses
propres valeurs. Alors moi, je pense que le plan, le fulcrum le plus important chez l’adolescent, est
le fulcrum qui se situe au niveau des champs électromagnétiques.
Donc, qui englobe tout l’aspect psychique et surtout l’aspect spirituel et aussi, évidemment, un peu
l’aspect émotionnel, même si l’aspect émotionnel se retrouve plus dans le plan liquidien. Mais, tout
cela n’est pas séparé au couteau, mais je te dirais que le plan électromagnétique est vraiment le
plan le plus important. Et justement, à cause de ce que j’ai mentionné tantôt, la forme définitive de
l’adulte chez l’adolescent se retrouve dans les champs électromagnétiques. Alors, c’est d’aider
l’adolescent à rejoindre avec son plan physique, son plan fluidique, ce plan électromagnétique là
qui va lui donner sa forme finale. Alors, que ce soit au niveau ostéoarticulaire, que se soit au
niveau myofacial, fonctionnel, je vais travailler beaucoup plus au niveau électromagnétique et je
vais avoir beaucoup plus de résultats.
Dernièrement, un adolescent est venu me voir pour une séquelle d’entorse de cheville. Souvent,
les adolescents font beaucoup d’activités et ils se blessent beaucoup. Il avait un problème, une
douleur chronique, c’est un adolescent qui avait des traitements de physio, d’ostéopathie. Il restait
avec des douleurs chroniques suite à cette entorse-là. Et, il est venu me voir et ce que j’ai trouvé :
tout le travail avait été super bien fait par l’autre ostéopathe, la physio et tout cela. Il avait récupéré
sa force, il avait presque récupéré toute sa proprioception. Il en manquait un petit peu au niveau
proprioception et sur le plan physique, il n’avait plus de compaction. Tout était beau, mais quand
j’ai été au niveau électromagnétique, j’ai trouvé une distorsion importante. C’est le travail au niveau
électromagnétique qui a définitivement résous son problème de douleur chronique et après,
Entrevue ostéopathie 3 6
cela a pris deux ou trois séances, deux séances parce que la troisième était une séance de
contrôle – et tout était beau. Donc, cela me confirme toutes les fois que l’adolescent a énormément
besoin de travail à ce nouveau-là. Et c’est beaucoup plus puissant.
Question : Est-ce que tu vois des fulcrum extérieurs du corps qui pourraient être des bons
supports?
Oui absolument. Quand le fulcrum n’est pas suffisant au niveau des champs électromagnétiques,
cela m’arrive de me faire un fulcrum dans la nature. Je me trouve un point d’appui ailleurs.
Question : Là, tu parles quand on traite, mais pour l’adolescent quels seraient ses points d’appui
selon toi?
Écoute, l’adolescent va aller chercher les points d’appui à l’extérieur dont il a besoin. Nous, en tant
qu’ostéopathe, on est un point extérieur, cela peut être un psychologue, cela peut être les parents,
cela peut être souvent un ami, un grand frère, un adulte, les adolescents vont beaucoup riposter,
vont beaucoup lutter contre l’autorité, mais en même temps, ils ont besoin encore, de ce modèle,
de cette autorité-là, de cette représentativité du monde adulte pour pouvoir s’aider à se définir eux-
mêmes. Je ne suis pas à même de juger quel est le fulcrum le plus approprié pour l’adolescent à
l’extérieur de lui-même. Mis à part son propre fulcrum, qui est le plus important, d’être vraiment
dans son centre, d’être centré dans qui il est, pour pouvoir se développer dans le monde adulte,
pour pouvoir atteindre le monde adulte avec le plus de paix et de tranquillité possible et
d’harmonie. À part cela, l’autre fulcrum extérieur, il peut aller le chercher où il est a besoin.
Question : Est-ce que l’on peut offrir des fulcrums préventifs? Parce que des fois, l’adolescent va
aller chercher ses fulcrums, des fois il va se lancer dans les drogues. La drogue c’est comme une
forme d’appui qu’il va aller chercher. Est-ce que tu penses que c’est plus des fixités?
Il ne faut pas aller vers, comme je pourrais dire, vers la prévention obsessive ou le contrôle. La
marge est mince entre vouloir offrir un fulcrum à un adolescent de façon préventive pour lui
permettre de faciliter une période transitoire de sa vie versus l’amener à consulter Pierre, Jean,
Jacques, pour éviter telle ou telle chose qui n’est pas arrivée. Je pense que l’adolescent ne peut
pas s’empêcher de faire des erreurs. C’est absolument utopique et illusoire de penser que l’on va
prévenir toutes les gaffes et les erreurs chez l’adolescent et d’ailleurs, je pense que ce ne serait
pas souhaitable de prévenir toutes les gaffes, les erreurs et les bêtises chez l’adolescent parce que
c’est ce qui va l’amener aussi à se développer en tant qu’individu et ce qui va l’amener à
apprendre, à vivre des choses et à résoudre des patterns des spasmes psychiques, émotionnels,
spirituels, transgénérationnels à travers ces expériences-là. La chose qui est importante, c’est de
l’empêcher le plus possible de faire des gaffes qui vont avoir un impact irréversible sur son intégrité
physique. Mais aussi sur son intégrité psychique et émotionnelle.
On fait de notre mieux! Je pense que la chose la plus importante — c’est l’ouverture, c’est la
disponibilité et l’ouverture, en tant que personne — que ce soit ostéopathe, un autre thérapeute, un
parent, un ami, un grand frère, c’est de se montrer disponible et ouvert à l’autre et de ne jamais
essayer de lui imposer quoi que ce soit, de le diriger dans son champ de conscience dans une
direction par induction, parce que l’adolescent va souvent réagir par opposition à cette induction-là.
Il va souvent justement expérimenter à l’inverse de ce qu’on souhaiterait. Donc, je pense que cela
n’est pas du tout du tout la bonne voix. Je pense qu’à tout moment, c’est d’instaurer un dialogue
d’ouverture, de disponibilité et de confiance.
Et quand je dis dialogue, c’est dialogue avec un grand D, pas juste un dialogue verbal, par ce que
tu es, par ta présence et c’est cela, aussitôt que tu as instauré ce lien de confiance là, je pense
c’est avec évidemment avec nos propres limites à nous, mais je pense que c’est quelque chose qui
peut être très bénéfique. Non seulement thérapeutique, mais qui peut permettre à l’adolescent de
s’épanouir dans toutes ses dimensions en tant que future adulte, mais aussi en tant qu’adolescent.
Parce que l’adolescence c’est une période extraordinaire, c’est une période critique, c’est une
période tumultueuse, mais c’est, en même temps, une période extraordinaire dans notre vie. Il se
passe plein de choses. On est témoin d’une explosion au niveau hormonal, au niveau énergétique,
Entrevue ostéopathie 3 7
au niveau psychique qui est absolument fascinant. Mais je pense que en étant disponible, ouvert et
on amène la confiance, le respect, cela aussi est très important. Donc, disponible, ouvert et
respectueux, tant envers soi-même qu’envers l’autre, je pense que là, on favorise le passage de
cette période extraordinaire de la vie, très tumultueuse, mais aussi très extraordinaire, de façon le
plus souhaitable.
Question : Est-ce que tu as des commentaires, des questions que tu aimerais ajouter?
Je voudrais dire que je suis très fière que tu fasses une recherche sur ce sujet-là. Je trouve que
c’est un sujet qui est très peu exploré, qui est innovateur et vraiment, je t’admire beaucoup et te
félicite beaucoup d’avoir le courage d’être une pionnière dans la recherche sur l’affaire du
traitement de l’adolescent et d’avoir pris un concept ostéopathique qui existe et de l’appliquer à la
période de l’adolescence. Parce que c’est quelque chose que l’on parle très peu dans notre
formation. On parle beaucoup de la période obstétrique, de la période périnatale, du nourrisson, de
l’enfant, de l’adulte, mais l’adolescent quand est-ce que l’on en parle? Comme je disais, beaucoup
de choses vont faire surface à l’adolescence et c’est très difficile de résoudre des traumatismes
profonds dans cette période-là parce que justement l’explosion hormonale et énergétique permet
de ramener à la surface ces traumatismes-là généralement de façon assez observable, palpable et
en réglant cela tu vas avoir un impact déterminant sur le futur adulte.
À mon avis, on ne traite pas assez d’adolescents et on ne porte pas assez attention au traitement
de l’adolescent et à toutes ces dimensions, à toutes ces facettes. Et je pense que ta recherche va
nous amener une nouvelle ouverture et un nouvel angle qui va peut-être nous sonner la cloche et
vraiment nous sensibiliser davantage à l’importance de travailler l’adolescent parce que souvent
avec son côté revendicateur, son côté ‘boff, j’en ai pas besoin, ça va’, on a souvent tendance à
négliger mais en arrière de cette carapace-là, en dessous de ce que l’adolescent exprime, il y a un
grand besoin parce qu’il est tiraillé vers son côté enfant qui le ramène dans son côté un peu
irresponsable, je m’en fous, occupe-toi avec tes problèmes, cela ne me regarde pas, mêle-toi de
tes affaires, etc., et versus le désir d’être un adulte responsable et d’amener avec qui il est sa
contribution dans le monde de la société, à trouver sa place. C’est une période qui est très
précaire, mais en même temps, qui est très importante. Si ta recherche peut nous permettre
d’avancer et de nous amener des outils qui vont nous permettent de mieux intervenir tant sur plan
préventif que curatif avec cette clientèle-là, mais je pense que cela va être un grand pas pour
l’ostéopathie et je te félicite pour cela.
Question : Je dois dire que pour l’instant, je m’amuse avec les concepts. Juste dans mes lectures,
ce que j’ai trouvé intéressant c’est juste que l’on que l’on regarde en psychologie les ouvrages de
Erickson, il parle beaucoup comme la vision de Becker. Il parle que l’on a différentes crises et que
cela se joue entre deux pôles et que la résultante entre les deux c’est une force qui est très
puissante. Il a du vocabulaire qui ressemble beaucoup à Becker.
Et quand je te parlais de mes deux fulcrums — mon fulcrum organisé autour de la lésion et mon
fulcrum organisé autour du point calme’ – c’est deux pôles. Je trouve que c’est encore plus
puissant quand on a conscience de cela. Mais cela fait partie de qui on est en tant que
professionnel et on a le choix de travailler à ce niveau-là, mais moi je pense ‘a whole patient needs
a whole physician’.
Entrevue ostéopathie 4 1
Question : Alors selon vous, quels sont les aspects les plus important quand on parle de la
méthode de Becker. Chaque structure quand on travaille en ostéopathie, on va essayer de trouver
le fulcrum et être en mesure de réorganiser les structures pour embarquer dans le processus du
point de balance, point neutre jusqu’à temps qu’il y ait retour à l’équilibre. Selon vous, quand on
applique cette technique quels sont les aspects les plus importants à tenir en compte?
C’est un principe de traitement finalement qui a été montré au Collège. Est-ce qu’il y a une
description plus pointillée qui a été donné car c’est cela que je n’arrivais pas à comprendre. C’est
que par rapport à Becker; cette technique si je peux dire d’équilibration, tu vois à quelque part
quand les gens parlent d’un approche ou d’un principe de traitement et ensuite on les voit travailler
ou qu’ils se mettent les mains sur nous; des fois qu’est-ce qui est dit et ce qu’ils font n’est pas tout
le temps inclus dans leur verbal, leur description; tu me suis? Je te parle par rapport aux visites.
On a visité en tant que groupes d’études, on était un recueil peut-être d’une dizaine d’ostéopathes.
On est allé voir Ann Wells aux États-Unis, elle était encore vivante et vivait aux Massachussetts.
Elle était vieille à l’époque, 95. Elle parlait qu’elle avait suivi Sutherland pas à pas jusqu’à sa fin.
Donc elle parlait, son vocabulaire parlait de chose qu’elle avait apprise de Sutherland mais plus tôt
et jusqu’à la mi-chemin. Mais après cela, elle fallait qu’elle fasse autre chose et elle n’a pas suivi
Sutherland. Donc, son vocabulaire était donc différent de peut-être celui de Becker. Mais quand
elle s’est mis les mains sur nous. Moi, elle s’est mise les mains sur mes malaires, je veux dire mon
coccyx l’a senti; tu comprends? Donc, dans le sens qu’elle dit qu’il faut travailler les os, les os de la
face. On dit OK mais on interprète quoi par les mots. Donc dans le sens que la technique
d’équilibration et d’échanges réciproques de Becker, comment elle a été envoyée à vous?
Comment elle a été donnée dans l’enseignement au Collège? C’est à Vancouver que t’as fait ton
programme? (oui…) C’est cela, t’es pas venue à Montréal?
J’ai commencé mon cours à Montréal, il y a très longtemps. J’ai commencé mon cours en même
temps que Claude Dufour et pour des raisons X j’ai eu à arrêter puis j’ai finalisé ma formation ici à
Vancouver.
Ah oui, c’est bien! Dans le sens que moi ma compréhension de ce qui est une équilibration et un
échange réciproque est différente de ce qu’on nous a appris quand moi j’ai passé au Collège. J’ai
été au Collège en ‘’89 et ‘’95.
Question : Mais j’aimerais cela aller avec votre conception parce que je trouve cela intéressant.
Chacun a sa façon d’expliquer les choses. Et comme vous disiez, on peut avoir appris une
technique comme telle ou voir un concept mais au niveau perceptuel c’est quelque chose qui est
complètement différent. Alors c’est ce que j’aimerais savoir pour vous c’est quoi votre
compréhension de cela et quels sont les aspects importants?
Le point de balance ou le point d’équilibration ou même en France quand ils disent le point
d’équilibre et le point d’équilibration; eux ils savent comment couper un cheveu en deux. Enfin, ils
sont très précis. Ils nomment le point d’équilibration versus le point d’équilibre et pour eux le point
d’équilibre : c’est un point, un fulcrum où il y a une pause. Il y a un équilibre mais c’est en court de
route vers autre chose donc on pourrait peut-être dire; eux nomment pas la pause et puis le point
de balance est plutôt un terme québécois tu vois. Peut-être qu’on s’est éloigné du bon mot, je ne
sais pas mais le point d’équilibre est peut-être; on pourrait dire un point autour duquel il y a une
réorganisation qui se fait dans le corps entier.
Le point neutre, cela serait quelque chose qui serait plus systémique, plus global dans le sens que
oui tu peux avoir un point neutre. Comment est-ce que le Collège définit le point de balance et le
point neutre? J’ai l’impression qu’il y a une différence d’après ce que tu as écrit sur le questionnaire
mais le fulcrum qui est un point de balance ou d’équilibre permet; où toi en appliquant une
technique très précise. Cela peut être une cellule qui se remette en équilibre, comme cela peut être
une structure. Que ce soit la structure osseuse ou que ce soit une structure viscérale mais dans
son entièreté; je ne sais pas si on peut séparer des morceaux d’une structure pour dire qu’on agit
sur le physique et on agit sur l’émotionnel. Dans le sens que je crois, que le tout est compris dans
la matière, dans le métabolisme de la personne. Cela ne veut pas dire que je vais appliquer une
technique ou un principe de traitement sur le foie pour pouvoir dégager une colère. Parce qu’en
Entrevue ostéopathie 4 2
médecine chinoise la colère est associée au foie. Mais je crois que si un empreinte de colère ou de
quelque chose qui s’est condensée et donc qui ne s’est pas libérée ou qui ne s’est pas
métabolisée, si on travaille le foie entre autres et qu’on arrive à mettre tout l’entièreté du foie pas
juste sa structure et son anatomie mais sa biologie, son métabolisme donc, dans son équilibre
entier si on travaille le foie comme on le fait au Collège mais on l’incorpore dans le tout. S’il y a un
empreinte de colère qui a été condensé ou qu’il y a une mémoire de colère par rapport à quelque
chose elle va se réveiller mais ce n’est pas parce que c’est moi qu’il ait cherché.
Parce que j’ai voulu mettre en équilibre quelqu’un qui se fait rentrer dedans au football, qui se fait
rentrer dans la cage thoracique dont du côté du foie. OK on pourrait dire au niveau mécanique le
foie est pris en SBR mais ce n’est pas un trouble alimentaire ou biochimique qui fait que le foie est
bloqué. Donc, la personne se fait rentrer par un autre joueur au football; faut aller l’aider et le
dégager le foie dans le sens que si on va le dégager en appliquant l’équilibration pour l’amener à
un point de balance mais l’équilibration de quoi? Des tissus du foie ou est-ce que les tissus inclus
aussi tout le liquide et la circulation qui font vivre le foie et son influence? Oui, la partie
membraneuse vient influencer son mouvement par rapport au diaphragme mais si on fait juste
l’équilibrer par rapport à lui-même et qu’on ne l’inclut pas dans le tout du corps, tout le métabolisme
de la personne, cela sera un foie qui n’est pas en harmonie avec le restant du corps dans ce sens-
là.
Pour le point de balance, je crois si on regarde; parce que ma seule référence c’est le livre de
Rachel Brooks. Elle a écrit ce que Becker a enseigné par rapport au point de balance ou le point
neutre. On peut avoir un point neutre, une structure locale comme on peut avoir un point neutre ou
un ‘’highlight’’. Sutherland parlait du ‘’highlight’’; c’est un point de balance finalement de quelque
chose mais si comme j’ai mentionné : ‘’si Becker, Ann Well ou Sutherland se posent les mains sur
nous, on voit qu’ils ont la notion du tout dans l’entièreté du métabolisme de la personne’’. Alors s’ils
prennent le foie pour le mettre dans son point de balance, ils vont enlever le ‘’strain’’ ou la tension
ou la compression qui est dans le foie mais je ne sais pas si c’est là où ils arrêtaient. Donc, si on
arrête là, on aura un bénéfice pour l’organe mais est-ce qu’il est en harmonie et synchronisé avec
le diaphragme? Parce qu’il est relié anatomiquement, par ses membranes, par ses attaches. Et
est-ce qu’il est relié et synchronisé avec le tout du corps? Donc, est-ce qu’il est relié par rapport à
la respiration thoracique? Ce n’est pas juste le diaphragme mais le mouvement cellulaire, la
respiration cellulaire du corps; parce qu’il y a des cellules du corps en lui. Est-ce que je m’explique
bien? (Oui…) C’est cela, quand je regarde le point neutre ou le point de balance d’une structure.
Cela peut être l’os aussi, alors tout ce qui est des champs biologique, anatomique.
La tension dans l’anatomie, c’est une chose mais l’anatomie contient du biochimique, du
métabolique, de l’électromagnétique, de la mémoire de ce qui a été vécu ailleurs dans le corps
aussi. Moi, je ne le sépare pas. Je dis cela parce que je ne suis pas quelqu’un qui cherche à régler
les problèmes émotionnels ou psychoaffectif chez les gens mais il m’est arrivé dans le sens très
pur ostéopathique de vouloir dégager un foie. Quand rien d’autre ne fonctionnait, j’allais localement
dégager le foie pour le mettre en équilibre. Alors le point de balance pour le foie était le point de
zéro tension mais de zéro tension de quoi? De ses membranes? De ses fluides? De sa circulation?
De la matière? Mais tout seul ou avec l’harmonisation et la synchronisation avec la respiration
thoracique et le restant de notre corps. On a 3 différentes choses qui peuvent arriver dans le sens
que le joueur de football qui se fait rentrer dedans et que le foie doit être dégagé; je veux dire entre
guillemet d’une façon mécanique. Oui faut le faire, faut dégager le foie ou d’une façon
fonctionnelle, il faut aller le dégager dans sa matière et ensuite dans sa circulation. Est-ce qu’il est
dégagé? Dans ce sens-là, il m’est arrivé de vouloir dégager à tous les niveaux l’organe, ou un os
ou une membrane pour quel arrive à zéro tension. Puis le zéro tension, c’est les membranes, les
fluides, la puissance. C’est le ‘’potency’’ donc Becker, Sutherland et tous les étudiants de
Sutherland parlaient. Donc, Sutherland parlait de la puissance, le ‘’potency’’.
Question : Est-ce que vous associez cela au point neutre ou vous l’associez au fulcrum? Qu’est ce
qui est le plus important dans le processus selon vous? Est-ce que c’est la recherche du fulcrum et
après cela, tout le reste s’en suit ou c’est vraiment…
C’est la recherche du fulcrum parce que c’est cela qui nous permet de savoir comment l’organe ou
le corps ou la structure que tu veux travailler va se mettre en équilibre. Donc, le fulcrum est le
chemin, le passage pour pouvoir identifier où toi tu dois te situer pour être l’intervenante et
Entrevue ostéopathie 4 3
l’influence donc, l’appui externe pour pouvoir permettre l’organe de s’autoréguler. Donc, il faut aller
trouver le fulcrum soit le point d’orientation où on peut avoir zéro tension pour avoir une
rééquilibration, une resynchronisation de la structure locale mais aussi systémique. Et ensuite on
arrive à un point de balance ou un point neutre où on a l’équilibre.
Question : Et selon vous, comment on pourrait arriver à ce fulcrum-là, quels sont les aspects
importants pour trouver ce fulcrum-là dans la structure, dans la matière? Est-ce qu’il y a des règles,
des aspects selon vous qui sont importants pour être en mesure de prendre contact avec cela?
Le neutre du thérapeute est important à savoir que si on commence; on peut apprendre notre
anatomie, nos principes de traitement. Je ne suis pas trop pour apprendre des techniques, je
pense que si on apprend les principes; les techniques deviennent faciles. Alors, dans notre
approche si on sait l’amplitude, le ‘’spand’’ de nos principes de traitement. Qu’est-ce que nos
principes font? Il faut être neutre et savoir comment on agit dans nos principes. Parce que
quelqu’un qui est biomécanique fonctionnel ou autre ne va pas avoir le même principe
d’application. Donc, le fulcrum sera différent. Si on revoit Still, il a écrit que les ostéopathes
devaient avoir la notion de ce qui est normal. Donc, qu’est-ce qui est normal pour nous? À savoir
ce que le foie doit faire comme mouvement ou ce que la vertèbre doit faire comme mouvement en
temps normal.
Donc, en temps normal, c’est d’avoir le schéma de mouvement normal, cela c’est un fulcrum. Et
puis si on se pause la question, qu’est-ce qui est le schéma de mouvement normal? Et ensuite on
a donc, le fulcrum et on applique un principe de traitement. Que ce soit biomécanique ou
fonctionnel, au moins on a le même départ. Peut-être que l’outil n’est pas pareil. Si on est neutre
en tant qu’intervenant, à ne pas avoir d’attente et de pas penser que la vertèbre qui est plus
bloquée est celle que l’on doit travailler. Si on commence vraiment avec zéro, avec un tableau
propre, un tableau noir malgré les lésions, les blocages que la personne peut nous montrer et leur
plainte par rapport à laquelle il se présente à notre bureau.
Si on se met en lien avec; si je peux dire les forces d’autorégulation dans le corps et qu’on attend
que cela se montre à nous, c’est le fulcrum qui va se manifester pour le moment, pour la personne.
Donc, le fulcrum peut être un lieu de travail. La personne a une fracture au niveau de D12 et le
fulcrum ou le corps essait de se réorganiser est au niveau du sacrum. Pour appuyer le moment
d’autorégulation pour cette personne, nous allons nous mettre, ou en conscience ou
physiquement, déplacer nos mains au niveau du sacrum. Parce que c’est là où le corps veut
essayer de se mettre en premier temps en équilibre. Donc, c’est un fulcrum pour le moment, pour
la personne. Est-ce que cela est clair?
Question : …oui, puis si vous aviez à définir dans vos mots, on va passer tout de suite à la
troisième question, on reviendra à la question numéro 2. Si vous aviez à définir comme telle dans
vos propres mots, qu’est-ce qu’un fulcrum?
C’est un point de puissance, un point de rééquilibration. Cela peut être ou un point, un état ou un
lieu. Donc, ce n’est pas nécessairement un point 10, -19 nanomètre. Ce n’est pas un point en tant
que tel, c’est un lieu ou un état d’équilibre autour duquel il y a mouvement de réorganisation qui
peut se faire pour l’autorégulation. Je vais discerner et différencier cela avec un fulcrum qui
maintient un schéma de compensation ou de lésion. Ce n’est pas un point autour duquel, il y a un
mouvement et qui perpétue mais c’est un point autour duquel le corps peut se réorienter ou un état
pour aller retrouver son sens d’autorégulation.
Question : Quand vous parlez d’état, qu’est-ce que vous voulez dire?
Cela peut être à part d’être un point. Si on travaille une côte, on dit : ‘’ah oui, il est là le point
d’équilibre. La côte est en train de se rééquilibrer et je vois que cela relâche les tensions. Si moi, je
suis en relation avec ce point, ce fulcrum.’’ Tandis que s’il y a une côte qui a été fracturée, on va
aller évaluer et on se dit :’’ j’ai l’impression que tout le corps essait de se réorienter autour du
nombril, que la côte réagit avec cela.’’ Cela amène tout le corps dans son entièreté, dans un calme
ou une tranquillité, un équilibre et que cela réoriente ensuite la côte et bien c’est cela, un état.
L’état peut aussi être un état de calme au niveau psychique mais je ne sais pas. Moi, je n’ai pas
d’expérience de dire, à part de voir que la respiration change sur la table et que les gens
Entrevue ostéopathie 4 4
s’endorment. Je ne peux pas te dire si cela agit sur un niveau psychoaffectif ou émotionnel. Mais
cela amène, j’ai reconnu dans ma pratique que l’état de l’individu change parce que la respiration
change. Les gens s’endorment, se calment. Dans ce sens-là, l’état, on peut le percevoir comme
étant changeant par rapport à un fulcrum d’autorégulation qui s’établit dans le corps.
Question : Je sais que des fois on nous disait en tant qu’étudiants, qu’il fallait faire attention car
nous avions tendance à réorienter le corps vers des fulcrums qui sont des fixités. C’était
l’inexpérience des étudiants en ostéopathie car on a les fulcrums physiologiques et
aphysiologiques. Que c’est quelque chose qui n’est pas nécessairement reliée à la structure
comme telle mais que malheureusement l’étudiant avec peu d’expérience peut réorganiser le corps
autour de certaines fixités. Alors selon vous, quel serait le meilleur moyen de distinguer les deux?
L’approche de vouloir organiser le corps autour d’une fixité, c’est le principe de traitement d’aller
dans la lésion. C’est de rentrer dans la lésion. Si on applique le principe de traitement d’aller vers
l’aisance donc, on nie le point de fixité et de voir où est le point d’aisance. Cela en soit, c’est un
principe de traitement qui applique un non-fulcrum. Parce qu’on va avoir 2 choses-là. Si on va dans
la fixité, on applique un certain principe de traitement. On rentre dans la lésion et si on reconnaît le
point de fixité; point de vue structure, et qu’on se dit où est le point d’aisance? ou le fulcrum qui va
te permettre l’état d’aisance?
Donc, de relâcher, de permettre que la structure flotte, sans sa fixité, on va trouver un autre
fulcrum mais c’est un autre principe de traitement. Je pense que cela pourrait aider les étudiants à
reconnaître : ‘’Est-ce que je rentre dans une fixité? et donc, j’utilise un fulcrum de lésion, de
compensation qui va amener d’autres résultats et des répercussions.’’ D’autres répercussions pour
le patient que si on dit où est le fulcrum qui permet l’aisance donc, on va dans le sens inverse. Au
lieu, de rentrer dans la compensation, la fixité, la tension; on va dans l’aisance et de trouver
l’équilibre de la structure c’est un autre fulcrum. Il y aura une autre gamme d’effets secondaires ou
thérapeutiques et d’autres répercussions. Je pense que si on peut apprivoiser les étudiants à
reconnaître les 2, cela leurs montre 2 principes de traitement. S’ils peuvent amener les 2 en
appliquant ces 2 approches, là ils vont être plus en mesure de dire : ’’si je choisis de rentrer dans la
lésion, c’est cela qui va se passer’’. C’est cela la réponse?
Question : …c’est votre réponse! Si on revient avec la technique de Becker, est-ce que c’est
possible d’appliquer les concepts, de sortir du niveau physique mais de s’orienter au niveau
psychologique ou psychique? Est-ce que vous avez des exemples si selon vous, c’est possible?
Vous parliez tantôt que l’émotion peut être empreinte au niveau du corps puis au niveau biologique
ou métabolique et qu’il faut vraiment travailler le corps dans un tout. Qu’on harmonise le corps
mais au niveau de tout le corps et non pas harmoniser juste la structure mais la structure dans son
ensemble! Est-ce qu’il y a moyen de pouvoir peut-être regarder ce même principe, ce même
concept-là mais à un niveau purement psychologique?
Je crois que oui mais si l’intention de l’ostéopathe est d’aller régler un truc psychologique ou
physique…parce qu’il choisit d’aller régler le niveau psychologique à ce moment-là. Cela est
d’avoir une intention qui n’est peut-être pas dirigé par un principe de traitement selon la technique
de Becker. Parce qu’ils arrivent à aller dans un point de balance. Je suis un peu contraire, j’ai un
peu d’ambivalence à penser ou que l’on doit aller régler la chose maintenant pour la personne,
sans prendre conscience si on les amène dans le tout dans un état d’équilibre. Alors, des fois
penser que parce que l’on est ostéopathe et qu’on doit intervenir, parce que la personne a une
condition psychologique ou physique. Parce que pour moi, c’est pareil, il n’y a pas de
discernement. Si on pense qu’on doit aller régler quelque chose sans avoir un aperçu de l’entièreté
de l’organisme de la personne à ce moment-là. On peut ‘’foutre’’ en l’air quelqu’un et les
décompenser.
Cela, j’ai eu les conséquences de traitement d’ostéopathes. J’ai reçu des patients sur la table, des
conséquences de traitement où on a dit à la personne : ‘’Écoute, t’as un truc ici bloqué et il faut
aller le dégager et ce n’était pas psychologique’’ Parce que je pense que le psychologique de toute
façon, il est imprégné dans les tissus. On ne peut pas discerner les 2. Si on dit que quelqu’un
est…est-ce que j’ai déjà traité des schizophrènes? Je ne crois pas, est-ce qu’on peut l’avoir dans
les mains et sentir une dissociation franche? Oui, je crois qu’on peut. Le niveau psychologique va
Entrevue ostéopathie 4 5
se montrer dans l’être que ce soit dans son champs électromagnétique; donc, sa puissance ou
dans les fluides ou dans l’anatomie. Il va se montrer à quelque part. Moi, j’ai eu les patients sur la
table qui sont venus me voir parce qu’ils ont eu des répercussions de traitements ostéopathiques
qu’on a dirigé. Parce qu’on s’est dit que cela là, c’est vraiment problématique pour toi : ‘’allons
régler cette affaire-là.’’ La personne est arrivée, c’était une femme de 40 ans. Elle a été déréglée.
Elle n’avait plus ses règles pendant 3 mois. Elle ne dormait plus, elle avait des bouffées de chaleur
parce qu’on lui a dit que cette lésion-là, est primaire et il faut aller la dégager. Ils l’ont
complètement décompensée. Donc, si l’intervenant, l’ostéopathe pense que parce que la personne
de leurs yeux à eux, d’après leurs regards, est en déséquilibre psychologique et aller travailler
contre la lésion. Donc, aller enlever de la compensation; attend, tient ta tuque! Parce que si t’es
prêt à faire cela. Il faut que tu sois capable de tenir la personne si elle décompense. Je pense
qu’on n’est pas assez bien outillé pour prendre la conséquence. Il n’y a pas grands ostéopathes
qui sont prêt à prendre le patient en main s’il décompense. Trop souvent, je vois qu’on blâme le
patient pour le fait qu’il n’est pas prêt à faire le passage.
Au niveau psychologique, la personne ne peut plus fonctionner dans son quotidien. Donc, s’il faut
médicamenter la personne; bien il faut la médicamenter.
Question : Vous parlez justement tantôt des fulcrums, des points de fixité ou des fulcrums où on va
justement réajuster le corps autour de la puissance et tout cela. Si on regardait au niveau
psychologique, est-ce qu’il y a possibilité effectivement de réorienter? Si on s’oriente toujours vers
les fulcrums qu’on appelle au Collège, le fulcrum santé qui est n’est pas en lien avec le point de
fixité, en principe on devrait tout le temps rentrer dans un processus vers l’équilibre. Est-ce qu’il y
aurait des éléments qui pourraient nous aider à ce niveau-là pour éviter d’amener la personne vers
la décompensation?
Il faut écouter le corps, l’espace entre leurs mots. Si on est en consultation psychiatrique, le bon
psychiatre n’écoute pas les mots nécessairement, il écoute l’espace entre les mots. Il regarde le
‘’background’’ et l’état de la personne, voir si un fulcrum d’essence pour rééquilibrer la personne.
Que ce soit détaché d’une certaine façon de penser pour la personne qui lui permet de se
réorienter et de voir. Vous savez c’est quand on dit qu’on a des moments où la lumière s’allume.
De l’intérieur, on se dit oups! Ah oui, je viens de comprendre cela. Donc, on se détache d’un
comportement qu’on a tenu en compensation. C’est parce que l’intervenant, le psychiatre ou
psychothérapeute a pu faire voir la personne sans lui imposer au moment où elle pensait elle-
même que c’était bon pour le patient. Le psychothérapeute ou le psychiatre a pu voir le fond en
arrière d’où venait le mouvement. Donc, c’est le point d’orientation, de voir si c’est une douleur ou
de la santé, ce que le patient explique au psychiatre. Donc, le bon ou la bonne psychiatre va
pouvoir voir le ‘’background’’. Le ‘’background’’ c’est le fulcrum. Qu’est-ce qui oriente les mots que
la personne nomme à son psychiatre. Il va pouvoir guider la personne vers sa santé mais sans
avoir ces mots-là, sans avoir ce vocabulaire-ci.
Donc, le bon psychiatre va pouvoir orienter le patient vers le point de santé ou d’orientation
d’équilibre du patient pour le moment. Même si le psychiatre reconnaît qu’il y a du chemin à faire
mais c’est le premier pas à prendre vers la santé. L’état d’équilibre émotionnel ou psychologique
de la personne. Il y a un travail qui a été fait par le mari de Donna. Non, Judy en Ontario, faudrait
que je ressorte son travail, lui il est intervenant. Il faisait sa thèse en psychothérapie je crois puis il
a fait un travail sur les principes d’ostéopathie appliquées en psychothérapie. (C’est intéressant…)
Oui, il est très bon. En appliquant le principe de traitement d’aller chercher l’aisance et la santé
dans le moment pour la personne, ne pas aller contre la barrière ou défaire la compensation ou
vraiment débloquer. Parce que c’est le temps de débloquer. Son nom à lui, je l’oublie mais elle
c’est Judy Green, tu vas la trouver sur le registre de l’Ontario. Son mari a fait un travail, tu as juste
à lui téléphoner ou à lui envoyer un courriel. Je suis sûre lui, il sera volontaire à envoyer son travail
(…c’est intéressant, merci!…)
Entrevue ostéopathie 4 6
Tu vois la notion d’aller vers la santé ou l’équilibre tel que donné dans le moment de l’entièreté de
la personne pas parce que c’est l’ostéopathe qui décide qu’il faut aller arranger des lésions, il les
applique dans son travail. Tu vois cela va rejoindre le travail que tu veux faire. Cela serait très
intéressant de l’avoir lui mais je ne sais pas si tu veux avoir juste des D.O. sur ton questionnaire.
(Actuellement, je suis en train de faire des entrevues avec des psychologues également, je fais les
deux…) Nous avons mis un vocabulaire peut-être en ostéopathie sur ce que l’on fait mais
l’application d’un principe de traitement. Tu vois, il y a des psychiatres qui vont faire décompenser
mais ils vont être capables de tenir la personne pour le chemin. Parce qu’ils sont outillés pour faire
cela et ils sont bons avec cela. Il y en a d’autres qui ne feront pas cela parce qu’ils ne sont pas
bons avec cela et ils le reconnaissent et ils vont aller chercher un autre principe d’application. Ils
vont aller trouver l’aisance pour que la personne soit en équilibre et ils vont faire leur chemin avec
ce patient-là en le tenant jusqu’au bout.
Mais il faut avoir quelqu’un qui reconnaît, qui peut identifier son propre principe d’application. Donc,
pour les étudiants au Collège qui vont chercher un fulcrum de lésion, s’ils savent qui font cela, bien
OK mais il faut qu’ils soient capable de définir et reconnaître ce qu’ils font comme application de
traitement ou de principe de traitement. Si quelqu’un qui est biomécanique et qui veut aller dégager
la D6-D7 oui, il va être capable. Quelqu’un qui est en fonctionnel peut aussi aller dégager la D6 ou
D7 mais il n’aura pas les mêmes processus d’application. Ils n’amènent pas le corps à la même
place…
Question :…c’est intéressant! Puis là vous parliez beaucoup de psychiatre qui amène justement
dans la facilité ou la partie de décompensation. Est-ce qui l’aurait possibilité selon vous avec votre
définition et votre vision du fulcrum ou de voir à amener les gens dans un état de santé? Selon
vous, quel serait le meilleur fulcrum ou processus pour aider les adolescents qui sont en pleine
recherche de leur identité? Avec ce que vous m’avez expliqué avant, est-ce que vous voyez des
choses associer ou…?
Moi ce que je vois chez les ados dans mon coin, je n’ai pas eu d’enfant. J’ai 47 et n’ai pas eu
d’enfant mais quand je reçois des enfants je peux voir. Non, je ne dirai pas ce commentaire-là, il y
a beaucoup de colère chez les ados, de la colère peut-être mal placée. Dans le sens qu’ils
essaient de s’identifier et d’avoir leur propre essence, de se séparer des parents comme tu as dit
au début c’est des comportements d’enfant. À 2 ans, l’enfant veut avoir son autonomie à un certain
niveau. Il va dire non, non, non à tout le monde qu’il le veuille ou non. Il veut sa crème-glacée au
chocolat mais il va dire non parce que la mère ou le père l’a demandé. Mais si c’est quelqu’un
d’autre qui demande, il va l’accepter sa crème-glacée au chocolat.
Mais l’ado qui veut aussi se distinguer de ses parents et d’avoir à retrouver son essence, va avoir
aussi des comportements contraires. Dans le sens, qu’il va mal placer une colère au lieu d’être en
paix pour pouvoir se distinguer. Il va lancer une colère, il va lancer des choses à ses parents.
Donc, il rend la vie un petit peu difficile pour la communication avec l’ado pour les parents. Si en
tant qu’intervenant, en tant qu’ostéopathe on peut aller voir, aller trouver la force de l’enfant et de
travailler avec cela. La force c’est voir ce qui est derrière tout ce qui est comportement
psychologique, c’est la santé qui est là en arrière-plan. Donc, tout le monde à une force et si on
peut amplifier la force au lieu d’éteindre la faiblesse. Est-ce que cela se comprend, est clair?
Question : J’aimerais cela si vous aviez des choses pour expliquer. Qu’est-ce que vous entendez
par force? Est-ce que c’est les qualités?
La qualité de la personne. L’enfant qui, la seule chose qui l’appelle ou l’anime c’est de dessiner, de
faire de la peinture aussi horrible que cela puisse paraître aux yeux de ses parents. Aussi noir que
cela puisse paraître, c’est une avenue de facilité, de santé, de force, de qualité chez cet enfant.
Question : Mais on dit souvent que l’adolescent est dans sa période comme il est en plein
changements, il y a toute une transformation qui se fait au niveau hormonal, au niveau du corps. Il
a l’impression d’être un étranger dans son corps car il ne se reconnaît plus parce qu’il est
complètement en transformation alors comment il peut reconnaître ces forces-là?
Il faut un appui externe, donc que ce soit les parents. Où si les parents ne peuvent pas le voir, que
ce soit un ostéopathe, un enseignant, c’est la personne à l’extérieur de la famille qui peut voir
Entrevue ostéopathie 4 7
comment la personne peut arriver en équilibre malgré le déséquilibre hormonal. Parce que le
déséquilibre hormonal peut aussi amener la dépression chez l’ado donc qui mène au suicide. Au
Québec, il y a le niveau de suicide le plus élevé au Canada. Le déséquilibre hormonal peut faire en
soi que les pensées sont guidées par les changements hormonaux, l’enfant est en déséquilibre, il
va en dépression. Il ou elle est hors de lui et il pense que c’est ce qu’il faut faire, donc, il va au
suicide.
Question : Vous voyez vraiment que cela serait vraiment comme un appui extérieur, comme nous
on voit les fulcrums temporaires qu’on peut offrir?
Oui, si l’enfant ne peut pas reconnaître l’appui que ses parents peut lui donner ou que les parents
n’arrivent pas à donner l’appui. Il doit aller chercher un appui extérieur. Que ce soit une activité ou
un individu où l’enfant se sent en confiance pour pouvoir se faire porter ou emmener dans une
direction qui va l’amener en équilibre. Peut-être qu’il aura à faire cela d’une façon séquentielle, un
suivi pendant quelques années mais c’est cela qu’il faut aller chercher. Que ce soit un ostéopathe,
un enseignant, un entraîner de foot, de soccer ou de gymnastique si encore là, si le principe de
coaching qui applique à ses athlètes; dans le sens que nous on parle en ostéopathie d’aller
chercher la force et l’équilibre de l’individu, il va positionner ses athlètes d’une façon à pouvoir faire
sortir la force et la qualité que la personne peut faire sortir. Cela va être l’appui pour l’ado, il va le
reconnaître sans l’intellectualiser. Il va reconnaître qu’il est en confiance, que mon coach Smith est
capable de m’emmener, je suis bien avec cela. Les parents vont reconnaître que lorsqu’il revient
de ses pratiques de ses ‘’games’’, il est bien. Cela le remet en équilibre.
En tant qu’ostéopathe, comment que l’on peut appliquer cela? C’est d’aller chercher l’état
d’équilibre pour la personne que ce soit dans sa chimie, sa physiologie ou dans son émotionnel si
nous on arrive à mettre le métabolisme donc, l’organisme qui inclut la chimie, la biologie et
l’anatomie, la circulation donc, tout ce qui est fluide-membrane-potency dont Sutherland a parlé;
bien je crois que si on veut vraiment voir les principes de traitement, voir l’ampleur et la puissance
que cela peut avoir; il faut mettre le tout en équilibre. Pas juste chercher un équilibre local d’une
structure ou d’une partie d’un organisme de la personne. Je crois que cela peut amener un bien-
être au niveau psychologique pour la personne et hormonal tu vois, si tu parles des ados. Souvent
on voit que cela agit sur l’axe pituitaire-gonade.
J’ai eu l’expérience de voir que cela ne travaille pas le sphénoïde mais au-dessus de la selle
turcique. Je vois les lobes de l’hypophyse se faire travailler et se remettre en équilibre par rapport à
l’attache de la faux en avant, la tente en avant, tout ce qui est membraneux. Après cela, je vois les
ovaires chez la fille ou plus bas chez les garçons. Je vois les ovaires fonctionner chez la femme ou
la fille. Donc, on voit l’axe pituitaire-gonade qui agit : ‘’wow, c’est cool cela’’. Tu sais que l’on peut
agir sur le comportement ou le bien-être émotionnel ou psychologique de l’individu. Quand cela va
mais est-ce qu’ l’on peut l’induire? Je ne suis pas sûre. Si tu veux l’induire parce que tu décides à
ce moment que c’est bon pour la personne et que la personne que tu vois de tes propres yeux. Tu
fais un jugement ou un diagnostique pour dire que tu dois réparer cela, encore-là je dis ‘’tchèque’’
tes claques parce qu’il faut que tu sois prête à accepter la conséquence du geste dirigé pour la
personne si l’organisme de la personne n’est pas prêt de le prendre.
Donc, travailler avec un principe de traitement où l’on va chercher l’aisance pour rééquilibrer. Je
vais voir l’être des yeux de l’ostéopathe et de ses propres yeux le ou la patiente, cela lui fait voir ce
qui est possible comme équilibre. Comme un entraîneur peut le faire, un enseignant, un oncle ou
une tante ou un grand-père ou une grand-mère peuvent le faire. Ce sont des gens qui n’ont pas un
vocabulaire pour associer à leurs gestes. Donc, l’enfant va toujours avoir la même grand-mère
malgré qu’il y ait une vingtaine de membre de la famille au party. Il sent l’amour qu’elle a pour lui
point, ou le non-jugement. Cela en prend beaucoup pour une petite question.
Question : C’est intéressant, je ne sais pas s’il y a des choses que vous voyez que vous aimeriez
ajouter à ce que nous avons discuté ce matin?
Je pense qu’il faut voir les principes de traitement, bien les connaître. Ensuite on peut agir avec
une clarté, avec une précision dans nos gestes mais c’est les principes de traitement. C’est l’ado,
si l’ado est troublé et que tu le juges parce qu’il est tout habillé en noir et qui a du ‘’piercing’’ partout
et si tu l’évalues sur ce niveau-là, il le reconnaît quelque part en lui et il n’aura aucune ouverture.
Entrevue ostéopathie 4 8
Donc, c’est le principe de traitement, que ce soit avec le regard, que ce soit en ostéopathie, que ce
soit avec nos mots dans nos relations de vie, pour moi, c’est la même chose. Donc, qu’est ce que
l’on applique comme principe de traitement? Il faut bien les connaître si on les connaît, connaître
l’ampleur et l’amplitude de ce que cela peut faire et qu’est-ce que cela ne peut aussi pas faire.
C’est comme cela que l’on peut avoir la clarté pour aller discerner un geste qu’on va appliquer à un
moment qui est déterminé chez le patient, chez un ado, un adulte ou un enfant.
Question : Le principe de la technique de Becker selon vous, cela serait quoi grosso modo?
Écoute, je ne suis pas sûre, je n’ai pas bien compris l’application de Becker. C’est un peu
vague, tu vois. Peut-être parce que moi, je suis un peu plus kinestatique. On doit le faire sur moi
pour bien comprendre ce que cela veut dire. Mais cela oui, d’après ce qui est écrit sur le
questionnaire si on cherche un point d’équilibre, un point neutre, cela ne nous donne pas le chemin
vers, cela ne nous donne pas comment on a appliqué…élément de compréhension …cela ne nous
montre pas le point de départ dans ce principe d’application. Dans le sens…est-ce que l’on est allé
chercher un point neutre à partir d’un fulcrum de lésion ou on est allé chercher un point neutre à
partir d’un fulcrum d’aisance, dans ce sens-là. On va avoir 2 différents résultats
Entrevue ostéopathie 5 1
Question : Je vais vous faire la petite introduction du questionnaire c’est-à-dire que Becker a
extrapolé les découvertes de Sutherland à travers le corps. Il organise les tissus en lésion autour
d’un fulcrum. Les tissus entrent dans un processus passant du point de balance, point neutre
jusqu’à l’obtention de l’équilibre. Alors, la première question est quels sont selon vous les aspects
les plus importants en regard de la technique d’équilibration et d’échange réciproque de Becker?
Mais c’est d’arriver à ce point de balance pour que le corps puisque commencer à faire son travail,
parce que c’est un dialogue avec les tissus et c’est important qu’on arrive à ce point de balance qui
fait que le corps peut reconnaître ce qui se passe puis après cela de décider d’aller dans la
normalité.
Question : Alors selon vous, est-ce qu’il y a des aspects importants? Soit au niveau de la
technique? Ou soit que le thérapeute, l’ostéopathe doit avoir en tête pour être en mesure justement
d’aller chercher ce point de balance?
…en point de balance lui-même, c’est-à-dire vraiment en écoute équilibrée dans une bonne
posture pour être un fulcrum. Il faut un bon fulcrum et si le thérapeute n’est pas bien
intérieurement, il n’est pas bien au niveau de ses pensées. S’il ne fait pas le point neutre lui-même,
il ne pourra pas arriver à aider au maximum cette personne. C’est vraiment important de travailler
sur soi pour pouvoir arriver à être neutre, à être bien pour faire le bon fulcrum.
Question : Ok, selon vous comment le thérapeute devrait arriver justement au point neutre, quels
seraient les points importants pour lui?
La posture déjà, être bien en assise, comme un peu un état méditatif. C’est-à-dire être beaucoup
plus en état de réception qu’en état de penser. C’est beaucoup l’état de réception qui permet par la
suite de sentir ce qui se passe sans juger, sans nécessairement aller avec le mental tout le temps.
C’est vraiment ce que l’on sent, la sensation puis moi je le dis dans mes cours c’est une empathie,
c’est-à-dire un cœur à cœur avec le patient. Sentir les tissus mais sentir ce que la personne
exprime à travers les tissus et c’est cela l’ostéopathie. ‘’Osteo’’ c’est la structure de la matière
vivante et ‘’pathie’’ c’est l’émotion que la personne essait de traduire dans tout cela et bien c’est
Philippe qui en parlait au tout début comme, il ne peut pas faire le tour de tous les Collèges avec
cela. Je suis de la deuxième promotion ici à Montréal. C’est quelque chose qui est véhiculée et je
crois que c’est important que les nouveaux gradués connaissent cela.
Question : Si vous aviez à définir la notion de fulcrum, cela serait quoi selon vous?
Le fulcrum c’est un point d’appui pour la personne pour qu’elle reconnaisse ce qu’il se passe dans
son corps et qu’avec un point d’appui : elle puisse se normaliser, aller vers son potentiel, son
expression maximal. Je ne sais pas comment dire autrement. C’est d’être là, pas être ailleurs mais
être là et présent à ce qui se passe chez cette personne.
Question : La notion de fulcrum est-ce que vous le voyez justement au début il y avait Sutherland
qui avait définit le fulcrum de Sutherland et puis par après Becker a parlé qu’il y avait effectivement
le fulcrum à l’intérieur de chaque de tissus. Est-ce que vous voyez d’autres façons de voir le
fulcrum?
Un fulcrum bien comme je dis c’est la présence, c’est tellement important. C’est une partie du
traitement, on dit même des placebos que c’est la relation avec la personne. Il faut être là pour la
personne, il faut être présent. Pour moi, être présent aux tissus, savoir son anatomie, être présent
exactement à l’endroit. On visualise mentalement les tissus à travailler, comment ils devraient être
et c’est d’être présent dans ces tissus.
Je vais vous compter une chose que j’ai comptée au Symposium. Mme Frymann a été en Russie,
je ne sais pas si vous l’avez entendu celle-là. Elle a traité un petit garçon de 6 ans. Elle était avec
des médecins russes, des médecins ostéopathes. C’était un enfant qui avait à la place du péroné
(fibula), une bande fibreuse. Il avait 6 ans, elle l’a traité puis elle est repartie aux États-Unis et
quelques semaines après ils lui ont téléphoné et lui ont dit : ’’qu’est-ce que vous lui avez fait?’’ Elle
a dit ‘’pourquoi?’’…ils lui ont dit, l’os est en train de repousser dans la bande fibreuse. Alors le
Entrevue ostéopathie 5 2
‘’potency’’ de la personne, elle a été recherchée ce qui avait comme ‘’potency’’, ce qui avait comme
intelligence dans la matière pour même recréer la matière. Ok, c’est assez fort et cela,
radiographie à l’appui. Comme nous autres aux journées de l’enfant, on a réussit avec un enfant
qui avait une scoliose de 35 degrés dorsale et 25 degrés lombaire. À 4 ans, radiographie à l’appui,
la colonne était droite. Alors cela, c’est vraiment quand tu vas chercher le ‘’potency’’. Puis on faisait
cela à plusieurs avec les étudiants. On travaillait différentes choses parce que les scolioses, cela
peut venir autant des organes que des muscles et des os. On a travaillé beaucoup chez lui, au
niveau organique. Donc, il y avait une composante organique. On vous en a sûrement beaucoup
parlé, c’est relié aux émotions. Il y avait beaucoup de choses en lien avec les organes (face à sa
maman). Il était en symbiose à chaque que la mère avait une pneumonie, l’enfant avait un
problème au niveau pulmonaire. Il y avait beaucoup de choses comme cela. C’est intéressant de
voir que quand on traite la bonne chose, quand on est vraiment un bon fulcrum; ce n’est pas nous
autre qui décidons c’est l’enfant ou la personne. Elle nous livre ce qu’elle est et ce qu’elle vit et à
ce moment-là, bien on va pouvoir aider la personne dans ce qu’elle est et pas dans ce que l’on
croit qu’elle est et cela c’est important.
Question : Vous avez fait la mention de 2 choses et j’aimerais revenir avec vous pour en être sûre.
Vous avez fait mention du mot ‘’potency’’ quelle serait votre définition?
Mon Dieu, cela c’est assez personnel. Pour moi, le ‘’potency’’ c’est le souffle de vie que l’on a.
C’est qu’est-ce qui fait qu’on peut vivre, on peut agir. Mais c’est vraiment l’étincelle, c’est une
puissance que l’on a à l’intérieur de nous. Si vous avez déjà vu une spirale de naissance, le bébé
même à 2 semaines; en tout cas avec moi, ils sont capable de ramper sur la table pour se jeter la
tête en bas de la table pour pouvoir refaire leur spirale de naissance. C’est cette puissance que
l’on retrouve chez le tout petit et qui graduellement se modifie avec l’âge.
Parce que c’est toujours la même puissance mais ce qu’on en fait, c’est autre chose. Le souffle de
vie, il y en a qui vont dire que c’est quelque chose qui vient d’une force universelle; il y en a d’autre
qui sont plus croyant qui vont dire que cela vient de l’esprit saint. Mais il y a quelque chose, c’est
cette puissance qui est à l’intérieur de l’homme qui permet de vivre, que chaque cellule vit et se
régénère. Si vous regardez tous les cancers, toutes les choses; c’est l’homme qui essait de
survivre dans une société qui est très agitée. Il trouve pas son fulcrum alors un moment donné, il
crée de la matière pour essayer de se retrouver dans tout cela. En tout cas, c’est mon avis
personnel.
Question : Quand vous avez parlez de souffle de vie, vous m’aviez parlé que les gens croient à
l’esprit et tout cela et vous dans vos propres croyances?
Moi, je suis croyante, je suis catholique. Je crois beaucoup en tout ce qui est de la philosophie
derrière cela, qui est vraiment une philosophie d’un cœur à cœur, de l’empathie. Je ne sais pas si
vous avez déjà eu, je ne sais pas si ‘’Tema’’ a traduit la définition de l’empathie de Bobin? C’est ce
cœur à cœur, c’est cette proximité mais cette distance sacrée en même temps. C’est important
d’avoir; en tout cas pour moi, je crois beaucoup en l’esprit saint. Mme Frymann m’a laissé, je ne
sais pas si c’est pour divulguer parce que je ne sais pas si elle veut. Mais elle m’a laissé un DVD
d’elle quand elle était plus jeune. Elle avait été témoin d’une dame cancéreuse; un cancer des os
terminal. Elle avait été dans une réunion de gens, des ministres. Elle est protestante et elle avait
été témoin de sa guérison complète avec tous les tests à l’appui, aucun cancer, terminé sur place.
Les gens priaient spécialement l’esprit saint.
Il y a quelque chose dans tout cela. C’est une croyance cela, je peux vous dire. Je sais que moi,
c’est ma croyance mais il y a quelque chose de l’ordre de la vie là-dedans. Est-ce que c’est
vraiment la croyance que l’on devrait avoir ou si c’est une croyance qui permet de comprendre ce
mystère de la vie? Je m’en fou que ce soit différent des autres. Il y a beaucoup de gens qui croient
en l’amour, qui croient et ne sont pas nécessairement catholique. Mon frère est vicaire épiscopal et
dit c’est comme le royaume de Dieu. C’est pas les catholiques, ce n’est pas les bouddhistes, c’est
tous ces gens qui croient en la vie, qui croient en l’amour qui sont vraiment dans ce royaume. C’est
comme cela que je le vois, moi je vous parle de religion. Parce que j’ai eu une expérience
dernièrement où j’étais en convalescence et j’ai sentie ce que c’était, la force spirituelle.
Entrevue ostéopathie 5 3
C’est-à-dire de croire pas seulement en nous mais en une force, un souffle de vie beaucoup plus
grand. J’ai été sauvée de la mort et je peux vous dire que c’est cela. Je ne veux pas rentrer dans
les détails de ce qui m’est arrivé mais j’ai été sauvée pareil. J’ai sentie cette force spirituelle me
soutenir. Il y avait plusieurs gens qui priaient pour moi puis je l’ai sentie. Cela a été fulgurant.
Confirmer dans les croyances qu’il y avait quelque chose de plus grand que nous et que si on y
croit; ce qui arrive chez beaucoup d’ostéopathes, c’est sûr qu’il y a des techniques mais il faut un
peu aller au-delà des techniques. L’ostéopathie ce n’est pas une technique uniquement, c’est une
méthode oui, c’est bien rationnel mais c’est aussi un art. Et l’art cela ne ce fait pas n’importe
comment. Quand quelqu’un crée quelque chose, cela ne vient pas uniquement de lui mais cela
vient de ce qu’il se laisse imprégné. Il se laisse imprégner de la nature, de la beauté et c’est dans
ce sens-là que je dis, c’est la vie, c’est ce qu’il y a autour de nous. C’est pas juste nous, c’est
comment on vit à travers nous et ma croyance bien c’est que l’on n’est pas tout seul. On est un
grain de sable à travers les autres mais un grain de sable ce n’est pas intelligent. Cela ne crée pas
nécessairement. La nature crée quand même, même si ce n’est pas super intelligent. Il y a une
intelligence à chaque niveau, en tout cas c’est ma croyance. Je pourrais en parler longtemps…
Question : Vous parliez tantôt de se centrer sur les bons fulcrums, comment déterminer c’est quoi
le bon fulcrum?
Vous le savez quand vous êtes dessus; quand vous avez regardé la personne; vous avez fait des
tests; vous êtes arrivé à telle conclusion. Qu’est-ce qui est primaire? Et là, vous rentrez dans la
matière. Le vrai fulcrum c’est d’être dans la matière, ce n’est pas être au-delà de même les grands.
Ils pouvaient travailler à distance, rentraient dans la matière c’est-à-dire se mettaient au niveau de
la matière, au niveau anatomique, anatomo-physiologique. Ils allaient voir vraiment ce qui se
passait dans la personne.
Question : Alors le bon fulcrum selon vous, je sais que Geneviève un moment donné en parlait
dans la classe, si je donne un exemple si on rentre dans la matière au niveau du foie pour
déterminer où est le bon fulcrum pour que l’on puisse réorganiser..?
On a appris les différents axes tout cela. C’est de trouver le point où cela peut avoir lieu, le point
calme. C’est cela, où on peut avoir une balance, vous comprenez?
Question :…oui! Selon vous, est-ce que c’est possible si on allait avec la question numéro 3, est-ce
possible d’appliquer la technique de Becker à un niveau autre que physique comme le niveau
psychologique par exemple?
Cela pourrait se faire effectivement mais je crois qu’il faut avoir beaucoup de connaissance de soi
pour ne pas imprégner la personne de quelque chose d’autre. Il faut avoir une connaissance de la
psychologie pour savoir à quel âge, c’est telle chose et quel autre âge, c’est autre chose. Ne pas
essayer de faire passer la personne dans un état qui n’est pas le sien. C’est très ‘’touché’’ cela.
Cela pourrait peut-être se faire mais je ne l’ai jamais. Il y a peut-être un qui pourrait vous répondre
là-dessus c’est Bernard Daraillans. Parce qu’il a fait des études de psychologie et il est professeur
en ostéopathie. À travers la matière, il arrive à le faire psychologiquement. C’est de lui que j’ai
appris beaucoup sur les émotions à travers les organes, il travaille dans ce sens. Mais c’est un
doigté bien spécial et je dirais que ce n’est pas une chose où les jeunes ostéopathes doivent
s’aventurer. Je pense que cela prend de l’expérience, des connaissances. C’est la même chose
qu’en ostéopathie, on ne va pas faire travailler un foie au premier cours d’ostéopathie.
Cela s’exprime toujours dans la matière, cela peut être dans un organe, dans un spasme
endocrânien, dans plein de choses. Mais je crois que c’est dans la matière parce que l’on est fait
de chair. Notre cerveau ne fonctionne pas tout seul, le cerveau émotionnel, c’est dans le ventre. Il
y a autant de nerfs au niveau du ventre qu’au niveau du cerveau. C’est important de ne pas
travailler la personne dans l’air, c’est-à-dire de travailler dans ce qu’il est. Je pense que les
ostéopathes sont très chanceux de pouvoir toucher la matière et comprendre ce qui se passe dans
la psychologie de la personne. Moi avec les bébés, souvent je leur parle, je suis en contact, je suis
en relation. Même des bébés d’un mois peuvent me faire signe que oui de la tête.
Est-ce qu’ils ont compris vraiment ce que je leur disais? Ils ont compris dans l’énergie, dans la
présence autour d’eux. Ils peuvent me répondre, je leurs demande où je peux les aider et ils me
montrent différentes parties du corps ou la tête. Ils le savent intrinsèquement parce qu’ils sont
proche de leur corps. Les adultes ont tendance à tout mentaliser, sont beaucoup moins proche de
leur corps. C’est pour cela que c’est un peu plus embêtant de savoir le vrai du faux et Bernard
Daraillans disait les tissus ne mentent pas. Alors on a cette chance en tant qu’ostéopathe de
toucher à la matière et de voir si les tissus disent la même chose que la personne. Alors, on peut
travailler psychologiquement mais en touchant la matière pour moi en tout cas. Un qui pourrait
sentir les choses un peu différemment quoiqu’il soit aveugle. Il ne peut pas voir l’expression de la
personne mais il travaille beaucoup avec les métaphores. Il arrive à même les inventer, c’est un
bonhomme fantastique. Alors lui, est capable de travailler dans ce sens-là.
Question : …je voulais juste voir, on parle souvent des gens qui ont des difficultés justement au
niveau psychologique, ils vont aller voir un psychologue mais à ce moment-là le psychologue ne
touchera pas nécessairement la personne au niveau de la matière. Selon vous, est-ce qu’il existe
des choses similaires que le psychologue va utiliser qui peut faire référence à des fulcrums? …à
ce que nous on comprend au niveau fulcrum?
J’ai de la difficulté chez cette personne à vous dire, c’est sûr par la parole, il peut toucher un point
qui correspond à un point de balance. La personne peut le prendre pour s’équilibrer mais je crois
que bien souvent ses tissus restent imprégnés et cela peut ressortir plus tard ou d’une autre façon.
Ou si vraiment il a touché le point de balance et la personne a pu trouver son équilibre, cela peut
arriver mais c’est peu fréquent. Cela prend plusieurs séances, excusez-moi mais je vais faire une
comparaison qui est un peu toujours boiteuse, puis cela ne la mettait pas dans votre thèse. C’est
un peu comme la chiropractie, ils touchent la bonne vertèbre qui est lésion mais sauf qu’ils n’ont
pas tout travaillé ce qui est autour. Cela, je ne veux pas que cela paraisse dans la thèse. C’est
juste pour vous donner une comparaison, ils vont remettre en place plusieurs fois la même
vertèbre mais c’est la personne qui doit l’intégrer vous comprenez? Ce n’est pas juste le fulcrum,
ils vont donner le point de départ, ils vont guider mais c’est la personne qui va l’utiliser, qui va
pouvoir se réajuster. Ce n’est pas eux qui vont faire le travail, ils vont peut-être donner un certain
fulcrum mais la personne doit travailler autour de ce fulcrum. C’est ce que l’on fait en ostéo, on
donne un fulcrum et la personne travaille autour de nos mains mais là en psycho, ils vont donner
un fulcrum oui mais est-ce que la personne va travailler autour de cela, cela dépend. Des fois, ils
sont obligés d’être des semaines et des semaines à travailler autour de ce même fulcrum pour
arriver à avoir un équilibre.
Question : …et ce fulcrum-là vous faites référence à quoi? Vous faites référence au thérapeute ou
à quelque chose de précis?
Quelque chose de précis parce qu’ils doivent quand même avoir une certaine façon similaire, les
psychologues. C’est-à-dire être psychologue mais être moi. Mais il faudrait qu’ils trouvent le point
clé, le fulcrum si vous voulez pour faire travailler la personne autour pour que cela puisse
débloquer.
Juste vous donner un exemple, il y a une psychologue qui était, je ne me rappelle plus du nom
mais un ami psychologue le mentionnait souvent. Il ne parlait pas nécessairement, il se mettait sur
le même diapason sur la technique de la programmation neurolinguistique. C’est de se mettre au
même niveau que la personne. C’est se synchroniser avec la personne; c’est un genre de fulcrum
Entrevue ostéopathie 5 5
si vous voulez, il ne bougeait pas et il attendait que la personne fasse quelque chose pour pouvoir
faire quelque chose. Alors, c’était un point neutre : l’attente que la personne va bouger, faire
quelque chose pour se réhabiliter elle-même. C’est un monsieur qui a été primé chez les
psychologues et ceux-ci ne jurent que par lui. Parce qu’il y avait quelqu’un qui était en ‘’cartassis’’;
je ne sais pas comment le dire, qui ne bougeait pas et il a fait la même chose et finalement la
personne a commencé à faire quelque chose et il a fait pareil et cela a été le début de sa guérison.
Parce qu’il s’est mis présent au niveau de la personne, il n’a pas essayé de faire quelque chose
vous comprenez? Trouver un fulcrum, trouver le fulcrum que la personne a besoin et il faut que la
personne agisse. Nous on a la chance de toucher la personne, les psychologues des fois cela leur
prend beaucoup de temps avant que cela débloque.
Question : Selon vous, est-ce que les ostéopathes ont plus de succès si quelqu’un aurait des
problèmes psychologiques qui viendraient voir un ostéopathe?
Non, parce que des fois la structure mentale, nous dépasse un peu. On fait des études; moi j’en
réfère à des psychologues : ‘’faudrait peut-être que tu ailles voir pour de l’aide?’’. Parce que cela
aide à replacer leurs structures mentales et cela, on n’a pas fait des études. À moins que vous
ayez fait des études de psychologie, de savoir vraiment ce que c’est : ‘’est-ce que c’est une
schizophrénie?’’ Nous, on n’a pas fait d’études dans ce sens-là. À chacun son métier. C’est
comme moi, je réfère en physiothérapie pour certains enfants parce que le développement moteur
aurait à être exercé puis moi je débloque la structure pour que la fonction s’exerce. C’est la même
chose, on débloque au niveau des structures, on donne des idées nouvelles aux personnes. Il y en
a une dernièrement, dont j’ai parlé de spiritualité. Parce que je sentais qu’elle cherchait un sens à
sa vie mais cela s’exprimait dans le corps et je lui ai parlé aussi du sens de la vie. Qu’il y avait des
croyances, qu’il y avait des choses auxquelles elle s’accroche à un certain fulcrum et cela lui a
ouvert les yeux pour pouvoir agir. Parce que c’était comme si elle ne trouvait pas son fulcrum dans
tout cela. Cela dépend de chacun des ostéopathes aussi, il y en a qui aime mieux travailler juste la
matière point et pas aller plus loin. Chacun donne selon ses capacités, ses talents; c’est dans ce
sens-là.
Question : Si on passait à la question numéro 4, selon votre définition personnelle du fulcrum, quel
serait le meilleur fulcrum chez l’adolescent qui est à la recherche de son identité?
Oh oui, cela est une belle question. S’il est à la recherche de son identité, c’est de lui faire
connaître ce qu’il est. Lui faire sentir ce qu’il est et à ce moment-là; de là, va rejaillir qu’est-ce qu’il
a envie de faire. C’est comme cette personne que j’ai vu hier, elle ne savait plus trop, elle a son
métier de massothérapie puis elle aimerait faire ce que je fais. Elle ne trouvait pas un sens à sa
vie. Mais je lui ai dit que l’on développe chacun nos talents. Alors c’est cela, c’est de trouver dans
la personne, là où elle est bien et lui dire : ‘’regarde ce que tu aimes chez les autres, ce que tu
aimes et développe ce que toi tu es aussi’’. Chercher son identité : c’est un gros mot, cela peut
partir de petit. Cela n’a pas besoin de partir de grand; l’identité c’est un grand mot qui contient
beaucoup. Cela serait d’abord se reconnaître, reconnaître ce qu’il a à l’intérieur de lui, reconnaître
ce qui va et ce qui ne va pas chez lui.
C’est la connaissance de soi qui va l’aider à trouver son identité, la connaissance de son corps, la
connaissance comment il réagit. Parce que le corps, nous le montre beaucoup. Je ne sais pas si
vous connaissez les chaînes myofaciales de Shtruyf Denys. Une ostéopathe belge, elle a montré
toutes les typologies selon comment la personne est et comment elle pense. Alors quand on
connaît cela, on peut dire à ce moment-là : ‘’peut-être qu’il réagit plus introverti,…’’ Il faut peut-être
essayer de l’amener à comprendre qu’il exprime moins et que s’il exprimait plus, il pourrait peut-
être sentir un peu plus où il veut aller. C’est dans ce sens-là, il faut regarder un peu la physiologie
aussi, vous avez vu dans le tableau d’Alexander, il y a les introvertis, les extrovertis. Ils réagissent
de façon spécifique d’après les genres de pathologie, de troubles quand ils viennent nous voir.
Vous savez que l’on passe par différentes phases, alors dépendamment où il est dans ses phases,
il n’a peut-être pas intégré une phase plus que l’autre. Il est narcissique au bout jusqu’à temps que
quelqu’un lui dise : ‘’ non, t’es capable de faire des choses mais faut voir les autres’’. Je veux dire
identité c’est un grand mot et cela comprend bien des choses.
Question : Est-ce que vous pouvez déterminer les choses que vous avez en tête?
Entrevue ostéopathie 5 6
Bien c’est ce que je viens de vous dire, cela peut comprendre un jeune qui ne se comprend pas
parce qu’il a mal au ventre. Une jeune qui ne se comprend pas et qui n’aime pas être féminine
parce qu’elle a mal au ventre et elle n’aime pas cela. Cela peut être un garçon, je pense à un
exemple : un jeune qui s’en allait dans un groupe ‘’heavy metal’’. J’ai senti dans son corps ce qu’il
se passait puis je lui ai exprimé, lui ai montré les photos de Emoto le japonais qui a fait des
expériences sur les flocons de glace, vous connaissez? (oui, mais je n’ai pas le nom en tête, il
mettait de la musique ou des mots et c’était des cristaux quand c’était des mots positifs et…) je lui
ai montré ce que cela faisait dans le corps pour qu’il comprenne ce qui se passait dans son corps
puis ce qui pouvait se passer dans le corps des autres parce que l’on est fait en grande partie fait
de H2O. Alors, c’est de lui faire comprendre mais ce n’est pas nécessairement en touchant la
personne, en comprenant ce qui se passe au niveau physiologique en regardant ce qui fait dans sa
vie. Cela comprend beaucoup, c’est l’ensemble de la personne : ‘’est-ce qu’il est désorienté au
niveau spirituel? Est-ce qu’il cherche un sens en sa vie?’’ Vous comprenez l’identité c’est bien des
choses.
Question : Tantôt vous m’avez parlé par rapport au fulcrum qui est un point d’appui. Quel serait
justement le point d’appui chez l’adolescent qui recherche son identité? Quels seraient ses appuis
importants pour l’aider à rentrer dans le processus du point de balance et point neutre et se
retrouver à quelque part? Quels seraient ses fulcrums?
Le premier fulcrum, c’est qu’il nous fasse confiance. Si on le rend bien au niveau physique, il va
avoir beaucoup plus confiance en nous et à ce moment-là, mais c’est un processus ce n’est pas un
fulcrum. C’est un processus qui fait qu’après, on peut peut-être trouver un fulcrum où
psychologiquement il va pouvoir évoluer et trouver son identité comme vous dites.
Question : Est-ce que l’on peut retrouver ce fulcrum-là à l’extérieur? Est-ce que l’adolescent
pourrait avoir avec ce que vous avez comme conception du fulcrum. Est-ce qu’à l’extérieur du
cabinet d’ostéopathie ce jeune-là, selon vous, quels seraient ses fulcrums importants?
Écoutez, nous on remet en fonction, on remet en route les organes, on remet en route tout ce qui
ne va pas au niveau de la tension crânienne. Vous savez que c’est au niveau du crâne qu’on
pense, qu’on décide de penser et d’agir. Si on remet en route tout cela, c’est sûr que cela va lui
permettre de bien vivre à l’intérieur de lui et lui permettre de mieux penser, de trouver de la clarté
dans ses idées. Cela va peut-être lui permettre d’agir et d’aller trouver un psychologue ou de
trouver quelqu’un qui va lui permettre de trouver son identité. Cela peut être un grand frère; vous
comprenez, cela peut être plein de choses. Cela peut être un conseiller, un prêtre; vous
comprenez, cela dépend de chacun de son vécu. Ce n’est pas nous qui décidons, nous on est un
passage. Cela permet le passage mais cela ne veut pas dire que c’est nous qui le faisons.
Question : Donc, il n’y aurait pas chez l’être humain selon vous comme une base?
Moins spécial, non! C’est sûr qu’il y a plusieurs fulcrums mais c’est sûr que si au niveau crânien il
n’est pas bien, il ne pourra pas penser clairement. Il ne sera pas bien surtout à l’adolescence. Il est
en plein développement hormonal. Donc, vous savez même les femmes à la ménopause, elles ont
des sautes d’humeur, elles ont des changements. Les adolescents, ils passent d’agir comme un
enfant de 2 ans à une attitude adulte. Ils sont un peu mêlé dans tout cela à cause des hormones
mais n’empêchent que leurs pensées se développent et si on peut donner une harmonie dans le
crâne, dans le corps; ils vont avoir plus de facilité à y arriver. Je ne dis pas que c’est moi qui fais
qu’il trouve son identité tout cela. Il faut qu’il travaille lui aussi, la vie c’est un passage, c’est
quelque chose où l’on doit travailler dans la joie mais on ne peut pas passer dans la vie facilement
comme si on faisait une sinécure.
Question : Je sais que les adolescents que vous retrouvez dans vos cabinets ou les cabinets en
ostéopathie sont des adolescents qui ont des difficultés physiques. Selon vous, est-ce que tous les
adolescents devraient voir un ostéopathe pour s’assurer que toutes les choses vont bien?
Je vais vous dire en terme de prévention, faudrait que tous les enfants soient vu dès le départ à la
naissance. Déjà cela éviterait bien des problèmes à l’adolescence parce que je vois les
adolescents que j’ai traités plus jeunes. C’est sûr que des adolescents sont des adolescents mais
Entrevue ostéopathie 5 7
ils se comprennent mieux. Ils sont moins dépourvus. Les adolescents qui sont dépourvus vous les
prenez avec tous leurs bagages. C’est un peu comme prendre un adulte qui a eu des accidents
d’autos, qui a eu toute sorte de problèmes. Il faut enlever pelure d’oignon par dessus pelure
d’oignon, ce n’est pas une histoire. C’est sûr de les prendre où ils sont; cela va les aider mais la
prévention pour moi c’est drôlement important. S’ils étaient pris dès qu’ils sont jeunes. Moi, je vois
les adolescents que j’ai; il y en a que j’ai traité depuis la jeune enfance. Il y en a un qui est dans
l’équipe nationale de patinage artistique. Je vais dire c’est des gens qui peuvent performer dans ce
qu’ils aiment. Et je vois Philippe quand il a traité les danseurs de l’opéra de Paris, ils n’étaient pas
adolescents, ils étaient adultes mais c’était des adultes performants vous comprenez parce qu’il a
pu les amener là. Mais il avait une connaissance, il y avait du bagage pour les amener. Mais c’est
sûr que des adolescents, cela va les aider mais je dis il faut prévenir, faut voir les enfants jeunes.
Question : Est-ce que selon vous si on prévient en ostéopathie puis on fait qu’ils se sentent mieux
dans leur corps, est-ce que l’on va prévenir ce que l’on appelle la crise chez l’adolescent?
Non, je dis c’est hormonal. On va peut-être prévenir des crises désastreuses mais cela c’est un
peut-être on ne sait pas comment l’être humain réagit. Cela dépend du contexte familial, du
contexte social. Dans les écoles maintenant, il y a des tueries, il y a des choses comme cela. Alors
si l’enfant se comprend bien et qu’il a des parents qui les guide bien. Parce que le rôle des parents
est drôlement important. Je ne sais pas si vous connaissez le livre ‘’Science of parenting’’? (non…)
de Margo Sunderland, je ne sais pas si vous l’avez à Vancouver. Si vous avez une chance dans
une bibliothèque ou une librairie de le regarder, il parle des adolescents là-dedans. Il parle de tout
le développement du cerveau avec des planches anatomiques c’est un super livre. Il coûte 35 $ ici,
ce n’est pas vraiment cher. Je pense que le Collège ici en a si vous ne l’avez pas, c’est un livre à
avoir. Sinon vous pouvez le commandez au Collège. (…et qui est l’auteur?) Margo Sunderland ce
n’est pas une ostéopathe. C’est un livre intéressant à avoir.
Question : On a passé déjà toutes les questions, je ne sais pas s’il y a des choses que vous
aimeriez ajouter de ce que nous avons discuté ce matin?
Je pense que je vous en ai donné pas mal. Je pense que s’il y a quelque chose, je vais le rajouter
dans votre verbatim…
Entrevue ostéopathie 6 1
Question : Quels sont les aspects les plus important en regard de la technique d’équilibration et
d’échange réciproque de Becker?
Bien ne pas aller au-delà de la barrière des tissus, ne pas forcer, laisser les tissus venir à soi, je
dirais et de façon à trouver le point d’équilibre du tissu en question et non pas aller le chercher.
Que le point vienne à nous plutôt que de ne pas aller le chercher, pas le forcer.
Question : Est-ce qu’il y a des choses spécifiques que l’ostéopathe doit faire mise à part dans la
technique comme telle?
Bien non, là comme cela, des choses spécifiques. Je ne suis pas encore dans le bain, peut-être
dans le courant de la discussion je vais y arriver. Il y a des choses qui vont me venir-là. Des
choses spécifiques? C’est tellement des trucs que l’on fait sans y penser. Non, à part être à
l’écoute et réceptif non, je ne vois rien d’autre. Comme cela à froid, mais je me réchauffe…
Question : C’est bon, mais pour être en mesure de trouver le fulcrum dans le tissu, vous disiez qu’il
faut laisser venir le point à soi. Est-ce que c’est du fulcrum que vous parliez? Qu’est-ce que vous
entendez par il faut laisser venir à soi?
C’est une question de terminologie et de définition et on n‘est peut-être pas tous d’accord sur le
point de balance, le point d’équilibre, le fulcrum. On a peut-être des abus de langage en ce qui
attrait à toutes ces choses-là. Donc, il faudrait peut-être partir avec une définition de ce que vous
entendez, de ce qui est quoi. Moi, ce que j’entends par laisser venir à soi lorsque l’on a un point de
balance, lorsque l’on a mettons, un organe que l’on met dans le silence tissulaire qui précède le
redémarrage. On est donc en équilibre avant que cela redémarre, c’est là qu’on laisse venir à soi. Il
ne faut pas aller chercher le mouvement.
Question : Ok. Si vous aviez à faire votre propre définition justement du point neutre, point de
balance et point d’équilibre, ce serait quoi votre définition?
Le point neutre? Point de balance? Et point d’équilibre? (oui…) Ok, point de balance et point
d’équilibre, je dirais que c’est quand même pas mal similaire. C’est mettre les tissus dans un état
qui lui permet d’arriver a un point neutre. C’est une action. On agit sur ou on tend vers. C’est
l’ostéopathe qui fait le boulot. Le point neutre, c’est le patient qui fait le boulot. Le point neutre,
c’est l’équilibre du tissu dans l’équilibre qu’on lui a donné mais c’est un équilibre mouvant. Le point
neutre n’est pas immobile. Le point neutre est mobile, c’est la recherche de l’équilibre par le tissu
lui-même à partir de l’équilibre que les mains de l’ostéopathe lui ont donné. Voilà, à peu près…
Question : Et si vous aviez à définir la notion de fulcrum selon votre propre conception?
Bien, le fulcrum c’est effectivement la position des mains. C’est l’ostéopathe aussi qui amène, en
fait! le fulcrum, c’est les deux. C’est les deux réunis, la conjonction entre l’équilibre que
l’ostéopathe a amené et l’équilibre que le tissu à trouver. Les deux qui se réunissent, forment le
fulcrum. Oui…?
donné pour lui aussi s’équilibrer à l’intérieur. Et c’est cette jonction, ce travail des deux conjoints
qui fait qu’il y a un fulcrum. Qui a un point, un moment donné où les deux s’équilibrent. Et où on
reprend le mouvement normal et physiologique. Je dirais que c’est la mobilité plus la motilité non,
non ce n’est pas cela, je vais m’arrêter-là.
Question : Vous m’avez donné la définition de la notion de fulcrum, est-ce que selon vous est-il
possible d’appliquer la technique de Becker à un niveau autre que le niveau physique mais à un
niveau plus psychologique ou psychique?
Sûrement…
Question : Est-ce que vous pouvez me donner plus votre point de vue ou donner des exemples?
Dans la mesure où on peut servir. C’est un rapport entre deux personnes à ce moment-là. C’est de
cela dont vous parlez?
Question : C’est que nous en principe, on applique la technique de Becker au niveau physique…
Question : J’essaie de voir s’il y a possibilité d’utiliser ce même concept de Becker au niveau plus
psychologique ou psychique, soit à un autre niveau?
Je comprends mais est-ce que ce serait fait par un ostéopathe ou ce serait fait par un psychologue
ou ce serait fait par n’importe qui?
Bien parce que cela demande quand même une certaine formation ou une certaine connaissance
ou une certaine reconnaissance du problème de l’autre sur le plan psychologique pour essayer
d’aller équilibrer tout cela. Donc, les ostéopathes, on n’est pas vraiment formé sur ce plan-là. Les
psychologues le seraient plus mais eux ils ne sont pas formé à la méthode de Becker en lien avec
les tensions et n’importe qui d’autres. Ultimement je dirais oui, cela serait possible mais
pratiquement, je ne vois pas qui pourrait le faire. Il manque des connaissances aux ostéopathes,
aux psychologues et à monsieur et madame tout le monde. J’imagine qu’intuitivement, il y a des
tas de gens qui doivent le faire mais bon…
Question : Ce que j’essaie de voir c’est votre point de vue par rapport à cela peu importe qui le
fait? J’essaie juste d’extrapoler les concepts.
Ce serait une écoute psychologique, être à l’écoute et être une espèce de barrière, une espèce de
frein à l’autre sur le plan psychologique. Reconnaissant les sentiments ou les émotions de l’autre
personne et en y mettant comme un miroir pour lui permettre de s’équilibrer là-dessus et lui aussi
de voir. Parce que sur le plan psychologique, on peut se perdre à soit ce victimiser, soit partir dans
des grandes discussions où on fait juste mariner dans sa sauce. Alors que si on est en fasse de
quelqu’un, pas qui nous bloque mais qui nous propose de regarder ce que l’on exprime, bien oups
cela nous renvoi à nous-mêmes et à ce moment-là on peut, ce n’est pas toujours le cas; faire le
travail personnel de se s’équilibrer là-dessus. De voir effectivement ce qu’on est entrain de faire au
lieu de se laisser aller.
Entrevue ostéopathie 6 3
Question : Et est-ce que vous pensez qu’on va rentrer justement dans un processus de point de
balance et point neutre jusqu’à l’équilibre?
C’est un petit peu plus ‘’tricky’’ mais il faut la collaboration des deux personnes. Si on en est rendu
là, la personne qui est en difficulté, elle va avoir justement de la difficulté à se regarder dans le
blanc des yeux aussi. Donc, théoriquement je dirais que cela pourrait être possible, pratiquement,
cela est plus difficile. Cela demande un travail, cela demande quelqu’un qui à mon avis a des
connaissances, sur le plan psychologique solide pour pouvoir faire le travail d’équilibre.
Question : Quel genre de travail comme tel quand vous dites psychologique, c’est vraiment de
connaître tout en profondeur?
Il faut reconnaître chez l’autre quels sont les problèmes et y répondre en justement lui permettant
de se regarder en face. De pouvoir voir quels sont ses problèmes sans d’essayer d’échapper et de
passer à autre chose. Essayer de vraiment de recaler toujours la personne face-à-face à elle-
même. Cela demande un certain doigté sur le plan psychologique, à mon avis. La collaboration, je
dirais d’un ostéopathe et d’un psychologue peut-être.
Mais oui, mais on en fait tous plus ou moins lorsqu’on a les mains sur quelqu’un. Il y a des
émotions qui transpercent donc, c’est sûr le somato-émotionnel ce n’est pas autre chose! On fait le
point de balance sur le plan physique, idéalement c’est bien aussi de le faire sur le plan
psychologique. C’est-à-dire de mettre la personne face aux émotions ou à ce qu’elle vit mais bon,
ce n’est pas toujours tout le monde qui peut le faire.
Question : C’est pour cela que j’essayais de voir. Parce que l’on prétend à quelque part qu’on
ramène la personne au niveau du corps et on sait que le corps et l’esprit ne sont pas dissociés.
Donc, je me dis, comment on pourrait arriver à quelque part à vraiment ramener l’être humain dans
sa globalité, autant le corps et l’esprit à un niveau d’équilibre?
Bien, il faut à mon avis, en tout cas personnellement c’est ce que j’essaie de faire. C’est d’essayer
de reconnaître sur le plan psychologique les problèmes dans la mesure des moyens, de nos
moyens. Il y a une question d’expérience aussi qui rentre en ligne de compte-là. Ensuite de cela,
avec les mains sur le corps, lorsque le corps nous exprime quelque chose. Il nous exprime des
tensions, le fait de relâcher ses tensions, amène effectivement à la surface des émotions que la
personne se doit de reconnaître pour pouvoir éliminer le tout en même temps. Donc, notre rôle
s’est aussi de verbaliser ce que l’on peut éventuellement sentir chez l’autre, de façon à lui
permettre de le reconnaître mais c’est un échange. Donc, si la personne ne veut rien savoir ou elle
est fermée à la reconnaissance de ses émotions, bien on oublie cela. On n’aura pas, on aura peut-
être le point de balance transitoire sur le plan physique mais on ne l’aura pas sur le plan
psychique. Et donc, la personne va revenir avec les mêmes problèmes.
Question : Je sais que quelqu’un qui faisait référence un moment donné qui parlait qu’on pouvait
avoir. On parle des fulcrums, qu’on peut avoir des bons fulcrums et on peut avoir des fixités aussi
que ce n’est pas nécessairement des bons fulcrums et il parlait aussi qu’on pouvait avoir des fixités
au niveau même mental, qui peut être nos pensées, est-ce que à ce moment-là vous pensez qu’il y
aurait des choses qu’on pourrait faire à ce niveau-là pour embarquer dans la technique de Becker?
Donc, avoir accès aux fixités mentales par le physique? (…oui ou autrement…) Bien, il y a les
spasmes endocrânien. Est-ce que le travail des spasmes endocrânien jouent sur les fixités
mentales; pas seulement, cela joue sur bien des fixités mais à mon avis c’est des grosses clés les
spasmes endocrânien…oui! Mais il faut aller les chercher!
Question : Excusez, je reviens par rapport aux fulcrums, je voudrais voir par rapport à vous qu’est-
ce qui permet aux gens de distinguer quels sont les bons fulcrums et quels sont les points de
fixités?
Entrevue ostéopathie 6 4
Le mouvement, un fulcrum c’est un point d’appui mais un point d’appui en mouvement. Un bon
fulcrum n’est pas fixe et une fixité ma foi, bien c’est une fixité.
Question : Par exemple si je donne par rapport à la foi, comment on pourrait distinguer si on est
sur une fixité ou sur un bon fulcrum ce sera encore en lien avec le mouvement?
Bien oui mon fulcrum, je peux le changer de place à la limite. Ce n’est pas souhaitable car je
donnerais des mauvaises indications mais la sensation dans les mains d’un fulcrum n’est pas la
même qu’une fixité. C’est sûre, un foie qui est bloqué, il va bouger autour d’un point mais quand tu
es sur le point, ce n’est pas un fulcrum, il ne bouge pas. Alors que le fulcrum, il y a une notion de
malléabilité, je dirais. Ce n’est pas quelque chose d’immobile.
Question : Alors, c’est juste la sensation de mouvement qui fait la différence entre les deux?
Question : Est-ce qu’il y aurait d’autres sensations, d’autres choses que vous pourriez expliquer?
La qualité du tissu, la malléabilité, la vitalité… (cela serait en lien avec le bon fulcrum…?) Je sais
que vous marchez avec des mots, j’imagine. Oui, cela serait du bon fulcrum. Une fixité, il n’a rien
de tout cela.
Question : Oui, cela va vite. (moi, j’en étais à la une!) On peut revenir sur les autres questions si
vous avez des choses à rajouter. Selon votre définition personnelle du fulcrum quel serait le
meilleur fulcrum chez l’adolescent à la recherche de son identité? Expliquez votre point de vue…
Un parent sain ou des parents sains ‘S’ ‘A’ ‘I’ ‘N’ ‘S’ et ‘S’ ‘A’ ‘I’ ‘N’ ‘T’aussi peut-être avec des
ados mais la question c’est de savoir quoi en terme d’un organe, un ça ou quoi faire? C’est quoi
que vous cherchez?
Question : Je vais reprendre la question. Selon votre définition personnelle du fulcrum quel serait le
meilleur fulcrum chez l’adolescent à la recherche de son identité?
Question : De ce que vous voyez, si vous avez les deux perceptions vous me donnez les deux. Je
suis vraiment ouverte. De façon générale selon vous, un adolescent qui est à la recherche de son
identité, cela serait quoi son meilleur fulcrum?
Je répète ce que j’ai dit des parents sains…c’est sûr, des parents qui comprennent, qui soient
ouvert et qui ne soient pas castrant mais qui donnent des limites…cela c’est dans sa vie bon…je
dirais que le système scolaire n’est pas tout à fait adapté à faire des adolescents qui puissent avoir
une recherche de l’identité facile. Mais bon, sur le plan physique, plus ils bougent leur corps, plus
ils ont de chance de trouver un fulcrum quelque part dans leur corps qui leur permettent de se
trouver. Parce que le fil de l’identité, il se situe au niveau du sacrum, il se situe au niveau du
premier chakra – le chakra de la base – donc ensuite cela monte au niveau du crâne. Donc, il faut
qu’ils aient un sacrum mobile et rester assis dessus ce n’est pas une bonne chose pour sa
mobilité. Donc, c’est pour cela qu’il faut qu’ils bougent. Vous voulez autres choses?
Question : Je suis intéressée de savoir par rapport au milieu scolaire vous disiez que ce n’est pas
vraiment adapté?
Le milieu scolaire est assez rigide. On ne peut pas sortir de la norme à moins d’être dans des
types d’école dite. Je ne sais plus comment cela s’appelle… (…alternative…) Alternative merci!
Voilà où l’enfant a des choix de prendre des décisions etc. mais dans le système scolaire normal
Entrevue ostéopathie 6 5
c’est comme bon, il ne faut pas que tu sois différent. Plus je constate, les jeunes d’aujourd’hui
fonctionnent différemment d’il y a 20 ans ou peut être 15 ans. Ils sont beaucoup plus à la
recherche de stimulation, ils ont été stimulé très jeune avec la garderie, avec tous les systèmes
vidéos qui sont extrêmement stimulant donc, ils sont à la recherche de cela et le système scolaire
n’est pas tout à fait adapté à mon avis. Rester assis et écouter le prof et faire ce que l’on te dit, non
mais bon…
Question : Selon vous c’est quoi vous prôneriez justement dans l’école alternative pour aider ces
jeunes-là à la recherche d’identité?
Cela serait à commencer dès le départ, parce que chacun a une façon différente d’apprendre déjà.
Chaque enfant a une façon différente d’apprendre, il y en a qui sont visuel, il y en a qui sont auditif,
qui sont kinesthésique bien déjà faudrait reconnaître chez les enfants quel est leur façon
d’apprendre et leur permettre d’apprendre de cette façon-là tout en explorant les autres façons.
Mais ce n’est viable dans une classe de 30 élèves où tout le monde doit regarder ce qui se passe
au tableau et écouter le prof. Il se trouve dans les écoles, j’ai vu un reportage où ils mettent des
tableaux interactifs où l’enfant se lève va au tableau. C’est comme un écran d’ordinateur avec un
stylet, ils écrivent dessus ou ils déplacent les affaires, cela leur parlent beaucoup. Les enfants se
lèvent interagissent avec le tableau et avec le professeur. Le professeur peut ramener ‘’Google’’
dessus, faire des recherches en même temps.
C’est très intéressant, cela serait quelque chose qui pourrait effectivement être aidant pour que
l’enfant développe, explore plusieurs choses et se connaissent mieux lui-même. Parce que les
enfants arrivent en secondaire 5 et on leurs demande de faire des choix de vie et ils ne savent pas,
toute leur vie scolaire on leurs a dit quoi faire et là tout d’un coup c’est eux qui doivent décider
savoir ce qu’ils aiment et ce qu’ils n’aiment pas. C’est complètement débile! Alors que cela se
prépare et cela ne se prépare pas au secondaire, cela se prépare au primaire déjà. Cela se
prépare tout petit mais il y a aussi le rôle des parents là-dedans, il n’y a pas juste l’école. Dans la
vie d’un ado, cela prend des parents sains tout au long de sa vie. C’est sûre que des parents
rigides qui l’empêchent de tout faire et qui le bloquent et qu’ils mettent des limites tout le temps…il
s’avère qu’avec les limites, il va vouloir les dépasser à l’adolescence, c’est évident. Alors que si les
limites, elles se sont adaptées au fur et à mesure du temps et qu’il y a eu un échange et qu’il a pu
explorer les limites et y revenir puis repartir. Il a moins envie de sauter la barrière, il a moins envie
de faire de cônneries puis il est plus sûr de lui. Donc il est plus tourner vers lui-même au lieu
d’essayer de sauter par dessus les barricades.
Question : Vous aviez parlé qu’un des fulcrums importants c’était les parents, voyez-vous d’autres
fulcrums importants?
Bien je dis parents mais il y a les adultes marquants, cela peut être des professeurs, un coach, on
appelle cela des ‘’rôle-model’’ des modèles, des personnes significatives qui peuvent jouer ce rôle-
là. Bon, la plupart du temps c’est les parents mais cela peut être d’autres prospects effectivement.
Puis sur le plan physique, je dirais chez les ados c’est le sacrum qu’il faut libérer absolument. Le
sacrum est l’axe crânio-sacrée, on en convient.
Sacrum, sphénobasilaire, encéphale, enfin tout! Tout ce qui a à voir, oui…je vous écoute.
Question : Selon vous si on réussit à bien passer la période de l’adolescence ou en tout cas de
trouver les bons fulcrums; parce que l’on peut aussi trouver à l’adolescence des points de fixités, si
on réussit à créer les bons fulcrums, selon vous est-ce que c’est une personne qui va être en
mesure d’assumer les différentes crises qui va survenir dans sa vie future?
Mais je dirais que la première crise c’est la ‘’terrible twos’’, la première crise c’est à 18 mois lorsque
c’est la différenciation, les premiers prémisses de l’indépendance de 2 ans. C’est là que cela
commence, ce n’est pas à l’adolescence. L’adolescence c’est juste la ‘’bis repetita’’ c’est la
répétition de ce qui s’est passé à 2 ans sauf que c’est en conscience. À 2 ans, ils ne l’ont pas trop
la conscience, ils le font parce qu’ils ont envie de sortir de leur environnement, d’explorer mais ils
Entrevue ostéopathie 6 6
Question : Selon vous, le fait qu’ils sont plus conscients est-ce que c’est un aspect qui est vraiment
bien important et qui pourrait régler bien des choses à ce niveau-là?
Oui, sauf qu’à l’adolescence, ils ont plutôt envie d’être mouton de pâture et de faire comme tout le
monde et que la notion de conscience et d’individualité est parfois difficile à faire passer. Mais tu
peux être conscient individuel dans un groupe. Je dirais que les garçons ont plus tendance à le
faire que les filles, je n’ai que des garçons donc, je ne peux pas juger et je n’ai pas écrit…
Bien, je ne sais pas si c’est une question de testostérone mais les garçons ont tendance à plus
affirmer leur individualité ou c’est peut-être juste les miens, je ne sais pas là! Et les filles ont
tendance à être plus en groupe, faire comme leur copine à l’adolescence. Je parle entre 14-15-16
ans mais bon, c’est une observation qui n’a absolument rien de scientifique. C’est un avis
personnel en fonction de ce que j’ai autour de moi mais pas du tout un avis professionnel.
Question : Non, mais c’est intéressant. On a déjà répondu aux 4 questions. Est-ce que vous voulez
que je répète les questions pour voir s’il y a des choses que vous voulez ajouter?
Faites…
Question : Alors, première question : quels sont selon vous les aspects les plus importants en
regard de la technique d’équilibration et d’échange réciproque de Becker? Voulez-vous que je les
nomme une à la suite des autres si vous voulez ajouter des choses ou vous voulez le faire au fur et
à mesure?
Question : Comment définissez-vous la notion de fulcrum? (Non, cela c’est bon…) Est-ce possible
d’appliquer la technique de Becker à un niveau autre que physique comme le niveau
psychologique par exemple? Expliquez votre point de vue…et la dernière question, selon votre
définition personnelle du fulcrum quel serait le meilleur fulcrum chez l’adolescent à la recherche de
son identité?
Au niveau dans la vie, je ne retire rien de ce que j’ai dit, les parents ou les personnes significatives
et la première question c’était?
Question : Quels sont selon vous les aspects les plus important en regard à la technique
d ‘équilibration et d’échange réciproque de Becker?
D’attendre, de ne pas aller chercher…c’est une technique qui est bien important! Votre sujet de
thèse c’est quoi?
Question: La première question est vraiment en lien avec la technique de Becker. Selon vous,
quels sont les aspects les plus importants au regard de la technique d’équilibration d’échanges
réciproques de Becker ?
Ce que j’ai aimé dans la description que tu m’as envoyée de Becker, qui commence je ne me
souvenais plus de Becker par cœur de ce que c’était. J’ai bien aimé cette distinction entre le temps
et l’espace. Le temps pour moi quand je fais une équilibration, c’est le temps du point neutre, puis
l’espace c’est toute la géométrie des paramètres. C’était les aspects les plus importants pour moi
par rapport à Becker. Cela répond à la première question. C’est correct ou tu t’attendais à une
réponse différente ?
Question : Si vous regardez aussi en terme au niveau de l’ostéopathe comme tel, l’ostéopathe qui
va vraiment appliquer cette technique-là, est-ce qu’il y a des choses en particulier qu’il doit tenir
compte ? Comme vous, quand vous faites, parce que souvent les gens avaient de la difficulté
justement à me décrire c’était quoi la technique de Becker, mais dans le fond tout le monde fait
cela. Tout le monde est en mesure de trouver c’est quoi le fulcrum, des fois le fulcrum, le point
calme, de réorganiser la structure autour de ce point calme-là. Et est-ce qu’il y a des choses que
l’ostéopathe doit absolument faire ou doit absolument prendre en considération que vous, vous
trouvez quelque chose que c’est important ?
Il n’y a rien qui me vient en particulier. Quand on lit toutes les questions, c’est rendu à la quatrième
question que cela commence à être intéressant. Les autres questions sont plus théoriques, c’est
pour cela que je me suis juste arrêtée à cette définition-là. Parce qu’il y a quand même une logique
dans tes questions. On sent bien que cela, nous amène à asseoir bien l’idée concept
ostéopathique pour développer la quatrième question. On verra à la fin si tu trouves la réponse que
tu cherchais dans mes propos plus vers la quatrième question.
Question : Alors est-ce que vous vous sentez confortable d’y aller avec la deuxième question ?
Oui, j’ai répondu très sobrement aussi à la deuxième « Comment définissez-vous la notion de
fulcrum ? ». J’ai marqué un point d’appui extérieur. Pour ma part, le fulcrum c’est le thérapeute
avec ses mains qui crée son point d’appui extérieur qui devient fixe par rapport à un ou plusieurs
paramètres, tout en dialoguant avec la mobilité du reste de l’organisme. Pour le fulcrum, pour moi
c’est ma définition.
Question : Votre fulcrum pour vous, c’est toujours quelque chose d’extérieur ? Quand on parle du
fulcrum à l’intérieur du corps ?
Autrement dit, on a toujours des fulcrums dans nous, mais le dialogue ostéopathe et patient. Mon
point de vue, est que parce que moi je suis là, et je deviens un fulcrum ou le patient peut libérer
ses tensions. Le fulcrum est un point d’appui extérieur du traitement ostéopathique.
Question : Alors qu’est qui fait à ce moment-là qu’on doit chercher les points intérieurs ? Et est-ce
qu’il faut qu’on ramène le corps justement sur leurs propres points de fixité ?
Il y a une différence pour moi entre un axe de rotation dans l’organe. Alors, c’est déjà des fulcrums
pour l’individu. Mais si moi je veux normaliser un rein, parce qu’il est tombé sur les fesses et a eu
comme un ‘’wiplash’’ dans l’axe vertical du rein ; il a besoin de moi comme fulcrum extérieur pour
le ramener dans ses axes. Après son axe de rotation sera son fulcrum à lui pour la mobilité du rein.
Mais moi en tant qu’ostéopathe, j’ai toujours conçu mon fulcrum comme étant un point extérieur qui
permet au mécanisme ostéopathique et l’homéostasie de se réaligner, de permettre la
normalisation. Que cela soit au niveau d’un tissu qui s’est sidéré là-dessus, qui est en lésion de
rétraction pour qui puisse faire son extension de traction de façon beaucoup plus ferme, il a besoin
de mon fulcrum qui est extérieur. Oui ? Ok. Je suis prête pour la troisième question. J’ai hâte d’être
à la quatrième qui est intéressante.
Entrevue ostéopathie 7 2
Bien moi aussi, moi j’aurais posé plus de questions comme la quatrième question, mais on m’a dit
d’y aller par ordre de…
Oui puis cela montre, en tout cas les questions sont bien montées. Moi, c’est pour cela que je
trouve que les définitions sont, peuvent être sommaires les premières, puis c’est les mêmes
paroles, les mêmes, on va reprendre les définitions pour expliquer le point un, le point trois.
Question : Alors le point trois, la question trois est : ‘’Est-ce possible d’appliquer la technique de
Becker à un niveau autre que physique, comme le niveau psychologique par exemple? Et
expliquez votre point de vue?’’
Ma réponse est oui. Et comment ? Ce serait en ajoutant le verbe. Entre parenthèses, j’ai mis la
parole, moi j’utilise, quand je vais parler de la parole, je dis le verbe. Donc, la réponse est oui mais
on va ajouter le verbe et de toute façon pour moi le physique et psychique sont toujours liés. La
question, c’est oui, puis là je viens d’expliquer que là, cela devrait dire dans la question quatre.
Question ; Alors la question quatre. Je vous sens pétiller là pour la question numéro quatre.
C’est la question quatre qui vient de soulever mon intérêt quand j’ai lu tes papiers.
Question : Sutherland a trouvé justement le fulcrum de Sutherland au niveau crânien. Puis après
cela, Becker est arrivé en ajoutant que ce fulcrum-là n’existe pas juste au niveau crânien. Mais il y
a possibilité de trouver ce MRP partout à l’intérieur du corps. Sachant pour moi que le corps et
l’esprit ne sont pas dissociés, est-ce que l’on peut amener cela au niveau psychologique. J’ai voulu
centrer le travail par rapport à l’adolescence, parce que je trouve c’est une période qui est
intéressante, ou qui permet une prise de conscience. Alors selon votre définition personnelle du
fulcrum, quel serait le meilleur fulcrum chez l’adolescent à la recherche de son identité ? Et
expliquez votre point de vue. Et là vous avez tout le temps que vous voulez.
Effectivement le fulcrum ne se trouve pas toujours qu’au crânien. Dès que l’on trouve notre point
neutre, on fait la mise en place de certains paramètres. On garde une intention dessus, notre point
fixe, cela va permettre la normalisation des autres paramètres autour. Par rapport à ce que tu dis,
oui on peut le faire partout. Donc, pour l’adolescent, quel serait mon meilleur fulcrum ? Je
considère autre chose que seulement les fulcrums dans le corps physique. Moi, le fulcrum que je
me sers avec les enfants, c’est le verbe, faire parler les enfants. Le pourquoi, c’est que l’enfant
quand je travaille sur lui, il a le diaphragme bloqué ou bien une ptose d’un rein. Quand j’ai ma zone
qui est pour moi anergique où l’énergie est sidérée, une énergie est prise dedans, j’ai mon point de
repère physique. Là, je vais retrouver un deuxième fulcrum verbal avec l’enfant. Je vais donc à la
pêche un petit peu, je vais demander quelques questions jusqu’à temps qu’il puisse me nommer
quelque chose. Pour moi, sa parole devient un fulcrum extérieur que lui-même a entendu, puis il va
se rebâtir dessus. À la limite, je suis rendue avec deux fulcrums. J’en ai un qui est physique à
travers mes mains, puis il y a celui que lui a créé avec sa parole.
Sa parole cela veut dire exprimer des mots avisés ou une réalité qui est à lui : « Je veux devenir
pilote d’avion », ou une question, cela peut être « Où je m’en vais à l’université, ou au Cégep ? »
ou cela peut être une vision. Puis cela peut même après, là on peut tomber dans les rejets, dans
une émotion négative, dans une blessure, n’importe quoi. Cela devient des mots qui sont dits, puis
cela devient un fulcrum extérieur. Et moi en tant que thérapeute, mon fulcrum c’est le non-
jugement à ce moment-là. Je traite beaucoup les adolescents puis j’ai trouvé que c’était bien le fun.
Parce que moi, je crois beaucoup au consentement intérieur. Si tu penses non, il faut que tu dises
non, si tu penses oui, tu dis oui. Il y a beaucoup de contradictions dans nos vies, quand on pense
non, on agit comme un oui. Peut-être que c’est de cela que m’est venu le désir de faire un fulcrum
physique. Puis faire parler l’enfant pour qu’il s’entende, le but c’est qu’il s’entende à l’extérieur. Là
tu sens l’organe qui se relâche dans tes mains, c’est extraordinaire. La grosse importance, c’est le
non-jugement du thérapeute. Alors là, on arrive à notre point neutre, le point neutre à ce moment-
là, c’est le non-jugement. Et cela c’est une qualité que pas tout le monde ont. Après il faut se
connaître comme thérapeute, puis faut travailler sur soi, et de cela, une autre chose que je voulais
dire. Là je vais revenir à Becker, le non-jugement a quand même une direction qui est l’ouverture
vers le non-jugement, est une direction dans l’espace qui est une ouverture des structures. Je ne
peux pas faire la même chose avec un adulte de 40 ans. Cela ne marche pas pareil, parce que
Entrevue ostéopathie 7 3
l’enfant, lui, ces choses sont beaucoup dans le présent, et le futur qui est devant lui lorsque quand
on arrive après 35 ans, il y a beaucoup de passé, il y a le présent puis il y a le futur puis cela ne
marche pas de la même façon. Pour répondre à ta question, le fulcrum que je recherche chez
l’adolescent pour l’aider dans son identité, c’est le verbe. Puis je trouve que l’enfant a une plus
grande force de guérison que l’adulte, sa vitalité est tellement forte qu’il utilise très bien cela quand
on lui donne le droit de parole puis d’exprimer un désir qu’il a, s’il reçoit un non jugement puis une
reconnaissance, tu vois le diaphragme qui se libère, et les MRP qui recommencent à repartir, c’est
bien le fun. Puis des fois qu’ils lâchent leurs tensions.
Question : Et est-ce que vous voyez une différence, parce que les enfants, on sait qu’au niveau du
développement du cerveau, et de la pensée est tout à fait différent tandis que l’adolescent, il passe
à la pensée formelle où il y a une possibilité quelque part d’extrapoler puis d’avoir un peu plus la
notion de conscience de la mort, et conscience de quelque chose qui est plus abstrait. Est-ce que
vous voyez une différence à utiliser le verbe, ce fulcrum-là entre les enfants et les ados ?
Quand je fais parler l’enfant, c’est toujours pour qu’il reconnaisse son unicité, son individualité, le
droit à l’existence. Dans le fond, mon non-jugement, puis quand je dirige un peu les
questionnements de l’enfant, je veux toujours mon but, c’est d’arriver à qu’il peut s’exprimer dans
ce qui est unique à lui, donc qu’il veut qu’il trouve un peu d’affirmation, qu’il réussisse à s’exprimer
par rapport à qu’est-ce qu’il veut lui, pas ce que ses parents veulent au niveau de l’orientation
professionnelle ou son occupation d’hobbies ou même ses comportements. Donc le but c’est
toujours le droit d’exister, puis là on tombe au fait que la notion de mort à ce moment-là, si tu as le
droit d’exister, tu vis, puis la mort à ce moment-là te règle assez facilement, quand la conscience
de mort prends trop de place, c’est parce qu’on n’existe pas dans le présent. En tout cas, c’est cela
qui me passe par la tête quand je traite un enfant, un adolescent, puis j’ai eu des surprises en
cabinet, des fois de faire pleurer la mère parce que t’avais réussi à faire dire à un enfant qu’il ne
voulait pas retourner à l’école. Mais d’être capable de le dire puis que la mère l’entende, que oui il
a pris deux ans sabbatiques l’enfant, puis il est revenu à l’école après. C’est extraordinaire. Mais
quand il était chez eux, il avait beau dire certains mots, la mère ne l’entendait pas. En tout cas, je
ne sais pas si cela te donne la réponse que tu pensais ?
C’est une réponse différente de ce que j’ai entendu, mais à venir jusqu’à maintenant j’ai entendu
des réponses complètement différentes d’une personne à l’autre.
C’est fantastique.
Question : Il y a des gens qui m’ont déjà parlé qu’il faut vraiment travailler l’aspect
électromagnétique, d’autres personnes m’ont parlé plus, justement des fulcrums extérieurs, le
parent, et tout cela. Donc c’est vraiment varié. Cela va être intéressant à analyser.
C’est quand tu as parlé de la psychologie, les adolescents, c’est pour cela que Denise Dufresne a
pensé à te donner mon nom, moi j’en fais beaucoup. C’est vraiment le non-jugement qui fait la
différence. Moi la réponse, je n’en ai rien à cirer. C’est comme quand on traite l’individu, que ce soit
son foie, son rein, ses fascias, ses ventricules qui s’expriment pas. On n’a pas de jugement par
rapport à cela. Nous, on cherche où est né le blocage, alors c’est pareil, les mots, on dirait qu’il y a
une intuition, je vais à la pêche mais on dirait qu’on l’entend où était le conflit intérieur.
Question : Mais d’après ce que vous sentez dans vos mains, vous dites que vous y allez un peu
par intuition. Qu’est-ce qui vous fait poser une question plus qu’une autre ? Qu’est-ce qui vous fait
déterminer ? Est-ce que vous sentez qu’il y a des parallèles ou des choses similaires que vous
sentez d’un jeune à l’autre ?
C’est une bonne question ! Des fois, j’aimerais avoir une caméra extérieure, puis le regarder après
une séance et me dire, c’était quoi le déclencheur qui fait que j’ai senti que la question devait se
poser ? Je ne le sais pas. Mais souvent je pense que c’est mes mains qui sentent selon les
niveaux de tensions que je ressens chez l’enfant. Plus le thorax, plus le diaphragme est pris, plus
sa compréhension que j’en aie, c’est que l’expression individuelle, elle est restreinte par manque
de courage de l’enfant, ou par trop d’autoritarisme au niveau de la famille, ou trop d’idées
préconçues. Mais on sait jamais où elle est. Cela peut être de la nature de l’enfant ou son milieu
environnant, on ne le sait pas. En travaillant, des fois l’enfant va s’exprimer un peu, puis le poids se
Entrevue ostéopathie 7 4
libère beaucoup. J’aime bien avoir mes parents dans le local, c’est le fun. Des fois, ton adolescent,
à 12 ans, je considère déjà que je traite un adolescent. Qu’est-ce que tu considères, toi, le groupe
d’âge pour un adolescent ?
Questions : Moi, j’avais pensé faire une entrevue avec les adolescents. Je voulais aller plus dans
la période un peu plus âgée vers 15-17ans, parce que je trouvais que 12 ans c’est encore si on
parle avec la pensée formelle, où le jeune commence vraiment à se questionner sur son avenir.
Qu’est-ce qu’il a envie de faire et tout cela, j’ai l’impression que c’est un peu plus présent vers 15-
17 ans.
C’est cela 15 ans, les parents ne sont plus dans la pièce. À 12 ans, 13, 14, je réussis encore à
avoir les patients que les parents trouvent cela normal d’être dans la pièce et l’enfant l’accepte
bien. À partir de 15 ans, l’enfant est seul, même si c’est le premier rendez-vous. Souvent le parent
va regarder l’enfant, puis va lui dire « tu te sens à l’aise ? Oui ok, j’y vais ».
Question : Puis sentez-vous une différence, on associe souvent le fulcrum au parent, puis on le
voit, le parent qui est dans la salle, il fait à quelque part un fulcrum qui est toujours comme là,
présent pour le jeune, tandis que le jeune de 15 ans, qui se retrouve tout seul, il se retrouve avec
son propre lui-même comme on dit, avec le fulcrum de son thérapeute. Est-ce que vous voyez une
différence entre les deux jeunes ?
Oui je vois une différence quand l’enfant 9-12 ans, les parents dans la pièce, c’est vrai que je peux
peut-être délier des choses qui sont familiales plus, donc l’influence extérieure du parent pour
libérer l’enfant. C’est la même chose pour qu’il y ait de l’homéostasie dans son être. L’intention
parentale pour moi, c’est pareil comme ‘’wiplash’’ pour un cou, c’est vraiment une restriction dans
la mobilité. Quand le parent est là, on peut libérer des choses après quand l’enfant est seul, là c’est
vraiment son droit d’existence, puis c’est par rapport à son courage à lui de s’exprimer, puis
d’exprimer son potentiel, exprimer ses désirs, son vouloir, comme ses visions, puis de faire la
balance entre « ça m’intéresse vraiment pas ! » puis avoir le courage et être capable de le dire,
puis d’aller vers les choses qui le tentent vraiment. Ce sont les choses qu’on aime et qui nous font
peur, nous font très peur, des fois on n’aime mieux patauger dans les choses qu’on n’aime pas,
parce qu’on s’investit moins. Ce sont des paroles que moi j’ai la responsabilité de dire à l’enfant, le
non-jugement c’est cela, c’est d’ouvrir toutes les possibilités. Moi quand j’ai des enfants trop
performants à l’école, puis trop gentil, je leur demande de faire une retenue une fois par mois qui
s’en vient, juste pour qu’ils puissent expérimenter que d’avoir une retenue, c’est pas la fin du
monde, pour qu’ils puissent être libres dans leurs comportements, qui ne deviennent pas juste des
êtres performants et jusqu’au côté « je fais les bonnes choses ».
Questions : D’être dans le sur-moi, puis de vraiment répondre juste au besoin de la société…les
faire sortir de cet aspect et être plus en contact avec eux-mêmes avec le ça ?
C’est cela! J’ai gradué en 93, cela fait longtemps que je ne lis plus les livres, j’aime cela que tu me
ramènes les vrais termes! Puis mes enfants qui sont toujours des ‘’losers’’, puis mets cela entre
parenthèses toujours pour faire cela court, je leur parle aussi. Ils vont trouver cela plus confortable
d’être dans les 62 que d’avoir le regard du succès à 84-85, j’essaie d’agrandir les possibilités. Tout
l’espace enfin de compte de leur possibilité, puis qui ne se cantonnent pas dans le succès ou dans
la défaite. C’est pour cela que oui, mon fulcrum avec les adolescents, c’est le verbe. En plus de
tous les autres fulcrums physiologiques, et l’enfant, je trouve cela merveilleux, parce qu’il émane
une forme d’expansion. L’adulte, on a déjà la balance a commencé à changer. Moi j’ai 46 ans, puis
je m’en rends compte. Je ne sais pas si j’en ai autant devant que derrière. Parce qu’eux autres, on
tout à faire. Je reviens avec mon concept de temps avec l’enfant, c’était une force pour moi.
J’utilise le fait qu’il est au début de sa vie active, en tout cas.
Question : Cela fait vingt ans que vous pratiquez, c’est certain qu’il y a l’expérience, puis un
moment donné, on prend une tangente, je voulais juste voir avec les jeunes d’autrefois… parce
que les jeunes d’aujourd’hui sont beaucoup plus stimulés à l’expression. Je me rappelle un
moment donné, les gens, ils me disaient, « les jeunes d’aujourd’hui sont pas mal plus intelligents
que quand nous, on était jeunes ». Moi je dis non, non, ils ne sont pas plus intelligents. On leur
donne simplement plus la possibilité de s’exprimer, alors qu’avant, il n’y avait pas place aux
jeunes, on était tous assis, une gang de jeunes autour de la table, c’était les adultes qui parlaient
Entrevue ostéopathie 7 5
les enfants étaient en deuxième puis en troisième. Et maintenant c’est l’inverse, les enfants, sont
en premier, puis il y a toute l’émergence des études et livres à leurs sujets.
Il y a une grande raison démographique pour cela. Moi quand je suis née, la pyramide était large
en bas avec les enfants et elle était petite avec les adultes. Ma grand-mère et mon grand-père ont
eu seize enfants, ma mère en a eu cinq. Il y avait peu d’adultes pour beaucoup d’enfants et
maintenant la pyramide est à l’envers. La base de la pyramide, c’est la petite pointe avec peu
d’enfants et beaucoup d’adultes en haut. Cela change beaucoup les rapports de société. Moi j’ai
deux enfants, on est deux à la maison, mais j’ai été élevée moi, cinq enfants, deux adultes. Et ma
mère, pire que cela, deux adultes, seize enfants. Pour contrôler les enfants, il faut les faire taire.
C’est drôle effectivement, l’enfant c’était vu mais pas entendu. Ma mère me le disait, elle était
élevée de même. Un enfant, c’est vu, pas entendu. Et nous maintenant, vu que les enfants, c’est
une richesse, c’est une denrée rare, on leur donne beaucoup, on leur donne du temps, c’est une
différence, oui ! Je ne sais pas si tu avais vu, si cela concorde avec les vus.
Question : Non, non, c’est intéressant. Et est-ce que vous voyez une différence aussi en cabinet ?
Que les jeunes effectivement s’expriment mieux ?
Oui, ils sont libres de s’exprimer. C’est peut-être pour cela que moi, mon type de thérapie peut
exister aujourd’hui. Puis il y a vingt ans, j’aurais peut-être pas pu, parce que c’est vrai que les
enfants sont habitués maintenant, qui ont le droit au moins de recevoir une réponse, ils ont le droit
d’y penser, puis en plus la réponse qu’ils vont nous donner, va être reçue. Parce que nous, si ils
voulaient la réponse… attends, ils nous posaient une question, mais fallait donner la réponse
qu’eux autres étaient prêts à accepter, ou avaient programmée. Moi, je viens de cette génération-
là. Oui très bien, j’aurais le droit de parole, j’aurais le droit de dire seulement, ce qui était supposé
d’être entendu. Et cela c’est vrai. Je suis née en soixante-trois, toi tu es née en quelle année ?
En 66.
J’ai quarante-trois.
Je dirais, moi oui. Je viens d’une famille où c’était vraiment les adultes qui avaient la parole, et les
enfants ne l’avaient pas. Comme je dis quand les gens disent « oh les jeunes d’aujourd’hui sont
plus intelligents ! », moi je leur dis « non, non, non, non, non ». Ils ont plus d’opportunités pour
parler, c’est différent.
C’est cela, a partie unique en eux est plus valorisée aussi. L’être dépend toujours du non-jugement
où ils sont. Être capable de recevoir.
En même temps, il y a l’aspect unique puis en même temps, je trouve quand dans la société
actuelle, cela devient de plus en plus compliqué. Je pense qu’on a de plus en plus des jeunes qui
sont un peu perdus dans tout cela, dans les exigences de la société aussi, que là à 10 ans, ils
doivent trouver tout de suite qu’est-ce qu’ils vont faire comme métier plus tard. Ils ne savent pas
encore trop où s’en aller, puis ils sont encore plein… puis je dirais il y a une multitude de possibilité
qu’avant. On ne se cassait pas le pompon avant, puis même avant, avant bien longtemps. Les
gens, ils continuaient la ferme de papa, il n’y avait pas de questionnement à ce niveau-là.
C’est à cause qu’ils ont trop le regard d’adultes. C’est le mauvais côté du fait que la pyramide a
changé de bord, ils ont trop de regard d’adultes sur eux. Il y a trop d’adultes qui se mettent le nez
dans la vie des enfants. Tu sais quand ils disent la génération ‘’over’’ ou hélicoptère on dit, moi en
tant que parent, je suis la génération hélicoptère « I am always overing, over, tu sais l’hélicoptère
Entrevue ostéopathie 7 6
qui fait du sur place en haut d’une situation. Donc les enfants, cela leur ramène beaucoup de
souplesse. Nous, on était libéré de cela. On n’avait peut-être pas le droit de parole autant, mais les
parents étaient tellement occupés à faire nourrir cinq enfants, à s’occuper de leurs affaires. On
avait une liberté d’action. Mais là aujourd’hui l’enfant, peux-tu regarder des enfants des fois qui
viennent de divorces. Moi, je connais un couple, ils ont eu deux enfants, ils ont divorcé. Les
enfants, ils ont quatre pères de grands-parents parce que chaque parent s’est remarié. Puis là…
des fois on s’amuse. On fait un petit arbre généalogique, la quantité de grands-parents, parents
impliqués dans la vie de deux jeunes adultes, c’est étouffant.
Cela me vient tout de suite, mais j’ai un de mes patients, il a marié une femme qui avait déjà deux
enfants. Puis lui, il est séparé de son bord, puis elle, il y avait déjà le père des enfants. Il s’est
remarié, il avait des enfants de l’autre bord. En tout cas, je disais « Wahouu ! » parce que nous des
fois, dans le temps on avait de la misère, que d’avoir de l’assistance un peu par nos propres
parents, parce qu’ils étaient déjà occupés avec d’autres enfants en arrière. Oui c’est plus dur pour
les enfants à ce niveau-là. Il y a trop d’adultes qui ne se mêlent pas de leurs affaires, qui font des
projections de l’envie des enfants. Cela non ! D’où le verbe, c’est là que cela revient parce que moi
c’est cela mon outil. J’essaie de ramener cela sans sortir justement ce que l’enfant, c’est quoi ses
désirs pour que l’adulte qui est là dans la pièce, qu’il arrête de s’investir dans l’enfant. L’enfant, il a
le droit d’exister pour lui-même, le droit d’exister. Et là de replacer chaque personne dans leur
propre vie, leur propre « je », restez votre « je », puis reconnais l’autre. L’individu divise, séparé en
être unique. On facilite…Il faut du respect pour cela, faut les amener la responsabilité sociale, donc
tu existes en tant qu’individu, et tu es utile à ta société. Et la société aura la couleur de toutes les
gouttes d’eau ensemble. Là on revient encore avec un point fixe, tout en étant conscient de la
mobilité globale de l’organisme. Donc l’enfant existe de façon personnelle. Mais ce qui fait la vie
intéressante, c’est qu’on est beaucoup ensemble, puis toutes les petites gouttes ensemble va
s’appeler un océan. Mais une goutte toute seule, c’est une goutte toute seule.
Question : Vous devez être pour la façon que j’entends un peu aussi avec, par rapport à
l’éducation, vous devez être pour les écoles alternatives ?
Oui, moi dans le milieu où j’étais, j’étais en banlieue de Montréal, il n’y en avait pas. Puis aussi,
j’avais des enfants, moi j’ai des enfants qui n’avaient pas de problèmes d’apprentissage, dans
aucune façon. Ils sont rentrés dans le système d’éducation sans difficulté. Je n’ai pas eu à
chercher pour cela. J’aurais aimé cela si cela avait été sur place. Mais je n’ai pas eu de problème,
pas de problèmes d’apprentissage, pas d’hyperactif, puis pas de déficit d’attention. Bien que mes
enfants ont été traités en ostéopathie à la première heure de naissance. Ils avaient déjà des mains
d’ostéopathes sur eux. Mes amis passaient à la maison, les enfants avaient un an, une semaine,
deux semaines, « on veut le traiter un petit peu », « oh oui, traite-le ». Je pense que l’ostéopathie
aide beaucoup.
Question : Selon vous, elle aide comment par rapport à comment vous l’expliqueriez qu’elle aide
beaucoup, à faire en sorte que le jeune trouve sa propre identité ?
Le fait que ses fulcrums intérieurs sont souvent en diapason, il y avait de l’homéostasie de son
corps qui fonctionnait bien. Ah c’est une très bonne question cela ? Les concepts ostéopathiques
d’équilibration, c’est intéressant. Comme on dit, l’individu dans chacune de ses cellules, si les
cellules sont en harmonie, bien il y a des parties de l’enfant qui n’étaient pas en tiraillement, qui a
pu passer à travers les difficultés, la socialisation à l’école, après la pression de rendement, puis
après trouver des amis, après le développement de son propres corps, l’acceptation de son corps,
la peur de perdre ses parents, après la mort. Mais le corps étant un mécanisme que les rouages
allaient bien, bien la psyché est plus capable à ce moment-là de faire face au défi de la vie. Puis
quand on a un « parenting » qui est bon autour, oui l’ostéopathie contribue.
Je voyais de même aussi des fois par rapport à l’adolescence, où des fois ils viennent d’une famille
pas facile, et qui a eu de gros conditionnements, je vois même des conditionnements comme étant
des fixités psychologiques…
Oh oui !
Entrevue ostéopathie 7 7
Où si on parle de nous des fulcrums dans le corps physique qui deviennent une fixité, alors le
jeune peut avoir même au niveau psychologique, des fixités qui comme des fois justement des
mauvaises paroles ou des choses où « je ne suis pas bon » ou quoique ce soit et que cela
devienne une fixité plus qu’il n’y a plus rien, comme si tout fige dans sa vie autour de ce point de
fixité-là.
Cela fausse son jugement. Là on retrouve les spasmes crâniens. Effectivement en travaillant des
zones, nous on peut des fois initier la résolution dans le physique. Puis pour cela, on dirait que cela
se mélange, tu sais il y a le physique puis le… Puis des fois, on ne sait pas qui est venu avant,
puis des enfants c’est l’enfant lui-même qui parle, ou c’est nous le thérapeute où on va un petit peu
à la pêche, on pose un petit peu de questions « À la maison, as-tu des frères ou sœurs ? » puis
des fois, on peut sentir même le corps vibrer. C’est cela qui arrive, oui je vais passer un
commentaire « Oh mon frère… », puis là on essaye de voir, est-ce qu’il vit toujours de
l’harassement par ce frère-là ? Donc oui, effectivement, il peut y avoir des points de fixité
psychologiques, on va retrouver dans le corps des fois, avec les spasmes crâniens. Puis en créant
une relation de confiance, puis en faisant juste ventiler un petit peu, puis en étant neutre, on va
aider.
Question : Est-ce que vous l’exposer des fois quand vous sentez une discordance entre ce que le
jeune dit et ce que vous ressentez au niveau du corps ou que le jeune va dire « Non, non, non, tout
va bien, tout va bien ! », puis qu’en réalité, on sent vraiment des blocages du corps à ce niveau-
là ?
Cela c’est vrai pour l’adulte et pour l’enfant. Dans le fond, le corps, il est fort. On ne s’en rend pas
compte, disons que toi puis moi, quand je vais me faire traiter, puis quand je n’ai pas de douleurs,
je suis toujours ébahie de la quantité de tensions puis de lésions que mon ostéopathe va trouver.
Là, je me dis « Wahouu ! ». C’est vrai que le corps a une grande capacité de compensation parce
qu’on est toujours en déséquilibre, le fait qu’on subit la gravité sur nous à chaque moment de la
vie. Il faut toujours travailler avec notre diaphragme pour combattre la gravité, d’après les
changements climatiques, les émotions, les pressions barométriques extérieures. Les énergies
perverses, cela c’est en médecine traditionnelle chinoise, tout dans notre environnement, ils
appellent cela les énergies perverses. Si l’énergie perverse éventuellement est supérieure à mon
énergie, ma vitalité, là je vais manifester un symptôme, que ce soit une pneumonie, une grippe ou
bien je vais faire une entorse de cheville en marchant, parce que j’étais non attentive. Le corps
effectivement a une grande capacité de s’accommoder, puis là quand on va chez le thérapeute,
surtout entre nous autres, entre ostéopathes, « wahouu ok, ton rein, il a commencé à « ptoser »,
cette membrane-là est serrée, et ton MRP n’est pas fort! Mais je n’avais aucun symptôme, mais
cela fait juste me permettre de garder mon homéostasie. L’enfant, c’est pareil, l’adulte on n’est
jamais conscient des tensions que l’on a. Je trouve toujours plus de tensions que le patient perçoit.
Et je dirais à quelque part, peu importe les niveaux où on travaille, on a toujours besoin des miroirs
pour se voir, parce que sinon, on ne voit rien.
C’est cela, c’est bien dit. Puis, l’acte ostéopathique, c’est un acte de communion ou de
communication entre deux personnes. Parce que moi, je me suis dit, « je suis qui pour traiter un
autre être humain comme moi ? » Puis Philippe Druelle avait dit une fois « Si l’individu a franchi le
seuil de ton bureau, si la vie a fait qu’il s’est amené chez toi, tu as le droit de le traiter, tu es
reconnu valable pour le traiter. Je trouve cela très intéressant, parce que à un moment donné, c’est
quoi le but de traiter ? C’est de célébrer la vie, c’est tout ! Puis la vie, il y a la maladie puis il y a la
santé. Et je ne vais même pas dire si je vais garder mon patient en santé, mais je veux juste
célébrer un moment avec lui, avec l’intention de remonter son homéostasie, son énergie. Moi je
dis, descendre les poubelles, c’est simple. Je vais nettoyer, avec les concepts ostéopathiques. Je
suis capable d’avoir une belle vague d’MRP, que je sens qui va de haut en bas. Quand je suis
rendue en crânien, je sens la vague jusqu’à ses pieds, puis cela remonte, je sais que j’ai fait ma
job. Mais lui, il retourne dans son cirque, dans sa vie, il retourne se battre contre la gravité. Il va
retourner en déséquilibre à sa façon. Il y a un côté, il n’y a pas de finalité en ostéopathie, faut être
très humble puis ouvert. Avec les années, tu te rends compte, qu’ouai, ouai, ouai…
Question : Quelqu’un qui commence puis qui a moins d’expérience, ce n’est pas toujours facile
justement, on dit toujours que le résultat ne nous appartient pas. C’est comme un processus qu’on
Entrevue ostéopathie 7 8
travaille ensemble, mais le résultat, je dirais ce n’est pas facile, parce que des fois il y a des
patients qui nous reviennent « Puis regarde, j’ai encore ce problème-là, ou il se passe encore telle
affaire ! »
Oui, au début c’est ce qui est le plus dur, parce que veut, veut pas, on a le désir de combattre la
maladie. Moi avec les années, je le dis à mes patients, moi je n’ai aucun intérêt de combattre votre
symptôme. Mon seul désir, c’est d’être capable de rentrer en dialogue avec, puis qui commence à
s’affaiblir où là je vais être contente ! Parce que, là je sais que je suis capable de ramener de
l’homéostasie chez mon patient. Mais faut pas oublier que je ne contrôle pas tout, ce patient-là, il
boit peut-être comme un trou. Il est peut-être dans une relation de couple destructive, il n’aime pas
sa job, ce qui fait, je ne le sais pas. Faut commencer à rentrer en dialogue avec les tissus, puis là
c’est comme, c’est moi qui pose la question aux tissus, puis es-tu un bon propriétaire, puis prends-
soin de toi. Puis avec le temps, on s’en rend compte, la personne a une bonne hygiène de vie, elle
s’alimente bien, les tissus sont en santé. Puis tu le fais parler un petit peu « Ah oui, j’ai une bonne
job ! » Puis là après, on tombe avec les problèmes de vie normale, une normalité, là c’est trippant !
Puis tu sais que tu vas être capable de l’aider.
Si le corps est assez en santé, tu vas réussir à l’aider. Mais il y a des gens qui ont une certaine
passivité par rapport à leur vie. Puis on ne peut pas, ils aiment te voir puis ils disent « fix it ! » « oh,
I am not a fix it ! » mais c’est de l’éducation cela aussi. J’ai déjà refusé des patients, moi il y a un
monsieur qui est arrivé, il buvait de trop je suis certaine. Il y a certaines fois où j’ai dit « Oh
monsieur vous savez, si vous voulez que je vous retraite, il faut que vous me perdiez 20 livres.
Parce que cela ne donne rien présentement. Il n’est pas revenu. Mais moi j’avais réussi à mettre
des paramètres dans ma vie professionnelle, autrement dit je me serai démenée contre ce patient-
là. Mais plus il y a une clientèle qui est établie, cela arrive. Les gens qui vont vers l’ostéopathie
habituellement, c’est juste des gens avec une conscience de vie, de désir de qualité de vie plus
grande. Mais de temps en temps, tu ne combats pas la maladie, tu aides le métabolisme à régler
son problème. Souvent, c’est le symptôme qui affecte le patient et chez nous, je l’aime son
symptôme. C’est de là qu’il a pu connaître l’ostéopathie.
Quelque part on libère les possibilités, mais cela va être à la personne de prendre c’est quoi qui se
présente.
C’est le miracle de la vie ! Philippe dit souvent, on honore la vie quand on traite. Puis on est
chanceux, on a de beaux outils. Surtout si on ressent les MRP dans nos mains. On se rend compte
que ce n’est pas du ‘’bluff.’’ Je commence la séance, puis je cherche les points les plus tendus.
Puis un moment donné, tu sens la fluidité. Il faut que tu sois consciente à chaque heure quand tu
finis ton traitement, oui cela bouge mieux. Là tu sais que tu as fait ce que tu avais à faire, mais
après la vie comment elle va le manifester, on ne sait pas. La personne a besoin de dix séances à
guérir, l’autre deux. Ou il va te dire, j’ai le même symptôme, mais je ne fais plus d’insomnie. Bien
on va dire c’est parfait, on continue. Puis là c’est trippant, il y a des fois quand ils disent j’ai les
mêmes douleurs, mais est-ce que cela a changé sur d’autres choses ? « Bien c’est vrai je digère
mieux, c’est vrai je ne suis plus constipé ». On ne savait pas mais le corps voulait qu’il passe par là
avant. Puis là c’est sûr je reviens avec le verbe. J’utilise un petit peu de verbe quand même, je
demande aux gens les grosses ondes de tension dans leur vie, puis je leur demande d’y voir, de
ne pas oublier que leur corps c’est le résultat de ce qu’ils font avec mais après 24 heures. Le corps
par lui-même n’est pas animé. Enlève l’anima, puis le corps c’est une marionnette au sol. Le corps
se met à bouger quand il y a l’anima dedans. Tout ce que vous vivez à chaque 24 heures
détermine votre corps. On ne comprend pas pourquoi on fait un accident d’auto, puis tout cela. Je
viens de me faire une hernie cervicale. Je me dis « bon.. » elle n’était pas trop grosse mais au
moins… je ne trouverai jamais, je ne vais pas chercher le pourquoi.
Question : Il y avait une belle phrase que je trouvais à la gym, un moment donné je suis allée puis
ils disaient, c’est comme si l’image qu’on a aujourd’hui de notre corps c’est un peu les actions du
passé. Puis à quelque part, ils disaient qu’est-ce que je vais avoir l’air demain, mais c’est toujours
en fonction des actions du présent. Qu’est-ce que tu fais aujourd’hui, cela va avoir un impact
demain. Et ce que tu as actuellement aujourd’hui, bien c’est les résultats d’hier.
D’où l’intérêt si on traite les adolescents, si on réussit à les « grounder » dans le moment présent,
en les faisant un peu parler. Parce que l’enfant, c’est le fun parce qu’ils sont simples aussi
Entrevue ostéopathie 7 9
l’adolescent. Oui, il y en a de temps en temps qui sont compliqués, moi j’en avais qui voulait être
pilote de Formule 1. C’est un genre d’enfant, il voulait le succès mais sans l’effort, c’était plus dur !
Les enfants ordinaires, ils vont être capables de parler un petit peu, ils veulent être heureux, ils
veulent être enlignés. C’est bien le fun, ce n’est pas si difficile que cela. Puis la vitalité est tellement
plus grande, moi je pense que c’est la cause, la force de croissance, ils sont toujours dans un
processus d’expansion. Parce qu’à vingt-un ans, là on a commencé à avoir le processus de
rétraction, le vieillissement commence à vingt-un ans je crois. Tout le temps qu’on traite un enfant,
ils sont dans leur force d’expansion, donc si nous on enlève des points d’appui qui ne sont pas
bons, des axes qui sont pas bons, c’est fantastique.
Question : J’aimerais juste revenir avec vous concernant, si vous aviez des critères précis quand
vous parlez de votre fulcrum de non jugement, parce qu’on parle pour déterminer c’est quoi un bon
fulcrum, il y a toujours des critères, alors votre critère de non-jugement, quel serait votre critère de
fulcrum de non-jugement ?
C’est une bonne question, je n’y ai pas pensé. Il y a l’ouverture, la disponibilité. Il y a sûrement une
réponse à quelque part, mais je ne l’ai pas présentement. Le non-jugement, je l’ai eu parce que
c’était mes patients qui revenaient avec cela. De temps en temps, une patiente parlait à son
conjoint du traitement qu’elle avait eue avec moi, le conjoint disait « Elle n’est donc pas
‘’jugdmental’’, elle ! C’est le patient qui revenait avec cela. Je me suis rendue compte que mes
meilleurs outils, c’est que je n’en avais pas de jugement. Je ne juge pas le propos, je vais chercher
l’émotion derrière. Le propos, après c’est « Je ne suis pas capable, je suis capable, j’ai honte,
j’aime cela, je n’aime pas cela ». C’est quoi les critères de fulcrum de non-jugement ? D’ouverture,
de disponibilité, la patience.
Oui d’entendre les paroles, puis de les refléter. Du fait du consentement en toute chose chez le
patient. Quand on dit oui, il faut le penser oui. Quand on dit non, faut le penser non. C’est l’amener
cette compréhension là chez l’individu, une cohésion entre sa pensée, son action et son émotion.
Puis j’ai donné le droit, c’est cela le droit d’exister en fin de compte. C’est le dialogue intérieur,
d’avoir le courage de l’assumer intellectuellement après. L’intellectuel, c’est rien qu’un
ambassadeur pour vivre la vie quotidienne. Ce n’est pas une finalité, c’est l’émotion qui est le plus
important, puis tout le cognitif qu’on apprend, l’intellectuel, les chiffres, écrire, c’est comme un
ambassadeur pour avoir le langage pour être capable de faire notre vie humaine. Mais ce n’est pas
cela la vie, ce n’est pas la finalité. Le niveau, c’est d’être vrai avec son émotion, un désir de
travailler seul dans la vie, de désirer de travailler avec des chefs, d’être content au désir de
travailler avec des gens, ou le désir d’être sur la scène, ou le désir d’être un ermite. Si la personne
ressent son désir, bien après assez le courage pour le représenter. Je pense que là ils vont déjà
avoir moins de tensions, moins de spasmes …
Question : C’est comme quand on réussit à ramener la personne à sa vraie nature, d’être au
contact avec sa vraie nature.
C’est cela, c’est lui donner le droit, s’entendre, se sentir. Puis moi je t’aboutis à cela, parce que vue
que j’en ai rien à cirer qu’ils deviennent curé ou violoniste, il est libre. Raconte-moi qui tu es. Mais
Philippe Druelle, moi j’étais de la gang qui nous a enseigné pendant cinq ans de temps. C’était au
début de l’école en quatre-vingt-sept et l’école devait commencer cinq ans avant, il avait
commencé à faire sa structure des cinq ans. Philippe a donné beaucoup de philosophie, il a
beaucoup parlé de l’être. Les lésions s’est beaux mais c’est la conscience de l’individu que l’on
traite. C’est pour cela que je reviens avec la communication, la communion. Il y a un échange entre
les deux personnes puis on est la personne aidante. On doit bien connaître notre rôle par contre
face à l’enfant, face à notre patient. C’est nous qui ‘’lead’’. Philippe disait aussi mettait votre
énergie au-dessus du patient, il ne faut pas que vous soyez en besoin puis là. Sinon c’est nous qui
tombe en maladie. On tient, on supporte notre patient avec notre positivisme, le fait que nous on
doit être en santé. Nous on débloque les mécanismes et on cherche. Il y a un gros côté artistique à
l’intérieur.
Entrevue ostéopathie 7 10
Je trouve intéressant d’essayer de ramener l’équilibre aux différentes couches du corps, niveau
physique, liquidien, électromagnétique,…à tous les niveaux. Et moi, j’essaie de voir s’il y a
possibilité de trouver un équilibre au niveau psychologique aussi. Retrouver un équilibre maximale
comme on le fait en ostéopathie mais il n’y a pas juste le corps selon moi ?
Le corps s’est le reflet de la psycho…à part avec le verbe, je ne sais pas comment on peut le faire.
Quand le corps va mieux, l’esprit va s’ouvrir. C’est sûre cela fonctionne ensemble. Parfois, si le
corps est trop ‘’pogné’’, trop de lésions, le MRP trop faible, on va travailler à remonter la liberté du
corps et là l’esprit va s’éveiller. Cela va ensemble. Mais parfois si le corps est trop magané, parfois
il y a des gens qui une force psychologique tellement forte que même si le corps a pleins de
lésions ils le vivent assez bien pareil. Parfois face à un pépin de vie qu’ils ne sont pas capable de
le prendre, ils vont s’écrouler. Puis il y a d’autres personnes qui n’ont pas de force morale, ils vont
avoir besoin d’un corps qui va super bien sinon ce sera difficile. Les deux vont ensemble. C’est vrai
que certains messages que j’envoie à mes patients adultes, les messages commencent à entrer
quand le corps va mieux après 5-6 séances. Des gens qui n’ont jamais été traités disons…puis on
enlève des lésions de reins et de foie et des spasmes endocrâniens quand tu as réussis à enlever
cela et libérer la dure-mère. La personne est plus vraie à elle-même et là on peut mieux travailler à
dire : ‘’le droit à l’existence personnel’’.
Cela répond peut-être à ta question quand le corps va mieux dans sa matière, l’esprit va aussi peu
mieux s’exprimer. C’est cela que je vis des fois, il y a trop de lésions, je remonte le MRP, je vais
attendre que la personne elle va mieux redormir, moins de douleurs après cela je vais parler avec
de : ‘’qu’est-ce qu’il fait avec ses 24 heures ?’’ Puis même des fois, quand les gens souffrent
d’insomnie, je dis que la nuit n’est que le reflet du jour. Le problème de nuit se passe dans les 14
heures éveillées. On vient d’éliminer 8 heures. Donc, l’insomnie se passe dans les 14 heures,
donc, c’est de la psycho. Les symptômes sont juste le reflet de ce que vous faites avec votre vie.
C’est réel. Il y a des personnes qui parlent peu et cela fonctionne aussi. Être reçu dans le silence,
c’est très fort aussi pour beaucoup de gens. Il y a des thérapeutes qui ont le don du silence, moi je
l’ai un petit peu moins. J’ai vu un film en fin de semaine ‘’mother in love’’ puis le personnage
principal par 3 fois il parle de ses problèmes avec son ostéopathe. Il faisait la technique de Mme
Frymann assis, le triangle pour la dure-mère, il a fait le berceau et il a fait frontal-occiput. J’ai aimé
cela et quand il a fait la technique de Frymann, il est monté sur la table. Il était assis en ‘’geisha’’,
les jambes en dessous de lui et il a fait la technique de Mme Frymann assis sur la table. On n’est
pas supposé de monter sur la table. C’était le fun, le thérapeute faisait ses techniques et il parlait
de psychologie avec son patient. J’ai tellement aimé cela…
Entrevue test ostéopathie 8 1
Question : Selon toi, quels sont les aspects les plus importants dans la technique d’équilibration
d’échanges réciproques de Becker?
Je réponds comme si je faisais la technique. Le plus important est d’être centré, ne pas avoir la
tête ailleurs. Être aussi présent, tu es à l’écoute du corps. Tu n’imposes rien mais le corps qui va
te donner l’information, et toi tu es là pour amener ou attendre que les tissus t’amènent vers le
point où ils voudraient que tu travailles ; c’est comme cela que je le vois. Et de là, tu n’as pas
grand-chose à faire, tu es à l’endroit où il y a un manque d’équilibre, si tu veux, parce qu’il y a
problème, donc un manque de santé, un problème. Tu es là pour apporter une certaine harmonie,
mais c’est le corps qui va s’organiser autour de cela pour amener l’harmonie. Et de là, il va y avoir
comme un genre d’immobilisation, donc, c’est comme le point neutre. Dans ce point neutre tout va
s’équilibrer, tout va s’harmoniser. C’est là où il va y avoir des échanges entre tous les tissus pour
justement dire ‘ok, on peut maintenant s’organiser de telle façon, on va atteindre un nouvel
équilibre’, et puis là, il y a relâchement … ouf, et le moment de résolution, le retour de MRP, le
retour de la fonction.
Je ne sais pas si c’est cela que tu voulais exactement, mais c’est comme cela que je le voyais…
Donc la présence, être centrée, puis d’attendre, de ne pas imposer. Quand je dis d’attendre,
c’est que les tissus vont te montrer. Ce sont eux qui ont la réponse, ce sont eux qui savent, et tu
es là pour juste aider à faire le fulcrum, ce qui va permettre aux forces de venir pour enlever le
barrage, pour enfin retrouver le nouvel équilibre.
Question : quand tu dis on fait comme un genre de fulcrum, est-ce que tu parles du fulcrum par
rapport à toi-même ou à l’intérieur des tissus ? Comment tu vois les choses ?
Pour moi le fulcrum … quand je me centre c’est comme un genre de fulcrum. C’est déjà cela. J’ai
mon fulcrum d’être centrée, je suis avec la personne, je suis en contact avec elle. Et le fulcrum
que je fais par rapport au patient c’est par rapport aux tissus. Moi je le vois comme cela. Je mets
un équilibre dans ses tissus pour que la force puisse s’exprimer. Quand il y a un déséquilibre,
c’est comme si la force ne sait plus comment s’exprimer. Puis à ce moment là, les échanges entre
les différents tissus ne se font plus, c’est là qu’il y a une souffrance, un problème, une douleur. En
amenant cet équilibre là, dans les tissus, c’est ce qui permet à cette force de pourvoir rejaillir,
ressortir…
Elle est là, elle est omniprésente. Tu sais les principes en ostéopathie, les 4 principes en
ostéopathie… dont un est ‘d’être capable d’auto-guérison, autorégulation’. C’est cela, on a tous
en nous les forces de pouvoir s’auto-guérir, mais des fois on a besoin d’une petit aide…. Et des
fois cette petite aide, c’est le fulcrum que l’ostéopathe va amener.
Question : Est-ce que, d’après toi, quand on parle de, concernant la technique de Becker, ce que
tu viens de décrire, quand on rentre dans un processus pour arriver jusqu’à un niveau d’équilibre –
on sait que l’on peut passer par un niveau physiologique, est-ce que d’après toi, on pourrait passer
à un niveau psychologique, selon ton point de vue ?
Je crois que oui, j’y ai réfléchi longuement sans avoir trouvé une réponse exacte, mais, parce que
je me disais que le corps et l’esprit sont intimement reliés… l’esprit, pour moi, c’est comme la
psychologie. Mais c’est difficile à savoir c’est quoi l’esprit. Est-ce que c’est l’âme et, en même
temps, le cerveau ? On ne sait pas. Ce n’est pas quelque chose de tangible, vraiment. Dans ma
tête ‘Corps et esprit’ sont une unité. Si tu as un impact sur le physique, tu as aussi un impact
psychologique.
Et des exemples de cela, c’est que tu peux avoir des manifestations physiques d’un problème
psychologique. Par exemple, la peur, tu auras une boule dans la gorge, tu vas avoir des
congestions. Tu as un effet physique quand même, mais qui est dû à la peur qui est
psychologique. Donc pourquoi pas, les psychologues ont un impact sur les gens, ils réussissent à
régler beaucoup de problèmes, non seulement psychologiques, mais physiques. Parce que, des
fois, dans ma pratique je vois qu’il y a des choses que c’est psychologique l’affaire, mais je me dis,
je peux aider à un certain niveau, mais, des fois, je me dis, ‘hum qu’il va falloir qu’il fasse le fulcrum
au niveau psychologique pour pouvoir l’aider’. Alors oui, si on peut l’appliquer au niveau
psychologique, c’est cela ta question ? Oui, c’est difficile à expliquer autrement.
Entrevue test ostéopathie 8 2
J’avais une réponse par rapport à la recherche d’identité et le fulcrum. Je ne sais pas si c’est ta
question, ou si c’est complètement une autre affaire. Mais, le fulcrum au niveau psychologique. Je
ne sais pas comment les psychologues font... Je ne suis pas psychologue. Ils essaient de trouver
une réponse à leurs ______. Je ne sais pas comment dire, non….
Je voyais le nouvel équilibre…quand tu essaies un équilibre, tu essaies d’avoir une … si c’est par
rapport à l’adolescent. Tu trouveras un modèle, ce modèle là c’est comme ton ancrage. Même si
l’adolescent ne veut plus s’identifier aux parents, il voudra s’identifier à quelqu’un d’autre par ce
qu’il va vouloir comparer ses valeurs, les valeurs de sa famille, par rapport aux valeurs d’un autre
modèle qui peut être un ami, un prof, n’importe quelle personne significative. Cette personne qui
est significative serait comme le fulcrum pour cette personne-là. Parce que tout ce qui va arriver
dans sa vie va ‘focuser’ sur cette personne là qui va la diriger, elle dira ‘Oh ben tiens, je me
demande si cela est correct ?’. Elle ira valider. Le psychologue, à ce moment-là, serait comme
l’ancrage pour la personne. Au niveau psychologique, le psychologue qui aide la personne
souffrante va être le fulcrum parce que c’est elle qui va aider la personne à évoluer, à retrouver un
nouvel équilibre, parce que c’est cela, elle est en déséquilibre – que ce soit un déséquilibre
physique ou psychologique, elle est en déséquilibre. Donc, le but est de retrouver un équilibre. Si
je vois cela au niveau psychologique, la psychologue sera elle-même le fulcrum
.
Question : Tu parles au niveau de consulter, mais si on n’a pas à consulter, ce serait quoi d’après
toi ? Au niveau physique si je me centre ce sera le fulcrum…au niveau purement psychologique.
J’en ai un fulcrum qui n’est pas physique, mais cela vient au niveau plus spirituel, à ce moment-là.
Mon fulcrum psychologique à moi, d’abord, pour m’aider à m’orienter, c’est comme si je fais appel
à, on va l’appeler ‘Dieu’… mais je ne sais pas, car je ne suis pas plus croyante qu’il faut. Mais des
fois, je me dis qu’il y a comme une puissance, quelque chose qui me permet de m’ancrer. C’est
comme si je m’encrais. Cette source là, si on l’appelle ‘Dieu’, c’est elle qui m’aide à m’équilibrer. Si
j’ai quelque chose qui ne fonctionne pas, je fais appel à cette force là. Je ne sais pas si c’est clair.
Puis encore là, c’est quelque chose qui n’est pas tangible. On ne sait pas si cela existe, c’est
comme l’âme. Ce sont des choses tellement abstraites. Au niveau psychologique, c’est comme
cela que je le vois. On entre à un niveau plus spirituel, mais je pense que c’est mon ancrage, oui,
ce qui me permet de m’équilibrer.
Question : Tu as réussi à trouver au niveau spirituel mais au niveau psychologique ce n’est pas
encore clair.
Ce n’est pas encore clair. Je confonds les deux probablement. Je confonds, le psychologique et le
spirituel, probablement. Pour moi c’est, si je dis psychologique, c’est comme l’esprit, c’est comme
mon cerveau. Je ne le défini pas dans le cerveau en fait, car le cerveau c’est physique. Je ne sais
pas. Ce qui fait que, je ne sais pas.
Question : Si on regarde ta propre définition du fulcrum, ce serait quoi dans tes propres mots ?
C’est un point de référence autour duquel tout le corps va s’organiser pour se normaliser, pour
retrouver le nouvel équilibre. C’est comme un point d’appui. Puis, à ce moment-là, quand on a le
point d’appui. À la fin, on a le point neutre, puis la résolution du problème. Mais dans le point
neutre, c’est le point de référence qui permet de redistribuer ce nouvel équilibre-là au corps tout
entier, car on sait que c’est comme une unité : si tu as une partie en souffrance, tout le corps est
au courant, puis quand tu traites une partie, et bien tout le corps est réorganisé. Le fulcrum peut
être n’importe où dans le corps, cela n’a pas d’importance. C’est un lieu, le point où tu en as le plus
besoin pour créer l’équilibre qui va être indispensable pour que tout soit réparti à travers le corps,
pour que l’acte thérapeutique soit efficace à travers le corps. Tu pourrais le faire au gros orteil,
mais si ce n’est pas là qu’il en a besoin, je ne suis pas sûr que ca va être aussi efficace qu’à
l’endroit où le corps va te dire d’aller. C’est cela, c’est un point de référence ou un point d’appui.
Entrevue test ostéopathie 8 3
Question : D’après ta définition, ce serait quoi le meilleur fulcrum chez l’adolescent qui est en
recherche d’identité ?
J’ai lu des choses sur l’ostéopathie en milieu aquatique. Ils utilisaient beaucoup de fulcrum, et le
fulcrum pourrait être aussi simple qu’un flotteur. Un flotteur pour eux c’est un fulcrum. Donc, cela
pourrait être quelque chose à l’extérieur, pas nécessairement juste à l’intérieur du corps. Donc,
pour l’adolescent, le fulcrum, c’était les modèles et les guides qui vont guider la personne à
atteindre le nouvel équilibre, parce que c’est un processus qui est quand même assez long pour
atteindre ce nouvel équilibre-là. Ou bien d’autres vont voir que c’est plutôt des espèces d’étapes
que l’adolescent va franchir. On peut le voir comme plusieurs petites étapes ou comme un long
processus. A travers ce processus là, c’est comme tout l’endroit où il va y a voir changements.
Donc, c’est en perpétuel changement jusqu’à atteindre un équilibre à la fin quand il devient un
adulte.
Question : Qu’est ce qui te fait dire que tu as trouvé le bon modèle pour atteindre l’équilibre ?
Quand on réussi à atteindre un bon équilibre, c’est parce que l’on avait un bon fulcrum. Si le
fulcrum n’était pas bon, bien, tu n’atteindras pas un bon équilibre.
Cela veut dire la résolution du problème ou du moins une nette amélioration parce que des fois on
ne peut pas l’améliorer à 100 %, si on parle du physique. Mais pour l’adolescent, si on a eu un bon
fulcrum – si le guide ou la personne significative l’a bien dirigé, il va sortir de sa période de
l’adolescence avec une bonne autonomie, de bonnes valeurs, il va savoir où il s’en va. Il va avoir
atteint un certain équilibre, il va être devenu un adulte accompli. Il va avoir réussi à passer à
travers cela et avoir réussi à se connaitre, parce que c’est cela le but finalement, sortir de là et être
devenue une personne autonome et à part entière et savoir qui il est.
Donc, si le fulcrum a été bon, l’équilibre qui est de devenir une personne à part entière avec ses
valeurs et son autonomie, et avoir son identité propre finalement, pas l’identité collée aux parents
comme quand les enfants sont avec nous. Ils s’identifient à nous parce que c’est la seule chose
qu’ils connaissent. Après cela, ils deviennent une personne à part entière et on réussi cela, c’est
parce que le fulcrum était bon et l’équilibre était bon. C’est à dire, l’équilibre est devenu bon. Ils ont
atteint à l’équilibre.
Question : Comment on peut entrer dans un processus pour en arriver là ? Si l’adolescent utilise
comme un modèle extérieur qui devient comme un fulcrum…. Comment vois-tu tout le reste du
processus ? Est-ce qu’il y a d’autres moyens que la personne doit faire ou utiliser ?
L’adolescent va d’abord s’identifier aux parents. Il va faire comme un genre de différenciation entre
les valeurs qu’il connait et d’autres qu’il va apprendre. Il a son guide, le parent va toujours
demeurer là pour le rediriger car lui va toujours revenir vérifier et mettre en contradiction ce qu’il a
et donc, il y a un échange en les deux, les parents et les enfants, continuellement. C’est comme
cela qu’il va construire son identité, graduellement. Il a toujours des validations qui sont faites.
Donc, c’est toujours en changement, il va de là prendre ce qu’il veut, ce qu’il ne veut pas, ce qu’il
aime, ce qu’il n’aime pas.
Il y a différents fulcrums. Il n’y a pas juste les parents. Les différents fulcrums peuvent être
différentes personnes significatives : un oncle, un prof, un ami, une personne itinérante qu’il a
rencontrée dans la rue qui va lui avoir montré une nouvelle facette de la vie. En dehors de cela,
pour pouvoir atteindre cet équilibre, c’est pas juste d’avoir un modèle, mais il faut que le modèle
soit constant, qu’il soit fidèle aux valeurs, car si le fulcrum n’est pas bon et qu’il change de valeurs
Entrevue test ostéopathie 8 4
tout le temps, l’équilibre ne pourra pas être atteint. Y-a-t-il autre chose qui doit être fait ? Il faut que
la personne, les parents en autres, soit capable de donner autres choses que juste une ligne
directrice mais aussi que l’adolescent se sente apprécié, écouté, compris, respecté. Ce sont
toutes des choses nécessaires pour atteindre l’équilibre, je pense. S’il n’a pas cela non plus, il ne
pourra peut-être pas atteindre un si bel équilibre à la fin. Il y a peut-être des choses qui… des
fulcrums qui ne seront pas bons.
Si l’adolescent n’a pas été aimé, apprécié – on entre dans le processus de crise d’adolescent… et
on essaie de mettre cela avec des techniques ostéopathiques, c’est ‘heavy’. Je comprends
l’histoire de fulcrum mais le point de balance, point neutre ; c’est quand la personne a finalement
assimilé quelque chose et qu’elle a fait une progression au niveau de son développement. Si on
parle du développement de la personne, du bébé jusqu’a l’âge adulte, on passe par des étapes et
quand l’étape est franchie, on a passé le point de balance, le point neutre, on arrive à l’autre étape.
Au cours de l’adolescence, c’est la réalisation en fait - ‘on a fait un pas, j’ai compris quelque chose
et je suis sur de cet aspect là - une affaire de régler’. Ils vont avoir à regarder au niveau des amis,
des relations amoureuses, au niveau social avec d’autres adultes, au niveau du travail. Ils ont
pleins de sphères à regarder et je vois cela comme des étapes. Ils peuvent avoir rempli une étape,
par exemple le travail, plus rapidement qu’une autre. Au niveau amoureux cela va leur prendre
beaucoup plus de fulcrums et d’essais et erreurs, avant d’arriver à un équilibre.
Annexe 26
Question : Alors concernant la première question comme je vous ai mentionné c’est une question
qui est comme vraiment générale. Que j’aimerais vraiment voir vous de votre côté qu’est-ce que
vous pensez de la notion de crise identitaire dans le processus général du développement de la
personne puis selon vous ça serait quoi les signes précurseurs quand on dit qu’actuellement la
personne en situation de crise?
Bien je dirais de manière générale, on va surtout donner une connotation négative au mot crise
même en général dans le langage courant et dans ma vision à moi c’est quelque chose de
beaucoup plus positif. C’est justement on va parler de la crise de l’adolescence, les parents vont se
plaindre des difficultés qu’ils ont avec leur adolescent comme pour eux la crise de l’adolescence
c’est comme une espèce de mauvais moment à passer mais de mon côté, cela a un sens
beaucoup plus positif mais dans la mesure où l’on va essayer d’accepter, de comprendre et aussi
d’agir face à la crise. Disons d’une manière générale aussi on peut dire que la crise vient du grec
qui veut dire ‘’décision’’.
Donc, dans le développement humain il va toujours y avoir des crises en quelque part, les crises
sont inévitables et sont même essentielles au développement humain. On va dire quelle témoigne
d’un changement en profondeur chez l’être humain. L’adolescence, c’est sûr, qu’elle a ses
particularités à cette crise là, on va souvent parler de la crise de l’adolescence comme étant un
moment charnière dans la construction de l’identité. Il y a plusieurs auteurs qui en ont parlé, entre
autres, je pense beaucoup à Erikson quand je pense à l’adolescence. Je ne sais pas si vous
connaissez sa théorie?
Oui, oui justement concernant ma recherche c’est un des aspects que je trouve intéressant
puisqu’il renote des aspects qui ressemblent beaucoup à l’ostéopathie.
Parce que pour lui Erikson dans le fond, il va avoir un peu la même vision que j’ai décrit. C’est-à-
dire que les crises c’est quelque chose de positif lui en a postulé 8 tout au long de l’existence et
une crise en fait c’est une tension entre 2 pôles. Il va appeler un pôle syntonique et un pôle
dystonique. Un pôle syntonique qui vient d’une demande de la société et un pôle dystonique qui
est réflexe à l’opposé à la demande de la société. Et à l’adolescence ce qui se passe c’est les
enjeux autour de l’identité. Donc, lui va dire d’un côté la société demande à l’adolescent de se
forger une identité, donc d’assumer des rôles sociaux de pouvoir prendre un une place, un rôle
actif dans la société dans son fonctionnement. Et d’un autre côté l’adolescent va vivre une
confusion de rôles, donc, il va devoir explorer les alternatives qui s’offrent à lui pour faire un choix
parmi ces alternatives là. Puis l’adolescent doit développer ce que l’on appelle la fidélité, donc,
fidélité à ses choix.
L’adolescent a exploré, a choisi dans son exploration des éléments qui lui convenaient le mieux et
puis là l’adolescent va devenir fidèle à ses choix, il va s’engager dans ses choix et il va y avoir
donc une force adaptatrice qui va être la fidélité. Ce qui fait que l’adolescent sait qui ‘’il est’’ ce qu’il
devient mais en même temps il sait qu’il aurait pu devenir beaucoup d’autre chose et ça sera
toujours possible pour lui de revoir ses décisions. Si je prend la théorie d’Erikson ce qu’il va dire
aussi la résolution du conflit, la résolution de la crise n’a pas lieu donc, l’adolescent va rester dans
un des deux pôles soit du côté de l’identité mais s’il a une identité sans exploration on peut tomber
dans ce que l’on appelle le fanatisme, l’intégrisme de l’autre côté si l’adolescent reste dans la
confusion des rôles mais là il peut être dans le doute permanent, il peut avoir un sentiment très
diffus de son identité. Vous demandiez aussi ce qu’étaient les signes précurseurs?
Question : Je parlais des signes précurseurs mais là vous m’avez expliqué un peu la théorie
d’Erikson de façon par rapport à l’adolescence mais vous croyiez aussi effectivement par rapport à
cette théorie là pour les différentes crises qu’on peut y avoir de façon générale au niveau du
développement humain pas nécessairement juste à l’adolescence?
Je trouve le modèle d’Erikson qui est très parlant dans le sens où, depuis le milieu des années 50
on voit l’être humain comme un système avec la théorie de Von Bertalanffy sur les systèmes
généraux. On va dire que l’être humain fonctionne comme n’importe quel autre système. Donc,
l’être humain est relié à son environnement et puis est formé de divers éléments qui fonctionnent
de manière complexe ensemble. Et puis, ce qu’Erikson dit, c’est que les crises surviennent parce
qu’il y a des nouvelles demandes sociales. Le premier stade, c’est la crise de la confiance versus
Entrevue professionnel 1 2
la méfiance. Donc, l’enfant qui arrive au monde doit apprendre à faire confiance à son
environnement et ainsi de suite. Il y a toute une succession de crises et puis je trouve que son
modèle est intéressant dans le sens que c’est une demande sociale qui vient déclencher la crise.
Donc, la crise pourrait être vue un peu comme étant une espèce de déséquilibre, ou en tout cas,
un nouvel équilibre à trouver entre soi comme être humain et ce qui se passe dans
l’environnement, dans le monde social. Puis à l’adolescence, la question de l’identité qui se pose.
Question : Est-ce que vous pensez que c’est une crise au niveau des sociétés si vous parlez que
c’est une demande sociale? Est-ce que selon vous d’une société à l’autre les demandes vont être
différentes donc, les crises vont être différentes selon vous?
J’ai l’impression qu’il va y avoir sûrement une certaine variabilité d’une société à l’autre. Du moins
selon le modèle d’Erikson c’est assez clair. En même temps, l’être humain a comme une espèce
comment je dirais comme une espèce de plan de développement en enfance peu importe les
cultures, l’être humain va se complexifier au fil du temps. Ça je pense c’est assez universel, on
fonctionne comme un système. Comme un système qui devient de plus en plus complexe et ça je
pense que c’est comme ça pour tous les êtres humains. Donc, il risque d’y avoir beaucoup de
similitudes et en même il risque y avoir quelques différences probablement plus dedans le rythme
des demandes puis il faut voir étant donné que c’est un système.
Il y a l’être humain, il y a son environnement donc, il peut y avoir des changements à l’intérieur
même de l’être humain. C’est ce qui se passe beaucoup à l’adolescence, les changements
physiologiques importants c’est la puberté, il y va y avoir des changements au sein même du
système individu et aussi des changements au sein du système social qui est notre demande des
nouvelles choses à l’environnement. Donc, c’est évident que l’on peut regarder autant du côté de
l’individu, du côté de la société que du côté de l’interaction entre les 2 pour mieux comprendre la
crise.
Question : Et selon vous ça serait quoi les signes précurseurs qui nous disent que la personne est
actuellement en crise d’identité, qu’elle est en recherche…?
Je pense que de manière générale les signes précurseurs d’une crise c’est, je dirais que c’est un
déséquilibre donc, une sorte de manière d’être qui va être plus saccadée, moins fluide, moins
souple. Moi, je travaille dans l’approche humaniste puis ce que l’on va dire : c’est que l’être humain
dans son développement alterne entre 2 pôles. D’un côté, un pôle d’ouverture et de l’autre côté un
pôle de fermeture. Donc, l’être humain va être à l’affût de ce qui se passe en lui-même, de ce qui
se passe dans l’environnement, il va aller chercher de l’information, des connaissances dans ça
puis il va se fermer un certain moment pour essayer d’assimiler ce avec quoi il a pris contact. Cela,
doit se faire en alternance de manière assez fluide.
Je pense que quand on approche une crise, je pense que ce qu’on se rend compte c’est que cette
alternance là, elle a lieu plus difficilement. C’est pour cela que je dis qu’elle devient saccadée, c’est
comme s’il y avait une crispation dans ce mouvement là. Ce qui va nous donner par exemple des
cas, on va voir des adolescents vont à certains moment être dans l’exploration. Ils vont se centrer
vers tout ce qui est nouveau, vers les autres, ils vont essayer de se conformer à leur groupe. On
dirait qu’ils vont se perdre de vue et à d’autre moment au contraire, ils vont peut-être aller dans
l’isolement. Ils vont se replier en eux-mêmes, ils peuvent même devenir déprimés quand on est
dans l’extrême. Cela pour moi, ça révèle…
Question : Vous m’avez parlé avec la théorie d’Erikson de la recherche entre 2 pôles où
effectivement dans les différents stades il va y avoir la recherche d’espoir, volonté, compétence, la
fidélité entre autres au niveau de l’adolescence. Je me demandais quel serait les moyens selon
vous, c’est quoi les moyens concrets qu’on puisse arriver à un niveau d’équilibre autant physique
que psychologique dans le processus du développement de la personne? Je trouve ça intéressant
la recherche des 2 pôles mais comment concrètement on peut arriver à un équilibre.
Étant donné que je travaille dans un modèle de psychologie humaniste, ce que l’on va dire c’est
que tout être humain il y a ce que l’on appelle la tendance ‘’actualisante’’. Cette tendance là, elle
motive la croissance, elle motive le bon développement de l’être humain. Donc, il n’y a pas de
manière générale tant de choses à faire que de bien vivre la crise. Pour moi bien vivre la crise cela
Entrevue professionnel 1 3
veut dire être attentif à ce qui se passe, pour pouvoir prendre contact avec le fait justement qu’on
est dans une crise et ensuite pouvoir comprendre ce qui nous arrive et finalement pouvoir passer à
l’action. Je parlais de l’alternance tantôt entre l’ouverture et la fermeture, la crise ça se révèle un
certain moment d’impasse et pour dénouer l’impasse, j’ai l’impression que bien souvent ce que l’on
peut faire bien c’est de reprendre contact avec les sensations physiques qui vont nous révéler les
émotions qui sont derrière. Je pense que le ‘’focusing’’ par exemple une technique d’Eugène
Gendlin est très utile pour faire cela.
Une fois que l’on a l’émotion bien il y a toujours un besoin qui est relié à l’émotion en essayant de
comprendre qu’est ce que c’est ce besoin là bien l’adolescent va pouvoir poser des actions dans
l’environnement qui va lui permettre de satisfaire ses besoins. Puis à cette période là, c’est une
période où l’adolescent atteint le stade de la pensée formelle, la pensée abstraite, ça va être donc,
l’occasion aussi pour lui de faire face au grand enjeu existentiel qui se pose à l’être humain. La
solitude, la finitude, la mort. Donc, ces enjeux là bien sûr on essait de s’en détourner car il y a une
angoisse existentielle qui est reliée à ces enjeux là mais je pense que l’adolescent est maintenant
outillé pour pouvoir y faire face pour pouvoir prendre position. Les existentialistes disent qu’il faut
faire nos choix de valeurs et puis il faut s’engager pour satisfaire ses besoins et mettre en action
ses valeurs. Cela, j’ai l’impression, en tout cas moi, c’est ce que moi dans mon approche je ferais
avec des adolescents.
Question : Selon vous, vous avez dit les moyens concrets c’est d’être attentif à la crise, c’est de la
comprendre et être en mesure de passer à l’action?
Tout à fait, je pense que l’on peut regarder la crise économique dans laquelle on est présentement.
Ce que cela dit une crise autant au niveau économique qu’au niveau psychologique c’est que le
mode de fonctionnement dans lequel on était, devient insoutenable. Dans la crise économique ce
que cela nous dit, c’est que la recherche de toujours plus de profits dans un monde où les
ressources sont limitées mais il me semble que ce soit impossible. Donc, le système ne tient plus
en place pour l’être humain c’est un peu la même chose, par exemple je pouvais fonctionner sans
adresser pour moi-même les enjeux existentiels mais ce que je faisais pendant ce temps là c’est
refouler l’angoisse existentielle et dans certains moments je me sens toujours angoissé mais je ne
comprend pas pourquoi, la crise vient me révéler que bien de vivre dans le déni comme ça c’est
probablement quelque chose qui est insoutenable à long terme donc si j’adresse la crise, si j’essais
de comprendre qu’est-ce que c’est cette angoisse là. Pourquoi je suis toujours pris dans l’estomac
et puis là je suis capable de mettre des images dessus. Je suis capable de voir : je suis seul, je ne
sais pas ce que je vais faire de ma vie, je ne sais pas quelle direction prendre bien à partir de là,
une fois que ces questions sont adressées on peut aussi trouver des actions qui sont possibles
comme explorer, faire des choix de valeurs ce genre de chose là.
Question : Je sais que vous en avez parlé un petit peu concernant votre point de vue sur la
recherche de l’identité chez l’adolescent concernant la théorie d’Erikson, pouvez-vous m’en parler
plus? Justement, comment vous, vous expliquez dans vos mots la recherche de l’identité, c’est
quoi les aspects et enjeux importants concernant l’adolescence?
Étant donné que je vois l’être humain comme un système, je dirais 2 choses. D’abord du côté de
l’individu, il y a la puberté. Donc, l’adolescent va voir son corps se transformer comme jamais
auparavant, il va avoir aussi des nouvelles sensations physiologiques entre autres à causes des
effets des hormones qui n’a pas vraiment expérimenté auparavant qui va devoir chercher à
comprendre. Et en plus, il y a tout le développement du cerveau qui lui amène la pensée abstraite
pour être capable de voir les choses de manière très différentes de ce qu’il pouvait voir avant. Se
pose donc, pour lui plusieurs questions donc, qu’est-ce qui m’arrive, qui je suis, quel sens que je
peux donner à tous ces bouleversements là et puis toutes les questions existentielles qui se
rattachent à cela : quel est le sens à ma vie? Qu’est-ce que je vais faire de la vie? Ça c’est pour
l’individu, pour la demande sociale, va falloir que tu trouves une identité qui va te permettre de
jouer un rôle social. La société va mettre une certaine pression dans ce sens là, les parents vont
aussi favoriser l’autonomie à cet âge là pour leur enfant.
Donc, pour l’adolescent, ce qui arrive : il doit essayer de concilier toutes ces demandes là puis il
est aussi dans une période ou lui-même il se sent assez confus par rapport à son corps et son
rapport au monde, à sa vision du monde est bouleversée. C’est pour cela qu’on va dire que
Entrevue professionnel 1 4
l’adolescence c’est sûrement une des crises qui est la plus importante durant la vie puis c’est
surtout autour de la recherche de l’identité. Erikson se qui dit qui est très important, c’est de
pouvoir explorer, par l’exploration on peut trouver des rôles qui nous conviennent puis ce qu’on se
rend compte c’est que la famille et la société ont une fonction à jouer dans cette exploration là pour
l’adolescent. Erikson parlait de 2 identités : une identité ‘’forclose’’ et une identité négative qui sont
celles que l’on va développer si on n’explore pas suffisamment. L’identité ‘’forclose’’ bien c’est celle
que l’on va prendre, celle que l’on introjecte la famille, la famille veut que je sois un intellectuel bien
je vais devenir un intellectuel. L’identité négative cela procède de la même manière, il n’y a pas
d’exploration mais là on s’oppose par exemple à la demande de la famille. La famille veut que je
devienne un intellectuel mais moi je vais devenir un manuel. Alors ce que l’on voit c’est toute
l’importance, je pense de l’exploration pour à terme développer une identité qui soit plutôt du côté
de la fidélité qu’une identité qui soit plus du côté soit intégriste, fanatisme ou du manque de choix.
Question : Vous en avez déjà parlé de la dernière question, c’est quoi que les jeunes adolescents
ont le plus de besoin, vous parlez beaucoup d’exploration mais les moyens que les jeunes utilisent
selon vous est-ce qu’ils sont efficaces et pertinents? C’est quel genre d’exploration qu’ils ont à
faire? Ça serait quoi les bons moyens pour eux?
C’est une question très complexe mais je pense que les jeunes ont d’abord besoin de liberté pour
pouvoir explorer différents rôles, différentes identités pour faire des choix de valeurs qui soient
vraiment centrés sur eux-mêmes. Ils ont aussi besoin de sentir que les personnes qui sont
significatives à leurs yeux les soutiennent de manière inconditionnelle. C’est à dire qu’ils peuvent
explorer, ils peuvent adopter différentes identités, changé un peu d’identité et les gens qui sont
importants pour eux vont rester là derrière à les soutenir. Ce qu’on se rend compte c’est que bien
souvent, donc cela est l’idéal mais bien souvent cela ne se passe pas comme cela. Le milieu
familial va être souvent autoritaire, va limiter l’exploration pour les adolescents puis aussi la société
investit très rapidement les enfants puis ils vont les contraintes à des rôles sociaux trop
rapidement. Je pense par exemple au phénomène de l’hyper sexualisation, on parle beaucoup de
la société fait. C’est qu’elle objectifie entre autres les jeunes filles, les objectifie sexuellement en
disant bien : dans notre société pour avoir de la valeur comme femme bien ce qu’il faut c’est
d’abord d’être sexué. Et les petites filles qui n’ont pas toute la réflexion autour de l’identité vont
greffer ça à ce qu’elles ont en disant : faut que je sois sexée pour pouvoir avoir une gratification
sociale. Puis cela risque de ne pas être remis en cause à l’adolescence donc, l’adolescent devra
porter beaucoup de choses qui n’aura pas choisi, qui ne sera pas conforme à ses besoins, qui ne
sera pas conforme à ses valeurs mais qui vont davantage refléter les demandes sociales.
Puis je pense aussi à pleins d’échappatoires qui font que la crise, la crise pour bien des individus
mais la crise pour les adolescents est évacuée et ne peut pas être comprise et bien utilisée. Ces
échappatoires là, je pense aux médias, à la surconsommation, je pense à tout ce qui touche la
réalité virtuelle, de toutes ces choses là ce qui font c’est qu’elles permettent de repousser un peu le
face à face décisif avec la crise et qu’elles nous coupent de notre expérience affective et nos
besoins fondamentaux. Ce n’est pas pour rien je pense que l’on voit autant de dépendance aux
drogues, dépendance aux substances, autant de troubles alimentaires chez même les enfants et
les adolescents. Je pense que c’est très symptomatique du fait que les jeunes n’ont pas beaucoup
d’espace pour prendre contact avec qui ils sont et avec leurs besoins et avec leurs valeurs. J’ai
l’impression qu’idéalement, cela prendrait aussi des espaces de réflexion pour les jeunes pour un
peu déconstruire tout ce que la société a voulu qu’ils adhèrent puis aussi reconstruire des identités
qu’ils leur ressemblent plus. Je pense à des lieux d’échange, des lieux d’exploration et des lieux
d’action parce que l’identité se construit beaucoup dans notre rapport avec l’autre, avec l’être
humain. C’est un être qui est fondamentalement social et puis je pense dans le contact avec les
autres, il y a beaucoup de réponses qu’il trouve là et les jeunes pourraient davantage en bénéficier
que s’ils étaient fragmentés comme ils le sont bien souvent aujourd’hui.
Cela est une excellente question…l’humaniste comme psychologue dirait si on ne trouve pas dans
un choix, dans une démarche consciente, si on ne se penche pas sur qu’est-ce qui fait qu’on sait
pleins de choses sur le développement de nos adolescents puis en même temps on a de la
difficulté à mettre tout ça en pratique parce que la société ne nous laisse pas le loisir de le faire. Je
pense que d‘un côté, on a un système capitaliste qui demande qu’on soit productif, qu’on soit
centré sur le travail puis l’autre on se rend compte que l’être ne fonctionne pas juste comme cela.
L’être humain est un être complexe et se centrer juste sur la productivité, ça l’amène à sa perte, ça
l’amène même à se décontracter, c’est sa perte de contact avec un environnement qui est entrain
de mourir. La planète se meurt, tout le monde est capable plus ou moins consciemment de le dire,
en même temps, on passe plus ou moins à l’action parce que ce n’est pas conforme au système
dans lequel on se trouve. Alors je me dis c’est qu’il va y avoir une crise, il va y avoir une crise à
l‘échelle plus sociale qui va nous révéler que le mode de fonctionnement dans lequel on est est
insoutenable. L’être humain a une tendance actualisante, la société aussi d’une certaine manière a
une tendance actualisante, le risque c’est que l’on repousse le délai tellement loin qu’on l’on ne
puisse pas s’en sortir. Mais cela c’est la partie désespoir et j’essais de ne pas trop nourrir ça mais il
y a une partie de moi qui dit que cela se pourrait que l’on passe à côté, puis si on passe à côté
bien ça serait très dommage.
En même temps comme l’existence précède l’essence si l’être humain n’est pas capable de
donner une existence qui a du bon sens au fait qu’il est sur cette planète là, bien…ce sera
simplement dans l’ordre des choses et dans l’équilibre un peu plus écologique que l’être humain
disparaisse. Alors de ce côté là, il y a de l’espoir, il y a aussi du désespoir. Je pense pour les
adolescents aussi, je vois aussi beaucoup d’espoir dans les mouvements écologistes par
exemples où les adolescents vont prendre très tôt prendre contact avec des personnes comme
eux qui voient que la planète est importante, donc, cela va les amener à remettre en question un
système de valeur. On voit aussi les mouvements altermondialistes, les mouvements de
consommation locale, de décroissance, de ‘’slow living’’ et tout c’est chose là, le fait que c’est
volontaire, qui font aussi dire bien qui a des gens qui prennent conscience qui vont contre eux-
mêmes puis qu’il faut que ça arrête, puis qu’ils essaient d’inspirer d’autres personnes puis dans ce
sens là bien…les adolescents qui sont dans une période où ils font des choix identitaires peuvent
être mis en contact avec ces modèles là bien je pense qu’il va y a voir plus d’adolescents qui vont
faire le choix de trouver des modèles alternatifs dans lesquels ils vont évidemment se rencontrer,
sont plus épanouie et leur développement se fait. Je ne sais pas si cela fait du sens…
Question : Je trouve cela très intéressant…ça va me faire un plaisir de réécouter tout ça. Je me
demandais, on est dans une société accès sur la productivité, accès sur le succès, je me
demandais par rapport aux autres sociétés comme l’Afrique ou les autres endroits…pensez-vous
que l’adolescence se vit beaucoup concernant les demandes sociales qui sont différentes des
nôtres?
C’est une excellente question. On sait que dans certaine société l’adolescence va être une période
plus fluide donc, il va y avoir moins de heurts, moins d’intensité à la crise. Je pense à des sociétés
qui sont plus collectivistes entre autres en Amérique Latine, en Afrique, aussi dans certains coins
de la Russie. Les sociétés plus collectivistes ce qu’elles font bien l’être humain porte moins
l’ambivalence de sa solitude et des demandes sociales. Dans cette société ici, on dit aux gens bien
faites partie de la société mais en même temps compter juste sur vous même. C’est une société
individualiste où l’on prône le succès personnel, la productivité personnelle mais en même temps il
faut faire partie d’un système social dans lequel on se reconnaît de moins en moins. Je pense la
très grande solitude qu’on peut voir chez les individus de notre société s’explique par
l’individualiste. Dans d’autres sociétés étant donné qu’on est plus collectiviste bien ces enjeux là
sont moins importants. Il y a une plus grande continuité entre ce que j’étais comme enfant, c’est la
communauté qui s’occupait de moi puis à mesure que je développe mes capacités physiques, mes
capacités intellectuelles bien mon rôle devient un peu différent dans la société mais j’ai moins le
poids de ma solitude. J’ai l’impression que cela se passe plus en douceur. Est-ce que en bout du
compte les gens sont plus épanouis? Je pense que cela dépendrait aussi du type de société. Est-
ce que c’est les sociétés collectivistes qui sont très autoritaires ou là pas nécessairement, je
Entrevue professionnel 1 6
Ne suis pas certain que les être humains sont plus épanouis? Il y a des sociétés collectivistes qui
sont plus accès sur la solidarité, sur l’ouverture alors eux probablement en bénéficieraient plus.
Question : Avec ce que nous avons discuté aujourd’hui est-ce qu’il y a des points sur lesquels vous
ont un peu intrigué ou que vous aimeriez ajouter des choses?
Je me demande un peu par rapport à votre projet si j’ai pu apporter des réponses intéressantes
parce que j’ai une idée sur quoi vous travaillez mais je ne connais pas l’objectif précis?…
Par rapport à ma thèse, mon projet de recherche parce que l’enfant avant a vécu des crises mais
pas en étant pleinement conscient, l’adolescence elle amène une ouverture différente au niveau du
développement du cerveau et tout cela donc, c’est pour cela que je voulais centrer ma recherche à
ce niveau là.
Intéressant, puis c’est à l’adolescence aussi, c’est une période d’une certaine manière on revit
aussi un petit peu toutes les crises antérieures dans le sens ou justement on ne les avait pas
vécue consciemment puis à l’adolescence, il y a une identité qui se développe, ce que l’on peut
appeler aussi l’égo. Et l’égo c’est justement c’est le sentiment d’être soi, cela nous rapproche du
domaine de la sensation et de la prise de contact avec soi-même, avec aussi soi-même ancré
dans le corps. Alors oui, je trouve cela intéressant d’essayer de voir un point de vue plus physique
comment cela peut jouer.
Entrevue professionnel 2 1
J’espère que cela nous vous dérange pas que je sois un peu philosophique dans mes réflexions?
Quand j’ai vu cette question ce qui m’a sauté aux yeux, c’était le mot crise identitaire : il y a une
espèce de déchirement de rupture et identitaire, cela fait donc référence à ce reflet à travers lequel
on se reconnaît. Donc, c’est une espèce de déchirure dans la reconnaissance de soi-même. Enfin,
cela présuppose que ça se produit j’imagine, est-ce que c’est effectivement ce qui se passe? Enfin,
j’imagine vivant dans une époque post-modernisme, on se questionne toujours sur la construction
des mots, leur signification et d’où ils viennent et tout cela. Cela me faisait penser justement à cette
notion d’identité en particulier quand je pense au terme, quand on dit c’est identique donc, cette
notion qu’une chose. Cela fait référence à cette notion de stabilité et parfois je me questionne.
Qu’est-ce que c’est vraiment l’identité. Qu’est-ce que c’est que d’avoir une référence aussi claire
parce que je suis dans un milieu d’enseignement où l’on cadre beaucoup d’identité et souvent je ne
me retrouve pas. Cette notion d’identité, ils en parlent beaucoup. On appelle cela, la construction
identitaire et on fait référence à une identité en terme culturel mais il y a beaucoup de recoupement
et encore une fois le temps ne nous permet pas d’aller dans ces endroits-là mais souvent il y a
quelque chose de figer par rapport à la notion d’identité. On l’identifie à une compréhension bien
spécifique et parfois je me dis que ce n’est pas toujours utile mais enfin. Ceci étant dit, je reviens à
vos questions : quels sont les signes précurseurs d’une crise d’identité? Bien généralement je
dirais : c’est un sentiment de déséquilibre, qu’on a de la difficulté de se retrouver dans ce qui se
passe. Ce qui semblait fonctionner auparavant, ne fonctionne plus aujourd’hui. On ne retrouve plus
tout à fait les ressources requises pour faire face à des défis. Ils se produisent tout au cours de la
vie et je pense de la toute jeune enfance, des premiers jours de la vie jusqu’à la tout fin jusqu’à un
certain point. Cette mouvance, ces changements au cours de la vie.
Question : Je veux juste revenir avec vous, vous remettiez un peu en question ce que l’on parle de
crise identitaire. J’ai marqué le mot crise identitaire parce que c’est ce qu’on voit souvent dans la
littérature. Quand on dit : je vis la crise de la trentaine, la crise de la quarantaine, la crise de la
cinquantaine. Alors comment représentez-vous la notion de crise, de ce qu’on entend des fois de
crise identitaire dans le processus du développement général de la personne et selon vous quels
sont les signes précurseurs?
Là, c’est une question intéressante parce qu’effectivement on change continuellement dans la vie
et il y a des périodes qui semblent plus calme et d’autres qui sont beaucoup plus houleuses,
beaucoup plus difficiles, beaucoup plus exigeantes et jusqu’à un certain point on pourrait dire qu’il
n’y a jamais tout à fait stabilité, ni tout à fait crise aigue sauf dans certains cas très précis. Moi, je
dirais jusqu’à un certain point. Effectivement, on pourrait dire qu’il y a des grandes périodes dans la
vie, que l’on pourrait appeler un cycle comme : le cycle de l’enfance, l’adolescence ou de la
vingtaine, de la quarantaine etc. Et qu’il y a des éléments plus spécifiques à ces âges par exemple,
mon âge. À l’âge de 52 ans, il y a une plus grande conscience de la mort que lorsque j’avais
quarante ans ou trente ans. Non pas que cela m’obsède ou que c’est omniprésent mais cela
ressort de plus en plus de façon plus aigue et à bien des égards dans cette période de ma vie. Je
dois apprendre, je dois pouvoir répondre à cette question que l’existence me donne si je peux dire.
Cela m’oblige à considérer dans un sens, cela pourrait devenir une crise si je ne parviens pas à y
trouver, si je ne peux pas répondre à cette question. Et je pense que à bien des égards les crises
sont toujours en rapport avec ce qui…ou peut-être pas les crises mais les cycles sont toujours en
rapport avec ce qui s’est passé par le passé évidement. De sorte qu’un homme peut mourir à
quarante ans assez serein par rapport à la mort alors qu’un peut mourir à soixante-dix ans et
souffrir beaucoup plus et faire face à une crise de sens, de conscience etc.…beaucoup plus aigue
parce qu’il n’a pas finalement encore trouvé ou reçu ces réponses dans sa vie et je pensais que si
on faisait référence aux signes précurseurs d’une crise bien c’est généralement une période
d’instabilité, une période de plus grande souffrance, une période où on est un peu, je ne sais pas si
c’est le bon terme, cela fait longtemps, à j’ai travaillé pendant 20 ans en anglais donc, il y a un peu
de désœuvrement, de perte de repère et cette entre-deux est souvent effectivement une période
Entrevue professionnel 2 2
très difficile, une période de quête avec beaucoup d’incertitude et parfois beaucoup de paralysie ou
en tout cas de recherche.
Question : Quand vous parlez de période entre-deux qu’est-ce que vous voulez dire? Quels
seraient les deux extrêmes quand on se retrouve à l’entre-deux?
Bien c’est une notion intéressante parce que nous on se dit cela. On utilise les mots, on utilise la
parole pour tenter d’exprimer des choses, comprendre ce qui se passe dans nos vies. Jusqu’à un
certain point toute parole, est poésie si on peut dire donc quand on dit un entre-deux à quoi fait-on
vraiment référence? Dans ce cas-ci je pense, qu’il y a une certaine bousculade entre ce à quoi on
s’était habitué de vivre, d’être. On était habitué à une certaine stabilité de vie, de se représenter
une certaine façon et puis arrive toute une série de choses qui vont forcer le changement. Je
pense qu’à bien des égards, le changement est forcé en raison du fait qu’on est un être
développemental si je peux dire. C’est-à-dire que rien n’est statique, on change à tous les jours et
même si la vie semble très longue, le fait est qu’à 15 ans on ne vit pas les mêmes choses qu’à 30
ans ou 50 ans.
Cet entre-deux, j’ai l’impression qu’il se produit de façon plus aigue dans certaines situations où le
corps change plus rapidement ou encore où la société a des exigences plus précises envers nous,
que ce soit à l’adolescence et cela je vais en parler un peu plus tard. Si je prend par exemple
comme je disais plus tôt là, lorsqu’on approche, lorsqu’on vieillit et que le corps devient moins
performant on a moins d’énergie, moins de résilience et donc par la force des choses, le corps
nous oblige à reconsidérer qui nous sommes alors pas de la même façon. On ne pense plus de la
même façon etc. Mais cet entre-deux qui est difficile pour moi à définir, je pense qu’effectivement
cela fait référence, je pense à des ‘’choix-option’’. Une espèce de dérangement, de ce à quoi on
était habitué de vivre et un inhabité jusqu’à un certain point à y répondre efficacement tout de suite.
Il y a une période de quête, de recherche, de questionnement, de tentatives qui vont faire suite à
tout cela. Dans certain cas, on sait que cela peut être très aigue. Des gens qui sont insatisfaits du
sens de leur vie à 40 ans, vont avoir des aventures extra maritales, qui vont remettre tout en
question et parfois de façon très destructives, sans nécessairement toujours trouver les réponses
parfois réalisant que c’était peut-être pas nécessaire de le traverser de cette façon-là mais cela
c’est une autre question.
Question : Si on passait à la question numéro 2 : selon vous est-ce qu’il existe des moyens
concrets et quels sont-ils pour atteindre un niveau physique et psychologique dans le processus du
développement de la personne? Quand on est en situation de crise et puis qu’on vit une instabilité
est-ce qu’il y a quelque chose, des moyens concrets qui peuvent nous aider aux deux niveaux?
Je ne suis pas certain s’il y a des moyens. Je sais que cela peut paraître un peu pessimiste. Je
pense que tout se tient dans la vie et que lorsqu’on vit une crise, lorsqu’on vit un déchirement
affectif, psychologique, social dans certains cas culturel, politique tout cela, souvent il n’y a que les
moyens du bord pour s’en sortir. On s’accroche dans l’espoir de ne pas être engouffré par cette
vague. On a beau essayer tout ce qui est écrit, tout ce que l’on nous dit, c’est pas évident. Il y a
des périodes qui peuvent être profondément difficiles, déchirantes et douloureuses et ou
littéralement il y a que cette notion de crise qui semble colorer si je peux dire la perception de nos
jours. Je penserais personnellement, qu’en terme de moyen que c’est surtout finalement les
moyens que chaque personne développe tout au cours de sa vie.
Que finalement à bien des égards, comment je vais vivre ces changements dans ma vie va
dépendre comment est-ce que j’aborde ma vie au jour le jour lorsque je suis dans une période
disons moins critique. Je pense que ce qui joue beaucoup, cela peut paraître un peu bête-là dans
un sens mais c’est le fait d’avoir une attitude. Je vais essayer de le dire : ’’réflective attitude’’ mais
je ne sais pas si on peut dire une attitude réflective parce qu’une attitude réfléchie serait différent
mais d’aborder sa vie les 2 yeux ouverts, la tête pensante, en se questionnant, en réfléchissant en
abordant finalement les défis qui se présentent à nous. Moi, je le vois par exemple quand je
travaille avec des adolescents. Les adolescents qui ont eu par exemple des relations familiales
assez positives, une relation avec leurs parents assez positive. On les a équipés à réfléchir, à se
questionner, à penser, qui ont été valorisés, qui ont été aimés. Ces jeunes-là finalement, abordent
le changement, le fait de changer physiquement, psychologiquement, communiquement,
Entrevue professionnel 2 3
socialement etc. Pour eux c’est tellement plus facile parce qu’ils ont développé des habitudes ou
des attitudes, dans certains cas des habiletés qui sont des composantes essentielles à la vie, à la
santé. Cela je pense, passe beaucoup par une attitude réfléchie parce que je ne connais pas
exactement le mot français pour ‘’réflective’’.
Bien ce qui se passe c’est qu’en termes de moyen concret. Je pense, ce qui soutient beaucoup la
pensée c’est la capacité de pouvoir parler donc, si les jeunes ou si la personne a l’occasion de
pouvoir réfléchir à voix haute avec d’autres et je pense que c’est trop souvent sous-estimé,
l’importance d’un lieu de parole, d’un lieu d’échange de nos jours et je pense que quelque soit l’âge
quelque soit la crise ou la période difficile que le fait de pouvoir s’asseoir, de pouvoir penser à voix
haute, de pouvoir réfléchir intelligemment, de pouvoir honorer ses questions et ses déchirements
et de chercher à tâtons les réponses. Je pense que c’est fondamental, essentiel, central. Il y a
d’autres choses qui peuvent s’ajouter à cela : que ce soit un travail plus spécifiquement physique.
Par exemple la personne qui peut s’engager dans des activités ou social ou autre mais je pense
qu’il doit y avoir une bonne assise de réflexion et d’échange pour que tout cela prenne racine
disons.
Question : Et est-ce que vous pensez que la culture vient jouer un rôle aussi à l’intérieur de cela ou
est-ce similaire selon vous pour n’importe qui?
Je pense que la culture joue un grand rôle. Je pense que oui. Les changements culturels sont
tellement rapides, sont tellement vastes présentement en raison du changement technologique de
notre société et du fait que les populations se déplacent à une telle vitesse. Il y a l’univers culturel
dans lequel je vis maintenant, ici en Colombie-Britannique, que celui que j’ai connu dans ma petite
ville au Québec dans les années soixante, est tellement différente à tellement d’égard que c’est
difficile de parvenir à faire une analyse exhaustive en quelques phrases de tous les changements
que cela opère. Mais je pense qu’aujourd’hui, les points de repères sont beaucoup plus
différenciés qu’ils l’étaient autrefois mais à certain égard, il y a des forces très grandes parce qu’on
est beaucoup moins isolé grâce à la technologie mais en même temps tout, tout est tellement en
changement que parfois ce n’est pas évident de savoir, de retrouver ses points de repères.
Question : Quand vous parlez de point de repères à quoi vous faites référence?
Si je prends par exemple, une composante importante de la notion d’identité c’est l’identité
culturelle. C’est-à-dire quelle est mon identité sociale. Cette identité par exemple, était beaucoup
plus homogène quand j’étais enfant ou adolescent parce que tous les gens parlaient français, tous
les gens avaient des noms francophones, parlaient une langue, ils y en avaient très peu qui
parlaient deux langues, ils faisaient plus ou moins le même travail. C’était un milieu plutôt rural, on
sentait une vague de changement qui s’en venait parce que le vingtième siècle a été les mêmes,
une accélération de plus en plus grande du changement mais le fait demeurait que c’était une
société assez homogène donc les points de repères et j’étais assez bien balisé disons. Alors
qu’aujourd’hui, ils sont beaucoup plus multiples et l’autorité si on peut dire, comme l’autorité morale
était beaucoup plus défini, claire il y a 50 ans ou 40 ans qu’elle l’est aujourd’hui et cela pour les
jeunes peut être difficile. Par exemple, quelle est leur image idéale d’un jeune en santé? Ils ont
plusieurs points de repères divergeant qui, dans un sens, il y a plus de liberté, il y a plus d’offre
mais parfois c’est peut-être difficile si on a des parents particuliers qui eux se retrouvent pas ou qui
sont pas très gagnants dans la société d’aujourd’hui d’être accompagné dans tout cela. Parfois, on
peut faire des choix qui sont assez destructeurs enfin j’espère que c’est clair…
Question : Est-ce que vous avez un exemple pour juste m’aider à mieux comprendre du dernier
point que vous venez juste de mentionner? Vous parliez qu’il y a des parents qui ont peut être de
la difficulté à se représenter dans cette société ici où ils peuvent apporter des choses destructeurs,
si vous avez un exemple concret à ce niveau-là.
Je vais prendre l’exemple d’un parent que j’ai visité vendredi dernier. C’est un parent, dans ce cas-
ci qui est grands-parents plutôt. Sa fille qui est la mère, je ne sais pas exactement ce qui s’est
passé dans sa vie mais elle ne s’occupe plus de son enfant. Donc, c’est sa grand-maman qui élève
son enfant, cet enfant avec lequel je suis allé observer. Je peux voir que cette grand-maman,
Entrevue professionnel 2 4
lorsque j’observais cet enfant, qu’elle semblait à avoir la plus grande difficulté à affirmer son
autorité. Ce jeune enfant qui a à peine 6 ans, c’est lui qui détermine ce que le parent fait. On peut
voir à l’école que cela crée énormément de problème parce que l’enfant ne perçoit pas, pour lui
que les règles de la classe s’appliquent à tous. Quand il s’oppose ou qu’il ne fait pas ce qu’on lui
demande, il ne perçoit même pas cela nécessairement comme de la désobéissance. Pour lui, il est
le chef de sa vie, il décide tout à la maison donc pour lui, cela va de soit, qu’on décide tout dans la
vie. On est maître à bord quasiment en tout temps et là en milieu scolaire, il vient à réaliser qu’il fait
partie d’un tout et que les choses ne vont pas nécessairement aller bien pour lui s’il persiste à
continuellement faire ce qu’il veut sans se conformer aux exigences de son milieu.
Pour moi, c’est un exemple d’un adulte qui pour une raison ou une autre, a la plus grande difficulté
à se représenter comme parent et être un modèle pour l’enfant. Donc, l’enfant est investi d’un
pouvoir beaucoup trop grand pour son âge, qui jusqu’à un certain point va créer de l’anxiété,
comme c’est le cas pour cet enfant qui a des caractéristiques obsessives. Pour moi, c’est un
exemple d’une génération plus âgée qui est mal outillée et qui finalement parce qu’elle est mal
outillée, elle outille mal son jeune à fonctionner, à intégrer les structures psychologiques
nécessaires pour fonctionner dans la société que nous avons aujourd’hui. Je pense que la culture,
il y a une telle diversité, un tel foisonnement de possibilités de nos jours, peut-être que c’est plus
susceptible de se produire où peut-être que cela l’est moins. Je ne sais pas mais enfin je suis un
peu compliqué là, je vais m’en tenir à cela et je vais vous laisser poser la prochaine question.
Question : La prochaine question c’est comment vous expliquez dans vos mots la recherche de
l’identité chez l’adolescent?…et selon vous quels sont les aspects et les enjeux importants?
Je pense, comme adolescent c’est vraiment l’âge de la contribution. Je crois que c’est un très bel
âge, moi j’aime beaucoup les adolescents. C’est vraiment l’âge à laquelle on se dit : Moi là, je vais
enfin, je me découvre comme adolescent, je me découvre de plus en plus comme étant moi-
même, comme étant quelqu’un unique. Si je peux dire avec des boutons, qui sont laid et qui s’aime
pas mais néanmoins, je suis moi et j’ai quelque chose à offrir. La difficulté pour l’adolescent c’est
que cela se produit, alors qu’il y a tellement de choses qui s’entrecroisent à cet âge-là. Il y a le fait
qu’il est encore un enfant donc, c’est un être qui n’a pas d’autonomie pour pouvoir fonctionner par
lui-même que ce soit en terme affectif, psychologique, financier, social, etc. Mais les changements
sont tellement rapides que jusqu’à un certains points, il donne l’illusion d’avoir l’autonomie d’un
adulte. C’est toujours un peu comme on sait, le déchirement de l’ado qui aimerait bien avoir le
pouvoir de l’adulte mais qui en même temps se rappelle et aime bien avoir la dépendance de
l’enfant. Je crois ou cela devient une crise…
Ce sont des questions très lourdes et très complexes. Cela peut être pratico-pratique mais cela
peut-être aussi, il y a tellement de ‘’layer’’. Il y a tellement de couches possibles, d’interprétations
pour répondre à ces questions mais ce que j’allais dire, là, où cela devient une crise pour
l’adolescent c’est lorsqu’il y a tellement de choses qui se produisent en même temps que ce soit
comme je disais toutes les changements physiologique, psychologique, culturel, social, etc.…et
que le jeune ne parvient pas à y faire face et bien souvent, je dirais parce qu’il y a déjà une
vulnérabilité qui est préalable à l’adolescence. On le voit très bien en milieu scolaire ceux qui vont
bien s’en tirer à l’adolescence et ceux qui vont voir plus de difficultés. Ce n’est pas toujours le cas
mais souvent le cas. Cela ne fait pas une éruption dans certains cas, il y a des années très
exigeantes pour les parents d’enfant qui faisait très bien à l’école et tout cela mais souvent, je
dirais qu’il n’y a pas d’éléments de surprise complète parmi les enfants qui vivent difficilement ou
mal l’adolescence ou le secondaire. Mais je pense souvent, qu’il y a une vulnérabilité préalable et
un élément qui est extrêmement important bien, c’est évidemment la relation qu’ils ont avec leurs
parents et la stabilité du milieu familial tout cela joue beaucoup. C’est un facteur protecteur. La
protection est importante pour les jeunes évidemment.
Question : Est-ce que vous revenez au point…aussi vous disiez tantôt à quelque part les jeunes
qui ont une attitude réflective vont avoir plus tendance justement à bien passer la crise de
l’adolescence, bien passer ce passage-là?
Je pense que oui, un enfant, une personne qui est réfléchie, jusqu’à un certain point pour réfléchir,
je dois avoir un sentiment plus développé de qui je suis. Un sentiment plus développé de ‘’qui je
me perçois comme état’’ si je peux dire. Cela fait compliqué, qui je me perçois comme étant à
Entrevue professionnel 2 5
travers le temps et cela peut sembler très philosophique mais c’est réel. C’est ‘’qui je suis’’ pendant
que je vous parle ou pendant que nous nous ‘’nolisons’’ à travers dans notre travail. Je pense
qu’un jeune qui a été bien aimé, qui a eu l’occasion d’être accompagné par des parents, qui se
sont intéressés à sa vie, intéressés à ses pensées, qui parlent avec lui, qui apprennent aussi de
lui. Enfin que cette introduction ou cette accompagnement dans la pensée, dans la réflexion, je
pense que cela joue beaucoup pour le jeune et c’est beaucoup plus facile pour le jeune aussi si
cela se produit pendant les 10 –12 –14 premières années de sa vie.
Il a souvent un sens beaucoup plus aigue de ce qui compte et sera beaucoup moins susceptible
d’être influencé par ce que d’autres personnes pensent. Je pense ce qui joue beaucoup c’est ce
qui est vraiment important à l’adolescence, c’est quelque chose qui manque énormément à nos
jeunes, c’est la présence de jeune adulte dans leur vie. Je pense qu’on sous-estime l’importance
de modèle de vie, si je peux dire, de jeune adulte pour les adultes, nous on est vieux, on nous voit
comme les parents qui ont vécu dans un autre siècle quasiment, aux yeux des enfants. Ils nous
aiment beaucoup, ils nous écoutent et nous respectent dans le meilleur des cas mais le fait
demeure, je ne pense pas que notre exemple interpelle ou parle aux jeunes avec autant de force
que l’exemple du jeune adulte de 18 ans, 20 ans, 22 ans qui ont traversé ces années-là tout
récemment et qui s’enracinent dans des choix et dans une personnalité, dans des relations et c’est
cela qui est un bon modèle pour les jeunes.
Question : Est-ce que cela répondrait à la dernière question : qu’est-ce que les jeunes adolescents
ont besoins? Là, vous me parlez qu’ils ont besoin à quelque part d’un modèle…
Si une chose dont les jeunes ont besoin, c’est qu’on décloisonne l’adolescence dans un sens. Ils
ont absolument besoin de leurs pairs, de leurs camarades. C’est absolument essentiel et ils ne
pourront pas vraiment se connaître sans avoir ses relations avec leurs pairs. C’est tellement
important, riche, c’est tellement une source d’apprentissage et souvent une source de joie et
souvent une source de mille complexités. Le jeune va se développer et va devenir vraiment un être
socialement adapté, je pense grâce à ses relations avec ses pairs à l’adolescence. Je pense que
c’est extrêmement important, le jeune ne peut pas vraiment et cela je vous dis parce que je vois
des jeunes qui ont l’enseignement à domicile et qui ont peu de relations avec les jeunes de leur
âge et je pense ils en sortent handicapés jusqu’à un certain point. Il y a un besoin absolument
fondamental pour la camaraderie, pour l’amitié à l’adolescence où c’est extrêmement important et
sain. On sait que dans certain cas, cela peut mal tourner mais cela je dirais que c’est les extrêmes
ou les exceptions. Mais en termes de développement pour le jeune, c’est une grande source de
motivation et de sens. Quand cela se produit pas pour un adolescent c’est toujours difficile, c’est
toujours douloureux parce que le jeune se cherche toujours évidemment. Les complices, les
compagnons de vie, les gens avec qui ils vont pouvoir vivre cette vie d’équipe pendant 5-6 ans que
souvent on ne vivra pas de la même façon par la suite dans sa vie parce que la vie s’individualise
beaucoup par la suite. Mais à l’adolescence, on est forcé d’être en groupe dans ses institutions
qu’on appelle les écoles et on partage plus un fardeau commun et les objectifs communs. On est
aussi un peu à l’abri des responsabilités de la vie donc, il y a des choix absolument unique à cet
âge-là.
Je pense que cela en soi, est une grande grande force l’adolescence mais ceci étant dit je
crois que c’est important de décloisonner l’adolescence. Parce que l’adolescent, il a en même
temps les moyens d’hériter. Une personne de 20 ans 22 ans qui choisit par exemple une relation
de couple qui est stable, qui pourrait amener éventuellement ou très rapidement autrefois dans le
temps de nos parents, ils avaient déjà des enfants à cet âge-là. Pour nous, cela nous semble
précoce mais de nos jours disons que c’est une possibilité si cela amène éventuellement à la
création de famille ou à l’arriver des enfants ou à des choix d’études qui sont sérieux, qui sont suivi
ou d’objectif d’espoir tout cela qui parle beaucoup pour les adolescents. Quand les jeunes peuvent
voir de jeunes adultes qui non seulement rêvent de contribuer, de faire une différence mais qui le
font déjà que ce soit par une relation de couple qui est constructive ou que ce soit par des études
qui vont mener à bon port, qui vont leurs permettre d’accomplir des choses ou par un réseau
d’amis qui est significatif tout cela. Et je pense que souvent, il y a un désespoir chez nos
adolescent parce qu’ils ne le voient que trop rarement. Ils se disent à quoi bon aller à l’école, il y
aura pas de job puis dans quoi que je vais étudier, je ne sais même pas quoi faire puis avoir des
enfants mais tu sais va falloir que je fasse un million avant. De toute façon je pense que les jeunes,
ne pensent pas en termes d’avoir des enfants. Il n’y a pas beaucoup de jeunes qui vont nous dire
mon but c’est d’avoir des enfants. Cela arrive mais ce n’est pas souvent, alors qu’il y a 1 ou 2
Entrevue professionnel 2 6
générations s’étaient perçues comme étant tellement précieux, tellement central au sens de la vie.
Tout cela pour dire que les jeunes bénéficient grandement de voir des adultes qui sont un petit
peu, bien pas juste des adultes, des gens qui sont un peu plus vieux qu’eux et qui ont répondu
raisonnablement bien aux défis que l’adolescence. Comme je disais plutôt, les parents ont un rôle
très important d’une part, il faut qu’ils sachent se détacher, ne pas envahir l’espace de leur enfant,
de leur permettre de vivre leur histoire et ne pas tout connaître et de leur faire confiance. En même
temps, il ne faut pas tirer la ‘’plug’’ comme on dit, il faut demeurer investi. On aime tellement nos
enfants, on les aime tellement quand ils sont adolescents et d’être disponible et d’avoir justement
la chance de passer du temps ensemble. C’est beaucoup apprécié par les jeunes. Souvent les
adultes vont douter de l’importance de leur présence auprès de leur enfant de cet âge-là. Je le sais
pour avoir travaillé avec beaucoup d’adolescents que leurs parents sont importants dans leur vie
mais les parents parfois le doutent parce que les ados peuvent être très difficile. Surtout lorsqu’ils
vivent une crise provoqué par exemple par un problème de santé mental comme moi c’est souvent
le cas, les jeunes avec lesquels je vais travailler, c’est parfois les parents crois qui sont la cause de
tous les problèmes des jeunes ou encore qu’ils ne peuvent plus vraiment faire une grosse
différence alors qu’au contraire c’est encore plus important.
Question : J’aurais une dernière question, juste concernant tantôt vous aviez parlé qu’il y a un
aspect d’influence concernant les exigences des sociétés…Est-ce que selon vous, il y a certaines
sociétés où l’adolescence est vécu mieux que d’autres?
C’est difficile quand on a vécu que dans une société de pouvoir faire référence à d’autres milieux.
Assurément lorsqu’on lit des choses sur l’adolescence, on va nous dire qu’il y a des rites de
passage, que l’adolescence est un rite de passage. Qu’il y avait possiblement des sociétés qui
outillaient mieux les jeunes parce que justement, il n’y avait pas ce cloisonnement de
l’adolescence. Qui avait une plus grande complémentarité entre les enfants, les ados et les
adultes, c’était pas nécessairement perçu comme une période séparée d’ailleurs. C’était
possiblement que oui, ces sociétés-là outilleraient mieux le jeune. Qu’est ce qui fait qu’on a de
l’espoir dans la vie? Qu’est-ce qui fait que notre vie a du sens? C’est parce que finalement, il y a
des options, il y a des possibilités à notre vie et dans une société où les choses sont moins
cloisonnées, je pense le jeune, sa vie est plus simple. Comme moi, si j’avais grandi sur la terre de
mes grands-parents j’aurais été probablement agriculteur. J’aurais travaillé fort avec les animaux,
la terre. J’aurais été une personne pensante mais en même temps j’aurais mis toutes ses pensées-
là, peut-être dans des pensées moins compliquées mais sûrement très élaborées alors façon,
j’aurais cherché un sens à ma vie mais tout cela se serait ancré dans des options, dans des
possibilités très concrètes.
Question : J’ai pris plus de votre temps, je ne sais pas si vous avez des choses à ajouter en
fonction de ce que nous avons discuté?
Si j’ai des choses à ajouter? Bien vous voyez, j’ai un penchant assez philosophique donc j’ai
toujours des choses à dire. La seule chose que je dirais, je suis une personne qui aime réfléchir et
j’ai essayé de le faire d’une façon peut-être plus…j’ai essayé de touché à tout-là et j’espère que je
n’ai justement pas touché à trop de choses mais j’espère que cela va être utile dans toutes les
directions. C’est des pistes de réflexion parce qu’il y a tellement de choses…
Entrevue professionnel 3 1
Par rapport au développement de la personne, je dirais que c’est multifactoriel parce que si on le
regarde au niveau cognitif, on peut déjà comprendre que le stade des adolescents, c’est le stade
de la pensée formelle. C’est le stade où les adolescents commencent à regarder les situations
avec un regard nouveau sur le monde qui les entoure. Ils comprennent plus de choses, leur champ
de vision d’une situation s’élargit, il y a des changements qui s’opèrent à ce niveau-là. Ils vont avoir
des compréhensions, un regard sur le monde un peu plus large aussi, puis ils se posent des
questions. Ils commencent à se poser des questions, ils sortent de leur cocon familial. Ça, c’est
une première chose. Donc cela, ça amène différentes questions. Par exemple, si je regarde tous
les mouvements des adolescents qui sont des anarchistes, ou qui sont de culture Yo, ou qui
développent des perceptions du monde qui les entoure avec ce regard nouveau là qui est différent
du regard de quelques années auparavant, dans le temps qu’ils étaient enfants. Donc, déjà ils vont
adopter, en fonction de leur opinion et de leurs valeurs, la façon dont ils comprennent le monde,
des positions face à cela.
Cela, c’est une première chose. Une deuxième chose, je dirais que chez les adolescents,
contrairement aux enfants, il y a des changements au niveau de leurs revendications. Comme ils
voient le monde différemment, ils commencent aussi à vouloir vivre, faire et expérimenter des
choses qui sont plus larges et qui nécessitent qu’on leur accorde de l’ouverture par rapport à cela.
Donc, ils veulent faire des choses. Ils veulent sortir. Ils veulent de l’argent. Ils veulent exister dans
le monde de manière plus large que dans un contexte où ils sont toujours près des parents, ou
près de la famille ou à l’école ou avec des amis autour du quartier. Donc, ils veulent aller plus loin,
ils veulent vivre des expériences, sortir, aller au cinéma, peu importe, ils veulent faire des choses
et cela nécessite qu’ils aillent devoir revendiquer, se revendiquer dans de nouvelles exigences et
ça peut susciter des crises. Donc, cela peut susciter à ce moment-là des crises familiales. À
travers cela, il y a aussi, dans la notion de crise, tout le passage de l’enfant qui fait ce que ses
parents lui demandent. En tout cas, c’est son rôle « Maman veut pas. Papa ne veut pas. On fait
cela. On ne fait pas cela ». Tu as l’enfant qui fonctionne selon des exigences extérieures à lui.
L’adolescent va commencer à refuser que sa personne, sa pensée et ses actions soient assujetties
à un contrôle qui est extérieur à eux. Ils vont commencer à réfléchir sur les demandes, sur les
valeurs que l’on cherche à leur imposer pour se distinguer de ce qui se passe, de ce que l’on veut
d’eux et faire leurs propres choix.
À travers l’ensemble des éléments que j’ai mentionnés tantôt, tout cela interfère aussi en même
temps. Mais si on essaie de séparer cela, ils vont en crise dans une situation que l’on puisse
appeler le passage, un changement de passage ou une crise identitaire. C’est vraiment de
s’approprier une identité qui leur est propre à travers des opinions, des valeurs, des intérêts qui se
distinguent des modèles antérieurs. Et cela, ils vont devoir apprendre à composer avec cette
nouvelle réalité-là et, parfois, ce n’est pas facile, tout dépendant de l’environnement dans lequel ils
sont, tout dépendant de leur personnalité, aussi. Pour certains, cela va être plus simple, mais pour
d’autres cela va être beaucoup plus complexe et beaucoup plus difficile.
Question : Est-ce que vous voyez que cette espèce de crise peut se répercuter en dehors de
l’adolescence? Est-ce que, selon vous, dans le processus humain on peut rencontrer d’autres
types de crises comme dans la trentaine, quarantaine, ou cinquantaine?
Question : Est-ce que c’est similaire selon vous ou c’est complètement différent?
Non, parce que je pense, qu’à un moment donné, y ont des crises? La crise de l’adolescence va
être plus dans laquelle « Moi je me défais de mes modèles antérieurs et je mets en valeur mes
opinions et ma façon de voir le monde et mes besoins, mes intérêts ». Tandis que dans d’autres
crises ultérieures, ce n’est pas cela. Cela va être plus des crises de remises en questions, à savoir
« Ce que j’ai fait jusqu’à maintenant et ce que je vis, est-ce que c’est cela mon bonheur »? C’est
donc une remise en question vis-à-vis soi-même. Pour l’adolescent, ça va être une remise en
question vis-à-vis, normalement, les modèles parentaux ou à l’école qui est comme une forme
Entrevue professionnel 3 2
d’autorité, aussi. Dans le fond, c’est tout ce qui représente une forme d’autorité pour le jeune – ça
pourrait être sujet à crise. Donc, c’est le jeune par rapport à quelque chose qui est extérieur, qui
est imposé, alors que dans une crise d’une personne qui a plus de cheminement de vie, la
personne va être en crise par rapport à elle-même, par rapport à ses propres choix qu’elle va avoir
faits.
Question : Selon vous, ce serait quoi les signes précurseurs qui nous disent que la personne est
actuellement en processus de crise?
Question : Quand vous parlez de comportements, est-ce que vous avez en tête des
comportements en particulier?
Cela pourrait être, quand on entend crise, on entend passage difficile. Parce que tu pourrais avoir
des jeunes qui vont traverser de façon facile une crise et ça va être à peu près pas visible. Ce que
moi j’entends par crise, c’est quand il y a une manifestation qui n’est pas facile. Autrement dit, les
gens plus vieux, en crise, il y a des gens qui ne vont pas s’arrêter et se remettre en question.
Donc, ils atteignent un certain niveau de cheminement de vie, mais ils ne le font pas. Donc, il n’y a
pas de difficultés, il n’y a pas de remise en question, il n’y a pas de séparation, il n’y a pas de ci et
de ça. Donc, dans un contexte de crise, ce sont des réactions qui sont un peu plus explosives ou
démesurées par rapport à la normale. Ça peut-être quelque chose d’extérieur, un acting out –
j’entends par un acting out pas nécessairement quelque chose d’illégal, mais quelque chose qui se
manifeste, que l’on voit et qui est une réaction. Ça peut être aussi un contexte qui est plus
d’introversion, plus d’émotions difficiles.
Oui. Par exemple, une adolescente qui est née au Québec, mais, de parents immigrants dont la
culture est encore très imposée, forte, et que le jeune a développé sa propre culture du Québec,
par exemple, et qui doit répondre aux règles de la culture de son pays d’origine et véhiculée par
ses parents, mais qui ne peut pas se manifester, qui ne peut pas s’opposer, qui doit être, par
exemple, soumise à cette culture-là. Elle va réagir, elle va être en crise d’identité, mais elle ne
pourra pas l’affirmer. Elle ne pourra pas utiliser le moyen d’opposition. Donc, elle va avoir une
réaction qui va être plus dépressive.
Ça dépend toujours du contexte.
Cela a un impact certain que l’on ne peut pas nier, dans certains cas.
Question : Est-ce que vous trouvez que dans certains pays la crise identitaire se vit plus facilement
que d’autres?
Sûrement.
Cela dépend s’il y a des cultures que tu ne peux pas dire non, tu dois faire ce qu’on te dit – à la
limite tu dois marier qui on a choisi pour toi, ça peut aller jusque-là. Je pense que la crise ne va pas
se vivre de la même façon que dans un milieu contemporain, de culture occidentale plus ouverte
aux différences individuelles.
Question : Selon vous, existe-t-il des moyens concrets, et quels sont-ils, pour atteindre un niveau
d’équilibre physique et psychologique dans un processus du développement de la personne?
De façon générale, je dirais que cela dépend, parce que si je le regarde du point de vue des jeunes
qui ne sont pas en contexte de consultation, donc pas avec moi, par exemple. Ce qui va se passer,
c’est que le jeune va faire des demandes. Quand on dit, « il ouvre des portes ou il défonce des
portes ». Généralement, la façon que cela va se passer, c’est que le jeune fait une demande.
Entrevue professionnel 3 3
Exemple, « Je veux sortir jusqu’à minuit vendredi ». Il mentionne ses besoins, ses intérêts, « Je
veux faire cela ». Il va se faire dire non la première fois, il y a des chances. Là, il va être en crise
parce qu’on ne répond pas à sa demande qui est normal du point de vue du fait qu’il vieillit,
exemple. Pourquoi? Parce que le parent n’est pas préparé souvent aux nouvelles demandes que
lui impose son enfant. Le parent va faire son cheminement dans cela, parce que l’enfant va tenir à
ses demandes et va les répéter. Donc, à force de faire une demande et répéter cette demande-là,
il va finir par y avoir une ouverture, mais cela ne va pas être facile. Puis la possibilité va s’installer.
Très souvent, ce n’est pas le parent qui dit à son enfant, « Écoute, maintenant tu as 14ans je
t’augmente ton heure de sortie ». Généralement, c’est l’enfant qui le demande et le parent résiste
au départ puis il s’ajuste. Donc, pour résoudre l’enfant doit s’affirmer pour faire changer des
modèles.
Mais oui – demande-le autrement, écris-le, donne ton point de vue. C’est cela qui se fait de façon
normale pour quelqu’un qui ne consulte pas dans les familles, naturellement c’est comme cela que
ça se passe. Mais il y a aussi, à travers cela toute l’influence du groupe parce que dans la crise
identitaire, je prends conscience qu’il y a d’autres personnes qui pensent comme moi et qui ont les
mêmes valeurs que moi. Je vais m’associer à eux. On va écouter la même musique. On va faire
les mêmes choses, on a les mêmes intérêts, et cela supporte l’identité parce que tu te désaffilies
des parents pour t’affilier avec un groupe à des valeurs particulières. Et cela t’aide à t’imposer dans
la vie et face à tes parents. Ça t’aide à t’imposer dans tes cours. Ça t’aide à t’imposer dans
beaucoup de situations, à te situer par rapport à d’autres jeunes. Les enfants sont normalement
axés sur le jeu, extérieur. Ils sont ensemble en train de jouer à quelque chose. Ils ne sont pas
préoccupés nécessairement par les valeurs de la personne avec qui ils jouent. Sauf que les
adolescents vont beaucoup plus chercher des jeunes, des amis, un groupe avec lequel ils
partagent des valeurs, des opinions, des intérêts. Ils vont se regrouper, soit par la musique, soit
par l’habillement, soit par le sport, soit par des opinions bien tranchées des « Yo », des
anarchistes, des « neirds » qui étudient. Ils vont se regrouper. Cela va les aider. C’est un moyen
concret. Ça va les aider à être plus forts, à revendiquer et à s’affirmer.
Question : Selon vous, cela va les aider à atteindre un niveau d’équilibre physique et
psychologique, les deux?
Oui, parce que s’ils sont en affiliation avec d’autres amis au niveau musique. Ils sont bien là-
dedans et commencent à structurer leur personne. S’ils se font dire par leurs parents « mais
voyons, cela n’a pas de bon sens que tu écoutes cela, ça pas de d’allure, etc.’ Ils ne seront pas
nécessairement démolis, car ils ne se sentent pas seuls dans ce qu’ils font. Cela va les aider à
avoir des intérêts qui sont contraires aux modèles que l’on veut encore leur imposer. Si ce n’est
que l’habillement, combien de fois cela peut être fréquent que les parents disent ‘mais là de la
manière que tu t’habilles, cela n’a pas d’allure ». Mais parce moi je suis affiliée avec mes amis et
que l’on adopte le même style vestimentaire, je ne serai pas démolie. Je vais savoir que moi, il y a
des raisons pourquoi je suis comme cela et je ne suis pas la seule. Je vais être beaucoup plus
capable de m’imposer quand quelqu’un cherche à défaire ou détruire mes codes vestimentaires.
Question : Est-ce que vous verriez la même chose pour la personne qui a 30 ans ou 40 ans qui
sont dans sa crise de remise en question, est-ce que ce seraient les mêmes moyens?
Non
Question : Selon vous, quels seraient les autres moyens qu’une personne aurait à utiliser dans son
processus général?
Pour une personne qui est plus vieille, je dirais que cela commence à être beaucoup plus « moi par
rapport à moi ». Donc, les moyens seraient beaucoup plus reliés à de l’accomplissement. Je pense
qu’au niveau de l’adolescent, les moyens c’est beaucoup plus revendicateur. Ce sont des éléments
Entrevue professionnel 3 4
qui t’aident à revendiquer, qui tu es, puis, ultérieurement, je dirais que les moyens sont beaucoup
plus dans l’accomplissement, au niveau de la structure identitaire. Avoir le sentiment que moi je
fais quelque chose, qu’il y a du sens dans ce que je fais. Et puis, plus tard, ce n’est pas
nécessairement dans l’accomplissement, mais c’est dans mes choix. Est-ce que je fais les bons
choix? Est-ce que je suis bien là-dedans? Est-ce que tu vois la différence?
Question : Juste me reparler un petit peu par rapport à ce que vous aviez dit concernant les choix.
OK, les adolescents, eux, en s’affiliant avec des amis qui partagent les mêmes codes
vestimentaires, la même musique, les mêmes intérêts, vont être capables de supporter, par
exemple, qu’un parent dise par exemple « écoute cela n’a pas d’allure comment tu t’habilles, ou ce
que tu écoutes ». Parce qu’en arrière il y a des amis et en affiliation il y a un groupe, et cela l’aide à
supporter que les parents disent ceci ou cela. On va souvent entendre un adolescent qui va dire
« mais moi, avec mes amis c’est comme cela, et nous on aime cela, ça. C’est cela la mode ». Et il
s’affirme avec cela. Éventuellement, plus tard dans la trentaine, je ne pense plus que ce soit cela.
On n’a plus de modèle imposé en tant que tel, c’est fait, cela. Je pense que la crise va être
beaucoup plus dans le besoin de s’accomplir dans quelque chose. C’est plus au niveau de la
valorisation, besoin d’accomplissement, soit dans le travail, soit dans une formation, soit dans une
passion, soit dans quelque chose dans laquelle tu as besoin de sentir que tu fais quelque chose
pour toi, pas nécessairement assujetti à un groupe.
Question : C’est là que vous parliez par rapport que c’est toujours ses propres choix, la
confrontation par rapport à ses propres choix ?
Oui, plus tard, dans un autre passage, tu vas plus te demander « mes propres choix, mon
accomplissement, est-ce que c’est vraiment cela? Est-ce que j’ai fait les bons choix? » C’est une
autre remise en question. « Est-ce que c’est cela que je veux dans ma vie? Il ne me reste pas
beaucoup de temps. Est-ce que je veux continuer là dedans? Est-ce que je veux faire cela? Est-ce
que je veux que ce soit cela? Est-ce que c’est cela qui m’intéresse? »
Question : Les moyens concrets, que vous voyez à ce niveau-là, seraient quoi pour aider la
personne?
Les moyens concrets pour aider la personne? Je pense que si la personne se recentre et se pose
la question à savoir si elle se sent confortable. Est-ce qu’elle se sent accomplie dans ce qu’elle
fait? Est-ce qu’il y a des éléments qui contreviennent? Est-ce qu’elle se sent bloquée de quelque
façon que ce soit? Est-ce qu’à travers son quotidien ou sa vie en générale, cela dépend toujours
de ce que la personne vie. S’accomplir pour une femme qui n’a pas de travail, qui est à la maison à
30 ans, ça pourrait être de sortir de la maison et aller faire une activité. Ça pourrait être cela
s’accomplir dire « moi, je n’ai pas nécessairement juste le goût de juste faire cela, j’ai le goût de
faire autre chose, j’ajoute quelque chose dans ma vie”». Mais pour une femme, par exemple de
carrière, qui se sent très bien au niveau de son travail, mais qui a l’impression qu’elle ne
s’accomplit pas. Et bien, il faudra que cette personne-là fasse une démarche de réflexion sur ses
besoins. Est-ce que cela convient à ses besoins? Qu’est-ce qui fait que ça ne marche pas? C’est
comme un processus de réflexion, je dirais.
Question : Ceci pourra certainement amener des différents choix comme vous disiez tantôt.
Oui, absolument.
Question : Je sais que vous en avez parlé tantôt, concernant la question numéro 3 qui va
directement avec la recherche d’identité. Vous avez parlé tantôt de regard sur le nouveau monde
concernant les adolescents, leurs changements au niveau revendication, le contrôle de vouloir se
distinguer. Est-ce qu’il y a autre chose? Comment expliquez-vous la recherche d’identité chez
l’adolescent? Et quels sont les aspects et enjeux importants?
telle affaire? Tu vas être la fille et moi je vais faire le garçon. Moi je vais faire cela…». Cela c’est la
conversation des enfants. La conversation, la communication des adolescents sont différentes. Ils
vont avoir des communications entre eux qui sont un petit peu plus personnel « moi, je n’ai pas
aimé telle affaire, qu’est- ce que tu penses toi de telle affaire?». Ils vont se parler de leurs parents.
Ils vont se parler des enseignants. Ils vont avoir des discussions qui concernent différents sujets de
leur vie. Donc, toutes les relations interpersonnelles sont un facteur. Les relations amoureuses
sont un facteur. Le développement de la sexualité, c’est un facteur. Toute l’image corporelle aussi
c’est un facteur, car dans cela il y l’image de soi, l’estime de soi, la séduction. Ce sont tous des
nouvelles choses qui concernent la réalité des jeunes adolescents et qui font parties du processus.
Oui absolument.
Question : Vous parliez tantôt de modèle imposé, est-ce que vous parliez par rapport à la famille
ou par rapport à la société?
Je pense que c’est comme un cercle qui se fait comme dans l’eau quand on lance un caillou. Au
centre, on pourrait dire qu’il y a la famille, mais de façon plus élargie, il y a l’école, et de façon plus
élargie, il y a la société.
Question : Et selon vous, est-ce que ce sont des modèles imposés, est-ce que ça l’a ses bons
côtés?
Oui certainement. Pas de modèle imposé, c’est difficile de se définir. Parce que quand tu as un
modèle imposé, tu peux toujours faire le choix de dire « moi ce n’est pas ce modèle-là que je
veux». Donc, déjà tu te développes. « Moi je ne suis pas d’accord, je ne veux pas cela. Je ne ferai
pas ce qu’ils me disent. Je ne pense pas comme elle. Je ne pense pas comme lui». Mais, il faut
bien qu’il y ait quelqu’un qui témoigne une pensée pour dire « je ne pense pas comme lui”. Puis,
s’il n’y a pas cela, c’est déroutant. Parce que c’est déjà un modèle de dire « moi, chez nous, je ne
ferai pas cela de même».
Oui, c’est de l’affirmation de soi par rapport à un fonctionnement. Et, s’il n’y a pas de
fonctionnement, c’est beaucoup plus désorganisant. Puis un modèle imposé t’aide à te structurer
parce qu’il y a des balises, il y a des barèmes. À la limite, quand on m’impose des choses, c’est
aussi une façon de me dire que l’on m’aime et que l’on tient à moi, parce que l’on veut que je
devienne quelqu’un. C’est sûr que le quelqu’un, il est discutable, mais on veut quand même que je
devienne quelqu’un.
Question : Est-ce que vous entreriez cela dans les moyens concrets que l’on parlait tantôt à la
question numéro 2?
Oui parce que, moi, quand j’interviens avec des parents, cela c’est important : les valeurs, la
structure, la cohérence dans les règles que l’on impose, etc. Cela fait partie de la structure de
l’identité du jeune. Ça lui en prend une structure pour qu’il soit capable, pour qu’il ait besoin de s’en
défaire un jour de toute façon.
Question : Est-ce que vous diriez que cela entre dans ses besoins comme la question 4? De quoi
les jeunes adolescents ont-ils besoin? Les moyens qu’ils utilisent sont-ils efficaces et pertinents?
Ce qu’ils ont besoin, je pense, parce qu’ils sont en train de se défaire du modèle. La structure est
importante à partir du bas âge. Qu’est-ce qu’ils ont besoin les adolescents? C’est qu’ils ont besoin
d’avoir une souplesse dans une structure. La structure doit être établie avant.
Mettons, s’il n’y a pas beaucoup de structure, pas beaucoup de règles, et l’enfant qui est petit et
qui fait un peu ce qu’il veut. Il n’a pas trop de règles imposées « tu n’es pas fatiguée, et bien c’est
Entrevue professionnel 3 6
correct, tu peux te coucher plus tard». Il n’y a pas vraiment d’encadrement, mais quand l’enfant va
arriver à l’adolescence, le parent peut se réveiller et dire « là, ça n’a pas d’allure, là il exagère. Il
n’entre pas. Il arrive à 5 heures du matin, il ne m’appelle pas». Là, tu veux en mettre une structure,
mais cela ne marche pas là. Parce qu’à un moment donné, l’adolescent consciemment va en
profiter du fait qu’il n’a pas de structure. Mais, inconsciemment, il ne se rend pas compte qu’il n’est
pas encadré et qu’au fond, il en a besoin. Mais, l’adolescent qui a eu une structure, en général, ce
qu’il a besoin, comme il s’en défait un peu, c’est une certaine souplesse. Il a besoin de sentir que
quand il veut des choses et qu’il essaie de négocier, que quelque part, cela marche un peu. Il a
besoin de sentir qu’il peut agir un peu sur son environnement, et faire changer des choses.
Question : Est-ce que vous parleriez jusqu’à l’aspect d’avoir son propre contrôle?
Question : Et la structure, selon vous, est-ce que c’est juste la famille ou les parents qui donnent la
structure?
Non, l’école. Beaucoup les parents, mais l’école aussi. Ça l’est pour quelque chose. Les
enseignants, je travaille dans une école. Il y en a qui ont de la souplesse, d’autres non. Puis ça
réagit fort des fois.
Question : Selon vous, c’est vraiment de trouver un équilibre. Parce que l’on pourrait tomber dans
un autre extrême aussi. Un peu comme vous disiez, le parent qui laisse aller le jeune tout le temps.
Le jeune se retrouve avec aucune structure. On peut voir cela de l’extérieur comme étant de la
souplesse. Le parent a beaucoup de souplesse, mais il laisse beaucoup aller. À ce moment-là est-
ce que c’est aussi dommageable que la personne qui a plus de structure à côté?
Oui. Mais plus… cela dépend d’une certaine structure interne du moi, de la personne. Parce qu’il y
a des jeunes qui n’ont pas de structure bien établie, que s’ils ont tout ouvert, ils se lancent dans
des situations sans jugement. Ils font n’importe quoi, c’est plus risqué. Tu as des adolescents qui
sont dans des milieux où il n’y pas de structures, mais qui savent eux, à l’intérieur, qu’ils ne veulent
pas aller là et il ne faut pas, ils ne veulent pas aller là. C’est déjà plus clair.
Un manque de jugement ou bien une absence de but. Ne pas avoir appris à évaluer les
conséquences de ce que je fais ou de ne pas savoir ce que je veux. Parce que je n’ai pas eu de
structure, d’encadrement.
Question : Selon vous, est-ce que vous sentez que la période de l’adolescence est une période
critique qui a un impact sur le reste de la vie de la personne?
J’ai un jeune qui est très anxieux au niveau social et il m’a dit hier « j’ai l’impression, en ce
moment, que je suis en train de gâcher mes souvenirs d’adolescence. Parce que dans le fond je
ne suis pas capable de rien faire et quand je vais me rappeler de mon adolescence, cela va
m’affecter».
Il est déjà conscient qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas bien…
Oui, il a 17 ans le jeune, c’est un gars. Tout cela, à plus ou moins grande étendue, selon les
situations, quelque part, il y en a qui sont conscients. Mais cela peut changer. Ils pensent cela
aujourd’hui, mais ça peut tout à fait changer. Il peut vivre autre chose, avoir une blonde à un
moment donné, et faire quelque chose qu’il aime. Moi, mon adolescence a été assez dure, mais je
suis assez bien maintenant. Cela dépend toujours de ce qui s’en vient après.
Entrevue professionnel 3 7
Question : On a passé à travers toutes les questions. Est-ce qu’il y a autre chose que vous
aimeriez ajouter?
Je dirais que les parents doivent connaître quels sont les besoins des adolescents. Ils doivent
comprendre l’importance des besoins. Parce que les parents banalisent parfois trop, « ce n’est pas
grave, telle affaire. Ce n’est pas important. Il va s’en faire une autre blonde». Les parents ont de la
difficulté à gérer la réalité, des fois, de leurs adolescents dans la compréhension de ce que leurs
jeunes vivent, par ce qu’ils banalisent.
Question : Donc, c’est un message que vous aimeriez laisser aux parents d’être plus ouverts par
rapport aux différents besoins?
Oui et aussi que les parents comprennent qu’à l’adolescence, on perd notre pouvoir d’imposer. On
doit développer. Nous n’avons qu’un pouvoir d’influence. Plus notre adolescent vieillit, plus on n’a
qu’un pouvoir d’influence. Puis il faut qu’on apprenne à fonctionner avec une influence plutôt que
d’imposer.
Oui, mais pas en cherchant nécessairement juste à imposer, mais d’influencer, « moi, je ne suis
pas d’accord pour telle raison, mais qu’est-ce que tu veux que je fasse, je ne te suis pas, pas à pas
pour être sûr que tu fais ce que je dis». Je peux juste influencer.
Je vous remercie, j’apprécie que vous m’ayez accordé du temps pour l’entrevue.
Entrevue professionnel 4 1
Question : Par rapport à la première question, selon vous, comment représentez-vous la notion de
crise que parfois des gens appellent identitaire, dans le processus du développement de la
personne? Selon vous, c’est quoi les signes précurseurs?
C’est une question intéressante. Crise identitaire, ce que je comprends, c’est souvent associé à un
rôle ou à une activité qui a une fonction de remplir un succès dans la vie…. Ça va être difficile de
parler français… mais enfin, un des objectifs humains c’est de, non seulement, faire en sorte que
l’on survit, que l’on remplie les besoins élémentaires, mais dans l’échelle de Maslow, que l’on
aboutisse à la réalisation personnelle. Donc, le rôle que l’on joue dans la société va se développer
parallèlement à la notion de succès. Donc, cela va se tenir ensemble avec la notion d’amour
propre, d’estime de soi. Et plus le rôle contribue à l’estime de soi ou à la satisfaction, plus un
certain rôle dans la société va contribuer au succès. Si la perte de ce rôle-là, ou la perte d’une
activité à laquelle on s’est identifiée, s’il y a perte, cela va créer à ce moment-là une crise
identitaire parce que l’individu… vous parlez de la crise de la quarantaine, mais elle est toujours
aussi vraie chez les jeunes, en autre. Mais, cette crise-là, c’est l’identification associée à son
succès, l’autonomie et l’amour propre. Tout se tient ensemble - succès, autonomie et amour
propre.
Donc, cette crise d’identification, les éléments précurseurs, comme vous dites, c’est la perte. Il y
aura crise identitaire quand il y a perte d’un métier, la perte d’un rôle, la perte d’un salaire, par
exemple, qui est associé au succès, la perte d’associés dans l’entreprise, ou la perte de la santé
qui nous permettait de remplir ce rôle-là. Donc, les signes précurseurs, c’est souvent la perte et le
deuil d’un des éléments qui aurait contribué à la définition de ce rôle, au succès attribué au rôle.
Donc, si je vous donne un exemple, mettons un homme qui a été chef d’entreprise et toute sa vie il
a eu un grand succès et là dans une crise économique se voit obligé de, non seulement, licencier
certains de ses employés, mais il voit son entreprise dans l’obligation de fermer. Cet homme-là va
être très susceptible de vivre une crise identitaire parce qu’il aurait été associé au succès de sa
compagnie, il aurait été associé au titre de chef d’entreprise. S’il se voit dans l’obligation de
changer son rôle, il aura une période très très très vulnérable - avant la clôture, pendant et après,
pendant une assez longue période. S’il est soutenu, cela va bien se passer, mais s’il n’est pas
soutenu par des systèmes de conseillers, conseillères, ou par une réorientation de carrières, cet
individu va être très susceptible à la dépression, très susceptible à toutes sortes de maux, de
maladies physiques, aussi. Il peut se développer plusieurs symptômes de maladie physique, et
donc, il devient vulnérable. Par contre, toujours dans mon exemple, si cet homme, ou femme, est
bien soutenu dans le processus de transition, il n’y aura pas de crise comme telle. On ne pourra
pas appeler cela une crise. Ce sera un période de transition, mais qui ne sera pas une crise.
Alors, je vais parler des signes précurseurs ou des agents ou des facteurs qui pourraient contribuer
au développement d’une crise. Donc, la perte, les changements, les transitions, surtout en fonction
d’un rôle, d’une identité, d’un rôle particulier, d’une activité qui le menait à un succès. Donc, tout un
ensemble de facteurs qui déterminent le ‘qui suis-je’ ou qui répond à la question ‘qui suis-je à ce
moment-ci dans ma vie ?’.
Pour une femme dans la trentaine ou quarantaine, je vais donner un exemple précis de femme.
Par exemple, ce que j’ai vu dans ma pratique assez couramment, ce sont des femmes qui n’ont
pas eu l’occasion d’enfanter pour toutes sortes de raisons - un partenaire qui n’a pas voulu
d’enfant ou une femme qui n’a pas trouvé de partenaire, ou une femme homosexuelle qui n’a pas
eu la chance de développer des manières de concevoir avec les nouvelles méthodes. On pourrait
donner plusieurs exemples de personnes qui n’ont pas réussi à se reproduire. Donc, dans la ligne
des besoins essentiels de l’humain, c’est un besoin naturel de reproduction. Donc, les gens gays
ou les femmes ou hommes qui n’auraient pas rencontré de partenaires avec qui ils auraient pu
copuler et se reproduire peuvent vivre aussi de façon beaucoup plus subtile, pas toujours ouverte,
mais, même il y aurait des gens qui auraient vécu cette crise-là inconsciemment, parce que dans
notre société les rôles ont changé. Les rôles de reproduction et le sens de la famille, ce sont des
valeurs qui ont beaucoup changé. Elles ont été changées, notamment, par le besoin de réussite
personnelle, très capitaliste par exemple, le besoin de gains capitaux. Donc, le concept de famille a
changé. Ce qui fait que les gens vont quand même vivre des crises identitaires associées au
concept de famille, mais pas nécessairement de façon consciente. Alors, cela ce sont d’autres
facteurs entourant la crise identitaire, dont vous parlez de disons 40 ans. Pour certaines femmes
c’est avant, parce que le cadran biologique va se déclencher très souvent dans la trentaine, mais
Entrevue professionnel 4 2
cela va faire quand même partie d’une crise identitaire qui est différente de la crise identitaire des
jeunes, des adolescents par exemple.
Question : Je voulais savoir, vous avez parlé un peu de justement d’agents précurseurs, qu’on a
une perte de rôle ou il se passe un deuil, mais comment, au niveau de la personne, se vit la crise?
La crise se vit parallèlement, je dirais presque parallèlement, à celle d’un deuil. Donc, il y a cinq
étapes dans le deuil. Le refus d’accepter qui se manifeste très souvent par la colère, ensuite la
dépression, la négation. Ce n’est pas dans l’ordre, de toute façon, c’est cinq étapes qui n’ont pas
de chronologie comme tel le. La négation, le ‘denial’ en anglais, la négation, le dénie je pense que
l’on dit en français. Le dénie, la colère, la dépression et ensuite dans des phases un peu plus
positives, l’acceptation et le regret mais avec l’acceptation. Donc, il y a cinq phases.
Les signes, ou la crise, se vit de cette façon-là. Ce sont des signes qu’un thérapeute et conseiller,
ou praticien dans la santé mentale et physique, peuvent détecter. Par exemple, dans cette phase,
dans la mi-temps de la vie, quand une personne tombe en dépression, c’est important quand on
fait l’inventaire des facteurs, que l’on aborde celui de la crise identitaire, de ne pas oublier, s’il y a
eu la perte, si la personne sent qu’elle a perdu son identité face à un rôle. Et la dépression, comme
on sait qu’il y a beaucoup de dépressions dans notre société, les gens oublient la crise identitaire
ou les gens oublient certaines nuances très subtiles associées à un rôle, à un certain succès, ou,
peut être même, de façon inconsciente, à un rôle que la personne aurait voulu jouer dans sa vie et
qu’elle n’a pas réussi à atteindre ce rôle-là. Alors, cela est très important : deuil, dénie, colère. Je
pense que j’en oublie d’autres. Enfin, dans les autres phases, il y a le regret, donc, une espèce de
‘spleen’ Comment je dirais en français? Je n’arrive pas à trouver le mot en français – ce n’est pas
vraiment une dépression, mais un découragement, ou une perte d’espoir. Comme la personne
aurait vraiment voulu atteindre ses objectifs de vie, ses objectifs personnels de réalisation de soi,
et se rend compte qu’elle n’a pas réalisé ses objectifs.
Donc, il y a une crise identitaire qui se vit et qui se manifeste avec la dépression. Donc, c’est pour
cela qu’il y a des taux de suicide, par exemple, de personnes âgées ou de personnes même passé
la cinquantaine, et on oublie souvent de mentionner la crise identitaire. C’est comme une
réalisation de soi incomplète. Donc, les gens se découragent, surtout en période de crise
économique, les gens ont encore plus de difficulté à réaliser leurs rêves. Donc, il y a un
découragement qui s’installe, qui peut aller jusqu’à, qui va se vivre dans la dépression, qui va se
vivre dans des mécanismes de défense. On dit en anglais – ‘coping mechanisms’. Comme j’ai tout
étudié en anglais, comment on traduit ‘coping mechanisms’… les gens vont essayer de vivre se
qui se passe en eux, mais ils sont pris dans l’alcool, par exemple, ou ils sont pris dans des modes
de vie malsains. Cela peut même inclure une sexualité malsaine. Parce que les gens qui n’auraient
pas réussi à réaliser leurs rêves, vont se trouver en perte de puissance, et souvent vont essayer de
regagner leur puissance dans une sexualité malsaine. Cela, j’ai vu cela aussi. Et dans la
quarantaine, chez les hommes surtout, on dit que les hommes d’un certain âge, vont essayer
d’aller flirter des jeunes filles, par exemple, ou d’avoir une deuxième vie sexuelle avec une femme
beaucoup plus jeune qu’eux. Ça se vit souvent par une perte de puissance dans leur milieu. Par
exemple, une perte de puissance sexuelle, ils vont essayer de relancer leur libido en
s’amourachant ou en côtoyant des jeunes filles beaucoup plus jeunes pour relancer leur libido. Est-
ce que ça fait du sens ce que je vous raconte?
Oui, oui.
Une crise identitaire chez l’homme, il y a tellement d’exemples à donner pour la crise identitaire de
cet âge-là, du tournant de la vie, de la quarantaine, qui va souvent, qui est en ligne directe, avec
l’image de soi. L’image de soi qui est en conflit avec une représentation sociale ou d’une pression
sociale. Alors, j’ai abordé un autre thème de la crise identitaire qui est le conflit entre la
représentation sociale et l’expérience personnelle. Ce sont deux facteurs très importants de
l’image de soi. Mais à un moment donné, qui arrive en conflit, c'est-à-dire qui sont en contradiction
ou opposés, et cela crée ce conflit. Donc, la personne de la quarantaine, pour bien passer une
période de transition, que l’on dit en allant vers le vieillissement, si vous voulez, donc, il y a tous les
signes de vieillissement, et la représentation sociale, la pression sociale, est que ‘sois jeune, sois
Entrevue professionnel 4 3
beau, sois fort le plus longtemps possible, et ne donne aucun signe de ton vieillissement’. Bon, il y
a eu beaucoup de critiques surtout féministes et heureusement, il y a de plus en plus d’hommes
qui embarquent dans le mouvement féminisme de dire que le vieillissement de la femme est
normale et le vieillissement de l’homme est normal aussi. Mais la représentation sociale des
médias est tellement forte que ça joue, ça surpasse le raisonnement et l’émotion que vivent les
gens qui s’acheminent vers, qui vieillissent, quoi. Et l’expérience personnelle est une expérience
de vieillissement, c’est l’expérience vécue personnelle innée, intérieure qui est en conflit avec les
pressions sociales et la représentation sociale. Ce qui fait que ça crée une incompatibilité et une
intolérance émotive qui va amener à la crise identitaire. Cette intolérance-là va se vivre dans,
comme je disais, les cinq phases du deuil, souvent par la négation, donc le dénie. La personne ne
veut pas accepter le vieillissement, donc ne va pas porter attention aux signes annonceurs du
vieillissement et ne va pas faire une bonne gestion de son vieillissement, c'est-à-dire ajouter des
suppléments, ralentir le mode travail. Non, les gens veulent continuer le même rythme de vie,
veulent ignorer les signes de vieillissement et, à cause de cela, on voit aussi beaucoup de
dépression. Parce que les gens n’arrivent pas à faire une compatibilité des deux, ils n’arrivent
pas à faire l’harmonie entre les deux. Donc, il va donner toutes sortes de problèmes physiques,
psychologiques et émotifs.
Question : En résumé, vous parliez que la crise était souvent associée justement à la perte et le
deuil et des fois, cela peut être associée à l’anticipation parce que vous disiez que la femme qui n’a
pas eu la chance d’avoir d’enfants. Ce n’est pas qu’elle a vécu une perte, mais en quelque part,
c’est l’anticipation de manquer quelque chose qu’elle ne pourra jamais avoir, mais elle ne l’a jamais
eu.
C’est la perte de la non réalisation d’un rêve, mais c’est une anticipation aussi, parce que passer
un certain âge, à moins d’avoir recours à des méthodes médicinales, on sait qu’il y a des femmes
passées la soixantaine qui ont réussi à enfanter. Est-ce que c’est pour le bien de la société et de
l’enfant ? Cela est à discuter. Il y a toute la question d’éthique. Mais, il y a des femmes qui
refusent cette perte de réalisation de rêve. Donc, elles vont prendre tous les moyens possibles
pour réaliser ce rêve. Donc oui, l’anticipation, ou bien, en fait l’anticipation, cela dépend comment
les gens le vivent. Il y a l’anticipation qui peut mener à la perte parce qu’il faut réaliser un moment
donné, ‘ok j’ai passé l’âge et il faut que j’accepte que…, il faut que j’essaie de laisser aller ce rêve-
là. Ok, je n’y arrive pas. Il y a des femmes qui vont presque abuser sexuellement de leurs
possibilités, parce qu’elles vont dire, on va s’essayer encore ce mois-ci, s’essayer encore ce mois-
ci. C’est de la folie furieuse vers la course à la fécondité. Et les femmes s’épuisent dans ce
cheminement-là, et là les hommes aussi d’ailleurs.
Question : Oui, en effet, j’ai eu la chance de voir des gens qui, effectivement, sont dans cette
période-là. Mais aussi, vous associez la crise à la dualité, le conflit, la transition.
Oui
Question : Ok, je veux être sûre que l’on a nommé les gros points. Si on passe à la question
numéro deux. Selon vous, existe-t-il des moyens concrets et quels sont-ils pour atteindre un
niveau d’équilibre autant physique et psychologique dans le processus du développement de la
personne?
Ok, moi j’ai une vision très globale, holistique comme on dit. J’ai une vision globale de l’équilibre de
l’humain qui est, non seulement physique et psychologique, mais qui est physique, émotif,
psychologique et spirituel. Quand je dis spirituel, pour bien clarifier, ce n’est pas religieux, mais
cela fait allusion à la passion ou l’esprit inné de cette personne-là. Donc, une personne qui aurait
un talent particulier et l’esprit de cette personne-là voudrait se réaliser en fonction d’un talent ou
d’une habilité particulaire. C’est dans ce sens-là que je dis esprit. Pour atteindre l’équilibre
physique, psychologique, émotif et spirituel, les gens doivent toujours garder cette roue médicinale,
si vous voulez, en équilibre. Donc, c’est comme une roue qui aurait quatre cadrans, un cercle qui
aurait quatre cadrans. Et chaque cadran, le corps, les émotions, l’intellectuel ou le psychologique.
En fait, le psychologique, c’est l’unité de l’émotif et l’intellectuel, si on veut. Mais, je fais une
distinction parce que ce que les gens pensent n’est pas toujours ce que les gens ressentent. Les
gens peuvent dire quelque chose ‘je pense, I think, je pense, et je me sens’. Ce n’est pas toujours
en harmonie. Donc, comme thérapeute, il faut aider les gens à discerner ce qu’ils pensent de ce
Entrevue professionnel 4 4
qu’ils vivent ou ce qu’ils ressentent émotivement. C’est pour cela, que les psychologues sont là
d’ailleurs, c’est pour aider les gens à faire la distinction entre ce qu’ils pensent et ce qu’ils
ressentent véritablement. Donc, pour garder l’équilibre du corps, des émotions, de l’intellect et de
l’esprit, on va décortiquer. Donc, l’équilibre physique passe par une bonne nutrition, un bon
sommeil, une bonne digestion, des bonnes activités physiques. Ça, c’est comme minimal. S’il n’y a
pas assez de sommeil, les gens vont tomber dans le manque de sommeil. Ils vont avoir tôt ou tard
des symptômes physiques dus au manque de sommeil. La même chose pour la digestion, la
même chose pour la nutrition, la même chose pour le manque d’activités. Donc, comme
thérapeute il faut voir à ce que l’équilibre physique soit en fonction de ces quatre points
fondamentaux. Les émotions, c’est sûr que c’est relié à ce que les gens pensent. Alors c’est inter-
relié. Cependant, à certains moments dans la vie, les gens ont des émotions qu’ils n’arrivent pas à
expliquer et ils ne se comprennent plus. C’est là que les conseillers en psychologie interviennent,
pour essayer de mettre un peu de clarté dans des croyances ou des pensées des gens qui vont
influencer la façon dont ils vivent leurs émotions, ou dont ils vivent leur vie et les émotions qui les
animent.
Alors, souvent dans mon rôle, comme conseillère en psychologie, c’est de voir que les gens ont
des croyances qui viennent de bien loin. On dit, il y a des croyances, mais des fausses croyances
sur eux-mêmes, ou des pensées malsaines qu’ils entretiennent et des pensées obsessives
souvent, qui viennent de l’enfance. Alors, moi, comme spécialiste des traumatismes de l’enfance,
je vais voir avec eux ou elles quels sont les traumatismes de l’enfance qui auraient pu être la
source de leurs pensées négatives et intrusives. Alors, d’où viennent leurs émotions? Alors, tout le
cheminement pour un équilibre, c’est d’aller faire un travail personnel. Moi, je dis souvent ‘do your
soul search. Fais ton travail d’aller questionner ton âme ou de te questionner en profondeur, de ce
qui t’habite’. Alors, d’aller en profondeur de ce qui habite les gens, pour aller à la source des
pensées négatives qui pourraient nourrir un certain état émotif. Alors, je dirais, comment garder
l’équilibre? Si les gens ont tendance à aller dans la négativité, mais c’est là tout le cheminement
vers la pensée positive et c’est là tout le cheminement des bénéfices d’une pensée positive. On dit
aux gens, en anglais ‘the glass is half full’. ‘Regarde ce que tu as de positifs et ne t’attarde pas à la
négativité’. En anglais, je dis souvent ‘do not indulge in negativity’. On sait ce qui ne fonctionne
pas. On essaie de faire de notre mieux pour changer ce qui ne fonctionne pas, mais on porte notre
attention sur ce qui fonctionne. Alors, de garder notre état mental sain, c’est de regarder à ce qui
est positif, nos attributs, nos qualités et nos talents et de s’attarder principalement à ce qui
fonctionne, à ce qui est positif.
Alors, cela c’est comme la base, on dirait psychologie 101. C’est de garder un esprit positif.
Maintenant, pour ce qui est de l’esprit, cela va encore en ligne avec le développement de soi et la
réalisation de soi dans l’échelle de Maslow. Donc, on essaie de se réaliser en suivant nos talents
et nos passions. Donc, si, pour quelques raisons sociales, économiques, familiales que ce soient,
les gens n’on t pas arrivé à se réaliser dans la ligne de leurs passions et de leurs talents, mais à un
certain moment donné, il faut les guider dans ce sens-là. Il faut guider les gens. Il faut que les
gens acceptent de comprendre le lien entre la détresse, si vous voulez, ou le mal de vivre et une
passion ou un talent qui n’aurait pas été exploitée. Et chaque individu est né avec un talent, j’en ai
pas connu qui ne soit pas né avec un talent. Alors, c’est d’essayer de guider les gens dans ce
sens-là. Pour garder un équilibre physique et psychologique, c’est de faire attention à son corps, à
ses émotions, à ses pensées, et de s’acheminer dans sa réalisation de soi en ligne avec son talent
et son esprit. Ce serait cela ma synthèse.
Question : Donc, ce serait cela votre fil conducteur pour chacun parce que vous m’avez nommé
pour chaque niveau des choses spécifiques à faire. Donc, votre fil conducteur ce serait comme de
garder un équilibre entre tout cela?
Oui, de garder la roue bien ronde et que ce soit ni le corps qui prenne le dessus, ni les émotions
qui mènent la vie des gens, ni les pensées négatives ou que la pensée - si les gens ne sont que
dans leur tête, ce n’est pas bon non plus, et que seulement nourrir une passion sans garder la roue
bien ronde. Je compare souvent cette roue aux quatre roues d’une auto. Par exemple, si une des
roues est trop gonflée, si l’égo est trop gonflé, ou on ne fait que s’occuper de son corps et on
néglige son esprit ou sa vie spirituelle, ou on néglige de se nourrir intellectuellement, ou de
s’éduquer. Parce que l’intellect c’est de l’éducation. Si on oublie l’un des deux, l’auto ne va pas
Entrevue professionnel 4 5
rouler rondement, ça va faire ‘….’, les roues ne seront pas égales, donc les quatre cadrans de la
roue médicinale, il faut les garder en équilibre.
Question : C’est intéressant comme image. J’aime bien l’image. Par rapport à la question numéro
3, comment expliquez-vous la recherche d’identité chez l’adolescent et quels sont les aspects et
enjeux importants, selon vous?
Ok, cela ressemble à la même crise. Ce sont deux phases de la vie qui sont paraboliques, elles
sont identiques. Ce sont les mêmes principes, les mêmes facteurs. Il y a un élément de plus à
l’adolescence. Donc, les aspects et enjeux sont la réalisation de soi, le développement vers
l’autonomie, ce dont je vous ai parlé pour la crise identitaire de la quarantaine. C’est semblable.
Sauf qu’à l’adolescence, le focus est sur l’atteinte de l’autonomie ou l’indépendance et le
détachement. Il faut que les jeunes quittent le nid. Il faut qu’ils prennent leur envol. C’est la même
chose chez bien des animaux. Il faut que le ou la jeune prenne son envol et se libère de sa famille
de façon sécuritaire. Donc, c’est la recherche de la liberté. Il faut avoir le support émotif pour
pouvoir le faire. Il faut avoir un bon environnement et il faut avoir les moyens aussi. Donc, les
aspects et les enjeux, c’est d’essayer de donner à l’adolescent tous les moyens, assez de moyens,
pour que le jeune puisse se sentir en puissance – le sentiment de puissance est important. Je
pourrais revenir aux cinq besoins fondamentaux pour la réalisation de soi. Il faut que les besoins
essentiels soient fournis pour que le jeune se sente supporter.
Donc, il faut qu’il y ait un toit, qu’il y ait de la nourriture, cela fait partie des besoins essentiels. Il
faut qu’il y ait un besoin de jeux, le besoin du plaisir. Il faut laisser au jeune le sentiment du plaisir.
Il faut qu’il assouvisse le sentiment du plaisir. Le sentiment d’amour, il faut que le jeune se sente
inconditionnellement aimé, malgré ses erreurs et ses maladresses de l’adolescence. Il y a
beaucoup de maladresse à l’adolescence. Donc, le rôle des parents, ou de la famille, pour que le
jeune passe bien cette crise d’identité de l’adolescence, il faut qu’il ait ce sentiment d’amour
inconditionnel, malgré les faiblesses. Donc, tout ce que l’on vit de nos jours, c’est que les jeunes
veulent énormément de liberté. Donc, on va arriver au sentiment de liberté ou d’indépendance, et
le sentiment de pouvoir, qui fait parti des cinq – donc, les besoins essentiels, besoin de plaisir,
besoin d’amour, besoin d’indépendance, et besoin de pouvoir. Le besoin de pouvoir à
l’adolescence c’est de plus en plus grand et cela vient en conflit souvent avec la gestion des
besoins essentiels. Les parents souvent pensent qu’ils doivent jouer leur jeux de ‘care giver’, de
procurer des soins, alors, que le jeune veut prendre soin d’elle-même ou de lui-même, sans
l’intervention des parents. Alors, il arrive souvent un conflit, encore une fois, entre les besoins des
parents de continuer leur rôle de parents et le besoin du jeune de se sentir indépendant et en
possession de lui-même, ou d’elle-même.
Alors, il faut procurer assez de liberté, tout en donnant de plus en plus de pouvoir, de plus en plus
de possibilité d’exploration du monde, sans l’intervention des parents. Ce qui crée, dans notre
société actuellement, une confusion des rôles. Je vois souvent cela avec les familles avec qui je
travaille. Une confusion des rôles, c'est-à-dire que les jeunes ont, de plus en plus, accès à
l’information. Donc, ils ont, de plus en plus, de liberté intellectuelle. Ils s’approprient par l’internet
et la télévision ou autre, ils s’approprient des rôles à un âge qui, probablement dans l’histoire, si on
revient dans l’histoire, à 14 ans les jeunes garçons, surtout, mais probablement aussi les filles,
avaient déjà des rôles d’adultes, de reproduction, de chasseur. Donc, ces rôles-là, dans l’histoire,
étaient beaucoup plus jeunes qu’aujourd’hui.
Aujourd’hui, on garde les jeunes à les écoles, dans les familles, beaucoup plus longtemps. C’est ce
qui fait que les parents auraient oublié que, historiquement, les jeunes avaient beaucoup plus de
liberté à un beaucoup plus jeune âge. Maintenant, on les couvre beaucoup plus longtemps. Je
n’arriverais pas à vous expliquer pourquoi exactement il y a cette confusion des rôles, mais je
pourrais porter une hypothèse. C’est que, étant donné l’accroissement technologique, intellectuelle
de notre société, donc, la roue est déjà en déséquilibre. Je vous ai parlé du corps, des émotions,
de l’intellect, et de l’esprit. On a un très grand développement technologique, ce qui fait appel à
énormément de capacités intellectuelles, mais d’autres aspects du développement de la personne
ont été négligés. Ce qui fait qu’on a comme conséquence une confusion des rôles, et confusion
émotive des rapports entre parents et enfants, ce qui crée encore plus de crises d’identité. Et à
mon avis, c’est ce qui cause les conflits avec les drogues, par exemple, que l’on voit une
surabondance, c’est presque épidémique la consommation de drogues chez les jeunes en ce
Entrevue professionnel 4 6
moment. Pourquoi ? C’est parce qu’ils veulent se donner un pouvoir, une autonomie. Ils vont aller
la chercher comme ils peuvent. Ce serait ma synthèse pour cette question-là.
Question : J’ai l’impression que vous avez répondue aussi à l’autre question qui était de quoi les
jeunes adolescents ont-ils besoin? Vous m’avez parlé un peu des besoins de Maslow et les
moyens qu’ils utilisent sont-ils pertinents et efficaces selon vous?
C’est cela, aujourd’hui les jeunes prennent des moyens qui sont beaucoup plus risqués. La
sexualité est exploitée grandement chez les jeunes et de façon non sécuritaire, ce qui fait que,
dans le monde en général, on a une sexualité qui est vécue de façon non sécuritaire et malsaine.
Ce qui crée les maladies que l’on connait aujourd’hui, comme le SIDA ou les maladies transmises
sexuellement qui sont presque pandémiques aussi dans le monde. Et donc, pas juste chez les
jeunes mais les jeunes sont victimes parce que dans certaines, en Afrique par exemple, les aînés
vont faire l’amour avec les jeunes vierges en pensant que le SIDA ne sera pas transmis chez une
vierge, ce qui est totalement dans l’erreur. Mais les jeunes sont victimes d’un monde dans lequel
les adultes sont de plus en plus confus. Donc, les jeunes prennent des moyens très risqués pour
passer à travers la crise d’identité ou la transition enfant-adulte. Et aussi, les moyens que les
jeunes prennent. Ils vont avoir des sports très extrêmes, on a de plus en plus de sports extrêmes.
Des nouveaux sports qui n’existaient pas avant - tous les skateboards, c’est très extrême comme
sport. Ils font cela partout, sur tout, sur les escaliers, les rampes, partout. C’est incroyable comme
sport. Ils se mettent à grimper les parois des édifices maintenant ! Il y a des sports, qui n’ont jamais
existé, que les jeunes vont exploiter de nos jours. La bicyclette de montagne qui est aussi… et le
ski, les parachutes. Il y a tellement de sports qui sont des sports extrêmes de nos jours que l’on
n’entendait jamais parler avant. Donc, les moyens ne sont pas toujours sécuritaires, beaucoup plus
à risque, beaucoup de drogues. Comment je dirais?
Est-ce que les moyens sont efficaces? Moi, ce que je vois aussi, c’est que les jeunes, pour passer
à travers la période de l’adolescence et avec les pressions qui sont exercées autour d’eux, donc, la
représentation sociale et les pressions sociales autour d’eux, ils vont se lancer dans des, par
exemple, ceux qui vont se lancer ceux qui vont se lancer en musique ou ils vont se lancer dans le
théâtre, ou dans des activités parascolaires saines. Dans ce sens-là, c’est efficace et sécuritaire.
Mais, il y a aussi toute une clientèle surtout avec la consommation de drogues aujourd’hui, c’est
tellement grand que c’est devenu la norme. Il y a une normalisation de moyens à risque et non
efficace. Ce n’est pas efficace. Les dommages à long terme sont prouvés et ce ne sont pas des
moyens efficaces chez le jeune pour passer à travers sa crise d’identité de l’adolescence. Par
contre, il y a aussi toute une clientèle qui va utiliser des moyens efficaces et sécuritaires.
Question : Mais, qu’est ce qui ferait la différence entre les deux ? Est-ce qu’il y aurait des
prédispositions qui font qu’un jeune va adopter justement des moyens sécuritaires et l’autre non ?
Je pense que cela dépend du rapport familial. Comme on vit des familles très déchirées et que le
sens de la famille a beaucoup changé- les familles reconstituée, la famille élargie je dirais, les
mariages doubles ou triples, le beau père, la belle mère, le deuxième beau père, la deuxième belle
mère. Cela crée des familles tellement déchirée que le jeune n’a plus son soutien émotif. Je veux
dire que la roue médicinale est éclatée, il n’a plus le soutien émotif. Donc, ce qui aide au jeune
dans cette situation de famille éclatée, c’est d’avoir des modèles très forts. Par exemple, je travaille
avec une clientèle à risque, à Richmond en particulier, il y a tout un système de tutorats avec des
mentors. Donc, si le jeune arrive à s’identifier à un mentor, il peut passer à travers sa crise
d’adolescence de façon saine et soutenable, dans le sens qu’il n’y aura pas de dégâts à long
terme, soutenable dans le sens aussi que bien que très difficile ou à risque. Si c’est un enfant par
exemple qui est dans une famille d’accueil et qui a une histoire ou une maladie mentale ou un
déficit mental quelconque, il peut quand même se tirer très bien de la situation avec un bon modèle
adulte, un bon modèle. Quels seraient les moyens efficaces? Ce serait de procurer un système de
mentors, ou de tutorats à ces jeunes qui seraient à risque ou qui seraient issus d’un
environnement soit éclaté, soit malsain. Donc, un endroit où y aurait beaucoup de drogues ou un
milieu où il y aurait de la violence, par exemple, violence familiale ou violence verbale. La façon
d’aider ce jeune c’est de créer un environnement social à l’école ou, surtout à l’école parce que les
jeunes sont encore à l’école à ce moment-là, ou si ce sont des jeunes qui ont quitté, le système
scolaire qui est une communauté qui offre du tutorat, ou du motorship, un système de mentors
pour ces jeunes dans les communautés.
Entrevue professionnel 4 7
Question : Il y a un point que je voulais ramener avec vous, juste pour clarifier, pour être certaine.
Quand vous parliez de la confusion des rôles, il y a Erik Erikson qui parlait également de la période
de l’adolescence. Par rapport à sa théorie, il y a comme une espèce, je dirais, d’opposé entre
l’identité et confusion des rôles qui donne en bout de ligne ou la fidélité. Est-ce que vous faisiez
référence à lui ?
Moi, je ne me sers pas tellement des titres et théoriciens. J’aurais pu, mais je ne l’ai pas fait. Mais,
c’est effectivement cela. Si par exemple, l’influence parentale est tellement forte que le jeune ou la
jeune se fait casser les oreilles que tu ne peux être qu’ingénieur, et que si le jeune ne devient pas
un ingénieur comme le dit papa ou maman, le jeune ne sait plus qui il est. Le sens de soi va être
retardé jusqu’à ce que l’individu se demande un jour ‘est-ce que je fais cela parce que c’est
vraiment moi ou est-ce que je fais cela parce que mon père le voulait’. Donc, il y a une confusion
des rôles dans les sens que, est-ce que c’est vraiment la personne et son esprit est vraiment en
ligne avec sa réalisation ou est-ce que c’était une pression familiale? Mais, ce dont je parlais –
confusion des rôles. Confusion, oui au fait, l’influence que les parents exercent sur les jeunes
dans leur développement personnel, oui, cela fait allusion à cela. Mais cela fait aussi allusion à
‘over protection’, ou à l’attachement – comment je dirais cela en français, on dit en anglais
smothering - les parents ne sont pas capable de décrocher. Un moment donné, il faut laisser place
au jeune, il faut décrocher, il faut le laisser aller. Donc, non, Erikson ne parlait pas de ce genre de
confusion de rôles. Il n’en parlait pas, ce serait une vision plus féministe je dirais. C’est qu’à un
moment donné, il faut par rapport à la mère et au garçon, ou par rapport au père et à la fille, c’est
surtout ces modèles - le modèle de la femme pour le garçon et le modèle de l’homme pour la fille.
À l’adolescence, il faut laisser aller. Il faut laisser aller notre attachement pour que le jeune ou la
jeune arrive à définir son rôle personnellement, et cela peut se faire que par la réflexion
personnelle. Il faut à un moment donné se distancer par rapport au jeune, pour laisser le jeune
penser par lui-même. Alors, cela c’est un autre genre de rôle. Quand je dis confusion des rôles,
c’est que le parent doit devenir un mentor, mais avec détachement. Je ne sais pas comment
expliquer cela, mais il faut arrêter d’être le père et la mère au sens de protection de l’enfant ou
d’assouvir tous les besoins de l’enfant. Je n’arrive pas à le dire autrement que cela. Il faut se
détacher et il y a une confusion des rôles dans le sens que… non, je n’arrive pas à vous l’expliquer
autrement…
Question : La confusion des rôles, vous parliez par rapport aux adolescents, pas par rapport aux
parents?
Par rapport aux adolescents, oui. À un moment donné, il faut laisser aller le rôle de papa et maman
pour devenir un mentor, mais avec détachement comme le ferait un enseignant, qui aurait un
certain détachement émotif. Vous voyez ce que je veux dire? Il faut lâcher prise.
Question : C’est qu’il y aurait confusion des rôles dans les deux sens. Autant les parents qui ont,
en quelque part à jouer un rôle, peut-être différent auprès de leur nouveau jeune qui s’en va vers
l’âge adulte. Et le jeune qui lui est en plein effervescence de sa recherche d’identité, de trouver
quel va être son nouveau rôle un jour.
Exactement. Et s’il y a trop de pression, soit du père ou de la mère, pour remplir ou d’aller dans
une certaine direction de la vie, s’il y a trop de protection, ou s’il y a trop d’influence, cela devient
malsain et le jeune n’arrive pas à s’identifier à ce moment-là. Il a soit un délai dans son identité,
soit une confusion – est-ce que c’est vraiment lui ou elle, ou est-ce que c’est un deuxième papa ou
est-ce que c’est de marcher dans les traces du père ou de la mère mais sans avoir la motivation de
le faire. Et il y en a un autre que j’oublie qu’Erickson a bien identifié – il a identifié trois types de
crise d’identité, j’en oublie un autre.
Question : Je sais qu’il y avait surnuméraire et il y avait un autre auteur également qui parlait des
différents types d’identité que l’on pourrait avoir – surnuméraire, et….
Enfin, j’ai oublié. Mais celui dont on ne parle pas, c’est qu’il faut que les parents se détachent et on
n’en parle pas beaucoup de ce rôle des parents qu’ils doivent laisser les jeunes prendre leur place
tout en acceptant leurs échecs ou en acceptant les risques qu’ils prennent. Il faut les guider, mais
Entrevue professionnel 4 8
pas de façon punitive. Et dans notre système parental, il y a encore beaucoup de systèmes
punitifs. Ce qui n’est pas très efficace.
Question : Avec ce que l’on a discuté ou ce que vous avez donné comme information. Est-ce qu’il
y a d’autres points que vous voyiez importants d’ajouter?
Pour ce qui est de la question de confusion des rôles, Erick Erikson a en effet décrit cette phase
dans l’/adolescence /comme étant une phase de confusion quand l’enfant ne se détache pas
suffisamment de l’influence des parents dans sa recherche d’autonomie et d’identité. Cependant
Erickson ne parle pas de la confusion des rôles des parents dans la phase adulte et de la
responsabilité des parents sans remettre toute la responsabilité à l’adolescent de se séparer des
parents de devenir mentor et de se détacher de l’adolescent/e. Si les parents jouaient leur rôle de
parent- mentor adéquatement, il n’y aurait pas de « crise » et le jeune vivrait la progression de son
évolution avec harmonie.
Je pense qu’il est possible d’avoir un développement de la personne (jusqu’à sa mort) sans
«crise». Pour cela, il faut une ouverture à la spiritualité et des guides spirituels tout au long de la
vie. Mais cela c’est une toute autre question.
Entrevue professionnel 5 1
Question : Nous y allons avec la première question, comment représentez-vous la notion de crise
identitaire, ce sont les crises que l’on retrouve dans le processus général du développement de la
personne? Quels sont les signes précurseurs?
Votre est question est vaste quelque part…ce n’est pas forcément évident de répondre à cette
question d’une manière générale. Par la mesure, il y a comme beaucoup de diversité. Mais moi, ce
que j’aimerais dire c’est qu’en fait…je conçois cela comme étant normal comme faisant partie du
processus du développement de l’humain. La vie est remplie de crises. Donc, les crises de
l’identité c’est quelque chose qui ne va pas…cela n’a pas à être analysé. Deuxièmement, les
signes précurseurs…cela peut varier. Cela peut être la dépression, pas bien dans la vie…ils sont
en crise mais une crise larvée qui se manifeste à travers une dépression en réalité. Ils doivent
changer leur vie et la première chose qu’ils aimeraient changer leur vie pour essayer de régler leur
dépression et là ils découvrent qu’en réalité, il y a tout un tas de choses sous-jacentes. Donc, la
dépression peut être un des signes. D’autres signes peuvent l’anxiété aigue qui continue, le stress
et la confusion existentielle. On ne sait pas ‘’qui je suis’’.
Cette question-là en réalité, elle se pose d’abord à l’adolescence parce que l’adolescence c’est la
première tentative de rechercher qui on est d’abord. Donc, là il y a une première approche. On
quitte le nid familial tout en restant dans le nid familial. Puis après les années 20, c’est pareil, il y a
une recherche. C’est quelque chose qui peut se manifester à plusieurs étapes. Parfois les gens
dans les années 20, ont trouvé leur identité. Il peut y avoir une crise pendant les années 20, une
crise dans les années 30-40. Cela peut varier d’une personne à l’autre. C’est une expérience
unique mais je ne suis pas un chercheur, je parle d’expérience clinique. Peut-être que les
universitaires ont des statistiques à ce sujet. Concernant les signes de crises, on n’arrive plus à
fonctionner, je n’arrive pas par exemple à aller mon travail.
Question : Selon vous existe-il des moyens concrets et quels sont-ils pour atteindre un niveau
d’équilibre physique et psychologique dans le processus du développement de la personne?
Équilibre autant physique que psychologique mais dans le processus général du développement…
D’abord, je vais dire c’est une vaste question. Si je devais vraiment vous répondre, de fait l’alpha et
l’oméga; la qualité maîtresse pour atteindre l’équilibre, ce qu’il y a de plus important à mon avis
c’est de pratiquer la conscience de soi au niveau mental, social et physique. L’observation de soi
en fait, et cela en réalité c’est une des parties des plus importantes du travail psychologique. Enfin
tout bon psychothérapeute, psychologue ou psychiatre a cela comme base en réalité soit aider le
client à s’observer lui-même dans son mental, dans sa vie émotionnelle, dans sa vie sociale, dans
tous les aspects de sa vie en général et dans sa vie physique également, dans son corps. Parce
que sans l’observation, sans la conscience de soi; on peut rien faire. On est dans l’ignorance si
vous voulez. On a des problèmes, ils vont persister et continuer car on est aveugle.
Nous ne savons pas à quelque part si nous avons un problème si nous sommes dans
l’ignorance…
Bien voilà, et pour tout scientifique c’est un peu la base. Pour avoir une théorie, il faut observer
d’abord. C’est la même chose pour l’être humain en réalité. Sans observation de soi, observation
d’abord et ensuite on essait de comprendre ce qu’il se passe. Sans cela, il n’y a pas d’équilibre ou
s’il y a un équilibre, c’est un équilibre de fortune ou un équilibre qui ne va pas durer. Donc, cela
comme je le disais avant, c’est la base pour le travail psychologique en réalité et ainsi que pour le
travail spirituel. Si on est sur une voie spirituelle, c’est la même chose. Maintenant, est-ce qu’il y a
des moyens plus concrets? Je ne sais pas si vous me posez ces questions-là?
Question : Oui…pour le moment vous avez présenté l’observation qui est en lien avec la
conscience de soi pour amener la compréhension…selon vous, est-ce qu’il y a d’autres moyens
qui peuvent aider?
Entrevue professionnel 5 2
Oui, il y a d’autres moyens, je pense qu’en fait, ce que vous me posez comme question, c’est
vraiment une question philosophique profonde en réalité, une question ontologique et
métaphysique à mon humble avis. Parce qu’en réalité la question que vous posez, c’est qu’est-ce
qui est, si j’avais à déconstruire à votre question, je dirais que votre question ce que cela veut
vraiment dire c’est : qu’est-ce que l’équilibre pour l’être humain à quelque part? Ou qu’est-ce que le
bien-être pour l’être humain? Parce que c’est l’équilibre ou le bien-être qui veut dire que l’on n’est
pas en crise. Donc, l’un implique l’autre, si on n’est pas en crise, cela veut dire que nous sommes
en équilibre, c’est que l’on est en harmonie. N’est-ce pas?…ou je ne sais pas peut-être que vous
n’êtes pas en accord? Donc, l’inverse de votre question c’est : qu’est-ce qui conduit à l’harmonie?
C’est l’un et l’inverse de l’autre à quelque part. Moi, j’aimerais répondre à la question en parlant de
l’harmonie, si je peux me permettre. Parce qu’en réalité, si on cultive l’harmonie, on cultive ce qui
permet d’éviter la crise ou ce qui permet de résoudre la crise. Parce que l’objectif de résoudre la
crise c’est d’être en harmonie ou être en équilibre. Donc, là en réalité c’est une question que les
plus grands philosophes devront se poser et répondre. Une nouvelle fois, là je suis perdu…les
moyens concrets, pardon c’est la deuxième question?
Question : Oui, c’est la deuxième question. Vous aviez dit que vous vouliez parler au niveau de
l’harmonie, comment on peut maintenir l’équilibre? La question était : Existe-il des moyens
concrets pour atteindre un niveau d’équilibre physique et psychologique?
Donc, comment atteindre l’équilibre? Donc là, il faut voir ce qu’est-ce qui conduit à la santé pour
l’être humain. Qu’est-ce qui conduit à l’harmonie pour l’être humain? Et là, il y a une multiple
dimension en réalité. D’abord, il faut être bien en soi-même, il faut se cultiver soi-même. Il faut
s’observer soi-même, il faut cultiver sa conscience, il faut comprendre ce qui ne marche pas en
nous et ce qui marche en nous comme cela on peut essayer de réparer ce qui ne marche pas et
on peut essayer de cultiver, d’accroître ce qui marche en nous. Là, je parle très généralement.
Donc par exemple, si on se rend compte en s’observant soi-même : ah bien, j’adore la musique,
j’aime bien voir mes amis, voici les choses qui me font vivre bien. Il faut donc cultiver cela. En
observant, je réalise aussi que je suis déprimé; quand je fais mon travail, je ne suis pas inspiré.
Alors, que se passe-t-il avec le travail? Qu’est-ce qu’il se passe avec votre dépression? Ici, il faut
plus résoudre cela. Donc, c’est le travail sur soi en gros.
Mais ce n’est pas tout, parce qu’il y a 2 autres dimensions essentielles pour l’harmonie et le bien-
être. C’est d’être en relation avec les autres, parce que c’est la condition humaine. On est
condamné à être en relation, si vous préférez. On n’a pas le choix, à moins d’être Hermite et même
quand on est Hermite, on est en relation. On a une société intérieure, qu’on a reçue de notre
éducation. On est forcément en relation avec les autres. Mais toutes ses relations ne sont pas
bonnes, même qu’il y a en a un certain nombre qui sont nuisibles ou qui sont toxiques ou qui sont
des problèmes. Il y en a d’autres qui nous aident. Donc, il faut cultiver l’art d’être en relation en
réalité pour ne pas être en crise ou pour être bien si vous voulez. Et cela, c’est le travail d’une vie
également. C’est-à-dire, une personne qui est saine dans sa vie, qui est bien, on se comprend que
cette personne a des relations sociales qui sont assez saines. Cela, on le voit bien par exemple
moi dans mon travail clinique; 90 % des gens qui viennent me voir, ont été endommagés par leurs
relations. En priorité, leurs parents, leurs familles, leurs travails ou des relations qui leurs causent
des dommages. Une personne qui est bien aura des amis, aura des parents qui s’occupent bien de
cette personne, aura des relations de travail, etc. Donc, une vie sociale assez équilibrée. Puis il y a
une troisième dimension, à mon avis pour l’harmonie, c’est que nous sommes quand même en
relation avec le monde en général. Quand je dis le monde, je veux dire les arbres, le ciel, l’univers;
qu’est-ce que tout cela veut dire?
Toute personne qui essait de vivre une vie éveillée doit avoir une relation avec cela d’une manière
ou d’une autre, essayer de comprendre comment la vie fonctionne en générale. Mais moi, j’ai un
penchant philosophique peut-être que vous voyez… (C’est intéressant…) Et si on ne fait pas cela,
parce que c’est très relié à la crise d’identité en fait. Parce que si on ne sait pas dans quel monde
on vit, on est en ballottement, on flotte. On n’est pas ancré si vous voulez. Donc, les gens peuvent
obtenir des histoires diverses sur ce qu’est le monde mais tout le monde, se crée une histoire ou
reçoit une histoire de son conditionnement familial. Par exemple, vous avez peut-être grandi dans
une famille catholique. Donc, cette personne aura des vues, le monde sera expliqué selon les
croyances catholiques, etc. Cela donne une orientation existentielle. Tout le monde a une certaine
orientation existentielle ou bien on ne le sait pas.
Entrevue professionnel 5 3
Question : Est-ce que c’est vos points d’ancrage que vous parliez?
Quels sont les critères d’une relation saine ou pas saine? Autre vaste question mais je peux y
répondre de manière assez succincte. Une relation qui serait saine, serait une relation ou la
personne est acceptée telle qu’elle est ou la personne on lui accorde sa liberté ou la personne est
bien aimée ou reçoit un amour sain – car il y a de l’amour malsain aussi. C’est de cela dont on
parle. C’est une relation ou il n’y a de violence, évidemment physique mais également violence
émotionnelle. Aussi une relation ou il y a de la tolérance et de la compassion pour la personne. Ce
qui est malsain, c’est l’inverse en réalité. En fait, il y a multiple registre à avoir un travail, appartenir
à un milieu professionnel, appartenir à un milieu familial. On a besoin d’une famille en générale,
des amis, appartenir dans une société également dans une ville. En réalité, il y a pas mal
d’aliénation je trouve dans notre société. Il y a beaucoup de gens qui se sentent pas assez, ils
n’ont justement pas assez d’ancrages, d’endroit ou ils appartiennent et ou ils se sentent bien. Et
cela, c’est une recherche. Les gens recherchent mais pas tous, mais il y en a qui recherche. Les
conditions qu’on ne se sent pas bien, on sent qu’on n’appartient pas, on est aliéné et tout cela,
déjà il y a un malaise quelque part. Et si on ne cherche pas à le résoudre, le malaise va rester. En
réalité, l’adolescence c’est la première étape que cela se produit. Parce qu’avant bon, l’enfant a sa
personnalité mais il est quand même très encadré par l’extérieur.
L’enjeu pour l’adolescent en réalité par rapport à l’identité, c’est justement d’essayer de se
construire une identité et d’être encourager dans cela. En fait c’est un premier essai, c’est comme
un premier goût de l’âge adulte à quelque part. L’adolescent construit son futur. Il y a beaucoup de
mes clients qui ont eu des adolescences pourries. Si l’adolescence n’est pas, si l’adolescent a
vécu dans un milieu familial qui n’était pas sain, on est quand même très sensible à l’adolescence,
on intériorise beaucoup de choses, cela peut apporter des problèmes. Par exemple, le super ego
se forment avant. C’est la partie qui nous juge, qui nous critique, qui nous évalue, tout cela et en
général on forme avant quand on 4 et 7 ans mais cela continue jusqu’à travers l’adolescence. Si on
a eu des parents très sévères, on sera très sévère avec soi-même en général. On s’aimera mal.
Alors oui, il peut avoir pas mal de problèmes à l’âge adulte qui viennent directement de
l’adolescence. Et il y en a aussi qui viennent plus tôt dans les premières 6 ou 7 années. Et en
général en psychologie on a 2 grandes catégories de pathologie ou de maladie si vous voulez. On
a un système de classification assez simple. D’abord c’est : quel genre de maladie avez-vous?
Quel type de pathologie souffrez-vous? Et la deuxième, c’est quand s’est-elle développée? Cela
veut dire : est-ce qu’elle est sévère ou moins sévère? Donc, c’est qu’est-ce que la pathologie? Et
Entrevue professionnel 5 4
quelle est la sévérité de la pathologie? Et quand la pathologie se développe dans les premières 6
ou 7 années de l’enfance de la personne, là, c’est sérieux. En général, on a une pathologie
sérieuse, sévère. Et cela veut aussi dire en général que leur adolescence sera terrible. Parce que
si les 7 premières années ont été terrible le reste sera terrible également. En général c’est les
pathologies que l’on dit caractériel. Donc c’est toute la personnalité qui subit l’impact du mauvais
environnement. Si c’est après, parce que l’on peut avoir les 7 premières années assez bien mais
après ce n’est pas facile d’être parent. Il y a beaucoup d’apprentissage, tout n’est pas donné, on
peut avoir des problèmes dans la vie, autres que ceux de nos enfants. Donc les premières 7
années peuvent être bien réussies et ensuite cela peut être moins bien réussi. Dans ce cas-là, on
aura ce qu’on appelle les neuro, je n’aime pas le mot pathologie mais on aura des problèmes mais
ils seront plus légés. Cela explique un peu comment je vois les choses vis-à-vis comment les
problèmes peuvent émerger dans l’enfance par rapport à l’adolescence. Et il y a beaucoup de
psychologues qui pensent comme cela, ce n’est pas moi qui a inventé cela.
Le vécu de l’adolescence sera très différent d’une culture à l’autre. La culture occidentale est
quand même très dominante alors que dans d’autres sociétés c’est moins dominant. Il y a des
cultures non-occidentales qui ont des rites, des codes, des approches culturelles spécifiquement
orientées pour marquer le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Il y a un cadre de société très
défini, très clair dans lequel on est conditionné. Peut-être que c’est plus facile pour certains
adolescents. C’est une hypothèse, je ne sais pas si cela est vrai mais je peux imaginer que quand
on me dit comment cela marche, il peut peut-être y avoir moins de flottements, de doutes. Il y a
déjà une ligne directrice, c’est-à-dire que cela va être comme cela. C’est comme cela que la vie
marche. À cet âge-là, tu auras cela; à cet âge, il y a ce rite. En réalité, ce n’est pas une société
occidentale. Dans une société occidentale, ce n’est pas comme cela. Dans une société ou s’est
codifié, il peut y avoir des mauvais aspects mais au niveau de l’identité, c’est réglé en quelque
sorte par la société. Dans la nôtre, dans notre société à nous occidentale, l’identité était réglée
avant la révolution industrielle. Jusqu’à la révolution française, l’identité était dictée. Tu es paysan,
tu es bourgeois, tu es noble. Il n’y avait pas de problème d’identité dans la réalité des gens. Le
problème d’identité dans la société occidentale, c’est en réalité un problème de la modernité.
C’est un problème qui se pose parce que maintenant, il y a eu une déconstruction des relations
sociales. Donc, je pense que cela est très important. C’est dire qu’avant dans la société féodale
ième
même probablement jusqu’au 19 siècle il n’y avait vraiment pas…cette question ne se posait
pas aux êtres humains occidentaux. C’est vraiment aux 20ième siècle que je me pose : qu’est-ce
que je veux être? médecin? Il y a beaucoup plus de possibilités, une grande ouverture. C’est
quelque chose de très positif en réalité mais il y a également un aspect dur. Dire que maintenant
va falloir choisir, essayer de comprendre, essayer de s’orienter. On est condamné à être libre et
c’est excellent comme formule. C’est-à-dire qu’on n’a pas le choix. C’est certains on a des gens qui
dorment, qui ne pensent pas mais la majorité d’entre nous on est condamné à essayer de trouver
notre voie dans la vie. Et cela implique la crise d’identité, qui je suis? qu’est-ce que je fais? Etc.
C’est plus difficile parce que la voie n’est pas tracée en fait.
Question : De quoi les jeunes adolescents ont-ils besoin selon vous? Les moyens qu’ils utilisent
sont-ils efficaces et pertinents?
À mon avis, je vous ai dit un petit peu auparavant. Le nid, ils ont besoin de sécurité, d’amour, de
tolérance, d’encouragement. En réalité, ils ont besoin d’une gamme de qualités psychologique et
spirituelle de la part des parents. Ils ont besoins de toutes ses choses-là : amour, tolérance,
compassion, encouragement, encadrement, discipline. Il y a un complexe de qualité qui devrait
être fourni que tous les parents ne peuvent pas. Ils ont besoin de cet environnement, se cadre qui
crée et ensuite de l’utiliser pour aller explorer en fait. Ils ont besoin d’apprendre l’indépendance
dans un cadre dépendant. C’est cela, le paradoxe de l’adolescence à mon avis. Il faut de
l’indépendance mais ils sont dépendants. Et cela est un paradoxe non seulement pour les
adolescents mais c’est un paradoxe aussi pour les parents. Et souvent, ce n’est pas l’adolescent
qui a des problèmes, c’est plus les parents qui ne savent pas négocier. Ils ne savent pas évolués
avec l’enfant en fait, c’est qu’avant l’enfant était en dépendance, c’est eux qui faisaient la loi, c’est
eux qui organisaient tout. Et là, ce n’est plus pareil, l’adolescent il a besoin d’autres choses. Il y a
une transition en fait qui doit être réussi non seulement par les adolescents mais par les parents.
Entrevue professionnel 5 5
Parce que les parents si ne lui fournissent pas le cadre, l’adolescent n’a pas ce qu’il lui faut. Et
partir de ce moment-là, que font les adolescents? Quels moyens, ils utilisent? D’abord, ce qui va
avant cette question à mon avis, cela dépend de quels parents ils ont. Cela dépend de quel milieu
ils se trouvent. S le milieu est assez positif, à ce moment-là, ils vont avoir une bonne qualité en
eux, en fait ils vont trouver d’autres nids si vous préférez. Donc, ils ont leur nid familial, ils
s’envolent et ils rencontrent d’autres petits oiseaux, d’autres adolescents en réalité. À l’école bien
évidemment, peut-être qu’ils feront du ‘’foot’’, un sport donc, il y aura un groupe d’enfants, c’est en
lien avec une activité etc. Donc, il faut trouver d’autre point d’ancrage en réalité. C’est une espèce,
c’est un aculturement, c’est un apprentissage de l’ancrage si vous voulez dans différents registres
sociaux. Ce que l’on fait plus tard, dans le fond plus tard on a une profession, on a des amis, on a
de la famille. C’est cela que fait l’adolescent et s’il le fait bien ce sera avec des bons
environnements. Si c’est mal fait à cause des parents, en relation avec les parents il peut y avoir
drogue et autres. En général, ce sont des activités extrascolaire, avoir des amis, des passe-temps,
des choses comme cela. Dans le milieu moins positifs, c’est être violent, déprimé, etc.
Question : Avec ce que nous avons discuté, est-ce qu’il y a des choses que vous aimeriez ajouter?
Comme on parle de l’adolescence, j’aimerais parler à mon avis c’est l’aspect critique de
l’environnement familial. Quel est l’environnement familial? Cela est le numéro 1 en fait si cela va
mal à l’adolescence, moi je vois cela comme un symptôme d’un mauvais environnement. Ce n’est
pas l’adolescent en réalité qui a un problème. Il a un problème parce qu’il est dans un mauvais
environnement. Parfois oui, il y a des adolescents qui ont vraiment leur propre problème mais c’est
rare quand même. Il y a aussi l’autre aspect qui est la société, à mon avis on n’a pas trop parlé. On
vit dans une société qui par certains aspects est bien mais par d’autres aspect elle peut être très
toxique à mon avis pour les adolescents. Parce qu’ils sont jeunes et ils sont très impressionnables.
L’aspect que je veux aussi souligner que c’est aussi normal d’être en crise, c’est la condition
humaine.
La crise s’est transitoire en général, il y a des périodes d’équilibre et puis il y a déséquilibre. Puis
quand il y a déséquilibre, il faut rechercher un autre équilibre. Les seuls qui sont en équilibre parfait
sont les sages et les saints. Eux, ils ont atteint l’harmonie qui dure si vous voulez. (…c’est ce qu’ils
démontrent de l’extérieur mais ils ont peut-être aussi leur moment) C’est sûr, ils sont quand même
humains aussi. C’est justement cela comme vous dites, à mon avis l’idée de l’équilibre constant
c’est un leurre. C’est faux quelque part. Ce n’est pas comme cela fonctionne la vie, on est fait pour
avoir des périodes d’équilibre mais après ils nous arrivent des embrouilles. Votre mère meurt, votre
mari vous quitte, je veux dire la vie est difficile. Il y a comme une notion dans notre société qu’on
devrait être heureux et qu’on devrait l’être constamment. Que le bonheur c’est quelque chose que
l’on atteint et après s’est fini. C’est bon j’ai atteint le bonheur mais ce n’est pas comme cela marche
à mon avis. Un sage oui, ou un saint, quelqu’un de très accompli intérieurement peut avoir atteint
un niveau.
Question : Alors comment on peut atteindre cette sagesse-là de nos grands sages?
Il y a des parcours, il faut s’engager sur un chemin philosophique ou spirituel. Cela dépend des
préférences, il y a des gens qui préfèrent un chemin bouddhiste, cela dépend. Les vrais chemins
spirituels…je veux faire la distinction entre la religion et la spiritualité. La religion ce n’est en réalité
pas un chemin, c’est plus fait pour avoir des règles, des normes. Là, je vous dis ce que je pense.
Je sais que vous avez vos propres croyances. (…je partage le même point) Donc, il faut s’engager
sur une voie spirituelle et cette voie spirituelle; que vous soyez un ‘’soufi’’, un bouddhiste ou un
taoïste, il y aura les mêmes règles fondamentales en réalité : Observation de soi, cultivation de soi,
cultivation des qualités et des vertus, des choses qui sont positives en nous, réduction des choses
qui sont négatives en nous, réduction des vices, méditation, études spirituelles et intellectuelles. Si
on est en groupe sur un chemin c’est plus facile en général. Il y a des balises. Surtout, ne jamais
se donner comme objectif : l’illumination. Cela est une des plus grandes erreurs spirituelles.
C’est un mauvais objectif en réalité. Il y a des maîtres qui donnent cela comme objectif mais c’est
une erreur capitale parce que l’illumination c’est comme le Mont Everest. C’est 99.9 % des êtres
humain n’atteindront jamais cela, parce qu’il y a trop d’autres problèmes. En réalité sur un chemin
spirituel, ce qu’on devrait apprendre, c’est l’art de vivre. C’est l’art de mieux vivre ce dont on essai
Entrevue professionnel 5 6
tous de faire en réalité. On est tous là à essayer de mieux vivre, enfin ceux qui sont engagés avec
leur vie. Un vrai chemin spirituel offrirait des outils, tout cela pour mieux vivre, pas pour atteindre
l’illumination. L’illumination viendra à son temps quand ce sera le moment, à son heure dans cette
vie ou dans une autre.
Entrevue professionnel 6 1
Question : Je vais vous dire les différentes questions, vous pourrez voir si vous êtes confortable d’y
répondre. La première question va comme suit : Comment représentez-vous la notion de crise
identitaire dans le processus de développement de la personne? Quels sont les signes
précurseurs?
Les crises aux différents âges, c’est-à-dire 30 ans, 40 et 50 ans, c’est cela que vous posez comme
question? (…oui!) Parce qu’il y a des crises différentes d’après l’âge des gens, c’est cela?
Question :…oui, c’est vraiment les crises de façon générale dans le processus normal du
développement de la personne. Cela est ma première question. La deuxième question est : selon
vous, existe-il des moyens concrets et quels sont-ils pour atteindre un niveau d’équilibre physique
et psychologique dans le processus du développement de la personne?
Bon, vous pouvez répétez SVP pour être sûr que j’ai bien compris…
Question : Oui, il n’y a pas de problème. I can maybe explain in English…I try to see if you have
some tools that people can use to obtain a maximum of balance at the physical and psychological
level? Et la question numéro 3 : Comment expliquez-vous la recherche de l’identité chez
l’adolescent et quels sont les aspects et enjeux importants?
La troisième question concerne plutôt les adolescents en lien avec la crise d’identité, c’est cela?
Question :…oui, c’est en plein cela. La quatrième question c’est en lien avec les adolescents aussi.
De quoi selon vous, les jeunes adolescents ont-ils le plus de besoin? Les moyens qu’ils utilisent
selon vous sont-ils efficaces?
Est-ce que vous connaissez l’œuvre de Goldon Neufeld? C’est un gars de Vancouver et lui, il est
l’expert dans l’adolescence. D’après moi, il fait un très bon travail. Il connaît très bien, il a travaillé
avec les adolescents pendant 35-40 ans. Maintenant, il donne des ateliers n’est-ce pas! Il a même
des vidéos par exemple, il y a un vidéo qui s’appelle : Making sens of adolescence, qui est très
bon. Alors, cela peut vous donnez une bonne réponse parce que d’après lui, le problème
aujourd’hui est que l’adolescence trouve leurs conseils auprès de leurs collègues, leurs ‘’peers’’
comme on dit en anglais. Ce n’est pas avec les adultes et cela est un grand problème
d’aujourd’hui. Parce que les jeunes cherchent toujours les avis, les conseils avec leurs amis. Les
amis sont devenus la famille pour beaucoup de jeunes et cela c’est un problème. Aujourd’hui, il y a
une exigence; une émergence de soi –même n’est-ce pas à cet âge-là qui se trouve à l’identité.
Mais étant donné que les familles d’aujourd’hui sont moins organisées qu’auparavant.
Question : Vous trouvez que les familles aujourd’hui sont moins organisées?
Oui, les familles aujourd’hui sont moins organisées, moins structurées. Ils sont désorientées et les
jeunes ont beaucoup d’influences par rapport aux médias et amis. C’est un grand problème parce
que…moi, je suis le travail de Neufeld enfin de compte; il y a nécessité pour les jeunes de trouver
son individualité. Avec les adolescents, il y a un problème parce que le cerveau même
physiquement, peut-être que vous le savez; il y a une sorte de grand nettoyage durant
l’adolescence.
‘’Cleaning’’ c’est-à-dire qu’il y a un mouvement dans notre cerveau parce qu’il y a un grand
changement dans la vie donc, il y a trop de synapses dans le cerveau. Finalement comme à 2 ans
aussi, la même chose arrive. Il y a beaucoup de synapses qui sont là mais il y a une sorte de
nettoyage et le cerveau devient plus mature. C’est-à-dire que la nature dit voilà, je vais vous
donner beaucoup de synapses mais c’est beaucoup trop pour vous, donc, on a besoin une sorte
de nettoyage pour retrouver les synapses que vous avez besoins. Pour trouver votre identité
même je veux dire, physiquement…il y a à 2 ans et aussi pendant l’adolescence, c’est la même
chose. Il y en a trop, comme la nature dit voilà, je vais vous fournir tout cela mais parce que vous
avez besoin de trouver votre propre identité unique et tout cela donc, vous avez besoin de telle et
Entrevue professionnel 6 2
telle…mais on ne peut pas savoir avant le nettoyage mais avec la vie vous allez avoir l’expérience
pour trouver les synapses que vous avez besoins.
Question : Si je comprends, c’est comme si on vient à la naissance…en tout cas comme vous dites
à la période de 2 ans et à l‘adolescence, il y a beaucoup de synapses qu’on n’a pas
nécessairement besoin d’utiliser?
On n’a pas besoin de tout utiliser après…donc, il y a un nettoyage. On arrive à trouver les
synapses qu’on a besoin. La même chose arrive à l’adolescence, la nature en fournit beaucoup
trop. Donc, il y a là aussi un nettoyage. Mais le meilleur, c’est quand il y a un nettoyage avec les
bons conseils, c’est différents que le nettoyage avec les mauvais conseils dans la vie, n’est-ce pas!
Et auparavant, il y avait une relation avec les adultes qui était beaucoup plus qu’aujourd’hui.
Aujourd’hui, il y a beaucoup plus de relation avec des amis, avec des autres jeunes qui se donnent
des conseils qui n’est pas tout-à-fait favorable à leur croissance. Cela est l’idée de Gordon
Neufeld, il y a un livre aussi qui s’appelle : ‘’Hold on to your kids’’ et aussi beaucoup de vidéos que
vous pouvez trouver sur internet.
Question :…cela va être intéressant! Je voulais juste voir quand vous parlez de
nettoyage…comment se fait ce nettoyage-là, je suis curieuse de voir car vous me parlez de
quelque choses de très physique en lien avec les synapses?
Oui, c’est très physique dans le cerveau, c’est-à-dire qu’il y a une relation entre la psyché soi-
même et le cerveau
Question : Alors comment se fait ce nettoyage-là? Est-ce que cela se fait au niveau physique? Est-
ce que cela se fait dans la vie de tous les jours? Comment cela se fait?
Oui, c’est même physique dans le cerveau. Il y a un changement dans le cerveau qui est entrain
d’avoir lieu. C’est à cause de cela dans l’adolescence, les jeunes sont toujours mêlés dans leur vie.
Il y a de la confusion dans la vie parce qu’ils ne savent pas. Ce N’est pas automatique qu’ils
trouvent leur identité. Avec les gens plus primitifs, il y avait toujours les rites de passages, les
rituels mais chez-nous, cela n’existe plus. Avec les indiens de l’Amérique de Nord par exemple, il y
avait des rites pour les jeunes pendant la période de l’adolescence pour qu’ils puissent trouver la
vocation dans la vie. Et aujourd’hui cela n’existe plus donc, il y a un vide dans notre vie et aussi les
adultes sont moins liés aux enfants. Il y a beaucoup de familles qui sont séparées et il y a
beaucoup plus d’influences par les médias et tout cela. Donc, cela affecte les jeunes. Donc il dit
voilà, mes parents ne sont pas là ou je préfère chercher les conseils de mon ami, etc. Même j’avais
une fois, un jeune homme de 15 ans, il a commencé à parler de sa famille mais c’était évident
après quelques minutes que sa famille ce n’était pas ses parents, c’était ses amis. Les références
pour sa famille étaient ses amis pas ses parents. Comme Goldon Neufeld qui a beaucoup étudié
cela; il dit voilà, c’est normal aujourd’hui cela…cela est la norme aujourd’hui avec les jeunes qui
cherchent les conseils en lien avec les amis, qui sont devenus comme un genre de famille. C’est
bizarre un peu, peut-être drôle pour nous mais c’est devenu leur réalité. Et d’après Goldon Neufeld
et mon expérience aussi, on a besoin de la direction des parents, des adultes, un genre de liaison
plus proche avec les adultes.
Question : Donc, pour vous cela serait les moyens que les jeunes utilisent maintenant, c’est
d’utiliser plus les pairs, les amis?
Ce serait mieux, plus les amis que les pères…ils utilisent plus les amis que les parents. Et comme
aussi l’église n’existe plus pour beaucoup de monde et aussi il n’y a pas beaucoup d’institutions
pour les jeunes pour trouver les bons conseils. Et aussi comme les rites, comme avec la religion
catholique, il y avait toujours les rites très définis : le baptême, et le rite comme adulte dans l’église,
la confirmation…pour beaucoup cela n’existe plus ou bien cela n’est plus considéré comme
important.
Question : Est-ce que vous pensez que cela manque ces choses-là?
Entrevue professionnel 6 3
Oui, c’est un manque. C’est un manque pour les jeunes parce qu’il n’y a pas de direction bien
défini avec un peu de sagesse derrière. Je ne dirais pas qu’avant c’était parfait non plus mais
aujourd’hui c’est un grand manque. Donc, le fait qu’ils ne peuvent pas trouver avec leurs parents
ou les gens plus âgés une sorte de guide pour la vie, c’est un manque. Parce que toutes les
sociétés partout dans le monde, il y en avait des rituels et des rites de passage. Ce n’était pas
seulement avec les chrétiens, c’est avec les indou, les musulmans et les gens plus primitifs…il y
avait toujours un genre de rite pour les jeunes pour devenir adulte. Donc, Goldon Newfeld prétend
aujourd’hui qu’il y a un problème, non seulement lui, l’adolescence est devenue beaucoup plus
long qu’auparavant. Ce n’est pas jusqu’à 19 ans, des fois aujourd’hui ils restent jusqu’à 28 ans
quelque chose comme cela…
Il explique cela du fait que les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas la liaison avec les adultes comme il y
avait dans le temps. Et les institutions comme la religion qui n’est plus là.
Question : Donc, c’est tous les changements apportés par la société, nos adolescents selon vous
sont…
Oui, c’est à cause de cela, ils sont très mêlés. Ils n’ont pas de directions comparativement à avant.
Bien oui, c’est un grand problème de société parce que notre société est très mélangée, très mêlée
parce qu’avant il y avait des organisations, des institutions qui aidaient puis aussi des gens qui
avaient plus de stabilité dans leur vie qu’aujourd’hui. Bien que j’avoue qu’auparavant ce n’était pas
parfait non plus mais aujourd’hui c’est un grand mélange.
Question : Qu’est-ce que l’on pourrait faire pour aider ces jeunes-là actuellement?
Bien ce qu’il faut…cela serait bien concernant l’affiliation. C’est très important surtout avec les
adultes ou les gens plus âgés. Un genre d’affiliation plus proche.
Question : Donc, qu’il y ait comme des liens significatifs avec des adultes?
…avec des adultes, par exemple, auparavant tout le monde…on retrouvait un genre de village,
d’affiliation comme c’était auparavant dans la vie. Tout le monde se connaissait, il était concerné
entre eux dans le village, il était plus proche. Tout cela aide mais on ne peut pas le faire
artificiellement mais on peut commencer dans notre propre vie à être comme cela avec les jeunes.
Mais je dirais que ce n’est pas facile parce qu’il y a toutes les influences d’aujourd’hui qui sont très
individualiste…il y a 2 côtés dans la vie que l’on peut dire : il y a le côté individualité et le côté de
la société, du village ou bien…
Oui, ce serait bien dans avoir mais il n’y en a pas aujourd’hui. Aujourd’hui, l’accent, l’emphase est
beaucoup penchée sur l’individualité. Cela est très occidental, très ‘’western’’…notre société
‘’western’’ est occidentale. Mais elle est devenue très loin, je crains beaucoup par exemple, la
société, la civilisation de l’Inde parce que je l’ai toujours visité, j’ai des liaisons à cet endroit. En
Inde c’est le contraire, le village et l’affiliation sont très importants pour eux. Même quand ils font la
psychologie, par exemple la guérison, traditionnellement la famille et la communauté étaient
impliquées. C’est la même chose chez-nous, je devrais dire c’était la même chose avec les Indiens
de l’Amérique du nord. Les premières nations du Canada c’était comme cela aussi pour la
guérison, souvent la famille et la communauté étaient impliquées dans la guérison de l’individu.
Tandis que chez-nous c’est très individualiste…maintenant en Inde, il faut qu’ils deviennent plus
individualiste aussi mais chez-nous c’est le contraire le problème…le problème c’est qu’il faut
retrouver la communauté et l’implication avec la communauté des problèmes individuels que nous
avons...c’est beaucoup du fait que nous avons moins affiliations. Je suis beaucoup le travail de
Entrevue professionnel 6 4
Carl Jung, le psychologue, et donc la façon qu’il pense c’est qu’il y a le côté d’Éros, qui nous
manque beaucoup et cela c’est la vraie affiliation entre les gens.
Question : Est-ce que vous expliqueriez les différentes crises…là on parle de l’adolescence, est-ce
qu’il y a des différentes crises que les gens vivent dans leur vie adulte? Est-ce quelles sont reliées
aux même difficultés à quelque part soit reliées à l’individualité?
Ah oui, c’est la même chose, il y a un grand manque d’Éros ou d’affiliation dans nos vies et cela
est un grand problème pour tout le monde. Souvent toutes les crises, c’est cela justement. Avec
Jung par exemple, vous êtes au courant de son travail? (…oui, j’ai lu un peu par rapport à lui)
…vous savez il parle de ‘’l’individuation’’, la question de devenir notre propre être. C’est-à-dire de
trouver notre vie unique. Le mot qu’il utilise c’est ‘’l’individuation’’ mais il diffère… il y a une grande
différence entre ‘’individuation’’ et ‘’individualisation’’ …
La différence ‘’individualisation’’ c’est-à-dire, c’est plutôt penché sur l’ego. On devient très
égoïste…’’individuation’’ c’est-à-dire on devient notre propre être et cela inclus le côté de
l’individualité mais cela inclus aussi le côté des relations, d’affiliation, non seulement avec le
monde extérieur mais aussi avec le monde intérieur. Et cela c’est la clé aujourd’hui…c’est qu’il y a
un manque…toute la majorité de la psychologie aujourd’hui en Amérique du nord, c’est n’a rien à
faire avec cela. C’est juste pour moi, augmenter l’individualité dans le sens égoïste. Il n’y a pas de
côté d’Éros, relation, cela est moins considérés mais aussi, il n’y a pas de considération sur le côté
intérieur. La relation d’après Jung, les instincts mais les archétypes qui sont les ‘’patterns’’
universels qui se trouvent à l’intérieur de chaque personne. Il n’y a pas de considération pour cela
dans notre psychologie principale chez-nous. Donc, c’est un grand manque, tout le monde cherche
trop extérieurement la solution.
Question : Quels serait quoi selon vous les signes précurseurs d’une crise?
Les signes d’une crise c’est cela?…(juste les signes que vous allez voir avant de dire qu’il y a une
crise…) Cela dépend des gens, vous connaissez les désordres des personnalités? (oui…) vous
savez qu’il y a aussi le désordre des humeurs ‘’mood disorder’’ alors les crises vont être différentes
dépendant du genre de personnalité ou bien la typologie de chacun…si quelqu’un est très introverti
par exemple, utilisant le système de Jung, la crise souvent c’est dans la vie extérieure, la vie
extravertie. Il ne peut pas s’adapter très bien tandis que quelqu’un qui est très extraverti, il y a un
manque de recherche intérieure…un manque de stabilité ou si quelqu’un a une personnalité
‘’borderline’’ s’est différent que quelqu’un avec une personnalité évitante. Donc quelqu’un peut
avoir une crise, moi par exemple, j’ai un client actuel qui a évité. C’est un québécois qui est venu
ici et comme j’ai observé au début, il a complètement évité la situation chez lui au Québec, à
Montréal. Il a tout évité cela pour venir ici et pour moi c’était très clair qu’il avait une personnalité
évitante et cela c’est un symptôme. Mais pour quelqu’un d’autre qui a un autre genre de
personnalité va agir d’une autre façon, il va avoir d’autres genres de symptômes.
Question : Vous ne voyez pas qu’il pourrait avoir des signes communs?
Il n’y a pas des signes générales, c’est plutôt des signes qui sont particuliers à quelqu’un à cause
de sa personnalité, sa typologie, autres désordres de personnalité et tout cela. Cela va changer un
peu les symptômes. Donc, moi je dirais que cela vaut la peine de faire un genre d’étude sur la
typologie de Jung. Par exemple, vous connaissez cela le Mayers-Briggs pour les introvertis-
extravertis, fonction des personnalités comme intuitive, intellectuelle, feeling…vous connaissez
cela? Si elle est plus sur le feeling naturellement mais la société dit cela ne compte pas…ce qui
compte chez-nous c’est le profit, l’ambition et tout cela…elle va sortir de sa propre nature et cela
c’est le symptôme et il va y avoir une crise à cause de cela. Il quelqu’un d’une autre personnalité et
typologie, il va avoir un autre genre de crise.
Question : Ce que je comprend, c’est effectivement que c’est difficile de trouver des signes
précurseurs…comme vous dites chaque personne a sa propre individualité?
Entrevue professionnel 6 5
Chaque personne… mais quand même, il y a des généralités. Si on peut utiliser le système de
typologie de Jung, cela peut aider de trouver les différences entre les gens ou on peut le voir au
niveau des désordres de personnalité, on peut trouver des choses et aussi il y a d’autres désordres
comme l’anxiété ou l’humeur qui est différent mais cela m’aide de savoir les désordres de
personnalité et la typologie. Cela aide de faire un genre d’étude, peut-être pas nécessairement
officiel mais au moins informel…de savoir pourquoi une personne réagit de telle et telle manière.
C’est unique pour lui avec sa propre personnalité mais il a des choses universelles en même
temps.
Question : Parce que l ‘on va parler en principe des gens dans la quarantaine, la cinquantaine, ils
vont passer par des périodes de remise en question et tout cela…et cela c’est un peu, sans dire
que tout le monde va passer par là, il y a quand même une certaine généralité à ce niveau-là?
De 40 ans, 50 ans…vous parlez des choses comme cela? Oui, je dirais que cela dépend, si
quelqu’un est très déprimé par exemple à cet âge-là…bon pour moi comme Jungien, je dirais voilà
il y a une crise dans le deuxième côté de la vie, comment cela s’appelle la crise normalement, la
crise d’adulte qui devrait retrouver sa propre façon de vivre qui est plus en accord avec la nature,
leur propre nature. Comme c’est une crise d’individuation mais pour quelques uns ils peuvent
devenir plus…passer une vie plus spirituelle par exemple…individuation dans un sens spirituel et
souvent c’est une crise comme cela parce que cela leur manquent beaucoup dans la vie. Souvent
la dépression, c’est cela, c’est-à-dire que l’énergie tombe à l’intérieur et ne s’est pas exprimé non
plus dans la vie. Donc, il faut suivre l’énergie pour entrer à l’intérieur pour trouver qu’est-ce que
l’inconscience veut de leur vie. Et souvent ce qu’il devrait devenir plus conscient ou plus spirituel
mais aujourd’hui au lieu de cela, on leur donne un comprimé. Je vous donne une pilule…donc,
qu’est-ce que cela fait, cela masque le problème.
Question : Effectivement, on a trouvé des solutions rapides…sentez-vous à quelque part que cela
fait juste retarder le problème?
Oui, ce n’est pas une solution au problème. C’est juste une réparation rapide mais il y a aussi en
même temps en plus le vrai problème.
Question : Selon vous, existe-il des moyens concrets qu’on peut être en mesure d’utiliser pour
atteindre un niveau d’équilibre au niveau physique et psychologique dans le processus du
développement de la personne?
S’il y a une méthode…? (s’il y a des moyens…) oui pour moi, le meilleur moyen c’est
l’intériorisation et chercher les rêves et essayer de comprendre les rêves. Parce que c’est toujours
les messages de l’inconscient qui sont unique à l’individu mais aussi avec un côté universel en
même temps. Pour moi, c’est le meilleur parce qu’autrement…il y a 2 choses dans la vie qui sont
très importants : c’est notre vie consciente et notre façon de vivre consciemment. C’est-à-dire, il
faut explorer les possibilités et prendre des choix dans la vie. Cela c’est le côté conscient mais
aussi il y a aussi l’inconscient qui est aussi important. Peut-être que c’est difficile à dire ce qui est
le plus important, notre conscience? ou l’inconscience? Mais la façon avec Jung s’est d’être plus
consciente avec les choses qui sont dans l’inconscient. Cela aide énormément parce qu’autrement
on travaille uniquement avec la conscience, avec la possibilité duquel on est conscient ou bien
quelqu’un d’autre est conscient mais si on cherche l’inconscient on a plus...une résolution unique
pour l’individu d’abord et il y a plus de possibilités qui puissent sortir. Cela est très important, une
autre chose avec le système Jung, graduellement il y a un système de méditation active.
Donc, ce n’est pas seulement les rêves qui peuvent sortir des choses nouvelles, c’est aussi avec
un certain genre de méditation qu’on peut sortir des choses de notre inconscient. Et aussi on peut
faire un genre de dialogue, une conversation entre la vie consciente et l’inconscience…c’est cela,
on cherche finalement un genre de conversation entre les deux. Tous les deux sont importants…et
il y a un genre de méditation qui est comme cela. Il y a beaucoup de méditations qui sont très
passives, qu’elles n’ont rien à faire avec la vie consciente ou bien avec l’inconscience mais si on
peut faire un genre de conversation avec les deux, cela pour moi, c’est le meilleur.
Entrevue professionnel 6 6
Question : Alors selon vous, l’adolescent qui arrive avec tout son aspect inconscient…il est encore
quand même très nouveau dans le sens que c’est différent d’un adulte qui a tout un bagage de
vie…qui a quarante ans derrière avec tout un aspect inconscient alors comment vous expliqueriez
les deux avec le jeune justement adolescent qui doit à quelque part trouver entre son conscient et
son inconscient?
Oui, pour lui et pour un adolescent, l’inconscient c’est peut-être moins important que mais...pour
moi cela peut aider quand même avec les adolescents mais les choses qui sont les plus important
c’est un genre d’adaptation avec le monde. Et nous avons les adultes devraient être capable et les
institutions, idéalement s’ils ont une bonne affiliation ils peuvent les guider pour entrer dans la
vie…comme vous avez dit ils ont beaucoup d’expérience dans la vie, des années. Il y a une
certaine sagesse d’expérience et les institutions idéalement aussi pour les aider à entrer dans la
vie. Mais je dirais, l’inconscient, si j’ai un adolescent, je demande quand même les rêves car cela
peut aider aussi parce que pour eux c’est une question de trouver leur identité. Et pour cela ce qui
peut les aider personnellement c’est de trouver un genre de conscience, un ego témoignage qui
témoigne…c’est-à-dire une partie de leur nature qui peut réfléchir les expériences et pour cela,
cela aide d’avoir les adultes comme j’ai dit, les gens qui peuvent les guider mais aussi il y a une
propre partie de leur être qui commence à se développer, qui veut dire un côté de l’ego
témoignage…qui témoigne, qui observe, qui peut réfléchir. Cela commence à se développer avec
l’adolescence…et cela c’est bien important, de développer, d’encourager ce développement-là.
Dans le concret, si quelqu’un me donne leurs rêves…souvent s’est indiqué dans les rêves qu’il y a
un côté qui observe. Donc, pour moi avec les rêves cela nous aide. Mais autrement, je peux juste
parler de la réflexion, de l’ego qui observe…je peux leurs dire voilà. Il y a un côté qui est impliqué
dans le monde, impliqué dans l’expérience et tout cela…et c’est bien, il faut tout cela. Il faut pas
juste être un témoin, il faut aussi être impliqué…donc, je dis qu’il y a un côté qui est vraiment
impliqué dans l’expérience concrètement, c’est bien d’être impliqué…mais il y a aussi le côté de
chacun qui observe et qui peut réfléchir le résultat de l’expérience : est-ce que j’aime cela ou j’aime
pas cela? Est-ce que cela m’aide dans la vie ou cela ne m’aide pas? Et donc, cela avec le
système de Jung de typologie, c’est très important parce qu’il explique par exemple qu’il y a des
gens qui ont la nature du sentiment, de sentir…de ‘’feeler’’ comme au dit au Québec et cela, c’est
bien d’avoir cela parce qu’on peut faire les évaluations avec le côté qui ‘’feel’’ …et pour moi,
j’explique aux gens la typologie comment cela peut aider…les gens qui sont intellectuels c’est plus
loin de leur nature mais les gens qui sont de nature…qui ‘’feel’’ c’est tant mieux pour eux parce
qu’ils ont un avantage dans le sens de trouver leur identité parce qu’ils peuvent faire les
évaluations de cœur on peut dire…(c’est intéressant…) Bon alors comme cela, je fais souvent
concrètement l’administration des tests Mayers-Brings pour que les gens sachent leur typologie et
comme cela je peux expliquer ce qu’ils leur manquent et tout cela.
Question : Est-ce que cela vous donne comme une ligne de conduite?
Question : Vous avez répondu à toutes les questions en français…vous vous débrouillez très bien
en français…je ne sais pas si vous avez des choses que vous aimeriez ajouter sur les points
soient sur les différentes crises qu’on peut rencontrer chez l’adulte ou la crise de l’identité chez
l’adolescent?
Moi…la question des adolescents c’est l’identité. C’est le fait qu’ils sont mêlés, c’est une réalité très
concrète. Le cerveau est mêlé…c’est comme cela comme la nature leurs donne trop de
possibilités, trop de synapses donc ils sont mêlés mais ils ont besoin de guide, pour trouver leur
propre identité. Mais les autres les adultes, il y a tout de sorte de désordres de personnalité,
désordres de l’humeur et tout cela qui est là, l’anxiété mais cela dépend…il y a tout de sorte de
raisons pour cela…souvent c’est parce qu’il y avait même des problèmes intérieurs quand il était
jeune ou lorsqu’il était adolescent. Cela peut s’accumuler dans un sens…
Entrevue professionnel 6 7
Question : Est-ce que selon vous on doit nécessairement passer par des crises ou cela peut être
juste des remises en question?
Ce n’est pas toujours des crises avec les gens mais souvent c’est des genres de crises…comme
on a parlé plus tôt notre société n’est pas bien organisée aujourd’hui, c’est tout mélangé. On est
dans une période, on peut dire de crise socialement ou bien période de crise de civilisation parce
qu’il y a une période de grand changement dans notre civilisation qui est entrain d’avoir lieu. Donc,
c’est peut être nécessaire que tout le monde soit mêlé mais c’est comme cela…
Oui, d’une génération à l’autre… au Québec par exemple quand j’étais jeune à Québec, tout le
monde à l’église pas seulement le dimanche, je m’en souviens très bien mais maintenant il n’y a
personne qui va à l’église. Donc, c’est un grand changement…et au lieu de cela, nous avons la
politique qui est devenue très important au Québec. Ce n’est plus l’église mais la politique…et les
générations des familles…10 personnes, 7 personnes à quoi? 1.2…1.5 dans les familles
québécoises. Et le reste du Canada, c’est la même chose, les petites familles mais c’est vraiment
triste ce qui est arrivé subitement à Québec …les habitudes d’auparavant ils ne sont plus là…et les
drogues maintenant dans la vie pour les gens…les influences des médias et tout cela…ce n’est
pas beau. C’est une période de transition si l’on peut dire…
Question : Et selon vous y a-t-il de l’espoir…là vous parliez tantôt d’une part qu’il y avait l’aspect de
la communauté qui était importante qu’il ne fallait pas perdre de vue?
Oui, moi j’ai beaucoup d’espoir quand même, il faut avoir espoir parce que cela remet les gens en
recherche. Ils cherchent maintenant, il y a beaucoup plus de gens qui sont entrain de chercher une
réponse dans leur propre vie…comme vous par exemple vous faites ce genre d’enquête, c’est-à-
dire qu’il a de l’espoir…et peut-être que l’on va trouver une autre solution qui est mieux
qu’auparavant mais entre-temps c’est une période mélange…
Question : J’ai l’impression que plus on étudie, plus on apprend des choses, moins qu’il y a
d’action?
Oui, cela est possible car l’intellect n’a pas la bonne réponse…on peut chercher des réponses
intellectuelles mais ce qui est nécessaire c’est un changement de nature psychologique et spirituel.
Et c’est une question des individus qui doit trouver cela…et avec le temps, cela va changer la
communauté aussi mais c’est aussi difficile parce que cela demande…ce n’est pas seulement un
changement spirituel dans les cieux c’est aussi instinct, cela comprend le côté instinctuel et
cela…connaissez-vous le livre, le vidéo le film : ‘’Seigneur des anneaux’’…dans le sens qu’il y a
une réponse-là. Parce qu’il avait toujours l’espoir mais c’est une société qui était beaucoup en
peine mais finalement ils ont trouvé une solution, c’est d’abandonner le pouvoir, le sentiment de
pouvoir, l’anneau du pouvoir. C’est cela qu’il faut faire, c’est une partie, il faut voir l’ombre partout
dans notre société tout le côté qui nous dirige vers la fausseté…parce que c’est là et le Seigneur
des anneaux c’est cela…cela demande, cela exige vraiment un changement dans le côté instinctif
autant que mental et intellectuel et cela c’est le problème parce que…
cela affecte le monde, si elle le fait vraiment individuellement qui comprend un côté intérieur. Cela
c’est la difficulté pas facile donc, autrement on peut faire tellement des études, on peut savoir les
problèmes intellectuellement mais cela ne change rien.
Question : J’ai l’impression qu’il y a beaucoup d’écrits, beaucoup de livres mais en même temps on
est toujours confronté avec les même problèmes…
Et même on peut dire que les problèmes deviennent pires qu’auparavant… (oui…) C’est cela le
génie de Jung d’après moi qu’il était au courant de tout cela. Il dit que la raison ne suffit plus…il ne
faut pas rejeter la raison mais cela ne suffit plus.
Question : Concernant la première question, c’est vraiment en lien avec les notions générales de
crises dans le processus du développement de la personne. Je voulais voir comment toi, tu te
représente cela? Qu’est-ce que tu comprends des notions de crise quand on parle du processus
de développement et selon toi c’est quoi les signes qui nous disent que la personne est en
situation de crise?
Question : Oui, tu vois ce que je fais par rapport à ma recherche. En principe ce que j’essais de
faire est un lien avec un processus physique qui est l’ostéopathie, on a un concept en ostéopathie.
J’essais de voir s’il peut être utilisé au niveau psychologique au niveau des différentes périodes de
la vie. Sauf que pour moi ces sujets là sont beaucoup trop élaborés, trop intenses, je passerais 10
ans à faire ma thèse. Je l’ai concentré au niveau de l’adolescence mais je voulais quand même
voir s’il y a un lien entre la crise de l’adolescence et les différentes crises de la vie dans le
processus de vie…si c’est similaire! Donc, ma première question elle est vraiment plus générale
concernant les différentes crises que l’on peut rencontrer dans le processus du développement de
la personne. Selon toi, comment ça se représente et ça serait quoi les signes précurseurs? Qui
nous dit actuellement que la personne est en situation de crise?
Alors, quand on parle de crise souvent bien, je vais commencer avec certains signes. Quand on
parle de crise, on peut parler de 2 différentes choses : si on parle d’une crise psychologique au lieu
d’une crise d’identité car c’est 2 différentes choses. Est-ce que tu veux que je parle des 2?
La crise psychologique dans le développement, je dirais que l’on voit des gens qui a un
changement dans le comportement du quotidien. Alors changements comme : peut-être plus
introverti ou extraverti, on peut avoir des difficultés dans le fonctionnement dans les tâches
quotidiennes, comme la concentration, le sommeil soit trop ou pas assez, l’isolation, l’anxiété, la
rage, on peut aussi avoir au niveau de se nourrir manger beaucoup plus beaucoup moins et puis
après ça devient plus grave. Disons on peut avoir des crises plus sévères, on parle des idées
suicidaires, l’énergie qui est peut être très basse ou maniaque. Ensuite, si va à un niveau plus que
cela, peut avoir de la psychose et paranoïa, des hallucinations et de l’anxiété qui n’est vraiment
pas contrôlable.
Question : Quand on regarde dans le processus normal sans aller dans les crises problématiques
ou on parle de maladie. Est-ce que tu verrais de façon générale, parce que des fois on parle de
crise de la trentaine, la crise de la quarantaine, de la cinquantaine…on dirait que chaque tranche
de 10 ans amène une certaine remise en question. Est-ce que tu verrais ça comme étant des
crises d’identité ou plus des crises au niveau plus psychologique?
Je dirais plus des crises d’identité mais encore je pose la question au niveau culturel. Alors par
exemple dans une culture comme la notre ou on fait fait juste des transitions, j’ai vingt ans, j’ai
trente ans, quarante ans il y a une certaine attente puis on dirait qu’on est supposé avoir une
certaine anxiété parce que l’on va avoir trente ans, on va avoir quarante ans. Puis il peut y avoir
des crises à ce niveau là qui sont au niveau environnemental et les signes que l’on verrait à ce
temps là c’est qu’on se poserait des questions. Est-ce que je suis ou je voulais être, ou ce que je
pensais à trente ans? Est ce que j’ai suivi toutes les attentes que j’avais prévenu pour moi-même
ou imposé presque? Tandis que dans d’autre culture comme les pays en Afrique, il y a un passage
de vie, ou on fait des rituels…et puis t’es plus adolescent maintenant tu es un homme, après ça il y
a différentes attentes. Dans ces cultures là. il y a moins de crise. Il y a moins de crise d’identité
parce que c’est moins compliqué. Puis les attentes sont pas là en fait de comme la vingtaine, la
trentaine, la quarantaine C’est plutôt au niveau de l’adolescent là maintenant t’es un homme. Alors
quand c’est beaucoup plus clair comme ça on a découvert qu’il y a beaucoup moins de crise
d’identité. Alors à mon avis les crises d’identité sont souvent influencées par la société.
Entrevue test professionnel 7 2
Question : C’est intéressant, et d’après toi si on passe à la deuxième question est-ce que si on
regarde par exemple à ici, parce que tu sembles dire effectivement que les crises d’identité
semblent être plus selon la société. Est-ce qu’il y a des moyens concrets qu’on a en tête pour être
en mesure d’arriver à un niveau d’équilibre physique-psychologique? Parce que quand on se
repose des questions, des fois il y a tout un changement au niveau physique aussi. Alors selon toi,
est-ce qu’il existe des moyens concrets pour aider? Selon culturellement parlant, on déménage
tous en Afrique?
Ça serait le fun, ce n’est pas compliqué…des moyens concrets afin d’avoir l’équilibre? Bien, je
pense que c’est différent pour chaque personne. Est-ce qui en existe? Oui, est-ce qu’ils sont
différents pour tout le monde? Oui, alors par exemple pour quelqu’un qui est fort dans les sports et
puis au niveau physique cela lui donne de l’énergie. Et puis si on appartient à un équipe, on a une
façon de s’exprimer en équipe, on a un sens de ‘’beloying’’ et ce que je pense est très important
dans le développement ou d’avoir de l’équilibre dans son développement. Je pense que l’on est né
avec deux choses : on est né avec le besoin d’avoir du contrôle et on est né avec le besoin
d’appartenir à quelque part. Alors quand on peut s’impliquer dans la société avec des choses ou
on se sent bien comme les sports ou la lecture, la peinture ou le théâtre ou quoique ce soit, c’est
une place ou on appartient qui est autre que les influences familiales. Alors, on a le besoin
d’appartenir en famille mais ce n’est pas toutes les familles qui sont fines. Alors souvent quand on
a des enfants qui ont des familles qui sont pas saines, ce que l’on essai de faire, c’est de leur
trouver une autre place ou ils pourraient se sentir à l’aise. Alors, je pense d’avoir le sentiment
d’être, d’appartenir à quelque part c’est très important pour le développement de la personne au
niveau d’avoir un équilibre physique et psychologique. Évidemment si on a un enfant, je ne dis pas
qu’on a tout le monde besoin d’aller dans les sports pour avoir de l’équilibre physique mais comme
tu comprends ça aussi au niveau psychologique s’il y a de l’équilibre là définitivement cela va
affecter le physique.
Question : Je voulais juste revoir avec toi quand tu parlais de besoin de contrôle, qu’est ce que tu
veux dire par là?
Au niveau, on a tous besoin d’avoir du contrôle dans le sens que…comment je pourrais expliquer
ça, ce n’est pas…par exemple les gens qui aiment contrôler la vie des autres, ça ce n’est pas une
façon saine mais c’est quand même un besoin. Quand on n’a pas le contrôle de sa propre vie, on
cherche aller contrôler la vie des autres. Parce que c’est un besoin inné en nous d’avoir du
contrôle sur quelque chose. Des adolescentes surtout qui n’ont pas de contrôle parce que les
parents soient leur en donnent pas ou leur en donnent trop et on ne les a pas entraîné à savoir ce
que cela à l’air avoir du contrôle au niveau équilibré. C’est des enfants qui vont essayer de…peut-
être avoir…peut-être développer comme des maladies comme l’anorexie. L’anorexie s’est souvent
basée sur le contrôle, alors souvent quand il y a quelque chose qui a été enlevé dans ma vie ou je
n’avais pas le contrôle, je vais reprendre le contrôle en décidant ce qui entre et ce qui sort de ma
bouche. C’est toujours avoir le besoin de contrôle sur quelque chose.
Question : …et tu te bases sur certain auteur ou c’est selon tes expériences?
Les deux
Oh my God Anie, non! Cela fait trop longtemps…Cela a été intégré avec le temps…des fois, il y a
des choses que je me rappelle que j’ai vu ou un moment donné ça été intégré et ça fait du sens
mais on ne se souvient plus d’ou vient la source.
Mais si tu regardes la philosophie par exemple des adolescents, des filles qui ont des maladies
comme l’anorexie c’est souvent des filles qui ont été abusées sexuellement. Le pourcentage est
très haut. Alors quand on regarde avoir été abusé sexuellement, ça c’est un temps dans sa vie à
cette petite fille là ou elle n’avait pas le contrôle. Et puis elle choisit quelque chose d’autre ou elle
peut avoir du contrôle. Alors si on prend cette philosophie là, et puis ça comme ça ne serait pas
difficile à trouver des auteurs qui parleraient de la même chose. Mais de transférer ça à d’autres
Entrevue test professionnel 7 3
sortes de contrôle si j’ai inventé cela moi-même, je ne le sais pas. Je ne sais pas si je pourrai
trouver des auteurs avec cela mais pour moi cela fait du sens.
Question : Est-ce que tu pourrais peut-être me définir parce que nous on a des aspects en
ostéopathie…je ne veux pas non plus influencer ta réponse...par rapport au contrôle, comment tu
pourrais définir celle notion de contrôle en d’autres mots?
Bonne question…on pourrait, je vais donner une expression comment se sentir bien dans sa peau,
d’autres mots pour contrôle…
Mais quand moi je dis contrôle, je ne dis pas ça de façon négative. Parce que souvent le mot
contrôle a été donné ‘’a negative wrap’’. Ce n’est pas bien d’avoir du contrôle mais c’est parce que
souvent on a des expressions en anglais comme ‘’control freak’’ ou…moi, je vois ça comme des
personnes qui, il y a eu un manque en quelque part puis sont juste entrain de remplir un besoin.
Remplir un besoin, ça c’est un beau mot pour comment j’expliquerais le contrôle. Je ne sais pas si
j’ai les mots pour ça tout de suite…
Question : Est-ce que c’est quelque chose que tu sens que les gens ont comme, prennent appui et
s’organisent autour ou c’est comme j’ai dit, je ne veux pas trop influencer non plus par rapport à ta
réponse aussi!
Question : Est-ce que d’après toi un contrôle, je pense que ça demande vraiment à quelque part
une bonne connaissance de soi et ça demande une bonne connaissance de l’extérieur?
Oui
Mais si on peut aller à la base, à voir ou la personne a perdu son contrôle…on peut définitivement
avoir un cheminement beaucoup plus vite en fait de…pas guérison mais en fait de connaissance
de soi.
Question : Est-ce que d’après toi, est-ce que tu étais à l’aise par rapport la théorie d’Erikson ou il
parle toujours que c’est comme un peu une recherche entre deux pôles? Entre concernant la
période de l’adolescence, il parle beaucoup des pôles de la recherche de l’identité versus la
confusion des rôles. Ce qui en ressortait comme force à ce niveau-là c’était la fidélité. Qu’est-ce
que tu comprends de cette théorie là?
Je ne suis pas théoriste, ce n’est pas dans le domaine ou j’ai fait mes études mais…je suis
d’accord avec Erikson dans le sens que quand on est adolescent on se cherche et on cherche
aussi son rôle dans la société. Je suis d’accord avec ce qu’il dit avec ça et c’est toujours un va et
vient. Ce qui me cause un peu d’ennui avec sa théorie c’est quand on parle du développement du
raisonnement dans le cerveau, la partie du cerveau qui nous aide avec le raisonnement n’est pas
complètement développé avant l’âge de 22 ans. Alors quand on jette cela dedans sa théorie, cela
Entrevue test professionnel 7 4
complique les choses un peu parce que c’est que…c’est quoi la phase après l’adolescent? Le
jeune adulte…on parle d’adolescent jusqu’à peu près 18 ans?
Oui, mais cela a tendance maintenant…elle augmente un peu plus tard maintenant, comme les
jeunes restent plus longtemps à la maison. Ils mentionnent que maintenant, la période de
l’adolescence risque à quelque part. Avant il y a longtemps, les gens partaient jeunes de la maison
et assumaient le rôle de l’adulte assez rapidement. Maintenant, avec le facteur des études et tout
ça les jeunes restent plus longtemps à la maison, on suppose que la période de l’adolescence
change avec le temps et risque d’augmenter. Mais selon Piaget, il y a quand même un aspect
aussi que je dirais au niveau du développement ou il y a un plus grand approfondissement au
niveau psychologique. C’est certain qu’au niveau de l’adolescence il y a un gros changement au
niveau physique dont aussi au niveau psychologique puisqu’ils passent aussi à une autre étape.
Question : Mais avec ce que tu parlais, est-ce que tu y vois un lien avec ce que tu mentionnais
d’aspect avec le besoin de contrôle et d’appartenance en lien avec la théorie d’Erikson?
Définitivement parce que lui il parle du rôle dans la société. S’il y a un lien? Oui…mais lui parle
plutôt comme en fait de ‘’job’’ comme c’est quoi ton emploi dans la société…parce que l’on parle
de succès, lui parle si on avait la chance on devrait tous aller voyager, faire du ‘’bagbacking’’ pour
se retrouver avant de remplir une job. Alors quand lui il parle de société, j’ai l’impression qu’il parle
de job.
Question : Toi, tu dirais que tu es d’accord avec sa façon de dire les choses ou pas?
Je dirais jusqu’à un certain degré mais je trouve qu’il manque une coupe de morceaux…comme il
ne parle pas vraiment du physique. Comme comment s’identifier physiquement non plus. Je dirais
aussi que je suis contente que tu mentionnes que l’on considère les adolescents…que l’on a élargi
les frontières que ce que l’on considère des adolescents parce que ce que je trouve aussi c’est que
les adolescents d’aujourd’hui quand on parle de nos rôles dans la société…je trouve qu’ils sont
très retardés parce que les adolescents d’aujourd’hui sont pas prêts, sont pas élevés à travailler
pour quelque chose. Ce que je veux dire par ça c’est qu’on leur donne tout ce qu’ils veulent. C’est
que tout est immédiat aujourd’hui, le micro-onde, le texting, les téléphones, les ‘’messager’’. C’est
qu’ils ne sont pas obligés d’attendre pour rien. Donc, au niveau du développement je ne sais pas
quel effet que cela va avoir mais je suis certaine que cela va avoir un effet.
Question : Intéressant et selon toi qu’est ce que cela peut avoir comme effet?
Je pense que la confusion de qui je suis de l’adolescent va durer encore plus longtemps et ça avec
tous les jeux électroniques et tout ça…je pense aussi ce que ça fait…ça court un peu de confusion
avec ce que c’est la réalité. On voit ça avec les jeunes qui entrer dans les endroits et tuer je ne
sais pas combien de personnes. Je pense que c’est des enfants qui sont vraiment confus en
qu’est-ce qui est vrai et ce qui n’est pas vrai. Les conséquences de mes actions, est-ce que je vais
vraiment les souffrir. Puis au niveau du traitement de l’adolescent, je pense qu’on va avoir une
génération de bien, ils vont devenir adultes un jour…confus.
Question : Juste en lien avec tout ce que tu as mentionné avant, devenir confus parce que comme
tu mentionnes les jeux vidéos et tout cela, cela les éloignent de la réalité actuelle?
Oui, à un moment donné…on leur présente ces jeux là quand ils sont très jeunes quand la réalité
n’est pas permanente. Alors par exemple, un enfant qui a une vie je vais dire normale; comprend
pas que la mort c’est permanent jusqu’à l’âge de 9 ans environ. Alors, si pendant cette période là
ou ils sont entrain d’apprendre tout ça, on leur donne des gens ou ils peuvent tuer la même
personne pendant 54 fois et il n’y a rien qui arrive parce qu’ils peuvent toujours recommencer le
jeu. Je pense que cela va jouer un rôle dans le développement.
Question : C’est un aspect intéressant et selon toi avec la question 4 en lien avec la recherche de
l’identité, je pense que tu en as mentionné un petit peu mais j’aimerais ça revoir plus avec toi. En
lien avec la recherche de l’identité, en lien avec la crise que l’on parle chez l’adolescent quels sont
Entrevue test professionnel 7 5
les aspects et les enjeux importants actuellement en lien avec le processus de développement
selon toi?
Ce que j’aime si on retourne avec l’idée d’Erikson, si on parle qu’est ce qui est important…c’est
d’avoir, de permettre aux enfants, aux adolescents d’avoir le temps ou par exemple ou comme
l’exemple lui donne d’aller voyager et aller de te découvrir. S’il y avait un temps ou on pouvait juste
passer du temps à réfléchir sur qui je suis au lieu de qui je dois être. Qu’est-ce que j’aime ce que je
n’aime pas, vraiment ça je trouve que c’est une façon très simple de voir les choses mais je trouve
que cela a une grande influence sur le développement parce qu’on retrouve des gens qui ont
trente, trente-cinq, quarante ans qui se posent encore la question ‘’qui je suis?’’ Alors, il faut
retourner en arrière et puis dire qu’est-ce qui s’est passé durant la période du développement ou
on se pose cette question là pour interrompre et avoir les réponses.
Question : Alors selon toi, comment on pourrait arriver à ça….ça serait de voyager comme tu dis
puis se découvrir? Mais comment on se découvre qui je suis? C’est quoi les aspects que tu vois
importants?
L’idéal ça serait avoir un monde ou les enfants pourraient…je trouve que l’on met trop d’emphase
sur ce que l’on fait avec les adolescents. Parce que qu’est-ce que l’on fait avec les adolescents, ce
que l’on devrait faire avec les adolescents c’est exactement ce que l’on fait avec un enfant de 2-3-
4-5 ans, on leur ouvre le monde mais avec des frontières et puis on leur donne le support
d’explorer. Si ça, ça pouvait continuer comme parent dans la société, si on pouvait juste continuer
ce processus là au lieu d’avoir peur des adolescents parce que je pense...qui a beaucoup de gens
qui ont peur de même travaillé avec des adolescents. C’est l’impression que quand on est ado
s’est compliqué, t’envois chier tes parents, tu repousses tout le monde, tu deviens
misérables,…alors, au niveau de la société est-ce que c’est cela que l’on impose aux adolescents,
est-ce qu’ils sont entrain juste de jouer leur rôle ou c’est vraiment ça qui se passe? Mais si tu me
poses la question ce qui est idéal, qu’est-ce que l’on pourrait leur offrir aux adolescents ça serait
pas différents de ce que l’on offre à un enfant de 2 ans. Ce que j’ajouterais par exemple ça serait
qu’on leur donne, qu’on donne plus présence à leur voix. Alors si on se fait entendre, et je peux
dire ce que j’ai à dire si j’ai du support à explorer qui je suis, si j’ai des frontières pour me dire ça
c’est un petit peu trop ça ce n’est pas assez…je pense que ça pourrait aider beaucoup
d’adolescents.
Question : Tu mentionnais tantôt, je veux juste revenir avec les 2 points que tu disais tantôt, tu
disais à quelque part que l’être humain est né avec le besoin de contrôle et le besoin
d’appartenance…souvent si on regarde par rapport aux parents, si les parents ont de la misère
c’est qu’ils ont l’impression de perdre le contrôle avec leurs enfants. Alors, comment on peut arriver
à présenter ce que tu mentionnes si je regarde en lien avec ce que tu disais comment on peut
présenter aux adolescents ce besoin là de contrôle, de leur montrer c’est quoi le besoin de contrôle
puis le besoin d’appartenance sans nécessairement soi-même perdre le contrôle en tant que
parent?
Je pense que quand les parents qui disent qui sont entrain de perdre le contrôle sur leurs enfants,
ils ne savent pas comment laisser aller le fait que l’enfant a une voix pour soi. Je pense que ça
c’est un gros problème et aussi les parents qui disent qui perdre le contrôle de leurs adolescents
c’est souvent des parents qui ont pas souvent développé la relation avec leurs enfants parce que
pour quoique soit la raison c’est juste un enfant dépendamment de leur philosophie de comment
on élève un enfant et là tu as tout d’un coup un adolescent qui est probablement plus grand et plus
gros que toi puis c’est lui qui a une voix tout d’un coup. Puis on ne sait pas quoi faire avec
ça…alors quand les parents disent que je n’ai pas le contrôle de mon adolescent, je ne pense pas
que c’est quelque chose qui a commencé à l’adolescence. Est-ce que j’ai répondu à ta question?
Question : Cela serait quoi les moyens concrets? Tu verrais quoi comme moyens concrets quand
tu dis leur donner une voix, ça veut dire quoi dans le concret?
Entrevue test professionnel 7 6
Bien, faudrait commencer quand ils sont jeunes pas attendre quand ils sont adolescents. Ça c’est
une première chose, leur donner une voix alors quad tu as un enfant de 2 ans qui dit…je ne sais
pas quoi…disons un enfant de 5 ans qui ne veut pas aller à l’école : OK, tu ne veux pas aller à
l’école mais aller à l’école ce n’est pas un choix mais on va explorer pourquoi tu ne veux pas aller à
l’école ou lieu de dire tu vas aller à l’école puis ça finit là. Alors de commencer très jeune à
développer une relation avec ton enfant ou tu écoutes ce qu’ils sont entrain de te dire avec les
quelques mots qu’ils ont pour s’exprimer. Alors si on peut développer une relation saine ou on les
encourage à s’exprimer, on leur dit ce qui est correcte et ce qui est pas correcte comme parent. On
facilite…sont dans des environnements ou ils se sentent acceptés, sens de ‘’beloying’’ et puis en
frais de contrôle c’est comme un enfant de 2 ans quand tu leur dit un pyjama rose ou un pyjama
bleu. Tu leur donnes des situations ou ils ont le contrôle car ça fait pas vraiment une grosse
différence si c’est pyjama rose ou un pyjama bleu en fait de parent ce n’est pas tellement important
mais pour l’enfant c’est une façon de pratiquer comment faire des choix et puis de voir que j’ai le
contrôle, je peux choisir si je porte un pyjama rose ou un pyjama bleu. Alors si on peut développer
une relation comme ça, je pense que ça serait beaucoup plus facile pour les adolescents et les
parents.
Exactement
Question : J’essaie de voir par rapport est-ce que tu avais d’autres aspects à mentionner
concernant les enjeux importants de l’adolescence peu importe le développement qu’ils ont eux
avant selon toi c’est quoi leur grands enjeux?
Enjeux, ça veut dire c’est quoi les points tournants ou c’est quoi les choses importantes qu’ils ont à
vivre à cette période là?
Encore je dirais ce n’est pas nécessairement différent de ce que l’on a à vivre à l’âge de 5 ans. Je
trouve qu’avec les recherches qu’on a faites avec les adolescents, il y a trop d’emphase sur le fait
que l’on est adolescent. Il y a trop d’emphase sur les questionnements, il y a beaucoup de gens qui
diraient qu’on se pose les mêmes questions à l’âge de 40 ans quand on va s’acheter une
décapotable. Que c’est la même crise…mais pourquoi on ne fait pas de la recherche, on ne fait
pas des millions et des millions de dollars sur la recherches des hommes de 40 ans qui s’achètent
des décapotables…tu comprends! On est toujours à la recherche de qui je suis et tout ça
comme…c’est pas plus différent d’un enfant de 6 ans qui choisit de faire une peinture, un tableau
avec une peinture bleu puis un adolescent qui choisit d’avoir un tatouage d’un écureuil…comme
c’est juste une façon de s’exprimer, c’est toujours une façon de s’exprimer c’est juste que les
adolescent le font un peu plus fort parce qu’avec le temps on se ramasse du vocabulaires, on se
ramasse de l’expérience mais on est toujours entrain d’explorer mais sauf que les frontières sont
un peu plus ‘’tight’’ quand on est plus jeune puis comme parent ont les fait un peu plus lousses
parce qu’ils sont un peu plus vieux mais les enfants qui s’éloignent de leurs parents vraiment ce
qu’ils veulent quand tu leur poses la question plus tard...ils vont te dire ce qu’ils veulent le plus,
c’est leur parent, ils les veulent plus proche.
Question : Je ne sais pas si tu aurais des questions par rapport aux différentes questions ou des
choses que tu voudrais ajouter avec ce que l’on a discuté soi en lien avec le processus ce
développement normal concernant les différentes périodes que l’on peut passer dans une vie ou
concernant, là tu m’as parlé aussi comment tu voyais la période de l’adolescence. Est-ce qu’il y a
d’autres aspects que tu trouves important de mentionner et qu’il n’y avait pas place é répondre
dans les questions?
Ce n’était pas au sujet des questions et ta thèse…c’était plutôt, j’étais curieuse de comment tu te
servirais des réponses aux questions…est-ce que tu vas regarder au niveau culturel…
Annexe 27
Ils ne sentent pas vraiment que la période de l’adolescence est associée à une crise. Cette période
se reflète davantage chez le frère plus jeune qui a tendance à beaucoup se comparer. Cette
période se démarque selon eux quand les hormones sont à leurs plus fort autour de 12-14 ans. Ils
ressentent qu’ils sont plus matures vers l’âge de 16 ans mais cela dépend des personnes, cela
peut aller jusqu’à 18 ans. La plupart mentionne avoir vécu une belle adolescence et ont
l’impression que ce sera là jusqu’à 21 ans. Ils reconnaissent qu’à 15-16 ans, ils sont formés
comme un adulte mais ils sont encore des enfants. C’est un âge important pour avoir des
responsabilités : ‘’chez tes parents, tu te comportes comme un adulte, tu peux faire comme un
adulte mais avec certaines contraintes. Il y a plus de liberté et de responsabilités. Il y a plus de
petites choses, petites responsabilités qui donnent une idée de ce que sera le futur. Ils observent
un nouveau tournant lorsqu’ils vivent leur première relation amoureuse sérieuse. Ils sont
conscients que c’est une première expérience et non une fin. C’est une façon de rattraper les
années ou tu n’as pas eu la chance de faire les choses que tu voulais avant.
L’importance des choses changent graduellement. Auparavant l’emphase était mise sur les amis et
l’amusement alors que progressivement l’emphase est mise à préparer leur avenir. Les priorités
ont changées. À 14-16 ans l’orientation est mise à réaliser son futur tandis qu’à l’extérieur dans
d’autres pays s’est une autre réalité. Ils sentent davantage de pression relier à plusieurs
demandes. Ils sont encore indécis de savoir ce qu’ils veulent faire comme métier plus tard. Ils
soulignent vivre à cette période plus de stress relié à l’école et au travail. Un étudiant a commencé
à travailler à 14 ans. Son père lui a montré à gérer de l’argent très tôt car à 21 ans, il y aura les
responsabilités reliées à l’Université pour éviter d’accumuler trop de dettes avec les frais d’études.
Les changements physiques reliés aux hormones dans le corps sont davantage perçus comme
une phase comportant certaines difficultés. La période de l’adolescence dépend avant tout de
comment les parents sont en mesure de gérer et réagir face à cette situation: ‘’ça dépend de la
façon dont tu as été éduqué.’’ Si les parents prennent la peine d’expliquer les changements reliés à
la puberté, cela va permettre de moins s’inquiéter qu’à l’inverse s’ils disent rien. Cela pourrait
amener les raisons, selon eux d’une crise plus forte. La responsabilité revient donc aux parents qui
gèrent l’autorisation de prendre plus des décisions. Cela peut varier d’un parent à l’autre, certains
autorisent trop et d’autres pas assez.
Ils relatent également les différences culturelles à ce niveau comme facteur qui peut influencer
l’éducation. Une vision plus libérale est plus sujet à des crises selon leurs dires. Le manque de
discipline serait à l’origine d’un risque plus élevé de réagir négativement. La culture amène
certaines restrictions qui influencent. Un étudiant amène l’exemple du Venezuela comparativement
au Canada. Celui-ci souligne la vision plus libérale au Canada qui représente le 2ième endroit où
l’on retrouve le plus haut taux de suicide chez les adolescents. Tout cela en raison que les jeunes
font trop ce qu’ils veulent.
Le rang dans la famille serait un autre facteur qui influence. La présence de la fratrie va apporter
certains changements. La fratrie plus jeune sera plus immature et dépendante que le premier de la
famille. Il y a un désir de vouloir tout faire mais la maturité n’est pas encore présente concernant
les plus jeunes. Le premier de la famille se retrouve par contre avec la responsabilité de s’occuper
des plus jeunes. Ils trouvent difficile d’avoir aussi le fardeau de la comparaison et différence entre
eux et la fratrie.
Groupe de discussion 1 2
Les problématiques des familles reconstituées peuvent apporter des difficultés supplémentaires.
C’est une situation qui a un impact direct sur les enfants. Ils ne sont pas surpris aujourd’hui de
rencontrer des filles de leur âge enceint.
Sentiment d’appartenance :
Ils ont le sentiment et le besoin d’expérimenter des choses pour avoir des choses à dire à sa gang.
Si certains jeunes font des choses :’’tu veux le faire aussi.’’ Il y a une influence des pairs qui se
reflète dans un genre de compétition. Le mot compétition est compris dans le sens le plus vague
du terme. C’est une compétition dit amicale. Cela permet de dire et échanger des choses e
maintenant un certain ‘’challenge.’’
Les garçons constatent que c’est plus facile pour eux en général que pour les filles. Ils disent avoir
moins de choses à penser alors que les filles prennent les choses trop sérieusement. Elles ont plus
d’attendes et de standards physiques.
Ils avouent que les filles sont plus matures mais qu’il y avait tout de même une facture de
variabilité. Certaines d’entre elles peuvent démontrer de la maturité, elles le sont selon leurs dires
mais aux yeux des autres, elles agissent en petites filles pour avoir de l’attention.
Les filles sont plus compétitives entre elles comparativement aux gars ou c’est plus amical. Elles
sont plus rapidement et facilement émotives. Elles seraient plus rancunières et les rivalités
demeurent plus longtemps. La franchise est plus présente entre les garçons selon eux.
Dans la vision des relations un étudiant explique son point de vue en 3 catégories :
1) Il y a les gens que tu connais et que tu aimes bien, qui sont tes amis
2) Il y a les gens que tu n’aimes pas vraiment mais que tu vas tout de même te tenir avec. Il y
a une certaine tolérance
Alors que les filles, il y a une certaine ambivalence. Un mois elles sont amies et après elles
s’ignorent pendant un bout pour ensuite redevenir de grandes amies. Cela change tout le temps. Il
y a parfois des conflits avec les gars ou elles ‘’spot’’ le même. Elles sont définitivement plus
sensibles et jalouses. Une rupture sera vécue de façon plus dramatique par une fille. Les garçons
voient en général toutes les filles comme des potentiels mais chez les filles c’est différents. Si elle
en voit un, c’est juste lui.
La recherche de l’identité n’est pas aussi difficile chez les garçons comparativement aux filles. Les
filles suivraient plus les modèles alors que c’est différent pour les gars qui reçoivent moins de
pression selon ce qu’ils en pensent. Elles ont davantage de pression concernant l’habillement qui
représente le statut. Cela est présent depuis longtemps. Les garçons ne ressentent pas le besoin
de suivre un modèle alors que les filles se regardent plus comme des modèles entre elles. Elles
s’apprécient moins ce qui expliquent selon eux la plus grande tendance de problème d’anorexie.
Cela est en partie de la faute de la société avec les influences des différents médias qui créer de la
pression au niveau de l’image. Elles ont tendance à se fier davantage au modèle de base véhiculé.
Elles regardent trop l’apparence au détriment du cœur selon leurs dires. Ils mentionnent que tous
ont des valeurs importantes mais que la pression social va tout de même influencée : malgré que
tu trouves une fille avec de belles valeurs mais si elle n’a pas le standard physique, tu seras
considéré comme ‘’weird’’. ‘’
Les jeunes n’ont pas besoin de devenir quelqu’un d’autre : ‘’tu as juste à rester toi-même, juste
aimer ta personne comme tu es et apprécier comment tu es fait pour vivre ta vie et être joyeux
avec tes principes.’’
Il est difficile de rassembler tout le monde dans la même boîte. Il est impossible de résumer son
adolescence dans une boîte car chaque individu est différent. C’est faux de penser que les
adolescents ne pensent qu’à une chose.
Cela prend selon eux, des parents pas trop sévères. Des parents qui sont en mesures de mettre
des balises avec sagesse et intelligence, avec du raisonnement et explications.
Ils soulignent le besoin entre autres de stabilité. L’adaptation a un nouveau pays n’est pas perçu
pour tout le monde comme un élément favorable. Ils mettent l’emphase sur le besoin d’avoir des
points de repères comme l’école et les copains. Les déménagements sont vécus comme un
facteur de stress malgré qu’après un certain temps, ils parviennent à retrouver leurs repères. Un
étudiant a dû mettre ses limites claires face à ses parents qui proposaient de nouveau un
changement d’école. Un autre étudiant s’est vu emménager dans une nouvelle province alors qu’il
croyait partir en vacance. La transition fut difficile et surtout le fait qu’il n’a pas eu la chance de dire
au revoir à ses amis. Il a du s’adapter à la situation de surprise. Ils mentionnent l’importance des
parents de ne pas mentir pour ce genre de situation. Ils admettent qu’il peut y avoir des situations
compréhensibles face à compter des mensonges aux enfants en bas âge. Mais vers l’âge de 13-
14-15 ans, ils sont plus conscients de choses autour d’eux. Ils auront plus de difficultés à accepter
le mensonge et vont s’en souvenir plus longtemps.
Un des éléments important dans leurs propos était le besoin d’avoir plus de temps comme cette
période passe trop rapidement. Ils se sentent confronter trop rapidement à faire des choix de
carrière et assumer une vie d’adulte. Ils aimeraient avoir la chance de digérer le tout et prendre le
temps
Groupe de discussion 2 1
Cela dépend, la période de l’adolescence n’est pas vraiment perçue comme une période de crise
mais plus interprétée comme une période difficile comportant parfois des drames. Elles entendent
par drames les histoires pouvant être associées entre autres aux garçons et l’école.
Les changements et transformations physiques et hormonales ne sont pas vécus comme difficiles
et bouleversants dans cette période. C’est simplement une réflexion ni plus ni moins de l‘image
adulte selon elles. C‘est en quelque sorte un avant-goût d’une partie du reste de leur vie.
Exemple : ‘’si tu es stressée lors de ton adolescence, cela indique que tu seras une personne
stressée quand tu seras plus vieille.’’ Le début des menstruations est l’élément déclencheur qui
détermine le début de l’adolescence selon elles. Donc, c’est variable pour chacune d’être elle. En
moyenne la période de l’adolescence débuterait autour de 13-14 ans malgré que certaines l’aient
plus tard ou plus tôt. Vers 15 ans, les menstruations deviennent un sujet de discussion commun où
chacune partage au quotidien leurs expériences. C’est le moment où elles se démarquent
davantage et commencent à faire des choses indépendamment de leurs parents. Elles se sentent
toujours actuellement dans leur période d’adolescence. Autres aspects qui marquent selon elles la
période de l’adolescence : le niveau de stress relié aux responsabilités qui changent, leur façon de
penser qui est plus élargie et différente et la capacité de jugement.
Elles pensent que c’est un peu jeune concernant l’affirmation des garçons qui stipulent que la
période de l’adolescence commencerait vers 12 ans. Elles soulignent, qu’elles débuteraient pour
elles dans ce cas, vers l’âge de 9 ans. Elles font références que les garçons en général ne sont
pas encore assez matures même pour certains qui ont 15 ou 16 ans. Le jeune doit avoir un niveau
de maturité pour être en mesure de prendre ses propres décisions et à 12 ans pour elles, c’est
encore trop jeune.
Influence culturelle
Le facteur culturel a été soulevé pour marquer les différences concernant l’arrivée de cette période.
Une étudiante mentionne comparativement à ici où l’adolescence commence vers 14-15 ans,
ailleurs comme en France elle commencerait vers 10 ans. La famille est perçue d’une culture à
l’autre de façon différente. Il y a des familles de l’extérieur qui sont plus nombreuses ce qui
demande plus de responsabilités de la part de certains membres selon le rang qui est occupé. La
différence se voit non seulement dans les autres pays mais au niveau des différentes provinces
entre autres, le Québec. Elles font références que les jeunes du Québec se mettent à fumer tôt,
grandissent plus vite et vont dans les bars plus tôt comparativement à ici.
L’école aurait un rôle à jouer à ce niveau également. Comme il y a un mélange de culture, elles
retrouvent différentes ambiances : ‘’tout le monde vit une vie différente mais ensemble’’. Cela peut
apporter des conflits, de la pression et jugement face à la différence. Une des étudiantes venant de
l’extérieur du pays a senti la pression et a dû s’ajuster dans sa tenue vestimentaire et dans sa
façon de s’exprimer pour se sentir accepter. Elle parle d’une difficulté de pouvoir partager ce
qu’elle ressent de peur de ne pas être comprise en raison des différentes façons de penser. Par
contre d’autres, ne voient pas l’influence de l’habillement, tout le monde à son propre style et elles
sont fières. Certaines affirment qu’elles ‘’don’t care’’ ce que les autres peuvent penser. Elles
observent qu’il y a des groupes à l’école mais ils sont à l’opposé. La plupart du temps, selon elles,
ils pensent la même chose mais ils vont vouloir se distinguer ou parfois ils ne pensent pas de la
même manière mais ils vont vouloir la même chose.
Il y a des différences de mentalité aux niveaux des parents aussi. Les enfants ici sont plus
‘’shelter’’. Elles soulignent que les parents sont plus présents auprès des enfants et donnent
davantage de directives et des règles.
Groupe de discussion 2 2
Elles mentionnent qu’il y a beaucoup de jugement apporté autour de l’adolescence qui n’est pas en
leur faveur. Elles ont parfois le sentiment de payer le prix des erreurs de certains adolescents dans
le passé. Elles sont conscientes qu’il y a des jeunes qui peuvent facilement se laisser influencer.
S’ils sont conscients que certaines personnes font des choses, ils vont vouloir faire la même chose
mais ce n’est pas la majorité.
Malgré qu’elles se voient plus matures et capable de prendre plus de responsabilités, elles se
sentent toujours adolescente et pas en mesure d’assumer toutes les décisions. Elles ont besoins
d’espace pour grandir par contre: ‘’tu es à l’âge où tu peux faire tes propres jugements’’. Elles
aimeraient décider entre autres des heures de rentrer et se sentir davantage responsable de leur
engagement plutôt que les parents leurs imposent une heure : ‘’si tu es une personne ‘’strong’’
même si tu as la pression de tes amies de veiller plus tard, tu vas respecter ton engagement parce
que tu l’as choisi.’’ La notion de responsabilité est mieux assumée lorsqu’elles sont confrontées à
elle-même comparativement si le parent est là. Il est difficile selon elles de juger de la notion de
maturité autrement. Elles souhaitent juste si les parents pourraient avoir la chance de les voir aller
d’un œil externe et constater leurs sens des responsabilités. Cela leurs permettrait de faire
davantage confiance et serait plus facile de juger pour ajuster adéquatement le niveau de liberté
qu’elles peuvent assumer. Elles sentent difficile se regard de jugement constant que les parents
portent à leur égard.
L’aspect de surprotection et d’horaire régimenté sont perçus plus négatif que constructif. Elles
désirent avoir plus de liberté mais avec une certaine limite respectable. Elles abondent tous avoir
besoins de certaines limites. C’est comme : ‘’avoir plus de liberté mais en étant pas complètement
toute libre.’’ Se retrouver avec toutes les libertés est aussi difficile selon les dires d’une étudiante
qui vit cette situation. Les limites sont vues comme de l’attention et de l’amour de la part du
parent. Il y a un sens de ‘’caring’’ à leur égard pour les protéger en quelques sortes. C’est
réconfortant de savoir qu’ils veillent à notre bien d’une certaine façon. Il est difficile selon elles de
découvrir qui tu es si tu as trop règles ou à l’inverse pas assez.
Elles vivent de plus en plus de stress et de pression reliés aux différentes responsabilités : ‘’tu
t’habitues à ne plus être traité comme un bébé.’’ Les parents donnent plus de responsabilité en lien
avec des tâches de la maison pouvant être plus influencé par la culture ou avec la fratrie selon le
rang occupé. Une étudiante mentionne qu’elle assume différente tâche adulte comme son père ne
peut pas s’exprimer dans la langue anglaise. Cela vient s’ajouter aux responsabilités reliées à
l’école avec les travaux à assumer, les activités parascolaires, les amies en plus d’avoir à
l’occasion un emploi.
Il y a une ambivalence de vouloir être avec ses amies et remplir ses responsabilités : ‘’cela crée du
stress car tu dois grandir mentalement’’. Un père de famille laisse sous-entendre à sa fille qu’il est
préférable de remplir ses responsabilités plutôt que de sortir avec ses amies. Elle aura selon ses
dires, de meilleur souvenirs quand elle aura 30 ans. La famille sera toujours présente alors que les
amies ne le seront pas nécessairement. Elle reçoit le message qu’elle doit créer des liens plus près
avec la famille afin d’avoir de bons souvenirs.
Les filles reçoivent la pression d’être mature et sérieuse. Elles sentent qu’elles ont plus de
responsabilités. Elles se questionnent si c’est en raison qu’elles sont des filles ou parce que c’est
simplement leurs parents
Elles voient les garçons comme moins stressés et plus ‘’lay back’’. Elles pensent qu’il y a un
stéréotype véhiculé par les garçons que c’est la ‘’job’’ des filles d’être plus organisées alors qu’eux
ils veulent plus souvent juste jouer. Pour les garçons, cela semble plus simple et prennent les
choses plus à la légères. Elles soulignent l’aspect où les garçons sont plus sexuels. Il y a une plus
grande curiosité à ce niveau de toucher les filles comparativement aux filles qui ne pensent pas
toujours à cela. Les envies sont différentes. Ils ont un plus grand besoin d’action physique alors
que les filles sont plus émotionnelles et mentales.
Groupe de discussion 2 3
Elles ressentent les attentes et pression des garçons d’être belle : ‘’si une fille n’est pas maquillée,
elle n’est pas belle mais pour lui, peu importe il est correcte’’. Elles sentent qu’elles ont plus de
critères et de pression pour remplir les standards de beauté.
Besoins et message
Donc, leur besoins se résument à avoir plus de liberté dans un encadrement qui respecte leur
développement. Elles veulent être en mesure d’assumer plus de décisions. Malgré qu’elles se
sentent déjà adulte, mentalement elles ajoutent qu’elles ont encore du chemin à parcourir. Elles
parlent également du besoin de se retrouver seules à l’occasion dans leurs propres choses ou de
se retrouver entre amies, là où elles ne se sentent pas juger.