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santé mentale
et
psychiatrie
en 2021
Dr Alain THOMAS
Médecine, Biologie & Nutrition des activités physiques
Toulouse
Après tout, cette conception est déjà présente dans le serment d’Hippocrate :
Mais cette manière de penser est valide dans les deux sens.
En effet, il devient tout aussi évident qu'on ne doit pas non plus soigner un esprit
en souffrance sans prendre en compte le corps qui l’héberge.
Peu à peu, cette méta-discipline est en train de retrouver la place qu'elle n'aurait
jamais dû quitter au sommet de la recherche scientifique dans le domaine médical.
l’Ostéocalcine, une des hormones produites par l’os (qui est donc lui aussi, de ce
fait, un organe endocrine), intervient dans :
- la formation osseuse
–et la mémoire !
Il est actuellement avéré que les Microbiotes (Biotopes bactériens, mais aussi
viraux ou mycosiques cohabitant au sein de l’organisme humain), sont des acteurs
à part entière de la physiologie et de la psychologie humaine autant que de son
immunité et donc jouent un rôle majeur en pathologie .
Or, notre santé est de plus en plus confrontée à des conflits d’évolution.
Dans notre course acharnée contre les maladies nous avons longtemps oublié de
prendre en compte notre histoire évolutive. Toute la physiologie du vivant s'est
construite sur des millions d’années avec pour but la survie. Nous devons
maintenant affronter l'accélération des changements de notre environnement avec
ces mécanismes adaptatifs, alors que la survie n’est plus l’enjeu.
« La stabilité du milieu intérieur est la condition d’une vie libre et indépendante »
Les bouddhismes nous le disent, à travers les millénaires, d’une autre manière :
« ce n’est jamais le même « moi » qui ne se baigne jamais deux fois dans la même
eau du même fleuve… »
Tous cela se déroule sur un temps long, avec des causes multiples, deux
paramètres qui ne sont pas toujours considérés en même temps par les études.
Or, l’activité physique agit à tous les niveaux de la physiologie, de la santé et des
maladies.
D’un autre coté, les psychiatres, à de rares exceptions prés, sont les seuls
spécialistes à explorer si peu l’organe qu’ils soignent.
Il faut y réfléchir…
On peut se le demander…
On pourrait y réfléchir…
Ces deux modes de vie sont des facteurs de risques avérés pour la santé
physique et mentale, qui s’additionnent pour augmenter la mortalité et la
morbidité dans la population générale, au moins dans les sociétés occidentales,
mais de plus en plus aussi dans les pays en développement dont les populations
adoptent trop bien les pires aspects de notre mode de vie.
- Elle peut révéler les limites de notre organisme ou de notre santé, permettant
un diagnostic ou un dépistage précoce.
-des complications,
-des séquelles
-la rééducation,
-la réadaptation
• Dans une étude (Stanaway 2011) sur des hommes de 70 ans et plus, suivis 5
ans : La majorité de ceux qui marchaient, au début du suivi, à 3 Kmh au test de
marche de 6 mn, étaient décédés au terme de l’étude, ou avant. Aucun de ceux
qui marchaient à 4,8 Kmh ou plus.
• Cela est confirmé (Physicians Health Study 2019) sur plus de 20 000 médecins
Etats-Uniens, suivis pendant 10 ans en moyenne, pour lesquels la vitesse de
marche habituelle était inversement corrélée au risque de décès et de
morbidité toutes causes, après ajustement sur de multiples facteurs.
Dans cette étude, c’est la régularité qui compte, plus que la fréquence ou
l’intensité de la pratique.
• Même un sport de haut niveau avec une forte prévalence du dopage, comme le
cyclisme, conserve ces effets bénéfiques :
Une étude française (Marijon 2013) sur la mortalité de tous les cyclistes français
ayant participé au moins une fois au Tour de France entre 1947 et 2012 montre
une réduction de 41 % de la mortalité, qui n'a pas évolué dans le temps. Les
principales causes de décès restent les cancers et les maladies cardio-vasculaires.
F - Ainsi, l’APR protège de presque tout, améliore presque tout, aide au traitement
de presque toutes les pathologies…mais n’empêche rien de ce qui doit arriver. Elle
a ses LIMITES.
Cette relation persiste, bien que moindre, après ajustement pour l’alcool et le
tabac.
Compte tenu du coût énorme des maladies liées au mode de vie des sédentaires
inactifs, le fait qu’une partie de la population pratique régulièrement une ou
plusieurs AP et cotise normalement, tout en ayant de faibles dépenses de santé,
contribue à réduire le déficit du système de santé.
Mais une pratique réellement de masse permettrait de le réduire beaucoup plus
significativement.
A - La MORT SUBITE :
Ainsi, l’entrainement réduit le risque de mort subite lors d’efforts intenses mais
ne le supprime pas. Tous les ans surviennent entre 1000 et 1500 décès, toutes
causes confondues, pendant une activité physique.
- Chez le JEUNE il s’agit le plus souvent de maladies génétiques, surtout par des
troubles du rythme paroxystiques et des cardiomyopathies. Ces pathologies
sont parfois mais pas pas toujours détectables cliniquement ou par ECG de
repos .
• ECG tous les trois à cinq ans entre 12 ans et 35 ans chez le sportif,
• Information inlassable sur les « 10 règles d’or de la pratique sportive » du Club
des Cardiologues du Sport.
Car de toutes façons, on meurt nettement plus au repos qu’à l’effort (600.000
morts par an vs 1500) !
6/ J’évite les activités intenses par des températures extérieures < – 5° ou > +30°
et lors des pics de pollution
7/ Je ne fume pas, en tout cas jamais dans les 2 heures qui précédent ou
suivent ma pratique sportive
9/ Je ne fais pas de sport intense si j’ai de la fièvre, ni dans les 8 jours qui suivent
un épisode grippal (fièvre + courbatures)
*les vertiges
qui peuvent survenir dans les minutes, les heures ou les jours précédents.
*mais aussi une baisse anormale des performances habituelles, non expliquée
par un arrêt ou une réduction de l’entrainement, qui peut apparaitre dans les
semaines ou les mois précédents.
Or, le sportif (ou la sportive) régulier(e) connait bien son corps et et peut
parfaitement reconnaitre le caractère anormal de ces signes, consulter et ainsi
éviter une issue dramatique.
B - D’autres risques non létaux liés à l'activité physique sont dus aux BLESSURES
PHYSIQUES :
1 - Ce sont les micro-traumatismes ou les macro-traumatismes
d’origine intrinsèque (sans cause extérieure) ou extrinsèque (chocs) entrainant des
blessures physiques
- Dans certains sports comme les sports de course, les sports collectifs, les
sports de combat, les macro traumatismes peuvent être source de séquelles.
Ils représentent aussi un facteur de risque majeur d’arthrose après une longue
pratique .Cela peut nécessiter un changement d’activité. Mais l’arthrose est
beaucoup mieux tolérée et bien moins handicapante, à lésions radiologiques
équivalentes, chez le sportif que chez le sédentaire.
- Cela a été validé pour le stress (Stults-Kolehmainen 2014), aussi bien chez les
adolescents que chez les adultes, certainement parce qu’il entraîne une fatigue
physique et mentale qui diminue la vigilance et perturbe la conscience du
corps.
- Une revue de 2017 (Ivarsson) à montré qu’un haut niveau de réactivité aux
évènement négatifs de la vie et une sensibilité élevée au stress augmentent
le risque de blessure. Mais aussi que les sujets pour lesquels un suivi
psychologique est mis en place réduisent leur taux de blessure.
- Il faut donc savoir et dire que le repos spécifique n’a jamais traité aucune
blessure à lui seul, même s’il est une composante incontournable du traitement.
La blessure (et la fin de carrière) sont donc considérées comme des risques
psychosociaux potentiels de décompensation ou de suicide en médecine du
sport professionnel ou de haut niveau principalement.
C ) Le CERVEAU :
Il est possible que les cas groupés de décès par pathologies neuro-
dégénératives parmi les anciens joueurs de l’équipe nationale d’Afrique du Sud
qui a gagné la coupe du monde de Rugby en 1995 ou le fait que les risques d'être
victime de la maladie de Charcot sont multipliés par sept pour les anciens
joueurs professionnels du Calcio, soient liés au dopage.
Les principaux troubles psychiatriques sont les troubles de l'humeur, les troubles
cognitifs et les passages à l'acte suicidaires.
Cette maladie a été mise en évidence dans les années 30 en boxe (« Punch
Drunk » Harrison Martland-1928).
En 2007, une série d’autopsies a permis de mettre en évidence 80% d’ETC sur
165 joueurs professionnels de football américain décédés.
- ou directement par des troubles cognitifs avec décès plus tardif (69 ans en
moyenne).
Depuis quelques années, de nombreux cas ont été mis en évidence au hockey
sur glace, en lutte et maintenant même au football : Il est probable que le rugby
ne sera pas épargné quand on voit l’évolution de la violence des impacts depuis
le passage au professionnalisme : Même si les joueurs sont mieux préparés, cela
n’influence nullement les impacts du cerveau sur la boite crânienne lors des chocs
violents.
Le risque est plus important chez les femmes et surtout les enfants sont encore
plus vulnérables alors que les conséquences ne vont se manifester que bien plus
tard.
D ) La DYSMORPHOPHOBIE
- cette préoccupation excessive ne peut pas être expliquée par un autre désordre
psychiatrique
E ) La BIGOREXIE :
La bigorexie peut aussi conduire au dopage, car elle incite à vouloir toujours faire
mieux ou à poursuivre l’activité malgré la blessure.
Elle touche plus particulièrement les sports qui valorisent l'apparence physique
ou imposent des contraintes de poids:
- la gymnastique,
- la natation synchronisée,
- la lutte,
- le judo,
- le cyclisme,
- la course à pied,
- le culturisme...
Les études génétiques suggèrent que les gènes qui contrôlent la préférence pour
les drogues contrôlent également la préférence pour les comportements naturels
de récompense comme l'exercice.
Il a été suggéré que l' addiction a l'exercice fait partie d'un continuum de rapport
à l’activité sportive qui évolue par stade depuis :
- la pratique récréationnelle
- la pratique problématique
- et finalement l’addiction.
- et la musculation (6,4%).
Cela donne simplement un ordre d’idée car d’autres études menées avec d’autres
échelles montrent des résultats différents. (Weinstein 2014, Di Lodovico 2019)
Malgré tout, il ne faut pas prendre pour une addiction l'adhérence à une pratique
physique régulière, même intense, même fréquente, même accompagnée d'une
attention particulière portée à l'alimentation ou au poids corporel, qui
s'accompagne d'un bon équilibre de vie et n’empêche aucunement
l’épanouissement sur le plan professionnel, personnel, social et familial.
Ce serait en fait l’objectif à atteindre pour toute la population dans une optique de
santé publique…
Concernant les autres addictions, il semble que que les jeunes ayant une
pratique sportive intense ( > 8 h/semaine) consomment davantage de drogues
(alcool et autres- tabac excepté) et ont des comportements violents plus souvent
que les sportifs « modérés ».
Cela concerne 10 femmes pour 1 homme avec une fréquence accrue chez les
sportives de haut niveau (18 à 20% selon les études) par rapport aux non
sportives (5 à 10% selon les études).
Ce taux peut monter à 25% dans les deux sexes pour les sports esthétiques
et ceux ou la minceur représente un avantage compétitif.
Les athlètes ont tendance à sous estimer leurs TCA dans les réponses aux
questionnaires dédiés, plus que les non sportifs.
L’Orthorexie, non reconnue dans le DSM V, est définie comme une « obsession de
manger une nourriture saine pour éviter les maladies et la mauvaise santé ».
Les connections existent avec les troubles de l'image du corps et les addictions à
l’exercice mais aussi avec « l’obsession de la santé et de la forme prioritaire sur
tout le reste » ( « Healthism » ), très présente dans une partie de la population des
sociétés occidentales.
Dans tous ces cas, outre les conséquences mesurables sur la santé individuelle,
le retentissement négatif sur la vie sociale et familiale représente la frontière
entre l’acceptable et le pathologique.
Ces effets négatifs potentiels ont une faible prévalence pour la plupart des sports
et sont toujours liés à une pratique inadéquate ou de haut niveau, avec parfois
un terrain prédisposé.
- Elle réduit les scores d’épuisement et de dépression: Il existe ainsi une relation
bien documentée et inverse entre l’activité physique et la dépression.
- Une étude, maintenant ancienne mais très édifiante, menée sur une population
importante, dans un grand nombre d’entreprises de toute la France (Etude
ASMT 1987) avait montré que les personnes qui pratiquaient régulièrement une
activité physique avaient moins d’arrêts de travail, que leurs arrêts de travail
duraient moins longtemps pour une même pathologie que chez les non sportifs
et également que ces personnes avaient moins de problèmes relationnels au
travail.
- Une revue plus récente (Brown 2011) d’une vingtaine d’études sur la relation
entre le stress professionnel et l’activité physique, montre aussi que les
personnes qui se disent plus actives physiquement sont
• moins anxieuses,
• et plus productives.
Dans les études utilisant des mesures objectives d'activité physique, les femmes
âgées les plus actives obtiennent de meilleures performance aux évaluations
cognitives et fonctionnelles par rapport aux femmes âgées les moins actives.
Une autre étude prospective a aussi mis en évidence qu'une activité physique
modérée au milieu de la vie était associée à une réduction de 39% des troubles
cognitifs modérés à un âge plus avancé.
Cela est vrai aussi bien pour l’entrainement aérobie et pour le renforcement
musculaire, les exercices neuro-moteurs et de coordination.
B - APPROCHE « PARCOURS DE VIE » :
Cependant, sur le très long terme, l’AP, à elle seule, ne permet pas de prévenir
significativement les démences.
- BMI inférieur à 25 ,
- Pas de tabac
- Pas d’abus d’alcool,
Cette efficacité est probablement vraie, même dans une sous population porteuse
de l’allèle 4 de l’Apolipoprotéine E, fortement corrélé avec le risque de maladie
d’Alzheimer.
1) - LE DÉBAT :
Boldrini et ses collègues ont pu détecter tous les types de cellules souches,
matures et immatures, dans le Gyrus denté humain, en accord avec de
précédentes études. La plupart de ces types cellulaires étaient détectés quel que
soit l’âge, à l’exception des cellules souches neurales quiescentes qui
montraient une décroissance dépendant de l’âge.
Une des qualités clés de l'étude de Boldrini, que l'on ne retrouve pas dans celle de
Sorrells, est l'utilisation de la stéréologie, qui est le « gold standard » de la
quantification cellulaire dans les études histologiques.
Enfin, la population étudiée par Sorrels était porteuse de maladies variées comme
des cancers et des AVC alors que Boldrini avait pris des précautions rigoureuses
pour s'assurer que ses sujets étaient physiquement et psychologiquement en
bonne santé.
Ces différents biais expliquent les discordances dans les résultats des deux
études.
Et il est aussi possible que les facteurs qui ont favorisé la survenue des
pathologies dans l'étude de Sorrells aient également eu pour effet de diminuer la
neurogénèse adulte dans sa population.
Et pourtant l’étude de Sorrells est publiée dans Nature et celle de Boldrini dans
Cell Stem Cell…
Il y a donc une preuve de plus de la neurogénèse adulte chez les sujets en bonne
santé. Et de la nécessité de lire les études en entier avec un oeil critique, même
publiées dans un grand journal…
2) - NEUROGENESE ADULTE:
Il existe une réserve de cellules souches neuronales dans le gyrus denté, qui
constitue une véritable « pouponnière » de neurones.
Les néo-neurones issus de ces cellules souches vont migrer vers l’hippocampe :
Or, l’hippocampe est le carrefour de la gestion des émotions, des circuits de la
récompense et le siège de la mémoire de travail. Il est impliqué dans les
mécanismes d’évaluation et d’apprentissage qui sous tendent les phénomènes
adaptatifs.
Selon PM Lledo, 600 néo-neurones migrent chaque jour du gyrus denté vers
l’hippocampe. Seule une partie terminera sa maturation et pourra s’intégrer dans
les circuits hippocampiques (nouveaux ou préexistants) en fonction des
sollicitations et des besoins.
Ainsi, à l’âge de 50 ans, c’est la totalité des neurones de l’hippocampe qui auront
été renouvelés à l’âge adulte (Sandrine Thuret).
Bien sûr les cellules souches perdent de la productivité avec l'âge et la neuro-
plasticité de son efficacité.
C’est cet ensemble de propriétés qui semble sous tendre une partie des
mécanismes psychiques par lesquels nous adaptons le ressenti de nos
émotions (Méta-humeur) et nos stratégies d’adaptation face aux aléas de la
vie.
Il parait ainsi très difficile de pouvoir s’adapter de manière optimale, sur le plan
mental, sans une plasticité cérébrale performante.
Lors d’une période de sarcopénie liée à l’arrêt de l’activité physique, les noyaux
cellulaires ne subissent pas d’apoptose mais restent quiescents dans le
cytoplasme.
Ainsi, plus tard dans la vie, il sera toujours possible de reprendre de la masse
musculaire mais ce sera plus facile chez un sujet ayant pratiqué dans sa jeunesse
que chez un sédentaire de toujours.
Il y a un lien entre les deux puisque des cytokines musculaires produites pendant
l’activité physique stimulent la plasticité cérébrale.
(PM Lledo).
Et on peut prédire avec une bonne fiabilité si une dépression sera résistante au
traitement en fonction du niveau de la cortisolémie matinale.
Les autres facteurs qui inhibent la neurogénèse, outre les anxiolytiques, sont:
- le stress,
- la sédentarité,
- l’isolement social.
Il est troublant de retrouver dans cette synthèse qu’une partie des facteurs
stimulant la neurogénèse hippocampique et, plus globalement, la plasticité
cérébrale, se trouvent être des facteurs favorisant un « vieillissement réussi » dans
les Harvard Studies on Adult Development
D - « HARVARD STUDIES on ADULT DEVELOPMENT » & QUALITE du
VIEILLISSEMENT
1) La « GRANT study » sur 237 étudiants de l’ Université de Harvard, nés dans les
années 20 et suivis depuis 1940 ( donc 80 ans de suivi en 2020)
- Ces études incluent maintenant les épouses et les enfants de ces premières
générations et ont pour objectif d'inclure les générations suivantes.
- Les sujets sont évalués tous les deux ans par questionnaire et tous les cinq
ans par examen médical, analyse du dossier médical personnel et, le plus
souvent, par des entretiens individuels.
Ces deux études sont irremplaçables car ce sont les plus longues études
prospectives généralistes (« Parcours de vie ») jamais réalisées.
Leur objectif est d’étudier les facteur prédictifs d'un vieillissement heureux et en
bonne santé.
- Le fait qu’ils soient tous des hommes, blancs, américains, nés dans les années
1920 ou 1960.
Il en ressort que les 7 facteurs de protection qui distinguent ceux qui ont vieilli
« heureux et en bonne santé » de ceux qui ont vieilli « malades et malheureux » ou
qui sont morts précocement, sont, au moins en partie, sous notre contrôle
personnel .
Ces éléments, évalués à l'âge de 50 ans, ont permis d’estimer avec fiabilité le type
de vieillissement à 70 ans (Glueck) ou 80 ans (Grant) selon le groupe.
Et ce ne sont pas les « désirs non naturels et non nécessaires » d’Epicure i.e.
l’argent, le pouvoir, le succès, mais plutôt :
– pas de tabac
- Et, pour la cohorte des garçons plus défavorisés, de la Glueck study, le niveau
d’éducation est un facteur de protection supplémentaire, en particulier par son
influence sur le rapport à l’alcool, au tabac et probablement, à l’alimentation.
En particulier :
- 60% de ceux qui étaient « heureux et en bonne santé » à 80 ans utilisaient, avant
l'âge de 50 ans, des mécanismes de défense matures, mais seulement 10 %
de ceux qui étaient « tristes et malades ».
- Parmi les hommes en bonne santé à 50 ans qui avaient moins de quatre
facteurs protecteurs, 65% était prématurément morts ou « tristes et malades » à
80 ans.
- Ceux qui avaient cinq ou six facteurs à 50 ans étaient en grande majorité parmi
les « heureux et en bonne santé » à 80 ans et un seul parmi les « tristes et
malades ».
Ainsi, en accord avec les résultats de cette étude ainsi que d'autres études sur des
jumeaux, la plus grande partie de la variance de la longévité est expliquée par
des facteurs environnementaux, sur lesquels il est possible d’agir.
L’hygiène de vie, la qualité des relations socio-familiales et les mécanismes
psychologiques d’adaptation sont des prédicteurs très puissants, à parts
relativement égales, de ce « vieillissement réussi ».
« A successful old age, Horatio, may lie not so much in our stars and genes as in
ourselves. » `{Hamlet Acte 1 Scène 5 - Circa 1600}
Selon George Vaillant ( 3° directeur de l’étude) « la qualité des relations tout au
long de la vie est ce qui a le plus d’impact positif sur la qualité de vie ressentie »
et Il reformule en disant que l’étude montre sans ambiguïté que « tout ce dont vous
avez besoin, c’est d’amour. Point final »
Il faut noter que ces études confirment le fait que l’AP a un effet trans-catégories
sociales de réduction des inégalités de santé.
Les championnats de France des hôpitaux psychiatriques ont duré jusqu'en 1989.
L'objectif de l'association a évolué vers la promotion du sport en psychiatrie
sous toutes ses formes et dans toutes ses fonctions, occupationnelle, de
réinsertion et thérapeutique.
« - la santé est la visée la plus évidente : l’exercice physique vérifie sans cesse le
fonctionnement de l’organisme, il règle les niveaux d’activité, teste les limites,
cultive l’aisance, soutient le projet hygiénique et éducatif ;
1- dans les dépressions majeures, l'exercice réduit les symptômes chez l’enfant,
l’adulte et les personnes âgées.
2- l'exercice est également plus efficace que les conditions de contrôle pour
réduire les signes d’anxiété
3- ainsi que comme traitement d’appoint pour réduire les signes positifs et
négatifs de la schizophrénie
5- des effets positifs pour la santé mentale sont également observés dans :
– l'anorexie et la boulimie
– le stress post-traumatique
C-LES LIMITATIONS :
- Des biais encore trop importants, liés à la diversité des modes de calcul de la
taille de l’effet et de l'hétérogénéité,
- Le manque de données sur les effets secondaires nocifs (bien que plusieurs
études récentes suggèrent que l'activité et l’exercice physique sont peu
générateurs d’effets secondaires négatifs en psychiatrie.)
On retrouvera toujours ces limitations dans tous les domaines de notre sujet,
probablement liées à la difficulté à trouver des financements pour des études de
grande ampleur dans ce domaine.
On touche là les limites de l’€BM dont les grandes études sont trop souvent
financées par les laboratoires pharmaceutiques …
- que, dans les pays à revenu moyen ou élevé et chez les femmes partout dans le
monde, il est d’une certaine façon la cause principale, directe ou indirecte, de
morbidité.
Une synthèse des preuves sur « activité physique et dépression » qui est citée très
fréquemment dans la littérature médicale est la revue Cochrane.
La première édition date de 2001. Elle a été périodiquement révisée jusqu’en 2013.
Elles sont résumées dans un article du British Médical Journal sous le titre :
Dans le JAMA, en 2014, les auteurs écrivent : « l'analyse d'études de haute qualité
suggère qu'il existe seulement de faibles bénéfices de l’AP sur la dépression » ou
même, une page plus loin (!) , « pas d'association de l'exercice avec l'amélioration
de la dépression ».
{« Chéri, j'ai rétréci l'ampleur de l’effet! (le Guide pour une approche critique des
revues systématiques et des méta analyses » Mental Health and Physical Activity
2015- Malheureusement non indexée dans PubMed…}
- Inclusion d'études dont le groupe contrôle est également traité par une
activité physique (stretching, renforcement, yoga), dont l'efficacité sur la
dépression est par ailleurs prouvée.
De plus , les auteurs ne reportent pas d'index d'hétérogénéité alors que, dans leur
revue, existe une importante hétérogénéité, qui persiste à un moindre degré
dans les six essais qualifiés de haute qualité.
Or, en référence avec le guide Cochrane pour les méta-analyses lui-même, ces
niveaux d’hétérogénéité sont qualifiés de « substantiels » et doivent conduire à en
analyser les sources, à dépister les études responsables et à les exclure ou à les
analyser séparément.
Et, en ne considérant que les deux essais de haute qualité contre placebo,
l’ampleur de l'effet est de :
Il rapporte aussi que même les auteurs déclarant des liens multiples avec
l'industrie pharmaceutique concèdent qu’au mieux, l'ampleur de l'effet des
antidépresseurs contre placebo ne dépasse pas 0,32 à 0,34.(cf infra).
- Schuch en 2016, dans une autre méta-analyse incluant des essais plus récents,
avec des critères d'inclusion et d'exclusion stricts et avec une évaluation
statistiquement robuste de l'ampleur de l'effet aboutit à cette conclusion :
Lui aussi met en exergue les biais importants des méta-analyses précédentes, en
particulier ceux de la revue Cochrane.
Sa conclusion est qu'il faudrait maintenant plus de 1000 études négatives pour
contredire les résultats de cette méta-analyse.
SMD: -0,48
- Miller en 2020 sur 15 RCT (596 sujets âgés) : Haut niveau de compliance, effet
significatif et équivalent de l’endurance, du renforcement et des techniques
corps-esprit.
Les études sont en revanche trop peu nombreuses, montrent une trop grande
hétérogénéité et une puissance trop limitée pour permettre d’atteindre un niveau
de preuve élevé :
- Une revue générale de la littérature de 2019 publiée par le même sur toutes les
données publiées des essais cliniques et de toutes les méta-analyses sur les
traitements par anti-dépresseurs permet de constater que la différence
d’amélioration entre le traitement et le placebo est statistiquement légèrement
significative mais n’atteint pas le seuil de l’efficacité clinique (SMD -0,37).
- Dans une méta-analyse sur les données non publiées des essais cliniques
(Obtenues grâce à la loi américaine sur la liberté de l’information - Freedom
Information Act…), Kirsch trouve un SMD à -0,14 !
- 9 méta analyses ont été réalisées depuis cet article de 2008 pour en contredire
les résultats. Elles ont toutes montré une SMD entre 0,23 et 0,34.
Après avoir analysé en détail toutes ces données I.Kirsch démontre que la plus
grande partie des bénéfices statistiques des antidépresseurs dans le traitement de
la dépression et de l'anxiété est due à la réponse placebo (i.e effet placebo +
régression à la moyenne + rémissions spontanées).
De plus Joanna Moncrieff a aussi fait l’hypothèse qu’en dehors de tout effet
secondaire, les patients peuvent apprendre à reconnaitre les changements subtils
produits par le traitement.
Inversement , la réponse au placebo est réduite quand les patients devinent qu’ils
ont reçu ce traitement.
Régression à la moyenne :
- Sur le long terme, après l’arrêt d’une TCC, le taux de rechutes est similaire à
celui de la poursuite des AD, mais le nombre d’études est faible.
Sur le long terme, les effets sont probablement supérieurs pour la combinaison
Psychothérapies/TCC et AP.
- mais que les placebos ont montré une efficacité comparable aux
antidépresseurs dans le traitement de la dépression,
Une étude pilote de Ted Kaptchuk, autre spécialiste mondial de l’effet placebo, en
2012 montre une amélioration pré/post sur 4 semaines mais insuffisante pour être
significative.
Une étude randomisée publiée par I.Kirsch en 2020 montre une efficacité de
l’O.L.P pour la dépression unipolaire chez les sujets de moins de 65 ans.
Dans les deux cas les auteurs concluent que des études plus nombreuses doivent
être menées. Mais jusqu’à maintenant, cela n’a pas été le cas, on peut se
demander pourquoi…Toujours les limites du financement de l’€BM quand il s’agit
de traitements non médicamenteux, la « recherche non faite » contribuant à la
« fabrique de l’ignorance » (Documentaire ARTE 2021)
Dans les autres cas, il semble indispensable de bien peser les indications
éventuelles des antidépresseurs et d’en quantifier les effets positifs et négatifs
de manière répétée, cliniquement et avec des échelles adaptées.
L’anxiété stricto sensu est la sixième cause de handicap global dans le monde.
Mais elle est, avec la dépression, du fait, pour elle aussi, des importantes
comorbidités, la deuxième plus coûteuse de toutes les pathologies mentales
ou physiques dans le monde, dans la première moitié de la vie;
1 - ETUDES :
De Mello 2013: « Les personnes qui n'ont pas de pratique physique régulière ont
deux fois et demi plus de risques de présenter des signes d’anxiété
comparativement aux pratiquants réguliers. »
Mac Mahon 2017: « l'activité physique régulière est associée avec une meilleure
santé mentale et un meilleur bien-être » dans une étude sur 11 000 adolescents
issus de 268 écoles dans 10 pays d'Europe (avec anxiété et activité physique
évaluées par questionnaire)
LeBouthillier 2016 « Les plus bas niveaux de condition physique sont associés à
une plus grande réduction des symptômes de stress post-traumatique et
d’anxiété par l’AP. »
2 - META-ANALYSES :
Revue de Mochkovitch 2016 : huit études évaluant les effets de l'activité physique
chez des sujets âgés en bonne santé ont montré que l'activité régulière et
supervisée était directement reliée à une diminution des signes d’anxiété.
Cependant, les résultats de l’AP sont meilleurs que pour les antidépresseurs:
Ensuite, Roest, en 2015 a analysé les données de la FDA concernant les essais
pré-marketing de 9 antidépresseurs de seconde génération dans le traitement des
désordres anxieux : Le SMD était de 0,33.
Sugarman 2017: L'ensemble des études menées sur tous les antidépresseurs et
tous les troubles anxieux montre des tailles d'effet entre 0,26 et 0,39
Ainsi, les antidépresseurs ne sont pas plus efficaces pour traiter les désordres
anxieux que pour la dépression.
Mais pour le moment, les données concernant l’activité physique ne montrent pas
suffisamment de rigueur scientifique pour établir des recommandations pour des
niveaux d'anxiété élevée.
Par contre, les données empiriques et les études observationnelles vont toutes
dans le même sens :
D’un autre coté, 15 à 20% des études montrent l’inverse : Certains sportifs, en
effet, maintiennent ou augmentent leur activité dans ces conditions (Activation
comportementale). Il s’agit d’une adaptation instinctive naturelle.
(comportement-médicament)
En fait, les sujets habituellement actifs ont plus tendance à utiliser l’AP pour
gérer leurs stress alors que les sujets non ancrés dans le « cercle vertueux de
l’AP » la réduisent plutôt.
1 - ETUDES :
BMC Psychiatry 2014: L’étude n’a pas permis d’obtenir une augmentation
significative des niveaux d'exercice physique et logiquement, elle ne montre pas
d'amélioration notable de l’indice de masse corporelle, de la condition physique et
des signes psychiatriques.
Malchow (Etude 2015) met en évidence une réduction significative des signes
psychiatriques chez des schizophrènes pour 90 minutes d'exercice modéré à
intense par semaine (Taille de l'effet 0,72) . Il y avait aussi, avec ce niveau
d’exercice, une amélioration significative des co-morbidités et des performances
cognitives.
Soundy et Stubbs (Etude 2015) dans une étude assez hétérogène car incluant tous
types d’activités, en particulier des sports collectifs et l’équitation, obtient une
réduction du « Score de signes positifs et négatifs » de 2,4 à 7,4 points et une
amélioration de la qualité de vie.
Dauwan (Revue 2016) conclut que l'exercice physique de toute nature est un
traitement adjuvant à niveau de preuve robuste pour améliorer :
Les sujets ont fait 107 minutes d’entraînement physique vigoureux chaque
semaine pendant 10 semaines. Les données ont montré une réduction de 27%
des symptômes psychiatriques dans le groupe d’exercice, ce qui représentait
une amélioration significative par rapport au groupe témoin. Leurs fonctions
cérébrales ont également connu une amélioration, accompagnée d’une légère
perte de poids corporel.
- Après 6 mois: La réduction des symptômes n’a persisté que chez ceux qui
avaient continué l’entrainement (55%) et chez les autres, les symptômes avaient
ré-augmenté.
3 - SANTE GLOBALE:
Les patients atteints de maladie mentale sévère ont des taux de mortalité deux à
trois fois supérieurs et une espérance de vie raccourcie (entre 11 et 18 ans
selon les études) par rapport à la population générale.
Alors que la mortalité a baissé régulièrement dans la population générale sur les
dernières décennies, il n’y a eu aucune évolution similaire dans la population des
patients présentant des pathologies psychiatriques graves.
Les taux de morbidité sont également beaucoup plus élevés que dans la
population générale. En particulier ces patients ont des niveaux plus élevés de
maladies cardio-vasculaires, métaboliques, de diabète et de troubles
respiratoires.
La génétique peut jouer un rôle, mais cela est principalement lié à des facteurs
de mode de vie comme le tabagisme, l’obésité, une nutrition inadéquate et le
faible niveau d'activité physique, combinés à une importante sédentarité.
Elle devrait en fait être systématiquement utilisée du simple fait de son effet
avéré sur les comorbidités nombreuses et l’espérance de vie réduite de ces
patients.
- Ainsi, une séance unique d’activité physique produit un effet sur le corps à court
terme lors du retour au calme, par l’entremise du système nerveux
parasympathique qui diminue la tension nerveuse, favorisant une détente, non
seulement physique, mais aussi mentale, en sus d’un effet énergisant. Mais
nous verrons qu’il faut pour cela, que l’intensité soit en dessous du seuil
anaérobie.
Ces effets, qui peuvent durer entre deux et sept heures selon les études,
améliorent la concentration, la mémoire, la capacité à résoudre des problèmes, la
régulation émotionnelle et l’humeur.
Cette séquence finit par produire des ressources cognitives permanentes qui
influencent positivement le processus transactionnel d’évaluation cognitive devant
les sources de tension internes ou externes.
L’activité physique oriente ainsi, sur le long terme, vers la santé mentale optimale,
qui ouvre la voie à de meilleures capacités d’adaptation.
De plus la situation n’étant pas subie mais choisie, les processus d’adaptation
peuvent se mettre en place de manière optimale.
2) LES MECANISMES NEURO-PHYSIOLOGIQUES
Les mécanismes des effets bénéfiques de l’activité physique sur le cerveau sont
de mieux en mieux connus. Ils concernent :
- la plasticité synaptique,
- la synaptogénèse,
- la neurogénèse
- et l’angiogénèse
Elle a des effets directs sur la plasticité cérébrale et l’angiogénèse mais elle stimule
aussi la synthèse de Brain Derived Neurotrophic Factor (BDNF) et dont elle
module également les effets en aval.
Mais, plus globalement, les effets de l’AP sur le cerveau et la santé mentale se font
par l’intermédiaire du système neurovégétatif ainsi que de l’axe hypothalamo-
hypophyso-surrénalien, tous deux stimulés positivement par l’AP.
- il réduit également l’inflammation par son action anti TNF alpha (Hypothèse
inflammatoire de l’origine de la dépression).
A - EPIDEMIOLOGIE :
- Selon l' enquête Eurobaromètre de 2017, les Français sont de moins en moins
nombreux à pratiquer une activité sportive régulière ou assez régulière
depuis 2009.
- Ils sont aussi de moins en moins nombreux à pratiquer une activité physique
du quotidien (Déplacement, jardinage, danse…).
- Par contre le temps de sédentarité augmente.
- Ils étaient 48% en 2009, parmi les individus de 15 ans et plus, à déclarer faire
du SPORT au moins une fois par semaine ; ils ne sont plus que 43% en 2017 .
- Tout aussi inquiétant : 46% des Français (+12 points depuis 2009) déclarent
ne jamais faire de SPORT, surtout les ouvriers, les demandeurs d’emploi, les
retraités et les femmes (et hommes) au foyer qui ont le chiffre le plus élevé : 65%
- La santé
- La performance,
- la poursuite de l’excellence,
- la compétition
- le plaisir,
- l’amélioration personnelle,
- la perte de poids,
- le développement de compétences,
- etc…
C - Les BARRIERES :
Etc…
Mais quand on voit que ce sont souvent les gens qui ont le plus de temps
disponible qui pratiquent le moins, on comprend bien, et c'est confirmé par
l’expérience quotidienne, que la motivation est la « mère » de toutes les raisons
de pratiquer ou non une APR.
Ainsi, faute de prise en charge adéquate, parmi les gens qui n'ont aucune pratique
physique :
Pour commencer il faudra donc, après avoir déterminé les motivations, aider les
patients à faire la part entre barrières réelles et barrières perçues.
D- LES SOLUTIONS
Les résistances liées aux barrières perçues peuvent alors être limitées par :
- l’éducation et l’information
- la réalité virtuelle
- Etc…
E- PSYCHOLOGIE
Sans rentrer dans les finesses des stratégies de changement, les barrières à la
pratique recouvrent plusieurs causes psychologiques :
Les salles de sport font fortune en utilisant ce trait, avec leurs abonnements à
l’année si attractifs…et au bout de quatre mois, seuls 50% des gens persévèrent
(et 30% à six mois). Ce comportement persiste, étonnamment, même avec un
abonnement mensuel résiliable…
- voire d'un risque de handicap physique et/ou mental parfois très lourd et
entrainant de nombreuses années de dépendance.
Mais, là aussi, l’expérience quotidienne montre que des sujets très fatigués
peuvent pratiquer une activité adaptée, même pendant une chimiothérapie par
exemple.
Et d’autre part, dans les études d’intervention avec l’AP chez les patients
psychiatriques, une très bonne adhérence peut être obtenue, surtout si l’activité
est encadrée par des professionnels du sport.
En effet, les individus engagés dans la pratique régulière d’une activité physique
soutenue rentrent dans un cercle vertueux liant l'activité physique et la motivation
de manière bidirectionnelle:
Pourtant, puisque toutes les personnes qui pratiquent une APR sont censées
ressentir un bien être qui les pousse à continuer, la question est de savoir pourquoi
une majorité de la population ne pratique pas ou plus d’activité physique, même si
beaucoup ont essayé ou pratiqué un certain temps.
Bien sûr, il est beaucoup plus facile d’arrêter que de reprendre (Préférence pour
l’inaction oblige)…
La réponse se trouve peut être aussi en partie dans l’évolution des affects pendant
les premières séances, qui a été bien étudiée dans cet article :
7 - P. Ekkekakis « l’exercice fait du bien aux gens mais ils restent inactifs :
Paradoxe ou artefact ?» :
« Si c’était si agréable que cela pour tout le monde, tout le monde en ferait ».
Pendant longtemps, les études menées sur les conséquences affectives d’une
session unique d’AP :
- Ou bien les études n’ont pas quantifié ces effets négatifs, car les
questionnaires utilisés n’étaient pas adaptées à l’AP (Profile Of Mood States et la
sous-échelle d’anxiété de l’Inventaire de Trait d’Anxiété). Même la conception
d’outils spécifiques adaptés à l’AP a été questionnée dans sa capacité à explorer
l’intégralité du spectre affectif de l’AP.
- Ou bien ces études ont été réalisées sur des jeunes étudiants, limitant la
possibilité de généraliser à d’autres populations, plus âgées ou sujettes a des
douleurs ou en surpoids, et dans des conditions réelles.
- Ou bien parce qu’on a décidé sans raison que les modifications affectives entre
avant exercice et après évoluent de façon linéaire. Or, la réaction affective
évolue de manière non linéaire. Ainsi, il a été montré que, pendant un protocole
d'exercice et la récupération qui s’ensuit, les participants passent par tous les
stades affectifs et tous les niveaux de stimulation.
Ainsi, la réponse affective à une séance d’exercice est sujette à des influences
multiples selon les caractéristiques physiologiques et psychologiques des
participants, la demande physiologique de l’exercice, l'environnement physique
et social et une multitude d'autres éléments, formant un réseau complexe
d'interactions.
Il faudra donc tout faire pour que chaque patient pratique ses premières séances à
un niveau d'intensité personnalisé, parfois très faible, générateur d’un minimum de
plaisir.
C'est une compétence qui requiert effectivement des connaissances dans des
domaines variés, médicaux, psychologiques, physiologiques, sportifs, voire
nutritionnels.
Et qui nécessite au mieux une pratique sportive personnelle pour être crédible.
Une motivation personnelle et une conviction sans failles pour être convaincant.
Une opiniâtreté et une grande patience pour faire face aux échecs et aux
abandons.
Une fois déterminées les motivations, contournées les barrières et levées les
résistances, le moment est venu de la prescription d’exercice.
1 - CHOIX d’ACTIVITE
Seul ou en groupe?
Une ou plusieurs?
b- Pour TOUS :
c- Le TYPE D’ACTIVITE:
Vélo Elliptique (Cross trainer) et course à pied ont le meilleur rapport temps
passé/efficacité mais celle-ci peut générer des blessures et nécessite une grande
progressivité alors que celui-là est très doux et accessible à tout le monde avec
une meilleure possibilité de gérer l’intensité, mais encombrant à domicile.
Certains préfèrent les activités en salle où il sera plus facile, mais pas toujours,
d’avoir un encadrement et de pratiquer des activités complémentaires (Aérobie/
renforcement).
Le cyclisme est plus progressif sur le plat ou en intérieur que la course mais
prend aussi du temps et le risque de chute et d'accident est non négligeable.
La reprise d’un sport collectif ne peut se faire qu’après une phase de préparation
physique.
Le PIlates , le Yoga, Le Tai Chi sont des exercices neuro moteurs très utiles en
complément quand ils sont bien pratiqués.
En fait l’important est que le patient pratique une activité qui lui fait envie et lui
procure du plaisir (cf infra) tout en augmentant sa dépense énergétique.
Quitte ensuite à trouver des solutions pour augmenter l’intensité : L’objectif est
quand même de suer et de respirer plus profondément qu’au repos !
2 - « AUTOUR » de L’ACTIVITE
Respiration abdominale
Carnet d’entrainement
• Régularité,
• Continuité,
• Récupération: Après une séance intense et/ou prolongée , la suivante est courte
et aisée.
3 - QUELLE QUANTITE?
- Une étude sur une cohorte de 416 000 individus menée à Taiwan aboutit à
une recommandation d'un minimum de 15’ par jour ou 90’ par semaine
d’activité à intensité modérée .
Pour des coureurs ayant un rythme supérieur ou égal à 10 km/h. Leur dépense
énergétique a un effet préventif suffisant s’ils courent autour de 50 minutes par
semaine (25 minutes de moins que la recommandation OMS), ce qui est une
bonne nouvelle pour les nombreuses personnes pour qui le manque de temps est
le frein principal à une activité sportive régulière, car cela implique un temps passé
efficace nettement plus faible.
Nous avons vu dans une des méta analyses qu’un minimum de 20 minutes
d’activité physique à intensité modérée (léger essoufflement) à raison de 3 à 5
fois par semaine (aérobie ou musculaire), procure un effet psychologique positif.
Des effets plus durables sur la santé mentale se font sentir à partir de la 8e
semaine.
Il faut valoriser les apprentissages et les progrès plutôt que les objectifs. La
thérapie par objectifs a montré depuis longtemps ses limites.
Ainsi, il s'agit surtout d’arriver à initier une activité physique régulière, qui
convienne au patient , en commençant pour des quantités faibles, au moins une
fois par semaine, mais toutes les semaines.
En fait tout exercice produit des progrès. D'ou l’intérêt du carnet ou logiciel
d’entrainement pour la valorisation des progrès
Quand le patient est rentré dans le cercle vertueux de l’AP, où les bénéfices
ressentis assurent la poursuite de l’entraînement, l’adhérence est maximale.
Mais les risques d’arrêt sont toujours présents: il faut veiller à éviter l’arrêt
complet en cas de stress, Il est indispensable de viser le maintien d’une séance
minimum par semaine coûte que coûte, sur la durée. D’ou l’importance du suivi
prolongé.
C’est pourquoi, malgré l’explosion des maladies liées au mode de vie et des coûts
afférents pour la collectivité, la pratique de masse de l’APR n’est toujours pas
une priorité, ni dans les politiques ni dans les moyens donnés à la recherche, ni
dans l’enseignement, de la médecine ou en général.
Cela est la cause d’un coût humain et financier démesuré pourtant en grande
partie parfaitement évitable pour un investissement bien moindre.
CONCLUSION
L’APR a des effets psychologiques positifs démontrés qui touchent toutes les
dimensions de la santé mentale, dans des proportions variables.
Dans la dépression, son efficacité semble pouvoir être, dans de nombreux cas,
comparable, voire supérieure, à celle des traitements médicamenteux, avec très
peu d’effets secondaires. Les mécanismes de son action sont beaucoup mieux
connus que ceux des antidépresseurs.
- la luminothérapie,
- la nutrition et la micronutrition,
- l’hypnose
- l’inflammation,
Nous sommes loin d’une telle réalité, aussi bien en médecine de ville qu’en
institution ou à l’hôpital. Cela entraine un coût humain et financier gigantesque
et évitable.
BIBLIOGRAPHIE
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(Les articles d’intérêt particulier à lire en priorité sont surlignés en gras)
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