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Activité physique,

santé mentale
et
psychiatrie
en 2021

( Pour une approche intégrative en psychiatrie )

Dr Alain THOMAS
Médecine, Biologie & Nutrition des activités physiques
Toulouse

A la lumière des connaissances accumulées en médecine, depuis Hippocrate


jusqu’à nos jours, on peut maintenant l’affirmer :

- Il n’y a pas de santé mentale ou de santé physique, il n'y a qu'une seule


santé, elle est globale et ses déterminants sont multifactoriels et
interdépendants.

Son amélioration et les traitements de ses dérèglements ne devraient donc se


concevoir que dans une approche globale du patient et intégrative du soin.

Cela implique une conception holistique et transdisciplinaire de la médecine.

C’est une évolution nécessaire du point de vue éthique et déontologique.

Après tout, cette conception est déjà présente dans le serment d’Hippocrate :

« Mon premier devoir sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans


tous ses éléments, physiques, mentaux, individuels et sociaux »

Est ce qu’une meilleure prise en compte de cette approche pourrait améliorer


l’efficacité de la médecine occidentale? La question peut être posée.

Avec Spinoza, contre Descartes, et en particulier grâce à Antonio Damasio, nous


devons tous être convaincus que l’on ne peut bien soigner le corps qu’en prenant
en compte l'esprit qui l’anime et les émotions qui le traversent.

Mais cette manière de penser est valide dans les deux sens.

Et c'est cette réversibilité qui est à l'origine de la légitimité absolue du choix de


notre sujet :

En effet, il devient tout aussi évident qu'on ne doit pas non plus soigner un esprit
en souffrance sans prendre en compte le corps qui l’héberge.

Est ce que la prise en compte de cette évidence pourrait améliorer l’efficacité


de la psychiatrie? On peut poser la question.

Au XX° siècle, l’hypertechnicité de la recherche scientifique moderne a


hautement contribué à nous éclairer sur les mécanismes les plus secrets de nos
fonctions organiques, jusqu'à l'échelle moléculaire et du gène.

Mais sa spécialisation excessive a, par contre, trop longtemps ignoré les


interactions complexes entre les différents systèmes de notre organisme.

Cette conception simpliste de la complexité a contribué à une compréhension


trop fragmentaire de la multiplicité des causes qui sous-tendent l'apparition et
l’évolution des maladies.

Pour avoir trop longtemps laissé de coté la physiologie, la recherche médicale a


occulté l’étude du fonctionnement de l’organisme dans son ensemble.

Peu à peu, cette méta-discipline est en train de retrouver la place qu'elle n'aurait
jamais dû quitter au sommet de la recherche scientifique dans le domaine médical.

Et de ce fait, au XXI° siècle, chaque spécialiste découvre maintenant, dans son


domaine, un dialogue inter-organes insoupçonné et assiste à un
décloisonnement des fonctions : Pourquoi pas le psychiatre?

• Un exemple, en lien avec le cerveau :

l’Ostéocalcine, une des hormones produites par l’os (qui est donc lui aussi, de ce
fait, un organe endocrine), intervient dans :

- la formation osseuse

–la perte de masse grasse

–le métabolisme glucidique, en amont de l'insuline

–la fertilité, en amont de la testostérone chez l’homme

–la trophicité musculaire

–et la mémoire !

• Un deuxième exemple, en lien avec la Psychiatrie :

Il est actuellement avéré que les Microbiotes (Biotopes bactériens, mais aussi
viraux ou mycosiques cohabitant au sein de l’organisme humain), sont des acteurs
à part entière de la physiologie et de la psychologie humaine autant que de son
immunité et donc jouent un rôle majeur en pathologie .

Il y a en moyenne 10 milliards de cellules humaines pour 100 000 Milliards de


micro-organismes dans un corps humain…

Cette découverte essentielle nécessite maintenant de penser l'être humain en


tant qu’Holobionte, c'est-à-dire un organisme fonctionnant en symbiose
écologique avec ses nombreux microbiotes (digestif mais aussi pulmonaire,
cutané, urinaire…et cérébral ) .

Et donc, en particulier, d’intégrer l'axe intestin-cerveau dans notre approche de


la santé mentale.

Ces « retrouvailles » avec la physiologie ne pourraient-elles pas améliorer la


compréhension et le traitement des maladies en général, en particulier
psychiatriques?

La question peut être posée.

Mais cette appréhension transversale de la santé et de la maladie ne serait pas


complète sans une vision analytique:

1-Le premier échelon de celles-ci se situe au niveau Génétique :

Cette complexité systémique est le résultat de la longue aventure de la vie sur


terre et de l'adaptation aux changements d'environnement qui l'ont marquée, c’est
à dire de l’évolution.

Or, notre santé est de plus en plus confrontée à des conflits d’évolution.

Dans notre course acharnée contre les maladies nous avons longtemps oublié de
prendre en compte notre histoire évolutive. Toute la physiologie du vivant s'est
construite sur des millions d’années avec pour but la survie. Nous devons
maintenant affronter l'accélération des changements de notre environnement avec
ces mécanismes adaptatifs, alors que la survie n’est plus l’enjeu.

C’est pourquoi la Médecine évolutionniste peut nous aider à mieux comprendre


les racines évolutives des maladies actuelles, afin de mieux les traiter. Cela est vrai
aussi pour les maladies psychiatriques (Luc Perino 2014-2016).

2-Un deuxième niveau se situe à l’échelle Épigénétique:

La Psycho-généalogie peut nous donner certaines clés, de mécanisme


probablement épigénétique.

L’effet Trans-générationnel de certains toxiques, polluants ou médicaments parait


également de nature épigénétique.

A plus court terme, l’approche « DoHaD » (Developmental Origin of Health and


Disease) s’intéresse aux déterminants de notre santé qui interviennent depuis la
conception jusqu’à la fin du développement de l’enfant et de l’adolescent; on y
retrouve les mécanismes épi-génétiques.

Et l’activité physique ainsi que les autres « comportements-médicaments »,


peuvent influencer positivement les mécanismes épigénétiques de régulation des
gènes.

3- Un troisième niveau est Cellulaire:

Claude Bernard a écrit :

« La stabilité du milieu intérieur est la condition d’une vie libre et indépendante »

mais il a aussi ajouté :

« La vie, c’est la mort, c’est le renouvellement ».

Ces deux phrases ne sont contradictoires qu’en apparence.

Les bouddhismes nous le disent, à travers les millénaires, d’une autre manière :

« Une seule chose est permanente, c’est le changement »

En effet, nous renouvelons chaque année environ 80 Kg de cellules et nous


fabriquons par exemple un « nouveau » gros intestin tous les 5 jours. Chaque jour,
100 000 mutations sont réparées dans un seul neurone (A.Prochiantz)…

Ainsi, pour paraphraser Héraclite :

« ce n’est jamais le même « moi » qui ne se baigne jamais deux fois dans la même
eau du même fleuve… »

Et, chaque fois qu’il y a renouvellement, il y a possibilité d’erreur.

C’est pourquoi le maintien de notre intégrité et de notre identité dépend


entièrement de la fiabilité de nos systèmes de correction d’erreurs.

L’activité physique et les autres « comportements-médicaments », peuvent


contribuer à en améliorer l’efficacité.

4- Un dernier niveau est Physiologique:

Georges Canguilhem, à la suite de Claude Bernard, a bien formulé la clé de cette


compréhension de la maladie, trop longtemps oubliée par la médecine moderne:

« Toute pathologie est une physiologie qui déraille ».

Ainsi, en simplifiant à l’extrême, nous pouvons voir toute pathologie comme

- un dysfonctionnement « perceptif » (évaluation de la charge adaptative d’un


stimulus) et/ou « réactif » (nature/intensité de la réponse adaptative) c’est à dire
de l’adaptation extrinsèque

- et/ou de la correction des erreurs de réplication c’est à dire de l’adaptation


intrinsèque.

Tous cela se déroule sur un temps long, avec des causes multiples, deux
paramètres qui ne sont pas toujours considérés en même temps par les études.

C’est pourquoi maintenant l’approche « Parcours de vie » prend en compte la vie


entière dans le déterminisme de notre santé et de nos « déraillements
physiologiques » à l’âge adulte ou dans le grand âge, comme, par exemple, pour
les pathologies neuro-dégénératives (Sabia 2019, 2020) ou, pour le vieillissement,
les Harvard Studies on Adult Dévelopment (Vaillant 2001).

Cela nous ramène à la physiologie, à travers l’homéostasie et les mécanismes


d’adaptation, qui sont gérés par le système neurovégétatif et l’axe
hypothalamo-hypophyso-surrénalien, en interaction avec le psychisme et le
microbiote intestinal :

La physiologie est donc essentiellement une psycho-neuro-endocrino-


immunologie.

Or, l’activité physique agit à tous les niveaux de la physiologie, de la santé et des
maladies.

Est qu’une meilleure utilisation de ses potentialités en médecine pourrait


améliorer la vie et la santé de millions de personnes?

On peut poser la question.

Quelques autres remarques pour terminer cette introduction :

- La psychiatrie est une discipline principalement clinique. Comme la médecine du


sport.

Le développement technologique et technique de la médecine actuelle est certes


un facteur de progrès. Mais il est aussi la cause d’une dangereuse régression de
l’approche clinique, responsable d’un coût humain et financier considérable.

D’un autre coté, les psychiatres, à de rares exceptions prés, sont les seuls
spécialistes à explorer si peu l’organe qu’ils soignent.

Pour autant, peut-on se passer de l’apport des neurosciences et des


techniques modernes d’imagerie fonctionnelle ou de biologie moléculaire
dans le diagnostic et le traitement en psychiatrie? Etait-il judicieux de séparer
à ce point la neurologie de la psychiatrie?

Ces questions méritent d’être posées.

- L’EBM a certes fait progresser la médecine, en mettant en évidence des


croyances infondées et en validant des résultats contre-intuitifs. Mais David
Sackett , un des fondateurs de la médecine basée sur les preuves, a aussi écrit,
on l’oublie trop souvent : «  Les bons praticiens utilisent à la fois l'expertise
clinique individuelle et les meilleures preuves externes disponibles, et
aucune des deux ne suffit à elle seule »

Ainsi, la religion des RCT est-elle pertinente en psychiatrie, discipline si


difficile à « mettre en chiffres » ?

Il faut y réfléchir…

- « Une pathologie = un médicament », un autre dogme très actuel. Parfois même


certains auraient tendance a en inverser l’ordre… Mais peut-on faire
abstraction des immenses possibilités thérapeutiques des
comportements-médicaments ? Et de l’action sur l’environnement, ou par
l’environnement (Exemple du « Shinrin-Yoku »= «  Bains de forêt », validés par
l’Académie Japonaise de médecine pour le traitement des troubles anxio-
dépressifs légers) ?

On peut se le demander…

- Enfin l’immense pouvoir thérapeutique du cerveau sur lui même et sur


l’organisme tout entier, ne pourrait-il constituer un véritable gisement de
possibilités pour une médecine plus humaine, moins coûteuse et plus
respectueuse de l’individu, même si moins rentable pour les laboratoires ? Bien
sûr c’est le domaine des psychothérapies.

Mais ne serait-il pas temps, tout particulièrement en psychiatrie, de mieux


comprendre et utiliser l’effet placebo en thérapeutique au lieu de le voir
comme un simple obstacle à l’évaluation…des médicaments?

On pourrait y réfléchir…

I - EFFETS POSITIFS DE L’AP SUR LA SANTE EN GENERAL


L’inactivité physique, c’est à dire l’absence d’AP régulière associée aux
comportements sédentaires, est un des problèmes majeurs de santé publique
du XXIe siècle.

Ces deux modes de vie sont des facteurs de risques avérés pour la santé
physique et mentale, qui s’additionnent pour augmenter la mortalité et la
morbidité dans la population générale, au moins dans les sociétés occidentales,
mais de plus en plus aussi dans les pays en développement dont les populations
adoptent trop bien les pires aspects de notre mode de vie.

A - L’Activité Physique Régulière (APR) est un moyen extrêmement efficace,


quasiment dénué d’effets secondaires et d’un rapport coût/efficacité
inatteignable pour un médicament, de réduire l’incidence des maladies non
transmissibles. De plus elle diminue également la sensibilité aux maladies
transmissibles par son effet positif sur l’immunité. C’est à dire qu’elle est
contribue à prévenir et à traiter toutes les pathologies auxquelles l’humanité paye
son plus lourd tribut, en terme de mortalité et/ou de morbidité ainsi que de coût
pour la collectivité.

B - D’un point de vue plus analytique, il est avéré que l’APR :

- réduit le risque de maladie cardiovasculaire, de diabète de type 2,


d’hypertension artérielle, d’obésité, d’accident vasculaire,

- qu’elle réduit le LDL cholestérol tout en élevant le HDL,

- qu’elle accroit les capacités anti oxydantes de notre organisme tout en


réduisant l’inflammation systémique et qu’elle améliore la fonction
endothéliale.

- elle diminue également le risque de nombreux cancers.

C - Vingt-cinq siècles après Hippocrate, qui l’affirmait déjà, ses bienfaits ne


cessent d’emplir le champ des publications scientifiques dans tous les champs de
la prévention.

1 - L’APR est un élément majeur de la PRÉVENTION PRIMAIRE DES


MALADIES.
Ses effets bénéfiques puissants dépassent de loin, dans tous les domaines, les
éventuels effets négatifs, quasi-exclusivement liés à son mésusage, ce qui la
différencie des médicaments.

2 - Elle fait partie intégrante de la PRÉVENTION SECONDAIRE dans tous


les aspects de sa définition par l’OMS :

- Elle peut révéler les limites de notre organisme ou de notre santé, permettant
un diagnostic ou un dépistage précoce.

- De plus, c’est un élément déterminant ou adjuvant dans le traitement de


nombreuses maladies non transmissibles. Elle améliore également la résistance
aux infections, par son action favorable sur l’immunité.

3 - C’est également un facteur majeur dans la PRÉVENTION TERTIAIRE


de beaucoup de pathologies :

• Par son efficacité dans la réduction :

-des complications,

-des séquelles

-et des rechutes de ces mêmes maladies

• Mais aussi par son rôle dans :

-la rééducation,

-la réadaptation

-et la réinsertion des patients.

4 - Enfin, et c’est moins connu ou analysé comme tel, elle améliore


l’efficacité des médicaments, ce qui contribue à en réduire les doses
nécessaires. Et comme elle augmente aussi la tolérance aux traitements, cela
contribue à en diminuer les effets secondaires. Cela lui permet donc de jouer
aussi un rôle bénéfique dans la PRÉVENTION QUATERNAIRE, au sens de lutte
contre la iatrogénèse et, in fine, contre la surmédicalisation.

D - De plus, elle a un effet trans-catégories sociales de réduction des


inégalités de santé.

E - Sur le plan ÉPIDÉMIOLOGIQUE :

• Dans une étude (Stanaway 2011) sur des hommes de 70 ans et plus, suivis 5
ans : La majorité de ceux qui marchaient, au début du suivi, à 3 Kmh au test de
marche de 6 mn, étaient décédés au terme de l’étude, ou avant. Aucun de ceux
qui marchaient à 4,8 Kmh ou plus.

• Cela est confirmé (Physicians Health Study 2019) sur plus de 20 000 médecins
Etats-Uniens, suivis pendant 10 ans en moyenne, pour lesquels la vitesse de
marche habituelle était inversement corrélée au risque de décès et de
morbidité toutes causes, après ajustement sur de multiples facteurs.

• Dans un autre registre, plus sportif, la première méta-analyse sur « mortalité et


course à pied » publiée en 2019 par Pedisic a porté sur 6 cohortes (14 études
prospectives retenues incluant 232 149 personnes avec une durée de suivi allant
de 5,5 ans à 35 ans).

La pratique du jogging était associée à une diminution :

- de 27% du risque de décès toute cause

- de 30% du risque de décès cardiovasculaire

- et de 23% du risque de décès par cancer

Dans cette étude, c’est la régularité qui compte, plus que la fréquence ou
l’intensité de la pratique.

Contrairement à une crainte largement partagée, en population générale, le


bénéfice du jogging est largement supérieur au risque de décès brutal par
arrêt cardiaque ou d’accident.

• Même un sport de haut niveau avec une forte prévalence du dopage, comme le
cyclisme, conserve ces effets bénéfiques :

Une étude française (Marijon 2013) sur la mortalité de tous les cyclistes français
ayant participé au moins une fois au Tour de France entre 1947 et 2012 montre
une réduction de 41 % de la mortalité, qui n'a pas évolué dans le temps. Les
principales causes de décès restent les cancers et les maladies cardio-vasculaires.

F - Ainsi, l’APR protège de presque tout, améliore presque tout, aide au traitement
de presque toutes les pathologies…mais n’empêche rien de ce qui doit arriver. Elle
a ses LIMITES.

C’est l’exemple emblématique de ce médecin du sport américain réputé, grand


coureur à pied, décédé dans sa quarantaine d’un infarctus massif.
Un de ses amis très proches, professeur de médecine ayant assisté à son autopsie
racontait dans un éditorial-nécrologie, paru dans une célèbre revue de médecine
du sport, que la lumière de ses coronaires n’était plus « qu’un trou d’aiguille dans
un amas de cholestérol. »
Il concluait que, compte tenu de sa génétique, s’il n’avait pas pratiqué tout ce
sport, il serait mort beaucoup plus tôt, en ayant vécu beaucoup moins bien…

G - En synthèse, il s’avère que les meilleurs indicateurs de notre risque de


morbidité et de mortalité toutes causes confondues sont notre niveau de
condition physique et notre niveau d’activité physique.

L’évolution de ces marqueurs est inversement corrélée, de manière décalée dans


le temps, tout au long de la vie, avec le niveau des dépenses de santé…

Cette relation persiste, bien que moindre, après ajustement pour l’alcool et le
tabac.

Elle est de nature inversement exponentielle, en ce sens que le passage de la


sédentarité à une activité physique modérée apporte un grand bénéfice, qui
s’accroit beaucoup moins, mais qui s’accroit quand même, quand on augmente le
volume et/ou l’intensité d’AP.

Compte tenu du coût énorme des maladies liées au mode de vie des sédentaires
inactifs, le fait qu’une partie de la population pratique régulièrement une ou
plusieurs AP et cotise normalement, tout en ayant de faibles dépenses de santé,
contribue à réduire le déficit du système de santé.
Mais une pratique réellement de masse permettrait de le réduire beaucoup plus
significativement.

II - EFFETS NEGATIFS DE L’AP SUR LA SANTE EN


GENERAL
Chez l’individu en bonne santé, l’activité physique peut générer des effets
négatifs :

A - La MORT SUBITE :

1 - Le paradoxe de l’exercice physique est que, s’il réduit globalement la


mortalité, il existe une augmentation, certes modérée mais réelle, du risque de
décès pendant et juste après l’entrainement, en particulier au dessus du seuil
anaérobie, c’est à dire pour des compétitions ou des entrainements intensifs:

- d’un facteur 2,4 chez le sportif entrainé (4/ semaine),

- d’un facteur 19 chez le sportif régulier (2/semaine)

- et d’un facteur 107 chez le sédentaire …(Physicians Health study 2001).

Ainsi, l’entrainement réduit le risque de mort subite lors d’efforts intenses mais
ne le supprime pas. Tous les ans surviennent entre 1000 et 1500 décès, toutes
causes confondues, pendant une activité physique.

2 - Pour les morts subites d’origine cardio-vasculaire, ce sont 1000 morts


par an, dont 90% d’hommes, aucune réduction depuis des décennies.

- Chez le JEUNE il s’agit le plus souvent de maladies génétiques, surtout par des
troubles du rythme paroxystiques et des cardiomyopathies. Ces pathologies
sont parfois mais pas pas toujours détectables cliniquement ou par ECG de
repos .

- APRÈS 40 ANS la cause est essentiellement d’origine ischémique, très souvent


dépistable par les examens médicaux appropriés, à l’exception de la rupture de
plaque.

- Il semble exister également une augmentation du risque de trouble du rythme


(fibrillation auriculaire, brady-arythmie) voire de fibrose myocardique chez le
sujet âgé après un entrainement intense et prolongé sur une vie entière.

3 - La prévention est assurée avec une bonne efficacité par le suivi


médical :

• ECG tous les trois à cinq ans entre 12 ans et 35 ans chez le sportif,

• Dépistage régulier des facteurs de risques et signes fonctionnels,

• Test d’effort en cas de facteurs de risque ou à la reprise après un arrêt prolongé


après 35 ans

• La gestion de l’entrainement, en particulier au début et si la charge est élevée.

• Information inlassable sur les « 10 règles d’or de la pratique sportive » du Club
des Cardiologues du Sport.

4 - C’est là que le psychisme entre en jeu avec la capacité à intégrer ces


conseils dans sa pratique, en particulier

• la difficulté qu’ont certains hyperactifs à être attentifs à leur corps,

• la fréquence du « déni » lors de l’apparition de signes fonctionnels,

• sous-tendu par la difficulté pour certains à se débarrasser de la croyance en leur


invulnérabilité voire leur immortalité…

• ou encore par la peur de devoir arrêter la pratique et de se retrouver face à ses


problèmes, sans échappatoire. Ce qui démontre à la fois une certaine méta-
cognition et aussi l’efficacité de l’AP à ce sujet. (Physicians Health study 2001).

5 - Mais ce risque ne concerne qu’une partie infime de la population, et ne


saurait remettre en cause les recommandations d’activité physique pour tous.

Car de toutes façons, on meurt nettement plus au repos qu’à l’effort (600.000
morts par an vs 1500) !

6 - Recommandations édictées par le Club des Cardiologues du Sport

« CŒUR ET SPORT, ABSOLUMENT, PAS N’IMPORTE COMMENT »

1/ Je signale à mon médecin toute douleur dans la poitrine ou essoufflement


anormal survenant à l’effort *

2/ Je signale à mon médecin toute palpitation cardiaque survenant à l’effort ou


juste après l’effort *

3/ Je signale à mon médecin tout malaise survenant à l’effort ou juste après


l’effort *

4/ Je respecte toujours un échauffement et une récupération de 10 min lors de


mes activités sportives

5/ Je bois 3 à 4 gorgées d’eau toutes les 30 min d’exercice à l’entraînement


comme en compétition

6/ J’évite les activités intenses par des températures extérieures < – 5° ou > +30°
et lors des pics de pollution

7/ Je ne fume pas, en tout cas jamais dans les 2 heures qui précédent ou
suivent ma pratique sportive

8/ Je ne consomme jamais de substance dopante et j'évite l'automédication en


général

9/ Je ne fais pas de sport intense si j’ai de la fièvre, ni dans les 8 jours qui suivent
un épisode grippal (fièvre + courbatures)

10/ Je pratique un bilan médical avant de reprendre une activité sportive


intense si j’ai plus de 35 ans pour les hommes et 45 ans pour les femmes

* Quels que soient : mon âge, mes niveaux d’entraînement et de performance, ou


les résultats d’un précédent bilan cardiologique.

7 - Les SIGNES FONCTIONNELS ANORMAUX À L'EXERCICE (ou juste


après l’effort) qui doivent impérativement faire arrêter et consulter avant tout
nouvel effort sont :

*les malaises avec ou sans perte de connaissance

*les douleurs dans la poitrine (ou le haut du dos)

*les sensations de battements cardiaques irréguliers ou manquants (palpitations)

*les maux de tête

*les vertiges

*l’essoufflement anormal, disproportionné par rapport à l’habitude et à l’intensité


de l’effort

*la fatigue anormale, disproportionnée par rapport à l’habitude et à l’intensité de


l’effort

qui peuvent survenir dans les minutes, les heures ou les jours précédents.

*mais aussi une baisse anormale des performances habituelles, non expliquée
par un arrêt ou une réduction de l’entrainement, qui peut apparaitre dans les
semaines ou les mois précédents.

Beaucoup d'études montrent en effet que ces évènements cardio-vasculaires


fatals sont très souvent précédés dans les minutes , les jours ou les mois
précédents de petits signes anormaux qui sont négligés par les sportifs (ou
sportives).

Or, le sportif (ou la sportive) régulier(e) connait bien son corps et et peut
parfaitement reconnaitre le caractère anormal de ces signes, consulter et ainsi
éviter une issue dramatique.

B - D’autres risques non létaux liés à l'activité physique sont dus aux BLESSURES
PHYSIQUES :
1 - Ce sont les micro-traumatismes ou les macro-traumatismes
d’origine intrinsèque (sans cause extérieure) ou extrinsèque (chocs) entrainant des
blessures physiques

- Les blessures par microtraumatismes répétés (Tendinites, fractures de


fatigue…) sont en général faciles à prévenir par l’adoption de comportements
adéquats avant, pendant et après l’entrainement, et par un bilan médico-sportif
adapté. Ils sont également faciles à traiter et nécessitent rarement un
changement définitif d’activité.

- Dans certains sports comme les sports de course, les sports collectifs, les
sports de combat, les macro traumatismes peuvent être source de séquelles.
Ils représentent aussi un facteur de risque majeur d’arthrose après une longue
pratique .Cela peut nécessiter un changement d’activité. Mais l’arthrose est
beaucoup mieux tolérée et bien moins handicapante, à lésions radiologiques
équivalentes, chez le sportif que chez le sédentaire.

-Enfin, le risque de mort subite ou de handicap grave par traumatisme crânio-


cervical existe, heureusement peu fréquent, dans les sports de contact ou de
vitesse.

2 - Certains facteurs psychologiques peuvent favoriser la survenue des


blessures :

- Les macro-traumatismes surviennent souvent, quand ils sont intrinsèques, c’est


à dire sans choc direct ni chute, dans un contexte de fatigue, de stress ou
d’anxiété non pris en compte par le sportif ou son encadrement.

- Cela a été validé pour le stress (Stults-Kolehmainen 2014), aussi bien chez les
adolescents que chez les adultes, certainement parce qu’il entraîne une fatigue
physique et mentale qui diminue la vigilance et perturbe la conscience du
corps.

- Une revue de 2017 (Ivarsson) à montré qu’un haut niveau de réactivité aux
évènement négatifs de la vie et une sensibilité élevée au stress augmentent
le risque de blessure. Mais aussi que les sujets pour lesquels un suivi
psychologique est mis en place réduisent leur taux de blessure.

- Un rapport « névrotique » à l’AP peut conduire à un retard de diagnostic et une


aggravation liés au refus par le sportif d’envisager une arrêt sportif, même
temporaire. Surtout si le sport représente en fait un élément majeur d’équilibre
psychologique dans un contexte défavorable, avec un risque de
décompensation à l’arrêt.

- C’est pour cela qu’en médecine du sport, si on demande systématiquement


l’arrêt de l’activité qui a déclenché la blessure, on prescrit toujours une activité
physique de substitution, compatible avec la blessure et son traitement, afin
de maintenir la condition physique, la musculature et d’éviter l’augmentation du
stress voire la dépression liés à l’arrêt brutal d’une pratique régulière.

- A contrario parfois, le sportif s’arrête sans se soigner en pensant guérir, sans se


rendre compte du rôle que l’AP joue dans son équilibre psychologique et sa
résistance aux stress du quotidien, ce qui peut réellement entrainer une
décompensation secondaire si l’arrêt se prolonge .

- Il faut donc savoir et dire que le repos spécifique n’a jamais traité aucune
blessure à lui seul, même s’il est une composante incontournable du traitement.

- Le problème des conduites à risque se pose chez certains sportifs, avec un


profil psychologique spécifique, ce qui augmente l’incidence des blessures.

3 - Chez le SPORTIF de COMPETITION ou de HAUT NIVEAU

L’existence d’objectifs sportifs est souvent un obstacle à la prise en charge


précoce et adaptée de la blessure.

Les répercussions psychologiques de la blessure sont d’autant plus


importantes que le sportif est impliqué dans sa pratique et/ou à un haut
niveau de performance.Cela peut aller jusqu’à des conduites suicidaires, en
particulier quand il y a impossibilité de retrouver le niveau d’avant l’accident
ou en cas de remplacement du joueur dans l’équipe pendant son absence ou
encore si la blessure signe l’arrêt de la carrière sportive,.

En effet, la fin de carrière peut être dramatique surtout si elle survient


brutalement ou si elle n’a pas été anticipée, du fait des problèmes posés par la
transformation de l’image du corps et l’absence des stimulations corporelles et
psychiques habituelles.

Ces difficultés peuvent se résoudre progressivement par un réinvestissement


dans d’autres pratiques physiques orientées vers le loisir et le plaisir,
l’élaboration d'un autre rapport au corps, une reconversion réussie.

Un soutien psychologique et un accompagnement socio-professionnel


devraient être offerts aux athlètes dans cette période (avant et après la fin de
carrière sportive).

La blessure (et la fin de carrière) sont donc considérées comme des risques
psychosociaux potentiels de décompensation ou de suicide en médecine du
sport professionnel ou de haut niveau principalement.

Le risque varie en fonction de l’âge, de la sévérité de la blessure et d’autres


facteurs psychosociaux (stress environnemental, personnalité, maladie mentale
sous jacente, consommation de drogues, isolement...).

C ) Le CERVEAU :

1 - Les effets du DOPAGE:

Pratique sportive de compétition et risques psychologiques


Augmentation de l'anxiété d’état (stress, panique en
compétition)
Augmentation du trait d’anxiété (échecs répétitifs)
Augmentation de l’agressivité , intolérance à la frustration,
impulsivité,

troubles du comportement, blessures répétées (Agressivité


retournée contre soi)
Conduites addictives (anorexie, orthorexie, drogue, alcool,
dopage, bigorexie
Burn-out (épuisement par refus des limites)
Prise de risques exagérés
Dépendance à l'entraîneur
Agression sexuelles
Troubles psycho-pathologiques vrais (paranoïaque, narcissique,
compulsif, psychosomatique, dépression,
Suicides

Il est possible que les cas groupés de décès par pathologies neuro-
dégénératives parmi les anciens joueurs de l’équipe nationale d’Afrique du Sud
qui a gagné la coupe du monde de Rugby en 1995 ou le fait que les risques d'être
victime de la maladie de Charcot sont multipliés par sept pour les anciens
joueurs professionnels du Calcio, soient liés au dopage.

2 - COMMOTIONS CEREBRALES (McKee 2014):

Les commotions cérébrales survenant durant la pratique d'une activité sportive


sont en progression constante.

Leurs conséquences à court et, surtout, à long terme commencent seulement à


être évaluées, notamment dans le domaine de la psychiatrie.

Les principaux troubles psychiatriques sont les troubles de l'humeur, les troubles
cognitifs et les passages à l'acte suicidaires.

En football américain, le risque de dépression est triplé après l’arrêt de carrière


chez ceux qui ont eu au moins trois traumatismes crâniens avec perte de
connaissance, avec une relation dose-réponse bien documentée.

Il y a de plus en plus de raisons de penser (Guskiewicz 2007) que des lésions


cérébrales traumatiques bénignes répétées peuvent conduire à des troubles
cognitifs, du comportement et psychiatriques persistants et, rarement, vers le
développement d’une véritable Encéphalopathie Traumatique Chronique.

Cette maladie a été mise en évidence dans les années 30 en boxe (« Punch
Drunk » Harrison Martland-1928).

En 2007, une série d’autopsies a permis de mettre en évidence 80% d’ETC sur
165 joueurs professionnels de football américain décédés.

En 2013, une large cohorte de cas documentés d’ETC a permis de préciser ce


syndrome spécifique :

La présentation initiale peut se faire

- soit sous la forme de troubles de l’humeur ou du comportement évoluant


vers des troubles cognitifs et de mémoire, avec des décès précoces (âge
moyen 51 ans)

- ou directement par des troubles cognitifs avec décès plus tardif (69 ans en
moyenne).

Depuis quelques années, de nombreux cas ont été mis en évidence au hockey
sur glace, en lutte et maintenant même au football : Il est probable que le rugby
ne sera pas épargné quand on voit l’évolution de la violence des impacts depuis
le passage au professionnalisme : Même si les joueurs sont mieux préparés, cela
n’influence nullement les impacts du cerveau sur la boite crânienne lors des chocs
violents.

Le risque est plus important chez les femmes et surtout les enfants sont encore
plus vulnérables alors que les conséquences ne vont se manifester que bien plus
tard.

Mais cela ne concerne qu’une population restreinte à l’échelle de la population


mondiale et des sports bien particuliers, pratiqués à un niveau élevé.

D ) La DYSMORPHOPHOBIE

Diagnostic basé sur le DSM IV:

- Préoccupation excessive concernant une insuffisance de musculature et/ou


une minceur insuffisante.

- Cette préoccupation a un impact psychologique négatif et retentit également


sur les relations sociales

- cette préoccupation excessive ne peut pas être expliquée par un autre désordre
psychiatrique

- Elle est associée avec une activité physique régulière.

Il existe un lien avec les troubles de l’humeur, de l'anxiété ou du comportement


alimentaire ainsi qu'avec l'utilisation de stéroïdes anabolisants

E ) La BIGOREXIE :

« La prévalence de l’addiction à l’exercice est en réalité très faible mais


lorsqu’elle est présente, ses conséquences peuvent être dévastatrices ».

La bigorexie est une dépendance ou une addiction à l'activité physique.

Le Centre d'Etudes et de Recherches en Psychopathologie de Toulouse (CERPP),


et les universités de Toulouse et Bordeaux ont proposé cette définition de la
bigorexie : 

« un besoin irrépressible et compulsif de pratiquer régulièrement et intensivement


une ou plusieurs activités physiques et sportives en vue d'obtenir des gratifications
immédiates et ce malgré des conséquences négatives à long terme sur la santé
physique, psychologique et sociale ».

Quel est le profil de l’ « addict » au sport ?


• C’est un hyperactif perfectionniste qui veut donner le meilleur de lui-même,
atteindre le sommet

• Obsédé par ses performances et ses capacités physiques

• Le sport va être un moyen d’apaisement dans une vie survoltée avec


souvent une charge mentale très importante.

• Il pense chaque jour à la pratique de sa « dose » de sport

• Il va augmenter sa « dose » de sport au fur et à mesure

• Il y a une impossibilité d’arrêter sa pratique même s’il se blesse

• La frustration s’installe quand il n’a pas sa « dose »

• Le plaisir disparaît au profit du devoir, du besoin, de la nécessité

• La vie sociale et familiale se réduit, au profit du sport

• Le « drogué » du sport mis au repos forcé éprouvera un profond mal-être,


des signes de manque (irritabilité, angoisse)

• La vie est complètement organisée autour des activités sportives


• Il met sa santé en danger.

La bigorexie peut aussi conduire au dopage, car elle incite à vouloir toujours faire
mieux ou à poursuivre l’activité malgré la blessure.

Elle peut s’associer aux troubles du comportement alimentaire (Orthorexie qui a


le même effet sur les relations sociales)

Elle touche plus particulièrement les sports qui valorisent l'apparence physique
ou imposent des contraintes de poids:

- la gymnastique,

- la natation synchronisée,

- la lutte,

- le judo,

- les sports d'endurance,

- le cyclisme,

- la course à pied,

- le culturisme...

Elle entraine une tendance à s'isoler de la famille et du cercle d’amis.Elle se


rencontre même chez des sportifs amateurs.

Les études génétiques suggèrent que les gènes qui contrôlent la préférence pour
les drogues contrôlent également la préférence pour les comportements naturels
de récompense comme l'exercice.

Les études psychologiques montrent également le rôle de la récompense, ainsi


que de l’habituation, de la reconnaissance sociale, de la gestion du stress et de
l'anxiété.

Il a été suggéré que l' addiction a l'exercice fait partie d'un continuum de rapport
à l’activité sportive qui évolue par stade depuis :

- la pratique récréationnelle

- vers la pratique à risque,

- la pratique problématique

- et finalement l’addiction.

Les sportifs plus « professionnels » seraient plus vulnérables à la dépendance et


seule une petite proportion (4 % environ) de la population générale sportive serait
susceptible de devenir dépendante à l’activité physique. (Szabo et Griffiths 2007)

Une revue menée sur 20 études utilisant l’inventaire d'addiction à l’exercice


(Exercice Addiction Inventory) a mis en évidence que le risque d’addiction était
le plus important chez :

- les sportifs d’endurance (14,2%)


- suivis par les sports collectifs (10,4%),

- les activités en salle (8,2%)

- et la musculation (6,4%).

Cela donne simplement un ordre d’idée car d’autres études menées avec d’autres
échelles montrent des résultats différents. (Weinstein 2014, Di Lodovico 2019)

il existe des co-morbidités avec d'autres troubles psychiatriques comme les


troubles du comportement alimentaire, les addictions aux drogues et à l’alcool.

Malgré tout, il ne faut pas prendre pour une addiction l'adhérence à une pratique
physique régulière, même intense, même fréquente, même accompagnée d'une
attention particulière portée à l'alimentation ou au poids corporel, qui
s'accompagne d'un bon équilibre de vie et n’empêche aucunement
l’épanouissement sur le plan professionnel, personnel, social et familial.

Ce serait en fait l’objectif à atteindre pour toute la population dans une optique de
santé publique…

F ) Les AUTRES ADDICTIONS

Concernant les autres addictions, il semble que que les jeunes ayant une
pratique sportive intense ( > 8 h/semaine) consomment davantage de drogues
(alcool et autres- tabac excepté) et ont des comportements violents plus souvent
que les sportifs « modérés ».

En moyenne, cannabis mis à part, on retrouve une consommation de substances


illicites et de médicaments nettement plus élevée chez les sportifs de

haut niveau et plus souvent chez les garçons, contrairement aux sportifs
exerçant une activité physique modérée.

G ) Les TROUBLES du COMPORTEMENT ALIMENTAIRE

Dans certains sports, le risque de développer des troubles du comportement


alimentaire est plus important . Il s’agit :

– des sports où les critères de réussite sont liés à l’esthétique corporelle,


nécessitant une apparence particulière, tels la gymnastique, le patinage ou encore
la danse.

– des sports où le poids est considéré comme un obstacle la performance,


tels la course de fond, l’équitation, le cyclisme, l'escalade.

– des sports à catégorie de poids associés à des stratégies de restriction


alimentaire utilisant des méthodes excessives de perte de poids rapide à
l’approche des compétitions au détriment d’une gestion saine du poids de forme
tout au long de la saison.

Cela concerne 10 femmes pour 1 homme avec une fréquence accrue chez les
sportives de haut niveau (18 à 20% selon les études) par rapport aux non
sportives (5 à 10% selon les études).

Ce taux peut monter à 25% dans les deux sexes pour les sports esthétiques
et ceux ou la minceur représente un avantage compétitif.

Les athlètes ont tendance à sous estimer leurs TCA dans les réponses aux
questionnaires dédiés, plus que les non sportifs.

Les co-morbidités sont fréquentes en particulier chez les sportives (anxiété,


dépression, suicides…) et l’association avec l’addiction au sport également.

Les conséquences peuvent être dévastatrices, les taux de mortalité et de


morbidité élevés.

Au premier rang, la Triade anorexique, sa morbidité et en particulier son


retentissement sur la densité osseuse, pénalisant une vie entière.

L’Orthorexie, non reconnue dans le DSM V, est définie comme une « obsession de
manger une nourriture saine pour éviter les maladies et la mauvaise santé ».

Les connections existent avec les troubles de l'image du corps et les addictions à
l’exercice mais aussi avec « l’obsession de la santé et de la forme prioritaire sur
tout le reste » ( «  Healthism » ), très présente dans une partie de la population des
sociétés occidentales.

Dans tous ces cas, outre les conséquences mesurables sur la santé individuelle,
le retentissement négatif sur la vie sociale et familiale représente la frontière
entre l’acceptable et le pathologique.

EN CONCLUSION, il faut donc rappeler que le sport ne favorise pas forcément


toujours la santé et qu’il peut être au contraire un facteur de risque de troubles
physiques ou psychiques parfois graves et de morts subites.

Ces effets négatifs potentiels ont une faible prévalence pour la plupart des sports
et sont toujours liés à une pratique inadéquate ou de haut niveau, avec parfois
un terrain prédisposé.

Leur retentissement est le plus souvent extrêmement faible comparativement aux


bénéfices avérés, bien qu’il puisse parfois être dramatique.

Ces risques ne peuvent donc, en aucun manière, constituer un obstacle à une


pratique de masse adaptée, dans un objectif de santé publique.

Ils peuvent être prévenus aisément, dans la plupart des cas,

- par une information performante et un suivi adapté de la population sportive

- par une formation adéquate des médecins

- et, pour les sportifs de haut niveau, par la formation et la vigilance de


l’encadrement médico-sportif.

III - ACTIVITE PHYSIQUE & SANTE MENTALE

A - L’APR a des effets positifs sur la santé mentale :

- Elle améliore la capacité à résoudre les problèmes

- Elle stabilise l’humeur et favorise une meilleure régulation émotionnelle,

- Elle réduit l’anxiété et la réactivité au stress : Plus la condition physique


s’améliore, plus l’anxiété diminue.

- Elle réduit les scores d’épuisement et de dépression: Il existe ainsi une relation
bien documentée et inverse entre l’activité physique et la dépression.

- Une bonne condition physique diminue la réponse somatique d’un individu en


situation de stress (fréquence cardiaque, pression artérielle, sueur, chaleur
corporelle…).

- Elle favorise également une récupération physique meilleure et plus rapide


après un stress psycho-social comparativement à des personnes peu actives,
même pour une différence de seulement 12% de condition physique

B - Et cela se retrouve dans le monde du travail :

- Une étude, maintenant ancienne mais très édifiante, menée sur une population
importante, dans un grand nombre d’entreprises de toute la France (Etude
ASMT 1987) avait montré que les personnes qui pratiquaient régulièrement une
activité physique avaient moins d’arrêts de travail, que leurs arrêts de travail
duraient moins longtemps pour une même pathologie que chez les non sportifs
et également que ces personnes avaient moins de problèmes relationnels au
travail.

- Une revue plus récente (Brown 2011) d’une vingtaine d’études sur la relation
entre le stress professionnel et l’activité physique, montre aussi que les
personnes qui se disent plus actives physiquement sont

• moins anxieuses,

• moins à risque d’épuisement,

• moins absentes du travail

• et plus productives.

- A l’inverse, sur un échantillon de 1  632 employés, les scores d’épuisement


professionnel et de dépression sont significativement plus élevés chez les
employés peu actifs comparativement à ceux qui sont régulièrement actifs.

Mais les bénéfices de psychosociaux de l'exercice et de l'activité physique varient


considérablement en fonction des individus, dans le temps et selon les
situations.

Les croyances, les rationalisations, les influences extérieures, les expériences


individuelles modifient très largement ses effets.

IV- EFFETS sur les FONCTIONS CEREBRALES et le


SYSTEME NERVEUX CENTRAL
A - ETUDES « CLASSIQUES » :

L’APR améliore les fonctions cognitives, les apprentissages et la mémoire.

Elle ralentit significativement le déclin cognitif lié à l’âge.

L’activité physique a un effet neuro-protecteur remarquable sur le cerveau sain


mais aussi sur les lésions cérébrales de différentes étiologies et localisations
anatomiques, en favorisant la survie des neurones lésés .

Une étude multicentrique et prospective sur des femmes de plus de 65 ans a


montré que l'activité physique auto-rapportée à 30 ans, à 50 ans et au moment
de l'étude était associée avec une réduction du risque de développer des
troubles cognitifs.

Dans les études utilisant des mesures objectives d'activité physique, les femmes
âgées les plus actives obtiennent de meilleures performance aux évaluations
cognitives et fonctionnelles par rapport aux femmes âgées les moins actives.

Une autre étude prospective a aussi mis en évidence qu'une activité physique
modérée au milieu de la vie était associée à une réduction de 39% des troubles
cognitifs modérés à un âge plus avancé.

Dans des études interventionnelles chez des sujets sédentaires soumis à un


entraînement adapté de six mois, les effets cérébraux bénéfiques sont durables
dans le temps jusqu'à 18 mois après la fin de l’entraînement.

Enfin, il y a aussi des preuves que l'activité physique ralentit la diminution de


volume du cerveau et de la substance blanche dans la population générale et
chez les sujets atteints de troubles cognitifs et de démences précoces.

Certaines études d’imagerie mettent en évidence une augmentation de volume


de l’hippocampe et de la substance blanche avec l’entrainement ainsi qu’une
amélioration de la connectivité corticale.

Cela est vrai aussi bien pour l’entrainement aérobie et pour le renforcement
musculaire, les exercices neuro-moteurs et de coordination.
B - APPROCHE « PARCOURS DE VIE » :
Cependant, sur le très long terme, l’AP, à elle seule, ne permet pas de prévenir
significativement les démences.

C’est ce que montre précisément cette approche.

En particulier les études de Sabia et Singh-Manoux sur la cohorte Whitehall II (10


308 personnes, 2/3 hommes and 1/3 femmes , âgés de 35- 55 ans et suivis
pendant 25 ans, tous les 4 à 5 ans) montrent une efficacité de l’AP vie entière
seulement en association avec d’autres facteurs, rejoignant en cela les résultats
des études d’Harvard (Cf infra) :

- Tension artérielle normale,


- Glycémie normale
- Cholestérol normal,

- BMI inférieur à 25 ,

- Nutrition de type méditerranéen

- Pas de tabac
- Pas d’abus d’alcool,

Et cela même en l’absence de survenue de pathologie cardio-vasculaire.

Dans la même cohorte, ces comportements bénéfiques pour la santé présents à


50 ans permettent de prédire avec une bonne fiabilité le risque de fragilité
globale 25 ans après, avec un effet cumulatif.

De plus, l’acquisition ultérieure d’un ou plusieurs de ces comportements


bénéfiques permet de réduire le risque de fragilité au terme du suivi avec
également une effet cumulatif.

Cette efficacité est probablement vraie, même dans une sous population porteuse
de l’allèle 4 de l’Apolipoprotéine E, fortement corrélé avec le risque de maladie
d’Alzheimer.

Cela pourrait être en relation avec l’effet épigénétique des « comportements-


médicaments », en particulier sur le raccourcissement des télomères (Efficacité de
la télomérase)

Il est donc toujours temps d’agir pour sa santé cérébrale, même


avec une génétique défavorable.
C - NEUROGENESE ADULTE ?

1) - LE DÉBAT :

En 2018, deux études sont publiées, étudiant la neurogénèse hippocampique à


partir d’autopsies cérébrales, l’une (Boldrini) confirmant l’existence d’une
neurogénèse cérébrale adulte, à la suite de nombreuses études depuis les années
2000 et l’autre (Sorrells), non.

Sandrine Thuret, spécialiste de la neurogénèse adulte au King’s Collège de


Londres, a fait une analyse critique de ces deux études. Cela va nous permettre de
comprendre l’origine des contradictions et de quel coté se situe la réalité.

Boldrini et ses collègues ont pu détecter tous les types de cellules souches,
matures et immatures, dans le Gyrus denté humain, en accord avec de
précédentes études. La plupart de ces types cellulaires étaient détectés quel que
soit l’âge, à l’exception des cellules souches neurales quiescentes qui
montraient une décroissance dépendant de l’âge.

Une des qualités clés de l'étude de Boldrini, que l'on ne retrouve pas dans celle de
Sorrells, est l'utilisation de la stéréologie, qui est le « gold standard » de la
quantification cellulaire dans les études histologiques.

De plus dans l'étude de Sorrells, le délai post-mortem était au minimum supérieur


de 20 heures par rapport à la population de Boldrini.

Enfin, la population étudiée par Sorrels était porteuse de maladies variées comme
des cancers et des AVC alors que Boldrini avait pris des précautions rigoureuses
pour s'assurer que ses sujets étaient physiquement et psychologiquement en
bonne santé.

Ces différents biais expliquent les discordances dans les résultats des deux
études.

Et il est aussi possible que les facteurs qui ont favorisé la survenue des
pathologies dans l'étude de Sorrells aient également eu pour effet de diminuer la
neurogénèse adulte dans sa population.

Et pourtant l’étude de Sorrells est publiée dans Nature et celle de Boldrini dans
Cell Stem Cell…

Il y a donc une preuve de plus de la neurogénèse adulte chez les sujets en bonne
santé. Et de la nécessité de lire les études en entier avec un oeil critique, même
publiées dans un grand journal…

L’absence de neurogénèse hippocampique adulte est donc un neuromythe


(PM Lledo).

2) - NEUROGENESE ADULTE:

On ne peut se priver, en 2021, de l’apport des avancées des neurosciences et de


la neurophysiologie pour la compréhension et le traitement des maladies
psychiatriques.

Cela concerne en particulier la neurogénèse chez l’adulte :

La neurogénèse adulte, au moins dans l’hippocampe, est une potentialité qui


concerne tous les humains, à des niveaux variables, en fonctions de différents
facteurs, intrinsèques et extrinsèques.

Il existe une réserve de cellules souches neuronales dans le gyrus denté, qui
constitue une véritable « pouponnière » de neurones.

Les néo-neurones issus de ces cellules souches vont migrer vers l’hippocampe :
Or, l’hippocampe est le carrefour de la gestion des émotions, des circuits de la
récompense et le siège de la mémoire de travail. Il est impliqué dans les
mécanismes d’évaluation et d’apprentissage qui sous tendent les phénomènes
adaptatifs.

C’est là que semblent se jouer les discriminations comportementales et


psychiques comme la « séparation de schémas » qui permet d’attribuer une
valeur cohérente dans l’échelle des agressions à une situation donnée (René Hen).

Selon PM Lledo, 600 néo-neurones migrent chaque jour du gyrus denté vers
l’hippocampe. Seule une partie terminera sa maturation et pourra s’intégrer dans
les circuits hippocampiques (nouveaux ou préexistants) en fonction des
sollicitations et des besoins.

Ce sont des molécules de l'espace extracellulaire qui vont guider la migration


des néo-neurones vers l’hippocampe. Elles sont produites en quantité d'autant
plus grande que l'activité cérébrale est plus intense.

Ainsi, à l’âge de 50 ans, c’est la totalité des neurones de l’hippocampe qui auront
été renouvelés à l’âge adulte (Sandrine Thuret).

Même chez des jumeaux homozygotes, du fait de la neurogénèse adulte,


l'architecture neuronale des hippocampes se différencie avec le temps.

La neurogénèse n’est qu’une des composantes de la plasticité neuronale: Elle


comporte aussi :

- l’augmentation du nombre de synapses,

- le réarrangement des circuits neuronaux par la dégradation de certaines


synapses et la création de nouvelles,

- l’augmentation de l’efficacité des synapses (i.e. de leur capacité à secréter


des neurotransmetteurs).

Et cette neurogénèse, autant que la neuro-plasticité dans sa globalité, peuvent


persister jusqu’à la mort.

Bien sûr les cellules souches perdent de la productivité avec l'âge et la neuro-
plasticité de son efficacité.

Cependant, les autopsies l’attestent, on trouve des néo-neurones et des synapses


récentes dans des cerveaux âgés. Mais on peut aussi parfois constater leur rareté
dans certains autres cerveaux, même chez des sujets jeunes…

C’est cet ensemble de propriétés qui semble sous tendre une partie des
mécanismes psychiques par lesquels nous adaptons le ressenti de nos
émotions (Méta-humeur) et nos stratégies d’adaptation face aux aléas de la
vie.

Il parait ainsi très difficile de pouvoir s’adapter de manière optimale, sur le plan
mental, sans une plasticité cérébrale performante.

Selon Alain Prochiantz, c’est le couple désir/plaisir, le changement (par


opposition à la routine), la compréhension (plus que le savoir), l'alimentation pro-
et pré-biotique, la relation à l’autre et l’activité physique qui favorisent la
production des molécules de l’espace extra-cellulaire guidant la migration des
néo-neurones vers l’hippocampe et in fine la neuro-plasticité.

Pierre-Marie Lledo met l’accent sur le rôle de l’apprentissage, de


l’émerveillement, des relations sociales ( mais pas des réseaux « sociaux ») , de
l’activité physique et du jeûne pour stimuler la neurogénèse hippocampique.

Et l'activité physique a aussi pour effet de « réveiller » les cellules souches


dormantes chez le sujet âgé et d’en de relever le niveau de productivité.

On peut observer le même type de phénomène au niveau musculaire :

Une phase de prise de masse musculaire par l’activité physique, chez


l’adolescent ou le jeune adulte, se traduit entre autres, par l’apparition de nouvelles
fibres musculaires (hyperplasie) et de noyaux cellulaires supplémentaires dans les
fibres musculaires (hypertrophie).

Lors d’une période de sarcopénie liée à l’arrêt de l’activité physique, les noyaux
cellulaires ne subissent pas d’apoptose mais restent quiescents dans le
cytoplasme.

Ainsi, plus tard dans la vie, il sera toujours possible de reprendre de la masse
musculaire mais ce sera plus facile chez un sujet ayant pratiqué dans sa jeunesse
que chez un sédentaire de toujours.

A tout âge, l’activité physique stimule donc la neuroplasticité comme la


plasticité musculaire.

Il y a un lien entre les deux puisque des cytokines musculaires produites pendant
l’activité physique stimulent la plasticité cérébrale.

Par contre les anxiolytiques inhibent cette neurogénèse.

Et en perturbant l’architecture du sommeil (diminution du sommeil lent profond),


ils aggravent cette inhibition, diminuant encore les capacités d’adaptation
psychique des patients.

La dépression et la privation de sommeil sont associées à une diminution de la


neurogénèse hippocampique.

Dans la dépression et l’anxiété chronique, on constate une diminution d’épaisseur


dans certaines zones du cortex préfrontal et de l’hippocampe.

On trouve une diminution de la neurogénèse dans tous les modèles animaux de la


dépression

Et dans ces même modèles animaux, si on bloque la neurogénèse, on bloque les


effets des antidépresseurs.

On a pu mettre en évidence dans les 30% de dépressions réfractaires au


traitement, un polymorphisme d’un gène qui module la neuroplasticité et la
neurogénèse (En lien avec la production de Beta-Arrestine).

D’un autre coté, l’hypercorticisme lié au stress chronique inhibe la migration


des néo-neurones, favorise leur ancrage et leur apoptose sur place.

(PM Lledo).

Et on peut prédire avec une bonne fiabilité si une dépression sera résistante au
traitement en fonction du niveau de la cortisolémie matinale.

Les autres facteurs qui inhibent la neurogénèse, outre les anxiolytiques, sont:

- le stress,

- la « pollution » sonore et visuelle,

- la sédentarité,

- l’absence d’activité physique,

- l’isolement social.

Selon Alain Prochiantz, « le trouble de l'adaptation qui conduit à l’anxiété et à la


dépression, c'est la difficulté à donner du sens au changement et à en évaluer
correctement la valence homéostatique. »

En fait en combinant les approches neuro-scientifiques et psychologiques, on peut


penser que donner un sens erroné (danger, menace) ou excessif à des évènements
vécus entraine un stress chronique qui peut diminuer en retour les capacités
d’adaptation par le biais de la réduction de la plasticité cérébrale.

Il est troublant de retrouver dans cette synthèse qu’une partie des facteurs
stimulant la neurogénèse hippocampique et, plus globalement, la plasticité
cérébrale, se trouvent être des facteurs favorisant un « vieillissement réussi » dans
les Harvard Studies on Adult Development
D - « HARVARD STUDIES on ADULT DEVELOPMENT » & QUALITE du
VIEILLISSEMENT

Les études de l'Université de Harvard sur le développement adulte (Harvard Adult


development Studies) regroupent :

1) La « GRANT study » sur 237 étudiants de l’ Université de Harvard, nés dans les
années 20 et suivis depuis 1940 ( donc 80 ans de suivi en 2020)

2) et la « GLUECK study » sur 332 jeunes garçons venant de milieux populaires


de Boston, nés dans les années 60 et suivis depuis 1970 (50 ans de suivi en
2020).

- Ces études incluent maintenant les épouses et les enfants de ces premières
générations et ont pour objectif d'inclure les générations suivantes.

- Quatre directeurs se sont succédés à la tête de ces études.

- Les sujets sont évalués tous les deux ans par questionnaire et tous les cinq
ans par examen médical, analyse du dossier médical personnel et, le plus
souvent, par des entretiens individuels.

Ces deux études sont irremplaçables car ce sont les plus longues études
prospectives généralistes (« Parcours de vie ») jamais réalisées.

Leur objectif est d’étudier les facteur prédictifs d'un vieillissement heureux et en
bonne santé.

Les limitations sont :

- Le faible nombre de participants initiaux,

- Le fait qu’ils soient tous des hommes, blancs, américains, nés dans les années
1920 ou 1960.

- Le fait que l'appartenance à une minorité, l'alimentation, le niveau d'assurance


santé et le statut professionnel n’ont pas été investigués.

Il en ressort que les 7 facteurs de protection qui distinguent ceux qui ont vieilli
« heureux et en bonne santé » de ceux qui ont vieilli « malades et malheureux » ou
qui sont morts précocement, sont, au moins en partie, sous notre contrôle
personnel .

Ces éléments, évalués à l'âge de 50 ans, ont permis d’estimer avec fiabilité le type
de vieillissement à 70 ans (Glueck) ou 80 ans (Grant) selon le groupe.

Et ce ne sont pas les « désirs non naturels et non nécessaires » d’Epicure i.e.
l’argent, le pouvoir, le succès, mais plutôt :

– une activité physique régulière

– un poids « de santé »

– pas de tabac

– pas d’abus d’alcool


– des mécanismes matures d’adaptation aux aléas de la vie,

– des relations sociales, familiales et particulièrement de couple, riches et


solides.

- Et, pour la cohorte des garçons plus défavorisés, de la Glueck study, le niveau
d’éducation est un facteur de protection supplémentaire, en particulier par son
influence sur le rapport à l’alcool, au tabac et probablement, à l’alimentation.

-Seule la dépression avant 50 ans paraît être un facteur prédictif


négatif indépendant.

En particulier :

- Parmi ceux de Harvard qui étaient capables, à 19 ans, de terminer un test de


cinq minutes sur tapis roulant, 61 % se retrouvent à 80 ans dans le groupe
des « heureux et en bonne santé » » et seulement 13 % dans le groupe des « triste
et malade ».

- Pas un seul de ceux de Harvard qui abusaient d’alcool à 50 ans ne se sont


retrouvés « heureux et en bonne santé » à 80 ans. Et dans ces études, c’est
toujours l’alcoolisme qui précède la dépression.

- 60% de ceux qui étaient « heureux et en bonne santé » à 80 ans utilisaient, avant
l'âge de 50 ans, des  mécanismes de défense matures, mais seulement 10 %
de ceux qui étaient « tristes et malades ».

Ces mécanismes adaptatifs incluent l’altruisme, l’humour, la sublimation, par


rapport à des mécanismes contradaptatifs, immatures, névrotiques voire
psychotiques (Selon l’échelle de fonctionnement défensif du DSM IV).

- A noter : La classe sociale des parents, une enfance malheureuse ou la


longévité des ancêtres n’ont pas montré d'influence significative sur le
vieillissement… pas plus que le niveau de cholestérol à 50 ans.

- Parmi les hommes en bonne santé à 50 ans qui avaient moins de quatre
facteurs protecteurs, 65% était prématurément morts ou « tristes et malades » à
80 ans.

- Ceux qui avaient cinq ou six facteurs à 50 ans étaient en grande majorité parmi
les « heureux et en bonne santé » à 80 ans et un seul parmi les « tristes et
malades ».

Ainsi, en accord avec les résultats de cette étude ainsi que d'autres études sur des
jumeaux, la plus grande partie de la variance de la longévité est expliquée par
des facteurs environnementaux, sur lesquels il est possible d’agir.
L’hygiène de vie, la qualité des relations socio-familiales et les mécanismes
psychologiques d’adaptation sont des prédicteurs très puissants, à parts
relativement égales, de ce « vieillissement réussi ».

La capacité à vieillir heureux et en bonne santé est donc multifactorielle et dépend


en grande partie de nous.

« A successful old age, Horatio, may lie not so much in our stars and genes as in
ourselves. » `{Hamlet Acte 1 Scène 5 - Circa 1600}

Selon George Vaillant ( 3° directeur de l’étude) « la qualité des relations tout au
long de la vie est ce qui a le plus d’impact positif sur la qualité de vie ressentie »
et Il reformule en disant que l’étude montre sans ambiguïté que « tout ce dont vous
avez besoin, c’est d’amour. Point final »

Le rôle négatif indépendant de la dépression avant 50 ans sur la probabilité d’un


vieillissement réussi met en évidence la nécessité absolue d’une prévention de
celle-ci, prévention dans laquelle l’AP et les autres facteurs de mode de vie ont un
rôle majeur à jouer.

Il faut noter que ces études confirment le fait que l’AP a un effet trans-catégories
sociales de réduction des inégalités de santé.

Cela reflète parfaitement la nécessité d’une approche globale en santé, y compris


en psychiatrie.

Il est troublant de retrouver qu’une partie des facteurs favorisant un « vieillissement


réussi » dans les Harvard Studies on Adult Development se trouvent également être
des facteurs stimulant la neurogénèse hippocampique et, plus globalement, la
plasticité cérébrale,

V - L’ACTIVITE PHYSIQUE comme TRAITEMENT en


PSYCHIATRIE

A- L’UTILISATION DU SPORT COMME « PSYCHOTHÉRAPIE »

a été proposée en France dès 1965 (Sivadon et Gantheret) .

L’Union des Associations Sportives des hôpitaux psychiatriques de France


(« Sport en tête » ) existe depuis le 21 août 1964. Son but initial était l'organisation
des compétitions sportives entre les hôpitaux psychiatriques.

Les championnats de France des hôpitaux psychiatriques ont duré jusqu'en 1989.
L'objectif de l'association a évolué vers la promotion du sport en psychiatrie
sous toutes ses formes et dans toutes ses fonctions, occupationnelle, de
réinsertion et thérapeutique.

Pour son président, « l’expérience psychiatrique de l’association pointe cinq


aspects par lesquels le « sport thérapeutique » est utile en psychiatrie:

« - la santé est la visée la plus évidente : l’exercice physique vérifie sans cesse le
fonctionnement de l’organisme, il règle les niveaux d’activité, teste les limites,
cultive l’aisance, soutient le projet hygiénique et éducatif ;

- l’exercice physique se révèle comme l’auxiliaire des thérapeutiques. Il ravive le


cadre, favorise les déverrouillages. Le sport est dynamogène. Il permet de
diminuer les posologies mais offre surtout un bon terrain pour la mise en œuvre de
n’importe quel type de traitement ;

- la syntonisation (accord affectif de l’individu et de son milieu) permet une


espèce de remise à flot, de réalignement sur le cours des choses. Le sport
socialise, par le jeu, le groupe, la règle. Il symbolise, il relie, il normalise ;

- la « mystification » tient dans l’étonnant pouvoir de distraction du sport. Le sport


mystifie le délire, par l’attention qu’il requiert, il détourne en quelque sorte le
patient de sa maladie. Il tarit les folies par déafférentation ;

- l’exercice physique renvoie à la scène précise de l’activité, il restitue la


thérapeutique au trio subtil de ses acteurs : un malade (un trouble), un
thérapeute (une intention soignante) et un milieu porteur (l’institution, une
animation). Le sport renvoie à la situation thérapeutique même. » 

B-UNE TOUTE RÉCENTE MÉTA REVUE

parue dans Sports Médecine en 2020 : Garcia Ashdown‐Franks « Exercise as


Medicine for Mental and Substance Use Disorders: A Meta-review of the Benefits
for Neuropsychiatric and Cognitive Outcomes », a porté sur 27 revues
systématiques, incluant seize méta analyses, représentant 152 études contrôlées
randomisées dont voici les conclusions :

1- dans les dépressions majeures, l'exercice réduit les symptômes chez l’enfant,
l’adulte et les personnes âgées.

2- l'exercice est également plus efficace que les conditions de contrôle pour
réduire les signes d’anxiété

3- ainsi que comme traitement d’appoint pour réduire les signes positifs et
négatifs de la schizophrénie

4- sur le plan des effets neuro-cognitifs, l'exercice améliore la cognition globale


dans la schizophrénie, chez les enfants atteints de troubles de déficit de
l'attention mais pas dans la dépression majeure.

5- des effets positifs pour la santé mentale sont également observés dans :

– les dépressions périnatales

– l'anorexie et la boulimie

– le stress post-traumatique

– les addictions à l'alcool et aux autres substances

C-LES LIMITATIONS :

Pour autant, il existe encore de nombreuses limitations qui réduisent la


performance des études :

- Une considérable hétérogénéité dans le type d'intervention,

- Le nombre de participants souvent faible et non représentatif de la réalité,

- Des biais encore trop importants, liés à la diversité des modes de calcul de la
taille de l’effet et de l'hétérogénéité,

- Le manque de données chez l'enfant et l'adolescent,

- Le manque de données sur les effets secondaires nocifs (bien que plusieurs
études récentes suggèrent que l'activité et l’exercice physique sont peu
générateurs d’effets secondaires négatifs en psychiatrie.)

- Le manque de données sur le rapport coût/efficacité

On retrouvera toujours ces limitations dans tous les domaines de notre sujet,
probablement liées à la difficulté à trouver des financements pour des études de
grande ampleur dans ce domaine.
On touche là les limites de l’€BM dont les grandes études sont trop souvent
financées par les laboratoires pharmaceutiques …

D - ACTIVITE PHYSIQUE & DEPRESSION

Le rapport « Global Burden of Disease » de l’OMS indique :

- que le trouble dépressif est la 3° cause mondiale de morbidité du fait de ses


importantes comorbidités

- que, dans les pays à revenu moyen ou élevé et chez les femmes partout dans le
monde, il est d’une certaine façon la cause principale, directe ou indirecte, de
morbidité.

- La dépression est enfin considérée comme la plus coûteuse de toutes les


pathologies physiques ou mentales dans la première partie de la vie adulte

Une synthèse des preuves sur « activité physique et dépression » qui est citée très
fréquemment dans la littérature médicale est la revue Cochrane.

La première édition date de 2001. Elle a été périodiquement révisée jusqu’en 2013.

En 12 ans, l'ampleur de l’effet de l'activité physique sur la dépression s’est trouvée


réduite de 44% : de 1,10 en 2001, à 0,82 en 2009, 0,67 en 2012, 0,62 en 2013, ce
qui correspond à un effet « moyen ».

Les conclusions de cette dernière édition: « L’activité physique est modérément


plus efficace que l’abstention pour la réduction des signes de dépression mais
l’analyse des essais méthodologiquement les plus robustes montre seulement un
effet moindre en faveur de l’exercice. Comparée aux psychothérapies et aux
traitements médicamenteux, l’activité physique n’est pas plus efficace, mais
cette conclusion est basée sur très peu d’études de faible ampleur. »

Elles sont résumées dans un article du British Médical Journal sous le titre :

«Il y a toujours peu de preuves que l'exercice améliore la dépression ».

Dans le JAMA, en 2014, les auteurs écrivent : « l'analyse d'études de haute qualité
suggère qu'il existe seulement de faibles bénéfices de l’AP sur la dépression » ou
même, une page plus loin (!) , « pas d'association de l'exercice avec l'amélioration
de la dépression ».

Pourtant, en analysant en détail la méthodologie de la revue, P. Ekkekakis, en


2015, met impitoyablement en évidence de nombreux biais et irrégularités, en
particulier la violation des critères d’inclusion spécifiés dans les bonnes pratiques
du guide Cochrane pour les méta-analyses, qui ont considérablement altéré les
conclusions essentielles de cette revue :

{« Chéri, j'ai rétréci l'ampleur de l’effet! (le Guide pour une approche critique des
revues systématiques et des méta analyses » Mental Health and Physical Activity
2015- Malheureusement non indexée dans PubMed…}

- Inclusion d'études sans groupe contrôle


- Inclusion d’études dont le groupe contrôle reçoit un traitement actif
(relaxation, méditation, gestion du stress), dont l’efficacité sur la dépression est
par ailleurs prouvée.

- Inclusion d'études dont le groupe contrôle est également traité par une
activité physique (stretching, renforcement, yoga), dont l'efficacité sur la
dépression est par ailleurs prouvée.

- exclusion d'études sur la dépression post natale, non justifiée.

- exclusion injustifiées d'études évaluant l'effet du tai-chi, du qigong et du


yoga.

De plus , les auteurs ne reportent pas d'index d'hétérogénéité alors que, dans leur
revue, existe une importante hétérogénéité, qui persiste à un moindre degré
dans les six essais qualifiés de haute qualité.

Or, en référence avec le guide Cochrane pour les méta-analyses lui-même, ces
niveaux d’hétérogénéité sont qualifiés de « substantiels » et doivent conduire à en
analyser les sources, à dépister les études responsables et à les exclure ou à les
analyser séparément.

En refaisant l’analyse statistique sur la même base, corrigée de ces différents


éléments, l’« ampleur de l’effet » ou « différence moyenne normalisée » (Pooled
SMD) grimpe de

« moyenne » : -0,62 (-0,81 à - 0,42 IC 95%)

« grande » : -0,90 (-1,11 à - 0,69 IC 95%)

Et, en ne considérant que les deux essais de haute qualité contre placebo,
l’ampleur de l'effet est de :

- 0,40 (-0,76 à à - 0,04) au minimum.

Et P. Ekkekakis de relever que ces résultats sont nettement supérieurs:

- à ceux des 10 essais contre placebo de la psychothérapie (Ampleur de l’effet


-0,25).

- à ceux des essais publiés contre placebo des antidépresseurs (-0,37)

- et encore plus à ceux des essais non publiés (-0,15).

Il rapporte aussi que même les auteurs déclarant des liens multiples avec
l'industrie pharmaceutique concèdent qu’au mieux, l'ampleur de l'effet des
antidépresseurs contre placebo ne dépasse pas 0,32 à 0,34.(cf infra).

- Schuch en 2016, dans une autre méta-analyse incluant des essais plus récents,
avec des critères d'inclusion et d'exclusion stricts et avec une évaluation
statistiquement robuste de l'ampleur de l'effet aboutit à cette conclusion :

« l’activité physique est un traitement de la dépression basé sur les preuves ,


y compris dans les dépressions majeures. Ceci pour les exercices aérobies et
mixtes, en l’absence d’essai randomisé controlé concernant l'effet de la
musculation sur la dépression ».

Lui aussi met en exergue les biais importants des méta-analyses précédentes, en
particulier ceux de la revue Cochrane.

Sa conclusion est qu'il faudrait maintenant plus de 1000 études négatives pour
contredire les résultats de cette méta-analyse.

- Kvam, également en 2016, dans une méta-analyse sur 23 RCT conclut


« l'activité physique est un traitement efficace de la dépression »

- Wegner en 2020, méta-analyse sur 4 RCT (2110 sujets jeunes/5-22 ans):

SMD: -0,48

- Miller en 2020 sur 15 RCT (596 sujets âgés) : Haut niveau de compliance, effet
significatif et équivalent de l’endurance, du renforcement et des techniques
corps-esprit.

- Hu 2020 (Revue de méta-analyses) : L’AP a un effet bénéfique modéré dans la


prévention des signes de dépression dans la population générale à tout âge

(SMD - 0,10 à - 0,81).

Les études sont en revanche trop peu nombreuses, montrent une trop grande
hétérogénéité et une puissance trop limitée pour permettre d’atteindre un niveau
de preuve élevé :

- pour des populations spécifiques

- ou des niveaux de gravité spécifiques

- ou pour affiner les niveaux et types d’activité.

(cf supra : €BM )

Remarque : L’ampleur de l’effet ou taille de l’effet ou différence moyenne


normalisée (SMD, Pooled SMD, SMR, g) est une différence des moyennes et non
une moyenne des différences, utilisée dans les méta analyses pour atténuer les
effets des méthodes d’évaluations différentes pour un même paramètre.

- Schuch en 2016 a fait une revue systématique des facteurs prédictifs de la


réponse à l‘AP dans la dépression sur 11 études :

- Deux facteurs potentiels biologiques (BDNF et TNF-alpha),

- Trois facteurs potentiels cliniques (symptômes somatiques, anxiété d’état,


fonctionnement global)

- Deux facteurs potentiels psychologiques (satisfaction de vie, auto-estime)

- et deux facteurs potentiels sociaux (entourage social et statut marital)

ont été identifiés.

Seuls le BDNF (Plasticité cérébrale) , le TNF-alpha (Inflammation) et le


modérateur composé BDNF x BMI (IMC = Inflammation de bas grade) ont
confirmé un intérêt .

E - ANTIDEPRESSEURS & PLACEBO

- En 2008, Irving Kirsch , incontestable spécialiste de l’effet placebo à Harvard,


publie dans PLoS médecine une méta-analyse des données soumises à la FDA
pour les antidépresseurs. Cette étude a été classée parmi les « 10 études les
plus polémiques jamais publiées en psychologie » par la British Psychological
Society. En effet elle mettait en cause l’efficacité réelle des antidépresseurs,
lançant un violent débat dans la communauté scientifique et médicale, toujours
d’actualité en 2021.

- Une revue générale de la littérature de 2019 publiée par le même sur toutes les
données publiées des essais cliniques et de toutes les méta-analyses sur les
traitements par anti-dépresseurs permet de constater que la différence
d’amélioration entre le traitement et le placebo est statistiquement légèrement
significative mais n’atteint pas le seuil de l’efficacité clinique (SMD -0,37).

- Dans une méta-analyse sur les données non publiées des essais cliniques
(Obtenues grâce à la loi américaine sur la liberté de l’information - Freedom
Information Act…), Kirsch trouve un SMD à -0,14 !

- Mieux, une méta-analyse de Marc Stone (Directeur de la division psychiatrie à la


FDA) en 2018 sur les données de plus de 73000 patients dans les 228 RCT
soumis à la FDA pour les anti-dépresseurs entre 1979 et 2016 montre une
différence Placebo / Médicament strictement identique à celle rapportée par
Kirsch en 2008 (-0,38).

- 9 méta analyses ont été réalisées depuis cet article de 2008 pour en contredire
les résultats. Elles ont toutes montré une SMD entre 0,23 et 0,34.

Or, cette différence de résultat entre Placebo et Médicament est inférieure au


critère de significativité clinique défini par le NICE (National Institute for Health and
Clinical Excellence) qui est de 0,50.

Après avoir analysé en détail toutes ces données I.Kirsch démontre que la plus
grande partie des bénéfices statistiques des antidépresseurs dans le traitement de
la dépression et de l'anxiété est due à la réponse placebo (i.e effet placebo +
régression à la moyenne + rémissions spontanées).

L’explication en est que les antidépresseurs suscitent un effet placebo


conséquent.

Et que l’efficacité thérapeutique des antidépresseurs est surévaluée dans les


études par la rupture très fréquente du double aveugle, liée à l'existence
d'effets secondaires, nettement plus fréquents et importants avec
l’antidépresseur que l’effet nocebo lié au placebo.

De plus Joanna Moncrieff a aussi fait l’hypothèse qu’en dehors de tout effet
secondaire, les patients peuvent apprendre à reconnaitre les changements subtils
produits par le traitement.

Inversement , la réponse au placebo est réduite quand les patients devinent qu’ils
ont reçu ce traitement.

Il a d’ailleurs pu être démontré, dans un essai randomisé en double aveugle, que


près de 80 % des patients et 90 % des médecins participant à l’essai étaient
capables de déterminer de manière fiable si le patient était sous traitement actif ou
sous placebo, en fonction de la présence ou non des effets secondaires bien
connus.

Ainsi, la petite différence statistique antidépresseur/placebo pourrait être due en


grande partie à l’augmentation de la réponse placebo dans le groupe
médicament et à la diminution de la réponse dans le groupe placebo, par la
rupture du double aveugle, donc un biais statistique.

Régression à la moyenne :

Si une variable est extrême à sa première mesure, elle va généralement se


rapprocher de la moyenne à sa seconde mesure. Si elle est extrême à sa seconde
mesure elle va tendre à être proche de la moyenne à sa première mesure.

En d’autres termes, cela consiste en un rapprochement vers la valeur moyenne


initiale des variables extrêmes d’un échantillon sélectionné sur la base d’un seuil.

Les taux de rechute des TRAITEMENTS des DEPRESSIONS sont de:

- 50 % pour les antidépresseurs

- 36 % et 33 % respectivement pour les thérapies cognitives et les thérapies


interpersonnelles
- 33% pour les patients qui se sont améliorés sous placebo

- Mais quand on associe les psychothérapies aux anti dépresseurs, le taux de


rechute remonte au niveau de celui des anti dépresseurs seuls .

- Sur le long terme, après l’arrêt d’une TCC, le taux de rechutes est similaire à
celui de la poursuite des AD, mais le nombre d’études est faible.

De plus les traitements autres que l’AP et les psychothérapies (acupuncture,


oméga-3, homéopathie, tai chi, qigong, yoga) ont également des tailles d’effet
égales ou supérieures à court terme, sans les effets secondaires ni les risques
pour la santé liés aux médicaments.

Sur le long terme, les effets sont probablement supérieurs pour la combinaison
Psychothérapies/TCC et AP.

Il a donc logiquement été proposé de prescrire un placebo, mais avec une


stratégie novatrice qui a commencé à être utilisée dans le domaine du traitement
de la douleur :

C’est la Technique de l’ « Open Label Placebo » ou « placebo sans tromperie »


qui consiste:

- à informer le patient qu'il ne contient pas d'ingrédients actifs,

- mais que les placebos ont montré une efficacité comparable aux
antidépresseurs dans le traitement de la dépression,

- avec très peu d’effets secondaires

- et que cela est expliqué par des mécanismes neuro cognitifs de


conditionnement opérant, le cerveau se « traitant lui même ».

Une étude pilote de Ted Kaptchuk, autre spécialiste mondial de l’effet placebo, en
2012 montre une amélioration pré/post sur 4 semaines mais insuffisante pour être
significative.

Une étude randomisée publiée par I.Kirsch en 2020 montre une efficacité de
l’O.L.P pour la dépression unipolaire chez les sujets de moins de 65 ans.

Dans les deux cas les auteurs concluent que des études plus nombreuses doivent
être menées. Mais jusqu’à maintenant, cela n’a pas été le cas, on peut se
demander pourquoi…Toujours les limites du financement de l’€BM quand il s’agit
de traitements non médicamenteux, la « recherche non faite » contribuant à la
« fabrique de l’ignorance » (Documentaire ARTE 2021)

Ainsi, compte tenu :

- des inconvénients des antidépresseurs (augmentation avérée des rechutes)

- de leurs effets secondaires fréquents et parfois graves (Suicides,


saignements intestinaux, hémorragies intracrâniennes, thromboses veineuses
profondes, embolies pulmonaires , diabète, AVC, epilepsie, augmentation des
décès toutes causes)

- et des questions qui se posent sur le mécanisme de leur efficacité

Le rapport bénéfice/risque de ces traitements doit être questionné, au vu des


données de la littérature récente et de la ré-analyse des études passées.

Au total, en 2021, on peut considérer que le traitement de première intention


basé sur les preuves de la plus grande partie des dépressions est une
psychothérapie combinée avec l’activité physique.

Dans les autres cas, il semble indispensable de bien peser les indications
éventuelles des antidépresseurs et d’en quantifier les effets positifs et négatifs
de manière répétée, cliniquement et avec des échelles adaptées.

F - ACTIVITE PHYSIQUE & ANXIETE

L’anxiété stricto sensu est la sixième cause de handicap global dans le monde.

Mais elle est, avec la dépression, du fait, pour elle aussi, des importantes
comorbidités, la deuxième plus coûteuse de toutes les pathologies mentales
ou physiques dans le monde, dans la première moitié de la vie;

1 - ETUDES :

L’analyse de la littérature concernant spécifiquement l'anxiété et l'activité physique


est globalement hétérogène.

En effet on trouve certes d'assez nombreuses études montrant l'efficacité de ce


traitement dans des conditions variées:

Williams en 2015 résume en écrivant que « les effets anxiolytiques de l'activité


physique ont surtout été bien documentés depuis les années 2000. Les plus
hauts niveaux d'activité physique sont associés aux plus faibles niveaux de
trait d’anxiété et à un meilleur pronostic chez les sujets anxieux. »

De Mello 2013: « Les personnes qui n'ont pas de pratique physique régulière ont
deux fois et demi plus de risques de présenter des signes d’anxiété
comparativement aux pratiquants réguliers. »

Mac Mahon 2017: « l'activité physique régulière est associée avec une meilleure
santé mentale et un meilleur bien-être » dans une étude sur 11 000 adolescents
issus de 268 écoles dans 10 pays d'Europe (avec anxiété et activité physique
évaluées par questionnaire)

Kandola 2018 : Les personnes qui pratiquent le plus d'activités physiques

- ont un risque réduit de présenter un désordre anxieux

- présentent moins fréquemment des symptômes d’anxiété

- et ces symptômes sont moins sévères.

LeBouthillier 2016 « Les plus bas niveaux de condition physique sont associés à
une plus grande réduction des symptômes de stress post-traumatique et
d’anxiété par l’AP. »

LeBouthillier en 2017, « l’exercice aérobie et l’exercice en résistance améliorent


des composantes différentes et complémentaires de l’anxiété. »

« La condition physique permet de prédire la réduction de la détresse


psychologique générale dans les deux types d’entraînement. »

Globalement, les interventions par l’exercice qui améliorent la condition


physique réduisent les niveaux d’anxiété.

2 - META-ANALYSES :

Les résultats des méta-analyses montrent des tailles d’effet modérées :

Méta-Analyse de Bartley en 2013 : « Les preuves actuelles ne valident pas


l’utilisation de l’exercice aérobie comme un traitement dans les désordres anxieux
comparé aux conditions de contrôle."

Revue de 2015 de Stonerock : « Les résultats de 12 essais controlés randomisés


suggèrent une efficacité de l’exercice dans des groupes sélectionnés, semblable
à celle des traitements habituels et supérieure à celle du placebo. »

Revue de Mochkovitch 2016 : huit études évaluant les effets de l'activité physique
chez des sujets âgés en bonne santé ont montré que l'activité régulière et
supervisée était directement reliée à une diminution des signes d’anxiété.

Méta-analyse de Gordon 2017: L’entrainement en résistance améliore


significativement les signes d’anxiété, aussi bien parmi les personnes en bonne
santé que chez les malades psychiatriques.

Méta-Analyse 2017 de Stubbs (Six essais controlés randomisés incluant 262


adultes):

«  L’exercice diminue significativement les symptômes d’anxiété par rapport


aux conditions de contrôle avec une taille d’effet modeste (SMR -0,582 ) »

3 - EFFETS DES ANTI-DÉPRESSEURS sur l’ANXIETE

Cependant, les résultats de l’AP sont meilleurs que pour les antidépresseurs:

Concernant l'effet des antidépresseurs dans l’anxiété, Irving Kirsch a obtenu, à


nouveau grâce a la loi américaine sur la liberté de l’information ( Freedom
Information Act) , l'ensemble des données publiées et non publiées, pré et post
marketing détenues par GSK sur l'efficacité de la Paroxetine dans le traitement
de l’anxiété: Le SMD était de 0,27.

Ensuite, Roest, en 2015 a analysé les données de la FDA concernant les essais
pré-marketing de 9 antidépresseurs de seconde génération dans le traitement des
désordres anxieux : Le SMD était de 0,33.

Sugarman 2017: L'ensemble des études menées sur tous les antidépresseurs et
tous les troubles anxieux montre des tailles d'effet entre 0,26 et 0,39

Ainsi, les antidépresseurs ne sont pas plus efficaces pour traiter les désordres
anxieux que pour la dépression.

Mais pour le moment, les données concernant l’activité physique ne montrent pas
suffisamment de rigueur scientifique pour établir des recommandations pour des
niveaux d'anxiété élevée.

Il manque encore des essais randomisés controlés de qualité et portant sur de


grandes cohortes pour édicter des recommandations basées sur les preuves.

Par contre, les données empiriques et les études observationnelles vont toutes
dans le même sens :

Compte tenu des effets avérés, destructeurs, de l’anxiété et de l’abus des


anxiolytiques sur la santé globale et la qualité de vie, des co-morbidités, y compris
psychiatriques, et de la sur-mortalité associée, il est urgent de prendre en compte
les potentialités importantes de l’AP, au moins comme traitement adjuvant dans
le champ des troubles du spectre anxieux et a fortiori dans leur prévention
primaire et celle des rechutes. .

4 - EFFET du STRESS sur L’AP :

Dans la plupart des études prospectives, le stress psychologique prédit à 80%


une moindre activité physique et des comportements sédentaires plus
fréquents ( Inhibition comportementale = Comportement contradaptatif). Dans des
situations de crise personnelle ou d’augmentation du stress, la charge mentale
accrue ne permet plus à beaucoup de personnes de trouver l’énergie ou la volonté
pour une pratique régulière de l’AP.

Cela concerne aussi bien :

- le stress secondaire à des événements de vie

- que l’anxiété intrinsèque.

Cela est vrai aussi bien :

- pour le stress aigu

- que pour le stress chronique,

Et ce, quels que soient l’âge et le sexe .

D’un autre coté, 15 à 20% des études montrent l’inverse : Certains sportifs, en
effet, maintiennent ou augmentent leur activité dans ces conditions (Activation
comportementale). Il s’agit d’une adaptation instinctive naturelle.
(comportement-médicament)

En fait, les sujets habituellement actifs ont plus tendance à utiliser l’AP pour
gérer leurs stress alors que les sujets non ancrés dans le « cercle vertueux de
l’AP » la réduisent plutôt.

C’est pourquoi l’association à des techniques de gestion du stress permettrait


d’augmenter l’efficacité des programmes d’incitation à l’activité physique
chez les personnes en bonne santé et, a fortiori, chez les patients psychiatriques.

Elle doivent être proposée systématiquement dans les interventions en situation


réelle qui ont cet objectif, quel que soit la population visée.

Enfin il est toujours étonnant de voir la capacité de résistance psychologique de


nombreux sportifs. Il se pourrait qu’il y ait plus de « burn out », pour cette raison,
dans cette population.

G - ACTIVITE PHYSIQUE & PSYCHOSES

1 - ETUDES :

BMC Psychiatry 2014: L’étude n’a pas permis d’obtenir une augmentation
significative des niveaux d'exercice physique et logiquement, elle ne montre pas
d'amélioration notable de l’indice de masse corporelle, de la condition physique et
des signes psychiatriques.

Malchow (Etude 2015) met en évidence une réduction significative des signes
psychiatriques chez des schizophrènes pour 90 minutes d'exercice modéré à
intense par semaine (Taille de l'effet 0,72) . Il y avait aussi, avec ce niveau
d’exercice, une amélioration significative des co-morbidités et des performances
cognitives.

Soundy et Stubbs (Etude 2015) dans une étude assez hétérogène car incluant tous
types d’activités, en particulier des sports collectifs et l’équitation, obtient une
réduction du « Score de signes positifs et négatifs » de 2,4 à 7,4 points et une
amélioration de la qualité de vie.

Dauwan (Revue 2016) conclut que l'exercice physique de toute nature est un
traitement adjuvant à niveau de preuve robuste pour améliorer :

-les signes cliniques positifs (0,32) comme négatifs (0,49),

-la qualité de vie(0,55),

-le fonctionnement global(0,32),

-les symptômes dépressifs(0,55)

mais pas d’effet sur la cognition.

J.Firth (Revue 2017) montre une amélioration significative de la cognition globale


avec l’exercice dans la schizophrénie (taille de l'effet : 0,43 avec une très faible
hétérogénéité des RCT) mais surtout que les niveaux les plus élevés
d’entraînement ( en particulier quand il est supervisé par des professionnels du
sport ) sont associés avec les améliorations les plus nettes de la cognition globale
(taille de l'effet : 0,47). Cela concerne la mémoire de travail (0,39), l'attention et la
vigilance (0,66) ainsi que la cognition sociale (0,71).

Par contre, la vitesse de la pensée, la mémoire verbale et visuelle, le raisonnement


et la résolution de problèmes n’ont pas été améliorés significativement.

2 - ETUDES PREMIER EPISODE:

Dans un autre registre, l’équipe de J.Firth a conçu en 2016 un programme


d’exercices pour 31 personnes âgées de 18 à 35 ans, présentant un premier
épisode psychotique, qui avaient été envoyées pour traitement dans un centre
local dédié à la maladie mentale.

Les sujets ont fait 107 minutes d’entraînement physique vigoureux chaque
semaine pendant 10 semaines. Les données ont montré une réduction de 27%
des symptômes psychiatriques dans le groupe d’exercice, ce qui représentait
une amélioration significative par rapport au groupe témoin. Leurs fonctions
cérébrales ont également connu une amélioration, accompagnée d’une légère
perte de poids corporel.

Une deuxième étude du même, en 2018, toujours pour un premier épisode


psychotique sur 28 sujets de18 à 35 ans : 124 mn d’exercice modéré à intense
spontanément choisi par semaine.

- Après 10 semaines: réduction des symptômes, des troubles cognitifs et


amélioration du fonctionnement social.

- Après 6 mois: La réduction des symptômes n’a persisté que chez ceux qui
avaient continué l’entrainement (55%) et chez les autres, les symptômes avaient
ré-augmenté.

3 - SANTE GLOBALE:

Les patients atteints de maladie mentale sévère ont des taux de mortalité deux à
trois fois supérieurs et une espérance de vie raccourcie (entre 11 et 18 ans
selon les études) par rapport à la population générale.

Alors que la mortalité a baissé régulièrement dans la population générale sur les
dernières décennies, il n’y a eu aucune évolution similaire dans la population des
patients présentant des pathologies psychiatriques graves.

Les taux de morbidité sont également beaucoup plus élevés que dans la
population générale. En particulier ces patients ont des niveaux plus élevés de
maladies cardio-vasculaires, métaboliques, de diabète et de troubles
respiratoires.

La génétique peut jouer un rôle, mais cela est principalement lié à des facteurs
de mode de vie comme le tabagisme, l’obésité, une nutrition inadéquate et le
faible niveau d'activité physique, combinés à une importante sédentarité.

De plus les effets secondaires de certains de leurs traitements contribuent aux


problèmes de santé de cette population.

En résumé, l’AP a au moins un rôle adjuvant dans le traitement des psychoses,


en particulier dans l’amélioration des fonctions cognitives, mais aussi sur les
symptômes positifs et négatifs et sur la dépression.

Elle devrait en fait être systématiquement utilisée du simple fait de son effet
avéré sur les comorbidités nombreuses et l’espérance de vie réduite de ces
patients.

H - MECANISMES des EFFETS MENTAUX de l’ACTIVITE


PHYSIQUE

1 - LE « MODÈLE BIO-PSYCHO-SOCIAL DES BIENFAITS


PSYCHOLOGIQUES DE L’ACTIVITÉ PHYSIQUE »

(Poirel 2017, John 2020)

Il permet de mieux appréhender le phénomène complexe du rapport de l’être


humain à l’activité physique en tant que comportement et les effets en retour de
celle-ci sur celui-là.

Ce modèle englobe la biologie, la physiologie, la génétique, la psychologie et les


aspects socio-culturels et environnementaux.

Les effets psychologiques positifs de l’activité physique peuvent s’expliquer par :

- des modifications biologiques : les preuves des effets neuro-biologiques de


l'exercice sont de plus en plus nombreuses et documentées (ex. : diminution de
la tension nerveuse, augmentation du niveau d’énergie, activations hormonales,
activation de neurotransmetteurs mimant l’effet des anti-dépresseurs,
augmentation de la neurogénèse hippocampique),

- des effets psychologiques (ex. : modification des pensées, amélioration de


l’image de soi et de l’estime de soi, augmentation du sentiment d’efficacité
personnelle, modification des performances cognitives (mémoire, concentration,
résolution de problèmes) et meilleure régulation émotionnelle,

- et par le contexte social (relation avec autrui ou le groupe).

L’évaluation cognitivo-émotive des sources de tension, internes ou externes,


suscite des réactions somatiques par l’intermédiaire du système nerveux
sympathique.

- Cela génère des stratégies d’ajustement orientées vers la résolution du


problème et la régulation des émotions.

- Celles-ci influencent en retour l'évaluation cognitivo-émotive et modulent les


réactions somatiques.

C'est à tous ces niveaux, cognitif, psychologique, neurologique et neuro-végétatif


mais aussi par les dynamiques interpersonnelles que l'activité physique va
permettre une amélioration et une optimisation des stratégies d’ajustement.

Notons que si l’évaluation cognitivo-émotive des sources de tension internes ou


externes se fait en millisecondes, la perception de menace peut perdurer sous
forme de pensées envahissantes, d’anxiété et de tensions nerveuses pendant de
longues périodes.
Selon ce modèle, c’est lors de ce processus dynamique d’appréciation des enjeux
qu’interviennent les vertus de l’activité physique.

- Ainsi, une séance unique d’activité physique produit un effet sur le corps à court
terme lors du retour au calme, par l’entremise du système nerveux
parasympathique qui diminue la tension nerveuse, favorisant une détente, non
seulement physique, mais aussi mentale, en sus d’un effet énergisant. Mais
nous verrons qu’il faut pour cela, que l’intensité soit en dessous du seuil
anaérobie.

Ces effets, qui peuvent durer entre deux et sept heures selon les études,
améliorent la concentration, la mémoire, la capacité à résoudre des problèmes, la
régulation émotionnelle et l’humeur.

- Et, lors d’une pratique régulière,

• l’augmentation de la condition physique,

• l’augmentation du tonus parasympathique et des neurotransmetteurs des


systèmes de récompense,

• la diminution des hormones et neurotransmetteurs du stress,

• l’amélioration de la santé générale,

• la meilleure récupération face aux stress psychosociaux,

augmentent le sentiment d’efficacité personnelle, améliorent l’image de soi,


l’estime de soi et la confiance en soi.

Cette séquence finit par produire des ressources cognitives permanentes qui
influencent positivement le processus transactionnel d’évaluation cognitive devant
les sources de tension internes ou externes.

Ces processus adaptatifs physiologiques seront ensuite plus facilement


reproduits par le cerveau en situation de stress, avec une meilleure réactivité, ce
qui permet aux processus adaptatifs psychiques de se mettre en place plus
facilement, plus précocement et avec une meilleure efficacité.

L’activité physique oriente ainsi, sur le long terme, vers la santé mentale optimale,
qui ouvre la voie à de meilleures capacités d’adaptation.

De plus, en observant de tels effets positifs chez autrui, la pratique de l’activité


physique peut devenir plus attrayante et accessible pour soi (une forme de
vicariance).

L’élément fondamental est que, si les réactions physiologiques en chaîne qui se


produisent lors d’une séance d’activité physique sont comparables à ce qui se
produit en situation de stress, la différence vient du fait qu’en situation d’activité
physique adaptée (cf infra), la personne n’est PAS confrontée à une détresse
psychologique.

De plus la situation n’étant pas subie mais choisie, les processus d’adaptation
peuvent se mettre en place de manière optimale.
2) LES MECANISMES NEURO-PHYSIOLOGIQUES

L’APR est un « ADAPTOGÈNE » PHYSIQUE et PSYCHIQUE

La stimulation répétée, par l’activité physique, des mécanismes neuro-


hormonaux d’adaptation homéostatique à l’exercice lui même (hydratation,
glycémie, hormones, neurotransmetteurs, production d’énergie, élimination des
déchets) et aux conditions extérieures (température, humidité) entraine une
optimisation du fonctionnement de l’axe psycho-neuro-endocrino-
immunologique qui gouverne notre capital santé.

Cela est en particulier la conséquence de son effet (mesurable par la variabilité de


la fréquence cardiaque) sur la balance ortho/parasympathique, au profit du
système parasympathique.

Celui-ci joue un rôle déterminant sur l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien


sur l’inflammation, sur la fonction vasculaire, aussi bien que sur la neuro-
plasticité, sur le microbiote autant que sur l’immunité ou l’équilibre mental.

Ces sont des éléments à prendre en compte, dans la mesure où beaucoup de


pathologies psychiatriques acquises ont une composante de trouble de
l’adaptation.

Les mécanismes des effets bénéfiques de l’activité physique sur le cerveau sont
de mieux en mieux connus. Ils concernent :

- la plasticité synaptique,

- la synaptogénèse,

- la neurogénèse

- et l’angiogénèse

- ainsi que l’augmentation de l’astroglie.

Le principal médiateur de la neuroprotection associée à la production de


neurotrophines est l’IGF-I. En effet, l’IGF-I est une hormone qui a un effet
neurotrophique très puissant. De plus, elle joue un rôle de médiateur dans la
plupart des effets de l’exercice musculaire sur le cerveau (augmente l’entrée du
calcium, du glucose...).

L’exercice augmente sa synthèse cérébrale et sa captation par le cerveau.

Elle a des effets directs sur la plasticité cérébrale et l’angiogénèse mais elle stimule
aussi la synthèse de Brain Derived Neurotrophic Factor (BDNF) et dont elle
module également les effets en aval.

Certaines myokines produites par le muscle lors de son fonctionnement ont à la


fois un effet sur l’IGF1 et sur le BNDF.

Mais, plus globalement, les effets de l’AP sur le cerveau et la santé mentale se font
par l’intermédiaire du système neurovégétatif ainsi que de l’axe hypothalamo-
hypophyso-surrénalien, tous deux stimulés positivement par l’AP.

Le nerf vague, particulièrement, y joue un rôle déterminant, par ses effets


ubiquitaires :

- sur l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, (Stress)

- sur le système cardio-vasculaire (Adaptation à l’exercice, axe coeur-cerveau)

- sur la neuro-plasticité (Adaptation)

- sur le microbiote intestinal (Axe intestin-cerveau)

- sur l’immunité (Erreurs de réplication, inflammation)

- il réduit également l’inflammation par son action anti TNF alpha (Hypothèse
inflammatoire de l’origine de la dépression).

- Et intervient dans la régulation de l’humeur et des émotions, car il module la


neurotransmission (sérotonine, noradrénaline, dopamine, ocytocine).

I - PRESCRIPTION de l’ACTIVITE PHYSIQUE

A - EPIDEMIOLOGIE :

- Selon l' enquête Eurobaromètre de 2017, les Français sont de moins en moins
nombreux à pratiquer une activité sportive régulière ou assez régulière
depuis 2009.
- Ils sont aussi de moins en moins nombreux à pratiquer une activité physique
du quotidien (Déplacement, jardinage, danse…).
- Par contre le temps de sédentarité augmente.
- Ils étaient 48% en 2009, parmi les individus de 15 ans et plus, à déclarer faire
du SPORT au moins une fois par semaine ; ils ne sont plus que 43% en 2017 .

- Tout aussi inquiétant : 46% des Français (+12 points depuis 2009) déclarent
ne jamais faire de SPORT, surtout les ouvriers, les demandeurs d’emploi, les
retraités et les femmes (et hommes) au foyer qui ont le chiffre le plus élevé : 65%

Cela recouvre des disparités socio-économiques : La régularité de la pratique


continue aujourd’hui d’augmenter en fonction du niveau de diplôme ou de
revenus.

En réalité, malgré de gros progrès ces dernières années, l’offre sportive, en


France, n’est toujours pas adaptée à la pratique de masse non compétitive.

B - Les MOTIVATIONS À LA PRATIQUE varient considérablement selon les


individus:

- L’amélioration de la condition physique, éventuellement adaptée à un objectif


particulier

- La santé

- Et la détente / gestion du stress


sont les principales motivations. Mais sont citées aussi :

- La performance,

- la poursuite de l’excellence,

- la compétition
- le plaisir,

- l’amélioration personnelle,

- la réussite dans une activité particulière,

- la perte de poids,

- le développement de compétences,

- la reconnaissance sociale ou la socialisation

- servir de modèle pour un proche

- etc…

Ces motivations peuvent évoluer dans le temps pour un même individu.

Il faut donc déterminer en priorité avec le patient sa ou ses motivations pour


l’accompagner efficacement et de manière adaptée

C - Les BARRIERES :

Les recherches dans ce domaine mettent en évidence les profondes résistances


à l’activité physique dans de larges parties de la population qui mènent
pourtant, pour la plupart, des vies sédentaires et qui sont justement le plus à
risque de problèmes psychologiques et de maladies, en particulier cardio-
métaboliques mais pas seulement.

Les barrières à l’exercice les plus couramment invoquées sont :

- le manque de temps ( 40%)


- le manque de motivation ( 20%)
- la météo
- le coût

- le manque de plaisir ou de réussite,

- le manque de condition physique,

- la proximité et la facilite d’accès des structures ou lieux de pratique

- le manque de connaissances de l’entrainement ou de l’activité

Etc…

Mais quand on voit que ce sont souvent les gens qui ont le plus de temps
disponible qui pratiquent le moins, on comprend bien, et c'est confirmé par
l’expérience quotidienne, que la motivation est la « mère » de toutes les raisons
de pratiquer ou non une APR.

Ainsi, faute de prise en charge adéquate, parmi les gens qui n'ont aucune pratique
physique :

- Il faudra d'abord convaincre de la nécessité absolue d’une pratique régulière,

- une partie importante des patients va promettre de le faire mais ne va pas le


faire,

- une partie va démarrer l'entraînement mais pas le continuer,

- et enfin il faut admettre qu’un pourcentage non négligeable de personnes n’


est intéressé par aucune forme d'activité physique organisée ou
recommandée.

Pour commencer il faudra donc, après avoir déterminé les motivations, aider les
patients à faire la part entre barrières réelles et barrières perçues.

D- LES SOLUTIONS

Les résistances liées aux barrières perçues peuvent alors être limitées par :

- un choix d’activité (s) adaptée(s),

- un choix d’intensité personnalisé

- une stratégie réaliste,

- la fixation avec le patient d’objectifs réalisables, non en terme de performance


mais de progrès,

- l’éducation et l’information

- un accompagnement et un suivi attentifs et personnalisés,

- le travail en équipe, en réseau, (EFORMIP, REPOPen Midi-Pyrénées) en


particulier avec des professionnels du sport formés à cette tâche spécifique,
améliorent nettement l’adhérence et réduit les abandons.

Et des aides y contribuent comme :

- les montres, connectées ou non,

- les videos ou tutoriaux,

- les carnets d’entraînement

- la musique, les podcasts,

- les films ou séries ou les simulations pour les activités en intérieur

- la réalité virtuelle

- Etc…

E- PSYCHOLOGIE
Sans rentrer dans les finesses des stratégies de changement, les barrières à la
pratique recouvrent plusieurs causes psychologiques :

1) La psychologie du choix et le biais de préférence pour l’inaction : Si on


veut engager efficacement quelqu’un dans une activité, il faut que la
personne ait le choix entre deux actions et non pas entre l’inaction et
l’action. Sinon, c’est toujours l’inaction qui l’emporte, même si elle a un
coût supérieur, même financier, même dans les catégories à faibles revenus.

Les salles de sport font fortune en utilisant ce trait, avec leurs abonnements à
l’année si attractifs…et au bout de quatre mois, seuls 50% des gens persévèrent
(et 30% à six mois). Ce comportement persiste, étonnamment, même avec un
abonnement mensuel résiliable…

2 - Les croyances/ le manque d'information : Certains pensent à tort que,


s’ils persistent dans un mode de vie à risque, ils mourront simplement plus tôt et
sans souffrance. Il existe un déni ou une cécité psychique au sujet du risque
beaucoup plus probable:

- d’une baisse de qualité de vie importante et prolongée

- voire d'un risque de handicap physique et/ou mental parfois très lourd et
entrainant de nombreuses années de dépendance.

3- La problématique de toute prévention, c’est à dire faire un effort


maintenant et tout le temps pour réduire un risque incertain et lointain.

4- Bien sûr, chez les malades, en particulier psychiatriques, le manque de


motivation et/ou d’énergie explique souvent les échecs.

Mais, là aussi, l’expérience quotidienne montre que des sujets très fatigués
peuvent pratiquer une activité adaptée, même pendant une chimiothérapie par
exemple.

Et d’autre part, dans les études d’intervention avec l’AP chez les patients
psychiatriques, une très bonne adhérence peut être obtenue, surtout si l’activité
est encadrée par des professionnels du sport.

5 - Des études récentes suggèrent également que la motivation


des médecins joue un grand rôle. Il y aurait un a-priori favorable théorique de la
part de beaucoup de médecins, mais une difficulté à sa traduction dans la réalité
de l’exercice quotidien. Et une partie des médecins serait plutôt peu motivée, voire
non convaincue, en particulier au sujet du rapport bénéfice risque de l’AP pour la
santé.

6 - La prise en compte de la notion de plaisir ( et de l’absence de


déplaisir) pris à l’activité est un élément clé pour améliorer l’adhérence et réduire
les abandons, bien plus que les éléments rationnels.

Le rôle des premières séances est ainsi déterminant.

En effet, les individus engagés dans la pratique régulière d’une activité physique
soutenue rentrent dans un cercle vertueux liant l'activité physique et la motivation
de manière bidirectionnelle:

- d’un côté, l'entraînement conduit à une amélioration de la motivation

- et de l'autre côté, l'amélioration de la motivation conduit à une facilitation


réciproque du maintien de l'activité physique dans le temps.

Pourtant, puisque toutes les personnes qui pratiquent une APR sont censées
ressentir un bien être qui les pousse à continuer, la question est de savoir pourquoi
une majorité de la population ne pratique pas ou plus d’activité physique, même si
beaucoup ont essayé ou pratiqué un certain temps.

Bien sûr, il est beaucoup plus facile d’arrêter que de reprendre (Préférence pour
l’inaction oblige)…

La réponse se trouve peut être aussi en partie dans l’évolution des affects pendant
les premières séances, qui a été bien étudiée dans cet article :

7 - P. Ekkekakis « l’exercice fait du bien aux gens mais ils restent inactifs :
Paradoxe ou artefact ?» :

Aussi bien les sciences du comportement que la psychologie sociale ou les


neurosciences ont montré que les affects jouent un rôle central dans la prise de
décision et, en particulier, celle de démarrer et de poursuivre une activité physique
régulière:

« Si c’était si agréable que cela pour tout le monde, tout le monde en ferait ».

C’est le cas par exemple pour d’autres activités humaines unanimement


reconnues pour être agréables comme manger quand on a faim , se reposer
quand on est fatigué, ou avoir des relations sexuelles…

Pendant longtemps, les études menées sur les conséquences affectives d’une
session unique d’AP :

- Ont pu systématiquement négliger les éventuels affects négatifs induits par


cette séance, sous prétexte qu’ils étaient transitoires et suivis d’un rebond
d’affects positifs.

- Ou bien le fait de s’intéresser seulement à l’avant/après exercice a pu empêcher


de dépister des effets négatifs pendant l’exercice. Alors qu’il apparait que la
réponse affective post-exercice dépend fondamentalement de processus affectifs
initiés pendant l’exercice. Il a en effet été démontré qu’un exercice d’intensité
modérée (chez certains) et une exercice intense (chez presque tout le monde)
peuvent entrainer un plaisir décroissant pendant l’exercice, suivi d’un rebond à
l’arrêt. Ainsi, il est très possible que les effets supposés être liés à l’activité elle
même reflètent plutôt les effets de l’ARRET de l’effort (= cessation d’un état
déplaisant).

- Ou bien les études n’ont pas quantifié ces effets négatifs, car les
questionnaires utilisés n’étaient pas adaptées à l’AP (Profile Of Mood States et la
sous-échelle d’anxiété de l’Inventaire de Trait d’Anxiété). Même la conception
d’outils spécifiques adaptés à l’AP a été questionnée dans sa capacité à explorer
l’intégralité du spectre affectif de l’AP.

- Certaines études ont pu négliger le « pendant » pour des raisons pratiques,


liées à la difficulté de remplir un questionnaire, souvent long, pendant l'exercice.
Les échelles, bien que moins précises, permettent d’explorer ces paramètres en
temps réel de manière efficace et représentent un bon compromis entre fiabilité,
précision et faisabilité. Elles permettent d’obtenir une représentation fiable et
exhaustive de toutes les composantes de la trajectoire de la réponse affective
pendant et après un entrainement.

- Ou bien ces études ont été réalisées sur des jeunes étudiants, limitant la
possibilité de généraliser à d’autres populations, plus âgées ou sujettes a des
douleurs ou en surpoids, et dans des conditions réelles.

- Ou bien parce qu’on a décidé sans raison que les modifications affectives entre
avant exercice et après évoluent de façon linéaire. Or, la réaction affective
évolue de manière non linéaire. Ainsi, il a été montré que, pendant un protocole
d'exercice et la récupération qui s’ensuit, les participants passent par tous les
stades affectifs et tous les niveaux de stimulation.

- Ou parce que l’intensité de l’exercice n’a pas été personnalisée de manière


suffisante en fonction du seuil anaérobie. On sait maintenant que les
intensités sous le seuil anaérobie sont plus susceptibles d’entraîner une
augmentation du plaisir pendant l’exercice alors que, au delà du seuil anaérobie
il y a souvent une diminution progressive du plaisir.La variabilité inter-
individuelle est réduite quand l'intensité est soit faible ( la plupart des
individus rapportent des changements affectifs positifs), soit élevée (la plupart
des individus rapportent des changements affectifs négatifs), mais elle est très
présente entre ces deux extrêmes, c’est à dire autour du seuil anaérobie, qui
peut être très bas chez des sujets sédentaires.

- C’est pourquoi l’analyse seulement au niveau d’un groupe a pu dissimuler


des schémas très différents à l’échelle des individus. En effet, Il est avéré
qu’un même exercice physique peut produire des changements affectifs positifs
chez certaines personnes mais négatifs chez d’autres :

• même si le stimulus d'exercice est de la même nature-durée-intensité

• même si les participants sont du même sexe, ont le même âge

• et ont le même niveau de santé et de condition physique (C’est le niveau du


seuil anaérobie qui varie).

Ainsi, la réponse affective à une séance d’exercice est sujette à des influences
multiples selon les caractéristiques physiologiques et psychologiques des
participants, la demande physiologique de l’exercice, l'environnement physique
et social et une multitude d'autres éléments, formant un réseau complexe
d'interactions.

Les implications de cette relation entre l'affectivité et l'exercice ont un intérêt


considérable dans la prescription d’activité physique et dans la problématique
de santé publique de la non-adhérence et de l’abandon des programmes.

Il faudra donc tout faire pour que chaque patient pratique ses premières séances à
un niveau d'intensité personnalisé, parfois très faible, générateur d’un minimum de
plaisir.

9 - Bien sûr les autres facteurs psychologiques vont jouer un rôle


déterminant dans la poursuite de l’entrainement :

La séquence décrite par le Modèle Bio-Psycho-Social, qui joue un rôle majeur


dans l’amélioration des ressources cognitives d’adaptation au stress et dans la
prévention des dépressions par l'AP, joue également un rôle dans la motivation à
poursuivre l’AP, en association avec

- la prise de conscience des bénéfices ressentis (qui ne va pas de soi)

- la valorisation des progrès obtenus.

- et la valorisation sociale de l’AP.

F- LA PRESCRIPTION DE L’ACTIVITÉ PHYSIQUE EN MÉDECINE

L’efficacité des médecins dans la prescription d’exercice peut être questionnée,


en relation, selon les cas, avec :

- leur manque de formation et leurs connaissances pratiques insuffisantes ou


absentes sur l’exercice, l’entrainement et leur prescription

- et/ou sur les techniques de motivation et d’accompagnement du


changement personnel

dont les conséquences sont aggravées par:

- l’absence de pratique sportive personnelle actuelle ou passée

- et parfois le manque de temps pour le suivi, déterminant dans ce domaine.

C'est une compétence qui requiert effectivement des connaissances dans des
domaines variés, médicaux, psychologiques, physiologiques, sportifs, voire
nutritionnels.

Et qui nécessite au mieux une pratique sportive personnelle pour être crédible.

Une motivation personnelle et une conviction sans failles pour être convaincant.

Une opiniâtreté et une grande patience pour faire face aux échecs et aux
abandons.

Une grande persévérance dans le suivi, nécessaire pour accompagner le patient


à chaque étape jusqu’à l’autonomie, auto-entretenue par l’effet « cercle vertueux ».

Pour toutes ces raisons, la prescription d’exercice se rapproche, par certains


aspects de l’addictologie

Une fois déterminées les motivations, contournées les barrières et levées les
résistances, le moment est venu de la prescription d’exercice.

1 - CHOIX d’ACTIVITE

Il est important que le choix émane du patient.

a- Pour ceux qui n’ont pas de CHOIX PRÉDÉTERMINÉ:

Quelle (s) activité(s) physique(s) avez-vous déjà pratiqué?

Quel type de sport vous conviendrait?

Seul ou en groupe?

Une ou plusieurs?

En salle, à domicile ou en extérieur?

b- Pour TOUS :

Quel temps pouvez-vous y consacrer?

Quel jour(s) et à quelle heure?

Comment voyez-vous les choses en pratique?

Quels sont les obstacles ?

c- Le TYPE D’ACTIVITE:

Priorité à l’exercice aérobie, complété idéalement par du renforcement


musculaire et/ou des exercices neuro-moteurs suivant l’âge.

Vélo Elliptique (Cross trainer) et course à pied ont le meilleur rapport temps
passé/efficacité mais celle-ci peut générer des blessures et nécessite une grande
progressivité alors que celui-là est très doux et accessible à tout le monde avec
une meilleure possibilité de gérer l’intensité, mais encombrant à domicile.

Certains préfèrent les activités en salle où il sera plus facile, mais pas toujours,
d’avoir un encadrement et de pratiquer des activités complémentaires (Aérobie/
renforcement).

La marche , la marche nordique sont accessibles à beaucoup et faciles à


moduler en durée et en intensité. La randonnée à pied, à ski ou en raquettes
sont intéressantes mais il faut beaucoup de temps .

Le cyclisme est plus progressif sur le plat ou en intérieur que la course mais
prend aussi du temps et le risque de chute et d'accident est non négligeable.

La reprise d’un sport collectif ne peut se faire qu’après une phase de préparation
physique.

Le PIlates , le Yoga, Le Tai Chi sont des exercices neuro moteurs très utiles en
complément quand ils sont bien pratiqués.

L’apport d’un coach personnel ou non est toujours précieux.

En fait l’important est que le patient pratique une activité qui lui fait envie et lui
procure du plaisir (cf infra) tout en augmentant sa dépense énergétique.

Quitte ensuite à trouver des solutions pour augmenter l’intensité : L’objectif est
quand même de suer et de respirer plus profondément qu’au repos !

2 - « AUTOUR » de L’ACTIVITE

Intensité confortable, auto déterminée +++, jamais d’ affects négatifs et si


possible au moins un peu de plaisir.

Echauffement toujours indispensable: Commencer doucement.

Retour au calme nécessaire

Etirements doux après, systématiques

Respiration abdominale

Alimentation adaptée pendant les activités prolongées

Nutrition du quotidien à aborder

Carnet d’entrainement

Prévention des blessures et morbidités (matériel adapté, technique correcte,


bilan médical adapté à l’activité)

Principes d’entrainement et de récupération

- Les règles de base :

• Régularité,

• Continuité,

• Progressivité (pour débuter et ensuite),

• Adaptation ( A l’état d’esprit du moment, au ressenti, aux conditions extérieures)

- En cas d’entrainement plus soutenu, plus de deux fois par semaine:

• Alternance des charges (Facile/Plus difficile)

• Récupération: Après une séance intense et/ou prolongée , la suivante est courte
et aisée.

• Spécificité : Chaque séance a un objectif

• Balance Volume/ Intensité : La quantité diminue quand l'intensité augmente et


si on augmente la durée, l’intensité ne change pas.

3 - QUELLE QUANTITE?

Il est difficile d’obtenir un consensus dans la littérature scientifique concernant la


durée et l’intensité de l’activité physique nécessaires pour maximiser les bienfaits
psychologiques, principalement en raison des limites sur le plan méthodologique.

- La tendance naturelle de toute composante de la condition physique est de


se dégrader, à une vitesse variable selon les cas, si elle n’est pas stimulée,
comme toute les autres fonctions de l’organisme.

- De plus, la nature même des mécanismes d’adaptation fait que, si l’on


n’augmente pas régulièrement les stimuli, il s’ensuit un déconditionnement
relatif dans le temps, bien sûr plus lent qu’en l’absence de toute activité.

- Il est plus facile et rapide de se déconditionner à l’effort que de développer


sa condition physique. Après tout, cela est également vrai dans de nombreux
domaines, par exemple dans le domaine financier…

Mais l’extraordinaire adaptabilité de l’organisme fait que le déconditionnement à


l’effort est réversible à tout âge par un entraînement adapté.

- L’AP a un effet mesurable sur la condition physique et donc sur la santé à la


condition d’être pratiquée de manière régulière et continue .

- La progressivité portera toujours en premier lieu sur la DUREE et jamais sur


l’intensité.

- Les recommandations de l’OMS pour l’activité physique chez l’adulte et les


sujets âgés en prévention sont :

• Au moins 150 minutes par semaine d’activité d’endurance d’intensité


modérée ou au moins 75 minutes par semaine d’activité d’endurance
d’intensité soutenue, ou une combinaison équivalente d’activité d’intensité
modérée et soutenue.

• L’activité d’endurance devrait être pratiquée par périodes d’au moins 10


minutes.

• Pour pouvoir en retirer des bénéfices supplémentaires sur le plan de la


santé, les adultes devraient doubler ces chiffres

• Des exercices de renforcement musculaire faisant intervenir les principaux


groupes musculaires devraient être pratiqués au moins deux jours par
semaine.

- Une étude sur une cohorte de 416 000 individus menée à Taiwan aboutit à
une recommandation d'un minimum de 15’ par jour ou 90’ par semaine
d’activité à intensité modérée .

- Et la méta-analyse de Zeljko Pedisic sur course à pied et mortalité (2019) déjà


citée apporte de bonnes nouvelles :

Pour des coureurs ayant un rythme supérieur ou égal à 10 km/h. Leur dépense
énergétique a un effet préventif suffisant s’ils courent autour de 50 minutes par
semaine (25 minutes de moins que la recommandation OMS), ce qui est une
bonne nouvelle pour les nombreuses personnes pour qui le manque de temps est
le frein principal à une activité sportive régulière, car cela implique un temps passé
efficace nettement plus faible.

Nous avons vu dans une des méta analyses qu’un minimum de 20 minutes
d’activité physique à intensité modérée (léger essoufflement) à raison de 3 à 5
fois par semaine (aérobie ou musculaire), procure un effet psychologique positif.

Donc au total, les études ne permettent pas de donner des recommandations


définitives précises.

Chaque séance apporte ses bienfaits indépendamment de la condition physique.

Des effets plus durables sur la santé mentale se font sentir à partir de la 8e
semaine.

Il faut valoriser les apprentissages et les progrès plutôt que les objectifs. La
thérapie par objectifs a montré depuis longtemps ses limites.
Ainsi, il s'agit surtout d’arriver à initier une activité physique régulière, qui
convienne au patient , en commençant pour des quantités faibles, au moins une
fois par semaine, mais toutes les semaines.

En fait tout exercice produit des progrès. D'ou l’intérêt du carnet ou logiciel
d’entrainement pour la valorisation des progrès

Quand le patient est rentré dans le cercle vertueux de l’AP, où les bénéfices
ressentis assurent la poursuite de l’entraînement, l’adhérence est maximale.

Le fait de pouvoir en faire progressivement un peu plus et de s’inscrire dans la


continuité est extrêmement valorisant (« Miel narcissique »).

Mais les risques d’arrêt sont toujours présents: il faut veiller à éviter l’arrêt
complet en cas de stress, Il est indispensable de viser le maintien d’une séance
minimum par semaine coûte que coûte, sur la durée. D’ou l’importance du suivi
prolongé.

On peut même essayer d’obtenir un accroissement temporaire du volume


d’activité (Activation comportementale adaptative = comportement-médicament ) .

C'est pourquoi il est recommandé, en particulier dans la dépression, d’utiliser la


méthode de la « prescription d'exercice basée sur les affects » (Ekkekakis 2019):

Il s'agit tout simplement de faire en sorte que le patient auto-régule sa durée et


son intensité d'exercice pour maintenir une cotation au moins égale à + 3 sur une
« échelle de plaisir » allant de +5 (je me sens très bien) à -5 (je me sens très mal).
Cela permet une adaptation en temps réel au niveau énergétique du patient.

Mais les résistances à la pratique régulière de masse sont nombreuses, autant


dans la population que parmi les soignants, autant par manque d’information
que de moyens et de motivation.

Et la prescription d’activité physique, le suivi de sa mise en place et de sa


poursuite est une vraie spécialité exigeant des compétences plurielles qui ne
sont pas enseignées aux médecins.

C’est pourquoi, malgré l’explosion des maladies liées au mode de vie et des coûts
afférents pour la collectivité, la pratique de masse de l’APR n’est toujours pas
une priorité, ni dans les politiques ni dans les moyens donnés à la recherche, ni
dans l’enseignement, de la médecine ou en général.

Cela est la cause d’un coût humain et financier démesuré pourtant en grande
partie parfaitement évitable pour un investissement bien moindre.

CONCLUSION

L'activité physique régulière et, plus globalement, l’ « écologie personnelle de


santé » physique, psychique et médicale sont les moyens les plus sûrs, d’un point
de vue épidémiologique,

- de vivre le plus longtemps possible,

- avec la meilleure santé physique et mentale possible


- et la meilleure qualité de vie possible,

compte tenu de notre génétique et des facteurs environnementaux non


modulables.

De ce point de vue, P.0. Astrand, pionnier de la physiologie du sport, à la suite de


Rowe et Kahn, à la fin des années 80, parlait déjà de vieillissement « habituel »
et de vieillissement « réussi ». Et il mettait déjà en avant le rôle de la nutrition et
de la socialisation en complément de l’APR.

L’APR a des effets psychologiques positifs démontrés qui touchent toutes les
dimensions de la santé mentale, dans des proportions variables.

L’analyse des données les plus récentes de la littérature montre de manière


incontestable, même si de nombreux points doivent être affinés, que l’activité
physique a un rôle majeur ou complémentaire à jouer et un potentiel considérable
dans la prévention, le traitement ou le pronostic de toutes les pathologies du
domaine neuro-psychiatrique, à tous les niveaux, mental, cognitif et physique,
comme traitement polyvalent trans-diagnostique, de la dépression aux
psychoses, des addictions aux troubles du comportement alimentaire ou de
l’attention, dans les pathologies neuro-dégénératives et le déclin cognitif lié au
vieillissement, ainsi que pour les nombreuses co-morbidités et la réduction de
l’espérance de vie qui en résulte.

Dans la dépression, son efficacité semble pouvoir être, dans de nombreux cas,
comparable, voire supérieure, à celle des traitements médicamenteux, avec très
peu d’effets secondaires. Les mécanismes de son action sont beaucoup mieux
connus que ceux des antidépresseurs.

Devant les preuves accumulées de la faisabilité, de l’efficacité et de la sécurité


de l’AP en psychiatrie, l'intolérable fossé qui existe quant au niveau de santé
déplorable et à la surmortalité inacceptable des malades psychiatriques par
rapport à la population générale devrait être la première motivation d'une
utilisation généralisée et systématique de l'activité physique dans le
traitement des maladies mentales de toutes natures et de toutes gravités, du
fait de son rapport coût/efficacité/effets secondaires incomparable,.

Cela permettrait aussi de réduire les posologies, les effets secondaires,


d’améliorer l’adhérence et d’accroitre l’efficacité des autres traitements.

Au lieu de continuer à questionner son efficacité, la recherche devrait s’emparer du


sujet fondamental:

Comment réussir à augmenter la pratique régulière dans la population générale


pour la prévention primaire des pathologies mentales et chez les patients
psychiatriques de toutes natures et de toutes gravités pour les préventions
secondaires, tertiaires et quaternaires.

Idéalement, cela devrait s’insérer dans une APPROCHE INTÉGRATIVE, prenant


en compte, à coté des traitements médicamenteux et en complément des
psychothérapies, l’évolution des connaissances dans des domaines aussi divers
que :

- la luminothérapie,

- la nutrition et la micronutrition,

- la méditation et les techniques respiratoires de gestion du stress

- l’hypnose

- le microbiote intestinal (biologie et traitements),

- l’inflammation,

- le neuro-feedback et la stimulation magnétique transcrânienne

- les techniques de stimulation du nerf vague etc…

Nous sommes loin d’une telle réalité, aussi bien en médecine de ville qu’en
institution ou à l’hôpital. Cela entraine un coût humain et financier gigantesque
et évitable.

Pourtant les données scientifiques et médicales sont là.

Une meilleure formation des médecins dans ce domaine, une meilleure


information des patients, soutenues par des politiques de santé plus
ambitieuses à ce sujet, permettraient d’améliorer nettement l’espérance et la
qualité de vie d’innombrables patients, mais aussi de permettre un vieillissement
optimal dans la population générale avec, à la clé, le soulagement des souffrances
de millions d’êtres humains.

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