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Le Masochisme

Frein et levier de la psychothérapie


psychanalytique

Version finale du 29/04/2013

Romy Siegrist
romy.siegrist@unil.ch

Sous la direction du Professeur Samuel BERTHOUD


Tables des matières:
1. Introduction ..................................................................................................................................1

2. Le masochisme en psychanalyse..................................................................................................2

2.1. La conception freudienne et son évolution............................................................................2

2.1.1. Première conception du masochisme selon Freud ..........................................................3

2.1.2. Après 1924 ......................................................................................................................5

2.1.3. Propositions thérapeutiques ............................................................................................7

2.2. Divergences autour de la conception psychanalytique du masochisme ................................7

2.2.1. Ferenczi...........................................................................................................................7

2.2.1.1. Propositions thérapeutiques......................................................................................9

2.2.2. Reich .............................................................................................................................10

2.2.2.1. Propositions thérapeutiques....................................................................................11

2.2.3. Nacht .............................................................................................................................12

2.2.3.1. Propositions thérapeutiques....................................................................................14

2.2.4. Reik ...............................................................................................................................15

2.2.4.1. Propositions thérapeutiques....................................................................................17

2.2.5. Apports Lacaniens ........................................................................................................17

2.2.5.1. Propositions thérapeutiques....................................................................................18

3. Débats actuels sur le masochisme dans la psychanalyse française ............................................18

3.1. La conception de Jeammet ..................................................................................................19

3.2. Problème de la cure : la position masochique comme frein et levier à la thérapie .............20

3.2.1. Propositions de traitement.............................................................................................21

3.2.1.1. Le psychodrame psychanalytique individuel .........................................................21

4. Conclusion et ouverture .............................................................................................................22

5. Bibliographie..............................................................................................................................25
Le Masochisme Frein et levier de la psychothérapie psychanalytique Romy Siegrist
Travail de Bachelor Version finale avril 2013 romy.siegrist@unil.ch

1. Introduction
Masochisme : « plaisir du déplaisir », « plaisir de la douleur », « jouissance de la souffrance »,
etc. Ses définitions sont nombreuses et mettent en lumière une sorte d’oxymore essentielle, une
combinaison de notions apparemment contradictoires qui le rendent mystérieux et intriguant.
Comment peut-on rechercher du plaisir dans ce que tout un chacun, en bonne logique, éviterait ?
Pourquoi le masochisme fascine-t-il toujours autant, malgré son long passé (on en retrouve
notamment des traces dans des œuvres grecques anciennes1) et toutes les œuvres, littéraires ou
scientifiques, qui ont essayé d’en parler ? Ce n’est qu’en 1886 dans Psychopathia Sexualis que
Krafft-Ebing, psychiatre et pionnier en sexologie, donne le nom de « masochisme » (Krafft-
Ebing, 1886/2010) à ces comportements « pervers » d’ordre sexuel. Il s’inspire pour cela du nom
de l’auteur de La Vénus à la Fourrure (1870/2009), qui est un des grands romans abordant le
sujet (de manière principalement autobiographique) et qui est l’œuvre de Léopold von Sacher-
Masoch. La Vénus connut un vif succès, que l’on pourrait atteler à la publication récente de la
trilogie Cinquante Nuances de Grey (2011-2012), qui fascine autant que son succès étonne :
certains en rient, d’autres s’en excitent, mais plus probablement beaucoup s’en excitent en riant.
Le désir (sado-)masochiste reste, aux yeux de tout le monde, plutôt risible. Mais revenons à notre
fil historique ; l’œuvre de Krafft-Ebing a eu, elle aussi, un grand succès. Freud reprit alors cette
terminologie et essaya, tout au long de sa carrière, de définir les enjeux métapsychologiques du
masochisme, ce qui le força à bousculer ses premières conceptions (notamment le principe de
plaisir, un des piliers de la pensée psychanalytique) et à ajouter un élément fondamental toujours
débattu, la pulsion de mort. Pour Freud, le masochisme n’est pas seulement une perversion
sexuelle, il se montre sous trois formes (Freud, 1924/2011). Il y a le masochisme érogène (qui se
rapproche de la perversion sexuelle), le masochisme féminin et enfin, celui qu’il considère
comme le plus dangereux et le plus répandu, le masochisme moral. Ces classifications, que nous
étudierons de plus près, restent encore courantes, bien que d’autres auteurs ayant travaillé sur le
masochisme le séparent plus souvent en deux catégories : mortifère ou gardien de vie
(Rosenberg, 1991), pervers ou social (Reik, 1941/2000). Ces catégorisations apportent leur
pesant de connaissances sur un sujet qui est toujours présent et en discussion. Son importance au

1
Voir Nacht (1938/2008), pp. 19-20.

1
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niveau psychothérapeutique est considérable : nombre de patients, de manière profonde, sont


attachés à leur souffrance et donc s’y accrochent, même si consciemment ils souhaitent s’en
débarrasser (n’oublions qu’ils viennent consulter pour cela). La réaction thérapeutique négative
reste une des grandes questions actuelles en psychothérapie, surtout en psychanalyse. Comment
soigner quelqu’un qui, inconsciemment, ne désire pas être soigné ? Cette question du
masochisme prend une tournure politique et sociale chez Jeammet (2000) : comment aider cette
jeunesse qui se sabote alors qu’elle aurait tout pour bien faire ? Nombre d’adolescents qui
viennent en consultation présentent, sous une forme ou une autre, un masochisme (échec scolaire,
conduites à risques, etc.). Mais au-delà de cela, il reste un des enjeux principaux en thérapie de
manière générale ; le bon sens ne suffit pas à le comprendre, et encore moins le principe de
plaisir. C’est pourquoi nous verrons dans ce travail l’évolution des conceptions freudiennes du
masochisme, les conceptions importantes de ses contemporains (Ferenczi, Reich, Nacht, Reik)
ainsi que les conceptions de Lacan, et les propositions cliniques qui ont été faites. Nous
aborderons ensuite une des conceptions actuelles du masochisme, celle de Jeammet, qui reprend
des éléments des conceptions précitées. Après cela, nous exposerons le dispositif non-classique
qui nous semble être le plus utilisé actuellement dans les thérapies psychanalytiques, c’est-à-dire
le psychodrame psychanalytique. Nous conclurons avec un résumé des positions en psychanalyse
et ouvrirons avec des définitions sociales (Baumeister, 2001) et philosophiques (Deleuze,
1967/2007) du masochisme.

2. Le masochisme en psychanalyse
Comme dit précédemment, le masochisme occupe une part importante dans le domaine des
œuvres psychanalytiques. Il est en effet un des piliers d’une des conceptions les plus centrales et
les plus débattues de Freud : la pulsion de mort.

2.1. La conception freudienne et son évolution


La conception freudienne du masochisme n’est pas linéaire et a subi des retournements, au grand
dam de certains de ses collaborateurs, qui, comme nous le verrons ultérieurement, se rattachent à
sa définition première, c’est-à-dire avant 1924, date de son article Le problème économique du
masochisme.

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2.1.1. Première conception du masochisme selon Freud


Avant 1924, Freud aborde le sujet du masochisme dans deux articles : dans Les aberrations
sexuelles2 publié en 1905 et dans « Un enfant est battu » : contribution à la connaissance de la
genèse des perversions sexuelles3 en 1919.

Dans l’article de 1905, la question du terme définissant ce trouble est abordée ; certains parlent
d’« algolagnie », qui pourrait être définie comme « le plaisir éprouvé dans la souffrance […] et la
cruauté » (Freud, 1905/2011, p. 88) et qui peut se trouver sous une forme active (sadisme) ou
passive (masochisme). Freud relèvera l’avantage du terme donné par Krafft-Ebing (masochisme),
car celui-ci véhicule une signification plus large : c’est « le plaisir éprouvé à toutes sortes
d’humiliations et de soumissions » (ibid.). C’est pourquoi le terme sera adopté et que l’on gardera
pour un versent actif le terme de sadisme. Cependant, si les termes séparent maintenant les deux
penchants actif et passif, il ne faut oublier qu’ils ont la même base, c’est-à-dire l’agressivité, qui
serait une composante de la vie sexuelle des « personnes normales ». On comprend plus
facilement que cette agressivité soit tournée vers l’extérieur, vers un « objet », plutôt qu’elle soit
dirigée contre soi. La seule solution, pour Freud, est donc de voir le masochisme comme
secondaire, comme étant un retournement de cette agressivité, du sadisme, contre soi, après
« l’action conjointe d’une longue série de facteurs qui contribuent à fixer et à exacerber l’attitude
sexuelle passive originelle (complexe de castration, culpabilité) » (ibid., p. 90).

Le complexe de castration et le sentiment de culpabilité sont des éléments importants dans la


conception du masochisme, mais nous y reviendrons plus tard. Le masochisme serait donc un
retour à une passivité sexuelle originelle, mais ne serait pas originaire en soi, il serait une
construction secondaire passant par le sadisme. Par ailleurs, ici les termes sadisme et masochisme
sont perçus comme contraires et complémentaires (notamment à cause de la formule répandue de
sadomasochisme). Mais le fait que certaines personnes soient à la fois sadiques et masochistes
donne à penser que le couple ne s’articule pas seulement autour de l’agressivité : « C’est par
ailleurs un fait éclairant que le couple de contraires sadisme-masochisme ne puisse pas être
dérivée directement de l’immixtion du facteur de l’agression. On serait tenté par contre de mettre

2
In Freud, S. Trois essais sur la théorie sexuelle (1905/2010).
3
In Freud, S. Du masochisme (2011).

3
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en relation la présence de ces contraires avec l’opposition du masculin et du féminin4 unifiée au


sein de la bisexualité, qu’il convient souvent de remplacer dans la psychanalyse par l’opposition
entre actif et passif » (ibid., p. 91). Le retournement reste donc compréhensible et possible de par
cette bisexualité originaire, de par ces élans passifs et actifs que nous connaissons et qui
accompagnent la vie psychique.

En 1919, dans « un enfant est battu », Freud étudie le masochisme à travers les fantasmes de
fustigations (par le père) que ses patients présentant des symptômes masochistes ont eu enfants.
Le masochisme se développe dans un retournement du sadisme originaire5 contre la personne
propre, à cause de la culpabilité que le fantasme engendre. En effet, si dans un premier temps la
personne qui frappe (représentant une autorité parentale), frappe un enfant autre que le rêveur,
très vite l’enfant battu devient, inconsciemment, ce dernier. Dans ces fantasmes, la notion
d’amour est très importante : « le fantasme à l’époque de l’amour incestueux disait : “Il (mon
père) n’aime que moi et pas l’autre enfant car il le bat.” La culpabilité ne trouve pas de peine plus
dure à infliger que l’inversion de ce triomphe : “Non, il ne t’aime pas, car il te bat.” » (ibid., p.
135). On voit donc ici l’importance du complexe d’Œdipe, que d’autres auteurs relèveront aussi,
dans la « genèse » ou la constitution du masochisme. La triangulation amour-haine entre le sujet,
l’objet de son désir (en général le père pour la fille et la mère pour le garçon) et son rival (donc le
parent du sexe opposé, qui aime l’objet désiré et qui, plus terrible encore, est aussi aimé par lui)
est primordiale ; l’Œdipe structure l’interdit, l’interdit de la relation incestueuse avec l’objet
désiré notamment, et sa résolution va contribuer à la construction de ce que Freud appelle plus
tard le surmoi, qui peut être plus ou moins souple et qui est à l’origine de la peur de la castration
et du besoin de punition. Pour le petit garçon, l’Œdipe dans les fantasmes masochistes est
inversé : il cherche aussi inconsciemment l’amour du père et se met dans une position féminine
face à lui, même si l’image consciente de la personne qui bat est souvent la mère ou un substitut.
Cependant, il est à noter que l’analyse se fait sur des personnes névrosées et ne pratiquant donc

4
Les termes masculin et féminin restent à être compris de manière très archétypale (et sans doute occidentale): ce qui
est actif, puissant, phallique, etc. est masculin, ce qui est passif, faible, etc. est féminin.
5
Le sadisme originaire est développé dans l’article Pulsions et destins des pulsions en 1915 que l’on trouve
généralement dans le recueil nommé Métapsychologie.

4
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pas leurs fantasmes, contrairement à un masochiste pervers. Mais ce dernier ne vient pas
consulter puisque sa perversion le satisfait.

2.1.2. Après 1924


En 1924, Freud publie Le problème économique du masochisme, où il y expose sa dernière
conception. Comme le fait remarquer Mazaleigue-Labaste dans la préface Du masochisme
(2011), Freud articule le psychogénétique et le métapsychologique, et aborde les différents
masochismes et non plus seulement le masochisme chez les névrosés, comme c’était le cas
précédemment. Freud revoit alors les fondements mêmes de la psychanalyse que sont les pulsions
et le principe de plaisir : « En effet, si le principe de plaisir domine les processus animiques6 de
telle façon que l’évitement de déplaisir et l’obtention de plaisir en deviennent le but immédiat,
alors le masochisme est incompréhensible. Si douleur et déplaisir peuvent être non plus des
avertissements, mais eux-mêmes des buts, le principe de plaisir est paralysé, le gardien de notre
vie d’âme pour ainsi dire narcotisé. » (Freud, 1924/1992, p.11). Il en arrive à en proposer une
pulsion de mort, qui viendrait résoudre et consolider ses interprétations précédentes et
contrebalancerait les pulsions de vie, la libido. Le psychisme serait donc dirigé par trois
principes : « le principe de Nirvana exprime la tendance de la pulsion de mort, le principe de
plaisir représente l’exigence de la libido, et la modification de celui-ci, le principe de réalité,7
représente l’influence du monde extérieur. » (Freud, 1924/2011, p. 168).

À travers ces renouveaux au niveau théorique, sans compter l’élaboration de la deuxième topique
au début des années 20, le masochisme selon Freud prend alors trois formes : érogène, féminin et
enfin moral.

Le masochisme érogène est conçu comme le masochisme sous sa forme primaire et originaire, et
est une partie de la pulsion de mort restée dans le corps et non redirigée vers l’extérieur (ce qui
serait la définition du sadisme). Il est « le plaisir de la douleur » (ibid., p. 169) et à l’origine des
deux autres formes de masochisme.

6
Actuellement, on traduirait plutôt par processus « psychiques » qu’ « animiques ».
7
Cette virgule semble être due à une faute de frappe dans l’édition.

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Le masochisme féminin est le plus étudié par Freud au travers des fantasmes de ses patients
(généralement masculins et impuissants). Les fantasmes des hommes masochistes débouchent
soit « sur l’acte de masturbation, soit représentent déjà en eux-mêmes une satisfaction sexuelle »
(ibid., p. 170). Les contenus des fantasmes sont les mêmes chez les névrosés que chez les pervers,
qui eux les mettent en pratique : « être muselé, attaché, battu de façon douloureuse, fouetté,
maltraité d’une façon ou d’une autre, forcé à l’obéissance inconditionnelle, sali ou humilié. »
(ibid.) Ce qu’ils portent sont les désirs « d’être castré, d’être pénétré ou d’enfanter », qui sont des
situations caractéristiques du féminin. Par ailleurs, « il est très rare que s’ajoutent à ce contenu
des mutilations, et quand cela a lieu, elles sont soumises à de strictes limitations. […] Le
masochiste veut être traité comme un petit enfant en détresse et dépendant, mais surtout comme
un mauvais garçon. » (ibid.). Un des points intéressants dans cette citation est le fait que les
potentielles mutilations sont « soumises à de strictes limitations », ce qui d’une certaine façon
met le sujet masochiste non plus en une position de faiblesse passive mais dans une position
active, désirant et contrôlant le mal qu’on lui fait. Certains auteurs font cette théorie, nous y
reviendrons plus tard. Un autre point pertinent ici est le fait que le masochiste veut être traité
comme « un mauvais garçon », qui devrait être puni d’une faute sans qu’on ne sache vraiment
laquelle. Ce désir de punition, ce sentiment de culpabilité qui rappelle la culpabilité infantile de la
masturbation, fait écho à la troisième forme de masochisme, le masochisme moral.

En effet, dans le cadre du masochisme moral, la personne a aussi un « sentiment de culpabilité


inconscient » (ou un « besoin de punition ») qui la force à se mettre dans des situations qui vont
la faire souffrir, mais cela de manière totalement désexualisée. La punition ou la souffrance
peuvent venir, c'est-à-dire seront cherchées, dans n’importe qui et n’importe quoi et ne sont plus
forcément rattachées à la personne aimée. Cette culpabilité inconsciente fait que la personne qui
vient en analyse peut inconsciemment tout faire pour ne pas guérir, ce qui est le cas dans la
réaction thérapeutique négative8: « la souffrance que la névrose porte en elle est justement le
facteur par lequel elle devient précieuse pour la tendance masochiste. » (ibid., p. 177). Cette

8
La définition freudienne de la réaction thérapeutique négative est exprimée par Nacht ainsi : « au cours d’un
traitement psychanalytique, lorsqu’un conflit ou un symptôme ont été suffisamment analysés pour qu’il doive en
résulter une amélioration, on constate parfois, bien au contraire, une recrudescence du ou des symptômes. En
d’autres cas, on peut observer la même réaction, mais sous une autre forme : parallèlement à l’amélioration ou à la
disparition du symptôme analysé, un autre surgit. » (Nacht, 1938/2008, p.94).

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culpabilité inconsciente a la même base que la culpabilité consciente, qui est une « tension entre
le moi et le surmoi » (ibid., p. 178) alors que « le surmoi [post-œdipien] a conservé dès lors des
caractéristiques essentielles des personnes introjectées : leur puissance, leur sévérité et leur
tendance à surveiller et à punir. » (ibid., p. 179) Et pour « provoquer cette punition par le
représentant ultime des parents, le masochiste doit faire ce qui est inopportun, agir contre ses
intérêts, détruire les perspectives qui s’ouvrent à lui dans le monde réel » (ibid., p. 183), ce qui
n’est pas sans rappeler le problème actuel de certains jeunes qui se mettent notamment en échec
scolaire ou ont des conduites à risques, comme on le verra avec Jeammet. Pour résumer, les
formes de masochisme féminin et moral sont des formes secondaires, ayant comme base le
masochisme érogène mais résultant d’un sadisme retourné.

2.1.3. Propositions thérapeutiques


Freud n’apporte pas de précisions spécifiques concernant la prise en charge des personnes
masochistes. Le dispositif est donc la cure-type, dans un dispositif classique divan-fauteuil, avec
ses règles fondamentales de l’association libre du côté du patient et de l’attention également
flottante de la part de l’analyste. Ses propositions pour faire face aux réactions thérapeutiques
négatives sont plus des remaniements théoriques sans réelles incidences pratiques.

2.2. Divergences autour de la conception psychanalytique du masochisme


Freud n’était évidemment pas le seul psychanalyste à être confronté, à s’intéresser et à devoir
faire face au masochisme, pour tout ce qu’il comporte de curiosité intellectuelle et de difficultés
pratiques : Ferenczi, Reich, Nacht, Reik ou encore plus récemment Lacan l’ont abordé, reprenant
les assises de Freud, pour certains celles d’avant 1924, pour certains celles d’après.

2.2.1. Ferenczi
Pour Ferenczi, la pulsion de mort existe bel et bien. Ses apports sur le masochisme diffèrent de
ceux de Freud sur principalement trois points : le masochisme résulte d’un traumatisme précoce,
il y aurait une « pulsion de repos », qui serait l’instinct principal du psychisme dirigeant la
pulsion de vie et la pulsion de mort (Ferenczi, 1930/2012, p. 95) et le masochisme peut quand
même s’inscrire dans une conception du principe de plaisir, malgré la présence de la pulsion de
mort.

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En effet, selon Freud l’affirmation du déplaisir passe par un double processus psychique : il y a
d’abord une négation du déplaisir et ensuite une négation de cette première négation, qui devient
affirmation du déplaisir par dénégation. Mais, pour Ferenczi, cette affirmation est sous le joug du
principe de plaisir, car elle va permettre de chercher de l’aide et donc de chercher la résolution de
la tension.

Il est important de noter que la majorité des réflexions de Ferenczi sur le masochisme est basée
sur des patientes, ce qui participe sans doute du fait qu’il développe la conception du féminin et
de la position féminine dans un sens jusqu’alors peu présent en psychanalyse. En effet, pour lui la
femme et la position féminine sont supérieures à l’homme et à l’enfant et à la position masculine
virile, qui sont « égoïstes ». La position féminine est une sagesse, un altruisme nécessaire à la vie.
Il y aurait du « pulsionnel dans la volonté de conciliation » (Ferenczi, 1932/2012, p. 42) chez la
femme qui fait que la souffrance doit être tolérée et est même souhaitable, créant une félicité de
« l’autosacrifice » (Ferenczi, 1930/2012, p. 94). De plus, certaines souffrances vécues « jusqu’au
bout » entraînent une sorte d’hallucination, un « hors de soi » hors du temps et du monde, qui
donne un sentiment d’abstraction et de compréhension du monde supérieure à la personne qui ne
souffre pas9. « La féminité et la maternité témoignent de la compréhension intuitive du véritable
état des choses et de la véritable répartition des forces ; elles tirent aussi les justes conséquences
de cette évaluation. » (ibid., p. 96). Ainsi, la position féminine passive devient un choix
nécessaire à la survie de la femme, mais aussi des êtres en général.

Dans les cas de viols, fantasmés ou réels, Ferenczi met par ailleurs en lumière le processus clé,
après le choc, d’une « identification […] plastique avec l’émotion » (Ferenczi, 1931/2012, p. 89)
de l’agresseur, une identification qui donne du plaisir, ce qui peut provoquer la honte de la
victime (et qui expliquerait en partie pourquoi la plupart des viols mettent du temps à être
déclarés). La position masochiste serait donc une clé pour reprendre le contrôle des événements,
y voir (et s’y voir de manière hallucinatoire dans) le bon côté des choses et la nécessité du
sacrifice altruiste.

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On retrouve ici de la dynamique hégélienne du maître et de l’esclave.

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Ferenczi met en évidence trois temps dans le plaisir masochique. Premièrement, se sacrifier, et
donc accélérer soi-même sa perte, est préférable à l’attente de la mort10. Deuxièmement,
« l’accélération volontaire des choses […] doit signifier une sorte d’expérience de satisfaction »
(Ferenczi, 1931/2012, p. 103) et troisièmement, comme dit précédemment, le sacrifice est
généralement accompagné d’hallucinations « compensatoires », comme par exemple une
identification au plaisir de l’autre, un « déplacement du déplaisir sur d’autres » ou encore le
plaisir d’être un être supérieur à l’autre.

2.2.1.1. Propositions thérapeutiques


Ferenczi a essayé différents dispositifs de thérapie, allant de la « technique active » à « l’élasticité
technique » ou « néocatharsis », jusque vers la « mutualité » (Bokanowski, 2001). Il préconise
l’analyse de l’expérience vécue et modifie en partie le dispositif thérapeutique afin de répondre
aux besoins des patients. En effet, l’analyste doit sortir de sa position « neutre » afin de ne pas
répéter des traumatismes chez des patients qui ont, par exemple, manqué d’amour enfant. Il parle
d’ailleurs de confusion des « langues » entre le patient (dont le trauma a généralement été vécu
dans la période infantile) et l’analyste (qui, dans la cure-type, a une position « d’adulte » neutre et
détachée) : ainsi, la relation au patient doit être modifiée, afin qu’ils puissent se comprendre. Il
prône une position plus empathique (plus « maternelle », plus tendre) de l’analyste et amène un
concept qui est reconnu aujourd’hui comme considérable en pratique analytique : le contre-
transfert. Pour lui le contre-transfert – les sentiments que le patient appelle chez l’analyste, la
rencontre de leurs inconscients –, est un indice important sur ce qui est en train de se dérouler
dans l’analyse et devient ainsi une clé, un levier vers la compréhension.

Dans le cas de ses patientes masochistes, « le traitement consiste à dévoiler la faiblesse derrière la
masculinité » (Ferenczi, 1931/2012, p. 89), ce qui permettrait notamment d’éviter l’identification
à l’agresseur et le plaisir qui en est retiré. Par ailleurs, si « l’analyse réussit à rattacher
consciemment la jouissance du déplaisir à la situation spéciale qui a vraiment eu lieu dans le réel,
alors il se peut que cesse ce caractère compulsif du masochisme » (Ferenczi, 1932/2012, p. 78).
En effet, en revivant le trauma avec de nouveaux outils pour le traiter, et avec une personne qui
nous comprend, nous soutient et nous accompagne dans le travail, la situation peut s’améliorer.

10
Le suicide devenant un « plaisir relatif » (Ferenczi, 1931/2012, p. 103).

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Le Masochisme Frein et levier de la psychothérapie psychanalytique Romy Siegrist
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En plus de cela, Ferenczi amène ses patientes à avoir une meilleure estime d’elles-mêmes en leur
donnant « le désir pour un amour réciproque en contrepoids » afin de changer « l’altruisme » sur-
présent chez elles en une sorte de « mutualisme » (ibid.). Et cela même si le psychanalyste doit
physiquement y mettre du sien…

2.2.2. Reich
Reich replace le masochisme dans un contexte du principe de plaisir-déplaisir11, donc s’appuyant
sur les conceptions psychanalytiques freudiennes d’avant 1924. Pour lui, « le masochisme est
caractérisé par un mélange d’érotisme épidermique, d’analité et de peur d’être abandonné, peur
que le masochiste tente d’apaiser par le contact physique» (Reich, 1945/2009, p. 12), ainsi que
d’une tendance à l’autodestruction et à faire souffrir l’autre (en le culpabilisant notamment) pour
s’en faire souffrir soi-même. Dans son Analyse caractérielle en 1945, il dit clairement que les
masochistes aspirent au plaisir : mais un trauma, dû à une culpabilité et/ou une peur du châtiment
liée au complexe d’Œdipe au moment du premier plaisir sexuel ressenti, serait la cause du
passage, à partir d’un certain degré, du plaisir en déplaisir. Le masochiste aurait un trouble au
niveau de la sexualité génitale, dont la courbe de plaisir n’est pas plate et comporte une apogée,
contrairement au plaisir anal (ibid., p. 19). Ce changement, cette augmentation dans le plaisir sont
mal vécus : la sensation pré-orgastique de « fondre » (ibid., p. 18) est prise comme une promesse
de dissolution des organes génitaux. Par ailleurs, le déplaisir s’ancre alors dans le corps, créant,
chez l’homme, « une contraction spasmodique de ses muscles pelviens, de ses organes génitaux
et de son rectum » douloureuse. (ibid., p. 16).

Cependant, pour Reich, le masochisme, bien que montrant des symptômes physiologiques, est
surtout dû au type de société et au tabou qu’est la sexualité : «la souffrance a son origine dans le
monde extérieur, dans la société répressive » (ibid., p. 4). Reich affirme donc que la pulsion de
mort est une hérésie théorique utile pour s’excuser de certains échecs en cure et qui fait du
masochisme un penchant presque « naturel », omettant ainsi la part de l’extérieur (social) dans sa
création, ce qui était moins le cas dans les premières conceptions freudiennes. Il insiste qu’« en
ramenant le masochisme à quelque pulsion de mort on confirme le malade dans son prétendu
désir de souffrance » (ibid., p. 22) et précise aussi que le masochisme est de l’agressivité cachée

11
Qui se fonde « sur la loi physiologique de la tension et de la détente » (ibid., p. 5).

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et refoulée. L’ancrage corporel des pulsions et des affects est le pilier de la pensée reichienne, de
même que la fonction orgastique.

2.2.2.1. Propositions thérapeutiques


Pour Reich, la fonction orgastique est ce qui donne la clé : au niveau pratique, il faut connaître
l’orgasme génital, l’apprivoiser, le libérer des spasmes et crispations désagréables. Il faut
apprendre à jouir « normalement », apprendre à être connecté aux sensations physiques perçues et
à en détacher les peurs infantiles de destruction du moi. Cela implique bien sûr une thérapie
analytique, afin de connaitre ces peurs. Le transfert et l’actualisation de ces peurs sont bien sûr
nécessaires : pour y arriver, l’analyste peut avoir à sortir de sa position neutre. Reich propose en
effet d’imiter le patient dans ces moments qu’on pourrait appeler de réaction thérapeutique
négative : en répétant ce qu’il dit (par exemple « Je ne veux pas ! » (ibid., p. 9)) ou en le singeant,
en imitant ses manifestations physiques. Mais l’important reste de ne pas s’énerver et de ne pas
rentrer dans le jeu du patient : il faut accepter que le patient réactive des provocations infantiles et
lui prouver que la peur du châtiment qui y sont rattachées sont infondées, justement en n’y
répondant pas, ou alors pas d’une manière extérieure au patient (d’où l’imitation12).

Après cet apprivoisement de l’orgasme, et ces contre-réactions imitatives face aux


réactualisations des peurs du patient (ce qui n’est pas un passage nécessaire dans toutes les cures
bien évidemment), le patient découvre progressivement qu’il peut arriver à avoir une vie sociale
et sexuelle « normales », mais des retours en arrière sont possibles ; c’est pourquoi
l’accompagnement thérapeutique doit continuer longtemps, même après la disparition apparente
du masochisme. En effet, beaucoup de patients, au moindre souci, réactivent les mécanismes de
défense utilisés au préalable. De plus, comme il est difficile pour un masochiste d’accepter d’être
heureux, il faut accompagner et soutenir l’engagement dans la nouvelle voie constamment.

Dans ces propositions, on voit l’importance du vécu corporel, ce qui a pu inspirer les écoles
psychosomatiques. Il y a une complémentarité entre le traitement psychique et le traitement
physique. La modification par rapport à la cure-type est aussi à ce niveau, comme la position
ferenczienne : l’analyste peut être appelé à agir et à sortir de sa position de neutralité
bienveillante, tout en gardant une visée thérapeutique. Par ailleurs, les fonctions libératrice et

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On pourrait faire ici un lien avec l’importance pour Ferenczi de s’adapter à la « langue » du patient.

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bénéfique de l’orgasme sont des points très intéressants qui ont dès lors été maintes fois
approuvés, étant peut-être à la base d’une nouvelle contrainte : celle du « il faut absolument
jouir ».

2.2.3. Nacht
Nacht aborde le masochisme d’un point de vue « clinique et psychogénétique » (Nacht,
1938/1965/2008, p. 14) et distingue principalement deux formes : érogène et moral. Cependant,
contrairement à l’approche freudienne qu’il soutient et approfondit en partie, pour lui le
« masochisme […] n’apparaît guère comme un but, mais plutôt comme un moyen » (ibid., p. 15)
et le masochisme ne découle pas de la pulsion de mort, mais est un mécanisme de défense
pathologique afin de protéger le moi. De plus, le masochisme serait effectivement un sadisme
retourné contre le sujet : « toute interdiction ou refus de satisfaction libidinale déclenche des
mouvements d’agressivité (le point culminant de ce processus pourrait être réalisé par le
complexe d’Œdipe). Généralement cette agressivité ne peut s’exercer sur les objets visés (parce
que craints et aimés). Elle se retourne alors, après refoulement, contre le sujet lui-même sous
forme de masochisme. » (ibid., p. 35). Mais l’agressivité n’est pas la même que dans le sadisme :
elle n’est pas simple, elle s’est modifiée dans les processus de retournement (ibid., p. 185). Nacht
met par ailleurs en lumière l’importance de l’Œdipe et prend un compte un environnement et des
facteurs plus larges pour son étude (tel que le caractère des parents, par exemple) que simplement
les fantasmes énoncés par des patients. Pour lui, le masochiste pervers semble rechercher
« surtout l’état d’attente craintive et la peur de la souffrance » (ibid., p. 47) souffrance qui, en tant
que telle, doit être contrôlée et supportable. Le masochiste pervers recherchant rarement la
douleur pour elle-même, il note l’importance du fantasme et de toute l’imagerie cachés derrière
« la mise-en-scène » masochiste, qui soit dit en passant, peut partager des éléments avec d’autres
perversions, comme le fétichisme et ses attributs : bottes, fouet, fourrures, etc.

Pour Nacht, le masochisme érogène a une assise dans la vie infantile : l’enfant a souvent une
« conception sadomasochiste » du coït (ibid., p. 78), qu’il l’ait vu pratiqué par ses parents ou par
des animaux. Le père, ou le représentant mâle, est souvent perçu comme brutal et violent. Si par
hasard en cette même période de découverte et de représentation mentale du coït et de la sexualité
il reçoit des châtiments corporels, il est possible qu’il les érotise, s’identifiant à la position
passive de la mère dans le coït. Cette vision du père sexuellement agressif n’est pas nouvelle :

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Freud en parlait déjà (notamment dans l’analyse de l’Homme aux loups) : le père étant, en faisant
court, celui qui a châtré la mère et qui potentiellement peut donc aussi châtrer le petit garçon.
Ceci donne corps au complexe de castration, élément pilier du masochisme en psychanalyse.

Pour Nacht, le masochisme résulte d’une impossibilité d’identification au père (car perçu comme
agressif et violent) s’exprimant par « l’impuissance, puis par la perversion et l’identification
masochiste avec la mère. » (ibid., p. 79). En effet, la position masochiste est rassurante sur deux
points : en premier lieu, la position féminine passive veut dire que l’on a déjà été châtré et que
donc plus rien de grave ne peut nous arriver. En deuxième lieu, être battu par une personne qui
par conséquent ne nous aime pas permet de vivre notre amour sans complexe, puisque celui-ci
n’est plus incestueux. De plus, cette dernière modalité peut prendre une autre forme : mieux vaut
une interaction, même sadomasochiste, que pas d’interaction du tout. C’est ainsi que certains
enfants cherchent la punition qui est perçue comme un signe d’attention à leur égard. S’il se
montre agressif contre son entourage et que ce dernier répond lui aussi agressivement, le petit
garçon va se placer dans une « boucle masochiste » qui peut prendre deux tournures : soit utiliser
son agressivité, comme vu plus haut, pour attirer l’attention et la punition, soit s’interdire toute
agressivité, de peur de perdre l’amour des parents, et d’office toujours se mettre en position
passive et masochiste, cherchant ainsi à faire culpabiliser l’objet aimé. Les satisfactions obtenues,
en tant qu’enfant et souvent en tant qu’adulte pervers, sont d’ordre prégénital : « le masochiste,
comme tous les pervers, n’ose aspirer à des satisfactions génitales, qui lui apparaissent
inaccessibles. Celles qu’il recherche ont toujours un caractère d’infantilisme sexuel, elles restent
donc prégénitales » (ibid., 84) et cela parce que l’Œdipe a été mal résolu.

Dans le masochisme moral, ses conceptions sont très proches de celles de Freud. Le complexe de
castration, le complexe de culpabilité et le besoin de punition sont des éléments constitutifs du
masochisme. Il distingue cependant trois formes de masochisme moral, perçus comme trois
degrés de masochisme (ibid., p. 120). Le premier cas est le cas d’un individu qui va se créer des
échecs pour s’auto-punir afin d’éviter la potentielle castration, c’est une réaction au conflit
œdipien. Le second cas est aussi un parcours avec des échecs, mais la personne y retire une
certaine satisfaction libidinale. Dans le troisième cas, il y a aussi un « comportement autopunitif,
mais surtout une qualité affective » (ibid., p. 121) qui fait que la personne n’est plus sensible qu’à
la souffrance : le masochisme est pré-œdipien, profondément ancré : tout le sadisme primaire est

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retourné contre la personne elle-même. Ce dernier type est le plus dur à « soigner » en thérapie.
Par exemple, chez un des patients de Nacht, le mécanisme masochiste s'établit ainsi : la peur du
père qui réprimande, son identification à lui quand il se réprimande tout seul et le gain de pouvoir
s’en plaindre auprès de sa femme, substitut maternel.

Selon Nacht, le masochisme chez la femme est plus rare que chez les hommes : si la fille a des
fantasmes et rêves masochiques tout comme le garçon, il est rare qu’elle les mette en pratique. Si
cela devait être le cas, cela serait dû à un masochisme créé à cause d’une accentuation des
comportements passifs « dans des circonstances ayant troublé l’évolution sexuelle infantile »
(ibid., p. 139). De plus, point radical contrairement à d’autres auteurs comme Deutsch, Bonaparte
ou Freud, on ne peut dire de la femme qu’elle est masochiste « par essence » lorsqu’elle accepte
son rôle passif, puisqu’elle ne peut faire autrement et que, rappelons-le, le masochisme est une
pathologie. L’exemple de l’enfantement dans la douleur est pris à partie et actualisé au vu des
évolutions technologiques: la femme l’acceptait car elle ne pouvait faire autrement, mais
maintenant que l’on peut pratiquer la péridurale ou qu’il existe de nouvelles techniques
psychomotrices, une majorité de femmes choisit de ne pas souffrir (ibid., p. 137). La femme peut
très bien être masochiste, mais cela passe mutatis mutandis par les même étapes que pour
l’homme : la femme n’est pas forcément (foncièrement) masochiste.

Nacht nuance énormément ses propos, en rappelant la singularité des cas mais aussi en mettant en
avant l’importance de la situation familiale, de l’Oedipe et des caractères des parents. On peut y
voir clairement quelques assises de ce qui deviendra plus tard l’approche systémique.

2.2.3.1. Propositions thérapeutiques


Pour Nacht, le dispositif thérapeutique doit permettre au masochiste de réactualiser ses craintes
afin de les traiter et de libérer son agressivité, ce qui lui permettra d’apprendre à la contrôler.
Tout comme pour Reich, l’analyste doit être prêt à recevoir le « sadisme » du patient pour lui
prouver qu’il est possible d’y survivre et donc montrer l’irréalité des peurs, qui sont à la base du
retournement du sadisme sur le moi. Dans une conception assez proche de Ferenczi, le
psychanalyste doit avoir « attitude intérieure profonde qui devrait être faite de disponibilité et
d’accueil inconditionnel » (ibid., p. 199). Cependant, contrairement à Ferenczi, la thérapie ne
diffère pas énormément du dispositif psychanalytique typique : l’analyste ne doit pas rentrer dans
le jeu du patient et doit garder sa neutralité bienveillante.

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Dans le cas de patients masochistes, qui ont eu peur, enfants, de perdre l’amour des parents, la fin
de la thérapie est généralement assez compliquée, le patient pouvant montrer certains signes de
rechute. Ce n’est qu’une apparence, mais comme pour Reich, le cadre thérapeutique typique
(avec ses plusieurs séances par semaine à la même heure) peut être assoupli pour permettre au
patient de prendre son envol : au lieu de couper net la thérapie, ce qui peut s’avérer désastreux, il
est possible, voire nécessaire, de laisser une possibilité de contact, en continuant par exemple à
avoir des séances, mais plus en plus espacées.

2.2.4. Reik
Reik, qui n’avait pas encore lu Nacht alors qu’il écrivait « Masochism in the modern man » en
1941, partage néanmoins beaucoup de points avec ce dernier : notamment, les deux auteurs
pointent l’importance de l’attente dans les fantasmes masochistes, l’importance de la « mise en
scène » et de la recherche de l’attention de l’autre (notamment par la provocation qui peut être
sadique). Par ailleurs, Reik considère lui aussi deux formes de masochisme, une sexuelle et une
sociale, qui correspondent plus ou moins aux formes érogène et morale chez Nacht, avec
néanmoins une portée beaucoup plus politique dans le masochisme social. Il s’attache également
plus spécifiquement à la première conception freudienne, considérant le masochisme comme du
« Sadisme battant en retraite, mais avec l’assurance et l’attente intérieure de la dernière poussée
en avant13 » (Reik, 1941/2000, p. 412), sans pour autant nier l’existence d’une pulsion de mort.

Pour Reik, il y a trois traits constitutifs du masochisme, c’est-à-dire trois traits qui sont de toute
façon présents dans les rêveries ou les situations masochistes. Il s’agit de la fantaisie, du facteur
suspensif et du trait démonstratif.

La fantaisie et sa signification particulière dans le cadre du masochisme sont des éléments


centraux. En effet, le masochiste est pourvu de beaucoup d’imagination, et c’est par cette dernière
qu’il invente (ou se remémore) des situations qui sont excitantes pour lui. Le masochiste est une
sorte de metteur en scène, de scénariste, dans le sens où il visualise chaque détail de la
situation libidinalement investie : de sa préparation à sa mise en œuvre, tout est sous contrôle et
suit un développement logique qui tient presque du « rituel » (ibid., p. 58) tant chaque étape est
nécessaire et figée dans une certaine forme. Les fantaisies utilisées, en tant que fantasmes à visée

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Ce qui n’est pas sans nous rappeler les conceptions de Ferenczi.

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masturbatoire ou pratiquées, changent donc rarement, ou alors très progressivement en modifiant


un détail (par exemple le lieu). Mais cela arrive seulement après que le fantasme s’est légèrement
épuisé parce qu’il a été maintes fois répété. La souffrance n’est pas investie libidinalement pour
elle-même: on pourrait dire qu’elle est un moyen, comme pour Nacht, et qu’en tant que fin n’est
pas intéressante. C’est l’imagination de la souffrance en tant qu’elle est à venir qui est plaisante.

Ainsi, dans ces fantasmes masochistes, un autre facteur essentiel ressort : le facteur suspensif. En
effet, dans ces fantaisies, le point central est l’attente du châtiment, du déplaisir, ou en fait du
plaisir final (ou devrait-on dire finissant) (ibid., p. 69). Contrairement à Reich, Reik estime que la
progression et la montée du plaisir sexuel est souhaitée et que c’est sa disparition qui effraie, non
sa présence14. Le masochiste a d’ailleurs une faim impatiente du monde et en général un ego
surdimensionné bien camouflé. Il voudrait « tout et tout de suite » et la patience à l’œuvre dans
l’attente de l’événement (plaisant et déplaisant à la fois) cache une volonté de contrôler
l’impatience profonde15. L’attente est libidinalement investie car « dans la scène masochiste […]
l’anxiété s’est nuancée de plaisir » (ibid., p. 74) : le masochiste est donc caractérisé « par le
plaisir dans l’attente de la gêne ». Cette attente est pleine d’imagination du déplaisir à venir, dans
le but de s’habituer à celui-ci, de s’y désensibiliser. On retrouve donc là la volonté d’éviter le
déplaisir, même si cela requiert de passer par ce même déplaisir, cependant à degrés moindre.

Le dernier élément constitutif du masochisme est le trait démonstratif. Le trait démonstratif inclut
la nécessaire présence d’une altérité dans les situations masochistes : comme acteur, pour donner
la punition, et comme spectateur, pour voir la gêne et l’humiliation qui en ressort. Reik utilise le
terme démonstratif plutôt que exhibitionniste parce que le masochisme ne montre pas ce qui est
beau, mais plutôt ce qui est laid et qui devrait être caché. Cependant, le plaisir retiré, et sans
doute le but, sont les mêmes : attirer l’attention sur soi, détonner par rapport aux autres. On
retrouve donc l’ego démesuré dans la sensation (et le désir) « d’être unique », celui qui subit les
coups du destin dans le masochisme social, d’être le martyr et tout cela dans une promesse
(d’inspiration chrétienne) d’une sorte de « rédemption » (ibid., p. 85).

14
On peut cependant noter dans leurs positions l’importance de la disparition, que ce soit celle du plaisir chez Reik
ou du soi chez Reich.
15
Ces notions de contrôle du déplaisir sont une sorte de « fuite en avant » (ibid., p. 76), déjà pressentie comme
plaisante, comme nous l’avons vu, par Ferenczi.

16
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Puisque nous avons parlé, avec Reik, de l’ego surdimensionné caché du masochiste, il est
important de préciser que le masochiste n’est pas narcissique, contrairement à ce que d’autres
psychanalystes16 ont pu dire. Certes il peut être le signe d’une faille narcissique, mais le
masochiste ne se complait pas seul, il a besoin de l’autre pour être. « Le Masochisme n’est donc
jamais un signe de narcissisme, mais un indice que celui-ci a été troublé, aussi du fait qu’on veut
le rétablir » (ibid., p. 88).

2.2.4.1. Propositions thérapeutiques


Si Reik livre une étude sur le masochisme puissante et assez complète dont nous n'avons abordé
que quelques points essentiels, il ne donne cependant pas de nouvelles clés thérapeutiques autres
que la cure-type.

2.2.5. Apports Lacaniens


Selon Assoun (2007), pour Lacan, le masochiste (surtout sexuel) met à nu l’essence même du
désir et de la jouissance, les rendant visibles (et honteux). Tout part de la dialectique du désir : en
général et dans les structures névrotiques, l’objet du désir est appelé « objet a » et est
généralement rencontré sous forme d’avatars (Assoun, 2007, p. 79). Il se trouve du même côté
que l’Autre, dans une dichotomie sujet vs altérité/objet. Or, dans le cadre du masochisme, qui est
considéré par Lacan dans la forme sexuelle pratiquée comme une structure « perverse », le
masochiste se déguise en objet a face à la victime-bourreau qu’il aura choisie. Comme Lacan
(1962-1963/2004) l’explique, la dichotomie change ainsi : l’objet a est du côté du sujet, et non
pas de l’altérité. C’est donc « un sujet déguisé en objet » (Assoun, 2007, p. 79), qui pousse
jusqu’à la caricature le désir de « se faire objet » pour l’autre, souhait qui est caché derrière tout
« je t’aime » (ibid., p. 82). La position du masochiste est donc réflexive et non passive : « se faire
objet » reste une action du Je, ce qui met en lumière que la personne qui met en scène et dirige le
tout est bien le masochiste et non son bourreau.

Par cette position, bien que cherchant à incarner l’objet désir de l’Autre, le but, pour le
masochiste, n’est pas la jouissance de l’Autre, mais son Angoisse (ibid., p. 79). L’Angoisse, pour
Lacan, surgit « quand il n’y a pas de possibilité de manque » (Lacan, 1962-1963/2004, p. 67), ce

16
« Lampl et Menninger » (ibid., p. 87), même si actuellement, comme nous le verrons, d’autres auteurs en parlent
encore ainsi.

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qui est l’inverse de la conception freudienne qu’il définit ainsi : « l’angoisse est la réaction signal
à la perte d’un objet » (ibid., p. 66). Cette Angoisse de l’Autre, qui semble être recherchée par le
sadique, est en fait ce que le masochiste recherche ; et vice versa, la Jouissance de l’Autre, qui
semble être ce que le masochiste cherche en se faisant objet a pour l’Autre, est ce que le sadique
recherche derrière toute mise-en-scène. Mais pour Lacan, masochisme et sadisme sont deux
perversions qui ne sont pas complémentaires ou inverses (ibid., p. 207), ce qui diffère des
conceptions précédentes.

2.2.5.1. Propositions thérapeutiques


Lacan ne propose pas de dispositif spécial pour les masochistes, cependant son dispositif
d’analyse change du dispositif freudien classique en quelques points : l’analyste peut sortir de sa
neutralité, et même le doit, afin de créer un effet de surprise qui peut faire ressortir des nœuds
importants. Par ailleurs, la durée de la séance est plus courte (environ vingt minutes), mais peut
être abrégée ou rallongée en fonction de ce qui se dit en séance.

3. Débats actuels sur le masochisme dans la psychanalyse


française
Le masochisme reste un problème ou plutôt une « énigme » comme le dirait Jacques André
(2000) en France en psychanalyse. Comme nous pouvons le voir avec Chagnon (2006), aucun
consensus n’a réellement été fait et les psychanalystes actuels ont grosso modo les mêmes débats
que nous avons vu plus haut : existence de la pulsion de mort ou non, masochisme primaire ou
secondaire, etc. Cependant, il est admis que le masochisme peut prendre forme dans les trois
organisations psychiques actuellement reconnues : névrose, psychose et organisations limites.
Les formes d’apparition du masochisme et ses raisons sont nombreuses, mais nous pouvons
mettre en évidence un point commun à de nombreux auteurs : la raison du masochisme se
trouverait dans une défaillance des assises narcissiques. La définition du narcissisme et ses
symptômes ont beaucoup évolués, notamment grâce aux travaux de Green (Chagnon, 2006, p.
42). Le narcissisme s’entend aussi dans la relation objectale et n’implique pas seulement la
personne concernée, comme le comprenait Reik. Selon Chagnon, qui cite Green, le masochiste
souffre d’une identification à l’objet, ce qui fait que la séparation est impossible, car ce serait
perdre un bout de soi pour le masochiste. Cependant, l’objet « persécute le sujet dans sa
recherche de satisfaction, d’où la tentative de s’en débarrasser en adoptant à l’extrême une

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stratégie de non-désir ou en cherchant à l’asphyxier en s’étouffant soi-même dans l’inhibition du


développement, de la croissance psychique et de la créativité » (ibid., p. 42). Les résultats sont
des comportements hostiles pour tenter de garder le contrôle sur la relation à l’objet, souvent en
niant ce même besoin de contrôle et de relation : « l’alliage du masochisme et du narcissisme
constitue un modèle d’invulnérabilité aux entreprises de l’objet » (ibid., p. 43). Nous allons nous
focaliser sur l’expression du masochisme à l’adolescence, qui pour Jeammet, expliqué par
Chagnon, est une période de réaménagement avec l’ « intégration d’une nouvelle identité sexuée
et de séparation-autonomisation vis-à-vis des figures parentales » (ibid., p. 49). La manière de
vivre ces réaménagements va donner une idée de la « qualité des assises narcissiques » (ibid.) du
masochiste.

3.1. La conception de Jeammet


Philippe Jeammet s’intéresse beaucoup aux comportements « masochistes » chez les adolescents.
Pour lui, le masochisme, la capacité de l’humain « à se faire souffrir sans limites et à ne pouvoir y
renoncer »17 (Jeammet, 2000, p. 32), est le scandale de la deuxième partie du XXe siècle, au
même titre que la sexualité infantile était le scandale de la première partie. Il parle alors
d’« autosabotage » (ibid., p. 31), souvent par des « défenses primaires de sauvegarde du Moi que
sont le renversement en son contraire et le retournement contre soi. » (ibid., p. 38, c’est nous qui
soulignons). En effet, certains jeunes cessent subitement des activités qu’ils adoraient, se mettent
en échec scolaire soudain, deviennent distants voire hostiles envers des personnes avec lesquelles
ils avaient d’excellentes relations jusque-là, commencent à se droguer, à s’automutiler, en bref,
font beaucoup de choses qui mettent en danger « leur santé et leur vie » (ibid., p. 31), ce qui en
fait un problème de société non négligeable.

Pour Jeammet, la personne masochiste a une assise narcissique assez faible, ce qui lui fait
craindre la « déception par l’objet aimé et une perte possible ; et un rapprochement fusionnel
mettant à mal les limites et menaçant le Moi » (ibid., pp. 34-35), ce qui va, dans les deux cas, la
mettre dans une position sadomasochiste vis-à-vis de l’objet. Pour éviter d’avoir à vivre avec la
crainte de perdre l’objet aimé, il vaut mieux s’en séparer d’office, afin de (se) prouver que l’on
peut survivre sans lui. Le masochiste aurait donc une tendance à identifier l’objet à son propre

17
Sa définition du masochisme est donc plus générale et ne comporte pas nécessairement la portée sexuelle du
masochisme érogène, ou alors sous une forme sublimée.

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narcissisme, tout en refusant de reconnaître ce lien et le besoin de l’objet. Chez les adolescents,
où des conduites à risques semblent plus présentes dans notre société actuelle qu’à l’époque, le
problème est d’autant plus prononcé, car il y a une réactivation de l’Œdipe et la nécessité de se
détacher des figures parentales, tout en en ayant encore besoin. Il s’agit donc d’une période
tendue propice à des régressions utilisant des défenses primaires. Nous nous focaliserons sur les
concepts de la cure chez ces personnes et les moyens mis en œuvre pour leur venir en aide.

3.2. Problème de la cure : la position masochique comme frein et levier à la


thérapie
Comme on l’a vu, la question du masochisme se pose souvent à un moment ou un autre en
analyse. La question est toujours la même : comment soigner quelqu’un qui ne veut pas –
consciemment ou inconsciemment – être soigné ? Si la psychanalyse classique peut parfois aussi
arriver à ses fins, il semblerait qu’un assouplissement du cadre, comme l’ont proposé plusieurs
auteurs comme Ferenczi ou Reich, soit souhaitable.

Pour Jeammet, l’activité interprétative typique en psychanalyse n’est pas « mobilisatrice » en


elle-même pour ces personnes masochistes, mais c’est plutôt la qualité de la relation au
thérapeute, et le « transfert narcissique » (ibid., p. 41) qu’elle peut engendrer, qui va être clé et
bénéfique dans la thérapie. Le contre-transfert est aussi un indice important, car le patient va
tenter de faire vivre au thérapeute ses propres traumatismes : s’il ne peut le voir chez lui-même,
la projection sur l’autre permet une interprétation de ce qui n’était pas formulable auparavant
pour le patient. Par ailleurs, ce que note Jeammet, c’est que plus la personne (et c’est souvent le
cas chez les adolescents) dit au thérapeute « vous ne m’intéressez pas », plus l’attachement pour
ce dernier est grand. Cet attachement, il faut apprendre à le gérer afin de ne pas donner sens aux
peurs (perte de l’objet ou fusion avec lui). Au niveau de la peur de la perte de l’objet, le
thérapeute doit pouvoir recevoir les élans hostiles (tout comme le disait Nacht notamment) du
patient et y résister pour lui montrer que l’objet est extérieur à lui et peut y survivre. Cette
résistance peut être opérée en montrant de l’attachement à l’analyse et par la volonté de continuer
le traitement, même dans les périodes difficiles ou d’impasse. Pour ce qui est de la peur de
fusion, il est important de savoir mettre de la tiercéité afin que « cette massivité de
l’investissement narcissique ne soit pas fixée de façon trop univoque sur une personne » (ibid., p.
46), ce qui pourrait réactiver des mises en échec afin de tenir l’ « objet […] devenu trop

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important » éloigné. C’est ainsi que Jeammet propose le psychodrame psychanalytique individuel
avec certains patients en échec dans une thérapie classique.

3.2.1. Propositions de traitement


Comme dit précédemment, pour Jeammet le transfert narcissique est ce qui peut mener à de
« véritables guérisons » (ibid., p. 41) en particulier chez les adolescents, notamment atteints
d’anorexie mentale. Le psychodrame psychanalytique individuel, que nous allons brièvement
présenter maintenant, a l’avantage de donner plus de choix de personnes (thérapeutes) à
« investir ». Par ailleurs, la présence du patient au psychodrame peut être « imposée » dans les
cas les plus compliqués et quand-même permettre un travail, même inconsciemment.

3.2.1.1. Le psychodrame psychanalytique individuel


Comme le présente Denis Hirsch, le psychodrame psychanalytique individuel garde les mêmes
points d’intérêts qu’une psychanalyse normale, c’est-à-dire que « les implications affectives,
relationnelles et transférentielles avec les psychodramatistes sont au centre de l’attention, afin de
mieux comprendre les répétitions et les nœuds conflictuels inconscients du patient » (Hirsh, p. 1).
Cependant, le dispositif change : un cycle de jeu comporte trois temps. Dans une séance, qui est
généralement d’environ trente minutes, plusieurs cycles peuvent prendre place. Le psychodrame
psychanalytique peut également avoir une forme groupale, mais nous ne l’aborderons pas ici.

Dans le psychodrame psychanalytique individuel, les étapes du cycle sont les suivantes : dans un
premier temps, il y a l’élaboration du scénario entre le thérapeute dit « meneur de jeu » et le
patient, tous deux assis. Le patient amène ses idées et discute avec le meneur de jeu du
déroulement du jeu : scénario, distribution des rôles pour le patient et les co-thérapeutes, etc.
Ensuite, on se lève pour jouer dans un « espace de jeu » (ibid., p. 3) désigné, différent de
l’« espace de parole ». Le meneur de jeu ne joue pas, mais observe : seuls jouent le patient et les
« acteurs-thérapeutes » à qui ce dernier a donné un rôle. Le meneur de jeu décide du moment où
l’on arrête le jeu. S’ensuit un temps, dans l’espace de parole, de discussion et d’analyse sur ce
qu’il s’est passé, ce qui a été ressenti, etc. entre le patient et le meneur de jeu.

Ce dispositif, datant en France des années 60 et développé par Lebovici ou encore Anzieu, est né
du souhait de s’adapter à des patients pour qui le dispositif classique n’était pas possible,
psychologiquement ou financièrement. Il a par ailleurs l’avantage de jouer sur le « faire

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semblant » (ibid., p. 2) et de permettre l’expression de sentiments ou d’attitudes clé qui n’aurait


pas été possible par la simple parole. Tout peut être joué et tout peut être représenté : les
émotions, les objets, les animaux peuvent être des personnages, au bon gré du patient. L’élément
important est que le personnage du patient doit toujours être présent, mais il peut être joué par un
acteur-thérapeute. Ainsi, « dans l’espace de jeu, le patient peut reconnaître chez les autres
personnages des figurations possibles de son propre monde psychique, jusque-là inaccessibles »
(ibid.).

Si l’on reprend Jeammet, le psychodrame psychanalytique individuel a été salvateur notamment


pour un cas de masochisme prenant la forme d’anorexie chez une adolescente internée pour cela
en hôpital psychiatrique et qui refusait tout traitement psychologique. En effet, après plusieurs
échecs thérapeutiques dans des dispositifs plus classiques, Jeammet propose un psychodrame
individuel. Sous une pression conjointe de la famille et des thérapeutes, la patiente accepte de
venir au psychodrame. Elle refuse cependant de jouer et de proposer des scénarios. Jeammet et
les co-thérapeutes décident alors « d’aménager » le psychodrame et de jouer malgré tout, en
imaginant et en jouant des situations où la jeune fille est présente. Cette dernière prend alors la
place de « meneur de jeu », ce qui lui permet une « identification primaire » (Jeammet, 2000, p.
56) avec Jeammet. Elle commence petit à petit à vouloir participer à l’élaboration, en intervenant
dans les jeux pour les modifier à sa guise. Certains jeux, mettant en image des problèmes
œdipiens violents (qui se révèlent être à la base du comportement masochique), la troublent et
permettent une élaboration des conflits jusqu’alors totalement refoulés.

L’impasse de la thérapie a donc été résolue en deux temps : premièrement en passant du


dispositif classique ou en face à face au psychodrame psychanalytique, dans un deuxième temps
en faisant une entorse au déroulement normal du psychodrame afin de l’adapter à la patiente.

4. Conclusion et ouverture
Dans ce travail, nous avons abordé le masochisme sous un angle psychanalytique en partant de
Freud, qui l’a d’abord présenté comme étant du sadisme retourné sur la personne puis comme
étant une partie de la pulsion de mort gardée contre soi et étant à l’origine de la liaison primaire
de la pulsion de vie et de la pulsion de mort. Ces manières de définir le masochisme ont été
reprises, parfois contredites mais surtout développées : Reich nie la pulsion de mort et replace le
masochisme dans la dialectique plaisir-déplaisir et se rapproche ainsi plus de la définition
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première de Freud, ce qui n’est pas loin des conceptions de Ferenczi, Nacht et Reik, mais qui eux
reconnaissent l’existence d’une telle pulsion. Par ailleurs, ces deux derniers et Lacan, dans des
registres certes un peu différents, mettent l’accent sur l’importance de l’angoisse et de la mise-en-
scène dans le masochisme, ce qui est un éclairage notable dans les conceptions actuelles. Nous
avons ensuite abordé une partie de la conception et du travail thérapeutique du masochisme ces
dernières années avec Jeammet. Le masochisme est un problème important en psychanalyse (et
en toute thérapie) car il se met souvent à l’œuvre contre cette dernière. Le patient, malgré toute sa
bonne volonté de s’en sortir, reste attaché plus ou moins inconsciemment à sa peine, mettant
souvent la thérapie dans une impasse et le psychanalyste ou le thérapeute dans un sentiment
d’impuissance, à travers divers mécanismes. Si cette réaction thérapeutique négative est à la
source d’un blocage dans l’analyse, elle est aussi un symptôme et, vu comme tel, permet un
travail au plus proche du problème. Comme nous l’avons vu, les origines du masochisme se
trouvent souvent dans l’Œdipe, avec une agressivité mal gérée, provoquant une peur de la
castration et un besoin de punition pour avoir eu ces élans agressifs. Si actuellement la question
des assises narcissiques semble être primordiale, l’aspect du trouble affectif et du besoin
d’attention apparaît chez presque tous les auteurs, le masochisme prenant rarement forme sans
l’Autre.

Au niveau du traitement thérapeutique, nous avons vu que les auteurs, hormis Freud, proposaient
une adaptation et une malléabilité du dispositif psychanalytique. Avec l’adaptation du
psychodrame dans une pratique psychanalytique depuis les années 60, les personnes ayant des
troubles peu adaptés à un dispositif classique, ainsi que les personnes en difficulté financière, ont
une porte ouverte vers un traitement psychanalytique. Cependant, le psychodrame, bien qu’ayant
des avantages non négligeables, ne convient pas à tout le monde non plus : évidemment, toute
pratique, psychanalytique ou autre, doit se repenser continuellement.

Si l’on sort du cadre psychanalytique pour aller voir du côté philosophique avec Deleuze
(1967/2007), nous voyons le refus de ramener le masochisme à l’Œdipe et au rôle du père18. Sur
un plan sociologique, alors que certains auteurs en psychanalyse précisent que le masochisme est

18
Position qu’il développera par la suite dans son ouvrage rédigé avec Félix Guattari « L’Anti-Œdipe » (1972).

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une sorte de recherche d’identité19, Baumeister (2001) remarque que le masochisme (surtout dans
la pratique sexuelle), se rencontre principalement chez des hommes haut placés, essayant
justement de s’effacer et d’abandonner toute identité pendant un certain temps. Nous voyons
donc, au sein de la psychanalyse tout comme en son extérieur des positions contradictoires,
chacune essayant de comprendre et de donner un sens au paradoxe qu’est le masochisme.

19
Tels De M’Uzan ou Anzieu. Ce dernier, cité par Chagnon, dit que le masochiste pense « je souffre donc je suis »
(Chagnon, 2006, p.40).

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