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LES

ÉTONNANTES RÉVÉLATIONS DU CLITORIS

Un livre à soffrir et à partager

Alexandra Hubin et Caroline Michel lèvent le voile sur le clitoris,


organe-clé du plaisir féminin qui a longtemps été refoulé. En libérant la
parole et en le montrant tel qu’il est, elles désacralisent cet organe
mystérieux et permettent à chaque femme (mais aussi à chaque
homme) de se familiariser avec lui afin de mieux l’apprivoiser.
Saviez-vous que le clitoris peut mesurer jusqu’à 11 centimètres ? Et
que le fameux point G s’appelle en fait la « zone C » ? Les révélations
s’égrènent au fil des pages et vous permettent de découvrir cet organe
synonyme de jouissance qui ne demande qu’à être aimé.
Alors, clitoridienne ou clitoridienne ? Ne cherchez plus !

Fondatrice de la sexologie positive (« SexoPositive ») s’attachant aux


clés d’une sexualité épanouie, Alexandra Hubin est docteur en
psychologie et sexologue. Consultante en sexologie en clinique, elle
est l’auteure de plusieurs ouvrages et intervient dans les médias.
Caroline Michel s’appelle Michel comme tout le monde, mais parle de
sexe comme personne. Journaliste en psycho et sexo pour la presse
féminine, elle est également l’auteure du blog ovary.fr.
ALEXANDRA HUBIN • CAROLINE MICHEL

ENTRE MES LÈVRES


MON CLITORIS
Confidences d’un organe mystérieux
Groupe Eyrolles
61, boulevard Saint-Germain
75240 Paris Cedex 05
www.editions-eyrolles.com

Illustrations des clitoris : Lori Malépart-Traversy


Création de maquette et mise en pages : Pomkipik
Illustrations techniques des pages 67, 68, 69, 113, 116 : Hung Ho Thanh

En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire


intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support
que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français
d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006
Paris.

© Groupe Eyrolles, 2018


ISBN : 978-2-212-56877-6
Remerciements
Nous remercions :

Gwénaëlle Painvin, notre éditrice, pour son audace et sa confiance,


ainsi que toute l’équipe des éditions Eyrolles pour son investissement.

Les clitoris de nos amies et des femmes de l’atelier que nous avons
organisé, pour leurs maintes révélations.

Vincent et Mathieu, pour avoir joué les bénévoles dans l’intimité et


supporté que nous n’ayons que le clitoris à la bouche.

Les hommes de notre entourage, pour leurs confidences et leur regard


sur la sexualité féminine.

Nos ex, pour avoir souvent cherché et parfois trouvé.

Et enfin, Lori Malépart-Traversy, qui a prêté son trait au projet et qui ne


pouvait nous offrir une plus belle couverture. Pour voir le film de Lori,
c'est ici.

www.youtube.com/watch?v=J_3OA_VZVkY
Aux clitoris
Sommaire
Introduction
Clitoridienne ou clitoridienne

1 Vous avez un maximum de « B » : vous êtes clitoridienne !


Pénétration for ever
Point G (coordonnées 26.622833-70.876729)

2 Il s’en va et il revient
La découverte du clitoris
Cher Freud
Le mythe de l'orgasme vaginal
L'arrivée du point G
Tout va mieux (ou presque)

3 Le clitoris, une bête noire plutôt rose


Foutue pression (et sans jeu de mots)
Le mieux est l'ennemi du bien
Ce qu’on en sait, ce qu'on en dit
4 Mon corps, mon sexe et moi

5 Le clitoris sur les bancs de l’école


Éduquer mieux
Entre zézette et clito, on dit quoi aux enfants ?
6 Alors le clitoris, comment est-il ?
Les exigences du clitoris

7 À chacune sa vérité
8 Dire oui au plaisir
Trop comme ci ou trop comme ça
Deux ou trois papillons dans le ventre
Trouver le temps du plaisir
Le lâcher-prise, un concept fourre-tout ?
Quand on pense un peu trop
9 Se connecter à son corps
Je t'observe et te respire
Les vertus du massage sensuel
Fermer les yeux et…
Le plombier et sa tuyauterie
Les étonnantes révélations du clitoris

10 Les promesses du clitoris


Les réactions physiologiques du clitoris à l'excitation
Quand une pause s'impose
La taille du gland joue-t-elle un rôle dans le plaisir ?
Le priapisme ou le syndrome de l'érection folle
11 Le vagin, voisin intime du clitoris
Le (vrai) point G s'appelle zone C
La taille du vagin est-elle importante ?
À la rencontre du plaisir vaginal
Qui dit encore orgasme vaginal ?
Rencontre intime avec le clitoris
12 Les caresses pour ravir notre clitoris
Le plaisir entre ses doigts
La langue dans tous ses états
Pommeau de douche et canard en plastique
Avec son pénis ou une courgette
Jouer la partition avec son corps entier

13 Présenter son clitoris à son/sa partenaire


Secrets d'une communication sexuelle
Quand les corps trouvent les mots
Le langage érotique
Et la simulation ?
Explorer le clitoris à deux, et tranquillement
Conclusion
Bibliographie
Les auteurs
Introduction
Nous sommes respectivement sexologue et journaliste. Nous employons
le mot « clitoris » plusieurs fois par jour, en consultation, au sein de nos
articles, mais aussi dans nos lits. Et ces derniers mois, nous ne l’avons
jamais autant prononcé (notre éditrice non plus). Longtemps rejeté du
paysage sexuel, cet organe sexuel féminin fait aujourd’hui un retour
triomphant.

Admettre qu’un organe existe uniquement pour le plaisir des femmes (à


ce jour, on ne lui a pas trouvé d’autres fonctions) n’a pas été une mince
affaire dans un monde où la sexualité s’est longtemps définie selon la
satisfaction des hommes et la pénétration. Si les hommes avaient un
clitoris, on l’aurait étudié et mesuré depuis des lustres. On en aurait fait
des concours, des dessins sur les murs des lycées, des spams
alléchants de techniques pour l’agrandir et des pilules magiques pour le
faire durcir en cas d’impuissance.

Aujourd’hui, le temps est venu de rencontrer cet organe qui se trouve au


cœur de la jouissance féminine. Encore trop souvent perçu comme un
simple bouton rose, le clitoris est bien plus que cela. Il est étonnant,
créatif, ingénieux, surprenant, et s’étend sur plusieurs centimètres à
l’intérieur du corps. Autant d’adjectifs qui nous ont brûlé les lèvres au fil
de l’écriture. Même si, ces dernières années, nous avions pris
connaissance des découvertes à mesure qu’elles paraissaient, nous
avons eu le sentiment de découvrir les secrets du clitoris durant notre
enquête.

Mais pourquoi écrire un livre sur le clitoris, si ce n’est parce qu’il sort de
sa cachette et nous fait des révélations stupéfiantes ? Notre but n’est pas
seulement d’être focalisées sur cet organe et de déterminer quel est son
meilleur profil, mais d’inviter chacune à se balader au fil des pages à la
rencontre de son « Moi sexuel ».

Les publications des recherches récentes concernant l’anatomie du


clitoris permettent aux femmes de mieux connaître leur corps et donc de
mieux accéder au plaisir. Mais cela permet également d’en finir avec un
tas d’idées reçues qui régissent la sexualité : l’acte sexuel se
composerait d’une entrée (préliminaires), d’un plat (pénétration) et d’un
dessert (orgasme) ; certaines positions seraient à privilégier ; il y aurait
des femmes vaginales et d’autres clitoridiennes ; le point G existerait
(enfin peut-être pas) ; se détendre serait l’unique clé de la jouissance ;
l’orgasme dépendrait du savoir-faire du partenaire… Toutes ces
croyances (la liste pourrait mesurer sept clitoris), couramment déballées
sous forme de mode d’emploi, sont oppressantes. Elles imposent une
norme et nous dictent constamment ce que nous sommes censées faire,
penser et surtout ressentir.

Il est temps de comprendre qu’il n’existe aucune règle, aucune façon de


« bien faire » : en matière de sexualité, chaque femme possède ses
propres singularités et ses préférences. Des préférences qui évoluent
avec le temps, l’âge, les partenaires, le désir de grossesse, la
contraception, l’intensité de la lumière, la musique de fond… Des
préférences qui évoluent selon que l’on est mardi ou jeudi. Ce que nous
apprend le clitoris, c’est que le plaisir est un tout, et que dans ce « tout »
– vaste champ des possibles –, les femmes construisent et
déconstruisent leur puzzle à leur guise, seules, à deux ou à dix.

Ce livre n’est volontairement pas construit comme un guide façon


recettes de cuisine, car le clitoris – et plus généralement la sexualité
féminine – n’a rien à voir avec des pâtes à la carbonara ou un pudding
aux graines de chia à dégainer pour épater sa belle-mère. Ce livre est
une histoire, un conte, un échange, une chambre à coucher où nous
laissons dehors nos complexes. C’est aussi une confidence et un
ensemble de révélations sur nous, le monde scientifique et le monde
journalistique. Il est né de la volonté de communiquer au grand public ce
que le clitoris a de plus beau et de plus grand à nous apprendre sur son
fonctionnement, son potentiel, sa bonne tête de gland et le plaisir sexuel
féminin.

Nous partageons ici le résultat de notre enquête et de nos pensées les


plus intimes. Et nous espérons que vous poserez un regard tout nouveau
sur votre sexe, car les dernières révélations sur le clitoris donnent tout
simplement envie de se réinventer.

A lors même que le clitoris a officiellement été découvert en 1559 et


redécouvert dans les années 1950, nous avons toutes les deux
grandi dans un monde qui distinguait l’orgasme vaginal de
l’orgasme clitoridien et prétendait, non sans douter, que l’orgasme
clitoridien était plus petit que son compère et bien moins transcendant.
Au fil du temps, le clitoris a donc brillé par son inutilité ou son
absentéisme. Autant dire que sa carrière n’a pas été des plus folles. Un
tel rejet s’explique en grande partie par le fait que le plaisir masculin était
bien plus considéré et étudié que le plaisir féminin. La sexualité était
principalement observée sous un prisme coïtal. Aujourd’hui encore, le
phallocentrisme continue d’être brandi comme le plus gros obstacle à la
jouissance féminine. Des chiffres et des chiffres le rabâchent. Pour
autant, nous observons dans nos lits une attention toute particulière
portée au clitoris : si le clitoris revient sur le devant de la scène, les
femmes n’ont pas (toujours) manqué d’être actrices de leur plaisir.
1
Vous avez un maximum de « B » : vous êtes clitoridienne !

À l’heure de nos premiers poils et de nos premières expériences


sexuelles, dans les années 1990 et 2000, on se posait la question
suivante entre copines : « Tu es plutôt clitoridienne ou vaginale ? » Et si
nous étions prises d’un doute quant à la réponse, il nous suffisait de faire
l’un des nombreux tests proposés par la presse féminine. Selon nos
positions préférées, nos habitudes masturbatoires (le polochon ou le
majeur), le plaisir ressenti, nous découvrions alors si nous étions plutôt
l’une ou l’autre. C’était assez mathématique. Un peu comme on pouvait
savoir en trois minutes si l’on allait rencontrer l’amour cet été ou se faire
larguer cet hiver (ou les deux). Les tests psycho et sexo débouchant
généralement sur trois profils, certaines d’entre nous étaient de grandes
chanceuses puisqu’elles entraient dans les deux cases. À la fois
clitoridiennes et vaginales, elles démarraient plutôt bien dans la vie.

Mais les « pures vaginales » étaient aussi de sacrées veinardes. Car


l’orgasme vaginal était présenté comme un orgasme difficile à atteindre,
mais tellement plus intense, tellement plus diffus, tellement plus fort,
tellement plus tout que le septième ciel clitoridien. Les filles capables de
rencontrer une telle jouissance se comptaient (presque) sur le bout des
doigts, tandis que les clitoridiennes étaient bien plus nombreuses. Dans
nos souvenirs, les statistiques rapportées dans la presse étaient de cet
ordre (plus ou moins) : 30 % de vaginales, 70 % de clitoridiennes. Alors
c’est comme ça que se rassuraient la plupart des filles : certes, elles se
contentaient peut-être du « petit » orgasme et du « petit » plaisir, mais
elles n’étaient pas les seules.

Et puis rien n’était perdu. D’abord, on lisait fréquemment que l’orgasme


vaginal avait davantage de chances de survenir à la trentaine, période où
la femme se connaît mieux et s’abandonne plus aisément au lit. Mais il
était possible de le rencontrer « prématurément », avec un peu de
volonté et d’entraînement. La recette se trouvait à côté de celle pour en
finir avec les cheveux secs (l’autre mal du siècle). Surtout se détendre
(toujours), bien lubrifier (pour une pénétration favorable), stimuler les
parois vaginales (et ne pas s’acharner avec des va-et-vient profonds), et
ne pas oublier le clitoris, ce « bouton extérieur » qui aidait à faire grimper
le plaisir.

Car oui, le clitoris était perçu comme le meilleur jouet des préliminaires,
le petit coup de pouce, l’organe idéal pour se mettre dans l’ambiance. Le
clitoris, c’était le premier verre du vendredi soir, la gorgée rafraîchissante
qui ouvre les vannes, l’interrupteur que l’on actionne avant de crier «
Surprise ! » et de lancer les festivités. Aujourd’hui encore, le clitoris est
parfois défini comme une zone érogène que l’on active avant que le coït
ne démarre vraiment. Un petit apéritif dont on ne se prive pas, mais qui
ne rassasie pas (assez).

Nous étions tellement persuadées qu’il existait deux bords qu’il nous
arrivait de partager nos ressentis entre copines pour « comparer », avec
plus ou moins de pudeur. Histoire de voir si le vaginal était vraiment plus
dingue, si le clitoridien était vraiment plus bref et piquant (ou plus simple
et ridicule). Et quand une clitoridienne éprouvait un orgasme plus long,
elle se demandait alors si (enfin) elle avait touché le Graal (fiesta). Tout le
souci était là, on ne pouvait pas réellement savoir à quoi ressemblait l’un
ou l’autre de ces orgasmes, ni comment ils étaient susceptibles de
s’exprimer dans notre corps. Personne ne fait l’amour de la même façon,
et si une position et une caresse procuraient un plaisir inouï à l’une, il
n’était pas certain que cela fonctionnât pour l’autre. Question
d’habitudes, de préférences, de fantasmes, de sentiments amoureux,
d’expériences, de morphologie aussi. Mais on ne le savait pas. On
imaginait qu’il existait une série de techniques à appliquer pour mordre
l’oreiller à coup sûr pendant de longues minutes. Car oui, l’orgasme
vaginal était décrit comme très long.

Peut-être que des filles prétendaient avoir un orgasme vaginal tout


simplement parce qu’il débarquait pendant la pénétration. Alors que jouir
suite à des caresses externes, seule ou à deux, c’était forcément
connaître un orgasme clitoridien puisque le vagin n’avait rien à voir avec
la choucroute. Peut-être aussi qu’entendre parler de ce magnifique
orgasme, aussi inaccessible qu’extraordinaire, nous induisait en erreur.
La moindre sensation différente de la veille pouvait nous faire croire
qu’on l’avait atteint. À force de lire qu’il existait, on avait le sentiment de
l’approcher, comme une bande d’ados assises en rond qui convoquent
les esprits avec détermination et finissent par sentir une vague de
frissons leur traverser le ventre : le fantôme est passé par là, non ? Tout
le monde approuve. Étant donné l’énergie qu’on y met, forcément, c’est
mémé qui vient nous faire coucou depuis l’au-delà.

Pénétration for ever

Et puis, à côté de ça, le Kâma Sûtra (dont le nom indien signifie


littéralement « les aphorismes du désir ») – ou plus précisément son livre
II qui traite des relations sexuelles et des positions – était relayé sous
toutes les formes. Dessins, descriptions, conseils, on apprenait dans
quelles positions il était bon de faire l’amour. Le clitoris n’était pas
toujours oublié (du moins il l’était de moins en moins). Il n’empêche que
la représentation de la sexualité était très phallocentrée. Les films porno
aussi nous montraient un mec qui chope six nanas à tour de rôle en
levrette après avoir fait tomber son costume d’électricien. Tout passait
par le pénis, le bon angle, la bonne position, le bon rythme aussi. Le
sexe, c’était simplement une succession de va-et-vient forcenés, qui
rendaient le mec fou et la fille hors d’elle. Si bien que lorsqu’on avait 20
ans, à la question « Tu as couché avec combien de mecs ? », on se
souvient qu’on répondait « Ça dépend », parce que finalement, s’il n’y
avait pas eu pénétration, seulement des baisers, des caresses, bref du
plaisir (et pas forcément de jouissance), on ne considérait pas vraiment
qu’il s’agissait d’un rapport sexuel. Tout était vu sous l’angle du coït. Est-
ce que se caresser avec tendresse dans les toilettes de la fac sans
pénétration était un acte sexuel ? Aujourd’hui, la réponse est oui. À
l’époque, c’était moins sûr. C’était un rapport avorté, un goûter, voire un
truc un peu sale, parce que la pénétration avait tout bon.

Point G (coordonnées 26.622833-70.876729)

Le point G aussi était un sujet de conversation. On ne savait pas bien s’il


existait (la question était très controversée), mais des conseils pour le
trouver noircissaient les pages des magazines. Si l’on s’y mettait toutes,
on allait pouvoir enrichir la recherche et déterminer si oui ou non, le point
G était une supercherie ou un pouvoir magique. Se masturber était
l’opportunité de tomber sur lui (ou pas, parce qu’après tout, peut-être que
toutes les filles n’en étaient pas dotées). On nous suggérait de chercher
à quelques centimètres de l’entrée du vagin un point sensible – parce
que soi-disant plus innervé – que l’on pourrait reconnaître par une zone
de peau parfois plus rugueuse de la taille d’une pièce d’un euro (ou dix
francs à l’époque). Ensuite, l’idée était de le presser jusqu’à découvrir de
nouvelles sensations, pour un résultat très automatique : tu trouves,
t’appuies, tu jouis. De quoi flipper pendant un frottis chez le gynéco. Tout
ce qui se tramait dans le vagin était quasi-mystique. Et c’est pour ça que
c’était décrété comme meilleur. Ce qui donne moins de fil à retordre,
comme le clitoris, est moins prometteur. Plutôt que de s’en remettre à la
facilité, poursuivre sa quête était une bonne chose. On était sans cesse
encouragée à le faire.

Ce tour d’horizon n’incrimine pas la presse féminine qui vivait avec son
temps et a su véhiculer, au fil des découvertes sur le clitoris, de nouvelles
révélations. Elle était notre principale source d’informations, et elle nous
aidait, mine de rien, à en savoir plus sur le plaisir, notre corps, nos désirs
et nos relations. Avec le temps, elle a fait passer de nouveaux messages
: stop à la distinction entre orgasme clitoridien et vaginal – ce dernier
n’existerait peut-être pas. Stop au point G, il prend la tête et ne serait
qu’une réplique du plaisir clitoridien. Mollo sur la pénétration, elle n’est
pas la condition sine qua non de la jouissance. Le rôle des médias
féminins nous semble primordial. Ils permettent d’informer les femmes,
mais aussi de les accompagner et de les aider à mettre des mots sur ce
qu’elles ressentent, malgré leur apparence injustement futile et
superficielle. Certes, certains articles surfent sur les clichés et souffrent
parfois de n’être pas assez documentés, mais qui d’autre aurait pu nous
en dire autant sur le plaisir ? Sur le clitoris ? Ou du moins nous inviter à
nous poser les bonnes questions en faisant le tri ?

Malgré cela, malgré le nombre d’articles publiés par les plus grands
magazines au sujet de l’orgasme et de l’accès à la volupté, la dichotomie
vaginale/clitoridienne a survécu. Si, aujourd’hui, on tend à affirmer qu’il
n’existe qu’un orgasme, qui naît du clitoris, cette rectification fait bien
moins de bruit que l’orgasme vaginal n’a pu en faire à l’époque.
Détricoter ce qui a si longtemps été tricoté va demander patience et peut-
être bien un brin d’acharnement…

Nos souvenirs de récréations ont vingt ans (aïe) et ces conversations


entre copines existent toujours chez les plus jeunes. Pourtant, on en sait
un rayon sur le clitoris depuis bien des années. Alors, comment cela est-
il possible ? Pourquoi le « faux » persiste-t-il ? Pour comprendre, il faut
remonter le temps et parcourir l’histoire du clitoris, mais aussi jeter un œil
sur la perception que notre société a de la sexualité, qui s’est longtemps,
et activement, définie sous l’angle du plaisir masculin.
2
Il s’en va et il revient

Au fil des siècles, le clitoris – et plus généralement la sexualité féminine –


a été soumis à de nombreuses controverses. Un coup sous les
projecteurs, un coup à la cave… L’organe dédié au plaisir aurait pu
devenir célèbre de tant de remue-ménage. Mais au contraire, il a été mis
de côté, comme Jean-Pierre François : un tube et demi, et adieu.

Les recherches actuelles contribuent à faire évoluer son image (au


clitoris, pas à Jean-Pierre) et le replacent au cœur du plaisir sexuel
féminin, mais ce n’est pas sans difficulté. À croire que le clitoris a trop
longtemps été réduit – au sens propre comme au sens figuré – pour
qu’un claquement de doigt suffise à lui rendre sa juste place. Sans
oublier que l’hégémonie phallocentrique, autrement dit le règne du pénis,
n’a jamais accueilli à bras ouverts le clitoris : si la femme peut jouir sans
pénétration, elle est définitivement indépendante (quelle horreur !). Alors
on a préféré, de tout temps, fermer les yeux sur cet organe.

La découverte du clitoris

Tout commence (ou presque) en 1559. Un certain Mateo Ronaldo


Colombo – avec un nom pareil, le garçon était prédestiné –, chercheur
anatomiste italien, prétend découvrir le clitoris après l’avoir disséqué (des
milliers de fois). Pour lui, ça ne fait pas de doute : le clitoris est le siège
du plaisir féminin, l’organe de la volupté par excellence. Colombo
revendique ses trouvailles dans son ouvrage De Re Anatomica1. Pour
l’anecdote, deux ans plus tard, Gabriele Falloppio (qui a donné son nom
aux trompes de Fallope), également anatomiste italien, tente de piquer la
vedette à son compère. Dans ses Observationes Anatomicae, il écrit qu’il
a été le premier à découvrir le clitoris2 (ce dernier aurait presque pu
s’appeler Fallope, donc). Cela dit, si une petite guerre d’ego a lieu, le
clitoris et la vulve connaissent à cette période des heures de gloire : ils
sont schématisés, gravés, décrits. Les structures internes du clitoris,
invisibles à l’œil nu, sont représentées. Le clitoris n’est pas qu’un petit
bouton rose, mais un organe complet dont le pouvoir érotique est
reconnu.

Et c’est plutôt une bonne nouvelle. Depuis l’Antiquité, on croit que le


plaisir joue un rôle dans la reproduction. Une idée véhiculée notamment
par Hippocrate3 et Galien. La femme – tout comme l’homme –
disposerait d’une semence qu’elle produirait en faisant l’amour. La
rencontre de ces deux « spermes » aboutirait à une fécondation.
Autrement dit, plus la femme prend du plaisir, plus elle est fertile. Alors
quand Colombo annonce haut et fort, des siècles plus tard, que le clitoris
est source de jouissance, tout le monde est ravi, ça va faire plein
d’enfants.

Mais mollo quand même : que la femme ait du plaisir est une chose,
mais qu’elle en ait « pour le plaisir » en est une autre. La masturbation
est prohibée, il est inenvisageable qu’une femme assouvisse ses
pulsions à des fins non procréatrices, surtout qu’elle risque de mettre en
péril ses capacités reproductrices – genre « Je gâche mon sperme ».
Résultat, la femme qui ressent un trop gros désir sexuel peut devenir
hystérique si elle ne s’en décharge pas. En d’autres mots, l’hystérie est
considérée comme la pathologie de la frustrée. Elle peut entraîner
nervosité, insomnie, manque d’appétit… Alors comment libérer la femme
de son « trop-plein » ? Depuis Hippocrate et jusqu’au XXe siècle, les
médecins prodiguent des « massages » de la vulve, méthode qui
contraste avec la clitoridectomie (ablation partielle ou totale du clitoris),
remède du XIXe siècle, qui vise à empêcher la masturbation4. Le
traitement par massages a pour but de soulager les femmes et de calmer
leurs tensions. Et puis l’électricité fut : les premiers vibromasseurs
débarquent, de quoi faciliter le travail. Ce que cette pratique démontre,
c’est que le clitoris suscitait de l’intérêt. On ne pénétrait pas les femmes
chez le docteur, on leur caressait l’organe magique. Mais si les femmes
n’étaient pas satisfaites sexuellement, ce n’était pas tant de ne pas faire
l’amour, c’était de vivre une sexualité axée sur le coït. Plutôt que de
s’intéresser au plaisir féminin, et de se questionner sur la satisfaction
sexuelle des femmes et leur soi-disant hystérie, on préférait les calmer
sur une table d’examen.

Mais revenons à la découverte du clitoris par Colombo, qui s’est


annoncée être une bonne nouvelle pour repeupler la planète. On a
rapidement déchanté : en 1850, on découvre le phénomène de
l’ovulation. À ce moment-là, on décrète alors que le plaisir sexuel féminin
n’intervient pas dans la procréation. Néanmoins, on se demande s’il
n’aiderait pas les femmes à ovuler. En 1875, Oskar Hertwing5 observe au
microscope le processus de fécondation et le verdict tombe pour de bon :
un ovule, un spermatozoïde, et le tour est joué. Le clitoris n’est donc
d’aucune utilité, si bien qu’il est rapidement discrédité. Certains médecins
pensent même qu’il finira par disparaître. Une sorte d’appendice : ce
n’est pas bien méchant mais ça ne sert strictement à rien. C’est le début
de l’obscurantisme clitoridien. Tout ce qu’on avait compris et appris
tombe alors aux oubliettes.

Cher Freud

Sigmund Freud réveille le clitoris au début du XXe siècle, mais par une
douche froide. Il avance que les femmes qui jouissent du clitoris sont
immatures, voire névrosées. Si le clitoris fait de nouveau parler de lui,
c’est avec médisance. Selon le célèbre psychanalyste, l’orgasme
clitoridien est inférieur à l’orgasme vaginal. Les femmes sont donc
invitées à découvrir ce dernier afin de devenir des vraies femmes. Ses
réflexions reflétaient la société de l’époque qui définissait la sexualité
sous un prisme phallocentrique. Le vagin avait donc pour rôle d’accueillir
le partenaire, ainsi que le sperme de ce dernier. Le clitoris, quant à lui,
n’était qu’un organe superflu. « La transformation de la petite fille en
femme est caractérisée principalement par le fait que cette sensibilité
[clitoridienne] se déplace en temps voulu et totalement du clitoris à
l’entrée du vagin6 », écrit Freud en 1917. Mais sur la fin de sa vie, il
remet en question ses théories et donne soin à ses compères
psychanalystes d’explorer ce qu’il appelle « le continent noir », à savoir le
sexe féminin. Sacrée mission.

En 1924, Marie Bonaparte, arrière-petite-nièce de Napoléon Bonaparte,


publie sous pseudonyme un article dans Bruxelles Médical, qu’elle
intitule « Considérations sur les causes anatomiques de la frigidité chez
la femme7 ». La princesse prétend avoir étudié deux cents clitoris et
mesuré le diamètre « méato-clitoridien », comme elle le nomme, pour en
venir à la conclusion suivante : dans certains cas, le clitoris est trop
éloigné du vagin. L-es femmes dotées d’une telle morphologie seraient
capables d’un grand plaisir, néanmoins elles resteraient insensibles
durant le coït à cause de leur anatomie, puisque leur clitoris ne peut être
stimulé. Ces deux cents femmes « cobayes » n’existent pas en réalité.
Marie Bonaparte parle d’elle-même. Et si elle écrit cet article, c’est pour
attirer l’attention de Freud et le rencontrer. Elle considère le clitoris
comme source infinie de plaisir et s’oppose fermement au psychanalyste
qui prétend que les caresses clitoridiennes doivent cesser à la maturité
sexuelle. Elle décroche un rendez-vous avec Freud et devient alors l’une
de ses plus proches disciples. Elle poursuit sa quête et se fait même
opérer trois fois afin de rapprocher le gland de clitoris de son orifice
vaginal. Sans résultat.

Le mythe de l'orgasme vaginal

Le clitoris revient sur le devant de la scène dans les années 1950 avec
Kinsey, Masters et Johnson, célèbres sexologues américains, pionniers
de la sexualité moderne. Tous trois font le pari d’observer le
comportement sexuel humain. En 1953, Alfred Kinsey énonce dans un
rapport8 la supériorité du clitoris, organe qu’il décrit comme
hypersensible, contrairement aux parois vaginales. Dix ans plus tard,
c’est au tour de William Howell Masters et Virginia Johnson9 de remettre
le clitoris au cœur du plaisir. Après avoir examiné des milliers d’orgasmes
chez près de 700 sujets – en couple ou lors de la masturbation –, ils
estiment qu’il n’existe qu’un orgasme et que ce dernier naît du clitoris et
se propage dans le vagin.

Les mouvements féministes se rallient à la cause du clitoris. En 1968, la


féministe Anne Koedt, une Américaine d’origine danoise, publie un article
intitulé « The Myth of the Vaginal Orgasm », en s’appuyant sur les
travaux de Masters et Johnson, encore tout frais. Selon elle, le plaisir
féminin est systématiquement étudié par des hommes qui dévalorisent
les femmes et les traitent comme des êtres inférieurs. L’orgasme
clitoridien est considéré comme un moins-que-rien tandis que l’orgasme
vaginal – l’orgasme avec un grand O – est défendu sans relâche.
Résultat, les femmes culpabilisent et craignent d’être anormales. Celles
qui ne jouissent pas « vaginalement » sont qualifiées (à tort) de frigides :
« Plutôt que de montrer que la frigidité est due à des assertions erronées
sur l’anatomie féminine, nos experts ont appelé frigidité un problème
purement psychologique. […] Les faits anatomiques et sexuels nous
disent tout autre chose. S’il existe de nombreuses zones érogènes, il n’y
en a qu’une pour la jouissance : cette zone est le clitoris. Tous les
orgasmes sont des extensions de la sensation à partir de cette zone. Et
comme le clitoris n’est pas nécessairement assez stimulé dans les
positions conventionnelles, nous restons “frigides”. […] Les femmes ont
donc été définies sexuellement en fonction de ce qui fait jouir les
hommes ; leur physiologie propre n’a pas été proprement analysée10 »,
écrit-elle. En somme, le clitoris n’était pas le grand serviteur du plaisir
masculin : si les femmes pouvaient jouir sans pénétration, comment les
hommes pouvaient-ils prendre leur pied ?

En 1976, le combat continue. Shere Hite, chercheuse américaine en


sciences sociales, lance une enquête sans précédent. Elle interroge trois
mille femmes concernant leur sexualité. Elle publie les résultats dans le
rapport Hite11 (vendu à 35 millions d’exemplaires) qui place le clitoris au
centre du plaisir selon les témoignages récoltés. Son ouvrage jette un
pavé dans la mare face aux considérations d’une sexualité épanouie qui
passerait par la pénétration. Le pénis ne serait donc pas au cœur de la
jouissance féminine. Ses conclusions sont difficilement accueillies. La
chercheuse reçoit des lettres de menaces et finit par s’exiler en
Allemagne. Visiblement, les chercheurs avant-gardistes n’étaient pas pris
au sérieux. Le clitoris peinait à s’imposer, alors que, paradoxalement, les
femmes avouaient passer d’excellents moments intimes grâce à lui.

L'arrivée du point G

Les représentations sociales sont telles que le clitoris se cogne toujours


contre le même mur, malgré les conclusions positives à son égard et les
différentes prises de parole en sa faveur. Et l’horizon n’est pas près de se
dégager : en 1982, Alice Ladas, Beverly Whipple et John D. Perry, tous
trois scientifiques, publient The G-Spot and Other Recent Discoveries
about Human Sexuality et popularisent le célèbre point G, nommé ainsi
en référence au gynécologue Ernst Gräfenberg. Ce dernier pressentait
depuis quelques années qu’il se tramait quelque chose dans le vagin :
une zone précise, située à quelques centimètres de l’entrée, serait
particulièrement sensible aux caresses et à la pénétration. L’ouvrage est
traduit en dix-neuf langues, notamment en français aux éditions Robert
Laffont12 la même année. Le point G est alors présenté comme une
nouvelle clé de la jouissance : enfin la pénétration promet un plaisir
féminin et n’est plus un acte qui se joue dans le seul but de satisfaire les
hommes. Les femmes aussi peuvent y trouver leur compte. Le livre
rencontre un énorme succès que le public est prêt à recevoir et remet le
plaisir vaginal au-devant de la sexualité féminine. Ce que le point G
impose de par sa médiatisation, c’est qu’il existerait bel et bien un
orgasme par stimulation interne, distinct de l’orgasme clitoridien. Le
clitoris peut donc calmer ses ardeurs. Nouveau retour en arrière.

Tout va mieux (ou presque)

Le clitoris reprend ses droits grâce aux avancées technologiques. En


1998, Helen O’Connell, chercheuse australienne, étudie le clitoris par
imagerie par résonance magnétique (IRM) avec exactitude13. Près de dix
ans plus tard, en 2008, Odile Buisson, gynécologue, et Pierre Foldès,
médecin, partagent les résultats de leurs observations échographiques14.
Grâce à ces recherches – les deux plus célèbres parmi d’autres –, on
redécouvre l’anatomie du clitoris et on rappelle, preuves scientifiques à
l’appui, que cet organe s’étend à l’intérieur du corps sur plusieurs
centimètres et qu’il joue un rôle central dans le plaisir féminin. Mieux, il
n’existerait pas deux orgasmes mais un seul, qui naît du clitoris.
Malheureusement, ces révélations – qui viennent confirmer les travaux
de Masters et Johnson, l’obsession de Marie « Bonaparte », mais aussi
les ressentis de nombreuses femmes – font peu de bruit.

Il faut attendre 2015 et le clitoris version 3D conçu par Odile Fillod,


chercheuse indépendante en sociologie des sciences et de la
vulgarisation scientifique, pour que cet organe méritant reprenne des
couleurs. L’époque est bien choisie. Les réseaux sociaux permettent de
faire circuler l’information à vitesse grand V.

La preuve en est avec le court-métrage Le clitoris, réalisé en 2016 (et


mis en ligne en juin 2017) par Lori Malépart-Traversy, réalisatrice
québécoise. Ce film d’animation de trois minutes a été récompensé plus
d’une dizaine de fois et a atteint les cinq millions de vues à l’heure où
nous écrivons ces lignes (juillet 2017, temps caniculaire). L’auteure de la
vidéo – aussi illustratrice de la couverture de ce livre, et nous ne sommes
pas peu fières ! – met en scène un clitoris et retrace son histoire d’organe
malmené et méconnu. Son objectif : rappeler son rôle dans l’orgasme
féminin et dans l’émancipation des femmes. Un véritable succès qui a
été salué, approuvé et partagé. Et qui contribue à faire sortir le petit
bouton de sa tanière.

Dernièrement, des clitoris sont sortis de terre. L’artiste belge Laurence


Dufaÿ a sculpté le « clitoriz soufflé », une œuvre éphémère de trois
mètres de haut réalisée en mousse polyuréthane, recouverte de mousse
végétale, érigée à Bruxelles. En Suisse, c’est l’artiste genevois Mathias
Pfund qui a exposé « Instant Pleasure » un clitoris géant devant la gare
de Neuchâtel. Quand on regarde ces clitoris fièrement dressés, on doit
reconnaître qu’ils sont un peu effrayants. Peut-être que le clitoris n’a pas
le sens de la mode et de la pose, mais après tout, un pénis ne rendrait
pas mieux.

La vulve aussi se montre. Après la tendance « vaginal nail art » – des


vagins peints sur les ongles –, c’est au tour de la fashion week de nous
montrer des vagins en tissu qui vous rhabillent une femme ! Évidemment,
ça fait sourire.

Et ça se fête. Parce qu’il n’est pas trop tard et qu’il ne sera jamais trop
tard. Parce que toutes les adolescentes de demain grandiront – on
l’espère – avec un nouveau regard sur leur sexualité. Parce qu’elles
tomberont nez à nez avec un schéma du clitoris avant même d’étudier
les plaques tectoniques. Parce qu’elles ne chercheront plus à découvrir
un orgasme vaginal, vanté de toutes parts, mais simplement le plaisir.
Parce qu’elles se diront qu’elles possèdent un organe fou, capable de
leur ouvrir la porte de l’extase. Parce qu’elles se découvriront seules ou à
deux en prenant des initiatives, sans penser que l’homme est le driver.
Elles ne feront aucun test féminin dans la presse (« Êtes-vous plutôt
clitoridienne ou vaginale ? »), d’ailleurs ils ne seront plus disponibles en
ligne. Elles nous mettront un sacré coup de vieux.

Mais en attendant, malgré les dissections, les IRM et les échographies,


et les centaines, voire les milliers, d’articles de presse consacrés au
clitoris, une véritable méconnaissance persiste à son égard. Le combat
n’est pas terminé. Encore beaucoup de personnes pensent que le clitoris
n’est qu’un petit bouton mignon, utile aux préliminaires, et que l’orgasme
vaginal se cache quelque part. L’image négative associée au clitoris
depuis la nuit des temps a imprégné nos esprits. Subsistent alors dans
nos mémoires les vestiges d’un mépris.

Le mot « clitoris » est rarement prononcé. Face à son homologue le


pénis, et même le vagin, il se fait discret, voire tabou. Dans l’ouvrage Sex
and the Series15, Iris Brey rappelle que la représentation de la sexualité
féminine a longtemps été inexistante dans les médias et plus
particulièrement aux États-Unis. La bonne nouvelle, c’est que depuis
quelques années, le sexe féminin est plus bavard à l’écran. La série Sex
and the City, pionnière en son genre, a ouvert la voie et a contribué à la
prise de parole, au moins entre amies. « Les séries se sont emparées de
la sexualité et inventent une nouvelle langue, écrite ou visuelle, pour
mettre enfin des mots sur l’un des plus grands mystères de la modernité.
Le sexe féminin est protégé par des lèvres, pas étonnant donc que la
sexualité soit d’abord une question de langage », écrit l’auteur dans son
livre, qui rappelle que récemment, deux séries ont osé le clitoris, à savoir
Masters of Sex qui retrace le parcours et les découvertes de Masters et
Johnson. Certes, on peut penser que le caractère instructif et éducatif de
cette série justifie l’apparition du clitoris sur le petit écran, sans pour
autant refléter une libération de la parole à son sujet. Mais la série
Orange is the New Black, qui retrace le quotidien de femmes en prison,
expose et raconte le sexe féminin sans complexe, sans gêne et sans
murmure. Une approche qui déculpabilise et qui sonne vrai.

Aujourd’hui, et depuis ce que l’on pourrait nommer le « buzz clitoridien »,


le clitoris n’est plus un gros mot. Il y a peu, en France, la série Fais pas
ci, fais pas ça traitait de films porno à travers un ado accro et ne
rougissait pas à l’idée de parler de cunnilingus. En 2017, le programme
Je t’aime, etc. présenté par Daphné Bürki et diffusé en plein après-midi
sur France 2 a également annoncé la couleur : sur le plateau, on ne
simulera pas. C’est sans tabou que l’animatrice et ses chroniqueurs
abordent l’amour, mais aussi la sexualité. Et le clitoris y est cuisiné à
toutes les sauces. Ce sont ces exemples parmi d’autres qui ont retenu
notre attention.

1. Stringer M.D. & Becker I., « Colombo and the clitoris », European Journal of Obstetrics &
Gynecology and Reproductive Biology, 2010, 151 (2), 130-133.
2. Fallope G., Mutinensis observationes anatomicae ([Reprod.]), Apud Bernadum Turrifanum
(Parisiis), 1562.
3. Grmek M.D., Hippocratica : actes du Colloque hippocratique de Paris (4-9 septembre 1978),
Éditions du Centre national de la recherche scientifique, 1980, 1 (3), 332-333.
4. Maines R.P., Technologies de l’orgasme. Le vibromasseur, « l’hystérie » et la satisfaction
sexuelle des femmes, Paris, Payot, 2009.
5. Hertwig O., « Beiträge zur Kenntnis der Bildung, Befruchtung und Theilung des thierischen Eies
», Morphologisches Jahrbuch, 1976, 1, 347-434.
6. Freud S., Introduction à la psychanalyse, Paris, Petite Bibliothèque Payot, 2001 (éd. originale,
1917).
7. Lemel A., Les 200 clitoris de Marie Bonaparte, Paris, Éditions Mille et une nuits, 2010.
8. Kinsey A., Sexual behavior in the human female, Philadelphia, W.B., Saunders ed., 1953.
9. Masters W.H. & Johnson V., Human sexual reponse, Boston, Little Brown, 1966.
10. Koedt A., « Le mythe de l’orgasme vaginal », Nouvelles Questions Féministes, 2010, 29 (3),
14-22.
11. Hite S., Le nouveau rapport Hite, Paris, J’ai Lu, 2004.
12. Perry J.D., Ladas A.K. & Whipple B., Le Point G. et autres découvertes récentes sur la
sexualité humaine, Paris, Robert Laffont, 1982.
13. O’Connell H.E., Hutson J.M., Anderson C.R. & Plenter R.J., « Anatomical relationship
between urethra and clitoris », Journal of Urology, 1998, 159, 1892-1897.
14. Buisson O., Foldès P. & Paniel B.J., « Sonography of the clitoris », The Journal of Sexual
Medicine, 2008, 5, 413-417.
15. Brey I., Sex and the Series, sexualités féminines, une révolution télévisuelle, Villemarier, Soap
Éditions, 2016.
3
Le clitoris, une bête noire plutôt rose

Il y a le clitoris qui s’introduit dans les médias, le clitoris qui revient, le


clitoris qui se bat contre une représentation (et une pratique)
phallocentrée de la sexualité. Et qui nous donne, logiquement,
l’impression d’être encore aujourd’hui un grand oublié des rapports
sexuels, aussi parce que les chiffres à ce sujet vont régulièrement dans
ce sens.

Les femmes atteindraient plus facilement l’orgasme lorsqu’elles


recevraient de multiples stimulations1. Autrement dit, un rapport centré
sur la pénétration ne serait pas le meilleur moyen de jouir : seulement
49,6 % des femmes parviendraient à l’orgasme uniquement par
pénétration vaginale. Elles seraient 70,9 % lorsque la pénétration
s’accompagne de stimulus manuels et 72,8 % lorsqu’elle est rythmée de
stimulus oraux (petits mots cochons ou très coquins).
Ce constat continue à faire couler de l’encre. En 2015, une enquête
publiée par l’Ifop2 a été copieusement relayée dans la presse. Si les
femmes ne jouissent pas (assez), c’est parce que les rapports sont trop
phallocentrés : « C’est en France que la pénétration vaginale
accompagnée d’une stimulation clitoridienne est pratiquée la moins
fréquemment – seule une Française sur trois (34 %) déclare la pratiquer
“souvent”, alors même qu’il s’agit pour elles de la pratique leur
permettant d’atteindre le plus facilement l’orgasme : 77 % y parviennent
assez facilement », conclut l’enquête. Toute la presse féminine s’est
emparée du sujet, nous les premières dans notre livre Je SexoPositive3.
Nous nous sentions investies d’une mission : celle de rappeler que le
clitoris ne doit pas être négligé et que la double stimulation est largement
la bienvenue pendant l’amour. Depuis le rapport Hite et le rapport Kinsey,
qui ont tous deux donné la parole aux femmes, la stimulation clitoridienne
(entendez du gland) était déjà reconnue comme nécessaire au bien-être
sexuel féminin.

À en lire ces données, chacun est tenté de conclure que le clitoris est le
grand absent de l’acte sexuel et que la pénétration est omniprésente,
comme si nous étions bloqués dans le passé, victimes d’une
représentation phallocentrique tenace. Elles nous donnent le sentiment
que les hommes sont focalisés sur la pénétration et que les femmes
n’orientent pas et ne dirigent pas leurs désirs sexuels. Est-ce que le
silence que le clitoris a subi (et qui subsiste encore dans une moindre
mesure) l’empêche à ce point de s’exprimer dans certaines vies intimes ?
Nous nous sommes interrogées sur la place du clitoris dans nos lits
actuellement. Est-il aussi piétiné qu’il en a l’air depuis tout ce temps ?

Nous avons d’abord questionné notre passé. Il y a vingt ans, lors de nos
premières expériences sexuelles, on cherchait l’orgasme vaginal, le point
G et la meilleure façon de jouir. Et on manipulait notre clitoris… et nos
amoureux aussi. On lui faisait une place, simplement parce que les
sensations procurées étaient ravissantes et mélodieuses. Il aurait été
difficile de se passer d’une telle extase. Les femmes que nous avons
rencontrées, dans le cadre privé ou professionnel, confient assez
fréquemment combien le clitoris fait partie intégrante de leurs rapports,
alors même qu’il y a pénétration (et pas qu’un peu). D’autres encore
révèlent que leur clitoris fait partie du jeu, mais pas comme elles
l’espéreraient : trop peu de caresses, trop peu de douceur…

Les hommes sont de plus en plus soucieux du plaisir de leur compagne4,


contrairement à l’idée reçue qui voudrait qu’ils ne soient branchés que
pénétration. On les traite depuis la nuit des temps de zappeurs de
préliminaires. C’était un des propos de nos lectures d’ado aussi, ça. On
nous rappelait combien les « mises en route » étaient importantes à
l’épanouissement et à l’acte sexuel, en nous donnant des conseils pour
les soumettre et les faire durer à un Jules complètement buté. En
somme, les filles en avaient besoin, les mecs pas du tout.

Désormais, Jules cherche à faire du bien à sa compagne. Il octroie des


cunnilingus, il prend le temps de stimuler son clitoris et l’ensemble de ses
zones érogènes. Il craint de ne pas être performant, toujours soumis à un
principe de compétition, mais faire jouir une fille n’est plus un objectif
purement narcissique (du moins pas toujours). Le plaisir féminin est
considéré, le clitoris est intégré. Beaucoup d’hommes ont conscience
que le caresser est nécessaire à l’épanouissement sexuel de leur
partenaire.

Alors oui, peut-être que certains rapports demeurent trop phallocentrés.


Eh oui, il est toujours bien de rappeler l’importance du clitoris (c’est
d’ailleurs ce que nous sommes en train de faire). Mais il ne faudrait pas
que tout cela relègue la pénétration au dernier rang. Non plus que le
clitoris devienne une obligation. Parce que ces deux-là bossent
ensemble et que les dernières découvertes à ce sujet ne peuvent que
mettre tout le monde d’accord : nous sommes toutes capables de
ressentir des sensations internes et externes.

Foutue pression (et sans jeu de mots)

À force d’enquêter et de pondre des lignes sur le clitoris, on s’est


demandé à quel point on connaissait notre clitoris à nous : et si nous
n’avions pas atteint le tiers de ce qu’il proposait ? Et si le clitoris pouvait
encore nous surprendre au lit, sous nos couettes ? Et comment se
débrouiller pour le mettre à nu, encore et toujours ? Le problème, c’est
qu’en se posant ces questions, on l’a ressentie, la pression. Même
scénario qu’à l’adolescence avec l’orgasme dit vaginal. Aujourd’hui, on
va se mettre à courir après le plaisir clitoridien ? Entendre qu’il est
puissant tandis qu’il est depuis quelques mois la nouvelle star de la
sexualité pourrait dresser sous nos yeux une nouvelle montagne à gravir,
que l’on soit homme ou femme. C’est sans dire combien de fois – pour
plaisanter (ou pas ?) –, les filles ont ri entre elles du fait que les hommes
maniaient leur clitoris comme un joystick. Les hommes sont-ils aptes à
ressentir une pression parasite si l’on leur dit clairement que le clitoris est
(dans le désordre) : nécessaire, mystérieux, étonnant, capricieux, parfois
volage ? Bref, qu’il est loin d’être le petit bouton que l’on a tant décrit ?

Quand nous étions jeunes, les garçons aussi cherchaient à relever le défi
de l’orgasme vaginal, plus précieux que son petit frère. Le plaisir féminin
étant un monde obscur : le jeune homme qui parvenait à faire jouir une
fille se sentait tout-puissant. Nous n’avons jamais voulu (ou osé) remettre
en cause la performance des hommes, au risque de leur faire mal à
l’ego, au risque aussi de passer pour des capricieuses insatisfaites. On
avait tendance à entretenir cette idée selon laquelle les hommes y
étaient pour beaucoup dans notre capacité à prendre notre pied ou pas.
Et même si l’on les accusait de rouler des mécaniques – le fameux «
Alors, heureuse ? » –, rappelons qu’à l’aube de la vie sexuelle, les
jeunes hommes se sentent tenus d’un devoir de performance. Ils
craignent de débander en enfilant une capote, de jouir trop vite et de ne
pas offrir d’orgasme à leur partenaire. Derrière ce prétendu cadeau se
cache une part d’ego, c’est vrai, surtout à l’adolescence. Mais certains
hommes souffrent encore de cette pression et ça ne les amuse guère. Ils
ont le sentiment que les femmes leur refilent le bébé en matière de
plaisir, comme s’ils étaient responsables de leurs orgasmes. Nous
n’avons rien demandé, tout ça n’est qu’une question d’idée reçue : le bon
amant serait celui qui fait jouir sa compagne. Mais apaisons les esprits.
Si certains s’angoissent à l’idée de ne pas satisfaire leur partenaire,
d’autres ont réussi à trouver la sérénité. Avec le temps et l’expérience, la
plupart ne font plus de l’orgasme féminin un défi, non plus une mission
qui leur appartient. Cela ne signifie pas qu’ils ne cherchent pas à (et ne
doivent pas) s’appliquer : le sexe est une question d’écoute et de
partage. Mais les hommes découvrent, au fil des rencontres, que
l’orgasme féminin dépend tout autant de la femme elle-même, du rapport
qu’elle entretient avec son corps, de la connaissance qu’elle a de ce
dernier, de son état d’esprit du moment. Et ce, parce qu’ils vivent la
même chose, tout simplement. Si une femme ne jouit pas sous leurs
yeux, beaucoup témoignent l’accepter : ils ne prétendent pas que c’est
de sa faute à elle, mais ne se disent pas non qu’ils ont tout foiré.
Atteindre l’orgasme est une rencontre entre deux corps, à un moment
précis, dans des circonstances précises. Quand ça fonctionne, c’est à
deux ; quand ça plante aussi.

Nous aussi, les femmes, ressentons cette obligation à jouir. Est-ce pour
leurs beaux yeux ? Ou pour rejoindre le mouvement d’un plaisir féminin
émancipé ? Si l’on regarde attentivement les raisons pour lesquelles les
femmes simulent, on note qu’elles ne veulent pas vexer leur partenaire et
qu’elles veulent avoir l’air « normales ». Le sexe est encore aujourd’hui
soumis à la réussite, tout sexe confondu. Nous vivons dans une société
hyper-sexualisée qui nous oblige constamment à avoir des orgasmes
plus forts.

Ce que le clitoris nous offre est déjà énorme. Tant mieux si, au fil du
temps, des découvertes scientifiques et de nos explorations individuelles,
nous sommes toujours plus époustouflées et toujours plus enclines à
ressentir un plaisir plus intense. Mais pour mieux l’appréhender, il faut se
défaire de cette foutue pression. Si l’on cherche à tout prix le top du top,
on risque de se prendre les pieds dans le tapis. Le clitoris s’accueille à
bras ouverts, sourire aux lèvres, esprit détendu et corps réceptif. Et
auprès des hommes, il n’impose pas une quelconque supériorité
féminine. Il remet, disons, les compteurs à zéro, lui qui a des années de
retard face au plaisir masculin considéré et analysé depuis bien
longtemps.

Le mieux est l'ennemi du bien

Hommes et femmes ont le sentiment qu’il faut toujours avoir envie de


sexe (comme si le désir tombait du ciel), qu’il faut toujours assurer
(comme si l’on allait être puni) et qu’il est indispensable de conclure un
rapport sexuel par un orgasme (sinon, ça compte pour du beurre). Autant
d’injonctions qui déstabilisent notre bien-être sexuel : à force de vouloir
être sensationnel, on ne se laisse pas aller à soi et à son petit bonheur,
mais nous restons agrippés, toutes et tous, à une série de « Il faut » qui
dirige nos rapports sexuels et nous déconcentre.

« Je me rappelle cette Américaine qui, il y a trente ans, mine sévère et


enthousiasme, sorte d’apparatchik de l’érotisme, m’a donné une leçon
(glacialement théorique) sur la libération sexuelle ; le mot qui revenait le
plus souvent dans son discours était le mot “orgasme” ; j’ai compté :
quarante-trois fois. Le culte de l’orgasme : l’utilitarisme puritain projeté
dans la vie sexuelle : l’efficacité contre l’oisiveté ; la réduction du coït à
un obstacle qu’il faut dépasser le plus vite possible pour arriver à une
explosion extatique, seul vrai but de l’amour et de l’univers », lit-on dans
La Lenteur de Kundera, roman publié en 1995. Extrait qui reflète la
précipitation à l’orgasme, le zapping du rapport lui-même pour arriver à
ses fins, le comportement fréquent – et toujours d’actualité – qui veut que
l’on ne prenne le temps de rien et qui depuis quelques années fait
émerger la tendance « slow ».

Oui, avoir un orgasme, c’est bien. On aime ça. Mais ne pas décrocher les
rideaux, ce n’est pas grave : sur la route qui mène à la troisième tringle
se trouvent des milliers de sensations plus agréables les unes que les
autres, auxquelles se connecter tout au long de la promenade.
Volontairement, dans ce livre, nous parlerons des caresses qui soulèvent
le plaisir, sans jamais évoquer de caresses qui garantissent l’orgasme.
Parce que l’un attise l’autre, et que s’affranchir de tout objectif est le
meilleur moyen de se laisser surprendre par un feu d’artifice.

La seule chose que l’on désire souligner, c’est que l’on entend depuis
quelque temps que la recherche de l’orgasme est inutile (car éprouvante)
et qu’il est préférable de se détendre sans guetter le septième ciel : c’est
vrai. Mais il est important d’ajouter un élément : ce n’est pas parce que
l’orgasme n’est pas une obligation que l’on doit se contenter d’un rapport
qui nous plaît moyennement (car position compliquée à maintenir, car
maladresses dans les préliminaires, car tout va trop vite, etc.). En
d’autres mots, si l’orgasme n’est pas la clé, il en reste qu’on ne doit pas
mettre notre satisfaction sexuelle entre parenthèses.

Courir après la perfection ne mène nulle part, c’est crevant. Le clitoris ne


cherche pas à nous coller la pression. Il ne revient pas sur le devant de
la scène pour que l’on remette en question notre sexualité et notre accès
au plaisir. Il n’a rien d’effrayant. Il serait fastidieux et décourageant de
penser que l’on passe à côté de lui, qu’on ne sait pas y faire et que c’est
compliqué, qu’il nous faut réussir et jouir (absolument) grâce à lui. Le
clitoris n’est pas un défi. Il est simplement une bonne nouvelle.

1. Richters J., Visser R., de Rissel C. & Smith A., « Sexual practices at last heterosexual
encounter and occurrence of orgasm in a national survey », The Journal of Sex Research, 2006,
43 (3), 217-226.
2. Étude « Les Françaises et l’orgasme », Ifop pour CAM4, 2015.
3. Hubin A. & Michel C, Je Sexopositive, Paris, Eyrolles, 2015.
4. Hubin A. & De Sutter P, « Un glissement des typologies hommes-femmes dans leurs désirs
affectifs et sexuels ? », in Heenen-Wolff S. & Vandendorpe F., Différences des sexes et vies
sexuelles d’aujourd’hui, Belgique, Academia A.B. Bruylant, 2012, 163-168.

L orsque le clitoris 3D a été modélisé et imprimé par Odile Fillod en


2015, nous en avons montré sa représentation aux patients ainsi
qu’aux hommes et aux femmes interviewés dans le cadre de nos
articles. Nous avons été étonnées face aux nombres de bouches
estomaquées. Les yeux plissés ou bien grands ouverts, on nous a
demandé de quoi il s’agissait. Une petite bête rose ? Un personnage de
dessin animé ? Une Barbie® « normale » (qui s’est bennée du toboggan)
? Un Tamagotchi® sur pied ? Faut-il le nourrir ? Lui parler ? Les gens
s’attendent à voir un petit pois et se retrouvent nez à nez avec une
pieuvre. De quoi tomber des nues.

Nous nous joignons au mouvement. Faire connaître le clitoris nous tient


vraiment à cœur (on est à deux doigts de se prendre pour des Fallope).
On a parfois envie de montrer aux passants le chef-d’œuvre d’Odile
Fillod, aussi aux passagers du Thalys (ça, c’est pour Alex), et à tous nos
ex (ça, c’est pour Caro), afin qu’ils prennent conscience de la réalité de
cet organe. Pour qu’ils disposent enfin des ressources nécessaires, se
familiarisent avec le clitoris et explorent leur sexualité – la leur ou celle de
leur partenaire – sous un angle nouveau et positif.
4
Mon corps, mon sexe et moi

Connaître son corps est le gage d’une sexualité épanouie. On l’entend


souvent et pour cause, c’est loin d’être faux. Mais bon, que cela signifie-t-
il ? Doit-on potasser des planches d’anatomie ? Se masturber devant un
porno, avec des sextoys, devant un miroir, dans le noir ou en poirier ? Il
n’y a aucune to-do-list à respecter.

On peut en effet commencer par s’observer, à l’aide d’un miroir. Se


toucher aussi, sans forcément le faire dans un cadre « plaisir », mais
simplement pour laisser ses doigts arpenter les différentes parties de
notre zone génitale : petites et grandes lèvres, clitoris, orifice vaginal…
Histoire d’être en terrain connu et de savoir également ce que l’on
montre à notre partenaire. Connaître son sexe permet de mieux
appréhender l’échange sexuel et de se sentir en confiance. Et en
découvrant son sexe en gros plan, on peut demander à son miroir qui est
la plus belle : il répondra « toi ». C’est important de le savoir. Les
complexes sont fréquents. La course au « beau sexe » réunit de plus en
plus de femmes. En 2015, la Société internationale de chirurgie
esthétique (ISAPS) recensait plus de 95 000 labioplasties (réduction des
grandes lèvres) et plus de 50 000 vaginoplasties (resserrement ou
élargissement du vagin) dans le monde1. C’est colossal. Et ces derniers
temps, la vogue des paillettes dans le vagin mais aussi du maquillage de
la vulve a enflammé la toile. Et c’est sans parler de cette traque aux
poils, des déodorants intimes pour sentir bon…

Pour autant, votre sexe est beau et sent bon, même s’il ne ressemble
pas à celui de la dernière actrice porno en vogue. Nous accueillons en
permanence des images qui nous soumettent au diktat du corps parfait
et du sexe parfait, si bien que se sentir à côté de la plaque est facile.
Rapidement, on se trouve difforme et peu présentable. Notre corps et
notre sexe, soudainement, ne procureront aucun plaisir à notre
partenaire.
Aimeriez-vous tomber toujours sur les mêmes pénis ? Tous les sexes
sont différents – et physiquement et dans leur fonctionnement – et
découvrir le vôtre, juste le vôtre, voilà une mission qui s’avère excitante
et qui l’est également pour les hommes ou les femmes avec qui vous
partagez des moments intimes.

Se découvrir peut passer par l’autoérotisme. Même si l’on est en couple :


la masturbation n’est pas réservée aux célibataires en soit-disant mal
d’amour. Pour de nombreuses personnes, s’adonner aux caresses
solitaires est un moyen de s’explorer dans un cadre intime, plus direct,
où chaque caresse appelle une réaction immédiate. Et côté
masturbation, c’est comme côté fantasme, il n’y a aucune limite : on fait
bien ce que l’on veut et comme on veut pour se procurer du bonheur.
Sous la douche avec un pommeau, contre un coin du matelas, avec un
sextoy ou dix, devant un film porno (tandis qu’on a gardé nos
chaussettes). On est ainsi capable de tirer quelques conclusions : ce que
l’on aime ou pas, et comment, et selon quel rythme, quelles caresses,
quelle pression, quel objet et quelle ambiance. Car oui, le plaisir, ça
s’apprend. Ce n’est pas inné.

Il n’existe aucune ordonnance en matière de masturbation. Une femme


qui n’en ressent pas l’envie n’a aucune obligation. Elle n’a pas à se
forcer. Cette exploration peut tout à fait se faire en couple ou se
prolonger en couple. À deux, on s’apprivoise et on se révèle autrement.
Le plaisir découvert n’est pas toujours le même qu’en solo. La dimension
érotique est différente. Nous sommes dans le partage, les détours, les
tentatives et la surprise.
On se découvre toute une vie, selon nos partenaires, notre âge, nos
tentations du moment. La découverte de soi, en solo et/ou en duo se fait
au fil des pratiques : on teste, on approuve, on recommence ou on
s’arrête. C’est en essayant (sans jamais se forcer) et en s’écoutant («
Tiens, j’ai envie d’un rapport bestial sur fond de Nolwenn Leroy pour voir
si ça rend bien ! ») que l’on s’offre la possibilité d’enrichir sa
connaissance de soi-même. Une fois que l’on détecte ses préférences,
on joue avec. On les convoque quand ça nous chante ; on peut les
laisser de côté un soir afin de les retrouver avec davantage d’excitation.
Qui mange de l’avocat du lundi au vendredi est un peu déçu le samedi
quand l’apéro est un grand bol de guacamole. Disons que, avec le
temps, on dispose d’une panoplie de goûts à piocher et à déguster selon
nos humeurs.

Quant aux articles de presse féminine, ils continuent de faire leur job.
Notamment parce que la sexualité féminine manque d’être racontée. Ils
nous encouragent à mieux nous connaître, ils nous donnent des billes et
nous aident également à déculpabiliser, à ce que chacune se sente tout
à fait normale d’être simplement différente.

Une chose est sûre en ce qui concerne le clitoris, c’est plutôt bien de
savoir qu’il s’étend à l’intérieur du corps, qu’il est bien plus surprenant
qu’il en a l’air sous son petit capuchon, qu’il est un organe dédié
uniquement au plaisir. Ça revient à posséder un gros trousseau de clés
pour s’aventurer vers de nouvelles caresses, pratiques, et donc
sensations. Mieux comprendre le clitoris, prendre conscience de qui il
est, de son anatomie, de sa physiologie, c’est trouver confiance en soi et
en sa propre capacité à fondre de plaisir. Et à ce jour, cet organe
demeure trop rarement décrit et raconté.


1. ISAPS International Survey on Aesthetic/Cosmetic, Procedures Performed in 2015.
5
Le clitoris sur les bancs de l’école

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Quand avons-nous toutes les deux entendu parler du clitoris pour la


première fois ? Difficile de s’en souvenir, parce que cette question revient
à se demander quand nous avons mangé des lasagnes pour la première
fois ou poussé notre premier cri de douleur en nous faisant épiler la
moustache. Mais si nous sommes certaines d’une chose, c’est que le
clitoris ne nous a pas sauté aux oreilles, non plus aux yeux, sur les bancs
de l’école. On l’a rencontré dans nos culottes, sans savoir grand-chose
de lui. D’où vient-il ? Comment est-il ? On aurait pu ouvrir un dictionnaire.
Mais dans le Larousse de poche, édition 1990, on lisait : « Petit organe
érectile de la vulve. » Et aujourd’hui ? « Petit organe érectile de l’appareil
génital externe de la femme situé à la partie antérieure de la vulve. » Au
jeu des sept erreurs, on note désormais que le clitoris est « externe »,
c’est donc pire qu’à l’époque. Certes, en 1990, il était sous-entendu que
le clitoris n’était qu’un petit bouton, mais nous sommes presque vingt ans
plus tard et nous avons compris depuis bien longtemps que le clitoris
s’étendait à l’intérieur du corps.

Ce que l’on apprend aujourd’hui, en classe, c’est le fonctionnement du


système reproducteur. Le sperme, composé de spermatozoïdes, est
émis durant l’éjaculation, puis rencontre un ovule. C’est la fécondation.
Le petit œuf se fixe à la paroi utérine, il grossit, méiose, mitose, et tout le
tintouin. Ces connaissances sont utiles, parce que oui, il est important de
comprendre comment on fait les bébés, parce que, adolescents, on
commence à faire semblant d’en faire. Et puis comprendre le cycle
féminin, c’est essentiel, notamment parce que le tabou des règles est
coriace et qu’on n’en parle pas assez (mais c’est un autre sujet).
Sensibiliser les jeunes à la contraception et aux infections sexuellement
transmissibles est également primordial.
Mais l’angle du plaisir mérite aussi d’être abordé. Parce que c’est via une
vision positive de la sexualité que l’on comprend mieux la nécessité de
se protéger et d’être en accord avec les pratiques sexuelles que l’on met
en scène. Mais le plaisir n’est pas au programme, alors le clitoris encore
moins. Puisqu’il ne joue aucun rôle dans la procréation, inutile de le
représenter dans les manuels. Le pénis, lui, est raconté cent fois, parce
qu’il n’est pas exclusivement dédié au plaisir : il conduit l’urine et aussi le
sperme à l’extérieur du corps.

Dans le rapport relatif à l’éducation à la sexualité publié le 13 juin 2016


par le Haut conseil à l’égalité (HCE) entre les femmes et les hommes, on
peut lire : « Les jeunes, et en particulier les filles, méconnaissent leur
corps, et le plaisir féminin reste tabou : 84 % des filles de 13 ans ne
savent pas comment représenter leur sexe alors qu’elles sont 53 % à
savoir représenter le sexe masculin, et une fille de 15 ans sur quatre ne
sait pas qu’elle a un clitoris. » Ces chiffres sont issus d’une enquête qui a
interrogé 316 élèves de classes de quatrième et de troisième via des
questionnaires anonymes1.

Après quoi le rapport poursuit son analyse : « Cette “excision culturelle”


et mentale a donc des effets concrets qui se reporteront sur la sexualité
des adolescent(e)s et des adultes. Les différences de satisfaction et de
plaisir sexuels (dont l’orgasme fait partie) entre femmes et hommes
s’expliquent largement par le fait que l’on ne permet pas aux filles de
connaître avec précision et exhaustivité leur sexe. La connaissance du
sexe féminin, au même titre que le sexe masculin, et la reconnaissance
du plaisir féminin et du rôle essentiel du clitoris, sont donc des étapes
indispensables à la construction d’une sexualité positive et égalitaire. »

On s’est mis à la place des jeunes qui répondaient à des quiz sur les
organes sexuels. C’est vrai, nous aussi, on aurait sans doute eu une
grande facilité à dessiner des pénis. Faut dire qu’à chaque fois qu’on se
rendait aux toilettes entre le cours de sciences naturelles et celui de géo,
on en avait trente autour de nous, parfaitement dessinés, et sous toutes
les formes. La vulve, elle, n’était pas (et n’est toujours pas) représentée.
Le clitoris non plus. Mais si la verge et les testicules sont partout, c’est
bien parce qu’ils se voient. Si notre clitoris nous pendait entre les jambes
(et savait faire l’hélicoptère), peut-être qu’on disposerait d’un modèle plus
évident.

La représentation 3D du clitoris lui donne enfin du corps. Il a une forme,


une présence, une anatomie même. Alors peut-être que demain, il aura
imprégné les esprits. Les plus talentueux d’entre nous pourront graver sa
bouille partout sur les murs, les tables et les cartes de pot de départ. En
attendant, c’est dans les livres scolaires qu’il va s’afficher. L’inclure est
aujourd’hui un enjeu majeur pour que les jeunes filles et les jeunes
hommes connaissent mieux leur corps, mais aussi prennent conscience
d’une sexualité positive, pas seulement racontée avec des capotes, des
bananes, des infections sexuellement transmissibles et des avortements.

Parmi tous les nouveaux programmes de collège de l’année scolaire


2017-2018 déjà édités, un seul, à notre connaissance, représente le
clitoris. Mais c’est déjà énorme. Selon la directrice de la maison d’édition
concernée, 20 % des élèves auront ce manuel entre les mains. Quant
aux autres éditeurs scolaires, ils ont réimprimé leurs anciens schémas,
sur lesquels le clitoris n’est qu’un petit haricot d’un centimètre. Tant pis.
Un manuel, c’est un pas, un pas de géant. Et c’est la preuve que les
choses bougent dans le bon sens.

Éduquer mieux

Michel Cymes a publié récemment Quand ça va, quand ça va pas2, un


ouvrage sur le corps humain pour les enfants (de quel âge ? Le livre ne
le précise pas). Il est construit de telle sorte que chaque partie du corps
est d’abord présentée sous l’angle qui va bien (le nez est l’organe de
l’odorat) puis sous l’angle qui va moins bien (parfois, il coule, parfois, on
éternue).

Deux doubles pages ont retenu notre attention : le zizi et la zézette. Le


zizi est présenté dans son intégralité : urètre, testicule, scrotum. Il y a
également un zoom sur le gland et le prépuce, et un petit garçon qui
rougit à côté parce qu’il a une érection (et on lui dit que c’est un signe de
bonne santé). On constate que le pénis fait pipi, que parfois il devient dur
et que c’est normal. Le jeune lecteur y apprend les utilités, les réactions
et les soucis liés à son pénis qui peuvent le concerner. Quant à la
zézette, dommage : elle est représentée par une vessie et l’urètre. Elle
est aussi appelée « cocotte » ou « minou », ou « fefesse ». On voit une
petite fille faire pipi. Bien sûr, ce n’est pas un livre sur le plaisir sexuel,
non plus sur la reproduction. Mais le risque est de faire passer le
message aux jeunes lectrices que la zézette ne sert qu’à uriner.

Et pourquoi pas non plus un schéma de la vulve et clitoris ? Dès son plus
jeune âge, l’enfant part à la découverte de son corps et de ses zones
génitales. Il s’aperçoit que les sensations sont différentes, il ressent ses
premiers émois. Il est curieux et c’est normal. Puis la petite fille ou le petit
garçon grandit et continue de s’explorer, aussi parce qu’il (elle) se
compare : il (elle) a vu papa et maman sous la douche (ensemble ou
séparément, cela ne nous regarde pas) et cherche à savoir s’il (elle) est
constitué(e) de la même façon.

Une version simplifiée mais entière du clitoris aurait été la bienvenue.


Entière, oui, parce qu’il nous semble qu’il vaut mieux ne rien mettre que
de ne mettre qu’un bourgeon. Un principe qui équivaut à l’apprentissage
de l’orthographe : même si les enfants ne savent pas encore lire tous les
sons, on doit toujours écrire sans faute, car ils photographient les mots.

Un nombre incalculable de remarques agacées a envahi la toile face au


livre de Michel Cymes. Une pétition a même été lancée sur change.org,
intitulée légitimement « La zézette n’est pas un trou. Stop à la
désinformation des petits ! ». Elle atteint, à l’heure où nous écrivons, plus
de 10 000 signatures.

Si nous prenons l’exemple du livre de Michel Cymes, ce n’est pas pour


accuser le médecin – nous l’aimons beaucoup et apprécions son travail
–, mais pour mettre en lumière le fait qu’il reste encore beaucoup à faire
en matière d’éducation concernant la sexualité féminine, qui demeure
sous-représentée.

Entre zézette et clito, on dit quoi aux enfants ?

Tous les parents ne sont pas à l’aise à l’idée que leurs enfants
apprennent à l’école (ou dans les livres) ce qu’est une vulve, un vagin et
un clitoris (et c’est aussi vrai pour le pénis, d’ailleurs). Comme si ces
informations pouvaient les éveiller prématurément à la sexualité. On
pourrait comparer cette crainte à celle de glisser des préservatifs dans la
valise des ados avant leur départ en colonie : est-ce qu’une capote va les
inciter à faire l’amour ? Oui, mais en même temps s’ils se lancent,
auront-ils conscience de la nécessité de se protéger ?

Parler de sexualité à ses enfants, dès qu’ils en ressentent le besoin, et


ce dès le plus jeune âge, fait partie des étapes de leur apprentissage.
Parents et professeurs y contribuent et apportent les clés nécessaires en
termes de prévention (on se protège) et de valeurs (le sexe est une
question de respect, on ne doit pas se forcer, ni forcer une autre
personne).

Bien entendu, l’idée n’est pas d’aller réveiller ses enfants demain en leur
disant : « Et si l’on parlait de papa dans maman ? Et du clitoris, tu veux ?
» Il n’y a pas de moment à définir. Au quotidien, les conversations
émergent naturellement, d’abord parce que l’enfant est observateur et
curieux, ensuite parce que maintes situations sont propices : la couche
de la petite sœur que l’on change, la publicité à la télé, tonton Jojo qui
pince allègrement les fesses de tata Simone… L’enfant pose des
questions spontanément, il cherche à comprendre. Il est important de lui
répondre sans gêne et de rester positif (c’est la vie) face à ce qui le
turlupine afin de lui transmettre une image saine de la sexualité. Si l’on
commence à changer de sujet, parce que nous sommes mal à l’aise ou
choqués, l’enfant pense alors (simple raccourci) que la sexualité est
taboue. Pris au dépourvu, nous ne sommes pas obligés de répondre
instantanément (si nous avons besoin de préparer notre réponse ou que
la question tombe très mal) mais alors on propose (et on s’y tient) d’en
reparler dans les heures qui suivent.

Si l’on raconte que les bébés naissent dans les choux, c’est mignon,
mais on alimente de fausses croyances qui pourront créer des
confusions dans la construction des représentations mentales de l’enfant.
Ou entraîner des moqueries si ses copains sont mieux informés, ce qui
n’est pas agréable pour lui. Parler de sexualité, ce n’est pas non plus
mettre en garde à tout-va. Sinon, de la même façon, l’enfant aura le
sentiment que le sexe est dangereux.

Beaucoup de parents cherchent leurs mots : ils ne sont pas certains de


savoir « les choses du sexe ». Ils ont peur de révéler des clichés, des
notions de « normes », des injonctions (« Il faut », « Tu dois… »). Ces
hésitations sont le fruit d’une autre crainte, celle de figer l’enfant dans
une vision étroite de la sexualité. Or, les enfants ne retiennent pas tant le
détail, mais le ton, l’esprit, le regard porté sur « ces choses du sexe ». Le
but n’est pas de monter un cours de toutes pièces en s’exprimant comme
des docteurs ou des psychologues, mais de rester le plus simple et
positif possible.

Facile à dire, mais comment on fait ? Selon nous, utiliser les mots que
l’enfant entend à l’école, tout en donnant nos « mots de grands » est une
option réaliste. Alors oui à la zézette, qui est le sexe féminin : il y a le
pubis, les lèvres, le clitoris et le vagin, ce sont les termes qu’emploient
les grandes personnes. Mais pas d’inquiétude, il n’est pas question de se
prendre le chou (encore lui) avec un vocabulaire pointilleux. Les enfants
apportent bien souvent leurs propres mots. Les parents mal à l’aise
remarqueront qu’en renvoyant la question à l’enfant, ce dernier
collaborera et partagera ce qu’il ressent, mais aussi la façon dont il
perçoit les choses à son âge. Dans certains cas, il suffira de confirmer,
dans d’autres, de nuancer.

En somme, parler de sexualité avec son enfant est un échange, et


l’enfant a besoin que l’on réponde à ses interrogations ; il a besoin
d’avancer sur le chemin de ses questionnements et d’être éclairé par un
adulte et accompagné dans son développement affectif et sexuel. Cela
ne signifie pas que le parent doive raconter sa vie sexuelle, non plus
interroger son enfant sur la sienne. Chacun son intimité en la matière.

Quelques précisions sur la zézette auraient donc été les bienvenues


dans l’ouvrage de Michel Cymes, sans pour autant en faire des tartines.
Simplement, il s’agit de ne pas cacher aux enfants (en l’occurrence, aux
petites filles) l’anatomie de leur appareil génital.

Mais revenons à nos moutons de grands et à l’anatomie du clitoris dans


le détail.

1. Rapport relatif à l’éducation à la sexualité, Rapport n° 2016-06-13-SAN-021 publié le 13 juin
2016.
2. Cymes M., Quand ça va, quand ça va pas, Éditions Clochette, 2017.
6
Alors le clitoris, comment est-il ?

Nous vous répétons qu’il est impressionnant, alors forcément, vous avez
envie de le découvrir, ce clitoris. Votre clitoris. Il est assez compliqué de
relayer des mesures exactes concernant son anatomie. D’abord parce
qu’il existe des particularités individuelles (on n’a pas le même clitoris
que sa voisine). Ensuite, parce que les résultats divergent sensiblement
selon les techniques de mesures utilisées. Enfin, les chercheurs ne
dénomment pas tous de la même façon chaque partie du clitoris. Par
exemple, certains incluent le gland dans le tronc, d’autres non. En gros,
c’est comme si l’on ne s’était pas encore mis d’accord sur le fait que le
mollet appartient à la jambe ou que Nantes est bretonne.

Nous ne sommes pas parfaitement fixés, mais nous ne nous sommes


pas non plus à un centimètre près pour comprendre l’anatomie du clitoris
et son rôle dans le plaisir. Ce qui nous intéresse, c’est d’abord de
comprendre que le clitoris, tel qu’il est communément admis, n’est que la
partie émergée de l’iceberg.

Le clitoris entier ferait en moyenne de 9 à 11 centimètres et le gland en


moyenne 1 centimètre1. Le gland est la partie externe du clitoris, situé au
sommet de la vulve. Il est recouvert d’un petit capuchon protecteur qui le
cache plus ou moins, appelé aussi prépuce. Il est riche en capteurs
sensoriels et mesure en moyenne 1 centimètre. Chaque femme a son
propre gland, un peu comme nous avons chacune notre nez :
proéminent, en trompette, discret ou avec un bon coup de soleil (mais
inutile de croire qu’avoir un gros nez est synonyme de gros clitoris, sauf
si vous croyez dur comme fer que de grandes mains reflètent un grand
pénis). Le gland possède beaucoup plus de petits nerfs que le reste du
clitoris, ce qui explique qu’il soit extrêmement érogène. Des milliers de
capteurs sensoriels (c’est plus que le pénis) permettent de sentir le
chaud, le froid, le souffle, la pression, la douceur, le plaisir, bref, toutes
les nuances des caresses, qu’elles soient légères ou appuyées,
accompagnées d’un glaçon ou d’un sextoy chauffant. Et l’on ne parle que
du gland ! Une si petite (et jolie) perle qui détient un potentiel de
jouissance énorme (ça donne limite envie de regarder son petit doigt de
pied autrement).

À chacune son type de gland !

Évelyne
Gland émergent : il sort comme un mini-pénis.

Sandra
Gland en perle, que l’on appellera « bouton » : il forme un petit rond.
Lou
Gland discret : on ne le voit presque pas. Le capuchon, comme un « U à
l’envers » le renferme.

Antonia
Gland enfoui ou caché, on ne voit que le capuchon.
Noémie
Gland avec piercing hood.

On continue le voyage et on découvre le tronc, qui prolonge le gland à


l’intérieur du corps (telle la hampe du pénis), et des racines qui
chevauchent l’urètre et le vagin. À l’emplacement où ces deux racines
naissent, émergent également les bulbes vestibulaires qui se trouvent
sous les grandes lèvres et contre la paroi vaginale.

Le clitoris en perspective

Il existe plusieurs façons de désigner cet ensemble clitoridien : organe


bulbo-clitoridien, complexe clitoridien, voire tout simplement clitoris. Mais
il n’est pas simple de parler de « clitoris » tout court quand, derrière ce
terme, on n’a longtemps vu qu’un petit grain de café. Alors que c’est tout
un empire.

Cette description peut paraître complexe (c’est le cas, en fait !),


complètement dingue ou prise de chou, mais une fois que l’on visualise
un minimum cet organe bulbo-clitoridien (on le case ici, ça nous fait
plaisir), on embrasse le point de départ du plaisir sexuel féminin et on a
très envie de le laisser s’exprimer d’avantage. D’autant plus que le
clitoris, à ce stade, a encore des choses à nous dire sur son anatomie.
Mais avant ça, il a quelques exigences dont il voudrait nous faire part.

Anatomie du clitoris


1. Pauls R.N., « Anatomy of the clitoris and the female Sexual Response », Clinical Anatomy,
2015, 18, 376-384. Ginger V.A., Cold C.J. & Yang C.C., « Surgical anatomy of the dorsal nerve of
the clitoris », Neurourol Urodyn, 2011, 30 (3), 412-416.

L e clitoris n’est donc pas un petit pois rose, mais un organe


étonnant qui s’étend à l’intérieur du corps. Il est entièrement dédié au
plaisir féminin, autrement dit, il n’existe que pour ça : faire du bien (et
c’est déjà beaucoup). Un cadeau de la nature ? Très certainement.
Quand on ouvre le paquet, on découvre la structure de cet organe
puissant, mais aussi sa petite liste d’exigences ou de particularités. On
appelle ça comme on veut. Disons que le clitoris offre ses plaisirs sous
certaines conditions (pas bien méchantes et hautement accessibles). Le
clitoris n’est pas une marâtre indomptable. Il a simplement besoin de
sentir que nous sommes disposées à échanger avec lui. Il a besoin de
détecter une connexion entre lui et nous (le clitoris est un grand
sentimental), pour s’exprimer et dévoiler ce qu’il a de plus généreux.

Avez-vous déjà ressenti quelque chose en mettant un tampon ? Non (et


nous non plus). Parce que vous n’aviez pas vraiment la tête au sexe. Si
l’exemple est un peu trivial, il prouve une chose : nous pouvons toujours
essayer de nous tripoter, si nous ne sommes pas en état de recevoir des
caresses parce que nous ne sommes pas d’humeur, que ce n’est ni le
lieu ni l’endroit, nous ne ressentirons rien ou pas grand-chose.

Pour autant, notre kiné nous fait parfois de l’effet. Nous l’avons déjà
vécu. Si une légère tension sexuelle nous parcourt le corps, c’est parce
que notre imaginaire érotique s’active (la table de massage, ses grandes
mains…) et que nos kinés (les vôtres, on ne sait pas) ne ressemblent
pas à des tampons. Un véritable contact humain, au sens propre comme
au figuré, s’installe. Mais si nous conversons avec nos fantasmes tandis
que nous recevons un massage à la limite du sensuel, c’est toujours
avec une certaine retenue : nous ne sommes pas là pour déshabiller
Jean-Pierre le kiné mais pour notre pauvre hernie discale. Maintenant,
prenons l’exemple d’une soirée avec notre partenaire : on a dîné, c’était
sympa, on a bien ri, et puis on est rentrés à pied, on a traversé la ville de
nuit, c’était charmant (que d’émotions). On est arrivés à la maison, on a
senti le désir sexuel monter au fil des marches de la cage d’escalier… Et
on a fait l’amour. Et on a aimé ça. Et peut-être bien qu’on a joui. Si c’était
bon, agréable, si le rapport sexuel rimait avec partage et bienveillance,
plaisir et extase, c’est parce qu’on avait la tête à ça, tout simplement. On
était dans le bon état d’esprit et on voulait que ça dure toujours.

Au quotidien, nous faisons toutes l’expérience de la « tête à ça ». Nous


ne sommes pas toujours motivées par un cinéma ou par la salade de
thon de notre belle-mère. Et on y va quand même, on se donne de l’élan.
Se forcer n’est pas toujours un mauvais réflexe. Il arrive que, dans
certaines situations, le plongeon soit bénéfique. Il nous manquait un
simple coup de pied aux fesses et voilà qu’on profite comme jamais,
satisfaites d’avoir fait l’effort ou de s’être laissées embarquer. Mais tout
dépend d’où nous partons : parfois, le chemin est long, déplorable, et
une fois sur place, ça ne prend pas. Une part de nous reste grognon et
refuse de s’ancrer dans l’instant.

Pour le sexe, même topo : il y a des jours où nous n’avons pas vraiment
envie, d’autres où les circonstances ne sont pas réunies, d’autres encore
où nous avons l’esprit ailleurs (des trucs pénibles : boulot, administration,
contrariétés diverses, tâches à accomplir). À ce moment-là, se connecter
à son plaisir sexuel demande beaucoup d’efforts. On a beau connaître
toutes les ficelles pour stimuler notre corps et plus spécifiquement notre
clitoris, rien n’y fera (et même quand on est sexologue et journaliste sexo
!), il nous manquera ce petit quelque chose. Le clitoris, pour réagir aux
papouilles, aime savoir que l’on est contente d’être là. En somme, il
choisit son moment, le lieu et le comment, selon ce qu’il entrevoit de
nous et de notre disponibilité à l’accueillir : on ne va pas frapper chez un
ami avec une bouteille de champagne si l’on pense déranger.
7
À chacune sa vérité

Essayez de toucher deux femmes au même endroit (si vous en avez à


portée de main), avec la même pression, le même doigt, dans la même
ambiance et avec le même sourire : ce qu’elles ressentiront sera
complètement différent. Tout dépend de la façon dont chacune perçoit et
appréhende sa sexualité. Tout dépend de son histoire, des partenaires
qu’elle a rencontrés, de ses habitudes masturbatoires, de ses fantasmes
et de la place qu’ils occupent en elle. Tout dépend de sa façon d’investir
ses organes – si elle croit que oui ou non, cette zone est plus sensible
qu’une autre. On parle ici de croyances. Certaines nous sont propres («
Je ne ressens jamais rien en position de la cuillère », « Je n’ai jamais été
très nombril alors pourquoi il s’acharne ? », « Mon clitoris est le seul de la
planète à ne posséder que trois terminaisons nerveuses, j’en suis sûre
»), d’autres nous sont soufflées par la société et se présentent sous
forme d’injonctions (« Je ne suis pas normale si je n’ai pas d’orgasme
vaginal », « Je dois coucher le troisième soir alors que nous sommes le
premier », « Il faut jouir à chaque fois », « Il est préférable de faire une
fellation »). On se les approprie à force de les entendre et de les lire, et
nous les gobons comme des blinis au tarama. Croyances et injonctions
s’alimentent les unes les autres : si je suis persuadée que je n’aime pas
la cuillère, que j’entends sans arrêt que c’est une position pour femme
enceinte (et que je ne le suis pas) et que, en plus, je la pratique le
premier soir, je risque de passer à côté de son potentiel parce que je suis
bien trop conditionnée à ne pas l’apprécier. On parle alors de prophéties
autoréalisatrices. Or, nous avons face à nous des milliers de routes à
emprunter. Des tas de possibilités.

Il serait bon que l’on parvienne, chacune et chacun, à identifier nos


petites singularités en rejetant les croyances qui déboulent de l’intérieur
mais aussi de l’extérieur et nous clouent entre quatre murs, car nous
sommes tous différents et tous normaux.
C’est simple : il y a ce que l’on « doit » aimer, ce que l’on « croit » aimer,
ce que l’on aime réellement et ce que l’on pourrait aimer. Ce sont les
deux dernières colonnes qui nous intéressent : moi, Alexandra, Caroline,
ou Josette, j’aime quoi au fond ? Je veux quoi ? Quel est mon désir,
maintenant, tout de suite ? Et demain, vers quoi pourrai-je aller de
nouveau ? À quoi puis-je m’ouvrir ? La sexualité est un exercice, quelque
part. On s’exerce à être soi.

Quel est le rapport entre nos croyances, la pression de la société et le


clitoris ? On a tellement entendu que le clitoris était « petit », « externe »,
« moins important que le vagin », que l’on pourrait avoir tendance à
considérer le clitoris comme un organe discret, sympa à l’apéritif, mais
sans plus, ce qui influence négativement notre relation au clitoris, nos
sensations et notre curiosité. C’est en bossant activement contre ces
idées reçues que l’on multiplie les chances de découvrir de nouvelles
sensations clitoridiennes. Il s’agit donc, en d’autres mots, de s’installer
dans de bonnes conditions physiques, de se dire que oui, on peut
ressentir des choses formidables, pétillantes, différentes, connues ou
inconnues. Ainsi, notre corps est en éveil et saura se délecter de chaque
câlin.
8
Dire oui au plaisir

Il est impératif d’être dans le bon état d’esprit et dans une bonne
disposition physique afin de ressentir positivement l’effet des caresses.
Pour cela, il y a une forme de préparation qui se fait sans même qu’on en
ait conscience ou que l’on peut volontairement mettre en place pour
s’offrir la possibilité d’aller plus loin.

Trop comme ci ou trop comme ça

Nos complexes sont parfois nombreux, à base de « trop » ou de « pas


assez ». On a de trop de ventre, trop de fesses, trop de poils, trop de
principes et pas assez de seins, de dents ou de groove. On doute et le
sexe s’impose parfois comme une épreuve. On a besoin que la lumière
soit éteinte, d’une nuisette pour se cacher, et puis de temps, pour se
mettre en confiance et en finir avec les ruminations pendant l’amour. Les
complexes ont le défaut de nous figer dans notre sexualité, parce que la
peur nous retient. Comment oser la levrette quand on a cette paire de
fesses ? Et ainsi de suite. Mais toutes les petites stratégies mises en
place, comme la pénombre ou le vêtement que l’on garde, ne sont pas
des évitements de soi et ne freinent pas notre mieux-être sexuel : elles
nous protègent. Partager un rapport sexuel dans des conditions choisies,
qui nous mettent à l’aise, aide à s’abandonner petit à petit. Cela
n’empêche pas nos fichus complexes de devenir bavards et de nous
murmurer à l’oreille (tandis qu’on s’est lancée dans cette levrette, volets
fermés) que la cellulite, en fait, c’est peut-être fluorescent.

Se réconcilier avec son corps, en dehors du lit, c’est plus simple. Vous
avez déjà remarqué qu’après une séance de sport, vous vous sentez
mieux, un peu comme si vous aviez pris du muscle et que ça se voyait
déjà. Cela peut fonctionner après un bain ou lorsqu’on porte un nouveau
jean. Ce ne sont pas des parades. Simplement, des terrains de
réconciliation avec son corps. Oui, il ne suffit pas d’un jean pour se sentir
mieux durablement, mais c’est un pas que l’on fait, qui nous aide à vivre
quelques jours sans se scruter ni se démolir. De quoi, à terme, gagner en
estime de soi et se moquer des diktats. Car là est aussi la source de nos
complexes. Les corps parfaits sont brandis un peu partout, on se
demande comment avoir le même et, à part se « photoshoper » en plein
missionnaire, on n’a pas trouvé la solution. On est comme on est, des
êtres humains avec des défauts, et ces défauts aussi font l’amour, parce
que le plus important dans l’échange de plaisir sexuel, c’est d’être soi,
d’être quelqu’un, d’offrir sa personnalité, ses particularités, d’être différent
de la voisine ou du mannequin en couverture, tout comme on aime
découvrir l’autre, ses petits trucs à lui ou à elle. C’est ce que l’on dégage
qui nous constitue. Un « tout » qui, s’il garde le sourire et s’en fiche pas
mal d’avoir oublié un poil au nombril, s’éclate dans les bras de son
partenaire en ne pensant à rien. Enfin si : au bonheur d’être là, en fusion,
stores tirés et collants gardés.

Deux ou trois papillons dans le ventre

Imaginez que votre partenaire ait mauvaise haleine (c’est la partie la


moins glamour du livre, avec Freud). Ou bien imaginez que vous venez
de rencontrer un homme très sympa qui soudainement fait des blagues
nulles. Ou qu’il vous semble un peu bizarre parce qu’il vous propose de
faire l’amour sur un fond de Cyril Hanouna.

« L’autre » (pas Cyril, votre partenaire), si l’on peut l’appeler ainsi, joue
un rôle primordial dans notre capacité à nous abandonner sexuellement
– à lui, mais à nous surtout. On ne dit pas qu’il doit être parfait, non plus
que notre plaisir sexuel repose sur ses épaules, loin de là ! Il est
simplement nécessaire que l’on se sente bien, juste bien, avec lui.

Et on ne demande même pas non plus à être amoureuse : les papillons


dans le ventre ne sont pas la condition sine qua non du plaisir (deux-trois
suffiront), même si les sentiments renforcent le lien et donc la connexion.
Mais se sentir à l’aise, en confiance, dans les bras de quelqu’un qui nous
encourage à être nous-même sans penser à mille choses (« Va-t-il
regarder mon ventre ? », « Comment l’assommer s’il me propose encore
des menottes ? Pourquoi n’est-il pas comme mon ex ? ») permet
davantage de passer un bon moment tout chaud. Disons que c’est
comme un trajet en voiture : si l’on veut s’apaiser et profiter du paysage,
on a besoin de se sentir en sécurité avec notre chauffeur. Chaque femme
a ses attentes et ses limites : nous avons toutes besoin d’un cadre
spécifique pour profiter du mieux possible.

Trouver le temps du plaisir

Il y a toujours la question du temps : quand allons-nous faire l’amour


dans notre quotidien chargé ? Les rapports quickly – comprenez les
rapports à la va-vite sur la table de la cuisine avant de filer au bureau
(représentation la plus clichée qui soit) – sont très excitants car ils sont
rapides, spontanés, intenses, parce qu’on se dévore l’un l’autre les deux
pantalons coincés aux genoux. Mais l’exploration sexuelle, celle qui
permet de profiter de caresses plus tendres, pleines de surprises,
demande davantage de temps. De ne pas regarder l’heure, de ne pas se
sentir en retard, et de ne pas avoir une casserole sur le feu. Jouir des
caresses nécessite d’y consacrer un peu de temps. On peut se fixer des
rendez-vous d’amoureux même si l’on vit ensemble depuis des années.
On ouvre nos agendas, comme à l’époque de notre rencontre, et on se
promet de passer notre mardi soir ensemble. Non, ce n’est pas glauque
de prévoir, parce que ça fait monter le désir et que ça nous met dans de
bonnes dispositions. Attendre que le rendez-vous se présente, projeter
une activité sympa (et la nuit qui va avec), c’est terriblement excitant et
ça fait du bien au moral. Qui n’a jamais savouré le trajet qui mène aux
vacances ? Il est tout aussi fort et agréable à vivre, parce que la tension
monte, parce que la perspective est joyeuse.

Trouver le temps, c’est aussi arrêter de croire qu’un rapport sexuel dure
deux heures. On a souvent l’impression qu’on est à l’aube d’une séance
de natation : prendre la voiture, enfiler son maillot, s’arroser sous la
douche gelée, nager, sortir, reprendre une douche, faire son brushing et
replacer ses cheveux… Entre le quickly (cinq minutes) et le film porno
(cinq heures), il y a un monde réaliste. Ce n’est pas parce qu’on va faire
l’amour que l’on va décaler tout notre emploi du temps, notre semaine et
les dix ans à venir.
Et puis, enfin, prendre le temps, c’est également s’écouter. Parfois, une
simple caresse sur notre bras va nous titiller. L’envie de faire l’amour
nous gagne mais on ne l’écoute pas. On étouffe notre désir parce que le
moment nous semble inopportun. Il l’est peut-être si l’on se trouve dans
la queue du supermarché, mais parfois, il tombe à pic. On peut saisir
l’occasion, se dire qu’on se fiche du film ou du boulot. La Terre ne va
s’arrêter de tourner si l’on bouscule notre programme.

Le lâcher-prise, un concept fourre-tout ?

Le lâcher-prise est une notion qui nous a donné du fil à retordre à toutes
les deux. Vous avez certainement entendu mille fois ce conseil. Et mille
fois, vous vous êtes fait la réflexion que ça ne voulait rien dire, que c’était
un concept de développement personnel aussi indigeste et inexploitable
que « Prends du recul, ça ira mieux » (oui, et alors ?). Mais avec le
temps, nous avons appris à comprendre ce que dissimule cette notion
bien plus facile à dire qu’à mettre en œuvre.

Quand nous avons travaillé sur le livre (celui que vous tenez entre les
mains) pendant une semaine entière, ensemble, nous nous sommes
aperçues que le premier jour, nous étions dans la précipitation. Le matin,
au réveil, on pensait à un tas de choses à la fois : le quatrième chapitre,
le café qui coule, la prochaine étude à décortiquer, la prochaine bouteille
de vin à acheter (récompense). Le soir venu, nous étions fatiguées (mais
hydratées), avec le sentiment de nous être dispersées et d’avoir deux
cerveaux prêts à exploser. Pourtant, on savait très bien qu’il nous suffirait
de relâcher et d’avancer pas à pas pour avancer efficacement. Dès le
lendemain, nous avons bossé par petites tranches : d’abord, on se
concentre sur ce point, ensuite on verra. Chaque chose en son temps.

Concrètement, lorsqu’on lâche prise, on cesse de vouloir tout contrôler.


Au quotidien, vous l’observez : vous voulez gérer, prévoir, calculer,
imaginer, anticiper… Vous n’êtes plus dans le moment présent, vous êtes
accrochée à vos « prises » et votre esprit devient une chambre d’ado
désorganisée. Il est simple d’identifier ses « prises » : le coup de fil à
passer, la course à faire, les pâtes à cuire, le dossier à rendre… Or, ce
n’est pas parce qu’on pense à tout ça en même temps que l’on va s’en
sortir plus aisément. Appréhender ses « prises » une à une, le moment
venu, permet d’économiser son énergie et de vivre le moment présent :
là, je m’occupe de nettoyer mes vitres, puis là, je prépare mon café, là,
j’enfile mes chaussures… Une « prise » après l’autre. On respire entre
chaque. On profite d’être là, maintenant, minute après minute, en
déchargeant notre tête de son énorme to-do-list (que l’on peut noter par
écrit pour « l’éloigner » de soi).

C’est une question d’indulgence avec soi-même : on ne mérite pas de


courir partout et de s’encombrer la tête. On ne peut pas tout faire à la
fois, on n’est pas parfaite et personne ne nous a demandé de l’être (à
part nous-même). On se sent, à tort, obligée d’assurer dans tous les
domaines et d’être des super-women : il faut gérer sa grossesse, sa vie
de famille, sa sexualité, son boulot, sa maison, ses parents, ses
animaux, son stérilet, et puis il faudra penser à réserver pour le Canada,
aller faire un détartrage, s’inscrire à la danse, arrêter de fumer et perdre
trois kilos… C’est tellement assommant.

Lâcher prise au quotidien, apprendre à souffler, permet une fois sous la


couette de partager un moment intime en étant complètement présente.
Autrement dit, le lâcher-prise s’expérimente d’abord en dehors du lit : on
se vide la tête un peu plus souvent et un peu plus longtemps. C’est une
habitude à prendre, un réflexe qui se met en place tranquillement. Ainsi,
une fois face à son partenaire, on a l’esprit libre ; l’horizon est dégagé,
parce qu’on a appris à se concentrer à chaque moment, chaque heure,
chaque minute.

Quand on pense un peu trop

Lâcher prise, c’est donc s’autoriser à moins contrôler le quotidien pour


profiter de l’instant. Mais il nous arrive de constater qu’une série de
pensées parasites s’incrustent pour nous rappeler à l’ordre, qu’il soit neuf
heures ou minuit (dans les bras de notre partenaire). Les pensées
parasites ne sont pas toujours négatives. On peut être préoccupée par la
couleur de la chambre du futur bébé ou par une mission professionnelle
passionnante. C’est normal de beaucoup cogiter.
Afin de se connecter à l’acte sexuel, à ce baiser dans notre cou ou à
cette main sur nos fesses, la technique de l’arrêt de pensée de Cautela1
a fait ses preuves : il s’agit de visualiser un panneau stop à chaque fois
qu’une pensée nuisible débarque et de se concentrer sur l’instant, sur ce
qui nous excite ici et maintenant.

Cependant, l’idée n’est pas de tuer violemment nos pensées en nous


efforçant de les zapper. Essayez de vous dire : « Je n’y pense pas… »
Vous y penserez. C’est contreproductif. Vous voulez un exemple ? Ne
pensez surtout pas un ours blanc. Dans dix minutes non plus, n’y pensez
toujours pas. Résultat ? Vous y pensez. Cette expérience de l’ours blanc
a été mise en lumière en 1987 par Daniel Wegner, chercheur (à
l’époque) à l’université de Virginie2. Il a étudié les pensées intrusives et la
façon dont elles se transforment en obsession. Pour cela, il a demandé à
un groupe de participants d’énoncer, pendant cinq minutes, tout ce qui
leur passait par la tête. À un autre groupe, il a donné la même consigne
avec une contrainte : ne pas penser à un ours blanc. Évidemment, vous
vous doutez bien du résultat : ceux qui ne devaient pas penser à l’ours
blanc se sont retrouvés obnubilés par le mammifère. Plus on refuse de
penser à une idée, plus on l’invite et on la renforce. Le chercheur a
expliqué que cette répression « volontariste » provoque un effet rebond,
dit aussi « effet ironique ». Si Daniel Wagner nous a mis dans la tête un
ours blanc (on ne pense plus qu’à ça depuis qu’on écrit ce livre), il a
aussi apporté une solution. Il a lancé une nouvelle expérience en
expliquant aux participants que s’ils pensaient à l’ours blanc ils pouvaient
immédiatement se concentrer sur une voiture rouge. Les participants ont
donc moins évoqué l’ours blanc. Mais forcément, des voitures rouges.

Cette expérience prouve que se concentrer illico sur autre chose, si


possible de positif (pour la voiture rouge, on ne saurait vous dire si elle
est positive), permet de chasser la pensée parasite. Durant un rapport
sexuel, revenir aux sensations qui se jouent, qui sont agréables, nous
aide à nous libérer. On se libère de l’ours blanc, on pense à cette
caresse sur notre clito, à ce visage que l’on aime, à cette sensation de
notre partenaire contre nous.

1. Cautela J., « Covert negative reinforcement », J. Behav. Ther. Exp. Psychiat., 1970, 1, 273.
2. Wegner D.M., Schneider D., Carter S. & White T., Paradoxical effects of thought suppression.
Journal of Personality and Social Psychology, 1987, 53, 5-13.
9
Se connecter à son corps

Même si l’on lâche prise et que l’on vit au milieu d’une carte routière
bourrée de panneaux stop, on ne parvient pas toujours à se connecter
aux sensations qui nous envahissent. Disons qu’il y a une différence
entre ne plus penser à l’ours blanc et ressentir mille frissons dans son
corps (les frissons étant l’équivalent de la voiture rouge). Établir des
ponts entre sa tête et son corps, se connecter à lui et savourer plus
amplement ce qu’il dessine en nous, c’est possible. Imaginons que le
clitoris soit bavard mais légèrement aphone : comment l’entendre ? On
pourrait lui filer un petit sirop. Mais tendre l’oreille, c’est plus simple (aux
dernières nouvelles).

Je t 'observe et te respire

Il est possible de travailler notre concentration, notamment via nos cinq


sens. Nous sommes toutes sensibles à certains sens plutôt qu’à d’autres
: préfère-t-on écouter le bruit de la pluie ou la sentir ? Respirer une tasse
de café ou la boire ? Tout dépend des émotions que cela nous procure,
selon nos habitudes, nos souvenirs…

Au lit, nos cinq sens sont plus ou moins en action, toujours selon nos
préférences. Se connaître est une clé pour mieux se connecter aux
sensations qui se trament durant le rapport sexuel. Chez certaines
personnes, la vue jouera un rôle : contempler un corps et observer l’acte
sexuel les excite. D’autres aimeront s’attarder sur les sons, qu’il s’agisse
d’une respiration haletante, d’un mot cochon, d’un claquement de
fesse… D’autres encore sont attachés aux odeurs, qu’il s’agisse de la
transpiration, de la crème solaire… Une fois que l’on connaît les sens qui
nous font davantage voyager, on peut en profiter pour se poser les
questions suivantes : « Je vois quoi (son sexe ou son ombre) ? J’entends
quoi (sa respiration ou un fond de télé) ? Quelle odeur chatouille mes
narines (sa transpiration ou son parfum) ? »

Les vertus du massage sensuel

Les massages sont réputés pour être un acte préliminaire, seulement un


acte préliminaire : on se masse et on fait l’amour. Ou plutôt : on se
masse pour faire l’amour. Or, se masser est un acte à part entière que
l’on peut partager en couple sans nécessairement s’orienter vers un
rapport sexuel. On conseille fréquemment les massages, car ils
permettent un apprentissage ou un réapprentissage de la perception des
stimulus sexuels : on découvre les réactions de notre partenaire à nos
caresses, mais aussi nos propres réactions à ses caresses.

Petit à petit, le massage peut éventuellement dériver vers les zones


génitales, après avoir pris le temps d’arpenter les cheveux, la nuque, le
dos, les genoux, et tout ce que l’on voudra. Cet acte est un exercice de
sensibilisation corporelle non génitale et génitale, comme l’exposaient
Master et Johnson dans le « sensate focus1». L’idée : oser une autre
dimension du plaisir, celle de la sensualité, moins sexuelle et moins
coïtale. Généralement, le « sensate focus » est conseillé avec
interdiction de clôturer l’instant par un rapport. Pourquoi ? Pour évacuer
la dimension performance. Si arriver à la pénétration est notre objectif, on
profite moins des caresses que l’on reçoit et des portes qu’elles nous
ouvrent, en fonçant tout droit vers notre but. Résultat, on quitte
rapidement la détente pour du sexe et l’effet positif du massage
s’évapore en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Or, c’est
agréable de conserver cette complicité partagée, d’en discuter, de
s’endormir avec… Et plus on se touche (avec ou sans sexe), plus on a
envie de se toucher, grâce au pic d’ocytocine (l’hormone de
l’attachement) qu’engendre le contact physique. L’ocytocine développe et
cultive en nous un sentiment de sécurité et de bien-être et entretient ainsi
notre désir sexuel. Le massage, à force de le pratiquer, permettrait
d’atteindre plus facilement l’orgasme2.

Et pas de pression à vouloir pratiquer le meilleur massage du monde : on


n’est pas chez le kiné, on est chez nous, dans des conditions agréables
(lumière tamisée, petite musique d’ambiance…). Tout le monde est
content et on ne cherche pas à exceller, juste à se faire du bien.

Et si l’on décide de se précipiter vers les zones génitales pour éveiller


son corps en un éclair, ça change quoi ? Généralement, le corps aime
démarrer en douceur. S’engager progressivement maximise notre
probabilité de pouvoir jouir des caresses. La précipitation peut entraîner
des douleurs si l’on ne lubrifie pas assez, ou bien nous crisper. On se
raidit parce que la caresse n’est pas super agréable : on n’est pas «
chaude ». C’est comme déguster une purée froide, c’est moyen et on
grimace. Bien entendu, parfois on n’a pas besoin de cette préparation
physique : on a tellement envie de faire l’amour que les préliminaires ont
déjà eu lieu dans notre tête et ont commencé à titiller notre bas-ventre.
Dans ces cas-là, inutile de ralentir, parce qu’on a envie d’un rapport plus
soudain.

Fermer les yeux et...

Pendant l’amour, nous éprouvons un ensemble de sensations, parfois à


différents endroits, parfois concentrées au niveau du ventre, du pubis, du
sexe, pourquoi pas de la poitrine. Chaque femme choisit ses mots pour
les décrire : certaines parlent de papillons, d’autres de boules de feu,
d’autres encore de picotements… Au fur et à mesure de l’excitation, ces
perceptions internes et personnelles deviennent de plus en plus intenses.
Il est agréable de les sentir monter, car cela nous renvoie une image
positive de notre plaisir. Alors on ressent davantage de plaisir et donc
l’excitation monte encore… Un véritable jeu de ping-pong.

Certaines femmes apprennent à se concentrer sur leurs sensations


grâce à des activités comme le yoga, la sophrologie, la relaxation. À
travers ces méthodes, on apprend à travailler sur la conscience de notre
corps. On comprend mieux ce qu’il nous dit, quand, pourquoi et où.

Vous n’avez pas échappé au concept de pleine conscience, dont on


parle énormément en ce moment. La pleine conscience consiste à
devenir plus conscient (comme son nom l’indique) des sensations que
l’on éprouve ici et maintenant. Nous ne la pratiquons pas vraiment au
quotidien, puisque nous faisons un tas de choses par automatisme.
Prendre une douche, c’est bien, ça permet de se laver. Mais il est difficile
de pouvoir dire ensuite quelles étaient l’odeur du gel douche, la
température de l’eau et quels bienfaits que nous avons ressentis quand
celle-ci a ruisselé sur notre ventre. La pleine conscience est définie
comme « un état de conscience qui émerge du fait de porter son
attention, de manière intentionnelle, au moment présent, sans se juger,
sur l’expérience qui se déploie moment après moment3 ».

Sortons de la douche et filons dans un lit : quelles sensations corporelles


s’invitent en nous ? Quelles émotions ? Le but n’est pas de contrôler nos
pensées mais de laisser survenir spontanément ce que nous ressentons,
en sortant de notre route toute tracée. Quand nous conduisons, nos
gestes sont automatiques et nous arrivons à destination sans même être
capables de raconter notre trajet et les petits détails (sauf si l’on a croisé
un éléphant, ça surprend). Cette réalité a été mise en exergue par Kabat-
Zinn, André et Maskens4 qui ont alors expliqué que la pleine conscience
consistait à sortir de nos automatismes pour savourer l’expérience
présente.

Même si nos rapports sexuels se ressemblent souvent (c’est possible), il


n’empêche que nous pouvons les redécouvrir en nous connectant
seconde après seconde grâce à la pleine conscience. Plusieurs
recherches sur l’utilisation de la pleine conscience ont prouvé qu’elle
pouvait augmenter la satisfaction sexuelle5.
Le plombier et sa tuyauterie

Et si, pour se sentir disponible et éveiller notre corps à l’amour, on faisait


appel à des pensées érotiques ? Aussi bien à nos fantasmes qu’à des
souvenirs agréables (un rêve, un ex…), ou à des pratiques que l’on
aimerait donner ou recevoir. Nous sommes alors dans la projection
mentale. Ici, c’est notre imaginaire qui bosse : on frappe à sa porte et on
accueille ce qu’il nous propose d’excitant.

Les études tendent à indiquer qu’utiliser fréquemment ses fantasmes,


quels qu’ils soient, favorise l’augmentation du désir sexuel6. De plus,
Jones et Barlow ont démontré que les fantasmes sexuels peuvent être
générés de l’intérieur, provoqués par quelque chose que l’on lit ou que
l’on voit ou encore par les deux à la fois7.
Parmi ces sources de déclenchement de fantasmes sexuels, la lecture
de littérature érotique s’avère très efficace. Et vous ne manquerez pas
d’en découvrir en librairie. Ce loisir permet d’acquérir ou d’enrichir son
répertoire fantasmatique. La différence avec le film porno, c’est qu’on
imagine soi-même la scène et qu’on la façonne à notre guise : ainsi, elle
nous convient parfaitement.

De plus, lorsqu’on lit, on se détend. La lecture ferait même vivre plus


longtemps si l’on s’y adonne trente minutes par jour (bon à savoir).
Parcourir son livre érotique et plonger dedans aura donc deux effets
positifs : on s’inspire (on profite, en d’autres mots, de préliminaires
mentaux) et on s’apaise, si bien qu’on se retrouve complètement
disposée à un moment d’intimité sexuelle. Une fois l’acte sexuel en jeu,
on ne cherche pas à faire un remake des scènes que l’on a lues. On
reste son propre metteur en scène, mais aussi le premier rôle.

Alors voilà, têtes et corps sont dédiés au plaisir, prêts à accueillir le


clitoris. Et tant mieux, parce que le clitoris a encore de grands secrets à
nous révéler. Le voyage continue, toujours plus loin, toujours plus fou.

1. Masters W.H. & Johnson V.E., Les mésententes sexuelles et leur traitement, Paris, Laffont,
1971.
2. Aubin S., « Dysfonction orgasmique chez la femme », in Poudat F-X., Sexualité, couple et TCC
: les difficultés sexuelles, vol. 1, Issy-les-Moulineaux, Elsevier Masson, 2011, 149-165.
3. Kabat-Zinn J., « Mindfulness-based intervention in context : Past, present and future », Clinical
Psychology : Science and Practice, 2003, 10, 144-156.
4. Kabat-Zinn J., André C. & Maskens C., Au cœur de la tourmente, ma pleine conscience,
MBSR, la réduction du stress basé sur la mindfulness : programme complet en 8 semaines,
Bruxelles, De Boeck Université, 2009.
5. Brotto L.A., « Mindful sex », Canadian Journal of Human Sexuality, 2013, 22 (2), 63-68.
Mayland K.A., « The Impact of Practicing Mindfulness Meditation on Women’s Sexual Lives »
[dissertation], San Diego, CA, California School of Professional Psychology, 2005
6. Hubin A., De Sutter P. & Reynaert C., « L’utilisation de textes érotiques dans l’éveil du désir
sexuel féminin », Réalités en Gynécologie-Obstétrique. Supplément Sexologie, 2008, 134, 46-49.
7. Jones J.C. & Barlow D.H., « Self-reported frequency of sexual urges, fantasies, and
masturbatory fantasies in heterosexual males and females », Archives of Sexual Behavior, 1990,
19, 269-279.

L orsque nous avons décidé de passer une semaine ensemble pour


travailler sur ce livre, nous avons du même coup organisé un atelier
afin de discuter avec une dizaine de femmes de leur relation avec
leur clitoris. Nous voulions savoir comment leur clitoris réagissait aux
caresses, mais aussi ce qu’elles ressentaient. Leurs témoignages – ainsi
que les nombreuses interactions – nous ont été très précieux pour
comprendre les réactions physiologiques du clitoris et ses promesses en
termes de plaisir. Car si le clitoris est désormais étudié et mieux compris,
qui de mieux que les clitoris eux-mêmes pour raconter leur vie, leur
quotidien et leurs émotions ?

C’était donc la journée des dix clitoris – avec nous, douze. Dix clitoris
assis autour d’une grande table, aussi différents les uns que les autres
(en théorie). Dix clitoris de tous âges confondus, avec plus ou moins
d’expérience, d’appétit, de caractère. Il nous a paru indispensable de
donner la parole aux femmes, mais surtout de créer un échange. Le but
n’était pas d’en tirer une étude (mini) et d’en extraire des chiffres. Nous
désirions simplement créer une effervescence autour de l’organe sexuel
féminin en laissant chaque femme s’exprimer. À chaque fois, le principe
était clair : on leur posait une question et elles répondaient sur papier.
Puis, nous les mélangions et les lisions toutes ensemble. Parfois, une
femme révélait qu’il s’agissait de sa réponse, enthousiasmée par les
différents commentaires que suscitait son point de vue. Cette méthode a
permis à chacune de se sentir à l’aise, si bien qu’au bout de deux
heures, l’anonymat est tombé et les confidences ont jailli.

Entendre des « Ah bon, toi tu le vis comme ça ? », « Moi j’adore, je dois


être la seule ! », « Je n’ai jamais ressenti ça je crois, on fait comment ? »
était drôlement intéressant. Les femmes se comparaient les unes aux
autres, pour s’inspirer et non pas se déprécier. Elles s’étonnaient,
s’interrogeaient, cela éveillait leur curiosité et toutes sont reparties le
sourire aux lèvres (si l’on peut dire ainsi) avec l’envie de découvrir
davantage leur clitoris. On ne finit jamais de le rencontrer. Avec le temps,
les fréquentations, les pratiques, les tentatives, le clitoris se présente
parfois dans un autre costume et d’humeur différente. On « s’apprend »
pendant toute une vie – on le répète beaucoup, oui –, mais l’histoire
intime de ces dix clitoris (avec qui nous avons partagé le café et des
dessins de vulves) nous l’a certifié. C’est quand même génial de se dire
que la sexualité est un champ des possibles, une balade infinie, un
manège qui nous réserve de nombreuses surprises. Tous ces
témoignages contribuent à définir le plaisir féminin non pas comme un
mystère, mais comme une « agréable incertitude ». C’est l’expression qui
nous est venue – et qui nous est restée.

Au passage, vous la connaissiez celle-ci ? Deux clitoris se rencontrent, et


l’un dit à l’autre : « Alors, on m’a dit que tu es frigide ? Oh, ce sont les
mauvaises langues qui disent ça… » (Elle est mignonne.)
10
Les promesses du clitoris

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Sous les caresses, le clitoris réagit, dès lors qu’on est disposée au plaisir.
Cela engendre non seulement des réactions physiologiques, mais
également une panoplie de ressentis que les femmes décrivent via des
expressions et métaphores différentes. Chacune ses mots pour raconter
l’extase.

Lors de notre atelier, nous avons commencé par discuter des ressentis
et, il n’y a pas à dire, le clitoris est un organe inspirant. Il fait tellement
envie qu’on aimerait en avoir deux, trois, douze.

Sur un post-it, chaque femme a noté ce qu’elle ressentait lorsqu’on lui


caressait le clitoris. Voici les résultats (y compris nos réponses) : « Du
chaud » ; « Un impératif, il faut le toucher encore et encore » ; « Du
bonheur » ; « Un voyage, un autre monde » ; « Une sensation de bien-
être » ; « Une boule de feu » ; « J’oublie tout, tellement que je ne sais
pas décrire la sensation » ; « Un sourire sur mon sexe » ; « Mon corps
entier frissonne et m’échappe » ; « Tout le plaisir du monde dans un
organe » ; « De l’altitude » ; « Du chaud et des frémissements » ; « Mon
corps fait des vagues et mon clitoris le tire vers le haut ».

Bien entendu, la question qui brûle les lèvres est la suivante : les
sensations sont-elles identiques lors de l’autoérotisme ? La plupart des
femmes répondent que non. C’est autre chose, c’est plus direct, plus
automatique. En couple, le partage apporte aux sensations une note de
volupté et même de poésie. Le plaisir prend ses lettres de noblesse lors
d’un échange à deux. Pour d’autres, la masturbation est le meilleur accès
au plaisir. Enfin, certaines femmes ont su dire que les sensations étaient
parfois très proches seule ou à deux. Selon elles, tout dépend de la
façon dont elles s’abandonnent au plaisir. Plus elles lâchent prise, plus
elles perdent le contrôle et rencontrent un plaisir exquis.

Les réactions physiologiques du clitoris à l'excitation

Lors de l’excitation, toutes les parties du clitoris se gorgent de sang et


gonflent (comme le pénis). Au plus on s’approche du seuil de la
jouissance, au plus le gland sort de sa cachette et se tend. Au moment
du feu d’artifice, il pointe tellement fort vers le haut qu’il se cache dans
son capuchon. Le clitoris est érectile, soit en réponse aux stimulations
sexuelles tactiles (internes ou externes) ou mentales (certaines pensées
ont l’art de nous exciter), soit pendant la nuit, de façon involontaire.
Pendant le sommeil paradoxal, une tumescence du clitoris accompagnée
d’une lubrification du vagin peut avoir lieu. Cela n’a pas forcément
rapport avec un quelconque rêve érotique. Il s’agit simplement d’une
réaction naturelle du corps. La nuit, il « bosse », il entretient la
mécanique de nos organes sexuels. Il joue les garagistes et vérifie que
tout est bien huilé. C’est pour ça que nous avons des érections
nocturnes. C’est valable pour les hommes comme pour les femmes.

Lors de l’atelier, nous avons donc décidé de dormir un peu. Non, on


plaisante. Nous avons voulu savoir comment réagissait le gland des « dix
clitoris » présents lors de l’excitation. Et nous avons recensé plusieurs
types de réactions : certaines ont pu observer que leur clitoris gonflait à
mesure de l’excitation, une autre disait qu’elle sentait son clitoris « sortir
» comme s’il fallait qu’elle écarte les lèvres et les jambes, une autre
encore nous a révélé que son clitoris devenait rouge (un mélange
d’essoufflement et de timidité ?). Trois femmes nous ont avoué ne pas
regarder leur clitoris pendant l’acte et deux autres n’avaient pas de
réponse. Elles n’avaient rien remarqué de particulier, comme si leur
clitoris se faisait discret, mais elles sentaient tout de même le plaisir se
loger en lui.

Quand une pause s'impose

Une fois que les hommes ont éjaculé, ils ont besoin d’un temps de repos
avant d’observer une nouvelle érection. On parle alors de période
réfractaire. Une pause physiologique indispensable, plus ou moins
longue selon les hommes, qui dure de plus en plus longtemps avec l’âge,
la condition physique, l’état de santé et notre motivation (et la sienne) a
re-réveiller la « bête » après un premier round. Et le clitoris, qu’en est-il ?
Si ce dernier connaît, au même titre que le pénis, une érection, est-il
également soumis à une phase de repos (« Ciao, je prends des
vacances ») ? Les témoignages n’ont pas manqué à ce sujet lors de
l’atelier que nous avons animé. Certaines femmes, après l’orgasme,
ressentent une grande sensibilité au niveau du clitoris. Elles ne veulent
plus être caressées et désirent un temps d’arrêt. Il est possible qu’elles
puissent cependant prendre du plaisir pendant la pénétration, ou d’autres
caresses. Mais le gland du clitoris doit être épargné un instant. D’autres
ne ressentent pas le besoin de s’arrêter, ou simplement quelques
minutes, et rencontrent de nouveau une grande excitation. Trois parmi
nos invitées ne ressentaient pas le besoin de s’arrêter et ont déjà connu
des orgasmes multiples, même si cela ne survient pas à chaque rapport.
C’est donc du cas par cas. Inutile de se dire que certaines peuvent
enchaîner les orgasmes et qu’il faut essayer de faire pareil. Inutile aussi
de se sentir étrange parce qu’on les multiplie alors que d’autres ferment
les jambes. À chacune de découvrir sa particularité et son besoin en
termes de pause, qu’elle s’étende sur dix secondes, trois heures ou une
semaine. En tout cas, la science est plutôt muette à ce propos.

La taille du gland joue-t-elle un rôle dans le plaisir ?

Des milliers de lignes sur la taille du pénis et son rôle dans le plaisir ont
été écrites. Mais la taille du clitoris aurait-elle une influence sur le plaisir ?
Et sa position ? Pour étudier la question (et ça manque), des chercheurs
ont recruté trente femmes : dix qui présentaient des symptômes
d’anorgasmie, vingt autres qui jouissaient sans difficulté1. Une IRM plus
loin et une fois les mesures prises, ces femmes ont répondu à un
questionnaire sur leur vie sexuelle. Conclusion : celles qui avaient un
gland plus gros et plus proche de l’entrée du vagin (l’obsession de Marie
Bonaparte) jouiraient plus facilement, notamment car les frottements
seraient facilités. Les chercheurs sont restés prudents quant à leurs
résultats (et on est bien d’accord), étant donné la petitesse de
l’échantillon et le fait que les femmes témoignant elles-mêmes de leur
jouissance, tout est relatif. On aimerait aujourd’hui que d’autres études à
ce sujet soient réalisées.

Le priapisme ou le syndrome de l'érection folle

Le clitoris connaît des érections. Mais peut-il aussi souffrir de priapisme ?


Chez l’homme, on parle de priapisme lorsqu’une érection ne redescend
pas au bout de quatre heures. Alors, l’ami clitoris peut-il être si dur et si
tenace ? Il semble que ce soit possible : une femme se serait présentée
aux urgences d’un hôpital américain avec des douleurs dans la zone
clitoridienne qui persistaient depuis cinq jours2. Elle avait du mal à
marcher et à s’asseoir (pas évident). Son clitoris était très gonflé, dur et
mauve. Les chercheurs ont travaillé sur son cas : on aurait bel et bien dit
un priapisme féminin. A priori, cela était dû à une prise de médicaments
de la famille des antidépresseurs ou des psychotropes. Ce phénomène
rare chez les hommes est très très très rare chez les femmes. Qu’aucune
n’en soit déçue : on souffre le martyre.


1. Oakley S.H., Vaccaro C.M., Crisp C.C., et al., « Clitoral size and location in relation to sexual
function using pelvic MRI », The Journal of Sexual Medicine, 2014, 11 (4), 1013-1022.
2. Unger A. & Walters M.D., « Female clitoral priapism : an over-the-counter option for
management », The Journal of Sexual Medicine, 2014, 11 (9) : 2354-2356.
11
Le vagin, voisin intime du clitoris

Savoir que le clitoris est une source inouïe de plaisir et connaître ses
promesses ne demande pas d’être exclusivement concentrée sur cet
organe. Le plaisir féminin est une symphonie et le corps entier
l’interprète. Nous l’avons vu, il s’exprime dans un contexte particulier,
avec un cerveau disponible et d’autres organes alentours dans la course.
Le vagin fait partie de ceux-là et on a envie de vous en parler plus
longuement de par sa position si intimement liée avec le clitoris.

Le clitoris est un organe dédié au plaisir, tandis que le vagin a d’autres


fonctions : il accueille le pénis, les spermatozoïdes suite à l’éjaculation ; il
est aussi la voie de l’accouchement et du flux menstruel. Mais d’un point
de vue purement sexuel, qu’en est-il ?

Le vagin est moins innervé que le clitoris, autrement dit bien plus pauvre
en terminaisons nerveuses1. Cependant, le vagin n’en est pas moins
utile au plaisir. Ce n’est pas parce que le clitoris en est le cœur que le
vagin doit être abandonné sur le bas-côté de la route. Non, il n’y aurait
pas d’orgasme purement vaginal (en tout cas, c’est ce que tentent de
démontrer la plupart des études), mais c’est un tort de penser que la
pénétration, c’est rasoir – déjà parce que le clitoris peut être titillé par nos
voies internes, ensuite parce qu’elle demeure un acte sexuel, un acte
d’union et d’amour. Les femmes aiment la pénétration (oui !) aussi pour
ce qu’elle représente, pour cette idée de ne faire qu’un, de se posséder
l’un l’autre. Quelque part, malgré l’héritage d’une sexualité coïtale, la
pénétration est un acte d’amour qui a appris, avec le temps, à ne pas
délaisser le clitoris. Puisque ce dernier travaille de concert avec le vagin,
puisque tous dansent ensemble, alors tout le monde est ravi : la
pénétration, c’est bien, la stimulation externe, aussi.

Le (vrai) point G s'appelle zone C


Les travaux échographiques d’Odile Buisson et de Pierre Foldès ont
démontré qu’il existait une zone de contact entre la partie interne du
clitoris et la zone vaginale, généralement désignée comme le point G2. Il
ne s’agirait pas d’un point précis et magique sur lequel appuyer pour
grimper directement au septième ciel, mais bien d’une zone plus ou
moins étendue sur la paroi antérieure du vagin qui, selon les femmes, ne
se situe pas toujours exactement au même endroit. On ne peut donner
de coordonnées géographiques précises (même si l’on se doute bien que
cette zone C n’est pas derrière notre oreille).

Le clitoris, durant l’amour, est mobile sous les contractions du périnée.


Mais qu’est-ce que le périnée ? Si le clitoris n’est pas bien connu, le
périnée est souvent sujet à confusion lui aussi. Il s’agit d’un ensemble de
muscles en forme de hamac qui s’étend du pubis à l’anus. Il joue un rôle
dans le maintien des organes, ainsi que dans notre capacité à nous
retenir d’aller aux toilettes. Et enfin, dans la sexualité : le périnée entoure
le vagin, donc plus il est tonique, plus le vagin est enserré pour des
sensations potentiellement plus agréables. Pendant l’acte sexuel, le
périnée se contracte involontairement ou volontairement (on peut le
décider). Ce que la chercheuse Odile Buisson a démontré, c’est que, lors
de la pénétration vaginale, ou sous la pression des doigts, la fourche du
clitoris descend vers la zone vaginale grâce aux contractions périnéales.
Autrement dit, une partie des muscles du périnée joue un rôle crucial
dans le plaisir grâce aux contractions, qu’elles soient réflexes (pendant la
pénétration et l’orgasme) ou contrôlées (on bouge son bassin et on serre
son périnée pour accentuer le plaisir).

Odile Buisson, à travers ses travaux, poursuit un objectif : celui d’aider


les femmes qui rencontrent des difficultés à jouir. Il est important de
souligner que les hommes disposent de comprimés magiques en cas
d’impuissance ou de troubles érectiles tandis que les femmes sont
invitées à mieux se détendre pour jouir : respirez, ça va aller ! Oui, ça
compte d’être détendue, parce que bien sûr c’est plus compliqué de jouir
si notre belle-mère dort dans la pièce d’à côté et si l’on a la tête pleine de
pensées parasites. Mais l’orgasme féminin est tout aussi physiologique
que l’orgasme masculin et le cerveau seul ne régit pas le plaisir.
Comprendre comment le clitoris vit et s’exprime pendant l’acte sexuel
n’est pas qu’une question de curiosité, de luxe ou de féminisme, mais un
vrai levier d’accompagnement sexologique afin de conduire les femmes
dans le besoin vers un mieux-être sexuel.

De nombreuses études ont déjà montré par le passé le lien évident entre
périnée et orgasme. Les travaux récents viennent donc accentuer l’idée
selon laquelle un périnée qui se « porte bien » s’avère une clé de
l’épanouissement sexuel. Ne serait-ce au moins que parce qu’un périnée
qui manque de tonicité a une influence négative sur la confiance des
femmes. Après l’accouchement, elles craignent parfois le retour de la vie
intime, le manque de plaisir mais aussi celui de leur partenaire. Mais le
blocage n’est pas seulement psychologique, et un périnée en manque de
tonus pourrait éventuellement expliquer un manque de sensations
internes et des difficultés à jouir. La rééducation du périnée pourrait être
une option pour traiter des troubles de l’orgasme chez les femmes. Elle
se pratique chez un kiné ou une sage-femme.

La zone C
La taille du vagin est-elle importante ?

La zone C correspondrait à la zone vaginale où la partie interne du


clitoris toque à la porte. Une telle information amène à s’interroger sur la
taille du vagin. Est-ce qu’un vagin plus étroit permet d’activer au mieux
ce « point » ? Est-ce que se sentir trop « flottante » expliquerait un
manque d’enthousiasme pour la pénétration ? À l’instar d’Emmanuelle
Bercot, dans le film Mon roi3, qui demande à Vincent Cassel si elle est
trop large. Ce dernier répond : « Trop large d’esprit ? »

La première question qui se pose est : est-ce que parler de la taille du


vagin a un sens ? Oui et non. Le vagin est un « conduit » qui relie l’utérus
à l’extérieur du corps. Il est refermé par les lèvres. Il est plus étroit vers la
vulve et s’élargit vers le fond. « Au repos », il aurait une longueur de 6,3
centimètres en moyenne. Le diamètre est de 17 millimètres près de la
vulve (en moyenne toujours) et plus large au fond (40 millimètres)4. Mais
si les chercheurs savent chiffrer la taille du vagin « au repos », ils ne
peuvent le chiffrer « en activité ». Car le vagin est une cavité dont la
propriété est d’être élastique, et ce grâce aux fibres musculaires du
périnée. Une qualité qui permet son amplitude (ne serait-ce que
lorsqu’on met un tampon), aussi essentielle à l’accouchement pour
permettre le passage du bébé. Dans le cadre de la sexualité, sous
l’excitation et grâce à son extensibilité, le vagin accueille le pénis de
notre partenaire (ou ses doigts, ou un jouet). Et à ce propos, toutes les
femmes ne sont pas égales. Tous les vagins sont physiologiquement
élastiques, mais à chacune ses fibres musculaires et son amplitude, qui
selon la situation varie plus ou moins. Ainsi, le diamètre du vagin dépend
de la capacité de notre périnée à s’étirer. Imaginez un élastique à
cheveux. Certains résistent plus que d’autres !

À côté de ça, on parle de tonicité. Un périnée en forme est aussi dit «


tonique ». Cette fois, prenez votre poing et imaginez qu’il s’agit de votre
périnée. Plus vous parvenez à le serrer, plus cela signifie que votre
périnée est musclé. Ainsi, c’est grâce à un périnée tonique que l’on
parvient à verrouiller, autrement dit à contracter pour englober le pénis de
notre partenaire (ou un doigt, ou un jouet sexuel), puis à relâcher. Il
permet la retenue et l’étroitesse lors de la pénétration. Tout est question
d’équilibre. Si l’élasticité du vagin est nécessaire, un périnée trop
élastique (disons un périnée à l’état de chewing-gum après
l’accouchement parce qu’il a trop été étiré) est problématique, puisque le
vagin ne se « referme » pas ; le relâchement est trop important pour qu’il
retrouve son tonus de base. C’est grâce à des exercices de rééducation
périnéale que les fibres musculaires se reconstruisent. Concernant la
tonicité, l’équilibre aussi est nécessaire. Un périnée trop tonique, donc
trop serré et qui a du mal à se détendre, peut conduire, dans certains
cas, à des dyspareunies (douleurs pendant les rapports), voire, plus
rarement, à du vaginisme (souvent alors accompagné de facteurs
psychologiques bloquants).

Comme nous l’avons vu, lorsque le périnée se contracte, la partie interne


du clitoris est susceptible de descendre sur la zone C. Un périnée
tonique permet donc de ressentir davantage de sensations internes dues
au clitoris. En d’autres termes, une bonne tonicité saura entraîner la
partie interne du clitoris vers la paroi antérieure du vagin, et coucou, c’est
la zone C ! Mais inutile de s’inquiéter outre mesure en cherchant à
contracter à tout prix son périnée, puisqu’il réagit aux caresses agréables
en se contractant comme un grand.

Anatomie du vagin
À la rencontre du plaisir vaginal

Il est intéressant de souligner que les hommes ne se posent


généralement pas la question de la taille du vagin de leur partenaire :
classiquement, ils se demandent en premier lieu si leur pénis a les
bonnes mensurations (un de leurs plus gros complexes). Et études
scientifiques à l’appui5, ils s’en tracasseraient beaucoup plus que les
femmes : seulement un peu plus de la moitié des hommes (55 %)
seraient satisfaits de la taille de leur pénis, alors que la grande majorité
des femmes (84 %) en seraient très satisfaites. Et si l’on pousse les
femmes à détailler davantage leur point de vue, on apprend, dans une
autre étude6, qu’elles préféreraient les pénis plus « larges » pour des
aventures éphémères (comme si les « coups d’un soir » devaient être
synonymes de bestialité) tandis que sur le long terme, les femmes
chercheraient la douceur, la sensibilité sans qu’importe la taille. Les
chercheurs de cette étude, face à ces résultats, émettent l’hypothèse
qu’un gros pénis pour toute la vie pourrait être éprouvant pour le vagin…

La conclusion est qu’il n’est pas important d’avoir un gros pénis ou un


vagin extrêmement bien serré. La taille du vagin dépend de la taille du
pénis et la taille du pénis dépend de celle de vagin : c’est une rencontre
entre les deux. C’est ce que relevait le Kâma Sûtra : « L’homme, selon la
dimension de son sexe est appelé “lièvre”, “taureau” ou “cheval”. La
femme, selon son type, est appelée “biche”, “jument” ou “éléphante” ».
Autrement dit, certaines unions tiennent mieux la route que d’autres : le
lièvre collera à la biche et le cheval à l’éléphante. Et là, tout le monde s’y
retrouvera au niveau des sensations. Mais pas de quoi s’en faire, car
encore une fois, le vagin s’adapte. Nous en avons évidemment causé à
l’atelier en commençant par demander aux femmes si elles se sentaient
« biche », jument ou éléphante. Et parce que les femmes ne se posent
pas tant la question de la taille de leur vagin, la plupart ont répondu avec
prudence « jument », en visant au milieu. Celles qui sont mamans et ont
vu leur périnée mis à mal et reprendre du poil de la bête grâce à la
rééducation du périnée ont répondu « éléphante », malgré une tonicité
retrouvée. Une seule femme a répondu qu’elle se considérait biche,
parce qu’il n’était jamais simple d’entrer en elle, alors même qu’il lui
semblait laisser la porte ouverte. Elle disait être trop étroite (à moins
qu’elle n’ait rencontré que des chevaux). Globalement, ce qui est ressorti
de cette discussion digne d’une visite à la ferme, c’est que toutes se sont
toujours adaptées. En d’autres mots, les femmes éléphantes – cela reste
subjectif – ont une conscience aiguë de leur périnée, qu’elles peuvent
serrer volontairement pendant les rapports pour accentuer les
sensations. Notre biche, quant à elle, accentue les préliminaires avant de
passer à l’assaut et utilise du lubrifiant (et pour rappel, la lubrification
vaginale n’étant pas automatique et constante, le lubrifiant est un bon
allié !). Et les rencontres se font…

Alors oui, parfois, ce n’est « pas de bol », nos morphologies ne sont pas
assorties, mais avec le temps, on compense. Il n’y a pas de recette
magique, mais bien une série de comportements qui nous mènent sur le
chemin de la compatibilité. Puisque le vagin est aussi intelligent… qu’une
paire de collants et qu’on est loin d’être bête non plus.

L’accès au plaisir vaginal dépend donc de la tonicité du périnée, mais


aussi d’une multitude de facteurs, comme la rencontre de nos deux
sexes, notre lubrification (ça passe mieux), de la position choisie (afin de
varier les angles de pénétration), mais aussi (et surtout) de la
représentation que l’on a de notre vagin : si l’on pense qu’on ne
ressentira rien (notamment parce que l’on doute de son anatomie), on se
conditionne et le plaisir sera alors plus difficile à ressentir par voie
interne.

Qui dit encore orgasme vaginal » ?

En somme, il n’y aurait pas d’orgasme vaginal à proprement parler : le


clitoris serait à l’origine des différents plaisirs ressentis, qu’il soit stimulé à
l’intérieur ou à l’extérieur. On devrait donc parler d’orgasme tout court,
alors même que les sensations sont différentes selon qu’il naît d’ici ou de
là. Entreprenez de vous promener en forêt et d’en profiter : vous ne
ressentirez pas la même chose selon le parcours mais à la fin, une
conclusion vous viendra à l’esprit : c’était vraiment bien, cette balade.

Il est nécessaire de préciser que tous ceux qui emploient le terme d’«
orgasme vaginal » encore aujourd’hui ne sont pas nécessairement
divisés entre deux types de jouissance (mais certains si). Généralement,
ils nomment « orgasme vaginal » un orgasme qui naît certes du clitoris,
mais par voie interne. Autrement dit, la stimulation du clitoris par le vagin
entraîne parfois la jouissance et cette jouissance est nommée selon son
lieu de naissance, pas selon ses origines. Mais personne ne s’est mis
d’accord. On pourrait parler d’orgasme par voie vaginale, par stimulation
vaginale, par pénétration, sans que le gland du clitoris, donc sa partie
externe, ne soit titillé. Ce n’est qu’une question de terminologie. Et on
pourrait même aller plus loin : tandis que l’orgasme « vaginal » continue
d’être décrit comme différent au niveau des sensations, cela pourrait
s’expliquer par le fait qu’en stimulant le vagin, donc la partie interne du
clitoris, on ne réveillerait pas la même zone du clitoris, donc on ne vivrait
pas le même plaisir. Cette partie-là réagirait autrement, différemment,
peut-être plus lentement. Mais cela est-il prouvé ? Il y a autant
d’orgasmes qu’il y a de femmes, donc pour résumer, on pourrait dire qu’il
n’existe que des orgasmes intimes, et que chaque femme rencontre son
propre plaisir.

Désormais, on sait à quoi ressemble le clitoris. On sait en quoi il peut


procurer du plaisir. On sait aussi que le vagin joue un rôle et que le
clitoris ne cherche pas à faire cavalier seul. Alors maintenant,
concrètement, qu’est-ce qu’on fait ?

1. Pauls R., Mutema G., Segal J., et al., « A prospective study examining the anatomic distribution
of nerve density in the human vagina », The Journal of Sexual Medicine, 2006, 3 (6), 979-987.
2. Foldès P. & Buisson O., « The Clitoral Complex : A dynamic sonographic study », The Journal
of Sexual Medicine, 2009, 6 (5), 1223-1231.
3. Film écrit et réalisé par Maïwenn, sorti sur les écrans en 2015.
4. Luo J., Betschart C, Ashton-Miller J.A. & DeLancey J.O., « Quantitative analyses of variability
in normal vaginal shape and dimension on MR images », Int Urogynecol J, 2016, 27 (7), 1087-
1095.
5. Lever J., Frederick D.A. & Peplau L.A., « Does size matter ? Men’s and women’s views on
penis size across the lifespan », Psychology of Men and Masculinity, 2006, 7 (3), 129-143.
Stulhofer A., « How (un) important is penis size for women with heterosexual experience ? »,
Archives of Sexual Behavior, 2006, 35, 5-6.
6. Prause N., Park J., Leung S. & Miller G., « Women’s preferences for penis size : A new
research method using selection among 3D models », PLoS ONE, 2015, 10 (9), e0133079.

D ’un point de vue de la stimulation, il n’y a pas de « bonnes »


façons de faire. Nous en avons parlé avec les femmes de notre
atelier car la sexualité n’a rien de mathématique et on ne peut
délivrer de recette comme en cuisine. Chacune remanie sa quiche à sa
guise, choisit ses ingrédients, ses quantités, son temps de cuisson, parce
que chacune se dirige vers le résultat qui la fera frémir. Et quand on ne
sait pas bien, quand on se cherche encore, on teste plusieurs recettes de
quiche. Parfois, impossible de s’arrêter sur une, on les aime toutes, on
alterne, on en fait des sandwichs… Tout ça pour dire que les préférences
en matière de stimulation sont larges : tout le monde a son petit truc. Il
est donc intéressant de mentionner ce que chaque femme nous a livré. À
lire, cela peut être source d’inspiration et d’excitation, parce qu’on n’est
jamais contre connaître le secret de sa voisine.
12
Les caresses pour ravir notre clitoris

Le clitoris apprécie qu’on stimule par voie externe (le gland du clitoris et
ses alentours) ou par voie interne (le vagin). La stimulation peut
également être indirecte, car la contraction d’une partie des muscles du
périnée se répercute sur les piliers du clitoris et les bulbes. En somme,
pendant la pénétration, la structure interne du clitoris s’enflamme. Un
plaisir certainement moins évident à rencontrer, parce que le vagin n’est
pas une zone que l’on investit fréquemment en solo, notamment durant
nos premiers émois masturbatoires. Disons que les sensations internes
demandent de l’exploration, voire un peu d’exercice, seule ou à deux.

L’ensemble du clitoris constitue donc une zone érogène primaire – du


moins, il en a tout le potentiel –, c’est-à-dire une zone très sensible qui
joue un rôle majeur dans l’excitation et procure du plaisir. Certaines
femmes seront plus réceptives aux caresses externes, d’autres aux
caresses internes, d’autres encore aimeront les deux ou apprendront à
aimer les deux. On évolue constamment en matière de sexualité (et c’est
une bonne nouvelle).

Parmi nos invitées, certaines apprécient les caresses du bout des doigts,
d’autres préfèrent au contraire jouer avec plusieurs doigts serrés, posés
bien à plat sur la zone entière du gland du clitoris. Et puis il y a celles qui
préfèrent fermer leurs jambes, d’autres au contraire qui ont besoin de les
ouvrir… Toutes ne sont pas attachées aux caresses de la vulve dans son
ensemble et toutes ne ressentent pas le besoin d’une stimulation
vaginale en parallèle. Mais pour certaines, c’est cette double stimulation
qui est grandiose, ainsi elles s’arrangent toujours pour frotter ou caresser
leur clitoris pendant la pénétration.

Le plaisir entre ses doigts


Essayez de toucher un clitoris (enfin le vôtre, accessoirement) à « sec »,
là tout de suite maintenant (avec les mains propres, tout de même) : la
sensation ne sera pas des plus agréables. D’abord, vous n’êtes pas dans
une ambiance érotique, ensuite, votre toucher manque d’une note
d’humidité. C’est grâce aux sécrétions vaginales, autrement dit la cyprine
(liquide produit par le vagin lors de l’excitation) que les caresses sont
rendues confortables. On peut aussi avoir recours à un lubrifiant, car
nous ne sommes pas des machines. Puis ensuite, dès que le plaisir se
fait sentir, on accélère le rythme et on accentue la pression avec un doigt
ou plusieurs.

Mais on peut aussi oser une rencontre d’un autre type, un peu comme si
l’on repartait à zéro, en découvrant du bout des doigts (humides,
toujours) la sensibilité du clitoris. Comme si l’on y allait avec des
pincettes, pas à pas, pour accueillir les sensations qui s’invitent en
chemin. On l’effleure tranquillement, sans se brusquer et sans le
brusquer, afin d’éveiller notre conscience au clitoris. Un premier rendez-
vous en douceur, presque timide.

Vous avez déjà inspiré profondément et expiré profondément afin de


sentir l’air entrer et sortir de vos poumons ? Cet exercice aide à se
recentrer sur l’essentiel : nous, ici, au présent, dans notre corps. Pour
aller plus loin, on peut parler de méditation. Et figurez-vous que la
méditation et le clitoris ont trouvé un terrain d’entente : la méditation
orgasmique. Cette « activité » nous vient tout droit des États-Unis, où elle
est née en 2011 avant de traverser l’Atlantique et de débarquer chez
nous. Là où la méditation « classique » vide l’esprit, la méditation
orgasmique éveille le corps. Le principe est simple (mais un peu
effrayant aux dires de certains) : on se rend à son cours de méditation
avec son partenaire (ou pas : on pourra nous attribuer un candidat venu
en « célibataire »). La femme s’allonge dans son nid (au sol, au milieu de
coussins) et son homme, muni d’un gant en latex, dépose son doigt
(préalablement humidifié avec un lubrifiant) sans l’écraser. Pendant
quinze minutes, le coach, ou prof, donne alors des consignes (« Tournez
», « Appuyez »… ). En parallèle, la femme intervient pour guider son
partenaire en lui indiquant ce qu’elle désire (plus fort, moins fort, plus
bas…). Bien sûr, le but est de se concentrer sur le clitoris, d’être focalisé
sur son organe et de se connecter aux sensations rencontrées. L’homme
aussi joue le jeu et fixe toute son attention sur la pulpe de son doigt en
contact avec le gland du clitoris (ou le capuchon). Cette discipline, qui a
fait le buzz dans la presse, aiderait à une meilleure communication dans
le couple et sensibiliserait à l’intérêt du clitoris dans le plaisir féminin.

L’une de nous a testé cela depuis chez elle, en suivant les conseils d’une
vidéo, et s’est formellement ennuyée. Le caractère téléguidé et
mécanique s’est avéré castrateur : aucune place à la créativité et à la
surprise. Le format n’était peut-être pas le bon, qui sait ? Une autre a osé
débarquer à un cours (avec son partenaire, tant qu’à faire, parce que le
côté « inconnu qui pose son doigt », ça fait légèrement trembler notre
pudeur). Ce qu’elle a retenu : d’abord le fou rire. La gêne fait partie du
jeu quand on se retrouve à une dizaine de couples à parler de clitoris.
L’expérience du « réel » s’avère enrichissante. La présence d’un coach
qui oriente pas à pas, d’une voix calme et presque langoureuse, permet
l’abandon. On se déconnecte, mais notons que tout le monde n’est pas
réceptif. À la base, il s’agit quand même d’une méditation, et nous
n’avons pas tous la capacité de nous connecter à notre corps, en faisant
le vide. C’est un peu comme la sophrologie : chez certaines personnes,
ça fonctionne, chez d’autres, des a priori négatifs (c’est quoi ce truc ?)
freinent le relâchement. Nous ne pouvons pas vous inciter à cette
pratique, ni vous la déconseiller. Il s’agit d’une expérience extrêmement
intime.

Mais cette approche est étonnante et on peut tout à fait (seule ou à deux)
créer sa propre méditation orgasmique. Certes, cela ne s’improvise pas,
mais se connecter au clitoris grâce à notre doigt ou à celui de notre
partenaire, pour se (re)découvrir est très excitant et instructif. On décide
simplement d’y aller en douceur, de se concentrer sur le gland du clitoris
et de discuter ensemble de ce qui nous passe par la tête et le corps.

La langue dans tous ses états

Les baisers tendres, les caresses externes et le sexe oral seraient le trio
gagnant des pratiques pour atteindre la jouissance. Si le cunnilingus est
source de plaisir – hormis son caractère intime –, c’est notamment parce
que la langue, humide par définition, stimule le gland du clitoris mais
aussi l’ensemble de la vulve avec sensualité et de la pression, juste ce
qu’il faut.

Cependant, le cunnilingus n’est pas apprécié par toutes les femmes.


Certaines complexent : elles craignent que leur sexe soit moche ou
odorant, alors façon gros plan… Non merci. Qui ne s’est jamais mise à la
place de son ou sa compagne en tentant d’imaginer le tableau qu’il ou
elle a sous les yeux ? On a peur que le spectacle ne soit pas terrible, trop
poilu, trop tordu, que le public se lève et claque la porte.

Ensuite, comme dans toute pratique, il y a la question des goûts et


couleurs. Il n’est pas dit que le cunnilingus procure des milliers de
sensations : cela dépend du moment, du partenaire, aussi de la vision
que l’on a de cette pratique. On peut la juger trop intime, justement, pour
être partagée avec un homme que l’on connaît peu, alors on ferme les
jambes sans accueillir le plaisir potentiel. Aussi, cette pratique est parfois
perçue comme une réplique de la fellation : si je reçois un cunnilingus, je
vais (devoir) offrir une fellation en retour. Une idée qui freine. Dans ces
cas-là, le cunnilingus n’est pas abordé comme un plaisir mais comme
une monnaie d’échange.

Et puis il arrive que le cunnilingus soit tellement vanté que les femmes
craignent de ne pas parvenir à l’orgasme et de vexer leur partenaire, ou
encore d’avoir à constater que « Non, ça ne fonctionne pas ». L’orgasme
n’a rien d’automatique, il dépend d’un tas de facteurs et ne pas jouir une
fois d’un cunnilingus ne nous condamne pas à ne rien ressentir de la
sorte à vie. Les caresses sur le clitoris avec la langue peuvent être
délicieuses et offrir, avec le temps, des sensations nouvelles et
inattendues.

Le cunnilingus peut s’accompagner d’autres caresses, ou plutôt de doigts


: on parle de cunnilingus royal. Tandis que la langue s’active avec délice
sur le clitoris, notre partenaire utilise ses doigts pour pénétrer notre vagin
(un geste qui peut attiser notre zone C) et/ou aussi notre anus. Sa
stimulation peut réveiller des sensations nouvelles, ainsi qu’un sentiment
de transgression qui propulse l’excitation sexuelle, puisque cette
pratique, bien que de plus en plus assumée et répandue, possède
encore un petit goût d’interdit…

Pommeau de douche et canard en plastique

Nombre de copines, de patientes, de femmes interviewées, ont


découvert leurs premiers émois grâce aux vibrations, et presque par
hasard : un tour à vélo ou à cheval, ou encore le pommeau de douche,
apportent des sensations agréables que l’on invoque alors régulièrement.
Beaucoup de femmes se masturbent sous la douche, car elles
apprécient la puissance du jet d’eau. À côté de ces méthodes très « bio
», les sextoys ont su s’imposer sur le marché de l’érotisme. Récemment,
une enquête publiée par l’Ifop1 et relayée avec entrain par la presse,
confirmait les habitudes masturbatoires des femmes avec sextoys : 88 %
des femmes interrogées ont déjà utilisé un sextoy pour se masturber,
dont 24 % « à chaque fois ou presque ». Mais contrairement à ce que
l’on croit, les sextoys ne sont pas réservées aux célibataires. L’étude
révèle que la part de la population en ayant déjà utilisé à deux (45 %) est
plus élevée que celle en ayant utilisé seule (29 %).

La star du moment est le stimulateur clitoridien qui « aspire » le clitoris,


commercialisé sous différentes marques. Oui, on l’écrit entre guillemets,
parce que le mot peut faire frémir. Rien à voir avec l’aspirateur de la
maison : votre clitoris ne craint rien (surtout pas de disparaître).
D’ailleurs, le sextoy n’est pas en contact avec le clitoris mais l’entoure.
Ce modèle de sextoy nous plaît au-delà de ses fonctions et des
sensations qu’il procure. Il est la preuve, d’une certaine façon, que le
clitoris est considéré. Le marché des jouets érotiques a su se pencher
sur les attentes des femmes et répondre à leurs besoins en termes de
plaisir. Ils rendent fou le clitoris, qui semble avoir trouvé son jouet du
moment, qui change du célèbre canard. Cette révolution technologique
est le résultat d’un clitoris étudié et regardé. Il n’y a pas que les
vibromasseurs pour prendre son pied. Grâce à ce sextoy qui aspire,
l’orgasme est présenté comme plus accessible (quelques minutes, voire
quelques secondes). Mais (pour celles qui l’ont testé), existe-t-il un risque
de devenir accro à son jouet ? On reproche souvent aux sextoys en tout
genre d’offrir des orgasmes plus facilement, si bien que le corps ne «
s’habitue » pas à composer en duo. Ce n’est pas faux : les sensations ne
sont pas les mêmes, les chemins empruntés non plus. Néanmoins, se
masturber avec les doigts revient au même. Le contact est plus direct :
on essaie, on aime, on avise. Bref, on répond à chacune de nos
réactions immédiatement et sans détour aucun. Et on ne prend pas le
risque de préférer l’autoérotisme. Au fil d’une vie, on mêle aussi bien
masturbation que rapports sexuels en couple. L’un n’empêche pas l’autre
et vice versa.

Les sextoys ont une autre qualité, celle de proposer une exploration du
vagin. Une exploration moins instinctive que celle du clitoris lors des
premières autocaresses. Le vagin est mystérieux, car il n’est pas visible.
Et si parfois, on aventure un doigt, on n’est pas toujours à l’aise, on se
dirige vers l’inconnu et on préserve l’étrange sensation que le vagin est le
« territoire » de notre compagnon. Par ce que lui, il en a vu, des vagins !
Enfin tâté. À ce moment-là, on peut voir le sextoy comme une béquille,
comme un allié qui va nous accompagner dans cette balade que l’on
connaît peut-être mal. Et c’est seule, avec notre jouet, que l’on va la
baliser. Que l’on va explorer des sensations internes, nouvelles,
étonnantes. Bien entendu, il sera plus aisé (et c’est même recommandé)
de démarrer sa « masturbation » par ce que l’on aime et maîtrise (pas de
coups de banane précipités, disons). On débute notamment la
stimulation externe, avec laquelle les femmes sont généralement plus
familières. D’une part, le clitoris est un « tout », un organe qui s’étend du
gland jusqu’à l’intérieur de notre corps, donc il est logique de l’éveiller «
de partout ». D’autre part, l’excitation que l’un déclenche (le gland, cet
ami) permet de se fondre dans un état excitatoire tel que l’on se sent
prête à accueillir les ressentis qui nous sont encore inconnus.

Avec son pénis ou une courgette

Inutile d’accuser la pénétration de tous les torts. Surtout quand on sait


désormais que la partie interne du clitoris entoure amoureusement le
vagin et peut être stimulée de l’intérieur, volontairement mais aussi
involontairement, via les contractions du périnée. Aussi parce qu’un
rapport a beau être phallocentré, on peut le « phallocentrer à notre guise
», en changeant de position, en se touchant nous-même le gland du
clitoris ou en frottant notre vulve à la jambe de notre partenaire (ou son
oreille, son pied, ce que l’on voudra).

Toutes les positions sexuelles sont susceptibles de nous offrir une double
stimulation du clitoris et des sensations ravissantes. À l’exception peut-
être des positions acrobatiques qui nous empêchent de respirer et de
nous détendre. Inutile de vouloir innover à tout prix, en faisant l’amour la
tête en bas, les doigts de pieds flex et le pouce en l’air : c’est compliqué
et intenable (enfin pour beaucoup). Le but n’est pas de se restreindre si
l’on cherche à perdre le nord au sens propre. Mais un minimum de
confort est conseillé pour mieux accueillir son plaisir et en profiter sans
craindre de se casser le nez.

Un bon vieux missionnaire remplit complètement son job : nous aimons


toutes les deux cette position réputée à tort classique et ennuyeuse. Elle
recèle de sacrés pouvoirs et, en plus de ça, elle est accessible. En
missionnaire, tout le monde est servi et on peut même se regarder dans
les yeux. D’autres positions sont fréquemment pratiquées, comme
l’Andromaque (la femme au-dessus, à califourchon) et la levrette (même
pas besoin de la décrire).

Si la levrette, mais aussi la cuillère, délaissent le gland du clitoris à


première vue, de nombreuses femmes se touchent pendant l’acte. Il n’y a
aucun mal à se lancer. Cela ne signifie pas que l’on reproche à notre
partenaire de nous oublier (« Regarde, je dois m’y coller »), simplement
que la position qui se joue est super, mais qu’elle le serait davantage si
notre clitoris pouvait lui aussi faire partie du jeu et toucher la balle.
L’Andromaque accentue les frottements du clitoris – c’est sa valeur
ajoutée – car nous sommes maîtresses de notre plaisir (et que je bouge
comme ci ou comme ça). Dans cette position, la femme est en posture
dominante et peut remuer son corps à sa guise, puis inviter son
partenaire à retenir l’angle qu’elle préfère ainsi que les mouvements
qu’elle recherche.

Mais nous pouvons orienter notre plaisir dans toutes les positions. Le
missionnaire est à tort associé à la position de la parfaite étoile de mer
qui compte les algues et ne se sert pas de ses dix branches. Est-ce que
cette étoile de mer s’ennuie ? Pas forcément. Elle caresse son
partenaire, elle lui dit des mots cochons, elle le dévore des yeux ou lui
raconte sa journée (au pire). On peut toujours être active, toujours
donner, toujours s’occuper de notre clitoris. Comment ? Grâce à la
technique dite du « coital alignment » (CAT, comme un petit chat, facile à
retenir). Il s’agit d’une variante du missionnaire qui intensifie la pression
exercée sur le clitoris. Les corps se confondent : le but est d’être collés-
serrés, l’homme étant allongé (presque étalé, mais avec un peu de
retenue) sur sa compagne. Pour toujours plus de fusion, la femme peut
enrouler ses jambes autour de son partenaire. Ensemble, et en rythme,
ils opèrent des mouvements de bassins qui accentuent les sensations
sur le gland du clitoris. Ce n’est donc pas le mouvement de va-et-vient
qui est mis à l’honneur (il n’y a pas d’entrée et sortie au sens propre,
façon marteau piqueur) mais bien un glissement calme et répété des
deux bassins. La technique a été étudiée pour la première fois par
Edward Eichel2. Ensuite, d’autres recherches ont suivi pour attester de
son efficacité (Kaplan, 19923 ; Hurlbert, 19954 ; Pierce, 20005). Elle
permet une stimulation accrue du clitoris, sans négliger les sensations
internes : puisque tout se joue en douceur, le pénis se déplace
tranquillement contre les parois vaginales pour éveiller le bonheur qui s’y
cache. Après ça, rien n’empêche de retrouver un rythme plus effréné,
voire plus brutal.
Pendant le missionnaire (façon CAT ou pas), l’étoile de mer contracte
également son périnée en relevant son bassin (pendant le « va ») puis le
relâche pendant le « vient » en laissant son bassin s’affaisser (si le va et
le vient sont discrets, tout doux, tranquilles et sensuels). Ainsi, elle
contrôle la pénétration, s’offre des sensations internes très sympathiques
et en offre aussi à son partenaire qui se sent plus enserré quand il « va »
(et qui a le droit d’être libéré quand il « vient »).

Lever les jambes, alors même qu’on est allongée sur le dos demande un
peu de souplesse (mais pas tant que de faire l’amour sur une table) et
permet de changer l’angle de la pénétration. Et c’est valable dans toutes
les positions. Formez un cercle avec votre pouce et votre index (main
gauche) et entrez votre index droit dedans (le fameux jeu de main qui
veut dire que papa entre dans maman). Ensuite, bougez votre cercle
(c’est votre vagin, au fait) en laissant votre index droit (le pénis) dans la
même direction. Vous voyez qu’il frotte un coup le haut de votre vagin, un
coup le bas, les côtés… Bref, toutes les parois peuvent être parcourues
et ainsi l’angle de pénétration change. Bien sûr, pas de panique, le pénis
suit tout de même le mouvement (il ne voudrait pas se tordre et vous
ressortir par le nombril). Les inclinaisons sont infimes et à peine
perceptibles, mais à l’intérieur, ça peut s’avérer surprenant.

Pour rappel, la zone C (là où le clitoris est susceptible d’être titillé par «
l’intérieur ») se situe sur la paroi antérieure du vagin, c’est-à-dire à
l’avant, comprenez côté pubis (pas côté anus). Il n’existe pas de repère
précis, mais orienter le pénis vers cette zone afin d’observer les
sensations et réactions de notre corps peut être exaltant. Si l’on veut
vraiment partir en recherche (sans pression, on n’est plus à l’époque du
point G, l’endroit le plus incontournable de la Terre), les doigts (les siens
ou ceux du voisin) sont une bonne option pour un toucher plus précis.
Les sextoys ou tout ce que l’on voudra (de la courgette à la carotte) sont
aussi des accompagnateurs potentiels.

Quant au pénis, si l’on aime la pénétration et les sensations qu’elle


procure, on note que le gland du pénis adore le gland du clitoris (ils ont
pas mal de choses à se dire). Légèrement humide (après avoir visité le
vagin), il pourra se frotter au clitoris. La rencontre des deux est explosive
et les hommes apprécient. Le gland étant la zone la plus innervée du
pénis. Et puis, si l’on veut le faire avec une courgette, reste à savoir ce
qu’elle ressent et voudra bien nous raconter.

Jouer la partition avec son corps entier

On adore le clitoris. Il est la star de nos zones érogènes. Mais une zone
érogène aussi déterminante que le clitoris prend tout son sens quand on
la stimule alors même que l’ensemble du corps est en éveil. Essayez de
passer la cinquième sans avoir mis le contact dans la voiture, c’est
moyen pour démarrer. Autre exemple plus sympa : essayez d’ambiancer
une soirée avec un seul invité… C’est un peu nul. À la fête du slip et du
sexe, le clitoris est content d’être là, il se la joue, on ne regarde que lui,
ses paillettes et sa coupe de champagne, mais il se demande où sont
passés les autres, ses copains d’aventure. Entendez la nuque, les
fesses, les seins, les pieds, le creux des reins, le nombril, votre dix-
septième cheveu, vos cils et votre grain de beauté dans le dos.

Parmi nos zones érogènes, il y a celles qui nous réveillent à coup sûr (le
clitoris et les seins généralement) et les autres, qui sont moins innervées
mais qui peuvent offrir des sensations très agréables. Elles sont très
personnelles et s’expriment selon le contexte, le partenaire, nos
croyances aussi… Si le clitoris fait l’unanimité, c’est moins le cas du
poignet. La nuque non plus (peut-être un peu plus ?). Bien entendu, ces
zones se découvrent avec le temps. Il suffit par exemple d’un amant qui
adorait nous embrasser les paupières et nous laisse un souvenir
extraordinaire pour que nos paupières deviennent une zone très sensible
(c’est génial de se frotter les yeux tranquillement quand on s’ennuie en
réunion).

Pour revenir à la fête du slip, le clitoris aime être entouré. Stimuler ces «
autres zones » (que l’on appelle « zones érogènes secondaires » dans le
jargon sexuel) en même temps que les zones érogènes dites « primaires
» contribue à faire grimper le plaisir et prépare le corps à l’acte sexuel.

Et peut-on jouir des seins à cette petite fête ? Seulement des seins ? Le
phénomène est connu, bien qu’il se fasse rare. Mais c’est complètement
possible. Il se déclenche surtout via les caresses des mamelons – que
l’on peut frôler du bout des doigts, lécher ou mordiller –, bien que la
poitrine entière soit source d’excitation, qu’elle soit empoignée
fermement ou touchée avec délicatesse et sensualité.

C’est généralement avec le temps et l’expérience que l’on peut jouir


ainsi. Quoi qu’il en soit, les femmes rencontrent plus fréquemment
l’orgasme lorsque seins et zone génitale sont stimulés en même temps.


1. Ifop, « Les Français et les sextoys : la grande enquête », 9 février 2017.
2. Eichel E. & Nobile P., The Perfect Fit : How to Achieve Mutual Fulfillment and Mono-gamous
Passion Through the New Intercourse, Dutton Books, 1992.
3. Kaplan H.S., « Does the CAT technique enhance female orgasm ? », J Sex Marital Ther, 1992,
18 (4), 285-291.
4. Hurlbert D.F. & Apt C., « The coital alignment technique and directed masturbation : a
comparative study on female orgasm », J Sex Marital Ther, 1995, 21 (1), 21-29.
5. Pierce A.P., « The coital alignment technique (CAT) : an overview of studies », J Sex Marital
Ther, 2000, 26 (3), 257-268.
13

Présenter son clitoris à son/sa


partenaire

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Avec les expériences (solo ou duo), nous connaissons nos sources de
plaisir et comment les réveiller. Nous avons également des habitudes
quand il s’agit de donner du plaisir, selon ce que nous avons vécu par le
passé. Quant à notre partenaire, il possède aussi son bagage sexuel,
ses préférences et ses habitudes. Deux corps qui se rencontrent doivent
apprendre à composer ensemble : ce n’est pas parce qu’on aime être
touchée ainsi que notre partenaire aimera, et ce n’est pas parce que
notre ex aimait certaines caresses en particulier que notre nouveau
conjoint les appréciera.

Maintes fois, entre copines, on s’est demandé « Alors ? », le fameux «


Alors ? » de la première fois, celui qui ouvre la discussion sur le debrief
d’un rapport sexuel, d’une nouvelle rencontre. Parmi les réponses, on
trouve de tout : « Extra », « Plutôt pas mal », « Bien parti », ou encore «
Bof, mais bon ». La négation ou la déception ne sont jamais radicales :
on laisse toujours une chance. Il ne s’agit pas d’être parfaitement
indulgente. Quand un restaurant ne nous satisfait pas, on n’y retourne
pas. En sexualité, nous ne sommes pas là pour faire dans la charité.
Mais nous avons simplement conscience qu’un rapport qui n’est pas au
top du top pourra être meilleur les fois suivantes. Avec le temps, les
relations sexuelles se bonifient. Lors de la première fois (et même des
premières fois), différents facteurs entrent en ligne de compte, qui
viennent perturber la magie des premiers instants : le stress, l’inconnu, la
prudence (on reste classique, ne sachant pas quelle direction prendre),
l’alcool pour certains…

Et même avec le temps, il arrive que certains rapports soient moins


agréables que d’autres. Inutile d’en faire un plat, nous avons nos jours
avec et nos jours sans. Ce n’est pas la faute de la routine, que l’on
accuse sans arrêt d’être l’ennemi du couple. Et si reproduire les mêmes
caresses et les mêmes positions était la preuve qu’on se connaît ? Qu’on
sait comment s’y prendre et par où passer pour se faire et faire du bien ?
Oui, le changement stimule notre sexualité, mais les habitudes sexuelles
que l’on développe à deux sont notre cadre, notre socle à nous. On peut
même dire notre tremplin, celui qui nous propulse vers le plaisir. On a
appris à « s’apprendre », et donc à communiquer. Car oui, la
communication est une clé, qu’elle soit verbale ou non verbale, qu’elle se
dessine au lit ou en dehors du lit, pour progresser ensemble et se
découvrir jour après jour.

Secrets d'une communication sexuelle

Pourquoi parler de sexe en couple ? Pour mieux se connaître et pour


s’offrir davantage de plaisir. Quand on envisage de dîner aux chandelles,
on communique, chacun émet ses préférences, ses réticences et
annonce même qu’il est « d’humeur à manger du fromage ».

Seulement, si l’on est capable de discuter du prochain repas ou du


prochain film à aller voir au ciné, mettre des mots sur nos désirs, nos
fantasmes, nos doutes, nos frustrations n’est jamais simple. La sexualité
est un champ intime avant d’être partagée. Et puis, certaines personnes
pensent que parler de sexe tue le charme et le mystère. Ce n’est pas
entièrement faux. Mais échanger permet d’augmenter notre degré de
complicité, ainsi que la confiance que l’on entretient l’un envers l’autre. Et
on peut le faire sans un mot.

Parfois, on aimerait dire à notre partenaire que cette caresse n’est pas
terrible, que cette position ne convient pas, que la pénétration survient
trop rapidement… Il arrive qu’on ne soit pas en accord et qu’une pratique
ne nous convienne pas. Sauf qu’on tourne sa langue sept fois dans sa
bouche et que rien ne sort pour autant. C’est normal, nous sommes
toutes et tous fragiles quand il s’agit d’évoquer nos « compétences »
sexuelles, notre façon de faire, d’être, de donner et de recevoir. Pour
s’exprimer sans froisser son partenaire, la bienveillance est de mise. On
n’est pas là pour déblatérer une série de reproches et jouer les
maîtresses d’école sévères, mais pour échanger positivement et nourrir
notre amour et notre sexualité. Si l’on désire faire passer un message (au
hasard : « Tu oublies mon clitoris »), on peut engager la conversation en
se concentrant d’abord sur ce qui va (« J’adore nos levrettes »). Le piège
serait de penser que ce qui ne pose pas problème ne mérite pas d’être
dit. Plus on consacre du temps à exprimer ce que l’on aime, plus il sera
aisé d’aborder ce qui tourne moins bien. Dans un couple qui ne
communique que pour aborder les difficultés, le risque de voir le
partenaire critiqué adopter une position défensive est plus élevé.

Il existe quelques codes pour s’exprimer positivement. Le plus connu en


psychologie est la règle du « Tu qui tue ». « Tu ne me touches pas
comme il faut », « Tu bâcles les préliminaires »… Ça tue parce qu’on
accuse notre partenaire. Tandis que s’exprimer à la première personne
du singulier est plus doux : « J’aime moins quand tu me fais ça », «
J’aimerais davantage de préliminaires »,« Je suis un diesel, moi ».
Ensuite, on évite de généraliser. Ce n’est pas parce qu’il a oublié notre
clitoris qu’il oublie toujours notre clitoris. De quoi le faire complexer, un
peu comme si l’on était en train de lui dire qu’il a tout faux depuis la nuit
des temps (bonjour la conversation). Notre constat se doit d’être objectif.
Enfin, on se montre co-créatif : on apporte une solution, on lui demande
ce qu’il en pense, ce qu’il aimerait… C’est une conversation, et non pas à
un moment basé sur des remontrances à sens unique.

Mais d’autres moyens s’offrent à nous, notamment ceux de l’humour et


des métaphores, intimement liés. « Tu es un pilote de formule 1, mais
rappelle-toi que tu conduis un diesel » ou « Tu es du genre à explorer la
grotte mais n’oublie pas qu’il y a des clés à l’entrée » (entendez le
clitoris) ou « L’ascenseur ira plus haut si tu appuies sur le bouton avant
de te fourrer dedans » sont trois petits exemples que l’on aime bien,
parce qu’ils sont bien trouvés (merci) et parce qu’ils permettent de faire
passer le message avec détente et bienveillance. Si l’on craint que
l’humour frôle le sarcasme parce qu’on sait notre compagnon susceptible
(pas du genre à rire de ça) ou parce que ça ne nous ressemble pas, on
peut s’appuyer sur des phrases plus douces. Si notre partenaire adore
cuisiner, lui dire gentiment que l’eau bout plus vite si l’on la sale
(préliminaires), ou qu’on aimerait bien qu’il attaque sa pizza par les
tomates cerises (clitoris). S’il aime le jardinage, notre petite fleur aime
bien qu’on lui caresse les pétales. Et ainsi de suite.

Mais le langage a ses limites, c’est vrai. D’une part, malgré des mots
positifs, notre partenaire peut tout de même se braquer (il sent poindre
un semblant de manipulation…). D’autre part, les mots valident notre
position et peuvent figer notre sexualité. Un peu comme si, en discutant,
on faisait l’inventaire de ce qu’on aimait et de ce qu’on n’aimait pas. Or,
les fantasmes évoluent, notre curiosité aussi. On peut aimer faire l’amour
dans le noir en janvier, plus tellement en juin. Bien sûr, on trouvera
toujours le chemin de l’interrupteur pour faire changer les choses, mais «
trop parler » inscrit parfois nos rapports sexuels dans un contrat et nous
impose des limites. Le risque, c’est de perdre en spontanéité une fois au
lit : notre partenaire peut hésiter quant aux caresses à nous offrir
puisqu’on a dressé nos préférences. Il n’ose pas et essaie de s’en tenir à
ce qui a été dit, aux mots énoncés, souvent très précis et sources
d’inhibition. Or, les corps peuvent parler d’eux-mêmes pendant l’acte
sexuel et répondre ainsi à nos besoins au présent.

Quand les corps trouvent les mots

Fermer les jambes, changer de position ou encore se crisper peut aider


notre partenaire à comprendre que nous n’apprécions pas ce qui se joue.
À l’inverse, si l’on raffole d’une caresse, les gémissements peuvent
traduire notre plaisir, de quoi confirmer à notre partenaire qu’il est sur la
bonne voie.

Puis, montrer ce que l’on attend est également possible avec un langage
non verbal. Saisir sa main, la placer différemment, ailleurs… est une
façon de guider l’autre vers nos volcans. Et cela n’est pas du tout vexant
: notre partenaire veut savoir ce que l’on aime, il veut nous faire du bien,
non ?

En agissant ainsi, on ne fait que conduire le rapport et prendre des


initiatives. Il n’y a aucun mal à ça. Par exemple, si vous aimez les
rapports de soumission et que vous n’avez pas osé dire à votre
compagnon hier au parc « J’aimerais bien que tu m’attaches, gros
cochon », vous pouvez au lit vous positionner de façon à ce qu’il vous
domine : vous lui offrez votre corps, vous placez vous-même vos mains
derrière la nuque, vous faites tomber votre tête au bord du lit, vous
fermez les yeux… Le message passe.

Le langage érotique

Les mots cochons, ou la pratique du dirty talk, détiennent le pouvoir de


nous exciter ; ils commentent notre état, nos ressentis, mais sont aussi le
moyen de partager nos désirs et nos fantasmes dans un cadre érotique.
Il y en a pour tous les goûts. Des discrets, qui sont davantage des
gémissements ou onomatopées (« Ho, mmm »), de simples mots (« Oui,
encore »)… Mais on peut aller jusqu’aux phrases érotiques provocantes,
qui parlent de soi (« Je mouille ») ou de son partenaire (« J’aime ton
sexe dur »). Certains n’hésitent pas à user d’un vocabulaire plus vulgaire,
nourri d’insultes, qui encourage le plaisir sexuel en éveillant un sentiment
de transgression. Parfois, les mots cochons sont incontrôlables ; notre
état est tel que nous perdons « la raison » et laissons notre corps
s’exprimer.

Deux types d’échanges au lit ont été distingués par des chercheurs1.
Ceux qui sont centrés sur soi (dits « individualistes ») et ceux qui sont
dédiés au partage (dits « mutualistes »). Les uns ont pour but de
s’autoexciter, les autres sont tournés vers le partenaire dans le but de
l’exciter.

Et la simulation ?

Est-ce qu’émettre des gémissements pour faire comprendre à notre


partenaire qu’il est sur la bonne voie revient à simuler ? Oui, un peu.
Mais la simulation, contrairement à ce que l’on croit, n’a rien de négatif.
Elle a mauvaise réputation, on l’assimile à de la triche, du mensonge.
Mais tout dépend des cas de figure. Selon les derniers chiffres en date2,
62 % des femmes ont déjà simulé au moins une fois dans leur vie. On
est d’accord : ce n’est pas parce que tout le monde se jette dans le lac
qu’on doit le faire (surtout si l’on ne sait pas nager…). Mais la simulation
n’est pas une pratique décidée par les femmes qui se sont passé le mot
(« Quand c’est chiant, on fait semblant, OK les filles ? »). La simulation,
c’est simplement une solution qui survient à un moment m, parce qu’on
ne voit rien d’autre et qu’on ne trouve pas les mots pour dire qu’on aime
(ou pas).

Par exemple, on peut vouloir en finir et non, ce n’est pas méchant. Peut-
être qu’on n’est pas dedans, qu’on aurait pu le dire, remonter d’un cran
dans la chaîne pour s’éviter une déconvenue, mais on n’a pas osé. Et
puis on n’était pas bien sûre, on cherchait l’abandon, on espérait le
trouver. Alors on feint l’orgasme pour conclure le moment. On envoie un
signal de fin, parce que c’est poli. Quand votre belle-mère ne décolle pas
ses fesses de votre chaise avec un dîner ennuyeux à se pendre, vous ne
la foutez pas dehors à coup de balai, mais vous bâillez en annonçant
qu’il est temps d’aller faire la vaisselle parce que demain vous vous levez
tôt (pas vous, Martine ?). En agissant de la sorte, on s’évite ensuite de
parler pour « rien » : ce n’est pas parce qu’on n’a pas apprécié le rapport
ce soir qu’on doit en faire des caisses et prendre le risque d’ouvrir une
discussion stressante qui pourrait nous perturber et perturber notre
partenaire qui va se mettre à douter.

Mais revenons à nos moutons et aux gémissements émis dans le but de


guider notre partenaire. En quoi sont-ils les bienvenus ? Si notre
partenaire initie la bonne caresse, s’il propose la bonne cadence, le bon
mouvement, lui indiquer qu’il est sur le bon chemin en accélérant sa
respiration ou agitant son corps est loin d’être inutile. Renvoyer des
feedbacks permet d’aller vers une meilleure complicité sexuelle et
contribue à notre apprentissage mutuel. Si notre partenaire est attentif à
nos réactions, il y a de grandes chances pour qu’il garde en mémoire ce
qui nous a tant plu. On peut aussi ajouter à notre appréciation des mots
encourageants, coquins ou non. Un petit « Encore » qui accentue le
propos. Qui l’invite à continuer, encore et encore.

Simuler entraîne certaines femmes à se mettre dans les conditions du


plaisir. Autrement dit, faire « croire » que là on adore ça, en rajouter un
peu quant à ce que l’on ressent, permet de faire monter l’excitation.
Respiration plus intense, gémissements, corps tendu… on insuffle une
série de codes excitants pour soi et son partenaire. La scène devient
plus érotique. Mais pas la peine d’en faire des tonnes. Masters et
Johnson nous apprennent que l’orgasme est en réalité silencieux, d’où le
besoin que nous avons de manifester qu’on y est, parfois même de
prévenir oralement (le fameux « J’arrive »). Il y a bien des fois où notre
partenaire nous demande : « Tu es venue ? » Des fois qu’on ait été un
peu trop discrète. Conclusion de l’histoire, on simule toutes et tous un
peu.

Explorer le clitoris à deux, et tranquillement

On boucle la boucle : présenter son clitoris à son partenaire doit se faire


sans pression aucune (comment ça, une injonction ?). Si le clitoris n’est
pas un simple bouton, il n’en demeure pas moins mignon. Il attend qu’on
le rencontre, mais il ne veut effrayer personne. Imaginez un peu, le
garçon revient de plusieurs décennies d’obscurantisme, autant dire qu’il
se balade un peu la queue entre les jambes… C’est à nous de le mettre
en confiance, quelque part. Voir les choses comme ça, ça fait souffler un
peu et ça nous détend de l’organe.

Peut-être qu’on attend de notre partenaire davantage d’attention


clitoridienne. Mais inutile de lui répéter cent fois que c’est nécessaire et
que le clitoris vous rend dingue (même si l’on vous l’a beaucoup répété).
Il aurait, peut-être, peur de mal s’y prendre. Voyons ça comme un jeu.
Comme un nouveau terrain. Comme un voyage que l’on organise : on se
projette, ça va être bien, bourré d’amour, de sorties, de visites, peut-être
de déceptions parfois (sérieux, venir jusqu’à Copenhague pour
apercevoir cette minuscule Petite Sirène dont tout le monde parle ?),
mais surtout de plaisir. Le clitoris est de la même façon un voyage. On a
beau se documenter à son propos avant le départ, préparer ses plans, sa
carte, la liste des visites, il n’y a que sur place (sur ou sous notre couette)
que l’on découvrira sa réalité. Que l’on pourra s’extasier et se délecter du
fameux goût de « Reviens-y ».

1. Jonason P.K., Betteridge G.L. & Kneebone I.I., « An Examination of the Nature of Erotic Talk »,
Arch Sex Behav, 2016, 45 (1), 21-31.
2. Enquête Ifop pour CAM4, « Les Françaises et l’orgasme », décembre 2014.
Conclusion
Lorsque nous bouclons ces lignes, c’est la rentrée. Et des milliers
d’élèves s’apprêtent à découvrir le clitoris dans le nouveau livre de
sciences de la vie et de la Terre. L’effet que ça nous fait ? Du plaisir
(histoire de se répéter). Et l’une de nous est tombée, dans les toilettes
d’un bar, sur le dessin d’un clitoris réalisé avec exactitude (et talent) : une
tête et des jambes ! De très longues jambes.

Le clitoris est là, ça y est, sur les bancs de l’école et dans les toilettes
d’un bar : du moins, un dans Paris.

Nous avons rédigé ce livre en plusieurs mois et il a été très agréable de


le voir évoluer dans le paysage médiatique au fur et à mesure que nous
écrivions. On se sentait sur la même longueur d’onde que lui. Bien sûr,
les recherches concernant le clitoris n’ont pas dit leur dernier mot. La
sexualité féminine demeure mystérieuse. Mais avant toute chose, avant
de découvrir la suite de l’histoire, nous retenons une réalité : chaque
femme est sa propre chercheuse. Parce que nous avons toutes du
potentiel. Et parce qu’on ne finit jamais de se rencontrer, que l’on
pratique l’autoérotisme ou que l’on se réfugie sous la couette avec notre
partenaire.

Se sentir frustrée par rapport à ce que l’on n’a pas encore fait au lit, par
rapport aux sensations que l’on n’a pas encore approchées, c’est non !
Au contraire, sourions face à ce que l’on ne connaît pas encore et face
aux secrets que le clitoris ne nous a pas encore révélés : ce n’est que du
bonheur (et peut-être l’objet d’un tome 2).

C’est ça, sexopositiver. C’est apprendre à savourer ce que l’on a sans se


focaliser sur ce que l’on ne vit pas. C’est stopper les comparaisons (ma
voisine crie très fort pendant l’orgasme) et se rappeler combien nous
sommes uniques. C’est faire l’amour selon ses désirs et ses critères,
avec ses chaussettes ou son ex si ça nous chante. C’est se défaire des
chiffres qui mènent à rien et nous culpabilisent (comme ça, je suis la
seule à aimer attacher mon partenaire et à me jeter sur des hot-dogs
après l’amour) ? C’est regarder son corps, son sexe, le trouver beau et
puissant. C’est en faire un allié de taille et poursuivre sa route. C’est ne
plus penser à l’orgasme mais au plaisir qui y mène. C’est se laisser
surprendre, demain et les autres jours. C’est surtout ne pas penser à
l’ours blanc…
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Les auteurs
Alexandra Hubin est née le 13 mars 1978. Elle est Docteur en
psychologie et sexologue. En 2010, elle a fondé la sexologie positive («
SexoPositive »), qui s’attache aux clefs d’une sexualité épanouie. Elle est
également consultante en sexologie, notamment aux cliniques
universitaires Saint-Luc, à Bruxelles. Forte de son expérience passée
dans le domaine de la recherche, elle est attentive aux études
scientifiques et travaille à la diffusion d’informations fiables au travers de
ses interventions dans les médias belges et français, de ses cours à
l’université, de ses conférences et de ses publications.

Caroline Michel est née le 27 juin 1987. Elle s’appelle Michel comme
tout le monde mais parle de sexe comme personne. Elle est journaliste
freelance pour la presse féminine, spécialisée en psycho et sexo.
Passionnée d’écriture et aussi drôle que la plus drôle de vos copines, elle
est également l’auteur de nombreux guides pratiques autour des mêmes
thématiques, du blog ovary.fr et d’un premier roman, 89 mois, paru en
2016 aux éditions Préludes.

Alexandra et Caroline ont collaboré pour la première fois il y a cinq ans


dans le cadre d’un article de presse sur le rôle du périnée dans le plaisir
sexuel. Elles ont tout de suite sympathisé. De ce coup de foudre est né
Je SexoPositive !, un guide pratique instructif et décomplexé publié aux
éditions Eyrolles en 2015. Deux ans plus tard, c’est lors d’un rendez-vous
matinal autour de trois cafés avec Gwenaëlle Painvin, aux éditions
Eyrolles, que la thématique du clitoris leur est apparue comme une
évidence : le clitoris mérite qu’on le raconte et qu’on lui donne (enfin) la
parole.

Les deux femmes se sont alors lancées dans cette aventure


passionnante, qui répond à un véritable besoin. Entre mes lèvres mon
clitoris est leur deuxième ouvrage, fruit du regard croisé entre le
journalisme, la sexologie et l’édition.
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