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À mes filles

À mes sœurs
À mes patientes
Et à toutes les femmes
Avant-propos
Pendant des siècles, la sexualité féminine a été considérée
comme un sujet tabou, abordée du seul point de vue de la
reproduction. Néanmoins, au cours des dernières décennies, l’accès
à la contraception, la mise en place des lois sur l’IVG (interruption
volontaire de grossesse), la montée en puissance des mouvements
féministes ont favorisé une libération sexuelle chez la femme et enfin
la prise en compte de son plaisir.
Il faut pourtant savoir que la découverte de l’anatomie précise du
clitoris ne date que de 1998, et il a fallu attendre 2005 avant d’avoir
les premières images du sexe féminin en IRM (imagerie par
résonance magnétique).
Malgré des avancées certaines, les recherches sur le plaisir
féminin n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. Elles sont
souvent difficiles à mener, manquent de financement et n’ont qu’un
écho très limité auprès du grand public. Quant à l’éducation sexuelle
des jeunes, elle ne traite que des moyens contraceptifs et des
infections sexuellement transmissibles. La physiologie du plaisir
sexuel n’est jamais évoquée. Et les femmes – premières
concernées – manquent cruellement d’information… C’est par
exemple seulement en 2017 qu’un éditeur de livres de sciences de
la vie et de la Terre pour collégiens a accepté, sous la pression
d’associations féministes, de représenter le clitoris dans son
intégralité sur un schéma de sexe féminin (Éditions Magnard).
Il n’est alors pas très étonnant qu’au cours de mes consultations
de sexologie j’aie constaté qu’un très grand nombre de femmes ne
connaissaient pas ou très mal leur anatomie et leur fonctionnement
sexuels. Elles sont pourtant très demandeuses de renseignements
et curieuses des mécanismes de leur plaisir en vue notamment
d’améliorer leurs ressentis et leurs orgasmes.
Il me semble donc indispensable de fournir aux femmes et aux
hommes un manuel pratique sur la sexualité féminine, d’autant plus
que j’ai constaté qu’il n’existait aucun livre exhaustif sur le sujet. Les
seuls ouvrages complets actuellement disponibles sont destinés aux
professionnels de santé. Mon but est de réaliser un ouvrage pour le
public le plus large possible, pour toutes les femmes, de la jeune
femme qui découvre sa sexualité à la femme trentenaire qui
souhaite enrichir son répertoire sexuel jusqu’à la femme plus âgée
qui désire conserver une sexualité épanouie.
Partant des recherches scientifiques les plus récentes, le livre
aborde dans un langage clair, simple et décomplexé les aspects
anatomiques, physiologiques, psychologiques et pathologiques des
différentes composantes de la sexualité féminine.
Nous parlerons bien sûr du clitoris, mais aussi de la vulve, du
vagin, des seins, du fameux point G, des femmes fontaines et de
l’éjaculation féminine.
Nous aborderons le sujet de la masturbation et de l’orgasme, de la
pornographie et de la littérature érotique, des sex-toys, des
préliminaires, des fantasmes typiquement féminins, des différents
types de sexualité (orale, vaginale, anale).
Nous évoquerons la sexualité entre femmes, de plus en plus
fréquente chez la jeune génération, mais aussi l’asexualité.
Un chapitre sera dédié à la question biologique et psychologique
de la séduction, un autre à la délicate question de l’infidélité
féminine.
Nous parlerons également des questions encore taboues de la
sexualité pendant la grossesse et à la ménopause.
D’autre part, un grand soin a été apporté aux illustrations qui ont
été confiées à une jeune artiste, Ingrid Maillard, qui a fait un travail
remarquable tant sur la justesse anatomique des dessins que sur
leur qualité esthétique. Chaque image sera donc à la fois originale et
artistique.
Le but de ce livre est de vous apporter le maximum d’informations
dans un langage clair, direct et précis, de répondre à toutes les
questions que vous vous êtes un jour posées sur la sexualité, et
ainsi aider les femmes à s’épanouir. Tout au long de l’ouvrage, la
sexualité sera abordée d’un point de vue principalement
hétérosexuel, pour une simple question de simplification.
Cependant, il ne s’agit en aucun cas d’un jugement ni d’une norme à
atteindre. Un chapitre entier est d’ailleurs dédié à la sexualité entre
femmes.

Partant de la question essentielle du désir dans le discours et la


vie des femmes, nous ferons le point sur la normalité en matière de
sexualité avant d’aborder l’anatomie et les fonctions des différents
organes impliqués de près ou de loin dans la sexualité.
De là, seront développées les différentes formes de sexualité
existantes, d’un point de vue physiologique, pratique et toutes les
difficultés qu’il peut en résulter.
Libérées des fausses croyances et des tabous qui entourent la
sexualité et qui sont responsables de blocages, d’inhibitions, de
peurs, de difficultés relationnelles, les femmes seront peut-être ainsi
un peu plus libres d’être celles qu’elles désirent être.
La question du désir chez
les femmes
Le désir sexuel est certainement ce qui pose le plus de questions
aux femmes, mais aussi aux hommes. C’est également l’objet de la
majorité des consultations des couples en sexologie.
Source d’inquiétudes, d’interrogations, mais aussi de joie et de
bonheur, les variations du désir au cours de la vie sont au centre des
préoccupations de nombreuses femmes.
La libido est un phénomène complexe car elle fait intervenir de
nombreux facteurs tant psychologiques que physiologiques,
relationnels, émotionnels, culturels…
Qu’est-ce que le désir sexuel ? Comment fonctionne-t-il au niveau
physiologique ? Quelles sont les hormones qui interviennent dans
tous les circuits neuronaux liés au désir ? Comment évolue le désir
au fil du temps et au sein d’un couple qui dure ? Pourquoi peut-il
faire défaut ? Existe-t-il des moyens pour remédier à une baisse ou
à une perte de notre libido ?

Qu’est-ce que le désir ?

Le désir est un phénomène qui se passe d’abord dans la tête à la


différence de l’excitation sexuelle qui se passe dans le corps. C’est
un élan qui nous pousse vers l’autre, qui nous donne envie de
partage, d’intimité, de sensualité, et, finalement, de sexualité.
Le désir ne dépend pas de la volonté, on ne peut pas se forcer à
avoir du désir, c’est un processus déclenché par des facteurs
internes ou externes aussi divers qu’une pensée, un fantasme, un
souvenir, une odeur, un geste, un sourire, un corps nu, un paysage,
un regard, une rencontre, une façon de parler, de se tenir… Les
chemins qui mènent au désir sont complexes et bien souvent
mystérieux. Concernant la naissance du désir, il semblerait que les
femmes soient plus sensibles que les hommes aux circonstances de
la rencontre, et notamment à l’attention, à la tendresse et au
sentiment amoureux.

Le besoin sexuel n’existe pas

Nous entendons souvent dans la bouche des hommes qu’ils ont


besoin de faire l’amour, nous reprochant alors que nous n’en ayons
pas envie. Envie et besoin semblent donc s’opposer dans les
discours féminin et masculin. C’est une source de souffrance pour
de nombreux couples qui subissent les affres d’un décalage de désir
sexuel. C’est aussi une cause très fréquente d’incompréhensions,
voire de conflits.
Or l’activité sexuelle n’est pas de l’ordre du besoin. Le besoin est
défini par la notion de nécessité vitale. L’absence de relation
sexuelle n’a jamais rendu personne malade. On peut vivre toute une
vie sans aucune activité sexuelle et avoir une existence très
heureuse si elle est suffisamment riche et satisfaisante sur le plan
intellectuel, émotionnel, relationnel, affectif…
L’activité sexuelle relève plutôt de la récompense. Nous verrons
que les circuits neuronaux du désir sexuel font intervenir à la fois les
zones cérébrales du plaisir et de la récompense. En somme, je
désire parce que je mérite de me faire du bien, de me donner du
plaisir. Et je désire mon partenaire parce que j’ai envie de lui donner
du plaisir, de lui faire du bien.

Désir spontané, désir réactif

Il est très important de savoir qu’il existe plusieurs types de désir


sexuel. On a tendance à penser que, parce que l’on n’a pas de désir
spontané à l’instar de beaucoup d’hommes, c’est que l’on n’a pas de
désir du tout, ce qui est totalement faux. Il existe en effet un autre
type de désir dit réactif, c’est-à-dire qu’il advient en réaction à des
stimulations érotiques, sensuelles, à des caresses.
Une étude a ainsi montré que seulement 15 % des femmes ont un
désir spontané, 30 % un désir réactif pur et 55 % un désir mixte, à la
fois spontané et réactif (Nagoski, 2015). Côté hommes, 75 % d’entre
eux ont un désir spontané. Et, comme en matière de sexualité, c’est
toujours du côté masculin que l’on a pris l’habitude de définir la
norme, le désir spontané est donc devenu une norme. Et l’absence
de désir spontané est alors considérée comme anormale.

Il me semble primordial que les femmes et les hommes


connaissent l’existence du désir réactif pour que l’on cesse de
penser qu’une femme qui n’éprouve pas de désir spontanément ne
ressent pas de désir tout court. Elle et son partenaire doivent
accepter que le désir arrive avec le début des jeux sexuels, et ce
n’est pas pour autant que c’est un désir qui a moins de valeur que le
désir spontané.

Quelques chiffres

De nombreuses études scientifiques nationales et internationales


ont évalué la fréquence des troubles de la libido. Entre 10 % et 60 %
des femmes vont souffrir de troubles du désir au cours de leur vie, et
95 % d’entre nous vivront une baisse du désir transitoire au cours de
sa vie (Mimoun/IPSOS, 2008).
Ce qui est certain, c’est que le désir est quelque chose de très
important pour les femmes : pour 87 % d’entre nous il est en effet
primordial et pour 94 % d’entre nous le désir est quasiment
synonyme de satisfaction sexuelle (Mimoun/IPSOS, 2008). Pour
84 % des femmes, se sentir désirées par leur partenaire va stimuler
leur propre désir (id.).

Les mécanismes physiologiques du désir sexuel

Le rôle des neurotransmetteurs dans la sexualité féminine


Les neuromédiateurs sont des substances qui assurent la
transmission des informations d’un neurone à l’autre. Chaque
neuromédiateur a une fonction différente et spécifique. Certains
d’entre eux stimulent plutôt la sexualité et le désir, et d’autres, au
contraire, l’inhibent. Certains sont très bien connus, d’autres, un peu
moins.

Les neuromédiateurs qui favorisent la réponse sexuelle


et le désir

La dopamine. Produite exclusivement par notre cerveau, elle


intervient dans tous les circuits neuronaux du plaisir, de la
motivation, du sommeil, de la mémoire. Sur le plan sexuel, elle
augmente l’excitation et favorise le désir. Elle intervient directement
dans l’atteinte de l’orgasme (Komisaruk et al., 2008).

La noradrénaline. Elle est responsable de certaines manifestations


physiques présentes lors de l’excitation sexuelle : transpiration,
accélération cardiaque, tremblements… Elle contribue également au
désir sexuel, notamment en favorisant l’action de la dopamine et de
la testostérone, dont nous allons voir qu’elle est l’hormone du désir.

L’ocytocine. Elle est connue pour intervenir dans le phénomène de


l’attachement affectif, aussi bien entre une mère et son bébé
qu’entre deux adultes. Sa sécrétion est engendrée par les contacts
corporels (câlins, massages, caresses, baisers), mais elle est surtout
produite durant l’orgasme, et plus l’orgasme est intense, plus la
quantité produite serait importante.

Les neuromédiateurs qui inhibent la réponse sexuelle

La sérotonine. C’est certainement le neurotransmetteur le plus


inhibiteur de la sexualité. La sérotonine intervient dans tous les
circuits neuronaux du bien-être et des émotions. Sa production lors
de l’orgasme entraîne un phénomène de satiété, de détente, et
finalement, freine le désir sexuel. On sait par exemple que les
antidépresseurs qui augmentent les taux de sérotonine entraînent
des troubles de la libido et des difficultés à avoir des orgasmes.

Les endocannabinoïdes. Leur sécrétion après l’orgasme participe


à l’envie de dormir et à l’état de détente post-orgasmique.

Les endorphines. Ce sont des neurotransmetteurs qui sont


sécrétés lors d’activités qui procurent du plaisir comme les relations
sexuelles, le sport, les câlins, méditer, manger… Ce sont les
endorphines qui sont responsables de l’état d’euphorie, de joie. Elles
ont aussi un effet anxiolytique et antidouleur. On leur doit beaucoup
dans les effets positifs de la sexualité sur les émotions, le bonheur et
la détente.

Le rôle des hormones dans la sexualité féminine

Les hormones sont des substances issues des différentes glandes


de l’organisme. Une fois produites et sécrétées dans le sang, elles
apportent des informations particulières aux organes dont la fonction
dépend des hormones. Par exemple, les deux hormones appelées
LH et FSH contrôlent l’activité des ovaires, notamment l’ovulation et
les cycles menstruels. Pour la question du désir et de la fonction
sexuelle, plusieurs hormones interviennent ainsi dans les
mécanismes physiologiques.

La testostérone. La testostérone est considérée comme l’hormone


du désir aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Chez
les femmes, elle est produite principalement par les ovaires. Les
femmes ayant subi une ablation des ovaires à la suite d’une
maladie, par exemple, auront ainsi une baisse très importante de la
testostérone et souffriront d’une perte de la libido. Certaines études
scientifiques ont également montré qu’un traitement à base de
testostérone chez ces femmes est efficace sur la perte du désir
sexuel.
Les œstrogènes. Ce sont les hormones féminines par excellence.
Elles sont produites principalement par les ovaires, et leur taux varie
au cours du cycle menstruel. Ce sont elles aussi qui nous protègent
contre les maladies cardio-vasculaires et l’ostéoporose. Sur le plan
sexuel, elles auraient également un rôle dans l’attractivité envers les
hommes : la sécrétion d’œstrogènes nous rendrait plus désirables à
leurs yeux, notamment en fonction de l’avancement du cycle
menstruel et au moment de l’ovulation (Kempeneers, 2010).

La progestérone. La progestérone est produite par les ovaires


après l’ovulation. Elle serait entre autres responsable des
symptômes du syndrome prémenstruel : gonflement des seins, du
ventre, instabilité émotionnelle. Sur le plan de la sexualité, elle aurait
un effet plutôt inhibiteur (Kempeneers, 2010).

La prolactine. C’est une hormone produite par le cerveau et dont


le rôle principal est de stimuler la production de lait maternel après la
naissance, mais pas seulement. En effet, des études récentes ont
mis en évidence que la prolactine est sécrétée en quantité
importante lors de l’orgasme et qu’elle favorise alors l’apaisement, le
bien-être, la détente post-coïtale. Elle est aussi responsable de la
baisse du désir après l’orgasme ou pendant la période de
l’allaitement.

La DHEA ou déhydroépiandrostérone. Cette hormone a été


largement médiatisée il y a plusieurs années à la suite des études
du Pr Beaulieu ; ses effets anti-âge sont aujourd’hui contestés. Elle
est produite chez la femme à la fois par les glandes surrénales, les
ovaires et le cerveau. Son taux varie au cours de la vie avec un pic
vers l’âge de 30 ans, puis une diminution progressive et inexorable
au fur et à mesure que nous avançons en âge. La DHEA sert surtout
à fabriquer les œstrogènes et la testostérone. Concernant la relation
entre DHEA et sexualité, des études ont montré qu’un taux faible de
DHEA était associé à une baisse de la libido, que ce soit avant ou
après la ménopause. Un traitement par DHEA améliore dans
certains cas la libido, mais aussi le plaisir sexuel (études citées par
Samaras et al., 2015).

Quels facteurs influencent le désir chez les femmes ?

Le désir, nous venons de le voir, est un phénomène éminemment


complexe faisant intervenir de nombreux facteurs physiologiques,
psychologiques, culturels, personnels… Il varie également en
fonction des périodes de notre vie, lors de la rencontre amoureuse
où il est à son apogée, lors de la grossesse et du post-partum, des
périodes de stress, de maladie, de difficultés professionnelles, de
conflits de couples, à la ménopause…
Le désir nécessite aussi la capacité de rechercher le plaisir, de
lâcher prise, de ne pas tout contrôler et de ne pas culpabiliser. On
sait en effet qu’un des facteurs qui empêchent le plus le désir chez
les femmes est le sentiment de culpabilité. Une étude a ainsi montré
que la culpabilité est l’émotion la plus ressentie par les femmes qui
ont une baisse de la libido (Hubin et al., 2010).
L’anxiété sous toutes ses formes est une autre émotion qui freine
le désir : stress, phobies, peurs, angoisses, peur de perdre le
contrôle, de se montrer nu, stress professionnel ou personnel, peur
de l’intimité, du jugement… L’appréhension anxieuse est source
d’inhibition sexuelle et d’évitement : on fuit la relation intime par peur
de ne pas être à la hauteur, par peur de l’échec (Wiegel et al., 2007).
Le cycle menstruel est également un facteur qui modifie le désir.
Chez la majorité des femmes, la libido diminue pendant la période
des règles sans que l’on sache vraiment si l’origine est
physiologique ou culturelle. En revanche, la libido augmente souvent
au moment de l’ovulation (Roney et al., 2013) en lien avec le taux
d’œstradiol qui augmente le désir.
Tout événement de vie entraînant un changement pourra
influencer négativement le désir sexuel : divorce, maladie,
déménagement, changement de travail, naissance d’un enfant,
décès d’un proche… Nous avons besoin de toute notre énergie
psychique pour nous adapter à la nouvelle situation, et bien souvent,
la vie érotique et l’activité sexuelle passent au second plan. Il n’y a
pas de quoi s’inquiéter. La libido revient en général tout à fait
naturellement au bout de quelque temps. Mais chez certaines
d’entre nous, l’effet du stress pourra au contraire augmenter la libido,
notamment quand la relation affective avec le partenaire est stable
et source de confiance (Geonet et al., 2018).

Le désir dans le couple qui dure

Tout commence par la rencontre amoureuse. Un regard, un


sourire, une démarche, puis une rencontre, des mots échangés, une
intimité qui se crée. On tombe amoureux. C’est la phase de l’amour
naissant, l’innamoramento que Francesco Alberoni a décrit dans son
ouvrage Le Choc amoureux (Le Livre de Poche, 2018). Pas de
troubles du désir à ce moment-là. Au contraire, toutes les émotions
sont à fleur de peau. C’est une période où la sexualité est dite
extraordinaire, pour reprendre la formule de Philippe Brenot (Un jour
mon prince, Les Arènes, 2014). Car tous les neurotransmetteurs
impliqués dans le plaisir, le désir et le bien-être sont à leur
maximum. On a tout le temps envie de faire l’amour. Guère besoin
de préliminaires pour être excitée. On vit d’amour et d’eau fraîche.
On se sent en pleine forme, on a moins besoin de dormir, on mange
moins… Tout cela est en lien avec le bain d’hormones et de
neurotransmetteurs cérébraux, et particulièrement la dopamine, la
noradrénaline et l’ocytocine dont nous avons parlé plus haut. Cela
durera de quelques mois à deux-trois ans selon les couples.
Et ensuite ?
C’est la phase que l’on désigne comme celle du couple qui dure.
Certains couples se séparent à ce moment-là, les raisons sont
multiples, trop complexes pour les détailler ici. Pour ceux qui
choisissent de rester ensemble, ce sera l’heure des ajustements, de
l’acceptation de la différence, de l’adaptation à la routine, aux
habitudes de chacun, et bien souvent, le couple se confronte à une
diminution de la libido. Cette diminution est normale. Chaque couple
trouve alors sa vitesse de croisière, et cette vitesse dépend de
chacun. Certains vont se satisfaire d’une sexualité mensuelle,
d’autres hebdomadaire. Il s’agit surtout pour chaque couple de
trouver un équilibre qui convienne aux deux partenaires, ce qui n’est
pas forcément le plus simple. Cela demande des capacités de
communication alors même que le temps passé ensemble, à deux,
peut être réduit au minimum, surtout après l’arrivée des enfants.
Conserver une sexualité épanouie dans un couple qui dure est
certainement la chose la plus complexe et difficile à réussir. Cela
demande du travail et du temps. Ce n’est pas naturel. La sexualité,
quand elle a vocation à donner du plaisir, est tout sauf innée. Et plus
le couple dure, plus cela devient compliqué. Il est en revanche
indéniable que la libido diminue avec l’âge du couple. Toutes les
études le confirment. De 13 relations par mois en moyenne au début
de la relation, le couple passe à 8 après 15 ans de relation (enquête
Bajos et Bozon, 2008), et ce n’est qu’une moyenne.
On sait aujourd’hui que le désir des femmes dans un couple qui
dure est fonction des marques d’attention, de tendresse et de
partage de la part de leur partenaire. Il est important que les
hommes le sachent, eux qui reprochent souvent à leur compagne
son manque de désir. Les deux partenaires doivent comprendre que,
pour retrouver une vie sexuelle satisfaisante, ils doivent remettre le
couple au centre de leur vie, au centre de leurs préoccupations,
s’accorder du temps de qualité, d’échange, de partage à deux,
comme à leurs débuts, remettre de la séduction, de la gentillesse
dans le rapport à l’autre – non, la gentillesse n’est pas un gros
mot –, réapprendre à être présent pour l’autre et à beaucoup
communiquer, la communication étant à l’origine du sentiment
d’intimité et de l’impression d’être aimée et respectée. Une étude
réalisée en Suisse sur 1 500 couples a ainsi montré que les deux
facteurs qui prédisent le mieux la fin d’un couple, ce n’est pas la fin
de la sexualité mais le manque de communication et la violence
dans le couple, qu’elle soit physique ou psychologique (Widmer et
al., 2004).
Les couples hommes/femmes ont parfois bien du mal à se
comprendre. C’est un peu comme si on ne parlait pas la même
langue. 42 % d’entre nous ont l’impression de ne pas être comprises
par leur compagnon (Brenot, 2011). Ces difficultés de
communication sont la source de nombreuses incompréhensions et
souffrances des deux côtés. Il y a là un véritable travail d’acceptation
de la différence de chacun ; si Monsieur ne ramasse pas ses
chaussettes, ce n’est pas pour embêter Madame, c’est juste qu’il n’y
pense pas, que ce n’est pas important pour lui. Si les hommes ont
un effort à faire du côté de la communication, les femmes doivent
également apprendre à moins contrôler.
Si la baisse de la libido dans un couple qui dure est très souvent le
fait de la femme, c’est toujours du côté du couple qu’il faut
s’interroger. C’est une dynamique qui se joue à deux. Chacun doit
prendre sa part de responsabilité. Monsieur peut avoir envie de faire
l’amour tous les jours, mais s’il n’aide jamais sa compagne dans le
quotidien, il y a fort à parier que celle-ci ne soit jamais dans de
bonnes dispositions psychologiques et physiques de détente, de
bien-être et de sérénité pour en avoir envie. Ce n’est qu’un exemple
parmi tant d’autres.

Quand le désir fait défaut

La perte de libido est la cause de consultation la plus fréquente


chez les femmes.
Elle est définie médicalement par la « diminution persistante et
répétée du désir à s’engager dans ses activités sexuelles ou par la
perte des pensées et fantasmes érotiques » Manuel diagnostique et
statistique des troubles mentaux (DSM) ; la perte du désir n’est
pathologique que lorsqu’elle entraîne une souffrance personnelle ou
dans le couple. Car on peut très bien vivre sans désir sexuel, sans
en souffrir, et surtout, sans être considéré comme « malade ».

Qu’est-ce qu’un trouble du désir ?

On parle de trouble du désir lorsque l’on n’a plus envie de faire


l’amour, plus de vie imaginaire érotique, plus envie de se masturber.
Quand la sexualité devient le cadet de nos soucis. Cela peut aller
même jusqu’au dégoût, voire à la phobie sexuelle dans les cas les
plus poussés. On peut alors être plongé dans un état de panique
simplement à l’idée de faire l’amour. On va alors chercher tous les
prétextes pour éviter les contacts physiques. C’est la fameuse
migraine du samedi soir. Certains couples choisissent de ne plus
aller se coucher au même moment. C’est une stratégie très
fréquente d’évitement des relations sexuelles.

Quelques chiffres

16 % des femmes de la population générale présentent des


troubles du désir, tous âges confondus (Hayes et al., 2008) ;
entre 10 et 50 % des femmes auront des troubles du désir au cours
de leur vie ;
52 % des femmes ménopausées ont un trouble du désir, contre
27 % avant la ménopause (West et al., 2008) ;
95 % des femmes iraniennes ressentent une perte de la libido à la
ménopause, mettant en lumière l’importance de l’influence de la
culture dans les troubles du désir (Merghati-Khoei et al., 2014).

Les différents troubles du désir

Il existe différents types de troubles du désir :


– Le trouble primaire : le désir a toujours été faible ou inexistant ;
cela ne dépend ni de la relation, ni de la durée du couple, ni du
contexte. Ce n’est pas le plus fréquent des troubles du désir mais
c’est certainement le plus dur à traiter.
– Le trouble secondaire : le trouble du désir apparaît au cours de la
vie, progressivement ou brutalement, avec ou sans facteur
déclenchant identifiable.
– Le trouble situationnel : le trouble du désir n’est présent que dans
certaines situations, avec son conjoint et pas avec son amant,
par exemple. Cela questionne le plus souvent la relation de
couple.
– Le trouble généralisé : la baisse du désir est présente dans toutes
les situations, que ce soit avec son compagnon ou dans l’activité
autoérotique.

À quoi c’est dû ?

La baisse de désir n’est pas toujours pathologique. En effet, les


variations du désir sexuel au cours de la vie sont tout à fait
normales. La libido est sans doute ce qu’il y a de plus fragile. Tout
événement peut ainsi avoir un impact négatif, sans pour autant que
l’on considère cela comme pathologique.
Par ailleurs, la libido est un phénomène très personnel. Il n’est
guère possible d’en définir une norme universelle. Certaines
personnes seront très heureuses en faisant l’amour une fois par
mois, et d’autres malheureuses de ne le faire que trois fois par
semaine. Tout est une question de singularité.
En revanche, il n’est pas normal d’en souffrir. Il m’arrive de
recevoir des patientes à mon cabinet qui consultent justement parce
qu’elles n’ont jamais ou rarement envie de faire l’amour et qu’elles
culpabilisent. Elles ont peur de perdre leur compagnon car elles
s’imaginent qu’il en souffre forcément alors même qu’elles ne lui ont
jamais posé la question. Bien souvent, l’homme n’en souffre pas ; il
l’aurait dit depuis bien longtemps si cela avait été le cas. Nous
sommes là face à un problème d’idéalisation d’une norme qui nous
imposerait d’avoir nos trois rapports par semaine pour être heureuse
en couple, image de la normalité véhiculée par les médias. Ce qui
fait souffrance dans un couple, ce n’est pas l’absence de libido, mais
le décalage entre les deux partenaires.
De nombreuses causes physiques et psychologiques perturbent le
désir sexuel. La liste est quasiment infinie tant le désir est quelque
chose de complexe et singulier. Je vous parlerai ici de celles qui me
semblent les plus importantes ou les plus fréquentes.

Les maladies. En premier lieu, tout facteur qui entraîne une


diminution des hormones ou des neurotransmetteurs facilitant le
désir sexuel (dopamine, œstrogènes, testostérone, noradrénaline…)
a des retentissements négatifs sur la libido : hypothyroïdie, certaines
maladies neurologiques (sclérose en plaques, maladie de
Parkinson…), diabète… Les maladies de peau qui touchent à
l’apparence physique comme l’acné, l’eczéma, le psoriasis… Les
maladies qui entraînent une grande fatigue physique ou une
angoisse de l’avenir : apnée du sommeil, cancers, dépression… Une
étude a ainsi montré que 90 % des femmes ayant un cancer
gynécologique ont une baisse du désir sexuel (Anderson et al.,
1989).

Les opérations chirurgicales. Une opération qui porte atteinte à la


féminité peut causer une baisse de l’estime de soi sexuelle, une
perte de confiance, et, de ce fait, une baisse du désir sexuel : c’est
le cas de l’hystérectomie, de la mammectomie ou de toute autre
opération chirurgicale qui entraîne une mutilation.

Les médicaments et les drogues. De nombreux médicaments sont


source de troubles de la libido, et parmi les plus fréquemment
prescrits, on retrouve les antidépresseurs. Au moindre doute,
n’hésitez pas à demander l’avis de votre médecin, car la liste est
longue et il serait bien fastidieux de la développer ici. Du côté des
drogues, rares sont celles qui augmentent le désir sexuel. L’alcool,
par exemple, a un effet inhibiteur passé deux ou trois verres. La
cocaïne n’est pas du tout un excitant sexuel. Le cannabis a plutôt
tendance à tout endormir.

Le manque de connaissance sur le corps et la sexualité en


général. C’est sans doute l’un des facteurs essentiels et le plus facile
à combattre. Il constitue l’une des raisons pour lesquelles j’écris ce
livre aujourd’hui. Mieux on connaît son corps, mieux on sait
comment il fonctionne, plus il sera facile de travailler sur son désir ou
son plaisir sexuel, seule ou à deux.
Les fausses croyances restent trop nombreuses. Les jeunes filles
manquent de support et de moyens de communication pour
apprendre sur le plaisir sexuel. Heureusement, des comptes
Instagram et des chaînes YouTube ont pris le relais de l’éducation
sexuelle à l’école, qui reste quasiment inexistante.
Parmi les idées reçues les plus tenaces : les femmes auraient une
libido moins élevée que les hommes. C’est totalement faux d’un
point de vue physiologique. Au mieux peut-on affirmer qu’une femme
mettra moins en avant son désir sexuel de peur de passer pour une
nymphomane.

L’histoire personnelle ou familiale. La culture, la religion, le tabou


sexuel familial, les antécédents d’abus ou d’agressions sexuels, les
traumatismes psychiques, les histoires familiales douloureuses, le
décès d’un proche, le départ d’un enfant, bref, tout événement
marquant peut être à l’origine, à plus ou moins longue échéance,
d’une baisse du désir sexuel.

Quand nos émotions perturbent notre libido

Dans le cadre de la relation de couple, la baisse de la libido peut


être due à une mauvaise gestion et connaissance des facteurs
émotionnels qui sont en jeu dans chaque relation.

Le sentiment de culpabilité. C’est certainement le sentiment le


plus fréquemment ressenti par les femmes en couple qui n’ont pas
ou peu de désir, ou moins que leur partenaire. Les causes du
sentiment de culpabilité sont multiples, mais fréquemment liées à
l’enfance, à la relation aux parents, à l’éducation, à la morale.
Sentiment de culpabilité lié à la recherche du plaisir sous toutes ses
formes, culpabilité de ne pas satisfaire son conjoint, de ne pas se
sentir à la hauteur, de faire des choses considérées comme
amorales… Le sentiment de culpabilité est variable selon chacune,
mais entraîne toujours de la souffrance et une remise en question
bien souvent inadaptée. Si tel est votre cas, il est indispensable
d’aller en parler à un professionnel pour tenter de dénouer tous les
liens de la culpabilité qui nous enferment dans son piège.
Le sentiment d’insécurité. Autre sentiment fréquemment ressenti
par les femmes qui ont des troubles de la libido, le sentiment
d’insécurité renvoie surtout à un manque affectif, un désir de
tendresse, d’intimité entre les deux partenaires. Les hommes ont
parfois du mal à exprimer leur besoin d’intimité par de la tendresse,
recherchant à la place des relations sexuelles, ce qui provoque de
nombreuses incompréhensions dans les relations hommes/femmes,
sans compter que nous n’avons pas tous les mêmes besoins
affectifs. Mais, dans tous les cas, une femme aura plus besoin qu’un
homme de se sentir en sécurité dans la relation pour laisser libre
cours à son désir.

La colère. Les conflits dans le couple, les tensions accumulées, la


rancune sont des facteurs indéniables de troubles du désir. En effet,
qui aurait envie de faire l’amour quand la colère, passagère ou
durable, prend le pas sur l’affection ? Parfois, le refus de faire
l’amour peut même être une façon d’exprimer son ressentiment sans
forcément s’en rendre compte.

L’anxiété. Les relations entre la peur et le désir sexuel sont plus


complexes qu’il n’y paraît. Des études ont pu en effet montrer que la
peur pouvait booster la libido chez certaines personnes. Mais, plus
fréquemment, la peur empêche le désir. L’origine des peurs peut être
consciente ou inconsciente. Crainte d’une grossesse, de ne pas
plaire, de ne pas jouir, des maladies sexuellement transmissibles,
mais aussi stress en lien avec la vie professionnelle, familiale… Ne
pas avoir peur de déplaire est une condition indispensable pour se
sentir désirée et désirer en retour. Une étude a ainsi montré que les
femmes qui sont les plus satisfaites de leur apparence physique sont
aussi celles qui font le plus souvent l’amour (Ackard et al., 2000).

La tristesse. La tristesse et la dépression sont des facteurs


fréquents de baisse du désir. 70 % des personnes souffrant d’une
dépression ont également des troubles de la libido (Gitlin et al.,
1995). Quand on est triste, on n’a pas envie de faire l’amour, mais
on a besoin de tendresse, de câlins, d’affection.
Retrouver la libido dans son couple :
le Sensate Focus

Le Sensate Focus est une méthode thérapeutique qui a été mise


au point aux États-Unis par le Dr William Masters et Virginia
Johnson, dans les années 1960. Ils sont connus pour leurs
recherches sur la physiologie de la sexualité, tant féminine que
masculine. Ces pionniers ont ouvert la voie à toutes les recherches
modernes sur la sexualité.
Cette méthode est recommandée, et son efficacité validée, pour
traiter de nombreux troubles sexuels, en particulier les troubles du
désir dans le couple, notamment en cas de décalage de libido entre
les deux partenaires. Mais elle peut être utilisée dans le couple en
dehors de tout trouble sexuel pour renforcer la confiance et l’intimité
relationnelle.
Le Sensate Focus utilise notre capacité de focalisation sensorielle,
c’est-à-dire notre faculté de concentration sur le moment présent,
sur nos ressentis corporels, sans pression liée à l’orgasme ou à
l’érection chez l’homme, par exemple, sans attente particulière, sans
souci de performance, pour remettre les sensations corporelles et le
toucher au centre des relations sexuelles.
En pratique, cette méthode se déroule en 3 à 4 étapes qui,
scrupuleusement respectées, favorisent progressivement une
intimité croissante, jusqu’à la relation sexuelle avec pénétration.
Les exercices doivent être réalisés en couple, chez soi, entre
chaque séance de thérapie chez un sexologue. Les deux
partenaires sont invités à découvrir le corps de l’autre à travers le
toucher et le massage, sans aucun geste sexuel, au moins dans un
premier temps. On demande lors de la première étape du Sensate
Focus de ne pas toucher les zones à vocation sexuelle, c’est-à-dire
les seins et la zone génitale. Toute relation sexuelle est interdite. Le
but est de permettre au couple de retrouver une intimité non
sexuelle, et surtout, d’aider celui des deux qui a le moins de désir
sexuel à ressentir le plaisir des relations charnelles sans avoir la
pression de la relation sexuelle non désirée. Cette méthode diminue
généralement l’anxiété, les attentes, la pression, et favorise l’éveil
sensuel et l’attention portée au corps sans notion de plaisir, au
moins dans un premier temps.
À chaque étape, on peut aider son partenaire à trouver le bon
rythme et la bonne pression dans les caresses et le massage en
accompagnant sa main comme on apprendrait à un débutant à faire
ses gammes au piano.
Comme pour tout traitement, la condition de son efficacité sera la
pratique régulière. Au minimum 20 minutes par séance, le mieux
étant entre 30 et 45 minutes en fonction du temps disponible, et au
moins deux fois par semaine, au mieux trois fois, pour commencer à
ressentir les premiers effets bénéfiques qui, en général, se font
ressentir assez vite si les deux partenaires sont motivés. Le temps
de la thérapie s’étend habituellement sur 2 à 3 mois.
Il est recommandé de ne pas parler pendant la séance de toucher
pour perturber le moins possible la concentration sur les sensations.
La communication s’établit après la séance, et elle est primordiale.
Elle permet de dire à son partenaire ce que l’on aime, ce que l’on
aime moins – car c’est aussi comme cela que l’on apprend à se
connaître –, ce qui procure le plus de sensations, en n’oubliant
jamais que chaque corps et chaque personne est unique et que c’est
cette singularité-là que vous découvrez grâce au Sensate Focus.
Il est ainsi très important de ne pas avoir peur de suggérer à son
partenaire les endroits et les types de caresses que l’on souhaite
essayer, voire de prendre sa main pour lui montrer les zones où l’on
aime être touchée.
C’est toute une variation de sensations qui seront découvertes :
les différents types de toucher (de l’effleurement au toucher plus
appuyé), la texture de la peau, la température des différentes zones,
mais aussi le degré de pression qui est le plus apprécié de votre
partenaire et idem pour soi-même surtout si on n’a pas l’habitude
d’être ainsi touché sur l’ensemble du corps.
Lors de la dernière étape du Sensate Focus, la pénétration ne se
résume pas à la pénétration du pénis. Cela peut tout aussi bien être
les doigts ou un sex-toy si cela semble plus ludique ou plus
approprié au couple. L’important est de se sentir libre de faire ce que
l’on a envie de faire et d’explorer l’ensemble des possibilités que
nous offre la recherche du plaisir.

Les conditions indispensables pour


pratiquer le Sensate Focus
• S’installer dans un endroit calme, sans peur d’être dérangés (par
les enfants, par exemple), verrouiller la porte si besoin.
• Choisir un endroit où l’on se sent bien ; on peut aussi rendre
l’atmosphère plus agréable, plus paisible ou relaxante grâce à de
la musique, une lumière tamisée, des bougies…
• Éteindre son téléphone portable ou toute autre source de
distraction.
• On peut utiliser de l’huile de massage pour rendre le contact plus
doux.
• Pour la première phase, qui n’inclut pas les zones sexuelles, les
partenaires peuvent rester en sous-vêtements s’ils le souhaitent.

Pour en savoir plus

Sylvain Mimoun, Ce que les femmes préfèrent : Le désir


féminin, le découvrir, le cultiver, le retrouver, Le Livre de Poche,
2010.
Sylvain Mimoun est un gynécologue reconnu qui a publié de
nombreux livres tant sur la sexualité féminine que sur le couple. Cet
ouvrage à la fois pédagogique et scientifique apporte beaucoup
d’informations et de réponses. À faire lire aux hommes pour qu’ils
comprennent mieux comment fonctionne le désir chez les femmes.

Élisa Brune, Le Salon des confidences : Le désir des femmes


et le corps de l’homme, Odile Jacob, 2013.
Élisa Brune est une journaliste et romancière qui a beaucoup écrit
sur la sexualité féminine. Elle nous livre ici un nouvel essai sur le
désir féminin sous forme de recueil de témoignages de femmes et
d’hommes qui parlent à cœur ouvert de leurs émotions, de leurs
ressentis, de leur façon de vivre la sexualité et le désir.

Philippe Arlin, Libérez votre désir ! Pour en finir avec les


malentendus sur le désir féminin, La Musardine, 2019.
Philippe Arlin est psychologue et sexologue depuis de
nombreuses années et exerce à Paris. À travers l’exemple de deux
couples, l’auteur donne des pistes, des conseils et des exercices
pour améliorer le désir au sein du couple.

Belinda Cannone, Petit éloge du désir, Folio, 2013.


Belinda Cannone est romancière, essayiste et enseigne la
littérature comparée à l’université de Caen. Elle nous livre ici deux
cent cinquante fragments sur le désir, avant l’amour, avant la
psychologie, tout en finesse, en sensibilité et en poésie. Pour les
plus littéraires d’entre nous.

Serge Stoléru, Un cerveau nommé désir : Sexe, Amour et


Neurosciences, Odile Jacob, 2016.
Serge Stoléru est psychiatre, docteur en psychologie et chercheur
en neurosciences. Il est l’un des premiers à avoir utilisé l’imagerie
cérébrale pour comprendre les bases neurophysiologiques du désir.
Dans ce livre, il reprend tous les résultats des études récentes sur le
désir, « dévoile les mystères de notre cerveau aimant et désirant, et
nous permet de mieux comprendre le désir, ses mécanismes, mais
aussi certains troubles de la sexualité et, par là même, d’envisager
de nouvelles approches thérapeutiques ».
Existe-t-il une sexualité
« normale » ?
La normalité en matière de sexualité n’existe pas. Je le répète
inlassablement à mes patientes, nombreuses, qui arrivent dans mon
cabinet avec cette impression douloureuse de n’être pas normales.
Pas normales de ne pas assez faire l’amour, anormales d’avoir
moins de libido qu’avant, avant les enfants, avant la routine, pas
normales de ne pas aimer certaines pratiques réclamées par leur
partenaire, pas normales de ne pas avoir d’orgasme à chaque fois…
La liste des plaintes que nous entendons dans nos cabinets de
psys ou de sexologues est longue. Les femmes se mettent la
pression par rapport à un idéal de perfection, à une norme
totalement idéalisée qui n’existe en aucun cas dans la réalité.
Les sources de pression sont multiples et pas toujours
conscientes : pression de la société, de la vision masculine de la
sexualité, de la pornographie, de l’idéal féminin, mais aussi d’une vie
professionnelle prenante, des enfants, de la vie de famille et de la
fameuse charge mentale ; autant de contraintes qui laissent
finalement peu de place à la question du plaisir sexuel.
Nous verrons tout au long de ce chapitre que les pratiques
sexuelles sont très diverses, et la façon de vivre sa sexualité, très
personnelle et intime. Chacune d’entre nous doit être attentive à ses
envies, à ses attentes, aux réactions de son corps. Et
l’enrichissement de notre vie sexuelle passe par un certain nombre
de découvertes.
Si je parle ici de sexualité normale, c’est d’abord en opposition à la
sexualité pathologique, c’est-à-dire à tout trouble sexuel responsable
de souffrance personnelle qui empêche la satisfaction et le plaisir.
C’est d’ailleurs l’interprétation adoptée par l’Organisation mondiale
de la santé en 2003 quand elle parle de santé sexuelle, définie
comme « état de bien-être physique, émotionnel, mental et social
associé à la sexualité. Elle ne consiste pas seulement en l’absence
de maladie, de dysfonction ou d’infirmité. La santé sexuelle a besoin
d’une approche positive et respectueuse de la sexualité et des
relations sexuelles, et de la possibilité d’avoir des expériences
sexuelles qui apportent du plaisir en toute sécurité et sans
contrainte, discrimination ou violence ».
Nous sommes ainsi passées en quelques années du devoir
conjugal à la notion de droit à une sexualité épanouie, mais aussi à
l’éducation sexuelle, à une sexualité libre et choisie, sans contrainte
ni violence, et enfin, au droit au respect de l’orientation sexuelle.
Avoir une sexualité normale, c’est donc avoir une vie sexuelle et
érotique qui nous apporte du plaisir, sans juger de ce qui est bien ou
pas, de ce qui se fait ou pas, que l’on ait une vie sexuelle active ou
non, la seule condition étant de faire ce qui nous plaît, en fonction de
nos envies et de nos désirs.

La question de la fréquence

La première question qui taraude beaucoup de femmes concerne


la fréquence des relations sexuelles dans le couple.
Premier constat : les couples ont plus de relations sexuelles que
les célibataires. L’explication la plus simple étant certainement la
meilleure, on peut imaginer que cela tient au fait que les couples ont
tout simplement plus d’occasions de faire l’amour que les
célibataires.
Deuxième constat : la quantité des rapports diminue avec le
temps, et c’est inéluctable. Le début de toute relation amoureuse est
marqué par une phase de désir intense, en lien avec une sécrétion
augmentée de nombreux neurotransmetteurs impliqués dans le
désir, raison pour laquelle le désir sexuel est intense et les relations
sexuelles plus fréquentes pendant cette (courte) période.
Cependant, cette phase ne doit jamais être prise pour modèle de la
sexualité dans le couple qui dure.
Côté chiffres, la plupart des études sérieuses sur le sujet
concordent :
– 40 % des couples font l’amour 1 à 2 fois par semaine ;
– 40 % des couples font l’amour 1 à 2 fois par mois ;
– 10 % des couples font l’amour 3 à 4 fois par semaine ;
– 10 % des couples ne font jamais l’amour.
Un couple sur 10 n’a donc pas ou quasiment pas de sexualité.
Nous pouvons donc rassurer ici toutes les femmes qui pensent ne
pas être normales parce qu’elles n’ont pas de libido. Si le couple se
sent bien ainsi, que l’absence de sexualité n’engendre aucune
souffrance ni chez l’un ni chez l’autre, alors il n’y a aucune raison de
les culpabiliser. Pas de raison non plus de consulter, de médicaliser
l’absence de désir dans ces cas-là.
Troisième constat : plus le couple dure, plus les femmes
recherchent tendresse et intimité, quand les hommes ne parlent que
de désir sexuel et mesurent leur satisfaction sexuelle en fonction du
nombre de rapports. Cela crée bien souvent des conflits à l’intérieur
du couple, de l’incompréhension, de l’insatisfaction. Une solution
serait probablement d’apprendre aux hommes à donner plus de
tendresse et d’attention, et de dire aux femmes que derrière cette
demande de rapport sexuel que les hommes leur adressent se
cache aussi la demande de contacts physiques, on n’est donc pas si
loin de la demande de tendresse.

La question de la satisfaction sexuelle

Cette question est finalement bien plus importante que celle de la


fréquence des rapports sexuels. C’est cette satisfaction que nous
interrogeons en premier lorsque nous parlons de sexualité.
La vie sexuelle est importante pour les femmes et elles sont
aujourd’hui davantage en attente d’une vie sexuelle qui les
satisfasse. Selon une enquête parue en 2009 (HARRIS
interactive/Top santé), 52 % des femmes désireraient une meilleure
vie sexuelle avec notamment une plus grande diversité, plus de
confiance et de complicité.
Selon une autre étude plus récente parue en 2016 et portant sur
plus de 30 000 personnes (Muise et al.), cette satisfaction sexuelle
serait optimale avec un rapport sexuel par semaine. Mais sur le long
terme, ce qui primerait serait surtout la qualité de la relation dans le
couple, avec notamment une intimité émotionnelle, une qualité de
communication, un partage des sentiments, des besoins et des
attentes de chacun.
C’est ce que confirme l’étude IFOP/Femme actuelle de 2014
quand elle rapporte que ce qui contribue le plus au bonheur des
femmes est la vie de couple (pour 45 % d’entre elles), juste après
les enfants (pour 58 %), mais bien avant la sexualité (qui est donc
importante pour seulement 13 % d’entre nous).
De fait, un rapport sexuel réussi est un rapport qui représente
surtout un moment d’intimité, un moment de partage certes corporel,
mais aussi émotionnel, sensuel, relationnel (Brenot, 2011). On est
donc loin d’un modèle de sexualité seulement pénétrative, ce qui
devrait rassurer ces hommes qui ont peur de ne pas être à la
hauteur ou qui se mettent un peu trop la pression.
Enfin, plus un couple parle de sa sexualité sans pudeur ni tabou,
plus sa satisfaction est importante et plus sa sexualité est riche
(Stabell et al., 2008).

Vivre en couple sans sexualité


• 65 % d’entre nous pourraient vivre avec quelqu’un sans aucun
rapport sexuel (enquête IFOP/ELLE, 2019) alors que nous
n’étions que 41 % à penser la même chose en 1981 ! Le chiffre
est même de 80 % pour celles d’entre nous qui sommes en
couple depuis plus de 20 ans. C’est tout le paradoxe de
l’accession des femmes à une vie sexuelle libre et satisfaisante.
Et cela montre aussi que, même si la sexualité est importante,
elle n’est pas primordiale, et elle n’est pas la seule condition à la
pérennité du couple, loin de là.
La question de la durée

C’est un autre sujet fréquent d’interrogation chez les couples en


quête de réassurance sur leur sexualité.
En réalité, on ne devrait pas s’en soucier : long ou court, intense
ou doux, un rapport sexuel dure assez longtemps du moment qu’il
satisfait les deux partenaires.
Dans les études statistiques, la durée moyenne du rapport sexuel
correspond à la durée de la pénétration vaginale jusqu’à
l’éjaculation. Toute la phase des caresses, de sexualité orale, des
préliminaires n’est pas comptabilisée.
De nombreux articles de presse grand public ont relayé les
résultats d’une étude australienne qui aurait défini la durée moyenne
d’un rapport sexuel moyen à 5,4 minutes (Waldinger MD et al.,
2005). En réalité, les auteurs de cette étude ne cherchaient pas tant
à chronométrer la durée du rapport sexuel qu’à mesurer le temps de
latence avant éjaculation lors de la pénétration vaginale.

Lorsque l’on interroge les femmes sur la durée idéale d’un rapport
sexuel, leur réponse avoisine plutôt les 25 minutes. On est très loin
des 5,4 minutes de pénétration vaginale ci-dessus.
Enfin, selon une étude en ligne de Lelo, la célèbre marque de sex-
toys, la moyenne du rapport sexuel serait plutôt aux alentours de
20 minutes, préliminaires compris.

La durée des rapports sexuels


Source : étude de la sexualité en France de 2008 auprès de
12 000 personnes
• Dans 45 % des cas, la durée estimée est inférieure à 20 minutes
• Dans 24 % des cas, le rapport dure entre 21 et 30 minutes en
moyenne
• Pour 18,3 %, il dure plus de 31 minutes
• Pour 5,3 %, la durée est estimée à moins de 5 minutes
Les pratiques se diversifient…

Les pratiques évoluent, la sexualité se libère, le répertoire sexuel


des femmes se diversifie.
Voici un petit listing des principales évolutions de ces dernières
années :
– Les femmes ont globalement plus de partenaires au cours de
leur vie : en 1992, une femme avait en moyenne 4 partenaires
différents au cours de sa vie et 4,8 en 2006 (étude de Bajos
et Bozon sur plus de 12 000 personnes). En 2014, selon
l’étude IFOP/Marianne, le nombre serait passé à 6,9. Il faut
cependant prendre ces résultats avec précaution car les
femmes sous-estiment souvent le nombre de partenaires en
ne comptabilisant que les relations qui ont réellement compté.
– Fellation et cunnilingus font désormais partie des pratiques
ordinaires pour deux tiers des femmes (Bajos et Bozon,
2008).
– L’utilisation de jouets à vocation sexuelle, appelés
communément sex-toys, s’est démocratisée. 49 % des
femmes en utilisent aujourd’hui (enquête IFOP/Dorcelstore de
2017) contre seulement 7 % en 2001.
– De plus en plus de femmes expriment et assument leurs
fantasmes, notamment de soumission et de domination.
Selon une étude IFOP/Femme actuelle de 2013, 44 %
des femmes ont des fantasmes de soumission et 62 %, des
fantasmes de domination de leur partenaire, quand 39 %
donneraient bien la fessée de temps en temps. On est loin,
d’après ces chiffres, de l’image de la femme en étoile de mer.
– Les femmes se masturbent de plus en plus souvent, seules
mais aussi en couple, et la masturbation est de moins en
moins taboue. 76 % des femmes se sont masturbées au
moins une fois dans leur vie en 2019 (étude IFOP/Elle) contre
42 % en 1992 (enquête ACSF).
– Les couples utilisent de plus en plus les nouvelles
technologies, que ce soit en matière de séduction ou de
sexualité : près d’un couple sur deux échange des sextos,
messages écrits à caractère sexuel, un couple sur quatre
échange des photos coquines, 40 % regardent des films
pornos ensemble, et près d’un couple sur quatre fantasme sur
l’idée de faire l’amour via une webcam. Les nouveaux
moyens de communication font aujourd’hui partie du quotidien
de la relation de couple et de l’ordinaire de la séduction.
– Enfin, et c’est certainement l’évolution la plus importante dans
la sexualité féminine, nous sommes face à l’explosion de la
sexualité entre femmes, que l’on parle d’homosexualité ou de
bisexualité. Aujourd’hui, près de 20 % des jeunes femmes
disent avoir ressenti du désir pour d’autres femmes.

… Mais les fondamentaux restent

Certes, la sexualité est importante pour 8 femmes sur 10 (enquête


HARRIS interactive/Top santé, 2009), mais pour 86 % d’entre elles,
la fidélité est la valeur du couple la plus importante (étude de Brenot
sur une population féminine hétérosexuelle, 2011). Seulement 1
femme sur 2 serait prête à pardonner l’infidélité de son compagnon,
c’est dire la force de la fidélité comme fondement du couple
hétérosexuel.
69 % d’entre nous pensent d’ailleurs qu’il est possible de rester
fidèle toute une vie (étude IFOP/Femme actuelle de 2014). Car le
couple demeure pour les femmes hétérosexuelles une priorité
absolue, devant la famille et loin devant le travail. Et à l’intérieur du
couple, pour près de 70 % des femmes, c’est l’attention et la
gentillesse du partenaire qui sont les deux valeurs les plus
importantes (enquête de Brenot, 2011).
Je conclurai ce chapitre en rappelant qu’il n’y a pas de norme en
matière de sexualité, chacun fait comme il veut, quand il veut,
comme il peut, avec qui il veut, selon ses désirs, ses envies, ses
croyances, ses valeurs, ses tabous, son éducation. Pour le plus
grand plaisir de tout le monde.
Mais le plaisir en matière de sexualité n’est pas inné. L’orgasme
n’est pas codé dans nos gènes. L’apprentissage
et les connaissances tant anatomiques que physiologiques sont un
préalable indispensable pour accéder à la jouissance. C’est ce que
nous allons découvrir tout au long des chapitres suivants.

Pour en savoir plus

Maïa Mazaurette, Ma vie sexuelle est plus grosse que la


tienne, Tana, 2018.
Un ouvrage écrit par la spécialiste des rubriques sexo du journal
Le Monde. Aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Pour
tordre le cou à de nombreuses idées reçues ou fausses
informations. Très agréable à feuilleter, facile à lire.

Nathalie Bajos, Michel Bozon (dir.), Enquête sur la sexualité


en France, La Découverte, 2008.
Il s’agit du livre de référence sur la sexualité en France réalisé
auprès de 12 000 personnes par une équipe de 12 chercheurs de
différents organismes de recherche français. Une somme
impressionnante et un état des lieux statistique sur le comportement
sexuel des Français.

Philippe Brenot, Les Femmes, le sexe et l’amour, Les Arènes,


2012.
Philippe Brenot, psychiatre, sexologue et anthropologue, est un
spécialiste reconnu de la sexualité et des relations de couple avec
de nombreux ouvrages à son actif. Une grande enquête, plus de
3 000 témoignages de femmes, et un panorama de la sexualité
féminine en France en 2011. Une mine d’informations, un texte clair,
un langage à la portée de toutes, un livre indispensable pour toutes
les femmes intéressées par le sujet.
LE CLITORIS
Les connaissances sur le clitoris ont beaucoup progressé ces
dernières années, et les recherches scientifiques se poursuivent
pour mieux en comprendre le fonctionnement. Il est devenu l’objet
d’une véritable révolution et le sujet de nombreux livres écrits –
enfin ! – par des femmes. On peut dire que c’est un sujet qui
passionne, avec tout ce que cela comporte de pour et de contre,
d’ambivalences, d’emportements ou de discours parfois
caricaturaux.
Cet organe dont la plus grande partie est cachée à l’intérieur de
notre corps a pour unique fonction de nous apporter plaisir et
jouissance. On ne lui connaît aucun autre rôle, et c’est en cela qu’il
est unique. Même si, à certains moments de l’histoire, on a pu
penser que le clitoris favorisait la fertilité, il n’a en réalité aucune
utilité dans la reproduction.
C’est aussi l’organe le plus sensible du corps féminin, celui doté
du plus grand nombre de récepteurs sensoriels.
Localisé entre les jambes, le clitoris est caché et protégé par nos
grandes lèvres ; sa partie visible est située à l’avant de nos petites
lèvres, sa partie interne, de part et d’autre du vagin.
Mais comment est-il réellement fait ? Quelle taille et quelle
forme a-t-il ? Quel rôle a-t-il dans la sexualité ?
Vous trouverez dans ce chapitre entièrement dédié à notre organe
de plaisir toutes les réponses à vos questions et plein de
renseignements inédits.
LE COMPLEXE CLITORIDIEN

Clitoris et pénis :
une même origine embryologique

Pour mieux comprendre l’anatomie du clitoris et son


développement à l’intérieur du corps de la femme, il est important de
savoir que pénis et clitoris ont la même origine embryologique. Ils
sont tous les deux composés des mêmes éléments : corps
caverneux, corps spongieux, gland, prépuce. Seule leur forme
définitive les différencie.
Du début de la conception et jusqu’à environ 12 semaines de
grossesse, futurs garçons et futures filles possèdent un organe
génital commun et identique appelé tubercule génital. Ce tubercule
est constitué d’un sinus urogénital, une fente qui ressemble un peu à
la vulve, entourée de replis appelés replis urétraux (car ils protègent
le canal de l’urètre qui descend de la vessie). Au sommet de cette
fente se trouve le tubercule génital proprement dit. La forme de cet
organe sexuel indifférencié ressemble beaucoup à ce que sera la
vulve à la naissance – ce qui a fait dire à certains que tous les bébés
naissent filles. On verra que ce n’est évidemment pas vrai.

DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES ORGANES SEXUELS

Pendant les huit premières semaines de grossesse, l’embryon


possède un organe sexuel indifférencié, ni masculin, ni féminin,
raison pour laquelle le sexe du bébé ne peut être vu à l’échographie
avant un certain nombre de semaines, en général douze. C’est
seulement à partir de la dixième semaine que les choses évoluent
dans un sens ou dans l’autre, fille ou garçon, selon que l’embryon
est doté ou pas d’un chromosome Y.
Dès la huitième semaine se forment testicules et ovaires sous
l’influence de nos chromosomes. Les testicules se mettent à
fabriquer la testostérone, l’hormone dite mâle, qui va à son tour
permettre la différenciation du tubercule génital dans le sens
masculin. En l’absence de testostérone, et donc de testicules, le
tubercule se développera dans le sens féminin.
Chez la fille, les replis urétraux restent ouverts et donneront les
petites lèvres, les bourrelets génitaux composeront les grandes
lèvres. Ils se réuniront et se fermeront pour former le scrotum chez
le garçon. L’ouverture du sinus urogénital constituera l’entrée du
vagin ; le tubercule génital s’agrandit (comme chez l’homme) pour
devenir un organe d’une dizaine de centimètres de long formé de
corps spongieux et caverneux (toujours comme chez l’homme) et
d’un gland (eh oui, comme chez l’homme) avec des artères, des
veines, des nerfs spécifiques, mais dont le développement s’opère
entièrement à l’intérieur du corps (contrairement au pénis,
évidemment, qui, lui, grandit à l’extérieur). Pour visualiser le
développement comparatif du clitoris et du pénis, vous pouvez vous
référer à la première figure du cahier central.

La découverte du clitoris, une histoire récente ?

On a beaucoup entendu dans les médias ces dernières années


que le clitoris avait été découvert en 1998 par une chirurgienne
australienne, Helen O’Connell, qui a fait sa thèse de médecine sur
ce sujet.
Pourtant, cette belle histoire médiatique ne reflète pas la réalité
des connaissances sur le clitoris. Nous verrons en effet que des
descriptions tout à fait complètes avaient été dressées dès le
e
XVI siècle par des médecins anatomistes. Mais elles furent ensuite
« oubliées » des manuels de médecine pendant les siècles suivants
pour être « redécouvertes » au début des années 2000.
C’est dès l’Antiquité, chez les Grecs anciens, et plus précisément
au cours du Ve siècle avant Jésus-Christ, que l’on trouve les
premières évocations du clitoris. Ce sont à deux poètes grecs,
Aristophane et Hipponax, que l’on doit les premières descriptions
(Henry, 2011). Ces deux auteurs l’évoquent dans leurs écrits sous le
nom de myrton, mot grec qui désigne la baie de myrte, petit fruit
ovale et plutôt violacé. Il s’agit plus d’une figure de style poétique
que d’une véritable définition anatomique… En revanche, rien du
côté d’Hippocrate, d’Aristote ou de Platon, qui ont pourtant laissé de
nombreux écrits anatomiques (Chaperon, 2012).
Les toutes premières descriptions médicales de la vulve et – un
peu – du clitoris sont établies au cours du IIe siècle (Burguière et al.,
1988). Soranos d’Éphèse et Rufus d’Éphèse, médecins originaires
de l’actuelle Turquie, ont tous les deux dépeint de façon détaillée le
sexe féminin, en particulier la vulve. Rufus d’Éphèse sera le premier
à nommer kleitoris (clitoris) cette petite protubérance que l’on
découvre entre les lèvres. Mais aucun détail n’est alors fourni
concernant la partie interne de cet organe.
Il faut en effet attendre les années 1550-1560 pour que nos
voisins italiens découvrent la partie cachée du clitoris. Gabriel
Fallope (1523-1562), considéré comme l’un des plus grands
chirurgiens et anatomistes de son époque, représente de façon
détaillée l’anatomie du clitoris avec ses corps spongieux, ses
vaisseaux et ses nerfs à partir de dissections. Il restera dans la
postérité en donnant son nom aux trompes de Fallope, ces deux
tubes qui permettent à l’ovule de passer des ovaires à l’utérus. C’est
également lui qui donnera le nom de vagina au vagin, qui jusqu’alors
était confondu avec l’utérus. En France, Ambroise Paré (v. 1509-
1590) reprendra les observations de ses confrères italiens dans son
manuel d’Anatomie universelle du corps humain paru en 1562.

Que ce soit aux Pays-Bas avec Reiner de Graff en 1672, au


Danemark avec Thomas Bartholin (des glandes du même nom) ou
en France avec Jean Riolan dit Le Jeune (1580-1657), le XVIIe siècle
est celui de la véritable reconnaissance du rôle du clitoris dans la
jouissance féminine.
En 1844, l’anatomiste allemand Georg Ludwig Kobelt nous fournit
même une description particulièrement précise et détaillée des
parties internes et externes du clitoris. Il est l’un des premiers à
attribuer au clitoris son rôle exclusif dans le plaisir de la femme,
détrônant ainsi le vagin.
Pourtant, au fil des années qui ont suivi ces découvertes
fondamentales, les parties internes du clitoris ont été totalement
éludées des manuels d’anatomie. Plusieurs explications ont été
avancées par les historiens : l’influence de la religion, du patriarcat,
ou encore la soi-disant volonté de domination des femmes. Jusqu’à
l’aube des années 2000, le clitoris est redevenu ce petit bouton
caché entre nos lèvres, sans grande considération, souvent
diabolisé.

L’apport de Helen O’Connell en 1998

C’est à Helen O’Connell et à sa thèse de médecine que l’on doit la


redécouverte de la part cachée du clitoris, notamment des bulbes
clitoridiens, identifiés à partir de dissections. Première femme
urologue en Australie, cette chirurgienne a ensuite étudié le sexe
féminin grâce à l’IRM. Elle a publié ses découvertes dans plusieurs
articles scientifiques qui font aujourd’hui autorité. Elle y décrit
précisément l’anatomie du clitoris, son rapport avec les organes
avoisinants, dont les os du bassin et l’urètre. Pour elle, le clitoris est
plutôt un complexe clitoridien ou, mieux encore, clitorido-urétro-
vaginal. Elle souhaite ainsi souligner le fait que c’est toute une zone
avec des structures anatomiques très proches qui est impliquée
dans la sexualité féminine et la jouissance. Nous reverrons tout cela
plus en détail dans le chapitre sur le point G.
Les découvertes de Helen O’Connell ont été confirmées et
affinées en 2008 grâce aux travaux de deux médecins français.
Odile Buisson, gynécologue, et Pierre Foldès, chirurgien, ont eu la
très bonne idée de se servir de l’échographie pour analyser
l’anatomie du clitoris, son rapport avec le point G et son
fonctionnement pendant l’orgasme. Nous en reparlerons plus en
détail dans le chapitre consacré au point G.
Plus récemment, en 2016, Odile Fillod, chercheuse indépendante
(que l’on peut lire sur son site Internet Clit’info, excellent et très bien
documenté), modélise le clitoris et le fabrique en taille réelle et en
trois dimensions grâce à une imprimante 3D. Le buzz est planétaire
et offre enfin une véritable visibilité à cet organe si longtemps
réprimé !
Aujourd’hui, vous pouvez vous-même imprimer ce clitoris, ou
l’acheter déjà imprimé pour des sommes modestes.
Voici à quoi cela ressemble :
MODÈLE EN 3D DU CLITORIS D’APRÈS ODILE FILLOD

Les différentes parties du clitoris

Le clitoris n’est pas un organe simple. Sa structure est complexe,


constituée de différents éléments et types de tissus développés dans
plusieurs plans de l’espace, ce qui rend sa reproduction sur des
schémas toujours imparfaite, mais pas impossible.
Dans le troisième schéma du cahier central, vous pouvez voir la
position exacte du clitoris à l’intérieur de notre corps avec ses
différentes parties et son rapport avec tous les organes avoisinants,
notamment le vagin, mais aussi l’urètre et toutes les autres
structures constitutives de l’appareil sexuel féminin. Selon les
dernières avancées de la recherche sur le sujet, on distingue
aujourd’hui quatre parties dans le clitoris :
– Le gland
– Le corps
– Les piliers
– Les bulbes
Piliers et bulbes forment les racines du clitoris ; le corps, quant à
lui, est composé de la tige et du genou.

Le gland du clitoris, la seule partie visible

C’est la seule partie visible du clitoris. Bien souvent, c’est la seule


qui soit connue, et pour de nombreuses femmes et de nombreux
hommes, le clitoris se résume à son gland. De couleur rosée à
violacée en passant par le rouge plus ou moins foncé, il a une forme
arrondie ou allongée. Sa taille change beaucoup en fonction des
femmes, avec une moyenne de 4 mm de large et 5 mm de long.
Dans l’étude d’Anne Kreklau de l’hôpital de Lucerne en Suisse
(2018) qui a porté sur 657 femmes, la longueur du gland varie de 0,5
à 34 mm avec une moyenne de 7 mm, ce qui laisse déjà apparaître
les grandes variations de tailles selon les femmes.
Le gland est recouvert par un repli de peau nommé capuchon du
clitoris que l’on peut voir apparaître entre les grandes lèvres chez
environ deux femmes sur trois (Zwang, 2011). Le capuchon se
termine par le prépuce, qui recouvre lui-même de minuscules
glandes produisant un liquide huileux, le smegma, servant à
protéger notre gland. Capuchon et prépuce sont des replis cutanés
qui protègent notre gland comme le prépuce protège le gland du
pénis. Enfin, le gland est rattaché à l’arrière aux petites lèvres par
une structure cutanée appelée frein.
Le gland est constitué d’un peu de tissu érectile, de tissu
spongieux (comme dans les bulbes) et possède surtout un très
grand nombre de terminaisons nerveuses spécialisées dans le
toucher, la vibration, la pression et la température. Ce sont ces
récepteurs qui permettent de transmettre au cerveau les sensations
et le plaisir. La concentration de ces terminaisons nerveuses serait
50 fois plus élevée que celle du gland du pénis (Di Marino, 2014).
C’est ce qui fait que le gland du clitoris est la zone du corps féminin
la plus sensible, et de loin !
Nous verrons plus loin comment fonctionne cette sensibilité si
particulière du clitoris.

Le corps du clitoris

Le corps fait immédiatement suite au gland. Il plonge à l’intérieur


en faisant un angle à 90 degrés avec le gland. Cette zone qui forme
un coude est appelée genou du clitoris. Elle est fixée à la symphyse
pubienne (zone où se rejoignent les deux os des hanches à l’avant)
grâce au ligament suspenseur du clitoris.
À la suite du genou, on trouve la tige du clitoris (deuxième partie
du corps) qui se dirige vers le bas et l’arrière à l’intérieur de notre
corps pour ensuite se séparer et constituer les piliers du clitoris.
La longueur du corps varie de 2 à 4 cm pour un diamètre allant de
0,6 à 0,7 cm. Il est constitué par la réunion des deux corps
caverneux que l’on trouve dans les piliers du clitoris. C’est donc un
tissu érectile comme le pénis ; il se gonfle lors de la phase
d’excitation sexuelle et participe ainsi aux sensations de plaisir.
Le corps du clitoris est protégé par une gaine solide appelée
albuginée.

Les piliers du clitoris


Ce sont les formations véritablement érectiles du clitoris. Ils sont
constitués de deux corps caverneux protégés par l’albuginée
(comme le corps). Ces deux piliers se développent de part et d’autre
du vagin et suivent anatomiquement les branches ischio-pubiennes
des os du bassin, ceux que l’on sent entre nos jambes. Lors de
l’excitation sexuelle, ils se remplissent de sang et prennent du
volume.
Leurs dimensions varient de 5 à 9 cm à l’état de repos. Il n’y a pas
à ce jour d’études permettant de connaître leurs dimensions
précises lors de la phase d’excitation sexuelle.

Les bulbes du clitoris

Ils sont également appelés bulbes du vestibule (car on peut les


sentir de part et d’autre de l’entrée du vagin appelée vestibule,
surtout pendant la phase d’excitation sexuelle).
Les bulbes sont situés de part et d’autre du vagin et entourent
également l’urètre.
Ils sont constitués de tissu spongieux qui sont, avec les corps
caverneux, les tissus érectiles du corps humain. Ils participent donc
au plaisir. Sous l’effet de l’excitation sexuelle, ils vont eux aussi se
gorger de sang, et ainsi, participer à l’érection du clitoris. Ils sont
connectés au corps du clitoris par l’intermédiaire d’un réseau
complexe de veines appelé plexus de Kobelt, situé juste au-dessus
de l’urètre. Ils sont également entourés par des muscles appelés
muscles bulbo-spongieux qui jouent un rôle important dans les
mécanismes du plaisir sexuel.

Les véritables dimensions du clitoris

À la suite des travaux d’O’Connell, les chercheurs se sont


penchés sur les mesures des différentes parties du clitoris. Les
résultats varient beaucoup selon les femmes et les études. Il est
parfois difficile de s’y retrouver et de donner des informations claires
et précises.
Les scientifiques n’ont pas toujours les mêmes références, les
études sont très peu nombreuses concernant les mesures des
bulbes ou des piliers du clitoris (les parties cachées), et surtout les
recherches ne concernent en général qu’un très faible nombre de
cas, ce qui rend difficile leur généralisation à toute la population
féminine.
Globalement, sans être trop imprécis, nous pourrions dire que :
– Le gland du clitoris mesure de 4 à 6 mm de long (Aubin,
2002) et peut atteindre 13 mm (Vaccaro, 2014) ; sa largeur
varie quant à elle entre 3 et 5 mm avec des maximums à
10 mm (Lloyd et al., 2005).
– Le corps du clitoris (voir infra) mesure 2 à 4 cm de long pour
1 à 2 cm de large (O’Connell, 1998).
– Les piliers font de 5 à 9 cm de long avec des mesures qui
varient entre 2,5 cm (Jackson et al., 2019) et 9 cm (O’Connell,
1998).
– Les bulbes font de 3 à 7 cm de long et entre 15 et 18 mm de
large (Aubin, 2002), mais pourraient atteindre 7 cm en
érection (lors de la phase d’excitation) selon Mazloodoost et
al. (2015).
– La taille totale du clitoris de la pointe du gland jusqu’à
l’extrémité des piliers varierait donc de 7 à 13 cm selon les
auteurs.

Les récepteurs au plaisir du clitoris

Nous ne pouvons clore ce chapitre sur le clitoris sans parler des


différents récepteurs qui conditionnent le plaisir sexuel de la femme.
On les trouve surtout dans le gland, mais aussi dans les piliers, le
corps du clitoris et le haut des bulbes en moins grande quantité.
Ces récepteurs au plaisir sont appelés corpuscules de Krause-
Finger ou corpuscules de volupté. Ils sont stimulés par le toucher
léger, les caresses, mais aussi la pression et la vibration.
D’autres types de récepteurs interviennent dans le plaisir sexuel :
– Les corpuscules de Ruffini présents dans le capuchon sont
sensibles à la chaleur ou à la pression.
– Les corpuscules de Vater-Pacini situés autour des corps
caverneux ou du capuchon sont sensibles à la pression et
aux vibrations.
– Les disques de Merkel et les corpuscules de Meissner, que
l’on retrouve dans le gland, sont sensibles au contact léger ou
aux vibrations.
Tout cela nous montre la complexité de notre système nerveux et
le nombre de structures différentes impliquées dans le plaisir sexuel
qui peuvent varier en quantité et en fonctionnalité d’une femme à
l’autre. Nous ne sommes donc pas toutes identiques en matière de
sexualité, mais ça, nous le savions déjà !

Clitoris et plaisir

Toutes les avancées récentes en matière d’anatomie du sexe


féminin nous confirment que le clitoris est le seul organe
responsable du plaisir sexuel, et plus particulièrement le gland, en
raison de sa grande concentration de récepteurs spécialisés dans le
plaisir.
Contrairement au pénis, le clitoris n’a qu’un seul rôle, le plaisir.
Son homologue masculin a en effet plusieurs fonctions : la
jouissance bien sûr, mais aussi l’éjaculation, qui sert dans la
reproduction, et l’émission d’urine.
L’excitation du clitoris peut se faire de différentes manières :
– Par stimulation externe du gland par le toucher léger et par
les vibrations ; ce type de stimulation peut être obtenu grâce à
des caresses plus ou moins appuyées des doigts ou de la
langue ou à la vibration d’une succion ou d’un vibromasseur.
– Par pression du clitoris par l’intérieur du vagin grâce à la
présence de récepteurs sensibles au niveau du corps et des
bulbes du clitoris, surtout.
– Par la contraction des différents muscles présents de cette
zone : le fait de contracter les muscles du périnée lors de la
pénétration vaginale, par exemple, va augmenter la pression
sur les bulbes et les piliers du clitoris, comprimés par le pénis
en érection dans le vagin, augmentant d’autant plus les
sensations d’excitation sexuelle, et donc de plaisir. Ce mode
de stimulation est très important à connaître car il participe
grandement à l’obtention de l’orgasme par voie vaginale,
nous y reviendrons.

Pour en savoir plus

Alexandra Hubin, Caroline Michel, Entre mes lèvres, mon


clitoris, Eyrolles, 2018.
Alexandra Hubin, sexologue, et Caroline Michel, journaliste,
décrivent dans ce petit livre illustré tout ce que vous voulez savoir
sur le clitoris dans un langage simple et direct, accessible à toutes et
à tous. Très bien pour une première lecture.

Maïa Mazaurette, Damien Mascret, La Revanche du clitoris,


La Musardine, 2008.
Ouvrage à la fois bien documenté et incisif, à l’image des
chroniques sexo de Maïa Mazaurette du journal Le Monde. Un
véritable plaisir à lire. Pour celles qui souhaitent trouver des
arguments scientifiques pour leurs débats sur le clitoris et la
jouissance féminine.

Gérard Leleu, Ode au clitoris, LEDUC. S, 2016.


C’est un ouvrage très complet, à l’écriture plus poétique que
médicale, uniquement sur le clitoris, sans tabou. Vous trouverez
dans ce livre un mode d’emploi pour mieux stimuler le clitoris et
toutes les informations importantes sur le sujet. Et pour les hommes,
des conseils pour apprendre à mieux faire jouir leur compagne.
Jean-Claude Piquard, La Fabuleuse Histoire du clitoris,
Éditions Blanche, 2012 et Éditions H&O, 2013.
Jean-Claude Piquard, médecin sexologue de Montpellier, retrace
ici toute l’histoire de la découverte du clitoris au fil des époques, de
l’Antiquité à nos jours. Passionnant et très bien documenté. Pour les
férus d’histoire.

Rosemonde Pujol, Un petit bout de bonheur : Petit manuel de


clitologie, Éditions Jean-Claude Gawsewitch, 2007.
Essai impertinent et réjouissant, plein de verve et de bonne
humeur signé Rosemonde Pujol (1917-2009), journaliste et écrivaine
alors âgée de 89 ans, ancienne résistante et féministe. Pour
l’écriture de son ouvrage, elle a récolté des dizaines de témoignages
de femmes de tous âges et de tous milieux, qui font de ce petit livre
un recueil à la fois touchant, sensible, drôle.

À voir : Le Clitoris, court-métrage réalisé en 2016 par Lori


Malépart-Traversy.
Film d’animation de trois minutes qui retrace l’histoire de cet
organe trop méconnu. Des millions de vues et des dizaines de
récompenses pour cette jeune réalisatrice canadienne qui a
également illustré le livre d’Alexandra Hubin et Caroline Michel cité
ci-dessus.

Parlons-clitoris.fr : site Internet entièrement dédié au clitoris sous


toutes ses coutures. Il est réalisé par trois femmes qui se présentent
comme telles, mais aussi comme mères, épouses et féministes. Très
facile d’accès, simple à lire, vous pouvez également y télécharger
une plaquette d’information sur le clitoris.
la vulve
Nom scientifique et pourtant (trop) peu employé de notre sexe, la
vulve est constituée de différents éléments : petites et grandes
lèvres, mont du pubis ainsi que différentes glandes qui participent à
son bon fonctionnement.
Chaque vulve a une forme, une taille, une couleur, une pilosité
différente. Aucune vulve ne se ressemble. Il y a autant de vulves
différentes que de visages. Il n’y a donc pas non plus de vulve
idéale. Ni de vulve parfaite, n’en déplaise à certain(e)s qui cherchent
dans la chirurgie un moyen de se conformer à l’image que nous
renvoie la pornographie : une vulve totalement épilée, aux grandes
lèvres bien resserrées sans rien qui dépasse. Vulve de cinéma, très
éloignée de la vulve réelle.
J’espère que ce chapitre permettra à chacune d’aimer son intimité
et de mieux la connaître.

Mont du pubis ou mont de Vénus

Le mont de Vénus est appelé ainsi en référence à la divinité de la


beauté et de l’amour (qui était au départ déesse de la végétation et
des jardins…), c’est dire l’importance de ce petit mont en termes
d’érotisme et de féminité.
C’est une sorte de petit coussin douillet constitué essentiellement
de graisses, situé tout en haut de notre vulve, en avant de la
symphyse pubienne, et dont la taille et la proéminence varient en
fonction de chaque femme.
Il se recouvre de poils pubiens à l’adolescence grâce à la poussée
hormonale. Sous l’influence de la puberté, il devient également plus
saillant par augmentation de la masse graisseuse. C’est d’ailleurs
cette proéminence qui distingue une femme adulte d’une petite fille.
Il joue un rôle dans la sexualité car il est très sensible au toucher,
aux caresses, ce qui en fait une zone érogène à part entière.
Enfin, la majorité des hommes seront excités par la vue du mont
de Vénus, la partie la plus visible de notre sexe, à forte connotation
érotique pour beaucoup d’entre eux.

Les grandes lèvres

C’est la première chose que l’on voit quand on regarde sa vulve


dans un miroir. Elles sont formées par deux replis cutanés, de taille
et de forme très variables, recouvertes de poils sur leur partie
externe, mais totalement lisses sur leur face interne. Ce sont elles
qui protègent l’entrée de notre vagin.
Elles partent de la symphyse pubienne en avant (l’os que l’on sent
à l’avant de notre bassin) et s’étendent quasiment jusqu’à notre
anus. Entre les deux lèvres, l’espace peut être fermé, comme chez
environ un tiers des femmes, ou entrouvert, laissant passer les
petites lèvres et le capuchon du clitoris, comme pour deux tiers des
femmes environ (Zwang, 2011). Vous pouvez vous faire une idée
plus précise des différents aspects des grandes lèvres en feuilletant
L’Atlas du sexe de la femme de Gérard Zwang.
Les grandes lèvres abritent deux types de glandes importantes
pour leur bon fonctionnement :
– Des glandes sébacées qui produisent le sébum dont le rôle
est de protéger notre peau (comme sur le visage, par
exemple), parfois responsable de l’apparition de petits
boutons.
– Des glandes sudoripares qui fabriquent la sueur et donnent
une odeur particulière à chacune, difficilement acceptée par
certaines. D’où le succès des déodorants intimes, surtout
chez les jeunes filles (qui ne sont pourtant pas sans danger).
Plus ou moins grandes, plus ou moins charnues, plus ou moins
colorées, plus ou moins poilues, plus ou moins espacées, les
grandes lèvres n’ont pas de forme idéale. Il n’existe pas de norme
en la matière. La nature est diverse, et c’est heureux. Apprendre à
aimer notre anatomie comme elle est, à condition bien sûr que tout
fonctionne bien, est un des paramètres indispensables pour se sentir
bien dans sa sexualité.

Les petites lèvres ou nymphes

En continuant notre exploration avec notre miroir, après avoir


séparé les grandes lèvres, nous tombons donc sur les petites lèvres.
On leur a également donné le nom de nymphes, en référence aux
divinités grecques du même nom, dont le rôle était de guider le flux
des rivières et des fontaines. Effectivement, nos petites lèvres
endossent le rôle peu connu de diriger le flux de notre urine lorsque
nous faisons pipi, ce qui nous évite bien des problèmes d’hygiène !
La première chose que l’on remarque en poursuivant notre
observation, c’est leur couleur, très variable, allant du rouge au brun
en passant par le rosé, le bordeaux ou même le noir.
Leur forme est également très diversifiée. Elles peuvent être
symétriques ou non sans que cela freine le plaisir sexuel, petites ou
grandes, totalement recouvertes par les grandes lèvres (chez 30 %
des femmes environ, on est donc loin de la majorité !) ou dépasser
des grandes lèvres (comme chez 50 % des femmes). Plus ou moins
régulières et lisses, elles ont de petits plis sur leur face interne, à
proportion variable.
Leur surface est glabre, c’est-à-dire sans poils, et elle est
humidifiée en permanence grâce aux différentes glandes présentes
dans cette région. Mais surtout, elles sont très sensibles et font
partie des zones érogènes de la femme. Elles possèdent en effet de
très nombreuses terminaisons nerveuses qui procurent une
sensibilité au toucher, aux caresses, que ce soit avec les doigts,
avec la langue ou tout autre objet doux.
Lors de la phase d’excitation sexuelle, elles gonflent,
s’assombrissent, se gorgent de sang et deviennent encore plus
sensibles, participant ainsi à la montée du plaisir et de la jouissance.
Elles sont pourtant couramment laissées de côté lors des
préliminaires car leur rôle dans le plaisir est trop souvent méconnu.

Le vestibule ou entrée du vagin

On appelle vestibule de la vulve toute la zone délimitée par les


petites lèvres sur les côtés, le capuchon du clitoris en avant et la
jonction des deux petites lèvres en arrière (que l’on nomme
commissure, comme la commissure des lèvres de la bouche). Cette
zone est démarquée par une ligne anatomique virtuelle dite ligne de
Hart.
Ce vestibule abrite des zones essentielles aux fonctions sexuelles
et urinaires de la femme :
– Le méat urétral (trou par lequel sort notre urine), situé à
environ 2 cm du clitoris en descendant vers l’arrière.
– Les orifices des glandes de Skène, dont nous parlerons plus
tard et que l’on peut voir de part et d’autre du méat urétral.
– L’orifice du vagin, qui a plutôt une forme allongée, est situé
juste en arrière du méat urétral, si bien que certaines jeunes
femmes peuvent confondre les deux.
– Les orifices des glandes de Bartholin dont nous reparlons
dans le paragraphe suivant.

Le vestibule peut être le siège de douleurs, brûlures, irritations,


démangeaisons qui portent le nom de vestibulodynie et dont nous
reparlerons plus en détail à la fin de ce chapitre. Les vestibulodynies
font en effet partie des maux sexuels les plus fréquents chez les
femmes de moins de 50 ans et sont bien trop souvent non
diagnostiquées.

LE VESTIBULE

Les glandes de Bartholin ou glandes vestibulaires majeures

On les trouve au niveau du tiers postérieur de la vulve dans


l’épaisseur des grandes lèvres. On ne peut donc pas les voir en
regardant notre vulve. Au mieux peut-on apercevoir l’entrée des
deux canaux qui relient les glandes à la vulve, disposés de part et
d’autre de l’entrée du vagin. Il n’est pas rare que ces canaux se
bouchent, entraînant la formation d’une grosseur, appelée kyste,
sans aucune gravité. Parfois, la glande peut s’infecter, et cela
entraîne une bartholinite, qui nécessitera un traitement adapté. C’est
généralement à ces deux seules occasions qu’une femme peut
prendre conscience de l’existence de ses glandes de Bartholin.
Elles mesurent entre 10 et 15 mm de long et pèsent de 4 à
5 grammes chacune.
Leur rôle, qui consiste à aider à la lubrification de la vulve lors de
la phase d’excitation sexuelle, est totalement secondaire. Elles
produisent en effet un liquide incolore, plutôt fluide, et en très petite
quantité, insuffisante pour assurer une lubrification efficace du vagin
qui, fort heureusement, dispose d’autres moyens pour assurer son
humidification.
Alors, à quoi servent-elles ? Il semblerait que leur utilité soit assez
restreinte, et c’est un euphémisme. Elles seraient uniquement le
vestige embryonnaire de glandes équivalentes chez l’homme
produisant certains composants du sperme.

LES GLANDES DE BARTHOLIN

Les glandes vestibulaires mineures

On appelle glandes vestibulaires mineures toutes les glandes


sudoripares (qui fabriquent la sueur) et sébacées (qui produisent le
sébum) présentes au niveau de la vulve.
Les glandes sébacées produisent le sébum dont le rôle est de
protéger et d’hydrater la peau des grandes lèvres et du mont de
Vénus.
Les glandes sudoripares fabriquent la sueur et son odeur
caractéristique, propre à chacune d’entre nous. Avoir une odeur n’a
pas que des inconvénients, notamment en matière de sexualité. Il
semblerait en effet que ces odeurs de sueur contiennent des
phéromones qui permettraient d’augmenter l’excitation sexuelle des
hommes qui osent mettre le nez près de notre vulve.

Formes, mesures et démesures

Il n’existe pas de vulve idéale, ni de vulve parfaite, ni même de


vulve normale au sens statistique du terme tant les mesures varient
en fonction de chacune. Les vulves sont toutes différentes, très
éloignées de la représentation uniforme que l’on se fait du sexe
féminin via la pornographie, des grandes lèvres charnues, des
petites lèvres qui ne dépassent pas, une épilation parfaite. Il suffit
pour s’en convaincre d’aller jeter un coup d’œil sur le site Internet
danois Kussomaten, qui recense des photos de vulves de femmes
prises au photomaton, photos réalisées dans le seul but d’aider les
jeunes femmes à accepter leur sexe tel qu’il est, combattant ainsi la
nouvelle mode de la nymphoplastie (se faire refaire la vulve et
particulièrement les petites lèvres par la chirurgie).
Côté chiffres, la longueur des grandes lèvres peut aller de 1,2 à
18 cm (Kreklau et al., 2018). Par comparaison, et pour vous aider à
vous faire une idée, elles varient de la longueur d’une phalange à
celle d’une main…
Concernant les petites lèvres, leur longueur varie de 2 à 10 cm
(Llyod et al., étude sur cinquante vulves !) et leur largeur s’étend de
0,5 à 10 cm (Kreklau et al., 2018).
Les mensurations de la vulve fluctuent certes en fonction de
chacune, mais également au cours de la vie. Les petites lèvres, par
exemple, diminuent de taille à la ménopause (on appelle cela
l’atrophie), mais cela peut être évité grâce à des crèmes à base
d’hormones ou d’acide hyaluronique. La persistance d’une activité
sexuelle régulière serait également un moyen de limiter les effets de
la ménopause sur la vulve.

Quand la vulve fait mal : les vulvodynies

Décrites pour la première fois en 1889 par Alexander Skène


(1837-1900), les vulvodynies sont des douleurs situées au niveau du
vestibule, de la vulve voire du clitoris. Selon leur localisation, on les
nommera vestibulodynies, vulvodynies ou clitoridodynies. Les
douleurs peuvent être spontanées, c’est-à-dire en l’absence de toute
stimulation, ou provoquées par la pénétration ou les caresses.
Dans plus de la moitié des cas, les vulvodynies débutent avant
l’âge de 25 ans et elles sont la cause la plus fréquente de douleurs
sexuelles chez les jeunes femmes qui sont bien souvent totalement
dépourvues devant ces symptômes qu’elles ne comprennent pas.
De fait, les vulvodynies sont très peu connues du grand public, et
même du milieu médical, d’où une errance diagnostique parfois
longue, une prise en charge adéquate retardée et un retentissement
important sur la vie relationnelle et sexuelle de ces jeunes femmes.
Le diagnostic est pourtant facile quand le médecin connaît le
trouble. À l’aide d’un coton-tige, il touche chaque partie de la vulve et
localise ainsi la zone douloureuse. L’examen de la vulve par un
gynécologue spécialisé est en effet indispensable, ne serait-ce que
pour éliminer toute autre cause de douleurs comme l’herpès, une
allergie, des mycoses, une infection au HPV (papillomavirus
humain)…

Les symptômes qui alertent

On évoque le diagnostic de vulvodynie devant tout type de


douleurs au niveau de la vulve : brûlures, tiraillement,
démangeaisons, irritations, pincements, sensation de coupure… En
revanche, il n’y a aucune blessure physique ; la vulve est d’aspect
normal : pas de rougeur, pas de coupure, pas d’infection… Parfois,
on peut observer des lésions consécutives au grattage lorsque les
démangeaisons constituent le symptôme principal.
Les vulvodynies peuvent être spontanées, c’est-à-dire qu’elles
sont présentes en dehors de tout contact, plus ou moins en
permanence, même en dehors du rapport sexuel. Dans ces cas-là,
on retrouve souvent chez ces patientes d’autres douleurs chroniques
comme la migraine, la fibromyalgie, la colopathie… Ces vulvodynies
seront aggravées par le port de vêtements serrés, les tampons, voire
la position assise prolongée. Les rapports sexuels sont la plupart du
temps impossibles, y compris les simples caresses. Les
conséquences sur la vie de couple et la vie personnelle sont
malheureusement très importantes. Sentiment de honte,
dévalorisation, perte totale de désir sexuel, désespoir face à ces
douleurs incompréhensibles peuvent emmener ces femmes vers
une véritable dépression. Heureusement, des prises en charge
adaptées existent, et ce type de troubles s’atténue toujours avec le
temps.
Mais dans la majorité des cas, les vulvodynies sont dites
provoquées, c’est-à-dire déclenchées par le toucher, notamment par
les rapports sexuels. Elles sont alors le plus souvent localisées sur
une seule partie, soit du vestibule, soit du clitoris. Les conséquences
sur la vie personnelle sont moindres, bien que réelles : souvent, la
vie sexuelle est conservée, mais adaptée à la présence des
douleurs, les rapports sexuels sont raccourcis, la zone douloureuse
évitée, les caresses moins appuyées.

D’où ça vient ?

L’origine des vulvodynies fait encore débat aujourd’hui, et de


nombreuses hypothèses ont été avancées par les scientifiques.
Actuellement, la majorité des médecins s’accordent sur une
origine multifactorielle, avec à la fois des anomalies physiques et
des facteurs favorisants psychologiques qui, lorsqu’ils sont
conjugués, feront apparaître ce type de troubles.
Les toutes dernières recherches mettent en avant trois facteurs
qui se combinent pour provoquer l’apparition des vulvodynies :
– Tout d’abord, un facteur déclenchant qui peut être physique
(problème gynécologique, urinaire, ménopause, opération
chirurgicale, accouchement…) ou psychologique (événement
traumatisant, décès, divorce, infidélité, problèmes
professionnels, difficultés relationnelles avec son conjoint…).
– Associé à un type de personnalité particulier : les femmes
ayant des vulvodynies ont tendance à avoir plus d’angoisses,
à avoir un taux de dépression plus important ou des
symptômes de type obsessionnel plus fréquemment que la
population féminine générale.
– Avec une problématique liée à la sexualité, souvent
inconsciente et qui s’exprime non pas par des mots, mais par
les douleurs : certaines études ont en effet montré que la
perte de libido précédait l’apparition des vulvodynies qui elles-
mêmes aggraveront les troubles du désir.
– Enfin, et particulièrement dans les vulvodynies spontanées,
des anomalies dans la régulation des sensations
douloureuses. Cela expliquerait que la vulvodynie soit
fréquemment associée à d’autres pathologies douloureuses
chroniques. Certaines études ont montré par exemple une
augmentation du nombre de récepteurs vulvaires à la douleur
chez les patientes vulvodyniques (Bohm-Starke et al., 1998 ;
Bornstein, 2004), en partie responsable de l’hypersensibilité à
la douleur.

Comment s’en sortir ?

Comme tout syndrome douloureux chronique, il est important de


ne pas remettre en doute la parole de la patiente, de ne pas
minimiser l’intensité de ses douleurs ni de tout mettre sur le dos de
la psychologie, d’autant que la prise en charge passera avant tout
par le corps. Elle doit comporter à la fois un suivi psychologique,
sexologique et corporel.
La première étape sera bien souvent d’expliquer la pathologie à la
patiente, qui a derrière elle plusieurs années de douleurs et
d’errance diagnostique avec un taux de découragement important.
Rassurer sur l’absence d’une maladie grave, insister sur la nécessité
d’un suivi régulier, être à l’écoute seront les maîtres mots de la
première consultation.
Puis le traitement comptera différentes phases successives ou
simultanées selon les cas :
– Des conseils en matière de sexualité et d’hygiène de vie pour
lever les tabous, les inhibitions, les fausses croyances qui
sont souvent un facteur d’amplification des symptômes. Le
mieux est sans doute d’aller consulter un sexologue
spécialisé.
– Des traitements locaux peuvent être prescrits dans certains
cas : des crèmes adoucissantes à utiliser en massage pour
inciter à reprendre contact avec son sexe de façon douce ;
parfois, des crèmes avec un anesthésiant local, mais leur
efficacité semble très limitée.
– Des médicaments contre les douleurs chroniques comme
l’amitriptyline (LAROXYL) à raison de 3 à 12 gouttes par jour,
ou la gabapentine NEURONTIN (50 à 300 mg/j). Ce type de
traitements est en général réservé aux cas où les douleurs
ont des répercussions majeures sur la vie psychique de la
patiente.
– Des traitements chirurgicaux peuvent également être
proposés, mais leur efficacité n’est pas encore totalement
démontrée. À évaluer donc au cas par cas.
– Le plus important est sans doute la prise en charge
psychologique, qui associera un travail sur le corps,
l’apprentissage de son anatomie, la respiration, la relaxation
afin de redonner à la patiente la possibilité d’éprouver du
plaisir sexuel et non plus des douleurs.
– Enfin, la prescription de rééducation périnéale réalisée par un
professionnel spécialisé dans les vulvodynies aidera à se
réapproprier son corps, à mieux le connaître et à sortir de la
représentation souvent négative que l’on se fait de son
intimité.

Pour en savoir plus

Gérard Zwang, Le Sexe de la femme, La Musardine, 2012


[2e édition enrichie].
Gérard Zwang, gynécologue et spécialiste reconnu du sexe
féminin, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, aborde ici tous
les aspects anatomiques, physiologiques, esthétiques et
mythologiques du sexe féminin. Très complet, parfois un peu ardu,
mais d’une écriture à la fois poétique et précise, ce texte nous parle
du sexe féminin comme on aimerait l’entendre plus souvent.

À voir : Viva la vulva,


Documentaire de 52 minutes réalisé par Gabi Schweiger en 2019,
avec Mithu M. Sanyal, historienne des cultures et auteure de Vulva
(non traduit en français).
Ce documentaire disponible sur Arte VOD « interroge la condition
des femmes sous l’angle de l’image et de la perception des corps, et
revient sur les nouveaux tabous et diktats esthétiques relatifs à leurs
organes génitaux à l’ère de la révolution sexuelle et du féminisme
d’aujourd’hui ». Enrichissant, très bien documenté et facile d’accès.

TheVulvaGallery de Hilde Atalanta, 2019.


Tiré du compte Instagram éponyme, ce livre recense 650
illustrations en couleur de vulves dessinées à partir de vulves
réelles. Vous y trouverez également un chapitre sur l’anatomie et
plein d’autres choses passionnantes. Disponible uniquement en
anglais et en commande sur Internet sur le site de l’auteur,
thevulvagallery.com.
Le vagin
Le vagin est un organe en forme de tube qui relie la fente vulvaire à l’utérus. Il
est situé dans le bassin, en arrière de la vessie et en avant du rectum.
Organe méconnu et pourtant essentiel, une grande partie d’entre nous le
confondent avec la vulve et ne savent pas où le localiser exactement. Une étude
britannique parue en 2014 a même estimé que la moitié des femmes de 26 à
35 ans ne savent pas placer le vagin sur une planche d’anatomie.
Nombreux sont les fausses croyances et les tabous qui circulent sur le sujet. Il
faut dire que l’enseignement à l’école sur le sexe féminin est très limité et ne
permet pas de combler les lacunes de l’éducation parentale. Nous allons donc
essayer d’y remédier et de répondre à toutes les questions que vous pouvez vous
poser : Comment est fait le vagin ? De quoi est-il constitué ? Quelles sont ses
différentes fonctions ? Pourquoi mouille-t-on lors de l’excitation sexuelle ? A-t-il
vraiment un rôle dans le plaisir sexuel ? De quoi sont faites exactement les
sécrétions vaginales ?

Pour lire ce chapitre, vous pouvez vous référer aux deux illustrations en couleur
contenues dans le cahier central représentant la place du vagin de face et de
profil dans le corps féminin.
L’orifice du vagin

L’ouverture du vagin située au niveau de la vulve est appelée orifice du vagin.


Elle en est la seule partie visible.
On le découvre en écartant les petites lèvres sur la partie arrière de notre vulve
et en avant de l’anus. À l’état de repos, l’orifice du vagin est fermé. Il ne s’ouvre
quasiment que lors de la phase d’excitation sexuelle.
La distance qui sépare le gland du clitoris de l’entrée du vagin varie selon les
femmes, en moyenne de 2 à 4 cm. L’étude la plus célèbre sur ce sujet est sans
doute celle menée en 1924 par Marie Bonaparte, dont on pourra lire l’histoire
dans le savoureux Les 200 clitoris de Marie Bonaparte (Alix Lemel, 2010).
Pendant longtemps, on a pensé que plus le clitoris était proche du vagin, plus la
chance d’avoir un orgasme par pénétration vaginale était grande. C’est ce qu’a
essayé de montrer Marie Bonaparte, sans grand succès, même si nous verrons
que cette hypothèse n’était pas totalement farfelue.
Quelle que soit sa distance avec le clitoris et son implication dans la jouissance
féminine, l’orifice vaginal est en lui-même une zone très sensible aux caresses. Il
est en effet doté de nombreux récepteurs au plaisir, particulièrement stimulés par
le toucher léger et la pression, qui permettront d’augmenter les sensations
d’excitation sexuelle jusqu’à l’orgasme.
Cette zone est également entourée par les muscles du périnée, qui forment un
anneau capable de se contracter ou de se dilater de façon volontaire, mais aussi
involontaire lors de la phase d’excitation sexuelle et qui va rendre la pénétration si
agréable (ou pas…).

Le vagin, un organe en forme de fourreau

Le mot vagin vient du latin vagina, qui signifie tout simplement « gaine » ou
« fourreau ». Anatomiquement, il a plutôt une forme d’ampoule, plus resserré à
l’entrée que vers le fond ; à l’état de repos, les parois sont totalement collées
l’une contre l’autre, si bien que l’air n’y entre pas. Contrairement à une idée reçue,
le vagin n’est donc pas un organe creux.
Il est situé dans la région du petit bassin, entre la vessie en avant et le rectum
en arrière, la vulve en bas et l’utérus en haut. Quand nous sommes en position
debout, il part vers l’arrière et vers le haut, formant un angle d’environ 45 degrés
avec notre vulve (voir vue de profil de l’appareil génital féminin).

La longueur du vagin varie selon les femmes entre 8 et 14 cm. Ses dimensions
se modifient également dans certaines situations. Lors de la phase d’excitation
sexuelle, sa taille peut ainsi augmenter de plus de 50 % pour permettre la
pénétration du pénis, et bien plus encore lors de l’accouchement pour permettre
le passage du bébé. C’est dire l’extraordinaire pouvoir d’extension, mais aussi la
solidité de notre vagin.
Il est constitué de muscles et de muqueuses (un peu comme l’intérieur de notre
bouche). La muqueuse forme de nombreux replis que l’on peut sentir en
caressant l’intérieur de son vagin avec son doigt. Vous sentirez alors un endroit
doux, chaud et humide, car le vagin est en permanence humidifié par les
vaisseaux contenus dans sa paroi.
Le tiers inférieur du vagin, la partie proche de la vulve, est maintenu serré
grâce à la présence des différents muscles, le plus important étant le muscle
releveur de l’anus.
Les deux tiers postérieurs sont plus dilatés et englobent le col utérin en formant
ce qu’on appelle les culs-de-sac vaginaux, qui entourent le col de l’utérus.
Enfin, le vagin possède très peu de terminaisons nerveuses et de récepteurs
au plaisir, et contrairement à une idée très répandue, il participe peu à l’obtention
du plaisir sexuel. En tout cas, très peu de manière directe, comme nous le
verrons par la suite. Autrement dit, ce n’est pas la stimulation des parois
vaginales par des va-et-vient plus ou moins rapides qui amène à l’orgasme lors
de la pénétration, contrairement à ce que beaucoup d’hommes pensent
encore. Nous y reviendrons dans le chapitre sur la sexualité vaginale, car cela fait
partie des fausses croyances les plus répandues en matière de sexualité
féminine.

Le rôle du vagin dans la reproduction

Ce n’est un secret pour personne, le vagin est indispensable pour faire des
bébés, toute sa composition et son anatomie semblent orientées vers ce seul but.
Ses parois sont humides, chaudes et douces, mais surtout très extensibles
pour permettre la pénétration du pénis qui vient y déposer les spermatozoïdes,
qui remonteront ensuite vers l’utérus et les ovaires.
La composition chimique du liquide qui lubrifie le vagin perd de son acidité
naturelle lors de la phase d’excitation sexuelle pour permettre aux
spermatozoïdes de survivre plus facilement. La lubrification vaginale favoriserait
également le réflexe de l’éjaculation chez l’homme.
C’est aussi le lieu habituel de passage du bébé lors de la naissance, même si
la médecine moderne permet à de nombreuses femmes de ne pas accoucher par
voie vaginale grâce à la césarienne. Lors de l’accouchement par voie basse, le
vagin se dilate de façon très importante pour que son diamètre soit identique à
celui du petit bassin et permette le passage de la tête du bébé (la zone qui a le
plus grand diamètre), puis tout le reste de son corps. Il nous faudra ensuite
quelques semaines de repos pour que notre vagin reprenne sa taille initiale et sa
tonicité après une telle aventure.

Le rôle du vagin dans le plaisir sexuel

On aurait tendance à répondre qu’il y est pour beaucoup, et pourtant, ce n’est


pas si simple. Il existe encore de nombreuses zones d’ombre dans le
fonctionnement du vagin et son rôle dans le plaisir féminin, n’en déplaise aux
hommes pour qui hors de la pénétration, point de salut. Le pouvoir érogène du
vagin sera développé dans le chapitre sur la sexualité vaginale.
Ce que l’on sait aujourd’hui avec certitude, c’est qu’il y a très peu de
terminaisons nerveuses dans le vagin (heureusement, car ce serait compliqué
lors de l’accouchement !), et celles qui sont présentes sont situées dans le tiers
inférieur, donc à l’entrée. Pour le plaisir féminin, la circonférence du pénis importe
finalement plus que sa taille.
Ce que l’on sait encore, et nous y reviendrons dans le chapitre dédié au
point G, c’est qu’il existe une zone particulièrement sensible et excitable, située à
environ deux phalanges de l’entrée du vagin sur sa paroi antérieure. Cette zone,
autrefois appelée point G, est en réalité un endroit situé dans la paroi entre le
vagin et la vessie ; sa stimulation, le plus souvent par les doigts, entraîne une
envie d’uriner dans un premier temps, puis une forte excitation sexuelle. Nous
savons depuis peu que c’est une zone très riche en terminaisons nerveuses et
corpuscules dits de volupté (Jannini et al., 2012), et également généreusement
vascularisée (Gravina et al., 2008), deux choses indispensables à la physiologie
de l’orgasme, comme nous le montrerons plus tard.
Malgré tout, le vagin et la pénétration vaginale restent bien souvent le lieu de la
jouissance par excellence dans nos représentations érotiques. Sentiment de
complétude, de fusion, de plaisir, autant de mots que nous entendons en
consultation pour décrire les ressentis liés à la pénétration. Bien que
physiologiquement peu excitable, il n’en reste pas moins source d’excitation
cérébrale. Le plaisir sexuel chez les femmes est en effet beaucoup plus dans la
tête que dans le vagin, nous y reviendrons.

Le vagin, un endroit humide en toutes circonstances

Le vagin est une muqueuse, au même titre que la bouche, et comme elle, il
reste humide en permanence pour assurer à la fois sa protection et son bon
fonctionnement. Cette humidité permanente est assurée grâce à la production de
différents fluides.
Quelles sont ces sécrétions ? D’où viennent-elles ? De quoi sont-elles faites ?
À quoi servent-elles ? Quand et comment révèlent-elles un problème de santé ?

La lubrification vaginale

Lors de la phase d’excitation sexuelle, les organes génitaux se gorgent de


sang, les vaisseaux se dilatent, tout gonfle (comme le pénis de l’homme, mais
chez nous, c’est nettement moins visible). Sous l’effet de cette augmentation de la
pression dans les vaisseaux, une partie de l’eau passe à travers la paroi et
s’écoule dans le vagin. Ce phénomène est à l’origine de la lubrification vaginale
ou, plus simplement, c’est ce qui se passe quand on mouille, c’est-à-dire quand le
vagin s’humidifie.
Cyprine, glaire cervicale, sécrétions vaginales,
flore vaginale, pertes vaginales, leucorrhées :
comme s’y retrouver ?

La glaire cervicale (ou plus simplement appelée sécrétion vaginale) est la plus
importante des sécrétions que l’on trouve dans le vagin. Sa composition et son
aspect varient en fonction de facteurs externes, comme la période du cycle
menstruel ou certaines infections.
Il s’agit d’un liquide produit par les glandes situées au fond de notre vagin, tout
près du col de l’utérus. Il est constitué essentiellement d’eau, mais aussi de
différents composants chimiques comme l’acide lactique, l’urée ou encore l’acide
acétique, qui assure une lutte permanente contre les infections. La glaire a aussi
pour mission de nettoyer le vagin en emmenant sur son passage tous les résidus
présents à l’intérieur, un peu comme on utiliserait un jet d’eau pour se
débarrasser du sable après un bain de mer.
Le vagin produirait entre 1/2 cuillère et 1 cuillère par jour de sécrétions
vaginales (Sobel, 2016).
L’aspect de ce liquide et sa composition changent selon les circonstances,
selon le moment du cycle, selon l’état de santé également.
Ce liquide est en général plutôt fluide, translucide, avec une légère odeur, mais
il peut devenir plus épais, avant les règles notamment, ou odorant, en cas
d’infection ou, plus rare, après la ménopause.
Dans tous les cas, les sécrétions vaginales sont indispensables au bon
fonctionnement de notre vagin, et il faut absolument les respecter, exit donc la
douche vaginale ou autres toilettes intimes trop poussées !
Le vagin produit également deux autres types de liquides afin d’assurer une
bonne lubrification et une pénétration sans douleur lors de la phase d’excitation
sexuelle. Il s’agit d’une part de la cyprine, liquide produit en petite quantité par les
glandes vestibulaires dites de Bartholin dont nous avons déjà parlé, et d’autre
part d’un liquide en quantité beaucoup plus importante qui provient des vaisseaux
sanguins situés dans les parois du vagin. Ce liquide est appelé transsudat ou
lubrifiant vaginal.
On appelle perte vaginale ou leucorrhée toute sécrétion provenant du vagin et
qui n’est pas normale en termes de quantité, d’odeur, de couleur, d’aspect…
Enfin, nous trouvons dans le vagin (comme dans notre intestin ou notre
bouche) beaucoup de bactéries. Les plus fréquentes sont appelées lactobacilles ;
elles ont pour rôle de protéger le vagin contre l’attaque de germes responsables
de maladies. L’ensemble de ces micro-organismes présents à l’état normal dans
notre vagin constitue la flore vaginale, ou flore de Döderlein.

Quand les sécrétions vaginales révèlent un problème de santé


Nous sommes nombreuses à nous inquiéter devant des pertes blanches, ou
odorantes, ou trop importantes. Pourtant, la plupart du temps, il s’agit de
sécrétions normales. Alors, comment faire la différence ? Et comment savoir s’il
faut aller consulter son médecin ?
Vous trouverez dans le tableau suivant les principales causes de sécrétions
vaginales et leurs causes associées.

CE QUE ÇA
LES SIGNES
COULEUR ASPECT/CONSISTANCE ODEUR PEUT
ASSOCIÉS
SIGNIFIER

Déséquilibre
de la flore
bactérienne,
infection à
Gardnerella
Peu de signes
Vaginalis,
associés,
Grisâtre ou Odeur de désagréable
Peu abondantes parfois
blanchâtre poisson mais sans
irritations de la
aucune gravité
vulve
Cause la plus
fréquente de
vaginites chez
la femme
adulte

Mycose :
infection due à
des
Démangeaisons champignons
très fréquentes, comme
brûlures Candida
Épaisses, grumeleuses, fréquentes, Albicans, sans
Blanche Normale
normales rougeur de la gravité mais à
vulve, rapports traiter pour
sexuels éviter les
douloureux désagréments,
traitement du
partenaire
souhaitable

Blanche/jaunâtre Abondantes, normales Normale Signes urinaires Infection à


qui évoquent Chlamydiae,
une infection de infection
l’urètre (dite sexuellement
urétrite) transmissible
qui nécessite
un bilan
médical
systématique
et complet,
IST la plus
fréquente en
France
Risque
d’infection
génitale haute
et de stérilité

Aucun signe
général dans
85 % des cas Infection à
Irritations du gonocoque. À
vagin traiter dans
fréquentes tous les cas
Sans
Jaune/verdâtre Abondantes, purulentes Difficultés à par
particularité
uriner antibiotiques
Risque Traitement du
d’infection partenaire
génitale haute indispensable
(des trompes,
de l’utérus)

Infection à
Trichomonas
Vaginalis,
infection
Malodorantes, Brûlures, sexuellement
Abondantes, fluides,
Jaune/verdâtre odeur de démangeaisons transmissible
mousseuses
plâtre frais fréquentes très répandue,
sans danger et
facilement
traitable
(antibiotiques)

Surproduction
de
Blanchâtre Grumeleuses, normales Normale
lactobacilles,
sans gravité

Parfois brûlures
après les
rapports Infection à
Jaunâtre Glaire louche
sexuels mycoplasme
Peu de signes
associés

Visqueuses, abondantes, Signe de


Translucide comme du blanc d’œuf, Normale Aucun l’ovulation,
normales normale
L’hymen

Cette petite membrane située à l’entrée du vagin chez la plupart des jeunes
filles est encore aujourd’hui le symbole de la virginité. En réalité, l’hymen n’est
qu’un vestige embryologique sans aucune fonction anatomique.
Une étude de 2004 a montré qu’il n’y avait aucune différence visible entre
l’hymen d’une jeune fille n’ayant pas eu de rapports sexuels et d’une jeune fille
qui en a déjà eu (Adams et al., 2004). Cela veut dire qu’il n’y a aucune possibilité
de savoir si une femme est vierge ou pas, exit donc les tests de virginité,
scandaleux, et rassurons les femmes qui sont prises dans les filets de cette vision
d’un autre siècle.
De plus, ce qu’on appelle défloraison, c’est-à-dire la rupture de l’hymen, peut
se faire dans bien d’autres situations que la première pénétration avec un pénis.
Citons pêle-mêle la pratique de certains sports comme l’équitation, l’introduction
accidentelle d’un objet dans le vagin – nombreuses sont les petites filles à tenter
l’exploration de cette région avec des objets plus ou moins adéquats –, la toilette
intime un peu trop « appuyée » du bébé, un examen gynécologique de l’enfant…
Enfin, messieurs, sachez que seulement 20 % des femmes saignent lors du
premier rapport sexuel, et ne pas saigner ne veut absolument rien dire sur l’état
antérieur de l’hymen. Cela signifie simplement que 80 % des jeunes femmes ne
saignent pas. Nous ne le répéterons jamais assez aux jeunes filles tellement
inquiètes par cet hymen et cette première pénétration : il n’y a aucun récepteur à
la douleur au niveau de l’hymen, ce n’est donc pas lui qui fait mal quand douleur il
y a. Les douleurs ressenties par les femmes lors de cette première pénétration ne
sont pas du tout en rapport avec la déchirure éventuelle de leur hymen, mais
uniquement en lien avec leurs appréhensions, le manque de préparation et de
détente. Apprenons aux jeunes hommes et aux jeunes filles que seuls la
relaxation, la confiance et le respect mutuel feront de cette première expérience
une réussite.
Ces mises au point indispensables faites, penchons-nous sur les
connaissances que nous avons de cette petite membrane.
Tout d’abord, elle nous vient des restes embryologiques du sinus urogénital
dont nous avons parlé dans le chapitre sur le clitoris. Elle ne sert strictement à
rien, au point qu’on a du mal à comprendre pourquoi on y a attaché autant
d’importance !
Sa forme varie d’une femme à l’autre ; en forme de croissant, en forme
d’anneau ou criblée de petits trous… Elle n’est parfois pas trouée du tout, ce qui
empêchera l’écoulement des premières règles, moment où on en fera le
diagnostic. Le traitement est simple, non douloureux, réalisé par un gynécologue.
Chez certaines femmes enfin, l’hymen n’existe tout simplement pas, et elles ne le
sauront probablement jamais.
Dans l’immense majorité des cas, la présence de l’hymen n’empêche ni la
pénétration d’un doigt ni celle d’un tampon ; c’est une membrane souple qui
s’étire sans problème, et les jeunes filles ne devraient plus avoir autant
d’appréhensions au sujet de ce petit bout de peau totalement superflu.

Le point G, mythe ou réalité ?

C’est sans doute à la fois le point le plus connu et le plus énigmatique de la


sexualité féminine. Mythe ? Réalité ? Un peu des deux ? Quelles connaissances
en avons-nous aujourd’hui ?
Certains scientifiques contestent encore carrément son existence. Comme
Terence Hines, qui a écrit Le point G : un mythe gynécologique moderne en 2001.
Mais nombreuses sont les femmes qui décrivent l’excitabilité spécifique de
cette zone. Et les études ne manquent pas pour confirmer les dires féminins. Je
ne crois pas que l’on puisse aujourd’hui réfuter de bonne foi l’existence du
point G. Certaines en ont même fait leur fonds de commerce, Deborah Sundahl
en tête. Elles louent les mérites du point G, organisent des séminaires à succès
pour apprendre à le trouver aux femmes désireuses d’améliorer leur sexualité.
Car si le point G est aussi fascinant, c’est parce qu’il va de pair avec
l’éjaculation féminine. C’est la stimulation du point G qui rendrait la femme
fontaine. Nous verrons que ce n’est pas si simple.
Même si la compréhension de cette zone si particulière a beaucoup avancé au
cours de ces dernières années, le point G est encore loin d’avoir livré tous ses
secrets.
POSITION DU POINT G

G comme Gräfenberg

C’est en 1950 qu’Ernst Gräfenberg, gynécologue américain d’origine


allemande, va publier un article qui fera date dans l’histoire de la sexualité
féminine. Il y décrit alors une zone particulière située à la partie antérieure du
vagin, proche de l’urètre, et dont la stimulation entraîne une excitation sexuelle
déterminante pour atteindre l’orgasme lors de la pénétration.
Il faut attendre 1981 et les travaux d’Addiego pour confirmer l’existence de
cette zone de quelques centimètres située au niveau du tiers inférieur du vagin,
dotée d’une grande sensibilité à la stimulation sexuelle. Reprenant les travaux de
Gräfenberg, il nomme cette zone point G en hommage à son prédécesseur.
Addiego montre également que la stimulation du point G est capable d’engendrer
une forme d’éjaculation féminine. L’histoire vient de relier point G et éjaculation
féminine, point de départ de sa célébrité.
Mais c’est surtout à Alice Ladas, Beverly Whipple et John Perry, auteurs du
fameux livre paru en 1982, Le Point G et autres découvertes récentes sur la
sexualité humaine, que l’on doit la vulgarisation et la renommée du
point G. Même si son contenu scientifique a été remis en cause par certains
spécialistes, il n’empêche que c’est sans aucun doute à ce livre que l’on doit la
révélation de l’existence de ce point au grand public.
Les dernières recherches sur le point G

C’est avec les travaux de Helen O’Connell dans les années 2000 que les
connaissances ont vraiment avancé au sujet de l’anatomie du point G. Elle parle
de complexe clitorido-urétro-vaginal pour désigner cette zone située au carrefour
de ces différents organes.
Puis en 2010, Pierre Foldès et Odile Buisson, tous les deux français, l’un
chirurgien gynécologue, l’autre échographiste, unissent leurs efforts et leur talent
pour mieux comprendre le fonctionnement du point G. Grâce à l’échographie, ils
étudient le clitoris, au repos et en action, c’est-à-dire lors de la phase d’excitation
sexuelle. Ils apportent des précisions à la fois sur l’anatomie du clitoris et sur son
fonctionnement dans le plaisir sexuel. Les résultats de leurs travaux sont repris
dans l’excellent livre Qui a peur du point G ?, paru en 2011 (Jean-Claude
Gawsewitch).
On y apprend :
– Que le clitoris, gorgé de sang lors de la phase d’excitation sexuelle, fait
alors saillie à l’intérieur du vagin, pile à l’endroit que l’on nomme point G.
– Que lorsque l’on contracte les muscles du périnée, clitoris et vagin sont
encore plus en contact, ce qui renforce la stimulation du clitoris et
augmente d’autant la sensation de plaisir. C’est la raison pour laquelle les
femmes ayant un bon périnée, les sportives, par exemple, auraient moins
de mal à avoir des orgasmes lors de la pénétration.
Les connaissances s’étoffent encore en 2012 à la suite des travaux d’un
gynécologue américain, Adam Ostrzenski. Lors d’une dissection, il met en
évidence un tissu érectile (donc sensible au plaisir) au niveau de cette fameuse
paroi antérieure du vagin. En 2002, déjà, D’Amati avait démontré l’existence du
tissu pseudo-caverneux dans la paroi antérieure du vagin, zone dans laquelle on
retrouve également une concentration importante de corpuscules de Krause,
identiques à ceux présents dans le gland du clitoris.
Finalement, on peut aujourd’hui dire que la stimulation du point G lors de la
pénétration, que ce soit avec les doigts ou un pénis, permet d’obtenir du plaisir
grâce à plusieurs phénomènes distincts (Imbimbo, 2003) :
– La stimulation indirecte du clitoris qui descend au contact du vagin lors de
la phase d’excitation sexuelle.
– La stimulation directe de la paroi vaginale riche en corpuscule de Krause
et en tissu érectile.
– La stimulation indirecte du clitoris et des récepteurs sensibles à la pression
sous l’effet de l’étirement des ligaments suspenseurs du clitoris grâce aux
va-et-vient de la pénétration.

Comment trouver son point G ?


POSITION DU POINT G

On le trouve en général entre 3 et 5 cm de l’entrée du vagin, sur la paroi


antérieure, ce qui correspond en général à deux phalanges. On peut sentir à cet
endroit une consistance particulière, une zone plutôt grumeleuse, un peu plus
rugueuse, qui durcit lors de l’excitation sexuelle, qui s’agrandit, qui bombe à
l’intérieur.
La meilleure technique pour stimuler son point G est, dans un premier temps,
de le faire avec les doigts. Le ressenti est meilleur, plus facile à obtenir, la
pression est plus forte qu’avec le pénis, et surtout, on reste plus facilement
concentrées sur nos sensations lorsque nous sommes seules avec nous-mêmes.
Pour cela, allongée sur le dos, n’hésitez plus à partir à la découverte de votre
vagin. Caressez-le, palpez-le, un peu, beaucoup, passionnément. Introduisez un
ou plusieurs doigts. Faites le tour de votre vagin, doucement, lentement, prenez
votre temps, car il lui faut patience et temps pour se laisser apprivoiser. Sentez
les différentes textures, les nombreux replis de la paroi vaginale, découvrez la
paroi postérieure et son contact avec le rectum, touchez le col de l’utérus tout
doux et son petit trou au milieu, puis passez à la paroi antérieure, à l’avant,
sentez comment le vagin se resserre quand vous contractez votre périnée,
refaites l’expérience plusieurs fois, sentez comment cela augmente votre
excitation, comment cela a peut-être déjà augmenté votre plaisir. Si d’aventure
vous ressentez une envie d’uriner, c’est que vous êtes au bon endroit. Laissez-
vous aller. Et continuez l’exploration. Maintenez la pression puis relâchez. Et
recommencez sans autre but que de ressentir ce qui se passe dans votre corps.
Vous pouvez également stimuler en même temps le gland de votre clitoris pour
augmenter votre excitation sexuelle et rendre la stimulation du point G plus
plaisante encore.

Les meilleures positions pour stimuler le point G

Bien sûr, les positions qui stimulent le mieux votre zone G seront celles où le
pénis appuiera le plus sur la paroi antérieure de votre vagin. Et pour cela, un petit
et gros fera toujours mieux qu’un grand et fin.
De préférence, vous serez allongée sur le dos, un coussin sous votre séant de
manière à rendre les choses moins acrobatiques, votre partenaire sera à genoux
devant vous, et vos pieds viendront se poser sur ses épaules. C’est une position
confortable qui permet détente et douceur, mais aussi vigueur et force si l’on
préfère. C’est certainement celle qui stimule le mieux le point G et votre clitoris
simultanément, par votre partenaire, ou par vous-même si vous êtes adepte du
« on n’est jamais aussi bien servie que par soi-même » !
Vous pourriez également être allongée sur le ventre, l’homme est allongé sur
vous, pénétration par l’arrière pour mieux appuyer sur l’avant. Inconvénient, il
vous sera difficile de stimuler en même temps votre clitoris. À tester donc, une
fois devenue experte en la matière. Et si vous préférez garder le contrôle, ou
prendre le dessus, alors, à califourchon sur votre homme, penchée en arrière,
bassin en avant, mains posées en arrière pour vous soutenir, vous ressentirez
alors la pression du pénis sur l’avant de votre vagin.
Ce ne sont bien sûr que des conseils. Il n’existe pas de manuel qui assurerait
un orgasme à coup sûr. La sexualité a ceci de formidable qu’elle est sans cesse à
redécouvrir, et les possibilités sont quasi infinies. Laissez-vous tenter. Découvrez.
Expérimentez. Partez à la recherche de nouvelles sensations. Bref, amusez-vous.

Les béances vaginales, un sujet encore tabou

On parle de béance vaginale ou vulvo-vaginale lorsque l’orifice externe du


vagin ne se ferme pas complètement, rendant le vagin ouvert vers l’extérieur, ce
qui n’est pas le cas ordinairement.
C’est un phénomène qui touche aussi bien les jeunes filles que les femmes
plus âgées. 24 % des femmes consulteraient leur gynécologue à cause de cette
difficulté (étude de Dietz et al., 2017). 50 % des femmes ayant accouché par voie
basse se plaindraient de béance, et il s’agirait même de leur première crainte,
devant la prise de poids ou les vergetures ! (étude de 2009.)

Des muscles trop faibles


La béance vulvo-vaginale est liée à une faiblesse des muscles qui entourent
l’ouverture du vagin. Cette faiblesse musculaire peut être héréditaire mais, le plus
souvent, elle est aggravée par les accouchements, notamment par les
accouchements par voie basse longs ou traumatiques pendant lesquels le vagin
est très sollicité.

Des symptômes plus ou moins gênants

Le principal symptôme de la béance vaginale est la pénétration d’air dans le


vagin qui reste ouvert en permanence. Outre les fameux pets vaginaux, doux
nom pour désigner une sortie d’air dans certaines circonstances, le contact du
vagin avec l’air provoque surtout une augmentation du risque d’infections de type
mycoses ou cystites (plus communément appelées infections urinaires). En effet,
la flore vaginale qui est trop en contact avec l’air n’arrive plus à exercer son rôle
protecteur vis-à-vis des bactéries.
Outre ces deux symptômes les plus fréquents, les femmes peuvent se
plaindre :
– D’avoir moins de sensations lors des rapports sexuels, l’impression d’être
trop large.
– De perdre leur tampon.
– D’eau qui sort par le vagin après le bain, ce qui peut être particulièrement
dérangeant à la piscine ; en revanche, si dans cette même piscine vous
tombez en pâmoison devant un bel étalon, alors la flaque que vous
observerez en sortant ne sera pas due à une béance vaginale, mais à la
naturelle ouverture du vagin sous l’effet de l’excitation sexuelle.
– Parfois d’incontinence urinaire, le plus souvent à l’effort (quand on rit,
quand on tousse, quand on fait du sport).

Comment y remédier ?

Le traitement de base des béances repose sur la musculation du périnée, que


nous détaillerons dans un chapitre dédié.

Pour en savoir plus

Odile Bagot, Vagin & Cie : on vous dit tout !, Mango, 2019.
Odile Bagot, gynécologue, nous fait profiter ici dans un langage simple, clair et
accessible de toutes les informations essentielles sur le vagin, de l’anatomie à la
pathologie en passant par les règles ou la contraception. Les nombreuses
illustrations sont le point fort de ce livre, bien qu’elles soient parfois un peu
succinctes pour montrer la complexité de l’anatomie.
Caroline Michel, Patrick Papazian, Chouchoutez votre vagin, Larousse,
2019.
L’une journaliste, l’autre médecin sexologue se sont réunis pour nous livrer un
ouvrage accessible et exhaustif sur le vagin, accompagné de fiches conseils à
utiliser sans modération.

Carol Livoti, Elisabeth Topp, Vagins : mode d’emploi, Michel Lafon, 2005.
Mère et fille, gynécologue et journaliste, ont écrit ensemble un « véritable mode
d’emploi du vagin », avec le but avoué et atteint de répondre à toutes les
questions médicales ou sexuelles que les femmes se sont un jour posées sur cet
organe.

Odile Buisson, Pierre Foldès, Qui a peur du point G ?, Éditions Jean-


Claude Gawsewitch, 2011.
Sans doute le livre à lire sur le sujet, rédigé par deux spécialistes, à la fois très
bien écrit et très documenté, loin du sensationnel. Pour celles qui souhaitent
comprendre toute l’histoire du point G et les polémiques qui lui sont associées.

Ovidie, Osez découvrir le point G, La Musardine, 2006.


Ovidie, ancienne actrice porno reconvertie avec succès dans le journalisme et
la réalisation de documentaires, nous livre dans ce petit livre de la collection
« Osez » une revue complète sur le point G. Très bien documenté et didactique, il
mérite le détour.

À visiter : Le musée du Vagin (Vagina Museum) à Londres


Première initiative du genre, un musée entièrement dédié au sexe féminin a
ouvert en novembre 2019 à l’inititative de Florence Schechter, au cœur du
quartier touristique de Camden. Cette jeune scientifique a réuni dans ce lieu
insolite des textes à vocation pédagogique, des illustrations ou des objets autour
du thème du vagin et de la vulve afin de lutter contre les idées reçues et autres
tabous.
Entrée libre et gratuite.
Pour plus de renseignements, vous pouvez consulter le site Internet du musée
(en anglais) : https://www.vaginamuseum.co.uk.
La prostate féminine
ou les glandes de Skène
Ces glandes encore peu connues du grand public font pourtant
l’objet de nombreuses recherches dans le milieu scientifique. Elles
ne semblent pas encore avoir livré tous leurs secrets quant à leur
rôle précis dans la sexualité féminine, même si l’on pense
aujourd’hui que leur présence n’est pas primordiale pour le plaisir
sexuel.

Qu’est-ce que c’est ?

Décrites pour la première fois en 1672 par un médecin hollandais,


Reijnier De Graaf, dans son traité sur l’anatomie, elles doivent
pourtant leur nom à un gynécologue américain, Alexander Skène,
qui, deux cents ans plus tard, a lui aussi parlé de ces glandes et des
canaux qui leur sont reliés.
Les glandes de Skène sont en réalité des amas plus ou moins
fournis de cellules glandulaires réparties le long du canal de l’urètre,
qui relie la vessie à la vulve. Anatomiquement, elles sont situées au
niveau de ce qui constitue le point G, ce qui a fait penser qu’elles
avaient un rôle dans la jouissance féminine, mais cela est très loin
d’être démontré.
Depuis 2001 et le congrès d’Orlando, ces glandes sont appelées
prostate féminine, pour rappeler leur homologie avec la prostate de
l’homme, notamment leur origine embryologique commune, mais
pas seulement.
Ce sont deux très petites glandes, de taille et de forme variables
d’une femme à l’autre, parfois très rudimentaires. Leur poids est en
moyenne de 5,2 g, ce qui représente entre 1/4 et 1/5 de celui de la
prostate masculine. Les canaux qui partent des glandes (appelés
canaux para-urétraux) débouchent dans l’urètre et non au niveau de
la vulve, contrairement à ce que l’on a longtemps pensé. Ils servent
à expulser le liquide produit par les glandes lors de l’orgasme et qui
s’écoulera donc par l’urètre.
Des fonctions encore à explorer

Les glandes para-urétrales produisent en effet un liquide appelé


éjaculat, qui, comme chez l’homme, est expulsé lors de l’orgasme –
nous y reviendrons dans le chapitre sur l’éjaculation féminine.
Cependant, ce liquide est fabriqué en très petite quantité, rien à voir
avec le liquide produit par la prostate de l’homme, de sorte que son
expulsion passe totalement inaperçue (l’éjaculat est donc tout à fait
différent de l’émission produite chez les femmes fontaines, nous y
reviendrons).
En revanche, côté composition, notre liquide prostatique se
rapproche du liquide séminal fabriqué par la prostate masculine : on
y retrouve les mêmes éléments chimiques comme les antigènes
prostatiques ou PSA, les phosphatases acides ou le fructose.
Mais une autre fonction a été récemment découverte par l’équipe
de Milan Zaviacic. Ce médecin slovaque travaille sur la prostate
féminine depuis 1982, et l’ensemble de ses travaux ont abouti à la
publication de son livre en 1999, La Prostate humaine chez la
femme. Selon lui, la prostate sécrète des hormones grâce à la
présence de cellules dites neuroendocrines ; elle produirait
également de la sérotonine, dont on sait l’implication dans la
physiologie de la sexualité, ainsi que d’autres hormones et
neurotransmetteurs qui restent à découvrir.
Leur rôle ne semble pas indispensable au bon fonctionnement de
la sexualité féminine, contrairement à la prostate masculine. En
effet, il existe un pourcentage non négligeable de femmes qui
naissent sans prostate féminine et dont la sexualité se déroule très
bien.
La prostate féminine est encore loin de nous avoir livré tous ses
secrets…

Pour en savoir plus

Toutes les connaissances concernant la prostate féminine sont


liées à l’éjaculation féminine ou aux femmes fontaines, dont on a
longtemps pensé qu’elles éjaculaient. Si vous souhaitez en savoir
plus sur la prostate féminine, je vous conseille plutôt d’aller consulter
les manuels des médecins spécialisés plutôt que les articles de
presse grand public qui livrent encore trop d’informations imprécises,
voire fausses. Cependant, les ressources sont limitées en français.

Milan Zaviacic, The Human Female Prostate, Slovak


Academic Press, 1999.
Malheureusement non traduit en français, c’est le livre de
référence sur la prostate féminine écrit par le chercheur spécialisé
depuis des années sur ce sujet. À recommander aux passionnées
du thème.

Milan Zaviacic, « La prostate féminine : historique,


morphologie fonctionnelle et implication en sexologie ».
Cet article traduit en français est paru dans la revue Sexologies,
vol. 11, no41, disponible en libre accès sur Internet à l’adresse
suivante :
http://www.piquard.eu/img/Zaviacic_Sexo_prostate_feminine.pdf.
Très complet, à la pointe de la recherche, ce court texte est une
source d’informations fiables et scientifiquement établies, dans les
limites des connaissances actuelles.
Le périnée
De nombreuses femmes, notamment parmi les plus jeunes,
ignorent tout de leur périnée. Beaucoup d’entre nous ne le
découvrent qu’à l’occasion de la première grossesse, lors
de la préparation à l’accouchement, ou plus tard, même, lorsque leur
gynécologue leur prescrira la fameuse rééducation périnéale.
L’existence du périnée n’est malheureusement pas enseignée à
l’école, ses fonctions non plus, et son implication dans la sexualité,
encore moins. Ainsi, lors d’une étude française menée en 2005
portant sur 154 femmes n’ayant jamais eu d’enfant, 91 % d’entre
elles ne connaissaient pas le mot et seulement 14 % pouvaient le
situer précisément (Tonneau et al., 2005).
Pourtant, cet ensemble de muscles qui constitue le plancher
pelvien est une zone particulièrement importante de notre anatomie,
et nous verrons qu’il joue un rôle essentiel dans la sexualité et
l’accès à la jouissance.

Qu’est-ce que c’est ?

On appelle périnée l’ensemble des muscles, tissus et ligaments


qui forment le plancher de notre bassin, entre le pubis à l’avant, le
coccyx à l’arrière et les os du bassin de chaque côté.

Pour l’ensemble de ce chapitre vous pourrez vous référer à


l’illustration du périnée dans le cahier central.

Il est formé de nombreux muscles répartis sur trois plans différents


dans le cahier central :
LES MUSCLES DU PÉRINÉE

– Le plan superficiel, le plus à l’extérieur, composé du sphincter


de l’anus (celui que l’on contracte quand on serre les fesses),
mais aussi du muscle transverse ou du muscle bulbo-
caverneux (qui est fixé sur le clitoris).
– Le plan moyen, un peu plus en profondeur, constitué
du sphincter de l’urètre (le muscle qui permet de se retenir de
faire pipi) et du muscle transverse profond.
– Le plan profond, le plus important et le plus musclé,
comportant essentiellement le muscle releveur de l’anus.
Le périnée est recouvert d’une peau douce et lisse située entre le
vagin et l’anus, zone particulièrement sensible au toucher ou à la
pression, source de plaisir, riche en terminaisons nerveuses, bien
trop souvent oubliée des stimulations et des caresses.

À quoi sert le périnée ?

Un rôle de soutien musculaire

Le périnée permet tout d’abord de soutenir tous les organes situés


dans la région du petit bassin : vagin, utérus, vessie et rectum. Sans
le périnée, ces organes ne resteraient pas à leur place, ils
descendraient sous la pression de la pesanteur. C’est ce qui arrive
quand le périnée n’est plus assez musclé ou lorsqu’il est trop sollicité
par certaines activités comme le port de charges lourdes ou la
course à pied. C’est lui aussi qui nous permet de garder une bonne
position (avec les abdominaux) et se tenir droit quand on marche.
C’est l’un des premiers muscles à se contracter (avec les
abdominaux) quand on perd l’équilibre.
Ce sont également ces muscles qui assurent la continence
urinaire et fécale. C’est grâce à la contraction du périnée qu’on peut
se retenir de faire pipi, de laisser échapper les gaz intestinaux,
d’aller à la selle. A contrario, le relâchement du périnée permettra la
miction et la défécation. Ainsi, les problèmes de fuites urinaires,
notamment à l’effort, sont très souvent liés à une faiblesse des
muscles périnéaux. D’autant plus que la contraction du périnée
inhibe également les contractions de la vessie, à l’origine des envies
d’uriner. Autrement dit, si vous avez une envie urgente, contracter
votre périnée vous permettra d’attendre de trouver des toilettes et
d’éviter les fuites !
Son rôle dans la sexualité

Enfin, le périnée a un rôle dans la sexualité, et c’est ce qui nous


intéresse le plus. Cet ensemble de muscles, grâce à leur tonicité et à
leur souplesse, joue un rôle fondamental dans le plaisir sexuel.
Les muscles du périnée maintiennent tout d’abord le vagin serré,
que ce soit au repos ou pendant la pénétration vaginale. Une
faiblesse des muscles périnéaux pourra être responsable des
béances vulvo-vaginales dont nous avons déjà parlé. Les sensations
lors de la pénétration vaginale seront alors moins intenses voire
absentes, pour soi-même et pour le partenaire. Avec cette sensation
qu’expriment certaines femmes d’être trop larges. Il faut comprendre
ici que le problème n’est pas du tout lié au vagin, mais simplement
aux muscles qui l’entourent. La solution est donc de se remuscler.
Avoir une bonne musculature périnéale augmente également la
vascularisation de toute cette zone et l’afflux sanguin dans la partie
interne du clitoris, et on sait aujourd’hui que plus l’afflux de sang est
important, plus le plaisir sexuel est intense.

Quand le périnée fonctionne mal

Quand le périnée se relâche

Le vieillissement, le surpoids, les sports intenses, le port de


charges lourdes, mais surtout les grossesses peuvent entraîner un
relâchement du périnée. Cela se traduit par des petits troubles plus
ou moins embêtants : incontinence urinaire à l’effort, incontinence
fécale, perte de sensations lors des rapports sexuels. À terme, ce
relâchement peut être responsable de prolapsus, encore appelé
descente d’organe.

Quand le périnée est trop contracté

À l’inverse, certaines femmes ont un périnée qui est trop tonique


et qui a du mal à se relâcher. Bien souvent, elles n’en ont pas
conscience car elles connaissent mal leur anatomie et sont peu
sensibles à leurs ressentis. C’est au moment des relations sexuelles
que cela commence à leur poser problème. Leurs muscles étant trop
contractés, ça leur fait mal, la pénétration est parfois impossible, et
toujours douloureuse. Cette difficulté a un nom, on l’appelle le
vaginisme. Nous en reparlerons plus longuement dans le chapitre
sur la sexualité vaginale. Mais sachez que des traitements existent
et que ce n’est pas une fatalité !

Les bonnes habitudes pour prendre soin de son périnée

• Ne jamais « pousser » pour faire pipi, même si vous êtes


pressée ; au fil du temps, la pression exercée sur les organes et
sur le périnée risque fort de provoquer des problèmes de fuites
urinaires, voire de descentes d’organes.
• Ne pas faire de « pipi-stop » : contracter son périnée pendant la
miction pour stopper le flux d’urine peut être conseillé une fois
pour prendre conscience de son périnée, mais reproduit
régulièrement, ce geste augmente le risque d’infection urinaire.
• Lutter contre les risques de constipation et ses efforts de poussée
qui sollicitent trop le périnée : boire au moins 1,5 l d’eau par jour,
manger des fruits et des légumes, faire de l’exercice physique.
• Éviter de porter des charges lourdes.
• Assurez-vous d’avoir un périnée bien tonique avant de vous
(re)mettre à la course à pied, que ce soit après une grossesse ou
à la ménopause.
• Des applications sur smartphones existent pour vous aider à
prendre soin de votre périnée (Emy, Perifit ou Innovo, parmi les
plus connues).

Comment muscler son périnée pour augmenter son plaisir


sexuel

Un périnée bien musclé permet une meilleure contraction du vagin


autour du pénis lors de la pénétration. Une bonne musculation
périnéale augmente donc ses sensations et celles de son partenaire.
Avoir un périnée bien musclé, ni trop relâché ni trop tonique,
permettra également de décupler les sensations lors des
contractions involontaires et spasmodiques qui ont lieu au moment
de l’orgasme. Muscler son périnée, c’est donc possible et pas très
compliqué. Cela peut être fait à tout âge, mais surtout à une période
particulièrement importante : après l’accouchement.

S’entraîner chez soi

Vous pouvez vous entraîner vous-même à muscler votre périnée :


le mieux est de s’allonger sur le dos, de replier ses jambes et de
mettre son doigt sur la zone entre son vagin et son anus. Puis on
contracte en resserrant l’anus (on sent alors son vagin se resserrer
également) en prenant garde de ne pas contracter ses abdominaux
ni serrer les cuisses en même temps. Pas facile au début, mais avec
un peu d’entraînement, on y arrive ! Pour que cela fonctionne, il faut
le faire quotidiennement. Comme pour tout apprentissage, c’est la
pratique qui fait l’efficacité.
On recommande de commencer par une trentaine de contractions
quotidiennes, sans trop forcer pour éviter les contractures
douloureuses. En effet, le périnée étant un muscle, si on le sollicite
trop, il aura des courbatures et un risque de contractures à l’origine
de douleurs. On tient les contractions pendant quelques secondes
(de 1 à 10 secondes) puis on relâche et on recommence. On respire
à fond entre chaque contraction pour aider à la détente musculaire.

La rééducation périnéale

Lorsque le périnée est vraiment trop relâché, en cas de douleurs


lors des rapports sexuels ou de symptômes de fuite urinaire, il est
nécessaire d’avoir recours à des professionnels du périnée. Ils
pratiquent ce qu’on appelle la rééducation périnéale. Elle est
généralement réalisée par des sages-femmes ou des
kinésithérapeutes qui ont suivi une formation spécialisée.
Pour faire une rééducation périnéale, il vous faut une ordonnance
de votre médecin traitant ou de votre gynécologue.
Plusieurs techniques existent, employées selon le contexte et le
problème à résoudre :
– Les techniques manuelles : comme leur nom l’indique, ces
techniques utilisent le toucher vaginal pour évaluer la
musculature du périnée et nous apprendre à le muscler.
– L’électrostimulation avec une sonde : la sonde que vous
aurez achetée en pharmacie (remboursée par la Sécurité
sociale) est placée dans votre vagin et reliée à un appareil
d’électrostimulation. L’appareil envoie un courant électrique
de faible intensité (donc non douloureux et sans danger) qui
engendre la contraction des muscles. Cela fonctionne comme
tous les appareils d’électrostimulation musculaire.
– Le biofeedback : même technique qu’avec la sonde, mais
vous pouvez en plus visualiser sur un écran de contrôle les
contractions de votre périnée, et ainsi mesurer sa force et
votre progression.
Les études sur la rééducation périnéale sont quasi unanimes
quant à son efficacité, tant sur les douleurs que sur la sexualité :
– 70 à 75 % des femmes voient leurs douleurs apaisées
(Bergeron et al., 2002 ; Dionisi et al., 2008).
– Dans 70 % des cas, il y a également une amélioration du
plaisir sexuel.

Quelles contre-indications à la rééducation périnéale ?

• Si vous êtes enceinte


• Si vous avez une infection urinaire ou vaginale
• Si vous portez un pacemaker

Pour en savoir plus


Bernadette de Gasquet, Périnée : Arrêtez le massacre !,
Marabout, 2011.
Médecin et professeur de yoga, le Dr Bernadette de Gasquet
travaille depuis plus de 30 ans auprès des femmes enceintes. Elle
est l’auteure de plusieurs livres sur le sujet. Un ouvrage de référence
pour toutes les femmes, à tous les âges.

Delphine Carré, Clémentine Siméon, Périnée : Tout ce que


vous avez toujours voulu savoir… sans jamais oser le
demander !, L’Opportun, 2017.
Écrit par une kinésithérapeute spécialisée en rééducation
périnéale, ce livre est destiné à toutes les femmes qui se posent des
questions sur leur périnée. Dans un langage clair, accessible à
toutes, il distille conseils pratiques et informations médicales pour
apprendre à mieux se connaître.

Anna Roy, On en parle de mon périnée, LEDUC. S, 2018.


Anna Roy est sage-femme et chroniqueuse télé à « La maison
des maternelles ». Elle livre ici son expérience de clinicienne pour
donner aux femmes des conseils avisés sur leur périnée.
Les seins
Les seins sont certainement la partie du corps féminin qui a le plus
fort pouvoir érotique. En témoigne leur place particulière dans l’art
en général et dans l’art érotique en particulier. Dévoilé ou caché, au
cœur des convoitises et des fantasmes, simple objet de
consommation, source d’excitation pour les hommes et les femmes,
le sein n’en finit pas de déranger. En effet, il symbolise à lui seul
toute la dualité du féminin : à la fois sein nourricier et sein érotique, à
la fois mère et femme, symbole du maternel et du sexuel. Mais
surtout, le sein procure du plaisir aux femmes ; son rôle dans la
jouissance féminine, bien que sous-estimé, est primordial.

Anatomie du sein

Pour ce chapitre, vous pouvez vous référer à l’illustration du cahier


central.

La forme et la taille des seins varient énormément d’une femme à


l’autre, mais aussi au cours de la vie et en fonction de certaines
situations. Par exemple, le sein augmente naturellement de volume
lors de la grossesse, mais aussi en période prémenstruelle (avant
les règles), ou encore sous l’effet de l’excitation sexuelle.
Actuellement, la taille moyenne des seins des Françaises
correspond à un bonnet C avec un tour de poitrine de 93 cm. La
taille idéale de la poitrine selon les hommes !
La forme de la poitrine est souvent un sujet d’inquiétude pour les
jeunes femmes à la puberté. Elle varie en effet d’une femme à
l’autre. En général, les seins sont plutôt arrondis, mais ils peuvent
aussi être pointus, en poire, en forme de cylindre… Ils sont
également le plus souvent asymétriques, l’un est souvent plus gros
que l’autre, c’est normal et sans aucune gravité.
L’aréole

L’aréole est la zone plus foncée située au centre du sein,


constituée de petites glandes que l’on peut voir à la surface et qui
forment de petites bosses tout autour du mamelon. Ces petites
zones surélevées sont appelées tubercules de Morgagni. L’aréole
est également constituée de fibres musculaires lisses qui se
contractent dans certaines situations, comme la lactation (pour
permettre l’expulsion du lait), ou lors de l’excitation sexuelle,
participant à l’érection du mamelon.

Le mamelon

Le mamelon, situé au centre de l’aréole, plus ou moins saillant,


gros et foncé, est également constitué de fibres musculaires lisses
qui assurent son érection lors de la phase d’excitation sexuelle.

ANATOMIE DU SEIN

L’intérieur du sein

Le corps du sein est quant à lui constitué de tissu conjonctif (qui


soutient), de tissu adipeux (qui nourrit et protège) et de glandes
mammaires (qui produisent le lait), réparties dans 15 à 20 lobes
glandulaires.
Enfin, les seins sont soutenus grâce à des ligaments suspenseurs
(appelés ligaments de Cooper), dont la force et la tonicité diminuent
au cours du temps. Selon les adeptes du No bra (le refus de porter
des soutiens-gorge), les ligaments de Cooper seraient en réalité
renforcés par les mouvements naturels d’une poitrine non
maintenue. Cependant les études de grande ampleur manquent
encore pour confirmer ces constatations d’ordre plus empirique que
scientifique.

La fonction nourricière des seins

Le rôle premier du sein est de nourrir le nouveau-né par le biais de


l’allaitement. Cette fonction est assurée grâce à la présence des
glandes mammaires qui, sous l’influence d’une hormone appelée
prolactine, produisent le lait. Elle se met en place à la puberté sous
l’influence des hormones féminines et se déclenche dès
l’accouchement. C’est la succion du mamelon par le nouveau-né qui
permet la mise en route de tout ce processus.

Le pouvoir érogène des seins

Les seins sont une zone érogène essentielle du corps féminin.


Leur stimulation par les caresses ou la succion provoque une
augmentation de l’excitation sexuelle et favorise l’accès à l’orgasme.
Ainsi, une étude de 2006 a montré qu’une telle stimulation augmente
le désir chez environ 80 % des femmes (étude de Levin et al., 2006).
L’excitation sexuelle a également des effets visibles sur la
poitrine que chacune d’entre nous peut observer. Les mamelons
durcissent, l’aréole s’élargit et se bombe légèrement, le téton se
dresse et l’ensemble des seins augmente de volume, notamment
chez les jeunes femmes n’ayant pas eu d’enfant.
Cependant, toutes les femmes ne sont pas égales face au pouvoir
érogène de la poitrine. Par exemple, les femmes ayant les seins les
plus petits seraient les plus sensibles. La concentration des
terminaisons nerveuses serait en effet plus élevée car elle se ferait
sur une zone moins étendue (étude de Kelly et al., 2006). La
sensibilité des seins varie également au cours du cycle menstruel et
de la grossesse.
En outre, une équipe de chercheurs a montré en 2011 que les
mamelons et les aréoles sont reliés directement au cerveau par un
circuit neuronal direct, et la stimulation des seins active la même
zone que la stimulation du clitoris (Komisaruk et al., 2011). Cela
pourrait expliquer que certaines femmes puissent avoir des
orgasmes uniquement par stimulation des mamelons.
Enfin, les caresses ou la succion entraîne une libération
importante d’ocytocine (Levin et al., 2006). Cette hormone augmente
à son tour la détente, prérequis indispensable à la jouissance.

Comment caresser les seins pour avoir


plus de plaisir ?
• Les caresses : ce sont par elles que l’on doit commencer pour
tester la sensibilité des seins. Elles doivent être douces et seront
plus efficaces sur le pourtour du sein que sur le mamelon, qui est
plus sensible à la pression qu’au toucher léger.
• La succion : elle est très efficace sur le mamelon et peut à elle
seule donner beaucoup de plaisir.
• Le pincement : pratiqué avec le pouce et l’index, le pincement du
mamelon est également un moyen efficace de stimulation. Le
pincement doit cependant être progressif, sans aller jusqu’à la
douleur et toujours en accord avec sa partenaire.
• Les glaçons : le froid est aussi un moyen de stimuler les
mamelons, qui vont durcir sous son effet.

Le pouvoir érotique des seins


La poitrine des femmes exerce sur les hommes un véritable
pouvoir érotique. Ils sont en effet nombreux à considérer la poitrine
comme la première chose qui les excite chez une femme. À n’en pas
douter, la vision des seins provoque le désir. Nous le savons et nous
pouvons également en jouer quand nous revêtons des dessous
affriolants, des soutiens-gorge pigeonnants ou autres attributs visant
à mettre en valeur cette partie de notre anatomie.
La poitrine est un élément de séduction, et sa mise en avant dans
les publicités suscite ces dernières années quelques contestations.
Les femmes semblent aujourd’hui plus enclines à se réapproprier la
représentation de leur corps et de leur féminité, obligeant ainsi la
société à inventer de nouveaux codes.

Pour en savoir plus

Peu d’ouvrages traitent du sein et de son rapport avec la


sexualité. Vous trouverez surtout des informations dans les livres
parlant des préliminaires.

Caroline Pochon, Allan Rothschild, Le Culte des seins,


Democratic Books, 2010.
Cet ouvrage explore la double nature des seins, entre maternité et
sexualité, et les fantasmes du féminin qu’ils cristallisent. À partir
d’une analyse historique, vous saurez tout sur les seins. De très
belles photos.

Martin Monestier, Les Seins, Le Cherche Midi, 2001.


Réalisé sous la forme d’une encyclopédie, ce livre réunit une
somme importante de connaissances sur le sujet, à la fois
médicales, mythologiques, historiques, littéraires, insolites. Pour les
passionnées du thème.

Camille Froidevaux-Metterie, Seins : En quête d’une


libération, Anamosa, mars 2020.
Philosophe féministe et professeure de science politique, Camille
Froidevaux-Metterie explore dans cet ouvrage les expériences
vécues par une quarantaine de femmes autour de leurs seins, de la
naissance de la poitrine au plaisir sexuel, en passant par le port de
soutien-gorge, la chirurgie du sein ou le poids des normes. Édifiant
et passionnant sur un thème trop peu abordé.
Les femmes et leurs règles
Longtemps taboue et source de discrimination, la question des
règles devient, ces dernières années, un sujet de moins en moins
honteux. Des femmes, militantes féministes, scientifiques, médecins
et écrivaines en parlent publiquement. Des documentaires, des
livres sont réalisés sur le sujet, avec l’ambition de dédramatiser,
d’expliquer et, finalement, de mieux faire accepter l’existence des
menstruations.
Une mission gouvernementale a même été créée en 2019 pour
étudier la possibilité de la gratuité des protections hygiéniques dans
certains lieux collectifs.
Car les règles sont d’abord un sujet de santé publique. Des
millions de femmes, chaque mois, vivent l’enfer des règles
douloureuses liées à une maladie, l’endométriose, que l’on
commence tout juste à mieux comprendre et à prendre en charge.
La recherche sur le sujet est encore à ses balbutiements, manque
de financement et de visibilité.
Malgré tout, les progrès existent et la parole des femmes se libère
progressivement.

D’où viennent les règles ?

Les menstruations proviennent de notre utérus et elles ont lieu


chaque mois, pendant 4 à 5 jours en moyenne, depuis l’âge de 12-
13 ans en général, jusqu’à la ménopause, vers 47-52 ans, c’est-à-
dire pendant 35 à 40 ans. Cela fait environ 2 400 jours pour une vie
entière, ce qui donne 6,57 années consécutives de saignement ! Je
vous laisse imaginer le nombre de protections hygiéniques qu’il nous
faut, le coût que cela impose, le nombre de femmes qui n’auront pas
forcément les moyens de se les acheter, les jeunes filles qui n’osent
pas demander à leurs parents, en France mais aussi dans les pays
en développement, la nécessité de militer pour des distributeurs
gratuits (ou presque) dans les lieux publics, les collèges, les
pharmacies…

Anatomie de l’utérus

Situé à l’intérieur du corps de la femme, symbole du féminin, mais


surtout de la fertilité, l’utérus est un organe unique, logé dans le petit
bassin, entre la vessie en avant et le rectum en arrière.

Il mesure 8 cm de long pour 4 de large et pèse environ 70 g ; il


ressemble à une poire mais a plutôt la taille d’une mandarine.

L’utérus fait donc suite au vagin, avec lequel il communique par le


biais du col de l’utérus. Le col fait saillie à l’intérieur du vagin et on
peut le sentir, doux et lisse, en forme de cône, avec un petit trou au
centre, à environ 7 à 10 cm de l’entrée du vagin.
L’utérus est constitué de trois couches de muscles, et comme tous
les muscles, il est capable de se contracter. C’est ce que l’on ressent
lors de la grossesse – les fameuses contractions, mais aussi lors
des règles douloureuses. Une contracture musculaire, ça fait mal,
autant qu’un lumbago…
Le principal rôle de l’utérus est bien sûr d’accueillir l’œuf fécondé,
puis de protéger l’embryon et le fœtus jusqu’à la naissance du bébé.
C’est à chaque fois que l’œuf n’est pas fécondé que les règles
apparaissent.
Dans 80 % des cas, le corps de l’utérus se dirige vers l’avant,
faisant un angle d’environ 90 degrés avec le vagin. On dit qu’il est
antéversé. Mais dans 20 % des cas, il se dirige vers l’arrière, on dit
alors qu’il est rétroversé. Un utérus rétroversé pourra donner des
douleurs de règles dans le dos plutôt que dans le bas-ventre, ce qui
peut entraîner un retard au diagnostic d’endométriose notamment.

VARIATIONS ANATOMIQUES DE L’UTÉRUS

L’utérus et la sexualité

Seul le col de l’utérus a vraiment un rôle dans la sexualité


féminine. Les dernières recherches semblent montrer qu’il existe un
orgasme particulier en lien avec la stimulation du col lors de la
pénétration. Ce type de stimulation ferait intervenir le nerf vague (le
même nerf qui intervient dans la respiration par exemple) et
donnerait une dimension plus profonde, plus viscérale à l’orgasme.
Le col serait particulièrement stimulé par la pénétration profonde et
des va-et-vient vigoureux.

De quoi sont faites les règles ?

Les règles sont constituées de sang, de morceaux de muqueuses


utérines qui n’ont pas été utilisées pour recevoir l’œuf fécondé, d’eau
et de sécrétions vaginales.
À chaque cycle, les menstruations permettent aussi d’évacuer
l’ovule qui n’a pas été fécondé. L’évacuation de la muqueuse utérine
superflue, du fait de l’absence de grossesse, est possible grâce à
des contractions de l’utérus qui, comme nous l’avons vu, est d’abord
un muscle. Or comme toute contraction musculaire, cela peut faire
mal, ce qui donne les douleurs au ventre (ou dans le dos) que de
nombreuses femmes ont durant leurs règles.
Les règles sont la plupart du temps de couleur rouge vif, parfois
plus marronné quand le sang a stagné un peu trop longtemps dans
le vagin et a été en contact avec de l’air.

Quelques chiffres
12-13 ans : c’est l’âge moyen auquel apparaissent les premières
règles ; elles arrivent en moyenne 2 ans après l’apparition des seins ;
21 à 45 jours avec une moyenne de 28 jours : c’est la durée du
cycle menstruel. D’abord irrégulier au début de la puberté, il devient
par la suite plus constant ;
2 à 7 jours : c’est la durée des règles ;
25 à 30 ml : c’est la quantité moyenne de sang que l’on perd en cas
de règles normales, l’équivalent d’une tasse à café.

L’endométriose,
la maladie des règles douloureuses

Les règles sont normalement non douloureuses. Pourtant, elles


sont parfois accompagnées de douleurs intenses, de crampes dans
le bas-ventre ou dans le dos, nécessitant des médicaments
antidouleur ou empêchant d’aller à l’école ou au travail. Ces
douleurs peuvent être le signe de l’endométriose, qui nécessite un
bilan médical approfondi chez un gynécologue averti. Cette maladie,
qui touche 1 femme sur 10, est aujourd’hui mieux connue, et son
diagnostic, plus rapide.
Malgré les progrès de la médecine, il s’écoule encore trop de
temps avant que le diagnostic d’endométriose ne soit posé (7 à
9 ans en moyenne aujourd’hui en France), des années de
souffrance, de douleurs pour ces femmes qui vivent cette maladie
dans l’incompréhension et la solitude.

Les symptômes de l’endométriose

Les douleurs, le premier signe de l’endométriose. On retrouve


quasi systématiquement chez les femmes atteintes d’endométriose
les douleurs, qui peuvent être de plusieurs types :
– Douleurs pendant les règles : elles sont appelées
dysménorrhées ;
– Douleurs pendant la pénétration vaginale : ce sont les
dyspareunies profondes ;
– Douleurs pelviennes avec parfois des douleurs qui élancent
jusque dans la jambe (on parle alors de cruralgie).
Les douleurs peuvent être intenses, au point d’entraîner des
pertes de connaissance ou des vomissements. Dans d’autres cas,
elles empêchent de mener une vie normale, obligent à s’arrêter de
travailler par période, nécessitent le recours à des médicaments
antidouleur.
Ces douleurs sont rythmées par le cycle menstruel, s’intensifient
au moment des règles et parfois de l’ovulation.

Les autres signes qui doivent donner l’alerte. D’autres signes


physiques peuvent en effet être retrouvés, et ils sont la plupart du
temps accentués au moment des règles. Mais dans bien des cas,
les femmes ne ressentent aucun symptôme, et l’endométriose est
découverte devant la difficulté à avoir des enfants. Cela peut être en
effet un facteur favorisant d’infertilité. Les symptômes possibles de
l’endométriose selon les localisations des lésions sont : des douleurs
dans le bas-ventre, des douleurs profondes lors de la pénétration
vaginale, des règles longues et abondantes, des malaises
s’accompagnant parfois de vomissements, de la diarrhée ou de la
constipation, des ballonnements intestinaux, des troubles urinaires à
type de brûlures, voire de saignements dans les urines, de
l’infertilité, de la fatigue.

Qu’est-ce que c’est ?

L’endométriose est la présence de tissu utérin (l’endomètre) en


dehors de l’utérus, à des endroits où on ne devrait donc pas en
trouver.
L’endomètre est le nom donné à la muqueuse qui tapisse
l’intérieur de l’utérus. C’est cette partie qui s’épaissit pour préparer
l’utérus à recevoir l’embryon, et c’est aussi elle qui est éliminée lors
des menstruations.
Dans l’endométriose, des morceaux d’endomètre se développent
à des endroits où ils ne devraient pas, en dehors de l’utérus, parfois
même dans l’abdomen. Lors des différentes phases du cycle, ces
morceaux d’endomètre se modifient, tout comme l’endomètre de
l’utérus. Ce sont ces modifications qui seront responsables
notamment de l’intensité des douleurs pendant les règles.
L’origine de l’endométriose n’est pas connue pour le moment. Des
recherches se poursuivent. Certaines théories existent cependant. Il
pourrait s’agir par exemple d’une migration de bouts de muqueuses
utérines par l’intermédiaire des trompes lors des règles. Au lieu de
s’évacuer totalement par le vagin, du sang remonterait dans le corps
vers les ovaires puis dans le petit bassin à travers les trompes de
Fallope. De là, il pourrait migrer encore plus haut, vers le ventre,
voire le diaphragme.

Quelques chiffres

10 à 20 % des femmes souffrent d’endométriose


5 à 15 % des cas d’infertilité seraient dus au moins en partie à
l’endométriose
7 à 9 ans : c’est le délai moyen pour que le diagnostic soit établi
50 % des femmes ayant des règles douloureuses souffriraient en
réalité d’endométriose

Quels sont les traitements possibles ?

Les traitements qui existent ont deux rôles différents : d’une part,
traiter la douleur efficacement, car il n’est plus admissible de laisser
souffrir ces femmes chaque mois, et, d’autre part, limiter le
développement de la maladie et la formation de nouvelles lésions.

Les médicaments contre la douleur. Les traitements les plus


utilisés pour le moment sont les anti-inflammatoires non stéroïdiens,
car l’endométriose est considérée comme une maladie inflammatoire
chronique. Cependant, ils restent en général peu efficaces sur
l’intensité des douleurs et on est bien souvent obligé de proposer
des antidouleurs à base de morphine.

Le traitement hormonal. C’est le traitement de base de


l’endométriose. Son but est de diminuer les sécrétions d’hormones
pour limiter leurs effets sur le développement de l’endomètre rebelle.
Cela agit à la fois sur les douleurs et sur la progression de la
maladie.
Deux types de traitements hormonaux sont proposés :
La pilule contraceptive donnée en continu : elle bloque l’ovulation
et donc le cycle menstruel. Elle permet de traiter les douleurs et de
limiter l’évolution de la maladie.
Les médicaments analogues de la LHRH : c’est un traitement plus
spécialisé, prescrit uniquement si la pilule n’est pas assez efficace. Il
provoque une sorte de ménopause artificielle, ce qui n’est pas sans
effets secondaires à prendre en compte.
Le traitement chirurgical. Dans certains cas, il faut enlever
chirurgicalement les morceaux d’endomètre logés là où ils ne
devraient pas être. Par la même occasion, le chirurgien nettoie aussi
la zone, enlève les adhérences qui se sont créées au fil du temps.
Cette opération se fait le plus souvent avec une petite caméra
introduite dans le corps par une petite incision et laisse peu de
cicatrices.

Des douleurs avant les règles :


le syndrome prémenstruel

Environ 30 % des femmes subissent 3 à 5 jours avant l’arrivée des


règles un florilège de symptômes peu réjouissants : irritabilité,
tristesse plus ou moins marquée, labilité émotionnelle, crampes ou
douleurs dans le bas-ventre, tensions ou douleurs au niveau des
seins, sensation de faim augmentée, maux de tête, fatigue… Cet
ensemble de manifestations à la fois physiques et émotionnelles est
appelé syndrome prémenstruel.

Dans certains cas, les manifestations psychiques sont


particulièrement intenses, et on parle alors de syndrome
dysphorique prémenstruel. La dysphorie est le contraire de
l’euphorie et signifie « état de malaise douloureux » (Petit Robert).

Quelques chiffres
20 à 40 % des femmes souffrent d’un syndrome prémenstruel selon
les études. Mais d’autres scientifiques avancent le chiffre de 90 % de
femmes atteintes, avec des variations importantes en termes de
durée et d’intensité :
– 50 % présenteraient des signes modérés ;
– 35 % auraient des symptômes suffisamment intenses pour
entraîner une perturbation dans leur vie quotidienne ;
– chez 5 à 10 % des femmes, ces symptômes seraient sévères au
point de limiter leur vie sociale ou professionnelle.
57 % des femmes souffrant d’un SPM auraient déjà eu des idées
suicidaires et 94 % se sentent anxieuses (étude WNAS, 2001).
Les symptômes du SPM

Les signes que l’on peut retrouver dans le SPM sont très
nombreux, variables selon les femmes et selon les cycles (voir les
encadrés).
Cependant, trois symptômes constituent une base que l’on
retrouve quasi systématiquement :
– Une tension au niveau des seins : une poitrine qui gonfle, des
seins douloureux ou hypersensibles.
– Une tension au niveau du ventre ou du bas-ventre : des
douleurs, une sensation de lourdeur, un ventre qui gonfle
avec parfois de la constipation et une prise de poids plus ou
moins importante.
– Une tension psychique : irritabilité, émotions à fleur de peau,
fatigue, troubles du sommeil sont les signes les plus
fréquents.

Les manifestations physiques du SPM

On peut citer pêle-mêle, avec des degrés d’intensité différentes


selon les périodes, selon les femmes ou selon certains facteurs
externes : bouffées de chaleur, troubles du transit intestinal avec des
diarrhée ou de la constipation, fatigue importante, troubles du
sommeil, maux de tête et migraines (on parle alors de migraines
cataméniales), baisse du désir sexuel, augmentation de l’appétit avec
une appétence particulière pour le sucre ou le gras selon les femmes,
des crampes abdominales liées à des contractions de l’utérus, de la
rétention d’eau et une prise de poids, un gonflement des seins qui
peuvent devenir hypersensibles.

La manifestations psychiques du SPM

Là encore, les symptômes varient en intensité et en fréquence


selon les femmes : irritabilité voire agressivité, tristesse de l’humeur
avec sentiment d’incompréhension ou de solitude, anxiété, baisse de
l’énergie et manque de motivation, troubles de l’attention et de la
concentration, humeur instable et changeante.

L’origine du syndrome prémenstruel en question

Malgré les recherches récentes sur ce sujet de santé publique, les


causes du SPM sont encore mal connues et sujettes à controverse.
Pour certains, il s’agirait même d’une pure invention légèrement
sexiste qui relierait toute émotion féminine à l’existence de ces
désordres hormonaux.
Mais pour la majorité des scientifiques (et des femmes qui en
souffrent), la réalité de l’existence du SMP ne fait guère de doute.
Dans une étude publiée en 2011, Lindsey Ossewaarde, jeune
chercheuse hollandaise, montre que le cerveau des femmes se
modifie durant le cycle menstruel : le volume de l’amygdale, zone
impliquée dans la gestion des émotions, se modifie nettement en
période prémenstruelle et serait responsable d’un état
psychologique proche de l’état de manque des toxicomanes.
Les recherches se poursuivent aujourd’hui pour comprendre les
mécanismes complexes liant cerveau, hormones, émotions et
réactions corporelles du SPM.

Qu’est-ce que le syndrome dysphorique prémenstruel ?

Chez certaines femmes, les symptômes psychiques du SPM sont


prédominants et particulièrement intenses. On parle alors de
syndrome dysphorique pré-menstruel (SDPM). Il toucherait environ 3
à 8 % des femmes (F. Bianchi-Demicheli, 2006).
Le SDPM est à l’origine d’une souffrance psychique suffisamment
intense pour perturber la vie des femmes qui en souffrent, avec des
répercussions sur leur travail, leur vie de couple, leur vie sociale.
Ces conséquences sont parfois graves : passage à l’acte agressif
sur son conjoint, ses enfants, tentatives de suicide, mais aussi arrêts
de travail à répétition mettant en danger sa carrière professionnelle,
ruptures affectives à répétition par incompréhension de
l’entourage…
Les recherches scientifiques les plus récentes s’orientent vers une
implication de la sérotonine dont la concentration baisserait pendant
la deuxième phase du cycle sans que l’on en comprenne encore les
raisons.

Les solutions contre le SPM

Le SPM n’est pas une fatalité. Modifier quelques habitudes et


améliorer son hygiène de vie peuvent permettre de limiter l’intensité
des symptômes du syndrome prémenstruel et le rendre de fait plus
supportable.
Sachez que des solutions existent, médicales et non médicales, et
que nous ne devrions plus rester seules face à ce syndrome qui peut
nous gâcher la vie jusqu’à 10 jours par mois !

Faire de l’exercice physique. S’il est bien une chose qui n’est plus
à démontrer aujourd’hui, ce sont les bienfaits du sport tant sur la
santé physique que mentale ou émotionnelle.
Yoga, marche rapide, natation sont des activités particulièrement
recommandées car elles sont douces et ne sursollicitent pas le
corps, tout en ayant les mêmes effets bénéfiques. La pratique d’une
activité physique stimule la production de nombreux
neuromédiateurs dans le cerveau, notamment d’endorphines qui
aident à lutter contre les douleurs, de la sérotonine et de la
dopamine qui permettent de se sentir bien et sereine.
Par ailleurs, les dernières recherches scientifiques ont montré que
la production de bêta endorphines lors de l’activité physique agit
également directement sur les hormones de la deuxième phase du
cycle (sur la LH par l’intermédiaire de la GnRH) et modifierait ainsi le
cycle menstruel (F. Bianchi-Demicheli, 2006).
Modifier ses habitudes alimentaires. On sait aujourd’hui que toutes
les habitudes alimentaires dites pro-inflammatoires augmentent
toutes les manifestations douloureuses chroniques. Des études ont
par exemple montré l’efficacité de certains changements
alimentaires, notamment de l’augmentation de la part des sucres
lents.
Il est donc conseillé :
– D’éviter l’alcool et de réduire sa consommation d’excitants
comme la caféine.
– D’arrêter de fumer.
– De diminuer le sel, les viandes et le sucre rapide de son
alimentation.
– De diminuer sa ration calorique globale.
– D’augmenter la part des sucres lents et des fruits et légumes
dans son alimentation.
Apprendre à gérer son stress. Les manifestations physiques et
psychiques du SPM semblent très sensibles à notre état de stress.
Limiter ses angoisses diminue donc les symptômes du SPM. Pour
cela, on conseille de prendre du temps pour soi, de se faire plaisir,
de s’octroyer des moments pour faire ce que l’on aime ou
simplement pour ne rien faire. Il s’agit de prendre de la distance
avec les choses stressantes de la vie quotidienne, d’apprendre à
contrôler ce qui dépend de soi pour mieux lâcher prise sur ce qui ne
dépend pas de soi. Travail sur soi difficile, mais vraiment libérateur.
On peut s’aider par des exercices de méditation ou de respiration.
Vous trouverez sur Internet de nombreuses applications qui vous
aideront dans cette démarche. De nombreux livres existent aussi sur
ce sujet.

Et les médicaments ? On les conseille surtout pour lutter contre


les douleurs et les crampes abdominales très fréquentes dans le
SPM. La plupart du temps, votre médecin vous prescrit un anti-
inflammatoire non stéroïdien type Ibuprofène. Parfois, votre
gynécologue vous propose de prendre une contraception hormonale
en continu, de manière à ne plus du tout avoir de règles.
Dans certains cas, il est conseillé de prendre un antidépresseur en
continu ou simplement pendant la deuxième période du cycle,
notamment en cas de symptômes psychiques particulièrement
invalidants. Des études ont en effet démontré l’efficacité de certains
antidépresseurs comme la fluoxétine (PROZAC) ou la sertraline
(ZOLOFT), particulièrement en phase prémenstruelle. Des
scientifiques ont même montré qu’une seule dose de PROZAC en
phase prémenstruelle suffisait. Des spécialistes recommandent
également la prescription d’un anxiolytique spécifique, la buspirone
(Buspar), en deuxième partie du cycle.
Une supplémentation en calcium (sous la forme de carbonate de
calcium) et en magnésium aurait également des effets positifs sur la
rétention d’eau, les douleurs abdominales et certains symptômes
psychiques. Une étude a par exemple montré que la
supplémentation en calcium à la dose de 1 200 mg/j réduit les
symptômes du SPM de 48 % (Thys-Jacobs et al., 1998).

Sexualité et règles

S’il existe encore un tabou, c’est bien celui de la sexualité pendant


les règles. La représentation que les hommes mais aussi les
femmes ont des menstruations est encore loin d’être très positive, et
de nombreuses idées reçues circulent sur la question. Même les
femmes qui aiment faire l’amour pendant leurs règles n’osent guère
en parler en public.

Le sang n’est pas sale

C’est sans doute un des préjugés les plus tenaces concernant les
règles : ce serait sale et ça sentirait mauvais. Or le sang n’est pas
sale, c’est en réalité un liquide propre et aseptisé, bien plus
« propre » que la salive. Et pourtant, embrasser ne rebute pas
autant que faire l’amour pendant les règles… Luttons ensemble pour
que nos règles ne soient plus le signe de la souillure, de l’impureté,
mais simplement le signe d’un corps en bonne santé !
Faire l’amour pendant les règles

Pour toutes celles qui se posent encore la question, il n’y a


aucune contre-indication aux rapports sexuels pendant les règles.
Cette croyance nous vient des différentes religions pour lesquelles
une femme qui a ses règles (et donc qui n’est pas dans sa période
fertile) serait impure, impropre. Car faire l’amour pendant les règles,
c’est faire l’amour dans le seul but d’en retirer du plaisir, et c’est ce
plaisir que l’on voudrait enlever aux femmes.
Avoir des relations sexuelles pendant les règles peut même être
très utile pour celles d’entre nous qui ont des douleurs menstruelles.
On sait en effet que l’orgasme a un effet antalgique. Par ailleurs, le
sang des règles facilite la pénétration, ce qui peut rendre les
rapports plus agréables, notamment pour celles qui ont du mal à
lubrifier.
On peut, si on le souhaite, pour éviter de trop tacher ses draps,
avoir recours à des protections comme une éponge que l’on introduit
dans son vagin. C’est sans risque et, en général, l’homme ne s’en
rend même pas compte. On peut également garder son tampon pour
le sexe oral et l’enlever discrètement (ou pas…) pour la suite. On
peut également garder le tampon pendant la pénétration vaginale,
c’est sans aucun danger, le seul risque étant que celui-ci se loge au
fond du vagin et qu’il soit un peu difficile d’aller le chercher ensuite.
Mais là encore, rien de grave. Il suffit la plupart du temps d’attendre,
et la position debout fera naturellement redescendre le tampon.
En revanche, les risques de transmission de certaines maladies
sexuellement transmissibles sont plus élevés pendant les règles, car
il y a contact avec du sang. C’est le cas du VIH ou des hépatites B et
C. Il est donc très important de se protéger avec un préservatif si
votre partenaire n’est pas habituel.

Fausses croyances et idées reçues sur les règles

On ne peut pas tomber enceinte quand on fait l’amour


pendant les règles.
FAUX. Même si le risque est faible, il existe, notamment lors des
irrégularités de son cycle menstruel. Lorsque la phase avant
l’ovulation est raccourcie, il devient tout à fait possible de tomber
enceinte. En effet, les spermatozoïdes peuvent survivre jusqu’à 5
jours dans notre corps. C’est notamment valable pour toutes les
femmes qui ont un cycle menstruel court, de l’ordre de 20 jours.

Ne pas avoir ses règles signifie toujours qu’on est enceinte.

FAUX. Il existe de multiples situations, pathologiques ou non, dans


lesquelles les règles sont absentes. Que ce soit dans les maladies
touchant la thyroïde, chez les sportives de haut niveau, lors d’une
perte de poids importante, dans l’anorexie mentale, l’aménorrhée est
un des signes présents.

On ne peut pas utiliser de tampons avant d’avoir


eu des rapports sexuels.

FAUX, absolument faux. Il n’y a strictement aucune contre-


indication à utiliser des tampons avant d’avoir eu des rapports
vaginaux. L’introduction des tampons peut assouplir l’hymen et
rendre par la suite la première relation vaginale plus facile.

Les femmes qui prennent une contraception orale ont leurs


règles.

FAUX. Les femmes qui prennent la pilule pendant 21 jours puis


l’arrêtent 7 jours ont ce qu’on appelle une hémorragie de privation.
Même si cela ressemble à des règles, ces saignements n’en sont
pas car il n’y a pas eu d’ovulation et, par conséquent, l’utérus ne
s’est pas préparé à la nidation.

Pour en savoir plus


Élise Thiébaut, Ceci est mon sang : Petite histoire des règles,
de celles qui les ont et de ceux qui les font, La
Découverte/Poche, 2019.
Le livre à recommander à celles qui souhaitent en savoir plus sur
le sujet. Mêlant anecdotes personnelles, faits historiques,
recherches scientifiques, cet ouvrage est réellement réjouissant
malgré le sujet qui n’est pas facile.

Marie-Rose Galès, Endo & Sexo (illustrations de Morgane


Carlier), Éditions Josette Lyon, 2019.
L’auteure du blog Endométriose mon amour, elle-même atteinte
de la maladie, fait ici la synthèse de son expérience personnelle, de
son travail de recherche, des témoignages recueillis au fil du temps,
que ce soit auprès des patientes ou des professionnels.

Delphine Lhuillery, Éric Petit, Éric Sauvanet, Tout sur


l’endométriose : Soulager la douleur, soigner la maladie, Odile
Jacob, 2019.
À la fois scientifique et accessible, ce livre très complet a pour
vocation de répondre à toutes les questions que vous vous posez
sur cette maladie, avec l’accent mis sur la prise en charge de la
douleur. À recommander pour toutes les patientes atteintes
d’endométriose.

EndoFrance, site Internet sur l’endométriose.


C’est l’association française de lutte contre l’endométriose, dont le
but est de vulgariser les informations, d’aider les femmes à être
prises en charge, de lutter contre les idées reçues et les fausses
croyances. https://www.endofrance.org

À écouter : Rouge comme les règles réalisé par Nathalie


Battus, produit par Juliette Boutillier, 2017.
Il s’agit d’un podcast réalisé par France Culture sur l’histoire et la
place des règles dans la société contemporaine. De nombreux
témoignages de femmes de divers horizons, sociologues,
historiennes, militantes. 4 épisodes de 55 minutes en libre écoute
sur franceculture.fr.

À voir : 28 jours, documentaire écrit et réalisé par Angèle


Marrey, 2018.
De nombreux thèmes sont abordés dans ce documentaire de
30 minutes réalisé par trois jeunes journalistes. À voir sans
hésitation. Disponible en libre accès sur YouTube.
Les femmes et leurs poils
Poils disgracieux, superflus, revendication d’une pilosité
naturelle plus récemment : la question des poils revient sans cesse
dans les conversations féminines. Le marché de l’épilation est en
pleine expansion. À la cire, au rasoir, à la crème dépilatoire, épilation
définitive ou pas : les femmes cherchent à enlever leurs poils,
auraient aimé ne pas en avoir, elles les chassent, pince à épiler à la
main, à l’affût du moindre petit poil qui dépasse. On peut même en
avoir honte lorsque c’est sur le visage qu’ils apparaissent. Mais
comment en est-on arrivé là ? Pourquoi le poil est-il devenu
synonyme d’ennemi à abattre ?
Il faut remonter dans l’histoire pour comprendre le rapport de la
femme à sa pilosité, notamment à ses poils pubiens.
La pratique de l’épilation est en réalité une coutume très ancienne.
À l’époque de la Grèce antique, déjà, les poils, symbole masculin,
étaient épilés à la cire dans les gynécées. Et on retrouve cette
pratique tout au long de l’histoire. Tantôt considérée comme sale,
tantôt comme trop virile, tantôt comme une négligence de la femme
envers son hygiène, ou encore comme une marque de civilisation, la
pilosité renvoie l’homme et la femme à leur côté animal.

Pourquoi des poils ?

Les poils poussent, c’est une question de physiologie, chez les


femmes comme chez les hommes. Seule leur disposition finale fait
la véritable différence. Au cours de l’évolution humaine, les poils
étaient là pour nous protéger des températures trop froides ou trop
chaudes et former une barrière naturelle pour préserver la peau des
agressions extérieures.
À l’adolescence, sous l’influence de la poussée hormonale, les
poils apparaissent au niveau du pubis et des aisselles. De petite fille,
on devient femme. Les poils marquent donc l’entrée dans la vie
d’adulte, ils sont synonymes de maturité, ils disent ceci : « Mon
corps n’est plus celui d’une petite fille, mais celui d’une femme, et en
tant que femme, je deviens désirable, je deviens source d’excitation
pour les hommes. » Est-ce la raison pour laquelle on souhaite autant
les enlever ? De manière paradoxale ? Pour ne pas être trop
désirable ? Ou parce que les hommes auraient peur de la femme ?
D’une femme trop femme ? Dans tous les cas, la toison pubienne
est à la fois source de fascination et de dégoût.
Car dans l’imaginaire collectif, la pilosité est synonyme de saleté,
de mauvaise hygiène. Une femme qui ne s’épile pas serait une
femme qui ne prend pas soin de son corps. Le raccourci est fait :
une femme non épilée ne serait pas féminine ou refuserait le féminin
en elle.
La pression de la société est telle qu’aujourd’hui les femmes ont
intégré l’idée que ne pas voir de poil est naturel, et donc que
l’épilation est la norme. Celles qui les gardent, notamment pendant
les mois d’hiver où le corps est facilement caché, le font en douce,
sans rien en dire, parfois avec le sentiment de honte de se laisser un
peu aller.
Mais le pire est sans doute lié à la pilosité faciale. Des poils au-
dessus de la lèvre, des poils au menton ou sur les joues, parfois
dans le cou ou sur le décolleté, des localisations pourtant très
fréquentes chez les femmes, mais encore terriblement taboues. Trop
nombreuses sont celles qui n’osent en parler à personne, encore
moins à un professionnel. Pourtant, des solutions existent,
notamment depuis l’apparition de l’épilation définitive.
La pilosité féminine a de tout temps été une source de débat. Les
corps féminins ont longtemps été représentés sans poils,
parfaitement lisses et imberbes, symboles de la pureté féminine.
Lorsque Gustave Courbet peint en 1866 une femme jambes
ouvertes à la toison pubienne fournie, c’est le scandale (L’Origine du
Monde, musée d’Orsay, Paris).

Petite physiologie du poil


Les poils apparaissent à l’adolescence, plus ou moins tard selon
les femmes, 4 à 6 mois après le début du développement des seins.
Leur quantité, leur couleur, leur implantation sont déterminées par la
génétique, héritage familial donc, et leur développement est ensuite
influencé par les hormones (R. Paus, 1999). Environ 5 millions de
follicules pileux sont présents dès la naissance, et ce sont eux qui
donnent leurs caractéristiques aux poils adultes, y compris pour les
poils dits génitaux, dont la forme en triangle pointant vers le bas est
caractéristique du sexe féminin.
Son parfum est en grande partie liée aux sécrétions des glandes
sudoripares et sébacées présentes au niveau de la vulve, là où se
situent les poils. Mais la suppression des poils n’enlève pas les
glandes et n’aura donc aucun effet sur les odeurs. Et il ne faut pas
confondre, comme certaines le font trop souvent, odeur et saleté.
L’odorat a un rôle dans la sexualité humaine même s’il est minime
en comparaison avec certains animaux. En effet, la transpiration
augmente lors de la phase d’excitation sexuelle, les odeurs aussi, ce
qui aurait notamment pour but d’augmenter le désir de notre
partenaire. Sentir et goûter sont des composants indispensables de
la communication sensorielle entre deux êtres humains, et ce serait
vraiment dommage de s’en passer sous prétexte de dégoût mal
placé. L’odeur fait partie des éléments importants dans l’alchimie
amoureuse des corps.

Les poils et la sexualité

De tous les poils, ce sont sans aucun doute les poils pubiens qui
provoquent le plus de dégoût, mais aussi de fascination honteuse.
Pendant longtemps, les poils du pubis étaient censurés dans la
peinture. Un sexe féminin non poilu, tout lisse, était alors considéré
comme non obscène, en tout cas, n’incitant pas à la débauche. La
représentation des poils sera interdite en France dans les
magazines jusqu’en 1960 !
La pornographie prend ensuite le relais, imposant un corps
féminin totalement épilé, l’épilation intégrale, des corps lisses et
standardisés, de gros seins, des cheveux longs, des culs fermes et
rebondis.
Dans les faits, aujourd’hui encore, la pilosité génitale reste source
de dégoût pour de nombreuses femmes. Les demandes d’épilation
intégrales sont de plus en plus fréquentes dans les centres
d’épilation. Selon les dernières enquêtes, 45 % des jeunes femmes
de moins de 25 ans s’épilent entièrement (enquête IFOP pour
TUKIF, 2014) et seulement 15 % des femmes ont conservé leur
pilosité naturelle, tous âges confondus. Selon cette même enquête,
les femmes ayant choisi l’épilation intégrale ont une vie sexuelle plus
intense, plus diversifiée et regardent également plus de
pornographie (41 % des femmes qui regardent du porno choisissent
l’épilation intégrale contre seulement 4 % chez celles qui ne
regardent jamais de porno). Cela met en lumière l’impact
fondamental de la pornographie et de la représentation de la femme
dans le milieu du X.
Pourtant, ces dernières années, les choses semblent évoluer. Des
voix s’élèvent, timides mais de plus en plus fréquentes, contre le
diktat de l’épilation. Des actrices, des chanteuses, à l’instar de Miley
Cirus, n’hésitent plus à montrer leurs aisselles poilues. En 2017,
Adidas met en scène une femme aux jambes poilues dans une de
ses pubs. Déjà il y a 30 ans, Madonna se photographiait avec une
toison pubienne abondante, scandale à l’époque. Des comptes
Instagram ou des chaînes YouTube éclosent pour dénoncer
l’hégémonie du corps imberbe et prôner le retour au naturel.

Les raisons qui poussent les femmes


à s’épiler
• Selon une étude belge portant sur une population de
4 222 femmes âgées de 15 ans ou plus :
• Dans 75 % des cas parce que c’est plus confortable pour le
partenaire, notamment pour la pratique du cunnilingus ;
• Pour 67 % des femmes, c’est pour se sentir plus féminine ;
• Pour 63 %, pour se sentir douce ;
• Pour 62 % parce que ça plaît à leur partenaire.

Quelques chiffres
Source : enquête IFOP/ELLE de janvier 2019 sur un échantillon de
1 007 femmes âgées de 18 ans et plus, représentatif de la population
française.
24 % des femmes ne s’épilent pas le sexe, proportion qui monte à
52 % chez les femmes de plus de 65 ans ;
7 % des jeunes femmes de 25 à 34 ans ne s’épilent pas ;
44 % des femmes s’épilent sans enlever les poils des grandes
lèvres ;
22 % font le maillot intégral, 54 % chez les jeunes femmes âgées
de 18 à 24 ans, 48 % chez celles qui sont en couple depuis moins de
3 ans et 32 % chez celles qui regardent souvent de la pornographie.

Les poils sur les seins, encore un tabou ?

Il n’est pas rare de voir une dizaine de poils apparaître autour du


mamelon lors de la puberté. La présence de poils sur les seins est
un sujet difficile à aborder, et nombreuses sont les femmes,
honteuses, qui les enlèvent sans jamais oser évoquer le sujet. Il faut
donc rappeler ici que c’est un phénomène normal et naturel. Ils
peuvent être épilés, à la pince par exemple, en prenant soin de bien
enlever le follicule pileux, au risque de les voir repousser plus drus.
Mais ce n’est évidemment pas une obligation.

Pour en savoir plus

Jean Feixas, Emmanuel Pierrat, Les Petits Cheveux : Histoire


non convenue de la pilosité féminine, La Musardine, 2017.
Les auteurs retracent, dans une compilation d’extraits de livres, de
photos et de textes toute l’histoire de la pilosité féminine.

Marie-France Auzépy, Joël Cornette, Histoire du poil, Belin,


2017.
Dans ce livre très documenté, les auteurs, historiens de formation,
reviennent sur l’histoire du poil à « travers les époques, les
civilisations et les continents ». Ouvrage très intéressant, sérieux et
passionnant.

Stéphane Rose, Défense du poil, La Musardine, 2011.


Stéphane Rose, journaliste et écrivain, livre ici un essai qui tente
de réhabiliter le pouvoir érotique du poil. « À la croisée de l’enquête
journalistique, de l’éloge érotique du poil et du pamphlet sans
concession, son livre se veut un plaidoyer pour la réimplantation des
poils pubiens dans les petites culottes. » Un ouvrage à mettre entre
toutes les mains, accessible à toutes, décomplexé, pour les femmes
qui souhaitent reprendre possession de leur corps.
Les zones érogènes de la femme
On appelle zone érogène un endroit de notre corps dont la
stimulation, les caresses ou tout autre type de toucher entraîne une
sensation de plaisir, que l’on interprète comme érotique en fonction
de son histoire, du rapport à son corps et aussi du contexte. Le
plaisir et la valeur érotique du geste ne sont en effet pas les mêmes
si la caresse a lieu dans l’intimité de sa chambre à coucher plutôt
qu’en public.
Une zone est dite érogène primaire si sa stimulation peut mener à
l’orgasme. La stimulation des zones dites érogènes secondaires
prépare le corps à l’excitation sexuelle, le met en tension et active
l’excitation des zones érogènes primaires, qui prennent ensuite le
relais pour mener à l’orgasme.
C’est dire l’importance de connaître – et de faire connaître – les
nombreuses zones érogènes du corps féminin, dont les caresses
sont indispensables à la physiologie du plaisir de la femme.

Vous trouverez une illustration des zones érogènes de la femme


dans le cahier central.

Comment ça fonctionne ?

Les zones érogènes sont stimulées par le toucher : les caresses,


la pression, les vibrations.
Ces stimulations activent les terminaisons nerveuses de la peau
ou des muqueuses dans le cas du gland du clitoris ou du vagin, qui
activent elles-mêmes les zones du cerveau spécialisées dans le
plaisir sexuel.
Un type de fibres nerveuses a un rôle particulièrement important
dans le fonctionnement des zones érogènes. Il s’agit des fibres C-
tactiles spécialisées dans le contact avec l’autre et reliées aux zones
cérébrales spécialisées dans les émotions positives (Olausson,
2018). Plus lentes que les autres types de fibres, elles procurent
cependant une sensation plus diffuse de détente et de bien-être.
Caresser son partenaire provoque chez lui des émotions positives ;
à son tour, il recherche le contact et favorise finalement le lien
affectif.
L’intensité du désir semble aussi jouer un rôle dans l’activation des
zones érogènes. En effet, il semblerait que plus on a envie de faire
l’amour, plus les zones érogènes sont étendues (Nummenmaa et al.,
2016).

Les zones érogènes dites primaires

Seuls le clitoris et le vagin sont considérés comme des zones


érogènes primaires, puisque leur stimulation est capable de nous
faire grimper au septième ciel. Ce sont les zones de notre corps les
plus riches en récepteurs spécialisés dans la volupté et les plus
sensibles au toucher.

Le clitoris

La zone la plus sensible du clitoris est son gland, le petit bouton


que nous pouvons sentir juste au-dessous de notre mont de Vénus,
parfois caché par son capuchon. Comme nous l’avons vu, le gland
est très riche en terminaisons nerveuses spécialisées dans la
sensation de plaisir érogène, en contact avec des récepteurs tout
autant spécialisés dit corpuscules de volupté (ici volupté est
synonyme de jouissance). Le capuchon est également assez
sensible mais n’est pas considéré comme une zone érogène
primaire.

Comment stimuler son clitoris


On peut le faire de façon directe, avec ses doigts, mais aussi avec
la bouche, la langue, à travers un tissu, avec douceur, avec
beaucoup de délicatesse, en ayant pris soin d’humidifier auparavant
la zone, car le gland du clitoris est très, très sensible, encore plus
que le gland du pénis. On peut le faire aussi à travers le capuchon
(c’est-à-dire au travers de la peau qui recouvre en partie le gland)
lorsqu’on utilise un vibromasseur.
On peut faire des mouvements rapides de va-et-vient, on peut le
stimuler en décrivant des ronds, le rythme sera alors le plus régulier
possible, on peut exercer des pressions plus ou moins fortes ; enfin,
le clitoris est aussi très réceptif aux vibrations (d’où l’utilité des
vibromasseurs pour s’exercer).
Le clitoris est excessivement sensible à la régularité de
stimulation, tant dans le rythme de la caresse que dans la pression.
C’est un fait important à savoir pour guider au mieux son partenaire.

Chaque mode de stimulation a ses avantages et ses


inconvénients. La vibration du vibromasseur permet de mener
rapidement à l’orgasme, mais elle a le désavantage d’être peu
reproductible par le partenaire et peut même être considérée comme
insupportable par certaines femmes.
La langue ou la bouche sont toujours douces et le plus souvent
délicates, mais plus vite fatigables que les doigts ; il arrive ainsi trop
souvent que la stimulation cesse avant la montée du plaisir.
Les doigts sont des partenaires de choix pour la stimulation
clitoridienne, mais certaines sont intimidées de les utiliser, ne savent
pas comment s’y prendre, ne savent pas non plus guider leur
partenaire, et n’y prennent alors aucun plaisir.

Le vagin

Le pouvoir érogène du vagin n’est pas donné d’emblée à la


femme. Nombre d’entre elles n’ont en effet pas d’orgasme lors de la
pénétration vaginale, même si elles ressentent beaucoup de plaisir.
Ce plaisir est alors beaucoup plus lié au sentiment de plénitude, de
fusion des corps, qu’à une véritable stimulation du vagin.
Pourtant, le pouvoir érogène du vagin existe et mérite
certainement d’être découvert. Il nécessite cependant travail et
persévérance, curiosité et envie. La capacité à ressentir du plaisir
lors de la stimulation vaginale est notamment liée à la stimulation de
la paroi antérieure du vagin, le seul endroit où l’on retrouve des
récepteurs au plaisir. C’est le fameux point G. Nous verrons dans le
chapitre sur la sexualité vaginale comment apprendre à avoir du
plaisir lors de la pénétration.
L’orgasme lors de la pénétration vaginale peut également être
obtenu par la stimulation du col de l’utérus. Cette stimulation est
connue pour donner une dimension plus viscérale et plus profonde à
l’orgasme. Nous reparlerons de tout cela plus en détail dans le
chapitre consacré à la sexualité vaginale.

Les zones érogènes secondaires

La caresse de nombreuses parties du corps des femmes procure


un immense plaisir et participe à la jouissance sexuelle.
Les zones érogènes de la femme sont plus développées que
celles des hommes, en général.

É È
LES ZONES ÉROGÈNES DE LA FEMME

Les seins

Pouvoir érotique, pouvoir érogène, les seins ne sont pas en reste


pour nous donner du plaisir. Comme nous l’avons déjà vu, mais il est
bon de le rappeler ici, les seins, et particulièrement les mamelons,
augmentent le plaisir chez 80 % des femmes (Levin et Meston,
2006). Selon une étude parue en 2013, les femmes évaluent le
pouvoir érogène des seins juste un peu inférieur à la zone génitale
et orale (Turnbull et al., 2013).
En cause, les circuits neuronaux qui partent des mamelons et qui
rejoignent les mêmes zones du cerveau que celles qui sont reliées
au clitoris (Komisaruk, 2011). En clair, la stimulation érotique d’un
mamelon active la même zone du cerveau que la stimulation du
clitoris.
Pourtant, certaines femmes ne sont pas sensibles des mamelons
et d’autres détestent qu’on leur touche les seins. L’érotisation de la
poitrine nécessite une image positive de son corps, et en particulier
de ses seins. Des remarques désobligeantes, des regards trop
insistants de la part de certains hommes, un tabou familial sur la
sexualité peuvent nous amener à avoir honte de nos seins, à vouloir
les cacher au lieu d’en être fière. Alors, se laisser aller au plaisir des
caresses, de la succion des mamelons, des légers mordillements
sera plus difficile et nous aurons beaucoup de mal à accéder à la
jouissance liée à cette délicieuse partie du corps féminin.

Un pouvoir à dimension variable

Le caractère érogène de ces zones varie en fonction de chaque


femme, de son histoire, de l’apprentissage de la sexualité au
moment de l’adolescence, des premières expériences sexuelles, de
son rapport au corps et à la sexualité en général. Mieux on se sent
dans son corps, plus nos zones érogènes sont développées.
On peut citer pêle-mêle le lobe de l’oreille, la nuque, le cou,
l’intérieur des genoux, les fesses et le bas du dos, mais aussi la
bouche ou l’intérieur des cuisses, endroit où la peau est
particulièrement fine et très sensible, à réserver donc à la touche
finale lors des préliminaires…
La question de la sensibilité de la zone anale est souvent
évoquée. L’anus est en effet une zone érogène à part entière, car
c’est une zone à la peau fine et sensible, riche en terminaisons
nerveuses. Mais pour qu’elle soit ressentie comme érogène, cela
nécessite de s’être débarrassée d’un certain nombre de facteurs
négatifs comme la peur, le dégoût ou la gêne.

Dans notre vulve

Les petites lèvres, et toute la région située entre les petites lèvres,
sont très sensibles au toucher léger, à la délicate caresse des doigts
ou de la bouche.
Les grandes lèvres sont plus réceptives à la pression et un peu
moins au toucher léger.
L’entrée du vagin est également très sensible aux caresses.
Les zones anale et périanale, situées entre l’entrée du vagin et
l’anus, sont également riches en terminaisons nerveuses
spécialisées dans le plaisir, et leur stimulation ne devrait plus être
oubliée du plaisir féminin, si tant est que l’on en a envie, bien sûr !
Rien d’obligatoire, car tout est question de désir et de goût, on ne le
redira jamais assez.

Du plus vers le moins : la classification des zones érogènes


des femmes

En 2013, l’équipe du Pr Oliver Turnbull de l’université de Bangor, au


Royaume-Uni, a interrogé 500 femmes en leur demandant de classer
leurs zones corporelles de la plus à la moins érogène sur une échelle
de 0 à 10.
Sans surprise, ce sont le clitoris (9,17) et le vagin (8,4) qui arrivent
en tête, suivis de près par la bouche (7,91), la nuque (7,51) et les
seins (7,35). En fin de liste, on retrouve les pieds (1,32) mais aussi les
mollets (0,57) ou les chevilles (0,54).

Moins de zones érogènes lors de la masturbation

Les zones érogènes sont moins sensibles lorsque la stimulation


est faite par soi-même plutôt que par quelqu’un d’autre. C’est en
effet ce qui ressort de l’étude de Lauri Nummenmaa, psychologue
finlandais, réalisée en 2016 sur 528 femmes volontaires.
Lors de la masturbation, les zones érogènes sont quatre fois
moins étendues qu’avec un partenaire et plutôt concentrées vers le
haut du corps. Dans cette étude, en effet, les zones érogènes
représentaient 26 % du corps quand l’excitation provient du
partenaire et seulement 6,3 % lors de la masturbation.
D’après les auteurs, cette particularité tiendrait au fait que notre
cerveau passe son temps à atténuer les sensations de nos propres
mouvements afin de ne pas se sentir assailli d’informations. C’est
d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il n’est pas possible de se
chatouiller soi-même.

Pour en savoir plus

Gérard Leleu, Ode au clitoris : Le mode d’emploi sans tabou


des plus exquises caresses pour les femmes, LEDUC. S, 2016.
Gérard Leleu, médecin sexologue, est l’auteur de nombreux
ouvrages à succès sur la sexualité féminine. Il livre ici, dans son
langage si particulier, à la fois poétique et technique, les meilleures
façons de faire pour caresser le clitoris et accéder à la jouissance.
Des conseils pour les femmes, certes, mais aussi pour les hommes
qui souhaitent donner plus de plaisir à leur femme. Je vous conseille
en particulier le chapitre 15 : Pratique de l’érotisation du vagin.
Frédéric Ploton, Zones érogènes : Mode d’emploi, Éditions
Jouvence, 2008.
Journaliste et écrivain, Frédéric Ploton vous fait découvrir dans ce
court ouvrage l’essentiel sur les zones érogènes. Instructif et facile
d’accès pour toutes celles qui veulent en savoir plus.
La pratique de la masturbation
Se toucher, se tripoter, se caresser le velours, se taquiner le
bouton ou encore se faire pleurer la madeleine, autoérotisme ou
encore onanisme, autant de mots et d’expressions plus ou moins
imagés pour désigner cet acte le plus souvent solitaire qu’est la
masturbation.
Selon le Robert, se masturber est l’acte de « provoquer le plaisir
sexuel par des contacts manuels ». Il s’agit surtout d’une pratique
fondamentale dans l’apprentissage de la sexualité, une pratique
innée que l’on peut observer dès le stade fœtal, même si ce n’est
qu’à l’adolescence qu’elle prend tout son sens.
La masturbation est également une façon de mieux connaître le
fonctionnement de son corps et plus particulièrement de son sexe,
une étape quasiment indispensable pour enrichir sa sexualité et
atteindre l’orgasme.
Longtemps taboue, accusée des pires maux, elle est aujourd’hui
de plus en plus acceptée et pratiquée, que ce soit en solitaire ou
dans les couples pour le bonheur et le plaisir des femmes.

La masturbation féminine en chiffres

Selon une des dernières études, parue en 2019 (étude


IFOP/ELLE sur un échantillon de 1 007 femmes âgées de plus de
18 ans), 76 % des femmes se sont masturbées au moins une fois
dans leur vie. L’évolution est notable puisque nous n’étions que
19 % en 1970 (Rapport Simon), 42 % en 1992 (étude ANRS) et
60 % en 2006 (Bajos et al., 2008).
Mais c’est encore loin des hommes, puisqu’ils sont aujourd’hui
95 % à s’être masturbés au moins une fois dans leur vie. Les écarts
sont encore plus importants quand on se penche sur la fréquence de
la masturbation : seulement 13 % des femmes se masturbent au
moins une fois par semaine, contre 42 % des hommes, et 30 % des
femmes se masturbent une fois par mois, contre 60 % des hommes
(étude IFOP/Le plaisir féminin de 2017).
Les femmes qui se masturbent le plus ne sont pas forcément
célibataires, contrairement à une idée répandue qui voudrait que la
masturbation soit un succédané à la sexualité de couple. En réalité,
c’est plutôt l’âge de la femme et l’âge du couple qui sont des
facteurs déterminants de la fréquence de la masturbation. Plus une
femme est jeune et plus son couple est récent, plus elle se
masturbe.

L’utilisation de sex-toys est de plus en plus fréquente. Autre chiffre


intéressant, 36 % des femmes ont déjà utilisé un sex-toy pour se
masturber, mais cette utilisation est loin d’être systématique
(seulement 15 % ont utilisé un sex-toy la dernière fois où elles se
sont masturbées), les femmes préférant largement leurs doigts aux
objets qui leur paraissent trop impersonnels.

Un orgasme éclair. Enfin, la question de l’obtention de l’orgasme


grâce à la masturbation est souvent abordée en consultation. La
plupart des femmes s’étonnent de la facilité de jouir lorsqu’elles sont
seules alors que c’est si compliqué dans la relation à deux. L’étude
de Brenot en 2011 confirme ces propos. Sur les 68 % des femmes
qui se sont déjà masturbées, 86 % ont atteint l’orgasme grâce à la
masturbation dont :
– 8 % en moins de 1 minute ;
– 54 % en moins de 5 minutes ;
– 20 % en 5 à 15 minutes ;
– 4 % en plus de 15 minutes.
Souvent, les femmes que je rencontre me demandent pourquoi
c’est plus facile seule qu’à deux. Pourquoi c’est si lent à venir quand
c’est l’homme qui est à la manœuvre. Sans remettre en cause les
compétences des hommes, on peut dire que la femme a besoin de
concentration et de recentrage pour accéder au plaisir, besoin d’être
à l’écoute de ses sensations, de son corps, et que c’est beaucoup
plus facile seule qu’à deux. Il faudrait apprendre aux femmes un peu
plus d’égoïsme, au moins en matière de sexualité.
Tous ces chiffres montrent bien sûr que la masturbation s’est
banalisée, mais des progrès sont encore possibles. Libérer
l’autoérotisme féminin, c’est avant tout apprendre aux femmes à ne
plus avoir peur de leur sexe, à ne plus éprouver de dégoût ni de
honte, sentiments que l’on retrouve bien trop souvent dans le
discours des femmes qui n’aiment pas se masturber.

L’autoérotisme encore tabou ?

Considérée comme un péché mortel pendant des siècles de


répression religieuse, accusée des pires maux par la médecine,
source de neurasthénie, d’hystérie chez les femmes, de cécité chez
les hommes, de dépression ou d’angoisses, la masturbation n’a
jamais laissé indifférent.
Les femmes ont rapidement compris que, si elles se masturbaient,
il était préférable de le cacher plutôt que de subir les foudres de la
médecine, de l’Église, mais aussi des hommes…
En 1970, elles étaient seulement 19 % à avouer s’être masturbées
au moins une fois dans leur vie. Se masturber était alors considéré
comme l’apanage des hommes, une pratique donc trop masculine
pour être totalement assumée par les femmes. Mais on peut aussi
relier ce tabou de la masturbation à la difficulté pour les femmes
d’associer plaisir et sexualité, ou en tout cas, à se passer des
hommes comme source de leur plaisir. Car qui dit masturbation dit
capacité à se procurer du plaisir soi-même. Pour certains auteurs
(André Béjin par exemple, sociologue et historien au CNRS), les
femmes auraient du mal à parler de masturbation car cela les
renverrait trop à l’idée d’un célibat forcé, d’une absence de féminité
qui rendrait inapte à une relation de couple, à une solitude imposée,
pauvre malheureuse qui n’aurait que sa main pour pallier l’absence
de l’homme.
Heureusement, les représentations changent, la société évolue et
les discours sur la masturbation se font de moins en moins
moralisateurs. À la télévision, dans les films, dans les séries, dans
les magazines, mais aussi dans des blogs spécialisés, des chaînes
YouTube consacrées entièrement à la sexualité, la masturbation se
démocratise. Se masturber devient peu à peu un acte aussi
« normal » que faire l’amour. Les écrivains en parlent dans leurs
livres, les chanteurs dans leurs chansons. À l’exemple de Nicki Minaj
et Beyoncé dans Feeling Myself, de Lady Gaga dans Sexxx Dreams
ou encore de Britney Spears avec Touch of My Hand.
Si la masturbation se pratique aujourd’hui davantage, persistent
encore des réticences à évoquer ce sujet, par honte, par peur, par
pudeur. C’est ce que je constate régulièrement en consultation, mais
pas seulement. En effet, 46 % d’entre nous n’osent pas en parler à
une amie proche, et 94 % n’ont jamais évoqué le sujet avec leur
médecin. Nous ne sommes que 50 % à avoir osé en parler dans
notre couple. Il semblerait donc que ce soit plus facile à aborder
avec son partenaire qu’avec ses copines. Nous savons toutes que
les hommes se masturbent, que pour eux, c’est un truc normal, qu’ils
ne s’en cachent pas, et de ce fait, il devient moins tabou d’évoquer
ce sujet avec eux.

Encourager la masturbation des femmes, c’est leur permettre


d’améliorer leur vie sexuelle et leur épanouissement. En effet, moins
la masturbation est taboue pour une femme, plus sa vie sexuelle est
satisfaisante et plus ses relations sexuelles sont fréquentes. Les
études montrent bien qu’il y a un lien entre masturbation et vie
sexuelle heureuse, contrairement à une idée reçue qui voudrait que
seules les frustrées se masturbent.

Pourquoi se masturber ?

Se masturber, seule ou à deux, c’est d’abord le signe que l’on est


à la recherche de plaisir dans sa vie sexuelle, que l’on ne se soumet
pas seulement à une obligation, un devoir, à la volonté de faire
plaisir à l’autre sans prendre en compte son propre plaisir. Cela veut
aussi dire que la femme accepte que son plaisir ne dépende plus
uniquement de l’homme, ce qui peut faire de la masturbation le
symbole de la conquête de l’indépendance féminine, et c’est peut-
être une des raisons pour lesquelles elle reste aussi taboue.

Se masturber est la seule manière d’apprendre comment notre


corps fonctionne en termes de ressentis, de sensations, de
jouissance. C’est aussi une façon de découvrir ses zones érogènes,
d’avoir des orgasmes à coup sûr, d’assouvir ses fantasmes les plus
secrets, avec ce sentiment de liberté totale que procure la solitude
de son intimité. C’est la forme la plus courante, la plus simple, la
plus pratiquée également de notre sexualité humaine,
principalement pour les hommes, même si cela devrait l’être aussi
pour les femmes.
Pour toutes celles qui hésitent encore sur les bienfaits de la
masturbation, citons les résultats d’une étude parue en 2000, portant
sur 2 600 Américaines et explicitant pourquoi les femmes se
masturbent :
– Parce que c’est agréable pour 86 % d’entre elles.
– Parce qu’elles en ressentent le besoin physique pour 82 %.
– Pour avoir un ou plusieurs orgasmes pour 64 %.
– Parce qu’un partenaire n’est pas disponible pour 48 %.
– Pour se détendre pour 39 %.
– Pour favoriser le sommeil pour 32 %.
– Pour soulager une frustration qui persiste après un rapport
sexuel pour 15 %.
– Parce qu’elles s’ennuient pour 11 %.
– Pour soulager leurs douleurs menstruelles pour 9 %.
Se masturber a donc de multiples avantages, dont nous n’avons
pas toujours conscience, que ce soit au niveau physique (état de
détente après l’orgasme, effet antidouleur en cas de crampes
pelviennes) ou au niveau psychique (amélioration de l’irritabilité, du
sommeil, satisfaction des pulsions, des fantasmes, de l’excitation
sexuelle).
La masturbation au cours de la vie

Les premières expériences de masturbation ont lieu durant la


grossesse. On a pu observer grâce à l’échographie des fœtus se
caresser la région génitale avec leur main, et cela dès la
26e semaine de grossesse. Selon une étude parue en 1995, 70 %
des échographistes seraient témoins de l’activité autoérotique du
fœtus (Brenot et al., 1995).
L’année d’après, c’est une équipe italienne qui a décrit un fœtus
fille de 32 semaines en train de se caresser le clitoris et la vulve
avec sa main. Cela a duré plusieurs minutes. Ils ont noté à ce
moment-là des mouvements rapides du bassin et des jambes, puis
des secousses tonico-cloniques de l’ensemble du corps (Giorgi et
al., 1996). Cet ensemble de réactions ressemble fort à celles que
l’on décrit lors de l’orgasme.
Ce n’est donc pas un phénomène isolé, mais bien une activité
reconnue dès la vie intra-utérine.
Les études et les observations sont nombreuses concernant les
activités masturbatoires du bébé. Avant l’âge de 6 mois, le bébé se
masturbe non pas avec ses mains, mais par des mouvements de
serrage des cuisses ou par des frottements, accompagnés de sueur
ou d’hyperventilation. Les mouvements sont tels qu’ils peuvent être
confondus avec une crise d’épilepsie. Une analyse des
comportements grâce à la vidéo permet en général de faire la
différence (Nechey et al., 2004). Ces phénomènes d’autostimulation
masturbatoires semblent disparaître spontanément vers l’âge de
2 ans (Mohammed M. Jan et al., 2013). Cependant, ces types de
manifestations ne semblent pas très fréquents, mais les études
manquent encore pour quantifier réellement leur fréquence.
Après 6 mois et plus souvent vers l’âge de 10-12 mois, la petite
fille part à l’exploration de son intimité avec sa main. Au départ, c’est
plutôt par hasard que sa main, à hauteur de son sexe, viendra le
toucher et provoquera une sensation de plaisir. C’est la volonté de
reproduire ce plaisir ressenti qui pousse alors le bébé à y revenir.
Ce type de comportements masturbatoires chez les petites filles
est donc habituel et tout à fait normal. L’Organisation mondiale de la
santé l’a même noté noir sur blanc dans son rapport de 2011, intitulé
Standards pour l’éducation sexuelle en Europe (disponible en ligne
sur Internet).
Il est désormais reconnu que le « développement sexuel des êtres
humains commence in utero et se poursuit durant toute la vie »
(OMS).
Chez la petite fille, l’exploration de l’intimité se poursuit, se
développe. C’est aussi le moment des jeux sexuels avec d’autres
enfants du même âge, avec le très connu jeu du docteur, entre
autres.
C’est aussi l’époque de la découverte de la différence des sexes,
de la curiosité du corps de l’autre, des questions incessantes, la
phase du pourquoi et du comment, avec notamment : comment on
fait des bébés ?
Il n’est pas rare que les petites filles aiment se montrer nues
devant leurs parents, comportement qui diminue ensuite vers l’âge
de 4-5 ans avec l’apprentissage de la pudeur et des règles sociales.
Les enfants comprennent rapidement que toutes les questions
autour de la sexualité ou leurs comportements autoérotiques
suscitent de la gêne chez leurs parents, voire de la réprobation. Et
vers l’âge de 6 ans, ce sont aux enfants de leur âge qu’ils posent
leurs questions.

Un peu plus tard, généralement entre 7 et 9 ans, les enfants sont


beaucoup plus pudiques, les questions sur la sexualité deviennent
gênantes pour eux. Ils n’osent plus se montrer nus. Les petites filles
mettent plus de distance avec les garçons de leur âge.
Dès la prépuberté, les jeunes filles commencent à s’intéresser à la
sexualité sous sa forme adulte. C’est le début des grands
chambardements hormonaux, de l’apparition des règles, des seins
qui poussent. Leurs sources d’information seront alors plutôt les
discussions entre filles, mais aussi Internet, la télévision, les films…
À la puberté, la masturbation devient un moyen d’explorer sa
sexualité, mais aussi d’apaiser les tensions à cet âge dominé par les
pulsions. C’est à cette époque qu’apparaît la recherche de l’orgasme
lors des caresses intimes.
Dans l’enquête de Julia Pietri portant sur 6 000 femmes, la
première expérience de masturbation a lieu entre 10 et 15 ans pour
38 % d’entre nous et 15 et 20 ans pour environ 23 %. Mais pour
17 % des femmes, elle a eu lieu entre 5 et 10 ans.

Comment se masturber ?

À chacune sa méthode, sa préférence, son rythme. Il n’y a pas de


façon idéale ni unique de se masturber. Mais selon chacune,
certaines positions et techniques marchent mieux que d’autres. Plus
une zone est stimulée, mieux elle fonctionne et plus l’orgasme est
facilement obtenu. Cela peut nous amener à garder toujours la
même routine, aux dépens de l’exploration de toutes nos
possibilités. C’est une des raisons pour lesquelles la jouissance est
plus simple avec la masturbation que dans une relation à deux.
L’autre ne fait en effet jamais exactement pareil que soi-même. On
peut alors choisir d’explorer de nouvelles zones afin d’élargir le
champ des possibles, et ainsi, augmenter nos capacités
orgasmiques. Mais cela demande travail et persévérance.

Quelques principes de base

Se masturber, ce n’est pas seulement faire le truc – parce que


c’est toujours un peu honteux – à la va-vite, orgasme chronométré,
décharge d’un trop-plein. Nous avons toutes expérimenté un jour
cette façon de faire. Se masturber, c’est d’abord faire l’amour avec
soi-même. Et en cela, c’est tout un art. Cela demande de prendre
son temps, de se caresser, de se découvrir, d’explorer,
d’expérimenter ce qui fonctionne le mieux, ce qui nous excite le plus.
Après avoir caressé et exploré la région génitale, on peut passer au
cœur du sujet : le clitoris. Stimulation directe, mais aussi de toute la
zone autour, avec les doigts, un peu d’humidité (de la salive fait
parfaitement l’affaire) et beaucoup de douceur pour ce petit bouton
très sensible. Et pour intensifier les sensations, on peut y associer
une stimulation du vagin en y mettant un ou plusieurs doigts, un
objet ou un vibromasseur. Pour les femmes qui ont un clitoris très
sensible, la caresse peut se faire à travers un tissu, culotte ou autre.
Ensuite, tout est question de variations. Il est important d’essayer
plusieurs rythmes de stimulation, lent ou rapide ; plusieurs types de
pression ; de multiplier les endroits, pas uniquement le gland du
clitoris. On peut y associer la stimulation des seins, et
particulièrement des tétons. Jouer avec la respiration, en faisant
notamment de grands mouvements respiratoires qui permettent
d’intensifier les perceptions. Sans oublier les contractions du périnée
qui stimulent le clitoris interne.

Les différentes façons de faire

Dans son fameux rapport publié en 1976 à la suite de la plus


grande enquête sur la sexualité féminine (Le Nouveau Rapport Hite,
l’enquête la plus révolutionnaire jamais menée sur la sexualité
féminine, 2000), Shere Hite décrit les 6 principales façons de se
masturber :
– 73 % des femmes se masturbent avec les doigts, par
stimulation du clitoris ou de la vulve, allongées sur le dos,
dont 43 % uniquement par stimulation du clitoris ;
– 5,5 % des femmes le font toujours par stimulation du clitoris
ou de la vulve, mais allongées sur le ventre ;
– 4 % se masturbent en se frottant contre un objet doux comme
les draps, un oreiller…
– 3 % se masturbent en serrant les cuisses l’une contre l’autre
de façon répétée ;
– 2 % utilisent le jet d’eau de la douche ;
– 1,5 % se masturbent uniquement par pénétration vaginale ;
– enfin, 11 % des femmes allient plusieurs de ces techniques.
Si les hommes utilisent très largement la pornographie comme
support à la masturbation, ce n’est pas (encore ?) le cas des
femmes. Selon l’étude de Brenot de 2011, nous sommes un peu
plus de 50 % à utiliser nos fantasmes et notre vie érotique
imaginaire pour accéder à la jouissance, 24 % à n’avoir besoin
d’aucun support, 22 % à avoir recours à la pornographie. 36 %
d’entre nous se sont aidées d’un sex-toy au moins une fois au cours
des 12 derniers mois, mais seulement 15 % en utilisent
régulièrement (étude IFOP/Le plaisir féminin de 2017), que ce soit
pour se stimuler le clitoris ou pour la stimulation vaginale.
Au-delà de la technique, particulière à chacune, se masturber
nécessite du temps, de la disponibilité d’esprit et un minimum de
solitude. Difficile en effet d’arriver à se donner du plaisir entre son
enfant qui pleure, son téléphone qui vibre ou son mari qui regarde la
télé dans la pièce d’à côté. Difficile également de se sentir disponible
quand nous sommes surchargées de travail, de lessives à étendre,
de coups de fil à passer, de repas à préparer… Le plus grand
ennemi du plaisir féminin est certainement le manque de temps et la
culpabilité de prendre un moment pour soi, quand il y a tant à faire…

La masturbation dans un couple est-elle le signe


que la sexualité du couple est défaillante ?

La masturbation est bien souvent associée à l’idée de frustration


sexuelle. On se masturberait parce qu’on ne ferait pas assez
l’amour. Et la masturbation ne deviendrait qu’un pis-aller, un « mieux
vaut ça que rien », substitut d’une relation sexuelle.
Et pourtant, la masturbation est très largement pratiquée dans le
couple, que ce soit de façon simultanée ou successive, personnelle
ou réciproque. C’est un moment particulièrement apprécié dans la
sexualité des couples, un partage d’intimité très important, car quoi
de plus intime que cet acte qui d’ordinaire se fait caché aux yeux de
tous ? Nous serions d’ailleurs 90 % à déjà avoir expérimenté la
masturbation en couple.
D’ailleurs, la masturbation réciproque est recommandée par les
sexologues pour les couples qui ont des difficultés sexuelles. C’est
ainsi un moyen supplémentaire de se faire plaisir à deux, un moyen
d’enrichir sa sexualité, un moyen aussi de découvrir le corps de
l’autre et la manière de le caresser pour l’emmener vers les cimes,
une solution aussi pour jouir à tous les coups quand on est délaissée
par un homme qui s’endort après l’orgasme. Car rien de pire que de
rester avec son excitation sexuelle, pleine de frustration, parfois de
colère, sans oser se toucher, alors que notre compagnon, soumis à
des lois physiologiques contre lesquelles il ne peut lutter, s’endort à
nos côtés, satisfait et bienheureux. N’en voulez plus aux hommes et
acceptez de vous masturber le temps d’atteindre l’orgasme qui vous
procurera à vous aussi détente et satisfaction.

Pour en savoir plus

À voir : Parlons peu, Parlons cul, « Plaisir solitaire féminin »,


par Maud Bettina-Marie et Juliette Tresanini.
Quasiment 2 millions de vues sur YouTube. Excellente émission
qui aborde avec humour et décontraction les différents thèmes de la
sexualité (ici, le thème de la masturbation féminine).

À voir : Masturbation féminine ! par Clemity Jane


Plus d’1,5 million de vues sur YouTube. Pour les plus jeunes, les
femmes de la génération YouTube et Instagram, la youtubeuse parle
de masturbation et de son expérience personnelle sans tabou, de
façon directe.

Julia Pietri, Au bout des doigts : Le petit guide de la


masturbation féminine, autoédition de l’auteur, 2019.
Julia Pietri est la créatrice du compte Instagram @Gangduclito qui
vise à diffuser auprès du plus grand nombre des informations autour
du clitoris et de la sexualité en général. À partir de plus de 6 000
témoignages de femmes, l’auteure a conçu un livre très agréable à
lire : des informations claires, de belles illustrations, une mise en
page soignée. Pour ne rien gâcher, c’est un très beau livre, comme
on en fait rarement. Je me permets d’en conseiller vivement la
lecture à tous et à toutes, à tout âge.
Philippe Brenot, Nouvel éloge de la masturbation, L’esprit du
temps, 2013.
Philippe Brenot, psychiatre, anthropologue et sexologue, retrace
toute l’histoire de la masturbation au fil des siècles, de sa répression
à sa réhabilitation par les arts, la peinture, le cinéma ou la littérature.
Pour celles et ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances.

Shere Hite, Le Nouveau Rapport Hite, l’enquête la plus


révolutionnaire jamais menée sur la sexualité féminine, J’ai lu,
2000.
Un des livres fondamentaux en matière de sexualité qui a
révolutionné la perception de la sexualité féminine. Pour réaliser cet
ouvrage publié pour la première fois en 1976, Shere Hite a recueilli
le témoignage de plus de 3 000 femmes sur leur sexualité. Les
résultats font à l’époque scandale car, une fois n’est pas coutume,
les femmes parlent d’orgasme, de masturbation, ou encore du
primat du clitoris sur le vagin en termes d’accès à la jouissance. Un
livre indispensable pour prendre conscience de la diversité de la
sexualité féminine et faire tomber tous nos préjugés.

Pierre Humbert, Jérôme Palazzolo, Petite histoire de la


masturbation, Odile Jacob, 2009.
Les auteurs, tous les deux médecins, apportent ici un autre
éclairage sur l’histoire de la masturbation, au cours des siècles, mais
aussi au cours de la vie, abordant ainsi l’autoérotisme des bébés,
des enfants et des adolescents. Un ouvrage très bien documenté,
facile à lire et sans tabou.
La place des préliminaires dans
la sexualité féminine
L’apparition du terme « préliminaires » dans la sexualité est très
récente, elle date du milieu du XXe siècle, et elle est très liée à la
libération sexuelle féminine. En effet, avec la revendication des
femmes au plaisir sexuel, il a fallu changer les façons de faire. Exit le
rapport vite fait bien fait qui dure deux minutes pour le seul plaisir de
l’homme. Désormais, on prend son temps. On fait monter le désir, on
cherche l’orgasme, les femmes aspirent au plaisir, et cela demande
un peu plus qu’une pénétration vaginale et quelques allers-retours,
si virils soient-ils.
Aujourd’hui, une nouvelle révolution est en marche. Le terme
même de préliminaires est remis en cause, car c’est un mot qui
renvoie trop à l’idée que la jouissance féminine ne passerait que par
la pénétration, ce qui est très loin des constatations scientifiques,
statistiques, cliniques ou personnelles. En effet, la grande majorité
des femmes jouissent avant la pénétration, sous l’effet des caresses,
des baisers voire des objets.

Qu’est-ce qu’on entend par préliminaires ?

Les préliminaires sont l’ensemble des caresses mutuelles ou des


baisers qui prennent en compte l’ensemble du corps, mais aussi la
région génitale, la fellation ou le cunnilingus par exemple. Il s’agit
donc de toute forme de contacts érotiques entre deux personnes à
l’exception de la pénétration. La pénétration est ainsi considérée de
manière un peu obsolète comme le but ultime de l’acte sexuel, sans
laquelle le rapport serait incomplet, voire raté.
Or les préliminaires sont fondamentaux pour la jouissance
féminine. Ce sont eux qui permettent la montée de l’excitation
sexuelle, et donc la possibilité d’avoir un orgasme. En effet, on peut
considérer la peau dans son ensemble comme une gigantesque
zone érogène, avec de nombreux récepteurs au plaisir qui ne
demandent qu’à être activés. Ces terminaisons nerveuses pourront
être stimulées de différentes façons : le toucher léger (les caresses),
la pression (massages, fessées…), la vibration, le froid et le chaud.

Les préliminaires en chiffres

En 2011, 70 % d’entre nous estiment que les préliminaires sont


suffisamment longs (alors que ces mêmes femmes estiment leur
durée moyenne à 12 minutes seulement !) et nous sommes 80 % à
dire que c’est notre moment préféré (enquête de Brénod, 2011).
Mais en 2019, lors de l’étude IFOP/ELLE, 50 % des femmes
pensent que les préliminaires devraient être plus importants (un peu
dans 29 % des cas et beaucoup plus pour 21 % d’entre elles).
Comme on peut s’y attendre, ce sont les femmes les plus
insatisfaites de leur sexualité qui sont le plus en demande de
préliminaires, et les femmes les plus satisfaites qui le sont le moins,
quasiment du simple au double. De là à penser que la satisfaction
sexuelle est directement liée à la longueur des préliminaires, il n’y a
qu’un pas… que je franchis.
Les femmes qui réclament plus de préliminaires sont surtout celles
de plus de 50 ans, les femmes cadres, qui vivent en ville, celles dont
la relation dure depuis moins de trois ans et enfin celles qui sont très
peu satisfaites de leur vie sexuelle (étude IFOP/ELLE, 2019).
A contrario, celles qui semblent les plus satisfaites sont les
femmes entre 40 et 49 ans, celles qui sont ouvrières et celles qui
sont très satisfaites de leur vie sexuelle.

Quelle est la fonction des préliminaires ?

Tout le but de la sexualité est la recherche du plaisir, besoin


fondamental de l’être humain. La sexualité est un moyen simple,
sain et particulièrement réjouissant de se procurer du plaisir à
moindre coût.
Les préliminaires ont pour but de préparer notre corps à l’ultime
jouissance, c’est-à-dire à l’orgasme. Certains pensent encore à tort
que la seule fonction des préliminaires est de préparer à la
pénétration. Certes, les caresses permettent de faire monter
l’excitation, augmentent le désir, et ainsi provoquent la lubrification
vaginale, étape indispensable à une pénétration sans douleur. Mais
la pénétration vaginale n’est absolument pas indispensable pour
atteindre l’orgasme, loin de là. En effet, les statistiques sont
formelles : la majorité des femmes ont des orgasmes au moment
des préliminaires et très peu lors de la pénétration vaginale. C’est
dire l’importance de ce moment. La majorité des difficultés sexuelles
des couples pourraient être résolues si les préliminaires prenaient la
place qui leur est due.
Pour de nombreuses femmes, l’intimité, le partage, l’attention au
plaisir de l’autre, la découverte du corps de son partenaire sont une
façon essentielle de témoigner de son affection, de son amour.
Accepter de donner, accepter de recevoir aussi, ce qui n’est pas si
facile, notamment quand les conflits de la vie ordinaire du couple
viennent brouiller les cartes.

Des caresses à l’excitation sexuelle :


comment ça marche ?

Les circuits neuronaux qui partent des terminaisons sensorielles


de la peau et des organes sexuels et mènent aux différentes zones
du cerveau dédiées au plaisir sont complexes.
Ces circuits font intervenir le système nerveux autonome, celui qui
fait fonctionner le cœur ou la respiration. C’est donc un système qui
ne fait pas intervenir la volonté, et c’est en grande partie la source
des difficultés. Ce n’est pas parce qu’on veut ressentir du plaisir
qu’on le peut par la seule force de sa volonté.
De nombreuses stimulations déclenchent l’excitation sexuelle : le
toucher lors des caresses, le froid et le chaud, la pression, les
vibrations. Mais cela peut être aussi la vue, les odeurs ou même la
voix de l’être aimé. Enfin, des stimuli psychiques comme les
pensées, les fantasmes érotiques, le sentiment amoureux ou les
souvenirs peuvent intervenir. Tous les sens sont impliqués dans la
naissance de la réponse sexuelle.
Une fois les récepteurs activés, le message est envoyé dans le
cerveau dans des zones spécialisées dans le plaisir qui traitent
ensuite l’information en lui donnant tout son sens érotique. Puis le
cerveau, à son tour, renvoie l’information au corps pour lui signifier
l’état d’excitation : cela passe par la production d’hormones et de
neurotransmetteurs spécialisés dans le désir et provoque des
phénomènes physiques comme l’augmentation du débit cardiaque,
de la respiration.
On connaît aujourd’hui le rôle fondamental joué par l’ocytocine.
Cette hormone est produite en grande quantité lors des caresses,
des massages. Elle favorise non seulement le plaisir sexuel, mais
aussi le sentiment de sécurité affective et l’attachement à son
partenaire. Elle permet donc de mettre en place le contexte
favorable à la détente, au lâcher-prise, et finalement à la jouissance.

La femme a-t-elle besoin de plus de préliminaires


que l’homme ?

C’est une idée répandue et il semble qu’elle soit plutôt juste. La


femme a surtout besoin de plus de temps pour parvenir à l’orgasme,
notamment à l’orgasme par pénétration vaginale. Statistiquement,
un homme a besoin de 3 à 8 minutes pour arriver jusqu’à la
jouissance, quand il faut 20 à 40 minutes à la femme. Sauf pour
l’orgasme par stimulation externe du clitoris, qui peut être obtenu de
façon plus rapide. À quoi cela tient-il ?
Selon Gérard Leleu, sexologue et auteur de nombreux livres sur la
sexualité, cela tiendrait au fait que les organes érectiles féminins
sont beaucoup plus étendus que ceux de l’homme et mettent donc
plus de temps à se remplir de sang, phase indispensable de
l’excitation sexuelle précédant l’orgasme (Le Nouveau Traité des
caresses, J’ai lu, 2013).
Cependant, il faut noter que l’orgasme peut être obtenu de façon
beaucoup plus rapide lors de la masturbation. Les mécanismes de la
jouissance sont complexes et ne peuvent se résumer au
fonctionnement physiologique du clitoris. Le rôle des émotions,
l’implication du cerveau, notre capacité à nous concentrer sur nos
sensations sont autant de facteurs qui influencent notre capacité
orgasmique.

Le vrai sexe passe par les caresses

Ce titre un brin provocateur a pour but d’inciter femmes et


hommes à remettre les caresses et non plus la seule pénétration au
centre de la sexualité. Cela serait utile à tous.
Aux hommes, qui se mettent trop de pression, qui ont peur de ne
pas être à la hauteur, qui se désespèrent de ne pas faire jouir leur
partenaire avec la pénétration.
Aux femmes, qui ont du mal à se détendre et à prendre leur part
de plaisir. Ça nous aiderait aussi à avoir plus de confiance, plus de
sécurité affective. Car il a été ainsi mis en évidence que les caresses
provoquent la sécrétion d’ocytocine, une hormone qui joue un rôle
important dans les processus d’attachement.
Chacun est unique, chaque corps est particulier, il est donc
indispensable de dire à son partenaire ce que l’on préfère, car on a
tous tendance à faire à l’autre ce que l’on aimerait qu’il nous fasse,
or nous ne fonctionnons pas tous pareil. Les hommes, par exemple,
ont tendance à venir d’emblée titiller notre clitoris car eux-mêmes
sont plus sensibles à la caresse de leur sexe. La communication
dans le couple est là encore un préalable essentiel à une sexualité
épanouie.

Un besoin fondamental
Les caresses font partie des besoins fondamentaux de l’être
humain, et cela dès le début de notre vie. Ce sont elles qui assurent
au nouveau-né un bon développement affectif, mais aussi moteur.
Sans maternage, sans contact physique, sans la chaleur des bras
maternels, un nouveau-né présente un retard dans son
développement psychomoteur, il marche et parle plus tard, peut
développer des maladies, un retard de croissance.
Un enfant qui a manqué de caresses devient aussi un adulte qui
n’aime ni en recevoir ni en donner, un adulte froid, distant, qui n’aime
pas le contact physique car il n’a jamais connu le plaisir d’être
touché, et son corps n’a pas pu développer convenablement sa
sensibilité. Heureusement, rien n’est jamais définitif, et avec de la
patience, de la douceur, de la persévérance, on peut développer son
sens du toucher et y prendre beaucoup de plaisir.

Un mode de communication à part entière

Les caresses sont aussi un mode de communication, un langage


qui n’a pas de mots, une façon de dire son attachement, son
affection, sa confiance ; elles invitent à l’abandon, à la détente ; elles
apportent aussi un sentiment de sécurité émotionnelle et affective
dont nous avons toutes besoin pour lâcher prise et atteindre la
jouissance.

Les bienfaits des caresses

Caresses et massages ont de véritables pouvoirs sur notre corps


et notre psychisme. Ces effets sont validés par plusieurs études
scientifiques. Si vous êtes stressée, si vous avez du mal à dormir, si
vous vous sentez seule, imposez donc une séance massage à votre
partenaire. Ce sera bien meilleur que d’avaler une pilule pour se
détendre !
On ressent les effets bénéfiques des caresses et des massages
au niveau de la peau, des muscles et de la circulation sanguine. La
stimulation de la peau active la circulation sanguine, augmente les
apports de substances nutritives, favorise l’élimination des déchets,
permet une meilleure oxygénation des tissus, et contribue donc
largement à la bonne qualité de notre épiderme (couche la plus
externe de la peau).
Mais ce n’est pas tout. Les caresses provoquent également une
détente des muscles. Au niveau du visage, cela se traduit par un
relâchement des muscles peauciers (les muscles localisés sous la
peau), une diminution de la profondeur des rides, un aspect plus
lisse et plus jeune. Cela est particulièrement notable après un bon
massage.
La détente musculaire permet une meilleure respiration, une plus
grande ampleur des mouvements respiratoires et donc une meilleure
oxygénation de notre corps tout entier.
Enfin, les caresses améliorent la circulation sanguine, le cœur
ralentit, se fatigue moins, la tension artérielle baisse, diminuant ainsi
tous les risques de maladies cardio-vasculaires. C’est peut-être l’une
des raisons pour lesquelles certaines études ont montré que les
personnes en couple étaient globalement en meilleure santé que les
personnes célibataires.

Les effets sur notre psychisme

Stimuler la peau augmente aussi (ou diminue, plus rarement) la


sécrétion de certains neurotransmetteurs qui jouent un rôle dans les
émotions.
Le plus important d’entre eux est sans aucun doute l’ocytocine,
dont on connaît aujourd’hui le rôle dans les processus
d’attachement. Lors de l’accouchement, cette hormone est d’ailleurs
sécrétée en grande quantité afin de permettre un meilleur
attachement entre l’enfant et la mère. Puis elle continue d’être
produite par l’enfant et la mère (et le père bien sûr) grâce au
portage, aux caresses, aux massages. Tout cela contribue à la mise
en place d’un sentiment de sécurité, de confiance en soi puis en
l’autre, sentiments sans lesquels les relations affectives peuvent
virer au cauchemar.
Mais les caresses permettent également la diminution de la
sécrétion d’adrénaline, l’hormone de stress, et favorisent donc
détente et relaxation. On est moins irritable, on s’endort mieux, on
est globalement moins stressé. Les enfants le savent bien, eux qui
demandent sans cesse des câlins et des massages pour s’endormir
plus facilement.
Enfin, le contact physique, le toucher permettent d’apaiser le
sentiment de solitude essentiel de l’être humain, cette solitude
primordiale, inhérente à la sortie de l’enfance, quand, devenant
adulte, nous devons faire le deuil des bras et des câlins rassurants
de nos parents. Nous le savons tous, lorsque nous nous sentons
tristes, lorsque nous nous sentons seuls au monde, les bras de l’être
aimé réconfortent mieux qu’un beau discours.

Caresses, pression, vibrations,


qu’est-ce qui excite le plus ?

Trois études scientifiques menées entre 2001 et 2014 ont évalué


les effets des différents types de stimulations sur l’excitation
sexuelle. Ces stimulations sont de trois ordres : le toucher léger (les
caresses par exemple, l’effleurement, avec les doigts, une plume, la
bouche…), la pression (caresses appuyées, pincement léger,
mordillage…) et les vibrations (qui peuvent être obtenues par la
succion, par des mouvements de va-et-vient très rapides, et surtout
par l’utilisation d’un vibromasseur).
Voici ce qu’il en ressort :
– La zone la plus sensible aux caresses est la marge vaginale
(zone à l’entrée du vagin), puis les petites lèvres et enfin le
clitoris. Plus on vieillit, plus les petites lèvres deviennent
sensibles, passant même devant l’entrée du vagin. Le clitoris
reste toujours le moins sensible au toucher léger.
– En revanche, le clitoris est la zone la plus sensible à la
pression, avant les petites lèvres et la marge vaginale.
– Le clitoris est encore plus sensible à la vibration.
Tout cela a des implications très pratiques pour améliorer le plaisir
des femmes. Cela veut dire en somme qu’il vaut mieux commencer
à effleurer la vulve avant de venir poser sa bouche sur le clitoris pour
le faire vibrer par des mouvements de succion rapides.
D’autres études ont testé les effets des mêmes stimulations sur
les seins (aréole, mamelon et pourtour du sein), et voici ce que l’on
découvre :
– Le pourtour du sein est plus sensible aux caresses que
l’aréole ou le mamelon, et cette sensibilité est plus importante
pour les petits seins et diminue avec l’âge.
– Les mamelons sont plus sensibles à la pression et à la
vibration, suivis de l’aréole.

L’importance des baisers

Les baisers font partie des préliminaires dans les pays


occidentaux ; ils sont intimement liés à l’érotisme dans notre culture
et participent quasiment toujours au jeu amoureux, à tel point que
les prostituées n’embrassent pas leurs clients et que certains
hommes fuient la relation d’intimité par peur de s’attacher.
Mais il n’est pas inné de donner à la bouche une fonction érotique.
Dans certaines sociétés, les baisers ne sont pas du tout pratiqués et
peuvent être considérés comme anormaux ou contre-nature.
Il est cependant indéniable que la bouche, les lèvres et la langue
possèdent un capital érotique qui est ensuite validé par le contexte
culturel dans lequel nous évoluons et par nos propres expériences.
Pour plus de détails, je vous recommande la lecture de l’excellent
ouvrage de Serge Wunsch, Comprendre les origines de la sexualité
humaine, L’esprit du temps, 2014.

La bouche, un organe sensoriel vital

La bouche, plus particulièrement les lèvres ont une grande


sensibilité au toucher et possèdent de très nombreux récepteurs
sensoriels. Dès la naissance, peut-être même dans le ventre de la
mère, la bouche permet d’explorer, de sentir, de téter, puis elle
permet de parler, de crier. C’est grâce à elle que les bébés
découvrent le monde, en portant tout à la bouche. C’est le premier
endroit par lequel on éprouve du plaisir, ce qui explique le rôle
fondamental de tous les plaisirs en lien de près ou de loin avec elle :
manger, boire, embrasser, téter, fumer, sucer, mais aussi parler,
chanter…

Du plaisir de manger au plaisir d’embrasser

La bouche acquiert peu à peu son potentiel érotique au cours du


développement, et particulièrement à l’adolescence. C’est le
moment des premiers baisers, des premiers émois, des premières
sensations de désir, les fameux papillons dans le ventre. C’est aussi
le premier contact intime, le premier échange physique avec la
personne dont on est amoureux. On s’embrasse, on embrasse le
corps de son partenaire, on le caresse avec les lèvres, avec la
langue, on le mordille, on s’en donne à cœur joie parmi l’infinité de
plaisirs que nous procure notre bouche. Cela permet aussi de
s’assurer d’une compatibilité des goûts et des odeurs, car quoi de
moins désirable qu’une personne que l’on n’aime pas embrasser ?
Le baiser est enfin la première forme de pénétration, intrusion de la
langue dans la bouche de l’autre, prélude à la pénétration sexuelle.
D’ailleurs, ce sont les couples qui s’embrassent le plus qui sont
aussi le plus satisfaits de leur relation conjugale (Gulledge et al.,
2003). Car les baisers sont le signe d’une intimité, ils parlent du désir
sexuel, mais aussi du besoin de tendresse et d’attachement, ils
disent l’envie d’être ensemble, l’envie de donner et l’envie de
recevoir.

Pour en savoir plus

Marc Dannam, Osez les préliminaires, La Musardine, 2018.


Directeur de la collection « Osez » de La Musardine et auteur de
plusieurs guides sur la sexualité, Marc Dannam aborde la question
des préliminaires de façon directe et sans tabou. Tout y est : les
câlins, les baisers, le sexe oral, les jeux sexuels avec ou sans
accessoires, la masturbation mutuelle…

Esther Perel, L’Intelligence érotique, Pocket, 2013.


Esther Perel est psychologue, thérapeute de couple et auteure de
nombreux ouvrages sur le couple et la sexualité. Elle aborde ici,
dans un langage clair et accessible, diverses thématiques sur le
désir, les fantasmes et invite chacun à se questionner sur son couple
et sa sexualité. Un livre indispensable pour tous les couples qui
souhaitent remettre le désir au centre de leur vie.
La sexualité vaginale
Depuis quelques années et la remise au centre du clitoris dans le
plaisir féminin, la sexualité vaginale est décriée par de nombreuses
femmes au profit d’une sexualité faisant la part belle à la stimulation
clitoridienne. Cependant, on ne peut nier que le vagin a un fort
pouvoir érotique, au moins dans la représentation que les couples
ont de la sexualité. Au point que, pour beaucoup d’entre nous, un
rapport sexuel doit forcément comporter une phase de pénétration
vaginale pour ne pas être considéré comme un rapport raté.
S’il est vrai que la jouissance féminine est directement liée au
clitoris, il serait faux de dire que le vagin n’y a pas sa place. En effet,
nous verrons que la pénétration vaginale est un moyen important
pour stimuler la partie interne du clitoris et qu’elle peut aider, voire
augmenter la jouissance. Pourtant, 70 % des femmes n’ont pas
d’orgasme lors des rapports vaginaux. Mais nous allons voir que
cela n’est pas une fatalité et que des moyens existent pour enrichir
son répertoire sexuel.

Le pouvoir érogène du vagin

Bien que n’ayant pas ou très peu de récepteurs spécialisés dans


la jouissance, le vagin n’en est pas moins un organe du plaisir
féminin. Ses particularités à la fois anatomiques et physiologiques
sont impliquées dans l’accès à l’orgasme.

Le pouvoir érogène de réplétion

En effet, lors de la phase d’excitation sexuelle, le vagin se modifie,


les parois s’écartent, notamment dans ses deux tiers postérieurs,
formant ainsi un creux se préparant à accueillir le pénis. Les
vaisseaux de toute la zone génitale se gorgent de sang. Ça palpite,
ça vibre, ça chauffe. Nous ressentons alors tout cela dans notre
corps comme un désir d’être remplie, un désir de fusion des corps.
C’est ce qu’on appelle le pouvoir érogène de réplétion du vagin
(Zwang).
Il est ici essentiel de dire haut et fort que le vagin, quelle que soit
la zone, n’est pas sensible aux frottements et donc aux mouvements
de va-et-vient si chers aux hommes. Il est en effet uniquement
sensible à la pression et à l’étirement (donc au fait d’être rempli). Ce
sont donc ces types de stimulations qui permettent de ressentir des
orgasmes. Il y a donc toute une gestuelle de la sexualité vaginale à
revoir, limitant au minimum les va-et-vient et favorisant la lenteur qui
elle seule permettra aux femmes de prendre le temps de mieux
ressentir ce qui se passe dans leur corps.

Le point G et la face antérieure du vagin

C’est certainement la zone la plus sensible du vagin et la plus à


même de vous procurer un orgasme vaginal. Nous l’avons
précédemment évoqué (cf. p. 76). Cependant, si vous n’avez jamais
trouvé votre point G, pas de panique ! Certaines femmes n’en
connaissent pas l’existence. Or pour le stimuler, encore faut-il savoir
comment et où exactement. Mais en réalité, c’est toute la face
antérieure du vagin qui possède une sensibilité au plaisir, et le point
G n’en est que le point le plus réceptif (Zwang, 2019). La stimulation
de toute la paroi antérieure est assurée par la pression des muscles
du périnée, en particulier du releveur de l’anus lors des contractions.

Le rôle du fond du vagin et du col de l’utérus dans


la jouissance féminine

Certaines femmes décrivent un type d’orgasme bien particulier,


plus profond, plus viscéral, obtenu lors de la pénétration profonde, le
pénis venant buter contre le col de l’utérus. Des études sur des
femmes ayant perdu l’usage de leurs jambes et dont les réflexes
clitoridiens ne marchent plus ont montré que celles-ci arrivaient à
avoir des orgasmes par stimulation du nerf vague au niveau du col
de l’utérus.
Ce type de réflexes pourrait notamment expliquer certaines
sensations des orgasmes intenses, comme la perte de
connaissance, un peu comme dans un malaise vagal.

Les deep spots : mythe ou réalité ?

De nombreux articles de la presse féminine nous parlent de ces


points profonds qui donneraient des orgasmes à coup sûr,
particulièrement explosifs.
Pourtant, aucun article dans la littérature scientifique et médicale
n’existe sur ces fameux deep spots.
Ils correspondraient, selon certains articles, à la stimulation des
culs-de-sac vaginaux situés de part et d’autre du col de l’utérus. Il y
aurait donc un deep spot antérieur (point A) et un autre postérieur
(point P). Pour d’autres, il s’agirait d’une stimulation indirecte du
point G, mais on ne sait pas comment cela marche vraiment. Pour
tous les « spécialistes », la stimulation des deep spots donnerait à la
femme des orgasmes surpuissants. Comme si la découverte d’une
zone en particulier par un homme qui se voudrait plus expert qu’un
autre pouvait avoir autant de pouvoir sur le corps de la femme. Il ne
faut jamais oublier qu’accéder à la jouissance par voie vaginale ne
relève en rien de la magie, ni même de la dextérité de votre
partenaire. Accéder à l’orgasme lors de la stimulation du vagin,
quelle qu’en soit la zone, dépend d’abord de soi-même et demande
d’une part de bien connaître son corps, d’être à l’aise avec lui, et,
d’autre part, exige de la pratique et une phase d’apprentissage.
Et enfin, n’en déplaise aux hommes, dans la réalité, peu de
femmes aiment la pénétration profonde et beaucoup la redoutent
même par peur des douleurs. Pour éviter toute anticipation
anxieuse, le mieux est d’abord d’en discuter et d’y aller en douceur.
Quelques chiffres

– 82 % des femmes françaises pratiquent souvent la sexualité


vaginale ; elles le font bien plus souvent que les Canadiennes qui
ne sont que 64 % ou les Anglaises (60 %).
– Seulement 26 % des femmes disent jouir facilement lors de la
pénétration vaginale.
– 84 % des femmes admettent avoir eu des difficultés à jouir au
cours de 12 derniers mois, dont environ 50 % de façon régulière.
– 92 % des jeunes femmes de moins de 25 ans admettent avoir
des difficultés à jouir.
– 34 % des femmes associent stimulation externe du clitoris et
pénétration vaginale lors de la relation sexuelle.
– 64 % des femmes pratiquent souvent la position de
l’Andromaque, 94 % le missionnaire, 71 % la levrette.
– 62 % des femmes jouissent facilement en position de
missionnaire, 56 % en levrette et 58 % en Andromaque.

Les positions qui procurent le plus de plaisir

Certaines positions de l’homme et de la femme lors du rapport


sexuel favorisent l’orgasme. Ce sont toutes les positions qui
permettent une meilleure stimulation du clitoris, soit externe, soit
interne, notamment de la paroi antérieure du vagin.

La position du missionnaire reste l’une des positions


préférées des femmes

La femme est allongée sur le dos, l’homme se positionne au-


dessus d’elle. La femme peut avoir les jambes serrées, écartées ou
encore repliées de façon à mettre ses pieds sur les épaules de son
partenaire.
C’est la plus connue et la plus répandue des positions sexuelles.
94 % des femmes la pratiquent régulièrement (étude IFOP/CAM4,
2015). Il semble aussi qu’elle soit la plus efficace. Selon l’étude
IFOP/CAM4 de 2015, 62 % des femmes ayant adopté cette position
ont pu avoir facilement des orgasmes.

Les positions où la femme est la plus active sont aussi


les plus efficaces

Il s’agit de toutes les positions où la femme se place au-dessus de


l’homme, particulièrement de la position dite de l’Andromaque.
L’homme est allongé sur le dos, jambes serrées ou écartées, la
femme est au-dessus face à lui, à califourchon, jambes repliées sur
les côtés ou accroupie. Cette position donne une grande liberté de
mouvement à la femme. Elle lui permet notamment de faire des
mouvements d’avant en arrière (et non de haut en bas) qui exercent
une pression sur la face antérieure du vagin, la fameuse zone G. Ce
sont ces types de mouvements qui sont les plus efficaces pour
accéder à la jouissance.
Et la levrette ?

C’est l’une des positions les plus pratiquées dans les rapports de
couple. En 2014, en France, 71 % des femmes la pratiquaient
régulièrement.
La femme est à quatre pattes, le corps plus ou moins penché vers
l’avant, les épaules plus ou moins basses, et l’homme se positionne
derrière, généralement à genoux.
Cette position permet la stimulation externe du clitoris en même
temps que la pénétration vaginale. Elle permet aussi à la femme de
mieux se concentrer sur ses sensations en l’absence du regard de
l’homme, et ainsi de faire appel plus facilement à son imaginaire
érotique pour augmenter son excitation. Mais encore faut-il qu’elle
accepte de se montrer dans cette position, souvent perçue comme
dégradante car trop animale. Pourtant, elle est parfaite pour stimuler
efficacement le point G par pression sur la paroi antérieure du vagin.
Quand on ne ressent rien lors de la pénétration vaginale

Il est assez fréquent en consultation d’entendre les femmes se


plaindre de ne rien ressentir ou presque lors de la pénétration
vaginale. Elles se voient alors comme anormales et en viennent à
accepter la sexualité vaginale juste pour faire plaisir à leur
partenaire. Pourtant, les statistiques parlent d’elles-mêmes : environ
70 % des femmes n’ont pas d’orgasme par pénétration vaginale.
Ce n’est pas une fatalité.

Un pouvoir qui se travaille

Redonner ou donner un pouvoir érogène à son vagin se travaille,


car c’est un organe que l’on connaît mal et que beaucoup de
femmes ne se représentent pas clairement. De plus, le gland du
clitoris est stimulé régulièrement par la masturbation, ce qui n’est
pas le cas du vagin. Or pour que les récepteurs au plaisir présents
dans le vagin, notamment au niveau de sa paroi intérieure, se
mettent en route et fonctionnement au mieux, il faut que leur
stimulation soit régulière. C’est donc en stimulant son vagin
régulièrement, y compris lors des séances de masturbation, qu’on lui
permettra de trouver tout son potentiel orgasmique.
Mais le pouvoir érogène du vagin n’est jamais aussi simple que
celui du clitoris car il n’y a pas de récepteurs de volupté (les fameux
corpuscules de Krause qui sont présents dans le gland du clitoris).
C’est l’une des raisons pour lesquelles on entend souvent que le
vagin n’a pas de sensibilité. C’est faux. Il a une sensibilité qui
demande plus de travail. C’est un peu la même différence entre un
amateur de bons vins et un œnologue : des connaissances
théoriques, une phase d’apprentissage et de la pratique !
Une autre raison à cette « insensibilité » toute relative du vagin :
l’absence totale de stimulation avant au minimum la puberté, qui ne
favorise pas le développement de tous les circuits neuronaux liés au
plaisir sexuel. Le vagin a en quelque sorte 15 à 20 ans de retard sur
notre clitoris en matière de pouvoir érogène.

Pratiquer l’autoérotisme. Pour travailler sa sensibilité vaginale, le


plus simple est de le faire soi-même, par autostimulation. Cela peut
se faire avec les doigts ou avec un objet dédié, type sex-toy. Le
mieux est de commencer par une stimulation du gland du clitoris et
de prendre le temps de ressentir les sensations liées à l’excitation
sexuelle au niveau vaginal : lubrification, gonflements, pesanteur,
palpitations, sensation de vide. On prend alors son temps pour bien
ressentir tout ce qui se passe à l’intérieur de soi. Puis on peut passer
à la phase de stimulation directe du vagin afin d’augmenter les
sensations d’excitation.
Cette phase est quasiment indispensable pour toutes les femmes
qui n’arrivent pas à avoir d’orgasmes lors de la pénétration vaginale.
Le plaisir dans la sexualité demande une phase d’apprentissage.
Certaines rétorquent que la sexualité est quelque chose de naturel.
Oui, bien sûr, la sexualité à visée reproductrice est naturelle, mais
pas le plaisir sexuel.
Haro sur la passivité. D’autre part, nombreuses sont celles qui
restent trop passives pendant la pénétration, or un vagin qui jouit est
un vagin actif. C’est en effet la contraction des muscles du périnée
lors de la pénétration qui permet de stimuler le clitoris interne par
des mouvements de pression répétés. C’est l’une des raisons pour
lesquelles on préconise la musculation du périnée par des exercices
spécifiques pour les femmes qui ne ressentent rien lors de la
pénétration vaginale.
Les mouvements du bassin sont également un élément important
à prendre en compte. La bascule du bassin d’avant en arrière lors de
la pénétration va en effet augmenter les sensations. Les femmes le
font assez naturellement lorsqu’elles se positionnent à cheval sur
l’homme, ce qui fait de la position d’Andromaque une des positions
privilégiées pour obtenir un orgasme par voie vaginale. Ces
mouvements de bascule du bassin ont notamment été décrits par
Jean-Yves Desjardins, spécialiste canadien à l’origine de l’approche
sexocorporelle. Plus efficace encore, la double bascule, avec le
bassin qui part à l’avant et le haut du corps rejeté vers l’arrière.

Le rôle fondamental et trop oublié de la respiration. Enfin, pour


donner une dimension plus généralisée à l’orgasme, on ne doit pas
oublier la respiration. Une respiration ample, abdominale et des
mouvements respiratoires lents augmentent les sensations
orgasmiques et font de l’orgasme un phénomène du corps en entier
et non pas seulement localisé à la région génitale. À l’inverse, des
mouvements respiratoires superficiels et plutôt thoraciques limitent
l’étendue de l’orgasme.

Quand la pénétration fait mal : les dyspareunies

Il peut arriver dans la vie d’une femme que la pénétration vaginale


provoque des douleurs. Ces douleurs peuvent prendre plusieurs
aspects, s’accompagner d’autres symptômes, être permanentes ou
passagères.
Qu’est-ce que c’est ?

Les douleurs sont ressenties différemment selon chacune :


tiraillements, brûlures, élancements, crampes, démangeaisons…
Elles apparaissent uniquement lors de la pénétration vaginale. Elles
ne sont jamais ressenties en dehors du rapport sexuel.
La localisation des douleurs est également propre à chacune :
superficielles à l’entrée du vagin, ou plus profondes au niveau du
fond du vagin ou de l’utérus.
La vestibulodynie provoquée dont nous avons déjà parlé dans le
chapitre sur la vulve est une cause fréquente de dyspareunie
superficielle.
Les dyspareunies peuvent créer d’autres troubles comme la perte
de désir sexuel ou des troubles de l’orgasme.

Quelques chiffres

16 % des femmes âgées de 18 à 64 ans ont déjà souffert de


dyspareunie durant au moins 3 mois consécutifs (Harlow et al., 2003).
Mais 50 % des jeunes femmes entre 18 et 24 ans ont déjà ressenti des
douleurs lors des rapports sexuels (Bajos et al., 2008).

À quoi c’est dû ?

Il n’y a pas de cause unique aux dyspareunies. Ces douleurs


trouvent leur origine à la fois dans le corps et dans le psychisme ; le
plus souvent, les deux sont étroitement liés. Il est donc important de
bien prendre en compte ces deux dimensions, à la fois dans le
diagnostic et dans la prise en charge proposée.
Le bilan devant une dyspareunie nécessite toujours un examen
médical gynécologique (avec beaucoup de précautions afin de ne
pas faire empirer les douleurs) et des examens complémentaires
(prise de sang, échographie pelvienne, IRM, notamment en cas de
suspicion d’endométriose).
Des douleurs progressives sont plus en faveur d’une origine
physique, alors qu’une apparition brutale et aiguë oriente vers une
cause psychologique. Mais l’un n’exclut pas l’autre, et le bilan doit
explorer toutes les pistes afin d’améliorer la prise en charge.

Les principales causes physiques de dyspareunie

• Anomalies de l’hymen qui entraînent des dyspareunies dès les


premiers rapports sexuels.
• Infections de la vulve comme les vulvites, bartholinites ou
certaines infections sexuellement transmissibles (herpès,
candidoses…).
• Atrophie et sécheresse vaginale après la ménopause.
• Certaines pathologies cutanées comme le lichen scléreux.
• Cicatrices d’épisiotomie ou de déchirure périnéale après
l’accouchement.
• Endométriose, responsable de dyspareunies profondes.
• Pathologie des ovaires (kystes, infections…) ou des trompes de
Fallope (salpingite).
• La carence en fer est une cause assez fréquente de dyspareunie,
notamment en cas de démangeaisons.

Les causes psychologiques des dyspareunies

• Toutes sortes d’angoisses peuvent favoriser plus ou moins


consciemment l’apparition de douleurs sexuelles : peur de la
pénétration, peur de la grossesse, peur du rejet ou peur de
l’abandon, peur du pénis, peur des hommes en général…
• Des antécédents douloureux ou traumatisants : accouchement
difficile, abus sexuels dans l’enfance ou à l’adolescence,
interventions chirurgicales gynécologiques mal vécues…
• Des troubles psychologiques, notamment un syndrome dépressif.
• Un sentiment de culpabilité interne vis-à-vis de la sexualité, du
plaisir en général, lié à l’éducation, à la culture.
Quels sont les traitements recommandés ?

Tous les spécialistes insistent sur l’évaluation de la composante


psychologique et relationnelle des douleurs. Le retard au diagnostic
est encore trop fréquent et les douleurs sous-estimées par de
nombreux professionnels, et les femmes, bien souvent, ont du mal à
en parler.
Parmi les mesures générales, on recommande :
– De masser régulièrement son périnée avec de l’huile d’amande
douce, par exemple ;
– D’utiliser une bonne dose de lubrifiant lors de la pénétration ;
– D’éviter les produits allergisants ou irritants lors de la toilette
intime ;
– De traiter la cause physique quand c’est possible : traitement
hormonal en cas de dyspareunie liée à la ménopause ou en cas
d’endométriose, supplémentation en fer en cas de carence.
Un suivi psycho-sexologique peut être mis en place lorsqu’une
participation affective, émotionnelle ou relationnelle est suspectée. Il
est alors important que le partenaire fasse partie de la thérapie.

Quand la pénétration est impossible :


le vaginisme

« Le vaginisme est à l’intromission du pénis ce qu’est le


clignement de l’œil à la pénétration du moucheron. »
Kröger, 1950

Encore peu connu du grand public, le vaginisme est cependant


une pathologie fréquente et la première cause d’union non
consommée en France. Le vaginisme toucherait environ 6 % des
femmes (Colson et al., 2005), mais les études sont peu nombreuses.
Il est une des causes de dyspareunie en ce sens que, toujours
douloureuse, la pénétration est surtout très difficile, voire tout à fait
impossible.
Qu’est-ce que c’est ?

Le vaginisme est défini par une contraction involontaire et


douloureuse des muscles du périnée entourant l’orifice du vagin qui
rend la pénétration vaginale très difficile, voire impossible. C’est
donc un phénomène réflexe provoqué par la pénétration ou par
l’idée même de pénétration.
L’examen gynécologique permet d’éliminer une cause physique,
mais il est lui-même souvent impossible en raison de la réaction
réflexe d’évitement (voir encadré ci-contre).
Le vaginisme n’empêche pas d’avoir une vie sexuelle normale en
dehors de la pénétration vaginale. Les femmes qui en sont atteintes
n’ont pas de difficulté à atteindre l’orgasme par les caresses orales
ou manuelles, la lubrification du vagin est également normale, tout
comme les signes d’excitation sexuelle.
Le vaginisme est dit primaire lorsqu’il est présent dès le début de
la vie sexuelle. C’est le cas le plus fréquent de vaginisme. Les
causes en sont généralement psychologiques. Il est dit secondaire
quand il survient après une période où la pénétration vaginale a été
possible. Il est alors la conséquence d’un traumatisme sexuel ou
psychologique (agression physique ou sexuelle, avortement,
grossesse non désirée, expérience sexuelle traumatisante…).

Les différents stades du vaginisme

Ces différents niveaux ont été définis par les gynécologues en


fonction de la possibilité ou non de pratiquer un examen
gynécologique.
• Stade 1 : La pénétration est difficile mais possible grâce à la
réassurance de la patiente. Le spasme du périnée est modéré.
• Stade 2 : Le spasme du périnée est généralisé, la pénétration
impossible malgré la réassurance de la patiente.
• Stade 3 : Le spasme du périnée est sévère et la patiente évite
l’examen par un mouvement involontaire de bascule du bassin.
• Stade 4 : L’examen est impossible, la patiente évite l’examen par
un mouvement involontaire du retrait du bassin ou de fermeture
des jambes.
• Stade 5 : La patiente présente un état de panique devant
l’examen, avec une réaction physique d’hyperventilation, des
nausées, voire des vomissements, une perte de conscience, des
tremblements ou une agressivité incontrôlable à l’égard du
médecin.

Des causes complexes

Il n’y a souvent pas une seule cause au vaginisme mais un


ensemble de facteurs psychologiques, relationnels et émotionnels,
qui s’expriment dans le corps à défaut de pouvoir s’exprimer
autrement. C’est l’une des raisons pour lesquelles le traitement doit
en priorité passer par le corps avant de passer par les mots.
Le vaginisme peut être considéré comme une sorte de
verrouillage de son corps face à l’intrusion, un mécanisme de
protection, de défense devant un danger non pas réel, mais
symbolique. La sexualité, l’homme, le pénis sont alors vécus comme
dangereux. Dans d’autres cas, on retrouve un dégoût pour la
sexualité, pour le côté animal du corps. Mais ce n’est pas forcément
conscient et encore moins verbalisable.

Quels sont les traitements possibles ?

La rééducation périnéale. Le principal traitement proposé et qui


fonctionne très bien est la rééducation périnéale à l’aide de
dilatateurs de taille croissante. Ce type de rééducation est réalisé
par des kinésithérapeutes ou des sages-femmes spécialisés dans la
prise en charge du vaginisme. Cela aide à détendre les muscles du
périnée, à se réapproprier son corps, à mieux connaître son intimité.
La rééducation marche. Les études le prouvent. Cela peut se faire
après avoir mis du gel anesthésiant pour limiter le risque de
douleurs.
Des injections de toxine botulique. Des injections de toxine
botulique dont on sait l’effet relaxant sur les muscles sont proposées
également et semblent donner de bons résultats, mais qui durent
peu dans le temps. Cela peut suffire chez certaines femmes à
casser le cercle vicieux de la peur et de l’anticipation qui accentuent
le vaginisme. Cette méthode serait efficace dans 90 % des cas
(Abbott et al., 2006) et a été validée par l’instance de santé
américaine (FDA) en 2011. Cependant, en France, son utilisation
n’est pas encore recommandée par la Haute Autorité de Santé (Dr
Durantet, AFME).

Des thérapies centrées sur le corps. Toutes les formes de


thérapies centrées sur la relaxation peuvent aussi aider : méditation,
sophrologie, hypnose, yoga…

Quelques conseils avant de consulter

• Dans un premier temps, éviter toute tentative de pénétration


avant de consulter, car cela aggrave le cercle vicieux du
vaginisme.
• Masser votre périnée avec de l’huile d’amande douce tous les
jours pour essayer de détendre les muscles.
• Essayer d’introduire le bout d’un doigt tout doucement, sans vous
mettre la pression, en vous concentrant sur vos sensations et en
essayant de prendre conscience des endroits où vos muscles
sont contractés. La douleur ressentie ne provient pas de votre
vagin (il n’y a pas de récepteurs à la douleur dans le vagin), mais
de la contraction musculaire. Et une contracture, ça fait mal.
• Vous pouvez également vous aider en utilisant des dilatateurs
que vous aurez achetés sur des sites spécialisés. C’est un travail
quotidien qui demande de la persévérance.

Les gaz vaginaux :


quand le vagin fait du bruit
Il peut arriver lors des rapports sexuels avec pénétration vaginale
que notre vagin émette des bruits, un peu comme des pets, mais
inodores. Ces bruits sont parfois ressentis comme très gênants par
certaines femmes, qui peuvent alors développer une appréhension
des relations sexuelles. Et pourtant, rien de grave dans tout ça. Ces
bruits sont causés par l’air qui sort du vagin. Mais comment de l’air
peut-il y entrer ? Deux situations existent. Lorsque les muscles du
périnée sont trop faibles et que le vagin n’est pas assez resserré,
alors de l’air peut entrer pendant les va-et-vient du pénis. Pendant
l’orgasme, il peut y avoir un appel d’air sous l’effet des contractions
physiologiques du vagin lors de la phase orgasmique.
Très peu de chercheurs se sont penchés sur cette question qui
toucherait pourtant environ 12 % de la population féminine,
ce pourcentage étant à considérer avec précaution car une seule
étude épidémiologique a été réalisée (Slieker-Ten Hove et al., 2009).
Certaines positions lors des rapports sexuels sont plus propices
aux pets vaginaux : il s’agit par exemple de la levrette, qui favorise la
pénétration d’air dans le vagin car elle permet une grande ouverture
(Neels et al., 2017).
Selon certains auteurs, les pets vaginaux pourraient également se
produire lors des activités physiques comme le jogging ou tout effort
qui augmente la pression abdominale (Amarenco et al., 2019).

Pour en savoir plus

Heidi Beroud-Poyet, Laura Beltran, Les Femmes et leur


sexe : ne plus avoir mal, renouer avec son désir, se sentir libre,
Payot, 2017.
Écrit par deux psychologues cliniciennes et sexologues, ce livre
raconte la sexualité entravée par les douleurs, donne des astuces
pour s’en sortir, se libérer. Des témoignages, des conseils pratiques
et une écriture claire et simple.

À voir : Parlons peu, mais parlons, « Le vaginisme »,


février 2019, sur YouTube.
Écrit et réalisé par Maud Bettina-Marie et Juliette Tresanini, ce
nouvel épisode de la série aborde la question du vaginisme avec
humour et décontraction.
https://www.youtube.com/watch?v=imSWXEGZQjM

Patrick Papazian, Caroline Michel, Chouchoutez votre vagin :


Le découvrir, en prendre soin et en jouir, Larousse, 2019.
L’une journaliste, l’autre médecin sexologue se sont réunis pour
nous livrer un ouvrage accessible et exhaustif sur le vagin
accompagné de fiches conseils à utiliser sans modération.

Gérard Leleu, À vous le 7e ciel, Quotidien malin, 2010.


Dans cet ouvrage très complet sur la jouissance féminine, Gérard
Leleu, médecin sexologue, décrit de façon imagée et technique les
bases de l’accès à l’orgasme et les différents moyens d’y arriver :
stimulation du point G, érogénéisation du vagin, utilisation de sex-
toys, masturbation…
La sexualité orale
La sexualité orale correspond à l’ensemble des pratiques bucco-
génitales : quand la bouche se pose sur le sexe masculin (la
fellation) ou sur le sexe féminin (le cunnilingus), la bouche
comprenant les lèvres, la langue, voire les dents.
Fellation et cunnilingus sont aujourd’hui acceptés de tous. Alors
que cette pratique était réservée aux prostituées au temps de nos
grands-parents, nous avons aujourd’hui quasiment toutes
expérimenté au moins une fois la fellation dans notre vie. La majorité
d’entre nous la pratique même régulièrement. Quant à l’exercice du
cunnilingus, il progresse également, mais un peu moins vite. La
faute semble-t-il à la pornographie, qui met en valeur les scènes de
fellation, considérées comme plus « cinégéniques », au détriment
des scènes de cunnilingus, souvent réduites à leur minimum.

La fellation

On entend par fellation l’ensemble des pratiques bucco-génitales


qui font intervenir le sexe masculin et la bouche, les lèvres et la
langue. Elle fait partie des pratiques préférées des hommes, mais
aussi des femmes comme nous allons le voir. Faire une fellation à
un homme permet de se sentir en position de force, de maîtrise, de
pouvoir, voire de supériorité, car nous avons dans notre bouche ce à
quoi l’homme tient le plus. C’est aussi pour les femmes une
formidable façon de donner du plaisir.

Un peu d’histoire

Le mot fellation nous vient du latin fellare qui veut dire « téter ».
Nous avons donc dès l’origine du mot ce qui fait la base même de la
fellation. Faire une fellation est en effet l’action de téter le pénis avec
plus ou moins de fioritures dans le but avoué de provoquer
l’excitation, donc l’érection, puis l’orgasme.
Longtemps, la fellation a été considérée comme une pratique
sexuelle anormale, voire perverse (tout comme la sodomie et le
cunnilingus), principalement parce que sa seule vocation est le
plaisir sexuel et non la reproduction. La fellation a même figuré dans
la première édition du Manuel diagnostique et statistique des
troubles mentaux, la bible américaine des maladies mentales.
La démocratisation des pratiques bucco-génitales liée à la
libération sexuelle, à la libéralisation des mœurs et de la société
date surtout du début du XXe siècle.
La popularisation de la fellation est telle que beaucoup de jeunes
la considèrent actuellement comme un acte moins intime qu’un
baiser.

La fellation en chiffres

En 2008, nous étions 80,4 % à avoir expérimenté la fellation au


moins une fois dans notre vie et 52,8 % à la pratiquer souvent ou
régulièrement (enquête Bozon et Bajos de 2008). Dix ans plus tard,
nous sommes désormais 89 % à l’avoir effectuée au moins une fois
et 78 % à s’y adonner souvent ou parfois (enquête IFOP/ELLE de
2019).
Trois autres pratiques, dont la fréquence (IFOP/ELLE, 2019)
augmente probablement avec la généralisation de la pornographie,
sont parfois ou souvent associées à la fellation :
– Le facefucking (irrumation ou coït buccal en français) consiste
en des va-et-vient du pénis dans la bouche tout en ayant la
tête maintenue. 55 % d’entre nous l’ont expérimenté au moins
une fois dans leur vie et 8 % le font régulièrement. L’histoire
ne dit pas le plaisir que cela procure aux femmes, et si elles le
font principalement pour faire plaisir à leur partenaire. Pour
info, le pourcentage monte à 77 % pour les femmes qui
regardent régulièrement des vidéos pornographiques. Là
encore, nous pouvons voir l’importance de l’influence de la
pornographie dans les scénarios sexuels.
– L’éjaculation dans la bouche est légèrement moins répandue
avec 45 % d’entre nous qui l’ont déjà essayée au moins une
fois et 7 % qui pratiquent régulièrement.
– Enfin, 35 % d’entre nous ont déjà avalé le sperme au moins
une fois au cours de leur vie et 5 % le font régulièrement.
Pour finir, un chiffre qui devrait tous nous inciter à explorer les
bienfaits de la communication : 70 % des hommes n’osent pas dire à
leur partenaire qu’elle s’y prend mal !

Les femmes qui la pratiquent le plus

• Elles ont entre 30 et 39 ans : elles sont alors 97 % à l’avoir


tentée.
• Elles font partie plutôt de la catégorie professionnelle des cadres
et professions intellectuelles : 96 %.
• Elles sont dans des couples qui durent : 96 % pour celles qui sont
en couple depuis plus de 7 ans.
• Elles ont eu plus de 6 partenaires dans leur vie : dans cette sous-
population, 97 % des femmes ont déjà essayé la fellation au
moins une fois.
• Enfin, elles fréquentent plus souvent que les autres des sites
pornographiques de manière régulière ou occasionnelle.

Les femmes les moins adeptes de fellation

• Elles ont plus de 70 ans : 78 % l’ont déjà pratiquée une fois dans
leur vie.
• Leur couple dure depuis plus de 20 ans : seulement 78 % de
cette sous-population a déjà expérimenté une fois la fellation.
• Elles ont eu un seul partenaire au cours de leur vie : 66 %
seulement ont alors tenté la fellation.
• Enfin, elles ne fréquentent jamais les sites pornographiques.
Quelques principes de base pour réussir une fellation

Au fondement de toute relation sexuelle, il y a le plaisir, celui que


l’on donne et celui que l’on prend, et la fellation ne déroge pas à
cette règle. La règle de base est donc de prendre du plaisir et de
montrer le plaisir que l’on prend. Rien de moins excitant qu’une
fellation vite fait sans réel désir, de manière mécanique.
Le but d’une fellation, même bien menée, ne devrait pas être
l’éjaculation. C’est une pression inutile, autant pour la femme qui
s’échine que pour l’homme qui reste alors trop tendu vers le but
ultime et risque fort de moins bien profiter des talents de sa
partenaire.
Il n’y a pas de véritable technique pour réussir une fellation, si ce
n’est observer les réactions de son partenaire, être attentive à ses
gémissements de plaisir (ou de douleur…), et bien sûr, éviter autant
que faire se peut tout contact avec les dents, trop agressif, trop
intrusif, trop inquiétant.

Il vous faudra aussi varier les plaisirs, les positions, utiliser tour à
tour la bouche, la langue, les lèvres, les doigts, être inventive sous
peine de crampes à la mâchoire ou de torticolis !

Choisir une position confortable. C’est sans doute le plus


important. L’homme sera allongé sur le dos, et la femme à ses côtés,
ou mieux, entre ses jambes écartées (voir schéma ci-après). C’est la
position idéale, qui permet un accès facile à l’ensemble du sexe
masculin, y compris son périnée et ses bourses. On pourra même
mettre un petit coussin sous les fesses de l’homme pour plus de
commodité. L’homme peut ainsi se détendre parfaitement afin de
profiter au mieux des caresses, et la femme a une grande liberté
dans ses mouvements.
La position du 69, bien que très célèbre, est souvent décevante.
Elle ne permet pas de se concentrer au mieux sur ses ressentis, et
le plaisir de l’un se fait alors au détriment de l’excitation de l’autre.

L’homme peut également être assis sur un fauteuil ou au bord du


lit, la femme à genoux, installée sur un coussin afin d’éviter tout
désagrément. C’est une position appréciée des hommes, plutôt
confortable et qui donne un accès facile à leurs zones érogènes.
Cependant, certaines femmes peuvent se sentir humiliées d’être
ainsi à genoux aux pieds de l’homme.
En réalité, les combinaisons de positions sont innombrables, à
vous de trouver la vôtre en fonction de vos désirs, de ceux de votre
partenaire et de l’envie du moment !

Le plaisir des yeux. Les hommes sont en général très excités par
les images. Ils le sont a fortiori par la vision de leur partenaire
penchée sur leur sexe en train de le lécher, et vous augmentez cette
excitation si, à ce moment-là, votre regard croise le leur, surtout si
vous arrivez à y montrer tout le plaisir que vous prenez.

Bien lubrifier. Le pénis est l’organe le plus sensible de l’homme


(avec les testicules), il nous faut donc en prendre soin, être douce et
attentive à ses réactions. Sa manipulation nécessite une bonne dose
de lubrifiant, la salive étant parfaite dans le cas présent puisque à
disposition. N’hésitez pas à bien mouiller le gland, mais aussi tout le
corps du pénis (appelé hampe) et les testicules. Les caresses n’en
seront que plus appréciées et plus agréables pour tous les deux.
Le contact de la langue est également très prisé des hommes au
niveau du gland, de la couronne et plus encore du frein du prépuce.
Le frein du pénis, en effet, est l’une des zones érogènes trop
souvent oubliée des femmes, qui se concentrent sur tout le gland en
effectuant des mouvements de va-et-vient.
ANATOMIE DU PÉNIS

Ne pas se contenter du pénis. La sensibilité érotique de l’homme


ne se résume pas à son pénis.
Certaines zones sont particulièrement sensibles, à caresser,
lécher, déguster successivement ou simultanément :
– Les bourses, situées en dessous de la verge : elles remontent
lors de la phase d’excitation sexuelle, et plus on se rapproche
de l’éjaculation, plus elles deviennent dures. Les hommes
aiment qu’on les tienne en main, doucement car c’est une
partie très sensible à la douleur, ils adorent qu’on les lèche, la
sensation de la langue bien à plat qui déguste l’ensemble des
bourses est, selon leurs dires, sans égal. Mais, encore une
fois, rien ne vaut la communication avec son partenaire pour
savoir ce qu’il ressent exactement.
– Le périnée, cette zone située entre la base du pénis et l’anus,
souvent oubliée des femmes, est pourtant une zone érogène
à part entière. N’hésitez pas à aller y faire un tour, avec la
langue ou les doigts. C’est un endroit qui supporte (et
nécessite) une pression un peu plus importante, et le résultat
vous surprendra. Vous permettrez ainsi à votre partenaire de
prendre conscience de cette zone qu’il ignore probablement
et qui est pourtant fondamentale pour augmenter l’érection et
maîtriser l’éjaculation.
– La zone entre les bourses et les cuisses est également très
sensible au toucher, aux caresses, et augmentera l’excitation
sexuelle de votre partenaire.
– Vous pourrez également, si le cœur vous en dit, aller un peu
plus loin vers l’arrière et tester les zones érogènes de l’anus.
Utiliser toutes les possibilités qu’offre la combinaison de la bouche
et des mains. La fellation, ce n’est pas juste la bouche et le sexe.
Les mains jouent un rôle primordial. Elles permettent de caresser,
d’enserrer la hampe pour faire monter l’excitation, de presser le
périnée, de masturber le pénis quand la bouche est occupée avec le
gland. Vous pouvez vous en servir pour faire un anneau à la base du
pénis, et ainsi éviter tout risque de pénétration trop profonde qui
risquerait de provoquer un réflexe de vomissement, pas très
agréable en plein ébat !

Communiquer. C’est sans aucun doute le plus important, et pas


seulement pour la fellation. Chacun est unique. Ce qui fonctionne
pour un homme est peut-être totalement rédhibitoire pour un autre,
et sans les mots pour le dire, les malentendus sont inévitables.
Malheureusement, beaucoup d’hommes n’osent pas dire ce qui
leur convient et ce qui ne leur convient pas, nous laissant un peu
trop seules face à notre affaire. Et bien souvent, nous avons comme
seul repère ce que nous avons vu dans les films pornos, c’est-à-dire
une femme qui aspire goulûment le pénis en mimant la pénétration
vaginale. C’est certes très cinégénique, mais c’est à peu près tout ce
qu’il ne faut pas faire.
Incitez votre partenaire à vous dire ce qu’il aime, ou pas ; ne
soyez pas vexée en cas de remarques, c’est comme ça qu’on
apprend !

Quels sont les risques de la fellation ?

Le risque le plus élevé reste la transmission d’infections


sexuellement transmissibles, et la liste est longue. Le risque est en
général plus important en cas d’ingestion de sperme. On ne saurait
trop vous recommander de mettre un préservatif pour toute fellation
réalisée en dehors d’une relation stable.
– VIH : le risque est très faible, voire inexistant en l’absence de
blessure, coupure, micro-saignements au niveau de la
bouche ; il est déconseillé de se laver les dents juste avant
une fellation, justement pour éviter le risque de microlésions.
– Herpès : la transmission est fréquente, d’autant plus que
l’infection passe le plus souvent inaperçue. C’est une maladie
extrêmement fréquente qui touche soit la bouche (le fameux
bouton de fièvre), soit la région génitale des hommes et des
femmes. Ce n’est pas une maladie grave et aucun traitement
curatif n’existe.
– Human Papilloma Virus (HPV) et son risque de cancer du col
de l’utérus. Mais aujourd’hui, les jeunes filles sont pour la
plupart vaccinées. Il semble également que la fellation
augmente le risque de cancer de la sphère ORL justement
par le biais des fellations répétées.
– Les infections à gonocoques et à Chlamydiae Trachomatis :
le risque est moindre que par la pénétration vaginale, mais il
existe.
– La syphilis : le risque est réel, et la syphilis est en
recrudescence. C’est une maladie grave, mais un traitement
existe. Un dépistage devrait être systématique avant toute
pratique sans préservatif.
– L’hépatite B : normalement, vous êtes vaccinées, donc aucun
souci à se faire ! La transmission est très fréquente par
fellation.

Le cunnilingus

Le cunnilingus est une pratique bucco-génitale qui consiste à


stimuler le sexe féminin – vulve et clitoris – principalement avec la
bouche, les lèvres ou la langue.
Le mot vient de l’association des mots latins cunnus, sexe féminin,
qui signifie « vulve » (d’où est issu le mot con) et de lingere,
« lécher ».
Si le mot cunnilingus vous déplaît, il existe de nombreuses autres
expressions plus ou moins imagées : cunnilinctus, baiser vulvaire
(l’appellation est de Gérard Leleu dans L’Art du cunnilingus), mais
aussi brouter le minou, faire minette, pratiquer la tyrolienne à crinière
et autres synonymes beaucoup moins poétiques… voire insultants
pour les femmes.
Si nous sommes une très large majorité à apprécier, certaines
d’entre nous n’y trouvent aucun attrait, et quelques-unes sont
carrément rebutées. Les arguments, dans ces cas-là, sont toujours
les mêmes : « j’ai peur que ça ne sente pas bon, qu’il soit dégoûté,
ça me gêne qu’il voie mon sexe de si près, j’ai honte »… Petits
relents de siècles de répression du plaisir féminin ou simple
susceptibilité individuelle ? Quelle qu’en soit la raison, aucune
femme ne doit se forcer à faire quelque chose qu’elle n’aime pas.
Encore moins en matière de sexualité, dont le but est uniquement le
plaisir.
Un peu d’histoire

La pratique du cunnilingus a été très mal perçue tout au long de


l’histoire humaine. Elle a été considérée pendant des siècles comme
indigne, voire perverse, et en tout cas contre-nature, car n’ayant
aucune fonction dans la reproduction.
Ainsi, lors de l’époque romaine, le broute-minou était réservé aux
homosexuelles et aux esclaves ; pas question qu’un homme digne
de ce nom s’abaisse à embrasser la vulve de son aimée.
Au Moyen Âge, il était considéré comme un acte délictueux et puni
par la loi ; ce fut sans doute la période de la plus forte répression
des pratiques bucco-génitales. Tout comme la fellation, le
cunnilingus a été inscrit comme trouble sexuel dans le premier
Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM I),
paru en 1952. Il faudra attendre les années 1970 en Occident pour
que le cunnilingus trouve enfin la place qu’il mérite dans la sexualité
féminine.
Au cours de l’histoire, seule la Chine, à travers la philosophie et le
mode de vie liés au taoïsme, a vraiment donné ses lettres de
noblesse au baiser vulvaire. Les fluides corporels émis par la
femme, en particulier la cyprine, étaient considérés comme des sucs
vitaux. L’homme qui buvait à la coupe féminine lors du cunnilingus
se rechargeait ainsi en énergie positive et augmentait sa puissance
(Anaïs Languebien, La Sexualité, un va-et-vient entre Taos et
Chaos, Éros et Thanatos).

Le cunnilingus en chiffres

90 % des Françaises ont fait l’expérience du cunnilingus au moins


une fois dans leur vie selon la dernière étude en date sur le sujet
(IFOP pour ELLE, 2019).
Parmi ces 90 %, 40 % en ont bénéficié souvent et 37 % parfois.
Nous sommes ici à égalité presque parfaite avec les hommes en
termes de sexualité orale. Le cunnilingus est aujourd’hui entré dans
les usages d’une sexualité ordinaire.
Lors de l’étude de grande ampleur sur la sexualité en France en
2006 (plus de 12 000 personnes interrogées), la pratique du
cunnilingus s’élevait déjà à 85,5 %, dont 57,6 % régulièrement.
En revanche, côté efficacité, il y a des progrès à faire : 35 % n’ont
jamais ou très rarement atteint un orgasme grâce au cunnilingus, et
seulement 30 % très facilement (étude IFOP/CAM4 de 2014).

Les femmes qui aiment le plus le cunnilingus

Source : enquête sur la sexualité en France de 2006 (Bajos et


Bozon)
• Elles ont entre 35 et 39 ans : 92,5 % de cette sous-population l’a
en effet pratiqué au moins une fois dans sa vie.
• Ce sont en majorité des femmes qui ont un niveau d’études
supérieur.
• Enfin, ce sont celles qui ont eu plus de dix partenaires au cours
de leur vie.

Quelques conseils pour un cunnilingus réussi

Accepter un cunnilingus, c’est accepter que votre partenaire mette


la bouche (et le nez) sur l’endroit le plus intime de votre corps. Cela
nécessite beaucoup de confiance et une bonne dose de lâcher-
prise. Mais cela implique aussi de la douceur de la part de celui qui
embrasse, et une certaine technique, même si chaque femme est
particulière, et ce qui plaît à l’une sera sans effet sur une autre.

Prendre son temps. Tout d’abord, un bon cunnilingus demande du


temps, de la persévérance et l’envie de bien faire. Nous avons
toutes besoin de sentir que notre partenaire y prend autant – ou
plus – de plaisir que nous, qu’il ne se sent pas obligé, que ça
l’excite, et que vraiment, il a tout son temps, et nous aussi, par
conséquent. Car mener une femme à l’orgasme avec le baiser
vulvaire peut prendre entre 5 et 30 minutes, voire plus en fonction
des moments, de la capacité de la femme à se détendre, de ses
habitudes autoérotiques, mais aussi de la dextérité du donneur.

La stimulation du gland du clitoris. La stimulation du gland du


clitoris est tout un art. Comme nous l’avons vu précédemment, il est
plus sensible aux vibrations et à la pression qu’aux caresses. Il faut
donc privilégier la succion, exercée avec une certaine pression (ni
trop ni trop peu, mais ça dépend de chacune) et surtout une vitesse
constante et rapide.
S’il n’y a qu’une chose à retenir ici, c’est celle-ci : toute
modification du rythme de la succion fait baisser l’excitation, et il y a
un grand risque de devoir tout recommencer depuis le début, surtout
au moment de l’approche de l’orgasme. C’est à ce moment précis
que l’homme doit fournir la preuve de son endurance. On peut alors
l’encourager par des gémissements, des vocalises ou des mots
doux.
Pour exciter un clitoris, tout se joue au millimètre près : seule la
femme peut guider son partenaire, elle seule ressent ce qui marche
ou pas. Pour certaines, c’est la stimulation à travers le capuchon,
pour d’autres, la tige du clitoris, ou bien le gland en lui-même.
N’hésitez pas à dire clairement les choses, voire à guider la tête de
votre partenaire si vous n’osez pas énoncer à voix haute vos
préférences.

Ne pas se limiter au clitoris. Tout ne se joue pas au niveau du


gland. En effet, la stimulation des petites lèvres, de l’entrée du vagin
et de tout le vestibule apporte également beaucoup de plaisir. Ce
sont des zones sensibles au toucher léger qui possèdent des
récepteurs au plaisir. La langue peut venir par exemple jusque dans
le vagin pour en stimuler l’entrée, comme pour mimer la pénétration.
Certaines femmes aiment, d’autres non, à vous de dire à votre
partenaire ce qui vous plaît ou pas.

Se servir de ses mains. Embrasser le clitoris, c’est bien, caresser


en même temps les seins ou toute autre zone érogène, c’est mieux.
Plus le nombre de zones érogènes stimulées est important, plus
grande est l’excitation sexuelle, plus le plaisir est intense. On peut
aussi inciter notre partenaire à introduire un ou deux doigts dans le
vagin pour titiller le fameux point G, ou le laisser dériver vers la zone
anale à la recherche de nouvelles sensations, nous y reviendrons.

Quelles sont les meilleures positions ?

Nous devons chercher la position la plus confortable, pour soi et


pour son partenaire, car, comme nous l’avons vu, la montée du
plaisir peut être assez lente. Rien de plus dommageable pour notre
plaisir qu’un homme qui s’arrête au bout de 5 minutes parce qu’il a
des crampes dans les bras, les jambes ou la langue.
Le plus simple, le plus pratique, c’est de s’allonger
confortablement sur le dos, un oreiller sous les fesses pour offrir un
meilleur accès à l’ensemble de notre vulve, les jambes écartées,
allongées ou repliées. L’homme place sa tête entre nos jambes,
allongé ou à genoux, selon ses préférences.
Cette position a l’avantage de permettre de stimuler les tétons en
même temps, d’accorder une vraie détente à la femme qui peut
fermer les yeux et se laisser porter par ses sensations et son
imaginaire érotique.
De nombreuses autres positions sont possibles, elles dépendent
surtout de notre capacité à être à l’aise avec notre corps.
Par exemple, à quatre pattes, l’homme allongé sur le dos. La
vulve est facilement accessible, la zone anale également si nous en
sommes friandes. C’est une position très confortable pour l’homme,
sans risque de torticolis.
Assise sur le visage de l’homme, qui est allongé sur le dos, nous
pouvons contrôler les mouvements et le rythme en imprimant nous-
même les va-et-vient ou les rotations du bassin. Cette position est
réservée aux femmes et aux hommes très à l’aise avec leur corps ou
à celles qui ont des tendances dominatrices, car ici, l’homme est à
notre merci.
Assise sur un fauteuil, l’homme se met à genoux devant nous et
embrasse notre vulve qui se situe à sa hauteur. Un coussin est placé
sous ses genoux. Encore une position confortable pour les deux qui
offre une grande liberté de mouvement, et surtout, qui permet à la
femme de regarder. À réserver aux plus voyeuses d’entre nous.

Quant à la célèbre position du 69, pourquoi pas, mais ce n’est pas


la plus adaptée au plaisir féminin. Il faut beaucoup de concentration
à la femme pour atteindre l’orgasme, et elle a en général du mal à
faire deux choses à la fois, donner du plaisir et en recevoir.

Question d’hygiène

Une petite toilette intime avant de commencer vous rendra plus


sereine. Vous aurez moins peur de « sentir », et votre partenaire
vous remerciera. Un simple lavage avec de l’eau devrait suffire. On
peut nettoyer la zone avec de l’huile d’amande douce ou une lingette
intime.
Le nettoyage est également préférable pour limiter le risque de
transmission de maladies sexuellement transmissibles.
Nous ne dirons jamais assez que le sexe féminin n’est pas sale,
c’est un endroit propre et totalement aseptisé, et les bactéries qui y
sont présentes jouent un rôle fondamental pour le maintien de
l’équilibre et le bon fonctionnement de l’ensemble. Dans tous les
cas, une bouche contient beaucoup plus de germes qu’un vagin.

Question des poils

Certains hommes sont gênés par les poils des grandes lèvres ou
du pubis. On peut donc s’épiler plus ou moins entièrement. Mais ce
n’est absolument pas indispensable pour profiter d’un bon
cunnilingus. L’épilation doit rester un choix personnel et non un choix
dicté par son partenaire ou une question de mode. Les poils ont
aussi leur utilité en matière de sexualité.
Il n’y a pas que les poils des femmes dont on doit parler : il faut
dire aux hommes que la barbe de trois jours irrite aussi notre vulve
et que ce n’est pas du tout agréable d’avoir le sexe en feu pendant
trois jours après chaque séance de sexe oral !

Pendant les règles

Nombreux sont les hommes qui ont un véritable problème avec le


sang menstruel et qui n’osent pas nous toucher pendant cette
période. Pourtant, rien de moins sale que le sang, qui est un liquide
stérile.
Mais la peur ou le dégoût des règles sont bien ancrés dans
l’inconscient masculin, et il est difficile d’obliger un homme à aimer
ça.
Pour ceux que ça ne gêne pas, on peut toujours mettre un tampon
pour éviter que le sang tache les draps.
La seule chose à savoir, c’est que le risque de transmission du
VIH pourrait être augmenté si la femme est séropositive. Si c’est
l’homme qui est séropositif, il n’y a pas de danger puisque le VIH ne
se transmet pas par la salive.
Les risques du cunnilingus

Comme toute pratique sexuelle, il y a un risque de transmission


d’infections plus ou moins embêtantes :
– VIH : le risque est faible, voire nul.
– Herpès : le risque est élevé si le partenaire est porteur de
l’herpès. La transmission peut se faire de la bouche (herpès
labial) au sexe (herpès génital), bien que ce soit deux types
de virus différents. On évite donc tout cunnilingus si le
partenaire a un bouton de fièvre.
– Infection à Chlamydiae : elle peut se transmettre via le sexe
oral, le seul moyen de se prémunir contre elle est de faire des
dépistages systématiques avant toute relation sexuelle, orale
ou non.
– HPV : c’est une IST très fréquente. Elle peut être facilement
transmise par le cunnilingus. Le HPV est la plupart du temps
sans danger, mais il existe plusieurs sous-types qui sont dits
à haut risque et qui peuvent être responsables de cancers du
col de l’utérus (quelques sous-types du virus seulement sur
plus de 120 types différents !). Ces souches peuvent
également être un facteur de risques pour les cancers de la
gorge. Et ce risque est plus élevé chez les hommes que chez
les femmes (étude de Hopkins et al., 2017). Une vaccination
systématique des garçons pourrait contribuer à éliminer ce
problème.
– Les hépatites B et C peuvent également être transmises par
le sexe oral, mais surtout lors de contacts avec du sang. La
vaccination existe contre l’hépatite B, et le dépistage, pour les
deux.
La seule façon de se protéger du risque d’IST est de faire des
tests de dépistage systématiques (bilan sanguin et urinaire).
On peut aussi utiliser des protections, comme un préservatif
découpé ou une digue dentaire, mais ce n’est ni très agréable ni
commode.
Le mieux est sans doute de réserver ce type de pratiques aux
relations stables, après des tests de dépistage. Le fait d’avoir des
partenaires multiples est sans conteste un facteur de risque de
contaminer ou d’être contaminée.

Pour en savoir plus

Catherine Solano, Pascal de Sutter, La Mécanique sexuelle


des hommes ; t. 1 : L’Éjaculation et t. 2 : L’Érection, Robert
Laffont, 2012.
En lisant ces ouvrages écrits par deux sexologues réputés, vous
apprendrez tout sur les mécanismes de l’érection et de l’éjaculation,
sur les façons de faire pour améliorer l’érection ou retarder
l’éjaculation. À faire lire aux hommes également.

Coralie Trinh Thi, Osez une leçon de fellation, La Musardine,


2009.
Le livre le plus vendu de la collection des « Osez ». Ce guide
pratique est destiné aux femmes et aux hommes. Coralie Trinh Thi a
été coréalisatrice du film Baise-moi, tiré du roman de Virginie
Despentes, et a publié plusieurs romans. Vous trouverez dans cet
ouvrage tous les détails utiles et les différentes techniques qui
concernent l’art de la fellation.

Charles Beauregard, Jeremy Alexander, L’Art de caresser un


homme : Le guide érotique illustré, Dexteros, 2013.
Un ouvrage à la fois technique et illustré de photographies pour
apprendre à caresser les hommes avec des explications claires et
pertinentes. À recommander sans hésitation pour explorer les
plaisirs masculins, qui ne se résument pas à leur sexe.

Coralie Trinh Thi, Osez le cunnilingus, La Musardine, 2009.


Ancienne actrice porno, aujourd’hui journaliste et écrivaine, elle a
coréalisé le film Baise-moi avec Virginie Despentes.
Un livre destiné aux femmes et aux hommes qui souhaitent
découvrir ou enrichir leur sexualité orale avec des conseils pratiques
et de nombreux exemples, le tout agrémenté d’informations
historiques et scientifiques.

Gérard Leleu, L’Art du cunnilingus, LEDUC. S, 2010.


Gérard Leleu, médecin sexologue, « révèle dans ce livre la
beauté, l’amour et le sens de ces caresses exquises qu’on apprend
à partager avec l’être qu’on aime le plus au monde ».

Violet Blue, Le Guide tabou du cunnilingus (de rêve), Tabou,


2013.
Auteure de nombreux manuels pratiques sur la sexualité, Violet
Blue est éducatrice sexuelle et journaliste. Pensé et écrit pour les
femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle, ce livre propose
des techniques et différents scénarios pour améliorer le plaisir par
les caresses intimes.
La sexualité anale
Considérer son anus comme une zone érogène n’est pas
forcément très simple, et cela reste encore une pratique assez
taboue, que ce soit pour les femmes ou pour les hommes. Pour
beaucoup, le sexe anal est synonyme de saleté, de douleur, de
soumission, d’acte contre-nature. Il est encore difficile d’envisager la
zone anale comme une zone érogène à part entière malgré
l’évidence anatomique et physiologique.
Parler de sexualité anale, c’est parler à la fois de la sodomie (la
pénétration de l’anus et du rectum par un doigt, un pénis ou un
objet) et de l’anulingus (la stimulation de la zone anale avec la
langue ou la bouche). Nous verrons que ces deux pratiques peuvent
offrir une richesse à la sexualité du couple, même si elles ne sont
pas du tout indispensables à une sexualité épanouie.

Petite histoire de la sodomie

Le mot « sodomie » nous vient du latin Sodoma qui désigne le


nom d’une ville située en Palestine. L’histoire raconte que cette ville
fut entièrement détruite par le feu et ses habitants chassés, punis
par Dieu, qui considérait leur conduite comme infidèle et perverse
(Gn 19). Par la suite, le mot « sodomie » désigna toute conduite
sexuelle jugée perverse ou contraire à la morale (notamment
l’homosexualité et le viol) et, par extension, toute pratique sexuelle
dont le but n’était pas la reproduction (fellation, cunnilingus,
masturbation, coït interrompu…).
Cependant, cette pratique était tout à fait acceptée et légale dans
la Grèce et la Rome antiques, notamment entre le maître et son
élève ; elle était alors jugée comme une manière de transmettre le
savoir et la virilité.
Mais globalement, longtemps, la pratique de la sodomie a été
réprouvée sous la pression des différentes religions et punie par la
loi. Les châtiments étaient divers selon les époques et les pays : le
bûcher, la prison, les punitions publiques, le fouet, la torture…
Sa dépénalisation est plus ou moins récente selon les pays : 1791
en France, 1969 au Canada ou en Allemagne, 2003 aux États-
Unis… Et certains pays la condamnent encore : jusqu’à dix ans de
prison en Inde, au Kenya, en Tanzanie, deux ans au Zimbabwe,
prison à vie en Ouganda, au Bengladesh… liste non exhaustive tant
elle est longue.
La sexualité anale paie sans aucun doute le prix de son histoire et
reste une pratique marginale, sans jeu de mots. Peu nombreuses
sont les femmes qui sont à l’aise avec le sexe anal et qui y prennent
du plaisir. Pourtant, c’est bien une zone érogène que l’on peut, si on
le souhaite, apprendre à développer.

Le sexe anal en chiffres

Selon une des dernières études en date (IFOP/ELLE de 2019 sur


un échantillon représentatif de 1 007 femmes âgées de plus de
18 ans) :
– 51 % des femmes ont expérimenté la sodomie au moins une
fois au cours de leur vie et 4 % la pratiquent régulièrement ;
– 26 % des femmes ont reçu un anulingus de la part de leur
partenaire et 3 % le pratiquent régulièrement ;
– 15 % des femmes ont pratiqué l’anulingus sur leur partenaire
et 2 % le font régulièrement.
Si on compare ces résultats avec ceux de l’étude de 2008 de
Bajos et Bozon (37 % des femmes ont expérimenté au moins une
fois la sodomie et 9,2 % la pratiquent régulièrement au cours des 12
derniers mois), on s’aperçoit alors que cette pratique est de plus en
plus commune, même si sa régularité augmente peu. En 1970, par
exemple, nous n’étions que 14 % à avoir essayé la sodomie une fois
dans notre vie.
Les femmes qui la pratiquent le plus sont celles qui se disent
bisexuelles ou homosexuelles (elles sont alors 17 % à pratiquer
souvent la sodomie), celles qui font plus de trois fois l’amour par
semaine et celles qui ont eu un nombre important de partenaires
(étude IFOP/ELLE, 2019).
Les résultats de cette étude mettent aussi en évidence que la
fréquentation régulière des sites pornos incite à expérimenter la
sodomie. C’est en effet une pratique très courante de la
pornographie avec une dimension de performance sexuelle qui
prend le pas sur le véritable plaisir.
Autre chiffre important : 57 % des femmes qui ont tenté la
sodomie ont trouvé cette expérience positive, mais 68 % d’entre
elles l’ont fait à la demande de leur partenaire (enquête de Brenot,
2011).
Enfin, environ 30 % des personnes qui pratiquent régulièrement la
sodomie ont un orgasme lors de la pénétration anale (Wunsch,
2007). En effet, plus on s’exerce, plus on active les récepteurs
sensoriels, plus on les sensibilise, plus les capacités orgasmiques
augmentent (Yates, 2004).

Une pratique encore taboue

Beaucoup de femmes, et quelques hommes également, voient


dans le sexe anal une sorte de perversion, une forme de pratique
déviante qui, pendant longtemps, a été perçue comme l’apanage
des homosexuels masculins. C’est une activité qui a pu être perçue
comme contre-nature car elle ne participe pas à la reproduction.
La sodomie et le sexe anal sont certainement parmi les derniers
tabous sexuels dans notre société. On en parle peu dans les
médias, les études scientifiques sont rares, donc tabous également
parmi les universitaires ; les personnes qui les pratiquent en parlent
rarement librement, et les femmes qui y prennent du plaisir le taisent
le plus souvent par peur d’une certaine réputation.
Il faut dire que la pornographie ne donne pas une image
réjouissante de la sodomie. Les femmes y sont malmenées, la
sodomie apparaît comme l’apanage du plaisir masculin, et surtout, la
femme ne semble pas avoir d’autre choix que de subir les assauts
de l’homme en rut, voire de plusieurs individus, dans les films les
plus crus. Or se faire sodomiser est un choix personnel, une liberté
individuelle ; on ne le fait pas uniquement pour faire plaisir à son
partenaire, on ne devrait en tout cas pas se sentir obligée de le faire
sous la pression des demandes répétées et insistantes de certains
hommes trop influencés par la pornographie.
Je recommanderais plutôt aux femmes tentées par l’expérience la
lecture de l’excellent ouvrage de l’ancienne danseuse étoile Toni
Bentley, Ma reddition : Une confession érotique, traduit en France en
2007 aux éditions de La Musardine. Un livre passionnant, personnel
et érudit, dans lequel l’auteure retrace son propre parcours vers la
découverte du plaisir anal.

Un peu d’anatomie pour mieux comprendre et avoir moins


peur

La sodomie consiste à pénétrer le rectum en passant par l’anus.


Le rectum est la toute dernière partie du tube digestif. C’est un tube
relativement grand, de près de 12 cm de long, plus large que le
vagin. Il est normalement vide, exempt de matières fécales. Il n’y a
donc pas trop de risque de rencontrer un intrus lors de cette
pratique, même si, évidemment, cela arrive…
Le canal anal fait suite au rectum ; il mesure 2 à 5 cm de long et
est constitué de plusieurs couches de muqueuses fines, fragiles, très
riches en terminaisons nerveuses et en vaisseaux sanguins. Des
récepteurs au plaisir sont présents dans l’épaisseur de la paroi du
canal anal et sont surtout sensibles à la pression.
Le canal anal s’ouvre à l’extérieur grâce à l’anus. L’anus est fait de
plusieurs couches de muqueuses, il a une apparence plissée et
contient également des follicules pileux. Sa couleur varie du rosé au
brun. Une hygiène normale et un nettoyage après les selles assurent
amplement la propreté de la zone, qui n’est pas plus sale que les
doigts, par exemple. Là encore, il existe de nombreux récepteurs
aux plaisirs, sensibles surtout au toucher léger et aux frottements.
L’anus est aussi entouré par deux muscles :
– Le sphincter externe, contrôlé par la volonté, c’est grâce à lui
que nous maîtrisons nos besoins, et c’est lui que nous
apprenons à détendre pour prendre du plaisir dans la
pénétration anale.
– Le sphincter interne est contrôlé par le système nerveux
sympathique, le même qui contrôle les fonctions
automatiques de notre corps comme la respiration. Il se
détend de façon réflexe lorsqu’il est stimulé, notamment sous
l’effet de l’excitation sexuelle.

L’orgasme anal existe-t-il ?

D’un point de vue théorique, l’orgasme à point de départ anal peut


exister. En effet, l’anus et le canal possèdent tous les éléments
physiologiques et anatomiques nécessaires pour déclencher la
jouissance féminine : des récepteurs au plaisir, une vascularisation
importante, le système musculaire du périnée. De plus, nous savons
aujourd’hui que lors de l’orgasme, il y a des contractions des
muscles du périnée, et notamment du releveur de l’anus.
Il n’existe malheureusement pas d’études scientifiques sur le
sujet, mais on peut se référer à l’expérience des femmes en la
matière. Toutes celles qui aiment la sodomie et qui la pratiquent
régulièrement décrivent un type d’orgasme particulier. Il est tout de
même important de noter qu’une stimulation du clitoris est très
souvent nécessaire pour atteindre l’orgasme.
Selon une étude récente, plus de 95 % des femmes ayant
expérimenté le sexe anal lors de leur dernier rapport ont eu un
orgasme, mais pas forcément un orgasme lors de la pénétration
anale proprement dite. Il semble même que l’orgasme soit obtenu
par un autre moyen et précède la pénétration anale, voire la facilite.
En effet, qui dit orgasme dit détente musculaire, qui est l’un des
prérequis indispensables à toute pénétration anale. Ce sont les
préliminaires qui permettent de détendre suffisamment le corps,
particulièrement les sphincters anaux, favoriser le lâcher-prise et la
confiance, amenant la femme à jouir d’une pénétration sans douleur
et à ressentir du plaisir.
L’orgasme anal pourrait impliquer à la fois la stimulation du point G
et la stimulation du col de l’utérus à travers la paroi vaginale, ce qui
expliquerait la dimension particulièrement complète et profonde que
décrivent les femmes lorsqu’elles en parlent.

Quelques conseils pour une sodomie réussie

Réussir une sodomie, c’est d’abord de la patience, de la


confiance, beaucoup de détente et une bonne dose de lubrifiant. Et
la salive seule ne suffit pas, malgré ce que nous montrent les films
pornos !

Une pénétration sans douleur. Le but de la sexualité est le plaisir.


La sexualité anale ne déroge pas à cette règle de base. La
pénétration anale ne doit pas faire mal, et si elle fait mal, c’est que la
préparation n’a pas été assez longue, l’excitation sexuelle n’est pas
suffisante, votre partenaire n’est peut-être pas assez patient, ou
alors, c’est qu’on n’en a pas vraiment envie, et il est important
d’arriver à le dire et à ne pas se forcer. Il n’y a rien de déshonorant à
ne pas avoir envie d’essayer. On peut tout à fait avoir une sexualité
libre et libérée et ne pas aimer la sodomie.

Il est en revanche tout à fait normal de ressentir une gêne, une


sensation de contrainte : c’est le moment où le sphincter doit se
détendre sous l’effet de la stimulation liée à la pénétration. On peut
ressentir un peu la même chose que lorsqu’on a envie d’aller à la
selle. Passé ce petit moment désagréable, surtout lors de la
première fois, le plaisir peut vraiment être au rendez-vous. Il est
juste essentiel de bien comprendre que c’est l’excitation qui permet
le relâchement du sphincter anal et que, sans excitation, la douleur
est quasiment inévitable.

La lubrification avant toute action. Contrairement au vagin, le


canal anal ne se lubrifie pas tout seul. Il faut donc apporter
le lubrifiant soi-même. Ce peut être de l’huile d’amande douce, de la
vaseline (mais elle altère les préservatifs), ou mieux encore, un
lubrifiant à base d’eau qui ne nuit en rien à l’efficacité du condom.
Cette étape est indispensable sous peine d’éraflures, de déchirures,
de saignements au niveau de la marge anale ou du canal anal. Des
petites blessures sans gravité, mais suffisamment gênantes pour ne
plus avoir envie d’y retourner. Quant au rectum, pas de souci : il est
assez grand pour supporter bien plus qu’un pénis en érection.

Question de propreté. Nombreuses sont les femmes gênées par


l’idée de saleté qu’elles se font de cette zone. Si tel est votre cas, un
petit nettoyage s’impose. Il suffit en général d’une toilette intime qui
insiste sur la zone anale (un peu d’eau et de savon). On peut
également avoir recours aux lingettes ou à un coton enduit d’huile
d’amande douce, par exemple.
Vous avez peut-être entendu parler du lavage de l’intérieur du
rectum, par l’intermédiaire d’un lavement, c’est-à-dire l’injection
d’eau dans le rectum à l’aide d’une poire à lavement. Le but est
d’enlever toute matière fécale de l’ampoule rectale, et ainsi d’éviter
tout risque d’« accident ». Mais les lavements ne sont pas
indispensables à une sodomie réussie.

Pas de pénétration vaginale après la sodomie. Enfin, dernier détail


qui a son importance afin d’éviter tout problème d’infection : on ne
passe pas du rectum au vagin, sous peine d’y apporter tout un tas
de bactéries. Si telle est votre envie, le plus simple est de mettre un
préservatif pour la pénétration anale que l’on enlève lors du passage
à la pénétration vaginale.

L’anulingus

L’anulingus ou anilinctus, plus poétiquement appelé feuille de


rose, consiste à stimuler l’anus de son partenaire par l’intermédiaire
de sa bouche et sa langue. On peut également faire pénétrer sa
langue à l’intérieur du canal anal car c’est une zone riche en
terminaisons nerveuses spécialisées dans la volupté. Cette pratique
est appelée le colibri, en référence à ce petit oiseau qui introduit sa
langue dans les fleurs pour en collecter le nectar.
Côté chiffres, nous sommes 15 % à avoir léché l’anus de notre
partenaire au moins une fois au cours de notre vie et 7 % à le faire
souvent ou parfois (étude IFOP pour ELLE de 2019). 26 % d’entre
nous ont accepté un anulingus de la part de leur partenaire au moins
une fois, et 11 % y prennent plaisir souvent ou parfois.
Les hommes semblent plus enclins à faire qu’à accepter qu’on
leur fasse, voire à le réclamer, sans doute par peur d’une
représentation homosexuelle de la sexualité anale. Pourtant, ce
serait pour eux un moyen de montrer le chemin à leur partenaire, car
quoi de plus convaincant que de donner l’exemple ?
Si vous vous sentez prête à essayer, n’oubliez pas de bien
nettoyer la zone avec de l’eau et du savon, outre la question de
l’hygiène, cela règle aussi les éventuelles mauvaises odeurs. Passé
ce cap, vous pourrez alors savourer en toute sécurité ce petit trou si
sensible et découvrir les possibilités érogènes de la face cachée de
votre anatomie.
Comme toutes les pratiques, l’anulingus comporte quelques
risques de transmission de maladies sexuellement transmissibles,
notamment de l’hépatite A, maladie qui touche le foie et dont la
transmission se fait par les bactéries de l’intestin. Un des moyens
pour l’éviter est d’utiliser une protection, type digue dentaire ou
préservatif, que l’on aura pris soin de découper.

Quand les femmes initient les hommes au sexe anal

La sexualité anale ne concerne pas seulement les femmes ou les


homosexuels. Les hommes hétérosexuels sont de plus en plus
nombreux à rechercher à prendre du plaisir grâce à cette zone.
La dernière étude en date sur le sujet montre en effet que les
femmes prennent de plus en plus souvent des initiatives et font
découvrir à leur partenaire le plaisir du sexe anal (étude IFOP pour
ELLE de 2019). Nous sommes 22 % en moyenne à avoir déjà titillé
l’anus de notre partenaire avec notre doigt au moins une fois au
cours de notre vie, et 11 % à le faire régulièrement (2 % souvent et
9 % parfois).

Qui sont les femmes qui pratiquent


le plus ?
Les femmes qui aiment faire découvrir ce genre de plaisir à leur
partenaire ont, selon la dernière étude de l’IFOP pour ELLE en 2019,
les caractéristiques socio-démographiques suivantes :
• Elles ont entre 50 et 59 ans : 30 % d’entre elles en ont déjà fait
l’expérience. Peut-être l’envie de découvrir et faire découvrir
d’autres sources de plaisir, d’enrichir le répertoire de sa sexualité
après une longue période plus conventionnelle.
• Les cadres et professions intellectuelles : elles sont 33 % à l’avoir
déjà tenté une fois dans leur vie.
• Les femmes qui habitent à la campagne (26 % contre seulement
16 % pour les femmes de l’agglomération parisienne).
• Les femmes bisexuelles et homosexuelles : 50 % d’entre elles
l’ont déjà fait au moins une fois.
• Les femmes ayant eu plus de 10 partenaires : elles sont alors
39 % à l’avoir expérimenté.
• Celles qui ont plus de 3 rapports sexuels par semaine et celles
qui visionnent de la pornographie régulièrement : 37 % l’ont déjà
pratiqué.

Comment initier un homme au sexe anal ?

Il est de plus en plus répandu chez les femmes et également


accepté par les hommes hétérosexuels, qui souhaitent découvrir le
massage prostatique et ses « super-orgasmes ». Car si la
pénétration anale est demandée par les hommes, c’est bien pour y
trouver un plaisir inédit. Selon les adeptes de la pratique, l’orgasme
ressenti lors de la pénétration anale serait plus long, plus intense et
plus diffus. En cause, la stimulation de la prostate, cette glande
située dans la partie antérieure de la paroi rectale et qui produit le
liquide séminal, constitutif du sperme. Mais la plupart des femmes
ne savent pas vraiment comment s’y prendre. Ni comment le
proposer sans faire fuir leur partenaire. En parler avant ou y aller
comme si de rien n’était ? Le mieux est sans doute d’en discuter un
peu avant, ne serait-ce que pour inciter son compagnon à une petite
séance d’hygiène intime avant tout essai. C’est plus agréable pour
tout le monde. Et puis, pour la suite, ça se fait en douceur, en
confiance, en prenant son temps, lentement, on explore, on
découvre la sensibilité de telle ou telle zone, sans oublier le
lubrifiant, absolument indispensable pour tout jeu anal car il n’y a
pas de lubrification naturelle du canal anal. On fait attention aux
sensations ressenties, comme la gêne, voire la douleur, et on
s’arrête tout de suite, puis on recommence – ou pas – plus
lentement, autrement. On fait particulièrement attention aux ongles
que nous portons souvent longs et qui peuvent faire mal à cette
muqueuse anale fragile. Au besoin, on se protège avec un
préservatif. Si votre compagnon est suffisamment excité – et pour
cela, on continue de stimuler ses autres zones érogènes, pénis et
testicules –, alors la zone anale se détend automatiquement, et ça
rentre comme dans du beurre, si j’ose dire. Il n’y a aucune raison
physiologique que cela fasse mal si l’excitation sexuelle est
présente.
Une fois à l’intérieur, vous sentirez la prostate comme une petite
bosse de la taille d’une noix sur la paroi antérieure située à une
longueur de doigt de l’anus. La prostate est surtout sensible aux
mouvements de pression en va-et-vient, un peu comme notre point
G.
Si vous préférez, vous pouvez également utiliser un sex-toy
spécialisé dans le massage prostatique, avec ou sans vibration, à
vous de choisir…
Il ne faut jamais oublier que le plaisir n’est pas forcément au
rendez-vous dès la première fois, que même en matière de
sexualité, cela requiert un apprentissage, le temps nécessaire aux
récepteurs de plaisir de se « connecter ». Rome ne s’est pas faite en
un jour et ce qui est valable pour les femmes est aussi valable pour
les hommes. La première sodomie, même si elle peut être agréable
– et on le souhaite –, ne procure pas fatalement un orgasme
renversant.

Idées reçues et fausses croyances sur la sodomie

Plus une pratique est taboue, plus elle véhicule des fausses
croyances, des idées reçues plus ou moins farfelues. Et, concernant
la sodomie, la liste est particulièrement longue. Je vous livre ici
celles qui sont les plus fréquentes :

La sodomie augmente le risque d’hémorroïdes.

FAUX. Les hémorroïdes sont des veines dilatées qui apparaissent


au niveau du canal anal, comme des varices. Elles sont en général
dues à des problèmes de circulation sanguine, à la constipation, à la
grossesse… Certes, la sodomie n’est pas recommandée en cas
d’hémorroïdes car le risque de saignement ou de douleur est trop
grand, mais elle ne peut à elle seule expliquer ce phénomène.

La sodomie provoque à terme une incontinence fécale.

FAUX. Les croyances ont la vie dure, et beaucoup d’entre nous


pensent encore que pratiquer la sodomie de façon régulière
augmenterait ce risque. Heureusement, il n’en est rien, et il se
pourrait même que ce soit l’inverse. La sodomie, en stimulant les
muscles de la zone anale, les renforce, ce qui améliorerait la
rétention fécale.

On peut coincer un objet dans son rectum.

VRAI. Cela arrive régulièrement si on ne fait pas attention, et les


urgentistes ont plein d’anecdotes plus ou moins amusantes sur le
sujet. Il faut privilégier l’emploi d’objets destinés à la pénétration
anale, tels que le plug anal, dont l’extrémité évasée lui permet de ne
pas disparaître dans les tréfonds de notre fondement. À éviter, le
concombre, même recouvert d’un préservatif, le risque de le voir
disparaître ou se casser est trop grand !

Il y a moins de risque d’attraper une infection sexuellement


transmissible avec la sodomie.

FAUX. Il y a en réalité plus de risque car la zone anale est fragile,


la muqueuse y est particulièrement fine, elle saigne plus facilement
que le vagin. Raison pour laquelle les suppositoires sont très
efficaces, car la diffusion dans le sang des principes actifs est très
rapide. D’où également le risque élevé d’IST lors de la pénétration
anale. Nous ne saurions trop vous conseiller l’emploi systématique
de préservatifs si vous n’êtes pas dans une relation de couple bien
établie.

Pour en savoir plus


Coralie Trinh Thi, Osez la sodomie, La Musardine, 2007.
Vous trouverez dans cet ouvrage des informations médicales,
historiques ou psychologiques sur la sodomie ainsi que des conseils
pratiques. Un livre complet et sans tabou.

Tristan Taormino, Le Guide tabou du plaisir anal (pour elle !),


Tabou, 2013.
Tristan Taormino est une journaliste américaine spécialisée dans
la sexualité. Elle anime également des séminaires d’éducation
sexuelle. Un guide très complet pour celles qui souhaitent s’initier au
plaisir anal : anatomie, choix de sex-toys, du lubrifiant, les risques…

Toni Bentley, Ma reddition, La Musardine, 2007.


Dans ce récit autobiographique, Toni Bentley, ancienne danseuse
étoile new-yorkaise, nous livre son parcours érotique et la
découverte des plaisirs de la sodomie. Les passages intimes sont
étayés d’informations historiques ou médicales. Un livre sensible,
émouvant et plein de délicatesse sur un sujet peu abordé par les
femmes.

Bernard Guérin, Anthologie de la sodomie, La Musardine,


2009.
Il s’agit d’un recueil de textes littéraires écrits par des auteurs
connus sur le sujet de la sexualité anale. Vous y trouverez
notamment les écrits de Guillaume Apollinaire, Georges Bataille,
Régine Deforges, Pauline Réage ou encore Paul Verlaine. Pour les
plus littéraires…
Tout savoir sur l’orgasme
L’orgasme désigne le maximum de jouissance qui survient à la fin
de la phase d’excitation sexuelle. Ses mécanismes physiologiques
sont complexes et les ressentis, très différents selon les femmes. Il
en existe plusieurs sortes, en fonction du point d’excitation. On parle
ainsi d’orgasme vaginal, clitoridien, clitorido-vaginal, anal, mais aussi
nocturne, spontané (sans excitation physique), multiple…
Le mot, une fois n’est pas coutume, nous vient du grec orgân, qui
signifie « bouillonner d’ardeur ».
L’orgasme féminin n’en finit pas d’alimenter le discours des
médecins, des scientifiques, des poètes, des écrivains, depuis la nuit
des temps, et pourtant, il reste aujourd’hui encore un phénomène
mystérieux. La définition elle-même de l’orgasme féminin pose
problème, et les scientifiques ne se sont pas (encore) mis d’accord
pour en proposer une définition universelle.

Qu’est-ce que l’orgasme ?

L’orgasme est à la fois un phénomène subjectif (ça se passe dans


la tête) et physique (ça se passe dans le corps). La plupart des
définitions prennent en compte ces deux aspects, en intégrant ou
pas le vécu et le ressenti de la femme.
Cindy Meston, spécialiste américaine de la sexualité féminine,
définit l’orgasme comme un « pic variable et bref d’intense plaisir qui
crée un changement de l’état de conscience, habituellement suivi
d’un soulagement de la tension sexuelle, de contractions rythmiques
des muscles du périnée, des organes reproducteurs, des parois
postérieures du vagin et du sphincter ».
Certains scientifiques ne retiennent que l’aspect physique, car
c’est lui que l’on peut voir et mesurer (Kinsey, 1948, ou Masters et
Johnson, 1966). D’autres privilégient l’aspect subjectif, le ressenti,
comme Levin (1992), pour qui l’orgasme est « un phénomène
subjectif accompagné de changements physiologiques qui créent un
plaisir suprême suivi d’un sentiment de lassitude, de bien-être et de
satisfaction ».
Pour les psychanalystes, l’orgasme renvoie à l’idée de petite mort,
appellation popularisée par l’écrivain français Georges Bataille dans
son roman Madame Edwarda. Une perte de conscience donc, mais
aussi une lutte contre la pulsion de mort, Éros contre Thanatos.
L’orgasme, c’est donc tout cela en même temps et bien d’autres
choses encore ; chaque femme en a le secret au cœur d’elle-même,
de son anatomie, de son cerveau, de son corps, de son histoire, tant
les facteurs qui conditionnent l’accès à la jouissance sont nombreux.

Un peu d’histoire

Parfois magnifiée, souvent réprimée, la jouissance féminine a été


inégalement acceptée dans l’histoire.
Dans l’Antiquité, que ce soit en Orient à travers le tantrisme, le
taoïsme et bien sûr le Kama-sutra, ou en Occident, la jouissance
féminine était plutôt encouragée, voire glorifiée car elle était censée
favoriser la conception.
Mais avec les progrès de la science, il est rapidement devenu
évident que l’orgasme et la procréation ne sont pas liés. Tout comme
le clitoris, il est devenu indésirable, soudain nocif pour les femmes,
qui jusque-là pouvaient jouir en paix.
Le coup de grâce a été donné par l’invention de l’hystérie, maladie
mystérieuse qui semblait ne toucher que les femmes, avec de
nombreux symptômes physiques et psychiques comme la cécité, les
crises émotionnelles, les paralysies, tout cela sans aucun problème
réel dans le corps, ce qui a fait dire à beaucoup que les femmes
simulaient. Un des premiers neurologues à s’intéresser à l’hystérie
fut Charcot, chef de service de neurologie à la Pitié-Salpêtrière à
Paris dans les années 1900. Mais c’est surtout à Freud,
contemporain de Charcot, que l’on doit la renommée de cette
pathologie. À cette époque, l’hystérie avait pour origine l’utérus (d’où
son nom), ou pour certains, le clitoris (le siège même de la
jouissance). C’était donc une maladie de la jouissance féminine. On
a essayé de traiter ces femmes. Les moyens employés furent sans
appel : ce fut soit l’excision (on coupe le clitoris) pour régler le
problème – option retenue notamment par Isaac Baker Brown,
président de la British Medical Society – ou bien la masturbation,
avec le développement du vibromasseur (à visée médicale
uniquement, évidemment). En 1869 fut conçu le premier modèle de
vibromasseur à vapeur par le Britannique George Taylor. Depuis, la
technique n’a cessé de s’améliorer, et on est passé de l’essence à
l’électrique. Mais, assez rapidement, la masturbation a été délaissée
par le corps médical pour passer aux mains des principales
intéressées, si j’ose dire…
C’est à Sigmund Freud qu’on doit la première théorie scientifique
sur la sexualité. Il l’a décrite dans Trois essais sur la sexualité (1905)
avec les fameuses phases orale, anale et œdipienne du
développement psychosexuel de l’enfant. D’après Freud, le clitoris
serait comme un petit pénis, et toute femme qui est réellement
femme ne doit pas avoir besoin de son clitoris pour avoir un
orgasme, mais uniquement de son vagin. Il a ainsi fait la distinction
nette (dont on souffre encore dans l’inconscient collectif) entre
orgasme vaginal et orgasme clitoridien.
C’est dans cet esprit que sa disciple Marie Bonaparte, petite-nièce
de l’empereur Napoléon, mais aussi fondatrice de la Société
psychanalytique de Paris, se fit opérer à trois reprises afin de
rapprocher son clitoris de son vagin. Tout cela afin de connaître enfin
l’orgasme vaginal censé faire d’elle une femme mature, « une vraie
femme », et non une petite fille qui voudrait rester comme les
garçons avec son clitoris/petit pénis. Heureusement, nous savons
aujourd’hui que cela n’a aucun intérêt et que, oui, le clitoris peut être
considéré comme l’équivalent du pénis mais que ça ne fait pas de
nous une femme immature.
C’est dans cet esprit aussi que Helene Deutsch, psychanalyste
anglaise, affirma en 1945 qu’« une vraie femme est celle qui a réussi
à établir la fonction maternelle du vagin et à abandonner les
revendications du clitoris ».
Mais tous les psychanalystes ne furent pas du même avis. Ainsi,
Wilhelm Reich, contemporain de Freud, dans son livre La Fonction
de l’orgasme (1927) mais aussi tout au long de son œuvre, étudia
les fonctions physiologiques de l’orgasme et mit la capacité d’avoir
des orgasmes au centre du bien-être psychologique. Ce qui lui valut
d’être rejeté de l’ensemble de la communauté psychanalytique de
l’époque (Joël Bernat, 2008).
Plus récemment, Françoise Dolto, célèbre psychanalyste
française, décrivit quatre types d’orgasmes : clitoridien, clitorido-
vulvaire, vaginal et utéro-annexiel (La Sexualité féminine, 1982).
Mais la véritable révolution commence avec la publication des
grandes enquêtes épidémiologiques sur la sexualité. L’une des
premières fut publiée par Alfred Kinsey, considéré comme l’un des
pionniers de la sexologie américaine. Dans son livre
Le Comportement sexuel des femmes (1953), il a étudié les
habitudes sexuelles féminines en termes de masturbation,
l’importance de l’orgasme obtenu par stimulation du clitoris, le lien
entre masturbation et capacité orgasmique chez près de
8 000 femmes. Petite révolution dans une Amérique encore très
puritaine et porte ouverte, enfin, à l’étude scientifique de la sexualité
féminine.

À la suite de Kinsey, le gynécologue William Masters et son


assistante, Virginia Johnson, ont étudié les différentes phases de la
réponse sexuelle, dont l’orgasme, en laboratoire, en mesurant
différentes constantes physiques telles que la pression artérielle, la
fréquence cardiaque, mais aussi le nombre de contractions
vaginales. Leur apport à la compréhension physiologique de
l’orgasme est fondamental et reste encore aujourd’hui une
référence.
En 1976, Shere Hite enfonce le clou. Elle publie une enquête sur
1 844 femmes, Le Nouveau Rapport Hite : les femmes aiment se
masturber, leur capacité orgasmique dépend quasi exclusivement du
clitoris et non du vagin, 95 % des femmes obtiennent un orgasme
lors de la masturbation.
La réhabilitation du clitoris dans la sexualité féminine est
désormais en marche, renforcée par l’apport des féministes, l’accès
à la contraception, le combat pour l’égalité des sexes, la
revendication d’une sexualité libre.

L’orgasme en chiffres

Depuis plusieurs années, les études fleurissent sur la jouissance


féminine, si bien qu’il est parfois difficile de s’y retrouver.
Pour bien comprendre tous ces chiffres, il faut en plus distinguer la
capacité à avoir des orgasmes lors de la masturbation ou lors des
relations sexuelles de couple, or cela diffère grandement.

Nous sommes actuellement 93 % à avoir déjà eu un orgasme au


cours de notre vie (étude IFOP pour CAM4, 2014), 32 % à en avoir
au moins une fois par semaine et 57 % une fois par mois au moins,
que ce soit en couple ou par masturbation. Mais 20 % d’entre nous
n’en ont pas eu depuis au moins un an.

L’orgasme lors de la masturbation

66 % des femmes qui se masturbent parviennent facilement ou


très facilement à l’orgasme, et 12 %, jamais (étude IFOP/CAM4 de
2014).
Selon l’étude de P. de Sutter en 2014 auprès d’un échantillon de
251 femmes de 18 à 67 ans, les femmes qui accèdent le plus
facilement à l’orgasme lors de la masturbation :
– utilisent plus souvent la double stimulation vaginale (avec les
doigts ou un objet) et clitoridienne ;
– se stimulent davantage les mamelons.
Il y a là quelques enseignements à tirer pour les femmes ayant du
mal à jouir lors de la masturbation.
L’orgasme en couple

Une grande partie des femmes semblent frustrées par la sexualité


dans leur couple. C’est ce que révèle l’étude sur la sexualité auprès
de 8 000 femmes vivant en Europe et en Amérique du Nord de
l’IFOP/CAM4 publiée à l’occasion de la « Journée mondiale de
l’orgasme » en décembre 2015. On y apprend que :
– 49 % des Françaises ont des difficultés à atteindre
régulièrement l’orgasme (contre 28 % pour les Hollandaises) ;
– seulement 37 % d’entre nous ont joui au moins une fois par
semaine au cours des trois derniers mois ;
– 33 % n’ont pas eu d’orgasme lors de leur dernier rapport
sexuel (contre 13 % chez les Hollandaises) alors que nous
n’étions que 23 % en 1992 (enquête ACSF) ;
– seulement 26 % des femmes déclarent jouir très facilement
lors de la pénétration vaginale ;
– 29 % jouissent facilement grâce au cunnilingus ;
– plus la fréquence des rapports sexuels est importante, plus la
chance d’avoir un orgasme est grande ;
– enfin, la satisfaction des femmes est très liée à la fréquence
des orgasmes : 91 % des femmes ayant au moins un
orgasme par semaine sont satisfaites de leur vie sexuelle,
contre 36 % pour celles qui ont un orgasme par trimestre.

Les femmes qui n’ont jamais eu d’orgasme

En France, 8 % des femmes en moyenne n’ont jamais eu


d’orgasme au cours de leur vie. À savoir que c’est bien plus qu’en
Allemagne ou aux Pays-Bas (3 %), ou qu’en Italie (5 %), mais un
peu moins qu’au Canada (10 %) (étude IFOP/CAM4, 2014).
Celles qui sont le plus touchées sont :
– Les femmes de moins de 25 ans (16 %).
– Les femmes maigres (14 % contre 3 % seulement des
femmes ayant un IMC élevé).
– Les femmes n’ayant jamais été en couple (35 %).
– Les catholiques (24 % contre 5 % pour les femmes sans
religion).

Les femmes qui ont du mal à avoir un orgasme

En 2019, 78 % des Françaises admettent avoir déjà eu des


difficultés à jouir au cours de leur vie. Mais 52 % d’entre nous ont du
mal à jouir de manière assez régulière. Les femmes qui ont le plus
de difficultés à accéder à la jouissance sont (étude IFOP/Online
Séduction) :
– Surtout les jeunes femmes de moins de 25 ans.
– Les cadres et professions intellectuelles supérieures.
– Les femmes en couple depuis moins de 3 ans.
Lors de l’étude IFOP pour ELLE, toujours en 2019, 28 % d’entre
nous estiment qu’un rapport sexuel sans orgasme est un rapport
raté. Ce qui voudrait dire que pour 70 % d’entre nous, l’orgasme
n’est pas indispensable au plaisir et ne constitue pas la finalité du
rapport sexuel. Mais est-ce une réalité ou avons-nous appris à faire
contre mauvaise fortune bon cœur ?

Les femmes qui ont le plus d’orgasmes

Selon l’étude de Brenot sur la sexualité féminine (2011) :


– 16 % des femmes atteignent systématiquement l’orgasme
lors des relations sexuelles avec des hommes (contre 90 %
pour les hommes) ;
– 55 % l’atteignent souvent ;
– 21 % rarement ;
– 5 % jamais ;
– 6 % seulement des femmes ont eu un orgasme lors de leur
premier rapport sexuel ;
– 68 % ont des orgasmes par stimulation clitoridienne et
vaginale simultanée, 3 % par stimulation vaginale simple et
25 % par stimulation clitoridienne seule ;
– et plus fort encore : 15 % auraient eu un orgasme uniquement
par stimulation des seins, 5 % par la stimulation d’autres
zones du corps (nuque, oreilles, cou…) et 19 % sans aucune
stimulation corporelle (par excitation mentale uniquement).
Enfin, dans l’étude de P. de Sutter citée plus haut, les femmes qui
ont le plus facilement des orgasmes lors des relations de couples
sont celles :
– qui associent stimulation vaginale et clitoridienne ;
– qui utilisent des sex-toys pour la pénétration vaginale ;
– qui pratiquent la stimulation des mamelons ;
– ou la pénétration anale ;
– enfin, celles qui ont recours plus souvent à leur imaginaire
érotique pendant l’acte sexuel.

Quels facteurs favorisent ou pas l’orgasme ?

L’orgasme féminin est fragile car c’est un phénomène complexe. Il


fait certes intervenir le corps et avant tout le clitoris et le vagin, mais
le cerveau et les mécanismes neurophysiologiques ont également
un rôle fondamental.
La jouissance féminine dépend ainsi de nombreux facteurs à la
fois personnels et extérieurs. Certains la favorisent quand d’autres,
au contraire, inhibent la jouissance. Ainsi, Mesto et al. ont montré en
2004 que l’intensité et la fréquence des orgasmes dépendent de
l’âge, de l’éducation, de l’ethnie, de la religion, de la classe sociale
(donc des facteurs externes), mais aussi des difficultés relationnelles
et de la personnalité (les facteurs internes).

Les différents facteurs qui favorisent l’orgasme


– Les femmes de plus de 40 ans ont plus d’orgasmes que
celles de moins de 30 ans (c’est l’avantage de l’expérience) ;
plus une femme est active dans sa sexualité, plus elle prend
d’initiatives, mieux elle a conscience de son corps et de son
excitation sexuelle, plus ses capacités à accéder à l’orgasme
sont élevées.
– Plus une femme se sent aimée et désirée par son partenaire,
plus l’intimité est grande, plus la communication est de
qualité, plus il y a d’amour et de tendresse, plus la femme
lâche prise facilement et plus grande est sa jouissance. En
effet, la capacité à lâcher prise est fondamentale dans la
recherche du plaisir sexuel (Mimoun et de Sutter, 2007).
– Plus le sentiment amoureux est fort, plus l’attachement est
important, plus les orgasmes seront forts. Ce lien a été mis en
évidence grâce à l’étude de l’activation de certaines zones
cérébrales par l’équipe du Dr Stéphanie Ortigue en 2007.
– De bonnes expériences sexuelles passées sont également un
élément important. Difficile en effet (mais pas impossible) de
prendre du plaisir quand notre esprit est envahi par de
mauvais souvenirs.
– La stimulation des mamelons et le recours à l’imaginaire
érotique rendent l’accès à la jouissance plus facile et
augmentent l’intensité de l’orgasme. Là encore, des études
existent. On peut par exemple citer les travaux de Masters et
Johnson en 1966 ou de Beverly Whipple en 1992.
– L’alcool à dose modérée est connu pour lever les inhibitions
et donc favoriser l’accès à la jouissance chez les femmes qui
sont un peu angoissées, notamment lors d’un premier rendez-
vous. Mais attention à ne pas trop boire car l’effet serait
totalement inversé.
– Il semblerait également que la capacité à atteindre l’orgasme
soit au moins en partie favorisée par la génétique. C’est en
tout cas les résultats de l’étude de Dunn et al. en 2005 qui a
comparé la jouissance de vraies et de fausses jumelles.
Tout ce qui va rendre votre jouissance plus difficile

Toutes les émotions négatives limitent les capacités à accéder à


l’orgasme, et la liste est longue. Mais chez les femmes, nous
retrouvons souvent un sentiment de culpabilité, la peur de ne pas
être à la hauteur, de ne pas être parfaite, la peur de faire quelque
chose de mal. Rien à voir avec la réalité, cela leur vient de leur
histoire personnelle, de la façon dont elles se sont construites, mais
aussi de principes moraux ou religieux trop stricts.
L’angoisse est également un facteur limitant car elle ne permet
pas l’état de détente indispensable à la jouissance. Les sentiments
de honte ou de dégoût ont les mêmes effets délétères.
La relation au corps fait aussi partie des facteurs importants :
moins on se sent à l’aise dans son corps, moins on est détendue,
moins on a de chances d’accéder à l’orgasme.
Enfin, moins on aime, moins on jouit. C’est une constatation
générale, même si certaines femmes sont capables de jouir très
facilement sans sentiment. Plus la relation de couple se détériore,
plus la jouissance se fait désirer.

Qu’est-ce qui se passe dans notre corps pendant


l’orgasme ?

L’orgasme a de nombreuses conséquences, d’abord au niveau de


la région sexuelle, mais aussi au niveau de l’ensemble du corps.

Les effets de l’orgasme au niveau génital

Les contractions du vagin et de l’utérus. Les premiers à étudier


scientifiquement les effets de la jouissance féminine furent William
Masters et Virginia Johnson aux États-Unis dans les années 1960.
L’ensemble de leurs découvertes est publié dans leur ouvrage de
référence, Human Sexual Response (1966).
Le premier effet de l’orgasme se fait sentir dans le vagin, qui se
contracte de manière rythmée chaque 0,85 seconde environ. Ces 5
à 12 contractions, selon l’intensité de l’orgasme, gagnent l’utérus et
les sphincters internes et externes de l’anus. Elles débutent dans le
corps de l’utérus, puis se propagent vers le bas, notamment vers le
vagin. Les premières sont toujours plus intenses et rapprochées que
les dernières.
Leur force et leur intensité dépendent certes de l’intensité de
l’orgasme, mais aussi de la musculature du périnée (Meston et al.,
2004). En effet, ces contractions touchent également les muscles du
périnée, particulièrement le muscle releveur de l’anus (Roy et Levin,
2006).
Le rôle de ces contractions n’est pas bien connu. Il semblerait
qu’elles participent à la stimulation du pénis afin de favoriser
l’éjaculation en exerçant des pressions répétées. Elles peuvent aussi
aider à la sollicitation interne du clitoris par un phénomène de
pression.
La durée de l’orgasme varie ainsi en moyenne entre 3 et
26 secondes, mais peut aller jusqu’à 2 minutes (Masters, 1966 ;
Kaplan, 1974 ; Levin, 1981).

Les modifications au niveau du vagin. Les parois vaginales


deviennent plus foncées en raison de l’afflux de sang dans toute la
zone. Le tiers externe du vagin gonfle sous l’effet de la
vasodilatation des vaisseaux présents dans ses parois, ce qui
entraîne un resserrement de l’ouverture de l’entrée, tandis que les
deux tiers internes s’élargissent pour constituer un réceptacle en
forme d’ampoule. Cette modification de la forme du vagin est
appelée plateforme orgasmique.

Les modifications de la vulve. Les petites lèvres et les grandes


lèvres deviennent plus foncées et augmentent en volume, également
sous l’effet de la vasodilatation. C’est la vasodilatation qui est
également responsable du gonflement et de l’érection du pénis lors
de l’excitation sexuelle. Cela nous rappelle que femmes et hommes
fonctionnement de façon très proche sur le plan de la sexualité.
Les effets de l’orgasme sur le corps

Quasiment toutes les réactions corporelles sont consécutives à la


vasodilatation des vaisseaux et à la contraction de certains muscles.
Ces effets dépendent du système nerveux dit autonome, celui qui ne
dépend pas de la volonté pour agir et qui fait intervenir diverses
hormones et divers neurotransmetteurs, dont les plus importants
sont la noradrénaline, l’ocytocine et la prolactine.
Si vous êtes attentive lors de votre prochain orgasme, vous
pourrez ainsi remarquer que :
– votre fréquence respiratoire augmente, vous êtes plus
essoufflée ; parfois une apnée peut survenir au pic de
l’orgasme pendant 20 à 30 secondes ;
– votre cœur s’emballe, jusqu’à 110 à 180 battements par
minute ;
– votre pression artérielle augmente de 2 à 4 points (20 à 40 de
mmHg), passant par exemple de 12/8, chiffres tensionnels
moyens, à 14/10 ;
– des plaques rouges apparaissent sur votre poitrine, votre cou,
sur vos joues ou votre ventre ;
– vous transpirez, en particulier des mains et des pieds ;
– vos pupilles se dilatent ;
– vos mamelons se contractent (on parle d’érection des
mamelons) ;
– vos abdominaux et vos adducteurs (les muscles des cuisses
qui servent à les resserrer) se contractent ;
– vous pouvez ressentir des spasmes musculaires et des
frissons dans tout le corps ;
– vos seins augmentent de volume de 20 à 25 % juste avant
l’orgasme, notamment chez les femmes qui n’ont jamais
allaité (Masters et Johnson, 1976) ;
– votre visage peut prendre un aspect grimaçant ; cela vient de
la contraction des muscles du visage ;
– vos paupières se ferment ;
– vos orteils se recroquevillent ; on appelle ce phénomène le
spasme carpo-pédal (carpo venant du nom des os du pied :
les os du carpe) ;
– vous pouvez émettre des vocalises, des gémissements, des
cris, pleurer ou rire, autant d’expressions émotionnelles qui
signent l’intensité de la réaction orgasmique ;
– vous ressentirez enfin une diminution de votre état de
conscience, comme un envol, une sensation de légèreté ou
d’explosion, l’impression d’être ailleurs, comme déconnectée,
et par la suite une grande détente, un sentiment de plénitude
ou de sérénité.
Selon notre personnalité, mais aussi selon les moments, notre
disponibilité psychique, le type de stimulation, notre expérience,
l’habileté du partenaire, le degré de l’excitation, notre culture et notre
éducation, l’orgasme ne produit pas tous les effets décrits ci-dessus.
Parfois, nous ne ressentirons que des effets au niveau génital,
parfois cela s’étendra à tout le corps. Il est généralement admis que
l’orgasme à point de départ clitoridien aura un retentissement moins
étendu que l’orgasme vaginal.

Qu’est-ce qui se passe dans notre cerveau pendant


l’orgasme ?

Les études sur les effets cérébraux de la phase orgasmique sont


très récentes et peu nombreuses. Nous devons l’essentiel de ces
découvertes à l’équipe des Drs Beverly Whipple et Barry Komisaruk,
de l’université du New Jersey aux États-Unis. Il ne fait plus de doute
aujourd’hui que le cerveau participe de manière fondamentale à la
capacité orgasmique de la femme. On pourrait même dire que le
cerveau est une zone érogène à lui tout seul.
L’excitation sexuelle consécutive à la stimulation du clitoris
entraîne une activation de certaines zones du cerveau, tandis que
d’autres sont désactivées. Puis lors de l’orgasme proprement dit,
c’est tout le cerveau qui jouit. Ce sont les résultats des études
réalisées grâce à l’imagerie cérébrale fonctionnelle, des examens
qui permettent de mesurer les taux d’activité du cerveau en fonction
de nos réactions, comportements, pensées…
On peut résumer ainsi les dernières avancées (vous pouvez vous
reporter au schéma du cerveau dans le cahier central pour localiser
les différentes zones) :
– la désactivation du cortex orbitofrontal explique les sensations
de perte de contrôle, cette zone du cerveau étant impliquée
dans tout ce qui est en rapport avec la maîtrise des
émotions ; c’est lui le véritable chef d’orchestre (Georgiadis et
al., 2006) ;
– l’activation du noyau accumbens est impliquée dans les
sensations de plaisir intense et d’euphorie, que l’on retrouve
lors de l’orgasme ;
– le système limbique, fondamental dans la régulation des
émotions, est plus fortement activé chez les femmes que
chez les hommes, ce qui expliquerait que les émotions soient
ressenties de façon plus importante chez les femmes ;
– l’activation du cervelet, qui joue un rôle dans les mouvements
et les émotions, explique les réactions motrices de l’orgasme,
notamment les spasmes musculaires comme les contractions
périnéales (Salonia et al., 2010) ;
– enfin, l’activation du noyau paraventriculaire de
l’hypothalamus stimule la production et la libération
d’ocytocine : plus ce taux augmente, plus l’orgasme est
intense (Meston et al., 2000). Et plus la sécrétion d’ocytocine
est importante, plus l’attachement au partenaire est fort.

Existe-t-il différents types d’orgasmes ?

Cette question semble aujourd’hui dépassée alors qu’elle a nourri


la littérature scientifique et féminine pendant de nombreuses
années. Il n’empêche que les orgasmes peuvent être déclenchés
par la stimulation de différentes zones érogènes, du clitoris à l’utérus
en passant par le vagin et les petites lèvres. On peut alors parler
d’orgasme clitoridien, vaginal, clitorido-vaginal, utérin…
On peut également distinguer l’orgasme cérébral puisqu’il existe
des orgasmes déclenchés uniquement par des suggestions verbales
et des pensées érotiques sans aucun contact physique (Whipple et
Komisaruk, 1992).
Il n’y a pas un type d’orgasme meilleur qu’un autre, mais selon
certains auteurs, les ressentis varient en fonction du point de départ
de l’orgasme (Zwang, 2019 ; Tordjman, 1984).
L’orgasme d’origine clitoridienne serait plus localisé, plus rapide et
plus court, et les sensations, plus superficielles ; des sensations de
chaleur ou des pulsations partent du gland du clitoris et peuvent
irradier dans la vulve ou le périnée. Ce type d’orgasme est obtenu
par stimulation du clitoris et de la région périnéale. C’est aussi le
plus facile à atteindre car le gland du clitoris est aisément
accessible, donc stimulable sans difficulté.
L’orgasme d’origine vaginale est obtenu de deux manières
différentes :
– Lors de la stimulation interne du clitoris via le point G :
comme nous l’avons vu dans le chapitre sur la pénétration
vaginale, cette stimulation permet d’atteindre l’orgasme et de
lui donner une dimension plus intense, mais cela demande
une phase d’apprentissage plus ou moins longue selon
chacune.
– Lors de la stimulation du fond utérin et du col de l’utérus. Cela
provoquerait un ressenti plus profond, plus étendu, plus long
à déclencher mais qui pourrait se répéter. Ce type
d’orgasmes est possiblement lié à la stimulation du nerf
vague au niveau du col de l’utérus, ce qui en expliquerait le
caractère diffus (Barry et Komisaruk, 2004). Il se produit lors
de la pénétration vaginale profonde par pression forte et
répétée du pénis contre le fond vaginal (ce qu’on peut appeler
plus communément le pilonnage). C’est dans ce type
d’orgasme que l’on retrouve plus fréquemment une apnée,
qui provoque des gémissements.
Bien souvent, les différents types d’orgasmes coexistent lors d’un
même rapport sexuel et ne sont pas différenciés.
Les bienfaits de l’orgasme

Les effets bénéfiques de l’orgasme sur notre santé physique et


psychique existent bel et bien. De nombreuses études en attestent
(Ross, 2005 ; Komisaruk, 2006 ; Cardoso, 2013). Ces bienfaits sont
en lien avec les nombreux hormones et neurotransmetteurs produits
lors de la réaction orgasmique : ocytocine, vasopressine,
noradrénaline, sérotonine, dopamine, endorphines…

Avoir des orgasmes détend, relaxe et, finalement, favorise


l’endormissement. La sécrétion d’endorphines et d’ocytocine lors de
la phase orgasmique provoque l’envie de dormir après avoir fait
l’amour. On se sent également de meilleure humeur, car tout le
circuit cérébral du plaisir et de la récompense avec les sécrétions de
dopamine et de sérotonine est activé lors de la jouissance.
L’orgasme augmente également les sentiments d’amour et
d’attachement, sans compter qu’il améliore le sentiment de sécurité.
On peut là aussi remercier l’ocytocine.
Le fait d’avoir un orgasme augmente la résistance à la douleur
(Whipple). Certaines d’entre nous se servent de cet effet antidouleur
en se masturbant pour soulager leurs crampes menstruelles. Les
orgasmes renforcent aussi le système immunitaire et la résistance
aux infections. Enfin, plus on a d’orgasmes, plus on paraîtrait jeune.
C’est ce que révèle l’étude d’un psychologue anglais : les personnes
âgées de 40 à 50 ans qui ont 50 % de rapports sexuels de plus que
les autres paraissent plus jeunes.

Existe-t-il un orgasme prématuré ?

On parle d’orgasme prématuré quand celui-ci arrive trop


rapidement, au tout début de la stimulation, laissant la femme
insatisfaite avec des sensations de malaise, de tristesse. L’arrivée
trop précoce de l’orgasme interrompt alors la relation sexuelle. C’est
encore un sujet peu connu, des études existent, mais elles sont
rares. En revanche, c’est un sujet fréquemment abordé sur les
forums et les blogs spécialisés et qui est une source d’inquiétude
pour les femmes. L’étude la plus détaillée, publiée en 2016 par
Serafim Carvalho, psychiatre et sexologue portugais, portait sur une
population de 510 femmes âgées de 18 à 45 ans. En voici les
résultats :
– 17 % des femmes ont des orgasmes prématurés fréquents,
voire systématiques ;
– mais seulement 3 % disent en ressentir de la souffrance ;
– près de 40 % des femmes ont déjà eu au moins une fois un
orgasme prématuré ;
– 3,5 % des femmes disent avoir des difficultés relationnelles
avec leur partenaire à cause de leurs orgasmes prématurés.

On ne peut donc guère douter de l’existence des orgasmes


prématurés chez les femmes, mais les conséquences sur la
sexualité, sur le couple ou sur l’estime de soi sont beaucoup moins
importantes que l’éjaculation prématurée des hommes. Les femmes
ont en effet la chance de ne pas avoir de période réfractaire, et ainsi
ont la capacité d’avoir plusieurs orgasmes de suite, chose
impossible chez l’homme.

Les orgasmes nocturnes

Vous êtes en train de dormir tranquillement, quand soudain, vous


êtes réveillée par une sensation de jouissance. Vous venez de vivre
comme environ 30 % des femmes ce qu’on appelle un orgasme
nocturne.
Ce type d’orgasmes peut être lié à des rêves érotiques, mais pas
nécessairement. Il semblerait qu’ils soient favorisés par la position
allongée sur le ventre lorsque le contact entre le lit et notre sexe
stimule nos rêveries érotiques.
Il se pourrait également que ce soit un peu le même mécanisme
que dans les érections nocturnes : l’excitation sexuelle pendant la
nuit entraîne un afflux de sang vers le clitoris, permet une
vasodilatation des vaisseaux, et donc une augmentation de l’apport
d’oxygène aux corps caverneux du clitoris.
C’est dans tous les cas un phénomène normal, qui ne doit pas
inquiéter, mais plutôt rassurer sur le bon fonctionnement de notre
corps.

Avoir un orgasme en accouchant, mythe ou réalité ?

Plaisir et accouchement sont deux mots qui semblent


antinomiques tant l’accouchement est synonyme de douleur dans
l’esprit des femmes. Pourtant, nombreuses sont celles qui
témoignent aujourd’hui, notamment sur Internet, d’une forme de
jouissance particulière ressentie lors de leur accouchement. On
trouve même sur YouTube des vidéos en ligne d’accouchements
orgasmiques.
En revanche, côté médical, la perplexité reste de mise. Les études
scientifiques manquent pour évaluer ce phénomène hors du
commun, mais elles ne sont pas inexistantes.
L’orgasme en accouchant, aussi appelé orgasme obstétrical, est
défini par l’existence d’un plaisir physique intense lors du travail
obstétrical et lors de l’accouchement, plaisir se rapprochant de la
jouissance orgasmique.
Cette forme particulière de jouissance apparaît le plus souvent en
fin de travail, notamment lors du passage de la tête du bébé dans le
vagin. Elle s’accompagne également d’une disparition totale des
douleurs (Thierry Postel, 2013). L’intensité du plaisir éprouvé est
évaluée par les mères à 8,3 sur une échelle de 10 (id.).
La plus grande étude parue sur le sujet date de 2013. Thierry
Postel, psychologue et sexologue français, a interrogé 109 sages-
femmes pour un total de 206 000 accouchements et 1 381 cas de
plaisir obstétrical recensés, soit 0,7 % des accouchements. Selon le
Manuel de Sexologie, la fréquence de tels orgasmes serait inférieure
à 2 %. Cette fréquence serait bien plus importante dans les
accouchements naturels, sans péridurale. En effet, l’emploi
d’analgésiques empêche certes la douleur, mais aussi tout ressenti
de plaisir.
Enfin, l’orgasme obstétrical pourrait être favorisé, voire recherché
par certaines femmes à visée antidouleur grâce au massage des
mamelons ou du clitoris pendant l’accouchement (Davis et Pascali-
Bonaro dans La Naissance orgasmique, 2010).
Cette forme de jouissance particulière trouve des explications tant
anatomiques que neurobiologiques. Mais c’est du côté de la
psychologie qu’il faut rechercher les freins à ce type d’orgasme tant
la notion de plaisir reste éloignée de la représentation de
l’accouchement.
Du point de vue anatomique, la distension très importante du
vagin et la compression des parois vaginales et du clitoris par la tête
du bébé contre les os du bassin stimulent toutes ces zones
érogènes de façon exceptionnelle. À stimulation exceptionnelle,
plaisir exceptionnel.
Sur le plan neurobiologique, la sécrétion lors de l’accouchement
des différents hormones et neurotransmetteurs également impliqués
dans l’orgasme va dans le sens de l’existence d’un véritable
orgasme obstétrical. C’est plus particulièrement le cas de
l’ocytocine, dont on sait aujourd’hui le rôle majeur dans l’orgasme et
qui est produite en grande quantité tout au long du travail
d’accouchement (on peut lire sur le sujet l’ouvrage très complet du
Pr Kerstin Uvnäs Moberg, Ocytocine : l’hormone de l’amour, paru en
2015).

Les meilleures positions pour atteindre l’orgasme

Réussir à avoir un orgasme, ça peut s’apprendre. Ce n’est pas


inné, ce n’est pas donné d’avance : la capacité orgasmique se
travaille. Encore faut-il savoir comment travailler et y consacrer un
peu de temps. Personne n’a jamais espéré apprendre à lire sans
ouvrir un bouquin.
Dans un premier temps, sachez qu’il existe des positions et des
techniques qui augmentent vos chances d’avoir un orgasme.
Tout d’abord, il faut savoir que c’est le clitoris qui est la clé de la
jouissance. C’est en effet sa stimulation directe qui est la plus à
même de vous procurer des orgasmes. En effet, lors d’un rapport
sexuel, 77 % des femmes atteignent l’orgasme par la masturbation
associée à la pénétration vaginale. Pourtant, nous ne sommes que
34 % à le faire régulièrement, ce qui est l’une des explications de la
difficulté des femmes à avoir des orgasmes lors des relation
sexuelles (étude IFOP/CAM4 de 2015). Selon une autre étude, 95 %
des femmes atteignent l’orgasme de manière régulière si le clitoris
est stimulé, alors que seulement 26 % y arrivent en l’absence de
stimulation clitoridienne (Hite, 1976).
Lors des rapports sexuels, ce sont les positions de l’Andromaque
(la femme à la verticale au-dessus de l’homme semi-assis),
du missionnaire (femme allongée, homme au-dessus) et celle du
gaufrier (femme à l’horizontale au-dessus de l’homme allongé) qui
permettent le plus d’avoir des orgasmes (étude IFOP/CAM4 de
2015). Cependant, seulement 26 % des femmes déclarent jouir
facilement grâce à la pénétration vaginale alors que 82 % la
pratiquent régulièrement.

La question de la simulation de l’orgasme

Question taboue, mensonge plus féminin que masculin, la


simulation semble de plus en plus répandue chez les femmes. On
peut simuler l’orgasme, mais on peut aussi simuler une excitation
sexuelle plus importante que celle ressentie réellement.
Nous étions 32 % en 1998 à avoir simulé au moins une fois dans
notre vie (étude IPSOS pour VSD) ; nous sommes aujourd’hui 62 %
(étude IPSOS/Online Séduction de 2019), et 37 % admettent le faire
régulièrement. 52 % d’entre nous ont déjà simulé avec notre
partenaire actuel, mais seulement 6 % le font régulièrement. Ce sont
les femmes les plus jeunes qui simulent le plus (50 % chez les
moins de 25 ans simulent régulièrement).
En vingt ans, le nombre de simulatrices a été multiplié par deux.
Est-ce une des conséquences de l’injonction sociétale à l’orgasme ?
Est-ce une façon de redonner aux hommes un pouvoir qu’ils ont
perdu du fait de la révolution sexuelle ? À force de vouloir se libérer,
n’a-t-on pas finalement créé une autre forme de contrainte ?
Pour autant, la simulation n’est pas toujours négative. Les raisons
évoquées par les femmes pour justifier de la simulation sont
multiples, altruistes ou égoïstes. Nous simulons pour :
– éviter les réactions négatives de notre partenaire, telles que
la colère, l’énervement ou la tristesse ;
– ne pas décevoir notre partenaire, lui donner confiance, ne pas
lui déplaire ;
– augmenter notre excitation : en effet, simuler l’excitation
augmenterait les chances d’avoir un orgasme ;
– mettre fin plus vite au rapport sexuel ;
– pour paraître normales et ne pas être accusées de « peine-à-
jouir ». Comme si une femme qui avait du mal à avoir des
orgasmes était une « sous-femme », croyance encore trop
ancrée dans l’imaginaire collectif.
Cependant, il est important de savoir que la pratique régulière de
la simulation empêche l’épanouissement sexuel et elle est source, à
terme, de frustration de la part des deux partenaires, car l’homme
n’est pas dupe de la tromperie, même s’il ne dit rien.

Halte au diktat de l’orgasme


Libérer la parole des femmes sur ce sujet, leur permettre de ne plus
avoir honte lorsqu’elles n’ont pas d’orgasme, surtout chez les jeunes
qui sont encore peu rassurées dans leur sexualité, est un devoir de
notre société. C’est le rôle que se sont donné les femmes à l’origine
du compte Instagram @tasjoui, qui rassemble au moment où j’écris
466 000 abonné(e)s. Le succès de ce genre d’initiatives montre à quel
point il est important d’en parler. Mais il est aussi tout aussi essentiel
de rappeler que ne pas avoir d’orgasme ne signifie pas ne pas avoir
de plaisir et que le diktat de la jouissance à tout prix fait plus de mal
que de bien.
Les orgasmes multiples

Contrairement aux hommes, la femme a la capacité d’avoir


plusieurs orgasmes à la suite, entre 3 à 5 en général, parfois
beaucoup plus. Il s’agit d’une répétition sur une très courte période,
de l’ordre de 1 à 2 minutes, de plusieurs orgasmes, sans baisse du
niveau d’excitation sexuelle (Kinsey et al., 1953 ; Masters et
Johnson, 1966).
Cette capacité particulière tient au fait que les femmes n’ont pas
de période réfractaire après l’orgasme, période pendant laquelle
toute excitation sexuelle est impossible. Selon certains auteurs, ce
serait en lien avec la production de prolactine (hormone facilitant
l’orgasme) chez les femmes, plus importante que chez les hommes
(Levin et al., 2003).
Les orgasmes multiples s’obtiendraient plus facilement grâce à la
masturbation ou à l’emploi de vibromasseur, peut-être parce que
ceux-ci sont plus endurants que les hommes. Mais pour certains
auteurs, ces orgasmes multiples seraient liés à la stimulation
vaginale plutôt que clitoridienne.
Côté chiffres, 30 % des femmes auraient connu l’expérience des
orgasmes multiples (Hock et al., 2012). Dans une étude française
datant de 2011, ce ne serait pas moins de 61 % des femmes
(Brenot).
À côté de l’orgasme multiple, il existe une autre expérience
appelée « orgasme sexuel étendu » ou « statut orgasmique », qui
est en fait un seul long et unique orgasme (Masters et Johnson,
1966) ; il serait rare.

Quand l’orgasme ne marche pas : l’anorgasmie

Les troubles de l’orgasme sont définis en médecine par « la


difficulté persistante ou récurrente d’atteindre l’orgasme après une
phase d’excitation sexuelle normale ». Ils sont alors responsables
d’une détresse personnelle ou relationnelle. L’anorgasmie désigne
quant à elle l’absence totale d’orgasme lors de la majorité des
relations sexuelles après une phase d’excitation normale. Les
troubles de l’orgasme sont entrés dans le Manuel diagnostique et
statistique des troubles mentaux en 1980.
Entre 20 et 30 % des femmes souffrent d’une absence totale
d’orgasme, selon les études internationales et françaises. 30 à 50 %
des femmes qui n’atteignent pas l’orgasme en souffrent
psychologiquement et dans leur relation de couple (Bancroft et al.,
2003). Pour 49 % d’entre nous, avoir un orgasme est important, et
pour 34 %, ça ne l’est pas (Brune et Ferroul, 2010). 62 % des
femmes n’ayant pas eu d’orgasme se considèrent cependant
comme normales (Brenot, 2011). Seulement 9 % des femmes ont
consulté pour ce trouble de l’orgasme (Brenot, 2011).

Qui sont les femmes qui n’ont jamais


eu d’orgasme (statistiquement)
Source : enquête de Brenot en 2011 sur plus de 3 000 femmes
françaises et hétérosexuelles
• Elles ont eu leur premier rapport sexuel plus tardivement que les
autres.
• Elles se masturbent moins que les autres.
• Elles se sont également moins masturbées durant l’enfance.
• Elles ont eu moins de partenaires sexuels (5 en moyenne contre
10 pour les autres).
• Elles sont également plus anxieuses, inquiètes ou stressées que
les autres (32 % contre 17 %).

En médecine, il est de coutume de distinguer les femmes n’ayant


jamais eu d’orgasme de leur vie (anorgasmie primaire) et celles qui,
après une phase où l’orgasme était possible, deviennent
anorgasmiques (anorgasmie secondaire).
Le type le plus fréquent est l’anorgasmie primaire.
Ne pas avoir d’orgasme n’est cependant pas toujours
pathologique ; cela n’est pas forcément mal vécu par les femmes car
on peut ressentir beaucoup de plaisir sexuel sans orgasme. Et de
nombreux rapports sexuels se terminent sans jouissance de la part
de la femme.

Toutes les causes de l’anorgasmie

Les facteurs qui influencent la capacité orgasmique des femmes


sont multiples, à la fois physiques, environnementaux et psychiques.

Les causes physiques

Ce ne sont pas les causes les plus fréquentes, mais elles ne


doivent pas être négligées car des traitements ou des prises en
charge adaptées peuvent exister.
Parmi les plus courantes, on trouve :
– La prise d’antidépresseurs allonge le temps nécessaire pour
atteindre l’orgasme qui, parfois, ne vient même pas. C’est
l’une des causes les plus fréquentes d’anorgasmie. L’arrêt de
l’antidépresseur, s’il est possible, règle le problème. Il est
également possible, tout en conservant le traitement,
d’encourager les femmes à travailler leur capacité
orgasmique, ce qui ne peut qu’améliorer leur vécu sexuel,
même une fois le traitement arrêté.
– La consommation d’alcool ou de drogues est également un
facteur de troubles de l’orgasme. Le diagnostic n’est pas
difficile à faire et le traitement consiste en l’arrêt des toxiques,
même si on sait que, chez les personnes dépendantes, ce
n’est pas toujours si simple.
– Certaines pathologies physiques chroniques provoquent des
troubles de l’orgasme, notamment par atteinte des nerfs
impliqués dans la réponse sexuelle : diabète, sclérose en
plaques, endocrinopathies…
– Les facteurs génétiques expliqueraient une partie des
difficultés sexuelles : l’étude de Dunn et al. en 2005 sur des
jumeaux a montré que 34 % des troubles de l’orgasme lors
des relations sexuelles pouvaient être expliqués par des
facteurs génétiques et 45 % lors de la masturbation.

Les causes psychologiques

De nombreux facteurs psychologiques interviennent dans les


troubles de l’orgasme. Des études ont été réalisées et mettent à la
fois en évidence des causes émotionnelles, relationnelles ou
cognitives (liées aux pensées).
Les difficultés à gérer ses émotions, à les reconnaître, l’instabilité
émotionnelle sont autant d’éléments qui influencent la capacité
orgasmique. L’anxiété est sûrement le facteur qui prédomine :
anxiété de performance, anxiété d’anticipation, anxiété liée à l’image
de soi et de son corps que l’on donne à voir. Toutes les émotions
négatives liées à la sexualité jouent un rôle négatif : sentiment de
honte, sentiment de culpabilité, peur de l’abandon et du rejet, peur
du jugement.
Les idées que l’on a sans même forcément s’en rendre compte
pendant la phase d’excitation sexuelle influencent également notre
capacité à jouir. Ce sont, en général, des pensées parasites : la liste
de courses, le truc qu’on a oublié de faire au travail, les soucis de la
vie quotidienne quand ce ne sont pas les ruminations sur notre
partenaire. Ce sont des réflexions automatiques et négatives qui
empêchent de se concentrer sur les sensations corporelles positives
d’excitation sexuelle et qui entravent la montée du désir. Travailler
sur les facteurs cognitifs est l’une des façons d’améliorer ses
capacités orgasmiques : c’est le but de la thérapie sexo-corporelle
développée par Masters et Johnson et dont nous avons parlé
précédemment, le Sensate Focus.
Les difficultés de communication avec son partenaire sur ses
ressentis corporels et sur la sexualité en général sont un des
facteurs essentiels des difficultés orgasmiques de la femme,
notamment lors des relations sexuelles (Kelly et al., 2004).

Les causes externes


Ce sont toutes les causes non physiques et non psychologiques
liées à l’éducation, à la culture, à l’histoire personnelle, aux difficultés
relationnelles au sein du couple, à une dysfonction sexuelle du
partenaire, aux croyances et interdits religieux, aux différents tabous
et fausses croyances sur la sexualité.

Pour en savoir plus

Sarah Barmak, Jouir, Zones, 2019.


Sarah Barmak est une journaliste canadienne spécialisée dans la
sexualité féminine. Son livre est un essai passionnant, érudit, vivant
et particulièrement complet sur la question de la jouissance
féminine. Se lit comme un roman.

Marie Minelli, Osez l’orgasme féminin, La Musardine, 2019.


Marie Minelli est l’auteure de plusieurs ouvrages sur la sexualité
de la collection « Osez ». Dans ce livre, vous trouverez surtout des
conseils pratiques et des pistes pour améliorer vos capacités
orgasmiques.

Élisa Brune, Yves Ferroul, Le Secret des femmes : Voyage au


cœur du plaisir et de la jouissance, Odile Jacob, 2012.
Élisa Brune est journaliste et romancière. Elle est l’auteure de
nombreux ouvrages sur la sexualité féminine. Yves Ferroul est
médecin sexologue et agrégé de lettres.
Dans ce livre, ils reprennent tout sur la jouissance féminine, les
recherches scientifiques, l’anatomie du clitoris, et livrent les résultats
d’une enquête inédite. L’écriture est simple, claire, fluide, et le ton,
léger. À recommander à toutes les femmes, quel que soit leur âge.
La femme fontaine et l’éjaculation
féminine
Encore très mystérieuse pour de nombreuses femmes (et de
nombreux hommes), la femme fontaine suscite interrogations et
peurs, voire dégoût, mais aussi une certaine fascination.
Comment ça marche ? Pouvons-nous toutes être fontaine ?
Qu’est-ce que l’éjaculation féminine ? Quelle différence entre femme
fontaine et éjaculation féminine ? De quoi est composé le liquide
expulsé ? Qu’en pensent les hommes ? Qu’en pensent les
femmes ? Autant de questions auxquelles nous répondrons dans ce
chapitre en montrant comment la science a aujourd’hui percé le
mystère des femmes fontaines.

Une simple question de vocabulaire ?

Femme fontaine ou éjaculation féminine ? Les deux termes sont


souvent confondus ou associés, à tort. Il s’agit en réalité de deux
phénomènes totalement différents, qui correspondent à deux réalités
physiologiques et anatomiques distinctes.
L’éjaculation féminine provient de la prostate féminine, autrefois
appelée glandes de Skène, dont nous avons déjà parlé. Pour rappel,
il s’agit de deux petites glandes situées près de l’urètre qui
produisent un liquide semblable à celui fabriqué par la prostate
masculine. Ces deux glandes, prostate féminine et prostate
masculine, ont d’ailleurs la même origine embryologique. Le liquide
qu’elles produisent est reconnaissable lors des analyses chimiques
car il est riche en antigène prostatique. Concernant la prostate
féminine, le liquide est fabriqué en très petite quantité, il est de
consistance plutôt épaisse et son émission passe toujours inaperçue
lors de l’excitation sexuelle. Selon les dernières recherches, toutes
les femmes posséderaient une prostate, mais chez certaines, elle
serait tellement rudimentaire qu’elle ne serait pas fonctionnelle
(c’est-à-dire qu’elle n’a pas les équipements nécessaires pour
fabriquer l’éjaculat).
L’émission fontaine provient quant à elle de la vessie, et ce fluide
ressemble fort à de l’urine très, très diluée, donc plus claire et moins
odorante. Cette découverte a été faite par une équipe française en
2013 à la suite d’une expérience menée auprès de sept femmes
fontaines. Ils ont étudié le fluide expulsé avant et après émission
fontaine ainsi que le contenu de la vessie avant et après : le résultat
ne fait pas de doute, le liquide vient bien de la vessie et sa
composition est la même que celle d’une urine très diluée (Samuel
Salama et Pierre Desvaux, 2013).

Qu’est-ce que c’est ?

On appelle femme fontaine une femme qui expulse une grande


quantité de liquide durant les rapports sexuels. Cette émission est
involontaire et elle n’est pas forcément concomitante de l’orgasme,
contrairement à une croyance tenace. Elle n’est pas non plus
synonyme de jouissance plus importante. Le volume du fluide émis
varie en fonction des femmes et des situations. Enfin, l’émission se
fait par l’intermédiaire de l’urètre, le canal qui relie la vessie à la
vulve.
C’est la stimulation du point G par les doigts qui semble la plus à
même de déclencher l’émission fontaine, mais il serait possible de
l’obtenir aussi par la masturbation ou la pénétration vaginale, ou
toute autre stimulation lorsqu’elle est accompagnée d’un lâcher-prise
suffisant.
L’expression femme fontaine a été popularisée en France par la
psychanalyste Frédérique Gruyer dans son ouvrage paru en 1983,
Ce paradis trop violent… Autour des femmes fontaines. Mais c’est
une réalité connue depuis longtemps et dont on retrouve la trace
dans de nombreuses cultures anciennes chinoises, grecques ou
indiennes.
Les mécanismes physiologiques de l’émission fontaine

Lors de la phase d’excitation sexuelle, sous l’effet notamment de


la sécrétion de noradrénaline, on assiste à une augmentation du
volume d’eau filtrée par les reins (comme il y a aussi une
augmentation de la transpiration). Cette eau produite en grande
quantité s’accumule dans la vessie. C’est ce liquide-là que l’on
expulse en cas d’émission fontaine. Il se distingue de l’urine par une
dilution très importante, mais on y retrouve les mêmes composants,
comme l’urée ou la créatinine. En revanche, contrairement à l’urine,
l’émission fontaine est incolore et inodore car extrêmement diluée.
Être femme fontaine ne signifie en aucun cas qu’on souffre
d’incontinence ou de dysfonctionnement urinaire, même si cela a pu
être une hypothèse évoquée dans le passé (par Masters et Johnson
notamment).

Les chiffres

Selon les études, la fréquence des femmes fontaines varie entre


10 à 40 % (Devaux, 2013). C’est un phénomène que l’on peut
connaître une seule fois dans sa vie ou plus régulièrement, voire
systématiquement. On peut également le ressentir uniquement lors
de certaines stimulations ou positions, ou avec un partenaire en
particulier. On parle alors d’émission fontaine dépendante. Ou
encore, le phénomène peut se produire indépendamment des
facteurs externes. L’émission fontaine est alors dite autonome.
La plus grande étude publiée sur le sujet est celle menée par
Wimpissinger et al. en 2013 et portant sur 320 femmes originaires
de 16 pays différents :
– 19,4 % des femmes sont fontaines de façon régulière ;
– la première émission fontaine a eu lieu à un âge moyen de
24 ans (avec des extrêmes allant de l’âge de 7 ans à
68 ans !) ;
– 80 % des femmes ont estimé que leur vie sexuelle a été
améliorée par cette expérience, sans doute en lien avec une
plus grande capacité de lâcher-prise que nécessite l’émission
fontaine ;
– mais 10 % des femmes ont pensé que c’était une pathologie ;
– enfin, 40 % des femmes émettent plus de 150 ml de liquide.
Dans l’étude française de Brenot datant de 2011, ce phénomène
est rapporté par 33 % des femmes sans que l’on sache si c’est une
expérience régulière ou exceptionnelle.

Ce que les femmes en disent

La plupart des femmes qui ont déjà expérimenté l’émission


fontaine l’ont plutôt bien vécu : la sensation de plaisir sexuel est
alors plus intense, mais pas forcément orgasmique, le lâcher-prise
est plus important. En effet, pour 69 % d’entre elles, l’émission
fontaine amplifie la jouissance (Meauxsoone-Lesaffre, 2016).
Autrement dit, si d’aventure l’émission fontaine est concomitante de
l’orgasme, elle ne le rend ni plus intense ni plus satisfaisant. En
revanche, c’est l’importance du lâcher-prise qui permet d’amplifier
les sensations de plaisir sexuel.

Cependant, pour 46 % d’entre nous, c’est encore un sujet tabou


(Meauxsoone-Lesaffre, 2016), et certaines femmes sont gênées de
tacher les draps, honteuses de perdre le contrôle, embarrassées par
ce liquide qu’elles identifient à l’urine, quand elles ne pensent pas
carrément souffrir d’incontinence urinaire…

Ce que les hommes en pensent

Phénomène en général très apprécié des hommes, l’émission


fontaine est de plus en plus représentée dans la pornographie. La
caméra filme en gros plan ce qui restait auparavant mystérieux et
caché, le moment de la jouissance de la femme. Elle est devenue le
nouveau signe d’une aptitude particulière de l’homme, celui qui sait
s’y prendre, celui qui sait faire jouir les femmes, bien que nous
ayons vu qu’orgasme et émission fontaine ne sont pas
nécessairement liés. Voir jouir une femme, la voir « éjaculer », aurait
un côté rassurant pour l’homme et renforcerait aussi son
narcissisme. Comme le dit si bien Maïa Mazaurette, chroniqueuse
sexo du journal Le Monde : « Voici le retour aux contes de fées !
L’homme arrive et révèle l’éjaculatrice endormie à sa vraie nature, ils
se marient et font plein de rêves humides. »
Une étude parue en 2007 confirme cette vision : 90 % des
hommes ont une attitude positive devant cet événement, et
seulement 0,6 % en ont une vision négative (Wissimperger et al.,
2007).

Toutes les femmes peuvent-elles devenir fontaine ?

Toutes les femmes ont les capacités physiques et physiologiques


de devenir fontaine, mais ce n’est pas une obligation. En effet, ce ne
peut être considéré comme synonyme d’une vie sexuelle épanouie
malgré ce que voudrait nous faire croire tout un commerce qui s’est
développé autour du sujet. Il n’y a qu’à entendre, à regarder ou à lire
les différentes interviews, vidéos ou les différents livres de Deborah
Sundahl, journaliste et militante féministe, pour se faire une idée de
cette propagande. Elle a même créé un centre aux États-Unis où les
hommes peuvent apprendre une technique qui donnera à coup sûr à
leur partenaire « un orgasme qui en mettra partout dans le lit ». On
trouve dans son bestseller Le Guide tabou du point G et de
l’éjaculation féminine (Tabou, 2016) des conseils et des techniques
pour trouver son point G ou pour apprendre à devenir fontaine.
Selon la psychologue Caroline Meauxsoone-Lesaffre, qui a
consacré une étude à ce sujet, la technique la plus efficace est la
stimulation du point G par les doigts en crochet en exerçant de fortes
pressions. Mais cela ne sert à rien en l’absence de lâcher-prise et
d’une grande excitation physique qui entraîne une détente
musculaire globale.
De nombreuses femmes bloquent l’émission fontaine sans le
savoir car elles ressentent souvent la sensation d’avoir envie
d’uriner ; de ce fait, elles contractent leurs muscles au lieu de lâcher
prise. C’est cette contraction qui empêche l’expulsion du liquide
fontaine. La stimulation du point G sollicite l’urètre, situé à proximité,
raison pour laquelle nous pouvons ressentir une envie d’uriner.

Pour en savoir plus

Deborah Sundahl, Le Guide tabou du point G et de


l’éjaculation féminine, Tabou, 2016.
Considérée comme la « papesse de l’éjaculation féminine » aux
États-Unis, Deborah Sundahl anime depuis plus de 30 ans des
ateliers de groupe sur la sexualité féminine. La lecture de cet
ouvrage est facile, le langage, simple et direct. Des schémas aident
à mieux comprendre. Toutes les informations ne sont pas forcément
validées scientifiquement, mais l’auteure se défend elle-même d’être
sexologue ou médecin, ni même psychologue. Elle se base sur sa
propre expérience et celles des nombreuses femmes qu’elle a
rencontrées. Pour celles et ceux qui souhaitent enrichir leur
répertoire sexuel et ont besoin d’un guide pratique.

Jacques Salomé, L’Effet source : Rencontres avec des


femmes fontaines, J’ai lu, 2013.
Jacques Salomé, déjà auteur de nombreux livres de psychologie
et de bien-être, livre dans cet ouvrage de nombreux témoignages de
femmes fontaines qui parlent librement de leur sexualité et de tout
ce qu’elles peuvent avoir ressenti : étonnement, perplexité, honte,
ignorance, plaisir… Pas de théorie dans cet ouvrage, uniquement
des témoignages.

À voir : « L’orgasme féminin, le mystère s’éclaircit »,


conférence de Samuel Salama
Par l’auteur de l’étude (avec Pierre Desvaux) sur les femmes
fontaines qui a permis de valider scientifiquement l’origine du liquide.
Médecin gynécologue et sexologue, Samuel Salama évoque en
18 minutes toutes les nouveautés sur l’orgasme féminin, notamment
sur les femmes fontaines. Visible sur YouTube.
La sexualité entre femmes
La question de l’attirance et du désir sexuel pour une autre femme
est encore très taboue mais de plus en plus répandue, surtout chez
les jeunes femmes. Il me paraît donc important d’en parler ici, car
c’est un sujet sensible, qui pose question aux femmes qui ressentent
un jour du désir pour une autre femme avec toutes les interrogations
autour de l’orientation sexuelle que cela suppose. Nous évoquerons
aussi les spécificités tant sur le plan sexuel que sur la santé en
général de ces femmes attirées par d’autres femmes de manière
exclusive ou non.
La question sera ici abordée non en termes d’orientation sexuelle
(hétérosexuelle, homosexuelle ou bisexuelle), mais en termes de
pratiques. Nous reprendrons donc le terme de Femmes ayant une
Sexualité avec une Femme ou FSF, qui ne préjuge en rien de
l’orientation sexuelle, ni même de l’attirance préférentielle. Cette
terminologie permet aussi d’être le plus large possible car elle
regroupe toutes les femmes qui ont eu un jour dans leur vie un
rapport homosexuel.

Quelques définitions pour mieux comprendre

Il est parfois difficile de s’y retrouver dans tous les termes que l’on
entend. Un petit tour d’horizon des différents mots que l’on peut
entendre ici ou là pour parler de ses attirances sexuelles, de son
orientation ou pour mieux définir son genre (homme, femme, trans,
neutre…) s’impose. Tout cela reflète la grande diversité de la nature
humaine, et le domaine de la sexualité n’échappe pas à cette règle.

LGBTQ (Lesbienne, Gay, Bisexuelle, Trans, Queer) : c’est un


mouvement qui regroupe l’ensemble des différentes communautés
non hétérosexuelles. De fait, c’est un groupe assez hétérogène qui,
à lui seul, ne suffit pas à représenter toutes les particularités
individuelles.

En fonction de son orientation sexuelle, on parle de :


– Hétérosexuelle : quand on est attirée exclusivement par une
personne de l’autre sexe.
– Homosexuelle : quand on est attirée exclusivement par une
personne du même sexe. Synonyme : lesbienne.
– Bisexuelle : quand on est attirée par les personnes des deux
sexes.
– Asexuelle : désigne les personnes n’ayant d’attirance pour
aucun sexe, ce qui est différent de la chasteté, qui désigne le
choix de ne pas avoir de sexualité, ou de la frigidité,
l’impossibilité à ressentir une attirance sexuelle. Nous en
reparlerons plus tard.
– Pansexuelle : attirance potentielle pour tous les genres.
– Bicurieuse : terme d’apparition récente pour définir une
personne hétérosexuelle mais intéressée par une expérience
homosexuelle.
– Queer : le terme signifie « étrange » en anglais et il est
surtout utilisé par les femmes qui refusent l’étiquette de
lesbienne, jugée trop restrictive. Le mot queer renvoie à l’idée
de la différence dans sa globalité, pas seulement
homosexuelle.
– Hétéroflexible : lorsque l’on se sent encore en
questionnement, ou que l’on n’a pas envie d’être classée
dans l’une ou l’autre des catégories. Ce terme semble de plus
en plus utilisé par les jeunes femmes qui expérimentent les
relations sexuelles entre femmes après un passé purement
hétérosexuel.
– Sapiosexuelle : quand c’est l’intelligence qui est source
d’attirance, quel que soit le sexe.
Concernant la question du genre, c’est-à-dire la façon dont
chacune de nous ressent son identité sexuelle, on peut se dire
homme ou femme, mais de plus en plus de jeunes ne se retrouvent
pas dans cette définition qu’ils jugent trop limitée, d’où l’apparition de
nouveaux mots :
– Transgenre ou transsexuelle : se dit d’une personne qui se
ressent du sexe opposé à son sexe biologique. Un homme
qui se ressent femme ou l’inverse.
– Cisgenre ou cis : terme d’apparition très récente qui décrit
une personne qui se ressent du même sexe que son sexe
biologique. Le terme est utilisé en complément de celui de
trans.
– Agenre : regroupe les personnes qui ne se reconnaissent
dans aucun des genres féminin ou masculin. Ce serait à
rapprocher du genre neutre.
– Genre fluide : désigne toutes les personnes dont l’identité de
genre fluctue ou n’est pas fixée.
La question se complique encore quand on prend en compte
l’attirance, les pratiques sexuelles ou l’identification sexuelle (le fait
de se qualifier d’homo, de bi, d’hétéro…).
Une femme pourra par exemple éprouver de l’attirance pour des
femmes tout en se disant hétérosexuelle, une autre, avoir une
pratique sexuelle uniquement avec des femmes et se dire
bisexuelle. On peut également avoir des pratiques uniquement avec
des femmes et ne pas nécessairement se définir comme
homosexuelle. Ainsi, dans l’enquête VIRAGE (INED, 2015), 65 %
des femmes qui disaient avoir une attirance pour des femmes et des
hommes se déclaraient en réalité hétérosexuelles (et non
bisexuelles comme on aurait pu s’y attendre).

Les chiffres

C’est parce que toutes les études montrent que la proportion des
jeunes femmes ayant eu des relations sexuelles avec une autre
femme a été multipliée par 3, 4 voire 5 en 10-15 ans qu’il m’est
apparu indispensable de leur consacrer un chapitre de ce livre.
Ainsi, en France, en 2019, 10 % des femmes ont déjà eu une
relation homosexuelle (contre 4 % lors de l’enquête CSF de 2006),
et 25 % des moins de 25 ans ont déjà ressenti une attirance pour
une autre femme (enquête IFOP/REFERENCESEXE. COM de
2017).
2,9 % des femmes se disent bisexuelles (enquête
IFOP/REFERENCESEXE.COM de 2017) dont 8 % chez les jeunes
de moins de 25 ans. 89 % d’entre elles ont eu leur premier rapport
avec un homme et 58,5 % se disent attirées surtout par les hommes
(enquête VIRAGE) ; la moitié d’entre elles est d’ailleurs en couple
avec un homme.
La plupart des femmes se disant bisexuelles ont moins de 30 ans,
ce qui va dans le sens d’une meilleure tolérance des différentes
orientations sexuelles dans la jeunesse actuelle. Mais ce peut être
aussi le signe d’une plus grande autonomie sexuelle des femmes
par rapport aux normes sociales, ce qui est plutôt une bonne
nouvelle !
Parmi toutes les femmes qui ont eu des relations avec des
hommes et des femmes (étude VIRAGE de l’INED) :
– 28 % seulement se déclarent bisexuelles ;
– 17 % se disent homosexuelles ;
– 53 % continuent de se dire hétérosexuelles.
Tout cela pour montrer que, en pratique, c’est bien plus complexe
que l’on veut bien l’imaginer.
Quant à l’homosexualité féminine, elle concerne environ 1 % de la
population, et ce pourcentage n’évolue guère selon les études au
cours du temps.

Les FSF ont-elles une sexualité particulière ?

Pas vraiment différente, pourrait-on dire, de la sexualité des


femmes hétérosexuelles. Et contrairement à une idée reçue, la
sexualité entre femmes est tout aussi pénétrative que les relations
hétérosexuelles.
En effet, 98 % des FSF pratiquent la pénétration vaginale, que ce
soit avec les doigts ou avec des objets, 34 %, la pénétration anale,
et 48 % utilisent des sex-toys (enquête presse gay et lesbienne,
2013). Les chiffres des autres rares études sur le sujet donnent des
résultats à peu près similaires (Delebarre, 2016). Elles sont
également très attirées par les pratiques bucco-génitales, les baisers
ou les caresses, notamment de la poitrine.
Mais si les pratiques sont comparables à celles des
hétérosexuelles, leur sexualité est en général plus riche, plus variée
et plus précoce. Elles ont également plus de partenaires au cours de
leur vie, à la fois des hommes et des femmes.

Les FSF et leur santé

Pourquoi un chapitre sur la santé des FSF ? Parce que plusieurs


études internationales ont montré que les minorités sexuelles sont
en général en moins bonne santé. Plusieurs explications à cette
constatation : elles vont moins chez le médecin, notamment chez le
gynécologue, d’une part par peur des discriminations, d’autre part
car elles n’en voient pas l’utilité. Une FSF ne trouve pas nécessaire
d’utiliser un moyen de contraception, par exemple, et par
conséquent, ne ressent pas le besoin d’un suivi gynécologique. Les
FSF se protègent rarement des IST.

Une faible estime de soi, l’anxiété, la dépression

Selon l’enquête sur la lesbophobie réalisée en 2008 (Cadiou et al.)


sur un échantillon de 1 793 femmes, 19 % d’entre elles ont connu au
moins un épisode dépressif au cours de leur vie, 13 % ont connu
l’angoisse, un sentiment de culpabilité ou un repli sur elles-mêmes.
Les chiffres sont encore plus affolants dans l’enquête sur la
sexualité en France de 2008 (Bajos et al.) : 89,2 % des jeunes
femmes homo/bisexuelles âgées de 18 à 24 ans ont déclaré avoir
ressenti un épisode de dépression au cours des 12 derniers mois
(contre seulement 33 % des jeunes femmes hétérosexuelles). La fin
de l’adolescence et le début de l’âge adulte est en effet une période
de fragilité en termes d’identité, notamment quand des
questionnements sur l’identité ou l’orientation sexuelle viennent s’y
ajouter. Sans compter toute l’angoisse entourant l’annonce de cette
différence à l’entourage, particulièrement à la famille, avec toute la
peur du rejet, du jugement que cela implique.
Le mal-être serait encore plus grand chez les femmes attirées par
d’autres femmes, mais qui n’ont pas encore « pratiqué » (Genon et
al.). La souffrance psychique est alors à mettre en lien avec le fait de
ne pas se sentir libre de vivre sa sexualité pleinement.

Le risque de cancer du sein et du col de l’utérus

En effet, le risque semble plus élevé dans la population des FSF


que chez les hétérosexuelles. Cela tient d’une part au fait que les
suivis gynécologiques sont plus rares, et les dépistages, moins
fréquents et plus tardifs. D’autre part, les FSF présentent plus de
facteurs à risques pour ce type de cancers : infections plus
fréquentes au HPV (dont on sait le rôle aujourd’hui dans le
développement des cancers du col de l’utérus), plus de tabagisme,
plus de consommation d’alcool (qui sont des facteurs de risques
généraux), moins de grossesses (dont on sait le rôle protecteur sur
le cancer du sein quand la première grossesse a lieu avant 30 ans).
Selon l’enquête FSF sexo de 2016 (Delabarre C., 2016), 60 % des
FSF n’ont jamais fait de frottis, seul moyen de dépister un cancer du
col ou une infection au HPV.

Les FSF et le risque d’infections sexuellement transmissibles

Dans l’imaginaire collectif, la sexualité entre femmes serait


totalement dépourvue de risque d’infections sexuellement
transmissibles. Les gynécologues eux-mêmes sont peu ou pas
informés et ne savent pas toujours quels sont les moyens de
protection contre les IST chez les FSF (Berrut Sylvie, 2016).
C’est un problème largement sous-estimé des femmes ayant une
sexualité avec des femmes. La grande majorité ne se protège pas et
semble penser qu’en l’absence de pénétration il n’y a pas de risque
de contamination. Pourtant, c’est totalement faux. Le risque est réel,
et même plus important que dans des relations avec des hommes
puisque la protection est quasiment inexistante. D’où la nécessité
d’informer encore et encore.
Selon l’enquête presse gay et lesbienne de 2013, seulement 13 %
des FSF se protègent durant les rapports sexuels, et elles sont
seulement 1,9 % à se protéger à chaque fois (contre 35 % des
hétérosexuelles) (Devillard Sophie, CRPIS, 2012).
12 % des FSF ont eu au moins une IST au cours des 5 dernières
années, contre seulement 3 % des hétérosexuelles (enquête CSF,
Bajos et al., 2008).

Pourquoi un risque plus élevé chez les FSF que chez les non-
FSF ?

Plusieurs facteurs sont incriminés :


– Les femmes connaissent mal les mécanismes de
transmission des IST.
– Elles se protègent peu parce qu’elles pensent à tort que ce
n’est pas indispensable.
– Leur vie sexuelle est plus à risque car elles ont en moyenne
plus de partenaires, y compris des hommes, une sexualité
plus précoce et des pratiques plus diversifiées que les
hétérosexuelles.
– Elles ont plus de pratiques connues pour favoriser les IST,
comme faire l’amour pendant les règles ou les pratiques
issues du BDSM.

Quelles sont les maladies les plus fréquentes ?


– Human Papilloma Virus ou HPV : la transmission est
fréquente lors des rapports homosexuels par contact cutané
ou des muqueuses. Les condylomes ou verrues génitales et
le cancer du col de l’utérus en sont des conséquences
négatives, d’autant que les FSF vont moins chez le
gynécologue. Il faut cependant rappeler ici qu’il existe plus de
130 virus HPV différents et que seulement 3 ou 4 sont
réellement à risque.
– Herpès : c’est également une IST très fréquente et dont la
transmission se fait facilement par contacts simples lors de
relations homosexuelles. Dans la majorité des cas, l’infection
par le virus de l’herpès passe inaperçue, ce qui augmente le
risque de le transmettre à sa partenaire.
– Hépatite C : la transmission s’opère lors de rapports sexuels
impliquant du sang, notamment lors des règles.
– Les vaginoses bactériennes sont également plus fréquentes
chez les FSF. La transmission est favorisée par l’usage
d’objets sexuels, par les rapports bucco-génitaux sans
protection et par un nombre élevé de partenaires féminines.
– L’infection à Chlamydia : on manque de données scientifiques
sur cette infection chez les FSF, mais il semblerait que la
transmission soit beaucoup plus faible que lors des rapports
hétérosexuels (Genon et al.).
– VIH : le risque est très faible, voire inexistant. La transmission
se fait la plupart du temps lors de relations hétérosexuelles ou
par injection de drogues. Les seuls cas de transmission entre
deux femmes sont liés à une utilisation de sex-toys ayant créé
des blessures, et donc une transmission sanguine du virus,
ce qui reste très rare.

Alors, comment s’en protéger ?

– On évite le contact avec le sang pendant les règles.


– On utilise une digue dentaire ou un morceau de préservatif
pour les rapports bucco-génitaux, surtout lorsque la
partenaire est occasionnelle et/ou que l’on se sait infectée par
une IST.
– On utilise un préservatif pour les sex-toys, surtout si on a
plusieurs partenaires, et on le change lors du passage d’un
orifice à un autre.
– On désinfecte son sex-toy après chaque utilisation avec un
produit désinfectant adapté, et non pas seulement avec de
l’eau et du savon. Mieux encore, on met un préservatif sur
son sex-toy.
– On va voir régulièrement un gynécologue pour le dépistage
d’éventuelles IST et la réalisation de frottis.
– On peut aussi se faire vacciner contre les hépatites A et B et
contre le HPV.

Les FSF, objets de discrimination et de violence

Selon une étude suisse de 2013, une FSF sur trois dit avoir vécu
une discrimination liée à son orientation sexuelle au cours des douze
derniers mois, le plus souvent dans la rue, mais également au travail
ou dans la famille. Ces chiffres sont en augmentation selon SOS-
Homophobie.
Selon cette même étude, 26 % ont connu des violences à
l’intérieur de leur couple et 55 % en ont vécu en dehors du couple,
physiques dans 25 % des cas, psychologiques dans 30 % des cas,
sexuelles pour 20 %. Ces violences sont exercées par un membre
de la famille dans 90 % des cas ou par des inconnus dans 66 % des
cas.
Dans l’enquête sur la lesbophobie de 2008 (Cadiou et al.), 57 %
des femmes ont répondu « oui » à la question « avez-vous été
victime de lesbophobie ? » ; les plus touchées sont les femmes en
couple et les Parisiennes.
– 45 % dans l’espace public (rue, transports, sortie de boîte de
nuit). Dans 95 % des cas, ce sont des insultes.
– 44 % dans le milieu familial, et là, ce sont surtout les mères
des jeunes femmes FSF qui sont plus rejetantes que les
pères et les autres membres de la famille.
– 25 % dans le milieu du travail, la plupart du temps par les
collègues et moins fréquemment par la hiérarchie : rumeurs,
moqueries, mises à l’écart, voire insultes, et ces
manifestations sont beaucoup plus fréquentes quand
l’homosexualité est connue que lorsqu’elle est supposée.
– 10 % chez le médecin, notamment les gynécologues et les
psychiatres/psychologues.
Les conséquences de ces actes discriminatoires sont graves. Que
ce soient des ruptures avec le milieu familial avec toute la solitude,
la souffrance morale que cela peut engendrer. Que ce soient des
problèmes d’estime de soi, voire de violence retournée contre soi
avec un risque suicidaire plus important que dans la population
générale.
Mais la question des violences à l’intérieur du couple de femmes
remet aussi en cause la vision d’une violence conjugale qui serait
nécessairement le fait des hommes. Le sujet est assez tabou et a
été très peu étudié. La proportion de violence serait en réalité
identique (de l’ordre de 25 à 30 %) dans les couples hétérosexuels
et lesbiens (Watremez, 2006, cité par Genon et al.).

Pour en savoir plus

De plus en plus d’associations s’investissent dans l’information et


la sensibilisation des femmes FSF, dans la prévention des IST ou,
de façon plus générale, pour leur intégration et la lutte contre les
discriminations et les violences.

Le CRIPS, Centre régional d’information et de prévention du


SIDA, vous donnera des informations sur le suivi gynécologique à
destination des lesbiennes, mais aussi des gynécologues, des
renseignements sur les IST, sur le coming out, sur l’usage de
stupéfiants ou sur les violences dans les couples de femmes.
Sur le site Gyn&co, vous trouverez une liste de professionnels de
santé habitués à recevoir les FSF.

Le Kiosque Infos Sida édite également une brochure intitulée


Tomber la culotte qui informe sur toutes les questions de santé
des FSF.

Le Guide du safer sex entre femmes peut également être consulté


sur Internet. Il s’agit d’une brochure éditée par l’association Les
Klamydias.

Natacha Chetcuti, Se dire lesbienne : vie de couple, sexualité


et représentation de soi, Payot, 2013.
L’auteure est docteure en anthropologie sociale et sociologue.
Dans cet essai, elle s’appuie à la fois sur des témoignages de
lesbiennes et d’hétérosexuelles et sur des références théoriques
sociologiques pour décrire le vécu intime et le parcours des femmes
ayant une sexualité avec d’autres femmes.
L’absence de sexualité :
une forme de sexualité comme
une autre ?
La sexualité est partout. Ce livre, d’ailleurs, ne parle que de ça.
Pourtant, de plus en plus nombreuses sont les personnes qui n’ont
pas de vie sexuelle et qui le revendiquent désormais non comme
une chose subie, mais comme un choix.
L’absence de vie sexuelle est nommée asexualité à partir des
années 1980 et est alors définie comme une orientation sexuelle à
part entière, c’est-à-dire en dehors du champ de la pathologie. En
effet, pendant longtemps, l’absence de désir sexuel a été considérée
comme un trouble au mieux sexuel, au pire mental.
Entre ceux pour qui c’est un choix, ceux pour qui c’est un non-
choix, ceux qui le revendiquent, ceux qui n’osent en parler, ceux qui
le vivent bien, ceux qui en souffrent, ceux qui sont en couple, ceux
qui choisissent le célibat, rien n’est simple quand on aborde la
question de l’absence de sexualité.
Ni abstinence ni chasteté, l’asexualité est définie aujourd’hui par
l’absence d’intérêt pour la sexualité en général, l’absence d’attirance
et l’absence de désir sexuel pour autrui, vécues sans souffrance ni
culpabilité.
Les asexuels posent finalement cette question essentielle : la
sexualité est-elle indispensable au bonheur ?

Un peu d’histoire

L’existence d’hommes et de femmes n’ayant aucun désir sexuel ni


aucun intérêt pour la sexualité en général ne fait aucun doute et
existe certainement depuis toujours.
Lorsque la médecine et la psychologie ont commencé à
s’intéresser à la sexualité, notamment vers la fin du XIXe siècle,
l’absence de désir sexuel est entrée dans le champ de la pathologie.
Pour Krafft-Ebing, il s’agit par exemple d’un comportement
pathologique résultant d’une anesthésie sexuelle. Pour Havelock
Hellis (1966), l’absence de désir sexuel est liée à d’autres troubles
mentaux comme l’anorexie, voire la folie. En 1980, l’absence
d’intérêt pour la sexualité fait son entrée dans la classification des
maladies mentales (DSM) sous le terme de désir sexuel inhibé,
remplacé en 1987 par le vocable désir sexuel hypoactif.
Dans le même temps apparaît le terme d’asexualité, en dehors de
toute notion de pathologie mentale, pour désigner les personnes
n’ayant aucun attrait sexuel pour d’autres personnes. Pour la
première fois, l’asexualité est définie comme une orientation sexuelle
à part entière. En 1990, Berkey crée une échelle de la sexualité
humaine allant de 0 à 10, où 0 définit les individus ayant une
attraction sexuelle nulle. Puis en 2001, un jeune homme américain
de 19 ans crée l’AVEN (Asexual Visibility and Education Network),
réseau d’entraide pour les personnes se définissant comme
asexuelles. En 2006 est lancée la version française, dénommée
AVA, où se retrouvent et discutent les personnes se reconnaissant
dans l’asexualité.
Depuis 2013, l’asexualité est reconnue comme une orientation
sexuelle à part entière. Ceux qu’on appelle aussi les No Sex osent
prendre la parole, affirmer leurs choix. Les articles dans les médias
se font plus fréquents et moins culpabilisants. Des livres sont écrits
sur le sujet, notamment celui de Peggy Sastre, journaliste, No sex,
avoir envie de ne pas faire l’amour. Peu à peu, l’absence de
sexualité qu’elle soit choisie ou non, vécue dans le couple ou non,
sort de l’anormalité.

De l’absence de sexualité à l’asexualité

L’asexualité est d’abord à différencier de la chasteté, dont le but


plus ou moins avoué est une certaine forme de pureté, souvent en
conformité avec des croyances religieuses. L’asexualité ne se définit
pas en rapport avec la morale ou avec une quelconque croyance
religieuse. Ne pas avoir de rapports sexuels est alors un choix de
vie. Ce choix peut advenir après une période d’activité sexuelle ou
d’emblée, par absence totale d’intérêt pour la sexualité. Souvent, les
personnes asexuelles déplacent leur libido vers une activité
intellectuelle, artistique, sportive, professionnelle, mais aussi
amicale… Elles ont alors une vie émotionnelle riche et variée qui
leur convient. De plus en plus de femmes se désintéresseraient ainsi
de la vie sexuelle, surtout après un certain âge, notamment car elles
considèrent la sexualité, le désir et la séduction comme des facteurs
de domination de l’homme sur la femme. Il s’agit alors d’un choix
délibéré et non d’un phénomène qui s’impose à soi. Mais, dans tous
les cas, les personnes qui n’ont pas de sexualité revendiquent le
droit au respect de leur choix, le choix de ne pas être jugées comme
frigides ou inhibées, voire anormales. Pour les asexuels, la sexualité
ne devrait plus être considérée comme la norme, et encore moins
comme une obligation.
Mais il est important de ne pas confondre absence de sexualité et
asexualité. On peut ne pas avoir de vie sexuelle pour des raisons
personnelles ou contextuelles sans pour autant se dire asexuel. Il
me semble ici primordial de rappeler que la sexualité n’est tout
simplement pas indispensable au bonheur, que ce n’est pas de
l’ordre du besoin, qu’on ne tombe pas malade si on ne fait jamais
l’amour. La vie est suffisamment riche et diverse pour se passer de
sexualité et l’assumer sans honte ni culpabilité. Enfin, on peut aussi
être très heureux dans son couple, sans aucune sexualité, si tant est
que l’un n’a pas plus de désir que l’autre, car c’est le décalage qui
crée alors une souffrance.

Quelques chiffres
La première étude d’ampleur sur ce phénomène décrit par certains
comme sociétal est réalisée au Royaume-Uni en 2004. Sur un
échantillon de 18 000 personnes, 1 % se déclarent asexuelles
(Bogaert, 2004). Les femmes sont plus nombreuses que les hommes.
44 % des asexuels vivent en couple. Dans cette étude, les asexuels
déclarent avoir en général une activité sexuelle autoérotique mais ne
sont pas intéressés par les relations sexuelles avec autrui.
En France, 10,8 % des femmes interrogées n’ont pas eu de
relations sexuelles au cours des douze derniers mois. Et 65 % sont
prêtes à ne pas avoir de relations sexuelles dans leur couple. Autant
dire que l’absence de sexualité, nommée ou pas asexualité, est une
réalité pour beaucoup d’entre nous. 47 % des Français pensent aussi
que la sexualité est un plaisir dont on peut aisément se passer. Car la
sexualité n’est pas du domaine du besoin, contrairement à ce qu’on
entend parfois.

Qui sont les asexuels ?


Source : asexualité.org
• Dans 86,9 % des cas, ils/elles ont moins de 30 ans.
• Dans 83,4 %, elles sont blanches.
• 56,6 % sont des femmes, 12,3 % sont des hommes et 30 % ne se
définissent pas dans un genre particulier.

Pour aller plus loin

Peggy Sastre, No sex : avoir envie de ne pas faire l’amour, La


Musardine, 2010.
Peggy Sastre, journaliste et doctorante en philosophie, a enquêté
sur l’asexualité, notamment sur « les aspects historiques,
sociologiques et scientifiques ».

À voir : « L’asexualité », dans la série de Maud Bettina-Marie


et Juliette Tresanini, Parlons peu, Mais parlons, visible sur
YouTube, février 2019.
Toujours avec cet humour et cette légèreté qui les caractérisent,
Maud Bettina-Marie et Juliette Tresanini abordent dans ce nouvel
épisode le sujet de l’asexualité.
Sur Internet : asexuality.org
Il s’agit du site de l’Association pour la Visibilité Asexuelle (AVA),
spécialisée dans l’asexualité et qui a notamment pour but de lui
donner une visibilité sociale et médiatique.

Emmanuelle Richard, Les Corps abstinents, Flammarion,


2020.
L’auteure part de son expérience personnelle de l’abstinence
sexuelle pendant 5 ans pour évoquer ce sujet encore tabou. Elle
s’appuie également sur un travail d’enquête auprès de quarante
hommes et femmes qui vivent ou ont vécu une période sans
sexualité. Un livre touchant sur un phénomène encore trop peu
étudié.
La sexualité pendant et après
la grossesse
Avec 759 000 enfants nés en 2018, la France est un des pays où
la fécondité est la plus importante d’Europe. La grossesse, le plus
souvent désirée, est pourtant une période qui peut ne pas être si
facile à vivre : source d’inquiétudes, de remises en cause, de
questionnements sur l’avenir, sur ses capacités à être une bonne
mère et, bien sûr, sur le devenir du couple amoureux.
Parmi toutes ces interrogations, la sexualité pendant la grossesse
est un sujet qui intéresse de nombreuses femmes (et de nombreux
hommes). Pourtant, nous sommes encore trop nombreuses à ne pas
oser aborder le sujet lors des consultations de suivi avec notre
médecin, gynécologue ou sage-femme. C’est plutôt auprès de nos
amies, mais aussi sur Internet que nous allons chercher les
informations dont nous avons besoin, avec plus ou moins de bonnes
surprises et le risque que la qualité ou l’exactitude ne soient pas
toujours au rendez-vous. La plupart des études montrent en effet
que le niveau d’information des femmes sur la sexualité pendant la
grossesse est insuffisant. Ce ne serait pas si grave si l’ignorance
n’était pas à l’origine de nombreuses peurs, fausses croyances,
tabous, ambivalences qui gênent l’épanouissement psychologique et
sexuel durant cette période si importante pour les femmes.

Être enceinte change notre corps, mais aussi notre esprit et notre
façon d’envisager la sexualité. Ces changements varient selon les
femmes, selon le moment de la grossesse, selon notre histoire
personnelle et notre histoire de couple. La société actuelle nous
impose de donner une image de femme épanouie pendant la
grossesse. C’est un fardeau lourd à porter pour beaucoup d’entre
nous, pour qui la grossesse n’est pas bien vécue sur le plan
psychologique ou physique. Un diktat de plus pour les femmes qui
n’osent pas parler de leurs difficultés de peur d’être jugées, d’être
cataloguées comme mauvaises mères avant même de l’être
vraiment.

Les changements dans le corps et leurs impacts


sur la sexualité

Quand on parle de grossesse, on pense le plus souvent à toutes


les modifications visibles du corps : le ventre qui grossit, les seins
qui gonflent… Pourtant, nombreux sont les changements qui ne se
voient pas. Parmi eux, ceux qui nous intéressent le plus ici sont
toutes les modifications qui concernent la zone génitale et qui ont
des conséquences en termes de ressenti ou de plaisir sexuel.

Au cours du premier trimestre

Toutes les modifications physiques sont en lien avec la production


des hormones de la grossesse.
– Le clitoris et les lèvres augmentent en volume ; la vulve
change de couleur, elle devient plus rouge sous l’effet de la
vasodilatation.
– Le vagin s’allonge et s’élargit en début de grossesse.
– Le périnée s’assouplit, se distend pour se préparer à
l’accouchement, sous l’influence d’une hormone, la relaxine,
produite par le placenta (Goulet, 2019).
– L’utérus augmente en volume, passant de 50 grammes et
6 cm en début de grossesse à plus de 1 kg et 33 cm en fin de
grossesse.
– Les seins gonflent, c’est parfois le tout premier signe de la
grossesse ; le réseau veineux devient apparent sous la peau
(la fameuse carte routière de Florence Foresti…) ; les seins
sont lourds et tendus ; l’aréole est plus foncée ; des
vergetures apparaissent parfois.
– Apparition des nausées, voire de vomissements qui ne
favorisent pas le désir sexuel.
Tous ces changements corporels qui concernent pour la plupart
les zones érogènes ont des conséquences sur la physiologie de la
sexualité :
– Les sensations au niveau du clitoris peuvent être plus
désagréables en raison d’une hypersensibilité et de la vaso-
congestion de toute la zone pelvienne.
– L’orgasme peut être plus long à venir et moins intense,
entraînant parfois une déception et diminuant ainsi le plaisir
ressenti lors de la relation sexuelle.
– La congestion au niveau de la vulve entraîne également une
modification des sensations éprouvées lors de la stimulation ;
la femme doit alors s’adapter pour retrouver une nouvelle
expression de son plaisir sexuel.
– Les seins peuvent devenir hypersensibles et le toucher,
désagréable ou, au contraire, plus excitables.

Au cours du deuxième trimestre

Le vagin diminue de volume à partir du quatrième mois, ce qui


peut être à l’origine de douleurs à la pénétration vaginale, mais aussi
d’une augmentation du plaisir.
Sous l’effet des hormones, notamment de la production
d’œstrogènes, le vagin s’humidifie davantage et les sécrétions
vaginales sont plus abondantes.
Mais c’est surtout la disparition des petits maux du premier
trimestre de grossesse qui permet un renouveau en termes de libido
et de sensualité.

Au cours du troisième trimestre

La prise de poids est visible et se ressent de jour en jour,


diminuant les capacités de se mouvoir et entraînant une sensation
de lourdeur qui ne nous fait pas nous sentir au top de notre
séduction.
La respiration devient de plus en plus difficile, d’une part à cause
de la diminution du volume pulmonaire car l’utérus prend beaucoup
de place et fait pression sur le diaphragme, d’autre part en raison de
la diminution de la sensibilité des centres cérébraux de la respiration
sous l’effet de la progestérone.
La vessie diminue de volume par compression de l’utérus, qui
prend beaucoup de place dans le bassin ; elle est aussi moins
tonique, entraînant des envies d’uriner plus fréquentes et un risque
d’infection urinaire plus élevé.
Le volume de l’utérus peut entraîner une compression de la veine
cave lorsque la femme est allongée sur le dos ; cela peut causer
malaises ou hypotensions à prendre en compte pour mieux choisir
ses positions sexuelles.

Sexualité et grossesse

Malgré la libération sexuelle des femmes, il existe encore de


nombreuses croyances erronées et taboues au sujet de la sexualité
pendant la grossesse. La plus commune est sans doute que les
rapports vaginaux entraîneraient un risque d’accouchement
prématuré ; ou pourraient faire du mal au fœtus, ce qui est
totalement infondé scientifiquement. S’il est vrai que l’orgasme
entraîne des contractions de l’utérus, celles-ci ne sont jamais assez
intenses pour provoquer un risque d’accouchement. Toutes les
études sur le sujet mettent en effet en évidence une absence totale
de lien entre sexualité et risque d’accouchement prématuré. Au
contraire, une sexualité épanouie tout au long de la grossesse serait
le reflet d’une meilleure santé globale.

Quelques chiffres

L’immense majorité des professionnels de la grossesse n’abordent


pas spontanément le sujet de la sexualité avec leurs patientes (62 %
à 91 % selon les études). 24 % des femmes obtiennent les
informations qu’elles recherchent dans les livres et 33 % auprès de
leurs amies (Sossah et al., 2014).
18,2 % des femmes n’ont aucun rapport sexuel (avec pénétration)
durant la grossesse. 28,2 % en ont une fois par mois, 25 % une fois
par semaine (Sossah, 2012).
17 % des femmes pensent que la pénétration est dangereuse
pour le bébé mais aussi pour leur propre santé (Gokyildiz et al.,
2005). Plus la femme a un niveau élevé de connaissances sur la
sexualité et la grossesse, plus la fréquence des relations sexuelles
est élevée (Sossah, 2012). Selon les études et les pays, 20 à 50 %
des femmes ont peur de faire du mal au bébé lors de la pénétration
vaginale. Une activité sexuelle régulière pendant la grossesse
diminue en réalité le risque d’accouchement prématuré (Sayle et al.,
2001).

50 % des femmes souffrent lors de la pénétration (K. von Sydow,


1999). 28 % des femmes ressentent une diminution du plaisir sexuel
durant la grossesse (Costiou, 1995). 75 % des femmes voient leur
désir se modifier lors de la grossesse (Brenot, 2012). 56 %
seulement des femmes se disent satisfaites de leur sexualité au
premier trimestre, 42 % au second et enfin 20 % au troisième
trimestre (Gokyildiz et al., 2005).

Grossesse et libido

La question de la libido au cours des différents trimestres de la


grossesse a été un des thèmes les plus étudiés concernant la
sexualité pendant la grossesse.
La libido varie en fonction de l’avancée du terme de la grossesse
pour la majorité des femmes, bien que pour certaines, cela ne
change pas, qu’elles n’aient aucune libido durant toute la grossesse
ou, au contraire, une libido élevée.
Cela dit, la libido dépend surtout de la qualité de la sexualité dans
le couple avant la grossesse, mais aussi de son éducation, de sa
culture ou de sa religion, de son âge. Par exemple, plus une femme
est âgée au moment de la grossesse, plus sa libido est faible
(Gokyildiz et al., 2005). Toutes les peurs et fausses croyances (peur
de faire du mal au bébé, peur du risque d’accouchement prématuré,
peur du bébé voyeur, peur de la fausse couche) ont également un
impact négatif sur le désir sexuel.
La grossesse est également une période de bouleversements
psychologiques parcourue de peurs, d’émotions à fleur de peau, de
troubles du sommeil, d’anxiété pour soi, pour son bébé, pour son
avenir, etc., autant de facteurs qui influencent négativement le désir
sexuel, particulièrement en fin de grossesse.
La majorité des études sur la sexualité pendant la grossesse
montrent une diminution globale du désir et de la fréquence des
rapports (sauf au second trimestre, et encore, pas dans tous les
cas), mais aussi du plaisir et de la satisfaction sexuels, liées
notamment à une diminution de la fréquence des orgasmes, surtout
en fin de grossesse (Touré, 2018).

Dans les autres troubles que l’on retrouve fréquemment, on peut


citer :
– Les dyspareunies : ce sont des douleurs à la pénétration
ressenties dans le petit bassin.
– La sécheresse vaginale, présente chez environ un tiers des
femmes.
– L’incontinence urinaire, surtout en fin de grossesse, vécue par
30 à 50 % des femmes. Bien que ce ne soit pas un symptôme
sexuel à proprement parler, il n’empêche qu’il influence la
qualité de vie de la femme et de la libido.
– L’absence totale d’orgasme en fin de grossesse est de l’ordre
de 5 %, mais les orgasmes diminuent en fréquence et en
intensité dans la majorité des cas.

L’influence chez les hommes


Comme chez les femmes, la grossesse est toujours une période
particulière pour les hommes. Les différentes études, encore peu
nombreuses, montrent une diminution de la libido pour la plupart des
hommes tout au long de la grossesse, libido qui devient quasi nulle
en fin de grossesse.
Les hommes sont encore moins informés que leurs compagnes
sur la sexualité pendant la grossesse, et cela n’est pas sans
conséquences sur leurs peurs et leurs croyances, qui limitent leurs
prises d’initiatives. Peur de faire du mal au bébé ou à la mère, de
faire saigner, de déclencher un accouchement, autant de croyances
qui empêchent les hommes de prendre du plaisir et d’en donner.
Selon une des rares études françaises sur le sujet (Doucet-Jeffrey,
2004), la majorité des hommes s’adaptent à la grossesse en
modifiant leurs pratiques sexuelles : plus de câlins, plus de sexe
oral, découvertes de nouvelles positions. Mais chez certains
hommes, cela génère des troubles de l’érection (7,3 %), de
l’éjaculation (7,3 %) ou de l’orgasme (9 %).
En revanche, les hommes semblent beaucoup moins perturbés
par les changements dans l’apparence du corps de leur partenaire,
et cela influence peu leur libido. En d’autres termes, les hommes
continuent à désirer leur femme même si celle-ci se trouve moins
désirable.

Faire l’amour pendant la grossesse

La sexualité pendant la grossesse entraîne-t-elle


des risques ?

On entend souvent que l’orgasme, entraînant des contractions de


l’utérus, serait à risque pour la grossesse et pourrait provoquer un
risque d’accouchement prématuré. C’est absolument faux. Oui,
l’orgasme entraîne bien des contractions utérines comme nous
l’avons développé dans le chapitre sur l’orgasme, mais ces
contractions n’entraînent en aucun cas des modifications dans
l’ouverture du col de l’utérus, facteur à l’origine du risque
d’accouchement prématuré.
Les saignements ne sont pas rares lors des rapports sexuels, quel
que soit le terme de la grossesse, et toujours à l’origine de craintes,
le plus souvent infondées. Le seul type de saignement à risque est
celui lié à un placenta bas inséré, mais le diagnostic est fait lors de
l’échographie et rarement après un rapport sexuel. Ces petits
saignements lors des rapports (ou après un toucher vaginal) sont en
lien avec l’augmentation de la vascularisation de la région pelvienne
sous l’influence hormonale ; ils sont donc le signe que tout se
développe normalement. En revanche, s’ils apparaissent en dehors
de tout rapport sexuel ou qu’ils sont abondants, il est important
d’aller consulter.
Toutefois, il existe des circonstances dans lesquelles les rapports
vaginaux sont proscrits en raison du trop grand risque de
saignements ou d’infection. Mais il est important de savoir que,
même dans ces cas-là, les relations sexuelles non pénétratives
telles que les caresses mutuelles ou la sexualité orale sont tout à fait
autorisées.
– Le placenta praevia contre-indique la pénétration vaginale en
raison du risque de saignement.
– La rupture prématurée ou une fissure de la poche des eaux
entraîne un risque élevé d’infection, qui interdit la pénétration
car le risque de contamination au fœtus est trop important.
– La menace d’accouchement prématuré est également une
contre-indication aux rapports sexuels pénétratifs, c’est une
mesure de prudence car on ne sait pas vraiment si, en cas de
poursuite d’une sexualité pénétrative, le risque
d’accouchement prématuré est réellement plus élevé.
– La présence d’une infection sexuellement transmissible chez
le partenaire doit également être considérée avec le plus de
prudence possible en raison d’une possible transmission au
fœtus ou la mère. D’autant plus que le sperme contient des
enzymes qui favorisent la pénétration des bactéries à travers
le col de l’utérus. Le port du préservatif est alors
indispensable du début à la fin du rapport.
Quelques conseils

Il est tout d’abord essentiel de dire ici que la sexualité est non
seulement possible, mais recommandée tout au long de la
grossesse. Cependant, avec l’augmentation du volume utérin, et par
conséquent, du ventre, certaines positions sont plus confortables et
plus adaptées.
L’adaptation des positions pour les relations sexuelles est surtout
nécessaire à partir du troisième trimestre. On privilégie alors les
positions sur le côté et on évite les positions où la femme est
allongée sur le dos (le missionnaire, donc), car le ventre est trop
lourd et risque de comprimer le retour veineux, à l’origine de
malaises, sans compter que le volume du ventre ne rend pas la
chose aisée.
La cuillère. L’homme et la femme sont étendus sur le côté,
l’homme allongé derrière la femme ; cette position est sans doute la
plus confortable pour les deux, mais elle peut paraître peu
satisfaisante si on est habitué aux rapports « musclés ». C’est en
effet une position où lenteur et douceur sont de mise. De plus, la
femme peut avoir du mal à trouver son plaisir si elle a l’habitude
d’avoir les jambes écartées lors de la pénétration.
L’Andromaque. La femme se positionne au-dessus de l’homme
allongé sur le dos, les genoux de part et d’autre du corps de son
partenaire. C’est une position appréciée des femmes enceintes (et
des femmes en général) car elle permet de garder le contrôle de ses
sensations et la profondeur de la pénétration, ce qui nous rassure si
on a peur de faire du mal au bébé par une pénétration trop profonde,
par exemple.
La levrette. Il s’agit d’une position particulièrement appréciée des
hommes en général, et encore plus lorsque le ventre devient
proéminent. Cependant, l’hyperlordose consécutive à la grossesse
peut générer des douleurs de dos chez les femmes, pour qui cette
position devient inconfortable, notamment en fin de grossesse.

La grossesse implique toujours une adaptation à la fois


psychologique et comportementale de la part des deux partenaires.
Cela demande de la créativité, du dialogue et l’envie d’explorer de
nouvelles manières de faire l’amour.
Il est particulièrement important de développer tout le versant non
pénétratif de la sexualité, qui est de toute façon beaucoup plus
satisfaisant pour les femmes en général. Plus de caresses
mutuelles, plus de câlins, plus de sexualité orale, plus de
masturbation mutuelle sont les principaux éléments de la sexualité
pendant la grossesse, notamment au troisième trimestre.
Une bonne communication au sein du couple est tout aussi
indispensable : partager ses émotions, ses ressentis, se sentir
comprise, entendue, se sentir proches l’un de l’autre, autant
d’éléments qui instaurent un climat d’intimité et de sécurité affective,
indispensable pour ressentir de la sérénité.

Faire l’amour pour déclencher le travail :


le déclenchement à l’italienne

Faire l’amour dans les derniers jours de la grossesse pourrait


permettre de déclencher le travail. À la source de cette croyance
populaire, l’idée que les contractions utérines lors de l’orgasme
provoquent la mise en route des contractions de travail, or ce sont
deux types de contractions différentes, en lien avec des mécanismes
physiologiques tout aussi différents. Une autre hypothèse a été
avancée par les tenants de cette méthode dite du déclenchement à
l’italienne. Il s’agit du rôle des prostaglandines contenues dans le
sperme, qui favoriseraient la mise au travail grâce à leur action
myocontractante. Or les études mettent plutôt en évidence que plus
on fait l’amour en fin de grossesse, plus le terme serait tardif (Elsa
Sanfilippo, 2017). En revanche, certaines études ont pu montrer que
la stimulation des mamelons pouvait, à ce stade de la grossesse,
accélérer la mise en travail spontané, certainement en lien avec une
augmentation du taux d’ocytocine, l’hormone produite en grande
quantité lors de l’accouchement et qui provoque les contractions de
travail (Elsa Sanfilippo, 2017).

Sodomie et grossesse
Il n’y a aucune contre-indication à pratiquer le sexe anal pendant
la grossesse, à condition de ne pas souffrir d’hémorroïdes,
fréquentes lors de la grossesse, notamment en raison du mauvais
retour veineux. Cela peut rendre la pénétration anale
particulièrement douloureuse.
C’est de toute façon une pratique marginale hors grossesse, donc
encore plus pendant. Cependant, si c’est une pratique qui fait partie
de votre répertoire sexuel habituel, aucune raison de vous en passer
durant la grossesse. En revanche, prenez soin de choisir un
lubrifiant compatible avec la grossesse et d’être particulièrement
vigilant à ne pas passer du rectum au vagin sans toilette ou
changement de préservatif, car le risque d’infection vaginale est
élevé.

Peut-on se masturber pendant la grossesse ?

Il n’y a là encore aucune contre-indication à la masturbation tout


au long de la grossesse si l’envie s’en fait sentir. Mais malgré cela,
66 % des femmes ne se sont jamais masturbées pendant leur
grossesse (Sossah, 2012). Au contraire, certaines femmes se
masturbent davantage. Si vous utilisez des sex-toys, prenez soin de
bien les désinfecter avant et après utilisation comme nous l’avons
déjà évoqué dans le chapitre sur les femmes et les sex-toys.
L’utilisation d’un vibromasseur est normalement sans danger, mais
peut provoquer des petits saignements au niveau du col sans gravité
et sans danger, tout comme un pénis.

La sexualité après l’accouchement

La période qui suit la naissance est toujours une phase importante


et souvent déstabilisante dans la vie d’un couple. Les femmes
doivent faire face à leurs angoisses d’être mère, à la fatigue des
nuits hachées par les réveils du bébé, aux modifications dans leur
corps, aux douleurs pelviennes de l’après-accouchement dont on ne
nous parle pas. Autant de maux qui ne favorisent pas la reprise
d’une sexualité tant le désir est le cadet de nos soucis.
Nous avons besoin de temps pour nous réapproprier notre corps,
pour nous sentir à nouveau femme, pour que nous ne percevions
plus notre sexe comme un objet d’étude médicale sans caractère
érotique, tant nous avons été examinées de ce côté-là tout au long
de la grossesse. Car tous ces examens gynécologiques, pourtant
indispensables, s’avèrent parfois assez intrusifs, et nous pouvons
ressentir le besoin de faire une pause avant de retrouver le désir que
notre partenaire nous touche à nouveau.
Et puis se pose un jour la question de quand et comment retrouver
une sexualité dans son couple. Il s’agit alors de refaire une place à
son partenaire, d’oublier au moins pour un temps son bébé dans la
pièce d’à côté pour s’offrir une vraie parenthèse d’intimité de couple,
à deux, comme avant, ou presque.
Il est recommandé d’attendre l’arrêt des saignements avant de
reprendre sa vie sexuelle pénétrative, le temps que le col de l’utérus
se referme. Mais cela n’empêche en aucun cas la reprise d’une vie
sexuelle non pénétrative dès les premiers jours si on en a envie.

Les chiffres

89 à 100 % des femmes reprennent leur sexualité dans les six


mois qui suivent l’accouchement et, dans la majorité des cas, la
reprise des rapports a lieu à la demande de l’homme. Seulement
20 % des femmes reprennent leur sexualité un mois après
l’accouchement, et elles sont dans ce cas le plus souvent à leur
deuxième grossesse ou plus. 40 à 64 % des femmes redoutent la
reprise de la vie sexuelle, et c’est aussi le cas de 19 à 64 % des
hommes. 25 à 75 % des femmes se disent insatisfaites sur le plan
sexuel dans l’année qui suit l’accouchement. Seulement 14 % des
femmes n’ont eu aucune difficulté sexuelle après leur accouchement
(von Sydow, 1999).
Quels sont les facteurs qui influencent la vie sexuelle
en post-partum ?

Le déroulement de la grossesse. Une grossesse qui se déroule


bien, sans angoisse, de façon sereine permet une sexualité
épanouie pendant la grossesse et une reprise plus facile des
rapports sexuels après l’accouchement.
La qualité de la sexualité et de l’intimité du couple pendant la
grossesse favorise une reprise de la sexualité en post-partum. Plus
un couple a une sexualité épanouie avant ou pendant la grossesse,
plus la sexualité post-partum sera simple et satisfaisante.

L’histoire sexuelle du couple. Les problèmes sexuels ou les


conflits d’avant la grossesse ne s’amélioreront pas après
l’accouchement, voire s’aggraveront sous l’effet de la fatigue, du
stress, des responsabilités nouvelles…

Le déroulement de l’accouchement. La reprise de la sexualité


semble plus rapide après un accouchement par césarienne que par
voie basse (Touré, 2018). Lors du passage du bébé par le vagin, les
muscles du périnée se distendent de manière très importante. Les
muscles qui entourent le vagin sont moins forts et le plaisir ressenti
lors de la pénétration après un accouchement s’en trouve diminué.
La rééducation périnéale, recommandée à toutes les femmes après
l’accouchement, permet de régler entièrement le problème et de
retrouver des sensations identiques à celles d’avant l’accouchement.
Pourtant, contrairement à une idée reçue, la césarienne ne
protège pas contre les difficultés sexuelles après l’accouchement. Il
semblerait même que les douleurs à la pénétration vaginale soient
plus fréquentes après un accouchement par césarienne que par voie
basse.

L’épisiotomie est très souvent un facteur qui retarde la reprise des


relations sexuelles : 32 % des femmes l’ayant subie reprennent une
vie sexuelle au bout de 6 semaines, contre 60 % parmi celles qui
n’ont pas eu d’épisiotomie. Il faut savoir qu’une épisiotomie cicatrise
en général en 4 à 5 semaines, mais que les douleurs disparaissent
en 4 à 5 jours. L’épisiotomie est responsable de plus de douleurs
lors de la pénétration (73 % lors des premiers rapports, 48 % à
3 mois et 24 % à 6 mois), mais ces douleurs disparaissent avec le
temps (Langer et al., 2006). L’épisiotomie aurait également un
impact négatif sur la capacité à avoir un orgasme (Goulet, 2019).

La déchirure du périnée lors de l’accouchement influence


également la sexualité : c’est en tout cas un facteur de risque de
dyspareunie (Goulet, 2019). Il arrive également que nos sensations
soient moins intenses qu’avant, que l’on éprouve moins de plaisir
lors de la pénétration, que l’on ressente notre vagin trop « large », ce
qui, généralement, n’améliore pas le désir. Il est alors nécessaire
d’avoir recours à des séances de rééducation périnéale,
remboursées par la Sécurité sociale après un accouchement et
réalisées par des sages-femmes ou kinésithérapeutes spécialisés.
Cela permet de muscler son périnée, parfois distendu par un
accouchement long ou traumatique, un gros bébé ou des
grossesses multiples, ce qui a pour conséquence immédiate
d’améliorer les sensations lors de la pénétration vaginale.

Le co-dodo ?
Quand le bébé partage le même lit ou la même chambre que les
parents, cela influence la sexualité du couple, mais pas forcément
de manière négative. Selon deux études réalisées sur le sujet
(Germo et al., 2007, sur 100 femmes et 38 hommes ; Messmer et
al., 2012, sur 98 femmes), c’est surtout la façon dont le co-dodo est
organisé qui influence la sexualité. Un couple qui fait dormir le bébé
dans son lit sans vraiment l’avoir choisi ni décidé de façon
intentionnelle l’accepte beaucoup moins bien, notamment en termes
de satisfaction de la vie conjugale. Autrement dit, si on veut bien le
vivre, il faut le faire parce qu’on en a vraiment envie et non
uniquement pour se simplifier les réveils nocturnes de bébé qui
pleure.
Quand ça ne marche pas :
les troubles sexuels du post-partum

Reprise de la sexualité : chacun son rythme

Le corps de la femme est très éprouvé par la grossesse et encore


plus par l’accouchement. Il faut du temps pour s’en remettre et
retrouver sa féminité et du désir à l’égard de son partenaire. Tout
ceci est un chemin bien complexe et parfois long. Notre corps a
changé, on ne le reconnaît plus, on se trouve moins désirable,
parfois les vergetures ou la prise de poids viennent renforcer la
vision négative de nous-même. La fatigue et le temps passé avec
son bébé ne favorisent pas non plus les moments d’intimité avec son
compagnon. Si on choisit le cododo cela devient presque impossible
sauf à avoir d’autres lieux où faire l’amour et surtout le temps. Bref,
bon nombre d’obstacles existent à la reprise d’une vie sexuelle
régulière et épanouissante. Pour les adeptes du cododo, la sexualité
n’est pas un problème, elle se fait ailleurs que dans la chambre à
coucher où bébé dort.
Il faut ajouter à cela que notre besoin de tendresse et d’affection
est largement comblé par notre bébé dans les premiers mois qui
suivent la naissance, là où auparavant nous sollicitions notre
partenaire. Cela peut être déroutant pour lui, à l’origine parfois d’une
jalousie envers le bébé, et de demandes répétées d’instants
d’intimités à but sexuel – ou pas.
Il arrive également que nos sensations soient moindre qu’avant,
que l’on éprouve moins de plaisir lors de la pénétration, que l’on
ressente notre vagin trop « large », ce qui généralement n’améliore
pas le désir. Il sera alors nécessaire d’avoir recours à des séances
de rééducation périnéale, remboursées par la sécurité sociale après
un accouchement et réalisées par des sages-femmes ou
kinésithérapeutes spécialisées. Cela permettra de muscler son
périnée, parfois distendu par un accouchement long ou traumatique,
un gros bébé, ou des grossesses multiples, ce qui aura pour
conséquence immédiate d’améliorer les sensations lors de la
pénétration vaginale.
Enfin, il est préférable d’utiliser des lubrifiants adaptés afin de
diminuer les risques de douleurs ou d’irritation.

Quelques chiffres

Près de 9 femmes sur 10 éprouvent des douleurs lors de


la pénétration à la reprise de leur sexualité, et cela quel que soit le
mode d’accouchement, voie basse ou césarienne, épisiotomie ou
pas. 20 à 50 % des femmes souffrent de dyspareunies (douleurs à la
pénétration) en post-partum immédiat. 21 % des femmes n’ont
quasiment pas de sensations lors de la pénétration vaginale deux
mois après l’accouchement, et cela persiste pendant 1 an pour 15 %
d’entre elles (Touré O., 2018).

Les troubles du désir après l’accouchement

La baisse de la libido est sans doute la difficulté la plus


fréquemment rencontrée par les femmes après un accouchement.
C’est une période où la femme est davantage centrée sur son rôle
de mère que sur celui de femme, et son corps est davantage un
corps nourricier et enveloppant que désirant.
Certains facteurs aggravent les troubles du désir :
– La prise de poids, les vergetures, les changements au niveau
de la poitrine peuvent diminuer l’estime que l’on a de soi au
niveau corporel. On se sent moins désirable. On a peur de se
montrer. On craint de ne plus plaire à notre partenaire. Il a
même été montré que, plus notre image de nous est négative,
plus la satisfaction sexuelle est basse (Pujols et al., 2010).
– La fatigue liée au manque de sommeil, le bébé qui ne fait pas
ses nuits, la difficulté qu’ont de nombreuses femmes à
s’adapter au rythme du bébé et à récupérer du temps de
sommeil lors de siestes en journée, car il y a tant à faire. Le
père qui reprend son travail et nous laisse seule à la maison.
Tout cela fait que l’on choisit de se reposer au lieu de faire
l’amour dès que bébé dort.
– Une libido de couple faible avant la grossesse : plus la vie
sexuelle du couple est épanouie avant, plus les chances de
retrouver une libido normale après seront grandes.
D’autres éléments vont au contraire permettre de retrouver plus
vite une libido satisfaisante :
– Plus le couple a eu une sexualité épanouie et satisfaisante
pendant la grossesse, moins il est difficile après
l’accouchement de se retrouver dans l’intimité et de reprendre
des relations sexuelles normales.
– La reprise des relations sociales serait également un facteur
d’amélioration de la libido (Ahlborg et al., 2006) : plus on voit
de monde, plus riche est sa vie sociale, plus on a de désir.
– Une bonne communication dans le couple, et surtout, une
intimité préservée avec des moments sans l’enfant sont des
éléments absolument indispensables pour une vie sexuelle
épanouie. Malheureusement, la vie quotidienne, le manque
de repos, la fatigue et le travail ne sont pas des facteurs
facilitants.

Les douleurs

Les douleurs sont le plus souvent de deux types :


Les douleurs périnéales sont des douleurs au niveau du périnée,
de la vulve, à type de brûlures, de tiraillements ou de contraction. Ce
type de douleur est extrêmement fréquent dans les suites de
l’accouchement. Selon une étude de 2010, les douleurs périnéales
seraient présentes chez 79,5 % des femmes (Paquereau et al,
2010).

Les dyspareunies : ce sont des douleurs ressenties au niveau du


vagin ou de la vulve lors de la pénétration vaginale. Elles sont plus
fréquentes après des accouchements par voie basse avec
épisiotomie. 70 % des femmes vont ressentir une douleur lors du
premier rapport sexuel après l’accouchement et cela quelque soit le
moment de ce rapport (Buhling et al, 2006). Parfois les dyspareunies
persistent après un an, mais elles doivent alors faire rechercher
plutôt un mal être psychologique, une difficulté dans le couple, voire
un conflit larvé.
En revanche, il semble que pour la majorité des femmes les
dyspareunies ne sont pas un frein à la sexualité ni à l’obtention du
plaisir sexuel (Étude française de Océane Touré de 2018 portant sur
une population de 282 femmes âgées de 18 ans et plus.

Les douleurs ressenties par les femmes après un accouchement


sont le plus souvent de deux types :
– Les douleurs périnéales au niveau du périnée, de la vulve, à
types de brûlures, de tiraillements ou de contractions. Elles ne
sont pas liées à la pénétration vaginale. Ce type de douleurs
est extrêmement fréquent dans les suites de l’accouchement.
Selon une étude de 2010, les douleurs périnéales seraient
présentes chez 79,5 % des femmes (Paquereau et al., 2010).
– Les dyspareunies : ce sont des douleurs ressenties au niveau
du vagin ou de la vulve lors de la pénétration vaginale. Elles
sont plus fréquentes après des accouchements par voie
basse avec épisiotomie. 70 % des femmes ressentent une
douleur lors du premier rapport sexuel après l’accouchement,
et ce quel que soit le moment auquel ce rapport a lieu
(Buhling et al., 2006). Parfois, les dyspareunies persistent
après un an, mais elles trouvent alors leur source dans un
mal-être psychologique, une difficulté dans le couple, voire un
conflit larvé.
En revanche, il semble que, pour la majorité des femmes, les
dyspareunies ne sont pas un frein à la sexualité ni à l’obtention du
plaisir sexuel (étude française d’Océane Touré de 2018 portant sur
une population de 282 femmes âgées de 18 ans et plus).

Allaitement et sexualité

Environ 60 % des femmes qui allaitent ne ressentent jamais


d’excitation sexuelle (Avery et al., 2000), et 21 % expliquent leur
manque de désir par la fatigue (contre 7 % pour les femmes qui
n’allaitent pas). Elles sont aussi 7 fois plus nombreuses à se trouver
moins attirantes que celles qui n’allaitent pas (Rowland et al., 2005).
En cause : la persistance de la sécrétion de prolactine à des taux
élevés. Cette hormone, qui permet de produire le lait, est
responsable d’une diminution du désir sexuel et de la sécheresse
vaginale. Les hormones féminines ont également des taux très bas,
ce qui augmente encore la sécheresse vaginale, diminue la
lubrification lors de la phase d’excitation sexuelle, rendant les
rapports peu agréables et, finalement, freine également la libido.
Le sein, qui est d’ordinaire une zone érogène, prend une tout
autre symbolique dans le psychisme féminin et masculin. D’érotique,
il devient nourricier, privant la femme d’une zone érogène
essentielle. Les hommes peuvent aussi être dérangés par cette
nouvelle image de leur femme et avoir du mal à retrouver une
relation teintée d’érotisme. Parfois, lors de l’orgasme, on peut voir un
écoulement de lait. C’est tout à fait normal et c’est la faute de
l’ocytocine, toujours elle, produite comme nous l’avons déjà vu en
quantité importante lors de l’orgasme. Cela gêne certains couples
dans leur sexualité, alors que pas d’autres.
De plus, la satisfaction psychologique, le sentiment de sérénité lié
aux contacts corporels avec le bébé, sous l’influence de la sécrétion
d’ocytocine, diminue le besoin de câlins et de sexualité avec son
partenaire.

Pour en savoir plus

Parents et amants, un défi excitant, Brochure de


W. Hulsbergen et B. Van der Schueren, 2010.
Il s’agit d’une brochure disponible facilement sur Internet, créée
par deux sages-femmes belges, W. Hulsbergen et B. Van der
Schueren. Elles se sont particulièrement intéressées à la sexualité
des couples pendant et après la grossesse. Elles y abordent toutes
les modifications physiologiques dues à la grossesse et leurs
conséquences sur la sexualité. Bien documentée, clair et concise,
cette brochure est à consulter sans modération.

À voir : L’Amour après les bébés, reportage de la sociologue


et réalisatrice suisse Eva Ceccaroli, 2007.
Un documentaire qui livre le témoignage de quatre couples sur la
difficulté de retrouver désir et plaisir après la naissance d’un enfant.
Des éclairages de professionnels de santé complètent ce très beau
reportage. Mention spéciale pour le témoignage très touchant et
porteur d’espoir de Roberto et Claire. Visible sur Internet en accès
libre.

Ovidie, Osez l’amour pendant la grossesse, La Musardine,


2012.
C’est certainement parce que Ovidie a été elle-même enceinte
qu’elle s’est penchée sur ce sujet encore trop peu abordé dans les
livres. Elle propose ici un ouvrage complet et clair, bien documenté,
où elle passe en revue trimestre après trimestre les relations parfois
houleuses entre grossesse et sexualité.

Maryse Dewarrat, Le Désir après bébé : Devenir parents et


rester amants, Eyrolles, 2017.
Maryse Dewerrat est sage-femme et a une grande expérience
dans le suivi des femmes et des couples après la grossesse. Un
livre très utile et facile à lire qui donne des réponses concrètes à des
questions sur le désir sexuel après une naissance, que les femmes
se posent sans forcément savoir à qui s’adresser.
Sexualité et ménopause
En France, en 2019, il y a un peu plus de 14 millions de femmes
âgées de plus de 50 ans (INSEE), ce qui représente 41,4 % de la
population féminine. L’espérance de vie des femmes en 2018 est de
85,3 ans, ce qui veut dire que nous vivrons en moyenne 35 ans avec
la ménopause, un temps pratiquement équivalent à notre période
d’activité ovarienne. Il est donc essentiel de prendre en compte les
difficultés liées à la ménopause et, plus généralement, au
vieillissement, tant sur le plan de la sexualité que de la santé en
général. Nous avons toutes envie de bien vieillir, en bonne santé, et
de conserver une sexualité épanouissante le plus longtemps
possible.
L’arrivée de la ménopause dans le parcours d’une femme est
toujours une période particulière, mieux vécue si nous y sommes
préparées. Aujourd’hui, les femmes de 50 ans ou plus revendiquent
le droit à la poursuite d’une vie sexuelle épanouie, libérée de la
contrainte de la reproduction, avec comme seul but le plaisir. La
croyance est cependant encore très ancrée que la sexualité s’arrête
avec la ménopause, alors que nous verrons que, malgré tous les
changements physiques et psychologiques inhérents à l’arrêt du
fonctionnement des ovaires, nous pouvons conserver, voire enrichir
notre répertoire sexuel.

Qu’est-ce que la ménopause ?

La ménopause correspond à la fin de la période de reproduction


de la femme. Elle est définie sur le plan médical par l’arrêt des
règles pendant 12 mois consécutifs. Elle est précédée par une
période où les cycles menstruels sont irréguliers, appelée
périménopause, qui dure de 2 à 6 ans. La ménopause survient en
général entre 45 et 54 ans selon les femmes.
Elle est liée à l’arrêt du fonctionnement des ovaires, et donc de la
possibilité reproductive. Progressivement, la production d’hormones
féminines (œstrogènes et progestérone) diminue et entraîne des
perturbations tant physiques que psychologiques qui peuvent avoir
des retentissements sur la sexualité, au niveau du plaisir et du désir,
même si cela n’est pas du tout une fatalité.

Les symptômes de la ménopause

L’arrêt des règles. C’est la conséquence directe de l’arrêt du


fonctionnement des ovaires par épuisement du capital ovarien. C’est
le symptôme qui définit la ménopause.

Les bouffées de chaleur. Elles sont sans aucun doute un des


symptômes les plus courants de la ménopause et le plus difficile à
vivre pour de nombreuses femmes. Les bouffées de chaleur peuvent
arriver n’importe où, n’importe quand, au travail, dans la rue, dans
les transports… Elles sont alors à l’origine d’un sentiment de gêne,
voire de honte, qui n’est pas du tout agréable. Elles sont aussi très
fréquentes pendant la nuit et peuvent provoquer des troubles du
sommeil.
Ce sont des sensations de chaleur intense, principalement dans le
haut du corps et le visage, accompagnées le plus souvent de sueurs
importantes et de rougeurs. Chaque bouffée de chaleur dure en
moyenne entre 2 et 5 minutes et peut se terminer par des frissons et
des tremblements. Elles persistent en moyenne pendant un an mais
peuvent durer beaucoup plus longtemps chez certaines femmes.
On les retrouve chez 30 à 50 % des femmes selon les études.
Mais seulement 10 % d’entre nous se déclarent véritablement
gênées.
Comme tous les symptômes de la ménopause, elles sont liées à
la baisse des œstrogènes. En effet, les hormones féminines
participent au maintien et à la régulation de la température corporelle
en agissant sur les centres cérébraux dédiés. Ainsi, lors de la
ménopause, la température de la peau augmente de 4 °C dans 75 à
85 % des cas. La baisse des œstrogènes provoque une rupture
dans l’équilibre de régulation de ces centres qui, à leur tour,
n’arrivent plus à réguler la température, d’où ces montées
intempestives.

La prise de poids. La prise de 2 à 3 kg semble difficile à éviter


avec l’arrivée de la ménopause, au moins selon les statistiques car,
en réalité, c’est surtout une affaire personnelle. On peut évidemment
ne pas prendre de poids à la ménopause si on choisit de modifier
son régime alimentaire et sportif en conséquence. Selon les études,
44 % des femmes prendraient du poids à la ménopause (Berdah,
2006), et certains facteurs favorisent cette prise de poids :
antécédents familiaux d’obésité ou de diabète, grossesses avec
prise de poids importante, facteurs psychologiques…
Sur le plan purement physiologique, la baisse des œstrogènes
augmente la taille et le nombre des cellules graisseuses, notamment
au niveau du ventre, ce qui a pour effet de modifier durablement la
silhouette.
La période de la ménopause voit survenir des changements
psychologiques qui peuvent modifier notre comportement face à la
nourriture, l’apparence physique devenant moins primordiale, la
séduction se fondant davantage sur notre personnalité que sur notre
silhouette ; ainsi on peut se laisser davantage aller à se faire plaisir
avec de bons petits plats.

Les conséquences sur les seins. Sous l’effet de la diminution des


hormones féminines, les glandes mammaires diminuent de volume.
C’est ce qu’on appelle l’atrophie mammaire. Cependant, le volume
global des seins peut paradoxalement augmenter, notamment à
cause de l’augmentation de la masse graisseuse dans le sein due à
la prise de poids. La peau du mamelon s’éclaircit et celui-ci peut
perdre des capacités érectiles, notamment lors de l’orgasme. La
peau devient plus fine, le tissu qui soutient les seins, plus fragile, et
les seins tombent : c’est la ptose mammaire due à l’âge.
Les conséquences sur la peau, les poils et les cheveux

Là encore, toutes les modifications sont liées à la diminution des


œstrogènes et à l’augmentation relative de la testostérone.
On observe donc :
– Des poils qui poussent là où auparavant ils ne poussaient
pas : la lèvre supérieure ou les joues.
– Des poils qui poussent moins là où ils poussaient
bien auparavant : les aisselles ou le pubis.
– Des cheveux qui peuvent se raréfier ou devenir plus fragiles.
– Une peau plus fine, moins élastique, plus fragile, plus sèche.

Les conséquences au niveau de la vulve et du vagin

Les organes génitaux externes sont les plus touchés par la baisse
des œstrogènes car ils contiennent de nombreux récepteurs aux
hormones féminines. Ces symptômes touchent environ deux
femmes sur trois et ont plus ou moins de répercussions négatives
sur la qualité de vie et la sexualité.
Mais on sait aujourd’hui que la poursuite d’une vie sexuelle active
protège nos organes sexuels contre les effets négatifs de la
ménopause.
– Les petites et grandes lèvres deviennent plus fines, l’orifice
du vagin peut également diminuer de diamètre.
– La muqueuse vaginale est plus sèche. Cette sécheresse
vaginale peut être responsable de douleurs lors de la
pénétration vaginale, d’autant que la lubrification est plus
longue à se déclencher lors de la phase d’excitation sexuelle
(5 minutes au lieu de 30 secondes chez une femme jeune).
– La peau recouvrant le clitoris peut également perdre de son
élasticité, et le clitoris se retrouve moins protégé. Il est alors
plus sensible aux irritations.
– La flore vaginale se modifie également ; la flore de Döderlein,
qui nous protège contre les infections, diminue sous l’effet
d’une acidification du vagin. Cela peut entraîner une
augmentation du nombre d’infections vaginales.
– La muqueuse du vagin s’atrophie, elle devient plus fine, ce
qui peut causer des saignements, des irritations ou des
démangeaisons lors des rapports sexuels pénétratifs.
Il existe également des conséquences au niveau de la vessie. Les
troubles urinaires liés à la ménopause et, plus généralement, au
vieillissement, sont très fréquents et souvent tabous. Peu de femmes
en parlent spontanément, et pourtant, ces troubles affectent la
qualité de vie et la sexualité. Infections urinaires plus fréquentes,
envies d’uriner pressantes, incontinence urinaire à l’effort (ou pas)
sont autant de plaintes que l’on entend chez les femmes qui
avancent en âge et qui peuvent avoir un impact négatif sur la qualité
de la vie sexuelle et la qualité de vie tout court. Des prises en charge
adaptées existent, il est donc essentiel d’en parler à son médecin.

L’ostéoporose. C’est sans doute le symptôme le plus connu de la


ménopause et celui qui impacte le plus la qualité de vie avec des
douleurs, une baisse des capacités de mobilisation, de déplacement,
des risques de fractures, des tassements vertébraux…
L’ostéoporose est due à la déminéralisation des os qui perdent donc
en densité et deviennent très fragiles. Elle est inéluctable, car
principalement liée au vieillissement, et touche aussi bien les
hommes que les femmes. La ménopause n’en est qu’un
accélérateur. Un traitement à base d’hormones protège en partie
contre cette accélération de l’ostéoporose à la ménopause.

Les troubles psychiques

Les troubles psychiques concerneraient envions 40 % des


femmes ménopausées, en particulier les troubles du sommeil et les
troubles de l’humeur. Ces désagréments sont certes favorisés par la
baisse des hormones, mais pas seulement. Tous les changements
inhérents à cette période de vie de la femme engendrent également
ce type de troubles : départ des enfants, séparation ou divorce, deuil
de la maternité, avancée en âge avec le sentiment de perdre ses
capacités de séduction, peur de vieillir, modifications corporelles qui
peuvent entraîner une baisse de l’estime de soi…
Cela peut conduire à un état dépressif, qui se manifeste de
différentes manières, avec des symptômes variés, dont l’intensité
change en fonction de chacune. La dépression touche en moyenne
deux fois plus les femmes que les hommes (Baromètre santé en
France, 2017), quel que soit l’âge, et nous devrions être mieux
sensibilisées à ce problème de manière à pouvoir le prendre en
charge le plus tôt possible. Car les traitements existent et
fonctionnent bien. On sait qu’il est parfois difficile de prendre
conscience qu’une dépression s’installe tant le début peut être
insidieux et que, progressivement, nous nous adaptons à ce nouvel
état, essayant de trouver des raisons sans vraiment nous rendre
compte que c’est en réalité un état pathologique et qu’il faut aller
consulter.

Les troubles du sommeil. Ce sont sans doute les troubles les plus
fréquents, à la fois en lien avec la carence hormonale et l’avancée
en âge.
Favorisés par les bouffées de chaleur nocturnes qui entraînent
des réveils, ils sont directement liés à la baisse des œstrogènes,
dont on connaît aujourd’hui très bien le rôle positif sur le sommeil. La
ménopause est aussi une période à risque pour l’apparition des
apnées du sommeil : ne pas hésiter à en parler à son médecin si on
a un doute. La dette de sommeil est très préjudiciable pour la santé
psychique : manquer de sommeil favorise en effet la dépression,
l’anxiété, les troubles émotionnels et, bien sûr, la fatigue. Beaucoup
de femmes ménopausées se plaignent de fatigue, et encore plus de
fatigabilité : la sensation de ne plus pouvoir faire autant qu’avant, de
ressentir plus vite l’épuisement. Cela est en partie expliqué par la
baisse des œstrogènes, qui ont une fonction « anti-fatigue » au
niveau cérébral.

Quelques chiffres
86 % des femmes de plus de 50 ans déclarent avoir une activité
sexuelle dans les 12 derniers mois précédant l’enquête et 79 % dans
les 4 dernières semaines (enquête CSF, 2006), contre respectivement
49 % et 37 % en 1970 (enquête Simon, 1970).
Les femmes de plus de 50 ans ont en moyenne 6,5 rapports
sexuels par mois en 2006 (contre 5,3 en 1992).
Le rapport sexuel des femmes de plus de 50 ans dure en moyenne
21 minutes (enquête CSF, 2006).
27 % des femmes ont des difficultés de lubrification sexuelle
(Lauman et al., 1999).
38 % des femmes souffrent d’atrophie vaginale, 55 % de
sécheresse vaginale, 44 % de dyspareunies et, chez 59 % des
femmes, la ménopause, avec tous ses changements physiologiques
et psychologiques, a un impact négatif sur la sexualité (étude de
Kinsberg et al., 2014 sur une population de 3 046 femmes
ménopausées âgées de 45 à 75 ans).
Pour 71 % des femmes âgées de 50 à 60 ans, le maintien d’une vie
sexuelle active est essentiel (Nappi et al., 2008), et pour 55 % d’entre
nous, les rapports sexuels sont nécessaires pour se sentir bien
(enquête CSF, 2006).

Les conséquences de la ménopause sur la sexualité

Les bienfaits de la sexualité

Il ne fait guère plus de doute aujourd’hui que conserver une


sexualité tout au long de sa vie permet d’améliorer à la fois sa santé
physique, mais aussi psychologique, émotionnelle, relationnelle.
C’est particulièrement vrai au moment de la ménopause et après.
Ainsi, il a été démontré que les femmes qui gardent une sexualité
régulière subissent moins d’effets négatifs liés à la ménopause,
notamment de troubles urinaires comme l’incontinence (Brewer S.,
2004).
Faire l’amour régulièrement permet de se sentir mieux dans sa
peau et dans sa vie en renforçant les liens émotionnels et affectifs
avec son partenaire, tout en profitant d’une source de plaisir simple
et saine. Par ailleurs, on sait aujourd’hui que la sécrétion des
endorphines lors de l’orgasme diminue l’intensité des douleurs
chroniques et permet également de diminuer le stress.

Baisse ou hausse de la libido ?

La baisse du désir lors de la ménopause est fréquente, et


pourtant, ce n’est pas une fatalité. Les causes sont hormonales,
mais surtout psychologiques.
C’est surtout la baisse des androgènes (testostérone et DHEA) qui
est responsable de la diminution du désir sexuel. Des études ont pu
ainsi montrer qu’un apport de testostérone à la ménopause pouvait
favoriser le désir sexuel, les fantasmes et l’excitation sexuelle
(R. Martin-Du Pan, 2007 ; Ambler et al., 2012).
Sur le plan psychologique, c’est surtout le sentiment d’être moins
séduisante, la fatigabilité liée aux désagréments de la ménopause,
en particulier les troubles du sommeil ou la dépression, qui
entraînent des troubles du désir.
Il ne faut pas oublier non plus qu’aujourd’hui les femmes de
50 ans, plus en forme physique qu’avant, plus indépendantes aussi,
sont en pleine expansion de leur carrière professionnelle, et elles y
consacrent beaucoup d’énergie, à un moment de leur vie où leurs
enfants sont plus grands et où elles se sentent beaucoup plus libres
de s’investir dans leur profession. Ce n’est pas en faveur d’un
investissement dans leur vie amoureuse et sexuelle, qui peut passer
au second plan.
Certaines femmes, au contraire, ressentent une augmentation de
leur libido. Libérées de la peur d’une grossesse, délivrées de la
répétition des menstruations, s’aventurant dans une nouvelle relation
affective à la suite d’un divorce récent, elles ont aussi moins peur du
jugement, ont envie de se sentir à nouveau séduisantes à mesure
de l’âge qui avance. La baisse de la libido n’est en tout cas pas du
tout une fatalité, et nous serons, je pense, de plus en plus
nombreuses dans l’avenir à ne pas en souffrir.
Les modifications du plaisir

L’orgasme est en général plus long à venir et moins intense. Le


nombre de contractions qui signent l’orgasme féminin diminue et
elles sont aussi moins fortes.
Mais le clitoris peut aussi être hypersensible et irritable, ce qui
n’est pas très agréable. Cela nous oblige à adapter nos pratiques
sexuelles, notamment à augmenter le temps des préliminaires afin
de favoriser l’excitation sexuelle.
La baisse des œstrogènes est responsable de la sécheresse
vaginale, particulièrement visible lors des rapports vaginaux, mais
pas seulement. La lubrification vaginale en lien avec l’excitation
sexuelle peut également être plus longue à venir et moins
importante, mais il semble que cela n’atteigne qu’une minorité de
femmes (un peu moins de 30 %).
Lors de la phase d’excitation sexuelle, un gonflement survient
dans toute la région génitale, notamment des grandes et petites
lèvres, du vagin, du clitoris, en raison du gonflement des vaisseaux
sanguin. Cela fonctionne un peu moins bien après la ménopause.
En effet, la carence en œstrogènes réduit la vasodilatation et la
vascularisation, d’où une réponse sexuelle plus tardive, un degré
d’excitation moindre.
Les dyspareunies sont fréquentes et causées d’une part par la
sécheresse vaginale, d’autre part par l’atrophie de la muqueuse
vaginale liée à la baisse des œstrogènes. Les parois du vagin sont
plus minces, et cela peut entraîner des irritations lors de la
pénétration vaginale. On peut alors conseiller d’utiliser des lubrifiants
ou des crèmes à base d’œstrogènes qui limitent les effets de la
ménopause.

Quels traitements sont possibles ?

Le traitement hormonal substitutif (THS)


Le traitement hormonal substitutif consiste à apporter à la femme
les hormones dont les taux diminuent dans le sang à cause de la
ménopause et de l’arrêt du fonctionnement des ovaires.
Ce type de traitement a été l’objet d’une polémique importante il y
a quelques années à la suite d’une étude américaine largement
relayée dans les médias. Elle faisait état du risque élevé de cancer
du sein et de maladies cardio-vasculaires chez les femmes prenant
un traitement hormonal substitutif. Mais des études françaises plus
récentes ne confirment pas ces risques (Lopès et al., 2005), et le
traitement hormonal de la ménopause reste un traitement de choix. Il
est en effet efficace à la fois sur les bouffées de chaleur, la libido, la
sécheresse vaginale, la qualité de la peau et des cheveux, la
prévention de l’ostéoporose et le risque de fractures, et même sur la
prévention des risques cardio-vasculaires. Lorsqu’il est prescrit dans
le respect strict des règles de bonne conduite, la balance
bénéfice/risque du traitement hormonal substitutif est largement
bénéficiaire.
Aujourd’hui, la prescription du THS est soumise à une
réglementation stricte :
– Utilisation de la dose d’hormones minimale efficace.
– Surveillance clinique régulière, notamment cardio-vasculaire
et au niveau des seins.
– Mammographie tous les deux ans.
– La pertinence du traitement est réévaluée chaque année avec
une durée maximale de prescription de 5 ans.
– Respect strict des contre-indications : antécédents de
cancers du sein, antécédents de maladies cardio-vasculaires,
d’accident vasculaire cérébral ou d’accidents
thromboemboliques veineux (phlébites et embolies
pulmonaires).

Les traitements locaux

Il s’agit de gels, crèmes ou ovules à base d’œstrogènes. Ils ont


prouvé leur efficacité pour les problèmes de sécheresse vaginale,
d’atrophie du vagin ou pour les douleurs à la pénétration vaginale.
On peut également y associer des gels lubrifiants pour les
rapports vaginaux ou des gels à base d’acide hyaluronique pour
améliorer l’hydratation de la muqueuse vaginale et prévenir les
démangeaisons et les irritations.

Les mesures générales

Elles sont tout aussi importantes à mettre en place que les


traitements spécialisés. Ces mesures visent à améliorer la santé
globale, à favoriser un bien-être à la fois physique et psychologique,
et ainsi à vieillir mieux et en meilleure santé.
Parmi les plus importantes de ces mesures, retenons :
– Une activité sportive régulière : une étude américaine a
montré que l’activité physique améliore le ressenti des
symptômes négatifs de la ménopause, et ainsi, le bien-être
psychologique (Elavsky et al., 2005).
– L’arrêt du tabac : indispensable en raison du risque élevé de
maladies cardio-vasculaires à la ménopause.
– La diminution, voire l’arrêt de la consommation d’alcool :
d’une part pour limiter la prise de poids, d’autre part pour
diminuer le risque de maladies cardio-vasculaires.
– L’amélioration de son hygiène alimentaire pour les mêmes
raisons.

Les thérapies à la rescousse

Différentes sortes de thérapies peuvent être proposées,


notamment les thérapies cognitivo-comportementales. Elles ont
surtout pour but d’améliorer le désir sexuel en proposant des
stratégies de modification des pensées et des comportements qui
inhibent le désir sexuel. Le travail psychologique consiste également
à améliorer la communication dans le couple et les relations
d’intimité.
Traiter les troubles du partenaire

Il est très fréquent que les hommes partenaires des femmes


ménopausées présentent eux-mêmes des troubles sexuels,
en particulier des troubles de l’érection liés à l’âge. Ces troubles
impactent la vie du couple et la qualité des relations sexuelles et
sont partiellement responsables de la baisse du désir chez les
femmes.
La prise en charge de ce type de troubles fait donc partie
intégrante des stratégies thérapeutiques, et il convient de les
prendre en compte, voire de les rechercher s’ils ne sont pas
évoqués spontanément.

Pour en savoir plus

Odile Bagot, Ménopause, pas de panique !, Mango, 2019.


L’auteure est gynécologue et obstétricienne, et elle enseigne la
sexologie à l’université de Strasbourg. Elle nous livre ici « toutes les
clés pour surmonter sereinement cette période compliquée ». Un
ouvrage illustré, clair et sans tabou qui nous enseigne tout en
gardant un ton léger.

Caroline Michel, C’est moi ou il fait chaud ? La ménopause


sans tabou, LEDUC. S, 2019.
Caroline Michel est journaliste spécialisée en sexologie et
psychologie. Elle aborde dans cet ouvrage tous les aspects de la
ménopause : les symptômes physiques et psychiques, les idées
reçues et les fausses croyances, tout sur les différents traitements
qui existent. Vous y trouverez également des témoignages de
femmes et des conseils de professionnels.

Stéphanie Mezerai, Sophie Pensa, Bien vivre sa ménopause


sans médicaments, LEDUC. S, 2019.
Écrit par deux femmes spécialisées dans les médecines
complémentaires, cet ouvrage donne des pistes nutritionnelles pour
limiter les effets de la ménopause, des règles hygiéno-diététiques,
des conseils pour une meilleure prise en compte de son corps grâce
au sport, au yoga… Un livre destiné à toutes les femmes adeptes
des médecines douces.
Les sex-toys
Les godemichés, vibromasseurs et autres jouets sexuels ont
envahi notre répertoire sexuel ces dernières années,
particulièrement celui des femmes. C’est ainsi que l’on assiste à une
véritable féminisation des sex-toys, avec leurs boutiques dédiées,
comme celle désormais célèbre de la grande couturière Sonia Rykiel
et sa fille, avec des couleurs qui plaisent aux femmes, du violet, du
rose, du noir, des textures plus douces, un design moins agressif.
On a toutes en tête le fameux petit canard vibrant qui n’est
évidemment pas un jouet pour les enfants.
Utilisés en solitaire ou en couple, les sex-toys remplissent de
nombreuses fonctions. Surtout, ils permettent aux femmes
d’assumer leur sexualité, leur autoérotisme, leur plaisir sexuel, avec
ou sans homme, et participent ainsi à la libération de la sexualité
féminine.

Un peu d’histoire

L’ancêtre du sex-toy contemporain est le godemiché, ce pénis


artificiel, simple objet de forme allongée et dont on retrouve la trace
chez des peuples très anciens, plusieurs siècles avant Jésus-Christ.
Ils étaient alors en pierre, en bois, en os. Le mot viendrait du latin
gaude mihi qui signifie « réjouis-moi », selon le Petit Larousse de la
sexualité.
Tout au long de l’histoire occidentale et orientale, que ce soit dans
l’Antiquité grecque ou romaine, au Japon, en Chine, puis plus tard
au Moyen Âge ou en Occident au XVIIIe siècle lors de l’explosion du
libertinage (Sade notamment), les godemichés ont été utilisés par
les femmes. L’une des plus célèbres adeptes du vibromasseur aurait
été la reine d’Égypte Cléopâtre ; elle aurait mis au point un objet
étanche contenant des abeilles qui, introduit dans le vagin,
assuraient une certaine vibration.
À la fin des années 1800, une nouvelle génération de godemichés
apparaît. Utilisés par les médecins pour soigner les femmes
atteintes d’hystérie, le premier vibromasseur à vapeur a été mis au
point par un médecin anglais. Cette nouvelle machine était censée
soigner les femmes atteintes de différents symptômes en raison
d’une frustration sexuelle. Puis dans les années 1930, le
vibromasseur devient électrique en même temps qu’il est abandonné
par les médecins, et progressivement, les femmes se réapproprient
cet objet.
En 1983, une entreprise américaine lance le désormais célèbre
Rabbit qui, pour la première fois, permet une stimulation à la fois
vaginale et clitoridienne.
Mais c’est véritablement à la fin des années 1990 et au début des
années 2000 que leur utilisation s’est démocratisée, au point de
devenir un objet quasiment banal. C’est à ce moment qu’apparaît
aussi le terme de sex-toy, venant remplacer celui de vibromasseur,
trop restrictif.
En 2002, Nathalie Rykiel, fille de la couturière Sonia Rykiel, met
en vente dans sa luxueuse boutique parisienne le premier canard
vibrant, ces fameux petits canards jaunes, dont le but est clairement
de se distancier de la forme phallique du classique vibromasseur
afin de gagner le cœur des femmes. Et ça fonctionne. La révolution
est en marche, les femmes plébiscitent. Il devient de plus en plus
facile de s’en procurer, notamment sur Internet où fleurissent les
sites spécialisés, aux envois soignés et surtout discrets. Nous
sommes aujourd’hui 53 % à préférer l’anonymat d’Internet plutôt que
d’aller les acheter dans des magasins spécialisés (étude
IFOP/Dorcelstore.com de 2017).

Les chiffres

15 millions de dollars, c’est la somme que rapporte chaque année


la vente de sex-toys toutes catégories confondues dans le monde.
C’est énorme, et surtout, en pleine expansion. Les industriels du
sex-toy ont de beaux jours devant eux.
49 % des Françaises ont utilisé un sex-toy au moins une fois dans
leur vie (étude IFOP/Dorcelstore.com de 2017), alors que nous
n’étions que 14 % en 2009 (enquête TNS/SOFRES pour Le Nouvel
Observateur) et 7 % en 2001 (enquête SOFRES pour Marie-Claire).
21 % d’entre nous les utilisent souvent ou parfois (enquête
IFOP/ELLE de 2019). Pour 75 % des femmes, utiliser des sex-toys
contribue au moins un peu (60 %), voire beaucoup (15 %) à
l’épanouissement de leur vie sexuelle.
Il semble pourtant que ces objets soient bien plus entrés dans
l’imaginaire sexuel que dans la pratique. Nous avons certes envie
d’essayer, mais peu d’entre nous ont passé le cap de l’achat ou de
l’utilisation. En effet, si 75 % d’entre nous aimeraient essayer un sex-
toy s’il était offert, nous sommes seulement 9 % à l’utiliser
réellement dans notre vie de couple (entre 1 fois par semaine et
1 fois par mois) selon l’étude IFOP/Dorcelstore.com de 2017.
Les femmes ont donc un rapport aux sex-toys plus décomplexé
qu’il y a quelques années, mais leur utilisation est loin d’être passée
dans les pratiques ordinaires. On les achète beaucoup plus
qu’avant, mais il semble bien qu’ils soient assez vite remisés au fond
du tiroir, sortis uniquement pour les grandes occasions.

Qui sont les femmes qui utilisent le plus


les objets sexuels ?
Source : étude IFOP/Dorcelstore.com de 2017
• Elles ont entre 25 et 34 ans.
• Elles sont plutôt sans religion.
• Elles sont en couple non cohabitant.
• Le plus souvent bisexuelles ou homosexuelles.
• Elles ont eu plus de 10 partenaires au cours de leur vie.
• Elles ont plus de 3 rapports sexuels par semaine et elles sont
plutôt satisfaites de leur vie sexuelle ; ce qui enlève l’idée que
l’usage du sex-toy serait un simple substitut aux rapports, mais
plutôt une façon de pimenter sa vie sexuelle de couple.

Quels types de sex-toys utilise-t-on ?

La gamme des objets sexuels s’est largement enrichie ces


dernières années. Les concepteurs et designers rivalisent
d’imagination et d’audace pour proposer des objets de toutes
sortes : connectés, multifonctions, minimalistes, réalistes, etc.
Il est parfois difficile de s’y retrouver et de faire un choix. Le
conseil que je peux donner est d’opter pour la simplicité, au moins
dans un premier temps, et de plutôt s’orienter vers un vibromasseur
avec ou sans stimulation clitoridienne. De même, on préférera un
objet plutôt flexible que rigide et plutôt doux. Moins d’esthétique mais
plus de plaisir, donc.
Il est également recommandé d’acheter des produits de marque
connues, car ils seront plus robustes, mieux finis, avec des
composants testés et non dangereux, conformes aux
réglementations sanitaires. Vous pouvez vous renseigner sur
Internet, sur les forums ou directement auprès des vendeurs en
magasins spécialisés.

Le vibromasseur classique : vibrant ou non, utilisé pour la


stimulation vaginale et/ou clitoridienne, souvent de consistance
rigide. On en trouve de toutes les tailles, de toutes les couleurs, plus
ou moins réalistes, plus ou moins fashion, de différentes matières
(silicone, latex, métal) et à tous les prix. Ils sont également parfaits
pour stimuler le point G.
Le canard vibrant : le plus connu, le moins sexuel, on peut l’utiliser
dans son bain et le laisser traîner au bord de la baignoire sans
risquer de choquer les enfants. Sans doute un des objets les plus
simples d’utilisation. Il sert uniquement à stimuler le gland du clitoris
par vibration.
Le Rabbit ou double stimulateur, popularisé par la série Sex and
the City, est un vibromasseur qui associe stimulation vaginale et
clitoridienne grâce à une partie vibrante ; c’est sans doute le plus
efficace des sex-toys, même si de nouvelles technologies semblent
l’avoir remisé à l’époque de la préhistoire. Le modèle original fait
plus 20 cm de long et presque 4 cm de diamètre. Un bel objet…
L’œuf vibrant : il s’agit d’un objet en forme d’œuf, que l’on introduit
dans le vagin un peu comme un tampon hygiénique, et une
télécommande permet de le faire vibrer à distance. Un produit parfait
pour pimenter sa vie sexuelle de couple et s’amuser à deux. Cet
objet est de plus en plus sophistiqué au fil du temps, avec des
programmes vibrants différents et l’utilisation des nouvelles
technologies sans fil.

Les boules de Geisha : un des plus anciens objets sexuels. Il


s’agit de deux boules reliées que l’on introduit dans le vagin. Dans
chaque boule, on trouve une bille en métal lourd dont le mouvement
naturel lors de la marche ou de la station debout stimule les parois
vaginales et augmente l’excitation sexuelle. L’emploi de boules de
Geisha est également recommandé par les sexologues pour
remuscler le périnée.

Le stimulateur clitoridien : apparu plus récemment, il stimule le


clitoris par l’envoi d’ondes ou des mouvements de succion, en
général très efficaces. Les nouveaux modèles se rechargent par
USB et sont étanches, pouvant ainsi s’utiliser dans le bain.
Le stimulateur pour couple : moins connu car plus récent, il
permet, grâce à sa forme en U, une utilisation pendant la pénétration
vaginale. La branche la plus fine s’insère dans le vagin, et la
branche la plus bombée se place sur le clitoris. Cela permet donc
une double stimulation, du point G par la pression du pénis sur la
branche insérée dans le vagin et du clitoris par les vibrations de
l’autre branche. Il augmente aussi les sensations de l’homme.
Le cockering : il s’agit d’un anneau généralement en plastique que
l’on positionne à la base du pénis et qui permet lors de la pénétration
vaginale de stimuler le clitoris grâce à un petit objet vibrant inséré
dans l’anneau. Le cockering est également destiné à améliorer
l’érection et à retarder l’éjaculation grâce à un mécanisme de
compression pénienne. Son utilisation s’est tellement démocratisée
que l’on en trouve même dans les supermarchés au rayon
préservatifs.

Le plug anal : objet sexuel destiné au plaisir anal, on en trouve de


différentes tailles, matières et couleurs ; on choisira de préférence
une petite taille, surtout pour un premier achat, et une matière
flexible pour éviter toute douleur. Sa base large empêche tout risque
de perte de l’objet dans le rectum. Seulement 5 % d’entre nous ont
déjà utilisé un plug anal (étude IFOP/Dorcelstore.com de 2017).
Certaines marques se sont spécialisées dans les objets anaux et en
proposent une large gamme.
Les accessoires issus du BDSM ont également le vent en poupe,
notamment à la suite du succès planétaire de Cinquante nuances de
Grey de l’écrivaine américaine E. L. James : les menottes, les
bandeaux et les masques, les pinces à seins, les cordes de bondage
(à utiliser avec prudence pour éviter tout risque de blessure),
tapettes, fouets plus ou moins rigides, martinet ou encore plumeau…
33 % d’entre nous auraient déjà expérimenté l’usage de ces
différents accessoires en solo ou en couple (étude
IFOP/Dorcelstore.com de 2017).

Les dernières innovations en matière de sex-toys

Le Womanizer premium : sans doute une des marques les plus


connues et les plus chères des objets à vocation sexuelle, le
Premium de Womanizer est un des derniers-nés de la marque et le
plus vendu en 2019 parmi les produits haut de gamme. La
stimulation clitoridienne se fait par aspiration grâce à de l’air pulsé et
des ondes de pression, et non plus par vibration comme la majorité
des sex-toys. Ce serait l’un des plus efficaces en ce qui concerne les
orgasmes clitoridiens. Il est plus silencieux que les modèles
précédents, notamment grâce à sa capacité toute nouvelle à
s’éteindre automatiquement dès qu’il n’est plus en contact avec le
clitoris. Un défaut, son prix élevé.
Le multifun de Satisfyer : c’est avant tout un jouet pensé et conçu
pour les couples, mais que l’on peut utiliser en solo. Pas moins de
trois moteurs, un dans chaque branche et un central, deux boutons
de contrôle, dix modes différents de vibration. Waterproof, il
fonctionne grâce à une batterie rechargeable par USB. On peut
l’utiliser un peu à la manière d’un cockering en le plaçant à la base
du pénis pour stimuler le clitoris grâce aux vibrations des deux
branches. On peut aussi introduire l’extrémité des branches dans le
vagin pour venir stimuler le point G. Il mesure 13,5 cm de long pour
6,5 cm de large.
Le caress d’Adrien Lastic : nouveauté parmi les stimulateurs
clitoridiens, ce petit objet (3,6 cm de long) comprend 5 têtes
interchangeables plus ou moins fermes pour multiplier les
possibilités. Il combine rotations et vibrations pour une meilleure
efficacité. La télécommande fournie permet de choisir entre les
différents modes de vibration et rotation.

Le penguin Pro de Satisfyer : ce nouvel objet stimule le clitoris par


aspiration, il est plus silencieux que ses prédécesseurs, sa
puissance est contrôlable et sa prise en main, facile et intuitive. Il
comprend pas moins de onze modes différents de stimulation.
Composé de silicone, son nettoyage est facile après chaque
utilisation. Il est également waterproof. Il mesure 12,5 cm et il est
rechargeable par USB.

Le Sona by Lelo : la marque Lelo est connue pour ses produits


design et esthétiques. Le Sona est dans cette lignée. Stimulateur
clitoridien tout comme son homologue de Satisfyer, il fonctionne
grâce à un système combiné de vibrations et d’aspirations. Selon le
constructeur, la puissance des aspirations et des vibrations serait
capable de stimuler également la partie interne du clitoris, c’est en
tout cas l’argument de vente. Waterproof, rechargeable par clé USB,
il mesure quasiment 10 cm de long.

Le Jive de We-vibe : objet connecté pour couples, c’est un


nouveau modèle d’œuf vibrant contrôlé à distance via la technologie
Bluetooth et son téléphone portable. Il est constitué de silicone. On
insère l’œuf dans le vagin tout en laissant la tige à l’extérieur qui
permet de maintenir l’œuf en place pile au niveau du point
G. L’efficacité n’en serait que plus redoutable. L’application sur
smartphone permet de créer des séquences de vibrations
personnalisées et de le faire fonctionner à distance. Un vrai plus
ludique pour s’amuser en couple.
Comment bien utiliser un sex-toy ?

Tout d’abord, la question de l’hygiène est primordiale si on veut


éviter les désagréments d’une infection vaginale, d’une infection
sexuellement transmissible ou des irritations. Il est indispensable de
nettoyer les objets après chaque utilisation, même avant s’ils ont été
longtemps inutilisés. De l’eau chaude et du savon ne suffisent
pas pour protéger des IST. Il faut donc utiliser un désinfectant local
adapté à la matière de l’objet que l’on trouve dans tous les magasins
spécialisés ou sur Internet. Mais le plus simple est de recouvrir son
sex-toy avec un préservatif.
Si c’est un sex-toy vibrant pour clitoris, on peut aussi l’utiliser par-
dessus ses sous-vêtements, ; c’est moins vif pour les plus sensibles
d’entre nous, donc plus agréable.
La lubrification est recommandée pour toute utilisation vaginale ou
anale. On préférera les lubrifiants à base d’eau, moins agressifs
pour les objets. Cependant, on peut aussi se faire plaisir avec des
huiles de massage spécialisées, notamment lorsque les sex-toys
sont en verre, en métal ou en latex.
Enfin, rappelez-vous que, en matière de sexualité, c’est le plaisir
qui prime. Respectez le rôle de chaque objet, et si ça fait mal,
arrêtez, c’est que ça ne vous convient pas.

Quelques conseils pour bien choisir votre (premier) sex-toy

– Préférez-le plus fonctionnel qu’esthétique.


– Choisissez-le en matière souple plutôt que rigide ; en général,
le silicone ou le latex est mieux supporté que le métal, jugé
trop froid ou trop dur.
– Prenez-le de bonne qualité, et qualité rime avec coût élevé :
un sex-toy à bas prix sera le plus souvent décevant, voire
carrément toxique. Tous les sex-toys des grandes marques
reconnues sur le marché affichent des prix plus ou moins
élevés, mais on est sûr que ça fonctionne. C’est aussi le prix
de l’efficacité.
– Écoutez les conseils des vendeuses des boutiques
spécialisées plutôt que de tenter de faire votre marché vous-
même sur Internet et sa pléthore d’objets.
– Préférez, dans la mesure du possible, des objets
rechargeables plutôt qu’à piles, de plus en plus rares. Cela
évite de se retrouver en panne en pleine action, ce qui est fort
désagréable. Sans compter que c’est important pour la
planète.
– Il vaut mieux commencer petit, surtout si c’est un premier
achat, et encore plus si c’est pour une stimulation vaginale,
mais en prenant soin de le prendre vibrant, sinon, on risque
fort d’être déçue de ne rien ou presque rien ressentir.

Pour en savoir plus

Guide pour l’entretien des sex-toys


Il s’agit d’une brochure éditée par l’association suisse Les
Klamydias, qui permet grâce à un tableau très synthétique de
connaître les avantages et inconvénients des sex-toys selon le
matériau utilisé et leur entretien.
À voir en ligne : https://www.klamydias.ch

Bertrand Ferrier, Stephan Levy-Kuentz, Sex toys forever,


Marabout, 2005.
La bible des sex-toys, dans le style anthologie, un peu ancienne
cependant, mais qui reste un des livres de référence sur ce sujet.
Écrit par deux passionnés qui ont également participé au
Dictionnaire de la pornographie (PUF).

Mathew Nolan, Erika Moen, Les Joies du sex-toy et autres


pratiques sexuelles, Glénat, 2018.
Ces deux auteurs américains fans de sexe et de BD ont réuni
leurs passions et leur talent pour offrir une bande dessinée sur les
jouets sexuels de tout poil. Entre « bande dessinée, textes et
interviews de professionnels », cet ouvrage distille des conseils
pratiques et fait une revue des différents modèles de sex-toys.

À voir : Oh my God!, film britannique réalisé par Tanya


Wexler, 2011.
Le film raconte l’histoire de façon romancée du Dr Mortimer
Granville qui, pour soulager les femmes des symptômes de
l’hystérie, inventa le premier vibromasseur à visée médicale. Une
comédie légère, plutôt drôle, sur un sujet pourtant pas facile à
aborder. Avec Maggie Gyllenhaal, Hugh Dancy et Rupert Everett.
La séduction
La séduction est la première phase de la relation amoureuse. Elle
se conjugue au passif – être séduit – et à l’actif – séduire. Mais c’est
une phase qui pose problème à de nombreuses femmes qui ne
savent pas comment s’y prendre pour charmer un homme, entamer
une relation amoureuse, tout en voulant conserver le contrôle sur
leur image, sur leur engagement potentiel et, finalement, sur leur
désir sexuel. Car la séduction n’a pas forcément pour but d’aboutir à
une relation sexuelle. Elle est bien souvent une manière de prendre
du plaisir dans la relation, une façon aussi de se rassurer sur ses
capacités à plaire et, par conséquent, d’améliorer l’estime que l’on a
de soi.
La séduction au féminin est bien différente de la séduction au
masculin. De nombreuses études sur la psychologie du
comportement en attestent. En cause, des facteurs tout autant
biologiques, génétiques, que culturels ou psychologiques. Mais les
choses sont en train de changer, notamment avec l’apparition de
nouveaux moyens de drague, des sites de rencontres aux
messageries instantanées en passant par les sextos. En cause
également, la libération de la parole et l’attachement des femmes à
la notion de consentement à la suite du mouvement MeToo.

Savoir séduire peut se révéler avantageux si nous avons envie de


construire une relation stable. En comprendre les rouages semble
alors essentiel. En matière de séduction, certaines façons de faire
sont bien plus efficaces que d’autres. Nous avons toutes, en
chacune de nous, la capacité à plaire, à optimiser nos chances, il
suffit juste parfois d’en être consciente pour qu’enfin ça fonctionne.

Qu’est-ce que la séduction ?


Le mot séduction vient du latin seducere qui signifie à la fois
« conduire à soi » et « détourner du droit chemin ». Séduire affiche
donc une volonté plus ou moins explicite d’attirer une autre personne
vers soi dans le but d’obtenir d’elle des faveurs ou une attention
particulière. La séduction cache toujours une volonté de pouvoir et
de possession, même inconsciente, même niée. La séduction reste
cependant un préalable indispensable à la relation amoureuse pour
81 % des femmes d’aujourd’hui (IPSOS/ELLE, 2018). Pour 85 %
d’entre nous, la séduction est ce qui fait le charme d’une rencontre.
Du côté féminin, la séduction est plus souvent passive, par des
gestes, des mimiques, des sourires, en réponse à une attention
masculine. Mais cette façon de faire est en train de changer et nous
sommes aujourd’hui nombreuses à réclamer le droit à une séduction
plus active, plus libre, considérée comme plus masculine, sans pour
autant être jugées ou traitées de castratrice, de femme virile, et
ainsi, déconsidérées dans notre féminité.

Quelques chiffres
Les Françaises évaluent leur capacité de séduction à 5/10 en
moyenne avec un pic pour les moins de 25 ans et les plus de 50 ans.
Il est quelque peu surprenant de prendre conscience que les femmes
de plus de 50 ans se sentent plus séduisantes que celles de 40 ans.
Elles ne se servent pas des mêmes atouts ou des mêmes
comportements pour séduire, et surtout, elles considèrent que la
séduction est plus une affaire de personnalité que d’apparence. Les
femmes de 40 ans, quant à elles, sont en général trop prises par leur
vie de mère ou leur vie professionnelle pour penser à la séduction.
5 minutes : c’est le temps qu’il faut pour 43 % d’entre nous pour
juger un homme séduisant ou non, et 10 minutes pour 58 %.
72 % d’entre nous estiment qu’il est difficile de rencontrer un
homme séduisant. Sommes-nous trop exigeantes ? Oui,
certainement, à en croire le dernier sondage sur le sujet.
Pour 85 % des femmes, il est toujours agréable de se faire séduire,
et ce malgré le contexte actuel post-MeToo. Pour 48 % d’entre nous,
une remarque sur le physique ou la tenue d’une personne que l’on ne
connaît pas ne relève pas d’un comportement de séduction, mais d’un
comportement de harcèlement sexuel, quand 45 % d’entre nous
jugent qu’il s’agit davantage de séduction. 62 % des femmes sont
plutôt actives dans la séduction, n’hésitant pas à aborder le sexe
opposé et à être entreprenantes1.

Les dimensions physiologiques de la séduction

L’être humain est aussi un animal. En cela, l’attractivité


amoureuse et sexuelle repose sur les différents organes sensoriels,
comme la vue, l’ouïe, l’odorat ou le toucher à travers la sécrétion
d’hormones et l’activation de circuits neuronaux particuliers.

Le rôle des phéromones

Parmi tous ces systèmes, l’action des phéromones est toujours à


l’étude.
Les phéromones sont des composés volatils odoriférants qui sont
produits par certaines glandes corporelles, en particulier au niveau
des aisselles, de la vulve ou de l’anus. Leur rôle, bien connu chez
les animaux, est d’envoyer un message de réceptivité sexuelle par
l’intermédiaire de l’organe dit voméronasal. Ce message donne
ensuite lieu à une réaction comportementale spécifique, en général,
la copulation.
Chez l’être humain, leur rôle est plus contesté, mais plusieurs
éléments semblent prouver leur efficacité. D’une part, des
phéromones ont été mises en évidence dans les sécrétions
vaginales (Miachael et al., 1975), dans la sueur et dans l’urine
(Broosbank, 1962).
Selon plusieurs études, les phéromones auraient donc un rôle
dans l’attraction sexuelle. Certains composés chimiques produits par
notre corps et pouvant être considérés comme des phéromones ont
fait l’objet d’études plus particulières ; voilà ce que l’on a pu
montrer :
– L’androstérone, dérivée de la testostérone, produite par les
hommes et présente en grande quantité dans leur urine,
aurait un effet attractif pour les femmes en même temps qu’un
effet inhibant sur les autres hommes (Cutler, 1998).
– L’androstènedione augmenterait le désir sexuel des femmes
ménopausées tout en améliorant leur humeur et en diminuant
leur anxiété (Friebely, 2004).
– Des copulines, phéromones sécrétées par les femmes, ont
été mises en évidence dans les sécrétions vaginales.
S’il y a peu de doutes sur la production de phéromones chez
l’homme, il reste à prouver que l’organe voméronasal de l’être
humain est bien fonctionnel et que les phéromones atteignent bien
leur cible, c’est-à-dire notre cerveau, et notamment le système
limbique impliqué dans les gestions du désir et des émotions. Les
études qui ont été menées sur le sujet ont des conclusions
contradictoires.
Deux substances dérivées de la testostérone sont
commercialisées (androstérone et androsténol), disponibles
notamment sur Internet. Leur but est d’augmenter l’attractivité
sexuelle des hommes, mais leurs effets semblent plus que limités
(Vergriete, 2007).

Le rôle des hormones

En dehors des phéromones, dont le rôle fait l’unanimité dans


l’attraction sexuelle, les scientifiques ont étudié le rôle des
hormones, notamment de la testostérone. On sait aujourd’hui que
c’est elle qui est impliquée dans les circuits neuronaux du désir,
aussi bien chez les hommes que chez les femmes.
On a pu par exemple montrer que les femmes seraient plus
réceptives aux avances des hommes lors de la période d’ovulation
(Guéguen, 2009) ou que les hommes sont plus attirés par la voix
des femmes lors de cette même phase (Karthikeyan et Locke,
2015). L’attractivité sexuelle serait donc, au moins en partie, en lien
avec la production de certaines hormones.
Les critères biologiques du choix du partenaire

De nombreux auteurs ont montré que le choix de notre partenaire,


particulièrement du père de nos futurs enfants, n’était peut-être pas
dû au hasard.
Les femmes choisiraient leur futur partenaire de façon assez
sélective sur la base de critères de dominance sociale et
économique (Cohen, 2010 ; Van Rueden, 2010) et sur certains
critères physiques comme des épaules larges ou une bonne
musculature (Pawlowski, 2000).
Ces choix conditionnés par notre biologie de façon tout à fait
inconsciente auraient pour but de nous assurer une sécurité à la fois
émotionnelle et financière afin de nous permettre d’engendrer le plus
d’enfants possible avec des hommes sains sur le plan génétique (les
épaules solides et les muscles).
C’est une généralité qui ne peut être considérée comme une vérité
individuelle. Nous ne pouvons réduire notre choix à des
phénomènes biologiques. Nous sommes en effet nombreuses à
trouver qu’un homme intelligent ou drôle sera plus attirant qu’un
homme musclé. Bien heureusement, la nature est diversifiée et il y
en a pour tous les goûts.

Le rôle de la génétique

Des chercheurs australiens ont démontré que l’attirance


dépendrait également de certains gènes du complexe majeur
d’histocomptabilité, situés sur le chromosome 6, et plus précisément,
les gènes du complexe HLA. Ainsi, plus ces gènes sont variés chez
une femme, plus elle est attirante aux yeux des hommes et plus elle
a de partenaires sexuels.
Ce système génétique particulier est notamment en lien avec
notre système immunitaire. Nous serions attirées par des
partenaires au système immunitaire complémentaire afin de
maximiser les chances de survie de notre descendance.
Certaines études (Jacob et al., 2002) ont montré que les femmes
seraient plus attirées olfactivement par des hommes portant des
gènes du complexe HLA identiques à ceux de leur père. Autrement
dit, on chercherait un homme chez qui nous retrouverions des gènes
HLA comparables à ceux hérités de notre père (et non de notre
mère).
D’autres études ont montré que, lorsque deux partenaires ont des
complexes majeurs d’histocompatibilité qui se ressemblent trop, les
femmes auraient alors tendance à être moins satisfaites
sexuellement et moins fidèles (Kromer et al., 2016 ; Garver-Apgar et
al., 2006).

Les critères physiques de la séduction

Là encore, de nombreuses études ont montré que certaines


caractéristiques physiques augmentent notre capacité de séduction.
Un visage symétrique ou une bonne qualité de peau nous
conforteraient dans l’idée que le patrimoine génétique est de qualité
et que la personne en face de nous est saine, outre le critère beauté
d’une belle peau, plus subjectif et qui dépend de notre culture.
Le rapport taille/hanches de l’ordre de 0,7 serait un facteur majeur
d’attractivité sexuelle chez les femmes (Singh, 1993).
Certaines caractéristiques du visage sont également considérées
comme plus attirantes : sourcils arqués, nez fin, yeux assez grands,
lèvres pulpeuses, petit menton.
Parmi les facteurs physiques les plus souvent cités par les
femmes comme critères d’attractivité, on retrouve les yeux
(quasiment 20 %), le sourire (20 %) et le regard (12 %) bien avant la
poitrine (seulement 11 % des femmes) ou les fesses (6 %) (Hannier
et al., 2017). Le visage est en effet la première chose que l’on
perçoit chez l’autre. C’est un vecteur essentiel dans le contact et qui
nous en apprend beaucoup sur l’autre, sur ses ressentis, notamment
par ses sourires, ses mimiques…
Les dimensions psychologiques de la séduction

Le rouge, couleur de la séduction ?

Depuis l’Antiquité, le rouge est associé aux femmes et à la


séduction. Dans l’Antiquité, la couleur rouge était le symbole de la
féminité et de la fertilité.
Des études (Gueguen, 2012 ; Pazda et al., 2014) ont ainsi montré
qu’une femme habillée en rouge est considérée comme plus
attractive et plus réceptive sur le plan sexuel. Cela fonctionne même
en photo : une femme est jugée plus attirante lorsque la photo est
sur fond rouge ou encadrée de rouge, quelle que soit notre culture.
Se peindre les lèvres en rouge semble bien répondre au même
but. Attirer le regard des hommes, certes, mais aussi leur signifier
inconsciemment notre désir. En effet, c’est sous l’effet de l’excitation
sexuelle que les muqueuses se gorgent de sang et prennent cette
couleur à laquelle notre rouge à lèvres s’accorde. Mais il ne faut
évidemment pas confondre désir de plaire et désir sexuel : ce n’est
pas parce qu’une femme met du rouge à lèvres qu’elle est disponible
ou réceptive à toute avance.

Les autres couleurs peuvent également vous aider dans la


séduction si on en connaît les significations. Le noir, par exemple,
est synonyme d’élégance, de sophistication, mais aussi de pouvoir.
Le jaune symbolise la force et la joie, le bleu est plus du côté de la
fidélité et de la sérénité.

Séduction et langage non verbal

Le langage du corps, les gestes, les mimiques, les intonations de


voix, les sourires font partie de ce que l’on appelle le langage non
verbal. Une grande partie de la séduction et de la communication en
général repose sur ce mode de communication.
Nous savons toutes, par exemple, que nous toucher les cheveux
ou pencher la tête sur le côté font partie des gestes qui attirent les
hommes.
Le ton donné à notre voix est également une arme redoutable. Les
hommes ont une préférence pour les voix plus aiguës, charmeuses,
enjôleuses, et sont vite repoussés par des intonations d’impatience
ou d’irritation.
Mais ce qui fonctionnerait encore mieux, c’est l’imitation et la
synchronisation des gestes, des postures, des mimiques avec ceux
de notre partenaire. Les résultats d’observations de certains
psychologues du comportement vont dans ce sens (Perper, 1985).
Plus le degré de mimétisme est important entre deux personnes,
plus l’attirance semble être réelle et plus la conclusion de
l’interaction est positive. Laisser le corps de l’autre se rapprocher et
entrer dans son espace intime, répondre à ses sourires, c’est aussi
lui dire qu’il nous plaît sans forcément y mettre les mots.

Voici une petite liste des principaux gestes qui sont considérés
comme des signaux de séduction :
– Tête penchée sur son épaule, plutôt du côté gauche.
– Se passer la main (plutôt la gauche) dans les cheveux
(à droite, ça traduirait plutôt le besoin d’être rassurée).
– Regarder la bouche de son partenaire.
– Parler avec les mains, ce qui traduit une aisance, un bien-être
dans la relation.
– Se caresser la cuisse ou l’avant-bras pour montrer à l’autre
de façon subliminale les endroits où on aimerait être
caressée.
– Un regard brillant et des pupilles dilatées signent un état
d’excitation sexuelle, qui peut faire suite à une phase de
séduction qui a porté ses fruits.

Le moment du premier contact

Il s’agit de l’instant fatidique. Une caresse sur le bras, sur la joue,


un frôlement de la main ou de la cuisse, ces premiers effleurements
vont nous permettre de vérifier l’effet que nous avons sur la
personne en face de nous. À nous de bien interpréter la réaction. S’il
enlève son bras brusquement, il n’y a pas de doute, il n’est pas
sensible à nos charmes, si envoûtants soient-ils. En revanche, s’il
fait durer le contact ou s’il fait en sorte d’en augmenter l’intensité,
aucun doute non plus, la magie opère, on lui plaît.
Être tactile lors d’un rendez-vous galant augmente de manière très
importante nos chances de séduire l’autre.

Qui se ressemble s’assemble

Un facteur dont nous n’avons pas toujours conscience en matière


de séduction est la similitude des milieux sociaux d’origine, des
valeurs morales ou religieuses, qui créent un sentiment
d’appartenance, facilitant la communication et la confiance. C’est ce
que les sociologues appellent l’homogamie, la tendance que les
êtres humains ont à choisir leur partenaire dans les mêmes groupes
sociaux que ceux auxquels ils appartiennent.

Et l’humour ?

« Femme qui rit, à moitié dans son lit. » Ce proverbe dit quelque
chose de très vrai : l’humour fait partie des armes de séduction,
autant pour les hommes que pour les femmes, même si c’est de
manière différente.
L’humour constitue ce que les psychologues appellent un
facilitateur de relation sociale (au même titre qu’un chien ou une
guitare, ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les études…). Et c’est
une qualité recherchée par une grande majorité de femmes. Encore
faut-il savoir ce que l’on entend par humour. Les blagues misogynes,
sexistes, voire racistes sont évidemment à éviter dans une relation
de séduction. Ce type d’humour a plutôt un effet repoussoir.
L’humour doit surtout nous permettre de mesurer l’intelligence de
notre futur compagnon. Car au-delà de l’humour, c’est bien
l’intelligence que nous recherchons, comme un facteur
indispensable à une union de longue durée. L’humour fait en effet
partie des signes d’intelligence et de bonne adaptation sociale.
Posséder un bon sens de l’humour est toujours perçu comme une
qualité, plus chez les hommes que chez les femmes, signe d’une
personnalité extravertie et sociable.
Mais nous ne sommes pas à égalité sur le terrain de l’humour. En
effet, les hommes y sont beaucoup moins sensibles que nous. Ce
n’est pas pour eux un critère de séduction. En revanche, ils aiment
que l’on rie à leurs blagues. Les filles seraient donc plus sensibles à
l’humour que les garçons, et ce dès le plus jeune âge (Vrticka et al.,
2013).

L’estime de soi, la base de la capacité de séduction

L’estime de soi est la valeur que l’on s’accorde en tant que


personne. Elle est à différencier de la confiance en soi. Un nouveau
concept d’estime de soi sexuelle apparaît depuis quelques années
dans le domaine psychologique. L’estime de soi sexuelle féminine
est ainsi définie par une perception positive de son attractivité
sexuelle en relation avec une bonne image corporelle.
Les femmes semblent avoir en général une bonne estime d’elles-
mêmes. 60 % d’entre nous se trouvent belles et 67 % se jugent
sensuelles (Brenot, 2012).
Nous aimons également les hommes qui ont une bonne estime
d’eux-mêmes, mais quand elle trop prononcée, cela donne l’effet
inverse. Ni trop haute, ni trop basse, donc.
Selon une étude de 2011 portant sur 189 étudiant(e)s, les
hommes et les femmes ayant une bonne estime d’eux-mêmes sont
considérés comme plus attractifs sexuellement, et cela favorise les
rapprochements lors de la séduction.
Concernant l’estime de soi sexuelle, les études récentes
confirment qu’elle est largement associée à l’idée de minceur (Dany
et al., 2010), et l’indice de masse corporelle (IMC) serait l’indicateur
le plus pertinent pour mesurer son attractivité sexuelle, mais aussi le
degré de satisfaction sexuelle (Esposito et al., 2007). Autrement dit,
plus on se sent mince et bien dans son corps, plus on se trouve
attirante et plus on a une sexualité épanouissante (Hannier et al.,
2017). Mais ce qui semble plus important encore que son poids réel
est la façon dont on se perçoit. L’image que l’on a de son corps est
donc essentielle en matière de sexualité et de séduction. Selon une
étude récente (Hannier et al., 2017) portant sur un échantillon de
596 femmes âgées de plus de 18 ans, 48,8 % d’entre nous ont une
estime de soi sexuelle normale, 28,7 % une estime de soi sexuelle
haute et seulement 22,5 % ont une estime de soi sexuelle basse.

Et la séduction par Internet ?

L’utilisation des sites de rencontres sur Internet ou des


applications est de plus en plus fréquente, notamment chez les
jeunes femmes. Internet est en passe de devenir le lieu de
prédilection pour la séduction, avant même les autres lieux plus
habituels tels que les bars, les repas entre amis ou les fêtes.
Ces nouveaux moyens de communication génèrent des méthodes
de séduction qui passent dorénavant par le langage écrit et l’envoi
de messages à caractère sexuel appelés sextos. Les premiers
échanges sont alors fondamentaux dans cette phase de séduction.
Le langage, le style d’écriture, l’absence de fautes d’orthographe
mais aussi le temps de réponse aux messages sont autant de
facteurs qui entrent en ligne de compte pour l’appréciation et la
poursuite de la rencontre (Mantovani, 2001).
Ainsi, 39 % des femmes de 25-34 ans ont déjà utilisé Internet pour
draguer virtuellement, et pour 35 %, cela a abouti à une rencontre
réelle (IPSOS/Boursault, 2014). Plus la rencontre réelle est rapide
après les premiers échanges virtuels, plus la chance de mener à une
relation à long terme est grande (Levine, 2000). En effet, plus la
relation virtuelle dure, plus le risque de déception est grand lors de la
rencontre, car le virtuel favorise l’idéalisation. Mais cela semble bien
fonctionner car 84 % des couples qui se sont rencontrés via Internet
sont satisfaits de leur relation (Bouchard et al., 2006).
Les femmes semblent de mieux en mieux maîtriser ces nouveaux
codes de la séduction : elles sont prêtes à modifier leurs critères
pour paraître plus attirantes ou plus attractives : 43 % des jeunes
femmes de 18-24 ans n’hésitent pas à modifier leur profil sur les
réseaux de rencontre (IPSOS/Boursault, 2014).
Cela donne aussi de nouveaux comportements plus
problématiques qui peuvent contribuer à entamer l’estime de soi et
provoquer des souffrances psychologiques. On peut citer le ghosting
(de l’anglais ghost, « fantôme ») qui consiste à disparaître sans
donner de nouvelles après une discussion, voire une première
rencontre réelle. Mais cela encourage également le zapping, passer
d’une relation à l’autre de façon très rapide, en pensant que c’est
toujours mieux ailleurs.

Quand la séduction devient compulsive

Le besoin de plaire peut devenir une obsession et l’unique mode


de communication dans sa vie relationnelle avec le sexe opposé.
Mais est-ce vraiment pathologique si on laisse de côté tout jugement
moralisateur ?

On peut aimer plaire, aimer séduire et se sentir très stable dans sa


vie relationnelle et affective. Séduire et être séduite sont des plaisirs
simples de notre vie, alors pourquoi s’en priver ? C’est souvent la
jalousie des autres femmes qui pose le plus de problèmes. On a
rarement entendu des hommes se plaindre d’une femme séduisante.
En revanche, le besoin de plaire peut basculer dans la pathologie
quand il devient le seul mode relationnel : on veut plaire à tout le
monde, tout le temps, dans n’importe quelle circonstance, au prix
finalement de sa propre identité et de ses désirs. Le but est alors
non pas tant de plaire que de se rassurer en permanence sur sa
propre valeur aux yeux des autres. Cela révèle au fond un véritable
manque de confiance et d’estime de soi qui fait souffrance et peut
être responsable de dépressions ou d’angoisses. Il est conseillé
d’aller consulter un psychologue ou un thérapeute pour entamer un
travail sur soi et découvrir le bonheur de s’aimer soi-même.
Comment continuer à séduire dans un couple qui dure ?

La séduction dans un couple qui dure est sans doute un des


enjeux majeurs de nombreux couples qui consultent un sexologue
pour des troubles du désir ou une baisse de l’activité sexuelle.
Entretenir la flamme des débuts, maintenir du désir sexuel malgré
les habitudes, la routine ou la vie de famille nécessite un véritable
travail et une volonté commune de remettre au centre de sa vie son
couple amoureux.
C’est un équilibre qui demande de réelles compétences
relationnelles et de communication. Maintenir le désir de plaire et de
se plaire, conserver la bonne distance qui elle seule permet
l’éclosion du désir, sont les préalables indispensables pour une vie
de couple épanouissante et enrichissante sur le plan humain et
sexuel. C’est certainement ce qu’il y a de plus difficile. Plus le couple
dure, plus c’est compliqué. D’où la tentation parfois grande de
l’infidélité ou de la rupture, car sans désir, le danger est grand de ne
plus se sentir vivante, de se sentir étouffée dans cette relation trop
routinière. Désirer, c’est aussi se sentir exister.

Pour cela, une compétence est absolument nécessaire : savoir


érotiser les distances. Que se cache-t-il derrière ce concept
psychologique ? Le couple est fondé sur la relation de dépendance
plus ou moins forte selon son histoire personnelle et ses modalités
relationnelles. Or trop de dépendance tue le désir car elle ne permet
pas de reconnaître son conjoint comme une personne différente de
soi, et elle freine les jeux de séduction indispensables pour raviver le
désir sexuel. Érotiser les distances est donc une façon de dire : je te
remets à distance pour mieux te regarder, pour mieux te désirer,
pour mieux te plaire, comme au tout début quand nous nous
connaissions à peine et que nous prenions tant de plaisir à nous
découvrir. Tout cela dans une vie de couple où l’on travaille, où l’on
s’occupe des enfants, du ménage, de l’administratif, avec les soucis
du quotidien, de la vie… C’est un véritable exploit que de réussir ce
pari du couple amoureux, surtout dans une société où la séparation
est de plus en plus perçue comme la seule solution.
Si vous aussi vous souhaitez remettre de la séduction dans votre
vie de couple un peu trop ronronnante à votre goût, voici donc
quelques conseils qui pourront vous y aider :
– Première obligation, la répartition équitable de toutes les
tâches du quotidien, que ce soit le ménage, les enfants,
l’administration, les prises de décision concernant les enfants
ou la famille, bref, tout ce qui constitue la fameuse charge
mentale, trop souvent portée par les femmes, source de
nombreux conflits de couple ; les conflits ou la colère ne
préjugent rien de bon en termes de séduction. Qui a envie de
plaire à un homme contre lequel on peste intérieurement (ou
pas) à cause de sa passivité et de son indolence au sein de la
famille ?
– S’aménager un jardin secret, un temps pour soi, en dehors de
son couple, en dehors de ses enfants afin de se construire
une histoire personnelle, une vie à soi, une indépendance qui
permet de raviver une forme de désir.
– Prévoir des rendez-vous en amoureux avec son partenaire, à
fréquence régulière, à l’initiative de l’un puis de l’autre,
moments pendant lesquels sont laissés de côté tous les
soucis du quotidien pour retrouver le plaisir de plaire, de
séduire et remettre finalement du désir dans sa vie de couple.
– Faire preuve d’attention : conseil surtout adressé aux
hommes, qui semblent avoir beaucoup de mal avec ce
concept ; faire des surprises, apprendre à dédramatiser et à
exprimer ses ressentis et ses émotions de façon simple, claire
et bienveillante. Par exemple, au lieu de dire « tu rentres trop
tard du travail » dire plutôt « je suis triste que tu rentres tard
car j’ai l’impression que je suis moins importante que ton
travail ».
– Préserver son intimité, même en l’absence de sexualité, est
indispensable : câlins, massages, baisers, étreintes… tout est
bon pour se sentir à la fois aimée, soutenue, respectée et
combler ses besoins affectifs.
Pour en savoir plus

Nicolas Guéguen, Psychologie de la séduction, Dunod, 2014.


Nicolas Guéguen est professeur de psychologie sociale à
l’université de Bretagne Sud. L’auteur s’appuie ici sur des
recherches en psychologie et en sociologie pour montrer les
différentes composantes de la séduction tant au niveau des
pensées, des comportements, du langage et des émotions. Très
bien documenté, cet ouvrage vous permettra de percer les mystères
de la séduction.

John Gottman, Nan Silver, Les couples heureux ont leurs


secrets, Jean-Claude Lattès, 1999.
John Gottman est professeur de psychologie à l’université de
Washington et spécialiste reconnu dans les relations parentales et
conjugales. Nan Silver est journaliste. Les auteurs développent dans
cet ouvrage une méthode inédite pour « surmonter les obstacles et
s’engager avec succès dans une relation heureuse et stable ». Des
exercices pratiques sont également proposés. Un livre facile à lire
qui fait du bien.
Notes
1. Sondage IPSOS/Boursault de 2014 réalisé sur un échantillon de
1 000 femmes âgées de plus de 18 ans. Sondage IFOP/ELLE, Les
Français et la séduction, sur un échantillon de 1 530 personnes
âgées de 18 ans ou plus, du 7 au 13 décembre 2017.
Les fantasmes et l’imaginaire
érotique
Les fantasmes font partie de la vie. Ils sont même ce que nous
avons de plus intime, de plus secret, parfois de plus inavouable. Ils
nous viennent de notre inconscient hérité de notre histoire et de la
construction de notre psychisme. C’est une part de nous-même
parfois mystérieuse, incompréhensible, qui échappe au contrôle de
notre conscience ou de notre volonté.
J’entends souvent en consultation des femmes qui se culpabilisent
des pensées et des images qui viennent peupler leur imaginaire
quand elles font l’amour. Elles rêvent parfois à quelqu’un d’autre,
elles s’imaginent qu’un inconnu les observe de loin ou qu’elles se
font attacher, les yeux bandés, prises au piège de leur amant… Mais
dans certains cas, au contraire, ces pensées sont convoquées et
volontairement développées lors des relations sexuelles ou lors de la
masturbation afin d’amplifier l’excitation sexuelle. On parle dans ces
cas-là d’imaginaire érotique, plus proche de la rêverie consciente. Le
contenu imaginaire est en général plus politiquement correct que les
fantasmes et peut être développé à loisir, témoignant de notre part
de créativité. Ce sont ces fantasmes-là dont nous parlerons ici car
ce seront à eux que nous pourrons faire appel pour améliorer notre
sexualité.

Qu’est-ce qu’un fantasme érotique ?

Le mot fantasme vient du latin phantasma qui signifie « fantaisie ».


D’emblée, nous en comprenons la fonction : apporter de la fantaisie
à sa vie, mettre du rêve dans sa réalité, s’évader de son quotidien
pas toujours réjouissant. C’est une faculté propre à l’être humain.
Combien d’entre nous rêvent aux prochaines vacances pour mieux
supporter la routine, le rituel métro-boulot-dodo ? Heureusement que
nous avons toutes cette capacité de rêver !
Les fantasmes érotiques permettent eux aussi d’améliorer notre
quotidien, de mettre du piment dans notre vie sexuelle parfois
répétitive ou banale grâce à notre imaginaire, grâce à cette
possibilité qui nous est donnée de rêver. Une façon simple et saine
de ne plus s’ennuyer au lit. C’est une chance, un véritable atout dont
la nature humaine est dotée, et il serait dommage de ne pas l’utiliser.
Nous verrons en effet que l’imaginaire érotique a de nombreuses
fonctions qui permettent d’améliorer sa vie sexuelle.

Les fantasmes en chiffres

96 % des femmes avouent avoir des fantasmes érotiques et 80 %


admettent qu’elles pourraient les réaliser. C’est ce qui ressort d’une
étude parue en 2007 (IPSOS/Mimoun) réalisée sur un échantillon de
1 500 femmes âgées de 18 à 65 ans. 44 % d’entre nous fantasment
de faire l’amour en étant dominée, 40 % en ayant les yeux bandés,
28 % rêvent de recevoir une fessée (étude IFOP/Femme actuelle de
2013). Mais nous sommes bien plus à avoir le fantasme de dominer
notre partenaire : 62 % d’entre nous imaginent faire l’amour en
dominant leur partenaire, 65 % en lui bandant les yeux, et 39 % lui
donneraient bien une fessée.
Un des fantasmes les plus partagés entre les hommes et les
femmes est d’être pris par surprise pendant son sommeil : 43 % des
femmes ont pu avoir ce fantasme, comme 47 % des hommes (étude
HARRIS/Marianne de 2011).
37 % des femmes rêvent de faire l’amour sur une plage déserte
quand 29 % préféreraient une piscine ou un jacuzzi (étude
HARRIS/Marianne de 2011), et 21 % dans la mer (IPSOS, 1996). Le
fantasme du sexe entre femmes est surtout masculin : seulement
12 % des femmes fantasment sur deux femmes qui font l’amour,
contre 50 % des hommes !
19 % des femmes fantasment de faire l’amour avec quelqu’un
d’autre que celui avec lequel elles sont en train de faire l’amour
(contre 27 % des hommes), et la palme revient aux femmes de plus
de 50 ans (Harris Interactive/Marianne, 2011). 22 % imaginent faire
l’amour avec un inconnu dans une chambre d’hôtel (IPSOS, 1996),
et 32 % aimeraient plutôt le faire dans un lieu public (Institut
HARRIS/Marianne, 2011).

Les fantasmes féminins les plus fréquents

Tous ces chiffres que nous venons de citer sont forcément


réducteurs car ils ne peuvent représenter l’étendue des fantasmes et
de l’imaginaire de toutes les femmes. Les questions posées dans les
études sont trop précises, trop fermées pour évaluer précisément de
quoi est fait l’imaginaire érotique féminin. Heureusement, certains
auteurs se sont penchés sur cette question de façon plus précise
(Phillipe Brenot, Les Femmes, le sexe et l’amour, 2011, ou Brett
Kahr, Le Livre des fantasmes, 2008).
Nous apprenons ainsi que la majorité des femmes ont surtout le
désir de vivre une sexualité plus épanouie dans leur couple, de sortir
des sentiers battus, de mettre du piment dans leur vie sexuelle en
expérimentant des situations, positions ou lieux inhabituels. Une
façon de dire à notre partenaire de prendre plus d’initiatives, de nous
surprendre, une manière de lui exprimer que nous sommes prêtes à
avoir une sexualité plus libre.
Ce qui revient souvent dans la bouche des femmes est le
fantasme d’avoir un homme plus attentionné, plus doux, plus à
l’écoute. Dommage que ce soit encore du domaine du fantasme
quand ça devrait être notre réalité !
Au-delà de ces considérations générales, le fantasme du
multipartenariat est fréquent : faire l’amour avec son partenaire et
une autre femme ou un autre homme. Mais notre partenaire est
toujours là, qui rassure, qui nous regarde, car nous aimons
également être observées, désirées, les femmes ayant plus de
fantasmes exhibitionnistes quand les hommes seront plutôt voyeurs.
Nous ne pouvons éluder ici la délicate question des fantasmes de
viol, dont on débat dans les médias avec plus ou moins de férocité. Il
est essentiel de rappeler que le fantasme n’est pas la réalité et que
fantasmer être violée ne veut absolument pas dire que l’on aimerait
que cela arrive dans la réalité. C’est cependant un fantasme
répandu chez les femmes. D’après une étude canadienne publiée en
2014 et portant sur 799 femmes, 29 % d’entre elles ont déjà eu le
fantasme de viol (Joyal CC et al., 2014). Mais le mot viol est mal
choisi. Il renvoie trop à un événement traumatique et interdit par la
loi. Il ne faut jamais oublier que, dans le fantasme, c’est celle qui
fantasme qui est maître de la situation, ce qui n’est absolument pas
le cas dans le réel. Il s’agit donc plutôt d’un fantasme de contrainte,
de forçage, comme si on ne pouvait s’autoriser le plaisir que lorsque
celui-ci nous est imposé. Tout est vécu alors comme un jeu de force
et non comme une violence subie. Dans la même veine, nous
retrouvons les fantasmes d’être enlevée, attachée, traitée comme
une prostituée, soumise, voire humiliée. Rien de honteux donc, rien
de répréhensible non plus, simplement l’expression de la diversité
des pulsions de l’être humain, qui ne sont pas toujours, malgré ce
qu’en disent les moralisateurs, politiquement correctes.

À quoi servent les fantasmes ?

Nous avons vu de quoi sont faits les fantasmes des femmes, mais
à quoi servent-ils ?
Tout d’abord, ils peuvent nous aider à avoir envie de faire l’amour,
ils sont alors désignés comme anticipatoires : les scénarios que l’on
se crée dans la tête attisent notre désir, nous poussent à demander,
à préparer notre corps à l’éventualité d’une relation sexuelle. En
journée, dans sa voiture ou dans le métro, avant de rentrer chez soi,
en lisant un livre, ils nous aident à maintenir une vie érotique et une
excitation sexuelle propices aux ébats. Ils sont la garantie du
maintien de la libido, cette énergie de vie indispensable qui nous
donne la sensation d’être vivante. Il a même été démontré que les
fantasmes anticipatoires augmentent le niveau de testostérone –
l’hormone du désir – et du désir sexuel (Valentino et al., 2007 ;
Genazzini et al., 2010).
Les fantasmes surviennent parfois pendant la relation elle-même.
Ils sont alors appelés intercurrents. C’est sans doute ceux-là qui
posent le plus de problèmes aux femmes quand elles ont
l’impression de mentir à leur partenaire, comme si elles le
trompaient, quand elles ont le sentiment de faire semblant, quand
elles culpabilisent de l’intensité de leur vie imaginaire. Il n’est pas
toujours évident d’accepter de fantasmer sur un autre homme ou
une situation que l’on trouve plus excitante quand c’est notre
partenaire qui est en train de nous faire l’amour. Pas facile, et
pourtant, naturel et bénéfique. Compenser la banalité de la réalité et
de la routine fait partie du rôle de l’imaginaire, et pas seulement
érotique.
L’imaginaire érotique permet ainsi d’activer ou de réveiller le désir,
d’augmenter le niveau de l’excitation sexuelle, de mener plus
facilement à l’orgasme, d’améliorer sa vie sexuelle dans son couple,
mais aussi d’exprimer des pulsions refoulées, de vivre des situations
que la réalité ne permet pas, en somme, de faire tout ce que l’on
s’interdit dans sa vie réelle.

Pourquoi a-t-on parfois du mal à avoir des fantasmes


érotiques ?

Certaines femmes disent ne pas avoir de fantasmes. Ce sont


souvent des femmes qui ne s’autorisent aucune rêverie. Elles sont
dans le concret, dans le quotidien, prises par une multitude
d’injonctions familiales, sociétales, parentales et personnelles.
Souvent, elles ne s’autorisent pas à lâcher prise, et la qualité de leur
vie sexuelle peut s’en ressentir. Ce sont des femmes qui accordent
peu de temps à leur psychisme, à leur vie intérieure. Elles sont en
général dans le contrôle ; or le fantasme est justement la part de soi-
même qui échappe au contrôle. Pas facile, dans ces conditions,
d’accepter de prendre le temps de se pencher sur son imaginaire
érotique.

Selon l’enquête de Philippe Brenot (Les Femmes, le sexe et


l’amour, 2011), 27 % des femmes avouent ne jamais avoir eu de
fantasmes sexuels. Et ces femmes ont souvent eu une éducation
plus stricte, elles sont aussi plus anxieuses, elles sont moins
épanouies sur le plan sexuel, elles se masturbent moins et regardent
moins de pornographie.

Pour en savoir plus

Brett Kahr, Le Livre des fantasmes, Grasset, 2008 (pour la


traduction française).
Brett Kahr est psychothérapeute et thérapeute de couple à
Londres. Il livre ici la première enquête basée sur environ 19 000
témoignages réels de fantasmes d’hommes et de femmes. Un
ouvrage de référence sur le sujet. Des témoignages rares. Pour tous
ceux et toutes celles qui se culpabilisent de leurs propres fantasmes.

Sophie Cadalen, Rêves de femmes : ce que vos fantasmes


disent de vous, LEDUC. S, 2016.
Sophie Cadalen est psychanalyste et auteure de nombreux
ouvrages sur la sexualité et l’érotisme. Vous trouverez dans ce livre
toutes les explications aux fantasmes les plus inavoués. À mettre
entre toutes les mains.

Alain Héril, Je fantasme donc je suis : ce que nos fantasmes


disent de nous, Eyrolles, 2018.
Alain Héril est psychanalyste et sexothérapeute. Il nous propose
un tour d’horizon des idées reçues et des fausses croyances sur les
fantasmes à partir de témoignages et d’éclairages théoriques. Un
ouvrage plutôt facile à lire avec une mise en page agréable facilitant
la compréhension et la mise en exergue des points importants.

À écouter : Podcast Crac Crac sur Le sexe & Imaginaire avec


Camille Emmanuelle et Monsieur Poulpe. Production Canal +,
Épisode 3.
Une émission audio de 40 minutes environ qui aborde le thème et
le rôle de l’imaginaire érotique et des fantasmes féminins avec
beaucoup d’humour et de légèreté. Étonnant ! Ils y reçoivent Anne
Hautecœur, directrice générale de La Musardine, maison d’édition
spécialisée dans l’érotisme, et Flore Cherry, auteure et journaliste
fondatrice de La boîte à fantasmes, société qui vend des fantasmes.
Avec une interview d’Olympe de G., réalisatrice de porno dont nous
parlerons dans le chapitre suivant, qui parle ici de VOXX, son
podcast audio porno.

À écouter : Podcast Les Françaises au lit – S’autoriser à


fantasmer, création RTL Originals, 15/08/2019.
Septième épisode des Françaises au lit, inspiré du documentaire
de TEVA, Les Françaises au lit. Vous y entendrez des témoignages
de femmes de tous âges qui livrent leurs fantasmes les plus intimes
qu’elles ont eu l’occasion de réaliser.
La pornographie et les femmes
La pornographie est aujourd’hui à la portée de toutes. On y est
soumise de plus en plus jeune, et ce n’est pas forcément très positif
pour notre sexualité future. Trop souvent produite par et pour les
hommes, nous sommes de plus en plus nombreuses à nous élever
contre cette pornographie qui ne présente que stéréotypes, clichés,
sexisme, quand ce n’est pas une violence faite aux femmes.
L’industrie pornographique tend à nous faire croire que le corps de la
femme n’est qu’un objet dont les hommes peuvent user et abuser à
leur guise, un corps réduit à des orifices, un corps privé de son sujet.
Cela dit, heureusement, la plupart des hommes ne sont pas dupes
et font tout à fait la différence entre ce qui est mis en scène dans les
films X et leurs relations sexuelles réelles.
Dans ce contexte de volonté d’égalité de traitements entre les
hommes et les femmes, et parce que la pornographie intéresse et
plaît aussi aux femmes, est né ce qu’on appelle désormais le porno
féministe, des films pour adultes réalisés par des femmes qui se
veulent plus adaptés à la sensibilité féminine, des films qui
réhabilitent la place et le corps de la femme dans le X.

Un peu d’histoire

La pornographie ne date pas d’aujourd’hui. Le mot est apparu au


siècle des Lumières et désignait alors tout ce qui avait un lien avec
la prostitution. L’étymologie du mot vient d’ailleurs du grec ancien et
est formé de la contraction du grec pornê (« prostituée ») et graphê
(« écriture »).
La pornographie était alors uniquement destinée aux hommes
dans le but avoué de stimuler leur excitation, principalement lors de
la masturbation. Au départ, la pornographie est peuplée d’images,
de dessins, de peintures. On retrouve des représentations des actes
sexuels dans toutes les sociétés et à toutes les époques. Et sur tous
supports : pierres, céramiques, bois, peintures, tissus, sculptures,
fresques, puis photographies, et les premiers films X apparaissent
avec l’invention du cinéma. Il est ainsi tout à fait logique
qu’aujourd’hui l’industrie de la pornographie utilise tous les médias à
notre disposition : cinéma, Internet, photographie, mais aussi
littérature, bandes dessinées… Mais c’est surtout le développement
d’Internet qui a permis une telle explosion des contenus
pornographiques, désormais accessibles à tous, tout le temps,
parfois contre son gré. D’autant plus avec l’apparition dans les
années 2000 des plateformes gratuites de téléchargement, qui
permettent un visionnage immédiat et anonyme et représentent
aujourd’hui une part considérable de la consommation du porno.

Quelques chiffres pour se repérer

30 % des visiteurs de sites Internet X sont des femmes.


Lesbian (lesbienne), triolisme, massage et gangbang sont les
mots clés les plus recherchés sur les sites pornos par les femmes en
2018 (statistiques de PornHub de 2018).
82 % des femmes ont visionné un extrait ou un film X au moins
une fois au cours de leur vie, contre 99 % des hommes (enquête
IFOP pour Marc Dorcel de 2012 sur un échantillon de
1 101 personnes) ; nous n’étions que 23 % en 1992 (étude ACSF).
Mais 2 % seulement d’entre nous le font une fois par semaine et 3 %
une fois par mois, contre 34 % des hommes qui en regardent
souvent (enquête IFOP pour Marc Dorcel de 2012).
62 % des femmes regardent les films en couple (enquête IFOP
pour Marc Dorcel de 2012).
47 % des femmes admettent avoir surfé sur un site X au moins
une fois dans leur vie (étude IFOP/ELLE, 2019). C’est beaucoup
plus qu’en 2006, où nous étions seulement 4 % (étude CSF), mais
c’est encore très loin des hommes, qui sont 79 %.
10 minutes est la durée moyenne que passe une femme sur un
site classé X (étude PornHub de 2015).
Qui sont les femmes qui regardent le plus
de porno ?
Source : enquête IFOP/Marc Dorcel de 2012, les femmes qui
regardent le plus de porno :
• Sont surtout celles qui n’ont pas de religion.
• Les femmes qui n’ont pas encore eu de vie sexuelle avec un
partenaire, mais aussi celles qui ont eu le plus de partenaires,
celles qui sont le plus satisfaites de leur vie sexuelle et celles qui
font le plus l’amour.
• Celles qui sont en couple.
• Celles qui se disent bisexuelles.
• Les jeunes : les moins de 25 ans sont 17 % à regarder souvent
des films X, alors qu’il n’y a aucune femme de plus de 50 ans.
• La pornographie est surtout vue par les femmes comme un
moyen d’améliorer le quotidien de la vie de couple. Contrairement
aux hommes qui s’en servent comme support masturbatoire,
elles regardent plutôt les films en couple, souvent pour répondre
à un désir de leur partenaire, mais pas seulement. 50 % d’entre
nous ont déjà vu un film pour adultes en compagnie de leur
partenaire, et 61 % se disent prêtes à le faire. Et nous sommes
d’ailleurs 43 % à déjà avoir fait l’amour tout en regardant un film
X (enquête IFOP/CAM4 de 2014). Nous sommes également de
plus en plus nombreuses à filmer nos ébats.

Qu’est-ce que les femmes aiment dans le porno ?

Les femmes qui aiment le porno ne sont pas les plus nombreuses,
et c’est un euphémisme. Environ 1 femme sur 5 apprécie (et
seulement de temps en temps) et voilà ce qu’elles préfèrent :
– Un vrai scénario, une histoire, de l’érotisme.
– Des acteurs et des actrices qui ont l’air vrai, plus proche de
notre réalité que de la poupée Barbie.
– Des situations et des scènes sexuelles proches du réel, pour
pouvoir se dire qu’il nous est possible, si on le souhaite, de le
reproduire chez soi.
– Des tenues, dessous, décors de qualité. Les femmes sont
plus sensibles que les hommes à l’esthétique, peut-être pour
mieux apprécier la crudité des scènes de sexe.
– De la suggestion plutôt que de la brutalité ; de l’érotisme, en
somme, plus que de la pornographie.

Et qu’est-ce qu’elles n’aiment pas ?

Nous sommes une majorité à ne jamais ou presque jamais


regarder de films X. Il faut dire que le porno est considéré comme un
truc de mec, et aussi reconnaître que l’immense majorité des films
sont faits pour et par les hommes.
– 72 % d’entre nous pensent en effet que le porno est
dégradant pour l’image de la femme (et 50 % des hommes
également !), d’autant plus que le X ne reproduit que les
fantasmes masculins (enquête IFOP/TUKIF de 2014).
– 57 % d’entre nous trouvent aussi la pornographie trop
violente et 79 %, trop éloignée de notre réalité (enquête
IFOP/TUKIF de 2014).
– Nous n’aimons pas non plus les scènes de cunnilingus (pour
83 % d’entre nous !), ni de fellation (87 %), ni de sodomie
(91 %), ni de sexe entre femme (89 %).
C’est dire à quel point nous n’aimons tout simplement pas la
pornographie, en tout cas telle qu’elle est faite actuellement !

Quelle influence a la pornographie sur la vie sexuelle


des femmes ?

On pense souvent aux conséquences négatives de la


pornographie sur la sexualité, mais heureusement, ce n’est pas
toujours le cas. L’impact du X dépend surtout de la personnalité, du
mode de fonctionnement, de l’histoire et des expériences de
chacune.
Selon une étude française parue en 2016 et menée auprès de
460 femmes (Gouvernet et al., 2016), c’est surtout chez les femmes
anxieuses ou évitantes que la pornographie a un impact négatif sur
la satisfaction sexuelle. La pornographie est alors considérée
comme une menace de ne pas être à la hauteur, de ne pas être
aussi performante, pas aussi belle ou désirable que les actrices
pornos.
D’autre part, nous entendons les femmes qui disent tout le positif
que leur apporte la pornographie dans leur sexualité : un moyen de
découvrir et d’expérimenter de nouvelles pratiques, un support à
l’imaginaire érotique ou à la masturbation, une façon d’augmenter
son excitation sexuelle, une source de divertissement, un moyen
simple de se faire plaisir. Nous sommes ainsi près de 40 % à
reproduire des scènes vues dans les films X, tout particulièrement
chez les moins de 25 ans (enquête IFOP/TUKIF de 2014).

Quand la pornographie est faite par les femmes, pour


les femmes

De plus en plus de femmes, souvent issues du milieu


pornographique traditionnel, militent aujourd’hui pour une autre
forme de pornographie et une nouvelle représentation de la femme,
plus du côté de l’érotisme, de l’artistique, loin des productions à
grande échelle de l’industrie pornographique classique. Leur but est
notamment de montrer ce qui fait la jouissance féminine. Montrer,
certes, mais avec plus de naturel et de variété que dans les films
destinés aux hommes, dans lesquels les scénarios sont trop
éloignés de notre réalité. Avec des femmes qui nous ressemblent et
pas des bimbos siliconées.
Certains l’appellent même le porno éthique car l’accent est mis sur
le respect de la femme, mais aussi le bien-être des actrices, leurs
conditions de travail, leurs salaires, le port systématique du
préservatif, la diversité des représentations des corps, l’emploi de
femmes sur les tournages dans les rôles artistiques ou techniques…
Une des réalisatrices les plus connues est sans conteste Erika
Lust, suédoise, 42 ans, mariée et mère de famille, productrice,
scénariste, écrivaine, une des premières à avoir réalisé du porno
féministe. Son implication est militante et féministe : pas d’actrice en
dessous de 23 ans, une place particulière à l’esthétisme, un
scénario de qualité, le plaisir féminin au centre de l’action.
Auteure de nombreux films et de quelques livres, elle est sans
doute la plus récompensée du milieu : dernièrement, elle a fondé
XConfessions, une série de films réalisés à partir des fantasmes
envoyés par les internautes.
Une Française se distingue par son engagement dans cette
nouvelle pornographie. Il s’agit d’Ovidie, ancienne actrice de films X
reconvertie tant dans l’écriture de livres féministes militants que dans
la réalisation de films pour adultes. Elle réalise aujourd’hui des
documentaires sur la sexualité dans lesquels elle poursuit son
combat politique pour la libération de la femme, comme dans À quoi
rêvent les jeunes filles (2015) ou Pornocratie (2017). Parmi ses
livres très bien documentés dont je vous conseille la lecture : La
Sexualité féminine de A à Z (La Musardine, 2018) ou Osez découvrir
le point G (La Musardine, 2017).
On peut également citer ici le travail d’Olympe de G. (qui pourrait
être une référence à la fois au point G et à Olympe de Gouges
[1748-1793], femme de lettres française considérée comme une
pionnière du féminisme). Cette réalisatrice parisienne née en 1983 a
débuté dans le milieu du X en réalisant plusieurs courts-métrages
pour Erika Lust et développe aujourd’hui des contenus
pornographiques pour des livres audio : Chambre 206 (Audible,
2018) ou le podcast érotique VOXXX.

Pour en savoir plus

À écouter : Podcast Les Françaises au lit – Quel porno pour


quelle femme ? RTL – « On a tellement de choses à se dire ».
Des femmes « partagent leurs expériences de la pornographie,
racontent leur premier contact avec le porno, ce qu’il a apporté à leur
vie sexuelle et comment elles le regardent aujourd’hui ».

Laureen Ortiz, Porn Valley : une saison dans l’industrie la plus


décriée de Californie, Premier Parallèle, 2018.
Plusieurs années d’enquête dans le milieu de la pornographie ont
été nécessaires à cette journaliste californienne pour écrire ce livre.
Elle témoigne des enjeux sociologiques, économiques et politiques
du milieu du X ainsi que de son rapport avec la religion tout en
parlant d’elle, de sa vision des choses, de sa vie, de sa jeunesse, de
ses préjugés. Se lit comme un roman.

À voir : Pornocratie, les nouvelles multinationales du sexe,


film documentaire réalisé par Ovidie, 2017.
Ce documentaire nous dévoile les dessous du milieu de la
pornographie et l’hégémonie de multinationales hors de contrôle à la
suite de l’explosion des sites de streaming comme YouPorn ou
PornHub. Avec toutes les conséquences terribles, notamment pour
les actrices, des conditions de tournage de plus en plus difficiles et
risquées, des scènes de plus en plus violentes. Ovidie en sait
quelque chose car, avant d’être journaliste et réalisatrice de
documentaires, elle a eu une courte carrière d’actrice de films pour
adultes.

Michela Marzano, La Pornographie ou l’épuisement du désir,


Buchet-Chastel, 2003.
Michela Marzano est philosophe et membre du Centre de
recherche sens éthique société du CNRS. Un livre indispensable
pour ceux qui sont intéressés par une vision à la fois psychologique
et philosophique de la pornographie. Du même auteur, on peut
également lire Malaise dans la sexualité : Le piège de la
pornographie (Jean-Claude Lattès, 2006).

Claire Richard, Les Chemins du désir, Seuil, 2019.


Ce livre est issu du podcast du même nom réalisé par Claire
Richard. L’auteure y développe son rapport à la pornographie depuis
l’enfance jusqu’à l’âge adulte et tout ce que ces images ont
provoqué en elle avec toute l’ambivalence que ce type de
représentations peut susciter chez les femmes, entre fascination et
dégoût.
LES FEMMES ET LA LITTÉRATURE
La littérature s’est emparée du champ de l’érotisme il y a déjà bien
longtemps, mais il est assez récent que les femmes y soient aussi
impliquées.
En tant que lectrices et depuis le succès planétaire de Cinquante
nuances de Grey, écrit par l’Américaine E. L. James en 2012,
l’engouement des femmes pour une littérature sentimentale érotique
ne se dément pas. Des collections Harlequin à la new romance en
passant par le new adult, nous pouvons toutes aujourd’hui trouver
un livre prêt à faire décoller notre imaginaire. À condition de savoir
où et quoi chercher en fonction de ses affinités, du plus au moins
littéraire, du plus au moins cru, du plus au moins romantique.

Les chiffres

99 % des lecteurs de livres érotiques sont des lectrices.


Plus d’un million : c’est le nombre de livres de la saga Cinquante
nuances vendus en France en 2013 (source Statistica), plus de
5 millions depuis 2013 en comptant toutes les éditions, et plus de
125 millions dans le monde.

En 2013, 59 % des Françaises avaient déjà lu au moins un livre


érotique au cours de leur vie (enquête IFOP/Femme actuelle de
2013) ; mais nous sommes 67 % chez les 50-64 ans et 70 % chez
les plus de 65 ans. En 2015, cette proportion a déjà augmenté à
67 % : le phénomène Cinquante nuances de Grey est passé par là.
44 % de celles qui lisent des livres érotiques le cachent : parce
que c’est du domaine de l’intime pour l’immense majorité, ou par
peur de passer pour une nymphomane, une frustrée ou une coincée.
Mais 56 % d’entre nous l’assument sans honte ni pudeur.
Un peu d’histoire

La littérature érotique est vieille comme le monde. Dès l’Antiquité,


Platon ou Ovide abordent les questions du plaisir, de la jouissance et
de l’amour, tandis que, de l’autre côté du globe, Vatsyayana écrit le
célèbre Kama-sutra, recueil d’aphorismes sur le désir avant d’être
celui des positions sexuelles que l’on connaît.
Du Moyen Âge, période la plus stricte sur le plan de la sexualité et
de la morale, période de l’amour courtois, particulièrement chaste,
nous est parvenue tout de même la correspondance sulfureuse
entre Héloïse et Abélard (Lettres des deux amants, attribuées à
Héloïse et Abélard, traduites et présentées par Sylvain Piron,
Gallimard, 2005).
Au XVIIIe siècle, la parole se libère, la littérature aussi. Paraissent
les livres du marquis de Sade, qu’on a du mal aujourd’hui à qualifier
d’érotiques tant ils sont subversifs en regard de ce que produit la
littérature actuelle. La femme y est totalement considérée comme un
objet sexuel, un objet de plaisir pour les hommes et, en ce sens, se
rapproche davantage de la pornographie. De cette époque, on
retient aussi Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, qui
raconte la relation épistolaire entre la perverse marquise de Merteuil
et le charmant mais non moins obsédé sexuel vicomte de Valmont.
Plus tard, c’est à Guillaume Apollinaire, plus connu pour ses
poésies, que l’on doit un renouveau de l’érotisme avec ses Onze
mille verges, là encore, plus porno (voire carrément hard)
qu’érotique, ou Aragon et son Con d’Irène.
Les femmes, enfin, prennent la plume pour dire leur jouissance
dans les récits intimes où se mêlent expériences personnelles et
sexualité. C’est ainsi qu’Anaïs Nin (1903-1977) publie Vénus Erotica
en 1940.
L’attrait des femmes écrivaines pour l’érotisme ne se dément plus.
Les publications érotiques et sentimentales sont de plus en plus
nombreuses et constituent un genre populaire à l’origine du succès
de maisons d’édition spécialisées. En 1953, Harlequin publie son
premier roman, puis vient le tour des SAS.
En 1954, c’est Histoire d’O qui fait scandale. Publié sous un
pseudonyme par Pauline Réage, ce roman raconte le parcours
d’une femme qui se livre volontairement à la soumission et à des
violences sexuelles par amour pour un homme.
Des femmes, dont Simone de Beauvoir, s’élèvent contre cette
vision dégradante de la femme, passive et masochiste, et défendent
alors l’idée d’une femme qui assume ses désirs, ses fantasmes, sa
sexualité. C’est le début de la révolution féministe qui a laissé son
empreinte, y compris dans la littérature érotique. Dans Emmanuelle
(1959), célèbre ouvrage à l’origine des films érotiques du même
nom, l’auteure Emmanuelle Arsan décrit une jeune femme libre qui
multiplie les expériences sexuelles, moyen pour elle de s’affranchir
du modèle du couple et des contraintes sociales.
Toujours empreints de sensualité, de désirs, de sentiments, on
pense notamment à La Femme de papier de Françoise Rey – la
grande dame de l’érotisme – ou Sept Nuits d’Alina Reyes. Deux
auteurs incontournables de la littérature érotique contemporaine.

La littérature érotique aujourd’hui en France

Le secteur de la littérature érotique est devenu au fil des années


l’un des rares où les femmes sont largement représentées, tant du
côté des lecteurs que des auteurs.
La littérature érotique, mais surtout, la littérature sentimentale, a
pris d’assaut le secteur de l’édition ; certaines maisons ont
développé des collections dédiées à l’érotisme.
On citera pêle-mêle :
– JC Lattès, évidemment, qui a eu la chance de publier en
France le succès planétaire de E. L. James, Cinquante
nuances de Grey, en trois tomes.
– Les éditions Hugo & Cie, fondées par Hugues de Saint-
Vincent en 2005, publient des romances new adult, avec
notamment la découverte de la pépite After de la toute jeune
Anna Todd – plus d’un million d’exemplaires vendus – ou de
la série qui fait actuellement un tabac, Calendar Girl, d’Audrey
Carlan. Dans la série new romance, c’est à elles que l’on doit
aussi la sortie en France de Beautiful Bastard de Christina
Lauren, en 2012, gros succès d’édition également.
– Les éditions de La Musardine, maison parisienne spécialisée
dans l’érotisme plutôt littéraire avec une collection toute
récente, « Point G » : elle rassemble des romans écrits par
des femmes et est dirigée par une femme (c’est assez rare
pour le dire), Octavie Delvaux, elle-même auteure de livres
érotiques mêlant humour et sexualité (Sex in the kitchen, La
Musardine, 2012).
– Les éditions J’ai lu ont fait connaître Sylvia Day et sa série
Crossfire.
– Les éditions Blanches, qui étaient dirigées par Franck
Spengler, fils de Régine Deforges, elle-même parmi les
premières à publier des livres érotiques.
– Harlequin, le plus gros éditeur de romans à l’eau de rose (ou
moins rose), propose de nombreux univers (historiques, new
adult, supense, romantique, sexy…) qui font le bonheur de
milliers de lectrices chaque mois.
De nouvelles catégories de romans voient le jour pour répondre
aux besoins des lectrices. Les Anglo-Saxons utilisent le terme de
mum porn (pornographie pour maman), quelque peu méprisant pour
désigner l’engouement des femmes, souvent mères de famille, pour
la littérature érotique. Dans la lancée seront inventés les termes new
adult, new romance, young adult… Selon que l’on s’adresse aux
jeunes ou aux moins jeunes, que l’on veut plus de sexe ou plus de
sentiments… Il n’empêche que nous sommes passés en quelques
années d’une littérature érotique confidentielle avec une prétention
plus littéraire à une littérature érotique dont le but est clairement le
divertissement.
Et l’engouement est porté par les ventes numériques : la vente
d’e-books érotiques est en pleine explosion, supérieure aux ventes
de livres papier. Question de pudeur, sans doute. Il est plus facile
d’acheter en un clic que de soutenir le regard un brin goguenard du
libraire du coin ou de son mari qui se demande pourquoi on aurait
besoin de lire ce genre de trucs….
É
Érotisme ou pornographie ?

La question peut faire débat. On pourrait dire de l’érotisme qu’il


met en avant l’histoire, les personnages, le scénario, les sentiments
et le rapport entre les personnages, alors que la pornographie met
plutôt la représentation du corps au premier plan et, bien souvent,
des bouts de corps (des fesses, des seins, un sexe en gros plan).
Comme le dit Anaïs Nin au sujet de la littérature érotique dans son
Journal : « Seul le battement à l’unisson du sexe et du cœur peut
créer l’extase », une autre façon de dire que le sexe sans sentiment
procure moins de désir et moins d’excitation.
En ce sens, La Vie sexuelle de Catherine M, de Catherine Millet,
paru en 2001 et succès littéraire de cette année-là, serait à ranger
du côté de la pornographie tant la description des scènes sexuelles
y est froide et presque clinique, et l’histoire et le scénario,
inexistants. Un récit de l’intime, certes, mais plus porno qu’érotique.
Pour certains, l’érotisme se range davantage du côté de
l’esthétisme et de l’art, quand la pornographie s’en éloigne. Pour
d’autres, toute expression un peu trop crue de la sexualité est à
qualifier de roman pornographique.
On voit donc que la limite peut être ténue entre les deux, mais la
plupart du temps, on ne s’y trompe guère. Personne n’a jamais
imaginé qu’un roman Harlequin puisse être de la pornographie.
Il serait peut-être plus avisé de distinguer la littérature érotique à
but de divertissement de la littérature érotique littéraire, comme on
distingue Guillaume Musso de Jean-Paul Sartre. Pas grand-chose
de commun, chacun a son fan-club, même si, évidemment, on peut
aimer les deux. Mais c’est aussi moins cher qu’un livre traditionnel
et, pour les dévoreuses, ça compte, et c’est accessible de manière
instantanée ; quand on est accro à une série, ça compte aussi.

Pourquoi lire de la littérature érotique ?

Lire permet de s’évader, de rêver, de fuir une réalité difficile,


frustrante ou simplement routinière. La littérature érotique apporte
tout cela et bien plus : elle excite notre imaginaire, ouvre la voie à de
nouveaux fantasmes, et finalement, participe à enrichir notre vie
sexuelle.
Comme avec tous les romans, on peut s’identifier au personnage
principal, vivre par procuration les aventures de l’héroïne, ressentir
comme elle l’excitation et le désir qui naissent après la rencontre de
celui qui fait chavirer son cœur. Les écrivaines ont bien compris
notre propension à s’attacher aux personnages, et elles sont de plus
en plus nombreuses à proposer des séries dans lesquelles l’héroïne
évolue parfois sous l’impulsion du public. On pense bien sûr aux
trois tomes de Cinquante nuances de Grey, mais aussi à la série
After d’Anna Todd.
Les jeunes femmes sont les plus sensibles à la mode des
romances new adult. Elles y cherchent souvent un moyen de
s’éveiller au désir, voire de s’initier à la sexualité. Des collections se
sont même spécialisées dans les romances pour adolescentes, avec
souvent des scènes sexuelles plus « soft ».
Enfin, la lecture offre une liberté que n’offrent pas les autres types
de médias, notamment les films. Liberté d’imaginer, d’inventer ses
propres personnages, de projeter ses propres fantasmes et de
continuer à se faire des films dans sa tête une fois le livre reposé sur
sa table de chevet. Le pouvoir des mots est souvent plus fort que
celui des images, surtout chez les femmes. Il est incontestable que
nous préférons un bon roman érotique à un film X. Il est sans doute
également moins culpabilisant de ressentir du désir en lisant que
d’être excitée par une scène de sexe plus ou moins crue, voire
violente, filmée en gros plan.
Enfin, la littérature érotique actuelle semble vouloir remplacer les
contes de fées de notre enfance et nous maintenir dans l’illusion –
nous ne sommes pas dupes – que le prince charmant existe, qu’il
viendra nous délivrer, et bien plus si affinité. Car la véritable
addiction est là. On attend l’amour. On croit à l’amour. Et on espère
que cela nous arrive, encore et toujours, surtout lorsque l’on se sent
inexistante aux yeux de son partenaire du fait de la routine, de
l’habitude, de l’ennui, des enfants, du travail ; la liste est longue de
tout ce qui nous sépare de notre idéal amoureux. Et cela parle
encore plus à toutes les célibataires qui espèrent rencontrer
l’homme de leur vie.

Quand la lecture devient thérapie

Les thérapeutes, et aujourd’hui, les sexologues, se servent des


livres pour aider leurs patients à aller mieux, à trouver des réponses
à leurs questions, à se sentir moins seuls dans leur souffrance grâce
à des témoignages d’autres patients. C’est ce qu’on appelle la
bibliothérapie. C’est d’ailleurs une des raisons qui m’a poussée à
écrire ce livre. Pour tous les patients et toutes les patientes qui sont
venus me consulter et qui me demandaient ce qu’ils ou elles
pouvaient lire sur la sexualité féminine.

La bibliothérapie en sexologie

Lire des livres autour de la sexualité, des rapports de couple, de la


psychologie féminine, peut permettre à chacune d’entre nous de
mieux se connaître, de mieux comprendre son mode de
fonctionnement, et ainsi, de réfléchir à comment modifier ce qui fait
souffrance.
Cela demande d’aimer lire, bien sûr, c’est la condition sine qua
non, mais si vous en êtes ici de votre lecture, c’est que vous
remplissez cette première condition.
Cela nécessite également d’avoir la capacité à faire des efforts et
à savoir les maintenir dans la durée pour résoudre ses difficultés, ce
qui prend toujours du temps. Les personnes ayant une forte capacité
d’introspection sont plus réceptives à la bibliothérapie que les autres.
Dans certains cas, aller voir un sexologue peut aider à mettre des
jalons, à guider le travail à effectuer et, de ce fait, à se sentir moins
seule face à la tâche à accomplir.
Aller mieux, résoudre une difficulté, faire face à de la souffrance
demande dans tous les cas un vrai travail sur soi, et par conséquent,
de l’implication personnelle, du temps à y consacrer, la capacité à
remettre en cause ses fonctionnements antérieurs.
Récemment est apparu sur le marché un autre type de livres à but
thérapeutique appelés romans sexo-informatifs : il s’agit d’une
histoire romancée contenant de nombreuses informations
sexologiques. Une étude parue en 2011 a ainsi montré que les
bénéfices d’une lecture dans laquelle on peut s’identifier aux
personnages sont supérieurs à la lecture de livres plus théoriques
(Hubin et al., 2011).

Qu’est-ce que ça apporte ?

Plusieurs études ont été réalisées sur les apports de la


bibliothérapie en sexologie, et tous les résultats montrent un effet
bénéfique en termes d’amélioration de la sexualité (Gould et al.,
1993 ; Marrs et al., 1995 ; Truder et al., 1988 ; Van Lankvel et al.,
2009). Selon une étude parue en 2000, la lecture de livres de
développement personnel aide 93 % des lecteurs, et celle
d’autobiographies, 69 % des personnes interrogées (Norcross et al.,
2000).
Le premier intérêt des livres est de nous apporter des informations
sur l’anatomie, la physiologie, mais aussi sur les troubles sexuels, et
donc de mieux se connaître. On sait que l’ignorance est un des
premiers facteurs qui entrave l’épanouissement sexuel. Cela permet
par conséquent de lutter contre les idées reçues, les fausses
croyances, les tabous hérités de son éducation, de sa culture, de
son histoire personnelle.
Les livres peuvent aussi donner des conseils pratiques, des idées
pour dépasser ses blocages sans pour autant avoir à en parler
devant un sexologue. Certaines d’entre nous n’aiment pas aborder
le sujet de la sexualité qu’elles considèrent comme du domaine de
l’intime ; certaines manquent de temps ou d’argent ; d’autres n’ont
simplement pas l’idée d’aller consulter. La lecture est une manière
pour toutes ces femmes de s’aider elles-mêmes, grâce à un moyen
simple, accessible et peu coûteux.

Petite sélection personnelle


Vous trouverez ici des livres dont je recommande régulièrement la
lecture à mes patientes et qui me semblent intéressants pour toutes
les femmes qui souhaitent développer leurs capacités érotiques ou
en savoir plus sur le plaisir féminin et sa diversité.

Laura Berman, Le Petit Larousse de l’entente sexuelle pour


une sexualité de couple épanouie, Larousse, 2011.
Un livre à découvrir en couple pour instaurer et enrichir la
communication autour de la sexualité et du plaisir. Tout y est abordé
simplement et sans tabou. La mise en page claire et les illustrations
photographiques sont un plus.

Nina Brochmann, Ellen Stokken Dahl, Les Joies d’en bas,


Actes Sud, 2018.
Véritable succès d’édition en Norvège, puis en France lors de sa
sortie en 2018, Les Joies d’en bas fait suite au blog que les deux
auteures, alors étudiantes en médecine, ont tenu pendant quelques
années. Le style du livre s’en ressent, à la fois humoristique, léger,
mais bien documenté. Vous y trouverez notamment tout sur la
contraception ou sur les infections sexuellement transmissibles les
plus fréquentes chez les femmes.

Ovidie, La Sexualité féminine de A à Z, La Musardine, 2018.


De A comme accouchement, adultère ou amour à Z comme zones
érogènes, en passant par culpabilité, caresses ou contraception,
frustration ou fétichisme, masturbation ou ménopause, « Ovidie nous
convie à une exploration multiple, poussée, ouverte des mille
manières de vivre sa sexualité en tant que femme ».

Philippe Brenot, Les Femmes, le sexe et l’amour :


3 000 femmes témoignent, Les Arènes, 2012.
Philippe Brenot, médecin psychiatre et sexologue, nous livre les
résultats d’une grande enquête sur la sexualité féminine
hétérosexuelle. Passionnant. Et très facile à lire.
Pascal de Sutter, Valérie Doyen, Désir, roman sexo-informatif,
Odile Jacob, 2016.
Pascal de Sutter, psychologue et professeur de sexologie, et
Valérie Doyen, sexologue, ont écrit ce roman à quatre mains. Son
originalité réside dans la succession de chapitres romancés et de
points cliniques et théoriques sur la sexualité, le thème du roman
étant les troubles du désir féminin. Très instructif.

Shere Hite, Le Nouveau Rapport Hite, J’ai lu, 2000.


Sexologue et chercheuse, Shere Hite reprend les résultats de son
enquête sur le plaisir féminin auprès de plusieurs milliers de
femmes. Plus de 35 millions d’exemplaires ont été vendus à travers
le monde. Il s’agit ici de la nouvelle édition, la première datant de
1976. Une référence sur la sexualité féminine qui en montre bien la
diversité.

Adeline Fleury, Petit éloge de la jouissance féminine, François


Bourin, 2015.
L’auteure, journaliste et écrivaine, traite ici de la question du désir
et de la jouissance à travers son histoire personnelle. Un livre plein
de finesse, une écriture libre et authentique à la recherche de la
vérité. À recommander à toutes les femmes qui sont à la recherche
d’un témoignage contemporain d’une femme de son époque qui
parle de son désir et de sa jouissance.
Les femmes et l’infidélité
L’infidélité féminine n’est plus un sujet tabou. Les femmes infidèles
sont partout ; dans la littérature, les films, les chansons. Les
aventures extraconjugales des stars sont relayées par la presse
people. Personne ne semble y échapper. Des sites de rencontres se
sont même spécialisés dans les rencontres extraconjugales, dont
certains créés par des femmes, pour les femmes. Le développement
d’Internet et des nouveaux moyens de communication ont
bouleversé la donne et nos comportements. Désormais, l’infidélité
peut être virtuelle. Échanges de sextos, de photos osées, séduction
par messageries instantanées… Mais alors, où commence
l’infidélité ? Rêver, est-ce déjà tromper ? Qu’est-ce qui pousse une
femme à aller voir ailleurs ?
Deux grandes tendances se dessinent dans les motivations de
l’infidèle : une qui parle de soi et une qui parle du couple. Mais il
n’empêche qu’une infidélité, lorsqu’elle est découverte, est toujours
une épreuve marquante pour le couple, une trahison. S’en relever
prend du temps, nécessite de longues heures de dialogue, pour
enfin arriver à pardonner et à retrouver une certaine confiance en
l’autre, dans son couple, mais aussi en soi-même.

L’infidélité féminine en chiffres

Aujourd’hui, en France, 47 % des femmes hétérosexuelles


admettent avoir déjà été infidèles (Brenot, 2012), que ce soit dans
leur couple actuel ou passé. D’autres études évoquent des chiffres
un peu inférieurs : 37 % selon la dernière étude en date portant sur
un échantillon de 1 004 Françaises (étude IFOP/GLEEDEN du
24 mai 2019). L’ampleur de ces chiffres donne matière à penser, et
certainement à repenser la notion de couple et de fidélité.
Infidélité féminine versus infidélité masculine. Les femmes sont
globalement moins infidèles que les hommes, même si elles s’en
rapprochent au fil des ans. En France, la différence entre les deux
est de 8 points (37 % de femmes infidèles contre 45 % des hommes)
et c’est en Allemagne où il est le plus faible (43 % chez les femmes
contre 45 % chez les hommes).
Mais l’infidélité féminine reste beaucoup moins bien perçue que
l’infidélité masculine. En effet, selon l’étude IFOP/GLEEDEN de
2019, l’infidélité féminine choque dans 77 % des cas, alors qu’elle ne
choque que dans 23 % des cas quand il s’agit d’un homme. Et l’on
retrouve les mêmes proportions dans tous les pays européens.

Infidélité et tâches ménagères : une relation ? La proportion de


femmes infidèles est trois fois plus importante chez les femmes qui
font plus de tâches ménagères que leur partenaire. On retrouve, en
effet, 17 % de femmes infidèles chez celles qui en font beaucoup
plus que leur partenaire, contre 6 % seulement chez celles qui en
font moins que leur conjoint. Il ne s’agit certes que de statistiques,
mais cela donne tout de même matière à réflexion.

La découverte de l’infidélité. La manière dont l’infidélité est


découverte semble avoir un rôle important sur l’avenir du couple. En
effet, selon une étude de 2001, le taux de séparation varie en
fonction des modalités de découverte (Afifi et al., 2001) :
– 43,5 % de séparation si c’est la personne infidèle qui le dit ;
– 68 % si c’est une tierce personne qui l’annonce ;
– 86 % si on l’apprend en questionnant l’autre.
Le proverbe « Faute avouée est à moitié pardonnée » semble
plutôt juste, au moins au regard des statistiques. Cela ne dit rien en
revanche de tous les cas où l’infidélité reste cachée. Et il semblerait
bien aussi qu’à ce jeu-là les femmes soient plus fortes que les
hommes. Elles auraient beaucoup plus de facilité que les hommes à
masquer leur double vie et mettraient en place des stratégies plus
complexes et efficaces. Plus organisées, en somme.
L’évolution de l’infidélité féminine depuis 40 ans

Une chose est sûre, les femmes sont de plus en plus infidèles, ou
l’assument et osent le dire de plus en plus. Cela va dans le sens
d’une sexualité féminine davantage tournée vers le plaisir et moins
vers la conjugalité, même si le couple reste la référence.
En 1970, 10 % des femmes admettaient avoir été infidèles au
moins une fois dans leur vie (étude IFOP/Planning familial, 1970).
En sachant qu’à cette époque l’infidélité était encore pénalisée et
passible d’emprisonnement. On imagine bien que ça n’encourageait
guère à avouer la vérité. En 2001, elles étaient 24 % (étude
IFOP/M6 sur un échantillon de 953 personnes). La libération de la
sexualité est passée par là. En 2014, nous étions 32 % (étude
IFOP/GLEEDEN sur un échantillon de 4 879 Européennes, 2014).
En 2019, 37 % (étude IFOP/GLEEDEN, 2019).
Certes, les femmes semblent beaucoup mieux assumer leur
sexualité extraconjugale, mais nous sommes encore loin des
hommes dans ce domaine, qui sont en 2016 49 % à avoir trompé
leur partenaire habituelle au moins une fois.
Pourtant, et le paradoxe est féminin, 69 % des Françaises pensent
qu’il est possible de rester fidèle toute sa vie (étude
IFOP/GLEEDEN, 2014) et 86 % d’entre nous pensent que la fidélité
est une valeur importante du couple (Brenot, 2012). Reste à savoir
ce que les femmes entendent vraiment par fidélité, qui ne semble
plus une fidélité sexuelle…

Qui sont les femmes les moins fidèles (statistiquement


parlant) ?

Ce sont les résultats de la dernière étude sur le sujet portant sur


les femmes et l’infidélité en Europe (IFOP/GLEEDEN, mai 2019) :
– Elles habitent plus souvent en ville qu’en milieu rural : on peut
imaginer que les rencontres sont plus faciles, et les
occasions, plus fréquentes qu’à la campagne.
– Elles sont plus souvent homosexuelles ou bisexuelles : cela
irait dans le sens d’une vision plus libre de la sexualité chez
les femmes, qui se sentent moins soumises à une vision
traditionnelle de la vie de couple.
– Elles ont eu plus de 10 partenaires dans leur vie.
– Elles fréquentent beaucoup les sites de rencontres, même si,
dans la réalité, seulement 6 % des femmes ont trouvé un
amant via un site ou une application de rencontre.
– Elles sont dans une relation de couple récente, de moins de
3 ans.
Si vous ne vous reconnaissez pas dans cette énumération, pas de
panique, il ne s’agit que de statistiques qui ne prennent pas en
compte toutes les particularités individuelles et l’histoire de chacune.
Mais il est toujours intéressant d’en connaître les grandes lignes afin
de révéler certaines tendances dans nos comportements et
habitudes en matière de sexualité.

Ce qui pousse une femme à être infidèle

Parmi toutes les raisons personnelles ou non qui poussent une


femme dans les bras d’un amant, certaines sont plus souvent
évoquées que d’autres dans les différentes enquêtes sur le sujet
(études IFOP pour GLEEDEN de 2014 et 2019) :
– Une attirance sexuelle ou physique pour un autre homme est
en tête de liste des raisons, qu’il existe ou non des
sentiments. C’est le cas pour 62 % d’entre nous.
– 1 femme sur 2 qui trouve que son compagnon manque
d’attention, de tendresse, va plus facilement chercher ailleurs
ce qui lui manque dans son couple.
– Après une longue période de vie commune, on peut aussi
avoir envie de retrouver la magie des premiers mois, quand le
désir est à son comble, comme le pensent 48 % des femmes.
– Le besoin de plaire et de séduire fait aussi partie des raisons
souvent invoquées par 39 % des femmes interrogées.
– Une vie quotidienne frustrante, avec son lot de contraintes en
tout genre, de tâches ménagères répétitives, un conjoint qui
ne fait pas grand-chose, le sentiment d’être la seule à
assumer l’organisation de la vie familiale, le besoin alors de
prendre l’air, de s’évader, de remettre de la fantaisie et de la
légèreté dans sa vie, de se sentir à nouveau séduisante et
désirable dans les bras d’un amant.
– Enfin, l’insatisfaction sexuelle dans son couple pour 42 % des
femmes peut encourager à avoir des relations
extraconjugales où l’on pourra plus librement se laisser aller à
ses désirs, ses envies, ses fantasmes.
– À noter que 15 % des femmes sont infidèles par désir de
vengeance.
Mais en dehors de ces considérations d’ordre statistique, ce qui
pousse une femme vers l’infidélité est sans doute le besoin de vivre
sa sexualité de façon autonome, d’assumer ses désirs et ses envies,
en particulier sexuels.

Ce qui pousse une femme à rester fidèle


(toujours statistiquement parlant)

Les femmes décrivent ainsi les critères qui les empêcheraient


d’être infidèles :
– Le fait d’être satisfaite sur le plan sentimental ou
affectif (72 %).
– La peur des conséquences sur sa vie de famille (58 %).
– Le fait de se sentir satisfaite sexuellement avec son
partenaire (58 %).
– Leur idéal, leur vision du couple et de la fidélité (57 %).
– La crainte que cela se sache (43 %).
Là encore, le besoin affectif et sentimental des femmes prime sur
la sexualité.
L’infidélité et la morale

Les questions de moralité et de fidélité sont très ancrées dans nos


sociétés contemporaines malgré l’évolution et la libération des
mœurs. Est-ce une faute morale de tromper ? se demande-t-on
souvent. Où commence la faute ? Est-ce que fantasmer sur un autre
homme est déjà tromper ? Est-ce qu’embrasser est tromper ? Et s’il
n’y a pas de sentiment, est-ce que c’est quand même une infidélité ?
Justification mise en avant par de nombreux hommes : mais je ne
l’aime pas, elle n’a pas d’importance, c’était juste pour le sexe…
Alors, excuse ou réalité ? Comment les femmes voient-elles
aujourd’hui la question de l’infidélité ?

Les trois grandes religions monothéistes (christianisme, judaïsme


et islam) condamnent l’adultère. Les punitions sont variables selon
les religions et les époques. De nos jours, l’adultère reste condamné
dans les pays musulmans pratiquant la charia (Afghanistan,
Pakistan, Égypte, Arabie saoudite, Iran…) ; les châtiments vont de la
lapidation aux coups de fouet en public.
Sur le plan légal, l’adultère a été puni par la loi française jusqu’en
1975. À cette époque, l’adultère féminin (donc dans le cadre du
mariage) était puni de deux ans d’emprisonnement, alors que
l’homme infidèle ne risquait qu’une sanction sous forme d’amende.
Et les femmes ont toujours été punies plus sévèrement que les
hommes ; des sanctions sont encore en vigueur dans de nombreux
pays. Aujourd’hui, l’adultère n’est plus puni par la loi, mais la fidélité
reste un devoir légal entre époux dans le cadre du mariage civil. On
peut donc, en cas d’adultère, demander un divorce pour faute et des
dommages et intérêts, mais il semble que ce soit de moins en moins
reconnu par les juges.
La fidélité est une valeur morale importante pour l’immense
majorité des femmes en couple, et nous sommes même 69 % à
penser qu’il est possible de rester fidèle toute sa vie. Ainsi, tromper
est donc associé à une faute morale, en rapport avec une perte de la
notion de couple idéalisé.
En effet, en 2012, en France, 71,6 % des femmes (contre 50,5 %
des hommes) considèrent qu’un rapport sexuel, même sans
sentiment, est une faute à l’égard de son compagnon (Brenot, 2012).
Mais nous sommes aussi 50 % à être prêtes à pardonner.
La « tromperie » commence dès le baiser pour 64 % des
Françaises, mais nous sommes en même temps 54 % à dire que
l’on peut aimer et tromper en même temps, signe que les choses ne
sont pas simples en pratique et jamais totalement tranchées
(enquête IFOP/GLEEDEN, 2014).
Mais les mentalités évoluent, peut-être plus vite chez les femmes
que chez les hommes. Le cliché de la femme coupable versus
l’homme qui assume n’est plus une réalité actuelle. En effet,
seulement 21 % des femmes ayant déjà trompé leur partenaire ont
éprouvé un sentiment de culpabilité (enquête IFOP/GLEEDEN,
2014). Alors que, lors de cette même enquête, 32 % des hommes se
sont sentis coupables après leur infidélité.
De plus en plus répandue, notamment chez les jeunes femmes,
l’infidélité virtuelle consiste à avoir des échanges à caractère sexuel
avec un homme à distance, sans rencontre réelle. Selon l’étude
IFOP/GLEEDEN de juin 2019, 45 % des jeunes femmes de moins
de 25 ans ont déjà vécu une telle expérience.

Surmonter l’infidélité

Une infidélité dans un couple est quasiment toujours le signe d’un


dysfonctionnement de la relation. L’ennui, la routine, le décalage de
désir sexuel, l’envie de se sentir à nouveau vivant et désiré… Les
raisons sont nombreuses et toujours complexes. Mais il n’y a pas
d’un côté le trompé, parfait et victime, et de l’autre, le trompeur,
bourreau et fautif. C’est certainement cette prise de conscience des
deux partenaires qui permet de rééquilibrer les forces en jeu, de se
poser les bonnes questions, et finalement, de prendre un nouveau
départ. Cela nécessite une bonne dose d’humilité de la part de
chacun, de la compréhension, mais aussi une capacité à pardonner
et à ne pas se victimiser à outrance.
Consulter un thérapeute de couple qui se place en position de
tiers neutre peut également permettre de dépasser la crise.
L’infidélité est parfois une chance pour le couple. L’occasion de
redistribuer les cartes, de repartir sur des bases plus saines qui
conviennent mieux à chacun, surtout après une longue période de
vie commune, une opportunité pour remettre du désir là où la
routine, l’habitude ou le manque de considération et d’attention
avaient pris toute la place.
La clé est sans doute de se donner du temps, le temps du deuil de
la relation idéale, le temps de surmonter la trahison, le temps du
pardon, aussi. Il s’agit alors de retrouver des moments d’intimité à
partager à deux, de redécouvrir l’autre et de se rappeler tout ce qui
fait que c’est lui qu’on a choisi d’aimer et pas un autre.

Rêver d’infidélité

Selon la psychanalyse, la science de l’inconscient, rêver permet


d’exprimer ses désirs ou ses pensées refoulés lors de la journée.
C’est le lieu où l’on peut tout se permettre, notamment tout ce que
nous nous interdisons dans notre vie réelle. C’est l’endroit où
s’expriment nos pulsions les moins politiquement correctes comme
la violence, mais aussi le désir sexuel. Débarrassée de notre morale
consciente, de notre gendarme intérieur aussi appelé surmoi, la nuit
favorise l’expression de tous nos désirs les plus inavoués.
Rêver d’infidélité est très fréquent et tout à fait normal car le rêve
est l’endroit de tous les possibles. Ce peut être l’expression d’une
frustration, lorsque notre partenaire manque d’attention ou de
tendresse, lorsque notre vie manque de sensualité ou de désir, nos
rêves sont là pour rétablir la balance. Le manque de plaisir dans
notre vie réelle du fait du quotidien, des habitudes, de la routine
s’exprime alors dans des rêves de rencontres, de séduction, de
relations sexuelles que l’on s’interdit. On peut aussi comprendre la
rêverie nocturne comme un signe d’ouverture de notre imaginaire
érotique.
Mais cela ne veut absolument pas dire que l’on souhaite tromper
son partenaire dans la réalité. Le rêve a son langage propre qui peut
parfois être obscur pour notre propre conscience. Parfois, nous
sommes surpris de rêver d’une personne que nous trouvons
antipathique. Et dans notre rêve, soudain, nous lui trouvons nombre
de qualités, nous la désirons, et au réveil, nous nous sentons
gênées de ces effusions. Ce type de rêves peut nous montrer une
partie de nous-même que nous ne voulons pas voir. Ce qui nous
irrite le plus chez autrui est souvent une partie de nous que nous
rejetons. C’est cette connexion qui s’exprime alors par l’intimité dans
le rêve.

Pour aller plus loin

Esther Perel, Je t’aime, je te trompe : Repenser l’infidélité


pour réinventer son couple, Robert Laffont, 2018.
Esther Perel est une thérapeute de couple installée à New York.
Ses livres sont tous des bestsellers. Elle anime également de
nombreuses conférences sur le thème du couple. Dans cet ouvrage,
l’auteure repose la question de la conjugalité et de l’infidélité
aujourd’hui. Elle prend un angle particulier pour répondre à cette
question : comment être heureux dans son couple malgré l’infidélité,
ou parfois, grâce à elle ?

Christophe Fauré, Est-ce que tu m’aimes encore ? Se


reconstruire après l’infidélité, Albin Michel, 2013.
Christophe Fauré est psychiatre et auteur de nombreux ouvrages,
notamment sur le couple et le deuil. Il décrypte ici le sens de la
relation conjugale et donne des pistes pour pouvoir se reconstruire
après l’infidélité. Un livre qui donne des pistes de réflexions pour
se reconstruire après un adultère, pour comprendre comment le
couple en est arrivé là, un ouvrage qui fait du bien dans une situation
où la souffrance peut prendre toute la place.
Christophe Fauré, Le Couple brisé : de la rupture à la
reconstruction de soi, Albin Michel, 2016.
Avec sa bienveillance habituelle et son absence totale de
jugement, Christophe Fauré aborde dans ce nouvel ouvrage les
différentes étapes de la rupture amoureuse pour aider chacun
d’entre nous à dépasser cette période toujours douloureuse, autant
pour celui qui quitte que pour celui qui est quitté.
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–, « Chronobiologie de la physiologie orgasmique féminine »,
dans Sexologies, vol. 18, no 4, 2019, p. 159-170.
Remerciements
Je tiens tout d’abord à remercier toutes les personnes qui m’ont
fait confiance, soutenue, encouragée, proches et moins proches,
tout au long de ces longs mois de recherche et d’écriture et grâce à
qui ce livre existe aujourd’hui.
Ce livre n’aurait pas vu le jour sans toutes les patientes et tous les
patients qui me font confiance au quotidien et qui m’ont donné envie
de transmettre et de mieux comprendre la sexualité féminine.
Je tiens aussi à remercier mes filles pour leur patience lors de
tous ces week-ends passés à travailler. Avoir des filles est
certainement la chose la plus importante qui me soit arrivée, et
j’espère que ce livre leur permettra aussi de se sentir plus libres
dans leur vie de femme.
Merci à France Bernard pour son soutien amical indéfectible
envers et contre tout, au quotidien, au cabinet et ailleurs.
Un grand merci à ma sœur, ma première lectrice, ton aide et tes
retours toujours encourageants m’ont été d’une aide plus que
précieuse.
Merci à Sabine Bayasli, un de mes premiers soutiens, merci pour
tes encouragements et ta présence quotidienne.
Merci à Nicolas d’être arrivé dans ma vie et d’avoir ouvert mon
champ des possibles.
Merci à Karine Guillard pour sa présence et ses conseils éclairés
sur l’anatomie féminine ainsi qu’à Isabelle Duvernois pour sa
relecture finale et ses précieuses remarques.
Ce livre ne serait pas le même sans le talent et les dessins
d’Ingrid Maillard. Merci, Ingrid, pour ton implication et ta perpétuelle
bonne humeur.
J’aimerais bien sûr remercier toute l’équipe de Fayard, notamment
Sophie de Closets pour m’avoir fait confiance et Diane Feyel pour
tout son travail et son écoute.
Merci à François Esperet qui a donné la chance à ce livre de voir
le jour. Et un grand merci à Guillaume Zorgbibe pour notre rencontre
et tout le reste.
J’aimerais aussi témoigner de ma gratitude envers tous les
enseignants du Diplôme de Sexologie, en particulier Philippe Brenot,
Pierre Desvaux et Alexandra Stulz pour leur enthousiasme. C’est
aussi grâce à eux que ce livre existe aujourd’hui.
Enfin, merci à toutes les femmes et à tous les hommes que j’ai
croisés dans ma vie et qui ont, chacun à leur manière, contribué à la
personne que je suis aujourd’hui.
Couverture : Alain Blaise

Dépôt légal : mars 2021


© Librairie Arthème Fayard, 2021

ISBN : 978-2-213-71515-5
Table
Couverture

Page de titre

Avant-propos

La question du désir chez les femmes

Qu’est-ce que le désir ?

Quelques chiffres

Les mécanismes physiologiques du désir sexuel

Quels facteurs influencent le désir chez les femmes ?

Le désir dans le couple qui dure

Quand le désir fait défaut

Retrouver la libido dans son couple : le Sensate Focus

Pour en savoir plus

Existe-t-il une sexualité « normale » ?

La question de la fréquence

La question de la satisfaction sexuelle

La question de la durée

Les pratiques se diversifient…


… Mais les fondamentaux restent

Pour en savoir plus

Le clitoris

Clitoris et pénis : une même origine embryologique

La découverte du clitoris, une histoire récente ?

Les différentes parties du clitoris

Les véritables dimensions du clitoris

Les récepteurs au plaisir du clitoris

Clitoris et plaisir

Pour en savoir plus

La vulve

Mont du pubis ou mont de Vénus

Les grandes lèvres

Les petites lèvres ou nymphes

Le vestibule ou entrée du vagin

Les glandes de Bartholin ou glandes vestibulaires majeures

Les glandes vestibulaires mineures

Formes, mesures et démesures

Quand la vulve fait mal : les vulvodynies

Pour en savoir plus


Le vagin

L’orifice du vagin

Le vagin, un organe en forme de fourreau

Le rôle du vagin dans la reproduction

Le rôle du vagin dans le plaisir sexuel

Le vagin, un endroit humide en toutes circonstances

L’hymen

Le point G, mythe ou réalité ?

G comme Gräfenberg

Les dernières recherches sur le point G

Comment trouver son point G ?

Les meilleures positions pour stimuler le point G

Les béances vaginales, un sujet encore tabou

Pour en savoir plus

Les glandes de Skène ou prostate féminine

Qu’est-ce que c’est ?

Des fonctions encore à explorer

Pour en savoir plus

Le périnée

Qu’est-ce que c’est ?


À quoi sert le périnée ?

Quand le périnée fonctionne mal

Comment muscler son périnée pour augmenter son plaisir


sexuel

Pour en savoir plus

Les seins

Anatomie du sein

La fonction nourricière des seins

Le pouvoir érogène des seins

Le pouvoir érotique des seins

Pour en savoir plus

Les femmes et leurs règles

D’où viennent les règles ?

De quoi sont faites les règles ?

L’endométriose, la maladie des règles douloureuses

Des douleurs avant les règles : le syndrome prémenstruel

Sexualité et règles

Fausses croyances et idées reçues sur les règles

Pour en savoir plus

Les femmes et leurs poils

Pourquoi des poils ?


Petite physiologie du poil

Les poils et la sexualité

Les poils sur les seins, encore un tabou ?

Pour en savoir plus

Les zones érogènes de la femme

Comment ça fonctionne ?

Les zones érogènes dites primaires

Les zones érogènes secondaires

Pour en savoir plus

La pratique de la masturbation

La masturbation féminine en chiffres

L’autoérotisme encore tabou ?

Pourquoi se masturber ?

La masturbation au cours de la vie

Comment se masturber ?

La masturbation dans un couple est-elle le signe


que la sexualité du couple est défaillante ?

Pour en savoir plus

La place des préliminaires dans la sexualité féminine

Qu’est-ce qu’on entend par préliminaires ?

Les préliminaires en chiffres


Quelle est la fonction des préliminaires ?

Des caresses à l’excitation sexuelle : comment ça marche ?

La femme a-t-elle besoin de plus de préliminaires


que l’homme ?

Le vrai sexe passe par les caresses

Les bienfaits des caresses

Caresses, pression, vibrations, qu’est-ce qui excite le plus ?

L’importance des baisers

Pour en savoir plus

La sexualité vaginale

Le pouvoir érogène du vagin

Les positions qui procurent le plus de plaisir

Quand on ne ressent rien lors de la pénétration vaginale

Quand la pénétration fait mal : les dyspareunies

Quand la pénétration est impossible : le vaginisme

Les gaz vaginaux : quand le vagin fait du bruit

Pour en savoir plus

La sexualité orale

La fellation

Le cunnilingus

Un peu d’histoire
Le cunnilingus en chiffres

Quelques conseils pour un cunnilingus réussi

Pour en savoir plus

La sexualité anale

Petite histoire de la sodomie

Le sexe anal en chiffres

Une pratique encore taboue

Un peu d’anatomie pour mieux comprendre et avoir moins peur

L’orgasme anal existe-t-il ?

Quelques conseils pour une sodomie réussie

L’anulingus

Quand les femmes initient les hommes au sexe anal

Idées reçues et fausses croyances sur la sodomie

Pour en savoir plus

Tout savoir sur l’orgasme

Qu’est-ce que l’orgasme ?

Un peu d’histoire

L’orgasme en chiffres

Quels facteurs favorisent ou pas l’orgasme ?

Qu’est-ce qui se passe dans notre corps pendant l’orgasme ?


Qu’est-ce qui se passe dans notre cerveau pendant l’orgasme ?

Existe-t-il différents types d’orgasmes ?

Les bienfaits de l’orgasme

Existe-t-il un orgasme prématuré ?

Les orgasmes nocturnes

Avoir un orgasme en accouchant, mythe ou réalité ?

Les meilleures positions pour atteindre l’orgasme

La question de la simulation de l’orgasme

Les orgasmes multiples

Quand l’orgasme ne marche pas : l’anorgasmie

Pour en savoir plus

La femme fontaine et l’éjaculation féminine

Une simple question de vocabulaire ?

Qu’est-ce que c’est ?

Les mécanismes physiologiques de l’émission fontaine

Les chiffres

Ce que les femmes en disent

Ce que les hommes en pensent

Toutes les femmes peuvent-elles devenir fontaine ?

Pour en savoir plus


La sexualité entre femmes

Quelques définitions pour mieux comprendre

Les chiffres

Les FSF ont-elles une sexualité particulière ?

Les FSF et leur santé

Les FSF, objets de discrimination et de violence

Pour en savoir plus

L’absence de sexualité :
une forme de sexualité comme une autre ?

Un peu d’histoire

De l’absence de sexualité à l’asexualité

Pour aller plus loin

La sexualité pendant et après la grossesse

Les changements dans le corps et leurs impacts


sur la sexualité

Sexualité et grossesse

Faire l’amour pendant la grossesse

La sexualité après l’accouchement

Allaitement et sexualité

Pour en savoir plus

Sexualité et ménopause
Qu’est-ce que la ménopause ?

Les symptômes de la ménopause

Les conséquences de la ménopause sur la sexualité

Quels traitements sont possibles ?

Pour en savoir plus

Les sex-toys

Un peu d’histoire

Les chiffres

Quels types de sex-toys utilise-t-on ?

Les dernières innovations en matière de sex-toys

Comment bien utiliser un sex-toy ?

Quelques conseils pour bien choisir


votre (premier) sex-toy

Pour en savoir plus

La séduction

Qu’est-ce que la séduction ?

Les dimensions physiologiques de la séduction

Les dimensions psychologiques de la séduction

Et la séduction par Internet ?

Quand la séduction devient compulsive

Comment continuer à séduire dans un couple qui dure ?


Pour en savoir plus

Les fantasmes et l’imaginaire érotique

Qu’est-ce qu’un fantasme érotique ?

Les fantasmes en chiffres

Les fantasmes féminins les plus fréquents

À quoi servent les fantasmes ?

Pourquoi a-t-on parfois du mal


à avoir des fantasmes érotiques ?

Pour en savoir plus

La pornographie et les femmes

Un peu d’histoire

Quelques chiffres pour se repérer

Qui sont les femmes qui regardent le plus de porno ?

Qu’est-ce que les femmes aiment dans le porno ?

Quelle influence a la pornographie


sur la vie sexuelle des femmes ?

Quand la pornographie est faite par les femmes,


pour les femmes

Pour en savoir plus

Les femmes et la littérature

Les chiffres
Un peu d’histoire

La littérature érotique aujourd’hui en France

Érotisme ou pornographie ?

Pourquoi lire de la littérature érotique ?

Quand la lecture devient thérapie

Petite sélection personnelle

Les femmes et l’infidélité

L’infidélité féminine en chiffres

L’évolution de l’infidélité féminine depuis 40 ans

Qui sont les femmes les moins fidèles


(statistiquement parlant) ?

Ce qui pousse une femme à être infidèle

Ce qui pousse une femme à rester fidèle


(toujours statistiquement parlant)

L’infidélité et la morale

Surmonter l’infidélité

Rêver d’infidélité

Pour aller plus loin

Bibliographie

Remerciements

Cahier photos
Page de copyright

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