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Du même auteur

Écrire et publier un essai, PUL, 2020.


Nouvel Éloge de la diversité sexuelle, avec la collaboration de Sophie Breton, VLB éditeur, 2019.
Après le silence. Réagir aux agressions sexuelles envers les personnes LGBT, en collaboration avec
Mathieu-Joël Gervais, PUL, 2019.
Vous croyez tout savoir sur le sexe?, en collaboration avec Janette Bertrand, Libre Expression, 2018.
Le Métier d’aider (édition revue et augmentée), VLB éditeur, 2018.
Prévenir (sous la direction de), Québec, PUL, 2017; Paris, Hermann, 2018.
Le Savoir engagé (sous la direction de), Québec, PUL, 2016; Paris, Hermann, 2016.
De la honte à la fierté. 250 jeunes de la diversité sexuelle se révèlent, avec la collaboration de
Manuel Mendo et Annie Vaillancourt, VLB éditeur, 2014.
Mort ou fif. Homophobie, intimidation et suicide (édition revue et augmentée de Mort ou fif, VLB
éditeur, 2000), avec la collaboration de Simon Louis Lajeunesse, Typo, 2014.
La Sexualité spectacle, VLB éditeur, 2012; édition européenne augmentée, Saint-Martin-de-Londres,
H&O éditions, 2013.
Ça arrive aussi aux garçons, VLB éditeur, 1997, Typo, 2008; édition européenne augmentée, Paris,
Petite Bibliothèque Payot, 2013.
Être homo aujourd’hui en France. L’enquête Le Refuge auprès de 500 jeunes gays et lesbiennes,
avec la collaboration d’Isabelle Chollet, H&O éditions, 2012.
Petit traité de l’érotisme, VLB éditeur, 2010.
Jeunes filles sous influence. Prostitution juvénile et gangs de rue, avec la collaboration de Patrice
Corriveau, VLB éditeur, 2006.
Sains et saufs. Petit manuel de lutte contre l’homophobie à l’usage des jeunes, en collaboration avec
Éric Verdier, VLB éditeur, 2005; Petit manuel de Gayrilla à l’usage des jeunes, édition
européenne, Saint-Martinde-Londres, H&O éditions, 2005 et H&O poche, 2010.
La Mémoire du désir, VLB éditeur, 1995; Typo, 2004.
Travailleurs du sexe, VLB éditeur, 2003; Les Cowboys de la nuit, édition européenne, Saint-Martin-
de-Londres, H&O éditions, 2003.
La Peur de l’autre en soi, en collaboration avec Daniel Welzer-Lang et Pierre Dutey, VLB éditeur,
1994.
Tous les hommes le font, Le Jour éditeur et VLB éditeur, 1991.
Les Lendemains de la révolution sexuelle, VLB éditeur, 1990.
L’Homme désemparé, VLB éditeur, 1988.
Les Enfants de la prostitution, avec la collaboration de Denis Ménard, VLB éditeur, 1987.
Édition: Nadine Lauzon
Coordination éditoriale: Pascale Jeanpierre
Révision et correction: Karen Dorion-Coupal, Isabelle Pauzé
Couverture et mise en pages: Clémence Beaudoin

Remerciements
Nous remercions la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) du
soutien accordé à notre programme de publication.
Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – gestion SODEC.

Tous droits de traduction et d’adaptation réservés; toute reproduction d’un extrait quelconque de ce
livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est strictement
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© Les Éditions du Trécarré, 2021

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3e étage
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2021

ISBN: 978-2-89568-814-3
ISBN EPUB: 978-2-89568-825-9

Distribution au Canada
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Longueuil (Québec) J4G 1G4
Tél.: 450 640-1234
Sans frais: 1 800 771-3022
www.messageries-adp.com
SOMMAIRE

Avant-propos
Pourquoi et pour qui ce livre?
La sexualité comme découverte de soi, du plaisir et des autres
«Je suis en rut, la testostérone me sort par les oreilles!»
«Je suis irrésistible… pourquoi l’autre ne s’en aperçoit pas?»
Les clés de la séduction mutuelle
«C’est ma première fois!»
Parlons condoms
«C’est tellement mon fantasme…»
Ta carte érotique
«Mais c’est le coup de foudre!»
«J’ai tant besoin d’affection…»
Sur les ailes du consentement
«L’interdit, le risque, ça m’allume tellement!»
«Son indifférence m’excite»
Y a-t-il encore moyen de draguer?
«Je suis prêt à y mettre le prix»
«Quand je suis jaloux, je perds le contrôle»
L’ABC de l’érection
«Mon pénis me réclame»
«L’autre m’a couru après»
Séduction 101
«Mais son corps disait oui…»
«Si j’insiste davantage, son non va se changer en oui»
Parlons porno…
«C’est une aventure sans conséquence»
«Et si c’était ma dernière chance?»
Le sexe est-il un sport dangereux?
«Mes amis m’ont mis au défi!»
«J’avais beaucoup bu et consommé…»
Les bulles invisibles de l’intimité
«C’était seulement pour blaguer»
«J’avais besoin de me défouler»
En ligne: cyberharcèlement et cyberagression
«L’autre a bien de la chance de m’avoir!»
«La sexualité, c’est animal, et je suis un mâle alpha»
L’autorité, c’est rarement sexy
«Je me mêle de mes affaires»
Quand c’est toi qui dis non
«Rompra bien qui rompra le premier»
«… Et si je veux vraiment que la relation dure?»
Bâtis ton cadre éthique

Annexe pour parents et éducateurs: les défis de l’éducation à la sexualité


des garçons
Pour en savoir plus (petite bibliographie sélective)
Remerciements
AVANT-PROPOS

Il y a des textes rapidement écrits bien qu’en gestation depuis


longtemps. Je travaille sur la sexualité humaine depuis plus de quarante
ans. Ce fut successivement comme intervenant social, surtout en protection
de la jeunesse, comme spécialiste en prévention, comme enseignant et
chercheur. Des témoignages de gars de tous âges, j’en ai reçu beaucoup, que
ce soit en consultation puis lors de recherches. Dans la vie de tous les jours
aussi. Quand on est sociologue de la sexualité, on attire beaucoup les
confidences.
Depuis quelques années, la déferlante #Moiaussi a été l’occasion de
prises de conscience sans précédent. La parole des victimes de harcèlement
et d’agressions s’est libérée. Mieux: on l’a entendue. J’ai eu le privilège de
participer à un groupe de travail sur le soutien à apporter aux personnes
ainsi violentées1, mandat durant lequel de très nombreuses victimes et
personnes intervenant auprès d’elles se sont exprimées. Plusieurs ont
souligné à quel point un profond changement de mentalités s’imposait, en
particulier chez les hommes.
On a inventé en 1874 les coquilles pour protéger les organes génitaux
des joueurs de hockey; on a attendu cent ans plus tard, en 1974, pour
fabriquer les premiers casques protecteurs (rendus obligatoires dans la
Ligue nationale de hockey en 1979). L’anecdote en dit long sur le peu
d’importance longtemps accordée à un organe non moins important pour les
gars que leurs attributs sexuels. C’est à cet organe-là, le cerveau, que je
compte m’adresser.

On a inventé en 1874 les coquilles pour protéger les organes


génitaux des joueurs de hockey; on a attendu cent ans plus tard, en
1974, pour fabriquer les premiers casques protecteurs (rendus
obligatoires dans la Ligue nationale de hockey en 1979).
L’anecdote en dit long sur le peu d’importance longtemps
accordée à un organe non moins important pour les gars que leurs
attributs sexuels.

La prévention étant un des fils conducteurs de ma carrière, j’ai cru


qu’un guide sur le savoir-vivre sexuel destiné aux jeunes hommes était plus
que jamais nécessaire. C’est à la base que les choses doivent changer, dans
l’éducation à la sexualité des gars. Il est plus aisé d’être en contrôle d’une
conduite que l’on comprend. Or, très peu d’informations suffisamment
vulgarisées étaient accessibles au grand public masculin. Plus encore, alors
que les avis sur ce qu’il ne faut pas faire abondent, infiniment peu de
suggestions et de recommandations positives sur les attitudes et
comportements positifs à adopter sont disponibles. C’est ce dont les gars
ont le plus besoin. Mes discussions avec des collègues et amis, puis avec
mes éditrices, m’ont convaincu que ce livre était attendu.

1. Comité d’experts sur l’accompagnement des personnes victimes d’agressions sexuelles et de


violence conjugale, Rebâtir la confiance, rapport déposé le 15 décembre 2020 à l’Assemblée
nationale du Québec: www.scf.gouv.qc.ca/fileadmin/Documents/Violences/Rapport-
accompagnementvictimes-AG-VC.pdf
POURQUOI ET POUR QUI CE LIVRE?

On n’a pas besoin de permis de conduire pour avoir une vie sexuelle.
Pourtant, conduire sa vie amoureuse sans provoquer d’accidents, sans
blesser personne moralement ou physiquement, ni se retrouver soi-même
dans de mauvais draps ne va pas de soi. D’où l’idée de ce livre apportant
informations, réflexions et même conseils pratiques, en espérant qu’il soit
lu par de nombreux gars, le plus tôt possible dans leur vie sexuelle. Il
intéressera sans doute aussi toute personne cherchant à mieux les
comprendre et mieux les aider: leurs partenaires, leurs parents, leurs
enseignants.
Puisqu’on va parler de sexualité et des problèmes qu’elle peut poser,
commençons par le reconnaître entre nous: il y a plein de bons gars qui font
parfois de mauvaises choses, et de moins bons gars qui en font de très
mauvaises… Comment en sont-ils arrivés à faire des victimes et à se nuire à
eux-mêmes? C’est ce que nous allons essayer de comprendre ensemble. Pas
pour excuser des situations qui seraient inexcusables, bien sûr: parce que les
expliquer, c’est se donner les moyens de les changer, en se demandant
comment agir autrement.
«Les gars réfléchissent avec leur pénis et leurs couilles plutôt qu’avec
leur tête.» Combien de fois n’a-t-on pas lu ou entendu cette phrase-là? A-t-
elle un fond de vérité? Si oui, peut-on entre gars enfin se dire les choses
comme elles sont?
Une grande tolérance à l’égard de comportements sexuels déplacés,
voire inacceptables, a longtemps existé. Elle n’a plus sa place. Le
mouvement #Moiaussi, débuté aux États-Unis il y a quelques années, a été
et demeure un appel au changement. Là-dessus, tout le monde s’entend. En
ce qui concerne les solutions, c’est moins évident. C’est pourquoi il faut en
parler.
«Les gars réfléchissent avec leur pénis et leurs couilles plutôt
qu’avec leur tête.» Combien de fois n’a-t-on pas lu ou entendu
cette phrase-là? A-t-elle un fond de vérité? Si oui, peut-on entre
gars enfin se dire les choses comme elles sont?

#Moiaussi nous a appris que des relations problématiques pouvaient


exister non seulement entre hommes et femmes, mais aussi entre hommes et
personnes trans ou non binaires et même entre hommes. Puisque de 15 à
20%, voire un peu plus, de la génération des quinze à trente ans ne se
considère pas exclusivement hétérosexuelle ou cisgenre, ce livre adoptera
autant que faire se peut une langue inclusive. Tous les gars se sentiront ainsi
concernés, et ils le sont, quels que soient leur genre et leurs amours.
Comprendre comment et pourquoi des bévues et des abus de toutes
sortes se passent encore dans le cadre de relations sexuelles ou amoureuses
nous permettra de voir comment les éviter. Ça nous concerne tous. Si on ne
choisit ni nos pulsions ni nos désirs, on décide quoi faire avec. C’est là
qu’intervient le cerveau, le vrai: c’est à lui que ce texte s’adresse. Beaucoup
de gars m’ont dit ne pas se retrouver dans des ouvrages sur le sexe qui ne
leur étaient pas spécifiquement destinés. Avec ce livre, on va y remédier.
Des dizaines d’heures de cours sont nécessaires pour apprendre à
conduire une moto ou une auto; un temps infiniment moindre est consacré à
apprendre comment se conduire quand on est sexuellement excité ou attiré
par quelqu’un. Au Québec, c’est à peine cinq heures par année au primaire,
quinze au secondaire. Pourtant, il n’y a pas moins de règles à respecter, de
signalisation à connaître et d’automatismes à développer dans la conduite
sexuelle que dans la conduite sur la route, qu’on soit à bicyclette, à moto ou
en auto – ou même comme piéton. Si on ne veut pas provoquer d’accidents,
de blessures ou de traumatismes, ni en subir, la prudence est de mise.
Que tu sois au volant d’un véhicule ou sur le tapis volant de tes désirs,
éviter de mettre en danger les autres ou toi-même est une nécessité. Pour y
arriver, on va se parler avec franchise. Les situations typiques que nous
allons regarder ensemble, la plupart d’entre nous en ont été témoins, de près
ou de loin. Parfois de trop près…
Examiner ces situations-là va permettre de nous poser des questions
importantes, étonnamment laissées en suspens dans la majorité des
ouvrages abordant la sexualité masculine. La plupart des chapitres de cet
ouvrage traitent en effet des prétextes qu’on s’invente entre gars pour se
donner bonne conscience quand notre sexualité se fait pressante ou
oppressante, pose problème ou risque d’en causer. On va les citer, mot à
mot, ces excuses-là, afin de bien les reconnaître. Puis on va tenter de voir
comment penser et agir autrement… sans pour autant renoncer au plaisir,
bien sûr. La sexualité, ça vise en bonne partie à avoir du plaisir et à en
donner, il ne faut jamais l’oublier (et on ne va pas l’oublier).

Que tu sois au volant d’un véhicule ou sur le tapis volant de tes


désirs, éviter de mettre en danger les autres ou toi-même est une
nécessité.

En somme, mon objectif dans ce livre est de comprendre ce qui se passe


dans nos têtes de gars quand le désir nous fait courir des risques de
dérapage. On partira de là pour explorer comment éviter que ça se produise
ou, sinon, comment réagir avant qu’il soit trop tard, afin qu’aucun dégât
irréparable ne soit causé dans la vie des autres ou dans la nôtre.
Je suis un gars qui s’adresse à d’autres gars, en particulier des jeunes,
estimant qu’un meilleur savoir-être s’impose dans nos désirs et nos amours.
Je ne prétends pas être meilleur ou rendu beaucoup plus loin que d’autres:
je réfléchis seulement depuis plus longtemps à tout ça. C’est mon unique
avantage. Et puis j’ai vraiment envie de partager des idées qui donnent à
réfléchir, et même de brasser la cage. Plus que jamais, il est nécessaire
d’aborder de front des problèmes et des tabous qui hantent la Maison-des-
hommes.
LA SEXUALITÉ COMME DÉCOUVERTE DE SOI, DU
PLAISIR ET DES AUTRES

S’il y a quelque chose qu’on préfère découvrir par soi-même, au moment


opportun et avec qui on en a envie, c’est bien la sexualité. On éprouve
rarement le besoin de lire quoi que ce soit pour s’y préparer. Surtout pas de
livre qui pourrait nous faire la leçon ou nous dire quoi faire. On le sait déjà!
Du moins, on le croit. Jusqu’à ce qu’on apprenne par soi-même que la vie
sexuelle est remplie de découvertes et de surprises, bonnes ou mauvaises,
qui peuvent se transformer en problèmes. On voudrait alors comprendre les
raisons pour lesquelles ça ne se passe pas toujours comme on s’y attendait.
Notre sexualité, on la construit et on la découvre tout à la fois. C’est
le premier motif de nos incertitudes. Par exemple, tu veux satisfaire tes
désirs et, en tentant de le faire, tu en découvres d’autres. Tu te disais que
lorsque tu pourrais enfin embrasser Clara, tu serais au septième ciel;
l’instant d’après, tu veux aller plus loin. Ou encore, tu fréquentes
assidûment Chloé, depuis le temps que tu en rêvais… mais c’est sa
meilleure amie Florence qui apparaît soudain dans tes fantasmes. Tu ne
comprends pas pourquoi, tu n’avais pas du tout prévu ça. Florence n’est
même pas ton type de fille! Enfin, n’était pas… Comme toutes nos autres
inclinaisons, nos goûts sexuels se développent et s’affinent au fil de nos
expériences. Parfois, on est le premier surpris par ce qui se produit. On était
au point A, on se retrouve soudainement au point B.
La seconde raison qui fait que la sexualité est un terrain de
découvertes et d’apprentissages pouvant surprendre, c’est que le plaisir
qu’on en retire peut prendre plusieurs formes. On ignore au départ
toutes les facultés de notre corps, et encore plus celles du corps de l’autre.
On peut trouver de l’excitation de tellement de façons! En regardant, en
touchant, en écoutant, en caressant, en léchant, en goûtant… De plus, quand
on a un rapport intime, l’autre personne nous apprend des choses sur sa
propre façon de recevoir et de donner du plaisir. Chaque nouveau rapport,
chaque nouvelle relation nous renseigne sur notre partenaire, sur nous-
même, sur notre faculté d’éprouver et de partager du plaisir.
À tort ou à raison, on croit que notre sexualité définit qui on est. Ce qui
peut compliquer les choses. Tu aimes une fille, et tel type de fille en
particulier – ou tu aimes un gars, et tel genre de gars en particulier – et tu te
dis que ça reflète ton identité. Ce n’est pas pour rien que tu choisis
généralement avec soin la personne que tu fréquentes. Tu estimes que ça va
influencer la vision que les autres auront de toi. Tu n’as pas tort: les autres
gars pensent exactement comme toi. Dis-moi qui tu désires, je te dirai qui tu
es…
Il n’empêche que nos désirs peuvent évoluer dans différentes directions.
Tu pensais le mois dernier désirer Chloé plus que tout, tu en es moins
certain maintenant. C’est même ta relation avec elle qui t’a permis de
connaître sa meilleure amie Florence. Remarque que ça pourrait être aussi
son jumeau, Florent, ce qui t’étonnerait probablement encore davantage. La
sexualité, surtout à ses débuts, est une vaste exploration: on part toujours de
quelque part, avec des envies spontanées, de la curiosité, après c’est la
découverte. De nous-même et des autres.
Pourquoi est-on attiré par quelqu’un? C’est assez complexe, on va y
revenir au fil de ce livre. Disons pour l’instant ceci: certaines personnes
paraissent, à nos yeux, habitées d’un mystère qui ne nous sera révélé qu’en
nous rapprochant d’elles le plus intimement possible. Au point de nous
fondre en elles, c’est le cas de le dire, lorsqu’il y a des rapports sexuels
impliquant un rapprochement des corps. Il y a dans l’attraction sexuelle une
fascination pour ce que l’autre personne représente: la beauté, l’exotisme, le
défi, la promesse de jouissance, bref tout ce qui peut t’allumer. Ou tout ce
que tu crois pouvoir t’allumer à ce moment-là.
Le désir, c’est la recherche du feu qui te réchauffera, parfois te
brûlera un peu. Aussi bien savoir contrôler ses flammes quand c’est
encore possible. C’est l’art que nous allons tenter d’apprivoiser dans cet
ouvrage. C’est toujours préférable de le maîtriser, cet art-là, plutôt que de
devoir jouer au pompier, métier risqué comme chacun sait – même si, avec
leurs calendriers bodybuildés, les pompiers sont devenus des gars fort
populaires, ce que tu envies probablement un peu.
«JE SUIS EN RUT, LA TESTOSTÉRONE ME
SORT PAR LES OREILLES!»

Ça te décevra peut-être de l’apprendre: le rut n’existe pas chez


l’humain. Aussi appelé saison des amours, c’est la période de l’année
durant laquelle certains animaux deviennent très excitables et ressentent un
grand besoin de s’accoupler. Par extension, le mot réfère au comportement
sexuel alors observé. Le rut est déclenché par l’horloge biologique
d’animaux plus poilus et cornus que toi, tels que le cerf, l’orignal ou le
bison, quand la durée des jours diminue, à l’automne. Une augmentation
des hormones sexuelles se produit alors chez ces mâles.
Il n’est pas impossible que nos très lointains ancêtres mammifères aient
connu le rut. C’était il y a fort longtemps. Notre espèce, Homo sapiens,
remonterait à environ 300 000 ans. Elle se caractérise par sa faculté de vivre
en société, d’apprendre par expérience et même de réfléchir avant d’agir. Ce
qui s’applique en principe à la sexualité. Plus que toute autre espèce, les
humains sont sélectifs dans leurs activités sexuelles: celles-ci ne se
déroulent pas n’importe où, avec n’importe qui, n’importe quand. Mieux:
elles peuvent être planifiées.
Qu’il n’y ait pas de rut chez l’humain est à la fois une bonne et une
mauvaise nouvelle. Puisque l’homme est susceptible de produire des
hormones sexuelles en tout temps, l’excitation et l’érection apparaissent très
tôt dans la vie des garçons. S’ajoute l’éjaculation à partir de la puberté. Si
ton corps est en bon état de marche, ces facultés vont durer longtemps. Ça,
c’est la bonne nouvelle. La moins bonne nouvelle, c’est que pouvoir
ressentir du désir à peu près n’importe quand, ça impose des exigences.
Dans toute vie en société, il y a des règles et des lois: nous ne pouvons
pas satisfaire nos pulsions quand bon nous semble, n’importe comment,
avec n’importe qui. Tu ne peux imposer tes désirs à qui que ce soit. Tu ne
peux pas non plus invoquer que tu étais en rut, donc incontrôlable, après
avoir eu un comportement inacceptable. Si tes hormones te poussent à avoir
de la sexualité, elles ne décident pas à ta place.
Dans toute vie en société, il y a des règles et des lois: nous ne
pouvons pas satisfaire nos pulsions quand bon nous semble,
n’importe comment, avec n’importe qui. Tu ne peux imposer tes
désirs à qui que ce soit.

Dans ce qu’on appelle malgré tout l’instinct sexuel, il n’y a pas grand-
chose d’automatique chez l’humain. Notre sexualité s’est civilisée à mesure
que notre cerveau a gagné en influence sur notre comportement. Tu me
diras que tout le monde n’a pas évolué à la même vitesse… Possible. Le
projet de ce livre est justement de discuter de ça.
Personne n’a jamais pu établir de liens directs entre les taux d’hormones
sexuelles et le comportement sexuel chez les hommes. Bien sûr, nos
hormones rendent possible la pulsion érotique, mais elles ne commandent
aucune activité que ce soit. Ton taux d’hormones mâles peut influencer la
qualité ou la quantité de tes performances sexuelles, mais en aucun cas
dicter ta conduite. C’est toi, et toi seul, qui es aux commandes, avec ton
cerveau d’en haut.
En fait, nos comportements sexuels ont eux-mêmes un effet sur notre
production d’hormones. Par exemple, ressentir de l’attirance sexuelle
augmente la production d’hormones associées au plaisir, que ce soit la
testostérone, la dopamine ou l’adrénaline. Si ton corps fabrique déjà par lui-
même les hormones permettant d’éprouver du désir et du plaisir sexuel, tes
propres réactions stimulent à leur tour leur production. Tu joues donc un
rôle actif dans ta chimie intérieure.
La montée des hormones à partir de l’adolescence rend l’excitation et
l’éjaculation non seulement possibles, mais la plupart du temps agréables.
Ce n’est évidemment pas une raison pour utiliser ton pénis sans
discernement sous prétexte qu’il est en érection, ou que tu souhaites qu’il le
devienne. Tu as l’impression parfois d’être en rut et de ne plus pouvoir te
contrôler? La masturbation peut aisément y remédier. Ça diminuera la
tension du moment et ça te relaxera, quitte à répéter au besoin la posologie
discrètement autant de fois que nécessaire – à chacun de trouver son rythme
et ses repères.
Ton taux d’hormones mâles peut influencer la qualité ou la
quantité de tes performances sexuelles, mais en aucun cas dicter ta
conduite. C’est toi, et toi seul, qui es aux commandes, avec ton
cerveau d’en haut.

Plusieurs jeunes hommes utilisent ce vieux truc qui peut être pratique
avant de sortir dans les lieux de cruise ou de drague. Étant soulagé du
sentiment d’urgence d’avoir un rapport sexuel, ils peuvent choisir avec plus
de quiétude de quelle façon passer la soirée ou la nuit. Faire relaxer le
cerveau d’en bas laisse plus de place à celui d’en haut. La pression exercée
sur les possibles partenaires risque de ne pas être la même – ce qui peut
aussi faire leur affaire, qui sait? Beaucoup de filles (et aussi des gars) se
plaignent des pressions subies pour avoir des rapports sexuels lors de toutes
premières rencontres. Or, un consentement obtenu sous pression en est-il
vraiment un?
«JE SUIS IRRÉSISTIBLE… POURQUOI
L’AUTRE NE S’EN APERÇOIT PAS?»

Tu places toujours ta photo la plus avantageuse dans les réseaux


sociaux? Tu fais des poids et haltères avant de sortir pour cruiser ou
draguer afin qu’on remarque la définition de ta musculature? Tu choisis
avec grand soin comment tu t’habilles pour être bien looké et non moins
bien liké? Ou encore tu t’en veux de ne suivre aucune des règles… que les
gars qui ont du succès suivent apparemment?
Tu vas être déçu de l’apprendre: ton apparence ne joue pas un si grand
rôle dans l’attraction que tu provoques. Ce n’est pas une raison d’arrêter de
prendre de belles photos de toi, de faire de l’exercice ou de t’habiller
convenablement, bien sûr. Fais-le avant tout pour te sentir bien dans ta
peau, c’est le plus important. Car la beauté ne joue que partiellement dans la
façon dont les autres réagissent à ton endroit.

Tu vas être déçu de l’apprendre: ton apparence ne joue pas un si


grand rôle dans l’attraction que tu provoques.

En fait, ton attrait dépend surtout des émotions que tu éveilles chez les
autres, mais aussi des circonstances et du contexte dans lesquels vous vous
retrouvez. Tu es inspirant pour certaines personnes, pas du tout pour
d’autres. Tout repose dans la perception qu’on a de toi à ce moment-là.
L’attirance, c’est assez spontané, ça ne se force pas. La même personne peut
te trouver craquant à un moment donné et presque repoussant à un autre,
tout ça en l’espace de quelques jours ou même de quelques heures
seulement. On peut aussi te trouver vraiment craquant sans avoir envie de
baiser avec toi… du moins pas tout de suite.
Ta beauté, elle se trouve en grande partie dans l’œil de qui te regarde.
Cette personne se demande si partager des moments intimes avec toi lui
plairait. Il y a ce qu’elle voit, bien sûr, mais surtout ce qu’elle ressent,
imagine, anticipe. C’est pourquoi de très beaux gars selon les critères à la
mode peuvent laisser impassibles. Alors que des gars très moyens, selon les
mêmes critères, attirent beaucoup. La beauté, c’est dans l’interprétation de
ce que l’on voit et ressent.
Ce n’est pas toi qui attires, c’est l’impression qu’on se fait de toi. C’est
pourquoi même les personnes sensibles à tes charmes n’y réagissent pas
tout le temps avec la même intensité. On a beau avoir un plat favori, on ne
ressent pas le besoin d’en consommer constamment. L’appétit sexuel n’est
pas si différent de l’appétit alimentaire: on a des goûts et des préférences,
mais même ce que l’on apprécie beaucoup ne dit pas grand-chose certains
jours.

Ce n’est pas toi qui attires, c’est l’impression qu’on se fait de toi.

Bref, tu as beau te penser irrésistible – il n’y a vraiment aucun mal à


avoir confiance en soi! –, tu devras tôt ou tard reconnaître que tu ne l’es pas
pour tout le monde, en toutes circonstances. L’attraction entre deux
personnes implique la présence en même temps et au même endroit de plein
d’éléments: se trouver dans le bon contexte, avoir de bonnes raisons de
vouloir aller plus loin, avoir le temps et la motivation pour le faire, par
exemple. Sans compter qu’un minimum de points communs est requis pour
pouvoir au moins engager et poursuivre une conversation puis une relation,
quelle qu’en soit la forme (on peut dialoguer autrement qu’avec la voix).
Le désir, c’est en partie de l’autosuggestion: plus on se convainc qu’une
personne est attirante, plus elle le devient. Combien de gars se montrent
moins sélectifs à mesure que la soirée avance dans un party ou dans un bar,
quand l’alcool ou tout autre produit euphorisant font leur effet? La personne
qui ne semblait pas intéressante tout à l’heure présente soudain des atouts…
Même dans ce cas, le désir, de part et d’autre, ne se commande pas comme
une bière. Il exige une certaine disposition de l’esprit: il faut avoir la tête à
ça, comme on dit…
Si quelqu’un ne ressent aucun élan spontané vers toi dans une situation
donnée, quoi que tu fasses n’y changera probablement pas grand-chose. Si
jamais tu insistes, tu perdras ton temps et tu en feras perdre à l’autre. Au
pire, tu deviendras désagréable, ce qui n’aidera pas ta cause, d’autant que
d’autres personnes qui, elles, te trouvaient plutôt bien t’observeront et se
diront sans doute: «Beau gars, dommage qu’il soit si nul…»
Il peut aussi arriver qu’une personne te trouve absolument irrésistible,
mais ne veuille avoir aucune sexualité avec toi à ce moment-là, pour toutes
sortes de raisons qui lui appartiennent. Elle est fatiguée, pas disponible à ça,
elle te trouve un peu pressé, etc. C’est son droit. Dis-toi que ta réaction va
probablement conditionner la suite, si suite est souhaitée et si suite il y a.
Personne, à commencer par toi, n’aime se sentir obligé de faire des choses
qui ne lui tentent pas. À la limite, ça peut devenir répulsif. Or, ce n’est pas
de la répugnance que tu veux provoquer, mais plutôt son contraire, non?

Combien de gars se montrent moins sélectifs à mesure que la


soirée avance dans un party ou dans un bar, quand l’alcool ou tout
autre produit euphorisant font leur effet?

Tu trouves bien triste que les personnes qui t’attirent n’aient pas
toujours le même enthousiasme pour toi? Sois empathique, mets-toi un
instant dans la peau de celles qui te disent non. Parce que, si ce n’est déjà
fait, toi aussi tu te retrouveras dans la même situation, poussé à dire à
quelqu’un: «Tu ne m’intéresses pas.» Ou encore: «Aller plus loin avec toi
ne me dit rien.» Les autres ne font que réagir comme toi en se permettant de
choisir qui leur plaît, quand ça leur plaît.
Qu’Adèle (ou Noah) ne veuille pas de toi, ça ne t’empêche pas de
demeurer irrésistible, non?
LES CLÉS DE LA SÉDUCTION MUTUELLE

La séduction mutuelle possède quatre règles essentielles. Encore faut-il les


connaître.
Premièrement, il n’y a pas de séduction entre deux personnes sans
réciprocité, c’est-à-dire sans échanges de bons procédés menant à une
certaine complémentarité: chacun donne et reçoit, ou du moins s’attend à le
faire. Chaque personne a alors l’impression que l’autre peut combler chez
elle certains manques et besoins. C’est ce qui fait en sorte que les deux
partenaires se considèrent gagnants d’être ensemble.
Deviennent attirantes chez autrui toutes caractéristiques et qualités
physiques ou psychologiques dont on estime avoir besoin pour se sentir
bien. Cette émotion atteint son zénith quand on fait l’amour. L’orgasme est
le feu d’artifice célébrant cette victoire: on jouit enfin, c’est le cas de le
dire, de ce que l’on désirait tant. (On s’était probablement déjà exercé avec
nos fantasmes et nos masturbations, notre imagination comblant alors
l’absence physique des sujets de nos désirs.)
Ce qui t’attire, ton érotisme, c’est comme un puzzle auquel il manque
toujours quelques morceaux, inlassablement recherchés. Dans la recherche
de complémentarité, tu agis comme un courtier en import-export. Tu
tentes d’importer d’autrui ce dont tu estimes avoir besoin et d’exporter
ce qui pourrait intéresser des partenaires: ton physique ou ta
personnalité, par exemple. Si tu vises des relations à plus long terme, tu
peux ajouter à cela tes centres d’intérêt et tes projets. Dans la séduction
mutuelle, chaque partenaire est disposé à partager ce qu’il est.
Ce qui est perçu comme complémentaire à un moment donné peut très
bien ne plus l’être à un autre moment. Ce qui explique les hauts et les bas
du désir. On peut être séduit quelques instants, quelques heures, quelques
jours, quelques années ou décennies. On ne sait jamais d’avance comment
nos besoins et nos émotions vont évoluer, encore moins quand on sera repu
de ce qu’on recherchait une fois qu’on en aura bénéficié. Les ruptures
amoureuses sont souvent provoquées par un désintérêt inattendu pour ce qui
nous attirait auparavant.
L’empathie est le deuxième ingrédient de la séduction mutuelle. C’est la
capacité de se placer momentanément à la place de l’autre personne, plus
précisément d’imaginer ce qu’elle ressent. On se glisse dans sa peau un
instant afin d’éprouver ce qui la fait vibrer. Être empathique c’est entrer
dans le monde de l’autre afin de comprendre puis de partager ses émotions.
Dans tout rapport sexuel, chaque partenaire espère l’empathie de
l’autre afin qu’il y ait échange de plaisir, et non pas uniquement une
jouissance égoïste, chacun de son côté. Beaucoup de gars ne font pas
suffisamment la différence entre se masturber sur ou dans le corps de l’autre
et lui faire l’amour. Le manque d’empathie est le principal motif pour lequel
un rapport sexuel peut s’avérer insatisfaisant. La communion physique n’est
jamais aussi intense que lorsqu’elle est doublée d’une communion
psychique. Les sensations éprouvées par l’autre peuvent en effet décupler
les nôtres si on est à leur écoute.
Des psychologues et des sexologues appellent «partage vicariant» la
faculté de ressentir du plaisir au contact de la jouissance de l’autre. Pouvoir
habiter en imagination le corps de l’autre aide en effet à partager ses
émotions et à adapter notre comportement en conséquence. Les actes
sexuels n’ont pas la même signification pour tout le monde. Ce qui est vu
comme de la tendresse par les uns peut être vécu comme brutal par les
autres, et vice versa. Il vaut mieux être bien accordés sur ce plan-là. Tu ne
peux jamais imaginer précisément ce que l’autre ressent: demande-le-lui
afin d’en être bien certain. L’empathie débute par une bonne
communication.
La bienveillance constitue le troisième élément de la séduction
mutuelle. Être bienveillant, c’est avoir une disposition favorable à l’égard
de l’autre, en ce sens que l’on veut son bonheur – du moins pas son
malheur! Te montrer bienveillant, c’est adopter une disposition de
l’esprit qui fait en sorte que, pour séduire, tu ne chercheras jamais à
piéger l’autre, à lui mentir ou à lui faire de fausses promesses ou
représentations, par exemple sur qui tu es ou sur ce que tu recherches
vraiment.
La séduction consiste à se montrer à son avantage. Il y a néanmoins une
limite à ne pas franchir, au-delà de laquelle il y aurait malhonnêteté. Par
exemple, faire croire que tu es follement amoureux seulement pour avoir un
rapport sexuel expéditif, sans te soucier des sentiments de l’autre, ce n’est
pas bienveillant. Ou encore, faire du chantage affectif du type: «Si tu
m’aimais un peu, tu te laisserais faire…» Je sais, on connaît tous des gars
qui le font: sont-ils des modèles à imiter?
Le quatrième ingrédient de la séduction mutuelle est la sincérité. Si tu
as de l’intérêt pour quelqu’un, quel que soit le degré de cette attirance,
sois au moins honnête avec cette personne. Tu ne souhaites qu’une
relation d’un soir, d’une heure, ou moins encore? Dis-lui! Tu envisagerais
du plus long terme avec elle? Dis-lui aussi. Dans un cas comme dans
l’autre, ce n’est peut-être pas son plan de match. Puisque dans la
complémentarité érotique ou sexuelle, il y a toujours du donnant-donnant,
on doit savoir à quoi on s’engage. Encore faut-il que chaque partie soit
d’accord pour donner ce que l’autre est en mesure d’accepter.
Bien sûr, on ne sait jamais comment une relation va évoluer. On peut
être si agréablement surpris par une personne en la découvrant (parfois au
propre comme au figuré) que notre attirance pour elle décuple. À l’inverse,
on peut être à ce point déçu que le feu intérieur qu’elle avait allumé s’éteint.
Chose certaine, réciprocité, empathie, bienveillance et sincérité peuvent
t’aider à mettre toutes les chances de ton côté, où que te mène la relation
amorcée. Ce sont des qualités rarement reprochées à qui que ce soit, même
par les personnes les plus intransigeantes (encore que ce ne soient
probablement pas celles que tu souhaites rencontrer).
L’attraction mutuelle, c’est un cadeau de la vie, un peu comme un
bouquet de ballons qu’on partage. C’est aussi agréable à donner qu’à
recevoir. Quand ça cesse de l’être, ce n’est déjà plus de la séduction,
mais de l’obstination, possiblement du harcèlement. Si tes tentatives de
séduire ne plaisent pas, tu es probablement déjà rendu trop loin.
Arrête-toi là. Reprends tes ballons avant qu’ils dégonflent.
«C’EST MA PREMIÈRE FOIS!»

La première fois qu’on expérimente quelque chose qu’on rêvait de


faire, c’est exaltant. Il arrive toutefois qu’on fasse des erreurs de débutant.
C’est quoi une erreur de débutant? C’est une maladresse non intentionnelle,
quelque chose qu’on n’a pas vu venir. C’est le cuisinier qui s’est coupé le
bout d’un doigt, le menuisier qui s’est planté un clou dans la main, le
conducteur automobile qui a reculé sans regarder dans le rétroviseur,
l’étudiant qui a effacé par mégarde des heures de travail sur son ordinateur.
Ce sont des bévues commises faute de vigilance ou d’expérience.

L’inexpérience a le dos large pour excuser des relations qui


tournent mal. Tu me diras que tu es trop futé pour que ça t’arrive.
Tant mieux. Défaire l’argument des premières fois qui
excuseraient tout ou qui sont définitivement choses du passé
s’impose tout de même. Pourquoi? Parce qu’il y aura beaucoup de
premières fois dans ta vie sexuelle et amoureuse!

Dans une relation amoureuse ou sexuelle, on n’est pas tout seul à subir
les conséquences de nos bévues quand il y en a. On est au moins deux. On
doit par conséquent redoubler de précautions pour ne pas faire de mal à
l’autre ni à soi-même. Qu’on prévoie que la relation pourrait durer, ou pas,
n’y change rien. Une première fois, ça ne s’improvise pas. On a
probablement en tête ce qu’on aimerait bien faire; être disposé à entendre
les envies de l’autre est néanmoins essentiel. Il faudra bien que ses désirs et
les nôtres se rencontrent. C’est une question de sensibilité et de savoir-être.
L’inexpérience a le dos large pour excuser des relations qui tournent
mal. Tu me diras que tu es trop futé pour que ça t’arrive. Tant mieux.
Défaire l’argument des premières fois qui excuseraient tout ou qui sont
définitivement choses du passé s’impose tout de même. Pourquoi? Parce
qu’il y aura beaucoup de premières fois dans ta vie sexuelle et amoureuse!
La première fois que tu t’y prendras comme ci, la première fois que tu feras
comme ça, et avec telle personne en particulier. On est toujours le débutant
de quelqu’un dans quelque chose, surtout dans notre vie sexuelle et
amoureuse.
Bref, des premières fois, il y en aura probablement encore, et ça se
prépare. Que ce soit la toute première fois que tu te retrouves en tête à tête
avec cette personne-là, la première fois que tu passes au lit avec elle, la
première fois que tu as telle ou telle pratique sexuelle, etc.

Tu as beau avoir suivi des cours d’éducation à la sexualité, le sexe


c’est quelque chose qui s’apprend au contact des autres, en
premier lieu de tes partenaires.

Une «première», vous diront les comédiens et les chanteurs, c’est à la


fois angoissant et stimulant. Encore faut-il être en communion avec le
public, diraient mes amis artistes, qui savent qu’une bonne performance
implique un échange avec ce public. Une relation sexuelle est un dialogue
avec l’autre. Si elle se passe sans communication, sans tenir compte des
envies et des réactions de l’autre, ce n’est vraiment pas gagnant. Si tu ne
penses qu’à ton propre plaisir, si tu te sers du corps de l’autre comme d’un
récipient dans lequel tu te masturbes, c’est bien mal parti.
Tu as beau avoir suivi des cours d’éducation à la sexualité, le sexe c’est
quelque chose qui s’apprend au contact des autres, en premier lieu de tes
partenaires. Il y a une grande différence entre être inexpérimenté ou novice,
si jamais tu l’es encore, et être balourd ou grossier. La nuance est
importante. Dans le premier cas, tu es en situation d’apprentissage, mais tu
es à l’écoute de tes émotions et des réactions de l’autre afin de t’y adapter.
Dans le second, tes impairs sont inexcusables, car tu ne fais rien pour les
amenuiser ou les prévenir, étant trop centré sur toi-même.
Une première fois peut être tout aussi bien magique que ratée. Si c’est
quelque part entre les deux, comme c’est souvent le cas, on peut sourire de
notre maladresse, on peut s’excuser si requis, on peut prendre avec humour
nos hésitations, on peut en profiter pour établir une meilleure
communication et plus de complicité encore, surtout si on tient à la relation.
Dis-toi qu’une première fois peut être le début aussi bien que la fin
d’une histoire. Cela dit, savoir donner de la tendresse compense bien des
lacunes sur le plan purement sexuel. Si vous n’atteignez pas l’orgasme lors
d’un premier rapport, ou pas simultanément, ne t’en fais pas: ce n’est pas du
tout inhabituel! Une relation sexuelle étant en principe une recherche de
plaisir mutuel, ça s’expérimente à deux, en prenant le temps voulu. C’est ce
qu’on appelle les préliminaires, qui amènent graduellement le corps et
l’esprit à la jouissance, afin de la maximiser.

Entre les préliminaires et le moment où le rapport sexuel se


termine, on a le droit, pour ne pas dire le devoir, de signaler quand
on aime ça et quand on n’aime pas ce qui se passe.

Entre les préliminaires et le moment où le rapport sexuel se termine, on


a le droit, pour ne pas dire le devoir, de signaler quand on aime ça et quand
on n’aime pas ce qui se passe. Il n’y a pas deux personnes qui réagissent de
la même façon aux mêmes caresses et pratiques sexuelles. Par exemple,
certaines sont très excitables à des endroits qui laissent la plupart des autres
complètement froides. Ce qui titille Liliane peut déplaire à Élise. L’une,
comme la majorité des filles, tire beaucoup de jouissance de son clitoris,
l’autre des parois de son vagin. Si ton partenaire est masculin, la stimulation
de la prostate qui plaît à Érik peut rebuter Alec. Tu ne peux jamais
présumer que toutes les filles ou que tous les gars sont excitables de telle ou
telle façon. Faire l’amour est un dialogue et une découverte, pas un jeu de
devinettes.
Bien connaître le corps de l’autre, et ses réactions, c’est important
quand on veut lui donner du plaisir! Même si tu es champion en biologie ou
étudiant en médecine, te documenter sur la sexualité féminine te sera d’un
précieux secours si tu as des rapports hétérosexuels. Il existe fort
heureusement des ouvrages magnifiques, comme Les Joies d’en bas: tout
sur la sexualité féminine ou Le Clitoris: la vérité mise à nu, tous deux
recommandés dans la bibliographie placée à la fin de cet ouvrage. Ça
regroupe une mine d’informations de qualité et ça se lit avec plaisir. Il serait
fort étonnant que tu n’aies rien à apprendre d’ouvrages comme ceux-là, les
caractéristiques des organes et des orgasmes féminins étant souvent
méconnus des gars.
Que tu sois à tes débuts ou pas, avoir une nouvelle personne comme
partenaire, c’est forcément apprendre d’elle et de vos expériences
respectives. La compatibilité sexuelle, ça va rarement de soi: ça se travaille
en trouvant les dénominateurs communs à nos goûts et sensibilités.
Puisqu’il émane de notre propre corps, le plaisir sexuel tend hélas à être
égoïste. Pourtant, voir l’autre éprouver du plaisir confirme notre faculté
d’en procurer! C’est fort plaisant. Même des gars plutôt égocentriques
admettent que c’est flatteur. On se retrouve au final toujours gagnant quand
un rapport sexuel est réciproquement agréable. Aussi bien s’y consacrer.
PARLONS CONDOMS

Comme les premières fois ça se prépare, quelques aspects techniques ont


leur importance. S’il est possible qu’il y ait pénétration du corps de ta (ou
de ton) partenaire, un condom serait de mise. Ce petit et pratique
imperméable permet d’éviter des conséquences imprévues aux rapports
sexuels. Aussi bien s’en faire un ami dès que possible et en avoir à portée
de main. Apprends à le percevoir et à le présenter comme un allié pour la
paix de l’esprit plutôt qu’un rabat-joie. Ce qui constitue une barrière pour
les spermatozoïdes et les virus ne l’est pas forcément pour le plaisir!
Pourquoi j’insiste pour en parler, du condom? Dans tous les cas pour
vous éviter des infections transmises sexuellement, via le sperme ou le
sang. Dans les rapports homme-femme, pour vous éviter des grossesses non
désirées, surtout si tu ne sais pas si ta partenaire utilise des moyens
contraceptifs. N’oublie jamais que la plupart des méthodes contraceptives
féminines ne protègent pas contre les infections transmissibles sexuellement
et par le sang, les ITSS.
Le premier achat de condoms soulève LA question: quel format
acheter? Comme les condoms sont très extensibles, la taille standard
convient à la très vaste majorité des gars. Il existe cependant un truc pour
savoir si tu as besoin de plus petit ou de plus grand. Si, une fois ton pénis en
érection, tu peux l’insérer sans difficulté dans un tube de rouleau de papier
de toilette vide et qu’il ne reste pas énormément de place, tu fais partie de la
majorité des gars, à qui un format standard convient très bien. Si tu vois
qu’il reste passablement d’espace dans le rouleau une fois ton pénis en
érection dedans, un condom ajusté serait préférable. C’est le cas pour
environ le tiers des gars, soit dit en passant. Enfin, si tu n’entres pas dans le
fameux rouleau, ou difficilement, alors tu as besoin d’un format plus large,
comme un peu plus de 10% de la population masculine.
Maintenant qu’on a réglé la question du format, parlons de la texture. Il
existe une grande variété de condoms. La plupart sont en latex, mais
comme il y a des gars qui y sont allergiques, on en fabrique aussi en
polyuréthane et en polyisoprène, deux plastiques hyper souples, mais alors
attention à ceux qui sont allergiques aux plastiques!
Tu ne sais pas si tu es allergique au latex? Fais un test avant pour voir
comment ta peau réagit. Dans la plupart des cas, la réaction cutanée sera
très rapide si tu as à en avoir: des rougeurs et des démangeaisons. Dans
certains cas, très rares, ce contact peut produire des éruptions cutanées
quelques heures ou même quelques jours après. Cela dit, si tu es allergique
à une substance comme le latex ou le plastique, tu le sais probablement
déjà: ce sont des matériaux avec lesquels nos mains sont souvent en
contact!
Les condoms peuvent être lubrifiés, texturés et même avoir différentes
saveurs (très spécifiquement pour les relations orales-génitales, autrement
dit la fellation). C’est une question de goût, c’est le cas de le dire, arrivé à
cette étape de ton choix. Encore que ce sont les goûts de ta (ou de ton)
partenaire qui devraient alors l’emporter si jamais tu les connais: quels sont
ses fruits favoris?
La majorité des condoms en latex sont lubrifiés à l’intérieur (avec de
l’eau ou du silicone) afin de faciliter leur pose sur le pénis. Certains le sont
des deux côtés. Des substances utilisées peuvent toutefois être irritantes
pour les peaux sensibles ou les personnes allergiques. Bon motif pour faire
ce choix à deux si c’est possible. Pour la texture, c’est à l’usage que vous
saurez ce qui vous convient le mieux. Si vous avez d’autres rapports
ensemble, vous pouvez tester diverses variétés – ce peut même être un jeu
ajouté à vos plaisirs.
Enfin, les condoms peuvent être de différentes épaisseurs. Plus ils sont
minces, plus leur présence passe inaperçue. Encore là, c’est une question de
préférence. Prendre le temps de visiter le rayon des condoms d’une grande
pharmacie est une expérience instructive et même agréable, qu’on soit seul
ou en couple. On y fait des découvertes. Tu n’as pas du tout à te sentir gêné,
soit dit en passant – si jamais c’était ton cas. Presque tous les hommes sont
passés par ce rayon-là dans leur vie: il n’y a absolument rien de honteux là-
dedans.
Il se peut que tu aies à tester différents types de condoms pour
trouver celui que tu préfères. C’est un peu comme un vêtement, après
tout: c’est en le portant que l’on sait si ça nous convient ou pas. La
différence c’est que, les condoms, on ne peut pas les essayer en magasin. Il
n’y a pas non plus de défilé de mode pour savoir de quoi ils ont l’air une
fois déployés. Tu dois faire tes propres expériences, tu dois être ton propre
mannequin. Ce sera à toi et à tes partenaires ensuite de juger ce qui vous va.
Pour diverses raisons, toutes irrecevables, certains gars font semblant
d’utiliser le condom, qu’ils jettent ou retirent discrètement durant le rapport
sexuel, de telle façon que leur partenaire ne s’en aperçoit pas. Il y a un mot
en anglais pour désigner ça: le stealthing. On pourrait en traduire le sens par
retrait furtif du condom. Si cette action va à l’encontre de ce qui avait été
entendu entre partenaires, il contrevient au principe de consentement
mutuel et peut même être considéré comme une agression (y compris
devant les tribunaux). Non seulement le stealthing expose une personne à
des risques de grossesse ou d’ITSS, mais il peut avoir des retombées
légales pour le gars qui le pratique puisque c’est une forme de violence:
un rapport que l’autre ne voulait pas avoir lui est imposé. Ce n’est donc
pas à prendre à la légère.
Il n’existe aucun moyen de contraception absolument infaillible, ce qui
n’est pas un prétexte pour s’en ficher. Il y a de 20 à 200 millions de
spermatozoïdes dans une éjaculation! Il est possible qu’il y en ait un qui se
faufile on ne sait trop comment… Aujourd’hui, la plupart des moyens
contraceptifs et de protection contre les ITSS, qu’ils soient pour hommes ou
pour femmes (par exemple le stérilet ou la mousse spermicide), présentent
des résultats très satisfaisants, qui varient en moyenne de 90% à 98%, s’ils
sont bien utilisés. Il reste donc tout de même un risque, si minime soit-il. Il
faut être prêt à l’assumer. Ce qui peut signifier, par exemple, accompagner
ta compagne chez le médecin éventuellement. Que ce soit pour mettre fin à
une grossesse non souhaitée si cela dépasse les dix jours pendant lesquels la
pilule abortive est efficace, ou encore pour un test concernant de possibles
ITSS (ce qui peut aussi s’appliquer si c’est un partenaire). Si vous vous
aimez bien, ce sera une occasion de plus pour vous voir; sinon, cela vous
amènera peut-être à mieux vous connaître – il faut toujours faire contre
mauvaise fortune bon cœur.
Peu de gens regrettent d’avoir porté ou fait porter un condom. Très
nombreux sont, à l’inverse, les filles et les gars qui déplorent ne pas
l’avoir fait. C’est à méditer.
«C’EST TELLEMENT MON FANTASME…»

Presque tous les gars ont des fantasmes. Rien de plus normal. En plus, ça
ne fait de mal à personne tant que ça demeure là, dans ta tête, sauf si ça
devient obsessif ou si tu te crois obligé de les réaliser. Chercher à les
imposer à des partenaires qui ne les partagent pas n’est vraiment pas une
bonne idée.
Un fantasme n’a pas absolument besoin de mettre le pied dans la réalité.
Au contraire, il sert généralement à compenser ce que la réalité ne permet
pas: revivre des expériences passées, les réécrire autrement, faire en
imagination des choses qui seraient impossibles, risquées ou interdites, du
moins ici et maintenant. Souvent le fantasme se suffit à lui-même: on n’a
pas l’intention de le réaliser, on sait que ce serait trop fou.

Presque tous les gars ont des fantasmes. Rien de plus normal. En
plus, ça ne fait de mal à personne tant que ça demeure là, dans ta
tête, sauf si ça devient obsessif ou si tu te crois obligé de les
réaliser. Chercher à les imposer à des partenaires qui ne les
partagent pas n’est vraiment pas une bonne idée.

Nos fantasmes sont en fait de petits scénarios dans lesquels on


rassemble les ingrédients nécessaires pour déclencher de l’excitation
sexuelle. Chaque individu développe au fil du temps ses petites histoires
favorites. Tout comme dans un scénario de film, chacun peut mettre en
scène dans son esprit des situations lui permettant d’être excité sur
commande, ou presque. Ces scénarios de fantasmes sexuels incluent ce
qu’on appelle en langue anglaise les cinq W: who, what, when, where, why?
Autrement dit, avec qui je me retrouve, faisant quoi, à quel moment, à quel
endroit et dans quelles circonstances pour être excité?
Chez la plupart des gars, les fantasmes sont associés à la masturbation.
Il existe cependant aussi des fantasmes nocturnes, rêveries surgissant
pendant le sommeil et provoquant des érections et même des éjaculations
aussi spontanées qu’inattendues. On les appelait autrefois pollutions
nocturnes. Tu en as sans aucun doute déjà eu. Elles sont courantes au cours
de l’adolescence alors que la tension sexuelle cherche désespérément un
exutoire. Des érections nocturnes continuent de survenir chez les hommes à
tout âge. Quelques gars ont aussi parfois des éjaculations nocturnes une fois
adultes.
Au fil de l’existence, des fantasmes diurnes qu’on programme nous-
même dans notre imagination prennent graduellement plus de place que
ceux qui surgissaient dans nos rêves pendant notre sommeil. Ces fantasmes,
surtout s’ils sont accompagnés de masturbation et d’éjaculation, sont des
moments de relaxation privilégiés pour de nombreux hommes. Même ceux
qui sont en couple continuent généralement de se masturber au cours de
leur existence. Leurs fantasmes peuvent n’avoir pas grand-chose à voir avec
leur sexualité de couple: normal, puisque le fantasme cherche précisément à
pallier ce que la réalité ne permet pas.
Très peu de gars réalisent tous leurs fantasmes, on ne le dira jamais
assez. La plupart finissent par comprendre que c’est justement le rôle des
fantasmes de compenser des manques impossibles à combler dans la réalité.
Certains hommes ne font pas la distinction entre désirs et fantasmes.
Elle est pourtant simple. Un désir, c’est comme une plante sauvage qui a
poussé dans notre esprit. On ne sait qui l’a semée ni comment, elle se
retrouve tout simplement là. On ressent un attrait pour tel type de personne,
avec laquelle on aurait bien une activité sexuelle. C’est comme ça, on ne
sait trop pourquoi. Le fantasme, lui, c’est une plante qu’on entretient et
nourrit une fois qu’elle a poussé. C’est du désir cultivé. Si nos désirs
peuvent nous étonner, c’est plus rarement le cas de nos fantasmes. Ils sont
le fruit d’un travail conscient de notre imaginaire.

Très peu de gars réalisent tous leurs fantasmes, on ne le dira


jamais assez. La plupart finissent par comprendre que c’est
justement le rôle des fantasmes de compenser des manques
impossibles à combler dans la réalité.

Personne ne choisit ses désirs, mais chacun bricole ses fantasmes


éveillés. Ce qui différencie les hommes des femmes sur ce plan, c’est le
nombre de fois que des idées ou des images érotiques surgissent dans le
quotidien: jusqu’à quatre fois plus souvent chez les hommes que chez les
femmes, en moyenne. C’est-à-dire plusieurs fois par jour. Par leur présence
insistante, les fantasmes jouent apparemment un rôle important dans nos
vies.
Ces fantasmes serviraient à créer un certain équilibre intérieur. Par
exemple, on embellit le présent en imagination afin de lui donner une
charge érotique qu’il n’aurait pas sinon. Ou on se remémore des moments
excitants à défaut de pouvoir les revivre. Ou encore on anticipe ce qui
pourrait par bonheur arriver demain, ou après-demain. Dans tous les cas,
des choses qui ne peuvent avoir lieu dans la réalité se produisent dans notre
imaginaire. C’est la vie rêvée, c’est le cas de le dire.
Les fantasmes prennent souvent racine dans des frustrations, et pas que
sexuelles, que l’on cherche à régler en les transformant en plaisir. Ce qui ne
nous est pas accessible ou qui nous est refusé, parfois ce qu’on se refuse
soi-même, on le vit en secret dans notre univers intérieur. Dans un
fantasme, tout devient possible, surtout l’impossible… En un instant, toutes
les contraintes de la réalité sont abolies. Comme il est sans limites, le
fantasme ne peut décevoir. C’est pourquoi il est si merveilleux… le temps
qu’il dure.
Beaucoup de choses ayant été dites et écrites sur l’influence de la
pornographie dans les fantasmes masculins, il faut bien en parler
brièvement. Le matériel érotique ou pornographique qu’on a visionné
apporte parfois des ingrédients à nos recettes de fantasmes. Une fois qu’on
a vu quelque chose qu’on a apprécié, cette image peut rester gravée sur le
disque dur de notre mémoire. Néanmoins, chacun choisit librement les
éléments de scénario érotique qui conviendront à ses propres goûts et
besoins. La porno peut certainement banaliser des activités sexuelles qui ne
sont pas banales, surtout si on en regarde beaucoup, mais impose-t-elle quoi
que ce soit à qui la regarde, qu’il s’agisse de fantasmes ou de
comportements sexuels?
À vrai dire, la porno que les gars regardent reflète souvent ce qu’ils
recherchent déjà, sinon ils ne s’y intéresseraient pas. Dans ce qu’elle
propose, elle montre parfois des choses nouvelles ou méconnues, il est vrai,
ce qui peut susciter de la curiosité, saine ou malsaine, à chacun d’en juger.
Mais pour que ces scénarios nous marquent au point que nous les intégrions
à nos fantasmes, il faut bien qu’ils trouvent un terreau fertile dans notre
esprit. Une très large part de la porno ne nous dit absolument rien parce
qu’elle ne répond pas à notre sensibilité. Dès lors, elle ne trouvera aucune
place dans notre imagination érotique.
Cela dit, la porno nourrit parfois des fantasmes potentiellement
dangereux pour qui tiendrait à les réaliser. En principe (et bien que ce
matériel mette en scène des vrais êtres humains, ce qui n’est pas anodin), la
porno relève bien davantage de la fiction que du documentaire. Et il est
souvent préférable que ça reste dans ce monde de la fiction. Parce qu’il y a
des fantasmes inavouables et invivables. Les actualiser impliquerait le non-
respect des autres ou la transgression d’interdits qui causeraient assurément
beaucoup de problèmes, voire de souffrances. On y reviendra plus en détail
dans le chapitre consacré à la porno2.
Réaliser nos fantasmes, même quand cela serait possible et légal,
revient parfois à les tuer. Et à être déçu. Si tu tiens à tes fantasmes, aussi
bien ne pas les réaliser, du moins pas complètement, afin de conserver la
part d’illusion qu’ils comportent. Les partenaires qui se retrouvent dans ton
imaginaire obéissent aveuglément à tous tes désirs; leur consentement est
requis dans la vraie vie.
Rien n’indique que réaliser tous tes fantasmes te rendra plus heureux.
Les contrariétés font partie de la vie et, paradoxalement, nourrissent les
désirs. Et il n’y a pas de raison pour que ta vie érotique et sexuelle soit
exempte de frustration. Il faut tôt ou tard apprendre à faire avec ça. Le plus
tôt sera le mieux.

Rien n’indique que réaliser tous tes fantasmes te rendra plus


heureux. Les contrariétés font partie de la vie et, paradoxalement,
nourrissent les désirs.

2. Voir « Parlons porno... »


TA CARTE ÉROTIQUE

Dès qu’on commence à ressentir de l’attrait érotique, en général vers la fin


de l’enfance ou le début de l’adolescence, notre cerveau élabore un sonar
permettant de détecter les situations pouvant être excitantes. En fait, ce
sonar est déjà en préparation depuis longtemps, sans qu’on le sache: à partir
du plus jeune âge, de multiples événements de notre vie vont façonner très
graduellement notre sexualité.
De la même façon qu’une carte routière guide le conducteur de
véhicule, il se crée dans notre mémoire une carte érotique servant de
GPS à notre conduite sexuelle. On peut comparer cette carte érotique à
un système de géolocalisation parce qu’elle contient tous les repères
appelés à guider notre conduite sexuelle et amoureuse. Qu’est-ce qui est
spontanément attirant, qu’est-ce qui ne l’est pas? C’est inscrit là, dans
nos neurones.
Dès la petite enfance, notre cerveau a commencé à emmagasiner des
données à ce sujet: ceci est agréable, cela ne l’est pas, ça, c’est à rechercher,
à éviter, ou encore à essayer juste pour voir. Notre carte érotique est appelée
à se modifier, parfois un peu, parfois beaucoup, au fil de nos expériences de
vie. Autrement dit, des informations peuvent en tout temps être ajoutées
par-dessus celles qui s’y trouvent déjà.
Comment nos expériences de vie, y compris les plus précoces,
orientent-elles nos premiers choix de partenaires? En nous permettant de
reconnaître les personnes qui pourraient nous apporter du plaisir. Par
exemple, une personne peut nous attirer parce qu’elle a la douceur de voix
de notre mère, la couleur des yeux de notre tout premier béguin d’enfant, le
physique de la personne qui, la première, a suscité un émoi sensuel en nous,
sans qu’on sache trop pourquoi.
Ta carte érotique esquisse ainsi le portrait-robot des personnes et des
situations qui seraient idéales à tes yeux sur les plans sexuel et amoureux.
Sans ces informations insérées dans ta mémoire, plus précisément dans tes
neurones, tu ne pourrais désirer personne en particulier ou, pire, tu serais
attiré par tout le monde. Un cauchemar. Tu ne te retournes pas sur tout le
monde quand tu marches sur la rue, simplement parce que ton GPS
intérieur élimine beaucoup d’avenues possibles, que tu n’emprunteras
jamais. N’empêche que certains gars possèdent des cartes couvrant un
vaste territoire: beaucoup de gens les attirent, parfois de plus d’un sexe ou
d’un genre (dans tous les sens que peut avoir ce mot).
Ta carte érotique permet en somme d’associer des sensations visuelles,
olfactives, auditives, tactiles ou gustatives avec ce qui est, ou du moins ce
qui promet d’être, sexuellement stimulant pour toi. Visage, formes
physiques, odeur, façon d’être ou de bouger, les caractéristiques de la
personne que tu désires te parlent parce qu’elles touchent une sensibilité
déjà présente en toi. Comme si tu te disais intérieurement: «Elle est
vraiment faite pour moi…»
Puisque notre GPS intérieur s’ébauche graduellement à travers nos
expériences de vie puis nos réactions à ce qui nous arrive, il en vient
presque à faire partie de notre identité. Personne ne choisit ses désirs, pas
plus que ses autres goûts d’ailleurs, mais la plupart des gens les cultivent
une fois qu’ils en sont conscients. C’est tout l’univers du fantasme dont on
a parlé au chapitre précédent. Autrement dit, on apprend à utiliser la carte
érotique qui nous est spécifique. On le fait d’autant plus volontiers qu’elle
nous mène au plaisir! On ne peut pas la remplacer ou l’échanger avec celle
de notre voisin. Elle ne serait plus efficace.
Tu peux trouver une personne craquante alors qu’elle ne dira
absolument rien à ton jumeau, si tu en as un, ou à ton meilleur ami.
Parce que vos cerveaux ne sont pas équipés du même GPS érotique.
Il arrive que des mouvements géologiques modifient les cartes
terrestres. Des volcans et des îles apparaissent, des rivières se creusent, des
lacs se forment. Le monde physique et ses représentations changent en des
directions imprévisibles. Il en va de même pour notre cartographie érotique:
les événements de notre existence créent parfois des bouleversements, petits
et grands, qui contribueront à modifier nos repères. On va découvrir de
nouvelles terres, parfois même de nouveaux continents, ce qui agrandira
notre territoire érotique. Il y a une grande part d’exploration dans la
sexualité.
Quoi qu’il en soit, nos désirs vont tout de même toujours demeurer
électifs. Un nombre très limité des quelques milliards de personnes sur terre
vont nous paraître désirables. La plupart des gens nous laissent indifférents,
plusieurs nous inspirent carrément du dégoût sur le plan physique. Ils
n’apparaissent pas sur notre carte. C’est comme s’ils devenaient invisibles,
du moins sur le plan érotique.

On peut se faire une idée de notre carte érotique en répondant au


questionnaire des cinq W, les mêmes dont nous avons parlé au chapitre sur
les fantasmes: who, what, where, when, why? Autrement dit, j’ai besoin de
qui, faisant quoi, dans quelles circonstances, où, quand et dans quel
objectif, pour ressentir de l’attirance puis de l’excitation sexuelle? Avec un
peu d’imagination et un minimum de talent, tu peux même dessiner ta carte,
en y insérant tous les ingrédients requis: qu’est-ce qui t’attire? Quels sont
les repères qui sont aujourd’hui les tiens?
Ta carte érotique est précieuse: elle te mène à un trésor enfoui en toi
pour que tu sois toujours riche de désirs.
«MAIS C’EST LE COUP DE FOUDRE!»

On croit à tort que le coup de foudre, c’est spontané. Ça ne l’est pas.


Toute une mise en condition permet d’en éprouver un. Parce qu’on est en
recherche à ce moment-là d’attention, d’affection, d’amour ou de sexualité,
on est tout disposé à avoir un coup de foudre.
Il peut même arriver qu’on soit plus entiché du désir ou de l’amour que
de la personne qui semble les provoquer. La sensation d’être désiré ou aimé,
de désirer ou d’aimer, c’est parfois ce qu’on recherche le plus, en fait.
Comme on finit par trouver, grâce à notre GPS érotique, quelqu’un qui
conviendrait, on se convainc que ça y est, que c’est le coup de foudre. En
réalité, on projette nos attentes sur cette personne, en supposant ou
anticipant qu’elle saura répondre à nos besoins.
Il y a plus de 2000 ans, Platon décrivait les êtres humains comme des
moitiés de géants qui auraient été coupés en deux sous un coup de colère de
Zeus, père des dieux de l’Olympe, jaloux de leur force. Depuis ce temps,
ces moitiés chercheraient désespérément à se réunir. Selon ce mythe,
chaque individu possédait à l’origine deux visages et deux appareils
génitaux, puisque possédant deux côtés, reliés dos à dos et ainsi soudés par
un tronc commun. Il existait alors, raconte Platon, trois sexes distincts: le
tout-masculin, composé de deux faces mâles, le tout-féminin, composé de
deux faces femelles, et l’hermaphrodite, composé d’une face mâle et d’une
face femelle. Nous serions depuis ce démembrement tragique comme des
aimants attirés par notre moitié complémentaire perdue, que nous soyons
d’orientation hétérosexuelle ou homosexuelle. C’est du moins l’impression
que l’on aurait, et qui expliquerait pourquoi nous sommes constamment en
recherche de complémentarité.
Peut être interprété comme complémentaire pour toi tout ce que tu
ressens comme des manques. Peu importe si ce qui t’attire chez l’autre
correspond à des caractéristiques ou à des qualités que tu possèdes toi-
même ou pas. Il suffit que tu estimes que cette personne possède ce dont tu
aurais besoin pour qu’elle devienne désirable à tes yeux. D’où les
inévitables déceptions quand la perception que tu avais de l’autre se révèle
erronée. La personne que tu voyais dans le rôle de ta douce moitié ne le
devient pas toujours.
Tu ne peux jamais savoir d’avance si la relation que tu espères
transformer en nirvana le sera. «Il y a plus de larmes versées sur les prières
exaucées que sur celles qui ne le sont pas», dit-on (en fait, il s’agit d’une
citation de sainte Thérèse d’Avila, mais comment diable citer une sainte
dans un ouvrage comme celui-ci?). Pour rester dans ce registre, je dirais
qu’on espère de la part des personnes aimées ou désirées des miracles qui
n’arrivent pas toujours. Alors on est déçu, d’autant plus que nos attentes
peuvent être démesurées, donc déraisonnables.
Coup de foudre ou pas, il est assez exceptionnel que l’attirance que tu
éprouves pour la personne qui te plaît soit partagée par elle avec la même
intensité. «Il n’y a qu’un grand amour par siècle», aurait dit Victor Hugo.
Tu as bien de la chance si ça tombe sur toi. La réciprocité parfaite dans le
désir ou l’amour, c’est un idéal. Tellement de circonstances et d’événements
entrent en jeu dans une relation qu’elle est rarement prévisible, surtout
qu’elle peut beaucoup évoluer au fil du temps.
Un coup de foudre ne saurait servir d’excuse à du harcèlement ou à des
pressions indues sur la personne élue. D’autant que l’emportement que tu
ressens pourrait se révéler plus passager que tu ne le croyais. Reconnais au
moins cette possibilité. L’autre n’est peut-être pas vraiment la personne
imaginée, les apparences étant parfois trompeuses. Seul l’avenir le dira.
Pire, ton désir n’est peut-être pas du tout réciproque, ce qui devrait t’inciter
à la prudence. Séduire n’est pas s’imposer. Tout au plus, c’est proposer.
Gentiment.
Devrais-tu déclarer sans tarder ton coup de foudre à la personne choisie,
comme si tout le reste de ta vie en dépendait? À toi d’en juger. L’honnêteté
et la transparence sont des qualités; le sens de la mesure et la patience en
sont aussi. Partager avec une autre personne notre vive émotion pour elle
peut être agréable. Dire notre désir ou notre amour libère. Demande-toi
néanmoins comment elle recevra cette révélation. Cette personne a sa
propre vie, possiblement d’autres relations significatives, et des projets que
tu ne connais pas et dont tu ne faisais pas partie jusqu’à ce jour. Tu arrives
soudain avec ton coup de foudre, comme si sa vie devait débuter à ce
moment-là. Est-ce bien raisonnable? Seras-tu pour elle la bonne personne
au bon moment?

Séduire n’est pas s’imposer. Tout au plus, c’est proposer.


Gentiment.

Dans les films hollywoodiens, ces amours soudaines sont faciles à


introduire parce que les personnages n’ont pas vraiment de passé: ils
commencent à exister au moment de leur coup de foudre ou lorsque débute
le film. Dans la vraie vie, c’est différent. Tu voudrais soudainement faire de
la personne pour laquelle tu as le béguin le centre de ta vie. Mais est-elle
intéressée à ce que ce soit le cas? Sois réaliste dans tes attentes quand tu lui
en parleras, si tu lui en parles. Ce sera peut-être un oui, ce sera peut-être un
non de sa part. Ou un gros peut-être. Ne la brusque pas, au risque de
provoquer un résultat contraire à ton objectif. Que l’autre ait aussi un coup
de foudre pour toi, c’est ce qui pourrait t’arriver de mieux. Tu lui en as
laissé l’occasion?
Il y a des coups de foudre et des désirs secrets qu’on choisit de ne pas
exprimer. Par pudeur, par retenue, par amour même de la personne désirée.
La révélation d’une attraction sexuelle éprouvée envers quelqu’un qui ne
s’y attend pas du tout peut lui causer une heureuse surprise; cela peut aussi
déstabiliser ou mettre en péril une relation déjà établie sur une autre base.
Parfois, tu choisiras non seulement de différer la réalisation de tes désirs,
mais de les taire, tout simplement. En te disant que c’est mieux comme ça,
du moins pour le moment. La foudre, c’est fort, ça peut faire des dégâts
inattendus, raison pour laquelle tu la manieras avec précaution.
«J’AI TANT BESOIN D’AFFECTION…»

Tout le monde a besoin de recevoir et de donner de l’affection.


Beaucoup de gars peu démonstratifs ont tendance à utiliser la sexualité pour
combler tous leurs besoins affectifs. Ils sexualisent l’affection, comme si
seul un rapport physique intime leur donnait la permission d’en exprimer
enfin, et d’en accepter.
Un gros travers de l’éducation traditionnelle des gars est de nous
apprendre à minimiser ou même à nier nos besoins affectifs. Ces émotions
évitées dans la vie de tous les jours, certains vont rechercher à les vivre
uniquement dans leurs rapports sexuels, quitte à multiplier les aventures
pour y arriver. Pour ces gars-là, le sexe sert de substitut aux autres formes
d’intimité ou d’affectivité. Si jamais c’est ton cas, sois-en au moins
conscient. Il se pourrait que tu en souffres et que tu fasses souffrir autrui en
raison de ça.

Beaucoup de gars peu démonstratifs ont tendance à utiliser la


sexualité pour combler tous leurs besoins affectifs. Ils sexualisent
l’affection, comme si seul un rapport physique intime leur donnait
la permission d’en exprimer enfin, et d’en accepter.

L’amour exige du temps, denrée rare de nos jours, alors que le désir
peut être impulsif. Donner du plaisir physique peut aussi être valorisant. On
se sent reconnu, apprécié. Séduire sur le plan sexuel est une façon efficace
de retenir rapidement l’attention des autres. Une relation a toutefois besoin
de temps et de complicité pour se déployer et s’enraciner. Cette magie-là,
elle se bricole à deux. Croire que la sexualité est le «Sésame ouvre-toi» de
la vie affective ou amoureuse est erroné: il n’y a pas forcément de lien
automatique entre les deux.
En désir et en amour avec Marie-Jeanne, François est convaincu qu’une
relation avec elle comblera tous ses besoins. Ses espoirs sont déçus quand il
s’aperçoit que l’intensité de son attirance n’est pas partagée. Marie-Jeanne
le considère plutôt comme fuck-friend, un ami avec lequel elle peut avoir
des rapports sexuels, sans plus. Ils ont eu du bon temps, c’est vrai, mais une
relation plus sérieuse, ce n’est pas du tout dans les plans de Marie-Jeanne,
qui ne souhaite pas s’engager davantage. Ce pourrait être l’inverse car ce
sont souvent des gars qui hésitent à s’engager. Dans les deux cas, la
conclusion est la même: ça ne va pas plus loin, ça s’arrête faute de
motivation à développer la relation.

Croire que la sexualité est le «Sésame ouvre-toi» de la vie affective


ou amoureuse est erroné: il n’y a pas forcément de lien
automatique entre les deux.

Selon ce qu’ils en disent, et les témoignages à ce sujet sont fréquents,


plusieurs gars auraient tendance à désirer avant d’aimer, comme si le désir
autorisait l’amour. De nombreuses femmes vivent l’inverse, ayant besoin
d’aimer afin de pouvoir désirer davantage. Dans les couples homme-
femme, le moment où ces deux mouvements en sens contraire se
rencontrent est magique. Les deux partenaires se retrouvent enfin sur une
même longueur d’onde.
L’amour implique par définition un certain engagement, ce dont
l’attraction sexuelle n’a pas besoin. Les deux exigent un rapprochement, il
est vrai, quoique pas forcément de même nature, ni de même durée. On dit
parfois qu’on est tombé en amour alors qu’on est plutôt tombé en désir. Le
coup de foudre est souvent dans un premier temps un coup de désir, surtout
quand on ne connaît pas vraiment cette personne. La désirer peut
évidemment motiver à la connaître davantage. Ce n’est cependant pas un
automatisme.
La confusion entre le désir et l’amour provoque des malentendus. Par
exemple, on croit, à tort, que la performance sexuelle mesure l’intensité des
sentiments. Ce n’est pas le cas. Si tu as besoin d’affection, cherche de
l’affection; si tu as besoin de sexualité, cherche de la sexualité. Si tu as
besoin des deux, cherche les deux. On peut même les trouver chez une
même personne! Si les amours et désirs ne vont pas toujours de pair, ils
peuvent très bien s’entendre.
Si tu crois que la sexualité arrivera à combler tous tes besoins affectifs,
tu te trompes. Si tu crois que l’amour pourra remplacer la sexualité, tu te
trompes aussi. L’un peut un temps compenser l’autre, pas le remplacer. Le
sexe ne remédie pas au manque d’amour, et vice versa. Coucher avec une
personne que tu n’apprécies pas vraiment ou qui ne t’apprécie pas non plus
n’apportera aucun soulagement viable à ta soif d’affection. C’est bien
dommage mais c’est comme ça.

Si tu as besoin d’affection, cherche de l’affection; si tu as besoin de


sexualité, cherche de la sexualité. Si tu as besoin des deux, cherche
les deux. On peut même les trouver chez une même personne!
SUR LES AILES DU CONSENTEMENT

Le consentement à une activité sexuelle nécessite quatre ingrédients


indispensables. C’est un peu comme réussir un bon plat: si un de ces
ingrédients essentiels manque, ce sera raté. Je te suggère d’apprendre par
cœur l’acronyme ELER: EXPLICITE, LIBRE, ÉCLAIRÉ, RÉVOCABLE.
C’est facile à retenir parce que ça ressemble au mot «ailer». Et ça donne
vraiment des ailes à toute relation. À l’inverse, toute relation plombée par
absence ou défaut de consentement est condamnée.
Un consentement doit être EXPLICITE: ne pas dire non ne signifie
pas dire oui. Céder n’est pas non plus consentir. L’autre personne peut se
sentir gênée, mal à l’aise, ne pas trouver les mots pour repousser une
avance, être sous l’effet d’un malaise psychologique ou physique entravant
ses réactions, ou encore se trouver sous l’influence de substances qui
l’empêchent de s’exprimer comme elle le ferait normalement. Ce n’est pas
à toi, si intelligent que tu sois, d’interpréter ce qu’elle pense ou ressent,
c’est à elle de le dire. Encore faut-il qu’elle puisse le faire.
Le consentement explicite se manifeste certainement par un sourire, par
une expression de joie, voire d’enthousiasme. On dira que ce sont des
choses difficiles à évaluer chez certaines personnes, tout le monde
n’exprimant pas ses émotions avec la même intensité. Soit. Il devrait
néanmoins paraître évident qu’un consentement empreint de signes de dépit
ou de contrariété n’en est pas vraiment un. Si l’autre te dit oui avec le
visage de quelqu’un qui va à un enterrement, il y a manifestement quelque
chose qui cloche…
Parler de consentement LIBRE est un pléonasme. Un véritable
consentement n’est jamais extorqué, que ce soit par la coercition, la peur, la
menace, l’abus de confiance, le chantage, la manipulation psychologique, la
fausse représentation, la tromperie, la force ou toute autre situation qui
empêche l’autre personne d’agir à sa guise. Tu n’aimes pas qu’on te pousse
à faire des choses contre ton gré ou quand tu n’as pas toute ta conscience?
Tu n’es pas le seul!
Si tu doutes le moindrement qu’un consentement soit libre,
abstiens-toi. C’est mieux pour l’autre, c’est mieux pour toi aussi. Les
lendemains de veille peuvent être douloureux pour celui ou celle qui se
réveille en disant: «Mais qu’est-ce que j’ai fait là?»
Un consentement est ÉCLAIRÉ quand la personne comprend
clairement ce à quoi elle s’engage. Chacun des partenaires doit réaliser ce
à quoi il consent, y compris en ce qui concerne les pratiques sexuelles qu’ils
auront ensemble. Il y a des choses qui vont de soi pour toi, mais pas pour
l’autre. La sexualité sans risque (le safe sex), la pénétration (et dans quel
orifice elle se produit), la contraception, par exemple, il faut bien s’en parler
si on veut être sur la même longueur d’onde. Par exemple, la fellation ou les
relations anales excitent les uns ou les unes et dégoûtent les autres. Tu ne
peux pas deviner ce que l’autre a le goût de faire, ou pas, et encore moins ce
qui lui déplaît ou même lui répugne. Lui demander, avant et pendant vos
moments intimes, c’est la seule façon de le savoir.
Supposons que tu invites quelqu’un sur ta moto en lui disant que vous
allez à un certain endroit alors que tu l’amènes ailleurs. Quelles que soient
tes motivations, qui peuvent être bonnes de ton point de vue – tu voulais
peut-être lui faire une surprise –, ce n’est pas honnête. Tu diras que toute
activité sexuelle est une aventure… encore faut-il s’entendre sur ce que
chacun est prêt à vivre comme aventure. Se faire mener en bateau (ou en
moto) sans savoir où l’on va, ou en se faisant tromper sur la destination, ça
plaît à très peu de gens, toi le premier probablement.
Enfin, que veut dire RÉVOCABLE? En cours de relation, et ce peut être
aussi bien après quelques secondes qu’après quelques heures, il peut arriver
que deux partenaires ne s’entendent plus sur ce que chacun voudrait faire.
Si l’autre a dit oui à certaines activités, ce n’est pas un laissez-passer pour
tout ce qui pourrait suivre. Pas plus qu’un oui obtenu lors d’un précédent
rendez-vous est un feu vert pour aujourd’hui ou pour demain: on peut avoir
le goût de faire certaines choses un jour, pas du tout le lendemain. Bref, à
tout moment de votre relation, vous devez tous les deux pouvoir dire
«On arrête là» ou encore «Pas ça aujourd’hui». Que ce soit une
personne que tu viens de rencontrer ou encore ta ou ton partenaire
depuis un bon moment n’y change rien.
Un consentement déjà obtenu pour certaines choses dans un certain
contexte n’est jamais un chèque en blanc sur lequel tu peux inscrire
l’activité sexuelle que tu veux. C’est bien compréhensible. Après tout, toi
aussi tu as des limites, et tu y tiens. Plusieurs gars, par exemple,
n’apprécient pas que leurs partenaires féminines les pénètrent, que ce soit
avec leurs doigts ou avec un jouet sexuel. Pourtant, il y a des filles qui
aiment beaucoup ça pouvoir pénétrer leur amoureux, ne serait-ce que pour
savoir ce que ça fait. La liberté de pouvoir dire «Non, pas ça, ça ne me plaît
pas», elle vaut évidemment pour les deux partenaires. Ou pour les trois, si
jamais c’est le cas, quoique plus vous êtes, plus ça exige de
consentements…
Les règles de base du consentement ne changent jamais, quels que
soient les circonstances et le nombre de personnes présentes dans la pièce.
D’ailleurs, que l’autre ait déjà dit oui à d’autres personnes que toi, par
exemple ton meilleur pote ou même ton jumeau identique si tu en as un, ne
l’oblige d’aucune façon à accepter un rapport sexuel avec toi. Ni
maintenant, ni dans le futur. Chaque personne, chaque situation et chaque
contexte appellent une réponse particulière et spécifique. À respecter.
«L’INTERDIT, LE RISQUE, ÇA M’ALLUME
TELLEMENT!»

Il y a beaucoup d’interdits dans la sexualité. Plusieurs gars trouvent


même plus excitant ce qu’on leur défend de faire. C’est une des raisons
pour lesquelles l’éducation à la sexualité ne doit pas se concentrer sur le
négatif, autrement dit ce qu’il ne faudrait pas faire. Trop insister sur les
aspects défendus ou dangereux du sexe provoque parfois la curiosité de
vérifier si seulement c’est vrai. Ou encore, ça donne à penser que sexualité
et prohibition vont forcément ensemble, avec les résultats contre-productifs
qu’on imagine.
Le même interdit peut constituer une barrière efficace pour Philippe,
mais pas pour Jonathan, qui y voit plutôt une incitation à le braver. Chacun
réagit différemment aux prohibitions parce que chacun les interprète à sa
façon. Sans compter que la carte érotique de chacun le porte à vouloir
emprunter ou explorer certains chemins plutôt que d’autres. Alors que des
gars préfèrent marcher sur une voie bien déblayée, d’autres recherchent les
chemins casse-gueule.

Trop insister sur les aspects défendus ou dangereux du sexe


provoque parfois la curiosité de vérifier si seulement c’est vrai.

Le désir ne semble jamais si intense que lorsqu’il est contrarié? C’est


l’histoire classique de Roméo et Juliette. Ils ne sont pas attirés malgré que
leurs familles soient ennemies, mais précisément parce qu’elles se
détestent! Dans la littérature amoureuse et érotique, l’obstacle à vaincre se
retrouve souvent au cœur même de l’histoire.
Les grands récits d’amour ou de sexe sont presque tous basés sur des
adversités à surmonter. Pas étonnant que ça puisse influencer notre
imaginaire.

Les grands récits d’amour ou de sexe sont presque tous basés sur
des adversités à surmonter. Pas étonnant que ça puisse influencer
notre imaginaire.

La sexualité masculine carbure volontiers au défi et à la conquête. Notre


éducation axée sur la compétition nous pousserait en cette direction. Des
challenges à relever, ça peut sembler excitant. Plusieurs gars ont même
l’impression qu’une fois que la personne désirée a été «conquise», la partie
est terminée, qu’il est temps de regarder ailleurs. C’est pourquoi ils
collectionnent les aventures.

Quand on découvre puis explore la sexualité, on le fait plus ou


moins clandestinement, à l’insu de nos parents. Ça renforce
l’impression de jouer dans le carré de sable du pas permis.

Peu de domaines de la vie font l’objet d’autant d’interdits que la


sexualité, hormis peut-être la conduite d’un véhicule: il y a quelques
centaines de panneaux de signalisation différents au Québec. Toutes les
cultures, sans exception, imposent des règles strictes en ce qui concerne les
rapports sexuels. Freud, l’inventeur de la psychanalyse, affirmait que ces
restrictions et interdictions contribuaient à soutenir le désir. Qu’il s’agisse
de nos choix de partenaires, du type d’activités sexuelles qu’on a ou du
contexte dans lequel ça se passe, les occasions ne manquent pas d’avoir
l’impression d’enfreindre une prohibition, petite ou grande, pour obtenir du
plaisir. Je dis bien avoir l’impression. Parce que c’est très subjectif, ce
sentiment-là de prendre un risque.
Avoir le sentiment d’enfreindre des interdits, petits et grands, ça fait
souvent partie de l’adolescence et du début de la vie adulte. Rien de
nouveau là-dedans. Quand on découvre puis explore la sexualité, on le fait
plus ou moins clandestinement, à l’insu de nos parents. Ça renforce
l’impression de jouer dans le carré de sable du pas permis.
Prendre des risques, ça peut alors paraître excitant. Le fruit défendu peut
même sembler plus appétissant que les autres. N’est-ce pas une des
premières histoires racontées par certaines grandes religions, alors qu’Adam
et Ève éprouvent l’irrépressible envie de croquer la seule pomme qu’il leur
est défendu de manger?
Est-ce que ça signifie que tu es condamné à transgresser ce qui est
prohibé pour ressentir du plaisir ou l’augmenter? Non. Tu as peut-être
seulement besoin d’en avoir l’impression, ce qui est bien différent. Si tu es
plus attiré que réfréné par les interdits, c’est avant tout dans ta tête que ça se
passe: tu n’as pas à prendre des risques dans la réalité. Tes fantasmes
peuvent y remédier. De toute façon, dans toute activité sexuelle, il y a
toujours une part d’imagination. Il y a ce que tu fais et ce que tu imagines
que tu fais. Ce qui se passe dans ta tête uniquement ne fait de mal à
personne et ne peut enfreindre aucun interdit présent dans le monde incarné.

Est-ce que ça signifie que tu es condamné à transgresser ce qui est


prohibé pour ressentir du plaisir ou l’augmenter? Non. Tu as peut-
être seulement besoin d’en avoir l’impression, ce qui est bien
différent.

La sexualité peut comporter ce qu’on appelle des jeux de rôles entre


partenaires, lesquels s’entendent pour mettre en scène en toute sécurité des
scénarios répondant à leurs fantasmes. La liste serait infinie de tout ce que
l’on peut jouer ou simuler lors d’un rapport sexuel scénarisé afin de le
rendre plus excitant. On peut ainsi se donner l’impression d’affronter des
dangers alors qu’il n’y en a pas. Si tous les partenaires sont consentants, et
aptes à consentir, on peut jouer tous les personnages et toutes les histoires
qu’on veut, costumes à l’appui au besoin. Il n’y a guère de limites dans ce
qu’on peut inventer pour accroître le plaisir quand on fait l’amour. La
sexualité peut être un jeu très créatif, pourvu qu’on en ait préalablement
établi les règles, que les partenaires les connaissent, les respectent et ne les
oublient pas.
Si tu as besoin de braver des interdits pour être excité, tu peux le faire
non seulement dans tes fantasmes, mais aussi avec des partenaires
partageant ces scénarios et appréciant d’y participer. Certaines personnes
adoptent des rôles ou des apparences très diverses afin de pimenter leurs
activités sexuelles. Se déguiser, endosser un personnage, feindre de se
retrouver dans une situation fâcheuse les stimule. Libre à eux. Jouer à
prendre des risques est de loin préférable à se mettre véritablement en
danger ou, pire, à faire courir des risques à autrui. La sexualité peut se
transformer en jeu inventif, à la condition de jouer prudemment.
Un dernier message s’impose à ceux qui pensent qu’interdire tous les
interdits serait chose à faire. Beaucoup de prohibitions sont utiles et
légitimes: elles protègent des abus de pouvoir et des violences. Dans tes
fantasmes, qui sont de l’ordre du virtuel, tu peux faire ce que tu veux sans
nuire à qui que ce soit. Pas dans la réalité incarnée. Tu dois alors tenir
compte de la liberté des autres. Tu peux évidemment associer dans ton
esprit réalité et fantasmes, à la condition de ne jamais les confondre. Tu
peux dans ton imagination faire l’amour à qui tu veux, quand tu veux et
comme tu le veux. Dans le monde incarné, c’est autre chose parce que, là,
tu n’es plus tout seul à décider.
«SON INDIFFÉRENCE M’EXCITE»

Des obstacles entre toi et la personne désirée, y compris sa résistance à


ton charme, non seulement ne tuent pas toujours l’attirance, mais peuvent
parfois l’entretenir. Cela peut sembler bizarre, mais le fait que la personne
convoitée semble inatteignable stimule et motive de nombreux gars. Peut-
être est-ce ton cas.
Un gars confie: «Quand une fille me démontre trop vite de
l’attachement, je me sens étouffé, elle m’intéresse déjà moins. Je me suis
aperçu que je courais après les filles indépendantes.» Un autre dit: «Mon
défi, c’est de la faire tomber amoureuse de moi. Une fois que j’ai réussi à
l’accrocher, je me désintéresse d’elle, je suis déjà prêt à aller voir ailleurs.»
Un troisième raconte: «Quand j’ai eu à choisir entre deux filles, je n’ai pas
pris celle qui me désirait énormément, avec laquelle j’étais certain d’être
heureux, mais plutôt l’autre…»

En sexualité comme en économie, ce qui est perçu comme difficile


d’accès, donc rare, peut prendre de la valeur. D’où sans doute
l’expression se faire désirer.

Certains gars se désintéressent des partenaires qui leur tombent


aisément dans les bras. Entre une voisine qui se montre disponible et une
autre qui se montre indifférente, c’est la seconde qui va provoquer le plus
de désir. Pourquoi? En sexualité comme en économie, ce qui est perçu
comme difficile d’accès, donc rare, peut prendre de la valeur. D’où sans
doute l’expression se faire désirer.
Sans difficultés ou résistances à surmonter, l’attirance sexuelle décline
en intensité chez de nombreux gars. C’est que la perspective de vaincre ces
obstacles devient en elle-même excitante à leurs yeux. Comme si la
frustration vécue à court terme les encourageait à poursuivre leurs efforts à
moyen ou long terme. La séduction devient presque pour eux un sport de
compétition. Ils aspirent non seulement à dépasser les autres concurrents,
mais aussi à remporter la victoire la plus inimaginable qui soit: venir à bout
de l’indifférence de la personne désirée. À vaincre sans péril, on triomphe
sans gloire, dit-on…

Car la différence entre ce qui est de l’ordre de la séduction, par


définition agréable, et de l’acharnement, par définition
désagréable, n’est pas toujours évidente pour tout le monde. Et
quand il s’agit de ton propre comportement, tu ne te vois pas
toujours aller.

Si jamais c’est ta façon de voir ou d’agir, ce chapitre est pour toi, afin
d’éviter que tu te retrouves un jour accusé de harcèlement ou, pire,
d’agression en raison de ton entêtement. Car la différence entre ce qui est de
l’ordre de la séduction, par définition agréable, et de l’acharnement, par
définition désagréable, n’est pas toujours évidente pour tout le monde. Et
quand il s’agit de ton propre comportement, tu ne te vois pas toujours aller.
Les bons gars qui font parfois de mauvaises choses croient à tort que leurs
bonnes intentions les mettront à l’abri. Ce n’est pas le cas: un acte
répréhensible demeure un acte répréhensible.
Par exemple, Nathan se sent irrésistiblement attiré par Charlotte. Il fait
l’impossible pour attirer son attention, pour la croiser, pour lui parler, pour
faire partie des mêmes équipes de travaux scolaires. Le hic, c’est que
Charlotte ne veut rien savoir de lui. Elle ne le lui a pas encore dit aussi
directement, mais son comportement indifférent le montre bien. Nathan ne
semble cependant pas comprendre. Au contraire, il en rajoute et insiste. Sa
conduite commence à exaspérer Charlotte, qui trouve ça vraiment
désagréable. La cour que lui fait Nathan, de son point de vue à lui, est
devenue une situation très déplaisante pour elle.
Lorsqu’on ressent un fort attrait érotique et qu’on tient à l’exprimer, ça
frise parfois l’obsession et l’acharnement, comme c’est le cas de Nathan. Si
tu rencontres pareille situation, le piège qui te guette, c’est de dépasser,
comme lui, les limites de l’acceptable ou du supportable. Par ton manque de
discernement et de vigilance, tu te retrouveras avec l’étiquette du gars
harcelant qui ne comprend pas, qui n’accepte pas qu’on déçoive ses
attentes.
Si ton désir n’est jamais si intense que lorsqu’il est contrarié, il faut
apprendre à le gérer. Sinon, tu vas poser des problèmes aux personnes qui
t’attirent et, ulti-mement, à toi-même. Tu dois te fixer des limites à ne pas
dépasser quand tu exprimes ton désir si tu veux que ton comportement
puisse encore s’appeler séduction.

Si ton désir n’est jamais si intense que lorsqu’il est contrarié, il


faut apprendre à le gérer. Sinon, tu vas poser des problèmes aux
personnes qui t’attirent et, ultimement, à toi-même. Tu dois te
fixer des limites à ne pas dépasser quand tu exprimes ton désir si
tu veux que ton comportement puisse encore s’appeler séduction.

Il y a une grosse nuance entre être déterminé et importuner. Le passage


de la première attitude à la seconde est parfois si graduel que tu t’en
aperçois trop tard. À moins que tu refuses de le voir. Tu es tellement centré
sur tes besoins que tu oublies que l’autre n’a pas les mêmes. Il faut savoir se
regarder froidement et se dire: «Qu’est-ce que je suis en train de faire là? Je
ne suis plus le gars en train de vouloir séduire, mais celui qui impose sa
présence et son désir.» Tu vois la différence entre les deux? Retiens-la, elle
est importante.
Y A-T-IL ENCORE MOYEN DE DRAGUER?

Des gars se plaignent que, depuis le mouvement #Moiaussi, draguer serait


devenu plus difficile, voire plus piégé que jamais. On ne sait jamais
comment un regard, un compliment ou une avance vont être
interprétés. Parlons-en. Le désir n’est pas une maladie honteuse. Tout
dépend de la manière dont on l’exprime.
La culture masculine traditionnelle entretient une vision caricaturale et
dépassée de la drague: l’homme, le vrai, serait celui qui choisit, plus
rarement celui qui est choisi - car on croit à tort et non sans sexisme que
désirer serait actif, donc plutôt masculin, alors qu’être désirable serait
passif, donc plutôt féminin. On pense aussi que désirer, c’est marcher au pas
de course vers un dénouement positif et rapide, ce qui conduit à des excès
de zèle. Pour tout dire, la quête de partenaire ressemble parfois davantage à
une chasse pour attraper une proie qu’à une épreuve de preux chevalier,
comme c’était le cas au temps de l’amour courtois pratiqué à la fin du
Moyen Âge. La patience et l’abnégation étaient alors des vertus. Faire la
cour, poèmes et chansons à l’appui, c’était tout un art, beaucoup relégué aux
oubliettes depuis.
Plusieurs gars croient que tomber dans leurs bras serait un
incontournable. Leur mode de séduction provoque de l’inconfort, du
malaise, de la peur même. Des gars qui suivent des filles (ou des gars) dans
la rue, qui les sifflent comme on le ferait pour appeler un chien, qui insistent
lourdement en pensant qu’ils vont faire plier l’autre par résignation ou
exaspération, il y en a encore hélas. Ils ne semblent pas avoir compris que
ça ne peut plus fonctionner comme ça. Tu me diras que ce n’est pas ton cas
ni celui de tes amis. Tant mieux. Alors, parlons prévention.
Montrer ton intérêt pour quelqu’un n’a évidemment rien de
répréhensible si c’est fait gentiment et si vous êtes entre personnes libres de
consentir. La séduction, ça fait partie de la vie, pour ne pas dire que c’est la
vie! Le problème, c’est lorsque l’intention de séduire se transforme en
obstination et en présence intrusive, malgré le désintérêt ou le refus de
l’autre. Un tel acharnement qui tourne au harcèlement rend très désagréable
ce qui ne devrait jamais l’être.
Dire son désir peut se faire sans pression, en tout respect. Avoir
l’élégance de montrer qu’on sait qu’un non est tout à fait possible,
légitime et acceptable, ça se fait! Affirmer son désir n’implique pas de
bousculer l’autre, encore moins de l’assaillir, au contraire. Par exemple,
les compliments de Cédric sur le sourire et la joie de vivre d’Annie
n’obligent en rien cette dernière. Un compliment est un cadeau qui n’attend
rien en retour. D’ailleurs, on peut très bien être d’une exquise gentillesse
avec une personne sans du tout aspirer à la séduire!
Il arrive que la nuance entre gentillesse et séduction soit difficilement
perceptible. Une entreprise de séduction réciproque est souvent repérable au
fait que chacun avance à petits pas vers l’autre (oui, je sais, il y a parfois de
grands pas, surtout quand on sent mutuellement qu’il y a réciprocité…).
Chaque personne doit pouvoir montrer son intérêt, ou son absence d’intérêt,
à tout moment.
La séduction s’entend mal avec la précipitation ou, pire encore,
avec toute tentative de contrôle ou de domination. Pour danser à deux,
les partenaires doivent entendre et apprécier la même musique, et ne
pas se marcher sur les pieds.
Une personne te plaît? Fais-le-lui savoir gentiment, avec humour si tu
en as, en suggérant que quelle que soit sa réponse, elle sera respectée. Il se
peut que sa réaction ne soit pas celle espérée. C’est fréquent. Un des gros
problèmes des gars dans la drague, c’est que plusieurs gèrent mal le fait de
se faire dire «Tu ne m’intéresses pas». Ils reçoivent ces paroles comme une
gifle et une humiliation. Ça ne l’est pas. L’autre personne peut avoir plein
de motifs pour ne pas répondre à tes attentes ou à tes avances. Malgré tes
qualités, sans doute nombreuses, tu n’es pas du tout son genre (parfois dans
tous les sens que peut prendre ce terme), elle n’est pas disponible, elle n’a
pas la tête à ça, elle ne se sent pas à l’aise dans la situation, ça ne lui dit
rien, etc.
Les motifs pour lesquels une autre personne t’écarte de ses
scénarios tiennent à ce qu’elle est, elle, ou à ce qu’elle recherche, et non
pas tellement à ce que tu es, toi. Tu n’as pas du tout à te sentir démoli
ou rabaissé en raison de ses choix, de ses goûts et préférences. Elle y a
droit. Tu ne l’inspires pas, ou pas suffisamment, c’est tout. Ça n’enlève
absolument rien à tes qualités, que d’autres ont déjà appréciées ou
apprécieront, n’en doute pas.
Quand on t’examine comme possible partenaire, que ce soit pour une
nuit ou une vie, on évalue en fait ce que tu représentes. Ton potentiel
comme partenaire émane de l’ensemble des qualités physiques,
psychologiques, relationnelles ou intellectuelles que tu projettes. Tout
comme tu le fais toi-même, tes possibles partenaires t’évaluent, selon leurs
propres critères. Les personnes qui aspirent à une relation suivie analyseront
encore plus attentivement ton potentiel à leurs yeux avant d’aller plus loin.
On n’est jamais si séduisant que lorsqu’on reste soi-même, authentique.
Cela n’empêche évidemment pas de présenter à autrui les meilleurs aspects
de soi. Si l’autre trouve chez toi de quoi faire son bonheur, tant mieux.
Sinon, jouer un personnage que tu n’es pas te desservira tôt ou tard, quand
ton masque tombera. Ce qui finira par arriver.
Toute relation comporte du donnant-donnant. Tu recherches
quelqu’un qui pourra répondre à certains de tes besoins; tu devras en
retour répondre aussi aux siens. Un déclic doit se produire de part et
d’autre pour qu’une relation s’amorce et tienne la route par la suite.
Laisse transparaître ce que tu cherches et ce que tu as à offrir. Être honnête
quant à tes attentes et à tes engagements, c’est la moindre des choses si tu
entends développer une relation.
Des amis acteurs me racontent combien c’est difficile pour l’ego de
passer une audition pour un rôle, puis d’apprendre qu’ils n’ont pas été
choisis. Ne pas être retenu pour le premier rôle dans la nuit ou dans la vie
de quelqu’un qui t’attire, ça peut ressembler à ça. Tu devrais y réagir avec
philosophie, comme le font les acteurs. Tu ne corresponds tout simplement
pas, ou du moins pas suffisamment, au personnage recherché. C’est la vie.
La séduction réciproque, ce n’est pas si courant, quoi qu’en disent les
romans, les films et les grandes histoires de sexe ou d’amour. Certaines
personnes tombent en désir ou en amour en quelques secondes, d’autres ont
besoin de temps. Respecte le rythme de l’autre, ne cherche pas à l’envahir.
Ton objectif est de plaire, et non pas qu’on te fuie parce que tu es
insupportable!
Ta faculté de plaire reposant sur la façon dont l’autre te perçoit, ta
manière de lui montrer de l’intérêt a son importance. De ce côté-là, il est
aisé de faire bonne impression. Comment? En montrant ton souci de ne pas
t’imposer ou importuner, mais de seulement proposer. L’autre doit pouvoir
décider hors de toute pression si tu l’intéresses ou pas.
La façon de manifester ton désir parle beaucoup de toi. Tu peux
même laisser un bon souvenir aux personnes qui te diront non si tu
respectes leur décision. Si ton but était de montrer que tu es un chic
type, tu en sors tout de même un petit peu gagnant, non?
Presque tout le monde a envie de plaire. On ne peut toutefois être
apprécié par tout le monde. La séduction, c’est comme un coup de dés: on
ne sait pas quels chiffres vont sortir. Parfois on gagne, parfois on perd. Il y
aura d’autres parties à jouer.
«JE SUIS PRÊT À Y METTRE LE PRIX»

Séduire requiert presque toujours un effort: qui est vraiment plaisant


et présentable vingt-quatre heures sur vingt-quatre? En ce sens, elle a
un prix. Pour certains gars, ce prix se mesure carrément en termes
économiques: dans le montant dépensé en vêtements, sorties, restos ou
cadeaux pour s’attacher l’autre ou lui être agréable. La séduction entre alors
dans une logique marchande. Pour acheter quoi au juste?
Le jeu de la séduction réciproque suppose un échange dans lequel
chacun donne et reçoit, mais pas forcément la même chose, ni avec la même
intensité. Chacun a ses besoins et ses exigences. Grosso modo, chacun se
dit, plus ou moins consciemment: «Je te donne accès à ce que j’ai à offrir, à
ce que je suis; je m’attends à une générosité similaire de ta part.»

L’argent étant un outil de négociation et de pouvoir dans la vie de


tous les jours, certains gars croient pouvoir en faire un atout, voire
une carte maîtresse dans leur jeu. Plus ils sont généreux, plus ils
montrent leur intérêt, croient-ils.

L’argent étant un outil de négociation et de pouvoir dans la vie de tous


les jours, certains gars croient pouvoir en faire un atout, voire une carte
maîtresse dans leur jeu. Plus ils sont généreux, plus ils montrent leur intérêt,
croient-ils. Et ils s’attendent à un retour sur leur investissement. D’où la
pression qui monte sur la personne bénéficiant de ces largesses afin qu’elle
fasse don d’elle-même, si j’ose dire. Plus les cadeaux sont importants, plus
les attentes risquent de l’être. Ce qui peut vite devenir un énorme piège.
Bien sûr, on est volontiers généreux avec quelqu’un qu’on désire
ou qu’on aime, mais si l’on croit pouvoir acheter l’affection et
l’attachement, c’est mal parti. À la limite, les gars qui pensent
pouvoir acheter le désir ou l’amour confondent séduction et
prostitution.

Même si le féminisme et l’égalité croissante entre hommes et femmes


ont miné l’idée que l’homme doit faire étalage de sa générosité et de son
argent auprès de la personne qu’il convoite, certaines traditions ont la vie
dure. Or, l’attirance sexuelle et l’argent ont peu à voir ensemble… hormis
qu’il existe des gens précisément attirés par l’argent.
Bien sûr, on est volontiers généreux avec quelqu’un qu’on désire ou
qu’on aime, mais si l’on croit pouvoir acheter l’affection et l’attachement,
c’est mal parti. À la limite, les gars qui pensent pouvoir acheter le désir ou
l’amour confondent séduction et prostitution. Encore que dans le travail du
sexe, l’échange est clair et cru: le gars paie non seulement pour chaque acte
sexuel, mais pour le temps consacré. Dans la séduction mutuelle, ça ne
fonctionne pas comme ça. Du moins, on l’espère. Il n’y a évidemment
aucun mal à faire plaisir à l’autre par des attentions et des présents, si on en
a les moyens et l’envie. Mais jusqu’à quel point sont-ils intéresséset
calculés? Pose-toi la question si tu te reconnais ici. Parce que tu cours à la
déception si tu penses pouvoir acheter du désir ou de l’amour sincères.

Toute nouvelle relation est un pari. Nul ne sait d’avance jusqu’où


cela ira. Si tu n’es pas en mesure d’accepter ça, tu t’exposes aux
déceptions, à répétition.

Puisque, dit-on, le temps c’est de l’argent, des gars se plaignent d’avoir


consacré beaucoup d’énergie à une relation qui ne produit toujours pas les
fruits escomptés. Ils en deviennent amers ou carrément en colère. Ils
n’acceptent pas que toute relation exige du temps, sans aucune garantie de
résultat. Toute nouvelle relation est un pari. Nul ne sait d’avance jusqu’où
cela ira. Si tu n’es pas en mesure d’accepter ça, tu t’exposes aux déceptions,
à répétition.
Plusieurs relations qui auraient pu évoluer vers des rapports sexuels ou
amoureux en restent là. Normal. Il y a peu de chances que l’on croise le
grand amour les premières fois que l’on sort avec quelqu’un ou que l’on
consulte un site de rencontre. Il y a cependant un bon côté à cela: à travers
les leçons de vie que nous apportent nos déceptions sentimentales, on
apprend, on mûrit. On raffine nos critères aussi, en reconnaissant que
certains types de personnes ont décidément peu d’affinités avec nous – et
vice versa. On évite des contrariétés futures si on a cette sagesse.
S’il est possible d’avoir un coup de foudre au premier regard, il te
faudra un certain temps pour vérifier si la personne qui a inspiré cet émoi
correspond vraiment à tes anticipations. Tu lui as consacré énergie, temps et
possiblement argent? Elle aussi l’a fait pour toi sans doute, d’une façon ou
d’une autre. Vous êtes donc quittes.

Tu peux toujours te mentir à toi-même en imaginant que cadeaux


et argent achèteront tout et te protégeront des mésaventures. C’est
faux. Demande-toi seulement combien il faudrait consacrer pour
acheter tes propres émotions ou sentiments, et tu verras que ces
choses-là sont sans prix.

Tu peux toujours te mentir à toi-même en imaginant que cadeaux et


argent achèteront tout et te protégeront des mésaventures. C’est faux.
Demande-toi seulement combien il faudrait consacrer pour acheter tes
propres émotions ou sentiments, et tu verras que ces choses-là sont sans
prix.
«QUAND JE SUIS JALOUX, JE PERDS LE
CONTRÔLE»

La jalousie implique des émotions tellement contraires qu’elles puissent


coexister étonne. D’un côté, le gars jaloux déborde de confiance et
d’orgueil. Il est convaincu que personne ne peut lui jeter de l’ombre. Qu’on
puisse lui préférer quelqu’un d’autre lui est insupportable. D’un autre côté,
il manque à ce point de confiance en lui-même qu’il doute en permanence
de l’attachement qu’on a pour lui. Cette insécurité l’amène à vouloir
emprisonner l’autre, l’empêchant de se défaire de son emprise. Ces deux
réactions ont le même effet: dévastateur.

On croit à tort que la jalousie est un signe d’amour. C’est tout le


contraire: le jaloux pense d’abord et avant tout à lui-même. La
jalousie est une émotion profondément égocentrique.

Peu de gars avouent être dépendants, encore moins insécures. On peine


à le reconnaître, mais la jalousie est très courante chez les hommes. C’est
même un des principaux motifs de rupture voire de violence dans les
couples. Comme le gars jaloux croit que la seule façon de préserver ses
relations amoureuses est d’espionner et de soumettre l’autre, il voit rouge
quand il a le sentiment de perdre ce contrôle. Avec les terribles
conséquences que cela peut avoir.
On croit à tort que la jalousie est un signe d’amour. C’est tout le
contraire: le jaloux pense d’abord et avant tout à lui-même. La jalousie est
une émotion profondément égocentrique. Vouloir garder l’autre pour soi et
que pour soi, en brimant sa liberté, ce n’est vraiment pas l’aimer. C’est
plutôt s’aimer soi-même très égoïstement, sans beaucoup penser à l’autre,
en fait, puisqu’on est prêt à sacrifier sa liberté dans le seul but de se
rassurer.
Il n’y a jamais de bonnes raisons d’être jaloux. Y compris quand on est
amoureux. Parmi toutes les personnes aimables et désirables possibles, tu as
choisi celle-là, OK. Et tu espères que ton choix sera réciproque: aimer
quelqu’un qui ne nous aime pas n’est certainement pas l’idéal. Mais tu ne
peux pas forcer ses choix. Personne ne peut nous aimer, ou continuer à le
faire, de force. C’est uniquement dans la liberté que peut se déployer
l’amour, quelle que soit son ampleur.

Il n’y a jamais de bonnes raisons d’être jaloux. Y compris quand


on est amoureux.

Le jaloux veut être puis demeurer le centre du monde. Si aimer c’est


choisir, se dit-il, c’est aussi renoncer à d’autres choix, donc se couper
d’autres relations. C’est loin d’être évident, vois-tu. Un véritable choix étant
libre d’entraves, tu ne peux pas faire en sorte que la seule personne
accessible ce soit toi.
On peut tout à fait aimer plus d’une personne, quel que soit le type
d’amour en question, tout en étant sincère. Il y a en effet une infinité de
degrés dans le désir et l’amour. Ce n’est pas forcément tout ou rien. Encore
faut-il être disposé à entendre (et avoir la possibilité de dire) la vérité à ce
sujet. Une relation qui repose sur des mensonges n’a pas beaucoup d’avenir.
Beaucoup de gars confondent fidélité et exclusivité. Être fidèle à l’autre,
c’est être honnête, ne rien lui cacher qui pourrait avoir des retombées sur la
relation. Y compris les aventures qui pourraient survenir. Être exclusif, c’est
ne jamais avoir de rapports intimes avec quelqu’un d’autre. On peut donc
être fidèle, en se disant tout et sans aucune cachotterie, sans être exclusif.
Bien évidemment, il vaut mieux alors ne pas être jaloux, ni être avec une
personne qui le soit. Les jaloux, cela dit, ne prêchent pas forcément par
l’exemple: se croire irrésistible n’est pas très incitatif à la fidélité ou à
l’exclusivité.
L’insécurité qui se cache derrière la jalousie, si jamais c’est ton cas, ne
pourra que jouer contre toi. Comment convaincras-tu quelqu’un de t’aimer
si tu perds pied aussitôt que tu te sens menacé de ne plus être à jamais son
seul et unique sujet d’affection? Les chansons du type «Je ne suis rien sans
toi», c’est bien beau à entendre, mais c’est plutôt masochiste et très peu
réaliste. Si tu crois vraiment n’être rien sans l’autre, il te sera difficile de
convaincre cette personne de t’aimer. Être bien seul, mieux avec l’autre,
voilà l’équilibre idéal. La personne que tu aimes ou désires ne peut devenir
ton esclave afin de ne pas t’insécuriser.
Craindre de perdre le désir ou l’amour de l’autre est légitime. Précipiter
cette perte par un comportement possessif et colérique, sous prétexte qu’on
est jaloux, c’est contre-productif. On ne sait jamais comment nos amours
vont évoluer. Ça peut durer une heure, un jour, des années, des décennies,
une vie. Impossible de le prévoir. On doit apprendre à composer avec cette
incertitude en se disant que les amours qui vont comme de longs fleuves
tranquilles sont rares. On esquisse des plans à deux dans notre tête, mais les
événements peuvent en décider autrement.

L’insécurité qui se cache derrière la jalousie, si jamais c’est ton


cas, ne pourra que jouer contre toi. Comment convaincras-tu
quelqu’un de t’aimer si tu perds pied aussitôt que tu te sens
menacé de ne plus être à jamais son seul et unique sujet
d’affection?

«Oui, mais la passion?» diras-tu… Que faire une fois qu’on est
passionné par une personne, qu’on en devient quasi obsédé? Il est malaisé
d’agir avec sagesse et bon sens, arrivé là. Ce n’est pas une raison pour
renoncer à contrôler et à gérer tes émotions. Si une relation à laquelle tu
tiens beaucoup tire de l’aile, tu te sentiras peut-être injustement abandonné,
voire trahi. Ton désarroi ne va pourtant pas convaincre l’être aimé de rester
avec toi ou de te revenir si votre relation n’a plus d’avenir à ses yeux. Il n’y
a aucune méchanceté de la part de la personne qui te quitte ou te dit non;
seulement de l’honnêteté et de l’amour d’elle-même.
Ne mériterais-tu pas une deuxième chance, ou une troisième, quand la
relation dans laquelle tu t’es investi tourne court à ton plus grand désarroi?
L’avenir en décidera, et les décisions de l’autre y joueront un rôle
déterminant. Réagir par la menace, la colère ou même l’apitoiement
n’aidera pas ton cas à court moyen et long terme. Tu veux vraiment être
aimé par crainte ou par pitié, si jamais une telle chose était possible?
Si une relation a achoppé en raison de comportements possessifs que tu
refusais de reconnaître et de changer, la balle est peut-être dans ton camp…
s’il te reste encore une balle. Il est plus aisé de blâmer l’autre pour ce qui
n’a pas fonctionné que de te demander ce que tu peux faire, toi, pour éviter
que ça se termine toujours de la même façon.

Si une relation a achoppé en raison de comportements possessifs


que tu refusais de reconnaître et de changer, la balle est peutêtre
dans ton camp… s’il te reste encore une balle. Il est plus aisé de
blâmer l’autre pour ce qui n’a pas fonctionné que de te demander
ce que tu peux faire, toi, pour éviter que ça se termine toujours de
la même façon.

Ta jalousie, si tu en ressens, ne sera jamais un atout pour toi. N’hésite


pas à demander de l’aide si tu sens que ça plombe tes relations. N’attends
pas que ça les détruise, encore moins que ça se retourne contre toi, comme
c’est souvent le cas lorsque la violence s’en mêle. La jalousie est toujours
mauvaise conseillère.
L’ABC DE L’ÉRECTION

Comprendre comment fonctionne l’excitation sexuelle, c’est important.


Quand tu es excité et que se produit une érection, des signaux provenant de
ton cerveau sont envoyés à ton pénis via ta moelle épinière. Il se gorge alors
de sang, doublant plus ou moins en longueur et en circonférence. Ça varie
beaucoup d’un homme à un autre: on parle ici de moyenne.
Étant provoquée par la libération de substances chimiques relativement
fortes dans ton cerveau et dans ton corps, l’érection s’accompagne d’un
effet euphorisant. C’est pourquoi on ne trouve pas désagréable d’en avoir;
mieux, on cherche à en provoquer. Ton érection, c’est néanmoins à toi de
la prendre en charge une fois qu’elle est là.
La stimulation de n’importe lequel des cinq sens peut produire une
érection: ce que nous voyons, sentons, entendons, léchons, touchons ou
caressons peut nous faire de l’effet. Ou encore ça se passe surtout dans
notre imagination: on y fait jouer ou rejouer un fantasme. En fait, un
mélange de réalité et d’imagination est souvent présent dans l’excitation
sexuelle. C’est le cas dans la masturbation: on se stimule manuellement tout
en imaginant ou en regardant des choses qui nous stimulent. Il existe
évidemment aussi des érections non volontaires qui surviennent durant le
sommeil. La plupart des gars en ont plusieurs fois chaque nuit.
Je ne sais pas si c’est ton cas, mais beaucoup s’inquiètent de la taille de
leur pénis. C’est la raison pour laquelle des gars de toutes orientations
sexuelles, il faut le préciser, sont curieux de voir à quoi ressemble le pénis
des autres. C’est pour se comparer, en souhaitant que ce soit plutôt
avantageusement. Or, la longueur et le diamètre du pénis ont
probablement moins d’importance aux yeux de tes partenaires que tu
ne le penses: c’est davantage ce que tu fais avec qui en a et, plus encore,
comment tout le reste de ton corps se conduit!
Les pénis au repos complet font en longueur de 7 à 10 cm pour 8 à 10
cm de circonférence dans la plupart des cas. En érection, ils passent en
moyenne à 11 à 17 cm en longueur et de 11 à 14 cm en circonférence. Les
pénis les plus volumineux au repos augmentent moins en volume en
érection – sans doute par souci d’humilité ou de justice. Beaucoup de gars
ont la fausse impression d’avoir un pénis plus petit que la moyenne en
raison de ce qu’ils ont vu dans la porno (mais aussi parce que, vu d’en haut,
il paraît forcément plus petit). Or, les acteurs pornos sont pour la plupart
choisis en raison de leur pénis surdimensionné, ne reflétant pas du tout la
moyenne!
Quant à la durée des érections, elle est très variable d’un homme à un
autre, et aussi d’un rapport sexuel à un autre, il faut bien le dire. Parfois on
est très excitable, parfois beaucoup moins. L’état de santé physique et
mentale joue beaucoup: l’anxiété, les soucis, la fatigue, le surpoids, les abus
de toutes sortes, d’alcool et de drogues en particulier, ça n’aide pas.
Même si elle est légère ou momentanée, la baisse de performance
sexuelle paraît insupportable aux yeux de certains gars. Bien qu’elles aient
été inventées pour les hommes vieillissants, les pilules comme ViagraMD
(du citrate de sildénafil) et CialisMD (du tadalafil), qui aident le pénis à se
gorger de sang, leur semblent alors attrayantes. Or, seule une vision bien
naïve du désir permet de ramener son expression à un problème purement
physiologique. Ces médicaments soutiennent ponctuellement l’expression
de l’excitation sexuelle, mais font oublier qu’elle se développe avant tout
entre les deux oreilles, non pas entre les deux jambes. Le désir et ses
manifestations sont en grande partie subjectifs. L’idée que tous les hommes
devraient être capables d’érection et d’éjaculation à volonté et sur demande,
quelles que soient les circonstances, est déraisonnable.
En moyenne, les hommes ont une dizaine d’érections plus ou moins
marquées et remarquées toutes les vingt-quatre heures. Ça se passe parfois
sans qu’on en soit trop conscient ou dans notre sommeil. À l’adolescence,
les éjaculations nocturnes sont relativement fréquentes et surviennent le
plus souvent lors de rêveries érotiques. Ça répond à un besoin autant
physique que psychique. Parfois, certains pensent qu’ils ne vont pas bien en
découvrant ces traces dans leur literie ou sur leur pyjama. C’est tout le
contraire. Si tu laisses de telles traces, c’est que tu vas plutôt bien!
La durée de l’orgasme masculin, donc de l’éjaculation, est de 3 à 5
secondes en moyenne. C’est de 10 à 20 secondes chez les femmes, qui
peuvent en avoir à répétition beaucoup plus aisément que nous, soit dit en
passant. Avec l’âge, il est cependant possible d’apprendre à prolonger ce
plaisir, en le contrôlant, en le ralentissant en fait.
Instrument de plaisir pour son propriétaire, un pénis en érection peut
devenir une arme lorsqu’il s’introduit là où il n’est pas invité, ni bienvenu.
Il peut hélas servir à frapper, à déchirer, à défoncer. Le pénis peut ainsi
devenir un instrument de torture. La porno violente – on en reparlera plus
loin – illustre comment un pénis peut faire souffrir. C’est une des raisons
pour lesquelles cette porno est dénoncée.
Il peut cependant arriver qu’une pénétration provoque involontairement
de la douleur. Par exemple, les toutes premières pénétrations vaginales
peuvent être douloureuses pour certaines femmes; environ la moitié des
femmes éprouvent une douleur physique lors de leurs toutes premières
relations de ce type. La présence d’un hymen rigide peut occasionner
douleurs physiques et saignements. La cause peut être aussi une
lubrification insuffisante, en raison de préliminaires trop brefs ou encore
d’une irritation ou d’une étroitesse du vagin. L’anxiété peut crisper ta
partenaire et faire en sorte que son corps soit peu réceptif. D’où
l’importance d’un climat de confiance et de bien-être entre vous.
Pratiqués par plus du tiers des couples, qu’ils soient homme-femme (la
sodomie pouvant notamment servir de moyen contraceptif) ou homme-
homme, voire femme-femme avec un jouet sexuel, les rapports anaux ont
aussi leurs particularités et leurs exigences. Ils requièrent délicatesse,
patience, dialogue entre partenaires… et quantité suffisante de lubrifiant
afin de se passer en douceur, sans douleur ni déchirement de membranes
très sensibles.
Porter un pénis, c’est porter une responsabilité. On sait, ou on
devrait savoir, qu’on peut faire du mal avec cette partie de notre anatomie
en érection. Vu l’euphorie passagère qui s’empare de nous en état
d’excitation, notre raison a alors moins de prise sur nos décisions. Ce n’est
pas une raison d’abdiquer nos responsabilités. Au contraire, c’est à nous
alors de maximiser notre vigilance pour éviter de déraper sous l’effet d’une
excitation sexuelle hors contrôle.
Le pénis ne fait pas l’homme, ça aussi il faut le reconnaître. Par
exemple, certains hommes trans, qui sont passés du sexe féminin au sexe
masculin sur le plan anatomique, conservent en partie ou en totalité leurs
organes sexuels féminins. Ils ne sont pas moins mâles pour autant. Ta
masculinité ou ta virilité ne repose pas dans une partie de ton corps,
mais dans l’ensemble de qui tu es et de ce que tu fais. Comme nous
l’enseignent des hommes trans, il n’est pas nécessaire d’avoir un pénis ou
des érections pour être un homme. C’est la profonde conviction d’être ce
que l’on est qui construit notre identité; c’est notre personnalité, nos
réalisations, l’ensemble de nos caractéristiques physiques, psychologiques
et relationnelles. Pas ce qu’on a entre les jambes – du moins pas
uniquement, c’est clair.
Ton pénis n’est pas non plus la seule partie de ton corps capable de
donner du plaisir, loin de là: il y a tes mains, ta bouche, ta langue, tes pieds,
ta peau, etc. Pratiquement tout ton corps peut devenir un instrument de
plaisir et un terrain de jeu, tout comme celui de l’autre peut l’être pour toi.
Ta façon même de bouger et de te comporter, tes mots, tes silences, tes
élans envoient des messages de nature sensuelle ou sexuelle. Ton pénis –
qui représente même en érection moins de un pour cent de ton anatomie, ne
l’oublie jamais – n’est qu’une partie minime de toi. Il faut bien le
reconnaître afin de ne pas oublier les 99% et plus qui ne demandent qu’à
servir.
«MON PÉNIS ME RÉCLAME»

La masturbation permet de mieux connaître son pénis comme source


de plaisir. C’est un sujet qui ne concerne pas que les gars sans partenaires,
loin de là. C’est dans bien des cas la première façon d’explorer son corps et
ses fantasmes quand on est adolescent. En ce sens, elle contribue à notre
apprentissage sexuel. Cette pratique va généralement se poursuivre même
lorsque l’on sera en couple (que cela ait lieu en solo ou avec partenaires).
La masturbation ne sert pas à remplacer des rapports sexuels: c’est une
forme de sexualité autonome.

Se masturber, c’est se faire l’amour à soi-même.

Se masturber, c’est se faire l’amour à soi-même. Beaucoup d’hommes


de tous âges y trouvent soulagement de tensions et réconfort. Certains
découvrent les possibilités autoérotiques de leur corps dès leur tout jeune
âge, d’autres étant ados ou même adultes. La masturbation, ça peut donc
débuter à cinq ans comme à vingt-cinq ans, parfois bien plus vieux encore –
ou ne jamais débuter, ce qui est rare, quoique possible.
L’autoérotisme fait du pénis une source renouvelable de plaisir sur
demande. Rien n’interdit, au contraire, d’y adjoindre l’autostimulation
d’autres parties érogènes de notre corps: mamelons (eh oui, même les
nôtres, les gars), fesses, intérieur des cuisses, lèvres, oreilles, cou, anus,
nombril, pieds, etc. Les parties érogènes méconnues du corps masculin ne
demandent qu’à être explorées et utilisées. L’ensemble de ton corps
présente d’infinies sensibilités et possibilités pour accentuer le plaisir
ressenti lors de masturbation. À toi de les découvrir, chacun étant unique
sur ce plan.
Tu peux jouer autant que tu veux avec ton pénis en privé; si jamais tu
n’es pas seul, assure-toi que les autres personnes présentes consentent à te
voir ainsi nu, en érection. Beaucoup de gars ressentent de la gêne, voire de
la honte de donner à penser qu’ils se masturberaient. C’est sans doute le
relent d’un héritage religieux et culturel qui décriait le plaisir charnel ou, si
on n’arrivait pas à s’abstenir, toute activité sexuelle non axée vers la
procréation.

L’ensemble de ton corps présente d’infinies sensibilités et


possibilités pour accentuer le plaisir ressenti lors de masturbation.
À toi de les découvrir.

À l’inverse, certains sont plutôt fiers de leur autoérotisme et entendent


montrer cette fierté. Comme c’est une activité sexuelle, les règles de
consentement et de précaution suggérées dans cet ouvrage s’appliquent
intégralement pour la masturbation en couple ou en groupe, ou pour son
exhibition. Il arrive même que des copains fassent des concours pour tester
leur performance respective - la compétitivité masculine ne connaît
apparemment pas de limites…
Le pic des hommes en matière de performance érectile et éjaculatoire
serait, en moyenne, atteint dans la vingtaine (les concours cessent alors…).
Après, ça ne fait que décliner, quoique très graduellement et à un rythme
variable d’un homme à un autre. Notre pénis est comme nous: l’exercice lui
est profitable. La masturbation est un peu le bodybuilding du pénis: non pas
qu’elle l’amène à grossir de façon spectaculaire (il aura toujours tendance à
retrouver son état normal), mais elle maintiendra en bonne forme ses
fonctions. La masturbation est par exemple très indiquée pour apprendre à
contrôler l’éjaculation précoce, en apprivoisant le fonctionnement de son
corps. Si on me permet le jeu de mots, expérimenter la masturbation, c’est
prendre sa sexualité en main.
Contrairement à ce qu’on a longtemps colporté, la masturbation ne
présente guère de contre-indication. Au contraire, à moins d’abus vraiment
extrêmes (jusqu’à épuisement, par exemple), c’est bon pour le moral et la
santé, en particulier celle de ta prostate, dont elle prévient le cancer. C’est
après tout un exercice physique! Le vieux mythe ridicule voulant que la
masturbation rendrait sourd pourrait même être retourné à l’envers:
comment ne pas imaginer qu’à force de guetter le moindre bruit pour éviter
de te faire surprendre dans un moment aussi intime ton ouïe se raffine au fil
du temps?

Si on me permet le jeu de mots, expérimenter la masturbation,


c’est prendre sa sexualité en main.

Ton pénis n’est pas toi: il est, c’est le cas de le dire, l’appendice de ton
corps. C’est toi le maître de ce corps, y compris de cette partie-là. Au
besoin, un peu de repos lui sera salutaire, lui permettant de reprendre des
forces ou de les décupler. Certains gars se masturbent tous les jours, voire
plus d’une fois par jour, d’autres à peine quelques fois par année. Il y a des
sprinters et des marathoniens. Il y a des adeptes de l’exercice du matin,
parce que ça les déstresse, d’autres qui préfèrent s’y adonner le soir car ça
les endort et ça combat l’insomnie, l’orgasme libérant des substances
endorphines à effet relaxant sur le cerveau. Il n’y a pas de meilleur moment
que celui que toi tu choisis. Chacun entend son propre tambour et vibre à
son rythme. Le bon tempo, ce sera finalement le tien.
«L’AUTRE M’A COURU APRÈS»

Comme un bon exemple vaut mille mots, j’appellerais ça le syndrome


Donald Trump. L’ex-président américain n’a jamais admis la moindre
erreur, quelle qu’elle soit. Quoi qu’il advienne, c’était toujours la faute des
autres. Y compris dans ses relations intimes. La vingtaine d’accusations
publiques de harcèlement et de comportement sexuel inapproprié ne l’a
jamais décontenancé (et l’a probablement rendu sympathique aux yeux
d’hommes percevant en lui un modèle de totale impunité masculine).
Se déresponsabiliser de ses propres actes et faire porter le blâme aux
personnes qui en subissent les conséquences est hélas un vieux truc de
politicien, qui marche encore apparemment et pas seulement pour les
hommes politiques. Se poser en victime de ses propres actes est néanmoins
une pitoyable stratégie de diversion et de déresponsabilisation.
Dans le domaine de la sexualité, nier ou déplacer systématiquement la
responsabilité de ses actes est une détestable façon de tenter de se disculper
de tout, y compris de l’agression sexuelle. Pendant longtemps – on ose
croire que ce n’est plus le cas aujourd’hui –, les victimes de viol se sont fait
demander par des policiers, des juges et des avocats de l’accusé comment
elles étaient habillées au moment des faits, quelles attitudes elles avaient,
dans quel lieu et à quelle heure c’était. Ce questionnement laissait sous-
entendre qu’elles avaient pu courir après ce qui leur était arrivé. Ce serait
ridicule si ce n’était pas aussi choquant.
La personnalité, les vêtements ou l’absence de vêtements d’une
personne ne sauraient d’aucune façon excuser les violences qui lui sont
faites. Soit dit en passant, très peu de viols sont commis dans les centres
naturistes, où tout le monde est complètement nu! Les filles, les femmes et
les personnes trans devraient évidemment être aussi libres que les garçons
et les hommes de se déplacer à toute heure et en tous lieux, vêtues comme
bon leur semble, sans craindre pour leur sécurité.
La personnalité, les vêtements ou l’absence de vêtements d’une
personne ne sauraient d’aucune façon excuser les violences qui lui
sont faites. Soit dit en passant, très peu de viols sont commis dans
les centres naturistes, où tout le monde est complètement nu!

Faire porter à la victime le sentiment d’avoir «couru après» banalise et


normalise le harcèlement et l’agression. Pire encore, cela dédouane de tout
blâme l’auteur de ces exactions. Reprocher aux personnes qui ont été
sexuellement harcelées ou violentées d’être physiquement attrayantes, de
sortir à des heures indues, de se trouver dans des endroits où de «mauvaises
rencontres» peuvent survenir, c’est complètement dénaturer et inverser le
problème. Il n’existe aucun motif pour disculper l’individu qui n’a pas
respecté leur intégrité. Il ne saurait y avoir de circonstances atténuantes
pour des violences sexuelles.

Faire porter à la victime le sentiment d’avoir «couru après»


banalise et normalise le harcèlement et l’agression. Pire encore,
cela dédouane de tout blâme l’auteur de ces exactions.

Tu n’es probablement pas un auteur d’agressions, mais tu peux retenir


des enseignements qu’elles nous ont collectivement fournis. Si une
personne se montre séduisante ou même séductrice avec toi, ça ne signifie
pas qu’elle est partante pour avoir des contacts rapprochés ou des activités
sexuelles avec toi. Il n’y a pas de message caché dans son apparence
physique ou vestimentaire, ni dans l’attraction exercée, ni dans le lieu où
elle se trouve – oui, même les bars au petit matin ou dans les soirées quand
vous êtes parmi les derniers à prolonger la fête. Le mythe de la fille (ou du
gars) ayant outrancièrement excité l’autre ne fonctionne plus. Toute
personne a le droit, tout comme toi, d’être bien dans sa peau et de le
montrer. Ni la beauté ni la sensualité ne sont des provocations.
Paradoxalement, les personnes harcelées ou violentées qui ne
correspondent pas aux représentations stéréotypées de la victime (en termes
d’apparence, d’âge, de sexe, de genre, de poids ou de taille) rencontrent
aussi beaucoup de difficulté à être entendues et crues. Des phrases comme
«T’es pas assez belle pour être violée» ou encore «Ça ne peut pas arriver à
quelqu’un de ta corpulence», des victimes en entendent encore! C’est
révoltant: une agression n’est jamais une chose enviable!
Le mythe selon lequel la personne qui n’aurait pas suffisamment résisté
désirait secrètement les violences infligées subsiste aussi encore,
malheureusement. Tout cela va à l’encontre de la définition même de
l’agression sexuelle, qui est avant tout un abus de pouvoir, d’autorité ou de
force, ne l’oublions jamais. De plus, il peut arriver que la victime se trouve
dans un état d’angoisse ou de stress qui la prive de ses moyens. Ce qui
explique pourquoi son poids ou sa force physique, par exemple, ne
sauraient en aucun cas être pris en compte.
Même si tu n’es pas un agresseur, ni dans les faits ni dans tes intentions,
débarrasse-toi de l’idée qu’une autre personne pourrait être davantage
responsable de tes actes que toi, dans la mesure où tu les poses librement.
Quelles que soient les réactions de ton prétendu cerveau d’en bas, c’est
celui d’en haut qui fait la signalisation. Tu connais le petit panneau
Arrêt/Stop? Enregistre bien sa signification dans ta tête.
Nous devons tous apprendre à contrer de possibles et très fâcheux
«accidents de parcours», à l’égard desquels aucune assurance ne peut
diminuer notre responsabilité, encore moins effacer ce qui s’est passé. Les
ennuis que les auteurs de harcèlement et d’agression récoltent, ce sont eux,
et eux seuls, qui ont couru après.

Les ennuis que les auteurs de harcèlement et d’agression récoltent,


ce sont eux, et eux seuls, qui ont couru après.
SÉDUCTION 101

Les façons masculines de séduire sont beaucoup empruntées à ce qu’on a


vu chez nos pairs et nos pères, ou encore chez des personnages de télé ou de
cinéma. Hélas, ce qui a déjà bien fonctionné pour eux peut ne pas du tout
fonctionner pour nous. Ne serait-ce que parce que les temps ont changé.
La séduction devrait toujours faire appel à notre créativité et à notre bon
jugement. Il y a presque autant de façons de faire qu’il y a d’individus sur
terre. Certains mettent en valeur leur corps, leur visage ou leurs
performances physiques ou sexuelles, d’autres leur intelligence, leurs
réalisations ou leur pedigree, d’autres encore leur sens de l’humour, leur
joie de vivre ou leurs projets. C’est généralement un dosage de ces
différents ingrédients, physiques, psychologiques ou relationnels, qui finira
par composer ta recette originale. Ce cocktail-là plaira à certaines
personnes, mais déplaira souverainement à d’autres. Tout le monde n’a pas
les mêmes goûts ou attentes, ni les mêmes centres d’intérêt.
Qui ne veut pas être attirant? Il se peut pourtant que ta façon de séduire
ne mette pas les chances de ton côté, ou ne fonctionne tout simplement pas.
Si la vaste majorité des gens à qui tu souhaiterais plaire t’évitent ou te
fuient, il y a possiblement un problème. Il se peut qu’un changement
d’approche de ta part s’impose. Ce que tu prends pour de la séduction ne
l’est probablement pas.
Plusieurs façons de séduire ne marchent pas parce qu’elles ne
correspondent pas à la sensibilité de la personne que tu entends éblouir. Si
tu utilises des trucs de mononcles, comme occuper toute la place, parler fort
et te donner de l’importance afin qu’on ne puisse surtout pas te rater, il se
peut que tu n’aies guère de succès. Parce que tu fais ton numéro, pas très
réussi, et que la séduction ne peut être ramenée à un spectacle, si distrayant
soit-il.
Ce n’est probablement pas ton cas, mais il faut bien le dire: certains
gars croient qu’être dotés d’un pénis les rend automatiquement
séduisants. Quelle que soit l’apparence dudit pénis, ils se trompent.
Parce qu’à la racine de ce pénis il y a un corps, et sur ce corps une tête
pensante. Quand tu fais la cour, puis éventuellement l’amour, c’est
l’ensemble de ces attributs qui se retrouvent en action. Le pénis ne joue
qu’un rôle de figuration. Si tu n’as que ce numéro-là à offrir, ton show
risque de retomber rapidement à plat.
Aucune partie de ton anatomie ne fera de toi un amant fréquentable une
fois le rapport sexuel terminé. Si tu es centré sur ton corps et, plus limité
que ça encore, sur ton pénis, on aura vite fait le tour de toi. La séduction
mutuelle exige que chacun s’intéresse à l’autre. Quand on les interroge à ce
sujet, la majorité des filles et des femmes considèrent d’ailleurs que le corps
et les attributs ne sont pas ce qu’il y a de plus déterminant chez leurs
partenaires.
Si tu regardes autour de toi, tu verras que beaucoup de gars ne sortant
pas vraiment du lot sur le plan de l’apparence ont pourtant un succès fou.
Tout est dans leur façon d’être, dans leur attitude, dans leur comportement.
Séduire, c’est donner à rêver. Est-ce que tu arrives à le faire? Et de
quelle façon? Par ce que tu es ou ce que tu fais, par tes paroles, tes
centres d’intérêt, tes aspirations? Quels rêves inspirants portes-tu en
toi?
Tu me diras: «Oui, mais beaucoup de filles aiment les bad boys, pas les
bons gars comme moi…» Oui et non. Certaines se tournent vers les bad
boys parce que pendant longtemps les femmes ont été appelées à secourir
les hommes, y compris à les sauver d’eux-mêmes. Aujourd’hui comme hier,
c’est néanmoins un pari risqué, souvent voué à l’échec. Les gars doivent se
sortir eux-mêmes de leurs problèmes, s’ils ont la volonté de le faire. Une
partenaire ne peut imposer un changement auquel son compagnon n’est pas
prêt. Les tensions de couple générées par des gars qui ne veulent pas
changer mènent d’ailleurs à des conflits ou à des violences, ce qu’aucune
femme ne souhaite subir. Vue sous cet angle, la cote des bad boys n’est pas
avantageuse.
«Mais personne ne veut des vrais bons gars!…» insistes-tu. Ça aussi, on
l’entend beaucoup. C’est que la séduction aurait besoin d’un minimum de
défi et de suspense. Ce qui explique pourquoi peu de filles et de femmes
tombent follement amoureuses d’un ami proche ou du gentil voisin, même
s’il est le meilleur des gars: il ne donne pas à rêver. Filles ou gars, nous
sommes plus aisément fascinés par ce qui ne nous est pas trop familier.
Érotisme peut très bien rimer avec exotisme.
Une certaine distanciation entre soi et la personne désirée peut agir
comme un aphrodisiaque. Un halo de mystère au-dessus de la tête de
quelqu’un peut en effet donner envie de découvrir cette personne, au sens
propre comme au sens figuré. C’est pourquoi la part de fantasmes et
d’anticipations positives que tu nourris te magnifie et te rend attirant: tu
donnes à penser que ta compagnie, et plus, sera agréable. En espérant que tu
ressembles quand même un peu à ce que tu projettes, afin de ne pas trop
décevoir…
«MAIS SON CORPS DISAIT OUI… »

Cette affirmation-là, on l’entend fréquemment de la part… d’auteurs


d’agressions sexuelles. Qui ont tort. Qu’une victime ait des réactions
physiologiques normalement associées au plaisir ne signifie pas qu’elle en
éprouve intérieurement et mentalement. Ça montre seulement que son corps
est en bon état de marche. Selon le sexe de l’autre, ce n’est pas parce qu’il y
a eu lubrification, éjaculation ou érection, par exemple, qu’il y a
consentement et contentement. Autrement dit, que son corps semble en
apparence réceptif ne signifie pas que son esprit l’est.

Selon le sexe de l’autre, ce n’est pas parce qu’il y a eu


lubrification, éjaculation ou érection, par exemple, qu’il y a
consentement et contentement.

La dissociation entre le corps et l’esprit lors d’une relation sexuelle non


désirée peut étonner. Une telle discordance n’est pourtant pas si
exceptionnelle. On peut souffrir psychologiquement et même physiquement
alors que le corps semble s’abandonner. En apparence seulement. Il le fait
parfois par réflexe, ou pour en finir au plus vite, en mode de survie.
Ces réactions physiques toutes mécaniques culpabilisent hélas des
victimes, ou du moins sèment la confusion dans leur esprit. Des auteurs
d’agressions se croient fins finauds d’exploiter cette déstabilisation en
suggérant à leurs proies que leurs réactions physiologiques prouvent une
participation volontaire. Le but est de les dissuader de porter plainte. La
majorité des intervenants psychosociaux ou judiciaires, des avocats et des
juges, qui en ont vu d’autres, connaissent cette stratégie. Que le corps d’une
personne non consentante réagisse à une stimulation purement physique ne
présume absolument de rien.
Que son physique semble répondre n’est pas un indice fiable pour
poursuivre un rapport sexuel avec quelqu’un qui refuse, résiste ou
ne veut pas continuer.

La peur, l’anxiété ou certaines substances ingérées peuvent aussi


produire des effets physiques apparentés à une stimulation sexuelle. Dans
tous les cas, seule la personne concernée peut véritablement exprimer ce
qu’elle a ressenti: ce sont ses propres émotions qui comptent. Le corps peut
réagir de bien des façons, et parfois de manière étonnante et contradictoire.
Que son physique semble répondre n’est pas un indice fiable pour
poursuivre un rapport sexuel avec quelqu’un qui refuse, résiste ou ne veut
pas continuer. Projeter nos propres désirs sur l’autre, c’est le contraire de
l’empathie si nécessaire entre partenaires.

Une relation non désirée ne laisse jamais un bon souvenir, ni dans


le corps ni dans la tête.

Une relation non désirée ne laisse jamais un bon souvenir, ni dans le


corps ni dans la tête. Tu as déjà été malade à un moment où tu aurais tout
fait pour ne pas l’être, par exemple le jour de ta fête ou de ton bal de fin
d’études? Tu as déjà vomi bien malgré toi, lors d’un souper en tête à tête
attendu depuis longtemps ou d’une soirée où tu voulais briller? Alors tu
comprends que le corps et le cerveau ne sont pas toujours synchronisés. Et
tu ne l’oublieras pas.
«SI J’INSISTE DAVANTAGE, SON NON VA SE
CHANGER EN OUI »

Le désir ne se commande pas. Ou bien il est là, ou bien il n’y est pas.
C’est malheureux, diras-tu, mais c’est comme ça. Si on te dit ne pas vouloir
de toi, crois-le. Ton amour-propre en souffrira un peu; nier l’évidence n’y
changera rien. Au contraire, tu étireras ton chagrin en t’y complaisant.

Si on te dit ne pas vouloir de toi, crois-le. Ton amour-propre en


souffrira un peu; nier l’évidence n’y changera rien. Au contraire,
tu étireras ton chagrin en t’y complaisant.

Si une personne n’a vraiment pas le goût de partager son intimité avec
toi, tenter de forcer son consentement ne fera que rendre pénible la
situation. L’acharnement n’est pas du tout séduisant, encore moins érotique.
C’est même très déplaisant pour qui subit ces ardeurs appuyées et
importunes. «Oui, mais des fois ça fonctionne!» diras-tu. Tu as des amis ou
des connaissances qui ont fait ça, affirmes-tu, et ça leur a apparemment
rapporté. C’est du moins ce qu’ils disent. J’ai de mauvaises nouvelles pour
eux. Et pour toi aussi si tu étais tenté de les imiter.
D’abord, les filles ou les gars qui finiront par acquiescer à ta demande
pour se débarrasser de toi ou pour maintenir une relation chancelante le
regretteront très probablement et ne se priveront sans doute pas de le dire à
leur entourage. Les dons Juans insistants ne se font pas une bonne publicité.
Tu ne sais jamais ce qu’il adviendra d’une aventure issue d’un
consentement vicié ou arraché. Ses retombées négatives pourraient te
poursuivre longtemps. Et ce n’est pas parce que la personne n’a pas, ou pas
encore, porté plainte qu’elle a tourné la page sur ce qui s’est passé. Un
rapport sexuel imposé, c’est traumatisant. Et un traumatisme ne s’efface pas
facilement.

Insister, c’est risqué. Une fois que tu es sur cette pente, tu es mal
engagé.

À court, moyen et long terme, il n’y a rien à gagner à tenter de bulldozer


les résistances des autres à nos désirs. Un consentement extorqué ou forcé
n’augure rien de bon, quel que soit le type de relation anticipée avec cette
personne. Qui voudrait fréquenter un gars harcelant ou agressif, que tout le
monde finira par fuir?
Le mouvement #Moiaussi a montré comment des hommes qui avaient
du pouvoir et qui se croyaient irrésistibles ont poussé l’insistance jusqu’à
l’agression. Ils n’acceptaient pas qu’on leur dise non. Dénoncés, plusieurs
ont perdu leur réputation, leur carrière, leurs amitiés, leur famille, ont fait
de la prison aussi.

Si tu tiens vraiment à être charmeur, sois-le jusqu’au bout en


sachant quand rebrousser chemin. Ne deviens pas désagréable par
ton entêtement. Il n’y a pas de bonne façon de harceler!

Insister, c’est risqué. Une fois que tu es sur cette pente, tu es mal
engagé. Celui qui n’accepte pas qu’on résiste à ses avances est en train de
se transformer en harceleur ou, pire encore, en agresseur. Personne ne
trouve ça sexy. En plus, ça tombe sous le coup de lois qui entendent
prévenir ou sanctionner les actes de cette nature. Ce n’est pas du tout
anodin.
Si tu tiens vraiment à être charmeur, sois-le jusqu’au bout en sachant
quand rebrousser chemin. Ne deviens pas désagréable par ton entêtement. Il
n’y a pas de bonne façon de harceler! Ça ne peut que se retourner contre toi,
tôt ou tard. Tu peux certainement être attirant pour d’autres personnes que
celles qui te disent non. Tu n’as besoin ni d’implorer, ni d’imposer quoi que
ce soit à qui que ce soit. Et si jamais c’est le cas, il y a du travail à faire sur
toi, il n’est pas trop tard pour commencer. Tu as déjà un bon ouvrage entre
les mains pour t’y aider, c’est un début.
PARLONS PORNO…

Les condamnations de la porno ne manquent pas. Elles donnent parfois à


penser que les gars n’auraient qu’une envie: reproduire tel quel et au plus
vite ce qu’ils ont vu à l’écran. Ce n’est pas si simple que ça. D’autant plus
que la porno n’intéresse pas tout le monde: c’est le cas de 50% des gars
environ (et la moitié moins chez les filles, qui la consomment le plus
souvent en couple).
Il subsiste une grande confusion dans la définition même de la porno.
Pour certaines personnes, toute représentation du corps, du désir ou de la
sexualité humaine serait de la porno. C’est exagéré et peu crédible. On ne
peut pas tout mettre sur le même pied: la nudité, l’érotisme, la grivoiserie,
la porno soft et la porno hard, parmi laquelle se retrouve une porno très
explicitement violente. Démêlons ça.
La nudité est chose naturelle… Comme l’a brillamment dit le
transformiste RuPaul: «Tout le monde naît nu, tout le reste est travestisme.»
Des corps nus, ça n’est pas forcément excitant, ni même érotique, encore
moins pornographique. Ça dépend du contexte, par exemple si c’est dans un
ouvrage de médecine ou dans un magazine érotique.
La nudité n’est pas en elle-même condamnable, à moins bien sûr qu’elle
ne soit imposée à des gens qui ne veulent pas la voir: «Je suis bien aise de
voir des tétons et des fesses, mais je ne veux pas qu’on me les montre», a
écrit non sans humour le philosophe Diderot. L’exhibitionnisme peut
choquer, sans qu’on soit prude pour autant. Obliger des personnes à se
montrer nues est évidemment encore plus répréhensible: le respect de
l’intimité et du corps d’autrui est sacré. C’est pourquoi le partage de photos
intimes de partenaires sans leur consentement explicite est puni par la loi. Si
jamais ces photos montrent des personnes mineures, c’est pire encore. Que
ce soit fait par vengeance envers des ex, par exhibitionnisme ou par
voyeurisme, les conséquences sont les mêmes. La nudité, c’est naturel,
mais exposer celle de personnes qui ne sont pas consentantes à le faire
ou qui sont mineures, c’est illégal. On y reviendra plus loin.
L’érotisme, c’est déjà autre chose. Parce que c’est plutôt l’art de
suggérer, de dévoiler, mais en partie seulement, pour donner à désirer.
L’érotisme n’a pas forcément besoin de nudité explicite puisqu’il joue sur
l’imagination. Tout est dans le dosage: ni trop ni pas assez. Sa proche
parente, la grivoiserie, lui ressemble beaucoup, sauf qu’elle utilise des
images sensuelles dans un but humoristique. La grivoiserie, c’est de
l’érotisme qui ne se prend pas trop au sérieux. Par exemple, une caricature
osée ou encore un spectacle burlesque, lesquels jouent à la fois sur
l’érotisme et sur le comique.
La pornographie, elle, ne laisse plus beaucoup de place à
l’imagination. Elle montre tout, plutôt crûment. Encore qu’on puisse
distinguer la soft et la hard. La porno soft, aussi appelée porno chic, raconte
une histoire, qui commence souvent par de l’érotisme pour évoluer vers des
rapports sexuels explicites. Alors que dans la porno hard il y a très peu
d’histoire, si jamais il y en a. Elle met principalement en scène des rapports
sexuels, pour ne pas dire des organes génitaux en action, en très gros plan.
C’est presque du fétichisme, ces organes génitaux prenant toute la place. La
porno hard évacue toute tendresse. C’est un des signes auxquels on la
reconnaît. Du sexe brut, voire brutal.

GRADATION DESCENDANTE DE LA NUDITÉ À LA PORNO


HARD

Dans la porno hard s’est développé un marché misant sur une sexualité
explicitement violente. Son but est de présenter des scènes dans lesquelles il
y a rabaissement et avilissement d’autrui. C’est du sexe qui fait mal, très
mal même, et de façon volontaire. Plusieurs personnes font remarquer que
la porno hard est déjà en elle-même violente puisque des acteurs et plus
encore des actrices y sont physiquement malmenés. Ce sont leurs vrais
corps, leurs vrais organes génitaux, leurs vrais orifices, après tout. Ce que
les réalisateurs exigent à répétition est psychologiquement et physiquement
éprouvant. Au mieux, ces acteurs et actrices feignent d’aimer ce qu’ils font.
C’est du cinéma, comportant parfois des trucages (par exemple, le sperme
qui coule à flots n’en est généralement pas), mais pas de cascadeurs ou
cascadeuses quand ce qui se passe est risqué ou douloureux. Si la jouissance
peut être feinte, la souffrance infligée et subie est réelle.
Une porno de plus en plus hard et violente repousse les limites de ce qui
peut être visionné, probablement afin de ranimer l’intérêt d’un public blasé,
à la recherche de sensations de nature essentiellement sadique, il faut bien
le reconnaître. Il est possible que cette porno fascine certaines personnes de
la même façon que les récits ou scènes de crime et d’horreur le font: parce
qu’elle provoque des émotions fortes. Chez ceux qui y deviennent accros en
raison de cela, elle peut arriver à créer une certaine désensibilisation,
donnant à penser que sexualité et violence iraient volontiers ensemble.
Tout le monde n’est pas adepte de ce type de scénarios, au contraire. La
porno peut non pas stimuler, mais choquer, provoquer malaise et dégoût.
Cet aspect est trop souvent passé sous silence. Tous les gars n’en sont pas
friands, notamment parce que ce n’est pas forcément beau à voir. Une fois
la curiosité passée, ça devient non seulement lassant, mais affligeant.
Les experts de la question ne s’entendent pas sur le fait que la porno
puisse servir de soupape à ceux qui la consomment, la plupart se doutant
bien que ce n’est pas à reproduire, ou à l’inverse qu’elle incite à passer aux
actes, et aux mêmes actes. Il est vraisemblable que les deux réactions
coexistent, bien que cela varie beaucoup d’un individu à un autre.
La pornographie influence-t-elle à jamais la sexualité de ceux qui la
visionnent? Tant d’éléments entrent en jeu dans le développement de la
sexualité de chacun qu’en isoler un seul semble impossible. On peut avoir
des réactions opposées aux mêmes images à des moments différents de
notre vie.
Affirmer que la pornographie est toujours attrayante, c’est lui faire
une publicité qu’elle ne mérite pas. Prétendre qu’elle incite à l’imitation
fidèle de ce qu’on a vu, c’est sous-estimer la créativité et l’imagination
érotiques des gens, d’autant que tous les gars ne sont pas sadiques, il est
permis de le penser.
On ne s’identifie pas à tout ce qu’on voit. On peut aussi penser que la
porno reproduit davantage qu’elle ne crée par elle-même des types de
rapports, y compris de domination, qui existent déjà dans la société et dont
elle se fait le miroir grossissant. Les rapports qui nous choquent dans la
porno devraient aussi nous choquer quand on les rencontre en dehors de ce
cadre. La porno est un symptôme. Si elle ne répondait pas à certaines
attentes ou besoins, elle n’aurait aucun succès.
Il y a une curiosité légitime à savoir ce que les autres font
sexuellement. C’est ce qui nourrit l’intérêt pour la porno. Sauf que
celle-ci est très peu réaliste: c’est une caricature, quoique sans humour.
La pornographie présente une sexualité extrême. Pas étonnant que le
public amateur de ce matériel soit surtout masculin, comme le public
des sports extrêmes. Par les scénarios qu’elle propose, la porno hard, a
fortiori celle explicitement violente, ne ressemble-t-elle pas à un sport
de combat?
On devrait associer la pornographie à des films de sciencefiction, voire
d’horreur, tellement ce qu’elle nous présente est souvent décroché de la
réalité et de ce que souhaitent vivre la plupart des hommes et des femmes.
Tout est mis en œuvre pour que ça ait l’air excitant à vivre; ça ne l’est pas.
Presque toutes les ex-stars de la porno qui en sont sorties l’admettent: c’est
souffrant parce que très demandant physiquement et corrosif
psychologiquement. Ce matériel devrait porter le même avertissement que
les émissions de type Jackass: «N’essayez surtout pas de faire la même
chose à la maison!»
Développer un sens critique à l’égard de ce que tu pourrais voir dans la
porno est un bon antidote. Elle est si omniprésente qu’il est devenu difficile
d’y échapper. On tombe dessus tôt ou tard – et de plus en plus tôt, semble-t-
il, soit au tout début de l’adolescence chez les gars. Aussi bien réaliser ce
qu’elle est et ce qu’elle n’est pas Sa censure peut parfois avoir des effets
contre-productifs. Par exemple, quand des filtres installés sur des
ordinateurs pour bloquer tout ce qui concerne la sexualité interdisent l’accès
à des sites sur la santé, l’éducation sexuelle, la prévention du harcèlement et
des agressions sexuelles, on y perd ou on y gagne?
La porno n’est pas plus représentative de la sexualité que tes étirements
matinaux le sont des performances olympiques… C’est du sexe fast-food,
bourré d’additifs toxiques: si tu en surconsommes, il se peut que tu finisses
par en faire une indigestion. Or, te dégoûter du sexe est certainement la
dernière chose que tu souhaites.
Enfin, si jamais tu es ou deviens adepte de la porno, évite d’encourager
par procuration et dans la pénombre ce que tu n’encouragerais pas dans la
vie de tous les jours. Rappelle-toi toujours que ce sont des vrais êtres
humains qui tournent dans ces films, qui peuvent donc en souffrir sur le
plan physique et psychologique. Le principe de réduction des méfaits qui
prévaut dans l’intervention auprès des toxicomanes inaptes à arrêter à court
terme leur surconsommation peut très bien s’appliquer ici. Évite ce qui fait
du tort à autrui, en particulier aux actrices et acteurs qui tournent dans ces
films, surtout si ces derniers comportent de la violence non feinte. Garde-toi
aussi de te faire du tort à toi-même, par exemple en devenant accro à des
scénarios que tu n’es pas fier d’entretenir tellement ils sont contraires à tes
valeurs.
Un dernier conseil: ne te fie jamais à la porno pour savoir ce qui
serait bon pour toi et pour tes partenaires. Elle ne le sait pas.
«C’EST UNE AVENTURE SANS
CONSÉQUENCE»

Des relations sexuelles prétendument sans lendemain peuvent en avoir.


Et là, on ne parle pas seulement d’infections transmises sexuellement, par le
sperme ou le sang, ou encore de grossesse non désirée: on parle de
séquelles psychologiques ou même physiques quand les choses tournent
mal. Bien sûr, il n’y a rien de mauvais à avoir des relations sexuelles sans
engagement quand c’est ce que les partenaires recherchent. Encore faut-il
s’assurer que c’est bien le cas.

Il est possible qu’une relation sexuelle qui n’avait pour toi ni


signification ni conséquence en ait pour ta ou ton partenaire. Tu te
dis, pour te rassurer: «Oui, mais j’étais sur le party, en vacances,
en voyage, ça n’a pas d’importance pour moi ce qui s’est passé…»
Peut-être pas pour toi, mais pour l’autre?

On a le droit de vivre des relations sans lendemain, là n’est pas la


question. Le problème survient quand un gars se dédouane de toute
responsabilité quant aux conséquences de ses actes sous prétexte que c’était
dans le cadre d’une aventure. Il est possible qu’une relation sexuelle qui
n’avait pour toi ni signification ni conséquence en ait pour ta ou ton
partenaire. Tu te dis, pour te rassurer: «Oui, mais j’étais sur le party, en
vacances, en voyage, ça n’a pas d’importance pour moi ce qui s’est
passé…» Peut-être pas pour toi, mais pour l’autre?

Les attentes qu’on a, ou pas, lors d’un rapport sexuel influencent


énormément la façon d’y réagir. Être clair dans nos attentes et à
l’écoute de celles de l’autre est un impératif, quel que soit le temps
passé ensemble.

Évidemment, si tu ne comptes pas revoir cette personne, tu ne sauras


jamais comment elle a réagi. Il se peut qu’elle se souvienne de toi, mais pas
pour les raisons que tu crois. Elle peut conclure que tu as profité d’elle et de
la situation. Vos attentes n’étaient pas les mêmes. En disparaissant aussitôt
le rapport sexuel consommé, ou presque, tu as laissé derrière toi quelqu’un
de blessé. Même si ce n’était pas ton intention.
Les attentes qu’on a, ou pas, lors d’un rapport sexuel influencent
énormément la façon d’y réagir. Être clair dans nos attentes et à l’écoute de
celles de l’autre est un impératif, quel que soit le temps passé ensemble. Ce
n’est pas la durée d’une rencontre ou d’une relation qui fait en sorte qu’elle
sera marquante, que ce soit pour le meilleur ou le pire: c’est la façon dont
elle se déroule. Il y a l’avant, le pendant et l’après.

Si brève soit-elle, une relation sexuelle consentie ne devrait


entraîner ni regrets ni séquelles désagréables. Si tu préfères des
relations sans lendemain, dis-le, et pas après coup.

Sébastien a fait la connaissance d’Olivia dans une fête d’amis


communs. La soirée s’est prolongée et ils l’ont finie ensemble dans le petit
appartement de Sébastien, situé pas loin. Olivia a eu le coup de foudre pour
lui. Pour Sébastien, c’est différent. Il avait seulement envie d’avoir un
rapport sexuel. Ça aurait pu être avec une autre fille, mais Olivia était là,
disponible. Ils sont donc partis ensemble, ont fait l’amour rapidement et se
sont endormis.
Leur réveil se passe mal. Sébastien ne souhaite pas passer la journée
avec elle ni vraiment la revoir, alors qu’elle aurait envie de rester près de
lui. Il invente un rendez-vous de dernière minute et la pousse vers la porte.
Quand elle lui demande s’ils se reverront, il trouve moyen de ne pas
répondre. Dans sa tête, c’était une aventure d’un soir, c’est clair. Il ne veut
pas aller plus loin. Elle est déçue et se dit que si elle avait su…
Si brève soit-elle, une relation sexuelle consentie ne devrait entraîner ni
regrets ni séquelles désagréables. Si tu préfères des relations sans
lendemain, dis-le, et pas après coup. Tes partenaires ne peuvent pas deviner
tes plans. Prends au moins le temps de mettre cartes sur table. Renseigne-toi
du même coup sur les attentes de l’autre. N’apparais pas comme un
profiteur, ce n’est pas toi.
Il n’y a rien à perdre en étant honnête au sujet de ce que tu recherches
vraiment. Au pire, l’autre te dira non, parce que vos attentes ne sont pas
assorties. C’est mieux que de lui faire regretter d’avoir succombé à tes
charmes et de t’en vouloir pour ton manque de transparence. Nommer
ouvertement tes attentes te permettra de trouver des partenaires qui
recherchent la même chose que toi. Vous devriez dès lors bien vous
entendre… du moins sur ce plan-là.

On ne fait jamais l’amour dans l’intention de le regretter!

Tu peux aussi choisir de mettre de côté les aventures parce que ça ne


t’apporte pas ce que tu cherches. Avec une personne que tu ne connais
probablement pas encore très bien, qui ne sait pas grand-chose de toi non
plus, c’est un pari qu’une complicité satisfaisante s’établisse entre vous
pour que ce soit le pied (encore que ça puisse arriver). Ce qui importe en
premier lieu, c’est que toi et tes partenaires soyez transparents et ouverts sur
ce que vous recherchez. Ça limitera les déceptions de part et d’autre. On ne
fait jamais l’amour dans l’intention de le regretter!
«ET SI C’ÉTAIT MA DERNIÈRE CHANCE?»

Par définition, le désir est, dans un premier temps, égoïste. On veut


combler un besoin de contacts physiques, de caresses, de sexualité. On a
alors tendance à penser à court terme, comme s’il n’y avait pas de
lendemain. Sous l’emprise d’une forte pulsion ou attraction sexuelle,
beaucoup de gars se comportent comme si seul comptait le moment présent.
Comme si c’était leur dernière occasion d’avoir un rapport sexuel, du moins
avec cette personne-là. C’est évidemment faux, ils ne vont pas mourir
demain, mais ce sentiment d’urgence crée énormément de pression.
Les réseaux sociaux donnent aujourd’hui l’impression que rencontrer
des gens pour avoir des relations sexuelles est plus aisé que jamais. Tu peux
te croire frappé d’une malédiction si telle n’est pas ta réalité. De quoi te dire
que, lorsque l’occasion se présentera, il ne faudrait pas la rater. La voilà
justement, penses-tu…
Tu rencontres donc sur le Web une personne qui te plaît. Tu te dis que
c’est le moment ou jamais. Et tu essaies de mettre toutes les chances de ton
côté. Tu lui envoies des photos de toi si flatteuses que ta propre mère ne te
reconnaîtrait pas, tu lui mens un peu – beaucoup? – sur qui tu es pour
l’impressionner, tu insistes pour l’inviter à une rencontre. Et là tu vas faire
l’impossible pour passer à l’étape suivante dans ton esprit, idéalement celle
de la chambre à coucher. Une formalité, te dis-tu…
Mais voilà: ton désespoir transpire. Tu es malhabile, tu bafouilles, tu
t’appesantis, tu inspires finalement plus de pitié que de désir. Ce n’est pas
très attirant. Si jamais l’autre personne cède par lassitude, elle regrettera
vite de n’avoir pas su te mettre de côté ou te repousser avant. Au mieux,
vous réaliserez ensemble que vous êtes dans la même situation: deux
naufragés cherchant à s’accrocher à quelque chose ou quelqu’un par dépit.
Après cet échec, tu te retrouveras encore plus démoralisé qu’avant. Te voilà
bien avancé.
Savoir gérer la frustration sexuelle est un apprentissage que
personne ne nous enseigne. Chacun doit l’apprendre par lui-
même.

Savoir gérer la frustration sexuelle est un apprentissage que personne ne


nous enseigne. Chacun doit l’apprendre par lui-même. Par les changements
neurobiologiques qu’elle provoque, l’attirance sexuelle modifie
suffisamment nos façons de penser et d’agir pour qu’on se retrouve parfois
à faire des choses inhabituelles, y compris des bêtises. Et on en fait. Mais
est-ce une raison pour recommencer?

Tu as sans doute déjà été témoin de cette scène hélas courante, en


particulier dans les endroits où l’on drague en personne: un gars
tente de s’agripper à de possibles partenaires comme à des bouées
de sauvetage. «Quel spectacle pathétique!» avais-tu pensé, non
sans raison. Quand c’est toi qui te retrouves dans ce rôle, tu en
penses quoi?

Tu as sans doute déjà été témoin de cette scène hélas courante, en


particulier dans les endroits où l’on drague en personne: un gars tente de
s’agripper à de possibles partenaires comme à des bouées de sauvetage.
«Quel spectacle pathétique!» avais-tu pensé, non sans raison. Quand c’est
toi qui te retrouves dans ce rôle, tu en penses quoi?
Vivre comme si chaque jour était le dernier pour trouver quelqu’un, à
tout prix, ce n’est pas la meilleure idée. Tenter de séduire comme un
désespéré est rarement gagnant, à moins de vouloir rester entre personnes
désespérées. Est-ce vraiment ce que tu souhaites?
LE SEXE EST-IL UN SPORT DANGEREUX3?

Les ébats sexuels constituent probablement l’activité physique la plus


pratiquée de par le monde. Et comme toute activité physique, elle comporte
des risques. C’est particulièrement vrai pour ceux qui aspirent à rivaliser
avec les performances extrêmes qu’ils ont vues dans la porno. Non sans
humour, une étude britannique menée il y a quelques années par le sondeur
One Poll4 a fourni des réponses qui donnent à réfléchir sur les blessures
causées par des activités sexuelles.
Dans ce sondage, pas loin du tiers des gens déclaraient s’être déjà
blessés en faisant l’amour. Ce qui ferait de cette activité un sport
périlleux, du moins à ne pas prendre à la légère (si on considère que c’est
un sport, bien évidemment…).
Les blessures les plus courantes sont les suivantes: le tour de rein, les
élongations musculaires, les éraflures, le torticolis, les contusions et
luxations aux genoux, aux coudes, aux épaules, aux chevilles et au poignet.
Dans ce dernier cas, possiblement chez ceux qui – comment dire? –
préfèrent l’amour en solitaire.
Fait intéressant, la majorité des gens ne s’aperçoivent de leurs blessures
que le lendemain, sans doute trop emportés par la passion pour ressentir sur
le coup autre chose que du plaisir. Il y a des lendemains de veille où,
manifestement, on déchante, une fois passée l’extase du moment.
Ces blessures peuvent être assez graves: 2% des gens se sont brisé un
membre dans le feu de l’action. Quelques gars ont même eu leur attribut
viril cassé en deux par leur partenaire voulant sans doute sauter dans leurs
bras avec trop d’empressement. C’est, paraît-il, extrêmement douloureux, et
ça nécessite généralement une intervention chirurgicale d’urgence.
Jusqu’à 5% des blessés d’amour ont dû s’absenter du travail le
lendemain ou les jours suivant leur accident. Sans compter les dommages
matériels, évidemment: 40% des personnes concernées en rapportent. Avec
en moyenne 250$ de dommages, et pour cause: des gens mentionnent des
fenêtres et des portes défoncées!
Comme on n’est jamais trop prudent, voici les lieux à éviter puisqu’ils
augmentent les risques de se blesser lors de rapports sexuels:
– le sofa, car on a tendance à tomber en bas, et parfois bien bas;
– les escaliers, instables, malgré les infinies possibilités offertes, de haut
en bas;
– l’automobile, en particulier quand une autre voiture, voulant sans
doute se joindre à vos ébats, vous rentre dedans;
– la douche, glissante par définition;
– la chambre à coucher – comme quoi on n’est nulle part en totale
sécurité;
– les chaises, surtout si on se retrouve à plus d’une personne dessus;
– la table de cuisine, la nappe pouvant accélérer les dérapages;
– le jardin, qu’il soit intérieur ou extérieur (cactus et plantes vénéneuses
sont à fuir; sans compter les moustiques et les insectes qui pourraient aussi
s’intéresser de près à notre corps);
– enfin, les placards qui, contrairement à ce que l’on croit, ne sont pas
forcément réservés aux gais et lesbiennes, mais sont en général trop étroits.
Heureusement, les médecins ne manquent jamais de rappeler que
l’activité sexuelle demeure une activité physique profitable pour la
majorité des gens. Ceux qui font l’amour deux fois par semaine et plus
– ou qui se masturbent – ont sensiblement moins de risques de
développer une maladie cardiaque et sont en général moins stressés.
Attention cependant: les organes génitaux masculins ont leur seuil de
résistance. Par exemple le priapisme, qui résulte d’une érection prolongée et
hors contrôle, peut survenir en dehors de toute excitation. C’est douloureux
et dangereux. Un pénis qui ne retrouve pas son état normal au bout de
quelques heures met en péril son avenir et celui de son propriétaire. En
effet, c’est très exigeant sur le plan de la pression sanguine, qui double alors
dans cette partie du corps, avec un afflux de sang dix fois supérieur à la
normale. C’est ce qui fait gonfler le pénis, qui peut à un certain moment ne
plus supporter de retenir ainsi son souffle. Les testicules ont aussi leur
sensibilité, à ne pas négliger: ce ne sont pas des balles de ping-pong. Sans
parler du sexe anal, l’intérieur de certaines parties du corps étant sensible
aux déchirures.
No pain, no gain, disent les Anglais et nous répètent à satiété les
entraîneurs sportifs.
Malgré tout, le manque d’amour demeure la plus douloureuse des
blessures. Les blessures faites à notre ego ne sontelles pas les plus
difficiles à guérir?

3. Ce chapitre s’inspire d’une chronique réalisée par l’auteur pour l’émission radiophonique Le
Spornographe, à Radio Canada.

4. No Pain No Gain – Press Release, Phone Piggy Bank, 8 mai 2010.


«MES AMIS M’ONT MIS AU DÉFI!»

Des gars rapportent avoir eu leurs premiers rapports sexuels dans un


contexte pas idéal du tout, sans même avoir vraiment envie de leur
partenaire. C’était simplement pour faire comme les autres, et sous leur
influence, pour avoir quelque chose à leur raconter. La pression à la
conformité peut être forte chez les adolescents et les jeunes adultes afin
d’avoir le sentiment de faire partie de la gang, comme on dit au Québec.
Beaucoup de gars tiennent à imiter leurs pairs. Un collègue ou un ami
qui semble avoir du succès sur le plan amoureux ou sexuel donne envie de
suivre son exemple. Surtout que les puceaux ne sont pas très bien vus. Alors
qu’une fille qui a beaucoup de partenaires s’attire des propos peu flatteurs,
il n’y aurait pas de limite au nombre de «conquêtes» que peut faire un gars
et il ne serait jamais trop tôt pour commencer, d’après les standards
masculins.

La pression à la conformité peut être forte chez les adolescents et


les jeunes adultes afin d’avoir le sentiment de faire partie de la
gang, comme on dit au Québec.

Il existe même aujourd’hui des coachs de séduction qui se targuent


d’enseigner leurs trucs aux autres hommes. Si trucs il y a. Pour avoir lu
quelques-uns de leurs ouvrages, je demeure très perplexe à l’égard de leurs
recommandations. Elles semblent empreintes de sexisme et de suffisance,
pour ne pas dire de mépris, vis-à-vis des partenaires à séduire. Feindre
tantôt l’intérêt, tantôt le désintérêt, alternant l’un et l’autre pour mystifier
leur prise, c’est parfois le terme utilisé, voilà en résumé le procédé vendu
par lesdits coachs. «Se faire désirer», en faisant un pas en avant, un pas en
arrière, serait leur secret mal gardé. Ils recommandent en somme de faire
marcher la personne désirée… ce qui en dit long sur le respect qu’ils ont
pour elle.
Dans son ouvrage Masculinités, la sociologue Raewyn Connell avance
que tous les gars, même les plus machos, seraient préoccupés par leur
normalité: «Suis-je un vrai homme5?» Tout se passerait, et c’est peut-être
ton cas, comme si la masculinité avait toujours besoin d’être prouvée,
notamment par la faculté de séduire. Se montrer conforme à ce que font les
autres gars sur le plan sexuel – ou du moins à ce qu’on pense qu’ils font –
serait une façon de se rassurer.
Le regard de nos pairs compterait beaucoup plus qu’on ne le pense dans
notre souhait de séduire et de performer à tout prix. On voudrait donner le
change, montrer qu’on ne vaut pas moins que les autres. Un gars me
confiait combien il était important pour lui d’avoir une partenaire que ses
amis trouveront digne de lui: «Avoir une fille qui rend les autres jaloux,
c’est me faire respecter, c’est montrer ma valeur en tant qu’homme.» Être
envié, ça compte énormément pour certains gars.
Il y a une émulation toute masculine à affirmer sa virilité par une
séduction plus ou moins agressive puis par les rapports sexuels qui
s’ensuivent. Nos performances sexuelles ou amoureuses servent parfois à
prouver notre capacité d’égaler ou même de relancer les autres gars. C’est
pourquoi les tout premiers rapports sexuels sont souvent vécus comme des
rites de passage. Comme si on entendait nos pairs nous dire à l’oreille: «Tu
es un des nôtres maintenant.»
Pour toutes ces raisons, il se peut bien que tu fasses non pas ce qui te
plaît, à toi, mais plutôt ce qui plaît à tes amis. Pas certain que ce soit une
bonne idée. À partir du moment où tu fais ce que tu imagines que les autres
font, non pas ce dont tu as envie, tu n’es plus toi-même. Dans le rapport
sexuel que tu as alors, vous êtes plus que deux: tu agis comme si tous tes
potes étaient là à regarder. Et tu ne veux pas les décevoir. Ce qui donne ce
que ça donne: tu ne suis pas tes propres élans, tu n’entends pas ce que
l’autre te dit, tu es ailleurs en pensée, toujours avec tes potes en fait. Est-ce
vraiment la meilleure chose à faire à ce moment-là?

À partir du moment où tu fais ce que tu imagines que les autres


font, non pas ce dont tu as envie, tu n’es plus toi-même. Dans le
rapport sexuel que tu as alors, vous êtes plus que deux: tu agis
comme si tous tes potes étaient là à regarder. Et tu ne veux pas les
décevoir.

Dans ces circonstances, il est probable que la relation sexuelle en


question ne soit pas un grand succès. Tu as trop la tête ailleurs. Tires-en
leçon: la prochaine fois, laisse tes amis de côté, vis ta sexualité à ta façon à
toi. Tu n’as pas besoin de reproduire ce que tes amis t’ont raconté faire ni
de te tracasser pour savoir si tu es à la hauteur de leurs critères. Tu ne feras
pas ta vie avec eux – sinon c’est eux qu’il faudrait draguer! Sois toi-même.
C’est en général comme ça qu’on t’aime, non?
5. Raewyn Connell, Masculinités: enjeux sociaux de l’hégémonie, Paris, Editions Amsterdam,
2014.
«J’AVAIS BEAUCOUP BU ET CONSOMMÉ…»

Tu as le sens de la fête, tu es un bon vivant, dis-tu. Pas de problème. Ce


n’est toutefois pas une excuse pour poser des gestes que tu ne poserais
pas à jeun d’alcool ou de drogues et que tu pourrais regretter par la
suite.
L’alcool et la plupart des drogues ont pour effet de créer une euphorie
qui abaisse plus rapidement nos inhibitions et par voie de conséquence nos
pantalons, quand c’est le vêtement porté. On est plus détendu, plus
téméraire aussi. Des gars que la drague ou les rapports sexuels angoissent
cherchent parfois à modifier leur état de conscience afin de paraître plus
cool et relax. Est-ce ton cas?

Attention: chez beaucoup de gars, l’abus d’alcool ou de drogues


peut accélérer l’excitation, mais diminuer, voire anéantir,
l’érection. Ou encore provoquer une éjaculation très précoce. Ce
n’est pas précisément le but recherché…

Se dire qu’après avoir consommé de l’alcool ou certaines drogues on


sera plus à l’aise sexuellement peut agir comme un conditionnement.
Comme on a le sentiment qu’on sera plus détendu et sociable, on le devient.
C’est de l’autosuggestion. Plusieurs gars qui perçoivent l’alcool ou la
drogue comme aphrodisiaques se conditionnent en fait à réagir
différemment qu’ils ne le feraient en temps normal. Et cette
surconsommation devient l’excuse toute trouvée quand ça tourne mal.
Attention: chez beaucoup de gars, l’abus d’alcool ou de drogues peut
accélérer l’excitation, mais diminuer, voire anéantir, l’érection. Ou encore
provoquer une éjaculation très précoce. Ce n’est pas précisément le but
recherché… En somme, ce qui peut sembler aider à petite dose peut créer
une catastrophe à plus grande dose, perturbant complètement ton corps et
ses réactions habituelles.
En modifiant l’état de conscience, l’alcool et les drogues font aussi
oublier les risques. Par exemple, ceux liés aux infections transmises
sexuellement ou encore aux grossesses non désirées. Le préservatif est plus
volontiers oublié ou laissé de côté quand on est soûl ou drogué. Le
lendemain, en retrouvant tes esprits, il se pourrait que tu aies des regrets
d’avoir fait des choses dont tu te serais volontiers abstenu.

Même si t’es un bon gars, méfie-toi de ce que tu pourrais faire


après avoir bu ou consommé des substances modifiant ton état de
conscience. Si tu te sais sensible à ce risque, entends-toi au moins
avec un ami fiable et en contrôle de lui-même pour qu’il te
rappelle à l’ordre si requis.

Un rapport sexuel en état de surconsommation d’alcool ou de drogues


peut aussi faire qu’au moins un des partenaires n’est plus apte à prendre des
décisions avec toute sa conscience. C’est une porte ouverte sur des abus ou
même des agressions. Une personne peut être à ce point intoxiquée qu’il lui
est impossible de résister à une activité sexuelle qu’elle ne souhaite pas
avoir. Certaines victimes de telles situations racontent qu’on les a fait boire
de façon excessive ou fait prendre à leur insu des substances modifiant leur
état de conscience. À l’évidence, elles ne pouvaient consentir à ce qu’elles
ont subi ensuite.
Chaque année, des gars se retrouvent au poste de police et devant les
tribunaux pour avoir abusé d’autrui lors de virées ou de partys qui se sont
mal terminés. Il n’est pas rare que leurs professeurs, parents et amis
viennent alors témoigner au tribunal, alléguant qu’ils sont en temps normal
de très bons garçons! Eh oui, des bons gars qui ont fait de mauvaises choses
parce qu’ayant perdu la tête ou feint de le faire, alcool et drogue ayant le
dos large pour excuser l’inexcusable.
Même si t’es un bon gars, méfie-toi de ce que tu pourrais faire après
avoir bu ou consommé des substances modifiant ton état de conscience. Si
tu te sais sensible à ce risque, entends-toi au moins avec un ami fiable et en
contrôle de lui-même pour qu’il te rappelle à l’ordre si requis. Quitte à te
ramener chez toi dès que tu es en danger de dérapage. Mieux encore:
apprends à t’imposer des limites, et pas qu’au tout dernier moment. Et puis,
tu sais quoi? Un individu qui n’est plus en contrôle de lui-même ou qui as
des gestes abusifs n’est pas tellement attirant.
LES BULLES INVISIBLES DE L’INTIMITÉ

Chaque être humain possède sa bulle d’intimité. C’est la distance physique


minimale en dessous de laquelle on entre dans son domaine très privé.
Comme la proximité tolérée varie selon les cultures et les gens, c’est en
partie subjectif, quoique bien réel.
Nous avons tous besoin d’un périmètre de sécurité et d’une certaine
distanciation qui nous protègent de l’intrusion des autres. Lorsque l’on
veut initier des rapports amoureux ou sexuels, cet espace est réduit à
son minimum. C’est dans ce contexte que des problèmes peuvent se
poser.
Notre bulle d’intimité est composée d’au moins trois couches
successives, parfois invisibles, mais très précieuses. Un peu à la façon des
poupées gigognes russes, ces bulles s’emboîtent les unes dans les autres, tel
que l’illustre le dessin ci-contre.
Immatérielle, une première enveloppe extérieure est symbolique et
concerne notre identité, notre réputation, notre tranquillité d’esprit.
Quand quelqu’un dit du mal de toi, ça peut te faire autant souffrir que si
l’on t’agressait physiquement. Le harcèlement moral ou sexuel, les atteintes
à la réputation, les injures et les insultes peuvent sérieusement endommager
cette première bulle. C’est pourquoi il y a des lois qui protègent des
intrusions inacceptables dans notre vie privée et de la diffamation.
La deuxième enveloppe, plus rapprochée de nous et plus fragile
encore, concerne notre corps physique dans ce qu’il donne à voir, à
sentir, à goûter et à toucher de l’extérieur. Une caresse, un baiser, un
pincement de peau, un toucher aux parties intimes ou sexuelles, voilà des
gestes qu’on ne permet pas à tout le monde parce qu’ils empiètent sur notre
intimité physique. On ne se sent bien que lorsque la personne qui prend ces
libertés avec nous a obtenu notre consentement pour le faire.
La troisième enveloppe est celle qui se trouve à l’intérieur de notre
corps, accessible uniquement par nos orifices corporels – bouche et
anus, par exemple (et vagin chez les femmes).
C’est évidemment notre bulle la plus intime de toutes. Pénétrer le corps
de quelqu’un, c’est envahir ce que cette personne a de plus privé. Hormis
pour des examens d’ordre médical ou pour faire sa toilette, autoriser
quelqu’un à pénétrer notre corps exige en général une grande confiance et
un grand abandon.
Une intrusion dans n’importe laquelle de ces trois bulles peut constituer
une violence intolérable, qu’on soit garçon ou fille. Des gars qui ont de la
difficulté à comprendre à quel point violer l’intégrité physique d’une femme
est inacceptable sont, à bon droit, les premiers à ne pouvoir tolérer un seul
instant l’idée de subir la même chose. Par exemple, comment réagiraient-ils
si une personne inconnue voulait abuser de leur corps ou le pénétrer?
Il arrive que des gars soient harcelés sur le plan sexuel, que ce soit par
des hommes ou des femmes – oui, c’est aussi possible –, qu’ils subissent
des attouchements non désirés ou se fassent agresser sexuellement. Au
Canada, au moins un homme sur dix rapporte avoir déjà été sexuellement
agressé, dans la plupart des cas durant son enfance ou son adolescence, bien
que cela arrive aussi à des jeunes adultes. On peut certainement se sentir
concerné par ces exactions et être solidaire avec les victimes, toutes les
victimes, quels que soient leur sexe et leur genre.
Sauvegarder ses propres bulles, respecter en toute réciprocité celles
d’autrui, ça devrait aller de soi. Au moment d’écrire ces lignes, un virus
très contagieux nous oblige à garder une certaine distanciation sociale lors
de nos rapports avec les autres. Une quatrième bulle, sociale celle-là,
s’ajoute ainsi aux autres, par-dessus les autres en fait, pour nous protéger.
Lorsque nous entrons sans permission dans la bulle privée des
autres, nous provoquons des effets très similaires à ceux d’un virus:
nous contaminons leur intégrité. Aucun vaccin n’est possible et il n’y a
aucun médicament en vue pour prévenir cela. C’est à notre vigilance et
à notre conscience d’agir pour respecter les bulles des autres autant
que nous préservons la nôtre.
«C’ÉTAIT SEULEMENT POUR BLAGUER»

Imaginons ce qui suit. Tu as mis la main aux fesses de Camille, qui n’a
pas du tout apprécié. «Oui, mais c’était seulement une blague!» as-tu
répondu. Tu as de l’humour, c’est connu, et tu n’avais aucune intention
cachée, c’était pour rire. C’est tellement évident… à tes yeux à toi. Car tu es
entré dans la bulle de Camille sans du tout y être invité. À sa place, tu
réagirais possiblement de la même façon: tu ne te laisses pas toucher par
n’importe qui.
«Oui, mais comme on se connaît, c’est tout de même moins grave», dis-
tu comme pour te justifier. Est-ce que ça change vraiment quelque chose?
Les gens qu’on connaît peuvent-ils nous tripoter comme bon leur semble?

«On ne peut même plus faire de blague!» déplores-tu. C’est qu’il y


a blague et blague. Ce qui te faire rire, toi, peut très bien ne pas
être apprécié du tout par les autres.

«Ça dépend qui…» réponds-tu. En effet, ça dépend de qui c’est, du


contexte et de la relation qu’on a avec cette personne-là. Nous préférons à
bon droit choisir qui peut franchir les bulles qui enveloppent et protègent
notre intimité. Si, dans le métro par exemple, une main qui appartient à tu
ne sais qui se dépose sur ton postérieur, tu vas réagir comment?
«On ne peut même plus faire de blague!» déplores-tu. C’est qu’il y a
blague et blague. Ce qui te faire rire, toi, peut très bien ne pas être apprécié
du tout par les autres. Surtout que, dans cet exemple à ne pas suivre, tu as
bousculé l’intimité d’une personne qui ne s’y attendait pas et qui ne le
demandait pas non plus.
«Mais l’humour, c’est mon truc pour me faire des amis!» ajoutes-tu,
dépité. L’humour peut effectivement être attirant lorsqu’il est bien dosé, au
moment opportun. Dans ce cas-ci, non seulement tu as raté ton coup, mais
tu as provoqué la réaction contraire à celle espérée: on ne t’a pas trouvé
drôle, on t’a même souligné que ton geste était déplacé.

Le corps des autres, tout comme le tien, n’est pas un terrain de jeu
auquel on peut accéder en tout temps, comme on veut. Une
autorisation est requise.

Les personnes avec qui on est ou voudrait être ami ont, comme toutes
les autres, leur bulle d’intimité. On se doit de respecter ça. Même si tu
n’avais pas forcément une intention malveillante – encore que Dieu seul sait
ce qui peut se passer dans notre inconscient –, ton geste pouvait à
l’évidence avoir une portée sexuelle et par conséquent surprendre ou
choquer. Penses-y davantage la prochaine fois. Le corps des autres, tout
comme le tien, n’est pas un terrain de jeu auquel on peut accéder en tout
temps, comme on veut. Une autorisation est requise. Dans le cas présent,
puisque tu ne peux revenir dans le passé, des excuses sincères seraient
minimalement nécessaires, si ce n’est déjà fait.

On n’a pas tous la même sensibilité au contact physique avec


autrui. Ce qui semble anodin aux uns peut être pénible pour
d’autres.

Quand j’étais enfant, je détestais le temps des fêtes avec toutes ces
embrassades de grandes personnes qui, malgré leurs belles intentions,
brusquaient ma nature timide et réservée. Je ne savais pas où me cacher
pour passer inaperçu sur le coup de minuit à Noël et au jour de l’An afin
que mes vieilles tantes ne me trouvent pas. On n’a pas tous la même
sensibilité au contact physique avec autrui. Ce qui semble anodin aux uns
peut être pénible pour d’autres. Il est important d’en tenir compte et d’agir
avec précaution. Quand tu n’es pas certain d’avoir le feu vert, agis comme
si c’était un feu rouge. Ça évitera toute collision malheureuse.
«J’AVAIS BESOIN DE ME DÉFOULER»

Vers la fin de sa carrière, le grand psychanalyste américain Robert


Stoller a émis l’idée que les hommes n’étaient pas toujours portés à
aimer… surtout quand ils faisaient l’amour.

Plusieurs gars semblent avoir des comptes à régler dans leur vie
sexuelle et amoureuse. Tout se passe comme s’ils voulaient se
prouver qu’ils pourront se sortir vainqueurs de relations
traumatisantes qui les ont jadis marqués, ou du moins des
relations qui aujourd’hui les rappellent.

Il peut arriver que des frustrations conditionnent ou affectent nos


rapports sexuels. Plus ou moins consciemment, nous cherchons parfois
vengeance à des moments où elle ne devrait pas avoir sa place. Des
personnes rappelant celles qui nous ont déjà rejetés, abandonnés ou fait
souffrir dans le passé seraient particulièrement sujettes à ces réactions
revanchardes. Que cela soit conscient ou non n’y change rien. Par exemple,
le souvenir d’une mère négligente ou d’un amour d’adolescence qui s’est
mal terminé peuvent prendre beaucoup de place dans la vie amoureuse et
sexuelle d’un gars qui n’a pas fait la paix avec son passé et qui ressent de la
colère contre autrui.
Plusieurs gars semblent avoir des comptes à régler dans leur vie
sexuelle et amoureuse. Tout se passe comme s’ils voulaient se prouver
qu’ils pourront se sortir vainqueurs de relations traumatisantes qui les ont
jadis marqués, ou du moins des relations qui aujourd’hui les rappellent.
Comment? En s’assurant d’avoir désormais tout contrôle, ce qui permet
d’inverser les rôles: ils ne sont plus ceux qui souffrent, mais ceux qui font
souffrir. On a tous connu au moins un gars comme ça. On dit que c’est un
bourreau des cœurs; en fait, c’est un bourreau tout court.
Nous portons presque tous des traumatismes, petits ou grands, dus au
manque d’affection ou de reconnaissance de quelqu’un qui comptait
beaucoup à nos yeux. Ça peut même remonter à notre petite enfance.
Personne ne choisit les frustrations ou traumatismes qu’il a subis et qu’il
porte en son for intérieur depuis. Ce que nous en faisons, c’est autre chose.
Personne ne peut effacer le passé; nous avons néanmoins du pouvoir sur nos
décisions actuelles.

Certains gars font l’amour comme ils feraient la guerre. Pour


avoir un sentiment de l’emporter sur l’autre. La pénétration elle-
même peut leur donner l’impression de dominer ou de posséder
leur partenaire.

Certains gars font l’amour comme ils feraient la guerre. Pour avoir un
sentiment de l’emporter sur l’autre. La pénétration elle-même peut leur
donner l’impression de dominer ou de posséder leur partenaire. Le
sentiment d’asservir quelqu’un leur permet d’imaginer qu’ils ont retrouvé
tout pouvoir sur leur vie. Ils ne sont plus du côté des dominés, mais de celui
des dominants. Comme si le monde était ainsi divisé en deux et comme si
une souffrance jadis endurée pouvait justifier celle qu’ils causent
aujourd’hui.
Faire pâtir des filles ou des gars qui sont en amour avec toi pour prouver
que tu existes et que tu as du pouvoir sur ces personnes-là peut, si jamais
c’est ton cas, être valorisant à court terme, mais ça ne mène nulle part. Sauf
à des problèmes supplémentaires: des relations qui ne durent pas, qui ne se
terminent pas bien, qui font mal aux autres. Pas de quoi se bâtir une
réputation extraordinaire, ni être très fier de soi, tu en conviendras. Qui
voudrait être ta prochaine victime?
Si tu te reconnais un peu dans ce portrait, pose-toi des questions.
Comment es-tu arrivé à te servir de la séduction et de la sexualité pour
chercher à te venger des autres? Trouves-tu cette stratégie viable? En sors-
tu vraiment gagnant? Surtout, pourrais-tu trouver d’autres moyens,
constructifs cette fois, pour tenter de faire la paix avec ton passé? Faire
souffrir les autres n’allégera aucune de tes souffrances.
Utiliser leurs relations intimes pour régler des comptes avec le passé, ça
ne rend pas service aux gars qui le font. Leur réputation de gars toxiques les
suit. Ou encore, ils se retrouvent dans un couple dysfonctionnel, dans lequel
leur soif de vengeance et de contrôle jamais rassasiée fait de plus en plus de
dégâts. Parfois jusqu’à la violence, si rien n’est fait pour arrêter ce triste
scénario.
Si un jour tu te retrouves dans une histoire comme celle-là, n’attends
pas que les choses se détériorent, cherche de l’aide. Il y en a pour des gars
de tous âges qui, comme toi, aspirent à être heureux en amour, mais s’y
prennent très mal. Parfois parce qu’ils n’ont jamais appris à faire autrement
ou qu’ils n’y sont pas encore parvenus. Il n’y a pas de honte à vouloir
changer des comportements qui posent problème. Au contraire. Plus tôt tu
le feras, plus aisé ce sera. Il est plus facile de modifier une habitude quand
elle n’est pas enracinée. Si tu es conscient que certains de tes
comportements soulèvent des interrogations, tu as déjà fait un bon pas.

Faire souffrir les autres n’allégera aucune de tes souffrances.

C’est ce qu’a fait Bastien. Quand il a réalisé que ses relations tournaient
toujours au désastre en raison de son agressivité, il s’est questionné. En
surfant sur le Web, il a trouvé un groupe d’entraide pour hommes ayant des
difficultés à gérer leurs émotions. Il est le plus jeune du groupe, ce qui l’a
un peu intimidé au début, mais ces autres gars en cheminement lui
ressemblent. Il voit en consultation l’animateur du groupe, un jeune
psychologue avec lequel il se sent à l’aise de confier ce qu’il n’a pas encore
osé partager avec le groupe. Il commence à comprendre qu’il y a en lui un
fond de colère et de haine qui lui échappe encore, mais qu’il doit apprendre
à maîtriser.
Parler à quelqu’un de tes insatisfactions, de tes souffrances, de tes
frustrations et de tes traumatismes t’aidera toujours à y voir plus clair. Tu
pourras réaliser à quel point tu sabotes tes relations par des réactions
inadaptées. Elles te donnent l’impression de gagner du pouvoir sur les
autres alors que c’est ta peur de perdre le contrôle qui transpire de tes
gestes. Tu plombes tes relations. Donne-toi une chance. Tu n’es pas
condamné à reproduire ton passé, encore moins à le faire subir aux autres.

Parler à quelqu’un de tes insatisfactions, de tes souffrances, de tes


frustrations et de tes traumatismes t’aidera toujours à y voir plus
clair. Tu pourras réaliser à quel point tu sabotes tes relations par
des réactions inadaptées.

Une relation sexuelle ou amoureuse, c’est un peu comme un plat qu’on


prépare et mijote, en choisissant avec soin chacun de ses ingrédients. La
revanche est un produit toxique. N’en sers pas à tes invités.
EN LIGNE: CYBERHARCÈLEMENT ET
CYBERAGRESSION

Envoyer des sollicitations insistantes, des propos sexuels ou des photos de


ton pénis (des dickpics) et de ton corps dévêtu à des personnes qui ne les
ont aucunement sollicités et qui ne s’y attendent pas, mettre en ligne des
photos ou des vidéos intimes d’ex-partenaires afin de les humilier, de les
intimider ou de les faire chanter, tu ne ferais jamais ça. Mais comme un
certain nombre de gars le font, ou en sont témoins, aussi bien aborder le
sujet.
Des gars disent: «Oui, mais ce n’est pas grave, c’est sans contact
physique, après tout… c’est seulement pour s’amuser.» Or, ce n’est pas
parce que ça se passe à distance, dans un espace de discussion
(chatroom), une messagerie instantanée ou sur les réseaux sociaux que
c’est inoffensif, légal et sans conséquence.
Des filles se plaignent que des gars se font insistants pour obtenir
d’elles des photos révélatrices, sous prétexte que tout le monde le fait. Elles
ne veulent pas passer pour prudes – qui voudrait aujourd’hui passer pour
prude? –, alors elles s’exécutent, souvent à contrecœur, pour ne pas dire à
contrecorps. Dans certains cas, elles ne connaissent guère le destinataire
desdites photos. Beaucoup de gars utilisent de fausses identités dans les
réseaux sociaux. Il y a des filles qui le font aussi. Parfois, ce sont deux
avatars qui communiquent ensemble, sans le savoir…
Quoi qu’il en soit, harceler une personne par des demandes
insistantes ou des propos salaces, ou encore solliciter des photos et des
vidéos sexuellement explicites, ce n’est pas moins grave que de la
pourchasser en chair et en os. Ce sont là des actes pour lesquels des
sanctions sont prévues au Code criminel, passibles jusqu’à deux ans de
prison au Canada. De plus, le partage de photos de toi, de connaissances, de
partenaires ou ex-partenaires quand tout le monde n’est pas majeur, c’est de
la production ou de la diffusion de pornographie juvénile. Le savais-tu?
Tout individu, peu importe son âge, qui diffuse des images sexuelles
d’une personne mineure peut être accusé de distribution de pornographie
juvénile. Cette infraction est passible d’un emprisonnement de un à
quatorze ans. Un adulte qui envoie des invitations sexuelles ou des images
sexuellement explicites à une personne mineure commet un leurre d’enfant.
Une peine de six mois à quatorze ans d’incarcération est prévue au Code
criminel canadien. Ce n’est pas banal.
Des gars qui envoient des textos, des photos ou des vidéos de nature
sexuelle sans l’autorisation des personnes qui les recevront disent vouloir
seulement se faire remarquer, ouvrir une porte pour aller éventuellement
plus loin. Bref, ils prétendent faire ça pour une bonne cause: la leur.
Certains gars utilisent leur pénis comme un hameçon – quelle que soit sa
taille ou sa forme, cela dit –, croyant que cet appât attirera. C’est oublier
que même les véritables «poissonnes» et poissons sont sélectifs et ne gobent
pas n’importe quoi.
Est-ce bien certain que la photo d’un pénis, fût-il en érection, mettra
n’importe qui en transe? Pas sûr, pas sûr… D’autant que la plupart des filles
et des femmes sont attirées par l’ensemble de ce que sont leurs partenaires,
pas par leur appendice sexuel. Des gars font de la projection s’ils pensent
que la vue d’un organe sexuel est en elle-même excitante.
Pour celui qui croit que son pénis est la plus belle partie de lui-même à
exhiber, une suggestion: faire une photo de son objet d’affection et
l’afficher en format géant sur le mur en face de son lit. Il pourra ainsi se
délecter tous les matins et tous les soirs de ce qu’il croit être la huitième
merveille du monde. Pendant ce temps, il n’embêtera pas celles ou ceux qui
ne veulent rien savoir de ce petit morceau de lui-même.
Quant à celui qui pense qu’à force de harceler une personne qui ne veut
rien entendre de lui avec des invitations graphiques, elle finira par céder,
j’ai de très mauvaises nouvelles pour lui: c’est fort peu probable. Pire: il se
peut bien que la personne en ait assez et le dénonce, que ce soit dans les
réseaux sociaux ou à la police, une telle affaire étant souvent passible de
poursuites. Avec tous les problèmes qui s’ensuivent. Même dans des
rapports à distance, sans aucun contact physique, une relation de nature
sexuelle requiert le consentement de toutes les personnes impliquées, dans
la mesure où elles sont aptes à le donner.
Pour certains gars, partager messages, photos ou vidéos de nature
érotique serait tout simplement ajouter une carte à leurs jeux érotiques. S’ils
aiment jouer à ce jeu-là, que tout le monde est consentant et en âge de
l’être, rien ne s’y oppose. Dans toutes les autres situations, on se gardera
une petite gêne. À moins de tomber par hasard sur quelqu’un qui partage
cette lubie, chose peu probable en dehors des réseaux très spécialisés, ce ne
sont pas quelques photos en gros plan de tes organes génitaux ou quelques
mots crus, fussent-ils écrits sans faute d’orthographe, qui feront des
miracles pour trouver des partenaires.
Pendant longtemps, on a écrit des poèmes ou des chansons pour se
transformer en séduisant troubadour. Les temps ont beaucoup changé. Il est
vrai que composer poésie, paroles ou musiques est plus exigeant que se
prendre en photo nu. Évidemment, si tu es dans une relation explicitement
ouverte à ce type d’échanges consentis, il n’y a pas de problème. C’est un
moyen de plus de communiquer ou de s’exciter. Encore faut-il avoir une
grande confiance en l’autre pour lui confier des images de soi aussi intimes.
Des photos, ça peut aisément voyager, et on ne peut prévoir ce qu’il en
adviendra une fois la relation en déroute ou terminée.
Le savoir-vivre sexuel, ça commence à distance, en ne se laissant pas
tenter par des clics intempestifs, qui peuvent sembler marrants sur le
coup, mais qui ne le sont pas à moyen et long terme. Car le Web
n’oublie rien: il peut vite se transformer en toile d’araignée géante. Ce
qui est sur le Web un jour reste sur le Web toujours.
«L’AUTRE A BIEN DE LA CHANCE DE
M’AVOIR!»

Si, comme on l’a vu dans un chapitre précédent, il est culotté de croire


qu’on peut acheter le désir ou l’amour, penser que notre propre désir
ou notre amour seraient une faveur accordée aux autres est tout aussi
insensé. C’est bien d’avoir confiance en soi; penser qu’on est le nombril du
monde est absurde.
Certains gars se prennent pour des dieux atterris par mégarde sur terre.
En raison de leur corps, de leur intelligence, de leur réussite, ou de toute
autre caractéristique qui les placerait de leur point de vue au-dessus des
autres, ils se croient supérieurs. Jouir de leurs faveurs serait un tel honneur
qu’aucun sacrifice ne serait trop grand pour la personne élue afin de gagner
ou de conserver ce privilège. Tu en connais des gars comme ça?

C’est bien d’avoir confiance en soi; penser qu’on est le nombril du


monde est absurde.

Ils sont faciles à reconnaître, y compris par leurs amis. Ils sont toujours
centrés sur eux et font peser sur autrui, incluant leurs partenaires, un regard
hautain, si ce n’est méprisant. Ils s’imaginent que finir au lit avec eux, c’est
le nirvana. Leur beauté, quand ils en ont, leur physique, quand il sort
quelque peu de l’ordinaire, leurs facultés intellectuelles ou leur fortune, si
c’est le cas, leur montent à la tête, enflée comme un ballon dirigeable. Ce
qui finit par être insupportable. De l’extérieur, on se dit qu’ils ont du succès.
En fait, on se lasse rapidement d’eux parce qu’ils sont généralement vides à
l’intérieur.
Chaque personne, chaque corps est un univers à explorer. Soucie-
toi de la jouissance de l’autre autant que de la tienne. Vous y avez
droit tous les deux.

Tu ne te reconnais pas du tout dans un tel portrait? Tant mieux. Tu es en


train de lire un livre, ce que ce type de gars fait rarement parce qu’il sait
déjà tout et préfère se muscler le corps plutôt que l’esprit – l’un ne devrait
jamais empêcher l’autre, soit dit en passant. Néanmoins, il serait bon de te
prémunir contre le piège du don Juan imbu de sa personne, égoïste et
cynique: on ne sait jamais comment on va évoluer. L’histoire de ce
personnage, dont on ne sait trop si elle est basée sur des faits réels ou
inventés, se termine d’ailleurs plutôt mal: après et malgré ses succès au lit,
il meurt méprisé de tous. Pas rigolo. On peut d’ailleurs se demander
pourquoi tant d’hommes s’identifient à un personnage qui a si mal fini.
Sont-ils au courant de sa triste fin?

Même si tu te prends pour une voiture rutilante, digne d’attirer


tous les regards, évite les sens uniques. À force de te contempler
plutôt que de regarder où tu vas, tu risques de terminer ta course
dans un mur.

Quelles que soient ton apparence et tes qualités, être avec toi pour une
nuit ou plus, ce n’est pas la fin du monde. L’autre aura beau le croire un
moment, ça ne risque guère de durer si tu ne sais capter son attention qu’à
la façon d’un paon, sans accorder la tienne en retour. La séduction mutuelle
exige à la fois de donner et de recevoir, on l’a assez souligné.
Estimer que l’on vaut davantage que l’autre, qui nous fait pourtant le
bonheur de nous désirer, parfois de nous aimer en plus, ça ne peut que saper
toute relation. Quand tu crois que l’autre vaut moins que toi, tu ne l’écoutes
pas, tu négliges ses besoins. Tu penses lui faire l’amour alors que c’est à toi
que tu fais l’amour en te servant de son corps comme d’un accessoire, pour
ne pas dire d’une poupée gonflable.
Il existe des réflexes à cultiver pour ne pas tomber dans ce panneau du
je-me-moi, si jamais ça devenait une tendance chez toi. Intéresse-toi aux
personnes que tu désires, a fortiori si tu les aimes, apprends quels sont leurs
centres d’intérêt, questionne-les sur ce qu’elles préfèrent, pas seulement au
lit mais aussi avant d’y entrer et une fois que vous en êtes sortis. Découvre
aussi ce qu’elles aiment moins, ou pas du tout. Chaque personne, chaque
corps est un univers à explorer. Soucie-toi de la jouissance de l’autre autant
que de la tienne. Vous y avez droit tous les deux.
Les relations les plus sereines sont celles où chaque partenaire se sent
privilégié de bénéficier de la présence de l’autre. L’admiration mutuelle
joue un rôle sous-estimé dans les relations amoureuses, quelle que soit leur
durée. Il n’y a rien de mal à être admiré, au contraire. Le problème survient
quand ce n’est pas réciproque, que c’est à sens unique. Même si tu te prends
pour une voiture rutilante, digne d’attirer tous les regards, évite les sens
uniques. À force de te contempler plutôt que de regarder où tu vas, tu
risques de terminer ta course dans un mur.
«LA SEXUALITÉ, C’EST ANIMAL, ET JE SUIS
UN MÂLE ALPHA»

Il y a des gars qui croient que leur masculinité loge dans leur pénis et
ses prouesses. Leurs performances sexuelles leur servent de thermomètre
pour mesurer combien chaude serait leur virilité. Plus c’est fiévreux, mieux
c’est. Ils se prennent pour des mâles alpha, qui sont chez plusieurs espèces
animales les meneurs et les principaux reproducteurs.
Dans son ouvrage Le Gène égoïste, le biologiste Richard Dawkins
n’hésite pas à écrire que l’homme, comme toute espèce, est condamné à
survivre en se reproduisant et, pour ce faire, en ayant à tout prix des
rapports sexuels, quel qu’en soit le contexte. Pareille idée peut mener à des
dérives inacceptables, comme excuser les viols sous prétexte que leurs
auteurs tentaient seulement de perpétuer leurs gènes dans le but de sauver
l’Homo sapiens…
C’est vite oublier qu’un pourcentage très minime de rapports sexuels
produit des enfants et que l’organe principal des êtres humains, c’est encore
le cerveau. Toute activité sexuelle requiert un raisonnement conscient: dans
quel but, avec qui, quand et où, en faisant quoi, dans quelles circonstances
je suis partant? Il n’y a pas de réponse écrite par avance à cela. Aucun
comportement sexuel humain n’est pur réflexe. Qu’on se prenne pour un
mâle alpha n’y change rien.
Le prétendu caractère animal de la sexualité masculine a le dos aussi
large qu’un gorille. Avoir des relations sexuelles serait une nécessité
permanente, dont aucun vrai mâle ne saurait se passer? D’autres
civilisations enseignaient plutôt l’inverse: dans l’Antiquité grecque et
romaine, le contrôle de ses sens était la marque de l’homme civilisé. En
revanche, il est vrai, l’extrême machisme de l’époque faisait que, lors de
rapports sexuels, toute posture jugée passive ou complaisante était suspecte:
dans ces sociétés guerrières, seule la pénétration était jugée virile.
De nos jours, il n’est pas évident de déterminer si les rôles et pratiques
qu’on adopte dans nos activités sexuelles déterminent qui nous sommes.
Mais cette idée subsiste, surtout chez les hommes soucieux de leur
réputation sexuelle, laquelle découlerait de leur performance. La bonne
réputation sexuelle d’une femme, c’est assez différent, comme chacun sait.
Il n’y a pas d’équivalent féminin à don Juan. L’expérimentation sexuelle à
grande échelle fut longtemps, et demeure encore aujourd’hui, plutôt mal
vue chez les femmes, qui encourent alors des insultes sans aucun équivalent
pour des hommes (comme quoi le sexisme n’est pas mort).

Ce qui se passe au lit indique-t-il vraiment qui nous sommes hors


du lit?

Ce qui se passe au lit indique-t-il vraiment qui nous sommes hors du lit?
Il y a notre sexe biologique, certes, mais aussi notre genre, lequel fait large
place à notre créativité. D’ailleurs, un grand nombre de termes existent
aujourd’hui pour décrire l’appartenance à un genre, voire à plus d’un. Par
exemple, le genre ressenti peut être masculin, neutre, féminin, androgyne,
non binaire, queer (contestant et transgressant les normes de genre), trans
(traversant les genres), fluide (susceptible de passer d’un genre à un autre,
de naviguer ou d’alterner entre plus d’un genre), neutrois (ne s’identifiant à
aucun genre), demi-genre (partiellement d’un genre), agenre (hors de la
binarité des genres), bigenre (exprimant deux genres simultanément) ou
encore maverique (d’un troisième genre, en dehors du continuum masculin
ou féminin).
En somme, les mots ne manquent pas pour se qualifier soi-même sur le
plan du genre et de son expression. Les jeunes générations sont
particulièrement imaginatives sur ce plan. Comme enseignant, j’ai vu des
étudiants utiliser tous les termes ci-dessus mentionnés – pas tous à la fois,
bien sûr – pour se décrire eux-mêmes. C’est dire combien l’identité de
genre est devenue chose complexe, quoique précise.
Si notre sexe, notre genre et notre sexualité tendent à définir notre
identité, l’inverse est tout aussi vrai: nous sommes portés à renforcer
l’identité à laquelle nous adhérons. Par exemple: un homme hétérosexuel
fait ceci, un homme homosexuel fait cela, si l’on croit, bien sûr, que le
monde est ainsi séparé en deux (ce que contestent le nombre grandissant de
personnes se considérant non binaires ou fluides sur le plan de leur genre ou
de leur sexualité).
On apprend la sexualité comme on apprend toute autre chose: par
imitation de nos pairs, par conditionnement du type «Tout le monde le fait»,
par essais et erreurs aussi, que ce soit en solitaire, en couple ou en groupe –
si jamais on est un grand explorateur. Nos gènes et notre corps rendent la
sexualité possible, mais c’est nous qui l’expérimentons, en prenant sans
cesse des décisions sur ce dont on a envie et ce que l’on fait, ou pas.

Si notre sexe, notre genre et notre sexualité tendent à définir notre


identité, l’inverse est tout aussi vrai: nous sommes portés à
renforcer l’identité à laquelle nous adhérons.

Un autre gros problème avec la notion de mâle alpha, tirée de l’étude


des primates, quand elle est appliquée à la sexualité humaine, c’est que ça
n’encourage pas du tout des relations égalitaires. Au contraire, le mâle
alpha entend dominer les autres mâles et toutes les femelles. Ni la
démocratie, ni le féminisme, ni l’égalité homme-femme, ni la justice sociale
ne sont passés chez les sociétés animales où ce phénomène existe. Qui veut
vraiment effacer ces acquis?
La sexualité des hommes ne peut se modeler sur ce que font les mâles
alpha du règne animal ou encore sur ce que montre la pornographie,
stéréotypes qui se ressemblent assez d’ailleurs. Si tu as besoin de
surperformer sur le plan sexuel pour te prouver que tu es un homme, c’est
que tu en doutes? Pourquoi?

La sexualité des hommes ne peut se modeler sur ce que font les


mâles alpha du règne animal ou encore sur ce que montre la
pornographie, stéréotypes qui se ressemblent assez d’ailleurs. Si tu
as besoin de surperformer sur le plan sexuel pour te prouver que
tu es un homme, c’est que tu en doutes? Pourquoi?
Avec tout le respect qu’on leur doit, laissons nos cousins grands singes à
leur nature. N’attendons pas non plus qu’ils nous imitent, nous avons déjà
assez de travail à faire sur notre propre humanité.
L’AUTORITÉ, C’EST RAREMENT SEXY

Tu préfères certainement qu’on te dise oui parce qu’on a vraiment


envie de toi. C’est pourquoi tu dois redoubler de discernement dans le
cas où tu serais en position d’autorité ou de pouvoir par rapport à une
personne que tu désires.
Il est bien possible qu’une relation intime entre deux individus dans
cette situation, quelle que soit la personne initiatrice, soit peu souhaitable,
voire proscrite. Pèsent parfois lourdement la difficulté ou l’impossibilité de
démêler ce qui serait de l’ordre du véritable consentement ou du poids de
l’autorité subie. Une figure d’autorité peut, consciemment ou pas, exercer
une pression sur des personnes qui lui sont subordonnées. Ce qui a pour
effet de les rendre émotivement dépendantes ou complaisantes. Ces
situations sont à éviter.
Évidemment, jouer les amants maudits peut être valorisant, surtout si on
aime souffrir. Il est néanmoins peu recommandé de se servir de pouvoirs
qu’on a sur autrui pour obtenir des rapports sexuels. Non seulement ça peut
durablement ternir une réputation, mais aussi enfreindre des règles et des
lois destinées à prévenir des abus de cette nature. Très régulièrement, des
scandales éclatent au sujet d’individus qui ont abusé de leur position afin de
bénéficier de rapports intimes avec des personnes qui dépendent d’eux, que
ce soit dans un contexte familial, scolaire ou professionnel. On se dit que ça
n’arrive qu’aux autres. Pas sûr.
Moniteur chef dans une colonie de vacances pour enfants, Léon est très
attiré par Rose, de quelques années plus jeune que lui. Elle est monitrice en
stage, sous son autorité. Les règles qu’ils ont accepté de suivre leur
déconseillent fort d’avoir tout rapport sexuel dans le camp le temps que
durera leur contrat (ils habitent sur place). Léon voit bien que Rose ne lui
est pas insensible. Il se demande toutefois si son incomparable gentillesse à
son égard est liée à son désir de passer son stage… ou à son désir pour lui.
Comment savoir et surtout comment gérer cela? Il s’interroge. Que lui
conseiller? De s’ouvrir à Rose sur ses propres sentiments? De contourner le
règlement? D’attendre que Rose ne soit plus sous son autorité pour lui dire
sa flamme? De tenter de ne plus penser à ça… si jamais c’est possible?
Léon trouve Rose sexy; la situation dans laquelle il est placé l’est
moins. Pour le moment, il choisit de patienter afin de ne pas mettre en péril
son emploi et sa bonne réputation. Il adore cet emploi-là, qui lui permet
d’apprendre beaucoup puisqu’il étudie en psychoéducation à l’université.
Mais il trouve très difficile de tenir le coup tout un été!
La situation est un peu différente pour Alexis, jeune gérant dans une
boutique de sport. Nathalie, récemment engagée, lui plaît beaucoup. Il lui a
fait savoir, à plus d’une reprise, sans qu’elle réagisse. Il se demande s’il ne
devrait pas insister davantage. Sauf qu’il a suivi récemment une formation
sur le harcèlement sexuel au travail et se demande s’il ne risque pas de
tomber dans cette catégorie s’il s’avance davantage. Il a après tout le
pouvoir de donner plus d’heures de travail et de l’avancement à Nathalie. Il
pourrait en profiter, il en aurait le goût parfois. En revanche, il sait que
Nathalie a le pouvoir de porter plainte contre lui s’il passe une certaine
frontière. Il médite là-dessus.
L’enchevêtrement de relations qui peuvent jouer sur divers niveaux est
chose commune. Notre vie n’est pas séparée en cases distinctes avec la
sexualité d’un côté et tout le reste de l’autre. Il n’est pas toujours évident
de savoir ce qui entre ou pas dans le domaine des relations de pouvoir,
surtout quand on se trouve entre personnes plus ou moins du même
âge. Il vaut néanmoins prendre la peine d’y réfléchir, notre société
étant à bon droit de plus en plus sensible aux abus de pouvoir.
Sur un autre plan, il existe des couples déjà établis qui apprécient
d’exprimer ou de ressentir des rapports de pouvoir dans leurs activités
sexuelles, cela sous forme de jeu. C’est tout autre chose, bien sûr. Si ça se
passe entre personnes majeures et pleinement consentantes, ce qu’elles font
est évidemment leur affaire. La nuance est néanmoins très importante entre
jouer des rapports de pouvoir et en être victime ou prisonnier pour vrai.
Si jamais c’est ton truc de mettre en scène des relations de pouvoir
dans tes rapports sexuels, il est essentiel de t’entendre là-dessus avec tes
partenaires AVANT de passer à l’action. Ce type de rapports ne peut
être improvisé, au risque de détruire le sentiment de bien-être, de
confiance et de sécurité requis pour avoir une relation sexuelle
satisfaisante.
«Le pouvoir est l’aphrodisiaque suprême», a dit un jour un homme
d’État américain, Henry Kissinger. Il a oublié d’ajouter que ça ne l’est pas
forcément pour les gens qui subissent le pouvoir.
«JE ME MÊLE DE MES AFFAIRES»

Qui n’a pas été témoin de conduites déplacées ou carrément


inacceptables de la part d’autres gars? Certains trouvent rassurant pour
leur ego de voir les sottises des autres: ils peuvent se consoler en se disant
qu’il y a bien pire qu’eux… Mais cette réaction peut-elle servir d’excuse
pour ne pas intervenir devant les méfaits d’autrui?
Un flirt appuyé avec quelqu’un qui ne veut rien savoir, des propos
déplacés sur le physique d’une personne, devant elle en plus, des mains
baladeuses, des baisers arrachés, des verres d’alcool trop remplis, ou qui
contiennent autre chose que ce qui est présenté, des offres de
raccompagnement pour qu’en chemin il se passe autre chose, ce sont là des
situations dont nous avons presque tous été témoins. Sans réagir, bien
souvent, parce que c’était un pote, un proche ou un collègue.
Toi aussi, tu as préféré ce soir-là regarder ailleurs, faire comme si tu
n’étais pas là ou comme si ce n’était pas si grave. Par solidarité masculine.
Sans penser aux répercussions de ton inaction et de ton silence. Il aurait été
facile de dire à ton ami: «Thomas, tu vas trop loin, là, prends sur toi.» Mais
tu n’as pas osé intervenir pour ne pas casser le party, pour ne pas passer
pour un gars qui fait la morale aux autres, pour ne pas nuire à votre amitié.
Aujourd’hui, tu le regrettes, sachant comment ça s’est terminé. Très mal.
Thomas n’est pas un mauvais gars, c’est même un de tes bons copains.
Jamais il ne ferait de mal à qui que ce soit, pensais-tu. Même si c’est vrai
qu’il devient insistant et hyper collant quand il a bu. Ça, tu es prêt à
l’admettre. Qu’il y ait eu un rapprochement entre Zoé et lui ne t’a pas
surpris. Il l’avait à l’œil depuis longtemps. Sauf que l’histoire a pris une
tournure dramatique. Thomas a sauté trop rapidement aux conclusions qui
lui convenaient. Il a pensé que Zoé, une fois s’être laissé embrasser, était
d’accord pour aller plus loin. Ce n’était pas le cas. Il l’a entraînée dans une
pièce à part. Surtout, il ne s’est pas arrêté quand elle a dit STOP. Plusieurs
fois plutôt qu’une, apparemment.
Un flirt appuyé avec quelqu’un qui ne veut rien savoir, des propos
déplacés sur le physique d’une personne, devant elle en plus, des
mains baladeuses, des baisers arrachés, des verres d’alcool trop
remplis, ou qui contiennent autre chose que ce qui est présenté, des
offres de raccompagnement pour qu’en chemin il se passe autre
chose, ce sont là des situations dont nous avons presque tous été
témoins. Sans réagir, bien souvent, parce que c’était un pote, un
proche ou un collègue.

C’est regrettable. Thomas n’est pas un agresseur, te dis-tu. Mais là, il


s’est comporté comme s’il en était un. Une enquête est en cours. Ça te
dérange, Thomas étant un bon pote. Et puis, il n’est pas si différent de toi,
après tout. C’est un gars qui a confiance en lui, qui affirme ses désirs, tu l’as
toujours admiré pour ça. Sauf que ce fameux soir-là, au party où vous étiez,
il est allé trop loin…

Pourquoi tu n’as rien dit et rien fait? Tu te le demandes


aujourd’hui.

Pourquoi tu n’as rien dit et rien fait? Tu te le demandes aujourd’hui. Tu


as quand même vu et senti qu’il se passait des choses pas recommandées,
non? Thomas était plus qu’insistant. Maintenant, tu as des regrets. Tu te
demandes ce que tu ferais si tu pouvais retourner dans le passé. Tu imagines
divers scénarios. Ça te tracasse que personne de votre groupe ne soit
intervenu à temps.
Si nos amis ne disent pas la vérité et ne nous protègent pas contre nous-
même quand il le faut, qui le fera? Les bêtises des autres les regardent en
premier lieu, bien sûr, mais n’excusent pas notre inaction pour les
empêcher, ou du moins en limiter les dégâts, surtout quand c’est évident
que ça risque de mal tourner et qu’on pourrait intervenir.
Les bêtises des autres les regardent en premier lieu, bien sûr, mais
n’excusent pas notre inaction pour les empêcher, ou du moins en
limiter les dégâts, surtout quand c’est évident que ça risque de mal
tourner et qu’on pourrait intervenir.

Tu as le temps de penser à tout ça en attendant de témoigner de ce que


tu as vu et entendu. Oui, Thomas s’est mis dans le pétrin. Et plus encore sa
victime. Tu commences à réaliser que toi aussi tu es dans le pétrin. Tu ne
l’avoueras à personne, mais par ton silence, tu te sens un peu complice. Et
tu n’es pas fier de toi.
QUAND C’EST TOI QUI DIS NON

Les gars aussi refusent des avances. Il t’arrivera de dire non à


quelqu’un. Ça s’est très probablement déjà produit.
Parce que la personne ne te plaît pas, ou pas suffisamment.
Parce qu’elle n’est pas du genre ou du sexe qui t’attire.
Parce que ce n’est pas le bon moment ou le bon endroit.
Parce que tu n’as pas la tête à ça.
Parce que tu n’es pas disponible.
Parce que vous n’avez absolument rien en commun.
Parce que tu ne veux pas répondre oui, pour des raisons qui
t’appartiennent. Tu as le droit d’avoir ton jardin secret.
Une question se pose alors: y a-t-il un savoir-vivre à développer pour
refuser les avances qui nous sont faites à nous, les gars? C’est le temps ou
jamais de prêcher par l’exemple en te comportant avec les autres de la façon
dont tu aimerais que les autres se comportent avec toi. Plusieurs possibilités
se présentent.
Tu peux évidemment répondre avec gentillesse quand l’intérêt à ton
endroit est énoncé gentiment et que la personne ne profite pas d’une
situation qui te met mal à l’aise (par exemple, un contexte d’autorité).
Se faire dire qu’on est intéressant, c’est recevoir un compliment. On
peut y réagir comme à tout autre compliment. Ce qui ne t’oblige
absolument pas à aller plus loin, bien sûr. Et tu peux le faire savoir à
qui en douterait.
«Merci, mais je passerai mon tour» – ce qui laisse aimablement
entrevoir que ce n’est pas parce que toi tu n’es pas intéressé que personne
ne le sera.
«Désolé, ça ne m’intéresse pas» – en ajoutant, si tu veux te montrer
affable: «C’est gentil de me le proposer, mais…»
Un brin d’humour n’est pas exclu.
«Je vais te décevoir: je ne suis pas certain que tu aies choisi la bonne
personne.»
Tu peux même en rajouter si tu ne crains pas l’autodérision:
«Tu mérites mieux que moi, va…»
Si une avance te met mal à l’aise, feindre de ne pas l’avoir comprise
peut être stratégique, tout en t’éloignant plus ou moins discrètement de la
personne concernée:
«Je m’excuse, j’ai dû mal comprendre…»
«Y a tellement de bruit ici que j’ai cru que tu me faisais une avance.
Heureusement que ce n’est pas le cas, j’aurais été obligé de te décevoir» –
le tout avec un sourire si tu le peux, mais pas trop séduisant, tout de même,
cette coupe-là étant déjà pleine.
Lorsque l’approche de l’autre te bouscule, un «N’insiste pas» en
regardant la personne droit dans les yeux devrait suffire.
Il y a des situations plus compliquées. La personne qui te déclare son
désir ou son amour, tu la connais et tu ne t’attendais pas du tout à ça de sa
part! C’est la fille ou le gars qui est dans le même groupe que toi pour les
travaux scolaires et dont tu apprécies l’amabilité et l’intelligence. C’est la
ou le collègue que tu vois au quotidien, mais jamais sous ce jour-là. C’est
une connaissance ou une personne amie. Bref, tu veux affirmer ton non tout
en ne brusquant pas trop l’autre personne, car tu devras la côtoyer à
nouveau, même si sa révélation te trouble, quoique pas vraiment pour les
raisons qu’elle souhaiterait. Que répondre?
«J’ai l’impression qu’on ne voit pas notre relation et son futur de la
même façon. Désolé.»
«C’est gentil de me dire les choses telles qu’elles sont pour toi. Elles
sont différentes pour moi. Merci de le respecter.»
«C’est dommage pour toi, ce que tu me proposes ne fait pas du tout
partie de mes projets.»
Si jamais tu as le sentiment que l’autre personne, malgré tes mises au
point, s’obstine à te poursuivre avec ses avances, que ce soit en personne ou
virtuellement, signifie-lui que ça dépasse les bornes. Souligne que tu devras
te plaindre aux autorités si ça continue. Il y a des cas où il faut en arriver là,
pas le choix.
Au Québec, les établissements d’enseignement, en particulier les
cégeps et les universités, ont des politiques en matière de harcèlement
sexuel, que ce soit entre jeunes ou entre personnes en autorité et
étudiants ou étudiantes. En fait, tous les employeurs sont tenus d’avoir
une telle politique, qui ne se substitue toutefois pas aux recours
policiers ou juridiques lorsque, par leurs comportements, certaines
personnes enfreignent des lois.
Heureusement, la plupart des refus atteignent leur objectif sans qu’il y
ait besoin d’en faire plus pour ne pas subir des avances importunes. Quand
on désire ou aime quelqu’un, on ne lui veut généralement pas de mal. C’est
vrai pour toi; c’est généralement vrai pour les autres à ton endroit.
Il se peut toutefois que des personnes éprouvant des problèmes
psychologiques ou relationnels aient de la difficulté à accepter la réalité. Il
importe alors que des limites leur soient non seulement signifiées mais
imposées. Tu as le droit de le faire et de demander du soutien au besoin
pour ne pas être harcelé.
Le monde est un vaste terrain de séduction. On ne sait jamais à qui on
va plaire ou pas. Quand on attire les personnes qui nous attirent aussi, c’est
bien tant mieux. Lorsque c’est trop souvent l’inverse, on se pose parfois la
question: «Qu’est-ce qui fait que je me retrouve si souvent avec des avances
que je ne souhaite pas?» Tu n’as pas à te sentir coupable d’être une
personne attrayante. Ton charme peut agir sur une grande diversité de
personnes, parmi lesquelles très peu t’intéressent. C’est probablement aussi
simple que ça.
Au fil du temps, à mesure que l’on vieillit, on réalise qu’on n’attire pas
les mêmes types de personnes, ou encore qu’on ne séduit plus pour les
mêmes raisons. De toute façon, on a toujours de la difficulté à imaginer ce
que l’on dégage en tant que personne; cela nous échappe en bonne partie.
Le mieux que l’on puisse faire, c’est d’être authentique et transparent sur ce
qu’on désire ou pas.
Tous les gars veulent séduire, quoique de façon sélective. Tu as tes
critères, c’est correct. Ne discrédite cependant pas ceux qui n’ont pas les
mêmes, ni les personnes qui ne satisfont pas tes propres critères. On lit
parfois des messages dans les réseaux sociaux qui sont une interminable
liste d’exclusions sur la taille, le poids, l’âge, la couleur de peau,
l’expression du genre, le niveau de scolarité, le revenu, les limitations
fonctionnelles, etc. On se demande si des personnes à l’érotisme si pointu
finiront par trouver quelqu’un qui puisse les satisfaire.
Avoir des préférences est légitime. Nous en avons tous. Le désir est
en lui-même un facteur de discrimination puisque, tout à la fois, il
inclut et il exclut. Il ne devrait cependant pas être prétexte à étaler des
préjugés ou à les entretenir. La séduction est une aventure ouverte, pas
un ghetto dans lequel s’enfermer. Par exemple, des gars tombés amoureux
de personnes transgenres ou non binaires quant à leur sexe ou à leur genre
n’avaient pas forcément anticipé cela. Ces caractéristiques ont si longtemps
été invisibilisées qu’être attiré par elles fut rarement présenté comme une
possibilité. Elle existe pourtant.
On a le droit et même le devoir de dire non quand c’est non. On a
aussi le loisir d’être curieux, ouvert à la découverte des autres, avec qui
on pourra en tout temps fixer nos limites, bien entendu.
«ROMPRA BIEN QUI ROMPRA LE
PREMIER»

Aucun gars ne veut être celui qu’on laisse tomber. Ce qui explique
pourquoi beaucoup préfèrent prendre les devants quand ils sentent venir le
danger.
Rompre une relation amoureuse ou même une relation purement
sexuelle qui s’est prolongée n’est pas facile. Il y a plusieurs motifs à cela.
Mettre tous ses œufs dans le même panier sur le plan émotif est une forte
tendance masculine. Peu de gars disposent du réseau de soutien et d’amitié
qu’ont beaucoup de femmes.

Quand un homme perd la personne qu’il aime et désire, il a


l’impression de tout perdre sur le plan affectif et relationnel. Ce
n’est pas parce qu’il n’en parle pas – de toute façon, avec qui en
parlerait-il? – qu’il n’en souffre pas.

Quand un homme perd la personne qu’il aime et désire, il a l’impression


de tout perdre sur le plan affectif et relationnel. Ce n’est pas parce qu’il
n’en parle pas – de toute façon, avec qui en parlerait-il? – qu’il n’en souffre
pas. Par orgueil, il préfère choisir lui-même le moment de la rupture,
comme si une blessure auto-infligée faisait moins mal™ Quitte à partir à la
recherche d’une autre personne pour remplacer la précédente sans perdre
une seule minute™
Il faut reconnaître que la complémentarité sexuelle ou amoureuse est
plus fragile qu’on le croit. Ce que tu perçois comme complémentaire
aujourd’hui peut très bien ne plus l’être demain. C’est ce qui explique
beaucoup de ruptures amoureuses. On était bien ensemble, on ne l’est plus.
Le courant ne passe tout simplement plus. Tant d’événements de la vie
contribuent à faire évoluer nos besoins, nos envies, nos attentes et nos choix
de partenaires que bien malin qui saurait dire comment ça va tourner.
En désir ou en amour, on prend volontiers nos rêves pour la réalité. On
se dit que ça va se passer de telle façon, mais ça ne se déroule pas du tout
comme on l’imaginait. C’est plus compliqué.
Aimer et faire l’amour, ce n’est pas un automatisme: ça demande de
l’attention et de la communication. Partager une grande intimité, c’est un
peu comme un duo de musiciens. S’ils ne suivent pas la même partition, ça
devient cacophonique. Ce n’est plus agréable.

La rupture d’un couple repose en général sur un constat très


simple: on n’est plus bien ensemble, et on le réalise. Pourquoi
chercher mordicus un responsable à cela? Ce n’est pas vraiment
nécessaire; pire, ça prolonge l’agonie de la relation et les
souffrances qui peuvent en découler.

Il arrive parfois qu’une fois un désir satisfait, il décline. Cela peut


prendre quelques jours, quelques mois ou quelques années. C’est comme si
la relation s’épuisait, faute de renouveau dans l’intérêt d’un ou des deux
partenaires. Attention: quand la passion s’étiole, ce n’est pas forcément la
faute de l’un ou de l’autre. C’est simplement qu’au moins un des
partenaires est rendu ailleurs. Ce qui nous comblait hier peut très bien nous
laisser indifférent aujourd’hui. Il y a mille raisons possibles à cela. Elles ne
changent rien au résultat final.
La rupture d’un couple repose en général sur un constat très simple: on
n’est plus bien ensemble, et on le réalise. Pourquoi chercher mordicus un
responsable à cela? Ce n’est pas vraiment nécessaire; pire, ça prolonge
l’agonie de la relation et les souffrances qui peuvent en découler.
Il faut reconnaître que l’amour et le désir sont des réalités en partie
différentes. Cela peut créer des malentendus et des confusions. Nous les
gars, c’est souvent parce que l’on est attiré par une personne que l’on est
disposé à en tomber amoureux. Ce qui nous fait croire à tort que le désir
sert de baromètre à l’amour. Quand l’attirance physique faiblit, il y a donc
remise en question.
La sexualité masculine carbure beaucoup au défi. Conquérir, c’est ce
que l’éducation masculine traditionnelle pousse beaucoup à faire. Une fois
que c’est fait, ça peut devenir moins intéressant car la partie semble gagnée.
Le désir peut ainsi s’essouffler tout simplement parce qu’il y a moins de
défis à relever dans la séduction de l’autre. C’est parfois précisément la
crainte de perdre l’autre qui va permettre au désir de durer ou de se
renouveler. Quand on a le sentiment d’avoir tout reçu, ou tout donné, et
surtout de ne plus rien avoir à attendre ou à perdre, peut se pointer l’envie
d’aller voir ailleurs.
Toutefois, on ne sait jamais ce qui nous attend ailleurs. «Un tien vaut
mieux que deux tu l’auras», dit le proverbe… Aussi bien comprendre
pourquoi on veut rompre. Qu’est-ce qui ne va plus? De quoi sommes-nous
insatisfaits? Qu’est-ce qui nous manque? Qu’est-ce que l’on recherche? Ce
sont des questions auxquelles il semble aisé de répondre, mais ce n’est pas
le cas.
Beaucoup de gars estiment ne poursuivre qu’une seule grande histoire
d’amour, quoique pas forcément avec la même personne. Quand survient
une rupture, ils cherchent en effet à revivre la même histoire, bien qu’avec
une nouvelle personne. Ça s’appelle la monogamie en série: on est avec une
seule personne à la fois, mais elle change au cours de notre existence.
Plusieurs gars cherchent ainsi à remplacer leur ex par quelqu’un qui lui
ressemble suffisamment pour pouvoir jouer les mêmes rôles, et de la même
façon, dans leur vie. Ça les rassure.
Certains collectionnent les ruptures parce qu’ils ne sont jamais satisfaits
de leurs relations, envers lesquelles ils sont intransigeants. Dès que le
nirvana des tout débuts n’est plus au rendez-vous, ils se désintéressent. Les
premières mésententes et les premiers conflits mettent rapidement à
l’épreuve leur couple naissant, qui n’a pas le temps de mûrir. Eux non plus,
par le fait même.

Si tu restes accroché à l’idée que l’intensité d’une relation ne doit


jamais fluctuer ou décliner, tu te mijotes des relations qui ne vont
pas faire long feu. Le désir et l’amour sont presque par définition
idéalistes: les faire durer exige une certaine dose de réalisme.
Si tu restes accroché à l’idée que l’intensité d’une relation ne doit
jamais fluctuer ou décliner, tu te mijotes des relations qui ne vont pas faire
long feu. Le désir et l’amour sont presque par définition idéalistes: les faire
durer exige une certaine dose de réalisme. Il importe d’être au clair avec
toi-même: quels petits compromis serais-tu prêt à faire? Il y en a toujours.
À toi de choisir lesquels en valent la peine. L’autre n’est pas une personne
parfaite; toi non plus (tu peux le reconnaître sans pour autant l’ébruiter).
Reste à savoir si vous pouvez et voulez faire un bout de chemin ensemble,
si c’est ce à quoi vous aspirez.
On connaît tous des gens qui ne sont jamais satisfaits de quiconque,
toujours prêts et prompts à rompre, et à le faire avant que l’autre se
désintéresse ou se détourne à son tour. Rejeter avant ou de peur de l’être
soi-même est une stratégie qui peut toutefois se révéler coûteuse. Si tu
adoptes cette façon de faire, il se peut que tu finisses par faire le vide autour
de toi, faute de personnes candidates. Les autres ne cherchent pas plus que
toi à être jetés.
«… ET SI JE VEUX VRAIMENT QUE LA
RELATION DURE?»

La vie sexuelle et amoureuse est une occasion constante d’apprendre


sur soi et sur les autres, puis d’adapter sa conduite à ces découvertes si
on a cette sensibilité (il est fort profitable de l’avoir).
Hélas, beaucoup de gars ont peur de leurs émotions et de leurs
sentiments, et encore plus de les exprimer, de crainte de se montrer
vulnérables, imparfaits, malhabiles. Cette crainte les empêche d’adapter
leur comportement aux circonstances et pousse leurs problèmes en avant, ce
qui finit par les aggraver. Les difficultés personnelles et relationnelles non
réglées finissent souvent par faire boule de neige.

Te donner comme but que ta sexualité soit toujours agréable,


autant pour toi que pour tes partenaires, est la meilleure décision
que tu puisses prendre. Ça t’incitera à ne rien précipiter, à écouter,
à goûter chaque instant que procurent la montée du désir puis son
accomplissement. Faire l’amour est une fête, non?

On voudrait évidemment qu’un rapport sexuel ou amoureux soit


toujours la chose la plus agréable qui soit. Le problème, c’est qu’on ne se
donne pas toujours les conditions gagnantes pour atteindre cet objectif. Ce
qui fait en sorte que ça peut se transformer un fiasco.
Te donner comme but que ta sexualité soit toujours agréable, autant
pour toi que pour tes partenaires, est la meilleure décision que tu puisses
prendre. Ça t’incitera à ne rien précipiter, à écouter, à goûter chaque instant
que procurent la montée du désir puis son accomplissement. Faire l’amour
est une fête, non?
Si tu veux mettre toutes les chances de ton côté pour que se prolongent
agréablement tes relations et à plus forte raison tes amours, quelques
repères te seront utiles.
Être en couple, quel que soit le temps qu’il dure, c’est un projet. Pour
survivre, les couples ont besoin de projets communs par-delà celui d’être en
couple. C’est sans doute LA caractéristique des couples viables. Les
échanges qu’il faut avoir et les efforts qu’il faut consentir pour développer
et pour atteindre des buts communs vont en effet bonifier la relation,
souvent la solidifier. Ce peut être des choses très concrètes que l’on réalise
à deux, comme faire du sport ensemble, rénover un appartement ou partir
en voyage, par exemple, mais aussi des projets à long terme, comme fonder
une famille.
Construire des projets permet à un couple de découvrir et surtout de
développer des valeurs communes aux deux partenaires. C’est un second
point important. Partager nos points de vue sur ce qu’est un couple, c’est
déjà aidant: on voit mieux à quel point on peut être compatible dans nos
attentes. C’est là qu’intervient la bonne communication, troisième élément
essentiel. Sans communication, non seulement vous n’arriverez pas comme
couple à bâtir quelque projet que ce soit, mais vous n’allez pas pouvoir
régler les petits problèmes du quotidien. Des malentendus dans un couple,
c’est normal: ne pas savoir les régler, ça l’est moins.

Dans le mot amour il y a le mot ami. Désirer l’autre, c’est bien;


admirer ses qualités humaines et pouvoir lui faire confiance en
raison de cela, c’est encore mieux.

Communiquer n’empêche évidemment pas chaque partenaire d’avoir sa


vie intérieure, son jardin secret. Pour partager son intériorité, il faut en avoir
une! On ne demeurera intéressant aux yeux de l’autre qu’en entretenant ce
qui nous a rendu attirant à ses yeux: notre singularité, notre personnalité,
nos désirs, projets et ambitions. En somme, savoir s’adapter à l’autre tout en
restant soi-même est un quatrième ingrédient essentiel. Ça peut sembler
contradictoire, ça ne l’est pas: on peut s’acclimater à beaucoup de choses
tout en ne sacrifiant pas qui on est.
Le développement d’une connivence tant physique que psychologique
et relationnelle constitue le cinquième élément décisif. Les hauts et les bas
du désir ou de la relation amoureuse – parce qu’il y aura tôt ou tard des bas
– sont moins déstabilisants quand les partenaires ont établi une certaine
complicité, basée sur un respect partagé, voire une admiration mutuelle.
Dans le mot amour il y a le mot ami. Désirer l’autre, c’est bien; admirer ses
qualités humaines et pouvoir lui faire confiance en raison de cela, c’est
encore mieux.
Enfin, être deux exige une ouverture d’esprit face à des divergences
d’opinions ou de façons de vivre qui surviendront immanquablement.
Accepter l’autre à la fois dans ses ressemblances et dans ses différences
avec soi est impératif. Ça ne signifie pas qu’il faille tout accepter de sa part,
loin de là – il y a des choses inacceptables, comme le non-respect et la
violence –, mais d’être capable de comprendre ses points de vue lorsqu’ils
sont différents des nôtres. Cette capacité d’empathie est décisive dans toute
relation: tu ne comprendras jamais quiconque tant que tu ne seras pas en
mesure d’envisager les choses en te mettant à sa place.
Toutes ces habiletés réunies ne sauraient garantir un ciel sans nuages au-
dessus d’un couple. Aussi, il est fort utile de connaître trois principes de
base de la résolution de problèmes. Ils s’appliquent à toute relation.

1. QUEL EST LE PROBLÈME QUE L’ON VIT?


À cette première étape, on prend le temps de s’asseoir ensemble et de
discuter sans animosité. On ne règle aucun problème dans un climat tendu:
il faut savoir regarder ensemble la situation. Posément. Ce qui implique
aussi de savoir se regarder soi. Des couples n’y arrivent pas seuls. La
présence d’une personne extérieure, travailleuse sociale, sexologue ou
psychologue, par exemple, peut alors être nécessaire pour rétablir un
dialogue rompu et éviter une escalade des tensions.

2. QUELLES SERAIENT LES SOLUTIONS POSSIBLES?


Idéalement, on doit pouvoir en faire l’inventaire librement, avec
imagination et sans a priori. Les solutions originales sont parfois les plus
prometteuses. C’est pourquoi chaque partenaire devrait pouvoir y réfléchir
de son côté et s’exprimer ensuite ouvertement, en partant de ses propres
attentes, tout en étant à l’écoute de celles de l’autre.

3. QUELLE SERAIT LA MEILLEURE SOLUTION


POSSIBLE, CELLE GRÂCE À LAQUELLE CHACUN SE
SENTIRAIT GAGNANT – OU DU MOINS PAS PERDANT?
Il ne saurait être question de sacrifier à cette étape le respect de soi, ou de
l’autre, encore moins son intégrité, sa sécurité et sa liberté. Il s’agit plutôt
de trouver des dénominateurs communs, autrement dit ce avec quoi les
deux partenaires sont d’accord. Une nouvelle solution constitue un test, car
elle implique forcément des changements. À tout moment, on devra par la
suite évaluer si cette solution fonctionne, et de façon acceptable, pour les
deux parties.
Un exemple? Martin et Marine composent un couple et cohabitent
depuis quelques mois. Lors d’une sortie ensemble chez des amis communs,
ils font chacun de leur côté la rencontre de nouvelles personnes. Martin
n’est pas sans remarquer que Marine attire les regards. Elle ne semble pas
insensible aux attentions qu’elle suscite – pourquoi le serait-elle? À mesure
que la soirée avance, Martin se sent mal à l’aise de voir des gars faire plus
ou moins la cour à son amoureuse. Vers minuit, il lui demande de retourner
ensemble à la maison.
«Tu vois bien que je m’amuse, restons encore un peu!» lui répond-elle.
Martin prend son mal en patience, sans trop faire paraître sa contrariété,
pourtant irrépressible. Ils rentrent finalement ensemble deux heures plus
tard, fatigués, sans trop parler. C’est le lendemain matin que, voyant Martin
de mauvaise humeur, Marine lui demande:
«Qu’est-ce qui se passe, Martin?
— Comment veux-tu que je réagisse quand tu dragues comme tu l’as
fait hier toute la soirée devant moi?»
Marine est surprise, ne voyant pas du tout les choses de la même façon.
Elle incite Martin à dire ce qu’il a sur le cœur. De leur discussion, il ressort
que Martin est jaloux. Il est insécure, il a peur de perdre Marine. Voir
d’autres gars, des beaux gars en plus, tourner autour d’elle lui est
intolérable. Ils conviennent ensemble d’en reparler le soir même avec une
connaissance en qui ils ont tous deux confiance et qui fait sa maîtrise en
travail social. Après les avoir écoutés, elle leur demande quelles solutions
ils verraient au problème. Voici leur liste.
– Que Martin soit moins jaloux. Cette solution n’en est pas vraiment
une, car elle ne dit pas comment Martin pourrait faire pour être moins
jaloux.
– Que Martin travaille sa confiance en lui. C’est déjà mieux, car au
moins on admet que Martin ne va peut-être pas changer du jour au
lendemain et a du travail à faire sur lui-même.
– Que Marine et Martin éclaircissent ce que signifie être en couple pour
eux. Bon point. Par exemple, peut-on flirter avec quelqu’un d’autre?
Jusqu’à quel point? Envisagent-ils d’être exclusifs ou d’évoluer dans une
relation ouverte? Accepteraient-ils sinon d’être fidèles, en ce sens de tout se
dire, sans cachotteries?
– Que Marine et Matin se quittent, si jamais ils constatent que leurs
valeurs sont irréconciliables en ce qui concerne leur définition du couple et
leurs attentes l’un envers l’autre.
Ce sont là les solutions qui leur sont spontanément venues en tête, sans
pour le moment préciser leurs préférences respectives. D’autres avenues
seraient possibles.

Une chose demeure certaine: s’il faut savoir faire des efforts et
parfois des compromis dans une relation, nul ne saurait accepter
ce qui est inacceptable à ses yeux. Beaucoup peut être fait pour
sauver un couple, mais jamais au prix du bien-être de chaque
personne qui le compose.

Une chose demeure certaine: s’il faut savoir faire des efforts et parfois
des compromis dans une relation, nul ne saurait accepter ce qui est
inacceptable à ses yeux. Beaucoup peut être fait pour sauver un couple,
mais jamais au prix du bien-être de chaque personne qui le compose. Être
bien avec soi est la seule façon de pouvoir se retrouver encore mieux dans
les bras de quelqu’un d’autre. Il y a des valeurs auxquelles on tient
beaucoup, au point qu’elles orientent nos choix de vie, ce dont parlera le
prochain et dernier chapitre.
BÂTIS TON CADRE ÉTHIQUE

Presque tout le monde a un cadre éthique. Tous n’en sont pas conscients.
Ton cadre éthique, c’est l’ensemble des obligations et des responsabilités
que tu te donnes sur la base des valeurs auxquelles tu tiens. En clair, il y a
dans la sexualité des choses que tu considères comme souhaitables, d’autres
moins, quoique tout de même acceptables, enfin des choses totalement
inacceptables. Dans certains cas, tu ne sais pas vraiment quoi penser, encore
moins comment tu réagirais devant une situation inattendue. Tu le verras en
temps et lieu.
Ne pas nuire consciemment à soi-même et à autrui est au cœur des
décisions éthiques de la plupart des gens. La sexualité sert en grande
partie à avoir du plaisir, non? Aussi bien s’assurer qu’il soit partagé.
Il y a trop de rapports sexuels qui se terminent mal parce qu’un des
partenaires s’est senti bousculé, lésé, trompé, plus ou moins forcé à subir ou
à faire des choses qu’il n’était pas prêt ou consentant à vivre. Tu es
évidemment le mieux placé pour savoir ce qui est bon pour toi. En ce qui
concerne les autres, il te faut recueillir leur avis, c’est essentiel. Il y a aussi
les règles qui gèrent la vie en société, bien sûr, ou du moins qui tentent de le
faire, afin de contrer les abus et les violences. Ta liberté sexuelle s’arrête là
où commence la liberté des autres.
Il arrive que des gars qui se retrouvent dans le pétrin à la suite de
relations qui ont mal tourné déclarent: «Oui, mais je n’avais pas l’intention
de faire du mal à qui que ce soit!» Ce n’est pas parce que tu n’as pas de
mauvaises intentions que tes actes ne sont pas nuisibles. On porte parfois
préjudice aux autres sans l’avoir souhaité. C’est pourquoi des principes de
prudence et de précaution s’imposent, comme on l’a vu tout au long de cet
ouvrage.
Qu’une personne devienne le sujet de ton désir ne signifie pas qu’elle
soit réduite à cela désormais. Elle demeure évidemment libre de penser par
elle-même et d’agir comme bon lui semble. Elle conserve sa faculté de
ressentir ses propres plaisirs et déplaisirs, quels que soient les tiens. Ni ton
désir ni ton amour ne peuvent impliquer l’asservissement de la personne
que tu aimes ou désires. S’attendre à ce que nos partenaires sacrifient leur
bien-être pour le nôtre est très déraisonnable.
Réfléchir à tes valeurs et à tes limites sur le plan éthique sans
attendre d’être dans le feu de l’action te fera gagner du temps et éviter
des pièges. Une telle réflexion te permettra, par exemple, de décider quand
arrêter d’insister ou encore de consommer de l’alcool ou des substances qui
risquent de te faire perdre ton bon jugement habituel. Tissé à partir des
valeurs auxquelles tu tiens suffisamment pour les appliquer au quotidien,
ton cadre éthique te suivra partout, même quand tu serais porté à le laisser
de côté. C’est la petite voix intérieure qui te chuchote: «Seras-tu encore fier
de te regarder dans la glace si tu fais ça?»
Tu peux en tout temps esquisser ton cadre éthique en t’inspirant des
quatre grandes catégories de conduites décrites en introduction à ce
chapitre. Il y a des attitudes et des comportements que tu valorises, d’autres
qui ne te répugnent pas, sans plus, d’autres qui te semblent tout à fait
inacceptables. Il y a aussi certaines situations devant lesquelles tu te dis que
ça dépendrait du contexte, que ça reste à voir. Sur un petit schéma, voici ce
que ça donnerait.

Remplir ce tableau – que ce soit dans ta tête ou sur une feuille de papier
– est moins aisé qu’il n’y paraît. Il est possible, par exemple, que tes
fantasmes comportent des actes que tu considères comme inacceptables.
Heureusement, tes fantasmes ne sont pas forcément faits pour être réalisés.
Tu le sais. Il se pourrait aussi que des points d’interrogation apparaissent
pour certaines questions. Par exemple, accepterais-tu que la personne que tu
désires désire quelqu’un d’autre? Jusqu’où irais-tu pour avoir un rapport
sexuel quand tu en ressens un grand besoin? Aurais-tu des rapports sexuels
avec plus d’une personne à la fois? Serais-tu prêt à dénoncer des
connaissances ou des amis qui agiraient sans respecter leurs partenaires,
voire avec violence? Serais-tu disposé à reconnaître que tu as pu causer du
tort à une (ou un) partenaire?
Réfléchir aux limites à ne pas franchir et comprendre pourquoi tu
tiens à ces limites est une démarche qui t’appartient. Personne ne peut
le faire à ta place, encore moins t’imposer ses vues. C’est à toi
ultimement de décider de tes choix éthiques puis d’assumer tes actes.
À partir du moment où ta sexualité implique d’autres personnes que toi,
tu devras t’entendre avec elles pour connaître leurs propres attentes et
limites. Elles ont aussi leur cadre éthique, lequel devrait idéalement être
complémentaire au tien dès lors que vous vous retrouvez ensemble. Tout
rapport volontaire entre deux personnes est objet d’une entente, implicite ou
explicite, toutes deux devant se sentir à l’aise et satisfaites de ce qui se
passe entre elles.
Il y a des questions auxquelles tu n’as pas encore de réponse? C’est
normal. L’expérience et les leçons de vie qui ne manqueront pas de surgir
chemin faisant vont te permettre d’y répondre. Donne-toi toujours la
permission et la possibilité de t’interroger. Et surtout, informe-toi,
documente-toi, approfondis tes connaissances, nourris tes réflexions. Ce ne
sont pas les ouvrages, les sites d’information et les vidéos pédagogiques sur
la sexualité qui manquent. Il est rare qu’ils ne nous apprennent rien de
nouveau.
Un dernier truc. Est-ce que tu pourrais un jour regretter certaines
paroles, certains gestes, certains comportements? Si la réponse est oui,
abstiens-toi de les prononcer ou de les poser. On peut toujours orienter
différemment notre avenir, mais jamais effacer le passé. Il peut nous
poursuivre longtemps, à commencer par les traces qu’il laisse dans les
mémoires, que ce soit la nôtre ou celle d’autrui (sans parler de celle du
Web).
Prendre les bonnes décisions est le plus grand défi de l’existence. Ce
n’est pas plus facile dans la sexualité qu’ailleurs. Au contraire, le désir
et la vie sexuelle impliquent des émotions intenses qui peuvent
bouleverser notre jugement et nos repères habituels. Des choix réfléchis
sont néanmoins toujours possibles quand on a décidé que c’est eux qui
l’emporteraient.
Pendant longtemps, les principales préoccupations face à la sexualité
chez les gars ont concerné les grossesses non désirées et les infections
transmises par voie sexuelle. Ce qu’on appelait l’éducation sexuelle,
devenue depuis l’éducation à la sexualité, insistait beaucoup là-dessus. On
sait plus que jamais aujourd’hui que la sexualité comporte bien d’autres
risques et séquelles, qui ne sont pas que physiques. La sexualité peut être un
champ de plaisirs, mais aussi de souffrances, parfois même de
traumatismes.
Tu as beau avoir des modèles auxquels te référer, personne ne vivra ta
vie sexuelle et amoureuse à ta place. C’est à toi de faire tes choix,
d’affirmer et d’assumer les valeurs auxquelles tu tiens vraiment. Ce livre
propose quelques conseils et réflexions, mais il ne contient aucune recette.
C’est un guide pour élaborer ta propre recette tout en apprenant à
développer les bons réflexes, en accord avec qui tu es.
Convenons-en: il n’est pas facile d’être rationnel ou raisonnable
quand on est attiré ou excité. Ce défi ne peut être relevé que lorsqu’on
le reconnaît. Après, c’est une question de choix et de détermination.
Personne d’entre nous n’aura de vie parfaite. Nous pouvons néanmoins
apprendre de nos erreurs et de celles des autres. C’est le début de la
sagesse, dit-on.
ANNEXE POUR PARENTS ET ÉDUCATEURS:
LES DÉFIS DE L’ÉDUCATION À LA
SEXUALITÉ DES GARÇONS

Bien qu’il ait été écrit principalement pour les adolescents et les jeunes
adultes, cet ouvrage peut volontiers être mis entre les mains des
parents, des enseignants ou même des partenaires de ces gars-là.
Comprendre ce qui se passe dans leur tête quand ils éprouvent du désir ou
qu’ils ont des rapports sexuels, ça peut être fort utile pour mieux
sensibiliser, éduquer, prévenir même.
Jamais les jeunes générations (et les moins jeunes!) n’auront eu accès à
autant de représentations de la sexualité, en particulier sur le Web.
Simultanément, jamais elles n’auront été si peu à même de départager le
vrai du faux, la réalité de la fiction, le possible de l’impossible. Transformer
en connaissances la surabondance des informations disponibles, puis les
convertir en attitudes et en comportements appropriés, ce n’est pas simple.
Il faut l’apprendre.
Les gars découvrent en bonne partie la sexualité à travers celle de leurs
pairs, donc en entendant et en voyant ce qui se passe autour d’eux. Ça
débute très tôt, bien avant d’avoir des partenaires. À onze ans, en moyenne,
un adolescent a déjà visionné de la porno. Dès la fin de la puberté, la
plupart des gars en ont plus vu et entendu que leurs ancêtres durant toute
une vie. Sont-ils pour autant mieux préparés ou éduqués à la vie amoureuse
et sexuelle? Pas sûr. Il y a une différence entre voir quelque chose, le
comprendre puis en tirer leçons. Avoir vu des activités sexuelles ne
renseigne aucunement sur leur signification, encore moins sur leur bon ou
leur mauvais usage. La sexualité, on peut en voir à satiété, sans pour autant
savoir ce qui serait souhaitable pour nous et nos partenaires.
À onze ans, en moyenne, un adolescent a déjà visionné de la porno.
Dès la fin de la puberté, la plupart des gars en ont plus vu et
entendu que leurs ancêtres durant toute une vie. Sont-ils pour
autant mieux préparés ou éduqués à la vie amoureuse et sexuelle?

En fait, les premières relations sexuelles – et même les suivantes, dans


bien des cas – excitent tout autant qu’elles font peur. Et pour cause: la vaste
majorité des filles ne sont pas satisfaites, ni physiquement ni
psychologiquement, de leurs toutes premières relations sexuelles. Les
garçons sont davantage fiers de leurs premières performances, mais dans
une proportion variant entre 50 et 60%. Les premières fois, ce n’est donc
pas forcément le nirvana attendu.
Beaucoup de gars (et plus encore de filles) regrettent leurs premières
relations sexuelles parce que ça ne s’est pas du tout passé comme ils
l’avaient imaginé et souhaité. La sexualité est un long apprentissage, on
finit presque tous par le comprendre. On a beau avoir physiquement tout ce
qu’il faut pour mener une vie sexuelle et même bien connaître la théorie, on
part tous de zéro sur le plan pratique. Surtout que, dès qu’elle n’est plus
solitaire, notre sexualité implique une interaction, pour ne pas dire une
relation sociale, ce qui a des exigences morales, légales et éthiques.
On confond parfois la morale, c’est-à-dire les croyances sur ce qui serait
bien ou mal en général, et l’éthique, qui est plutôt la capacité de diriger sa
vie selon ce qui serait bien ou mal pour soi et ses partenaires. La morale
entend nous dicter quoi faire; l’éthique nous incite plutôt à réfléchir afin de
prendre les meilleures décisions possible, selon les circonstances et les
valeurs qu’on privilégie. Ce sont deux choses différentes, bien qu’il soit
difficile de développer son éthique sans tenir compte de la morale de la
société environnante. Tout n’est pas permis en matière de sexualité et on n’a
pas le choix d’en tenir compte. La sexualité, ce n’est jamais plus fort que
soi puisque se pose toujours la question suivante: «Qu’est-ce que je veux et
qu’est-ce que je peux faire ou pas?»
Puisqu’elle implique des valeurs et que celles-ci se développent dès le
plus jeune âge, l’éducation à la sexualité est une responsabilité partagée
entre parents et systèmes éducatifs, de la maternelle jusqu’à l’université, si
on se rend jusque-là. J’ajouterais à cette liste le milieu de travail, vu la
nécessité d’y prévenir le harcèlement, les inconduites, voire les agressions.
La vie sexuelle peut poser différents problèmes à divers moments de
l’existence. Elle n’est jamais à l’abri de déconvenues ou d’errements. Ce
pourquoi j’estime que le présent ouvrage ne devrait pas être destiné
uniquement aux jeunes hommes.
Pour diverses raisons (y compris le fait qu’eux-mêmes ne se considèrent
pas toujours comme des modèles), des parents ne se sentent pas à l’aise
d’aborder la sexualité avec leurs fils. Ils s’en remettent volontiers à l’école,
laquelle soutient, à bon droit, que l’éducation à la vie amoureuse et sexuelle
ne saurait être son mandat exclusif. Et pour cause: si les modèles que les
gars ont sous les yeux hors de l’école, en particulier à la maison, sont
contradictoires avec ce qu’ils apprennent en classe, leur socialisation risque
fort de saboter leur éducation au sens scolaire du terme.

Tout n’est pas permis en matière de sexualité et on n’a pas le choix


d’en tenir compte.

Plusieurs mythes et préjugés sur la sexualité des gars préoccupent les


parents. Un de ces mythes est la prétendue diminution de l’âge lors des
premiers rapports sexuels. Or, les données disponibles montrent qu’il n’y a
pas eu depuis longtemps de diminution de l’âge au premier rapport sexuel.
Le fait que les jeunes découvrent l’existence de la sexualité de plus en plus
tôt en raison de l’abaissement graduel de l’âge de la puberté et de ce que
donnent à voir les écrans, petits et grands, ne signifie pas qu’ils ont une vie
sexuelle active plus précoce. Seulement une petite minorité de jeunes,
environ 10%, ont leur premier rapport sexuel avant quatorze ans.

Seulement une petite minorité de jeunes, environ 10%, ont leur


premier rapport sexuel avant quatorze ans.

Une autre peur infondée des parents concerne l’augmentation supposée


du nombre de partenaires sexuels chez les jeunes. Or, chez les quatorze ans
et plus, le nombre moyen de partenaires amoureux ou sexuels est resté
relativement stable depuis au moins vingt ans. Les jeunes ne sont pas plus
sexualisés que leurs aînés. Encore moins hypersexualisés. N’est-ce pas le
regard des autres et les modes créées par des adultes qui les (sur)érotisent?
Bien sûr, les jeunes aiment fanfaronner, montrer et se prouver qu’ils
peuvent séduire. Ce fut le cas des jeunes générations de toutes les époques!

Les gars d’aujourd’hui ont sensiblement les mêmes


préoccupations et anticipations que les générations précédentes:
aimer et être aimés. Et avoir du plaisir à travers cela, évidemment!

Plus de 80% des relations sexuelles des jeunes générations se déroulent,


aujourd’hui comme hier, dans le cadre de relations amoureuses. La plupart
des gars (et des filles) veulent former un couple puis une famille. La
véritable mini révolution sexuelle des dernières années fut en faveur d’une
plus grande visibilité et acceptation de réalités autrefois marginalisées,
comme l’homosexualité, la non-binarité, la transidentité, le mariage et la
parentalité pour tous. C’est assurément un plus, davantage de jeunes
pouvant enfin être eux-mêmes et s’identifier comme bon leur semble.
Les gars d’aujourd’hui ont sensiblement les mêmes préoccupations et
anticipations que les générations précédentes: aimer et être aimés. Et avoir
du plaisir à travers cela, évidemment! Oui, ils ont accès à plus de contenus
érotiques et même pornographiques, mais leur principale référence, c’est
encore les modèles qu’ils voient autour d’eux, à commencer par leurs
parents et leurs proches. Pour le meilleur ou le pire.
Les gars qui ont des problèmes de violence, par exemple, en ont souvent
été témoins dans leur famille d’origine (ce qui est une explication, pas une
excuse, précisons-le). L’exemplarité demeure la forme la plus efficace
d’éducation, on ne le répétera jamais assez. Peu de discours sur la vie
intime ou sexuelle arrivent à concurrencer les modèles ou les exemples que
l’on a eus et que l’on a plus ou moins consciemment choisi de suivre. C’est
pourquoi il importe tellement qu’ils soient positifs.
Oui, ils ont accès à plus de contenus érotiques et même
pornographiques, mais leur principale référence, c’est encore les
modèles qu’ils voient autour d’eux.

Comme on l’a vu dans le présent ouvrage, une éducation sexuelle digne


de ce nom apprend aux gars à reconnaître les réticences ou le non-
consentement de leurs possibles partenaires. Il existe sur le Web un
excellent clip sur le consentement sexuel que tous les gars devraient voir:
bit.ly/théetsexe. En résumé, le narrateur compare astucieusement l’offre
d’une relation sexuelle à l’offre d’une tasse de thé. Il se peut que la
personne à qui vous offrez du thé dise non. Ne la forcez pas à boire votre
thé. Il se peut aussi qu’elle ait dit oui, mais qu’elle change d’idée pendant
que vous prépariez ce thé. Ne le lui faites pas boire de force! Il est possible
qu’elle laisse sa tasse de côté parce qu’elle est prise d’un malaise, et même
qu’elle perde connaissance. Ne la forcez pas à terminer sa tasse de thé:
préoccupez-vous de sa santé! Il se peut qu’elle ait déjà accepté une tasse de
thé dans le passé: ça ne signifie pas qu’elle est obligée d’en boire chaque
fois que vous lui en offrez! Offrir une relation sexuelle ne saurait signifier
qu’on l’impose.
On peut apprendre dans les livres le respect de soi et des autres, mais si
on est incapables de mettre ces principes en pratique, ça ne mène nulle part.
Une éducation amoureuse et sexuelle responsable exige que les
connaissances acquises se transforment en savoir-être et en savoir-faire.
C’est très bien de dire aux jeunes de contrer et de dénoncer le harcèlement
ou les agressions de nature sexuelle. Toutefois, si on ne leur procure pas les
conditions et les habiletés nécessaires pour les prévenir et pour intervenir
rapidement auprès de leurs auteurs, fût-ce pour les signaler, c’est peine
perdue. Les gars en savent beaucoup sur les activités sexuelles; ce qu’ils
ignorent souvent en revanche, c’est comment gérer leurs émotions et leurs
impulsions. Et comment chercher et demander de l’aide quand ils n’y
arrivent pas.

Les gars en savent beaucoup sur les activités sexuelles; ce qu’ils


ignorent souvent en revanche, c’est comment gérer leurs émotions
et leurs impulsions Et comment chercher et demander de l’aide
quand ils n’y arrivent pas.

Dans sa sexualité, chaque gars doit comprendre ses propres besoins,


tenir compte de ceux de ses partenaires, établir à partir de là ses repères et
balises. Tous n’ont pas les mêmes désirs ni les mêmes aspirations, encore
moins les mêmes valeurs. Ce qui convient à William ne conviendra pas
forcément à Sébastien. Ce qui parle à François ne dira absolument rien à
Yan. Tous les gars, ou presque, ont une vie sexuelle; il existe cependant une
infinité de façons de se reconnaître et de s’exprimer selon son sexe, son
genre ou son orientation sexuelle, par exemple. La singularité de chacun
l’oblige à participer activement à sa propre éducation. Qu’est-ce qui est fait
pour lui, qu’est-ce qui ne l’est pas?
Les aînés des gars, qu’ils soient parents, grands-parents, enseignants,
éducateurs, grands frères ou amis, peuvent assumer un rôle de mentors
auprès des gars qui se posent des questions sur la sexualité. Le but n’est
évidemment pas d’imposer leurs vues, encore moins de juger, mais
d’écouter, d’accompagner, de savoir référer aux bonnes ressources de
soutien ou d’intervention lorsque cela est requis. Les services d’écoute et
d’aide pour les jeunes ne manquent pas; encore faut-il que ceux qui en ont
besoin s’en prévalent.
Le Web et les réseaux sociaux tablent beaucoup sur la saine curiosité
des jeunes et des moins jeunes, mais aussi sur leur crédulité, ce qui est
moins intéressant. Cela justifie que l’éducation à la sexualité fasse appel à
une information juste et surtout qu’elle propose une démarche nourrissant
l’intelligence et le sens critique. L’éducation à la sexualité exige non
seulement des connaissances pertinentes pour soi, mais aussi de l’ouverture
aux autres dans ce qu’ils vivent et ressentent, la sexualité humaine étant en
majeure partie relationnelle.
Tout comme les parents, beaucoup d’enseignants ne se considèrent
guère prêts à traiter de sexualité. Ils craignent de ne pas être à la hauteur ou
de commettre des bévues. Toute éducation formelle à la vie amoureuse et
sexuelle doit en effet être bien conçue et bien préparée. Cela ne devrait
toutefois jamais servir d’excuse pour la remettre sans cesse à plus tard.
Nous avons la chance d’avoir des sexologues, qui ont reçu une
formation exigeante, mais aussi des spécialistes de diverses professions qui
sont en mesure de les épauler: infirmières, psychologues et travailleuses
sociales en milieu scolaire en particulier. Profitons-en. À l’occasion, tenir
des séances non mixtes pour les garçons qui le souhaiteraient serait
approprié dans la mesure où, selon leur âge et leur développement,
plusieurs peuvent être réticents à poser des questions devant d’autres jeunes
qui ne sont pas de leur sexe ou de leur genre.
La libre expression des interrogations et des questionnements est, de
toutes les façons possibles, à encourager dans un contexte d’éducation à la
sexualité. Les gars ne confient pas aisément leur intimité, à plus forte raison
lorsqu’ils se retrouvent en groupe, voyant leurs pairs comme de possibles
harceleurs ou concurrents si l’occasion leur en est donnée. Plusieurs gars
estiment que se confier, c’est prêter flanc aux critiques et aux attaques,
voire offrir des armes contre soi, d’où leur mutisme.
La socialisation masculine traditionnelle dévalorisait la révélation et
l’expression sensible de soi, ce qui interdisait presque aux gars de demander
de l’aide, même dans l’urgence. Cela doit changer, et pour de bon. Les gars
doivent comprendre que reconnaître ses limites c’est se montrer courageux.

La socialisation masculine traditionnelle dévalorisait la révélation


et l’expression sensible de soi, ce qui interdisait presque aux gars
de demander de l’aide, même dans l’urgence. Cela doit changer, et
pour de bon. Les gars doivent comprendre que reconnaître ses
limites c’est se montrer courageux.

Éduquer les gars à la vie sexuelle, c’est essentiellement leur apprendre à


gérer, le mot n’est pas trop fort, leurs désirs et leurs plaisirs. Leurs
déplaisirs aussi. Les inconduites, le harcèlement et les agressions sexuelles,
par exemple, nous parlent de situations où des gars ont cherché à imposer
leurs désirs et leurs plaisirs sans respecter autrui. On voit bien que
l’éducation sexuelle n’est pas qu’une affaire de connaissances, mais aussi et
surtout une affaire d’attitudes et de comportements, plus précisément
d’habiletés émotionnelles et relationnelles.
On voit bien que l’éducation sexuelle n’est pas qu’une affaire de
connaissances, mais aussi et surtout une affaire d’attitudes et de
comportements, plus précisément d’habiletés émotionnelles et
relationnelles.

Les gars doivent apprendre à ressentir et à transmettre de l’empathie,


qui est la faculté de se mettre à la place des autres. C’est souvent ce qui
manque le plus. Croire que tout le monde pense et ressent les choses
comme soi est une erreur. Il est vrai que l’expérience sexuelle est, dans un
premier temps du moins, une activité égocentrique, centrée sur notre propre
plaisir. Il n’en reste pas moins que la sexualité sert aussi à en donner, du
plaisir. Et de la tendresse aussi. C’est ce qu’on appelle le plaisir vicariant,
celui de voir notre partenaire ressentir du plaisir. Ce n’est pas mince
motivation. Encore faut-il l’avoir, au besoin la cultiver.
Si on lui adjoint la bienveillance, l’empathie envers l’autre peut devenir
compassion. C’est mieux encore, car cela implique qu’on puisse agir afin de
manifester concrètement notre empathie. Nos actes tiennent alors compte
des émotions de notre partenaire. Hélas, autant l’empathie que la
compassion sont très insuffisamment enseignées aux garçons. Certains
programmes de lutte contre l’intimidation en milieu scolaire commencent à
peine à y faire de la place. Il était temps, c’est un heureux début. Mais on
part de loin.
On ne peut plus ignorer que l’expression de la sexualité comporte des
responsabilités et des devoirs, tant envers soi qu’envers autrui. La sexualité
humaine est un lieu de rencontre, de partage et, pourquoi pas, de solidarité
humaine. On peut en effet y comprendre et y apprendre non seulement
l’empathie et la bienveillance, mais aussi le principe de réciprocité. Ce
dernier met de l’avant égalité et équité entre partenaires; c’est un excellent
antidote aux abus et aux agressions de toutes sortes.
Les perceptions de la sexualité et les réactions à son égard étant
infiniment variées, on doit accepter d’en parler et d’entendre ce que les
autres ont à nous dire à ce sujet. La sexualité demeurera toujours un champ
de découvertes et d’apprentissages sur nous-même, sur les autres, en
particulier nos partenaires, et sur la vie. Encore faut-il être ouvert à se poser
des questions, à en poser aux autres, à écouter et à apprendre de la grande
diversité des expériences. Si l’on n’est pas disposé tout jeune à envisager la
sexualité comme une activité qui se prépare, se pense, se discute et se
critique, on aura de la difficulté à s’en convaincre une fois adulte. Plus tôt
on s’y prend, moins de dégâts on risque de créer en cours de route. C’est
pourquoi l’éducation à la sexualité doit débuter dès que cela est possible.
Il arrive que même de jeunes gars bien intentionnés commettent des
erreurs de jugement et de conduite causant du tort à leurs partenaires, et
indirectement à eux-mêmes. Le mieux à faire comme parent, comme
éducateur ou comme société est de les placer devant leurs responsabilités.
Chaque personne, quel que soit son âge, doit assumer d’une façon ou d’une
autre les conséquences de ses actes. Il n’y a pas de leçons de vie possibles
autrement. On peut très bien s’expliquer des conduites inacceptables, et
même les comprendre, sans jamais être complaisants devant elles ou, pire,
se montrer insensibles devant leurs conséquences.

Il arrive que même de jeunes gars bien intentionnés commettent


des erreurs de jugement et de conduite causant du tort à leurs
partenaires, et indirectement à eux-mêmes. Le mieux à faire
comme parent, comme éducateur ou comme société est de les
placer devant leurs responsabilités. Chaque personne, quel que
soit son âge, doit assumer d’une façon ou d’une autre les
conséquences de ses actes.

Il importe de faire la différence entre responsabiliser et culpabiliser.


Responsabiliser, c’est donner à réfléchir, provoquer une prise de conscience
menant à un changement de conduite. On peut volontiers se corriger quand
on est jeune. À l’inverse, culpabiliser a souvent pour effet d’enfoncer la
personne dans son problème, qui prend alors toute la place, sans possibilité
de le régler. La culpabilisation n’est pas orientée vers le changement. Si
l’on croit qu’une personne est plus que son comportement, on croit aussi
qu’elle peut s’amender, ne pas récidiver, voire réparer d’une façon ou d’une
autre ses méfaits. Ces occasions de changement doivent lui être offertes.
Avoir commis des erreurs ne condamne pas à les répéter.
Les jeunes ont besoin de notre écoute, parfois de nos conseils, lesquels
visent moins à leur donner des recettes toutes faites qu’à leur permettre
d’élaborer leurs propres solutions, adaptées à leur situation. Dans leur
rapport à la sexualité, les gars sont à la recherche de repères. Le mieux que
nous puissions faire est de leur en proposer. À eux ensuite de vivre leur vie
et de faire leurs choix, idéalement éclairés, en assumant leurs conséquences,
bonnes ou mauvaises. C’est le plus que nous puissions faire. Et c’est déjà
beaucoup.
POUR EN SAVOIR PLUS (PETITE
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE)

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Voros, Florian, Désirer comme un homme, La Découverte, 2020.
Zaccour, Suzanne, La Fabrique du viol, Leméac, 2019.
REMERCIEMENTS

Tout ouvrage est l’histoire d’heureuses complicités et collaborations.


Dès la conception de celui-ci, l’enthousiasme des éditrices Johanne Guay
puis Nadine Lauzon m’a donné des ailes. Grand merci aussi aux amis qui
ont critiqué mon manuscrit initial: Laurent Debesse, journaliste et
communicateur aguerri, aussi père de trois garçons, Patrick Doucet,
professeur en psychologie de la sexualité, et Denis-Philippe Paradis,
professeur en travail social (dans les deux cas auprès de cégépiens),
Guillaume Tardif, étudiant à la maîtrise en travail social, Geneviève Martin,
professeure en sexologie, enfin Janette Bertrand, qui a pour ainsi dire
inventé l’éducation sexuelle grand public au Québec. J’ai écouté leurs sages
conseils tout en faisant suffisamment à ma tête pour assumer les
maladresses qui subsisteraient. Enfin, chapeau à Clémence Beaudoin, qui a
si bien su illustrer ce livre.
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