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OBJECTIFS ET FINALITES DE L’ENTRETIEN CLINIQUE

« Toutefois la spécificité de l’entretien psychologique par rapport à la conversation se situe à


deux niveaux : les propriétés situationnelles et, d’autre part, les objectifs. » Pedinielli J.Let
Rouan G. (1998)

« Tout projet thérapeutique comporte une théorie au moins implicite de la pathologie mentale et
en construit sa propre représentation » Ionescu S. (1993)

3.1. En fonction de quels éléments se décline l’entretien clinique ?

L’entretien clinique est la principale modalité technique du psychologue pour rencontrer les
personnes (Bénony H. & Chahraoui K.,2013). Selon ces auteurs, voici les principales
caractéristiques techniques et spécifiques dans la façon dont est mené un entretien clinique par un
psychologue :

Aux Sources… « II. DIFFÉRENTS ASPECTS TECHNIQUES DE L'ENTRETIEN


La manière de mener un entretien dépend d'un certain. nombre de facteurs :
– des objectifs de l'entretien (visée diagnostique, thérapeutique, de recherche ou
d'orientation) ;
– des modèles théoriques et de la formation du clinicien ;
– de la personnalité, de l'âge du sujet et des aspects de l'interaction au cours
de l'entretien ;
– - de la demande (vient-elle du sujet ? de la famille ? de l'institution ?
du chercheur ?) ;
– Du moment et des conditions de l'entretien (premier entretien ou suivants,
contexte d'hospitalisation ou de consultation, contexte de crise ou non, etc.).

Nous pourrions multiplier encore les facteurs susceptibles d’avoir une incidence sur le
déroulement d'un entretien et d’une certaine manière, chaque entretien est unique comme chaque
relation ou chaque individu l'est. Toutefois, la manière de mener un entretien clinique ne
s'improvise pas ; celui-ci ne s'apparente pas à une conversation ordinaire, il s’agit d’un
dialogue asymétrique entre un sujet et un professionnel (le psychologue clinicien, le
psychiatre, le médecin où le conseiller d'orientation).

L'entretien est donc lié à la fonction du clinicien, « ce qui suppose une formation, laquelle
permet de prendre une certaine position dans le dialogue » (Colette Chiland, 1983).
La manière de mener un entretien s'appuie sur des règles techniques (non-directivité,
semi-directivité) et sur une certaine attitude (attitude clinique) adoptée par le psychologue
clinicien : on peut dire que les aspects techniques (non-directivité ou semidirectivité) et l'attitude
clinique du clinicien représentent les aspects les plus stables de l'entretien clinique, et cela quelles
que soient les modalités et les conditions de l'entretien. » Bénony H. & Chahraoui K. (2013)

L’entretien clinique. Dunod, Paris, pp.12, 13. « L’entretien clinique n’est pas seulement caractérisé
par une conversation et une relation clinique mais implique différents buts et effets :

faciliter et permettre la parole,


organiser les éléments à partir d’une lecture clinique,

écouter, restituer…

Comme dans tout échange symbolique, il permet la coconstruction d’une nouvelle


réalité, un nouveau sens » Pedinielli J.L. et Rouan G., 1998, pp.53-57.

Aux Sources… « Dans le cadre de la consultation psychologique, l’entretien clinique désigne en


premier lieu un entretien où le thérapeute se laisse, en partie du moins, guider par les
interventions du patient. Il s’agit ainsi d’un entretien non dirigé, tout comme peuvent l’être
certains entretiens de recherche. À l’instar de ces derniers il s’agit aussi d’un genre hétérogène (il
existe de nombreux types d’entretien clinique qui varient selon différentes dimensions, en
particulier le degré de structuration de l’entretien), mais qui, au-delà de son hétérogénéité, a pour
caractéristique principale de reposer sur des asymétries de statut et de rôle des interlocuteurs et
de leur position face à ce qui se dit (Grossen & Salazar Orvig 2006). Ainsi, dans l’entretien
clinique, alors que le patient se centre sur l’expérience qu’il présente, le thérapeute se place
dans une position sémiologique par rapport au discours du patient : pour lui, le discours est
indice, symptôme, et non seulement transmission d’informations.
La dimension sémiologique de l’entretien clinique constitue ainsi un autre point de
rapprochement avec l’entretien de recherche.

Elle souligne aussi sa dimension cognitive : le thérapeute, comme l’interviewer, visent à produire
certaines formes de compréhension de l’autre et de son rapport au monde. Toutefois, si
l’entretien de recherche a pour but principal de produire des connaissances
sur l’objet d’étude en jeu, l’entretien clinique vise quant à lui à établir un diagnostic (ou
plus généralement une évaluation) à prendre le patient en charge et, surtout, à provoquer un
changement chez lui.

Il ne vise donc qu’indirectement à produire des connaissances (par exemple sur le fonctionnement
psychologique de certaines catégories de patients). Si, comme l’entretien de recherche, il est outil
d’investigation, il est donc aussi outil d’intervention. De ce fait il sera toujours inédit, reflétant
la singularité de toute situation intersubjective,

mais il est cependant possible de repérer quatre types d’entretien en fonction, principalement, de
leurs visées et donc du référentiel théorique du clinicien.
En d’autres termes, c’est la dimension praxéologique (la science de l'action humaine , les faits et
rien que les faits) qui marque la spécificité de l’entretien clinique dans le genre « entretien ».

Toute interrogation sur les pratiques qui le caractérisent et les modalités des interventions du
thérapeute se doit donc de s’intéresser à l’imbrication des dimensions sémiologiques
et praxéologiques.
L’approche dialogique se révèle alors un précieux outil théorique et méthodologique pour
saisir les modalités de cette imbrication. » Salazar-Orvig A. et Grossen M. (2008)
« Le dialogisme dans l’entretien clinique »23. Maison des sciences de l'homme | Langage et société,
2008/1 - n°123, 37 à 52. Pp. 37-38.

3.2. Entretien clinique et visée évaluative,

l’entretien psychologique dit d’investigation ou diagnostique

« L’entretien psychologique fonctionne comme une situation dans laquelle s’observe une partie de
la vie du patient qui se développe en relation avec nous et face à nous ». Bleger J. (1964)

Aux Sources… « On les appelle également entretiens d'évaluation. Il est préférable de ne pas
utiliser le terme « diagnostic » du fait non seulement de sa connotation médicale et psychiatrique
mais aussi, et surtout, parce que l'évaluation ou l'investigation psychologique ne
consiste pas seulement à identifier une pathologie. Il s’agit avant tout de spécifier
les particularités de l'économie psychique d'un sujet-usager et de la façon dont cette
économie s’articule à son histoire. Si l'entretien de diagnostic concerne la maladie, l'entretien
d'investigation concerne le sujet. Les troubles (ou la maladie) sont à appréhender dans son
histoire actuelle et passée et dans sa structure. Les entretiens cliniques d'investigation ont pour
objectif de produire des connaissances afin de permettre une prise de décision concernant l’usager.
W. Huber spécifie que l’évaluation psychologique n’est pas un simple recueil mais également
élaboration des données. » Proïa-Lelouey N. (2004), Chap. 5 « L’investigation psychologique », p.
49.

En synthétisant à partir de Castillo (2006), lors de l’entretien psychologique dit diagnostique,

le psychologue effectue une lecture clinique,

selon ses inférences théoriques, qui lui permet d’organiser les données cliniques de l’entretien en
attribuant au patient certaines caractéristiques psychopathologiques ou au contraire en l’en
dégageant (Castillo, 2006).

▪Le psychologue procède en émettant des hypothèses psychopathologiques et en interprétant les


signes cliniques en fonction d’une nosographie (DSM IV-TR, CIM10, par exemple) choisie en
accord avec son référentiel théorique (psychanalyse, cognitivo- comportementalisme, systémie,
etc.). En effet, selon son référentiel théorique le psychologue aura donc une lecture clinique des
troubles psychopathologiques observés (Ionescu, 1994). Cette activité orientée de diagnostique a
pour conséquence d’organiser le contenu de l’entretien. Elle se réalise généralement durant les
premiers entretiens cliniques.
▪Le psychologue pourra enrichir sa démarche en utilisant au sein de l’entretien clinique, des
instruments psychométriques, tests projectifs, etc. qui participeront également à la
standardisation des données. Ce type de travail pouvant s’avérer particulièrement indiqué pour la
prise en charge de nombreuses populations et/ou pathologies (personnes âgées, psychiatrie,
troubles envahissants du développement, etc.).
▪L’entretien clinique à visée évaluative mené par un psychologue apporte un complément
d’information, lié à la spécificité de son investigation inscrite dans une démarche clinique, qui est
nécessaire au travail en équipe pluridisciplinaire. Car, en paraphrasant J. Bleger (1964), un
entretien a beaucoup réussi si l’on réussit à éclaircir quel est le « vrai » problème qui est amené
derrière ce qui est amené de façon manifeste.

Le clinicien pourra mener un entretien à visée évaluative, dit diagnostique, quel que soit son lieu
d’exercice (pratique en libéral, institutionnelle, etc.)… Ou pas, car en effet, rappelons u’il existe
bon nombre de théories en psychologie clinique qui font abstraction de la question diagnostique (en
particulier les théories psychopathologiques existentialistes, phénoménologiques,
ethnopsychiatriques, voir même systémiques ou psychanalytiques).

Les outils des entretiens cliniques à visées évaluatives ou dits diagnostique sont les mêmes que
dans tout entretien clinique mené par un psychologue et particulièrement :
• son référentiel théorique
• et ses domaines de compétence liés à sa formation.

3.3. Entretien clinique dit thérapeutique

3.3.1. Démarche et objectifs.

L’entretien clinique thérapeutique appartient au domaine du soin psychologique et ne se


limite donc pas nécessairement au domaine de la pathologie mentale.

la modification de la position psychologique du


Il vise
patient (ou d’une famille) par rapport à une situation ou des faits
psychopathologiques perçus comme des désordres et produisant de la souffrance.

Les sous objectifs seront définis par le référentiel théorique du psychologue, en


psychologie clinique et en psychopathologie.

Les différentes approches théoriques en psychopathologie s’accordent à penser qu’un


symptôme a une signification (individuelle et/ou collective) et est vécu par le(s)
patient(s) comme un fait venant troubler son fonctionnement psychologique,
relationnel et/ou affectif, intellectuel, voire physiologique.

Chaque théorie proposant sa propre interprétation du symptôme, les propositions thérapeutiques


seront donc toutes formellement différentes en fonction de la théorie du psychologue (Castillo,
2006 ; Bénony et Chahraoui,2013 ; Ionescu, 2006 ; 2012)
Cette dimension nourrit également la réflexion, à mener en amont de l’intervention, sur les
indications en psychologie. En effet, comme le rappelle Castillo (2006, p165) « d’une part les
approches se nourrissent et s’enrichissent mutuellement et d’autre part, l’état clinique, la demande
du patient appellent souvent des prises en charge thérapeutiques différentes. (…) certains
dispositifs s’avèrent plus indiqués pour soigner certains types de trouble » ;

ainsi « l’offre de soin psychologique doit donc être adaptée au type de pathologie
»,

ceci conditionnant :
• non seulement son efficacité
• mais également son caractère éthique et déontologique,
• Mais, in fine, quels qu’en soient les fondements théoriques,
la visée thérapeutique consiste à replacer le symptôme dans une
dynamique signifiante pour le patient

explicité par G. Poussin (2003, page 32) comme l’acte de « donner au symptôme un autre
statut possible. Pour cela il faut replacer celui-ci dans un autre contexte ».

3.3.2. Entretien clinique thérapeutique et référentiels théoriques


cliniques.

Exemples.

Aux Sources… « ENTRETIEN CLINIQUE ET PSYCHOTHERAPIE

Nous abordons dans ce chapitre l'entretien clinique dans le cadre de la relation d'aide ou de soins
psychologiques. Si la notion même d'entretien clinique est très liée aux travaux de C. Rogers, les
modèles théoriques associés à l'entretien clinique à visée psychothérapeutique sont nombreux et
influencent diversement la pratique des cliniciens.

On peut alors se demander en fonction de quels critères les cliniciens choisissent tel ou tel modèle
de référence. Cela dépend en fait de leur formation initiale, de leur formation personnelle, des
spécificités institutionnelles et des problèmes psychopathologiques spécifiques qu'ils sont amenés à
rencontrer.

Doit-on se référer à un modèle unique ou bien peut-on se référer à une multiplicité de modèles dans
la pratique de l'entretien clinique à visée thérapeutique ? La psychologie clinique n'a guère de
difficultés pour répondre à cette question.

En effet, elle est d'abord liée au terrain clinique et donc aux demandes cliniques qui en
émergent ; à partir de là, elle cherche dans les modèles théoriques la ou les approches
compréhensives les plus adéquates et les plus congruentes avec les faits observés.

Le clinicien n'essaie donc pas de forcer l'interprétation des faits observés en imposant un
modèle théorique qui ne correspond nullement aux spécificités cliniques ; il adopte plutôt une
démarche que nous appellerons intégrative et complémentariste, ce qui nécessite bien
entendu une formation éclectique.

II est donc important en ce sens que, dès leur formation initiale, les étudiants connaissent
l'ensemble des modèles. » Bénony H., Chahraoui K. (2013) L’entretien clinique. Dunod, Paris, p.
24

Nous nous limitons ici à fournir et/ou illustrer quatre exemples d’approches thérapeutiques et leur
incidence concernant le déroulement, les dispositifs et sous objectifs thérapeutiques de l’entretien
clinique à visée thérapeutique.

Car en effet, il existe une multiplicité d’approches thérapeutiques en psychologie clinique


nourrissant la richesse de notre domaine. Cependant sont souvent distinguées et évoquées de
grandes approches primordiales représentant des courants importants de la psychologie clinique
et de la psychopathologie :

• les approches sous tendant les TCC,


• l’approche dynamique-psychanalytique,
• l’approche humaniste ou existentielle,
• l’approche ethnopsychiatrique
• et enfin l’approche systémique.

Elles se distinguent les unes des autres par :


• leur genèse,
• et dans le cadre de l’entretien clinique par leurs sous-objectifs traduisant leurs différentes
théorisations psychopathologiques, sur la vie et l’être humain en général,
• et donc par les moyens techniques mis en œuvre.

→ Entretien clinique thérapeutique et référentiel psychanalytique

Les objectifs des thérapies psychanalytiques visent le surgissement de l’intentionnalité


inconsciente repérée dans les propos du patient (Widlöcher et Hardy-Baylé, 1990).
Effectivement, d’après cette théorisation, les troubles venant incidemment perturber le
fonctionnement présent du sujet, pourront être compris (et entendus) comme relevant de conflits
infantiles non résolus, il s’agit donc d’emmener le patient à laisser émerger et pouvoir reconnaitre,
consciemment, ces contenus inconscients afin de pouvoir les élaborer et en « libérer » son
fonctionnement actuel.

Ainsi, au cours de l’entretien clinique à visée thérapeutique, en face à face, la pensée clinique du
psychologue selon la théorisation et la méthode psychanalytiques, interprète le discours du
patient en se référant aux notions issues de ce modèle comme par exemple l’Inconscient, les
mécanismes de défense (refoulement, etc.), les conflits intrapsychiques référés aux stades de
construction de la personnalité et à la théorie de la sexualité (par ex. Complexes d’Œdipe ou de
castration), etc.
Techniquement, les notions de transfert et contre-transfert, de résistance, qualifieront le travail
à partir de la relation clinique, l
a gestion et théorisation du cadre dérivent du dispositif théorique de la cure psychanalytique ; «
attention flottante » et « associations libres », c’est à dire une écoute permettant une expression
étendue du sujet, accueillant aussi largement que possible les divers types de contenus et formes de
récits, même non construits ou illogiques, visent à permettre que le champ de l’entretien soit au
maximum configuré par les apports du consultant et permette l’émergence du contenu inconscient
(« latent ») au-delà du discours « manifeste » .
→ Entretien clinique thérapeutique et référentiel cognitivocomportemental

Dans les thérapies cognitivo-comportementales, qui s’appuient sur l’observation des


connexions entre les émotions, les pensées et les comportements, l’objectif est
de changer les affects et les comportements actuels, en modifiant notamment les pensées
(cognitions).

Ainsi, l’intentionnalité thérapeutique du psychologue vise à désapprendre au sujet des


comportements inadéquats, qui provoquent de la souffrance, et à les remplacer par de nouveaux
modèles comportementaux plus adaptés dans la vie actuelle du sujet (Mirabel-Saron C. et Vera L.,
2014, p.19).

L’entretien est très structuré, axé sur la définition de buts et d’objectifs permettant de les
atteindre, sur l’opérationnalisation des techniques thérapeutiques et leur évaluation.

Le thérapeute est donc, par définition, directif, actif voire didactique.

→ Entretien clinique thérapeutique et référentiel ethnopsychiatrique

la modification des contenus


Les objectifs des thérapies ethnopsychiatriques visent
culturels dysfonctionnels au sein d’une famille ou d’un groupe à partir de la
conflictualisation des référentiels théoriques en psychologie.

d’observer et dégager, collectivement, comment le dispositif et les éléments techniques incarnent la théorie afin
de permettre la co-construction d’un nouveau sens avec le consultant/patient. Vous pourrez également observer les
visées cliniques thérapeutiques et de recherche, le positionnement clinique professionnel et l’expertise du patient,
les attitudes cliniques, etc. afin de construire une synthèse en répondant aux questions suivantes : 1- Observez et
décrivez précisément les éléments constituant le dispositif spatial et technique ethnopsychiatrique (Combien de
personnes et de co-thérapeutes ? Pourquoi en cercle ? Qu’est-ce qu’un médiateur ethnopsychiatrique ? etc.) 2-
Dégagez les théorisations en découlant concernant la relation clinique et la co-construction de sens, l’asymétrie
est-elle renforcée ou diminuée ? Quels en sont les effets cliniques ? https://www.dailymotion.com/video/x207sg

→ Entretien clinique thérapeutique et référentiels humaniste/existentiel

L’Approche psychothérapeutique « non directive » ou « centrée sur la personne


» de Carl Rogers et la gestalt-thérapie de Fritz Perls sont des exemples d’approches
issues de ce référentiel qui se fondent sur le principe de
la capacité inhérente à la
personne humaine de cerner ses difficultés, d’y trouver ses propres
solutions et à apporter le changements les mieux adaptés.
De ce fait, l’intervention thérapeutique vise à accompagner la personne, considérée, là
aussi, comme experte de sa problématique, en lui proposant une relation clinique
étayant sa propre exploration personnelle et l’expérimentation de ses états internes au cours
de l’entretien clinique. Cependant chaque approche aura ses propres sous objectifs au cours de
l’entretien clinique : Je vous renvoie à la Partie A.2.2.1. de ce cours et à d’éventuels ajouts ou
approfondissement sur les forums sur les travaux de C. Rogers et l’Approche centrée sur la
personne.

▲En conclusion,
rappelons que les propositions thérapeutiques en psychologie ont toutes en commun d’utiliser, en
vue d’étayer leur efficacité, les concepts d’empathie, la recherche d’une alliance
thérapeutique et la mise en sens des troubles (Lecomte et al., 1990 et 1999).

Soulignons également l’importance de la déontologie car il ne saurait y avoir d’efficacité


thérapeutique sans

3.4. Entretien clinique dit de soutien

« Un seul principe peut être considéré comme central et déterminant dans la pratique de l’entretien
clinique. Il s’agit de la co-construction de sens » avec le patient. F Sironi (2001)

L’entretien clinique de soutien ou d’accompagnement caractérise une visée d’étayage


psychologique du sujet souffrant face à une situation de vie où il est, ponctuellement et/ou
réactionnellement, difficile de faire face comme, par exemple, des pathologies somatiques
graves avec mise en jeu du pronostic vital et/ou dégénératives, l’infinité des possibilités liées
aux « nouvelles » populations issues de nos récents domaines d’intervention : associatif,
humanitaire, etc. Selon les contextes d’intervention, les entretiens peuvent être proposées par
le psychologue sous diverses formes (il peut venir solliciter le patient pour lui proposer de le
rencontrer, se tenir « à disposition » sous forme de permanences, etc.).

Cet accompagnement psychologique vise, en soutenant l’expression du sujet, la compréhension


d’une situation particulière en co-construisant un nouveau sens avec le sujet. Ce quel que soit
le cadre d’intervention (institutionnel, libéral, associatif, etc.) du psychologue clinicien et selon le
référentiel théorique présidant à son intervention. Dès lors, ce type d’entretien produit également,
par la proposition d’un nouveau sens (significations) à un problème ou une difficulté
psychologique, des modifications se traduisant par des changements chez le patient.

3.5. Entretien clinique de recherche


JL. Pedinielli et L. Fernandez (2006), d’après Moro (1993), rappellent que « La dénomination «
d’entretien clinique de recherche » condense ainsi tous les paradoxes liés à l’utilisation de la
méthode clinique (Moro, 1993) comme méthode de recherche ».

Plus loin les auteurs précisent qu’en effet, « (…) Mener un entretien clinique de recherche consiste
donc à recourir à une technique d’entretien de recherche (non directive ou semi-
directive) tout en adoptant une attitude clinique dans la relation au sujet (Bénony &
Chahraoui, 1999) ».

L’entretien clinique de recherche et guide d’entretien sont ainsi définis par Castillo (2006, pp. 165-
166) :

Aux Sources… « IV - L'entretien clinique de recherche II

a pour objectif la production d'un discours continu et structuré sur un thème défini dans
le cadre d'une recherche. Il conduit le chercheur à poser des hypothèses qu'il va tester auprès
de la population qui l'intéresse. Cette démarche implique que le chercheur sollicite un certain
nombre de sujets. L'entretien de recherche poursuit un objectif paradoxal : il s'agit d'accéder à des
connaissances générales à partir de la collection d'entretiens particuliers .
L'analyse des données procède alors d'une démarche comparative.

Les entretiens de recherche visent à vérifier des hypothèses, à valider un champ de recherche, à
approfondir des théiories ou à explorer un domaine peu étudié jusque-là.

Cela implique que l'orientation de l'entretien soit à l'initiative du chercheur. Celui-ci a construit à
priori un certain nombre de catégories et regarde comment chaque sujet interviewé se positionne par
rapport à ces catégories, quelles représentations il donne à voir.

Un certain nombre de contraintes sont dans ce cas imposées au chercheur :


• tout d'abord la définition d'une population (critères d'inclusion et d'exclusion) ;
• ensuite l'élaboration d'un guide d'entretien impliquant la prise en compte de tous les
thèmes jugés importants
• et enfin la conception des interventions de l'entretien de recherche. La consigne et les
relances doivent en effet être dites de la même manière à tous les sujets.
Par exemple le chercheur appliquera à tous les sujets la relance « pouvez-vous m'en dire plus ? »
sans en changer la formulation.

. Le guide d'entretien. Le guide d'entretien est en quelque sorte un système de filtrage qui
prédétermine les thèmes abordés dans l'entretien. Le clinicien envisage donc a priori les données
qu'il souhaite recueillir. Pour ce faire, il élabore des catégories et définit des indices. Une catégorie
peut être définie comme une unité de sens qui préside au regroupement de plusieurs observables. La
méthodologie consiste à décrire de manière exhaustive tous les observables pris en compte et à
expliciter les critères de catégorisation et de recensement de ces indices.

• Deux catégories voisines doivent être différentes.

• Un observable doit pouvoir n'être classé que dans une seule catégorie.
• Les observables d'une catégorie doivent être homogènes.
• Les catégories doivent être exhaustives (recouvrir chaque dimension du problème traité).
• Le nombre de catégories à prendre ea compte dépend du problème abordé et des hypothèses
posées.

Dans un premier temps, il peut être nécessaire de multiplier les catégories dans un souci de
discrimination fine et d'exhaustivité, quitte ensuite à fusionner plusieurs catégories pour le
travail définitif. C'est pourquoi il est souvent nécessaire de réaliser quelques entretiens
exploratoires avant d'élaborer le guide d'entretien définitif.
Le chercheur doit, pour rester pertinent par rapport aux hypothèses posées, respecter le cadre
prédéfini des thèmes et donc guider l'entretien, tout en restant suffisamment ouvert pour
permettre à l'interviewé de s'exprimer librement et en confiance.

Autrement dit, le chercheur espère obtenir des réponses allant dans le sens de ses hypothèses
tout en s'imposant une attitude de neutralité bienveillante. » Castillo M.-C.

« Les techniques de l'entretien » in Ionescu S., Blanchet A. et al. (2006) Psychologie clinique et
psychopathologie. PUF, Paris, page 165-166.

CONCLUSION PARTIE B

Chaque entretien clinique, sera toujours unique et inédit en ce qu’il constitue le principal
moyen professionnel et technique mis en œuvre pour rencontrer les personnes, reflétant la
singularité de toute situation intersubjective. Mais, comme nous venons de le voir, quatre types
d’entretiens cliniques sont différentiés en fonction, fondamentalement de leurs visées
psychologiques et donc des référentiels théoriques du clinicien (diagnostique, thérapeutique, de
soutien, de recherche). Ainsi, selon les objectifs formulés par le psychologue, il sera nommé
différemment alors que du point de vue clinique et surtout thérapeutique, quel que soit sa
catégorisation et sa dénomination, selon les différents référentiels théoriques, tout entretien clinique,
en instituant un moyen d’expression et un lieu d’écoute,

produit la co-construction d’un nouveau sens et pourrait en conséquence être redéfini comme
recouvrant toute technique relationnelle qui viserait à modifier une situation, une personne ou
un groupe, engendrant des métamorphoses que ce soit au niveau de pensées, de
comportements ou d’affects.

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