Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
LE COMPORTEMENT
ALIMENTAIRE NORMAL
Manger est l'un des actes essentiels et naturels de notre vie quotidienne, destiné à remplir l'un des besoins
élémentaires qu'est l'apport d'énergie. Au fil de l'histoire, tous /es grands événements d'évolution, de migration,
d'urbanisation ont été rythmés par la disponibilité en nourriture (territoires de chasse, champs cultivables,
périodes de famine). Donc, si nous avons pu survivre jusqu'ici, c'est que notre corps possède un système
régulateur extraordinairement précis afin de s'adapter à toutes /es situations. Cependant, il existe beaucoup
d'idées reçues sur la régulation de la prise alimentaire qui ne se limite pas, comme nous le verrons, à des relations
biochimiques complexes entre diverses molécules plus ou moins médiatisées.
Le but de ce chapitre, un peu en marge du programme (quoique...) est de vous donner /es notions physiologiques
de base qui vous aideront à la compréhension des troubles du comportement alimentaire, que ceux-ci soient des
symptômes d'une pathologie donnée ou qu'ils constituent, comme dans l'anorexie, la maladie en elle-même.
339
iKB ENDOCRINOLOGIE
- Leur expression est conditionnée non seulement par les expériences antérieures et les acquis,
comme les schémas cognitifs, mais également par la situation immédiate (en clair : le même
événement peut, chez un même individu, donner lieu à des émotions différentes en fonction de la
situation).
- Bien entendu, elles expliquent que le comportement humain n'ait pas la logique rationnelle d'une
machine!!
• Les stimuli: Sont des événements de nature diverse qui déclenchent, avec une tonalité émotionnelle
ajoutée plus ou moins importante, la mise à exécution des schémas cognitifs:
- Ils régulent les comportements selon les théories de l'apprentissage (expérience du chien de
Pavlov: si on vous donne à manger à chaque conf d'endocrino et que c'est un plaisir, au bout d'un
moment, votre cerveau associera conf d'endoc et plaisir sans même avoir besoin de la nourriture).
- Certains stimuli déclenchent une séquence comportementale donnée, d'autres peuvent avoir un
rôle de renforçateur ou d'inhibiteur. Par exemple: si un cours vous ennuie, cela peut déclencher
une séquence comportementale appelée 'je vais rejoindre les potes au café' - si en plus il fait très
chaud (sensation physique), cela constitue un stimulus renforçateur. En revanche, si vous avez
peur que ce soit précisément ce qui va tomber aux examens (événement cognitif/ affect), vous
allez rester: c'est un stimulus inhibiteur
• Le comportement: Est défini comme étant un enchaînement ordonné d'actions destinées à adapter
l'individu à une situation telle qu'il la PERCOIT et L'INTERPRETE et correspond donc
- A la perception (5 sens + proprioception) et à l'interprétation (selon les schémas cognitifs) d'un
stimulus donné (ou d'un ensemble de stimuli) de natures et d'origines diverses.
- Menant à l'exécution d'un programme pré-établi (schéma cognitif)
- Qui déclenche plusieurs événements internes (événements cognitifs)
- Qui, eux-mêmes, déclenchent plusieurs événements externes (action verbale ou motrice).
- Toute cette séquence étant régulée par des stimuli renforçateurs ou inhibiteurs.
• Fonction et finalités d'un comportement:
- Le but du comportement est d'adapter l'individu à une situation. Initialement, il vise à assurer à ce
même individu un certain bien-être.
- C'est la théorie du conditionnement opérant:
Un comportement à conséquences positives aura tendance à être répété.
Un comportement à conséquences négatives aura tendance à être évité.
. comportement
Un à conséquences neutres aura tendance à s'effacer (non dangereux, mais
mut1·1 e ...
1 1)
Remarque : /es comportements sont donc dictés par /es schémas cognitifs, établis à partir de règles et
de croyances acquises par l'éducation, /es expériences antérieures, la culture, /es attentes. Ces schémas
sont réactivés par des situations similaires et/ou des émotions, mais la perception étant forcément
différente, ces schémas peuvent perdurer dans un contexte inadapté et être à l'origine de comportements
inadaptés qui peuvent représenter une source importante de souffrance pour l'individu... y compris dans
le domaine alimentaire, tellement teinté d'émotions ! ! !
0
w
@
• La séquence comportementale est simple et comporte 3 phases : pré-ingestive, ingestive et post
ingestive.
340
ITEM 238 1 HYPOGLYCEMIE CHEZ L'ENFANT ET L'ADULTE
• Nous avons vu dans le paragraphe précédent que tout comportement est une réponse à une situation
dans un contexte donné sous la dépendance de « programmes » appelés schémas cognitifs. Ces
programmes ne sont déclenchés que dans certaines circonstances par des stimuli. Or, on distingue,
dans le cadre de l'alimentation, 3 stimuli importants :
1. Les SIGNAUX ALIMENTAIRES+++
2. Les émotions
3. Les cognitions (aspect socio-culturel, idée du 'manger sainement'... )
• Un comportement alimentaire normal est sous le contrôle prépondérant des sensations alimentaires.
Ce facteur est le plus important -c'est pourquoi nous l'étudierons en détail dans ce chapitre- mais
également le plus fragile+++ .
• En effet, dans les principaux troubles du comportement alimentaire (et certainement dans l'obésité),
l'un des faits majeurs est une prédominance des émotions et des cognitions dans le contrôle de la
prise alimentaire au détriment des sensations. C'est pourquoi nous ne détaillerons les contrôles par
ces 2 facteurs que dans le chapitre consacré aux Troubles du Comportement Alimentaire.
Remarque : Attention ! ! ! Encore une fois, tout sujet a une alimentation influencée par ses émotions et
ses cognitions ... c'est NORMAL ! ! Cela ne devient pathologique qu'à parlir du moment où la santé de
l'individu est menacée par la persistance de cet état.
• La faim: BESOIN physiologique de manger sans orientation vers un aliment ou un groupe d'aliments
précis:
- Signal correspondant à la fonction biologique de l'alimentation.
- Elle correspond à un fléchissement de la glycémie de l'ordre de 6 % (lorsque les aliments du
repas précédent ont fini d'être digérés et métabolisés) ressenti par les neurones qui induisent des
manifestations désagréables.
- Elle se manifeste par une sensation de« creux», de vide gastrique avec anxiété, irritabilité, faiblesse
généralisée voire malaise.
- Elle informe l'organisme de la nécessité d'apporter de l'énergie.
- Remarquons que cette sensation ne renseigne ni sur la quantité d'énergie à apporter ni sur la
nature de l'apport (quand on a très faim, on n'a parfois besoin de très peu de calories, mais on
pourrait manger n'importe quoi).
• L'appétit: ENVIE de manger un aliment ou un groupe d'aliments spécifiques indépendamment du
besoin en énergie (et, donc, de la sensation de faim):
- Signal correspondant également à la fonction biologique mais également à la fonction hédonique
et en partie à la fonction symbolique de l'alimentation.
- En effet, il permet la sélection des aliments en faisant porter le choix vers les aliments :
Contenant les nutriments dont le corps a besoin (fonction biologique) : le sujet en a déjà fait
l'expérience et son cerveau a enregistré le lien entre image sensorielle et contenu nutritionnel
des aliments (cela ne vous est jamais arrivé d'avoir très envie de viande un jour et d'en être
dégoûté un autre jour?)
Généralement appréciés (fonction hédonique et symbolique): Le sujet en a déjà fait l'expérience
et en attend des sensations plaisantes avec une anticipation agréable (fonction hédonique et
symbolique)
• Le rassasiement: SENSATION éprouvée lors du processus d'établissement dynamique et progressif
de la satiété
- Signal complexe qui mêle les 3 fonctions biologique, hédonique et symbolique de l'alimentation.
- Il se manifeste par une baisse du plaisir gustatif apporté par les aliments.
341
iKB ENDOCRINOLOGIE
342