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Neurosciences et cognition
Neurosciences
cliniques
De la perception aux troubles du comportement
François Math
avec la collaboration de
Jean-Pierre Kahn et Jean-Pierre Vignal
Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de
spécialisation, consultez notre site web : www.deboeck.com.
Imprimé en Belgique
Dépôt légal :
Bibliothèque Nationale, Paris : mai 2008 ISSN 1374-0903
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2008/0074/055 ISBN 978-2-8041-5672-5
Dans cet ouvrage, les auteurs ont voulu que les étudiants de 1er
cycle en psychologie, de 2e cycle en médecine, les élèves infirmiers
spécialisés en psychiatrie ou encore les étudiants de 1er et 2e cycles en
biologie et physiologie trouvent les données essentielles les plus
récentes sur la physiologie neurosensorielle. Ils trouveront les indis-
pensables sources documentaires, en particulier des adresses web con-
tenant des compléments documentaires le plus souvent riches en
illustrations d’anatomie. Les encadrés marqués « ZOOM » représentent
des informations médicales complémentaires.
Dans une première partie sont présentées les bases techniques
et sémiologiques des investigations en neurosciences ou en clinique
neurologique et psychiatrique, les éléments d’organisation du cerveau
et des organes sensoriels.
Dans la seconde partie sont développées les approches senso-
rielles des divers aspects des comportements humains, depuis les com-
portements de base (faim, sexualité, sommeil, agressivité…)
jusqu’aux fonctions cognitives, ainsi que la mémoire, les communica-
tions et l’intelligence. Enfin, nous avons passé en revue les principales
altérations des comportements humains, des troubles de l’enfant ainsi
que ceux du vieillard et du mourant, pour rappeler que même en fin de
vie la communication, avec les proches et avec les soignants, reste une
nécessité de l’accompagnement.
Remerciements
Chapitre 1
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles
et cérébrales 11
Chapitre 2
L’organisation des récepteurs sensoriels 67
Chapitre 3
L’organisation du système nerveux 117
Chapitre 4
Les organes sensoriels 159
CHAPITRE
1
Les méthodes d’exploration
des fonctions sensorielles
et cérébrales
1.2 La psychophysique 17
(chapitre 4.1) destiné à la détection des molécules de l’environnement est à la fois pri-
mitif, car il possède une propriété unique de régénération comme celle des Inverté-
brés et dispose pourtant, chez les Mammifères, dont l’Homme, d’un système de
codage génétique complexe lié, entre autres, au chromosome 17. Ce chromosome est
celui sur lequel se trouve un « cluster » (une sorte de librairie de gènes) destiné au
codage génétique des molécules de l’immunité (le complexe majeur d’histocompati-
bilité ou CMH qui code la molécule de base des anticorps). La synthèse des protéines
réceptrices qui identifie les molécules odorantes est aussi dépendante d’un « cluster »
comportant 200 gènes qui est situé sur le même chromosome.
La génétique de ce système nous apprend aussi que des gènes de codage des
mêmes molécules existent sur les chromosomes équivalents des Invertébrés (comme
les Drosophiles) et des Mammifères qui nous ont précédés dans l’évolution (comme
la Souris, dont le chromosome 9 est l’équivalent du chromosome 17 humain).
Dès 1980, Rohon Lancet émettait l’hypothèse qu’il existait de grandes ana-
logies entre les récepteurs des odeurs et ceux des anticorps. Dix ans plus tard, la
découverte des clusters géniques contrôlant l’expression de ces récepteurs ne fit que
conforter cette idée. Et nous verrons que cette organe sensoriel et son système d’inté-
gration central possèdent encore bien des particularités remarquables.
Nous ne disposons pas d’autant d’informations précises sur les gènes des
autres organes sensoriels, mais tout porte à croire que le codage de la photoréception
ou celui des sons n’ont pas justifié la lourdeur de combinaisons génétiques analogues
à celles des molécules odorantes. Chez les Mammifères comme l’Homme, ces orga-
nes visuels et auditifs ont développé des analyseurs centraux très sophistiqués. L’évo-
lution a mis en place une programmation génétique rigoureuse élaborée d’abord
lentement, pendant la phylogenèse puis, au cours de l’embryogenèse, et cela grâce à
des petits groupes de gènes dont le rythme de mise en service est lui-même réglé par
des horloges internes dont nous verrons le fonctionnement. En outre, nous verrons
que pour sécuriser l’expression correcte des gènes, les chromosomes se sont multi-
pliés et ont répété plusieurs fois des gènes similaires. C’est la redondance génique.
Avant d’aborder chaque organe sensoriel, nous passerons en revue les
moyens d’investigation, les précautions techniques générales à prendre pour isoler
chaque sensorialité de son contexte et dissocier les éléments objectifs donnés par les
paramètres physiques, et les éléments subjectifs dépendant du sujet testé, de son sexe,
de son âge, de son état physiologique.
Tableau 1.1
Un questionnaire simplifié mais polyvalent est souvent utile dans l’analyse préalable de troubles
sensoriels. Les principales questions que le praticien peut se poser devant un patient présentant
des dysfonctionnements comportementaux ont été mises dans ce tableau sans présumer ni
du contexte environnemental ni des éléments pathologiques. (À partir de : Disability and the
sensory approach to rehabilitation . The association for the neurologically disables of Canada.)
1.2 La psychophysique
Fondée par le physiologiste Ernst Heinrich Weber (1795-1878) et son continuateur
Gustav Theodor Fechner (1801-1887), la psychophysique se propose d’étudier quan-
titativement les variations entre les excitants (lumineux, tactiles, etc.) et les sensations
perçues par le sujet. Deux grandes lois furent ainsi établies :
A) B)
Seuil Probabilité de détection
de perception 1,0 de la stimulation a b
sensorielle
c
1,0
Courbes de Fechner
Courbes de Weber
0,5
0,5
Intensité
du stimulus
Seuil de détection par le récepteur
Figure 1.1
Seuil de perception : courbes de Weber et courbes de Fechner
Les lois fondamentales de la psychophysique bien qu’établies dès 1700 restent utiles en sciences
cognitives ou dans l’imagerie médicale. La loi de Weber (A) s’exprime comme le seuil différentiel
∆E/E= K*I dans laquelle ∆E/E est le seuil, K est la fraction de Weber qui dépend de la grandeur
physique et du système sensoriel étudié et I est l’intensité du stimulus. La Loi et les courbes de Fech-
ner (B) représentent le seuil absolu de détection d’un stimulus sensoriel. La loi donne : S= k*log I
(S : intensité de la sensation k, la constante de Weber, I : intensité du stimulus). La courbe b est la
courbe idéale ; les courbes a et c représentent les variations possibles selon le sujet et son état
physiologique. La loi de Fechner a été modifiée par Stevens vers 1960 et son équation donne :
S= k*I*n (S est la sensation ; I est le stimulus, k est une constante dépendant de l’unité de mesure
et n est l’exposant qui varie avec la dimension étudiée et donne la pente de la courbe).
18 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Ceci a été défini par Weber. C’est la loi de Weber qui s’applique assez bien aux
réponses d’un sujet humain subissant des tests auditifs ou visuels qu’aux variations
d’activités électrophysiologiques des cellules visuelles de l’œil (voir chapitre 4.3 « La
vision » et figure 4.6).
RETENEZ :
La perception sensorielle, la diffusion des signaux dans le cerveau, l’organi-
sation des réponses ont un caractère aléatoire. Les récepteurs et l’optimisa-
tion des performances des circuits par les apprentissages réduisent le
caractère aléatoire en resserrant la distribution gaussienne.
A. Statistiques paramétriques
Il faut tester la moyenne, l’analyse de variance ou Anova, l’écart-type, le t de Student,
le test du Khi carré : tous ces tests sont disponibles sur votre logiciel Excel ou Statgraph.
Le choix du test dépend : 1) du nombre de données, 2) de la nature de
l’échantillonnage, 3) de l’appariement des données.
La droite de Henri ou droite de régression permet de définir les relations fonc-
tionnelles (c’est le coefficient de corrélation) existant entre deux ou plusieurs séries
de mesures.
RETENEZ :
Toutes les analyses statistiques impliquent un minimum de 15-30 points de
mesure. – Elles doivent s’appliquer à des données comparables au même
temps de mesure, à la même température, tous les paramètres étant identiques
pour chaque comparatif. – On peut éliminer des valeurs extrêmes qui sont à
l’évidence la conséquence d’erreurs, mais il faut alors éliminer toutes les
mesures liées. – Une statistique paramétrique, pour être valable doit donner
la variance et l’écart-type pondéré par le nombre de mesures. L’expression
est : A (la valeur moyenne) ± écart-type (erreur standard/nombre de mesure).
1. Quelle est la nature des données ? Leur distribution suit-elle une courbe de
Gauss ? Une loi normale réduite ? L’échantillon a-t-il plus ou moins de
30 valeurs ?
2. Doit-on comparer des rapports entre des séries de données ?
3. Est-ce que ce sont des données quantitatives ?
4. Est-ce que ce sont des données qualitatives ?
5. Quel est le type de problème ? Une variable ? Deux variables ? Plus de deux
variables ?
Tableau 1.2
Les principaux tests statistiques : Ce tableau regroupe les principaux tests statistiques. Après une
étude scientifique amenant a s’interroger sur la validité des résultats, à se poser les questions sur
l’homogénéité des échantillons, sur les échelles des données, sur le nombre d’échantillons, nous
conseillons vivement de se rapporter à ce tableau pour choisir les tests les plus appropriés.
LNCR : loi normale centrée réduite.
Statistiques
Statistiques univariées
bivariées
Échelle 1 2 PLUS DE
de rapport : ÉCHANTILLON ÉCHANTILLONS 2 ÉCHANTILLONS
Proportion- LNCR t-Student t-Student ANOVA ANOVA Régression et
nelle : Échelle Échelle indépen- apparié corrélation
Distribution indépen- appa- dant
Gaussienne dante riée
Egalités
Variances
Échelle Komolgorov- Mann- Wil- Kruskal- Friedman Test Spearman
ordinale Smirnov Whitney coxon Wallis
Échelle Κhi2 Κhi2 Mac Κhi2 Cochran Coefficient de
qualitative Nemar contingence
D. Fractales et psychophysique
L’analyse fractale permet de mettre en équation des données apparemment aléatoires.
Exemple : les Courbes de Julia, les flocons de Von Koch ou l’équation
gamma donnent des estimations d’évolution de figures géométriques en utilisant des
nombres complexes. Des modèles utilisant la diffusion autour d’une semence cen-
trale et la formation de fronts de diffusion sont utilisés pour prévoir des variations
dans les écosystèmes ou encore estimer l’évolution d’une tumeur cancéreuse.
B. Modélisation moléculaire
La modélisation moléculaire utilise aussi l’informatique et permet à partir des para-
mètres physicochimiques propres à chaque molécule, comme sa structure et les
liaisons chimiques possibles, de proposer des modèles d’interactions moléculaires.
L’une de ces recherches, parmi les plus intéressantes concerne la modélisation des
interactions « molécule signal-molécule réceptrice » et l’interaction « antigène-
anticorps ». Les données prédictives ont été à l’origine de nombreuses recherches sur
la distribution des récepteurs membranaires dans le cerveau.
C. L’informatique en neurosciences
Depuis longtemps, c’est l’outil privilégié du comportementaliste. Utile pour les cal-
culs statistiques, l’ordinateur pilote aussi les expérimentations, permet de contrôler la
présentation des tests de manière standardisée, de définir le « timing » de présentation
et de mise en œuvre d’un conditionnement tout en laissant le soin à l’expérimentateur
22 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
RETENEZ :
Les méthodes mathématiques comme les statistiques, l’analyse harmonique et la
modélisation sont très utilisées en neurosciences. Leur application est très simpli-
fiée par les traitements informatiques qui sont proposés par de nombreux logiciels.
Cependant, c’est de l’expérimentateur que dépend le choix des outils mathémati-
ques et de ce choix dépendront la qualité et la sûreté de l’expression des résultats.
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles et cérébrales 23
que des Troubles Mentaux, 3e édition, Diagnostic and Statistical Manual of Mental
Disorders, appelé communément DSM III (voir chapitre 7). Cette classification pré-
sente à la fois une approche multiaxiale et critériologique. Par ailleurs, pour permettre
l’utilisation de cette classification, ont été simultanément élaborés des guides d’entre-
tien structurés ou semi structurés, permettant de recueillir de façon précise les critères
servant de base à l’élaboration de la nosographie des ces manuels.
Cette maturation collective du corps professionnel sur le plan international a
également abouti à la publication, en 1992 par l’Organisation Mondiale de la Santé,
de la 10e édition de la Classification Internationale des Maladies (CIM 10) et des gui-
des d’entretien plus ou moins standardisés permettant de recueillir les critères dia-
gnostiques considérés.
sente des critères d’inclusion et d’exclusion permettant de définir de façon précise des
échantillons homogènes de malades et de faciliter ainsi les recherches et les compa-
raisons entre les résultats obtenus par des équipes différentes ; enfin une version mul-
tifactorielle permettant d’enregistrer pour chaque patient des informations
potentiellement importantes sur le plan thérapeutique et pronostique.
À partir de ces classifications, on peut dresser un aperçu du protocole à adop-
ter avant l’entretien avec le malade, puis la conduite à tenir et enfin les examens com-
plémentaires jugés utiles (tableau 1.3). Si les troubles psychiatriques comportent une
Tableau 1.3
Tableau synoptique des conduites psychiatriques dans le cas de l’examen et des décisions à prendre face à
un sujet agité.
CONDUITE PSYCHIATRIQUE
ABORDER LES ÉTATS D’AGITATION
BILAN BIOLOGIQUE
Glycémie, Urémie,
Créatinine, Ions, Alcool,
Toxines, Drogues
RETENEZ :
Plus les tests sont compliqués et plus vous multipliez les tests, plus les analy-
ses seront longues et délicates. Pour tous les tests qui seront décrits dans la
suite, ayez présent à l’esprit ce principe, il permet souvent d’éclaircir le dia-
gnostic. Réfléchissez bien avant de choisir un questionnaire puis une échelle.
Figure 1.2
Test de Rorschach
Ce test d’évaluation de l’imagination et de la projection est très discuté voir discutable. Il a pour-
tant été largement utilisé pendant des années. Ce qui compte dans son interprétation, c’est la
spontanéité de ce que le sujet pense voir dans une telle image. Cependant, associé à un électro-
dermogramme (EDG), l’analyse des figures peut donner des indications psychologiques intéres-
santes à condition de graduer les étapes d’analyses : une étape d’observation et de réponses
libres spontanées suivie d’une étape où le sujet est guidé vers des extensions imaginaires et des
projections intellectuelles à partir de ses premières réponses.
RETENEZ :
Il est important d’utiliser une progression dans la complexité des tests. – Il est
important de présenter les tests autant que possible dans le désordre pour que
le sujet ne puisse pas anticiper sur les réponses et que ses récepteurs ne subis-
sent pas d’accommodation.
! L’adaptation sensorielle
La courbe donnée par l’équation atteint une limite supérieure qui définit l’adaptation
sensorielle ; ce paramètre modifie le seuil perceptif. L’adaptation, c’est-à-dire la pos-
sibilité que les récepteurs ne répondent plus aux stimuli, représente un facteur qui
limite les tests dans le temps. Ce phénomène est très lent pour l’olfaction, il apparaît
rapidement dans l’audition, il est lent et tardif pour les récepteurs de douleur, il est
rapide pour les corpuscules du tact. Il apparaît en deux phases dans l’exploration réti-
nienne (figure 1.3). La répétition de la même stimulation trop intense sature les élé-
ments sensoriels et il faudra attendre plusieurs minutes pour qu’ils redeviennent
efficaces. Il est recommandé d’utiliser des stimuli juste liminaires (proches du seuil
de perception) de chaque sujet.
Chez l’animal comme le rat, on utilise les dispositifs déjà cités et bien para-
métrés pour un comportement particulier. L’open field (espace circulaire quadrillé
sans repère pour l’animal) permet d’évaluer les capacités motrices et la prise de déci-
sion sous l’effet de drogues. Les labyrinthes en T, en Y ou dichotomiques sont utiles
pour tester la mémoire. La boîte de Skinner, qui est un caisson muni d’appareils de
stimulations externes ou de grilles dans lesquelles on peut envoyer un léger courant
électrique. Une pédale dans le caisson permet à l’animal d’obtenir une croquette de
nourriture selon la qualité, la nature et les paramètres de stimulation. Il s’agit là de
conditionnements opérants (voir chapitre 5) car les comportements sont associés à un
acte rétroactif de l’animal lui permettant de recevoir une autre stimulation ou au con-
traire de faire cesser le stimulus.
Chez l’Homme, ces tests matériels sont difficiles à appliquer et sont rempla-
cés par des tests informatisés qui font appel essentiellement à la vision et à la coordi-
nation motrice (exemple : labyrinthe en étoile) :
– l’espace de tests doit pouvoir permettre de contrôler tous les paramètres physico-
chimiques (température, luminosité et contraste, hygrométrie, bruit, odeurs…)
que ce soit : en situation de déprivation sensorielle (suppression d’une ou plu-
sieurs sources de signaux) ou,
– en milieu enrichi (utilisable chez les jeunes enfants), la position des éléments
de l’environnement change souvent ainsi que les formes et les couleurs.
L’observation est faite par des vidéo-caméras judicieusement positionnées.
Les déplacements, les gestes, les phases d’activités sont notées ou seront repérables
sur les enregistrements en fonction des rythmes journaliers en utilisant des dateurs et
en plaçant éventuellement des repères d’identification sur le sujet. Les tests sont com-
mentés en direct sur dictaphone dont la bande son est annexée à la bande vidéo.
Si le sujet subit des tests psychophysiques comme le labyrinthe en étoile, le
temps de réaction ou un test de vision stéréoscopique, pour n’en citer que quelques-
uns, il doit être assis confortablement sans contrainte. Le repose-tête qui empêche la
rotation de la tête pour des tests visuels doit être positionné selon les suggestions du
sujet pour ne pas le blesser ou ne pas créer une gêne qui détournerait sont attention.
Ceci est d’autant plus vrai pour les jeunes enfants pour qui l’immobilisation pendant
cinq minutes est un calvaire et qui développent aisément un stress dit de contention.
C’est moins vrai chez l’adulte, surtout s’il est volontaire ou s’il estime que les tests
peuvent lui être bénéfiques. De même, il est déconseillé de laisser le sujet masquer un
œil ou de se boucher une oreille avec la main. Utilisez un cache-œil ou un cache-
oreille du commerce qui n’offre aucune gêne et donne du confort à la fois au sujet et
au praticien. Une longue immobilité avec des électrodes sur les bras et sur la tête est,
selon les cas et les éventuelles pathologies, ennuyeuse ou peut être douloureuse.
Le praticien doit donc veiller constamment au confort des sujets et à la par-
faite disponibilité des tests. Si les appareils doivent être manipulés par le sujet, éviter
les fils d’électrocardiogramme qui se prennent dans les accoudoirs et limitent les
mouvements. Contrôler l’état des appareils, les sujets ignorent les bases techniques,
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles et cérébrales 37
même si on leur explique sommairement le protocole qu’ils vont subir, et ils ne per-
cevront pas les défaillances éventuelles du matériel.
! La déprivation sensorielle
Les expériences de Brunjes ont été reprises chez l’homme. Nous pratiquons nous-
mêmes l’obturation nasale unilatérale chez des patients souffrant d’épilepsie tempo-
rale. La latéralisation fréquente des symptômes avec décompensation contralatérale
apporte des informations sur la capacité d’adaptation du matériel cérébral en cas de
défaillance et éventuellement sur les possibilités de mise en jeu d’une autoréparation,
c’est la plasticité cérébrale dont nous reparlerons plus loin. Il est évident que ce type
de déprivation est aisément mis en œuvre. L’isolement dans une « tour d’ivoire » ou
les masques sur les yeux ou un casque sur les oreilles sont les solutions techniques
appropriées. L’isolement sensoriel prolongé peut créer de l’angoisse puis un stress
préjudiciable au sujet.
! La déprivation chirurgicale
L’ablation d’un œil (à la suite d’un traumatisme par exemple) ou la section d’un nerf
sensoriel peut être nécessaire si un neurinome douloureux se trouve sur le trajet des
voies. Il en résulte des sensations différentes, stressantes, bien connues. Dans les
jours qui suivent une opération d’un glaucome bilatéral, les yeux sont obturés par une
œillère étanche. Le malade peut percevoir des hallucinations visuelles dans les jours
suivants.
mettent pas de tirer des conclusions faciles. C’est une situation tellement courante
que, même à l’examen d’un malade souffrant d’une épilepsie bien focalisée, on doit
s’interroger sur l’existence d’une altération moins évidente qui potentialiserait les
symptômes épileptiques (comme une neuropathie).
D. L’enrichissement sensoriel
Ce sont les résultats des travaux de Himwich et de Rosenzweig vers 1980. L’enrichis-
sement sensoriel qui consiste à mettre le sujet dans des conditions complexes, chan-
geantes, riches en stimuli divers, a apporté des informations remarquables sur les
modalités de la plasticité corticale. L’enrichissement accélère les progrès psychomo-
teurs des très jeunes enfants (cf. les travaux d’Hubert Montagner).
L’utilisation de stimulations sensorielles multiples et pluridimensionnelles
constitue des formes d’enrichissement sensoriel. Elles sont recommandées chez les
enfants polyhandicapés par exemple et nous avons obtenu d’assez bons résultats sur
des enfants handicapés mais très coopérants. Chez les adultes en état de torpeur ou
même de coma léger, la multistimulation sensorielle s’avère utile pour aider au retour
à la vigilance. Ce sont des actions lourdes en énergie et en moyens humains, car il faut
se relayer auprès des patients pour leur apporter des signaux divers pendant des heu-
res, avec parfois une petite réponse, un clignement qui indiquent une étape vers le
réveil.
Bien souvent, la faible efficacité a raison des bonnes volontés et les gens qui
se relaient près du malade finissent par abandonner. Notez que, d’un point de vue
objectif, la multistimulation, comme toute activité intellectuelle, ne peut pas être main-
tenue trop longtemps. L’acharnement est même contraire aux règles de la plasticité
physiologique. L’espoir de restituer un peu de vigilance chez un enfant physiquement
et mentalement handicapé tient à une infinie patience et à une phase obligatoire de
repos, car même en l’absence de réponse apparente, les stimulations sensorielles, si
elles atteignent les centres cérébraux, mobilisent une activité métabolique des neuro-
nes qui est parfois très inférieure à celle d’enfants intacts du même âge.
E. Le conditionnement
Le conditionnement est fréquemment utilisé en tant qu’élément d’analyse et de thé-
rapie. Les principes et la réalisation en seront abordés plus loin (chapitre 5). Par
l’association d’un stimulus non conditionnel à un stimulus conditionnel il est possible
d’éliminer les influences centrales sur la manière d’interpréter les signaux de l’envi-
ronnement. Le transfert utilisé en psychothérapie utilise les bases du conditionne-
ment et du déconditionnement.
RETENEZ :
Insister sur des stimulations peut entraîner des effets inverses à ceux qui sont
attendus. Il est préférable de chercher les stimuli donnant des signes évidents
d’activation. – Trop souvent négligées, les attitudes, les stratégies, donc, le
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles et cérébrales 39
Tableau 1.4
Quelques-uns des signes neurologiques fréquemment utilisés dans le diagnostic de troubles
neurologiques.
B. L’électrophysiologie
La neurographie et les potentiels des nerfs (figures 1.4 et 1.5) sont des méthodes désuè-
tes, mais à ne pas négliger, car elles ne sont pas traumatisantes pour le sujet et sont rapi-
dement mises en œuvre. Selon l’exploration attendue, des électrodes autocollantes sont
placées sur la peau au-dessus du point présumé de situation d’un nerf sensitif si l’on
explore la sensibilité, sur un nerf moteur si l’on veut vérifier l’intégrité d’une voie
motrice. Si les réponses motrices ou sensorielles sont peu ou pas traduites par des con-
tractions, la recherche d’une réponse sous forme d’un potentiel d’action est une manière
objective de vérifier la perception. Dans ce cas, on place un couple d’électrodes sur une
zone à stimuler ; un stimulateur envoie un très faible courant (quelques mA) entre les
électrodes ; un autre couple d’électrodes en argent, dont l’une très fine dite « active »
est placée sur la région où le nerf stimulé est sensé se prolonger et l’autre électrode,
assez large, dite « référence » est placée sur une région neutre (sans activité électrique :
lobe de l’oreille par exemple). La détection des potentiels est faite par un amplificateur
différentiel spécial à très haute impédance (la résistance en courant alternatif) très supé-
rieure à l’impédance moyenne de la peau (10 à 20.000 ohms).
C’est une technique très ancienne (plus d’un siècle), mais aujourd’hui, les énormes
progrès de l’informatique ont fait de l’EEG un outil incontournable en neurologie. Il
est possible de placer un grand nombre d’électrodes (jusqu’à 64) de manière à qua-
driller la surface du crâne (stéréo-encéphalographie) selon des emplacements stan-
dardisés (figure 1.6). Les tracés EEG montrent chez un sujet au repos des ondes lentes
(ondes thêta, θ, et delta, δ) oscillants à des fréquences proches de 2 à 4 ondes par
secondes. Sur le sujet en veille diffuse, peu attentif, les oscillations forment les ondes
alpha(α) réguliéres parfois orgzanisées en fuseau bien reconnaissables. L’amplitude
de ces ondes des quelques dizaines à quelques centaines de microvolts les distingue
des ondes de veille active ou ondes béta (β) de petite amplitude et de fréquence pro-
che de 24 ondes par seconde. Les analyses harmoniques (voir la section mathémati-
que de ce chapitre) montrent que d’autres fréquences plus élevées existent dans
l’EEG et représentent des composantes d’activité locale due à l’attention ou à
l’apprentissage. Les systèmes de filtres numériques (enregistrement suivi d’un fil-
trage Wiener…), la puissance de calcul des ordinateurs, le développement d’équipe-
ments de saisie de données ont en partie simplifié la lecture des tracés. Les paramètres
des ondes cérébrales sont recalculés et permettent des diagnostics précis. Les ondes
sont présentées sur la figure 1.8. À partir de l’EEG, très amplifié et filtré, le calcul
numérique permet d’extraire des potentiels qu’on ne détectait qu’avec des aiguilles
introduites à travers l’os du crâne. Ces enregistrements donnent les potentiels évo-
qués corticaux dont l’analyse fournit des données intéressantes sur la topognosie, sur
les projections sensorielles, sur l’identification des aires cérébrales concernées par
une opération mentale.
42 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Électronystagmographie
+ microVolts
Nystagmus droit
Temps
– Nystagmus gauche
Préamplificateur
Électronystagmographie B
Filtres 4 à 24 Hz
passe bas
Électrodes
Filtrage Potentiels évoqués C
hautes fréquences corticaux
et moyennage 100 à 1000 Hz
Os Méninges D
crânien
Surface du cortex
Activité de réseaux
Courants Neurones du thalamus
de neurones de relaxation P1 P2
E
10 ms
Réponses unitaire
d’un neurone
Figure 1.4
Les techniques électrophysiologiques
Le principe de ce type d’exploration est constant. Des électrodes conductrices sont placées sur une région du
corps : sur le cerveau, près du cœur ou sur sur la peau, sur un organe sensoriel ou même sur les neurones eux -
mêmes.
On peut ainsi mesurer l’activité et les capacités des tissus à générer des ondes ou du courant. Du fait que tous
les tissus biologiques contiennent des ions, ils se comportent plus ou moins en générateurs de courant. On peut
ainsi mesurer les rotations de l’œil avec l’ENG (A), les ondes cérébrales avec l’EEG (B), les potentiels musculai-
res avec l’EMG, les ondes cardiaques avec l’ECG et les réponses dermo-sympathiques par l’EDG (ou RPG), les
potentiels évoqués corticaux (C) ou encore comme sur les potentiels d’actions produits par un circuit neuronal
(D) ou une seule cellule (E) ; (ENG, Electronystagmographie ; EEG, electroencéphalographie ; ECG, electrocar-
diographie ; EMG, electromyographie ; EDG, électrodermogramme).
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles et cérébrales 43
mV
Électrode référence
200
100 Amplificateur
0 Stimulateur
Électrode active
Stimulation
Enregistreur
Durée en msec
10 20 30
Figure 1.5
La neurographie : Cette méthode électrophysiologique permet d’obtenir des potentiels de nerfs en réponse à
des stimulations distantes. Cette méthode simple sert à tester la continuité des fibres entre un point de stimulation
et une zone innervée et elle est très voisine de la technique des potentiels évoqués (figure 1-9). Ici on stimule la
peau du visage et on recueille les potentiels à distance. Cette technique permet aussi de tester les seuils des
réponses ou l’existence d’altérations de la conduction nerveuse comme dans les problèmes moteurs liés à des
adhérences dans le syndrome du canal carpien.
Panneau
d’électrodes
FP1 REF FP2
Frontal F8
F7
F3 F4
FZ
T3 C3 CZ C4 T4
Gauche
Droite
Pariétal
Temporal
PZ P4
P3 T6
T5
O1 GND Amplificateurs
O2
Occipital Filtrage
Figure 1.6
Électroencéphalographie. Disposition des électrodes EEG : Les numéros affectés aux électrodes placées sur le
scalp (le cuir chevelu) correspondent à une nomenclature internationale qu’il est important de respecter (voir le
mise en place des électrodes sur un patient sur la figure suivante).
44 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Figure 1.7
3
Électroencéphalographie. Les 2
1
électrodes : les électrodes (1)
sont faites de petite boules de
coton imbibées de solution
conductrice. Elles sont posées
en des points précis du cuir
chevelu en surplomb des aires
cérébrales. Des connecteurs 4
(2) et leurs fils électriques
relient ces électrodes au pan-
neau de connexion (3) de
l’enregistreur graphique. À
droite, le boîtier (4) qui fait
face au sujet permet de pro-
duire des stimulations lumineu-
ses intermittentes (SLI) utilisées
pour modifier l’activité EEG ou
tester la réactivité corticale.
Figure 1.8
Électroencéphalographie. Tracés. L’électroencéphalogramme (EEG) a été découvert il y a plus d’un siècle.
Aujourd’hui encore c’est un outil de diagnostic efficace pour qui sait lire les variations des tracés. Le sujet est
préparé comme figure 1-7. Les tracés représentent l’ensemble de l’activité électrique plus ou moins synchrone de
millions de neurones situés sous l’électrode (une boule de coton imprégnée de solution conductrice et fixée sur
une petite tige d’argent). En A, un exemple de tracé d’un sujet au repos avec d’amples ondes alpha. En B, les
principales ondes observées sur les tracés EEG. Les ondes de veille active, yeux ouverts sont les ondes béta. Les
ondes de veille diffuse, yeux fermés, sont les ondes alpha (les premières découvertes car très amples). Les ondes
théta sont des ondes de sommeil liées à l’activité hippocampique. Les ondes delta sont présentes dans le som-
meil profond et très altérées chez les épileptiques.
RETENEZ :
Les ondes EEG à connaître sont : les ondes béta (fréquence 24 ondes/sec ; vigi-
lance), les ondes alpha (fréquence 8 à 12 ondes/sec ; repos), les ondes thêta (4-6
ondes/sec ; sommeil) ; les ondes delta (1 à 3 ondes/sec ; sommeil ondes lentes).
Figure 1.9
Somnographie
La somnographie : le patient,
porteur d’électrodes EEG
comme sur l’image figure 1-7,
est suivi 24h/24H pendant ses
activités diurnes et nocturnes.
Les soignants de garde le voit
et peuvent dialoguer avec lui à
distance. Les tracés EEG (écran
du bas à droite) permettent de
suivre des épisodes de som-
meils anormaux ou de détecter
l’apparition de crises d’épilep-
sie. (cliché : service de Neuro-
logie CHU-Nancy).
46 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Associative
Stimulation
10 msec
Réponse évoquée
primaire P1 P2 N2/P3 dépendent
Dépend de l’intensité des interactions
du stimulus corticales associatives
P1-N1
Figure 1.10
Les potentiels évoqués : Lorsqu’on stimule une région précise de la surface du corps en utilisant une piqûre ou du
courant électrique, il est possible, à l’aide d’une électrode (plus fine que celle utilisée pour l’EEG) placée sur le
scalp ou en utilisant une électrode fine descendue dans le cerveau, d’enregistrer des potentiels dans une zone
restreinte correspondante à la surface du cortex ou dans la profondeur du cerveau. Ce type de potentiel dit
potentiel évoqué est recueilli sur le scalp. Il peut être obtenu par la stimulation de la peau, c’est un potentiel évo-
qué somesthésique (PES), par un son, c’est un potentiel évoqué auditif (PEA), par une stimulation lumineuse, c’est
un potentiel évoqué visuel (PEV) ou encore par une stimulation odorante, c’est un potentiel évoqué olfactif (PEO).
En clinique, les PEV, PEA ou PES sont utilisés pour contrôler la continuité d’une voie de liaison entre les récep-
teurs sensoriels périphériques et les régions d’intégration cérébrale.
vers le cortex cérébral. L’électrode détecte, en descendant dans le cortex, des varia-
tions des champs électriques. Ce sont des Potentiels de Champs Neuronaux.
La mise en place d’un tel appareillage relève évidemment de la neurochirur-
gie et requiert l’utilisation d’un double contrôle : un appareil stéréotaxique qui permet
un positionnement extrêmement précis des électrodes et un suivi optique par une
caméra à Rayons X. Les électrodes sont positionnées en fonction des données de
l’imagerie préalable pour repérer à moins de 1/10 de mm près la position de la région
à explorer. Un atlas, un catalogue de coupes histologiques des structures cérébrales,
sert à affiner le positionnement par rapport à des repères osseux qui sont l’inion (inter-
section des écailles occipitales et pariétales) et le vertex (intersection des écailles
pariétales et temporales).
ment aux méthodes psychométriques. Le sujet peut être stimulé par une liste de mots
ou par des projections d’images chargées ou non d’un impact psychologique.
I. La neuro-imagerie
• L’histologie, les marquages des voies et l’immunocytologie sont des tech-
niques maintenant très classiques mais complexes. L’utilisation de sondes
radiomarquées, de sondes immunologiques ou de marqueurs enzymatiques
nécessitent non seulement une très bonne connaissance des méthodes, de la
courte durée de vie de certains éléments et des risques fréquents d’artefacts.
Un marqueur intéressant des voies nerveuses est la peroxydase du raifort ou
HRP qui colore en brun les axones selon un mouvement rétrograde, c’est-à-
dire en sens inverse du flux axonique. On lui couple d’autres méthodes de tra-
çage par des sondes immunologiques. Les observations utilisent un micros-
cope à fluorescence qui permet d’obtenir un rendu de couleurs et une
quantification à l’aide de compteurs automatiques de cellules ou de surface
ou de densité de couleur.
• L’échographie classique ou en 3D, les scannographies, la Résonnance
Magnétique Nucléaire (RMN ou IRM) et le PETScan (utilisant l’émission de
positons), le scalpel à rayons gamma (GAMMA KNIFE, permettant la des-
truction d’une tumeur cérébrale avec une très grande précision utilisant la sté-
réotaxie), sont des techniques fines de l’interprétation des déficits des
réponses sensorielles à partir de l’imagerie cérébrale, mais ce sont des tech-
niques coûteuses qui ne doivent être requises que lorsque les signes neurolo-
giques et l’EEG n’ont pas apporté de réponses suffisantes pour faire un
48 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Figure 1.11
Coupe IRM Espace
Imagerie cérébrale : méning
ningé
méningé
L’image en IRM présente
une coupe sagittale de la
tête entière. La coupe
passe par la région inter- Cortex Corps calleux
hémisphèrique et permet frontal
de voir la face interne de
l’hémisphére droit, le
corps calleux, le tronc Tronc Cervelet
cérébral, la moelle épi- cérébral
bral
Cr tes
Crêtes
nière, et le cervelet. turbinales
Notez la position du cer-
veau dans le crâne,
l’espace méningé bai-
gnant le cerveau est Moelle
bien visible autour du épini
piniére
re
épiniére
tissu cérébral, la position
du pôle frontal au-dessus
de l’éthmoïde, au-des-
sous duquel ont remar-
que les fosses nasales
avec les crêtes turbinales
(voir chapitre 4, Olfac-
tion). (crédit : service de
Neuroradiologie, CHU,
Nancy). Voir aussi
Chapitre 3, Anatomie
du cerveau.
Figure 1.12
Coupe horizontale
Image en tomodensitomètrie d’une sec-
tion horizontale du cerveau permettant
de localiser les noyaux gris centraux.
Cette image est à comparer à la coupe
anatomique faite au même niveau et pré-
sentée dans le Chapitre 3, Fig. 3-6). Les
structures visibles : CC : corps calleux ;
CI : capsule interne ; CV : cortex visuel ;
F3 : circonvolution frontale ; PU :
putamen ; TH : thalamus ; tNC : tête du
noyau caudé.) (Cliché Service de Neuro-
radiologie, CHU-Nancy)
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles et cérébrales 49
diagnostic clair. Les images cérébrales obtenues par l’IRM sont d’une qualité
telle qu’il est possible d’identifier, avec un œil de praticien exercé, des ano-
malies structurales (figures 1.11 et 1.12).
• La méthode stéréotaxique. L’utilisation de la méthode stéréotaxique
(figure 1.13) dans le repérage du cerveau à partir de repères anatomiques pré-
cis permet de guider les « gestes » en neurochirurgie. Des planches présen-
tant des coupes cérébrales sont disponibles dans des atlas stéréotaxiques
remplacés par les images précises de tomographie. Enfin, l’utilisation de
bombardement par un faisceau de rayons gamma permet de coaguler avec
une grande précision une tumeur cérébrale. L’appareil utilisé est le Scalpel
gamma (Gamma Knife) (figure 1.14) inventé depuis longtemps mais dont
l’usage dans sa nouvelle version se répand dans l’arsenal hospitalier malgré
son coût très élevé.
Micromanipulateur
e
Cadr ue
ré o t axiq
sté
Vue
grossie
Figure 1.14
Knife
Un dispositif d’imagerie cérébrale : le KNIFE. Le sujet est couché sur un chariot mobile et sa tête est fixée dans
un cadre stéréotaxique indiqué par la flèche (comme dans la figure 1-13). Le cadre permet de standardiser la
position de la tête et de la placer de manière rigoureuse afin d’identifier les structures cérébrales en utilisant des
repères crâniens. L’appareil émet un fin faisceau de rayons gammas destinés à nécroser une cible cérébrale
comme une tumeur, d’où le nom de « scalpel gamma » (ici Leksel Gamma Knife ; avec l’autorisation de la
Société ELEKTA)
des anomalies génétiques se retrouvent dans pratiquement tous les troubles neurolo-
giques, puisque n’importe quel gène peut changer son expression sous l’effet
d’agents mutants, viraux, chimiques, ou simplement au cours du vieillissement natu-
rel, etc.
Il est évident que les perceptions que nous avons de notre environnement
varient sensiblement d’un individu à l’autre, tout en conservant tout de même quel-
ques constantes. Cette personnalisation dans nos jugements nous confère nos particu-
larités en tant qu’individus. Les interprétations sur nos sensations sont donc propres
à l’espèce humaine, mais nous avons conservé des propriétés sensorielles qui sont
celles de notre famille, les Mammifères et celles de notre groupe plus vaste des Ver-
tébrés. L’évolution des espèces a conservé les changements génétiques successifs, les
a intégrés, enfouis dans notre patrimoine. Les méthodes de la génétique appliquées
aux comportements et à la physiologie visent donc à rechercher les traits de caractère
appartenant à ces différents niveaux et à montrer comment certains de nos actes, cer-
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles et cérébrales 51
taines de nos réponses aux stimuli sensoriels sont bien la conséquence des acquis
lointains de nos ancêtres.
L’un des supports les plus importants en génétique humaine pour interpréter
l’influence des gènes est l’observation des jumeaux monozygotiques et dizygotiques.
Cependant, il a été récemment montré que ces observations n’avaient qu’une valeur
limitée en raison de la dérive de l’expression génétique avec l’âge chez tout le monde,
y compris chez les vrais jumeaux. Les jumeaux sont cependant riches en enseigne-
ment car ils permettent de comprendre l’influence du milieu d’élevage commun sur
l’évolution sensorielle.
La Souris est depuis longtemps le modèle utilisé pour comprendre l’effet des
gènes sur le fonctionnement des organismes. Ce choix vient d’une part du fait qu’il
est assez facile de produire rapidement des descendants (durée de gestation de la
souris : 21 jours) et d’autre part du fait qu’il existe de nombreuses homologies entre
les gènes de tous les Mammifères. Certains gènes ou certains clusters géniques sont
identiques chez l’Homme et la Souris.
! Mutation (création de souches dépourvues de sensorialité)
La haute cadence d’obtention des générations produit aussi une haute fréquence de
mutations géniques. Lorsqu’une mutation est identifiée par un phénotype différent de
celui des géniteurs (mutant « deaf » par exemple), on isole les jeunes, puis ils seront
amenés à se reproduire soit avec une souris standard – les descendants seront des
hétérozygotes –, soit avec un autre jeune de sexe opposé portant la même mutation –
les descendants seront des homozygotes. À la génération F1, nous disposons alors de
parents chez lesquels les gènes sont exprimés et présentent la mutation, ou de parents
dits, « porteurs », chez lesquels le phénotype mutant n’apparaît pas, mais se trouve
sur l’un des chromosomes d’une paire connue. Des mutations peuvent être induites
par des agents mutagènes comme lorsqu’on expose l’animal ou ses cellules reproduc-
trices à des radiations. Dans ce dernier cas, les cellules altérées sont réintroduites et
les gènes mutés sont naturellement incorporés.
! Knock-out et transgènes (modification de gènes régulant la mise en place
d’un système)
Il est possible de prélever les gènes pour les transformer puis les réimplanter chez un
animal, on réalise ainsi un transgène. Il est aussi possible de supprimer le gène et de
réintégrer un génome ainsi altéré, c’est un knock-out. Dans ce dernier cas, la protéine
normalement exprimée par le gène supprimé n’apparaît pas, et peut, si c’est un gène
dominant et essentiel, faire apparaître une altération du phénotype.
Les choses ne sont pas en fait aussi simples. La plupart des phénotypes, et ainsi
des processus physiologiques, sont soumis à des influences multigéniques ou le gène qui
a été neutralisé sur un chromosome peut être en fait présent en plusieurs exemplaires sur
d’autres chromosomes (on parle de redondance génique). Dans ces cas, le knock-out
peut être sans effet, ou parfois provoquer une hyper-expression par les gènes restants.
Un arsenal génomique de près de 30 000 gènes humains et de souris est actuellement à votre
disposition sur http://symatlas.gnf.org/SymAtlas/ et, depuis septembre 2006, il est possible
52 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
d’utiliser l’Allen Brain Atlas qui fournit des cartes du cerveau en 3D pour les différents gènes
et protéines du système nerveux.
Figure 1.15
Bulbe olfactif. Immunohistologie.
Un exemple d’utilisation de l’outil immu-
nologique dans le cerveau. Le principe
consiste à injecter un anticorps très spéci-
fique de la molécule que l’on veut repérer
dans le cerveau. Si l’anticorps porte un
colorant, on peut le retrouver par immu-
nofluorescence. Ici le marquage concerne
BULBE OLFACTIF
un neuropeptide, la somatostatine. Les
points de fixation sont représentés par
Cellules marquées des taches claires que l’on retrouve dans
une région cérébrale appelée le bulbe
olfactif, indiquant la forte activité physio-
logique de cette molécule dans cette
région du cerveau. Il est claire que pour
localiser ces zones marquées, il faut alter-
ner avec des coupes utilisant des colo-
rants classiques permettant d’identifier les
régions marquées. La technique d’immu-
nocytologie est très utile en pharmacolo-
gie expérimentale car elle permet de
localiser les cibles cérébrales des nou-
veaux médicaments (doc. personnelle).
Les méthodes utilisent soit la phase liquide et les produits des réactions restent
en solution, soit la phase gazeuse et il ne reste plus de solvant. L’avantage est de pou-
voir précipiter les complexes antigènes-anticorps. La fixation sur des microbilles poreu-
ses ou l’utilisation de microbilles aimantées permet de séparer les complexes, de les
rompre par coupure enzymatique, puis de faire un dosage colorimétrique classique.
Les réactions en phase solide, sur feuille de nitrocellulose : les réactions sont
plus faciles à contrôler, mais des complexes parasites peuvent s’accrocher au gel et
donner des fausses réponses. Il faut donc traiter le support et éviter une saturation des
pores qui limiterait les fourchettes de mesures.
! La neuropharmacologie
La neuropharmacologie trouve sa place ici, parmi les méthodes, car elle est un formi-
dable outil pour les neurobiologistes à qui elle donne un arsenal de molécules neuro-
actives important pour activer ou inhiber des actes expérimentaux bien précis. La
neuropharmacologie et la psychopharmacologie mettent au service des thérapeutes
des moyens de traitement de plus en plus ciblés, sans effets secondaires, donc effica-
ces et confortables pour les malades. Nous ne pouvons pas développer ici toutes les
facettes de la pharmacothérapie utiles en physiologie sensorielle mais nous vous
ferons survoler les éléments essentiels à connaître.
54 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Ainsi, les drogues modifient les perceptions sensorielles non pas directement
par leur action sur les récepteurs, mais surtout par les modifications d’activité neuro-
nale qu’elles induisent sur les centres cérébraux et le cortex. Nous verrons dans le
chapitre 5 (section 6) et dans le tableau 1.5, les principales drogues et leurs effets
physiologiques et comportementaux.
Il nous paraît nécessaire de proposer ici une incursion dans ce champ d’inves-
tigation important à divers titres : d’abord, parce que l’action des médicaments démon-
tre l’éventuelle dissociation entre le récepteur sensoriel, organe physique de la saisie
et de la mise en forme des messages sensoriels et l’interprétation des messages par les
centres nerveux, c’est-à-dire les distorsions qui apparaissent au sein du SNC. D’autre
part, la neuropharmacologie est devenue une discipline et/ou une méthode d’étude du
fonctionnement sensoriel indispensable. Cet aspect a pris une importance considérable
dans le cas de la perception de la douleur, comme nous le verrons plus loin.
L’étude des effets des médicaments n’est pas indépendante des conceptions que l’on
a de la maladie mentale et entraîne de nombreuses divergences et discussions. Une
expérimentation préalable doit être effectuée sur un animal ; les effets constatés sont
extrapolés à l’homme quand il existe des similitudes physiologiques avérées expéri-
mentalement et confirmées statistiquement. Chez l’homme, on est loin de compren-
dre les modes d’action des agents neuro-actifs. On sait que beaucoup de ces
médicaments agissent au niveau des neurotransmetteurs, substances chimiques qui
transmettent les messages d’un neurone à l’autre. L’effet de ces produits s’applique
probablement aux processus tels que le stockage dans la cellule, la synthèse, la libé-
ration dans la synapse, l’inhibition des enzymes destructives des neurotransmetteurs
(voir chapitre 4, « Bases neuronales »). Mais il y a un fossé entre l’action biochimi-
que et la compréhension de l’effet de ces produits sur le psychisme.
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles et cérébrales 55
Tableau 1.5
Quelques drogues fréquemment consommées. (Acc : accoutumance ; la cocaïne est la substance qui induit la plus
forte accoutumance. Temps : correspond au temps d’élimination moyen de la drogue.) Notez qu’un grand nombre
des substances considérées comme des drogues sont aussi des médicaments. C’est le cas des substances comme
la morphine indispensable pour soulager la douleur aigue des patients, des benzodiazépines d’usage courant en
neurologie et neuropsychiatrie ou encore des analgésiques utilisés comme anesthésiques chirurgicaux.
RETENEZ :
Les neuroleptiques ont des effets antiadrénergiques et antihistaminiques. Les
phénothiazines ont un effet anticholinergique. Les butyrophénones et les
phénothiazines pipérazinées ont des effets antidopaminergiques importants
et sont de puissants antipsychotiques. Mais les phénothiaziazines pipéridi-
nées sont faiblement dopaminergiques (traitement d’entretien).
On considère aussi les neuroleptiques selon leurs effets : l’effet sédatif ini-
tial (dans les agitations et les troubles maniaques), l’effet antipsychotique
(réduction des symptômes de délire et d’hallucinations), et l’effet antidéfi-
citaire (athymormie, psychoses chroniques).
– Les sédatifs et les tranquillisants mineurs, qui ont moins d’effets neurolo-
giques et sont l’objet d’une consommation de masse impressionnante. Les
psychoanaleptiques, les antidépresseurs, les stimulants de la vigilance,
comme les amphétamines, dont on connaît le risque de toxicomanie,
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles et cérébrales 57
Tableau 1.6
Classification des neuroleptiques
d’autant plus que ce sont les sujets prédisposés qui sont amenés à les con-
sommer le plus.
On confond ainsi dans le langage courant les anxyolitiques, les antidépres-
seurs, les soporifiques ou les somnifères. Or ces substances sont celles que
nous avons décrites (barbituriques, benzodiazépines, antihistaminiques ou
encore l’alcool). Ce ne sont pas des substances anodines qui se consom-
ment dès que l’on dort mal ou dès que l’on se sent déprimé et si ces subs-
tances sont consommées sans prescription médicale, cela ne doit se faire
que sur quelques jours.
58 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
RETENEZ :
Les sédatifs sont des substances qui ont une action dépressive sur le système
nerveux central et produisent somnolence et relaxation, et ont des effets
anxiolytiques.
b) Les psychodysleptiques, enfin, ne sont pas actuellement utilisés en tant que
médicaments, mais surtout comme drogues ; par exemple, l’acide lysergique
(LSD), la mescaline, etc. Cette liste n’est pas limitative ; il faudrait, par
exemple, citer les régulateurs de l’humeur, comme les sels de lithium, qui ont
un effet certain sur les rechutes de la psychose maniaco-dépressive, les
amphétaminiques, les psychostimulants.
Depuis 1955, les neuroleptiques ont été largement introduits en thérapeutique
psychiatrique, notamment pour être appliqués aux psychoses chroniques et
aux états paroxystiques. Ils créent un état d’indifférence psychomotrice de
type catatonique, proche de la stupeur, ont une action sédative sur les états
d’agitation et réduisent progressivement les troubles psychotiques. De par
leur action sous-corticale, ils engendrent des manifestations typiques à la fois
végétatives et motrices.
c) Les benzodiazépines (Bzp) : il s’agit d’une classe de médicaments utilisés
comme antiépileptiques, myorelaxants, antispasmodiques et anxyolitiques
ou encore hypnotiques depuis près de 30 ans. Les Bzp agissent comme des
modulateurs d’un important neurotransmetteur inhibiteur cérébral, l’acide
gamma-aminobutyrique (GABA) (voir plus de détails dans le chapitre 2, les
neurones). Ces molécules engendrent une tolérance et des effets addictifs
dans leur usage au long terme.
Dans cette classe de médicaments, les représentants sont : le diazepam
(Valium® ; anxyolitique ; demi-vie : 24 heures), le chlorazépate (Tranxéne® ;
anxyolitique, demi-vie : 40 heures), le lorazépan (Themesta® ; anxyolitique,
12 heures), le flunitraépan (Rohypnol®, hypnotique, anesthésiant, demi-vie
16 heures). La liste des Bzp est longue pour des produits trop souvent sur-uti-
lisés, parfois en automédication, malgré les effets secondaires et les effets de
dépendance.
d) Les effets secondaires. Tous ces médicaments peuvent avoir des effets indé-
sirables ou provoquer de graves complications comme des troubles extrapy-
ramidaux particulièrement nets avec les neuroleptiques. Ces effets justifient
de déconseiller vivement la conduite lorsqu’ils sont prescrits. Notez encore
que l’emploi inconsidéré de somnifères chez l’enfant peut provoquer ulté-
rieurement de graves perturbations de type toxicomaniaque.
e) Les difficultés de leur utilisation. La difficulté principale vient de la création
d’une sorte de dépendance du malade à son traitement surtout chez les psy-
chotiques, même si manifestement, dans certains cas, la thérapie n’a que peu
d’effets.
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles et cérébrales 59
RETENEZ :
Les psychodysleptiques et les benzodiazépines sont des substances largement
utilisées en psychiatrie comme régulateurs de l’humeur ou de l’anxiété. Ces
molécules présentent cependant des effets secondaires addictifs ou sous la
forme de complications neuromotrices.
M. L’anesthésie
! Anesthésie générale
L’objectif de l’anesthésie générale est double : éviter la douleur et protéger l’opéré
des perturbations physiologiques induites par l’acte chirurgical. Il y a suppression de
la sensibilité – sommeil ou narcose –, abolition des réflexes chez le patient et relâche-
ment musculaire facilitant le travail du chirurgien.
Lorsque l’anesthésie cesse d’agir, le patient repasse par la deuxième phase,
sommeil profond, puis par la première phase ; enfin, il reprend conscience et ne se
souvient de rien. Cette amnésie postopératoire est en partie due à la médication pré-
cédant l’intervention.
Les techniques d’anesthésie générale les plus employées sont l’inhalation et
l’injection par voie intraveineuse. Cette dernière permet l’administration de drogues
hypnotiques, dérivées de l’acide barbiturique. La plus utilisée est le penthotal, le pen-
tobarbital (nembutal), qui permet d’endormir le patient en 30 à 90 secondes, mais
l’effet ne dure que de 5 à 10 minutes. Ces substances sont donc particulièrement utiles
pour commencer une anesthésie. L’inconvénient est qu’elles perturbent la ventilation
pulmonaire et l’activité cardiaque et dépriment l’activité cérébrale (les potentiels
cérébraux en particulier). Des anesthésiants non barbituriques comme la Kétamine
sont préférables car ils ne donnent pas un sommeil hypnotique et ne provoque pas
d’effets laryngés (comme des encombrements respiratoires).
– Anesthésie par injection intrapéritonéale. C’est l’une des voies d’injection
pour l’anesthésie de l’animal de laboratoire, mais pas chez l’homme. L’un de
ces « coktails » anesthésiques est par exemple l’équithésine (mélange de phé-
nobarbital, chloral et de chlorure de calcium) utilisée en médecine vétérinaire.
– Aides à l’anesthésie. Certaines substances sont administrées pour préparer le
patient à l’anesthésie, en le décontractant ou en diminuant, de façon tempo-
raire, sa sensibilité. Des substances non barbituriques comme la kétamine
sont utilisées seules mais parfois, comme leur effet n’est que d’une dizaine
de minutes, elles peuvent être utilisées comme potentiateurs de l’action de
barbituriques en doses plus faibles.
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles et cérébrales 61
priée. Il est clair que l’expérimentateur doit faire des choix cruciaux entre le maintien
du confort de son sujet et la qualité ou la quantité des données qui pourront être
recueillies pendant l’état anesthésique. Une charte de protection des animaux soumis
à des expériences de physiologie dans un but exclusivement scientifique est acceptée
par tous les chercheurs concernés et lorsqu’on doit réaliser une intervention traumati-
sante pour l’animal, il est impératif de se poser les questions préalables sur la nécessité
de l’intervention, ses conséquences et l’intérêt général qui pourra en être tiré.
Pour en savoir plus sur l’éthique et l’expérimentation animale :
http://www.cons-dev.org/elearning/ethic/index.html
! Les placebos
Les placebos sont des produits ou compositions pharmaceutiques dépourvus d’un ou
de plusieurs des composés pharmaco-actifs présents dans le médicament. Les sol-
vants excipients et agents de goût ne sont pas réputés avoir un effet notable lorsqu’ils
sont consommés seuls.
Les placebos sont utilisés en expérimentation en tant que « blanc » et permet-
tent de comparer la réactivité du sujet au médicament. Or il est clair que, chez certains
malades, le placebo agit favorablement comme le ferait le traitement médicamenteux.
Certains placebos suffisent à alléger les douleurs post-opératoires. Expéri-
mentalement il est montré que, si on bloque les récepteurs des opiacés par de la
naloxone, on empêche l’effet placebo. Il faut donc penser que le placebo, via des
mécanismes psychiques, potentialise des actions qui activent les récepteurs des opia-
cés et réduisent la douleur.
Ces effets placebos sont retrouvés dans d’autres méthodes non médicamen-
teuses, comme l’hypnose par des effets de suggestion, l’acupuncture par l’effet
« piqûre » qui stimule à la fois des nerfs et des éléments vasculaires, ou aussi le récon-
fort apporté par le soignant surtout en phase préopératoire et dans les états de choc et
de stress intense.
Le réconfort maternel (ou paternel), qui « soulage » la douleur de l’enfant et
diminue son agitation après un traumatisme, évite ou réduit l’usage de substances
morphiniques.
64 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
CE Q U ’I L F A U T R E T E NI R D U C H A P I TR E 1 :
LE S MÉ T H O D E S D E L ’A NA L Y S E SE N SO R I E LLE
Les outils et méthodes de l’analyse sensorielle sont ceux de la physiolo-
gie ou de la biologie au sens large.
La perception sensorielle, c’est-à-dire la façon dont le sujet intègre et
interprète les différents signaux de l’environnement, est entièrement liée
à l’organisation cérébrale, mentale, à ses particularités personnelles.
Ainsi, la mesure des réponses à un test précis nécessite une grande rigu-
eur, des contrôles statistiques et le respect de diverses régles impératives
dans le choix des tests.
On utilisera des méthodes subjectives qui sont celles de la psycho-
physique (labyrinthes, temps de réaction, etc…) lorsqu’on évalue les
aptitudes personnelles du sujet à réagir dans un test et des méthodes
objectives lorsqu’on contrôle des paramètres rigoureux quantifiables
comme la fréquence des potentiels ou les éléments d’une image céré-
brale.
Les outils comportementaux : déprivation sensorielle et enrichisse-
ment du milieu permettent de modifier expérimentalement les performan-
ces d’apprentissage des animaux de laboratoire.
Les méthodes psychométriques sont utilisées en neuropsychiatrie
et psychothérapie. Même si ces techniques de diagnostic sont à la limite
des sciences sociales et des sciences biologiques elles sont indispensa-
bles dans l’approche des troubles mentaux et dans la classification des
altérations comportementales.
Parmi les méthodes d’analyses couramment utilisées, nous avons décrit
ici des outils strictement objectifs :
La génétique permet d’étudier l’influence des gènes sur le développe-
ment des organes des sens et sur leur activité, – l’immunologie, elle est
un outil aujourd’hui fondamental en neurosciences car grâce aux anti-
corps, il est possible de fabriquer des sondes extrêmement précises per-
mettant de reconnaître les molécules impliquées dans des actes
comportementaux,
L’immunologie est une technique d’étude des mécanismes de défense
de l’organisme, mais grâce à ses développements moléculaires, l’immu-
nologie a trouvé une place indispensable dans l’arsenal neurologique
en particulier à cause de l’immunocytologie, une technique histologique
qui permet d’identifier avec une très grande précision les molécules
caractéristiques des fonctions neuronales ou celles qui sont impliquées
dans certains troubles neurologiques.
La pharmacologie, fait partie des outils car les molécules-médi-
caments peuvent moduler des activités neuronales ou cérébrales. Dans
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles et cérébrales 65
QUES TIONS
1. Les lois de Weber : détaillez leur importance dans l’analyse sensorielle.
2. Dans quels cas peut-on utiliser les tests statistiques non paramétriques ?
3. Qu’est-ce qu’un placebo ?
4. Quelles sont les méthodes de déprivation sensorielle ?
5. La réponse psychogalvanique est une méthode intéressante en neuros-
ciences. Pour ce type d’étude, les électrodes sont posées : sur la tête ?
dans les muscles ? sur une main ?
6. Dans les techniques de modifications géniques, qu’appelle-t-on un trans-
gène ?
7. Quel est le rôle des neuroleptiques ? Citez-en un exemple.
8. Rappelez les principes généraux de l’anesthésie générale. Citez une
catégorie d’anesthésiques d’usage classique.
RÉFÉREN C E S
1. Roewer N. et Thiel H., Atlas de poche d’anesthésie, Paris, Flammarion médecine-scien-
ces, 2003, 392 p.
2. Stahl Stephen M., Psychopharmacologie essentielle, Paris, Flammarion médecine-scien-
ces, 2002.
3. Tiberghien, G., Initiation à la psychophysique, Paris, PUF, 2000.
S ITES
Introduction aux statistiques :
http://www.cons-dev.org/elearning/stat/index.html
Électroencéphalographie :
http://www.chups.jussieu.fr/polys/neuro/semioneuro/POLY.Chp.5.8.html
Arsenal génomique :
http://symatlas.gnf.org/SymAtlas/
Neuroleptiques :
http://www.senon-online.com/Documentation/telechargement/2cycle/moduleD/
neuroleptiques.pdf
Éthique et expérimentation animale :
http://www.cons-dev.org/elearning/ethic/index.html
CHAPITRE
2
L’organisation
des récepteurs sensoriels
Tableau 2.1
De la stimulation à l’acte comportemental, les principales structures.
RETENEZ :
La saisie et le codage des informations venant de l’environnement ou des
constituants internes du corps sont deux étapes préliminaires liées à des
adaptations physiques des récepteurs puis à des moyens cellulaires de trans-
formation des signaux physicochimiques en potentiels d’action.
NAISSANCE
âge en semaines
Évolution
Figure 2.1
Principales étapes de la neurogenèse du foetus humain. La placode olfactive se forme très tôt, presque en même
temps que se forment les premières vésicules céphaliques. Ceci permet de comprendre que certaines altérations
qui empêchent la formation des deux vésicules antérieures sont associées à l’absence de bulbes olfactifs,
comme dans l’holoprosencéphalie. La placode visuelle puis la placode auditive se forment successivement entre
4 et 7 semaines de conception. On n’identifie l’apparition du sommeil que vers 15-20 semaines. Quant aux
réactions aux sons elles ne sont nettes que vers 25 semaines.
Tableau 2.2
L’évolution des vésicules cérébrales au cours de l’embryogenèse (voir aussi la figure 2.1).
4 mois
32 jours
25 jours
Figure 2.2
Évolution des différentes vésicules céphaliques au cours de l’embryogenèse. Le tube neural est, dès son appari-
tion, plus renflé en avant qu’en arrière. Dès 25 jours, alors que le tube neural est encore ouvert en avant, appa-
raissent 3 vésicules. Vers 32 jours, la première vésicule (prosencéphale) et la dernière (rhombencéphale) se
divisent en deux, ce qui forme un total de cinq vésicules qui vont se développer inégalement puisque c’est le
télencéphale qui prend une extension considérable pour former les hémisphères cérébraux.
B. La crête neurale
La crête neurale est la zone support du développement du système nerveux. Elle se
formera dans l’enceinte du mésoblaste à partir de l’ectoblaste, de chaque côté du tube
neural sur toute la longueur de la chorde dorsale, sous forme de bandelettes métamé-
risées (ces segments bien visibles sur le fœtus), qui vont donner la matrice du système
nerveux orthosympathique-parasympathique. C’est à partir de la crête ganglionnaire
que se formeront :
• Les ganglions crâniens et rachidiens spinaux, les ganglions sympathiques
et les paraganglions, la chaîne paraganglionnaire parasympathique, l’épi-
physe, le paraganglion tympanique (nerf de Jacobson), le glomus carotidien,
le ganglion abdominal de Zukerkandel, le paraganglion coccygien de Lus-
chka, la médullo-surrénale.
• Le système sympathique : d’origine ectoblastique, il passe par les relais
ganglionnaires et s’infiltre dans tous les tissus en envoyant ses axones jusque
dans chaque cellule. Il possède donc un contrôle sur tout l’organisme.
• Les systèmes nerveux centraux : les systèmes sensoriels et moteurs ne
seront en relation avec le thalamus au travers du bulbe et de la moelle épinière
que tardivement. La formation de leurs connexions dépend de l’état de matu-
rité des organes sensoriels. Ainsi chaque secteur sensoriel se développe sépa-
rément au début de l’embryogenèse puis s’interconnecte avec le thalamus en
envoyant les fibres ascendantes le long de la moelle.
76 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
ZOOM
Les gènes homéoboxes
Le programme de fabrication des tissus se trouve sur un segment chromosomi-
que que l’on nomme un homéobox. Ce sont les 180 premières paires de bases
précédant un gène sur la chaîne d’ADN. Tous les homéoboxes de tous les
gènes sont pratiquement identiques. Les 60 acides aminés associés sur la pro-
téine finale constituent l’homéodomaine. On retrouve ce système d’homéobox
chez tous les métazoaires. Il y a donc une origine commune à tous les méta-
zoaires, et cette information peut être utile en phylogénie.
En réalité, on sait aujourd’hui que les gènes de l’homéobox interagissent avec
d’autres gènes portés par d’autres chromosomes pour assurer un développe-
ment conforme au programme génétique. La communication entre gènes et
entre chromosomes implique en particulier la répétition des mêmes fonctions ou
redondance génique. Plus une fonction est ancienne, définie comme vitale par
la sélection naturelle, plus il y aura de chromosomes présentant les mêmes
L’organisation des récepteurs sensoriels 77
gènes pour les mêmes synthèses protéiques. Ceci met également (théorique-
ment) à l’abri des effets des mutations au cours du vieillissement puisque si un
gène est altéré, il en existera d’autres pour assurer le bon fonctionnement.
Pour en savoir plus sur l’embryologie de l’œil :
http://www.snof.org/maladies/embryogenspe.html
à une diverticulisation antérieur du canal neural qui forme les ventricules cérébraux.
L’exsudat du LCR passe aux neurones grâce aux pressions de filtration qui poussent
du liquide neuf vers les cellules et assurent une récupération des déchets grâce à des
cellules gliales spécialisées très diverticulées, les oligodendrocytes.
Nous verrons que cet ensemble endothélium-névroglie-neurones forme la
barrière hémoencephalique (BHE) qui constitue l’ultime filtrage des molécules ali-
mentant les neurones et évacuant les déchets du métabolisme neuronal (voyez les
détails dans le chapitre 3). Cette BHE ne devient efficace que vers la naissance. À
cette période, elle va strictement contrôler les entrées-sorties des ions calcium, ces
ions indispensables à toutes les activités neuronales (voir aussi la section 2.5 « Les
neurones » et la figure 2.7).
Les zones embryonnaires où commence la préparation de l’organe sensoriel
sont dites des placodes, leur formation est induite par le contact avec des nerfs sen-
soriels venant de l’ectoderme :
A. La placode olfactive
C’est une zone cellulaire d’ectoderme qui émet de très fins filets nerveux qui,
lorsqu’ils entrent en contact avec le cerveau antérieur ou prosencéphale, déterminent
la formation d’une protubérance antérieure, le bulbe olfactif. Certaines cellules
encore indifférenciées poursuivent la migration vers la partie inférieure du
métencéphale et s’installe dans la paroi de l’épendyme de ce qui va devenir l’hypo-
thalamus. Ces cellules vont contribuer à la spécialisation des cellules péri-épendy-
maires impliquées dans la détermination du sexe.
Des cellules non différenciées, ou quiescentes, resteront dans la zone péri-
ventriculaire d’une autre structure importante pour nos comportements : l’hippo-
campe. Ces cellules, capables de se diviser si besoin est, migreront chez l’adulte vers
les zones antérieures du cerveau où elles contribuent avec l’assistance de cellules
accessoires, les cellules gliales, à renouveler certains microneurones morts. La mort
programmée des neurones, ou apoptose, permet de programmer aussi le flux de cel-
lules utiles dans le renouvellement.
B. La placode optique
C’est à partir d’une zone ectodermique placée en avant du prosencéphale que se
forme la partie optique de l’œil, c’est-à-dire la sphère oculaire, les conjonctifs et les
capsules d’emballage de l’œil. À partir de la partie antérieure du cerveau embryon-
naire se forme un diverticule, le futur nerf optique qui s’allonge, provoque la forma-
tion de la capsule et s’y installe, s’y étale dans le pôle postérieur. Cette partie qui est
la portion nerveuse constitue la rétine, le capteur sensible à la lumière.
De la rétine et des cellules rétiniennes partent les nerfs optiques qui se rendent
vers l’arrière du mésencéphale. Ces fibres feront un relai synaptique dans la région
postérieure des tubercules quadrijumeaux où les images sont dèjà codées, avant de
rejoindre l’arrière du thalamus ou pulvinar pour y former un nouvel étage de synap-
L’organisation des récepteurs sensoriels 79
ses. Les zones visuelles thalamiques se forment dans des champs neuronaux restreints
qui grandissent avec l’apprentissage visuel. Lorsque chaque champ a atteint une
maturité suffisante entre la naissance et quelques mois, les fibres nerveuses, ou radia-
tions optiques, partent coloniser le cortex occipital. Ce cortex deviendra le cortex pri-
maire ou aire 17 de la nomenclature officielle (définie par Broca).
C. La placode otique
Ici encore, cette zone ectodermique va former et induire la différenciation des deux
composantes de l’oreille : la partie auditive et la partie vestibulaire. La partie auditive,
l’oreille externe et l’oreille moyenne, restent liées à l’ecoderme. La genèse des zones
centrales, la cochlée pour l’oreille interne et les canaux semi-circulaires, pour le sys-
tème vestibulaire, viennent d’un aménagement de l’os temporal qui se creuse pour
abriter les cellules nerveuses venant des zones temporales du cerveau. Les cellules
ciliées externes et internes formeront un relai dans l’axe du limaçon osseux que l’on
nomme l’organe de Corti.
Des cellules plus particulièrement issues du cervelet se placent au creux de
chacun des trois tubes en anneaux, tous perpendiculaires les uns aux autres. Ces cel-
lules des taches maculaires sécrètent une forte quantité de calcium qui en précipitant
forme les otolithes qui restent englués sur les cils des cellules sensorielles. Ce sont les
déplacements et accélérations des cristaux qui, en tirant et déformant les cils, feront
naître les sensations de mouvement de la tête au niveau du cortex cérébral.
La colonisation des zones corticales par les cellules auditives et les cellules
labyrinthiques ne se déroule qu’après la naissance. C’est ce qui explique les attitudes
et les réflexes temporaires propres aux nourrissons qui disparaissent à chacune des
étapes de la colonisation du cerveau par les informations auditives. Dans le cas de
l’audition, la localisation principale se situe dans l’aire 42, mais elle est environnée
de nombreuses zones sensori-motrices qui associent plusieurs fonctions. Sommaire-
ment, ce seront des fonctions visuelles dont l’importance est considérable lors de
l’apprentissage de l’écriture et de la lecture, des aires motrices (l’aire 42 est proche
de la base de l’aire motrice) et cela influera sur le graphisme ou sur la motricité man-
dibulaire utile dans le langage oral.
D. La placode gustative
Elle regroupe les cellules gustatives dans des papilles situées dans la langue, en
arrière, sur le « V » lingual, mais on sait que des cellules gustatives sont aussi présen-
tes dans le palais. Ces cellules viennent d’une différentiation tardive de certaines cel-
lules du revêtement épidermique de la langue.
E. La sensibilité tactile
Comme chez toutes les espèces animales, chez l’Homme compris, la sensibilité tac-
tile n’est pas concentrée en une capsule. Les divers récepteurs sont disséminés dans
80 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
la peau pour donner à notre corps les sensations de contact avec l’environnement, les
sensations thermiques, quelques informations chimiques périphériques, car les cap-
teurs sont souvent polyvalents. En outre, l’environnement n’est pas que source
d’informations nutritives ou agréables ; il malmène l’organisme ou même le blesse,
ce qui justifie la présence des nocicepteurs (récepteurs de la douleur).
L’embryogenèse se constitue à partir de territoires restreints qui sont succes-
sivement soumis au contrôle de quelques gènes contenus dans des homéoboxes (voir
zoom plus haut). Ensuite apparaît la segmentation ou métamérie de l’embryon, qui
nous rappelle que nos origines sont communes à celles de tous les métazoaires, comme
le sont les vers. Chaque segment de l’embryon, ou somite, contrôle un territoire ecto-
dermique qui formera la peau, un territoire où se formeront des muscles et des os.
Notez ainsi que chaque os vertébral rappelle cette segmentation en somites.
Chaque territoire somitique se développe pour son compte. Ainsi le territoire cutané
provenant d’un somite est un dermatome qui se projette au niveau primaire sur cha-
que segment de la moelle épinière. Chacun de ces territoires cutanés dispose très tôt
de projections vers le prosencéphale. Les mesures en potentiels évoqués chez l’ani-
mal ont montré que les zones neuronales corticales se disposaient en des champs res-
treints de quelques centaines de micromètres indépendants les uns des autres. Nos
dermatomes resteront aussi indépendants durant toute notre vie. Cette territorialisa-
tion incorpore les zones cutanées, mais aussi des systèmes de défenses immunitaires
propres à chacun de ces territoires. Certaines pathologies comme le zona (récurrence
du virus de la varicelle) rappellent cette superposition des territoires immunitaires et
des territoires cutanés.
Chaque zone somitique et chaque champ récepteur se projettent dans une fine
zone corticale de quelques micromètres de diamètre et de 100-200 micromètres de
long. C’est ce que l’on nomme une colonne corticale (figure 2.4). Dans chaque
colonne, les terminaisons de quelques neurones sont colonisées par des microneurones
qui constituent des satellites régulateurs avec des connexions activatrices et énormé-
ment de synapses inhibitrices. Pendant une grande partie du développement cérébral,
les colonnes sont indépendantes et mûrissent leur organisation. Elles forment en fait
une unité neuronale fonctionnelle, celle qui analysera et mémorisera les inputs senso-
riels. La maturation a lieu sous le contrôle de gènes de croissance comme celui de la
limbic-system-associated membrane protéine (LAMP) qui assure la cohérence du cor-
tex mais dont le dysfonctionnement introduit une anomalie de la couche IV probable-
ment responsable de certaines formes de schizophrénies catatoniques.
Surface du cortex
E100
Cellules gliales
radiales
Colonnes
corticales
Voies inter-
hémisphériques
E40
Voies sous-
corticales
Vers effecteurs
Colonnes
thalamiques
Afférences sensorielles
Figure 2.4
Le développement cérébral et les colonnes thalamiques et corticales. Dans le cortex cérébral, les territoires neu-
ronaux où se projettent les fibres sensorielles se positionnent avant l’arrivée des axones sensoriels. Ensuite, ils
s’organisent lentement dans un petit compartiment de quelques centaines de micromètres cubes autour d’un ou
de quelques neurones, ce sont les colonnes corticales. Chaque colonne radiale correspond au territoire d’un
neurone, à ses ramifications puis à ses interconnexions avec des petits interneurones proches. Il est probable
que les colonnes voisines formées après un clonage de souches neuronales proches traitent des informations de
qualité similaire. Les colonnes éloignées contiennent des neurones de caractéristiques de plus en plus différentes
et traitent d’autres types de signaux. La mise en relation de colonnes avec les voisines ne se fait que lorsque cha-
que colonne est complète avec des neurones développés, des microneurones associés et des cellules gliales
accessoires. (Modifié d’après Tanic, 1972.)
chisation, à chaque strate corticale. On peut ainsi admettre qu’un même signal orien-
tera plusieurs colonnes différentes dans des zones corticales éloignées. C’est dès ce
stade que sont préparés les mécanismes de plasticité et du futur potentiel de réorga-
nisation dont jouira le cerveau jusqu’à un âge avancé.
La période sensible ne correspond pas nécessairement aux périodes critiques
des comportementalistes, ces phases au cours desquelles peuvent se former des rela-
tions fortes entre des comportements, comme des conditionnements. Au cours de ces
périodes, il peut naître, par exemple, un phénomène d’empreinte qui associe solide-
ment, au moment de la naissance du bébé, la vision d’un objet coloré quelconque à sa
mère ou à son père. Cette dernière notion forme chez l’homme une base pour la for-
mation des complexes au sens psychiatrique (réseau mental).
Cependant, pour que tous les territoires sensoriels soient identifiés par notre
cerveau, chaque zone qui fait plusieurs relais dans un segment médullaire renvoie le
82 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
long de voies ascendantes, des fibres destinées au thalamus où se fait une première
intégration tactile, puis vers le cortex somesthésique, l’aire 6, où sont projetées les
fibres de chaque territoire. Les zones sont si bien représentées topographiquement que,
lorsqu’on stimule par une impulsion électrique chaque zone des dermatomes, on
retrouve des potentiels évoqués équivalents sur le cortex. Grossièrement, on a pu défi-
nir une représentation schématique, zone par zone, qui a été appelée l’homonculus. Ce
n’est qu’une représentation considérablement simplifiée en surface du cortex, alors
que des zones cutanées importantes comme celles de la face ou des doigts se retrouvent
à deux, trois ou quatre millimètres dans la profondeur du cortex somesthésique.
Autour de ces zones primaires se retrouvent des aires associatives reliant par
réflexe une zone de contact avec une réponse motrice. Cependant, il est important de
noter ici que c’est d’abord au niveau de chaque zone réceptrice tactile, reliée par une
synapse à un segment de la moelle, connectée à un unique neurone moteur, ou moto-
neurone, situé dans la corne antérieur, que se forme ce que l’on nomme l’arc réflexe
primaire. C’est ce réflexe rapide qui fait retirer la main dès que l’on sent que cela
pique ou que cela brûle.
A. L’olfaction
C’est la première sensorialité qui au premier stade du développement (2e semaine
après la conception) représente plutôt une chémoréception. Le fœtus reçoit à travers
le liquide amniotique diverses molécules de la mère et de son propre environnement
(ses déchets métaboliques par exemple). Ces molécules entrent en contact avec des
cellules olfactives déjà présentes en particulier au niveau de l’organe septal. Le bulbe
olfactif accessoire se forme très tôt et assure un apprentissage de la reconnaissance de
sa mère. Cette reconnaissance perdurera longtemps après la naissance grâce à un reli-
quat d’organe, le complexe glomérulaire modifié. Cette empreinte précoce de l’odeur
a et aura une influence déterminante pour le développement harmonieux du fœtus et
l’expression des gènes de croissance. En effet, la stimulation précoce des cellules
olfactives permet d’exprimer divers oncogènes activant l’expression de gènes impli-
qués dans la plasticité cérébrale au cours du développement.
B. Sensibilité tactile
Dès le 2e mois de grossesse, les premiers mouvements du fœtus sont visibles à l’écho-
graphie. À partir du 4e mois, les récepteurs de la sensibilité cutanée au niveau du
visage, des doigts et de la plante des pieds se forment. Ce sens qui évolue tout au long
de la grossesse permet au fœtus de recevoir des informations de contact même si son
environnement aqueux ne délivre qu’assez peu de signaux. Le fœtus perçoit et réagit
aux caresses de ses parents. Il participe activement aux interactions avec l’extérieur.
Vers le 6/7e mois, il met le pouce dans la bouche et le suce.
L’organisation des récepteurs sensoriels 83
C. Le goût
À partir de 24 semaines, le fœtus perçoit les modifications du goût du liquide amnio-
tique dans lequel il baigne et qu’il absorbe. Cependant, la suite de la maturation
n’apparaîtra qu’avec l’apprentissage alimentaire.
D. La vision
Chez l’homme, la vision est un sens fondamental, qui commence à se former tôt chez
l’embryon. À 18 jours, une évagination se forme à la base du prosencéphale. Elle
forme la vésicule optique raccordée au diencéphale par un pédoncule, le futur nerf
optique. À 27 jours apparaît la placode optique qui dérive de l’ectoderme, puis quel-
ques jours après la placode englobe la vésicule optique et le cristallin se forme. À
40 jours, l’œil peut être reconnu avec ses principaux constituants, y compris l’épithé-
lium germinatif destiné à former la rétine. Cette dernière structure n’est complète
qu’après 4 mois et continue de s’organiser. Les axones des premières cellules gan-
glionnaires se développent à partir du 2e mois pour gagner le diencéphale. Ces axones
croisent sous le plancher du diencéphale pour former le chiasma optique, puis ils
gagnent les corps genouillés où ils forment une première synapse.
E. L’audition
Les relations entre le fœtus et l’extérieur passent essentiellement par l’audition. Du
point de vue anatomique, l’audition est possible à partir du 5e mois de la vie intra-uté-
rine. Le fœtus entend d’abord les bruits qui lui parviennent de l’utérus maternel : ryth-
mes cardiaques, rythme du flux sanguin dans son propre cordon. Vers le 6e mois, il
réagit aux bruits qui lui viennent de l’extérieur : les voix humaines, les rires, la musique,
les portes qui claquent. Ces bruits lui parviennent de manière atténuée surtout pour les
aigus (d’où l’idée que la voix paternelle serait mieux perçue que celle de la mère). Tou-
tefois la voix maternelle émerge mieux que d’autres voix émises au même niveau.
Un gène :
la double
hélice d’ADN
1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17
Paires de bases
18 19 20 X Y
Figure 2.5
La carte des chromosomes humains. Les stries représentées sur chaque chromosome représentent des domaines
ou des densités ou des « clusters » c’est-à-dire une zone contenant beaucoup de gènes contrôlant un type de
synthèse protéique. Chez l’homme, il y a 22 chromosomes (autosomes) et deux hétérochromosomes sexuels X
(2X chez la femme dont le caryotype est représenté ici) et un X et un Y chez l’homme (Y non représenté ici).
Remarquez que certains chromosomes présentent un petit étranglement plus ou moins marqué qui représente
une zone de jonction entre les segments. Une telle région représente un point de cassure ou de fragilité ou qui
facilite le dédoublement. Ainsi la rupture au niveau du chromosome X est responsable d’une forme d’autisme :
le X fragile ; donc ces points peuvent être responsables de beaucoup d’anomalies de la délétion (perte d’un
fragment d’ADN, comme dans le syndrome de DiGeorge ; voir chapitre 7) ou de translocation comme dans des
monosomies ou des trisomies. À voir, un site très pédagogique : http://edumed.unige.ch/dnaftb/table_
matiere.html
86 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Les nucléotides nécessaires pour qu’un gène active le codage de chaque protéine dont
nous avons besoin sont disposés sur l’ADN de manière discontinue dans ce que nous
appelons les exons (séquences codantes) et les introns (séquences non codantes), soit
une séquence nucléotidique, avec un couple de nucléotide indicateur de début et un
autre indiquant la fin. La lecture des différentes séquences se fait donc comme sur un
disque numérique et s’opère dans les ribosomes.
Les données obtenues à partir des observations sur les vrais jumeaux ont
apporté beaucoup à la connaissance à la fois de la transmission génétique et aux moda-
lités d’expression des gènes. La question qui est souvent posée également par des
patients inquiets est la suivante : « Ma mère avait une maladie d’Alzheimer lorsqu’elle
est morte ; est-ce que je risque de développer la même chose ? » ou « Mon père est mort
d’une leucémie ; est-ce que je cours le risque d’avoir aussi cette maladie ? ».
Aujourd’hui, en l’état des connaissances sur le génome humain couvrant près
de 75 % des gènes, on serait tenté de disposer d’éléments de réponse. Il est vrai que
certaines formes d’Alzheimer sont liées en partie au gène APO (exprimant les apoli-
poprotéines), que certaines leucémies sont liées au gène « Philadelphie », que certai-
nes tumeurs apparaissent lorsque le gène H-RAS est exprimé.
Lors d’expériences, dont les nôtres, sur des souris porteuses de gènes provo-
quant une neurodégénérescence proche d’Alzheimer, nous observons les lésions du
cortex limbique. Des essais de traitements par thérapie génique sont inopérants. En
fait, s’il existe bien une altération de la synthèse des protéines membranaires, on
observe aussi que, dans de nombreuses situations, dont la nécessaire protection de
l’intégrité du cerveau, il n’y a pas qu’un gène, mais plusieurs qui se synchronisent
pour assurer la régulation nécessaire aux synthèses. Et dans notre cas, le gène observé
ne s’avérait être que l’un des éléments d’un groupe d’une vingtaine de gènes régulant
la construction des membranes neuronales.
Figure 2.6
Représentation gène par gène de quelques-uns parmi les milliers de gènes identifiés dans des contrôles géni-
ques exercés sur des systèmes sensoriels et responsables de quelques anomalies d’expressions sur les organes
sensoriels. Même si l’on ne connaît pas encore toutes les expressions de tous les gènes, on remarque sur ce
schéma circulaire : 1) que tous les chromosomes contiennent au moins un gène codant des éléments sensoriels ;
2) que certains chromosomes semblent comporter un nombre important de gènes influents sur une structure
sensorielle ; c’est le cas du chromosome 1 qui contrôle beaucoup de paramètres visuels ou du chromosome 17
qui contrôle surtout l’olfaction ; 3) certains chromosomes semblent plus concernés par l’organisation corticale.
Il est clair que cette petite usine de fabrication et l’acheminement des protéi-
nes s’activent vigoureusement à la suite de l’action plus ou moins spécifique d’hor-
mones. On connaît bien les mécanismes membranaires par lesquels les hormones
thyroïdiennes enclenchent les cascades d’activation génique. On connaît maintenant
les anomalies de fonctionnement et les troubles de l’identification du code génique
lorsque les hormones thyroïdiennes enclenchent des intenses synthèses d’anticorps
responsables de la thyroïdite d’Hachimoto.
L’organisation des récepteurs sensoriels 89
Une autre particularité de l’expression des gènes est le fait qu’elle peut ne pas
être instantanée. L’expression génique différée vient de causes diverses :
– soit parce que l’horloge donneuse de rythme interne étale dans le temps
l’action du gène ;
– soit parce que, pour que le gène s’exprime, il faut qu’un ou plusieurs autres
gènes aient déjà été exprimés ;
– soit par une action effet-dose qui fait qu’aussi longtemps qu’une certaine
quantité d’un peptide n’est pas atteinte, le gène n’est pas actif ;
– soit parce que l’apparition de certaines molécules, comme des hormones acti-
ves à la puberté ou à la ménopause ou à des périodes non physiologiques,
active des gènes.
C’est ainsi que naissent certaines pathologies tardives pour lesquels le ou les
gènes existent bien entendu dès la conception de l’individu, mais n’apparaissent que
très tard, comme la chorée de Huntington qui n’apparaît qu’à l’âge adulte, ou certai-
nes leucémies, car l’expression du gène ABL-BCR sur le chromosome 22 (dit de Phi-
ladelphie) n’apparaît que chez le jeune adulte.
ZOOM
L’apport de la génétique de la souris dans la recherche des gènes
de la maladie d’Alzheimer (AD)
On doit à la souris la possibilité de constituer des appariements de gènes utilisés
par exemple pour identifier les molécules impliquées dans la maladie d’Alzhei-
mer. L’un des gènes impliqué est celui du gène APP (codant la β-amyloïde) porté
par le chromosome 21. Le fait que les porteurs de l’anomalie d’APP développent
un syndrome de Down, puis après 10 ans peuvent présenter un syndrome
d’Alzheimer (AD) a fait penser que l’origine de Alzheimer se trouvait dans un
gène situé sur le chromosome 21. L’autre molécule présumée est l’apolipopro-
teine qui semble favoriser l’apparition de AD. En outre il est généralement décrit
la formation de plaques de β-amyloïde et de fagots (ou « tangle », dus à l’accu-
mulation de protéines Tau). Or les protéines Tau ne sont pas les indices précur-
seurs d’Alzheimer, mais plutôt de la démence sénile dite démence fronto-
temporale. Pour éclaircir ces points, il a été réalisé des souris portant un gène
APP (single transgène), des souris porteuses de deux gènes modifiés APP+PS1
ou APP+TAU ou encore de triples transgènes porteuses de APP+PS1+TAU.
D’autres travaux américains récents ont montré qu’une dérégulation ou un blo-
cage de la voie TGFbéta (transforming growth factor) provoquait l’équivalent de
AD chez des souris. Cette voie est intéressante mais on ne connaît pas encore les
molécules qui pourraient provoquer le blocage et bien sûr les molécules assez
petites pour passer la barrière sang-cerveau et réactiver la voie du TGFbéta.
D. Homéobox et protéine-signal
Les principaux événements qui concourent à la formation d’un organe se trouvent
contenus dans une zone chromosomique contenant une séquence spécifique d’ADN
nommée homéobox (Hox).
On a longtemps cru que l’homéobox contenait toutes les informations utiles
à l’élaboration complète d’une structure. En fait, ce n’est malheureusement pas aussi
simple. Ces homéoboxes ont été étudiés sur des organismes relativement plus simples
que les Vertébés, chez un Ver, Coenorhabditis elegans, chez la mouche, Drosophila
mélanogaster et sur des souris possédant des mutations ou sur lequelles ont été prati-
qués des échanges de gènes (transgènes) et des neutralisations de gènes (knock out).
La cadence de reproduction de ces animaux permet d’obtenir de nombreuses généra-
tions et la relative simplicité du génome permet d’ôter ou d’ajouter, ou de modifier
des gènes pour en observer les effets fonctionnels. Sur ces animaux, même si un
homéobox assure bien un contrôle essentiel sur l’organogenèse, il n’en a pas le total
contrôle ; des gènes d’autres régions chromosomiques et d’autres chromosomes
interviennent également.
L’organisation des récepteurs sensoriels 91
Un article paru dans la revue Nature (octobre 2005) apporte une clé supplé-
mentaire à notre connaissance du déterminisme génétique. Dès les premiers stades du
développement, un ensemble de protéines-signaux dont le « signal Hedgehog » est
activé par un système appelé « cilium primaire » (en raison de la forme particulière
de la protéine). Cette activation provoque la fixation de Hedgehog sur son récepteur
membranaire, ce qui émet un signal destiné au noyau et produit une synthèse de pro-
téines et active une autre protéine dite « smoothened » qui en retour active le cilium.
Ce système de boucle de contrôle se retrouve dans l’expression et la transformation
des cellules souches, les neuroblastes, en divers éléments nerveux, mais probable-
ment aussi en cellules tumorales.
la lumière des mutations naturelles, la plupart sont létales, de sorte qu’elles ne propa-
gent pas la nouvelle combinaison génique. Mais ces types de mutations évidentes ne
représentent qu’une infime fraction des mutations plus subtiles non décelables
aujourd’hui, mais dont les effets n’apparaîtront que dans des siècles ou des millénaires.
En effet, les anomalies de transmission par cassure, crossing-over, mutation, peuvent
donner des anomalies embryologiques catastrophiques, comme l’holoprosencéphalie
ou la septodysplasie (voir les troubles du développement), qui sont des conséquences
d’un arrêt du développement cérébral dû à la défaillance des gènes codant des molé-
cules nécessaires à la migration des neurones. Les conséquences sont la cyclopie,
l’anomalie de formation de la face, mais elles peuvent être plus discrétes. Le « bec de
lièvre » et l’absence de formation de l’épithélium olfactif sont des conséquences plus
bénignes de la même anomalie génique, transmissible lors de la reproduction. D’autres
erreurs plus discrètes ne prendront forme que bien après la naissance, comme la mala-
die de Huntington ou les dysgénésies du cortex qui perturbent l’arrangement normal
des couches corticales et qui pourraient faire apparaître des troubles sensorimoteurs
tardifs comme dans certaines formes de schizophrénie ou d’autisme.
Aujourd’hui, les nombreuses équipes focalisées sur l’identification des gènes
ont rempli un long catalogue de molécules, encore bien incomplet. En réalité, ce cata-
logue ne devient utile que lorsqu’on connaît, non seulement la fonction de chaque
gène, mais aussi quels sont les gènes qui les activent et ceux avec lesquels ils doivent
interagir pour former progressivment une oreille ou du cortex cérébral.
Dans ce domaine, les machines automatiques de séquençage ne peuvent rien.
La recherche n’avance qu’à petit pas et il s’écoulera beaucoup de temps avant que
l’on ait pu comprendre les multitudes de combinaisons géniques et encore plus de
temps avant qu’il devienne possible de les compenser lorsqu’une mutation viendra
perturber la chronologie ou la distribution spatiale des séquences embryologiques.
Les choses sont d’autant plus difficiles à cerner que les séquences géniques
ont parfois besoin de données externes, de paramètres physicochimiques de l’envi-
ronnement. Des événements externes sont indispensables à la poursuite de certaines
séquences de croissance axonales. Les fibres du nerf olfactif poussent toutes seules
sans informations externes dans une boîte de culture, mais l’implantation de ces fibres
sur le cerveau ne se produit correctement que lorsque des odeurs activent les cellules
olfactives immatures. L’absence d’exposition précoce aux odeurs entraîne une
régression du bulbe olfactif puis des cellules olfactives. D’autre part, il existe des
séquences d’initiation ou d’apprentissage des cellules sensorielles immatures, proba-
blement liées à des échanges d’information avec des cellules gliales. C’est là un pro-
cessus exactement semblable à l’action « éducative » des cellules dendritiques vis-à-
vis des lymphocytes lorsqu’ils doivent sélectionner leurs récepteurs de surface spéci-
fiques. Si l’on sait aujourd’hui que les cellules gliales sont des aides indispensables
aux processus de croissance, on ne sait pas vraiment quelles sont les cellules impli-
quées, ni comment elles procèdent pour inciter des choix parmi les combinaisons
géniques responsables du développement des axones et des dendrites.
L’organisation des récepteurs sensoriels 93
A. Le clonage
Qu’est-ce que le clonage ? C’est une technique consistant à développer une lignée de
cellules à partir d’une cellule unique, isolée après une sélection très stricte, parce
qu’elle présente des caractéristiques biologiques intéressantes. Un clone est ainsi un
assemblage de cellules en culture, de tissus, d’un organe (culture organotypique) déri-
vant d’une (ou de quelques cellules souches) dont elles sont la copie exacte à la suite
des divisions mitotiques de cette cellule souche. Quels espoirs le clonage permet-il
pour la réparation cérébrale ?
Dans les recherches sur les cellules progénitrices, les neuroblastes non divisés, dits
les « quiescents », portent le potentiel génétique qui leur permet de refaire n’importe
quelle cellule nerveuse. Nous savons maintenant manipuler l’ADN cellulaire par
transfection (transfert de gène entre des cellules) pour induire une transformation,
puis une évolution de ces cellules vers les neurones souhaités. Dans peu de temps, ces
cellules pourront être injectées par stéréotaxie dans la zone où la moelle est lésée et
elles reconstitueront en quelques mois ou années les connexions manquantes qui per-
mettront à l’hémiplégique de retrouver au moins partiellement l’usage de ses mem-
bres. Une intense recherche récente concerne l’utilisation des cellules souches
embryonnaires prélevées non sur l’embryon, mais sur des annexes comme l’allan-
toïde. Les cellules ainsi prélevées peuvent subir un transfert nucléaire pour ensuite
évoluer vers des tissus de remplacement.
Nous saurons faire de même dans le cerveau. Après avoir prélevé dans les
zones péri-hippocampiques des cellules pré-mitotiques (progénitrices), celles-ci sont
mises en culture pendant quelques semaines. On injecte l’ADN de neurone pyramidal
dans ces cellules. Quelques semaines plus tard, ces neurones tout frais seront injectés
dans le cerveau pour refaire une aire frontale abîmée par un traumatisme. Le pro-
L’organisation des récepteurs sensoriels 95
blème est que la source de ces cellules est limitée à quelques zones et qu’elles ne sont
pas faciles d’accès par la chirurgie.
Qu’importe, les cellules tumorales savent se répliquer à partir de ces cellules
profondes. En provoquant une tumeur avec des gènes comme RAS, il va se former
une grosse quantité de telles cellules, faciles à trouver, à prélever, puis à cultiver
comme précédemment. L’avantage en est que ce sont les propres cellules du malade
et qu’il n’y a donc qu’assez peu de risques de rejet, sauf si les gènes injectés dans ces
cellules lors de la transfection font synthétiser des protéines hors normes, donc recon-
nues comme des antigènes.
L’autre perspective est de disposer d’embryon à partir du ou des clones du
malade, sur lesquels seront prélevées des cellules (ou des organes) que l’on pourra
cultiver et sur lesquelles on pourra purifier les gènes dans des cultures dites organo-
typiques. De telles cultures sont réalisées depuis des années. Elles présentent tous les
avantages allogéniques et l’avantage d’être un organe embryonnaire débarrassé des
éléments structuraux gênants. En effet, dans les cultures cellulaires, les prélèvements
de fragments de parenchyme cerébral contiennent souvent des éléments cellulaires
qui prolifèrent mieux que les neurones. Les cellules endothéliales des capillaires san-
guins et les cellules gliales sont toujours abondantes, et même si l’on sait les séparer
par leurs marqueurs de surface (méthodes d’immunoséparation), il en reste toujours
que la technique a ratées et qui se développent rapidement.
Z OOM
Les greffes neuronales
Des médecins américains de l’Université de l’Oregon (Portland) ont, à la mi-
décembre 2005, transplanté des cellules souches neuronales dans le cerveau
d’un enfant de 6 ans atteint d’une maladie génétique rare, la maladie de Batten.
D’après les statistiques, cette affection neurodégénérative concerne environ 2000
enfants dans le monde et se caractérise par une accumulation de pigments d’ori-
gine lipidique, curieusement autofluorescents dans les neurones. Son pronostic est
effrayant : cette pathologie mène à la cécité, et à la paralysie avant de mourir.
Après un an de réflexion, la Food and Drug Administration a donné, en octobre
2005, le feu vert à ce premier essai clinique. Les scientifiques espèrent que des
cellules fœtales transplantées, développées par la société StemCells, fabrique-
ront l’enzyme dont l’absence est responsable de la destruction des neurones.
Un mois après cette transplantation, l’enfant malade est rentré chez lui et sem-
ble en bon état. D’autres enfants devaient être transplantés dans le cadre de cet
essai, mais, depuis cette première, aucun résultat n’a été communiqué.
nage et arrosés par des moyens financiers occultes se penchent-ils déjà sur le sujet !
Peut-être certains d’entre eux ont-ils déjà réparé le cerveau d’un richissime armateur
détérioré par un accident vasculaire cérébral !
Que ces savants retiennent deux remarques que nos expériences en génétique
nous ont apportées. La première remarque est que le monogénisme est exceptionnel
et relève surtout de l’expérimental chez l’animal. Les expériences sur les souris por-
teuses de mutations ou de knock-out d’un seul gène ne donnent que peu ou pas
d’effet. Aussi, en dehors de la correction génétique de l’activité d’une enzyme
défaillante identifiée, toute tentative d’injecter, par exemple, le gène de l’intelligence
est forcément vouée à l’échec. Dans des processus de reconstruction, les influences
multigéniques sont imprévisibles car, statistiquement, les centaines de gènes intera-
gissent les uns sur les autres. Ce facteur aléatoire rend difficile l’usage de la thérapie
génique, car ce qui agit parfaitement pour un sujet peut n’avoir aucun effet ou un effet
contraire sur un autre.
Notre seconde remarque est que l’observation affirmant qu’un individu cloné
est comme un strict jumeau n’est pas exacte. Nous le savons, il existe des petites diffé-
rences entre vrais jumeaux (voir Farell et al., 2005), et l’individu résultant d’un clonage
suit la même règle statistique qui veut que des milliers de gènes combinés entre eux
pour former un individu ne reproduiront pas strictement les mêmes expressions, donc
engendrent des erreurs de copie. En outre, les erreurs de copies sont parfois amplifiées
comme lors des croisements consanguins, et les risques de développer des anomalies
métaboliques sont accrus. De la sorte, les très récents travaux de Fraga (2005) et ceux
de Farell et al. (2005), portant sur le vieillissement du chromosome 1 des vrais
jumeaux, montrent qu’il n’existe pratiquement pas de différence de méthylation chez
les jumeaux de 1 an, mais les différences deviennent importantes chez les jumeaux de
50 ans. Ceci traduit des évolutions différentes de l’expression des gènes au cours du
développement puis du vieillissement. Donc, en réalité, chaque jumeau est unique.
Il reste donc une multitude d’étapes à franchir, de tests à réaliser, avant que
nous puissions disposer d’organes génétiquement, strictement identiques à ceux qui
doivent être remplacés parce qu’ils sont défaillants.
A. L’équilibre ionique
Il existe dans toute cellule une inégalité de répartition des ions de part et d’autre de la
membrane plasmique. Les ions potassium (K+) sont les cations préférentiels du
milieu intracellulaire, les ions sodium (Na+) sont ceux du milieu extracellulaire. Les
principaux anions du milieu intracellulaire sont des molécules organiques (P-) (acides
aminés, protéines) chargées négativement ; ceux du milieu extracellulaire sont les
ions chlorure (Cl-). Le calcium extracellulaire [Ca2+ ext, 1 mmole/litre] est 104 fois
plus important que le calcium intracellulaire [Ca2+ int, 10-4 mmole/litre].
l’activation d’un récepteur membranaire extracellulaire (par des vibrations, des pho-
tons…), elles activent ou inhibent la conversion de GDP en GTP (Guanosine Di- et
Tri-phosphate) pour enclencher ou bloquer une cascade de réactions dont un élément
est un second messager, l’AMP cyclique (adénosine monophosphate cyclique). Ce
sont donc des facteurs de la transduction intracellulaire des signaux.
D’autres protéines ne sont présentes que d’un seul côté de la membrane et ne
traversent pas la bicouche lipidique. Elles sont soit « collées » soit « ancrées » à la
membrane. Les protéines collées, comme les protéines G, interagissent avec les
régions polaires des protéines transmembranaires par des interactions ioniques. Les
protéines ancrées dans la membrane renferment dans leur structure une chaîne lipidi-
que d’attache, liée par une liaison covalente avec un acide aminé. Elles sont ancrées
du côté cytoplasmique (sous-unité catalytique de la protéine kinase A) ou du côté
extracellulaire (acétylcholinestérase, AChE).
Des protéines de transport assurent soit le transport passif des ions, soit leur
transport actif. Parmi ces protéines, on distingue celles qui assurent directement le
transport passif des ions : les protéines-canaux, et celles qui modulent ce transport :
les récepteurs liés aux protéines G.
! Les protéines-canaux
Elles ont une structure tridimensionnelle qui délimite un pore aqueux au travers
duquel passent sélectivement certains ions. Elles assurent elles-mêmes le passage des
ions à travers la membrane (canaux ioniques). Leur ouverture est régulée soit par un
changement du potentiel de membrane : ce sont les canaux sensibles au voltage ou
canaux voltage-dépendant ; soit par la fixation d’un ligand (une substance comme un
neurotransmetteur) : ce sont les récepteurs-canaux.
répartition sur un neurone peuvent être mesurés par la technique du Patch Clamp (une
micropipette de verre isole une surface de 1 micron carré à travers lequel on peut
appliquer des variations de potentiels reproduisant Vm artificiellement).
Selon la valeur du potentiel de membrane (Vm, courant de porte), ces canaux
sont dans un état pore ouvert (passage des ions) ou dans un état pore fermé. Les
canaux sensibles au voltage sont essentiellement perméables à un seul type d’ions
(Na+, Ca2+ ou K+). Le rôle des canaux Na+ sensibles au voltage (canaux Na+ voltage
dépendants) est de générer et de propager le potentiel d’action. Le rôle des canaux
Ca2+ sensibles au voltage (canaux Ca2+ voltage dépendants) est de faire entrer les ions
Ca2+ dans le milieu intracellulaire, ions Ca2+ qui vont intervenir dans la régulation de
nombreuses réactions intracellulaires (libération du neurotransmetteur par l’élément
présynaptique).
Les récepteurs-canaux sont des canaux ouverts par un ligand (neurotrans-
metteur). La structure tridimensionnelle de ces protéines transmembranaires délimite
un pore et comporte, du côté extracellulaire, un ou plusieurs sites récepteurs du neu-
rotransmetteur. Sites récepteurs du neurotransmetteur et canal ionique font partie
d’une même et unique protéine. Lorsque le neurotransmetteur se fixe sur son ou ses
sites récepteurs, la protéine change de conformation et évolue transitoirement vers un
état où le pore s’ouvre. Certains canaux sont perméables aux cations (Na+, K+, Ca2+),
liés aux récepteurs nicotiniques à l’acétylcholine ; d’autres sont plus sélectifs (récep-
teurs GABA-A : perméables aux ions Cl-). Les récepteurs-canaux assurent la trans-
mission synaptique rapide en provoquant une augmentation rapide de la perméabilité
ionique en réponse à la fixation du neurotransmetteur.
En réponse à la fixation du ligand (neurotransmetteur-signal sensoriel), les
récepteurs liés aux protéines G modulent les propriétés des canaux ioniques. Ils sont
totalement distincts des canaux ioniques et exercent leurs effets via une protéine péri-
phérique « collée » du côté cytoplasmique appelée protéine G car elle lie le GTP. Le
récepteur activé par la fixation du neurotransmetteur active une protéine G qui
module directement ou indirectement (via un second messager) l’ouverture des
canaux ioniques. Les protéines G convertissent et amplifient le signal. Elles assurent
une transmission synaptique lente et interviennent aussi dans la régulation de la libé-
ration du neurotransmetteur par l’élément présynaptique.
Exemples : le récepteur muscarinique ou nicotinique de l’acétylcholine ; les
récepteurs N-méthyle-D-aspartate (NMDA), AMPA, glutamate, récepteurs de GABA-A
et B.
RETENEZ :
Les protéines membranaires sont les molécules dont la structure peut traver-
ser la membrane de part en part et constituer un canal ionique, ou bien être
fixée à l’extérieur et constituer des récepteurs de transmetteurs ou d’anti-
corps. Elles peuvent être fixées à la face interne et servir de transporteur
intracellulaire ou séquestrer des ions inorganiques. Dans tous les cas, les
protéines peuvent changer de conformation et modifier les propriétés mem-
branaires.
L’organisation des récepteurs sensoriels 101
Figure 2.7
Ions calcium
Les ions calcium jouent un rôle capital dans la
mise en place précoce du système nerveux. Ici
sont sont résumés schématiquement quelques
uns des rôles des ions calcium dans la forma-
tion des canaux et des récepteurs des membra-
nes neuronales.(LTP : Potentiation à long
terme ; IEG : gènes rapidement inductibles.)
102 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Neurones
Vésicules post-synaptiques
synaptiques
4 = activation
des récepteurs
post-synaptiques
2 = dépolarisation 5 = potentiels
pré-synaptique post-synaptiques
gradués
1= potentiels
d’action
Terminaison
axonique
Fente
synaptique 3 = libération d’un
neurotransmetteur
Figure 2.8
Synapse
Les étapes de la formation du potentiel synaptique. L’arrivée d’une volée de potentiels présynaptiques (1) est
essentielle pour activer la synapse et provoquer la libération de vésicules contenant un neurotransmetteur (3).
Les molécules de neurotransmetteurs activent des récepteurs post-synaptiques (4) qui enclenchent des cascades
de réactions chimiques sous-membranaires (comme l’AMP-cyclique). Si cette activation atteint un niveau suffi-
sant, il peut apparaître des potentiels post-synaptiques (5). La transmission synaptique est une étape fondamen-
tale dans la transmission des messages nerveux entre les neurones, au sein de tout le système nerveux. Les
altérations d’une partie de cette transmission peuvent provoquer des désordres fonctionnels autant au cours du
développement cérébral que pendant le fonctionnement du cerveau adulte.
L’organisation des récepteurs sensoriels 105
Notez que les synapses dendritiques des organes sensoriels et des cellules
granulaires ou des interneurones sont modifiables en réponse à des stimulations, aux
apprentissages, lors de l’autoréparation cérébrale. Cette dynamique synaptique repré-
sente la base de la plasticité cérébrale.
RETENEZ :
L’adrénaline est la molécule libérée au cours du stress et des émotions.
Les voies nerveuses reliant les différents centres cérébraux comportent géné-
ralement plusieurs neurotransmetteurs modulant les différents constituants des voies
et agissant selon la distribution des récepteurs moléculaires. Ainsi, si l’on observe des
voies de contrôle de la motricité (voies striatales, voir chapitre 3), la dopamine agit
fortement sur les neurones contenant des récepteurs dopaminergiques D1, qui,
lorsqu’ils sont activés, libèrent du GABA. Si peu de GABA est libéré, cela permet
l’activation de neurones des noyaux sous-thalamiques libérant du glutamate qui
active les neurones du pallidum. Ces boucles sont représentées dans la figure 2.9.
Glu
Cortex cérébral
Striatum
Glu
Thalamus Récepteur
D1
Dopamine
D1
GABA GABA
Pallidum Pallidum
Glu
Figure 2.9
Neurotransmetteurs
Un exemple de distribution des neurotransmetteurs dans différentes régions du cer veau. Ce schéma n’est qu’une
représentation très simplifiée des circuits cérébraux centraux. Cependant, il montre qu’il existe une prédomi-
nance de l’influence de certains neurotransmetteurs dans des régions cérébrales comme c’est le cas de la dopa-
mine dans les noyaux gris centraux (voies striatales). Retenez aussi que le GABA est un neurotransmetteur
inhibiteur très répandu tandis que le glutamate (GLU) est un neurotransmetteur activateur impor tant par exemple
dans les phénomènes mnésiques.
(Glu : glutamate ; GABA : Acide gamma-aminobutyrique ; Dopamine et D1 : récepteurs de la dopamine.)
108 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
C. Les neuropeptides
On ajoutera à cette panoplie neuro-effectrice les neuropeptides, qui sont des neuro-modu-
lateurs agissant en très petite quantité, mais dont l’influence centrale est considérable.
Les neurones du système nerveux central (SNC) contiennent une incroyable
variété de peptides (> 40), dont la distribution dans le cerveau est à chaque fois dis-
tincte. Nombre de ces peptides avaient été identifiés comme messagers chimiques
dans d’autres tissus : hypothalamus, hypophyse, glandes endocrines, système diges-
tif. C’est le cas du neuropeptide Y (qui contrôle la réserve des graisses), de la
substance P, de la bombésine, de la somatostatine et de l’angiotensine II (hypothala-
mique, elle participe au déclenchement de la soif), pour n’en citer que quelques-uns.
Un groupe important de peptides nous retiendra, ce sont les peptides chimi-
quement proches de la morphine et qui ont été qualifiés de morphines endogènes ou
endorphines. La morphine est le ligand exogène des récepteurs dont les peptides
opioïdes sont les ligands endogènes. Ces peptides interviennent essentiellement dans
le contrôle de la douleur. Les peptides, habituellement formés à partir d’un précurseur
plus ou moins long, sont synthétisés dans le corps cellulaire du neurone, au niveau
des ribosomes transportés dans la lumière du reticulum endoplasmique rugueux (RE).
Ils passent ensuite dans l’appareil de Golgi puis, de là, dans des vésicules de sécré-
tion. Ces vésicules de sécrétion sont transportées par le transport axonal antérograde
rapide jusque dans les terminaisons de l’axone du neurone peptidergique. Il y a donc
un long chemin à parcourir entre le lieu de synthèse (soma) et le lieu de sécrétion (ter-
minaisons axonales). Dans de nombreux cas, un même précurseur donne par clivage
plus d’un peptide physiologiquement actif : la Pro-opiomélanocortine (POMC), qui
agit sur la β-endorphine, l’α-MSH et l’ACTH. Les peptides sont dégradés par des
endopeptidases.
Notez que les peptides de la famille des tachykinines (substance P) comme
les peptides opioïdes agissent sur des récepteurs liés aux protéines G comme des
récepteurs métabotropiques.
Notez encore que tous ces neuropeptides sont associés (ou colocalisés), dans
une terminaison synaptique, à un autre neuromédiateur dit « classique » ou à un autre
neuropeptide. Il a d’ailleurs été également montré que ces peptides étaient présents
dans la peau où ils servent de médiateurs ou de potentiateurs de réponses immunitai-
res et/ou dans les sensations douloureuses locales.
RETENEZ :
Les neuropeptides sont des molécules neuroactives agissant par des quantités
très inférieures aux neurotransmetteurs et largement distribuées dans tout le
corps, y compris dans le système digestif.
dulateurs, bien que leurs fonctions de messagers neuronaux ne soient pas toujours
clairement établies.
L’adénosine et l’adénosine triphosphate (ATP) jouent un rôle neuromodula-
teur. Les taux tissulaires d’adénosine et d’ATP varient beaucoup selon les conditions
physiologiques. À l’état normal, le taux d’ATP est quelques centaines de fois supé-
rieur à celui de l’adénosine. Cette molécule du métabolisme agit surtout sur les ter-
minaisons dans le système végétatif.
Le monoxyde d’azote (NO) est présent dans les neurones, la glie et l’endothé-
lium vasculaire. Ce gaz dissous, qui diffuse rapidement au travers des membranes, joue
un rôle certain dans les phénomènes liés à l’ischémie. Son intervention est aussi propo-
sée dans les phénomènes de potentialisation à long terme (mémoire) et de plasticité neu-
ronale. Nous retrouverons l’action de NO au côté de divers neurotransmetteurs.
E. Les hormones
Les hormones sont libérées dans la circulation sanguine, et sont distinctes des neuro-
transmetteurs. Néanmoins, il existe des récepteurs hormonaux dans le cerveau. La
mélatonine, sécrétée par l’épiphyse, présente un cycle de sécrétion lié à l’éclairement.
Des récepteurs à la mélatonine sont identifiés dans le noyau suprachiasmatique de
l’hypothalamus.
Les hormones stéroïdes jouent un rôle sur la mémoire à long terme et dans la
vigilance (progestérone : somnolence). On a pu mettre en évidence un site de liaison
des stéroïdes couplé aux récepteurs GABA-A, par lequel les stéroïdes pourraient
diminuer la fréquence d’ouverture du ionophore Cl- (site d’action membranaire/sites
intracellulaires jusqu’ici connus des hormones stéroïdiennes).
La corticostérone faciliterait le transport du tryptophane et entraînerait une
augmentation de la synthèse de 5-HT. Ceci souligne combien les deux grands systè-
mes de communications intercellulaires de l’organisme, que sont le système nerveux
et le système hormonal, sont étroitement interconnectés
Pour en savoir plus sur les neurones :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Neurones
http://www.staps.univ-avignon.fr/S4/UE2/Neurophysiologie//Neurophysiologie_
diaporama_partie_2.pdf
http://neurobranches.chez-alice.fr/pdf/neurone.pdf
traire émettent des prolongements innervant un large territoire. Cette zone couverte par
la cellule réceptrice et ses expansions forme un champ récepteur. On peut prendre cons-
cience de ce que représente un champ récepteur en testant divers territoires cutanés sur
l’avant-bras ou sur les doigts au moyen des aiguilles d’un esthésiomètre.
La répartition de ces territoires ou dermatomes est définie génétiquement et
dépend de l’évolution des espèces. Ainsi, chez l’homme, l’usage de la main et des
outils a pourvu la peau des doigts d’une grande densité en terminaisons reliées à pres-
que autant de neurones. Les champs récepteurs ne couvrent qu’une très petite surface
(inférieure au mm2) propre à faciliter la discrimination entre deux points où l’on
applique la piqûre d’une aiguille. Au contraire, la peau du haut du bras présente des
expansions très ramifiées. Les champs récepteurs des neurones innervant cette zone
couvrent plusieurs cm2 et ces champs peuvent se recouvrir très largement. Cette dis-
position donne lieu à ce que l’on nomme l’illusion phi, obtenue en appliquant une
piqûre sur deux point du bras séparés de 10 cm. Avec cette distance, le sujet qui a les
yeux bandés perçoit deux points de stimulations distincts. Si l’on rapproche l’un des
points de test de l’autre, lorsque l’espace dépasse 7-8 cm, le sujet ne perçoit plus
qu’une seule stimulation. Cela signifie que les deux stimulations se retrouvent dans
un seul champ récepteur, d’ailleurs assez étendu.
Notez que, chez nos animaux domestiques comme le chat et le chien, les
champs récepteurs et les territoires sont différents. Ainsi, l’innervation des vibrisses
(les moustaches des chats ou des rats) est extrêmement dense et très précisément
représentée dans le cerveau. Ce qui donne des fonctions tactiles importantes pour un
animal qui est nocturne. Même si la peau autour des lèvres est bien innervée, chez
l’Homme cette représentation s’est altérée. Cette représentation grossière de l’impor-
tance de l’innervation cutanée évaluée par l’amplitudes des réponses évoquées par
des stimulations électriques a été appelée l’homoncule.
Les champs récepteurs représentent des unités des territoires sensoriels qui
assurent une logique dans les trajets des nerfs puis dans leur répartition cérébrale.
La densité et la structure des champs se retrouvent dans les principaux relais
cérébraux comme les tubercules quadrijumeaux pour l’audition et la vision, puis dans
le thalamus. Cette logique est également retrouvée dans des relais simples comme le
ganglion de Gasser qui est l’élément intermédiaire entre les fibres sensorielles de la
face et le thalamus.
Les territoires et leur surface se retrouvent enfin au niveau du cortex primaire,
là où les informations se projettent en premier, après le relais thalamique. L’utilisa-
tion des potentiels évoqués somesthésiques (stimulation électrique des champs récp-
teurs cutanés) donne des densités en potentiels directement liées à la taille des champs
récepteurs. On schématise cette relation par l’homoncule représenté à la surface de
l’aire pariétale ascendante ou aire somesthésique. L’homoncule représente une sorte
de fœtus dont les pieds sont dirigés vers le haut de la circonvolution. Le pouce, les
lèvres donnent beaucoup de potentiels évoqués et sont dessinés très gros, tandis que
les pieds ou les jambes, peu innervés donc pauvres en champs récepteurs, ne donnent
que très peu de potentiels et sont donc très petits.
L’organisation des récepteurs sensoriels 111
CE Q U ’I L F A U T R E T E NI R D U C H A P I TR E 2 :
L’O R G A NI S A T I O N D E S R É C E PTE U R S SE N SO R I E LS
Explorer
Le développement du système nerveux
L’exploration de l’embryogenèse du système nerveux repose surtout sur
les examens prénataux comme l’ échographie et la recherche des alpha
fœto-protéines dont le taux chute normalement après 3 mois. Si le taux
est élevé, il y a des risques de malformations.
Le fonctionnement des neurones
L’exploration se fait avec l’électrophysiologie unitaire, patch-clamp,
micro-iontophorèse,
La microscopie confocale, le microscopie électronique ou le microscope
effet tunnel.
La pharmacologie permet de tester les réponses des neurones et l’influence
des neurotransmetteurs, des récepteurs et des canaux.
Résumé du chapitre 2
L’ontogenèse du système nerveux
Le développement du système nerveux est parfois divisé en une période
embryonnaire de 56 jours à compter de la fertilisation et une période
fœtale qui dure sur les 30 semaines restantes. À partir de feuillets se
repliant en une longue crête neurale se développeront les ébauches
encéphaliques (prosencéphale, mésencéphale, rhombencéphale). Le cer-
veau représente une énorme prolifération de tissu nerveux du pro-
sencéphale dans la portion de la tête, formant le télencéphale. Les sens
spéciaux comme la vision, l’audition et l’équilibration, l’odorat, le goût
sont concentrés sur la tête dans des placodes. Le tact, la proprioception
et la douleur sont répartis dans tout le corps.
La neurogénétique
La construction du système nerveux comme l’ensemble des structures qui
composent un organisme vivant sont contrôlés par les gènes portés par
nos chromosomes (22 autosomes et 2 chromosomes sexuels, X et Y).
Les premières étapes de l’organogenèse sont programmées dans des
complexes géniques, les homéoboxes. Par la suite, la formation des
structures nerveuses se forme grâce à un autoentretien des expressions
des gènes contrôlant les divers organes sensoriels. En effet, la compo-
sante nerveuse d’un organe induit l’activation du développement des tis-
sus qui le reconnaissent, s’y attache et y prolifère, puis forment une
placode qui sera intégrée dans un contexte organique.
Chez l’adulte, le fonctionnement des récepteurs restera contrôlé par
l’influence des gènes transmis au cours de la fusion des gamètes ou aux
influences exercées par l’environnement ou une altération de l’expres-
sion génique liée à l’âge qui provoque progressivement des troubles
neurosensoriels plus ou moins précocement.
La génétique est aussi un outil utilisé en neurophysiologie, soit pour
identifier des troubles neurologiques, soit pour créer des protéines
codées par les gènes mais absentes chez certains malades. Ce sont les
techniques de génie génétique et de la thérapie génique. On attend
également dans le futur, la possibilité de modifier les ADN, donc les
gènes de cellules indifférenciées comme des cellules progénitrices, pour
les convertir en cellules de remplacement dans des altérations cérébra-
les par exemple.
Bases neurophysiologiques du fonctionnement neuronal
Les cellules nerveuses, comme toutes les cellules de l’organisme, sont limi-
tées par une membrane plasmique. La structure moléculaire de cette
membrane est dotée de protéines organisées en canaux ioniques et
en transporteurs ioniques. La signalisation neuronale se produit grâce au
L’organisation des récepteurs sensoriels 115
QUES TIONS
1. Quelles sont (la) les structure(s) encéphalique(s) formées par le pro-
sencéphale ? par le rhombencéphale ?
2. Qu’est-ce qu’un homéobox ?
3. Citez des anomalies neurosensorielles liées à un défaut d’organisation
génique.
4. Donnez un exemple de cascade membranaire importante dans la con-
version signal sensoriel-activation neuronale.
5. Qu’est ce qu’une placode ? Décrivez un exemple.
6. Citez les principaux neurotransmetteurs.
7. Citez quelques neuropeptides.
116 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
RÉF É R E NC E S
1. Calvino Bernard, Qu’est-ce qu’un neurone ? Paris, Éditions le Pommier, 2006, 56 p.
2. Escudier E. et Encha-Razavi F., Embryologie humaine : de la molécule à la clinique,
Paris, Masson, coll. Abrégés, 2003, 328 p.
3. Pasternak Jack J., Génétique moléculaire humaine. Une introduction aux mécanismes
des maladies héréditaires, Bruxelles, De Boeck, 2003, 522 p.
4. Slack J.M.W., Biologie du développement, Bruxelles, De Boeck, 2004, 488 p.
S ITE S
Clonage :
http://www.seg-web.org/francais/reunions/cr/brugges/clonage_fichiers/clonage.htm
Embryogenèse et contrôle génétique :
http://www.embryology.ch/genericpages/moduleembryofr.html
Embryologie de l’œil et de ses annexes :
http://www.snof.org/maladies/embryogenspe.html
Génétique :
http://www.infirmiers.com/etud/courslibre/hematokc/base-genetique.pdf
http://genomesonline.org/
http://edumed.unige.ch/dnaftb/
Neurones :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Neurones
http://www.staps.univ-avignon.fr/S4/UE2/Neurophysiologie//
Neurophysiologie_diaporama_ partie_2.pdf
http://neurobranches.chez-alice.fr/pdf/neurone.pdf
RECOMMANDATION :
La découverte des structures du cerveau est ardue. Nous ne pouvons pas entrer
ici dans le détail. Pour parfaire les connaissances, nous conseillons de se
reporter aux ouvrages d’anatomie et de physiologie humaine (Elaine N.
Marieb, Biologie humaine. Anatomie et physiologie, Bruxelles, De Boeck,
2000, par exemple). Nous conseillons de travailler sur le site d’images d’ana-
tomie du cerveau de l’Université de Washington (accès gratuit) : http://
www9.biostr.washington.edu/cgi-bin/DA/imageform
L’organisation du système nerveux 119
Figure 3.1
Schéma de l’encéphale en vue 3/4 posté-
rieure, celle qui montre un maximum de
structures. Afin que le lecteur puisse situer
les principales structures qui seront décrites
ou nommées dans ce livre nous avons
représenté les principaux pôles cérébraux
avec les aires corticales frontales, pariéta-
les, temporales et occipitales, le cervelet et
le vermis médian (Ve), des structures de
coordination motrice, le bulbe rachidien et
le départ de la moelle épinière et, au sein
de l’encéphale, supposés vus par transpa-
rence en grisé, des structures essentielles :
le corps calleux (CC) qui est une structure
d’interconnexion entre les hémisphères ; le
thalamus (Tha), qui est la structure de cen-
tralisation et d’intégration ; les noyaux gris
centraux, tel le noyau lenticulaire (NL, puta-
men, pallidum) et le noyau arqué (NA) ;
l’hippocampe (Hip), la structure fondamen-
tale dans les processus mnésiques. (Voir
aussi : http://lecerveau.mcgill.ca et http://
www.vulgaris-medical.com)
120 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Racines
rachidiennes Voies ascendantes spinothalamiques postérieures Voies
descendantes
Faisceau spino-
Ganglion spinal cérébelleux
FB FG FG FB
CP
Racine rachidienne Faisceaux croisés Faisceau
cortico-
FST FST spinal
Neurones
CA moteurs
FSTA FSTA
Muscles
Figure 3.2
Coupe schématisée passant par un segment de moelle épinière. Un segment médullaire correspond sensiblement à
un segment somitique embryonnaire qui innervera une région spécifique ou un territoire cutané bien délimité (derma-
tome). On peut systématiser les structures médullaires ainsi : chaque segment reçoit des fibres dendritiques venant des
récepteurs périphériques dont le corps cellulaire est situé dans le ganglion spinal et l’axone entre dans la moelle par
la corne postérieure (CP). Les dendrites forment des synapses avec les micro-neurones des cornes postérieures et les
fibres qui en sortent forment les voies ascendantes vers le thalamus (voies spinothalamiques ; FG : faisceau de Goll ;
FB : faisceau de Burdach) soit directement soit par croisement vers les cotés opposés. Les voies descendantes entrent
latéralement (cordons corticospinaux, voie pyramidale) et gagnent les neurones moteurs des cornes antérieures.
L’organisation du système nerveux 121
axones sont mélangés au sein de la racine dorsale, au niveau de la zone d’entrée de cette
racine dans la moelle, les fibres s’organisent suivant leurs destinées spinales. Les fibres
de gros calibres destinées au cordon dorsal se situent dans la partie dorso-médiale, les
fibres proprioceptives sont en situation intermédiaire et les fibres plus fines (nocicepti-
ves) se dirigent dans la région ventro-latérale, vers la corne dorsale et le tractus de Lis-
sauer, ou vers des collatérales ascendantes et descendantes par lesquelles elles vont se
distribuer aux étages métamériques adjacents (3 à 5). Cette organisation spatiale des
fibres dans la zone d’entrée suivant leur fonction et leur destinée, permet de réaliser des
interruptions sélectives, notamment du contingent de fibres myotatiques et nociceptives
(par la DREZotomie microchirurgicale, DREZ pour Dorsal Root Entry Zone).
La corne dorsale de la substance grise de la moelle est un lieu de modulation des sen-
sibilités qui y font relais. Elle est caractérisée par une organisation cellulaire lami-
naire formée de six couches. La sensibilité thermo-algique et protopathique
(sensibilité grossiére, par opposition à la sensibilité fine épicritique) fait relais au
niveau de l’apex dans les couches II, III et IV où il existe une modulation, un filtrage
par l’intermédiaire d’interneurones inhibiteurs. Ceux-ci sont mis en jeu par des col-
latérales des grosses fibres tactiles et proprioceptives se destinant aux cordons dor-
saux et par des voies descendantes, notamment sérotoninergiques en provenance des
noyaux du raphé du tronc cérébral.
Une lésion du ganglion spinal et de l’apex de la corne dorsale est réalisée par
le zona (maladie cutanée virale). Une anesthésie douloureuse de topographie radicu-
laire répondant à un ou plusieurs dermatomes s’installe, en raison de la perturbation
des contrôles inhibiteurs de la corne dorsale.
122 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
D. Le tractus spino-thalamique
Le tractus spino-thalamique peut être séparé en :
– tractus néo-spino-thalamique, ou voie de transmission rapide du message dou-
loureux vers le thalamus puis vers le cortex somesthésique, dont la somatotopie
précise, responsable des impressions discriminatives (topographie, intensité) ;
– tractus paléo-spino-réticulo-thalamique, à conduction lente et à somatotopie
(la représentation topographique du corps) plus rudimentaire, établissant de
nombreux relais vers la formation réticulaire en particulier. Le message véhi-
culé n’est pas discriminatif (douleur globale, durable).
RETENEZ :
La moelle épinière est un axe fait de tissu nerveux qui s’étend de la base du
tronc cérébral jusqu’au sacrum ; elle contient des petits neurones, des fibres
nerveuses myélinisées et non myélinisées dans les cornes postérieures, là où
pénètrent les fibres venant de la peau et des propriocepteurs articulaires et
L’organisation du système nerveux 123
Épiphyse
Tubercules quadijumeaux
antérieur
Pédoncule
cérébral Tubercules quadijumeaux postérieur
(relais de la vision et de l’audition
vers le thalamus)
Bulbe rachidien
Nerf spinal (XI)
Moelle
épiniére Cornes postérieures
(entrées sensorielles)
Cornes antérieures
(sorties motrices)
Figure 3.3
Moelle épinière
Vue de la face postérieure du tronc cérébral et de la moelle épinière. Cette dissection de la moelle épinière et
du tronc cérébral permet de localiser quelques éléments des voies sensorielles : en haut, les tubercules quadriju-
meaux, des relais synaptiques de l’audition et de la vision, puis en descendant, divers nerfs crâniens. Notez que
deux nerfs crâniens sensoriels : le nerf olfactif (I) et le nerf optique (II) ne sont pas visibles dorsalement.
124 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
RETENEZ :
Les nerfs crâniens sensitifs sont le nerf olfactif (I), le nerf optique (II), la bran-
che sous-orbitaire du tri-jumeau (V2), le nerf vestibulo-auditif (VIII). Les
autres nerfs sont soit mixtes (V, VII, IX, X, XII), soit moteurs (III, IV, VI).
A. La voie lemniscale
Les fibres des cordons postérieurs font relais dans les noyaux graciles et cunéiformes,
à la partie inférieure du bulbe rachidien. Dans ces noyaux, se situent les péricaryons
Figure 3.4
Nerfs crâniens
Les nerfs crâniens. Les nerfs crâniens sont au nombre de 12. Parmi ceux qui seront étudiés ici, parce qu’ils véhi-
culent des informations sensorielles, il faut retenir : le nerf olfactif (I) et le nerf optique (II) qui se branchent en
avant du cerveau sur la face ventrale. Le nerf Trijumeau (V), le nerf facial (VII), le nerf auditif et vestibulaire (VIII),
le glossopharyngien (IX), le nerf vague (ou pneumogastrique ; le X) et le nerf hypoglosse (XII) s’implantent sur la
face ventrale de la région bulbo-protubérantielle. En A, nous avons placé les nerfs crâniens sensoriels dans leur
position dans la tête. En B, la région bulbaire agrandie, en vue ventrale, montre les nerfs crâniens dans leur
implantation dans cette région où confluent les informations sensorielles mais aussi d’où partent les commandes
des fonctions vitales (sommeil, fonctions cardio-respiratoires).
L’organisation du système nerveux 125
des deuxièmes neurones de cette voie, dont les prolongements croisent la ligne
médiane pour former le lemniscus médian ascendant.
B. La voie extra-lemniscale
Au niveau du bulbe rachidien, le tractus néo-spino-thalamique s’accole au lemniscus
médian. Sa localisation à la surface du mésencéphale, dans le triangle de Riel, est uti-
lisée pour son interruption chirurgicale par « tractotomie mésencéphalique stéréo-
taxique » lors du traitement de certaines douleurs chroniques.
Le tractus paléo-spino-réticulo-thalamique envoie de nombreuses collatéra-
les au système réticulaire du tronc cérébral pour se poursuivre vers les formations
réticulaires du thalamus et son noyau médian. Il est responsable ainsi de l’éveil cor-
tical et de la diffusion du message douloureux à de nombreuses structures cérébrales
(voir la section 6.3). Ce tractus, dit extra-lemniscal, se place à côté du faisceau spino-
cérébelleux ventral dans le bulbe rachidien et le pont, puisqu’il vient s’intercaler entre
le lemniscus médian et latéral (voie cochléaire) dans le mésencéphale.
Notez que le faisceau spino-cérébelleux dorsal monte par le pédoncule céré-
belleux inférieur, tandis que le faisceau spino-cérébelleux ventral monte par le pédon-
cule cérébelleux supérieur, gagnant le paléo-cervelet (voir la section 4.4).
Pour plus de renseignements sur les voies somesthésiques, voir :
http://www.neur-one.fr/11a_somesthesie_sensorial.pdf
RETENEZ :
Le tronc cérébral est la zone de transition entre la moelle et la base du cer-
veau. On trouve dans cette structure des voies lemniscales impliquées dans la
vigilance, des voies spino-cérébelleuses destinées au cervelet. La voie lemnis-
cale est la voie de la sensibilité discriminative (épicritique). La voie extra-lem-
niscale est celle de la transmission de la sensibilité douloureuse et thermique
grossière (protopathique).
3.1.3 Le cervelet
Le cervelet (figure 3.5) permet la coordination des mouvements du corps. La com-
mande corticale de la motricité est soumise aux contrôles complémentaires du cerve-
let et des noyaux gris centraux qui s’articulent autour du thalamus ventro-latéral.
Mais surtout, il reçoit et interprète les signaux sensoriels venant de l’oreille interne
(vestibule) et des propriocepteurs musculaires (fuseaux neuromusculaires) et articu-
laires (organes neurotendineux).
A. Lobe inférieur
Le lobe inférieur (ou floculo-nodulaire, archéocervelet) est le centre de l’équilibra-
tion vestibulaire. Il contrôle et coordonne les informations en provenance de l’oreille
interne, après relais dans le noyau vestibulaire et passage dans le pédoncule cérébel-
126 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Figure 3.5
Cervelet vu en coupe sagit- Plan de coupe
tale.
On situera cette coupe sur la
petite cartouche. Le cervelet, Cortex
placé en dérivation sur l’axe
moelle-cerveau joue un rôle moteur
dans le contrôle de la motri-
cité involontaire et volon-
taire. Les trois régions ont
chacune une fonction : le
paléocervelet régle les auto-
matismes, l’archicervelet coor- Voie cortico-motrice
donne les entrées venant des Paléocervelet
propriocepteurs impliqués Tonus musculaire
dans l’équilibre, et le néocer-
velet est le chef d’orchestre
des déplacements et des ges-
tes volontaires demandés par
le cortex pyramidal. (Crédit : Néocervelet : voie
cortico-cérébelleuse-motricité
Laboratoire d’Anatomie de la
Faculté de Médecine de
Nancy.) Cervelet
Récepteurs
musculaires
Archéocervelet : Voie
vestibulo-cérébelleuse-
Voies spino-
équilibre
cérébelleuses
leux inférieur (PCI). Les efférences, après relais dans le noyau fastigial (noyau du
toit), font retour par le même PCI aux noyaux vestibulaires à l’origine de la voie ves-
tibulo-oculo-céphalogyre et vestibulo-spinale, transmettant des ordres moteurs pour
le tonus de posture de l’extrémité céphalique, facteur de l’équilibration.
B. Lobe ventral
Le lobe ventral (ou paléocervelet), formé des 2/3 antérieurs des hémisphères et du
vermis, apparaît chez les Amphibiens, pour permettre le contrôle du tonus de posture
chargé de contre-balancer les effets de la pesanteur. Chez l’Homme, il reçoit des
informations proprioceptives musculaires et péri-articulaires en provenance des
membres par le faisceau spino-cérébelleux ventral. Il y a un passage par le pédoncule
cérébelleux supérieur (PCS) et en provenance du tronc par le faisceau spino-cérébel-
leux dorsal, puis passage par le PCI.
Après contrôle de ces informations et élaboration de schémas moteurs du
tonus, les efférences transitent par des noyaux profonds du cervelet (noyaux emboli-
L’organisation du système nerveux 127
forme et globuleux) puis se dirigent après passage dans les PCS vers les noyaux
moteurs sous-thalamiques :
– le noyau rouge responsable des réflexes de redressement de la tête par l’inter-
médiaire du faisceau rubro-spinal ;
– le striatum et le thalamus (noyau ventro-latéral) se projetant sur le cortex
moteur.
C. Lobe dorsal
Le lobe dorsal (ou néocervelet), formé du 1/3 postérieur des hémisphères et du ver-
mis, est l’apanage des Mammifères. Il se développe parallèlement au telencéphale et
à la nécessité d’une coordination motrice des membres. Il est responsable de l’orga-
nisation temporelle du mouvement, mais probablement aussi de la mémoire de cer-
tains gestes.
Il est en relation essentiellement avec le cortex moteur par l’intermédiaire
d’une longue boucle rétroactive cortico-cérébello-thalamo-corticale (c’est-à-dire :
cortex moteur-noyaux du pont ( pédoncule cérébelleux moyen ( néocervelet ( noyau
dentelé ( PCS ( noyau ventro-latéral du thalamus ( cortex moteur). Cette boucle per-
mettrait au cervelet de participer à l’initiation et à la programmation des mouvements
balistiques qui sont trop rapides pour être corrigés en cours d’exécution, car le cerve-
let dispose d’une véritable mémoire motrice à la disposition du cortex moteur).
RETENEZ :
Le cervelet, le « petit cerveau », est organisé comme le cerveau avec des struc-
tures primitives et d’autres structures complexes, comme le néo-cervelet, qui
ajustent la motricité ainsi que l’apprentissage et la mémoire gestuelle.
3.1.4 Le thalamus
Les noyaux gris centraux sont composés du thalamus (figure 3.6) et du globus palli-
dus (pallidum) d’origine diencéphalique et du striatum (formé par l’association du
putamen et du noyau caudé) d’origine telencéphalique. On peut y associer fonction-
nellement le noyau sous-thalamique (corps de Luys) ainsi que la substance noire
mésencéphalique (locus niger).
Le thalamus est composé stricto sensu par des noyaux relais sur les voies
extrapyramidales en direction du cortex moteur : le noyau latéro-ventral antérieur
recevant des afférences du striatum et le noyau latéro-ventral intermédiaire recevant
les voies néocérébelleuses efférentes.
Le thalamus joue un rôle d’intégration, de réception et d’analyse des informa-
tions avant de les transmettre à la périphérie du cerveau : le cortex cérébral. Autrement dit,
le thalamus permet de traiter les informations sensitives avant de les transmettre au cortex.
128 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Cortex frontal
Cortex cingulaire pariétal, temporal
Noyau arqué
THALAMUS Noyau
gustatif
S N. superficiel
(latérodorsal) N.Postérieur
N. Pu
Antérieur M
Sensibilité
CGM auditive
NLVA NLVP
NLVI CGL
VO Sensibilité
Putamen, visuelle
Pallidum
Hippocampe
Figure 3.6
Thalamus
Organisation simplifiée du thalamus : Les compartiments du thalamus sont conservés ici pour permettre la systé-
matisation des régions en rapport avec des sensorialités.
(1) les noyaux ventraux : latéroventral (NLVA), latéroventral intermédiaire (NLVI), latéroventral postérieur (NLVP),
Noyau latérodorsal (re-dénommé noyau superficiel, S) ; (2) le noyau antérieur ; (3) la région médiane (M) et (4)
les régions postérieures avec le noyau postérieur (N.Post) ou pulvinar (Pu) ainsi que les corps genouillés
médians (CGM) et corps genouillés latéraux (CGL) qu’on s’accorde à classer comme des relais synaptiques
indépendants et non comme une région thalamique. Des régions périthalamiques, comme la région postérieure
du noyau arqué ou la région pallidale (VO) peuvent aussi être associées au thalamus.
RETENEZ :
Le thalamus est une structure par laquelle transitent toutes les informations
sensorielles avant de gagner le cortex (sauf l’olfaction).
pallidum envoie vers le cortex, via le thalamus, la commande des mouvements proxi-
maux automatiques accompagnant le mouvement volontaire. Il règle également le tonus
musculaire nécessaire à l’exécution motrice par l’intermédiaire de la réticulée qu’il
inhibe. Le pallidum est lui-même sous le contrôle inhibiteur du noyau sous-thalamique.
RETENEZ :
Les corps striés sont des structures associées au thalamus et qui régulent la
motricité.
3.1.6 L’hypothalamus
L’hypothalamus comprend lui-même des petits noyaux gris qui se prolongent par
deux glandes : l’hypophyse en bas, reliée par la tige pituitaire, et l’épiphyse en arrière,
par le ganglion cervical supérieur. L’hypothalamus est une région centrale du cerveau
disposée à sa base, juste au-dessus de l’hypophyse à laquelle il est relié par une tige
appelée la tige pituitaire (figure 3.7). L’hypothalamus joue un double rôle de sécré-
tion des hormones et de régulation du système nerveux végétatif (système nerveux
CERVEAU
Thalamus
Noyau supra-
chiasmatique
Corps TRONC
Infundibulum mammillaires CÉRÉBRAL
Hypothalamus
Hypothalamus antérieur périventriculaire
Chiasma Hypothalamus
Tuber
Réseau capillaire porte postérieur
Hypothalamico-hypophysaire
Artère Hypophyse
hypophysaire supérieure postérieure
Réseau hypophysaire
Hypophyse Veine hypophysaire
antérieure
Figure 3.7
Organisation schématique de l’hypothalamus. Situé à la base du cer veau, au-dessous du thalamus, l’hypothala-
mus est une structure neuroendocrine
capitale car elle contrôle la plupart des fonctions physiologiques et les comportements de base. Les principaux
noyaux qui seront décrits et cités : les noyaux supra-optiques et supra-chiasmatiques (non représentés mais voi-
sins des premiers), les corps mammillaires en arrière, les noyaux antérieurs, postérieurs, para- et périventriculai-
res. Le tuber est la tige portant l’hypophyse ; c’est une zone de stockage des neurosecrétats.
130 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
d’un système porte hypophysaire. Les hormones d’une région passent dans la
seconde et modulent réciproquement les deux zones. L’hypophyse nerveuse, reçoit,
à travers la tige hypophysaire et son insertion sur la base de l’hypothalamus, le tuber-
cule cendré, un flux important d’hormones hypothalamiques dont la libération est
essentiellement le résultat de l’activité cérébrale.
Cette centrale de commande neuro-endocrine est influencée par toutes les
informations afférentes sensorielles : température, luminosité, cycles journalier ou
annuel, faim, soif, satiété, plaisir, douleur…
Inversement, cette même centrale endocrine agit à long terme sur le niveau
d’activité et l’état des divers récepteurs. Elle agit en synchronisation avec l’épiphyse
pour assurer les rythmes biologiques.
RETENEZ :
L’hypothalamus est une structure neuro-endocrine importante reliée à tous
les comportements fondamentaux comme la faim, la soif, la sexualité, les
rythmes circadiens ; du fait de la sexualisation de cet organe, il module un
grand nombre de comportements sociaux ou agressifs.
3.1.7 L’épiphyse
À l’arrière du cerveau, entre les deux hémisphères, se trouve le complexe de l’épi-
physe, ou glande pinéale (l’œil pinéal des reptiles). Il a été retrouvé sur les squelettes
fossilisés de Vertébrés (agnates, placodermes), d’ancêtres de Poissons actuels, mais
également chez les Amphibiens et chez les Reptiles primitifs. Il s’agit d’une structure
mixte, sécrétrice et photoréceptrice, sensible aux variations de lumière, et elle inter-
viendrait dans la régulation des activités rythmiques, notamment la reproduction et le
métabolisme.
Chez les Oiseaux et chez les Mammifères, il était admis que la photorécep-
tion liée à la glance pinéale avait complètement disparu. Chez l’Homme, bien que
l’épiphyse subsiste et conserve ses propriétés sécrétrices (elle produit la mélatonine,
une hormone antigonadotrophique), on suppose que son rôle photorécepteur a dis-
paru. Néanmoins, on peut démontrer expérimentalement que le rôle de cet organe
dans les rythmes circadiens subsiste bien, même chez l’Homme.
Il a été en particulier montré que certaines cellules ganglionnaires de la rétine,
sécrétant la mélanopsine, émettent des axones dans l’hypothalamus et l’épiphyse.
Pla
nd
ec
ou
p
Circonvolutions
corticales
Figure 3.8
Coupe horizontale du cerveau
Coupe horizontale du cerveau humain. Sur cette coupe apparaissent clairement les circonvolutions et les nom-
breux replis du cortex humain, les noyaux gris centraux (NGC ; contrôle de la motricité volontaire), le thalamus
(Thal ; contrôle et intégration sensorielle), les commissures, des parties du corps calleux, qui sont d’énormes fais-
ceaux de fibres nerveuses reliant les deux hémisphères, l’une antérieure (CIA,) et l’autre postérieure (CIP), et les
ventricules cérébraux latéraux (VL). (Crédit : Laboratoire d’anatomie, Faculté de médecine de Nancy.) (À com-
parer aussi avec la coupe en tomodensitométrie de la figure 1.12.)
L’organisation du système nerveux 133
La figure 3.9 montre une coupe passant entre les deux hémisphères. Les
zones corticales de la face interne sont bien visibles : en haut, le cortex est longé par
une longue et large bande claire, le corps calleux qui représente la principale voie de
liaison entre les différentes structures cérébrales ; en bas, le retour cortical est dû au
cortex temporal dont la partie rostrale forme l’hippocampe avec sa « pointe » ou
uncus de l’hippocampe ; cette portion inférieure contient aussi le cortex entorhinal,
aire d’intégration de l’olfaction et de divers comportements instinctifs. Ces structures
sont une partie importante de l’ensemble fonctionnel constitué par le complexe lim-
bique qui est impliqué dans la régulation des actes comportementaux (figure 3.11).
La figure 3.10 permet de localiser les aires cérébrales. La plupart furent identi-
fiées vers 1909 par Brodman et la numérotation courante utilisée est : aire 1 = aire
pariétale ascendante, aires 2 et 4 = aires frontales motrices, aire 10 = cortex frontal, aires
17, 18 et 19 = aires visuelles, aires 40, 41, 42= aire auditive et des communications.
Sur les figures, on remarque les découpages importants du cortex cérébral. Ces
découpages forment des circonvolutions, des gyri (pluriel de gyrus : qui tourne) et des
Plan de coupe
Épi
Hyp Temporal
interne
Figure 3.9
Coupe verticale du cerveau
Coupe interhémisphèrique présentant la face interne de l’hémisphère droit. CG : Commissure grise ; Hyp :
hypothalamus ; Epi : épiphyse ; T : trigone. Ce plan de coupe est important à connaître car on y observe les
rapports fondamentaux entre les composantes neuronales du cerveau et la taille des éléments neuroendocri-
niens (l’hypothalamus et l’épiphyse ; zones hachurées) très petits, mais d’importance considérable sur l’activité
cérébrale. (Crédit : Service d’Anatomie, Nancy.)
134 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
scissures qui partagent le cortex en aires cérébrales fonctionnelles pour certaines comme
l’aire somesthésique, ou en aires associatives coordonnant plusieurs fonctions cérébrales
comme les aires de la communication (aires 22, 40, 44, par exemple), formant le gyrus
frontal, le gyrus angulaire et le planum temporal. Les lésions de ces aires produisent des
troubles du langage complexes, telles que les aphasies de Broca ou de Wernicke.
À leur tour, ces différents lobes sont creusés par des sillons qui forment des
plis appelés également circonvolutions. À l’intérieur du cerveau proprement dit, on
constate la présence de cavités : les ventricules. Ceux-ci sont remplis du liquide
céphalo-rachidien qui permet de nourrir et de protéger le cerveau. On décrit trois
ventricules : deux ventricules cérébraux latéraux, un dans chaque hémisphère du cer-
veau et un troisième ventricule qui correspond au diencéphale, au centre du cerveau.
Scissure de Rolando
Aire somesthésique : tactile
Aire
Aire frontale :
motrice
décisions, mémoire,
analyses
Aire de Broca
Aire de Wernicke
Aire occipitale :
vision
Scissure
de Sylvius
Aire temporale :
Face externe audition
Corps calle
ux
Thalamus
Aire occipitale :
vision Aire temporale Scissure
de la face interne de Sylvius
Face interne
Figure 3.10
Aires cérébrales
Localisation des principales aires cérébrales sur la face externe et sur la face interne du cerveau. Nous avons
limité ici les localisations aux principales aires. Elles seront citées à de nombreuses reprises au cours de
l’ouvrage. (Pour plus de détails, voir http://lecerveau.mcgill.ca.)
L’organisation du système nerveux 135
Artères
cérébrales Artères
moyennes cérébrales
postérieures
Artère
cérébrale Hypothalamus
antérieure
Chiasma Cervelet
optique
Artère
Artères
communicante
cérébelleuses
antérieure
Tronc
Artère basilaire Artères
carotide vertébrales
interne
Figure 3.11
Vascularisation cérébrale
Les territoires vasculaires du cerveau et les troubles associés à une interruption du flux sanguin. La vascularisation
cérébrale est organisée sous forme d’un réseau vasculaire centré sur le cercle artériel (artères communicantes)
placé à la base du cerveau, autour de l’hypophyse, sous l’hypothalamus, et formé par la confluence des artères
carotides externes, internes et du tronc artériel postérieur ou artère basilaire. Ce schéma regroupe quelques uns
des troubles neurologiques liés des altérations de l’irrigation sanguine dans quelques-unes des régions cérèbrales.
136 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
RETENEZ :
Le rôle des principales aires corticales : occipital : vision ; temporal :
audition ; pariétal : tact ; frontal ascendant : motricité ; frontal et
préfrontal : mémoire, décisions.
dien (LCR) qui draine la face interne de la moelle épinière et de l’encéphale via le
canal médullaire et les ventricules cérébraux. Enfin, il existe un ultime dispositif de
filtrage, la barrière sang-cerveau (BHE ou barrière hémato-encéphalique) qui protège
et régule les flux de substances parvenant aux neurones.
Le cerveau est irrigué par plusieurs troncs artériels qui sont en partie connectés
entre eux au niveau du collier qui encercle le tronc cérébral. Les carotides externes, les
carotides internes et le tronc basilaire convergent vers la base du crâne et se connectent
entre eux par des artères courtes dites troncs communicants. Ce dispositif forme le cer-
cle artériel de Willis qui encercle le tronc cérébral et à partir duquel repartent les artè-
res interhémisphériques et les artères sylviennes latéralement (figure 3.11).
En arrière, les deux troncs artériels vertébraux convergent pour former le très
gros tronc basilaire duquel partent les trois artères cérébelleuses. Le tronc basilaire
fusionne avec les troncs postérieurs du cercle artériel.
Les troncs veineux qui recueillent le sang cérébral emplissent les vastes espa-
ces sinusaires situés au-dessus de l’espace inter-hémisphérique : sinus sagittal supé-
rieur et en dessous du cerveau, le sang veineux draine le sinus caverneux lui-même
traversé par les carotides internes.
L’espace caverneux est important car il est traversé par le système porte-
hypophysaire via les artères et les veines hypophysaires. C’est là un double circuit
sanguin très important : d’une part, il apporte les métabolites destinés aux structures
hypothalamo-hypophysaires et d’autre part, il récupère les sécrétions endocrines libé-
rées par ces deux structures à destination des autres glandes et organes. Plus précisé-
ment, l’artère hypophysaire antérieure forme à l’interface hypophyse antérieure/
hypophyse postérieure des arcs artériels qui pénètrent l’infundibulum (la base de
l’hypothalamus). Ils se poursuivent par un second réseau qui s’étale dans l’hypophyse
antérieur avant de la quitter par la veine hypophysaire qui contient les diverses molé-
cules, hormones et peptides destinés à leurs cibles organiques.
Le drainage cérébro-spinal est assuré à l’intérieur du tube nerveux par le
liquide céphalorachidien. Le liquide céphalorachidien (LCR) est un exsudat du sang
filtré à travers la paroi épendymaire dont les cellules filtrent les nutriments et les divers
métabolites. Le LCR se distribue sur toute la face interne du cerveau grâce à la pres-
sion de filtration qui est faible. Le LCR circule dans le IVe ventricule, l’aqueduc de
Sylvius qui fait le jonction entre le tronc cérébral et le cerveau puis le IIIe ventricule.
Les ventricules I et II ou ventricules latéraux drainent les structures profondes, les
noyaux gris. Ces ventricules se diverticulisent fortement en avant pour former les cor-
nes antérieures des ventricules cérébraux drainant les couches internes des aires fron-
tales et des ventricules ventraux qui drainent les régions temporo-amygdaliennes.
La vascularisation cérébrale particulière permet, grâce au cercle artériel,
d’assurer une entrée de sang sous haute pression même si les flux venant des artères
carotides ou du tronc artériel sont défaillants si l’une ou l’autre des voies d’apport est
obturée ou s’il y a une fuite lors d’une hémorragie. La figure 3.11 récapitule les prin-
cipales conséquences neurologiques des défaillances de la vascularisation.
138 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Ions
Nutriments
divers
Acides
Glucose aminés,…
Ions
Acides
aminés Glucides,
sélectionnés lipides
Ions
Acides
aminés
Pieds
astrocytaires
CELLULE
NEURONE GLIALE
(astrocyte)
Capillaire sanguin
Figure 3.12
La BHE
La cellule gliale dans le tissu nerveux. Au départ de l’ontogenèse, les cellules gliales sont des auxiliaires de sou-
tien, des supports du développement cérébral. Leur nombre devient considérable pendant la croissance fœtale.
Les cellules gliales adultes sont des intermédiaires entre la circulation sanguine cérébrale et le neurone. Les neu-
rones ne sont nourris qu’à travers le filtre glial. C’est la barrière hémato-encéphalique (BHE). Les astrocytes fil-
trent les ions et en abaissent la concentration au niveau du neurone. Ce rôle de filtre, leur organisation en
réseaux d’interconnexions gliales, leur rôle dans la défense immunitaire, y compris celui d’éboueur du cer veau,
font des cellules gliales des auxiliaires essentiels de la vie des neurones, et pour certains auteurs, leur rôle
dépasserait la simple assistance pour intervenir dans l’intégration et la mémoire.
L’organisation du système nerveux 139
RETENEZ :
La vascularisation cérébrale est une composante importante du fonctionne-
ment cérébral. Elle comprend des gros troncs artériels qui irriguent le cerveau
en arrivant par la base du crâne et se distribuant à tout l’encéphale. Le retour
veineux passe par des sinus larges. Entre les deux, le drainage et l’alimentation
du tissu cérébral se résout près des capillaires proches des neurones formant
avec les cellules gliales protectrices la barriére hémato-encéphalique (BHE).
très fine approchant les 25 micromètres, donc de lire des activités de zones cérébrales
très réduites comme celles de l’hypothalamus.
La tomographie par émission de positons nécessite l’injection de quantités
infimes de molécules radioactives. Ces molécules s’accumulent dans certaines zones
préférentielles du cerveau ou d’un autre organe et se fixent spécifiquement puis émet-
tent des positons. Il s’agit de particules élémentaires de la même masse que l’électron
et de charge opposée. Le positon peut être considéré comme un électron issu de la
dégradation d’un nombre élevé d’isotopes radioactifs. Certains de ces isotopes sont
utilisés en médecine nucléaire.
Les isotopes sont des produits constitués d’atomes ayant le même nombre
d’électrons et de protons, mais pas de neutrons. Ils ont la propriété d’émettre des
rayonnements utilisés en thérapeutique (télécobalthérapie), ou pour faire un diagnostic
(iode, phosphore radioactif). Les molécules utilisées sont marquées par un isotope de
base constitutive de la matière vivante (carbone 11, O 15, N 13). Par l’intermédiaire
de ces isotopes, il est possible de « marquer », c’est-à-dire de laisser une trace sur cer-
taines molécules biologiques simples comme l’eau. Ces traceurs permettent ensuite de
mesurer le débit sanguin et celui du glucose (sucre) radioactif. On obtient de cette
manière une image de l’activité et du fonctionnement du cerveau. Autrement dit, cet
appareil renseigne sur la biochimie des organes, mais il nécessite l’utilisation d’un
marqueur radioactif qui émet des photons (grain de lumière) de très courte durée de
vie, d’où la présence nécessaire d’un accélérateur de particules à proximité immédiate
des appareils. Cela constitue un des inconvénients de la tomographie par émission de
positons, avec son coût. En effet, cet appareil ne peut fonctionner que s’il possède à
proximité de lui un cyclotron médical qui va fabriquer au fur et à mesure des radio-
isotopes qui ont une courte durée de vie.
C. L’électro-encéphalographie (EEG)
L’EEG permet l’enregistrement de l’activité électrique de l’encéphale en plaçant des
petits conducteurs faits de petites électrodes d’argent entourées de coton imprégné
d’une solution conductrice. Lorsque de nombreux neurones sont actifs en même
temps, leurs activités électriques s’ajoutent et peuvent être synchronisées pour former
les ondes caractéristiques de la veille active ou ondes bêta(β) (fréquence 18 à 24
ondes par seconde), de la veille diffuse ou ondes alpha (α) (fréquence 8 à 12 ondes
142 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
RETENEZ :
Les deux méthodes les plus courantes dans l’exploration du fonctionnement
cérébral sont l’imagerie (IRM, PET-scan) et l’exploration électrophysiologi-
que (EEG, Potentiels évoqués).
3.4 La neuro-immunologie
Le lien entre le système immunitaire et les organes sensoriels n’est pas admis depuis
longtemps. Il est même de découverte récente que le cerveau contient un système de
cellules gliales chargées de protéger les neurones contre les agressions bactériennes
et virales.
Il serait étonnant qu’il n’en soit pas ainsi, car les voies d’entrées d’agents
pathogènes dans le cerveau sont multiples. Les trajets des nerfs crâniens sont autant
de possibilités d’entrées par effraction. Les nerfs olfactifs, dont les cellules sensoriel-
les sont exposées à l’air libre dans les fosses nasales, permettent l’entrée de virus
divers ainsi que de particules qui entrent, malgré les capsules gliales qui entourent les
terminaisons nerveuses. Diverses pathologies inflammatoires comme le neuroepithe-
loma, une sorte de tumeur qui affecte le nerf olfactif, des neurinomes du nerf optique
mais aussi les tumeurs cérébrales sont la preuve que des agents pathogènes peuvent
entrer dans le parenchyme cérébral et qu’ils peuvent y faire des dégâts.
La protection cérébrale est donc particulière. Le sang, qui est la voie de péné-
tration la plus classique des agents pathogènes, n’entre pas en contact direct avec les
neurones. Les éléments véhiculés par le sang se trouvent séparés par la barrière
hémato-encéphalique formée des cellules endothéliales dont les pores sont fins et ne
laissent filtrer que des molécules nutritives et les gaz. Les molécules trop volumineu-
ses comme les protéines sont dégradées avant de traverser l’endothélium.
Le second niveau est celui des cellules gliales, comme des cellules microglia-
les, qui ressemblent avec leurs gigantesques tentacules très fins aux cellules dendriti-
ques observées dans tous les organes importants de l’immunité comme la rate ou les
ganglions lymphoides. Leur rôle est capital car il est probable que non seulement elles
empêchent l’entrée des particules étrangères mais elles doivent aussi assurer la sélec-
tion des anticorps appropriés aux antigènes. Les cellules gliales sont présentes partout
dans le parenchyme cérébral et également au niveau des parois épendymaires, au con-
tact du liquide céphalorachidien (LCR) contenu dans le canal rachidien et dans les
ventricules cérébraux. Le LCR est le liquide circulant à faible pression dans les struc-
tures nerveuses et il est formé à partir d’une ultrafiltration du sang à travers les cellu-
les épendymaires. Il est un autre vecteur d’agents pathogènes et nous en connaissons
quelques-uns comme les méningocoques.
144 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Raphé médian
Locus coeruleus
Ach
Dopamine (DA)
DA
Cellules hypothalamiques
TRONC CÉRÉBRAL
–
Ax
e
hy
po
th
ala
m
o-
hy
po
ph
ys
Corticotrophine air
releasing factor e
Hypophyse
Lymphokines
– Thymosine
+ Acétylcholine
Cellule
ACTH Ach
Phagocytaire Sérotonine
Cortex Cortico
surrénal stéroides Lymphocyte B Prolifération des lignées
+ cellulaires
Système
Lymphocyte T immunitaire
Antigène
Figure 3.13
Immunologie
Aspects de la neuroimmunologie. Nous avons représenté sur ce schéma du tronc cérébral et de la base du cer-
veau les éléments que l’on présume actuellement impliqués dans l’immunité cérébrale. L’interaction entre l’activité
cérébrale, le potentiel d’activité et l’immunité est maintenant bien avérée. Les corticoïdes surrénaliens sont parmi
les substances les plus actives sur l’immunité mais aussi on en connaît l’action sur le stress (voir chapitre 7). Cet
effet résulte de l’activité de l’axe hypothalamus-hypophyse-surrénal qui est modulée par les neurones centraux et
qui module elle-même le fonctionnement neuronal. Ces effets se répercutent sur l’immunité cellulaire et les capaci-
tés de prolifération des lymphocytes. Ces boucles neuro-endocriniennes passant par certaines composantes
immunitaires représentent des axes de recherches en neuropsychologie qui restent à explorer.
programmés pour synthétiser les anticorps. La programmation de ces cellules est réa-
lisée dans la rate par les cellules dendritiques sous le contrôle des cellules mémoires
qui reproduisent les paramètres géniques indéfiniment dans les ADN des lymphocy-
tes qui passent dans les prolongements dendritiques. Les plaquettes sanguines sont
formées dans la moelle osseuse.
Les astrocytes : ils sont dans le cerveau à la fois les lymphocytes et les cellu-
les dendritiques qui assurent la protection des neurones.
Les effets des éléments moléculaires et cellulaires sont liés. Les terminaisons
nerveuses activent, par l’adrénaline qu’elles libèrent, la vitesse de progression des
lymphocytes et leur rapidité à traverser les vaisseaux sanguins. Les substances libé-
rées par les facteurs moléculaires du complément stimulent les fibres nerveuses, en
particulier celles qui captent la douleur. Ces informations remontent vers les structu-
res centrales cérébrales. Ces réflexes de base contribuent à activer les différentes pha-
ses de la défense immunitaire.
C. La neuro-inflammation
La neuro-immunologie c’est aussi l’étude de l’inflammation qui survient dans le sys-
tème nerveux central. La quasi-totalité des troubles neurologiques, notamment les
maladies qui ont toujours été associées à l’inflammation, comme la sclérose en pla-
ques, et celles qu’on croyait purement dégénératives, comme la maladie d’Alzheimer,
comportent des éléments inflammatoires.
La neuro-inflammation est attribuable à la pénétration de leucocytes (glo-
bules blancs) dans le système nerveux et à la production de molécules immunitaires
par les neurones eux-mêmes. L’interaction entre les leucocytes et les neurones favo-
rise la neuro-inflammation et les lésions. Ces dernières années, les scientifiques ont
appris à apprécier les propriétés réparatrices de la neuro-inflammation et ont compris
L’organisation du système nerveux 147
que la ligne de démarcation est mince entre les effets bénéfiques et les effets négatifs
de ce processus.
La nature de cette protéine résistante reste encore à définir. On sait qu’elle est
impliquée dans diverses atteintes sévères du cerveau de type encéphalopathies,
comme la maladie de Kreuzfeld Jacob (variante ESB).
RETENEZ :
L’organisation immunitaire du cerveau est moins élaborée que dans le reste
du corps. La barrière sang-cerveau ne laisse pas entrer les cellules immuni-
taires. Ce sont des cellules gliales qui assurent l’élimination des antigènes,
des déchets et débris des neurones morts. Quand le système ne suffit plus les
produits accumulés deviennent neurotoxiques entraînant des dysfonctionne-
ments neuronaux.
Comme cela a été précisé dans l’introduction, l’activité du système nerveux, le fonc-
tionnement, la sensibilité des structures sensorielles et l’ensemble des incitations
comportementales sont étroitement liés à l’activité endocrine. Cet effet peut ne
dépendre que de l’activité métabolique générale modulée par les hormones thyroï-
diennnes, mais beaucoup plus spécifiquement, les performances sensorielles peuvent
être directement liées aux phases d’activité sexuelle elles-mêmes contrôlées par les
hormones sexuelles ou à des rythmes journaliers endocriniens.
Ainsi, nous savons que le seuil de sensibilité à certaines odeurs dépend des
périodes des cycles œstriens ou de l’état de satiété.
Les diverses hormones ou plutôt leurs facteurs d’activation comme FSH,
TSH, ACTH, LH ne seront pas décrites ici. Mais le rôle du système hypothalamo-
hypophysaire est fondamental.
3.5.1 L’hypothalamus
Les noyaux hypothalamiques ont été décrits plus haut (section 3.1.6). La sexualisation
précoce de l’hypothalamus est en relation avec la formation de la placode olfactive.
Certaines des cellules secrétant LH-RH (luteising-hormone-releasing-hormone) de la
placode olfactive primitive migrent au-delà de la région antérieure du prosencéphale
pour aller coloniser l’hypothalamus paraventriculaire embryonnaire. Cet épisode mar-
que les cellules hypothalamiques d’une empreinte sexuelle. L’absence de migration de
ces cellules, décrite dans le syndrome de Kallman, est associée à une non-différencia-
tion sexuelle et un syndrome d’hypogonadisme (syndrome adiposogénital).
Cette centrale de commande neuro-endocrine est influencée par toutes les
informations afférentes sensorielles : température, luminosité, faim, soif, satiété, plai-
sir, douleur… Inversement, cette même centrale endocrine agit à long terme sur le
niveau d’activité et l’état des divers récepteurs.
L’organisation du système nerveux 149
CE Q U ’I L F A U T R E T E NI R D U C H A P I TR E 3 : N E U R O A N A TO M I E
Explorer
Le fonctionnement de la moelle épinière
L’examen des réflexes et des signes neurologiques (Babinski, Laségue
par exemple : voir tableau 1.4) permet, bien souvent, une localisation
de l’anomalie médullaire.
Le contrôle de base est l’examen radiologique et, en particulier, la posi-
tion des racines médullaires par rapport aux trous vertébraux. Les trous
dits trous de conjugaison laissent passer les racines nerveuses et des
plexus sanguins. Leur examen en scanner ou en IRM permet de contrôler
les flux liquides ou l’existence d’éventuelles oblitérations. Pour un
meilleur examen, on injecte un produit de contraste par ponction lom-
baire (en L2-L3) pour l’examen des étages inférieurs et en cervical (C1-
C2) pour une myélographie cervicale.
Le fonctionnement du cervelet
L’examen du fonctionnement du cervelet se confond généralement avec
celui du système vestibulaire. On recherche donc à observer le maintien
de la posture, de l’équilibre en position orthostatique (debout) et de la
marche. Il est utile d’observer la marche du patient pour voir si elle est
altérée, titubante (comme la démarche ébrieuse du cérébelleux), sacca-
dée ou dandinante (dite « en canard » ; le patient doit contrôler chaque
étape de sa marche) On vérifie le triangle de sustentation pour savoir
s’il est exagéré et/ou instable (typique d’une atteinte cérébelleuse). On
cherche à savoir si le sujet chute (surtout chez les personnes âgées, voir
chapitre 7). Il faut préciser s’il existe une douleur centrale ou périphéri-
que au cours des mouvements. L’anamnèse (l’interrogatoire sur l’histoire
du malade ; voir chapitre 1) peut montrer des antécédents neurologi-
ques comme une épilepsie, un traumatisme crânien, un accident vascu-
laire, un problème psychiatrique (stasophobie par exemple). On
observera aussi le réflexe oculomoteur et vestibulaire (mobilisation de la
tête, test au fauteuil pendulaire, mesure du nystagmus).
L’activité thalamique et le fonctionnement cérébral
Ces structures interviennent dans le contrôle cognitif et comportemental.
On recherche tous les éléments qui sont impliqués dans le contrôle
visuo-spatiale, constructif, le langage, la mémoire, les comportements
en présence du praticien. L’interrogatoire est très important pour décrire
d’éventuelles manifestations neurosensorielles, cognitives ou comporte-
mentales inhabituelles. Le GREFEX (syndrome dysexécutif cognitif) est
recherché en mobilisant l’attention, l’intérêt pour les tests, les stratégies
éventuelles utilisées pour compenser un déficit ou les stratégies dévelop-
pées pour masquer le trouble cognitif. Les tests utilisables seraient : la
L’organisation du système nerveux 151
Résumé du chapitre 3
L’anatomie de l’axe spino-cérébral
Sauf le système olfactif connecté en avant de l’encéphale, tous les orga-
nes sensoriels envoient des nerfs qui sont soit les nerfs crâniens de 2 à
12, qui se connectent au tronc cérébral ou les nerfs de la sensibilité
périphérique qui se connectent par les racines médullaires postérieures
à la moelle épinière.
Les faisceaux de fibres nerveuses véhiculant les informations sensitives
« remontent » le long de la moelle et du tronc cérébral pour pénétrer
dans le thalamus avant de faire relais vers les autres structures cérébra-
les, en particulier vers le cortex cérébral. Les signaux sensoriels sont
intégrés et sont retournés vers les effecteurs musculaires, en particulier
par les voies descendantes motrices pyramidales et extrapyramidales.
Les informations sensorielles sont aussi intégrées dans des structures
régulatrices des comportements comme le complexe limbique et les cen-
tres hypothalamiques.
Le cerveau dispose d’un système de drainage complexe (le cercle arté-
riel) qui assure une vascularisation sous haute pression et un drainage
interne par le liquide céphalo-rachidien. Au niveau du tissu cérébral,
l’apport nutritif et la récupération des déchets métaboliques sont assurés
par la barrière sang-cerveau formée de cellules sanguines (endothélia-
les) et de cellules gliales.
Aspects fonctionnels des interconnexions entre les noyaux
– Le diencéphale assure, par l’intermédiaire du thalamus, la répartition
des informations sensitives puis, par l’intermédiaire de l’hypothala-
mus, la commande sur la sécrétion des hormones et des viscères.
– Les hémisphères cérébraux sont à l’origine des sensations conscien-
tes, de la cognition (facultés intellectuelles), des émotions et de la
motricité volontaire (effectuer un mouvement quand on le désire).
– L’ hypophyse est dite « le chef d’orchestre », car elle régule l’ensem-
ble des autres glandes de l’organisme à partir des données fournies
par l’hypothalamus.
156 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
QUE S T I O NS
1. Quelle est la sensibilité dont les fibres remontent dans la voie spino-
cérébrale ?
2. Dans une lésion thalamique, qu’observe-t-on ? Uniquement des troubles
de la vision ? Des troubles moteurs ? Une sensation de douleur
intense ? Divers troubles sensoriels et moteurs ?
3. Quelles sont les aires corticales (selon la nomenclature de Brodman) ?
4. Que représente le cercle artériel de Willis ?
5. Quels sont les éléments qui composent la barrière hémo-encéphalique ?
6. Quelles sont les cellules qui assurent la défense immunitaire du cerveau ?
Les lymphocytes ? Les cellules gliales ?
7. Quelles sont les principales fonctions neuro-endocrines de l’hypothalamus ?
8. Les hormones agissent-elles sur le cerveau ? Donnez un exemple.
L’organisation du système nerveux 157
RÉFÉREN C E S
1. Gosling J.A., Harris P.F., Whitmore I., Willan P.L.T., Anatomie humaine. Atlas en cou-
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2. Lacombe Michel, Abrégé d’anatomie et de physiologie humaines, Rueil-Malmaison,
Lamarre, 1998.
3. Marieb Elaine N., Biologie humaine. Anatomie et physiologie, Bruxelles, De Boeck,
2000.
S ITES
Anatomie du cerveau (images de l’Université de Washington, accès gratuit) :
http://www9.biostr.washington.edu/cgi-bin/DA/imageform
Cervelet :
http://www.anatomie-humaine.com/Le-Cervelet.html
Système endocrinien et hypothalamus :
http://www.cegep-ste-foy.qc.ca/profs/gbourbonnais/sf_181/powerpoint/
endocrino181.pdf
http://ici.cegep-ste-foy.qc.ca/profs/sparadis/images/syst-endocrinien.pdf
http://www.chups.jussieu.fr/polys/poles/
pole_endocrinologie_nutrition_nephrologie_diabetologie /hypothalamus/hypothala-
mus.pdf
Voies somesthésiques :
http://www.neur-one.fr/11a_somesthesie_sensorial.pdf
CHAPITRE
4
Les organes sensoriels
Figure 4.1
Olfaction
Lame Localisation des structures olfactives. L’air chargé de
criblée de molécules ayant une signification odorante entre dans
l’ethmoïde les fosses nasales. Une très grande partie de l’air part
dans le pharynx pendant l’inspiration et remplit les
Bulbe poumons. Une très faible partie, sous l’effet de la pres-
olfactif sion, passe à travers les méats situés à la base des
trois crêtes turbinales pour entrer dans les cornets, ces
petites cavités tapissées par les cellules neuroépithélia-
Ai les olfactives. Les molécules légères (des gaz comme
r+ NH4 ou CO2) remontent sur les crêtes supérieures. Les
Od
AIR
des de Bowman. Le liquide sécrété du côté supérieur des crêtes turbinales s’écoule
vers les canaux d’évacuation du canal de Schlemm, puis dans les narines.
Cette sécrétion joue plusieurs rôles : elle aide à la régulation de la tempéra-
ture du sang de l’étage céphalique, car la grande surface développée par les crêtes tur-
binales fortement vascularisées constitue un échangeur thermique. On estime que ce
dispositif peut modifier de 10 % la température du sang arrivant au cerveau. Si on sait
qu’en hiver, une grande partie du sang reflue dans les zones corporelles centrales et
céphaliques, on peut comprendre l’importance du nez dans la gestion métabolique et
la « goutte au nez » n’est que la traduction de la formation d’eau « vapeur » excéden-
taire éliminée par la chaleur du sang.
Les sécrétions de Bowman ont un autre rôle dans l’entretien (le nettoyage) de
l’épithélium et la régulation des constituants qui baignent les tentacules sensoriels.
Les tentacules sont déplacés en permanence par l’écoulement du mucus. Des molé-
cules d’odeurs pénètrent par millions dans les narines, mais du fait de la position en
retrait derrière les crêtes, environ 10 % seulement des molécules parviennent à l’épi-
thélium. Les molécules odorantes accèdent aux crêtes olfactives selon leurs densités ;
les plus lourdes s’arrêtent aux crêtes inférieures et les plus légères montent vers les
crêtes supérieures. Certaines molécules ayant un rôle social et que l’on classe dans les
phéromones, malgré leurs dimensions, montent assez haut dans les narines pour
entrer en contact avec une zone épithéliale centrale appelée l’organe septal, très réduit
chez l’homme, mais suffisamment présent et efficace pour que les tests d’olfactomé-
trie incluent des items destinés à éliminer les réponses septales.
La reconnaissance des odeurs qui entrent en contact avec des récepteurs
membranaires situés sur les tentacules se déroule comme la reconnaissance antigène
anticorps. L’analogie est tellement vraie que le codage et la synthèse des récepteurs
membranaires sont contrôlés par plus de 200 gènes situés sur le chromosome 17, à
côté des gênes contrôlant une structure génique relative à l’immunité, le complexe
majeur d’histocompatibilité (CMH). En fait, le système de reconnaissance entre les
molécules biologiques est la forme que l’évolution génétique a retenue, parmi
d’autres, car elle permet aussi l’identification des molécules étrangères à l’organisme.
Certains récepteurs savent reconnaître des odeurs associées à des comportements
humains et leurs signaux sont intégrés comme tels par les étages corticaux supérieurs.
Le mécanisme de l’olfaction commence à être bien connu. Néanmoins, des
théories sur le codage des odeurs ont vu le jour, et des expériences ont démontré que la
sensibilité olfactive de l’homme conditionne toujours certains de ses comportements.
Comme la gustation, l’olfaction est un sens chimique, mais l’analyse des
odeurs est un processus bien plus complexe que celui de l’analyse des saveurs. Si une
saveur se classe selon cinq primaires (l’amer, le sucré, l’acide, l’umami, ou le salé),
la gamme de l’odorat semble beaucoup plus étendue. Par le passé, les chercheurs ont
tenté d’identifier les primaires de l’odorat. Ils en ont recensé, selon les théories, entre
4 et 44 ; toutefois, aucune de ces théories n’a pu être retenue, faute d’expliquer com-
plètement le phénomène olfactif. Aujourd’hui, les analyses géniques ont montré que
les cellules olfactives portent sur leurs tentacules des molécules réceptrices des
Les organes sensoriels 163
odeurs qui sont codées par un grand nombre de gènes situés dans des clusters bien
identifiés aussi bien chez la Drosophile, chez la Souris que chez l’Homme. Plus de
400 gènes ont été reconnus. Ainsi, les cellules sensorielles portent probablement plu-
sieurs récepteurs moléculaires et des cellules sensorielles différentes présentent des
combinaisons différentes. Comme les très fins axones émis par les millions de cellu-
les convergent vers quelques milliers de glomérules olfactifs situés en périphérie du
bulbe olfactif, c’est finalement un décryptage de la mosaïque des combinaisons de
potentiels de récepteurs des différentes cellules porteuses de divers récepteurs qui va
constituer le premier message nerveux représentant le codage d’une ou de plusieurs
odeurs.
Les molécules odorantes sont transportées jusqu’aux deux niveaux de saisie
des molécules odorantes. Le stimulus est composé de molécules à l’état gazeux ame-
nées par le mouvement inspiratoire qui crée un courant gazeux circulant sur les crêtes
turbinelles ; à ce niveau a lieu un premier tri des molécules odorantes en fonction de
leur taille et de leur mobilité dans le support gazeux. Il y a là deux modalités de sti-
mulation soit par la voie nasale, soit par la voie rétronasale (depuis la cavité buccale,
à travers le pharynx, permettant par exemple d’exprimer les composés aromatiques
des aliments). La molécule active doit entrer en contact direct avec la muqueuse ; en
outre, pour être « active », elle doit présenter une composition chimique qui la rend
capable d’entrer en interaction avec les cellules réceptrices et la muqueuse olfactive.
On peut observer expérimentalement que le seuil de réponse aux odeurs est extraor-
dinairement bas : pour les corps chimiques les plus actifs (les plus odorants), ce seuil
peut atteindre une dilution au milliardième. Chez le chien, le seuil est un million de
fois plus bas. La latence d’une sensation est d’environ 0,5 s chez l’homme. La sensa-
tion croît en fonction de l’intensité de la stimulation. La structure moléculaire est un
facteur fondamental de la capture des odeurs par le mucus, puis de l’accrochage de
ces molécules avec des protéines chaperons qui facilitent l’accrochage des odeurs sur
les récepteurs membranaires, puis de l’identification de la molécule odorante par le
récepteur. Si la molécule se fixe au récepteur membranaire adéquat, elle enclenche la
cascade des réactions membranaires passant par l’INSP3 (Inositol Phosphate) jusqu’à
la protéine G. L’une de ces protéines G est assez spécifique de la transcription des
odeurs en un message métabolique puis électrique.
La complexité du phénomène olfactif réside dans le fait qu’un récepteur
donné réagit fréquemment de façon comparable face à des molécules de familles chi-
miques différentes, et que ses réponses divergent pour des molécules chimiques très
proches. De même, il est difficile de trouver chez deux récepteurs des réponses tota-
lement et constamment identiques.
Pourtant, des observations ont montré que les molécules d’une même famille
d’odeurs stimulent globalement toujours les mêmes zones de la muqueuse ; ces
observations ont donné naissance à la notion de codage spatial des odeurs. Chaque
odeur serait ainsi caractérisée par une activation géographique spécifique de la popu-
lation neuronale, et chacun des neurones stimulés contribuerait à la détermination de
l’odeur.
164 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
RETENEZ :
L’olfaction est une chémosensibilité et elle est la sensibilité la plus primitive
des Vertébrés. Il existe des molécules d’identification des odeurs sur les ten-
tacules des cellules olfactives de l’épithélium situé dans la cavité nasale.
Même s’il est avéré que l’odorat a perdu de son importance chez l’homme, il
conditionne encore, de façon consciente ou inconsciente, un grand nombre de nos
comportements sociaux. Nos relations avec autrui sont souvent influencées par les
odeurs. Ne dit-on pas : « Je ne peux pas sentir cette personne » ? L’odeur ou le par-
fum sont les premiers éléments que nous percevons d’autrui à distance ; ce sont aussi
des éléments déterminants dans la séduction.
Mais alors que dans nos sociétés on cherche à masquer les odeurs corporelles,
considérées comme gênantes, on introduit dans les parfums des fragrances animales
susceptibles de stimuler le désir. Le souvenir d’un parfum, puissamment évocateur,
peut persister très longtemps car la mémorisation des odeurs s’opère par des circuits
reliant directement les voies olfactives primaires aux circuits de Papez (voies tempo-
rales-frontales-hippocampiques). Le succès de l’industrie du parfum se fonde sur ces
données ; la styliste Coco Chanel considérait le parfum comme une parure indispen-
sable à la femme.
Les organes sensoriels 165
L’olfaction est le premier sens en éveil chez le nourrisson qui peut reconnaître
sa mère à l’odeur, alors que sa vue est encore très imparfaite. Si on présente à un bébé
en pleurs différents tee-shirts, seul celui que sa mère a porté peut l’apaiser. Il semble,
dans d’autres cas, que les odeurs puissent agir sur nous par des mécanismes non seule-
ment inconscients, mais également imperceptibles. Enfin, la gastronomie est sans doute
le domaine dans lequel l’odorat joue encore un rôle très important, et ce au même titre
que le goût. Qui pourrait en effet nier l’importance sociale, physiologique et la valeur
hédonique du parfum que dégage une bonne table rehaussée d’un vin chambré à point ?
Système
limbique
Le système olfactif
des vertèbres Thalamus
Cortex
orbitofrontal
Cortex entorhinal
Ethmoïde Hippocampe
gl CGI1
Nerf olfactif Cerveau
cm
Hipothalamus
CGI2
Bulbe
Glomérule
olfactif
= réseau
de décodage
Cellules olfactives
Phénomènes
odeurs sociales Organe
odeurs d’aletes voméronasal
Figure 4.2
Bulbe olfactif
Le système olfactif. Les cellules réceptrices (cellules caliciformes) sont situées dans le neuroépithélium qui tapisse
les crêtes turbinales dans les fosses nasales. Les très fins filets nerveux, qui sont les axones des cellules olfactives,
traversent la lame criblée de l’éthmoïde pour s’insérer dans le bulbe olfactif. Plusieurs centaines de terminaisons
axoniques s’implantent au même point de la surface du bulbe formant des centaines de glomérules olfactifs.
Chaque glomérule est délimité par des petits neurones associatifs ou neurones périglomérulaires et par une cap-
sule de cellules gliales entourant une énorme arborisation dendritique d’une ou de quelques cellules mitrales
(CM : les très gros neurones équivalents aux neurones pyramidaux du cortex). Du bulbe olfactif sortent des axo-
nes destinés au noyau olfactif et au cortex entorhinal. La sortie de l’analyseur olfactif n’est pas connectée direc-
tement au thalamus comme les autres sensorialités, mais elle transite d’abord par le cortex orbitofrontal avant de
se rendre au thalamus. (CGl1 et CGl2 : complexes glomérulaires ; Gl : glomérule.)
Figure 4.3
NEZ Air 0-10 l/min Olfactomètre
du sujet Principe d’un système d’olfacto-
V
mètrie. Un tel système est parti-
Débimètre culièrement utile pour explorer
Odeur 1 de façon précise les réponses
aux odeurs. Le sujet porte un
masque ou une sonde nasale.
Les odeurs sont appliquées par
Thermostat un dispositif de flux aérien por-
Odeur 2 Odeur 1 teur de l’odeur test dont le
V V débit, la pression et la dilution
Vide des molécules d’odeurs sont
V maîtrisés. Pour plus de justesse
dans les tests, on doit appli-
Air quer la loi des gaz (PV/T =
humidifié constante) pour que la dilata-
Synchronisation Synchronisation tion des gaz portant l’odeur et
stimulations stimulations entrant à 37°C dans le nez ne
modifie pas les paramètres.
168 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
A. L’hyposmie et l’anosmie
L’hyposmie est très souvent relatée par les malades. Lorsque l’altération a été identi-
fiée en proposant quelques tests utilisant des odeurs familières, son origine doit être
Les organes sensoriels 169
recherchée car il peut s’agir d’un trouble temporaire lié à une obstruction nasale, à la
prise de médicament, à une destruction des récepteurs par une inhalation massive
d’odeurs ou de molécules agressives (le tetroxyde d’osmium détruit une très grande
quantité de cellules olfactives). Cette épreuve est aussi l’une des méthodes de traite-
ment de certains troubles comportementaux accompagnés d’hallucinations olfactives
(comme certaines schizophrénies).
B. Le syndrome de Kallmann
Cette maladie tire son origine de plusieurs altérations survenant dans la migration de
cellules de la paroi de l’allantoïde vers la placode olfactive embryonnaire. Certaines
de ces cellules, des cellules à GnRh, sont destinées à migrer vers l’hypothalamus ou
elles contribuent à la sexualisation hormonale et sont impliquées dans la puberté.
L’altération du gène KAL 1 nuit à la synthèse d’une protéine présente dans le système
olfactif, l’anosmine, qui serait à la fois une protéine d’adhésion des neurones (cellules
mitrales) et un substrat de développement embryonnaire du système olfactif. Une
conséquence précoce est l’absence de formation du bulbe olfactif ; l’autre consé-
quence observable plus tardivement est un hypogonadisme (syndrome adiposogéni-
tal) comportant le maintien de caractères gonadiques femelles (pas de maturation des
lignées de spermatogonies) malgré des caractères sexuels secondaires mâles.
C. L’holoprosencéphalie et la septodysplasie
Elles sont souvent associées à de sérieux problèmes de développement cérébral ; la
vésicule céphalique ne se divise pas en deux et ne forme pas les bulbes olfactifs, car leur
développement nécessite la formation d’un cortex frontal. L’anosmie est ici encore pri-
maire puisqu’il n’existe pas d’organe sensoriel. Il existe divers intermédiaires allant
d’une microcéphalie et septodysplasie, et dans ce cas les formes d’idiotie ou de retards
mentaux sévères minorisent les troubles sensoriels. Les formes moins graves comme
l’holoprosencéphalie avec le maintien d’un fente palatine ouverte (bec de lièvre) peu-
vent avoir des conséquences sur les capacités d’apprentissages et les contacts sociaux.
L’absence de système olfactif est, chez ces sujets, responsable de divers trou-
bles de communication et sociaux plus ou moins sévères. Nos explorations montrent
des altérations sévères de la mémoire des odeurs dans l’épilepsie temporale, chez les
patients souffrant d’Alzheimer ou chez ceux atteints de la maladie de Parkinson, ainsi
que dans de nombreuses atteintes liées à l’autisme. Les observations utilisant le test
de Pennsylvanie (UPST : University of Pennsylvania Smell Identification Tests) per-
mettent de mettre en évidence des atteintes portant sur les odeurs familières, culinai-
res, des confusions et, chez certains patients épileptiques, certains rapportent des
hallucinations olfactives (odeurs nauséabondes, odeur de brûlé). Divers troubles neu-
ropsychologiques comme la schizophrénie comportent également des atteintes olfac-
tives difficiles à objectiver par l’imagerie ou les potentiels évoqués.
La gustation assure la détection des qualités chimiques des aliments. Elle est liée à
l’organisation des cellules sensorielles regroupées dans les papilles gustatives qui
sont elles-même alignées en un double V sur la langue (le V lingual).
Figure 4.4
Nerf
glossopharyngien Gustation
Bourgeons du goût La gustation est une senso-
rialité qui, comme l’olfac-
tion, se classe dans la
chémosensibilité, les sens
Amer chimiques. Le rôle des
récepteurs gustatifs dans la
Acide prise alimentaire et dans
l’appréciation de l’hédo-
Salé nisme des aliments est
Sucré important dans le comporte-
Corps cellulaires dans le noyau ment alimentaire. Chaque
solitaire (bulbe) papille gustative contient
Nerf facial (VII) des cellules sensorielles gus-
Thalamus tatives équipées de longues
microvillosités apicales.
Comme les cellules olfacti-
Aire gustative
ves, ces cellules sensorielles
(cortex pariétal somesthésique)
se renouvellent à partir des
cellules basales.
C’est peut-être la sensorialité la plus étudiée. Les voies d’intégration visuelles ont
atteint une complexité corticale très supérieure chez l’homme à celle des autres Mam-
mifères, ce qui fait que les processus centraux de la vision sont encore mal cernés. La
vision, étant très élaborée, joue un rôle important dans les activités humaines.
Les organes sensoriels 173
Sclérotique
Figure 4.6
Table de Monoyer
La très classique échelle
optométrique de Monoyer
est utilisée par tous les prati-
ciens pour une évaluation
sommaire des performances
visuelles. La table est placée
à environ 5 mètres, bien
éclairée et le sujet place un
cache en carton devant un
œil puis devant l’autre. Il
doit identifier les caractères
désignés par le manipula-
teur. Son équivalent pour les
enfants qui ne connaissent
pas les caractères est une
échelle figurant des ani-
maux. Un autre test courant
est la planche de test de
Parinaud, comportant de
petits morceaux de texte
dont la taille est croissante.
RETENEZ :
L’œil est d’abord un instrument d’optique comportant une série de structures
formant des lentilles fortement convergentes, la cornée avec la chambre anté-
rieure d’une part et le cristallin d’autre part (soit plus de 30 dioptries).
4.3.2 La rétine
A. Nature et fonctions
Cette assise cellulaire contient les cellules et les produits nécessaires à la transforma-
tion de la lumière en signaux électriques (figure 4.7). Les cônes et les bâtonnets sont
les cellules photosensibles.
176 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Fovea
Couche
pigmentaire -
Bâtonnets Cônes
Cellule
horizontale
Cellule
Cellule bipolaire
de Muller
Cellule
amacrine
Cellule
ganglionnaire
LUMIÈRE
Figure 4.7
Rétine
Organisation schématique de la rétine. La rétine est un feuillet formé de « lames » cellulaires superposées. La
rétine des Vertébrés est dite inverse car la lumière doit traverser les couches cellulaires pour atteindre les cellules
sensibles. La couche la plus externe est la couche pigmentaire, dans laquelle s’interpénètrent les prolongements
apicaux des cellules de la couche des cellules sensorielles, cônes et bâtonnets. Une couche de neurones d’inter-
connexion se trouve sous les cellules sensorielles, ce sont les cellules bipolaires. Enfin la couche la plus interne
est la couche de cellules intégratives, les cellules ganglionnaires ou multipolaires. On trouve aussi des cellules
associatives traversantes comme les cellules horizontales et les cellules amacrines, ainsi que des cellules nourri-
cières et de soutien comme les cellules de Muller.
Lumière
Canal sodium de
courant d’obscurité
Membrane Rh
Transducine
5-GMP c-GMP
Figure 4.8
Pigment
La dépolarisation des cellules sensibles à la lumière résulte d’une interaction entre les photons et les substances
chimiques situées sur la membrane cellulaire et dans la cellule photosensible. La substance s’appelle la rhodop-
sine (PDE = phosphodiestérase ; GMP : guanosine monophosphate.). Sa transformation par la lumière ouvre un
canal sodium (canal rhodopsine) qui laisse entrer des ions, ce qui forme un potentiel de récepteur dont l’ampli-
tude est proportionnelle à la quantité des photons qui ont activé la rhodopsine.
log B λ
Figure 4.9
Courbes
Adaptation
des cônes
Ces courbes montrent la dualité et les diffé-
rences de performances des deux types de
cellules visuelles. Les cônes, cellules opé-
rant en forte luminosité et sensibles aux
couleurs du spectre de la lumière du jour
Adaptation
(vision photopique) sont peu adaptables et
des bâtonnets
les bâtonnets (vision nocturne scotopique)
prennent leur relai quand la luminosité
baisse. Quand le sujet reste un temps crois-
sant dans l’obscurité, on voit que ce sont
les bâtonnets qui s’adaptent le mieux et
Temps d’obscurité (minutes) restent efficaces dans les faibles luminan-
Courbe d’efficacité des cellules rétininnes ces. Ce type de courbe montre que les per-
(Bλ: luminance de l’objet) formances de l’appareil visuel dépendent
étroitement des conditions d’examen.
effet la libération de transmetteur, le glutamate, par les synapses des cellules rétinien-
nes. La réponse post-synaptique crée un potentiel post-synaptique excitateur (PPSE)
qui est fortement modulé par l’assemblage des dendrites locales. Un système de jonc-
tions dendrodendritiques utilisant du GABA assure un système d’inhibition locale
dite réciproque. Ce processus est fondamental dans la formation des images, car il
ajuste le contraste grâce à des mécanismes de verrouillage de champ synaptique placé
autour d’une cellule visuelle. Ceci forme une frange non excitable autour de chaque
neurone dite zone d’occlusion.
178 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Synapse
Neurones
Potentiels
Repos d’action
Temps
– – Stimulus – –
Actif Potentiels
d’action
Temps (barres verticales = 1 PA)
Figure 4.10
Neurones de la rétine
Mécanismes de l’inhibition latérale dans la rétine. Ce schéma résulte de mesures faites à l’aide de microélectro-
des placées près des cellules visuelles chez l’animal. Au repos, (tracés du haut) toutes les cellules ont la même
cadence de potentiels d’action (petits traits verticaux). Quand la stimulation lumineuse active le centre (neurone
hachuré), en gagnant les cellules environnantes, la dépolarisation crée une inhibition via les synapses GABAer-
giques. Ceci est la réponse dite « centre-on » où l’on voit que la cadence des potentiels d’action (les petites bar-
res verticales) est diminuée. Cette réponse est la fonction responsable du contraste visuel des images que nous
percevons. Ceci montre que les cellules de la rétine procèdent à un encodage des paramètres des stimulations
lumineuses tels que la dimension du stimulus dans le champ visuel ou l’intensité, ou le déplacement dans le
champ visuel.
Les organes sensoriels 179
Figure 4.11
Fond de l’œil
Vaisseaux L’observation du fond de l’œil en utilisant un bio-micros-
rétiniens cope permet de voir nettement la vascularisation réti-
nienne. Les vaisseaux sanguins entrent et sortent par la
Macula tache aveugle qui est aussi la zone d’émergence du
Fovéa nerf optique. La fovéa, la région riche en cônes sensi-
bles à la lumière colorée, se situe dans la zone du spot
visible sur l’image et en occupe à peu près la surface.
Le reste des zones irriguées correspond au reste de la
Disque optique rétine, c’est-à-dire une très grande surface dans laquelle
(tache aveugle) se trouvent les bâtonnets. La mise au point récente de
système d’optique adaptative devrait permettre, en com-
binaison avec un système de gestion informatique, de
voir les cellules visuelles sur cette image passant ainsi
d’une résolution de 50 micromètres à 3 micromètres.
(Service Ophtalmologie, CHU Nancy.)
A B
Œilleton
d’observation
Observateur
Jeu de lentilles
montées sur deux
disques tournants
Ampoule
et piles
Figure 4.12
Ophtalmoscope et ophtalmomètre
Un modèle d’ophtalmomètre dit de Javal (A, à gauche : la tête du sujet est placée de manière stable sur l’étrier.
Le tube ophtalmométrique vise un œil. Le dispositif envoie une fenêtre calibrée et le praticien, dont l’œil est
placé derrière l’oculaire, observe le reflet avec la partie biomicrosope. L’image de la fenêtre doit se superposer
à celle observée, sinon il y a une déformation de la cornée comme dans l’astigmatisme (Cliché : service
d’Ophtalmologie ; CHU-Nancy). L’ophtalmoscope (B, à droite) : l’ophtalmoscopie est une technique d’examen
utilisant un outil d’examen simple mais très utile pour regarder la cornée et le fond de l’œil. Le dispositif est cons-
titué d’une optique de focale réglable qui permet au praticien de regarder l’œil et d’un système d’éclairage
(dans le manche) qui traverse l’optique en direction de l’œil examiné et permet d’illuminer les différentes cham-
bres oculaires. (Cliché : service d’Ophtalmologie ; CHU-Nancy , Courtesy Heine-Optoteknics.)
180 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
RETENEZ :
La rétine est une membrane formée à partir du cerveau antérieur. Elle contient
des cellules photosensibles, les cônes chargés de pigments sensibles à trois cou-
leurs et les bâtonnets, ne contenant qu’un pigment sensible au noir et blanc.
Ces cellules se relient à deux couches de neurones, les cellules bipolaires et les
celllules multipolaires dont partent les axones qui forment le nerf optique.
A Amplificateur B
b Électrode
cornéenne
Lumière
Électrorétinogramme C
Micro-
électrode
Stimulation
Rétine
Lumière
Figure 4.13
ERG
On peut obtenir une trace des variations de courant électrique produit par les dépolarisations successives des cellules
de la rétine lorsqu’un faisceau lumineux active les cônes ou les bâtonnets. Ce tracé s’appelle l’électrorétinogramme
(ERG). A : L’enregistrement de l’activité électrique des cellules rétiniennes fait partie des méthodes d’explorations élec-
trophysiologiques. Une électrode est posée sur la cornée, l’autre est placée sur une zone neutre (sur la tempe par
exemple). Les variations de courant montrent une succession d’ondes liées à l’activation des différentes cellules de la
rétine. L’occurrence des phénomènes avec les dépolarisations des cellules est contrôlée chez l’animal par le position-
nement d’une microélectrode au contact direct de chaque type de cellules de la rétine. On décrit sur l’ERG : l’onde a,
la dépolarisation des cellules réceptrices, l’onde b, la réponse de cellules associées comme les cellules bipolaires et
l’onde d qui apparaît à l’arrêt de l’éclairement. On rapprochera ces réponses de l’effet « inhibiteur » décrit dans la
figure 4.10. On peut ainsi obtenir des réponses scotopiques, (en B) liées aux réponses des bâtonnets (luminance 1
candéla/m2) et les réponses scotopiques (en C), dues aux réponses des cônes (luminance 100 candéla/m2).
Les organes sensoriels 181
La réponse a-b correspond à l’activation des récepteurs par l’allumage d’une lampe.
L’amplitude des ondes dépend de la couleur de la lumière, de son intensité et de l’adap-
tation préalable à l’obscurité. Une onde c apparaît lors de l’arrêt de l’éclairement.
L’ophtalmologue teste la vision des couleurs au moyen des tables d’Ishihara,
dont une planche est extraite dans la figure 4.14. Elles permettent de diagnostiquer
une dyschromatopsie ou anomalie de vision des couleurs (environ 10 % des garçons,
0,5 % chez les filles). Le test comporte une vingtaine de planches dans lesquelles le
sujet doit identifier des chiffres sur un motif formé de pastilles colorées.
Figure 4.14
Tables d’Ishihara
La vision des couleurs : les tables d’Ishihara permettent
d’identifier des anomalies de vision des couleurs ou dyschro-
matopsies, comme le Daltonisme ou les troubles moins mar-
qués telles que les trichromatopsies ou les dichromatopsies.
Les pastilles sont colorées en utilisant des nuances de cou-
leurs particuliéres au type d’anomalie recherchée, et dont
certains points tracent des chiffres qui sont mal identifiés ou
ne sont pas vus chez les sujets présentant un trouble de
vision des couleurs. Les tables complètes en couleur sont visi-
bles sur : http://daltonien.free.fr/daltonien/article.
php3?id_article=6
182 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Figure 4.15
Voies visuelles
Sur la vue 3/4 arrière du cerveau, nous
avons tracé sommairement les voies
optiques. Il est important de voir les rap- Thalamus
ports de ces structures par exemple au
niveau de la base du crâne où les voies
optiques croisent au niveau du chiasma
en avant de l’hypothalamus. Après le
croisement, les fibres forment les corps
genouillés. Ceux-ci se connectent sur les
tubercules quadrijumeaux qui eux-
mêmes se branchent sur la région pos-
térieure du thalamus (pulvinar). (Voir :
http://lecerveau.mcgill.ca pour plus de
détails.)
Nerf optique
Corps
Région genouillés
Chiasma Hypothalamus-
optique hypophyse (en
arrière du
chiasma optique)
B. Corps géniculés
En quittant le chiasma, le nerf optique forme un angle, le genou, et se rend vers les
tubercules quadrijumeaux postérieurs. Toujours très stratifiées, selon l’organisation
rétinienne puis celle du nerf optique, les fibres nerveuses se disposent dans les tuber-
cules quadrijumeaux selon leur provenance rétinienne. Dans cet étage, l’analyse des
signaux est liée aux déplacements des images, à leur position, et aux contrastes. En
effet, les tubercules quadrijumeaux sont collés au pôle postérieur du thalamus. Or cette
structure intègre de manière systématique toutes les informations sensorielles et le
mouvement détecté par l’œil est ainsi dissocié en ses paramètres visuels, labyrinthi-
ques, propriocepteurs (donc sensibilité musculaire) ou encore tactiles éventuellement.
Le fonctionnement du thalamus pourrait se comparer à une structure de logis-
tique. Le thalamus entre en repos quand le triage et les interrupteurs des formations
réticulées s’ouvrent. Les informations sensorielles n’arrivent plus au cerveau. Le tha-
lamus ne trie plus rien. Il ne transmet plus rien au cortex qui lui aussi se met en veille.
Nous le verrons, c’est l’un des aspects du sommeil. Les commandes sensorielles du
thalamus concernent les signaux venant du côté homolatéral (même côté) ; mais, du
fait de la décussation, des informations contralatérales (du côté opposé) sont contrô-
lées par une structure ancienne logée dans la profondeur du parenchyme et qui étend
son action à tout le cortex, c’est la structure hippocampique. Elle joue un rôle très
important dans notre quotidien. Sa structure et ses fonctions dans le transfert des
informations sensorielles d’un hémisphère à l’autre et dans l’acquisition de la
mémoire seront développées dans la section 6.2 « La mémoire ».
Les organes sensoriels 183
C. Aires optiques
Le thalamus, après intégration des signaux visuels, redistribue les informations trai-
tées vers le cortex primaire situé sur le pôle le plus postérieur du cerveau, le pôle occi-
pital. Dans la nomenclature de Brodman, c’est l’aire 17. Là, les mesures en potentiels
évoqués montrent que l’organisation, neurone ganglionnaire par neurone ganglion-
naire, fibre par fibre, se retrouve dans le cortex primaire. La stimulation d’un neurone
par un fin pinceau de couleur appropriée déclenche la formation d’un potentiel évo-
qué dans le cortex de l’aire 17.
Les informations visuelles intégrées, associées à d’autres informations sen-
sorielles, comme le mouvement ou des odeurs, sont envoyées vers l’aire voisine,
l’aire 18. Les stimulations sensorielles y évoquent des images simples. Enfin, dans
l’aire dite de gnosie visuelle, l’aire 19, les stimulations visuelles ou des stimulations
transcrâniennes de cette aire évoquent des scènes visuelles vécues chez le sujet
(figure 4.16). Globalement, les informations visuelles empruntent deux voies : l’une,
ventrale, est destinée au cortex temporal et permet une perception dynamique des
images et les impressions colorées. L’autre voie, dorsale, est destinée au cortex parié-
tal et concerne l’analyse du mouvement et des formes.
Cortex
pariétal
ale
rs
do Formes
ie
vo mouvements Cortex
Formes (V3A) frontal
positions (V5)
Thalamus
Taches
colorées Cortex temporal
ale
ventr formes dynamiques
voie
Formes (V3) couleurs
mouvements (V4) Rétine
Cortex occipital Corps geniculé Nerf optique
Cervelet
Figure 4.16
Voies visuelles
L’organisation des voies optiques est présentée ici de manière simplifiée. Le nerf optique apporte des signaux
électriques dont la fréquence contient le codage des paramètres des images qui ont été formées sur la rétine. Le
codage concerne la forme, la couleur, l’extension dans l’espace, la position dans l’espace, les déplacements.
Une grande partie de la préparation et du tri des images est faite par les couches neuronales des tubercules
quadrijumeaux ce qui permet d’assurer des actions comportementales rapides et adaptées sans transiter par le
cortex frontal ou temporal. La distribution des informations par le thalamus postérieur projette les signaux en
fonction de leur contenu vers des zones du cortex adaptées à l’interprétation et à la mémorisation.
184 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
RETENEZ :
Le nerf optique formé dans chaque œil donne un très gros faisceau qui croise
au chiasma optique, sous la base du cerveau, puis forme des corps genouillés
qui se fixent sur l’arrière du thalamus au niveau du pulvinar. Du thalamus,
les radiations optiques envoient des fibres vers le pôle occipital postérieur ou
aire visuelle.
RETENEZ :
Les anomalies visuelles touchent l’appareil optique, son système moteur, les
voies visuelles à différents niveaux et les centres cérébraux chargés d’analy-
ser et mémoriser les images.
– Vision des couleurs : les tables d’Ishihara, inventées depuis plus d’un siècle,
sont formées d’une mosaïque de pastilles colorées représentant des figures ou
des nombres qui ne sont reconnus que dans une vision normale. Les planches
sont conçues pour identifier les anomalies de type dyschromatopsies tel que
le daltonisme (figure 4.14).
– Échographie oculaire : écho A pour la mesure de la longueur axiale de l’œil
(22-23 mm) et écho B bidimensionnelle pour l’examen du pôle postérieur de
l’œil (catarcte, hémorragie, décollement de rétine)
RETENEZ :
Les techniques d’examen de la vue sont le plus fréquemment des mesures des
caratéristiques optiques de l’œil et de ses altérations. Lorsqu’on soupçonne
des altérations rétiniennes l’examen du fond de l’œil est fait avec l’ophtal-
moscope. Les altérations qui affectent les voies visuelles et les projections
corticales utilisent l’imagerie et l’EEG.
Niveau sonore
en décibels (dB)
160
BOEING 140
TONDEUSE
100
À GAZON
Retenez aussi le fait que les vibrations sont transmises vers l’oreille interne
par la voie de la conduction aérienne, par le conduit auditif, par le tympan, par les
osselets, puis par le liquide endolymphatique de la rampe tympanique. L’autre voie
est dite conduction osseuse, qui fait directement vibrer l’ensemble de l’appareil
osseux, comme le fait un diapason dont le pied est posé derrière l’oreille. Nous ver-
rons plus loin que, selon le cas, la surdité venant d’une altération des voies aériennes
peut être en partie compensée par la transmission des sons qui produisent des vibra-
tions limitées de l’os temporal.
L’oreille moyenne (figure 4.18) : entre la membrane tympanique et l’oreille
interne s’interpose un mécanisme destiné à atténuer l’amplitude des vibrations, c’est la
chaîne des osselets : le marteau, l’enclume et l’étrier. Même si la taille et le poids des
osselets sont très petits, leur mobilisation n’est possible que dans la gamme des fréquen-
ces normalement perçues par l’homme. Les infrasons de moins de 20 Hz ne passent pas
l’os temporal et les ultrasons au-delà de 20000 Hz ne sont pas perçus. Le dernier osselet,
l’étrier, est collé sur la membrane de la fenêtre ovale fermant l’oreille interne.
La chaîne des trois osselets fonctionne dans une cavité qui est ouverte sur la
cavité naso-pharyngée par un conduit, la trompe d’Eustache. Ce tube cartilagineux est
fermé au repos. Mais s’il s’ouvre, les variations de pressions buccales ou nasales
modifient la pression dans cette cavité au-dessus ou en dessous de la pression atmos-
phérique. Cela revient à faire plus ou moins bomber ou rentrer la membrane tympa-
nique, donc à déplacer l’alignement des osselets. Nous connaissons spécialement cet
effet dans la plongée sous-marine ou lorsqu’on monte en altitude. La déformation du
tympan alors tendu est douloureuse car un nerf, la corde du tympan, qui est un rameau
du nerf facial VII, contourne le tympan. Dans ces cas, la déglutition permet de rétablir
une pression de part et d’autre du tympan.
L’oreille interne est formée d’un système labyrinthique qui comprend à la
fois le système cochléaire, dit aussi limaçon, en raison de la forme de la cochlée, et
les canaux semi-circulaires, qui sont les trois tubes perpendiculaires les uns par rap-
port aux autres ayant pour fonction de détecter les mouvements de la tête.
Les deux systèmes sont reliés entre eux par des réservoirs de liquide
endolymphatique : les saccules et l’utricule. En effet, le liquide baignant le tube
cochléaire est identique à celui qui se trouve dans les canaux semi-circulaires.
D’ailleurs, nous le verrons, le principe de détection est identique. Il n’y a qu’une
modification simple de l’élément mécanique transmetteur : c’est un cristal de cal-
cium, l’otolithe, collé aux cils des cellules sensorielles dans les canaux et c’est un
bourrelet membranaire, la membrane tectoriale, collée aux cils dans la cochlée.
La cochlée est cloisonnée sur sa longueur par la lame basilaire pour former
trois chambres ou rampes, dont deux plus volumineuses sont reliées entre elles. La
rampe située au-dessus de la membrane osseuse centrale ou lame basilaire, est la
rampe vestibulaire fermée à son extrêmité par la fenêtre ovale. La rampe placée au-
dessous de la membrane basilaire est la rampe tympanique qui est fermée par la fenê-
tre ronde. Le petit canal central creusé dans la lame basilaire est appelé rampe
Les organes sensoriels 191
A B
Canaux semi-
circulaires :
équilibration,
mouvements de la tête
Tympan, osselets
Cochlée : audition
C
Cochlée = deux
tubes accolés :
rampe vestibulaire
+ rampe tympanique
D RV
RC
GC MB
RT
CA (Organe de Corti,
cellules auditives
internes et externes)
Figure 4.18
Audition
L’appareil vestibulo-auditif est situé derrière l’oreille, dans la capsule otique (A). En (B), la structure grossie de
cet appareil. La cochlée, l’appareil interne de l’audition, agrandie en C, est formée de deux tubes accolés
enroulés en spirale et obturés à une extrêmité par la fenêtre ronde qui ferme la rampe tympanique (RT) et la
fenêtre ovale qui ferme la rampe vestibulaire (RV). Les deux fenêtres sont situées du côté de la cavité de l’oreille
moyenne. L’étrier est collé sur la membrane fermant la fenêtre ovale. En D, une coupe de la cochlée. Les cellules
auditives (CA) (voir fig 4-19) reposent sur la membrane basilaire (MB) et leurs cils baignent dans l’endolymphe
riche en ions potassium de la rampe cochléaire (RC), isolée des RV et RT. Ce sont les oscillations de la MB qui
produisent les déplacements des cils.
Stimulation :
oscillations de
Cellules auditives la membrane basilaire Cellules auditives
internes ou de l’otolithe externes
Membrane tectoriale
Ca2+
K + Liquide K+
endolymphatique
K+
Cellule
de soutien
Réticulum
endoplasmique
Myofibrilles
noyau
GLU
GLU
GLU
GABA GABA
Fibres venant du
ganglion de Corti
Membrane basilaire
Afférences vers
les cellules ganglionnaire Oscillations produites par les sons
Figure 4.19
Cellules auditives
Les cellules ciliées qui tapissent la rampe cochéaire, forment la partie sensorielle de l’organe de Corti. Les cils
sont collés à la membrane tectoriale rigide et c’est la membrane basilaire qui oscille selon la fréquence des sons.
Cela provoque des déplacements des cils qui ouvrent des pores membranaires et laissent entrer du calcium. Ces
ions Ca2+ activent des réactions chimiques intracellulaires. À la fin de la cascade de réactions, du glutamate, un
neurotransmetteur activateur passe sur les structures post-synaptiques qui forment un potentiel postsynaptique exci-
tateur (PPSE). Notez la particularité des cellules externes qui contiennent des myofibrilles contractiles. Ainsi en se
contractant selon la fréquence des sons elles modulent les oscillations de la membrane basilaire.
Les organes sensoriels 193
phe baignant les cellules que dans les cellules. Ces entrées d’ions produisent la forma-
tion d’un courant de dépolarisation gradué dépendant directement de l’intensité des
vibrations. Ce n’est qu’en passant à la dendrite de la deuxième cellule placée dans le
ganglion spiral ou ganglion de Corti qu’apparaîtra un potentiel d’action.
Ce mode de transduction des sons vaut aussi bien pour les cellules auditives
des deux rangées internes, que pour les cellules externes alignées sur trois rangs légè-
rement décalés les uns par rapport aux autres. Les cellules internes répondent direc-
tement aux fréquences et à un point de la membrane basilaire, les quelques cellules
concernées ne répondent qu’à une fréquence assez ciblée.
Les cellules externes ne répondent pas à une telle règle stricte de fréquence.
Elles contiennent des éléments élastiques dans leur cytoplasme qui les font réagir aux
fréquences en se contractant « au rythme de la musique ». En fait, cette propriété rend
les cellules externes capables de coder les harmoniques des sons qui entrent dans
l’oreille. Ces particularités des cellules externes et leurs positions externes au sein de
la cochlée les rendent sensibles aux variations externes comme la température, aux
chocs, aux atteintes traumatiques. Des altérations ioniques peuvent entraîner des con-
tractions spontanées des cellules externes artefactuelles gênantes que l’on nomme les
acouphènes (des bourdonnements d’oreille), qui sont des auto-émissions sonores
restreintes à l’oreille interne, mais qui parasitent la perception auditive des patients et
peuvent, chez certains patients, être audibles par le médecin au cours de l’examen.
RETENEZ :
Les sons qui pénètrent dans l’oreille externe subissent une atténuation par la
chaîne des osselets de l’oreille moyenne. Le dernier osselet est inserré sur la
membrane de la fenêtre ovale fermant la cochlée à une extrêmité. Les vibrations
de cette membrane sont transmises par le liquide endolymphatique à la rampe
tympanique qui en oscillant met en mouvement les cellules auditives contenue
dans la canal de Corti. Ce sont seulement les cellules dont la position sur la rampe
correspond à une fréquence qui répondent en libérant un neurotransmetteur.
X Audition normale
X
Audition normale X
Légère perte d’audition
50 X 50
Figure 4.20
Audiométrie
L’audiogramme est un graphique sur lequel on a reporté les réponses perceptives du sujet auquel on envoie des
sons de fréquence et de puissance variables à travers des écouteurs. Chaque fois que le sujet dit entendre, il
appuie sur un bouton et on note le point sur le diagramme. Pour un sujet d’audition normale (x), les réponses jus-
que 3000 Hz se situent dans le haut du graphique. Plus les altérations sont sévères, plus les réponses se déca-
lent vers le bas comme dans le cas d’une surdité sévère (●). Le diagramme de droite donne une répartition
approximative des zones du graphique caractérisant des troubles auditifs.
Les organes sensoriels 195
Test de Weber
Diapason
1 2
sur le front
Test de Rinne
1 2
Test audiométrique
Diapason
derrière
l’oreille
Test acoumétrique
Figure 4.21
Acoumétrie
Les tests acoumétriques de base. Un diapason mis en vibration est placé à côté de l’oreille ou le pied du diapa-
son est posé derrière l’oreille ou au sommet du crâne du sujet. Ce sont les épreuves de Weber et les épreuves de
Rinne (estimation d’une surdité de perception ou d’une surdité de transmission). À droite, le sujet por te des écou-
teurs reliés à un appareil qui délivre des sons de fréquence et de puissance variables : c’est l’audiométrie.
L’audiométrie tonale liminaire est faite en envoyant des sons purs dans l’oreille ; le sujet indique s’il perçoit un
son. On peut ainsi dresser l’audiogramme de la figure 4.20. Dans l’audiométrie vocale on teste la capacité de
reconnaissance des mots prononcés par l’expérimentateur.
4.5 Propriocepteurs
Le maintien de l’équilibre postural ne résulte pas que d’un seul organe sensoriel, mais
d’un ensemble d’informations issues de divers récepteurs et d’intégrations sensoriel-
les coordonnées. De ce fait, lorsqu’on a devant soi un patient qui présente des problè-
mes de maintien en position orthostatique (debout), il faut s’interroger sur les
différentes causes possibles et recourir à un ensemble de méthodes assez variées pour
préciser à quel étage du système de la régulation posturale se trouve l’anomalie.
L’équilibre du corps est assuré :
– par les récepteurs des canaux semi-circulaires situés dans l’organe vestibulo-
auditif, qui analysent la position de la tête dans l’espace et l’accélération de
la rotation de la tête ;
196 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
– par les yeux, qui envoient des informations de positions définies par les ima-
ges en trois dimensions ;
– par l’état de tension des muscles et des articulations, qui est évalué par les
propriocepteurs situés dans les muscles – ce sont les fuseaux neuromusculai-
res – et par les récepteurs placés dans les articulations – ce sont les organes
neurotendineux.
Toutes ces informations convergent vers la principale structure chargée de
régler l’équilibre : le cervelet qui lui-même contrôle les muscles via les voies céré-
bello-spinales assurant la position du corps ; mais en même temps, il fait remonter les
informations de position vers les centres cérébraux comme ceux qui assurent les
réflexes oculo-céphalogyres (qui déterminent automatiquement le rattrapage du
regard quand la tête tourne).
Canaux
semi-circulaires
Canal semi-
circulaire
antérieur
Canal semi-
circulaire
externe-
horizontal
Utricule
Saccule
Figure 4.22
Structure vestibulaire
Organisation du système vestibulaire. Ce système est formé de trois canaux membraneux semi-circulaires reliés
entre eux au niveau des utricules et des saccules, communs à la cochlée et où se forme le liquide endolymphati-
que riche en K+. À la base de chaque canal se trouve une ampoule contenant comme la saccule des cellules
ciliées au-dessus desquelles flottent des cristaux de calcite, les otolithes. En se déplaçant, les otolithes déplacent
les cils et font s’ouvrir des canaux ioniques provoquant la formation d’un potentiel de récepteur.
RETENEZ :
L’équilibration est assurée par l’appareil vestibulaire comportant des canaux
semi-circulaires. Les cellules ciliées qui le tapissent utilisent la position des
cristaux ou otolithes collés aux cils pour convertir ces déplacement en poten-
tiels d’action. Ces signaux sont surtout transmis aux cervelet.
Stimulation :
oscillations de
la membrane basilaire
Otholites ou de l’otolithe
Ca2+
K+
Cellule type I Cellule type II
K+
Ca2+
Actine +
fodrine
Ca2+ Cellule
de soutien
noyau
GLU
GABA
Efférences
Afférences Efférences
Figure 4.23
Cellules de l’équilibre
Organisation des cellules vestibulaires. Les déplacements des cristaux (otolithes) dans le liquide baignant les cellu-
les font bouger les cils apicaux sur les cellules. Cela laisse entrer du calcium qui active des synthèses cellulaires et
en particulier celles d’un transmetteur, le glutamate (GLU), qui active la portion post-synaptique (PS). Les fibres PS
sont destinées au noyau vestibulaire. Notez la présence de fibres libérant du GABA, un neurotransmetteur inhibi-
teur, destiné à moduler la dépolarisation des cellules de type I. Les cellules de type II reçoivent des collatérales des
dendrites afférentes et forment une modulation latérale des activités cellulaires. Notez la similitude de fonctionne-
ment avec les cellules auditives (voir http://www.vestib.org/chap4anatphysio/physiocelletcomp.html).
Ces récepteurs ont beaucoup de points communs dans leur organisation, leur
structure et leur rôle sensoriel avec ceux de la sensibilité tactile (voir section 4.6.2 et
4.6.4). On prle aussi de la sensibilité kinesthésique.
La kinesthésie est la sensibilité intramusculaire détectant l’état général des
muscles, leur position absolue et relative. Ces informations sont conscientes pour per-
mettre une réponse volontaire adaptée ou inconsciente, en particulier, celles qui for-
ment des arc réflexes médullaires ou qui ne font que circuler dans le cervelet.
La boucle gamma est formée typiquement par une innervation sensitive
située au sein du muscle, qui émet des potentiels dont la cadence indique l’état d’éti-
Les organes sensoriels 199
rement du muscle ; si le muscle est étiré, cela produit une salve de potentiels qui
active un motoneurone situé dans la corne antérieure de la moelle. Ce motoneurone
répond en agissant sur le muscle concerné.
Ce type de réponse rapide est produit par la percussion dans le réflexe rotu-
lien ou le réflexe achiléen. La boucle ne constitue donc pas une forme d’activité
motrice, mais représente l’activation d’une unité motrice. Tous les éléments sensori-
moteurs et les éléments d’intégration cérébelleuse et cérébrale émettent des fibres
descendantes qui s’achèvent par une synapse sur des motoneurones médullaires.
C’est ce que l’on nomme la « voie finale commune ». Cette voie représente l’ensem-
ble des phénomènes modulateurs qui jouent sur les milliers de synapses comme sur
un clavier et assurent l’harmonie et la précision des mouvements de nos membres.
Les éléments impliqués dans la coordination motrice étant très nombreux, les
dysfonctionnements qui peuvent les affecter ne le sont pas moins.
CERVEAU Cortex
Corps calleux
Noyau
gris
Thalamus
Muscles
oculaires Noyau
rouge
Noyau Pédoncules
oculo- Formation cérébelleux
Vermis moteur réticulée
Noyau
pontique
vestibulaire
Appareil
Noyau
vestibulaire
Nerf VIII
Noyau
dentelé
TRONC
CERVELET CÉRÉBRALE
Voies proptioceptives
ascendantes
Voies vestibulaires et cérébelleuses de l’équilibre
Figure 4.24
Voies vestibulaires
Équilibration-proprioception. Les canaux semi-circulaires de l’oreille interne sont chargés de détecter les mouve-
ments de la tête ainsi que les déplacements relatifs du corps ou les accélérations. Les informations données par
l’organe vestibulaire sont coordonnées et comparées à celles délivrées par les organes propriocepteurs des ar ti-
culations. L’ensemble des données est intégré par le cervelet d’une part et par les zones du cortex moteur
d’autre part. les ajustements utiles aux mouvements, aux gestes ou aux actions complexes résultent de la syner-
gie des ordres envoyés par le cortex moteur, les noyaux gris centraux et le cervelet.
Rotation de la tête
Contraction Figure 4.25
Contraction Muscle droit Réflexe oculaire
interne Représentation schématique
Œil Œil du mécanisme du réflexe
gauche droit vestibulo-oculaire. Ce
Muscle droit
externe réflexe est important car il
assure la stabilité correcte
de la vision de l’environne-
ment lorsque nous nous
déplaçons ou si des élé-
ments de l’environnement
bougent. Ce réflexe inter-
vient dans la plupart de nos
comportements exécutifs
pour ajuster les gestes à la
vue des objets. Lorsque la
tête tourne pour suivre un
III III objet en mouvement,
Bandelette l’action conjuguée des yeux
longitudinale
IV IV et des canaux semi-circulai-
supérieure
res agit sur des noyaux bul-
VI VI baires qui contrôlent la
Canaux semi-
circulaires contraction des muscles ocu-
laires de telle sorte que
VM VM l’objet mobile repéré reste
dans l’axe optique et est tou-
jours vu net.
202 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
B D
30
Fréquence du nystagmus
20
T D G 10
Amplificateur - Enregistrement
1 2 34 5 6 10 18
Accélération maximale degré/sec2
Figure 4.26
Nystagmus
Les épreuves au fauteuil pendulaire permettent d’induire des rotations des yeux comme la poursuite visuelle ou le
nystagmus. Les mesures de la fréquence des nystagmus ou de la stratégie centrale utilisée pour réaliser la coor-
dination de la motricité des yeux et de la tête sont intéressantes pour dresser un diagnostic de divers troubles de
l’équilibre (A). Le sujet est assis dans le fauteuil pendulaire (B, photo en cartouche ; cliché société Amstred) qui
peut être animé de mouvements de rotation dans un sens puis dans l’autre avec une vitesse ajustable. Les ajuste-
ments visuels sont observés lorsqu’on arrête le fauteuil brusquement. Les déviations du regard (nystagmus optoci-
nétique) dont les mouvements (secousses nystamiques) sont mesurés (C) permettent de dresser un diagramme de
fréquence des déviations nystagmiques (D).
Les organes sensoriels 203
A. L’hémiplégie
Elle est une conséquence d’une lésion interrompant ou détruisant les voies de con-
trôle de la motricité unilatérale.
La rééducation conduit l’hémiplégique à utiliser les systèmes non affectés.
Cela représente une mise en jeu considérable de la plasticité cérébrale en imposant la
formation de nouvelles fibres et de nouvelles synapses. Cela impose un réajustement
des éléments sensoriels impliqués dans l’équilibre. Si les informations propriocepti-
ves sont détruites, c’est par exemple la vue qui assurera la compensation en réajustant
l’équilibre et en contrôlant la marche. Un tel système de compensation se voit et
s’entend dans la marche du tabétique (syphilis touchant le cervelet). La sensibilité
proprioceptive des membres inférieurs est très altérée et le malade ne peut marcher
qu’en contrôlant le niveau de soulèvement de son genou, l’angle du pied, puis regarde
où le pied va se poser, il pose le pied au sol, etc., ce qui donne une marche décompo-
sée avec des mouvements trop amples et un claquement du pied qui ne sent pas le con-
tact avec le sol.
L’équilibre de l’hémiplégique se caractérise par une augmentation de la sur-
face d’appui en appui bipodal et par un transfert d’appui vers le côté sain, d’autant
plus marqué qu’il s’agit d’une hémiplégie gauche. Ceci est interprété comme un déca-
lage de la référence égocentrée du côté de la lésion cérébrale. Dans les conditions de
déprivation sensorielle étudiée sur Equitest, les patients hémiplégiques privilégient
Les organes sensoriels 205
B. Les paraplégies
Ce sont des troubles de la motricité affectant les membres des deux côtés.
C. La maladie de Parkinson
Les troubles de l’équilibre chez le parkinsonien sont dominés par une perte des réac-
tions d’équilibration et une diminution des ajustements posturaux anticipateurs. Il en
résulte un retard à l’initiation du mouvement ainsi qu’à sa réalisation en particulier en
condition d’équilibre instable. Cette perte d’adaptation rend ces patients particulière-
ment sensibles aux chutes lors de déséquilibres internes (réalisation d’un geste) ou
externes (déstabilisation par une poussée).
Au niveau de la régulation de l’équilibre, les études ont montré chez ces
patients une contribution préférentielle des afférences visuelles sur les afférences pro-
prioceptives ou vestibulaires.
Au niveau de l’équilibre, l’utilisation de tests cliniques permet de différencier
les patients parkinsoniens à risque de chutes des autres. S’il n’existe pas de différence
significative en appui bipodal, on observe chez les patients chuteurs une diminution
significative de la durée maximale d’équilibre en appui unipodal.
D. Syndromes cérébelleux
L’augmentation des oscillations posturales du cérébelleux est connue de longue date.
L’utilisation d’une plate-forme de force permet de quantifier l’augmentation de la
surface du stabilogramme et de suivre l’évolution des troubles sous l’influence d’un
traitement. Dichgans et coll. ont dégagé de l’enregistrement stabilométrique quelques
éléments plus spécifiques, en particulier l’augmentation privilégiée des oscillations
antéropostérieures dans les lésions vermiennes et des oscillations latérales dans les
lésions spinocérébelleuses.
E. Ataxies proprioceptives
La perte des afférences proprioceptives des membres inférieurs est compensée par
une sollicitation préférentielle des afférences visuelles bien mise en évidence par le
test de Romberg. Dans les formes frustes, l’examen clinique peut être complété par
206 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
une évaluation sur plate-forme de force qui permet d’objectiver une valeur élevée du
quotient de Romberg.
F. Polynévrites
La neuropathie diabétique entraîne une augmentation des oscillations posturales
mesurées sur plate-forme de forces. Dans les neuropathies évoluées, la perte des affé-
rences périphériques et le déficit moteur se conjuguent pour rendre inefficaces les
stratégies de cheville et périlleuse l’initiation du pas (steppage). La prise en compte
de ces déficiences doit conduire dans les formes évoluées à un chaussage adapté qui
rigidifiera l’extrémité du membre inférieur tandis que l’on privilégiera l’équilibration
à partir des stratégies de hanche.
G. Les vertiges
La sensation de vertige se caractérise par une sensation visuelle et mentale désagréa-
ble qui va de la difficulté à fixer des éléments devant soi jusqu’à la sensation de tour-
ner ou de voir tourner les objets dans le champ visuel ou même dans sa tête, les yeux
fermés (ce que l’on dit « tournis »). La sensation peut apparaître en lien avec des
migraines, ou se développer lors de mouvements de tête brusques ou lors de change-
ments de position (passage brutal en position debout après une position couchée).
Les vertiges sont plus fréquents avec l’âge et c’est l’une des plaintes fréquen-
tes d’inconfort. Les chutes sans raison apparente, non liées à des syncopes par exem-
ple, sont également assez fréquentes chez les personnes âgées, et leurs causes seront
développées à la fin de cet ouvrage (voir aussi 7.5.2).
Le vertige paroxystique positionnel résulte du fait que les cristaux de calcium
otolithiques peuvent sortir de la région maculaire en provoquant des vertiges pénibles
lors des changements de position (coucher ou lever du lit).
La maladie de Ménière (appelée l’otocodynie) est une maladie complexe
affectant l’oreille interne. Le malade présente des vertiges rotatoires et des nausées,
des troubles auditifs (acouphènes) parfois gênants et une perte d’audition plus ou
moins durable. Les vertiges fréquents deviennent très gênants dans le quotidien. Ces
symptômes seraient dus à une augmentation de la pression du liquide endolymphati-
que, provoquant donc une distension des régions sensibles.
ques ou chimiques. Ces fibres sont distribuées partout dans notre corps selon les ter-
ritoires embryologiques (somites, dermatomes).
De la sorte, nous pouvons distinguer les catégories de fibres suivantes :
– la sensibilité tactile superficielle discriminative,
– la sensibilité profonde (viscérale),
– la sensibilité thermique,
– la sensibilité nociceptive et la douleur,
– la sensibilité proprioceptive (sens du mouvement et de la position, consciente
ou non).
Chaque sensibilité dispose de récepteurs périphériques plus ou moins diffé-
renciés. L’information circule sur des fibres spécifiques d’un 1er neurone dont le
corps cellulaire est situé dans le ganglion spinal de la racine dorsale. L’axone du
2e neurone croise la ligne médiane et se termine dans le thalamus. Le 3e neurone tha-
lamico-cortical apporte l’information au cortex sensitif primaire.
Corpuscule
de Meissner
Corpuscule
de Pacini
Figure 4.27
Corpuscule
Deux exemples de corpuscules tactiles : le corpuscule de Meissner à gauche et le corpuscule de Pacini (pres-
sion, vibration) à droite. Ces deux organites tactiles sont des adaptations des extrêmités des dendrites des cellu-
les situées dans les ganglions spinaux. Tous deux sont des terminaisons réceptrices encapsulées. Les corpuscules
de Meissner sont placés sous le derme, assez proches de la surface, tandis que les corpuscules de Pacini, sou-
vent assez gros, sont situés en profondeur, dans l’hypoderme. Notez que la peau contient également des cor-
puscules de Merckel (récepteur de contact) et des corpuscules de Ruffini (tension, étirement) également situés
dans le derme et l’épiderme.
Les organes sensoriels 209
sipe dans le sens du glissement des couches les unes sur les autres. Ainsi, la pression
reçue par la fibre est fortement atténuée et présente une valeur adéquate pour qu’elle
présente une marge d’efficacité sensorielle avant saturation (figure 4.28). La marge
dans laquelle les pressions provoquent une élévation progressive du potentiel de
récepteur se situe entre 0 et 0,5 bar.
Le corpuscule de Pacini est un exemple de récepteur adaptable, c’est-à-dire
que ses réponses ne durent pas aussi longtemps que les stimuli. Cependant, si l’on
« épluche » les tuniques par une dissection fine et qu’une pression est appliquée
directement sur la fibre nue, la réponse est durable. C’est donc une autre fonction du
bulbe terminal qui, en dissipant les forces, limite la durée des réponses du corpuscule.
Lorsque le potentiel du récepteur atteint la valeur seuil, il provoque l’activa-
tion de la zone génératrice située au premier noeud de Ranvier qui suit le bulbe. Il naît
alors un potentiel d’action qui se propage de noeud en noeud jusqu’au corps de la cel-
lule ganglionnaire situé dans le ganglion rachidien.
A Corpuscule de Pacini B
Axone myélinisé
Corpuscule
sans capsules
Potentiel Potentiel
Stimulus Stimulus
mécanique mécanique
Figure 4.28
Corpuscule de Pacini
Formation du potentiel générateur et du potentiel d’action dans un corpuscule tactile. En A, la fibre s’adapte très
rapidement et forme un potentiel si la dépolarisation est suffisante, donc si la pression a atteint une amplitude
adéquate. Il apparaît alors des potentiels au début, c’est l’effet « on », puis à la fin du signal, il y a effet « off ».
En B, on a détruit la capsule et la fibre nerveuse est libre, mais elle ne peut plus répondre que par un plateau de
potentiel sans adaptation, ainsi, il ne peut pas y avoir de codage en fréquence des stimuli.
Notez que c’est dans la terminaison encapsulée que se forment les potentiels gradués. Les potentiels d’action
(les pics du tracé) se forment au niveau du premier nœud de Ranvier (l’interruption de la gaine de myéline ; flè-
che vers le bas du dessin).
210 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Épaule
Poignet Pied
Main
Index
Orteils
Visage
Corte
x parié
tal
Lévres
Langue
Pharynx
Figure 4.29
Somesthésie
Organisation des projections somesthésiques (tactiles) sur le cortex pariétal. Cette représentation sous forme d’un
corps schématique et déformé (homoncule) a été obtenue en stimulant les zones du corps indiquées et en recueillant
les potentiels évoqués à la surface du cortex pariétal. Cela montre surtout que sur le cortex primaire, les projections
sensorielles se font point par point à partir de l’organe sensoriel tactile, respectant la ‘somatotopie’ (l’organisation
topographique du corps) comme cela d’ailleurs est aussi le cas pour les projections visuelles et auditives.
B. Les paresthésies
Ce sont des sensations cutanées de type engourdissement, fourmillement ou picote-
ment. Elles surviennent après des lésions nerveuses directes, lorsqu’un nerf est com-
primé ou, par exemple, lorsque les récepteurs fonctionnent mal, faute d’une
oxygénation suffisante. Un des grands problèmes en neurologie est l’apparition de
douleurs chroniques après une lésion nerveuse due à une maladie infectieuse, une
tumeur maligne ou un accident. Après l’amputation d’un membre, un individu peut
encore ressentir de vives douleurs semblant provenir du membre « fantôme ».
Il existe des perturbations de la perception des informations tactiles. À la
suite d’une lésion de la région associative du toucher, on peut observer une perte de
la capacité à identifier un objet avec les mains, alors que les sensations tactiles ne sont
pas lésées.
Syndrome de compression (Entrapment Syndrome) : très connues, ces altéra-
tions sensorielles résultent d’une compression anormale exercée sur les fibres nerveu-
ses. L’un de ces troubles est le syndrome du canal carpien (voir test de Phalen :
flexion maintenue du poignet), très fréquent, surtout chez les femmes, et qui consiste
en une compression du nerf médian par le ligament annulaire. Cela produit des pares-
thésies (sensations de fourmillement) nocturnes, une altération de la sensibilité tac-
tile, puis une douleur liée à la possible altération des tissus, enfin les gestes sont très
affectés (difficulté de tenir un crayon, de coudre…).
Les syndromes de compression peuvent affecter un grand nombre de nerfs :
nerf tibial (douleur plantaire), nerf radial (« paralysie du samedi soir », caractérisée
par la main tombant librement sur le poignet), nerf ulnaire (syndrome de la « main en
griffe » avec troubles de la sensibilité tactile).
RETENEZ :
La sensibilité tactile cutanée est due à la présence de fibres nerveuses termi-
nées par des récepteurs adaptés aux facteurs d’environnement et de terminai-
sons nerveuses libres. Toutes les fibres sensorielles transittent par la moelle
épiniére avant de gagner le thalamus et le cortex. La répartition topographi-
que des récepteurs sur le corps forme la somatotopie et sa projection sur le
cortex cérébral représente la somesthésie.
214 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
4.7 La douleur
Nous avons envisagé les fibres nerveuses des voies protopathiques, voyons comment
notre cerveau reçoit et interprète la douleur.
La douleur constitue une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable
qui résulte en général d’une lésion, d’une inflammation ou d’un dysfonctionnement
organique qui sollicite les fibres de la sensibilité douloureuse ou nociceptives. La
douleur étant associée à de nombreuses situations pathologiques, on ne peut en don-
ner une définition satisfaisante. De même, il est difficile de l’identifier ou d’en inter-
préter les manifestations. Ainsi, les études expérimentales effectuées sur l’animal
sont insuffisantes pour rendre compte de l’expérience de la douleur chez l’homme,
car il est impossible d’établir une parfaite transposition de la douleur animale (une
sensation comme une autre chez l’animal) de la douleur humaine dans ses atteintes
psychologiques : douleur = dégradation = atteinte à l’image de soi ; douleur = mort
possible ; douleur = isolement des autres ; douleur et violence ; etc.
La douleur est un événement neuropsychologique qui trouve son origine dans
le système nerveux central : les mécanismes à l’origine de la douleur peuvent être
aussi bien de nature physique (lésion tissulaire, blessure) que psychique, même si les
voies de la douleur neurologique ne sont pas celles de la souffrance psychique, même
si les composantes lemniscales sont communes.
La compréhension d’un processus douloureux nécessite que l’on prenne en
compte la notion de durée : un simple symptôme, un « signal d’alarme » qui permet de
déterminer l’origine de la douleur et de la traiter. Une douleur peut évoluer par sa persis-
tance en véritable syndrome, ou « douleur chronique », qui est exacerbée dans les hyper-
esthésies (syndromes d’hypersensibilité cutanée) et dans des symptômes dépressifs.
Un stimulus est nociceptif quand il met en cause l’intégrité physique de l’orga-
nisme. Un stimulus de ce type est susceptible d’anticiper sur un événement traumati-
sant pour que tout soit mis en œuvre pour préserver l’intégrité de l’organisme.
ZOOM
La migraine et les céphalées
Les douleurs céphaliques doivent inciter le praticien à rechercher parmi des syn-
dromes douloureux, comme des céphalées de tension, des algies vasculaires de
la face (artérite temporale, céphalée de Horton), une névralgie faciale (plus fré-
quente chez l’homme : 4 hommes pour 1 femme) liée à une inflammation du
nerf trijumeau ou encore le syndrome para-trigéminal (Sunct syndrome).
Les crises migraineuses touchent plus les femmes que les hommes et elles con-
cernent les femmes encore plus en période des régles (crises cataméniales) en
relation avec la chute du taux d’œstrogènes.
Des symptômes de céphalées apparaissent en précurseurs de diverses neuropa-
thies sévères, chez l’organisme jeune ou chez l’adulte (anévrismales, encé-
phalopathies, épilepsies). Les investigations dans la présomption de douleurs
céphaliques doivent immédiatement intégrer une exploration en imagerie et
Les organes sensoriels 215
Cerveau
Transmission Substance P +
dans la corne Récepteurs de
dorsale : Histamine douleurs dans la peau
Glutamate,
Neurotensine, Mastocyte
Substance P
Figure 4.30
Douleur
Le déclenchement de la douleur consécutive à une lésion est le résultat de l’influence de plusieurs substances chi-
miques libérées immédiatement par les tissus lésés comme l’histamine, et du largage différé de substances loca-
les comme les leukotriènes ou au niveau protubérantiel, la libération de la bradykinine et d’opiacés endogènes.
Donc la douleur ressentie résulte d’un équilibre entre les substances comme l’histamine qui stimulent les fibres
libres véhiculant des signaux douloureux et les substances qui réduisent la sensation douloureuse et activent les
mécanismes réparateurs.
216 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
associée, et cela forme des potentiels d’action. Il existe également des fibres senso-
rielles, mises en jeu par des stimulations de faible intensité : ce sont toutes de grosses
fibres myélinisées, les fibres Aα et Aβ, dont la vitesse de conduction de l’information
est très rapide (de l’ordre de 100 m/s).
B. La transmission de la douleur
L’information nerveuse nociceptive est propagée jusqu’à la moelle épinière par
l’intermédiaire des fibres fines des nerfs sensoriels. Ces fibres sont les axones des
neurones nociceptifs de premier ordre, dont les corps cellulaires sont rassemblés au
sein des ganglions rachidiens. Elles pénètrent dans la moelle épinière par la racine
dorsale, jusqu’aux couches superficielles de la corne dorsale. Les terminaisons des
fibres fines viennent établir une liaison synaptique avec les neurones nociceptifs de
deuxième ordre, dont les corps cellulaires sont situés plus ou moins profondément
dans la corne dorsale. Ces neurones, que l’on rencontre dans tous les segments de la
moelle épinière (cervical, thoracique, lombaire et sacré), sont aussi présents dans le
système trigéminal (innervé par le nerf trijumeau, nerf V, au niveau du bulbe), lequel
intervient dans la nociception de la face et de la cavité buccale. Ils sont à l’origine des
deux principales voies de conduction de l’information nociceptive vers l’encéphale :
le faisceau spino-thalamique, qui se termine dans les noyaux du thalamus latéral, et
le faisceau spino-réticulaire, qui se termine dans la substance réticulée.
Notez cependant que des travaux récents (Science, mai 2006) utilisant des
tests douloureux sous contrôle d’IRM ont montré que le cerveau des sujets ressentait
l’attente d’un risque de stimulation douloureux comme aussi pénible que la douleur
elle-même. Cet effet est tel que les volontaires optent pour recevoir une très forte sti-
mulation immédiate plutôt qu’attendre un temps indéfini un choc électrique d’inten-
sité moindre. Une telle alternative est appelée le « choix inter-temporal » responsable
des prises de décisions. Notez que cette étude à été menée par des économistes qui
souhaitaient comprendre comment les gens prennent des décisions « douloureuses »
quant il s’agit de choix financiers.
La stimulation électrique des structures du tronc cérébral (en particulier cer-
tains noyaux du raphé) peut déclencher des analgésies très puissantes dans l’orga-
nisme via les systèmes de contrôle supra-spinaux. Les voies inhibitrices
descendantes activées exercent leur action sur les neurones nociceptifs de la corne
dorsale de la moelle épinière.
C’est le principe de l’analgésie induite par stimulation cérébrale profonde,
grâce à des électrodes implantées dans l’encéphale ; cette technique, peu utilisée car
controversée, permet au malade de se stimuler lui-même et de soulager ses douleurs.
pour obtenir la même efficacité) et, à terme, une dépendance (l’arrêt du traitement, ou
sevrage, déclenche, chez le patient accoutumé à une prise régulière, l’apparition d’un
syndrome dramatique, tant physiologique que psychique : l’état de manque).
Le mode d’action de cette molécule sur son récepteur dans le système ner-
veux est maintenant connu. Ce récepteur est une molécule protéique localisée sur la
membrane de certaines cellules, sur laquelle vient se fixer la morphine, mais aussi les
morphines endogènes comme les endorphines, les enképhalines et les dynorphines.
La description de la distribution des récepteurs morphiniques et des morphi-
nes endogènes dans le système nerveux a permis de mieux comprendre la relation
entre morphine et physiologie de la nociception.
La présence de nombreux récepteurs morphiniques sur les terminaisons des
fibres C et la forte densité de neurones, synthétisant des morphines endogènes, dans
la partie superficielle de la corne dorsale de la moelle épinière laissent à penser que
ces morphines (libérées dans des situations physiologiques mal identifiées) module-
raient la transmission de l’information nociceptive en se fixant sur les récepteurs.
La fixation de la morphine sur les mêmes récepteurs expliquerait son action
analgésique au niveau spinal. Au niveau supraspinal, la morphine agirait également en
se fixant sur les nombreux récepteurs morphiniques des structures du tronc cérébral,
comme le font les morphines endogènes synthétisées (dans des situations physiologi-
ques encore mal identifiées) par les neurones qui se projettent dans ces structures.
Ces connaissances approfondies permettent de traiter la douleur par une pres-
cription, efficace et plus sûre de la morphine et de ses dérivés synthétiques. Il a été
prouvé que son utilisation prolongée contre un grand nombre de douleurs chroniques
n’entraîne pas de phénomènes de tolérance.
L’utilisation d’une pompe à morphine PCA auto-ajustée par le malade en
fonction de l’inconfort douloureux est une solution fréquente, surtout chez les mala-
des cancéreux (les métastases osseuses et nerveuses provoquent des douleurs), ceci
en association avec des antalgiques pour réduire les doses de morphine. Cependant,
il ne faut pas oublier qu’avec l’accroissement des doses peuvent apparaître des symp-
tômes hallucinatoires générateurs d’angoisses désagréables et très fréquemment
décrits par les patients.
B. Les analgésiques
Divers neurotransmetteurs et neuropeptides (la substance P par exemple) modulent
aussi la douleur. Des molécules analgésiques sont spontanément libérées lors d’une
blessure cutanée (histamines, kinines, prostaglandines). Ces substances interviennent
dans les phénomènes d’inflammation et induisent des mécanismes immunitaires.
L’aspirine inhibe la synthèse des prostaglandines et s’oppose efficacement à
l’entretien de l’inflammation et au prolongement de la douleur. Malgré ses effets
secondaires, notamment son action irritante sur l’estomac et l’intestin, c’est un excel-
lent analgésique périphérique qui agit directement au siège de la genèse de la douleur.
Les organes sensoriels 219
Z OOM
L’évaluation de la douleur chez le fœtus
Dès le milieu de la gestation, tous les éléments utiles à la sensibilité douloureuse
sont en place chez l’embryon. En outre, la substance P, l’un des modulateurs de
la sensibilité douloureuse est observable dès 12 semaines et les systèmes des
enképhalines et endorphines apparaissent vers 20 semaines. Mais les con-
nexions thalamo-corticales nécessaires à l’interprétation de l’information doulou-
reuse ne sont pas en place. Elles ne se constituent qu’entre 23 et 30 semaines.
Alors est-ce qu’un fœtus peut ressentir une douleur s’il ne possède pas les struc-
tures cognitives appropriées ?
Si la parturition et surtout l’avortement représentent des instants délicats et dou-
loureux pour le fœtus, il est aussi possible que les quantités de molécules de
protection comme les opiacés endogènes augmentent pour éviter une expé-
rience douloureuse.
Dans le doute, si une intervention chirurgicale doit concerner le fœtus, les obsté-
triciens utilisent des anesthésiques et/ou des analgésiques en doses convena-
bles pour le fragile organisme qu’est le fœtus. Ainsi, pour une interruption de
grossesse après 24 semaines, le fœtus peut recevoir du Fentanyl 10 µg/kg et
du Pentothal 10 µg/kg. Si on doit intervenir in utero, le fentamyl 1 µg/kg est
utilisé en association avec du curare.
Voir : M. Van de Velde, J. Jani, F. De Buck, J. Deprest, « Fetal pain perception
and pain management », Semin Fetal Neonatal Med., 2006, 11(4), 232-236 ;
S.J. Lee, H.J. Ralston, E.A. Drey, J.C. Partridge, M.A. Rosen, « Fetal pain : a
systematic multidisciplinary review of the evidence », JAMA, 2005, 294(8),
947-954.
220 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Les médecins sont beaucoup plus concernés par les douleurs chroniques que par les
douleurs aiguës. Les douleurs chroniques sont présentes dans de nombreuses mala-
dies et elles sont souvent la cause de perturbations neuropsychologiques de longue
durée. Leurs conséquences diffèrent donc totalement de celles de la douleur aigüe.
Les processus neurophysiologiques intervenant dans la douleur chronique sont
encore mal connus du fait des difficultés de recherche. Car, en clinique, le respect
des patients qui souffrent prime sur des investigations qui, pour être valables,
demanderaient à suspendre l’administration de drogues réduisant la douleur.
Tableau 4.1
Comment faire la différence entre la douleur dite : « névralgie du trijumeau » et celle dite « algie
faciale ». Ce tableau donne les aspects cliniques d’une plainte douloureuses des patients.
Elle a des manifestations et des causes bien différentes mais parce que la douleur extrêmement
violente affecte la face, elle fait partie de ces sémiologie délicates à interpréter car le malade a
souvent beaucoup de difficulté à décrire ses crises.
A. Sclérose en plaques
C’est une maladie due à une dégradation sévère de la myéline qui protège les fibres
nerveuses. Cette dégradation liée à un processus inflammatoire fait apparaître des
épisodes extrêmement douloureux au cours de la progression médullaire de la démyé-
linisation.
B. Polyradiculonévrite
C. Douleur thalamique
La douleur résulte d’une altération du canal sodium qui provoque des décharges élec-
triques anormales provoquant des douleurs d’origine centrale impossibles à préciser
par le patient.
D. Douleurs crâniennes
Au moins deux des critères trouvés permettent de définir une douleur cépha-
lique. Globalement, une migraine est pulsatile, ne dure que quelques heures et cède
aisément à l’aspirine ou au paracétamol (tableau 4.2).
222 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
Tableau 4.2
Les symptômes d’un mal extrêmement courant, le mal de tête dit aussi migraine ou céphalées. Pour
que le lecteur différentie ces deux affections nous donnons les critéres les plus caractéristiques.
L’équilibration
– Tests d’équilibration simples : maintien en position orthostatique
(debout), rôle actif ou non de la vision dans la position, précision et
ajustement des mouvements…
– Tests au fauteuil pendulaire (permet d’observer les mouvements de la
tête et des yeux en plaçant devant les yeux un dispositif de vidéonys-
tagmographie, VNG) ; stabilométrie (utile pour observer les stratégies
du maintien en position verticale) (figure 4.25).
– Nystagmus : il dépend directement du réflexe vestibulo-oculaire.
– Exploration des réflexes : des réflexes tendineux, des étirements neu-
romusculaires, neurographie, électromyographie.
– Exploration des réponses oculaires : nystagmographie (évaluation de
l’intensité et du sens du nystagmus), électro-oculogramme (EOG), fau-
teuil pendulaire, électromyographie (EMG).
– Méthodes d’investigation sur les troubles de l’équilibre d’origine
centrale : IRM, nystagmographie, électromyographie, potentiels évo-
qués, électrostimulations.
La somesthésie
– Esthésiomètre : une batterie d’aiguilles lestées d’un poids de valeurs
comprises entre 1 gramme et 50 grammes.
– Yeux fermés : recherche de la sensibilité avec un esthésiomètre.
– Test de l’aire de saut : sur l’avant-bras du sujet, yeux fermés. Les deux
pointes d’un compas séparées de 12 cm sont ensuite rapprochées ; il
existe une distance minimale à laquelle le sujet ne perçoit plus qu’une
pointe. Cette distance dépend de l’organisation des champs récep-
teurs.
– Examen neurographique : la stimulation électrique ou thermique produit-
elle un potentiel sur le nerf ? Un potentiel évoqué cortical ?
La douleur
– Souvent considérée comme subjective, la douleur est très difficile à
apprécier et à quantifier pour ajuster les doses de sédatifs.
– La réponse douloureuse à une piqûre d’aiguille (on utilisera un esthé-
siomètre) permet une approche quantifiée.
– Retenons du point de vue sémiologique que les douleurs radiculaires
correspondent au territoire de la racine concernée. Ainsi, si la douleur
cède au repos d’un membre, elle indique une souffrance des fibres
dans les parties mobiles (articulaires ou discales). La palpation induit-
elle une crispation ou une réponse douloureuse ? Le patient cherche-t-
il une position du membre ou du tronc compensatoire qui le soulage ?
Les organes sensoriels 225
Résumé du chapitre 4
La perception des odeurs
Les mécanismes qui assurent la conversion des molécules d’odeur en
des sensations olfactives sont les suivantes :
– Les molécules odorantes en suspension dans l’air sont capturées par le
nez, puis passent sur l’epithélium olfactif, formé par les cellules olfactives
qui tapissent les crêtes turbinales. Les molécules odorantes entrent dans le
mucus et se fixent sur des récepteurs spécifiques à chaque type molécu-
laire, qui sont intégrés dans la membrane des cellules olfactives. La fixa-
tion provoque une cascade réactionnelle dans la membrane qui produit
en particulier l’ouverture de canaux ioniques et engendre la formation de
potentiels d’action.
– Les interneurones, situés dans les bulbes olfactifs, forment des synap-
ses dendrodendritiques inhibitrices avec les fibres olfactives. Cela
assure le codage, le contraste, et permet au cerveau d’identifier les
odeurs et leurs caractéristiques, de les mémoriser et de les comparer
aux informations olfacives antérieures.
– Les signaux codés dans le bulbe olfactif sont répartis soit vers le bulbe
contralatéral pour une analyse différentielle des concentrations en molé-
cules, soit via le trigone olfactif ; les odeurs envahissent soit le paléo-
encéphale, le cortex entorhinal, le cortex olfactif et le système limbique.
La gustation
La perception des saveurs (sucré, salé, amer, acide, umami) par les
bourgeons du goût est liée au fonctionnement de récepteurs complexes
polymodaux. Les sensations sont projetées via le noyau solitaire (tronc
cérébral) vers le thalamus puis vers le cortex pariétal dans une zone
recueillant les sensations gustatives et vers le cortex frontal. Il existe peu
d’anomalies gustatives (agueusie, hypogueusie).
La vision
Le système visuel est formé d’un instrument d’optique : la chambre anté-
rieure cornéenne, le cristallin à convergence variable, l’iris au centre
duquel se trouve le trou de diamètre variable, la pupille. Le réglage
de la courbure du cristallin ainsi que la mydriase (ouverture) et le myosis
228 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
de la pupille sont réglés par des noyaux situés dans les centres bulbai-
res. L’ensemble du globe oculaire est déplacé par les muscles oculaires
contrôlés par des réflexes optomoteurs centraux.
L’œil contient une membrane cellulaire pourvue de cellules
photosensibles : les cônes pour la vision des trois couleurs primaires, les
bâtonnets pour la vision nocturne ou en faible luminosité. Les signaux
lumineux décomposent un pigment chimique et forment au niveau des
cellules bipolaires un signal nerveux électrique qui est transmis aux cel-
lules ganglionnaires.
Les axones des cellules ganglionnaires forment les deux nerfs optiques
qui convergent vers le chiasma optique à la base du cerveau et qui
échangent une moitié des fibres visuelles. Ainsi, une partie des images
d’un hémichamp visuel se projette sur le cortex visuel (aire
occipitale 17) du côté opposé (contralatéral) et l’autre moitié se projette
sur le cortex homolatéral.
L’audition
Le système auditif comporte un ensemble guide d’onde : le conduit
auditif ; un ensemble transmetteur des vibrations : la chaîne des osse-
lets, les membranes de la fenêtre ovale et ronde qui font vibrer le liquide
endolymphatique contenu dans la cochlée, enfin le système transducteur
contenu dans le canal de Corti.
L’ensemble des tubes osseux spiralés de la cochlée comporte une lame spi-
rale portant la membrane basilaire qui supporte les cellules auditives ciliées
internes sur deux rangs et les cellules auditives externes sur trois rangs.
Les vibrations du liquide font fléchir les cils des cellules sensibles en les
écrasant sur la membrane tectoriale. Ces déplacements provoquent une
entrée d’ions potassium responsables de la formation des potentiels
cochléaires. Ces potentiels sont transmis aux dendritiques des cellules du
ganglion spiral de Corti qui elles-mêmes forment le nerf auditif VIII. Les
influx sont transmis aux aires auditives temporales pour y être intégrées.
Équilibration et propriocepteurs
Les mécanismes du maintien postural sont d’abord liés au fonctionne-
ment des boucles locales de régulation comme la boucle gamma formée
d’un récepteur neuromusculaire, d’une fibre sensorielle qui fait synapse
sur un motoneurone et qui émet un axone vers le muscle contenant le
fuseau neuromusculaire. Cette unité motrice reçoit des signaux de con-
trôle venant de la tête (position des yeux, de la tête, des canaux semi-
circulaires) qui modulent les effecteurs de la boucle.
Le système des canaux semi-circulaires, grâce à des cristaux, les otoli-
thes et les otoconies, mobiles dans le liquide endolymphatique, bougent
au-dessus des cils des cellules sensorielles. Ils permettent de capter les
déplacements et les accélérations de la tête. Le noyau vestibulaire situé
Les organes sensoriels 229
dans le bulbe envoie des informations vers le cervelet et vers les noyaux
gis centraux pour assurer une coordination motrice pendant les mouve-
ments, la marche ou les changements de position du corps ou encore
pour ajuster les mouvements des yeux pendant un mouvement de la tête
ou du corps.
Les troubles des dispositifs d’équilibration sont soit liés à des anomalies
du système vestibulaire ou de ses voies centrales, soit du cervelet, soit
d’altérations médullaires qui perturbent le fonctionnement de la boucle
gamma. Les vertiges sont parmi les troubles les plus fréquents de gravité
parfois modérée, alors que les ataxies, dystonies, hyperkinésies, bien
que moins fréquentes, sont des dysfonctionnements très sévères.
La sensibilité tactile
La sensibilité générale comporte des récepteurs périphériques superfi-
ciels sensibles au contact, à la température, à la douleur, et des récep-
teurs profonds viscéraux.
Les récepteurs tactiles, comprenant des corpuscules de Pacini, de Merc-
kel, de Meisner ou encore de Ruffini ou des fibres dendritiques libres,
détectent les changements mécaniques, chimiques et thermiques au
niveau de la peau. Chaque territoire cutané correspond à un secteur
restreint de la moelle épinière, le dermatome. Les fibres sensorielles
cutanées pénètrent dans la moelle épinière par la corne postérieure,
entrent en contact avec un neurone intermédiaire avant de croiser du
côté opposé pour la majorité des fibres. Une partie des fibres entrent en
contact avec un motoneurone de la corne antérieure de la moelle épi-
nière, formant ce que l’on appelle « l’arc réflexe » assurant une réponse
rapide entre le stimulus externe et la réponse motrice locale. La très
grande majorité des fibres remontent le long de la moelle dans des
« cordons » destinés essentiellement au thalamus où elles s’achèvent sur
un interneurone. Cela forme le faisceau spino-thalamique, dit aussi voie
extra-lemniscale. La voie lemniscale postérieure véhicule les signaux
propriocepteurs. Les informations tactiles sortant du thalamus sont
ensuite dirigées vers le cortex pariétal ou aire somesthésique.
La douleur
Les informations liées à un traumatisme ou à une anomalie fonctionnelle
se traduisent par l’apparition de signaux ressentis par notre cerveau
comme douloureux avec divers niveaux. Ces signaux sont d’abord
transmis par les fibres sensorielles tactiles de la zone lésée dont les
seuils sont bas, donc très réactives. Lorsque le traumatisme est plus
intense, il sollicite les fines fibres de la douleur, bien que des molécules
locales analgésiantes diminuent la sensation. Le signal de douleur
emprunte les voies protopathiques ascendantes en direction des forma-
tions bulbaires. Dans la réticulée, des bradykinines et des morphines
endogènes modulent l’intensité du signal. Une partie du signal active
230 Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie
QUE S T I O NS
1. À combien estime-t-on le nombre de gènes codant les protéines réceptri-
ces des odeurs ? Sont-ils sur un seul chromosome ou sur plusieurs ?
2. Comment teste-t-on l’olfaction ? Citez au moins cinq troubles neuropsy-
chiques dans lesquels il existe de sévères altérations de l’olfaction avec
troubles cognitifs.
3. Qu’est-ce que les hémianopsies ? Faire la relation entre ces différentes
altérations du champ visuel et la structure des voies visuelles.
4. Dans quelle maladie neurologique avec troubles comportementaux
observe-t-on une altération simultanée de l’olfaction et de l’audition ?
5. Les émissions oto-acoustiques sont liées à une altération de l’oreille
interne. Laquelle ?
6. Comment réalise-t-on un audiogramme ? Que montre ce type d’analyse ?
7. Comment évalue-t-on le nystagmus ? À quoi sert cette mesure ?
8. Décrivez la différence entre les voies de la sensibilité tactile périphéri-
que et les voies de la douleur.
9. Que sont les morphines endogènes ? Sont-elles présentes en périphérie,
sous la peau par exemple ou dans le cerveau ? Quelles sont les voies
qui produisent leur libération ?
RÉF É R E NC E S
1. Lazorthes Guy, L’ouvrage des sens. Fenêtre étroite sur le réel, Paris, Flammarion, 1997,
228 p.
2. Pezard Laurent, Sentir. Manuel de physiologie sensorielle, Paris, Contemporary
Publishing International-GB Science Publisher, 2005, 117 p.
S ITE S
Œil et troubles visuels :
http://www.snof.org/phototheque/phototheque.html
Olfaction :
http://olfac.univ-lyon1.fr/documentation/olfaction/
Audition :
http://www.neurophys.wisc.edu/h&b/textbook/textindex.html
Organes sensoriels :
http://bio.m2osw.com/gcartable/systeme%20nerveux/organessensoriels.htm
PARTIE 2
LES COMPORTEMENTS HUMAINS :
DE L’INTÉGRATION
DES INFORMATIONS SENSORIELLES
AUX ALTÉRATIONS
DES COMPORTEMENTS
Chapitre 5
Intégration des données sensorielles par le cerveau 233
Chapitre 6
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 305
Chapitre 7
Les troubles des comportements humains 367
CHAPITRE
5
Intégration des données
sensorielles par le cerveau
Figure 5.1
Organisation du comportement
Organisation très simplifiée des principaux circuits reliant les réponses des récepteurs aux réponses finales effec-
trices (motrices ou sécrétoires).
236 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Figure 5.2
Neuro-endocrinologie
Récepteurs
sensoriels Thalamus L’activité neuroendocrine due à l’activité céré-
brale est fortement modulatrice des activités
comportementales. Les récepteurs agissent sur
l’hypothalamus, soit directement par les fibres
qui quittent les voies visuelles (noyau supraopti-
HYPOTHALAMUS que-suprachiasmatique) ou qui viennent du sys-
tème olfactif, soit indirectement après un relai
HYPOPHYSE dans le thalamus. Ainsi quelle que soit la voie,
des informations sensorielles peuvent avoir une
action sur les secrétions endocrines, donc elles
Glandes
modifient des comportements mais aussi, elles
endocrines
changent les seuils perceptifs, en conséquence,
l’activité.
Organes
cibles
COMPORTEMENT
Modifications
de l’environnement
Secrétions endocrines et comportement
Tableau 5.1
Dans ce tableau ont été regroupés quelques-uns des facteurs générateurs d’actes comportementaux. Le stimulus
est soit externe, soit interne (endogène), soit une sensation imaginaire. Ce tableau montre que tout stimulus
induit une réponse qui peut devenir à son tour une facteur activateur induisant secondairement une réponse.
Sensation Réponses
→ → Imaginaire → Imaginaire
Imaginaire imaginaires
238 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
L’action des hormones sur les organes impliqués dans les comportements est
résumée dans le schéma de la figure 5.2.
L’homéostasie est l’un des mécanismes fondamentaux qui contribuent à réajuster les
équilibres physiologiques nécessaires au fonctionnement optimum de l’organisme.
Nous verrons que les bases neurologiques des conditionnements sont proches de celles
de l’apprentissage. Les voies nerveuses passent par des boucles neuronales ou des cir-
cuits neuronaux. Les conditionnements et les apprentissages sont des mécanismes basés
sur l’activation de neurones aboutissant à la formation de circuits neuronaux qui n’exis-
tent pas à la naissance et qui se structurent sous l’effet des stimulations sensorielles.
RETENEZ :
Les comportements résultent d’un grand nombre de facteurs internes orga-
niques et cérébraux et des facteurs externes de l’environnement au sens
large. Les facteurs internes se constituent sur la base d’un patrimoine for-
mant les comportements de base et sur les successions d’apprentissages et
acquis sensoriels. La motivation et le plaisir sont des facteurs qui agissent
fortement sur les comportements.
Voir à ce sujet :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Comportement
http://www.chups.jussieu.fr/polys/dus/duneuropsycho/troublescliniquesmotivation.pdf
La veille diffuse : état que l’on peut imaginer après un bon repas un peu
copieux. Les informations sont captées, mais le sujet réagit peu ou pas. Il interagit fai-
blement avec son environnement.
Le sommeil léger : même si l’activité musculaire reste encore efficace, il sub-
siste des réflexes neuromusculaires. Le sujet n’interagit plus ou très faiblement avec
son environnement.
Le sommeil profond : il n’y a plus d’activité musculaire, il n’y a plus de
réflexes. Les muscles de la nuque ne soutiennent plus la tête. Le sujet ne perçoit pas
les informations sensorielles.
Chacun de ces états correspond à des paramètres physiologiques mesurables
par l’électroencéphalogramme, par l’évaluation du métabolisme, par un dosage des
sécrétions hormonales. Cette description n’est pas satisfaisante d’un point de vue neu-
rologique car les différents rythmes EEG sont caractéristiques des phases de sommeil.
L’organisation du sommeil physiologique est donnée par les variations des
ondes cérébrales enregistrées sur l’EEG. Dans ce cas, on parle de :
– veille : l’EEG montre des ondes rapides non synchronisées ;
– stades I et II, ou sommeil léger à ondes lentes ;
– stades III et IV : sommeil lent profond ; durant ces phases, il y a une baisse
du tonus musculaire, de la fréquence cardiaque, respiratoire, de la pression
artérielle et du métabolisme ;
– sommeil paradoxal : les activités cérébrales sont rapides, les yeux bougent
dans les orbites (on parle de Rapide Eye Movement ou sommeil à REM), mais
le métabolisme augmente ainsi que la fréquence cardiaque et la pression arté-
rielle, tandis que les muscles posturaux sont paralysés.
En l’absence de pathologie, le passage d’un état à l’autre dépend d’une part
des rythmes journaliers propres à chacun ou de la volonté consciente de passer de la
veille au sommeil.
Les horloges sont des cellules nerveuses qui fabriquent et éliminent cyclique-
ment des protéines, des neurohormones, comme une sorte d’horloge à eau qui se rem-
plit et se vide sur un rythme journalier d’environ 24 heures (figure 5.3). Mais
l’électrophysiologie montre que le cerveau contient plusieurs groupes d’oscillateurs
neuronaux qui sont les horloges utilisées par les structures de mémoire pour cadencer
le stockage des trains d’informations et les restituer au même rythme. L’hippocampe
contient un oscillateur très stable à 4 cycles/sec délivrant le rythme théta hippocam-
pique. Les expériences chez le rat ont montré que si l’on module la fréquence au cours
de l’apprentissage d’un geste, la mémorisation sera incorrecte ou mal restituée.
D’autres oscillateurs neuronaux sont décrits dans le noyau arqué et interviendraient
dans les boucles de contrôle de la motricité.
Mais beaucoup de facteurs modifient nos rythmes journaliers (ou rythmes
nycthéméraux ou alternances veille-sommeil).
CYTOPLASME
Réticulum Protéine
endoplasmique
Gene frq
NOYAU
Figure 5.3
Sommeil
Les rythmes biologiques qu’ils soient journaliers comme les cycles veille-sommeil ou mensuels comme les cycles oes-
triens sont d’abord soumis au fonctionnement d’horloges cellulaires et moléculaires. Le schéma représente une hypo-
thèse cellulaire dans laquelle les rythmes de la synthèse et de la dégradation d’une protéine sont sous l’influence
d’un gène nommé fra (situé sur le chromosome X près de la zone fragile. Ceci semble vrai pour un ver (coenorhab-
ditis elegans) chez lequel la mutation du gène clk1 allonge les rythmes biologiques. C’est probablement ainsi qu’on
peut le concevoir dans l’hypothalamus, dans le noyau supra-chiasmatique précisement (gène per1). L’hypothalamus
est une structure endocrine essentielle qui comporte des systémes donneurs de rythmes impliqués dans les régula-
tions physiologiques et dans les rythmes neuroendocriniens. On connaît par exemple un tel système de formation
d’un dimère protéique Per-Per cyclique dans le rythme de libération de la vasopressine. Pour un développement,
voyez : http://horlogebio.free.fr/index.php?page=horloge_ biologique.
244 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Le rêve ou sommeil
paradoxal est une
Rêves
fonction cérébrale
importante Activation Avec images
du cortex sensorielles
L’activité onirique
permet de réaliser une Voies
remise à jour et un visuelles
rangement des fichiers
mentaux Locus coeruleux
Noyau du raphé
Mouvements PGO (Potentiels
oculaires Géniculés Occipitaux)
(REM) Formation et tonus de la nuque
mouvements réticulée
rapides des yeux Fonctions MAIS perte de tonus
végétatives sur tout le corps
Quelques Muscles
mimiques de la face
Organes
sensoriels Déconnexion sensorielle
Muscles Le rêve ne représente
que des images mentales
Pas de tonus
Tous les muscles
relaxés
Figure 5.4
Veille-sommeil
Voies et structures impliquées dans la régulation des états de veille et sommeil. L’essentiel des structures se situe
dans la région bulbo-protubérentielle, donc sur des éléments des formations réticulées activatrices ou inhibitri-
ces, celles qui précisément laissent remonter ou bloquent les informations sensorielles destinées au thalamus. Les
structures essentielles dans le sommeil : le noyau du tractus solitaire (NTS), le noyau du raphé (NR) et le locus
coeruleus (LC ; placé sous les pédoncules cérébelleux). L’activation de certains noyaux pendant le sommeil pro-
voque des mouvements oculaires (d’où le nom de sommeil à Rapide Eye Movements (REM) ou encore des poten-
tiels importants dans la zone pontique (P) ou potentiels ponto-géniculés-occipitaux (sommeil à PGO) donné
parfois au sommeil paradoxal (SP). Voir : http://sommeil.univ-lyon1.fr/
Fatigue
Sommeil Sommeil
Besoin de détente
nocturne nocturne
Sieste
Variations des phases d’activité au cours d’une journée d’adulte
Figure 5.5
Cycles journaliers
Ce schéma donne les variations de rythme de veille, activité, sommeil sur 24 heures. Il est connu maintenant, et
de manière notoire, que chez l’enfant cette rythmicité est très marquée et influence beaucoup la réceptivité et
l’attention. Les périodes de meilleures performances sont situées vers 11 heures du matin et 16 heures.
Intégration des données sensorielles par le cerveau 247
Sommeil
paradoxal
Sommeil
lent léger
Sommeil
lent profond
Horaire
20 22 Minuit 2 4 6
Figure 5.6
Hypnogramme
L’hypnogramme et quelques troubles du sommeil. L’hypnogramme est le graphique représentant les passages
successifs par les différents états depuis la veille active (en haut) jusqu’au sommeil profond (en bas) et leur durée
au cours d’une nuit. Certains troubles sont plus fréquemment liés à des phases particulières. Le somnanbulisme
apparaît dans les premières phases brèves du sommeil paradoxal (SP), alors que les cauchemars ou les halluci-
nations sont plus fréquents lors des phases SP du matin.
les neurones, c’est l’« internalisation » du récepteur associé à la protéine fixée. Enfin,
le complexe internalisé active des gènes particuliers, les oncogènes, qui provoqueront
enfin une synthèse d’ARN messager qui donne à ce neurone la capacité de refaire des
protéines membranaires strictement identiques à celles que l’information sensorielle
a fait synthétiser et incorporer dans la membrane. Tant que des informations adéqua-
tes circuleront à la surface du neurone concerné, des protéines identiques seront repla-
cées dans la membrane, ce qui permettra aux prochains signaux de redonner la même
lecture de la membrane, donc le même signal s’il est relu au rythme d’horloge hippo-
campique (voir la section 6.2 « La mémoire »).
Notez que ceci ne fait que décrire la sémantique de base de la mémoire. Cha-
que neurone est spécialisé et ce n’est que par la comparaison-association entre les lec-
tures des protéines placées à la surface des neurones que se formeront les messages
interprétés comme des signaux relus dans nos mémoires. Je dis bien : « nos
mémoires » car le langage courant parle toujours de LA mémoire. Dans la section 6.2,
consacrée à la mémoire, seront développées plus en détail les méthodes d’étude de la
mémoire et les anomalies.
Pendant le sommeil, les muscles se relâchent, ce qui permet de reconstituer
les stocks de molécules nécessaires aux activités des muscles. Pendant le sommeil, le
cerveau est déconnecté du corps, il en profite pour reconstituer les molécules néces-
saires aux fonctions cérébrales. Pendant le sommeil, nos circuits cérébraux sont par-
248 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
courus par des signaux d’évaluation qui opèrent des « reset » des neurones, qui
éliminent tout ce qui n’a pas été utilisé, y compris des synapses, mais pendant le som-
meil, nous renouvelons aussi 2000 à 5000 neurones. Cette activité lente, peu consom-
matrice d’énergie, permet la consolidation de la mémoire des événements enregistrés
dans la journée.
Tandis que, pendant le sommeil, se fait le transfert des signaux par l’énorme
dispositif d’interconnexions qui relient les deux hémisphères, corps calleux, la relec-
ture des informations rend celles-ci interprétables malgré le sommeil. Ce sont les ima-
ges formées pendant les rêves. Cette période courte apparaît pendant le sommeil
profond sans toutefois modifier les paramètres externes liés au sommeil. Les muscles
du sujet sont toujours inertes, et les informations sensorielles n’entraînent aucune
réaction. L’activité de rêve ou activité onirique s’accompagne cependant d’une acti-
vité visible par un observateur, ce sont les mouvements rapides des yeux. La phase
de rêve est appelée aussi sommeil paradoxal, en raison de l’anachronisme apparent
entre l’état d’endormissement profond et les mouvements des yeux.
RETENEZ :
Le sommeil est une phase d’économie métabolique du fait de l’absence
d’activités musculaires mais l’activité cérébrale ne cesse pas pendant cette
période et au contraire le stock des métabolites se reconstitue et les informa-
tions sont triées, classées ou éliminées.
Le sommeil est un état d’activité interne du cerveau. Il est certain que les phases de
sommeil profond résultent de la dissociation du cerveau d’avec ses effecteurs. Cela
permet une récupération physiologique de tous les effecteurs puisque, sans com-
mande cérébrale, ils sont en repos et cela permet d’en optimiser le fonctionnement. Il
est aussi certain que, pendant cette déconnexion, le cerveau n’est l’objet que d’une
activité réduite et il peut reconstituer ses stocks de métabolites. Il peut alors recharger
les réserves neuronales en neurotransmetteurs et classer les informations stockées en
mémoire.
Une conséquence est qu’avec le développement du cerveau au cours de la
croissance, avec l’apprentissage et avec les sollicitations multiples auquelles est soumis
le cerveau immature, les phases de vigilance et de sommeil changent considérablement.
Chez le nouveau-né, il n’y a qu’une alternance sommeil profond-sommeil
calme (tableau 5.2), puis vers 2 mois, le sommeil profond alterne avec un peu de som-
meil paradoxal. La quantité de sommeil paradoxal croît jusqu’à l’adolescence et ne
varie qu’assez peu jusqu’à la sénescence. À ce stade, les activités motrices et les
apprentissages sont moins intenses et la durée des phases de sommeil paradoxal peut
décroître ainsi que la durée et la distribution des cycles de sommeil.
Intégration des données sensorielles par le cerveau 249
Tableau 5.2
Evolution des stades du sommeil avec l’age. Chez le nouveau né les durées de sommeil lent sont
d’environ 50 minutes de sorte qu’il peut passer jusqu’à 18 -20 heures en sommeil calme ou pro-
fond sans rêve. Vers 2-3 mois, le bébé commence a s’adater aux cycles jour-nuit (nycthémère).
Âge
Naissance – 2 mois Sommeil Sommeil
agité calme
2 mois – 9 mois Sommeil Sommeil lent Sommeil lent
paradoxal profond
9 mois – Adulte Sommeil lent Sommeil Sommeil lent Sommeil lent Sommeil
très léger lent léger profond très profond paradoxal
Tableau 5.3
Les principaux troubles du sommeil chez l’adulte. Nous ne faisons apparaître ici que les troubles
avérés fréquents. Ici encore, il faut être prudent dans l’évaluation des troubles. Certaines person-
nes peuvent estimer être insomniaques ou « petits dormeurs » alors que l’examen en somnogra-
phie (voir figure 1-9, techniquess EEG)réalisé sur une nuit ne révèle rien d’alarmant.
A. Insomnie
L’insomnie, ou réduction et altération de la qualité du sommeil, est un trouble fré-
quent. Des altérations passagères du sommeil sont parfois annoncées par les sujets
comme de l’insomnie. On peut évaluer le niveau d’insomnie au moyen du test
d’Epworth (tableau 5.4).
Le patient annonce : « Peu ou pas moyen de m’endormir ou si je me réveille,
impossible de me rendormir. » ; « Mon sommeil est peu ou pas réparateur, je me sens
fatigué au réveil. » On note de l’agressivité et un manque de capacité de concentration
sur le travail.
Angoisse de se coucher et de ne pas se reposer. Origines : quelques-unes sim-
ples, comme le stress, le manque d’activité physique, la veille trop tard, les drogues et
l’alcool ; quelques-unes complexes, comme des problèmes neurologiques, la prise de
médicaments et encore le travail posté en rythme inversé (veilleur de nuit, usine…).
Tableau 5.4
Les troubles du sommeil
Cette échelle d’Epworth est fréquemment utilisée pour préciser des troubles du sommeil déclarés
par un sujet. C’est donc le patient lui-même qui rempli le questionnaire en sachant que ses répon-
ses mêmes erronées, ne mènent pas à un diagnostic, mais incitent à consulter un centre d’étude
du sommeil. Il peut être amené à subir une somnographie au cours d’un séjour dans un hôpital
où seront estimés la réalité des troubles et le diagnostic utile à un éventuel traitement.
Situation Nombre
Assis en train de lire _______
En train de regarder la télévision _______
Assis, inactif, dans un endroit (au théatre, en réunion) _______
Comme passager dans une voiture roulant sans arrêt pendant une heure _______
Allongé l’après midi pour se reposer quand les circonstances le permettent _______
Assis en train de parler à quelqu’un _______
Assis calmement après un repas sans alcool _______
Dans une auto immobilisée quelques minutes dans un encombrement _______
* Instructions pour l’analyse de l’échelle de somnolence d’Epworth : Johns M.W. A new methode for measu-
ring daytime sleepiness : the Epworth sleepiness Scale. Sleep. 14, 540-545, 1991.
Intégration des données sensorielles par le cerveau 251
B. Apnée du sommeil
L’apnée du sommeil (ou syndrome de Pikwick par analogie avec la description de
Charles Dickens à propos de Mr Pikwick) est une suspension plus ou moins durable
de la respiration pendant le sommeil. Deux personnes sur 100 ont ce problème.
C. Apnées centrales
Dans le bulbe rachidien, les centres du sommeil sont voisins des centres régulateurs
respiratoires. Il en résulte qu’au cours du sommeil une activation anormale de la for-
mation réticulée entraîne des anomalies respiratoires.
D. Apnées obstructives
Gêne des voies respiratoires, amygdales gonflées (et ronflement) sont des causes
d’apnées du sommeil.
E. Hypopnée et insomnie
IAH = (Nombre d’apnées + Nombre d’hypopnées) / Durée du Sommeil (mn) × 60
F. Crampes nocturnes
Syndrome de la jambe sans repos et paralysie nocturne. La crampe nocturne affecte sur-
tout les muscles des mollets et la douleur est telle qu’elle provoque le réveil, donc de
mauvaises nuits. Lors du syndrome de la jambe sans repos (Restless Syndrom), il appa-
raît des mouvements incontrôlables d’une jambe ; cette anomalie provient d’un défaut de
verrouillage des contrôles musculaires par la formation réticulée bulbo-protubérentielle.
G. Paralysie de l’éveil
Au réveil, le corps est totalement paralysé (évoque le lock-in syndrome). Cette ano-
malie résulte d’un décalage entre l’éveil cérébral et la sortie du sommeil profond et la
reconnexion des muscles par la formation réticulée bulbo-protubérentielle.
H. Somnambulisme
Phase d’activité motrice paradoxale. On observe souvent de la motricité pouvant aller
jusqu’à sortir du lit et déambuler ou réaliser des actes automatiques qui sont oubliés
au réveil. Elle est assez fréquente chez l’enfant et souvent accompagnée d’énurésie.
I. Parasomnie
Ce sont des phases de sommeil paradoxal agité se traduisant par des cauchemars ou
par des terreurs nocturnes. Fréquentes chez l’enfant du fait des instabilités endocrines
liées à la croissance. Chez l’adulte, les épisodes de parasomnie surviennent lors d’état
252 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
fiévreux ou après des stress intenses. La parasomnie disparaît avec un retour à un état
physique ou psychique calme. Les états psychotiques, la dépression, sont souvent
accompagnés de parasomnie qui s’expliquent par un métabolisme anormal des neu-
rotransmetteurs.
J. Hypersomnie
L’hypersomnie ne concerne pas que l’augmentation du temps de sommeil, mais aussi
la possibilité qu’apparaisse un endormissement à tout moment. Les formes diverses
sont : la narcose (sommeil durable et profond), la catalepsie (endormissement brutal),
la catatonie (sommeil très profond). Toutes ces altérations peuvent fortement pertur-
ber la vie quotidienne et le travail.
K. La déprivation de sommeil
Comment fonctionne le sommeil d’un travailleur posté travaillant en usine, l’interne
de garde, le veilleur de nuit ? Une déprivation de sommeil répétée (plus de deux nuits
sans sommeil) expose à des risques d’accident en provoquant des « absences » (pertes
de vigilance) de quelques secondes. Elle peut aussi provoquer des troubles métaboli-
ques endocriniens puis, dans les déprivations supérieures à une à deux semaines, des
troubles neurologiques (hallucinations, névroses, dépressions).
Recherche
Décision CONFLIT
SYSTÈME
Mémoire ATTENTIONNEL
procédurale SUPERVISEUR
Schémas d’action
Indexation de
la nouvelle situation ACTION
Figure 5.7
Attention
Proposition d’organisation schématique des mécanismes de l’attention. On prend l’hypothèse de deux
situations : l’une est un « déjà vécu » ; sa structure est analysée et comparée à d’autres expériences et conduit
rapidement à des actions modulées en fonction des apprentissages. Si la situation est inconnue, les mécanismes
d’attention sont sollicités afin d’extraire les éléments indexables nouveaux d’autres paramètres de la situation,
donc dèjà indexés, ceci de manière à adapter l’éxécution de l’action au plus près des paramètres idnetifiés mal-
gré les éléments nouveaux.
254 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
écran radar par exemple. Dans ce cas, seul un réseau sensoriel ciblé se maintient en
état permanent de vigilance pour réagir en situation d’urgence.
5.4.1 La faim
A. Le comportement alimentaire
Les mécanismes de la faim et de la satiété sont avant tout liés à la détection du niveau
de glucides (glucose et saccharose) par les détecteurs cellulaires hypothalamiques et
à des phénomènes gastro-intestinaux. Le comportement alimentaire est donc de
manière plus fondamentale un comportement à but homéostatique, mais sa dépen-
dance aux mécanismes sensoriels apparaît bien dans le schéma synthétique de la
figure 5.8. En fait, même si le schéma paraît complexe, les déclencheurs de la faim
sont essentiellement l’horloge interne journalière, le taux de glucose sanguin et les
facteurs de plaisir hédonique qui active l’envie de prise alimentaire.
Ainsi, la phase gastrique du « coup de pompe de 11 heures », qui entame des
contractions de l’estomac sans la présence d’aliments, représente un signal végétatif
lié au rythme journalier annonçant un besoin de prise alimentaire. Au contraire, les
phases de la recherche de nourriture et d’ingestion sont directement dépendantes des
organes sensoriels. Vous achetez vos fruits selon leur couleur et la mémoire de leur
odeur et de leur goût, la viande selon le critère de sensibilité dentaire représentant la
tendresse des fibres, etc.
Le comportement alimentaire de l’homme actuel s’est fortement éloigné de
celui des autres animaux et, bien sûr, de celui de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs. La
recherche de nourriture est devenue beaucoup moins aléatoire et les qualités senso-
rielles des aliments, leur couleur, leur forme, leur emballage, leur odeur prennent une
importance terriblement renforcée par les recherches en marketing associées aux
choix statistiques des consommateurs et aussi grâce à la participation de psycholo-
gues connaisseurs des pulsions et affects des consommateurs.
Dans nos sociétés où la nourriture est abondante, le comportement de recher-
che d’aliment ne correspond pas à la couverture de besoins nutritifs, mais à la recher-
che d’agrément voir de plaisir.
Aussi, les organes des sens sont essentiels dans le déroulement de toutes les
étapes de cet ensemble de comportements à la fois élémentaires et malgré tout
complexes du fait des apprentissages, de la culture, du mode de vie, des habitudes
individuelles…
256 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
SANG
Électrolytes Cortex temporal
Glucose = 1 Hippocampe Adipocytes
N. Amygdalien
Lipides = 2
Protéines= 3
Insuline, CCK HYPOTHALAMUS
Leptines
Dopamine Horloge
Sérotonine GABA
interne
Adrénaline + –
1 Neuropeptide Y Région bulbo-
Noyau Noyau N. latéral
Protubérance
2 Galanine para- ventro- « centre de
Noyau du tractus
ventriculaire médian la faim »
solitaire
3 Opioides
Dopamine
SATIÉTÉ
Adrénaline
–
X
FAIM Cholécystokinine(CCK)
–
IX
Duodénum
1 2 3
Remplissage gastro-
Glucides Lipides Protéines intestinal
consommation
Dopamine Goût
Adrénaline
Noyau caudé-
Plexus intestinal
putamen
Figure 5.8
La faim
Ce schéma un peu compliqué prétend donner les principaux facteurs qui règlent les mécanismes de l’un de nos
comportements les plus primitifs : la faim. Si l’on ne retient que les principaux facteurs : le taux de sucre circu-
lant et les données hypothalamiques sur l’état de l’équilibre satiété-faim constituent les déterminants majeurs.
Mais il est aussi évident que les informations corticales, les pulsions ou la recherche d’un hédonisme sont, chez
l’homme, des facteurs qui prédominent sur les seules données hypothalamiques.
! L’odorat
L’odorat est certainement la sensorialité qui guide le nourrisson vers le sein maternel
(via le bulbe olfactif accessoire). Le nouveau-né sait distinguer l’odeur de sa mère
sans erreur parmi d’autres.
Intégration des données sensorielles par le cerveau 257
L’odeur des aliments intervient dans un premier temps : les arômes dégagés
par les aliments dans l’atmosphère enclenchent la recherche en mémoire olfactive des
éléments correspondants aux odeurs, puis vient l’appréciation du caractère hédoni-
que, c’est-à-dire le caractère agréable des aliments. L’hédonisme est lié à la fois aux
odeurs des composantes des aliments, à la couleur, et en bouche, au goût et aux odeurs
que les aliments mastiqués, broyés et plus ou moins mélangés à la salive, dégagent
dans l’arrière-gorge et qui remontent vers les crêtes turbinales pour réactiver à nou-
veau la mémoire des odeurs (odeur de « la madeleine » évoquée par Proust).
! La gustation
! La vision
Chez l’homme, les choix alimentaires sont très dépendants de la vue. Les aliments
sont reconnus par leur forme, leur présentation dans les rayons du magasin, leur cou-
leur, et cela dépend en outre de notre culture et des habitudes culinaires ancestrales.
La vue des aliments enclenche un réflexe conditionné de type pavlovien avec une
salivation, parfois des contractions de l’estomac entamant un épisode pré-digestif.
L’art culinaire et la gastronomie utilisent des présentations savantes, décoratives,
suggestives qui stimulent l’hédonisme autant que les papilles gustatives.
C. Le contrôle mécanique
La paroi du tube digestif contient des récepteurs d’étirement qui se trouvent dans des
plexus nerveux contenus aussi dans la paroi intestinale (plexus d’Auerbach et plexus
de Meissner) et agissent sur la motricité de l’estomac et de l’intestin. L’estomac vide
avec les récepteurs inactifs contribue à la faim par les signaux transmis par la branche
sensitive du nerf vague (X) vers le noyau situé dans la zone bulbo-protubérantielle
puis vers l’hypothalamus.
Le remplissage de l’intestin par le bol alimentaire active des peptides libérés
par le pylore comme la cholécystokinine (CCK) et la bombésine. Ces molécules cor-
respondent donc à la satiété et son trouvées effectivement en très petites quantités
dans les régions hypothalamiques quand on provoque leur libération massive dans le
pylore. Lorsqu’elles sont injectées dans l’hypothalamus chez l’animal ou injectées
par voie sanguine, elles induisent un état de satiété suivi parfois d’une compensation
qui fait diminuer la taille du repas (pour libérer moins de CCK) mais incite à manger
plus souvent.
260 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
E. Le contrôle génétique
Des travaux déjà anciens ont montré qu’une hormone, la leptine, était impliquée dans
la prise de poids de certaines souches de souris. Ainsi, les souris homozygotes por-
teuses du gène Ob/Ob sont obèses. Ce gène Ob code la leptine et contrôle le prélève-
ment des lipides par les adipocytes. D’autre part, la leptine, hormone périphérique, se
retrouve dans le cerveau en quantité proportionnelle à sa concentration sanguine. Le
neuropeptide Y (NPY) accroît le stockage des graisses et chez les souris ObOb, le
neuropetide Y est fortement exprimé dans le noyau arqué. D’où l’idée que NPY pour-
rait aussi être responsable de l’obésité et des altérations du comportement alimentaire
associé, mais faute d’observation clinique liée à une éventuelle déficience génétique
en NPY, cela reste des hypothèses.
B. L’appétit spécifique
Il est curieux d’observer chez les animaux, en fonction des saisons, des changements
dans les choix alimentaires. Ces choix sont directement en relation avec un besoin
nutritif particulier. Chez l’homme, des choix peuvent faire éliminer certains nutri-
ments parce qu’il y a une aversion plus ou moins justifiée ou parce qu’ils sont perçus
comme nocifs. Dans ces choix, nous placerons les « végétaliens » qui optent pour
n’ingérer que des nutriments extraits des plantes.
L’appétit spécifique pour les sucres : les sucres agissent comme déterminants
de l’activité hypothalamique. Il est certain que la surconsommation de sucres active
les récepteurs du plaisir et incite à choisir ce type d’aliment qui de toute manière
enclenche la sensation de satiété mais laisse la sensation du besoin de se faire plaisir
en mangeant des sucres. Notez que l’association glucides-antidépresseurs agit en pro-
duisant une libération de noradrénaline ce qui peut entrainer une prise de poids en
réduisant la dégradation des lipides.
262 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
! Hyperphagie
L’hyperphagie est une pathologie dans laquelle le malade consomme des quantités
d’aliments très supérieures à ses besoins sans jamais parvenir à trouver du plaisir.
! Hyperphagie nocturne
Le sujet éprouve un besoin pressant de manger à n’importe quelle heure de la nuit. Il
peut s’agir d’une forme de boulimie dans certains cas. Dans beaucoup de cas, des
troubles du sommeil (insomnie) ou des perturbations des rythmes journaliers (veiller
très tard pour des jeux ou pour regarder la télévision, rythmes professionnels noctur-
nes…) entraîne une rythmicité déréglée des activités liées à l’hypothalamus, y com-
pris des comportements alimentaires.
! Boulimie
À la différence de l’hyperphagique, le boulimique avale beaucoup de nourriture uni-
quement pour stimuler les centres du plaisir et il se fait vomir pour régurgiter les ali-
ments et pour mieux recommencer immédiatement après. La boulimie peut apparaître
en alternance avec de l’anorexie.
! Syndrome d’hyperphagie-boulimie
Ce syndrome (« Binge Eating Syndrome ») est une sorte de cumul des deux symptô-
mes mais ici le comportement de boulimie ne s’accompagne d’aucune régulation par
les vomissements ou par des laxatifs.
Les hyperphagies et/ou boulimies correspondent à 5 critères, qui peuvent
faire l’objet d’un questionnaire visant à établir s’il existe un problème du comporte-
ment alimentaire :
1. la quantité de nourriture absorbée en moins de deux heures est supérieure à
la consommation habituelle ;
Intégration des données sensorielles par le cerveau 263
2. le sujet perçoit une perte du contrôle sur la prise d’aliments comme le senti-
ment qu’il ne peut plus s’arrêter d’avaler n’importe quoi ; au moins trois des
critères suivants sont réunis :
– la prise alimentaire est beaucoup plus rapide que la normale ; le sujet ne
s’arrête que lorsqu’il ressent une douleur due à la forte distension de
l’estomac ; le sujet mange sans avoir de sensation de faim ; le sujet se
cache pour manger ; le sujet ressent un dégoût pour son comportement
mais ne parvient pas à l’empêcher ; le sujet se sent dépressif.
3. il existe une souffrance psychique très marquée ;
4. le sujet est considéré comme boulimique si ses crises se manifestent plus de
deux fois par semaine sur au moins six mois ;
5. certains comportements boulimiques se font sans vomissements et se trou-
vent fréquemment chez des sujets obèses.
! Diabète
Interroger sur l’existence d’un diabète. Cette maladie fait partie des facteurs de ris-
ques d’altération du comportement alimentaire.
! Anorexie
L’anorexique est un ou plutôt une adolescente qui manifeste une répulsion pour la nour-
riture qui fait prendre du poids et déforme le corps. La dépréciation croissante de sa propre
image entraîne un blocage de la prise d’aliment. Les malades n’éprouvent ni besoin, ni
bien sûr de plaisir à manger puisque manger revient à abîmer sa propre image corporelle.
L’anorexie est parmi les perturbations de la prise alimentaire les plus délica-
tes à soigner car le début de la répulsion pour la nourriture peut être sous-estimé par
les parents, surtout si cela intervient en période de conflit parent-fille. Il est parfois
possible d’observer une rémission où l’adolescente cède à la pression de l’environne-
ment ou aux soignants. Malheureusement une telle phase est souvent suivie d’une
nouvelle étape dans le refus de s’alimenter auquel s’ajoutent des altérations diverses
secondaires à des maladies organiques sévères. Il faut rechercher les origines dans des
conflits familiaux, le plus souvent anodins et donc oubliés de tous, ce qui ne facilite
pas la tâche des psychothérapeutes. Comme pour toutes les déviations comportemen-
tales, l’indication de thérapies familiales et de groupe peut être plus efficace que le
placement forcé sous perfusion en milieu clinique (pourtant cela est parfois utile pour
éviter une trop forte perte de protéines qui peut mettre l’anorexique en danger).
L’hypophagie des malades souffrant de cancers variés soumet ceux-ci à des
souffrances sévères et à une cachexie (affaiblissement profond) qui ne fait qu’aggra-
ver les déficits métaboliques. Il est important pour ces patients qu’un soin tout parti-
culier soit apporté dans la confection de repas riches en hédonisme et assurant au
mieux l’équilibre nutritif.
Pour en savoir plus sur les troubles alimentaires :
http://www.caducee.net/DossierSpecialises/psychologie/anorexie.asp
264 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Noyau hypothal.
SOIF HYPOVOLÉMIQUE Angiotensine
paraventriculaire
Secrétion de
vasopressine
Noyau hypothal. Noyau hypothal.
Noyau préoptique
paraventriculaire paraventriculaire
Osmolarité cérébrale
(vigilance, mémoire)
Papilles
VII, IX, X Noyau gustatif
linguales Hypothalamus
latéral
PRISE DE LIQUIDE
Figure 5.9
La soif
Le déterminisme de la soif utilise d’autres facteurs que la faim. Le taux d’ions sodium présents dans la sphère
orale ou dans le sang circulant sont les déclencheurs de la soif. Mais les expériences et la clinique montrent que
des facteurs activateurs des centres hypothalamiques induisent la libération de vasopressine, active sur la vaso-
motricité cérébrale (la vasopressine est parfois appelée l’hormone de l’attention). Des troubles centraux peuvent
être associés à une soif intense telle que la potomanie (fréquente dans la schizophrénie).
aider à la réfrigération du corps. Nous avons vu que les récepteurs thermiques sont
répartis soit dans l’hypothalamus qui agit sur la synthèse des hormones contrôlant le
métabolisme, comme la thyréostimuline hypophysaire (TSH), soit dans la moelle épi-
nière en C4-C5. Ces récepteurs sont sensibles à la température du sang systémique
arrivant par l’artère basilaire, juste avant l’entrée dans le tronc cérébral. L’activation
de ces récepteurs provoque le frisson et la contraction des muscles érecteurs des poils.
Ce qui libère un peu d’énergie pour réchauffer la surface du corps.
B. La potomanie
Besoin de boire par habitude comme dans l’alcoolisme.
C. L’adipsie
L’absence de besoin de boire est observée dans de rares cas, comme dans l’anorexie.
Les patients peuvent rester plusieurs semaines sans éprouver le besoins de prendre
des liquides. Chez les anorexiques chez lesquels l’adipsie n’est pas compensée par
l’absorption d’aliments contenant de l’eau, il est indispensable de faire des apports
hydriques par perfusion.
D. La déshydratation
Elle est fréquente dans diverses maladies affectant le tube digestif. Les vomissements
répétés et les violentes diarrhées induisent des pertes conséquentes d’eau qu’il faut
compenser. Elle est fréquente aussi chez l’enfant ou le vieillard lors des fortes chaleurs.
RETENEZ :
Si on peut considérer que la violence est contraire à la raison, l’agressivité
représente un comportement intégré dans notre patrimoine. Un comporte-
ment agressif se trouve, dans sa limite de mise en jeu physiologique, être une
attitude ou une réaction d’intensité proportionnée au stimulus nocif ou frus-
trant déclencheur.
La violence est une pulsion destructrice qui n’a pas de motivation comporte-
mentale raisonnée. C’est un besoin de détruire les autres ou soi-même et en tous cas
d’éliminer un stimulus interprété comme dangereux pour le sujet. L’automutilation,
même si elle représente une phase par laquelle peuvent passer certains schizophrènes,
n’est qu’un aspect de la violence. La violence s’exerce sous forme verbale dans les
démences séniles par exemple ; le malade profère alors des mots orduriers et inju-
rieux qui sont totalement incongrus à l’adresse des parents ou des soignants. Cela se
trouve exprimé aussi de manière intempestive dans le syndrome de Tourette avec
cette différence que les mots injurieux sont hurlés comme dans un spasme et ne
s’adresse à personne en particulier (tableau 5.5)7.
268 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Figure 5.10
Agressivité
Les facteurs déclenchant les mécanismes d’agressivité sont multiples. Fondamentalement, ce sont des mécanis-
mes de protection de l’individu ou de son espèce. Ces mécanismes sont d’abord inscrits dans notre mémoire
ancestrale (en lien avec le système limbique). Les composants du noyau amygdalien semblent avoir un rôle
assez sélectif des composantes émotivité-agressivité-violence, comme on le voit sur ce schéma.
Les structures cérébrales (figure 5.10) qui contrôlent ces comportements sont
essentiellement : le lobe limbique ; le lobe frontal, en particulier orbito-frontal (dont
l’organogenèse anormale est l’une des causes de certaines formes de schizophrénies) ;
et l’hypothalamus.
Schématiquement, les voies impliquées dans l’agressivité et l’émotion se
résument ainsi : pour la neurobiologie, on considère qu’un stimulus stressant, libérant
de l’adrénaline et des corticoïdes, enclenche un état agressif. La physiologie globale,
le métabolisme, l’activité musculaire se prépare à une réponse adaptée à ce stress : la
fuite ou une réponse violente.
L’initiation des réponses agressives se situe surtout au niveau mésencéphalo-
diencéphalique et en particulier dans l’hypothalamus latéral et péri-ventriculaire.
Notez que ce sont aussi des zones responsables de l’appétence, du plaisir et par corol-
laire à la défense lorsque les zones de satisfaction ne sont plus activées ou même se
trouvent inhibées : l’agressivité mésencéphalique correspond ainsi à la peur, et l’irri-
tabilité diffuse ; l’agressivité diencéphalique correspond à des phases de colère diri-
gée contre un élément considéré comme une agression du MOI ; l’agressivité limbo-
corticale est la plus complexe et correspond à des réponses intégrées à des éléments
perturbants liés à des symboles ou à des aspects affectifs.
Les neurotransmetteurs tels la sérotonine sont impliqués dans l’agressivité.
Son hyposécrétion dans les psychoses maniaco-dépressives accroît l’apparition
d’épisodes violents. Or il existe une prédisposition familiale à l’hyposécrétion de
sérotonine qui suggère une transmission génétique des tendances agressives. Ce prin-
cipe est conforté par les études sur des souris rendues agressives par une modification
génétique.
D. La dopamine
De même, la dopamine augmente les comportements agressifs. L’amphétamine qui
stimule la transmission dopaminergique diminue l’agressivité chez la souris sponta-
nément agressive mais l’augmente chez les animaux non agressifs. Les doses sont
importantes à considérer, les faibles doses induisant un comportement défensif.
L’agressivité notée chez des consommateurs de cocaïne (inhibiteur du transporteur
pré-synaptique de la dopamine) peut conduire à des accès de violence ou d’agressivité.
E. La sérotonine
Ce neurotransmetteur semble aujourd’hui jouer un rôle prédominant dans l’impulsi-
vité et l’agressivité. Tant chez l’homme que chez l’animal, les nombreuses études
démontrent schématiquement que la sérotonine (5 HT) inhibe les comportements
agressifs.
F. Testostérone et androgènes
La testostérone et les androgènes sont incriminés, chez l’animal, dans l’agression ou
dans la potentialisation des effets délétères comportementaux de l’alcool. Chez
l’homme, le constat répété d’une corrélation entre des actes de violence et les taux
circulants de testostérone est bien argumenté, en notant au passage qu’il n’y a pas de
différence selon le type de violence notamment dans le domaine sexuel. Ces données
ont conduit à préconiser les anti-androgènes chez les sujets les plus violents.
Intégration des données sensorielles par le cerveau 271
RETENEZ :
Les molécules de l’agressivité sont surtout l’adrénaline et les androgènes. Les
comportements violents serait lié à la sérotonine.
Tableau 5.5
Comportement agressifs et comportements violents. Les états psychologiques qui font qu’un sujet
passe de l’agressivité, comportement programmé d’autoprotection, à la violence, c’est à dire au
passage à des actes de violence verbale ou physique contre lui-même et les autres est loins
d’être facile à délimiter. Si l’on s’en tient aux théories freundiennes, le courant libidinal et la vio-
lence latente ou violence fondamentale peuvent être intégrés comme des actes naturels sans
nécessité de motivation ou de pulsion. Au contraire, la violence courante est généralement
induite par des états pulsionnels.
Tableau 5.6
Agression active et passive
Ce tableau propose une sorte de tri dichotomique parmi les situations agressives. Il permet de strucutrer un com-
portement agressif en fonction des manifestation plus qu’en fonction de l’origine du comportement.
que sans contrôles frontaux ou temporaux, donc libère les comportements d’agres-
sion qui s’exacerbent au cours du développement.
Les psychotiques adultes vivent des phases de délires qu’ils ne savent pas
délier de leur environnement, faute de disposer des connexions corticales adaptées.
Le délire verbal qui est souvent mêlé à des épisodes d’expression cohérente,
contient généralement tous les éléments qui créeront le passage à l’acte violent ou
acting. Ce chaos des pensées du psychotique à amplement été décrit par Freud et revu
par Lacan. Ainsi, chez le psychotique, il se réalise un clivage entre le MOI en contact
avec la réalité et la partie de la personnalité reliée aux comportements primitifs. Ce
clivage rend aussi difficile l’intégration de la qualité bonne ou mauvaise des stimuli
objets de l’épisode violent.
Chez les schizophrènes, les courants violents et libidinaux résultent d’une
déviation ou d’une perversion de l’agressivité. Le malade organise son MOI sur l’élé-
ment moteur de sa personnalité. De la sorte les références par rapport à la réalité sont
Intégration des données sensorielles par le cerveau 273
D. Les névroses
Les névroses se distinguent des structures pathologiques précédentes par le fait
qu’elles résultent de manière primaire de situations conflictuelles violentes : conflit
CA – dans le MOI-SURMOI, angoisses de castration, existence d’une fonction
d’interdiction du SURMOI, conflit et autocensure d’un complexe d’œdipe, pour ne
citer que quelques situations.
Expérimentalement, les situations conflictuelles névrosantes sont aisément
créées par un conditionnement d’évitement chez le rat lorsqu’après une phase de
récompense pour un évitement correct, on enlève la récompense. Alors apparaît une
274 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
F. La violence sexuelle
Voir le comportement sexuel (section 5.7).
G. La violence de la souffrance
On ne saurait taire ces réactions de « rébellion » des malades contre le « mauvais
coup du sort » qui leur inflige une souffrance parfois atroce. Cette violence est dif-
fuse. Le malade qui lutte contre la mort focalise ses pensées sur son propre état et en
rend responsable les soignants par exemple. La régression psychique jusqu’à l’infan-
tilisation des malades en fin de vie s’accompagne d’épisodes douloureux et violents.
Intégration des données sensorielles par le cerveau 275
imprécations sont celles entendues dans les démences), soit via l’objet automobile
(course poursuite, tentative de détruire l’autre avec l’instrument automobile), soit
directement, par une agression physique au corps à corps.
5.7 Sexualité-reproduction
OESTROGENES
TESTOSTERONE
Comportement proceptif-
Comportement proceptif :
CYCLE REPRODUCTIF
agressivité vis à vis
Acceptation-lordose
des autres mâles
PROGESTERONE
Copulation Copulation
Gestation
Ocytocine
PROLACTINE
PROLACTINE
Comportement parental : nourissage des jeunes
Éducation-Apprentissage
Figure 5.11
Régulation sexualité
Schéma général simplifié des régulations du comportement sexuel chez diverses espèces animales. La périodi-
cité de la reproduction chez la plupart des animaux permet de mieux disséquer les phases des comportements
reproducteurs. Chez l’homme cette cyclisation est fortement atténuée, même si, comme le constatent les gynéco-
logues, il subsiste des périodes annuelles où la fécondité augmente. Cependant les actes reproductifs, les pha-
ses gestatives et les comportements parentaux restent sous le contrôle d’abord de l’hypothalamus puis des
centres cérébraux.
sexualité. L’activité sexuelle dans ces conditions vise plutôt à la recherche du plaisir
qu’à la nécessité de procréer. Ceci caractérise les orgasmes des hommes et des fem-
mes ensembles ou séparément selon des choix librement consentis ou non. C’est là
une dérive proprement humaine puisque la sexualité animale vise d’abord à maintenir
la pérénité de l’espèce.
Et dès lors qu’on évoque le plaisir sensoriel, ce dernier peut être recherché
par tous les moyens.
RETENEZ :
Le sexe biologique est défini par la présence des chromosomes XX (femelle)
ou XY (mâle). La féminisation de l’hypothalamus est la première manifesta-
tion de sexualisation lors de l’embryogenèse. Des gonades indifférentiées
coexistent puis la sexualisation mâle ne se produit que plus tard selon qu’il y
a ou non une colonisation par les cellules GNRH venant des voies olfactives.
orgasmes entre partenaires et faire en sorte que l’éjaculat soit aspiré par les contrac-
tions du vagin et pénètre correctement dans l’utérus pour optimiser la fécondation.
Les études en sexologie montrent un certain nombre d’asynchronismes.
Après un orgasme, l’homme subit une période de plusieurs minutes où il n’est plus
stimulable ; ceci n’existe pas chez la femme qui reste sensible bien plus longtemps.
Les perceptions sensorielles ne sont utilisées que pendant quelques minutes chez
l’homme pour parvenir à l’orgasme ; chez la femme, diverses zones sensorielles, les
déterminants psychiques de la sexualité allongent notablement cette durée de recher-
che de stimulations sensorielles pour parvenir à l’orgasme.
B. La contraception
Les moyens de contraception sont essentiellement hormonaux (pilules contracepti-
ves, patches) mais les méthodes utilisant un diaphragme ou un stérilet entravent la
fécondation de manière « mécanique ». On ne décrit pas d’altérations neurosensoriel-
les sous l’action des contraceptifs, mais les effets vasculaires et hormonaux étant
incontournables, la prise continue de ces substances peut agir sur le caractère.
RETENEZ :
Les hormones de la sexualité féminine :
– Les œstrogènes : les variations du taux d’œstrogènes ont des effets certains
sur les cycles veilles sommeil. 17 % des femmes rapportent des pertubations
du sommeil pendant les règles, donc pendant la chute du taux d’œstradiol, le
produit de dégradation des oestrogènes. L’hypo-œstrogénie peut produire :
céphalées, migraines, bouffées de chaleur, asthénie, insomnie, tendance à la
dépression. L’hyperœstrogénie peut induire : irritabilité, anxiété.
– La progestérone : l’hormone de la gestation est aussi l’hormone qui con-
trôle le comportement maternel.
– La prolactine : l’hormone de la lactation. Ces différentes hormones ont
des effets directs sur les réponses sensorielles, sur les seuils de réponse,
sur les variations de l’humeur (troubles thymiques) (figure 5.10).
– Les gonadotrophines : ces hormones sont libérées par l’hypothalamus.
Celui-ci est activé par diverses étapes de la sexualité : maturation, puberté,
cycles sexuels. Cela induit l’activation de la gonadolibérine hypothalami-
que (GnRH ou LHRH) qui agit sur la sécrétion de l’hormone folliculo-sti-
mulante (FSH), puis sur les ovaires en libérant des œstrogènes.
Hypophyse
Hypotalamus Oxyde
postérieur
nitrique
Prolactine
Commande
Hypophyse
Ocytocine GABA
antérieure
de stockage d’Ocytocine
Cerveau
locale + –
Opioides
Terminaisons sensorielles
+ Action sur +
du col utérin OESTROGÈNES
le gène de Libération
l’ocytocine d’ocytocine
Mouvements du fœtus
UTÉRUS
Stimulations en période fœtale
Figure 5.12
Comportement maternel
Le comportement maternel est préparé pendant la grossesse. Tandis que la progestérone prépare l’installation, ou
nidation, de l’embryon dans la muqueuse utérine, les œstrogènes provoquent la libération d’ocytocine qui agit sur
les contractions de l’utérus, sur la sécrétion de lait et sur l’hypothalamus. Ce dernier induit la formation de voies de
« plaisir » dans lesquelles le contact et les communications mère-enfant libérent des opiacés et de l’oxyde nitrique
au niveau des synapses avec le système limbique. La formation de cette voie « maternelle » active également la
mémoire ancestrale des actes à accomplir pour optimiser la croissance et les soins au nourrisson.
5.7.7 La ménopause
La fin de la production des ovules est réputée correspondre à la fin de la sexualité
féminine avec l’apparition de la ménopause. En fait, la chute du taux de progesterone
à cette période fait bien cesser l’œstrus et peut réduire le désir sexuel, mais ce sont
plus les effets secondaires comme l’altération du métabolisme du calcium, les phases
d’hyperthermie, la diminution de l’influence apaisante des hormones féminines qui
provoquent des altérations croissantes de la sexualité et des changements ou une ins-
tabilité d’humeur des femmes ménopausées. En effet, des traitements hormonaux
modérés sont relativement utiles dans le maintien des rapports de couple des person-
nes d’âge mûr en réduisant notablement les troubles ménopausiques.
phère gauche, tandis que l’homme est plus centré sur l’action et la compéti-
tion car il est soumis à son hémisphère droit.
– La femme est moins émotive, mais elle exprime davantage son émotivité et
son anxiété alors que l’homme est, en réalité plus émotif, mais il n’exprime
qu’assez peu ses émotions bien qu’il ne les domine pas.
– La femme se repère mieux dans le temps (cerveau gauche) en utilisant une
mémoire de signes et d’objets concrets où elle excelle dans les tests de
mémoire et de dénomination. L’homme s’oriente mieux dans l’espace (cer-
veau droit) ainsi que le montrent les tests de rotation spatiale à trois dimen-
sions réalisés dès l’enfance.
– Globalement, les femmes sont beaucoup plus sensibles dans les basses fré-
quences et présentent une ouïe mieux développée que l’homme (d’où
l’importance des mots doux, du timbre de la voix, de la musique dans la
dépendance sensorielle de la femme).
– La sensibilité chromatique est généralement meilleure chez la femme. En
outre, il se trouve que les anomalies de vision colorée sont beaucoup plus fré-
quentes chez l’homme (plus de 20 % des hommes ont une anomalie généti-
que des pigments rétiniens comme le daltonisme, alors que cela est très rare
chez la femme).
– Les analyses montrent que les femmes possèdent jusqu’à 10 fois plus de
récepteurs cutanés pour le contact tactile que les hommes.
– L’olfaction féminine est plus fine : jusqu’à 100 fois, à certaines périodes du
cycle. L’organe voméro-nasal relativement régressé chez l’Homme par rap-
port aux autres Mammifères, perçoit les phéromones (molécules-signaux
transmises à distance) qui traduisent plusieurs formes d’émotions : désir
sexuel, colère, crainte, tristesse. Nos tests olfactifs sur de grandes populations
d’étudiants des deux sexes montrent une plus grande sensibilité chez les fem-
mes (serait-ce là ce qu’on appelle « l’intuition » ?).
– La vision est davantage développée – et érotisée – chez l’homme (d’où son
intérêt et son excitation par les vêtements, le maquillage, les bijoux, l’éroti-
sation du nu, son attirance pour les revues pornos…). Cependant, la femme
dispose d’une meilleure mémoire visuelle (reconnaissance des visages et ran-
gement des objets).
– Mais ajoutons qu’en ce qui concerne les aptitudes scientifiques, contraire-
ment aux idées toutes faites, les chiffres obtenus sur 25 000 enfants ne mon-
trent aucune différence intellectuelle entre les garçons et les filles. Chez les
scientifiques, la pente des courbes de productivité est la même pour les hom-
mes que pour les femmes, tandis que ces dernières sont handicapées par des
difficultés à disposer de moyens de produire de même hauteur que les hom-
mes (voir la revue Nature, 442, 13 juillet 2006, pp. 133-136).
Ces différences viennent des milliards de gènes échangés au cours de l’évo-
lution. Ils ont été sélectionnés pour assurer les meilleures conditions de survie de
l’espèce en maintenant un mâle puissant qui défend le territoire de la femelle et de ses
284 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
petits. Puis avec l’homo erectus sont apparus la nécessité de répartir les tâches : les
tâches de puissance et dangereuses ont donné à l’homme une vision développée, un
odorat adapté à sentir des proies à distance ; les tâches de la femme ont consisté à édu-
quer les enfants, à mettre en œuvre les moyens de nourrir et d’optimiser la vie de la
progéniture. Qu’on accepte ou non ces principes ne change rien à la construction
neuro-anatomique et ainsi aux modes d’organisation neuropsychiques qui font la
complémentarité des deux sexes.
Tableau 5.7
Troubles du comportement sexuel
Psychotrope
Café Tabac
directe
Chocolat Alcool
Drogues
Type
d’hédonisme
Jeux vidéo Jeux
Travail pathologiques
Sexualité
Psychotrope addictive
indirecte
Faible Forte
Dominante de la solution hédonique
Figure 5.13
Hédonisme
La gestion hédonique. Les composantes qui lient le plaisir à l’hédonisme ont été classées ici en éléments procu-
rant du plaisir, mais avec faible dépendance, comme le chocolat ou le café. À l’opposé, les composantes
sexuelles ou les drogues qui sont associées à une forte addiction engendrent une puissante dominante hédoni-
que génératrice de plaisir et recherchées tout spécialement dans les pathologies à forte dépendance. (Adapté
de Loonis and Apter, 2000.)
retrouvés. Il apparaît un conflit qui s’il devient chronique conduit à une « névrose »
identique à celle que l’on produit expérimentalement chez le rat soumis à une stimu-
lation désagréable. Il peut l’éviter en appuyant sur une pédale qui empêche l’envoi du
choc électrique. Il s’habitue à ce choix après quelques tests. Si on dérègle le système,
le rat ne sait plus si son choix est le bon et il développe rapidement ce que l’on nomme
une « névrose expérimentale ». Certains psychothérapeutes considèrent que l’ano-
rexie peut être traitée en déplaçant les choix. Si le problème vient d’un conflit mère-
fille, il est fondamental de dissocier le conflit affectif du problème prise alimentaire.
L’option est de déplacer le conflit vers le soignant qui restera neutre sans chercher à
s’attirer l’affection du malade puisque la pathologie résulte déjà d’un trouble affectif.
Les troubles obsessionnels compulsifs relèvent aussi de tels conflits de choix.
Les sujets sont en permanence dans l’indécision. Selon le Modèle cognitif (Mihaescu
& Delsignore, 1998) les pensées s’organisent entre la vulnérabilité biologique (la
soupe neuronale), la vulnérabilité psychologique et les modèles placés dans la
mémoire. Lors du traitement de l’information le cerveau compulsif introduit un élé-
ment représentant un danger si le choix n’est bon. Cela conduit à un état de détresse
puis de panique et enclenche un comportement visant à réduire l’anxiété, c’est-à dire
un retour à un examen de la source du conflit, etc., ce qui réactive l’angoisse et le bou-
clage du comportement.
Alcool
A Nicotine Opiacés
Endorphines GABA
Benzodiazépines
ATV Alcool
Cocaïne NA Canabis
Amphétamines Nicotine
Hippocampe H
Récompense
Hipothalamus (H) Opiacé
Besoin
(lié au récepteur
Cocaïne présynaptique réduit la
(inhibe la libération d’Ach et DA)
Amphétamines recapture
(bloquent la libération Noyau
B des catécholamines) Accubens (NA)
Aire Tegmentale
Ventrale (ATV) Toxines LSD Alcool
(empêchent (agoniste de (augmente les
la conduction) sérotonine) récepteurs de GABA)
Figure 5.14
Drogues
Actions de certaines drogues sur le système nerveux. Ces schémas sont destinés à montrer que l’impact des dro-
gues est très varié. L’alcool, la nicotine et les opiacés agissent sur les noyaux du raphé dorsal et dans d’autres
voies notamment dopaminergiques (A). La cocaïne et le canabis agiraient sur le noyau accubens. Comme le
montre le schéma d’un circuit de neurones liant l’hypothalamus au noyau accubens (B), les drogues agissent à
des niveaux très variés des corps cellulaires : les toxines altèrent la conduction des messages électriques, les
amphétamines empêchent la libération de catécholamines, le LSD agit en se substituant à la sérotonine.
STIMULATION SENSORIELLE
Activation de Activation de
FMT PVS
DÉSIR FUITE
Si impossible
SATISFACTION AGRESSIVITÉ LUTTE
Figure 5.15
Un exemple de séquence comportementale initiée par la douleur (stimulus nociceptif) ou le danger. La séquence
passe par les voies de l’hypothalamus paraventriculaire (PVS) ce qui enclenche une séquence motrice de fuite
et/ou d’agressivité si la fuite n’est pas la bonne option (obstacle, force insuffisante…). Cela conduit à une situa-
tion d’équilibre telle qu’il n’existe plus de motivation ou de désir. L’aboutissement est ainsi analogue à la voie
liée à la pulsion et le besoin de satisfaire un plaisir. Cette voie passe par le faisceau médian du télencéphale
(FMT).
A. Les drogues
On place dans les drogues une quantité très variée de substances dont certaines sont
des substances à caractère thérapeutiques, d’autres n’ont aucun usage médical mais
sont utilisées comme hallucinogènes parce qu’elles provoquent chez celui qui
l’absorbe au début des sensations agréables. Ces dernières substances sont certaine-
ment parmi les plus dangereuses.
Le tableau 5.8 donne un aperçu non limitatif des substances que l’on peut
classer comme des drogues.
294 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Tableau 5.8
Quelques drogues fréquemment consommées
(Acc : accoutumance ; la cocaïne est la substance qui induit la plus forte accoutumance. Temps :
correspond au temps d’élimination moyen de la drogue en heures (sauf hallucinogènes où le
temps est en jours)
Notez qu’un grand nombre des substances considérées comme des drogues sont aussi des médi-
caments. C’est le cas des substances comme la morphine indispensable pour soulager la douleur
aigue des patients, des benzodiazépines d’usage courant en neurologie et neuropsychiatrie ou
encore des analgésiques utilisés comme anesthésiques chirurgicaux.
B. L’abus de drogues
C. Intoxication alcoolique
L’E S S E NT I E L À R E T E NI R D U C H A P I TR E 5 :
IN T É G R A T I O N D E S D O NNÉ E S SE N SO R I E LLE S
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Les troubles des comportements
L’interrogatoire préalable doit comporter l’historique des problèmes, c’est-
à-dire l’anamnèse, regroupant les faits qui ont conduit à la consultation,
l’évolution des troubles, les différents symptômes décrits par le patient.
Il faut préciser : – L’alimentation, la sexualité, la aspect sociaux pour soi-
même (dépendance, drogues) ou pour les autres (agressivité, violence).,
la consommation éventuelle d’alcool, de drogue ?
– L’examen comportemental doit se faire en dehors de l’influence du
récit du sujet et de ses proches. Il faut évaluer le niveau d’activité, la
facilité de communiquer, l’existence de gestes répétitifs,l’autonomie
du malade dans sa vie quotidienne, l’état affectif, l’humeur, la qualité
de sa sexualité, l’agressivité ou l’indifférence pendant l’entretien, la
familiarité éventuelle, une désinhibition, les capacités intellectuelles
(raisonnements élémentaires, mémoire, logique, calcul simple).
– En fonction des observations préliminaires, l’examen neurologique
cherchera des troubles sensori-moteurs, des signes neurologiques tra-
duisant une atteinte centrale, des troubles organiques (objectivés par
des mesures de tension, de pouls, de respiration ou d’analyses biolo-
giques. Lorsque des altérations centrales semblent en cause, une ana-
lyse EEG et peut-être l’imagerie cérébrale s’imposent.
Explorer le sommeil
– Tests psychométriques, test d’Epworth, un questionnaire simple portant
sur les habitudes domestiques du sommeil et sur les éventuels troubles.
Des questionnaires plus documentés sont nécessaires (tableau 5.4).
– L’électro-encéphalographie (EEG) : indispensable pour objectiver les
différents états de sommeil en particulier pour quantifier les phases de
sommeil paradoxal. Le rythme alpha indique généralement une phase
de synchronisation optimale des oscillations des neurones pyrami-
daux, donc une faible activité de veille. Le sommeil onde lente est
riche en ondes théta. Ce rythme est aussi celui, très constant de l’hip-
pocampe, la structure essentielle dans la mémoire. Des rythmes désyn-
chronisés cohabitent avec des ondes lentes typiques du sommeil
paradoxal, la phase de rêve. Notez que l’observation des mouve-
ments oculaires rapides (REM) et la perte de tonus musculaire pendant
le sommeil indiquent aussi le passage par du paradoxal. Les tracés
recueillis permettent de dresser l’hypnogramme de chaque sujet
Intégration des données sensorielles par le cerveau 297
Résumé du chapitre 5
Les comportements
Le déterminisme des comportements humains est le résultat des influen-
ces centrales, corticales et endocriniennes. La motivation est l’ensemble
des informations neurosensorielles qui incitent le sujet à réaliser les ges-
tes comportementaux qui permettront de satisfaire un but prédéfini. Ce
but peut être défini génétiquement, socialement ou faire partie des habi-
tudes familiales ou personnelles. Mais, si les niveaux de la hiérarchie de
l’intégration cérébrale le demandent parce que la motivation est com-
plexe, le sujet créera un nouveau programme comportemental à partir
de ses apprentissages, des expériences mémorisées et de la structura-
tion de son intelligence.
La veille et le sommeil
Nos comportements sont rythmés quotidiennement par l’alternance veille-
sommeil. L’état de sommeil joue un rôle important : il assure la régénéra-
tion des métabolites consommés pendant les activités psychomotrices, il
déconnecte le cerveau pendant les phases de sommeil profond et de som-
meil paradoxal, ce qui permet le transfert, le tri, le classement et la mémo-
risation des informations acquises pendant la vigilance, et il permet en
outre la relaxation musculaire, puisque la motricité est déconnectée pen-
dant le sommeil.
L’attention
Les mécanismes volontaires de l’attention sont indépendants du sommeil.
La principale structure impliquée dans le maintien de l’attention est le lobe
frontal. L’attention est l’état de conscience au cours duquel notre cerveau
capture, analyse et intègre le mieux les signaux sensoriels. Les sujets souf-
frant d’altérations qui affectent le lobe frontal présentent un syndrome
caractéristique dans lequel ils perdent toute initiative et ne peuvent pas
prendre de décision spontanée, mais ils conservent une intelligence et une
mémoire normale.
302 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
QUES TIONS
1. À quels mécanismes comportementaux se rattachent l’autostimulation et
l’auto-interruption ?
2. L’électro-encéphalogramme est une technique indispensable pour objec-
tiver les états de vigilance. En vous référant aux sections 1.4.3, 3.3.2,
5.2 et 5.3, attribuez les ondes correctes aux événements du cycle
journalier :
1. Ondes alpha a) Veille active
2. Ondes bêta b) Veille diffuse-somnolence
3. Ondes théta c) Sommeil profond
4. Ondes delta d) Sommeil paradoxal
5. Est-ce que la boulimie équivaut à l’hyperphagie ? Argumentez.
304 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
RÉF É R E NC E S
1. Berg Kathleen, Hurley Dermot, McSherry James, Strange Nancy, Les troubles du com-
portement alimentaire, Bruxelles, De Boeck, 2005, 352 p.
2. Billiard M., Le sommeil normal et pathologique. Troubles du sommeil et de l’éveil, Paris,
Masson, 1998.
3. Rigaud Daniel, Anorexie, boulimie et autres troubles du comportement alimentaire, Tou-
louse, Milan, 2002.
4. Rigaud Daniel, Pennacchio Hélène, Anorexie, boulimie et compulsions. Les troubles du
comportement alimentaire, Paris, Marabout, 2003, 323 p.
5. Vanderlinden Johan, Vandereycken Walter, Traumatismes et troubles du comportement ali-
mentaire. Guide diagnostique et thérapeutique, Dibeek (Belgique), Satas, 2000, 240 p.
S ITE S
Comportement :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Comportement
Comportement alimentaire :
http://psyfontevraud.free.fr/psyangevine/publications/semiologieCA.htm
Comportement sexuel :
http://www.sfscsexo.com/publi/pub2301.htm
Formation en psychiatrie infirmière :
http://psychiatriinfirmiere.free.fr/infirmiere/formation/psychologie/psychologie/
Législation psy :
http://www.psy-desir.com/leg/spip.php ?article 1164
Motivation :
http://www.chups.jussieu.fr/polys/dus/duneuropsycho/troublescliniquesmotivation.pdf
Sexualité et signification :
http://phi.lap.free.fr/HTML/inconscient-sexuel/Inconscient-sexuel.pdf
http://www.med.univ-angers.fr/discipline/psychiatrie_adulte/doc-dossier/semiolo-
gie%20
psychiatrique.pdf
http://www.sfscsexo.com/publi/pub2301.htm
Sommeil :
http://neurobranches.chez-alice.fr/sommeil/sommeil.html
Troubles de l’alimentation :
http://www.caducee.net/DossierSpecialises/psychologie/anorexie.asp
Troubles de l’attention :
http://www.ifrns.chups.jussieu.fr/production/Bartolomeo-science.pdf
CHAPITRE
6
Comportements cognitifs :
apprentissage, mémoire,
communication
6.1.1 Le conditionnement
Le conditionnement constitue la procédure de base de l’apprentissage car la réalisa-
tion d’associations fonctionnelles entre des voies neuronales normalement indépen-
dantes résulte de successions de conditionnements.
Décrit et étudié amplement chez l’animal, surtout à la suite des travaux de
Pavlov, le conditionnement implique des modifications majeures dans les circuits
neuronaux. Comme dans un apprentissage traditionnel, la première phase a un départ
purement sensoriel qui repose sur un réflexe non spécifique, c’est-à-dire un réflexe
qui se constitue quelle que soit la nature de la stimulation. La répétition d’un grand
nombre de stimulations engendre toujours la même réponse réflexe, en dehors du fait
qu’il apparaît un épuisement neuromusculaire. Il est donc préférable de procéder par
des séries de salves stimulantes.
Expérimentalement, le conditionnement peut être obtenu en associant un sti-
mulus aux salves. La nature du stimulus conditionnant peut être spécifique ou non,
mais, envoyé seul, ce stimulus n’entraîne pas de réponse d’un effecteur. Le stimulus
conditionnant suit le stimulus inconditionnel avec un délai constant dépendant de la
nature des voies concernées. Après un certain nombre de stimulations, le condition-
nement est effectif quand le stimulus conditionnant agit seul sur l’effecteur.
Les conditionnements sont réalisés soit par l’utilisation de stimulations sen-
sorielles, on parle de conditionnement instrumental, soit par l’association de deux
phénomènes physiologiques, c’est le conditionnement pavlovien.
RETENEZ :
Le conditionnement est un mécanisme d’apprentissage dans lequel un type de
stimulation (dite inconditionnelle) est suivie d’une récompense ou d’une puni-
tin (stimulus conditionnel) de sorte que les deux événements deviennent asso-
ciés. Cette association est instable et nécessite un renforcement périodique.
6.1.2 L’apprentissage
A. Les bases de l’apprentissage
L’apprentissage est l’étape neurosensorielle par laquelle commencent les processus
mentaux.
308 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Figure 6.1
Mort cellulaire et apprentissage
Mort et remplacement des neurones et plasticité cérébrale. Les structures olfactives représentent un modèle
remarquable de reconstruction permanente du matériel neuronal. Si l’on inflige une destruction massive de cellu-
les sensorielles olfactives par inhalation de sulfate de zinc, il se produit une dégénérescence des milliers d’axo-
nes destinés au bulbe olfactif. Les glomérules olfactifs qui reçoivent ces axones sont des structures contenant
d’énormes quantités de synapses et pas de neurones, ceux-ci sont situés en bordure des glomérules. Dans les
2 jours suivant la disparition des synapses, les sujets sont anosmiques. Même en l’absence de stimulations odo-
rantes, 8 à 10 jours après la destruction, les performances d’identification et de mémoire des odeurs sont restau-
rées. Ceci signifie que les structures rétrobulbaires donnent les informations utiles pour reconstruire
l’organisation synaptique glomérulaire comme elle l’était avant la destruction. Cela signifie aussi qu’il existe une
mémoire locale de l’organisation des circuits dont les cellules gliales sont l’un des supports. En effet, ces derniè-
res, qui servent entre autre à éliminer les neurones morts en restant sur place garderaient la mémoire de la
bonne position que les nouveaux neurones ou les nouvelles synapses doivent retrouver.
les processus mnésiques par défaillance d’assistance au guidage des nouveaux neuro-
nes. Ces cellules gliales dont les gènes expriment les molécules d’adhésion comme les
n-CAM, peuvent remplir les espaces laissés vides par une dégénérescence neuronale et
contribuer à la formation de tumeurs cérébrales. L’astrocytome thalamique est une
illustration des effets de la prolifération des cellules gliales résultant d’une dégénéres-
cence neuronale. Dans cette affection, outre des douleurs lancinantes de l’hémicorps
(douleur thalamique), on observe des altérations très importantes de la mémoire.
Progressivement, avec l’assistance des astrocytes, les réseaux de neurones se
développent, s’allongent, s’interconnectent progressivement entre les structures
sous-corticales puis relient les aires corticales et assurent des associations fonction-
nelles. À ce stade, même s’il subsiste des réarrangements synaptiques durant toute la
vie d’adulte, la circulation des messages nerveux se fait à grande vitesse (entre 1 et
40 m/sec), excluant des modifications synaptiques trop lentes. Dès ces étapes,
l’apprentissage est réalisé par une multiplication et une amplification par des circuits
neuronaux spécialisés tels ceux qui sont trouvés dans l’hippocampe. Ainsi les circuits
entretiennent la circulation des informations utiles pendant un temps suffisamment
long pour que s’opèrent des modifications moléculaires sur les membranes. Puis à
plus long terme, sous l’effet des commandes moléculaires, les circuits se réorgani-
sent, se consolident de telle sorte qu’un prochain signal identique empruntera les cir-
cuits ainsi créés pour faciliter le passage sélectif des signaux concernés. Ces
opérations de remise en forme, de rafraîchissement des protéines membranaires puis
des circuits neuronaux représentent la plasticité cérébrale qui est une découverte
remarquable des neurosciences récentes.
Les troubles de l’apprentissage, indépendamment des altérations de la
mémoire, apparaissent bien chez les patients atteints d’épilepsie temporale affectant
l’hippocampe ou chez les patients dépressifs traités par une thérapie d’électrochocs
qui interrompt aussi l’activité hippocampique. Ces patients ont tous de grandes diffi-
cultés dans l’apprentissage de nouvelles tâches car les régions temporales sont impor-
tantes dans la transformation des informations apprises en informations mémorisées.
Or ces tâches de conversion sont liées à des groupes de neurones dont les synapses
sont essentiellement de type N-méthyl-D-aspartate (NMDA ; voir section 2.5.4 à pro-
pos des neurotransmetteurs). Tout cela est le fait de l’apprentissage unitaire.
Chaque neurone accroît sa compétence et sa spécialisation. Pourtant, chaque
neurone reçoit dès la formation de l’embryon une dotation génique qui le différentie
très vite en interneurone, en cellule de Betz, en microneurone, en macroneurone, en
cellule pyramidale ou en cellule de Purkinje.
Cette différenciation précoce est à la fois un atout fonctionnel, car la cellule
contient un programme de compétence qui permet à un neurone du cortex visuel de
reconnaître une information codée pour la couleur ou la vitesse de déplacement. La
circulation des informations lors des premiers apprentissages synaptiques ne fait
qu’activer les gènes de compétence pour que les neurones concernés soient très rapi-
dement efficaces. Là encore, si une erreur de choix de compétence a lieu, la synapse
mal orientée disparaît ou le neurone meurt.
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 311
RETENEZ :
L’apprentissage est l’acquisition de nouvelles connaissances, gestes ou com-
pétences. L’expérience qui précède l’apprentissage peut être innée ou
acquise.
neurodégénérescence
vieillissement
traumatismes
apport
de molécules
par le sang
apprentissage
cerveau 2 croissance
des axones
et formation
de nouvelles
synapses
= plasticité
Figure 6.2
Plasticité
Les mécanismes généraux de la réparation cérébrale :
Selon le type d’altération du matériel cérébral, il apparaît des mécanismes particuliers :
L’origine traumatique avec une perte de matière. Si la perte est importante, les mécanismes de réparation sont
incapables de restaurer spontanément une portion de cortex. Si la dégradation est légère ou si il y a une neuro-
dégénerescence neuronale, plusieurs voies de réparation existent, localement, il peut se former une hypertro-
phie des zones contiguës à partir desquelles se formeront de nouveaux circuits qui reprendront en charge les
fonctions défaillantes. Si l’apoptose, la mort cellulaire, est un mécanisme habituel de renouvellement du stock de
neurones associatifs, il existe alors une prolifération de nouveaux neurones formés à partir de cellules quiescen-
tes présentes dans la région péri-acqueducale. Des vagues de migration guidées par des « rails » de cellules
gliales acheminent ces cellules vers la zone où des neurones sont morts.
! Le transfert
Le transfert se définit comme le report sur le thérapeute de sentiments inconscients
éprouvés dans le passé. Ceci implique une régression du patient vers un stade infantile
dépendant de la période où les frustrations ou les haines se sont développées. Le sujet
assimile progressivement le psychanalyste à un parent, celui qu’il considère comme res-
ponsable de ses problèmes vécus. Le transfert peut être poussé à un stade d’assimilation
avancé, mais la névrose de transfert est une étape difficile à opérer. L’analyste doit rester
neutre et le plus possible en retrait, mais chez certains schizophrènes ou psychotiques, la
résurgence des sentiments archaïques violents peut conduire à des comportements dan-
gereux. En France, le transfert est rarement pratiqué totalement et remplacé par la con-
duite vers une prise de conscience des défenses construites pour oublier les sentiments
enfouis. Le thérapeute développe plutôt un « contre-transfert » destiné à rendre le patient
actif dans sa propre thérapie et non plus totalement dépendant de l’analyste.
Les transferts mettent en œuvre des mécanismes de réorganisation synapti-
que et donc la plasticité cérébrale. Les expérimentations de situations conflictuelles
des conditionnements aversifs produisent des modifications des synapses des neuro-
nes associatifs dopaminergiques et GABAergiques dans le cortex frontal. Schémati-
quement, il faut provoquer une réorganisation corticale par la thérapie. Cela est
d’autant plus difficile que les désordres ont une origine précoce, probablement pen-
dant les phases « critiques » ou périodes critiques de maturation corticales, c’est-à-
dire lorsque les zones corticales spécifiques reçoivent un grands nombre de signaux
sensoriels provoquant la structuration des colonnes corticales.
RETENEZ :
La plasticité cérébrale est la capacité du matériel cérébral à se réorganiser en
fonction d’apprentissages ou à la suite d’une altération du matériel cérébral.
6.2 La mémoire
Figure 6.3
Échec
Mémoriser la position des
pièces sur un échiquier est
un exercice mental difficile
pour la plupart d’entre
nous. Mémoriser plusieurs
stades du jeu ou anticiper
les possibilités sur trois,
quatre ou cinq coups
relève de la mémoire
d’ordinateur ou des calcu-
lateurs géniaux. La mémori-
sation de la position de 2,
3 ou 4 pièces est impossi-
ble chez certains malades,
tout comme il est difficile
de retenir un mot ou un
nombre de plus de trois
chiffres dans certains trou-
bles de la mémoire (voir
empan mnésique).
Notez que nos connaissances sur la mémoire sont surtout dues aux observa-
tions cliniques sur les troubles de la mémoire que nous résumerons plus loin dans ce
chapitre.
En ce qui concerne la mémoire, les mécanismes de rétentions des informa-
tions ont déjà été décrits sommairement. Mais il n’est pas mauvais de revenir sur les
bases neurophysiologiques de la mémoire, puisque la répétition est précisément l’un
des paramètres qu’utilise notre cerveau.
taines de neurones à la sortie. Dans les deux modèles, n’importe quel signal entrant
est multiplié ou répété jusqu’à ce qu’il trouve un circuit qui l’amplifie ou le sélec-
tionne parce que ce signal active des éléments membranaires adéquates. Dans ce cas,
le ou les quelques potentiels sortant du circuit mettent en jeu une capacité particulière
de certains neurones à renforcer le signal convenable. Ces neurones, sous l’action
d’un train de potentiels ayant une séquence appropriée, sont capables de former une
potentiation (élévation du potentiel) post-tétanique (après le tétanos crée par le bref
train de potentiel).
La potentiation post-tétanique (PPT) : c’est un phénomène électrique synap-
tique temporaire qui a ceci de particulier que, même si le train de potentiel est sensi-
blement au dessous du seuil de déclenchement d’un potentiel, ses caractéristiques
reconnues par le neurone comme le bon code font apparaître un décalage du potentiel
de membrane qui durera quelques minutes en diminuant doucement. Si dans les dix
minutes (maximum) qui suivent cette élévation du potentiel local un second train de
code parfaitement identique survient il fait basculer le potentiel membranaire vers le
seuil de déclenchement d’un potentiel d’action.
Il est clair que la trace membranaire du PPT qui reste soutenue pendant plu-
sieurs minutes constitue la première étape de la mémoire à court terme. Le PPT ne
peut apparaître que sur des neurones dont les synapses fonctionnent en utilisant des
récepteurs glutamatergiques spéciaux que l’on trouve surtout dans les neurones asso-
ciatifs du cortex. Les récepteurs sont de type NMDA (le N-méthyl D-aspartate) et les
neurones concernés possèdent beaucoup de récepteurs membranaires identifiant le
glutamate. Le glutamate, ne peut activer les récepteurs NMDA qu’après qu’une dépo-
larisation qui déplace les ions magnésium et empêche l’entrée de calcium. Ainsi, il
faut des conditions particulières d’excitation des neurones pré-synaptiques pour que
des ions calcium pénètrent dans le neurone par des canaux ioniques voltage-dépen-
dants et forme un potentiel d’action.
Au cours de cette étape de formation du PPT, un certains nombre d’oncogè-
nes sont formés et favoriseront une synthèse plus abondante de ces récepteurs pour
que le signal dont le code a été identifié continue de circuler sans atténuation et puisse
atteindre les régions de stockage à moyen terme. C’est aussi l’unité neuronale qui est
utilisée dans l’apprentissage des tâches ou de comportements et qui sert à la mémori-
sation des événements acquis.
RETENEZ :
La mémoire à court terme est la mémoire de travail qui utilise des modifica-
tions temporaires du potentiel post-synaptique ou potentiation post-tétanique.
données, pour la mise en mémoire, est le fait de circuits fonctionnels (système limbi-
que, ganglions de la base). Le concept que les données ne seraient mémorisées qu’en
lieu précis du cerveau, selon la nature de l’information, est abandonné pour une mul-
tiplication des points de stockages. Le système limbique est l’étape « obligatoire »
pour une mise en mémoire à long terme.
Du point de vue fonctionnel, le système limbique comporte le circuit de
Papez, un ensemble de structures comprenant : la région septale en rapport avec les
structures de l’hippocampe, l’amygdale, la substance réticulée du tegmentum
mésencéphalique, et les zones des lobes frontaux et temporaux ainsi que les corps
mamillaires. Les messages sensoriels provenant des aires corticales, puis intégrés par
le cortex associatif, sont pris en charge par le système limbique.
L’information à mémoriser à long terme va suivre le circuit de Papez (voir
figure 3.11) . Une lésion de ce circuit peut être impliquée dans le syndrome de Kluver-
Bucy.
ZOOM
L’hippocampe
L’hippocampe ou corne d’Ammon est un ensemble de structures cérébrales
déterminantes dans la formation de la mémoire et dans la restauration des infor-
mations mémorisées.
C’est la structure la plus importante du circuit de Papez. Elle fut identifiée en
1957 à la suite d’observations faites sur un patient devenu célèbre à cause de
ses troubles de la mémoire. Suite à une exérèse (ablation) temporale interne
bilatérale, il perdit la capacité à mémoriser les nouveaux évènements de sa vie,
alors que la plupart de ses souvenirs anciens – y compris autobiographiques –
et de ses connaissances générales étaient conservées. Il restait capable
d’apprentissages moteurs (mémoire procédurale) mais souffrait d’un oubli au
fur et à mesure des événements de la vie de tous les jours. Toute lésion de l’hip-
pocampe provoque une amnésie rétrograde affectant autant les mémoires
récentes que les mémoires éloignées.
Dès lors, les recherches se sont concentrées sur le rôle de l’hippocampe dans la
mémoire. Les travaux français récents (INSERM) montrent que l’hippocampe est
le siège d’une mémoire épisodique à long terme, c’est-à-dire de l’ensemble des
événements de l’existence. Il y a donc bien un centre de mémoire à long terme
dans cette structure contrairement à l’idée d’un simple rôle de commutateur des
circuits de mémoire extra-hippocampiques.
Références : Quinette P. et al., The relationship between working memory and
episodic memory disorders in transient global amnesia, Neuropsychologia,
2006, 44(12), 2508-19.
L’hippocampe est une étape importante dans le stockage à long terme des
informations (voir aussi le chapitre 3). Il repose sur la 5e circonvolution temporale
(ou gyrus parahippocampique), recouverte en partie par les aires rhinales (le long du
sillon qui sépare les 4e et 5e circonvolutions temporales) et entorhinales. Il a une
forme d’anneau, situé à la face interne des hémisphères.
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 319
B. L’amygdale
Il s’agit d’un volumineux complexe nucléaire, situé à la partie antéro-supérieure du
gyrus parahippocampique et qui effleure l’extrêmité antérieure de l’hippocampe, au
niveau de la queue du gyrus denté (ou uncus de l’hippocampe).
L’amygdale, dans sa partie baso-latérale, reçoit des afférences du gyrus para-
hippocampique et de l’hippocampe. Les efférences empruntent le faisceau amygda-
lien ventral pour aller rejoindre l’hypothalamus antérieur et le noyau dorso-médian
du thalamus. L’amygdale est également connectée aux structures olfactives.
L’amygdale se trouve de plus au sein d’un réseau unissant les noyaux gris
centraux et le lobe frontal. Ce réseau joue probablement un rôle dans la charge affec-
tive liée aux souvenirs ainsi que le prouve sa stimulation électrique expérimentale
chez l’animal.
Aire entorhinale : c’est un allocortex situé sue les côtés de l’hippocampe. Il
reçoit des afférences olfactives importantes (comme son nom l’indique), mais aussi
néo-corticales. L’abondance des afférences sensorielles diverses laisse à penser que
320 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
RETENEZ :
La mémoire à long terme est constituée par différents niveaux de mémorisa-
tion hiérarchisés. Une voie empruntée par les informations mise en forme
pour être mémorisée est le circuit de Papez comprenant en particulier l’hip-
pocampe, une portion de la réticulée mésencéphalique et les lobes frontaux
et temporaux.
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 321
A. Mémoire sensorielle
C’est la mémoire issue des perceptions sensorielles, inconscientes pour certains, pré-
conscientes pour d’autres (par exemple : images ou sons subliminaux). C’est un
domaine dont l’exploration en pratique clinique courante est peu utile mais qui carac-
térise la rémanence des récepteurs. La mémoire sensorielle est représentée aussi bien
par la persistance rétinienne due au temps de décomposition du pigment rétinien, par
la persistance olfactive venant de la formation très lente du potentiel de récepteur.
D’autre part, tout signal sensoriel provoque des modifications neuronales portant sur
des phénomènes métaboliques (internalisation des récepteurs, expression des pro-
oncogènes, synthèses de nouvelles protéines) de durée limitée mais suffisante pour
modifier des ADNs neuronaux.
C. Mémoire antérograde/rétrograde
C’est une terminologie fréquemment utilisée. Pour simplifier, retenons que la
mémoire antérograde est celle qui permet d’acquérir de nouveaux souvenirs et elle est
à rapprocher de la mémoire à court terme. La mémoire rétrograde est celle qui assure
le maintien des souvenirs déjà acquis, est à rapprocher de la mémoire à long terme.
D. Mémoire de travail
La mémoire de travail est un système de stockage temporaire qui permet d’effectuer
des traitements cognitifs complexes sur les éléments du stockage (tableau 6.1).
322 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Tableau 6.1
Comparaison mémoire de travail-mémoire associative
Un classement des mémoires utilise le « savoir que » et le « savoir comment ». Ceci repose sur
les aspects psychologiques de la mémoire plus que sur les circuits intra-cérébraux.
A B
20 nm
Figure 6.4
Caractéristiques
Un morceau d’une carte mémoire d’un ordinateur personnel des années 1980 est montré en A. Un tel système
posséde une mémoire de 256Ko. Les bits d’informations sont stockés dans les millions de transistors dont l’état
est O ou 1. La relecture grâce à un système décodeur, de même cadencement que le codeur qui a permis le
codage, assure une restitution fidèle des données. En B, un aspect de la surface d’un disque CD (à gauche) et
DVD (à droite). C’est sur cette surface que sont stockées des centaines de Mo de mémoire de vos données ou de
vos vidéos.Même si les performances (puissance de calcul, vitesse) ont changé, le principe de base reste identi-
que, très éloigné du système modifiable, extensible et multi-mémoires dont dispose notre cerveau. En C, une
image de microscopie à force atomique montrant deux vues d’un fragment de membrane contenant 3 récep-
teurs d’Ach sur une surface de 400 nm2 (10-18 m2). La texture est tout aussi hétérogène qu’en B, mais les compo-
sants protéiques ont plusieurs conformations différentes selon leur sensibilité aux courants ou aux
neurotransmetteurs ce qui fait que la capacité de mémoire des membranes est infiniment supérieure à celle du
réseau cristallin qui recouvre un DVD.
nombreux signaux venant des entrées sensorielles et répartis par le thalamus se dis-
tribuent au hasard dans les circuits des mémoires de travail. Si les signaux correspon-
dent à une parfaite coïncidence avec le circuit de prédiction invariante mémorisée, il
apparaît un train de potentiels porteurs des paramètres du mot. Ceux-ci agissent fina-
lement sur des effecteurs tels que les muscles de la phonation.
! L’encodage
Cette étape est très importante et très complexe. Elle fait intervenir ce que l’on appelle
les processus d’encodage : traitement et élaboration de l’information pour en fabri-
324 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Figure 6.5
De la perception à la mémoire
Entre l’œil qui voit les vaches (1) et le mot « vache » prononcé (5) s’interposent des étapes de récupération des
fichiers comme dans un panier à commission : l’examen des étiquettes de chaque fichier est très rapide (2) et il
permet de parcourir un grand nombre de fichiers et de sortir ceux qui correspondent aux critères (3), puis
ensuite vient la recherche en mémoire lexicale (4) pour restituer le mot correct mentalement pour enfin créer la
séquences des contractions des muscles impliqués dans la phonation.
quer un véritable souvenir. Ces processus sont parfois conscients parfois incons-
cients. L’encodage vise à donner un sens et un poids à l’information en la traitant si
possible sous tous ses aspects. De la profondeur de l’encodage dépendra l’efficacité
de la récupération. L’association d’idées, d’images, entre différentes informations qui
permettront grâce à ces « liens mentaux » de retrouver une information. C’est de cette
organisation que dépendent des procédures mentales propres à chaque individu.
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 325
! L’indexation
Il s’agit d’une indexation, notamment spatio-temporelle, des informations qui sont
rangées dans des catalogues et selon une hiérarchie partant de catégories d’informa-
tions très générales jusqu’à un classement pointu par couleur, forme, taille des élé-
ments mémorisés. Une information qui a subi les processus d’encodage peut être
stockée de manière définitive. Néanmoins, il existe un certain degré d’effacement
signifiant que le stockage dépend, là aussi, de processus actifs.
! La consolidation
L’information doit être consolidée pour devenir moins vulnérable à l’oubli. C’est
cette consolidation qui différencie le souvenir des faits récents du souvenir des faits
anciens. Le sommeil, dans sa phase paradoxale notamment, ainsi que les révisions
(scolaires par exemple) jouent un grand rôle de consolidation. Il y a aussi reconstruc-
tion des fichiers en mémoire : de nouvelles informations peuvent en rappeler de plus
anciennes. Ces anciennes sont alors confrontées aux nouvelles, retravaillées, réactua-
lisées. Les anciens souvenirs sont donc inconsciemment à nouveau mémorisés, en
fonction des souvenirs plus récents.
F. Mémoire implicite/explicite
L’acquisition d’un souvenir peut se faire de manière consciente, volontaire, et la con-
naissance acquise peut être exprimée, de manière verbale ou non verbale, témoignant
du caractère explicite de l’acquisition. L’acquisition d’un souvenir peut aussi se faire
à l’insu du sujet et être mis en évidence de manière indirecte.
trer des informations spécifiques situées dans leur contexte temporel et spatial. C’est
cette composante de la mémoire qui fait le plus souvent l’objet des plaintes des
patients ou de leur entourage. Ainsi, la majeure partie de l’examen neuropsychologi-
que cherche à mesurer et à décrire des déficits dans ce domaine.
une tendance aux intrusions (test des 5 mots). Un score au MMS (« mini memory
score ») normal ne doit pas être un élément rassurant.
L’anxiété, à la fois liée à un stress ou une dépression et surajoutée aux pro-
blémes mnésiques de l’adulte, est spontanément verbalisée en évoquant surtout les
troubles de la mémoire. Les troubles mnésiques sont le fait de troubles attentionnels
pouvant altérer de manière variable les processus d’encodage et les processus de
récupération active. Ces sujets restent néanmoins sensibles à l’indiçage.
Il est important de rechercher d’autres symptômes, essentiellement physiolo-
giques et/ou physiques, de manifestations d’anxiété. Des troubles du comportement
peuvent s’associer ; ils sont alors reconnus, et parfois évoqués spontanément.
Stimulation de CA3
Fimbria
Neurones CA3
Fibres moussues
Corps
Alveus godronné
Neurone
granulaire
Collatérales
de Schaffer
Neurone CA1
Voie
perforante
Enregistrement en CA1 /
Subiculum
Cortex entorhinal
Figure 6.7
L’attention
Ce schéma récapitule les voies essentielles empruntées par les informations pour être mises en mémoire. L’hippo-
campe en est le moteur essentiel. Les tests électrophysiologiques consistant à stimuler la couche neuronale CA3
montrent bien les projections empruntant les collatérales de Schaffer vers des niveaux hiérarchiques impor tants
dans la couche neuronale CA1. A voir : http://lecerveau.mcgill.ca/flash/a/a_07/a_07_cr/a_07_cr_tra/a_
07_cr_tra.htm
328 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
A. Les amnésies
Certaines sont dues à des lésions cérébrales : les amnésies neurologiques ; d’autres
ont des causes psychologiques : les amnésies psychiatriques. Selon les cas, la forme
de l’amnésie varie. On distingue :
– l’amnésie antérograde ou amnésie de fixation : le malade ne peut plus acqué-
rir de nouvelles données, mais les souvenirs anciens sont préservés. Ce type
d’amnésie se rencontre notamment dans le syndrome de Korsakoff (voir plus
loin) ;
– l’amnésie lacunaire : perte de mémoire se rapportant à une période bien
déterminée (période d’une perte de conscience, d’une crise d’épilepsie, d’un
épisode psychiatrique...) ;
– l’amnésie globale qui touche aussi bien les faits récents et anciens et qui se
rencontre dans les démences ;
– la paramnésie, ou l’illusion du déjà vu ou du déjà vécu ; isolée et en dehors
d’un tableau clinique psychotique (schizophrénie), il s’agit d’un défaut
d’interprétation, d’un trouble de la perception parfois lié à la fatigue ;
– l’hypermnésie : elle est évoquée dans les cas de troubles psychiatriques où les
souvenirs du patient occupent une place obsédante, exagérée et même
invraisemblable ;
– l’amnésie totale passagère : elle consiste en une brusque perte de mémoire,
dont la durée va de quelques secondes à plusieurs heures, sans qu’il y ait perte
de conscience. Aucune information n’est mémorisée pendant ce laps de
temps et la perte de mémoire est donc totale. Les accès peuvent être récur-
rents, et on pense qu’ils proviennent de réductions passagères du flux sanguin
irriguant certaines régions du cerveau (elles annoncent vraisemblablement
une attaque d’apoplexie). On peut continuer à agir de façon automatique pen-
dant l’attaque (automatisme traumatique).Des phénomènes analogues peu-
vent se produire avec la mémoire collective ;
– l’amnésie traumatique : lorsqu’une personne reprend conscience après un
traumatisme cérébral, provoqué par une blessure à la tête, elle est en général
hébétée, troublée et imparfaitement consciente du lieu où elle se trouve et des
circonstances dans lesquelles elle est. Cet état ne permet pas de mémoriser de
nouveaux souvenirs. Lorsqu’elle revient à elle, il arrive que la personne soit
incapable de se rappeler ce moment (amnésie post-traumatique) et qu’elle ait
un trou de mémoire concernant des événements passés, de courte ou longue
durée (amnésie rétrograde). Par la suite, les souvenirs peuvent revenir pro-
gressivement et être reliés dans une séquence chronologique appropriée. Des
phénomènes analogues peuvent se produire dans le cas de la mémoire collec-
tive, par suite d’une catastrophe naturelle ou d’un grand bouleversement
social (guerre, révolution, etc.), ou par suite des dommages causés à l’un des
dépositaires de la mémoire collective ;
– l’amnésie rétrograde : elle consiste en une perte de mémoire des événements
qui se sont passés à un moment où le fonctionnement du cerveau n’était pas
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 329
altéré. Elle est donc généralement due à l’impossibilité de retrouver des sou-
venirs, bien que ce phénomène soit généralement très sélectif – on voit sou-
vent apparaître des « îlots » de mémoire dans une « mer » d’amnésie ;
– l’amnésie hystérique : elle peut notamment se traduire par l’incapacité de se
rappeler certains événements passés, éventuellement au cours d’une période
donnée. Elle peut aussi se manifester par l’incapacité d’enregistrer les événe-
ments du moment et, par suite, de les remémorer. Dans ces deux cas, les sou-
venirs peuvent influer sur le comportement, bien qu’ils résistent aux efforts
faits pour les retrouver. Ces souvenirs sont généralement pénibles et refoulés
comme par une défense psychologique. (Il faut noter que les souvenirs peu-
vent être retrouvés sous hypnose.)
– l’amnésie alternante : c’est la situation dans laquelle deux états de conscience
distincts alternent ; dans chaque état on oublie les événements qui se sont
produits dans l’autre. Chacun forme un ensemble complexe de souvenirs,
d’attitudes et de comportements ayant des caractéristiques bien précises et il
se manifeste de façon séquentielle et disjointe (c’est une forme d’amnésie
hystérique) ;
– l’amnésie hypnotique : on peut induire l’amnésie par suggestion, générale-
ment sous hypnose (dans un état de transe). Dans l’état d’hypnose, la mémoire
est floue, fragmentaire, surtout si la suggestion est relative à l’oubli ;
– l’aphasie : il s’agit d’une détérioration du code linguistique formel dans la
communication orale, causée par certaines lésions cérébrales circonscrites
(voir les troubles du langage) ;
– la paramnésie et la confabulation : ce sont des erreurs et des illusions de la
mémoire et leur reproduction. Elles peuvent consister à traiter les fantasmes
comme des événements authentiques, à croire que des événements sembla-
bles à un événement unique se sont déjà produits (redoublement de la
mémoire) ou à croire qu’un événement identique à un événement antérieur
est déjà arrivé (déjà vu). Bien que tout souvenir dépende fortement de la
reconstruction et non de la seule reproduction, la confabulation est une forme
de production de souvenirs falsifiés et de fabulation, avec forte tendance à
l’erreur ;
– le syndrome de Korsakoff : il s’agit d’un syndrome complexe, défini par qua-
tre états possibles : forte déficience de la mémoire récente, oubli à mesure
(associée à l’amnésie rétrograde), bien que la mémoire des événements loin-
tains et celle des faits acquis de façon didactique demeurent intactes – déso-
rientation dans le temps ou dans l’espace, un certain degré de fabulation et
une reconnaissance erronée (confusion). Ce syndrome se manifeste dans
toute une série de maladies mentales toxiques (intoxication alcoolique) et
infectieuses et avec certains troubles nutritionnels. La gravité du syndrome
peut être de nature à provoquer des périodes « intermittentes » de conscience,
au cours desquelles l’information n’est retenue que l’espace de quelques
secondes, et ne présentant aucune continuité entre une expérience et la sui-
330 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
RETENEZ :
Les troubles de la mémoire peuvent résulter d’altérations organiques, neu-
ropsychiques, de lésions cérébrales traumatiques ou d’accident vasculaire.
Le trouble le plus fréquent est l’amnésie.
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 331
Tableau 6.2
Le mini-test de mémoire (MMS). Ce test est utilisé très couramment en neurologie comme approche d’un trouble
de mémoire déclaré par un sujet. On peut aussi utiliser les tests d’empan mnésique (plusieurs chiffres ou lettres à
retenir). Un score normal est de 30 points ou plus. Au-dessous de 27 points on considère qu’il y a un déficit.
(fiche : service de Neurologie ; CHU Nancy)
332 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Tableau 6.3
Les patients (un peu âgés) qui pensent ressentir des troubles de la mémoire avérés ou non (le plus souvent)
demandent qu’on leur indique des méthodes pour faire travailler ou entretenir leurs neurones. Ce tableau ne
regroupe que quelques-unes des méthodes auxquelles nous ajouterons la lecture et la communication avec les
autres, car cela oblige à faire des efforts de rappel mnésique.
Pour obtenir des tests de mémoire, mais aussi des tests psychotechniques
et de QI :
http://gk.methodes.free.fr/test_gratuit_QI_Personnalite_Logique.html
Ainsi, il n’existe pas plus une aire cérébrale de l’intelligence qu’une aire uni-
que de la mémoire. Mais il est certain que si une mémoire gigantesque ne caractérise
pas nécessairement une grande intelligence, une mémoire correctement organisée
facilite l’accès aux zones de stockage et permet l’expression optimale de l’intelli-
gence. De la sorte, il faut rechercher dans l’apprentissage au long de la vie les fonde-
ments de l’intelligence.
Cette organisation commence à l’instant où les neurones pyramidaux com-
mencent à se relier entre eux. Les réseaux neuronaux ne se forment pas de façon aussi
systématique que lorsqu’un électronicien câble des transistors entre eux.
Il existe une part de hasard dans la distribution des connexions quand elles se
font par essais-erreurs pendant le développement des différents cortex. Cette part de
variabilité donne à chacun d’entre nous non seulement des performances perceptives
variables, mais aussi des modes d’organisation des systèmes contrôlant l’accès aux
mémoires très différents. Il est clair qu’il n’existe probablement pas deux individus
ayant strictement les mêmes circuits cérébraux. Le cortex concerné par la mémoire et
l’intelligence contient quelques dizaines de milliards (1010) de neurones qui chacun
forment quelques milliers ou dizaines de milliers de synapses avec d’autres neurones.
Supposez qu’il y ait un nombre de neurones identiques pour tous, que la matrice orga-
nisationnelle de base est la même pour tous, que les natures et que les quantités
d’informations saisies par chacun des organes sensoriels soient les mêmes pour tous,
ce qui pourrait être tout à fait concevable chez un nouveau né doté d’un cerveau
vierge de toute information. Ce n’est déjà plus vrai pendant la période fœtale car le
cerveau en formation reçoit des informations venant des récepteurs viscéraux, perçoit
des signaux in utero. Bref, il commence à recevoir des informations et à les ranger
dans le système paléocortical. Les nouvelles informations reçues se superposeront
sans supprimer les données antérieures.
Cette stratégie de stockage par strates intègre ainsi d’emblée des systèmes de
hiérarchie qui trient les informations selon leur nature, selon l’importance que nous y
attachons, selon le souvenir antérieur que nous en avons et même selon le projet con-
ceptualisé qui fait que nous classons des informations en prévision de situations ima-
ginaires et probables donc non stockées dans notre mémoire sémantique. La
figure 6.8 donne une vue simplifiée des évènements mnésiques, logiques et organisa-
tionnels qui interviennent lorsque nous enclenchons une stratégie cognitive.
Au cours des apprentissages successifs qui accompagnent la croissance du
cerveau, la construction des réseaux de neurones puis leur association entre eux se
font par vagues successives contrôlées par les horloges internes et par les données
apportées par les gènes. Il existe une matrice qui se trouve définie dans les homéobox
qui fait que globalement tous les êtres humains de toutes les ethnies, de toutes les
races, voient leur cerveau se construire sur le modèle de nos ancêtres communs loin-
tains. Les variations statistiques de distribution des connexions, aussi faibles soient-
elles, les fluctuations de l’environnement, aussi subtiles soient-elles, les contacts
sociaux avec des individus du groupe ou étrangers au groupe, constituent ce que
Greenough appelait un environnement enrichi.
338 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
RETENEZ :
L’intelligence est la capacité d’utiliser les expériences et les bases cognitives
pour adapter, anticiper, programmer des actions volontaires aux contraintes
réelles ou imaginées de l’environnement.
C1
C2
C3
C4
C5 – + –
C6
Input antéropropagé
apportant un train de PA Prédiction spécifique
sensoriels spécifique
Figure 6.8
Cognition
Représentation d’une hypothèse sur la prédiction d’une réponse à un événement. Les informations sensorielles
relatives à l’événement, sous la forme de trains de potentiels d’action (PA), remontent les signaux jusqu’au cor-
tex. Les signaux balayent les circuits de C1 jusqu’à trouver une connexion correctement activée par un train de
potentiels (flèche centrale). La détection de la meilleure coïncidence produit l’activation d’un groupe de neuro-
nes en C5 qui coordonne l’activation d’une région corticale précise qui elle même produira une prédiction de
l’acte comportemental programmé. Dans ce processus, la potentialisation (+) est celle que l’on décrit sous le
nom de potentialisation à long terme (PLT) produite par l’activation de synapses qui restent passantes pendant
plusieurs minutes. (voir le chapitre 2 « synapses NMDA » et le chapitre 5, « mémoire »). (Modifié de Hawkins
J., On Intelligence, ed H. Holt, 2004).
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 339
Recherche
Identification
mémoire Fonction cognitive
des images
rétrograde
LANGAGE
Reconnaissance des images Agilité verbale
Figure 6.9
Organisation de la mémoire
Interactions entre mémoires : pour assurer l’exécution correctement adaptée d’un acte comportemental il faut en
général que les contenus des mémoires activées par les contenus des stimuli soient comparés pour éviter des redon-
dances puis relues en fonction des registres, enfin l’acte comportemental dont l’exécution est suivie par une voie
rétroactive. Ici, nous avons considéré des taches de reconnaissance d’objets. Le cortex visuel contient une mémoire
des formes. Le cortex temporal et le cortex frontal, chacun pour leur compte en fonction des images, estiment quels
sont les séquences décisionnelles à appliquer et pour cela ils sollicitent une recherche dans la mémoire sémantique
pour optimiser la réponse et dans la mémoire lexicale pour identifier les sons et leur affecter une signification.
340 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Les différences :
1. mémoires mortes et mémoires vives délimitées dans l’espace, alors que les
mémoires cérébrales utilisent tous les composants cérébraux.
2. l’apprentissage est illimité, car le cortex se spécialise avec l’apprentissage,
l’identification et le tri des « inputs » qui sont ensuite affectés dans une
mémoire.
Ce tri des signaux dans le cortex cérébral est représenté dans la figure 6.10.
Comme dans un ordinateur, les signaux convergent dans les mémoires pour y recher-
cher les éléments indexés. Les fibres thalamiques maintiennent un niveau de patterns
A F O Test
Vision
Mémoire sensorielle
Les caractères qui n’ont été vus
A F qu’une fois se dégradent dans
la mémoire visuelle
Stockage/reconnaissance
Les informations sur
Boucle les caractères sont
Mémoire de travail phonologique mis dans des mémoires
en boucles
Associations
Autre mémoire Mémoire imagée Formation d’une association
à long terme (long terme) mots-images
Double codage
un MOT + une IMAGE
Autre mémoire Mémoire sémantique Stockage de la signification
sémantiques (long terme) des mots-images et formation
d’une « dénomination » (un
Associations
étiquettage dans une catégorie
RESTITUTION ontologique)
Figure 6.10
Hiérarchie des mémoires
La lecture des chaînes de caractères au cours de la lecture fait appel à un système de hiérarchisation des données
stockées en mémoire puis restituées. Ce schéma est à rapprocher des schémas des figures 6.4 et 6.5. Cependant,
nous avons voulu surtout montrer ici les stratégies de fonctionnement et de coordination entre les mémoires.
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 341
prédéfinis constants qui permettent de faire basculer des sortes de « portes » qui lais-
sent passer l’information si celle-ci est celle qui est attendue.
Un autre signal quasiment identique peut être inventorié dans une autre strate
pour accroître les interactions avec d’autres événements, ce que ne sait pas faire un
ordinateur.
Enfin, le biologiste Mountcastle disait que chaque région cérébrale possède
son algorithme, alors que l’algorithme des mémoires d’ordinateurs est le même pour
toutes les hiérarchies. Remarquez encore qu’au niveau moléculaire, les protéines
membranaires représentent les bits de mémoires et sont modifiables, renouvelables.
tions. Et surtout, ces dérives cognitives permettent de se mettre dans une situation
(imaginaire) qui est plus plaisante et donc favorable au patient.
– Délires et hallucinations : ils sont considérés comme des délires des croyan-
ces fausses personnelles basées sur des déductions incorrectes à partir de la
réalité externe et soutenues fermement malgré des preuves évidentes.
– Les troubles psychotiques tels le délire ou les hallucinations sont expliqués
par les théories cognitives intéressantes fautes de tout éclaircir. Je retiendrai
ici le modèle ABC (Auditory, Believe, Consequency) utilisé pour les délires
et hallucinations auditives.
Trouvez des batteries de tests d’intelligence et de personnalité :
http://gk.methodes.free.fr/test_gratuit_QI_Personnalite_Logique.html
Diverses conférences en vidéos et diapos sur la conception représentationnelle :
http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/index.htm
Les neurohormones et les peptides neuractifs sont des protéines dont certai-
nes sont synthétisées dans les glandes endocrines ou dans des structures diverses
comme la paroi intestinale. Des neuropeptides comme la somatostatine, le
neuropeptide Y, la substance P, la cholécystokinine (CCK) sont des molécules acti-
ves sur les cellules intestinales et que l’on retrouve dans les neurones de certaines
régions cérébrales.
Notre manière de nous asseoir, de cacher nos mains, de bouger, peuvent tra-
hir notre timidité ou au contraire traduisent trop d’assurance.
Les gestes et mimiques peuvent servir à indiquer à l’adversaire l’état de
force, d’agressivité, de sérénité pendant un combat. Lorsque nous regardons évoluer
et s’exprimer des danseurs à l’opéra, nous comprenons le sens de leurs gestes. Il en
est de même consciemment ou inconsciemment lorsque nous dialoguons car nos pen-
sées profondes sont gestualisées.
Il est certain que les altérations pathologiques de la motricité peuvent avoir
des conséquences sur les gestes et les attitudes et perturber les qualités des commu-
nications inter-individuelles. Il est une tâche importante des rééducateurs de tout met-
tre en œuvre pour restituer des moyens gestuels qui permettent à un handicapé de se
faire comprendre autant par les mouvements des yeux, de la tête ou de la main que
par les paroles.
Il est clair que les patients atteints de troubles moteurs (parkinsoniens, ataxies
et apraxies diverses) éprouvent de grandes difficultés à communiquer car ils sentent
que leur difficulté d’effectuer les gestes simples devant les autres est mal ressentie ou
mal interprétée.
RETENEZ :
Les communications non verbales sont les différentes formes de transmission
de signaux gestuels, d’attitude, de mimiques ou moléculaires.
A. Le langage
La formation des sons dans la parole est due aux cordes vocales et à la participation
synchronisée des noyaux des nerfs crâniens.
L’émission des sons est structurée pour former des phonèmes (à ne pas con-
fondre avec les syllabes qui contiennent plusieurs phonèmes). La phonation résulte
de la coordination de plusieurs réflexes musculaires (figure 6.11) : ceux des muscles
du larynx (15 muscles), ceux des muscles respiratoires (diaphragme surtout), ceux de
la langue et l’ouverture de la bouche contrôlée par le muscle orbiculaire.
L’air poussé sous pression par les voies respiratoires passe devant les cordes
vocales puis traverse les cartilages du larynx et parvient dans la cavité buccale. Un
programme cérébral de contractions volontaires ou non des divers muscles respiratoi-
res est installé dans le cortex temporal, aire du langage, cela dès notre enfance et à la
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 347
Épiglotte
Voies
aériennes
supérieures
Larynx
Cordes
vocales
Fausses
cordes
vocales
Cordes M M
vocales
M
Trachée Air
M
Air M
Figure 6.11
Cordes vocales
Représentation simplifiée du passage de la pensée à la parole et quelques aphasies associées à certaines des
étapes de verbalisation. Il existe une grande diversité d’aphasies et certaines se superposent. Il est ainsi difficile
de préciser sur un tel schéma la nature neurophysiologique des anomalies. Les lignes brisées du schéma repré-
sentent les régions impliquées dans un type d’aphasie. Le schéma de la figure 6.5 qui représente une vue simpli-
fiée des circuits neuronaux peut être intégré dans l’une ou l’autre des étapes du « moment » puisque chaque
moment est une phase d’organisation et de recherche de mots dans les mémoires appropriées.
suite de l’apprentissage de la parole. La formation des sons typiques d’une langue est
essentiellement le résultat d’une succession de réflexes et d’automatismes acquis très
jeunes et continuellement consolidés par l’usage (figure 6.12).
L’aire du langage est essentiellement l’aire temporale de l’hémisphère gau-
che pour 95 % des hommes. L’hémisphère droit n’a donc pas d’accès au contrôle de
la parole, mais il sait identifier les mots à partir d’images.
B. L’écriture
L’écriture s’acquiert à la même époque approximative que le langage, mais elle ne se
constitue pas par les mêmes processus. L’écriture peut être dissociée du langage dans
certaine aphasie où le malade peut écrire le nom d’un objet, mais ne sait pas le nom-
mer avec le mot correct.
348 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Figure 6.12
Phonation
De L’audition à la phonation. Le modèle proposé ici tient essentiellement compte des données cliniques et des résul-
tats des thérapies utilisées pour traiter des aphasies. Certaines de ces aphasies sont précisées dans la figure 5.14. Il
est certain que la grande variété des formes de troubles qui affectent la parole et la lecture entrent dans le champ
des structures mnésiques que l’on ne peut détailler ici. La séquence part de l’identification d’un mot dans la mémoire
selon la procédure neuronale de la figure 6.5 et 6.6. Ensuite, une réponse est constituée selon une procédure pro-
grammée dans la mémoire lexicale puis exécutable par l’action des aires corticales sur les muscles de la phonation.
L’écriture est le fruit d’un apprentissage liant les sons, les images des carac-
tères, aux objets. Elle utilise à la fois la vision, donc les voies visuelles et les structu-
res motrices qui contrôlent la ou les mains et le bras, donc des champs neuronaux très
différents puisque liés aux contrôle médullaire et non à des noyaux moteurs bulbaires
comme pour le langage.
Selon Frith, l’apprentissage de la lecture passe par trois stades : le stade logo-
graphique (relation entre une image et un mot comme le mot « kokakola » et l’image
de la bouteille sur une affiche) ; le stade alphabétique (association des composantes
des mots, les phonèmes, avec leur structure, les graphèmes, et apprentissage de la
manière de les combiner pour leur donner un sens) ; le stade orthographique (asso-
ciation entre les formes phonologiques et la composition orthographique)
Il est donc évident que notre apprentissage de la formation des images, leur
reproduction sur du papier et leur association à une modulation vocale implique des
niveaux d’intégration cérébraux élaborés, parfois encore immature au moment où on
demande à l’enfant de commencer le transfert images-sons. Inversement, les liens
sous-corticaux associant l’écriture et la phonation, donc associant des zones tempo-
rales proches mais distinctes, représentent des structures fragiles, facilement inter-
rompues par divers facteurs pathologiques.
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 349
ZOOM
La dyslexie, une maladie génétique ?
Des travaux récents montrent des différences anatomiques dans les aires parié-
tales impliquées dans le langage et semblent montrer que la petite zone dite
« planum temporal » est 7 fois plus développée chez les enfants lisant normale-
ment par rapport aux enfants dyslexiques. Il s’y ajoute des anomalies de forma-
tion des colonnes corticales dans lesquelles les couches externes peuvent
présenter des altérations cellulaires. Les mesures IRM faites en 2002 montrent
aussi des insuffisances de consommation d’oxygène dans ces zones pariétales
ainsi que dans le gyrus cingulaire. Si l’on y associe le fait qu’il y a une nette
prédominance de garçons, cela indique bien une influence génétique. De très
récentes recherches ont montré des anomalies de gènes (DYX1-chromosome 15
et DYX2-chromosome 6) impliqués dans l’organogenèse du corps calleux
(l’énorme dispositif contenant les fibres des voies nerveuses qui assurent les
échanges de signaux entre les hémisphères cérébraux).
B. Dysphasie
Trouble central entraînant des difficultés de langage. On parle de dysphasie expres-
sive et de dysphasie de réception (identifiables vers 18 mois à 2 ans). La dysphasie
est accompagnée de troubles cognitifs et sociaux parfois sévères. Voir aussi agnosies.
FORMULATION VERBALE
Aphasie de Wernicke :
Aphasie de
Perturbation du moment
conduction :
verbal, ordre des mots, de Programmations motrices
Problème
la grammaticalisation, de Émissions sonores, parole
programmation
la programmation sonore
sonore
des mots
Figure 6.13
Verbalisation
Représentation simplifiée du passage de la pensée à la parole et quelques aphasies associées à certaines des
étapes de verbalisation. Il existe une grande diversité d’aphasies et certaines se superposent. Il est ainsi difficile
de préciser sur un tel schéma la nature neurophysiologique des anomalies. Les lignes brisées du schéma repré-
sentent les régions impliquées dans un type d’aphasie. Le schéma de la figure 6.5 qui représente une vue simpli-
fiée des circuits neuronaux peut être intégré dans l’une ou l’autre des étapes du « moment » puisque chaque
moment est une phase d’organisation et de recherche de mots dans les mémoires appropriées.
352 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Tableau 6.4
Quelques définitions de termes utilisés en linguistique et orthophonie
Tableau 6.5
Divers troubles de la communication à déterminant neurologiques sont regroupés
dans ce tableau non exshaustif
MOI dans l’image de son propre environnement. C’est une commutation douloureuse
où l’enfant cesse d’être unique pour devoir donner et recevoir des informations des
autres. La même étape douloureuse d’acceptation des autres recommencera dans le
passage à la vie professionnelle
Ce sont ces structurations qui forment les complexes dans le sens psychologique,
c’est-à-dire une sorte de réseau d’associations inconscientes qui lie le MOI aux autres.
Attention au terme « complexe », car il convient de ne pas confondre le com-
plexe d’infériorité selon Adler, qui est un simple problème de sous-estimation du
MOI chez les déprimés ou les névrosés, avec le complexe au sens jungien (incons-
cient et charge affective), le complexe au sens freudien (noyau associatif inconscient
surtout lié à l’affect, dont le type même est le complexe d’œdipe), et le complexe laca-
nien (complexe d’œdipe, complexe de sevrage et complexe d’intrusion reposant sur
l’imago, qui est l’image du MOI chargée de valeur affective).
L’ES S EN T I E L À R E T E NI R D U C H A P I TR E 6 :
COM POR T E ME NT S C O G NI T I F S
Explorer
Tests d’apprentissage
Il est indispensable d’évaluer d’abord les capacités attentionnelles. Des
tests montrant une image apparaissant dans 4 ou 5 fenêtres irrégulières
permettent d’évaluer la capacité d’analyse et d’attention.
Chez l’enfant : pour évaluer les capacités d’attention de l’enfant, il faut
s’assurer qu’il peut maintenir une tâche ludique pendant quelques
minutes et qu’il peut respecter des consignes du test ; oublie-t-il la tâche
initiale si on le distrait avec un jouet ? suit-il une épreuve de reproduc-
tion de rythme ? est-il hyperactif et impulsif ?
Chez l’adulte : indifférence aux tests ; distractible ; « stroop test » ; test
d’attention-orientation vers un but ; tests de barrage ; tests de transcrip-
tion de code (couleurs converties en signes par exemple ; un tel test per-
met de dissocier le transfert des informations apprises vers l’hémisphère
opposé pour mémorisation).
Explorer la mémoire
Le contrôle de la fonction mnésique implique que l’on s’assure d’un état
de vigilance-attention intact.
L’interrogatoire précisera le terrain, les antécédents personnels et fami-
liaux, les antécédents pathologiques (addiction, alcoolisme, dépression,
stress, épilepsie…) ; il est important de valider la plainte mnésique par un
éventuel témoignage des proches ou des collègues. Tester bien entendu
l’état des récepteurs sensoriels, du langage, des fonctions cognitives.
Chez l’enfant :
– Test de localisation d’un objet caché (test A-non-B). Il existe deux cachet-
tes possibles devant le bébé. Les deux cachettes sont connues du bébé.
Le jouet est placé dans une cachette tandis que l’attention du bébé est
détournée brièvement. Le bébé de moins de 6-7 mois ne retrouve pas le
jouet rapidement. Un nourrisson plus âgé retrouve le jouet s’il n’y a aucun
délai entre l’instant où l’objet est caché et celui où l’attention a été dis-
traite. Si le délai dépasse 3 à 5 secondes le bébé cherche d’abord au
dernier endroit où le jouet était caché. Donc la mémoire du geste domine
sur la mémoire représentationnelle d’un objet caché. Le test n’évalue que
la mémoire de travail. Après 12 mois, tous les bébés savent retrouver
l’objet même après une distraction introduisant un délai de plus de
10 secondes.
Notez que certains amnésiques ne parviennent pas à réussir le
test A-non-B.
358 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Chez l’adulte :
– Test rapide Mini Mental Status (MMS ; voir tableau 6.2) ou tester une
brève liste de 5 mots ou chiffres et contrôler la rétention soit après une
minute soit après dix minutes en ayant pratiqué quelques actes anodins.
– Tests de la mémoire de travail : en clinique ou en évaluation psychologi-
que, dans tous ces tests, le sujet doit apprendre des listes de chiffres ou
d’objets dont l’agencement introduit par exemple une distraction passa-
gère, ou une absence de logique empêchant l’utilisation rapide de
moyens mnémotechniques. Voir aussi : test de Corsi ou Blocking taping
test ; test de Brown-Peterson : ce test évalue la mémoire de stockage et le
traitement des informations ; Échelle de mémoire de Wechsler.
– Tests de la mémoire à long terme : voir tests des portes et des visages.
– California Verbal Learning test (CVLT) : permet d’évaluer la mémoire épi-
sodique (celle du souvenir d’événements récents) ; test de Bruschle ou test
de rappel sélectif
Tests d’intelligence
Test MMS (mini memory standard) ; Test QI ; épreuve de Rorscharch,
test d’imagination.
Tests psychométriques divers.
Méthodes d’évaluation du langage et de ses altérations
Examen de la parole et recherche d’une dyslexie : – le médecin ORL
s’assure que les systèmes « mécaniques » de la phonation ne sont pas
altérés (examen bucco-linguo-facial ; voile du palais ; existence ou non
d’apraxie ; évaluation des difficultés de langage, tirer la langue, mobi-
lité de la langue, reproduction de séquences verbales comme
« spectacle exceptionnel »). Existe-t-il des problèmes de lecture de gra-
phies complexes ? Des inversions de syllabes ? Des problèmes concer-
nant la lecture des mots irréguliers ?
Épreuve de Khomsi ou épreuve d’identification de mots écrits (ECIM) :
ce test collectif de lecture permet de déceler rapidement les sujets lents,
qui font de nombreuses erreurs ou qui ont des difficultés d’attention. Test
de conscience phonologique : auto-appréciation des rythmes, rimes,
substitution de phonèmes ; test de l’empan de chiffres à l’endroit puis à
l’envers. Barrage de Zazzo (test d’attention visuo-spatial) ; épreuve de
Rey (reproduction de figures) sur des figures simples pour l’enfant ou
plus complexe pour des adolescents.
Recherche d’une aphasie : aphasie de Broca : compréhension orale et
écrite préservées, conversation et lecture perturbées. Aphasie de
Wernicke : conversation fluente avec jargon, langage et écriture perturbée.
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 359
Résumé du chapitre 6
L’apprentissage
L’apprentissage et les procédures de conditionnements qui l’accompa-
gnent constituent des préalables de la mémoire. Les voies essentielles
sont en particulier l’hippocampe et les régions temporales médianes.
La cause primaire des difficultés d’apprentissage peut être un déficit
neuro-sensoriel (altération visuelle ou auditive), problèmes affectifs
socio-familiaux, donc indépendants de toute affection neurologique.
Les déficits mentaux – comme l’« intelligence lente » – peuvent être asso-
ciés à des troubles de l’apprentissage (langage, écriture, calcul). Parmi
ces troubles il faut noter : – la dyslexie : un trouble de l’apprentissage
du langage lié dans certaines formes à une anomalie génétique ; – les
dyspraxies : altération des fonctions de planification et de la planifica-
tion des gestes volontaires ; – les dyscalculies développementales : soit
liées à une dyspraxie, soit dues à un déficit du raisonnement ; – les trou-
bles de la mémoire : d’origine épileptique ou traumatique, ils sont liés à
des troubles de l’attention et du langage.
La mémoire
Simplifions d’abord : il existe surtout deux catégories de mémoires,
lorsqu’on parle de la fixation des événements : les mémoires à court terme
(sensorielle, potentialisation post-tétanique au niveau des neurones en parti-
culier celles qui utilisent le glutamate (récepteur NMDA) et les mémoires à
long terme : elles sont de durée variable selon les besoins. La mémoire de
travail, le calepin visuo-spatial et les mémoires en boucles phonologiques
permettent le maintien d’une information pendant quelques minutes et dispa-
raissent s’il n’y a pas de « renforcement » (répétition). Les mémoires à long
terme sont les mémoires explicites (déclarative, consciente, sémantique) et
les mémoires implicites (procédurale, inconsciente, ce sont les habitudes).
Lorsqu’on parle de la récupération des informations stockées, on parle
de mémoire antérograde : celle qui permet de retrouver les derniers sou-
venirs (liée à la mémoire en boucle) ; la mémoire rétrograde est celle
qui permet de retrouver des informations très anciennes (liée aux
mémoires à long terme) ; la mémoire lacunaire comporte des « îlots »
de souvenirs intacts.
Les mémoires à long terme sont dues à un stockage multiple qui utilise
d’abord les voies anatomiques du circuit de Papez avant un stockage
dans différentes zones corticales. Il est en effet certain que des informa-
tions importantes engrammées sur la membrane des neurones le sont
dans plusieurs aires simultanément permettant la récupération des sour-
ces par associations (comme dans les moyens mnémotechniques).
Les troubles de la mémoire : ils sont nombreux et complexes car presque
toujours associés à une altération fonctionnelle de n’importe quelle zone
cérébrale des circuits de mémoire.
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 363
QUE S T I O NS
1. Expliquez les mécanismes de la plasticité cérébrale.
2. Reliez les étapes de la maturation corticale à la réalisation des pério-
des sensibles et de l’empreinte.
3. Qu’est-ce que la mémoire sensorielle ?
4. Qu’est-ce qu’une boucle phonologique ?
5. Qu’est-ce que l’amnésie rétrograde ? Qu’est-ce que l’amnésie alternante ?
6. Comment peut-on tester la mémoire à court terme ? Comment tester
l’attention ?
7. Quelles sont les structures cérébrales les plus concernées par la
mémoire ?
8. Décrivez le syndrome frontal.
9. Quels sont les étapes du passage du SOI vers les relations sociales
chez l’enfant ?
10. Comment nomme-t-on le principal circuit cérébral que parcourent les
informations qui doivent être mémorisées ?
11. Quels sont les composantes des communications gestuelles ?
RÉF É R E NC E S
1. Barrier Guy, La communication non verbale. Comprendre les gestes et leur signification,
Paris, ESF, 2006.
2. Candeau J., Mémoire et identité, Paris, PUF, 1998.
3. Cordier F., Gaonac’h D., Apprentissage et mémoire, Paris, Armand Colin, 2005.
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Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication 365
5. Guillerault Gérard, L’image du corps selon Françoise Dolto. Une philosophie clinique,
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corps, Paris, Gallimard, 1997.
7. Jeannerod M., Le cerveau intime, Paris, Odile Jacob, 2002.
8. Kekenbosch C., La mémoire et le langage, Paris, Armand Colin, 2005.
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Paris, Dunod, 2000.
11.Pasquier F., Lebert F., Petit H., Consultations et centres de la mémoire, Marseille, Solal,
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Présentation de quatre tests de mémoire épisodique (avec leur étalonnage), Marseille,
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http://www.univ-tours.fr/irbi/UIEIS/Publis%20AL/Cours%20AL/Ontog.pdf
Troubles de la personnalité :
http://www.psychomedia.qc.ca/diagnos/dia14.htm
Figure 7.1
Humeur
Hypothèse schématique de l’équilibre entre les influences dopaminergiques et adrénerqiques dans le détermi-
nisme de l’humeur. Les voies dopaminergiques sous-thalamiques forment ce que l’on nomme communément les
« voies du plaisir ». Les structures adrénergiques, plus dispersées, sont impliquées dans le stress et dans toutes
les situations mobilisant l’énergie. Les états d’humeur et les troubles de l’humeur sont la résultante des équilibres
entre les niveaux de ces neurotransmetteurs.
370 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
pouvaient subir des altérations plus ou moins sévères. Il est alors certain que les actes
comportementaux, s’ils sont associés à des perceptions altérées, s’en trouveront eux-
mêmes perturbés.
RETENEZ :
Les mécanismes de l’attention visent à activer des voies de communications
privilégiées entre centres cérébraux. Cela permet de centrer au maximum la
distribution Gaussienne des messages nerveux et cela limite l’éparpillement
des informations dans toutes les structures.
Ainsi naît cette extraordinaire variabilité perceptive qui fait que nous estime-
rons un tableau superbe alors qu’un autre observateur le trouvera très laid ou que les
mêmes parfums de grands prix seront achetés par certaines clientes et évités par
d’autres. Ici, la variabilité perceptive est toujours discrète et n’a souvent qu’une
influence mineure sur les comportements quotidiens (sauf sur la « fidélisation
commerciale » et la canalisation des conduites jusqu’à en faire des obsessions). Mais
lorsque, chez un sujet, les signaux sont très distordus ou que l’étage cérébral dégrade
ou n’interprète pas correctement l’information, les réponses paraissent inadaptées
pour l’observateur, alors qu’elles sont ressenties comme correctes par le sujet. On se
trouve en présence d’altérations perceptives et cognitives suffisamment sévères pour
que les comportements quotidiens d’un tel sujet soient très altérés. C’est dans ces cas
372 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
RETENEZ :
Les troubles exécutifs, même s’ils sont identifiables en première approche par
des activités hors norme des patients, nécessitent des investigations comple-
xes car ils sont souvent liés à des associations intercorticales anormales.
réflexes différents initiés chacun par une image (la porte, la clef, la serrure,). Ces ges-
tes sont enchaînés de sorte que je n’accomplis pas l’étape 5 si les étapes 1 à 4 n’ont
pas été réalisées.
Les TOC débutent souvent pendant l’adolescence, de toute manière très sou-
vent avant 25 ans. La fréquence des obsessions et des compulsions (rituels) des TOC
peut être telle qu’elle constitue un handicap empêchant une vie professionnelle.
L’anxiété ou la détresse des gens souffrant de TOC est très difficile à dominer car les
actes répétitifs incontrôlables sont induits par des situations parfois anodines qui
enclenchent les comportements stéréotypés ou les phases d’anxiété. Le sujet connaît
son problème, redoute les crises mais ne parvient pas à les dominer seul. Les thérapies
cognitives sont rarement efficaces.
Dans les altérations des séquences comportementales, le trouble cognitif
vient du fait que l’une des étapes ne parvient pas à s’enclencher du fait d’un « trou »
perceptif. Pour une raison encore mal connue, la mémoire à court terme n’enregistre
pas correctement une sensation, et ainsi le sujet oublie le geste qu’il devait effectuer
et le recommence jusqu’à enclencher la séquence attendue pour qu’elle soit reconnue
par la mémoire procédurale et que s’enchaînent enfin les autres étapes.
Les TOC sont extrêmement variés : trichotillomanie (s’arracher des touffes
de cheveux), onychophagie (se ronger les ongles), kleptomanie (besoin de voler),
agoraphobie (peur d’un espace sans repères), ou encore la recherche excessive de la
propreté et un besoin d’ordre strict (fréquent car cela sécurise).
L’évaluation des TOC recourt au test de Yale-Brown, basé sur une auto-éva-
luation de l’importance prise par les troubles dans la vie quotidienne, sur la capacité
à dominer les obsessions ou les compulsions, l’existence d’anxiété… Dans leur forme
bénigne, ces troubles entraînent l’apparition de comportements répétitifs incontrôlés.
Les TOC peuvent devenir invalidants et perturber la vie sociale et profession-
nelle car le malade ne peut progresser dans la structuration d’une d’action coordonnée
que si chaque étape a fait l’objet d’un contrôle qui est refait un grand nombre de fois.
RETENEZ :
Les TOC ne sont pas des troubles mnésiques mais un bouclage sans fin lié à
un défaut d’inhibition par les interneurones gaba-ergiques.
gence ou agnosie spatiale, qui résulte d’une lésion ou d’une tumeur pariétale. L’hémi-
négligence induit un trouble sévère dans lequel le patient ignore une moitié de son
corps, comme si elle ne lui appartenait pas. Cet effet peut être partiel dans certaines
formes de céphalées ophtalmiques, dans lesquelles l’insensibilité temporaire d’un
membre est assorti de la sensation que le membre insensible n’appartient pas au
malade.
G. Dyslexie
La dyslexie représente un problème complexe parmi les agnosies. De manière globale,
les dyslexiques ont des difficultés à comprendre ce qu’ils lisent malgré un QI normal.
378 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Le trouble affecte plus les garçons et les gauchers. En orthophonie, il est admis que ce
sont les éléments sensoriels qui sont altérés et génèrent une distorsion des phonèmes.
En neurologie, l’idée est que la dyslexie peut être accompagnée de troubles dans l’uti-
lisation de l’hémisphère gauche. S’agissant de troubles de l’organisation neuronale, il
a été observé une certaine fréquence de relations entre la dyslexie et une anomalie
génétique sur le chromosome 6 (DYX2) et 15 (DYX1), ce dernier gène étant proche
du gène ACCPN dont l’altération produit une anomalie ou une agenèse du corps cal-
leux. Ceci conforterait l’hypothèse neurologique d’un dysfonctionnement dans le
transfert d’informations liées au langage entre les deux hémiphères.
Figure 7.2
Hippocampe Stress
Ce schéma récapitule les principaux
facteurs impliqués dans le stress. Lors
GR du stress, l’activation hypothalamique
– produit la libération de corticoïdes. Par
une rétroaction liant les surrénales à
Hypothalamus l’hypothalamus, l’excès de corticoïdes
ventral –
GR charge les glucorécepteurs, ce qui per-
met au sujet stressé de revenir à un état
de calme (AVP : arginine-
vasopressine ; CRH : corticoreleasing
CRH
hormone ; GR : glucorécepteur). Voyez
AVP
Hypophyse http://www.unites.uqam.ca/cnc/
psy4042/emotions_2005.pdf.
GR –
Surrénale
Corticostéroïdes
cortisol
Glandes
muscles
Traitement :
agoniste de Bz
GABA
– Levée de l’inhibition
Systèmes à neurotransmetteurs excitateurs :
raphé : 5HT, Locus coeruleus : NA Buspirone
Inhibiteur des
Monoamines Oxydases
+ +
Système limbique Hypothalamus :
CORTEX Excès de Corticolibérine (CRH)
AdénoHypophyse
Hormone corticotrope
(ACTH)
Corticosurrénale
ANXIÉTÉ Cortisol
Figure 7.3
Anxiété
Mécanismes généraux de l’anxiété. L’apparition d’un événement imprévu, pas forcément stressant, dans l’envi-
ronnement, agit sur les récepteurs de GABA et en diminue l’influence régulatrice, laissant apparaître les effets
excitateurs de l’adrénaline ou de la sérotonine. Cela active les structures limbiques et induit un sentiment
d’anxiété que les facteurs stressants (comme le cortisol) peuvent accentuer. (Bz : benzodiazépines : NA :
noradrénaline ; 5-HT : sérotonine ; GABA : acide gamma amino-butyrique).
RETENEZ :
Le stress est d’abord un état physiologique destiné à préparer une réaction
optimisée de l’organisme à une situation qui peut le mettre en danger.
7.2.3 La dépression
La dépression est un trouble mental courant se caractérisant par une tristesse de
l’humeur, une perte d’intérêt pour toute activité et une baisse d’énergie. Elle se distin-
gue des modifications normales de l’humeur par son degré de gravité, ses symptômes
et la durée des troubles. Le suicide est l’une des issues courantes évoquée par le dépres-
sif, mais elle est le plus souvent évitable. Si les épisodes dépressifs alternent avec une
exubérance exagérée ou de l’irritabilité, on parle alors de troubles bipolaires. Les trou-
bles dépressifs et la schizophrénie sont à l’origine de 60 % des suicides. Les causes de
la dépression sont variables et des facteurs psychosociaux, comme le fait de vivre dans
des conditions difficiles, peuvent influer sur l’apparition et la persistance des épisodes
dépressifs. Des facteurs génétiques et biologiques jouent également un rôle.
Selon les estimations, 121 millions de personnes souffrent actuellement de
dépression dans le monde et, chaque année, 5,8 % des hommes et 9,5 % des femmes
connaissent un épisode dépressif. Ces chiffres varient néanmoins selon les populations.
Pour la plupart des patients dépressifs, le traitement de première intention
consiste à leur donner des antidépresseurs, à leur faire suivre une psychothérapie ou
à associer les deux. Les antidépresseurs sont efficaces à tous les degrés de gravité des
382 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
grands épisodes dépressifs. La mise en place de réseaux de soutien pour les individus,
les familles et les groupes vulnérables est une autre intervention efficace. En ce qui
concerne la prévention des dépressions, les données recueillies sont moins tranchées :
seules quelques études isolées ont montré que les interventions proposées étaient effi-
caces. Ces troubles sont de plus en plus considérés comme des désordres génétiques
(Huda, 2005).
Les altérations sensorielles ou les fausses sensations peuvent produire des
déviations comportementales. Mais, si les structures sensorielles sont intactes, les
réponses qui ont lieu à l’une des étapes de la programmation des comportements peu-
vent être anormales. Ainsi, dans la dépression, une information sensorielle quelcon-
que, anodine, peut prendre une importance énorme dans l’esprit du sujet. Cette idée
fait ainsi passer notre conception des troubles comportementaux vers des troubles
cognitifs.
L’humeur du dépressif dépend du nombre d’activités dont les réponses pro-
duisent une satisfaction. Si la quantité de plaisir, donc de réponses-récompenses,
diminue, le renforcement du conditionnement est de plus en plus négatif. Moins le
malade reçoit de réponses satisfaisantes, plus il accroît sa situation dépressive. Si l’on
se place du point de vue cognitif, on peut dire que le malade perçoit une baisse de
l’estime de soi et s’imagine moins performant ou inutile ou encombrant. Il ne déplace
pas le curseur de la qualité des informations sensorielles qu’il reçoit, il semble au con-
traire qu’il ignore de plus en plus l’intérêt des choses de son environnement pour
internaliser ses difficultés.
RETENEZ :
La dépression est un trouble de l’humeur qui peut résulter de l’interaction
d’un ensemble de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. Sa surve-
nue est délicate à diagnostiquer, son évolution encore imprévisible et à hauts
risques car elle peut mener au suicide sans signe précurseur.
quées dans les altérations des comportements sociaux. Cette même région est
aussi affectée dans la maladie d’Alzheimer.
– Syndrome de Tourette : apparition précoce de tics moteurs ou d’émissions
sonores involontaires. Fréquence, 0,7 % de la population scolaire.
– Syndrome de Usher : maladie génétique très hétérogène liée à divers gènes
dont trois sont maintenant bien identifiés, USH1, 2 et 3. Les troubles variés
concernent des altérations visuelles la surdité.
– Syndrome de West : c’est une encéphalopathie-épileptique qui évolue ensuite
vers un syndrome autistique et des troubles comportementaux.
– Syndrome d’Asperger : syndrome proche de l’autisme touchant surtout les
garçons. Ce syndrome est lié au chromosome X et au chromosome 6. Cette
maladie produit une altération du cortex de l’hémisphère droit au cours du
développement.
– Syndrome de Charcot-Marie-Tooth (CMT) : maladie due à une altération des
gaines des neurones entraînant des troubles neuromoteurs (signe du pied
creux par exemple) divers et une surdité plus ou moins importante. La CMT
est liée à une altération de plusieurs gènes (KIF10 sur chromosome 1 ou
CMT2B sur chromosome 3).
– Syndrome de Rett. C’est une forme d’autisme d’origine génétique ne tou-
chant que les filles. L’apparition est parfois brutale, car entre 8 et 18 mois on
peut noter un syndrome autistique avec repliement sur soi, stéréotypies
manuelles (frottement répété des mains), régression des acquisitions psycho-
motrices, scoliose, accès de respiration forcée. Des signes d’épilepsie sur-
viennent vers 3 ou 4 ans.
– Syndrome d’Aicardi : il associe un polyhandicap moteur et mental. C’est une
anomalie du développement caractérisée par une agenèse du corps calleux, des
anomalies rétiniennes, des convulsions et un retard de développement mental.
– Chorée de Huntington : c’est une maladie héréditaire à transmission autoso-
male dominante. Elle est rarement juvénile, mais ses symptômes apparaissent
chez l’adulte de plus de 20 ans. Les symptômes qui débutent la pathologie :
mouvements anormaux (mouvements choréiques), comportements anor-
maux, troubles psychiatriques (syndrome dépressif), puis apparaissent des
chutes fréquentes, une maladresse, des troubles de la parole et de la dégluti-
tion. Enfin, on décrit des anomalies cognitives et parfois de la démence.
Le gène HD de la chorée de Huntington a été identifié en 1993. Il est localisé
sur le chromosome 4. L’imagerie montre des lacunes de neurodégéneres-
cence au niveau du striatum (figure 7.4).
– Phénylcétonurie. La phénylcétonurie (PCU, idiotie phénylpyruvique) est une
affection héréditaire transmise sur le mode autosomique récessif. La fré-
quence de porteurs hétérozygotes dans la population est de 1/50. Un couple
sur 2500 présente donc le gène PAH (chromosome 12). Il s’agit d’une
encéphalopathie évolutive dont la fréquence dans la population est de 1/16
500. Cette affection est due au déficit d’une enzyme hépatique : la phényla-
388 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Figure 7.4
Huntington
Images IRM et TEP (voir Chapitre 1.4 section 1 « techniques imagerie ») du cerveau d’un patient atteint de la
maladie de Huntington ou chorée de Huntington. Les images montrent des zones de neurodégénérescence
situées dans le striatum, le noyau caudé par exemple est atrophié (voir « anatomie du cerveau », coupe horizon-
tale). Une telle altération explique les mouvements choréiques (balancements) et les déficits sensoriels et cognitifs
décrits dans cette affection. (Crédit : service de Neuroimagerie ; CHU Nancy.)
tions auditives ou des délires. Elle perturbe la façon dont le sujet fonctionne
en lui faisant perdre les capacités acquises comme celle de gagner sa vie ou
de faire des études. On peut décrire une séparation de la pensée, des émotions
et du comportement.
Vers 1930, Bleurler a inventé le terme de schizophrénie en remplacement de
celui de démence précoce souvent utilisé pour distinguer cette maladie de la
paranoïa (voir ci-dessous) ou des troubles maniaco-dépressifs. Il a introduit
les quatre As, qui caractérisent cette maladie : Association, Affect, Autisme,
Ambivalence, et il y a ajouté les symptômes hallucinatoires et les délires.
Outre le fait que la schizophrénie est liée à des anomalies d’organisation du
cortex orbito-frontal, il ressort de nombreuses observations cliniques qu’elle
pourrait résulter d’une hyperactivité dopaminergique. Mais, compte tenu des
anomalies neuronales parfois décrites, il pourrait y avoir d’autres neurotrans-
metteurs impliqués, comme la sérotonine, car cette substance est liée au com-
portement suicidaire, chez les schizophrènes en particulier.
On avance aussi la superposition de ces anomalies avec la théorie dite de la
diathése (les facteurs internes favorables au développement d’une anomalie).
Cependant, il existe au moins un gène dit SCZD4 (chromosome 22) lié à une
certaine forme familiale de schizophrénie. Cette forme serait liée à une orga-
nisation anormale de la couche IV du cortex orbitofrontal.
Dans le monde, environ 24 millions de personnes souffrent de schizophrénie.
Sa fréquence est à peu près identique pour les deux sexes. Elle tend à appa-
raître plus tardivement chez la femme, avec une évolution plus favorable
après traitement.
La prévention primaire est impossible. De récents travaux de recherches se
sont intéressés néanmoins au développement de moyens pour déceler les sta-
des très précoces de la maladie. Ce dépistage permettrait d’instaurer rapide-
ment le traitement et de faire diminuer les risques de récidives et de lésions
résiduelles graves.
Les médicaments peuvent soulager les symptômes et éviter les rechutes.
L’éducation et les interventions psychosociales sont utiles pour aider les
patients et leur famille à faire face à la maladie. La réadaptation est un moyen
d’aider les patients à réintégrer la communauté.
Avec les progrès de la chimiothérapie et des soins, on peut désormais espérer
une guérison complète dans la moitié des cas. Pour les autres, l’évolution
peut devenir chronique ou récurrente, avec des symptômes résiduels et des
limitations importantes dans les activités journalières.
– Paranoïa. La paranoïa est un trouble psychique dans lequel on observe de
fréquents délires paranoïaques. La personnalité et les relations avec les autres
sont affectées par une surestimation pathologique du MOI, une extrême
méfiance des autres et un jugement altéré. On trouvera des sujets souffrants
de délire de persécution, de survalorisation ou d’interprétation.
Les troubles des comportements humains 391
Bruit
Dérivations
fronto-paritales
Dérivations
temporales
Dérivations
occipitales
Figure 7.5
Épilepsie
Tracés électroencéphalographiques d’une crise d’épilepsie. Le tracé polygraphique présente des ondes plus
« pointues » que sur le tracé normal de la figure 1.8. Certaines dérivations pariéto-temporales sont particulière-
ment affectées. Chez ce patient, il suffit d’un bruit soudain pour déclencher un début de crise électrique très nette
en T4-C4 et T3-C3 situant le foyer dans les régions temporales. La crise comitiale qui accompagne la crise électri-
que peut être une simple phase temporaire d’ « absence » au cours de laquelle le sujet perd conscience sans
chute. Cependant, certaines crises (« grand mal ») sévères entraînent la chute, des convulsions et un relâchement
des sphincters pendant plusieurs minutes. Ces épisodes comitiaux donnent aussi des crises électriques impression-
nantes car il y a une généralisation des décharges électriques violentes sur toutes les dérivations de l’EEG.
392 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
une crise électrique qui se propage de neurones en neurones comme une onde
de choc jusqu’à envahir une zone restreinte (le foyer épileptique) ou une
grande partie du cortex cérébral (épilepsie généralisée).
La propagation de l’onde de crise électrique n’est pas instantanée et
« s’annonce » chez la plupart des malades sous forme d’un trouble localisé
provoquant des mouvements stéréotypés ou une logorrhée. Si la crise s’étend,
elle provoque des convulsions dramatiques dont le malade n’a pas conscience.
C’est l’aura. Une phase d’amnésie suit généralement ces épisodes comitiaux.
Si un grand nombre de ces anomalies sont d’origine génétique et assez bien
reconnues, d’autres restent mal définies, même si le déroulement des crises
restent identiques. Dans tous les cas, l’existence d’un foyer épileptique indi-
que un état de souffrance cérébrale résultant de lésions cérébrales dues à des
infections, à l’alcool, à l’abus de drogues ou d’autres substances médicamen-
teuses ou à des tumeurs ; il existe des foyers diffus ; des parasitoses comme
ceux dus aux ténias, à la schistosomiase, au paludisme et à l’encéphalite figu-
rent parmi les maladies infectieuses fréquemment responsables de l’épilepsie.
L’origine reste cependant inconnue dans la moitié des cas.
Le classement international des épilepsies repose sur leur étiologie. On
reconnaît ainsi : des crises occasionnelles que l’on trouve dans les convul-
sions, l’hypoglycémie, l’alcoolisme ; l’épilepsie symptomatique résultant
d’une tumeur cérébrale, d’un accident vasculaire cérébral, d’une encéphalite
ou d’un traumatisme crânien ; l’épilepsie cryptogénique due à une cause
organique ; l’épilepsie idiopathique sans cause décelable.
Le traitement vise à prévenir les crises épileptiques et à réintégrer les malades
dans tous les aspects de la vie communautaire. Les crises peuvent disparaître
totalement dans près de 70 % des cas nouvellement diagnostiqués en admi-
nistrant des médicaments antiépileptiques (comme ceux utilisés vers 1970,
Depakine®, Tégrétol®, relayés depuis 10 ans par le Neurontin®., Lamic-
tal®, Epitomax®, Trileptal®, Keppra®, etc…)
violence, de l’anorexie ou des troubles obsessionnels des adolescents. Bien des trou-
bles rencontrés fréquemment chez l’adulte, comme la dépression, peuvent commen-
cer pendant l’enfance. On distingue deux grandes catégories spécifiques à l’enfance
et à l’adolescence :
– les troubles du développement psychologique, comme la dyslexie ou l’autisme ;
– les troubles du comportement et les troubles émotionnels, comme l’hyperac-
tivité et/ou un déficit de l’attention (les troubles hyperkinétiques) ou les trou-
bles des conduites comportementales.
Le test socio-affectif psychologique (PSA). Le PSA est un instrument stan-
dardisé qui permet aux personnes œuvrant directement auprès de jeunes enfants
d’évaluer leurs compétences sociales et leurs difficultés d’adaptation. Présenté sous
la forme d’un questionnaire de 80 énoncés, le PSA comporte huit échelles de base et
quatre échelles globales. Ces échelles permettent d’établir un profil socio-affectif de
l’enfant, qui présente ses compétences sociales aussi bien que ses difficultés d’adap-
tation et, en cas de difficultés, qui différencie les problèmes affectifs et comportemen-
taux. Les échelles de base comportent toutes dix énoncés : cinq décrivent un aspect
positif et cinq un aspect négatif de l’adaptation de l’enfant, donnant ainsi à chaque
échelle un pôle positif et un pôle négatif. Trois de ces échelles décrivent l’adaptation
affective de l’enfant : déprimé-joyeux, anxieux-confiant, irritable-tolérant ; trois
autres décrivent ses interactions avec ses camarades : isolé-intégré, agressif-contrôlé,
égoïste-prosocial, et deux décrivent ses interactions avec les adultes, en particulier les
éducateurs ou les enseignants : résistant-coopératif, dépendant-autonome. Les quatre
échelles globales, développées sur la base d’analyses statistiques approfondies, résu-
ment l’adaptation de l’enfant sous les rubriques suivantes : compétence sociale, pro-
blèmes intériorisés, problèmes extériorisés et adaptation générale.
Après l’évaluation neuropsychique, le traitement des troubles de l’enfance et
de l’adolescence impose de poursuivre les soins sur une longue période et d’établir
des liens entre différentes structures : hôpitaux, services ambulatoires, services
sociaux, familles et écoles.
Les traitements peuvent recouvrir à la fois une aide psychologique indivi-
duelle ou en groupe et le recours à des médicaments, comme pour le traitement des
troubles d’hyperactivité avec déficit de l’attention (troubles hyperkinétiques) ou des
techniques comportementales pour les troubles de l’anxiété.
Des tests de neuro-imagerie, d’EEG et de potentiels évoqués permettent de
définir précisément les fonctions cérébrales altérées dans un certain nombre de trou-
bles, ce qui permet de mieux cibler les options thérapeutiques. Les soins ambulatoi-
res, moins contraignants que l’hospitalisation, sont une option préférable chez
l’enfant ou l’adolescent.
Pour diagnostiquer ces troubles, il est indispensable de bien comprendre le
développement psychologique normal et anormal. Ce sont des observateurs formés
qui peuvent le mieux y arriver, avec des outils cliniques variés à leur disposition, en
plus des indications données par les parents et les enseignants.
394 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
il faut d’abord envisager des troubles auditifs, visuels ou des difficultés à communi-
quer, très fréquents – peut retarder le diagnostic et laisser des troubles neuropsychia-
triques s’installer plus sérieusement. Bien des troubles rencontrés fréquemment chez
l’adulte, comme la dépression, peuvent commencer pendant l’enfance sans qu’ils
soient identifiés. Des pathologies sérieuses comme la maladie de Huntington ou
encore de Charcot-Marie-Tooth peuvent n’être identifiables qu’après l’adolescence.
Il est aussi notoire que le taux de dépressions précoces avec passage à un acte violent
ou suicidaire augmente chez les jeunes adolescents.
L’idée de suicide chez les enfants reste souvent purement verbale. La répéti-
tion de l’idée de mort chez un jeune enfant nécessite une consultation chez un pédop-
sychiatre car, même si le passage à l’acte mortel n’est pas imminent, il peut rester
latent jusqu’à se concrétiser. Pour l’enfant, la mort est l’immobilité temporaire
comme au théatre ou au cinéma. C’est peut-être pour cela que les jeux dangereux,
comme l’autostrangulation, lui semblent sans conséquence.
Il est indispensable d’apporter aux enfants qui entrent dans la spirale dange-
reuse des drogues une aide psychosociale qui ne passe pas par la répression (ce sont
toujours des victimes) et il faut aussitôt que possible éviter chez les plus jeunes
d’atteindre un niveau d’addiction irréversible.
Les traitements sont ceux déjà décrits plus haut. L’approche primaire est tou-
jours très difficile puisque il y a une addiction psychologique (consommer de la dro-
gue donne la sensation d’être l’égal des adultes et non asservi à leurs lois) et une
addiction physiologique. Un des manifestations est l’installation d’une violence tou-
jours démesurée chez l’adolescent, voir dangereuse, car elle peut être accompagnée
d’un passage à un acte visant à détruire les autres ou lui-même.
396 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
RETENEZ :
En dehors des anomalies organiques développementales, les troubles les plus
fréquents chez les enfants et les adolescents sont la schizophrénie, les trou-
bles des conduites alimentaires, les comportements antisociaux, les troubles
obsessionnels compulsifs, les comportements dangereux et suicidaires et des
séquelles de traumatismes psychologiques précoces.
Les altérations auditives : la plus fréquente est la presbyacousie, qui est une
baisse des performances auditives liées à la fois à une perte de la souplesse des liga-
ments reliant les osselets ou encore à une perte de quantités plus ou moins importan-
tes de cellules ciliées.
Figure 7.6
Maladie de Parkinson
Organisation schématique des ganglions de la base et N. CAUDE-PUTAMEN
les altérations liées à la maladie de Parkinson. La dopa-
mine exerce deux effets opposés sur la sortie du Enképhalines Substance -P
striatum : activation de la voie directe (voie de la subs-
tance –P) et réduction d’activité sur la voie indirecte
(voie des enképhalines). Lorsque la maladie détruit les
neurones dopaminergiques, ce contrôle disparaît. La Voie Voie
voie indirecte enkephalines-GABA augmente son inhibi- indirecte directe
tion sur le pallidum, ce qui a pour effet de réduire l’inhi- –
bition sur les noyaux sous-thalamiques et libére une
forte activité des neurones sortant, ce qui produit les Pallidum
troubles moteurs, entre autres perturbations. (Adapté de
P.M. Conn, Neurosciences in Medicine, Humana Press, X
2003.) –
Noyaux
sous-
thalamiques
+ –
X Subtancia nigra
et le tibial antérieur ; muscles des membres supérieurs tels les triceps qui
interviennent dans la protection lors de la chute.
Les capacités d’entretien des fonctions d’équilibration et de la force muscu-
laire sont préservées chez les personnes âgées, ce qui présage de la possibilité d’amé-
liorer ces performances. Les études épidémiologiques ont montré intérêt d’un
exercice régulier sur la diminution du risque de chute, indépendamment du rôle de
l’exercice sur la prévention de l’ostéoporose. D’une façon générale, toutes les prises
en charge incluant des exercices physiques et un travail de l’équilibre entraînent une
diminution du risque de chutes.
– les souvenirs anciens existent mais leur rappel est plus complexe (mécanisme
de la simultanéité).
S’il existe des raisons physiologiques à la baisse des performances, le vieillis-
sement de la mémoire s’explique également par une baisse de l’activité psychique, de
l’exercice physique et intellectuel ainsi que par un isolement. La mémoire a besoin
d’être fréquemment sollicitée pour bien fonctionner : sa gymnastique doit se poursui-
vre le plus tard possible, mais cela ne constitue pas une thérapie si la maladie est avan-
cée. L’entrée dans la phase de retraite doit être, pour les personnes vieillissantes
l’occasion d’entretenir et de stimuler les processus cognitifs et la mémoire. L’entre-
tien d’une activité de communication via des associations, des visites de proches ou
d’animateurs sont également fondamentales pour les stimulations cérébrales et le
maintien d’une certaine qualité intellectuelle.
Figure 7.7
Maladie d’Alzheimer
Image IRM d’un plan du cerveau d’un malade atteint de la maladie d’Alzheimer (AZ). On remarque d’abord la
forme anormale, asymétrique des ventricules cérébraux qui est accompagnée d’une neurodégénèrescence
débutant dans le système limbique par une atrophie de l’hippocampe. À droite une image d’histologie montre
les amas de fibres anormales, les « fagots » formés par des dépôts excessifs de lipoprotéines qui se déposent
dans le cortex entorhinal en raison d’une synthèse anormale d’apolipoprotéines. Parmi les facteurs responsables
de la mort des neurones chez les patients souffrant d’AZ on désigne actuellement une anomalie familiale du
métabolisme du calcium dans le réticulum endoplasmique et l’appareil de Golgi (les organistes cellulaires où se
fabriquent les protéines) qui seraient peut-être les signes les plus précoces de AZ (Cell Calcium, Juin 2006).(Ser-
vice de neuroradiologie, CHU-Nancy.)
tale vue en imagerie, l’altération des performances dans les tests des fonctions exécu-
tives, l’altération de la mémoire de travail.
Les observations de Raz (2000) montrent qu’il existe une corrélation âge/
volume de structure cérébrale qui affecte plus le cortex frontal que l’hippocampe
(pourtant essentiel dans la mémoire). Il apparaît en outre que l’efficience des méca-
nismes d’attention est fortement altérée du fait de la dissolution des mémoires de tra-
vail (difficulté à se concentrer sur une tâche pendant un certain temps).
Un aspect important du viellissement cérébral est lié à l’altération des méta-
mémoires, c’est-à-dire la connaissance qu’a le sujet de ses propres capacités mnési-
ques et cognitives. Cette autocritique (en fait ce que l’on appelle « feeling-of-
knowing », FOK) semble jouer un rôle dans la progression de l’apprentissage de nou-
velle tâche. Le FOK est évalué par des tests appréciant le niveau sémantique (par des
quiz) et le niveau épisodique (retenir une série de mots). Dans le vieillissement, l’éva-
luation montre une nette altération (près de 85 % de déficit) du FOK épisodique. Les
sujets âgés ont ainsi des difficultés à mémoriser des tâches de plus en plus complexes
car leurs métamémoires permettant par exemple d’anticiper la tâche à réaliser et de
réserver des places mémoires ne sont plus disponibles.
Tableau 7.1
Sémiologie des différents niveaux de vigilance
Du sommeil pathologique au coma. L’état « sommeil » est considéré ici dans sa structure pathologique comme
une narcolepsie ou une hypersomnie. Il se caractérise par une très grande difficulté à obtenir des réactions du
sujet et même à le réveiller, comme dans l’hypersomnie cataleptique. Ce sont les tracés EEG et les absences de
réactions « d’arrêt » des ondes lentes en réponses aux stimulations qui constituent des arguments pour préciser
les états de conscience.(Voir échelle de Glasgow : tableau 7.2.)
profond de longue durée qui peut parfois être proche de la stupeur car le patient ne
peut pas être ramené à la conscience aisément.
Les syncopes sont des pertes de conscience temporaires dont l’origine est
encore peu précise. Ce que l’on nomme syncope vagale s’applique à beaucoup de
syncopes car cette perte de conscience résulte d’une stimulation du nerf vague (pneu-
mogastrique) qui inhibe fortement l’activité cardiaque créant une bradycardie source
du malaise. Mais d’autres syncopes peuvent se produire dans diverses circonstances
comme un lever nocturne rapide ou une position debout trop prolongée (hypotension
orthostatique) ; l’hydrocution ou l’effort du marathonien provoquent aussi des synco-
pes dont les conséquences peuvent être graves.
7.6.2 Le coma
Les pertes de conscience temporaire comme dans un évanouissement ou une syncope
représentent des états généralement bénins dus à une diminution du débit sanguin
cérébral.
La perte de conscience de longue durée sans signes de réponse à des stimu-
lations sensorielles est toujours l’indication de symptômes plus graves résultant de
traumatisme, de tumeur, d’hémorragie cérébrale, de surdosage médicamenteux, de
substances toxiques ou de drogues.
La conscience est un état d’équilibre entre des voies qui associent le cortex
cérébral et ses commandes sur les ganglions de la base, le thalamus pour les actes
volontaires, le système limbique pour les actes inconscients, l’humeur, l’attention, la
motivation, et les voies spinothalamiques qui apportent les informations sensorielles
vers les différents centres en traversant le commutateur des voies situé dans le tronc
cérébral. Schématiquement, le maintien de la conscience peut se résumer grâce à
l’aide de l’échelle de Glasgow (voir tableau 7.2).
Ainsi, des lésions de l’un des éléments cérébraux ou l’interruption des con-
nexions les associant peuvent entraîner une perte de conscience plus ou moins étendue.
Le coma, avec ses différents niveaux de réactivité, représente une situation
où les stimulations diverses ne peuvent ramener aisément le patient à la conscience
ou simplement le faire réagir par des réflexes neuromusculaires.
Le diagnostic de l’état de conscience est donné par les tracés de l’EEG. Des
activités de sommeil profond à ondes lentes peuvent représenter des effets d’anesthé-
sie ou traduire des anomalies réversibles. La disparition de l’EEG indique le passage
en état comateux. Le silence électrique représente la mort cérébrale.
L’EEG permet, à la différence des examens par IRM, de discriminer un état
où subsiste une perception sans possibilité de réponse motrice comme dans le syn-
drome de blocage (Locked in syndrome décrit ci-dessous) et dans l’état comateux.
406 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
Tableau 7.2
Échelle du coma de Glasgow
Points
Critères Réactions observées Points
attribués
– défense ciblée 5
– flexion normale 4
Stimulation par
– flexion anormale 3
douleur
– extension 2
– aucune réponse 1
TOTAL 3-15
**Le traumatisme crâniocérébral (TCC) inclut les lésions du cerveau et des nerfs crâniens consécutives à un
choc violent.
vent tardifs, comme moyen de localisations des atteintes cérébrales car les troubles
sont le plus souvent diffus. La détection des métastases est possible en imagerie IRM
après injection de produits de contraste (gadolinium, iode). L’évolution de ces métas-
tases (méningites, épidurite, plexopathies très douloureuses) connaît un pronostic
rapidement défavorable.
Les traitements anti-cancers peuvent produire des complications neuro-sen-
sorielles qui sont parfois réversibles (encéphalites et certaines neuropathies des chi-
miothérapies). D’autres sont irréversibles quand il y a atteinte de la moelle ou des
tumeurs radio-induites avec une atteinte neurologique.
La douleur fréquente dans ces phases cérébrales de prolifération métastatique
est inconstante et difficile à soulager ; des comportements dépressifs, de l’insomnie
et des angoisses sont des constantes des stades terminaux.
Les réglettes données aux patients pour qu’ils « quantifient » leur douleur
donnent des indications relatives certes, mais permettent de maintenir les doses
d’antidouleurs divers à la juste limite assurant une dignité consciente mais avec une
souffrance réduite au maximum.
pour la survie fait développer inconsciemment une stratégie de protection contre l’envi-
ronnement. Cette violence s’exprimera jusqu’à l’acceptation de l’état assisté par les soi-
gnants et la famille, il s’opère un transfert vers une réalité moins douloureuse.
Mais diverses étapes peuvent encore précéder le renoncement, y compris la
dépression, ou chez certains grands handicapés dépendants, un renoncement à vivre
qui peut se traduire par des états de profonde aptahie que l’on pourrait attribuer à une
recherche interne, via des exacerbations parasympathiques, pour trouver le moyen de
ne plus respirer ou d’« arrêter le cœur » pour en finir. Une telle lutte interne est per-
ceptible par les soignants mais elle est difficile à exprimer scientifiquement et mérite
que pendant des années encore des chercheurs se penchent sur la psychologie de la
fin de vie avant de prendre des décisions définitives comme le choix de l’euthanasie.
de cesser de vivre. On doit alors s’interroger sur les capacités cognitives du malade, et
nous avons vu tout au long de la deuxième partie de cet ouvrage qu’elles dépendent de
nombreux facteurs pour demeurer optimales. Elles sont altérées de manière primaire ou
secondaire dans un grand nombre de pathologies et bien sûr dans la fin de vie.
Poser le problème de l’euthanasie ne doit pas faire oublier qu’un malade
valide peut opter pour s’autodétruire, et se suicider, tandis que le patient grabataire,
totalement dépendant, doit faire accomplir son suicide par une tierce personne. Dans
le suicide, on accepte les aspects psychosensoriels comme une raison suffisante pour
s’ôter la vie soi-même, alors qu’on oppose ces arguments au choix de l’euthanasie.
Tableau 7.3
Quelques-uns des symptômes physiologiques et neurologiques observés chez les patients en fin de vie
Changement Signes
Altérations générales
Fatigue, faiblesse Baisse d’activité, hygiéne délaissé
Difficulté à se déplacer autour du lit
Difficulté à lever la tête au-dessus de l’oreiller
Ischémie cutanée Érythème au-dessus des saillies osseuses
Peau marquée par le moindre coup
Perte d’appétit, cachexie Anorexie
Prise alimentaire réduite
Perte de poids, fonte musculaire et graisseuse
en particulier sur les tempes
Perte du besoin de prise liquide, Faible prise de boisson
déshydratation Œdème périphérique dû à l’albuminurie
Déshydratation, sécheresse des muqueuses et
des conjonctifs
Altération du fonctionnement cardiaque Tachycardie
et rénal Hypertension suivie d’hypotension
Refroidissement périphérique
Cyanose périphérique et centrale
Altérations neurologiques
Baisse du niveau de conscience Augmentation de la narcose
Difficulté à s’éveiller
Ne répond pas aux stimulations verbales et
tactiles
Difficulté croissante à communiquer Difficulté à trouver les mots
Mots monosyllabiques, phrases courtes
Réponses tardives ou inappropriées
Délirium terminal Symptomes précoces de perte cognitive
(désorientation, confusion jour-nuit)
Agitation
Mouvements répétitifs
Changement Signes
Difficulté à déglutir Dysphagie
Toux, bruits de gorge
Douleur Grimaces
Difficulté à fermer les yeux Paupières entrouvertes
Blanc des yeux trouble (pupilles visibles ou non)
L’E S S E NT I E L À R E T E NI R D U C H A P I TR E 7 :
LE S T R O U BL E S D E S C O MP O RTE M E N TS H U M A I N S
Examiner
Analyser les fonctions éxécutives
On utilise une batterie comprenant des épreuves neuropsychologiques
explorant différents aspects des fonctions exécutives :
1. Planification (Test de la La Tour de Londres).
2. Inhibition (Test de Stroop, Test de Hayling, plus récent) ; consignes
conflictuelles.
3. Flexibilité mentale (Trail Making Test, TMT).
4. Catégorisation (Wisconsin Sorting Card Test, WSCT).
5. Mémoire de travail (Corsi, empan de chiffres et fluence verbale).
Examiner des aphasies
1. Le langage : l’étude du langage spontané permet tout d’abord de
déterminer le caractère fluent ou non fluent (le débit des mots par
exemple). On recherche aussi la capacité de dénomination : le sujet
doit nommer des objets, des images, des couleurs, des parties du
corps. Manque-t-il des mots ? Les mots choisis sont-ils adaptés ?
Présence de paraphasies sémantiques (un mot pour un autre), phonémi-
ques (modification des phonèmes constituant un mot, néologismes) ?
Il faut aussi étudier la compréhension orale : des ordres simples, semi-
complexes puis complexes., la répétition : mots simples et complexes,
phrases simples puis complexes ; La présence de paraphasies sémanti-
ques ou phonémiques ?
En cas d’échec, on demande au patient de faire un essai d’auto-
correction ?
2. Analyse de la lecture : la lecture est-elle hachée, syllabique ? Existence
de pParalexies sémantiques ou phonémiques ? Compréhension ?
3. Analyse de l’écriture : le sujet met-il la ponctuation ? Les articles ? Y-a-t-
il Agrammatisme ? Dysorthographie ? Paragraphie ?
Examiner des états de stress-dépression
À l’interrogatoire : le patient est-il communicatif, inexpressif, indifférent,
euphorique-dépressif ? Est-il sous anti-dépresseurs, sous drogues ou
alcool ? Est-il hypochondriaque ?
Présente-t-il des tics, des gestes répétitifs, des stéréotypes, des obnubila-
tions évidentes ?
Y-a-t-il un ou des événements sur lesquels il insiste particulièrement, les
rendant responsables de son état ?
Les troubles des comportements humains 413
Résumé du chapitre 7
Les troubles perceptifs
Les récepteurs sensoriels ne sont pas des capteurs fiables car leurs per-
formances peuvent s’altérer par exemple au cours du vieillissement. Il en
est de même des analyseurs centraux qui traitent statistiquement les
signaux et peuvent commettre des erreurs, ce sont les illusions, ou trans-
former des signaux corrects en hallucinations ou en phénomènes déli-
rants dans lesquels le comportement s’adapte à la situation erronée
perçue par le sujet.
Les agnosies et les aphasies sont des troubles perceptifs fréquents dans
les atteintes neurologiques. Les agnosies sont caractérisées par des diffi-
cultés perceptives. Les aphasies se traduisent par des problèmes dans
les processus d’expression verbale.
Stress, dépression, psychoses
Les troubles comportementaux comme la dépression et certaines psycho-
ses peuvent résulter du maintien pendant des durées anormalement lon-
gues d’un taux de glucocorticoides résultant d’un stress. Des
modifications centrales de la disponibilités des récepteurs membranai-
res entraînent des altérations des fonctions cognitives et conduisent,
selon la région concernée, à des troubles dépressifs avec une dégrada-
tion de l’image de SOI.
416 Les comportements humains : de l’intégration des informations sensorielles…
QUES TIONS
1. La perte de neurones suffit-elle à expliquer les altérations neurosenso-
rielles liées au vieillissement ?
2. La maladie de Parkinson est-elle uniquement un symptôme de
tremblement ? Sinon, quels sont les autres altérations ?
3. L’autisme peut-il avoir une origine génétique ? Quelles sont les altéra-
tions sensorielles précoces qui peuvent indiquer chez un enfant l’exis-
tence de troubles autistiques ?
4. Quels sont les six critères caractéristiques de la schizophrénie ?
5. Pour tester un patient peut-être atteint d’aphasie : j’utilise un test com-
portant la lecture d’une liste de mots ? je lui demande d’écrire le nom
des objets familiers que je lui présente ? Je demande au patient de des-
siner un objet courant ? je le soumets au test des cloches ?
6. Quels sont les éléments sémiologiques qui permettent d’assurer qu’un
enfant est hyperactif ?
7. Qu’est-ce que le syndrome d’Aicadi ?
8. Origine et situation neurologique dans le locked-in-syndrome.
RÉFÉREN C E S
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http://www.admd.net/sommair.htm
http://www.sfap.org/pdf/VI-C7b-pdf.pdf
Lexique
Axone Empreinte
Prolongement du neurone chargé de con- Définie par Konrad Lorenz, l’empreinte
duire l’influx nerveux et se terminant par correspond à une phase précoce, dite
une synapse formée sur un autre neurone. période sensible, au cours de laquelle les
acquisitions sensorielles durant une brève
Corps striés période post-natale, vont déterminer la
Ensemble de systèmes sous-corticaux gamme des perceptions qu’utilisera le
qui, avec le cervelet, commandent notre jeune organisme au cours de la croissance
vie motrice. cérébrale.
420 Neurosciences cliniques
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Embryologie de l’œil et de ses annexes :
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Éthique et expérimentation animale (statistiques) :
http://www.cons-dev.org/elearning/ethic/index.html
Formation en psychiatrie infirmière :
http://psychiatriinfirmiere.free.fr/infirmiere/formation/psychologie/psychologie/
Genèse de la communication chez l’être humain :
http://probo.free.fr/textes_amis/modele_unitaire_communication_enfant_h_montagner.pdf
Génétique :
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Maladies neurologiques :
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Maladies orphelines :
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Motivation :
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Sommeil :
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Spina bifida et anomalies de développement :
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Système endocrinien et hypothalamus :
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430 Neurosciences cliniques
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Troubles mentaux :
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Troubles spécifiques du langage oral et écrit
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Vieillissement, accompagnement des personnes en fin de vie et question du droit à mourir
dans la dignité :
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http://www.admd.net/sommair.htm
http://www.sfap.org/pdf/VI-C7b-pdf.pdf
olfactométrie 39, 167 protection animale et expérimenta- sommeil paradoxal 248, 251, 296,
open field 36 tion 62 301, 341
ophtalmométrie 39 protubérance annulaire 123 somnambulisme 251
ophtalmoscope 186 progeria 403 sonde immunologique 52
opium 53, 395 psychométrie 23 sophrologie 62
optotypes 39 psychopharmacologie 53 statistiques non paramétriques 19
organe septal 344 psychose 58, 84, 378 statistiques paramétriques 19
osmorécepteurs 264 pulsion 267, 292 stéréotypie gestuelle 139
outil éthologique 35 pulvinar 70 stimulus conditionnel 38, 353
outil informatique 21 stimulus non conditionnel 38
outil statistique 19 Q stress 36–37, 107, 144, 149, 245,
outils génétiques 49 quatre As 390 250, 252, 260–261, 269–270,
quotient intellectuel 336 279, 299, 302, 327, 378–381
P synapses 71, 79, 102–106, 136,
R 177–178, 199, 204, 212, 248,
paranoïa 390 308–309, 311, 313, 317, 319,
parasomnie 251 rachianesthésie 61 337, 342
paresthésie 212, 224, 374 racines médullaires 120, 155 syndrome de Brown-Sequard 151
parole 346 radioimmunoassay 52 syndrome de Kluver-Bucy 318
PCR récepteurs des glucocorticoides 380 syndrome de la jambe sans repos
et génétique 86 récepteurs des neurotransmetteurs 251
pentobarbital 60 105
syndrome de lésion thalamique 152
péridurale 61 récepteurs NMDA 317
syndrome d’Aicardi 394
période sensible 81 réparation cérébrale 313
syndrome de Prader Willi 389
réponse psychogalvanique 46
périodes critiques 315 syndrome de Rett 387
Résonnance Magnétique Nucléaire
PET 278 syndrome de Tourette 267, 387
47
phénotype 51 syndrome du membre amputé 374
rétine 78, 104, 149, 173–176, 181,
phénylcétonurie 387 185, 187, 244, 352 syndrome dysexécutif 372
phéromones 283, 344 rêves 341 syndrome frontal 320
phonèmes 346 RMN 47 syndrome maniaco-dépressif 391
Piaget 335 rythmes du sommeil 242 syndrome pyramidal 151–152
pigment rétinien 176 syndrome syringomyélique 151
placebos 63 S syndromes dépressifs saisonniers 260
plaisir 287 système immunitaire 143
schizophrénie 56, 84, 92, 154, 273,
planum temporal 350 328, 342, 344, 361, 381, 389- système limbique 130, 165, 216,
plaque neurale 77 390, 396 227, 235, 258–259, 274–275,
plasticité 37–38, 81–82, 105, 109, 302, 317–318, 354, 378, 405
sclérose en plaques 154, 220
204, 310–313 système rénine-angiotensine-vaso-
scotome 185
plasticité cérébral 37 pressine 264
sensibilité proprioceptive 121
polydipsie 265 sensibilité tactile épicritique 122
polyradiculonévrite 220 sensibilité thermo-algique 121
T
potentiation post-tétanique 317 sérotonine 106, 113, 245, 257, 269– tabac 53, 299, 395
potomanie 266 271, 308, 390 tables d’Ishihara 188
principe de plaisir 289 seuil 35 test de personnalité 26
prions 147 seuil de perception sensorielle 15 test UPST 167
progestérone 280 signes neurologiques 39, 47, 296 tests de mémoire 330
Index 435
Remerciements ............................................................................................................................ 7
PARTIE 1
Éléments de physiologie sensorielle et de psychophysiologie ...................9
Chapitre 1
Les méthodes d’exploration des fonctions sensorielles et cérébrales .................. 11
1.1 Les paramètres physicochimiques et leur variabilité .................................................................... 13
1.1.1 La nature générale des stimuli sensoriels .......................................................................... 13
1.1.2 Génétique et sensorialité : l’exemple de la génétique de l’olfaction ......................................... 13
1.1.3 Les paramètres sensoriels ou comment isoler une sensorialité pour l’étudier .............................. 14
1.2 La psychophysique ................................................................................................................ 17
1.2.1 La loi de Weber et ses variantes .................................................................................... 17
1.2.2 La loi de Fechner ........................................................................................................ 18
1.3 Mathématiques, informatique et analyse sensorielle .................................................................. 18
1.3.1 L’outil statistique et l’analyse des données ........................................................................ 19
A.
Statistiques paramétriques ...................................................................................... 19
B.
Statistiques non paramétriques ................................................................................. 19
C.
L’analyse harmonique et la transformée de Fourier ........................................................ 20
D.
Fractales et psychophysique ...................................................................................... 21
1.3.2 L’outil informatique ..................................................................................................... 21
A. La neurocybernétique et la modélisation sensorielle ......................................................... 21
B. Modélisation moléculaire ......................................................................................... 21
C. L’informatique en neurosciences ................................................................................ 21
438 Neurosciences cliniques
I. La neuro-imagerie ................................................................................................ 47
J. Les outils génétiques .............................................................................................. 49
! Mutation (création de souches dépourvues de sensorialité) ............................................ 51
! Knock-out et transgènes (modification de gènes régulant la mise en place d’un système) ....... 51
K. Les outils immunologiques ....................................................................................... 52
! Méthodes utilisées en neuro-immunologie ................................................................ 52
L. L’outil pharmacologique, la neuropharmacologie ............................................................ 53
! La neuropharmacologie ...................................................................................... 53
! Les médicaments du système nerveux central ............................................................ 54
! Classification des agents pharmacologiques ............................................................... 54
M. L’anesthésie ........................................................................................................ 59
! Modes d’action des anesthésiques .......................................................................... 59
! Anesthésie générale ........................................................................................... 60
! Anesthésie régionale et locale ............................................................................... 61
! L’anesthésie dans l’analyse des perceptions sensorielles ................................................ 62
! Les placebos .................................................................................................... 63
Chapitre 2
L’organisation des récepteurs sensoriels ...................................................................... 67
2.1 Variabilité des stimuli physicochimiques ................................................................................... 69
2.2 Modalités générales de capture et de conversion des informations .............................................. 70
2.2.1 La transduction des signaux .......................................................................................... 72
2.3 Embryogenèse du système nerveux ........................................................................................ 72
2.3.1 Notions d’embryologie ................................................................................................. 72
A. Les feuillets embryonnaires en quelques lignes .............................................................. 73
B. La crête neurale ................................................................................................... 75
2.3.2 Quelques éléments sur l’embryogenèse du cerveau ............................................................ 77
A. La placode olfactive ............................................................................................... 78
B. La placode optique ................................................................................................ 78
C. La placode otique .................................................................................................. 79
D. La placode gustative .............................................................................................. 79
E. La sensibilité tactile ............................................................................................... 79
2.3.3 Période sensible et période critique ................................................................................. 80
2.3.4 Évolution fœtale et périnatale des perceptions ................................................................... 82
A. L’olfaction .......................................................................................................... 82
B. Sensibilité tactile ................................................................................................... 82
C. Le goût .............................................................................................................. 83
D. La vision ............................................................................................................ 83
E. L’audition ........................................................................................................... 83
2.4 Neurogénétique et organisation sensorielle .............................................................................. 83
2.4.1 Éléments de neurogénétique ......................................................................................... 83
2.4.2 Les chromosomes ...................................................................................................... 85
A. Les gènes et l’ADN ................................................................................................ 85
440 Neurosciences cliniques
Chapitre 3
L’organisation du système nerveux .............................................................................. 117
3.1 Éléments d’anatomie du système nerveux .............................................................................. 119
3.1.1 La moelle épinière .................................................................................................... 119
A.
Les racines médullaires ......................................................................................... 120
B.
La corne dorsale ................................................................................................. 121
C.
Les voies ascendantes médullaires ........................................................................... 122
D.
Le tractus spino-thalamique .................................................................................... 122
3.1.2 Le tronc cérébral ....................................................................................................... 123
Table des matières 441
Chapitre 4
Les organes sensoriels ...................................................................................................... 159
4.1 L’olfaction : nerf crânien I .................................................................................................... 161
4.1.1 Le neuro-épithélium olfactif ......................................................................................... 161
4.1.2 La perception olfactive ............................................................................................... 164
4.1.3 Les bulbes olfactifs : premiers étages de l’intégration olfactive ............................................. 165
A. Structure interne du bulbe olfactif ............................................................................ 165
B. Le cortex olfactif : étage d’intégration et de mémorisation ............................................... 165
4.1.4 Explorer l’olfaction .................................................................................................... 167
A. Méthodes générales ............................................................................................. 167
B. Méthodes d’étude des bulbes olfactifs ........................................................................ 168
C. Exploration du cortex olfactif et des intégrations olfactives .............................................. 168
4.1.5 Les altérations de l’olfaction ........................................................................................ 168
A. L’hyposmie et l’anosmie ........................................................................................ 168
B. Le syndrome de Kallmann ...................................................................................... 169
C. Holoprosencéphalie et septodysplasie ........................................................................ 169
4.2 La gustation : nerfs IX et X ................................................................................................... 170
4.2.1 Les cellules gustatives ................................................................................................ 170
4.2.2 Les papilles et les bourgeons du goût ............................................................................ 170
4.2.3 La physiologie du goût chez l’homme ............................................................................ 170
4.2.4 La gustation dans les mécanismes de la prise alimentaire ................................................... 171
4.2.5 Les fibres gustatives .................................................................................................. 172
4.2.6 Les aires du cerveau impliquées dans le goût ................................................................... 172
4.3 La vision : nerf II ................................................................................................................. 172
4.3.1 L’œil : instrument d’optique ........................................................................................ 173
4.3.2 La rétine ................................................................................................................. 175
A. Nature et fonctions .............................................................................................. 175
B. Tests du fonctionnement de la rétine ......................................................................... 180
4.3.3 Les voies visuelles et les projections corticales .................................................................. 181
A. Nerf optique et chiasma ........................................................................................ 181
B. Corps géniculés ................................................................................................... 182
C. Aires optiques .................................................................................................... 183
4.3.4 Associations avec d’autres aires .................................................................................... 184
4.3.5 Les anomalies visuelles .............................................................................................. 184
A. Anomalies de l’appareil optique visuel ....................................................................... 184
B. Anomalies liées à une altération rétinienne ................................................................. 185
C. Anomalies des voies optiques .................................................................................. 185
4.3.6 Les techniques d’analyse de la vision ............................................................................. 185
A. Mesures de la convergence et des variations des éléments optiques .................................... 185
B. Techniques d’exploration des variations des éléments optiques de l’œil : optométrie ................ 186
C. Techniques d’examen de la rétine et de son intégrité ..................................................... 187
Table des matières 443
PARTIE 2
Les comportements humains :
de l’intégration des informations sensorielles
aux altérations des comportements .......................................231
Chapitre 5
Intégration des données sensorielles par le cerveau ............................................... 233
5.1 Les bases des comportements fondamentaux et les différents niveaux
d’intégration comportementale ............................................................................................. 235
5.1.1 Intégration sensorielle ................................................................................................ 235
5.1.2 Intégration corticale ................................................................................................... 235
5.1.3 Intégrations neuro-endocrines ...................................................................................... 236
5.1.4 Les déterminants des comportements ............................................................................ 236
A. Rôle de la motivation primaire ................................................................................ 236
B. Rôle des hormones .............................................................................................. 238
5.1.5 Les rapports entre l’homéostasie et les comportements ...................................................... 239
5.1.6 Les conditionnements et les apprentissages ..................................................................... 239
5.1.7 Les centres du plaisir et les expériences d’autostimulation ................................................... 240
5.2 Les rythmes nycthéméraux et le sommeil ............................................................................... 241
5.2.1 Des rythmes biologiques aux rythmes du sommeil ............................................................. 242
5.2.2 L’évolution du sommeil avec l’âge ................................................................................ 248
5.2.3 Les troubles du sommeil ............................................................................................. 249
A. Insomnie .......................................................................................................... 250
B. Apnée du sommeil ............................................................................................... 251
C. Apnées centrales ................................................................................................. 251
D. Apnées obstructives .............................................................................................. 251
Table des matières 445
Chapitre 6
Comportements cognitifs : apprentissage, mémoire, communication ................. 305
6.1 Conditionnement, apprentissage et plasticité cérebrale ............................................................ 307
6.1.1 Le conditionnement .................................................................................................. 307
6.1.2 L’apprentissage ....................................................................................................... 307
A. Les bases de l’apprentissage ................................................................................... 307
B. L’apprentissage des odeurs et la réorganisation des circuits dans les bulbes olfactifs ................ 308
6.1.3 La plasticité cérébrale ................................................................................................ 311
A. Les cellules de la plasticité cérébrale ......................................................................... 313
B. De la plasticité cérébrale au transfert et au phénomène d’empreinte .................................. 314
! Empreinte, période critique, période sensible ........................................................... 314
! Le transfert ................................................................................................... 315
6.2 La mémoire ....................................................................................................................... 315
6.2.1 De la mémoire cellulaire aux circuits neuronaux ............................................................... 315
6.2.2 Mémoire instantanée et à court terme ........................................................................... 316
6.2.3 La mémoire à long terme ........................................................................................... 317
A. Bases anatomiques des mémoires ............................................................................ 317
B. L’amygdale ....................................................................................................... 319
6.2.4 L’organisation des différentes mémoires ......................................................................... 321
A.
Mémoire sensorielle ............................................................................................. 321
B.
Mémoire à court terme ......................................................................................... 321
C.
Mémoire antérograde/rétrograde ............................................................................ 321
D.
Mémoire de travail .............................................................................................. 321
E.
Mémoire à long terme .......................................................................................... 323
! L’encodage ................................................................................................... 323
! L’indexation .................................................................................................. 325
! La consolidation ............................................................................................. 325
! La restitution des informations ............................................................................ 325
F. Mémoire implicite/explicite ................................................................................... 325
G. Mémoire épisodique (sémantique) ........................................................................... 325
6.2.5 Troubles de la mémoire ............................................................................................. 326
A. Les amnésies ..................................................................................................... 328
B. Les tests de mémoire ........................................................................................... 330
6.2.6 Médicaments et mémoire ........................................................................................... 332
A. Médicaments et produits de seconde génération ........................................................... 332
B. Facteurs promnésiants divers .................................................................................. 333
6.3 Cognition et intelligence ...................................................................................................... 334
6.3.1 De la cognition à l’intelligence : le cerveau est-il un ordinateur ? .......................................... 334
6.3.2 Les étapes de mise en forme de l’intelligence ................................................................. 334
448 Neurosciences cliniques
Chapitre 7
Les troubles des comportements humains ................................................................... 367
7.1 Comportements humains et aberrations sensorielles ................................................................ 369
7.1.1 Les erreurs de traitement primaire des signaux ................................................................. 370
7.1.2 Les fonctions mentales sont assujetties à une distribution plus ou moins aléatoire des signaux ..... 371
A. Distribution aléatoire des signaux ............................................................................ 371
B. La douleur et le plaisir sont des modulateurs des actes comportementaux ............................. 372
7.1.3 Comportements et fonctions exécutives .......................................................................... 372
A. Classification des troubles exécutifs ........................................................................... 373
B. Les aberrations perceptives, illusions, hallucinations et dérives des capteurs .......................... 373
C. Les troubles anxieux et les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) .................................... 375
D. Divers troubles de la reconnaissance sensitive .............................................................. 376
E. Les troubles du langage : des anomalies perceptives ou cognitives ? ................................... 377
F. Aphasie de Broca, aphasie de Wernicke, aphasie mixte ................................................... 377
G. Dyslexie ........................................................................................................... 377
Table des matières 449
• Andreasen N. C., «Brave new brain». Vaincre les maladies mentales à l’ère du génome
• Belzung C., Biologie des émotions
• Bradshaw J.-L., Évolution humaine. Une perspective neuropsychologique
• Channouf A., Rouan G., Émotions et cognitions
• Churchland P.-M., Le cerveau. Moteur de la raison, siège de l’âme
• Costermans J., Les activités cognitives. Raisonnement, décision et résolution de problèmes
• Delacour J., Conscience & cerveau. La nouvelle frontière des neurosciences
• Delacour J., Une introduction aux neurosciences cognitives
• Delorme A., Flückiger M., Perception et réalité. Une introduction à la psychologie des perceptions
• Donald M., Les origines de l'esprit moderne. Trois étapes dans l'évolution de la culture et de la cognition
• Ferrand L., Grainger J., Psycholinguistique cognitive. Essais en l’honneur de Juan Seguì
• Gazzaniga M. S., Ivry R. B., Mangun G. R., Neurosciences cognitives. La biologie de l’esprit
• Geary D.C., Hommes, Femmes. L'évolution des différences sexuelles humaines
• Grégory R. L., L'œil et le cerveau. La psychologie de la vision
• Kolb B., Whishaw I.-Q., Cerveau et comportement (2e éd.)
• Mackintosh N. J., Q.I. & intelligence humaine
• Math Fr., Kahn J.-P., Vignal J.-P., Neurosciences cliniques. De la perception aux troubles du comportement
• Matlin M.-W., La cognition. Une introduction à la psychologie cognitive
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