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: J3801 V1
Cet article est issu de : Procédés chimie - bio - agro | Opérations unitaires. Génie de la
réaction chimique
Mots-clés Résumé L’agitation des systèmes diphasiques concerne dans cet article les systèmes à
Dispersion | Suspension | deux phases pour lesquels la phase continue est constituée d’un liquide,la seconde
Mélange | Cosmétique |
métallurgie | chimie | phase pouvant être un solide divisé, ou du gaz, ou encore un liquide immiscible. La cuve
Agroalimentaire | Pharmacie | est agitée pour une large majorité des applications industrielles. Les éléments de choix
Agitateur | Cuve agitée
des technologies sont présentés, en particulier les agitateurs et la façon des les implanter
dans la cuve. Les principaux phénomènes physiques sont exposés, afin de donner des
éléments de compréhension à l’utilisateur, souvent confronté à des difficultés
d’appréhension de ces systèmes complexes. Quelques relations permettant des calculs
prédictifs des performances sont proposées.
Keywords Abstract Two-phase mixing operation is focused in this article on the cases in which the
dispersion | suspension | continuous phase consists of a liquid. The second phase may be a divided solid, or gas,
mixing | cosmetic | metallurgy
| chemistry | food industries | or an immiscible liquid. The process apparatus is the stirred tank, which involves a large
phamarceutical | mixer | majority of industrial applications. The choice of technology is guided, in particular mixers
stirred tank
and their implant in the vessel. The main physical phenomena are exposed to give some
understanding to the user, often facing difficulties in understanding of these complex
systems. Some relationships for predictive performance calculations are proposed.
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1. Agitation des systèmes système, et s’échappe par la surface. Afin de maximiser la longueur
de la trajectoire et le temps de séjour du gaz dans la cuve, celui-ci est
gaz-liquide donc généralement introduit dans la zone proche du fond de cuve.
En remontant, le gaz arrive dans la zone de l’agitateur et les phéno-
mènes d’interaction entre les pales et le gaz qui se produisent vont
alors déterminer le régime de dispersion du système.
1.1 Problématique
Les systèmes gaz-liquide recouvrent de très nombreuses appli- Les paramètres de fonctionnement sont la vitesse d’agitation N
cations industrielles pour lesquelles un transfert de matière ou une et le débit de gaz Qg . Selon les valeurs de ces paramètres, trois
réaction chimique entre phases sont requis. L’efficacité de l’opéra- principaux régimes de dispersion (figure 1) sont identifiés.
tion est alors fortement liée à l’aire d’échange créée, à l’interface
Régime de dispersion complète : il se caractérise par la présence
entre phases.
de bulles de gaz dans la totalité du volume de la cuve. Les bulles
La cuve agitée est un appareil très souvent choisi pour réaliser suivent des trajectoires soumises aux recirculations du fluide
une opération nécessitant la mise en contact d’un gaz avec un imposées par l’agitateur. C’est un régime très favorable au contact
liquide, bien que ce ne soit pas une technologie simple, comme la entre les phases, et donc au transfert de matière et à la réaction
colonne à bulles par exemple. Cependant, le choix de la cuve agi- chimique, les recirculations du gaz permettant des temps de séjour
tée répond à certaines exigences du procédé ou à certaines diffi- importants des bulles au sein de la phase liquide.
cultés liées aux propriétés physico-chimiques des phases. Par
exemple, on peut opter pour la cuve agitée lorsque le système Régime d’engorgement : dans ce mode de fonctionnement,
gaz-liquide est très coalescent, lorsque les performances en trans- l’agitateur n’a pas la capacité suffisante pour disperser la quantité
fert doivent être élevées, lorsque la solubilité d’une espèce à trans- de gaz qui lui est imposée. Un bouillonnement important est
férer est faible, lorsque la durée de l’opération doit être courte... observé au centre de la cuve autour de l’arbre d’agitation. Le gaz
Lorsqu’il s’agit d’une opération en cuve agitée, le gaz a vocation traverse directement de bas en haut la colonne de liquide et se
à être dispersé au sein du liquide sous forme de bulles. L’agitateur désengage en surface. Même si une intense turbulence se produit
a alors un double rôle, celui de mettre le liquide et le gaz en circu- dans la zone du panache gazeux, le temps de séjour du gaz dans la
lation, et celui de générer et de contrôler la dispersion du gaz. Ce cuve est faible, l’aire d’échange également, et les transferts ne
dernier aspect est souvent celui qui va être prépondérant pour sont pas favorisés. La circulation du liquide est contrôlée par
dimensionner l’appareil. l’entraînement dû à l’ascension du gaz, et non par l’agitateur. Le
liquide monte dans la partie centrale de la cuve et redescend le
long des parois.
1.2 Régimes de dispersion Régime de chargement : il se situe entre les deux extrêmes que
En raison de la très forte différence de masse volumique entre la sont l’engorgement et la dispersion complète. L’agitateur a la
phase liquide et la phase gazeuse, le gaz finit par se désengager du capacité de générer la dispersion du gaz, mais les écoulements ne
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Pour une valeur donnée du débit de gaz, il n’est pas Sous cette forme, ces corrélations sont applicables au cas
toujours possible d’atteindre le régime de dispersion en aug- de l’eau, pour des turbines de Rushton dont D/T < 0,5. Pour les
mentant la vitesse de rotation. Cela dépend des capacités de liquides légèrement plus visqueux, il est prudent de
dispersion intrinsèques à la géométrie du système (type d’agi- considérer que le passage du régime d’engorgement à celui
tateur, dimensions, paramètres d’implantation dans la cuve). de chargement et le passage du régime de chargement au
régime de dispersion complète s’opèrent pour des vitesses de
rotation supérieures d’un facteur égal à la viscosité apparente
du produit à la puissance 0,1, par rapport aux vitesses de rota-
1.3 Détermination du type de régime tion qui sont calculées par ces relations.
de dispersion
La cartographie des différents régimes de fonctionnement est
Il existe plusieurs façons d’estimer le régime de dispersion. Dans donnée figure 2.
le cas d’une géométrie classique constituée d’une cuve cylindrique
standard chicanée équipée d’une turbine de Rushton, certaines
corrélations semi-empiriques sont proposées dans la littérature. Phénomène d’hystérésis
On peut se référer à celles proposées par Nienow (1990) [1].
Les frontières entre les différents domaines sont sensibles à
– limite engorgement/chargement : l’histoire de la dispersion. Le régime de fonctionnement pour
un couple donné (N, Qg) peut donc dépendre du fait que le
3 ,5 point de fonctionnement ait été atteint en augmentant
D
Na = 30 Fr (1) progressivement le débit de gaz par exemple, ou en le dimi-
T nuant. Notamment, si le système se retrouve engorgé, il est
difficile de retrouver le régime de dispersion complète en
– limite chargement/dispersion complète : diminuant simplement le débit gazeux. Il convient alors de
couper complètement l’admission de gaz, d’attendre le
complet dégazage du liquide avant d’ouvrir à nouveau la
0 ,5
D vanne et augmenter progressivement le débit jusqu’au point
Na = 0, 2 Fr 0 ,5 (2) de fonctionnement visé.
T
Le nombre d’aération Na et le nombre de Froude Fr sont définis Dans le cas général, le suivi de la puissance consommée permet
ainsi : d’avoir une bonne indication du régime de fonctionnement.
En cuve agitée, la puissance d’agitation P est classiquement
Qg déterminée par la relation suivante [J 3 802]) :
Na = (3)
ND 3
P = Np ρ N 3 D 5 (5)
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volume de la cuve, donc le système gaz-liquide n’est pas homo- 1.4 Caractéristiques de la dispersion
gène, et l’agitateur est plus particulièrement sensible aux caracté-
ristiques locales du système dans son environnement proche.
gazeuse
Dans le cas d’une turbine à disque de type Rushton, fréquem- Les caractéristiques de la dispersion sont des paramètres qui
ment utilisée dans les systèmes gaz-liquide, la variation de la conditionnent directement l’efficacité de l’opération de réaction ou
puissance dissipée avec le débit gazeux est donnée sur la figure 3. de transfert recherchée. Afin d’évaluer la qualité de la dispersion, on
Ce type de courbe est classiquement représenté sous forme adi- peut la caractériser essentiellement par les paramètres suivants :
mensionnelle, la puissance dissipée en présence de gaz étant
ramenée à la puissance dissipée en liquide seul, Pg/P0 , et le débit – la rétention gazeuse globale obtenue Φ, qui représente la
de gaz étant inclus dans le nombre d’aération Na. Pour chaque fraction volumique de gaz dans la dispersion ;
valeur de la vitesse de rotation, en augmentant le débit gazeux, on – le diamètre moyen des bulles dB ;
obtient donc des courbes dont : – la surface d’échange spécifique a offerte par les bulles souvent
– une première partie est un pallier : pour les faibles débits, la présentée à travers le produit kLa avec kL le coefficient de transfert
puissance est donc quasiment conservée ; de matière.
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plus locale que le système est coalescent. Néanmoins, de façon Middleton [5], qui a synthétisé de nombreux résultats expéri-
générale, la taille des bulles peut être obtenue pour un système mentaux, préconise d’utiliser la relation suivante pour un système
donné par une relation de la forme suivante : air-eau :
avec C′ et β coefficients dépendant du système. Afin d’augmenter le coefficient volumique de transfert de matière,
En régime de dispersion, la taille des bulles n’est quasiment pas donc la vitesse de transfert, il convient d’augmenter la puissance
sensible à la taille de l’installation, ni au type d’agitateur(s), ni au transmise par l’agitateur au milieu gaz-liquide, Pg . Cela se traduit
débit gazeux. Pour des systèmes coalescents air-eau, Alves et coll. par essentiellement par l’augmentation de la surface d’échange a.
(2002) [4] proposent :
Exemples d’application : étude d’une opération de dispersion
gaz-liquide
dB = 0, 0076 (Pg / V )−0,14 (10) Il s’agit d’estimer les paramètres caractéristiques permettant d’éva-
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1.6 Choix du matériel L’écartement entre les agitateurs est classiquement compris
entre D et 1,5D pour les hélices et est de l’ordre de 1,5D pour des
turbines. Il est recommandé de rapprocher les mobiles lorsque les
1.6.1 Types de mobiles systèmes deviennent coalescents et/ou visqueux.
Les agitateurs les plus largement utilisés sont les turbines à dis-
que. Le disque freine l’ascension du gaz et facilite sa redistribution
1.6.4 Distributeurs de gaz
vers les pales de l’agitateur qui vont assurer la dispersion. La tur- Le gaz est généralement introduit dans la zone du fond de la
bine de Rushton est l’outil le plus classique. Il existe de très nom- cuve. Il peut être alimenté via une simple canne, ou par un sys-
breuses données et corrélations dans la littérature qui permettent tème qui permet une prédistribution du gaz sous forme de bulles.
de l’utiliser avec un bon niveau de fiabilité. D’autres agitateurs, Ces distributeurs, souvent sous forme d’anneaux toriques ou de
inspirés du même principe, mais dont la géométrie des pales a croix (ou les deux combinés), sont placés entre le fond de cuve et
évolué, peuvent avoir de meilleures performances dans certaines le premier étage d’agitation. Ils ne doivent pas être trop près de
plages de fonctionnement, en particulier pour les débits de gaz éle- l’agitateur, sous peine de favoriser son engorgement. Une distance
vés. Il est également possible d’utiliser des hélices pour générer minimale de 0,5 D entre le distributeur et le mobile est préconisée.
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une dispersion. Certains constructeurs ont conçu des modèles au Le diamètre du distributeur est classiquement recommandé
design spécialement adapté (figure 4). comme inférieur au diamètre de l’agitateur qui va assurer la dis-
Les installations pilotes sont souvent équipées de turbines dont persion (Ds/D = 0,8).
la taille ramenée au diamètre de la cuve D/T est fixée de façon
standard à 0,33. Les agitateurs de taille plus importante ont une Pour les débits de gaz importants, il peut être intéressant
meilleure capacité à retarder l’engorgement, à puissance consom- d’installer un distributeur de gaz de plus grand diamètre que
mée identique, et sont plus économiques également quant au l’agitateur (Ds = 1,2D). Cela va permettre à une partie du gaz
débit de circulation induit. Il est donc plutôt préconisé d’utiliser des de contourner l’agitateur et d’être entraîné dans les recircula-
agitateurs de plus grand diamètre (par exemple D/T = 0,4), et de tions du fluide ; l’agitateur alimenté ainsi de façon indirecte
concevoir idéalement les installations pilotes sur le même modèle peut disperser de plus grandes quantités de gaz. Le point
géométrique. d’engorgement est ainsi repoussé et le transfert de matière
favorisé [6].
1.6.2 Géométrie de la cuve
Lors du choix du distributeur de gaz, il convient de prendre en
Afin de maximiser les trajectoires des bulles de gaz et le temps considération le risque de bouchage des orifices. Cela dépend à la
de séjour du gaz dans la cuve, il est fréquent de privilégier des for- fois des propriétés physiques du système (présence éventuelle
mes de cuve hautes. Au-delà de H/T = 1,2, il est nécessaire d’instal- d’éléments solides, taille) et du mode de fonctionnement de
ler plusieurs agitateurs, c’est ce que l’on appelle un système l’appareil. Notamment, le fait que le gaz soit amené sous forme
multi-étagé. Afin de privilégier la recirculation axiale des bulles de intermittente ou continue, peut conduire à des remontées de
gaz, des chicanes sont installées en proche paroi et sur toute la liquide dans le système d’admission du gaz.
hauteur de la cuve. La configuration standard correspond à 4 chi-
canes de largeur w telle que w/T = 0,1, et décollées de la paroi
d’une distance e telle que e/T = 0,02. On peut opter pour 3 chica-
nes, dans ce cas un peu plus larges (w/T = 0,13). Les systèmes
1.7 Notions d’extrapolation
avec 1 ou 2 chicanes seulement ne produisent pas des circulations L’étape d’extrapolation est toujours assortie de risques, car il
satisfaisantes. n’est pas possible de maintenir l’ensemble des invariants
constants. Par exemple, on ne peut pas garder simultanément le
1.6.3 Systèmes multi-étagés même niveau de turbulence, le même temps de mélange, le même
cisaillement maximal et les mêmes performances de transfert de
Plusieurs agitateurs sont installés dans les cuves pour lesquelles matière à deux échelles différentes. Il faut donc faire des choix en
H /T 1, 2. Les agitateurs peuvent être soit de même modèle, soit fonction des impératifs du procédé.
différents. En général, le gaz étant introduit à la base de la cuve, Un critère d’extrapolation très courant consiste à garder
c’est l’agitateur installé le plus près du fond qui a la tâche de dis- constante la puissance spécifique dissipée P/V, car elle est
persion la plus importante. La nature des agitateurs des étages fortement liée à la capacité du système à générer la dispersion.
au-dessus dépend essentiellement de la nature plus ou moins Une alternative est de choisir de maintenir le coefficient volumique
coalescente du système. Pour les systèmes coalescents, il est de transfert de gaz constant, soit kLa constant. L’opération
nécessaire d’installer des agitateurs capables d’assurer la disper- gaz-liquide comportant deux paramètres opératoires indépen-
sion du gaz à tous les étages (turbines ou hélices spécialisées) ; dants, la vitesse de rotation et le débit gazeux, il convient de fixer
pour les systèmes non-coalescents, des hélices classiques sont un second invariant, qui est généralement directement lié aux
installées à partir du deuxième étage, afin d’assurer uniquement conditions d’alimentation du gaz. Deux conditions extrêmes peu-
des recirculations efficaces. Ce dernier choix permet de limiter de vent être retenues, soit maintenir la vitesse superficielle du gaz Us
façon très significative la consommation énergétique. constante, soit maintenir le débit gazeux par unité de volume du
liquide (vvm) constant. Ce dernier critère est souvent choisi pour
les opérations de fermentation.
Le tableau 1 illustre la variation de quelques paramètres induite
par le choix des critères d’extrapolation, dans le cas d’un change-
ment d’échelle d’un facteur 5. Les corrélations utilisées sont celles
présentées dans cet article.
Dans le cas où la géométrie n’a pas donné lieu à des travaux
publiés dans la littérature, il est prudent de faire des essais sur un
Turbine de Rushton BT6 (Chemineer) A315 (Lightnin) pilote construit en similitude géométrique par rapport au réacteur
industriel, de réaliser une carte des régimes d’écoulement. Pour
Figure 4 – Quelques mobiles d’agitation spécifiques aux systèmes des systèmes différents d’un système air-eau, il convient égale-
gaz-liquide ment de redéfinir les paramètres des corrélations proposées.
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Tableau 1 – Variation des paramètres à grande 2.2 Stabilité des systèmes liquide-liquide
échelle par rapport à la petite échelle
pour un coefficient d’extrapolation de taille 2.2.1 Types de dispersion
de 5, soit un coefficient d’extrapolation en volume
de 125 Dans un système diphasique, on appelle phase dispersée, la
phase qui se présente sous forme de gouttes ; la phase dite
Critère d’extrapolation
continue constitue le milieu dans lequel se trouvent les gouttes.
Paramètre P/V = cte P/V = cte kLa = cte kLa = cte Selon le mode opératoire suivi pour leur préparation et la compo-
et et et et sition des phases, plusieurs types de dispersion peuvent se
Us = cte vvm = cte vvm = cte Us = cte produire : on note H/E une dispersion d’une phase organique
(huile) dans une phase aqueuse (eau), E/H, une dispersion d’une
Qg 25 125 125 25 phase aqueuse dans une phase organique.
N 0,34 0,34 0,21 0,34
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Deux phénomènes, a priori antagonistes, se développent dans la d’une goutte est facilitée si la phase dispersée est moins visqueuse
cuve agitée : la rupture au voisinage du mobile et la coalescence que la phase continue.
des gouttelettes favorisée par la circulation du fluide engendrée Pour des rapports de viscosité des phases très faibles ou très
par le mobile. élevés, il devient difficile de casser les gouttes. Ainsi on note que
pour µd/µc > 4, la rupture est quasiment impossible [10].
2.3.1 Rupture des gouttes
La déformation d’une goutte dans une cuve agitée est due aux
2.3.2 Coalescence des gouttes
forces mécaniques induites sur celle-ci par le fluide environnant, Selon les applications, le phénomène de coalescence peut être
sa résistance et les forces internes visqueuses. L’hydrodynamique désiré ou non. Citons par exemple, les opérations dans lesquelles
joue donc un rôle majeur sur la rupture et les phénomènes agis- un transfert de matière se fait et qui se terminent par une sépara-
sant varient selon que le régime d’écoulement est laminaire ou tur- tion des différentes phases. Pour favoriser la décantation, la
bulent. coalescence des gouttes apparaît alors comme un phénomène
recherché.
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d 32
= C 2 (1+ C 3φ) We −3 / 2 (15) Coalescence et fraction volumique
D
La constante C2 est plutôt liée au type de mobile d’agitation La fraction volumique est définie par :
(plus particulièrement à son nombre de puissance) et varie entre
0,04 et 0,08. La constante C3 est relative à la nature des phases Vd
φ=
dont les caractéristiques physico-chimiques modifient l’aptitude à Vd + Vc
la rupture et à la coalescence. C3 peut varier de 2,5 à 5,4 ou même
plus selon les systèmes et augmente avec la tendance à la coales- avec Vd et Vc volumes des phases dispersée et continue.
cence du système.
Dans un système dilué, la fraction volumique de phase dis-
Il a été montré récemment que la valeur de l’exposant du nom- persée φ est inférieure à 0,05. La dispersion alors est seule-
bre de Weber était sensible au caractère plus ou moins coalescent ment affectée par l’hydrodynamique. Les interactions
du système. Ainsi, une valeur de l’exposant du nombre de Weber attractives ou répulsives entre gouttes sont nulles. La coales-
de – 0,43 est préférable pour couvrir une plus large gamme de cence peut être négligée car peu de collisions entre les gout-
fractions volumiques (jusqu’à 0,4) [8]. tes se produisent.
On trouve quelques valeurs des constantes C2 et C3 pour la Si 0,1 < φ < 0,4, la coalescence devient significative et
corrélation (15) dans [9]. dépend du système.
■ Dans le cas d’un régime d’écoulement laminaire, les mécanis- Si φ > 0,4, le taux de coalescence augmente avec le volume
mes de déformation et de rupture de la goutte sont contrôlés par de phase dispersée à cause de l’augmentation de la fréquence
les forces visqueuses entourant la goutte. Ces forces sont liées à la des collisions et du changement rhéologique, ce qui conduit à
viscosité de la phase continue et au gradient de vitesse. des temps de contacts plus longs entre les gouttes. Le sys-
tème est dit concentré.
Il n’y a pratiquement pas de données disponibles pour ce type
de régime d’écoulement. Les seules études ont porté sur des gout- Au-delà de φ = 0,6, le système est très concentré. La valeur
tes soumises à un cisaillement simple. Il apparaît que la condition de 0,74 qui correspond à un empilement maximal des gouttes
la plus favorable à la rupture est obtenue lorsque les deux phases peut être dépassée du fait de la déformabilité des gouttes et
ont une viscosité du même ordre de grandeur et que la rupture de leur hétérogénéité en taille.
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2.3.3 Vitesse d’agitation minimale sont pas mesurées, peuvent être calculées à partir des formules
suivantes :
La vitesse d’agitation minimale Nmin correspond à la vitesse de
l’agitateur nécessaire pour maintenir en suspension les gouttes, µc 1,5φµd
µM = 1+ (17)
donc éviter la décantation ou le crémage lorsque les phases ont 1− φ µd + µ c
des masses volumiques différentes. On se base sur une analogie
avec les systèmes liquide-solide pour lesquels la corrélation de
Zwietering est souvent employée. ρM = φρd + (1− φ) ρc (18)
La corrélation suivante est l’une des plus complètes ; réalisée avec µc (Pa · s) viscosité de la phase continue,
dans un système chicané, pour plusieurs types de mobiles implan- µd (Pa · s) viscosité de la phase dispersée,
tés dans différentes positions et prenant en considération un très
grand nombre d’expériences (250). Elle a été validée pour diffé- φ fraction volumique de phase dispersée,
rents types de fluides (newtonien et pseudoplastique) [11] [12] : ρc (kg · m–3) masse volumique de la phase continue,
ρd (kg · m–3) masse volumique de la phase dispersée,
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a
T g 0,42 (ρd − ρc )0,42 µM σ φ
0,08 0,04 0,05
Nmin = C4 (16)
D D 0,72 µM0,54 2.3.4 Transfert de matière et aire interfaciale
Pour certaines opérations comme les réactions chimiques, qui
avec T (m) diamètre de la cuve,
sont très dépendantes du transfert de matière entre la phase conti-
D (m) diamètre du mobile, nue et la phase dispersée, l’aire interfaciale est un paramètre clé.
Elle peut être calculée à partir du diamètre moyen de la goutte (on
g (m · s–2) pesanteur, remarque ici l’analogie avec les systèmes liquide-gaz – voir (11))
µM (Pa · s) viscosité de la dispersion, par la relation suivante :
ρc (kg · m–3) masse volumique de la phase continue, 6φ
a= (19)
ρd (kg · m–3) masse volumique de la phase dispersée, d 32
ρM (kg · m–3) masse volumique de la dispersée, Le transfert à l’interface peut être décrit par la loi classique appli-
σ (N · m–1) tension interfaciale, cable aussi au phénomène de transfert autour d’une particule
solide ou bien d’une bulle, faisant intervenir entre autres kL le
φ fraction volumique de phase dispersée. coefficient de transfert et a, l’aire interfaciale.
Le tableau 2 rassemble les valeurs des constantes C4 et a pour Pour intensifier le phénomène de transfert, il convient donc
différents mobiles d’agitation et pour différentes positions de ces d’augmenter l’aire interfaciale, donc de créer des gouttes de faible
mobiles. À noter que cette corrélation fait intervenir la masse volu- diamètre. Attention, cependant au problème de séparation que
mique et la viscosité de la dispersion dont les valeurs, si elles ne cela peut engendrer à la fin de l’opération.
Tableau 2 – Valeurs des constantes C4 et a pour divers mobiles et implantations [11] [12]
Position
Mobile H/T C4 a
du ou des mobiles
H hauteur de liquide.
T diamètre de la cuve.
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d (m) diamètre de la goutte. moins d’énergie que les systèmes à valeur élevée.
– Se placer dans des conditions standard (rapport hauteur
de fluide/diamètre de la cuve H/T = 1 ou H/T = 1,2) de façon à
avoir une bonne circulation et éviter les zones mortes respon-
2.4 Implémentation des systèmes agités sables de la coalescence.
– Utiliser une cuve chicanée si le système est peu visqueux.
– Réduire le temps de circulation et augmenter la zone de
2.4.1 Mobiles d’agitation dispersion par l’implantation de deux mobiles.
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polymérisation en émulsion, par exemple) ; il faut aussi intégrer le suspension complète. Pour cette raison, elle n’est recherchée que
fait que le phénomène est intimement lié à la physico-chimie du pour des cas bien particuliers.
système.
Pour augmenter la circulation, on peut avoir recours à l’implan-
tation d’une boucle externe de recirculation ; on peut y placer un 3.2 Comment mettre en suspension
mélangeur statique par exemple pour maintenir au mieux l’état de un solide ?
dispersion.
Généralement, l’extrapolation s’effectue en gardant comme 3.2.1 Rôle de la turbulence
invariant la puissance volumique constante, ce qui revient à
appliquer : La création d’une suspension est très intimement liée aux écou-
lements développés par l’agitation. Généralement, les particules
ND 0 ,67 = Cte (22)
solides ayant une masse volumique plus élevée que celle du
Il faut être vigilant au fait qu’à petite échelle la puissance volu- liquide vont avoir tendance à décanter et à recouvrir le fond de la
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mique injectée est souvent très élevée et il est impossible de main- cuve. Dans la partie inférieure de la cuve, l’écoulement doit être
tenir cette même valeur à grande échelle. Tout essai au niveau du capable de soulever ces particules solides ; grâce aux mouvements
laboratoire et/ou du pilote doit intégrer cette limitation. de circulation du fluide, ces particules doivent ensuite être trans-
portées dans tout le reste de la cuve.
Le soulèvement des particules est obtenu par la combinaison :
– des forces de traînée et de portance exercées par le fluide sur
3. Agitation des systèmes les particules et des forces de gravité ;
liquide-solide – des tourbillons turbulents générés en fond de cuve.
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0,45
ν 0,1dp0,2 (ρs − ρ )
N js = S 0,85 g ρ B 0,13 (24)
D
avec v (m ⋅ s–1) vitesse locale du fluide.
avec B (%) concentration massique de solide. Lorsque ce nombre est supérieur à 1, les écoulements sont
prédominants. On note que lorsque les masses volumiques du
ρsφ s liquide et du solide sont proches, la valeur du nombre de Froude
B = 100 est très élevée, la séparation est alors peu probable.
ρ (1− φ s)
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P
O
U
Agitation des systèmes diphasiques R
E
par Martine POUX
Ingénieur ENSCT, Docteur de l’INPT, HDR, Ingénieur de recherche à l’INP de Toulouse
N
Laboratoire de génie chimique INPT/UPS/CNRS, École nationale supérieure des ingénieurs
en arts chimiques et technologiques, Toulouse (ENSIACET)
et Catherine XUEREB
S
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POUX (M.) et CANSELIER (J.-P.). – Procédés RAKIB (M.), STAMBOULI (M.) et BUCH (A.). – ROUSTAN (M.). – Agitation. Mélange – Caractéris-
d’émulsification – Mécanismes de formation Transfert de matière – Cinétique du transfert de tiques des mobiles d’agitation. [J 3 802], mars
des émulsions. [J 2 152] (2004). matière entre deux phases. [J 1 075] (2008). 2005.
POUX (M.) et CANSELIER (J.-P.). – Procédés ROUSTAN (M.), PHARAMOND (A.) et LINE (A.). –
d’émulsification – Techniques et appareillage. Agitation. Mélange – Concepts théoriques de
[J 2 153] (2004). base. [J 3 800], juin 1999.
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U Annuaire
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