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: AM3655 V1
Modélisation des
Date de publication :
10 juillet 2008 écoulements dans les
Date de dernière validation :
10 janvier 2019
filières d'extrusion
Abstract The most common method of shaping plastic materials is extrusion. The role of
an extrusion die is to produce a product of a given dimension, which is perfectly uniform
in terms of flow rates and temperatures, and totally lacking heterogeneity. These
characteristics are essential to achieving a high quality product during the phases
following the extrusion (stretching, conformation, cooling ...). The flow in a die is above all
a problem of distribution. The geometric design of this equipment must be consistent with
obtaining satisfactory distribution, even under high speeds. Advancements in digital
simulation and the development of computer software now make it possible to address
the design of extrusion dies in a rational and efficient manner.
Par mail :
infos.clients@teching.com
Par téléphone :
00 33 (0)1 53 35 20 20 © Techniques de l'Ingénieur | tous droits réservés
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Le rôle principal que doit jouer une filière d’extrusion est de fournir à la
sortie de l’outillage un produit de dimension donnée, parfaitement uniforme
du point de vue des débits et des températures. Cela est particulièrement
important pour les phases qui suivent l’extrusion proprement dite (étirage,
conformation, refroidissement...) pour lesquelles toute hétérogénéité en sortie
de filière ne pourrait qu’être aggravée et conduire à un produit incorrect.
L’écoulement dans une filière est donc un problème de distribution et la
conception géométrique de ces outillages doit permettre de réaliser cette dis-
tribution au mieux, pour des conditions de débit le plus élevé possible. Cette
conception a longtemps été fondée sur l’empirisme et l’expérience des
bureaux d’études et des utilisateurs. Grâce aux progrès de la simulation numé-
rique et au développement des outils informatiques, une approche plus
scientifique du problème permet aujourd’hui de conforter l’expérience des pra-
ticiens et d’aborder la conception des filières d’extrusion de manière
rationnelle et performante.
Nota : pour plus de détails, le lecteur pourra se reporter aux dossiers Extru-
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1. Description
des géométries étudiées Carter de la filière
Poinçon
Chenal hélicoïdal
1.1 Filières de gaines A A
■ Les plus utilisées ont une géométrie hélicoïdale (figure 1). Le Canal d'entrée
polymère fondu arrive à la partie inférieure par le canal d’entrée, (venant de
est réparti à la périphérie du poinçon par une série de canaux l'extrudeuse)
radiaux, chacun de ces canaux débouchant dans un chenal héli- a vue générale
coïdal, usiné autour du poinçon. La profondeur de ce chenal dimi-
nue lorsque l’on progresse de bas en haut, alors que le jeu entre le
poinçon et le carter de la filière augmente. On obtient ainsi une Coupe AA
Carter de la
bonne distribution du polymère sur toute la périphérie de la filière, filière
tout en évitant les lignes de ressoudure.
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Sortie
de la matière
Chenal hélicoïdal
A A
Arrivée
de la matière
A
Carter Ailette Carter
Barre
d’étranglement Canal de distribution
en porte-manteau Bloc
supérieur Barre d’étranglement
Lèvres
réglables
A A
Canal de
relaxation
Bloc Canal de
inférieur distribution
en porte-manteau
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2. Équations générales
A de la mécanique
Canal d'écoulement des fluides visqueux
a vue de face b coupe A-A
Les équations de la mécanique des milieux continus sont à la
base de la modélisation des écoulements dans les filières d’extru-
Figure 6 – Filière de profilés, de type « progressive » sion. Toutefois, un certain nombre de spécificités liées aux propri-
étés physiques des polymères à l’état fondu vont rendre cette
approche particulière.
C Conducteur métallique
avec ρ (kg/m3) masse volumique du polymère,
P Poinçon
E Canal d'entrée R Canal de répartition V (m/s) vitesse moyenne d’écoulement,
H (m) entrefer local,
Figure 7 – Filière de câblerie téléphonique η (Pa · s) viscosité du polymère fondu.
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Avec les ordres de grandeur typiques d’un écoulement en « plaque », par exemple, figure 5), on observe des variations
filière : brusques de section et une approximation purement visqueuse ne
peut être considérée que comme une première approche de la réa-
ρ = 103 kg /m3 , V = 10−1 m/s, H = 1 cm, η = 103 Pa⋅ s lité.
ρ gL représente une différence de contrainte créée par les forces m indice de pseudoplasticité.
de gravité sur une hauteur L, alors que η V/H est une approxima- Toutefois, si l’on veut être plus précis, on choisira plutôt une loi
tion de la contrainte de cisaillement due aux forces visqueuses. de type Carreau-Yasuda, qui permet de prendre en compte l’exis-
Avec les ordres de grandeur précédents, on obtient : tence d’un plateau newtonien à faible taux de déformation :
m −1
ρgLH
≈L η = η0 [1 + (λγ )a ]a
ηV
avec η0 (Pa · s) viscosité au plateau newtonien,
Cela signifie que, tant que la hauteur de l’écoulement reste infé-
rieure à une dizaine de centimètres (et c’est le cas de tous les λ (s) temps caractéristique,
écoulements rencontrés dans les filières d’extrusion), on peut éga- a indice de Yasuda.
lement négliger les termes de gravité dans les équations de l’écou-
lement. Ce n’est bien sûr plus le cas pour des procédés verticaux
qui se font souvent sur plusieurs mètres, comme l’étirage de fils 2.1.3 Viscosité fortement thermodépendante
textiles, ou le soufflage d’une gaine après la sortie de la filière.
La viscosité, ou la consistance pour une loi puissance, diminue
■ Enfin, la viscosité élevée du polymère se traduit aussi par une rapidement lorsque la température s’élève. Cette évolution est
importante puissance dissipée par déformation (cisaillement, élon- généralement traduite par une loi d’Arrhenius :
gation). Cette puissance (en W/m3) peut être estimée par :
E 1 1
K = K0 exp −
V
2 R T T0
W = η
H
avec K0 (Pa · sm) consistance à la température de référence T0 ,
Les ordres de grandeur précédents nous conduisent à T0 (K) température de référence,
W = 105 W/m3. Le polymère va donc s’échauffer pendant l’écoule- T (K) température,
ment, même sans apport thermique en provenance de l’outillage. E (J/mol) énergie d’activation,
R constante molaire des gaz parfaits.
Les écoulements considérés seront donc, la plupart du
temps, non isothermes. E
Suivant les polymères, le coefficient peut varier de 3 000
R
à 8 000 K. Cette thermodépendance de la viscosité va se traduire,
2.1.2 Comportement non newtonien dans la plupart des cas, par la nécessité de résoudre de façon
couplée les équations mécaniques et thermiques de l’écoulement.
Du fait de leur nature macromoléculaire, les polymères fondus Pour une loi de Carreau-Yasuda, c’est à la fois la viscosité new-
ont un comportement à la fois visqueux et élastique tonienne η0 et le temps caractéristique λ qui dépendent de la tem-
(viscoélastique ). pérature, avec la même loi d’Arrhenius. Par contre, les paramètres
En fait, ces propriétés élastiques sont surtout importantes dans a et m sont invariants avec la température.
les situations d’écoulements élongationnels et de surfaces libres.
Or, dans beaucoup d’écoulements en filière, les sections de 2.1.4 Faible conductivité thermique
passage évoluent très progressivement et les termes de cisail-
lement sont prépondérants devant les termes d’élongation. Il est Les polymères sont considérés comme de très bons isolants,
donc souvent raisonnable de négliger l’élasticité du polymère, sur- leur conductivité se situant dans la plage de 0,12 à
tout si l’on cherche à établir des relations débit-pression, ou à pré- 0,50 W · K–1 · m–1, soit environ mille fois moins que celle du cuivre.
voir la répartition du produit dans la filière. Par contre, si l’on Les échauffements sont donc localisés dans les zones de fort
désire prévoir l’évolution de la surface libre en sortie de filière et cisaillement, ce qui peut engendrer dans l’écoulement des gra-
les phénomènes de gonflement, il est nécessaire de prendre en dients thermiques importants. De plus, pour être efficace, la régu-
compte le comportement viscoélastique du matériau. Par ailleurs, lation thermique d’un outillage doit remplir les deux conditions
dans certains types de filières (filières de profilés de type ci-après.
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■ Être compatible avec la puissance dissipée par déformation dans 2.2.3 Équation de l’équilibre thermique
l’écoulement : le nombre de Brinkman Br permet d’estimer le
mécanisme, dissipatif ou conductif, qui va contrôler la thermique En supposant que le polymère est incompressible, que la capa-
de l’écoulement : cité thermique massique C et la conductivité λ sont indépendantes
de la température, et que l’écoulement est stationnaire, l’équation
η V2 thermique se réduit à :
Br =
λ (T − Tp )
ρCV grad T = λ ∇2 T + W (3)
avec λ (W · K–1 · m–1) conductivité thermique,
avec W (W/m3) puissance dissipée,
T (oC ou K) température moyenne du polymère,
∇ 2 T (K · m–2) laplacien de la température.
Tp (oC ou K) température de la paroi de l’outillage.
et :
Si |Br| est très supérieur à 1, la puissance dissipée est pré-
pondérante et le contrôle thermique de la filière sera sans effet. W = [σ ] : [ε] = ∑ σ ij εij
i,j
■ Même si le mécanisme est conductif (|Br| < 1), il faut que le avec [ε] tenseur des vitesses de déformation.
régime thermique de l’écoulement permette à la régulation de
jouer son rôle. Ce régime thermique est conditionné par le nombre
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de Cameron Ca (ou son inverse, appelé nombre de Graetz) : 2.2.4 Loi de comportement
Si Ca est inférieur à 10–2, le régime thermique est adiaba- avec p (Pa) pression hydrostatique,
tique et la régulation n’a aucune influence sur l’écoulement. [I] tenseur unité.
Pour résumer, la résolution d’un problème d’écoulement en
Dans ce cas, on peut estimer l’ordre de grandeur de l’échauf-
filière va passer par la résolution des équations (1), (2), (3) et (4),
fement par :
c’est-à-dire d’un système de 10 équations à 10 inconnues (3
∆P composantes du vecteur vitesse, pression, température, 5
∆T = composantes du tenseur des contraintes). Ces équations peuvent
pC
maintenant être résolues telles quelles, par des méthodes d’élé-
avec ∆P (Pa) perte de charge, ments finis 3D.
ρC (J · K–1 · m –3) capacité thermique volumique. Toutefois, ces méthodes sont parfois lourdes et les temps de
calcul importants, d’où l’idée de méthodes d’approximation qui
permettent d’obtenir une solution simplifiée à un moindre coût.
Pour Ca supérieur à 10–2, le régime thermique est transitoire Pour traiter les géométries industrielles qui nous intéressent, nous
et la conduction thermique depuis les parois peut commencer pouvons donc mettre en application un certain nombre de simplifi-
à être efficace. cations complémentaires, données ci-après.
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e
e
R2 R2
R1
R1
e Entrefer
R1 Rayon intérieur
R2 Rayon extérieur
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1 2 3
Figure 8 – Déroulement et mise à plat d’une géométrie annulaire (zone d’alimentation d’une filière de câblerie téléphonique)
■ Une autre approximation assez courante consiste à découper un – l’entrefer (la dimension transversale de l’écoulement) évolue
écoulement complexe en écoulements élémentaires plus simples, peu dans la direction principale de l’écoulement ;
qui sont traités indépendamment les uns des autres. Cette – la courbure des surfaces en présence est faible (rayons de
méthode, qui s’appuie uniquement sur une bonne compréhension courbure grands par rapport à l’entrefer).
physique de la façon dont se fait l’écoulement, ne peut être justi-
fiée qu’a posteriori, en confrontant ses résultats à ceux fournis par ■ Si ces conditions sont remplies (et elles le sont dans de nom-
une étude complète de l’écoulement. breux cas d’écoulements qui nous intéressent), on peut alors
considérer que l’on a affaire localement à un écoulement établi
Ces approximations ont été très utilisées au tout début de la entre deux parois parallèles, c’est-à-dire que l’on peut négliger la
modélisation de l’injection. Dans les écoulements en filière, deux composante de vitesse transversale (suivant z ) devant les
exemples principaux se présentent : composantes qui sont dans le plan de l’écoulement (x, y). Cela
– dans le cas de la filière plate, on peut considérer deux écoule- permet donc de se ramener d’un écoulement réel tridimensionnel
ments indépendants : à des écoulements qui ne sont plus que bi- ou monodimension-
• un, suivant la direction du porte-manteau, nels.
• un, suivant la direction des lèvres, Si l’on peut donc simplifier le champ de vitesse en le ramenant à
• ce qui permet d’obtenir une résolution purement analytique seulement deux composantes, dans la plupart des cas, le champ
de l’écoulement [2] ; de température T (x, y, z) va rester tridimensionnel. Cependant, on
peut là aussi simplifier le problème en ne considérant que la tem-
– dans le cas de la filière de gaine, on peut également considérer
deux écoulements indépendants (figure 26) : pérature moyenne dans l’épaisseur de l’écoulement T (x , y ) .
• un écoulement principal suivant les canaux hélicoïdaux, ■ Toutefois, pour que cette approximation soit licite et permette
• un écoulement de fuite, vertical, passant d’un chenal à d’obtenir des résultats corrects, certaines conditions sont
l’autre. indispensables :
– les gradients thermiques transversaux doivent être faibles, ce
qui implique des vitesses d’écoulement limitées et des tempéra-
3.2 Champs de vitesses tures de la matière proches des températures de régulation des
et de températures outillages ;
– il faut être capable de définir le flux de chaleur q (en W/m2) à
Beaucoup d’écoulements en filière sont des écoulements en l’interface polymère/outillage à partir d’un coefficient de transfert
couche mince, c’est-à-dire pour lesquels une dimension (en géné- thermique h (en W · m–2 · K–1), ou de sa valeur adimensionnelle
ral l’épaisseur) est petite devant les autres. On peut alors, dans la appelée « nombre de Nüsselt » (Nu) :
plupart des cas, appliquer ce que l’on appelle les « approximations
de la lubrification hydrodynamique ou de l’écoulement confiné », q = h (T − Tp )
qui vont permettre de simplifier de manière très sensible les équa-
tions. Ces approximations reposent sur plusieurs hypothèses : hH
Nu =
– l’écoulement est stationnaire et laminaire ; λ
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4. Méthodes de résolution
Il n’est pas dans notre propos de détailler les calculs et les
méthodes numériques utilisées pour traiter les équations des
écoulements en filières. Nous allons nous contenter, dans le cas
des deux grands types d’écoulements évoqués au paragraphe pré- Figure 9 – Géométrie d’un écoulement axisymétrique
cédent, de présenter la philosophie générale et les grandes lignes monodirectionnel
des différentes méthodes.
dP − 2 K (Q /2π)m
= m
(5) Dans le cas d’une loi de comportement visqueux plus géné-
dz 1/m 1/m rale, comme une loi de Carreau-Yasuda, une équation de Rey-
R* r R *2 R2 R2 R *2
∫ r ∫R u − u du dr + ∫ r ∫r u − u du dr nolds analytique ne peut être obtenue. La résolution est alors
R1 1 R* un peu plus complexe.
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∂2 p ∂2 p
+ =0
∂x 2 ∂y 2
M qx + + qy + = 2 aNu (9)
∂x ρC ∂x ∂y ρC ∂y H
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• bleu 0
• rouge 0,74 MPa
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Pression (MPa)
Nom Entreprise
P 185
10
5. Exemples de résultats
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■ Un autre problème rencontré au cours de cette fabrication est la Pour calculer l’écoulement correspondant, il n’est plus possible
présence, dans la section du tube, de surépaisseurs symétriques de faire l’hypothèse d’axisymétrie. Nous allons donc considérer un
de l’ordre de 0,6 mm. Cela entraîne, pour rester aux cotes minima- écoulement bidirectionnel, mais uniquement dans la partie termi-
les imposées par la norme, une surconsommation de matière, pré- nale de la filière, qui est la zone sensible comme l’a prouvé le
judiciable d’un point de vue économique. calcul précédent. De plus, on va dérouler cette géométrie comme
indiqué au paragraphe 3.1, afin de permettre une meilleure visua-
Ce défaut est supposé être dû à l’existence, à l’entrée de la lisation des résultats [6].
filière, d’hétérogénéités de températures importantes, liées à
l’écoulement dans l’extrudeuse bivis. Des mesures dans le canal La figure 15a montre, pour une température de régulation de
d’entrée de la filière ont confirmé qu’il existe deux zones, dans le l’outillage de 185 oC, la carte des températures moyennes à l’inté-
prolongement des têtes de vis, plus chaudes d’environ 10 oC que rieur de la zone finale. On a imposé à l’entrée de l’écoulement une
le reste du polymère. On imagine alors que, arrivant sur le poin- hétérogénéité de température analogue à celle mesurée expéri-
çon, ces zones chaudes se séparent pour s’écouler de chaque côté mentalement. On constate que la température à la sortie reste rela-
du poinçon, donnant naissance, du fait de leur plus faible viscosité, tivement hétérogène et que les zones chaudes donnent lieu à un
à des débits locaux plus importants et donc à des surépaisseurs en sur-débit d’environ 10 %, alors que les zones plus froides donnent
sortie. un sous-débit du même ordre de grandeur. Le calcul confirme
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Tr (˚C)
Tr (˚C)
200 200
185 1
180 180
y y
192
192 180 192 y z 180 192 y
181
181
2
190 190
193
193 184
184 186
187 188
194 191 191
194 191 190 191
x x x 191
qx /Q
qx /Q
1,1
1,08
3 1,04
1 1
Position Position
suivant y 0,96 suivant y
0,9
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Pression (MPa)
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2Q
z)
R(
Canal R0 a y
0
d’entrée R(z)
I0 h0
23,9 23,0
P1 1
Canal de z
répartition
h0
I1
a' Coupe a-a'
2L
21,3 x
17,7
avec α angle du porte-manteau,
z (m) position suivant l’axe du porte-manteau,
16,0
15,1 H (m) épaisseur des lèvres,
L (m) demi-largeur de la filière.
Isobares (en MPa)
Lignes de courant Cette relation, qui est très utilisée comme base de départ
Limite de la zone d'alimentation pour la conception d’un outillage, montre que l’évolution du
canal de répartition est fonction des autres paramètres géo-
Figure 18 – Filière de câblerie : écoulement dans la zone métriques de la filière, mais aussi de l’indice de pseudoplas-
d’alimentation déroulée ticité m du polymère utilisé.
Cela explique qu’une filière, conçue pour répartir correcte-
ment un certain polymère, puisse être moins performante si
On constate que cette zone d’alimentation consomme beaucoup l’on change de matière.
de pressions (environ 9 MPa de perte de charge), sans répartir le
polymère de façon très satisfaisante. En effet, les lignes de courant
sont calculées de façon à ce qu’il passe la même quantité de ■ L’approche simplifiée permet également d’établir des relations
matière entre deux lignes voisines. Une distribution uniforme de simples entre débit-volume Q (en m3/s) et perte de charge ∆P (en Pa) :
matière se traduirait donc par une équidistance des lignes de cou-
1/ m
rant. Or, on observe ici qu’elles sont plus resserrées sur le côté m ∆P
que sur l’axe de symétrie, ce qui se traduit par un sur-débit de Q= LH (1+ 2m) / m
2 m +1 2 K (1+ L tan α + 2m 0 sin α )1/ m
matière à la partie inférieure (à droite sur la figure 18) de la filière.
Ce résultat provient d’un mauvais dessin du canal de répartition : avec (m) longueur des lèvres,
sa dimension importante favorise l’écoulement dans le canal au
détriment de celui dans la zone mince, et amène donc un excès de 0 (m) longueur du canal d’entrée.
matière à l’extrémité du canal. Toutefois, une étude plus réaliste des écoulements en filière
Le calcul peut servir ici à redessiner une forme optimale de ce plate passe nécessairement par l’utilisation de modèles
canal qui puisse assurer une distribution du polymère parfai- bidimensionnels [10].
tement uniforme à la sortie.
La figure 20 indique, pour une géométrie classique de filière plate,
le tracé des lignes de courant et des isobares.
5.3 Filières de plaques ou de feuilles L’exemple considéré concerne la fabrication de plaques de 1,5 mm
d’épaisseur et de 80 cm de largeur en polypropylène, à un débit de
Nous avons vu dans le paragraphe 3.1 qu’il était possible de 420 kg/h [11]. La perte de charge totale est de 10 MPa et l’on
considérer l’écoulement dans une filière plate comme formé de observe que la pression diminue rapidement (isobares rapprochées)
deux écoulements simples indépendants, l’un suivant le dans les zones de faible entrefer : barre d’étranglement et lèvres. Les
porte-manteau, et l’autre suivant les lèvres (figure 19). lignes de courant montrent que le polymère fondu suit le canal de
Cette façon de traiter le problème n’apporte que peu de rensei- répartition, en passant progressivement dans la zone des lèvres.
gnements intéressants sur ce qui se passe réellement dans l’écou- Ce résultat confirme bien la validité de l’approche simplifiée, dans
lement, mais elle permet, dans une optique de design, de définir laquelle on considérait indépendamment chacun de ces écoulements.
des relations analytiques simples entre les différentes grandeurs Les lignes de courant sont bien équidistantes, ce qui traduit une très
géométriques [9]. En particulier, pour un comportement en loi bonne répartition du matériau en sortie.
puissance, on peut ainsi calculer l’évolution que doit suivre la sec-
tion (supposée circulaire, de rayon R) du porte-manteau pour avoir Cela est confirmé sur la figure 21, où l’on a tracé, sur la largeur
un débit uniforme à la sortie de la filière : de la filière, le rapport débit local/débit moyen. Une distribution
parfaitement homogène donnerait partout une valeur de 1. Dans le
1 3 m +1
m / (1+ 3m) 1/ (1+ 3m)
H 1+ 2m cas qui nous intéresse, cette distribution est approchée à ± 4 %, ce
R (z ) = (L − z cos α ) qui peut être considéré comme excellent, sachant que la plaque
2π 2 m + 1 sin α est ensuite calandrée en sortie de filière. On remarque également
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10
200
200,2
200,4
9,0
200,7 200,5
8,0 200,1 200,9
7,0
6,0
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5,0 201,2
201,4 201,6
4,1
3,1
2,1
1,1
Figure 22 – Carte de températures (en oC) dans la filière plate :
cas où la température initiale est égale à la température
Isobares (en MPa) de régulation (200 oC)
Lignes de courant
Figure 20 – Écoulement dans une filière plate : cas où la température très bonne homogénéité de température à la sortie de l’outillage.
initiale est égale à la température de régulation (200 oC)
Dans les conditions choisies, la puissance dissipée par déforma-
tion dans l’écoulement est faible et les échanges thermiques sont
contrôlés par la conduction depuis les parois de la filière. On est
donc ici dans des conditions d’écoulement quasi isothermes.
qx/Q ■ Il est intéressant de calculer le changement qu’apporterait,
toutes choses égales par ailleurs, une modification de la tempéra-
ture de régulation. Sur la figure 23 sont tracées les isothermes
1,08 correspondant à des températures de régulation respectivement
de 220 et de 180 oC.
I
II À 220 oC, l’aspect général reste très voisin de celui déjà observé
à 200 oC : légère évolution dans les zones les plus étroites (étran-
a b glement et lèvres), bonne homogénéité en sortie.
1
Au contraire, à 180 oC, on note une importante perturbation du
tracé, avec une certaine hétérogénéité en sortie : on passe de
192,6 oC au centre de l’écoulement à environ 194 oC sur les bords.
On pourrait penser que cet écart est trop faible pour avoir de réel-
0,92 les conséquences sur la distribution de matière. On constate en
I réalité sur la figure 24 que la modification du champ de tempéra-
tures change la répartition finale, en l’aggravant de manière sen-
sible à 180 oC.
a II b Cet exemple illustre bien la réalité du couplage fort méca-
0,84
nique/thermique dans un écoulement en filière et montre
comment on peut modifier la mécanique de l’écoulement (ici, la
I - En sortie de porte-manteau
distribution de matière) en jouant uniquement sur l’aspect ther-
II - En sortie de lèvres
mique (température de régulation).
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qx /Q
200
I
1,04
II
III
1 a b
200,7
201,4
0,96
202
202,8
203,5
0,92
204,2
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205
205,6 Température initiale : 200 ˚C
206,3
Température de régulation = 180 ˚C : courbe I
= 200 ˚C : courbe II
a température de régulation de 220 ˚C
= 220 ˚C : courbe III
200
Figure 24 – Distribution de débit (débit local/débit moyen)
en sortie de filière plate
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e(x)
β
H H0
R0
ψ 2r
Figure 25 – Coupe transversale du chenal d’une filière de gaine (figure 1) : paramètres géométriques
x
B
∆x
2
1
A
Chenal 1 Chenal 2
N δ(x)
ψ R(x)
B
A
1 Écoulement le long du chenal
2 Écoulement de fuite
∆x Dimension du maillage
Les vitesses les plus importantes (de l’ordre de 1,8 cm/s) sont c’est le cas à la figure 31, où l’on a, là aussi, procédé à l’équili-
bien sûr obtenues dans la zone la plus épaisse, alors que la zone brage d’une filière par modifications successives des zones
mince a des vitesses dix fois plus faibles ! d’entrée.
• Dans la pratique, on tente de remédier à un tel problème en
creusant la plaque filière dans les zones les plus minces afin d’y
favoriser l’écoulement et de rééquilibrer l’ensemble du profilé.
C’est ce que nous avons fait par la simulation numérique. 6. Conclusions
Le résultat est présenté sur les figures 30b à 30d. En modifiant
itérativement les zones d’entrée, il est possible de rééquilibrer le
et perspectives
champ de vitesse et d’obtenir des écoulements a priori corrects,
même pour la zone du profilé la plus mince. La compréhension et la modélisation des écoulements dans les
filières d’extrusion ont permis, depuis bientôt 30 ans, d’effectuer
■ Ce type de calcul permet donc de guider les modifications géo- beaucoup de progrès dans la conception des outillages et dans
métriques destinées à améliorer la qualité du produit. On peut l’optimisation de leurs conditions de fonctionnement. Cette appro-
d’ores et déjà l’appliquer à des géométries complexes, comme che n’est cependant en aucun cas exclusive et ne permettra sûre-
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q Ts(˚C)
Q 208 T0 = 200 ˚C
1,10
206 Tr = 220 ˚C
1,00 202
Tr = 180 ˚C
200
0,95 0 60 120 180
120̊ 240̊ α (degrés)
0,90
H 0 – 6 mm = 10 mm
H – 4 mm = 20 mm
= 40 mm
q q
Q Q
1,10 1,1
1,05 1,0
1,00
0,9
Tr = 220 ˚C
0,95 Tr = 200 ˚C
0,8
Tr = 180 ˚C
0,90 H = 6 mm
= 20 mm
0,7
0 60 120 180 α (degrés)
0,85
0 120 240 α (degrés)
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18,64 19,04
16 16
14 14
12 12
10 10
8 8
6 6
4 4
2 2
0,003 0,0008
16,26 15,28
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14
12
12
10
10
8
8
6
6
4
4
2
2
0,00048
0,0016
Figure 30 – Carte d’isovitesses dans la section de sortie de la filière de profilés (en mm/s)
18,74 20,02 20
16
15
14 15
12
10
10 10
8
6
5 5
4
00,00073 0 0,00058
00,0011
18,7422 20,0252
20
16
14 15
15
12
10
10
10
8
6
5
4 5
a géométrie initiale b géométrie équilibrée (1er essai) c géométrie équilibrée (2e essai)
Figure 31 – Résultats d’un calcul 3D : carte d’isovitesses (en mm/s) dans une filière de profilé et son réservoir (géométrie initiale et modifica-
tions pour rééquilibrer l’écoulement)
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P
O
U
Modélisation des écoulements R
dans les filières d’extrusion
E
N
par Bruno VERGNES
Ingénieur ENSTA (École nationale supérieure des techniques avancées)
Docteur ès Sciences
Maître de recherche à l’École des Mines de Paris
S
et Jean-François AGASSANT
Ingénieur civil des Mines
A
Docteur ès Sciences
V
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BREZZI (F.). – On the existence, uniqueness,
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dies. SPE ANTEC, p. 453 (1978).
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MURA (B.). – Berechnugsmethoden für
novis. [AM 3 650]et [AM 3 651], (2002, 2003).
Bibiographie complémentaire
U
and approximation of saddle-point problems
arising from Lagrange multipliers. Rev. Fr.
Autom. Inform. Rech. Oper., 8, p. 129-151
Breitschlitz-Extrusionwerkzeuge.
toffe, 70, p. 751 (1980).
Kunsts-
ARNOLD (J.). – Die Makers Handbook. SPE serie
(2000).
S
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unstructured and anisotropic mesh genera- merical approaches. Polym. Eng. Sci., 32, 3e édition, Carl Hanser, Munich (2003).
tion with adaptation to natural and multido- p. 206 (1992). O’BRIEN (K.T.). – Computer Modeling for Extrusion
main metric. Comput. Meth. Appl. Mech. [11] VERGNES (B.), SAILLARD (P.) et AGASSANT and Other Continuous Polymer Processes. Han-
Eng., 194, p. 4951 (2005). (J.F.). – Non-isothermal flow of a molten po- ser Gardner, Cincinnati (1992).
■ Logiciels généraux (codes d’écoulement 2D et/ou 3D) ■ Logiciels dédiés (généralement 1.5D)
• Fluent • Compuplast International Inc.
http://www.fluent.com/ http://www.compuplast.com/
Doc. AM 3 655
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