Vous êtes sur la page 1sur 22

Réf.

: AM3655 V1

Modélisation des
Date de publication :
10 juillet 2008 écoulements dans les
Date de dernière validation :
10 janvier 2019
filières d'extrusion

Cet article est issu de : Matériaux | Plastiques et composites

par Bruno VERGNES, Jean-François AGASSANT

Résumé Le procédé de transformation des matières plastiques le plus répandu reste la


fabrication par extrusion. Le rôle d’une filière d'extrusion est de fournir à la sortie de
l'outillage un produit de dimension donnée, parfaitement uniforme du point de vue des
débits et des températures, et en absence totale d’hétérogénéité. Ces caractéristiques
sont essentielles pour obtenir un produit de qualité lors des phases qui suivent l'extrusion
(étirage, conformation, refroidissement...). L'écoulement dans une filière est avant tout un
problème de distribution. La conception géométrique de cet outillage doit permettre
d’aboutir à une distribution satisfaisante, et ceci sous des débits même élevés. […]

Abstract The most common method of shaping plastic materials is extrusion. The role of
an extrusion die is to produce a product of a given dimension, which is perfectly uniform
in terms of flow rates and temperatures, and totally lacking heterogeneity. These
characteristics are essential to achieving a high quality product during the phases
following the extrusion (stretching, conformation, cooling ...). The flow in a die is above all
a problem of distribution. The geometric design of this equipment must be consistent with
obtaining satisfactory distribution, even under high speeds. Advancements in digital
simulation and the development of computer software now make it possible to address
the design of extrusion dies in a rational and efficient manner.

Pour toute question :


Service Relation clientèle
Techniques de l’Ingénieur
Immeuble Pleyad 1 Document téléchargé le : 08/03/2023
39, boulevard Ornano
93288 Saint-Denis Cedex Pour le compte : 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

Par mail :
infos.clients@teching.com
Par téléphone :
00 33 (0)1 53 35 20 20 © Techniques de l'Ingénieur | tous droits réservés
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

Modélisation des écoulements


dans les filières d’extrusion
par Bruno VERGNES
Ingénieur ENSTA (École nationale supérieure des techniques avancées)
Docteur ès Sciences
Maître de recherche à l’École des Mines de Paris
et Jean-François AGASSANT
Ingénieur civil des Mines, Docteur ès Sciences
Professeur à l’École des Mines de Paris
Responsable du groupe de recherches « Écoulements viscoélastiques » au CEMEF
(Centre de mise en forme des matériaux, UMR CNRS 7635)
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

1. Description des géométries étudiées ................................................. AM 3 655 - 2


2. Équations générales de la mécanique des fluides visqueux ........ — 4
3. Méthodes de simplification ................................................................... — 6
4. Méthodes de résolution .......................................................................... — 8
5. Exemples de résultats ............................................................................. — 11
6. Conclusions et perspectives ................................................................. — 17
Pour en savoir plus ............................................................................................. Doc. AM 3 655

a fabrication en continu de semi-produits ou de produits finis de section


L constante (plaques, feuilles, films, tubes, profilés...) par extrusion à travers
une filière est de loin le procédé de transformation des matières plastiques le
plus répandu. En 2001, par exemple, le tonnage de matières transformées par
extrusion en France s’est élevé à 2,1 millions de tonnes, soit 47 % de la
consommation totale de produits thermoplastiques.
Par ordre d’importance décroissante, toujours en tonnage de matière trans-
formée, les différents produits concernés par ce procédé sont :
– les films soufflés : principalement des polyéthylènes (PE-BD, PE-BDL,
PE-HD) et, en particulier, depuis une dizaine d’années, les nouveaux polyéthy-
lènes métallocènes ;
– les feuilles et plaques : PVC, polypropylène, polystyrène ;
– les tubes : presque exclusivement du PVC, avec un peu de polyéthylène
(principalement haute densité), mais aussi du polyamide et des silicones ;
– les profilés : principalement du PVC ;
7 - 2008

– enfin, les isolations de câbles électriques ou téléphoniques : PVC, poly-


éthylène basse densité et formulations spécifiques fortement chargées.
Une ligne d’extrusion est généralement constituée des éléments suivants :
– une extrudeuse, monovis ou bivis, qui permet de fondre ou de plastifier le
polymère, de le mettre en pression, et de fournir un débit de matière régulier,
AM 3 655

à une température aussi homogène que possible ;


– la filière, de géométrie plus ou moins complexe, qui donne au produit la
forme requise.
À la sortie de la filière, le produit peut subir éventuellement d’autres traite-
ments mécaniques (conformation, étirage, soufflage...), tout en étant refroidi,
puis conditionné.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. AM 3 655 – 1

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION _______________________________________________________________________

Le rôle principal que doit jouer une filière d’extrusion est de fournir à la
sortie de l’outillage un produit de dimension donnée, parfaitement uniforme
du point de vue des débits et des températures. Cela est particulièrement
important pour les phases qui suivent l’extrusion proprement dite (étirage,
conformation, refroidissement...) pour lesquelles toute hétérogénéité en sortie
de filière ne pourrait qu’être aggravée et conduire à un produit incorrect.
L’écoulement dans une filière est donc un problème de distribution et la
conception géométrique de ces outillages doit permettre de réaliser cette dis-
tribution au mieux, pour des conditions de débit le plus élevé possible. Cette
conception a longtemps été fondée sur l’empirisme et l’expérience des
bureaux d’études et des utilisateurs. Grâce aux progrès de la simulation numé-
rique et au développement des outils informatiques, une approche plus
scientifique du problème permet aujourd’hui de conforter l’expérience des pra-
ticiens et d’aborder la conception des filières d’extrusion de manière
rationnelle et performante.
Nota : pour plus de détails, le lecteur pourra se reporter aux dossiers Extru-
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

sion monovis [AM 3 650] et [AM 3 651], dans ce traité.

1. Description
des géométries étudiées Carter de la filière
Poinçon
Chenal hélicoïdal
1.1 Filières de gaines A A

Elles sont utilisées en extrusion-soufflage pour la réalisation de


films de faible épaisseur (entre 10 et 300 µm).

■ Les plus utilisées ont une géométrie hélicoïdale (figure 1). Le Canal d'entrée
polymère fondu arrive à la partie inférieure par le canal d’entrée, (venant de
est réparti à la périphérie du poinçon par une série de canaux l'extrudeuse)
radiaux, chacun de ces canaux débouchant dans un chenal héli- a vue générale
coïdal, usiné autour du poinçon. La profondeur de ce chenal dimi-
nue lorsque l’on progresse de bas en haut, alors que le jeu entre le
poinçon et le carter de la filière augmente. On obtient ainsi une Coupe AA
Carter de la
bonne distribution du polymère sur toute la périphérie de la filière, filière
tout en évitant les lignes de ressoudure.

■ Depuis une dizaine d’années est apparu un nouveau type de


filière de gaine, dite « pancake ». Comme on peut le voir sur la
figure 2, ces outillages conservent le principe de l’écoulement
dans des chenaux hélicoïdaux, mais ceux-ci sont mis à plat, et la Chenal
matière s’écoule maintenant de la périphérie vers le centre. Canal hélicoïdal
L’intérêt majeur de cette conception se justifie dans le cas de la radial
coextrusion de films multicouches, où l’on peut multiplier le b coupe A-A
nombre de couches de matériaux différents en « empilant » les
filières de type « pancake », ce qui était beaucoup plus difficile
dans le cas de géométries hélicoïdales classiques. On arrive ainsi Figure 1 – Filière de gaine à géométrie hélicoïdale
maintenant, avec cette technique, à fabriquer des films soufflés
comprenant neuf couches différentes.
1.3 Filières de plaques ou de feuilles
1.2 Filières de tubes Elles permettent de fabriquer des produits plats, d’épaisseur
comprise entre 0,2 et 1 mm pour les films et les feuilles, et de 0,8 à
Ce sont des filières de géométrie essentiellement axisymétrique, 25 mm pour les plaques, sur des largeurs allant de quelques centi-
constituées d’un poinçon relié au carter par des ailettes réparties mètres à plusieurs mètres.
régulièrement sur la périphérie (figure 3). Les flux de matière,
Les plus performantes sont les filières en porte-manteau
séparés au passage des ailettes, se ressoudent ensuite en aval de
(figure 4). Le polymère fondu provenant de l’extrudeuse se répartit
celles-ci.
dans un canal de section variable (le porte-manteau), qui va
Ce type de géométrie permet de couvrir une gamme très large permettre une distribution la plus uniforme possible sur toute la
de produits, depuis les tubes à usage médical de quelques milli- largeur de l’outillage. Des corrections éventuelles peuvent être
mètres de diamètre, jusqu’aux tubes d’adduction d’eau pouvant apportées au moyen de la barre d’étranglement, ainsi qu’au
atteindre 2 m de diamètre. moyen des lèvres finales flexibles, réglables en épaisseur.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


AM 3 655 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

________________________________________________________________________ MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION

Sortie
de la matière

Chenal hélicoïdal

A A

Arrivée
de la matière

a coupe transversale b coupe AA

Figure 2 – Filière de gaine de type « pancake »


Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

A Poinçon Ailette Poinçon

A
Carter Ailette Carter

a coupe longitudinale b coupe transversale A-A

Figure 3 – Filière de tube

Barre
d’étranglement Canal de distribution
en porte-manteau Bloc
supérieur Barre d’étranglement

Lèvres
réglables
A A

Canal de
relaxation

Bloc Canal de
inférieur distribution
en porte-manteau

a vue de dessus b coupe A-A

Figure 4 – Filière de plaques ou de feuilles

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. AM 3 655 – 3

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION _______________________________________________________________________

1.4 Filières de profilés


Réservoir (extrémité de
l’extrudeuse) Il s’agit de réaliser ici des pièces de forme généralement
Plaque Canal complexe, destinées par exemple à l’industrie automobile ou au
porte-filière d’écoulement bâtiment (huisserie).
Il y a encore quelques années, de nombreuses filières étaient de
A
type « plaque », comme celle de la figure 5. On plaçait à l’extrémité
de l’extrudeuse une simple plaque, de quelques centimètres
d’épaisseur, dans laquelle était usinée la forme à réaliser. Devant
l’augmentation des exigences de qualité, principalement dimen-
sionnelle, des profilés extrudés, ces outillages simples sont de plus
en plus souvent remplacés par des géométries plus complexes, où
la matière est progressivement amenée de la section de sortie de
l’extrudeuse (généralement circulaire) à la section finale du profilé
(figure 6).
A
Ces filières sont habituellement constituées de plusieurs
plaques, fixées les unes aux autres, pour permettre, si nécessaire,
Canal Plaque une modification plus aisée de la géométrie de l’écoulement.
d’écoulement porte-filière
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

1.5 Filières de câblerie


a vue de face b coupe A-A
Ces filières sont destinées à réaliser l’isolation des câbles élec-
triques ou téléphoniques (figure 7). Le même principe s’applique à
Figure 5 – Filière de profilés, de type « plaque » tous les types de fabrication, qui vont des câbles d’énergie haute
tension à forte épaisseur d’isolant (quelques centimètres), déposé
à une vitesse linéique de quelques centimètres par minute, aux
câbles téléphoniques (quelques dixièmes de millimètre d’épais-
seur, déposés à plus de 1 000 m/min).
Le câble ou le conducteur à isoler est guidé par le poinçon et se
déplace perpendiculairement à l’extrudeuse, d’où le nom de filière
en tête d’équerre. Le polymère est réparti autour du poinçon,
Réservoir généralement grâce à un canal de répartition, puis il est cisaillé
A
(extrémité entre la paroi de la filière et le conducteur en mouvement.
de l’extrudeuse)

2. Équations générales
A de la mécanique
Canal d'écoulement des fluides visqueux
a vue de face b coupe A-A
Les équations de la mécanique des milieux continus sont à la
base de la modélisation des écoulements dans les filières d’extru-
Figure 6 – Filière de profilés, de type « progressive » sion. Toutefois, un certain nombre de spécificités liées aux propri-
étés physiques des polymères à l’état fondu vont rendre cette
approche particulière.

2.1 Spécificité des écoulements


Zone de Zone de de polymères fondus
Poiseuille cisaillement
E 2.1.1 Grande viscosité
La viscosité moyenne d’un polymère fondu en écoulement se
situe dans une fourchette de 102 à 104 Pa · s.
P Sachant que 1 Pa · s (pascal-seconde) = 1 PI (poiseuille) = 10 P
R C (poises). Les conséquences en sont très importantes.
En premier lieu, le nombre de Reynolds Re de l’écoulement sera
très faible :
ρVH
Zone d’alimentation Zone axisymétrique Re =
η

C Conducteur métallique
avec ρ (kg/m3) masse volumique du polymère,
P Poinçon
E Canal d'entrée R Canal de répartition V (m/s) vitesse moyenne d’écoulement,
H (m) entrefer local,
Figure 7 – Filière de câblerie téléphonique η (Pa · s) viscosité du polymère fondu.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


AM 3 655 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

________________________________________________________________________ MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION

Avec les ordres de grandeur typiques d’un écoulement en « plaque », par exemple, figure 5), on observe des variations
filière : brusques de section et une approximation purement visqueuse ne
peut être considérée que comme une première approche de la réa-
ρ = 103 kg /m3 , V = 10−1 m/s, H = 1 cm, η = 103 Pa⋅ s lité.

nous obtenons Re = 10–3.


En revanche, il faut tenir compte, de manière précise, du
comportement pseudoplastique du polymère, c’est-à-dire de
Un régime turbulent ne peut donc jamais exister dans les l’évolution de la viscosité avec le taux de déformation.
filières d’extrusion et, qui plus est, les termes d’inertie peuvent
être négligés devant les termes de viscosité. De nombreuses lois de comportement ont été proposées pour
décrire au mieux ces évolutions. En première approximation, une
■ Un autre nombre adimensionnel permet de juger de l’impor- loi puissance est souvent utilisée pour traiter le problème, car elle
tance des termes de gravité : permet une formulation analytique des équations dans un grand
nombre de situations :
ρgLH
ηV η = K γ m−1

avec g (m/s2) accélération due à la pesanteur, avec K (Pa · sm) consistance,


L (m) hauteur de l’écoulement. γ (s–1) taux de déformation généralisé,
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

ρ gL représente une différence de contrainte créée par les forces m indice de pseudoplasticité.
de gravité sur une hauteur L, alors que η V/H est une approxima- Toutefois, si l’on veut être plus précis, on choisira plutôt une loi
tion de la contrainte de cisaillement due aux forces visqueuses. de type Carreau-Yasuda, qui permet de prendre en compte l’exis-
Avec les ordres de grandeur précédents, on obtient : tence d’un plateau newtonien à faible taux de déformation :

m −1
ρgLH
≈L η = η0 [1 + (λγ )a ]a
ηV
avec η0 (Pa · s) viscosité au plateau newtonien,
Cela signifie que, tant que la hauteur de l’écoulement reste infé-
rieure à une dizaine de centimètres (et c’est le cas de tous les λ (s) temps caractéristique,
écoulements rencontrés dans les filières d’extrusion), on peut éga- a indice de Yasuda.
lement négliger les termes de gravité dans les équations de l’écou-
lement. Ce n’est bien sûr plus le cas pour des procédés verticaux
qui se font souvent sur plusieurs mètres, comme l’étirage de fils 2.1.3 Viscosité fortement thermodépendante
textiles, ou le soufflage d’une gaine après la sortie de la filière.
La viscosité, ou la consistance pour une loi puissance, diminue
■ Enfin, la viscosité élevée du polymère se traduit aussi par une rapidement lorsque la température s’élève. Cette évolution est
importante puissance dissipée par déformation (cisaillement, élon- généralement traduite par une loi d’Arrhenius :
gation). Cette puissance (en W/m3) peut être estimée par :
E  1 1
K = K0 exp −
V 
2 R  T T0 
W = η  
H 
avec K0 (Pa · sm) consistance à la température de référence T0 ,
Les ordres de grandeur précédents nous conduisent à T0 (K) température de référence,
W = 105 W/m3. Le polymère va donc s’échauffer pendant l’écoule- T (K) température,
ment, même sans apport thermique en provenance de l’outillage. E (J/mol) énergie d’activation,
R constante molaire des gaz parfaits.
Les écoulements considérés seront donc, la plupart du
temps, non isothermes. E
Suivant les polymères, le coefficient peut varier de 3 000
R
à 8 000 K. Cette thermodépendance de la viscosité va se traduire,
2.1.2 Comportement non newtonien dans la plupart des cas, par la nécessité de résoudre de façon
couplée les équations mécaniques et thermiques de l’écoulement.
Du fait de leur nature macromoléculaire, les polymères fondus Pour une loi de Carreau-Yasuda, c’est à la fois la viscosité new-
ont un comportement à la fois visqueux et élastique tonienne η0 et le temps caractéristique λ qui dépendent de la tem-
(viscoélastique ). pérature, avec la même loi d’Arrhenius. Par contre, les paramètres
En fait, ces propriétés élastiques sont surtout importantes dans a et m sont invariants avec la température.
les situations d’écoulements élongationnels et de surfaces libres.
Or, dans beaucoup d’écoulements en filière, les sections de 2.1.4 Faible conductivité thermique
passage évoluent très progressivement et les termes de cisail-
lement sont prépondérants devant les termes d’élongation. Il est Les polymères sont considérés comme de très bons isolants,
donc souvent raisonnable de négliger l’élasticité du polymère, sur- leur conductivité se situant dans la plage de 0,12 à
tout si l’on cherche à établir des relations débit-pression, ou à pré- 0,50 W · K–1 · m–1, soit environ mille fois moins que celle du cuivre.
voir la répartition du produit dans la filière. Par contre, si l’on Les échauffements sont donc localisés dans les zones de fort
désire prévoir l’évolution de la surface libre en sortie de filière et cisaillement, ce qui peut engendrer dans l’écoulement des gra-
les phénomènes de gonflement, il est nécessaire de prendre en dients thermiques importants. De plus, pour être efficace, la régu-
compte le comportement viscoélastique du matériau. Par ailleurs, lation thermique d’un outillage doit remplir les deux conditions
dans certains types de filières (filières de profilés de type ci-après.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. AM 3 655 – 5

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION _______________________________________________________________________

■ Être compatible avec la puissance dissipée par déformation dans 2.2.3 Équation de l’équilibre thermique
l’écoulement : le nombre de Brinkman Br permet d’estimer le
mécanisme, dissipatif ou conductif, qui va contrôler la thermique En supposant que le polymère est incompressible, que la capa-
de l’écoulement : cité thermique massique C et la conductivité λ sont indépendantes
de la température, et que l’écoulement est stationnaire, l’équation
η V2 thermique se réduit à :
Br =
λ (T − Tp ) 
ρCV grad T = λ ∇2 T + W (3)
avec λ (W · K–1 · m–1) conductivité thermique,
avec W (W/m3) puissance dissipée,
T (oC ou K) température moyenne du polymère,
∇ 2 T (K · m–2) laplacien de la température.
Tp (oC ou K) température de la paroi de l’outillage.
et :
Si |Br| est très supérieur à 1, la puissance dissipée est pré-
pondérante et le contrôle thermique de la filière sera sans effet. W = [σ ] : [ε] = ∑ σ ij εij
i,j

■ Même si le mécanisme est conductif (|Br| < 1), il faut que le avec [ε] tenseur des vitesses de déformation.
régime thermique de l’écoulement permette à la régulation de
jouer son rôle. Ce régime thermique est conditionné par le nombre
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

de Cameron Ca (ou son inverse, appelé nombre de Graetz) : 2.2.4 Loi de comportement

a Comme indiqué précédemment, nous nous limitons ici au


Ca = comportement purement visqueux. Nous utiliserons l’expression
VH 2 générale suivante, où η (γ) peut prendre, par exemple, la forme
avec a (m2/s) diffusivité thermique, d’une loi puissance ou d’une loi de Carreau-Yasuda :
 (m) longueur de l’écoulement.
[σ ] = − p [I] + 2η (γ ) [ε] (4)

Si Ca est inférieur à 10–2, le régime thermique est adiaba- avec p (Pa) pression hydrostatique,
tique et la régulation n’a aucune influence sur l’écoulement. [I] tenseur unité.
Pour résumer, la résolution d’un problème d’écoulement en
Dans ce cas, on peut estimer l’ordre de grandeur de l’échauf-
filière va passer par la résolution des équations (1), (2), (3) et (4),
fement par :
c’est-à-dire d’un système de 10 équations à 10 inconnues (3
∆P composantes du vecteur vitesse, pression, température, 5
∆T = composantes du tenseur des contraintes). Ces équations peuvent
pC
maintenant être résolues telles quelles, par des méthodes d’élé-
avec ∆P (Pa) perte de charge, ments finis 3D.
ρC (J · K–1 · m –3) capacité thermique volumique. Toutefois, ces méthodes sont parfois lourdes et les temps de
calcul importants, d’où l’idée de méthodes d’approximation qui
permettent d’obtenir une solution simplifiée à un moindre coût.
Pour Ca supérieur à 10–2, le régime thermique est transitoire Pour traiter les géométries industrielles qui nous intéressent, nous
et la conduction thermique depuis les parois peut commencer pouvons donc mettre en application un certain nombre de simplifi-
à être efficace. cations complémentaires, données ci-après.

2.2 Équations de la mécanique


et de la thermique 3. Méthodes de simplification
Les équations de base qui vont permettre la modélisation des
écoulements en filière sont les suivantes. On peut les séparer en deux classes, suivant qu’elles concernent
la géométrie de l’écoulement ou les inconnues du problème
(champs de vitesse et de température) [1].
2.2.1 Équation de continuité
Elle traduit la conservation de la masse. Dans les cas qui nous
intéressent, où l’on considère toujours le polymère fondu comme 3.1 Géométrie de l’écoulement
incompressible, cette équation s’écrit simplement :
Dans certains cas d’écoulements dans des géométries annu-
div V = 0 (1) laires (filière de gaine, filière de tube, zone d’alimentation d’une
filière de câblerie), il est beaucoup plus facile de décrire la géomé-
avec V (u, v, w ) vecteur vitesse. trie et d’écrire les équations du problème dans un repère cartésien
plan [(x, y ) étant le plan de l’écoulement et z la direction transver-
2.2.2 Équation de l’équilibre mécanique sale], plutôt que dans le repère cylindrique habituel (r, θ, z ).
Pour tous les écoulements en filière, on a vu qu’on pouvait ■ C’est pour cela que, quand les conditions le permettent, on
négliger les forces de gravité et d’inertie. L’équation d’équilibre se déroule cette géométrie comme le montre la figure 8. Cette opéra-
ramène alors à : tion peut se faire sans problème dès que l’entrefer local R2 – R1 est
div [σ ] = 0 (2) petit devant les rayons R1 et R2. La plupart des écoulements en
filière étant réalisés en couche mince, cette approximation peut
avec [σ] tenseur des contraintes. être utilisée très fréquemment.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


AM 3 655 – 6 est strictement interdite. – © Editions T.I.

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

________________________________________________________________________ MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION

e
e
R2 R2
R1

R1

e Entrefer
R1 Rayon intérieur
R2 Rayon extérieur
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

1 2 3

1 . 2 . 3 Étapes successives de la mise à plat

Figure 8 – Déroulement et mise à plat d’une géométrie annulaire (zone d’alimentation d’une filière de câblerie téléphonique)

■ Une autre approximation assez courante consiste à découper un – l’entrefer (la dimension transversale de l’écoulement) évolue
écoulement complexe en écoulements élémentaires plus simples, peu dans la direction principale de l’écoulement ;
qui sont traités indépendamment les uns des autres. Cette – la courbure des surfaces en présence est faible (rayons de
méthode, qui s’appuie uniquement sur une bonne compréhension courbure grands par rapport à l’entrefer).
physique de la façon dont se fait l’écoulement, ne peut être justi-
fiée qu’a posteriori, en confrontant ses résultats à ceux fournis par ■ Si ces conditions sont remplies (et elles le sont dans de nom-
une étude complète de l’écoulement. breux cas d’écoulements qui nous intéressent), on peut alors
considérer que l’on a affaire localement à un écoulement établi
Ces approximations ont été très utilisées au tout début de la entre deux parois parallèles, c’est-à-dire que l’on peut négliger la
modélisation de l’injection. Dans les écoulements en filière, deux composante de vitesse transversale (suivant z ) devant les
exemples principaux se présentent : composantes qui sont dans le plan de l’écoulement (x, y). Cela
– dans le cas de la filière plate, on peut considérer deux écoule- permet donc de se ramener d’un écoulement réel tridimensionnel
ments indépendants : à des écoulements qui ne sont plus que bi- ou monodimension-
• un, suivant la direction du porte-manteau, nels.
• un, suivant la direction des lèvres, Si l’on peut donc simplifier le champ de vitesse en le ramenant à
• ce qui permet d’obtenir une résolution purement analytique seulement deux composantes, dans la plupart des cas, le champ
de l’écoulement [2] ; de température T (x, y, z) va rester tridimensionnel. Cependant, on
peut là aussi simplifier le problème en ne considérant que la tem-
– dans le cas de la filière de gaine, on peut également considérer
deux écoulements indépendants (figure 26) : pérature moyenne dans l’épaisseur de l’écoulement T (x , y ) .
• un écoulement principal suivant les canaux hélicoïdaux, ■ Toutefois, pour que cette approximation soit licite et permette
• un écoulement de fuite, vertical, passant d’un chenal à d’obtenir des résultats corrects, certaines conditions sont
l’autre. indispensables :
– les gradients thermiques transversaux doivent être faibles, ce
qui implique des vitesses d’écoulement limitées et des tempéra-
3.2 Champs de vitesses tures de la matière proches des températures de régulation des
et de températures outillages ;
– il faut être capable de définir le flux de chaleur q (en W/m2) à
Beaucoup d’écoulements en filière sont des écoulements en l’interface polymère/outillage à partir d’un coefficient de transfert
couche mince, c’est-à-dire pour lesquels une dimension (en géné- thermique h (en W · m–2 · K–1), ou de sa valeur adimensionnelle
ral l’épaisseur) est petite devant les autres. On peut alors, dans la appelée « nombre de Nüsselt » (Nu) :
plupart des cas, appliquer ce que l’on appelle les « approximations
de la lubrification hydrodynamique ou de l’écoulement confiné », q = h (T − Tp )
qui vont permettre de simplifier de manière très sensible les équa-
tions. Ces approximations reposent sur plusieurs hypothèses : hH
Nu =
– l’écoulement est stationnaire et laminaire ; λ

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. AM 3 655 – 7

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION _______________________________________________________________________

Le choix du nombre de Nüsselt est souvent délicat. Dans le


cas d’écoulements simples, ce nombre peut être défini à partir
d’abaques [2] en fonction des valeurs des nombres de Came-
ron ou de Brinkman évoqués précédemment.

■ En résumé, grâce aux différentes méthodes de simplification


que nous venons de présenter, beaucoup d’écoulements que nous R2 (2)
aurons à considérer dans le cas des filières d’extrusion pourront se
ramener à deux cas principaux :
– les écoulements monodirectionnels : une seule direction R1 (2)
d’écoulement, donc une seule composante du vecteur vitesse. Ce
sera principalement le cas des écoulements axisymétriques (filière
de tube, partie finale d’une filière de câblerie) et des écoulements
dans la partie aval des filières de profilés ;
– les écoulements bidirectionnels : un plan privilégié d’écou-
lement, donc deux composantes du vecteur vitesse. Ce sera le cas
des filières de plaques, de gaines, ou de la zone d’alimentation des
filières de câblerie.
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

4. Méthodes de résolution
Il n’est pas dans notre propos de détailler les calculs et les
méthodes numériques utilisées pour traiter les équations des
écoulements en filières. Nous allons nous contenter, dans le cas
des deux grands types d’écoulements évoqués au paragraphe pré- Figure 9 – Géométrie d’un écoulement axisymétrique
cédent, de présenter la philosophie générale et les grandes lignes monodirectionnel
des différentes méthodes.

■ L’équation de l’équilibre thermique [équation (3)] appliquée à


4.1 Écoulements monodirectionnels notre problème particulier va s’écrire :
Prenons le cas de la filière de tube décrite par la figure 3. Loca-
dT Tp − T dP
lement, la géométrie de l’écoulement est définie par les rayons ρ CQ = λ Nu 2π R 2 − Q (6)
interne R1 (z) et externe R2 (z) (figure 9). L’évolution de ces rayons dz R 2 − R1 dz
suivant z est telle que l’on peut appliquer les approximations de la
lubrification hydrodynamique (pas de composante de vitesse u On a choisi ici une résolution en température moyenne T , avec
selon l’épaisseur). De plus, l’écoulement est axisymétrique (pas de un transfert thermique vers le carter régulé de la filière (Nu) et une
composante de vitesse orthoradiale ν). Le champ de vitesse se condition adiabatique sur le poinçon.
réduit donc localement à V (0, 0, w (r )). Les équations de la mécanique (5) et de la thermique (6) sont
couplées par l’intermédiaire de la viscosité. En effet, la
■ À partir de cette hypothèse cinématique, on calcule le tenseur consistance K dans l’équation (5) dépend de la température
des vitesses de déformation [ε] , puis celui des contraintes à partir (§ 2.1.3), dont l’évolution [équation (6)] est fonction du gradient de
de l’équation (4). L’écriture de l’équilibre mécanique [équation (2)], pression dP/dz. Il faut donc envisager une résolution couplée de
dans le cas d’une loi puissance, conduit alors à une équation ces équations.
dP dw
reliant le gradient de pression et la dérivée de la vitesse . ■ Pour les écoulements monodirectionnels, on choisit généra-
dz dr lement une méthode de tranches :
On intègre une première fois cette équation avec des conditions
aux limites de non-glissement sur les parois pour obtenir l’expres- – on découpe l’écoulement suivant la direction z en un certain
sion de la vitesse w (r ). On l’intègre ensuite une deuxième fois nombre de tranches parallèles et l’on se donne des conditions sur
la première tranche : débit Q, pression initiale P0 , température ini-
pour obtenir le débit-volume (en m3 · s–1) :
tiale T0 ;
R2
Q =∫ 2πr w (r )dr – dans la première tranche, connaissant T0 , on calcule la valeur
R1 de K, par exemple par une loi d’Arrhenius ;
■ Cette intégration va nous permettre d’obtenir ce que l’on appelle – à l’aide de l’équation (5), on calcule alors le gradient de pres-
une équation de Reynolds, qui est une relation entre le sion, qui va nous donner accès à la pression au début de la
débit-volume Q et le gradient de pression local, faisant intervenir deuxième tranche ;
également le comportement du matériau (ici, les paramètres m et – à l’aide de l’équation (6), on calcule le gradient de température,
K de la loi puissance) et la géométrie locale de l’écoulement (ici, qui va nous donner accès à la température au début de la
les rayons R1 et R2). deuxième tranche ;
– on peut alors répéter la procédure et progresser, tranche par
Dans le cas de la filière de tube, cette équation de Reynolds s’écrit, tranche, jusqu’à la fin de l’écoulement.
R* étant la valeur du rayon pour laquelle la vitesse est maximale :

dP − 2 K (Q /2π)m
= m
(5) Dans le cas d’une loi de comportement visqueux plus géné-
dz  1/m 1/m  rale, comme une loi de Carreau-Yasuda, une équation de Rey-
R* r  R *2  R2 R2  R *2 
∫ r ∫R  u − u  du dr + ∫ r ∫r  u − u  du dr  nolds analytique ne peut être obtenue. La résolution est alors
 R1 1 R*  un peu plus complexe.
 

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


AM 3 655 – 8 est strictement interdite. – © Editions T.I.

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

________________________________________________________________________ MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION

• Dans le cas newtonien isotherme, elle s’écrit :


z
 ∂2p ∂2p   ∂p ∂H ∂p ∂H 
H  + +3  + =0 (8)
 ∂x 2 ∂y 2   ∂x ∂x ∂y ∂y 

• Pour un écoulement dans une géométrie constante, on


retrouverait l’expression classique :

∂2 p ∂2 p
+ =0
∂x 2 ∂y 2

y ■ L’équilibre thermique peut s’exprimer ici de la façon suivante,


toujours en température moyenne sur l’épaisseur :
Z
Y  ∂T  ∂T Tp − T
v 1 ∂p  1 ∂p 
H (x,y)

M qx  + + qy  + = 2 aNu (9)
 ∂x ρC ∂x   ∂y ρC ∂y  H

qy On retrouve donc ici aussi une équation de la mécanique (7) et


Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

U une équation de la thermique (9) couplées par l’intermédiaire de la


u consistance K. La résolution s’effectue ensuite en utilisant, soit une
qx méthode de différences finies, soit une méthode d’éléments finis.
Nous renvoyons le lecteur aux ouvrages spécialisés pour plus de
X
détails sur les méthodes de résolution.

4.3 Écoulements tridimensionnels


Il s’agit de résoudre, sans approximation géométrique ni ciné-
matique, les équations de bilan de masse (1), bilan de force (2) et
bilan thermique (3). Cela requiert bien entendu le choix d’une loi
de comportement (dans ce qui suit une loi de comportement pure-
x ment visqueux (4)), ainsi que des conditions aux limites cinéma-
tiques et thermiques appropriées. Les méthodes les plus
appropriées sont ici les méthodes d’éléments finis.
Figure 10 – Écoulement bidirectionnel plan
■ Dans le cas isotherme, on résout les équations en vitesse/pres-
sion (équations (1), (2), (4)) en les multipliant par deux fonctions
tests (v* et p*) et en les intégrant sur le domaine de calcul. Après
4.2 Écoulements bidirectionnels intégration par partie, on obtient une forme faible des équations
qui s’écrit :
C’est l’exemple type de l’écoulement en filière plate. En appli-
quant les approximations de l’écoulement confiné, nous partons
d’un champ de vitesse local de la forme suivante (figure 10) : ∫Ω 2 ηε (v ) ε (v *) dΩ − ∫Ω p divv * dΩ = 0
V (u (z ), v (z ), 0) ∫Ω p *divv dΩ = 0
On discrétise alors le domaine de calcul en éléments finis (opé-
La même démarche que précédemment va nous conduire à
ration de maillage), et on approxime la vitesse et la pression sur
deux équations de Reynolds, concernant les débits locaux suivants
chacun de ces éléments par des polynômes qui doivent respecter
x et y :
des conditions dites de « compatibilité » (typiquement, l’approxi-
mation en vitesse doit être plus riche que l’approximation en
(1−m)/ 2m
2 m  1
1/m
H
(2m +1)/m  ∂p  2  ∂p  2  ∂p pression ([3] [4])).
qx (x , y ) = −   +   
2 m + 1  K   2 
 ∂x   ∂y   ∂x ■ Dans l’écoulement 3D qui nous concerne ici, le maillage est le
 
point clef. Si l’on considère l’écoulement dans la filière de profilés
(1−m)/ 2m
2 m  1
1/m
H
(2m +1)/m  ∂p  2  ∂p  2  ∂p progressive (figure 6), comme la section de l’écoulement varie
qy (x , y ) = −   +    énormément entre l’entrée et la sortie, un maillage tétraédrique
2 m + 1  K   2 
 ∂x   ∂y   ∂y uniforme aboutirait à un nombre de mailles exorbitant. L’objectif
 
est d’avoir un nombre raisonnable de nœuds du maillage dans
On utilise alors la forme intégrée de l’équation de continuité (1), « l’épaisseur de l’écoulement » pour capturer correctement le pro-
qui s’écrit : fil de vitesse, mais il n’est pas nécessaire de raffiner aussi
finement le maillage dans les autres directions de l’espace, où les
évolutions de vitesse sont plus mesurées.
∂qx ∂qy
+ =0 (7)
∂x ∂y • Cela a conduit à développer des maillages anisotropes [5] que
l’on puisse engendrer automatiquement à partir des dimensions
pour ramener le problème mécanique à une seule équation en naturelles de l’écoulement (en pratique, une CAO des surfaces de
pression. l’outillage). Un maillage anisotrope de l’écoulement dans une
filière de profilés progressive est présenté figure 11. On remarque
■ C’est l’équation de Hele-Shaw, couramment utilisée dans la plu- les anisotropies différentes des mailles dans les parties planes de
part des logiciels d’injection. la filière et au voisinage des nervures.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. AM 3 655 – 9

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION _______________________________________________________________________

Figure 11 – Maillage anisotrope d’une filière de profilés progressive


Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

• bleu 0
• rouge 0,74 MPa

a calcul du champ de pression 3D b même calcul suivant un modèle


de Hele-Shaw

Figure 12 – Filière plate. Calculs du champ de pression 3D et suivant un modèle de Hele-Shaw

• Pour pouvoir utiliser en confiance les résultats de ces simula-


tions (voir par exemple les figures 30 et 31), il est nécessaire de Un certain nombre de logiciels existent dans le commerce,
connaître leur précision et, en particulier, de voir s’ils sont dépen- qui peuvent être utilisés pour traiter ces problèmes d’écoule-
dants du maillage réalisé (en pratique, on regarde si un maillage ment. Il s’agit généralement de codes éléments finis ayant des
plus fin donne un résultat équivalent au maillage grossier, mais champs d’application très vastes et qui ne sont donc pas
cette opération de raffinement peut conduire à une augmentation directement dédiés aux applications spécifiques qui nous
considérable du nombre de mailles, donc du temps de calcul et de concernent.
la place mémoire). Parmi ces codes, les plus répandus sont (tableaux 1 et 2) :

Exemple POLYFLOW, FIDAP , POLYCAD2D, REM3D, POLY2D et POLY3D


À la figure 12, nous comparons, dans une filière plate, les résultats
en pression d’un calcul 3D et d’un calcul bidirectionnel (équations de
Hele-Shaw).
Nous observons, dans ce cas particulier, que l’accord entre un
calcul 3D coûteux (plusieurs heures de calcul) et un calcul de type
Tableau 1 – Logiciels généraux
Hele-Shaw rapide (quelques minutes de calcul) est satisfaisant.
(codes d’écoulement 2D et/ou 3D)

■ Une démarche d’optimisation d’outillages de filières raison- Nom Entreprise


nable serait la suivante :
– calcul 3D sur la géométrie initiale ; REM3D Transvalor SA
– comparaison au calcul simplifié ;
– si l’accord est raisonnable, utilisation de ce calcul simplifié POLYFLOW Fluent
pour optimiser la géométrie jusqu'à obtenir une distribution de
débit satisfaisante ;
– retour au calcul 3D sur la géométrie optimisée pour finaliser FIDAP Fluent
les derniers détails géométriques.
Bien entendu, cette démarche n’est applicable que dans la POLY2D, POLY3D RheoTek Inc.
mesure où des approches simplifiées sont licites. Dans les cas pure-
ment 3D, comme ceux de la figure 6, les travaux de recherche en POLYCAD2D PolyDynamics Inc.
cours visent à définir des algorithmes d’optimisation performants.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


AM 3 655 – 10 est strictement interdite. – © Editions T.I.

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

________________________________________________________________________ MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION

Tableau 2 – Logiciels dédiés (généralement 1.5D)


30

Pression (MPa)
Nom Entreprise

Température moyenne (˚C)


PROWEX IKV 193

PROFILECAD Ailettes 191


SPIRALCAD T
PolyDynamics Inc.
FLATCAD
LAYERCAD 20 189

FLOW2000 Compuplast International Inc. 187

P 185
10
5. Exemples de résultats
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

Tous les exemples présentés ici sont issus de travaux effectués


A
au CEMEF (École des Mines de Paris) pour résoudre des problè- B
mes pratiques rencontrés lors de la mise en œuvre au niveau C
industriel.
0
10 30 50
Position (cm)
5.1 Filières de tubes
Figure 13 – Filière de tube : évolution de la pression (P)
Les principales exigences lors de l’extrusion de tubes en PVC et de la température moyenne ( T ) le long de l’écoulement
sont l’obtention d’une épaisseur homogène sur toute la périphérie
du tube, et le contrôle de la température pour éviter tout échauf-
fement préjudiciable à la qualité du produit.
Nous nous sommes intéressés [6] à la fabrication d’un tube de
Rayon adimensionnel Ra
100 mm de diamètre, d’épaisseur 5 mm, extrudé à raison de
300 kg/h sur une machine bivis contrarotative. La filière est celle de 1
la figure 3. A B C

■ Dans un premier temps, un calcul considérant que l’écoulement


est monodirectionnel nous permet d’obtenir l’évolution de la pres- 0,6
sion et de la température moyenne le long de l’écoulement, en
supposant le poinçon adiabatique et le carter de la filière régulé à
185 oC (figure 13). Nous constatons qu’une pression en tête 0,2
d’extrudeuse de 21 MPa est nécessaire pour obtenir le débit
requis. Cette pression reste quasi constante sur une grande partie 0
de la filière et chute brutalement dans la zone finale, là où l’entre- 180 190 200
fer est le plus étroit. C’est également dans cette zone finale que la (r – R1) Température en ˚C
Ra =
température moyenne évolue fortement, en passant de 186 à (R2 – R1)
192 oC. avec R1 rayon intérieur
R2 rayon extérieur
r position radiale
Ces premiers résultats montrent que la partie terminale de la
filière est la zone sensible, où vont se focaliser les phénomènes Figure 14 – Filière de tube : profil de température suivant le rayon
importants de l’écoulement. adimensionnalisé Ra . Les positions des points A, B et C sont
indiquées sur la figure 7

■ Au vu de l’évolution de la température moyenne, il semble inté-


ressant d’effectuer un calcul plus précis et de suivre l’évolution du • La température du poinçon (198 oC) est bien plus élevée que
profil de température dans l’épaisseur. Pour cela, une condition la température que l’on impose par la régulation thermique sur
adiabatique sur le poinçon n’est plus réaliste. On va donc suppo- l’extérieur du carter. Elle va provoquer, au voisinage de la paroi du
ser que le poinçon est en équilibre thermique. Il reçoit de la cha- poinçon, des échauffements importants pouvant entraîner une
leur de la part du polymère en écoulement, il en restitue au carter dégradation du produit.
par l’intermédiaire des ailettes et, au bout d’un certain temps, il va
se trouver en équilibre à une température donnée. Cette tempéra- • Le profil de température est hétérogène et présente deux zones
ture n’est pas connue a priori et va résulter des conditions de chaudes au voisinage des parois, là où le cisaillement est maximal.
l’écoulement. Cet autoéchauffement peut atteindre 17 oC en sortie de filière.
La figure 14 montre l’évolution du profil de température du
polymère en trois points de l’écoulement, pour les mêmes • À ce stade du procédé, il semble donc très important de régu-
conditions de transformation (débit : 300 kg/h, température ler thermiquement le poinçon, par exemple par une circulation de
initiale : 183 oC, température de régulation : 185 oC). Les résultats fluide caloporteur, afin de pouvoir mieux contrôler la température
obtenus amènent quelques commentaires importants. de la matière.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. AM 3 655 – 11

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION _______________________________________________________________________

■ Un autre problème rencontré au cours de cette fabrication est la Pour calculer l’écoulement correspondant, il n’est plus possible
présence, dans la section du tube, de surépaisseurs symétriques de faire l’hypothèse d’axisymétrie. Nous allons donc considérer un
de l’ordre de 0,6 mm. Cela entraîne, pour rester aux cotes minima- écoulement bidirectionnel, mais uniquement dans la partie termi-
les imposées par la norme, une surconsommation de matière, pré- nale de la filière, qui est la zone sensible comme l’a prouvé le
judiciable d’un point de vue économique. calcul précédent. De plus, on va dérouler cette géométrie comme
indiqué au paragraphe 3.1, afin de permettre une meilleure visua-
Ce défaut est supposé être dû à l’existence, à l’entrée de la lisation des résultats [6].
filière, d’hétérogénéités de températures importantes, liées à
l’écoulement dans l’extrudeuse bivis. Des mesures dans le canal La figure 15a montre, pour une température de régulation de
d’entrée de la filière ont confirmé qu’il existe deux zones, dans le l’outillage de 185 oC, la carte des températures moyennes à l’inté-
prolongement des têtes de vis, plus chaudes d’environ 10 oC que rieur de la zone finale. On a imposé à l’entrée de l’écoulement une
le reste du polymère. On imagine alors que, arrivant sur le poin- hétérogénéité de température analogue à celle mesurée expéri-
çon, ces zones chaudes se séparent pour s’écouler de chaque côté mentalement. On constate que la température à la sortie reste rela-
du poinçon, donnant naissance, du fait de leur plus faible viscosité, tivement hétérogène et que les zones chaudes donnent lieu à un
à des débits locaux plus importants et donc à des surépaisseurs en sur-débit d’environ 10 %, alors que les zones plus froides donnent
sortie. un sous-débit du même ordre de grandeur. Le calcul confirme
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

Tr (˚C)
Tr (˚C)

200 200
185 1
180 180

y y
192
192 180 192 y z 180 192 y

181

181
2

190 190
193
193 184
184 186

187 188
194 191 191
194 191 190 191
x x x 191

qx /Q
qx /Q
1,1
1,08

3 1,04
1 1
Position Position
suivant y 0,96 suivant y

0,9

a régulation thermique uniforme b régulation thermique hétérogène

1 Profil de température de régulation 3 Distribution de débit en sortie de filière :


débit local (qx)/débit moyen (Q)
Carte de température moyenne en fonction de la position suivant y
2
Tr Température de la régulation

Figure 15 – Filière de tube déroulée

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


AM 3 655 – 12 est strictement interdite. – © Editions T.I.

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

________________________________________________________________________ MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION

donc bien l’origine thermique du défaut. Mais ce calcul peut aussi


fournir une solution au problème rencontré.

Pression (MPa)

Température moyenne (˚C)


Imaginons, par exemple, qu’au lieu d’imposer une température de 15 245
régulation homogène de 185 oC tout autour de la filière, on impose
une température hétérogène de 200 oC en regard des zones froides,
et de 180 oC en regard des zones chaudes. P

Dans les mêmes conditions que précédemment, le calcul montre


que, cette fois, la température moyenne finale du produit est tout à 10 240
fait uniforme autour de 191 oC, et que la distribution d’épaisseur est
elle aussi pratiquement homogène (figure 15b).
T
Cette possibilité de régulation thermique hétérogène existe au 5 235
niveau industriel. La firme hollandaise Rollepaal, par exemple,
commercialise ce type de matériel (voir [Doc. AM 3 655]).

5.2 Filières de câblerie 0 230


Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

On prendra dans ce qui suit l’exemple d’une filière de câblerie


téléphonique. Les problèmes de conception sont complexes, en
raison des faibles dimensions du conducteur et de l’isolant (typi-
quement 0,4 mm à 0,8 mm de diamètre de fil de cuivre recouvert
de 0,12 mm à 0,25 mm de polyéthylène) et des grandes vitesses de
production (2 000 à 3 000 m/min). L’outillage doit permettre d’obte-
0 10 20 30 40
nir une couche d’isolant uniforme, en évitant aussi les échauf-
fements trop importants et la casse éventuelle du conducteur, qui Position (mm)
pourrait résulter d’une force d’interaction conducteur/polymère
fondu trop grande. Figure 16 – Filière de câblerie : évolution de la pression (P)
■ La géométrie d’une filière de câblerie peut être découpée en plu- et de la température moyenne (T ) le long de l’écoulement
sieurs zones (figure 7) :
– en amont, la zone d’alimentation, dont le rôle est de répartir
uniformément le polymère autour du poinçon, tout en lui faisant
Contrainte de cisaillement (MPa)

subir un changement de direction à 90o. Elle pourra être traitée,


après « déroulement » et mise à plat, par une méthode 2D 0,5
(bidimensionnelle) ; I
– en aval, une zone axisymétrique, qui sera abordée par des 0,3
Poinçon
méthodes de tranches 1D (monodimensionnelles). Cette zone se
décompose elle-même en deux : 0,1
0
10 20 30 40
• une zone où l’écoulement s’effectue entre les deux parois – 0,1
Position (mm)
fixes de la filière et du poinçon,
Filière
– 0,3
• une zone où le polymère est cisaillé entre la paroi de la filière
et le conducteur qui se déplace à une vitesse donnée. – 0,5 Conducteur II
■ L’étude [7] de la zone axisymétrique nous donne, dans un pre-
mier temps, les évolutions de pression et température moyenne
Courbe I : contraintes sur le poinçon et sur le conducteur
(figure 16). Comme dans le cas de la filière de tube, la pression
évolue principalement sur les derniers millimètres précédant la Courbe II : contraintes sur la paroi interne de la filière
sortie. La température augmente de façon significative dans la
zone de cisaillement. Figure 17 – Filière de câblerie : évolution des contraintes
de cisaillement le long de l’écoulement
Ici encore, un calcul en température moyenne est insuffisant
pour avoir une idée réelle des échauffements rencontrés. Un calcul
du profil de température montre que, à cause des cisaillements Enfin, l’intégration des contraintes sur le conducteur tout au
très importants existant dans la zone finale de la filière, des long de la zone de cisaillement va nous donner la force d’interac-
échauffements locaux considérables (jusqu’à plus de 60 oC) tion polymère/conducteur. Celle-ci doit, en toutes circonstances,
peuvent être engendrés pendant l’écoulement [8]. rester inférieure au seuil de déformation plastique du conducteur
métallique.
■ Un paramètre important à contrôler en câblerie téléphonique est
la contrainte de cisaillement qui s’exerce sur les différentes parois La figure 18 représente une vue de la zone d’alimentation
de la filière, du poinçon ou du conducteur (figure 17). Une déroulée et mise à plat (pour des raisons de symétrie, seule la
contrainte trop élevée au niveau de la paroi en sortie de filière peut moitié de la zone est représentée). Cette zone comporte un canal
provoquer des défauts à la surface de la couche isolante. La dis- de répartition de profondeur constante (2,5 mm) et de largeur
continuité de la contrainte entre poinçon et conducteur, résultant décroissante, suivie d’une zone d’écoulement de profondeur beau-
du changement de conditions aux limites dans la zone où le poly- coup plus faible (1 mm). La figure présente le tracé des isobares
mère entre en contact avec le conducteur, doit être minimisée pour (c’est-à-dire les lignes d’égale pression dans le polymère) et des
éviter les problèmes à l’interface polymère/conducteur (micro- lignes de courant (c’est-à-dire les trajectoires suivies par la matière
vides, mauvaise adhérence...). fondue).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. AM 3 655 – 13

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION _______________________________________________________________________

2Q
z)
R(
Canal R0 a y
0
d’entrée R(z)
I0 h0
23,9 23,0
P1 1
Canal de z
répartition
h0

I1
a' Coupe a-a'
2L
21,3 x

19,5 Figure 19 – Schématisation de la filière plate


Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

17,7
avec α angle du porte-manteau,
z (m) position suivant l’axe du porte-manteau,
16,0
15,1 H (m) épaisseur des lèvres,
L (m) demi-largeur de la filière.
Isobares (en MPa)
Lignes de courant Cette relation, qui est très utilisée comme base de départ
Limite de la zone d'alimentation pour la conception d’un outillage, montre que l’évolution du
canal de répartition est fonction des autres paramètres géo-
Figure 18 – Filière de câblerie : écoulement dans la zone métriques de la filière, mais aussi de l’indice de pseudoplas-
d’alimentation déroulée ticité m du polymère utilisé.
Cela explique qu’une filière, conçue pour répartir correcte-
ment un certain polymère, puisse être moins performante si
On constate que cette zone d’alimentation consomme beaucoup l’on change de matière.
de pressions (environ 9 MPa de perte de charge), sans répartir le
polymère de façon très satisfaisante. En effet, les lignes de courant
sont calculées de façon à ce qu’il passe la même quantité de ■ L’approche simplifiée permet également d’établir des relations
matière entre deux lignes voisines. Une distribution uniforme de simples entre débit-volume Q (en m3/s) et perte de charge ∆P (en Pa) :
matière se traduirait donc par une équidistance des lignes de cou-
1/ m
rant. Or, on observe ici qu’elles sont plus resserrées sur le côté m  ∆P  
que sur l’axe de symétrie, ce qui se traduit par un sur-débit de Q= LH (1+ 2m) / m  
2 m +1 2 K  (1+ L tan α + 2m  0 sin α )1/ m
matière à la partie inférieure (à droite sur la figure 18) de la filière.
Ce résultat provient d’un mauvais dessin du canal de répartition : avec  (m) longueur des lèvres,
sa dimension importante favorise l’écoulement dans le canal au
détriment de celui dans la zone mince, et amène donc un excès de  0 (m) longueur du canal d’entrée.
matière à l’extrémité du canal. Toutefois, une étude plus réaliste des écoulements en filière
Le calcul peut servir ici à redessiner une forme optimale de ce plate passe nécessairement par l’utilisation de modèles
canal qui puisse assurer une distribution du polymère parfai- bidimensionnels [10].
tement uniforme à la sortie.
La figure 20 indique, pour une géométrie classique de filière plate,
le tracé des lignes de courant et des isobares.
5.3 Filières de plaques ou de feuilles L’exemple considéré concerne la fabrication de plaques de 1,5 mm
d’épaisseur et de 80 cm de largeur en polypropylène, à un débit de
Nous avons vu dans le paragraphe 3.1 qu’il était possible de 420 kg/h [11]. La perte de charge totale est de 10 MPa et l’on
considérer l’écoulement dans une filière plate comme formé de observe que la pression diminue rapidement (isobares rapprochées)
deux écoulements simples indépendants, l’un suivant le dans les zones de faible entrefer : barre d’étranglement et lèvres. Les
porte-manteau, et l’autre suivant les lèvres (figure 19). lignes de courant montrent que le polymère fondu suit le canal de
Cette façon de traiter le problème n’apporte que peu de rensei- répartition, en passant progressivement dans la zone des lèvres.
gnements intéressants sur ce qui se passe réellement dans l’écou- Ce résultat confirme bien la validité de l’approche simplifiée, dans
lement, mais elle permet, dans une optique de design, de définir laquelle on considérait indépendamment chacun de ces écoulements.
des relations analytiques simples entre les différentes grandeurs Les lignes de courant sont bien équidistantes, ce qui traduit une très
géométriques [9]. En particulier, pour un comportement en loi bonne répartition du matériau en sortie.
puissance, on peut ainsi calculer l’évolution que doit suivre la sec-
tion (supposée circulaire, de rayon R) du porte-manteau pour avoir Cela est confirmé sur la figure 21, où l’on a tracé, sur la largeur
un débit uniforme à la sortie de la filière : de la filière, le rapport débit local/débit moyen. Une distribution
parfaitement homogène donnerait partout une valeur de 1. Dans le
 1 3 m +1 
m / (1+ 3m) 1/ (1+ 3m)
 H 1+ 2m  cas qui nous intéresse, cette distribution est approchée à ± 4 %, ce
R (z ) = (L − z cos α )   qui peut être considéré comme excellent, sachant que la plaque
 2π 2 m + 1   sin α  est ensuite calandrée en sortie de filière. On remarque également

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


AM 3 655 – 14 est strictement interdite. – © Editions T.I.

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

________________________________________________________________________ MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION

10
200

200,2
200,4

9,0
200,7 200,5
8,0 200,1 200,9
7,0
6,0
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

5,0 201,2
201,4 201,6
4,1
3,1
2,1
1,1
Figure 22 – Carte de températures (en oC) dans la filière plate :
cas où la température initiale est égale à la température
Isobares (en MPa) de régulation (200 oC)
Lignes de courant

Figure 20 – Écoulement dans une filière plate : cas où la température très bonne homogénéité de température à la sortie de l’outillage.
initiale est égale à la température de régulation (200 oC)
Dans les conditions choisies, la puissance dissipée par déforma-
tion dans l’écoulement est faible et les échanges thermiques sont
contrôlés par la conduction depuis les parois de la filière. On est
donc ici dans des conditions d’écoulement quasi isothermes.
qx/Q ■ Il est intéressant de calculer le changement qu’apporterait,
toutes choses égales par ailleurs, une modification de la tempéra-
ture de régulation. Sur la figure 23 sont tracées les isothermes
1,08 correspondant à des températures de régulation respectivement
de 220 et de 180 oC.
I
II À 220 oC, l’aspect général reste très voisin de celui déjà observé
à 200 oC : légère évolution dans les zones les plus étroites (étran-
a b glement et lèvres), bonne homogénéité en sortie.
1
Au contraire, à 180 oC, on note une importante perturbation du
tracé, avec une certaine hétérogénéité en sortie : on passe de
192,6 oC au centre de l’écoulement à environ 194 oC sur les bords.
On pourrait penser que cet écart est trop faible pour avoir de réel-
0,92 les conséquences sur la distribution de matière. On constate en
I réalité sur la figure 24 que la modification du champ de tempéra-
tures change la répartition finale, en l’aggravant de manière sen-
sible à 180 oC.
a II b Cet exemple illustre bien la réalité du couplage fort méca-
0,84
nique/thermique dans un écoulement en filière et montre
comment on peut modifier la mécanique de l’écoulement (ici, la
I - En sortie de porte-manteau
distribution de matière) en jouant uniquement sur l’aspect ther-
II - En sortie de lèvres
mique (température de régulation).

Figure 21 – Distribution de débit (débit local/débit moyen)


sur la largeur de la filière plate 5.4 Filières de gaines
La conception d’une filière de gaine est une opération déli-
sur la figure 21 que la distribution à la sortie du porte-manteau est cate en raison du nombre très important de paramètres qui
beaucoup moins régulière et, donc, que la barre d’étranglement et interviennent pour définir la géométrie hélicoïdale.
l’écoulement dans les lèvres ont un rôle important à jouer sur la
distribution de matière.
Une dizaine d’entre eux sont repérés sur la figure 25. Ces para-
La figure 22 indique le tracé des isothermes dans le cas où la mètres ne sont pas tous indépendants et l’on imagine bien la
température d’entrée du produit et la régulation thermique de la complexité du choix et de l’optimisation de cet ensemble de don-
filière sont identiques et égales à 200 oC. On constate une très nées pour obtenir en sortie de filière une gaine d’épaisseur et de
faible évolution de la température le long de l’écoulement et une température uniformes.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. AM 3 655 – 15

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION _______________________________________________________________________

qx /Q
200
I
1,04
II

III
1 a b

200,7

201,4
0,96
202
202,8
203,5

0,92

204,2
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

205
205,6 Température initiale : 200 ˚C
206,3
Température de régulation = 180 ˚C : courbe I
= 200 ˚C : courbe II
a température de régulation de 220 ˚C
= 220 ˚C : courbe III

200
Figure 24 – Distribution de débit (débit local/débit moyen)
en sortie de filière plate

sans jeu (  ). C’est en utilisant de manière systématique ce type


d’analyse, pour les différents paramètres géométriques qui entrent
en jeu, que l’on va définir le meilleur compromis permettant
199,2 d’obtenir une répartition de matière satisfaisante.
198,2
197,3 ■ La thermique joue ici aussi un rôle important. Le calcul est fait
196,4 en température moyenne, en supposant le poinçon adiabatique et
la filière isotherme. La figure 28 montre que, suivant que la tem-
pérature de régulation Tr est inférieure, égale, ou supérieure à la
195,4 température d’entrée du polymère T0 (ici, 200 oC), la température
de sortie Ts est plus ou moins élevée et, surtout, plus ou moins
194,5 homogène.
193,6 Comme dans le cas de la filière plate, une température de régu-
lation plus élevée donne une meilleure homogénéité finale qui, là
192,6 193,6
aussi, se traduit par une meilleure distribution d’épaisseur
(figure 29).
b température de régulation de 180 ˚C

Figure 23 – Carte de températures (en oC) dans la filière plate :


5.5 Filières de profilés
cas où la température de régulation diffère de la température
initiale (200 oC) La conception d’une filière de profilé est un problème extrê-
mement délicat, qu’il s’agisse de filières « plaques » ou
« progressives » (voir figures 5 et 6).
■ L’utilisation d’un logiciel de calcul doit permettre, ici plus
qu’ailleurs, de guider rapidement le concepteur vers le meilleur En fait, pour maîtriser les phénomènes de gonflement en sortie
compromis. La méthode utilisée ici [12] fait appel aux deux approxi- de filière, liés au comportement viscoélastique du polymère, et
mations présentées dans le paragraphe 3.1. On déroule l’espace assurer une vitesse de sortie uniforme de toutes les zones du pro-
annulaire compris entre le poinçon et le carter, puis on découple filé, pour que celui-ci ne se déforme pas, il est encore nécessaire
l’écoulement en deux écoulements indépendants (figure 26) : de recourir à de nombreux essais successifs. La modélisation dans
– un écoulement direct dans le chenal hélicoïdal, dont la section ce domaine est maintenant possible grâce à une approche tridi-
est assimilée à une section circulaire équivalente de rayon R (x) ; mensionnelle.
– un écoulement de fuite qui se fait d’un chenal à l’autre, à tra-
vers le jeu δ (x). ■ Les équations de l’écoulement sont résolues dans la géométrie
réelle, à l’aide des techniques présentées au paragraphe 4.3, en
■ Une méthode de volumes finis permet alors de calculer le utilisant une méthode d’éléments finis.
champ de pression, puis les autres paramètres de l’écoulement.
• Pour une filière de type plaque, la figure 30a montre le champ
■ La figure 27 montre l’influence, sur la répartition de matière en de vitesses théorique obtenu dans le plan de sortie. On constate
sortie, de la modification de paramètres géométriques comme la que les écarts de vitesse entre les différentes zones du profilé sont
profondeur initiale du chenal (H0) ou la longueur d’écoulement importants et conduiraient à un déséquilibre certain du profilé.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


AM 3 655 – 16 est strictement interdite. – © Editions T.I.

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

________________________________________________________________________ MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION

e(x) 
β
H H0

R0
ψ 2r

e(x) Longueur de jeu entre deux chenaux adjacents


H Entrefer final
H0 Profondeur initiale du chenal hélicoïdal
 Longueur initiale sans jeu
L Longueur de la zone hélicoïdale
r Rayon du chenal hélicoïdal
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

R0 Rayon du carter de la filière


β Angle définissant l’évolution du jeu entre sommet de chenal et carter
ψ Angle définissant l’évolution de la section du chenal hélicoïdal

Figure 25 – Coupe transversale du chenal d’une filière de gaine (figure 1) : paramètres géométriques

x
B

∆x
2
1

A
Chenal 1 Chenal 2

N δ(x)
ψ R(x)
B
A
1 Écoulement le long du chenal
2 Écoulement de fuite
∆x Dimension du maillage

Figure 26 – Écoulement dans la géométrie déroulée de la filière de gaine

Les vitesses les plus importantes (de l’ordre de 1,8 cm/s) sont c’est le cas à la figure 31, où l’on a, là aussi, procédé à l’équili-
bien sûr obtenues dans la zone la plus épaisse, alors que la zone brage d’une filière par modifications successives des zones
mince a des vitesses dix fois plus faibles ! d’entrée.
• Dans la pratique, on tente de remédier à un tel problème en
creusant la plaque filière dans les zones les plus minces afin d’y
favoriser l’écoulement et de rééquilibrer l’ensemble du profilé.
C’est ce que nous avons fait par la simulation numérique. 6. Conclusions
Le résultat est présenté sur les figures 30b à 30d. En modifiant
itérativement les zones d’entrée, il est possible de rééquilibrer le
et perspectives
champ de vitesse et d’obtenir des écoulements a priori corrects,
même pour la zone du profilé la plus mince. La compréhension et la modélisation des écoulements dans les
filières d’extrusion ont permis, depuis bientôt 30 ans, d’effectuer
■ Ce type de calcul permet donc de guider les modifications géo- beaucoup de progrès dans la conception des outillages et dans
métriques destinées à améliorer la qualité du produit. On peut l’optimisation de leurs conditions de fonctionnement. Cette appro-
d’ores et déjà l’appliquer à des géométries complexes, comme che n’est cependant en aucun cas exclusive et ne permettra sûre-

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. AM 3 655 – 17

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION _______________________________________________________________________

q Ts(˚C)

Q 208 T0 = 200 ˚C
1,10
206 Tr = 220 ˚C

1,05 204 Tr = 200 ˚C

1,00 202
Tr = 180 ˚C
200
0,95 0 60 120 180
120̊ 240̊ α (degrés)
0,90

Figure 28 – Distribution de température Ts en sortie de filière


0,85 0 de gaine : influence de la température Tr de régulation
0 120 240 α (degrés)
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

H 0 – 6 mm  = 10 mm
H – 4 mm  = 20 mm
 = 40 mm

q q
Q Q
1,10 1,1

1,05 1,0

1,00
0,9
Tr = 220 ˚C
0,95 Tr = 200 ˚C
0,8
Tr = 180 ˚C
0,90 H = 6 mm
 = 20 mm
0,7
0 60 120 180 α (degrés)
0,85
0 120 240 α (degrés)

H 0 = 2 mm Figure 29 – Distribution de débit (débit local/débit moyen) en sortie


de filière de gaine : influence de la température de régulation
H 0 = 4 mm
H 0 = 6 mm

 Longueur initiale sans jeu


Les méthodes de calcul que nous venons de présenter sont
H 0 Profondeur initiale du chenal
longtemps restées l’apanage des centres de recherche ou des
grands groupes industriels, en raison des moyens de calcul que
nécessitait leur mise en application. La révolution qui, depuis vingt
ans, bouleverse le paysage informatique a deux conséquences
Figure 27 – Distribution de débit dans la direction N (débit importantes :
local/débit moyen) en sortie de filière de gaine : influence des para-
mètres géométriques
– les progrès considérables effectués sur la capacité de calcul
des machines permettent actuellement une approche beaucoup
plus ambitieuse des problèmes. Le calcul des écoulements 3D est
ment jamais de remplacer totalement l’expérience de l’homme de maintenant devenu presque banal, les lois de comportement et les
métier. couplages peuvent être de plus en plus évolués, ce qui entraîne
nécessairement une nette amélioration de la prédictivité des
En effet, aussi sophistiqué soit-il, un modèle de calcul repose
modèles ;
toujours sur des hypothèses restrictives (en particulier, le choix de
la loi de comportement et des conditions aux parois des outillages, – l’évolution radicale des rapports performances/prix du matériel
glissement ou adhésion en particulier) et ne peut prétendre, à lui informatique permet aujourd’hui à de petites entreprises d’accéder
seul, répondre à tous les problèmes rencontrés dans la pratique à des moyens de calcul réservés jusque-là à certains laboratoires
quotidienne. Il faut donc considérer ces méthodes comme des privilégiés, ce qui commence à entraîner une diffusion importante
aides à la conception, qui pourront amener des résultats d’autant des modèles de simulation dans le tissu industriel et à favoriser
plus parlants qu’on leur associera une solide expérience et, sur- l’accès d’une approche plus scientifique des problèmes aux entre-
tout, un excellent sens physique. prises de la transformation des matières plastiques.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


AM 3 655 – 18 est strictement interdite. – © Editions T.I.

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

________________________________________________________________________ MODÉLISATION DES ÉCOULEMENTS DANS LES FILIÈRES D’EXTRUSION

18,64 19,04

16 16
14 14
12 12
10 10
8 8

6 6

4 4

2 2
0,003 0,0008

a Géométrie initiale b 1 re tentative d’équilibrage

16,26 15,28
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

14
12
12
10
10
8
8
6
6
4
4
2
2
0,00048
0,0016

c 2e tentative d’équilibrage d 3e tentative d’équilibrage

Figure 30 – Carte d’isovitesses dans la section de sortie de la filière de profilés (en mm/s)

18,74 20,02 20

16
15
14 15

12

10
10 10
8

6
5 5
4

00,00073 0 0,00058
00,0011

18,7422 20,0252
20
16

14 15
15
12

10
10
10
8

6
5
4 5

0,00073 0,0011 0,00058

a géométrie initiale b géométrie équilibrée (1er essai) c géométrie équilibrée (2e essai)

Figure 31 – Résultats d’un calcul 3D : carte d’isovitesses (en mm/s) dans une filière de profilé et son réservoir (géométrie initiale et modifica-
tions pour rééquilibrer l’écoulement)

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. AM 3 655 – 19

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

P
O
U
Modélisation des écoulements R
dans les filières d’extrusion
E
N
par Bruno VERGNES
Ingénieur ENSTA (École nationale supérieure des techniques avancées)
Docteur ès Sciences
Maître de recherche à l’École des Mines de Paris
S
et Jean-François AGASSANT
Ingénieur civil des Mines
A
Docteur ès Sciences
V
Parution : juillet 2008 - Dernière validation : janvier 2019 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191

Professeur à l’École des Mines de Paris


Responsable du groupe de recherches « Écoulements viscoélastiques » au CEMEF
(Centre de mise en forme des matériaux)
O
Bibliographie
I
[1] VERGNES (B.). – Calcul des écoulements de [6] SAILLARD (P.), VERGNES (B.) et AGASSANT lymer in a coat-hanger die. Polym. Eng. Sci.,
R
polymères fondus dans les filières d’extru- (J.F). – Study of the wall thickness defects en- 24, p. 980 (1984).
sion. Thèse d’État, Université de Nice (1985). countered in PVC pipe extrusion. Polym. [12] SAILLARD (P.) et AGASSANT (J.F.). – Poly-
Proc. Eng., 2, p. 53 (1984). mer flow in a spiral mandrel die for tubular
[2] AGASSANT (J.F), AVENAS (P.), SERGENT
(J.-Ph), VERGNES (B.) et VINCENT (M.). – La
mise en forme des matières plastiques.
[7] VERGNES (B.). – Étude de l’écoulement d’un
polymère fondu dans une filière de câblerie
films. Polym. Proc. Eng., 2, p. 37 (1984). P
3e édition, Lavoisier, Paris (1996). téléphonique. Mat. Tech., 6, p. 187 (1981).

[3] BABUZKA (I.). – Error bounds for finite ele-


[8] CARLEY (J.F.), ENDO (T.) et KRANTZ (W.B.).
– Realistic analysis of flow in wire-coating
À lire également dans nos bases
VERGNES (B.) et PUISSANT (S.). – Extrusion mo-
L
ment method. Num. Math., 16, p. 322-333

[4]
(1971).
BREZZI (F.). – On the existence, uniqueness,
[9]
dies. SPE ANTEC, p. 453 (1978).
VERGNES (B.), SAILLARD (P.) et PLANTA-
MURA (B.). – Berechnugsmethoden für
novis. [AM 3 650]et [AM 3 651], (2002, 2003).

Bibiographie complémentaire
U
and approximation of saddle-point problems
arising from Lagrange multipliers. Rev. Fr.
Autom. Inform. Rech. Oper., 8, p. 129-151
Breitschlitz-Extrusionwerkzeuge.
toffe, 70, p. 751 (1980).
Kunsts-
ARNOLD (J.). – Die Makers Handbook. SPE serie
(2000).
S
[10] LAFLEUR (P.G.), ARPIN (B.) et VERGNES (B.).
(1974). – Simulation of polymer flow through a coat- MICHAELI (W.). – Extrusion Dies for Plastics and
[5] GRUAU (C.) et COUPEZ (T.). – 3D tetrahedral, hanger die : a comparison between two nu- Rubber. Design and Engineering Computations,
unstructured and anisotropic mesh genera- merical approaches. Polym. Eng. Sci., 32, 3e édition, Carl Hanser, Munich (2003).
tion with adaptation to natural and multido- p. 206 (1992). O’BRIEN (K.T.). – Computer Modeling for Extrusion
main metric. Comput. Meth. Appl. Mech. [11] VERGNES (B.), SAILLARD (P.) et AGASSANT and Other Continuous Polymer Processes. Han-
Eng., 194, p. 4951 (2005). (J.F.). – Non-isothermal flow of a molten po- ser Gardner, Cincinnati (1992).

Constructeurs – Fournisseurs – Distributeurs


7 - 2008

(liste non exhaustive)

■ Logiciels généraux (codes d’écoulement 2D et/ou 3D) ■ Logiciels dédiés (généralement 1.5D)
• Fluent • Compuplast International Inc.
http://www.fluent.com/ http://www.compuplast.com/
Doc. AM 3 655

• IKV, Institut für Kunststoffverarbeitung an der RWTH Aachen IKV


• PolyDynamics Inc. http://www.rwth-aachen.de/ikv/
http://www.polydynamics.com/
• PolyDynamics Inc.
• Rheotek Inc. http://www.polydynamics.com/
http://www.rheotek.com/
■ Régulation thermique hétérogène
• Transvalor SA • Rollepaal
http://www.transvalor.com http://www.rollepaal.com/

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. Doc. AM 3 655 – 1

tiwekacontentpdf_am3655 v1 Ce document a ete delivre pour le compte de 7200076539 - insa de lyon // 134.214.188.191
Gagnez du temps et sécurisez vos projets
en utilisant une source actualisée et fiable

   
RÉDIGÉE ET VALIDÉE MISE À JOUR 100 % COMPATIBLE SERVICES INCLUS
PAR DES EXPERTS PERMANENTE SUR TOUS SUPPORTS DANS CHAQUE OFFRE
NUMÉRIQUES

 + de 340 000 utilisateurs chaque mois


12 000 articles de référence et fiches pratiques
 + de 10
 Des Quiz interactifs pour valider la compréhension

SERVICES ET OUTILS PRATIQUES

  
Questions aux experts* Articles Découverte Dictionnaire technique multilingue Archives Info parution
Les meilleurs experts techniques La possibilité de consulter 45 000 termes en français, anglais, Technologies anciennes et versions Recevez par email toutes les nouveautés
et scientifiques vous répondent des articles en dehors de votre offre espagnol et allemand antérieures des articles de vos ressources documentaires

*Questions aux experts est un service réservé aux entreprises, non proposé dans les offres écoles, universités ou pour tout autre organisme de formation.

Les offres Techniques de l’Ingénieur


INNOVATION ENVIRONNEMENT – SÉCURITÉ ÉLECTRONIQUE – PHOTONIQUE PROCÉDÉS CHIMIE – BIO – AGRO
• Éco-conception et innovation responsable • Sécurité et gestion des risques • Électronique • Formulation
• Nanosciences et nanotechnologies • Environnement • Technologies radars et applications • Bioprocédés et bioproductions
• Innovations technologiques • Génie écologique • Optique – Photonique • Chimie verte
• Management et ingénierie de l’innovation • Technologies de l’eau • Opérations unitaires. Génie de la réaction
• Smart city  Ville intelligente • Bruit et vibrations TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION chimique
• Métier : Responsable risque chimique • Sécurité des systèmes d’information • Agroalimentaire
MATÉRIAUX • Métier : Responsable environnement • Réseaux Télécommunications
• Bois et papiers • Le traitement du signal et ses applications SCIENCES FONDAMENTALES
• Verres et céramiques ÉNERGIES • Technologies logicielles – Architectures des • Mathématiques
• Textiles • Hydrogène systèmes • Physique Chimie
• Corrosion – Vieillissement • Ressources énergétiques et stockage • Sécurité des systèmes d’information • Constantes physico-chimiques
• Études et propriétés des métaux • Froid industriel • Caractérisation et propriétés de la matière
• Mise en forme des métaux et fonderie • Physique énergétique AUTOMATIQUE – ROBOTIQUE
• Matériaux fonctionnels. Matériaux biosourcés • Thermique industrielle • Automatique et ingénierie système BIOMÉDICAL – PHARMA
• Traitements des métaux • Génie nucléaire • Robotique • Technologies biomédicales
• Élaboration et recyclage des métaux • Conversion de l’énergie électrique • Médicaments et produits pharmaceutiques
• Plastiques et composites • Réseaux électriques et applications INGÉNIERIE DES TRANSPORTS
• Véhicule et mobilité du futur CONSTRUCTION ET TRAVAUX PUBLICS
MÉCANIQUE GÉNIE INDUSTRIEL • Systèmes aéronautiques et spatiaux • Droit et organisation générale de la construction
• Frottement, usure et lubrification • Industrie du futur • Systèmes ferroviaires • La construction responsable
• Fonctions et composants mécaniques • Management industriel • Transport fluvial et maritime • Les superstructures du bâtiment
• Travail des matériaux – Assemblage • Conception et production • Le second œuvre et l’équipement du bâtiment
• Machines hydrauliques, aérodynamiques et • Logistique MESURES – ANALYSES • Vieillissement, pathologies et réhabilitation du
thermiques • Métier : Responsable qualité • Instrumentation et méthodes de mesure bâtiment
• Fabrication additive – Impression 3D • Emballages • Mesures et tests électroniques • Travaux publics et infrastructures
• Maintenance • Mesures mécaniques et dimensionnelles • Mécanique des sols et géotechnique
• Traçabilité • Qualité et sécurité au laboratoire • Préparer la construction
• Métier : Responsable bureau d’étude / conception • Mesures physiques • L’enveloppe du bâtiment
• Techniques d’analyse • Le second œuvre et les lots techniques
• Contrôle non destructif

www.techniques-ingenieur.fr
 CONTACT : Tél. : + 33 (0)1 53 35 20 20 - Fax : +33 (0)1 53 26 79 18 - E-mail : infos.clients@teching.com

Vous aimerez peut-être aussi