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Réf.

: D2081 V1

Propriétés techniques des


Date de publication :
10 février 2008 matériaux magnétiques
Date de dernière validation :
30 janvier 2015

Cet article est issu de : Énergies | Conversion de l’énergie électrique

par Olivier GEOFFROY

Résumé Cet article est consacré aux propriétés techniques, étudiées à l’échelle
intermédiaire des domaines magnétiques et à l’échelle macroscopique caractéristique des
applications. Des notions incontournables sont d'abord développées, telles que l’énergie
de constitution d’un système aimanté, ou la décomposition en domaines magnétiques de
Weiss par exemple. Puis, une étude des mécanismes associés à la variation de
l’aimantation est effectuée, avec mention notamment du déplacement de parois, de la
rotation cohérente, des effets dipolaires, du domaine de Rayleigh et du comportement
dynamique de l’aimentation.

Abstract This article is devoted to technical properties, studied at the intermediate scale
of magnetic domains and the characteristic macroscopic scale of applications. The
essential concepts are firstly developed, such as the composition energy of a magnetic
system, or the decomposition in Weiss magnetic fields, for example. Then, a study of the
mechanisms associated with the variation of the magnetization is carried out, with
particular reference to wall motion, rotation consistency, dipolar effects, Rayleigh field and
the magnetization’s dynamic behavior.

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Propriétés techniques
des matériaux magnétiques

par Olivier GEOFFROY


Diplômé de l’École nationale d’ingénieurs électriciens de Grenoble
Docteur en physique de l’université Joseph-Fourier
Maître de conférence à l’université Joseph-Fourier de Grenoble,
rattaché au laboratoire de génie électrique (G2Elab) de Grenoble
Parution : février 2008 - Dernière validation : janvier 2015 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200023220 - universite de lorraine // 193.50.135.4

1. Magnétisme des matériaux à l’échelle mésoscopique .................. D 2 081 - 2


1.1 Énergie de constitution d’un système aimanté ......................................... — 2
1.2 Cas de l’ellipsoïde de révolution : anisotropie de forme .......................... — 3
1.3 Conséquences sur l’état d’aimantation d’un échantillon :
genèse des domaines .................................................................................. — 3
1.4 Conclusion .................................................................................................... — 8
2. Magnétisme à l’échelle macroscopique............................................. — 8
2.1 Mécanismes d’aimantation par déplacement de parois........................... — 8
2.2 Mécanismes d’aimantation par rotation cohérente .................................. — 9
2.3 Prise en compte des effets dipolaires ........................................................ — 10
2.4 Courbe d’aimantation d’un matériau homogène massif.......................... — 12
2.5 Cycle d’hystérésis statique .......................................................................... — 13
2.6 Domaine de Rayleigh................................................................................... — 15
2.7 Courbe anhystérétique ................................................................................ — 16
2.8 Comportement dynamique de l’aimantation ............................................ — 16
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 2 081

e dossier constitue la deuxième partie de l’exposé général des concepts


C concernant le magnétisme et les propriétés magnétiques des matériaux
qui fait l’objet de l’article « Physique des matériaux magnétiques » [D 2 080].
Il est consacré aux propriétés magnétiques étudiées à l’échelle intermédiaire
des domaines magnétiques et à l’échelle macroscopique caractéristique des
applications.
Une première partie présente les notions incontournables concernant la
décomposition en domaines magnétiques de Weiss et parois de Bloch dans les
matériaux ferromagnétiques.
La deuxième partie est consacrée à l’étude des mécanismes associés à la
variation de l’aimantation (rotation cohérente et mouvements de parois),
étudiés d’abord dans le cadre de matériaux idéaux. Une certaine attention est
2 - 2008

consacrée à la question de l’influence des interactions dipolaires, présentées à


l’échelle de l’échantillon (effet de forme) ou de la particule (matériaux
composites). On présente ensuite les propriétés de la courbe d’aimantation
réelle et du cycle d’hystérésis ainsi que les grandeurs associées. Enfin, une
place importante est consacrée aux propriétés de l’aimantation en régime
dynamique dans le domaine des fréquences caractéristiques des applications
D 2 081

électrotechniques. Les propriétés sont présentées en premier lieu dans le cadre


classique avant d’être réinterprétées dans le cadre plus réaliste de mécanismes
d’aimantation basés sur le déplacement des parois de Bloch.

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PROPRIÉTÉS TECHNIQUES DES MATÉRIAUX MAGNÉTIQUES ________________________________________________________________________________

 
1. Magnétisme des matériaux de l’article [D 2 080]) le champ d’excitation H d = Bi / µ0 généré par
à l’échelle mésoscopique les charges magnétiques volumiques liées à la divergence de
l’aimantation et par les charges surfaciques distribuées à l’inter-
face de l’échantillon. L’énergie magnétostatique du système, obte-
Les unités utilisées sont celles du Système international nue en sommant les énergies élémentaires sur tout le volume V de
(SI). Le tableau 1 en donne la correspondance dans le l’échantillon, s’écrit finalement à partir de (1) en fonction de la
système CGS (centimètre-gramme-seconde). Un tableau réca- 
pitulatif de l’essentiel des notations et symboles peut égale- polarisation magnétique J selon :
ment être consulté à la fin de l’article.
1  
2 V∫
Ema = − H d J dv (2)
L’article Physique des matériaux magnétiques [D 2 080] expose les
propriétés magnétiques des matériaux à l’échelle microscopique. On
y décrit les règles qui expliquent les propriétés magnétiques de On peut proposer une écriture différente de l’énergie de
l’atome isolé, puis de la matière condensée avec l’introduction des constitution du système aimanté en remarquant que l’intégrale
interactions d’échange et de l’anisotropie magnétocristalline. dans (2) peut être étendue à tout l’espace, puisque hors du volume

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Pour appréhender le comportement magnétique de la matière à aimanté la polarisation est nulle. En remplaçant par ailleur J par
l’échelle supérieure de l’échantillon, on doit introduire un nouveau  
terme d’énergie : l’énergie de constitution d’un système aimanté. B − µ0 H d (relation ici valable à l’intérieur et à l’extérieur du
système), on a alors :

1.1 Énergie de constitution 1   1  


d’un système aimanté Ema = − ∫
2 espace
B H d dv + ∫
2 espace
µ0 H d H d dv (3)

On considère un système aimanté isolé de toute autre source de On montre que l’intégrale de volume étendu à tout l’espace du

champ magnétique. Un moment magnétique  i donné est produit scalaire de deux champs de vecteurs dont l’un est à diver-
gence nulle et l’autre à rotationnel nul, est nulle [1]. Sachant que

  
plongé dans le champ Bi créé par tous les autres moments, et il B est à divergence nulle et que H d , généré par la matière
lui est associé l’énergie potentielle magnétostatique : aimantée sans circulation de courant est donc à rotationnel nul, la
 
 première intégrale de (3) donne une contribution nulle. L’énergie
Ema = −  i Bi (1) du système aimanté s’écrit ainsi finalement :


 1
Le calcul de Bi nécessite de traiter à part la contribution des Ema = ∫ µ0 Hd2 dv
2 espace
(4)

moments proches de  i . On montre que celle-ci dépend de la
L’expression (4) est très importante car elle associe l’énergie
symétrie cristalline, mais est rigoureusement nulle ou négligeable, magnétostatique au seul champ H d et par conséquent aux masses

 magnétiques virtuelles associées à l’aimantation du système. Cette
de sorte que Bi ne résulte que de la contribution des moments expression met par ailleurs en évidence le fait que l’énergie de
éloignés. On procède alors en remplaçant la distribution exacte constitution d’un système aimanté est toujours positive, comme
des moments par une distribution continue. On lui associe (cf. § 1 on va le voir sur l’étude directe de l’ellipsoïde de révolution.

Tableau 1 – Expression de quelques grandeurs utiles en magnétisme dans le système SI


et dans le système CGS
Grandeur Symbole Unité SI Unité CGS Correspondance

Polarisation J T (tesla) G (gauss) 1 G = 10–4 T

Aimantation M A/m Oe (oerstedt) 1 Oe = 103 A/m

Induction B T G 1 G = 10–4 T

Excitation H A/m Oe 1 Oe = 103/(4 π) A/m

Flux Φ Wb (weber) Mx (maxwell) 1 Mx = 10–8 Wb

Moment magnétique  A · m2 G · cm3 1 G · cm3 = 10–3 A · m2

Énergie E J erg 1 erg = 107 J

Constante d’anisotropie K J/ m3 erg/ cm3 1 erg/cm3 = 10–1 J/m3

Constante d’échange A J/ m erg/ cm 1 erg/cm = 10–5 J/m

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1.2 Cas de l’ellipsoïde de révolution :


anisotropie de forme z
c
Pour un échantillon présentant une géométrie quelconque, le
champ H d est généralement difficile à calculer, même dans le cas
d’un système uniformément aimanté. L’ellipsoïde de révolution
constitue une heureuse exception. On montre en effet qu’à un état
d’aimantation uniforme correspond un champ d’excitation interne
également uniforme. En exprimant les grandeurs dans un trièdre O
dont les axes correspondent aux axes principaux de l’ellipsoïde – a x

on choisira Oz comme axe de révolution –, H d s’écrit alors en
fonction de trois coefficients démagnétisants principaux Nx , Ny ,
Nz selon :

H dx  N x J x 
    1 − Nz
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µ0 H dy  = − Ny Jy  N x = Ny = (5) 2c : longueur selon l’axe de révolution Oz


H  N J  2
 dz   z z 2a : longueur selon un axe principal Ox
perpendiculaire à Oz
Nx , Ny et Nz étant positifs, les composantes du champ H d sont
de sens opposés aux composantes de l’aimantation qui leur ont Figure 1 – Ellipsoïde de révolution
donné naissance. Le coefficient Nz s’exprime en fonction du
rapport de forme de l’ellipsoïde γ = c /a relatif à ses dimensions
caractéristiques (figure 1). On obtient :
l’article [D 2 080]) vaut quant à elle EKv = 1,17 ⋅ 104 J / m3 . On
constate donc un rapport 140 entre les deux énergies (on obtient
1  γ  
Nz = arcosh γ − 1 γ > 1  dans le cas du cobalt encore un rapport 2,2 entre les deux
γ 2 − 1  γ 2 − 1   énergies). Cela veut dire que si l’on considère un échantillon de
 (6) polarisation uniforme, l’anisotropie de forme imposera géné-
1  γ 
Nz =  1− arccos γ  γ < 1 ralement sa loi pour les matériaux magnétiques doux (et donc,
1− γ  2
1− γ2   dans le cas traité, une aimantation dans le plan du disque).

Réciproquement, on obtient dans le cas du matériau dur
En fonction de la géométrie étudiée, on peut proposer des Nd2Fe14B (et avec les données numériques du tableau 10 de
expressions approchées suffisantes en pratique courante (pré- l’article [D 2 080]) un rapport entre les deux énergies
cision de l’ordre du pour-cent). On a ainsi : Emav / EKv = 0, 28 . Cela signifie que les matériaux les plus durs sont
plus sensibles à l’anisotropie magnétocristalline qu’à l’anisotropie
γ > 12 N z = (ln (γ ) − 0, 307) / γ 2  de forme.

0, 86 < γ < 1,14 N z = [(9 / 5) − (4 / 5) γ ] / 3  (7) Il reste à étudier la validité de l’hypothèse concernant l’état
 d’aimantation uniforme.
γ < 0, 06 N z = 1− π / 2 γ + 2 γ 2 
L’énergie volumique Emav de l’ellipsoïde uniformément aimanté
se calcule très simplement en réinjectant (5) dans (2). On obtient : 1.3 Conséquences sur l’état d’aimantation
d’un échantillon : genèse des domaines
1
Emav = (N x J x2 + Ny Jy2 + N z Jz2 ) (8)
2 µ0 Du point de vue de l’énergie magnétostatique, l’état d’aiman-
tation uniforme associé au ferromagnétisme est défavorable et le
Conformément au résultat énoncé plus haut, l’énergie d’aiman- champ d’excitation associé à l’aimantation de l’échantillon est pour
tation est positive. On constate également que, pour une pola- cette raison appelé champ démagnétisant. On doit donc comparer
risation d’amplitude donnée, le coût énergétique dépend de la la force des deux contributions, et pour cela comparer l’amplitude
direction d’aimantation. Un ellipsoïde allongé (cas de la figure 1) du champ moléculaire associé aux interactions d’échange ferroma-
aura ainsi tendance à adopter une polarisation suivant son grand gnétiques avec celle du champ démagnétisant. En reprenant le cas
axe, alors qu’un ellipsoïde aplati aura tendance à s’aimanter per- du monocristal de FeSi évoqué au paragraphe 1.2, on obtient, pour
pendiculairement à l’axe de révolution. L’énergie magnétostatique une aimantation uniforme d’amplitude J s perpendiculaire au plan
induit donc, en fonction de la géométrie, des directions d’aiman- du disque, un champ démagnétisant uniforme et d’amplitude
tation préférentielles, et donc une anisotropie de forme, les deux µ 0 H d = J s = 2 T, alors que le champ moléculaire a pour valeur
cas extrêmes correspondant à l’aiguille (Nz = 0, Nx = Ny = 1/2), et B mol = 2,04 · 103 T (cf. § 3.3.2 de l’article [D 2 080]). Il apparaît donc
au disque (N z = 1, N x = N y = 0). Cette influence doit donc être que le champ démagnétisant est bien trop faible pour remettre en
comparée à l’anisotropie magnétocristalline (§ 1 de cause le comportement ferromagnétique.
l’article [D 2 080]). Au vu de ce qui précède, on s’attend donc à ce que le disque de
Pour cela, on considère un échantillon en forme de disque. La FeSi présente un état spontané d’aimantation uniforme (imposé
différence d’énergie entre les états d’aimantation dans le plan du par le ferromagnétisme), dans le plan du disque (imposé par
disque et dans la direction perpendiculaire s’écrit Emav = Js2 / (2 µ0 ) , l’anisotropie de forme), dans la direction du plan la plus avan-
où J s désigne la polarisation spontanée de l’échantillon. Dans le tageuse vis-à-vis de l’anisotropie magnétocristalline. En fait, la
cas d’un cristal de FeSi3% (composition caractéristique des appli- polarisation n’est généralement pas uniforme et on observe une
cations électrotechniques), on obtient – à température ambiante – « mosaïque » de zones où la polarisation est uniforme et de
Emav = 1,6 · 106 J/m3. L’énergie volumique d’origine magnéto- module J s , la direction de la polarisation variant d’une zone à
cristalline nécessaire pour faire passer l’aimantation d’un cristal l’autre. Ces zones sont appelées domaines de Weiss, et les fron-
FeSi de la direction facile à la direction difficile (cf. § 3.6.1 de tières qui séparent deux domaines sont appelées parois de Bloch.

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+ + + + + – + –
+ + + + + – + –

x
uz 0,4 mm y

ux
a b

+ + – –
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– + x

L’orientation de la maille élémentaire (cubique) par rapport au


plan de l’échantillon est précisée.
Les directions d’aimantation facile correspondent aux arêtes
du cube.

Figure 3 – Visualisation par effet Kerr des domaines


c d dans un monocristal FeSi

L'énergie démagnétisante associée à l'état de polarisation uniforme a


est considérablement diminuée par la neutralisation des charges
magnétique associées à l'état de polarisation alternée b . du fer pour un échantillon d’épaisseur e = 1 mm aimanté perpen-
La situation annule complètement le terme d'énergie démagnétisante c . diculairement une largeur de domaine de l’ordre de 2 µm, très
Dans un cristal unique d , la structure secondaire (en bleu) remplace faible au regard de ce que révèle classiquement l’observation. En
les domaines de fermeture associés à la symétrie cubique c . fait, le matériau trouve souvent des alternatives plus avantageuses
que la simple structure en bandes, illustrées par les structures des
Figure 2 – Illustration du principe de la décomposition en domaines figures 2c et 2d.
magnétiques sur un monocristal de géométrie cubique présentant
une direction d’aimantation facile le long de Oz On note enfin que dans le cas de la décomposition de la
figure 2c, l’énergie magnétostatique est nulle. Dans ce cas, c’est
l’énergie magnétoélastique stockée dans les domaines de fer-
À l’intérieur de chaque domaine, la polarisation est dirigée meture (on raisonne sur un état de déformation imposé par les
suivant un axe d’aimantation facile de sorte que la situation est domaines principaux) qui intervient dans la solution de
optimale du point de vue des interactions d’échange ferromagnéti- compromis.
ques et de l’anisotropie magnétocristalline, alors que l’intrication
des charges magnétiques + et – résultant de la structure alternée
réduit sensiblement l’énergie démagnétisante. Cela est réalisé au 1.3.1 Structures en domaines
prix de la création des parois de Bloch qui, comme on le verra plus dans les échantillons monocristallins
loin, présentent une énergie surfacique γp non nulle, fonction des
interactions d’échange et de l’anisotropie magnétocristalline. La
Pour les matériaux présentant un état cristallisé, la topologie de
largeur des domaines qui minimise l’énergie totale résulte ainsi
la structure en domaine n’est simple que dans le cas de mono-
d’un compromis entre le gain réalisé sur l’énergie démagnétisante
cristaux qui de surcroît présentent une géométrie en adéquation
et le surcoût occasionné par les parois.
avec la symétrie cristalline. La structure en bandes de la figure 2b
On peut illustrer cette idée sur le cas de la figure 2b. Un calcul ne peut ainsi s’établir que si l’arête verticale du cube coïncide avec
élémentaire permet d’établir l’expression de l’énergie volumique une direction d’aimantation facile, situation reproduite sur la
magnétostatique résiduelle E mav qui s’écrit [2] [3] dans le cas où le figure 3. La situation de la figure 2c présente des domaines aux
cristal est d’une hauteur h au moins égale à la largeur 2 d’un voisinages des interfaces (en bleu sur la figure) qui permettent au
domaine : flux d’induction de se reboucler dans l’échantillon sans passer par
l’air. Pour cette raison, ces domaines sont dénommés domaines de
1 4 Js2 1 J2 1  
Emav = α 2 α= ∑ = 0,135 µs h
h π3 µ0 impair n 3
(9) fermeture. Cette structure ne s’établit que si les axes ux et uz
0
correspondent à des directions faciles. Enfin, la situation de la
figure 2d présente une structure que l’on rencontre dans le cas de
En tenant compte de l’énergie volumique Epv = γ p / (2) asso- symétries uniaxiales ou hexagonales (cas du cobalt par exemple)
ciée aux parois, on obtient un compromis réalisant une largeur de 
d’axe facile uz . Les domaines de fermeture figurés sur la figure 2c
domaine 2 = γ p / α et une densité d’énergie volumique totale sont remplacés par une structure en domaines secondaires (en
bleu) qui réalise une dilution des charges plus économique que la
E v = Emav + Epv = 2 γ p α . On obtiendrait ainsi avec les paramètres seule structure en bandes.

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– + – +
– + – + θf
D
– + – +
θ

Paroi D/2

a bidomaine b monodomaine

Figure 4 – Diminution de l’énergie d’aimantation par rotation Figure 5 – Comparaison des situations mono- et bidomaine
de l’aimantation hors de la direction facile : effet  * pour une particule cylindrique
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1.3.2 Effet mu* 1.3.3 Structures monodomaines


On a vu que la structure en domaines réalisée par un monocristal
Un autre degré de liberté, très important dans le cas des
est conditionnée par son épaisseur, jusqu’ici seule dimension
matériaux doux, existe quand la direction d’aimantation facile
considérée de l’échantillon. On étudie maintenant une particule de
(repérée par l’angle θ f sur la figure 4) n’est pas normale à l’inter-
taille caractéristique D, par exemple cylindrique (figure 5). Son
face. Le matériau adopte alors au voisinage de la surface une
énergie magnétique varie comme D3 alors que l’énergie associée à
direction d’aimantation, repérée par l’angle θ, variable avec la dis-
une paroi évolue comme D 2. Cela démontre qu’il existe une
tance à l’interface, et qui ne coïncide plus avec la direction facile.
dimension critique D cr au-delà de laquelle la particule adopte une
La densité de charges surfaciques à la surface de l’échantillon s’en
structure polydomaine et en deçà de laquelle la structure est mono-
trouve amoindrie alors qu’apparaît une densité volumique de
domaine. On verra que ces deux structures présentent des méca-
charges liée à la divergence de l’aimantation.
nismes d’aimantation différents de sorte que la détermination de la
Loin de l’interface, la direction d’aimantation retombe sur la taille critique est d’un intérêt primordial.
direction facile de sorte que la quantité de charges magnétos- Dans le cas des matériaux doux, les degrés de liberté sont nom-
tatiques reste identique à la situation que présenterait une aiman- breux, l’aimantation n’étant pas fermement attachée aux directions
tation uniforme le long de la direction facile. Celles-ci se trouvent cristallographiques les plus favorables (cf. discussion sur l’effet µ *
néanmoins réparties sur une plus grande région, de sorte que du § 1.3.2). De nombreuses configurations de l’aimantation
l’énergie magnétostatique s’en trouve réduite, au prix d’un surcoût présentent ainsi une énergie comparable de sorte que la détermi-
représenté par l’énergie magnétocristalline associée à la rotation nation de la taille critique reste un exercice hasardeux. Seule la
de la polarisation hors de la direction facile. Tous calculs faits [2], situation offerte par les systèmes de dimension deux présentant
on montre que l’énergie volumique résultante (magnétostatique et une anisotropie évanescente offre la possibilité d’une approche
d’anisotropie) associée à cet effet s’écrit : quantitative rigoureuse [3].
Le cas des matériaux à forte anisotropie est plus aisé : dans le
cas illustré sur la figure 5, le matériau est supposé assez ani-
2 sotrope pour que l’aimantation soit rigidement liée à une direction
Emav + EKv = Emav (K u∞)
1+ µ * d’aimantation facile (choisie ici perpendiculaire à l’axe).

Js2 2 En notant γp l’énergie superficielle d’une paroi, on obtient


(10)
Emav (K u∞) = 0,135 sin (θ f )2 aisément les énergies E mono et E bi associées aux structures mono-
µ0 h et bidomaines en fonction des coefficients démagnétisants magné-
tométriques N (c /a ) de la particule cylindrique de hauteur 2c et de
Js2 cos (θ f )2 diamètre 2a aimantée selon un diamètre :
µ* = 1 +
2 µ0 K u
L3 J2 
Emono = π N (1) s 
On donne à ce comportement le nom d’effet µ*, et le gain réalisé 4 2 µ0 
 (11)
par rapport à la situation d’aimantation uniforme – que l’on L3 Js2 L2
rencontrerait avec un coefficient d’anisotropie K u infini – est donc Ebi = π
4
[2 N (0, 5) − N (1)]
2 µ0

4
γp

quantifié par le facteur 2/(1 + µ*), égal à 1 pour une direction facile
normale à l’interface (pas d’effet), et d’autant plus efficace que la avec N (1) = 0,344 et N (0,5) = 0,263 [4]. La dimension critique
direction facile se rapproche du plan de l’interface et que l’aniso- vérifiant E mono(D cr) = E bi(D cr), on en déduit :
tropie est faible. Dans le cas général vérifié par les matériaux
doux, µ* est grand devant 1 et on gagne ainsi un facteur 2/µ* sur
γp γp
l’énergie résultante. Celle-ci est alors proportionnelle à K u , la part Dcr = = (12)
de l’énergie magnétostatique dans le bilan étant d’autant plus [N (1) − N (0,5)] 2 Js2 / µ0 0, 08 Js2 / µ0
faible que K u est faible.
L’énergie de paroi γp étant donnée par l’équation (17) que l’on
Cet effet explique que les tôles constituées de matériaux à établira au paragraphe suivant, on obtient (avec les paramètres
anisotropie évanescente (K ~ 10 J/m3) ont une aimantation en tout indicatifs du tableau 10 du § 3.3.2 de l’article [D 2 080]) pour les
point contenue dans le plan de la tôle et une densité de parois bien trois nuances de matériaux durs SmCO5 , BaFe12O19 , et Nd2Fe14B,
moindre que ne le laisserait supposer un calcul basé sur une des tailles critiques de quelques centaines de nanomètres
direction d’aimantation rigide. conformes à l’observation [5].

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PROPRIÉTÉS TECHNIQUES DES MATÉRIAUX MAGNÉTIQUES ________________________________________________________________________________

1.3.4 Parois de Bloch et longueur


de corrélation ferromagnétique
θ(z)
Nous allons déterminer les caractéristiques d’une paroi de sépa-
ration dans le cas d’un échantillon dont les domaines sont orientés
 
selon les directions ux et − ux (il s’agira donc ici d’une paroi à uy
 uz
180o, l’axe ux coïncidant avec une direction d’aimantation facile).
ux
 
Le cristal est ici supposé infini selon ux et uy .
L’amplitude du moment atomique étant, à température donnée,
constante, la zone de transition se caractérise par une rotation 0
progressive du moment entre atomes proches voisins depuis la
direction initiale jusqu’à la direction opposée. Afin d’éviter la z
création de masses magnétiques coûteuses en énergie magné-

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tostatique, la polarisation doit réaliser la condition div (J ) = 0 , ep

condition qui revient à écrire :

∂ x ∂ y ∂ z
+ + =0 (13)
∂x ∂y ∂z

Le système étant invariant selon Ox et Oy, la relation (13) se La direction de l’aimantation dans les domaines adjacents est représentée
∂z par les flèches noires, ep désignant l’épaisseur de la paroi.
réduit à la relation = 0 de sorte que la direction du moment
∂z
magnétique est contenue dans les plans parallèles au plan Oxy.
Figure 6 – Structure en hélice des moments magnétiques
Le moment décrit donc une hélice d’axe Oz (figure 6), la largeur au sein d’une paroi de Bloch
e p de la paroi étant gouvernée par deux termes d’énergie
antagonistes : sous l’influence des interactions d’échange, e p tend
à croître infiniment, deux atomes proches voisins ayant tendance à
rechercher le parallélisme des moments, alors que l’anisotropie
magnétocristalline tend à promouvoir une paroi de faible épaisseur, θ
les directions d’aimantations intermédiaires étant coûteuses en (rad)
énergie. On formalise les choses en écrivant (à partir de
l’équation (38) de l’article [D 2 080]), la densité d’énergie volumique 1,5
d’échange à l’aide des cosinus directeurs du moment magnétique
1,0
selon :
0,5
  2  2  2
E ev = A  grad (α1)  + grad (α2 )  + grad (α 3 )   (14) 0,0

A désigne le coefficient d’échange et, pour une symétrie cubique, – 0,5


s’exprime en fonction des paramètres introduits au § 3.3.1 de – 1,0
l’article [D 2 080] selon la relation A = r 2 λ Js2 / (12 µ0 ) [6] où r dési-
– 1,5
gne la distance entre deux atomes proches voisins. On obtient pour
d’autres types de symétrie cette même relation à un coefficient près. –3 –2 –1 0 1 2 3 z/0
Généralement, A est de l’ordre de 10–11 J/m.
Ici, la relation (14) s’écrit simplement sous la forme E ev = A (∂θ / Figure 7 – Profil de paroi à 180o dans un cristal uniaxial
∂z)2 et on montre qu’en tout point de la paroi, la densité d’énergie
d’échange est égale à la densité d’énergie d’anisotropie [7].
Dans le cas d’une symétrie uniaxiale (figure 7), la densité une importance considérable, puisqu’il quantifie l’ordre de
d’énergie d’anisotropie s’écrit EKv (θ ) = K u cos2(θ ) avec K u > 0 en grandeur de la distance minimale nécessaire dont il faut s’écarter
considérant la direction θ = π/2 comme direction d’aimantation d’un point donné pour que l’on puisse observer une variation
facile (cas de la figure 6). On obtient donc : significative de la direction d’aimantation.
De manière logique, on vérifie que la paroi sera d’autant plus
A (∂θ / ∂z ) 2 = Ku cos2 (θ ) (15) épaisse que le paramètre A – représentatif des interactions
d’échange – est grand et que le paramètre K u – relatif à l’anisotropie
En prenant l’origine des abscisses au centre, on en déduit magnétocristalline – est petit.
l’équation du profil de la paroi :
À l’aide de (15) et (16), on obtient l’expression de l’énergie d’une
  θ π paroi de surface unité selon :
z =  0 ln  tan  +    0 = A / Ku (16)
  2 4
π /2
dz
L’épaisseur ep de la paroi est de l’ordre de 4  0 . Le paramètre γp = ∫ E ev (θ ) + EKv (θ )

dθ = 4 A K u (17)
 0 est appelé longueur de corrélation ferromagnétique et revêt − π /2

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[001]

[010]

Direction
de laminage

[100] [110]

4 mm
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[110]
Les frontières des grains sont surlignées pour plus de clarté.
[001] La tôle est soumise à une contrainte de traction de 9 MPa
dans la direction de laminage.
Figure 8 – Différentes orientations possibles pour une paroi à 180o
dans un cristal cubique
Figure 9 – Visualisation par effet Kerr longitudinal des domaines
dans une tôle polycristalline de FeSi de texture GOSS

Le cas de la symétrie cubique se traite de manière analogue au


cas uniaxial et présente des résultats très voisins. On remarque substituent des parois différemment structurées où l’aimantation
cependant que l’énergie d’une paroi à 180o dépend de son orien- tourne dans le plan de l’échantillon. Ce sont les parois de Néel que
tation par rapport à la maille cristalline. l’on n’étudiera pas ici [10].
Comme le montre la figure 8, l’aimantation d’une paroi à 180o À titre utilitaire, on note que les charges magnétiques déposées
en surface à l’endroit des parois créent un champ magnétique à
qui sépare deux domaines aimantés suivant [001] et [001] passe l’extérieur de l’échantillon que l’on peut mettre à profit pour
par une direction d’aimantation intermédiaire [100] facile si son visualiser la position des parois à l’aide de poudres magnétiques
plan est normal à la direction [010] alors que l’aimantation d’une douces (technique d’observation de Bitter [11]). Les grains, attirés
par les régions de gradients de champs, se positionnent le long
paroi dont le plan est perpendiculaire à la direction [110] passe par des lignes chargées, trahissant la position des parois. Des
une direction intermédiaire [110] plus difficile. L’épaisseur d’une variantes existent basées sur l’emploi de suspensions de particules
paroi à 180o reste de l’ordre de 4  0 , alors que l’énergie superfi- magnétiques (ferrofluides) encapsulées dont l’efficacité peut être
cielle s’écrit : encore améliorée par l’application temporaire d’un champ magné-
tique alternatif d’amplitude décroissante destiné à favoriser la
mobilité des grains.
γ (010) = 2 A K1 γ (110) = 2, 9 A K1 (18)

Dans le cas du fer, caractérisé par la constante d’échange 1.3.5 Structures en domaines
A = 1,5 · 10–11 J/m et une constante principale d’anisotropie dans les échantillons polycristallins
K 1 = 4,8 · 104 J/m3 [8], on obtient ainsi des parois à 180o d’énergie
γp ~ 2 · 10–3 J/m2 et d’épaisseur ep ~ 70 nm. Pour les matériaux les La situation des échantillons polycristallins est généralement bien
plus doux, caractérisés par des densités d’énergie d’anisotropie de plus complexe que dans le cas de monocristaux. Les orientations
l’ordre de 10 J/m3 (cas des alliages FeNi de type Permalloys par cristallographiques différant d’un grain à l’autre, les directions
exemple), on obtient une épaisseur de paroi de l’ordre de d’aimantation facile changent également d’un grain à l’autre. Dans
quelques microns. les systèmes présentant une taille de grains supérieure à la
longueur de corrélation magnétique (ce qui n’est pas le cas des
Au regard des largeurs de domaines (typiquement quelques matériaux nanocristallins doux et à plus forte raison des amorphes),
centaines de microns), les parois paraissent fines et l’état de chaque grain tend à réaliser une aimantation dirigée selon un axe
déformation de la maille cristalline est imposé par les domaines d’aimantation facile qui lui est propre, de sorte que les charges
adjacents. Il en résulte un terme d’énergie magnétoélastique qui magnétiques sont localisées sur les surfaces de l’échantillon mais
s’additionne aux termes principaux des équations (17) et (18). aussi à l’interface des grains. La densité des charges au niveau d’un
Cette contribution est très minoritaire, mais explique que la paroi grain varie considérablement en fonction de l’orientation du grain
(010) à 180o du cristal cubique ne se scinde pas en deux parois à mais aussi de l’orientation des grains voisins.
90o, le couplage magnétoélastique rendant la direction d’aiman-
Dans les matériaux présentant une cristallisation aléatoire,
tation intermédiaire énergétiquement non favorable [9].
l’observation des structures en domaines révèle souvent une
Enfin, on remarque qu’une densité surfacique de charge situation inextricable. Les matériaux texturés réalisent une situation
apparaît sur la ligne d’intersection du plan de la paroi avec la sur- plus simple : les grains présentent en effet des orientations cristal-
face de l’échantillon. Un terme d’énergie magnétostatique addi- lographiques voisines et des tailles (parfois centimétriques) bien
tionnel apparaît qui, pour les échantillons épais caractéristiques supérieures à celles des grains d’un matériau non texturé (quelques
des applications électrotechniques, reste négligeable. Il n’en va centaines de microns classiquement). En fonction des désorien-
pas de même pour les matériaux déposés en couches minces dont tations résiduelles, une multitude de structures peuvent
l’épaisseur peut être inférieure à la longueur de corrélation ferro- apparaître [11]. La figure 9 présente une structure en domaine
magnétique  0 . On montre qu’alors, aux parois de Bloch se particulièrement simple obtenu sur une tôle FeSi de transformateur

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électrique de texture GOSS (grain oriented silicon steel). L’existence


d’une direction d’aimantation facile dans le plan de la tôle permet ++ + +
+ – + – + – + –
l’établissement d’une structure en domaines en bande dans le plan +
+ – + – – + –
de la tôle et plus ou moins orientée suivant la direction de laminage.

1.4 Conclusion
La structuration en domaines magnétiques conduit à identifier
différentes échelles :
uz
– l’échelle des domaines de Weiss définit l’échelle mésos- Ha
copique. À cette échelle, la polarisation est d’amplitude constante 2 ux 2 + 2x
égale à J s et sa direction varie d’un domaine à l’autre de manière
discontinue ; Ha = 0
– à l’échelle en général supérieure du cristallite, la polarisation <J >
apparaît continûment variable en norme, avec une anisotropie des
Js
directions d’aimantations plus ou moins marquée suivant la nature
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de la symétrie cristalline ;
– à l’échelle « macroscopique » d’un groupe de cristallites voisins,
supposés d’orientations cristallographiques aléatoires, la pola-
risation apparaît continûment variable en norme et en direction. À
cette échelle, le matériau apparaît isotrope, l’anisotropie des
Js/ χ.d µ0Ha
propriétés d’aimantation étant liée à la forme de l’échantillon. On
parlera de polarisation locale pour qualifier la polarisation associée
à un groupe de cristallites donné, la polarisation moyenne
désignant la moyenne des polarisations locales sur tout l’échan-
tillon. Cette dernière quantité est une donnée primordiale pour
l’utilisateur. C’est à l’étude de cette polarisation moyenne que nous
consacrons le prochain paragraphe. Figure 10 – Mécanisme d’aimantation par déplacement de parois

Les matériaux amorphes se différencient des matériaux


cristallisés classiques par l’absence de l’échelle intermédiaire Ce terme d’énergie induit une évolution de la polarisation de
que constitue le cristallite. Les matériaux nanocristallins doux l’échantillon. En fonction de la nature de l’échantillon étudié et de
réalisent quant à eux une longueur de corrélation magnétique la structure en domaines, on est amené à distinguer deux méca-
bien supérieure à la taille des cristallites qui les constituent. Là nismes que nous allons détailler dans le cas idéalisé de matériaux
encore, l’échelle du cristallite n’apparaît plus dans la parfaits.
hiérarchie listée ci-avant. Le diamètre moyen du cristallite
constitue néanmoins une caractéristique primordiale qui inter-
vient directement et au même titre que la constante d’échange 2.1 Mécanismes d’aimantation
ou l’anisotropie magnétocristalline dans l’établissement de la
longueur de corrélation ferromagnétique. par déplacement de parois
Dans un échantillon structuré en domaines, le terme d’énergie
de Zeeman détermine l’accroissement des domaines dont la
projection de l’aimantation dans la direction du champ appliqué
2. Magnétisme à l’échelle H a est maximum, au détriment des autres. Cela se traduit par un
déplacement des parois et l’apparition d’une polarisation moyenne
macroscopique 
J non nulle. La figure 10 représente le cas d’un monocristal
Nous venons d’expliciter la situation d’un échantillon ferro- pour lequel on applique le champ le long de la direction d’aiman-
magnétique isolé, le point crucial étant la décomposition en tation facile. L’aimantation entraîne l’apparition d’une énergie
domaines. Nous nous intéressons maintenant à la loi de magnétostatique illustrée par le déséquilibre des charges magné-
comportement du matériau, c’est-à-dire à l’évolution de sa pola- tiques superficielles. La position d’équilibre x des parois (l’origine
risation moyenne en fonction du champ appliqué. correspondant à l’état désaimanté) correspond alors au minimum
de l’énergie totale E tot = E ma + E Z . Le calcul montre que x est

En présence d’un champ appliqué H a , l’énergie potentielle d’un proportionnel à H a , le coefficient de proportionnalité étant ici

 déterminé par le champ démagnétisant et donc fonction de la
moment magnétique i s’écrit : 
géométrie de l’échantillon. J s’écrit alors :
 
E zi = − µ0  i H a (19)
 2x  
J = J u = µ0 χ d H a (21)
À l’échelle de l’échantillon, on obtient donc un terme d’énergie d s z
potentielle, dit énergie de Zeeman, analogue au facteur 1/2 près au
terme d’énergie démagnétisante introduit plus haut [voir χ d constitue le coefficient de susceptibilité apparent de l’échan-
relation (2)] : tillon, l’indice d indiquant ici que la susceptibilité est déterminée
par le champ démagnétisant. On définit de manière équivalente le
  coefficient de perméabilité relative apparente défini selon :
EZ = − ∫ Ha J dv (20)
V B = µ0 µrd H a

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Perméabilité et susceptibilité sont liées par la relation :


µrd = 1+ χd Js

Pour une valeur seuil de champ H as = J s /(µ 0χ d), on obtient un θ


déplacement x s = d /2 pour lequel les domaines inverses dis- e
O
paraissent de même que les parois. La polarisation est alors

uniforme et égale à J s uz . L’échantillon est dit saturé.
Ha
Js désigne ainsi à la fois la polarisation spontanée que l’on
observe en champ nul à l’échelle d’un domaine de Weiss, et la
polarisation à saturation, observée à l’échelle macroscopique sur Figure 11 – Aimantation par rotation cohérente dans un échantillon
un échantillon soumis au champ de saturation. structuré en domaines transverses

Le calcul de la susceptibilité repose ici sur l’évaluation de


l’énergie magnétostatique qui, en première approximation, ne

dépend que de la valeur moyenne de la polarisation J . La Direction
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susceptibilité apparaît donc ici indépendante du mécanisme par Paroi d’aimantation


lequel le matériau acquiert sa polarisation et on peut pour simpli- de Bloch facile
fier raisonner sur un échantillon qui porterait une polarisation

uniforme J égale à la valeur moyenne de la polarisation réelle. Déplacement
de la paroi
Pour une géométrie quelconque, le calcul reste compliqué.
Dans le cas de l’ellipsoïde de révolution, la situation est plus
simple et le calcul se simplifie encore si le champ est appliqué
suivant un axe principal. Champ appliqué, polarisation et champ H
H
démagnétisant H d étant alors uniformes et de mêmes directions,
on raisonnera donc sur les valeurs algébriques H a et J. L’énergie
magnétostatique est donnée par la relation (8) et on obtient avec Domaine de
un coefficient démagnétisant N une énergie totale pour l’échan- Weiss Polarisation
tillon de volume V : magnétique

E tot =  − H a J + N J 2 / (2 µ0 ) V (22) a par déplacement b par rotation cohérente


de parois de l’aimantation
La polarisation d’énergie minimum vérifie J = µ 0 H a /N. On a
ainsi une susceptibilité apparente χ d = 1/N. On obtiendrait pour un
échantillon sphérique la loi J = 3 µ 0 H a , qui coïncide d’ailleurs avec Tube de flux Cristallite
la loi d’aimantation de l’échantillon cubique de la figure 10. On a
donc une courbe d’aimantation dont la pente est gouvernée par Figure 12 – Mécanismes d’aimantation à l’œuvre dans les matériaux
l’anisotropie de forme de l’échantillon. polycristallins

2.2 Mécanismes d’aimantation étant ici nulle en première approximation. La polarisation


par rotation cohérente moyenne est de module :

Dans les particules dont la taille est trop petite pour donner lieu Js2
à une décomposition en domaines, l’aimantation résulte de la J = Ha (23)
rotation cohérente de l’aimantation. La direction des moments ne 2 Ku
coïncidant plus avec la direction d’aimantation facile, les courbes
d’aimantation sont conditionnées par la géométrie des particules On obtient ainsi un comportement linéaire analogue au compor-
et par l’anisotropie magnétocristalline du matériau [7], une dif- tement d’un échantillon gouverné par l’anisotropie de forme, avec
férence importante par rapport au cas traité au paragraphe pré- Js2
cédent étant que l’on ne raisonne pas sur une polarisation une susceptibilité χ = et un champ de saturation
moyenne qui peut varier en amplitude et direction mais sur une 2 µ0 K u
polarisation uniforme et de module invariable (à température H as = 2 K u /J s .
donnée) J s . On trouvera une présentation très complète de ce
mécanisme dans [3]. Enfin, le mécanisme d’aimantation par rotation cohérente se
rencontre également dans les échantillons polycristallins. Le
La rotation cohérente intervient parfois en présence d’une mécanisme de déplacement de parois intervient d’abord jusqu’à
structure en domaines. La figure 11 illustre le cas important d’un disparition de celles-ci, les cristaux étant à la fin de cette première
matériau doté d’une anisotropie magnétocristalline évanescente et phase aimantés uniformément selon la direction d’aimantation
présentant une anisotropie uniaxiale d’amplitude K u et de facile la plus proche de la direction du champ appliqué (figure 12).
direction facile transversale. Les domaines présentent donc en La rotation progressive de l’aimantation hors des directions faciles
l’absence de champ une aimantation alternée transverse. intervient ensuite jusqu’à alignement de l’aimantation sur la
En présence d’un champ longitudinal, les deux types de direction du champ appliqué. Les mécanismes de rotation hors des
domaines sont équivalents vis-à-vis de l’énergie de Zeeman et les directions d’aimantation facile étant généralement bien plus
parois ne bougent pas. On observe alors une rotation progressive coûteux que le mécanisme de déplacement de paroi, la rotation
de l’aimantation hors de la direction initiale. L’angle d’équilibre est cohérente intervient après le mécanisme de déplacement de parois
obtenu en minimisant l’énergie totale, somme de l’énergie de et se traduit donc au moment où elle se met en place par un inflé-
Zeeman et de l’énergie d’anisotropie, l’énergie magnétostatique chissement marqué de la courbe d’aimantation (cf. figure 24).

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Les situations illustrées par les figures 10, 11 et 12 réali-

J(T)
sent des configurations « pures » où les mécanismes d’aiman-
tation par déplacement de parois ou rotation cohérente 1,0
n’interviennent pas en même temps. Les deux mécanismes σ = 0, 10, 40,
peuvent néanmoins se produire de manière simultanée et on 120, 270 MPa
trouvera dans [12] une présentation détaillée de ces cas de 0,5
figure.

0,0
50
Fit:1/χ.104=2,56+0,15 10-6σ

1/χ (x10-4)
40
30
Remarques sur les différents procédés utilisés – 0,5
20
pour linéariser la courbe d’aimantation
10

– 1,0 0
0 50 100 150 200 250
Les procédés évoqués pour obtenir une courbe d’aiman- Contrainte σ (MPa)
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tation linéaire se distinguent entre autres par l’ordre de


grandeur des perméabilités obtenues : dans l’équation (23), K u – 6 000 – 3 000 0 3 000 6 000
correspond souvent à une anisotropie induite (cf. § 3.6.2 de H(A/m)
l’article [D 2 080]) et, pour les procédés basés sur l’application
d’un champ magnétique pendant le recuit [13] (voir aussi Figure 13 – Action, sur la caractéristique J (H ), d’une contrainte
Matériaux magnétiques amorphes, micro et nanocristallins de traction exercée sur un matériau Fe74,5Cu1Nb3Si15,5B6
[E 1 770]), son amplitude est au maximum de l’ordre de quel- au cours du recuit au défilé de nanocristallisation. En encart,
évolution de l’inverse de la susceptibilité avec l’amplitude
que 100 J/m3 (voir Alliages fer-nickel et fer-cobalt. Propriétés de la contrainte de traction (d’après [14])
magnétiques [D 2 130]), de sorte que les susceptibilités
obtenues sont donc de plusieurs milliers au moins, alors que
les susceptibilités dues aux effets de forme (généralement
obtenues par le biais d’entrefers ménagés sur des échantillons 2.3 Prise en compte des effets dipolaires
toriques, (voir Transformateurs et inductances [E 2 130]) sont
en général bien plus faibles, de l’ordre de quelques dizaines Le calcul de l’état d’aimantation à l’équilibre repose sur la déter-
ou quelques centaines. Cela explique que les effets d’aniso- mination de l’état d’énergie totale E tot de l’échantillon aimanté
tropie induite par un champ magnétique pendant le recuit ne plongé dans le champ appliqué. Dans le cas général, E tot inclut
sont perceptibles que s’ils sont mis en œuvre au sein d’échan- une part d’énergie démagnétisante dont la densité volumique
tillons ne présentant pas d’effet de forme. s’écrit :

Enfin, l’application d’une contrainte mécanique pendant le 1   1   1 ′ 
Ed = − Hd J = − Hd J − Hd J ′ (24)
recuit constitue une autre façon d’induire une anisotropie 2 2 2
uniaxiale (voir Matériaux ferromagnétiques amorphes et
nanocristallins [D 2 150]). Les susceptibilités obtenues par ce où l’opérateur désigne l’opération de moyennage effectué sur
biais présentent des ordres de grandeur qui peuvent être   
comparables aux susceptibilités liées aux effets de forme le volume V de l’échantillon alors que H d′ = H d − H d et
(figure 13). 
  
Pour finir, précisons que la nature des mécanismes J′ = J − J désignent les contributions de fluctuation au champ
d’aimantation en jeu différencie profondément les différents démagnétisant et à la polarisation.
procédés. Alors que le développement d’une anisotropie
induite transverse conduit à des mécanismes de rotation En fait, on néglige souvent dans la relation (24) le deuxième
cohérente, la linéarisation de la courbe d’aimantation au terme devant le premier, approximation légitime dans le cas
moyen d’un entrefer ne préjuge en rien des mécanismes d’échantillons massifs homogènes dont les champs démagné-
d’aimantation à l’œuvre. tisants sont liés aux effets de forme, situation illustrée par
l’équation (22) associée à l’ellipsoïde de révolution. Cette approxi-
On remarque de plus que si la perméabilité associée aux mation est cependant source d’erreurs importantes dans le cas où
mécanismes de rotation constitue une propriété intrinsèque fluctuation d’aimantation et fluctuation de champ démagnétisant
du matériau – sa valeur est conditionnée par l’anisotropie s’effectuent à des échelles comparables. Nous allons mettre en
magnétocristalline –, il n’en est pas de même en ce qui évidence les imperfections de cette approche au travers de la
concerne la perméabilité associée à l’effet de forme. On est situation figurée par le matériau composite.
ainsi amené à introduire la notion de champ d’excitation
  
interne H = H a + H d . La courbe d’aimantation J (H ), indé- 2.3.1 Cas des matériaux composites
pendante de la géométrie de l’échantillon, constitue alors une Ces matériaux sont constitués de particules magnétiques dis-
caractéristique intrinsèque du matériau. Dans le cas de méca- persées dans une matrice non magnétique. Dans le domaine de
nismes d’aimantations régis par les déplacements de parois l’électrotechnique basse fréquence, ils offrent des possibilités de
tels qu’étudiés au paragraphe 2.1, la courbe d’aimantation moulage autorisant à bas coût la réalisation de géométries tri-
intrinsèque est verticale, et c’est en cela que le matériau est dimensionnelles complexes, ce qui donne aux concepteurs de
dit « idéal ». En fait, même pour des mécanismes de parois, la machines électriques d’intéressants degrés de liberté. Dans le
courbe d’aimantation d’un échantillon réel présente, si on domaine des fréquences plus élevées, ces matériaux réalisent, de
l’assimile à une portion de droite, une pente de perméabilité par les petites dimensions des particules, un bon contrôle des
intrinsèque µ r = B /(µ 0 H ) finie dont on étudiera plus loin les courants induits (§ 2.8.1) et de leurs conséquences néfastes. Un
caractéristiques (§ 2.4). autre avantage est que les nuisances dues au rayonnement élec-
tromagnétique généré par l’entrefer pratiqué sur les circuits

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µrmoy
– + +
– – 14
– – –

– µrmoy

12
µr J
10
+ + Ha
Ha + + + 8
– – + + + +
– – – 6
(1)
4
+ Particule magnétique 2 (2)
+ +
Milieu non magnétique 0
0,0 0,2 0,4 0,6 f
Milieu moyen
(1) : milieu moyen avec µr = 1 000
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(2) : particules sans interaction


Figure 14 – Modélisation d’un matériau composite (à gauche) : données expérimentales
selon une approche de type champ moyen (à droite)

Figure 15 – Modélisation de la perméabilité d’un milieu composite


en fonction de la fraction volumique f (d’après [15])
magnétiques réalisés à l’aide de matériaux homogènes sont ici
évitées, ces matériaux présentant naturellement des perméabilités
faibles adaptées pour le stockage de l’énergie magnétique.
Nous étudions un échantillon ne présentant pas d’effet de forme d
(échantillon torique sollicité par un champ d’excitation orthoradial).
La spécificité des matériaux composites réside dans le fait qu’on
observe même dans ce cas l’existence d’un champ démagnétisant φ B

H d , associé à la discontinuité de l’aimantation à l’interface des S
 1 – 2
particules magnétiques (figure 14). H d réalise une valeur
moyenne nulle sur l’échantillon et est donc réduit à sa seule Figure 16 – Orientation des grandeurs liées à la loi  1 − 2 =  
composante de fluctuation. Le premier terme de l’équation (24) est
ainsi nul, la loi d’aimantation étant déterminée par le seul terme de
fluctuation.
On remarque que de manière paradoxale, la perméabilité du
La détermination de l’état d’aimantation moyen ne requiert pas milieu moyen ne dépend pas de la perméabilité intrinsèque µ r tant
une description affinée de l’état d’aimantation des particules pour que celle-ci est suffisamment élevée. Il s’agit là d’un constat très
lesquelles on raisonne sur une aimantation uniforme. Même ainsi, général sur lequel on reviendra dans la présentation des modèles
le problème, qui met en jeu autant d’inconnues que de particules, réluctants (§ 2.3.1.2). Enfin, on note que (26) admet elle-même
reste inextricable. Deux approches ont été développées pour dans le domaine des très faibles concentrations (c v << 1) l’expres-
contourner cette difficulté. sion approchée µ rmoy = 1 + 3cv (courbe (2) de la figure 15) qui
exprime le fait que dans un milieu très dilué, une particule est
2.3.1.1 Modèles de « champ moyen » insensible à son environnement.
Dans les modèles dits de champ moyen, on considère le En fait, la formulation (25) offre une estimation très déficitaire
comportement d’une particule « moyenne », supposée sphérique, dès que la concentration avoisine 70 % comme le montrent les
en substituant à son environnement un milieu homogène dont la valeurs mesurées (données expérimentales sur la figure 15). La
perméabilité sera celle du milieu moyen que l’on s’efforce de raison en est que le flux magnétique emprunte les chemins de
déterminer (figure 14). moindre « résistance » en usant au mieux de la variabilité que
réalisent les géométries granulaires et les distances entre grains,
La particule, supposée isotrope, est caractérisée par une per- ce qui aboutit à une situation bien plus favorable que ne le prévoie
méabilité intrinsèque µ r et on note µ rmoy la perméabilité du milieu le modèle initial. L’influence de cette variabilité est évidemment
moyen. Un paramètre important est la concentration volumique cv d’autant plus forte que les distances moyennes entre grains sont
des particules. La situation ainsi définie autorise un calcul exact faibles ou encore la concentration élevée.
dont on trouvera les étapes essentielles détaillées dans [5]. Tous
calculs faits, la perméabilité µ rm s’écrit selon : Pour rendre compte des propriétés des milieux fortement
concentrés, on recourt généralement au formalisme des réluc-
2(1 − c v ) + µr (1 + 2c v ) tances dont on trouvera une présentation détaillée dans Aimants
µrmoy = (25) permanents. Principes et circuits magnétiques [D 2 090].
2 + c v + µr (1 − c v )

La loi d’évolution (25) est illustrée sur la figure 15 (courbe (1)) 2.3.1.2 Modèles basés sur la notion de réluctance
pour une perméabilité intrinsèque µ r = 1 000. De manière évidente, Le modèle des réluctances partitionne l’espace sur lequel le flux
µ rmoy = 1 pour cv = 0 ou µ r = 1 et µ rmoy = µ r pour cv = 1. On obtient magnétique s’épanouit en régions distinctes caractérisées chacune
à partir de (25) l’expression approchée (26) analogue à la formule par une loi de comportement linéaire B = µ 0 µ ri H, l’indice i caracté-
de Clausius-Mosotti qui décrit la permittivité des milieux risant la région considérée. Chaque région constitue un élément
diélectriques : pour lequel une relation de proportionnalité existe entre la dif-
1 + 2c v férence de potentiel magnétique (cf. § 6, [D 2 080])  1 − 2 et le
µrmoy = µr (1 − c v ) >> 3 (26)
1 − cv flux d’induction φ qui le traverse (figure 16).

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Grain
Js J
Entrefer J(H ) idéal

J(H )
D δ J(Ha)

D
µr
Ha, H
µr = 1 µrmoy
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Js = f (Ha)
Js = f (H)

En traits fins, courbes linéaires approchées.


Figure 17 – Description d’un matériau composite dans une approche Hd représente le champ démagnétisant associé à la forme de l’échantillon.
basée sur les éléments réluctants En noir épais, la courbe d’aimantation idéale (H = 0).

Figure 18 – Courbes d’aimantation d’un échantillon en fonction du


Le coefficient de proportionnalité i est dénommé « réluctance » champ appliqué H a ou en fonction du champ interne H = H a – H d
et constitue l’analogue de la résistance d’un élément conducteur en
électricité. Pour un élément parallélépipédique parcouru par des
lignes de flux parallèles à un axe – de longueur notée d –, on obtient,
en notant S la section transversale, l’expression : 2.3.2 Conclusion
Les considérations que l’on vient de développer montrent que
 i = d / (µ0 µri S ) (27) les interactions dipolaires ont une influence déterminante sur la loi
d’aimantation. Suivant la situation considérée, on peut se
On applique ce formalisme au matériau composite en raisonnant contenter d’une approche basée sur la détermination du champ
sur un réseau périodique de particules de taille D séparées par un démagnétisant moyen où travailler à l’échelle plus fine imposée
milieu non magnétique, dénommé conventionnellement entrefer, par la nature des fluctuations (particule dans le cas du matériau
d’épaisseur δ petite devant D. Cette description, adaptée aux milieux composite).
fortement concentrés qui nous intéressent ici, autorise à considérer
des lignes de champ parallèles dans les particules et les entrefers Il reste que, même dans le cas d’échantillons homogènes et
et le recours à l’expression simple (27). Une cellule périodique massifs, la courbe d’aimantation intrinsèque (c’est-à-dire exprimée
élémentaire est ainsi constituée (figure 17) de quatre éléments en fonction du champ interne) n’est jamais verticale (figure 18),
réluctants juxtaposés : un grain doté d’une perméabilité géné- contrairement à notre description de la loi de comportement
ralement élevée (µ r > 1 000) et trois éléments entrefers dotés d’une idéale. Elle présente, si on l’assimile à une portion de droite, une
perméabilité relative unité. Par le biais des associations en série et pente de perméabilité µ r = B /(µ 0 H ) finie conditionnée par les
en parallèle, on obtient à partir du calcul de la réluctance équi- propriétés du matériau.
valente l’expression de la perméabilité µ rmoy du milieu homogène C’est à la détermination et à l’analyse de cette caractéristique
équivalent : que nous nous intéressons maintenant.

µrmoy (1 + δr ) = δr + δr / (1 + δr ) + µr / (1 + µr δr ) δr = δ / D (28)
2.4 Courbe d’aimantation d’un matériau
1/µ rmoy admet un développement suivant les puissances crois-
santes de u et dans la limite des grandes perméabilités, on obtient homogène massif
à partir de (28) l’expression approchée au premier ordre :
La courbe dite « de première aimantation » est obtenue après
désaimantation de l’échantillon et correspond à l’enregistrement
1 / µrmoy = 1 / µr + δr (29)
d’une séquence B (H ) pour un champ d’excitation croissant depuis
la valeur initiale nulle jusque la valeur maximale H m , avec un taux
On remarque que, comme on l’a vu dans le cadre des modèles
de variation suffisamment faible pour que les effets liés aux cou-
de champ moyen (§ 2.3.1.1), la perméabilité du milieu moyen ne
rants induits – qui seront explicités au § 2.8 – restent insignifiants.
dépend pas de la perméabilité intrinsèque dans le domaine de
concentration où µ r est très supérieur à D /δ. Pour les matériaux doux, le champ d’excitation est appliqué via
un bobinage primaire parcouru par un courant i dont la mesure
Enfin, on note que l’entrefer effectif inclut, en plus de la distance
permet de calculer H a via le théorème d’Ampère. La mesure de la
interparticule, une couche généralement non magnétique située à
tension délivrée par un bobinage secondaire (figure 19) permet
la périphérie des particules correspondant à une opération d’enro-
d’obtenir le taux de variation du flux via la loi de Faraday puis
bage ou à des effets d’oxydation superficielle, de sorte que même
l’induction après intégration. Enfin, on réalise la désaimantation
dans le cas des matériaux réalisant des fractions volumiques voi-
préalable à l’aide d’un circuit spécifique qui génère un champ
sines de l’unité, les modèles réluctants restent applicables. Cette
d’excitation sinusoïdal dont l’enveloppe est exponentiellement
approche est ainsi également utilisée avec succès pour décrire les
décroissante.
propriétés des matériaux frittés [16]. D étant généralement connu
par analyse de la poudre constitutive, δ et µ r sont souvent On note que l’échantillon réalise une géométrie fermée : la
considérés comme des paramètres ajustables. raison en est que le seul champ d’excitation mesurable est le

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Désaimantation

Échantillon
C
Secondaire
Primaire
Générateur Amplificateur

shunt

Les flèches indiquent la direction de laminage.

Figure 20 – Assemblage de tôles texturées au sein d’un cadre Epstein


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On acquiert le signal courant (tension aux bornes du shunt)


et la tension secondaire. Le théorème d’Ampère et la loi de Faraday
permettent d’en déduire Ha et B. B (T) µr

1,4 5 000
Figure 19 – Banc de caractérisation fluxmétrique
1,2
4 000
1,0
0,8 3 000
champ appliqué. En présence de champ démagnétisant, la per-
méabilité apparente s’écrit alors : 0,6 2 000
0,4
1 000
B µrd 0,2
µra = = µrd << µr (30)
µ0 H a 1+ µrd / µr 0,0 0
0 100 200 300 400 500 600 700
H (A/m)
Il apparaît donc que, dans le cas d’une géométrie quelconque, la B µr
perméabilité intrinsèque µ r est « masquée » par la perméabilité
d’origine démagnétisante µ rd et donc indiscernable (figure 18), en La zone cerclée délimite la région dite « initiale »
accord avec les considérations développées au § 2.3.1 à propos de la courbe d’aimantation.
des matériaux composites. On doit donc, pour déterminer µ r ,
recourir à des échantillons ne donnant lieu à aucun champ Figure 21 – Courbe d’aimantation B (H ) obtenue sur un échantillon
démagnétisant : de fer
– pour un matériau isotrope à l’échelle macroscopique, on
élabore un échantillon en forme de rondelle qui s’aimantera ortho-
radialement (figure 19) ; centaines de milliers pour les matériaux les plus performants (voir
– quand le matériau présente à l’échelle macroscopique une Matériaux -ferromagnétiques amorphes et nanocristallins
direction d’aimantation privilégiée (matériau texturé), on élabore [D 2 150]). La zone correspondant aux petits champs (cerclée sur la
une géométrie fermée en juxtaposant des tôles découpées de figure 21) est caractérisée par une faible perméabilité et dite zone
manière à s’aimanter selon la direction intéressante (figure 20). d’aimantation initiale. On évoquera en détail les propriétés de
L’assemblage est réalisé au sein d’un appareillage de mesure l’aimantation dans cette région au § 2.6.
dénommé « cadre Epstein » (voir Alliages fer-silicium [D 2 110]).

Propriétés 2.5 Cycle d’hystérésis statique


La courbe expérimentale de première aimantation indique que
l’hypothèse du matériau linéaire est inadaptée pour décrire les pro- Le relevé de la caractéristique B (H ) obtenue en régime cyclique
priétés d’aimantation. On introduit donc les notions de perméabilité constitue, avec la courbe d’aimantation que l’on vient d’évoquer,
les caractérisations de base associées aux matériaux magnétiques.
différentielle µ rdif et perméabilité moyenne µr définies pour un La fréquence de description du cycle est idéalement infiniment
champ H 0 selon : faible. En pratique, pour les alliages de fer, nickel, cobalt, étudiés
sous forme de tôles, une fréquence de l’ordre de quelques
dixièmes de hertz convient.
1  dB  
µrdif (H0 ) = 
µ0  dH  H
Le cycle B (H ) obtenu révèle alors un comportement non uni-
0  voque typique (figure 22), que l’on qualifie d’hystérétique. Le cycle
H0  (31)
est décrit par différents paramètres qui sont le champ coercitif H c ,
1 B (H0 ) 
H0 ∫0
µr (H0 ) = µ (H ) dH = l’induction rémanente B ré , la surface du cycle S et la perméabilité µ.
rdif
µ0 H 0 


 2.5.1 Champ coercitif
La courbe µr (H ) obtenue à partir de la courbe de première
aimantationest
 d’abord croissante jusqu’à un
point de valeur Le champ H c correspond au point du cycle pour lequel l’induction
maximale µrm puis décroissante. La valeur µrm constitue une s’annule (figure 22) et quantifie la « facilité » avec laquelle le maté-
donnée importante pour les matériaux doux. Celle-ci s’établit riau s’aimante. En effet, les parois de Bloch rencontrent en se dépla-
autour de 5 000 à 10 000 pour le fer et peut atteindre plusieurs çant des points d’ancrage dont elles se détachent quand le champ

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B (T) B (T)
1,5 1,75 M'
Bré
1,50
1,0 Bré
1,25
0,5
1,00
M
0,0 0,75
Hc
0,50
– 0,5
0,25
– 1,0
0,00
– 25 0 25 50 75 100
– 1,5 H (A/m)
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– 400 – 200 0 200 400


H (A/m)
Figure 24 – Illustration des différentes notions de perméabilité
dans le cas d’une tôle de transformateur
Figure 22 – Exemples de cycles d’hystérésis réalisés
à une fréquence de 0,5 Hz sur un échantillon de fer

2.5.2 Induction rémanente


L’induction rémanente B ré est celle qui subsiste quand le champ
H est nul (figure 22). Cette situation est énergétiquement défa-
vorable dans la mesure où, même en l’absence de champ déma-
gnétisant à l’échelle macroscopique, subsiste une énergie
++++++ magnétostatique résiduelle associée par exemple aux variations
de la direction d’aimantation entre grains voisins d’orientations
cristallographiques différentes (figure 23). Il s’agit là d’une nou-
velle illustration des effets de fluctuation évoqués au § 2.3.
L’existence de l’induction rémanente est due aux champs
Figure 23 – Illustration de l’énergie magnétostatique due d’opposition qui empêchent les parois de revenir à leur position
aux désorientations cristallographiques entre grains voisins d’équilibre. Rémanence et coercitivité sont donc étroitement liées.
pour un matériau polycristallin
Quand l’aimantation en champ nul est obtenue après saturation
de l’échantillon, la barrière qui s’oppose à l’annulation de l’aiman-
tation concerne la renucléation des parois. Ce mécanisme est à la
appliqué devient supérieur au champ d’opposition H op associé à base des propriétés des aimants modernes qui acquièrent
l’ancrage considéré. H c est égal à la valeur moyenne de H op expé- rémanence et coercitivité après saturation, le champ de nucléation
rimentée au cours du demi-cycle. H op étant une grandeur non sta- étant bien supérieur au champ d’opposition lié au déplacement
tionnaire, la valeur de H c dépend de l’excursion d’induction B m . des parois. On trouvera une analyse détaillée de cette problé-
Le champ coercitif lu sur un cycle sera donc représentatif du matique dans [5] et [17].
champ de dureté moyen caractéristique du matériau à condition
que l’excursion de polarisation J m soit assez importante pour que 2.5.3 Perméabilité
les parois balayent une région de largeur comparable à la largeur
d’un domaine à l’état désaimanté. Il s’agit des conditions pour On trouve, à côté de la perméabilité différentielle déjà évoquée à
lesquelles le matériau entre en saturation. propos de la courbe de première aimantation, la perméabilité
d’amplitude µ̂r = B m /(µ 0 H m) qui dépend de l’excursion d’induc-
Les matériaux qui s’aimantent facilement se rangent dans la caté- tion. La valeur maximale µ̂rm de µ̂r constitue une grandeur souvent
gorie des matériaux doux et on peut considérer le fer comme réfé- référencée. Pour des mécanismes d’aimantation liés au déplace-
rence avec un champ H c inférieur à 100 A/m. On doit noter ment des parois, la perméabilité est conditionnée par les champs
cependant que les champs d’opposition étant liés aux singularités de blocage associés aux défauts rencontrés. De manière logique,
de toute nature que rencontrent les parois (inclusions non magné- µ̂m est donc généralement obtenue pour une excursion de champ
tiques, zones de contraintes...), H c est très dépendant des conditions appliqué voisine du champ coercitif. L’exemple d’une tôle FeSi
dans lesquelles est élaboré l’alliage puis l’échantillon et des GOSS (figure 24) illustre l’écart important entre la perméabilité
conditions dans lesquelles sont effectués (ou pas) les recuits de d’amplitude matérialisée par la droite pointillée ( µ̂r = 13 000) et la
relaxation des contraintes induites par les différentes étapes. Les perméabilité différentielle qui atteint son maximum au voisinage
alliages les plus doux ont des champs coercitifs inférieurs à 1 A/m de H c (µ rdif(H c ) = 100 000). L’écart énorme entre les perméabilités
(alliages Fe15Ni80Mb5 , amorphes à base cobalt..., voir Alliages fer- observées en M et M′ trahit des mécanismes d’aimantation
nickel et fer-cobalt. Propriétés magnétiques [D 2 130] et Matériaux différents (mouvements de parois en M et perméabilité
ferromagnétiques amorphes et nanocristallins [D 2 150]). conditionnée par les champs de blocage associés aux défauts,
Les ordres de grandeur caractéristiques du champ coercitif font rotation cohérente en M′ et perméabilité conditionnée par l’ani-
que pour les matériaux doux, le cycle B (H ) est pratiquement sotropie magnétocristalline).
identique au cycle J (H ), l’essentiel de la polarisation étant acquis
pour un champ d’excitation suffisamment faible pour que dans la 2.5.4 Surface du cycle
relation B = µ 0 H + J, le terme µ 0 H soit toujours négligeable. Il
n’en est pas de même pour les matériaux pour aimants qui Cette quantité représente l’énergie volumique dissipée sur un
peuvent réaliser des champs coercitifs µ 0 H c de l’ordre de 1 à 2 T. cycle d’aimantation. On peut établir très simplement ce résultat

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Paroi
dB / dt

Les flèches indiquent la direction de l’aimantation.


La dilution des charges liée à la présence de la paroi
entraîne une réduction de l’énergie magnétostatique.
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Figure 25 – Accrochage d’une paroi par une inclusion


non magnétique
0 2 4 6 8 10 t (s)

général en reprenant la démarche esquissée au § 1.7 de Figure 26 – Séquence de bruit Barkhausen enregistrée
sur un échantillon de FeSi aimanté à une fréquence de 0,01 Hz
l’article [D 2 080], et en raisonnant cette fois sur un cycle complet
effectué sur le tore représenté sur la figure 3 de [D 2 080]. L’énergie
volumique fournie au tore sur une période s’écrit :
champ coercitif inversement proportionnel à la taille des grains (à
l’exception notable des matériaux nanocristallins) [19] [20]. Enfin,
Ev = S  ∫ H dB (32)
les zones où règnent des contraintes magnétoélastiques sont
cycle
également très néfastes.
avec S  le volume du tore.

La quantité Sc = ∫(T )H dB représente la surface du cycle. Le tore Remarque sur l’obtention de la courbe
de première aimantation
se trouvant à la fin du cycle dans le même état qu’au début, l’éner-
gie apportée n’a pu qu’être dissipée.
Le relevé de la courbe de première aimantation réclame un
La surface du cycle est proportionnelle à H c , qui apparaît donc bon contrôle des effets de dérive liée à la présence éventuelle
directement lié à la dissipation : celle-ci trouve en fait sa source de tension continue parasite sur le signal à intégrer. On
dans la manière dont les parois se déplacent sous l’action des obtient plus simplement cette courbe à partir des points
points d’ancrage. On peut illustrer ce point en raisonnant sur un (B m , H m) lus sur des cycles d’hystérésis réalisés à basse fré-
défaut constitué par une inclusion non magnétique (bulle d’air, quence. Cette méthode est illustrée sur la courbe de la
précipité...). Plongée dans une région d’aimantation uniforme, figure 21, obtenue à partir des extrema des cycles représentés
l’inclusion donne lieu à une énergie magnétostatique qui diminue sur la figure 22.
si une paroi vient l’intersecter (figure 25).
Sous l’action du champ H a , la paroi qui intersecte un défaut se
déforme donc d’abord réversiblement de façon à augmenter le
volume du domaine favorisé par le champ appliqué tout en restant 2.6 Domaine de Rayleigh
ancrée sur l’inclusion. Au-delà d’un champ seuil, la paroi se
déplace d’un coup jusqu’à une position dotée d’un champ Dans la partie initiale des faibles champs de la courbe de
d’accrochage supérieur. première aimantation (cerclée sur la figure 21), la probabilité pour
une paroi de rencontrer un point d’ancrage doté d’un champ de
Ce phénomène a de multiples conséquences : blocage supérieur au champ appliqué est grande et les perméabi-
– la position de la paroi est toujours déficitaire par rapport à sa lités résultantes sont faibles. Les cycles d’hystérésis correspondant
position d’équilibre, raison pour laquelle un matériau magnétique sont constitués de deux arcs de paraboles (figure 27) d’équations
présente une aimantation rémanente non nulle ; respectives pour les branches montante et descendante :
– lors du décrochage, une variation brutale du flux d’induction
est induite dans la région balayée. Le système tend à s’opposer à bR 
cette variation de flux (loi de Lenz) en générant des boucles de B − Bm = aR (H − Hm) + (H − Hm)2 
2 
courants électriques qui occasionnent des pertes Joule. Ce sont  (33)
ces pertes que mesure la surface de l’hystérésis ; bR 2
B + Bm = aR (H + Hm) + (H + Hm)
– enfin, au moyen de bobinages de mesures, on peut enregistrer 2 
les variations brutales de flux occasionnés par les décrochages de
parois. Celles-ci s’observent essentiellement pour des champs Nota : Lord Rayleigh, à la fin du XIXe siècle, étudia le premier ce domaine, qui depuis
porte son nom.
voisins de H c . Il s’agit du bruit Barkhausen (figure 26).
Mentionnons pour finir que les sources d’ancrage sont très L’explication détaillée de la forme des cycles repose sur une
diverses. Les inclusions de toutes sortes y jouent un rôle, et on étude statistique assez lourde concernant les déplacements d’une
retiendra que, indépendamment de leur nature, les défauts les plus paroi dans un terrain de dureté fluctuante, contribution publiée par
rudes sont d’une taille caractéristique comparable à l’épaisseur Louis Néel en 1945 [21] [22]. On retiendra que le coefficient aR,
des parois [18]. Les joints de grains constituent également des appelé perméabilité réversible, se rattache aux variations d’aiman-
points d’ancrage, raison pour laquelle on observe souvent un tation réversibles, associées par exemple aux phases où les parois

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B (T) B (T)
1,8
0,04
0,03 1,6

0,02 f = 2 Hz 1,4
0,01 1,2
0,00 1,0
– 0,01 0,8
– 0,02 0,6
– 0,03 0,4
– 0,04
– 40 – 30 – 20 – 10 0 10 20 30 40 0,2
H (A/m) 0,0
0 10 20 30 40 50 60
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H (A/m)
Figure 27 – Cycles de Rayleigh effectués sur un échantillon de fer
à une fréquence de 2 Hz courbe anhystérétique cycle majeur (f = 0,2 Hz)
moyenne des deux branches

se déforment avant décrochage alors que le coefficient bR se


Figure 28 – Comparaison de la courbe d’aimantation anhystérétique
rattache aux variations d’aimantation brutales liées aux décro- expérimentale avec la courbe obtenue d’après un cycle majeur
chages. La surface du cycle s’exprime selon : (cas d’un FeSi GOSS HiB)

4
Sc = 3
b R Hm (34)
3 est assez délicate et on peut en première approximation remplacer
celle-ci par la courbe obtenue en moyennant les deux branches
On note que, de manière évidente, la proportion de l’excursion d’un cycle majeur. La figure 28 qui offre la comparaison de la
d’aimantation réalisée par les processus irréversibles décroît à courbe anhystérétique obtenue par l’expérience sur un FeSi GOSS
mesure que H m diminue, de sorte que le cycle gagne en linéarité à haute induction (HiB) avec la courbe obtenue en moyennant les
dans le domaine des petits champs. Cela explique que les capteurs deux branches d’un cycle majeur illustre cette démarche.
basés sur l’utilisation de matériaux magnétiques exploitent
souvent ceux-ci dans le domaine de Rayleigh, certaines nuances
appartenant à la famille des alliages fer-nickel étant par ailleurs
élaborés de manière à minimiser la contribution irréversible dans 2.8 Comportement dynamique
le domaine de Rayleigh (voir Alliages fer-nickel et fer-cobalt. de l’aimantation
Propriétés magnétiques [D 2 130]).
Les observations concernant l’aimantation des matériaux ont
Mentionnons enfin que l’étude du domaine de Rayleigh permet
jusqu’ici été faites en régime d’aimantation quasi statique. Les
d’analyser la nature des mécanismes d’accrochage : la théorie mon-
propriétés de l’aimantation en régime dynamique sont également
tre en effet que dans le cas où le champ de dureté expérimenté par
primordiales, la très grande majorité des applications concernant
une paroi ne présente aucune corrélation à longue distance, les
les matériaux magnétiques doux correspondant à ce cas de figure.
grandeurs aR, bR et H c sont liées par la relation bR H c /aR ≅ 1. Cette
Nous nous limiterons dans cette partie à évoquer les propriétés de
relation, bien vérifiée dans le cas d’alliages nanocristallisés ou
l’aimantation en régime cyclique.
amorphes à base cobalt à faible magnétostriction (λ s < 10–6) est
mise en défaut dans le cas d’alliages magnétostrictifs (amorphes à On constate que, réalisé à des fréquences croissantes, le cycle
base fer par exemple) pour lesquels des contraintes magnétoélas- se dégrade (figure 29), la surface augmentant et la perméabilité
tiques à grand rayon d’action introduisent des corrélations à longue diminuant. La dégradation croît avec l’épaisseur e de l’échantillon,
distance sur la distribution des champs de dureté [23]. la conductivité électrique σ du matériau et sa perméabilité. Ces
désagréments sont liés à l’existence de courants induits qui se
développent au sein du matériau sous l’effet de la loi de Lenz, en
2.7 Courbe anhystérétique réaction à la variation du flux magnétique liée à l’aimantation de
l’échantillon. Il s’agit donc fondamentalement d’un phénomène
Certaines applications, liées par exemple à l’écrantage des que l’on a déjà rencontré au paragraphe 2.5 à propos de la surface
champs magnétiques statiques (téléviseurs à canons électro- du cycle statique mais qui se produit ici non pas à l’échelle locale
niques...), requièrent l’utilisation de matériaux dotés d’une per- du volume balayé par la paroi lors d’un décrochage mais à
méabilité idéalement infinie dans les champs faibles. Ces l’échelle de l’échantillon entier.
caractéristiques sont, on l’a vu (§ 2.6), peu compatibles avec la réa- Les courants induits ont deux conséquences néfastes :
lité des matériaux doux et on contourne cette difficulté à l’aide
– en écrantant le champ, ils retardent l’établissement du flux
d’un protocole spécifique qui conduit le matériau à travailler sur
dans le matériau ;
une courbe d’aimantation de bien plus grande perméabilité que la
– ils dissipent de l’énergie par effet Joule.
courbe de première aimantation. Il s’agit de la courbe anhystéréti-
que, pour laquelle les parois occupent d’un point de vue statistique La théorie classique des courants de Foucault permet de rendre
leurs positions d’équilibre dans le champ H 0 appliqué. compte qualitativement de ces effets.
On réalise cette courbe en superposant au champ H 0 un champ
alternatif d’amplitude décroissante, l’amplitude initiale étant 2.8.1 Étude de l’effet de peau en régime sinusoïdal
grande devant H c [3]. On réalise ainsi une procédure identique à la
désaimantation présentée au § 2.4, à l’application du champ H 0 Nous entreprenons le calcul de l’évolution de l’induction dans le
près. La caractérisation expérimentale de la courbe anhystérétique temps pour un matériau soumis à un champ d’excitation sinusoïdal.

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B (T) y
1,00
Ha E
0,75
0,50
B
0,25
0,00
– 0,25 O x

– 0,50
– 0,75 z
– 1,00

– 4 000 – 2 000 0 2 000 4 000 e


H (A/m)
e f
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(mm) (Hz) Les variations de flux engendrent une densité de courant j qui écrante le
0,8 0,5 champ appliqué, abaisse la perméabilité et provoque de la dissipation
0,8 100 par effet Joule.
5 100

Les échantillons sont des tores de section carrée de côté e. Figure 30 – Effet de peau dans une tôle infinie soumise
à un champ alternatif

Figure 29 – Dégradation du cycle avec l’épaisseur et la fréquence


sous l’effet des courants induits : cas du fer
L’équation de diffusion déduite des équations de Maxwell
s’écrit :
Les phénomènes électromagnétiques sont régis par les équations ∂ 2By ∂By
de Maxwell (on trouvera un exposé complet du formalisme dans − µσ =0 (35)
∂x 2 ∂t
Électromagnétisme [D 1 020]) et la structure des solutions dépend
fortement des lois de comportement des matériaux. On cherche des solutions complexes de la forme
On étudiera le cas de matériaux électriquement conducteurs, B y = B exp [i(ωt − kx )] , i désignant l’imaginaire pur vérifiant i2 = –
situation des alliages métalliques de fer, nickel, cobalt, et on
négligera les courants de déplacement devant les courants de 1. On trouve alors en reportant dans l’équation de diffusion que k
conduction, approximation justifiée dans les gammes de fré- doit satisfaire à la condition k = ± (1− i) / δ , où δ = [2/(µσω )]1/2 dési-
quences usuelles de l’électrotechnique.
gne l’épaisseur de peau. En remarquant que, à la surface de la
La loi de comportement magnétique est plus problématique. La tôle, l’induction s’écrit B s = µ H a , on obtient :
difficulté de la résolution conduit souvent à remplacer le compor-
tement hystérétique par une loi de comportement isotrope uni- cosh ((1 + i)x / δ )
  B y (x ,t ) = µ H am exp [iωt ] (36)
voque B = µ (H ) H . cosh ((1 + i)e / 2 δ )
Le cas du comportement linéaire – µ indépendant de H – Il apparaît que l’induction varie en module et en phase avec x.
constitue un cas école qui, pour le cylindre ou la tôle infinis, per-
mettent une résolution entièrement analytique. En considérant l’induction moyennée B sur la section de la tôle,
Ces géométries sont d’autant plus intéressantes qu’elles corres- on introduit la perméabilité dynamique µ dyn et la phase ϕ définies
pondent avec un degré d’approximation raisonnable à des cas que
l’on rencontre concrètement (tôles de machines électriques, tores selon B = µdyn H am cos (ωt − ϕ ) . µ dyn et ϕ sont deux grandeurs
à section carrée utilisés pour la caractérisation expérimentale). essentielles qui décrivent, à induction maximum donnée, l’évo-
Nous détaillerons les calculs pour la tôle uniquement. lution de la surface du cycle – et donc les pertes – selon
2 sin ϕ / µ
Sc = π Bm
On considère une tôle (figure 30) constituée d’un matériau dyn . On obtient (figure 31) :
homogène de conductivité électrique σ et doté d’une loi de
 
comportement magnétique linéaire, soit B = µ H . La tôle est de µdyn 2 δ cosh (e / δ ) − cos (e / δ ) 
dimensions infinies parallèlement à Oy et Oz et d’épaisseur e = 
µ e cosh (e / δ ) + cos (e / δ ) 
suivant Ox. L’origine des axes est choisie dans le plan médian de  (37)
la tôle. sinh (e / δ ) − sin (e / δ ) 
tan (ϕ ) = 
sinh (e / δ ) + sin (e / δ )
La tôle étant soumise à un champ d’excitation sinusoïdal
 
H a = H am cos ωt uy , les règles de symétrie appliquées au système Ces résultats montrent que si l’épaisseur de la tôle e est trop
permettent d’établir que le champ d’induction en un point M de grande vis-à-vis de δ, on arrive à une très mauvaise utilisation du
 matériau parce que l’induction au centre de la tôle est plus petite
coordonnées (x,y,z) est porté par uy alors que le champ électri- que sur les bords et déphasée. Ainsi, pour utiliser au mieux les
  possibilités du matériau, une épaisseur de l’ordre de δ est correcte
que E él est porté par uz . B et Eél dépendent de la seule coordon- et une épaisseur supérieure à 1,5 δ est déconseillée. Le matériau
née x et vérifient B (– x ) = B (x ) d’une part, Eél (– x ) = – Eél (x ) idéal présentera par ailleurs une conductivité aussi faible que
d’autre part. possible.

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Js
µdyn / µ
θ
Ha
1,0 e
O
0,8 Tôle infinie
Cylindre infini
0,6
e
0,4

0,2 Figure 32 – Décomposition d’une variation d’aimantation


par rotation cohérente en une aimantation uniforme
et une aimantation alternée
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
tan(ϕ)
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La phase se dégrade, la perméabilité diminue.


L’extrapolation de ces résultats au cas d’un matériau réel est un
a évolution de la perméabilité dynamique avec la phase exercice délicat dans la mesure où on doit injecter dans les
équations un coefficient de perméabilité difficile à établir au vu de
la loi de comportement réelle du matériau, c’est-à-dire le cycle
d’hystérésis. En fait, compte tenu du fait que le développement des
µdyn / µ
courants induits est surtout important dans la zone du cycle où
l’aimantation évolue très vite, c’est-à-dire vers le champ coercitif, il
1,0 paraît raisonnable de considérer la pente du cycle à cet endroit. On
0,9 arrive ainsi, pour décrire une tôle de transformateur à grains
orientés, à choisir une perméabilité de l’ordre de quelque 104. À titre
0,8 Tôle infinie indicatif, on obtient avec une perméabilité de 4 × 104 et une résisti-
vité de 48 × 10–8 Ωm une épaisseur de peau à 50 Hz de δ = 0,24 mm,
0,7
Cylindre infini représentative des épaisseurs effectivement utilisées dans les tôles
0,6 de transformateurs.
0,5
Le modèle classique convient bien pour décrire les caracté-
ristiques dynamiques macroscopiques d’un mécanisme d’aiman-
0,4 tation cohérente, la rotation de l’aimantation pouvant être
considérée comme la superposition d’une aimantation uniforme
0,3 dans le sens du champ d’excitation et d’une composante trans-
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0
e/δ verse alternative de peu de poids (figure 32). Comme on va le voir,
La dégradation est très sensible pour e > 1,5 δ (tôle) ou e > δ (cylindre). il n’en est pas de même dans le cas général.

b évolution de la perméabilité dynamique en fonction du ratio e/δ


2.8.2 Mise en évidence des limites
du modèle classique
Figure 31 – Caractéristiques de l’aimantation dynamique
pour un matériau linéaire B =  H pour une géométrie L’étude expérimentale des pertes est effectuée en relevant la sur-
de tôle ou de cylindre infinis face Sc = P v /f des cycles d’hystérésis effectués à différentes fré-
quences pour des excursions d’inductions identiques. Dans la
gamme de fréquences pour laquelle l’hypothèse de l’aimantation
Un cas important pour les applications est celui où le matériau uniforme est pertinente, on peut confronter les résultats expérimen-
est utilisé à une fréquence assez faible (δ > e) pour que l’on puisse taux avec la prédiction théorique qui s’écrit avec la relation (38) :
négliger les effets d’écrantage et considérer l’induction uniforme.
On obtient alors une puissance volumique P vclas moyennée dans Pvclas / f = β f β = σ Bm
2 e 2 π2 / 6 (40)
le temps :
On remarque un désaccord profond entre la loi linéaire (40) et
Pvclas = σ ω 2 Bm
2
e 2 / 24 (38) l’expérience, spécialement à basse fréquence, les pertes ne
s’annulant pas dans les conditions quasi statiques (point A de la
Ce résultat indique que, du point de vue de la dissipation, on figure 33).
gagne à diminuer encore l’épaisseur de la tôle. De manière plus Le déficit initial correspond en fait aux séquences d’aimantation
générale, on écrira que l’on gagne à confiner les courants induits irréversibles liées aux dépiégeages des parois sur les défauts
en réduisant les dimensions du milieu magnétique. Cela justifie (§ 2.5.4), de sorte que aux pertes « classiques » – encore appelées
l’utilisation dans le domaine des fréquences élevées de matériaux pertes par courants de Foucault –, on ajoute la valeur des pertes
composites composés de particules magnétiques électriquement mesurées en quasi statique et fort improprement dénommées
isolées les unes des autres telles que décrites au § 2.3.1. pertes par hystérésis, le déficit que l’on observe par rapport aux
Il est pour finir également intéressant d’étudier la situation pertes réelles étant finalement baptisé « pertes en excès ». Cette
asymptotique correspondant aux hautes fréquences. On obtient à décomposition n’apporte en elle-même aucun élément éclairant, et
partir de (37) l’expression particulièrement simple : doit sa grande popularité à la simplicité de sa mise en œuvre. En
fait, on doit pour appréhender l’origine de l’important écart entre
1 2µ 1 calcul et mesure tenir compte de la nature des mécanismes
µdyn = (39) d’aimantation, les déplacements de parois, déjà évoqués pour
e σπ f rendre compte des pertes quasi statiques.

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Pv/f H
(J/m3)
200
180 Bm = 1,5 T P2 D
C
160 P3
A M
140 B
P1
120 v/τ
Pexces
100
80
60 PFoucault
A x
40
Ha dHa/dt = ε Ha dHa/dt = η2
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20 Physt
Ha dHa/dt = η1 Hop
0
0 10 20 30 40 50 60 Phase 1 (η1) : augmentation de la dissipation
f (Hz)
Phase 2 (η2 > η1) : la paroi passe d’un régime de déplacement discontinu
L’ordonnée du point A est obtenue par interpolation de la courbe à un régime continu
expérimentale au moyen d’une loi empirique :
P/f = α + β f + γ F
Figure 35 – Interaction paroi/défaut en fonction du taux
de variation η de H a
Figure 33 – Procédure de décomposition des pertes dans le cas d’un
échantillon de FeSi GOSS


nie de la figure 34, ces grandeurs sont portées par uy et on peut
raisonner sur les valeurs algébriques. On écrira :
ux
j
H a + H j (x) = 0 (41)
uy j v

H j (x) désigne la valeur moyenne du champ créé par les


Figure 34 – Répartition des lignes de courant dans un mécanisme
d’aimantation de type déplacement de parois courants induits sur la paroi.
Le recours aux équations de Maxwell permet par ailleurs de
déterminer une relation de proportionalité entre la vitesse v et la
2.8.3 Prise en compte des parois valeur moyenne du champ lié aux courants induits [24]. On
en régime d’aimantation dynamique obtient :

L’idée est que, au sein d’un matériau, dont le mécanisme 8


d’aimantation principal est le déplacement des parois de Bloch, les H j (x) = − τ v τ= σ J s e ∑ 1/ n 3 (42)
π3 impair
variations de flux ne sont pas réparties de manière continue sur la
section de la tôle comme le prévoit le calcul classique, mais loca-
Le coefficient τ s’identifie à l’inverse de la mobilité de la paroi.
lisées au niveau des parois (figure 34). Les courants induits sont
donc eux aussi localisés au niveau des parois, lesquelles se Compte tenu de la relation (41), la vitesse v apparaît propor-
trouvent accompagnées individuellement dans leurs déplacements tionnelle au champ appliqué, le coefficient de proportionnalité 1/τ
par une distribution de courant plus ou moins solénoïdale. La étant directement lié à l’épaisseur e de la tôle, la conductivité σ du
distribution des courants dans la tôle apparaît ainsi violemment matériau et sa polarisation à saturation J s . On étend sans difficulté
non uniforme et les pertes volumiques, directement liées au carré le résultat au cas d’une paroi qui se déplace dans un matériau
de la densité de courant, seront du coup bien plus importantes que caractérisé par un champ d’opposition H op(x ) dû aux défauts
dans le cas d’un mécanisme d’aimantation uniformément réparti. rencontrés. On écrit :
Il reste à quantifier les phénomènes et donc à préciser la loi de
comportement caractéristique d’une paroi. τ v = − H j = H a − Hop (x ) (43)

2.8.3.1 Loi de comportement d’une paroi isolée La figure 35 illustre la manière dont la loi de comportement que
l’on vient d’établir conditionne l’interaction paroi/défaut. On
Aux fréquences usuelles de l’électrotechnique (inférieures au considérera pour cela une onde de champ triangulaire vérifiant :
mégahertz), on considère que les phases d’accélération d’une
paroi sont négligeables, et on montre alors qu’à tout instant, la dH a
valeur moyenne du champ d’excitation total à son endroit est nul. = 4 f H am (44)
dt
Dans le cas idéalisé d’une paroi qui évolue dans un milieu sans
défaut ni champ démagnétisant, le champ d’excitation total est la Le point A matérialise le point de décrochage d’une paroi initia-
  lement ancrée sur un défaut dont on note H A le champ d’oppo-
somme du champ appliqué H a et du champ H j généré par les
sition. La paroi s’en détache quand le champ atteint une valeur
courants induits liés à son déplacement. Dans le cas de la tôle infi- H a = H A (1 + ε).

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La condition qui définit le régime quasi statique est que H a ne


varie pas de manière perceptible pendant la durée t B – t A du saut.
L’énergie dissipée au cours du saut est proportionnelle à la surface Ha
bleue délimitée par la ligne horizontale AB.
L’augmentation de dH a /dt entraîne une variation du champ
durant le saut, le point M se déplaçant sur une courbe H a(x ) qui
vérifie l’équation :

dH a 4 f H am τ x
= (45)
dx H a (x ) − Hop (x )

On note tout d’abord un accroissement de la surface balayée –


et donc de la dissipation associée au saut –, controlé par la quan-
tité f τ H am . Le retard que prend la paroi par rapport au champ
appliqué est matérialisé par le déplacement du point P1 en P2 puis
en P3 , à mesure que dH a /dt augmente. On note sur la courbe de la
figure 35 caractérisée par le taux de variation η 2 le plus élevé que B (T)
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la paroi change de régime : le champ d’opposition H D au point D 1,0


est en effet alors incapable de l’arrêter, et la paroi adopte un
régime de déplacement continu à la place de la séquence de sauts
0,5 Hop Hj
caractérisant le régime quasi statique. Cela explique que l’enre-
gistrement de séquences de bruit Barkhausen s’effectue à des
fréquences faibles. Celles-ci sont de l’ordre de 0,01 Hz pour des
0,0
échantillons de type FeSi. Le régime de déplacement continu étant
acquis, le champ d’opposition est incapable d’arrêter la paroi et
c’est la phase de décroissance du champ appliqué qui permet de – 0,5
limiter son excursion.
En remarquant que le déplacement x est, moyenné sur l’ensemble – 1,0
des parois, proportionnel à la polarisation, on obtient après
transposition des axes horizontaux (x ) et verticaux (H a) un cycle
– 40 – 30 – 20 – 10 0 10 20 30 40
homothétique au cycle B (H ). La figure 36 illustre cette démarche.
Ha (A/m)

Remarque On note l’existence des tangentes verticales sur le cycle Ha(x) imposées
par l’équation (43). La droite pointillée du cycle B(Ha) représente la pente
moyenne associée au champ de dureté. En vertu des caractéristiques de
Les considérations précédentes établissent que pour une
non-stationnarité du champ d’opposition, la pente de cette droite
amplitude de saut donnée, l’entrée en régime dynamique est moyenne est fonction de Bm. Le champ d’excitation associé à une
conditionnée par la quantité f H am . Transposé à l’échelle du induction donnée s’écrit alors Ha = Hop + Hj et résulte de deux
cycle, ce constat indique que à fréquence donnée, les cycles contributions liées au terrain d’une part et aux courants induits contrôlés
caractéristiques de l’approche à saturation seront le siège par la conductivité et la géométrie d’autre part.
d’effets dynamiques d’autant plus perceptibles que l’excursion
de champ H am sera importante avec comme conséquence le
risque de surestimer la coercitivité du matériau étudié. Figure 36 – Interaction terrain/paroi en régime dynamique
et comparaison avec un cycle expérimental réalisé
à une fréquence de 100 Hz sur un échantillon de FeSi HiB

2.8.3.2 Prise en compte des interactions entre parois


Les calculs menés dans le cas de la paroi isolée doivent, pour l’induction selon dB / dt = J s v /  . La figure 37 établit l’allure du
être applicables aux matériaux réels, être généralisés au cas de cycle pour deux situations caractérisées par des vitesses de parois
structures polydomaines. La situation représentée sur la figure 34 identiques. On remarque que le cycle est elliptique dans le cas
représente le cas idéalisé d’une population de parois réguliè-  / e = 2 et s’écarte de l’ellipse quand la densité des parois
rement espacées et qui se déplacent à l’identique dans un terrain augmente. Cela est dû au fait que deux parois voisines sont très
sans défaut [25]. L’équation (42) est toujours valable, mais il faut proches au voisinage de l’induction maximum, avec pour effet un
maintenant comptabiliser dans le dénombrement des champs qui écrantage du champ H a .
s’exercent au niveau d’une paroi donnée la contribution H env liée
aux parois environnantes, de sorte que l’équation (41) est modifiée Les propriétés macroscopiques du cycle se déduisent de la
selon : relation (47) par passage aux valeurs moyennes. Le coefficient
moyen de mobilité apparente 1/τ a, défini selon τ a = H a (t ) / v (t )
s’écrit alors dans le cas d’excursions limitées (x m << ) :
H a + H env (x) + H j (x) = 0 (46)
8
On obtient finalement en fonction de la vitesse v des parois : τa = σ Js e ∑ coth (n π / e) / n 3 (48)
π3 impair
8 Js σ e v  exp (− n π2  / e) + ch (n π2x / e) 
Ha = − ∑ n 3 π3 1 + sh (n π2 / e)  (47) Les matériaux doux présentent très généralement des densités
impair   de parois réalisant  > e / 4 . τ a peut alors être approximé selon :
où 2 désigne la largeur moyenne d’un domaine à l’état désai-
8
manté. La relation (47) donne accès au cycle B (H a) en remarquant τa = σ Js e
que la vitesse des parois est reliée au taux de variation de π3

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_________________________________________________________________________________ PROPRIÉTÉS TECHNIQUES DES MATÉRIAUX MAGNÉTIQUES

B/Bm
1,0
– + – – + +
– +
– + – +
– +
0,5 – + – +
– – – + + +
– +

0,0
a sans domaine inverse b avec domaine inverse

– 0,5 Les flèches indiquent les directions d’aimantation.

– 1,0 Figure 38 – Gain d’énergie associé à la genèse d’un domaine inverse


sur un défaut par rapport à la situation sans domaine inverse
– 1,0 – 0,5 0,0 0,5 1,0 (d’après [18])
Ha /Ham
/e = 2 Bm = 0,5Js
/e = 1
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Bm = Js

Bm 
Les deux cycles réalisent le même ratio · J
Js e
v j Ha
Figure 37 – Phénomènes d’interaction entre parois pour un matériau
idéal

Figure 39 – Déformation des parois sous l’action du champ


de freinage non uniforme associé aux courants induits
On obtient alors les expressions de la perméabilité dynamique par leur déplacement
µdynp et de la dissipation Pvp [3] :

π2 1 
µdynp =  tostatique coûteuse. Si la taille du défaut est faible, celui-ci se
16  e σ f  (49) comportera simplement comme un obstacle pour les parois (§ 2.5.1)
Pvp 
= 1, 628 Pvclas 2  / e  mais si le défaut présente une taille suffisante, une situation
énergétique plus favorable existe qui conduit à la genèse d’un
Sans surprise, on obtient que les propriétés de l’aimantation domaine aimanté à l’opposé de la matrice dans laquelle baigne le
dynamique sont d’autant meilleures que l’épaisseur de la tôle et la défaut (figure 38). Pour un champ d’excitation suffisant, le domaine
conductivité du matériau sont faibles. inverse peut grandir et exploser en donnant naissance à deux
nouvelles parois actives ;
On constate que les performances sont d’autant meilleures que
les parois sont rapprochées (  faible), ce qui justifie les procédures – enfin, il existe des phénomènes de multiplication de parois
d’affinement des domaines pratiquées dans le but d’améliorer les directement associés au développement des courants induits dans
performances en régime dynamique [26] (voir Alliages fer- le matériau. On doit pour expliquer cet effet renoncer à la des-
silicium [D 2 110]). cription des effets dynamiques présentée dans le cadre simpliste
de mouvements de parois planes telles que représentées sur la
Enfin, la comparaison de (49) avec (39) établit que dans le figure 34. Ce modèle est en effet incapable de rendre compte des
domaine des hautes fréquences, les mécanismes d’aimantation effets de non uniformité du transport du flux liés à l’écrantage du
par rotation cohérente qui donnent lieu à une perméabilité qui champ appliqué, bien réels même s’ils sont souvent évoqués dans
varie comme 1/f 1/2 sont plus avantageux que les mécanismes de le cadre très imparfait du modèle classique.
parois pour lesquels la perméabilité varie en 1/f.
On lève le paradoxe en remarquant que le développement des
Il reste à évoquer le fait que le comportement des pertes liées aux
courants induits conduit à une force de freinage au niveau des
mouvements de parois étant proportionnel à f, on doit considérer
parois non uniforme sur l’épaisseur de l’échantillon, celle-ci étant
que le nombre de parois qui transporte le flux est lui-même
maximale au centre de la tôle et nulle aux interfaces. En fonction
croissant avec la fréquence pour reproduire le comportement
de sa rigidité – donc de son énergie γp –, la paroi en mouvement se
typique illustré par la figure 33. C’est à cette question que l’on
déforme alors (figure 39) pour finir par se casser quand H a atteint
consacre le prochain paragraphe.
une valeur critique H cr proportionnelle à γp. Dans le cas simple où
l’énergie de la paroi ne dépend pas de son orientation par rapport
2.8.3.3 Fréquence d’aimantation et densité de parois actives au cristal (§ 1.3.4), on obtient avec [27] :
L’évolution du nombre de parois actives avec la fréquence
résulte de plusieurs contributions : H cr = 6, 3 γ p / (Js e) (50)
– en premier lieu, on note que les parois expérimentent comme
on l’a vu des champs de blocage distribués qui font que pour une Cet effet de multiplication est très général mais ne peut être
excursion de champ donnée, seule une fraction du vivier potentiel observé directement que sur des échantillons caractérisés par une
est activée. Pour une excursion d’induction imposée, l’augmen- structure en domaine extrêmement régulière tels que FeSi
tation de la fréquence s’accompagne d’une augmentation de orientés [28], amorphes doux [29] ou nanocristallins doux [30]. On
l’excursion de champ appliqué, avec comme conséquence le réalise pour ce faire des cycles à des fréquences d’aimantation
désancrage progressif de toutes les parois présentes ; assez élevées pour que le champ d’excitation appliqué atteigne la
– en second lieu, on note la présence de « germes » de domaines valeur critique H cr avant que les parois ne s’annihilent deux à deux
associés à la présence de défauts. Ces défauts qui introduisent une lors de l’entrée en saturation. On observe alors une augmentation
inhomogénéité de l’aimantation induisent, dans le cas où l’aiman- brutale de la perméabilité B m /H m consécutive à l’augmentation du
tation du milieu environnant est uniforme, une énergie magné- nombre de parois (figure 40).

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PROPRIÉTÉS TECHNIQUES DES MATÉRIAUX MAGNÉTIQUES ________________________________________________________________________________

Notations et symboles (suite)


B (T)
0,6 Symboles Unité Définition

0,4 c m demi-longueur de l’ellipsoïde de


révolution suivant l’axe de révolution

0,2 cv concentration volumique de particules


magnétiques dans un matériau
0,0 f = 40 kHz composite
Ha sinus d m longueur d’une particule dans
– 0,2
la direction de son aimantation

– 0,4 D m taille caractéristique d’une particule


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– 0,6 D cr m taille critique d’une particule vis-à-vis


– 10 –5 0 5 10 de la structure en domaines
Ha (A/m)
e m épaisseur d’une tôle
Figure 40 – Multiplication des parois sous l’effet des courants induits
sur le cas d’un échantillon nanocristallin ultradoux (d’après [30]) E J énergie

E bi J énergie associée à une structure


bidomaine
Ces multiples effets se combinent entre eux pour aboutir à une
relation de dépendance complexe entre le nombre de parois
Ee J énergie d’échange
actives et la fréquence d’aimantation. Le formalisme développé
par G. Bertotti permet via la notion de champ en excès d’en rendre
compte partiellement [31]. On note cependant que, compte tenu de E él V/m champ électrique
la grande complexité des phénomènes mis en jeu, aucun modèle
ne permet actuellement de prédire a priori le comportement fré- E mono J énergie associée à une structure
quentiel d’un matériau dont les mécanismes d’aimantation sont monodomaine
constitués de mouvements de parois.
EK J énergie d’anisotropie

De manière générale, on utilise l’indice r pour désigner des E ma J énergie magnétostatique


grandeurs relatives adimensionnelles. L’indice m désigne des
valeurs maximales, l’indice v des grandeurs volumiques, ep m épaisseur d’une paroi de Bloch
l’indice i se rapportant à des grandeurs dénombrables. On ne
reprend dans le tableau des notations et symboles que la défi- Ep J énergie associée aux parois de Bloch
nition des grandeurs source. On trouvera par exemple référen-
cée l’énergie magnétostatique Ema mais pas l’énergie EZ J énergie de Zeeman
magnétostatique volumique Emav.
f Hz fréquence

Notations et symboles h m hauteur d’un monocristal

Symboles Unité Définition Ha A/m champ d’excitation appliqué

A J/m constante d’échange ferromagnétique H as A/m champ de saturation

a m demi-longueur de l’ellipsoïde dans le Hc A/m champ coercitif


plan principal perpendiculaire à l’axe
de révolution ; rayon d’une particule H cr A/m champ critique de multiplication
cylindrique des parois

aR H/m coefficient de perméabilité réversible Hd A/m champ d’excitation démagnétisant


observé dans le domaine de Rayleigh
H env A/m champ d’excitation créé par les parois
B T induction environnantes en déplacement sur
l’une d’elles
B mol T champ d’induction moléculaire
Hj A/m champ d’excitation généré par
B ré T induction rémanente les courants induits

BR H/A coefficient lié aux processus H op A/m champ d’excitation d’opposition


d’aimantation irréversibles généré par un obstacle au passage
dans le domaine de Rayleigh d’une paroi

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Notations et symboles (suite) Notations et symboles (suite)

Symboles Unité Définition Symboles Unité Définition

i A courant électrique δ m épaisseur de peau ; épaisseur d’entrefer

J T polarisation magnétique δp m épaisseur d’une paroi de Bloch

j A/m2 densité de courant volumique γ rapport de forme de l’ellipsoïde


Js T polarisation à saturation, polarisation γp J/m2 énergie superficielle d’une paroi
spontanée
θ angle repérant la direction d’aimanta-
K J/m3 constante d’anisotropie magnéto- tion ou du moment magnétique
cristalline

Ku J/m3 constante d’anisotropie induite


θf angle repérant la direction
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d’aimantation facile
 m demi-largeur d’un domaine de Weiss
à l’état désaimanté Φ Wb flux du champ d’induction

0 m longueur de corrélation λ coefficient de champ moléculaire


ferromagnétique
λs coefficient de magnétostriction
M A/m aimantation
η A·m–1 ·s–1 taux de variation du champ
 Am2 moment magnétique d’excitation de forme dents de scie

N coefficient démagnétisant µ H/m perméabilité intrinsèque

P clas W puissance dissipée par les courants µa H/m perméabilité apparente


induits dans le cadre du modèle
classique µd H/m coefficient de perméabilité d’origine
démagnétisante
Pp W puissance dissipée par les courants
induits dans le cadre du modèle de µ dif H/m perméabilité différentielle
parois
µ dyn H/m perméabilité dynamique évaluée
r m distance entre deux atomes proches
dans le cadre du modèle classique
voisins

 H–1 réluctance µ dynp H/m perméabilité dynamique évaluée


dans le cadre du modèle de parois
S m2 section d’un échantillon dans le plan
perpendiculaire à son aimantation µ moy H/m perméabilité effective du milieu moyen

Sc A · T/m surface du cycle d’hystérésis µ̂ H/m perméabilité d’amplitude

t s temps µ H/m perméabilité moyenne

v m/s vitesse d’une paroi de Bloch µ* coefficient de réduction de l’énergie


associée à une structure en domaine
V m3 volume par rotation de l’aimantation hors
de la direction facile
x, y, z m coordonnées cartésiennes
σ S/m conductivité électrique
α J · m–4 coefficient de proportionnalité entre
l’énergie magnétostatique volumique τ A·s·m–2 inverse de la mobilité intrinsèque
associé à une structure en domaines d’une paroi
en bande et la largeur d’un domaine
τa A·s·m–2 inverse de la mobilité apparente
α1 , α2 , cosinus directeurs du moment
d’une paroi
α3 magnétique

β J·s·m–3 coefficient de proportionnalité entre


ϕ rad retard de phase de l’induction par
l’énergie volumique dissipée lors d’un rapport au champ appliqué
cycle d’aimantation et la fréquence
dans le cadre du modèle classique χd coefficient de susceptibilité d’origine
démagnétisante
  
ux , uy , uz vecteurs unitaires du repère cartésien
ω rad/s pulsation

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P
O
U
Propriétés techniques R
des matériaux magnétiques
E
N
par Olivier GEOFFROY
Diplômé de l’École nationale d’ingénieurs électriciens de Grenoble
Docteur en physique de l’université Joseph-Fourier S
Maître de conférence à l’université Joseph-Fourier de Grenoble,
rattaché au laboratoire de génie électrique (G2Elab) de Grenoble
A
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V
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