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: D2081 V1
Résumé Cet article est consacré aux propriétés techniques, étudiées à l’échelle
intermédiaire des domaines magnétiques et à l’échelle macroscopique caractéristique des
applications. Des notions incontournables sont d'abord développées, telles que l’énergie
de constitution d’un système aimanté, ou la décomposition en domaines magnétiques de
Weiss par exemple. Puis, une étude des mécanismes associés à la variation de
l’aimantation est effectuée, avec mention notamment du déplacement de parois, de la
rotation cohérente, des effets dipolaires, du domaine de Rayleigh et du comportement
dynamique de l’aimentation.
Abstract This article is devoted to technical properties, studied at the intermediate scale
of magnetic domains and the characteristic macroscopic scale of applications. The
essential concepts are firstly developed, such as the composition energy of a magnetic
system, or the decomposition in Weiss magnetic fields, for example. Then, a study of the
mechanisms associated with the variation of the magnetization is carried out, with
particular reference to wall motion, rotation consistency, dipolar effects, Rayleigh field and
the magnetization’s dynamic behavior.
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Propriétés techniques
des matériaux magnétiques
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1. Magnétisme des matériaux de l’article [D 2 080]) le champ d’excitation H d = Bi / µ0 généré par
à l’échelle mésoscopique les charges magnétiques volumiques liées à la divergence de
l’aimantation et par les charges surfaciques distribuées à l’inter-
face de l’échantillon. L’énergie magnétostatique du système, obte-
Les unités utilisées sont celles du Système international nue en sommant les énergies élémentaires sur tout le volume V de
(SI). Le tableau 1 en donne la correspondance dans le l’échantillon, s’écrit finalement à partir de (1) en fonction de la
système CGS (centimètre-gramme-seconde). Un tableau réca-
pitulatif de l’essentiel des notations et symboles peut égale- polarisation magnétique J selon :
ment être consulté à la fin de l’article.
1
2 V∫
Ema = − H d J dv (2)
L’article Physique des matériaux magnétiques [D 2 080] expose les
propriétés magnétiques des matériaux à l’échelle microscopique. On
y décrit les règles qui expliquent les propriétés magnétiques de On peut proposer une écriture différente de l’énergie de
l’atome isolé, puis de la matière condensée avec l’introduction des constitution du système aimanté en remarquant que l’intégrale
interactions d’échange et de l’anisotropie magnétocristalline. dans (2) peut être étendue à tout l’espace, puisque hors du volume
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Pour appréhender le comportement magnétique de la matière à aimanté la polarisation est nulle. En remplaçant par ailleur J par
l’échelle supérieure de l’échantillon, on doit introduire un nouveau
terme d’énergie : l’énergie de constitution d’un système aimanté. B − µ0 H d (relation ici valable à l’intérieur et à l’extérieur du
système), on a alors :
On considère un système aimanté isolé de toute autre source de On montre que l’intégrale de volume étendu à tout l’espace du
champ magnétique. Un moment magnétique i donné est produit scalaire de deux champs de vecteurs dont l’un est à diver-
gence nulle et l’autre à rotationnel nul, est nulle [1]. Sachant que
plongé dans le champ Bi créé par tous les autres moments, et il B est à divergence nulle et que H d , généré par la matière
lui est associé l’énergie potentielle magnétostatique : aimantée sans circulation de courant est donc à rotationnel nul, la
première intégrale de (3) donne une contribution nulle. L’énergie
Ema = − i Bi (1) du système aimanté s’écrit ainsi finalement :
1
Le calcul de Bi nécessite de traiter à part la contribution des Ema = ∫ µ0 Hd2 dv
2 espace
(4)
moments proches de i . On montre que celle-ci dépend de la
L’expression (4) est très importante car elle associe l’énergie
symétrie cristalline, mais est rigoureusement nulle ou négligeable, magnétostatique au seul champ H d et par conséquent aux masses
magnétiques virtuelles associées à l’aimantation du système. Cette
de sorte que Bi ne résulte que de la contribution des moments expression met par ailleurs en évidence le fait que l’énergie de
éloignés. On procède alors en remplaçant la distribution exacte constitution d’un système aimanté est toujours positive, comme
des moments par une distribution continue. On lui associe (cf. § 1 on va le voir sur l’étude directe de l’ellipsoïde de révolution.
Induction B T G 1 G = 10–4 T
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H dx N x J x
1 − Nz
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+ + + + + – + –
+ + + + + – + –
x
uz 0,4 mm y
ux
a b
+ + – –
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– + x
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– + – +
– + – + θf
D
– + – +
θ
Paroi D/2
a bidomaine b monodomaine
Figure 4 – Diminution de l’énergie d’aimantation par rotation Figure 5 – Comparaison des situations mono- et bidomaine
de l’aimantation hors de la direction facile : effet * pour une particule cylindrique
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∂ x ∂ y ∂ z
+ + =0 (13)
∂x ∂y ∂z
Le système étant invariant selon Ox et Oy, la relation (13) se La direction de l’aimantation dans les domaines adjacents est représentée
∂z par les flèches noires, ep désignant l’épaisseur de la paroi.
réduit à la relation = 0 de sorte que la direction du moment
∂z
magnétique est contenue dans les plans parallèles au plan Oxy.
Figure 6 – Structure en hélice des moments magnétiques
Le moment décrit donc une hélice d’axe Oz (figure 6), la largeur au sein d’une paroi de Bloch
e p de la paroi étant gouvernée par deux termes d’énergie
antagonistes : sous l’influence des interactions d’échange, e p tend
à croître infiniment, deux atomes proches voisins ayant tendance à
rechercher le parallélisme des moments, alors que l’anisotropie
magnétocristalline tend à promouvoir une paroi de faible épaisseur, θ
les directions d’aimantations intermédiaires étant coûteuses en (rad)
énergie. On formalise les choses en écrivant (à partir de
l’équation (38) de l’article [D 2 080]), la densité d’énergie volumique 1,5
d’échange à l’aide des cosinus directeurs du moment magnétique
1,0
selon :
0,5
2 2 2
E ev = A grad (α1) + grad (α2 ) + grad (α 3 ) (14) 0,0
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[001]
[010]
Direction
de laminage
[100] [110]
4 mm
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[110]
Les frontières des grains sont surlignées pour plus de clarté.
[001] La tôle est soumise à une contrainte de traction de 9 MPa
dans la direction de laminage.
Figure 8 – Différentes orientations possibles pour une paroi à 180o
dans un cristal cubique
Figure 9 – Visualisation par effet Kerr longitudinal des domaines
dans une tôle polycristalline de FeSi de texture GOSS
Dans le cas du fer, caractérisé par la constante d’échange 1.3.5 Structures en domaines
A = 1,5 · 10–11 J/m et une constante principale d’anisotropie dans les échantillons polycristallins
K 1 = 4,8 · 104 J/m3 [8], on obtient ainsi des parois à 180o d’énergie
γp ~ 2 · 10–3 J/m2 et d’épaisseur ep ~ 70 nm. Pour les matériaux les La situation des échantillons polycristallins est généralement bien
plus doux, caractérisés par des densités d’énergie d’anisotropie de plus complexe que dans le cas de monocristaux. Les orientations
l’ordre de 10 J/m3 (cas des alliages FeNi de type Permalloys par cristallographiques différant d’un grain à l’autre, les directions
exemple), on obtient une épaisseur de paroi de l’ordre de d’aimantation facile changent également d’un grain à l’autre. Dans
quelques microns. les systèmes présentant une taille de grains supérieure à la
longueur de corrélation magnétique (ce qui n’est pas le cas des
Au regard des largeurs de domaines (typiquement quelques matériaux nanocristallins doux et à plus forte raison des amorphes),
centaines de microns), les parois paraissent fines et l’état de chaque grain tend à réaliser une aimantation dirigée selon un axe
déformation de la maille cristalline est imposé par les domaines d’aimantation facile qui lui est propre, de sorte que les charges
adjacents. Il en résulte un terme d’énergie magnétoélastique qui magnétiques sont localisées sur les surfaces de l’échantillon mais
s’additionne aux termes principaux des équations (17) et (18). aussi à l’interface des grains. La densité des charges au niveau d’un
Cette contribution est très minoritaire, mais explique que la paroi grain varie considérablement en fonction de l’orientation du grain
(010) à 180o du cristal cubique ne se scinde pas en deux parois à mais aussi de l’orientation des grains voisins.
90o, le couplage magnétoélastique rendant la direction d’aiman-
Dans les matériaux présentant une cristallisation aléatoire,
tation intermédiaire énergétiquement non favorable [9].
l’observation des structures en domaines révèle souvent une
Enfin, on remarque qu’une densité surfacique de charge situation inextricable. Les matériaux texturés réalisent une situation
apparaît sur la ligne d’intersection du plan de la paroi avec la sur- plus simple : les grains présentent en effet des orientations cristal-
face de l’échantillon. Un terme d’énergie magnétostatique addi- lographiques voisines et des tailles (parfois centimétriques) bien
tionnel apparaît qui, pour les échantillons épais caractéristiques supérieures à celles des grains d’un matériau non texturé (quelques
des applications électrotechniques, reste négligeable. Il n’en va centaines de microns classiquement). En fonction des désorien-
pas de même pour les matériaux déposés en couches minces dont tations résiduelles, une multitude de structures peuvent
l’épaisseur peut être inférieure à la longueur de corrélation ferro- apparaître [11]. La figure 9 présente une structure en domaine
magnétique 0 . On montre qu’alors, aux parois de Bloch se particulièrement simple obtenu sur une tôle FeSi de transformateur
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1.4 Conclusion
La structuration en domaines magnétiques conduit à identifier
différentes échelles :
uz
– l’échelle des domaines de Weiss définit l’échelle mésos- Ha
copique. À cette échelle, la polarisation est d’amplitude constante 2 ux 2 + 2x
égale à J s et sa direction varie d’un domaine à l’autre de manière
discontinue ; Ha = 0
– à l’échelle en général supérieure du cristallite, la polarisation <J >
apparaît continûment variable en norme, avec une anisotropie des
Js
directions d’aimantations plus ou moins marquée suivant la nature
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de la symétrie cristalline ;
– à l’échelle « macroscopique » d’un groupe de cristallites voisins,
supposés d’orientations cristallographiques aléatoires, la pola-
risation apparaît continûment variable en norme et en direction. À
cette échelle, le matériau apparaît isotrope, l’anisotropie des
Js/ χ.d µ0Ha
propriétés d’aimantation étant liée à la forme de l’échantillon. On
parlera de polarisation locale pour qualifier la polarisation associée
à un groupe de cristallites donné, la polarisation moyenne
désignant la moyenne des polarisations locales sur tout l’échan-
tillon. Cette dernière quantité est une donnée primordiale pour
l’utilisateur. C’est à l’étude de cette polarisation moyenne que nous
consacrons le prochain paragraphe. Figure 10 – Mécanisme d’aimantation par déplacement de parois
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Dans les particules dont la taille est trop petite pour donner lieu Js2
à une décomposition en domaines, l’aimantation résulte de la J = Ha (23)
rotation cohérente de l’aimantation. La direction des moments ne 2 Ku
coïncidant plus avec la direction d’aimantation facile, les courbes
d’aimantation sont conditionnées par la géométrie des particules On obtient ainsi un comportement linéaire analogue au compor-
et par l’anisotropie magnétocristalline du matériau [7], une dif- tement d’un échantillon gouverné par l’anisotropie de forme, avec
férence importante par rapport au cas traité au paragraphe pré- Js2
cédent étant que l’on ne raisonne pas sur une polarisation une susceptibilité χ = et un champ de saturation
moyenne qui peut varier en amplitude et direction mais sur une 2 µ0 K u
polarisation uniforme et de module invariable (à température H as = 2 K u /J s .
donnée) J s . On trouvera une présentation très complète de ce
mécanisme dans [3]. Enfin, le mécanisme d’aimantation par rotation cohérente se
rencontre également dans les échantillons polycristallins. Le
La rotation cohérente intervient parfois en présence d’une mécanisme de déplacement de parois intervient d’abord jusqu’à
structure en domaines. La figure 11 illustre le cas important d’un disparition de celles-ci, les cristaux étant à la fin de cette première
matériau doté d’une anisotropie magnétocristalline évanescente et phase aimantés uniformément selon la direction d’aimantation
présentant une anisotropie uniaxiale d’amplitude K u et de facile la plus proche de la direction du champ appliqué (figure 12).
direction facile transversale. Les domaines présentent donc en La rotation progressive de l’aimantation hors des directions faciles
l’absence de champ une aimantation alternée transverse. intervient ensuite jusqu’à alignement de l’aimantation sur la
En présence d’un champ longitudinal, les deux types de direction du champ appliqué. Les mécanismes de rotation hors des
domaines sont équivalents vis-à-vis de l’énergie de Zeeman et les directions d’aimantation facile étant généralement bien plus
parois ne bougent pas. On observe alors une rotation progressive coûteux que le mécanisme de déplacement de paroi, la rotation
de l’aimantation hors de la direction initiale. L’angle d’équilibre est cohérente intervient après le mécanisme de déplacement de parois
obtenu en minimisant l’énergie totale, somme de l’énergie de et se traduit donc au moment où elle se met en place par un inflé-
Zeeman et de l’énergie d’anisotropie, l’énergie magnétostatique chissement marqué de la courbe d’aimantation (cf. figure 24).
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J(T)
sent des configurations « pures » où les mécanismes d’aiman-
tation par déplacement de parois ou rotation cohérente 1,0
n’interviennent pas en même temps. Les deux mécanismes σ = 0, 10, 40,
peuvent néanmoins se produire de manière simultanée et on 120, 270 MPa
trouvera dans [12] une présentation détaillée de ces cas de 0,5
figure.
0,0
50
Fit:1/χ.104=2,56+0,15 10-6σ
1/χ (x10-4)
40
30
Remarques sur les différents procédés utilisés – 0,5
20
pour linéariser la courbe d’aimantation
10
– 1,0 0
0 50 100 150 200 250
Les procédés évoqués pour obtenir une courbe d’aiman- Contrainte σ (MPa)
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Enfin, l’application d’une contrainte mécanique pendant le 1 1 1 ′
Ed = − Hd J = − Hd J − Hd J ′ (24)
recuit constitue une autre façon d’induire une anisotropie 2 2 2
uniaxiale (voir Matériaux ferromagnétiques amorphes et
nanocristallins [D 2 150]). Les susceptibilités obtenues par ce où l’opérateur désigne l’opération de moyennage effectué sur
biais présentent des ordres de grandeur qui peuvent être
comparables aux susceptibilités liées aux effets de forme le volume V de l’échantillon alors que H d′ = H d − H d et
(figure 13).
Pour finir, précisons que la nature des mécanismes J′ = J − J désignent les contributions de fluctuation au champ
d’aimantation en jeu différencie profondément les différents démagnétisant et à la polarisation.
procédés. Alors que le développement d’une anisotropie
induite transverse conduit à des mécanismes de rotation En fait, on néglige souvent dans la relation (24) le deuxième
cohérente, la linéarisation de la courbe d’aimantation au terme devant le premier, approximation légitime dans le cas
moyen d’un entrefer ne préjuge en rien des mécanismes d’échantillons massifs homogènes dont les champs démagné-
d’aimantation à l’œuvre. tisants sont liés aux effets de forme, situation illustrée par
l’équation (22) associée à l’ellipsoïde de révolution. Cette approxi-
On remarque de plus que si la perméabilité associée aux mation est cependant source d’erreurs importantes dans le cas où
mécanismes de rotation constitue une propriété intrinsèque fluctuation d’aimantation et fluctuation de champ démagnétisant
du matériau – sa valeur est conditionnée par l’anisotropie s’effectuent à des échelles comparables. Nous allons mettre en
magnétocristalline –, il n’en est pas de même en ce qui évidence les imperfections de cette approche au travers de la
concerne la perméabilité associée à l’effet de forme. On est situation figurée par le matériau composite.
ainsi amené à introduire la notion de champ d’excitation
interne H = H a + H d . La courbe d’aimantation J (H ), indé- 2.3.1 Cas des matériaux composites
pendante de la géométrie de l’échantillon, constitue alors une Ces matériaux sont constitués de particules magnétiques dis-
caractéristique intrinsèque du matériau. Dans le cas de méca- persées dans une matrice non magnétique. Dans le domaine de
nismes d’aimantations régis par les déplacements de parois l’électrotechnique basse fréquence, ils offrent des possibilités de
tels qu’étudiés au paragraphe 2.1, la courbe d’aimantation moulage autorisant à bas coût la réalisation de géométries tri-
intrinsèque est verticale, et c’est en cela que le matériau est dimensionnelles complexes, ce qui donne aux concepteurs de
dit « idéal ». En fait, même pour des mécanismes de parois, la machines électriques d’intéressants degrés de liberté. Dans le
courbe d’aimantation d’un échantillon réel présente, si on domaine des fréquences plus élevées, ces matériaux réalisent, de
l’assimile à une portion de droite, une pente de perméabilité par les petites dimensions des particules, un bon contrôle des
intrinsèque µ r = B /(µ 0 H ) finie dont on étudiera plus loin les courants induits (§ 2.8.1) et de leurs conséquences néfastes. Un
caractéristiques (§ 2.4). autre avantage est que les nuisances dues au rayonnement élec-
tromagnétique généré par l’entrefer pratiqué sur les circuits
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µrmoy
– + +
– – 14
– – –
–
– µrmoy
–
12
µr J
10
+ + Ha
Ha + + + 8
– – + + + +
– – – 6
(1)
4
+ Particule magnétique 2 (2)
+ +
Milieu non magnétique 0
0,0 0,2 0,4 0,6 f
Milieu moyen
(1) : milieu moyen avec µr = 1 000
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La loi d’évolution (25) est illustrée sur la figure 15 (courbe (1)) 2.3.1.2 Modèles basés sur la notion de réluctance
pour une perméabilité intrinsèque µ r = 1 000. De manière évidente, Le modèle des réluctances partitionne l’espace sur lequel le flux
µ rmoy = 1 pour cv = 0 ou µ r = 1 et µ rmoy = µ r pour cv = 1. On obtient magnétique s’épanouit en régions distinctes caractérisées chacune
à partir de (25) l’expression approchée (26) analogue à la formule par une loi de comportement linéaire B = µ 0 µ ri H, l’indice i caracté-
de Clausius-Mosotti qui décrit la permittivité des milieux risant la région considérée. Chaque région constitue un élément
diélectriques : pour lequel une relation de proportionnalité existe entre la dif-
1 + 2c v férence de potentiel magnétique (cf. § 6, [D 2 080]) 1 − 2 et le
µrmoy = µr (1 − c v ) >> 3 (26)
1 − cv flux d’induction φ qui le traverse (figure 16).
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Grain
Js J
Entrefer J(H ) idéal
J(H )
D δ J(Ha)
D
µr
Ha, H
µr = 1 µrmoy
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Js = f (Ha)
Js = f (H)
µrmoy (1 + δr ) = δr + δr / (1 + δr ) + µr / (1 + µr δr ) δr = δ / D (28)
2.4 Courbe d’aimantation d’un matériau
1/µ rmoy admet un développement suivant les puissances crois-
santes de u et dans la limite des grandes perméabilités, on obtient homogène massif
à partir de (28) l’expression approchée au premier ordre :
La courbe dite « de première aimantation » est obtenue après
désaimantation de l’échantillon et correspond à l’enregistrement
1 / µrmoy = 1 / µr + δr (29)
d’une séquence B (H ) pour un champ d’excitation croissant depuis
la valeur initiale nulle jusque la valeur maximale H m , avec un taux
On remarque que, comme on l’a vu dans le cadre des modèles
de variation suffisamment faible pour que les effets liés aux cou-
de champ moyen (§ 2.3.1.1), la perméabilité du milieu moyen ne
rants induits – qui seront explicités au § 2.8 – restent insignifiants.
dépend pas de la perméabilité intrinsèque dans le domaine de
concentration où µ r est très supérieur à D /δ. Pour les matériaux doux, le champ d’excitation est appliqué via
un bobinage primaire parcouru par un courant i dont la mesure
Enfin, on note que l’entrefer effectif inclut, en plus de la distance
permet de calculer H a via le théorème d’Ampère. La mesure de la
interparticule, une couche généralement non magnétique située à
tension délivrée par un bobinage secondaire (figure 19) permet
la périphérie des particules correspondant à une opération d’enro-
d’obtenir le taux de variation du flux via la loi de Faraday puis
bage ou à des effets d’oxydation superficielle, de sorte que même
l’induction après intégration. Enfin, on réalise la désaimantation
dans le cas des matériaux réalisant des fractions volumiques voi-
préalable à l’aide d’un circuit spécifique qui génère un champ
sines de l’unité, les modèles réluctants restent applicables. Cette
d’excitation sinusoïdal dont l’enveloppe est exponentiellement
approche est ainsi également utilisée avec succès pour décrire les
décroissante.
propriétés des matériaux frittés [16]. D étant généralement connu
par analyse de la poudre constitutive, δ et µ r sont souvent On note que l’échantillon réalise une géométrie fermée : la
considérés comme des paramètres ajustables. raison en est que le seul champ d’excitation mesurable est le
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Désaimantation
Échantillon
C
Secondaire
Primaire
Générateur Amplificateur
shunt
1,4 5 000
Figure 19 – Banc de caractérisation fluxmétrique
1,2
4 000
1,0
0,8 3 000
champ appliqué. En présence de champ démagnétisant, la per-
méabilité apparente s’écrit alors : 0,6 2 000
0,4
1 000
B µrd 0,2
µra = = µrd << µr (30)
µ0 H a 1+ µrd / µr 0,0 0
0 100 200 300 400 500 600 700
H (A/m)
Il apparaît donc que, dans le cas d’une géométrie quelconque, la B µr
perméabilité intrinsèque µ r est « masquée » par la perméabilité
d’origine démagnétisante µ rd et donc indiscernable (figure 18), en La zone cerclée délimite la région dite « initiale »
accord avec les considérations développées au § 2.3.1 à propos de la courbe d’aimantation.
des matériaux composites. On doit donc, pour déterminer µ r ,
recourir à des échantillons ne donnant lieu à aucun champ Figure 21 – Courbe d’aimantation B (H ) obtenue sur un échantillon
démagnétisant : de fer
– pour un matériau isotrope à l’échelle macroscopique, on
élabore un échantillon en forme de rondelle qui s’aimantera ortho-
radialement (figure 19) ; centaines de milliers pour les matériaux les plus performants (voir
– quand le matériau présente à l’échelle macroscopique une Matériaux -ferromagnétiques amorphes et nanocristallins
direction d’aimantation privilégiée (matériau texturé), on élabore [D 2 150]). La zone correspondant aux petits champs (cerclée sur la
une géométrie fermée en juxtaposant des tôles découpées de figure 21) est caractérisée par une faible perméabilité et dite zone
manière à s’aimanter selon la direction intéressante (figure 20). d’aimantation initiale. On évoquera en détail les propriétés de
L’assemblage est réalisé au sein d’un appareillage de mesure l’aimantation dans cette région au § 2.6.
dénommé « cadre Epstein » (voir Alliages fer-silicium [D 2 110]).
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B (T) B (T)
1,5 1,75 M'
Bré
1,50
1,0 Bré
1,25
0,5
1,00
M
0,0 0,75
Hc
0,50
– 0,5
0,25
– 1,0
0,00
– 25 0 25 50 75 100
– 1,5 H (A/m)
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Paroi
dB / dt
général en reprenant la démarche esquissée au § 1.7 de Figure 26 – Séquence de bruit Barkhausen enregistrée
sur un échantillon de FeSi aimanté à une fréquence de 0,01 Hz
l’article [D 2 080], et en raisonnant cette fois sur un cycle complet
effectué sur le tore représenté sur la figure 3 de [D 2 080]. L’énergie
volumique fournie au tore sur une période s’écrit :
champ coercitif inversement proportionnel à la taille des grains (à
l’exception notable des matériaux nanocristallins) [19] [20]. Enfin,
Ev = S ∫ H dB (32)
les zones où règnent des contraintes magnétoélastiques sont
cycle
également très néfastes.
avec S le volume du tore.
La quantité Sc = ∫(T )H dB représente la surface du cycle. Le tore Remarque sur l’obtention de la courbe
de première aimantation
se trouvant à la fin du cycle dans le même état qu’au début, l’éner-
gie apportée n’a pu qu’être dissipée.
Le relevé de la courbe de première aimantation réclame un
La surface du cycle est proportionnelle à H c , qui apparaît donc bon contrôle des effets de dérive liée à la présence éventuelle
directement lié à la dissipation : celle-ci trouve en fait sa source de tension continue parasite sur le signal à intégrer. On
dans la manière dont les parois se déplacent sous l’action des obtient plus simplement cette courbe à partir des points
points d’ancrage. On peut illustrer ce point en raisonnant sur un (B m , H m) lus sur des cycles d’hystérésis réalisés à basse fré-
défaut constitué par une inclusion non magnétique (bulle d’air, quence. Cette méthode est illustrée sur la courbe de la
précipité...). Plongée dans une région d’aimantation uniforme, figure 21, obtenue à partir des extrema des cycles représentés
l’inclusion donne lieu à une énergie magnétostatique qui diminue sur la figure 22.
si une paroi vient l’intersecter (figure 25).
Sous l’action du champ H a , la paroi qui intersecte un défaut se
déforme donc d’abord réversiblement de façon à augmenter le
volume du domaine favorisé par le champ appliqué tout en restant 2.6 Domaine de Rayleigh
ancrée sur l’inclusion. Au-delà d’un champ seuil, la paroi se
déplace d’un coup jusqu’à une position dotée d’un champ Dans la partie initiale des faibles champs de la courbe de
d’accrochage supérieur. première aimantation (cerclée sur la figure 21), la probabilité pour
une paroi de rencontrer un point d’ancrage doté d’un champ de
Ce phénomène a de multiples conséquences : blocage supérieur au champ appliqué est grande et les perméabi-
– la position de la paroi est toujours déficitaire par rapport à sa lités résultantes sont faibles. Les cycles d’hystérésis correspondant
position d’équilibre, raison pour laquelle un matériau magnétique sont constitués de deux arcs de paraboles (figure 27) d’équations
présente une aimantation rémanente non nulle ; respectives pour les branches montante et descendante :
– lors du décrochage, une variation brutale du flux d’induction
est induite dans la région balayée. Le système tend à s’opposer à bR
cette variation de flux (loi de Lenz) en générant des boucles de B − Bm = aR (H − Hm) + (H − Hm)2
2
courants électriques qui occasionnent des pertes Joule. Ce sont (33)
ces pertes que mesure la surface de l’hystérésis ; bR 2
B + Bm = aR (H + Hm) + (H + Hm)
– enfin, au moyen de bobinages de mesures, on peut enregistrer 2
les variations brutales de flux occasionnés par les décrochages de
parois. Celles-ci s’observent essentiellement pour des champs Nota : Lord Rayleigh, à la fin du XIXe siècle, étudia le premier ce domaine, qui depuis
porte son nom.
voisins de H c . Il s’agit du bruit Barkhausen (figure 26).
Mentionnons pour finir que les sources d’ancrage sont très L’explication détaillée de la forme des cycles repose sur une
diverses. Les inclusions de toutes sortes y jouent un rôle, et on étude statistique assez lourde concernant les déplacements d’une
retiendra que, indépendamment de leur nature, les défauts les plus paroi dans un terrain de dureté fluctuante, contribution publiée par
rudes sont d’une taille caractéristique comparable à l’épaisseur Louis Néel en 1945 [21] [22]. On retiendra que le coefficient aR,
des parois [18]. Les joints de grains constituent également des appelé perméabilité réversible, se rattache aux variations d’aiman-
points d’ancrage, raison pour laquelle on observe souvent un tation réversibles, associées par exemple aux phases où les parois
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B (T) B (T)
1,8
0,04
0,03 1,6
0,02 f = 2 Hz 1,4
0,01 1,2
0,00 1,0
– 0,01 0,8
– 0,02 0,6
– 0,03 0,4
– 0,04
– 40 – 30 – 20 – 10 0 10 20 30 40 0,2
H (A/m) 0,0
0 10 20 30 40 50 60
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H (A/m)
Figure 27 – Cycles de Rayleigh effectués sur un échantillon de fer
à une fréquence de 2 Hz courbe anhystérétique cycle majeur (f = 0,2 Hz)
moyenne des deux branches
4
Sc = 3
b R Hm (34)
3 est assez délicate et on peut en première approximation remplacer
celle-ci par la courbe obtenue en moyennant les deux branches
On note que, de manière évidente, la proportion de l’excursion d’un cycle majeur. La figure 28 qui offre la comparaison de la
d’aimantation réalisée par les processus irréversibles décroît à courbe anhystérétique obtenue par l’expérience sur un FeSi GOSS
mesure que H m diminue, de sorte que le cycle gagne en linéarité à haute induction (HiB) avec la courbe obtenue en moyennant les
dans le domaine des petits champs. Cela explique que les capteurs deux branches d’un cycle majeur illustre cette démarche.
basés sur l’utilisation de matériaux magnétiques exploitent
souvent ceux-ci dans le domaine de Rayleigh, certaines nuances
appartenant à la famille des alliages fer-nickel étant par ailleurs
élaborés de manière à minimiser la contribution irréversible dans 2.8 Comportement dynamique
le domaine de Rayleigh (voir Alliages fer-nickel et fer-cobalt. de l’aimantation
Propriétés magnétiques [D 2 130]).
Les observations concernant l’aimantation des matériaux ont
Mentionnons enfin que l’étude du domaine de Rayleigh permet
jusqu’ici été faites en régime d’aimantation quasi statique. Les
d’analyser la nature des mécanismes d’accrochage : la théorie mon-
propriétés de l’aimantation en régime dynamique sont également
tre en effet que dans le cas où le champ de dureté expérimenté par
primordiales, la très grande majorité des applications concernant
une paroi ne présente aucune corrélation à longue distance, les
les matériaux magnétiques doux correspondant à ce cas de figure.
grandeurs aR, bR et H c sont liées par la relation bR H c /aR ≅ 1. Cette
Nous nous limiterons dans cette partie à évoquer les propriétés de
relation, bien vérifiée dans le cas d’alliages nanocristallisés ou
l’aimantation en régime cyclique.
amorphes à base cobalt à faible magnétostriction (λ s < 10–6) est
mise en défaut dans le cas d’alliages magnétostrictifs (amorphes à On constate que, réalisé à des fréquences croissantes, le cycle
base fer par exemple) pour lesquels des contraintes magnétoélas- se dégrade (figure 29), la surface augmentant et la perméabilité
tiques à grand rayon d’action introduisent des corrélations à longue diminuant. La dégradation croît avec l’épaisseur e de l’échantillon,
distance sur la distribution des champs de dureté [23]. la conductivité électrique σ du matériau et sa perméabilité. Ces
désagréments sont liés à l’existence de courants induits qui se
développent au sein du matériau sous l’effet de la loi de Lenz, en
2.7 Courbe anhystérétique réaction à la variation du flux magnétique liée à l’aimantation de
l’échantillon. Il s’agit donc fondamentalement d’un phénomène
Certaines applications, liées par exemple à l’écrantage des que l’on a déjà rencontré au paragraphe 2.5 à propos de la surface
champs magnétiques statiques (téléviseurs à canons électro- du cycle statique mais qui se produit ici non pas à l’échelle locale
niques...), requièrent l’utilisation de matériaux dotés d’une per- du volume balayé par la paroi lors d’un décrochage mais à
méabilité idéalement infinie dans les champs faibles. Ces l’échelle de l’échantillon entier.
caractéristiques sont, on l’a vu (§ 2.6), peu compatibles avec la réa- Les courants induits ont deux conséquences néfastes :
lité des matériaux doux et on contourne cette difficulté à l’aide
– en écrantant le champ, ils retardent l’établissement du flux
d’un protocole spécifique qui conduit le matériau à travailler sur
dans le matériau ;
une courbe d’aimantation de bien plus grande perméabilité que la
– ils dissipent de l’énergie par effet Joule.
courbe de première aimantation. Il s’agit de la courbe anhystéréti-
que, pour laquelle les parois occupent d’un point de vue statistique La théorie classique des courants de Foucault permet de rendre
leurs positions d’équilibre dans le champ H 0 appliqué. compte qualitativement de ces effets.
On réalise cette courbe en superposant au champ H 0 un champ
alternatif d’amplitude décroissante, l’amplitude initiale étant 2.8.1 Étude de l’effet de peau en régime sinusoïdal
grande devant H c [3]. On réalise ainsi une procédure identique à la
désaimantation présentée au § 2.4, à l’application du champ H 0 Nous entreprenons le calcul de l’évolution de l’induction dans le
près. La caractérisation expérimentale de la courbe anhystérétique temps pour un matériau soumis à un champ d’excitation sinusoïdal.
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B (T) y
1,00
Ha E
0,75
0,50
B
0,25
0,00
– 0,25 O x
– 0,50
– 0,75 z
– 1,00
(mm) (Hz) Les variations de flux engendrent une densité de courant j qui écrante le
0,8 0,5 champ appliqué, abaisse la perméabilité et provoque de la dissipation
0,8 100 par effet Joule.
5 100
Les échantillons sont des tores de section carrée de côté e. Figure 30 – Effet de peau dans une tôle infinie soumise
à un champ alternatif
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Js
µdyn / µ
θ
Ha
1,0 e
O
0,8 Tôle infinie
Cylindre infini
0,6
e
0,4
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Pv/f H
(J/m3)
200
180 Bm = 1,5 T P2 D
C
160 P3
A M
140 B
P1
120 v/τ
Pexces
100
80
60 PFoucault
A x
40
Ha dHa/dt = ε Ha dHa/dt = η2
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20 Physt
Ha dHa/dt = η1 Hop
0
0 10 20 30 40 50 60 Phase 1 (η1) : augmentation de la dissipation
f (Hz)
Phase 2 (η2 > η1) : la paroi passe d’un régime de déplacement discontinu
L’ordonnée du point A est obtenue par interpolation de la courbe à un régime continu
expérimentale au moyen d’une loi empirique :
P/f = α + β f + γ F
Figure 35 – Interaction paroi/défaut en fonction du taux
de variation η de H a
Figure 33 – Procédure de décomposition des pertes dans le cas d’un
échantillon de FeSi GOSS
nie de la figure 34, ces grandeurs sont portées par uy et on peut
raisonner sur les valeurs algébriques. On écrira :
ux
j
H a + H j (x) = 0 (41)
uy j v
2.8.3.1 Loi de comportement d’une paroi isolée La figure 35 illustre la manière dont la loi de comportement que
l’on vient d’établir conditionne l’interaction paroi/défaut. On
Aux fréquences usuelles de l’électrotechnique (inférieures au considérera pour cela une onde de champ triangulaire vérifiant :
mégahertz), on considère que les phases d’accélération d’une
paroi sont négligeables, et on montre alors qu’à tout instant, la dH a
valeur moyenne du champ d’excitation total à son endroit est nul. = 4 f H am (44)
dt
Dans le cas idéalisé d’une paroi qui évolue dans un milieu sans
défaut ni champ démagnétisant, le champ d’excitation total est la Le point A matérialise le point de décrochage d’une paroi initia-
lement ancrée sur un défaut dont on note H A le champ d’oppo-
somme du champ appliqué H a et du champ H j généré par les
sition. La paroi s’en détache quand le champ atteint une valeur
courants induits liés à son déplacement. Dans le cas de la tôle infi- H a = H A (1 + ε).
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dH a 4 f H am τ x
= (45)
dx H a (x ) − Hop (x )
Remarque On note l’existence des tangentes verticales sur le cycle Ha(x) imposées
par l’équation (43). La droite pointillée du cycle B(Ha) représente la pente
moyenne associée au champ de dureté. En vertu des caractéristiques de
Les considérations précédentes établissent que pour une
non-stationnarité du champ d’opposition, la pente de cette droite
amplitude de saut donnée, l’entrée en régime dynamique est moyenne est fonction de Bm. Le champ d’excitation associé à une
conditionnée par la quantité f H am . Transposé à l’échelle du induction donnée s’écrit alors Ha = Hop + Hj et résulte de deux
cycle, ce constat indique que à fréquence donnée, les cycles contributions liées au terrain d’une part et aux courants induits contrôlés
caractéristiques de l’approche à saturation seront le siège par la conductivité et la géométrie d’autre part.
d’effets dynamiques d’autant plus perceptibles que l’excursion
de champ H am sera importante avec comme conséquence le
risque de surestimer la coercitivité du matériau étudié. Figure 36 – Interaction terrain/paroi en régime dynamique
et comparaison avec un cycle expérimental réalisé
à une fréquence de 100 Hz sur un échantillon de FeSi HiB
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B/Bm
1,0
– + – – + +
– +
– + – +
– +
0,5 – + – +
– – – + + +
– +
0,0
a sans domaine inverse b avec domaine inverse
Bm = Js
Bm
Les deux cycles réalisent le même ratio · J
Js e
v j Ha
Figure 37 – Phénomènes d’interaction entre parois pour un matériau
idéal
π2 1
µdynp = tostatique coûteuse. Si la taille du défaut est faible, celui-ci se
16 e σ f (49) comportera simplement comme un obstacle pour les parois (§ 2.5.1)
Pvp
= 1, 628 Pvclas 2 / e mais si le défaut présente une taille suffisante, une situation
énergétique plus favorable existe qui conduit à la genèse d’un
Sans surprise, on obtient que les propriétés de l’aimantation domaine aimanté à l’opposé de la matrice dans laquelle baigne le
dynamique sont d’autant meilleures que l’épaisseur de la tôle et la défaut (figure 38). Pour un champ d’excitation suffisant, le domaine
conductivité du matériau sont faibles. inverse peut grandir et exploser en donnant naissance à deux
nouvelles parois actives ;
On constate que les performances sont d’autant meilleures que
les parois sont rapprochées ( faible), ce qui justifie les procédures – enfin, il existe des phénomènes de multiplication de parois
d’affinement des domaines pratiquées dans le but d’améliorer les directement associés au développement des courants induits dans
performances en régime dynamique [26] (voir Alliages fer- le matériau. On doit pour expliquer cet effet renoncer à la des-
silicium [D 2 110]). cription des effets dynamiques présentée dans le cadre simpliste
de mouvements de parois planes telles que représentées sur la
Enfin, la comparaison de (49) avec (39) établit que dans le figure 34. Ce modèle est en effet incapable de rendre compte des
domaine des hautes fréquences, les mécanismes d’aimantation effets de non uniformité du transport du flux liés à l’écrantage du
par rotation cohérente qui donnent lieu à une perméabilité qui champ appliqué, bien réels même s’ils sont souvent évoqués dans
varie comme 1/f 1/2 sont plus avantageux que les mécanismes de le cadre très imparfait du modèle classique.
parois pour lesquels la perméabilité varie en 1/f.
On lève le paradoxe en remarquant que le développement des
Il reste à évoquer le fait que le comportement des pertes liées aux
courants induits conduit à une force de freinage au niveau des
mouvements de parois étant proportionnel à f, on doit considérer
parois non uniforme sur l’épaisseur de l’échantillon, celle-ci étant
que le nombre de parois qui transporte le flux est lui-même
maximale au centre de la tôle et nulle aux interfaces. En fonction
croissant avec la fréquence pour reproduire le comportement
de sa rigidité – donc de son énergie γp –, la paroi en mouvement se
typique illustré par la figure 33. C’est à cette question que l’on
déforme alors (figure 39) pour finir par se casser quand H a atteint
consacre le prochain paragraphe.
une valeur critique H cr proportionnelle à γp. Dans le cas simple où
l’énergie de la paroi ne dépend pas de son orientation par rapport
2.8.3.3 Fréquence d’aimantation et densité de parois actives au cristal (§ 1.3.4), on obtient avec [27] :
L’évolution du nombre de parois actives avec la fréquence
résulte de plusieurs contributions : H cr = 6, 3 γ p / (Js e) (50)
– en premier lieu, on note que les parois expérimentent comme
on l’a vu des champs de blocage distribués qui font que pour une Cet effet de multiplication est très général mais ne peut être
excursion de champ donnée, seule une fraction du vivier potentiel observé directement que sur des échantillons caractérisés par une
est activée. Pour une excursion d’induction imposée, l’augmen- structure en domaine extrêmement régulière tels que FeSi
tation de la fréquence s’accompagne d’une augmentation de orientés [28], amorphes doux [29] ou nanocristallins doux [30]. On
l’excursion de champ appliqué, avec comme conséquence le réalise pour ce faire des cycles à des fréquences d’aimantation
désancrage progressif de toutes les parois présentes ; assez élevées pour que le champ d’excitation appliqué atteigne la
– en second lieu, on note la présence de « germes » de domaines valeur critique H cr avant que les parois ne s’annihilent deux à deux
associés à la présence de défauts. Ces défauts qui introduisent une lors de l’entrée en saturation. On observe alors une augmentation
inhomogénéité de l’aimantation induisent, dans le cas où l’aiman- brutale de la perméabilité B m /H m consécutive à l’augmentation du
tation du milieu environnant est uniforme, une énergie magné- nombre de parois (figure 40).
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d’aimantation facile
m demi-largeur d’un domaine de Weiss
à l’état désaimanté Φ Wb flux du champ d’induction
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P
O
U
Propriétés techniques R
des matériaux magnétiques
E
N
par Olivier GEOFFROY
Diplômé de l’École nationale d’ingénieurs électriciens de Grenoble
Docteur en physique de l’université Joseph-Fourier S
Maître de conférence à l’université Joseph-Fourier de Grenoble,
rattaché au laboratoire de génie électrique (G2Elab) de Grenoble
A
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