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Protections électriques
des alternateurs et moteurs
par Bernard GUIGUES
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Ingénieur principal Machines électriques Tournantes
SEPTEN-Électricité de France (direction de l’Équipement)
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Moteurs................................ Minoritaire Majoritaire — la tension en service varie de la basse tension (petite puissance,
jusqu’à quelques centaines de kilowatts) à la moyenne tension – HTA
jusqu’à 15 kV – (grande puissance, jusqu’à 1 MW et plus) ;
■ Machines synchrones — le couplage est le plus souvent en étoile.
L’inducteur, alimenté en courant continu, se trouve généralement ■ Le rotor comprend un arbre, supporté par des paliers et portant
au rotor. Dans ce type de machine, on trouve principalement les alter- un enroulement (ou bobinage) :
nateurs (dénommés aussi générateurs), mais aussi certains moteurs, — soit alimenté en courant continu (alternateurs, moteurs
notamment à vitesse variable (moteurs synchrones autopilotés). synchrones) ;
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La terminologie actuelle désigne par turboalternateurs, les alter- — soit constitué par des spires ou des barres mises en court-
nateurs entraînés par turbine à vapeur ou à combustion [5], et par circuit (moteurs asynchrones).
alternateurs hydrauliques, les alternateurs entraînés par turbine
hydraulique. Ces machines, dont la puissance peut aller de quelques
kilovoltampères à plus de 1 000 MVA (1 710 MVA pour les plus
grands turboalternateurs en service sur le réseau EDF) sont en
1.2 Rôle des protections électriques
général reliées à un réseau permettant d’alimenter les utilisateurs
d’énergie électrique. 1.2.1 Prévention des dommages aux machines
Une autre classe de machines synchrones, les compensateurs, a
Les machines électriques tournantes sont dimensionnées et
pour rôle de fournir ou d’absorber de la puissance réactive sur un
conçues pour un service donné et ne peuvent fonctionner au-delà
réseau, en vue de contribuer à sa stabilité (cf. Alternateurs hydrau-
de ce service sans risques de dégradations. Le rôle des protections
liques et compensateurs ) [6].
électriques est de détecter les variations de grandeurs électriques
■ Machines asynchrones entraînant des dépassements des contraintes admissibles pour les
composants, et d’actionner l’organe de coupure isolant la machine
L’inducteur, généralement situé au stator, est alimenté par un
du réseau.
champ tournant créé dans un bobinage traversé par un système de
courants polyphasés. Ces contraintes peuvent être de nature :
Ces machines constituent la majeure partie des moteurs élec- — électrique, liée à la tension de service de l’enroulement ;
triques industriels. La gamme d’utilisation est très large, allant de — thermique, liée à la température maximale supportée par les
quelques kilowatts à plusieurs dizaines de mégawatts. On trouve isolants ;
également des génératrices asynchrones destinées à alimenter des — mécanique, liée à la tenue des conducteurs, des isolants et des
réseaux de faible et moyenne puissance (jusqu’à 5 MW). matériaux divers (arbre, calage) aux efforts auxquels ils sont soumis.
Les relais de protections électriques participent donc à la limi-
tation des dégradations des machines en cas de fonctionnement
La technologie est sensiblement la même pour une machine anormal ou d’avarie. Ils provoquent automatiquement leur sépara-
destinée à fonctionner en générateur ou en moteur, une machine tion du réseau ou actionnent simplement une alarme, si le niveau
électrique étant réversible par principe. Les défauts pouvant de contraintes n’est pas trop élevé, en permettant ainsi à l’opérateur
affecter chaque type de machine sont donc généralement les de prendre à temps les mesures appropriées pour assurer la sauve-
mêmes pour chacune des grandes familles (machines syn- garde du matériel.
chrones ou asynchrones). Il en est de même pour les relais de
protection destinés à détecter ces défauts. La fonction des relais
dépend par contre de l’utilisation préférentielle de la machine 1.2.2 Problématique du fonctionnement
protégée.
du système ou du processus
Les machines électriques tournantes sont toujours intégrées dans
1.1.2 Principes de construction un système électrique, pour ce qui est de la production d’énergie
électrique par les alternateurs, ou dans un processus, pour ce qui
La mise en œuvre des relais de protection des machines tour- est de l’utilisation de cette énergie par les moteurs.
nantes implique non seulement de connaître les données de concep- L’équilibre du système ou le fonctionnement du processus sont
tion de ces relais, mais avant tout d’identifier les défauts électriques perturbés par la mise hors service des moyens de production ou des
qu’ils sont susceptibles de couvrir. Il paraît donc nécessaire, sinon auxiliaires principaux. Le bon fonctionnement de ce système peut
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nécessiter le maintien en service des machines électriques, y compris Une machine synchrone peut également subir une perte d’ali-
dans des situations dégradées, dans des conditions sortant du mentation électrique de l’inducteur.
domaine normal. Inversement, la prévention des dommages aux
machines, exposée au paragraphe 1.2.1, exige qu’elles soient mises
hors service en cas de fonctionnement anormal, en général dans La cinétique de la dégradation de l’isolement (statorique
des délais très courts. Un compromis entre ces deux exigences ou rotorique) dépend évidemment de la cause du défaut, lente
contradictoires est donc à trouver, pour éviter l’écroulement du sys- dans le cas d’une usure ou d’un début de suréchauffement dû à
tème électrique ou l’arrêt du processus (pour le fonctionnement du une pollution, plus ou moins rapide en cas de rupture ou
système électrique, voir l’article Réseaux de transport et d’inter- d’emballement thermique (suréchauffement). En cas de pollu-
connexion de l’énergie électrique. Fonctionnement et réglage [8]. tion de l’enroulement rotorique, on peut ainsi observer une
baisse lente de la résistance d’isolement (depuis environ 100 MΩ
Hormis les cas simples d’avaries brutales tels que les courts-
pour un rotor neuf jusqu’à quelques dizaines de kilohms par
circuits internes nécessitant une mise hors service immédiate de la
exemple, en plusieurs mois ou années).
machine concernée, les relais de protections électriques doivent
donc être réglés à des valeurs (en seuils de réglage et en tempo-
risations) réalisant ce compromis. Ils doivent autoriser le fonction- 2.1.1.2 Moteurs
nement de la machine dans un domaine exceptionnel, notamment
Les avaries affectant l’enroulement statorique des moteurs sont
pour les défauts externes (§ 2.1.2). L’amplitude des grandeurs élec-
de même nature que celles relatives aux alternateurs. Toutefois, il
triques et la durée de ces fonctionnements doivent rester compa-
est probable qu’un court-circuit entre deux phases évolue plus rapi-
tibles avec la tenue admissible des composants de la machine, s’ils
dement en court-circuit avec la masse, du fait des dimensions rela-
sont dimensionnés avec une certaine marge par rapport au service
tivement plus compactes de la carcasse et du circuit magnétique.
normal.
Les défauts d’isolement de l’ enroulement rotorique ne
concernent que les moteurs asynchrones à rotor bobiné ou les
moteurs synchrones, les barres rotoriques des moteurs asynchrones
2. Défauts de fonctionnement à cage n’étant pas isolées de la masse. Les causes de ces défauts
sont de même nature que les alternateurs, bien que la cinétique de
dégradation puisse être plus rapide du fait des dimensions plus
2.1 Origine des défauts (interne, externe) réduites de ces machines.
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2.1.2.2 Moteurs
Les défauts externes pouvant affecter le fonctionnement des
moteurs sont dus soit aux perturbations de l’alimentation électrique,
soit à l’auxiliaire entraîné.
■ Les perturbations de l’alimentation électrique sont les
suivantes :
● Les tensions déséquilibrées sont dues à la présence de charges
dissymétriques sur le réseau, à l’ouverture d’une phase (fusion de
fusible) ou à des défauts dissymétriques.
● Les baisses de tension peuvent aller de la chute de tension tran-
sitoire (d’amplitude variable entre 0 et 100 %), à la coupure brève
(typiquement de moins de 300 ms), ou longue.
● Les surtensions peuvent être temporaires ou permanentes.
● L’inversion de l’ordre de succession des phases se produit par
exemple à la suite d’une intervention sur le raccordement du câble
d’alimentation au moteur ou au tableau.
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Comme pour les alternateurs, la détection directe est en principe 2.3.1 Défauts d’origine interne
préférable, mais sa généralisation dépend de l’importance de l’auxi-
liaire dans le processus et, notamment, de la possibilité d’assurer En cas de défaut interne, la machine doit être séparée des sources
la continuité de la fonction par une redondance appropriée. d’énergie externes qui, en alimentant le défaut, contribuent à l’aggra-
■ La chaîne de détection d’un défaut électrique comprend deux vation des dégradations. La cinétique du défaut étant en général très
éléments. rapide, l’action doit être exécutée dans les délais les plus courts, fonc-
tion du temps de réaction du relais (quelques dizaines de milli-
● Le capteur donne une image de la grandeur à surveiller, par :
secondes) et du temps d’ouverture des disjoncteurs ou contacteurs
— soit un réducteur de courant, typiquement dans le rapport (environ une centaine de millisecondes).
I n /5A ou 1A ;
— soit un réducteur de tension, typiquement dans le rapport ■ Dans le cas des alternateurs, l’action du relais (par exemple
court-circuit à la masse, entre phases...) provoque en général et
U n 100 ou 110
-------
3
-
3
-------------------------------- volts, qui peut également servir à une mesure
simultanément :
— l’ouverture du disjoncteur de groupe reliant l’alternateur au
de fréquence du courant alternatif ; réseau (figure 1) ;
— soit d’autres capteurs destinés à élaborer des grandeurs plus — la fermeture des vannes d’alimentation en vapeur ou des
complexes (par exemple : capteur de position angulaire du rotor vannes d’alimentation en eau et vannage de la turbine, ou la coupure
d’alternateur pour la mesure de l’angle interne). de l’arrivée de combustible du moteur, etc. ;
— l’ouverture du disjoncteur alimentant le circuit d’excitation ;
Les principes technologiques et performances des réducteurs de — si un tel dispositif est prévu, la fermeture d’un contacteur de
mesure sont détaillés au paragraphe 5.1.2. désexcitation rapide, fermant le circuit de l’inducteur sur une résis-
● Le relais de protection lui-même reçoit en entrée l’image de la tance extérieure, destinée à dissiper rapidement l’énergie électro-
grandeur électrique surveillée, ou une combinaison de différentes magnétique du rotor.
grandeurs (relais de puissance, de rupture de synchronisme, images
Cette séquence d’actions est appelée déclenchement du groupe.
thermiques de moteurs, etc.) et élabore un ordre en sortie par la
fermeture (ou l’ouverture) de contacts. Le court-circuit à la masse de l’enroulement rotorique en un point
représente un cas particulier en ce sens qu’il peut ne provoquer
Le changement d’état de ces contacts, insérés dans les circuits
qu’une simple alarme, sans déclenchement. Pour plus de détails, on
de contrôle-commande de l’installation, provoque des actions des-
se reportera au paragraphe 3.1.1.4.
tinées à éliminer le défaut (§ 2.3) ou, éventuellement, à émettre
une alarme. ■ Dans le cas des moteurs, un relais ou un ensemble de relais de
Le fonctionnement détaillé des relais est décrit aux paragraphes 3 protection est affecté à un auxiliaire et agit sur l’organe de coupure
(Protection des alternateurs ), et 4 (Protection des moteurs ). correspondant.
Les relais de protection des alternateurs sont généralement Les organes de coupure sont de différents types, en fonction de
regroupés en racks ou dans une (ou plusieurs) armoire(s), équipée(s) la puissance de l’auxiliaire :
de dispositifs d’alimentation auxiliaire, de surveillance de l’état des — pour des puissances inférieures à 500 kW, on utilise généra-
relais, ainsi qu’éventuellement des équipements d’essais de lement l’association d’un contacteur et de fusibles ;
fonctionnement (figure 2). L’armoire participe à la protection de — pour des puissances supérieures ou égales à 500 kW, on utilise
l’ensemble de l’équipement vis-à-vis de l’environnement : condi- généralement un disjoncteur, préférentiellement en haute tension
tions climatiques, perturbations électromagnétiques, sécurité du (HTA).
personnel, et limite l’accès aux réglages au seul personnel habilité. Notes
● Dans le cas des moteurs ou de petits alternateurs (quelques ➀ Le seuil de puissance (ici, 500 kW) peut varier en fonction de considérations de coût
des disjoncteurs, propres à chaque utilisateur et atteindre quelques mégawatts sur
mégawatts), les relais de protection sont généralement installés, d’anciennes installations ou au contraire moins d’une centaine de kilowatts sur des instal-
lations récentes.
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➁ Les deux modes de coupure indiqués ci-dessus ont des caractéristiques différentes. • tout d’abord îlotage du groupe,
Un fusible interrompt le courant de défaut en un temps très faible, en fonction inverse de
la surcharge, alors que l’ouverture d’un disjoncteur sur défaut est généralement temporisée
• si le défaut persiste, après une certaine temporisation, déclen-
d’environ 0,1 s. (cf. § 4.1.1.1). chement du groupe.
➂ Le service attendu des deux types d’organe de coupure n’est pas le même. Un D’autres régimes anormaux, dont les effets sur les alternateurs
contacteur est conçu pour supporter un grand nombre de manœuvres, alors qu’un disjonc-
teur doit manœuvrer moins fréquemment.
ne sont pas immédiats (par exemple surcharge) ne provoquent
qu’une alarme.
Un défaut interne de type court-circuit provoque, soit la fusion d’un
ou plusieurs fusibles dans le premier cas, qui commande ensuite ■ Dans le cas des moteurs, les perturbations de l’alimentation élec-
l’ouverture triphasée du contacteur, soit le déclenchement triphasé trique doivent être éliminées, en respectant le principe de sélectivité,
du disjoncteur. par des actions sur les organes de coupure les plus proches possible
La mise à la masse de l’enroulement inducteur d’un moteur des équipements en défaut. Les relais de protection contre ces types
synchrone est traitée de la même façon que pour les alternateurs : de régime (par exemple tensions déséquilibrées, baisses de tension),
alarme ou déclenchement selon le cas. installés dans la cellule de départ agissent en 2e stade, par déclen-
chement de chaque auxiliaire, après temporisation.
Les perturbations dues à l’organe entraîné (par exemple, démar-
2.3.2 Défauts d’origine externe rage trop long, surcharge) sont évidemment éliminées par l’ouver-
ture du contacteur ou du disjoncteur correspondant, après une
En cas de défauts externes, il est demandé aux machines tour- temporisation.
nantes d’assurer leur service le plus longtemps possible, pour laisser
le temps nécessaire aux relais de protection, extérieurs à l’installa-
tion, pour éliminer ces défauts (§ 1.2.2 Problématique du fonction-
nement du système ou du processus ).
2.4 Conséquences sur les machines
Le fonctionnement des relais de protection contre les défauts
et le système ou processus
externes doit donc assurer la sélectivité des actions, en n’interférant
pas avec les relais de protection du réseau.
Les défauts de fonctionnement, qu’ils soient d’origine interne ou
■ Dans le cas des alternateurs, deux types d’actions sont externe, ont des conséquences sur les machines tournantes, en
commandés par les relais de protection. termes d’effets, et sur le système électrique ou le processus industriel
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Court-circuit liaison
alternateur-TP à la (Voir masse du stator) 0,1 s D Perte de la fonction production – –
masse
Court-circuit Efforts importants sur
triphasé liaison conducteurs. 0,1 s D Perte de la fonction production – –
alternateur-TP Échauffements
Court-circuit liaison Efforts sur conducteurs. Quelques Élimination du défaut sur l’ouvrage < 0,1 s à
I quelques E
TP-système (HT) Échauffements secondes concerné secondes
Rétablissement de l’équilibre
Manque Fréquence basse → Quelques production-consommation. quelques
de production Fatigue des ailettes de la turbine secondes I En dernier stade, perte de la fonction minutes (3)
production
Rétablissement de l’équilibre
Surplus Fréquence élevée → Quelques I production-consommation. quelques (4)
de production Fatigue des ailettes de la turbine secondes En dernier stade, perte de la fonction minutes
production
Baisse de tension Échauffement des conducteurs Quelques I Rétablissement de l’équilibre des quelques
secondes charges (puissance réactive) minutes (4)
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Court-circuit entre
phases du stator Fusion des conducteurs < 0,1 s D Perte de la fonction – –
Moteurs
asynchrones :
Rupture barre du Contraintes sur barre rompue. Continuité de la fonction sauf si
rotor Éventuellement dégradation ................ (2) dégradations du stator – –
du stator
Moteurs
synchrones :
masse du rotor 1er défaut : pas de conséquence ................ A Continuité de la fonction – –
2e défaut : fusion des
< 0,1 s D Perte de la fonction – –
conducteurs, fusion du fer
ORIGINE EXTERNE
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Décrochage : Quelques
ralentissement du groupe 10 s D Perte de la fonction – E
Risque de claquage.
Surtension Isolation (voir masse du stator) – – – – –
Démarrage trop long Échauffement des conducteurs Quelques D Perte de la fonction – E (4)
statoriques 10 s
Suréchauffement Quelques
Blocage rotor des conducteurs statoriques 10 s D – – –
et du rotor
Échauffement des conducteurs Quelques
Surcharge statoriques minutes A – – E (4)
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■ Réalisation
● Résistance de la limitation du courant de défaut :
En pratique, le courant minimal détectable, qui n’entraîne pas
de déclenchements intempestifs, est de l’ordre de 5 à 10 % du
La détermination de la résistance R N doit satisfaire deux critères courant maximal de défaut. On peut donc admettre que l’enrou-
opposés : lement statorique est protégé à 95 ou 90 %.
— d’une part, R N doit avoir une valeur suffisamment élevée pour
limiter le courant de défaut à une valeur acceptable pour minimiser
■ Action
les dommages au matériel (typiquement 10 à 30 A), compte tenu de
la valeur maximale de la tension V [cf. formule (2)] ; Déclenchement du groupe, instantané ou légèrement temporisé
— d’autre part, la valeur de R N doit être relativement basse pour (typiquement 0,1 s).
limiter les surtensions, surtout transitoires, provoquées sur les ■ Autres schémas
phases saines par l’apparition du défaut ; pour cela, il faut que la
● Quand l’alternateur fonctionne à neutre isolé (cas de machines
puissance active dissipée dans la résistance de neutre soit au moins
égale à la puissance capacitive du circuit, soit : sur réseau BT), un premier défaut à la masse n’entraîne pas de consé-
quences sur la machine. Le défaut peut être détecté par un contrôleur
R N I def 3 C ω V 2
2
(3) d’isolement placé sur le neutre de l’alternateur. Il revient à l’utilisa-
teur de décider du moment le plus opportun de l’arrêt pour répara-
avec C capacité entre phase et masse de l’alternateur et des cir- tion, dans le respect de la réglementation.
cuits raccordés, ● Si plusieurs machines débitent sur le même jeu de barres (par
exemple, réseau d’usine), celui-ci étant mis à la terre par une bobine
ω pulsation du réseau (ω = 2 πf ).
de point neutre (ou générateur de courant homopolaire), la détection
À partir de la relation (2), la relation (3) s’écrit, avec une tension de défaut sur une machine peut se faire par la mesure du courant
entre phases U = V 3 : homopolaire. Ce courant est mesuré soit au secondaire d’un TC qui
U2 embrasse les trois connexions de phase, soit par un montage
------------ C ω U 2 sommateur de trois TC, à partir des trois courants de phase [10].
3R N
1
soit R N --------------- (4) 3.1.1.2 Défauts entre phases
3Cω
■ Généralités
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Exemple numérique : alternateur de puissance assignée ● Dans les encoches du circuit magnétique, un défaut entre phases
S = 1 120 MVA ; U = 24 kV ; C = 1 µF : est toujours accompagné, ou précédé, par un défaut à la masse. Il
1 sera donc détecté par le relais de mise à la masse du stator décrit
R N ---------------------------------------------------------
- précédemment (§ 3.1.1.1).
3 × 1 × 10 –6 × 100 × π
● Dans les têtes de bobines, à l’extérieur du circuit magnétique, on
soit R N 1 060 Ω est fondé à admettre que, le plus souvent, le défaut intéresse très vite
la masse, ne fût-ce que parce que l’arc est soufflé par la ventilation
Pour cette valeur de R N , le courant de défaut Idef est limité à :
interne. Toutefois, cette certitude n’est pas absolue et le délai supplé-
24 × 10 3 mentaire introduit peut entraîner une aggravation des dégâts, et un
I def ------------------------------ ≈ 13 A allongement du temps de réparation, donc du coût d’un incident.
3 × 1 060
Pour les alternateurs de taille moyenne et importante, les fortes
ce qui satisfait à la première condition. puissances en jeu justifient ainsi, pour des raisons économiques,
l’installation d’une protection différentielle longitudinale.
● Transformateur de courant
Le courant de défaut est mesuré par l’intermédiaire d’un TC de ■ Principe de détection
rapport unité (par exemple 5A/5A). En raison du fonctionnement de Le principe utilisé répond au critère de détection directe. Sur
courte durée en cas de défaut, il y a intérêt à surcharger ce TC pour chaque phase, un relais mesure la différence des courants 11 et I2 ,
améliorer la sensibilité de la chaîne de détection. entrant et sortant de cette phase (figure 4).
● Relais de protection à maximum de courant Cette différence, due au courant de défaut, est rapportée au
La détermination de la valeur de réglage vise à obtenir le maximum courant circulant dans la phase.
de sensibilité, en tenant compte du principe de fonctionnement et La protection est donc constituée par un ensemble triphasé de
des effets parasites suivants. relais différentiel à pourcentage.
— Selon le principe de fonctionnement, le courant de défaut est Le courant minimal de défaut définissant le seuil de fonctionne-
proportionnel à la tension simple développée par la machine à ment de la protection est donné par la relation :
l’endroit du défaut. Plus un défaut est proche du point neutre, plus
la tension est faible, et plus le courant à mesurer est faible. α
I def = I 1 – I 2 = ---------- ---------------------
I1 + I2
- (5)
— Les particularités de construction de l’alternateur entraînent la 100 2
présence d’une tension d’harmonique 3 (cf. article Machines syn-
chrones. Dimensionnement électromagnétique [9]), qui fait circuler avec α pourcentage de la protection.
un courant d’harmonique 3 dans la connexion de neutre, par effet
■ Réalisation
capacitif. Le relais doit donc être muni d’un filtre en entrée, éliminant
cet harmonique. ● Transformateurs de courant
— Les défauts à la terre sur le réseau HT de transport peuvent Pour éviter les fonctionnements intempestifs suite à des défauts
faire circuler un courant transitoire dans la connexion de neutre de extérieurs à l’alternateur, les TC doivent se comporter de façon rigou-
l’alternateur, en se bouclant par les capacités entre les enroulements reusement symétrique, surtout du point de vue magnétique, en
primaire et secondaire du transformateur principal (TP). Le phéno- régimes subtransitoire et transitoire et sous l’effet des composantes
mène peut cependant être évité par l’interposition d’écrans mis à apériodiques. L’erreur correspondante doit être très inférieure au
la masse, entre enroulements de chaque colonne du TP. seuil de fonctionnement dans une plage de 0 à 5 fois le courant
assigné.
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Nota : la pratique d’EDF est de ne pas installer de protection de ce type sur ses groupes
de production, qu’ils soient situés dans les centrales thermiques ou hydrauliques.
■ Principes de détection
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Figure 4 – Protection contre les défauts entre phases Dans les installations industrielles, on peut utiliser soit une mesure
d’un alternateur. Principe de détection de tension homopolaire, soit, pour les machines dont les enroule-
ments statoriques de phase sont dédoublés, une mesure de courant
différentiel entre chaque demi-phase.
Pour cela, les TC d’une même phase doivent être appairés , Ces principes sont décrits dans l’article référencé [10].
c’est-à-dire avoir des caractéristiques (erreur, courbe de magné-
tisation) identiques ou pour le moins très proches. On utilise, en ■ Action
général, des TC de classe de précision 5 P 10 ou 5 P 15, spécifiés pour Déclenchement du groupe.
protection différentielle, et issus d’un même lot de fabrication. Les
résistances de filerie du câblage secondaire des TC doivent aussi 3.1.1.4 Mise à la masse de l’enroulement rotorique
être égales et aussi faibles que possible.
■ Généralités
■ Relais de protection
L’enroulement rotorique étant à potentiel flottant, le court-circuit
Un relais à maximum de courant à pourcentage est disposé sur à la masse en un point n’a pas de conséquences électriques immé-
chaque phase. La valeur de réglage, exprimée en pourcentage du diates sur le fonctionnement de l’alternateur. Toutefois, en fixant les
courant de phase, est typiquement de 10 à 20 %. potentiels par rapport au fer du rotor, il risque d’affranchir un second
Toutefois, en cas de défaut monophasé extérieur à l’alternateur, défaut latent qui entraînerait alors un court-circuit entre les polarités
le courant différentiel peut atteindre une valeur proche de celle d’un dont les conséquences risqueraient d’être graves (fusion de l’arbre,
défaut entre phases, situé à proximité de la connexion de neutre, vibrations excessives dues au déséquilibre magnétique).
du fait des particularités constructives (erreurs de TC, sensibilité du
relais). Pour éviter les déclenchements intempestifs, le relais doit ■ Principe de détection
donc être désensibilisé et suivre une loi à seuil constant, pour les Le principe de la protection consiste à placer une source de tension
faibles courants de défaut. alternative (sinusoïdale ou à forme d’onde rectangulaire, selon les
La caractéristique de fonctionnement qui en résulte est repré- fournisseurs) à basse fréquence entre le circuit rotorique et la masse,
sentée sur la figure 5. Le seuil d’insensibilité est couramment fixé et à mesurer ainsi la résistance d’isolement (figure 6). Cette dispo-
à 5 à 20 % du courant assigné In . sition assure la séparation galvanique entre la source et l’alimen-
tation en courant continu de l’inducteur et permet de distinguer le
■ Action courant utile de mesure des courants parasites à 50 Hz ou autres
Déclenchement du groupe, instantané. fréquences (ondulations résiduelles, etc.).
■ Réalisation
3.1.1.3 Défauts entre spires d’une même phase Le module d’injection est un générateur de tension dont la fré-
■ Généralités quence est de quelques hertz ou un sous-multiple de la fréquence
du réseau (par exemple : f n /4). La valeur de la résistance d’injection
L’installation d’une protection contre les défauts entre spires d’une
est de quelques centaines d’ohms.
même phase résulte d’une évaluation économique de son intérêt,
car la tension maximale entre conducteurs voisins, beaucoup plus Le module de détection réalise une mesure de tension aux bornes
faible qu’entre conducteurs de phases différentes, rend un tel défaut d’une résistance shunt de quelques kilohms, insérée dans le circuit.
assez peu probable. De plus, ceux-ci sont tous isolés pour supporter La sensibilité du relais est réglée pour détecter une résistance d’iso-
la tension maximale de la machine. lement du rotor inférieure à 1 à 5 kΩ, typiquement.
Si un tel défaut apparaît, il est quasi certain qu’il évoluera très vite Le (ou les) condensateur(s) de couplage , d’une capacité de
en défaut à la masse (§ 3.1.1.1), en particulier s’il est situé dans une quelques microfarads, doit être dimensionné pour la tension maxi-
encoche du circuit magnétique. male susceptible d’apparaître entre rotor et masse, soit quelques
kilovolts, pendant les régimes transitoires de l’alternateur.
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■ Généralités
La protection contre les surintensités dans l’enroulement stato-
rique est destinée à la prévention des surcharges, principalement
en puissance réactive. Elle peut aussi être utilisée en protection de
secours contre les courts-circuits externes qui ne seraient pas éli-
minés par les relais de protection du réseau.
Il est à noter que l’échauffement des conducteurs statoriques est
également surveillé par des sondes thermométriques [six au mini-
mum d’après les normes internationales (CEI 34-1)], ou par image
thermique.
■ Principe. Réalisation
● La protection répond au principe de détection directe.
● Le courant est généralement mesuré sur une seule phase, car la
surcharge est a priori équilibrée. Le système de protection se
compose :
— d’un transformateur de courant, de rapport Ipn /5 A ou Ipn /1 A,
Ipn étant le courant normalisé immédiatement supérieur à la valeur
maximale permanente du courant statorique Ia ; par exemple à la
puissance apparente S = S n : U = 0,95 U n ; Ia = 1,05 In , S n , U n , In
donnant les valeurs assignées de puissance apparente, tension et
Figure 6 – Protection contre les mises à la masse du rotor courant de l’alternateur ;
— d’un relais de protection, à maximum de courant, réglé à une
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■ Principe de détection
La détection d’un courant inverse nécessite l’emploi d’un
ensemble de filtres déphaseurs, alimentés par les TC de phase.
(figure 7).
Un circuit sommateur et les filtres déphaseurs réalisent la compo-
sante inverse I 2 ; en effet, celle-ci est donnée par la formule :
1
I 2 = ----- ( I u + a 2 I v + a I w ) (6)
3
2π
où I u , I v , I w représentent les courants de phase et a = exp j -------- .
3
I 2 = ----- ( I u – I v ) + a ( I w – I v )
1
(7)
3
■ Réalisation
Les transformateurs de courant ont un rapport In / 5A ou In /1A.
Le relais de protection, à maximum de composante inverse de
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Nota : la protection étant temporisée, l’intégrateur a pour but d’éviter un fonctionnement ■ Réalisation
trop tardif dû à la remise à zéro de la temporisation à chaque oscillation.
Cet intégrateur, constitué de deux temporisations, l’une à la retombée du relais de Les transformateurs de tension sont constitués de trois éléments
mesure, l’autre à la première montée de ce relais, élimine les temps morts entre deux oscil- Un
monophasés, de rapport typiquement -------- ---------- volts, avec U n
100
lations.
3 3
■ Réalisation
tension assignée au secondaire du transformateur de soutirage (TS).
La classe de précision des transformateurs de mesure est de 0,2
Le relais de protection, à minimum de tension directe, est donc
à 0,5 ;
associé à un filtre déphaseur élaborant cette tension en réalisant la
Le relais de protection, à maximum de puissance active direc- transformation :
tionnelle, est réglé à un seuil de l’ordre de 60 à 80 % de la puissance 1
consommée en moteur. Il doit avoir une précision de l’ordre de V d = ----- ( V 1 + a V 2 + a 2 V 3 ) (8)
3
0,5 % P n , et être temporisé (avec intégrateur éventuel).
avec V d composante directe de la tension et V 1 , V 2 , V 3 ten-
■ Action
sions de phase.
Déclenchement du groupe.
Le seuil de réglage est fixé à une valeur supérieure à la tension
de décrochage des moteurs d’auxiliaires, tout en restant inférieur
3.1.2.4 Surtensions du stator (en valeur relative) à la valeur minimale admissible en permanence
■ Généralités sur le réseau.
Nota : la valeur de 0,7 V dn (tension directe assignée au secondaire du TS) est retenue
Les surtensions aux bornes du stator sont principalement dues dans les centrales EDF. Les spécifications techniques des moteurs de grande puissance ont
à un fonctionnement défectueux de la régulation de tension, éven- été choisies en conséquence.
tuellement concomitant avec des manœuvres sur le réseau (insertion
de condensateurs proches, perte brusque de la charge) et/ou un ■ Action
niveau de tension initial du réseau relativement élevé. L’action du relais est temporisée en deux stades :
— îlotage de l’unité, après un temps de 2 à 3 secondes ;
■ Principe. Réalisation
— déclenchement du groupe, une seconde après le premier stade.
● La protection répond au principe de détection directe.
● Les défauts, dans ce cas, étant a priori équilibrés, la mesure
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Le relais utilise un principe de détection directe ; il détecte et ● Excédent de production → montée de vitesse → hausse de fré-
compte d’une part les tours électriques, et d’autre part les oscillations quence, compensée par la fermeture progressive des vannes
de puissance, sur un intervalle de temps donné : d’admission de vapeur de la turbine.
— la détection des tours électriques est effectuée à partir d’une Nota : si cette action n’est pas suffisante, l’alternateur doit être séparé du réseau
(îlotage ) avant que le groupe ne soit déclenché totalement par l’action des protections
mesure de l’angle interne, par émission d’une impulsion si celui-ci mécaniques de la turbine contre les survitesses.
dépasse une valeur prédéterminée (typiquement 120 à 150o) ;
— une oscillation de puissance correspond à la consommation ■ Principe de détection
momentanée de puissance active, détectée par un relais de retour Le relais utilise un principe de détection semi-direct, par le biais
de puissance, de principe similaire à celui utilisé pour la détection de la mesure de fréquence de la tension aux bornes de l’enroulement
de marche en moteur synchrone (§ 3.1.2.3). statorique de l’alternateur.
Deux compteurs comptabilisent indépendamment les impulsions
émises par chacune des deux voies. En général, on peut établir les ■ Réalisation
relations suivantes : — Les transformateurs de mesure sont de rapport :
— perte d’excitation → tours électriques → déclenchement du
U n
---------- volts
groupe ; 100
-------
-
— perte de synchronisme → oscillations de puissance → îlotage. 3 3
Toutefois, selon l’état du réseau (puissance de court-circuit, réac- — Le relais de mesure est un relais à deux fonctions, maximum
tance de liaison) et de l’excitation du groupe, qui ne sont pas connus et minimum de fréquence ; il est verrouillé sur baisse anormale de
a priori, les deux critères se recoupent partiellement lors d’une rup- la tension surveillée (typiquement 40 % U n).
ture de synchronisme.
Nota : sur le réseau EDF, les seuils de réglage sont 47 Hz ou 47,5 Hz / 53 Hz.
Pour assurer, cependant, la discrimination entre les actions de Le seuil à maximum de fréquence a été supprimé sur les groupes de centrales thermiques
déclenchement et d’îlotage, et laisser au groupe la possibilité de se et nucléaires d’EDF. En effet, le fonctionnement d’une portion de réseau mixte (groupes
resynchroniser naturellement, après le fonctionnement des protec- hydrauliques et groupes thermiques/nucléaires) en surfréquence, par entraînement des
groupes thermiques par les groupes hydrauliques, est jugé très improbable.
tions du réseau, le déclenchement du groupe ne doit être provoqué
Dans certaines technologies de turbines à vapeur, le groupe est déclenché si, à la suite
qu’après détection de quelques tours d’angle interne et non au pre- d’un îlotage, la fréquence reste au-dessous du seuil minimum pendant plus de 3 s.
mier tour. De la même façon, l’îlotage ne doit être provoqué qu’après
plus d’une dizaine d’oscillations de puissance. ■ Action
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Nota : dans des compagnies d’électricité étrangères, la politique d’exploitation peut être Îlotage.
plus restrictives [1].
■ Réalisation
● Pour la détection des tours électriques, les capteurs primaires 3.2 Alternateurs hydrauliques
sont :
— un transformateur de tension, sur une phase statorique ;
et compensateurs
— un alternateur auxiliaire à aimants permanents solidaire du
rotor, ou un émetteur d’impulsions de référence fixé sur le rotor ; La constitution des alternateurs entraînés par turbine hydraulique
— un dispositif de mesure de l’angle interne (déphasage entre la et des compensateurs synchrones est principalement la même que
référence rotorique et le passage par zéro de la tension statorique) ; celle des turboalternateurs, à la vitesse de rotation près. Les défauts
— un comparateur qui émet une impulsion quand l’angle interne pouvant survenir à ces deux classes de machines sont donc de même
dépasse la valeur réglée. nature. Seuls diffèrent, en général, les réglages des seuils d’action
● Le relais de retour de puissance est un relais triphasé à maxi- des relais, spécifiques du fonctionnement de la machine sur le
mum de puissance active ; une impulsion est émise quand la puis- réseau. La consistance d’un système de protection peut également
sance dépasse un seuil négatif (typiquement – 5 % P n), puis revient varier suivant la puissance du groupe et son importance vis-à-vis
au-dessus d’un seuil positif (typiquement 5 % P n). du réseau.
● Chaque compteur d’impulsions comptabilise, pour chaque voie,
1 à 20 impulsions ; il déclenche une action si le nombre d’impulsions
préréglé est atteint dans un temps donné, compté à partir de la pre- 3.2.1 Défauts d’origine interne
mière impulsion reçue.
3.2.1.1 Mise à la masse du stator
■ Actions
● L’action du relais par la voie angle interne provoque le déclen- ■ Cette protection fondamentale est généralement installée sur tous
chement du groupe, pour quelques tours électriques (deux à quatre), les types d’alternateurs.
en moins d’une minute ; Le principe habituellement utilisé est, comme pour les turbo-
● L’action du relais par la voie retour de puissance provoque l’îlo- alternateurs, la mesure du courant dans la connexion entre le point
tage pour un nombre d’oscillations de puissance (entre 12 et 20), en neutre et la terre, limité par une résistance (figure 3a ) avec les
moins d’une à cinq minutes. mêmes particularités de construction : courant de défaut admissible,
surcharge des TC, désensibilisation à l’harmonique 3, éventuel-
3.1.2.7 Variations de fréquence lement dû à la capacité des câbles de liaison alternateur-
transformateur.
■ Généralités
Toutefois, la puissance active dissipée dans la résistance de limi-
Les excursions de fréquence en dehors de la valeur normale de tation doit être égale ou supérieure au double de la puissance capa-
50 Hz (à quelques millihertz près) sont le signe d’une adaptation citive du circuit. Cela a pour but d’éviter les risques de ferro-
momentanément incorrecte de la puissance active fournie par le résonance et de limiter les surtensions transitoires à environ deux
groupe à la demande du réseau, selon l’un des deux schémas : fois la tension simple.
● Déficit de production → baisse de vitesse → baisse de
fréquence. ■ Dans le cas où plusieurs alternateurs débitent sur un seul trans-
formateur élévateur (figure 9), la protection peut être réalisée par un
L’alternateur ne doit être séparé du réseau que si les actions auto- dispositif unique, pour des raisons d’économie. La protection est
matiques destinées à rétablir l’équilibre production-consommation alors assurée par un générateur de courant homopolaire, connecté
ont échoué [8]. sur le jeu de barres. Ce générateur est constitué par un ensemble de
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4.1.2.1 Surcharges
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5. Technologie
et mise en œuvre
de remplir sa fonction à un instant donné) et de disponibilité (pro- lisée, avec les valeurs de courant :
babilité de remplir sa fonction pendant une durée donnée) en rapport — primaire : 1,2 à 1,5 fois le courant statorique assigné de l’alter-
avec l’utilisation de la machine qu’il doit protéger. nateur, voire 1,1 fois pour les grands alternateurs ;
Le coût élevé des réparations à effectuer sur un alternateur ou sur — secondaire : 1 A ou 5 A.
un moteur de grande puissance, ainsi que les coûts induits par la Malgré les constantes de temps élevées (≈ 500 ms) du circuit pri-
perte de production ou de service impliquent que les relais de maire, le comportement des TC en régime transitoire lors d’un défaut
protection détectent de façon fiable et rapide les défauts qu’ils sont n’impose, en général, pas de construction particulière (circuits
chargés de couvrir. magnétiques à entrefers par exemple), pour respecter la classe de
De même, tout fonctionnement intempestif d’un relais de protec- précision requise. En effet, ou bien l’action du relais de protection
tion, imputable à un défaut interne à celui-ci ou au système de pro- est suffisamment temporisée (surcharges, déséquilibres, mesures
tection (alimentation auxiliaire, connectique...) induit également des de puissance), ou bien les TC sont appairés pour avoir le même
coûts de perte de production ou de service. comportement (cas de la protection différentielle : § 3.1.1.2 ou
§ 3.2.1.2), ou bien le courant est limité (cas de la protection contre
Exemple : dans la pratique d’EDF, la fiabilité d’un relais de protection les défauts à la masse du stator : § 3.1.1.1 ou § 3.2.1.1). Les TC ont
(et de la chaîne de détection et de commande) et sa disponibilité, cependant une capacité de tenue de 15 In pendant une seconde.
incluant les temps de maintenance, doivent atteindre les objectifs
suivants : ■ Dans le cas des moteurs, les transformateurs de courant toriques,
— pas plus d’une défaillance à la sollicitation tous les 5 à 10 ans, sont placés dans la cellule de départ, autour des conducteurs fixes.
selon le type de centrale ; Leur classe de précision peut être relativement moyenne (1 à 2 %
— temps d’indisponibilité après défaillance inférieur à quelques jusqu’à In), compte tenu de la précision requise par les relais de
heures (à déterminer en accord avec le fournisseur, et selon le type mesure.
de centrale). Le comportement des TC en régime transitoire, notamment en cas
de défaut, nécessite également un surdimensionnement relative-
ment moyen (coefficient de saturation de l’ordre de 10), pour donner
5.1.2 Réducteurs de mesure au relais une image fidèle du courant primaire.
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Les valeurs de classe et de puissance de précision sont fixées par Les fonctions des relais les plus complexes peuvent être réali-
les performances d’un relais de protection éventuel contre les sées de façon modulaire, comme le montre la figure 17, représen-
baisses de tension au niveau du tableau. tant le schéma de principe d’une réalisation de relais de rupture de
synchronisme.
Ces relais nécessitent une alimentation auxiliaire à basse tension
5.1.3 Relais continue stabilisée (typiquement entre 5 et 125 V), obtenue à partir
d’une batterie centrale ou par redressement à partir du réseau de
5.1.3.1 Relais électromagnétiques distribution. Cette alimentation a également pour rôle de protéger
les composants des relais contre les parasites conduits, surten-
Ce type de relais est constitué fondamentalement d’un électro- sions transitoires, ou coupures brèves de la tension centrale.
aimant qui attire une armature mobile solidaire d’un contact élec-
trique. La figure 16 montre le principe le plus simple d’un relais à
une seule entrée (mesure de courant, tension, etc.). Le réglage de 5.1.3.3 Protections numériques
seuil est effectué par la tension d’un ressort antagoniste. D’autres Le développement des techniques de contrôle-commande numé-
relais utilisent une combinaison d’équipements pour réaliser des riques trouve aussi son application dans le domaine des protections
fonctions plus complexes (mesures de puissance, impédance, direc- de machines tournantes.
tionnelles). Les avantages de cette technologie sur les relais statiques réside
Ces relais sont remplacés depuis le milieu des années 1970 par non pas tant dans la réduction du temps d’action des protections,
les relais statiques, ou par les systèmes de protections numériques que dans les facilités de communication (figure 18). Les autres équi-
depuis le début des années 1990. Ils présentent en effet de multiples pements de contrôle-commande sont en effet souvent réalisés à
inconvénients : sensibilité aux vibrations, à l’environnement, non- l’heure actuelle en technique numérique et reliés à l’équipement de
fidélité du réglage, temps d’action relativement importants (quelques protection par une liaison normalisée (type RS 232, par exemple).
dixièmes de seconde). Ils sont cependant m oins sensibles aux Un équipement numérique permet, entre autres :
perturbations électriques (effet de filtrage) et ne nécessitent pas
d’alimentation électrique auxiliaire pour fonctionner. — d’adapter un schéma de protection à tout type de machine ;
— de s’assurer en continu de la disponibilité de la protection
Ce type de relais peut encore trouver un emploi dans les dispositifs (autotests) ;
simples, où l’aspect coût est prépondérant (relais à maximum de cou- — de réaliser un diagnostic rapide en cas de panne ;
rant pour moteurs de faible puissance par exemple).
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5.3 Réalisation Les circuits secondaires des réducteurs de mesure passent géné-
ralement par des prises d’essai, permettant de raccorder un appareil
de mesure extérieur pour l’étalonnage des relais (§ 5.4).
5.3.1 Relais statiques
La protection contre les perturbations rayonnées est assurée par
Dans la pratique courante, chaque fonction de protection est le blindage constitué des parties métalliques latérales et arrière, et,
réalisée par un relais de protection indépendant. Dans le cas des si la face avant est vitrée, par un fin treillage métallique intégré dans
systèmes de protection d’alternateurs montés en armoire, les la vitre.
composants ou circuits intégrés sont montés sur circuits imprimés,
fixés eux-mêmes à l’intérieur de tiroirs extractibles.
Les réglages de seuils et les signalisations de fonctionnement sont
5.3.3 Tableaux
accessibles et visibles en face avant du relais, tandis que la partie
L’installation des relais de protection dans les tableaux d’appa-
arrière comprend la connectique à la filerie interne de l’armoire (ali-
reillage est décrite dans les articles Appareillage électrique à basse
mentation auxiliaire, secondaires des réducteurs de mesure, infor-
tension [13] et Installations électriques à haute tension [14] dans le
mations entrée/sortie).
présent traité.
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Rupture de synchronisme
Minimum de fréquence (4) (4) (4)
Maximum de fréquence
(0)
Tableau 5 – Guide de choix des protections de moteurs (d’après documentation GEC Alsthom)
Puissance Organe de coupure Régime du neutre Moteurs asynchrones Moteurs synchrones
à la terre Fusibles/ –
Image thermique (1)
Contacteur isolé Fusibles/
Image thermique (2)/ –
< 500 kW Courant homopolaire directionnel
à la terre Image thermique (3) –
Disjoncteur isolé Image thermique (3)/
Courant homopolaire directionnel –
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Tableau 5 – Guide de choix des protections de moteurs (d’après documentation GEC Alsthom) (suite)
Puissance Organe de coupure Régime du neutre Moteurs asynchrones Moteurs synchrones
à la terre Fusibles/ Fusibles/
Image thermique (1)/ Image thermique (1)/
Surcharge/ Surcharge/
Minimum tension Minimum tension/
Minimum impédance capacitive/
Minimum tension excitation
Contacteur isolé Fusibles/ Fusibles/
Image thermique (2)/ Image thermique (2)/
Surcharge/ Surcharge
Minimum tension/ Minimum tension/
Courant homopolaire directionnel Courant homopolaire directionnel
500 kW Minimum impédance capacitive/
à 3 MW Minimum tension excitation
à la terre Image thermique (3)/ Image thermique (3)/
Surcharge/ Surcharge/
Minimum tension Minimum tension/
Minimum impédance capacitive/
Minimum tension excitation
Disjoncteur isolé Image thermique (3)/ Image thermique (3)/
Surcharge/ Surcharge/
Minimum tension/ Minimum tension/
Courant homopolaire directionnel Courant homopolaire directionnel
Minimum impédance capacitive/
Minimum tension excitation
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Protections électriques R
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par Bernard GUIGUES
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Ingénieur principal Machines électriques Tournantes
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L et de leurs effets
Dimensions des structures mécaniques de la série
482,6 mm. 1ère partie : panneaux et bâtis 493 1988
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60359
CEI
2001
ISO
Technique d’analyse de la fiabilité des systèmes. Procédure d’analyse des X 60-510 12-1986 60812 1985
modes de défaillance et de leurs effets (AMDE)
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