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: D4130 V1
Régimes transitoires
Date de publication :
10 février 2008 électromagnétiques :
simulation
Résumé Les transitoires électromagnétiques dans les réseaux électriques peuvent être
simulées à l’aide de méthodes numériques basées sur la formulation automatique des
systèmes d'équations d'un réseau électrique et sur les méthodes de solution génériques.
Cet article effectue une présentation complète de ce domaine spécialisé, en traitant
successivement le calcul de l'écoulement de puissance multiphasé, l'initialisation en
régime permanent et les équations algébriques différentielles du réseau électrique en
régime transitoire. Sont présentées des méthodes pouvant être retenues comme des
références, car éprouvées et utilisées dans des logiciels de simulation de grade
industriel.
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Régimes transitoires
électromagnétiques : simulation
par Jean MAHSEREDJIAN
Professeur à l’École polytechnique de Montréal
7. Conclusion ................................................................................................. – 12
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 4 130
di (t ) L1
+ R1
L2
Ri (t ) + L
= Vm sin (ωt + θ ) (1) 4 + 1 2 + 3
dt
où i(t) est le courant de l’inductance et la source de tension est + +
décrite par une fonction sinusoïdale d’amplitude Vm, de phase θ et vs is + +
de pulsation ω = 2πf avec f la fréquence en hertz. L’application de C1 C2
la transformée de Laplace à l’équation (1) permet d’obtenir la solu-
tion pour le courant de l’inductance :
En régime permanent, les ondes de tension et courant sont Les variables d’état du circuit sont les tensions des condensa-
périodiques avec une fréquence fondamentale (nominale) de 50 ou teurs C1 et C2 et les courants des inductances L1 et L2. Le vecteur
60 Hz. Un phénomène transitoire ou une forme d’onde transitoire des sources (u) comprend la tension vs de la source de tension et
est un état temporaire de transition d’un régime permanent à un le courant is de la source de courant. Si l’objectif est d’observer la
autre. Le système ne revient pas nécessairement au point d’opéra- tension v3 du nœud 3, alors l’équation (7) devient :
tion initial ou, autrement dit, au régime permanent initial. Dans
certains cas, le régime permanent peut contenir des harmoniques : ⎡v C1 ⎤
on parle alors de régime permanent harmonique. ⎢v C ⎥
y = [0 1 0 0] ⎢ 2 ⎥ + [0 0] ⎡⎢ s ⎤⎥
v (10)
Il est possible de calculer directement le régime permanent du ⎢ iL1 ⎥ ⎣ is ⎦
circuit en appliquant les phaseurs. Dans le domaine fréquentiel, ⎢⎣ iL2 ⎥⎦
l’impédance du circuit est donnée par :
L’équation (8) peut être solutionnée dans le domaine fréquentiel en
Z = R + jωL (4)
utilisant la transformée de Laplace. La solution dans le domaine tem-
où j est l’unité imaginaire. En régime permanent, s = jω. Le pha- porel requiert l’utilisation d’une méthode d’intégration numérique.
seur de courant est donné par :
Les approches d’analyse symboliques deviennent impraticables
pour des circuits complexes et de façon générale il devient impéra-
I = Vm∠θ = Vm∠θ (5) tif d’utiliser des logiciels de simulation qui peuvent assembler et
R + sL Z ∠ϕ
solutionner les systèmes d’équations automatiquement. Notons de
Puisque le phaseur de tension représente la fonction sinusoïdale plus que les résultats de simulation dépendent de plusieurs fac-
de la source avec une phase θ, la conversion au domaine du temps teurs, tels que les conditions initiales, les instants d’apparition des
de cette équation donne exactement le premier terme de la partie perturbations et la complexité des modèles (voir Régimes transi-
de droite de l’équation (3). toires dans les réseaux électriques [D 82]). La tension initiale d’une
Si, dans le circuit précédent, on ajoute une capacité en série capacité, par exemple, est une variable d’état qui peut affecter de
avec la résistance, l’équation différentielle du circuit se complique façon significative le comportement du circuit étudié (voir Régimes
et l’effort de développement de la solution devient plus important. transitoires dans les réseaux électriques [D 82]). Une ou plusieurs
Une approche directe de formulation des équations d’un circuit de perturbations peuvent subvenir alors que le circuit étudié est en
topologie arbitraire est obtenue par le formalisme des équations régime permanent (au repos) ou en état transitoire.
d’état. La forme générale des équations d’état est donnée par : Un réseau électrique est traité comme un circuit électrique com-
x = Ax + Bu (6) plexe dont les différents modèles sont construits à partir des éléments
constitutifs de base (résistance, inductance et capacité) et des équa-
y = Cx + Du (7) tions algébriques-différentielles. La simulation d’un réseau électrique
où le vecteur x est le vecteur des variables d’état, u est le vecteur ajoute des complexités supplémentaires, telles que le calcul de l’écou-
des sources (excitations) et le vecteur y est le vecteur des variables lement de puissance et la représentation des systèmes de contrôle.
Les principes de modélisation des réseaux électriques ainsi que 2.1 Interface graphique
les catégories de phénomènes transitoires sont présentés dans
Régimes transitoires dans les réseaux électriques [D 82]. Le pré- La première étape est l’assemblage du réseau de topologie arbi-
sent dossier présente les méthodes numériques de simulation. traire dans une interface graphique. Cette interface permet de
générer les données de l’étude. Un exemple d’interface graphique
pour un réseau typique de 230 kV est présenté sur la figure 4.
2. Simulation des transitoires Dans le cas des réseaux électriques, le schéma de base est nor-
malement un schéma unifilaire, mais l’interface graphique doit
permettre l’accès distinctif aux trois phases et de représenter des
L’analyse des transitoires dans les réseaux est un processus schémas différents (topologies différentes). Dans l’exemple de la
mathématiquement complexe et nécessite l’utilisation de logiciels figure 4, le schéma unifilaire est composé de plusieurs barres tri-
spécialisés. Des logiciels de type EMTP (electromagnetic transients phasées et de lignes de transmission qui interconnectent cinq
program), comme EMTP-RV [1], appliquent des méthodes numéri- machines synchrones (SM) et des charges. À la barre BUS13,
ques pour la représentation et la résolution de réseaux de différen- l’accès distinctif à chaque phase permet de représenter une condi-
tes natures. Contrairement à un logiciel de type stabilité (voir tion de déséquilibre de charge. L’ensemble du réseau triphasé
Outils de simulation dynamique des réseaux électriques [D 4 120]), peut être déséquilibré. Les lignes de transmission peuvent
la simulation des transitoires électromagnétiques s’applique à une employer des modèles qui ne sont pas nécessairement continuel-
large gamme de fréquences et nécessite donc une représentation lement transposés. Un composant peut être multiphasé si cela est
très détaillée des composants. La simulation est effectuée entière- nécessaire d’employer plusieurs fils pour sa représentation.
ment dans le domaine du temps et l’objectif est de calculer les for-
mes d’onde des variables d’état à un point arbitraire dans le Les interfaces graphiques modernes utilisent aussi la représen-
réseau simulé. Il est normalement nécessaire de représenter cha- tation par sous-réseaux. Un sous-réseau peut contenir d’autres
cune des phases et les conditions de déséquilibre. La figure 3 pré- sous-réseaux. Les sous-réseaux sont utilisés pour regrouper et
sente les principaux modules qui constituent le processus de encapsuler un ensemble d’éléments sous un symbole de dimen-
simulation. Les modules qui précédent le module d’initialisation sions réduites et permettent ainsi de simplifier la visualisation et la
peuvent aussi être utilisés indépendamment. Si le module d’initia- manipulation du réseau complet. Dans le cas du schéma de la
lisation n’est pas renseigné par des calculs du régime permanent, figure 4, les transformateurs possèdent un circuit interne (sous-
toutes les variables d’état sont initialisées à zéro. réseau) détaillé et les contrôles des machines synchrones sont
encapsulés dans les symboles de forme carrée (AVR & Gov) pour
Le module « domaine du temps » effectue les calculs dans le
simplifier la visualisation de premier niveau. Le sous-réseau
domaine temporel et obtient les formes d’onde des variables
observées. C’est le module qui permet d’obtenir les régimes transi- SubofBUS1 comprend une autre partie du réseau avec la machine
toires du réseau simulé. Il est à préciser que ce module permet synchrone SM3 et son transformateur.
aussi d’observer le régime permanent d’un réseau en calculant
point par point les formes d’onde du régime permanent. Ces for-
2.2 Système d’équations
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13,8kV
AVR_Gov_4 200 MVA
BUS4 BUS5
Out
Load5
LF 45MW BUS2
SM YgYg_BUS4 +
IN 21MVAR
LF 1 2
CB2
AVR & Gov SM4 YgYgD_1
SM_BUS4
SubofBUS1 2 500/230/50
CB1
P = 132 MW 13,8/230
BUS1 1
V = 13,8 kV + SUB_BUS1 BUS10
SM : SM4 +
LT_16km
+ 3
CP
Slack
LT_193km +
13,8kV + YgYgD_2
AVR_Gov_6 550 MVA CP 2
Out BUS6 1 LF
BUS7
SM 1,00/_39,4 Slack
YgYg_BUS4 +
IN Slack : 500kVRMSLL/_12,96
1 2 BUS12 3
SM6 LT_144km BUS13
AVR & Gov YgD_BUS13
LF
60MW 0,96/_62,7
+ CP LT_24km 2 1
SM_BUS6 13,8/230
+ CP AVR_Gov_11
P = 520 MW SM11
0,98/_55,3 BUS1 0,99/_37,9 230/69 BUS11 Out
V = 13,8 kV 230/13,8
LF b
LF a
LF c
12MVAR
16MVAR
16MVAR
SM : SM6 + 2 1 SM
56MW
57MW
IN
LF 13,8 kV AVR & Gov
YgD_BUS11
LT_97km
P = 76 MW
13,8kV V = 14 kV
CP2 BUS2
50 MVA SM : SM11
1,03/_20,4
PVnus : SM_BUS8
AVR_Gov_8 BUS9 + LT_290km
SM8
Out BUS8
YgYg_BUS4
SM
1 2
Load9
IN 240MW
AVR & Gov SM6 60MVAR
LF 13,8/230
SM_BUS8
P = 40 MW BUS8
V = 14 kV + 0,95/_42,9
SM : SM8
Figure 4 – Exemple typique de réseau électrique assemblé dans une interface graphique
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Les tensions v n2 sont connues, ce qui permet de réduire le sys- numérique, seule la localisation de la matrice Yn peut être respec-
tée et l’ordre d’assemblage des autres équations demeure arbi-
tème précédent à la solution de :
traire. Cette formulation est valide pour des calculs avec des
Yn11v n1 = in1 − Yn12v n2 (13) variables complexes en régime permanent, ainsi qu’avec des
variables réelles dans le domaine du temps. Les lettres minuscules
Dans cette transformation, le vecteur v n contient seulement les sont utilisées pour désigner les éléments des vecteurs x et b dans
1
tensions inconnues. le domaine du temps et des lettres majuscules pour les phaseurs
L’analyse nodale classique de l’équation (13) présente plusieurs dans le domaine fréquentiel (en régime permanent).
limitations [1] importantes au niveau de la représentation des com- En plus de la matrice d’admittance nodale classique Yn, cette
posants électriques. Notons, comme exemple, que les sources de représentation comprend une partie augmentée composée des
tension doivent posséder obligatoirement un branchement au sous-matrices spécifiques pour les sources (V) de tension, pour les
nœud de référence zéro (la terre). L’utilisation exclusive de la transformateurs et autres fonctions de dépendance (D) et les inter-
matrice d’admittance nodale suppose que tous les composants de rupteurs de type idéal (S). Dans les variables inconnues, le vecteur
réseau puissent être représentés par une telle matrice, alors que
vn est le vecteur des tensions de nœud, iV est le vecteur des cou-
certains composants, comme le transformateur idéal, utilisent une
rants de source, iD est le vecteur des courants des fonctions de
fonction de relation entre deux ou plusieurs branches. C’est pour
dépendance et iS représente les courants d’interrupteur. Dans la
éliminer ces limitations que les travaux de la référence [1] propo-
partie droite de l’équation (15), on retrouve le vecteur in pour la
sent la description du réseau à l’aide d’un système générique et
somme des courants entrants à chacun des nœuds, vb pour les
non symétrique :
tensions de source, db pour représenter des variables connues
Ax = b (14) dans les fonctions dépendantes et sb pour les relations d’interrup-
teur.
Cette approche s’inspire de l’analyse nodale modifiée [3] [4] et
porte le nom d’analyse nodale modifiée augmentée [1]. La version Un élément yii dans Yn représente la somme des admittances
explosée et symbolique de l’équation (14) est donnée par : des branches connectées au nœud i et yij représente la somme
négative des admittances connectées entre les nœuds i et j. En
⎡Yn Vc Dc Sc ⎤ ⎡v n ⎤ ⎡ in ⎤ général, on peut poser yij = yji. Cela exprime la somme des cou-
⎢V D VD SVS ⎥⎥ ⎢i ⎥ ⎢v ⎥ rants qui quittent le nœud i. En régime permanent, une admittance
⎢ r Vd ⎢ V⎥= ⎢ b⎥ de branche est exprimée sous forme d’un nombre complexe
⎢Dr DDV Dd SDS ⎥ ⎢ iD ⎥ ⎢db ⎥ (15) g + jb, avec g la partie réelle et b la partie imaginaire. En régime
⎢ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥
⎣ Sr SSV SSD Sd ⎦ ⎣ iS ⎦ ⎣ sb ⎦ transitoire, l’admittance de branche devient une résistance,
comme il est expliqué plus loin (§ 6.1). Suivant la séquence de la
Il s’agit ici d’un partitionnement symbolique qui permet d’expli- figure 3, tous les modèles ont une représentation dans le domaine
quer la formulation du système d’équations, mais dans la solution fréquentiel (variables complexes) et dans le domaine du temps.
i DELTA
k1 k2 Y
xfmr A
a a
+
–g i g (vk – vm )
1 1
xfmr B b
b
m1 m2 +
inD outY
Figure 5 – Circuit équivalent pour un transformateur idéal
Rmag
Lmag
devient nul et la contribution est au niveau de Vd et vb seulement :
m
v dpp = 1 et v bp = 0 avec vd ∈ Vd. Ainsi, la sous-matrice Vr sert à m1 T m2
Le ratio de tension au secondaire par rapport à la tension au pri- L’interrupteur idéal combiné avec d’autres éléments sert aussi à
maire est donné par g. Cette équation contribue à la sous-matrice modéliser des composants d’électronique de puissance comme des
drpk = −g , drpm = g , diodes et des thyristors. Dans les simulations des réseaux de trans-
Dr dans la ligne du transformateur p : 1 1 port et de distribution d’électricité, il n’est généralement pas néces-
drpk = 1 et drpm = 1 avec dr ∈ Dr. La transposée de cette ligne se saire d’utiliser des modèles non linéaires détaillés pour modéliser les
2 2 composants de commutation d’électronique de puissance.
retrouve dans la colonne p de Dc. Il est aussi possible de représen- Les autres sous-matrices non utilisées ci-avant servent à créer
ter ainsi un transformateur avec plusieurs secondaires ayant des d’autres fonctions dépendantes ou des relations qui ne peuvent
ratios de transformation différents. pas s’inscrire directement dans la matrice Yn. Certains modèles
Le modèle de transformateur monophasé de la figure 5 permet rendent l’ensemble du système d’équations non symétrique.
d’assembler des configurations de transformateurs triphasés avec plu- La solution du système d’équations (15) utilise une méthode
sieurs enroulements en supposant que les noyaux sont indépendants. directe par élimination gaussienne. La taille du problème requiert
Les sous-réseaux d’un transformateur Delta-Y de la figure 4 sont la programmation par des méthodes de matrices creuses [5].
assemblés par couches hiérarchiques et présentés sur la figure 6. Les
trois unités indépendantes contiennent le même circuit de transforma-
teur avec au centre le transformateur idéal de l’équation (17). Il s’agit 2.3 Exemple démonstratif
d’un circuit classique de transformateur avec l’inductance non linéaire
de magnétisation, la représentation des pertes dans le fer et dans les Le circuit de la figure 7 est utilisé pour présenter un exemple
enroulements ainsi que l’inductance de fuite. Tous les composants démonstratif de formulation du système d’équations (15) pour les
inductifs et résistifs entourant le transformateur idéal créent des calculs en régime permanent.
nœuds intermédiaires et participent à la matrice (sous-matrice) Yn.
Les trois sources (une source de tension et deux sources de cou-
Pour un interrupteur idéal branché entre les nœuds k et m, l’équa- rant) sont des sources sinusoïdales. L’interrupteur D1 est initiale-
tion de l’interrupteur en état fermé est similaire à l’équation (16) : ment ouvert. La numérotation des nœuds est arbitraire. Le
vk − vm = 0. Cette équation est inscrite directement dans la sous- système d’équations du circuit est construit comme suit :
matrice Sr pour l’interrupteur p : srpk = 1 et srpm = −1 . Dans la
⎡y 11 y 12 0 0 y 15 0 0 ⎤ ⎡ V1 ⎤ ⎡ Is 2 ⎤
matrice de droite sbp = 0 . Si l’interrupteur est ouvert, alors son cou- ⎢y y 0 y 0 0 0 ⎥ ⎢ V2 ⎥ ⎢I ⎥
rant est nul et il suffit de poser : sdpp = 1 et sbp = 0 . La sous-matrice ⎢ 21 22 24 ⎥⎢ ⎥ ⎢ s3 ⎥
⎢ 0 0 y 33 0 0 0 −1⎥ ⎢V3 ⎥ ⎢0 ⎥
Sc est affectée par les éléments sckp = 1 et scmp = −1 et demeure ⎢ 0 y 0 y 44 0 0 1 ⎥ ⎢V4 ⎥ = ⎢0 ⎥ (18)
⎢ 42 ⎥⎢ ⎥ ⎢ ⎥
inchangée selon l’état de l’interrupeur. La formulation (15) est donc à ⎢y 51 0 0 0 y 55 1 0 ⎥ ⎢ V5 ⎥ ⎢0 ⎥
rang fixe contrairement au système (13) où la fermeture d’un inter- ⎢ 0 0 0 0 1 0 0 ⎥ ⎢ Is1 ⎥ ⎢V ⎥
rupteur implique l’élimination d’une ligne et d’une colonne. Il est ⎢ ⎥⎢ ⎥ ⎢ s1 ⎥
important de représenter des interrupteurs de type idéal pour ne pas ⎢⎣ 0 0 0 0 0 0 1 ⎥⎦ ⎣⎢ ID1 ⎥⎦ ⎣⎢ 0 ⎦⎥
5 +
L1
1 +
R1
+ L2 2 + L3 4
D1
3
+
+ + + + +
+ s1 s2 C1 C2 s3 L4 C3
+
R2
Les lettres majuscules sont utilisées pour les variables des vec-
teurs x et b. Les éléments de la matrice Yn à la fréquence de solu-
k1 m1
tion imposée (par s = jω) sont donnés par :
k2 m2
1 1
y 11 = + + sC1
sL1 R1 + sL2 k3 m3
1
y 12 = − = y 21 Figure 8 – Composant générique triphasé
R1 + sL2
1 1 2.4 Modélisation
y 22 = + + sC 2
sL3 R1 + sL2
Les modèles des composants doivent fournir une équation qui peut
1 s’inscrire dans la matrice d’admittance nodale et/ou dans la partie
y 24 = − = y 42
sL3 augmentée de la matrice A. La modélisation des lignes et des câbles
a été présentée dans le dossier Régimes transitoires dans les réseaux
1 électriques [D 82]. Les modèles peuvent posséder leur propre sys-
y 33 = + sC 3
R2 + sL4 tème d’équations, mais leur interface avec les équations du réseau
simulé est effectuée par un équivalent inscrit dans la matrice A.
1
y 44 = Dans le cas d’une machine synchrone par exemple, les calculs
sL3 internes pour les quantités électriques peuvent se faire en appli-
quant une transformation dq0 [6] [7]. La machine possède aussi
1
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respectivement. Le phaseur de tension de la source de tension est composant. Il s’agit d’un équivalent Norton. Pour l’exemple triphasé
donnée par Vs1. de la figure 8, le système d’équations (19) est de dimension six :
La dernière ligne présente l’équation de l’interrupteur dont le ⎡ip1 ⎤ ⎡y p11 y p12 ⎡v p1 ⎤ ⎡inp1 ⎤
y p16 ⎤
courant sort du nœud 4 et entre dans le nœud 3. Puisque l’inter- ⎢ ⎥ ⎢ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥⎥
⎢ip2 ⎥ ⎢y p21 y p22 ⎢v p2 ⎥ ⎢inp2 ⎥
⎥
rupteur est ouvert, son courant est nul. Si l’interrupteur était à ⎢ ⎥= ⎢ ⎢ ⎥ ⎢
+ ⎥⎥ (20)
l’état initial fermé, la dernière ligne comprendrait les coefficients ⎢ ⎥ ⎢ ⎢ ⎥ ⎢ ⎥⎥
−1 à la colonne 3, 1 à la colonne 4 et 0 à la colonne 7. ⎢ip ⎥ ⎢y p ⎢
y p66 ⎥⎦
⎢v p ⎥ in ⎥
⎣ 6⎦ ⎣ 61 ⎣ 6 ⎦ ⎢⎣ p6 ⎥⎦
La solution de l’équation (18) permet d’obtenir les phaseurs de
tension à tous les nœuds, le courant de la source de tension et le La numérotation des phases est arbitraire et locale au compo-
courant de l’interrupteur. Si les sources de tension et courant ne sant. Dans cet exemple, les nœuds du côté k peuvent être numéro-
sont pas à la même fréquence d’onde sinusoïdale, il est nécessaire tés en premier de 1 à 3 et suivis de la numérotation du côté m
de solutionner le système d’équations (18) pour chacune des fré- dans l’ordre 4 à 6. Les éléments de yp s’ajoutent aux éléments cor-
quences et d’appliquer le principe de superposition pour déte- respondants dans la sous-matrice Yn selon la numérotation glo-
rminer la série de Fourier pour chacun des éléments du vecteur x. bale des nœuds du réseau étudié. Certains éléments de la matrice
Lorsque la fréquence de la solution ne correspond pas à la fré- yp peuvent être nuls.
quence d’une source, une source de courant devient un circuit Cette représentation est valide pour des variables complexes
ouvert et une source de tension devient un court-circuit. Il est aussi dans les calculs en régime permanent et pour des quantités réelles
possible de modifier le modèle complet d’un composant de réseau comme dans le cas de la modélisation dans le domaine du temps
selon la fréquence de solution. présentée au § 6. En régime permanent, les courants de Norton
constituent des sources équivalentes internes au modèle. En une tension fixée. L’application de l’équation (21) aux équations
régime transitoire, il peut s’agir aussi de termes équivalents prove- (23) et (24) donne le système itératif à résoudre :
nant de la méthode d’intégration numérique.
(j ) (j )
Chacun des modèles peut appliquer des équations différentes (j ) (j ) ⎛ ∂fp ⎞ (j ) ⎛ ∂fpi ⎞
Δ Vn( )
j (25)
selon le module de simulation de la figure 3. Le circuit équivalent de ΔPi = Pi − fp =⎜ i ⎟ Δδ2 + ... + ⎜ ⎟
i ⎝ ∂δ 2 ⎠ ⎝ ∂ Vn ⎠
certains modèles peut changer dans le domaine fréquentiel ou tem-
porel. Dans ce cas, si le changement affecte la matrice A, le système
(j ) (j )
d’équations (15) est remis à jour pour la solution subséquente. ⎛ ∂fq ⎞ ⎛ ∂fqi ⎞
ΔQi ( ) = Qi − fq( ) = ⎜ i ⎟ Δδ2( ) + ... + ⎜ Δ Vn( )
j j j j
⎟ (26)
i ⎝ ∂δ 2 ⎠ ⎝ ∂ Vn ⎠
⎢ ⎥
encore une impédance constante ou un courant constant. Le sys- ⎢ LPQ 0 0 0 DLPQ 0 ⎢ ΔIS ⎥ = − ⎢ fLPQ ⎥ (30)
tème d’équations qui en résulte est non linéaire et doit être solu- ⎢Y 0 0 0 0 BGI YGE ⎥ ⎢ ΔI ⎥ ⎢ fGI ⎥
tionné par un processus itératif en employant une méthode de ⎢ GI ⎥ ⎢ L
⎥ ⎢f ⎥
⎢CGPQ 0 0 0 0 DGPQ 0 ⎥ ⎢ ΔIG ⎥ ⎢ GPQ ⎥
type Newton. ⎢ ΔE ⎥
⎢H 0 ⎥⎥ ⎢fGPV ⎥
⎢ 0 0 0 0 0 ⎣ GA ⎦
Pour une fonction matricielle générique f(x) = 0, la solution par PV
⎢ ⎥
la méthode de Newton permet d’écrire : ⎢⎣ H sI 0 0 0 0 0 0 ⎥⎦ ⎣ fsI ⎦
( )
f x ( j ) + J ( j ) Δx ( j ) = 0 (21) Les inconnues du vecteur Δx sont maintenant notées avec des
caractères majuscules pour indiquer des quantités en régime
permanent.
( )
−1
x ( j +1) = x ( j ) − ⎡⎣J ( j ) ⎤⎦ f x ( j ) (22) Il s’agit d’un système réel car les contraintes peuvent être appli-
quées indépendamment pour les parties réelle et imaginaire. Les
où (j) représente le compteur itératif et J est la matrice Jaco- parties réelles et imaginaires sont représentées séparément en
bienne. chacun des termes du vecteur des inconnues séparé en deux. Pour
Dans le cas d’un écoulement de puissance classique, on tient chaque équation complexe, il faut écrire deux équations, une pour
compte seulement de la séquence directe en supposant un réseau la partie réelle et une autre pour la partie imaginaire.
parfaitement équilibré. Les équations d’équilibre de puissance à
L’équation (30) est similaire à l’équation (21) dont la solution
chacune des barres sont :
doit donner x tel que f(x) = 0. Dans le cas des contraintes de
n réseau la fonction résolue est :
Pi = ∑ y ik Vi Vk cos (δi − δk − γ ik ) = fpi (23) YnΔVn + VcΔIV + DcΔID + ScΔIS + AILΔIL + AIGΔIG − In = fn = 0 (31)
k =1
Dans la plupart des cas, le vecteur In est nul car les sources de
n courant indépendantes ne sont pas normalement utilisées comme
Qi = ∑ y ik Vi Vk sin (δi − δk − γ ik ) = fqi (24) contrainte dans un écoulement de puissance.
k =1
Les sous-matrices AIL et AIG sont des matrices d’incidence
où Pi est la puissance active injectée à la barre i, Qi est la puis- nodale et permettent de connecter les charges (courants IL) et les
sance réactive injectée à la barre i, n est le nombre total de barres, sources (génératrices ayant un courant IG) au réseau passif. Les
yik ∈ Yn, γik est la phase de yik, Vi représente le phaseur de tension sous-matrices sont utilisées de la façon suivante : CLPQ et DLPQ
à la barre i et δi est l’angle de Vi. La partie gauche de ces équations présentent les contraintes PQ des charges ; YGI, BGI et YGE sont uti-
représente des injections de puissance et la partie de droite repré- lisées pour insérer les équations de courant des génératrices ;
sente la transmission sur les lignes qui interconnectent les barres CGPQ et DGPQ imposent la contrainte PQ des génératrices ; HPV
triphasées. Ces équations sont obtenues de la version complexe représente les génératrices avec la contrainte PV et HsI est utilisée
de la puissance injectée Si = Pi + jQi. Dans le cas d’une charge, pour les barres d’équilibre. Le vecteur EGA indique la tension de
cette puissance a une valeur négative. La barre d’équilibre (k = 1) a séquence directe pour chacune des génératrices.
Les contraintes de courant de génératrice (pour une Dans l’exemple du réseau de la figure 4, la barre d’équilibre est la
génératrice p) sont formulées par : barre BUS10. Le modèle de source employé à cette barre est une
( )
source idéale derrière une impédance. L’objectif dans cet exemple
IGp = YGIp Vk p − Vmp − E G (32) est d’inclure l’échange de puissance avec un réseau voisin. Les con-
p
signes d’écoulement de puissance des sources d’énergie (source
Il s’agit d’un système triphasé et complexe. Le vecteur de cou- idéale et machines synchrones) sont indiquées directement sur la
rants IGp circule du nœud k au nœud m, le vecteur Vk p représente barre de la source et tiennent compte des impédances internes. Les
les trois tensions du nœud k, le vecteur Vm représente les trois autres contraintes sont des charges PQ à tension nominale.
p
tensions du nœud m, le vecteur E Gp indique les trois tensions
internes de séquence directe de la machine et YGIp est la matrice
de réactance interne de la génératrice. Il faut noter que les mem-
bres de E Gp sont fonction du scalaire E Ap qui représente le pha-
seur de tension de la phase A :
4. Régime permanent
⎡1⎤ Avant de passer à la simulation dans le domaine du temps, il
E Gp = ⎢a 2 ⎥ E Ap (33) faut calculer les phaseurs du circuit équivalent simulé dans le
⎢a ⎥ domaine du temps. Contrairement à l’écoulement de puissance,
⎣ ⎦
dans cette solution tous les composants de réseau obtiennent un
avec le déphaseur a = 1∠120˚. L’équation de la contrainte devient
équivalent de circuit. Le système à solutionner n’est plus itératif.
donc :
( )
Les charges de type PQ, par exemple, sont modélisées par des
YGIp Vk p − Vmp − E Gp − IGp = fGIp = 0 (34) branches RLC équivalentes à tension nominale. Les machines syn-
et la dérivation de la jacobienne donne : chrones gardent leurs équivalents Thévenin avec les phaseurs de
tension obtenus de l’écoulement de puissance précédent.
p ( )
fG( I ) + YGIp ΔVk p − ΔVmp − YGEp ΔE Ap − ΔIGp = 0
j
(35) La forme complexe de l’équation (15) est utilisée directement
pour le calcul du réseau en régime permanent et selon l’état initial
Dans cette équation, ΔE Ap est un membre de ΔEGA et YGEp (qui des interrupteurs. La solution la plus simple comprend seulement
participe dans YGE) résulte de la multiplication de YGIp (qui parti- la version linéaire ou linéarisée de tous les modèles. Une linéarisa-
cipe dans YGI) par le vecteur déphaseur qui est multiplié par ΔE Ap tion est effectuée pour les modèles non linéaires. Dans le cas d’un
pour obtenir les trois tensions de séquence directe. Le coefficient transformateur, par exemple, on utilise l’équation de la branche de
négatif de ΔIGp est exprimé à l’aide de la matrice BGI. magnétisation dans sa partie linéaire. La présence des sources
La même procédure peut être appliquée pour formuler les autres ayant des fréquences différentes de la fréquence fondamentale est
types de contrainte. Dans le cas, par exemple, d’une charge mono- solutionnée en appliquant le théorème de superposition.
phasée la contrainte de puissance PQ est exprimée à partir des
équations de tension et courant de la charge. Si une charge p est
connectée entre les nœuds k et m, alors sa tension et son courant
sont données par : 5. Initialisation
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Le calcul automatique des conditions initiales est important pour 6.1 Modèles linéaires
la simulation du régime transitoire d’un réseau électrique. En
l’absence d’une méthode d’initialisation adéquate, il est nécessaire La solution dans le domaine du temps est plus sophistiquée car
d’attendre l’amortissement de la réponse naturelle, ce qui est contrairement à la version complexe de l’équation (15), il faut tenir
pénalisant en temps de calcul et même rédhibitoire dans la majo- compte des équations différentielles des modèles interconnectés. La
rité des cas. Il faut noter aussi que si le calcul des conditions initia- méthodologie proposée initialement dans [8] est basée sur la discré-
les est absent ou imprécis, la solution dans le domaine du temps tisation d’une équation différentielle générique formulée par :
dx
peut se stabiliser dans un mode de fonctionnement inacceptable = f (x , t ) (44)
en présence de fonctions non linéaires. dt
La figure 10 présente les résultats de simulation pour l’exemple La méthode de discrétisation utilisée est la méthode d’intégra-
de la figure 4. Les droites horizontales représentent la solution de tion trapézoïdale :
la puissance triphasée avec initialisation automatique à partir de
Δt
l’écoulement de puissance. Ces droites respectent les consignes de xt = xt − Δt +
2
[ft + ft − Δt ] (45)
puissance des machines. Cela confirme qu’avec le calcul d’écoule-
ment de puissance et les méthodes numériques d’initialisation, il La variable Δt constitue le pas d’intégration et donc le pas
est possible de débuter la simulation pratiquement en régime per- d’échantillonnage des formes d’onde de la simulation. Entre deux
manent. Sans la solution d’écoulement de puissance avant le cal- points de temps t et t + Δt, la solution est linéaire. Dans le cas d’une
cul du régime permanent et l’initialisation automatique, les inductance L connectée entre deux nœuds arbitraires k et m, la rela-
machines démarrent les calculs avec des phaseurs de tension qui tion entre le courant et la tension est similaire à l’équation (44) :
ne respectent pas les consignes de puissance et il faut alors appli-
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600
P(MW) SM6
500
400
300
200
SM3
100 SM4
SM11
SM8
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5
Temps (s)
Figure 10 – Puissances triphasées des machines synchrones avec initialisation par écoulement de puissance
2L + cS
Δt +
+
+
0,01 mH L 100μF C 80 R
k ikm + L m k ikm m 8
CNTRL
iLh
Figure 12 – Circuit de simulation d’un convertisseur d’électronique
Figure 11 – Circuit équivalent Norton discret d’une inductance de puissance
0 1 0
⎣ 0 ⎦ problème avec l’exemple du circuit de convertisseur de la
Il est à noter que les branches R1-L2 et R2-L4 sont modélisées figure 12. Les éléments de commutation (interrupteur contrôlé de
par un équivalent Norton qui tient compte de la résistance équiva- type transistor et diode) sont modélisés par des interrupteurs
lente de l’inductance et de son terme d’historique. idéaux. Le transistor est un interrupteur idéal contrôlé par un
signal carré périodique et la diode est modélisée par un interrup-
Cette fois, l’interrupteur D1 a été modélisé comme étant initiale- teur idéal en série avec une source de tension de 0,7 V. Au
ment fermé. Le changement d’état de l’interrupteur durant la simula- moment où l’interrupteur cS se ferme la première fois, la diode ne
tion temporelle nécessite la reconstruction du système d’équations conduit pas et le courant dans l’inductance augmente de façon
en modifiant seulement la ligne qui correspond à l’interrupteur. linéaire. Lorsque cS ouvre, il apparaît un Dirac de tension négative
L’inductance et la capacitance sont des éléments constitutifs qui aux bornes de l’inductance et la diode entre en conduction. La
sont aussi employés dans des modèles plus complexes, comme conduction de la diode peut cesser avant la fermeture ou au
par exemple la machine synchrone, et permettent de construire moment de la fermeture subséquente de cS. Si l’interrupteur cS se
des circuits équivalents de Norton avec des courants d’historique. ferme pendant que la diode conduit, la conduction de la diode doit
Le cas particulier des lignes et des câbles est présenté dans cesser instantanément. Cela signifie qu’il faut détecter le change-
l’article Régimes transitoires dans les réseaux électriques [D 82]. ment d’état et refaire la solution du système d’équations sans
Ces modèles sont construits à partir d’éléments résistifs résultant avancer le point de temps (t). Si on avance le point de temps sans
directement du modèle ou de la discrétisation des équations et des resolutionner, alors la tension continue de 8 V apparaît subitement
sources de courant qui représentent l’historique de propagation. aux bornes de la résistance et la simulation devient complètement
fausse. Le même principe s’applique au moment où cS ouvre.
Dans la plupart des logiciels de simulation des transitoires élec-
tromagnétiques, on utilise la méthode d’intégration trapézoïdale La solution simultanée entre le courant de cS, le courant de la
avec un pas fixe. Cela est justifié par sa stabilité numérique et sa diode et le signal de contrôle CNTRL est présentée sur la figure 13.
performance. La méthode d’intégration trapézoïdale est une On constate aussi qu’après la discontinuité causée par la commuta-
méthode A-stable, donc stable si le système solutionné est stable. tion (entre 1,4575 et 1,4576 ms), le nombre de points de simulations
Il est possible d’utiliser des méthodes polynomiales plus précises, double temporairement. Cela s’explique par le passage à la méthode
mais celles-ci sont plus exigeantes en temps de calcul et com- d’intégration Backward-Euler (avec un pas de Δt/2) discutée plus haut.
plexité de programmation, et la même précision est obtenue en Un dernier aspect important dans le traitement numérique des
diminuant le pas d’intégration de la méthode trapézoïdale. discontinuités est le problème d’interpolation. Puisque la simulation
Le pas d’intégration constitue une donnée pour la simulation. Il se fait à pas fixe, le moment précis où un élément de commutation
s’agit d’utiliser le Δt qui permet de capter la fréquence de la transi- change d’état peut survenir au milieu d’un pas d’intégration. Le trai-
toire la plus rapide du phénomène simulé. Plus Δt est petit, plus la tement par interpolation peut devenir complexe car il faut alors
précision des calculs augmente, mais le temps de calcul augmente retoucher la solution de tous les modèles et tenir compte des chan-
aussi. Pour des cas de grande dimension, il est nécessaire de trou- gements dans les termes d’historique. Des explications supplé-
ver un équilibre entre une précision suffisante et un temps de mentaires et des références à d’autres travaux sont disponibles
calcul acceptable sur l’ordinateur utilisé. dans [9].
(figure 15). Des méthodes similaires sont utilisées dans des logi-
I(A)
(j )
ciels de simulation des circuits électroniques. La résistance rq de
7 la figure 15 est obtenue de l’inverse de la pente de la droite q du
Courant de cS
6 Courant de la diode
point d’opération à l’itération j. Le courant iq( ) représente
j
5
4 l’ordonnée à l’origine de la droite d’opération q. Cette approche
3 constitue une méthode de type Newton et consiste à itérer avec
2 Signal CNTRL tous les éléments non linéaires à chaque point de solution dans le
1 temps. L’ensemble du système d’équations converge quand il n’y a
0 pas de variation de segment d’opération entre deux itérations. Le
1,4570
1,4571
1,4572
1,4573
1,4574
1,4575
1,4576
1,4577
1,4578
1,4579
1,4580
fait de changer de segment implique la modification de la
matrice A du système d’équations (15) car 1/rq affecte les éléments
t (ms)
ykk, ymm, ykm et ymk de Yn. Donc la matrice Yn doit être ajustée à
Figure 13 – Solution simultanée pour un circuit de convertisseur chaque itération. Il existe des techniques performantes pour
implanter ces opérations dans un code numérique. Il faut aussi
y appliquer des méthodes numériques qui accélèrent la convergence.
3 La présentation de la figure 15 correspond à un modèle résistif,
2
mais s’applique aussi à d’autres types de modèles. Si le modèle
possède une équation différentielle, comme dans le cas d’une
1
inductance non linéaire, alors la résistance r ( ) contient le pas
j
0 q
–1
–2 d’intégration et le courant iq( j ) contient un terme d’historique :
–3
–1,5 –1 – 0,5 0 0,5 1 1,5
x (j )
ikm =
t
Δt
2K q( )
j
(j )
v km +
t
1
K q( )
j (φh − φq( )
j
) (51)
Figure 14 – Exemple de fonction linéaire par morceaux
Ce qui est équivalent au circuit Norton de la figure 15. Dans la
relation non linéaire flux-courant, chacun des segments de droite
rq(j)
+ possède l’équation :
φ = Kqikm + φq (52)
k ikm + m k ikm m
au point d’opération q qui peut bouger durant le processus itératif.
Dans cette équation, φ représente le flux total de l’inductance, ikm est
iq(j) le courant de l’inductance, Kq est la pente de la droite au point d’opé-
ration et φq est l’ordonnée à l’origine. Le flux est l’intégral de la tension
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Figure 15 – Circuit équivalent Norton pour la solution d’un modèle et en appliquant la méthode d’intégration trapézoïdale on obtient :
non linéaire
Δt ( j ) Δt Δt ( j )
φt( ) =
j
v + v kmt − Δt + φt − Δt = v + φh (53)
6.3 Modèles non Iinéaires 2 kmt 2 2 kmt
ou φh est un terme d’historique qui regroupe les quantités du pas
La présence de modèles non linéaires comme des inductances de calcul précédent.
saturables, des résistances non linéaires et des parafoudres rendent
le système d’équations (15) non linéaire dans le domaine du temps. Donc à chacune des itérations j et au point de solution t, la tension
La plupart des fonctions non linéaires peuvent être représentées par (j )
v km du réseau est utilisée dans l’équation (53) pour prédire la valeur
t
une fonction équivalente linéaire par morceau. Un tel exemple de
(j )
fonction est montré sur la figure 14. Certains modèles nécessitent du flux φt et donc le segment d’opération q de l’équation (52). La
l’utilisation de fonctions plus complexes. Dans le cas des parafou- combinaison de ces équations permet d’obtenir l’équation (51).
dres, par exemple, il faut utiliser des fonctions exponentielles. La Si les segments des fonctions non linéaires ne sont pas des droi-
caractéristique non linéaire d’un parafoudre à l’oxyde de zinc est (j )
modélisée en utilisant plusieurs segments exponentiels. La majorité tes, il est nécessaire d’obtenir rq et iq( j ) en appliquant la différen-
des modèles non linéaires ont des fonctions caractéristiques qui tiation au point d’opération de l’itération.
passent par l’origine et qui sont monotoniques croissantes. Il est Dans le cas de modèles plus complexes, comme celui d’une
mathématiquement possible cependant de simuler des fonctions machine synchrone par exemple, il n’est pas possible de déduire
qui ne passent pas par l’origine ou qui ont une représentation non directement un équivalent Norton en appliquant des dérivations
linéaire qui varie dans le temps, comme dans le cas de l’hystérésis. symboliques car la machine contient des non-linéarités et devient
En général, les logiciels de type EMTP ne sont pas conçus pour trou- un ensemble non linéaire. Il est alors requis de prédire numérique-
ver des solutions multiples dans le domaine du temps en présence ment l’équivalent Norton de la machine au point d’opération après
de fonctions qui peuvent avoir plus d’une solution. avoir appliqué un processus itératif interne basé sur les tensions
Une contrainte importante de la méthode de résolution des du réseau aux bornes de la machine et sur les variables internes
équations de réseau en présence des fonctions non linéaires est de obtenus du calcul au point de temps précédent.
trouver la solution la plus précise possible pour le choix du pas
d’intégration numérique et converger le plus rapidement possible.
Plusieurs méthodes de résolution sont proposées dans la littéra- 6.4 Solution des systèmes de contrôle
ture. La majorité de ces méthodes imposent cependant des limita-
tions topologiques ou numériques. La méthode de compensation Dans les logiciels de type EMTP, les fonctions de contrôle sont
[6], par exemple, ne peut pas solutionner des modèles non linéai- représentées en utilisant des blocs de haut niveau. Un exemple de
res qui forment un circuit bouclé. Une approche qui n’impose pas diagramme de contrôle est montré sur la figure 16. Les signaux
de restrictions numériques [1] consiste à étendre le concept de ont une direction et interconnectent des blocs de fonction
discrétisation de la figure 11 à l’inclusion des non-linéarités mathématique. La fonction D est un simple diviseur de signal (gain
S D LIM 5 FS N6
+ 1
E 1 f (s) S
2
– 0 L1 L2 L3 L4 L5
P
O
U
Régimes transitoires R
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E
N
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