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Structures de guidage HF

Modélisation et calculs
par Marc HÉLIER
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Docteur – Ingénieur
Professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie
Michel NEY
Professeur à l’ENST-Bretagne
Directeur du Laboratoire d’électronique et des systèmes de télécommunications
(LEST) à Brest
et Christian PICHOT
Directeur de Recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS)
Laboratoire d’Électronique, Antennes et Télécommunications

1. Méthodes de calcul et d’analyse ......................................................... E 1 171 – 2


1.1 Méthodes approchées................................................................................. — 2
1.1.1 Méthode de la résonance transverse................................................ — 2
1.1.2 Approximation modale ...................................................................... — 3
1.2 Méthodes exactes........................................................................................ — 3
1.2.1 Méthode des équations intégrales.................................................... — 3
1.2.2 Méthode des éléments finis............................................................... — 4
1.2.3 Méthode des différences finies dans le domaine temporel (DFDT) ... — 4
1.2.4 Méthode TLM...................................................................................... — 8
1.2.5 Méthode spectrale : exemple de la ligne à microruban .................. — 10
2. Prise en compte des discontinuités ................................................... — 11
2.1 Techniques de modélisation ....................................................................... — 12
2.1.1 Modèle du guide d’ondes équivalent ............................................... — 12
2.1.2 Raccordement modal ......................................................................... — 12
2.2 Schéma équivalent ...................................................................................... — 13
2.2.1 Principe de modélisation ................................................................... — 13
2.2.2 Exemples de discontinuités courantes en ligne à microruban....... — 13
Références bibliographiques ......................................................................... — 15

ien que de géométries simples, les microlignes usuelles (microruban ou


B ligne à fente par exemple) sont difficiles à étudier en raison de la non-homo-
généité du milieu qui les supporte (air et diélectrique). Il en résulte des condi-
tions aux limites complexes, en particulier à l’interface air-diélectrique, dont
l’introduction rend la résolution de l’équation de Helmholtz difficile.
En raison de cette difficulté, différentes méthodes approchées ont été propo-
sées pour parvenir à l’expression de la constante de propagation et du champ
transporté dans une microligne. Parmi ces méthodes, on peut citer pour l’appli-
cation à la ligne à microruban :
— les méthodes quasi statiques (transformation conforme, différences finies,
équation intégrale) utilisées dans le cadre d’une approximation TEM de la
propagation ;
— les modèles en guide (modèle du guide à nervures, modèles d’ondes TE et
TM couplées).

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L’inconvénient de ces méthodes est de n’être valides que pour des géométries
et des gammes de fréquences limitées.
Des approches rigoureuses ont été développées grâce à l’apparition de nou-
veaux moyens de calcul. Des méthodes d’équations intégrales, de différences
finies ou de transformation de Fourier ont permis d’aboutir à une connaissance
exacte des phénomènes de propagation dans ces nouvelles structures de gui-
dage. Une des méthodes les plus utilisées actuellement est la méthode spectrale
dont la mise en œuvre repose sur l’emploi des algorithmes de transformée de
Fourier rapide (FFT), aujourd’hui disponibles sur la plupart des calculateurs.
L’étude des discontinuités de géométrie (indésirables ou volontairement intro-
duites) permet de prévoir le comportement global du circuit.

Les structures de guidage pour circuits micro-ondes et millimétriques font l’objet de trois
articles :
— [E 1 170] pour la propagation et la géométrie ;
— [E 1 171] pour la modélisation et les calculs ;
— [E 1 172] pour la technologie et les applications.

1. Méthodes de calcul
et d’analyse y
2(d +h )
S
1.1 Méthodes approchées z
S0 O

b S
1.1.1 Méthode de la résonance transverse
x 2h
On va illustrer cette méthode [1] [3] dans le cas de l’analyse d’une
ligne à ailettes. Elle consiste à décomposer le champ dans la ligne
suivant des modes TE et TM par rapport à la normale au plan de la a = λ s /2
microligne, puis à projeter les relations obtenues sur ces mêmes
modes de façon à obtenir une équation non linéaire qui permet de
déterminer la constante de propagation de la structure étudiée. En Figure 1 – Méthode de résonance transverse
pratique, tout se passe comme si l’on enfermait un tronçon de ligne
dans un guide d’ondes rectangulaire. Ainsi, la méthode permet de ● dans l’air pour 0  x  d , il vient :
ramener l’étude de la propagation sur une ligne à ailettes à celle
d’un iris capacitif épais en guide d’ondes. Le principe de cette modé-
lisation est précisé sur la figure 1.
E t2 = ∑ Amn sin kmn ( x – d )x ∧ ∇ Ψmn
m, n
1
On place de part et d’autre de la ligne à ailettes des courts-circuits – -------------- ∑ B mn sin k mn ( x – d )∇ Φ mn
métalliques situés à une distance λ s ⁄ 2 l’un de l’autre où λ s est la j ωε 0 m, n
longueur d’onde dans la ligne à ailettes, que l’on cherche à détermi-
1
ner. Par symétrie, on se limitera à l’étude d’une demi-structure. On H t 2 = --------------- ∑ A mn cos k mn ( x – d )∇ Ψ mn
décompose alors le champ transporté dans la ligne court-circuitée j ωµ 0 m, n
en mode, TE et TM se propageant suivant Ox :
+ ∑ Bmn cos kmn ( x – d ) x ∧ ∇ Φmn
m, n
● dans le diélectrique, pour – h  x  0 , on obtient :
Ψ mn = P mn cos  ------------ cos  ----------
mπz nπz
avec
a b
E t1 = ∑ A′mn cos k′mn ( x + h )x ∧ ∇ Ψmn
Φ mn = P mn sin  ------------ sin  ----------
m, n mπz nπz
1 a b
+ ----------- ∑ B mn ′ ( x + h )∇ Φ mn
′ cos kmn
j ωε m, n
δm δn 1
P mn = ------------- ----------
–1
H t 1 = --------------- ∑ A mn ′ ( x + h )∇ Ψ mn
′ sin kmn ab γ mn
j ωµ 0 mn
 1, si i = 0
– ∑ B mn ′ ( x + h ) x ∧ ∇ Φ mn
′ sin kmn δi = 
m, n  2, si i ≠ 0

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mπ 2 nπ 2
γ mn =  --------- +  -------
2 2
2
avec h = k0 εr – β
a b
2 2
2 2
k mn = k 0 – γ mn
2 p = β –k0

2 2 2 ω
k′ mn = k 0 ε r – γ mn k 0 = ----
c
2 2
k0 = ω µ0 ε0 Par application des conditions aux limites sur les composantes
tangentielles en N points des surfaces de discontinuité et en tron-
Il reste alors à écrire les conditions aux limites sur l’interface quant les séries à l’ordre N, on obtient un système d’équations
métal-diélectrique/air S ; elles ont pour expression : linéaires liant les coefficients inconnus A n , B n , C n et D n . Ce sys-
tème étant homogène (second membre nul), une solution non tri-
 E t 0 sur S 0 viale passe par l’annulation du déterminant qui fournit l’équation
E t1 = E t2 = 
caractéristique permettant d’obtenir les différentes constantes de
 0 sur S – S 0
propagation β . Cela fait, le système d’équations linéaires est
H t1 = H t2 = H t 0 sur S 0 ensuite résolu pour chaque valeur de constante de propagation β
suivant les techniques usuelles de l’analyse matricielle. On obtient
avec Et 0 = ∑ ap ep ainsi les valeurs du champ correspondant au mode associé.

Ht 0 = ∑ βq hq
où ( e p ) et ( h q ) constituent une base de fonctions orthogonales, qui
1.2 Méthodes exactes
permettent d’exprimer les champs sur l’interface S en fonction de
coefficients a p et β q , orthogonales également aux fonctions géné- 1.2.1 Méthode des équations intégrales
ratrices des champs Φ mn et Ψ mn . En reportant les expressions des
Dans cette méthode [1] [2], le champ électrique E (ou dans cer-
champs dans les deux milieux dans les conditions aux limites et en tains cas le champ magnétique H ) est exprimé à l’aide d’une équa-
projetant les relations obtenues sur cette base, on montre qu’on tion intégrale portant sur le courant induit à l’intérieur et/ou à
aboutit à une équation non linéaire du type f ( λ s ) = 0 (conditions de l’extérieur de la structure. L’intégrale contient également la fonction
résonance) dont la résolution fournit la longueur d’onde guidée de Green associée au problème.Toutes les conditions aux limites
dans la ligne à ailettes. doivent être automatiquement incluses dans la formulation.
Cette méthode est applicable à d’autres types de microlignes, Ainsi, pour le guide représenté sur la figure 2a (ruban métallique
comme la ligne à fente par exemple. On peut même étudier, grâce à placé sur un substrat comportant une face métallisée), une équation
elle, des discontinuités planes sur des microlignes de ce type. intégrale permettant d’obtenir la solution du problème de propaga-
tion est donnée par l’expression suivante :


e
1.1.2 Approximation modale t⋅ G ( r, r′ ) ⋅ J s ( r′ ) dC = 0
c

avec C contour fermé et orienté de la section du


Dans le cas des guides diélectriques images, l’approximation
ruban métallique,
modale constitue l’une des plus anciennes méthodes de résolution. e
Elle s’applique à des guides diélectriques homogènes, de section G tenseur de Green électrique de la structure en
arbitraire. En 1969, Goell [2] [11] appliqua cette méthode au guide l’absence du ruban métallique,
diélectrique rectangulaire. Les composantes longitudinales des Js = n × H densité de courant électrique surfacique
champs E et H sont alors décomposées en coordonnées cylindri- induit sur le ruban métallique (n normale à la
surface du conducteur),
ques r et θ selon les expressions : t vecteur unitaire tangent à la surface du ruban
● à l’intérieur du guide ([E 1 170] région II, figure 11a). métallique.
∞ Pour la structure représentée sur la figure 2b, l’équation inté-
grale, solution du problème de propagation, est :
E z1 = ∑ A n sin ( n θ + ϕ n )J n ( hr ) exp ( j β z )


n=0 e
∞ E(r) = [ ε r1 ( r′ ) – ε 0 ]G ( r, r′ )E ( r′ ) dC
s
H z1 = ∑ B n sin ( n θ + Ψ n )J n ( hr ) exp ( j β z )
n=0 La résolution des équations intégrales se fait généralement par la
méthode des moments. Les équations intégrales homogènes,
● à l’extérieur du guide ([E 1 170] régions I et III, figure 11a). comme c’est le cas pour les deux équations intégrales précédentes,

peuvent être écrites sous la forme suivante :
E z2 = ∑ C n sin ( n θ + ϕ n )K n ( pr ) exp ( j β z ) ⋅f = 0
n=0
∞ où  est un opérateur linéaire et f la fonction inconnue à détermi-
H z2 = ∑ D n sin ( n θ + Ψ n )K n ( pr ) exp ( j β z ) ner (le champ électrique E associé à chaque mode, par exemple).
n=0 La fonction f est décomposée sur une base complète { f n } (dans
le cas général de dimension infinie) de l’espace fonctionnel de  :
où J n ( x ) et K n ( x ) représentent respectivement les fonctions de

Bessel de 1re espèce et de Bessel modifiée d’ordre n et ϕ n et Ψ n f = ∑ an f n
représentent des angles de phase arbitraires, n=1

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1.2.2 Méthode des éléments finis


Ruban
métallique En dépit de son histoire relativement récente, la méthode des élé-
d'épaisseur t ments finis [1] [2] est devenue l’une des méthodes numériques les
plus puissantes couvrant un vaste domaine d’applications.
La région de propagation est divisée en un nombre fini, générale-
Substrat ment grand, de sous-domaines de forme triangulaire (appelés élé-
ments) et le champ électromagnétique (électrique E ou magnétique
H ) est représenté par un polynôme. On impose, à toutes les interfa-
ces entre les différents éléments, les relations de continuité. En
Plan
employant une formulation variationnelle du champ électromagné-
métallique
tique et par minimisation de celle-ci en différents points appelés
a à la ligne à microruban points nodaux, on aboutit à la résolution d’un système d’équations
aux valeurs propres (les constantes de propagation) dont les vec-
Ruban teurs propres sont les valeurs du champ électromagnétique
diélectrique associé :
(εr1) 2
Substrat AX – λ BX = 0
(εr2)
2 2
avec λ nombre généralement proportionnel à ( k – β ) ,
k nombre d’onde du milieu extérieur,
β constante de propagation.
Plan Le problème aux valeurs propres est résolu par des techniques
métallique standards de l’analyse numérique. En général, les matrices A et B
sont creuses, c’est-à-dire comportent de nombreux éléments nuls.

b au guide diélectrique image


1.2.3 Méthode des différences finies
dans le domaine temporel (DFDT)
Figure 2 – Applications de la méthode des équations intégrales
1.2.3.1 Différences finies

On aboutit ainsi à : La méthode des différences finies est basée sur la mise en forme
approximative d'un opérateur différentiel ou intégral. Dans le der-

nier cas, on parle alors de volumes finis. Par exemple, l’opérateur de
∑ an  ⋅ f n = 0 dérivée première peut être exprimé en différences finies par :
n=1
df 1
On projette l’équation précédente sur une autre base complète ------- ≈ ------- [ f ( x + ∆x ⁄ 2 ) – f ( x – ∆x ⁄ 2 ) ]
dx ∆x
{ g m } de l’espace fonctionnel de  :
avec f fonction à dériver,

x variable.
∑ an 〈  ⋅ f n , gm 〉 = 0 m = 1, … , ∞
On parle de différences finies centrées qui génèrent une erreur
n=1 2
O ( ∆x ) . En électromagnétisme, cette technique est le plus simple-
On obtient ainsi un système d’équations linéaires de dimension ment appliquées aux équations rotationnelles (domaine temporel)
infinie qui est tronqué, à des fins numériques, à un système carré ou encore aux formes globales (Maxwell-Faraday et Maxwell-
(généralement) de dimension N. Ampère) dans les deux domaines. De nombreuses versions
existent [4].
N

∑ an 〈  ⋅ f n , gm 〉 = 0 m = 1, … , N 1.2.3.2 Bases théoriques de la méthode DFDT


n=1
Considérons les six équations scalaires qui découlent des équa-
ce qui peut s’exprimer, en utilisant la notation matricielle, sous la tions rotationnelles de Maxwell dans un milieu stationnaire,
forme : linéaire, isotrope, sans source et exprimées dans un système de
coordonnées cartésiennes :
AX = 0
∂ H x 1  ∂ E y ∂ E z ∂ H y 1  ∂ E z ∂ E x ∂ H z 1  ∂ E x ∂ E y
avec A = ( A mn = 〈  ⋅ f n , g m 〉 ) , ---------- = --- --------- – ---------
∂t µ ∂z ∂y 
---------- = --- --------- – ---------
∂t µ ∂x ∂z 
--------- = --- --------- – ---------
∂t µ ∂y ∂x 
X = ( an ) .
∂ E x 1  ∂ H z ∂ H y ∂E 1 ∂H ∂H ∂E 1 ∂H ∂H
--------- = --- --------- – ---------- ---------y = ---  ---------x- – ---------z ---------z = ---  ---------y- – ---------x-
Le système d’équations aura la solution non triviale X = 0 si, et ∂t ε  ∂y ∂z  ∂t ε  ∂z ∂x  ∂t ε  ∂x ∂y 
seulement si, le déterminant de la matrice A est nul :
avec H p et E p ( p = x, y, z ) respectivement les composantes
det A = 0 cartésiennes selon les directions x,
y et z, du champ magnétique et du
La recherche des zéros (en général, ce sont des nombres comple- champ électrique,
xes) du déterminant fournit les différentes constantes de propaga-
tion β . Les valeurs de X (valeurs du champ électrique E , par t temps,
exemple, associé à la constante β du mode de propagation) sont µ et ε respectivement la perméabilité et
obtenues à l’aide des méthodes usuelles de l’analyse matricielle. permittivité du milieu.

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Nous pouvons exprimer les dérivées partielles, qui sont du pre- Par ailleurs, nous voyons que la composante H x au temps
mier ordre, par une différence finie centrée exprimée selon la for- ( n + 1 ⁄ 2 ) ∆t peut s'exprimer en fonction de la valeur de cette même
mule d’approximation par : composante au pas antérieur et de la valeur des composantes E y et
E z au demi-pas antérieur. Par conséquent, nous pouvons exprimer
dF 1 explicitement la valeur future de H x en fonction de valeurs
--------- ≈ -------- [ F ( w + ∆w ⁄ 2 ) – F ( w – ∆w ⁄ 2 ) ]
dw ∆w connues :
avec w ∈ { x, y, z , t } , 1
n + ---
1
n – ---
2
i, j + ---, k + --- = H x
2
i, j + ---, k + ---
1 1 1 1
F n'importe quelle composante cartésienne Hx
 2 2  2 2
du champ électromagnétique.
∆t
+ ------------------------------------------------ E y  i, j + ---, k + 1 – E y  i, j + ---, k
Pour entrer cette procédure dans un calculateur, nous devons n 1 n 1
 2   2 
échantillonner l'espace et le temps. Les composantes du champ  1
µ  i, j + ---, k + --- ∆
1
électromagnétique peuvent donc s'écrire : 2 2

+ E z  i, j, k + --- – E z  i, j + 1, k + ---
n
F ( i, j, k ) = F ( i ∆x, j ∆y, k ∆z, n ∆t ) n 1 n 1
 2  2
avec i, j, k, n entiers réels positifs,
dans laquelle il a été fait l'hypothèse (non restrictive) d'un maillage
∆x, ∆y, ∆z incréments spatiaux, cubique de dimension ∆ . La même procédure s'applique par
∆t incrément temporel. exemple pour le calcul de la composante E y au temps n + 1 tel
On peut ainsi, en appliquant l’approximation ci-dessus aux 6 qu’illustré à la figure 4. On peut de la même façon écrire les cinq
équations scalaires former une système de relations entre échan- autres équations DFDT selon l’algorithme de Yee :
tillons de champ exprimés à des temps et coordonnées discrets. 1 1
n + --- n – ---
2
i + ---, j, k + --- = H y
2
i + ---, j, k + ---
1 1 1 1
Hy
1.2.3.3 Algorithme de Yee  2 2  2 2
Il existe plusieurs choix d’échantillonnage des composantes. ∆t
+ ------------------------------------------------ E z  i + 1, j, k + --- – E z  i, j, k + ---
n 1 n 1
L’approche la plus largement utilisée est celle proposée par Yee [5]  2  2
 1
µ  i + ---, j, k + --- ∆
1
dont les échantillons des champs sont illustrés dans la figure 3. On 2 2
remarque que les composantes des champs E et H sont calculées à
+ E x  i + ---, j, k – E x  i + ---, j, k + 1
des points espacés d’un demi-incrément spatial et à des temps n 1 n 1
espacés d’un demi-incrément temporel. On parle alors d’un algo-  2   2 
rithme alterné ou en zigzag. Avec cette disposition, l’approximation
de la première équation s’écrit : 1 1
n + --- n – ---
2
i + ---, j + ---, k = H z
2
i + ---, j + ---, k
1 1 1 1
Hz
1 1  2 2   2 2 
n + --- n – ---
H x  i, j + ---, k + --- – H x  i, j + ---, k + ---
2 1 1 2 1 1
 2  2 ∆t
+ ------------------------------------------------ E x  i + ---, j + 1, k – E x  i + ---, j, k
2 2 n 1 n 1
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------  2   2 
µ  i + ---, j + ---, k ∆
∆t 1 1
2 2
E y  i, j + ---, k + 1 – E y  i, j + ---, k
n 1 n 1
1  2   2  + E y  i, j + ---, k – E y  i + 1, j + ---, k
n 1 n 1
= ----------------------------------------- -------------------------------------------------------------------------------------  2   2 
 1 1 ( ∆z )
µ  i, j + ---, k + ---
2 2
1
E z  i, j + 1, k + --- – E z  i, j, k + ---
n 1 n 1 n + ---
n + 1 ∆t
i + ---, j, k = E x  i + ---, j, k + -------------------------------------- H z  i + ---, j + ---, k
 1 1 1 1
2  2
n 2
Ex
 2   2   2 2 
– -------------------------------------------------------------------------------------
∆y  1
ε  i + ---, j, k ∆ 
2
1 1 1
n + --- n + --- n + ---
2
i + ---, j – ---, k + H y
2
i + ---, j, k – --- – H y
2
i + ---, j, k + ---
1 1 1 1 1 1
– Hz
 2 2   2 2  2 2

1
n + ---
n + 1 ∆t
i, j + ---, k = E y  i, j + ---, k + -------------------------------------- H x  i, j + ---, k + ---
1 n 1 2 1 1
Ey
 2   2   2 2
n  1 
ε  i, j + ---, k ∆
E z (i,j+1,k+1/2) Composante de E 2
Composante de H 1
n + ---
1
n + ---
1
n + ---
2
i, j + ---, k – --- + H z
2
i – ---, j + ---, k – H z
2
i + ---, j + ---, k
1 1 1 1 1 1
– Hx
n
E y (i,j +1/2,k )
n
E y (i,j +1/2,k +1) y  2 2  2 2   2 2 
n+1/2
H x(i,j +1/2,k +1/2) x
1
n + ---
n + 1 ∆t
i, j, k + --- = E z  i, j, k + --- + -------------------------------------- H y  i + ---, j, k + ---
z 1 n 1 2 1 1
Ez
n
E z (i,j,k +1/2)
O  2  2  2 2
(i ,j ,k )

ε  i, j, k + --- ∆
1
2
1 1 1
n + --- n + --- n + ---
2
i – ---, j, k + --- + H x
2
i, j – ---, k + --- – H x
2
i, j + ---, k + ---
1 1 1 1 1 1
Figure 3 – Cellule cubique de Yee : calcul de la composante H x dans – Hy
 2 2  2 2  2 2
le plan yOz au temps ( n + 1 ⁄ 2 )∆t

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1.2.3.4 Sources d’erreurs

■ Stabilité
Les pas spatiaux (dimensions de la cellule) et le pas temporel ∆t
ne peuvent pas être choisis arbitrairement. En effet, le critère de sta-
bilité numérique de l'algorithme de Yee doit être respecté. Pour une
n +1
E y(i,j +1/2,k )
n +1/2
Hz (i + 1/2,j +1/2,k) cellule cubique d’arrête ∆ , on montre que ce critère de stabilité est
n +1/2 donné par :
n +1/2 Hx (i,j +1/2,k +1/2)
H x (i,j +1/2,k - 1/2) ∆
------  3v ph
∆t
n +1/2
H z (i -1/2,j +1/2 ,k) avec v ph vitesse de phase de l'onde dans le milieu à
simuler.
( i,j,k )
Pour un milieu hétérogène, on choisira, pour un ∆ fixé, un pas
y temporel dicté par le milieu dans lequel la vitesse est la plus grande.
x En cas de non-respect du critère, l'algorithme diverge.
Composante de E
z Composante de H ■ Dispersion numérique
O
Il existe un autre phénomène dont on doit tenir compte pour le
Figure 4 – Cellule cubique de Yee : calcul de la composante E y dans
choix des pas ∆ et ∆t : c’est la dispersion numérique de l’algo-
le plan xOz au temps ( n + 1 )∆t
rithme. Celle-ci est due au caractère discret du modèle. En effet, le
modèle est valable pour autant que ∆ → 0 pour toute longueur
d'onde. Si cette condition n'est pas remplie (du moins approximati-
vement), le modèle introduit une erreur de vitesse qui dépend non
Le domaine de calcul est échantillonné par des cellules telles seulement du rapport ∆ ⁄ λ mais aussi de la direction de l'onde cal-
qu’illustrées dans les figures 3 et 4. Les conditions aux limites culée par rapport aux axes cartésiens. Cette dépendance selon la
(conducteurs parfaits, parois magnétiques ou absorbantes pour les direction est appelée anisotropie du modèle. Des caractéristiques de
problèmes ouverts [6]) sont appliquées sur les composantes des dispersion sont illustrées à la figure 5 pour le cas bidimensionnel à la
champs correspondantes et une excitation est appliquée en impo- limite de stabilité ( ∆ ⁄ ∆t = 2c 0 où c 0 est la vitesse de la lumière
sant les valeurs temporelles voulues des champs aux endroits choi- dans le vide). On y observe une erreur de vitesse nulle dans les direc-
sis. Très généralement, une impulsion gaussienne est utilisée tions diagonales alors que celle-ci est maximale dans les directions
comme excitation pour une caractérisation à large bande. Partant de axiales du réseau. Cependant, une erreur survient dans la direction
conditions initiales connues, l'algorithme décrit ci-avant est alors diagonale lorsque le rapport ∆ ⁄ ∆t augmente [4]. De plus, on remar-
appliqué à chaque cellule. On peut alors évaluer l'évolution des que que le modèle exhibe une fréquence de coupure ( ∆ ⁄ λ ≅ 0, 35 )
champs (six composantes) après chaque itération. Les pertes du au-delà de laquelle une onde plane simulée avec un tel maillage
milieu sont facilement prises en compte en introduisant le terme s’atténue (évanescence). Ce phénomène de dispersion survient d’une
σ E , où σ est la conductivité électrique, dans les équations. Cepen- manière similaire pour le modèle tridimensionnel. Typiquement, il
dant, celle-ci ne doit pas dépendre de la fréquence auquel cas l’algo- faut choisir une taille de cellule qui soit 10 à 20 fois plus petite par rap-
rithme DFDT se complique. Il est intéressant de noter que le port à la longueur d'onde la plus faible envisagée pour la simulation.
domaine temporel offre l’avantage d’une caractérisation à large Par exemple, si nous voulons observer un signal ayant un spectre
bande d’un dispositif en une exécution. Il suffit d’effectuer une s'étendant jusqu'à f sup , alors la longueur d'onde correspondante
transformée de Fourier rapide (TFR) F ( ω ) des échantillons tempo- λ min sera utilisée pour choisir la taille du maillage selon le critère
rels { a n } mentionné ci-dessus. Ce choix assure une vitesse simulée à peu près
égale à toutes les composantes spectrales et cela pour toute direction
∞ ∞ de propagation.
F(ω) = ∑ a n cos ( n ω ∆t ) – j ∑ a n sin ( n ω ∆t )
n=0 n=0

avec ω pulsation angulaire de la composante spectrale v


DFDT

du signal. v ph Propagation dans la direction diagonale


On remarque aussi que la méthode permet l’étude de milieux non 1,0
linéaires sans changement de l’algorithme de base. Il suffit d’intro-
duire la correspondance entre la valeur des champs et celles des para- 0,8 Propagation dans la direction
mètres constitutifs du milieu. Par contre, la prise en compte de axiale (effet maximal)
Bande de
milieux dispersifs (paramètres dépendant de la fréquence) est plus fréquence
difficile et nécessite une modification notable de l’algorithme de base. 0,6

Limite de coupure
pour une
Finalement, si l’algorithme de Yee permet la manipulation d’un simulation
nombre restreint de variables, on remarque que les six composan- 0,4 DFDT avec
tes du champ électromagnétique ne sont jamais connues à la même erreur de
coordonnée et au même temps. Un algorithme condensé a été pro- vitesse
0,2 acceptable
posé pour corriger ces erreurs [6]. La cellule résultante provoque
moins d’erreurs mais nécessite la manipulation d’un plus grand
nombre de variables. Finalement, de nombreuses améliorations 0 ∆  /λ
0 0,1 0,2 0,3 0,35 0,4
parmi lesquelles le maillage variable ou curviligne, la modélisation
de milieux anisotrope, le couplage avec des éléments localisés ont
été proposées pour étendre la gamme d’applications de la Figure 5 – Dispersion de vitesse du modèle de Yee dans le vide
méthode [7]. (cellule carrée). Cas bidimensionnel :   ⁄ t = 2c 0

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■ Erreur de résolution Dans le cadre de la DFDT, les coordonnées cartésiennes sont utili-
sées et les champs dans une cellule ne subissent qu’un déphasage
Bien que les critères pour minimiser la dispersion et la stabilité β ∆z dans la direction z, pour une fréquence donnée. Avec la nota-
numérique soient respectés, des erreurs dues à un maillage locale- tion utilisée, les champs à l’intérieur d’une cellule sont reliés dans la
ment trop grossier peuvent subsister. En effet, le schéma DFDT direction z par
repose sur une approximation quasilinéaire des champs. Par consé-
n n
quent, le maillage aux endroits où les champs varient rapidement E  E  −
+ j β ∆z
doit être raffiné. Cela arrive notamment près des arêtes conductri-   =  e
ces (rubans, ailettes, etc.) où les champs sont singuliers. Cependant,  H i, j, k ± 1  H i, j, k
diminuer la taille des cellules débouche sur deux difficultés : l’aug-
mentation de la mémoire requise et la diminution du pas temporel Cette dépendance peut être maintenant introduite dans l’algo-
correspondant, ce qui augmente d’autant le nombre d’itérations. rithme de Yee, ce qui donne après simplification (cellule cubique
Pour atténuer le premier effet, on utilise des maillages irréguliers d’arête ∆ = ∆z ) :
soit structurés ou par blocs aux endroits nécessaires. Mais cela 1 1
n + --- n – ---
complique l’algorithme, provoque des réflexions locales et parfois 2
i, j + ---, k + --- = H x
2
i, j + ---, k + ---
1 1 1 1
Hx
des instabilités. C’est encore un sujet à l’étude.  2 2  2 2
■ Erreur de troncature  n
∆t
+ ------------------------------------------------  E z  i, j, k + --- – E z  i, j + 1, k + ---
1 n 1
La DFDT est une méthode temporelle dans laquelle on observe un  1 1   2  2
signal à certains endroits puis, généralement, on applique une TFR µ  i, j + ---, k + --- ∆
2 2
pour déterminer des réponses en fréquence (caractérisation à large
bande). Idéalement, le temps d’observation devrait être, sinon infini, j (π – β∆) ⁄ 2 n 
E y  i, j + ---, k 
1
– 2 sin ( β ∆ ⁄ 2 ) e
du moins très long de façon à ce que tous les phénomènes puissent  2 
s’établir. Du point de vue du traitement du signal, la troncature
d’une fonction temporelle f ( t ) par une fenêtre d’une durée T corres-
1 1
pond à convoluer son spectre avec un sinus cardinal dont la largeur n + --- n – ---
2
i + ---, j, k + --- = H y
2
i + ---, j, k + ---
1 1 1 1
des lobes est inversement proportionnelle à T. L’effet de la convolu- Hy
 2 2  2 2
tion décroît donc avec la longueur T de la fenêtre puisqu’à la limite
la transformée de la fenêtre d’observation va tendre vers une impul-
∆t  n
+ ------------------------------------------------  E z  i + 1, j, k + --- – E z  i, j, k + ---
sion de Dirac. En pratique, c’est l’observation du spectre et/ou de la 1 n 1
réponse qui fournissent les renseignements utiles à l’utilisateur  1 1   2  2
µ  i + ---, j, k + --- ∆
pour mettre fin aux itérations. Par exemple, l’arrêt peut s’appliquer 2 2
lorsque le spectre se stabilise ou bien quand la réponse est pratique-
j (π – β∆) ⁄ 2 n 
Ex  i + ---, j, k 
ment atténuée. Il faut cependant faire attention aux réflexions pro- 1
+ 2 sin ( β ∆ ⁄ 2 ) e
duites aux limites (conducteurs) qui peuvent revenir après un  2 

certain laps de temps. Finalement, les effets de troncature peuvent
être atténués par l’application d’un filtrage tel que par exemple le
1 1
fenêtrage de Hanning. n + ---
2
n – ---
i + ---, j + ---, k = H z
2
i + ---, j + ---, k
1 1 1 1
Hz
 2 2   2 2 
1.2.3.5 Application aux guides
∆t  n
+ ------------------------------------------------  E x  i + ---, j + 1, k – E x  i + ---, j, k
1 n 1
 2   2 
µ  i + ---, j + ---, k ∆ 
La DFDT s’avère efficace pour le calcul des guides. L’approche 1 1
classique consiste à terminer le guide par deux courts-circuits sépa- 2 2
rés par une distance L. Le résonateur ainsi formé résonne à une fré-
quence telle que L correspond exactement à la demi-longueur 
+ E y  i, j + ---, k – E y  i + 1, j + ---, k 
n 1 n 1
d’onde λ g ⁄ 2 du mode considéré :  2   2 

β = 2π ⁄ λ g = π ⁄ L
n + 1
i + ---, j, k = E x  i + ---, j, k
1 n 1
Ex
avec β (radian/m) déphasage linéique  2   2 
La courbe de dispersion du mode β = f ( ω ) peut être ainsi cal- 1 1
∆t  n + --2- n + ---
+ --------------------------------------  H z  i, j + ---, k – H z  i, j – ---, k
culée en modifiant la distance L entre les courts-circuits. Une telle 1 2 1
 2   2 
ε  i + ---, j, k ∆ 
approche nécessite donc de remailler la structure pour chaque point 1
de la courbe. 2
Une technique plus récente permet non seulement la réduction 1
1 
– j (π – β∆) ⁄ 2 n + ---
2
i + ---, j, k + --- 
1
du problème original tridimensionnel en un problème bidimension- – 2 sin ( β ∆ ⁄ 2 ) e Hy
 2 2 
nel, mais évite le remaillage [8]. En effet, le problème d’un guide
uniforme dans la direction longitudinale, disons z, est régi par
l’équation d’Helmholtz. Les solutions en régime harmonique pour
n + 1
i, j + ---, k = E y  i, j + ---, k
1 n 1
les composantes longitudinales (dont se déduisent toutes les autres Ey
 2   2 
composantes) s’écrivent sous la forme
1 1
– j βz ∆t  n + --2- n + ---
+ --------------------------------------  H z  i – ---, j + ---, k – H z  i + ---, j + ---, k
1 1 2 1 1
ϕ ( u, v, z ) = f ( u, v ) e  2 2   2 2 
 1
ε  i, j + ---, k ∆  
2
avec u, v coordonnées transverses qui se réfèrent au
système de coordonnées utilisé, 1
1 
– j (π – β∆) ⁄ 2 n + ---
2
i, j + ---, k + --- 
1
+ 2 sin ( β ∆ ⁄ 2 ) e Hx
f fonction qui ne dépend que des coordonnées  2 2 
transverses.

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n + 1
i, j, k + --- = E z  i, j, k + ---
1 n 1
Ez
 2  2
Grille DFDT bidimensionnelle
1 1
∆t  n + ---
2
n + ---
i + ---, j, k + --- – H y
2
i – ---, j, k + ---
1 1 1 1
+ --------------------------------------  H y
1   2 2  2 2

ε  i, j, k + --- ∆
2
1 1 z
1 
n + --- n + ---
2
i, j – ---, k + --- – H x
2
i, j + ---, k + --- 
1 1 1
+ Hx
 2 2  2 2 

On remarque que l’algorithme n’implique plus les cellules adja-


centes selon l’indice k. Le processus itératif ne s’étend que sur les
indices i, j (transverses) et n (temporel). Il en résulte que la procé-
dure se réduit à un problème bidimensionnel tel qu’illustré à la
figure 6. Le critère de stabilité est moins restrictif et devient :

∆
------  2v ph
∆t Guide uniforme à
section arbitraire
∆z
Il s’agit donc de numériser par un maillage DFDT une tranche
d’épaisseur ∆z dans le plan transversal du guide. En excitant cette
structure, seuls les modes caractérisés par la valeur numérique de Figure 6 – Maillage DFDT réduit bidimensionnel pour le calcul de
β introduite dans l’algorithme réduit ci-dessus, vont résonner. La guide à section arbitraire
procédure globale est illustrée à la figure 7 :
— la valeur de β à introduire est choisie dans les expressions de
l’algorithme réduit ; β – ω se trouve en faisant la TFR sur toutes les cellules. Finalement,
— la structure est excitée à une ou plusieurs cellules de la grille l’algorithme réduit s’applique aussi aux structures avec des pertes.
DFDT (il faut s’assurer que les modes envisagés seront bien Les résonances s’élargissent et cette modification apporte une infor-
excités) ; mation permettant de déterminer le facteur d’atténuation dans le
— une lecture des échantillons temporels est faite aux endroits guide [9].
appropriés tels que les modes envisagés n’aient pas une faible
amplitude ;
— une TFR est effectuée sur les échantillons temporels (comple- 1.2.4 Méthode TLM
xes) et les fréquences de résonance détectées ;
— une nouvelle valeur de β est introduite dans l’algorithme pour Cette méthode (Transmission Line Matrix Method) s’inspire des
un nouvel ensemble de points dans le diagramme de dispersion. techniques préinformatiques de calcul par simulation analogique
Si nous ne sommes intéressés qu’à la fréquence de coupure d’un des processus physiques. Sa mise en œuvre effective repose sur ce
ou plusieurs modes, il suffit de rentrer la valeur β = 0 dans l’algo- principe, à la différence près que la simulation analogique est elle-
rithme. La distribution des champs pour un point du diagramme même simulée sur ordinateur de façon numérique.

Excitation

Excitation large
Valeur de β bande (gaussienne)
dans
l'algorithme
DFDT n∆ t
Lecture
Réponse
Maillage DFDT
Nouvelle bidimensionnel
valeur de β1

β n ∆t
Mo e 1

3
Mo 2
de
de
od
M

β Spectre
TFR
ω
ω1 ω2 ω3

Les pulsations de résonance sont les


solutions pour la valeur de β entrée
ω Figure 7 – Illustration de la procédure DFDT
dans l'algorithme DFDT
ω1 ω2 ω3 bidimensionnelle pour le calcul de diagramme
de dispersion d’un guide

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L’étude de la propagation dans le modèle s’effectue en régime


temporel, l’obtention de résultats dans le domaine harmonique
s’effectuant à l’aide de la transformation de Fourier. Plus précisé-
ment, le calcul repose sur l’étude de la propagation d’impulsions de
Dirac appliquées sur certains nœuds du réseau. À partir de cette
réponse impulsionnelle, il est d’ailleurs possible de calculer le com-
portement de la structure étudiée en réponse à des excitations
variées. La figure 10 présente la propagation d’une impulsion de
Dirac appliquée sur un nœud du maillage.
Le coefficient de réflexion d’une onde de tension arrivant sur un
Cellule nœud est évidemment de – 1 ⁄ 2 puisque vue de l’une des branches,
élémentaire la charge est constituée par la mise en parallèle des trois autres
branches, identiques. On peut ainsi calculer de proche en proche la
propagation de l’impulsion originale dans le réseau de lignes. D’une
Figure 8 – Maillage bidimensionnel manière générale, les tensions réfléchies sur les quatres branches
d’un nœud à l’instant t = k ∆t = k ∆ ⁄ c s’expriment à partir des ten-
3 sions incidentes sur ce nœud par la relation matricielle :
L ∆/2 r i
 V 1  V 1
  –1 1 1 1  
 V 2 1 1 –1 1 1  V 2
L ∆/2 L ∆/2   = --
-  
y x  V 3 2 1 1 –1 1  V 3
2 4    
 V 4 k + 1 1 1 1 –1  V 4 k
L ∆/2 2C ∆ 
z d’où l’on déduit à t = ( k + 1 ) ∆t :

i r
1 V 1, k + 1 ( z, x ) = V 3, k ( z, x – ∆x )
i r
V 2, k + 1 ( z, x ) = V 4, k ( z – ∆z, x )
i r
V 3, k + 1 ( z, x ) = V 1, k ( z, x + ∆x )
Figure 9 – Schéma équivalent d’une cellule élémentaire i r
V 4, k + 1 ( z, x ) = V 2, k ( z + ∆z, x )

Son principe général repose sur l’analogie qui existe entre un puisque les ondes réfléchies par un nœud sont des ondes incidentes
réseau électrique, ses courants et tensions, et un milieu de propaga- pour les nœuds voisins.
tion et le champ électromagnétique associé. La méthode peut être
considérée d’un certain point de vue comme une simulation du prin- Pour traduire les conditions aux limites dues à des conducteurs
cipe de Huygens appliqué au phénomène de propagation guidée. parfaits, il suffit de terminer les tronçons de lignes qui délimitent les
Elle a été proposée, en 1971, par Johns et Beurle [1] [2] [10]. interfaces :
Le réseau simulant le milieu de propagation est un maillage de — par des circuits ouverts dans le cas d’un mur magnétique ;
lignes de transmissions, bi ou tridimensionnel suivant le procédé à
— par des courts-circuits dans le cas d’un mur électrique.
traiter, de périodicité ∆ dont les courants ou les tensions sont les
analogues des composantes du champ électromagnétique. On peut Pour représenter un matériau diélectrique, on ajoute en parallèle
montrer que les équations vérifiées par ces grandeurs sont les ana- sur chaque nœud situé dans ce milieu un tronçon de ligne réactif. Ce
logues des équations de Maxwell. tronçon augmente la valeur de la capacité shunt de chaque nœud,
La figure 8 précise l’analogie dans le cas de l’étude de la propaga- ce qui correspond à une diminution de la vitesse de phase des
tion d’un mode TE. On se limite ici à la résolution d’un problème ondes dans le rapport Y 0 ⁄ 4 + 1 , où Y 0 est l’admittance caractéristi-
bidimensionnel avec pour milieu de propagation l’air. que normalisée du tronçon rajouté. La permittivité relative ainsi
La cellule élémentaire utilisée est dans ce cas celle représentée simulée a pour expression :
sur la figure 9 avec les correspondances :
εr = 2 ( 1 + Y0 ⁄ 4 )
Ey ≡ Vy
–Hz ≡ I x 3 – I x 1 Le principe s’applique par dualité pour simuler un milieu magné-
tique.
–Hx ≡ I z 2 – I z 4
Ce principe peut également être utilisé pour simuler des pertes en
µ≡L introduisant des éléments dissipatifs dans ce même tronçon paral-
lèle.
ε ≡ 2C
Si l’interface métallique ou diélectrique n’est pas plane, on
Comme pour une ligne TEM élémentaire à air, on a la relation l’approxime par une succession de marches d’escalier, la largeur
2 8
LCc = 1 avec c = 3 ⋅ 10 m/s vitesse de propagation dans la minimale d’une marche étant celle du pas du maillage.
ligne. La méthode a été appliquée à l’étude de problèmes variés tels
On en déduit que la vitesse de propagation des tensions et des que :
courants dans le maillage sera 2 fois plus faible. Ce phénomène — l’étude des discontinuités du guide d’ondes rectangulaire ;
est dû à la mise en parallèle des capacités des tronçons de lignes — l’étude des modes du guide à nervures et de la ligne à ailettes ;
aux nœuds du maillage. — l’étude de cavités chargées partiellement de diélectrique.

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1/4
1/4 1/4

1/2 1/2 –1/4 1/2


1/2 1/2 1/2
1 1/2 –1/2
–1/2 1/4
1 1/4 –1/4 –1/2 –1/2
1
1/4
–1/2
1

t=0 t = ∆/C t = 2∆/C

Figure 10 – Propagation d’une impulsion de Dirac

Cette méthode présente beaucoup de souplesse pour la descrip-


tion de géométries complexes et permet l’obtention de résultats
Ligne W Substrat
précis sous réserve que les conditions suivantes soient respectées :
— le maillage utilisé doit être suffisamment fin par rapport à la
longueur d’onde pour laquelle on souhaite obtenir le champ
électromagnétique ; ainsi, en raison de la nature périodique du
réseau employé, la propagation dans le modèle est dispersive et y
présente même une fréquence de coupure ; c’est pourquoi il
importe d’être bien en deçà de cette fréquence limite pour négliger (ε2 , µ2)
ce phénomène ; 2
— les itérations dans le domaine temporel doivent être suffisam- d 1 (ε 1 , µ 1 ) O x
ment nombreuses pour rendre négligeable l’effet de la troncature Plan
temporelle de la réponse à l’impulsion de départ, qui se répercute métallique
dans le domaine fréquentiel par une altération du spectre calculé
par transformation de Fourier ;
z
— les zones de variation rapide du champ (arêtes, coudes, etc.) 1 diélectrique 2 air
doivent faire l’objet d’un maillage non uniforme, plus dense par rap-
port au maillage régulier standard, si l’on désire maintenir la préci-
sion sur l’ensemble de la structure et optimiser le calcul ainsi que Figure 11 – Ligne à microruban
l’emploi de la mémoire du calculateur.
La méthode TLM a fait l’objet de nombreuses améliorations depuis
son apparition, destinées à augmenter la précision, à diminuer le 2 2
 ki – β e
temps de calcul et à simplifier sa mise en œuvre de façon à utiliser de  E zi = ----------------- Ψ i
manière plus efficace les moyens informatiques disponibles.  jβ

 2
ki – β
2
h
 H zi = ----------------- Ψi
1.2.5 Méthode spectrale : exemple de la ligne  jβ
à microruban avec i = 1 ou 2 et

On rappelle (figure 11) la géométrie de la structure à microruban


 e 2 2 e
ainsi que les notations et conventions d’axe généralement adoptées :  ∆t Ψi + ( ki – β ) Ψi = 0

On pose : ∆ t Ψ ih + ( k 2i – β 2 ) Ψ ih = 0

2 2
∂ ∂
∆ t = --------2- + --------2-
∂x ∂y avec β constante de propagation sur la ligne,
constante qu’il s’agit de déterminer,
La ligne a pour largeur W et est gravée sur un substrat diélectri- 2 2
ki = ω εi µi .
que d’épaisseur d métallisé sur sa face inférieure.
Pour une telle structure, on peut utiliser l’expression générale de Pour résoudre ces équations aux dérivées partielles à deux varia-
la propagation par ondes planes non homogènes, que l’on peut bles, on va employer la transformation de Fourier, de façon à se
exprimer sous une forme équivalente à la forme habituelle à l’aide ramener à des équations différentielles ordinaires en y à considérer
e h
de fonctions potentiels électrique et magnétique Ψ et Ψ vérifiant dans le domaine spectral. Pour cela, on introduit les transformées
des équations de Helmholtz : de Fourier des fonctions potentiels, ce qui conduit aux relations :

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On va alors employer la méthode de Galerkin qui conduit à


e, h ∞ e, h
Φi ( a, y ) = Ψi ( x, y ) exp ( – j ax ) d x décomposer les densités de courant  x et  z suivant des fonctions
–∞ de base appropriées, c’est-à-dire ressemblant autant que possible


e, h 1 ∞ e, h aux densités physiques et respectant la géométrie des courants sur
Ψi ( x, y ) = ------- Φi ( a, y ) exp ( j ax ) d a le ruban.
2π –∞
M


e h
En remplaçant Ψ et Ψ par cette dernière expression dans les  x ( a, β ) = X m  xm ( a )
équations de Helmholtz, on en déduit de nouvelles équations diffé- m=1
rentielles ordinaires, à résoudre dans le domaine spectral : N

2
∂ e, h 2 e, h
 z ( a, β ) = ∑ Z n  zn ( a )
--------2- Φ i – γ i Φ i = 0 n=1
∂y
Par application du théorème de Parseval et parce que, compte
2 2 2 2
avec γ i = a + β – k i . tenu du choix des fonctions de base, les fonctions J xm ou J zn
(transformées de Fourier des fonctions  xm ou  zn ) et E z2 sont à
e h
Pour déterminer Φ et Φ , on doit exprimer les conditions aux supports disjoints, en projetant le système sur toutes les fonctions
limites et éliminer les solutions non physiques. On peut faire immé-  zn et  xm , on obtient un système homogène entre scalaires dont
diatement les remarques suivantes : les coefficients ne sont plus que des fonctions de β :
M N
— dans le milieu 2, les champs sont bornés et de carré somma- 
 ∑ K m X m + ∑ K n Z n = 0
11 12
 = 1, N
ble,
m = 1 n=1
— la structure est limitée inférieurement par un plan métallique,  M N

 ∑ K m X m + ∑ K n Z n = 0
21 22
ce qui impose dans le domaine spectral l’annulation de la compo-  = 1, M
sante longitudinale du champ électrique  z1 et de la dérivée nor- m = 1 n=1
male de la composante longitudinale du champ magnétique  z1 .


11 ∞
Il en résulte que les seules formes admissibles pour Φ
e
et Φ
h avec K m ( β ) =  x ( a )G 11 ( a, β ) xm ( a ) da ,
–∞
sont les suivantes :


12 ∞
K n ( β ) =  x ( a )G 12 ( a, β ) zn ( a ) da ,
 e –∞
 Φ 1 ( a, y ) = A ( a, β ) sh γ 1 y avec 0  y  d


 e 21 ∞
 Φ 2 ( a, y ) = B ( a, β ) exp [ – γ 2 ( y – d ) ] avec d < y K m ( β ) =  z ( a )G 21 ( a, β ) xm ( a ) da ,
 –∞


22 ∞
K n ( β ) =  z ( a )G 22 ( a, β ) zn ( a ) da
 h –∞
 Φ 1 ( a, y ) = C ( a, β ) ch γ 1 y avec 0  y  d
 h Pour que le problème posé admette une réponse, il est nécessaire
 Φ 2 ( a, y ) = D ( a, β ) exp [ – γ 2 ( y – d ) ] avec d < y que ce système linéaire homogène ait une solution au moins : il en
 résulte que son déterminant D, fonction de β , doit être nul, ce qui
fournit la valeur de la constante de propagation β par résolution de
De plus, on doit écrire les conditions aux limites dans le domaine
l’équation non linéaire D ( β ) = 0 .
spectral à l’interface air-diélectrique ( y = d ) et dans le domaine spa-
tial sur le ruban : Ayant déterminé β , on peut calculer le champ électromagnétique
dans la ligne mais aussi des grandeurs utiles pour la conception de
 ( a, d ) =  x2 ( a, d ) circuits à ligne à microruban comme :
 x1
  ( a, d ) =  ( a, d ) — la permittivité effective de la ligne microruban
 z1 z2
 λ0 2 β 2

 z1 ( a , d ) –  ( a, d ) = –  x ( a ) ε eff =  ------ =  -----

z2 λg k2
  x1 ( a, d ) –  x2 ( a, d ) =  z ( a )
qui serait la permittivité d’une ligne homogène ayant pour cons-
tante de propagation β ,
 E ( x, d ) = 0 W — l’impédance caractéristique Z c que l’on peut définir tant que le
avec x < ------
 z2 2 fonctionnement de la structure est quasi TEM (faibles valeurs des
 composantes E z et H z ).

 ----- W
- H ( x, d ) = 0 avec x < ------
 ∂ y z2 2

On en déduit le système linéaire fonctionnel :


2. Prise en compte
des discontinuités
 G 11 ( a, β ) x ( a, β ) + G 12 ( a, β ) z ( a, β ) =  ( a )
 On désigne par discontinuité d’une microligne toute modification
 G 21 ( a, β ) x ( a, β ) + G 22 ( a, β ) z ( a, β ) =  ( a ) locale de la géométrie ou des paramètres électriques (permittivité
ou perméabilité) qui détruit la symétrie de translation de la structure
e de guidage. Il en résulte une modification de la solution du pro-
où  est la transformée de Fourier de la fonction Φ ,  la transfor- blème de propagation car le mode fondamental de la structure de
h guidage ne vérifie plus les conditions aux limites au voisinage de la
mée de Fourier de la dérivée normale de la fonction Φ pour y = d discontinuité. Apparaissent alors des modes d’ordre supérieur pro-
et les coefficients G ij des fonctions connues de a et β exprimées à pagés ou rayonnés qui, superposés aux ondes du mode fondamen-
tal, incidente, réfléchie et éventuellement transmise, répondent aux
partir des coefficients A, B, C et D . nouvelles conditions aux limites.

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Les microlignes sont généralement employées dans des circuits En notant β A et β B les constantes de propagation dans les
hybrides ou intégrés dans lesquels on rencontre usuellement deux régions A et B et k la constante de propagation dans l’air, on rappelle
principaux types de discontinuités : les permittivités relatives effectives dans les régions A et B :
— des discontinuités indésirables mais inévitables dues aux βA 2
dimensions limitées du substrat (coudes par exemple) ou à des tran- ε A =  ------
sitions entre structures de guidage (transition coaxial-microruban, k
pour ne citer que la plus courante) ; βB 2
— des discontinuités introduites volontairement pour obtenir un ε B =  ------
k
effet particulier sur la propagation (effet capacitif dû à l’élargisse-
ment d’un tronçon de ligne à microruban, par exemple). On en déduit les largeurs équivalentes associées au modèle du
guide d’ondes :
Il importe alors de modéliser ces discontinuités (indésirables ou
volontairement introduites) pour pouvoir prévoir le comportement 120 π h
a = -------------- ---------
global du circuit. ε A Z cA
120 π h
b = -------------- ---------
ε B Z cB
2.1 Techniques de modélisation
avec Z cA et Z cB impédances caractéristiques définies dans
les deux régions A et B considérées.
Les techniques d’analyse employées diffèrent suivant le domaine
de fréquences, la précision recherchée et la puissance de calcul dis- Toutes ces grandeurs, déterminées par exemple avec la méthode
ponible. L’objectif de ces méthodes est de permettre la définition de spectrale, sont des fonctions de la fréquence. On a finalement rem-
schémas équivalents, utilisables avec un temps de calcul raisonna- placé la discontinuité en microligne par une discontinuité en guide
ble, pour la conception assistée de circuits par ordinateur. d’ondes que l’on peut étudier, par exemple, à l’aide d’une technique
de raccordement modal.
L’étendue des modèles employés va de l’approximation quasi sta-
tique, qui néglige les phénomènes de propagation, jusqu’à la prise
en compte de la totalité des modes excités par la discontinuité, 2.1.2 Raccordement modal
qu’ils soient propagatifs ou rayonnés. On retrouve alors, adaptés
pour la géométrie de la discontinuité, les principes des méthodes de Il s’agit de développer le champ électromagnétique de part et
calcul et d’analyse du paragraphe 1. d’autre de la discontinuité sous forme de la somme d’une combinai-
Pour illustrer le type de formalisme plus particulièrement son linéaire des modes susceptibles de se propager dans chacune
employé pour l’étude des discontinuités des microlignes, on a des régions précédemment définies. Les conditions aux limites
retenu le modèle du guide d’ondes équivalent. imposées par la discontinuité permettent la détermination des coef-
ficients de ces combinaisons linéaires et donc de connaître le champ
partout dans la structure de guidage.
2.1.1 Modèle du guide d’ondes équivalent Pour illustrer cette technique, considérons le cas d’un élargisse-
ment dans un guide d’ondes excité par le mode fondamental
Il repose sur une correspondance que l’on établit entre la géomé- (figure 13).
trie de la discontinuité en microligne et celle d’une discontinuité
équivalente en guide d’ondes. Par exemple, dans le cas d’un chan- On note ( ϕ an ) et ( ϕ bn ) les fonctions de base modales des deux
gement de largeur de ligne à microruban, tel que celui qui est pré- régions de la discontinuité. On peut alors écrire les relations de
senté à la figure 12, on définit, à partir des permittivités relatives continuité entre les composantes E y et H x du champ
effectives de chaque sous-région de la discontinuité, une correspon- électromagnétique :
dance avec une structure en guide d’ondes. ∞
∞ 
 ∑ ( B + B n ) ϕ bn
+ –
pour 0 < x  b

+ –
Ey = ( An + A n ) ϕ an = n = 1 n
n=1 
0 pour b < x  a
Région B
Wb ∞ ∞

∑ ∑
+ – + –
Hx = ( A n – A n )Y an ϕ an = ( B n – B n )Y bn ϕ bn pour 0 < x  b
Région A
n=1 n=1

a
h

Wa z
y
Mur b
électrique 2b
b h
x O 2a
Mur
magnétique
a

Figure 12 – Discontinuité a) et modèle équivalent b) en guide


d’ondes Figure 13 – Application à une discontinuité en guide d’ondes

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où le signe + indique une propagation vers les z croissants (onde


incidente), le signe – caractérise une propagation vers les z décrois-
sants (onde réfléchie) et où Y an est l’admittance d’onde du mode n.
+
Les coefficients A n sont significatifs du champ incident et sont Discontinuité
– Onde incidente
supposés connus. Les coefficients B k seront choisis nuls. fondamentale Onde transmise
En utilisant les relations d’orthogonalité des fonctions de base fondamentale
Modes d'ordre supérieur
modales et en notant H mn le produit scalaire :
Onde réfléchie
fondamentale


b
H mn = ϕ am ( x ) ϕ bn ( x ) dx
–b z
–L 0 L
on aboutit aux relations :



 ∑ Y bk H nk B k = ( A n – A n )Y an
+ + – Figure 14 – Ondes fondamentales
k = 1
 ∞
 Il est donc possible de donner un schéma équivalent valable pour
 ∑ ( A m + A m )H mk = B k
+ – +
m = 1 la propagation du mode fondamental à partir d’une distance mini-
male de la discontinuité. Ce schéma repose sur la donnée d’une
matrice de répartition exprimant les amplitudes complexes des
puis, par élimination, on peut trouver par exemple un système per- ondes réfléchies et transmises en fonction des amplitudes des
mettant de calculer les coefficients des ondes réfléchies dans la sec- ondes incidentes. En général, pour rendre plus facile l’interprétation
tion de largeur 2a : physique des phénomènes, on préfère à cette matrice de répartition
une matrice d’impédances ou d’admittances, déduite des formules
∞ ∞ de passages usuelles, qui permet de plus, l’emploi d’éléments à
∑ ∑
+ – + –
Y bk H nk H mk ( A m + A m ) = ( A n – A n )Y an constantes localisées (capacités, inductances, transformateurs)
k = 1m = 1
dans le schéma équivalent. On dispose ainsi d’un schéma équiva-
lent de type circuit pour traduire des phénomènes de propagation
complexes.
avec n = 1, 2…
Bien évidemment, la résolution numérique de ce système néces- On peut faire les remarques suivantes au sujet de ce schéma
site sa troncature à un ordre fini. équivalent :
— il n’est pas valable au voisinage immédiat de la discontinuité ;
— les valeurs de ses éléments sont des fonctions de la géométrie
2.2 Schéma équivalent et de la fréquence ;
— le schéma équivalent associé à la mise en cascade de deux dis-
continuités ne sera pas en général obtenu par le chaînage des sché-
2.2.1 Principe de modélisation mas équivalents de chacune de ces discontinuités si le couplage
électromagnétique qui les lie est trop important (discontinuité forte-
Une fois connu le champ électromagnétique, il reste à élaborer un ment couplées).
modèle de circuit qui rende compte de l’action de la discontinuité
sur la propagation. Pour cela, on s’appuie sur la notion de filtrage
des modes : à grandes distance de la discontinuité, contenue dans
le segment z  L , ne subsistent en général que les ondes guidées 2.2.2 Exemples de discontinuités courantes
sur le mode fondamental, les modes d’ordre supérieur étant éva- en ligne à microruban
nescents. Il ne reste donc finalement pour z > L que les trois ondes
suivantes :
2.2.2.1 Circuit ouvert en ligne à microruban
— l’onde incidente fondamentale ;
— l’onde réfléchie fondamentale ;
Une telle discontinuité se comporte soit comme une capacité, soit
— l’onde transmise fondamentale.
de façon équivalente comme un tronçon de ligne supplémentaire
ainsi que le montre la figure 14 relative à une discontinuité en guide terminé par un mur magnétique parfait (figure 15). Physiquement,
d’ondes. ce comportement est dû à la prolongation des lignes de champ élec-
Cette approche néglige les éventuelles ondes de surface ou trique au-delà du plan du circuit ouvert.
rayonnées engendrées par la discontinuité et qui ne sont pas ∆L et C 0 ont été déterminés par une approche quasi statique, en
évanescentes : elle s’applique néanmoins à un grand nombre de cas notant v = ω ⁄ β la vitesse de phase du mode fondamental dans la
d’intérêt pratique, en particulier à la plupart des discontinuités en ligne microruban, Z c son impédance caractéristique :
ligne à microruban.
Les amplitudes des ondes réfléchie et transmise sont bien évi-
( ε r eff + 0, 3 )  ------ + 0, 262
W
demment liées aux amplitudes des modes d’ordre supérieur excités h 
au voisinage de la discontinuité ainsi qu’il apparaît clairement par ∆L = 0, 412 -------------------------------------------------------------------------
( ε r eff – 0, 258 )  ------ + 0, 813
exemple dans la technique du raccordement modal, mais la plus W
grande partie de l’énergie transportée par ces modes a été transfé- h 
rée aux ondes du mode fondamental à une distance de l’ordre d’une
∆L
fraction de longueur d’onde guidée, tout au moins dans le cas d’une C 0 = ---------
discontinuité de faible extension longitudinale. Zc v

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∆L

Zc , β C0

Mur magnétique
parfait
a circuit ouvert b modèle

Figure 15 – Circuit ouvert en ligne à microruban

2.2.2.2 Changement de largeur

Le schéma équivalent (figure 16) fait intervenir une capacité due W2


au changement de largeur (marche) et des inductances parasites
selon les relations : W1

Cm W
- = ( 4, 386 ln ε r + 2, 33 ) -------2- – 5, 472 ln ε r – 3, 17 (en pF/m)
--------------------- P
W1 W2 W1
W2
pour ε r  10 et 1, 5  --------  3, 5
W1

Cm W2 L1 L2
- = 56, 46 ln -------- – 44 (en pF/m)
---------------------
W1 W2 W1

W2 Zc1 Z c2
Cm
pour ε r = 9, 6 3, 5  --------  10
W1

L w1
L 1 = --------------------------L m P P
L w1 + L w2
L w2 P référence de mesure
L 2 = --------------------------L m
L w1 + L w2
Figure 16 – Changement de largeur d’une ligne à microruban
Z ci ε ri eff
L wi = ------------------------
- i = 1 ou 2
c
Lm W W W 2 P1
------- = 40, 5  -------2- – 1, 0 – 32, 57 ln -------2- + 0, 2  -------1- – 1 ( en nH/m )
h  W1  W1  W2 
P2

2.2.2.3 Coude à angle droit

C’est une discontinuité très courante dans les circuits intégrés W


micro-ondes.
Les valeurs des éléments de son schéma équivalent (figure 17)
sont les suivantes :
Lc / 2 Lc / 2
W
Cc ( 14 ε r + 12, 5 ) ------ – ( 1, 83 ε r – 2, 25 ) 0, 02 ε
h
------ = --------------------------------------------------------------------------------------------- + -------------------r
W W⁄h W⁄h Zc Cc Zc
( en pF/m ) pour W ⁄ h < 1
C W
-----c- = ( 9, 5 ε r + 1, 25 ) ------ + 5, 2 ε r + 7, 0 ( en pF/m ) pour W ⁄ h  1 P1
W h P2
L
-----c = 100  4 ------ – 4, 21 ( en nH/m )
W P1 , P2 références de mesure
h  h 

avec h épaisseur du substrat Figure 17 – Coude à angle droit d’une ligne à microruban

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