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Le problème inverse de conduction

de la chaleur

par Martin RAYNAUD


Docteur ès sciences physiques de l’Université Pierre-et-Marie-Curie
Professeur à l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon
Directeur Département de Génie énergétique de l’INSA

1. Détermination des températures et flux surfaciques.................... BE 8 265 - 2


1.1 Objectifs et domaines d’applications......................................................... — 2
1.2 Difficultés spécifiques au PICC ................................................................... — 2
1.3 Conditions d’application du PICC............................................................... — 3
1.31 Positionnement des capteurs ............................................................. — 3
1.32 Qualité des mesures............................................................................ — 4
1.33 Propriétés thermophysiques .............................................................. — 5
2. Description des méthodes .................................................................... — 5
2.1 Classification................................................................................................ — 5
2.2 Formulation mathématique du problème ................................................. — 5
2.3 Méthodes de retour vers la surface ........................................................... — 5
2.31 Principe................................................................................................. — 5
2.32 Description d’une méthode ................................................................ — 6
2.4 Méthode de spécification de fonction ....................................................... — 9
2.41 Principe................................................................................................. — 9
2.42 Algorithme ........................................................................................... — 10
3. Exemple d’étude de faisabilité............................................................. — 11
3.1 Calcul des coefficients de sensibilité pour un problème linéaire ............ — 11
3.2 Influence du bruit de mesure et du pas de temps .................................... — 12
3.3 Commentaires ............................................................................................. — 13
4. Validation expérimentale....................................................................... — 13
4.1 Objectifs ....................................................................................................... — 13
4.2 Description du montage ............................................................................. — 13
4.3 Résultats expérimentaux ............................................................................ — 14
4.31 Méthode de retour vers la surface : influence de la position
des capteurs......................................................................................... — 14
4.32 Méthode de retour vers la surface : influence du maillage ............. — 15
4.33 Méthode de spécification de fonction ............................................... — 16
5. Conclusion ................................................................................................. — 17
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. BE 8 265

ous nous focalisons dans cet article sur le problème inverse de conduction de
N la chaleur (PICC). La métrologie des températures et flux surfaciques est très
délicate et la mise en œuvre de méthodes inverses, qui ne sont rien d’autre qu’un
moyen de mesure évolué, permet de déterminer certaines grandeurs surfaciques
jusqu’à présent inaccessibles. De plus, le caractère très particulier de ce problème
inverse a donné naissance à des méthodes spécifiques uniquement décrites dans

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des revues spécialisées ; deux d’entre elles seront détaillées. Nous nous efforce-
rons, par ailleurs, de préciser les conditions d’utilisation de ces méthodes car,
s’agissant d’un problème mal posé, elles nécessitent certaines précautions
d’emploi.
La première partie de ce texte est consacrée à la définition du problème
inverse de conduction de la chaleur et à l’introduction des notions qui seront uti-
lisées par la suite. Le domaine de faisabilité ainsi que les contraintes expérimen-
tales induites par la résolution du PICC sont précisés. Deux méthodes de
conduction inverse sont décrites en détail dans la deuxième partie. Les outils
mathématiques introduits sont alors utilisés dans la troisième partie afin d’illus-
trer quantitativement, sur un exemple simple, d’une part, les particularités du
PICC et, d’autre part, ses principaux paramètres. La quatrième partie est dédiée
à l’application, sur des données réelles, des deux méthodes inverses.
(Pour plus de renseignements, on pourra se reporter à la référence [1]).

1. Détermination Tair
des températures h

et flux surfaciques

1.1 Objectifs et domaines d’applications j S (t ) ?


T (x, y, z, t )

Considérons le solide représenté figure 1 soumis à des perturba-


tions extérieures j S (t ) . Dans le cas d’un problème direct, le champ
de température initial T (x, y, z, 0) est connu ainsi que les perturba-
tions et l’on cherche à déterminer l’évolution de la température
T (x, y, z, t) dans le solide. Les solutions, analytiques ou numériques, Tréf
sont aujourd’hui bien maîtrisées lorsque les conditions aux limites Capteur de température
sur l’intégralité de la frontière du domaine sont spécifiées.
Cependant, il existe de nombreuses situations où les perturba- Figure 1 – Exemple de problème inverse de conduction de la chaleur
tions sont mal connues voire inconnues et non mesurables directe-
ment. Il est alors impossible de calculer les variations de tempé-
rature du milieu considéré et seule la résolution d’un problème conduction au sein du solide. Il n’est pas nécessaire de modéliser et
inverse de conduction permet d’y accéder. Parmi les différentes de résoudre le phénomène, parfois extrêmement complexe, qui
situations rencontrées usuellement, citons : engendre les variations de flux et de températures surfaciques
— tous les cas où il est impossible de placer un capteur sur la recherchées. C’est la raison pour laquelle les applications indus-
paroi soit parce que la surface est inaccessible (cas de la surface trielles du problème inverse de conduction de la chaleur sont poten-
interne d’un tube où les raisons de sécurité interdisent de percer la tiellement très nombreuses.
paroi), soit parce que le milieu extérieur est trop agressif [cas d’une
paroi soumise à un flux de haute densité (incendie, soudage laser,
torche plasma, etc.) qui donne lieu à une température surfacique
trop élevée], soit parce que l’on s’intéresse à une interface entre
deux solides en frottement (cas des freins, paliers, roulements, pro- 1.2 Difficultés spécifiques au PICC
blèmes de forgeage, etc.) sur laquelle le capteur est immédiatement
détruit ;
— toutes les situations où la présence du capteur provoque une Nous introduisons dans ce paragraphe les principales caractéris-
perturbation soit sensible du phénomène que l’on désire étudier tiques du PICC. La nature de la diffusion de la chaleur dans un solide
(cas de l’ébullition, de la condensation ou du contact statique entre est telle qu’une perturbation externe provoque une variation de
solides), soit locale du champ de température surfacique (cas de température surfacique qui est à la fois amortie et déphasée à l’inté-
thermocouples placés perpendiculairement aux isothermes ou rieur du solide. Ainsi lorsque l’on cherche à déterminer la tempéra-
d’émissivité différente de celle de la paroi). ture de surface à partir d’une variation de température mesurée au
Face à de telles situations, il faut mesurer la température en un ou sein du solide, on constate trois phénomènes :
plusieurs points judicieusement choisis à l’intérieur du solide et — il est impossible d’estimer correctement la température surfa-
déterminer, à partir de ces mesures, la température et le flux surfa- cique au temps t1 sans utiliser des températures mesurées à des
cique inconnus ainsi que le champ de température interne. Avec temps t2, postérieurs à t1 ; d’où la notion de températures futures
cette approche, l’étude est limitée aux échanges de chaleur par que nous utiliserons par la suite ;

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— la moindre erreur, inhérente à toute mesure, est amplifiée et


peut provoquer une oscillation dont l’amplitude masque la variation Flux de chaleur
réelle de la température de surface ; unidirectionnel
— les variations de hautes fréquences sont beaucoup plus diffi-
ciles à déterminer que celles de basses fréquences : le solide se
comporte comme un filtre passe-bas.
Perturbation E
Ces trois points, qui seront illustrés à l’aide d’un exemple dans le L
inconnue 0
paragraphe 3.2, font que la résolution du PICC repose sur des procé- x
ou mal
dures particulières. connue Condition limite
Mesure de température
connue ou
? Matériau dont les deuxième mesure
de température
1.3 Conditions d’application du PICC propriétés
thermophysiques
sont connues

1.3.1 Positionnement des capteurs


Figure 2 – Problème de conduction inverse unidimensionnel

1.3.1.1 Problème monodimensionnel


Soit une paroi d’épaisseur L. Le problème de conduction inverse ment supérieure au bruit de mesure (il faut éventuellement filtrer les
monodimensionnel est représenté figure 2. Il s’agit de déterminer mesures préalablement à l’inversion) ; le flux surfacique estimé sera
les perturbations surfaciques en x = 0 à partir des variations de tem- proche mais différent du flux réel ;
pératures en x . 0. Trois situations distinctes peuvent se présenter :
— la température est mesurée en deux points E1 et E2. Le — si Dti , 10-3, la résolution avec des données expérimentales
deuxième capteur pouvant être éventuellement placé sur la face non lissées est presque impossible ; la stabilité ne peut être assurée
opposée : E2 = L ; qu’en diminuant la résolution temporelle est par conséquent des
— la température est mesurée en un point E, avec 0 < E < L, et résultats équivalents sont obtenus avec un pas de temps plus grand.
la condition limite en x = L est bien connue (température ou densité Ces critères sont indicatifs, ils peuvent être mis en défaut dans des
de flux imposée ou échange de type convectif avec le milieu situations particulières pour lesquelles le flux recherché n’est pas
extérieur) ; dans la pratique il est conseillé, si possible, d’isoler ther- totalement inconnu. Cependant, le pas de temps peut être utilisé
miquement cette face : l’inversion s’en trouve facilitée car la varia- pour déterminer la faisabilité de l’estimation des grandeurs surfa-
tion de température au point de mesure n’est due qu’au flux ciques à l’aide des méthodes de conduction inverse et l’on peut dis-
surfacique recherché ; tinguer deux situations :
— la température est mesurée uniquement sur la face x = L et la
condition limite est bien connue (densité de flux imposée ou — dans la première, le phénomène que l’on désire étudier est
échange de type convectif avec le milieu extérieur). partiellement connu et l’on peut fixer la limite supérieure du pas de
temps qui permettra de représenter le flux surfacique avec la résolu-
Les trois cas précédents correspondent aux informations mini-
tion temporelle désirée ; le matériau étant généralement imposé et
males nécessaires à la résolution du PICC. Bien évidemment, il est
donc la diffusivité, il ne reste qu’à déterminer s’il est possible ou non
possible de placer trois, voire quatre capteurs, dans la paroi. Il faut
de placer un capteur tel que Dti . 10-2 ; sinon, il faut soit changer de
alors faire attention de ne pas perturber le champ de température
matériau soit accepter d’augmenter le pas de temps, c’est-à-dire de
interne. Nous verrons quel peut être le rôle de ces capteurs supplé-
diminuer la résolution temporelle avec laquelle le flux sera estimé ;
mentaires.
Le positionnement du premier capteur est critique. Il conditionne — dans la deuxième situation, la distance E est imposée pour des
en partie, conjointement au pas de temps, la faisabilité de l’inver- raisons technologiques, on utilise alors ce critère pour calculer le
sion. Pour les problèmes monodimensionnels, le pas de temps pas de temps minimal avec lequel les grandeurs surfaciques peu-
caractéristique du PICC (nombre sans dimension) est : vent être déterminées.

aDt Il faut cependant garder à l’esprit que ce critère est qualitatif et


D t i = --------- (1) non quantitatif car la qualité des résultats est aussi fonction du
E2 rapport :
avec a (m2/s) diffusivité thermique du matériau,
Dt (s) pas de temps de discrétisation temporelle de la T ( xj , t + D t ) Ð T ( xj , t )
R = --------------------------------------------------------------- (2)
température (ou du flux) surfacique recherché, dY
E (m) distance entre la surface et le capteur (le plus
proche de la surface s’il y a plusieurs capteurs). avec T (xj , t) température mesurée,
L’étude des coefficients de sensibilité (§ 3.2), confortée par une dY bruit de mesure.
douzaine d’années d’expériences et la bibliographie, montre que :
— si Dti . 1, il s’agit presque d’un régime permanent et l’estima- En effet, lorsque R , 1, la variation de température au point de
tion de la température surfacique par extrapolation linéaire du gra- mesure entre deux instants est noyée dans le bruit et de ce fait
dient de température à partir du capteur est, en première approche, l’inversion sera de piètre qualité. Par contre, lorsque R > > 1, le bruit
acceptable ; aléatoire présent dans les mesures aura peu d’effet. Ainsi, il est
— si 1 . Dti . 10-2, la résolution du PICC ne pose pas de problème théoriquement plus facile d’estimer une sollicitation surfacique de
particulier car l’amplification des erreurs de mesures est faible ; le forte intensité que de faible intensité. Dans la pratique, ce n’est pas
paramètre qui conditionne la stabilité de la méthode doit être ajusté totalement vrai, car en régime transitoire le pas de temps utilisé
en fonction du rapport signal sur bruit ; pour représenter le phénomène doit diminuer avec l’intensité de la
— si 10-3 , Dti , 10-2, la résolution du PICC est très délicate et perturbation et de ce fait la valeur de R n’est jamais très grande. A
peut être obtenue uniquement si la qualité des mesures est excel- contrario, si le flux surfacique est faible, il est possible d’augmenter
lente (montage de laboratoire) ou si la variation de température au le pas de temps. De ce fait, le critère Dti . 10-2 permet de déterminer
point de mesure entre deux pas de temps consécutifs est très nette- sans trop de risque la faisabilité de l’inversion.

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l’inversion, risque d’être trop importante et surtout difficilement


Dy jk
quantifiable (régime transitoire). Les règles relatives aux mesures
j1 jM de températures par thermocouples doivent donc être respectées.
Dans la pratique, cela ne pose pas de problème particulier lorsque le
champ de température est monodimensionnel. L’instrumentation
doit donc être soignée, sinon l’exploitation des mesures et l’inter-
prétation des résultats seront difficiles.
0
1.3.2.2 Filtrage du signal
Comme nous l’avons déjà expliqué, c’est l’amplification du bruit
L présent dans les mesures qui pose problème lors de l’inversion.
y Toutes les méthodes inverses sont conçues pour atténuer partielle-
x ment l’amplification des hautes fréquences du signal mesuré. Il est
capteur de température donc logique de réduire autant que possible le bruit de mesure
avant de réaliser l’inversion. Lorsque l’on ne dispose pas d’informa-
Figure 3 – Exemple de problème inverse bidimensionnel : tion spécifique sur le bruit, une méthode simple mais néanmoins
M inconnues à déterminer à chaque pas de temps très efficace consiste à lisser les mesures à l’aide d’un filtre glissant
[10].
Le principe d’un filtre glissant est le suivant. Soit Y un jeu de
1.3.1.2 Problème multidimensionnel N mesures et soit y n la nième mesure. Un filtre de demi-largeur K,
caractérisé par des coefficients ai, permet d’obtenir un nouveau jeu
Considérons le problème inverse bidimensionnel (figure 3). Il de données Z calculé comme suit :
s’agit d’une plaque semi-infinie isolée sur trois de ses faces et sou-
mise à un flux, fonction de l’espace et du temps, sur la face x = 0. Ce K
problème élémentaire illustre parfaitement les nouvelles difficultés
liées à la variation du flux surfacique suivant y :
zn = å ai y n + i (3)
i=ÐK

j = j ( y, t ) les coefficients du filtre sont calculés afin que :


La première étape consiste à choisir le pas de discrétisation spa- K
tiale Dy du flux. Le choix de ce pas fixe le nombre d’inconnues,
M (w1 à wM ), qui devront être déterminées à chaque pas de temps. å ai = 1 (4)
i=ÐK
La deuxième étape consiste à choisir le nombre et les emplace-
ments des capteurs dans le solide. Faut-il au moins M capteurs ? À Ils prennent différentes valeurs en fonction du type de filtre utilisé.
quelle profondeur doivent-ils être placés ? Faut-il tous les placer à la La relation (3) peut être appliquée pour les mesures K + 1, K + 2, ...,
même profondeur ? Les réponses à ces questions ne sont pas immé- N - K - 1, N - K. Pour les premières et dernières mesures (n variant
diates bien que cruciales car elle conditionnent la faisabilité de de 1 à K et de N - K + 1 à N respectivement), les coefficients doivent
l’inversion. Nous disposons aujourd’hui d’outils qui permettent, être modifiés mais en respectant l’équation (4). On peut éventuelle-
pour un problème donné, de déterminer le nombre minimal de cap- ment ajouter K données fictives respectivement égales à y1 et y N au
teurs ainsi que leurs emplacements. La mise en œuvre des début et à la fin du jeu de données pour éviter de modifier ces coef-
méthodes de conduction inverse bidimensionnelle [3] [4] [5] [6] [7] ficients.
[8] [9] reste encore du domaine des spécialistes et ne peut être Dans le cas d’un filtre carré, ces coefficients sont tous identiques
décrite dans ce texte. et égaux à 1/(2K + 1). L’application d’un tel filtre revient à remplacer
Retenons simplement que la faisabilité de l’inversion multidimen- chaque mesure par une moyenne arithmétique des K mesures qui
sionnelle dépend essentiellement de la finesse de la résolution sur- l’entourent. Ainsi si K = 5, à chaque mesure y n on substitue une
facique qui est désirée et du nombre de capteurs qui peuvent être valeur z n calculée à partir de 11 valeurs de y.
implantés dans le solide [3]. Il s’agit donc plus d’un frein technolo- Dans le cas d’un filtre gaussien, les coefficients suivent une loi
gique que théorique car les méthodes inverses sont maintenant de Gauss centrée sur la mesure :
bien maîtrisées. En ce qui concerne la résolution temporelle, le cri-
tère développé pour les problèmes monodimensionnels peut Ð 2p i
encore être utilisé. a i = exp æè ---------------------öø ¤ D (5)
K

avec
1.3.2 Qualité des mesures
K
Ð 2p i
1.3.2.1 Contact capteur/milieu D = å exp æ ---------------------ö (6)
è K ø
i=ÐK
La détermination des conditions surfaciques étant réalisée à partir
de l’évolution de la température interne, il est impératif, d’une part, À largeur égale, le filtre carré lisse plus les mesures que le filtre
que le temps de réponse du capteur placé dans le solide soit infé- gaussien. Le problème consiste à choisir le type de filtre ainsi que la
rieur, d’un ordre de grandeur au moins, au pas de temps d’acquisi- largeur. Ce choix est difficile si l’on ne dispose d’aucune information
tion et, d’autre part, que le contact entre l’élément sensible du sur le bruit de mesure. Heureusement cette situation est rare car il
capteur et le milieu soit intime. Si la résistance thermique de contact suffit de faire quelques mesures en régime permanent pour évaluer
est trop grande, elle doit être prise en compte dans le modèle. Sur l’amplitude maximale du bruit Bm ou mieux encore, l’écart-type s
les éléments métalliques, il faut, si possible, souder les thermo- du bruit. Il convient alors de choisir la largeur du filtre telle que :
couples par ultrasons, par décharge capacitive ou par brasage selon
le diamètre des thermocouples. N
1
Il convient aussi de placer les thermocouples le long des iso- ----
N
å ( y i Ð z i ) 2 < Bm ou 2 s à 3 s (7)
thermes sinon l’erreur engendrée, obligatoirement amplifiée lors de i=1

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Si le filtre est trop large, alors le lissage dégrade excessivement ¶T ¶ ¶T


l’information contenue dans le signal initial. Notons qu’il est pos- rc (T ) ------- = ------ æè l (T ) ------- öø (9)
¶t ¶x ¶x
sible d’appliquer successivement deux types de filtres.

¶T
x = 0, l (T ) ------- = j 0 ( t ) inconnue (10)
1.3.3 Propriétés thermophysiques ¶x

x = E, T ( E, t ) = Y ( t ) connue (11)
La précision sur la température et le flux surfacique estimés est,
comme pour un problème direct, largement tributaire de la bonne x=L condition limite connue (12)
connaissance des propriétés thermophysiques des matériaux. Bien
souvent, il sera nécessaire de caractériser ces matériaux avant de
réaliser l’expérimentation. Pareillement, les positions des capteurs t=0 T ( x, 0 ) = T initiale connue (13)
doivent être mesurées avec une précision dx telle que :
avec r (kg/m3) masse volumique,
d x ¤ E < 5 ´ 10 Ð2 (8) c (J.kg-1.K-1) capacité thermique massique,
l (W.m-1.K-1) conductivité thermique.
avec E distance entre le capteur et la surface sur laquelle
la densité de flux est estimée. L’objectif est de déterminer la densité de flux surfacique inconnue
à la surface x = 0 à partir de la mesure de température en x = E.

2. Description des méthodes 2.3 Méthodes de retour vers la surface

2.3.1 Principe
2.1 Classification
Ces méthodes ont une approche de type différences finies : la
paroi doit être découpée en N-1 tranches généralement d’égale
Il est impossible de décrire, ni même de citer, toutes les méthodes épaisseur, Dx, ce qui correspond à N nœuds de discrétisation si l’on
qui ont été proposées pour la solution du PICC durant les trois der- place un nœud sur chaque surface, figure 4. Les nœuds sont aux
nières décennies. Le lecteur peut se reporter aux livres, publiés dans centres des tranches sauf pour les tranches adjacentes aux surfaces.
la dernière décennie [11] [12] [13] [14] [15], qui sont tous entière- La mise en œuvre de ces méthodes se décompose en trois étapes.
ment consacrés aux PICC, ou aux références suivantes qui regrou-
pent les divers types de méthodes [16] [17] [18] [19] [20] [21] [22] La première étape consiste à résoudre le problème direct dans
[23]. Dans la pratique, la méthode importe peu puisque, à l’issue des la région comprise entre le point de mesure et la condition limite
connue (ou éventuellement entre deux points de mesure internes)
nombreux cas traités et des travaux publiés, on peut constater que,
(figure 4). N’importe quel schéma peut être utilisé à condition de
utilisées sur des données expérimentales, toutes les méthodes
respecter les éventuels critères de stabilité. La figure 5 indique les
inverses qui comportent un paramètre de stabilisation ajustable
molécules de calcul pour les schémas d’intégration les plus clas-
donnent des résultats similaires [17] [24] [25]. Bien sûr, certaines
siques. À chaque pas de temps, les températures sont calculées
méthodes sont meilleures que d’autres dans certaines situations,
dans tout le domaine. Nous pouvons remarquer que la solution du
donnent plus d’informations notamment sur la précision des gran- problème direct permet de calculer la densité du flux au point de
deurs estimées, sont plus rapides, etc., mais ces critères restent très mesure de la température (x = E). Nous connaissons donc à l’une
subjectifs [26]. Aussi nous nous garderons bien de vouloir établir des limites de la région inverse, à la fois la température et le flux.
une quelconque hiérarchie des méthodes de résolution du PICC. C’est pour cela qu’il est possible de résoudre un PICC lorsque la
mesure de la température est effectuée sur la face x = L mais unique-
Nous allons par souci de concision présenter en détails deux ment à condition de connaître le flux sur cette face (condition limite
méthodes seulement qui abordent le PICC de façon différente. Elles de 2e ou 3e espèce).
seront ensuite utilisées pour illustrer les notions introduites dans le
paragraphe 1.

Région inverse Région directe

2.2 Formulation mathématique


du problème
1 i N
? 0 Dx E L x
Soit la paroi d’épaisseur L soumise à une perturbation uniforme Mesure de
température Condition
mais inconnue sur sa face x = 0. À l’instant initial, la température est
supposée uniforme, le transfert de chaleur est donc monodimen- limite connue
sionnel et régi par l’équation de diffusion. Les propriétés thermo-
nœuds de discrétisation
physiques sont connues et éventuellement fonction de la tempéra-
ture. Supposons en outre que la condition limite en x = L soit spéci-
fiée et qu’un capteur permette de mesurer la température en x = E. Figure 4 – Méthode de retour vers la surface : séparation du domaine
Le système d’équations de ce problème est donc : en deux régions

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est préférable de faire le bilan d’énergie sur la demi-maille de la sur-


Sens du calcul face x = 0.

2.3.2 Description d’une méthode

Nous allons décrire la méthode développée par Raynaud et


Bransier [20]. La relation algébrique à utiliser dans la région inverse
peut être obtenue de plusieurs façons. La méthode des différences
Temps
finies consiste à approximer chacun des termes de l’équation de dif-
fusion. Une relation identique peut être obtenue en faisant un bilan
n+2 d’énergie sur un volume de contrôle. Cette seconde approche a le
mérite d’être simple et ne requiert aucune connaissance préalable
n+1 des méthodes numériques. Nous exposerons ici ces deux appro-
A B C ches.
n

x 2.3.2.1 Méthode des différences finies


i–1 i i+1
Espace L’objectif est d’obtenir une approximation au nœud i et à
température connue (condition limite) A explicite l’instant n de l’équation de diffusion (9) :
température connue (condition initiale) B implicite pur
¶T
æ rc (T ) ------ ¶ ¶T n
- = ------ æ l (T ) ------- ö ö
température connue C Crank-Nicolson
(14)
température inconnue è ¶t ¶x è ¶x øø i

Figure 5 – Calcul des températures inconnues dans la région directe. Soit T in = T ( x i , t n ) = T ( ( i Ð 1 )D x, n D t ) la température au
Exemple de molécules de calcul
nœud de discrétisation i et à l’instant nDt. En utilisant des différen-
ces centrées pour chacun des termes on obtient :

T in + 1 Ð T in Ð 1 Ð j in+ 1 ¤ 2 + j inÐ 1 ¤ 2
Région Région rc in ---------------------------------- = ----------------------------------------------- (15)
directe
2 Dt Dx
inverse
¶T
C j = Ð l (T ) ------- (16)
¶x

Temps À ce stade afin d’introduire des températures futures ainsi qu’un


n+1 biais (ce terme sera expliqué ultérieurement), on remplace la den-
sité de flux j in+ 1 ¤ 2 par sa moyenne arithmétique aux instants n-1 et
Sens du n B n+1 :
calcul
n–1
T in + 1 Ð T in Ð 1 j in++11¤ 2 + j in+Ð11¤ 2
rc in D x ---------------------------------- = Ð ------------------------------------------ + j inÐ 1 ¤ 2 (17)
2 Dt 2
A
Des différences centrées sont à nouveau utilisées pour approxi-
mer les densités de flux :
i–1 i i+1
Espace Ti Ð Ti Ð 1
j i Ð 1 ¤ 2 = Ð l i Ð 1 ¤ 2 ----------------------- (18)
température connue (mesure ou condition limite) Dx
température connue (condition initiale)
température connue (problème direct) Ti + 1 Ð Ti
température inconnue j i + 1 ¤ 2 = Ð l i + 1 ¤ 2 ----------------------- (19)
Dx
Figure 6 – Calcul des températures dans la région inverse.
expressions dans lesquelles l i Ð 1 ¤ 2 et l i + 1 ¤ 2 correspondent res-
Exemple de molécules de calcul
pectivement aux conductivités évaluées aux températures
( T i Ð 1 + T i ) ¤ 2 et ( T i + 1 + T i ) ¤ 2 .
La deuxième étape consiste à déterminer les températures dans
On obtient alors une relation qui permet de calculer les tempéra-
la région inverse. Pour cela, l’équation de diffusion de la chaleur tures dans la région inverse à partir des températures de la région
est discrétisée afin d’obtenir une relation explicite permettant de directe :
calculer les températures inconnues à partir des températures
connues. Trois exemples de molécules de calcul (A [27], B [22], C
1 l i + 1 ¤ 2 rc i D x 1 l i + 1 ¤ 2 rc i D x
nÐ 1 n 2 n+ 1 n 2
[20]) sont donnés dans la figure 6. Contrairement au problème T inÐ 1 = --- ----------------- Ð ------------------------ T in Ð 1 + T in + --- ----------------- + ------------------------ T in + 1
direct où l’on calcule à chaque pas de temps les températures dans 2 li Ð 1 ¤ 2 li Ð 1 ¤ 2 D t
n n 2 li Ð 1 ¤ 2 li Ð 1 ¤ 2 D t
n n

tout le domaine, on détermine ici à chaque pas d’espace les tempé-


1 li + 1 ¤ 2 l in++11¤ 2
nÐ 1
ratures pour tous les pas de temps. Ð --- ----------------- T nÐ 1 Ð 1
--
- ----------------- T in++11 (20)
i + 1
2 l inÐ 1 ¤ 2 2 l inÐ 1 ¤ 2
La troisième étape consiste à calculer la densité de flux surfa-
cique inconnue à partir du champ de température. Plutôt que d’éva- Cette relation correspond à la molécule de calcul C de la figure 6.
luer le flux à partir du gradient de température, nous verrons qu’il Elle se simplifie lorsque la conductivité thermique et la capacité

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Région Région Tréf


inverse directe h

ji – 1/2 ji + 1/ 2
x
Temps
Section A i –1 i i+1
n +1
Dx
n Périmètre p

n –1 Figure 8 – Bilan d’énergie sur le volume de contrôle centré


autour du nœud i
lc du
ca ns
ul
Se

met de tenir compte des échanges de chaleur multidirectionnels. Le


i–1 i i+1 coefficient d’échange entre le solide et le milieu environnant à Tréf
Espace est noté h et peut être une fonction de la température. Si l’on sup-
température devant être stockée pose que le flux de chaleur est principalement dans la direction x et
température inconnue que la température est uniforme dans une section S du volume :

T = T (x)
Figure 7 – Retour vers la surface à partir du nœud i + 1 : introduction
d’une température future à chaque pas vers la surface alors, comme pour la paroi précédente, la barre doit être découpée
en N-1 tranches d’égales épaisseurs. Le bilan d’énergie sur un élé-
ment de volume Vi , centré autour du nœud i , de section de passage
thermique volumique du matériau sont constantes dans la gamme Si et de surface latérale d’échange Ai (figure 8) s’écrit :
de température considérée :
T in + 1 Ð T in Ð 1
rc in V i ---------------------------------- = S i Ð 1 ¤ 2 j inÐ 1 ¤ 2 Ð S i + 1 ¤ 2 j in+ 1 ¤ 2
1 1 1 2 Dt
T inÐ 1 = --- ( 1 Ð P ) T in Ð 1 + T in + --- ( 1 + P ) T in + 1 Ð --- ( T in+Ð11 + T in++11 ) (21)
2 2 2 Ð A i h in [ T in Ð T réf
n ] (23)
avec
T in + 1 Ð T in Ð 1
avec rc in V i ---------------------------------- variation d’énergie interne du
rc D x 2 D x2 1 2 Dt volume Vi par unité de temps,
P = ------ ---------- = ------------ = ----- (22)
l Dt a Dt M
S i Ð 1 ¤ 2 j inÐ 1 ¤ 2 flux de chaleur entrant par
Cette relation permet alors de calculer explicitement les tempéra- conduction par la surface S i Ð 1 ¤ 2 ,
tures dans la région inverse. La stabilité de la méthode est fonction
S i + 1 ¤ 2 j in+ 1 ¤ 2 flux de chaleur sortant par
du nombre de pas effectués dans la région inverse [10] [20] [24] [28]
conduction par la surface S i + 1 ¤ 2 ,
car chaque pas introduit un nouveau biais. La figure 7 montre que la
température surfacique à l’instant n - 1 est déterminée en utilisant A i h in [ T in Ð T réf
n ] flux de chaleur perdu vers
les températures mesurées jusqu’à l’instant n + 4. Ainsi les molé- l’extérieur par la surface Ai.
cules de calcul de type B et C (figure 6) permettent d’utiliser des
températures futures, ce qui est, comme nous l’avons dit, une con- Le modèle de la barre avec échange latéral peut être utilisé si :
dition nécessaire de succès pour la résolution du PICC. Le nombre
de températures futures est égal au nombre de pas choisis entre le h Vi ¤ S i
capteur et la surface. En pratique, il faut que le module de Fourier M - < 0,1 " i
Bi = --------------------
soit supérieur à 1 voire à 2 si le signal est très bruité. Plus ce module l
de Fourier est grand, plus l’algorithme est stable. Ce critère permet
expression dans laquelle Bi représente le nombre de Biot. Plus ce
de déterminer l’ordre de grandeur du pas d’espace Dx qui doit être
nombre est petit, plus l’hypothèse d’une température uniforme dans
utilisé dans la région inverse.
une section Si est justifiée.
Pour les problèmes non linéaires, la conductivité l inÐ 1 ¤ 2 ne peut
Si les hypothèses précédentes sont vérifiées, ce bilan d’énergie
être évaluée puisque T inÐ 1 est inconnue. À chaque pas vers la sur-
est aussi précis que possible. Cependant, afin d’introduire des tem-
face, le processus itératif suivant doit être adopté :
pératures futures et de diminuer la sensibilité aux bruits de mesures
— 1re étape : l inÐ 1 ¤ 2 est remplacée par l in pour appliquer la rela-
tout en ayant une solution proche de la réalité, on approxime le flux
tion (20) ;
sortant de l’élément de volume à l’instant n par la moyenne arithmé-
— 2e étape : la valeur obtenue pour T inÐ 1 permet alors de calculer
tique des flux sortant aux instants n-1 et n+1. Soit en remplaçant Vi
l inÐ 1 ¤ 2 et d’appliquer à nouveau l’équation (20), ce qui donne une
par Si Dx.
nouvelle valeur de T inÐ 1 ;
— 3e étape : si l’écart entre les deux valeurs de T inÐ 1 est trop T in + 1 Ð T in Ð 1 j in+Ð11¤ 2 + j in++11¤ 2
important, il faut recommencer le calcul à la 2e étape. rc in S i D x ---------------------------------- = S i Ð 1 ¤ 2 j inÐ 1 ¤ 2 Ð S i + 1 ¤ 2 ------------------------------------------
2 Dt 2
Dans la majorité des cas, une seule itération est suffisante ce qui
revient à multiplier par deux le temps calcul. Ð A i h in [ T in Ð T réf n ] (24)

2.3.2.2 Méthode du bilan d’énergie et en remplaçant les densités de flux par les expressions (18) et (19),
on obtient encore une fois une relation qui ne comprend qu’une
Pour illustrer cette méthode, nous allons considérer le cas d’un seule température inconnue : T inÐ 1 . Si la conductivité varie avec la
modèle de barre avec échange latéral. En effet, les situations indus- température, il faut cependant faire des itérations. En posant
trielles sont rarement purement unidirectionnelles et ce modèle per- S i Ð 1 ¤ 2 = S i + 1 ¤ 2 = 1 (barre de section unitaire) et h in = 0 (pas

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2.3.2.4 Algorithme
Tréf
Il existe deux façons pour calculer l’ensemble des températures et
Dx /2 h
flux surfaciques. La méthode la plus simple est décrite ci-après.
Notons I1 le numéro du nœud de discrétisation correspondant au
j0 j1 + 1/2 point de mesure (x = E).
1re étape : calcul du champ de température dans la région directe
x
1 2 i +1
pour n = 1, 2, ..., nmax. L’indice n = 0 correspond à l’instant initial
pour lequel la distribution de température est connue. À chaque pas
de calcul, il faut stocker les valeurs de la température au nœud
Dx
I1 + 1.
2e étape : retour vers la surface avec la relation explicite (21) pour
Figure 9 – Bilan d’énergie sur le 1er volume de contrôle adjacent
i = I1, I1 - 1, ... 2 avec n variant de 1 à nmax + i - I1 - 1. Pour le premier
à la surface
pas vers la surface, on calcule les températures au nœud I1 - 1 en
utilisant les températures connues aux nœuds I1 et I1 + 1. Après ce
calcul, les températures au nœud I1 + 1 ne sont plus utilisées. On
d’échange latéral), on retrouve l’équation obtenue par la méthode effectue le second pas vers la surface pour calculer les températures
des différences finies. au nœud I1 - 2 en fonction des températures aux nœuds I1 - 1 (cal-
Notons que la stabilité de la méthode n’est pas altérée par la prise culées précédemment) et I1. Ces mêmes opérations sont répétées
en compte des échanges latéraux. Il faut cependant que la valeur du jusqu’au nœud surfacique.
coefficient d’échange soit suffisamment bien connue afin que 3e étape : calcul de la densité de flux surfacique par la relation (26)
l’erreur sur le flux estimé ne soit pas trop grande. En effet, l’équation ou (27) pour n = 1 à nmax - I1.
(24), qui reflète simplement la conservation de l’énergie, montre
C’est la méthode de programmation la plus simple mais qui peut
qu’une erreur sur l’échange de chaleur entre le solide et l’environne-
poser des problèmes de taille mémoire si l’on doit traiter un pro-
ment se répercutera sur le flux entrant par conduction dans l’élé-
blème dans lequel le nombre de pas de temps, nmax, est très grand,
ment de volume donc sur la température recherchée T inÐ 1 .
car il faut au minimum stocker une matrice comportant 3 colonnes
de tailles égales à nmax (I1 - 1, I1 et I1 + 1 pour le premier pas,
2.3.2.3 Calcul de la densité de flux surfacique I1 - 2, I1 - 1 et I1 pour le second pas, etc.).
La densité de flux surfacique est obtenue soit par la méthode des Il est ainsi préférable d’utiliser un autre algorithme de calcul qui
différences finies appliquée au nœud surfacique, soit à partir du est illustré par la figure 7. Les calculs sont initialisés en déterminant,
bilan d’énergie sur la demi-maille adjacente à la surface comme dans la région directe et dans la région inverse, uniquement les tem-
illustré ci-après. En effet, le pas d’espace étant constant entre pératures nécessaires au calcul de la température de surface au pre-
chaque nœud de discrétisation, la largeur de cette maille est égale à mier pas de temps. Par la suite, le problème direct est résolu pour
Dx/2, figure 9. uniquement un pas de temps (il suffit donc de stocker deux niveaux
Ce bilan s’écrit donc : de temps), ce qui permet de calculer les températures dans la région
inverse le long de la diagonale, c’est-à-dire en allant vers la surface
D x T1
n + 1 Ð Tn Ð 1
1
extérieure mais en remontant dans le temps (il suffit pour cela de
rc 1n S 1 ------- ---------------------------------- = S 1 j 0n Ð S 1 + 1 ¤ 2 j 1n + 1 ¤ 2 stocker les températures calculées sur trois diagonales de la région
2 2 Dt inverse). Cet algorithme, légèrement plus compliqué à programmer,
Ð A 1 h 1n [ T 1n Ð T réf
n ] (25) permet de résoudre le problème inverse lors de l’acquisition des
données. En effet le décalage temporel entre la mesure de la tempé-
qui permet, après l’approximation usuelle de j 1n + 1 ¤ 2 (19) de calcu- rature et le calcul de la température et du flux surfaciques est égal au
ler la densité de flux surfacique inconnue : produit du pas de temps, Dt, par le nombre de pas d’espace
effectués entre le capteur et la surface (figure 7). Sauf pour des fré-
n + 1 Ð Tn Ð 1 T 1n Ð T 2n
D x T1 1 S1 + 1 ¤ 2 quences d’acquisition extrêmement rapides, le calcul du champ de
j 0n = rc 1n ------- ---------------------------------- + ------------------- l 1n + 1 ¤ 2 -------------------
2 2 Dt S1 Dx température pour un pas du problème direct et le retour le long de
la diagonale peuvent être effectués entre deux instants d’acquisi-
A1 tion.
+ ------- h 1n [ T 1n Ð T réf
n ] (26)
S1 Dans la pratique, lorsque la paroi est découpée en N-1 tranches
d’égale épaisseur Dx, il est rare que le thermocouple qui délimite les
Dans le cas d’une paroi plane ou d’une barre adiabatique, cette régions inverse et directe coïncide exactement avec un nœud du
relation se simplifie ( S 1 = S 1 + 1 ¤ 2 et h 1 = 0 ) : maillage. Afin de remédier à ce problème, il est recommandé d’uti-
n + 1 Ð Tn Ð 1 liser deux maillages différents, chacun ayant un pas d’espace cons-
D x T1 T 1n Ð T 2n
1
j 0n = rc 1n ------- ---------------------------------- + l 1n + 1 ¤ 2 ------------------- (27) tant Dxi et Dxd, pour les régions inverse et directe. De ce fait une
2 2 Dt Dx relation prenant en compte deux pas d’espace différents doit être
utilisée pour le premier pas vers la surface. L’équation (17) devient
Très souvent, la densité de flux surfacique est calculée par une
alors :
dT
approximation de la loi de Fourier, j = Ð l æ -------ö , c’est-à-dire uni-
è d xø D x i + D x d T in + 1 Ð T in Ð 1 j in++11¤ 2 + j in+Ð11¤ 2
rc in æè -------------------------öø ---------------------------------- = Ð ------------------------------------------ + j inÐ 1 ¤ 2 (29)
quement avec le second terme du deuxième membre de l’équation 2 2 Dt 2
(27). Cette approximation est acceptable si Dx est très petit car dans
ce cas le premier terme est négligeable devant le second. On peut Les densités de flux étant approximées par :
aussi utiliser, sans altérer la précision, l’expression suivante :
T in Ð T inÐ 1
n nÐ1 j inÐ 1 ¤ 2 = Ð l inÐ 1 ¤ 2 ------------------------- (30)
D x T1 Ð T1 T 1n Ð T 2n D xi
j 0n = rc 1n ------- -------------------------- + l 1n + 1 ¤ 2 ------------------- (28)
2 Dt Dx
Ti + 1 Ð Ti
qui permet de calculer la densité de flux j 0n dès que la température j i + 1 ¤ 2 = Ð l i + 1 ¤ 2 ----------------------- aux instants n + 1 et n - 1 (31)
surfacique est connue à l’instant n. D xd

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d’où la relation qui doit être utilisée uniquement pour le premier pas La notation T n + j ( q n + 1 , q n + 2 , ..., q n + r ) indique que la tempéra-
vers la surface : ture calculée par le modèle direct est fonction de q n + 1 , q n + 2 , ...,
q n + r . Les densités de flux surfaciques, aux instants t n + 1 , ..., t n + j
D xi D x i + D x d T in + 1 Ð T in Ð 1 doivent donc être connues pour calculer cette température. La
- rc in æ -------------------------ö ----------------------------------
T inÐ 1 = T in + ----------------
li Ð 1 ¤ 2
n è 2 ø 2 Dt méthode de spécification de fonction consiste à se donner une loi
temporaire de variation de ce flux. On suppose généralement que le
1 li + 1 ¤ 2 D xi 1 li + 1 ¤ 2 D xi flux est constant durant les r pas de temps suivants. Il faut noter que
n+1 nÐ1
Ð --- -----------------
n
---------- ( T in++11 Ð T in + 1 ) Ð --- ----------------- ---------- ( T in+Ð11 Ð T in Ð 1 ) (32) cette hypothèse n’est utilisée que pour calculer q n + 1 , les densités
2 li Ð 1 ¤ 2 D xd 2 l inÐ 1 ¤ 2 D x d de flux q n + 2 , q n + 3 , etc., déterminées ultérieurement seront diffé-
rentes de q n + 1 . De ce fait, la fonctionnelle (34) devient :
Lorsque le pas de temps de l’inversion est très petit ou lorsque
les données sont très bruitées, il est préférable de lisser les données r
avant de procéder à l’inversion en gardant un nombre de nœuds rai-
sonnable dans la région inverse, afin d’avoir un module de Fourier
F ( qn + 1 ) = å ( Yn + j Ð Tn + j ( qn + 1 ) )2 (35)
j=1
compris entre 2 et 10. En effet, les résultats de l’inversion s’amélio-
rent. Cette remarque est d’ailleurs valable pour les autres types de Nous avons donc une équation et une seule inconnue q n + 1 mais
méthodes inverses [10]. Un autre stratagème peut aussi être utilisé nous disposons de r mesures. Le but est de trouver la densité de flux
pour augmenter la stabilité de l’inversion sans trop augmenter le q n + 1 qui minimise l’écart entre les températures calculées et les
nombre de pas dans la région inverse. Cela consiste simplement à températures mesurées. La fonctionnelle F est minimale lorsque :
remplacer la densité de flux j in+ 1 ¤ 2 par sa moyenne arithmétique
aux instants n-2, n-1, n+1 et n+2 (au lieu de n-1 et n+1 seulement), ce r
¶F
qui conduit à l’expression suivante du bilan : ----------------- = Ð 2
¶ qn + 1
å ( Yn + j Ð Tn + j ( qn + 1 ) ) Qn + j = 0 (36)
j=1
T in + 1 Ð T in Ð 1 j in++12¤ 2
+ j in++11¤ 2 + j in+Ð11¤ 2 +j in+Ð12¤ 2
rc in D x ---------------------------------- = Ð -------------------------------------------------------------------------------------------- + j inÐ 1 ¤ 2 Q n + j est le coefficient de sensibilité à l’instant tn+j au point de
2 Dt 4
mesure de la température. Il représente la variation de température
(33)
engendrée par une variation du flux surfacique :
permettant d’obtenir une relation qui, à nombre de pas égal, est plus
stable que celle calculée à partir de la relation (17) [10]. ¶ Tn + j ( qn + 1 )
Q n + j = ------------------------------------- (37)
¶ qn + 1

2.4 Méthode de spécification de fonction et est généralement approximé par :

Tn + j ( qn + 1 ( 1 + e ) ) Ð Tn + j ( qn + 1 )
Q n + j = ---------------------------------------------------------------------------------------------- (38)
2.4.1 Principe e qn + 1
où e est un petit nombre (typiquement 0,001). Nous reviendrons
Cette méthode [2] a été l’une des premières proposées pour la dans le paragraphe 3.1 sur le calcul des coefficients de sensibilité. Le
solution du PICC qui reste stable pour de petits pas de temps. Elle a flux qn à l’instant n étant connu, au lieu de chercher à déterminer
été améliorée à plusieurs reprises [11] [29] et son principe utilisé par q n + 1 , on cherche Dq qui représente la variation de la densité de flux
d’autres auteurs [5] [7] [30] [31]. La méthode de spécification de entre les instants n et n+1 :
fonction est, pour le PICC, la méthode de référence. C’est une
méthode séquentielle dans laquelle la densité de flux est estimée
qn + 1 = qn + D q (39)
pas de temps par pas de temps. Ce type de méthode utilise un
module de calcul qui permet de résoudre le problème direct classi- Comme l’on suppose que la densité de flux est constante durant
que défini par les équations (9) (10) (12) (13). La méthode employée les r pas de temps suivants, le développement en série de Taylor,
(solution analytique, semi-analytique, différences finies, éléments limité au premier terme, autour de q n permet d’écrire :
finis, etc.) n’a quasiment aucune influence sur la précision des résul-
tats de l’inversion [5] [11], seuls le temps calcul et la commodité de Tn + j ( qn + 1 ) = Tn + j ( qn ) + D q Q*n + j (40)
mise en œuvre varient d’une méthode à une autre. Dans le pro-
blème inverse, la densité de flux de l’équation (10) est inconnue et expression dans laquelle :
une procédure spécifique doit donc être utilisée. Nous verrons que
la technique de calcul est légèrement plus complexe dans le cas des ¶ Tn + j ( qn )
problèmes non linéaires. Un problème de conduction inverse sera Q * n + j = ------------------------------ (41)
non linéaire si l’une des grandeurs suivantes : conductivité, masse ¶ qn
volumique, capacité thermique massique, coefficient d’échange, est le coefficient de sensibilité par rapport à qn. En supposant que
source ou puits de chaleur, est soit fonction de la température, soit les deux coefficients de sensibilité sont identiques ( Q * n + j = Q n + j )
fonction du temps. La méthodologie employée pour déterminer le et en substituant (40) dans (36), il vient :
flux à un instant donné lorsque la température est mesurée en un
seul point du solide est décrite ci-après. r
On suppose connues la distribution de température T n et la den- å ( Yn + j Ð Tn + j ( qn ) + D q Qn + j ) Qn + j = 0 (42)
sité de flux surfacique q n au temps t n = n*Dt et l’on étudie, au pas j=1
de temps t n+1, la fonctionnelle suivante :
dont la seule inconnue est Dq :
r
F ( qn + 1 ) = å( Yn + j Ð Tn + j ( qn + 1 , qn + 2 , ..., qn + r ) 2 ) (34) r
j=1 å ( Yn + j Ð Tn + j ( qn ) ) Qn + j
j=1
avec r nombre de températures futures, D q = ----------------------------------------------------------------------------- (43)
r
Y température mesurée en un point intérieur du solide,
å ( Qn + j )2
T température calculée en ce point par le modèle direct. j=1

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Cette équation permet donc de calculer la variation du flux entre d) utilisation de la valeur de q n+1 pour résoudre le problème direct
les instants n et n+1, donc q n + 1 grâce à l’équation (39). Cette valeur sur un pas de temps afin de calculer le champ de température à l’ins-
est ensuite utilisée comme entrée dans le problème direct pour cal- tant n+1.
culer le champ de température dans tout le solide à l’instant n+1. On
recommence alors les mêmes calculs pour déterminer le flux au pas Les étapes a à d sont répétées pour les autres instants.
de temps suivant, car l’hypothèse de flux constant utilisée pour les
r pas de temps futurs n’était que temporaire. Pour les problèmes linéaires, le calcul des coefficients de sensibi-
Si le problème est linéaire, les coefficients de sensibilité Q n + j lité est réalisé en début de programme et les valeurs sont stockées
sont indépendants du flux recherché, ils peuvent donc être calculés afin d’être utilisées à chaque pas de temps. Ils peuvent être détermi-
par l’expression (38) en utilisant qn au lieu de q n + 1 et, par consé- nés soit par la résolution du système de sensibilité comme indiqué
quent, la valeur de Dq donnée par (43) est définitive. Par contre, pour dans le paragraphe 3.1, soit avec l’équation (38). Il suffit de prendre
un problème non linéaire, les coefficients de sensibilité étant une valeur quelconque du flux puisque les coefficients de sensibilité
calculés au départ avec qn et non q n + 1 (puisque q n + 1 est ne dépendent pas de la valeur de ce flux. Il faut simplement faire
inconnu !), il faut faire des itérations ce qui augmente le temps de attention au choix de e qui ne doit être ni trop grand (mauvaise
calculs. Ainsi l’équation (39) devient itérative : approximation), ni trop petit (erreur d’arrondi). Il est conseillé
d’effectuer 2 ou 3 calculs avec différentes valeurs de e et de vérifier
q (nk+) 1 = q (nk+Ð 11 ) + D q ( k ) (44) que les valeurs des coefficients de sensibilité ne varient pas lorsque
e varie.
À l’itération (k), on calcule non plus l’écart entre le flux aux ins-
tants n et n + 1, mais la correction D q ( k ) à apporter au flux recher- Si l’on dispose de c mesures de températures, la fonctionnelle
ché. Étant donné que D q ( k ) tend vers zéro au fur et à mesure des (34) devient :
itérations, on respecte à nouveau l’égalité entre les deux coefficients
de sensibilité : Q n + j = Q * n + j .
c r
On peut constater que la densité de flux à l’instant n+1 est estimée F ( qn + 1 ) = å å ( Yin + j Ð Tin + j ( q n + 1 , q n + 2 , ..., q n + r ) ) 2 (45)
en utilisant des températures mesurées aux instants n+1, n+2, ..., i=1 j=1
n+r. On utilise donc comme dans la méthode précédente des tempé-
ratures futures. Dans la pratique, suivant la valeur du pas de temps
c’est-à-dire que l’on cherche la densité de flux q n+1 telle que la
adimensionné D t i et du rapport signal/bruit, r varie entre 5 et 15. Le
somme des écarts entre les températures mesurées et calculées
paramètre r qui représente le nombre de températures futures est
celui qui conditionne la stabilité de la méthode. Si r = 1, alors aucun pour tous les capteurs soit la plus faible possible. En utilisant la
biais n’est introduit, c’est-à-dire que l’on cherche à déterminer exac- même démarche que pour un capteur, le terme correctif Dq est cal-
tement le flux de surface : il y a égalité entre la température mesurée culé par :
et la température calculée (1 équation, 1 inconnue et 1 mesure).
Pour r . 1, on fait pour chaque étape l’hypothèse que le flux reste c r
constant, ce qui n’est généralement pas vrai, ainsi on trouve non pas
le flux exact mais une valeur approchée. Plus r est grand, plus l’on
å å ( Yin + j Ð Tin + j ( q n ) ) Qin + j
i=1 j=1
s’éloigne de la solution exacte mais en revanche on diminue la sen- D q = --------------------------------------------------------------------------------------------- (46)
c r
sibilité aux bruits de mesures : on utilise r mesures pour estimer une
seule inconnue. Une méthode biaisée est donc une méthode qui ne å å ( Q in + j ) 2
permet pas de retrouver la solution exacte du problème inverse i=1 j=1
même en utilisant des données exactes (aucun bruit de mesure). La
solution trouvée reste cependant proche de la solution réelle et sur- Cette relation montre que l’écart en un point particulier entre les
tout est stable, ce qui ne serait pas le cas si aucun biais n’était intro- températures mesurée et calculée est pondéré par le coefficient de
duit dans la méthode. Dans la méthode de retour vers la surface sensibilité en ce point. Étant donné que les coefficients de sensibilité
c’est l’approximation faite entre les équations (15) et (17) ou (23) et d’un capteur proche de la surface sont toujours plus grands que
(24) qui introduit le biais. ceux des autres capteurs, seules les mesures du capteur le moins
éloigné sont réellement utiles pour l’inversion. Cependant les autres
ne sont pas totalement inutiles notamment par l’étude des résidus
2.4.2 Algorithme qui peuvent fournir des indications sur la validité du modèle ou sur
la précision des mesures. Le résidu au i ième point de mesure et à
Le champ de température et le flux surfacique à l’instant n étant l’instant n est :
connus, l’algorithme de calcul pour déterminer q n+1 est le suivant :
a) calcul des coefficients de sensibilité au point de mesure aux ins- R in = Y in Ð T in (47)
tants n+1 à n+r :
— si le problème est linéaire, les coefficients sont constants c’est-à-dire l’écart entre la valeur mesurée et la valeur calculée par le
(§ 3.1) et donc déjà connus ; modèle (après convergence). Normalement ces résidus oscillent
— pour un problème non linéaire, il faut utiliser l’équation (38) autour de zéro avec une amplitude qui est caractéristique du bruit de
(en remplaçant q n+1 par q n pour la première itération), c’est-à-dire mesure. Si les résidus pour tous les capteurs ne sont pas centrés
qu’il faut résoudre indépendamment 2 fois le problème direct pour autour de zéro, cela veut dire que le modèle ne correspond pas par-
les instants n+1 à n+r ; faitement à la réalité, probablement à cause d’effets bidimension-
b) calcul de la correction Dq avec l’équation (43) ; nels négligés ou d’imprécision sur les propriétés thermophysiques.

c) calcul de q n+1 : La méthode de spécification de fonction est la méthode de réfé-


— par l’équation (39) si le problème est linéaire ; rence, elle est nettement plus longue en temps calcul que la
— par l’équation (44) si le problème est non linéaire ; si la correc- méthode de retour vers la surface, mais elle peut facilement être
tion Dq n’est pas petite relativement à q n+1, il faut retourner à étendue à des problèmes multidimensionnels linéaires ou non
l’étape a ; linéaires. C’est ce qui en fait son avantage [3] [5] [7] [11].

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tions (48), (49), (51) et (52) par rapport à q 0n + 1 pour obtenir le nou-
3. Exemple d’étude veau système :
de faisabilité ¶Q ¶2 Q
-------- = a ---------- (54)
¶t ¶ x2
L’étude des coefficients de sensibilité qui ont été introduits dans la
méthode de spécification de fonction permet de bien comprendre : ¶Q
x = 0 l -------- = 1 (55)
— le rôle du paramètre r de cette méthode ; ¶x
— l’importance du pas de temps adimensionnel Dti (1) sur
l’inversion ; ¶Q
x = L Ð l -------- = h Q (56)
— le processus d’amplification des erreurs inhérent à l’inversion. ¶x
Les coefficients de sensibilité indiquent la variation de tempéra-
t = 0 Q (x, 0) = 0 (57)
ture à l’emplacement du capteur engendrée par une variation du
flux surfacique. Ils sont donc caractéristiques du système étudié et
non d’une méthode particulière. Ainsi, bien qu’ils n’interviennent Ce système d’équations représente une paroi dont la température
pas explicitement dans toutes les méthodes de conduction inverse, initiale est nulle, soumise à un créneau de flux unitaire sur la face
les indications qu’ils fournissent sont toujours valables. Un grand x = 0 et échangeant de la chaleur par convection avec un milieu dont
coefficient de sensibilité montre que la température varie beaucoup la température est nulle. La résolution (analytique ou numérique) de
au point de mesure lorsque le flux varie. Une telle situation indique, ce système permet donc de calculer Q (x, t), c’est-à-dire les coeffi-
indépendamment de la méthode, qu’il sera facile de remonter de cients de sensibilité en n’importe quel point et à n’importe quel ins-
l’effet (la variation de température) à la cause (la variation du flux tant, l’instant initial t = 0 correspondant à l’instant n :
surfacique). Dans la situation extrême et opposée où le coefficient
de sensibilité est nul, l’inversion ne marchera pas car la variation du Q in + j = Q ( x i , j D t ) (58)
flux (la cause) ne provoque aucune variation de température
(l’effet). Avant de les utiliser pour conforter les notions introduites Donc Q in + j représente la variation de température de la paroi, au
dans le premier paragraphe, nous allons montrer comment ils i ième point de mesure, engendrée par un créneau de flux unitaire,
peuvent être calculés plus précisément que par la relation (38). toutes les autres sources de perturbations (température initiale,
Cela nous permettra également de mieux préciser leur signification 2e condition limite) étant nulles. Q in + j [ K ¤ ( W.m Ð2 ) ] est une fonc-
physique. tion croissante du temps et décroissante avec l’espace.
L’obtention des coefficients de sensibilité par la différentiation du
système d’équations qui régit le phénomène montre bien que les
3.1 Calcul des coefficients de sensibilité coefficients de sensibilité sont indépendants de l’instant n. En effet
si l’on différentie le système d’origine par rapport à q 0n pour cal-
pour un problème linéaire culer Q in + j = ¶ T in + j ( q 0n ) ¤ ¶ q 0n , on obtient à nouveau les équations
(54) et (55). Cela est vrai car le problème est linéaire (tous les coeffi-
cients intervenant dans les équations (48) à (52) sont constants).
Soit le problème de conduction inverse monodimensionnel
linéaire suivant : Le tableau 1 donne les valeurs des coefficients de sensibilité sans
dimension Q + lorsque h = 0 (cas d’une paroi isolée) [11]. Les
¶T ¶2 T variables sans dimension sont définies par :
------- = a --------- (48)
¶t ¶ x2
x at lQ
x + = --- ; t + = ------ et Q + = -------- (59)
¶T L L2 L
x=0 l ------- = q 0 ( t ) inconnue (49)
¶x

x=E T (E, t) = Y (t) connue (50)


Tableau 1 – Coefficients de sensibilité sans dimension
¶T d’une plaque isolée sur la face x + = 1
x = L Ð l ------- = h ( T Ð T réf ) (51)
¶x
t+ x + = 0,0 x + = 0,25 x + = 0,5 x + = 0,75 x + = 1,0
t = 0 T ( x , 0 ) = T ini ( x ) connue (52)
0,01 0,112838 0,004377 0,000014 0,000000 0,000000
dans lequel, a, la diffusivité thermique du matériau, est supposée 0,02 0,159577 0,020235 0,000802 0,000008 0,000000
constante. Il s’agit d’une paroi ayant une température initiale quel-
conque soumise à une densité de flux variable sur la face x = 0 et 0,03 0,195441 0,039238 0,003722 0,0000150 0,000005
échangeant de la chaleur par convection sur l’autre face. Le coeffi- 0,04 0,225676 0,058510 0,008754 0,000702 0,000057
cient d’échange convectif est supposé constant. Les coefficients de
sensibilité sont les dérivées de la température par rapport au flux 0,05 0,252313 0,077297 0,015366 0,001879 0,000269
q 0 ( t ) . Plaçons-nous à l’instant n+1 et cherchons les coefficients de 0,06 0,276395 0,095405 0,023074 0,003764 0,000786
sensibilité au i ièmepoint de mesure définis par :
0,07 0,298541 0,112807 0,031528 0,006360 0,001735
¶ T in + j ( q 0n + 1 ) 0,08 0,319154 0,129537 0,040486 0,009630 0,003207
Q in + j = -------------------------------------
- (53)
¶ q 0n + 1 0,09 0,338514 0,145644 0,049784 0,013523 0,005251
0,1 0,356826 0,161180 0,059311 0,017986 0,007885
Au lieu d’utiliser l’équation (38) pour approximer les coefficients
de sensibilité, nous pouvons différentier terme à terme les équa- 0,2 0,505165 0,294679 0,158352 0,084488 0,061464

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3.2 Influence du bruit de mesure et du pas ● Augmentation du pas de temps : prenons un pas de temps égal
à 5 s, soit D t i = 0,2 . Dans ce cas :
de temps
d q = 0,1 ¤ ( 1,54 ´ 10 Ð5 ) = 6 494 W.m Ð2
Nous allons utiliser les valeurs du tableau 1 pour illustrer les fai- Cette erreur reste importante mais inférieure au flux recherché.
sabilités de l’inversion pour le cas de la plaque d’acier suivante : Les erreurs se propageant au cours des calculs, les résultats ne
L = 0,02 m , l = 20 W.m Ð1 .K Ð1 , a = 4 ´ 10 Ð6 m 2 .s Ð1 . seront pas très bons.
Admettons qu’un thermocouple soit placé à mi-épaisseur de la Si l’on prend un pas de temps égal à 10 s, ce qui correspond à
plaque et que le système d’acquisition des données permette de D t i = 0,4 , on trouve :
mesurer des températures avec un bruit de l’ordre de 0,1 K. Pour
respecter le critère D t i = a D t ¤ ( L ¤ 2 ) 2 > 10 Ð2 , il faut que le pas de d q = 0,1 ¤ ( 5,93 ´ 10 Ð5 ) = 1 686 W.m Ð2
temps D t avec lequel on cherche le flux surfacique soit supérieur à
0,25 s. Prenons un pas de temps égal à 1 s. Les coefficients de sen- L’influence de l’erreur diminue mais il faudrait prendre des pas de
sibilité adimensionnés en ce point (x + = 0,5, tableau 1) sont respec- temps encore plus grands pour obtenir des résultats acceptables.
tivement égaux à 0,14 ´ 10 Ð4 , 8,02 ´ 10 Ð4 , 37,22 ´ 10 Ð4 , Cela est normal, car aucune procédure n’est utilisée pour diminuer
87,54 ´ 10 Ð4 et 153,66 ´ 10 Ð4 pour j = 1 à 5. L’équation (59) permet la sensibilité au bruit de mesure.
de calculer les coefficients de sensibilité Q n + j aux mêmes instants : ● Rapprochement du capteur : si l’on décide de garder le même
0,14 ´ 10 Ð7 , 8,02 ´ 10 Ð7 , 37,22 ´ 10 Ð7 , 87,54 ´ 10 Ð7 et pas de temps de 1 s mais en plaçant le capteur à 5 mm de la surface
153,66 ´ 10 Ð7 en K/(W.m-2). Ces valeurs indiquent l’augmentation ( x * = 0,25 et D t i = 0,16 ) , cette erreur de mesure engendre une
de la température au milieu de la plaque de 0 à 5 s lorsqu’elle est erreur sur le flux :
soumise à un créneau unitaire (1 W.m-2) de densité de flux. Le pro-
blème étant linéaire, ces valeurs seront respectivement 10, 100, d q = 0,1 ¤ ( 4,38 ´ 10 Ð6 ) = 22 831 W.m Ð2
1 000 fois plus grandes si la densité de flux est égale à 10, 100,
1 000 W.m-2. Prenons le cas réaliste (paragraphe 3.3) d’une densité qui est plus importante que celle obtenue avec un pas de temps cinq
de 10 000 W.m-2 (la densité de flux solaire est proche de fois plus grand mais pour un capteur deux fois plus loin ( D t i = 0,2 ) .
1 000 W.m-2 pour la France par beau temps). La température au On constate donc que le critère sur D t i est cohérent.
centre de la plaque aura augmenté de 0,14 ´ 10 Ð3 K après 1 s et de
● Augmentation du paramètre de stabilisation : cette solution,
0,154 K au bout de 5 s.
qui est de loin préférable, consiste à introduire un biais dans la solu-
■ Nous allons faire un premier calcul sans introduire de biais, tion, c’est-à-dire en prenant r > 1 . Après substitution de relations
c’est-à-dire en essayant de trouver la solution exacte du problème. analogues à (61) pour les r mesures de températures, l’équation (43)
Dans la méthode de spécification de fonction, cela revient à prendre devient :
r = 1. L’équation (43), après simplification et substitution dans (39),
r r
donne :
å ( Yen + j Ð T n + j ) Q n + j å d Y n + j Qn + j
Yn + 1 Ð Tn + 1 ( qn )
q 0n + 1 = q 0n + æè ------------------------------------------------öø
j=1 j=1
(60) q 0n + 1 = q 0n + --------------------------------------------------------------- + -------------------------------------------
Qn + 1 r r

La mesure de la température est toujours entachée d’une erreur å ( Qn + j )2 å ( Qn + j )2


j=1 j=1
ne serait-ce que celle engendrée par la conversion analogue-digi-
tale. En notant Y e la valeur exacte de la température, nous pou- = q 0n + D q÷ e + d q (63)
vons écrire :
qui comporte toujours deux composantes pour la correction du flux.
Y n + 1 = Y en + 1 + d Y n + 1 (61)
La première D q÷ correspond aux corrections apportées par les
e
où d Y n + 1 représente l’erreur de mesure à l’instant n + 1. En subs- valeurs sans erreur des températures mesurées et la deuxième d q
tituant (61) dans (60), on obtient : est due aux erreurs de mesures.
Ye n+1 ÐT n+1 ( q ) d Yn + 1
n La correction D q÷ n’est, cette fois-ci, pas exacte car les tempéra-
e
- + ----------------- = q 0n + D q e + d q
q 0n + 1 = q 0n + ----------------------------------------------- (62) tures aux instants n+2, ..., n+r sont calculées en supposant que le
Qn + 1 Qn + 1 flux est constant, ce qui est rarement vrai. Cela montre que sans
La variation de la densité de flux surfacique entre les deux ins- erreurs de mesure, la valeur trouvée du flux est proche mais diffé-
tants comporte donc deux composantes. La première D q e est la rente de la valeur exacte. Cet écart est caractéristique du biais intro-
variation exacte qui est telle que la température calculée est iden- duit dans la solution.
tique à la partie exacte de la température mesurée. La seconde Étudions maintenant le deuxième terme d q . Pour r = 3, le déve-
composante d q est induite par l’erreur de mesure. loppement de la somme conduit à :
Dans ce cas, l’erreur d q sur la densité de flux estimée sera égale
à 0,1/ ( 1,4 ´ 10 Ð8 ) = 7,14 ´ 10 +6 W.m Ð2 . Cela représente une erreur 0,14 ´ 10 Ð7 d Y n + 1 + 8 ´ 10 Ð7 d Y n + 2 + 37 ´ 10 Ð7 d Y n + 3
d q = ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ (64)
qui masque complètement la valeur du flux réel qui est de ( ( 0,14 + 8 + 37 )10 Ð7 ) 2
10 +4 W.m Ð2 , ce qui est logique car le rapport R (2) est très inférieur
à l’unité : la variation de température entre deux instants est noyée Cette relation montre que :
dans le bruit de mesure. Le champ de températures à l’instant n+1, — l’influence des erreurs peut éventuellement se compenser car
qui est calculé avec q 0n + 1 , sera donc aussi erroné. Comme une les erreurs seront aléatoirement positives ou négatives ;
erreur semblable se produira au pas de temps suivant, on peut ima- — dans tous les cas d q < d Y n + 3 ¤ 37 ´ 10 Ð7 , c’est-à-dire que
giner aisément que l’algorithme diverge rapidement. l’erreur est inférieure à celle engendrée en prenant un pas de temps
■ Nous avons alors trois possibilités : trois fois plus grand mais avec r = 1.
— soit augmenter le pas de temps ; Donc à l’évidence, la sensibilité aux erreurs a diminué et cela
— soit rapprocher le capteur ; d’autant plus que r augmente. De plus, l’introduction de tempéra-
— soit augmenter le paramètre de stabilisation, r en l’occurrence tures futures, qui, d’une part, prend en compte le déphasage du
pour cette méthode. signal entre la surface et le point de mesure et, d’autre part, fait

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intervenir des coefficients de sensibilité nettement plus grands,


améliore la qualité des résultats. Lame d'air Plaque P2
Thermocouples
Circulation d'eau

3.3 Commentaires Échantillon

Circulation d'eau

Nous allons encore utiliser l’exemple précédent pour illustrer les Garde Plaque P1 Fluxmètre
notions introduites dans le paragraphe 1.3. Nous nous sommes pla-
cés dans une situation qualifiée de réaliste pour laquelle l’intensité Figure 10 – Schéma du montage expérimental
de la perturbation surfacique était de l’ordre de 10 kW.m2. En effet,
est-il réaliste d’essayer de retrouver, à chaque seconde, une varia-
tion de flux surfacique de quelques centaines de W.m2 à partir des
variations de température mesurée dans une plaque d’acier à 1 cm Flux de chaleur
de la paroi ? De toute évidence non, car les variations de tempéra-
ture engendrées par le flux surfacique sont inférieures aux bruits de
mesures. Par contre, il serait réaliste d’envisager de retrouver ce
même flux toutes les 5 s voire 10 s. Si l’on désire réellement retrou-
ver ce flux avec une bonne précision à chaque seconde, alors il fau- 14 cm
dra soit rapprocher le capteur, soit prendre un matériau plus diffusif
tel que le cuivre, soit encore avoir une chaîne de mesure plus perfor-
mante (ou effectuer un traitement du signal approprié) pour réduire 45¡
le bruit de mesure.
1,5 cm
La notion d’épaisseur de peau peut aussi être utilisée pour expli-
quer les résultats constatés sur l’exemple précédent. On sait que 14 cm
l’amplitude d’une sollicitation périodique à la surface d’un solide est
amortie exponentiellement au sein du solide. La profondeur de jonction des thermocouples
pénétration du signal est calculée à partir de l’épaisseur de peau d
définie par : Figure 11 – Implantation des thermocouples dans la plaque
de plexiglas

2a a
d = ------- = ------- (65)
w pf
4. Validation expérimentale
avec w pulsation du signal périodique,

f fréquence du signal.
4.1 Objectifs
À une profondeur x = 3 d l’amplitude du signal surfacique est
amortie à 95 %. Pour x = 4 d , l’amortissement est proche de 98 % et Il s’agit ici de valider la démarche en utilisant de véritables don-
l’on ne perçoit que la composante continue du signal périodique. nées expérimentales [28] et de montrer l’influence des différents
paramètres numériques.
Dans notre exemple, le pas de temps utilisé pour estimer les gran-
deurs surfaciques était égal à 1 s. Cela correspond à une fréquence
de 1 Hz, donc à une épaisseur de peau de 1,13 mm. Le signal est 4.2 Description du montage
donc presque totalement amorti à 5 mm de la surface, en d’autres
termes le capteur est presque insensible aux variations surfaciques
Un montage a été conçu et réalisé afin de respecter l’hypothèse
ayant une telle fréquence (le coefficient de sensibilité était très petit).
de transfert unidimensionnel de la chaleur et afin de faciliter
On conçoit donc que la détermination du flux surfacique avec cette l’implantation de capteurs au sein du matériau [32]. Ce montage,
résolution temporelle, à partir d’un capteur placé à une profondeur schématisé par la figure 10, comprend :
de 10 mm, est très difficile et n’est possible que si les variations sur- — un échantillon de plexiglas dont l’épaisseur L = 1,5 cm est
faciques sont très grandes : la densité de flux surfacique doit être faible devant les autres dimensions (14 x 14 cm) ; les propriétés
importante (plusieurs dizaines de kW.m2). Les méthodes de conduc- thermophysiques de l’échantillon ont été déterminées préala-
tion inverse qui utilisent des températures futures et introduisent blement :
un biais permettent de reconstruire les grandeurs surfaciques dans
l ( T ) = 0,198 + 0,687 ´ 10 Ð3 T ( W.m Ð1 .K Ð1 )
de telles conditions. Mais il faut garder à l’esprit que le biais qui
assure la stabilité de l’inversion tend à lisser les hautes fréquences. avec T en °C
Par contre, en prenant un pas de temps de 10 s (fréquence de 0,1 Hz)
et rc = 1 740 000 J.m-3.K-1 ;
la profondeur de peau est égale à 3,6 mm et de ce fait à 10 mm de la — cinq thermocouples Tci (i = 1 à 5) de 0,08 mm de diamètre sou-
surface, le signal étant moins amorti, il sera plus aisé de retrouver dés bout à bout qui ont été inclus dans l’échantillon de plexiglas.
les perturbations surfaciques. C’est la raison pour laquelle il est plus L’échantillon a été réalisé avec une résine qui a été coulée sur une
facile de reconstruire les basses fréquences que les hautes fré- trame de thermocouples tendus dans un moule, figure 11. Le
quences. contact thermocouple/plexiglas est donc excellent. Le plan de la

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trame de thermocouples fait un angle de 45° par rapport aux sur-


faces isothermes afin de réduire les perturbations du champ de tem- Tableau 2 – Position des thermocouples et paramètres
pératures. Ils sont tendus dans le plan des isothermes pour éviter les caractéristiques de l’inversion
pertes par conduction. Leurs positions ont été relevées, tableau 2,
après polymérisation de la résine avec une précision égale à Thermocouples Tc1 Tc2 Tc3 Tc4 Tc5
0,1 mm. Pour une fréquence d’acquisition de 0,8 s entre chaque
voie, le bruit de mesure est voisin de 0,01 K ; Position ....................... (mm) 2,49 4,75 7,41 9,79 12,52
— une garde en plexiglas, séparée de l’échantillon par une lame Dti ........................................... 0,2 0,055 0,023 0,013
d’air de 2 mm d’épaisseur ; Dx1 (région inverse) .... (mm) 1,245 1,187 0,741 0,699
— deux plaques P1 et P2 en laiton dont les températures sont
Dx2 (région directe) .... (mm) 1,254 1,110 0,730 0,682
contrôlées par deux circulations de fluide thermostaté ;
Nombre de pas entre le
— un fluxmètre de faible épaisseur qui permet de mesurer à capteur et la surface ............. 2 4 10 14
chaque instant le flux traversant l’échantillon. Ce fluxmètre est placé
entre l’échantillon de plexiglas et la plaque P1, le contact thermique Nombre total de nœuds ....... 11 12 18 19
est assuré par une graisse silicone. Le fluxmètre a été préalablement
étalonné dans des conditions similaires, sa constante de temps est
inférieure à 0,5 s.
4.3.1 Méthode de retour vers la surface : influence
de la position des capteurs

4.3 Résultats expérimentaux Les figures 13 a à 13 d permettent de comparer le flux estimé à


partir des différentes paires de thermocouples au flux mesuré. On
constate que la dégradation des résultats est modérée lorsque le
point de départ de l’inversion s’éloigne de la surface. Il n’est pas
Nous allons étudier en détail le résultat d’une expérience. Nous possible de retrouver, avec le capteur le plus éloigné, les petites cas-
utiliserons dans un premier temps la méthode de retour vers la sur- sures. Cela est dû aux hautes fréquences qui, comme nous l’avons
face puis par souci de comparaison la méthode de spécification de vu, s’amortissent plus rapidement dans le solide que les basses fré-
fonction. Une élévation, suivie d’une diminution régulière de la tem- quences.
pérature du bain thermostaté en contact avec la plaque P1 crée une
perturbation sur la face x = 0. Les évolutions des températures four- On notera par ailleurs que plus le capteur s’éloigne de la surface,
nies par les cinq thermocouples sont tracées figure 12. Les tempé- plus le module de Fourier qui conditionne la stabilité de la méthode
ratures sont relevées toutes les 10 s. On peut remarquer : augmente. Le nombre de Fourier est fonction du pas d’espace dans
la région inverse, donc du nombre de pas effectués pour retrouver
— l’excellente qualité des mesures ; la température surfacique. Le nombre de pas ainsi que le pas
— l’amortissement de la perturbation au sein du solide ; d’espace dans la région inverse sont indiqués dans le tableau 2. Les
résultats sont curieusement peu influencés par la précision de la
— le déphasage du maximum. résolution dans la région directe. Néanmoins, pour respecter au
mieux le bilan d’énergie au nœud situé entre les régions inverse et
Notre objectif est d’utiliser ces relevés de température pour esti-
directe, le nombre de nœuds dans la région directe est choisi afin
mer la température et le flux surfaciques en x = 0. Pour cela, nous
que les pas d’espace dans les deux régions soient aussi proches que
pouvons considérer plusieurs couples de capteurs. Étant donné que
possible. Le pas d’espace utilisé dans la région directe ainsi que le
la condition limite en x = L est inconnue, nous allons utiliser le ther-
nombre total de nœuds sont indiqués dans le tableau 2. On constate
mocouple Tc5 comme condition limite. L’inversion sera donc réali-
que le nombre total de nœuds doit augmenter lorsque le capteur
sée avec quatre paires différentes de thermocouples. La diffusivité
s’éloigne de la surface pour maintenir la stabilité. C’est la raison
du plexiglas à 25 °C est égale à 1,237 ´ 10 Ð7 m 2 .s Ð1 , les valeurs du
pour laquelle, pour un nombre de données égales, l’estimation de la
pas de temps adimensionné (1), caractéristique du problème
densité de flux se termine de plus en plus tôt (590, 570, 510 et 470 s
inverse, sont données dans le tableau 2. Suivant notre critère,
avec Tc1, Tc2, Tc3 et Tc4 respectivement) car le nombre de tempéra-
l’inversion à partir de la paire (Tc4, Tc5), bien que difficile, doit être
tures futures augmente. L’écart entre les densités de flux mesurées
possible.
et estimées est principalement dû à l’incertitude sur les caractéristi-
ques du matériau. Une étude de sensibilité montre que les erreurs
de positionnement sur les thermocouples ont, pour cet exemple,
une influence négligeable.
Température (¡C)
La figure 14 permet de comparer les températures surfaciques
35 estimées lorsque l’inversion est réalisée à partir des paires (Tc1, Tc5)
et (Tc4, Tc5). Les températures mesurées par ces trois capteurs sont
x = 2,49 mm
30
également tracées. On constate que l’écart entre les deux tempéra-
tures estimées est très faible au regard de l’amortissement de la
x = 4,75 mm
variation de température à la profondeur du thermocouple Tc4.
25 Nous n’avons pas de mesure de température surfacique qui pourrait
servir de référence. Il n’est pas possible avec cette méthode de réa-
x = 7,41 mm liser l’inversion en utilisant plus de deux capteurs. Cependant les
20 résultats obtenus avec les différents couples de capteurs sont très
x = 9,79 mm cohérents et montrent donc que la modélisation du phénomène
x = 12,52 mm physique est correcte. Ces résultats montrent surtout qu’il n’est pas
15
obligatoire de placer les capteurs très près de la paroi pour estimer
0 200 400 600
correctement le flux surfacique. Néanmoins, il ne faut pas oublier
Temps (s) que le signal est de plus en plus lissé lorsque l’inversion est réalisée
à partir de capteurs de plus en plus éloignés. La résolution tempo-
Figure 12 – Températures mesurées par les cinq thermocouples relle de l’inversion est d’autant meilleure que le capteur est proche
placés au sein de l’échantillon de la surface.

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Densité de flux Densité de flux


(W/m2) (W/m2)

1 200 1 200

800 800

400 400

0 0
0 200 400 600 0 200 400 600

- 400 - 400
Temps (s) Temps (s)

estimée, Tc1, M = 0,78 estimée, Tc 2, M = 0,86


mesurée mesurée
M module de Fourier
a à partir du 1er thermocouple (x = 2,49 mm) b à partir du 2e thermocouple (x = 4,75mm)

Densité de flux Densité de flux


(W/m2) (W/m2)

1 200 1 200

800 800

400 400

0 0
0 200 400 600 0 200 400 600

- 400 - 400
Temps (s) Temps (s)
estimée, Tc3, M = 2,20 estimée, Tc4, M = 2,47
mesurée mesurée
c à partir du 3e thermocouple (x = 7,41 mm) d à partir du 4e thermocouple (x = 9,79 mm)

Figure 13 – Comparaison des densités de flux mesurées et estimées. Pas de temps égal à 10 s

4.3.2 Méthode de retour vers la surface : influence moins, cela ne veut pas dire que l’inversion n’est pas réalisable avec
du maillage ce pas de temps et ce capteur. Les méthodes de conduction inverse
introduisent un biais qui permet de limiter l’amplification du bruit de
mesure et donc d’obtenir des résultats. Il faut simplement garder à
La profondeur de peau d’un signal dont la fréquence est égale à
l’esprit que l’introduction du biais ne permet pas d’obtenir la solu-
0,1 Hz (pas de temps égal à 10 s) est pour le plexiglas égale à
tion exacte notamment à cause du lissage des hautes fréquences.
0,63 mm. Le thermocouple Tc1 est donc placé environ à 4 d et Tc4 à
15 d . La figure 13 a confirme que l’on peut avec le premier capteur Comme nous l’avons indiqué (§ 2.3.2.1), dans cette méthode, la
retrouver les brusques variations surfaciques ce qui est impossible, stabilité est fonction du nombre de pas effectués entre le capteur et
mais normal (§ 3.2), avec le quatrième capteur (figure 13 d ). Néan- la surface. Plus le maillage est fin, moins la méthode est sensible

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Température
Densité de flux
(¡C)
(W/m2)
40
1 200

35

800
30

25
400

20

0
15 200 600
400
0 200 400 600
Temps (s)
estimée, Tc4, M = 2,47 Tc4 – 400
estimée, Tc1, M = 0,78 Tc5
Tc1
Temps (s)

Figure 14 – Variations de la température surfacique estimée à partir estimée, Tc2, M = 0,21 estimée, Tc2, M = 3,43
des paires de thermocouples (Tc1, Tc5) et (Tc4, Tc5). Pas de temps égal mesurée
à 10 s
Résultats à comparer avec ceux de la figure 13b

aux bruits de mesure. Les résultats précédents ont été obtenus avec Figure 15 – Influence du nombre de pas effectués vers la surface
un maillage adéquat. Nous allons montrer l’importance de l’intro- sur la stabilité de l’inversion. Schéma pas assez et trop stabilisé
duction d’un biais sur la stabilité des résultats.
Les figures 15 et 16 montrent l’influence du nombre de pas dans
la région inverse sur l’inversion qui est réalisée à partir du thermo-
couple Tc2. Si l’on n’effectue que deux pas vers la surface, le module Température
de Fourier est égal à 0,21 et l’on constate que la densité de flux sur- (¡C)
facique oscille autour de la valeur mesurée. Les erreurs de mesures, 40
bien qu’invisibles sur le thermogramme (figure 12) ont été ampli-
fiées. Ces oscillations peuvent être éliminées en doublant le nombre
de pas vers la surface (figure 13 b). On obtient dans ce cas un bon 35
accord entre le flux mesuré et le flux obtenu par la méthode inverse.
La figure 15 indique que si l’on double encore le nombre de pas 30
pour obtenir un module de Fourier égal à 3,43, le flux estimé est
lissé. Les petites fluctuations qui étaient détectables avec quatre pas
vers la surface sont complètement lissées lorsque le nombre de pas 25
est trop grand. Néanmoins, l’accord entre les mesures et l’inversion
reste acceptable au regard de l’incertitude engendrée par la 20
méconnaissance des propriétés thermophysiques.
Les évolutions des températures pour ces deux cas de maillages 15
sont tracées figure 16. On constate que les très légères oscillations 0 200 400 600
de Tc2 ont été amplifiées en ne faisant que deux pas vers la surface. Temps (s)
Les températures surfaciques estimées en faisant quatre pas (non
représentée sur la figure) ou huit pas sont quasiment identiques. estimée, M = 3,43 mesure Tc2
Il convient de noter que l’amplitude des oscillations sur la tempéra- estimée, M = 0,21 mesure Tc5
ture surfacique est nettement moins importante que celle de la den-
sité de flux surfacique. Dans tous les cas, indépendamment de la
méthode inverse utilisée, la détermination du flux est toujours plus Figure 16 – Influence du nombre de pas effectués vers la surface
difficile que celle de la température. sur la détermination de la température surfacique

4.3.3 Méthode de spécification de fonction augmenter lorsque le 1er capteur s’éloigne de la surface, c’est-à-
dire, puisque le pas de temps est constant, lorsque D t i diminue.
Les résultats obtenus avec la méthode de spécification de fonc- Les couples (r, D t i ) du tableau 3 sont typiques de la méthode de
tion sont similaires à ceux trouvés par la méthode de retour vers la spécification de fonction et ils peuvent être utilisés pour choisir la
surface. Avec cette méthode, le paramètre ajustable est r, le nombre valeur de r. Dans le cas d’un rapport bruit/signal plus important, il
de températures futures. Si r est trop faible, le flux surfacique faut augmenter r de deux à trois unités. Cependant, ce choix reste
oscille, si r est trop grand le signal est lissé. Le tableau 3 indique les facile pour les problèmes unidimensionnels. Par exemple, des résul-
valeurs optimales de r en fonction des paires de capteurs utilisées. tats voisins de la figure 15 (inversion à partir de Tc2) sont obtenus
Comme dans la méthode précédente, le 5e thermocouple est utilisé en prenant r = 3 (schéma pas assez stabilisé) et r = 7 (schéma trop
comme condition limite. On constate, ce qui est logique, que r doit stabilisé).

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Le pas de temps est un paramètre fondamental. Si le pas de


Tableau 3 – Choix du paramètre de stabilisation temps est trop grand, il sera impossible de représenter correcte-
pour la méthode de spécification de fonction ment les brusques variations du flux, s’il est trop petit cela peut
engendrer des problèmes de stabilité. Bien souvent, le pas de temps
Thermocouples Tc1 Tc2 Tc3 Tc4 d’inversion est un multiple de la période d’acquisition des mesures.
Il convient donc de choisir une fréquence d’acquisition suffisam-
Dti ................................................. 0,2 0,055 0,023 0,013 ment grande afin de pouvoir choisir à sa guise le pas de temps
Valeur optimale de r .................... 3 5 8 11 adapté à l’inversion.
Les erreurs de positionnement et d‘étalonnage des capteurs
peuvent être ramenées à un niveau raisonnable en procédant à un
montage soigné. Le bruit de mesure, qui est amplifié durant l’inver-
5. Conclusion sion, doit être aussi faible que possible. Enfin, les caractéristiques
thermophysiques du matériau doivent être connues avec précision.
Remarquons aussi que la multiplicité des données expérimen-
L’application expérimentale valide la faisabilité de la détermina- tales qui peuvent être fournies par la mesure de phénomènes phy-
tion de la température et du flux surfacique à partir de mesures de siques variés (mécaniques, acoustiques, électrostatiques, optiques)
températures internes. Les méthodes de conduction inverse présen- ouvre une perspective intéressante puisque celles-ci dépendent
tent donc un intérêt pour de nombreuses situations industrielles ou généralement, plus ou moins directement, de la température. Ainsi
de laboratoires [33] [34] [35] [36] mais nécessitent, comme nous en principe, la mesure d’une grandeur dépendante de la tempéra-
l’avons vu, certaines précautions d’emploi. Le temps calcul est, pour ture, au travers d’un mécanisme physique connu et modélisable,
les problèmes monodimensionnels, très faible grâce à l’augmenta- doit permettre, par inversion, de déterminer le champ de tempéra-
tion croissante de la puissance des ordinateurs. L’inversion est réali- ture. L’inversion multicapteurs, c’est-à-dire une inversion réalisée à
sable avec un ordinateur personnel standard. partir d’informations fournies par différents types de capteurs
devrait être, de toute évidence, plus performante que l’inversion
Le choix du paramètre de stabilisation est facilité par la connais- monocapteur. La solution du problème n’est cependant pas tou-
sance a priori du flux surfacique recherché. Les oscillations, qui jours simple, car le traitement simultané des données de plusieurs
n’ont pas de sens physique, sont engendrées par l’amplification du capteurs, reposant sur des modèles physiques de natures diffé-
bruit de mesure et le paramètre de stabilisation doit être augmenté rentes, n’est pas immédiat. Se pose enfin le problème de la préci-
pour les éliminer. sion relative des informations : faut-il accorder autant d’importance
L’instrumentation et la campagne de mesures, qui peuvent être à chaque type de mesure et sinon lequel privilégier ? Cette approche
coûteuses, ne doivent être décidées qu’après le calcul du pas de a été étudiée par Blanc et al. [31] [37] qui ont utilisé simultanément
temps sans dimension caractéristique du problème de conduction des mesures de déformations et de températures. La prise en
inverse, D t i . Il permet d’apprécier la difficulté et éventuellement la compte des équations de la thermomécanique a permis d’améliorer
non-faisabilité de l’inversion. sensiblement les résultats.

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O
U
Le problème inverse de conduction R
de la chaleur
E
N
par Martin RAYNAUD
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Professeur à l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon
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