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Structures de guidage HF

Technologie et applications
par Marc HÉLIER
Ingénieur de l’École supérieure d’électricité
Docteur – Ingénieur
Professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie
Michel NEY
Professeur à l’ENST-Bretagne
Directeur du Laboratoire d’électronique et des systèmes de télécommunications
(LEST) à Brest
et Christian PICHOT
Directeur de Recherche au Centre national de recherche scientifique (CNRS)
Laboratoire d’Électronique, Antennes et Télécommunications

1. Technologie ................................................................................................ E 1 172 – 2


1.1 Substrats....................................................................................................... — 2
1.2 Techniques de fabrication des circuits micro-ondes en microlignes....... — 2
1.2.1 Circuits sur substrats Téflon............................................................... — 2
1.2.2 Circuits intégrés .................................................................................. — 3
1.2.3 Circuits hybrides multicouches.......................................................... — 3
1.2.4 Filière mousse ..................................................................................... — 5
1.2.5 Technologie membrane ...................................................................... — 6
1.3 Conception assistée par ordinateur (CAO) ................................................ — 7
2. Performances............................................................................................. — 9
2.1 Pertes ............................................................................................................ — 9
2.1.1 Pertes diélectriques et dans le conducteur ....................................... — 9
2.1.2 Pertes par rayonnement ..................................................................... — 12
2.2 Puissance transportable .............................................................................. — 12
2.2.1 Limitation de la puissance moyenne transportée ............................ — 12
2.2.2 Limitation due aux effets de claquage .............................................. — 12
3. Domaines d’applications. Perspectives ............................................. — 12
3.1 Domaines d’applications ............................................................................. — 12
3.1.1 Circuits passifs .................................................................................... — 12
3.1.2 Circuits actifs ....................................................................................... — 13
3.1.3 Microantennes..................................................................................... — 13
3.2 Perspectives ................................................................................................. — 13
Références bibliographiques ......................................................................... — 13

ans cet article, on aborde un point de vue fondamental qui justifie à lui seul
D le développement des techniques numériques déjà exposées en [E 1 171]
dont l’objectif, il faut le rappeler, est de conduire à la mise en œuvre effective
des microlignes micro-ondes et millimétriques. Dans une première étape seront
présentés les aspects matériels de la technologie (matériaux et techniques phy-
sico-chimiques de fabrication) et dans une seconde étape on s’intéressera aux
techniques d’aide à la conception des circuits.
Les performances, les domaines d’applications et les perspectives des circuits
micro-ondes et millimétriques seront ensuite exposés.

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Les structures de guidage pour circuits micro-ondes et millimétriques font l’objet de trois arti-
cles :
— [E 1 170] pour la propagation et la géométrie ;
— [E 1 171] pour la modélisation et les calculs ;
— [E 1 172] pour la technologie et les applications.

1. Technologie Les principales caractéristiques d’un substrat sont sa permitti-


vité relative ε r , son angle de pertes défini en général par sa tan-
gente ( tan δ ) , sa conductivité thermique K et le champ disruptif
E M au-delà duquel on observe la destruction du diélectrique. Pour
1.1 Substrats une permittivité relative donnée, il est intéressant d’utiliser un
substrat à faible angle de pertes (rendement du circuit), à forte
conductivité thermique (évacuation facilitée de la chaleur produite
Les performances obtenues avec les circuits à microlignes sont par des composants actifs, par exemple, et bonne tenue en puis-
très dépendantes de la qualité des substrats diélectriques employés sance moyenne) et à fort champ disruptif (bonne tenue en puis-
pour leur réalisation. En effet, le matériau choisi sera déterminant sance de crête).
pour l’obtention de faibles pertes et d’une grande stabilité de la
constante de propagation, conditions indispensables pour assurer Parmi les caractéristiques des matériaux couramment employés,
le bon fonctionnement d’un circuit micro-ondes, même avec des on peut remarquer les particularités suivantes :
contraintes d’utilisation sévères (température, humidité, vibrations). — le faible coût des assemblages fibre de verre/Téflon ;
— les très faibles pertes du quartz, de l’alumine et du saphir,
Divers matériaux ont été développés, avec des permittivités rela-
alliées à d’excellents états de surface, au prix cependant d’un coût
tives variant de 2 à 12 pour les plus courants [1] ainsi que le montre
élevé ;
le tableau 1.
— la très bonne conductivité thermique de l’oxyde de béryllium,
(0) matériau cependant toxique et difficile à usiner ;
— la forte permittivité relative de l’arséniure de gallium, qui
Tableau 1 – Caractéristiques des substrats contribue à la miniaturisation des circuits intégrés.

K EM
Matériau εr tan δ
(W.cm–1. °C) (kV/ cm)
1.2 Techniques de fabrication des circuits
Air 1,0 0,0000 0,00024 30 micro-ondes en microlignes
Téflon/fibre de verre
tissée 2,17 à 2,55 0,0019 0,0015

Téflon/fibre de verre 1.2.1 Circuits sur substrats Téflon


non tissée 2,20 à 2,33 0,0019 0,0012

Téflon/fibre de verre L’utilisation de substrats Téflon permet une réalisation simple de


chargée 6,00 à 10,20 0,0019 0,002 circuits micro-ondes à l’aide des techniques traditionnelles de gra-
de céramique vure de circuits imprimés. En contrepartie, le niveau d’intégration
obtenu est minimal puisque résistances, capacités et éléments actifs
Polystyrène 2,53 0,0005 0,0015 280 doivent être montés une fois le circuit réalisé. Ces composants sont
Alumine en général soudés mais peuvent également être collés à l’aide de
(pure à 99,5 %) 9,80 0,0001 0,37 4 000
colles époxydiques conductrices.
Alumine Les principaux avantages de cette technologie sont les suivants :
(pure à 96 %) 9,40 0,001 0,35 4 000
— bas coût de fabrication ;
Ferrite 9 à 16 0,001 — usinage aisé ;
— mise en œuvre à l’aide de moyens limités ;
Tétratitanate — mise au point et réparation du circuit faciles ;
de baryum 37 0,0005 0,02
— faibles pertes conductrices en raison de la largeur des lignes à
Saphir 11,7 0,0001 0,4 4 000 microruban employées.
Quartz 3,8 0,0001 0,01 10 000 Ses inconvénients sont cependant nombreux :
— faible miniaturisation due aux petites valeurs de permittivité
Oxyde de béryllium 6,6 0,0001 2,5
obtenues ;
Arséniure — faible rigidité mécanique ;
de gallium (AsGa) 12,9 0,0016 0,46 350
— impossibilité de monter des éléments sans boîtier (chip) ;
Silicium (Si) 11,9 0,015 1,45 300 — fortes pertes diélectriques ;
— mauvaise conductivité thermique.
Céramique 5,5 à 9,5 < 0,0005
Mousse en imide 1.2.1.1 Métallisations
polyméthacrylique 1,07 0,0002

Polypropylène 2,18 0,0003 Dans la plupart des réalisations de circuits micro-ondes hybrides
sur substrat Téflon, le substrat est initialement métallisé sur ses
Phosphorure
13,1 68 deux faces puis gravé chimiquement pour obtenir les motifs dési-
d’indium (InP)
rés. La métallisation initiale du substrat joue un rôle important pour
Cuivre 1 371 la réalisation d’un circuit hybride.

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■ Sensibilisation des substrats : le dessin du circuit conduit à la


réalisation d’un cliché photographique contrasté reproduisant, en
Rubans positif ou en négatif, les motifs à reproduire sur le substrat métal-
Attaque de la étroits lisé. Le résultat de la gravure dépend alors du type de résine photo-
base du ruban sensible appliquée après le processus de nettoyage. On dispose de
deux types de résines pour cette opération, soit une résine positive
qui nécessite de disposer du dessin en positif du circuit à réaliser
(solution à préférer pour l’obtention de lignes très étroites), soit une
résine négative qui repose sur l’emploi d’un dessin en négatif,
Substrat Substrat autrefois plus couramment employée.

Métallisation Métallisation
1.2.2 Circuits intégrés
épaisse mince
Dans cette technologie, récente dans le domaine micro-onde,
sont réalisés sur un même substrat d’arséniure de gallium, microli-
Figure 1 – Gravure d’un ruban étroit gnes, éléments passifs (capacités, inductances) et éléments actifs
(transistors à effet de champ, diodes). C’est grâce à la maîtrise pro-
gressive de la filière de l’AsGa, qui a permis la production de tran-
L’épaisseur du métal déposé va influer sur la largeur des lignes ches de substrat de grande dimension et à faible perte, au
technologiquement réalisables ainsi que sur la valeur moyenne de développement du transistor MESFET (Metal Semiconductor Field
la puissance transportable sur ces lignes (figure 1). Une métallisa- Effect Transistor) et au débouché important créé par la multiplica-
tion fine (épaisseur inférieure à 17 µm) facilite la gravure de lignes à tion des antennes réseaux à balayage électronique que les circuits
microruban étroites mais limite la puissance moyenne transportée : micro-ondes ont largement dépassé le stade de curiosité de labora-
en effet, l’attaque chimique s’effectue de façon préférentielle à la toire pour devenir des produits industriels.
base de l’interface métal-diélectrique. Ainsi, une épaisseur réduite Les avantages de ces circuits résident dans leur miniaturisation
conduit à un temps global de gravure moins important et évite par par rapport aux circuits hybrides (dimensions de l’ordre du millimè-
conséquent, pour les lignes étroites, la séparation totale du ruban et tre en bande X), leur plus faible coût unitaire, leur large bande pas-
du substrat en raison d’une surgravure due à une attaque trop sante potentielle en raison même de leurs petites dimensions, leur
importante de la base du ruban par rapport à celle de ses côtés. fréquence de travail maximale élevée et la plus faible dispersion de
Cette « surgravure » est fréquente avec une métallisation épaisse et leurs performances en raison de l’absence de connexions perturba-
une ligne étroite. Si, par contre, il importe de minimiser les pertes et trices.
de transporter une puissance moyenne élevée, une métallisation Les inconvénients sont à rechercher dans l’investissement considé-
épaisse (épaisseur supérieure ou égale à 35 µm) s’impose. rable en recherche et en équipements (physico-chimiques, informati-
Deux techniques sont couramment employées pour métalliser, en ques, technologiques) que nécessite leur production, l’impossibilité
général avec du cuivre, les substrats à base de Téflon [2] : de régler le circuit achevé et la nécessité de disposer d’un vaste mar-
— le dépôt électrolytique ; ché pour amortir les frais de développement, bien plus élevés qu’en
— le laminage (adhésion sur le substrat d’une feuille de cuivre technologie hybride.
laminée par chauffage et pression). Actuellement, c’est principalement la ligne à microruban qui est
La seconde méthode permet d’obtenir une excellente régularité employée dans les circuits intégrés bien qu’on trouve aussi quel-
de surface, avec cependant un coût de fabrication plus important. quefois des lignes coplanaires. L’épaisseur des substrats d’arsé-
niure de gallium étant faible pour des raisons de dissipation
thermique (de l’ordre de 100 à 300 µm), les lignes 50 Ω réalisées en
1.2.1.2 Gravure circuit intégré ont une largeur de l’ordre de 70 à 200 µm, valeurs fai-
bles mais cependant bien maîtrisées avec les techniques de photo-
■ Nettoyage des substrats avant la gravure : la réalisation de lithographie employées dans cette technologie (résolution
microlignes micro-ondes par les techniques de circuit imprimé meilleure que 1 µm).
nécessite l’emploi de substrats de haute qualité. Il est indispensable
de les préparer avant de pouvoir effectuer leur gravure [2]. Il s’agit
essentiellement de nettoyer la surface du substrat pour enlever tou- 1.2.3 Circuits hybrides multicouches
tes les impuretés déposées après la fabrication (essentiellement des
graisses). Trois étapes sont nécessaires pour mener à bien la Avec l’augmentation des débits d’information et la demande de
préparation : nouveaux services d’une part et la congestion du spectre dans les
— un premier nettoyage de la surface à l’aide d’un solvant appro- bandes radio-fréquence d’autre part, on assiste au développement
prié souvent complété par un processus physique ne détériorant de systèmes et leurs composants dans les nouvelles bandes milli-
pas la métallisation (nettoyage par ultrasons, par exemple) ; métriques rendues disponibles aux applications civiles.
— le rinçage du substrat à l’aide de solutions plus spécialisées Pour répondre aux exigences de coût, performances et compa-
(eau déionisée et méthanol pour enlever les résidus solubles dans cité, des nouveaux procédés technologiques ont été développés
l’eau, fréon pour les résidus graisseux) ; pour les applications en bandes millimétriques. Ils permettent
— l’étuvage au four, pour enlever les résidus apportés par les l’association de fonctions diverses (amplifications, filtrage, multi-
deux premières étapes de préparation. plexage, rayonnement) sur une structure planaire faites en plusieurs
Des variantes peuvent intervenir dans ce processus avec certains couches dans lesquelles les motifs conducteurs (filtres, connexions)
types de substrats (séchage des substrats d’alumine à l’azote, par et éléments passifs (résistances, capacités, inductances) sont dépo-
exemple). Dans tous les cas, il est important de noter qu’aucune sés par divers procédés (gravure, sérigraphie ou photo-image). On
manipulation ne doit être effectuée à main nue, non seulement en peut y allier différentes technologies de type uniplanaire ou à micro-
raison de la toxicité éventuelle des solvants utilisés mais aussi à ruban, disposées sur plusieurs niveaux qui peuvent être couplées
cause de la dégradation qui peut en résulter pour le substrat : en par champs électromagnétiques ou connectées par trous métallisés.
effet, les graisses déposées par les doigts ont tendance à détériorer On parle alors de circuits multicouches, multitechnologies tridimen-
la métallisation, rendant l’utilisation du substrat moins fiable. sionnelles.

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Plaques Perçage Métallisation


Ruban diélectriques des trous des trous
diélectrique

Cuisson (~850 °C) Laminage Alignement

Dépôt des éléments


passifs et lignes
Post-traitements :
– impressions
– cuisson
– ajustement
– test Figure 2 – Illustration schématique
d’un procédé typique LTCC

Les modules actifs intégrés sont montés en surface et les différen- Les substrats de base typiquement utilisés sont :
tes couches sont électriquement connectées par des trous métalli- — alumine (96 %) : ε r = 9, 6 , épaisseur 635 µm ;
sés. Ce type d’arrangement fait référence aux circuits hybrides (par — alumine (99 %) : ε r = 9, 9 , épaisseur 254 µm ou 635 µm (épais-
opposition à monolithiques sur lesquelles les éléments transistors seurs standards) ;
sont aussi intégrés à même le substrat). — ferrites hyperfréquences ;
— céramiques à haute permittivité : ε r = 31, 40, 89 , épaisseur
635 µm, 1 mm ou 2 mm.
1.2.3.1 LTCC ou HTCC
Le procédé est illustré à la figure 3. Des pâtes (ou encres) ayant des
Un procédé pour la fabrication de circuits multicouches est propriétés soit diélectriques (substrats) ou conductrices (lignes ou
apparu vers le début des années quatre-vingt-dix. Il consiste à résistances) sont étalées mécaniquement sur un substrat de base à
empiler des plaques diélectriques (céramique), préalablement travers un treillis métallique dont les pores situés en dehors de
munis de motifs conducteurs, résistances, capacités, et de trous l'emplacement des motifs à implanter (ou à reproduire) sont obs-
métallisés pour les connexions entre plaques. Après laminage, elles trués. La pâte est donc déposée à l'aide d'une raclette à travers les ori-
subissent un traitement thermique sous atmosphère raréfiée pour fices laissés libres en accord avec la géométrie des motifs que l'on
la soudure aux interfaces (figure 2). Pour une température de cuis- désire déposer. La procédure est répétée pour chaque couche supplé-
son au-dessous de 1000 °C (typiquement 850 °C), on parle de pro- mentaire que l'on désire ajouter. Une étape de cuisson à 900 °C fixe
cédé céramique à basse température (Low Temperature Cofired les encres et doit être appliquée après chaque dépôt de couche.
Ceramic LTCC) et de procédé céramique à haute température (High La résistivité des encres conductrices est comprise typiquement
Temperature Cofired Ceramic HTCC) pour des températures supé- entre 2 et 4 mΩ/mm2 et les épaisseurs après cuisson sont entre 8 et
rieures à 1000 °C. 15 ± 1 µm. Ces paramètres sont critiques vis-à-vis des contraintes de
Les diélectriques utilisés sont généralement des céramiques avec pertes en hautes fréquences. On peut atteindre une résolution ligne
des permittivités relatives entre 5,5 et 9,5 (épaisseur 90 à 200 µm) ou fente pour les circuits uniplanaires de 80 µm avec une précision
dont le facteur de pertes peut se situer au-dessous de 5 × 10
–4 en largeur de ± 10 µm.
jusqu’à 40 GHz [3]. Des circuits pouvant atteindre plus de 15 cou- Les encres diélectriques ont des permittivités relatives situées
ches sont produits industriellement par cette technique maintenant entre 4 et 10. La résolution des trous métallisés pour les connexions
maîtrisée pour des applications jusqu’à 40 GHz [4]. La recherche électriques entre couches varie de 150 à 300 µm. Les épaisseurs sont
actuelle est tournée vers l’élaboration de substrats avec de meilleu- de l'ordre de 20 ± 1 µm par couche.
res performances (pertes) et des procédés de fabrication permet- Les applications de ce type de technologie sont nombreuses et
tant une meilleure précision des éléments pour des applications au- s'étendent du GHz jusqu'aux fréquences millimétriques. Elles
dessus de 40 GHz. comprennent les fonctions du type filtrage-amplification, les circuits à
fort couplage mais aussi des intégrations de systèmes en général [5].
1.2.3.2 Sérigraphie
La sérigraphie est un procédé technologique qui comporte 1.2.3.3 Sérigravure
notamment les avantages suivants : Plus récente, la technologie sérigravure tire à la fois profit de la
— densité d'intégration ; technique sérigraphie par son aspect multicouche et des avantages
— souplesse d'utilisation ; de la photolithographie par sa précision et sa qualité de résolution.
— reproductibilité ; La sérigravure est basée sur l'utilisation d'encres pouvant être gra-
— fiabilité. vées ou photo-imagées. Par rapport à la sérigraphie, elle apporte

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— alignement entre couches ;


— réalisation de trous métallisés ponctuels grâce aux diélectri-
Raclette
Cadre Pâte ques photo-imageables.
Motifs
La procédure est illustrée à la figure 4. La sérigraphie est utilisée
pour étaler les différentes pâtes sur un substrat de base de type alu-
mine, céramique ou ferrite hyperfréquence. Dans le cas de couche
conductrices, les pâtes sont enduites d'une résine photosensible.
Cette étape est omise dans le cas de pâtes diélectriques car elles
Treillis sont directement photo-imageables (elles contiennent des éléments
Porte-substrat
Substrat photosensibles). Une insolation par rayons ultraviolets à travers un
masque contenant les motifs géométriques et une révélation par
solution aqueuse permettent la gravure des éléments. Comme dans
la sérigraphie, une cuisson est nécessaire pour fixer les encres.
Pour les encres conductrices, une épaisseur après cuisson entre
2,5 et 15 µm est obtenue, suivant le type. La résolution ligne ou fente
Figure peut atteindre 15 ± 1 µm. Les encres photo-imageables ont des per-
mittivités relatives disponibles de 3,9 à 9 (pour des applications
dans le domaine des hautes fréquences). Elles permettent une
épaisseur de couche de 10 ± 1 µm. Finalement, cette technique per-
met la réalisation de trous métallisés jusqu'à 40 µm.
La sérigravure est particulièrement bien adaptée pour la réalisa-
tion de circuits en techniques uniplanaires. Par exemple, elle permet
l'implantation directe de filtres à réjection de modes comme les
ponts requis pour supprimer le mode symétrique des lignes copla-
naires [6].

1.2.4 Filière mousse

Figure 3 – Illustration du procédé pour une sérigraphie La demande croissante d'applications pour le grand public,
comme les radios mobiles et les boucles locales, a fait émerger l'uti-
lisation de filières technologiques procurant des coûts réduits. Une
des solutions qui améliorent la possibilité d'intégration des fonc- technologie à base de mousses faites d'imide polyméthacrylique a
tions et des systèmes, particulièrement grâce aux aspects suivants : été développée pour de nombreuses applications impliquant
— limites des dimensions accessibles et précision associée ; notamment des circuits et antennes plaqués [7].

Résine photosensible
Substrat Pâte
Dépôt

Porte-substrat

Insolation UV

Masque
Motifs

Révélation

Solution aqueuse

Lavage

Figure 4 – Procédé de sérigravure de motifs


conducteurs

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Contrairement aux technologies vues précédemment, cette filière


s'appuie principalement sur le pressage à chaud de mousse en
–4
imide polyméthacrylique ( ε r = 1, 07 , tan δ ≈ 2 × 10 à 2 GHz) avec Pressage
des feuilles métalliques en cuivre et des films de scellement diélec- à chaud
–4
triques polypropylène ( ε r = 2, 18 , tan δ ≈ 3 × 10 à 2 GHz) de quel- Élément
ques dizaines de micromètres d'épaisseur. L'avantage d'utiliser de rayonnant
tels substrats est multiple. On peut citer les principaux : Ligne
— matière disponible à très faible coût ;
— possibilité de réaliser des substrats ayant les caractéristiques
de l'air ;
— réalisation de substrats conformes ;
— faibles pertes jusqu'en bande millimétrique.
Insert à haute
De plus, la mousse peut être facilement usinée et des surfaces à permittivité
profil arbitraire peuvent être obtenues par micro-usinage ou ther-
Films
moformage. polypropylène
Une procédure typique est illustrée à la figure 5. Elle montre la
possibilité d'obtenir facilement des substrats inhomogènes qui sont
utilisés pour faciliter la miniaturisation d'éléments rayonnants. Les
éléments conducteurs (lignes et éléments rayonnants) sont déposés
sur un film par les techniques décrites précédemment. Un pressage
à chaud permet l'assemblage de la structure. La métallisation peut
aussi s'effectuer simplement par sérigraphie. Le dépôt direct sur la Substrat mousse usiné Plan de base
mousse sans l'utilisation de film polypropylène est à l'étude. à faible permittivité conducteur

1.2.5 Technologie membrane Figure 5 – Exemple de réalisation par la filière mousse

Pour les applications en ondes millimétriques, le besoin de limiter


les pertes d'une part, et celui d'éviter l'apparition de modes parasi-
tes d'autre part conduit généralement le concepteur à utiliser des Film diélectrique
substrats de faible épaisseur et présentant de faibles pertes diélec- Motif conducteur gravé (épaisseur 10 µ m)
triques. Outre le surcoût relatif au choix d'un matériau plus perfor-
mant, il s'avère également que les filières technologiques dites
« classiques » – de type coplanaire ou microruban – peuvent être en
limite d'utilisation pour diverses raisons :
— la réduction de l'épaisseur du substrat tend à dégrader les
caractéristiques des structures rayonnantes (gain – bande pas- Cavité gravée
sante), tout comme celles des structures passives (coefficients de
qualité faibles) ;
— la sensibilité technologique est accrue dans la mesure où l'aug-
mentation de la dispersion ou la dérive sur les dimensions des motifs
peuvent se traduire par un dysfonctionnement total de la fonction. Embase en cuivre Plan de base
Des solutions d'intégration réellement adaptées au contexte milli- (épaisseur 127 à 254 µm) conducteur
métrique tendent à s’instaurer par la mise en œuvre d'une filière
technologique de type membrane. Elle consiste à déposer sur un
substrat en semi-conducteur Si, AsGa ou en InP un film diélectrique Figure 6 – Exemple de structure membrane
(SiO2), typiquement de 1,4 µm d’épaisseur. Ensuite, les motifs pla-
naires sont déposés par des procédés lithographiques sur ce film La technologie membrane à partir de films de polypropylène
(membrane). Finalement, le substrat est évidé sous le film par un apporte une certaine flexibilité dans la conception de fonctions mil-
procédé de gravure. La cavité sous la membrane est fermée par un limétriques actives ou passives, avec une ouverture vers des filières
plan de base donnant ainsi un circuit en technologie microruban hybrides de type montage inverse de circuits intégrés (Flip-chip)
quasiment immergé dans l’air [8]. La nouvelle structure réduit ainsi dont l'avantage est de minimiser les effets parasites générés par les
la dispersion et les pertes de substrat. connexions. On peut noter les principaux avantages qui découlent
Une solution alternative mais résolument à faible coût consiste à de l'utilisation de la technologie membrane en bande
utiliser des matériaux diélectriques à faibles pertes de type poly- millimétrique :
mère (benzocyclobutène ou polypropylène) et des procédés techno- — le support cuivré, compte tenu de sa rigidité, assure d'emblée
logiques standards (pressage – photolithographie). Le film une certaine robustesse de l'ensemble ;
diélectrique (épaisseur 10 µm) est déposé sur une feuille de cuivre — les problèmes de connectique et de mise en boîtier sont réso-
(embase) puis est recouvert d’une autre feuille de cuivre dont lus à cause de l'imbrication directe membrane – boîtier en cuivre ;
l’épaisseur peut varier de 9 à 35 µm. Le tout est laminé à chaud pour — les niveaux d'impédances caractéristiques peuvent être très
obtenir une structure pouvant être gravée par les procédés stan- étendus, notamment vers les fortes valeurs (jusqu'à 200 Ω).
dards pour circuits imprimés. Le caractère membrane est concédé
par l’obtention d'une cavité au niveau de la face inférieure de la Finalement, la technologie membrane à partir de films de poly-
structure en y enlevant le cuivre par gravure. Un plan de base fixé propylène s'avère particulièrement attractive puisqu'elle est directe-
sur la face inférieure de l’embase en cuivre ferme la cavité (figure 6). ment compatible avec la filière mousse.
Cette approche évite d'une part le problème de report de masse par Les circuits en technologie membrane peuvent être connectés à
trous métallisés et d'autre part produit des coûts moindres. Cepen- des technologie de type microruban ou coplanaire par des lignes sur
dant, la résolution est inférieure à celle obtenue par les techniques film fin diélectrique (Thin Film Micro-Strip TFMS) qui permettent la
sur semi-conducteurs. transition de milieux d'impédance forte vers ceux d'impédance faible.

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Alumine Microbille
A B C hauteur 100 µm
Microruban

A – A’ : Carte mère (coplanaire)

Microbille hauteur 100 µm

BCB Embase cuivre

B – B’ : Section BCB

Microruban
Cavité

Circuit en technologie
A' B' C' membrane

Vue de dessus (sans blindage supérieur et BCB )

C – C’ : Section membrane BCB benzocyclo-butène

Figure 7 – Report de composants montés en surface type membrane sur une carte mère par procédé Flip Chip

Il est à noter que les filières monolithiques (circuits intégrés) ne — la définition initiale du circuit à partir du cahier des charges ;
sont pas réellement adaptées pour assurer l'intégration de fonctions — l’analyse de son fonctionnement à l’aide des modèles de ses
sensibles, et particulièrement encombrantes, telles que les antennes, éléments et composants ;
les filtres ou les résonateurs pour la stabilisation des oscillateurs. — la comparaison entre les performances calculées et les perfor-
D'un autre côté, on peut aujourd'hui disposer de puces monolithi- mances souhaitées ;
ques (amplificateurs, voire mélangeurs) à ces fréquences, avec accès — l’analyse de la sensibilité des performances en fonction des
de type coplanaire ou microruban, qui peuvent être directement variations des valeurs des composants ;
montées par collage et câblage sur une embase appropriée. La tech- — les modifications éventuelles pour obtenir le fonctionnement
nologie membrane est une solution appropriée pour l'intégration nominal par optimisation ;
hybride [9] de fonctions actives et passives sur une carte mère dans — les modifications éventuelles pour rendre le circuit moins sen-
laquelle une technique de report de type Flip-Chip (figure 7) est privi- sible à la dispersion.
légiée de manière à minimiser les effets parasites inhérents à l'opé-
Lorsqu’un circuit répond au cahier des charges et présente une
ration de report-câblage. Il semble donc que l’approche mono-
faible dispersion de ses performances en fonction de la dispersion
lithique et les technologies hybrides sont amenées à être complé-
de ses éléments, sa fabrication est lancée. Grâce aux techniques de
mentaires pour les dispositifs en bandes millimétriques.
CAO, le concepteur se dispense d’une expérimentation longue, coû-
teuse et parfois impossible, comme par exemple pour l’étude des
effets de la dispersion des valeurs des composants.
1.3 Conception assistée par ordinateur Les difficultés particulières de la CAO dans le domaine micro-
(CAO) ondes sont liées à la complexité des problèmes d’électromagnétisme
qu’il faut résoudre pour obtenir le modèle d’un élément de circuit.
C’est pourquoi la CAO des circuits micro-ondes repose sur une ana-
La recherche de circuits micro-ondes hybrides ou intégrés de plus en lyse rigoureuse des phénomènes de propagation électromagnétique
plus performants conduit à une complexité de plus en plus grande dans les composants passifs (tronçon de microligne) dont les princi-
pour le concepteur. En effet, le regroupement de fonctions multiples paux aspects ont été précédemment présentés [E 1 171]. Les résultats
sur un même circuit de petites dimensions rend indispensable l’étude de ces travaux, obtenus à l’aide de systèmes informatiques puissants,
préalable des interactions entre éléments. Les mesures à l’intérieur permettent de définir des schémas équivalents ou des modèles
d’un circuit micro-onde étant difficiles, seule la simulation numérique mathématiques simples, par identification ou par lissage et interpola-
est susceptible d’apporter les informations nécessaires pour son tion de courbes, modèles utilisables dans des programmes d’analyse
dimensionnement. Ces techniques de simulation numérique sont de circuits destinés à de petits systèmes ou à des stations de travail
regroupées sous l’appellation de CAO : elles comprennent des étapes individuelles. La plupart des logiciels offrent le choix de multiples
logiquement imbriquées qui sont les suivantes : structures de guidage (ligne à microruban, ligne à fente, rubans

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coplanaires, guide d’ondes coplanaire et guide d’ondes rectangu-


laire). À cela s’ajoutent les modèles des composants actifs qui sont ( b i1 ) [ S1 ] 0 ... ..0 ( a i1 )
issus des résultats de la physique des matériaux semi-conducteurs.
( b i2 ) 0 [ S2 ] . . . ..0 ( a i2 )
L’emploi de la conception assistée par ordinateur repose sur des
analyses successives d’un circuit, modifié progressivement jusqu’à ⋅ = 0.. ... ... ..0 ⋅
obtenir les performances désirées. L’analyse proprement dite ⋅ 0.. ... [ Si ] . . 0 ⋅
consiste en la détermination des performances globales à partir de
⋅ 0.. ... ... ..0 ⋅
la donnée des modèles des éléments. C’est la mise en œuvre simul-
tanée de plusieurs éléments de circuit, représentés chacun par leur ( b im ) 0.. ... . . 0 [ Sm ] ( a im )
modèle, qui va être développée ici.
L’outil de base pour l’analyse des circuits micro-ondes est la avec ( a ij ) vecteur des ondes incidentes sur le module j,
matrice de répartition [S] qui permet de déterminer les ondes émer- ( b ij ) vecteur des ondes émergentes du module j,
gentes d’une jonction en fonction des ondes incidentes appliquées [ Sj ] matrice de répartition de ce même module.
[10].
On classe alors les accès du circuit en deux catégories :
Les modèles de composants élémentaires correspondent usuelle-
— les accès extérieurs permettant de relier le circuit à d’autres
ment à une structure de dipôle (un accès) ou à une structure de qua-
circuits ;
dripôle (deux accès). Un circuit micro-ondes est d’habitude un
— les connexions internes définies entre les différents modules
système multiaccès, que ces accès soient des accès externes, qui
qui composent le circuit.
permettent de relier le circuit à l’extérieur, ou qu’ils soient des accès
internes, qui assurent le passage d’un composant élémentaire à un On peut alors réécrire les relations précédentes sous la forme :
autre, en général par l’intermédiaire d’une microligne. Pour analy-
ser un circuit micro-ondes, il est donc nécessaire de décrire une ( bp ) [ S pp ] [ S pc ] ( ap )
structure multiaccès à partir de la donnée d’un ensemble de matri- =
ces de répartition de quadripôles ou de coefficients de réflexion de ( bc ) [ S cp ] [ S cc ] ( ac )
dipôles.
Dans les cas simples, on peut faire usage d’éventuelles symétries où l’indice p repère les accès extérieurs et où l’indice c repère les
que présente le circuit pour décomposer l’analyse en somme de connexions internes du circuit.
modes pair et impair. On ramène de cette façon l’analyse d’un qua- Il reste encore à décrire les liaisons internes entre modules. Par
dripôle à celle de deux dipôles et l’analyse d’un octopôle à celle de exemple, la connexion entre deux modules contigus (figure 10) se
deux quadripôles. C’est ainsi que l’on pourra analyser le fonctionne- traduit par la relation matricielle :
ment d’un quadripôle symétrique en introduisant des murs électri-
que et magnétique (figure 8). bk 0 1 ak
On en déduit facilement la matrice [ S ] du quadripôle par les =
bj 1 0 aj
relations :

 S 11e + S 11o
 S = S = -----------------------------
 11 22 2

 S 11e
– S 11o
S11 S12
 S 12 = S 21 = ----------------------------
2
-

S21 S22
Dans la plupart des cas d’intérêt pratique, cette décomposition
n’est pas possible et on doit recourir à une méthode d’analyse plus
générale.
Une première situation assez courante en micro-ondes corres-
pond à la mise en cascade de deux quadripôles, caractérisés chacun Mur Mur
par leur matrice de répartition (figure 9). magnétique électrique

Un calcul simple permet alors la détermination de la matrice [ S ]


résultante :
S11e S11o
A B A A B
A S 12 S 11 S 21 S 12 S 12
b 1A S 11 + --------------------------
A B
- --------------------------
A B
- a 1A
1 – S 22 S 11 1 – S 22 S 11
=
A B B A B
S 21 S 21 B S 21 S 22 S 12
b 2B --------------------------
- S 22 + --------------------------
- a 2B Figure 8 – Symétries électrique et magnétique
A B A B
1 – S 22 S 11 1 – S 22 S 11

Cependant, la topologie du circuit est rarement aussi simple, en


particulier dans les circuits intégrés micro-ondes. Une technique a1A a2A b1B a2B
d’analyse plus générale doit alors être employée. Dans ce cas, le cir-
cuit est un réseau constitué de modules élémentaires dont les matri- SA SB
ces de répartition sont connues. Il s’agit alors de déterminer la
matrice de répartition de ce réseau à partir de ces données. En sup-
b1A b2A a1B b2B
posant que le circuit est excité par des générateurs extérieurs et
qu’il est constitué de m modules élémentaires, on a la relation entre
ondes de répartition incidentes et émergentes : Figure 9 – Chaînage de deux quadripôles

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bj ak
W (z )
dz
j k
W (z + d z )
aj bk

Figure 10 – Connexions entre modules Figure 11 – Tronçon de guide dissipatif élémentaire

Soit alors [ Γ ] la matrice de connexion globale du circuit (qui 2. Performances


regroupe l’ensemble des relations de connexion entre modules). On
peut écrire ainsi la relation supplémentaire entre ondes internes
[10] :
( b c ) = [ Γ ] ( a c ) et reporter cette égalité dans le système matriciel 2.1 Pertes
général, d’où :
En général, les pertes dans les structures de guidage et les lignes
[ Γ ] ( a c ) = [ S cp ] ( a p ) + [ S cc ] ( a c )
de transmission sont au nombre de quatre :
a) les pertes diélectriques,
soit encore :
b) les pertes dans le conducteur,
–1 c) les pertes par rayonnement,
( a c ) = { [ Γ ] – [ S cc ] } [ S cp ] ( a p )
d) les pertes dues à la propagation d’ondes de surface.
Par une dernière substitution, on obtient alors l’expression des Les deux premières ont des effets dissipatifs et résultent de l’imper-
ondes émergentes extérieures en fonction des ondes incidentes fection des conducteurs et des diélectriques qui les constituent. Les
extérieures : deux dernières résultent de phénomènes parasites, comme le cou-
plage par exemple. Nous allons nous intéresser principalement aux
deux premières et dans une moindre mesure à la troisième.
 –1 
( b p ) =  [ S pp ] + [ S pc ] ( [ Γ ] – [ S cc ] ) [ S cp ] ( a p )
 
2.1.1 Pertes diélectriques et dans le conducteur
ce qui permet d’exprimer la matrice de répartition du réseau
complet :
2.1.1.1 Rappels sur le calcul des pertes
–1
[ S R ] = [ S pp ] + [ S pc ] { [ Γ ] – [ S cc ] } [ S cp ]
Dans la plupart des cas, les pertes diélectriques et dans le conduc-
Cette approche n’est pas la seule possible, mais le principe d’ana- teur demeurent faibles. La propagation dans les structures réelles et
lyse consiste toujours à partir de la donnée des matrices de réparti- donc imparfaites diffère peu de la propagation dans une structure
tion de modules élémentaires à calculer la matrice de répartition idéale. Cette remarque facilite beaucoup le calcul effectif de ces per-
globale du circuit. tes dans le cas d’une structure de guidage dont les modes sont bien
La technique d’analyse étant précisée, il s’agit alors de l’employer connus.
pour atteindre les performances imposées sur le cahier des charges. En effet, pour simplifier l’étude des modes d’un guide à pertes qui
Cette phase constitue la phase d’optimisation au cours de laquelle atténue peu les signaux propagés, on pourra se ramener à l’étude
sont recherchées les valeurs optimales des composants permettant des modes d’un guide parfait. Tout en introduisant les imperfections
d’obtenir les meilleures performances possibles. des matériaux, on substituera à la géométrie des modes réellement
Dans ce but, on peut employer divers algorithmes dont l’efficacité propagés dans le guide réel et inconnus la géométrie des modes du
dépend de la configuration ou de la complexité du circuit : guide parfait, ce qui revient à mettre en œuvre une méthode de per-
— des algorithmes du type gradient conjugué qui nécessitent le turbation et à déterminer de façon approchée, mais en général suf-
calcul de la sensibilité de la réponse du circuit en fonction des fisante, les modes du guide imparfait. Dans un tel modèle, on ne
valeurs des composants, peut s’attendre à trouver des constantes de propagation réelles
— des algorithmes directs tels que celui de Fletcher-Powell qui ne pour ces modes approchés puisque l’introduction des pertes va se
nécessitent pas ce calcul. traduire par l’apparition de parties imaginaires dans les constantes
des milieux de propagation.
Enfin, il reste à effectuer une analyse statistique de la sensibilité
des performances du circuit en fonction de la dispersion des valeurs Il s’agit ainsi de rechercher des solutions aux équations de propa-
des composants, par exemple celle de l’impédance caractéristique gation sous la forme :
d’une microligne en fonction de sa largeur. Une approche de type
Monte-Carlo convient généralement et permet de s’assurer de la
possibilité effective de passer à la phase de production. Éventuelle- E 0 ( x 1, x 2, z ) = E ( x 1, x 2 ) exp [ – ( α + j β ) z ]
ment, en cas d’échec de l’optimisation ou de l’analyse de sensibilité, H 0 ( x 1, x 2, z ) = H ( x 1, x 2 ) exp [ – ( α + j β ) z ]
il peut être nécessaire de remettre en question la solution adoptée
(technologie et topologie).
On peut résumer le processus de mise au point généralement avec ( E, H ) champ électromagnétique du guide parfait, au
adopté à l’aide de l’organigramme de la figure 11. facteur de propagation près.

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La puissance transportée par un mode donné à travers un plan de On en déduit :


section droite du guide se calcule à l’aide de la formule de Poynting :

∫∫
W ( z + dz ) – W ( z ) 1
------------------------------------------------ = Re – --- exp ( – 2 α z )E. J ∗ dΣ
dz 2

∫∫
1 Σ
W = --- Re ( E 0 × H 0∗ ) ⋅ n dΣ
2


Σ 1 dW
– --- exp ( – 2 α z )E. J s∗ d = ---------
2 dz
avec dΣ = dx 1 dx 2 C

où Σ désigne la section droite du guide. On exprime alors a en appliquant cette relation pour z = 0 et en
supposant le diélectrique linéaire et isotrope de conductivité σ d :
On en déduit la relation simple :

∫∫ ∫
1 1
E. J s∗ d
2
W ( z ) = W ( 0 ) exp ( – 2 α z ) --- σ d E′ dΣ + --- Re
2 2
Σ C
α = -------------------------------------------------------------------------------------------------

∫∫
Considérons alors la variation de cette puissance transportée sur
une longueur dz de guide : Re ( E × H ∗ ) ⋅ n dΣ
Σ
dW = – 2 α W ( 0 ) exp ( – 2 α z ) dz = – 2 α W ( z ) dz avec E′ = E
Introduisons alors l’impédance de surface Z s du conducteur, telle
Cet élément différentiel représente la puissance dissipée au cours
que :
de la propagation sur une longueur dz de guide.
E tan = Z s υ × H tan
On en déduit :
Comme :
dW dW J s = υ × H = υ × H tan
– --------- ( z ) – --------- ( 0 )
dz dz
α = --------------------- = ---------------------- E. J s∗ = Z s H tan

2
2W ( z ) 2W ( 0 )
on aboutit à l’expression finale de la constante d’affaiblissement :
Il s’agit d’expliciter ce rapport.

∫∫ ∫
À partir de l’expression générale des champs, on exprime 1 2 1 2
--- σ d E′ dΣ + --- Re Z s H tan ′ d
aisément : 2 2
Σ C
α = -----------------------------------------------------------------------------------------------
- = αd + αc
1
W ( 0 ) = --- Re
2 ∫∫ Σ
( E 0 × H 0∗ ) ⋅ n dΣ
Re
∫∫ Σ
( E × H ∗ ) ⋅ n dΣ

avec ′ = H tan
H tan
Pour déterminer dW ⁄ dz , il suffit d’appliquer le théorème de On a finalement démontré que la constante d’affaiblissement
Poynting à un tronçon de guide de longueur dz (figure 11) en s’exprime comme la somme d’une constante d’affaiblissement α c
remarquant que la densité de courant dans le guide est la somme liée aux pertes dans les conducteurs et d’une constante d’affaiblis-
d’une densité de courant volumique J dans le diélectrique et d’une sement α d liée aux pertes dans les diélectriques. Cette relation ne
densité de courant surfacique J s sur les conducteurs. s’applique cependant qu’au cas d’un mode non dégénéré.
On en déduit les égalités entre puissances transportées et De manière réaliste, aux pertes dans le conducteur doivent être ajou-
dissipées : tés les effets dus à la rugosité de surface [11]. Par exemple, dans le cas
des lignes à microruban, l’expression des pertes dans le conducteur en
tenant compte de la rugosité de surface αc′ est égale à :

∫∫∫
1
W ( z + dz ) – W ( z ) = – --- Re exp ( – 2 α z )E. ( J ∗ + J s∗ δ s ) dx
2, 8 ∆
αc′ = α c  1 + --------- -----
2

π ps

∫∫∫
1
= Re – --- exp ( – 2 α z )E. J ∗ dx avec ∆ (m) rugosité de surface,
2
Ω 1
p s = ----------- pénétration superficielle à la fréquence de
Rs σ

∫∫∫
1 travail.
– --- exp ( – 2 α z )E. J s∗ δ s dx
2 Dans certains cas pratiques, α c′ ⁄ α c est de l’ordre de 1,6 (exemple
Ω du saphir avec ∆ = 1 µm) ou même supérieur (exemple de l’alu-
mine avec ∆ = 10 µm), ce qui montre l’influence importante de la
∫∫∫
1
= Re – --- exp ( – 2 α z )E. J ∗ dx rugosité de surface.
2

∫∫
1 2.1.1.2 Constante d’affaiblissement dans le cas d’un guide
– --- exp ( – 2 α z )E. J s∗ d dx métallique non diélectrique
2
S
On considère ici le cas d’un guide métallique, rempli d’air ou vide,
avec d x = d x 1 dx 2 dz , sans diélectrique. Compte tenu de la forte conductivité des métaux,
qui entraîne une forte réfringence, on sait que, en réponse à une
δs distribution de Dirac surfacique. onde incidente, même d’incidence oblique, l’onde transmise à l’inté-
Dans cette dernière relation, S désigne la surface du cylindre rieur du métal se propagera suivant la direction de la normale à la
constituant le tronçon de guide de contour C décrit par d et Ω son surface (loi de la réfraction). On peut donc se limiter, pour simplifier,
volume. au cas d’une illumination par une onde d’incidence normale, bien

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que cette situation ne corresponde pas véritablement à la géométrie Finalement, pour des structures de guidage classiques, on pourra
des rayons réfléchis sur les parois du guide pour un mode usuel, appliquer la formule condensée :
sauf si l’on se place à la fréquence de coupure du guide.


2
Dans ces conditions, en partant des équations de propagation H tan′ d
dans le métal : Rs C
α c = ------- -------------------------------
2Z
∫∫
2
 rot E = – j ωµ H ⇒ ∆ E – j ωµσ E = 0 H t′ dΣ
 Σ
 rot H = j ω ε E ⇒ ∆ H – j ωµσ H = 0

on sait que la composante tangentielle du champ électrique, non 2.1.1.3 Calcul des pertes dues au diélectrique dans un guide
d’ondes chargé
nulle ici puisque l’on prend en compte les pertes, s’exprime par la
relation, pour une propagation suivant la normale Oz :
Pour déterminer α d on peut soit employer l’expression générale
déjà développée, soit utiliser un calcul approché en remplaçant la
z permittivité ε par
E y ( z ) = E y ( 0 ) exp – ( 1 + j ) ---
p σ
ε C = ε – j ---- = ε ′ – j ε ″
ω
2 1
avec p = ------------ = ----------------- avec ε ″<< ε ′ ,
ωµσ π µσ f
le courant de déplacement étant prépondérant sur le courant de
p est l’épaisseur de peau dans le métal, encore appelée profondeur conduction dans le diélectrique
de pénétration, qui dépend en particulier de la fréquence de travail f.
σ
 tan δ = ------ ε″
- = ----- <<1
 ωε ε ′ 
On en déduit à l’aide de l’équation de Maxwell-Faraday :

–1 –( 1 + j ) z
Ainsi, pour calculer la constante d’affaiblissement diélectrique
H = ------------ rot E ⇒ H x ( z ) = --------------------- E y ( 0 ) exp – ( 1 + j ) --- d’une structure de guidage chargée de diélectrique, on peut intro-
j ωµ j p ωµ p duire une constante de propagation complexe, telle que k = k′ – jk″
avec :
Par définition : 2 2
k = ω ( ε ′ – j ε ″ ) µ0
E tan = Z s υ × H tan
Pour un guide d’ondes chargé de diélectrique, on aura :
avec υ = –ez 2 2 2 2 2 2
γ = kC – k = ( ωC – ω ) ε ′ µ0 + j ω ε ″ µ0
d’où : 2
2 2  j ω ε″ 
= ( ω C – ω ) ε ′ µ 0  1 + -----------------------------
-
jp ωµ p ωµ  ( ω C – ω ) ε ′
2 2
Z s = -------------- = ( 1 + j ) ------------
1+ j 2
2
= ( αd + j β )
p ωµ ωµ 1
R s = Re ( Z s ) = ------------ = -------- = -------
2 2σ σp Il vient, par un développement limité au premier ordre :

On aboutit de cette façon à une nouvelle expression de α c : 2 2  1 ω ε″ 


2
γ ≈ j ε ′ µ 0 ( ω – ω C )  1 + --- -----------------------------
2 2
- = α d + j β
 2 ε ′ ( ω C – ω )

∫ ∫
1 2 1 2
--- R s H tan ′ d --- R s H tan ′ d
2
C
2
C
avec ω > ωC
α c = ------------------------------------------------------------
- = --------------------------------------------------------------
en se plaçant en régime de propagation.
Re
∫∫ Σ
( E × H ∗ ) ⋅ n dΣ Re
∫∫ Σ
( E t × H t∗ ) ⋅ n dΣ En identifiant, on obtient immédiatement :

2 2
avec E t et H t composantes transversales du champ électro- β ≈ ε ′ µ0 ( ω – ωC )
magnétique ( E, H ) . 2 µ
1 ω ε″
α d ≈ --- ------------------------ -----0-
2 2 2 ε′
Pour les structures du guidage TE, TM ou TEM, on peut toujours ω – ωC
écrire les relations :

1 2.1.1.4 Calcul des pertes dues au diélectrique


H t = --- ( n × E t ) dans une ligne TEM
Z
Et = Z ( Ht × n ) Le calcul est analogue au calcul précédent, seule est modifiée
l’expression de la constante de propagation γ . On obtient alors
aisément :
 ωµ 2 2 2
 -------
β
- pour les modes TE γ = –k = –ω ( ε ′ – j ε ″ ) µ0

 β = ( αd + j β )
2
avec Z =  ------- pour les modes TM

ωε
 µ
 --- pour les modes TEM
 ε
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d’où, sans calcul (il suffit de faire tendre ω C vers zéro dans les 2.2.2 Limitation due aux effets de claquage
expressions précédentes), le résultat :
La tension crête qui peut être appliquée sans causer d’effets de
β ≈ ε ′ µ0
claquage du diélectrique détermine la puissance crête admissible de
µ la ligne de transmission. Si Z c est l’impédance caractéristique de la
1
α d ≈ --- ωε ″ -----0- ligne et V 0 max la tension maximale que la ligne peut supporter, la
2 ε′ puissance crête admissible est donnée par l’expression :

2.1.2 Pertes par rayonnement V 0 max


2
P ca = ---------------
-
La présence de discontinuités (variations de largeur, coudes, etc.) 2Z c
dans les lignes de transmission entraîne des pertes par rayonne-
ment. L’introduction de ces discontinuités est nécessaire lors de la Il est à noter que les substrats épais peuvent supporter de plus
fabrication et de l’intégration des lignes de transmission dans le cir- fortes tensions. Ainsi, les lignes de faibles impédances caractéristi-
cuit micro-ondes ou millimétrique. Il n’est pas toujours facile de les ques et les lignes sur substrat épais ont des puissances crête admis-
éviter. Cependant, il existe différentes techniques permettant de sibles plus élevées.
réduire les inconvénients des pertes par rayonnement, parmi les- Dans les applications pratiques, les signaux radars peuvent dété-
quelles on peut citer : riorer les circuits micro-ondes ou millimétriques non protégés du
a) l’introduction de petits éléments dissipatifs à proximité de fait de la mise en jeu de puissances crête élevées.
toute discontinuité source potentielle de pertes par rayonnement,
b) la mise en place de blindages.

2.2 Puissance transportable


3. Domaines d’applications.
Perspectives
Bien que l’ensemble des structures de guidage pour circuits
micro-ondes ou millimétriques, à l’exception du guide métallique et
de la ligne coaxiale, ne puissent pas convenir pour transporter de Depuis la mise au point de substrats de qualité micro-onde et
fortes puissances, elles peuvent convenir pour transporter des puis- l’apparition de logiciels de CAO incluant la modélisation des lignes
sances moyennes. Ainsi, une ligne à microruban d’impédance 50 Ω ouvertes, de plus en plus de réalisations en circuits micro-ondes
sur un substrat épais d’alumine peut transporter une puissance de font appel à l’emploi de microlignes de transmission. En effet, bien
quelques kilowatts. La limite de puissance transportable d’une ligne que les modes transportés par ces structures soient plus complexes
à microruban, comme n’importe quelle ligne de transmission rem- que les modes transportés par les structures de guidage homogè-
plie partiellement de diélectrique, est déterminée par l’élévation en nes, les microlignes présentent des avantages manifestes sur le
température due aux pertes dans le conducteur et dans le diélectri- plan :
que mais elle est aussi déterminée par les effets de claquage. On — de l’encombrement et du poids ;
peut dire qu’en général les pertes dans le conducteur et les pertes
diélectriques limitent la puissance moyenne transportée tandis que — de la facilité de réalisation dans le cas de lignes gravées ;
les effets de claquage limitent la puissance crête admissible. — de la miniaturisation ;
— de la facilité d’insertion des composants actifs ;
— du coût lorsqu’il s’agit de séries importantes.
2.2.1 Limitation de la puissance moyenne
transportée

La puissance moyenne maximale pour une ligne de transmission 3.1 Domaines d’applications
est donnée par l’expression :
( T max – T ext ) 3.1.1 Circuits passifs
P moy = -------------------------------
-
∆T
On va trouver dans cette catégorie des circuits réalisés soit sur
avec ∆T augmentation de la température par watt substrat Téflon, soit sur substrat alumine essentiellement, soit en
transporté, technologie membrane. Les fonctions actuellement réalisées en
T max température maximale admissible, laboratoire ou commercialisées sont très variées et sont pour la plu-
part similaires à celles que l’on peut obtenir en guide d’ondes, par
T ext température extérieure. exemple. On peut citer de façon non exhaustive :
Pour le polystyrène, T max est de l’ordre de 100 °C tandis que pour — les transitions entre microlignes (transition microruban-ligne à
les autres diélectriques T max est de beaucoup supérieur à 100 °C. La fente, par exemple) ;
température maximale admissible des différentes lignes de trans- — les diviseurs de puissance (Wilkinson) ;
mission utilisant un ou plusieurs diélectriques est déterminée par :
— les filtres (à tronçons de lignes, à résonateurs) ;
— le changement des propriétés du diélectrique avec la
température ; — les coupleurs (branch-line, de Lange, directif) ;
— la variation des dimensions physiques avec la température ; — les circuits d’adaptation des antennes à large bande (balun) ;
— les connecteurs. — les circulateurs et isolateurs en microruban (sur substrat aniso-
On peut prendre comme température maximale admissible la trope en ferrite).
température au-delà de laquelle les caractéristiques électriques et La plupart de ces circuits sont montés en boîtier métallique et
physiques de la ligne de transmission changent. Des circuits sur munis de connecteurs coaxiaux SMA (SubMiniature A) qui permet-
substrat d’alumine et de fibre de verre renforcé ont été testés à tent de les relier à d’autres dispositifs. Les réalisations de circuits
150 °C pendant 2 000 heures sans que les propriétés physiques et passifs en microlignes couvrent la bande 300 MHz à 40 GHz de
électriques aient changé. façon commerciale.

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3.1.2 Circuits actifs tions. D’une façon générale, cette solution sera à rechercher chaque
fois que se posera le problème de la miniaturisation des modules
Les technologies employées ici sont soit la technologie hybride rayonnants regroupant antennes et circuits associés.
(films minces sur alumine, quartz ou multicouche), soit la technolo- En bande millimétrique (à partir de 30 GHz), les microantennes sont
gie du circuit intégré en arséniure de gallium. En général, les micro- réalisées en technologie membrane avec accès en ligneTFMS (§
lignes utilisées sont des microlignes microrubans et les composants 1.2.5).
actifs les plus fréquemment rencontrés sont le transistor MESFET
(Métal Semiconductor Field Effect Transistor)et les diodes PIN (Posi-
tive Intrinsec Negative) ou Schottky. Les microlignes ont pour cette
3.2 Perspectives
application une utilité essentielle puisque leur dimension est com-
patible avec les dimensions des composants actifs, ce qui n’est pas Les avances les plus significatives dans le domaine des structures
le cas en guide d’ondes, sauf à des fréquences très élevées (94 GHz, de guidage pour circuits micro-ondes et millimétriques ont été, au
par exemple). Les fonctions disponibles sont de plus en plus com- cours de ces dernières années :
plètes et complexes.
On peut citer, parmi les circuits actifs en microlignes les plus cou- — leur utilisation dans les circuits intégrés monolithiques micro-
ramment utilisés : ondes pour une gamme de fréquences allant de 2 à 40 GHz ;
— les amplificateurs (bande étroite ou très large bande en circuit
— l’extension des performances vers le haut du spectre avec la
intégré) ;
mise au point des structures de guidage pour ondes millimétriques
— les oscillateurs (à résonateur diélectrique, par exemple) ;
telles que les guides images, les lignes coplanaires ou TFMS.
— les déphaseurs à commande numérique ;
— les atténuateurs à diodes PIN ; C’est avec la mise au point de matériaux performants et de nou-
— les commutateurs à commande numérique ; veaux procédés technologiques que leur application à des systèmes
— les mélangeurs ; de télécommunications civils ou militaires, travaillant à des fréquen-
— les portes logiques en AsGa. ces de plus en plus élevées, a été rendue possible.
À cette liste s’ajoutent maintenant des circuits intégrés complexes
tels que : Aujourd’hui, de nouvelles structures ont été réalisées du point de
— les têtes de réception des émissions transmises par satellite vue technologique. Des caractérisations rigoureuses de ces nouvel-
(télévision à 12 GHz, par exemple) ; les lignes sont maintenant disponibles et ont été intégrées dans des
— les modules de pilotage des éléments des antennes réseaux à logiciels de CAO (parmi lesquels ADS de chez AGILENT Co. est un
balayage électronique ; des plus utilisés). Ils permettent ainsi la conception de système
— les récepteurs des systèmes de radionavigation (GPS [Global micro-ondes jusqu’en bande millimétrique telle qu’il est possible
Positioning System] par exemple) ; pour les circuits électroniques à basses fréquences (par exemple
— les circuits spécialisés d’instrumentation (convertisseur analo- SPICE). Cependant, plusieurs défis restent à rencontrer dans le
gique-numérique) ; domaine technologique et de la modélisation. La fréquence d’opéra-
— les unités de calcul des ordinateurs réalisés en logique AsGa. tion des systèmes, et d’une certaine manière la largeur de bande,
continue d’augmenter. Des dispositifs actifs hyperfréquences sont
maintenant disponibles au-delà de 100 GHz. Par conséquent, les
3.1.3 Microantennes problèmes liés aux pertes et à la dispersion des lignes (et connex-
ions) deviennent encore plus aigus. Des recherches courantes con-
cernent l’utilisation de lignes supraconductrices et de nouvelles
Enfin, parallèlement au développement des microlignes et des cir- structures guidantes.
cuits associés passifs ou actifs, on a assisté à la mise au point d’anten-
nes imprimées qui sont réalisées sur les mêmes substrats que les Au niveau des circuits intégrés, les lignes de connexions (appe-
microlignes. On peut citer pour les structures rayonnantes à bande lées interconnects) étaient considérées comme de simples courts-
étroite le cas des antennes microrubans, qui sont des résonateurs à circuits pour la conception. Avec la venue de l’intégration de plu-
ligne microruban de grande largeur et pour les structures rayonnan- sieurs millions de transistors sur plusieurs couches et des fréquen-
tes à large bande le cas des antennes Vivaldi qui sont réalisées à par- ces d’horloges envisagées jusqu’à 10 GHz, ces lignes (pourtant très
tir de la ligne à fente (ligne à fente rayonnante non uniforme). courtes) ne peuvent plus être modélisées simplement. En effet, les
La similitude de la technologie employée avec celle de la technolo- phénomènes de couplage (diaphonie), de retard et de dispersion ne
gie des microlignes permet d’envisager la réalisation de dispositifs peuvent plus être négligés et les modèles simples utilisés par les
rayonnants actifs regroupant sur un même substrat l’élément rayon- concepteurs de circuit produisent trop d’erreurs. Le défi est l’élabo-
nant et le circuit micro-ondes qui l’alimente ou qui traite le signal ration de modèles simples prenant cependant le plus rigoureuse-
reçu. Les avantages d’une telle intégration sont considérables pour ment en compte ces phénomènes. Ils pourraient ensuite être insérés
le développement des antennes réseaux à balayage électronique, dans les logiciels de conception de circuits intégrés à hautes den-
antennes qui mettent en jeu un nombre considérable d’éléments sité. Finalement, l’utilisation du guide onde reste la plus efficace et
identiques (jusqu’à plusieurs milliers dans certaines réalisations), est essentielle pour la transmission en puissance. Cependant, elle
qu’il s’agisse de circuits micro-ondes (amplificateur, déphaseur) ou reste peu propice à l’intégration de composants pour laquelle les
d’éléments rayonnants associés à ces circuits. La possibilité de tout lignes de type planaire sont largement préférées. Ces dernières res-
regrouper sur un même circuit permettrait d’obtenir le faible coût, la tent donc utilisées lorsque le niveau de puissance reste limité
faible dispersion et la compacité indispensables dans ces réalisa- comme au niveau du filtrage et de la préamplification.

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