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Synthèse de fréquence

par Vincent GIORDANO


Directeur de recherche CNRS
Laboratoire de physique et de métrologie des oscillateurs (LPMO),
CNRS/université de Franche-Comté
et Enrico RUBIOLA
Professeur, université Henri-Poincaré (Nancy-I)/École supérieure des sciences
et technologies de l’ingénieur de Nancy (ESSTIN)
Laboratoire de physique des milieux ionisés et applications (LPMIA)

1. Caractéristiques principales ................................................................. E 330 - 2


1.1 Caractéristiques fréquentielles ................................................................... — 2
1.2 Étage de sortie ............................................................................................. — 3
1.3 Modulations ................................................................................................. — 3
1.4 Autres ........................................................................................................... — 3
2. Pureté spectrale ....................................................................................... — 3
2.1 Définition ...................................................................................................... — 3
2.2 Oscillateur .................................................................................................... — 4
2.3 Transformation du bruit de phase.............................................................. — 4
2.4 Stabilité de fréquence ................................................................................. — 5
3. Opérations et circuits élémentaires ................................................... — 6
3.1 Addition et soustraction de fréquences..................................................... — 6
3.2 Multiplication ............................................................................................... — 6
3.3 Division......................................................................................................... — 6
3.4 Boucle à verrouillage de phase .................................................................. — 6
3.5 Accumulateur de phase .............................................................................. — 7
4. Synthèse directe numérique ................................................................. — 7
5. Synthèse directe analogique ................................................................ — 8
5.1 Synthèse élémentaire.................................................................................. — 8
5.2 Double mélange........................................................................................... — 8
5.3 Triple mélange ............................................................................................. — 8
6. Synthèse indirecte................................................................................... — 9
6.1 Synthèse indirecte analogique ................................................................... — 9
6.2 Synthèse indirecte numérique ................................................................... — 11
6.3 Synthèse fractionnaire ................................................................................ — 11
7. Applications. Quelques exemples ....................................................... — 12
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. E 330

a synthèse de fréquence consiste à générer à partir d’un signal fourni par un


L oscillateur de référence, un signal de fréquence différente. La stabilité de fré-
quence de l’oscillateur de référence est alors transférée au signal généré dont la
fréquence correspond aux besoins de l’utilisateur.
Une synthétiseur de fréquence est par extension un instrument qui permet de
générer, dans une gamme de fréquences donnée, un signal dont on peut ajuster
la fréquence et l’amplitude et auquel il peut être imposé une modulation de fré-
quence, de phase ou d’amplitude.

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 330 − 1
SYNTHÈSE DE FRÉQUENCE _______________________________________________________________________________________________________________

1. Caractéristiques Le dispositif est complété par des modules permettant d’imposer


au signal de sortie une modulation de fréquence ou de phase et une
principales modulation d’amplitude. L’intérêt de ce type de dispositif est que les
principales caractéristiques métrologiques (stabilité de fréquence,
bruit de phase) du signal de référence sont transférées au signal de
sortie. On dispose ainsi de signaux de référence dont on peut ajus-
Historique ter la fréquence. Le choix d’un synthétiseur dépend bien évidem-
ment des performances et des fonctionnalités recherchées. Les
Dès le début des communications intercontinentales dans la caractéristiques les plus importantes sont détaillées ci-après.
bande HF (high frequency : 3 à 30 MHz), la stabilité de la fré-
quence a été une source de difficultés. En 1930, plusieurs arti-
cles faisaient déjà état de méthodes longues et coûteuses
destinées à obtenir une fréquence aussi stable que possible.
1.1 Caractéristiques fréquentielles
Mais les techniques utilisées étaient plus applicables à des équi-
pements de laboratoire qu’à des utilisations de terrain. Les pre-
■ Gamme de fréquences : cette gamme correspond aux fréquences
miers synthétiseurs de fréquence, appelés standard de
extrêmes synthétisées par l’instrument.
fréquence, étaient du type à synthèse directe et ont fait leur
apparition vers 1943. L’avènement des semi-conducteurs a Exemples :
entraîné le remplacement des tubes électroniques de la pre- — synthétiseur RF (radiofréquence) dédié aux tests de récepteurs
mière génération d’instruments et a ainsi permis de diminuer et de composants : 9 kHz à 2 080 MHz au pas de 1 Hz ;
leur taille, leur consommation et d’améliorer leurs performan- — synthétiseur micro-ondes : 0,01 à 60 GHz au pas de 1 kHz (0,1 Hz
ces. Cependant, leur coût et leur encombrement réservent en option).
encore leur emploi soit à des équipements sophistiqués, à
caractère militaire, soit à des émetteurs de puissance. ■ Résolution : la fréquence du signal de sortie de synthétiseur ne
L’apparition des circuits électroniques numériques et de tech- peut varier continûment. Le synthétiseur génère des fréquences
niques d’accord électronique entre 1960 et 1970 a entraîné une discrètes, espacées d’un multiple d’un pas élémentaire ∆ν = νE/d fixé
seconde transformation. La conception de la synthèse fut alors par la technologie utilisée. ∆ν est donc l’écart minimum entre deux
entièrement modifiée, avec une prédominance pour les synthé- fréquences consécutives. La valeur de ce pas de fréquence est très
tiseurs à boucle de phase et à circuits numériques. La réduction variable suivant les applications et les technologies utilisées : de
en coût et en volume des récepteurs due à l’emploi de ces quelques microhertz avec les synthétiseurs numériques à quelques
synthétiseurs, les rendit particulièrement populaires et leur uti- kilohertz pour certains synthétiseurs hyperfréquences.
lisation se généralisa alors, avec prolifération de procédés tant
dans les équipements radio qu’au niveau des appareils de labo- ■ Exactitude : c’est la tolérance en valeur relative sur la fréquence
ratoire entre 1965 et 1975. La fin des années 1970 a vu la mise au affichée. Cette exactitude dépend essentiellement de l’oscillateur de
point des DDS (direct digital synthesizer), synthétiseurs entière- référence qui pilote le synthétiseur.
ment numériques qui présentent virtuellement une résolution Pour des applications scientifiques qui nécessitent une fréquence
infinie. Complètement intégrables, ils se généralisent dans tous très précise, il est possible de piloter la plupart des synthétiseurs par
les circuits électroniques grand public et sont aujourd’hui fabri- une source externe qui peut être un oscillateur de référence calibré
qués en très grande série pour les besoins des télécommunica- ou un étalon atomique.
tions modernes.
■ Temps d’établissement (settling time) : lorsqu’une fréquence ν1
est affichée et que l’on change la programmation de manière à
obtenir une fréquence ν2, cette dernière, ainsi que toutes les
Le terme synthétiseur désigne aussi bien l’instrument complet
caractéristiques qui lui sont attachées, n’est pas obtenue
que le module élémentaire qui en constitue le cœur. On peut repré-
instantanément, mais après une certaine durée : le temps
senter les différentes fonctionnalités d’un synthétiseur par le
d’acquisition, qui dépend de la constitution exacte du synthétiseur
schéma de la figure 1.
de fréquence. On définit ce temps pour un écart donné de
Sur ce schéma, on trouve le pilote qui est un oscillateur de réfé- performance par rapport au signal stabilisé : niveau de bruit,
rence générant un signal de fréquence νE. Ce signal constitue précision de la fréquence, précision de la phase ou tout autre critère
l’entrée du module de synthèse qui génère alors le signal utile à la jugé utile. Cette grandeur n’est significative que pour des
fréquence νS reliée à la fréquence du pilote par une relation du type : équipements destinés à une exploitation où le rythme de
changement de fréquence est rapide. Ce sera le cas de l’évasion de
n
ν S = --- ν E (1) fréquence (transmission sur plusieurs fréquences en séquences
d codées) ou la recherche de canal libre (recherche d’un canal libre
parmi N avant la transmission du message). Dans ces différents cas,
où n et d sont des entiers. des temps d’acquisition de quelques millisecondes à quelques
microsecondes peuvent être requis.
■ Signaux parasites : le spectre du signal généré par un
Module
synthétiseur réel contient, en plus de la raie à la fréquence souhaitée
νE de ν S = n νE νS, des raies parasites qui peuvent provenir :
Modulation Étage de d
synthèse — des harmoniques du signal de référence ;
d'amplitude sortie
n — des harmoniques des signaux auxiliaires générés dans le
d
synthétiseur ;
— des harmoniques du secteur ;
— de la sensibilité microphonique de l’instrument ;
Modulation
de fréquence
— des combinaisons (mélanges) de signaux précédents.
et de phase De plus, dans les synthétiseurs numériques, les mécanismes
d’échantillonnage et de troncature du signal induisent des raies
Figure 1 – Synthétiseur de fréquence parasites à des fréquences non harmoniques du signal de référence.

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Les constructeurs spécifient la puissance maximale de ces raies ■ Capacité d’interfaçage : la plupart des synthétiseurs modernes
parasites par rapport à la puissance disponible à la fréquence peuvent être interfacés avec un ordinateur par un bus du type
souhaitée. Par exemple, une spécification de niveau de signaux IEEE-488.
parasites de − 60 dBc signifie que la puissance des raies parasites
■ Gamme de température : les performances ne sont spécifiées
reste inférieure au millionième de la puissance de signal. Le niveau
que pour une gamme de température de fonctionnement
des raies parasites dépend en général de la fréquence synthétisée.
typiquement de l’ordre de 0 ˚C à 50 ˚C.

■ Pureté spectrale : lorsque l’on affiche sur l’appareil la fréquence


νS, le signal généré diffère de la sinusoïde idéale. La puissance du
signal n’est pas concentrée sur une raie infiniment étroite mais
étalée autour de la porteuse. La pureté spectrale permet de
2. Pureté spectrale
quantifier cet étalement de puissance dans le domaine fréquentiel.
C’est une des caractéristiques les plus importantes du signal généré
et le paragraphe 2 lui est entièrement consacré. 2.1 Définition

Un oscillateur idéal fournit un signal de fréquence ν0 et d’ampli-


1.2 Étage de sortie tude V0 constantes : V(t) = V0 cos(2πν0t).
En pratique, les sources de bruit internes au circuit oscillateur
induisent une modulation aléatoire de la phase et de l’amplitude du
■ Puissance de sortie : sur les instruments perfectionnés, la signal. Le signal réel est alors représenté par :
puissance du signal de sortie peut être ajustée. Le rapport entre les V(t) = V0[1 + α(t)]cos[2πν0t + ϕ(t)] (2)
puissances minimale et maximale est de l’ordre de − 130 dB pour la
plupart des instruments modernes. L’ajustement du niveau est où ϕ(t) et α(t) sont des variables aléatoires qui représentent respec-
effectué généralement par pas d’une fraction de décibel. tivement la modulation de la phase et la modulation de l’amplitude
du signal par le bruit. On définit alors les densités spectrales de
La précision de la puissance du signal est typiquement de l’ordre puissance Sϕ(f ) et Sα(f ) qui caractérisent la répartition fréquentielle
de ± 1 dB mais varie en fonction du niveau moyen et de la tempéra- de ϕ(t) et de α(t). Dans le cas d’un oscillateur, les phénomènes de
ture externe. saturation inhérents à son fonctionnement limitent la modulation
d’amplitude. En général, pour les oscillateurs de bonne qualité, on
■ Protection contre la puissance injectée : le dispositif connecté au néglige en première approche le bruit d’amplitude.
synthétiseur peut renvoyer dans celui-ci une puissance susceptible La mesure de Sϕ peut être réalisée grâce au montage représenté
d’endommager l’étage de sortie. Le constructeur spécifie la sur la figure 2. Le signal de l’oscillateur à caractériser est injecté
puissance maximale admissible. dans l’accès RF (radio frequency) d’un mélangeur doublement équi-
libré. Le signal fourni par une source de référence à haute pureté
spectrale est injecté dans l’accès LO (local oscillator). Une boucle
■ Impédance : l’impédance de sortie des instruments d’usage
d’asservissement lente permet de maintenir égales les fréquences
général est de 50 Ω. Plus rarement, l’impédance est de 75 Ω pour les
de ces deux signaux. Dans ces conditions, le mélangeur fonctionne
synthétiseurs dédiés à des applications de télévision ou de 600 Ω en détecteur de phase. À l’extérieur de la bande passante de l’asser-
pour les équipements téléphoniques. vissement, la tension v(t) disponible à l’accès IF (intermediate fre-
quency) est proportionnelle à ϕ(t). Un analyseur à transformée de
Fourier rapide calcule ensuite le spectre Sϕ(f).

1.3 Modulations
La mesure des fluctuations de phase d’un signal constitue à
elle seule un domaine de la métrologie électronique et pour plus
de détails, le lecteur pourra consulter les références [1][2][3][4].
Un synthétiseur possède en général plusieurs fonctionnalités per-
mettant différentes modulations du signal de sortie : modulation
d’amplitude, de fréquence ou de phase. La fréquence et la forme Sϕ(f) est la quantité métrologique qui s’exprime en rad2/Hz. En
d’onde de la modulation peuvent être fixées par un dispositif interne pratique cependant, les constructeurs spécifient le bruit de phase
ou par un pilotage externe. On prendra garde au fait que les caracté- d’une source par la quantité  ( f ) (prononcer « L-script-de-f ») qui
ristiques du signal de sortie, et en particulier la pureté spectrale, est par définition :
dépendent du mode de modulation appliqué. Les instruments
dédiés aux tests d’équipements de télécommunication possèdent
de plus des fonctionnalités complexes de modulation numérique.  (f ) = --1- S ϕ (f ) (3)
2

L’origine de cette définition est liée au spectre radiofréquence de


la source qui était initialement le moyen le plus simple de caracté-
1.4 Autres riser la pureté spectrale. Imaginons que le signal de la source soit
injecté dans un analyseur de spectre RF dont la bande d’analyse est
suffisamment étroite. Le spectre du signal apparaît alors comme
une courbe en cloche centrée sur la fréquence moyenne ν0
■ Durée de préchauffage (warm-up time) : les performances spéci- (figure 3). L’étalement fréquentiel de la puissance du signal résulte
fiées ne sont atteintes qu’après un temps de préchauffage qui cor- des modulations de phase et d’amplitude du signal par le bruit. La
respond à la mise en température de l’oscillateur de référence. En pureté spectrale peut alors être caractérisée pour chaque fréquence
général, l’instrument étant connecté au secteur et en position arrêt, ν à une distance f = ν − ν0 de la porteuse par la puissance disponible
le pilote est maintenu en température (stand-by). Pν mesurée dans une bande de 1 Hz. Lorsque le bruit de modulation

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Source ϕ (t ) S ϕ( f )
à
caractériser

RF Traitement
IF des
LO données

Référence
f

RF radio frequency
Asservissement IF intermediate frequency
LO local oscillator
Figure 2 – Banc de mesure de bruit de phase

Puissance de bruit (dB/Hz)


P0

f –4


f –3

ν0 ν ν (Hz) f –2
f
f –1
Figure 3 – Spectre radiofréquence du signal f0

lg (f )
d’amplitude est négligeable, on peut montrer que la quantité  (f )
définie précédemment correspond au rapport de Pν sur la puissance Figure 4 – Types de bruit qui affectent la pureté spectrale
de la porteuse P0. En pratique,  (f ) est spécifiée en dBc : d’une source de signal


 (f ) en dBc = 10 lg ----- (4)
-
P0 δt δt

Module
2.2 Oscillateur de
synthèse
νE n νS
d
Les observations expérimentales conduisent à adopter pour le
bruit de phase d’un oscillateur, le modèle dit des lois de puissance : Figure 5 – Propagation du bruit de phase à travers un module
de synthèse de fréquence idéal
0
Sϕ ( f ) = ∑ b αf α (5)
α = –4 2.3 Transformation du bruit de phase
Dans un diagramme log-log (figure 4), le spectre du signal généré
par un oscillateur apparaît alors comme une superposition de spec- 2.3.1 Synthèse idéale
tres élémentaires caractérisés par des pentes différentes. À chacune
de ces pentes correspond un type de bruit :
Considérons un module de synthèse idéal représenté sur la
— f −4 : marche aléatoire de fréquence ; figure 5. Ce module présente un temps de retard négligeable et est
exempt de fluctuations internes. Il génère à partir d’une fréquence
— f −3 : bruit flicker de fréquence ; νE, un signal de fréquence (n/d)νE. Les fluctuations de phase ϕS du
— f −2 : bruit blanc de fréquence ; signal de sortie résultent de la transformation du bruit de phase ϕE
du signal d’entrée. Tout retard temporel δt imposé au signal d’entrée
— f −1 : bruit flicker de phase ;
se répercute identiquement au signal de sortie. Cela s’applique
— f 0 : bruit blanc de phase. aussi bien pour des perturbations déterministes que pour des

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fluctuations aléatoires. La perturbation temporelle δt est équiva-


lente à une fluctuation de phase qui est pour les signaux d’entrée et

Sϕ (f ) (dB · rad2/Hz)
de sortie :
– 90
ϕE = 2πνEδt et ϕS = 2πνSδt Synthétiseur micro-ondes
– 100 hautes performances
On a donc : 10 GHz
– 110
ϕS = ( n ⁄ d ) ϕE
– 120
Le bruit de phase du signal de sortie est alors relié à celui du Synthétiseur RF

Qu
signal d’entrée, par la relation : – 130 hautes

art
performances

z1
S ϕ S ( f ) = ( n ⁄ d ) 2 S ϕ E (f ) (6) – 140
150 MHz

00
M
On peut en déduire que la multiplication de fréquence par n

Hz
– 150
Quartz 10 MHz
(d = 1) augmente le niveau de bruit de phase. Ce phénomène limite
la fréquence maximale que l’on peut obtenir par multiplication. Pour – 160
un ordre de multiplication n trop important, le niveau de bandes
latérales de modulation de phase devient supérieur à la puissance – 170
de la porteuse qui est alors complètement noyée dans un spectre à 0,1 1 10 102 103 104 105 f (Hz)
large bande. Ce phénomène est connu sous la dénomination de col-
lapse de fréquence et il doit être considéré lorsque le pilote est
bruyant ou lorsque le rang de multiplication est très élevé. Figure 6 – Densité spectrale de fluctuations de phase Sϕ (f )
Inversement, la division de fréquence (n = 1 et d ≠ 1 ) est associée pour plusieurs sources de référence
à une diminution du niveau de bruit de phase. Il existe bien évide-
ment une limitation à cette diminution. En effet, la densité spectrale
des fluctuations de phase à la sortie du module de synthèse ne peut
être inférieure à la limite fixée par le bruit thermique. Cette limite est :
σ y (τ )
Sϕ 0  ( kB T ⁄ P ) (7)
Horloge
10–11
avec kB la constante de Boltzmann, commerciale
T la température absolue,
P la puissance du signal. 10–12 Quartz
Ainsi, pour une puissance P de 0 dBm, le palier de bruit de phase métrologique
est Sϕ(f ) = –174 dB ⋅ rad2 ⋅ Hz–1 équivalent à  (f ) = – 177 dBc . 5 MHz
10–13
En pratique, on doit tenir compte des facteurs de bruit des diffé-
rents étages d’amplification éventuellement présents dans le dispo-
sitif. De plus, cette limite est atteinte loin de la porteuse (f supérieure 10–14
à quelques kilohertz pour les dispositifs HF). Lorsque l’on se rappro-
che de la porteuse, c’est le bruit intrinsèque du diviseur de fré-
quence qui fixe le bruit de phase minimum qu’il est possible
10–15
d’atteindre.
Maser à hydrogène

10–16
2.3.2 Synthèse réelle 10-2 10-1 100 101 102 103 104 τ (s)
1 jour
Les circuits électroniques de synthèse génèrent du bruit flicker et
blanc de phase qui vient se superposer au bruit propre du pilote. De
plus, de nombreuses synthèses utilisent des oscillateurs asservis Figure 7 – Écart-type des fluctuations relatives de fréquence σy (τ )
sur le pilote (§ 6). On retrouve alors dans le spectre du signal de sor- pour plusieurs sources de référence
tie, une partie des fluctuations de phase propres aux oscillateurs
internes. La figure 6 représente le bruit de phase de plusieurs
oscillateurs et synthétiseurs de hautes performances.
mesure est répétée de façon à obtenir un nombre d’échantillons
représentatif (au moins 10). On calcule alors la variance d’Allan
σ y2 ( τ ) sur cet ensemble d’échantillons :
2.4 Stabilité de fréquence
1
Le spectre de bruit de phase Sϕ(f ) permet de décrire, dans le σ y2 ( τ ) = --- 〈 ( y i + 1 – y i ) 2〉 (8)
2
domaine fréquentiel, les fluctuations rapides ( f  1 Hz typique-
ment) de la phase du signal. Pour caractériser les fluctuations plus où y i + 1 et y i sont deux échantillons successifs. La stabilité relative
lentes, on préfère utiliser une représentation temporelle. Un comp- de fréquence correspond à l’écart-type σy(τ). Cette caractéristique
teur de fréquence est alors utilisé pour mesurer la fréquence de
dépend du temps de moyennage τ, comme on peut le voir sur la
l’oscillateur moyennée sur un temps τ : ν . Pour rendre la représen-
tation indépendante de la fréquence nominale ν0 de l’oscillateur, on figure 7 qui représente la stabilité de fréquence de plusieurs sour-
ces de référence. Il existe évidemment une correspondance entre la
utilise les variations relatives de fréquence : y = ( ν – ν 0 ) ⁄ ν 0 . La représentation spectrale Sϕ(f ) et la représentation temporelle σy (τ) [5].

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LO
ν1
Dispositif
ν1 ν non linéaire
RF
LO
IF a
RF ν2 ν
IF

ν2 ν Diode
ν1 – ν2 ν1 + ν 2 step

Figure 8 – Opérations d’addition et de soustraction de fréquences b


par un mélangeur

Figure 9 – Multiplication de fréquence réalisée par création


d’harmoniques du signal de référence dans un composant
3. Opérations et circuits non linéaire

élémentaires
Les synthétiseurs utilisent quelques circuits élémentaires pour
réaliser les transformations de fréquence. Dans un dispositif
complet, ces différents circuits peuvent être utilisés conjointement.
J Q J Q J Q νE
νE νS =
8
3.1 Addition et soustraction
K K K
de fréquences
Figure 10 – Diviseurs de fréquence numériques
Un mélangeur est un dispositif non linéaire qui réalise le produit
des signaux présents à ses accès d’entrée (figure 8). Lorsque la fré-
quence de ces signaux est respectivement ν1 et ν2, il apparaît à
l’accès IF du mélangeur une tension proportionnelle à : 3.3 Division
1
cos 2π ν 1 t × cos 2π ν 2 t = --- cos 2π ( ν 1 + ν 2 ) + cos 2π ( ν 1 – ν 2 ) (9) La division de fréquence peut être simplement réalisée à l’aide de
2
bascules logiques (bascules D ou JK). On réalise un diviseur asyn-
Le signal IF est donc composé de deux raies spectrales aux fré- chrone par 2N en connectant en série N bascules, comme indiqué
quences somme et différence ν1 + ν2 et ν1 − ν2. Un filtre sélectif per- sur la figure 10. Ce montage très simple autorise la division de fré-
met ensuite de sélectionner la composante utile. Par la suite et dans quence élevée car la vitesse de basculement est limitée seulement
les différentes figures présentées, le mélangeur et le filtre qui lui est par le premier étage qui peut être réalisé en technologie ECL (emit-
associé seront intégrés dans le même symbole comportant un ter coupled logic). Par contre, dans ce montage, les retards de cha-
signe − ou + suivant la fréquence sélectionnée. que bascule s’additionnent. Ces retards sont aléatoires et peuvent
Le fonctionnement du mélangeur est plus complexe que cette fluctuer en fonction de la température. Le bruit de phase de ce type
simple description. En effet, le spectre du signal IF contient égale- de diviseur est donc important. Des montages plus sophistiqués
ment les produits d’intermodulation entre les harmoniques des permettent de pallier ce problème ou d’obtenir des facteurs de divi-
signaux d’entrée. De nombreuses raies supplémentaires aux fré- sion entiers quelconques [6]. Il existe actuellement des diviseurs
quences pν1 ± qν2 sont donc générées et leur niveau dépend des numériques commercialisés fonctionnant à des fréquences aussi
niveaux d’attaque et de la bande des éléments d’accord internes au élevées que 15 GHz.
mélangeur. Il existe également des circuits diviseurs entièrement analogi-
ques. Ils sont cependant réservés à des applications bien précises
(faible bruit) ou à des fréquences élevées non accessibles avec la
technologie des diviseurs numériques.
3.2 Multiplication

Tout circuit non linéaire transforme un signal sinusoïdal en un 3.4 Boucle à verrouillage de phase
signal distordu qui contient des harmoniques de la fréquence ini-
tiale. La composante spectrale utile est alors extraite par filtrage
(figure 9a). La structure d’une boucle à verrouillage de phase (phase-lock
Lorsque le rang de multiplication n’est pas trop élevé (n < 10), loop : PLL) est représentée sur la figure 11. Elle comporte
transistors, diodes ou varactors peuvent être utilisés. Par contre, essentiellement :
lorsque l’on cherche à générer une fréquence très élevée, on a — un détecteur de phase (DP) qui délivre une tension proportion-
recours à des dispositifs très non linéaires qui délivrent des impul- nelle à la différence de phase entre les deux signaux d’entrée ;
sions à la fréquence initiale (figure 9b). Ces générateurs de peigne — un correcteur destiné à assurer la stabilité de la boucle ;
(step recovery diode, par exemple) délivrent alors des harmoniques — un oscillateur commandable en tension (voltage controlled
dont l’ordre peut dépasser la centaine. oscillator : VCO) ;

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DP
νE νS xi = (xi – 1 + n) mod 2R
d n
Additionneur Accumulateur R
n R
R Carry pulse
VCO Registre

νE

Correcteur Figure 13 – Accumulateur de phase numérique

Figure 11 – Structure générale d’une boucle à verrouillage de phase


(PLL)

xi+x
Puissance

1
i
VCO libre

a évolution de la phase
VCO asservi

Référence

Fréquence

Figure 12 – Spectre de puissance du signal

— deux diviseurs d’ordres d et n placés aux accès d’entrée du


détecteur de phase.
b diagramme temporel
La boucle d’asservissement étant active, les signaux aux accès
d’entrée du mélangeur sont à la même fréquence et donc Figure 14 – Évolution du contenu de l’accumulateur de phase
νS = ( n ⁄ d ) νE .
Si la boucle est du premier ordre, on montre que le spectre de
bruit de phase du signal de sortie est : L’évolution du contenu de l’accumulateur xi = (xi − 1 + n) mod 2R
peut être représentée par un point se déplaçant sur un cercle où il
 n
2 peut occuper 2R positions discrètes (figure 14a). Cette représenta-
( 2πf τ ) 2 1
S ϕ S (f ) = -----------------------------2- S ϕ 0 (f ) + ------------------------------ d--- S ϕ E (f ) (10) tion figure l’évolution de la phase d’un signal piloté par le signal
1 + ( 2πf τ ) 1 + ( 2πf τ ) 2 d’horloge. Le contenu de l’accumulateur peut être également repré-
senté dans un diagramme temporel où il apparaît comme un signal
où Sϕ0 est le spectre de bruit de phase du VCO en boucle ouverte. τ en dents de scie (figure 14b). La fréquence fondamentale de ce
est la constante de temps de la boucle qui dépend de la sensibilité signal est ν S = ( n ⁄ 2 R ) ν E .
du détecteur de phase, de celle de l’accord électronique de fré-
quence du VCO et du gain du correcteur. Cette constante de temps
limite le temps d’acquisition de la synthèse. Pour les fluctuations
lentes, f < 1/2πτ, le bruit de phase du signal synthétisé est égal à
celui du signal d’entrée multiplié par (n/d)2. Pour les fluctuations
rapides situées en dehors de la bande passante de l’asservissement,
4. Synthèse directe
le bruit de phase du VCO est inchangé (figure 12). numérique
Le principe du synthétiseur direct numérique (digital direct syn-
3.5 Accumulateur de phase thesizer DDS) est représenté sur la figure 15.
La sortie de l’accumulateur de phase à R bits adresse une ROM
Ce circuit constitue le cœur du synthétiseur numérique. Son prin- (read only memory) qui contient une représentation de la fonction
cipe est représenté sur la figure 13. À chaque cycle d’horloge de fré- sinus tabulée sur M bits. Cette ROM convertit l’information de phase
quence νE, on ajoute au nombre précédemment stocké dans un produite par l’accumulateur en une valeur numérique représentant
accumulateur à R bits, un nombre n. Lorsque l’accumulateur arrive l’amplitude du signal. Un convertisseur numérique-analogique
à saturation (overflow), une impulsion est générée (carry pulse) et (CNA) à S bits traduit ensuite cette valeur numérique pour délivrer
une nouvelle période d’accumulation est entamée à partir du reste le signal analogique de fréquence νS = (n/d)νE avec d = 2R. Le signal
modulo 2R. obtenu correspond à l’échantillonnage de la fonction idéale

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SYNTHÈSE DE FRÉQUENCE _______________________________________________________________________________________________________________

νS
ROM
Additionneur Accumulateur M CNA
n table sinus S
R
R
Registre

νE

Figure 15 – Synthétiseur direct numérique (DDS)

sin 2πνS. Conformément au théorème de l’échantillonnage, la fré- 5.2 Double mélange


quence maximale qu’il est possible de synthétiser est alors νE/2.
La résolution fréquentielle de ce type de synthétiseur est remar-
quable. Pour un signal d’horloge de νE = 100 MHz, il est possible
Le principe du double mélange est illustré sur la figure 17. Au
d’utiliser un accumulateur à 48 bits. Le pas de fréquence élémen-
préalable, une synthèse élémentaire est utilisée pour produire
taire est alors ∆ν = νE/248 ≈ 0,4 µHz.
simultanément les fréquences ν0, νa et νb + k∆ν avec k = 0, 1, 2...9.
Le spectre du signal généré contient de très nombreuses raies Ces fréquences sont choisies telles que :
parasites qui proviennent :
— de l’échantillonnage du signal. Ces raies aux fréquences
ν0 + νa + νb
kνE ± νS sont en général atténuées par un filtre antirepliement placé ν 0 = ------------------------------
- (11)
en sortie ; 10
— de la troncature des informations. En effet, les nombres de bits
du convertisseur (S) et de la ROM (M) sont limités par la technolo- .
gie. Il résulte pour chaque valeur de la phase xi délivrée par l’accu-
mulateur, une erreur pseudo-aléatoire sur la représentation de la Le premier mélangeur M1 permet d’extraire après filtrage la fré-
tension du signal de sortie. Cette erreur se traduit sur le spectre de quence somme ν0 + νa. Ce signal est injecté dans un second
sortie par des raies parasites très voisines. Il est important de noter mélangeur M2 pour être combiné avec l’un des signaux à la fré-
que l’erreur de représentation due à la troncature est parfaitement quence νb + k ∆ν où k est sélectionné par commutation manuelle ou
déterministe mais dépend de la fréquence générée. programmée. Un diviseur par 10 complète le dispositif. D’après la
relation (11), on montre aisément que la fréquence du signal de sor-
tie est égale à ν0 + k ∆ν/10.

5. Synthèse directe Un tel dispositif constitue une décade qui peut être utilisée de
façon itérative pour réaliser un synthétiseur à haute résolution. La
analogique figure 18 représente un tel synthétiseur utilisant N décades. La fré-
quence synthétisée est :

La synthèse directe analogique consiste, à partir d’une source uni- ∆ν


∆ν ∆ν
que stable, à générer une série de fréquences multiples ou sous- ν S =  ν 0 + k 1 ------- + k 2 --------- + ... + k N ---------N- (12)
multiples par multiplication et division puis de les combiner entre 10 10 2 10
elles par soustraction et addition. L’intérêt principal de ce type de
synthèse est de procurer un faible temps d’acquisition qui peut être où les k1, k2, ..., kN représentent les entiers sélectionnés par les com-
inférieur à 10 µs. Celui-ci dépend en effet essentiellement de la rapi- mutateurs de chacune des décades successives.
dité des commutations de fréquence et de la bande passante des fil-
tres utilisés. Cependant, pour réaliser un instrument couvrant une
large gamme avec un faible pas de fréquence, la synthèse directe
réclame un nombre important de mélangeurs et de filtres. On lui 5.3 Triple mélange
préfère aujourd’hui les techniques utilisant des boucles de phase et
des circuits numériques. De plus, ne bénéficiant pas du filtrage inhé-
rent à la boucle d’asservissement de phase, le spectre obtenu par
synthèse directe peut contenir de nombreuses raies parasites aux Dans la décade à triple mélange représentée sur la figure 19, le
fréquences d’intermodulation produites par les mélanges succes- commutateur est remplacé par un mélangeur M1 pompé par un
sifs. oscillateur auxiliaire de fréquence réglable. Les différentes fréquen-
ces νb + k∆ν sont injectées simultanément à l’entrée de ce
mélangeur. Le filtre placé sur l’accès IF réalise alors la sélection de
la fréquence souhaitée νb + k ∆ν. L’addition de la fréquence du signal
5.1 Synthèse élémentaire provenant de la décade précédente est effectuée dans le second
mélangeur M2. Enfin, un troisième mélangeur est utilisé pour sous-
traire la contribution de l’oscillateur auxiliaire et un diviseur par 10
Lorsqu’un faible nombre de fréquences est nécessaire et qu’il complète le dispositif.
s’agit de les générer simultanément, on utilise une synthèse élé-
mentaire dont un exemple est représenté sur la figure 16. Le signal On choisit en général νb = 10ν0 ; la fréquence du signal de sortie
du pilote de fréquence νE = 10 MHz est injecté dans un dispositif du diviseur est alors : ν0 + ν0/10 + ki ∆ν/10. En pratique, un
générateur de peigne. Les fréquences harmoniques nνE sont extrai- mélangeur supplémentaire (en pointillés sur la figure 19) pompé
tes par filtrage. D’autres fréquences du type (n/d)νE sont obtenues par le signal de fréquence ν0 est utilisé pour annuler l’incrément de
par division de fréquence. La combinaison de ces différents signaux fréquence ν 0 ⁄ 10 résultant des opérations précédentes et qui peut
dans des mélangeurs permet alors d’obtenir plusieurs fréquences être gênant lorsque le triple mélange est utilisé de façon itérative
distantes de 1 MHz. comme décrit sur la figure 20.

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______________________________________________________________________________________________________________ SYNTHÈSE DE FRÉQUENCE

45 MHz
10
MHz – 41 MHz

4 MHz
Générateur 50 MHz
de peigne
– 42 MHz

8 MHz

50 MHz
10
40 MHz 4 MHz – 43 MHz

7 MHz

50 MHz
10
50 MHz 5 MHz
– 44 MHz

6 MHz

40 MHz
10
60 MHz 6 MHz
+ 45 MHz

5 MHz

10 40 MHz
70 MHz 7 MHz
+ 46 MHz

6 MHz

10 40 MHz
80 MHz 8 MHz
+ 47 MHz

7 MHz

2 40 MHz
90 MHz 45 MHz
+ 48 MHz

8 MHz
45 MHz

+ 49 MHz

4 MHz

Figure 16 – Synthétiseur analogique élémentaire

M1 M2 6. Synthèse indirecte
ν0 + + 10 ν0 + k ∆ν
10
Dans les schémas de synthèse analogique précédents, la pureté
spectrale du signal est limitée par les raies parasites provenant des
νa νb + k ∆ν mélanges successifs et qui ne sont pas suffisamment atténuées par fil-
trage. La synthèse indirecte repose sur l’utilisation de boucles à ver-
rouillage de phase qui procurent intrinsèquement un filtrage très
efficace.

6.1 Synthèse indirecte analogique


νb + k ∆ν

L’élément de base de ce type de synthèse est représenté sur la


figure 21. Les différents signaux aux fréquences νb + k∆ν sont injec-
tés simultanément dans l’une des entrées du détecteur de phase
Figure 17 – Décade à double mélange (DP). Le signal généré par le VCO est translaté en fréquence par le

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νa

ν0
+ + + νS

Synthèse élémentaire
+ 10 + 10 + 10

νb + kN ∆ν νb + kN – 1 ∆ν νb + k1 ∆ν

νb + k ∆ν
Figure 18 – Synthétiseur à N décades à double mélange

9 M1 M2 M3
ν0 + k ∆ν
 νb + k ∆ν
k=0
– + + – 10 10

νa

Oscillateur ν0
réglable

Figure 19 – Décade à triple mélange

ν0
9


k=0
10 ν0 + k ∆ν 

– – – –

+ 10 + + +

+ – 10 + – 10 + – 10

ν0 + kN ∆ν ν0 + kN – 1 ∆ν + kN ∆ν
N
∆ν
10 10 100 ν0 +

i=1
ki
10
i

Figure 20 – Synthétiseur à N décades à triple mélange

mélangeur M1 pompé par le signal de fréquence ν0. Comme précé-


demment, νb = 10ν0. La condition d’accrochage de la boucle de
9 verrouillage est réalisée pour la seule fréquence d’entrée vérifiant
 ν
k=0
b+k ∆ν DP –
M1
VCO νvco − ν0 − νb − k ∆ν < νc où νc est la bande passante du filtre de bou-
cle. Lorsque l’on modifie la commande du VCO pour changer la fré-
– 10 ν0 + k ∆ν quence synthétisée, cette dernière se stabilise en un temps
10
proportionnel à 1/νc. En régime établi, la fréquence synthétisée est
égale à ν0 + νb + k ∆ν. Comme dans la synthèse à triple mélange
ν0 (§ 5.3), un second mélangeur et un diviseur par 10 permettent
d’extraire un signal de fréquence ν0 + k ∆ν/10. La figure 22 repré-
Figure 21 – Synthétiseur indirect analogique utilisant la PLL sente un synthétiseur itératif à boucles de phase analogiques.

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ν0
9

 ν
k=0
b+k ∆ν

DP DP DP DP

VCO 10 − − −

VCO − 10 VCO − 10 VCO – 10

N
ν0 + kN ∆ν
10
ν0 + kN – 1 ∆ν + kN ∆ν
10 100
ν0 + 
i=1
ki ∆ν
10
i

Figure 22 – Synthétiseur itératif à boucles de phase analogiques

νS

νE d DP  n1 –  n2 VCO
νE DP n Masqueur VCO

νS
Mot de ν0 +
commande +

Figure 23 – Synthétiseur indirect numérique

6.2 Synthèse indirecte numérique


CNA
Le développement de diviseurs de fréquence numériques rapides
et de faible consommation a permis la mise au point de synthé-
tiseurs de structures plus simples et plus compactes dont le principe
est représenté sur la figure 23. La fréquence synthétisée est ici ajus-
tée en modifiant le facteur de division n1 du diviseur numérique Accumulateur
placé dans la boucle d’asservissement. Le mélangeur et le diviseur
n2 permettent d’accroître la bande de fréquences accessible.

Figure 24 – Principe de la synthèse fractionnaire

6.3 Synthèse fractionnaire


En considérant seulement les composants repérés en bleu sur le
Dans le procédé décrit précédemment, le pas minimum de fré- schéma, le circuit de la figure 24 est une PLL classique où la fré-
quence est (n2/d)νE. Si la fréquence à synthétiser est beaucoup plus quence νS du VCO est égale à nνE.
élevée que la fréquence du signal de référence, le facteur de division Supposons maintenant qu’à la p-ième période du signal de réfé-
n2 est lui-même élevé, ce qui limite la résolution de fréquence du rence, une impulsion soit générée par l’accumulateur (carry pulse).
synthétiseur. Cette difficulté peut être contournée par l’utilisation Cette impulsion commande un circuit spécialisé (cycle swallower)
d’une synthèse fractionnaire décrite schématiquement sur la qui va masquer une période du signal du VCO à l’entrée du diviseur.
figure 24. Ainsi, pendant (p − 1) périodes, la fréquence du VCO est divisée par

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Signal à l'entrée du diviseur par n

Signal à l'entrée du diviseur par p

Signal de référence

Signal d'erreur généré par


le détecteur de phase

0 1 2 10 t /T E

Figure 25 – Chronogramme des signaux dans la synthèse fractionnaire

n puis momentanément, le facteur de division devient égal à (n + 1). récepteur de radio ou de télévision moderne. Le signal de l’oscilla-
En valeur moyenne, le facteur de division sera fractionnaire, égal à teur local utilisé pour la démodulation du signal est généré par
n + 1/p. La figure 25 représente le chronogramme des différents synthèse (DDS, PLL ou synthèse fractionnaire). La souplesse des
signaux pour n = 10 et p = 10. dispositifs de synthèse modernes a permis d’étendre les fonctionna-
On remarque cependant que le signal d’erreur ε, généré par le lités des récepteurs. Citons à titre d’exemple le système RDS (Radio
détecteur de phase, présente une allure en « dents de scie » qui va Data System) qui équipe certains autoradios. Grâce à ce système, il
moduler la fréquence du VCO. L’allure du signal d’erreur est entière- est possible de suivre une station de radiodiffusion quelles que
ment déterministe et dépend des entiers n et p. Il est alors possible soient les conditions de réception et de capter les messages d’aver-
d’obtenir une représentation numérique de ce signal d’erreur à par- tissement diffusés par la Sécurité routière.
tir des informations stockées dans l’accumulateur. Un convertisseur
Les applications militaires font largement appel à la synthèse de
numérique analogique génère alors un signal qui, ajouté en opposi-
fréquence. Le radar Doppler, par exemple, utilisé pour la détection à
tion de phase au signal d’erreur, permet de compenser l’effet de
grande distance, nécessite la bonne pureté spectrale des sources
celui-ci sur la fréquence du VCO. En pratique, la pureté spectrale du
synthétisées. D’autre part, les possibilités de modulation de fré-
signal synthétisé sera limitée par la précision du calcul et la non-
quence et de phase sont utilisées pour réaliser des antennes directi-
idéalité de la compensation.
ves et pour des systèmes de communication sécurisés.

Dans l’instrumentation technique et scientifique, on retrouve


également de très nombreuses sources synthétisées. Les sources à
7. Applications. synthétiseurs DDS remplacent avantageusement dans certains cas
les anciens générateurs de fonction. Les synthétiseurs dédiés aux
Quelques exemples télécommunications permettent le test des canaux de transmission.

En métrologie, le synthétiseur est bien souvent l’instrument clé.


La possibilité de réaliser des dispositifs de synthèse en version En effet, la réalisation de plusieurs unités métrologiques comme la
intégrée et à faible coût a entraîné la généralisation de leur emploi seconde (horloges atomiques), le mètre (distance parcourue par la
dans de très nombreux systèmes électroniques grand public. On lumière) ou encore le volt (effet Josephson) utilisent des sources de
trouve en particulier un synthétiseur de fréquence dans chaque référence qui sont basées sur des synthétiseurs de fréquence.

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