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Convertisseurs de type forward

Dimensionnement
par Henri FOCH
Professeur à l’Institut National Polytechnique de Toulouse
Directeur du LEEI (URA au CNRS)
et Yvon CHÉRON
Responsable de l’Équipe de Recherche Convertisseurs Statiques

Avec la collaboration de :
Raphaël ARCHES – Bernard ESCAUT
Pierre MARTY – Michel METZ
Enseignants Chercheurs de l’Équipe

1. Transformateur ......................................................................................... D 3 167 - 2


1.1 Position du problème .................................................................................. — 2
1.2 Principe du dimensionnement ................................................................... — 2
1.3 Circuit magnétique (circuit « fer »)............................................................. — 2
1.4 Enroulements (circuit « cuivre »)................................................................ — 3
1.5 Relation entre dimensions et puissance.................................................... — 3
1.6 Réalisation pratique..................................................................................... — 4
1.7 Exemple de dimensionnement................................................................... — 5
1.8 Cas d’un rapport cyclique maximal quelconque ...................................... — 6
2. Inductance de lissage ............................................................................. — 7
2.1 Position du problème .................................................................................. — 7
2.2 Relation entre l’énergie stockée et le volume ........................................... — 7
2.3 Principe du dimensionnement ................................................................... — 7
2.4 Relations conduisant au dimensionnement de l’inductance ................... — 7
2.5 Quelques critères de dimensionnement d’une inductance de type
forward ......................................................................................................... — 8
2.6 Exemple de dimensionnement................................................................... — 9
3. Annexe ........................................................................................................ — 10

ous présentons une démarche simple de dimensionnement du transfor-


N mateur et de l’inductance de lissage d’un convertisseur de type forward,
basée sur la mise en évidence des relations entre les grandeurs électriques et
les grandeurs géométriques.
Il existe une différence profonde dans la manière dont travaillent les circuits
magnétiques du transformateur et de l’inductance d’un convertisseur forward :
— dans le transformateur, la puissance ne fait que transiter du primaire au
6 - 1994

secondaire ;
— dans l’inductance, l’énergie est emmagasinée puis restituée.
Partant de là, bien que la démarche soit la même, nous aboutirons à un
dimensionnement d’une inductance complètement différent de celui d’un
transformateur.
D 3 167

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1. Transformateur
1.1 Position du problème
Le premier problème à résoudre pour dimensionner un transfor-
mateur est celui du choix du noyau magnétique. Comme nous
l’avons dit dans l’introduction, nous nous proposons de faire le lien
entre les grandeurs électriques du transformateur que l’on veut
réaliser (tensions, courants, puissance, rapport de transformation...)
et ses dimensions géométriques de façon à faire transiter un maxi-
mum de puissance dans un minimum de volume. Figure 1 – Aire effective A e et fenêtre F d’un circuit magnétique
La puissance dans un transformateur ne faisant que transiter du
primaire au secondaire, il n’y a théoriquement pas de relation entre
la puissance et le volume d’un transformateur. Cependant, intuiti-
vement, on sent bien qu’un transformateur de 10 kVA sera plus gros
qu’un transformateur de 10 VA (toutes choses étant égales par
ailleurs). Nous montrerons au paragraphe 1.2 que la puissance est
bien en effet le critère déterminant du dimensionnement.
Les paramètres intervenant dans le dimensionnement du trans-
formateur d’un convertisseur de type forward sont nombreux et
plusieurs d’entre eux ne peuvent qu’être évalués assez approxima-
tivement (coefficient de foisonnement du bobinage, effet de peau,
courants de Foucault, pertes dans le circuit magnétique en signaux Figure 2 – Surface de bobinage S b compte tenu de la carcasse
non sinusoïdaux, échauffement...) ou choisis assez empiriquement
(fréquence de fonctionnement, induction maximale). Les propriétés
magnétiques du matériau dépendent elles-mêmes de la tempéra-
ture, donc des conditions de fonctionnement et des possibilités de Exemple : ainsi, au produit V 1I1 image de la puissance, on peut
refroidissement, c’est-à-dire de l’emplacement du transformateur au faire correspondre le produit A e S b de deux surfaces qui sont deux
sein du montage. Dans ces conditions, il est difficile de prétendre dimensions géométriques du noyau magnétique.
à un dimensionnement optimal autrement qu’en faisant des essais ■ Dans le cas de formes non sinusoïdales, des relations analo-
successifs ; le présent article n’a donc pour objectif que de proposer gues relient la puissance et le produit A eS b .
une démarche simple et rationnelle permettant d’approcher ce
dimensionnement optimal. Nous allons, dans ce qui suit, expliciter ces diverses relations et
en déduire le dimensionnement d’un transformateur de forward
Nous utiliserons au passage quelques résultats fondamentaux sur (cf. [D 3 165]).
le transformateur qui sont rappelés en annexe. Nous considérerons
dans ce qui suit que la courbe B (H ) du matériau magnétique utilisé
est linéaire tant que la saturation n’est pas atteinte.
1.3 Circuit magnétique (circuit « fer »)
Nous nous plaçons dans le cas classique d’un forward en déma-
1.2 Principe du dimensionnement gnétisation complète, avec un enroulement de démagnétisation
comportant le même nombre de spires que le primaire :
Conformément à l’approche intuitive, nous allons montrer que le
point de départ du dimensionnement est fourni par la puissance n3 = n1
qui peut transiter à travers le transformateur.
ce qui correspond à un rapport cyclique  = t f / T [D 3 165] limité
Nous raisonnerons sur le circuit unidimensionnel équivalent au à 1/2.
circuit magnétique, de section magnétique effective A e (figure 1) et
Le dimensionnement est effectué pour la puissance maximale que
de surface de bobinage effectivement disponible S b (figure 2).
peut transmettre le transformateur, c’est-à-dire pour  = 1/2.
■ Pour raison de commodité, plaçons-nous provisoirement dans le Dans ces conditions, E étant la tension d’alimentation du forward,
cas le plus simple où les formes des tensions et courants sont la tension v 1 aux bornes de l’enroulement primaire est carrée,
sinusoïdales. La puissance considérée correspond alors à la puis- d’amplitude + E et – E (figure 3), et le flux ϕ créé dans le circuit
sance apparente du transformateur, égale au produit des valeurs magnétique est de forme triangulaire ; dans le cas d’une démagné-
efficaces de la tension et du courant (au primaire, par exemple). tisation complète que nous envisageons, le flux au début et à la fin
— Pour une fréquence imposée et un nombre de spires donné de la période T est nul.
au primaire, la tension V 1 est liée au flux magnétique maximal Le flux ϕ de l’induction magnétique b, à travers une section droite
Φ max , donc à l’induction maximale Bmax , par la section du circuit A e du noyau, est défini par :
magnétique A e (section de fer ).
ϕ = b Ae
— Pour un nombre de spires fixé, de longueur moyenne donnée
autour de A e , le courant I 1 est lié à la section s 1 du fil de De plus, la loi de Faraday s’écrit, pour v 1 = E :
l’enroulement primaire par la densité de courant ; I1 est donc lié au
volume de l’enroulement primaire et, par conséquent, à celui du dϕ
E = n 1 -------
secondaire, qui est égal ; ces bobinages doivent pouvoir entrer dt
dans la fenêtre du circuit magnétique, dont ils vont occuper une
partie de la surface ; leur section totale doit donc être inférieure ou
égale à S b (figure 2).

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Figure 3 – Tension au primaire du transformateur et flux magnétique

Le flux croissant linéairement à partir d’une valeur nulle pendant


une demi-période T /2, on a :

dϕ Φ max Figure 4 – Courants au primaire et au secondaire


------- = -------------
-
dt T /2
d’où, en écrivant que f = 1/T : étant limités à 700 V. Pour cette raison, outre l’utilisation éventuelle
d’écrêteurs de tension, on cherche à minimiser cette inductance de
n 1 B max A e fuite en réalisant un couplage très serré entre n 1 et n 3 en les bobinant
- = 2 f n 1 B max A e
E = -------------------------------
T /2 simultanément (bobinage dit deux fils en main ), de sorte que les
spires de n 1 et n 3 soient imbriquées ; ce type de bobinage n’est évi-
soit enfin : demment possible qu’avec deux fils du même diamètre (s 3 = s 1).
E Dans ces conditions, la surface totale de cuivre SCu correspondant
A e = --------------------------------- (1)
2 f n 1 B max aux n 1 spires de section s 1 du primaire, aux n 2 spires de section
s 2 du secondaire et aux n 3 spires de section s3 est :
C’est la première relation entre une grandeur électrique (ten-
sion primaire) et une grandeur géométrique (section droite Ae du SCu = n 1 s 1 + n 2 s 2 + n 3 s 3 = 2n 1 s 1 + n 2 s 2
circuit magnétique).
0,7 k I 0,7 I S 0,7 k I S k IS
soit S Cu = 2 n 1 -------------------S- + n 2 --------------- = 3 n 1 -------------------- = 2,1 n 1 ---------
J J J J

1.4 Enroulements (circuit « cuivre ») On vérifie que les trois enroulements occupent la même surface
dans la fenêtre.
Il faut encore tenir compte de la place prise par l’isolant,
La figure 4 rappelle les formes des courants primaire et secondaire
notamment dans le cas de fil divisé (fil de Litz ) dont l’encombrement
pour  = 1/2 ; le palier croissant du courant secondaire est centré
est près du triple d’un fil unique, de la place d’éventuels écrans et
sur la valeur du courant de sortie I S ; l’amplitude du courant primaire
de la place perdue entre fils, ce qui conduit à introduire un coefficient
est celle du courant secondaire, au rapport de transformation
de foisonnement α. La surface totale occupée par les bobinages est
k = n 2 /n 1 près, et au courant magnétisant près. Nous négligerons le
donc en définitive : 2,1 α n 1 k I S /J
courant magnétisant et idéaliserons les formes de i 2 et i 1 par des
carrés d’amplitudes respectives I S et k I S . Cette surface doit rester inférieure, ou à la limite égale, à la sur-
face de bobinage disponible S b :
La valeur efficace d’un courant d’amplitude I et de rapport
cyclique  étant donnée par I  , nous obtenons les valeurs effi- 2,1 α n 1 k I S
caces de i 2 et i 1 : S b  ----------------------------------- (2)
J
I2 = IS 1 ⁄ 2 = 0,7 I S
C’est la deuxième relation entre grandeurs électriques et géo-
et I 1 = kI S 1 ⁄ 2 = 0,7 k I S métriques.
À ce stade du calcul, la seule inconnue subsistant dans les relations
Si l’on se fixe une densité de courant J dans les enroulements, (1) et (2) est n1 que l’on élimine en effectuant le produit A e S b ;
les sections des fils au primaire et au secondaire sont :
2,1 α E k I S
s 1 = I 1 /J = 0,7 k I S / J A e S b  ------------------------------- (3)
2 J f B max
s 2 = I 2 / J = 0,7 I S / J

En ce qui concerne le troisième enroulement n 3 , il n’est parcouru


que par un courant très faible, puisqu’il ne sert qu’à démagnétiser 1.5 Relation entre dimensions
le circuit magnétique ; le diamètre du fil de ce troisième enroulement
pourrait donc être très faible. Cependant, une autre considération et puissance
prend ici le pas : l’inductance de fuite  entre n 1 et n 3 provoque,
au moment du blocage du transistor, une surtension  di 1 /dt qui
vient s’ajouter, aux bornes de ce transistor, à la surtension théorique En admettant que l’amplitude I1max du courant primaire est égale
égale à 2E (pour n 3 = n 1). Dans le cas d’alimentations à partir du à k I S , la puissance maximale P transitant dans le transformateur
réseau à 220 V, soit environ 300 V en continu après redressement [cf. § 3, relation (22)] s’exprime par :
et filtrage, donc 600 V pour la tension théorique, cette surtension sup- P = E I 1moy = E  max I 1max =  max E k I S
plémentaire est particulièrement indésirable, les transistors usuels

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Pour un rapport cyclique limité à 1/2, la puissance maximale est : toutes les dimensions du noyau, en particulier A e , S b et la longueur
effective  e des lignes de champ ; en reportant A e dans la
1 relation (1), on obtient le nombre de spires au primaire n 1 (et
P = ----- E k I S (4)
2 n 3 = n 1), d’où n 2 d’après le rapport de transformation k.
La relation (3) peut ainsi se mettre sous la forme :
2,1 α P 1.6.2 Quelques critères de dimensionnement
A e S b  --------------------- (5)
JfB max
Les choix combinés de la fréquence de fonctionnement, du maté-
Le produit A e S b est une image de la taille du transformateur. En riau magnétique, de l’induction maximale et de la densité de courant
se plaçant dans le cas où le bobinage occupe toute la surface S b déterminent les pertes dans le transformateur, donc son échauffe-
disponible dans la fenêtre, cela conduit à : ment ; ces choix sont liés entre eux et se font à partir des courbes
B (H ) et des courbes donnant les pertes en fonction de la fréquence
A e S b JfB max pour une induction B max donnée, pour différents matériaux magné-
P = --------------------------------------
- (6) tiques (ferrites) ; les figures 5 et 6 donnent un exemple pour le maté-
2,1 α
riau type T 22 de LCC.
On voit, d’après la relation (6), que la puissance P qui peut transiter
dans le transformateur est :
— proportionnelle au produit des deux surfaces A e et S b , donc
à la puissance quatrième de sa dimension linéaire (si on double la
longueur, la largeur et la hauteur, le volume est multiplié par 8, la
puissance est multipliée par 16) ;
— proportionnelle à la fréquence f de fonctionnement, d’où l’inté-
rêt des fréquences élevées, dans la limite des pertes admissibles ;
— proportionnelle à l’induction maximale Bmax que l’on peut créer
dans le noyau, d’où l’intérêt de matériaux à forte valeur d’induction
B sat au coude de saturation ;
— proportionnelle à la densité J de courant dans les enroule-
ments.
On vérifie que le rapport de transformation et le nombre de spires
n’interviennent pas.

1.6 Réalisation pratique


1.6.1 Marche à suivre pour le dimensionnement
d’un transformateur de type forward
Après avoir choisi la fréquence f , le matériau magnétique (donc
B max) et la densité de courant J, on détermine le produit A e S b à Figure 5 – Courbe B (H ) et évolution de la perméabilité relative  r ,
partir de la relation (5), puis on cherche, dans un catalogue de cons- en fonction de la température [matériau ferrite type T 22 du LCC]
tructeur, un noyau de dimensions juste supérieures. On connaît alors

Figure 6 – Pertes magnétiques par unité


de volume suivant les valeurs de l’induction
crête, pour un flux de forme sinusoïdale
[matériau ferrite T 22 de LCC]

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Les pertes augmentent avec la fréquence et l’induction, mais (induction maximale, densité de courant, fil divisé...), il n’intervient
diminuent d’abord avec la température jusqu’à un minimum qui en général pas de façon limitative. Toutefois, dans certaines
représente l’optimum, puis croissent avec la température. Il faut conditions (structures particulières, mauvais refroidissement...), il
veiller à se trouver dans la partie à pente négative de la courbe des sera prudent de s’assurer que les températures restent dans des
pertes en fonction de la température pour ne pas risquer un embal- limites raisonnables.
lement thermique.
■ Fréquence de fonctionnement
Elle sera choisie aussi élevée que possible, mais en tenant compte 1.7 Exemple de dimensionnement
des pertes, qui augmentent avec la fréquence, d’une part, dans
l’interrupteur commandé (transistor ou MOS), d’autre part, dans le
matériau magnétique. Selon la puissance, f est habituellement Considérons le cas d’un forward dont les caractéristiques sont
comprise entre quelques dizaines et quelques centaines de kilohertz. les suivantes :
— puissance de sortie : P = 20 W
■ Matériau magnétique
— tension d’entrée : E = 40 V
Aux fréquences envisagées, les ferrites s’imposent malgré une
— tension de sortie : VS = 5 V
induction à saturation plus faible que celle des tôles classiques
utilisées en électrotechnique ; leur résistivité permet de limiter les ce qui donne pour le courant de sortie : IS = 4 A.
courants de Foucault ; parmi les divers matériaux utilisables, le choix
■ Pour cette puissance et cette tension, l’interrupteur le plus appro-
se fera en cherchant, en concordance avec celui de la fréquence de
prié est le MOS, facile à commander et dont le fonctionnement à des
fonctionnement, un compromis optimal entre l’induction à satura-
fréquences de quelques dizaines de kilohertz ne pose aucun
tion la plus élevée possible et les pertes admissibles compte tenu
problème. Nous choisirons une fréquence f = 50 kHz.
de l’échauffement prévisible.
Une fréquence plus élevée serait envisageable et permettrait une
Un matériau du type B 50 ou T 22 de LCC, très fréquemment utilisé,
réduction du volume du transformateur.
a été conçu pour des applications de ce type : il a été optimisé pour
les conditions de fonctionnement suivantes : Avant d’effectuer le dimensionnement proprement dit du trans-
— fréquence entre 16 et 150 kHz ; formateur, il nous faut tout d’abord faire une double correction :
— induction inférieure à 0,25 T ; — en ce qui concerne la tension de sortie VS , il faut tenir compte
— température de l’ordre de 50 oC (minimum de la courbe des de diverses chutes de tension, notamment celles dans les diodes
pertes en fonction de la température au voisinage de 60 oC). de redressement au secondaire ; il faut prévoir au moins 10 % de
chutes de tension en plus du seuil des diodes (il vaut mieux prévoir
Des matériaux dits haute induction, haute température apparus
trop de marge que pas assez !) ; les diodes que nous utilisons ayant
plus récemment sur le marché (B 52 par exemple) permettent
une chute de tension d’environ 0,5 V à 4 A, nous ferons le calcul avec
d’atteindre des fréquences et des inductions plus élevées (250 kHz
VS = 6 V au lieu de 5 V ;
et 0,3 T) à 85 oC.
— à une tension de sortie de 6 V correspond une puissance P au
■ Induction maximale secondaire du transformateur égale à 24 W au lieu de 20 ; en misant
sur un rendement du transformateur égal ou supérieur à 95 %, on
Elle est déterminée, pour un matériau donné, de façon à ne pas
peut prévoir une puissance absorbée au primaire de l’ordre de 25 W.
dépasser le coude de saturation (qui est une fonction décroissante
de la température) et en fonction des pertes admissibles dans le ■ Avec un matériau magnétique du type B 50-T 22, nous pou-
circuit magnétique (qui augmentent avec B max et f ). Les courbes de vons choisir (figure 5) une induction maximale B max = 0,2 T (ou
pertes, en fonction de f pour B max fixé, fournies par les constructeurs, même un peu plus : 0,22 T, voire 0,25 T, le coude de saturation à
sont mesurées en régime sinusoïdal ; dans le cas d’un forward, le 100 oC pour ce matériau se situant au-dessus de 0,25 T).
flux étant unidirectionnel (triangulaire), les pertes dans le circuit
— Les pertes magnétiques à 50 kHz pour B max = 0,2 T sont égales
magnétique sont légèrement inférieures, de l’ordre de 70 à 80 % de
à environ 250 mW/cm3 en régime sinusoïdal (figure 6) ; on peut donc
celles en régime sinusoïdal.
évaluer à environ 200 mW/cm3 les pertes pour une forme trian-
En réduisant l’induction maximale, on peut utiliser les ferrites à gulaire du flux (80 % du sinusoïdal).
des fréquences plus élevées (jusqu’à 500 kHz pour les ferrites citées
— Nous adopterons un noyau constitué de deux pièces en forme
pour Bmax = 0,2 T), ce qui permet d’accroître la puissance par unité
de E, bon marché, facile à utiliser, et qui assure un bon refroi-
de volume car les pertes croissent plus vite avec l’induction qu’avec
dissement ; son inconvénient est la perte de place occasionnée par
la fréquence.
le fait de devoir bobiner sur la jambe centrale de forme carrée, mais
■ Densité de courant cela favorise la circulation de l’air pour le refroidissement.
Elle dépend de la fréquence de fonctionnement et des possibilités — Le coefficient de foisonnement  est estimé au moins égal à
de refroidissement (nombre de couches de bobinages) ; une valeur 2,5 (valeur prudente pour un bobinage à la main sur cette forme de
de l’ordre de 4 à 5 A /mm 2 est généralement admise pour une noyau).
fréquence de quelques dizaines de kilohertz. Contrairement à ce que
■ À cette fréquence de 50 kHz, nous pouvons choisir une densité
l’on pourrait croire, on n’a pas intérêt à choisir des densités de
de courant J = 5 A/mm2.
courant sous-évaluées car cela conduit à des sections de fil plus
élevées et l’effet de peau risque de se manifester si l’on utilise du ■ Avec ces valeurs, conformément à la relation (5), le produit A e S b
fil rond. Au-delà de 1 A, on a intérêt à utiliser du fil de Litz, constitué donne :
de brins de faible diamètre (contre l’effet de peau) isolés les uns des
2,1 × 2,5 × 25
autres (pour empêcher le développement des courants de Foucault). A e S b = ------------------------------------------------------
6 3
- ≈ 0,27 · 10 –8 m 2 · m 2
Un critère supplémentaire consiste à équilibrer les pertes cuivre et 5·10 × 50 ·10 × 0 ,2
les pertes fer de manière à optimiser le rendement. 2 2
= 0,27 cm · cm
■ Remarque
Dans cette étude, nous n’avons pas fait de façon explicite de calcul
d’échauffement ; l’expérience sur ce type de matériel montre que,
avec les choix effectués d’après les données des constructeurs

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Sur le catalogue de ferrites LCC par exemple, les noyaux en « E » Les pertes au secondaire étant les mêmes, les pertes totales par
(repérés par le sigle GER suivi des dimensions en mm) ayant les effet Joule sont d’environ 0,32 W, en négligeant les pertes dans
dimensions les plus proches sont : l’enroulement de démagnétisation.
2 2 Les pertes totales p t dans le transformateur peuvent donc être
GER 19 × 8 × 7 avec A e S b = 0,10 cm ⋅ cm évaluées à un peu moins d’un watt.
2 2
GER 25 × 13 × 7 avec A e S b = 0,33 cm ⋅ cm La puissance effectivement absorbée au primaire du transforma-
GER 30 × 13 × 8 avec A e S b = 0,62 cm ⋅ cm
2 2 teur dans ces conditions est :
P = k E I 2 moy + p t = k E  I S + p t
Le premier est nettement trop petit. Nous pouvons prendre le
second noyau suffisamment surdimensionné pour obtenir 25 W ; = 0,33 × 40 × 0,47 × 4 + 1
ses dimensions sont les suivantes : = 24,8 + 1 = 25,8
Ae ................................................................................ = 0,55 cm2
Cela correspond à un rendement de 24,8/25,8 = 96 %. Les pertes
Sb (pour 2 E, avec la carcasse) ................................ = 0,6 cm2
fer et les pertes cuivre étant à peu près équilibrées, ce rendement
 e (longueur effective des lignes de champ)........ = 5,8 cm est très proche de la valeur optimale.
 e (volume magnétique effectif) ............................ = 3,2 cm3 En ce qui concerne le courant magnétisant, on lit sur la caracté-
longueur moyenne d’une spire ............................... = 52 mm ristique B (H ) du T 22 (figure 5) pour B = 0,2 T : H ≈ 40 A/m.
On obtient ainsi [cf. § 3 relation (26)] :
■ La relation (1) donne le nombre de spires au primaire :
E 40 I µ = H  e /n 1 = 40 × 5,8 · 10
–2
/36 ≈ 64 mA
n 1 = --------------------------------- = -------------------------------------------------------------------------------
3 –4
= 36,36
2 f B max A e 2 × 50 · 10 × 0,2 × 0,55 · 10 Ce courant vient s’ajouter, dans le transistor, au courant primaire.
Nous prendrons n1 = 36 spires. Exemple : pour augmenter la puissance avec le même noyau, on
La tension de sortie délivrée par le forward est théoriquement : pourrait utiliser une ou plusieurs des solutions suivantes :
— augmenter la fréquence (certainement la solution la plus efficace) ;
V S = ( n 2 / n 1 )  max E — augmenter la densité de courant ;
— augmenter l’induction maximale (mais on est assez limité de ce
Le rapport cyclique devant rester légèrement inférieur à 1/2 pour côté) ;
être sûr de bien démagnétiser (léger temps mort), nous prendrons — gagner sur l’encombrement des bobinages, en adoptant un autre
 max = 0,47 système de démagnétisation que le troisième enroulement ou en
utilisant un noyau à jambe centrale ronde (moins de place perdue) ;
cela conduit, pour VS = 6 V et n1 = 36 spires, à un nombre de spires — augmenter le rapport cyclique maximal (avec un système de
au secondaire : démagnétisation en conséquence, ce qui suppose une tension maxi-
6 n1 male aux bornes du transistor supérieure à 2 E ) ;
n 2 = -----------------------
- = 11,48 — ou encore faire fonctionner le transformateur avec un flux alter-
40 × 0,47 natif pour augmenter l’excursion ∆B de l’induction B... donc abandonner
Par précaution nous prendrons la valeur supérieure : le forward pour un montage en pont (push-pull série ou parallèle, pont
complet).
n 2 = 12 spires
d’où k = n 2 / n1 = 0,33
À une puissance de sortie de 20 W sous 5 V, correspond un courant
1.8 Cas d’un rapport cyclique maximal
de sortie IS = 4 A, soit une valeur efficace du courant secondaire I2 quelconque
(assimilé à des carrés d’amplitude 4 A et de rapport cyclique 1/2)
de 2,8 A et un courant efficace au primaire I1 = 0,9 A. Cela impose
un fil de cuivre de 50/100 mm de diamètre pour le primaire (et pour On a supposé dans ce qui précède que le rapport cyclique maximal
n 3 si nous adoptons le bobinage deux fils en main ). Pour le secon- était égal à 0,5, ce qui représente le cas le plus fréquent. La principale
daire, nous choisirons du fil de Litz constitué de brins élémentaires limitation du rapport cyclique dans un forward venant de la tension
de diamètre 0,28 mm (pour éviter l’effet de peau à 50 kHz) ce qui que doit supporter le transistor, il peut être intéressant, en basse
conduit à 10 brins en parallèle. tension, d’augmenter le rapport cyclique pour augmenter la puis-
sance et le rendement. Les relations (4) et (1) deviennent :
Les pertes fer valent :
 max E
p Fe = 200 (mW/cm3) × 3,2 (cm3) = 0,64 W P =  max k E I S A e = -----------------------
-
f n 1 B max
Calculons les pertes cuivre dans les enroulements. La résistivité
du cuivre à 50 oC est de 20 · 10–9 Ω · m. La surface occupée dans la fenêtre par chaque bobinage devient :
L’enroulement primaire a une longueur d’environ 2 m (36 spires α  max n 1 k I S / J
de longueur moyenne 52 mm), ce qui donne comme résistance :
–9 Le système de démagnétisation doit assurer une valeur moyenne
20 · 10 × 2 nulle de la tension au primaire, soit une tension primaire V1 pendant
2 –6
- = 0,2 Ω
R = -------------------------------------------
π ( 0,5 ) · 10 /4 le blocage du transistor telle que :

Les pertes cuivre par effet Joule au primaire sont donc : V 1 >  max E / ( 1 –  max )
2 2
pJ = R I1 = 0,2 × 0,9 = 0,16 W

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La tension à supporter par le transistor est théoriquement Ce dernier résultat, assez paradoxal, signifie que, plus le matériel
(cf. [D 3 165]) : est mauvais du point de vue magnétique (µ faible), plus l’énergie
 max E que l’on peut stocker par unité de volume est importante ; à la limite,
V T max > E + ----------------------- le meilleur résultat serait obtenu (de ce point de vue)... sans circuit
1 –  max
magnétique (µ = µ 0 pour l’air) ; mais il est nécessaire de canaliser
Si  max > 0,5 : les lignes de champ pour qu’elles traversent effectivement les spires
V Tmax > 2E du bobinage ! Toutefois, ce résultat explique que l’on cherche, dans
la réalisation d’une inductance, à travailler avec des matériaux de
faible perméabilité ; une solution simple, sinon entièrement satis-
faisante, consiste à introduire un entrefer pour diminuer la perméa-
bilité des matériaux magnétiques usuels.
2. Inductance de lissage On a intérêt, si c’est possible, à fractionner cet entrefer en plusieurs
entrefers plus petits afin de mieux canaliser les lignes de champ et
2.1 Position du problème réduire ainsi les inconvénients résultant des fuites magnétiques
(courants induits au voisinage de l’entrefer, perturbations émises...).
Comme nous l’avons vu dans l’introduction, nous nous proposons L’idéal est d’utiliser des matériaux spécialement conçus à cet effet,
également de faire le lien entre les grandeurs électriques de l’induc- constitués de poudres magnétiques ; l’entrefer est ainsi réparti au
tance de lissage du courant d’un convertisseur forward et ses dimen- lieu d’être localisé.
sions géométriques.
On appelle perméabilité effective la perméabilité relative équiva-
Une inductance est caractérisée par sa valeur (en henrys), par le lente de l’ensemble constitué par le matériau magnétique et l’entre-
courant qui la traverse et par l’énergie qu’elle est capable d’emma- fer (localisé ou réparti). On choisit habituellement une valeur de
gasiner. perméabilité relative effective allant de 50 à 300 environ.
L’énergie joue ici le rôle que jouait la puissance dans le dimen- On peut noter également que :
sionnement d’un transformateur ; c’est elle qui détermine le volume
— la valeur de l’inductance n’intervient pas directement (mais elle
de l’inductance. Il existe en effet une relation directe entre l’énergie 2
que peut stocker une inductance et son volume. intervient par le produit LI max ) ;
— la fréquence n’intervient pas, contrairement au cas d’un trans-
formateur.
2.2 Relation entre l’énergie stockée
et le volume
2.3 Principe du dimensionnement
L’énergie stockée par une inductance de valeur L traversée par
un courant i s’écrit sous la forme : Comme pour un transformateur, le problème du choix du circuit
magnétique se ramène à disposer d’assez de place dans la fenêtre
1 2 pour y loger le bobinage (§ 1.2). On connaît généralement L et le
W = ----- L i (7)
2 courant maximal I max , donc le flux :
avec L = n2 /  m , Φ max = LI max
n étant le nombre de spires.
et l’énergie à stocker :
La réluctance du circuit magnétique  m est donnée par :
1 2
W max = ----- L I max
m = e / µ Ae (8) 2

avec  e et Ae respectivement longueur effective des lignes de champ On peut donc écrire :
et section du circuit magnétique, µ perméabilité du matériau magné- — une relation liant le flux Φmax (donc l’induction B max ) et A e ;
tique constituant ce circuit (µ = µ 0 µ r). — une relation exprimant l’encombrement du bobinage dans
lequel doit passer le courant Imax à loger dans la surface de bobinage
On peut donc mettre W sous la forme :
effectivement disponible S b .
2
1 2 1 n µ Ae 2 On effectue alors le produit A eS b , image de l’énergie stockée
W = ----- L i = ----- ---------------------- i (L I × I ), qui est indépendant du nombre de spires n. Une fois choisi
2 2 e
le noyau correspondant, on en déduit n, puis la perméabilité µ.
En introduisant les relations :
h = ni / e et b = µ h 2.4 Relations conduisant
et en retenant les valeurs maximales, on obtient l’énergie maximale au dimensionnement de l’inductance
que peut stocker une inductance :
2 2 2
2.4.1 Circuit magnétique (circuit « fer »)
1 n I max µ A e 1 2 1 B max e A e
W max = ----- -------------------------------------- = ----- H max e µ A e = ----- ------------------------------- (9) Le flux magnétique total à travers les n spires du bobinage s’écrit :
2 e 2 2 µ
Φ max = LI max = n B max A e
On peut ainsi noter que cette énergie est :
— proportionnelle au volume du circuit magnétique (produit On obtient ainsi la première relation électrique-géométrique :
e A e ) ;
2 I max
— proportionnelle au carré de l’induction maximale B max ; A e = L ----------------- (10)
— inversement proportionnelle à la perméabilité µ du noyau. nB max

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2.4.2 Enroulements (circuit « cuivre ») 2.4.5 Perméabilité

Pour une densité de courant J et une valeur efficace I du courant Les relations précédentes ne font que traduire la possibilité de
(de valeur maximale Imax correspondant à Bmax), la section du fil est : stocker une énergie W max dans le noyau choisi et de bobiner n spires
de section s = I /J dans sa fenêtre.
s = I/J
Il reste à déterminer la valeur de µ qui donnera au bobinage la
Les n spires de cuivre occupent, dans la fenêtre, une surface : valeur L que l’on désire. Connaissant la longueur effective e du
α n s = α n I /J circuit magnétique, n Imax et B max , on déduit la perméabilité µ
correspondante à partir des relations (9), qui s’écrivent :
α étant le coefficient de foisonnement qui tient compte des isolants
et de la place perdue. n I max B max
H max = ---------------
- = ------------
- (14)
La surface de bobinage effectivement disponible Sb doit évidem- e µ
ment lui être supérieure ou égale :
soit :
Sb  α n I / J (11) B max  e
µ = --------------------
- (15)
n I max

2.4.3 Produit A e S b
Le nombre de spires n s’élimine en faisant le produit des deux
2.4.6 Entrefer
surfaces [relations (10) et (11)] :
Dans le cas où l’on veut ajuster µ en réalisant un entrefer d’épais-
α L I max I seur e, on peut écrire, en supposant que l’entrefer est suffisamment
A e S b  ---------------------------- (12) faible pour que le flux reste canalisé sur une section A e durant la
J B max traversée de cet entrefer, et donc que l’induction B max reste
constante le long d’une ligne de champ :
Selon la forme du courant, un certain rapport (facteur de forme)
existe entre les deux valeurs I et I max . nI = Σ H 
Dans le cas d’un forward, le courant i L dans l’inductance est
B max B max B B max
constitué d’une valeur moyenne égale au courant de sortie I S et d’où nI max = -------------- e + -------------- ( e – e ) ≈ -------------
max
- e + -------------- e (16)
d’une ondulation ∆ I que l’on peut généralement négliger (figure 7). µ0 µr µ0 µ0 µr µ0
Dans ce cas, on peut confondre Imax et I (Imax ≈ I ≈ I S ), ce qui La relation (16) peut se mettre sous la forme :
permet de faire apparaître l’énergie maximale stockée Wmax :
nI max B
 ---- - + µ------ 
e 1
2 α W max ---------------
e
≈ ------------
max
- (17)
A e S b  --------------------------- (13) µ0 e r
J B max
c’est-à-dire que la perméabilité relative équivalente µ e (perméabilité
Comme pour le transformateur (§ 1.5), on voit l’intérêt de travailler effective) du circuit en tenant compte de l’entrefer est donnée par :
avec des matériaux à forte induction à saturation et avec une forte
densité de courant. 1 e 1
-------
µe
≈ -----
- + ------ (18)
Après avoir fait choix du matériau magnétique (donc de la valeur e µr
de Bmax ) et de la densité de courant J , les relations (12) ou (13)
permettent de déterminer le noyau convenable, dont on connaît Les ferrites possèdent une perméabilité relative élevée (µ r > 1 000)
alors les différentes dimensions. et le terme 1/ µ r est en général négligeable devant e / e : la perméa-
bilité effective relative est très proche de e /e :

2.4.4 Nombre de spires µe ≈ e /e (19)

Des relations (7) et (8), on déduit la valeur de l’entrefer e direc-


Connaissant A e , la relation (10) fournit le nombre de spires n : tement exprimée en fonction de L :
L I max 2
n = ----------------------
- µ0 n Ae
B max A e e = ------------------------
- (20)
L
Il peut être nécessaire d’ajuster cet entrefer pour tenir compte des
approximations effectuées ; le gonflement des lignes de champ au
voisinage de l’entrefer conduit à des valeurs d’inductance légère-
ment supérieures à celles prévues par le calcul.

2.5 Quelques critères de dimensionnement


d’une inductance de type forward
2.5.1 Fréquence de fonctionnement
Figure 7 – Tension aux bornes de l’inductance de lissage
et courant dans cette inductance pour  = 1/2 À première vue, elle n’intervient pas, puisqu’elle n’apparaît pas
dans les relations précédentes ; toutefois, l’ondulation de courant est
d’autant plus faible, toutes choses étant égales par ailleurs, que la
fréquence est élevée ; cela implique, ici comme pour le transforma-
teur, une fréquence de fonctionnement élevée.

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2.5.2 Matériau magnétique 2.5.6 Position du bobinage par rapport à l’entrefer

On a intérêt à choisir un matériau magnétique à induction de Les avis sont partagés ; on a, en effet, le choix entre recouvrir
saturation élevée et à faible perméabilité, ce qui conduit à utiliser l’entrefer par le bobinage afin de limiter le rayonnement vers l’exté-
des ferrites en poudre ou à réaliser un entrefer. rieur, ou l’éloigner afin de limiter les courants de Foucault induits
dans le cuivre.

2.5.3 Induction maximale

Dans le cas d’une inductance de forward où l’ondulation de


2.6 Exemple de dimensionnement
courant est faible, la variation d’induction ∆B qui en résulte est
elle-même faible ; or les pertes magnétiques sont liées aux variations
Nous reprendrons l’exemple du paragraphe 1.7 d’un forward de
d’induction ∆B et non à B max , ce qui autorise le choix d’une valeur
caractéristiques 40 V/5 V de 20 W à 50 kHz. Le courant de sortie
de B max plus élevée, et ce d’autant plus que, par suite de la présence
nominal est donc de 4 A.
de l’entrefer, les risques de saturation sont réduits, la relation B (H )
devenant pratiquement linéaire. En outre, augmenter B max permet Si on se fixe une ondulation de courant de 10 % de part et d’autre,
de diminuer les pertes cuivre en réduisant le nombre de ce qui permet de fonctionner en conduction continue jusqu’à 10 %
spires (§ 2.5.5). du courant nominal (soit 0,4 A), la valeur L de l’inductance de lissage
est donnée, pour un fonctionnement à rapport cyclique  = 1/2,
par :
2.5.4 Fil de cuivre
∆t ( T /2 ) VS 5
L = V S -------- = V S --------------- = -------------- - = 62,5 µ H
- = ----------------------------------------------------------
Le courant dans l’inductance du forward ne comportant qu’une ∆I ∆I 2f ∆ I ( 2 × 50·10 ) ( 2 × 0,4 )
3

faible composante alternative haute fréquence (ondulation ∆ I ), il


n’est pas nécessaire d’utiliser du fil de Litz. ■ Pour raison de simplicité, nous choisirons le même maté-
riau magnétique que pour le transformateur (T22 ou B50) et nous
ajusterons la perméabilité avec un entrefer.
2.5.5 Pertes cuivre Si on se fixe, comme pour le transformateur :
— une induction maximale B max = 0,2 T ;
Les pertes dans l’inductance sont constituées, essentiellement, — une densité de courant J = 5 A/mm2 ;
des pertes cuivre par effet Joule, qu’il faut donc chercher à réduire — un coefficient de foisonnement évalué à α = 2,5 ;
en jouant sur le nombre et la longueur des spires ; les pertes cuivre — le courant maximal étant de 4,4 A,
s’écrivent : nous obtenons, d’après (12) :
2
p Cu = ( ρ / ) I
α 2,5 –6
A e S b  ------------------- L II max = ---------------------------------
6
- 62,5 ⋅ 10 × 4 × 4,4
ρ étant la résistivité du cuivre,  la section du fil de cuivre et  = n s J B max 5 · 10 × 0,2
sa longueur totale ( s étant la longueur d’une spire) ; n est inverse- = 0,275 · 10
–8
ment proportionnel à la section A e du circuit magnétique [(relation
(10)], tandis que s est proportionnel à la racine carrée de A e . En Nous pouvons donc prendre le même circuit magnétique que pour
effet, en admettant qu’une spire a une longueur à peu près égale au le transformateur, constitué de deux E (§ 1.7) de GER 25 × 13 × 7 avec
périmètre du noyau, on peut écrire d’une manière générale : A e Sb = 0,33 · 10–8 m2 · m2.
s = k Ae La valeur A e = 0,55 cm2 donne le nombre de spires [relation (10) ] :

LI max –6
On obtient : 62,5 · 10 × 4,4
n = ----------------------- - = 25 spires
= --------------------------------------------
–4
— pour un noyau torique de rayon R : B max A e 0,2 × 0,55 ⋅ 10
2
Ae = π R et s = 2 π R Pour obtenir effectivement une valeur de L égale à 62,5 µH avec
25 spires bobinées sur ce noyau, nous devons introduire un
soit k = 2 π ; entrefer e [relation (20)] tel que :
— pour un noyau carré de côté a :
2 –7 2 –4
Ae = a et s = 4a 4 π · 10 · ( 25 ) × 0,55 · 10
e = -------------------------------------------------------------------------------------
–6
- = 0,7 mm
62,5 · 10
soit k = 4.
En définitive, les pertes cuivre peuvent se mettre sous la forme : La perméabilité effective relative [relation (19)] est donc :
2 –2
k ρ I L I max µe
5,8 · 10
≈ --------------------------
- = 82
p Cu = ----------------------------------
- (21) –3
B max A e  0,7 · 10
Dans un noyau en E, les lignes de champ traversent la colonne
Les grandeurs I , L , et I max étant fixées, on a donc intérêt à
centrale et se referment par les colonnes latérales (figure 8) ; une
augmenter B max pour diminuer les pertes cuivre. On peut aussi
ligne de champ traverse donc deux fois l’entrefer, que nous devrons
augmenter la section du fil (diminuer la densité de courant), ou
par conséquent prendre égal à 0,35 mm (à ajuster éventuellement).
augmenter A e , mais cela conduit à augmenter le volume de
l’inductance. La section du fil de cuivre est :

s ≈ 4(A)/5(A/mm2) = 0,8 mm2


soit un diamètre de 1 mm.

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■ Pertes fer et pertes cuivre. Rendement maximal


d’un transformateur
Les pertes fer et cuivre sont, respectivement, proportionnelles aux
volumes de fer et de cuivre :
— les pertes fer (par hystérésis et courants de Foucault dans les
ferrites) sont données par unité de volume ; les pertes fer totales
sont donc proportionnelles au volume de fer ;
— les pertes cuivre par effet Joule dans un enroulement (primaire
Figure 8 – Noyau en forme de E par exemple) s’expriment par :
2 ρ 2 2 2
p Cu = R I 1 = --------- I 1 = ρ  J = ρ J  Cu (23)

Les pertes cuivre sont de l’ordre du demi-watt.
L’ondulation de courant étant 10 % de la valeur du courant, les le produit   représentant le volume de cuivre  Cu de l’enroule-
variations ∆B de l’induction B sont égales à 10 % de B max soit seule- ment.
ment 0,02 T et les pertes magnétiques sont négligeables. Un raisonnement analogue peut être fait pour le secondaire ; les
volumes de cuivre du secondaire et du primaire étant égaux, les
■ Remarques pertes cuivre sont égales dans ces deux enroulements. L’enroule-
— En prenant Bmax = 0,3 T (au lieu de 0,2), on trouve 16 spires ; ment de démagnétisation est un cas à part puisqu’il n’est pas dimen-
les pertes cuivre tombent à environ 0,3 W. Les pertes fer augmentent sionné à partir du courant qui le traverse.
légèrement du fait que l’on travaille plus loin sur la caractéristique
Exemple : il ne faut pas déduire hâtivement du résultat précédent
B (H ).
qu’on réduira forcément les pertes en diminuant le volume du trans-
— La méthode de dimensionnement exposée ci-avant concerne formateur, car, pour obtenir cette diminution, il faudra augmenter B et
uniquement une inductance de lissage de courant, celui-ci étant J. Doubler J , par exemple, revient à diviser par deux les sections des
supposé quasiment continu (son ondulation est faible). fils, donc le volume de cuivre, mais les pertes cuivre par mètre de fil
seront doublées.
Le rendement du transformateur est optimal lorsque les pertes
3. Annexe cuivre sont égales aux pertes fer. Ce résultat classique en régime
sinusoïdal reste vérifié. En effet, le rendement s’écrit :
p2  V 2 IS
Nous donnons ici quelques résultats utiles pour le dimensionne- η = -------------------------------------
- = ----------------------------------------------------
-
2
p 2 + p Fe + p Cu  V 2 I S + p Fe + r I 2
ment du transformateur d’un forward.
■ Aire effective et surface de bobinage d’un circuit magnétique avec p Fe pertes totales dans le fer (indépendantes du courant),
Quelle que soit la forme d’un circuit magnétique réel, on peut p Cu pertes totales par effet Joule dans le cuivre ; elles
raisonner à partir d’un circuit magnétique équivalent unidimen- 2
peuvent se mettre sous la forme : p Cu = r I 2
sionnel, dont les dimensions sont données par le constructeur,
notamment Ae , aire effective du circuit magnétique, et F , surface r représentant la résistance équivalente de pertes ramenée au secon-
de la fenêtre (figure 1). daire et I2 la valeur efficace du courant au secondaire ; ce courant
est égal à  I S .
Plutôt que la surface de la fenêtre, il vaut mieux connaître la surface 2 2
de bobinage S b effectivement disponible, compte tenu de la place On a donc : r I 2 = r  IS
occupée par la carcasse sur laquelle sera effectué le bobinage
(figure 2) ; S b est également indiqué par le constructeur. et, par suite, le rendement devient :

■ Puissance transmise par le transformateur d’un forward  V 2 IS


η = --------------------------------------------------------------
2
-
Elle est obtenue directement à partir des formes des courants et  V 2 I S + p Fe + r  I S
tensions dans un fonctionnement de type forward (figures 3 et 4).
Pendant la conduction du transistor : En divisant le numérateur et le dénominateur par  I S , on fait
apparaître deux termes p Fe / I S et r IS dont le produit est constant :
V 2 = kE et I2 moy = I S
V2
Il s’ensuit : η = -----------------------------------------
- (24)
P = V S I S =  V 2 I S =  kE I S (22) p Fe
V 2 + ----------- + r I S
 IS
■ Égalité des volumes des enroulements primaire et secondaire
Le rendement est maximal lorsque ces deux termes sont égaux,
Comme n 2 = kn 1 , la longueur de l’enroulement secondaire est k
ce qui correspond à l’égalité des pertes fer et cuivre.
fois celle de l’enroulement primaire, en admettant que les spires au
primaire et au secondaire ont la même longueur. Pour les petits transformateurs (quelques watts à quelques
dizaines de watts), on peut admettre un certain déséquilibre (dans
Si l’on adopte la même densité de courant dans les divers enrou-
un rapport 2 par exemple), la légère diminution du rendement qui
lements, la section du fil de l’enroulement secondaire est 1/k fois
en résulte n’étant pas significative.
celle du primaire.
Le volume de cuivre de l’enroulement secondaire est donc égal ■ Pertes dans le circuit magnétique
à celui du primaire ; le volume total des enroulements est le double Elles varient de façon complexe en fonction de la fréquence, de
de celui du primaire (le triple dans le cas des trois enroulements d’un l’induction crête dans le matériau et de la forme des signaux.
forward à trois enroulements si l’on adopte le bobinage deux fils
Les courbes fournies par les constructeurs correspondent à des
en main pour primaire et enroulement de démagnétisation).
mesures en régime sinusoïdal ; on peut observer, d’après ces
courbes, que, pour les inductions entre 0,05 et 0,2 T et dans la gamme

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de fréquence 10 à 500 kHz, elles varient très approximativement ■ Bobinage


selon une loi empirique de la forme : Le coefficient de foisonnement α (ou son inverse, coefficient de
remplissage) traduit le fait qu’une certaine place est perdue lorsque
p = K f m Bn (25)
l’on bobine du fil (rond en particulier). Il dépend du diamètre du fil
K étant une constante caractéristique de la ferrite utilisée, m étant (il est plus difficile de bobiner du fil de gros diamètre) et de la manière
compris entre 1,3 et 1,6 et n compris entre 2 et 2,6. dont est effectué le bobinage (machine à bobiner ou à la main). Il
peut varier de 1,3 (fil rond fin bobiné très jointif) à 2,5 ou même plus.
Dans le cas de tensions carrées unidirectionnelles (type forward), Il faut aussi tenir compte de la place occupée par le vernis isolant,
on peut estimer que les pertes fer ne sont que 70 % ou 80 % environ les feuilles d’isolant entre couches de bobinage, et d’éventuels
des pertes en sinusoïdal. En revanche, pour des tensions carrées écrans reliés à un potentiel fixe pour diminuer les radiations et les
bidirectionnelles (type push-pull ou pont) elles seraient à multiplier capacités parasites. Le fil divisé (fil de Litz) est près de 3 fois plus
par 2 environ (1,8 à 2,2). encombrant que du fil simple de même section utile. On peut ainsi
■ Ferrites : Perméabilité. Caractéristique B (H ). Hystérésis être amené à multiplier par 3 ou 4 la section de cuivre calculée.
Selon le mode de dimensionnement proposé ici, la perméabilité Il faut, enfin, éviter les demi-spires qui tendent à augmenter les
du matériau n’intervient pas directement (elle ne joue que sur la fuites magnétiques.
valeur du courant magnétisant). Les caractéristiques de la ferrite à
■ Inductances de fuite
prendre en compte sont essentiellement l’induction à saturation et
les pertes fer (par hystérésis et courants de Foucault) ; il ne faut Il est souhaitable de les minimiser pour les deux raisons suivantes.
pas oublier que l’induction à saturation diminue avec la tempéra- L’inductance de fuite entre primaire et enroulement de démagné-
ture et que les pertes diminuent d’abord avec la température puis tisation entraîne des surtensions qui se retrouvent aux bornes du
augmentent. transistor.
Pour les ferrites modernes, l’hystérésis est faible et la courbe B (H ) L’inductance de fuite entre primaire et secondaire provoque la
peut être considérée comme linéaire (perméabilité µ constante, conduction simultanée des diodes de redressement au moment des
aimantation rémanente faible) tant qu’on n’atteint pas la saturation ; commutations (phénomène d’empiètement) ; la réduction de
l’excursion ∆b qui détermine la puissance du transformateur est donc rapport cyclique qui en résulte entraîne une chute de la tension de
pratiquement égale, dans un forward, à l’induction B max . Certains sortie (proportionnelle au courant de sortie) qui s’ajoute aux autres
constructeurs de circuits magnétiques suggèrent d’introduire un très chutes de tension (résistances en ligne, diodes).
faible entrefer pour réduire encore l’induction rémanente (le courant
magnétisant est alors légèrement augmenté). ■ Effet de peau
La profondeur de pénétration δ dans un métal de résistivité ρ et
■ Courant magnétisant
de perméabilité µ à une fréquence f est donnée par :
Le courant magnétisant maximal peut être déduit de la valeur
maximale du champ magnétique H max (correspondant à B max) lue ρ 70
δ = ------------- ≈ -------
- en mm
sur la caractéristique B (H ) du matériau (figure 5) : πµf f
I µ max = H max e /n 1 (26) avec, pour le cuivre ; µ = µ 0 = 4 π · 10–7 H · m–1.
Le courant magnétisant que l’on tolère est normalement inférieur
à 15 % du courant nominal (sinon, on doit diminuer l’induction).

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