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n connaît sans doute les logiciels tels que ADAMS, DADS, MECHANICA,
O COMPAM, SYMPACK, etc. Les différents dossiers portant le titre
« Simulation des mécanismes » à paraître dans les Techniques de l’Ingénieur
sont destinés à en exposer la théorie.
Il s’agit de logiciels qui permettent de connaître le mouvement et les actions
entre solides d’un système complexe. Avant l’existence des moyens de calcul
puissants d’aujourd’hui, la mise en équations d’un problème comportant un
nombre de degrés de liberté, ne serait-ce que supérieur à 5, était un travail
extrêmement fastidieux. Quant à sa résolution, même pour des cas très
simples, elle se révélait encore plus difficile, voire impossible, et très souvent
on se contentait de l’envisager dans le cas très restrictif de petits mouvements
autour d’un état de mouvement connu.
Avec le développement de l’informatique, ces questions peuvent maintenant
être abordées. Mais il est utile de connaître les écueils qui peuvent se présenter
dans l’usage des logiciels du type de ceux qui ont été cités précédemment,
différents d’ailleurs, d’un logiciel à l’autre suivant les principes qu’ils mettent
en œuvre. C’est l’objectif de ces dossiers. D’autre part, très souvent, une entre-
prise industrielle souhaite avoir la maîtrise complète de son outil de simulation
et en construit elle-même en vue d’une catégorie d’applications bien parti-
culières. Les ingénieurs trouveront-là la plupart des éléments utiles à ce genre
de travail. Tous ces éléments font partie d’une spécialité dans le domaine
scientifique appelée « théorie des systèmes multicorps ». Les auteurs les plus
connus dans ce domaine ont pour noms Haug, Nikravesh, Wittenburg,
Schielen, Shabana...
(1)
Motivation
Pour mieux saisir les développements qui vont suivre et leur
ordre, il est nécessaire d’avoir un aperçu sur la forme générale C L ( q 1 ,...,q n ,t ) = 0
qui est donnée, le plus souvent, aux équations de mouvement
d’un système en vue de leur résolution numérique dans les qui, par dérivations, conduisent aux équations :
logiciels de simulation. A priori, la méthode qui semble la mieux
adaptée au traitement algorithmique qui, bien entendu, nous
intéresse ici, est la méthode de Lagrange. Un rappel va en être c 11 q˙ 1 + ... + c 1n q˙ n = d 1 ( q 1 ,...,q n ,t )
fait, qui nous permettra de voir clairement tous les éléments à
..................
développer.
(2)
1.1 Système algébro-différentiel ˙ ˙
c L1 q 1 + ... + c Ln q n = d L ( q 1 ,...,q n ,t )
des équations du mouvement
dans lesquelles les seconds membres peuvent être non nuls si, en
1.1.1 Première forme dehors des n paramètres retenus, certains dépendent explicite-
ment du temps. On remarquera que ces dernières équations ont
Rappelons la forme que prennent les équations de Lagrange directement cette forme (sans dérivation) si elles traduisent des
pour un système décrit par n coordonnées généralisées q 1 , q 2 , ..., conditions de non-glissement.
Si T g est l’énergie cinétique galiléenne du système, les 1.1.2 Forme matricielle par blocs ou forme
équations de Lagrange s’écrivent : canonique et aperçu sur la résolution
L Les équations de la dynamique (4) prennent la forme matricielle
∂T g ∂T g
d - ------------
-------
dt ∂q˙
– ------------ = Q di +
∂q i ∑ cji λ j pour i = 1,...,n (3) suivante :
i j=1 T
A q¨ = Qd + B + C λ (5)
avec Q di force généralisée donnée associée à q i ,
avec à partir des éléments vus dans le paragraphe
λj multiplicateur de Lagrange relatif à la j e équation de (2), précédent,
A matrice n × n d’énergie cinétique composée des
c ji coefficient de q˙ i dans la même équation. termes a ij ,
Les forces Q di sont connues a priori comme le poids, ou les q̈ colonne des n q¨ j ,
forces dépendant des coordonnées généralisées ou de leurs déri- [ Qd ] colonne des n forces généralisées données,
vées comme la force exercée par un ressort, ou une force de frot-
tement visqueux :
B colonne des n B j ,
C matrice L × n des c ij ,
∫
∂ OM
Q di = f d ( M ) ⋅ ----------------- dv
∂q i
S λ colonne des L multiplicateurs λ j .
Pour résoudre numériquement le système représenté par
f d ( M ) étant une densité volumique de forces données : l’équation matricielle (5) soumis aux équations de liaison, il faut
dériver encore une fois le système (2) :
f d (M) = -----------
dv
dF
-
M
c 11 q¨1 + ... + c 1n q¨n = D 1 ( q 1 ,...,q n ,q˙ 1 ,...,q˙ n ,t )
..................
Or T g s’écrit toujours : (6)
n
1 c L1 q¨1 + ... + c Ln q¨n = D L ( q 1 ,...,q n ,q˙ 1 ,...,q˙ n ,t )
T g = -----
2 ∑ aij q̇i q˙ j + T1 + T0
i,j=1
qui prend la forme matricielle :
avec T 1 et T 0 respectivement termes du premier ordre et
d’ordre 0 en q˙ i qui apparaissent lorsque des C q¨ = D ( q,q˙ ,t ) (7)
coordonnées généralisées, autres que les n pre-
mières, dépendent explicitement du temps. De cette façon, on fait apparaître les mêmes inconnues q¨ 1 ,...,q¨ n
que dans le système (5) et le problème dans son entier peut se
En conséquence (3) devient : mettre sous la forme matricielle par blocs suivante :
n n A CT q¨ Qd + B
= (8)
∑ aij q¨ j = Q di + B i ( q 1 ,...,q n ,q˙1 ,...,q˙ n ,t ) + ∑ cji λj C 0 –λ D ( q,q˙ ,t )
j=1 j=1 (4)
On peut ainsi, à chaque pas d’intégration d’une méthode quel-
Le problème présente donc n coordonnées généralisées q i et L conque (Euler, Runge-Kutta...), trouver q̈ et λ à partir de q et
multiplicateur s λ j inconnus et comporte n équations
différentielles (4) et L équations de liaison. En théorie le problème q̇ du pas précédent. La connaissance de λ n’étant d’ailleurs pas
est donc résoluble. Cependant, il faut noter que les équations de la
dynamique (4) sont des équations différentielles du second ordre, indispensable au pas suivant. Les multiplicateurs, comme on le
alors que les équations de liaison (1) sont algébriques et que dans verra, servent au calcul des inconnues dites dynamiques ou
les équations (4) cohabitent des inconnues sous leur forme initiale composantes des torseurs d’efforts entre solides.
(les q i ) et leurs formes dérivées au premier et second ordre, et des Nous ferons référence, systématiquement à la forme (8)
inconnues telles que les λ j dont les dérivées n’apparaissent pas. que l’on nommera « forme canonique »
C’est ce qu’on appelle un système d’équations algébro-différen-
Dès maintenant, on peut s’interroger sur la résolvabilité de (8).
tielles. Leur résolution pose un certain nombre de difficultés qui
seront évoquées ultérieurement. Mais notons déjà que pour écrire Dans ce but, remarquons d’abord que A est a priori régulière car
les équations (4), il a fallu mettre les équations (1) sous la forme elle est associée à une forme quadratique définie positive, l’énergie
dérivée (2) qui n’est pas équivalente. cinétique. Néanmoins, si des solides sont considérés sans masse,
Si les équations (1) donnent bien, par dérivation, les équa- A peut ne plus être régulière dans certaines circonstances qui
tions (2), ces dernières, par intégration, ne donnent (1) qu’à une seront précisées ultérieurement.
constante près. On peut dire que la dérivation de (1) conduit à une
perte d’information. D’autre part, si C est de rang plein, c’est-à-dire de rang égal à
L, (8) a une solution. En effet, considérons la première équation
Pour justifier les différentes démarches qui vont être entreprises tirée de la partie supérieure de (8) :
dans ces exposés, nous allons donner dès maintenant un aperçu
sur la forme qu’on doit, en fin de compte, donner à ces équations T
pour les résoudre. A q¨ – C λ = Qd + B (9)
–1 –1 T
d’où : q¨ = A Qd + B + A C λ car A est régulière. Sous une forme matricielle unique et en ramenant les deux
équations au même premier ordre, on obtient :
Alors la partie inférieure de (8) peut s’écrire :
–1 T –1
(10) Ψ˙ 1
C A C λ = D – C A Qd + B cos Ψ 1 + R 0 R – γt
y˙ 1 =
–1 T sin Ψ 1 1 0 0
dans laquelle la matrice C A C a un rang égal au plus
Ψ˙ 2
petit des rangs de A et de C . C’est-à-dire L puisque L n (il
ne peut y avoir plus d’équations de liaison que de coordonnées et au deuxième ordre :
généralisées).
Ψ¨ 1
– γ + Ψ˙ 2 sin Ψ 1
2
Or λ présente L inconnues. Donc le système (10) a une solu- cos Ψ 1 + R 0 R
y¨ 1 =
tion et, par conséquent, les q¨ i de (9) peuvent être calculés. sin Ψ 1 1 0
– Ψ˙ 2 cos Ψ 1
2
Ψ¨ 2
Si C n’est pas de rang plein, il faut réduire le système
d’équations de liaison aux équations indépendantes et le raison- ■ Mise en équation complète d’un pendule
nement précédent s’appliquera de nouveau. Mais alors les en utilisant des coordonnées absolues (cf. figure 2)
multiplicateurs associés aux équations supprimées resteront indé-
Pour étudier ce problème élémentaire du pendule, nous allons
terminés. Il s’agira d’inconnues hyperstatiques. Cette question sera utiliser les coordonnées z et x du point de masse M. Cet usage
développée par ailleurs. n’est pas habituel pour un mécanicien. Pour décrire le mouvement
de ce pendule, on aurait plutôt choisi l’angle entre z 0 et z 1 . Si
nous avons fait ce choix, c’est qu’il se rapproche du paramétrage
1.2 Exemples : équations de liaison absolu utilisé dans certains logiciels tels qu’ADAMS.
dépendant du temps Avec ce choix de coordonnées généralisées, l’énergie cinétique
s’écrit simplement :
■ Suspension à bras tiré (cf. figure 1) 1
T 0 = ----- M x˙ 2 + y˙ 2
2
1
Le point O1 est défini par ses coordonnées : x 1 = ----- γ t 2 dépen-
2 et l’équation de liaison est :
dant donc explicitement du temps (le véhicule a un mouvement
uniformément accéléré) et y 1 . x2 + z2 =
D’autre part, les orientations des solides S1 (de longueur ) et S2 qui, dérivée une fois, devient :
de rayon R sont définies par :
2xx˙ + 2yy˙ = 0
Ψ 1 = x 0 , x 1 et Ψ 2 = x 0 , x 2 et une deuxième fois :
La roue touche le sol en J. On a donc l’équation de liaison : 2xẋ + 2yy˙ + 2x˙ 2 + 2y˙ 2 = 0
y0
x1
y1 O1 x0
O2J = – Ry0
O1 O1O2 = – y1
S1
z1
x2
S2 M
O2
z0
O J x0 z0 verticale descendante
c θ II c Ψ II c Ψ II s θ II s Φ II – s Ψ II c Φ II c Ψ II s θ II c Φ II + s Ψ II s Φ II
y0 R 0i II = c θ s Ψ s Ψ II s θ II s Φ II – c Ψ II c Φ II s Ψ II s θ II c Φ II – c Ψ II s Φ II (12)
II II
xi – s θ II c θ II s Φ II c θ II c Φ II
I
I
Les matrices de passage seraient une autre manière de décrire
x0 l’orientation d’un repère, mais il s’agirait d’une description très
x I’ = x ’I’ redondante, puisqu’elles nécessitent 9 grandeurs au lieu de 3.
Comme on le sait, les 9 éléments d’une matrice de passage ne sont
a angles d’Euler de type I pas indépendants. Il existe entre eux 3 relations sur la norme et
3 relations d’orthogonalité. Mais un avantage important de ces
matrices de passage est de traduire la composition de deux dépla-
z0 cements successifs par simple multiplication. Au contraire, on ne
peut pas traduire la même opération à l’aide des angles d’Euler
z ’I’I sans recours à un autre outil comme les matrices de passage pré-
cisément. C’est pourquoi, il est nécessaire de connaître la relation
zi
yi entre angles d’Euler et matrice de passage. Nous venons de le faire
dans un sens, il nous reste à examiner la relation dans l’autre sens,
II
c’est-à-dire : exprimer les angles d’Euler de types I et II connais-
sant la matrice de passage.
y II’ = y ’I’I
Les angles d’Euler de type I ou II permettent de définir l’orien- par rotation autour de z i . C’est donc à partir de ces 5 grandeurs
tation du repère Ri lié au solide Si par rapport au repère R0 au que seront trouvés les angles d’Euler de type I. Pour des raisons
identiques, les angles d’Euler de type II s’obtiennent à partir des
moyen de trois rotations successives autour des axes z 0 , x ′I , z ′I éléments r 11 , r 12 , r 31 , r 32 , r 33 .
ou z 0 , y ′ II , x ′′II d’amplitudes Ψ I , θ I , Φ I ou Ψ II , θ II , Φ II respec- On obtient alors, à partir de raisonnements élémentaires sur les
éléments qui viennent d’être précisés et qui figurent dans les
tivement (figures 3a et b ). expressions (11) et (12) :
● Pour les angles d’Euler de type I
2.2.1.2 Géométrie ou analyse à l’ordre 0
Au changement de base précédent, décrit par les deux triplets où sgn signifie « signe de ... », c’est-à-dire sous forme mathéma-
d’angles d’Euler de type I et II, on peut associer les matrices de tique :
passage R0i I et R0i II qui suivent. Elles sont écrites avec la
convention s α = sin α et c α = cos α pour rendre les expressions plus x
sgn x = ---------- et sgn x = 1 si x = 0
courtes. x
Considérons les trois positions 0, 1, 2 de la figure 4. Le passage 1. Tout changement d’orientation, comme ceux que nous venons
de 0 à 1 se fait par les angles d’Euler de type I : de voir, peut être envisagé comme une rotation. La démonstration
en est assez simple. À partir des propriétés de la matrice de
passage – norme de chaque colonne égale à 1 et produit scalaire
π
Ψ I01 = Φ I01 = θ I01 = ----
- de deux colonnes égal à 0 – on peut vérifier que l’équation aux
2 valeurs propres de cette matrice de passage a pour seule solution
réelle 1. Cela signifie que tous les vecteurs proportionnels au
et celui de 1 à 2 par les angles d’Euler de type II : vecteur propre associé sont invariants dans le déplacement, ou
qu’on a affaire à une rotation. C’est la raison pour laquelle nous
π π avons noté ces matrices de passage avec la lettre R. Nous uti-
Ψ II12 = Φ II12 = ----
- et θ II12 = -----
2 6 liserons donc indistinctement les expressions « matrice de
passage » et « matrice de rotation ». Et cette propriété sera
Recherchons les angles d’Euler de type I qui font passer de 0 à 2. réutilisée quand nous présenterons les paramètres d’Euler.
2. Considérons la matrice de rotation associée aux angles d’Euler Concernant la vitesse de Oi , son expression, à l’aide des
de type II. Elle prend la forme suivante, lorsque les angles sont coordonnées absolues, s’exprime dans la base 0 simplement par :
petits :
T
V 0 ( O i ) = x˙i , y˙i , z˙i 0
1 – Ψ II θ II
0
L’expression de Ω i nécessite un peu plus de développement.
R 0i = Ψ II 1 – Φ II
0
– θ II Φ II 1 ■ Expression matricielle du vecteur rotation i
en fonction de la colonne des angles d’Euler
On peut alors constater que, si l’on considère un vecteur OM 0 0
La recherche du vecteur rotation Ω i sous forme matricielle a
lié au repère R 0 qui occupe, après déplacement du repère, la
pour but de donner, une fois encore, aux outils de la mécanique
position OM , la variation de OM 0 s’écrit dans une base ortho- générale une présentation bien adaptée à l’algorithmie. En partant
normée directe : des notations du paragraphe 2.2.1.1 et en se reportant aux
0
figures (3a et b ), on sait que Ω i s’exprime vectoriellement
∆OM 0 = OM – OM = R 0i OM 0 – OM 0 = R 0i – 1 OM 0 comme suit :
0
— pour les angles d’Euler de type I :
0 – Ψ II θ II x0 θ II z 0 – Ψ II y 0 Φ II x0
≈ Ψ II 0 – Φ II y0 = Ψ II x 0 – Φ II z 0 = θ II ∧ y 0 Ω i = Ψ˙ I z 0 + θ˙ I x I′ + Φ
0 ˙ z
I i (15)
– θ II Φ II 0 z0 Φ II y 0 – θ II x 0 Ψ II z0
— pour les angles d’Euler de type II :
Φ II x0
Ω i = Ψ˙ II z 0 + θ˙ II y ′II + Φ˙ II x ′′II
0
= ϕ ∧ OM 0 où = θ II et (16)
ϕ OM 0 = y 0
Ψ II z0
0
● Les expressions matricielles de Ω i , tout d’abord dans la base
B0 sont :
On retrouve ainsi une relation utilisée en cinématique pour
— pour les angles d’Euler de type I :
exprimer la distribution des vecteurs vitesses des points d’un
solide soumis à une rotation. Il s’ensuit que pour des angles Ψ II ,
θ II , Φ II petits, le changement d’orientation de B0 s’apparente à une 0 c ΨI s θI s ΨI Ψ˙ I
rotation infinitésimale autour de ϕ dont les composantes sont Φ II ,
Ωi
0 = 0 s ΨI – s θI c ΨI θ˙ (17)
θ II , Ψ II . Les angles Ψ II , θ II , Φ II sont, par exemple les angles de 0
I
Rappelons la formule du solide pour les vitesses, appliquée au Les relations (17) et (18) seront notées ultérieurement :
solide Si d’un système multicorps (cf. figure 5) :
= 0 (19)
0
Ωi KiI ϕ˙ I
0 0
0
V 0 ( Mi ) = V 0 ( Oi ) + Ω i ∧ Oi Mi
= 0 (20)
Ωi
0 K i II ϕ˙ II
0 0
Nota : les vecteurs z 0 , x ′I et z i de la relation (15) sont connus dans B0 à partir des
deux premières rotations d’angleΨ et θ seulement.
zi
● Les expressions dans la base Bi liée au solide décrit par les
yi Mi angles d’Euler – utiles pour l’écriture de la cinétique ou des
xi
quantités d’accélération – sont, avec des notations semblables :
z0 Si
Oi
= 0 (21)
Ωi
0 KiI ϕ˙ I
i i
y0
x0 s θI s ΦI c ΦI 1
avec KiI
0 = s θI c ΦI – s ΦI 0
i
c θI 0 0
Figure 5 – Repère lié au solide Si
et = 0 (22)
Ωi
0 K i II ϕ˙ II 0
i i d0 i
■ Expression de -----------------
dt
– s θ II 0 0 Pour les mêmes raisons que précédemment, nous chercherons
avec 0
K i II = c θ II s Φ II c Φ II 0 . 0
i d0 Ω i
c θ II c Φ II – s Φ II 1 les expressions de ----------------
- dans B0 et Bi .
dt
Nota : de même, les vecteurs z 0 , x ′I et z i de (15) sont connus dans Bi à partir des ● Dans B0 :
seules rotations θ I , Φ I et z 0 , y ′II et z i de la relation (16) sont connus à partir des seules — pour les angles d’Euler de type I :
rotations θ II , Φ II .
0 ..
■ Singularité cinématique due à la description d0 Ω i = KiI
0
ϕ I + K ′ 0i I ϕ˙ I (24)
----------------
- 0 0
dt 0
Considérons les relations (15) et (16) que nous reproduisons :
˙ sΨ
0 –Ψ θ˙ Ic θ I c Ψ I + Ψ
˙ sθ cΨ
0 ˙ z + θ˙ x ′ + Φ
Ωi = Ψ ˙ z et
0 ˙ z + θ˙ y ′ + Φ
Ωi = Ψ ˙ z I I I I I
I 0 I I I i II 0 II II II i
avec K
0
′i I = 0 ˙ cΨ
Ψ – θ˙ c θ c Ψ + Ψ ˙ sθ sΨ
I I I I I I I I
π 0
Tant que θ I ≠ 0 [π] ou θ II ≠ ----- [π], les vecteurs z 0 , x ′I , z i ou 0 0 – θ˙ Is θ I
2
z 0 , y ′II , x i respectivement, ne sont pas coplanaires et le vecteur — pour les angles d’Euler de type II :
0
Ωi exprimé selon (15) ou (16) peut être un élément quelconque
0 ..
de l’espace à trois dimensions. Dans le cas contraire, les vecteurs d0 Ω i = K i II
0 ϕ II + K ′ 0i II ϕ˙ II (25)
----------------
- 0 0
z 0 et z i ou z 0 et x i sont confondus et le vecteur
0
Ωi ne peut dt 0
Cette singularité à l’ordre 1 est une raison supplémentaire pour à faire le changement de base :
utiliser simultanément deux types d’angles d’Euler.
0 0
d0 Ω i = Ri 0 d0 Ω i (26)
2.2.1.4 Cinématique au second ordre : -----------------
- -----------------
-
distribution des accélérations dt i dt 0
0 = 0
0
Ω i . Il reste à examiner la dérivée du vecteur Ω i .
0 K i′ N i
Ri 0 K i′ N 0
0
d0 Ω i
La définition que nous donnons du produit de deux quaternions
0 0 0
A i = ------------------ + Ω̂ i ⋅ Ω̂ i (29) utilise les notions de produit scalaire et de produit vectoriel. Elles
dt sont commodes pour présenter cette définition. Mais elles
n’existaient pas du temps de Hamilton. Le produit vectoriel est
0
où Ω̂ i répond à la définition générale : V̂ tenseur antisymétrique d’ailleurs issu du produit de deux quaternions et non l’inverse.
Bien entendu, ce produit n’est pas commutatif :
du second ordre associé à un vecteur V .
Q 1 Q 2 ≠ Q 2Q 1
La matrice Vˆ est telle que, quel que soit W,
En revanche, on peut vérifier qu’il est associatif :
Vˆ = ∧ Q 1 (Q 2Q 3) = (Q 1Q 2) Q 3
W V W .
et distributif par rapport à l’addition :
Sous forme extrinsèque, si V a pour composantes vx , vy , vz
Q 1(Q 2 + Q 3) = Q 1Q 2 + Q1Q3
dans une base orthonormée directe, la matrice Vˆ est :
■ Conjugué, norme, inverse
0 – vz vy Le conjugué de Q = s + V est :
Vˆ = vz 0 – vx
– vy vx 0 Q = s–V (34)
Q Q = s + V s – V = s 2 + V 2 = s 2 + p 2 + q 2 + r 2
2.2.2 Paramètres d’Euler. Quaternions
Comme cette expression est par nature positive, on peut prendre
2.2.2.1 Définition des quaternions pour norme de Q :
Cet outil mathématique est mis en pratique dans le logiciel
DADS. Par rapport aux angles d’Euler, comme on le verra, ces para- Q = QQ = QQ = s2 + p2 + q2 + r2 (35)
mètres, dont la notion est liée à celle de quaternion introduite par
Et l’on peut écrire :
Hamilton, présentent de nombreux avantages. Ils sont, pour cette
raison, souvent utilisés en dehors des logiciels de simulation pour
Q
décrire l’orientation d’un solide. Q –1 = ------------ . On vérifie en effet que QQ –1 = Q –1Q = 1 (36)
Q 2
Un quaternion est composé d’une partie scalaire et d’une partie
vectorielle. Considérant une base orthonormée directe i , j , k , Si le quaternion est unitaire (|Q | = 1), alors l’inverse est égal au
conjugué :
on peut écrire :
Q –1 = Q si |Q | = 1
Q = s+V = s+pi +qj +rk (30)
■ Rotations et quaternions (cf. figure 6)
Le nombre de composantes s p q r égal à 4 explique le nom de
quaternion. Ces quatre grandeurs constituent les paramètres d’Euler. Nous allons voir comment les quaternions peuvent rendre
On limite parfois cette appellation aux seules composantes p q r. compte des rotations spatiales.
On peut voir le quaternion comme la généralisation de la notion de Dans ce but, nous examinerons deux circonstances : un vecteur
nombre complexe dans lequel la partie imaginaire comporterait trois initial (avant rotation) orthogonal à l’axe de rotation puis un
composantes. C’était d’ailleurs l’objectif de Hamilton (1805-1865) qui vecteur colinéaire à cet axe.
on retrouve bien n .
V 2 = QV 1 Q (38)
Figure 6 – Rotation d’un angle autour de l’axe n
Ainsi la relation (38) est la relation de base qui donne l’image
d’un vecteur quelconque dans une rotation quelconque. On
● Vecteur initial orthogonal à l’axe de rotation rappelle l’expression du quaternion associé à la rotation
même rotation, pour image λ u 2 , obtenu par une relation Supposons que, dans la relation (38), V 1 soit lié à une base B1
semblable : qui, après la rotation R, viendrait en B2 et écrivons (38) dans B1 :
λu 2 = Qλu 1 Q
V2 = Q V1 Q
● Vecteur initial colinéaire à l’axe de rotation 1 1
1 1
■ Composition des rotations autour de l’axe O, x 0 . Le paramètre qui décrit ce mouvement est Ψ 2 .
Si l’on envisage une deuxième rotation R′ = Rot n ′, θ ′ dont — du croisillon 3 en liaisons de révolution d’axes O, z 1,3 et
le quaternion est :
O, y 2,3 respectivement avec 1 et 2. Les paramètres qui décrivent
θ′ θ′ les mouvements dans ces liaisons sont respectivement θ 1 et θ 2 .
Q′ = cos ------- + sin -------n ′
2 2
Un pas de calcul de la simulation de ce joint de Cardan donne les
l’image de V 1 par la rotation résultante R′′ = R′ R des deux paramètres d’Euler suivants, définis à partir du repère absolu
rotations successives R puis R′ est :
R 0 = O, x 0 , y 0 , z 0 .
V 3 = Q′ QV 1 Q Q′ = Q′QV 1 QQ′ Pour
Et, comme on peut vérifier que : S1 : s 1 = 0,923 9, p 1 = 0,382 7, q 1 = 0, r 1 = 0
S3 : s 3 = 0,906 6, p 3 = 0,375 5, q 3 = – 0,073 7, r 3 = 0,191 4
Q′Q = QQ′
le quaternion Q ′′ associé à R′′ = R′ R est Q ′′ = Q ′Q. et donne les coordonnées de z 1,3 dans le même repère ;
C’est le premier intérêt de la notion de quaternion dont la loi de T
composition est plus économe en opérations que celle des = 0,959 ; 0,001 ; 0,283 3
z 1,3 0
matrices de passage et, bien sûr, beaucoup plus commode que
celle des angles d’Euler.
On peut alors trouver θ 1 = y 1 , y 3 en calculant le quaternion Q 13
Nous allons le montrer sur un exemple, le joint de Cardan de la
figure 7. Avant d’en entreprendre la description, nous présentons qui fait passer du repère 1 au repère 3 :
la désignation des liaisons que nous utilisons dans cet exemple et
dans tous les fascicules à venir sur la simulation des mécanismes. Q 13 = Q 10 Q 03 = Q 01 Q 03 = s 1 – V 1 s 3 + V 3
y0
y0*
x0*
z0 α
z1
y1 x0
ψ1 x0,1
1 O3 z2
z 0*
y0 y2
α = 30°
2 ψ2
y1
y3
x3 x 0*,2 y0*
y2,3
θ1 z1,3
z0 x2
x3
x1 z3
θ2
z2 Figure 7 – Schéma très simplifié d’un joint de
Cardan
■ Matrice de rotation (ou de passage) et paramètres d’Euler On a pris une valeur positive pour s sans que cela nuise à la
généralité de la description puisque, comme nous l’avons vu, dans
Les paramètres d’Euler, comme les angles d’Euler, ne sont pas
cette hypothèse θ peut prendre toute valeur.
très commodes à appréhender lorsque la position d’un repère est
donnée. C’est pourquoi, il est utile d’établir un lien avec la matrice ● Absence de singularité
de rotation ou de passage dont on sait que chaque colonne On peut constater qu’il n’y a aucune division dans les
représente les composantes des vecteurs de la nouvelle base dans expressions (43) et donc aucune singularité de description qui pro-
l’ancienne et qui, de ce fait, à une signification immédiate. viendrait d’une division par zéro. Il s’agit d’un deuxième avantage
● Matrice de rotation en fonction des paramètres d’Euler des paramètres d’Euler.
Exemple : soit R une matrice de rotation qui fait passer d’une base
Nous avons vu que tout vecteur V 1 a pour image par rotation
orthonormée directe B 1 = x 1 , y 1 , z 1 à une base B2 (figure 8) :
d’amplitude θ autour du vecteur unitaire n :
V 2 = QV 1 Q = s + V V ⋅ V 1 + sV 1 – V 1 ∧ V pour Q = s+V 0 0 1
R = 1 0 0
θ
avec s = cos --- 0 1 0
r
θ
V = sin --- n Les relations (43) conduisent à :
2
soit :
1 1 1 1
s = ------ ; p = ----- ; q = ----- ; r = -----
V2 = V ⋅ V 1 V + s 2 V 1 + 2sV ∧ V 1 + V ∧ V ∧ V 1 2 2 2 2
Le quaternion associé peut s’écrire :
et comme s 2 = 1 – V 2 :
1 3
Q = ------ + ------------- n
s 2V 1 + V ⋅ V 1V = V 1 – V 2V 1 + V ⋅ V 1V
2 2
avec n 3
vecteur unitaire qui a pour composantes : ------------ 3 3
- ; ------------ ; ------------- .
= V 1 + V ∧ V ∧ V 1 3 3 3
θ 1
et finalement : Ainsi l’amplitude de la rotation est donnée par cos ------ = ------ et
2 2
V 2 = V 1 + 2sV ∧ V 1 + 2V ∧ V ∧ V 1 (40) θ 3 2π
sin ------ = ------------- . Ce qui conduit à θ = -------- . Et l’axe n , autour duquel
2 2 3
C’est ce qu’on appelle la formule de Rodrigues pour les
rotations. s’opère la rotation, est selon la trisectrice du trièdre x 1 , y 1 , z 1 . La
Sous forme matricielle, elle devient : figure 8 illustre ce résultat qu’on pouvait trouver par des voies
géométriques.
)
)
)
V2 = I 3 + 2s V + 2 V ∧ V V1 (41)
2.2.2.2 Cinématique au premier ordre
avec I3 matrice identité d’ordre 3,
■ Expression de en fonction de p, q, r, s et de leurs dérivées
0 –r q
= matrice antisymétrique associée à V . Soit V 0 la position initiale d’un vecteur V i lié au solide Si , c’est-
Vˆ r 0 –p
–q p 0 à-dire la position qu’il occupe lorsque le repère Ri lié à Si est
confondu avec R0 . Sous forme de quaternions, on a vu que :
Sous la forme (41), nous retrouvons l’écriture à partir de la
Vi = Q V0 Q (44)
matrice de passage-rotation, qui fait passer de tout vecteur V 1 à
avec Q = s+V quaternion associé à la rotation qui fait passer
son image V 2 . D’où : de R0 à Ri .
En cinématique classique, on sait que, pour un observateur lié à
1 – 2(q 2 + r 2) pq – 2sr pr + 2sq R0 , on a :
R = pq + 2sr 1 – 2(r 2 + p 2) qr – 2sp (42)
d0 V 0
--------------i- = Ω i ∧ V i (45)
pr – 2sq qr + 2sp 1– 2(p 2 + q 2) dt
● Relation inverse Essayons de donner à (44), après dérivation, une forme iden-
tique à cette dernière relation.
Notons rij , l’élément courant de R. Par un calcul immédiat, on
obtient : On a d’après (44) :
1 d0 V ˙ ˙
s = ----- r 11 + r 22 + r 33 + 1
2 --------------i- = Q˙ V 0 Q + QV 0 Q , mais Q˙ V 0 Q = – QV 0 Q (46)
dt
1
p = ----- sgn ( r 32 – r 23 ) r 11 – r 22 – r 33 + 1 Comme cela devait être, le deuxième membre de (46) est donc
2
(43) purement vectoriel et :
1
q = ---- sgn ( r 13 – r 31 ) r 22 – r 33 – r 11 + 1
d0 V
--------------i- = 2V Q˙ V 0 Q
2
1 dt
r = ---- sgn ( r 21 – r 12 ) r 33 – r 11 – r 22 + 1
2 avec V « partie vectorielle ».
0
L’expression de Ω i dans la base Bi peut être obtenue de la
z1 y2 même façon, soit :
s˙
–p s r –q
0 p˙ ϕ̇ E
Ωi = 2 –q –r s p = 2 L (51)
z2 y1
i
–r q –p s q˙
r˙
5n x1 x2
selon la notation de Nikravesh ; et, en accord avec l’écriture que
Figure 8 – Bases B1 et B2 vues selon – n nous avons choisie :
Ωi
0 0
= KiE ϕ̇ E (52)
Or, à l’inverse de la relation (44), on a : i i
V0 = Q Vi Q ■ Relation inverse
d0 V
-------------i- = 2V Q˙ Q V i
0
(47) Ω i . Sous forme de produit de quaternions, on a vu que :
dt
Or Q˙ Q est purement vectoriel (ternion), sa partie scalaire étant : Ω i = 2Q˙ Q
0
˙
S Q˙ Q = s˙s + V ⋅ V = s˙s + p˙ p + q˙ q + r˙r d’où :
Q˙ = ----- Ω i Q = ----- – Ω i ⋅ V + 2s Ω i + Ω i ∧ V
1 d 1 0 1
= ----- -------- ( s 2 + p 2 + q 2 + r 2 ) = 0 0 0 0
2 dt 2 2
˙ ˙ s˙ –p –q –r
Il reste donc Q˙ Q = – s˙ V + s V + V ∧ V . ωx
p˙ 1 s r –q
= ----- ωy
Alors, dans (47), Q˙ Q V i apparaît comme le produit de deux 2
q˙ –r s p
ternions dont la partie vectorielle se réduit à leur produit vectoriel. ωy
p –q s
On a donc : r˙
d 0 Vi ˙ ˙ T
--------------- = 2 – s˙ V + s V + V ∧ V ∧ V i ou 1-
ϕ̇ E = ---- 0
KiE Ωi
0 (53)
dt 4 0 0
d0 Ω i
0 Du point de vue de la topologie, on peut classer les mécanismes
Nous allons établir un résultat remarquable concernant ----------------
-. en trois catégories :
dt
— les mécanismes en chaîne simple dont les robots-série, qui
On a en effet, en dérivant la relation (40) :
viennent d’être évoqués, constituent un bon exemple ;
— les mécanismes en chaîne ouverte arborescente comme le
.. .. ˙ ˙ ˙ ˙ corps humain ;
-------- Ω i = 2 – s V + s V + V ∧ V + 2 – ṡ V + ṡV + V ∧ V
d0 0 ..
dt — les mécanismes en chaîne fermée complexe, telle que
.. ..
certaines suspensions d’automobiles (comme la suspension Mac
= 2 – sV + sV + V ∧ V
..
Pherson) ou le système bielle-manivelle. Comme on le verra, du
point de vue de la topologie et de la géométrie, ces mécanismes
en chaînes fermées seront ramenés au cas des chaînes arborescen-
Il n’y a pas de terme quadratique dans cette expression.
tes. C’est pourquoi nous ne traiterons la description de la topologie
On a donc finalement : et de la géométrie que pour ce dernier cas.
En vue de décrire la topologie, on peut remarquer que pour une
..
chaîne ouverte simple ou arborescente, le nombre de liaisons est
d0 0 égal au nombre de solides.
-------- Ω i = KiE
0
ϕE (54)
dt 0 0
On peut alors procéder à la numérotation du système comme
suit :
et — l’indice 0 est affecté au bâti (S0) ;
— les indices affectés aux solides croissent de 1 à N
..
d0 0 (N = nombre de solides, bâti non compris) quand on va de la base
-------- Ω i = K 0i E ϕE (55)
vers un corps terminal. On dit qu’on a alors procédé à une
dt i
i
numérotation régulière ;
— la liaison Li entre le solide Si et son prédécesseur porte
l’indice i.
2.2.3 Résumé des résultats concernant
le paramétrage absolu On peut alors décrire la topologie à partir de :
— la matrice colonne a des antécédents, définie comme suit :
Tous les résultats obtenus peuvent être mis sous la forme :
si Sa(i ) est le corps antécédent de Si , la i e composante de a est
a(i ).
0 0 La topologie du système est alors complètement définie par a.
Ωi = K0 Φ̇ avec K i = K i0I , ou K i0I , ou K 0
0 ou i i 0 ou i iE — la matrice D des successeurs directs dont les éléments
(56)
répondent à la règle suivante :
et Φ̇ = ϕ̇ I , ou ϕ̇ II , ou ϕ̇ E
1 si S j est un successeur direct ou immédiat de S i
D ij =
selon que l’on a affaire aux angles d’Euler de type I ou II ou aux 0 sinon
paramètres d’Euler respectivement, et :
— la matrice P des successeurs absolus (Path matrix ) dont les
éléments répondent à la règle :
0
d0 Ω i ..
-----------------
- = K 0i Φ + K i′ 0 Φ̇ (57)
dt 0 ou i 0 ou i 0 ou i 1 si S j est un successeur (immédiat ou non) de S i
P ij =
0 sinon
0 0
avec K i′ adapté aux différents cas comme K i .
0 0 i et j dans D et P prennent les valeurs entières de 0 à N. Les
Rappelons que K i′ n’est pas nécessairement la dérivée de K i matrices D et P sont donc des matrices carrées de dimension
et que cette matrice est nulle dans le cas des paramètres d’Euler. (N + 1) × (N + 1).
S4 S5
zi + 1
L4 S2 L5 S3
zi xi + 1
L2 S1 L3
Oi + 1
L1
S0 Oi αi + 1
ri + 1
xi
O i’ θi + 1
Exemple : pour le système arborescent représenté par le graphe
de la figure 10, où les grands cercles représentent les solides et les
petits, les liaisons, les matrices a, D, P sont :
z3 Oi yi
z4 xi
z0,1,2
x2
O3 x5,6
Figure 13 – Changement de coordonnées
x3
x0,1 O4 O5,6
O2
x4
z6
La matrice de passage R ij permet d’écrire :
O0,1
z5
Oi P = Oi Oj + R ij Oj P
i i j
D’où :
x Pi x Oi x Pj
y Pi = y Oi + R ij y Pj
Figure 12 – Structure de robot z Pi z Oi z Pj
Cette relation peut être mise sous la forme unique d’un produit
Lorsque εi = 0, L i est prismatique et qi s’identifie à la valeur de de matrices :
l’abscisse qui décrit la translation le long de z i . D’une façon
générale on a donc : x Pi x Oi x Pj
qi = εi θi + εi ri (58) y Pi R ij y Oi y Pj
=
Exemple : considérons le robot dont le schéma est donné z Pi z Oi z Pj
figure 12. Les divers points Oi et les différents vecteurs de la des- 1 0 0 0 1 1
cription de DH ont été portés sur ce schéma, en accord avec les règles
données. Les paramètres de DH comme les coordonnées générali- avec (x Pi , y Pi , z Pi , 1) et (x Pj , y Pj , z Pj , 1) coordonnées homogènes
sées apparaissent dans le tableau 2. de P dans R i et R j respectivement.
Notons que cette définition des coordonnées homogènes
2.3.2.2 Matrices de transformation homogène constitue une restriction d’une notion plus générale utile à la
Il s’agit d’un outil assez commode qui permet de traiter sous une description des points à l’infini.
seule forme les rotations et les translations. La matrice :
La figure 13 représente deux repères R i = Oi , xi , yi , zi et
x Oi
Rj = O , x , y , z
j j j j et un point P. (0)
T ij R ij y Oi
= (59)
On a O i P = O i O j + O j P .
z Oi
La matrice de passage homogène permet de donner une forme 0 0 0 1
agréable à l’expression extrinsèque (traduction dans une base
particulière) de la relation intrinsèque (indépendante de la base ou, est la matrice de passage homogène. On constate qu’elle joue par
ici, simplement vectorielle) précédente. rapport aux coordonnées homogènes dans deux repères le même
T ij = Rotation Translation
0 0 0 1
z2 S2
Une remarque importante est que l’action de T ij sur la colonne P
x2
des coordonnées homogènes redonne une colonne de coordon-
nées homogènes. Dans le langage mathématique, on dit que l’opé-
Figure 14 – Exemple simple
ration est stable. De ce fait, l’opération peut être reproduite pour
un nouveau changement de coordonnées homogènes. Et le chan-
gement global résultant de deux changements successifs est repré- que peut apporter ce processus pour un cas de mécanisme
senté par le produit des matrices homogènes : comportant beaucoup plus de solides et de liaisons. La matrice de
passage homogène donnera à la fois les coordonnées dans R0 d’un
T ik = T ij T jk point quelconque du solide le plus éloigné de la base, comme dans
l’exemple précédent, et la matrice 3 × 3 qui définit l’orientation de
Les matrices T constituent un groupe, comme les dépla- ce solide par rapport à cette même base.
cements. C’est cette propriété qui rend l’usage de ces matrices très
pratique en particulier en algorithmie.
2.3.3 Chaînes arborescentes
Par exemple, associé aux paramètres de DH, on a l’expression
de la matrice de passage homogène – toujours identique quel que Pour les chaînes arborescentes, il faut distinguer deux positions
soit le mécanisme – qui fait passer des coordonnées dans Rj à possibles des solides dans le graphe associé au mécanisme :
celles dans R j –1 : — le solide Si n’a qu’un successeur direct Sj (a(j ) = i ). Alors on
définit Rj à partir de Ri comme dans le cas des chaînes ouvertes
c θj – s θj 0 dj simples ;
c αj s θj c αj c θj – s αj – rj s αj — le solide Si a plus d’un successeur direct, par exemple Sj , Sk ,
T j–1, j = (60)
S . Si est un nœud ou un sommet du graphe. On peut, dans ces
s αj s θj s αj c θj c αj rj c αj
conditions définir plusieurs perpendiculaires communes entre l’axe
0 0 0 1
de la liaison Li et les axes des liaisons Lj , Lk , L . Alors, sont liés à
et de la matrice de passage homogène qui fait passer des coor- m
Si autant de repères qu’il y a de successeurs. Ils seront notés R i
données dans R j –1 à celles dans Rj :
où a(m ) = i, pour m = i, j, k.
c θj c αj s θj s αj s θj – dj c θj
■ Définitions des repères liés à Si
– s θj c αj c θj s αj c θj dj s θj
T j, = (61)
j–1
m m m m m m
0 – s αj c αj – rj On définit Ri = Oi , xi , yi , zi où x i est le vecteur
0 0 0 1 unitaire de la perpendiculaire commune des axes de Li et Lm .
Exemple : sur le montage très simple de la figure 14, nous allons m m*
On choisit parmi les R i un repère particulier R i , noté Ri , pour
pouvoir suivre la composition des matrices T et leur application :
lequel S m* appartient à la plus longue chaîne de l’arborescence :
cos q 2 sin q 2 0 0 m
1 0 0 0 — si R i = R i , on décrit Ri à l’aide des quatre paramètres di , αi ,
0 1 0 0 – sin q 2 cos q 2 0 0 θi , ri comme si on avait affaire à une chaîne simple ;
T 01 = ; T 12 =
0 0 1 q1 0 0 1 0
m
— si R i ≠ R i , on introduit deux paramètres de construction sup-
0 0 0 1 m
0 0 0 1 plémentaires relatifs à Si pour localiser R i par rapport à Ri . Ils
sont, eux aussi, affectés de l’indice supérieur m et répondent à la
cos q 2 sin q 2 0 0
définition de DH :
– sin q 2 cos q 2 0 0 m m m
d’où T 02 = T 01 T 12 = r i = Oi O i ⋅ z i
0 0 1 q1
θ i = xi , x i
m m
0 0 0 1
À partir de ce résultat, on peut trouver les coordonnées de P lié à S2
2.3.4 Chaînes fermées
dans R0 . Si dans R2 , ses coordonnées sont (r, 0, 0), ses coordonnées 2.3.4.1 Quelques notions de théorie des graphes [1]
homogènes dans R0 s’obtiennent comme suit :
x P0 cos q 2 sin q 2 0 0 r cos q 2 Nous allons présenter quelques éléments de la théorie des
r
graphes qui sont strictement nécessaires à l’étude des multi-
y P0 – sin q 2 cos q 2 0 0 0 – r sin q 2 corps. Pour rendre cette présentation la plus facile à suivre, nous
= =
z P0 0 0 1 q1 0 q1 nous appuierons sur l’exemple de la figure 15.
1 0 0 0 1 1 1
■ Éléments du vocabulaire de la théorie des graphes
Cet exemple présente le mérite d’être extrêmement simple et de La théorie des graphes est employée dans des domaines extrê-
pouvoir être suivi sans aucune difficulté. On peut imaginer la clarté mement divers. Pour ce qui concerne les multicorps, le graphe de
S2 S5 S2 S3
S1 S2 S4
a b c
I II I II
S0 S3 S5 III S0 S1 S4
S3
i –1
di – 1 Ω i
( M ) = q˙ i z i ,
i –1 i –1 i –1
Ωi = 0, αi - = 0,
= ---------------------------- V i
dt
i –1 ..
Ji ( M ) = qi z i
0
0 0 d0 Ω 0
Ω0 = 0, α 0 = ----------------- = 0, V 0 ( O0 ) = 0 , J 0 ( O0 ) = 0 S2
dt
● Pour i = 1 à N faire :
• Vecteurs rotations :
M
0 0 .
Ω 1 = Ω i –1 + ε i q i z i
Figure 17 – Double pendule orthogonal
0
α 2 = q̇˙ 1 z 1 + q̇˙ 1 z 1 +q̇ 1 z 1 ∧ q̇ 2 z 2 ou
y0 y* z
1 1
y*
1
y1 x1 y2 x2
q̇˙ 1 sin q 2 + q̇ 1 q̇ 2 cos q 2 α 2x
π /2
q1 q2 0 =
α2 2
˙
q̇ 1 cos q 2 – q̇ 1 q̇ 2 sin q 2 = α 2y
˙
q̇ α 2z
x0 z*
1
y1 x*
1 2
0 – α 2z α 2y 0 – ω 2z ω 2y 0 – ω 2z ω 2y
Figure 18 – Changements de base
A2
0 = α 2z 0 – α 2x + ω 2z 0 – ω 2x ω 2z 0 – ω 2x
2
– α 2y α 2x 0 – ω 2y ω 2x 0 – ω 2y ω 2x 0
En premier lieu dressons le tableau des paramètres de Denavit-
Hartenberg (attention ; r 2 est négatif) : (0)
– ω 2z + ω 2y – α 2z + ω 2x ω 2y α 2y + ω 2x ω 2z
2 2
i εi αi di θi ri
– ω 2x + ω 2z – α 2x + ω 2y ω 2z
= 2 2
α 2z + ω 2y ω 2x
1 1 0 0 q1 0
– ω 2y + ω 2x
2 2
– α 2y + ω 2x ω 2z α 2x + ω 2y ω 2z
2 1 π/2 0 q2 r2
0 q̇˙ 1 r 2
Pour suivre aisément les opérations successives, nous donnons = 0 = A0 –r2 = 2
J0 ( O2 ) J1 ( O2 ) 1 q̇ 1 r 2
figure 18 les changements de bases associés aux paramètres de 1 1
DH précédents. 0
0
Ajoutons la donnée suivante :
■ Vitesse et accélération de M
O 2 M = d 3 x 2 (d 3 est ici négatif). 0
• V 0 ( M ) = V 0 ( O2 ) + Ω 2 ∧ O2 M
À partir de là, nous pouvons développer, pour cet exemple,
l’algorithme vu précédemment. q˙ 1 sin q 2
q̇ 1 r 2 cos q 2 d3
● Pour i = 1
ou V 0 (M) = + q˙ cos q ∧
2 – q˙ 1 r 2 sin q 2 1 2 0
0 0 q˙ 2 0
0 0
Ω 1 = q̇ 1 z 1 ou Ω1 = 0
1
q̇ 1 q˙ 1 r 2 cos q 2
= – q˙ 1 r 2 sin q 2 + q˙ 2 d 3
0
0 0
α 1 = q̇˙ 1 z 1 ou α1 1
= 0 – q˙ 1 d 3 cos q 2
q̇˙1
0
• J 0 ( M ) = J 0 ( O2 ) + A 2 ⋅ O2 M
0
0 – q̇˙1 0 0 – q̇ 1 0 0 – q̇ 1 0
A1 = +
q̇˙ 1 r 2 cos q 2 – ω 2z + ω 2y d 3
2 2
1 q̇˙1 0 0 q̇ 1 0 0 q̇ 1 0 0
0 0 0 0 0 0 0 0 0 ou J 0 ( M ) = – q˙˙ 1 r 2 sin q 2 + α 2 z + ω 2 y ω 2 x d 3
2
2
–
2
q˙ 1 – q˙˙ 1 0 – q˙ 1 r 2 + – α 2 y + ω 2 z ω 2 x d 3
= 2
q˙˙ 1 – q˙ 1 0
0 0 0 2.3.4.4 Notions utiles pour la suite
0 ■ Torseur géométrique
V 0 ( O1 ) = V 1 ( O1 ) = 0
Le torseur cinématique entre deux solides en liaison surfacique
0 de degré de liberté égal à 1 peut s’exprimer sous la forme
J 0 ( O1 ) = J1 ( O1 ) = 0 suivante :
i
j = q̇ i i (62)
● Pour i = 2
avec q̇ i et i respectivement vitesse généralisée et ce qu’on
q̇ 1 sinq 2 ω 2x appelle torseur géométrique associés au degré de
0
Ω 2 = q̇ 1 z 1 + q̇ 2 z 2 liberté de cette liaison.
ou
Ω2
0 = q̇ 1 cos q 2 = ω 2y
2 Par exemple, pour une liaison de révolution, le torseur ciné-
q̇ 2 ω 2z matique a pour réduction en un point M quelconque :
i
q̇ 1 r 2 Ω j = q̇ i z i
V 0 ( O2 ) = V
0
1 ( O 2 ) = q̇ 1 r 2 x 1 ou
V 0 ( O2 )
= ij ( M ) =
1
0
i
0 V j ( M ) = q̇ i z i ∧ O i M
zi ∧ Oi M z6
εi zi S2
ij ( M ) =
z3
ε i zi + εi zi ∧ Oi M O1,2
z1 z2 z3 z4 z5 z6 ● Définition
J ( O5 ) =
Soit un torseur dépendant du temps. Sa dérivée dans le
O5 O1 ∧ z1 O5 O2 ∧ z2 O5 O3 ∧ z3 O5 O4 ∧ z4 0 0
repère Ri , (cf. figure 20) est définie à partir de sa réduction en un
Au point O5 et dans la base orthonormée directe point fixe de Ri (par exemple, sa réduction en Oi ) :
W ( Oi ) = W ( Oj ) + Oi Oj ∧ u
Oi yi
xi En dérivant dans Ri les deux termes du second membre :
d i- dj i
------- W ( O j ) = -------- W ( O j ) + Ω j ∧ W ( O j )
dt dt
Figure 20 – Repère mobile
d- d i u-
------- O i O j ∧ u = V i ( O j ) ∧ u + O i O j ∧ ------------
dt dt
dont nous écrirons la réduction en un point M quelconque comme
suit : On obtient :
dt M
di dj
-------
d-i
= α , µ (M)
i
µ ( O i ) = -------- W ( O i ) = -------- W ( O j ) + Ω j ∧ W ( O j )
dt dt
di u
On peut vérifier que cette dérivée est bien un torseur, c’est-à-dire + V i ( O j ) ∧ u + O i O j ∧ -------------
dt
di
que le champ des µ ( M i ) = -------- W ( M i , t ) est un champ de
dt et, ramené au point Oj :
di
moments dont le vecteur libre est α = -------- u ( t ) , c’est-à-dire que : µ ( Oj ) = µ ( Oi ) + Oj Oi ∧ α
dt
dj i
= -------- W ( O j ) + Ω j ∧ W ( O j ) – u ∧ V i ( O j )
µ ( Mi ) = µ ( Oi ) + Mi Oi ∧ α dt
i V i ( Oj ) W ( Oj )
cet exemple, si l’on veut connaître la dérivée de j comme elle a
été définie, son moment doit être calculé en dérivant on écrit le produit de Lie de ces deux torseurs :
i i
Vj ( Mi ) = Vi ( Oj ) + Ωj ∧ Oj Mi où Mi est un point lié à Ri . Et
i
Ωj ∧ u
j ×
i
cette dérivée n’est l’accélération d’aucun point. =
Oj
● Formule de la base mobile pour les torseurs i
Ωj ∧ W ( Oj ) – u ∧ V i ( Oj )
Nous nous fixons la tâche de trouver la dérivée dans Ri d’un Et, finalement, la relation (63) est la traduction, sous la forme de
torseur à partir de sa dérivée dans Rj , comme le permet la réductions au point Oj , de la relation intrinsèque suivante :
formule de la base mobile classique portant sur les vecteurs. di d j- i
-------- = ------- +j× (64)
dt dt
Reprenons donc la définition :
C’est la formule de la base mobile pour les tor seurs. On peut
di di d i-
dt dt
-------- ( Oi ) = -------- u ( t ), -------
dt
W ( Oi , t ) noter l’étroite parenté entre cette relation et la formule de la base
mobile classique pour les vecteurs.
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