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: K840 V1
Conductivité des
Date de publication :
10 octobre 2010 électrolytes
Résumé La conduction électrique d'un électrolyte, qu'il s'agisse d'une solution, d'un sel
fondu, d'un polymère, d'un verre ou d'un matériau cristallin, est un phénomène assez
complexe car plusieurs espèces chargées sont susceptibles de s'y déplacer. La diffusion
et la migration sont décrites par des concepts macroscopiques et microscopiques.
L'accent est mis sur les correspondances entre mobilités, coefficients de diffusion et
conductivités molaires. Les principales méthodes de caractérisation sont développées,
que ce soit dans la détermination de la conductivité ou l'identification des porteurs. Sont
précisées certaines précautions à prendre, dans le choix de la cellule de mesure, celui
des matériaux d'électrodes et des paramètres du signal électrique appliqué.
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mais ici il ne sera question que des conducteurs ioniques, strictement ou qua-
siment isolants électroniques.
Les matériaux électrolytes sont au cœur de tout système électrochimique, en
particulier ils sont un élément essentiel des générateurs électrochimiques ou
des cellules de procédés industriels, ou encore un élément clé de la corrosion
de nombreux métaux. L’électrochimie fait toujours intervenir un assemblage
de matériaux conducteurs électriques de natures différentes, typiquement la
mise en contact entre un métal et un électrolyte. Les propriétés uniques mises
en œuvre tiennent alors à ces interfaces particulières, dont l’étude est au
centre de l’électrochimie. Cependant les propriétés conductrices des matériaux
volumiques, loin des interfaces, sont également importantes pour analyser,
caractériser et optimiser les systèmes électrochimiques. Ce sont, en particulier,
ces propriétés de conduction qui gouvernent, en même temps que les caracté-
ristiques géométriques de l’électrolyte utilisé, l’ampleur du terme appelé chute
ohmique qui accompagne le passage d’un courant dans tout matériau et qui
est aussi à l’origine des phénomènes d’effet Joule.
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liers qui sont le support au passage du courant au sein du maté- de stœchiométrie par enrichissement ou appauvrissement en
riau. La présence d’électrolyte support est ainsi très fréquente dans espèce O dans le réseau. La compensation de charge se fait par
les études d’électrochimie analytique car elle simplifie le traite- injection ou extraction d’électrons à partir d’ions du réseau ou de
ment quantitatif des mesures : seul le transport par diffusion des défauts ponctuels qui changent alors de valence (création de cen-
espèces électroactives est considéré (cf. § 2.1.3). tres F par exemple) [9]. Cependant, l’existence de larges plages de
conditions expérimentales pour lesquelles les concentrations en
trous et électrons sont négligeables devant celles d’autres porteurs
1.2 Sels fondus et liquides ioniques de charge (appelé domaine d’ionicité) permet l’utilisation de ces
matériaux comme électrolyte dans plusieurs applications.
Un sel fondu correspond au milieu liquide obtenu par fusion
d’un solide ionique, pur ou mélange. Les températures de change- Dans certains matériaux, appelés souvent superconducteurs
ment d’état sont extrêmement variées. On peut avoir des sels fon- ioniques, le nombre de positions dans le réseau accessibles à un
dus à température ordinaire (mélange HF-KF) ou à température type d’ions est grand (trois sites pour Na+ dans l’alumine-β) et on
élevée (mélange NaF-AlF3 à environ 1 000 °C dans la fabrication de peut alors considérer que tous ces ions sont des porteurs de
l’aluminium). Dans la très grande majorité des cas, le liquide est charge. Le traitement se rapproche alors des modèles de conducti-
essentiellement constitué d’ions. Il existe, cependant, des sels fon- vité dans les métaux ou semi-conducteurs (cf. § 3.2.2). Les solides
dus qui sont très peu conducteurs, comme ZnCl2, mais l’ajout d’un à squelette covalent, tels que les NASICON ou les alumines-β, sont
autre sel peut conduire à la formation d’ions complexes (par exem- des matériaux dont la charpente est basée sur des polyèdres
ple ZnCl42– par ajout de KCl). Suivant les applications, on peut uti- d’oxydes liés entre eux et entre lesquels des cations, notamment
liser le liquide sans ajout (les ions du sel fondu sont électroactifs) alcalins, sont quasi libres de se déplacer [9].
ou comme un solvant dans lequel d’autres ions sont dissous.
Le terme liquide ionique est couramment utilisé pour désigner
les sels fondus ioniques à température ordinaire, et souvent dans 1.4 Verres conducteurs ioniques
ce cas l’un des ions est organique, par exemple des cations alkyl-
pyridinium ou ammonium quaternaire. Certains solides ne présentent pas de structure cristalline, c’est-
Par leur nature, la quantité d’ions est extrêmement importante à-dire qu’il n’y a pas de périodicité au-delà de l’échelle molécu-
dans ces milieux : on atteint facilement des concentrations supé- laire, on parle de solides amorphes ou verres. Les verres conduc-
rieures à 10 mol·L–1. Ce sont, en général, des milieux où les asso- teurs ioniques sont souvent des chalcogénures (oxydes, sulfures,
ciations entre ions (paires d’ions, agrégats ou complexes) sont sélénures). L’existence d’ions mobiles est généralement décrite par
fortes. Par exemple, dans un mélange NaF-AlF3, on trouve, suivant l’un des deux phénomènes suivants. D’une part, certains compo-
les proportions initiales du mélange, des espèces comme AlF63–, sés appelés modificateurs de réseau (comme par exemple Na2O
AlF52– ou AlF4– (cf. § 5.4). Selon les composés, on développe des dans un verre à base de silice SiO2) peuvent couper les chaînes du
raisonnements de type acido-basicité, pour décrire la composition réseau en y formant des charges négatives qui sont compensées
du liquide, en introduisant les notions d’oxoacidité, chloroacidité, par les cations du modificateur. La quantité d’ions mobiles (ici Na+)
fluoroacidité [4][8]. est alors décrite par la constante de l’équilibre de dissociation, on
Signalons que dans certaines conditions, par exemple au contact parle de la « théorie de l’électrolyte faible » [9]. D’autre part, on
d’un métal alcalin ou alcalino-terreux avec un sel fondu, on observe peut également avoir des composés de dopage, comme AgI dans
une réaction qui produit des électrons solvatés. En terme de conduc- le système AgPO3-AgI. Dans ce cas, la quantité d’ions mobiles (ici
tivité, ce milieu devient alors un conducteur mixte, avec des por- Ag+) est directement proportionnelle au taux de dopage (compor-
teurs de charge ioniques et des porteurs de charge électroniques. tement de type électrolyte fort).
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1.5 Électrolytes polymères d’activité n’interviennent pas, notamment dans les modèles déve-
loppés dans les solides ioniques, où pourtant les porteurs de
Le terme électrolyte polymère regroupe tous les milieux polymè- charge ne peuvent généralement pas être considérés comme
res conducteurs ioniques. Suivant leur nature, ces milieux peuvent dilués.
être classés en trois grandes catégories. Dans la première, le poly- En ce qui concerne les sels fondus, il n’est pas envisageable
mère, par exemple du polyéthylène, joue uniquement un rôle de d’assimiler activité et concentration. Le modèle le plus courant
support mécanique d’une solution électrolyte. Le polymère peut, pour ces milieux est connu sous le nom de modèle de Temkin :
éventuellement, modifier la conduction macroscopique par modifi- l’activité d’un cation y est assimilée à sa fraction molaire parmi
cation de la géométrie du système : on peut aller jusqu’à le décrire l’ensemble des cations [11].
comme un matériau poreux, dont la structure polymère est iso-
lante. Les paramètres importants sont alors sa porosité, sa tortuo-
sité, sa mouillabilité. 1.7 Techniques expérimentales
Dans la deuxième catégorie (polymère-sel), le polymère joue lui-
même le rôle de solvant [4][9]. C’est par exemple le cas des maté- Les techniques expérimentales permettant l’analyse de la
riaux de batteries dites Li-polymère, souvent à base de chaîne POE composition des matériaux conducteurs sont des méthodes spec-
(polyoxyde d’éthylène) dans lequel sont dissous des ions Li+ et troscopiques. Parmi celles-ci, les plus usuelles sont les spectro-
TFSI–, l’ion bis-(trifluoromethanesulfonyl)imidure. scopies vibrationnelles, Raman ou infrarouge. On trouve aussi,
lorsque le type de composés étudiés le permet, l’utilisation de la
La troisième catégorie, parfois aussi appelée ionomère ou polyé- spectroscopie UV-visible. La RMN peut également donner de pré-
lectrolyte, comporte des chaînes polymères qui portent elles- cieuses informations dans ce domaine, via la mesure de coefficients
mêmes des terminaisons chargées. Ces matériaux comportent par- d’autodiffusion. Le principe général de ce type d’analyses est que
fois aussi un solvant. C’est le cas du Nafion®, qui est un copoly- l’ion étudié présente une réponse caractéristique pour le type de
mère perfluoré avec des chaînes latérales se terminant par des spectroscopie choisi, par exemple à une ou plusieurs fréquences.
groupes ionisables –SO3H. La présence d’une certaine quantité L’information est donc d’abord qualitative sur la nature de l’ion mais
d’eau est nécessaire au bon fonctionnement de ce matériau. on peut également souvent remonter quantitativement à la compo-
Soulignons le fait que pour les deux premières catégories d’élec- sition du milieu par le biais des données spectroscopiques.
trolytes polymères, il y a comme dans toute solution, une contribu- Dans certains cas, on peut affiner l’analyse. Par exemple, pour
tion des anions et des cations à la conduction. En revanche, avec les spectroscopies vibrationnelles, certains ions présentent des fré-
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les ionomères ou polyélectrolytes, on peut espérer obtenir des quences de vibration caractéristiques qui dépendent de l’environ-
matériaux avec un seul type d’ions mobiles, ou tout du moins une nement de ce dernier. Elles sont donc différentes, en particulier
seule catégorie d’ions : uniquement les cations par exemple pour pour un ion libre ou un ion impliqué dans une paire d’ions ou un
le Nafion®. C’est ce type de propriétés qui est mis en œuvre dans agrégat. Ces analyses sont délicates car les déplacements en fré-
la recherche de membranes dites unipolaires, qu’il ne faut pas quence correspondants sont faibles (quelques cm–1) et sont du
confondre avec les membranes dites sélectives (ou spécifiques) même ordre de grandeur que l’influence d’une modification de
qui sont des solides ioniques acceptant un seul type d’ion dans densité de l’électrolyte, par exemple.
leurs sites de conduction, Na+ dans le cas du NASICON [9].
Pour conclure cette partie, il est important de rappeler que
l’identification de la nature et de la quantité des porteurs de charge
est un préalable à toute étude quantitative précise des paramètres
1.6 Concentration, fraction molaire, et des mécanismes de conduction, même si cela n’est pas toujours
molalité, activité simple et si cela n’est pas toujours connu avec précision.
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pas en un point donné au passage du courant. Seuls les phénomè- 2.1.3 Diffusion
nes de conduction au sens strict (c’est-à-dire diffusion et migration,
cf. § 2.1.2 et 2.1.3) contribuent au passage global du courant. Cepen- De manière simplifiée, on peut décrire le phénomène de diffu-
dant, on ne peut pas complètement ignorer les phénomènes de sion comme le déplacement spontané d’espèces dans un milieu de
convection lorsqu’on étudie la conduction dans des milieux électro- composition hétérogène, dans le sens qui tend à homogénéiser ce
lytes fluides car ces derniers ont des conséquences sur la composi- dernier, de la zone la plus concentrée vers la moins concentrée. La
tion des milieux et donc indirectement sur leur conductivité. description rigoureuse est plus complexe car, dans les milieux
concentrés, on peut assister à des couplages entre les mouve-
ments des différentes espèces [12]. La loi usuelle (loi de Fick) est
2.1.2 Migration une traduction simplifiée, elle exprime la proportionnalité entre la
densité de flux molaire de matière par diffusion et le gradient de
En présence d’un champ électrique , toute espèce chargée est concentration :
soumise à une force, proportionnelle au champ, qui se traduit dans
un milieu donné par un déplacement à une vitesse moyenne, elle- ou à une dimension :
même proportionnelle au champ électrique (voir, par exemple, le
modèle microscopique de frottements visqueux § 3.1.1). Les char- Elle fait intervenir le coefficient de diffusion (ou diffusivité), noté ici
ges positives, les cations dans le cas des électrolytes, se déplacent Di pour l’espèce i, exprimé en m2·s–1.
dans le même sens que le champ électrique et les charges négati- Dans le cadre de la thermodynamique des processus irréversi-
ves, les anions, dans le sens opposé. Le coefficient de proportion- bles, on écrit la proportionnalité entre flux et gradient de potentiel
nalité entre le module de la vitesse moyenne, notée vi (en m·s–1) chimique μi. La grandeur mise en jeu doit donc être l’activité, notée
ai. Il a été vu précédemment (cf. § 1.6) que, dans les électrolytes,
pour l’espèce i, et celui du champ électrique est appelé mobilité
activités et concentrations ne sont généralement pas confondues.
électrique, par analogie avec le mouvement des électrons dans les
Ainsi, dans les milieux concentrés, on écrit plus rigoureusement :
métaux. C’est une grandeur positive, notée ici ui pour l’espèce i de
nombre de charge zi, qui s’exprime en m2·V–1·s–1 :
.
Chaque type d’ions contribue au courant par sa densité de courant, 2.2 Lien entre migration et diffusion :
proportionnelle à la densité de flux molaire de matière pour relation de Nernst-Einstein
l’espèce i (avec la constante de Faraday, ):
Dans la mesure où les mécanismes microscopiques de mouve-
. ment des ions, qui sont décrits dans le paragraphe suivant (cf. § 3),
ne dépendent pas de la nature des forces qui mettent les ions en
Compte tenu de ces définitions, toutes les densités de courant mouvement, on peut prévoir qu’il doit y avoir un lien entre les
de migration sont parallèles et de même sens que le champ électri- grandeurs caractéristiques de la diffusion et de la migration d’une
que. La conductivité totale du milieu, notée σ, est donc la somme espèce donnée. De manière théorique, ce lien est connu dans la lit-
de toutes les conductivités des différentes espèces, σi pour térature sous le nom de relation de Nernst-Einstein :
l’espèce i, traduisant le lien entre le champ électrique et la densité
ou encore
de courant, notée :
où R est la constante des gaz parfaits (R = 8,314 J·mol–1·K–1) et T
est la température exprimée en K.
Ces expressions sont issus de la thermodynamique des proces-
Ce sont des grandeurs positives qui s’expriment en S·m–1 (dans sus irréversibles. Dans cette approximation d’un écart linéaire à
certains documents on trouve aussi la notation Ω–1 au lieu de S, l’équilibre et en absence de couplage entre flux, on écrit la propor-
tionnalité du flux de matière avec le gradient de potentiel
qui est l’unité correcte).
électrochimique : , avec ϕ le potentiel électrique. Le
La contribution relative d’une espèce au phénomène global est flux molaire de matière s’exprime alors sous la forme d’un terme
appelé nombre de transport, noté ti. C’est un nombre sans dimen- de diffusion et de migration :
sion compris entre 0 et 1 :
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est cependant un élément important de comparaison entre des La valeur extrapolée à concentration nulle est appelée
données obtenues par différentes expériences. conductivité molaire à dilution infinie. Bien qu’on se contente sou-
vent d’une description utilisant comme une constante, il faut
Toujours à cause de ce lien fondamental entre migration et diffu-
signaler les ordres de grandeur suivants : en solution aqueuse à
sion, par l’intermédiaire des mécanismes microscopiques, certains
20 °C, la conductivité molaire chute d’environ 10 % pour une
auteurs introduisent également la notion de mobilité électrochimi-
concentration de 0,1 mol·L–1 par rapport à la conductivité molaire à
que . Elle se comprend comme une généralisation de la notion de dilution infinie, et d’environ 30 % pour une concentration de une
mobilité électrique pour une force quelconque qui n’est pas seule- mole par litre.
ment de nature électrique. La mobilité électrochimique est donc le
Rappelons que l’on peut aussi obtenir des variations plus comple-
facteur de proportionnalité entre la vitesse moyenne d’un type
xes de la conductivité en fonction de la concentration, notamment
d’espèce et la force qui est le moteur de ce mouvement (pour une
s’il existe des associations (solvants organiques, électrolytes poly-
mole). C’est une grandeur positive qui s’exprime en m2·mol·J–1·s–1. mères, solides…). Il est alors difficile à partir des données expéri-
Les relations entre les grandeurs introduites sont, d’après [10] : mentales de donner une analyse sur l’évolution de la conductivité
molaire en fonction de la concentration d’un porteur de charge
donné.
Tableau 1 – Grandeurs de conduction pour des ions en solution aqueuse à 25 °C et à dilution infinie
mobilité conductivité
mobilité électrique ui coefficient de diffusion Di
électrochimique molaire
(10–8 m2·V–1·s–1) (10–9 m2·s–1)
(10–13 m2·mol·J–1·s–1) (mS·mol–1·m–2)
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– 20 °C – 10 °C 0 °C 5 °C 25 °C 45 °C 65 °C
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NO3–
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approche microscopique
avec η la viscosité dynamique du fluide, ici le solvant (en Pa.s). En
Pour être en mesure de discuter des mécanismes de conduction
mis en jeu au niveau microscopique dans un électrolyte, il est régime dynamique et en présence d’une force extérieure (par
nécessaire de disposer de nombreuses données expérimentales.
Non seulement, il faut s’assurer de la connaissance précise de la exemple, dans le cas de la migration pure : ), la force
nature et de la concentration des porteurs de charge (ce qui n’est d’accélération s’exerçant sur la sphère est donc la résultante de
pas toujours facile, cf. § 2) mais, de plus, les informations sur les deux forces :
mécanismes ne se trouvent pas dans une mesure isolée de la
conductivité ou du nombre de transport (cf. § 4). Il faut réaliser
l’étude de l’influence d’au moins un autre paramètre comme la
température ou la pression en dioxygène pour un oxyde solide.
Ces données complètes ne sont pas toujours disponibles et il faut Pour une force extérieure constante, on observe après un régime
alors considérer avec précaution toute discussion sur les mécanis- transitoire, un régime permanent à vitesse constante :
mes de conduction.
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Un tel modèle est approximatif mais il donne une bonne idée qua-
Figure 3 – Schéma de Lewis illustrant le mécanisme de Grotthuss
litative du phénomène. Les grandeurs caractéristiques de la contribuant à la conductivité des protons en solution aqueuse
conduction en solution dépendent donc de la viscosité du milieu et
de la taille de l’ion, sachant que la taille d’un ion en solution
englobe sa sphère de solvatation.
3.1.3 Solutions concentrées
La taille des ions solvatés n’est pas facilement accessible de
manière précise indépendamment des mesures de conductivité. Si La loi expérimentale de Kohlrausch (cf. § 2.3) a été interprétée
on la compare aux valeurs de rayon ionique en phase gazeuse, on par les théories de Debye-Onsager qui mettent en jeu essentielle-
peut cependant interpréter les principales tendances observées. ment deux types de contributions modifiant la loi initiale du
Ainsi, la taille effective de Li+aq est environ 30 % plus élevée que modèle de Stokes, même en dehors des évolutions possibles de
celle de Na+aq et deux fois plus que celle de K+aq (cf. tableau 3, la viscosité du milieu. D’une part, dans des solutions concen-
§ 2.4). C’est une évolution inverse de la taille de ces ions gazeux, trées, les chocs des ions ne se font plus seulement avec les molé-
que l’on peut interpréter par un plus grand nombre de molécules cules du solvant, mais également avec les autres ions, plus
d’eau dans la sphère de solvatation des ions les plus petits (même spécialement avec les contre-ions. Ces derniers se déplacent glo-
charge concentrée dans un plus faible volume). C’est le même balement dans le sens opposé en entraînant des molécules de
argument qui permet d’interpréter la différence de conductivité solvant et, de plus, ils exercent des forces attractives. Cela a pour
entre Fe3+aq et Fe(CN)63–aq : la conductivité molaire de Fe(CN)63–aq conséquence d’augmenter le coefficient de frottement, c’est ce
est 50 % plus élevée que celle de Fe3+aq, qui possède une sphère qu’on appelle généralement l’effet électrophorétique [1][2]. Plus
de solvatation plus volumineuse pour la même charge en valeur la concentration est élevée, plus l’atmosphère ionique est serrée
absolue. près de l’ion i et l’effet de freinage supplémentaire est donc ren-
Ce modèle simple permet aussi de justifier de manière qualita- forcé. D’autre part, la déformation de la sphère ionique (modèle
de Debye-Hückel) sous l’effet du champ électrique est également
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macroscopique, on ne peut plus faire cette analogie. En effet, dans Pour une plage de température pas trop étendue, cette loi se rap-
le cas du déplacement lacunaire (que l’on imagine pouvoir être proche d’un comportement de type Arrhénius, avec comme
suivi par un traceur radioactif), au-delà du premier déplacement énergie d’activation. Lorsque la plage de température est étendue,
l’ion reste immobile tant qu’une autre lacune ne se présente pas à le traitement des données expérimentales se fait de manière plus
son voisinage immédiat, alors que la lacune qui se déplace dis- rigoureuse à travers des courbes ln (σT) = f(1/T).
pose de plusieurs ions autour d’elle qu’elle peut accueillir.
Lorsque le nombre de défauts est fonction de la température, il
Dans un modèle microscopique, schématisé sur la figure 4 dans convient d’introduire l’enthalpie libre de formation du défaut
le cas de la migration, le mécanisme de conduction d’un ion i se mobile dans l’expression de la conductivité, ce qui conduit à une
décrit par le saut, d’un site occupé vers un site vide, selon les expression plus complexe et plus délicate à exploiter [9]. Si un seul
orientations possibles dans le réseau cristallin, avec une barrière défaut créé par le désordre est mobile, on retrouve une loi du type
d’énergie à franchir (enthalpie libre de conduction). précédent mais l’énergie d’activation apparente n’a plus le même
À l’équilibre (en absence de migration : courbe en tirets sur la sens.
figure 4), les fréquences de sauts directs et indirects sont exacte- De plus il peut arriver que le type de porteurs de charge soit dif-
ment égales, avec absence de mouvement macroscopique. En férent selon le domaine de température. Dans ce cas, la courbe
revanche en présence d’un champ électrique extérieur (courbe en d’évolution de la conductivité en coordonnées d’Arrhénius pré-
trait plein sur la figure 4), la barrière énergétique dans le sens sente des ruptures de pente [9].
direct étant plus faible, la fréquence de sauts directs est plus éle-
vée que celle des sauts indirects. Cela se traduit macroscopique-
ment par un déplacement dans le sens du champ électrique avec 3.2.2 Solides à charpente covalente
une fréquence :
Certains solides ioniques, souvent appelés superconducteurs
ioniques car leur conductivité est forte dès la température ordi-
naire, présentent des structures particulières où les ions mobiles
peuvent se déplacer dans des sites étendus. Ils peuvent être des
canaux à une dimension (cas des hollandites ou de la β-eucryptite),
Dans les conditions usuelles, le terme d’énergie électrique est à trois dimensions (cas des NASICON) ou encore des plans parti-
bien plus faible que celui lié à l’agitation thermique (zi FEL << RT) culiers de la structure (cas des alumines-β) [9]. Dans ce type de
et comme la vitesse est égale à νL, la vitesse de déplacement de matériaux, la conductivité selon l’axe perpendiculaire à ces plans
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l’ion s’écrit : est plus faible de plusieurs ordres de grandeur par rapport à celle
selon les plans. La plupart du temps, tous ces matériaux sont utili-
sés sous forme de polycristaux frittés dont les propriétés de
conduction anisotropique sont alors moyennées. Selon l’orienta-
tion de deux monocristaux voisins, on conçoit assez bien que les
Finalement l’expression de la conductivité ionique est sous la propriétés électriques à la jonction intergranulaire jouent un rôle
forme (cf. § 2.1) : important dans la valeur de conductivité globale, de même que la
taille des grains monocristallins. Les impuretés peuvent également
y jouer un grand rôle, par exemple de blocage. Il est alors clair que
les conditions d’élaboration de ces matériaux peuvent notable-
ment jouer sur la valeur de la conductivité globale.
En ce qui concerne les variations de conductivité en fonction de
la température, on obtient donc, dans le cas simple où la concen-
tration en porteur de charge n’évolue pas en fonction de la tempé- 3.3 Solides et électrolytes polymères
rature (défauts extrinsèques), une loi du type :
amorphes
En terme de mécanisme de conduction, on peut rapprocher les
comportements des verres et des polymères, bien que les verres
soient souvent conducteurs par un seul type d’ion alors que les
polymères-sels (cf. § 1.5) le sont généralement simultanément par
Saut inverse anions et cations. De façon générale, pour ces milieux, le compor-
tement fait apparaître une discontinuité de certaines propriétés
thermodynamiques à une température caractéristique, la tempéra-
Saut direct ture de transition vitreuse qui joue également un rôle important
ziFEL/2
dans les propriétés de conduction. De manière simplifiée, on
considère deux types de mécanisme suivant la gamme de tempé-
– ziFEL/2 rature étudiée :
• à basse température (relativement à la température de transi-
ΔGsaut
tion vitreuse), on parle de conduction par transport activé :
les porteurs de charge se déplacent dans un réseau considéré
comme immobile à l’échelle de temps du saut. Les lois de
comportement sont proches de celles observées dans les
solides cristallisés (loi de type Arrhénius) ;
• à haute température, les déformations locales de la matrice
deviennent importantes et facilitent les mouvements des por-
x = – L/2 x=0 x = L/2 teurs de charge. On parle de transport assisté. La conductivité
est donc aussi une fonction des propriétés physiques du
Figure 4 – Représentation du modèle de saut d’un cation de charge milieu, notamment sa viscosité. On se rapproche du comporte-
zi d’un site à l’autre en présence d’un champ électrique ment des liquides et des solutions électrolytes avec le modèle
(échelle thermodynamique molaire) de Stokes. Mais, dans ces milieux, on fait souvent appel à une
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loi comportementale en température, connue sous le nom de Pour fixer les idées, dans le cas d’une géométrie plane (c’est-à-dire
loi de type VTF (pour Vogel-Tamman-Fulcher) [9][13] : avec un matériau de forme cylindrique de section S, avec les
contacts électriques disposés à une distance L sur les sections per-
. pendiculaires extrêmes), on a :
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électrodes) et que la mesure de tension se fait aux bornes des 4.1.3 Mesures en régime sinusoïdal et choix
deux autres pointes, avec un dispositif à forte impédance d’entrée des paramètres
qui permet une mesure de tension par deux électrodes qui ne sont
traversées par aucun courant. On peut minimiser les phénomènes de polarisation par l’utilisa-
tion d’électrodes présentant des réactions électrochimiques très
rapides. Cependant, ce n’est en général pas la démarche la plus per-
4.1.2 Complexité des mesures de conductivité formante, en particulier parce qu’elle dépend beaucoup du type de
des électrolytes matériau étudié. Les techniques classiques de conductimétrie des
Pour réaliser des mesures de résistance d’électrolytes, il est iné- électrolytes mettent au contraire en jeu des électrodes dites blo-
vitable d’introduire un contact avec deux électrodes généralement quantes pour lesquelles on considère (même si ce n’est parfois
qu’une approximation) qu’il n’y a pas de réaction rédox possibles
métalliques. Il s’agit donc d’un dispositif électrochimique complet,
aux interfaces. Le passage d’un courant continu dans ces cellules
avec deux interfaces électrochimiques qui jouent un rôle dans les
entraînerait donc des polarisations très importantes. On réalise les
caractéristiques courant/tension de la cellule complète. En plus des
mesures électriques avec une sollicitation sinusoïdale de faible
considérations géométriques, il s’agit donc, pour une mesure de
amplitude (cela permet généralement d’assurer que l’approximation
conductivité d’un électrolyte, de trouver des protocoles expérimen-
d’électrodes bloquantes est valide) et le choix d’une fréquence adap-
taux permettant d’extraire la résistance de l’électrolyte des mesu-
tée permet alors d’extraire simplement la résistance de l’électrolyte.
res électriques globales, le plus facilement et précisément
possible. De manière générale, la tension aux bornes d’un système Dans le cas idéal que nous venons de décrire, seuls des phéno-
électrochimique en fonctionnement électrolyse (ou récepteur) est mènes capacitifs, liés aux doubles couches des interfaces électro-
du type [10] : chimiques, permettent le passage d’un courant alternatif (capacité
équivalente notée Cdc). Pour la partie volumique dans l’électrolyte,
en plus de la résistance de ce dernier, notée R, il faut tenir compte
également des propriétés diélectriques du matériau qui forme un
où Uab est la tension de la cellule à l’abandon (cellule durablement condensateur (capacité notée C). Le schéma électrique équivalent
non traversée par un courant), πanode et πcathode sont les termes de de cette cellule de conductimétrie est représenté sur la figure 6.
polarisation liés aux phénomènes mis en jeu aux interfaces entre On peut alors calculer le module de l’impédance de ce circuit en
les électrodes et l’électrolyte et Uchute ohmique correspond à tous fonction de la fréquence du signal imposé [18][20]. Dans les
les termes de chute de tension aux bornes des différents volumes domaines des hautes fréquences (pulsation ω) et des basses fré-
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de matériaux mis en jeu dans le dispositif. Pour des conditions de quences, le module est respectivement égal à :
fonctionnement usuelles, on peut assimiler ce terme de chute
ohmique à celui observé aux bornes de l’électrolyte, qui peut lui-
même être assimilé au produit du courant par la résistance de
l’électrolyte. On voit, à partir de cette expression, que la résistance
n’est pas égale au rapport U/I, même lorsque les électrodes sont .
identiques (i.e. Uab = 0). On ne peut donc pas déterminer avec pré-
cision la résistance sous courant continu en ne disposant que de Le résultat est présenté sous la forme d’un diagramme de Bode
deux électrodes. La méthode couramment mise en œuvre pour (figure 7a) et de Nyquist (figure 7b).
contourner cette difficulté consiste à travailler sous courant alter-
natif (cf. § 4.1.3). Citons cependant, également, la méthode dite
« de l’interrupteur » où la chute ohmique est estimée par la R
mesure du saut de tension lors de la coupure du courant imposé. Cdc
Elle repose sur le principe que, lors de la coupure du courant, la
disparition du terme de chute ohmique est quasi immédiate, alors
que les polarisations mettent un certain temps à revenir à zéro.
C
Pour ce type de mesures, il faut prendre garde au choix des fré-
quences d’échantillonnage. Elles peuvent être précises dans certai- Figure 6 – Schéma du circuit électrique équivalent d’une cellule
nes conditions mais nécessitent une validation préalable. de conductimétrie à électrodes bloquantes
log | Z | – lm (Z)
f1
log R
En traits mixtes, le diagramme de Bode d’une solution concentrée, en trait plein celui d’une solution diluée.
Figure 7 – Diagrammes de Bode et de Nyquist pour le circuit électrique équivalent d’une cellule de conductimétrie à électrodes bloquantes
(cf. figure 6)
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Cette représentation fait clairement apparaître que la résistance 4.2.1 Nombre de transport ionique
d’électrolyte est facilement mesurable dès lors qu’on se place à une
fréquence intermédiaire, entre f1 et f2. Par exemple l’erreur est de La méthode la plus connue pour mesurer le nombre de transport
30 % si la fréquence de mesure est égale à f1 ou f2. Le calcul montre d’un conducteur ionique est la méthode de Hittorf [10]. Avec une
que f2 est caractéristique de l’électrolyte alors que f1 dépend aussi cellule à compartiments séparés pour limiter le mélange des solu-
des interfaces par l’intermédiaire des relations suivantes : tions par convection et diffusion (la séparation est plus efficace
avec un compartiment intermédiaire), on fait passer un courant
continu, si possible constant, entre deux électrodes placées dans
les compartiments extrêmes. L’analyse de la solution dans les
compartiments donne accès au nombre de transport par le bilan
Ces valeurs, et donc la gamme recommandée pour la mesure, de matière dû à la réaction électrochimique et au transport par
varient fortement en fonction des conditions expérimentales. Par migration :
exemple, pour une même cellule comparons deux solutions de
concentrations différentes. La partie capacitive à haute fréquence
est peu affectée par la concentration ionique de l’électrolyte, alors
que l’asymptote horizontale (log R) l’est fortement. La fréquence
de relaxation f2 est donc d’autant plus élevée que la résistance où νi et νe sont respectivement les coefficients stœchiométriques
diminue (lorsque la concentration augmente). Par ailleurs, la capa- de l’ion i et des électrons dans l’écriture de la réaction d’électrode.
cité de double couche augmente approximativement comme la La méthode de Tubandt est dérivée du bilan Hittorf pour des
racine carrée de la concentration, sauf pour des solutions très conducteurs ioniques solides [9]. Elle consiste à disposer trois
concentrées, donc plus la concentration est élevée et plus l’asymp- échantillons du même matériau plaqués les uns contre les autres.
tote de gauche se décale vers le bas. Par conséquent le point f1 se Les cations de charge z réagissent avec l’atmosphère environnante
décale vers la droite, mais moins que f2. Donc le domaine entre f1 (par exemple le dioxygène pour les oxydes) selon une réaction
et f2 s’élargit sensiblement. Inversement, il se rétrécit lorsque la d’électrode du type :
concentration devient plus faible [18].
e
Les appareils de mesure classique du commerce utilisent
souvent plusieurs fréquences (typiquement 50 ou 60 Hz et 1 kHz)
L’échantillon côté cathode gagne du poids et celui qui est du côté
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e–
Na+
. I
Cl– , OH–
Deux exemples sont rapidement décrits qualitativement ci-après Quel que soit le type de générateurs électrochimiques utilisé
pour montrer l’importance des phénomènes de conduction dans (batteries, piles, piles a combustible et même supercondensa-
l’électrolyte. teurs), la résistance de l’électrolyte est à l’origine d’une diminution
de la tension délivrée en décharge. La chute ohmique est d’autant
5.2.1 Influence de la résistance d’électrolyte plus importante que le courant est élevé. Ainsi pour des applica-
tions de puissance dans le secteur de l’énergie, il est indispensable
Prenons l’exemple de la corrosion dite galvanique, où deux de diminuer la résistance des piles ou batteries. Comme vu précé-
métaux différents sont mis en contact direct. C’est, par exemple, le demment dans cet article, cela peut se faire essentiellement en
cas de rivets en cuivre tenant deux plaques d’acier. En présence agissant sur deux phénomènes : d’une part, la conductivité des
d’un oxydant (oxygène, proton…), le passage des électrons entre matériaux employés et, d’autre part, la géométrie de cellule mise
anode et cathode serait immédiat mais la vitesse du phénomène en œuvre. À titre d’exemple le développement de batteries dites
de corrosion est en grande partie contrôlée par le transport de « lithium-polymère » est envisageable car bien qu’il y ait une aug-
matière dans l’électrolyte. Pour une même géométrie, plus la résis- mentation substantielle de résistivité liée au remplacement de
tivité de l’électrolyte en contact avec les deux électrodes est éle- solutions dans des solvants organiques par des électrolytes poly-
vée, moins le phénomène de corrosion est prononcé. D’autre part, mères, les propriétés mécaniques de ces nouveaux matériaux per-
pour un électrolyte peu conducteur, la géométrie du système va met de les usiner en très fines couches et donc de rapprocher les
également jouer un rôle important, la corrosion galvanique étant deux électrodes l’une de l’autre, diminuant ainsi la résistance.
alors plus marquée dans la zone proche du contact entre les deux
métaux.
5.3.2 Influence de la nature des porteurs
de charge
5.2.2 Influence de la nature des porteurs
de charge Une pile à combustible est constituée d’une anode alimentée en
combustible et d’une cathode alimentée en comburant, ces deux
Dans l’exemple de la corrosion dite caverneuse, illustrée sché- électrodes étant séparées par un électrolyte. Dans le cas d’une pile
matiquement sur la figure 9, de nombreux phénomènes et réac- alimentée en hydrogène et oxygène, la réaction globale s’écrit :
tions rédox sont mis en jeu. Sans rentrer dans cette complexité, on
peut expliquer qualitativement le rôle majeur de la présence même
modérée d’un milieu électrolyte contenant des ions chlorure dans
l’accélération de ce type de corrosion. En présence d’une caverne Les piles à combustible à haute température de type SOFC
ou cavité on peut considérer qu’il n’y a quasiment pas de mélange (Solid Oxide Fuel Cell) mettent en œuvre un électrolyte solide
(pas de convection) entre l’électrolyte à l’intérieur et l’électrolyte à généralement conducteur par les ions oxyde. L’oxyde est la zir-
l’extérieur. S’il y a un courant entre l’extérieur et l’intérieur, cone stabilisée à l’oxyde d’yttrium, (ZrO2)0,91(Y2O3)0,09. Le principe
comme c’est le cas lorsque la corrosion a débuté (par exemple de fonctionnement est montré sur la figure 10a. Lorsque la pile
avec une réduction d’oxygène à l’extérieur et oxydation du métal à débite, l’hydrogène est oxydé en vapeur d’eau à l’anode de la cel-
l’intérieur), celui-ci correspond à des mouvements d’ions essentiel- lule. Actuellement, beaucoup d’effort sont consacrés au dévelop-
lement par migration à l’orifice de la caverne et les produits de cor- pement de piles à combustible fonctionnant à températures
rosion restent confinés dans la caverne. Si l’électrolyte dans lequel inférieures à 800 °C. Une solution privilégiée est la mise en œuvre
baigne le système est une solution aqueuse essentiellement compo- d’un électrolyte solide conducteur par les protons (PCFC, Protonic
sée de Na+ et Cl–, le déroulement de la corrosion correspond à un Ceramic Fuel Cell). Comme schématisé sur la figure 10b, la vapeur
enrichissement en ions chlorure de l’électrolyte interne de la d’eau est produite à la cathode de la cellule ; elle est évacuée par
caverne (et son appauvrissement en ions Na+) qui contribue à l’air qui circule au voisinage de la cathode ; en conséquence, elle
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minium liquide, plus dense que le bain fondu forme une nappe de
Cathode Anode
métal liquide sur la cathode, constituée de blocs de graphite. La
O2– distance entre les anodes et la nappe d’aluminium est maintenue à
O2 H2
environ 5 cm. Cette distance est minimisée pour limiter la chute
1/2 O2 + 2 e– O2– H2 + O2– H2O + 2 e– ohmique.
Pour une tension aux bornes de la cuve de 4,3 V, la tension
a pile de type SOFC thermodynamique est de 1,18 V, les surtensions aux électrodes
sont de l’ordre de 0,47 V et la chute ohmique dans le bain est de
1,65 V, soit près de 40 % de la tension. La composition de l’élec-
Cathode H+ Anode trolyte résulte d’un compromis entre différents paramètres : abais-
O2 H2 sement de la température de fusion, masse volumique du bain
1/2 O2 + 2 e– + 2 H+ H2O H2 2 H+ + 2 e– inférieure à celle de l’aluminium liquide, solubilité de l’alumine,
etc. La composition du mélange est ainsi caractérisée par un
« rapport cryolithique », égal au rapport molaire NaF/AlF3. La plu-
b pile de type PCFC
part des bains industriels sont de type acide, au sens fluoroacidité
Figure 10 – Réactions d’électrode et flux de matière dans une pile (ou acide de Lewis, ici avec un excès de AlF3) et ont un rapport
à combustible cryolithique de l’ordre de 2,2, contre 3 pour la cryolithe stœchio-
métrique. À l’état liquide, la cryolithe se dissocie pour former une
phase composée d’ions : Na+, F–, AlF63–, AlF52– ou AlF4–. La
n’entraîne pas de dilution du combustible, contrairement au cas
conductivité du bain est assurée principalement par les ions Na+
d’une pile de type SOFC. Ce phénomène est essentiel car, en main-
et F–. Elle diminue lorsque l’acidité augmente : ceci est dû princi-
tenant la pression d’hydrogène, la pile fonctionne avec un taux
d’utilisation du combustible de 100 %, ce qui n’est pas possible palement au remplacement des ions F– par des anions complexes
avec une pile à combustible de type SOFC. moins mobiles. L’addition de l’alumine, composé acide, dans le
bain produit également une diminution de la conductivité. Diffé-
rentes espèces oxyfluorées sont alors formées : on considère,
5.4 Production de l’aluminium généralement, qu’il y a formation d’ions Al2OF62– pour les faibles
concentrations en alumine et d’ions Al2O2F42– pour les concen-
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Le procédé de production de l’aluminium (procédé Hall-Héroult) trations élevées. La réaction de dissolution de l’alumine ne
consiste à réduire électrochimiquement de l’alumine dissoute dans consomme pas d’ions sodium mais remplace des ions fluorure
un bain de cryolithe fondue (AlF3-3NaF), à environ 960 °C. Les ano- par des ions complexes peu mobiles, ce qui explique la diminu-
des consommables sont en carbone avec production de CO2, l’alu- tion de conductivité.
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P
O
U
Conductivité des électrolytes R
E
par Christine LEFROU
N
Maître de conférences à Grenoble INP (école Phelma)
Jacques FOULETIER
Professeur à l’université Joseph Fourier, Grenoble S
Pierre FABRY
Professeur honoraire, université Joseph Fourier, Grenoble A
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