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Etude théorique et expérimentale d'un laser à fibre à impulsions ultracourtes

Thesis · February 2019


DOI: 10.13140/RG.2.2.29856.33280

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1 author:

Rezki Becheker
École Polytechnique
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N° d’ordre : 20/2019-D/PH
République Algérienne Démocratique et Populaire
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Université des Sciences et de la Technologie Houari Boumediene

Faculté de Physique

T HÈSE DE D OCTORAT EN SCIENCES


Présentée pour l’obtention du grade de Docteur en :
P HYSIQUE
Spécialité : Electronique Quantique

Par

M. Rezki B ECHEKER

THÈME

Etude théorique et expérimentale d’un laser à


fibre à impulsions ultracourtes

Soutenue publiquement le 20 Février 2019, devant le Jury composé de :

M. N. MOUSSAOUI MCA à l’USTHB Président


M. A. KELLOU Professeur à l’USTHB Directeur de thèse
M. A. HIDEUR Professeur à l’Université de Rouen. France Co-Directeur de thèse
Mme H. TRIKI Professeur à l’UBM.Annaba Examinateur
M. O. LAMROUS Professeur à l’UMM.Tizi-Ouzou Examinateur
Mme D. ALIANE-AMROUN MCA à l’USTHB Examinateur
M. T. GODIN MCA à l’Université de Rouen. France Invité
iii

UNIVERSITÉ DES SCIENCES ET DE LA TECHNOLOGIE HOUARI BOUMEDIENE


Faculté de physique
Département de physique des rayonnements

Résumé
Etude théorique et expérimentale d’un laser à fibre à impulsions ultracourtes

par Rezki B ECHEKER

Les sources lasers émettant dans la gamme spectrale de 1600-1800 nm sont très intéressantes
pour plusieurs applications dans les domaines de la biophotonique et de l’instrumentation
ultra-rapide. Dans ce travail de thèse, nous avons démontré expérimentalement et numérique-
ment un oscillateur paramétrique optique entièrement fibré (FOPO) ayant pour milieu am-
plificateur une fibre passive à dispersion décalée (DSF). Le gain paramétrique dans ces types
d’oscillateurs trouve son origine dans l’exploitation de l’effet non-linéaire de mélange à quatre
ondes dégénéré (DFWM). Ce FOPO est directement pompé dans la bande C avec un laser à
fibre à verrouillage de modes accordable de 1546 nm à 1568 nm. Les caractéristiques de la DSF
telles que les paramètres de dispersion et la non-linéarité ainsi que les caractéristiques de la
source de pompage ont permis l’obtention d’une large accordabilité du FOPO notamment sur
sa bande Stokes de 1617 nm à 1876 nm. En effet, la source de pompage est un laser à solitons
dissipatifs pouvant émettre une énergie par impulsion de plusieurs nanojoules. L’optimisation
des performances du FOPO d’un côté, notamment en termes d’adaptation en fréquence ainsi
que la longueur de la fibre de gain, et de l’autre côté le choix optimal de la valeur de l’étirement
des impulsions de pompage, a permis justement la démonstration de l’émission de longueurs
d’onde avec des impulsions nanojoules accordables continument sur une plage spectrale de
100 nm autour de 1700 nm. Une énergie par impulsion atteignant 2 nJ est obtenue à 1668 nm
grâce au processus non-linéaire de l’assistance Raman au mélange à quatre ondes. Les simu-
lations numériques conduites dans le cadre de ce travail sont en bon accord avec les résultats
expérimentaux que ce soient en termes d’accordabilité du FOPO, d’énergie par impulsion de
bande latérale où de l’influence du paramètre étirement sur l’optimisation de l’énergie par im-
pulsion. La source de pompage ainsi que la source paramétrique, développées et présentées
dans ce manuscrit de thèse, sont entièrement caractérisées en terme de bruit d’intensité relative
(RIN). Nous avons ainsi démontré une source laser à soliton dissipatif de haute énergie dans
la bande C avec un faible RIN de -154 dBc/Hz et un FOPO émettant autour de 1700 nm avec
un RIN satisfaisant inférieur à -140 dBc/Hz. Ces résultats ouvrent la voie à l’utilisation de ce
type de sources dans des expériences d’imagerie non-linéaires ainsi que dans l’instrumentation
rapide.
v

Remerciements

Cette de thèse regroupe les travaux recherches accomplies dans les laboratoires LEQ de l’US-
THB, et CORIA-UMR-6614 CNRS-INSA et Université de Rouen (France). Je remercie Messieurs
Abdelouahab Taleb et Messaoud Nemmouchi, ancien et actuel directeurs du LEQ, de m’avoir
accueilli au sein du laboratoire et pour leurs encouragements tout au long de ce travail de thèse.
Je remercie aussi Monsieur Mourad Abdelkrim Boukhalfa et Madame Armel Cessou, ancien et
actuelle directeurs du CORIA de m’avoir offert la possibilité de travailler dans un cadre de
recherche de haut niveau.

Premièrement, je remercie Ammar Hideur qui a assuré la direction scientifique de ce travail.


Mes remerciements profonds sont pour toi. Tu étais là, disponible, depuis le début. Tes conseils,
ta bonne humeur, ton exigence extrême m’ont accompagné durant ces années où nous avons
travaillé ensemble. Je te remercie de m’avoir accueilli au sein de ton équipe au CORIA, de
m’avoir fait confiance et de m’avoir permis de réussir ce travail.

Je remercie également mon directeur de thèse, Abdelhamid Kellou, de m’avoir accueilli au sein
de son équipe de recherche au LEQ, pour sa disponibilité et pour ses remarques constructives.

Je remercie tout particulièrement mon collègue Thomas Godin, Maître de conférences à l’uni-
versité de Rouen-Normandie pour son soutien indéfectible. Merci Thomas d’avoir accepté de
suivre de près ces travaux de recherche et de lire ma thèse. Merci aussi de m’avoir honoré par
ta participation dans le jury de cette thèse en tant qu’invité. Je crois que cette thèse fût une belle
rencontre et j’espère que nous continuerons cette collaboration dans l’avenir.

J’exprime ma profonde gratitude à Monsieur Omar Lamrous, professeur à l’université de Tizi-


Ouzou (UMMTO), à Madame Houria Triki, Professeur à l’université d’Annaba (UBMA) et à
Madame Dalila Aliane-Amroun, Maître de conférences à l’USTHB, pour l’intérêt qu’ils ont té-
moigné à l’égard de mon manuscrit en acceptant d’être examinateurs. J’exprime aussi ma pro-
fonde gratitude à Monsieur Nourredine Moussaoui, Maître de conférences à l’USTHB, d’avoir
accepté de présider le jury de cette thèse.

Toute ma sympathie à mes amis et collègues du LEQ, de l’UMMTO et du CORIA. Gageons


qu’ils sauront se reconnaitre à la lecture de ces lignes.

Je tiens aussi à rendre hommage à la mémoire de mon ami et collègue Arezki Khendriche,
Maître de conférences à l’UMMTO, pour qui j’ai toujours éprouvé du respect et de l’admiration.

Enfin, je remercie ma famille, qui m’a toujours encouragé dans mes efforts pour accéder à plus
de connaissance.
vii

Table des matières

Résumé iii

Remerciements v

1 Introduction générale 1

2 Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et phé-


nomènes non-linéaires résultants 5
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2 Equation de Schrödinger non-linéaire généralisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.2.1 Auto-modulation de phase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2.2.2 Modulation de phase croisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.2.3 L’effet Raman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.2.4 Mélange à quatre ondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.3 Régimes de propagation d’impulsions ultracourtes dans les lasers à fibre à ver-
rouillage de modes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.3.1 Régimes de dispersion anormale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.3.2 Régimes à gestion de dispersion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.3.3 Régimes de dispersion normale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.4 Composants des lasers à fibre à verrouillage de modes . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.4.1 Absorbants saturables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Absorbants saturables à semi-conducteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Evolution non-linéaire de la polarisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.4.2 Filtres spectraux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Filtres biréfringents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Filtres à réseaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Filtres Pérot-Fabry . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.5 Intérêt des lasers à verrouillage de modes dans le développement des sources
paramétriques fibrées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.6 Développement de la technologie des fibres optiques et leur utilisation dans les
sources paramétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.6.1 Fibres à dispersion décalée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2.6.2 Fibres hautement non-linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.6.3 Fibres à cristaux photoniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
2.6.4 Autres développements : microfibres et fibres non-silice . . . . . . . . . . 22
2.7 Intérêts des FOPO et leurs applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.8 Bruit dans les sources lasers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.8.1 Origines de bruits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.8.2 Quantification des bruits laser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.8.3 Bruit d’intensité relative "RIN" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.9 Sources de lumière cohérentes et applications en biophotonique . . . . . . . . . . 27
2.10 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
viii

3 Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes 31


3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.1.1 L’ion Erbium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.1.2 Les niveaux d’énergie de l’ion erbium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
3.2 Observation d’instabilités d’auto-verrouillage de modes harmonique d’un laser
à fibre dopée erbium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
3.2.1 Dispositif expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.2.2 Résultats et discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.3 Régimes impulsionnels exotiques d’un laser à fibre dopée erbium verrouillé en
modes par la technique de la rotation non-linéaire de polarisation . . . . . . . . . 40
3.3.1 Dispositif expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.3.2 Oscillateur à dispersion totale largement anormale . . . . . . . . . . . . . 40
3.3.3 Verrouillage de modes d’un oscillateur à dispersion totale anormale . . . 43
Gaz de solitons : phénomènes de condensation/dissociation de solitons . 47
Verrouillage harmonique de paires de solitons . . . . . . . . . . . . . . . . 48
De la pluie de solitons au cristal de solitons . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.4 Lasers à fibre dopée erbium à solitons dissipatifs de haute énergie . . . . . . . . . 51
3.4.1 Réalisation expérimentale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
3.4.2 Résultats et discussions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.4.3 Applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
3.5 Mesure du RIN d’un laser à solitons dissipatifs de haute énergie . . . . . . . . . . 55
3.5.1 Dispositif expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.5.2 Résultats de la mesure de RIN . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

4 Oscillateurs et amplificateurs paramétriques optiques fibrés à impulsions ultracourtes 59


4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
4.2 Les processus paramétriques dans les fibres optiques . . . . . . . . . . . . . . . . 60
4.2.1 Théorie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
4.2.2 Le walk-off . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
4.3 Caractéristiques des sources paramétriques fibrées FOPO/FOPA . . . . . . . . . 67
4.4 Amplificateurs paramétriques optiques fibrés (FOPA) . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.4.1 Génération paramétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.4.2 Amplification paramétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.5 Oscillateurs paramétriques optiques fibrés (FOPO) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
4.6 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

5 Oscillateur paramétrique optique fibré picoseconde largement accordable à base d’une


fibre à dispersion décalée 71
5.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.2 Dispositif expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.3 Accordabilité en fonction de la longueur d’onde de la pompe . . . . . . . . . . . . 74
5.3.1 Génération de la fluorescence paramétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
5.3.2 Oscillation paramétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.4 Contrôle de l’accordabilité en fonction de l’ajustement de la longueur de la cavité
FOPO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
5.5 Contrôle de l’accordabilité en fonction de la longueur d’onde de pompe et de
l’ajustement de la longueur de la cavité du FOPO . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
5.6 Simulations numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
5.6.1 Modèle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
5.6.2 Résultats des simulations numériques et comparaison avec l’expérience . 87
ix

Le mode générateur paramétrique optique fibré (FOPG) . . . . . . . . . . 87


Le mode oscillateur paramétrique optique fibré (FOPO) . . . . . . . . . . 87
5.7 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90

6 Oscillateur paramétrique optique fibré à impulsions picosecondes de haute énergie


et émettant autour de 1700 nm 91
6.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
6.2 Résultats expérimentaux et simulations numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
6.3 Optimisation des performances de la pompe et du FOPO pour l’augmentation
de l’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
6.3.1 Dispositif expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
6.3.2 Simulations numériques et résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . 102
6.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107

7 Conclusions et perspectives 109

A Liste des publications 111

B Liste des conférences 113


xi

Table des figures

2.1 (a) Spectre de gain Raman des fibres de silice ; (b) forme temporelle de la fonction
de réponse Raman déduite des données de gain [21, 42]. . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2 Figure schématique du mélange à quatre ondes dégénéré : (a) conservation de
l’énergie et (b) accord de phase. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.3 Schéma d’une cavité laser à verrouillage de modes par un absorbant saturable
réel (a) et réflectivité typique d’un SESAM en fonction de la fluence de l’impul-
sion incidente (b). Rlin : réflectivité linéaire, Rs : réflectivité avec absorption satu-
rable, ∆R : profondeur de modulation, ∆Rs : pertes non-saturables en réflectivité. 15
2.4 Schéma du principe de verrouillage de modes par la technique de la RPNL. P :
polariseur, CP : contrôleur de polarisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.5 Filtre à plaque de quartz biréfringent à 1030 nm. (a) Profil de filtre pour une
plaque de 5 mm d’épaisseur. (b) Largeur de bande du filtre en fonction de l’épais-
seur de la plaque [83]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.6 Schéma de filtrage par réseau de diffraction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.7 Spectre d’une source monochromatique d’un étalon Pérot-Fabry [84]. . . . . . . . 18
2.8 Quelques variantes de fibres monomodes : (a) DSF à saut d’indice ; (b) HNL-
DSF ; (c) Fibre microstructurée (ou PCF). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.9 Diagramme du processus de diffusion Raman anti-Stokes cohérent (CARS). Lorsque
la différence entre les fréquences de la pompe et de Stokes (ωp − ωs ) correspond
à la fréquence de vibration moléculaire, ΩV ib , le signal anti-Stokes est généré à
une fréquence ωas = 2ωp − ωs [119]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.10 Schéma montrant les spectres d’entrée et de sortie en référence à la technique de
SRS. La SRS entraîne une augmentation de l’intensité Stokes (SRG) et une dimi-
nution de l’intensité de la pompe (SRL). Le signal CARS généré à la fréquence
anti-Stokes est également représenté (non à l’échelle). [120]. . . . . . . . . . . . . 29

3.1 Spectroscopie de l’ion erbium. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32


3.2 Spectres d’émission (courbe noire) et d’absorption (courbe rouge) de l’ion er-
bium dans une matrice de verre co-dopée au germanate d’aluminium [127]. . . . 32
3.3 Dispositif expérimental. EDF ; fibre dopée erbium, WDM ; multiplexeur, OC ;
coupleur de sortie, ISO ; isolateur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
3.4 Impulsion Q-Switch auto-verrouillée en modes pour un pompage de 14 mW. . . 35
3.5 Différentes manifestations d’instabilités d’auto-verrouillage de modes de 5ime
harmonique près du seuil d’oscillation à 14 mW de puissance de pompe. . . . . . 36
3.6 Trace temporelle d’oscilloscope sur 5 µs et zoom effectué sur 100 ns de la même
trace présentant 5 impulsions par tour de cavité. Le tour de cavité est de 40 ns.
La puissance de pompage est de 50 mW. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.7 Spectre TF de la trace temporelle de la Fig.3.6. Le taux de répétition est de 125
MHz, qui est 5 fois plus grand que l’ISL de 25 MHz. . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.8 Auto-verrouillage de modes à Q-déclenchement pour un pompage de 20 mW. . . 38
3.9 Série temporelle sur 100 ns pour une puissance de pompage de 50 mW (a) et une
puissance de pompage de 100 mW (b). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
3.10 Spectre optique laser pour une puissance de pompe de 300 mW. . . . . . . . . . . 38
xii

3.11 Instabilités d’auto-verrouillage de modes de 19ime harmonique pour des pom-


pages intermédiaires (20 à 35 mW). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3.12 Dispositif expérimental. EDF : fibre dopée erbium, WDM : multiplexeur, PC :
contôlleur de polarisation, FP : polariseur fibré, OC : coupleur de sortie, ISO :
isolateur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.13 Série temporelle du laser à verrouillage de modes sur 50 µs et 2 µs (agrandisse-
ment) pour P=300 mW. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.14 Manifestation d’un fonctionnement de blocage de modes Q-Switch pour une po-
sition donnée des PCs et une puissance de pompe P=400 mW. . . . . . . . . . . . 42
3.15 Impulsion Q-Switch amortie à verrouillage de modes. (a) L’impulsion Q-Switch
verrouillée en modes. (b) Agrandissement sur une partie de l’impulsion (a). (c)
Une partie de la traine amortie de l’impulsion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.16 Spectres optiques du laser pour différentes positions des CPs et pour une puis-
sance de pompe de 500 mW. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.17 Verrouillage de modes d’états liés de solitons représenté sur 4.5 µs et 0.5 µs
(agrandissement) pour un pompage P=200 mW. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.18 Influence des PCs sur les régimes multi-impulsionnels du laser pour un pom-
page P=200 mW. Position initiale (a), et position finale (b). . . . . . . . . . . . . . 45
3.19 Influence du pompage sur la dynamique multi-impulsionnelle du laser à ML
représentée sur 9 tours de cavité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.20 Influence du pompage sur la dynamique multi-impulsionnelle du laser à ML
représentée sur 01 tour de cavité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.21 Les différentes phases d’un gaz de solitons : quasi-harmonique distribuée (phase
1), turbulente 1 (phase 2), formation de condensats de solitons (phase 3), relar-
gage de solitons (phase 4) et turbulente 2 (phase 5). . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.22 Spectres optiques typiques d’un gaz de solitons correspondant aux phases 1 et 2
de la figure 3.21 avec des composantes continues faible (a) et intense (b) respec-
tivement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.23 Verrouillage de modes harmonique de 11 paires de solitons par tour de cavité :
(a) Série temporelle, et (b) trace d’autocorrélation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
3.24 Série temporelle montrant la phase condensée d’une pluie de solitons. . . . . . . 49
3.25 Série temporelle d’un cristal-liquide de solitons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.26 Série temporelle d’un cristal de solitons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
3.27 Influence des PCs sur la forme et la durée du cristal de solitons. . . . . . . . . . . 50
3.28 Mise en forme par filtrage spectral d’une impulsion fortement étirée [139]. . . . . 51
3.29 Montage expérimental : Soliton dissipatif [20]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
3.30 Spectre optique et trace d’autocorrélation (inset) (a) et trace d’autocorrélation
après compression (b) à la sortie du laser pour une énergie totale de 22 nJ. [20]. . 53
3.31 Spectre optique et trace d’autocorrélation (inset) (a), et trace d’autocorrélation
après compression (b) à la sortie du laser pour une énergie totale de 38 nJ [20]. . 53
3.32 Spectre RF typique mesuré avec la première configuration de laser [20]. . . . . . 54
3.33 Dsipositif expérimental pour la mesure de RIN. DS-EDFL : laser à fibre dopée
erbium verrouillé en modes à solitons dissipatif, ISO : isolateur optique, C : cou-
pleur, ATT : atténuateur optique, Det : détecteur optique, AMP : amplificateur,
ESA : analyseur de spectre électrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.34 Caractérisation du système de mesure de RIN contenant un détecteur, un ampli-
ficateur électrique et un analyseur de spectre électrique. . . . . . . . . . . . . . . . 56
3.35 Spectres de mesure de RIN et spectres optiques laser aux longueurs d’onde de
1548 nm (a) et (b) et de 1566 nm (c) et (d). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57

4.1 Bandes spectrales d’émission des terres rares et localisation de notre zone d’intérêt. 59
xiii

4.2 Représentation schématique des processus paramétriques. (a) configuration d’un


générateur paramétrique en simple passage où uniquement la pompe est injectée
dans le système, (b) Amplificateur paramétrique où la pompe est accompagnée
d’un signal à l’entrée du système, (c) oscillateur paramétrique où la pompe est
injectée seule, mais un signal est construit à l’aide d’un effet rétroactif et accom-
pagne la pompe dans le système. [31, 32]. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
4.3 Gain paramétrique normalisé en fonction du décalage de la fréquence de pompe
par rapport à la ZDW δω/2π, et du décalage des fréquences de bandes latérales
par rapport à la fréquence de pompe Ω/2π. (a), β4 = 1.2×10−9 et β3 = 4.8×10−5 ;
(b), β4 = −1.2 × 10−8 et β3 = 4.8 × 10−5 ; (c), β4 = −6.2 × 10−8 et β3 = 3 × 10−5 ;
et (d), β4 = −1.2 × 10−7 et β3 = 4.8 × 10−4 . L’unité des βn est en psn m−1 . . . . . 63
4.4 Gain paramétrique normalisé en fonction du décalage de la fréquence de pompe
par rapport à la ZDW δω/2π, et du décalage des fréquences de bandes latérales
par rapport à la fréquence de pompe Ω/2π. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
4.5 Gain paramétrique normalisé en fonction des longueurs d’ondes de pompe et de
bandes latérales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.6 Accordabilité en fonction de λp pour différentes valeurs du quasi-accord de phase
linéaire normalisé κ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

5.1 Dispositif expérimental. DS-EDFL : Laser à fibre dopée erbium à soliton dissipa-
tif, ISO : isolateur, C1 : coupleur d’injection, C2 : coupleur de sortie, DSF : fibre
à dispersion décalée, ODL : ligne à retard, CIRC : circulateur, L : lentille, M : mi-
roir, PC : contrôleur de polarisation, AC : autocorrélateur, OSA : analyseur de
spectres optiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
5.2 Spectre optique typique de la pompe, et trace d’autocorrélation correspondante. 72
5.3 Courbes de dispersion des fibres utilisées dans le FOPO. DSF : fibre à disper-
sion décalée, SMF-28 : fibre monomode standard, Metrocor : fibre de type SMF,
FOPO : la courbe de dispersion totale dans le FOPO est tracée en mauve. . . . . . 73
5.4 Spectres de la génération de la fluorescence paramétrique en fonction de la lon-
gueur d’onde de pompage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
5.5 Positions du gain paramétrique maximum. Valeurs expérimentales (cercles et
rectangles) et simulation numérique (courbe rouge et violette). . . . . . . . . . . . 75
5.6 Spectres FOPO optimisés en fonction du réglage de la longueur d’onde de la
pompe. Synchronisation avec le signal pour λp allant de 1546 à 1552 nm, et avec
l’idler pour λp allant de 1552,5 à 1566,5 nm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
5.7 réglage de l’ODL sur 2 ×2 mm et λp = 1553, 5nm dans le régime de dispersion
normale de la DSF. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
5.8 réglage l’ODL sur 3,5×2 mm et λp = 1555, 5nm dans le régime de dispersion
normale de la DSF. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
5.9 réglage l’ODL sur 4,5×2 mm et λp = 1556, 5nm dans le régime de dispersion
nulle de la DSF. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
5.10 réglage l’ODL sur 2,7×2 mm et λp = 1568nm dans le régime de dispersion anor-
male de la DSF. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
5.11 Accordabilité du FOPO. Expérience (disques blancs) : réglage via la variation de
la longueur d’onde de pompe (axe horizontal) et via la technique du réglage de
la dispersion temporelle (axe vertical). Modélisation numérique (cartographie de
fond) : gain paramétrique normalisé en fonction du réglage de la pompe et des
bandes latérales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
5.12 Spectres FOPO optimisés par la ligne à retard quand la pompe est synchronisée
avec l’idler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
xiv

5.13 Taux de conversion idler pour différentes longueurs d’onde de bandes latérales
avec synchronisation pompe-idler. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
5.14 Génération de longueurs d’ondes signal et idler proches de 1300 nm et de 1900
nm respectivement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
5.15 Courbe de walkoff signal-pompe-idler pour un pompage autour de 1560 nm ;
dans la DSF sur l’axe de droite (courbe bleue) et dans tout le FOPO sur l’axe de
gauche (courbe rouge). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
5.16 Symétrie spectrale entre les ondes signal et idler pour une pompe de 1566 nm et
quand la pompe est synchronisée avec l’idler. (a), (b) : spectres optiques et (c),
(d) : traces d’autocorrélations des ondes signal et idler respectivement. . . . . . . 83
5.17 Symétrie spectrale entre les ondes signal (a) et idler (b) pour une pompe de
1553.5 nm et quand la pompe est synchronisée avec le signal. La symétrie est
plus apparente sur la Fig. 5.18 où sont tracés ces même spectres à l’échelle loga-
rithmique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
5.18 Symétrie spectrale entre les ondes signal et idler sur une échelle logarithmique,
pour une longueur d’onde de pompage de 1553.5 nm et quand la pompe est
synchronisée avec le signal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
5.19 Configuration schématique de la cavité FOPO pour la simulation numérique.
DSF : fibre à dispersion décalée, OC : coupleur 1, SMF1,2 et 3 : fibres mono-
modes, HLOC : coupleur 2, P ;AS ;S : impulsions pompe, anti-Stokes et Stokes
respectivement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
5.20 Caractéristiques spectrales et temporelles des impulsions de pompage utilisées
dans les simulations numériques. (a) spectre optique typique à 1562 nm et trace
d’AC correspondante (figure interne), et (b) trace d’AC étirée de la pompe. . . . . 86
5.21 Simulation numérique en mode FOPG i.e. sur simple passage de la pompe dans
la DSF. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
5.22 Spectres optiques des simulations numériques avec (spectre vert) et sans l’effet
Raman (spectre rouge). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
5.23 Résultats des simulations numériques sur la position des bandes latérales du
FOPO. Suivant l’axe ’z’, la longueur d’onde de pompe évolue de 1550 nm à 1566
nm. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
5.24 Résultats expérimentaux de position de bandes latérales du FOPO. Suivant l’axe
’z’, la longueur d’onde de pompe évolue de 1550 nm à 1566 nm. . . . . . . . . . . 90

6.1 (a) Accordabilité du FOPO : modélisation et expérience. (b) Dispositif expéri-


mental. (c) Accordabilité du FOPO via le réglage de l’ODL pour la longueur
d’onde de pompe fixe de 1565 nm, (synchronisation pompe-idler et pompe-
signal quand le miroir de l’ODL est réglé de 5,75 à 9,5mm, et autour de 2,5 mm
respectivement). Le spectre en rouge centré autour de 1660 nm, représente le pic
idler le plus intense. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
6.2 Courbes de walk-off pompe-idler dans la DSF (rouge) et dans le FOPO (bleue).
La figure interne montre les courbes de dispersion de la DSF (rouge) et du FOPO
(bleue). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
6.3 Interaction de l’impulsion idler avec différentes parties de la pompe. (a) l’im-
pulsion idler interagit avec le bord frontal de la pompe. (b) l’impulsion idler
interagit avec la partie centrale de la pompe. (d) l’impulsion idler interagit avec
la partie postérieure de la pompe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
6.4 Spectre optique du FOPO contenant l’idler, la pompe résiduelle et le signal à la
sortie de la DSF. La longueur d’onde de la pompe est de 1566 nm et la puissance
totale extraite du FOPO est de 30 mW. L’impulsion idler interagit avec la partie
postérieure de la pompe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
xv

6.5 Traces d’autocorrélations de la pompe (verte), l’idler (rouge) et du signal (bleue)


correspondant à la Fig. 6.4. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
6.6 Spectres signal (a) et idler (b) manifestant des modulations en cascade quand
l’impulsion idler est en interaction avec la partie postérieure de l’impulsion pompe. 97
6.7 Spectres FOPG (noir) et FOPO (rouge) pour une longueur d’onde de pompe de
1566 nm. L’impulsion idler interagit avec le bord frontal de la pompe. . . . . . . . 97
6.8 Spectre idler manifestant des instabilités modulationnelles (MI). . . . . . . . . . . 98
6.9 Evolution du spectre FOPO en fonction de l’énergie de pompage (simulation
numérique). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
6.10 Evolution du spectre à la sortie du FOPO sur 100 tours de cavité. Spectres des
impulsions idler à 1665 nm, signal à 1476 nm et pompe à 1566 nm. . . . . . . . . 100
6.11 Evolution des profils temporels des impulsions idler (à droite), signal (à gauche)
et de la pompe (au centre) sur 100 tours de cavité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
6.12 Démonstration d’énergie supérieure au nanojoule avec l’augmentation du MFD
de la DSF (simulation numérique). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
6.13 Simulation numérique du FOPO : (a) spectre du FOPO à l’état stationnaire, (b)
dynamique spectrale sur les 100 premiers tours de cavité et (c) zoom sur le
spectre idler. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
6.14 Spectres de sortie FOPO typiques pour λp =1566 nm. Un taux de conversion
pompe-idler de 20 % a été obtenu dans ce cas particulier. Les figures en encarts
montrent des zooms sur la déplétion de la pompe (gauche) et l’accordabilité de
l’idler en fonction du réglage de l’ODL (droite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
6.15 (a) Traces d’autocorrélations de la pompe (λp =1566 nm) et de l’idler (λi =1668
nm), correspondant aux spectres montrés à la Fig. 6.14. En supposant des formes
gaussiennes, cela correspond des impulsions pompe et idler de durées de 35 ps
et de 14 ps, respectivement. (b) Mesures de RIN de la pompe et de l’idler. La
limite de détection de -164 dBc/Hz correspond à un photocourant de 1,4 mA. . . 105
xvii

Liste des tableaux

5.1 Caractéristiques des différents éléments de la cavité FOPO utilisés dans l’étude
numérique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

6.1 Développement des FOPO pulsés et énergies obtenues autour de 1700 nm, et
comparaison avec nos résultats [166] ?? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
xix

Liste des Abréviations

AC Auto-correlation
ANDi All Normal Dispersion
AS Absorbant Saturable
ASE Amplified Spontaneous Emission
CARS Coherent Anti-stokes Raman Spectroscopy
CEO Carrier Envelope Offset
CEP Carrier Envelope Phase
CRS Coherent Raman Scattering
DCF Dispersion Compensating Fiber
DFWM Degenerated Four Wave Mixing
DS-EDFL Dissipative Soliton Erbium Doped Fiber Laser
DSF Dispersion Shifted Fiber
ECQGL Equation Cubique Quintique de Ginzurg-Landau
EDF Erbium Doped Fiber
EDFA Erbium Doped Fiber Amplifier
EDFL Erbium Doped Fiber Laser
EGL Equation complexe de Ginzurg-Landau
FOPA Fiber Optical Parametric Amplifier
FOPG Fiber Optical Parametric Generator
FOPO Fiber Optical Parametric Oscillator
FP Fiber Polarizer
FWM Four Wave Mixing
GNLSE Generalized Non-linear Schrödinger Equation
GVD Group Velocity Dispersion
HNL-DSF Highly Non-linear Dispersion Shifted Fiber
HNLF Highly Non-linear Fiber
HSML Harmonic Self Mode Locking
IR Infra-rouge
ISL Intervalle Spectral Libre
ISO ISOlateur
LASER Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation
LMA Large Mode Area
MCVD Modified Chemical Vapor Deposition
MFD Mode Field Diameter
MI Modulation Instability
ML Mode Locking
MOPA Master Oscillator PowerAmplifier
MPM Multi Photon Microscopy
NA Numerical Aperture
NLSE Non linear Schrödinger Equation
NOLM Nonlinear Optical Loop Mirror
NPE Nonlinear Polarization Evolution
OC Output Coupler
xx

ODL Optical Delay Line


OPA Optical Parametric Amplifier
OPO Optical Parametric Oscillator
PC Polarization Controller
PCF Photonic Crystal Fiber
3PM 3 Photon Microscopy
RF Radio Fréquence
RIN Relative Intensity Noise
RNGH Risken-Nummedal et Graham-Haken
RNLP Rotation Non-linéaire de la Polarisation
SESAM SEmiconductor Saturable Absorber Mirror
SCG Super continuum Generation
SMF Single Mode Fiber
SML Self Mode Locking
SPM Self Phase Modulation
SRG Stimulated Raman Gain
SRL Stimulated Raman Loss
SRS Stimulated Raman Scattering
SSF Split Step Fourier
SSFS Soliton Self Frequency Shift
TDT Time Dispersion Tuning
TF Transformée de Fourier
WDM Wavelength Division Multiplexing
XPM Cross Phase Modulation
ZDW Zero Dispersion Wavelength
1

Chapitre 1

Introduction générale

De tout temps et jusqu’au 19 ième siècle, la lumière fût connue sous sa forme spontanée, où les
photons provenant des sources lumineuses occupent tout l’espace environnant. Puis arrive le
20 ième siècle et la prédiction de la lumière stimulée par Einstein en 1917. Ces travaux ont bou-
leversé le monde de la recherche. En lien avec la prédiction de l’émission stimulée, plusieurs
travaux de recherche ont été conduits entre 1950 et 1960, allant de la découverte du pompage
optique par Alfred Kastler en 1950 à la réalisation du premier M ASER (Microwave Amplifica-
tion by Stimulated Emission of Radiation) en 1953-1954 puis aux travaux de Schawlow et Townes
sur le maser optique en 1958 [1]. Ces derniers travaux, publiés dans Physical Review [2], ont ou-
vert la course vers la réalisation du premier LASER (Light Amplification by Stimulated Emission
of Radiation). Le 16 mai 1960, Theodore Maiman réalise enfin le premier laser - le laser à Rubis.
Depuis, le laser est devenu incontournable dans plusieurs applications industrielles, médicales
mais aussi dans la recherche scientifique ou notre vie quotidienne.
L’exploitation de la puissance de la lumière émise par les lasers a ainsi donné naissance aux
branches de l’optique non-linéaire [3] et de l’optique quantique. Ceci passe généralement par
l’émission d’impulsions laser les plus courtes possibles. Deux méthodes sont généralement uti-
lisées pour faire fonctionner un laser en régime d’impulsions : le déclenchement (Q-Switch) et
le verrouillage de modes (Mode-locking). Le premier type d’impulsions a été rapporté pour la
première fois en 1963 par McClung et Hellwarth dans l’article"Characteristics of giant optical pul-
sation from ruby" [4] et le second type d’impulsions quant à lui, a été rapporté trois ans plus tard,
en 1966, par DeMaria, Stetser et Heynau dans l’article "Self-modelocking of lasers with saturable
absorber" [5]. Les impulsions lumineuses ultracourtes sont très intéressantes pour plusieurs
applications scientifiques et industrielles telles que l’imagerie dans les milieux turbides (biolo-
gie), la chirurgie, les télécommunications, le marquage et l’usinage laser ainsi que la génération
d’harmoniques élevées ou l’analyse des matériaux. Les sources laser ultra-rapides standards
sont encombrantes, coûteuses, délicates à manipuler et gourmandes en énergies. Par ailleurs,
les systèmes laser basés sur des cristaux massifs– comme le saphir dopé au titane – sont limités
en cadence et en puissance à cause des problèmes liés à la tenue en température des cristaux.
Les lasers à fibre ont beaucoup progressé ces dernières années et sont sur le point de remplacer
les lasers massifs dans plusieurs applications scientifiques et industrielles. Plus particulière-
ment, l’utilisation des fibres optiques dans la conception des lasers devient une évidence vu
leurs caractéristiques extraordinaires de compacité, robustesse et d’efficacité.
Les premiers lasers à fibre [6] ont été développés peu après l’invention du premier laser. Néan-
moins, ces lasers sont caractérisés par des énergies de sortie très faibles et une mauvaise qualité
des faisceaux lumineux. Les fibres optiques ont ensuite vu un énorme développement vers la
fin des années 1970. En effet, la mise au point des fibres de silice à faibles pertes [7] a permis la
naissance et l’expansion du domaine des télécommunications optiques dans les années 1980.
Cette période constitue l’époque qui donne un nouveau souffle aux lasers à fibres optiques,
2 Chapitre 1. Introduction générale

vu la disponibilité des diodes lasers de pompage de puissance émettant en continu, des multi-
plexeurs et des isolateurs optiques à faibles pertes [8]. La technologie de fabrication des fibres
s’est ensuite améliorée et a permis de réaliser des fibres monomodes dopées de très bonne qua-
lité. Une nouvelle génération de lasers et d’amplificateurs à fibre dopée aux terres rares telles
que le néodyme, l’erbium, l’ytterbium ou le thulium a ainsi commencé à se développer dans
les années 1980. Ces fibres dopées sont devenues une solution pour l’amplification optique [8].
L’étude de la dynamique délivrée par les lasers à fibre dopée aux terres rares n’a cessé de se
développer ces dernières décennies. Néanmoins les recherches se sont notamment concentrées
autour des lasers à fibres dopées ytterbium (Yb3+ ) opérant à 1 µm, à cause du bon rendement
quantique de ces derniers. L’extension de ces développements à la région spectrale de sécurité
oculaire centrée autour de 1.55 µm pourrait trouver de nombreux débouchés dans l’indus-
trie, la métrologie et la médecine. Cette extension est basée sur l’utilisation des ions d’erbium
(Er3+ ) comme dopants dans les fibres de silice. La gamme spectrale centrée autour de 1.9 µm
peut elle aussi être atteinte directement en utilisant des terres rares de thulium (Tm3+ ). Tou-
tefois, les gammes spectrales accessibles à ces terres rares sont limitées à quelques dizaines
de nanomètres seulement autour de leurs longueurs d’ondes centrales. Comme conséquence,
une multitude de plages de longueurs d’onde de plusieurs centaines de nanomètres restent
non accessibles directement par l’émission des lasers à fibre dopée aux terres rares. Cette li-
mitation empêche leur utilisation pour certaines applications, et les techniques de conversion
non-linéaires telles que le mélange à quatre ondes (FWM) [9], l’auto-décalage Raman d’un so-
liton (SSFS) [10, 11] ou la génération de supercontinuum (SCG) [12] doivent être utilisées. Plus
particulièrement, le développement de sources lasers ultra-rapides dans la gamme spectrale
1600-1800 nm est plus attrayant pour de nombreuses applications comme l’instrumentation et
la détection [13], mais aussi dans le domaine biomédical telles que des applications dans la mi-
croscopie à photons multiples [14], la chirurgie par laser [15] et la tomographie par cohérence
optique [16]. En tenant compte de la diffusion et de l’absorption des tissus, il a en effet été dé-
montré que la fenêtre de longueur d’onde optimale en termes de pénétration est située autour
de 1700 nm [14]. Le développement des lasers à fibre ultra-rapides pour répondre à ces applica-
tions est fortement souhaité pour apporter des solutions lasers fiables et rentables. La première
approche pour atteindre cet objectif consiste à développer des lasers à fibre à verrouillage de
modes à base de Tm-Ho (Co-dopage de thulium-holmium) ou de fibre dopée au Bi (bismuth)
et émettant directement autour de 1700 nm [17, 18]. Malheureusement, les performances de
ces sources sont loin d’être compétitives en termes d’énergie par impulsion et de fonctionne-
ment dynamique du laser [17, 18]. La deuxième approche repose sur la conversion non-linéaire
d’une impulsion de pompage centrée à 1550 nm par diffusion Raman stimulée [14] ou par l’ex-
ploitation d’oscillateurs paramétriques optiques fibrés (FOPO) [19]. Toutefois, de nombreuses
applications nécessitent des sources de pompages très stables avec des niveaux de bruit les
plus bas possibles, mais aussi avec des énergies au-delà du nanojoule et des impulsions pico-
secondes ou sub-picosecondes. Nous avons ainsi orienté dans ce cadre là une partie essentielle
du travail de cette thèse. Un FOPO à base d’une fibre à dispersion décalée (DSF) pompé par un
soliton dissipatif de laser à fibre dopée erbium [20] a été démontré. Nous rapportons, à notre
connaissance, la plus haute énergie autour de 1670 nm par mélange à quatre ondes dégénéré
dans un FOPO pompé par des impulsions picosecondes fortement étirées.
Organisation de la thèse
Nous cherchons dans le cadre de cette thèse, à caractériser la dynamique des lasers à fibre dopée
erbium d’émission centrée autour de 1.55 µm. A cet effet, plusieurs configurations de ce type
de lasers sont étudiées. Nous nous sommes intéressé aussi à la génération de la lumière laser
dans la gamme spectrale 1600-1800 nm, non couvertes directement par l’émission des terres
Chapitre 1. Introduction générale 3

rares, en utilisant la technique de conversion non-linéaire par FWM. La thèse est structurée de
la façon suivante.
La théorie de la propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans une fibre optique
[21] est brièvement présentée dans le chapitre 2. Nous avons présenté dans le même chapitre
les différents régimes de propagation d’impulsions ultracourtes dans les lasers à fibre à ver-
rouillage de modes, quelques composants importants pour la stabilisation de ces régimes ainsi
que les derniers développements des fibres optiques destinées essentiellement à la fabrication
des sources paramétriques. L’intérêt des lasers à verrouillage de modes dans le pompage de ces
sources paramétriques ainsi qu’un rappel sur l’origine du bruit dans ces sources lasers sont dé-
taillés aussi dans ce chapitre. Quelques applications des FOPO, notamment dans les domaines
de la biophotonique, sont présentées à la fin de ce chapitre.
Le chapitre 3 est consacré à l’étude de la dynamique spatiotemporelle de plusieurs configura-
tions de lasers à fibre dopée erbium d’émission centrée autour de 1.55 µm. Dans un premier
temps, nous nous sommes intéressés au fonctionnement auto-impulsionnel d’un laser à disper-
sion anormale qui correspond à une configuration sans absorbant saturable. Nous avons mis
en évidence à travers cette étude l’observation d’instabilités auto-impulsionnelles. La structure
des impulsions de ces instabilités est semblable à un auto-verrouillage de modes "harmonique"
(HSML) [22, 23, 24]. Il s’agit pour la deuxième configuration, de la réalisation d’un laser à
fibre dopée Er3+ verrouillé en phase par la méthode de la rotation non-linéaire de polarisation
(RNLP) en régime de dispersion totale anormale. Ce type de régimes favorisent le fonction-
nement multi-impulsionnel où le nombre de solitons à l’intérieur de la cavité peut atteindre
plusieurs centaines. L’organisation de ces solitons à l’intérieur de la cavité par les effets notam-
ment des interactions de courtes et/ou de longues portées est un sujet fascinant. En effet, la lit-
térature approuve que ces solitons peuvent avoir une organisation harmonique [25], comme ils
peuvent avoir des structures semblables aux états de la matière. Nous citons à titre d’exemple
l’émission de solitons sous forme de pluie [26]. Parfois, ces solitons peuvent se regrouper, tout
en étant en agitation permanente, dans une région spatiotemporelle très étroite (quelques ns)
pour former ce qu’on appelle un "bouquet de solitons" [27], ou bien sous forme d’un cristal [28]
lorsqu’ils sont temporellement stables. Dans une autre configuration, nous nous fixons comme
objectif la réalisation d’un laser à fibre dopée Er3+ fonctionnant en régime de dispersion nor-
male et pouvant émettre des impulsions de haute énergie [20]. L’établissement du régime de
verrouillage de modes dans ces cavités nécessite l’introduction d’un filtre spectral en plus du
mécanisme de modulation d’amplitude qui agit dans le domaine temporel[29, 20, 30]. Le laser
développé dans cette dernière configuration [20] - laser à fibre dopé erbium à soliton dissipa-
tifs (DS-EDFL) - manifeste une stabilité très satisfaisante avec un faible bruit d’intensité relative
(RIN) de -154 dBc/Hz. Ce laser est utilisé à son tour comme source de pompage d’un oscilla-
teur paramétrique optique fibré (FOPO) développé lui aussi dans le cadre de cette thèse. Cette
partie de la thèse est décrite en détails dans les chapitres 4, 5 et 6.
Le chapitre 4 est ainsi consacré à la description des différents processus paramétriques causés
par les interactions non-linéaires dues au mélange à quatre ondes (FWM) dans les amplifica-
teurs et les oscillateurs paramétriques optiques fibrés (FOPA/FOPO) [21, 31, 32, 33]. La théorie
du FWM dégénéré dans les FOPO ainsi que les conditions d’accord de phases linéaire et non-
linéaire sont présentées dans ce chapitre.
Les résultats des études expérimentales et numériques d’un FOPO picoseconde largement ac-
cordable, pompé de façon synchrone dans la bande C par un DS-EDFL sont détaillés dans le
chapitre 5. Cette large accordabilité est obtenue en exploitant les effets complémentaires du
réglage de la longueur de la cavité du FOPO à travers une ligne à retard (ODL) [34, 35], et
du réglage de la longueur d’onde de pompe sur une plage d’accordabilté allant de 1546 nm à
1568 nm [20]. Ceci passe aussi par un choix adéquat des paramètres de dispersion de la fibre
4 Chapitre 1. Introduction générale

DSF, utilisée comme milieu amplificateur dans ce FOPO, par rapport aux caractéristiques de
la pompe. Les simulations numériques sont conduites en utilisant le logiciel commercial Fiber-
Desk et les résultats obtenus sont en bon accord avec l’expérience.
Les performances du FOPO sont améliorées dans le chapitre 6 en introduisant l’étirement des
impulsions de pompage comme paramètre de contrôle [36], et des énergies supérieures au
nanojoule sont obtenues autour de 1700 nm. En outre, un niveau de bruit d’intensité relative
(RIN) minimum très satisfaisant est atteint, ouvrant la voie à l’utilisation d’une telle source
dans la biophotonique et l’instrumentation.
Enfin le dernier chapitre est dédié aux conclusions et perspectives de ce travail.
5

Chapitre 2

Propagation non-linéaire d’impulsions


ultracourtes dans les fibres optiques et
phénomènes non-linéaires résultants

2.1 Introduction

La propagation d’une impulsion de durée ultracourte dans une fibre optique (ou autre mi-
lieu) est à l’origine de multiples réponses non-linéaires. Le degré et l’importance de ces effets
non-linéaires sont proportionnels à la puissance crête de l’impulsion. L’équation qui décrit ce
phénomène dans un milieu non-linéaire en général, ou une fibre optique en particulier, est
l’équation de Schrödinger non-linéaire généralisée (GNLSE). Cette dernière prend aussi en
considération les termes linéaires, dispersifs, qui impactent eux aussi fortement la propaga-
tion. A l’origine de la GNLSE, les équations de Maxwell auxquelles on a inclus la réponse non-
linéaire du milieu. On peut retrouver le traitement de cette équation dans plusieurs ouvrages,
en particulier la référence [21] décrit en détails l’origine de cette dernière.

2.2 Equation de Schrödinger non-linéaire généralisée

Nous allons résumer les concepts clés et les résultats de la dérivation des équations qui gou-
vernent la propagation de la lumière dans un milieu dispersif avec des réponses non-linéaires.
On considère un cas simple où la propagation d’une impulsion de fréquence porteuse ω0 dans
une fibre optique reste monomode. Pour simplifier, nous supposons aussi que le champ élec-
trique E(z, t) se propageant selon z est linéairement polarisé et a une distribution fixe selon x et
y, ce qui est le cas dans une fibre monomode en l’absence de biréfringence. Le point de départ
est l’équation d’onde de Maxwell, dans laquelle la polarisation non-linéaire du milieu PN L est
ajoutée à la polarisation linéaire PL . La vitesse de la lumière et la perméabilité dans le vide sont
c et µ0 respectivement.

1 ∂2E ∂ 2 PL ∂ 2 PN L
∇2 E − = µ 0 + µ 0 (2.1)
c2 ∂t2 ∂t2 ∂t2

Le champ électrique peut s’écrire sous la forme de l’éq.(2.2) en utilisant la méthode de la sépa-
ration des variables

E(r, t) = F (x, y)A(z, t)ei(β0 z−ω0 t) (2.2)


Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
6
phénomènes non-linéaires résultants

où F (x, y) est la distribution spatiale de mode de la fibre. En considérant que la largeur spec-
trale de l’impulsion est très petite devant la porteuse (∆ω  ω0 ), alors F (x, y) est constante à la
fréquence de porteuse ω0 . A(z, t) est l’enveloppe lentement variable du champ et β0 le nombre
d’onde.
Dans le domaine fréquentiel, l’équation du champ optique peut être réécrite en utilisant la
transformée de Fourier.
Z ∞
1
E(r, t) = F (x, y)A(0, ω)ei[β(ω)z−ωt] dω, (2.3)
2π −∞

La signification physique de l’Eq.(2.3) est que bien que chaque composante spectrale du champ
d’entrée se propage comme une onde plane, il existe un décalage de phase légèrement différent
parmi elles car la constante de propagation β(ω) dépend de la fréquence. En outre, nous allons
développer β(ω) en séries de Taylor autour de la fréquence de la porteuse ω0 comme suit,

1 1
β(ω) = β0 + β1 (ω − ω0 ) + β2 (ω − ω0 )2 + ..... + βn (ω − ω0 )n (2.4)
2 n!
où β0 ≡ β(ω0 ) et chaque paramètre de dispersion d’ordre n ≥ 1 peut s’écrire
 n 
d β
βn = , (2.5)
dω n ω=ω0

Les paramètres β1 et β2 sont définis comme l’inverse de la vitesse de groupe 1/vg et la disper-
sion de cette vitesse de groupe respectivement. Ils sont liés à l’indice de réfraction du milieu de
propagation n(ω) et ses dérivées à travers les relations [21]

 
1 1 dn
β1 = = n+ω (2.6)
vg c dω
d2 n
 
1 dn
β2 = 2 +ω 2 (2.7)
c dω dω

En plus de l’effet Kerr optique (responsable de l’auto modulation de phase, ou SPM), d’autres
effets non linéaires d’ordre 3 contribuent dans la propagation non-linéaire d’une impulsion
dans un milieu dispersif. Dans le cas où la polarisation non-linéaire PN L inclut les contributions
de la SPM et du Raman, il est possible d’obtenir une enveloppe lentement variable qui satisfait
l’équation de propagation (GNLSE) suivante [21],

∞ n
  Z ∞ 
∂A α X
n βn ∂ A i ∂ 0 0 2 0
+ A=i i + iγ 1 + A(z, t) R(t )|A(z, t − t )| dt (2.8)
∂z 2 n! ∂tn ω0 ∂t 0
n=1

où α représente les pertes de la fibre, et R(t0 ) la réponse Raman. Cette dernière sera détaillée
dans la section 2.2.3. Le paramètre non-linéaire est

ω0 n2 (ω0 )
γ= , (2.9)
cAef f
2.2. Equation de Schrödinger non-linéaire généralisée 7

avec n2 l’indice non-linéaire (dans la silice n2 = 2.8 x 10−20 m2 /W ), et le paramètre Aef f est
l’aire du mode effectif liée à la distribution spatiale de mode de la fibre donnée par la relation,

|F (x, y)|2 dxdy|2


RR
|
Aef f = R R (2.10)
|F (x, y)|4 dxdy

Afin de modéliser la propagation d’une impulsion dans une fibre optique, la GNLSE tient
compte des termes de dispersion d’ordre supérieur et de la diffusion Raman stimulée (SRS),
en plus de la non-linéarité Kerr. Cette équation permet donc de prendre en compte les effets
combinés de l’auto-modulation de phase, le mélange à quatre ondes, la dispersion, l’atténua-
tion, et l’effet Raman.
La GNLSE est une équation différentielle partielle non-linéaire, qui pour la plupart des cas, ne
se résout pas analytiquement. Il est donc nécessaire d’utiliser une méthode de résolution nu-
mérique. La méthode la plus répandue est basée sur l’algorithme de la transformée de Fourier
à pas divisés. Celle-ci est plus connue sous le nom de "Split-step Fourier", que l’on notera SSF.
Elle est à la fois souple et rapide d’utilisation. Son principe est de calculer la propagation d’une
impulsion lumineuse sur une distance suffisamment courte, que l’on note dz, pour que l’on
puisse traiter les effets linéaires et non-linéaires séparément. Ainsi, la procédure numérique est
décomposée en plusieurs étapes. Premièrement, un tronçon purement linéaire est traité dans
l’espace de Fourier et un tronçon purement non linéaire est traité dans l’espace direct. Cette
étape est répétée dans le but de reconstituer intégralement la propagation de l’onde optique
par l’intermédiaire de transformées de Fourier (TF) successives. Cette méthode nécessite une
segmentation fine de la longueur de la fibre. En effet, l’échantillonnage doit être suffisamment
fin pour que les effets linéaires et non-linéaires puissent être découplés. Dans le cas des simula-
tions numériques conduites dans le cadre de cette thèse, nous avons utilisé le logiciel commer-
cial FiberDesk [9] qui utilise la SSF pour la résolution de la GNLSE. L’avantage de cet outil est
qu’il permet de prendre en compte pratiquement tous les phénomènes co-propagatifs.

2.2.1 Auto-modulation de phase

Lorsqu’une impulsion ultra-courte se propage dans un milieu non linéaire, elle induit une va-
riation de l’indice de réfraction de ce milieu par effet Kerr. Cette variation induit à son tour
un décalage de phase dans l’impulsion, ce qui conduit à un élargissement et à une modula-
tion spectrale du profil de l’impulsion optique. Ce phénomène est connu sous le nom d’auto-
modulation de phase (SPM) [37, 38, 39]. La première observation de la SPM dans une fibre
optique de silice a été rapporté par Stolen et al. en 1978 [39].
Pour une impulsion optique ayant un profil d’intensité temporelle P (0, T ) = |E(0, T )|2 , le
décalage de la phase non-linéaire ΦN L éprouvé par l’impulsion devient dépendant du temps.
La quantité de déphasage non linéaire accumulée dans l’impulsion après propagation dans une
fibre optique de longueur L peut être exprimée comme

ΦN L (z = L, T ) = γP (z = 0, T )L, (2.11)

où P (z = 0, T ) est le profil de l’intensité temporelle de l’impulsion à l’entrée de la fibre. Comme


le décalage de phase non-linéaire varie temporellement, il induit un changement de fréquence
instantané à travers l’impulsion :

∂ΦN L ∂
δω(T ) = − = −γ P (z = 0, T )L. (2.12)
∂T ∂T
Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
8
phénomènes non-linéaires résultants

2.2.2 Modulation de phase croisée

Lors de la propagation de deux impulsions qui se recouvrent dans une fibre optique en par-
ticulier ou dans un milieu non-linéaire quelconque en général, chacune des deux impulsions
peut interagir avec l’autre impulsion par modulation de phase croisée (XPM). Ce phénomène
est toujours accompagné d’une auto-modulation de phase (SPM). Les longueurs d’onde et les
états de polarisation de ces impulsions peuvent être différents. La XPM fait référence au déca-
lage de phase non-linéaire éprouvé par un champ optique induit par un autre champ optique.
Le décalage de phase non-linéaire induit par XPM est deux fois plus fort que celui de la SPM
[40, 41]. Ainsi, le décalage de phase non linéaire éprouvé par chaque impulsion après propaga-
tion d’une distance L devient

ΦN
1
L
= γ[P1 (z = 0, T ) + 2P2 (z = 0, T )]L, (2.13)
ΦN
2
L
= γ[P2 (z = 0, T ) + 2P1 (z = 0, T )]L. (2.14)

2.2.3 L’effet Raman

L’interprétation physique du gain Raman peut être relativement simple lorsqu’il est analysé
dans le domaine temporel. En effet, l’interaction d’une impulsion optique courte et de haute
intensité avec une molécule perturbe la structure électronique de la molécule et aboutit à un
changement dépendant de l’intensité de la polarisation de la molécule ou à un indice de réfrac-
tion dépendant de l’intensité [42]. Cet effet électronique se produit sur une échelle de temps
plus courte que les impulsions optiques les plus courtes et peut donc être considéré comme
instantané. Cependant, la perturbation optiquement induite de la structure électronique per-
turbe également le champ vu par les noyaux de la molécule et peut provoquer des vibrations
moléculaires. Il en résulte des changements supplémentaires liés à la durée (et à l’intensité) de
la polarisation de la molécule. La partie du changement dépendant de l’intensité de la polari-
sation associée à l’excitation des vibrations moléculaires est l’effet Raman et, dans le domaine
temporel, il peut être décrit comme un indice de réfraction non-linéaire dépendant du temps.
Dans l’équation (2.8), la fonction de réponse non-linéaire R(t) inclut à la fois les contributions
électronique et nucléaire. En supposant que la contribution électronique soit presque instanta-
née et la contribution du Raman souffre d’un retard, la forme fonctionnelle de R(t) peut être
écrite comme,

R(t) = (1 − fR )δ(t) + fR hR (t) (2.15)

Où fR représente l’apport fractionnaire de la réponse Raman retardée à la polarisation non


linéaire PN L . Dans la silice fR ≈ 0.18 [42]. La forme de la fonction de réponse Raman hR (t) est
définie par les vibrations des molécules de silice induites par le champ optique (Fig.2.1.b). Cette
fonction n’est pas facile à calculer en raison de la nature amorphe des fibres de silice. Le gain
Raman de la silice, qui est donné par la partie imaginaire de la susceptibilité Raman complexe,
est illustré sur la Fig.2.1.a. avec un gain maximum autour de 13 THz. Plus de détails peuvent
être trouvés dans la référence [21].
2.2. Equation de Schrödinger non-linéaire généralisée 9

F IGURE 2.1 – (a) Spectre de gain Raman des fibres de silice ; (b) forme temporelle
de la fonction de réponse Raman déduite des données de gain [21, 42].

2.2.4 Mélange à quatre ondes

Le mélange à quatre ondes (FWM), effet central dans ce manuscrit de thèse, est un processus
non-linéaire fondamental résultant du mélange de fréquences par la réponse non linéaire de
troisième ordre χ(3) des fibres optiques [21, 33]. Dans ce processus, deux ondes de fréquences
ωk et ωl se mélangent pour générer deux nouvelles ondes de fréquences ωm et ωj . Comme pour
tout processus de mélange paramétrique, la conservation d’énergie et la condition d’accord de
phase doivent être respectées (Eq.2.16 et Eq.2.17). La principale différence entre le processus
de FWM et celui de la diffusion Raman stimulée (SRS) discutée dans la section précédente,
est que la condition d’accord de phase est automatiquement satisfaite dans les cas de la diffu-
sion Raman en raison de la participation active du milieu non linéaire. En revanche, la condi-
tion d’adaptation de phase requiert un choix spécifique des longueurs d’ondes d’entrée et des
paramètres de la fibre avant que le FWM puisse se produire avec une efficacité élevée [21].
L’énergie du photon est donnée par h̄ω et le moment du photon est h̄β où le vecteur d’onde
β = 2πn(ω)/λ, avec n(ω) l’indice de réfraction du milieu.

ωk + ωl = ωm + ωj (2.16)

∆kL = βm + βj − βk − βl = 0 (2.17)

Notre intérêt est porté sur les cas dégénérés du FWM avec ωk = ωl = ωp , où d’un point de vue
quantique, l’annihilation de deux photons pompe ωp donne naissance simultanément à une
paire de photons signal et idler de fréquences ωs et ωi respectivement, tel que

2ωp = ωs + ωi (2.18)
Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
10
phénomènes non-linéaires résultants

∆kL = βs + βi − 2βp = 0 (2.19)


Ce processus peut être schématisé comme sur la Fig.2.2

F IGURE 2.2 – Figure schématique du mélange à quatre ondes dégénéré : (a)


conservation de l’énergie et (b) accord de phase.

Lors de la propagation de la pompe dans une fibre optique, l’effet Kerr, directement lié à la
non linéarité optique et à la puissance de la pompe P , induit un nombre d’onde non linéaire
supplémentaire kN L = γP . Ici, les nombres d’ondes non linéaires supplémentaires sont causés
par la SPM de la pompe et la XPM sur les bandes latérales induites par la pompe [21]. Cela
définit le quasi-accord de phase non linéaire de l’instabilité modulationnelle comme

∆kN L = ks,N L + ki,N L − 2kp,N L


(2.20)
= 2γP + 2γP − 2γP = 2γP

En tenant en considération l’effet de quasi accord de phase non linéaire, un gain maximum
peut être obtenu d’un point de vue théorique, lorsque la condition d’accord de phase donnée
par l’Eq.(2.21) suivante est satisfaite,

∆kL + ∆kN L = βs + βi − 2βp + 2γP = 0 (2.21)

Plus de détails sur l’évolution du gain paramétrique dans les fibres optiques seront donnés
dans la section (4.2.1) du chapitre (4).
Plusieurs travaux ont été réalisés sur la modélisation numérique du FWM, où deux procédés
sont généralement utilisés. Le premier est basé sur les équations couplées représentant chaque
composante de champ [21, 43, 44], et le second procédé est basé sur l’utilisation d’une seule
et unique GNLSE [45, 9]. Dans notre travail sur les oscillateurs paramétriques optiques fibrés
(FOPOs) à impulsion ultracourte, c’est cette deuxième approche que nous avons utilisée.
Les FOPO pulsés utilisent des sources de pompage basées sur les lasers à fibre à verrouillage
de modes, et par conséquent tout développement technologique de ces sources de pompage à
verrouillage de modes engendre inévitablement de grandes avancées dans la conception des
FOPO. Notre travail se situe justement dans cette optique comme nous allons le voir tout au
long de ce manuscrit de thèse.
2.3. Régimes de propagation d’impulsions ultracourtes dans les lasers à fibre à verrouillage
11
de modes

2.3 Régimes de propagation d’impulsions ultracourtes dans les la-


sers à fibre à verrouillage de modes

La condition essentielle pour l’obtention d’un régime impulsionnel est d’avoir une courbe de
gain suffisamment large et un niveau de pertes limité pour qu’un nombre important des modes
longitudinaux de la cavité laser oscillent simultanément. Toutes les techniques utilisées pour le
fonctionnement en modes bloqués sont basées sur l’introduction de pertes dans la cavité. Les
impulsions émises par ce procédé sont courtes, quelques dizaines de femtosecondes à quelques
picosecondes. Dans le spectre du laser, les différentes fréquences permises sont définies par le
milieu amplificateur. Lorsque ces fréquences appelées aussi "modes longitudinaux", oscillent
indépendamment les unes des autres et n’ont aucune relation de phase entre elles, leurs inter-
férences se traduisent par une intensité en moyenne indépendante du temps qui donne une
composante continue bruitée. Il arrive aussi que selon certaines conditions telles que les pertes
de la cavité, le taux de pompage et le taux de paires d’ions dans la fibre dopée, le laser peut
fonctionner aussi en régime d’auto impulsions [46]. En revanche si les modes longitudinaux
présentent une relation de phase fixe entre eux, en introduisant un absorbant saturable par
exemple, alors les interférences constructives entre ces modes vont créer un champ intense
dans une région localisée de l’espace à un instant donné. On parle alors de verrouillage de
modes. C’est le procédé le plus utilisé pour la génération d’impulsions ultracourtes dans ce
type de lasers.
La propagation d’une impulsion ultracourte dans une cavité laser est soumise à l’influence
du gain optique, à la limitation de la bande d’amplification ainsi qu’à la modulation d’ampli-
tude temporelle induite par l’absorbant saturable qui doivent être traduits dans l’équation de
propagation (Eq. (2.8)). L’introduction de ces effets dans l’équation de Schrödinger non-linéaire
donne lieu à l’équation communément appelée équation complexe de Ginzburg-Landau (EGL).
Comme son nom l’indique, cette équation introduite par Ginzburg et Landau a été beaucoup
étudiée, sous sa forme cubique, dans les domaines de la mécanique des fluides [47, 48] et des
plasmas [49, 50]. Introduite pour la première fois dans le domaine de l’optique en 1989 [51],
cette équation a été utilisée avec succès depuis les travaux de Haus en 1991 pour modéliser
des lasers à verrouillage de modes, notamment ceux comportant un absorbant saturable ra-
pide [52]. L’équation maîtresse de Haus est considérée comme une extension importante de
l’équation de Schrödinger non-linéaire [53]. Elle permet, non seulement, de décrire la propa-
gation des solitons en régime dissipatif, mais aussi de mieux comprendre le mécanisme de
verrouillage de modes [54]. Le grand avantage de l’équation maîtresse est qu’elle permet de
regrouper l’ensemble des effets intervenant dans les systèmes lasers. Toutefois ce modèle a des
limites. Une des limites est que la gamme des paramètres permettant de décrire la génération
de solitons stables en régime de verrouillage de modes est étroite [55]. Par ailleurs, il a été dé-
montré numériquement que la prise en compte de la saturation du gain permettait d’élargir
ces zones de stabilité [55]. Une des solutions les plus réputée pour élargir le champs des pa-
ramètres où la stabilité des solitons de l’EGL peut être effective est la prise en compte d’un
terme de non-linéarité quintique provenant du développement d’ordre 2 de la réponse de l’ab-
sorbant saturable [56]. Ce modèle, basé sur l’équation cubique quintique de Ginzburg-Landau
(ECQGL) peut s’écrire sous sa forme quintique comme [57, 56],

∂2A
 
∂A 1 D
= gA + −i + ( + iγ)|A|2 A + δ|A|4 A (2.22)
∂z ∆Ωg 2 ∂t2

où D est le paramètre de dispersion défini comme dβ1 /dλ, lié au paramètre de la dispersion de
vitesse de groupe (GVD) β2 par la relation
Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
12
phénomènes non-linéaires résultants

dβ1 2πc
D= = − 2 β2 (2.23)
dλ λ

Le paramètre g contient la contribution du gain net et les pertes, ∆Ωg est la largeur spectrale
de filtrage,  et δ sont respectivement les termes cubique et quintique de l’absorbant saturable.
Cette équation est à la base de plusieurs études montrant la propagation d’impulsions ultra-
courtes en régime de dispersion normale et en régime de gestion de la dispersion. En régime de
dispersion anormale, l’équation 2.22 peut être simplifiée pour prendre la forme de l’équation
de Schrödinger non-linéaire (NLSE) [21, 58].
Nous allons maintenant nous intéresser aux différents régimes de propagation d’impulsions
ultracourtes dans les oscillateurs fibrés selon que la dispersion totale dans ces cavités est anor-
male, normale ou proche de zéro.

2.3.1 Régimes de dispersion anormale

Dans un oscillateur fibré verrouillé en modes, quand les effets non linéaires et les effets disper-
sifs se compensent exactement, si β2 et γ sont de signes opposés, la solution de l’équation de
propagation admet alors la forme d’un soliton fondamental [21]. Dans le cas de laser constitué
de fibres de silices, le terme de non-linéarité γ est toujours positif. Le soliton fondamental ne
peut donc exister que lorsque la dispersion est négative (β2 < 0). La cavité d’un tel laser se
compose de fibres actives et passives à dispersion anormale, et d’un absorbant saturable pour
assurer le démarrage et la stabilisation du verrouillage de modes. Les impulsions de type solito-
nique sont générées si la dérive temporelle liée à la non-linéarité Kerr se compense exactement
avec la dérive fréquentielle liée à la dispersion. Ces impulsions, de forme sécante hyperbo-
lique se propagent le long de la cavité avec très peu de variation dans leurs durées et dans
leurs spectres. Les fibres standards ont une dispersion anormale pour les longueurs d’ondes
supérieures à 1.3 µm, ce qui rend avantageux et pratique l’obtention de solitons stables dans la
fenêtre des télécommunications optiques de 1.55 µm en utilisant des ions d’Er comme dopants.
Le fonctionnement dans des régimes solitoniques autour de 1 µm, où le rendement quantique
est plus élevé, est devenu possible grâce au développement des fibres microstructurées [59].
En régime de dispersion anormale, l’énergie du soliton optique fondamental est limitée par le
théorème de l’aire du soliton [60] donné par l’équation

|β2 |
Ep = 2 (2.24)
γτ

où Ep et τ sont l’énergie et la durée de l’impulsion-soliton respectivement. On constate à tra-


vers l’Eq.2.24 que l’énergie par impulsion est limitée par la nature du matériau et la structure
géométrique de la fibre. En effet, l’augmentation du pompage, près du seuil du soliton fonda-
mental, dans ce type de laser, se manifeste dans un premier temps par l’apparition d’un fond
continu qui accompagne le soliton dans la cavité. Si la puissance de pompage dépasse un cer-
tain seuil et est suffisante, la scission de l’impulsion en une multitude de répliques vérifiant
chacune le théorème de l’aire du soliton se produit.

2.3.2 Régimes à gestion de dispersion

Les lasers fibrés fonctionnant en régimes de gestion de dispersion, appelés aussi lasers à fibre à
impulsions étirées, représentent la solution la plus commune pour l’augmentation de l’énergie
2.3. Régimes de propagation d’impulsions ultracourtes dans les lasers à fibre à verrouillage
13
de modes

par impulsion de cavité. Ce type d’oscillateur est constitué de deux tronçons de cavité avec une
dispersion anormale pour l’un et une dispersion normale pour l’autre [61]. En effet, lors de sa
propagation dans une telle cavité, l’impulsion subit un élargissement temporel dans le cœur de
la fibre à dispersion normale rabaissant ainsi sa puissance crête, ce qui a pour conséquence la
réduction de l’amplitude de la non-linéarité induite.
Ce régime a permis et pour la première fois l’augmentation de l’énergie par impulsion de 100
pJ à 2.7 nJ autour de 1.55 µm [62]. Dans les lasers à fibre opérant autour de 1 µm, des réseaux
de diffraction ou des prismes peuvent être utilisés pour fournir la dispersion anormale néces-
saire pour la compensation de la dispersion normale des fibres de silice aux courtes longueurs
d’ondes. Cette technique a permis à Cautaerts et al. en 1997 la réalisation du premier laser à
fibre dopée Yb à impulsions étirées [63]. Cette première démonstration de gestion de la disper-
sion dans un laser à fibre dopée Y b3+ a ouvert la voie vers d’autres résultats plus intéressants,
obtenus dans différentes configurations et pouvant délivrer des impulsions de durée de l’ordre
de 36 fs avec des énergies pouvant dépasser 5 nJ [64, 65, 66]. Dans le but d’augmenter l’énergie
par impulsion du laser à fibre dopée ytterbium en régime de gestion de dispersion, Albert et
al. proposent en 2004 une nouvelle architecture basée sur une fibre double gaine dopée ytter-
bium et une paire de réseaux de diffraction pour la compensation de la dispersion [67]. Cette
configuration a permis l’obtention d’une énergie de 12 nJ pour des impulsions pouvant être
comprimées à 200 fs [67].
Le mécanisme de verrouillage de modes et sa stabilisation dans les lasers à fibre à gestion de
dispersion est relativement simple à mettre en œuvre lorsque la dispersion totale de la cavité
reste proche de zéro que ce soit en régime anormal ou normal de dispersion totale. Néanmoins,
avec l’augmentation de la dispersion totale positive (normale) dans la cavité, le besoin d’un
maintient de la forme des impulsions demeure nécessaire pour la stabilisation du mécanisme
de verrouillage de modes à l’intérieure de la cavité. En effet, quand l’impulsion atteint un ni-
veau élevé de puissance, elle subit une déformation irréversible appelée "wave-breaking". Ce
phénomène de "wave-breaking" se produit en régime de dispersion normale lorsque le dépha-
sage non-linéaire s’accumule dans les ailes de l’impulsion conduisant ainsi à des interférences.
Comme solution à ce problème, il a été démontré dans des études récentes que sous certaines
conditions de propagation d’impulsions ayant un profil parabolique, appelées aussi "similari-
tons", il est possible d’éviter le phénomène de "wave-breaking" en régime de dispersion nor-
male [68].

2.3.3 Régimes de dispersion normale

L’un des objectifs les plus importants dans le développement des oscillateurs fibrés, dans le but
de pouvoir concurrencer et surpasser les capacités de leurs homologues aux milieux de gain
massifs, est l’augmentation de l’énergie par impulsion de cavité. Cette volonté a conduit au
développement des lasers élaborés uniquement avec des fibres à dispersion purement normale
(ANDi : All − N ormal Dispersion, i.e. β2 > 0) [20, 69, 29, 70, 71]. La génération d’impulsions
de hautes énergies dans ce type de cavités est rendue possible grâce à l’introduction d’un fil-
trage spectral intra-cavité. En effet, dans une telle cavité, l’impulsion va subir un élargissement
temporel important, ce qui réduit l’amplitude des non-linéarités induites. Il est à noter que
ces impulsions d’oscillateurs AN Di peuvent être comprimées à l’extérieur de la cavité tout
comme les impulsions étirées. Un absorbant saturable est nécessaire pour le démarrage et la
mise en forme des impulsions, mais la stabilisation du régime impulsionnel est basée sur le
filtrage spectral des impulsions étirées. Le développement des lasers à fibre AN Di s’est réa-
lisé très rapidement en utilisant des fibres dopées ytterbium avec une émission centrée autour
de 1 µm. Ceci est dû d’un côté, à la forte disponibilité des fibres de silice qui manifestent une
Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
14
phénomènes non-linéaires résultants

dispersion normale pour les longueurs d’onde λ < 1.3 µm, et de l’autre côté au rendement
quantique élevé du fait du pompage des lasers à fibre dopée ytterbium autour d’une longueur
d’onde λp = 980 nm, proche de la longueur d’onde d’émission des ions d’ytterbium à 1.06 µm.
A titre indicatif, l’énergie par impulsion de lasers à fibre AN Di dopée Y b est passé de 3 nJ
en 2006 [72] à 84 nJ en 2012 [73]. Le développement des fibres optiques à large mode (LMA :
Large M ode Area) à conduit à la génération d’une énergie maximale par impulsion des oscilla-
teurs à fibre dopée Yb qui approche 1 µJ [74]. A 1.55 µm, le développement des lasers à fibres
AN Di a accusé un certain retard de part la dispersion anormale de la silice à cette longueur
d’onde. Les fibres dopées Er (EDF) sont sujettes à une faible concentration de dopage, à une
bande passante de plus petite amplitude et à un cœur plus petit [30]. Aussi, des fibres à com-
pensation de dispersion (DCF) se sont largement développées ces dernières années, celles-ci
permettent le maintient d’une dispersion normale large dans un oscillateur AN Di à fibre do-
pée Er. Cabasse et al. ont réussi la démonstration de solitons dissipatifs dans un laser à fibre
dopée Er à dispersion entièrement normale [75, 76], néanmoins l’énergie par impulsion reste
inférieure à 2 nJ [76]. La compréhension accumulée du phénomène de la génération d’impul-
sions courtes de type solitons dissipatifs dans les lasers AN Di à fibre dopée Er a conduit, six
ans plus tard, le groupe d’Ammar Hideur à l’obtention d’une énergie maximale de 38 nJ par
impulsion de 700 fs après compression extra-cavité [20]. Un record d’énergie de 53 nJ par im-
pulsion a été démontré dans un oscillateur à similariton-amplifié avec une dispersion totale
normale imposée essentiellement par la fibre de gain d’Er [30].

2.4 Composants des lasers à fibre à verrouillage de modes

Nous allons décrire dans cette section les éléments les plus importants, tels que les absorbants
saturables et les filtres spectraux, dans la réalisation et la stabilisation du régime de verrouillage
de modes passif dans les lasers à fibre dopée.

2.4.1 Absorbants saturables

Les absorbants saturables (AS) sont d’une très grande importance pour la formation et la stabi-
lisation des impulsions dans une cavité à verrouillage de modes passif. Ils favorisent la forma-
tion d’impulsions en transmettant préférentiellement une lumière d’intensité plus élevée et en
introduisant de fortes pertes pour de faibles fluences, ce qui permet de favoriser des fluctua-
tions de forte intensité au-dessus du niveau de bruit de fond. De nombreuses implémentations
d’AS ont été utilisées dans les systèmes laser. Essentiellement deux procédés sont considérés
dont les matériaux à absorption saturable réelle, comme les colorants, les semi-conducteurs, les
nanotubes de carbone et le graphène, et les absorbants saturables artificiels tels que l’évolution
de la polarisation non linéaire (NPE) et les miroirs à boucles optiques non-linéaires (NOLM).
Nous allons décrire dans ce qui suit les AS utilisés dans cette thèse.

Absorbants saturables à semi-conducteur

Les miroirs à absorbant saturable à semi-conducteur (SESAM ou SAM) se composent d’un


matériau semi-conducteur, tel que l’arséniure de gallium, et d’une surface réfléchissante. C’est
un matériau qui peut absorber de faibles intensités et transmettre des intensités élevées. La
lumière incidente, sous forme de photons sur le matériau semi-conducteur favorise l’excitation
de certains électrons de la bande de valence à la bande de conduction. Aux faibles énergies
incidentes, la plus grande partie de la lumière entrante est absorbée, mais lorsque l’intensité
2.4. Composants des lasers à fibre à verrouillage de modes 15

augmente, la plupart des électrons de valence ont déjà été excités vers le niveau supérieur,
permettant à la lumière plus intense d’être réfléchie et créant une absorption saturable [77]. Le
schéma d’une cavité à verrouillage de modes par un absorbant saturable réel est représenté sur
la Fig.2.3.a. La Fig. 2.3.b. montre le diagramme de la réflectivité typique d’un SESAM. Dans un
système à faible fluence de la lumière, la réflectivité du SESAM est notée Rlin . Quand l’intensité
incidente dépasse un certain niveau (typiquement 1 µJ/cm2 ), la réflectivité de l’AS augmente
jusqu’à atteindre la valeur de la réflectivité saturée Rs . La différence en réflectivité entre l’état
d’absorption et celui de la saturation est appelé profondeur de modulation et noté ∆R.

F IGURE 2.3 – Schéma d’une cavité laser à verrouillage de modes par un absorbant
saturable réel (a) et réflectivité typique d’un SESAM en fonction de la fluence de
l’impulsion incidente (b). Rlin : réflectivité linéaire, Rs : réflectivité avec absorp-
tion saturable, ∆R : profondeur de modulation, ∆Rs : pertes non-saturables en
réflectivité.

Les SESAMS ont l’avantage d’être stables et de favoriser le comportement auto-démarrant du


verrouillage de modes, mais ils ont tendance à être limités à de faibles profondeurs de modu-
lation. Ceci est en partie dû au fait qu’une absorption non-linéaire plus élevée est associée à
une absorption linéaire plus élevée, ce qui mène à rendre les SESAMS vulnérables aux fortes
puissances. Cette restriction peut être particulièrement sévère dans les lasers à fibre de haute
énergie qui nécessitent des AS de profondeurs de modulations plus élevées que les lasers à
solitons de l’état solide [78].

Evolution non-linéaire de la polarisation

L’évolution non-linéaire de la polarisation (NPE), désignée souvent par P-APM qui est l’acro-
nyme anglo-saxon de "Polarisation-Additive Pulse Mode-Locking", ou par rotation non-linéaire
de la polarisation (RNLP), est un phénomène non-linéaire basé sur l’effet Kerr optique. C’est
un AS artificiel qui convertit la rotation non-linéaire de la polarisation dans la fibre en mo-
dulation d’amplitude à travers les pertes dépendantes de la polarisation. Le principe de cette
technique peut être compris à l’aide du schéma sur la Fig.2.4. Cette technique exploite l’effet
de la rotation de la polarisation générée par la propagation d’une impulsion de lumière intense
par modulation de phase croisée. Lors de la propagation dans la fibre, la polarisation au centre
de l’impulsion subit une grande rotation sous l’effet de la modulation de phase croisée, tandis
que la polarisation des ailes est légèrement affectée. Le centre de l’impulsion subit moins de
pertes que les ailes qui traversent l’analyseur, induisant ainsi un raccourcissement temporel de
Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
16
phénomènes non-linéaires résultants

l’impulsion (voir Fig.2.4). Cette technique a été utilisée pour la première fois en 1992 dans un
laser à fibre à verrouillage de modes passif [79].

F IGURE 2.4 – Schéma du principe de verrouillage de modes par la technique de


la RPNL. P : polariseur, CP : contrôleur de polarisation.

Le temps de relaxation des AS à base de RPNL est équivalent à ceux de l’effet Kerr optique dans
les fibres, qui est de l’ordre de 10 fs. De plus, la RPNL permet aussi de réaliser des profondeurs
de modulations élevées de plus de 50% ce qui est très difficile à réaliser dans les SESAM, d’où
le grand avantage de la RNLP par rapport aux autres techniques passives de verrouillage de
modes comme les SESAM.

2.4.2 Filtres spectraux

La limite supérieure de la bande passante du filtre spectral dans la cavité laser est imposée par
la largeur de bande du milieu à gain, mais il est souvent utile d’avoir un filtre plus étroit dans
la cavité. En particulier, le filtrage spectral est d’une importance critique pour les lasers à ver-
rouillage de modes à solitons dissipatifs [72, 20] et les amplificateurs à similaritons [80, 30]. Les
filtres spectraux peuvent jouer également un rôle dans les oscillateurs paramétriques optiques
fibrés où, pour des raisons de stabilité en amplitude de ces sources, il est parfois important
d’imposer une oscillation à résonnance unique [81] d’une composante spectrale paramétrique.

Filtres biréfringents

Un filtre biréfringent est un dispositif optique utilisé dans un résonateur laser pour l’accord de
la longueur d’onde de sortie et/ou pour rétrécir la bande passante optique. Il existe différents
modèles de filtres, tous exploitant la biréfringence de certaines plaques cristallines optique-
ment anisotropes. Un laser contenant un tel filtre fonctionnera typiquement à une longueur
d’onde proche d’un point avec une perte de transmission minimale, si la courbe de filtrage est
suffisamment nette. La longueur d’onde de la perte minimale peut être décalée en modifiant
l’angle d’inclinaison du filtre biréfringent.
Les filtres biréfringents sont souvent utilisés dans des lasers, tels que les lasers Titane-Saphir,
les lasers à colorant, et parfois dans les oscillateurs paramétriques optiques pour les raisons
que nous avons évoquées plus haut. Ils permettent d’accorder la longueur d’onde de sortie sur
des centaines de nanomètres tout en n’introduisant que de faibles pertes dans le résonateur
laser. Plus de détails peuvent être trouvés dans la référence [82].
Nous donnons à titre d’exemple un modèle de filtre où le quartz est utilisé comme matériau
biréfringent pour le développement d’une source paramétrique à faibles bruits destinée pour
des applications dans le domaine de la biophotonique [81, 83]. Ces filtres à base de quartz
peuvent créer des bandes passantes dans la gamme de quelques nanomètres à des dizaines de
2.4. Composants des lasers à fibre à verrouillage de modes 17

nanomètres dans le proche infrarouge. La profondeur de modulation du filtre peut être proche
de 100%, et la longueur d’onde centrale peut être réglée en faisant tourner la plaque de quartz.
La Fig.2.5 montre le profil du filtre et la largeur de bande du filtre en fonction de l’épaisseur de
la plaque à 1030 nm [83].

F IGURE 2.5 – Filtre à plaque de quartz biréfringent à 1030 nm. (a) Profil de filtre
pour une plaque de 5 mm d’épaisseur. (b) Largeur de bande du filtre en fonction
de l’épaisseur de la plaque [83].

Filtres à réseaux

Les filtres biréfringents ne permettent pas de réaliser des filtres à bande unique de quelques
nanomètres en raison de leurs multiples bandes passantes et du fait plusieurs bandes passantes
peuvent être incluses dans le spectre filtré 2.5. Pour obtenir un filtre à bande passante unique
de quelques nanomètres, un filtre à réseau peut être utilisé.

F IGURE 2.6 – Schéma de filtrage par réseau de diffraction.

Le réseau disperse spatialement les couleurs dans le spectre comme indiqué sur la fig.2.6, et un
filtre spectral peut être formé en plaçant une ouverture, telle qu’une lentille et une pointe de
fibre (collimateur), dans le faisceau dispersé. La fibre ne capte qu’une partie du spectre dispersé
en raison de l’angle d’acceptation fini de la fibre. Dans le cas de fibres monomodes standards
à 1030 nm, on peut obtenir des bandes passantes d’environ 2 nm en utilisant des réseaux avec
une densité de 600 traits par millimètre et des bandes passantes d’environ 4 nm en utilisant
un réseau de 300 traits par millimètre. La forme du profil est gaussienne en raison du mode
gaussien de la fibre. Ce type de filtres à réseaux sont souvent utilisés pour la stabilisation du
verrouillage de modes passif des laser à solitons dissipatifs en régime de dispersion normale
[20, 30].
Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
18
phénomènes non-linéaires résultants

Filtres Pérot-Fabry

Dans la famille des interféromètres, celui de Pérot et Fabry tient une place très importante.
L’interféromètre de Pérot-Fabry a été inventé à l’Université de Marseille au début du 20 ième
siècle (par les physiciens Charles Fabry et Alfred Pérot), il est maintenant universellement uti-
lisé dans les laboratoires de Physique et sur de nombreux télescopes dans le monde. Les filtres
interférentiels à ondes multiples du type Fabry-Pérot se sont développés considérablement de-
puis le progrès effectués dans la technique des couches minces par évaporation dans le vide.

F IGURE 2.7 – Spectre d’une source monochromatique d’un étalon Pérot-Fabry


[84].

Une cavité de Fabry-Pérot est formée par deux surfaces partiellement réfléchissantes espacées
d’une certaine distance. La lumière entrante effectue de multiples allers-retours à l’intérieur de
cette cavité optique et ressort partiellement à chaque réflexion. Les rayons sortants interfèrent
entre eux de manière constructive et destructive en raison des changements de phase subis par
le faisceau et produisent des anneaux d’interférences localisés à l’infini. Comme décrit dans la
référence [85], le résultat final est une transmission périodique de la cavité, les pics de trans-
mission étant séparés par l’intervalle spectral libre. La forme de la transmission est décrite par
une fonction Airy de la forme,

1
T = 4R
, (2.25)
1+ (1−R)2
sin2 ( Φ2 )

où R est la réflectivité des miroirs et Φ est lié au changement de phase que le champ subi sur
une réflexion. Le profil du filtre est illustré sur la Fig. 2.7. Cette technique peut être utilisée pour
produire des bandes passantes de quelques nanomètres séparées par des fréquences suffisam-
ment grandes pour être effectivement à une seule pointe.
En plus des composants optiques nécessaires dans le montage des lasers à fibre dopée à ver-
rouillage de modes stables et auto-démarrant, ces derniers ont aussi besoins de fibres optiques
dans leur conception. Plusieurs sortes de fibres existent maintenant sur le marché et répondent
aux exigences des oscillateurs fibrés. Particulièrement, les oscillateurs paramétriques fibrés qui
utilisent des fibres passives comme milieux de gain, requièrent des fibres avec des paramètres
strictes que ce soit du côté du matériau utilisé dans la fabrication de ces fibres ou bien dans
2.5. Intérêt des lasers à verrouillage de modes dans le développement des sources
19
paramétriques fibrées

la structure géométrique de celles-ci. Justement la section 2.6 sera dédiée au développement


de ce type de fibres. Les oscillateurs paramétriques à fibre optique (FOPO) à impulsions ul-
tracourtes sont pompés par des lasers à verrouillage de modes. Ce couple -laser verrouillé en
modes et oscillateur paramétrique fibré- est le noyau même de ce travail de thèse. Ces termes
seront de plus en plus familiers tout au long de l’évolution de ce manuscrit de thèse. Dans la
section suivante, nous allons résumer les intérêts des lasers à verrouillage de modes dans le
développement des sources paramétriques à fibre optique.

2.5 Intérêt des lasers à verrouillage de modes dans le développement


des sources paramétriques fibrées

Les premiers FOPO pulsés pompés autour de 1.5 µm ont été développés vers la fin des années
1980. En effet, Suzuki et al. ont démontré la génération de solitons paramétriques à pompage
synchrone dans une fibre à dispersion décalée (DSF) ayant une longueur d’onde de dispersion
nulle (ZDW) de 1525 nm. La pompe est un laser à colorant verrouillé en modes délivrant des
impulsions de 13 ps à la cadence de 100 MHz. En ajustant la longueur d’onde de pompe autour
de la ZDW, des ondes Stokes et anti-Stokes sont obtenues à 1572 nm et à 1487 nm, respective-
ment [86].
Le développement des lasers et des amplificateurs à fibres dopées erbium (EDFL et EDFA)
a ouvert la voie vers une nouvelle génération de FOPOs pompés dans la gamme des faibles
pertes optiques de la silice autour de 1.55 µm. Les EDFL/EDFA ont une plage de longueurs
d’ondes pouvant varier de 1.53 µm à 1.57 µm, ce qui offre une plage spectrale de réglage suf-
fisamment large pour la génération de FOPO largement accordables. Dans cette gamme, on
utilise soit des DSF standards (γ ≈ 3 W −1 km−1 ) soit des HNL-DSF (γ ≈ 10 − 20 W −1 km−1 ).
Ces fibres assurent une caractéristique de dispersion plus homogène que les PCF, ce qui permet
aux chercheurs d’utiliser des longueurs de fibres de plusieurs dizaines de mètres à plusieurs
kilomètres.
Il est néanmoins important de noter que durant les deux premières décennies ayant suivi la
démonstration du premier FOPO pompé à 1.5 µm, le développement des FOPOs pompés par
les EDFA/EDFL s’est notamment accentué autour des pompages continus et quasi-continus
(ou nanosecondes) [87, 88, 19]. Pour cause, la non disponibilité de sources EDFL ps et f s haute
énergie. Par la suite durant ces dernières années, et grâce aux processus de montée en énergie
dans les EDFL à dispersion normale, la démonstration de FOPO à impulsions ultracourtes déli-
vrant des énergies de l’ordre du nanojoule est rendue désormais possible [89, 90]. La condition
d’accord de phase impose des pompages autour de la ZDW de la fibre paramétrique pour que
le FWM se produise. Dans les fibres conventionnelles, la ZDW est située autour de 1.3 µm ou
plus (∼ 1.55 µm pour les DSF et HNL-DSF). Pour les besoins de décalage de la ZDW autour de
1 µm ou inférieure, des fibres à cristaux photoniques (PCF) se sont développées ces dernières
années. Ces fibres sont caractérisées par la flexibilité de leur dispersion ainsi que des augmen-
tations considérables de la non-linéarité, leur permettant ainsi l’augmentation du facteur de
conversion paramétrique par FWM.
Le premier FOPO à base de PCF a vu le jour en 2002 [91]. Ce FOPO comprend une fibre pa-
ramétrique microstructurée de 2.1 m et une cavité Fabry-Perot avec un réseau de diffraction
pour le réglage en longueur d’onde. Le pompage dans la plage de dispersion anormale de la
fibre est réalisé avec un laser Ti :saphir verrouillé en modes à la longueur d’onde de 750 nm.
Le FOPO est accordable sur une plage de 40 nm (730-770 nm) et délivre une puissance de plu-
sieurs centaines de milliwatts. Le développement des PCF avec une ZDW de l’ordre de 1µm
a permis d’utiliser des systèmes de pompage très puissants tels-que les lasers Y b3+ et N d3+ .
Les lasers à fibre dopée à l’ytterbium, fonctionnant dans la plage de 1.01-1.1 µm, assurent une
Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
20
phénomènes non-linéaires résultants

densité de puissance élevée et une bonne qualité de faisceau [92, 70]. Ainsi, ils peuvent être
considérés comme des sources de pompage prometteuses pour la création de FOPO fiables
avec la génération d’un rayonnement accordable dans la plage de 1 µm [9, 81, 93].
Comme déjà mentionné plus haut, les sources paramétriques fibrées utilisent des fibres op-
tiques passives comme milieu de gain. Ces fibres ont des conceptions géométriques spéciales
et des paramètres de dispersion particuliers. C’est l’objet même de la section suivante.

2.6 Développement de la technologie des fibres optiques et leur uti-


lisation dans les sources paramétriques

Une fibre optique est formée d’un cœur de silice de haut indice de réfraction, d’une gaine de
silice pure de plus faible indice de réfraction et d’une gaine en silicone ou en acrylate qui assure
la flexibilité de la fibre et facilite sa manipulation. Les dimensions caractéristiques des fibres de
télécommunications standards sont :
— un cœur de diamètre de 10 µm environ pour une fibre unimodale et de quelques dizaines
de microns pour une fibre multimodale ;
— le diamètre de la gaine optique est de 125 µm ;
— le diamètre de la gaine mécanique est de quelques centaines de microns.
Pour des besoins d’applications telles que l’amplification paramétrique dans les fibres optiques,
la dimension du cœur de la fibre ainsi que son indice de réfraction peuvent subir des modifi-
cations. En effet, L’augmentation de l’écart entre l’indice de réfraction de la gaine et celui du
cœur en dopant ce dernier avec du germanium induit un décalage de la longueur d’onde de
dispersion nulle (zero-dispersion wavelength, ou ZDW) de 1.3 µm (ZDW des fibres standards)
vers les grandes longueurs d’ondes autour de 1.55 µm. Ces fibres sont appelées fibres à dis-
persion décalée (dispersion shifted fiber, ou DSF ). Une réduction importante dans le diamètre
du cœur de la fibre augmente le pouvoir de confinement de la lumière et par conséquent une
non-linéarité plus élevée peut être obtenue. La combinaison de ces deux techniques donne lieu
à ce qu’on appelle fibres hautement non-linéaires à dispersion décalée (highly nonlinear fiber
DSF, ou HN L − DSF , ou tout simplement HN LF ). Ces fibres, DSF et HNLF sont très utilisées
dans le développement d’oscillateurs paramétrique optique pompé dans la bande C autour de
1.55 µm. La réalisation des fibres avec une ZDW autour de 1 µm est essentiellement basée sur
le développement des fibres à cristaux photoniques (P CF ).

2.6.1 Fibres à dispersion décalée

Tous les développements dans le domaine des télécommunications dans les années 1980 ont
mis à disposition une large gamme de composants abordables qui peuvent également être
utilisés pour d’autres applications, telles que dans l’expérimentation des lasers à fibre dopée
ainsi que dans l’amplification et l’oscillation paramétrique à fibres optiques passives. Ces fibres
conçues pour les liaisons de communications optiques ont des propriétés très intéressantes :
elles ont atteint des pertes minimales aussi faibles que 0.15 dB/km à 1550 nm et peuvent pré-
senter des pertes inférieures à 0.3 dB/km sur toute la fenêtre spectrale 1200-1700 nm tout en
étant abordables en termes de coût. Ces fibres ont un modèle à saut d’indice simple, tel qu’on
peut le voir sur la Fig.2.8.(a). Elles sont constituées d’un cœur circulaire d’indice de réfraction
nco et de rayon a de quelques microns, entouré d’une gaine d’indice de réfractionqncl légère-
ment inférieur à nco . Par conséquent, elles ont une ouverture numérique N A = n2co − n2cl .
Afin de supporter une propagation monomode, la fréquence normalisée V = (N A)aω/c doit
2.6. Développement de la technologie des fibres optiques et leur utilisation dans les sources
21
paramétriques

être de l’ordre de 2. Le mode fondamental résultant a alors un diamètre de champ de mode


(MFD) approximativement autour de 2a.
Les fibres de communications les plus intéressantes pour les travaux d’amplification et d’os-
cillation paramétriques optiques sont les fibres à dispersion décalée, qui présentent une ZDW
située dans la bande C (1535-68 nm) ou proche de celle-ci. Dans une conception typique, la
gaine est faite de silice et le cœur est de silice dopée avec une petite quantité (<1%) de Ger-
mania (dioxyde de germanium, GeO2 ). Un inconvénient de ces fibres est que leur valeur de la
non-linéarité γ est de l’ordre de 2 W −1 km−1 , ce qui est faible. En conséquence, il est difficile
d’obtenir des largeurs de bandes de gain importantes pour les OPA/OPO conçus à partir de
telles fibres.

F IGURE 2.8 – Quelques variantes de fibres monomodes : (a) DSF à saut d’indice ;
(b) HNL-DSF ; (c) Fibre microstructurée (ou PCF).

Dans l’oscillateur paramétrique optique fibré (FOPO) que nous avons développé dans le cadre
de cette thèse, nous avons utilisé une DSF comme milieu de gain paramétrique ayant une non
linéarité plus forte γ=6.6 W−1 .km−1 à 1560 nm, en raison du co-dopage en GeO2 un peu plus
élevé de l’ordre de 23×10−3 et de la réduction du diamètre du cœur à 3.98 µm.
L’utilisation des co-dopages en GeO2 encore plus élevés et/ou plus de réduction dans le dia-
mètre du cœur de la fibre donnera lieu aux fibres HNLF.

2.6.2 Fibres hautement non-linéaires

Dans le but d’obtenir des valeurs du coefficient d’une non-linéarité γ plus élevées, les fabri-
cants de fibres ont développé un modèle avec une taille du cœur de la fibre plus petite (voir
Fig.2.8.(b)) [94]. Par conséquent, une augmentation de l’ouverture numérique devient néces-
saire pour maintenir le fonctionnement monomode dans la bande C, d’où l’augmentation de
la teneur en GeO2 dans le cœur de la fibre jusqu’à environ 3 %. Comme nous l’avons énoncé
plus haut, la combinaison d’un cœur plus petit et d’une teneur en GeO2 accrue conduit à une
augmentation de γ d’environ un ordre de grandeur, c.à.d. environ 25 W −1 km−1 ou plus, d’où
cette appellation DSF-hautement non linéaire (HN L − DSF ) ou simplement HN LF . L’incon-
vénient majeur est que les pertes dans ces fibres sont plus élevées que pour les DSF mais restent
raisonnablement faibles à environ 0.5 dB/km pour être utilisée dans les OPA/OPO. L’augmen-
tation des valeurs de γ a ainsi ouvert la voie vers une réduction significative de la longueur des
fibres dans le cadre de l’amplification paramétrique. Ces fibres ont facilité un certain nombre
de démonstrations d’amplificateurs à large bande et à gain élevé. Elles constituent souvent le
moyen privilégié pour les OPA/OPO dans la bande C, vu surtout le manque de sources de
pompage haute énergie autour de 1.55 µm.
Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
22
phénomènes non-linéaires résultants

Une variante intéressante de la conception de fibres à saut d’indice est obtenue en utilisant un
matériau de base constitué principalement de GeO2 et d’un revêtement de silice, où une valeur
γ = 45W −1 km−1 a été obtenue [95]. Dans une autre conception de HNL-DSF assez particulière,
une valeur de γ = 88W −1 km−1 à 1550 nm a été obtenue [96]. Cette HNLF optimisée a un
diamètre de cœur de petite taille avec un dopage en métaux lourds tels que le Plomb et le
Bismuth, une gaine intérieure d’indice de réfraction plus petit et un anneau d’indice légèrement
plus élevé dans la gaine extérieure [96].
Un autre aspect intéressant de ces fibres est qu’elles peuvent présenter une ZDW allant de 1.27
µm (SiO2 pure) à 1.74 µm (GeO2 pure), du fait que le cœur de celles-ci est obtenu en mélangeant
SiO2 et GeO2 . Côté négatif, la forte concentration de GeO2 engendre des pertes importantes,
qui peuvent être de l’ordre de 20 dB/km à 1,85 µm pour 75 % GeO2 dans le cœur ; les pertes
sont principalement dues à la diffusion Rayleigh [33].

2.6.3 Fibres à cristaux photoniques

Les fibres à cristaux photonique (PCF), appelées aussi fibres microstructurées (MSF), ont un
ensemble de trous autour du cœur pour le confinement de la lumière (voir Fig. 2.8.c), au lieu
d’une gaine à faible indice uniforme comme c’est le cas dans les fibres standards. Ces fibres, très
connues pour être monomodes sur une très large gamme de longueurs d’ondes [97], trouvent
beaucoup d’applications dans le domaine des lasers à fibre dopée aux terres rares ainsi que
dans les OPA/OPO fibrés. Elles ont l’avantage de pouvoir être fabriquées à partir d’un seul
matériau. Les PCF offrent une liberté de conception grandement améliorée par rapport aux
fibres optiques standards [45, 97], notamment le contrôle précis du profil de dispersion chro-
matique. Cela permet d’étudier la propagation d’impulsions non linéaires dans des régimes
de paramètres auparavant inaccessibles. La longueur d’onde de dispersion nulle (proche de
1300 nm dans les fibres standards) peut être décalée dans la bande de 800-1000 nm, permet-
tant une génération de supercontinuum hautement efficace [98, 12], et d’impulsions de haute
énergie [9]. La forme du profil de la dispersion chromatique peut également être aplatie dans
la gamme de longueurs d’ondes de 1550 nm [45, 99], les fibres résultantes ayant l’avantage
supplémentaire d’être monomodes à toutes les longueurs d’onde où le verre est transparent.
Toutefois une complication survient avec les PCF conçues pour avoir une petite section efficace
Aef f . En effet le coefficient non-linéaire γ a une dépendance assez forte à la longueur d’onde,
car à mesure que la longueur d’onde augmente, le mode a plus de chevauchement avec les
trous d’air, qui ne contribuent pas à la non linéarité [33]. Dans les OPA/OPO, très connus pour
leur large accordabilité en longueur d’onde, γ peut varier considérablement d’une extrémité
du spectre de gain à l’autre. Même si cela n’empêche pas les OPA/OPO de fournir une perfor-
mance raisonnable, cela aura un impact sur la forme du spectre de gain, qui différera de celui
obtenu en supposant que γ est constant sur toute la fenêtre spectrale, comme c’est le cas dans la
plupart des solutions analytiques et même dans des simulations numériques. Un autre défi im-
portant dans la conception des PCF - en particulier celles avec un profil aplati de la dispersion
chromatique - est l’absence de formules analytiques précises pour D(λ) [45, 99]. La fabrica-
tion précise de cette structure idéale constitue un défi - et qui doit être soumise à de multiples
modélisations numériques - en raison de légères distorsions systématiques introduites dans le
processus de fibrage.

2.6.4 Autres développements : microfibres et fibres non-silice

Le coefficient de non-linéarité optique γ est proportionnel à n2 /Aef f , par conséquent pour ob-
tenir une grande valeur de γ on peut d’un côté utiliser un matériaux d’indice non-linéaire n2
2.7. Intérêts des FOPO et leurs applications 23

élevé, ou développer une structure de guidage capable de supporter un mode avec une faible
section efficace Aef f comme seconde alternative. L’utilisation de matériaux originaux, tels que
les verres de chalcogénures (As2 S3 ) et les verres de tellures (ZnO − T eO2 ), ayant respective-
ment un indice non-linéaire 200 fois [100, 101] et 20 fois [100] supérieur à celui de la silice, peut
palier à cette limitation. La ZDW dans ces matériaux est de 2.24 µm pour les ZnO − T eO2 , et de
l’ordre de 4.5 µm pour les As2 S3 [100]. L’emplacement de la ZDW du matériau peut être décalé
dans une certaine mesure par une conception appropriée du guide d’onde [102, 103, 33].
Pour les applications aux OPA/OPO fibrés, l’emplacement de la ZDW du matériau est éga-
lement important. En effet un FOPO à base d’une fibre microstructurée de tellurite à cœur
suspendu ayant une ZDW autour de 1560 nm et un γ de l’ordre 500 W −1 km−1 a été démontrer
par Zhang et al. [104]. Une autre intéressante démonstration porte aussi sur l’utilisation d’une
microfibre de chalcogénures de 10 cm dans un FOPO ayant une ZDW décalée dans la bande
C [105], fenêtre où des sources de pompage sont suffisamment disponible. Bien que les perfor-
mances en termes d’énergie et de la stabilité rapportés dans ces dernières restent faibles devant
les FOPO à base de DSF et HNL-DSF, leurs démonstration ouvre la voie vers une nouvelle
génération de d’OPOs fibrés de très haut coefficient non-linéaire.
En parallèle au développement de toutes ces fibres destinées essentiellement à la conception
d’architectures entièrement fibrées et simplifiées d’oscillateurs paramétriques optiques, des
sources de pompage sont, elles aussi, en développement pour répondre aux demandes de ces
FOPO en termes de montée en énergie et de réduction de leur niveau de bruit [81]. Les sources
paramétriques fibrées sont très demandées pour plusieurs applications dans de multiples do-
maines car elles ont un potentiel propre est très particulier comme nous allons le voir par la
suite.

2.7 Intérêts des FOPO et leurs applications

La particularité et le potentiel qu’ont les FOPA et les FOPO sont basés sur certaines caractéris-
tiques qui ne sont pas présentes dans d’autres types d’amplificateurs et d’oscillateurs optiques.
Spécifiquement, les caractéristiques qui peuvent être exploitées sont : (i) la disponibilité de
gain à des longueurs d’onde essentiellement arbitraires, limitées uniquement par la disponibi-
lité des pompes nécessaires et des fibres avec une non-linéarité, des pertes et une dispersion
appropriées ; (ii) la réponse presque instantanée du gain aux variations de la puissance de la
pompe (iii) la structure entièrement fibrée, qui est capable de résister à des puissances élevées.
Particulièrement l’obtention du gain dans la fenêtre de transparence de 1200-1700 nm des fibres
de silice est d’un grand intérêt car non desservies entièrement par des EDFA, par exemple entre
1300 et 1500 nm ou au-delà de 1600 nm.
La conversion paramétrique par FWM peut être accomplie que ce soit par l’utilisation des
FOPA ou des FOPO, mais il y a des compromis impliqués dans le choix d’une approche ou
d’une autre. Le plus évident est que les FOPO n’ont pas besoin d’une source de signal. Seule
la pompe est requise, ce qui conduit généralement à des systèmes plus simples ainsi qu’à des
rendements plus élevés. L’avantage des sources FOPO pulsées réside dans le fait de pouvoir
obtenir des puissances crêtes très élevées avec des puissances moyennes modérées, en combi-
naison avec un faible rapport cyclique. Cet avantage est utile pour obtenir une largeur de bande
de gain importante (quelques dizaines à quelques centaines de nanomètres), et par conséquent
réaliser une source de lumière accordable sur toute la largeur de cette bande. En plus des ap-
plications en biophotonique, que nous allons voir dans la section 2.9, les FOPO peuvent aussi
trouver des applications dans les domaines de la communication optique, la spectroscopie et la
détection. Toutefois, ces applications ont des exigences strictes en termes de bruits comme nous
Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
24
phénomènes non-linéaires résultants

l’avons déjà signalé un peu plus haut. Ceci implique bien évidemment la prise en considéra-
tion de l’étude de bruits de ces sources qui doit être réduit à des niveaux les plus bas possibles.
Nous allons voir dans la section suivante les différentes origines de ces bruits lasers ainsi que
leur quantification. Nous allons décrire aussi la technique de mesure du bruit d’intensité rela-
tive (RIN), qui est utilisée pour la quantification du bruit des sources développées dans le cadre
de ce travail de thèse.

2.8 Bruit dans les sources lasers

Plusieurs études sur le bruit des lasers impulsionnels ont été réalisées ces dernières décennies.
Beaucoup d’efforts ont été consacrés à la mesure et au contrôle de bruits afin d’obtenir des la-
sers stables en phase et en amplitude [106, 107, 108], permettant l’utilisation des peignes de fré-
quences des lasers femtosecondes. Des lasers à très faibles bruits permettent alors des progrès
dans tous les domaines des mesures de haute précision comme la métrologie des fréquences,
la spectroscopie laser haute résolution [109], les horloges optiques [110], l’interférométrie, la
physique des champs forts ainsi que dans le domaine médical. Un autre domaine concerné par
la réduction du bruit laser est aussi celui des communications par fibre optique. Dans ce cas,
le bruit des lasers et des amplificateurs limite les taux de transmission de données. Ainsi, dans
tous ces domaines, le bruit des lasers doit être réduit au maximum.
Un laser comporte toujours du bruit. Les types de bruits rencontrés sont nombreux et dé-
pendent du mode de fonctionnement du laser. Voici une liste des différents types de bruits
les plus fréquemment rencontrés dans le cas des lasers à verrouillage de modes [111] :
— bruit d’intensité (ou de puissance ou d’énergie),
— bruit de phase optique sous la porteuse (« Carrier-Envelope Phase : CEP) et bruit du
décalage associé à la phase de la porteuse sous enveloppe (« Carrier-Envelope Offset :
CEO »)
— bruit de fréquence centrale,
— bruit de gigue temporelle (ou «timing jitter»),
— bruit associé à la durée des impulsions.
Ces bruits peuvent avoir des origines diverses qu’il faut savoir identifier. Mesurer et quanti-
fier un bruit puis savoir le réduire sont aussi des étapes très importantes en vue de plusieurs
applications qui limitent un niveau de bruit minimum comme nous l’avons introduit plus haut.

2.8.1 Origines de bruits

Dans le but de réduire les bruits laser et pouvoir lire une courbe de bruit, il est nécessaire d’en
localiser l’origine, et par la suite l’influence des différentes origines sur les divers bruits laser. Il
est possible de classer ces origines de bruits en deux catégories : les bruits d’origine technique
et les bruits d’origine quantique. Les bruits d’origine technique ont une influence directe sur
la stabilité en puissance du laser d’où l’intérêt de les corriger. Ces bruits sont généralement
causés par le bruit de la source de pompage du laser, des vibrations mécaniques et acoustiques
du laser ainsi que d’éventuelles variations de la température dans l’environnement du laser. La
contribution quantique au bruit d’un laser provient souvent du milieu de gain laser et du type
de cavité choisi. Plusieurs mécanismes sont à l’origine de cette contribution quantique dont
l’émission spontanée et l’émission spontanée amplifiée, les oscillations de relaxation ainsi que
les fluctuations du vide.
2.8. Bruit dans les sources lasers 25

Lorsque des mesures de bruits d’un laser sont prises, dans les résultats obtenus il y a non
seulement les bruits du laser, mais aussi ceux du système de mesure. Ces derniers proviennent
de l’électronique de détection et de l’acquisition. Le bruit de l’électronique de détection est lui-
même de deux types : bruit électronique qui vient partiellement du bruit thermique dans les
composants électroniques et le bruit de grenaille (Shot-noise) qui a une origine quantique. Ces
bruits sont, par exemple, ajoutés par un amplificateur électrique du signal et d’une photodiode.
Le bruit électronique a pour conséquence un bruit d’intensité et un bruit de synchronisation de
la phase [112]. Pour minimiser ces bruits, il est avantageux de maximiser les photocourants
des photodétecteurs en trouvant à quel niveau le bruit est encore acceptable. Trop faible, le
contraste sera mauvais et trop fort, il introduira trop de bruits à cause d’effets non-linéaires. Il
est donc important de rester dans la zone de linéarité de la photodiode, d’où l’importance de
la caractérisation de la réponse de la photodiode comme nous allons le voir dans les mesures
qui seront présentées par la suite.
Afin de développer un laser peu bruyant, il est important de tenir compte dans les choix de
conception des contributions technique et quantique aux bruits. Enfin, lors de la mesure, il
conviendra de prêter attention aux bruits introduits par l’instrumentation.

2.8.2 Quantification des bruits laser

La forme la plus complète et révélant le plus d’informations de l’expression du bruit est sou-
vent donnée par la représentation graphique de la densité spectrale de puissance (PSD pour
"Power Spectral Density"). Cette PSD peut être mesurée directement avec un analyseur de
spectre radiofréquence, une photodiode, et dans bien des cas elle nécessite aussi l’utilisation
d’un amplificateur. Les bruits peuvent être quantifiés aussi à partir de la densité spectrale de
puissance qui résulte de la transformée de Fourier de la fonction d’auto-corrélation des fluc-
tuations normalisées à partir de données recueillies dans le domaine temporel. Les unités les
plus souvent utilisées sont par exemple, le dBm/Hz pour le bruit d’intensité et dBc/Hz pour le
bruit d’intensité relative. D’autres unités telles que rad2 /Hz ou rad2 S sont aussi utilisées pour
le bruit de phase.
Plus particulièrement, le bruit d’intensité qui nous intéresse dans le cadre de ce travail peut être
défini comme une fluctuation du bruit d’intensité optique ou de l’amplitude ou de l’énergie
d’un faisceau laser. Principalement, des fluctuations de phase et de fréquence optiques intrin-
sèques causées par l’émission spontanée peuvent être à l’origine de ce bruit. Dans la plupart des
situations, ce bruit d’intensité est donné comme un bruit d’intensité relative ("relative intensity
noise" : RIN) que nous allons voir avec plus de détails dans ce qui suit.

2.8.3 Bruit d’intensité relative "RIN"

Le bruit d’intensité relative est le bruit de la puissance laser divisé par la puissance laser
moyenne [108]. La mesure du RIN décrit la plage d’amplitude maximale disponible du la-
ser pour la modulation du signal et sert d’indicateur de qualité des dispositifs lasers. Le RIN
peut être considéré comme un type de mesure inverse du rapport de la porteuse sur le bruit. Il
peut être mesuré en utilisant un récepteur optique composé d’une photodiode suivie généra-
lement d’un préamplificateur électronique, et d’un analyseur de spectre radiofréquence, avec
un schéma électronique associé [108]. C’est l’outil que nous utiliserons pour la quantification
du bruit des sources que nous rapportons dans ce manuscrit. Nous pensons qu’un petit rappel
des équations de base pour le calcul du RIN est important et peut aider le lecteur à comprendre
cette technique.
Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
26
phénomènes non-linéaires résultants

Le RIN est souvent donné par l’équation suivante :

< ∆P 2 >
RIN = dBc/Hz (2.26)
P2

où < ∆P 2 > est la fluctuation d’intensité optique moyenne carrée (dans une bande passante
de 1 Hz) à une fréquence spécifiée, et P est la puissance optique moyenne.
Le rapport des puissances optiques au carré est équivalent au rapport des puissances élec-
triques détectées. Ainsi, le RIN peut être exprimé en termes de puissances électriques détectées.
L’équation (2.26) peut être réécrite comme :

Nelec
RIN = dBc/Hz (2.27)
PM OY (elec)

où Nelec est la densité spectrale de puissance du photocourant à une fréquence spécifique, et


PM OY (elec) est la puissance moyenne du photocourant.
Le bruit à la sortie du récepteur résulte de trois contributions fondamentales : le bruit d’in-
tensité du laser, le bruit thermique de l’électronique, et le bruit de grenaille photonique (Shot-
noise). Le bruit total du système, noté NT (f ), est la somme linéaire de ces trois sources de
bruits.

NT (f ) = NL (f ) + Nq + Nth (f ) W/Hz (2.28)

où NL (f ) est la puissance de bruit d’intensité laser par Hz, Nth (f ) est la contribution de la
puissance de bruit thermique par Hz. Le bruit thermique et le bruit d’intensité laser dépendent
de la fréquence. Nq est la puissance de bruit de grenaille photonique par Hz donnée par :

Nq = (2qIdc )RL (2.29)

Où q est la charge élémentaire (1.6 10−19 Coulomb) et RL l’adaptation en impédance entre le


détecteur et l’analyseur de spectre RF. Le courant photoélectrique Idc peut être déterminé en
mesurant la puissance optique moyenne PM OY (opt) qui atteint le photodétecteur selon :

Idc = rPM OY (opt) (2.30)

où r est la réceptivité du photodétecteur. A titre d’exemple, si la résistance de charge est de 50


Ohms, un photocourant de 1 mA produira une puissance de bruit de grenaille de -168 dBm/Hz
(1, 6 10−17 mW). Dans la limite d’une réponse linéaire du photodétecteur, pour chaque décade
de photocourant la puissance du bruit de grenaille augmentera de 10 dB. Le bruit de grenaille
est fonction de l’intensité de la lumière incidente sur la photodiode.
Le bruit d’intensité laser (NL ) fait référence au bruit généré par le laser. Ce bruit d’intensité la-
ser est causé par des fluctuations d’intensité dues principalement à des émissions lumineuses
spontanées qui dépendent des paramètres structurels du laser. Les conditions de fonctionne-
ment, telles que le niveau de polarisation et la fréquence de modulation, affectent également
directement le niveau de bruit. La présence de rétroaction externe ou de réflexions dans le laser
augmentera ce bruit. La caractéristique de bruit dominante du bruit d’intensité du laser est ce-
lui qui atteint son maximum au point de résonance de relaxation. La valeur NL (f ) est obtenue à
2.9. Sources de lumière cohérentes et applications en biophotonique 27

partir de l’équation (2.28) en soustrayant les valeurs du bruit de grenaille et du bruit thermique
du bruit total du système :

NL (f ) = NT (f ) − Nq − Nth (f ) (2.31)

En se basant sur la définition du RIN, qui est donnée par le rapport entre la puissance du bruit
et la puissance moyenne, et en utilisant les équations (2.27) et (2.31) il est désormais possible
de retrouver l’écriture du RINLaser en soustrayant les effets de bruit thermique et de grenaille
du RIN total du système.

NL Nq Nth
RINLaser = = RINSysteme − − (2.32)
PM OY (elec) PM OY (elec) PM OY (elec)

Avec

NT
RINSysteme = (2.33)
PM OY (elec)

La valeur du RINLaser peut être retrouvée en faisant la conversion en termes linéaires et puis la
soustraction du bruit de grenaille et du bruit thermique du bruit total. La puissance électrique
2 R .
moyenne PM OY (elec) à l’entrée de l’amplificateur, écrite en termes de Idc est PM OY (elec) = Idc L

La mesure du bruit des sources lasers constitue une étape primordiale avant d’envisager tout
type d’application. De façon particulière, la technique de la mesure de RIN est souvent la plus
adaptée pour la quantification de ces bruit en vue de multiples applications, notamment dans
le domaine de la biophotonique [81, 83].

2.9 Sources de lumière cohérentes et applications en biophotonique

L’utilisation de la lumière laser constitue un moyen primordial pour des traitements non-
invasifs dans des applications liées aux tissus vivants. Depuis environs deux décennies, des
applications émergent au fur et à mesure du développement des sources d’excitations par lu-
mière laser. Ses applications ont parfois des exigences difficiles à réaliser dont le choix de la
fenêtre spectrale, l’énergie requise, la durée et la largeur du spectre de l’impulsion ainsi que
le bruit minimum supporté pour l’excitation des spécimens. Ces applications exploitent toutes
des effets non-linéaires dus à l’interaction de la lumière de la source avec le tissu excité.
Lors de l’interaction spontanée par effet Raman, les photons diffusés par un matériau subissent
un décalage en longueur d’onde lié directement à la structure vibrationnelle des molécules.
C’est un processus très intéressant en spectroscopie, néanmoins celui-ci demeure notoirement
faible [113]. Ce fait a limité l’utilisation de l’effet Raman pour la microscopie en raison des longs
temps d’acquisition nécessaires pour générer une image. Cependant, en conduisant de manière
cohérente le processus de diffusion Raman, le signal peut être grandement amélioré.
La microscopie par diffusion Raman cohérente (CRS) permet une imagerie vidéo du tissu avec
les capacités de sectionnement tridimensionnelles inhérentes à toute technique d’imagerie non-
linéaire [114]. La technologie des fibres offre un moyen de créer une source simple et robuste
qui pourrait étendre l’utilisation des microcopies CRS en dehors des laboratoires spécialisés.
Une source de lumière pratique pour l’imagerie CRS doit satisfaire à plusieurs exigences de
Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
28
phénomènes non-linéaires résultants

performance [115]. La CRS est une technique qui exploite le FWM avec des fréquences caracté-
ristiques ω1 , ω2 , ω3 et ω4 auxquelles correspondent des amplitudes de champs Ej , Ek , El et Ei
respectivement (voir section 2.2.4 pour plus de détails sur le FWM). C’est un processus qui a
comme point de départ l’équation de propagation Eq.(2.1). Après quelques dérivations et sub-
stitutions, une expression générale de l’amplitude du champ pour la détermination du signal
CRS est intégrée et peut s’écrire sous la forme suivante [83, 116]

r  
3 µ0 (3) ∗ ∆kL
Ei (ω4 ) = iω4 χ (−ω4 , ω1 , −ω2 , ω3 )Ej (ω1 )Ek (ω2 )El (ω3 )L sinc (2.34)
4 0 4 ijkl 2

où L est la longueur d’interaction et χ(3) la susceptibilité non-linéaire d’ordre 3. L’équation


Eq.(2.34) est donnée comme le point de départ de l’analyse de deux cas spécifiques de la CRS
[83], à savoir la microscopie par diffusion Raman anti-Stokes cohérente (CARS) et la microsco-
pie par diffusion Raman stimulée (SRS).
La CARS a été la première technique de CRS utilisée pour la microscopie et est encore largement
utilisée aujourd’hui. Sa découverte remonte à 1965 [117], mais elle n’a effectivement commencé
à porter le nom CARS qu’à partir de 1974 [118, 119]. C’est un processus de FWM par lequel un
faisceau de pompage à la fréquence ωp et un faisceau Stokes à la fréquence ωs interagissent avec
un échantillon. Lorsque la fréquence Ωvib = ωp − ωs correspond à la fréquence d’une vibration
moléculaire active Raman, les oscillateurs résonants sont entraînés de manière cohérente par
les champs d’excitation, générant ainsi un fort signal anti-Stokes à la fréquence ωas = 2ωp − ωs ,
comme on peut le voir à partir du diagramme des niveaux d’énergie schématisé sur la Fig.2.9.

F IGURE 2.9 – Diagramme du processus de diffusion Raman anti-Stokes cohérent


(CARS). Lorsque la différence entre les fréquences de la pompe et de Stokes (ωp −
ωs ) correspond à la fréquence de vibration moléculaire, ΩV ib , le signal anti-Stokes
est généré à une fréquence ωas = 2ωp − ωs [119].

Un des principaux inconvénients de la microscopie CARS est la dépendance du signal par


rapport à la contribution électronique non résonante à la susceptibilité non linéaire. Ceci limite
le rapport signal sur bruit et la sensibilité de la CARS, et rend par exemple la détermination de
la concentration chimique à partir du signal plus compliquée [83].
La SRS est analogue au phénomène bien connu de l’émission stimulée et a été observée pour
la première fois en 1962 [120]. Depuis lors, elle a été utilisée dans de nombreuses études spec-
troscopiques [121]. La SRS est très connue pour être une technique alternative de CRS pour la
CARS pour plusieurs raisons. Dans la diffusion Raman spontanée, un faisceau laser à une fré-
quence ωp éclaire l’échantillon et le signal est généré aux fréquences de Stokes et anti-Stokes, ωs
et ωas , respectivement, en raison de la diffusion inélastique. En SRS, cependant, deux faisceaux
2.9. Sources de lumière cohérentes et applications en biophotonique 29

laser à ωp et ωs coïncident sur l’échantillon. Lorsque la différence ∆ω = ωp − ωs , également ap-


pelée décalage Raman, correspond à une fréquence de vibration moléculaire Ωvib particulière,
l’amplification du signal Raman est obtenue grâce à l’excitation stimulée. En conséquence, l’in-
tensité du faisceau Stokes IS , subit un gain ∆Is (gain Raman stimulé, SRG), et l’intensité du
faisceau de pompage Ip , subit une perte ∆Ip (perte Raman stimulée, SRL), comme on peut
le voir sur la Fig.2.10. En revanche, lorsque ∆ω ne correspond à aucune résonance vibratoire
moléculaire, les SRL et SRG ne peuvent pas se produire. Par conséquent, et contrairement à
la CARS, les SRL et SRG ne présentent pas de bruit de fond non résonant, ce qui permet une
facilité d’extraction de la concentration chimique du signal détecté [120].

F IGURE 2.10 – Schéma montrant les spectres d’entrée et de sortie en référence à la


technique de SRS. La SRS entraîne une augmentation de l’intensité Stokes (SRG)
et une diminution de l’intensité de la pompe (SRL). Le signal CARS généré à la
fréquence anti-Stokes est également représenté (non à l’échelle). [120].

Cette caractéristique donne de plus en plus de popularité à cette dernière technique (SRS),
néanmoins cela exige la disponibilité de sources d’excitation avec des niveaux de bruit très
faible, proche de la limite fondamentale de détection, pour éviter les fluctuations laser pouvant
dominer la SRG ou la SRL, qui sont relativement de faibles intensités.
Une autre application des sources de la lumière cohérente consiste dans la microscopie multi-
photonique (MPM). La première démonstration du phénomène de la fluorescence d’excitation
à trois photons remonte à 1964 [122], quatre années seulement après la découverte du premier
laser à Rubis. Le développement de la microscopie à balayage laser a permis, dans les années
1996, à plusieurs groupes la démonstration de la microscopie à trois photons (3PM) avec des
images fluorescentes de haute qualité [123, 124, 125]. Les sources idéales pour les MPM de
tissus profonds délivrent des impulsions femtoseconde de hautes énergies (sup 10 nJ) dans la
fenêtre de 1300 nm ou de 1700 nm, avec des taux de répétition adaptés à la vitesse d’imagerie
sans provoquer un échauffement excessif de l’échantillon. Cependant, l’accordabilité en lon-
gueur d’onde des lasers à fibre est limitée à des dizaines de nanomètres par la bande passante
de gain des dopants, ce qui limite considérablement leur application en imagerie biologique et
médicale. Une solution peut être trouvée dans l’utilisation d’une approche qui repose sur l’auto
décalage Raman de soliton (SSFS) [14, 10, 11]. En particulier, la mise en œuvre du concept SSFS
utilisant des fibres à cristal photonique à large mode a permis d’atteindre plusieurs dizaines de
nanojoules par impulsion sub-100 fs à 1665 nm, permettant l’imagerie des tissus profonds par
microscopie multi-photonique [14]. Une autre approche basée sur le développement de FOPO
de hautes énergie dans les fenêtres d’intérêt biologique autour de 1300 nm et de 1700 est aussi
en développement croissant [9].
Chapitre 2. Propagation non-linéaire d’impulsions ultracourtes dans les fibres optiques et
30
phénomènes non-linéaires résultants

2.10 Conclusion

Nous avons rappelé dans ce chapitre les principes fondamentaux de la propagation non-linéaire
d’une impulsion laser de courte durée dans une fibre optique monomode supposée non bi-
réfringente. L’équation GNLSE est généralement considérée comme suffisante pour décrire
ce phénomène de propagation en donnant la possibilité d’obtenir des résultats les plus réa-
listes possibles. Nous avons rappelé aussi les effets non-linéaires qui peuvent contribuer dans
le phénomène de propagation. Considérant la dispersion chromatique, plusieurs régimes de
propagations peuvent exister, à savoir les régimes de soliton fondamental, solitons dissipatifs,
similariton et parabolique.
Nous avons montré que la réalisation de sources de lumière cohérente impulsionnelle présen-
tait un intérêt considérable pour de nombreuses applications, notamment en biophotonique,
avec les techniques de CRS et de MPM. La plage de longueurs d’ondes proche infrarouge de
800 à 1800 nm est très intéressante pour ces applications. Les lasers à fibre de silice dopée aux
terres rares répondent à cette exigence mais leurs longueurs d’onde d’émission ne couvrent
pas de façon continue toute cette fenêtre, d’où le recours à des procédés indirects comme l’uti-
lisation des oscillateurs d’auto-décalage Raman d’un soliton (SSFS) et des oscillateurs paramé-
triques optiques fibrés (FOPOs). Ces oscillateurs sont à leurs tours pompés par des lasers à
fibre dopée à soliton de haute énergie, d’où le double intérêt de ces sources à fibre dopée aux
terres rares. Nous avons décrit aussi l’origine des sources de bruits pouvant altérer le fonction-
nement stable de ces lasers, ainsi que la technique de la mesure du bruit d’intensité relative.
Nous avons montré que toute application laser doit passer inévitablement par une quantifica-
tion du niveau de bruit de sa source. Ces bruits doivent souvent être à des niveaux les plus bas
possibles.
Dans le chapitre suivant, nous allons voir différentes manières de manifestation de solitons de
lasers à fibre dopée erbium, ainsi que leurs caractéristiques. Nous allons voir par la suite dans
les autres chapitres de ce manuscrit de thèse, l’utilisation d’un de ces lasers à fibre dopée erbium
comme source de pompage d’un oscillateur paramétrique optique fibré (FOPO), en vue d’un
éventuel développement d’une source pouvant servir dans le domaine de la biophotonique
ainsi que dans l’instrumentation et la détection.
31

Chapitre 3

Dynamique des lasers à fibre dopée


erbium à impulsions ultracourtes

3.1 Introduction

Les impulsions lumineuses ultracourtes sont essentielles dans de nombreuses applications


scientifiques et industrielles telles que l’imagerie dans les milieux turbides, la chirurgie, les
télécommunications, le marquage et l’usinage laser ainsi que la génération d’harmoniques éle-
vées ou l’analyse des matériaux. Les sources lasers ultra-rapides actuelles sont encombrantes,
coûteuses, délicates à manipuler et gourmandes en énergie. Par ailleurs, les systèmes lasers
basés sur des cristaux massifs– comme le saphir dopé au titane – sont limités en cadence et en
puissance à cause des problèmes liés à la tenue en température des cristaux. Avec leurs avan-
tages de compacité, robustesse et forte efficacité, les lasers à fibre prennent de plus en plus de
parts de marchés pour adresser plusieurs applications scientifiques et industrielles.
Les lasers à fibre de silice dopée aux terres rares telles que le néodyme, l’erbium, l’ytterbium et
le thulium sont pompés par des diodes laser émettant en continu et ne nécessitant pas de sys-
tème de refroidissement actif. Ils sont devenus une solution pour l’amplification optique. En
particulier, les amplificateurs à fibre dopée erbium (Er3+ ) fonctionnant autour d’une longueur
d’onde de 1.55 µm ont apporté un progrès significatif dans le développement des systèmes de
télécommunications optiques. En plus de l’intérêt qu’ils ont dans le domaine des télécommu-
nications, les lasers à fibre dopée erbium peuvent aussi produire des impulsions ultracourtes
d’un intérêt significatif en spectroscopie, chirurgie et micro-usinage. Aussi, ils sont très utilisés
comme sources de pompage des oscillateurs et amplificateurs paramétriques optiques fibrés
(FOPO/FOPA) [33, 104, 126, 35, 89].

3.1.1 L’ion Erbium

L’ion Er3+ fait partie de la famille des "terres rares" (ou lanthanides) qui sont très souvent in-
corporées dans des matrices solides et utilisées comme milieux actifs pour les lasers. Citons
outre l’erbium, le néodyme, l’ytterbium ou le thulium. Elles ont la particularité de posséder de
nombreuses transitions radiatives dans le visible et le proche infrarouge. L’ion erbium consti-
tue l’élément de dopage des fibres optiques utilisées dans les sources lasers développées dans
ce travail de thèse. Il est aussi l’ion de dopage de la source haute énergie [20] développée spé-
cialement pour le pompage d’un oscillateur paramétrique optique fibré (FOPO).
32 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

3.1.2 Les niveaux d’énergie de l’ion erbium

L’ion erbium, de la famille des lanthanides, a une structure électronique de la forme


[Xe]4f 12 6s2 . La particularité de ce groupe d’éléments est de posséder une couche électronique
profonde 4f incomplète. Cette couche se trouve ainsi protégée des interactions avec l’envi-
ronnement extérieur par les couches externes complètes 5s2 et 5p6 . Ce phénomène est appelé
«contraction lanthanide». Les niveaux d’énergies de l’Er3+ sont représentés sur la Fig. 3.1.

F IGURE 3.1 – Spectroscopie de l’ion erbium.

F IGURE 3.2 – Spectres d’émission (courbe noire) et d’absorption (courbe rouge)


de l’ion erbium dans une matrice de verre co-dopée au germanate d’aluminium
[127].

Notons que le niveau fondamental 4 I15/2 et le niveau excité 4 I13/2 sont constitués de multiples
sous-niveaux du fait de l’interaction de l’ion avec le champ électrique local créé par les ions
voisins (effet Stark). Les bandes d’absorption principales se situent autour de 810 nm (4 I15/2 →
3.2. Observation d’instabilités d’auto-verrouillage de modes harmonique d’un laser à fibre
33
dopée erbium

4I 980 nm (4 I15/2 → 4 I11/2 ) et 1,48 µm (4 I15/2 → 4 I13/2 ). La durée de vie du niveau mé-
9/2 ),
tastable 4 I13/2 dans la silice est de l’ordre de 10 ms. Les transitions 4 I9/2 → 4 I11/2 et 4 I11/2 →
4I
13/2 sont non radiatives et seront considérées comme rapides (la durée de vie de ces niveaux
est bien inférieure à celle du niveau 4 I13/2 ). On peut ainsi avoir une inversion de population
entre les niveaux 4 I13/2 et 4 I15/2 correspondant à une transition au voisinage de 1550 nm (1530
nm - 1600 nm). L’amplification par émission stimulée à 1.55 µm met en jeu les niveaux 4 I15/2
(niveau fondamental) et 4 I13/2 , le niveau 4 I11/2 servant de relais dans la cas d’un pompage à
980 nm. Nous somme donc en présence d’un système à trois niveaux. Une amplification d’un
signal vers 1.55 µm par pompage résonant autour de 1.48 µm est également possible en raison
de l’éclatement des deux premiers niveaux par effet Stark dans la matrice de verre [128]. Un
spectre typique d’émission de l’ion erbium dans la matrice de silice est représenté sur la Fig.
3.2.
L’étude du comportement dynamique délivré par ces lasers n’a cessé de se développer ces der-
nières décennies. Nous nous intéressons dans ce chapitre à la dynamique des lasers à fibre do-
pée erbium à impulsions ultracourtes. Nous allons montrer dans un premier temps l’observa-
tion d’instabilités multimodales conduisant à la génération d’impulsions courtes dans un laser
à dispersion totale anormale sans absorbant saturable évident. En insérant un absorbant satu-
rable basé sur la rotation non-linéaire de la polarisation (RNLP) dans cet oscillateur, nous avons
relevé différents régimes multi-impulsionnels qui seront détaillés ci-après. Ces deux configu-
rations ont été développées au laboratoire LEQ (USTHB). Dans la troisième configuration (dé-
veloppée au CORIA-INSA et Université de Rouen), il s’agira de l’étude d’un laser à solitons
dissipatifs de haute énergie en régime de dispersion normale. C’est cette dernière configura-
tion que nous avons utilisée comme source de pompage de l’oscillateur paramétrique optique
fibré qui sera présentée dans les chapitres 5 et 6.
Dans la section suivante, notre intérêt est porté sur l’étude expérimentale d’un laser à fibre
dopée erbium en anneau unidirectionnel en régime d’auto-verrouillage de modes et sans ab-
sorbant saturable évident.

3.2 Observation d’instabilités d’auto-verrouillage de modes harmo-


nique d’un laser à fibre dopée erbium

La dynamique des lasers à fibre dopée erbium a été longuement analysée et approfondie du-
rant ces dernières décennies [46, 22, 129]. La littérature approuve que ce type de laser peut
fonctionner en régime auto-impulsionnel, sinusoïdal ou en continu sous l’influence de diffé-
rents paramètres tels que les pertes de la cavité, le taux de pompage ou le taux de paires d’ions.
Différents phénomènes physiques qui sont à l’origine de ce comportement ont été validés ex-
périmentalement et théoriquement [46, 22, 129]. Le Boudec et al. expliquent ce phénomène par
le mécanisme d’absorption saturable dû à la forte concentration de paires d’ions Er3+ dans
la fibre dopée [46]. Plus tard, Sergeyev propose une étude qui vérifie qu’une fibre monomode
fortement dopée soit vide de paires d’ions (ne contenant pas de clusters d’ions Er3+ ) peut
être aussi à l’origine d’un fonctionnement auto-impulsionnel [129]. Il montre dans une étude
théorique que ce type d’oscillations peut être prédit par un modèle tenant compte de la nature
statistique de population des niveaux d’énergie de l’ion Er3+ et des différents phénomènes
d’up-conversion [129]. La littérature montre aussi que les lasers à fibre peuvent avoir un autre
type d’instabilité connu sous le nom d’auto-verrouillage de modes (de l’anglo-saxon "self-mode-
locking", ou SML ) [22]. Cette dernière perturbe le fonctionnement continu du laser et rend son
maintien dans la cavité pratiquement difficile voire impossible. Les conditions d’obtention du
SML diffèrent de celles des lasers picoseconde et femtoseconde à verrouillage de modes passif,
34 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

malgré les ressemblances dans l’architecture des cavités et le type de pompage. La première
différence est que le SML a lieu tout de suite au démarrage du laser au seuil [22]. De plus, le
fonctionnement en régime SML ne nécessite aucune modulation (en phase ou en amplitude)
du signal laser, ni un élément jouant le rôle d’un absorbant saturable. L’instabilité de type SML
à été observée pour la première fois dans un laser He-Ne émettant à 632,8 nm [130] où six im-
pulsions par tour de cavité ont été relevées, avant d’être observée plus tard dans les lasers à
fibre dopée N d3+ [23], les lasers N d : Y AG [131] et les lasers à fibre dopée Er3+ [22, 132, 133].
Les résultats de l’analyse de stabilité linéaire et des simulations numériques dans la référence
[132], ayant une architecture très proche de la configuration étudiée ici, suggèrent fortement
que les pulsations observées correspondent à celles du scénario classique de l’instabilité du
laser multimode prédit par Risken et Nummedal [134], et Graham et Haken [135]. Ces instabi-
lités multimodales portent justement le nom d’instabilités RNGH par rapport à cette prédiction
[134, 135].
Notre observation liée aux instabilités SML est justement en lien très étroit avec les instabilités
multimodales de type RNGH de la même façon que dans les références [22, 132, 133]. Tou-
tefois, ce fonctionnement assez particulier de notre configuration laser a la caractéristique de
l’émission d’impulsions multiples par tour de cavité. Il s’agit d’un train d’impulsions iden-
tiques d’une période de 8 ns pour de faibles intensités de pompage. Le taux de répétition de
celles-ci est 5 fois l’intervalle spectral libre (ISL) de la cavité autour de 125 MHz. Ce type de
fonctionnement, semblable à un auto-verrouillage de modes harmonique est obtenu sans faire
intervenir aucun élément de contrôle de verrouillage de modes tel qu’un absorbant saturable.
Nous avons observé aussi mais de façon moins fréquente, un autre type d’instabilité où dix
neuf impulsions peuvent être générées par tour de cavité.

3.2.1 Dispositif expérimental

Le dispositif expérimental est schématisé sur la Fig. 3.3. Il contient un milieu amplificateur
constitué d’une fibre monomode fortement dopée à l’erbium (EDF80), d’une longueur LEr3+ =
1.65 m, ayant une dispersion D = −15 ps. nm−1 . km−1 à 1550 nm. Le pompage en continu
dans la cavité est assuré par une diode laser, d’une puissance maximal de 600 mW et émettant
à 976 nm, à travers un multiplexeur (980/1550). Un isolateur à 1550 nm est inséré à l’intérieur
de la cavité pour imposer une direction unique au signal laser. Seulement 10 % du signal sont
extraits de l’oscillateur, puis sont envoyés vers un détecteur (2 GHz) et un oscilloscope (Lecroy
2.5 GHz) qui sont utilisés comme systèmes de détection et de visualisation/enregistrement du
signal laser. En plus de la fibre dopée, la cavité contient aussi 1.78 m de fibre Corning flexcore
(D = 4.556 ps. nm−1 . km−1 ), et environ 4.85 m de fibre SMF (D = 17 ps. nm−1 . km−1 ). La
longueur totale de la cavité est Ltot = 8.28 m, et la dispersion totale de celle-ci est anormale
β2tot = −0.0838 ps2 qui correspond à Dtot = 7.95 ps. nm−1 . km−1 .

3.2.2 Résultats et discussions

Près du seuil des oscillations laser, et pour une puissance de pompage de 14 mW, nous avons re-
levé l’existence d’impulsions Q-Switch géantes qui-elles même-sont fortement modulées. Nous
allons voir par la suite que ces dernières modulations sont d’une période de l’ordre de quelques
nanosecondes, ce qui nous poussera à explorer la piste de l’auto-verrouillage de modes. Une
forme typique de ces impulsions Q-Switch est représentée sur la Fig. 3.4. Elles ont une durée
de 65 µs et sont séparées en moyenne d’environs 190 µs pour un pompage de 14 mW.
3.2. Observation d’instabilités d’auto-verrouillage de modes harmonique d’un laser à fibre
35
dopée erbium

F IGURE 3.3 – Dispositif expérimental. EDF ; fibre dopée erbium, WDM ; multi-
plexeur, OC ; coupleur de sortie, ISO ; isolateur.

F IGURE 3.4 – Impulsion Q-Switch auto-verrouillée en modes pour un pompage


de 14 mW.
36 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

Nous avons relevé par la suite, en explorant ces impulsions Q-Switch de plus près, quelques
séries temporelles qui représentent les différentes formes sous lesquelles se manifeste ce régime
auto-impulsionnel. Comme on peut le voir sur la Fig. 3.5 où nous avons représenté des séries
temporelles normalisées sur une fenêtre de 200 ns (la période de cette cavité est de 40 ns), diffé-
rentes formes d’instabilités impulsionnelles sont relevées. Nous remarquons néanmoins qu’un
régime périodique de l’ordre de 8 ns (séparation entre deux impulsions successives les plus
intenses, qui correspond à f =125 MHz) persiste et a tendance à se reproduire fréquemment. La
fréquence f est de 5 fois l’ISL de notre laser. Les impulsions correspondant à cette fréquence
sont accompagnées par des impulsions secondaires qui se réarrangent de différentes façons
dans la cavité.

F IGURE 3.5 – Différentes manifestations d’instabilités d’auto-verrouillage de


modes de 5ime harmonique près du seuil d’oscillation à 14 mW de puissance
de pompe.

Nous montrons maintenant sur la Fig. 3.6 un train d’impulsions sur une fenêtre de 5 µs pour
une puissance de pompage Pp = 50 mW. Cette fois-ci, les impulsions secondaires ont tendance à
disparaitre et à ne réaparaitre que rarement. Un zoom est effectué sur 100 ns pour une meilleure
observation de l’évolution du signal de sortie. La fréquence de répétition de ces impulsions est
de 125 MHz, comme le montre le spectre de la transformée de Fourier (TF) correspondant sur la
Fig. 3.7. Cette fréquence est 5 fois plus grande que l’ISL de notre cavité laser autour de 25 MHz
indiquant un verrouillage de modes harmonique. Le spectre TF montre un nombre important
de fréquences équidistantes constituant des multiples de la fréquence de répétition des impul-
sions avec des puissances spectrales égales, ce qui implique un nombre important de modes
oscillants à l’intérieur de la cavité [22].
L’évolution de 5 impulsions identiques et périodiques (de période T= 8 ns) à l’intérieure de
la cavité est due à un auto-verrouillage harmonique de modes. Cette observation est à notre
connaissance la première du genre dans un laser à fibre dopée erbium auto-impulsionnel à
3.2. Observation d’instabilités d’auto-verrouillage de modes harmonique d’un laser à fibre
37
dopée erbium

gestion de dispersion. De plus, la dispersion totale de la cavité est anormale, ce qui a vraisem-
blablement favorisé un fonctionnement multi-impulsionnel.
Il faut mentionner qu’en augmentant le pompage, les enveloppes de Q-déclenchement conte-
nant ces impulsions SML subissent un étirement temporel et leur intervalle subit un raccourcis-
sement jusqu’à ce qu’elles se confondent, comme on peut le voir sur la Fig. 3.8, où l’intervalle
passe à environs 120 µs pour un pompage de 20 mW.

F IGURE 3.6 – Trace temporelle d’oscilloscope sur 5 µs et zoom effectué sur 100 ns
de la même trace présentant 5 impulsions par tour de cavité. Le tour de cavité est
de 40 ns. La puissance de pompage est de 50 mW.

F IGURE 3.7 – Spectre TF de la trace temporelle de la Fig.3.6. Le taux de répétition


est de 125 MHz, qui est 5 fois plus grand que l’ISL de 25 MHz.

Lorsqu’on augmente davantage la puissance de pompe, les impulsions s’accompagnent d’un


important fond continu comme on peut le voir sur la Fig. 3.9(b), où la puissance de pompage
est passée à 100 mW. Ce fond continu perdure avec l’extinction des impulsions autour de 200
mW de puissance de pompe ou plus (la puissance maximale de travail est de 400 mW).
38 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

F IGURE 3.8 – Auto-verrouillage de modes à Q-déclenchement pour un pompage


de 20 mW.

F IGURE 3.9 – Série temporelle sur 100 ns pour une puissance de pompage de 50
mW (a) et une puissance de pompage de 100 mW (b).

F IGURE 3.10 – Spectre optique laser pour une puissance de pompe de 300 mW.
3.2. Observation d’instabilités d’auto-verrouillage de modes harmonique d’un laser à fibre
39
dopée erbium

Le spectre optique du laser sur la Fig. 3.10 est obtenu à la sortie d’un monochromateur M25
de type Jobin Yvon pour une puissance de pompage de 300 mW. Le laser émet un maximum
d’intensité autour de 1,55 µm avec une bande spectrale d’émission de près de 40 nm. Nous
avons constaté la difficulté de relever des spectres pour les faibles puissances de pompe mais
la forme de la bande spectrale reste la même pour les pompages moyens autour de 50 mW et
plus, sauf que l’intensité du signal reste très faible, vu les pertes importantes occasionnées au
signal laser par les éléments optiques du monochromateur inséré entre le coupleur de sortie
et le détecteur. Ce spectre (Fig. 3.10) ne donne pas une idée précise du comportement spectral
des instabilités observées ici, mais il nous renseigne exactement d’une émission de notre laser
dans la bande C, ou bande conventionnelle. Le fit (courbe rouge) est basé sur deux courbes
gaussiennes centrées à 1.55 µm et à 1.53 µm caractérisant l’émission de l’ion erbium dans la
bande C.
Une autre forme d’instabilité assez particulière a été relevée pour des pompages intermédiaires
de 20 mW à 35 mW (ces mesures ont été prises avec la cavité initialement ayant une longueur
totale de 8.5 m) où une série de 19 impulsions avec une période de 2.17 ns ont été relevées dans
la cavité, comme on peut le voir sur la Fig. 3.11.

F IGURE 3.11 – Instabilités d’auto-verrouillage de modes de 19ime harmonique


pour des pompages intermédiaires (20 à 35 mW).

Comme conclusion, nous avons montré dans cette étude expérimentale une nouvelle observa-
tion liée aux instabilités de type SML trouvant leur origine dans le régime d’instabilité mul-
timodale RNGH. Dans ce laser, nous avons obtenu un régime SML harmonique avec une fré-
quence de répétition de 125 MHz, qui est 5 fois l’ISL de notre cavité laser. Le fonctionnement est
dominant sur une large gamme de pompage (14 mW à 110 mW), mais les impulsions s’accom-
pagnent d’un fond continu lorsqu’on s’éloigne du seuil jusqu’à leur extinction autour de 200
40 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

mW de puissance de pompe. La dispersion totale est anormale à l’intérieur de la cavité, ce qui a


probablement pu favoriser le fonctionnement multi-impulsionnel, mais l’équidistance des im-
pulsions et la quasi-stabilité du signal de sortie de notre cavité nous permettent de conclure
que notre laser fonctionne en régime d’auto-verrouillage de modes harmonique (HSML).

3.3 Régimes impulsionnels exotiques d’un laser à fibre dopée erbium


verrouillé en modes par la technique de la rotation non-linéaire
de polarisation

Pour verrouiller en phase les différents modes longitudinaux de la cavité nous avons retenu
la technique de rotation non-linéaire de polarisation (RNLP), introduite au chapitre 2. Cette
méthode passive ne nécessite pas de source externe pour moduler le gain et/ou les pertes. Elle
exploite l’effet Kerr optique et permet de produire un effet d’absorbant saturable artificiel ca-
pable d’initier et de stabiliser des impulsions courtes. Cette étude est axée sur des régimes par-
ticuliers et exotiques. Nous rapportons dans un premier lieu l’observation d’une dynamique
originale que nous pouvons appeler impulsion Q-Switch verrouillée en mode à profil temporel
amorti. En effet cette impulsion Q-Switch est composée d’une impulsion géante verrouillée en
phase suivie d’une traine composée de plusieurs impulsions Q-Switch. Nous rapportons aussi
l’observation de régimes à solitons multiples tels que l’assemblage et la dissociation de solitons,
le gaz de solitons [136], la pluie de solitons [26, 137], le cristal de solitons [136, 28], ainsi que
la génération de paires de solitons harmoniques. Toutes ces dynamiques montrent la grande
flexibilité de l’oscillateur étudié ici.

3.3.1 Dispositif expérimental

Le dispositif expérimental est schématisé sur la Fig. 3.12. Il contient le même milieu amplifi-
cateur que la précédente cavité (section 3.2), à savoir une fibre monomode fortement dopée à
l’erbium d’une longueur LEr3+ = 1.65 m avec une dispersion D = −15 ps. nm−1 . km−1 , ainsi
que les autres éléments optiques sus-cités. Ce dispositif contient aussi un polariseur fibré (FP)
d’une longueur de 1.65 m et deux contrôleurs de polarisation (PC) situés de part et d’autre du
FP. L’ensemble du FP et des deux PCs ont une longueur totale de 7.13 m de fibre SMF.
Ce système PC-FP-PC, assure le fonctionnement du laser en régime de verrouillage de modes
par la méthode de RNLP. Le même système de détection que précédemment est utilisé pour
caractériser le fonctionnement de ce laser. Un analyseur de spectres optiques (OSA, Anritsu
MS9740A), un analyseur de spectres fréquentiels de 1 GHz de bande passante (Goodwill Instek
GSP 810) et un autocorrélateur (Femtochrome FR-103XL) sont aussi utilisés pour l’acquisition
des spectres optiques, fréquentiels et des traces d’autocorrélations respectivement.

3.3.2 Oscillateur à dispersion totale largement anormale

La longueur totale de cet oscillateur est de 15.4 m, et la dispersion totale est largement anormale
avec la valeur β2 = −0.24 ps2 . Dans une première tentative de mise en marche du laser, nous
avons placé la pompe à 300 mW, et avec les contrôleurs de polarisation nous avons cherché
des positions qui permettent le déclenchement d’un régime de verrouillage de modes. Ce der-
nier fonctionnement est difficilement réalisable en raison de la limitation en degrés de liberté
de manipulation. En effet, les positions des contrôleurs de polarisation (PCs) pouvant donner
3.3. Régimes impulsionnels exotiques d’un laser à fibre dopée erbium verrouillé en modes par
41
la technique de la rotation non-linéaire de polarisation

F IGURE 3.12 – Dispositif expérimental. EDF : fibre dopée erbium, WDM : mul-
tiplexeur, PC : contôlleur de polarisation, FP : polariseur fibré, OC : coupleur de
sortie, ISO : isolateur.

des régimes de verrouillage de modes sont très limitées. Le régime de verrouillage de modes
obtenu est auto-démarrant. Les impulsions sont séparées de 75 ns, ce qui correspond à l’ISL de
la cavité comme on peut le voir sur la Fig. 3.13.
En diminuant la puissance de pompage graduellement de 300 mW à 220 mW, le régime de ML
est maintenu mais le train d’impulsions manifeste une forte instabilité d’amplitude. Mais pour
des pompages allant de 220 mW à 45 mW le laser devient instable et des impulsions intermit-
tentes viennent perturber le régime de ML. Pour de faibles puissances de pompe, inférieures à
40 mW le laser émet en régime quasi-continu. Nous avons par la suite augmenté le pompage
pour retrouver le régime de verrouillage de modes, celui-ci se réinstalle quand le pompage a
atteint la puissance de 320 mW et non pas à 300 mW comme au démarrage. Nous avons aug-
menté le pompage jusqu’à 400 mW et le régime reste le même. Pour des pompages supérieurs
à 400 mW et allants jusqu’à 600 mW, le régime de ML devient à nouveau instable.
Pour une autre position des PCs et pour une puissance de pompe de 65 mW, le laser démarre
sur un régime quasi-continu. Ce régime se maintient jusqu’à 80 mW de pompe. Pour des puis-
sances allant de 80 mW à 130 mW, des impulsions intermittentes s’installent dans la cavité.
Quand la pompe est placée à 140 mW on assiste à un début de la signature du verrouillage
de modes. A partir de 260 mW, nous assistons à l’apparition d’un fonctionnement déclenché à
verrouillage de modes assez particulier, comme on peut le voir sur les Figs. 3.14 et 3.15. La série
temporelle de ce régime est composée d’une région de fonctionnement continu du laser comme
le montre le zoom effectué sur la Fig. 3.14(a), et de régions de fonctionnements modulés visible
sur les Figs. 3.14(b) et 3.14(c). L’observation d’un régime similaire à celui-ci a récemment été
rapportée dans la référence [138].
Dans une zone modulée, l’impulsion géante verrouillée en modes, que l’on peut voir en détails
sur les Figs. 3.15(a) et 3.15(b), est suivie de plusieurs impulsions Q-Switch. Ces dernières sont
de moindre amplitudes et sont amorties. Elles sont séparées d’environ 30 µs comme on peut le
voir sur la Fig.3.15(c). En réalité ce fonctionnement n’est autre qu’un régime déclenché à ver-
rouillage de modes à impulsions amorties. C’est un fonctionnement qui délivre des impulsions
possédant tous les régimes de la lumière laser : continu, Q-Switch, et blocage de modes (ML).
42 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

F IGURE 3.13 – Série temporelle du laser à verrouillage de modes sur 50 µs et 2 µs


(agrandissement) pour P=300 mW.

F IGURE 3.14 – Manifestation d’un fonctionnement de blocage de modes Q-


Switch pour une position donnée des PCs et une puissance de pompe P=400 mW.
3.3. Régimes impulsionnels exotiques d’un laser à fibre dopée erbium verrouillé en modes par
43
la technique de la rotation non-linéaire de polarisation

F IGURE 3.15 – Impulsion Q-Switch amortie à verrouillage de modes. (a) L’im-


pulsion Q-Switch verrouillée en modes. (b) Agrandissement sur une partie de
l’impulsion (a). (c) Une partie de la traine amortie de l’impulsion.

Cette configuration est caractérisée par une large dispersion anormale totale β2 =-0.24 ps2 , ce
qui impose un fonctionnement souvent instable au laser. Quand le verrouillage de modes est
obtenu, son maintient est caractérisé par une gamme de pompage réduite allant de 220 mW à
400 mW seulement. Nous proposons de réduire la dispersion totale anormale en diminuant la
longueur de la SMF dans la cavité.

3.3.3 Verrouillage de modes d’un oscillateur à dispersion totale anormale

Dans le but de gagner en stabilité, nous avons réduit la longueur de la SMF dans la cavité pour
réduire la dispersion totale anormale de celle-ci. Le nouvel ISL mesuré à l’aide d’un analyseur
RF est de 15.86 MHz et la nouvelle dispersion est calculée autour de -0.188 ps2 pour une lon-
gueur totale de la cavité d’environ 13 m. Cette nouvelle configuration permet plus facilement
l’obtention d’un régime de verrouillage de modes sur une large gamme de puissances de pom-
page allant de 50 mW à 600 mW. Elle permet aussi l’observation de différents régimes de so-
litons comme nous allons voir ci-après. Dans cette configuration, le laser émet essentiellement
autour de la longueur d’onde de 1530 mn, mais pour certaines positions des PCs l’émission
laser peut être décalée 1560 nm. La Fig. 3.16 montre les spectres du laser pour un pompage
de 500 mW et pour différentes positions des PCs. L’émission de longueurs d’ondes peut être
centrée à 1558 nm avec une composante continue à 1530 nm (Fig. 3.16(a)), comme elle peut être
centrée à 1530 nm avec une composante continue à 1527 nm (Fig. 3.16(b)), ou bien centrée à
1558 nm (Fig. 3.16(c)).
44 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

F IGURE 3.16 – Spectres optiques du laser pour différentes positions des CPs et
pour une puissance de pompe de 500 mW.

Pour une puissance de pompe de 200 mw et pour une position initiale donnée des PCs, nous
avons relevé un régime de verrouillage de modes dont la trace temporelle est représentée sur
la Fig. 3.17. Ce régime est semblable à celui obtenu dans la précédente configuration (voir Fig.
3.13), mais manifeste une meilleure stabilité. Nous avons ensuite apporté une petite pertur-
bation dans l’état de polarisation du système en changeant légèrement l’orientation des PCs
de cette position initiale à une position finale donnée, et par conséquent une nouvelle dyna-
mique multi-impulsionnelle est obtenue. La série temporelle de celle-ci est représentée sur
la Fig. 3.18(b). Nous pouvons supposer que pour le cas de la position initiale (Fig. 3.18(a)),
l’impulsion est composée de plusieurs solitons dont la séparation n’est pas résolue par l’os-
cilloscope, alors que dans la situation finale (Fig. 3.18(b)) certains solitons sont suffisamment
éloignés les uns des autres d’où l’observation évidente du régime multi-impulsionnel.
Nous avons par la suite, diminué la puissance de pompage entre 200 mW et 50 mW, seuil du
verrouillage de modes. Les séries temporelles représentant la dynamique du laser pour chaque
puissance de pompe sont représentées sur les figures Fig. 3.19 et Fig. 3.20 sur 9 tours de cavité
et 1 tour de cavité respectivement.
Le nombre d’impulsions diminue au fur et à mesure que la puissance de pompage décroit. Il
passe d’une dizaine d’impulsions à 200 mW à 3 impulsions à 90 mW puis à une impulsion à 55
mW de puissance de pompe. Nous avons donc en moyenne et pour ce régime, la disparition
d’une impulsion pour toute diminution de 15 mW de la puissance de pompage. Il faut noter
que pour des puissances supérieures à 80 mW, le laser est auto-démarrant, alors que pour des
puissances allant de 50 mW à 80 mW, le démarrage du laser nécessite une perturbation comme
le pincement d’une fibre SMF de la cavité.
3.3. Régimes impulsionnels exotiques d’un laser à fibre dopée erbium verrouillé en modes par
45
la technique de la rotation non-linéaire de polarisation

F IGURE 3.17 – Verrouillage de modes d’états liés de solitons représenté sur 4.5 µs
et 0.5 µs (agrandissement) pour un pompage P=200 mW.

F IGURE 3.18 – Influence des PCs sur les régimes multi-impulsionnels du laser
pour un pompage P=200 mW. Position initiale (a), et position finale (b).
46 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

F IGURE 3.19 – Influence du pompage sur la dynamique multi-impulsionnelle du


laser à ML représentée sur 9 tours de cavité.

F IGURE 3.20 – Influence du pompage sur la dynamique multi-impulsionnelle du


laser à ML représentée sur 01 tour de cavité.
3.3. Régimes impulsionnels exotiques d’un laser à fibre dopée erbium verrouillé en modes par
47
la technique de la rotation non-linéaire de polarisation

Gaz de solitons : phénomènes de condensation/dissociation de solitons

Quand la pompe est fixée à la valeur de 500 mW, il est possible de trouver une position des
PCs telle que des solitons se mettent en mouvement dans la cavité et peuvent par conséquent
rentrer en interaction-répulsion. En effet nous avons constaté que les solitons se meuvent sur
un cycle composé essentiellement de cinq phases que nous avons identifiées et représentées
sur la Fig. 3.21.

F IGURE 3.21 – Les différentes phases d’un gaz de solitons : quasi-harmonique


distribuée (phase 1), turbulente 1 (phase 2), formation de condensats de solitons
(phase 3), relargage de solitons (phase 4) et turbulente 2 (phase 5).

F IGURE 3.22 – Spectres optiques typiques d’un gaz de solitons correspondant


aux phases 1 et 2 de la figure 3.21 avec des composantes continues faible (a) et
intense (b) respectivement.

Dans la phase "1" les solitons occupent toute la cavité dans un régime de verrouillage de modes
harmonique avec une forte gigue temporelle, puis arrive la phase "2" dans laquelle les solitons
dérivent à gauche avec un début de formation de zones turbulentes de condensation de soli-
tons. La troisième phase, très brève comparée aux phases "1" et "2", se caractérise par la forma-
tion de condensats de solitons à la fréquence fondamentale du laser. Des solitons se séparent
48 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

des condensats et sont éjectés à droite dans la quatrième phase, avant de créer d’autres zones
turbulentes (phase "5") où les solitons dérivent à droite cette fois-ci. Le cycle recommence avec
le retour à la première phase. (Il est à noter que les durées de ces phases sont complètement
aléatoires, et que le cycle entier dure en moyenne environ 5 minutes). Les spectres optiques
caractéristiques correspondants aux phases "1" et "2" de la Fig. 3.21 sont illustrés sur la Fig.
3.22.

Verrouillage harmonique de paires de solitons

Une légère augmentation graduelle du pompage de 500 mW à 523 mW permet une stabilisation
du signal laser sur un régime de verrouillage de modes harmonique de 11 paires de solitons
telle que le montre la série temporelle et la trace d’autocorrélation sur la Fig. 3.23.

F IGURE 3.23 – Verrouillage de modes harmonique de 11 paires de solitons par


tour de cavité : (a) Série temporelle, et (b) trace d’autocorrélation.

Par définition, le verrouillage de modes harmonique constitue un cas particulier de fonction-


nement multi-impulsionnel des lasers à fibre dopée. En effet, au démarrage laser le fonction-
nement est d’abord semblable à une pluie ou à un gaz de solitons. Un ajustement adéquat des
contrôleurs de polarisation ou une légère variation de la puissance de pompe, comme c’est le
cas dans la présente situation, va influer sur la quantification de l’énergie à l’intérieur de la ca-
vité et donner lieu à un nombre quantifié de solitons dans la cavité. Ces solitons, par les effets
des interactions de longues portées et/ou de courtes portées vont se réarranger d’une ma-
nière à avoir la même distance entre eux. Notre laser génère la 11 ième harmonique comme le
montre la Fig. 3.23(a) avec des impulsions séparées d’environ 5.73 ns (cadence de 174,5 MHz).
Ceci correspond à la génération de 11 impulsions par tour de cavité. La trace d’autocorrélation
sur la Fig. 3.23(b) montre que chaque impulsion vue sur oscilloscope (Fig. 3.23(a)) est en réalité
composée de deux solitons séparés de seulement 1 picoseconde. Nous avons constaté aussi la
présence d’un fond continu où baignent les solitons de la cavité.
Il est à mentionner que pour la même puissance de pompage de 500 mW, le choix d’une autre
orientation des PCs influe sur la modulation des pertes de la cavité et laisse osciller le laser sur
un régime complètement différent. Il s’agit de l’émission d’un train d’impulsions en état lié, à
la cadence du laser, qui est caractérisé par une grande stabilité en amplitude.
3.3. Régimes impulsionnels exotiques d’un laser à fibre dopée erbium verrouillé en modes par
49
la technique de la rotation non-linéaire de polarisation

De la pluie de solitons au cristal de solitons

L’augmentation de la puissance de pompage à la valeur de 600 mW contribue largement à la


croissance du nombre de solitons dans la cavité. Par conséquent, de nouvelles dynamiques ap-
paraissent et dominent le fonctionnement de notre laser. La position des PCs est très importante
dans le choix de la dynamique du laser. Nous avons observé en fonction des PCs une pluie de
solitons et des cristaux de solitons de formes et durées variables. La Fig. 3.24 montre la série
temporelle d’une phase condensée de la pluie de solitons observée dans notre laser.

F IGURE 3.24 – Série temporelle montrant la phase condensée d’une pluie de so-
litons.

Nous avons observé pour d’autres positions des PCs différentes formes de cristallisation des
solitons de la cavité. Un cristal-liquide de solitons est représenté sur la Fig. 3.25. Comme son
nom l’indique, cette dynamique comporte un groupement de solitons en phase liquide et un
cristal de solitons d’une durée de 1.2 ns.

F IGURE 3.25 – Série temporelle d’un cristal-liquide de solitons.


50 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

Un verrouillage de modes de cristaux de solitons est aussi observé pour une position différente
des PCs. Un cristal de solitons d’une durée de 3.4 ns est relevé et illustré sur la Fig. 3.26.

F IGURE 3.26 – Série temporelle d’un cristal de solitons.

Une légère réorientation de la position des PCs influe sur la durée du cristal généré. Avec
ce procédé, la durée d’un cristal peut passer de 3.4 ns à 3 ns comme on peut le voir sur la
Fig. 3.27. La même figure montre que la réduction de la durée du cristal se répercute sur une
augmentation de son amplitude.

F IGURE 3.27 – Influence des PCs sur la forme et la durée du cristal de solitons.

Dans cette partie, nous avons étudié une cavité laser en régime de dispersion anormale. Nous
avons relevé et analysé une multitude de dynamiques multi-impulsionnelles, toutes dépendant
de la modulation des pertes de la cavité ainsi que de la variation de la puissance de pompage.
Néanmoins, ce régime de fonctionnement ne permet pas une montée en énergie en raison de
la quantification des solitons. La solution permettant de produire des impulsions ultracourtes
3.4. Lasers à fibre dopée erbium à solitons dissipatifs de haute énergie 51

de hautes énergies dans les lasers à fibre à verrouillage de modes consiste à travailler avec des
cavités à dispersion fortement normale. Le développement d’un oscillateur opérant dans ce
régime sera décrit dans les sections suivantes.

3.4 Lasers à fibre dopée erbium à solitons dissipatifs de haute éner-


gie

La découverte des lasers à fibre femtoseconde à dispersion purement normale, i.e. sans aucun
composant de dispersion anormale [72] a ouvert la voie vers une nouvelle interprétation du
phénomène de la propagation d’impulsions ultracourtes dans les guides d’ondes (fibres op-
tiques). Dans ce type de lasers, la non-linéarité apportée par l’absorbant saturable joue un rôle
prépondérant dans la stabilisation du régime d’impulsions ultracourtes. Les impulsions ainsi
produites sont appelées solitons dissipatifs car les processus dissipatifs tels que le gain et les
pertes, ainsi que le filtrage spectral participent à leur formation [57, 58, 20, 71]. Le principal
avantage pour les applications laser est que les solitons dissipatifs peuvent être stables à des
énergies d’au moins un ordre de grandeur plus grandes que les solitons ordinaires. C’est en
partie parce que les impulsions fournies dans ce type de laser sont fortement étirées tout au
long de la cavité. Il a été montré que l’ajout d’un filtre passif facilite la stabilisation du régime
impulsionnel. Le découpage des bords du spectres optique correspond à la découpe des ailes
avant et arrière de l’impulsion dans le temps (Fig. 3.28).

F IGURE 3.28 – Mise en forme par filtrage spectral d’une impulsion fortement
étirée [139].

Nous rapportons dans cette section l’essentiel des résultats de la réalisation d’un laser à fibre
dopée erbium à solitons dissipatifs de haute énergie [20]. Ce laser a une émission centrée à
1560 nm et présente une large dispersion normale dominée essentiellement par les dispersions
normales de la fibre de gain (EDF) et de la fibre à compensation de dispersion (DCF).

3.4.1 Réalisation expérimentale

La configuration expérimentale de l’oscillateur à dispersion normale est représentée sur la Fig.


3.29. Il s’agit d’une cavité Fabry-Pérot comprenant 1,2 m de fibre active monomode (EDF) do-
pée à l’erbium ayant un diamètre de mode (MFD) de 4,3 µm et une ouverture numérique (NA)
de 0,29 à 1550 nm. L’EDF présente une absorption de 80 dB/m à 1530 nm, et sa dispersion de
vitesse de groupe (group velocity dispersion, ou GVD) a été estimée à environ +61 ps2 /km à 1550
nm. L’EDF est pompée à travers un multiplexeur à division de longueur d’onde 980/1550 nm
(WDM) à l’aide d’un système laser monomode à base d’Yb (Azur light systems Inc.) émettant
52 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

plus de 5 W à 977 nm. Un segment de fibre à compensation de dispersion (DCF) est ajouté et op-
timisé en longueur pour construire une cavité de dispersion fortement normale. La GVD de la

F IGURE 3.29 – Montage expérimental : Soliton dissipatif [20].

DCF a été mesurée autour de +116 ps2 /km. Le reste de la cavité comprend un coupleur 90/10
minimisé en longueur (SMF28, β2 = -22 ps2 /km) afin de réduire la dispersion anormale, des
lentilles de couplage et un miroir absorbant saturable à semi-conducteur résonnant (R-SAM).
Le port 90 % du coupleur est utilisé comme sortie laser. L’absorbant saturable [20] a une profon-
deur de modulation de 38 %, une fluence de saturation de 3.8 µJ/cm2 et un temps de relaxation
de 2.3 ps. Un réseau de 600 traits/mm inséré dans la cavité fournit un filtrage à bande étroite
de largeur de 3,6 nm, qui joue un rôle clé dans la stabilisation du régime de verrouillage de
modes.

3.4.2 Résultats et discussions

Les expériences menées au CORIA ont d’abord concerné l’étude des différents régimes en fonc-
tion de la dispersion nette de la cavité, en ajustant la longueur de la DCF. Les premières expé-
riences ont été effectuées en utilisant 10 m de DCF conduisant ainsi à une longueur totale de
cavité d’environ 12,5 m, y compris la partie en espace libre. Ceci correspondant à un ISL de ≈
8 MHz. La dispersion totale de la cavité est estimée à ≈ 1,22 ps2 . En ajustant la focalisation sur
le R-SAM pour répondre au critère de saturation, un régime de verrouillage de modes stable à
impulsion unique est atteint à un niveau de puissance de pompe relativement faible d’environ
380 mW. Cependant, en augmentant la puissance de la pompe, nous observons une transition
vers un régime à impulsions multiples. Le réglage angulaire du polariseur intra-cavité permet
de retrouver un régime à impulsion unique. Ceci suggère que la profondeur de modulation
élevée fournie par la combinaison du mécanisme de RNLP et l’action du R-SAM est essentielle
pour stabiliser le régime à impulsion unique à haute énergie. Le régime à impulsion unique
résultant est auto-démarrant à partir du bruit et reste stable pendant des heures. La Fig. 3.30
montre les caractéristiques de sorties laser, spectre optique et trace d’autocorrélation, mesurées
pour une puissance de pompe de 920 mW et une puissance moyenne de sortie de 183 mW, ce
qui correspond à l’énergie de 22 nJ par impulsion.
Le laser génère des impulsions fortement étirées avec une durée de 8,8 ps, en supposant une
forme gaussienne de ces impulsions. Le spectre de sortie présente une forme en "M", typique
des solitons dissipatifs, avec une largeur de 8,1 nm. Les impulsions sont comprimées à l’exté-
rieur de la cavité en utilisant une paire de réseaux de transmission de 1000 traits/mm et 92 %
d’efficacité de diffraction. Les impulsions de sortie sont ainsi comprimées à la durée de 650-
fs, qui est très proche de la limite théorique obtenue par transformée de Fourier du spectre
3.4. Lasers à fibre dopée erbium à solitons dissipatifs de haute énergie 53

F IGURE 3.30 – Spectre optique et trace d’autocorrélation (inset) (a) et trace d’au-
tocorrélation après compression (b) à la sortie du laser pour une énergie totale de
22 nJ. [20].

optique (Fig. 3.30(b)). La dispersion nécessaire pour comprimer l’impulsion de sortie est d’en-
viron -0,416 ps2 [20].
Sur la base de ces résultats remarquables, la longueur de la DCF a ensuite été augmentée à 15
mètres, ce qui donne une longueur totale de la cavité de ∼ 20 m, y compris la section espace-
libre. Cela correspond à un intervalle spectral libre de 5,33 MHz, et la dispersion moyenne de la
cavité est estimée à 1,83 ps2 . En suivant la même procédure d’alignement que précédemment,
un régime stable de verrouillage de modes est atteint pour une puissance moyenne de sortie de
204 mW, ce qui correspond à une énergie par impulsion de 38 nJ. Les caractéristiques du laser
sont représentées sur la Fig. 3.31. Le spectre optique présente une forme en M avec une largeur
de 8,4 nm et la trace d’autocorrélation mesurée a une largeur de 14,5 ps qui correspond à une
durée d’impulsion de 10,5 ps en supposant un profil d’impulsion gaussien. À l’aide d’une paire
de réseaux de transmission, les impulsions de sortie sont comprimées jusqu’à une durée de 700
fs, soit ∼ 1,2 fois leur limite de Fourier. Il s’agit d’un résultat record pour ce type d’oscillateur à
solitons dissipatifs opérant dans cette gamme de longueurs d’ondes [20].

F IGURE 3.31 – Spectre optique et trace d’autocorrélation (inset) (a), et trace d’au-
tocorrélation après compression (b) à la sortie du laser pour une énergie totale de
38 nJ [20].
54 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

Dans les deux configurations, le régime d’impulsion unique est suivi avec une photodiode
rapide et un oscilloscope à échantillonnage de 5 GHz, ce qui correspond à une résolution tem-
porelle de 180 ps, et confirmé par un autocorrélateur à longue fenêtre d’analyse (200 ps). La
stabilité en amplitude du train d’impulsions à verrouillage de modes a été évaluée par des me-
sures radiofréquence (RF) en exploitant les spectres de puissance obtenus avec un analyseur
de spectres hyperfréquences via un détecteur haute cadence (bande passante de 8 GHz). Il pré-
sente une stabilité très satisfaisante avec un contraste de plus de 60 dBm entre l’harmonique
fondamentale et le bruit de fond, tel que présenté sur la Fig. 3.32. Cela souligne que le régime
de fonctionnement du laser est très stable et libre de toute instabilité de type Q-Switch.

F IGURE 3.32 – Spectre RF typique mesuré avec la première configuration de laser


[20].

Il convient de mentionner que pour les longueurs de DCF supérieures à 30 m, la stabilisation


du régime de verrouillage de modes pur est difficile, et les régimes de verrouillage de modes
modulés par des impulsions nanosecondes dominent le fonctionnement du laser [140].

3.4.3 Applications

Nous avons développé un laser à fibre dopé erbium à solitons dissipatifs (DS-EDFL) avec des
performances originales en termes d’énergie et de durée d’impulsion. Cet oscillateur manifeste
aussi un très bon rapport de signal sur bruit (Fig. 3.32). Comme application directe de cet os-
cillateur de haute énergie, nous avons retenu le pompage d’un FOPO en vue de la génération
d’impulsions de haute énergie dans la fenêtre de 1600-1800 nm (les résultats seront détaillés
dans les chapitres 5 et 6). En effet cette région spectrale est d’un intérêt considérable dans les
domaines de la détection, de l’instrumentation et de la biophotonique [9, 81], où beaucoup
d’applications nécessitent des sources stables avec un niveau de bruit d’intensité relative (RIN)
inférieur à -140 dBc/Hz [81, 120]. La première origine de bruit d’une source laser est la pompe
elle même, d’où la nécessité de connaitre d’abord les caractéristiques de bruit de cette pompe
pour pouvoir ensuite effectuer des mesures de RIN de la source laser. La partie suivante est
dédiée à l’étude du bruit laser et à la mesure du RIN de l’oscillateur DS-EDFL.
3.5. Mesure du RIN d’un laser à solitons dissipatifs de haute énergie 55

3.5 Mesure du RIN d’un laser à solitons dissipatifs de haute énergie

Le laser à fibre dopée erbium à solitons dissipatifs (DS-EDFL) dont nous mesurons ici le RIN
est celui étudié dans la section 3.4 et dont le schéma est représenté sur la Fig. 3.29. Comme nous
l’avons signalé auparavant, pour des besoins d’applications dans divers domaines, les lasers
à verrouillage de modes doivent souvent manifester de faibles bruits. Une application directe
envisagée dans la suite de notre travail est la réalisation d’un FOPO à bruits minimisés avec
comme source de pompage le DS-EDFL, d’où l’importance de caractériser ce laser en termes
de bruits.

3.5.1 Dispositif expérimental

Le dispositif expérimental utilisé pour la mesure de RIN du DS-EDFL est représenté sur la
Fig. 3.33. Il est composé essentiellement d’un photodétecteur de type InGaAs PIN (DET08CFC)
ayant une réponse r(λ)=0.9 autour de 1550 nm, un amplificateur MITEQ (AU-1442) ayant un
gain de 34 dB et un facteur de bruit thermique de 1 dB, et un analyseur de spectre électrique
(Rohde et Schwarz). Un isolateur optique (ISO) est utilisé pour protéger le laser contre toute
forme de perturbation par rétroaction. Comme le laser délivre une puissance élevée, et qu’il ne
doit pas fonctionner près du seuil non plus (pour éviter les bruits d’origines quantique sup-
plémentaires), 10 % de la puissance totale uniquement sera extraite à travers un coupleur (C)
puis envoyée à travers un atténuateur optique pour être mesurée sur un puissance-mètre et/ou
envoyée vers le système de mesure de RIN. L’atténuateur est utilisé d’un côté pour protéger
le système de détection, et de l’autre côté pour évaluer la puissance qui arrive sur le détecteur
(DET08CFC) dans le but de caractériser la réponse optique de ce dernier. Le photodétecteur
garantit une réponse linéaire pour des puissances optiques incidentes pouvant aller jusqu’à 1.5
mW.

F IGURE 3.33 – Dsipositif expérimental pour la mesure de RIN. DS-EDFL : laser


à fibre dopée erbium verrouillé en modes à solitons dissipatif, ISO : isolateur
optique, C : coupleur, ATT : atténuateur optique, Det : détecteur optique, AMP :
amplificateur, ESA : analyseur de spectre électrique.

Le système de détection mis en place permet de discerner le bruit de grenaille du bruit de fond
total pour des puissances optiques supérieures à 0.28 mW (correspondant à un photocourant
Idc de 0.25 mA) comme on peut le voir à partir de la Fig. 3.34. Comme le montre la même
figure, pour chaque décade de photocourant, la puissance du bruit de grenaille augmente de
10 dB (rectangles noirs) et la puissance électrique moyenne augmente de 20 dB (triangles bleus).
56 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

F IGURE 3.34 – Caractérisation du système de mesure de RIN contenant un détec-


teur, un amplificateur électrique et un analyseur de spectre électrique.
3.5. Mesure du RIN d’un laser à solitons dissipatifs de haute énergie 57

3.5.2 Résultats de la mesure de RIN

Notre laser DS-EDFL a la caractéristique d’émettre des solitons dissipatifs de haute énergie aux
longueurs d’onde accordables de 1546 nm à 1568 nm. Il permet aussi la génération d’impulsions
à dérive de fréquence avec des durées variables pouvant aller de 1 ps à 35 ps. Des mesures de
RIN très satisfaisantes on été effectuées pour ces différents régimes de fonctionnement. Nous
montrons sur la Fig. 3.35 suivante des mesures typiques de RIN aux longueurs d’onde de 1548
nm (Fig. 3.35(a) et (b)) et de 1566 nm (Fig. 3.35(c) et (d)) avec des impulsions étirées de l’ordre de
15 ps. Notre laser manifeste un RIN inférieur à -153 dBc/Hz pour des fréquences supérieures à
2 MHz. Le bruit intrinsèque dû aux oscillations de relaxations est situé autour de la fréquence
de 200 kHz. Le bruit autour de cette fréquence est entre autres causé par des bruits d’origine
quantique inévitables.

F IGURE 3.35 – Spectres de mesure de RIN et spectres optiques laser aux lon-
gueurs d’onde de 1548 nm (a) et (b) et de 1566 nm (c) et (d).
58 Chapitre 3. Dynamique des lasers à fibre dopée erbium à impulsions ultracourtes

3.6 Conclusion

Nous avons étudié dans ce chapitre la dynamique de différents lasers à fibre dopée erbium.
Une multitude de comportements impulsionnels correspondant à des situations variables a été
analysée. Quand aucun système de modulation des pertes, actif ou passif, n’est intégré dans la
cavité, le régime continu du laser est perturbé par des instabilités auto-impulsionnelles. Celles-
ci ont tendance à se manifester fréquemment en compagnie du fonctionnement continu du
laser. Nous avons constaté, et pour la première fois à notre connaissance, que ces instabilités
peuvent se manifester sous forme de ce que nous avons appelé instabilités d’auto-verrouillage
de modes harmonique. Des régimes auto-impulsionnels composés de 5 à 19 impulsions par
tour de cavité sous une enveloppe nanoseconde perturbent ainsi le régime continu.
Quand un mécanisme de verrouillage de modes passif est mis en place, à l’aide d’un absor-
bant saturable par exemple, plusieurs régimes de solitons peuvent être observés en fonctions
de plusieurs paramètres tels que la dispersion totale à l’intérieur de la cavité et le niveau de
pompage. En régime de dispersion anormale, l’énergie du soliton est limitée par le théorème
de l’aire du soliton. Tout excédent d’énergie se manifeste sous forme d’ondes continues, ou si
l’énergie est suffisamment grande peut former un ou plusieurs autres solitons, alors le régime
bifurque inévitablement sur un fonctionnement multi-impulsionnel. Dans cette optique, nous
avons observé et étudié en fonction de la puissance de pompage et du contrôle de polarisation
dans la cavité laser des régimes exotiques semblables aux états de la matière, tels que le gaz de
solitons, la pluie de soltions et le cristal de solitons. Nous avons constaté que l’état de polari-
sation dans la cavité joue le rôle d’un compresseur, étant donné que selon la position des PCs,
le régime passe d’une pluie de solitons (liquide) à un régime intermédiaire cristal-liquide de
solitons et enfin à un régime de Cristal de solitons. Différent des lasers à fibre dopée erbium
ordinaires, notre laser a cette caractéristique d’avoir un fonctionnement centré autour de la lon-
gueur d’onde de 1530 nm au lieu de la longueur d’onde conventionnelle de 1550 nm. Ce laser
a aussi la particularité d’être une excellente plateforme d’étude du comportement dynamique
de plusieurs régimes de solitons.
Nous avons enfin étudié un laser à solitons dissipatifs en régime de dispersion normale. Ce
laser délivre des impulsions de haute énergie pouvant atteindre 38 nJ par impulsion. Les per-
formances de ce laser peuvent répondre aux besoins de plusieurs applications scientifiques.
La majorité de ces applications, notamment en biophotonique, l’imagerie médicale ou l’instru-
mentation nécessitent des sources impulsionnelles à bas bruits. Nous nous sommes intéressé
finalement à la caractérisation complète d’une source laser délivrant des solitons dissipatifs de
haute énergie largement étirés et manifestant un bruit d’intensité relative (RIN) très satisfaisant
de -153 dBc/Hz. Ce même laser est utilisé comme source de pompage d’un FOPO dans la suite
de ce travail.
59

Chapitre 4

Oscillateurs et amplificateurs
paramétriques optiques fibrés à
impulsions ultracourtes

4.1 Introduction

L’émission d’impulsions sur de larges gammes spectrales dans le moyen et proche infrarouge
(IR) ne cessent d’attirer l’intérêt de nombreuses études dont les objectifs sont divers selon les
applications visées. Les lasers à fibres dopée aux terres rares peuvent émettre sur toute la bande
spectrale de gain du dopant, mais celle-ci reste limitée à quelques dizaines de nanomètres. De
plus, les dopants existant sur le marché ne permettent pas de couvrir continument toute la
plage spectrale visible, proche et moyen IR. Essentiellement l’ytterbium, l’erbium et le thulium
à gains centrés autour de 1µm, 1.5 µm et 2 µm, respectivement, ne couvrent qu’une gamme
spectrale ne dépassant pas une cinquantaine de nanomètres autour de leurs longueurs d’ondes
centrales respectives. Il en résulte des zones de plusieurs centaines de nanomètres non cou-
vertes par l’émission de lasers à fibres dopées tels que le montre la Fig. 4.1.

F IGURE 4.1 – Bandes spectrales d’émission des terres rares et localisation de notre
zone d’intérêt.

Des oscillateurs et amplificateurs paramétriques optiques (OPOs/OPAs) à base de cristaux


non-linéaires (exploitant la susceptibilité non-linéaire d’ordre deux χ(2) ) ont longtemps été
présentés comme de meilleurs candidats pour répondre à cette problématique. En effet, les
OPOs/OPAs développés sont caractérisés par leurs bon rendement (conversion de la pompe
Chapitre 4. Oscillateurs et amplificateurs paramétriques optiques fibrés à impulsions
60
ultracourtes

en bandes latérales) et une large plage d’accordabilité [141]. Néanmoins, comme leurs homo-
logues utilisant des milieux à gain massif (lasers solides), les OPOs/OPAs sont coûteux, diffi-
ciles à aligner, gourmands en énergie, de plus ils demandent des sources coûteuses pour leur
pompage. Les oscillateurs et les amplificateurs paramétriques optiques fibrés (FOPOs/FOPAs)
basés sur le mélange à quatre ondes (FWM) dans les fibres optiques (exploitant la susceptibi-
lité non linéaire d’ordre trois χ(3) ), comme les OPOs/OPAs, répondent à la problématique de
l’émission de radiations cohérentes et accordables. Comparés aux OPOs, les FOPOs ont plu-
sieurs autres avantages tels que leur compacité, ne nécessitant aucun alignement, existence de
condition d’accord de phase sur une large gamme spectrale et par conséquent l’existence d’un
gain paramétrique très large permettant l’accordabilité du FOPO sur plusieurs centaines de
nanomètres de part et d’autre de la pompe. Avec ces avantages, les FOPOs peuvent constituer
une alternative aux lasers à fibres dopées ainsi qu’aux OPOs massifs.
Comme mentionné plus haut, les effets non-linéaires dans les fibres optiques sont induits par
la susceptibilité d’ordre 3, χ(3) . Ces fibres sont fabriquées à base de verres de silice, qui consti-
tue un milieu isotrope, où la susceptibilité non-linéaire χ(2) est absente. Le choix des caracté-
ristiques de la fibre de gain paramétrique telles que la longueur d’onde de dispersion nulle
(ZDW), la dispersion chromatique de la fibre traduite par les ordres de dispersion β2 , β3 et
β4 ..., la longueur de la fibre paramétrique, ainsi que la puissance de pompe est très important
pour la réalisation de FOPOs largement accordables avec de hauts facteurs de conversion. Ces
caractéristiques sont aussi importantes pour la sélection de la zone spectrale à explorer.
Dans les FOPOs, la faible non-linéarité induite par χ(3) dans la fibre paramétrique est compen-
sée d’un côté par le pouvoir de confinement de la lumière dans une aire efficace proche de celle
du cœur de la fibre, ne dépassant pas dans la plupart des cas 20 µm2 , et de l’autre côté par la
grande longueur d’interaction et les faibles pertes dans la fibre optique.
Les oscillateurs paramétriques optiques fibrés (FOPOs) constituent une solution efficace pour
surmonter les limitations des lasers à fibre dopée aux terres rares car ils ne reposent pas sur
des transitions électroniques et peuvent aussi être accordés sur une large plage de longueurs
d’ondes. Des dispositifs de conversion de fréquences à base de fibres optiques sont donc des
sources populaires, notamment dans les domaines de la détection optique, des télécommuni-
cations et de la biophotonique. En particulier, ces sources ont trouvé des applications pour la
microscopie à fluorescence à trois photons [142, 115] et plus généralement pour des applica-
tions biomédicales non-linéaires [9], où le balayage en profondeur d’un tissu vivant sans dom-
mage photo-induit est possible en raison de la faible absorption de l’eau et du sang à certaines
longueurs d’ondes. En tenant compte de la diffusion et de l’absorption des tissus, il a en effet
été démontré que la fenêtre de longueur d’onde optimale en termes de pénétration est située
autour de 1700 nm [14]. Dans ce cas, l’efficacité du processus d’excitation à trois photons peut
être améliorée en utilisant une source laser émettant des trains d’impulsions avec de faibles
rapports cycliques et des énergies élevées, mais avec une puissance moyenne faible pour éviter
le chauffage des tissus [143]. Une telle source peut être basée sur un FOPO pompé de façon
synchrone par un laser à fibre à verrouillage de modes émettant des impulsions picosecondes
ou sub-picosecondes [144]. Une faible puissance et une diminution supplémentaire du rapport
cyclique peuvent être obtenues en augmentant la longueur de cavité FOPO.

4.2 Les processus paramétriques dans les fibres optiques

Les processus paramétriques dans les fibres optiques sont essentiellement basés sur le phé-
nomène non-linéaire de mélange à quatre ondes dégénérées (DFWM), déjà introduit dans le
4.2. Les processus paramétriques dans les fibres optiques 61

chapitre 2. Dans ce processus les fréquences angulaires, appelées aussi composantes paramé-
triques, générées par l’annihilation de deux photons pompe sont situées de part et d’autre de
l’onde pompe ; l’onde Stokes (idler) située du côté des basses fréquences, et l’onde anti-Stokes
(signal) du côté des hautes fréquences. Dans ce processus de DFWM, le décalage en fréquence
des ondes Stokes et anti-Stokes par rapport à la pompe est identique Ω = ωp − ωs = ωas − ωp .
On distingue trois types de processus paramétriques [31, 32] selon le choix du dispositif (Fig.
4.2) : (a) La configuration avec simple passage appelée aussi générateur paramétrique optique
fibré (FOPG), où l’onde pompe parcourt seule la fibre paramétrique, et à la sortie la pompe rési-
duelle sera accompagnée de deux nouvelles composantes à bandes larges Stokes et anti-Stokes.
Ces dernières sont générées par émission spontanée basée sur le FWM. (b) L’amplificateur pa-
ramétrique optique fibré (FOPA) : dans cette configuration, la pompe sera accompagnée d’une
onde signal de faible puissance tout au long de sa propagation dans la fibre paramétrique. Par
l’effet du FWM, le signal est amplifié et une nouvelle onde appelée idler est générée simulta-
nément. (c) L’oscillateur paramétrique optique fibré (FOPO) : comme son nom l’indique, cette
configuration est conçue d’une façon à former une cavité optique (oscillateur) dans laquelle
il va y avoir une rétroaction de la pompe et des composantes paramétriques, ou de l’une des
deux composantes paramétrique uniquement.

F IGURE 4.2 – Représentation schématique des processus paramétriques. (a) confi-


guration d’un générateur paramétrique en simple passage où uniquement la
pompe est injectée dans le système, (b) Amplificateur paramétrique où la pompe
est accompagnée d’un signal à l’entrée du système, (c) oscillateur paramétrique
où la pompe est injectée seule, mais un signal est construit à l’aide d’un effet
rétroactif et accompagne la pompe dans le système. [31, 32].
Chapitre 4. Oscillateurs et amplificateurs paramétriques optiques fibrés à impulsions
62
ultracourtes

Les configurations (a) et (b) sont basées uniquement sur une simple propagation de la pompe
(Fig. 4.2(a)) ou de la pompe accompagnée d’une onde signal (Fig. 4.2(b)) dans une fibre pa-
ramétrique, tandis que dans la configuration (c), un effet rétroactif est imposé pour obtenir un
oscillateur paramétrique où un signal va se construire une fois les conditions d’accord de phase
et de synchronisation de pompage réalisées (Fig. 4.2(c)). Cette dernière configuration, malgré la
relative complexité de son architecture, a l’avantage de fonctionner en disposant uniquement
d’une source de pompage. Elle a aussi l’avantage de délivrer de nouvelles longueurs d’ondes
largement accordables et avec de hautes énergies en disposant uniquement d’une source accor-
dable autour de la ZDW de la fibre paramétrique.

4.2.1 Théorie

Dans le processus du mélange à quatre ondes dégénérées, la génération des nouvelles fré-
quences ωs et ωi est liée à la condition d’accord de phase donnée dans le chapitre 2 par l’Eq.
(2.21) qu’on peut développer comme suit [45, 145] :

β4 4
∆kL + ∆kN L = β2 (δω)Ω2 + Ω + 2γP = 0, (4.1)
12
Cette dernière est donnée par la combinaison des conditions de quasi-accord de phase linéaire
∆kL développé en séries de Taylor jusqu’à l’ordre quatre, et de l’accord de phase non-linéaire
∆kN L , où P est la puissance de pompe. β2 (δω) = (β3 δω + 21 β4 δω 2 ) est la dispersion d’ordre
deux, développée elle aussi en séries de Taylor autour de la longueur d’onde de dispersion
nulle (ZDW ) [145]. β3 et β4 sont les dispersions d’ordre trois et quatre à la (ZDW ) respective-
ment, δω = ωp − ω0 est le décalage de la fréquence de pompe par rapport à la ZDW .
En l’absence de l’effet Raman, le gain paramétrique des deux bandes latérales est donné par
l’équation suivante [45, 145],

 21
−∆kL2

p
gp = γP κ(2 − κ) = − γP ∆kL (4.2)
4

où κ = −∆kL /2γP est le quasi-accord de phase linéaire normalisé, avec la condition 0 < κ < 2,
nécessaire pour l’existence de gain paramétrique.
L’Eq. (4.1) est obtenue pour la condition d’accord de phase κ = 1 , qui correspond aussi au
maximum de gain paramétrique. La solution de cette dernière est donnée par,

p
2 −6β2 (δω) ± 36β22 (δω) − 24β4 γP
Ω = (4.3)
β4

Nous avons calculé le gain paramétrique normalisé gp /γP pour différentes valeurs de β3 et de
β4 . Ces calculs sont effectués en utilisant l’Eq. (4.2) avec des valeurs constantes de la puissance
de pompage P = 300 W et du coefficient non linéaire γ = 6.6 W −1 km−1 . Les résultats du
calcul de gp /γP en fonction du décalage de la fréquence de pompe par rapport à la fréquence
de dispersion nulle δω/2π et du décalage des fréquences de bandes latérales par rapport à la
fréquence de pompe Ω/2π sont tracés sur la Fig. 4.3. Pour des valeurs de β4 ≥ 0, l’existence
du gain paramétrique est démontrée uniquement par un pompage en régime de dispersion
anormale de la fibre paramétrique, i.e. pour ωp ≤ ω0 (ou λp ≥ λ0 ). Ce type de fibres, pompées
près de la ZDW légèrement anormale peuvent être d’un grand intérêt pour la génération de
supercontinuum. Un exemple de cette situation est tracé sur la Fig. 4.3(a) où nous avons posé
4.2. Les processus paramétriques dans les fibres optiques 63

F IGURE 4.3 – Gain paramétrique normalisé en fonction du décalage de la fré-


quence de pompe par rapport à la ZDW δω/2π, et du décalage des fréquences
de bandes latérales par rapport à la fréquence de pompe Ω/2π. (a), β4 = 1.2×10−9
et β3 = 4.8 × 10−5 ; (b), β4 = −1.2 × 10−8 et β3 = 4.8 × 10−5 ; (c), β4 = −6.2 × 10−8
et β3 = 3 × 10−5 ; et (d), β4 = −1.2 × 10−7 et β3 = 4.8 × 10−4 . L’unité des βn est
en psn m−1 .

β4 = 1.2 × 10−9 ps4 m−1 et β3 = 4.8 × 10−5 ps3 m−1 . Par contre, quand β4 < 0 (Figs. 4.3 (b), (c)
et (d)), l’existence du gain peut être démontrée dans les deux régimes de dispersion normale
et anormale. Il est par conséquent très important d’avoir des fibres ayant un paramètre de
dispersion d’ordre 4 négatif pour l’obtention d’instabilités modulationnelles (MI) en régime de
dispersion normale de la fibre. De plus, le choix de la valeur de β4 , tout en restant négative,
influe beaucoup sur la manifestation et la forme des régions de gain paramétrique en régime
de dispersion normale. Par exemple, une valeur de β4 = −1.2 × 10−8 ps4 m−1 (Fig. 4.3(b))
permet d’obtenir un décalage de bandes latérales Ω en fonction du décalage de la pompe δω
plus rapide en comparaison avec la valeur de β4 = −6.2×10−8 ps4 m−1 (Fig. 4.3(c)). Nous avons
constaté aussi que le choix de la valeur de β3 a une grande influence sur la largeur de la bande
du gain paramétrique. On voit clairement la diminution de la largeur du gain paramétrique
quand β3 passe d’une valeur de 4.8 × 10−5 ps3 m−1 (Fig. 4.3(b)) à une valeur plus grande d’un
ordre de grandeur (4.8 × 10−4 ps3 m−1 ) comme le montre la Fig. 4.3(d). Les courbes bleues dans
chacun des tracés de la Fig. 4.3 représentent les positions du gain paramétrique maximum pour
chaque situation. La ligne blanche discontinue représente la ZDW constituant la frontière entre
les régimes de dispersion normale et anormale.
La fibre à dispersion décalée (DSF) utilisée dans nos expériences, présentées au chapitre sui-
vant, est caractérisée par les paramètres de dispersion suivants : β3 = 4.8 × 10−5 ps3 m−1 et
β4 = −1.2×10−7 ps4 m−1 à la longueur d’onde de dispersion nulle λ0 ≈ 1556.5nm. Le coefficient
non-linéaire est γ = 6.6 W −1 km−1 . Le tracé du gain paramétrique normalisé correspondant
pour une puissance de pompage P = 300 W est représenté sur la Fig. 4.4.
Chapitre 4. Oscillateurs et amplificateurs paramétriques optiques fibrés à impulsions
64
ultracourtes

F IGURE 4.4 – Gain paramétrique normalisé en fonction du décalage de la fré-


quence de pompe par rapport à la ZDW δω/2π, et du décalage des fréquences
de bandes latérales par rapport à la fréquence de pompe Ω/2π.

Les longueurs d’ondes de pompe λp , Stokes (ou idler) λi et anti-Stokes (ou signal) λs peuvent
être calculées à partir des relations suivantes :

   
λp = 2πc ω1p = 2πc ω0 +δω
1
, (4.4)
   
λi = 2πc ωp1−Ω = 2πc ω0 +δω−Ω
1
, (4.5)
   
λs 1
= 2πc ωp1+Ω = 2πc ω0 +δω+Ω . (4.6)

Le calcul du gain paramétrique normalisé en fonction des longueurs d’ondes de pompe et


de bandes latérales est rendu possible en utilisant cette fois-ci les relations précédentes (les
Eqs. (4.4), (4.5) et (4.6)). En utilisant les même paramètres que ceux de la Fig. 4.4, la courbe
correspondant au gain paramétrique normalisé en fonction de la pompe et des composantes
paramétriques signal et idler (ou bandes latérales) est représentée sur la Fig. 4.5.
Pour obtenir toutes les solutions possibles des bandes latérales sur les zones spectrales à gain
Stokes et anti-Stokes, nous avons introduit le facteur κ dans l’Eq.(4.1). Nous obtenons alors
l’équation de quasi-accord de phase suivante,

β4 4
β2 (δω)Ω2 + Ω + 2κγP = 0 (4.7)
12

La résolution de l’Eq.(4.7) donne,

p
2 −6β2 (δω) ± 36β22 (δω) − 24κβ4 γP
Ω = (4.8)
β4
4.2. Les processus paramétriques dans les fibres optiques 65

F IGURE 4.5 – Gain paramétrique normalisé en fonction des longueurs d’ondes


de pompe et de bandes latérales.

F IGURE 4.6 – Accordabilité en fonction de λp pour différentes valeurs du quasi-


accord de phase linéaire normalisé κ.
Chapitre 4. Oscillateurs et amplificateurs paramétriques optiques fibrés à impulsions
66
ultracourtes

Pour rappel, κ représente le rapport entre le quasi-accord de phase linéaire et l’accord de phase
non-linéaire. Sa valeur est strictement comprise entre 0 et 2 ( 0 < κ < 2). Dans le cas de la non
déplétion de la pompe, quand l’intensité de la pompe est suffisamment plus grande que celles
de l’idler et du signal, il est connu que le maximum de gain est obtenu pour une valeur de κ = 1
[19]. Par contre, pour les pompages à haut facteur de conversion paramétrique de la pompe en
composantes idler et signal - cela implique donc une déplétion de la pompe le long de la fibre
paramétrique - il en résulte une modification dans la relation de quasi-accord de phase. Par
conséquent le maximum de gain va être décalé sur des valeurs de 0 < κ < 1.
En utilisant les mêmes paramètres de dispersion de la DSF et le même pompage que précédem-
ment, nous avons tracé les bandes latérales Stokes λi et anti-Stokes λs en fonction de la lon-
gueur d’onde de pompage λp pour les valeurs de κ = 0.125; 0.25; 0.5 et 1, et (−3.5π < δω < 3π).
Les résultats obtenus pour une longueur d’onde de dispersion nulle λ0 = 1556 nm sont repré-
sentés sur la Fig. 4.6.

4.2.2 Le walk-off

En supposant que l’impulsion pompe et l’impulsion paramétrique idler (ou signal) de fré-
quences angulaires ωp et ωi (ou ωs ) et de vitesses de groupe vgp et vgi (ou vgs ) respectivement,
soient synchronisées à l’entrée de la fibre de gain de longueur L, à la sortie de la fibre elles vont
avoir une séparation temporelle (ou retard) ∆τ à cause de la dispersion de la vitesse de groupe
β2 . Le retard ∆τ est donné par [33],

L L
∆τp−i,p−s = | − | = L|β1 (ωp ) − β1 (ωi,s )| ≈ L|β2 (ωc )∆ω| (4.9)
vgp vgi,s

où β1 (ωj ) est la dérivée d’ordre 1 de la constante de propagation β de chacune des composantes


j = p, i et s, ωc est la fréquence centrale entre ωp et ωi (ou ωs ), et ∆ω = ωp − ωi,s . L’Eq. (4.9)
peut avoir une écriture plus simple en introduisant le paramètre de dispersion de la vitesse de
groupe D, et les longueurs d’onde de pompe, idler et signal λp , λi et λs respectivement [21,
146],

∆τp−i,p−s ≈ L|D(λc )||λp − λi,s | (4.10)

ou, λc est la longueur d’onde centrale par rapport à λp et λi (ou λs ), D(λ) est la dispersion à la
longueur d’onde λ, qui est liée à β2 par,

∆ω 2πc ω
D(λ) = β2 = − 2 β2 = − β2 (4.11)
∆λ λ λ

Connaissant la pente D0 de la dispersion de la fibre paramétrique, on peut aussi calculer la


dispersion à la longueur d’onde λ en utilisant la relation,

D(λ) ≈ D0 (λ − λ0 ) (4.12)

avec λ0 la ZDW de la fibre.


4.3. Caractéristiques des sources paramétriques fibrées FOPO/FOPA 67

A partir du moment où l’oscillation est réalisée dans un FOPO en mode impulsionnel, où les
impulsions pompe, idler et signal se propagent le long de la fibre de gain, le walkoff se produit
comme une conséquence de la différence dans leurs vitesses de groupes respectives. En régime
de dispersion normale, les composantes spectrales ayant de grandes longueurs d’ondes se pro-
pagent plus vite que celles avec de courtes longueurs d’ondes, et par conséquent la pompe va
avoir une vitesse de groupe plus grande que celle du signal et va donc se propager plus vite
que le signal. Par contre, en régime de dispersion anormale les composantes avec de courtes
longueurs d’ondes voyagent avec de plus grandes vitesses de groupe par rapport aux com-
posantes ayant de grandes longueurs d’ondes, et par conséquent la pompe se propage plus
vite que l’idler (avec λs < λp < λi ). Ce phénomène peut être exploité dans le choix et l’opti-
misation de la synchronisation des composantes paramétriques idler et signal avec la pompe,
et par conséquent dans l’obtention de meilleurs rendements dans la conversion paramétrique
des FOPO opérants en mode impulsionnel. Nous exposerons en détail cette technique dans le
chapitre 6.

4.3 Caractéristiques des sources paramétriques fibrées FOPO/FOPA

La génération d’impulsions à des longueurs d’ondes non conventionnelles par les processus
paramétriques dans les fibres optiques de silice est basée d’un côté sur l’exploitation de la
structure géométrique de ces fibres pouvant conduire à une architecture caractérisée par une
faible section efficace pouvant ainsi augmenter la non-linéarité de la fibre. D’un autre côté, les
faibles pertes ainsi que les grandes longueurs d’interactions permettant de produire des effets
importants, même avec des puissances de pompe modérées. La fabrication de fibres à partir de
matériaux possédant des coefficients non-linéaires élevés telles que les fibres de tellure [104] et
les fibres chalcogénure [105] est aussi une solution prometteuse dans la conception des sources
paramétriques.
Les FOPA et les FOPO offrent la possibilité d’une émission avec une largeur de bande de
quelques dizaines à plusieurs centaines de nanomètres, tout en utilisant une seule source de
pompage, ce qui fournit des amplificateurs et des oscillateurs largement accordables en com-
paraison avec les lasers à transitions électroniques. Ils sont caractérisés par une grande sou-
plesse dans le choix de la longueur d’onde centrale de la région de gain, avec comme seules
contraintes la disponibilité d’une fibre paramétrique et d’une source de pompage ayant respec-
tivement une longueur d’onde de dispersion nulle et une longueur d’onde de pompe proches
de cette longueur d’onde centrale. Cette propriété peut être utilisée pour fournir du gain dans
les régions où les amplificateurs conventionnels ne sont pas disponibles. Dans ces sources pa-
ramétriques le gain existe uniquement pour des signaux se propageant dans la même direc-
tion que la pompe, ce qui contribue à la minimisation de toute oscillation pouvant se pro-
duire entre de petites réflexions à leurs extrémités, et par conséquent à la réduction de tout
effet non-linéaire contra-propagatif pouvant perturber le fonctionnement stable de ces sources.
Les FOPO ont l’avantage d’avoir une architecture entièrement fibrée, comme c’est cas dans
le présent travail, vu la disponibilité des composants optiques fibrés tels que les coupleurs,
multiplexeurs, contrôleurs de polarisation, d’où leur haute stabilité en comparaison avec les
systèmes ayant des composants massifs. La conversion paramétrique de longueurs d’ondes
est souvent accompagnée d’une inversion spectrale, i.e. le spectre optique de l’idler est symé-
trique à celui du signal par rapport la longueur d’onde centrale (ou celle de la pompe) [147].
Cette propriété peut être exploitée dans les systèmes de communication pour compenser les ef-
fets potentiellement préjudiciables tels que la dispersion [33]. Le fait qu’un photon signal et un
photon idler soient émis simultanément conduit à la possibilité de faire des sources de photons
Chapitre 4. Oscillateurs et amplificateurs paramétriques optiques fibrés à impulsions
68
ultracourtes

corrélés [148, 149, 150] ; Cela pourrait trouver des applications dans le domaine émergent de la
communication quantique.
Avant d’aborder le dispositif développé dans ces travaux dans les chapitres 5 et 6 suivants,
nous allons dresser un état de l’art de ces systèmes durant ces deux dernières décennies.

4.4 Amplificateurs paramétriques optiques fibrés (FOPA)

Cette section est dédiée aux phénomènes de la génération et de l’amplification paramétriques


et de leurs développements durant ces dernières années. On peut considérer que la génération
paramétrique est une forme d’amplification des ondes Stokes et anti-Stokes générées par FWM
dans les premiers centimètres de la propagation d’une pompe le long d’une fibre paramétrique.

4.4.1 Génération paramétrique

Ce processus est important car il renseigne énormément sur la localisation des régions spec-
trales paramétriques et la courbe de gain paramétrique, même si les puissances délivrées par
ce procédé sont généralement faibles comme nous allons le voir au chapitre 5.
Plusieurs études remarquables où il n’y a qu’une pompe à l’entrée du système ont été réalisées.
Wong et al. [151] étudient la génération paramétrique par pompage continu à environ 300 mW,
puis par pompage quasi-continu à 1,6 W dans une fibre à cristaux photoniques (PCF) de 60
m et d’un diamètre de cœur de 1.5 µm. Plus de 30 nm d’accordabilité de bande latérale a été
démontrée en utilisant le pompage continu, et plus de 185 nm d’accordabilité en utilisant le
pompage quasi-continu contre une accordabilité de la pompe allant de 680 à 695 nm. L’émis-
sion spontanée amplifiée (ASE) est obtenue pour le pompage dans les régimes de dispersion
tant anormale que normale. Dans une autre étude très intéressante, Chen et al [152] ont fait la
démonstration expérimentale d’un FOPG à base de PCF de plus de 450 nm d’accordabilité de
bande latérale avec le réglage de la longueur d’onde de pompe sur 10 nm.

4.4.2 Amplification paramétrique

Dans les premiers travaux sur les FOPA, l’accent a été mis sur la conversion des longueurs
d’ondes entre deux régions spectrales largement espacées mais assez étroites, tandis que dans
les travaux les plus récents, les recherches se sont beaucoup plus intensifiées autour de l’amé-
lioration de l’efficacité de conversion paramétrique de l’onde pompe aux ondes signal et idler.
En 1996, Marhic et al. ont montré qu’en ajustant λp près de λ0 , il est possible d’obtenir des ré-
gions de gain très large pouvant dépasser une centaine de nanomètres, même avec des fibres de
communication couramment disponibles et des puissances de pompe raisonnables (de l’ordre
de 1 W). Ce phénomène de larges bandes est dû à l’intervention des ordres pairs de disper-
sion de la fibre paramétrique quand le FOPA est pompé près de λ0 [126]. De telles largeurs de
bandes excédaient celles des lasers à fibre dopé erbium (EDFA) et des amplificateurs Raman
(RA) limités à quelques dizaines de nanomètres (typiquement 30-40 nm).
Dans la même optique, et depuis une dizaine d’années, les FOPO ont vu un développement
très intense, notamment sur le plan de l’optimisation de l’efficacité de la conversion paramé-
trique. Nous allons voir dans la section suivante, les derniers progrès réalisés dans ce type
d’oscillateurs.
4.5. Oscillateurs paramétriques optiques fibrés (FOPO) 69

4.5 Oscillateurs paramétriques optiques fibrés (FOPO)

La conversion de la longueur d’onde peut être réalisée en utilisant des FOPO au lieu des FOPA.
Il y a des compromis impliqués dans le choix d’une approche ou de l’autre et le plus évident
est qu’un FOPO ne nécessite pas une source de signal pour le déclencher. En effet, seule la
source de la pompe est nécessaire, ce qui peut conduire à un système plus simple ainsi qu’à
un rendement de conversion plus élevé (puissance de sortie de l’idler (ou signal) divisée par la
puissance d’entrée totale).
La cavité FOPO peut être résonante sur uniquement une des deux composantes paramétriques,
signal ou idler, nous avons alors un oscillateur à résonance unique (SRO). Ce type de cavité
nécessite l’intégration d’un filtre intra-cavité qui élimine (ou éjecte) la pompe résiduelle et
l’autre composante paramétrique. C’est un procédé très répondu dans les FOPO continu et
quasi-continu, où le filtrage intra-cavité est quasi-nécessaire pour la stabilité en amplitude des
puissances de sortie. Dans les FOPO à pompage impulsionnel ultracourt, le signal, l’idler et la
pompe, ayant des durées de l’ordre de la ps (ou fs), vont subir une séparation temporelle causé
par une différence dans leurs vitesses de groupe respectives durant leur propagation dans la
cavité FOPO. Par conséquent, la synchronisation d’une seule des deux composantes, signal ou
idler avec la pompe par la technique du réglage de la dispersion temporelle (TDT pour "time
dispersion tuning") peut être réalisée en introduisant dans le FOPO une ligne à retard optique
(ODL). Dans ce type de FOPO (i.e. pulsés), le filtrage spectral n’est pas une nécessité et peut
donc être facultatif. L’autre avantage des sources FOPO pulsées est que l’on peut avoir des
puissances crêtes élevées avec des puissances moyennes modérées, en combinaison avec un
faible rapport cyclique. La puissance crête est particulièrement utile pour obtenir une bande
de gain large, qui peut atteindre des centaines de nanomètres. Ceci peut en principe être utilisé
pour fabriquer des sources largement accordables.
Des FOPO à base de différents milieux de gains paramétriques telles que les fibres à dispersion
décalée (DSF) [86, 89], fibres hautement non linéaires (HNLF)[144, 153] ou encore fibres à cris-
taux photoniques (PCF)[154, 155, 156], pompés par des impulsions de durées variables dans
le proche-infrarouge ont fait l’objet de nombreuses études. Néanmoins, ces dix dernières an-
nées ont été marquées par l’optimisation du rendement de conversion des photons de pompe
en photons de bandes latérales Stokes et anti-Stokes [87, 157, 88, 9]. Les FOPO trouvent beau-
coup d’applications, notamment en biophysique, télécommunication, détection, et en imagerie
médicale [14, 123, 125, 124].

4.6 Conclusion

Dans ce chapitre il a été question de situer l’intérêt et l’importance des FOPOs/FOPAs dans la
couverture de l’émission de longueurs d’ondes sur de larges gammes spectrales. Les différents
processus paramétriques, à savoir la génération, l’amplification et l’oscillation paramétriques
ont été rappelées et détaillées. Notre intérêt s’est porté sur les FOPO impulsionnels, d’où la
nécessité d’un bref rappel sur la notion de walk-off, occasionné par la différence dans les vi-
tesses de groupe des différentes composantes paramétriques en compétition dans le FOPO.
Aussi, nous avons rappelé la théorie du mélange à quatre ondes dégénérées dans les FOPO
et l’influences des caractéristiques de la fibre paramétrique sur la forme du gain ainsi que son
existence ou sa non-existence en régime normal de la dispersion. De plus, nous avons passé
en revue l’état du développement des FOPA et des FOPO et leurs qualités majeures. Le cha-
pitre suivant est dédié à la réalisation expérimentale d’un FOPO largement accordable pompé
autour de la bande conventionnelle.
71

Chapitre 5

Oscillateur paramétrique optique fibré


picoseconde largement accordable à
base d’une fibre à dispersion décalée

5.1 Introduction

Dans le chapitre précédent, nous avons vu l’intérêt de développer des sources paramétriques
fibrées, notamment celles opérant dans la gamme spectrale autour de 1700 nm. Dans ce cha-
pitre, nous démontrons un FOPO à base de DSF pompé par un laser à fibre dopée erbium à
solitons dissipatifs (DS-EDFL). Nous rapportons, à notre connaissance, la plus large accorda-
bilité de 450 nm d’un FOPO picoseconde pompé autour de 1560 nm. Le réglage du FOPO a
été effectué par l’ajustement de la longueur d’onde de la pompe ainsi que par l’ajustement de
longueur de la cavité FOPO, appelé aussi technique de réglage de la dispersion temporelle (ou
time dispersion tuning, TDT) [34, 156, 35]. L’utilisation de ces deux techniques a permis l’ob-
tention d’une large accordabilité de 1617 à 1876 nm pour l’idler et de 1319 à 1518 nm pour le
signal (i.e. une étendue de 557 nm, allant de 1319 nm à 1876 nm).
Des simulations numériques ont été conduites en utilisant le logiciel FiberDesk. Les résultats
obtenus sont en parfait accord avec l’expérience. En adoptant le même protocole et les mêmes
paramètres qu’en expérience, nous sommes parvenus à reproduire pratiquement tous les résul-
tats expérimentaux en résolvant la GNLSE avec FiberDesk. Les résultats obtenus sont présentés
à la fin de ce chapitre.

5.2 Dispositif expérimental

Le schéma de la configuration expérimentale est représenté sur la Fig. 5.1. Le laser à solitons
dissipatifs de haute énergie présenté et détaillé au chapitre 3 a été utilisé comme source de
pompage. Ce laser a été accordé en longueur d’onde et un ajustement de la cavité a été réalisé
pour obtenir des impulsions plus larges autour de 15 ± 4 ps dans le but de pouvoir améliorer
le rendement de conversion sur les grands décalages en fréquences, en réduisant le walkoff
entre la pompe et les composantes paramétriques. Avec ces nouveaux réglages, imposés par le
système de filtrage spectrale intra-cavité de la source de pompage, la largeur spectrale corres-
pondante est mesurée autour de 4 nm, et l’énergie par impulsion pouvant atteindre 18 nJ. Un
spectre optique et une trace d’autocorrélation typiques de la pompe sont illustrés sur la Fig.
5.2.
Chapitre 5. Oscillateur paramétrique optique fibré picoseconde largement accordable à base
72
d’une fibre à dispersion décalée

F IGURE 5.1 – Dispositif expérimental. DS-EDFL : Laser à fibre dopée erbium à


soliton dissipatif, ISO : isolateur, C1 : coupleur d’injection, C2 : coupleur de sor-
tie, DSF : fibre à dispersion décalée, ODL : ligne à retard, CIRC : circulateur, L :
lentille, M : miroir, PC : contrôleur de polarisation, AC : autocorrélateur, OSA :
analyseur de spectres optiques.

F IGURE 5.2 – Spectre optique typique de la pompe, et trace d’autocorrélation


correspondante.
5.2. Dispositif expérimental 73

La longueur d’onde de la pompe peut être réglée de 1546 nm à 1568 nm en utilisant un réseau
de diffraction intra-cavité de 600 traits/mm. Ce dernier joue le rôle d’un filtre spectral à bande
étroite mais permet également de réaliser un verrouillage de modes hautement stable en com-
binaison avec un miroir semi-conducteur résonant comme absorbant saturable (R-SAM, voir
la réf. [20] pour plus de détails). Un isolateur optique fibré (ISO) est utilisé pour éviter toute
rétroaction optique qui pourrait perturber la stabilité du laser de pompe.

F IGURE 5.3 – Courbes de dispersion des fibres utilisées dans le FOPO. DSF : fibre
à dispersion décalée, SMF-28 : fibre monomode standard, Metrocor : fibre de type
SMF, FOPO : la courbe de dispersion totale dans le FOPO est tracée en mauve.

Le FOPO est pompé à travers le port 90 % d’un coupleur d’entrée (C1) alors que le port 10 %
est dédié à l’observation de l’état de l’impulsion et du spectre de la pompe. Le pompage dans
le FOPO s’effectue de façon synchrone, i.e. la longueur du FOPO est ajustée avec le taux de
répétition de la pompe, afin que l’impulsion circulante soit synchronisée avec chaque nouvelle
impulsion de pompe. Dans la cavité FOPO, le milieu de gain paramétrique est constitué d’une
fibre à dispersion décalée (DSF) d’une longueur de 8.8 m. Cette DSF, déjà présentée au chapitre
4, a été fabriquée par un procédé standard de dépôt chimique en phase vapeur (MCVD) au la-
boratoire PhLAM de Lille. Le cœur est dopé avec du germanium (saut d’indice de 23 × 10 −3 )
et a un diamètre de 3.98 µm. Après la DSF, un second coupleur à travers lequel 90 % de la puis-
sance est extraite pour étude (envoyée vers un autocorrélateur, Femtochrome FR-103XL, et un
OSA, Anritsu MS9710B / Yokogawa AQ6375), et 10 % restante est réinjectée dans la branche
de rétroaction du FOPO. Une ligne à retard optique (ODL), comprenant un tronçon de fibre
monomode standard de type MetroCor de 3.5 m et un tronçon de fibre SMF-28 d’environ 15 m
ainsi que des éléments optiques en espace libre, est utilisée pour contrôler la synchronisation
des impulsions de résonnance avec les impulsions de pompage. La section en espace-libre de
l’ODL - une lentille pour la collimation/focalisation de faisceau et un miroir métallique - per-
met des ajustements fins du temps de tour de cavité. Un contrôleur de polarisation a également
été inclus pour ajuster la polarisation des impulsions circulant dans le FOPO par rapport à la
polarisation de l’impulsion de pompe entrante. La rétroaction globale de la cavité FOPO à l’en-
trée du coupleur C1, compte tenu de toutes les pertes, a été mesurée à environ 1.1 %. Pour une
meilleure estimation des pertes dans le FOPO, nous avons mesuré la puissance après chaque
Chapitre 5. Oscillateur paramétrique optique fibré picoseconde largement accordable à base
74
d’une fibre à dispersion décalée

élément de la cavité. Nous avons ainsi évalué les pertes au niveau des soudures à l’entrée et à
la sortie de la DSF à 1.4 dB et 0.95 dB respectivement, et les pertes de la partie espace libre et
du circulateur sont estimées à 5.15 dB. Les pertes totales du FOPO sont estimées à 29.5 dB.
Les courbes de dispersion des différentes fibres utilisées dans le montage expérimental, dont
DSF (courbe bleue), SMF-28 (courbe rouge) et SMF-MetroCor (courbe verte) ainsi que la courbe
de dispersion totale du FOPO (courbe mauve) sont illustrées sur la Fig. 5.3. La courbe de dis-
persion globale du FOPO montre que ce dernier présente une longueur d’onde de dispersion
nulle globale autour de 1436.5 nm.

5.3 Accordabilité en fonction de la longueur d’onde de la pompe

5.3.1 Génération de la fluorescence paramétrique

Dans un premier temps, nous avons déconnecté le FOPO en bloquant la réflexion sur le mi-
roir de l’ODL, de façon à ce qu’aucune rétroaction ne soit assurée vers le coupleur d’injection
(coupleur C1). Le dispositif peut donc fonctionner comme un générateur de fluorescence para-
métrique (FOPG). La pompe en simple propagation tout au long de la fibre DSF s’accompagne
à la sortie 90 % du coupleur C2 de bandes latérales très larges, générées par l’effet du mélange à
quatre ondes. Les spectres optiques résultants de la génération de la fluorescence paramétrique
pour différentes longueurs d’ondes de pompage enregistrés sur un OSA (Yokogawa AQ6375)
à la sortie 90 % du coupleur C2, sont représentés sur la Fig. 5.4.

F IGURE 5.4 – Spectres de la génération de la fluorescence paramétrique en fonc-


tion de la longueur d’onde de pompage.

La puissance moyenne et la durée des impulsions de pompage sont de 38 mW (20 mW à la


sortie 90 % du coupleur C2) et 15 ps respectivement. Pour des longueurs d’ondes de pompe
allant de 1550 à 1555 nm, on observe des bandes latérales Stokes et anti-Stokes externes dont les
5.3. Accordabilité en fonction de la longueur d’onde de la pompe 75

longueurs d’ondes centrales passent de 1822 à 1770 nm et de 1347 à 1380 nm respectivement.


Ce régime correspond à un pompage dans la région purement normale de la DSF. Quand la
pompe est fixée à 1555,5 nm, des bandes latérales internes prennent naissance et coexistent
avec les bandes latérales externes jusqu’à une longueur d’onde de pompe de 1560 nm. Ce phé-
nomène est dû à la forte contribution des ordres supérieurs de la dispersion dans la relation de
la condition d’accord de phase, car la dispersion d’ordre deux est proche de zéro (β2 ∼ = ±0).
Quand la pompe passe de 1560 à 1568 nm, la génération de la fluorescence paramétrique est
dominée par les bandes latérales internes. L’origine de celles-ci est due au phénomène d’in-
stabilités modulationnelles (MI) en régime de dispersion anormale, qui domine le FWM. Cette
observation a été rapportée dans un FOPO à base d’une fibre microstructurée à cœur suspendu
de tellure [104]. En associant tous ces régimes, notre système peut générer du gain paramé-
trique très large dans la fibre DSF avec des longueurs d’ondes centrales allant de 1347 à 1470
nm pour l’onde anti-Stokes (signal) et de 1650 à 1850 nm pour l’onde Stokes (idler). Les posi-
tions du gain paramétrique maximum, expérimentales (cercles rouges et les rectangles violet)
et simulées (courbes rouges et violettes) en fonction de la pompe sont tracées sur la Fig. 5.5.
Cette étude nous a permis de situer la longueur d’onde de dispersion nulle de notre DSF avec
plus de précision autour de 1556,5 nm, qui est une valeur proche de la ZDW donnée par le
constructeur.

F IGURE 5.5 – Positions du gain paramétrique maximum. Valeurs expérimentales


(cercles et rectangles) et simulation numérique (courbe rouge et violette).

5.3.2 Oscillation paramétrique

La réalisation de l’oscillation paramétrique par FWM est basée d’un côté sur l’effet de la ré-
troaction dans le dispositif FOPO, et de l’autre côté sur la synchronisation des longueurs des
deux cavités, i.e. laser de pompe et FOPO. Dans notre dispositif expérimental, la rétroaction
est garantie par une réflexion sur le miroir M monté sur le banc en espace-libre du FOPO
(Fig. 5.1), le circulateur CIRC et la lentille L de focale f = 4mm. Le miroir est monté sur
Chapitre 5. Oscillateur paramétrique optique fibré picoseconde largement accordable à base
76
d’une fibre à dispersion décalée

une translation micrométrique permettant une variation de la longueur de la cavité FOPO de


±12 mm, qui servira par conséquent au choix de la composante paramétrique, signal ou idler,
à synchroniser avec l’impulsion pompe. Ce système de translation sert aussi au choix d’une
fraction d’une même composante spectrale (signal ou bien idler) pour être synchronisée avec
la pompe. Comme nous l’avons vu précédemment, par l’effet de la dispersion de la vitesse de
groupe, l’idler, le signal et la pompe se propagent dans le FOPO avec des vitesses de groupe
différentes, d’où l’importance du contrôle micrométrique du banc de translation.
Les spectres optimisés du FOPO à la sortie 90% du coupleur C2 sont représentés sur la Fig.
5.6. Ces spectres sont obtenus en variant la longueur d’onde de la pompe λp autour de λZDW ,
de 1546 à 1566,5 nm, et en optimisant à chaque fois le rendement sur les bandes latérales avec
le réglage de la ligne à retard. La durée des impulsions de pompage est de l’ordre de 15 ps,
et la puissance moyenne de la pompe est de 60 mW. Les meilleurs rendements de conversion
sont obtenus quand l’idler autour de 1660 nm est synchronisé avec la pompe autour de 1566
nm. Ceci peut s’expliquer par l’assistance Raman au FWM [158], comme nous allons le voir en
détails dans le chapitre 6.

F IGURE 5.6 – Spectres FOPO optimisés en fonction du réglage de la longueur


d’onde de la pompe. Synchronisation avec le signal pour λp allant de 1546 à 1552
nm, et avec l’idler pour λp allant de 1552,5 à 1566,5 nm.

Les bandes latérales représentées sur la Fig. 5.6 et correspondant aux pompes allant de 1552,5
nm à 1566,5 nm sont obtenues pour des synchronisations de type pompe-idler. Quant aux
bandes latérales qui correspondent aux pompages allant de 1546 nm à 1552 nm, elles sont
obtenues pour des synchronisations de type pompe-signal.
Les spectres FOPO sur la Fig. 5.6 représentent une émission optimisée en énergie pour chaque
longueur d’onde de pompe. En réalité, avec le réglage de la ligne à retard et pour chaque lon-
gueur d’onde de pompe fixe, il est possible d’obtenir un balayage d’ondes signal et idler sur
toute une gamme spectrale pouvant atteindre parfois 100 nm, en effectuant des déplacements
5.4. Contrôle de l’accordabilité en fonction de l’ajustement de la longueur de la cavité FOPO77

de l’ordre de quelques millimètres de la ligne à retard. Les résultats obtenus avec cette tech-
nique seront détaillés dans la section suivante.

5.4 Contrôle de l’accordabilité en fonction de l’ajustement de la lon-


gueur de la cavité FOPO

En exploitant la technique du réglage de la dispersion temporelle, notre FOPO peut être accordé
sur quelques dizaines de nanomètres pour chaque longueur d’onde de pompe fixe. Nous nous
sommes intéressés dans un premier temps au FOPO avec synchronisation pompe-idler (cavité
FOPO légèrement inférieure à celle du laser de pompe). Les spectres optiques typiques de l’évo-
lution de l’accordabilité du FOPO en fonction du réglage de la ligne à retard pour différentes
longueurs d’onde de pompe sont illustrés sur les Figs. 5.7 à 5.10. L’intensité des spectres idler
est plus importante que celle des spectres de signal tandis que la largeur spectrale de l’onde
idler est plus étroite que celle de l’onde signal en raison de la synchronisation de l’idler avec la
pompe [156]. Pour chaque longueur d’onde de pompe fixe, différentes longueurs d’ondes des
bandes latérales idler où le gain est suffisant peuvent osciller en fonction du choix des zones
de recouvrement entre les impulsions pompe et idler, effectué à l’aide du réglage de l’ODL.
Les longueurs d’onde signal et idler résultantes sont continuellement accordables sur toute la
région du gain FWM, comme le montrent les Figs. 5.7 à 5.10.
Dans les FOPO picosecondes, la séparation temporelle entre les différentes longueurs d’onde
de bandes latérales est donnée par l’équation suivante [156].

X
∆T = |t(λ1 ) − t(λ2 )| = | Lj Dj (λc )|λ1 − λ2 ||, avec j = DSF, SM F, M etrocor, air (5.1)
j

où, t(λ) est le temps du tour de cavité pour la longueur d’onde λ. λ1 et λ2 sont deux lon-
gueurs d’ondes de bandes latérales et λc = (λ1 + λ2 )/2. Ld , Ls , Lm et La sont les longueurs
respectives des fibres DSF, SMF, Metrocor et de la partie en espace-libre. Dd , Ds , Dm et Da (λc )
sont les dispersions des vitesses de groupe de la DSF, SMF, Metrocor et de l’air respectivement.
Connaissant la dispersion totale du FOPO pour chaque longueur d’onde, il est alors possible de
calculer la séparation temporelle entre ces différentes longueurs d’ondes en utilisant l’équation
suivante,

∆T = |t(λ1 ) − t(λ2 )| = |LF OP O DF OP O (λc )|λ1 − λ2 || (5.2)

où, LF OP O et DF OP O sont la longueur totale et la dispersion de la vitesse de groupe du FOPO.


Quand λp est fixée à 1555,5 nm (Fig. 5.8), l’impulsion idler est continuellement accordable de
1719 à 1768 nm, et l’impulsion signal est continuellement accordable de 1388 à 1423 nm sur les
bandes latérales externes avec le réglage de l’ODL sur 7 mm, correspondant à 23,3 ps. Dans
ce cas, λ1 = 1719 nm, λ2 = 1768 nm et λc = 1743,5 nm. Le calcul de la différence temporelle à
partir de l’Eq. (5.2) donne 22,3 ps, qui est très proche de la valeur expérimentale de 23,3 ps. Le
calcul doit être effectué avec les longueurs d’onde idler pour la synchronisation pompe-idler.
Le FOPO avec la plage d’accordabilité la plus large via le réglage de la dispersion temporelle est
obtenu pour la longueur d’onde de pompe de 1556,5 nm (Fig. 5.9). Cette dernière corresponds
à la ZDW de la fibre DSF, qui permet aussi d’obtenir le gain le plus large couvrant en même
temps des bandes spectrales de MI externes et internes, conséquence de la contribution des
Chapitre 5. Oscillateur paramétrique optique fibré picoseconde largement accordable à base
78
d’une fibre à dispersion décalée

F IGURE 5.7 – réglage de F IGURE 5.8 – réglage l’ODL


l’ODL sur 2 ×2 mm et λp = sur 3,5×2 mm et λp =
1553, 5nm dans le régime 1555, 5nm dans le régime
de dispersion normale de la de dispersion normale de la
DSF. DSF.

F IGURE 5.10 – réglage


F IGURE 5.9 – réglage l’ODL l’ODL sur 2,7×2 mm
sur 4,5×2 mm et λp = et λp = 1568nm dans
1556, 5nm dans le régime de le régime de dispersion
dispersion nulle de la DSF. anormale de la DSF.
5.5. Contrôle de l’accordabilité en fonction de la longueur d’onde de pompe et de l’ajustement
79
de la longueur de la cavité du FOPO

ordres supérieures de la dispersion dans la condition d’accord de phase [104]. Pour λp =1556,5
nm, le réglage de l’ODL sur 9 mm, tout en s’assurant de la synchronisation de l’idler avec
la pompe, a permis la génération d’impulsions signal et idler continuellement accordables de
1412 à 1471 nm et de 1655 à 1733 nm respectivement à la sortie du FOPO. Il est néanmoins
important de préciser que le niveau des puissances des ondes signal est plus faible comparé
aux ondes idler. Ce qui donne un FOPO avec des ondes idler accordables sur une plage aussi
large que 80 nm via le réglage de la dispersion temporelle à 1556,5 nm de longueur d’onde
de pompe. La séparation temporelle ∆T expérimentale entre les impulsions idler à 1655 et à
1733 nm, correspondant au réglage de l’ODL sur 9 mm, est de 30 ps, qui est très proche de la
valeur calculée de 31 ps en utilisant l’Eq. (5.2). Pour une longueur d’onde de pompe de 1553,5
nm (Fig. 5.7), nous constatons, en plus des longueurs d’ondes de FWM, l’apparition d’un pic
autour 1650 nm. Ce dernier peut être attribué à l’émergence du gain Raman par le pompage
de la DSF dans son régime de dispersion nettement normale [12]. Pour un pompage autour de
1568 nm (Fig. 5.10), des pics idler avec des énergies très élevées sont obtenus autour de 1660
nm, alors que les pics d’onde signal correspondant sont de faibles énergies. En réalité, cette
émission par mélange à quatre ondes dans la région spectrale autour de 1660 nm coïncide avec
l’existence du gain Raman dans la silice, d’où la contribution de ce dernier dans la conversion
paramétrique par FWM. Ce phénomène, appelé aussi assistance Raman au mélange à quatre
ondes [158], contribue notamment dans la reconversion des photons signal en photon pompe
puis en photon idler [158]. Le pic à 1530 nm représente l’émission spontanée dans l’erbium,
et celui autour de 1600 nm représente l’onde résultante de l’interaction par FWM de la pompe
avec le pic de fluorescence à 1530 nm. Ces pics sont très apparents sur la Fig. 5.10, vue l’intensité
de la fluorescence quand le pompage se fait à la limite de la bande C d’émission de l’erbium.

5.5 Contrôle de l’accordabilité en fonction de la longueur d’onde de


pompe et de l’ajustement de la longueur de la cavité du FOPO

Nous avons vu dans la section précédente l’intérêt de l’utilisation de la technique du réglage


de la dispersion temporelle dans la génération de FOPOs largement accordables. Nous avons
présenté les résultats obtenus avec cette technique pour des pompages dans différents régimes
de dispersion de la fibre DSF. La combinaison des techniques de réglage de la dispersion tem-
porelle via des ajustements fins de l’ODL, et de la longueur d’onde de pompe nous a permis
de situer toutes les régions de l’existence du gain paramétrique dans notre FOPO. Les résultats
expérimentaux sont représentés par des disques blancs sur la Fig. 5.11. Des impulsions signal
et idler accordables de 1319 à 1518 nm et de 1617 à 1876 nm respectivement ont été obtenues à
la sortie du FOPO. Nous rapportons, à notre connaissance, un FOPO picoseconde avec la plus
large accordabilité de 450 nm autour de 1550 nm. Un bon accord entre les résultats expérimen-
taux et le calcul numérique du gain paramétrique normalisé (Eq. (4.2) du chapitre 4) en fonction
de la longueur d’onde de pompe et des bandes latérales de FWM a été obtenu (Fig. 5.11). Pour
rappel, les paramètres de dispersion de la DSF utilisés dans ces calculs sont β3 =4.8×10−41 s3 /m
et β4 =-1.2×10−55 s4 /m à la longueur d’onde de dispersion nulle λ0 = 1556.5nm, le coefficient
non-linéaire γ=6.6 W−1 .km−1 et la puissance de pompage est fixée à P = 300 W. Ces para-
mètres sont les même que ceux mesurés expérimentalement.
Les spectres du FOPO présentant les meilleurs rendements de conversion des photons de
pompe en photons idler quand les impulsions de pompage sont synchronisées avec celles de
l’idler, et en exploitant les deux techniques d’accrodabilité sus-citées sont représentés sur la Fig.
5.12. Des taux de conversion allant de 15% à plus de 35% sont obtenus dans la région spectrale
allant de 1630 à 1750 nm quand la pompe est synchronisée avec l’idler (Fig. 5.13).
Chapitre 5. Oscillateur paramétrique optique fibré picoseconde largement accordable à base
80
d’une fibre à dispersion décalée

F IGURE 5.11 – Accordabilité du FOPO. Expérience (disques blancs) : réglage via


la variation de la longueur d’onde de pompe (axe horizontal) et via la technique
du réglage de la dispersion temporelle (axe vertical). Modélisation numérique
(cartographie de fond) : gain paramétrique normalisé en fonction du réglage de
la pompe et des bandes latérales.

F IGURE 5.12 – Spectres FOPO optimisés par la ligne à retard quand la pompe est
synchronisée avec l’idler
5.5. Contrôle de l’accordabilité en fonction de la longueur d’onde de pompe et de l’ajustement
81
de la longueur de la cavité du FOPO

F IGURE 5.13 – Taux de conversion idler pour différentes longueurs d’onde de


bandes latérales avec synchronisation pompe-idler.

En outre, la gamme spectrale totale couverte dans ces conditions de synchronisation de la


pompe avec l’idler s’étale de 1620 à 1800 nm. Cette limitation est due au walkoff entre la pompe
et l’idler. Au delà de 1800 nm jusqu’à 1876 nm, nous avons réussi à obtenir de la conversion
paramétrique en synchronisant cette fois-ci la pompe avec l’onde signal comme c’est déjà men-
tionné plus haut. Nous montrons de façon plus claire les spectres FOPOs pour les deux lon-
gueurs d’ondes de pompe de 1546 nm et 1548 nm sur la Fig. 5.14. Les taux de conversion sont
relativement faibles comparés à ceux de la bande autour de 1700 nm. Quand la pompe est ré-
glée à 1548 nm le signal et l’idler sont générés aux longueurs d’ondes de 1322 nm et de 1864 nm
avec les taux de conversion de 5.93 % et de 2.46 % respectivement. Les bandes latérales signal et
idler extrêmes obtenues expérimentalement sont centrées aux longueurs d’ondes de 1319 nm
et de 1876 nm avec des taux de conversion plus faibles de 1.15 % et de 0.6 % respectivement
pour la longueur d’onde de pompe de 1546 nm comme on peut le voir sur la Fig. 5.14.
Nous montrons sur la Fig. 5.15 les courbes caractérisant le walkoff (écart temporel causé par la
différence de vitesses de groupes des différentes composantes spectrales) entre les composantes
spectrales mutuelles signal-pompe et idler-pompe dans la fibre DSF (courbe bleue) et dans tout
le FOPO. Pour rappel λi > λp et λs < λp . Les résultats du calcul de walkoff sont donnés en
valeurs absolues. On peut voir que dans la DSF le walkoff idler-pompe est déjà légèrement
supérieur à celui de signal-pompe, et dans le FOPO entier le walkoff signal-pompe ne dépasse
jamais 18 ps alors que celui de l’idler-pompe peut atteindre 100 ps à 1800 nm.
Un autre résultat expérimental remarquable, qui représente aussi une des signatures du mé-
lange à quatre ondes, est la symétrie des spectres d’ondes signal et idler [33, 147]. La symétrie
est observée quelque soit la longueur d’onde de pompage et pour les deux types de synchro-
nisations : pompe-idler ou pompe-signal. En effet, ce phénomène de symétrie spectrale entre
le signal et l’idler est obtenu dans les deux situations de pompage. Ceci est illustré sur les Figs.
5.16(a) et 5.16(b) où la pompe est fixée à 1566 nm pour un régime de dispersion anormale. Le
cas du pompage en régime de dispersion normale est illustré sur les Figs. 5.17(a) et 5.17(b) où la
Chapitre 5. Oscillateur paramétrique optique fibré picoseconde largement accordable à base
82
d’une fibre à dispersion décalée

F IGURE 5.14 – Génération de longueurs d’ondes signal et idler proches de 1300


nm et de 1900 nm respectivement.

F IGURE 5.15 – Courbe de walkoff signal-pompe-idler pour un pompage autour


de 1560 nm ; dans la DSF sur l’axe de droite (courbe bleue) et dans tout le FOPO
sur l’axe de gauche (courbe rouge).
5.5. Contrôle de l’accordabilité en fonction de la longueur d’onde de pompe et de l’ajustement
83
de la longueur de la cavité du FOPO

pompe est ajustée à 1553.5 nm. Pour une meilleure observation de la symétrie spectrale signal-
idler de cette dernière situation, nous avons représenté le spectre du FOPO sur la Fig. 5.18 avec
une échelle logarithmique.

F IGURE 5.16 – Symétrie spectrale entre les ondes signal et idler pour une pompe
de 1566 nm et quand la pompe est synchronisée avec l’idler. (a), (b) : spectres
optiques et (c), (d) : traces d’autocorrélations des ondes signal et idler respective-
ment.

Nous avons constaté aussi, comme c’est le cas dans [156] que, pour une synchronisation de la
pompe avec le signal, le spectre idler est plus large que celui du signal et pour la synchronisa-
tion de la pompe avec l’idler, le spectre signal est plus large que celui de l’idler. En effet, quand
une impulsion de pompage de 12 ps (trace d’AC ∼ 17 ps) et de longueur d’onde de 1566 nm
avec une largeur spectrale de 4 nm est synchronisée grâce à l’ODL, sur une fraction précise du
spectre de la bande de gain Stokes, elle génère dans le FOPO une impulsion idler à 1631.5 nm
avec trace d’AC de l’ordre 6.6 ps et une largeur spectrale de 0.85 nm et une impulsion signal à
1507 nm ayant une trace d’AC de 7.5 ps et une largeur spectrale de 1.25 nm qui est donc plus
grande que celle de l’idler. De l’autre côté et de la même façon, quand le signal synchronisé
avec la pompe, comme sur la Fig. 5.17 où la pompe est réglée à 1553.5 nm, une onde idler est
émise à la longueur d’onde de 1776.1 nm avec un spectre de 2.3 nm et l’onde signal est émise à
1381.3 nm avec un spectre plus étroit de 1.3 nm.
Chapitre 5. Oscillateur paramétrique optique fibré picoseconde largement accordable à base
84
d’une fibre à dispersion décalée

F IGURE 5.17 – Symétrie spectrale entre les ondes signal (a) et idler (b) pour une
pompe de 1553.5 nm et quand la pompe est synchronisée avec le signal. La symé-
trie est plus apparente sur la Fig. 5.18 où sont tracés ces même spectres à l’échelle
logarithmique.

F IGURE 5.18 – Symétrie spectrale entre les ondes signal et idler sur une échelle
logarithmique, pour une longueur d’onde de pompage de 1553.5 nm et quand la
pompe est synchronisée avec le signal.
5.6. Simulations numériques 85

5.6 Simulations numériques

5.6.1 Modèle

Le modèle numérique est basé sur l’équation de Schrödinger non-linéaire généralisée (GNLSE).
Une brève description de l’origine de cette équation peut être trouvée dans le chapitre 2 de ce
manuscrit de thèse, et pour plus de détails dans la référence [21].
Le mécanisme du FWM, qui est un effet non-linéaire du troisième ordre χ(3) dans les fibres
optiques, est soumis aux conditions d’accord de phase et de la conservation d’énergie [21, 33].
Ce phénomène est bien détaillé dans les sections 2.2.4 et 4.2.1 de ce manuscrit. Dans le but de
mieux comprendre ce phénomène, qui n’est autre qu’un processus de conversion paramétrique
de longueur d’onde de pompe en longueurs d’ondes de types Stokes et anti-Stokes, nous nous
sommes intéressé à la résolution numérique de la GNLSE (Eq. (2.8)). En effet des simulations
numériques ont été réalisées afin de mieux comprendre la dynamique des impulsions générées
dans la cavité FOPO étudiée. Nous nous intéressons essentiellement à la conversion paramé-
trique d’impulsions picosecondes dans un FOPO à base de fibre à dispersion décalée (DSF).
Nous avons introduit les éléments et les paramètres de la cavité simulée de façon à rester très
proche de ceux de l’expérience. La configuration de la cavité adoptée dans ces simulations est
schématisée sur la Fig. 5.19.

F IGURE 5.19 – Configuration schématique de la cavité FOPO pour la simula-


tion numérique. DSF : fibre à dispersion décalée, OC : coupleur 1, SMF1,2 et 3 :
fibres monomodes, HLOC : coupleur 2, P ;AS ;S : impulsions pompe, anti-Stokes
et Stokes respectivement.

La pompe P est injectée directement dans la DSF, et 10 % du signal total à la sortie de cette
dernière est redirigé vers les fibres SMF1 et SMF2 puis SMF3 à travers l’élément de pertes ’OC’.
Seulement 0.2% du signal total à la sortie des fibres SMF est réinjecté dans la DSF (à travers
l’élément de pertes ’HLOC’) en compagnie d’une nouvelle pompe d’injection P, i.e. la portion
totale de rétroaction par rapport à la puissance totale injectée est de seulement 0.02%. Comme
dans l’expérience, aucun filtrage n’est utilisé et par conséquent toutes les composantes idler,
signal et pompe résiduelle sont réinjectées en rétroaction dans le FOPO. La synchronisation
est donc basée seulement sur le filtrage auto-induit par le décalage temporel des composantes
Chapitre 5. Oscillateur paramétrique optique fibré picoseconde largement accordable à base
86
d’une fibre à dispersion décalée

spectrales idler, signal et pompe dans le FOPO, qui est dû au walkoff entre ces composantes à
l’intérieur des fibres constituant l’oscillateur.
Les caractéristiques des éléments de la cavité utilisés dans l’étude numérique du FOPO sont
illustrées sur le tableau 5.1. A la longueur d’onde de pompe λp =1566 nm, les fibres SMF1 et
SMF3 présentent une dispersion anormale et la fibre SMF2 a une dispersion légèrement nor-
male. La DSF est pompée dans son régime anormal mais très proche de la ZDW. Les pertes
du coupleur de sortie (OC) sont équivalentes à celles du coupleur C2 expérimental ayant des
pertes utiles de 90% (2.3 m−1 ). Comparées aux pertes expérimentales totales de 6.35 m−1 , celle
de l’étude numérique permettant un fonctionnement correct du FOPO sont un peu plus élevées
autour de 8.5 m−1 tandis que les pertes de l’élément ’HLOC’ sont équivalentes à l’ensemble des
pertes expérimentales en dehors de celles du coupleur C2 et de celles des fibres. Les pertes de
la DSF sont mesurées en utilisant la méthode de cut-back et sont estimées à 0.0002 m−1 .

Elément Pertes MFD γ à 1566 nm Longueur β2 à 1566 nm


(m−1 ) (µm ) (W −1 km−1 ) (m) (ps2 m −1 )
DSF 2×10−4 5 ; 6.5 ; 7 6.0 9; 7 -2.6 × 10−4
SMF1 4×10−5 10.4 1.51 14 -0.022
SMF2 6×10−5 8.6 2.21 4 0.0076
SMF3 4×10−5 10.4 1.51 1 -0.022
HLOC 6.2 10.4 1.51 1 -0.022
OC 2.3 10.4 1.51 1 -0.022

TABLE 5.1 – Caractéristiques des différents éléments de la cavité FOPO utilisés


dans l’étude numérique.

Les impulsions de pompage ont une largeur spectrale de l’ordre de 4 nm, correspondant à
une durée minimale de 0.9 ps pour un profil gaussien. Elles sont étirées jusqu’à une durée de
l’ordre de 12 ps avant d’être envoyées dans la DSF. Elles sont caractérisées par un spectre et
une trace d’autocorrélation de formes gaussiennes, comme on peut le voir sur la Fig. 5.20. Ces
impulsions ont des caractéristiques proches de celles du laser de pompe utilisé en expérience,
mis à part le profil spectral.

F IGURE 5.20 – Caractéristiques spectrales et temporelles des impulsions de pom-


page utilisées dans les simulations numériques. (a) spectre optique typique à 1562
nm et trace d’AC correspondante (figure interne), et (b) trace d’AC étirée de la
pompe.
5.6. Simulations numériques 87

5.6.2 Résultats des simulations numériques et comparaison avec l’expérience

Le mode générateur paramétrique optique fibré (FOPG)

Dans un premier temps, nous nous sommes intéressés à la génération paramétrique en mode
FOPG, i.e. la pompe parcourt seule la fibre paramétrique (DSF) et sur un simple passage. La
pompe est caractérisée par des impulsions de durée de 12 ps et une énergie par impulsion
d’environ 10 nJ. La longueur d’onde de pompage est réglée de 1548 nm à 1570 nm et les bandes
latérales Stokes et anti-Stokes apparaissent de part et d’autres comme le montre la Fig. 5.21.
Les courbes de couleurs verte rouge et cyan désignent respectivement les longueurs d’ondes
centrales de la pompe ainsi que celles des maximas de gain Stokes et anti-Stokes. La relation
du FWM donnée par 2/λp = 1/λs + 1/λas est vérifiée partout pour les positions du maximum
de gain paramétrique par rapport à la pompe. Un excellent accord est obtenu entre les courbes
FOPG expérimentales et théoriques comme le montrent les Figs. 5.4 et 5.21, respectivement.

Le mode oscillateur paramétrique optique fibré (FOPO)

Nous avons, comme en expérience, réalisé une boucle de rétroaction pour former un oscillateur
paramétrique optique fibré tel que schématisé sur la Fig. 5.19. Comme on vient de le voir un
peu plus haut, durant son tout premier passage dans la fibre paramétrique, la pompe est d’ores
et déjà accompagnée de larges bandes spectrales Stokes et anti-Stokes. Ces dernières sont par
contre de faible énergie. En fonction de la longueur d’onde de pompe, la fenêtre spectrale du
logiciel FiberDesk peut être centrée sur une longueur d’onde donnée d’une bande latérale où
le gain existe. En effet, centrer la fenêtre de simulation sur une longueur d’onde donnée de la
zone de gain Stokes par exemple, revient à synchroniser la pompe sur l’onde Stokes (que nous
avons appelé aussi idler), et le fait de centrer la fenêtre de simulation sur une longueur d’onde
donnée de la zone de gain anti-Stokes reviens à synchroniser la pompe sur l’onde anti-Stokes
(que nous avons appelé aussi signal).
Pour reproduire de façon fidèle les résultats expérimentaux en simulations numériques, les
effets de la dispersion ainsi que les effets non-linéaires Kerr (SPM) et Raman doivent être inclus
dans le calcul. Pour montrer l’importance de l’assistance Raman au FWM dans notre FOPO,
nous avons conduit des simulations avec ou sans l’effet Raman dans le calcul. Nous montrons
le résultat d’une étude comparative avec et sans l’effet Raman dans la fibre DSF sur la Fig. 5.22.
Ces simulations montrent que sans l’effet Raman le FWM se produit avec des énergies "presque"
équivalentes pour l’idler et pour le signal. Le spectre de la pompe subit une forte déplétion au
centre tout comme dans l’expérience. L’introduction de l’effet Raman dans le calcul apporte
un effet exponentiel dans la conversion paramétrique des photons pompe en photons idler, de
plus l’énergie du signal diminue aussi avec cet effet. Ce résultat illustre clairement l’impact de
l’assistance Raman au mélange à quatre ondes dans notre FOPO.
En se basant sur le modèle de GNLSE incluant les effets de la dispersion ainsi que les effets non-
linéaires Kerr (SPM) et Raman, nous avons conduit une série de simulations avec la variation
de la longueur d’onde de pompe autour de la ZDW de la DSF. Comme dans l’expérience, le
réglage de la longueur d’onde de pompe dans ces simulations est effectué de 1550 à 1566 nm.
Nous nous sommes basés ici sur les situations où la synchronisation est réalisée entre l’idler et
la pompe. Pour rappel, le choix d’une composante paramétrique idler λi de la bande Stokes à
synchroniser avec la pompe est réalisé en centrant la fenêtre spectrale dans la simulation sur
la longueur d’onde λ = λi . Les résultats de ces simulations sont illustrés sur la Fig. 5.23. En
comparant ces résultats avec ceux de l’expérience sur la Fig. 5.24, on constate que l’accord est
très remarquable. Les résultats sont représentés avec une échelle linéaire.
Chapitre 5. Oscillateur paramétrique optique fibré picoseconde largement accordable à base
88
d’une fibre à dispersion décalée

F IGURE 5.21 – Simulation numérique en mode FOPG i.e. sur simple passage de
la pompe dans la DSF.
5.6. Simulations numériques 89

F IGURE 5.22 – Spectres optiques des simulations numériques avec (spectre vert)
et sans l’effet Raman (spectre rouge).

F IGURE 5.23 – Résultats des simulations numériques sur la position des bandes
latérales du FOPO. Suivant l’axe ’z’, la longueur d’onde de pompe évolue de 1550
nm à 1566 nm.
Chapitre 5. Oscillateur paramétrique optique fibré picoseconde largement accordable à base
90
d’une fibre à dispersion décalée

F IGURE 5.24 – Résultats expérimentaux de position de bandes latérales du FOPO.


Suivant l’axe ’z’, la longueur d’onde de pompe évolue de 1550 nm à 1566 nm.

5.7 Conclusion

Ce chapitre est dédié à l’étude expérimentale et numérique d’un FOPO largement accordable
pompé par des impulsions picoseconde dans la bande C. La fibre paramétrique utilisée dans
cette étude est une DSF avec la particularité d’avoir un coefficient de non-linéarité légèrement
plus élevé que les DSF commerciales. La courbe de dispersion légèrement aplatie autour de la
ZDW de la DSF et les énergies de pompage élevées disponibles ont permis l’obtention d’une
large accordabilité du FOPO de 1617 nm à 1876 nm pour l’onde idler et de 1319 à 1518 nm pour
l’onde signal. Ce résultat est à notre connaissance le premier du genre dans un FOPO picose-
conde pompé dans la bande C, plus étendu que ceux de la référence [159] où les longueurs
d’ondes extrêmes sont limitées à 1360 nm pour le signal et à 1835 nm pour l’idler. Nous avons
montré aussi à travers cette étude expérimentale et numérique que les meilleurs rendements du
FOPO sont obtenu pour des pompages autour de 1566 nm avec la synchronisation pompe-idler
et quand la bande de gain du FWM et celle du gain Raman sont en état de recouvrement. Ce
dernier résultat est confirmé par des simulations numériques montrant l’évidence du processus
de l’assistance Raman au mélange à quatre ondes dans notre FOPO. Cette caractéristique sera
exploitée dans le montage d’un FOPO de haute énergie et les résultats seront détaillés dans le
chapitre suivant.
91

Chapitre 6

Oscillateur paramétrique optique fibré


à impulsions picosecondes de haute
énergie et émettant autour de 1700 nm

6.1 Introduction

Les FOPO pompés dans la bande C représentent une alternative intéressante pour la généra-
tion d’impulsions ultracourtes avec une bande passante adaptée dans la gamme spectrale de
1600-1800 nm, néanmoins les énergies obtenues sont loin d’être compétitives [35, 104, 160].
L’exploitation d’une dispersion normale des FOPO a permis une montée en énergie au-delà de
la barrière nanojoule autour de 1700 nm avec une large plage d’accord [89, 159]. Cependant, les
caractéristiques de bruit de ce FOPO pilotée par une pompe de type oscillateur à amplification
de puissance (MOPA) n’ont pas été abordées. Dans ce chapitre, nous démontrons que l’exploi-
tation d’un laser à soliton dissipatif à faible bruit et de haute énergie pour pomper un FOPO à
base de DSF permet la génération directe d’impulsions picosecondes avec des niveaux d’éner-
gie nanojoules sur une plage de 100 nm autour de 1700 nm. L’exploitation du recouvrement du
gain paramétrique du FWM et du gain Raman [158] dans ce FOPO pompé autour de la ZDW
légèrement anormale de la DSF, ainsi que l’optimisation de la dérive de fréquence des impul-
sions de pompage [36] ont une forte contribution dans cette montée en énergie. L’évolution de
l’impulsion dans la cavité a également été étudiée numériquement et un excellent accord avec
les résultats expérimentaux a été trouvé. Des mesures de bruit d’amplitude ont été effectuées à
la fois sur la pompe et sur l’idler et des niveaux de bruit d’intensité relative (RIN) inférieurs à
-140 dBc/Hz ont été atteints. Ce travail ouvre ainsi la voie vers l’utilisation d’une telle source
fibrée en biophotonique et en instrumentation.

6.2 Résultats expérimentaux et simulations numériques

Dans les premiers résultats rapportés dans ce chapitre, le dispositif expérimental est exacte-
ment le même que dans le chapitre 5. Nous nous intéressant ici à l’optimisation de l’énergie
par impulsion idler autour de 1700 nm et plus particulièrement dans la plage de longueur
d’onde de conversion optimale autour de 1660 nm où l’oscillation paramétrique est dominée
par l’assistance Raman au FWM [158], comme on peut le voir sur la Fig. 6.1. Les impulsions de
pompe utilisées dans cette section sont fortement étirées et ont une durée de l’ordre de 15 ±
4ps pour un spectre de 4 nm.
La Fig. 6.1(c) montre les différents spectres de sortie du FOPO correspondant aux différentes
positions du miroir de ODL pour une longueur d’onde de pompe de 1565 nm et une puissance
Chapitre 6. Oscillateur paramétrique optique fibré à impulsions picosecondes de haute
92
énergie et émettant autour de 1700 nm

F IGURE 6.1 – (a) Accordabilité du FOPO : modélisation et expérience. (b) Dis-


positif expérimental. (c) Accordabilité du FOPO via le réglage de l’ODL pour
la longueur d’onde de pompe fixe de 1565 nm, (synchronisation pompe-idler et
pompe-signal quand le miroir de l’ODL est réglé de 5,75 à 9,5mm, et autour de 2,5
mm respectivement). Le spectre en rouge centré autour de 1660 nm, représente le
pic idler le plus intense.
6.2. Résultats expérimentaux et simulations numériques 93

de sortie totale extraite du FOPO de 18 mW. Nous montrons aussi sur la Fig. 6.1(a) la région
spectrale correspondant à ces différents spectres sur la cartographie d’accordabilité du FOPO.
Le miroir M de l’ODL est monté sur une translation de précision et sa position peut être réglée
de 0 à 13 mm (Fig. 6.1(b)). Le pic observé à 1530 nm sur la Fig. 6.1(c) correspond à l’émission
spontanée amplifiée (ASE) de la pompe. Quand le miroir de l’ODL est placé entre les positions
5,75 à 9,5 mm (axe des Z sur la Fig. 6.1) la pompe peut être synchronisée avec l’idler et des
pics très intenses aux longueurs d’ondes allant de 1620 à 1690 nm sont délivrés à la sortie du
FOPO. Il est à noter que les pics signal correspondants émis entre 1450 nm et 1515 nm sont de
faible intensité. C’est le phénomène que nous avons interprété comme l’assistance Raman au
FWM. Pour rattraper le signal et le synchroniser avec la pompe, le miroir de l’ODL doit être
translaté aux alentours de la position de 2,5 mm. Les longueurs d’ondes signal et idler sont alors
émises autour de 1510 nm et de 1640 nm, respectivement. Quand le miroir M est placé entre les
positions 4,5 et 5,5 mm, l’émission des bandes latérales semble être modulée et perturbée. Ceci
peut être attribué à une compétition dans les interactions pompe-idler et pompe-signal, due à
l’interaction de la traine de la pompe avec le front de l’idler d’un côté et le bord frontal de la
pompe avec la traine du signal de l’autre côté. La synchronisation des impulsions résiduelles
de la pompe oscillant dans le FOPO avec des impulsions de pompe fraîches est obtenue pour
une position du miroir M de 3,5 mm. Nous définissons alors un paramètre d comme étant la
variation de longueur de la cavité du FOPO par rapport à la cavité de la pompe, i.e. d = 0
quand le miroir M est à la position 3,5 mm.

F IGURE 6.2 – Courbes de walk-off pompe-idler dans la DSF (rouge) et dans


le FOPO (bleue). La figure interne montre les courbes de dispersion de la DSF
(rouge) et du FOPO (bleue).

Comme il a été discuté au chapitre 5, les ondes Stokes, pompe et anti-Stokes ont des vitesses
de groupe différentes tout en se propageant dans la cavité FOPO et endurent des dispersions
Chapitre 6. Oscillateur paramétrique optique fibré à impulsions picosecondes de haute
94
énergie et émettant autour de 1700 nm

différentes. Il en résulte un décalage entre les composantes spectrales pompe, signal et idler. Ce
décalage entre la pompe de longueur d’onde λp =1565 nm et les différentes longueurs d’onde
idler susceptibles d’osciller dans le FOPO est tracé sur la Fig. 6.2 en utilisant l’éq. (6.1) suivante,

∆Tj = |t(λi ) − t(λp )| = |Lj Dj (λc )|λi − λp ||, avec j = 1 (6.1)

où, t(λ) est le temps de propagation de la longueur d’onde λ. λi et λp sont les longueurs d’ondes
idler et pompe respectivement, et λc = (λi + λp )/2. LDSF et DDSF (λc ), LF OP O et DF OP O (λc )
sont les longueurs et les dispersions de vitesse de groupe de la DSF et du FOPO respectivement.
Ces courbes restent valables pour d’autres longueurs d’onde de pompe variant de quelques nm
autour 1565 nm.
Sur l’encart de la Fig. 6.2 sont tracées les courbes de dispersion de la DSF (rouge) et du FOPO
(bleue). Ces courbes présentent des longueurs d’ondes de dispersion nulle autour de 1556.5
nm et de 1436.5 nm, respectivement. Pour λp =1565 nm, la dispersion de la DSF est légèrement
anormale mais proche de zéro et a pour valeur β2 = -2.6 × 10−4 ps2 m −1 (D=0.2 ps/(nm.km)),
et celle du FOPO est anormale et a pour valeur β2 = -9.4 × 10−3 ps2 m −1 (D=7.2 ps/(nm.km)).

F IGURE 6.3 – Interaction de l’impulsion idler avec différentes parties de la


pompe. (a) l’impulsion idler interagit avec le bord frontal de la pompe. (b) l’im-
pulsion idler interagit avec la partie centrale de la pompe. (d) l’impulsion idler
interagit avec la partie postérieure de la pompe.

Les rendements de conversion les plus élevés sont obtenus pour des configurations de cavité
qui maximisent la longueur d’interaction entre les impulsions de pompe et celles d’idler, car
un bon chevauchement temporel entre les composantes spectrales est nécessaire pour qu’un
1. DSF, FOPO
6.2. Résultats expérimentaux et simulations numériques 95

transfert d’énergie efficace se produise [12]. Par exemple, lorsque d = −4, 75 × 2 mm (position
du miroir M de l’ODL à 8,25 mm), la plus grande déplétion de la pompe est obtenue. Cela
peut être expliqué comme suit : lors de la propagation dans le DSF, l’impulsion idler qui a
été initialement lancée un peu devant l’impulsion de pompe, est progressivement ralentie et
finalement finit derrière la pompe à la sortie de la fibre (voir Fig. 6.3(b), et par conséquent
l’impulsion idler interagit avec la partie centrale de l’impulsion pompe. Il en résulte une bande
latérale idler plus large mais de faible intensité. Lorsque l’impulsion idler interagit à la fois
avec les bords avant et arrière de l’impulsion de pompe, elle aboutit alors à un spectre large
et symétrique [161]. Pour d = −3, 95 × 2 mm (miroir de l’ODL à 7,45 mm), l’impulsion idler
est lancée juste derrière l’impulsion de pompe et interagit donc avec la partie postérieure de
celle-ci tout au long de la propagation dans la fibre de gain (voir Fig. 6.3(c)). Nous avons obtenu
l’intensité d’onde la plus élevée pour ce dernier cas.
Les premiers résultats expérimentaux sur l’optimisation de l’énergie par impulsion idler sont
obtenus en utilisant des impulsions de pompage fortement étirées de 13 ps. Nous représen-
tons sur la Fig. 6.4 le spectre optique obtenu à la sortie du FOPO pour une longueur d’onde de
pompe de 1566 nm. Ce dernier contient la pompe résiduelle ainsi que des composantes spec-
trales signal et idler aux longueurs d’ondes 1490 nm et 1652 nm avec des largeur spectrales
de 1 nm et de 0.65 nm respectivement. On peut voir aussi sur la même figure l’apparition de
composantes spectrales FWM d’ordres élevés aux longueurs d’onde de 1745 nm et de 1430 nm.
L’apparition de ces composantes paramétriques, connues sous le nom de cascade de FWM,
marque le début d’une signature de la saturation du processus de conversion paramétrique.

F IGURE 6.4 – Spectre optique du FOPO contenant l’idler, la pompe résiduelle et


le signal à la sortie de la DSF. La longueur d’onde de la pompe est de 1566 nm
et la puissance totale extraite du FOPO est de 30 mW. L’impulsion idler interagit
avec la partie postérieure de la pompe.

La puissance totale à la sortie du FOPO dont le spectre optique est représenté sur la Fig. 6.4,
est mesurée sur un wattmètre à la valeur de 30 mW. Les traces d’autocorrélations de la pompe,
l’idler et le signal correspondantes sont représentées sur la Fig. 6.5. On constate à partir de
Chapitre 6. Oscillateur paramétrique optique fibré à impulsions picosecondes de haute
96
énergie et émettant autour de 1700 nm

cette dernière figure que les impulsions idler et signal avec des durées de 5.8 ps et 4.9 ps,
respectivement, sont plus de deux fois plus courtes que l’impulsion de pompe de 13 ps. Les
composantes signal et idler et leurs traces d’autocorrélations sont enregistrées après filtrage
externe au FOPO, en utilisant un réseau de diffraction IR (600 traits/mm, blazé à 1.6 µm) et
présentant une efficacité proche de 60 % aux longueurs d’onde de pompe, Stokes et anti-Stokes.

F IGURE 6.5 – Traces d’autocorrélations de la pompe (verte), l’idler (rouge) et du


signal (bleue) correspondant à la Fig. 6.4.

Le taux de conversion sur la bande spectrale idler est de 35 % qui correspond à une énergie
par impulsion de 1.37 nJ, tandis que le taux de conversion sur la bande spectrale signal est de
seulement 2.1% (82 pJ), d’où la forte dissymétrie en intensité sur les spectres signal et idler. Le
comportement du FOPO ici est semblable à la situation (c) de la Fig. 6.3, où l’impulsion idler
interagit tout au long de sa propagation dans la DSF avec la partie postérieure de l’impulsion
pompe. Il en résulte une symétrie spectrale des ondes signal et idler. Les côtés externes des
spectres signal et idler présentent des profils à pics pointus, alors que les côtés internes (dirigés
vers la pompe) présentent des profils modulés en cascade comme on peut le voir de façon plus
claire sur la Fig. 6.6.
Quand l’ODL est ajusté d’une façon à permettre à l’impulsion idler d’interagir avec le bord
frontal de l’impulsion de pompe, comme dans la situation (a) de la Fig. 6.3, les spectres signal
et idler prennent une autre forme. On vois clairement l’inversion du profil spectral de l’idler
dans cette dernière situation sur l’encart de la Fig.6.7. Dans cette situation, le signal généré à
1450 nm est de très faible intensité et sa modulation n’est pas évidente.
Les meilleures performances en termes d’énergie et de rendement dans cette configuration
sont obtenues quand l’impulsion idler générée autour d’une longueur d’onde de 1660 nm in-
teragit avec la partie postérieure de l’impulsion de pompage à la longueur d’onde de 1566 nm.
Nous avons enregistré ainsi un rendement record de l’ordre de 36 % et une énergie par im-
pulsion autour de 1.45 nJ pour une puissance crête de pompage de 450 W. En augmentant la
puissance de pompe, nous observons l’apparition d’une cascade d’ordres supérieurs de FWM
6.2. Résultats expérimentaux et simulations numériques 97

F IGURE 6.6 – Spectres signal (a) et idler (b) manifestant des modulations en cas-
cade quand l’impulsion idler est en interaction avec la partie postérieure de l’im-
pulsion pompe.

F IGURE 6.7 – Spectres FOPG (noir) et FOPO (rouge) pour une longueur d’onde de
pompe de 1566 nm. L’impulsion idler interagit avec le bord frontal de la pompe.
Chapitre 6. Oscillateur paramétrique optique fibré à impulsions picosecondes de haute
98
énergie et émettant autour de 1700 nm

marquant ainsi la saturation du mécanisme de conversion paramétrique (voir Fig. 6.4). Ceci
est principalement dû à la courte durée des impulsions de pompe et d’idler qui atteignent
des puissances crêtes suffisantes pour induire de nouvelles composantes à travers le proces-
sus de cascade. Ce processus est accompagné par l’apparition d’instabilités modulationnelles
(MI) autour de la composante paramétrique idler de haute énergie [162]. Ce phénomène est
clairement visible sur la Fig. 6.8. Comme autre résultat de l’augmentation de la puissance de
pompage, nous observant le décalage du spectre idler vers les grandes longueurs d’ondes où
celui-ci passe de λi =1657.5 nm pour la puissance de sortie du FOPO de 28 mW à λi =1659.5
nm quand PF OP O =33 mW. Pour de plus grandes puissances de pompe, le FOPO va émettre
un supercontinuum comme conséquence de la combinaison du FWM d’ordre supérieur et des
instabilités modulationnelles [162].

F IGURE 6.8 – Spectre idler manifestant des instabilités modulationnelles (MI).

Ce résultat est confirmé par des simulations numériques comme le montre la Fig. 6.9, et qui
s’appuient sur le modèle étudié dans le chapitre 5. Nous constatons que l’augmentation de
l’énergie de la pompe au-delà d’une certaine limite (3 nJ pour un diamètre de mode de la fibre
DSF de MFD=5 µm) impose au FOPO une émission que nous avons identifiée comme du super-
continuum, ce qui rejoint l’observation mentionnée plus haut dans les résultats expérimentaux.
En outre, ces simulations montrent un comportement stable du FOPO notamment pour une
énergie par impulsion pompe de 2.5 nJ comme le montre la Fig. 6.10. Après 19 tours de cavité,
l’idler et le signal prennent naissance à 1660 nm et 1480 nm, respectivement, et la pompe subit
une forte déplétion essentiellement dans sa partie centrale à 1566 nm. Un état stationnaire est
atteint après 30 tours de cavité seulement, et à ce moment l’idler et le signal sont légèrement
décalés à 1665 nm et à 1476 nm, respectivement. Les profils temporels des impulsions corres-
pondantes sont représentés sur la Fig. 6.11. Celle-ci montre un décalage temporel pompe-idler
6.2. Résultats expérimentaux et simulations numériques 99

de 35 ps, ce qui confirme la courbe du walk-off représentée sur la Fig. 6.2. L’énergie par im-
pulsion idler est de l’ordre 0.9 nJ à 1665 nm avec le même taux de conversion expérimental de
l’ordre de 36 %. Cette constatation nous a conduit à effectuer une série de simulations dans la-
quelle nous avons augmenté légèrement le MFD de la DSF pour réduire les effets non-linéaires
de MI et de FWM d’ordres supérieurs. Des énergies par impulsion idler de 1.21 nJ et de 1.8
nJ sont obtenues avec l’augmentation simultanée de l’énergie de pompage à 4 nJ et 5 nJ et du
MFD à 6.5µm et 7µm, respectivement. Les résultats de ces simulations sont représentés sur la
Fig. 6.12, qui montre aussi les traces d’autocorrélations idler avant compression (noir) et après
compression (rouge) à leur limite de Fourier. La dispersion du FOPO à la longueur d’onde idler
de 1665 nm est nettement anormale. Nous avons ainsi démontré, le premier FOPO délivrant
des impulsions étirées de haute énergie dans le régime de dispersion anormale d’un oscillateur
entièrement fibré.

F IGURE 6.9 – Evolution du spectre FOPO en fonction de l’énergie de pompage


(simulation numérique).

Pour une réalisation expérimentale de ces dernières simulations en vu de l’augmentation de


l’énergie idler, il faudrait disposer d’une fibre DSF avec un diamètre de cœur plus grand tout en
gardant les paramètres de dispersion inchangés, ce qui est pratiquement impossible. Une autre
solution rapide et efficace consiste aussi dans l’optimisation des performances de la source de
pompage. Nous avons ainsi opté pour l’augmentation de la dérive de fréquence des impulsions
de pompage pour réduire leur puissance crête et ainsi repousser le seuil d’apparition des effets
de cascade à fortes énergies. Par ailleurs, la diminution de la longueur de la DSF contribue à
réduire les effets de MI d’ordres supérieurs.
Chapitre 6. Oscillateur paramétrique optique fibré à impulsions picosecondes de haute
100
énergie et émettant autour de 1700 nm

F IGURE 6.10 – Evolution du spectre à la sortie du FOPO sur 100 tours de cavité.
Spectres des impulsions idler à 1665 nm, signal à 1476 nm et pompe à 1566 nm.

F IGURE 6.11 – Evolution des profils temporels des impulsions idler (à droite),
signal (à gauche) et de la pompe (au centre) sur 100 tours de cavité.
6.2. Résultats expérimentaux et simulations numériques 101

F IGURE 6.12 – Démonstration d’énergie supérieure au nanojoule avec l’augmen-


tation du MFD de la DSF (simulation numérique).
Chapitre 6. Oscillateur paramétrique optique fibré à impulsions picosecondes de haute
102
énergie et émettant autour de 1700 nm

6.3 Optimisation des performances de la pompe et du FOPO pour


l’augmentation de l’énergie

6.3.1 Dispositif expérimental

La source de pompage est d’abord adaptée en fréquence, ensuite et dans le cadre du régime
de fonctionnement en dispersion anomale du FOPO étudié ici, l’accent est mis sur la valeur
de la dérive de fréquence de l’impulsion de pompage qui doit être suffisamment importante.
Ceci permet aux impulsions de la pompe et de l’idler d’avoir un temps de recouvrement plus
long et donc d’atteindre des rendements paramétriques élevés. Nous avons ainsi augmenté le
paramètre étirement des impulsions de la pompe en augmentant la largeur du filtre spectral
intra-cavité [20]. Les meilleurs résultats en termes d’énergie de sortie FOPO sont obtenus pour
des impulsions de pompe d’une durée d’environ 35 ps et d’une largeur spectrale de 4 nm.
L’énergie maximale par impulsion délivrée par le laser de pompe dans ce mode de fonctionne-
ment est d’environ 13 nJ, ce qui correspond à une puissance crête de 370 W. Les pertes induites
par le coupleur et la soudure de la DSF à l’entrée du FOPO sont estimées à ∼ 28 %, ce qui donne
une énergie de pompage incidente sur la fibre de gain paramétrique de ∼ 9,4 nJ. La longueur
de la fibre de gain (DSF) dans le FOPO est de 7 m. Tous les autres paramètres du FOPO sont les
mêmes que précédemment.

6.3.2 Simulations numériques et résultats expérimentaux

Pour une meilleure compréhension du comportement dynamique du FOPO étudié ici, et pour
mettre en évidence son potentiel pour la montée en énergie, nous avons réalisé des simulations
numériques basées sur le logiciel commercial (Fiberdesk, [9] ). Les meilleurs résultats sont en
effet obtenus en utilisant une DSF de 7 m de long. En partant du bruit et en considérant des
impulsions de pompe de forme gaussiennes de 35 ps à λp = 1566 nm avec une énergie de 6,5
nJ, nos simulations montrent que le régime stationnaire est atteint après seulement 40 tours
de cavité. Les Figs. 6.13(a) et (b) montrent l’état stationnaire et les spectres enregistrés pour les
100 premiers tours de cavité. Ces résultats sont obtenus en synchronisant les impulsions de
la pompe avec les impulsions idler résonnantes centrées à 1660 nm. L’énergie de l’impulsion
idler prédite par nos calculs est supérieure à 1,3 nJ, ce qui correspond à des rendements de
conversion supérieurs à 20 %. Le spectre de l’idler (Fig. 6.13(c)) présente un pic principal et
de fortes modulations sur ses longueurs d’ondes plus courtes, qui sont attribuées aux effets
combinés de la modulation de phase croisée et du walk-off entre la pompe et l’idler [161]. Il
convient de noter que le spectre du signal présente l’image miroir de l’idler avec un niveau
d’énergie beaucoup plus faible [163, 147] comme nous l’avons déjà mentionné plus haut.
L’efficacité de conversion en termes de puissance crête est de 44 % en raison de la durée d’im-
pulsion plus courte du signal et de l’idler par rapport à l’impulsion de pompe. En effet, la durée
de l’impulsion idler se stabilise à 16,5 ps, ce qui correspond à une réduction de 47% de la durée
de l’impulsion de pompage initiale de 35 ps. Il est intéressant de noter que les impulsions de
sortie à dérive de fréquence linéaire peuvent être comprimées à une durée de 3 ps en utilisant
un élément de dispersion du second ordre négative. Ceci indique que la dérive de fréquence de
la pompe est partiellement transmise à l’impulsion idler, comme ça a déjà été démontré dans
la réf.[36].
Dans les expériences, les caractéristiques des composantes paramétriques générées ont été me-
surées sur le port 90 % du coupleur de sortie et quelques spectres sélectionnés sont représentés
sur la Fig. 6.14. Les mêmes techniques de réglage de la dispersion temporelle (TDT) et du
6.3. Optimisation des performances de la pompe et du FOPO pour l’augmentation de
103
l’énergie

F IGURE 6.13 – Simulation numérique du FOPO : (a) spectre du FOPO à l’état


stationnaire, (b) dynamique spectrale sur les 100 premiers tours de cavité et (c)
zoom sur le spectre idler.
Chapitre 6. Oscillateur paramétrique optique fibré à impulsions picosecondes de haute
104
énergie et émettant autour de 1700 nm

réglage de longueur d’onde de pompe décrites précédemment sont utilisées dans ce FOPO.
Dans notre cas particulier, l’utilisation des impulsions de pompage fortement étirées (∼ 40
fois leur limite de Fourier) synchronisées avec les ondes idler résonnantes sur chaque tour de
cavité, qui sont de durée beaucoup plus courte comme représenté sur la Fig. 6.15(a), fournit
non seulement un degré de liberté supplémentaire dans la sélectivité en longueur d’onde (car
seuls les composantes spectrales se chevauchant seront amplifiées) mais aussi une possibilité
dans l’augmentation de la puissance moyenne de pompage du FOPO. Comme prévu par les
simulations numériques, une efficacité de conversion élevée est obtenue pour l’onde idler qui
présente une forme spectrale fortement dissymétrique en fonction de la synchronisation de la
cavité FOPO. La longueur d’onde de sortie de l’idler peut être réglée en continu dans une plage
aussi large que 100 nm (jusqu’à 250 nm, mais avec un rendement beaucoup plus faible) autour
de 1700 nm.

F IGURE 6.14 – Spectres de sortie FOPO typiques pour λp =1566 nm. Un taux de
conversion pompe-idler de 20 % a été obtenu dans ce cas particulier. Les figures
en encarts montrent des zooms sur la déplétion de la pompe (gauche) et l’accor-
dabilité de l’idler en fonction du réglage de l’ODL (droite).

L’idler a été filtré à la sortie de FOPO en utilisant un réseau de diffraction afin d’effectuer des
mesures d’autocorrélation et d’évaluer l’efficacité de la conversion. Dans le cadre de la géné-
ration d’impulsions énergétiques dans la gamme de longueur d’onde d’environ 1700 nm, nous
avons obtenu des énergies dépassant 2 nJ (puissance moyenne supérieure à 14,3 mW) à λi
= 1668 nm pour une longueur d’onde de pompage de ∼ 1566 nm comme montré sur la Fig.
6.14. Ceci correspond à une efficacité de conversion pompe-idler d’environ 20%. Dans cette
configuration, les mesures d’autocorrélation ont donné une durée de 14 ps pour l’impulsion
idler comme représenté sur la Fig. 6.15(a), c’est-à-dire 2,5 fois plus courte que les impulsions de
pompage. Cela correspond à une puissance crête d’environ 140 W, en bon accord avec les simu-
lations numériques. L’efficacité de conversion obtenue dans ce cas est élevée et peut s’expliquer
de la même manière que dans la section précédente par le transfert d’énergie de la composante
6.3. Optimisation des performances de la pompe et du FOPO pour l’augmentation de
105
l’énergie

paramétrique décalée vers les haute fréquences (signal) à la composante décalée vers les basses
fréquences (idler, c’est-à-dire par l’intermédiaire de l’assistance Raman au processus paramé-
trique [158]). Il est également montré dans l’encart de la Fig. 6.14 qu’autour de cet optimum
(λi =1668 nm), la bande passante de -3 dB s’étend sur environ 30 nm, avec par exemple une
énergie de 1 nJ à λi = 1685 nm.
Comme la plupart des applications en biophotonique et en instrumentation nécessitent des
sources laser très stables avec un faible bruit d’intensité relative (RIN), nous avons ensuite me-
suré le RIN de la pompe à l’entrée de la DSF et de l’idler filtré à la sortie du FOPO. Les mesures
ont été effectuées en utilisant un analyseur RF (Rohde et Schwarz FSV 7 GHz) et sont représen-
tées sur la Fig. 6.15(b). Notre laser de pompage opérant à 1566 nm présente un niveau de RIN
de -154 dBc/Hz, comparable au système utilisé dans la référence [81]. Le FOPO l’augmente
jusqu’à environ -140 dBc/Hz, en considérant seulement la composante spectrale idler à la lon-
gueur d’onde λi = 1668 nm. Plus d’investigations sont maintenant nécessaires pour améliorer
encore le RIN de l’ensemble du système.

F IGURE 6.15 – (a) Traces d’autocorrélations de la pompe (λp =1566 nm) et de l’id-
ler (λi =1668 nm), correspondant aux spectres montrés à la Fig. 6.14. En supposant
des formes gaussiennes, cela correspond des impulsions pompe et idler de du-
rées de 35 ps et de 14 ps, respectivement. (b) Mesures de RIN de la pompe et de
l’idler. La limite de détection de -164 dBc/Hz correspond à un photocourant de
1,4 mA.

Comparés aux FOPO ps émettant dans la gamme spectrale autour de 1700 nm ayant été déve-
loppés jusqu’ici, nos résultats sont remarquables et meilleurs en termes d’énergie par impulsion
idler, d’accordabilité et surtout de stabilité en amplitude et en phase. Le tableau 6.1 montre les
caractéristiques des FOPO émettant autour de 1700 nm développés ces dernières années ainsi
que les sources utilisées dans le pompage de ceux-ci. Des impulsions ps avec des énergies pou-
vant atteindre 0.4 nJ ont été obtenues sur la bande Stokes allant de 1600 à 1750 nm dans un
FOPO pompé par un laser à fibre délivrant des impulsions de l’ordre de 8.6 ps [164]. Une éner-
gie de seulement 30 pJ par impulsion d’une dizaine de ps à la longueur d’onde de 1695.8 nm a
Chapitre 6. Oscillateur paramétrique optique fibré à impulsions picosecondes de haute
106
énergie et émettant autour de 1700 nm

été extraite d’un FOPO à base de DSF [144]. Les problèmes majeurs de ces limitations en éner-
gie de sortie dans ces deux configurations [164, 144] étaient d’une part la non disponibilité de
sources stables et délivrant des énergies suffisamment élevées dans la bande C, d’autre part,
le choix de la longueur de la fibre paramétrique n’est pas aisé à faire pour l’optimisation de la
conversion paramétrique. Les résultats les plus remarquables sont ceux des références [89] et
[159]. Néanmoins, les impulsions ps de haute énergie obtenues sur la bande Stokes du FOPO en
régime de dispersion normal [89] et émises à la longueur d’onde de 1600 nm restent en dehors
de la zone spectrale d’intérêt biologique. Dans une autre étude Nguyen et al. [159] rapportent
un FOPO en régime de dispersion normale largement accordable et délivrant des impulsions
étirées d’énergie maximale de 1.3 nJ autour de 1700 nm. Ce dernier résultat est remarquable,
néanmoins aucune étude en termes de bruits de la source de pompage ni des composantes
paramétriques n’a été mentionnée dans cette référence.

ISL λidler Pmoy Energie- accordabilité Caractéristiques Réf


(MHz) (mW) idler (nm), signal et de la pompe
(nJ) idler
156.2 1695.8 NA NA de 1413 à 1478 et Laser continu [35]
de 1610 à 1695 modulé, T=15 ps,
P=20mW
10 1580- 0.165 à 0.0165 à de 1320 à 1520 et Laser continu [165]
1820 1320 nm 1320 nm de 1580 à 1820 modulé, T=100
ps, P=25 mW
156.2 1695.8 4.5 0.03 de 1413 à 1543 et Laser à fibre ver- [144]
de 1573 à 1695 rouillé en modes,
T= 15 ps, P= 100
mW
17.08 1732 0.003 18 × 10 −5 de 1395 à 1526.8 Laser à fibre ver- [104]
et de 1606 à rouillé en modes,
1743.5 T= 38 ps, P= 19.5
mW
100 1600- 0.6 à 40 0.006-0.4 de 1415 à 1505 et Laser à fibre, [164]
1750 de 1600 à 1750 T=8.6 ps, P=100
mW
42 1600 60 1.45 1510 et 1610 EDFA placé [89]
dans le FOPO, et
pompé par laser
à fibre, T=0.4ps,
P=175 mW
18.8- 1600- 24.7 1.3 de 1360 à 1520 et Amplificateur [159]
19.0 1700 de 1600 à 1835 de signal laser
fibré à impulsion
étirée, T=5ps, P=
180 mW
7.2 1650- 14.5 2 de 1319 à 1518 et Laser à soli- ??

1750 de 1617 à 1876 ton dissipatif, [166]


T=35ps, P=68
mW

TABLE 6.1 – Développement des FOPO pulsés et énergies obtenues autour de


1700 nm, et comparaison avec nos résultats [166] ?? .
6.4. Conclusion 107

6.4 Conclusion

Nous avons démontré expérimentalement et numériquement un oscillateur paramétrique à


fibre optique (FOPO) basé sur une fibre à dispersion décalée et pompé avec des impulsions
étirées délivrées par un laser à blocage de modes à solitons dissipatifs. Ce concept nous a per-
mis de maximiser l’efficacité de notre système et de générer des impulsions picosecondes avec
des énergies de 2 nJ autour de 1,66 µm avec des caractéristiques de bruit satisfaisantes. Ceci
représente les meilleurs résultats à ce jour pour un FOPO fonctionnant dans cette gamme de
longueurs d’ondes. Nos résultats expérimentaux sont en bon accord avec les simulations nu-
mériques. Bien qu’il reste encore de la place pour améliorer les performances de ce système,
notamment à travers l’optimisation de l’étirement des impulsions de pompe ou encore la dis-
persion moyenne de la cavité, cette étude ouvre la voie à l’utilisation de ce type de FOPO dans
des expériences d’imagerie non-linéaires ainsi que dans l’instrumentation rapide.
109

Chapitre 7

Conclusions et perspectives

Cette thèse est consacrée à l’étude des sources lasers fibrées émettant des impulsions ultra-
courtes dans la région de sécurité oculaire autour de 1.55 µm en utilisant les techniques de
verrouillages de modes passifs dans les oscillateurs à fibre dopée. Elle concerne également la
génération d’impulsions ultracourtes dans la région d’intérêt biomédical autour de 1.7 µm en
exploitant l’effet non-linéaire de mélange à quatre ondes dégénéré dans un oscillateur paramé-
trique optique fibré.
La première partie a abordé l’étude de la dynamique d’une source laser à fibre dopée erbium
émettant dans la gamme spectrale de 1.55 µm. Notre étude montre que des régimes auto-
impulsionnels à verrouillage de modes harmonique peuvent exister dans une cavité en anneau
unidirectionnelle n’impliquant aucun mécanisme de verrouillage de modes. Pour faire fonc-
tionner ces lasers en régime d’impulsions ultracourtes de façon permanente, nous avons choisi
la technique de verrouillage de modes passifs par un absorbant saturable. En utilisant la rota-
tion non-linéaire de polarisation comme absorbant saturable effectif, nous avons démontré que
plusieurs régimes impulsionnels peuvent s’y installer en fonction des paramètres de la cavité.
Un régime de verrouillage de modes modulé par des impulsions Q-déclenchées amorties à été
démontré dans une configuration avec une dispersion largement anormale. Nous avons ob-
servé et étudié en fonction de la puissance de pompage et du contrôle de polarisation dans la
cavité laser en régime de dispersion anormale des régimes de solitons exotiques. Ces derniers
sont semblables aux états de la matière, tels que le gaz de solitons, la pluie de soltions et le cris-
tal de solitons. Nous avons constaté que l’état de polarisation dans la cavité joue le rôle d’un
compresseur, étant donné que selon la position des contrôleurs de polarisation le régime passe
d’une pluie de solitons (liquide) à un régime intermédiaire cristal-liquide de solitons et enfin
à un régime de cristal de solitons. Différent des lasers à fibre dopée erbium ordinaire, ce laser
a cette particularité d’avoir un fonctionnement centré autour de la longueur d’onde de 1530
nm au lieu de la longueur d’onde conventionnelle de 1550 nm. Ce laser constitue une excel-
lente plateforme d’étude du comportement dynamique de plusieurs régimes de solitons. Nous
nous sommes intéressés finalement à la caractérisation complète d’une source laser en régime
de dispersion normale. Cette source délivre des solitons dissipatifs de haute énergie largement
étirés temporellement et manifestant un bruit d’intensité relative (RIN) très satisfaisant de -154
dBc/Hz.
Nous avons démontré aussi, par une étude expérimentale et numérique, la réalisation d’un os-
cillateur paramétrique à fibre optique largement accordable de 1617 nm à 1876 nm pour l’onde
idler et de 1319 à 1518 nm pour l’onde signal. Cet oscillateur présente l’originalité d’être pompé
par le laser à fibre à solitons dissipatifs de haute énergie présenté dans cette thèse. L’oscillateur
paramétrique fibré développé s’appuie sur une DSF avec la particularité d’avoir un coefficient
de non-linéarité légèrement plus élevé que les DSF commerciales et une courbe de dispersion
110 Chapitre 7. Conclusions et perspectives

légèrement aplatie autour de sa longueur d’onde de dispersion nulle. La combinaison des pro-
priétés de cette fibre avec les énergies de pompage suffisamment élevées disponibles a large-
ment contribué dans cette large accordabilité du FOPO étudié. Les meilleurs rendements du
FOPO sont obtenus pour des pompages autour de 1566 nm avec la synchronisation pompe-
idler et quand la bande de gain du FWM et celle du gain Raman sont en état de recouvrement.
Ce dernier résultat, confirmé par des simulations numériques montrant l’évidence du proces-
sus de l’assistance Raman au mélange à quatre ondes, a été exploité dans le montage d’un
FOPO picoseconde de haute énergie. Une optimisation des performances de la source de pom-
page et de la source paramétrique est néanmoins nécessaire. En effet, l’augmentation de la
dérive de fréquence des impulsions pompe à environ 40 fois leur limite de Fourier, l’adapta-
tion en fréquence de la pompe et de la source paramétrique fibrée ainsi que le soin pris pour
le recouvrement du gain de FWM et du gain Raman ont permis la génération d’impulsions
picoseconde avec des énergies de 2 nJ autour de 1,67 µm. Des énergies de l’ordre du nanojoule
sont obtenues sur une gamme spectrale de 100 nm autour 1.7 µm. Après une caractérisation
complète en termes de bruits, des résultats satisfaisants de mesures de bruit d’intensité rela-
tive inférieur à -140 dBc/Hz ont été obtenus. Nos résultats expérimentaux sont en bon accord
avec les simulations numériques dans le cadre de l’amélioration des performances du FOPO,
ouvrant ainsi la voie à l’utilisation de ce type de source dans des expériences d’imagerie non-
linéaires, la détection ainsi que dans l’instrumentation rapide.
Comme perspectives à ce travail de thèse, l’amélioration des performances du système FOPO
en optimisant encore l’étirement de l’impulsion de pompe pour contrôler précisément la bande
passante est très attractif pour l’augmentation de l’énergie par impulsion autour de 1.7 µm. Ce-
pendant, les impulsions prédites dans ce cas sont spectralement étroites. Une piste intéressante
à explorer serait d’associer les propriétés de notre oscillateur à solitons dissipatifs haute énergie
avec un FOPO opérant en régime de dispersion normale. Ces travaux sont en cours au CORIA.
Une étude dynamique par transformée de Fourier dispersive (DFT) est déjà initiée au CORIA
durant les travaux de cette thèse. En effet des tests ont déjà été effectués sur la source paramé-
trique et les résultats préliminaires sont très intéressants. Cette méthode de DFT à temps réel
peut être exploitée pour la compréhension du mécanisme de transfert d’énergie par FWM de la
pompe aux composantes spectrales signal et idler. Elle peut être utilisée pour la compréhension
du processus de l’assistance Raman au FWM. Cette méthode peut être utilisée aussi dans des
études de corrélation spectrale de paires de signaux idler-signal- décalés en fréquence.
111

Annexe A

Liste des publications

1. R. Becheker, M. Tang, P.-H. Hanzard, A. Tyazhev, A. Mussot, A. Kudlinski, A. Kellou,


J.-L. Oudar, T. Godin, A. Hideur, "High-energy dissipative soliton-driven fiber optical
parametric oscillator emitting at 1.7 µm", Laser Physics Letters 15 (11), p.115103 (2018)
2. M. Tang, R. Becheker, P.-H. Hanzard, A. Tyazhev, J.-L. Oudar, A. Mussot, A. Kudlinski,
T. Godin, A. Hideur, "Low noise high-energy dissipative soliton erbium fiber laser for
FOPO pumping", Applied Sciences, 8 (11), p.2161 (2018)
3. M. Tang, H. Wang, R. Becheker, J.-L. Oudar, D. Gaponov, T. Godin, A. Hideur, "High-
energy dissipative solitons generation from a large normal dispersion Er-fiber laser",
Optics letters 40 (7), pp.1414-1417 (2015)
4. S. Terniche, A. Kellou, A. Kermaoui, R. Si Fodil, R. Becheker, "Study of the Propaga-
tion of Short Pulse Laser With Cavity Using Numerical Simulation Software", Journal of
Fundamental and Applied Sciences, Vol 4, N 1 (2012)
113

Annexe B

Liste des conférences

1. R. Becheker, M. Tang, P.-H. Hanzard, A. Tyazhev, A. Mussot, A. Kudlinski, A. Kellou,


J.-L. Oudar, T. Godin, A. Hideur, "High-energy picosecond fiber optical parametric os-
cillator emitting in the biological window around 1.7 µm" In The European Conference
on Lasers and Electro-Optics (Munich), p.CJ− 1− 2. Optical Society of America (2017)
2. R. Becheker, M. Tang, P.-H. Hanzard, A. Tyazhev, A. Mussot, A. Kudlinski, A. Kellou,
J.-L. Oudar, T. Godin, A. Hideur, " Oscillateur paramétrique optique à fibre délivrant des
impulsions picosecondes de haute énergie autour de 1.7 µm », 4ème conférence Interna-
tionale sur l’Optique, la Photonique et ses Applications (ICOPA-4) – 5-7 décembre 2016
- ICMCB-CNRS Pessac, Bordeaux ( France)
3. D. Boukhaoui , D. Mallek-Bouras, R. Becheker, A. Kellou, "Etude expérimentale d’une
dynamique issue d’un verrouillage de modes passif d’un laser à fibre dopée erbium",
4ème conférence Internationale sur l’Optique, la Photonique et ses Applications (ICOPA-
4) – 5-7 décembre 2016 - ICMCB-CNRS Pessac, Bordeaux ( France)
4. R. Becheker, M. Tang, P.-H. Hanzard, A. Tyazhev, A. Mussot, A. Kudlinski, A. Kellou,
J.-L. Oudar, T. Godin, A. Hideur, "Génération d’impulsions picosecondes haute énergie
dans un oscillateur paramétrique optique à fibre accordable autour de 1.7 µm ", congrès
Optique Bordeaux, congrès de la SFO, 04-07 juillet 2016, Bordeaux (France)
5. M. Tang, H. Wang, R. Becheker, JL. Oudar, D. Gaponov, T. Godin, A. Hideur, "Passively
mode-locked Er-doped fiber laser for the generation of high-energy dissipative solitons"
In The European Conference on Lasers and Electro-Optics (Munich), p. CJ− 2− 4. Optical
Society of America (2015)
6. M. Tang, H. Wang, R. Becheker, J.-L. Oudar, D. Gaponov, A. Hideur, "Laser à fibre à ver-
rouillage de modes de haute energie à 1560 nm ", 34ième Journée Nationales d’Optique
Guidée (JNOG) les 29-31 octobre 2014 à Nice (France)
7. S. Terniche, A. Kellou, R. Becheker, D. Bouras-Mallek et L. Zizi, "Propagation d’une
impulsion dans une fibre optique soumise à des effets dispersifs et non-linéaires d’ordre
supérieur", 7ième Séminaire National sur le Laser et ses Applications (SENALAP’14),
11-12 mai 2014, Université Ferhat Abbas de Sétif (Algérie)
8. D. Bouras-Mallek, R. Becheker, L. Zizi, S. Terniche et A. Kellou, "Verrouillage de modes
dans un laser tout fibré en anneau dopée Erbium", 7ième Séminaire National sur le La-
ser et ses Applications (SENALAP’14), 11-12 mai 2014, Université Ferat Abbas de Sétif
(Algérie)
9. R. Becheker, D. Mallek, L. Zizi, S. Terniche, A. Kellou, "Génération d’un self-mode-
locking dans un laser à fibre dopée erbium", 3rd International Conference on Optics
Photonics and their Applications ICOPA’2013, Algiers, USTHB December, 09-11, 2013
(Algérie)
114 Annexe B. Liste des conférences

10. D.Bouras-Mallek, R. Becheker, L.Zizi, S.Terniche, A.Kellou, "Verrouillage de modes dans


un laser tout fibré en anneau dopée Erbium », 3rd International Conference On Photo-
nics and their Applications (ICOPA), December 9-11, 2013, Algiers, (Algerie)
11. L.Zizi, D. Mallek, S. Terniche, R. Si Fodil, R. Becheker, A. Kellou, "Compensation de la
dispersion chromatique d’un laser à fibre dopée à l’erbium", 10ième Congrès National
de la Physique et de ses Applications CNPA 2012, Université de Mostaganem, du 20 au
22 Novembre 2012 (Algérie)
12. S. Terniche, A. Kellou, A. Kermaoui, R. Si Fodil, R. Becheker, "Etude de la propagation
d’une impulsion courte en cavité laser avec un logiciel de simulation numérique", 6ième
Séminaire National sur le Laser et ses Applications SENALAP’2012, Centre Universitaire
d’El-Oued, 17 et 18 Janvier 2012 (Algérie)
13. R.Si Fodil, R. Belhocif, S. Bendahmane, R. Becheker, S. Terniche, "Le verre, sa naissance,
et ses applications", 2ième Séminaire international sur l’Histoire des Sciences, Alger, du
07 au 09 Juin 2011 (Algérie)
14. Y. Benmadani, R. Becheker, M. Chalal, AH.Kellou, A. Kermaoui, "Synthèse d’un nou-
veau verre tellurite dopé Er3+ et mise en évidence du phénomène de up-conversion",
15ièmes Journées Scientifiques et Pédagogiques de l’USTHB, Alger, 27 et 28 avril 2011
(Algérie)
15. R. Becheker, A. Hideur, A. Kellou, "Etude expérimentale d’un laser à fibre dopée ytter-
bium", Intenational conference on optics, photonics and their applications (ICOPA’10),
USTHB, Alger, 13-15 décembre 2010 (Algérie)
16. R. Becheker, A. Hideur, A. Kellou, "Etude expérimentale d’un laser à fibre dopée ytter-
bium", 9ième congrès national de la physique et de ses applications CNPA’2010, Univer-
sité de Ouargla, 24-26 octobre 2010 (Algérie)
17. R. Becheker, S. Terniche, A. Kellou, "Etude du fonctionnement dynamique d’un laser à
CO2 avec un absorbant saturable", Ecole thématique internationale du réseau d’optique
et photonique Algérien (Nour 21), Oran, 28 Mars-02 Avril 2010 (Algérie)
115

Bibliographie

[1] D. D ANGOISSE, D. H ENNEQUIN et V. Z EHNLÉ. Les lasers-3e édition. Dunod, 2013.


[2] A. L. S CHAWLOW et C. H. T OWNES. « Infrared and optical masers ». In : Physical Review
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[3] P.A. F RANKEN, A. E. H ILL, C.W. P ETERS et G. W EINREICH. « Generation of optical har-
monics ». In : Physical Review Letters 7.4 (1961), p. 118.
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