Aimants Permanents - Applications Et Perspectives: Réf.: D2102 V1

Réf.
: D2102 V1
Aimants permanents -
Date de publication :
10 mai 2007 Applications et perspectives
Cet article est issu de : Énergies | Conversion de l’énergie électrique
par Luc LECHEVALLIER, Jean-Marie LE BRETON,

Philippe TENAUD, Antoine MOREL, Serge
BRASSARD
Résumé Les aimants permanents présentent des perspectives d’avenir très favorables
dans un certain nombre de domaines industriels. La croissance du marché automobile
ajoutée à celle du nombre d’aimants par véhicule continuent de faire progresser le marché
des aimants permanents, essentiellement des ferrites. D’autres secteurs d’activités, tels
que l’aéronautique, l’énergie éolienne, les technologies de l’information, utilisent des
aimants de la famille des terres rares, essentiellement Nd-Fe-B. Les autres familles
d’aimants, tels que Alnico, Sm-Co sont utilisés pour des applications de niche, en raison
de leurs propriétés spécifiques.
Abstract Permanent magnets present extremely positive future prospects in a certain

number of industrial sectors. The growth of the automobile market added up to that of the
number of magnets per vehicle contribute to the development of the permanent magnet
market, essentially ferrites. Other sectors of activity such as aeronautics, wind energy and
IT use magnets from the rare-earth family, essentially Nd-Fe-B. Other families of magnets,
such as Alnico and Sm-Co are used for niche applications due to their specific properties.
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Aimants permanents
Applications et perspectives
par Luc LECHEVALLIER
Docteur en Physique
Maître de Conférences à l’IUP Génie Électrique de l’Université de Cergy-Pontoise
Groupe de Physique des Matériaux, UMR CNRS 6634
Université de Rouen, Faculté des Sciences et Techniques
Jean-Marie LE BRETON
Docteur en Physique
Professeur à l’Université de Rouen
Groupe de Physique des Matériaux, UMR CNRS 6634
Université de Rouen, Faculté des Sciences et Techniques
Philippe TENAUD
Ingénieur, Docteur en Physique
Directeur recherche et développement
UGIMAG, Saint Pierre d’Allevard
Antoine MOREL
Docteur en Physique
Ingénieur recherche et développement
et Serge BRASSARD
Parution : mai 2007 - Ce document a ete delivre pour le compte de 7200023220 - universite de lorraine // 193.50.135.4
Ingénieur, Docteur en Génie Électrique

Ingénieur recherche et développement
1. Généralités................................................................................................. D 2 102 — 2
1.1 Les différents types d’aimants permanents .............................................. — 2
1.2 Performances magnétiques de chaque type d’aimants ........................... — 2
1.3 Propriétés mécaniques et physico-chimiques des aimants ..................... — 4
2. Conversion d’énergie électrique en énergie mécanique............... — 5
2.1 Moteurs à courant continu ......................................................................... — 5
2.2 Moteurs synchrones.................................................................................... — 9
2.3 Autres moteurs ............................................................................................ — 10
2.4 Haut-parleurs ............................................................................................... — 10
3. Conversion d’énergie mécanique en énergie électrique............... — 12
4. Conversion d’énergie mécanique en une autre forme d’énergie
mécanique.................................................................................................. — 12
4.1 Dispositifs de répulsion ou d’attraction..................................................... — 12
4.2 Dispositifs de transmission de mouvement.............................................. — 13
5. Conversion d’énergie mécanique en énergie thermique .............. — 14
6. Dispositifs générant un champ magnétique fixe ou variable ...... — 15
6.1 Imagerie par résonance magnétique (IRM)............................................... — 15
6.2 Champs magnétiques variables : onduleurs de synchrotrons ................ — 15
7. Évolution et perspectives d’avenir...................................................... — 17
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 2 102
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie

est strictement interdite. − © Editions T.I. D 2 102 − 1
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AIMANTS PERMANENTS ________________________________________________________________________________________________________________
es aimants permanents présentent des perspectives d’avenir très favorables

L dans un certain nombre de domaines industriels. La croissance du marché
automobile ajoutée à celle du nombre d’aimants par véhicule continuent de faire
progresser le marché des aimants permanents, essentiellement des ferrites.
D’autres secteurs d’activités plus novateurs et en fort développement, tels que
l’aéronautique, l’énergie (éolienne), les technologies de l’information, utilisent
des aimants de la famille des terres rares, essentiellement Nd-Fe-B. Les autres
familles d’aimants (Alnico, Sm-Co) sont utilisés pour des applications de niche,
en raison de leurs propriétés spécifiques : Alnico pour des applications telles
que la métrologie, et Sm-Co pour des applications à haute température ou en
atmosphère agressive..
L’étude des applications des aimants permanents abordée dans ce dossier
envisage les différentes conversions d’énergie qu’il est possible d’obtenir avec
ces aimants.
1. Généralités
Coût (€/J)
100
1.1 Les différents types d’aimants Sm-Co
permanents 10 Alnico
Nd-Fe-B
Comme cela a été vu dans le dossier [D 2 101], il existe Ferrites
aujourd’hui principalement quatre familles de matériaux 1
conduisant à l’essentiel des applications sur le marché des aimants 0 100 200 300 400
permanents. Énergie volumique (kJ/m3)
Ces quatre familles sont dans l’ordre d’apparition : les Alnico, les
ferrites durs, les samarium-cobalt et les néodyme-fer-bore. Figure 1 – Coûts des différentes familles d’aimants en fonction
de leurs performances magnétiques, d’après [1]
Les Alnico, alliages à base aluminium, nickel, cobalt et fer sont
apparus dans les années 1930. Ils sont aujourd’hui de moins en
moins utilisés en raison de leurs propriétés magnétiques modestes
et du coût élevé du cobalt. Grâce à une excellente stabilité thermi- quelques applications restant du domaine des deux autres types
que, ils conservent quelques rares applications, dans le domaine d’aimants et notamment des samarium-cobalt pour les applications
des hautes températures et sur le marché des appareils de mesures. à haute température nécessitant des performances magnétiques
élevées.
Les ferrites durs (hexaferrites de baryum ou de strontium) ont été
découverts dans les années 1950. Ce sont des matériaux Pour une application donnée, le choix entre un aimant ferrite et un
céramiques très stables, de très faible coût, aux propriétés magnéti- aimant néodyme-fer-bore dépend de la priorité entre coût et perfor-
ques modestes. Bien que relativement anciens, ils font toujours mances.
l’objet de nombreuses recherches et demeurent les aimants les plus Les ferrites sont utilisés, souvent en grandes séries, dans les très
utilisés aujourd’hui. nombreuses applications où la maîtrise des coûts reste l’élément
Les samarium-cobalt ont été découverts dans les années 1960. Ils incontournable par rapport aux performances magnétiques.
tirent parti des propriétés des phases SmCo5 (1-5) et Sm2Co17 (2-17). Les néodyme-fer-bore occupent les secteurs d’applications où
Ces aimants présentent des performances magnétiques très supé- l’utilisation d’aimants aux performances magnétiques élevées est
rieures aux deux familles précédentes, mais leur coût constitue un irremplaçable, notamment lorsqu’une forte miniaturisation est
inconvénient majeur. Le cobalt est un matériau cher, stratégique et indispensable. Dans les secteurs d’activité tels que l’aéronautique
dont les réserves sont concentrées dans un nombre réduit de pays. ou l’informatique, le volume et le poids génèrent des coûts qu’il faut
Le samarium est l’une des terres rares les plus chères. Relativement absolument minimiser, nécessitant de plus en plus l’utilisation de ce
stables en température et résistants à la corrosion, ces aimants con- type d’aimants.
servent d’importantes applications dans les domaines où les condi-
tions d’utilisations difficiles (notamment les hautes températures)
sont prépondérantes par rapport au coût.
Les néodyme-fer-bore sont apparus dans les années 1980. Ils pré- 1.2 Performances magnétiques de chaque
sentent les meilleures performances magnétiques du marché. Ils type d’aimants
sont moins chers que les aimants de la famille samarium-cobalt
qu’ils ont supplantés dans de très nombreuses applications. Très
sensibles à la corrosion, ils sont protégés par des revêtements de Les performances magnétiques des aimants permanents sont
surface et ne peuvent être utilisés à haute température. déterminées à partir de leur cycle d’hystérésis tracé en aimantation
Les ferrites et les néodyme-fer-bore sont les deux familles M = f(H) ou en induction B = f(H), H représentant le champ magné-
d’aimants qui présentent le meilleur rapport performances magné- tique effectif dans l’aimant [D 2 101]. Ces performances sont plus
tiques/coût (figure 1). On conçoit très bien, dès lors qu’ils se particulièrement caractérisées sur le deuxième quadrant du cycle,
répartissent l’essentiel du marché des aimants permanents, qui correspond à la courbe de désaimantation [D 2 101].

D 2 102 − 2 est strictement interdite. − © Editions T.I.
________________________________________________________________________________________________________________ AIMANTS PERMANENTS
(0)
Tableau 1 – Valeurs numériques des principales grandeurs magnétiques

des grandes familles d’aimants à température ambiante [1] [2]
Température Coefficient
Température Coefficient
maximale (BH)max HcJ Br de
Famille de Curie de température de Br
d’utilisation (kJ/m3) (kA/m) (T) température de HcJ
(˚C) (en 10-2 K−1)
(˚C) (en 10-2 K−1)
Alnico 740 à 860 450 à 550 35,8 à 43,8 64 à 103 1,1 à 1,3 + 0,03 à − 0,07 − 0,02
Ferrites (Sr) 450 à 460 250 25,5 à 40,6 200 à 400 0,38 à 0,46 + 0,3 à + 0,5 − 0,18 à − 0,20
Sm-Co 1-5 700 à 750 250 135,3 à 151,2 960 à 1 600 0,82 à 0,87 − 0,15 à − 0,30 − 0,045 à − 0,050
Sm-Co 2-17 800 à 850 450 à 550 159,1 à 254,6 490 à 790 0,92 à 1,16 − 0,15 à − 0,30 − 0,030 à − 0,035
Nd-Fe-B 310 à 330 80 à 180 199,0 à 310,3 880 à 1 990 1,0 à 1,3 − 0,55 à − 0,65 − 0,11 à − 0,13
À partir de ces deux cycles, on obtient les valeurs :

1,4
— de l’induction rémanente Br (induction magnétique en champ
nul) ; µ0M Nd-Fe-B 1,2
— du champ coercitif de l’aimantation HcJ (champ annulant B Sm-Co (2-17)
l’aimantation M) ; 1
B, µ0M (T)
— du champ coercitif de l’induction HcB (champ démagnétisant
0,8
annulant l’induction B) ; Sm-Co (1-5)
— du produit d’énergie volumique BH dont on tire (BH)max. Alnico
0,6
En procédant à des mesures à différentes températures, on déte-
0,4
rmine les valeurs du coefficient de température de HcJ, du coeffi-
cient de température de Br et de la température de Curie. Cela 0,2
Ferrites
permet alors de déterminer la température maximale d’utilisation
de l’aimant. 0
Les valeurs de ces grandeurs magnétiques sont données dans le -2,6 -2,1 -1,6 -1,1 -0,6 -0,1
tableau 1 pour les quatre familles d’aimants. Elles comportent, pour µ0H (T)
certaines grandeurs, des domaines de variations qui caractérisent
les différentes nuances disponibles chez les fabricants. Figure 2 – Courbes de désaimantation de différents types d’aimants.
Comparaison des performances magnétiques, d’après [1]
Remarques
Dans le tableau 1, les valeurs de Br sont données pour des
aimants anisotropes, mais il existe d’autres familles d’aimants,
les aimants isotropes dont les valeurs de Br sont approximative- Augmentation de la température
ment deux fois plus faibles que celles indiquées dans le tableau
et les aimants liés dans des matières organiques où Br est réduit,
par un effet de dilution, selon le rapport entre le volume de la
partie magnétique et le volume total (parties magnétique et non
B (T)
magnétique). Pour les aimants liés, la diminution des
performances magnétiques est souvent compensée par un plus Diminution de Hc
faible coût de fabrication, une plus grande facilité de mise en
forme de l’aimant et une meilleure tenue mécanique (moins 0
grande fragilité). µ0H (T)
Dans ce tableau 1, le coefficient de température de HcJ est
donné en % · K−1. Pour les ferrites, il est souvent d’usage de le
donner en kA · m−1 · K−1, et sa valeur à température ambiante Pour les ordres de grandeur, le lecteur pourra se reporter à la figure 2
est de 1 kA · m−1 · K−1. ou aux caractéristiques données par les fabricants pour chaque famille
d'aimants.
En considérant des valeurs moyennes pour HcJ, HcB et Br, sur la Figure 3 – Courbes de désaimantation à différentes températures
figure 2 sont représentées les courbes de désaimantation, en pour des aimants de type Nd-Fe-B, Sm-Co et Alnico
aimantation et en induction pour chaque type d’aimants. µ0M et B
sont représentés en fonction de µ0H, afin de graduer les deux axes
On observe pour les quatre types d’aimants que la rémanence
avec la même unité (le tesla). On observe très bien sur cette figure
diminue lorsque la température augmente. L’augmentation de la
l’importante différence entre les grandeurs magnétiques HcJ et HcB,
température se traduit par une augmentation de la coercitivité pour
qui est caractéristique des aimants permanents à base de terres
les ferrites et par une diminution de la coercitivité pour les trois
rares.
autres types d’aimants. La rémanence et la coercitivité dépendant
Sur les figures 3 et 4, est mise en évidence l’influence de la tem- très fortement de la température, il convient de déterminer très pré-
pérature sur les courbes de désaimantation des aimants de type Nd- cisément ces variations afin d’en déduire la température maximale
Fe-B, Alnico, Sm-Co, d’une part, et des aimants ferrites, d’autre part. d’utilisation de l’aimant.

ment en raison de deux facteurs : ils ne comportent pas de Co, et le

Nd est plus abondant que le Sm et donc moins cher.
Les aimants Sm-Co de type (1-5) ont une coercitivité plus élevée
Augmentation de la température
que les aimants Nd-Fe-B, mais une rémanence plus faible. De tem-
pérature d’utilisation plus faible que les (2-17), ils sont préférentiel-
lement utilisés lorsqu’une coercitivité élevée est recherchée.
B (T)
Les aimants Sm-Co de type (2-17) présentent des performances
magnétiques supérieures aux précédents, mais légèrement infé-
rieures aux aimants Nd-Fe-B. Leur température de Curie étant éle-
vée, ils sont utilisables jusqu’à 450, voire 550 ˚C [3]. Ils présentent
ainsi une bonne tenue en température doublée d’une bonne tenue
µ0H (T) en milieu corrosif. Ils représentent aujourd’hui l’essentiel du marché
Augmentation de Hc des aimants Sm-Co. Malgré des performances magnétiques très
Pour les ordres de grandeur, le lecteur pourra se reporter à la figure 2 honorables, les coûts importants du samarium et plus encore du
ou aux caractéristiques données par les fabricants pour chaque famille cobalt ont contribué à l’utilisation très rationnelle de cette famille
d'aimants. d’aimants. Ils sont réservés aux applications à haute température
lorsque des performances magnétiques élevées sont nécessaires.
Figure 4 – Courbes de désaimantation à différentes températures
pour des aimants de type ferrite
Les ferrites sont, contrairement aux trois autres familles
d’aimants, des matériaux céramiques isolants. Leur résistivité est de
l’ordre de 104 Ω · m alors qu’elle est voisine de 10−6 Ω · m pour les
Cette variation singulière en température des aimants ferrites se trois autres familles d’aimants. Ils sont très résistants à l’oxydation
traduit par l’absence de risque de désaimantation lorsque la tempé- et à la corrosion. Ils sont aussi moins denses, ce qui à volume égal
rature augmente, alors que ce risque est un facteur limitant les permet de réduire la masse. Ils sont cependant relativement fragiles
applications pour les trois autres types d’aimants. et présentent un coefficient de dilatation linéique élevé. Ils sont plus
Cependant, le fait que la coercitivité diminue avec la température durs que les aimants des familles Sm-Co et Nd-Fe-B et donc plus dif-
constitue une faiblesse pour ces aimants lorsqu’ils sont utilisés à ficiles à usiner. Ils restent cependant très compétitifs en raison de
basse température. leur faible coût.
Les Alnico ont les températures de Curie et d’utilisation les plus
élevées des quatre familles d’aimants. C’est essentiellement dans le
domaine des hautes températures (450 à 550 ˚C), lorsque le prix du
1.3 Propriétés mécaniques et physico- cobalt n’est pas rédhibitoire, qu’ils conservent quelques applica-
chimiques des aimants
tions. De coût élevé, de performances magnétiques modestes, et

très difficiles à usiner, ils sont de moins en moins compétitifs sur le
marché des aimants permanents.
Le tableau 2 indique les caractéristiques mécaniques et physico- Au cours de ces dix dernières années, aucun nouveau matériau
chimiques des grandes familles d’aimants. n’a émergé sur le marché des aimants permanents. En revanche de
Les aimants Nd-Fe-B présentent les meilleures performances nouvelles nuances obtenues par substitution d’éléments chimiques
magnétiques, mais ont une température de Curie relativement fai- ont conduit à l’amélioration des performances tant pour les ferrites
ble et une résistance à l’oxydation et à la corrosion médiocre en [4] [5] que pour les aimants Nd-Fe-B [6]. On trouvera dans le « pour
l’absence de couche protectrice. Ils sont pour cette raison recouverts en savoir plus », [Doc. D 2 102], une liste non exhaustive des labora-
par une protection de surface, par exemple du nickel, et peuvent être toires français ayant mené des activités de recherche dans le
utilisés jusqu’à 150 ˚C, voire 200 ˚C, dans des atmosphères peu cor- domaine des aimants permanents au cours des dix dernières
rosives. Leur coût est plus faible que celui des Sm-Co, principale- années. (0)
Tableau 2 – Valeurs numériques des principales grandeurs mécaniques et physico-chimiques

des grandes familles d’aimants [1] [2]
Coefficient de
Résistivité Masse volumique
Famille dilatation linéique (1) Dureté Vickers Résistance Résistance
(Ω · m) (en 103 kg · m−3) HV (2) à l’oxydation (3) à la corrosion (3)
(en 10−6 K−1)
Alnico 60 × 10−8 7,3 à 7,4 13 450 à 550 Bonne Moyenne
Ferrites (Sr) 104 4,9 à 5,1 15 9 Mohs Bonne Bonne
Sm-Co (1-5) 53 × 10−8 8,1 à 8,3 6 450 à 500 Moyenne Moyenne
Sm-Co (2-17) 86 × 10−8 8,3 à 8,5 8 500 à 600 Moyenne Moyenne
Nd-Fe-B 130 × 10−8 7,3 à 7,5 5,2 550 à 650 Médiocre Médiocre
(1) Valeur mesurée dans la direction de facile aimantation.
(2) La dureté d’un métal est sa capacité à résister à la déformation. On la détermine au moyen d’essais normalisés Vickers (HV), Rockwell (HR) en mesurant
l’empreinte faite par un poinçon (les valeurs numériques de la dureté HR sont sensiblement dix fois plus faibles que celles de la dureté HV). La dureté d’un
minéral est sa capacité à résister à l’abrasion ou à la rayure. On la caractérise au moyen de l’échelle de Mohs, par comparaison avec des matériaux types : cette
échelle est celle habituellement utilisée dans le cas des ferrites et des céramiques en général. Il est généralement précisé pour les duretés HR ou HV un chiffre
(par exemple HV5 ou HV10) qui spécifie les modalités expérimentales utilisées pour déterminer la dureté. Dans ce tableau, ce chiffre n’est pas donné mais les
valeurs de duretés indiquées ont toutes été choisies chez un même fabricant et sont donc comparables. Pour les ferrites, la dureté est de 9 Mohs sur l’échelle
de Mohs qui va de 1 pour le talc (matériau le plus tendre) à 10 pour le diamant (matériau le plus dur). Les ferrites sont donc des matériaux particulièrement
durs et beaucoup plus durs que les aimants terres rares.
(3) Les résistances à l’oxydation et à la corrosion sont données pour le Nd-Fe-B sans protection.

2. Conversion d’énergie Balais Induit feuilleté

électrique en énergie
mécanique
Parmi les appareils électriques qui convertissent l’énergie électri-
que en énergie mécanique, les moteurs et les haut-parleurs sont
ceux qui consomment annuellement les plus forts tonnages mon-
diaux d’aimants permanents. Parmi les moteurs électriques les plus
répandus, les moteurs à courant continu et les moteurs synchrones Collecteur
utilisent des aimants permanents.
Culasse (stator)
Aimant
2.1 Moteurs à courant continu Figure 7 – Moteur à courant continu. L’inducteur à aimant et l’induit
bobiné apparaissent très clairement séparément. En bout d’arbre,
on peut observer les balais et le collecteur, d’après [7]
Ces moteurs sont alimentés par des tensions continues. Ils pré-
sentent l’avantage d’être très facilement commandés en régime de
L’utilisation des inducteurs à aimants permanents plutôt que des
vitesse variable et se rencontrent dans la plupart des servomoteurs
inducteurs bobinés présente les avantages suivants :
utilisés pour des fonctionnements de faible puissance (inférieure à
5 kW). — le diamètre du moteur est plus faible d’environ 15 à 30 % avec
des ferrites et jusqu’à 50 % avec des aimants Nd-Fe-B ;
Les moteurs à courant continu comportent un induit et un induc-
teur. Si l’induit est généralement constitué de bobinages en cuivre, — la masse du moteur est réduite d’environ 20 à 30 % avec des
l’inducteur peut être réalisé soit avec des bobinages en cuivre ferrites et d’environ 80 % avec des aimants Nd-Fe-B ;
(figure 5), soit avec des aimants permanents (figure 6). L’ensemble — la consommation de courant est inférieure puisqu’il n’y a pas
stator/rotor est représenté sur la figure 7 pour la seconde configura- de courant inducteur, le rendement énergétique s’en trouve donc
tion. Nous nous intéressons ici aux avantages que représente l’utili- amélioré d’environ 10 à 15 % ;
sation des aimants permanents en tant qu’inducteurs à la place des — la fiabilité du moteur est accrue car il ne peut y avoir de rupture
bobinages en cuivre. Pour en savoir davantage sur le moteur à cou- du bobinage inducteur ;
rant continu, le lecteur pourra se reporter utilement aux références — le montage étant plus simple et donc plus rapide, la fabrication
[23] [24] [25]. des moteurs à aimants est plus simple à automatiser que celle des
moteurs à inducteur bobiné ; cela a été déterminant dans le déve-
loppement des moteurs à aimants ferrites, en particulier dans le sec-
teur automobile ;
— la réaction magnétique d’induit est fortement réduite, ce qui
augmente le domaine linéaire des caractéristiques moteur et amé-
liore la dynamique ; le gain en dynamique est obtenu par la diminu-
tion de self inductance de l’armature, en relation avec le fait que, du
point de vue de l’induit, l’aimant se comporte comme de l’air.
L’inconvénient d’utiliser un inducteur à aimants permanents est
que le flux inducteur n’est pas réglable. La variation de vitesse ne
peut être obtenue que par la modification de la tension aux bornes
de l’induit. Une méthode couramment utilisée dans l’automobile est
l’adjonction d’un troisième balai. Cette solution, très économique
conduit toutefois à un fonctionnement en mode dégradé du moteur.
Lorsque l’on miniaturise les matériaux, on observe qu’il devient
Figure 5 – Stator bobiné de moteur à courant continu très difficile d’obtenir un champ magnétique suffisant avec un maté-
riau doux excité par un bobinage de petite dimension [8]. Le champ
magnétique créé par un aimant est alors supérieur à celui créé par
un bobinage. On peut ainsi obtenir dans des systèmes fortement
miniaturisés des inductions de l’ordre du tesla avec des aimants de
type Nd-Fe-B. C’est la raison pour laquelle les moteurs de petite
dimension sont généralement à aimants permanents.
Les dimensions des circuits magnétiques et par suite des machi-
nes électriques sont souvent caractérisées par leur pas polaire P (P
est proportionnel au diamètre de la machine et inversement propor-
tionnel au nombre de pôles). P. Brissonneau et al. [8] ont montré
qu’il existe un pas polaire critique pour lequel les performances
obtenues (puissance spécifique) sont équivalentes pour les deux
types d’inducteurs (bobinés et à aimants) et qu’ils évaluent à 9 cm
pour les ferrites de strontium et à 20 cm pour les Sm-Co [8]. Les
aimants, par leur capacité de miniaturisation (et d’induction élevée)
sont donc appropriés aux machines à pas polaire faible. Ceci est
généralement le cas des machines de faible puissance et donc de
Figure 6 – Stator à aimants de moteur à courant continu petite dimension.

Ba
Circuit magnétique (C)
(canalisation du champ) Br
P
Entrefer : section Se, BP
aimant épaisseur e
permanent : a e
section Sa Ligne de champ
épaisseur a moyenne
Hc HP Ha (BaHa)max BaHa
Figure 8 – Représentation simplifiée d’un circuit magnétique Figure 9 – Tracé de la droite de charge sur la courbe
comportant un aimant, un matériau doux et un entrefer de désaimantation : détermination du point de fonctionnement
Pour des machines de plus forte puissance (au-delà d’une puis-

sance de l’ordre de quelques kilowatts), les moteurs à aimants per- Va représentant le volume de l’aimant et Ve celui de l’entrefer :
manents deviennent plus coûteux que les moteurs à inducteurs
bobinés. Ils sont alors réservés aux applications où les gains de Va = a Sa et Ve = e Se (8)
volume et de poids sont les critères principaux de conception.
Les moteurs à aimants ferrites nécessitent des épaisseurs et donc D’après (3) et (4) :
des volumes plus élevés que les moteurs à aimants Nd-Fe-B. Ils res-
tent cependant, pour une même puissance, moins chers que les Sa = µ0HeSe /Ba
moteurs à aimants Nd-Fe-B.
D’après (2) :
2.1.1 Création du flux inducteur par des aimants a = – He e ⁄ Ha

permanents
En reportant dans (8), il vient :
Considérons tout d’abord la représentation schématique de la
figure 8. H e2
V a = – µ 0 -------------- V e (9)
Cet ensemble est formé d’un aimant (Ha, Ba, a , Sa), d’un circuit
Ba Ha
magnétique en fer (Hf,Bf, f , Sf ) et d’un entrefer (He, Be, e , Se), H,
Le volume d’aimant nécessaire dans une machine est donc direc-
B, et S représentant respectivement le champ, l’induction, la lon- tement proportionnel au volume de l’entrefer. C’est pourquoi il est
gueur de la ligne de champ moyenne et la section de chaque élé- important de réduire le volume de l’entrefer.
ment [1] [9]. Pour un volume d’entrefer Ve donné dans lequel on veut établir un
L’application du théorème d’Ampère au contour (C) du circuit champ He, le volume Va de l’aimant est minimal lorsque le produit
magnétique donne : BaHa est maximal (figure 9). Ce maximum (BaHa)max, qui corres-
pond au critère de dimensionnement de l’aimant, est appelé critère
Ha a + He e + Hf f = 0 (1) d’Evershed. Il correspond aussi à une induction Ba sensiblement
égale à Br /2.
En première approximation, Hf = 0 d’où : Le produit BH est aussi, comme on l’a vu, une caractéristique
essentielle du matériau. On conçoit alors très bien que, lorsque
He = – Ha a ⁄ e (2) l’entrefer est parfaitement défini (He, e et Se connus), les dimen-
sions de l’aimant peuvent être facilement calculées à partir des rela-
Selon le théorème de Gauss, la conservation du flux donne : tions précédentes.
B a S a = Be S e (3) ■ Remarques
avec Be = µ0He (4) ● On a considéré dans les calculs précédents que Hf = 0 (en pre-
nant implicitement comme hypothèse µf = ∞). Si l’on tient compte de
On en déduit donc : la partie en fer du circuit magnétique, Hf est alors différent de zéro.
Ceci produit le même effet que l’augmentation de l’épaisseur de
Be = – µ0 Ha a ⁄ e (5) l’entrefer et nécessite un volume d’aimant plus important.
● L’existence au niveau du circuit magnétique et de l’entrefer d’un
et B a = – µ 0 H a a S e ⁄ ( e S a ) (6) flux de fuites nécessite que le flux émis par l’aimant soit supérieur
au flux utile dans l’entrefer. La conservation du flux s’écrit alors :
Dans le second quadrant du cycle d’hystérésis (pour lequel Ha est BaSa = νBeSe
négatif), la fonction Ba = f(Ha) est représentée par une droite appelée
droite de fonctionnement, ou droite de charge, ou droite de per- où le coefficient de fuite d’Hopkinson ν est toujours supérieur à 1. Le
méance du circuit magnétique. La pente α de la droite est telle que : coefficient ν est généralement compris entre 2 et 5, et peut atteindre
10 pour des circuits magnétiques mal adaptés. Il dépend fortement
tan α = B a ⁄ µ 0 H a = – a S e ⁄ ( e S a ) (7) de la configuration de l’ensemble. En fait, les fuites magnétiques
sont inévitables quel que soit le circuit magnétique, de sorte que le
L’intersection de cette droite avec la courbe de désaimantation flux de l’aimant doit toujours être supérieur au flux utile dans
caractéristique de l’aimant donne le point de fonctionnement de l’entrefer. Le phénomène de fuite magnétique est amplifié par l’uti-
l’aimant (figure 9). Ce point de fonctionnement dépend donc lisation de pièces polaires en acier doux et lorsque les aimants sont
directement des dimensions de l’aimant et de l’entrefer. enterrés dans des matériaux magnétiques doux.

● D’une manière générale, le critère d’Evershed n’est pertinent et

facilement utilisable que dans des circuits magnétiques qui ne sont Culasse en acier doux Aimant d'épaisseur a = Ri - Re
pas soumis à des champs magnétiques externes, ou lorsque le
champ externe est fixe. Dans tous les autres cas, qui représentent
plus de 90 % des applications, il faut considérer séparément et à la
température la plus critique Br, HcJ et k (coefficient de rectangula- Entrefer d'épaisseur e = Re–R0
rité) d’où le critère plus synthétique du : Ri
JHmax = kBrHcJ Re
R0
En effet dans de nombreuses applications (moteur, démarreur,
Rotor de rayon R0
haut-parleur), il existe des champs démagnétisants externes qui, de
et d'angle de rotation θ
plus, sont variables. Par exemple, dans les moteurs électriques, la
réaction d’induit applique un champ démagnétisant variable à
l’aimant. Dans ce cas, on définit souvent un critère de
désaimantation maximal typiquement de 4 à 6 %. On admet donc
que le point de fonctionnement de l’aimant puisse se déplacer bien
au-delà de HcB, dans le coude de désaimantation près de HcJ. On Figure 10 – Coupe transversale d’un moteur bipolaire à aimants
conçoit alors très bien que HcJ est un facteur plus pertinent que HcB.
D’ailleurs, pour de nombreuses nuances d’aimants (Nd-Fe-B, Sm-Co
ou ferrites) la caractéristique M (H ) de l’aimant est linéaire bien au-
delà de HcB. Cela montre bien que le point de fonctionnement dans Risque de S
les aimants peut se déplacer au-delà de HcB et donc bien au-delà du désaimantation N Sens de
BHmax sans risque de désaimantation. Pour rendre compte de cette rotation
capacité, différents critères sont utilisés incluant : du
Ba
moteur
— le JHmax (équivalent du BHmax mais appliqué à la courbe M (H )
de l’aimant) ;
Bi
— le HK qui définit le champ maximal applicable afin de limiter à
10 % les effets de la désaimantation réversible et irréversible (il
existe aussi un HK- à 5 %) ;
— le HG qui définit le champ maximal applicable afin de limiter à
6 % les effets de la désaimantation réversible et irréversible.
Le HK est souvent proposé pour les aimants terres rares (Nd-Fe-B Induit
* sont plutôt utilisés pour les
et Sm-Co) alors que le JHmax et le H G
ferrites dans le secteur automobile.
S
La température est un autre critère de dimensionnement très Aimant
N Risque de
important d’une machine. Dans le cas des aimants Nd-Fe-B, Sm-Co inducteur
désaimantation
et Alnico, les hautes températures sont les plus critiques car elles
entraînent une diminution progressive du HcJ. Pour les ferrites, le a lignes de champs dans l'inducteur et l'induit dues
phénomène est inversé et ce sont les basses températures qui sont à la réaction d'induit
critiques. Il ne faut pas non plus oublier la limite absolue de la tem-
pérature de Curie pour laquelle les aimants perdent tout magné-
Induction
tisme. Il est vrai qu’en pratique la limite de désaimantation est plus

contraignante que celle de la température de Curie. Bt Saturation, perte de flux
Ba
2.1.2 Réaction d’induit Bi
Considérons le moteur bipolaire représenté en coupe à la Angle α

figure 10. Il comporte une seule paire de pôles constitués chacun Risque de
du rotor
d’un segment d’aimant permanent d’épaisseur a , de longueur La désaimantation
et de perméabilité µa. Le rotor, placé à l’intérieur de l’inducteur est
constitué d’un arbre sur lequel sont emboîtées des tôles de fer de
perméabilité µf. Il supporte sur sa périphérie le bobinage induit.
Lorsque le bobinage de l’induit est parcouru par un courant, il se b représentation des inductions Ba, Bi et Bt en fonction de l'angle
crée une réaction d’induit qui engendre un champ Hi et une induc- de rotation θ dues respectivement à l'aimant, à la réaction d'induit
tion Bi (figure 11 a). et à l'induction totale résultante
L’induction des aimants Ba s’ajoute à l’induction Bi conduisant à Figure 11 – Réaction d’induit, d’après [7]
une induction totale résultante Bt (figure 11 b). L’addition des induc-
tions Ba et Bi est algébrique, c’est-à-dire que l’induction résultante Bt
peut être supérieure ou inférieure à Ba. En particulier dans le cas qui réduit temporairement mais de manière réversible la valeur
d’un moteur Bt est supérieur à Ba dans la demi-portion d’aimant totale du flux par pôle ;
opposée au sens de rotation et Bt est inférieur à Ba dans l’autre por- — dans la zone où Bt < Ba, l’aimant est soumis à un champ déma-
tion. Deux phénomènes apparaissent alors qui contribuent à gnétisant. La droite de charge se déplace alors parallèlement à l’axe
détériorer les performances du moteur : des champs conduisant à un déplacement du point de fonctionne-
— dans la zone où Bt > Ba, l’aimant est soumis à un champ ment (point P sur la figure 9) qui, s’il approche voire dépasse le
magnétisant. Si la culasse de fermeture de flux est d’épaisseur point correspondant à HcJ peut conduire à une désaimantation irré-
insuffisante, on assiste alors à un phénomène de saturation locale versible sévère, voire à un retournement local de l’aimantation.

La modification de la distribution de l’induction dans l’entrefer

(figure 11), du fait de la réaction magnétique d’induit, conduit à
l’accroissement de l’induction magnétique sur une corne polaire de
l’aimant et la diminution de cette même induction sur la corne
polaire opposée. Si les éléments en acier doux composant le circuit
magnétique ont un point de travail situé dans le coude (voire au-
delà du coude) d’aimantation M(H) du matériau, l’accroissement
local de l’induction sur la corne polaire est limitée par la saturation
du matériau doux, alors que la diminution de l’induction sur la corne
polaire opposée ne l’est pas. On assiste alors, globalement, à une
diminution du flux magnétique disponible sous un pôle et donc de
la force électromotrice de la machine.
Il est important de noter que la désaimantation irréversible d’un
aimant nécessite sa réaimantation afin d’être de nouveau utilisé. En a b
pratique, la désaimantation des aimants d’un moteur se solde par
une perte irréversible de flux dans le moteur et donc par la Figure 12 – Lignes de champ dans un moteur à courant continu
détérioration permanente de ses performances. obtenues par un logiciel de simulation
On peut observer une désaimantation partielle ou totale des
aimants due à la réaction d’induit dans des moteurs à très faible bipolaire représenté à la figure 10, l’expression suivante du flux φa
coercitivité, ce qui est le cas des Alnico. On l’observe également généré par l’aimant :
lorsque la réaction d’induit s’ajoute à un fonctionnement à tempéra-
ture élevée pour des aimants de type Nd-Fe-B ou à basse tempéra- Re – Ri a
ture pour des aimants ferrites. φ a = B r L a α ------------------------------------------ ≈ B r L a α R 0 ------------------------
Re Ri a + µa e
Cependant, dans des conditions normales d’utilisation, les ln ------ + µ a ln ------
aimants ayant une perméabilité µa très faible (voisine de celle de Ri R0
l’air) en comparaison de la perméabilité µf du fer, l’induction
Bi = µaHi dans des inducteurs à aimants permanents est beaucoup avec Br l’induction rémanente de l’aimant,
plus faible que l’induction Bi = µf Hi que l’on obtient dans des µa sa perméabilité,
moteurs à inducteurs bobinés. Cela conduit à une réaction magnéti-
que d’induit fortement réduite [9]. a son épaisseur (Re − Ri),
La sa longueur,
Re le rayon extérieur de l’aimant,

2.1.3 Dimensionnement des épaisseurs d’aimant
Ri le rayon intérieur de l’aimant,
et d’entrefer pour différents types d’aimants
R0 le rayon du rotor (induit),
À titre d’exemple, en reprenant les courbes de désaimantation de e l’épaisseur de l’entrefer (Ri − R0),
la figure 2, il est possible de calculer les valeurs du rapport a ⁄ e α l’angle polaire de l’aimant.
( a et e étant les épaisseurs respectives d’aimant et d’entrefer) Il existe des logiciels de conception assistée par ordinateur (utilisant
pour des aimants ferrites, Sm-Co et Nd-Fe-B, dans le cas où l’induc- des méthodes de calcul par éléments finis) qui permettent de visuali-
tion dans l’aimant est égale à 0,4 T. ser les lignes de champ produites par l’induit et l’inducteur dans les
Pour chaque type d’aimant, l’induction Ba correspond au champ moteurs. Ces programmes, de plus en plus utilisés aujourd’hui, sont
magnétique Ha. Les courbes de la figure 2 donnent les champs une aide précieuse pour la conception des machines.
suivants : La figure 12 représente les lignes de champ dans un moteur à
— ferrites : µ0Ha = − 0,40 T ; courant continu à une paire de pôles, obtenues avec un logiciel de
simulation. Sur la figure 12 a, la machine n’est pas chargée. Sur la
— Sm-Co (2-17) : µ0Ha = − 1,32 T ; figure 12 b, la machine chargée montre une réaction d’induit impor-
— Nd-Fe-B : µ0Ha = − 1,55 T ; tante. Les zones violettes riches en lignes d’induction sont proches
de la saturation. Par contraste, les zones opposées sont dépourvues
— Sm-Co (1-5) : µ0Ha = − 2,32 T.
de lignes de champ.
Lorsque Sa = Se, l’expression (6) devient :
a ⁄ e = – Ba ⁄ µ0 Ha 2.1.4 Conception multipolaire des moteurs

à courant continu
On obtient alors pour chaque type d’aimant :
Si la conception bipolaire (1 paire de pôles) des moteurs à courant
— ferrites : a ⁄ e = 1 ,00 ; continu est très répandue, elle n’est pas unique et certaines applica-
— Sm-Co (2-17) : a ⁄ e = 0 ,30 ; tions nécessitent 3, 4 ou 6 paires de pôles, voire davantage. À per-
— Nd-Fe-B : a ⁄ e = 0 ,26 ; formances égales, la multiplicité du nombre de pôles permet, d’une
— Sm-Co (1-5) : a ⁄ e = 0 ,17 . part, de diminuer l’épaisseur et la longueur des aimants et, d’autre
part, de diminuer l’épaisseur de la culasse.
On observe que dans le cas des aimants Sm-Co et Nd-Fe-B, il est
À titre de comparaison, le gain en masse d’un moteur de 560 W
possible d’obtenir des épaisseurs d’aimants réduites et des entre-
de conception à 4 pôles est d’environ 35 % par rapport à celui d’un
fers épais. En revanche pour des performances analogues, il faut
moteur de même puissance mais de conception bipolaire [11].
des aimants ferrites quatre fois plus épais représentant des volumes
Cependant, le coût du montage augmente avec l’augmentation du
et des masses beaucoup plus élevés.
nombre de pôles. On conçoit alors que les moteurs à pôles multi-
Ces valeurs numériques sont calculées à partir du schéma très ples à aimants permanents sont utilisés préférentiellement pour des
simplifié de la figure 8. Un calcul plus élaboré donne pour le moteur puissances élevées allant jusqu’à 5 kW.

Il est à noter que les aimants pouvent être assimilés à des bobines 2.1.6 Domaines d’applications
présentant un grand nombre d’ampères-tours. Avec une bobine
classique, pour des questions d’échauffement, à densité de courant 2.1.6.1 Aimants ferrites
constante, lorsque les dimensions de la bobine diminuent d’un fac-
teur homothétique k, le nombre d’ampères-tours réalisable diminue Les aimants ferrites sont présents dans les moteurs et action-
d’un facteur k2 alors qu’avec un aimant, le nombre d’ampères-tours neurs utilisés :
équivalent ne diminue que d’un facteur k. Ceci signifie que plus on — dans le domaine automobile : pompe à carburant, pompe
réduit la taille d’un inducteur, plus l’inducteur à aimant devient per- ABS, lève-vitre électrique, siège électrique, toit ouvrant, ventilateur,
formant par rapport à l’inducteur classique bobiné. C’est pourquoi, essuie-glace, suspension active, freinage, démarreur, verrouillage
les aimants à hautes performances sont préférentiellement utilisés des portes, capteurs d’électrovannes de réglage de circulation d’air,
dans des structures à grand nombre de pôles dans lesquelles les de gaz d’échappement... ;
distances entre pôles sont naturellement petites. — dans le domaine des applications domestiques : compresseur,
système d’air conditionné, réfrigérateur, machine à laver, sèche
linge, four micro-ondes (rotation du plateau et ventilateur), mixeur,
sèche-cheveux, rasoir électrique, brosse à dents électrique, pompes
2.1.5 Différentes structures d’inducteurs de relevage... ;
à aimants dans les moteurs — dans le domaine de l’outillage portatif : perceuses, visseuses,
scies sauteuses, marteaux électriques, tondeuses... ;
— dans le domaine des applications audio-vidéo : magnétoscope
Il existe plusieurs façons d’agencer des aimants permanents dans (moteurs de têtes de lecture ou de défilement de bande), caméra
des inducteurs de moteurs à courant continu qui dépendent des vidéo (moteurs de zoom, de focus, de défilement de bande, de tête
champs souhaités et des applications requises. La figure 13 illustre de lecture), chargeur de disques laser, platines disque vinyle... ;
deux configurations différentes. La structure de la figure 13 a à con- — dans le domaine médical : moteur de pompe de circulation du
centration de flux nécessite une culasse non magnétique (amagné- sang, moteurs d’appareillage IRM, moteurs d’élévation de lits
tique) afin d’éviter de court-circuiter les lignes de flux de l’aimant. La médicaux... ;
seconde structure (figure 13 b) plus conventionnelle, dite à aimants — dans le domaine du secrétariat : nombreux moteurs sur ordi-
en surface, utilise une culasse en acier doux magnétique qui permet nateurs, imprimantes, photocopieuses, fax...
le bouclage du flux. La structure de la figure 13 a génère un flux
supérieur à celui généré par la structure de la figure 13 b, mais sa 2.1.6.2 Aimants Nd-Fe-B
réalisation est plus complexe [25].
Les aimants Nd-Fe-B sont essentiellement présents dans les
moteurs et actionneurs utilisés dans le domaine des applications
audio-vidéo. Dans ce domaine d’application, on trouve de plus en
plus de moteurs utilisant des aimants Nd-Fe-B, la miniaturisation et

Culasse amagnétique les performances magnétiques nécessitant l’emploi de tels
N S en aluminium aimants : moteurs pour CD-Rom, DVD, bras de disque dur...
N S Avec l’amélioration des revêtements et de la résistance intrinsè-
Pièce polaire
que des matériaux vis-à-vis de la corrosion, on trouve de plus en
S N plus d’aimants Nd-Fe-B dans les applications industrielles (moteurs
Aimant permanent d’entraînement, servomoteurs d’automatismes et de robotique).
(N pôle Nord, S pôle Sud) Ces dernières années, les aimants Nd-Fe-B sont apparus aussi dans
S S
les applications automobiles, en particulier dans les capteurs
magnétiques de vitesse et de position (ABS, management moteur),
N Entrefer
N mais aussi dans quelques moteurs (assistance de direction, pompes
N S à huile).
a structure magnétique à concentration de flux 2.1.7 Génératrice à courant continu

à 6 pôles et pièces polaires
La machine à courant continu peut aussi être utilisée en généra-
N
Culasse magnétique
trice. Pour les grandes puissances, elle est conçue à l’aide d’induc-
S
en acier doux teurs bobinés mais a été peu à peu supplantée par les machines
synchrones (alternateurs). Pour les faibles puissances, l’inducteur
S S
N Aimant permanent est réalisé à l’aide d’aimants permanents.
N
(N pôle Nord, S pôle Sud)
La machine à courant continu présente quelques applications très
Entrefer spécifiques notamment en asservissement comme génératrice
tachymétrique, l’inducteur utilisant alors préférentiellement des
SN aimants Alnico pour des raisons de stabilité thermique.
S
N
N
S
2.2 Moteurs synchrones
b structure magnétique à 6 pôles
Le moteur à courant continu présente les avantages énumérés au
aimant inséré au stator paragraphe 2.1, mais aussi l’inconvénient de posséder un organe
arbre du rotor mécanique, le collecteur, qui comporte des balais. L’ensemble col-
extrémité du rotor lecteur-balai est le siège de pertes importantes qui limitent le rende-
ment du moteur au mieux à 70 % et nécessite une maintenance
Figure 13 – Structures magnétiques régulière. Dans certains secteurs industriels de production tendue

Comme pour les moteurs à courant continu, plusieurs configura-

tions sont utilisées au sein du rotor pour générer un champ magné-
tique à l’aide d’aimants permanents [13]. Différentes structures de
rotor sont représentées sur la figure 16. On distingue l’arbre du
rotor (hachuré sur la figure), les différents assemblages de tôles (en
blanc) et les aimants avec leur polarité (en gris).
Il est à noter qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre un
inducteur à aimant pour machine à courant continu et pour machine
synchrone. La différence essentielle est que l’inducteur de la
machine à courant continu est fixe et celui de la machine synchrone
est mobile. Cela permet de renvoyer les bobines porteuses de cou-
rant du moteur synchrone vers la structure extérieure et de faciliter
ainsi le refroidissement.
Il existe d’autres structures rotoriques plus complexes faisant
l’objet de nombreuses études dans les différents laboratoires
(SATIE, LGEP, LEG, LEM, L2EP, LEEI), une liste non exhaustive est
donnée dans le « pour en savoir plus » [Doc. D 2 102].
Figure 14 – Stator bobiné et rotor à aimants de moteur synchrone

Grâce aux progrès de l’électronique de puissance et des proces-
de faible puissance, d’après [12]
sus de pilotage, les moteurs synchrones sont aujourd’hui bien adap-
tés à des régimes de vitesses variables et à des applications comme
la propulsion électrique. De puissance intermédiaire (10 kW à
50 kW), les ensembles moteurs synchrone-onduleurs atteignent des
rendements de l’ordre de 90 %, supérieurs à ceux des machines à
courant continu de puissance comparable.
Stator (induit) Pour en savoir davantage sur le fonctionnement des moteurs syn-
chrones, on pourra se reporter au dossier [D 3 520] Machines syn-
Aimant chrones. Principes généraux et structures.
Entrefer
2.3 Autres moteurs

Rotor (inducteur)
Il existe d’autres types de moteurs utilisant des aimants perma-

nents tels que :
— le moteur DC Brushless : alimenté en continu mais de structure
Figure 15 – Stator bobiné et rotor à aimants de moteur synchrone interne équivalente à celle d’un moteur synchrone autopiloté avec
de forte puissance. On peut observer quatre structures à aimants électronique intégrée, il peut se substituer avantageusement au
multiples disposés de façon orthoradiale et un nombre beaucoup moteur à courant continu dans le domaine des asservissements. De
plus élevé de structures magnétiques bobinées au stator. L’entrefer coût plus élevé que celui de la machine à courant continu, en raison
est à peine visible, d’après [12] principalement du coût de l’électronique, il apparaît aujourd’hui
dans des secteurs d’activités très concurentiels et notamment dans
l’automobile où il est utilisé comme moteur de ventilateur ou
(robotique), cette maintenance conduit à une immobilisation et moteur d’assistance à la direction (domaine autrefois exclusivement
donc à un coût qui, s’ajoutant à un rendement moyen, sont hydraulique) ;
aujourd’hui rédhibitoires. Les moteurs à courant continu sont alors — l’actionneur synchrone linéaire ;
remplacés par les moteurs synchrones, aujourd’hui facilement pilo- — le moteur hybride ;
tables et dont le rendement est de l’ordre de 90 %. Généralement — la machine synchrone à commutation de flux.
alimenté par une tension sinusoïdale triphasée, le stator (induit)
génère un champ tournant entraînant en synchronisme le rotor Pour en savoir davantage sur le fonctionnement de ce type de
(inducteur) constitué d’aimants permanents (figure 14). moteurs, on se reportera à la référence [25].
Comme le moteur à courant continu, la machine synchrone peut La figure 17 illustre l’utilisation des aimants sur un véhicule auto-
aussi être utilisée en génératrice. On parle alors d’alternateur. Là mobile, essentiellement en tant que moteurs électriques et généra-
aussi, bien que souvent réservées à des applications de faible et lement à courant continu (lève-vitre, essuie-glace...) mais aussi
moyenne puissances, on trouve aujourd’hui des génératrices comme capteur (ABS...). Dans ce domaine d’application, les aimants
éoliennes de forte puissance (de 0,5 MW à 4,5 MW) qui utilisent des sont généralement des ferrites.
aimants permanents (figure 15).
La figure 15 représente en coupe la structure d’un moteur syn-
chrone de forte puissance et les lignes de champs générées au sta- 2.4 Haut-parleurs
tor et au rotor. Le rotor (inducteur) est à aimants permanents, de
structure orthoradiale (aimants disposés perpendiculairement à
l’entrefer). Le stator (induit) est composé de structures magnétiques L’aimant permanent permet de créer un champ magnétique dans
bobinées dont le nombre est très supérieur au nombre de structures un entrefer cylindrique dans lequel est placé une bobine électrique
magnétiques rotoriques. mobile reliée à la membrane du haut-parleur. Quand la bobine est
Bien que le coût de ces rotors soit plus élevé que celui des rotors alimentée, elle est soumise à la force de Laplace faisant ainsi vibrer
bobinés, le gain en masse est d’environ 25 %. La masse d’aimants la membrane du haut-parleur [11] [15].
utilisée est de 125 kg pour une machine de 0,5 MW et de 600 kg pour On distingue deux types de structures de haut-parleurs repré-
une machine de 4,5 MW [12]. sentées à la figure 18 : la structure disque et la structure à bague.

N
N
N
S
S S S
S S
S
N N N N N
S S
S S N
S S
S
N N N
N N N
N
S S Extrémités sans tôle

a 2p = 6 b 2p = 6 c 2p = 4
a aimants en surface collés ou déposés frettés b aimants en surface insérés entre des pièces c aimants enterrés à aimantation radiale : le rotor
(une frette est un anneau amagnétique qui polaires : l'entrefer magnétique est d'épaisseur présente une meilleure tenue mécanique qu'en b ;
encercle les aimants et les maintient rigidement variable, la machine est dite à pôles saillants ;
aux tôles) : l'entrefer magnétique est constant
(perméabilité de l'aimant proche de celle de l'air),
la machine est dite à pôles lisses ;
N S N
N S
S N S N S
S N
Barre de cage
d'écureuil
N S
N S S N S
S N
S N N
N
e 2p = 4
d 2p = 8
d aimants enterrés à aimantation orthoradiale ou structure d'aimants à e aimants insérés et cage d'écureuil pour démarrage
concentration de flux (semblable à la figure 14) : cette structure présente asynchrone (les cercles noirs représentent les barres de la
l'avantage de générer une induction magnétique dans l'entrefer plus cage d'écureuil nécessaires pour le démarrage asynchrone) :
importante que dans l'aimant, elle permet ainsi d'utiliser des aimants de structure peu répandue, utilisée principalement sur les
plus faibles performances magnétiques mais à un coût réduit, tels les machines synchrones de forte puissance connectées au
ferrites. On peut aussi noter que dans ce type de structure les aimants sont réseau.
partiellement protégés contre la réaction magnétique d'induit ;
Figure 16 – Différentes structures rotoriques de machines synchrones, d’après [13] [14]
Actionneur du toit pour cabriolet

Moteur de réglage de la colonne
Moteur du toit ouvrant
de direction
Actionneur du coffre
Moteur de lève-vitre
Moteur d'essuie-vitre
Moteur de arrière
ventilation
Moteur ABS HVAC Moteur d'antenne
Moteur d'essuie-vitre
avant
Actionneur
d'embrayage
Actionneur de
boîte de vitesse
Actionneur de
frein électrique
Moteur de pompe
à carburant
Alternateur Actionneur
Moteur de réglage antidérapage
Moteur de ventilation de degrés Moteur de correction
du radiateur Moteur d'assistance d'assiette
de direction
Moteur de pompe à eau Démarreur Papillon
de refroidissement moteur Moteur de pompe
Moteur de à air secondaire
Moteur de pompe pompe à huile
Moteur de liaison du
à vide Moteur de condenseur d'A/C Figure 17 – Actionneurs électriques à aimants
compresseur A/C montés sur véhicule automobile

rares sont particulièrement intéressants car ils permettent de géné-

Bobine rer des champs relativement élevés. On obtient ainsi, entre deux
pièces comportant des aimants et selon l’orientation des aimants,
Entrefer deux types de phénomènes qui présentent de nombreuses
applications :
Aimant — les phénomènes de répulsion ou d’attraction utilisés dans :
• les paliers magnétiques,
Culasse • les séparateurs de minerai,
Axe de symétrie Axe de symétrie • les rappels de touches de clavier,
a structure disque b structure à bagues • les fermetures de portes ;
— les phénomènes de transmission de mouvement utilisés dans
Figure 18 – Représentation schématique de haut-parleur les accouplements magnétiques.
La structure disque est utilisée pour des aimants à rémanence éle-

vée de type Alnico, Sm-Co ou Nd-Fe-B. Cette structure offre les 4.1 Dispositifs de répulsion
avantages d’un très faible coefficient de fuite (ce qui est recherché ou d’attraction
pour les haut-parleurs de téléviseurs) et d’un montage simple. En
revanche, elle a le désavantage d’utiliser des aimants coûteux. Pour
cette raison, les fabricants se sont reportés sur la structure à bague Lors de l’attraction d’une pièce métallique par un aimant, la force
qui utilise des aimants ferrites peu coûteux, de plus faible réma- magnétique est maximale lorsque la pièce métallique est collée.
nence mais de plus grande surface. Cette structure à aimants ferri- Plus on éloigne la pièce métallique d’une distance x et plus la force
tes, bien que rayonnant davantage, est très largement utilisée magnétique diminue. Cette force est donc grossièrement inverse-
aujourd’hui sur le marché des haut-parleurs de grandes séries. La ment proportionnelle à x (x0,7 pour de faibles valeurs de x et x2 pour
production mondiale d’aimants ferrites pour haut-parleurs provient des valeurs élevées), mais dépend aussi très fortement de la confi-
aujourd’hui essentiellement d’Asie et plus particulièrement de guration de l’aimant [11].
Chine. Elle concentre plus de la moitié du tonnage annuel d’aimants
Lors de la répulsion entre deux aimants, la force magnétique est
ferrites.
d’autant plus élevée que les deux aimants sont proches. Comme la
force d’attraction, la force de répulsion diminue lorsque la
distance x entre les deux aimants augmente. Les forces de répulsion
sont strictement opposées à celles que l’on obtient lors de
3. Conversion d’énergie
l’attraction mais génèrent en plus pour chaque aimant de forts

champs démagnétisants. L’utilisation d’aimants à fort champ
mécanique en énergie coercitif est donc absolument nécessaire pour ce genre d’applica-
électrique tion. Les aimants terres rares, possédant une aimantation et une
coercitivité élevées, sont donc particulièrement bien adaptés à ce
type de dispositifs.
La conversion d’énergie mécanique en énergie électrique

s’appuie sur l’effet inverse du précédent, vu au paragraphe 2. Ainsi, 4.1.1 Paliers magnétiques
la machine à courant continu peut fonctionner en génératrice et ren-
voyer de l’énergie électrique sur le réseau. De même, la machine
synchrone est un alternateur lorsqu’il fonctionne en générateur. Les systèmes tournant à grande vitesse (turbines, pompes turbo-
D’autres dispositifs permettent de convertir l’énergie mécanique en moléculaires, volants d’inerties...) nécessitent très souvent des dis-
énergie électrique, tels les microphones et les têtes de lecture positifs garantissant le centrage de la partie tournante en évitant
d’électrophone. tout contact et tout échauffement entre les deux parties. On obtient
de tels dispositifs à l’aide de paliers magnétiques réalisés à partir de
Il existe différents types de microphones. Le principe de fonction- deux anneaux cylindriques à aimants en répulsion (figure 19).
nement du microphone à aimant permanent est inverse de celui du
Ce système est stable dans le sens radial, mais instable dans le
haut-parleur. Il repose sur la création d’une force électromotrice
sens axial. Ce problème d’instabilité est résolu par le positionne-
dans un conducteur qui se déplace dans un champ magnétique. Le
ment de butées aux deux extrémités de l’axe.
microphone comporte une membrane solidaire d’une bobine. Sous
l’effet des ondes acoustiques l’ensemble se déplace dans le champ
radial d’un aimant permanent. Il en résulte au niveau de la bobine
une force électromotrice induite proportionnelle à la vitesse de la 4.1.2 Séparateurs de minerai
membrane.
Il existe deux principes de séparation : la séparation des minerais
ferreux par attraction magnétique et la séparation par courant de
Foucault (§ 5) qui permet de trier des minerais conducteurs, mais
4. Conversion d’énergie pas nécessairement ferromagnétiques.
Cette application utilise, sous la première forme plusieurs centai-
mécanique en une autre nes de tonnes d’aimants ferrites par an à l’échelle mondiale et sous
la seconde forme préférentiellement des aimants terres rares car
forme d’énergie mécanique cette dernière nécessite des inductions élevées. Le séparateur de
minerai ferreux utilise un tambour en rotation comportant des
aimants permanents (figure 20). Le tambour peut être réalisé selon
Ces dispositifs fonctionnent grâce aux forces crées directement deux configurations différentes, utilisant l’un des segments
entre deux aimants. Ces forces sont proportionnelles, au carré de d’aimants et l’autre des empilements d’aimants, d’environ 2 kg
l’induction générée par l’aimant et à la surface de l’aimant chacun [11], générant l’une et l’autre un flux radial (figure 21). Ce
( F = B 2 S ⁄ 2 µ 0 ) . Du fait de leur induction élevée, les aimants terre principe est également utilisé pour le tri des déchets ménagers.

4.1.3 Autres dispositifs
De nombreux autres dispositifs utilisent des aimants rigides (fer-

rites) comme simples dispositifs d’attraction ou de répulsion, tels
Aimants les fermetures de porte ou des aimants liés (ferrites mélangés à des
éléments liants) pour des applications du même type. Ce sont les
Axe panneaux de fixation magnétique, les caoutchoucs de fermeture de
réfrigérateur ou de cabines de douches, de nombreux jouets et jeux
divers, les moteurs cloche de ventilateur.
4.2 Dispositifs de transmission

de mouvement
a aimantation axiale
Pour transmettre des mouvements à travers des parois étanches

b aimantation radiale et éviter des contacts dangereux inappropriés voire impossibles, les
accouplements magnétiques sont parfaitement indiqués. Ces dispo-
sitifs permettent d’agir de l’extérieur dans des endroits confinés.
Figure 19 – Représentations axiale et radiale de paliers magnétiques
à aimants Il existe deux configurations géométriques simples permettant
d’obtenir une séparation entre deux milieux, la première est plane
(figure 22 a), la seconde est cylindrique (figure 22 b).
Tapis roulant
4.2.1 Coupleurs synchrones
Aimant
Ils utilisent des aimants rigides sur la partie menante et sur la par-
tie menée. Les deux cylindres de la figure 22 b et les deux bras
aimantés de la figure 22 a sont en rotation synchrone (v1 = v2) tant

Sens de rotation que le couple appliqué sur l’arbre n’est pas trop élevé. Au-delà d’un
du tambour couple maximal Cmax, il y a décrochage du bras (ou cylindre)
entraîné par rapport au bras (ou cylindre) moteur. On obtient alors
la caractéristique v2 = f(C) (où C est le couple appliqué à la partie
entraînée) très proche de celle représentée à la figure 23.
Le phénomène de décrochage est utilisé dans certaines applica-

tions car il a un rôle protecteur. En effet, au-delà d’une certaine
charge, la transmission est coupée évitant ainsi toute surcharge. Le
couple maximal Cmax, constant et indépendant de la vitesse, est
Matériaux non ferreux Minerai de fer enrichi
réglable par l’écartement entre les deux parties (très facilement
Séparateur figure 22 a, plus difficilement figure 22 b). La puissance transmise
est proportionnelle à la vitesse et le rendement est proche de 1.
Figure 20 – Principe de fonctionnement du séparateur de minerai Ces dispositifs permettent la transmission d’un mouvement à tra-
vers des parois non magnétiques allant jusqu’à une dizaine de milli-
mètres d’épaisseur, sans aucun contact (ou arbre de transmission)
entre les deux parties. Il est également préférable que la paroi sépa-
Lignes de champ ratrice soit non conductrice car elle serait le siège de courants de
Foucault (voir § 5) source d’échauffement et de perte de couple. On
Partie
N les trouve donc dans de nombreuses applications industrielles mais
intermédiaire
N amagnétique
aussi dans les applications de la vie courante telles que :
S
Pièces polaires N — les compteurs d’eau : une petite turbine à ailette montée sur
S en fer doux Noyau un cylindre magnétique est entraînée par le débit d’eau et séparée
magnétique par une paroi étanche sur laquelle un autre cylindre magnétique est
N S en fer doux monté en regard du premier ; l’axe de ce second cylindre fait tour-
S
Aimant ner le compteur ;
N N — les indicateurs de flux divers, qui fonctionnent selon le même
S principe ;
Tambour
— les dispositifs de transmission de mouvement dans les encein-
a structure à tuiles d'aimants b structure à aimants multiples tes confinées (chimie, ultra-vide, radioactivité) ; certaines configura-
et pièces polaires disposés de manière radiale tions permettent d’assurer un mouvement de rotation et un
mouvement de translation assurant ainsi des transferts de maté-
riaux (sas magnétiques) ;
Figure 21 – Tambour de séparateur de minerai, à aimants
permanents — les systèmes de vannes étanches.

N S
Partie motrice Partie entraînée
Aimant Ligne de champ
Arbre moteur Arbre entraîné Aimants
v1 v2
Aimant
Séparateur
Séparateur S N
a séparation plane b séparation cylindrique
Figure 22 – Structures plane et cylindrique de dispositifs de transmission de mouvement
pointillé). La variation de flux créée au sein du disque par la rotation

v2 de l’aimant donne naissance à des courants induits dans le disque
v1 Décrochage (D), appelés courants de Foucault dont l’intensité est proportion-
nelle à la différence de vitesse vr (vitesse relative) entre l’aimant et
le disque. Le couple transmis est ainsi proportionnel à la vitesse
relative vr. Contrairement au cas précédent, la transmission est tou-
jours asynchrone (v1 ≠ v2). Le couple est maximal au démarrage
0 C lorsque v2 = 0 et nul lorsque v1 = v2 (pas de variation de flux). Les

Cmax courants de Foucault créant par effet Joule un échauffement au
niveau du disque, le rendement du dispositif est inférieur à 1.
Figure 23 – Vitesse de l’arbre entraîné en fonction du couple
résistant On augmente le couple en diminuant l’épaisseur de l’entrefer et
en refermant le circuit magnétique à l’aide d’un anneau
magnétique A.
4.2.2 Coupleurs à hystérésis synchrones puis Il apparaît sur la figure 25 que :
asynchrones — le couple est d’autant plus élevé que la différence de vitesse vr
entre v1 et v2 est plus élevée (figures 25 a et 25 b) ;
Le coupleur asynchrone à hystérésis utilise un ensemble à aimant — à vitesse v1 constante, le couple augmente lorsque v2 diminue
rigide (ferrite ou terre rare) et un ensemble à matériau semi-dur (figure 25 c). Si le couple C dépasse le couple maximal Cmax, la par-
(Alnico), dont la vitesse de la partie menée décroît à partir d’un tie entraînée s’arrête (v2 = 0). Dès que le couple C redevient inférieur
certain seuil de couple, correspondant à la largeur du cycle d’hysté- à Cmax, la partie entraînée redémarre. La caractéristique est donc
résis du matériau semi-dur. Ces coupleurs sont très utiles dans réversible.
l’industrie textile pour obtenir une tension mécanique constante sur
Les applications de ce dispositif sont nombreuses. Par une action
les bobines de fil.
sur la partie entraînée (diminution ou annulation de v2), on génère
un couple résistant sans frottement sur l’arbre de l’aimant, entraî-
nant une diminution de la vitesse v1.
5. Conversion d’énergie C’est ce principe qui est retenu pour les dispositifs de freinage,
comme :
mécanique en énergie — le freinage du disque en rotation d’un compteur électrique :
des bobinages inducteurs génèrent des courants de Foucault sur un
thermique disque conducteur qui est mis en rotation à une vitesse proportion-
nelle à la puissance consommée. Un petit aimant en U génère sur le
disque du compteur électrique des courants induits qui le ralentis-
La conversion d’énergie mécanique en énergie thermique utilisent permettant d’ajuster la vitesse de rotation à la puissance élec-
sant les courants induits s’est fortement répandue par la commer- trique consommée ;
cialisation des fours et plaques à induction. Cependant, de — le freinage de roue de vélo d’appartement : il est souvent cons-
nombreuses autres applications, souvent moins connues du grand titué d’une partie menante à aimants rigides et d’une partie menée
public, utilisent ces mêmes courants qui génèrent parfois un échauf- conductrice ;
fement non désiré. — le freinage de poids lourds : s’ajoutant au freinage classique
Considérons le schéma de la figure 24 où la partie entraînée n’est par contact soumis parfois à de très forts échauffements notam-
plus constituée d’un aimant comme à la figure 22 a, mais d’un ment en montagne, le freinage magnétique par blocage du disque
disque circulaire D non magnétique, bon conducteur électrique rotatif est un complément efficace au freinage sur ce type de
(souvent en cuivre), solidaire d’un anneau circulaire A à l’extrémité véhicule. Il faut noter que cette application n’utilise pas d’aimant
en fer doux, permettant ainsi la circulation d’un flux (représenté en permanent ;

N
Partie motrice Partie entraînée
Aimant Anneau circulaire

en fer doux
Arbre moteur
Arbre entraîné
v1 v2
Ligne de champ
Disque non magnétique

en cuivre Figure 24 – Transmission asynchrone
S
A de mouvement. Création de courants
D de Foucault
d’étudier avec une grande précision de nombreux organes par la

C C v2 réalisation d’images en coupes sous différents plans et de recons-
Cmax v1 truire en trois dimensions la structure analysée. La machine se com-
pose d’un cylindre dans lequel est créé un champ magnétique
v2=0
intense, à l’intérieur duquel entre le lit d’examen.
Le champ magnétique est créé par des aimants ou par une bobine
v2=v1
supraconductrice. Certaines machines utilisent pour générer le
v1 vr Cmax champ magnétique, des aimants dont la masse totale est supérieure
0 0 0 C
à une tonne. Pour obtenir des champs élevés, aussi constants que
a b c possible sur un grand volume, on privilégie généralement des
aimants de type Nd-Fe-B. Deux configurations géométriques
Figure 25 – Caractéristiques C = f(v1), C = f(vr ) et v2 = f(C) peuvent être employées. La première utilise deux aimants en
de dispositifs de transmission asynchrone de mouvement vis-à-vis refermés par une culasse ferromagnétique. La seconde,
appelée cylindre magique ou cylindre de Halbach, nécessite

— les dispositifs d’amortissement d’oscillations (fléaux de des aimants disposés de façon cylindrique, dont l’aimantation
balance, aiguilles d’appareils de mesures) : le dispositif de freinage tournante permet de générer sur la partie centrale un champ
à aimant est utilisé pour ralentir le mouvement de la partie mobile rectiligne [1] [16] (figure 26). Des microsystèmes magnétiques utili-
et éviter toute oscillation intempestive. sent ce principe pour générer des champs intenses pouvant attein-
dre 4 à 5 T sur des volumes de l’ordre du mm3 [17].
Ce principe est également utilisé pour les indicateurs de vitesse
automobile, ou tachymètres : l’aimant est solidaire de l’arbre dont on
souhaite mesurer la vitesse (de façon directe ou indirecte par l’inter-
médiaire d’un câble). Le couple moteur est ainsi proportionnel à la 6.2 Champs magnétiques variables :
vitesse de rotation que l’on souhaite mesurer. Le disque est immobi-
lisé par un ressort en spirale. Sous l’effet d’une rotation de la partie onduleurs de synchrotrons
motrice, le disque est soumis à un couple proportionnel à la vitesse
entraînant sa rotation, elle-même stabilisée par le ressort. L’angle de
rotation ainsi créé est proportionnel à la vitesse de la roue. Dans un anneau de stockage de synchrotron, le rayonnement
électromagnétique fin et brillant utilisé en bout de ligne pour les
D’autres dispositifs de la vie courante utilisent, pour leur fonction- expériences est produit au sein d’onduleurs. Les onduleurs génè-
nement, le principe des courants induits, ce sont : rent un champ magnétique d’intensité variable qui accélère les élec-
— les fours et les plaques de cuisson à induction ; trons d’une trajectoire linéaire vers une trajectoire sinusoïdale. C’est
— les séparateurs de métaux non ferreux à courants de Foucault lors de l’accélération des électrons au sein de ces onduleurs qu’est
(§ 4.1.2) ; produit le rayonnement synchrotron [18]. Les onduleurs sont des
— certains appareils utilisés pour le contrôle non destructif. dispositifs électromagnétiques ou à aimants permanents. Il en
existe un (parfois deux) sur chaque section droite de l’anneau en
sortie de ligne (une quarantaine sur le synchrotron Soleil).
6. Dispositifs générant
un champ magnétique fixe Aimant
ou variable
H
6.1 Imagerie par résonance magnétique Champ H créé au centre

du cylindre
(IRM)
Figure 26 – Cylindre magique ou de Halbach, l’orientation
L’IRM a produit ses premiers clichés dans les années 1970 et s’est magnétique des différents aimants crée un champ intense
fortement développée à partir des années 1980. Elle permet de direction verticale au centre du cylindre

Entrefer
b directions d'aimantation
a les différentes aimantations sont représentées en vert et rouge.

Des aimants de correction (en jaune et violet) sont placés
aux extrémités
Figure 27 – Structure classique à direction d’aimantation horizontale et verticale [1] [19]
Aimant
-20
0
20
20
Z 0
Entrefer
-20
Y
Pôle magnétique en fer
X
Les cotes sont en centimètres b directions d'aimantation
a structure hybride d'onduleur U20
Figure 28 – Structure hybride d’onduleur U20 à aimants Sm-Co, installée sur le synchrotron Soleil et directions d’aimantation [19]
Dans les onduleurs à aimants, les aimants sont généralement réduits à de très faibles épaisseurs (proches de 4 mm) en introdui-
situés à l’extérieur du tube de la chambre à vide dans lequel circu- sant les aimants sous vide au plus proche du faisceau d’électrons
lent les électrons. Le diamètre du tube limite alors l’épaisseur de [19]. En raison du risque d’échauffement plus important, les aimants
l’entrefer à une valeur de l’ordre de 15 à 20 mm. Dans ce cas, les retenus sont de type Sm-Co. La figure 28 représente la structure uti-
aimants subissent peu d’échauffement et sont de type Nd-Fe-B. La lisée (dite hybride) pour générer le champ magnétique. Elle alterne
configuration classique utilisée pour les aimants est représentée sur des aimants de type Sm2Co17 de direction d’aimantation unique-
la figure 27 [19]. Elle alterne des aimants aux directions d’aimanta- ment horizontale dont la masse totale avoisine 50 kg et des maté-
tion verticale et horizontale. riaux en fer doux d’excellente qualité magnétique. Elle permet de
Afin d’obtenir des brillances plus élevées (de l’ordre de 1019 à générer un champ magnétique alternatif, représenté à la figure 29 a
1020 photons par seconde dans une fenêtre d’énergie de ± 0,1 % pour six périodes en deux dimensions et à la figure 29 b pour une
autour d’une valeur maximale de 18 keV) en sortie de quelques période en trois dimensions, dont le module est de 0,97 T en milieu
lignes sur le synchroton Soleil, les entrefers de ces aimants ont été d’entrefer.

4
(BZ = f (Y ) pour X = Z = 0) Y (mm) 2
1 0
-2
-4
0,5
0,75
BZ (T) 0
BZ (T) 0,5
- 0,5 0,25
- 20
-1
- 200 - 100 0 100 200 0
Y (mm) X (mm) 20
a pour 6 périodes aimant/fer doux en deux dimensions b pour une période en trois dimensions
Figure 29 – Champ magnétique variable généré par l’onduleur de structure hybride U20 [19]. Une période magnétique correspond à deux aimants
et deux structures en fer doux et mesure 20 mm
7. Évolution et perspectives Dans le secteur de l’énergie, la part de l’éolien va très fortement

progresser au cours des prochaines années notamment en Europe.
d’avenir La motorisation des éoliennes est généralement placée en haut des
pylônes. Afin de diminuer les masses des actionneurs, de restrein-
dre la maintenance et d’augmenter la fiabilité, certaines de ces

motorisations font aujourd’hui appel à des alternateurs synchrones
Les aimants permanents présentent des perspectives d’avenir
à aimants permanents. Autrefois réservés à des applications de fai-
très favorables dans un certain nombre de domaines industriels. La
ble puissance, voire de moyenne puissance, on voit dans ce secteur
croissance du marché automobile ajoutée à celle du nombre
d’activité se développer des actionneurs de grande puissance
d’aimants par véhicule, continuent de faire progresser le marché
(supérieure au mégawatt) nécessitant des masses importantes
des aimants permanents, essentiellement des ferrites de 5 à 10 %
(supérieures à 500 kg) d’aimants permanents. Ces machines utili-
par an. Le marché des haut-parleurs (principalement aussi des ferri-
sent différents types d’aimants en fonction des performances
tes) reste lui aussi en augmentation. Ces deux secteurs d’activités
désirées, mais aussi des températures de fonctionnement parfois
représentent des tonnages considérables d’aimants, leur marché,
élevées. L’emploi d’aimants Sm-Co est parfois incontournable.
bien que peu novateur, devrait continuer à progresser au cours des
prochaines années. Le secteur de la traction électrique a fait l’objet de très nombreu-
D’autres secteurs d’activités plus novateurs et en fort développe- ses recherches au cours de ces quinze dernières années. Il semble
ment, tels que l’aéronautique, l’énergie (éolienne), la vidéo que dans ce domaine, le moteur synchrone à aimants permanents
nécessitent des aimants aux propriétés multiples, de différents tend à se généraliser, en raison notamment de son rendement élevé
types mais, de plus en plus, de la famille des terres rares. Ainsi, la et des gains massiques qu’il permet d’obtenir. Les aimants perma-
production mondiale d’aimants Nd-Fe-B a été multipliée sensible- nents sont utilisés au rotor de ce moteur dans des configurations
ment par trois entre les années 1992 et 2002 et progresse toujours plus novatrices. Ce sont principalement des terres rares,
aujourd’hui de plus de 15 % par an. Bien que fortement concurren- les Sm-Co étant réservés aux moteurs fonctionnant à des tempéra-
cés par les aimants Nd-Fe-B, les aimants Sm-Co devraient connaître tures élevées. Le coût de ces aimants est certes plus élevé, mais on
un regain d’intérêt pour des applications de haute technologie à des obtient ainsi des moteurs de volume réduit, de plus faible masse et
températures élevées. Depuis le début des années 2000, plusieurs de plus forte puissance. Dans ce secteur d’activité, l’utilisation
fabricants ont obtenus des nuances permettant de tenir 550 oºC qui d’aimants se généralise pour des moteurs de moyenne puissance
seraient utilisés dans le secteur automobile en tant que capteur (jusqu’à 50 kW).
dans l’environnement moteur. Enfin, les Alnico aujourd’hui en très Bien que les perspectives en matière de production d’aimants
forte perte de vitesse sont remplacés de plus en plus par les soient plutôt favorables, la fabrication des aimants en Europe est
autres types d’aimants dans les rares applications qu’ils conservaient. fortement concurrencée par les pays à bas coût de production
Leur production est limitée aux applications nécessitant une grande d’Amérique du Sud et surtout d’Asie du Sud-Est (Chine). Ce phéno-
stabilité thermique. mène est d’autant plus accentué que la Chine possède d’importan-
La vidéo (caméras, magnétoscopes, lecteurs laser) a subi au tes ressources en minerais de terres rares (Nd) aujourd’hui très
cours des dix dernières années une très forte miniaturisation largement exploitées.
nécessitant des actionneurs de dimensions de plus en plus réduite.
Les ferrites restent très utilisés, mais les faibles tailles requises et la
réduction des volumes ont contribué à rendre incontournable Remerciements
l’emploi d’aimants Nd-Fe-B ou Sm-Co, à des coûts raisonnables y Les auteurs tiennent à remercier, Messieurs Lionel Vido du
compris pour des applications de grande série. Ce secteur d’activité SATIE et Chamsedine Benabderrahmane de Soleil pour les
continuera à se développer au cours des prochaines années, car documents qu’ils nous ont aimablement fournis et pour leurs
nécessitant des aimants aux propriétés toujours améliorées. remarques pertinentes.

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Aimants Permanents - Applications Et Perspectives: Réf.: D2102 V1

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Cet article est issu de : Énergies | Conversion de l’énergie électrique

par Luc LECHEVALLIER, Jean-Marie LE BRETON,

Abstract Permanent magnets present extremely positive future prospects in a certain

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Ingénieur, Docteur en Génie Électrique

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