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Réf.

: P595 V2

Caractérisation par la
Date de publication :
10 novembre 2019 détermination des masses
molaires

Cet article est issu de : Mesures - Analyses | Techniques d'analyse

par Claude STRAZIELLE, Gwenola BURGOT

Mots-clés Résumé Cet article donne un aperçu général des différentes méthodes permettant
Méthodes colligatives | d’accéder à la connaissance de la masse d’une molécule. Sont abordées aussi bien des
Ultracentrifugation |
Chromatographie d'exclusion méthodes anciennes adaptées aux petites molécules telles que les méthodes colligatives
stérique | Diffusion de le (ébulliométrie, cryoscopie, tonométrie, osmométrie) que les méthodes utiles pour des
lumière
applications dans le domaine de la chimie macromoléculaire. Il s’agit de
l’ultracentrifugation, la viscosité, la chromatographie d’exclusion stérique, les méthodes
liées à la diffusion de la lumière, ces deux dernières étant le plus souvent associées pour
déterminer non seulement la masse molaire moyenne mais aussi la courbe de
distribution des masses de la substance.

Keywords Abstract This article provides a general overview of the various methods for accessing
colligative methods | the mass knowledge of a molecule. Old methods adapted to small molecules such as
ultracentrifugation | size
exclusion chromatography | colligative methods (boiling, cryoscopy, tonometry, osmometry) are discussed. Useful
light scattering methods for applications in the field of macromolecular chemistry such as
ultracentrifugation, viscosity, steric exclusion chromatography, light scattering methods
are described. The latter two are most often combined to determine not only the average
molar mass but also the distribution curve of the masses of the substance.

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Caractérisation par la détermination


des masses molaires

par Claude STRAZIELLE


Ancien Maître de recherches
Centre de recherches sur les macromolécules de Strasbourg (CNRS), France
Auteur de la version originale de l’article de 1984 et de la version actualisée
de l’article de 2003
et Gwenola BURGOT
Professeur honoraire des Universités
Université de Rennes1, France
Autrice de la version actualisée de l’article de 2019

1. Différents types de méthodes d’analyse ....................................... P 595v2 - 3


1.1 Méthodes colligatives............................................................................. — 3
1.2 Ultracentrifugation................................................................................... — 6
1.3 Méthodes de la diffusion de rayonnement............................................ — 7
1.4 Méthodes indirectes ................................................................................ — 9
1.5 Méthodes particulières ............................................................................ — 13
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2. Cas des systèmes mal définis........................................................... — 13


2.1 Systèmes hétérogènes ............................................................................ — 13
2.2 Systèmes présentant des phénomènes d’agrégation .......................... — 14
2.3 Systèmes présentant une distribution de masses ................................ — 14
3. Principales techniques de mesure................................................... — 16
3.1 Méthodes colligatives.............................................................................. — 16
3.2 Ultracentrifugation................................................................................... — 17
3.3 Méthodes de rayonnement à angle nul ................................................. — 17
3.4 Méthodes hydrodynamiques .................................................................. — 19
3.5 Possibilités des principales méthodes ................................................... — 20
4. Quelques problèmes spécifiques de caractérisation ................. — 20
4.1 Polyoléfines .............................................................................................. — 22
4.2 Polydiènes ................................................................................................ — 22
4.3 Copolymères ............................................................................................ — 22
4.4 Polymères en mélanges de solvants et polymères hydrosolubles ..... — 22
5. Conclusion.............................................................................................. — 23
6. Glossaire ................................................................................................. — 23
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. P 595v2
11 - 2019

ans le domaine de l’analyse et de la caractérisation des substances


D chimiques, l’analyse chimique élémentaire et surtout la détermination de
la masse molaire sont essentielles dans l’identification de la molécule. En
chimie organique (ou minérale) classique, les composés sont constitués
d’atomes en nombre et nature bien définis. Ils présentent, en outre, des pro-
priétés physiques : densité, température de fusion, température d’ébullition,
etc., bien précises et sont caractérisés par une masse molaire unique et
P 595v2

généralement faible (inférieure à 1 000 ou 2 000). La détermination de leur


masse molaire ou masse d’une mole c’est-à-dire 6,022 × 1023 molécules se fait
aisément par l’analyse des propriétés thermodynamiques des solutions
binaires constituées par la substance à étudier en solution (à faible concentra-

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CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLAIRES _______________________________________________________________________

tion) dans un solvant donné. Les méthodes dérivées de ces propriétés


thermodynamiques (méthodes dites colligatives) comme la cryoscopie,
l’ébulliométrie ou la tonométrie sont parfaitement adaptées.
En chimie macromoléculaire (matières plastiques, caoutchouc, polymères
hydrosolubles ou biopolymères : protéines, acides nucléiques, virus, etc.), le
problème de la détermination de la masse molaire est plus complexe. En effet,
ces substances macromoléculaires présentent, dans la plupart des cas, des
dimensions et des masses molaires relativement élevées, de sorte que les
méthodes colligatives citées précédemment ne sont pratiquement pas utili-
sables. De plus, les composés macromoléculaires présentent, à de rares
exceptions près, une importante hétérogénéité de masse définie par la poly-
molécularité de la substance. Il existe, contrairement aux espèces chimiques
bien définies, une répartition plus ou moins large des masses molaires, d’où la
notion de courbe de distribution et de valeurs moyennes de la masse molaire.
Afin d’accéder à ces différents paramètres moléculaires, il a fallu développer
un certain nombre de méthodes plus adaptées à ce type de substances,
comme les méthodes hydrodynamiques (viscosité, chromatographie
d’exclusion stérique, etc.) ou les méthodes du rayonnement : interaction
entre matière et rayonnement (diffusion multi-angulaire de la lumière,etc). Ces
deux groupes de techniques étant généralement associées pour fournir de
meilleurs résultats.
Le but de cet article n’est pas de décrire en détail le principe et encore moins
la pratique de ces différentes méthodes, mais d’en donner un aperçu général,
en particulier de préciser le type de paramètres moléculaires et le domaine de
masse accessible, ainsi que leurs avantages, inconvénients et difficultés.
Quelques exemples pratiques d’application à certaines substances macromolé-
culaires spécifiques et largement utilisées dans la chimie macromoléculaire
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sont donnés.

Principaux symboles Principaux symboles


Symbole Unité usuelle Définitions Symbole Unité usuelle Définitions
a m Rayon particule M1 g ou kg · mol–1 Masse molaire du solvant
g · cm3 mol · m–3 Nombre de moles de molécules
c ou g soluté/kg Concentration massique n par unité de volume
solvant – Indice de refraction
D m2 · s–1 Coefficient de diffusion Nombre d’Avogadro
NA mol–1
(6,022 14076 × 1023)
Coefficient de frottement pour
f kg · s–1 Pression de vapeur du solvant
une solution idéale
p1 Pa dans une solution
Enthalpie molaire partielle du (solvant + soluté)
J · mol–1
solvant
Pression de vapeur d’équilibre du
I cd ou lm · sr –1 Intensité du rayonnement diffusé –
solvant pur
Constante de Boltzmann Vecteur de diffusion d’un
k J · K–1 –
(= 1,38065 × 10–23 J/K) rayonnement
– Vecteur d’onde r m Distance
K · kg Constante ébullioscopique Constante molaire des gaz
KE R J · mol–1 · K–1
solvant · mol–1 molale du solvant parfaits (= 8,314 41 J · mol–1 · K–1)
K · kg Constante cryoscopique molale RG m Rayon de giration de la particule
KF
solvant · mol–1 du solvant
R (θ) m–1 Rapport de Rayleigh
KL m2 · g–1 Constante de calibration
Entropie molaire partielle du
M g ou kg · mol–1 Masse molaire J · mol–1 · K–1
solvant

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________________________________________________________________________ CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLAIRES

Principaux symboles 1. Différents types


Symbole Unité usuelle Définitions de méthodes d’analyse
t s Temps
1.1 Méthodes colligatives
T K Température
1.1.1 Principe général : propriétés colligatives
Volume d’une solution (soluté +
des solutions
V m3 ou cm3 solvant)
Volume de la particule
Se reporter également aux références [1] [2].
m3 · mol–1 ou Volume molaire partiel du
cm3 · mol–1 solvant
Quand un soluté (substance à étudier, indice 2) est mis en solu-
m3 · mol–1 ou Volume molaire (ou massique) tion dans un solvant donné (indice 1), ce qui constitue une solution
m3 · kg–1 partiel du soluté binaire, il y a modification du potentiel chimique (énergie libre par-
tielle molaire) du solvant qui peut être définie en terme d’activité
– Fraction molaire d’un soluté a1 du solvant ; on peut écrire :
x
m Distance à l’axe de rotation (1)

J · mol–1
Enthalpie molaire de vaporisation avec μ1 (J · mol–1) potentiel chimique du solvant dans la
du solvant solution,
(J · mol–1) potentiel chimique du solvant pur,
η Pa · s Viscosité
R constante molaire des gaz (8,314 41 J · mol–1 · K–1),
θ ° Angle d’observation T (K) température.
Le potentiel chimique dépend non seulement de la composition
J · mol–1 Potentiel chimique du solvant pur de la solution, mais aussi de la température T et de la pression P :
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Potentiel chimique du solvant


J · mol–1 dans la phase vapeur issue du (2)
solvant pur

Pression osmotique de la
Π Pa
solution avec (J · mol–1) enthalpie molaire partielle du solvant,

ρe C · cm–3 Densité électronique (J · mol–1 · K–1) entropie molaire partielle du solvant,


(m3 · mol–1) volume molaire partiel du solvant.
g · cm–3 ou
ρ0 Masse volumique du solvant pur Pour obtenir la condition d’équilibre d’un système contenant
kg · m–3
plus d’une phase (deux phases par exemple), il est nécessaire que
ϕ – Fraction en volume de soluté chaque espèce contenue dans les deux phases présente l’égalité
des potentiels chimiques dans ces deux phases.
Vitesse de rotation Dans le cas maintenant où les deux phases sont la solution
ω tr · min–1
(ultracentrifugation) binaire et le solvant pur, il est clair, d’après la relation (1), que le
solvant de la phase binaire ne peut être en équilibre avec le sol-
Indices 0 : solvant pur vant pur à température et pression constantes . Cepen-
1 : solvant dans solution (solvant + soluté)
2 : soluté dant, l’équilibre des potentiels chimiques peut être rétabli en
E : ébullition modifiant soit la température, soit la pression, modification qui
F : fusion peut être calculée à l’aide des relations (2).
Ce principe est la base des méthodes dites colligatives dont les
principales sont l’élévation de la température d’ébullition (ébullio-
Principaux sigles métrie), l’abaissement de la température de fusion (cryoscopie), la
diminution de la pression de vapeur (tonométrie) et la pression
FFF Field-flow fractionation (couplage flux-force) osmotique.
La thermodynamique des solutions binaires idéales permet
Chromatographie de perméation sur gel ou d’écrire la relation entre l’activité du solvant et la composition du
GPC ou SEC système binaire :
chromatographie d’exclusion stérique

IUPAC International Union of Pure and Apllied Chemistry (3)

MALS Diffusion de la lumière sous de multiples angles


avec x2 fraction molaire du soluté,
MALLS Diffusion lumière laser sous multiples angles n1 nombre de moles molécules du solvant par unité de
volume,
RX Rayons X n2 nombre de moles molécules du soluté par unité de
volume.

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Si la solution est infiniment diluée est très classique entre l’élévation de la température d’ébullition TE du sol-
faible devant l’unité et la relation (3) s’écrit : vant pur et la masse molaire M du soluté :

(4) (5)

si la concentration est exprimée en grammes de soluté par cm3.


avec (cm3 · mol–1) volume molaire partiel du solvant,
Il est plus courant, pour ces méthodes colligatives, d’exprimer la
V (cm3) volume de la solution (volume arbitraire) contenant concentration du soluté en grammes pour 1 000 cm3 ou par
n2 moles de molécules du soluté, 1 000 g (1 kg) de solvant. Si la concentration est donnée en g/
M (g . mol—1) masse molaire du soluté, 1 000 g de solvant [A 3 060], on obtient :
c (g · cm–3) concentration en soluté.
(6)

La masse molaire est définie comme la masse qui contient


6,023 14076 × 1023 molécules d’une substance. Elle s’exprime avec KE (K · kg solvant · mol–1) constante ébullioscopique du
en g · mol–1 alors que la masse moléculaire, qui est la solvant,
somme des masses atomiques des différents atomes consti-
tuant une molécule, est exprimée en unité de masse atomique M1 (g · mol–1) masse molaire du solvant.
(UMA). Le passage de l’une à l’autre est aisé (1 UMA = 1,660
538 921 × 10–27 kg). Dans les aspects théoriques qui vont ■ La méthode cryoscopique consiste à déterminer l’abaisse-
suivre le terme masse molaire est utilisé. C’est aussi la défi- ment ΔTF de la température de fusion TF du solvant quand on addi-
nition donnée par l’International Union of Pure and Applied tionne à celui-ci un soluté à faible concentration. Le traitement
Chemistry (IUPAC). théorique est tout à fait similaire à celui de l’ébulliométrie décrit
précédemment et conduit à des relations identiques aux
Ainsi, on voit très clairement que, pour une solution idéale infini- expressions (5) et (6) dans lesquelles seule la quantité est
ment diluée, toutes les propriétés colligatives sont proportion- remplacée par l’enthalpie molaire de fusion du solvant . On
nelles au nombre de moles du soluté et inversement obtient par exemple, avec la concentration du soluté exprimée en
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proportionnelles à la masse molaire, ce qui limite (on peut déjà le grammes par 1 000 grammes de solvant :
signaler) l’utilisation de ces méthodes colligatives au domaine des
faibles masses.
(7)
1.1.2 Ébulliométrie et cryoscopie
■ Considérons le cas de l’ébulliométrie : lorsqu’un liquide pur avec KF (K · kg solvant · mol–1) constante cryoscopique du
(solvant) est à sa température d’ébullition, la pression de la vapeur solvant.
est égale à la pression atmosphérique p0. Si, maintenant, on ajoute
à ce solvant un soluté non volatil, il y a diminution de la pression ■ Les deux constantes KE et KF sont reliées à des propriétés phy-
de vapeur du solvant (p1 < p0) d’une quantité directement propor- siques propres au solvant. Le tableau 1 donne les valeurs respec-
tionnelle à l’activité du solvant : p1/p0 = a1, et une augmentation ΔT tives de KF et KE pour quelques solvants intéressants.
de température est nécessaire pour ramener la pression de vapeur On peut noter que les constantes ébullioscopiques ne dépassent
du solvant dans la solution à la valeur de p0. pas quelques degrés, alors que les constantes cryoscopiques sont
Compte tenu des relations (1) et (2), on peut écrire à l’équilibre plus élevées et peuvent parfois atteindre plusieurs dizaines de
des potentiels chimiques du solvant dans les deux phases : degrés (exemple du camphre ou du cyclohexanol). Ainsi, on peut
penser raisonnablement que la méthode cryoscopique conduit à
des résultats plus précis (à masse du soluté identique) que l’ébul-
liométrie.
À la température d’ébullition TE, cette relation peut s’écrire :

Tableau 1 – Constantes cryoscopiques


et ébullioscopiques de quelques solvants
avec (J · mol–1) enthalpie molaire (ou chaleur latente
molaire) de vaporisation du solvant. KF KE
Solvant (K · kg solvant Solvant (K · kg solvant
Puisque : · mol–1) · mol–1)

Eau 1,86 Eau 0,51

après intégration entre T et T + ΔT, on obtient : Benzène 5,08 Benzène 2,53

Phénol 6,11 Phénol 3,56

Camphre 37,7 Chloroforme 5,03


Si on remplace maintenant In a1 par son expression en fonction Cyclohexanol 41,6 Acétone 1,71
de la concentration c du soluté [relation (4)], on obtient la relation

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1.1.3 Abaissement de tension de vapeur Ainsi, le principe dit thermoélectrique (ou tonométrie à ten-
(tonométrie) sion de vapeur) revient à déterminer la variation ΔT résultant de
la variation de la pression de vapeur.
Considérons un soluté non volatil, en solution à faible concen-
tration, dans un solvant volatil. Le solvant dans la solution pré- En pratique (§ 3.1.1), la variation ΔT est décelée à l’aide de ther-
sente alors une pression de vapeur p1 légèrement inférieure à la mistances. À ΔT correspond une variation ΔR de résistance des
pression de vapeur du solvant pur. Puisque le soluté est non thermistances :
volatil, sa pression partielle dans la vapeur issue de la solution est
négligeable, et si l’on suppose que la vapeur se comporte comme
un gaz parfait, la relation (2) donnant la variation du potentiel avec k coefficient caractéristique des thermistances.
chimique avec la pression peut s’écrire :
Dans ces conditions, la relation entre la masse molaire du soluté
M et la grandeur physique mesurée ΔR liée à l’abaissement de
pression de vapeur s’écrit :

ce qui donne par intégration :

avec c exprimé en grammes de soluté par cm3 de solvant (et en


avec mol–1)
(J · potentiel chimique du solvant dans la phase cm–3 · mol–1), ou encore :
vapeur issue du solvant pur.
Puisque est la pression de vapeur d’équilibre du solvant pur,
il s’ensuit que son potentiel chimique doit être le même dans la
phase liquide et la phase vapeur ; il en est de même pour le sol- avec c exprimé en grammes de soluté par 1 000 g de solvant.
vant dans la solution, de sorte que l’on a :

1.1.4 Pression osmotique (osmométrie)


(8)
L’osmométrie repose sur le phénomène d’osmose à travers
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une membrane semi-perméable ne laissant passer que les


petites molécules (solvant), le soluté étant retenu.
compte tenu des relations (1) et (3).
Notons que ce résultat est déduit directement de la loi de Raoult.
Considérons deux compartiments A et B séparés par cette
Finalement, la relation entre l’abaissement de la pression de membrane semi-perméable (figure 1).
vapeur et la masse molaire [relation (4)] s’écrit :
Lorsque A et B contiennent le solvant, les deux compartiments
sont soumis à la même pression (pression hydrostatique p0) du
(9) fait de l’égalité des potentiels chimiques du solvant en A et B.
Si maintenant, on met en contact la solution (compartiment B)
Si la concentration est exprimée en grammes de soluté par 1 000 avec le solvant, on sait que les potentiels chimiques du solvant ne
grammes de solvant, on obtient : sont plus identiques : [relation (1)] et un passage de solvant
s’établit du solvant pur vers la solution, ce qui crée une augmenta-
tion de pression en B. À l’équilibre osmotique, c’est-à-dire à l’éga-
lité des potentiels chimiques du solvant dans les deux

Cette relation est à la base des méthodes dites de distillation


isotherme. D’autres méthodes font intervenir la variation de tem-
pérature due au transfert osmotique du solvant pur (méthode ther-
moélectrique). Cette variation de température peut être calculée p
aisément à l’aide de la relation de Clapeyron-Clausius :
p0

ce qui donne : A B A B

(10) μ10 μ10 μ10 μ1

ou encore en tenant compte de la relation (4) :


a b

a les deux compartiments A et B contiennent le solvant

Cette expression est identique à la relation (5) mais relative non b le compartiment A contient le solvant et le compartiment
plus à la température d’ébullition TE du solvant mais à la tempéra- B la solution : au temps t = 0, μ10 ≠ μ1
ture T de la mesure de l’abaissement de la pression de vapeur du
solvant. Figure 1 – Principe de l’osmométrie à membrane

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compartiments, la solution est soumise à une pression p = p0 + Π Par un même raisonnement, on obtient des relations analogues
supérieure à p0, la quantité Π étant appelée pression osmotique pour les trois propriétés colligatives :
de la solution.
On sait que la variation du potentiel chimique du solvant avec la
pression s’écrit :

ainsi, à l’équilibre osmotique, on a la relation : (14)

d’où :

(11)
avec c en g soluté / g solvant.
En introduisant la relation (4), on obtient finalement : Finalement, pour obtenir la masse molaire M, il est nécessaire
d’extrapoler les rapports (ou , etc.) à concentration nulle ;
(12) par exemple pour l’osmométrie :

avec M en kg · mol–1 et c en kg · m–3, qui est la relation classique (15)


de l’osmométrie pour les solutions idéales. Notons que, si la
membrane est également perméable à quelques molécules de
L’étude des propriétés colligatives en fonction de la concentra-
soluté, cela a pour effet de donner une pression osmotique appa-
tion conduit à la détermination des interactions thermodyna-
rente plus faible, d’où une surestimation de la masse molaire.
miques, mais ce point ne fait pas l’objet de cet article [2] [3].

Dans certaines formules, il peut être nécessaire de convertir


la concentraction c, à l’origine en g · cm–3, en uités SI. 1.2 Ultracentrifugation
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Rappelons que 1 g · cm–3 = 103 kg · m–3


Se reporter également à la référence [4].
1.1.5 Cas des solutions non idéales
La détermination de la masse molaire par ultracentrifugation
Les différentes relations (6), (7), (9) et (12) entre les propriétés peut se réaliser suivant deux méthodes. La première méthode qui
colligatives et la masse molaire ont été établies dans le cas des peut être considérée comme une mesure directe de M consiste en
solutions idéales pour lesquelles la relation entre l’activité du sol- l’équilibre de sédimentation ; la seconde dite méthode de la
vant et la composition de la solution binaire s’écrit simplement : vitesse de sédimentation est indirecte (§ 1.4.1.2).
La méthode de l’équilibre de sédimentation consiste à placer la
solution dans une cellule soumise à une force centrifuge plus ou
moins intense (figure 2). En effet, la vitesse de rotation ω peut être
variable et atteindre des valeurs élevées. À faible vitesse (5 000 à
25 000 tr/min), la diffusion des molécules de soluté peut s’opposer
avec ϕ2 fraction en volume du soluté,
à leur déplacement résultant de l’effet de la force centrifuge. Il y a
ainsi une redistribution plus homogène des molécules de soluté.
volumes molaires partiels du solvant et du soluté.
Sans entrer dans les détails du principe, il est possible d’obtenir
Généralement, les solutions ne sont pas idéales ; il y a lieu de une relation entre la masse molaire et les concentrations locales à
tenir compte des interactions thermodynamiques entre les molé- deux niveaux différents de la cellule lorsque l’équilibre diffusion-
cules du solvant et du soluté (effet de concentration). Dans ce cas, sédimentation est atteint. À l’équilibre, le flux de diffusion :
la précédente relation est plus complexe ; la thermodynamique
statistique montre que l’activité a1 du solvant peut se mettre sous
la forme d’une série :
s’oppose au flux de sédimentation :

avec α, β... coefficients du viriel.


avec D (m2 · s–1) coefficient de diffusion (relatif à une particule),
Ainsi, pour la pression osmotique, l’équation (11) conduit à x (m) distance à l’axe de rotation,
l’équation classique :
f (kg · s–1) coefficient de frottement pour une solution
idéale (relatif à une particule),
(13) NA nombre d’Avogadro (6,022 14076 x 1023 mol–1),
(m3 · kg–1) volume massique partiel du soluté,
avec A2 et A3 2e et 3e coefficients du viriel de la pression ρ0 (kg · m–3) masse volumique du solvant pur,
osmotique. k constante de Boltzmann (= 1,38065 × 10–23 J/K).

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z Lumière : l = 430 à 630 nm Rayons X : l = 0,15 à 0,25 nm

cf 10–4 10–3 10–2 10–1 1 10 q(nm–1)


Neutrons l = 0,4 à 1,5 nm
cm
rm rf x
Figure 4 – Domaine du vecteur de diffusion suivant le
rayonnement
ω

Si l’on considère cette substance S constituée de N éléments dif-


Figure 2 – Principe de l’équilibre de sédimentation : profil des
concentrations fusants identiques (dipôle de polarisabilité α, électron ou noyau),
l’amplitude du rayonnement diffusé par le i e élément situé à une
distance ri d’un point O arbitraire, pris comme origine, est donnée
Ainsi, par intégration, en prenant comme niveau non pas deux par la relation générale :
points quelconques à l’intérieur de la cellule mais le ménisque
(distance rm de l’axe de rotation) et le fond de la cellule (distance
rf ), on obtient : (17)

(16) où ai est proportionnel au facteur diffusant (polarisabilité αi, den-


sité électronique ρi ou longueur de diffusion électronique bi). Le
paramètre est appelé vecteur de diffusion (figure 3). Il est
avec c0 (g · cm–3) concentration initiale du soluté, défini par et a pour module :
(g · cm–3) concentrations locales à l’équilibre
cf et cm
détectées au fond de la cellule et au ménisque.
(18)
Cette expression (16) est obtenue en considérant la relation de
conservation du soluté dans la cellule :
avec λ longueur d’onde du rayonnement incident dans le milieu.
Les valeurs de q en relation avec la longueur d’onde sont très
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différentes suivant les méthodes de rayonnement, comme on peut


La détermination des concentrations (cf – cm) peut se faire à par- le voir sur la figure 4 (les valeurs de q sont déterminées suivant les
tir de mesures optiques (réfractométrie) : relation entre le gradient possibilités maximales de l’observation aux petits angles).
d’indice de réfraction et le gradient de concentration ; il est
évident, pour cela, que solvant et soluté doivent avoir des indices
de réfraction différents. Notons également que ce type de détermi-
nation de M à partir de la relation (16) ne peut s’effectuer que dans Il est à remarquer que, suivant les méthodes, on peut ren-
des conditions proches de l’idéalité (second coefficient du viriel contrer des notations différentes pour le vecteur d’onde :
).

1.3 Méthodes de la diffusion


de rayonnement
Dans ce dernier cas, l’angle d’observation est noté par 2θ.
1.3.1 Relations générales
Ce développement concerne plus particulièrement les méthodes L’intensité diffusée par la substance S est obtenue en multipliant
de diffusion à angle nul. Les méthodes de la diffusion du rayonne- la relation (17) par son expression conjuguée I (q) = E ’ (q) E ’* (q) et
ment consistent à envoyer sur la substance S à étudier un faisceau en faisant la moyenne sur toutes les positions des N éléments dif-
incident de vecteur d’onde et d’énergie E bien définis, puis de fusants de la substance S :
déterminer le vecteur d’onde et l’énergie E’ associés au rayon-
nement diffusé à un angle d’observation θ (figure 3). Le rayonne-
ment incident peut être constitué par des particules différentes
(19)
comme les photons, les électrons ou les neutrons ; on est ainsi
amené à considérer la diffusion de la lumière, la diffusion des
rayons X ou la diffusion des neutrons.
ou encore :

(20)
S 
k (E)
q 
k’ q avec ϕij angle que fait le vecteur avec le vecteur diffusant.
(E’) En notant que l’intensité à angle nul est I (0) = N 2 a 2 et en effec-
tuant la moyenne sur toutes les configurations éventuelles, la
relation (19) s’écrit :

Figure 3 – Définition du vecteur de diffusion (21)

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où : Dans la constante de diffusion KL apparaît l’indice de réfraction


de la solution assimilé à celui du solvant n0 et l’incrément d’indice
de réfraction dn/dc : ce terme est proportionnel au facteur de diffu-
sion, c’est-à-dire à la polarisabilité moyenne de la particule diffu-
sante. L’extrapolation à angle nul du rapport R (θ) / KLc conduit
avec P (q) fonction de Debye qui tend vers 1 quand θ → 0. directement à la masse molaire.
Un développement limité de P (q) pour les faibles valeurs de q
conduit alors à la relation : 1.3.2.2 Système non idéal. Diagramme de Zimm
Dans le cas des systèmes non idéaux, on ne peut plus considé-
(22) rer les molécules indépendantes ; l’effet de concentration est éva-
lué à partir de la théorie des fluctuations en concentration (théorie
d’Einstein) qui peuvent être reliées à la pression osmotique Π de la
avec RG rayon de giration de la particule ; par définition : solution :

avec k constante de Boltzmann.


La quantité I (0), parfois appelée contenu total, est en particu- En tenant compte de l’expression du développement de la pres-
lier fonction de la masse molaire de la substance S. sion osmotique (avec c en g · cm–3) :
D’une manière générale, la détermination de la masse molaire
d’une substance est obtenue quand celle-ci est en solution (à faible
concentration c) dans un milieu de nature différente en polarisabi-
lité, densité électronique ou densité neutronique : c’est la notion
de contraste. Les méthodes de rayonnement consistent alors à où A2 est le second coefficient du viriel, l’équation (16) est modi-
étudier, dans le domaine des faibles valeurs de q, le supplément fiée et s’écrit :
d’intensité diffusée apporté par le soluté.
(24)
Pour accroître les performances, des développements ont été
réalisés et actuellement la mesure de lumière diffusée ne se limite
plus à une mesure unique à angle nul ou à de très petits angles Ainsi, après une double extrapolation à θ → 0 et c → 0 d’une
(< 5°) mais à des mesures multiples sous différents angles (de 20°
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série de mesures en fonction de la concentration et de l’angle


à 150° pour certains appareils). Cette technique, appelée diffusion d’observation (diagramme de Zimm), on peut obtenir la masse
de lumière laser multi-angles MALLS (Multi-Angle Laser Light molaire M de la particule en solution.
Scattering) utilise une lumière incidente laser.
Avec des mesures multiples (MALLS), les données sont extrapo-
lées en vue de déterminer la lumière diffusée à angle nul qui
1.3.2 Diffusion de la lumière conduit à la masse molaire. L’exploitation de la pente du
diagramme fournit le rayon de giration RG permettant d’apprécier
la taille des particules.
Se reporter utilement aux références [5] [6] [7].
1.3.3 Diffusion des rayons X aux petits angles
1.3.2.1 Relation générale pour les solutions idéales
Considérons n particules identiques de masse M, isotropes et
sans interaction entre elles, en solution dans un volume V quel- Se reporter également aux références [8] [9].
conque (volume unitaire par exemple). Le supplément d’intensité
diffusée par le soluté est la somme des intensités diffusées par 1.3.3.1 Relation générale
chacune de ces n particules (n = c NA/M). En diffusion de la
Dans le cas des rayons X (RX), le pouvoir diffusant des parti-
lumière, l’intensité diffusée est exprimée en termes de rapport de
cules en solution résulte du supplément de densité électronique
Rayleigh R (θ) :
dρe (rapport du numéro atomique au produit de la masse ato-
mique par la masse volumique de la particule). L’équation
générale (21) ou (22) s’écrit avec les notations spécifiques aux RX :
avec r distance entre le volume diffusant V et le point
d’observation de l’intensité diffusée,
I0 intensité du rayonnement incident. (25)
Ainsi, la relation relative au soluté s’écrit :
avec θ angle d’observation,
dρe /dc contraste électronique,
ie facteur de Thomson d’un électron de charge e,
avec λ0 longueur d’onde dans le vide, m masse élémentaire de l’électron et e la charge
n indice de réfraction de la solution (n0 celui du solvant). élémentaire,
ou encore : v célérité des ondes électromagnétiques dans le vide,
k’ constante dépendant essentiellement de l’énergie du
rayonnement incident et de la géométrie du faisceau
(23) diffusé : distance entre l’échantillon diffusant et le
détecteur,
pour les faibles valeurs des . vecteur d’onde.

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1.3.3.2 Représentation de Guinier 1.3.4.2 Relation générale de la diffusion des neutrons


par un soluté en solution
L’équation (25) étant valable pour le domaine des petits angles,
le terme entre parenthèses : Soit une particule constituée par un ensemble de N éléments
(monomères ou groupe d’atomes) identiques et caractérisés par
une longueur de diffusion cohérente b1 et une masse molaire M.
L’intensité cohérente diffusée ramenée au volume unitaire par le

soluté à une concentration déduite de la relation


de sorte que l’équation (25) peut se mettre sous la forme :
générale s’écrit :

(26) (28)

avec A* constante dépendant de l’intensité de la source, du


I (S) étant une valeur normée de I (θ) de sorte qu’une reproduc- facteur de contraste et de la masse molaire,
tion de ln I (S) en fonction de sin2 θ (θ étant le demi-angle d’obser- n nombre de particules par volume unitaire.
vation) conduit à une variation linéaire (représentation de Guinier),
la valeur de ln I (S) à l’origine permettant d’obtenir la masse Dans le domaine des faibles valeurs de q et en normant I (q), on
molaire de la particule dans la mesure où les intensités diffusées peut écrire :
sont obtenues en valeur absolue. Comme pour la diffusion de la
lumière, l’effet de concentration (étude d’une particule isolée) est
éliminé par extrapolation à c → 0 des valeurs de In I (0) ou de c/
I (0) obtenues à θ → 0 pour plusieurs concentrations.
(29)

1.3.4 Diffusion des neutrons

avec KN contraste neutronique,


Se reporter également à l’article [P 1 095] et aux b1, V1 et b2, V2 respectivement longueur de diffusion
références [10] [11]. cohérente et volume molaire de l’élément
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constituant la particule de solvant et de


1.3.4.1 Diffusion cohérente et diffusion incohérente soluté.
Dans le cas des solutions non idéales, il y a lieu de tenir compte
Considérons de nouveau la relation fondamentale (19) donnant de l’effet de concentration d’une manière tout à fait analogue à la
l’intensité diffusée par une particule constituée de N objets diffu- diffusion de la lumière, de sorte que l’équation peut s’écrire sous
sants (N noyaux identiques) ; le pouvoir de diffusion résulte d’un la forme classique de Zimm :
paramètre appelé longueur de diffusion neutronique qui
dépend de l’isotope et de l’état de spin du noyau considéré. Les
calculs de l’intensité diffusée vont ainsi faire intervenir les (30)
moyennes de ces longueurs sur les isotopes et les états du spin
des noyaux. Pour chaque élément (hydrogène, carbone par
exemple), on a une longueur moyenne b appelée longueur de dif- On remarque la similitude entre cette dernière relation et la rela-
fusion cohérente et son écart quadratique moyen exprimé comme tion obtenue par diffusion de la lumière [relation (24)]. Ainsi, la
le carré d’une longueur de diffusion dite incohérente : détermination de la masse molaire M se fera à partir d’un
diagramme similaire au diagramme de Zimm.

Compte tenu de ces considérations, la relation (19) présente un 1.4 Méthodes indirectes
terme supplémentaire et s’écrit :
En plus des méthodes absolues de détermination de la masse
molaire : méthodes colligatives et méthodes de la diffusion du
(27) rayonnement à angle nul, il existe des méthodes de détermination
de la masse molaire qui sont liées directement (viscosité, sédimen-
tation, etc.) ou indirectement (chromatographie) aux propriétés
avec A constante expérimentale (analogue à k ’ des RX, c’est-à- hydrodynamiques de la particule en solution. Ces propriétés
dire dépendant de l’intensité du faisceau et de la dépendent à la fois de la masse molaire et des dimensions de la
géométrie du faisceau diffusé). particule. Ces méthodes sont dites indirectes puisqu’elles font
appel soit à un étalonnage préalable, soit à une combinaison de
Le premier terme (contribution cohérente) qui dépend du vec- deux méthodes.
teur (interférence entre noyaux) est tout à fait semblable aux
relations générales établies en diffusion de la lumière ou des RX ;
c’est ce terme qui sera considéré ici. Le second terme (contribution 1.4.1 Méthodes hydrodynamiques
incohérente) conduit à une diffusion isotrope (indépendante de
l’angle θ) et n’intervient finalement que comme un bruit de fond 1.4.1.1 Viscosité
qu’il convient de soustraire de l’intensité totale. Pour certains élé-
ments (hydrogène par exemple), cette diffusion incohérente chif-
frée en termes de section efficace peut devenir
Se reporter à l’article [R 2 350].
importante (§ 3.3.2).

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p
z
v

r
S
r + dr
Figure 5 – Représentation d’un écoulement laminaire

■ Principe de la méthode : la viscosité η d’un fluide peut être


définie par la force f nécessaire pour déplacer l’une par rapport à
l’autre deux couches du fluide ayant une surface donnée S :
r0

(31)

avec v vitesse de déplacement, Figure 6 – Représentation d’un écoulement en tube capillaire


z abscisse du déplacement.
À l’origine des z, la surface peut être fixe (paroi d’un tube) sité intrinsèque (ou indice limite de viscosité) qui est l’extrapola-
(figure 5). Si le gradient de vitesse dv/dz est constant, le fluide est tion à c → 0 de la viscosité réduite :
dit laminaire et si la viscosité η est indépendante de ce gradient
de vitesse, le fluide (ou écoulement) est dit newtonien (non
newtonien dans le cas contraire). (33)

■ Mesure de la viscosité : si l’écoulement se fait dans un tube


L’effet de la concentration sur la viscosité de la solution est
de diamètre relativement faible (< 1 mm), tube capillaire, l’écoule-
donné par la relation :
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ment obéit généralement à la loi de Poiseuille :

(32) (34)

avec L longueur du tube, avec k ’ constante dépendante du système soluté-solvant


p pression agissant sur le fluide, (constante dite de Huggins).
Q débit, La viscosité intrinsèque, qui a les dimensions de l’inverse d’une
concentration (en cm3 · g–1), est fonction à la fois de la masse
r0 rayon du tube. molaire M (en g) et des dimensions de la particule en solution (en
Cette relation est obtenue en considérant la balance des forces cm3).
en présence, agissant sur une couronne de fluide compris entre – Pour une sphère pleine, on a par exemple :
une distance r et r + dr à partir du centre du capillaire (figure 6). On
obtient ainsi la viscosité du fluide en mesurant le débit ou plutôt le
temps nécessaire pour l’écoulement d’un volume donné du fluide.
Signalons aussi l’écoulement de Couette obtenu à l’aide de deux
cylindres coaxiaux, l’un fixe, l’autre soumis à un couple Γ donné ; avec V volume de la sphère.
la viscosité du fluide placé entre ces deux cylindres est alors déter- – Pour un ellipsoïde de rapport d’axes p, la relation d’Einstein est
minée par la mesure de la vitesse ω du cylindre mobile. Avec ce modifiée :
système, il est aisé de modifier le gradient de vitesse en agissant
sur le couple d’entraînement Γ. Par conséquent, cette technique est
tout à fait appropriée aux écoulements non newtoniens.
où les valeurs λ (p) du facteur de correction fonction de l’anisotro-
■ Viscosité des solutions, relation avec la masse molaire
pie de forme p ont été tabulées suivant p.
M : dans le cas d’une solution (le soluté étant additionné au sol-
vant à une concentration donnée c), on peut définir plusieurs types – Enfin, dans le cas de molécules en chaîne (modèle se retrou-
de viscosité et plus particulièrement : vant pour la plupart des polymères), on assimile cette dernière à
une sphère équivalente imperméable au solvant et ayant pour
– la viscosité spécifique : rayon le rayon de giration RG de la molécule :

(35)

avec η et η0 viscosités respectives de la solution et du solvant ;


avec Φ constante de Flory.
– la viscosité réduite :
D’une manière générale, les dimensions étant elles-mêmes
reliées à la masse molaire, on peut définir une relation entre [η] et
la masse molaire :
(36)
Afin d’éliminer la perturbation que peut entraîner la présence du
soluté sur l’écoulement du solvant, il convient de définir la visco- avec K et a paramètres spécifiques au couple soluté-solvant.

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Ainsi, la détermination de M demande la connaissance du


couple de paramètres K et a. Ceux-ci peuvent être obtenus par un
z
étalonnage dit loi de viscosité de Mark-Houwink en mesurant
la viscosité spécifique d’échantillons standard isomoléculaires
d’une série homologue dont les masses molaires ont été préala- rf
rm
blement déterminées par une des méthodes directes.
Notons que ces valeurs de K et a (pour les polymères) sont
connues pour un grand nombre de systèmes soluté-solvant [12].

1.4.1.2 Vitesse de sédimentation (ultracentrifugation) c=0 x* c > c0 x


et constante de diffusion de translation.

w
Consulter l’article [P 1 405].
c0 concentration initiale de soluté
x* position de l’interface solvant/solution
■ Principe : en ultracentrifugation, on soumet la solution à une
force centrifuge intense. En pratique, la solution (homogène au La partie hachurée représente le volume de la cellule occupé
temps initial t0) se trouve dans une cellule placée dans un rotor par la solution au temps t > t0.
tournant à haute vitesse. Sous l’effet de la force centrifuge, les
molécules de soluté vont se déplacer avec une vitesse du/dx qui Figure 7 – Principe de la vitesse de sédimentation
est fonction non seulement de la masse molaire mais aussi du
coefficient de frottement f qui dépend des dimensions de la parti-
cule. Le mouvement de la particule peut être perturbé par la diffu- ■ Propriétés hydrodynamiques et masse molaire : comme
sion propre des molécules (mouvement brownien) qui tend à pour la viscosité, il est nécessaire d’éliminer les effets de concen-
redistribuer le soluté de façon homogène dans la cellule. À faible tration en extrapolant, à concentration nulle, les données
vitesse, il peut y avoir un équilibre entre sédimentation et diffusion expérimentales :
(§ 1.2). Si la vitesse de rotation ω est élevée (entre 36 500 et
100 000 tr/min), la sédimentation l’emporte sur la diffusion et la
particule migre vers le fond de la cellule : la figure 7 indique la
position de l’interface solvant/solution du fait de cette migration à
un temps t > t0 début de l’ultracentrifugation. La loi fondamentale (41)
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du mouvement d’une particule de masse molaire m située à une


distance x de l’axe du rotor s’écrit :

(37) Finalement, la masse molaire est obtenue par une combinaison


de s0 et D0 :
avec volume massique partiel de la particule,
ρ0 masse volumique du solvant. (42)
La quantité :
ce qui nécessite de faire appel à deux méthodes hydrodynamiques
distinctes. Notons que l’on peut également obtenir la masse
molaire en considérant non plus s0 et D0 mais s0 et [η]. Ainsi, pour
est appelée constante de sédimentation exprimée en unité une molécule ayant une configuration de chaîne, le coefficient f
Svedberg (1 S = 10–13 s) ; on peut alors écrire, en faisant intervenir s’écrit :
la masse molaire M (M = mNA) :

(38)
avec P constante universelle égale à 5,11,

Le coefficient de friction (ou frottement) dépend des dimensions η0 viscosité du solvant.


de la particule (f = 6 πηa pour une sphère compacte de rayon a par
En combinant les relations (35) et (38), on obtient [14] [15] :
exemple), il peut être relié quelle que soit la forme de la particule
au coefficient de diffusion de translation D :
(43)
(39)
avec k constante de Boltzmann, Si l’on veut maintenant déterminer la masse molaire en ne dis-
posant que d’une méthode (s0 ou D0), il est nécessaire de faire
on a donc : appel, comme pour [η], à un étalonnage préalable. Comme le coef-
ficient de frottement pour une série homologue (substances de
(40) même nature chimique et de même conformation) est fonction de
la masse molaire suivant une relation de la forme :
Le coefficient de diffusion de translation D peut s’obtenir expéri-
mentalement par différentes méthodes : méthode de Svenson et
Philpot (évolution du gradient de concentration en fonction du
temps à l’interface solution-solvant) ou plus récemment méthode avec v compris entre 0,5 pour une solution idéale et 0,6 pour les
de la diffusion de la lumière quasi élastique [4] [13]. molécules en chaîne,

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on peut définir des relations du même type déduites directement


des relations (38) et (39) : V0 Vp Vg

a décomposition du volume total de la colonne en volume


mort V0, volume poreux total Vp et volume occupé par les
avec v ’ = 1 – v. billes Vg
Comme pour la viscosité intrinsèque [η] = K Ma , les valeurs des
couples sont obtenues en déterminant, pour une 2
série d’échantillons isomoléculaires de masse molaire parfaite- 1
ment connue, les constantes hydrodynamiques correspondantes
D0 et s0. t t’

b représentation de la colonne aux temps t et t’ (t < t’)


1.4.2 Méthodes de chromatographie contenant des particules de masse élevée 1 et de masse
plus faible 2
Parmi les différentes méthodes de chromatographie existantes,
on peut citer : chromatographie en phase gazeuse, chromatogra-
phie en phase liquide sur colonne, à savoir chromatographie lnM
d’adsorption (appelée également chromatographie liquide-solide),
d’échange d’ions, de partage et d’exclusion stérique SEC (size
exclusion chromatography). C’est essentiellement cette dernière lnM1
méthode SEC, encore appelée chromatographie de perméation sur
gel (GPC) qui est décrite dans ce paragraphe [P 1 465]. Les pre-
lnM2
mières méthodes de chromatographie citées sont plus des
méthodes de séparation et d’identification des substances que de
détermination de masse molaire [P 1 455] [P 1 456].

1.4.2.1 Principe de la chromatographie d’exclusion V0 Ve(1) Ve(2) V0 + V p


stérique
Ve
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Le principe de la GPC consiste à éluer la solution sur un support c volume d’élution en fonction des masses molaires
constitué par un gel poreux organique ou naturel, comme les billes M1 et M2
de silice poreuses de 2,7 à 5 μm, dont la taille des pores peut être
différente de 100 à 1 000 Å, par exemple suivant le type de gel. On
peut définir plusieurs caractéristiques pour une telle colonne. Son
C
volume total VT peut être décomposé en : 1 2’
– un nombre mort ou volume interstitiel V0 ;
– un volume poreux total Vp ; Ve
– un volume occupé par les billes Vg.
d concentation C en espèces 1 et 2 en fonction du volume
Ces trois volumes sont schématisés sur la figure 8a . Si on élue d’élution
une solution contenant des particules de masse molaire M1 (parti-
cules de masse moléculaire élevée et de grandes dimensions) et Figure 8 – Principe de la séparation en chromatographie d’exclusion
stérique
des particules de masse molaire M2 (petites molécules), les parti-
cules de plus grande taille sont exclues d’une grande partie des
pores et prennent le chemin interstitiel en migrant plus rapide-
ment que les petites molécules (de masse M2) pour lesquelles la Remarque
plupart des pores sont accessibles (figure 8b). La séparation est
donc fondée sur la taille des molécules (ou plus exactement le
Si le volume Ve devient supérieur à V0 + Vp c’est-à-dire si
volume hydrodynamique qui est en relation avec la masse). Ainsi,
k > 1, au mécanisme de séparation par taille, il se superpose
pour une substance isomoléculaire de masse M, on peut définir un
des phénomènes d’adsorption du soluté sur le support, ce qui
volume de rétention ou volume d’élution Ve comme le volume
rend très aléatoire la relation entre Ve et la masse molaire.
d’éluant nécessaire pour amener la particule en sortie de colonne :
(44)
1.4.2.2 Détermination de la masse molaire.
Courbes d’étalonnage
avec k coefficient de partage, représentant la proportion du
volume poreux accessible Va au soluté : k = Va /Vp . La détermination de la masse molaire d’une substance par GPC
nécessite un étalonnage préalable de la colonne ; comme il a été
Dans le cas du soluté de masse M1, le volume accessible est
montré dans le paragraphe 1.4.2.1, les particules isomoléculaires
plus faible que pour les particules de masse et de dimensions plus
ayant respectivement des masses molaires M1 et M2 (M1 > M2)
faibles M2 : k1 < k2 et par conséquent Ve (1) < Ve (2). Il y a en sortie
ont des valeurs d’élution bien définies Ve (1) et Ve (2) avec
de colonne séparation des espèces 1 et 2 comme l’indique la
Ve (1) < Ve (2). Le premier étalonnage consiste donc à déterminer
figure 8d .
le volume d’élution Ve (i ) d’une série de standards (échantillon iso-
Si k = 0, aucun pore n’est accessible à la molécule, on obtient moléculaire) de masse Mi parfaitement connue. La courbe d’éta-
Ve = V0, c’est-à-dire la limite de séparation dans le domaine des lonnage est alors obtenue en portant ln (Mi ) = f [Ve (i )] ; on obtient
grandes masses : exclusion des grandes masses. Pour k = 1, on a une variation pratiquement linéaire dans le domaine de
Ve = V0 + Vp : tous les pores sont accessibles au soluté : c’est le perméation : V0 – Vp (figure 8c). Ce type d’étalonnage n’est valable
volume de perméation (volume de rétention) des solvants que pour un système solvant-soluté donné (par exemple :
[P 1 465]. polystyrène linéaire – tétrahydrofurane). En effet, on peut conce-

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________________________________________________________________________ CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLAIRES

voir deux types de molécules qui ont même masse molaire mais elles-mêmes (composé isomoléculaire). Dans la pratique, la subs-
des tailles très différentes : molécule compacte et molécule étirée. tance peut contenir des impuretés en quantité plus ou moins
Pour la molécule compacte, le volume poreux accessible est plus grande (système hétérogène) ; cela peut être des composés de
important, d’où un volume d’élution plus grand. Pour rendre faible masse molaire : impuretés, additif, trace de catalyseur, sels
compte de cette séparation en dimensions, il a été proposé un éta- minéraux, etc., ou des composés mal définis, mais de masse
lonnage faisant intervenir le volume hydrodynamique repré- élevée : microcristaux, agrégats, microgels, etc. Ces impuretés
senté par la quantité [η] M [relation (35)]. Ainsi, la courbe ayant une influence plus ou moins grande sur les résultats suivant
d’étalonnage obtenue en portant ln [η] M en fonction de Ve est la méthode utilisée, il convient de les éliminer le plus possible par
indépendante de la nature chimique de l’échantillon et de sa forme une purification de la substance.
ou de sa structure.
Néanmoins, la détermination de la masse molaire n’est possible 2.1.1 Purification par cristallisation
que si la viscosité [η] de l’échantillon à analyser est connue ; cet ou par précipitation
étalonnage dit étalonnage universel demande donc en sortie de
colonne un dispositif viscosimétrique (capillaire, mesure de la La méthode de purification de l’échantillon dépend de la masse
perte de charge par capteur de pression, etc.). molaire de la substance et de ses propriétés physiques. Dans le
Cette méthode de séparation est couplée à des détecteurs tels cas des substances bien définies et cristallisables (généralement
que le viscosimètre, très sensible, mesure des masses molaires des substances de faible masse molaire), il est primordial d’élimi-
aussi faibles que 200 Da. et surtout au détecteur de lumière diffu- ner toute trace d’impuretés qui pourraient avoir une influence
sée MALLS. Le couplage SEC-MALLS devient alors un outil très importante sur la détermination de M par les méthodes colliga-
performant permettant l’accès sans étalonnage à la masse molaire tives.
absolue et à la taille via le rayon de giration. Ce détecteur permet
des mesures de masses de 103 à 107 g/mol. Exemple
Si une substance de masse 2 000 contient 5 % en masse d’une
impureté de masse 5 fois plus faible, cette dernière va contribuer, en
1.5 Méthodes particulières tonométrie par exemple, pour 20 % à la pression de vapeur et de ce
fait la masse de la substance sera sous-estimée de 15 %.
Il existe également quelques autres méthodes particulières per-
mettant la détermination de la masse molaire, mais cela , soit dans Avec de telles substances cristallisables, la purification peut
des domaines de masse bien restreints, soit dans des conditions s’obtenir par cristallisation simple ou répétée [18]. Notons que
particulières et nous ne les citons que pour mémoire. cette purification est essentielle pour les échantillons pris comme
référence en cryométrie, ébulliométrie ou tonométrie (anthracène,
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■ Microscopie électronique phénantrène, cholestérol, tristéarate de glycérol) [19]. Une autre


Cette méthode consiste à déterminer les dimensions de la par- méthode de purification qui est largement utilisée pour les compo-
ticule à partir des clichés microscopiques : soit la longueur pour les sés de masses molaires M élevées (cas des polymères contenant
particules étirées dont on connaît la masse par unité de longueur des additifs : charges, stabilisants, etc.) consiste en une précipita-
(exemple des acides nucléiques), soit le diamètre (donc le volume) tion totale en milieu solvant précipitant. La substance est mise en
des particules compactes et sphériques dont on connaît le volume solution dans un bon solvant (à une concentration de l’ordre de
spécifique (virus ou aérosol). Cette méthode n’est utilisable que 5 % en masse) puis on ajoute un précipitant en grand excès (pour
pour des molécules de masse élevée (> 106) [P 865] [P 866]. éviter un fractionnement de la substance) ; après décantation, la
substance précipitée est lavée puis séchée. Signalons aussi la
■ Spectrométrie de masse méthode d’extraction : la substance est lavée longuement sous
La spectrométrie de masse permet la production des ions à par- reflux par un précipitant.
tir de la substance à étudier et les sépare en fonction du rapport
masse/charge grâce à des variations appropriées du champ élec-
trique et du champ magnétique [P 2 645] [P 2 646]. Si cette tech-
2.1.2 Séparation par chromatographie
nique permet la détermination précise des masses des petites Une autre méthode de purification ou de séparation de la subs-
molécules (nombre d’atomes très restreint), les résultats obtenus tance consiste à effectuer une chromatographie liquide sur
avec des macromolécules sont variables et moins performants que colonne adsorbante : gel de silice non poreuse et active, gel d’alu-
ceux donnés par le couplage SEC-MALLS [16] [17]. mine. Pour ces méthodes de purification, se reporter aux
articles [P 1 455] et [P 1 456] et à la référence [18].
■ Analyse chimique (dosage des extrémités)
On peut également utiliser la chromatographie d’exclusion pour
L’analyse chimique permet en principe de déterminer le nombre
isoler une substance de masse M bien définie (fractionnement sur
de molécules contenues dans un volume unitaire en effectuant le
colonne). Pour obtenir la substance ainsi isolée en quantité suffi-
dosage des extrémités de la molécule comportant une fonction
sante, on effectue l’opération sur des colonnes semi-préparatives.
facilement dosable. Il s’agit ici d’une masse en nombre (§ 2.3.1). Le
domaine d’application de l’analyse est aussi très restreint : Des expériences ont été réalisées par fractionnement par
M < 2 000. couplage flux-force FFF (Field-flow fractionation) qui permet de
séparer les macromolécules en fonction de leur taille et de leur
masse molaire. En effet, les méthodes chromatographiques de par
la présence d’une phase stationnaire sont susceptibles de générer
2. Cas des systèmes des phénomènes d’adsorption variables qui perturbent la qualité
des résultats. En FFF, le tube de séparation est rempli d’un liquide
mal définis subissant un écoulement laminaire entraînant l’échantillon déposé
au point de départ du tube. Un champ de force est appliqué per-
pendiculairement à la direction de l’écoulement sur toute la lon-
2.1 Systèmes hétérogènes gueur du tube et pendant la durée de l’expérience. Ce champ de
force donne à chaque macromolécule une vitesse qui lui est
Les différentes relations du paragraphe 1 liant la grandeur propre et permet la séparation. Un exemple d’application est
physique expérimentale à la masse molaire supposent que la donné dans la référence [20] où la FFF est couplée à un détecteur
substance à étudier ne contienne que des molécules identiques à de diffusion de lumière.

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2.2 Systèmes présentant


des phénomènes d’agrégation ni

Il existe des substances (plus particulièrement dans le domaine


des macromolécules de synthèse ou naturelles) qui, une fois mises
en solution, contiennent un pourcentage faible mais non négli-
geable de particules restant à l’état agrégé : microcristaux, agrégat,
microgel, etc. Ces agglomérats peuvent avoir des masses très éle-
i
vées (environ 106 à 107) et des dimensions parfois importantes.
Leur présence dans la solution (considérée moléculairement dis-
persée) n’a pratiquement aucune incidence sur les méthodes colli- Mi Mi + dM M
gatives (les propriétés colligatives étant proportionnelles à M –1) si
ce n’est dans la détermination de la concentration initiale de la Figure 9 – Représentation de l’hétérogénéité en masses molaires
substance dissoute. En revanche, ces agrégats apportent une
contribution importante dans le cas des méthodes de diffusion du
rayonnement à angle nul (l’intensité diffusée I étant proportion- Ces différentes moyennes sont respectivement appelées :
nelle à M), ce qui conduit à des valeurs erronées de la masse
molaire (masse molaire surestimée). – masse moyenne en nombre : Mn ;
– masse moyenne en poids : Mp (ou Mw) ou moyenne d’ordre 2 ;
Pour éliminer ces agrégats, on utilise essentiellement deux
méthodes : la filtration ou même l’ultrafiltration et la centrifugation – masse moyenne dite z ou d’ordre 3 : Mz , etc.
à grande vitesse de la solution. Dans certains cas, cette agrégation
Une substance polymoléculaire étant ainsi caractérisée par des
peut être détruite par un traitement thermique de la solution. Il est
masses molaires de différentes moyennes, la question est de
à remarquer que ces différentes méthodes de purification sont par-
savoir quel type de moyenne est accessible par les différentes
fois délicates et ne conduisent pas toujours à l’élimination totale
méthodes précédemment décrites.
de la partie agrégée.

2.3.1.1 Méthodes colligatives et masse molaire moyenne


2.3 Systèmes présentant une distribution en nombre
de masses Les méthodes colligatives (§ 1.1) conduisent à une relation géné-
rale qui peut s’écrire dans le cas d’une solution idéale : X = kc /M.
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Jusqu’à maintenant, il a été supposé que la solution (après une La grandeur physique mesurée X (abaissement cryoscopique ΔTF
éventuelle purification) était constituée de n particules ayant toutes ou ébulliométrique ΔTE , ou variation de pression de vapeur Δp1 et
la même masse molaire : substances isomoléculaires comme les pression osmotique Π) est inversement proportionnelle à la masse
composés bien définis de basse masse molaire ou certaines molé- molaire M. Prenons l’exemple de la pression osmotique : la frac-
cules naturelles. tion i ayant pour masse Mi et pour concentration ci apporte à la
En fait, de très nombreuses substances dans le domaine de la pression osmotique une contribution :
chimie des composés de haute masse molaire présentent une
répartition des masses molaires.
Les n molécules de la solution peuvent avoir des masses
molaires différentes comprises de part et d’autre d’une valeur
moyenne : un tel échantillon, caractérisé par une distribution des et la pression totale est alors :
masses avec différentes moyennes est dit polymoléculaire ou
polydispersé.
(46)

2.3.1 Définition des masses molaires moyennes


on obtient ainsi :

Se reporter utilement à l’article [A 3 060].

Si l’on décompose (figure 9) l’ensemble de l’échantillon compre-


nant n molécules en plusieurs fractions (huit fractions dans le cas
de la figure 9), chacune de ces fractions fi contenant ni molécules C’est par définition la masse moyenne en nombre.
dont les masses molaires sont comprises entre Mi et Mi + dM
(l’incrément dM étant constant), on peut définir différentes
moyennes suivant que l’on raisonne en nombre de molécules, 2.3.1.2 Diffusion du rayonnement à angle nul et masse
masse de substance, etc. ; on peut écrire avec ci = ni Mi : molaire moyenne en poids
Pour les méthodes de diffusion du rayonnement à angle nul
(§ 1.3), l’intensité diffusée par le soluté en milieu très dilué (on
néglige les effets de concentration) ou pour une solution idéale
s’écrit :
(45)

Pour ces méthodes, la grandeur expérimentale est proportion-


nelle à la masse molaire. Pour la fraction i de masse Mi à la
concentration ci , on a :

avec Σni = n et Σci = c

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D’autres procédés d’exploitation des résultats de l’équilibre de


et pour la totalité de la substance :
sédimentation ont été décrits [22] pour déterminer Mn (cela n’est
possible que si la concentration est nulle en quelques points de la
cellule) ou pour des masses molaires moyennes d’ordre supérieur
à z : z + 1, etc., mais avec une précision plus faible.

(47)
2.3.2 Relation entre moyennes et courbes
de distribution
C’est par définition la masse molaire moyenne en poids.
Remarquons, pour mémoire, que, dans quelques cas bien particu- 2.3.2.1 Caractérisation de l’hétérogénéité
liers, il est possible de remonter à la masse en nombre Mn par Pour caractériser parfaitement l’hétérogénéité en masse d’une
l’analyse du comportement asymptotique du rapport k ’c/I (θ) substance, il est nécessaire de connaître la courbe de distribution
(étude aux grands angles) [21]. des masses molaires. Elle peut être obtenue en portant en fonction
de la masse Mi de l’espèce i (ou de la fraction i contenant les molé-
2.3.1.3 Ultracentrifugation (équilibre de sédimentation) cules de masse Mi + dM) :
et différentes moyennes – soit la fraction en nombre : on obtient alors la dis-
Lorsque l’échantillon à étudier est polymoléculaire, la détermina- tribution dite numérale ;
tion expérimentale des masses molaires est très délicate et cela – soit la fraction en poids : (avec mi = ni Mi), ce qui
pour deux raisons : conduit à la distribution dite pondérale.
– les molécules sédimentent en fonction de leur taille ; il est Ces deux types de distribution sont montrés sur la figure 10a.
donc nécessaire d’effectuer les mesures (détermination des
concentrations) aux deux extrémités de la solution ; Cependant, on préfère déterminer la courbe intégrale de distri-
– les solutions ne sont généralement pas idéales ; les coefficients bution qui est généralement normalisée :
d’activité ai de chaque espèce i ne sont pas indépendants. – soit à partir de la fonction de distribution numérale :
Cependant, dans le cas de la solution idéale (ou proche du cas
idéal : faibles interactions thermodynamiques), l’équation de
l’équilibre de sédimentation [relation (16)] peut s’écrire pour
l’espèce de masse molaire Mi sous la forme : avec g (M) dM nombre de molécules dont la masse est comprise
entre M et M + dM ;
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– soit à partir de la fonction de distribution pondérale :

En sommant sur toutes les espèces i et en divisant les deux


membres de la relation par , la masse obtenue est la avec f (M) = M g (M) et puisque la courbe intégrale
masse moyenne en poids :
de distribution est normée.

(48)
ni
wi

Il est également possible d’accéder à la masse molaire moyenne


d’ordre 3 ou masse Mz puisque, pour cette méthode, les variations
de concentration sont obtenues par les mesures de gradients
d’indice de réfraction n :

Mn Mp Mz Mi Mi M
+ dM
Dans ces conditions, la relation d’équilibre de sédimentation a courbes de distributions numérale (trait continu)
s’écrit : et pondérale (trait en tiretés)

wi
cumulé
(49)
1

avec (Δn)f et (Δn)m différences d’indice de réfraction entre la


0,5
solution et le solvant respectivement au fond
et au ménisque de la cellule.
Cette dernière relation peut encore s’écrire, si l’on raisonne en
termes de gradients de concentration : M
b courbe intégrale de distribution pondérale des masses
molaires

Figure 10 – Courbes de distribution des masses molaires

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C’est surtout la courbe intégrale de distribution pondérale qui est


utilisée dans la pratique. Une telle courbe est représentée sur la 3. Principales techniques
figure 10b ; cette courbe donne le pourcentage ou la proportion (de
0 à 1) en masse de substance wi de molécules dont les masses
de mesure
molaires sont inférieures ou égales à Mi . La courbe intégrale de dis-
tribution pondérale est obtenue expérimentalement en réalisant des 3.1 Méthodes colligatives
fractions aussi étroites que possible (pour les méthodes de fraction-
nement, cf article [A 3 040], puis en déterminant par mesure directe 3.1.1 Rappel des principes
(diffusion de la lumière, par exemple) la masse molaire de ces frac-
tions. Notons que certaines méthodes comme la chromatographie Il a été montré précédemment qu’il était possible de déterminer
d’exclusion (§ 3.4.2) conduisent à une détermination pratiquement la masse molaire (masse moyenne en nombre dans le cas des
directe et très rapide de ces courbes de distribution. échantillons polymoléculaires) soit à partir des méthodes dérivées
de la loi de Raoult : ébullioscopie, cryoscopie et tonométrie ou dis-
■ Relation entre moyennes des masses molaires et fonction tillation isotherme, soit à partir de la pression osmotique : osmo-
de distribution : à partir de la fonction de distribution soit numé- métrie (§ 2.3.1.1). Les méthodes sont directement reliées à la
rale, soit pondérale, on peut établir directement les différentes variation du potentiel chimique du solvant (ou à son activité)
moyennes des masses molaires définies précédemment [relation lorsque le soluté est ajouté à faible concentration.
(45)] ; on obtient :
■ Les deux premières méthodes, cryoscopie et ébullioscopie, ont
pour principe la détermination respectivement de l’abaissement de
la température de congélation (ou de fusion) ΔTF et de l’augmenta-
tion de la température d’ébullition ΔTE du solvant contenu dans la
solution diluée : on a donc pour les solutions idéales :

(50)

avec KF et KE constantes relatives au solvant faisant intervenir


respectivement l’enthalpie de fusion et de
vaporisation.
On peut trouver ces constantes dans les tables de CRC
Handbook of Chemistry and Physics, par exemple. En fait, si la
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avec la relation générale : Mn < Mp < Mz , etc. solution n’est pas idéale, il est nécessaire d’extrapoler à concentra-
tion nulle le rapport ΔT/c.
Si Mn = Mp = Mz = ..., la substance est dite isomoléculaire :
l’échantillon est constitué de molécules ayant toutes la même La description des dispositifs expérimentaux pour la détermina-
masse molaire. tion des variations ΔTE et ΔTF , qui sont d’une manière générale
assez complexes, n’est pas donnée dans cet article.
Dans le cas particulier où Mn, Mp, Mz sont dans le rapport 1, 2 et
3, la distribution est appelée distribution la plus probable. ■ La troisième méthode, ou tonométrie, est plus délicate à mettre
en œuvre. Elle consiste à mesurer l’abaissement de tension de
■ Notion d’indice de plurimolécularité : l’hétérogénéité de la
vapeur Δp1 du solvant dans la solution diluée :
substance peut être également caractérisée par le rapport Mp /Mn,
les masses molaires étant obtenues soit par les méthodes directes
(osmométrie, diffusion de la lumière), soit par les méthodes indi-
rectes (chromatographie d’exclusion, équilibre ou vitesse de sédi-
mentation). Cet indice de polymolécularité (égal à 1 pour les avec pression de vapeur du solvant pur,
échantillons isomoléculaires : cas idéal) peut atteindre des valeurs
élevées : 10 à 30. volume molaire partiel du solvant pur.
La méthode classique dite de distillation isotherme a des appli-
2.3.2.2 Masse molaire viscosimétrique cations limitées et on lui préfère une méthode plus précise dite
La détermination de la viscosité intrinsèque [η] est une méthode thermoélectrique. Cette méthode consiste à disposer une goutte de
rapide pour caractériser la substance dans la mesure où l’on solvant et une goutte de solution sur deux thermistances dans une
connaît sa loi de viscosité [relation (36)]. Si l’échantillon est poly- enceinte saturée en vapeur de solvant. Le transfert osmotique du
moléculaire, on peut écrire pour la viscosité spécifique de la solvant pur entraîne une différence de température entre les deux
substance : gouttes par suite de l’enthalpie de vaporisation du solvant. Cet
écart de température qui est directement lié à Δp1 donc à M –1 est
mesuré à l’aide des thermistances (cette méthode est également
appelée osmométrie de pression de vapeur). Certains appareils
ou encore :
commerciaux, comme le tonométre Knauer, fonctionnent sur ce
principe ; la méthode demande toutefois un calibrage à l’aide de
substances très pures et de masse bien connue (exemple : naphta-
lène, cholestérol ou encore tristéarate de glycérol).
d’où : ■ Des différentes méthodes colligatives, l’osmométrie (ou
mesure de pression osmotique) est la plus employée surtout dans
(51) le domaine des composés macromoléculaires. Cette méthode est
fondée sur le phénomène d’osmose à travers une membrane
semi-perméable : perméable aux seules molécules de solvant et
Cette valeur moyenne dite moyenne viscosimétrique est fonc- imperméable à toute molécule de soluté en principe. Si le solvant
tion de l’exposant a de la loi de viscosité ; la masse Mv peut être soit et la solution sont en contact par l’intermédiaire d’une telle
inférieure, soit supérieure à Mp suivant les valeurs de l’exposant a. membrane, le système n’est pas en équilibre thermodynamique et
Dans le cas particulier où a = 1, il y a identité entre Mv et Mp. du fait de la différence du potentiel chimique du solvant dans les

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Tableau 2 – Relations entre caractéristiques colligatives et masse molaire.


Valeurs des grandeurs physiques détectées par les méthodes colligatives
suivant la masse molaire du soluté (solvant benzène, concentration 10 g/L)
Cryométrie ΔTF Ébulliométrie ΔTE Tonométrie Δp1 Pression osmotique Π
Masse molaire
(°C) (°C) (mm Hg) (cm de solvant)
1 000 5,8 × 10–2 3,1 × 10–2 8,9 × 10–2 280
2 000 2,9 × 10–2 1,55 × 10–2 4,45 × 10–2 140
10 000 5,8 × 10–3 3,1 × 10–3 8,9 × 10–3 28
100 000 5,8 × 10–4 3,1 × 10–4 8,9 × 10–4 2,8
1 mm Hg = 133,3224 Pa

deux compartiments, il y a passage du solvant vers le comparti- 3.2 Ultracentrifugation


ment soluté. À l’équilibre, il y a ainsi une pression hydrostatique
Δp qui compense exactement la pression osmotique Π de diffusion Dans son principe (§ 1.2), la méthode d’équilibre de sédimenta-
du solvant à travers la membrane. Cette pression Π est facilement tion permet la détermination de la masse moyenne en poids avec
mesurable soit par la méthode dite statique : mesure de Π à l’équi- une bonne précision et accède également aux différentes autres
libre hydrostatique (osmomètres à capillaires), soit par la méthode moyennes (masse moyenne en nombre et masses d’ordre supé-
dite dynamique. Pour éviter l’attente de l’équilibre qui peut être rieur z ou même z + 1), mais l’interprétation des diagrammes
parfois longue, il est préférable de détecter instantanément la pres- d’équilibre est délicate et conduit à des résultats peu précis. Le
sion osmotique et de la compenser par une dépression qui domaine de masse étudiée peut aller des petites molécules
s’oppose ainsi au flux du solvant à travers la membrane. Dans ces (glucose) aux molécules dépassant 106 (virus par exemple)
conditions, la contre-pression, directement égale à la pression puisque le dispositif expérimental permet de disposer de toute une
osmotique, est obtenue après des temps relativement courts. gamme de vitesses de rotation. Il est à noter toutefois que le
Comme osmomètre dynamique, on peut citer l’osmomètre Knauer. domaine idéal se situe entre 10 000 et 200 000 et que la méthode a
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surtout été utilisée pour les biopolymères (ribonucléase), car elle


3.1.2 Domaine de masse, précision et limitation demande des quantités de substances très faibles. Cependant, les
inconvénients sont au nombre de deux :
La grandeur physique mesurée (ΔT, Δp1 ou Π) étant inversement
– la durée de l’expérience est longue puisque, dans certains cas,
proportionnelle à la masse moléculaire M (Mn pour les systèmes
l’équilibre diffusion-sédimentation peut être atteint seulement
polymoléculaires), ces méthodes colligatives sont surtout valables
après plusieurs jours ;
dans le domaine des faibles masses. La limite supérieure atteinte
dépend non seulement de la sensibilité des moyens de détection, – la relation (16) a été établie dans le cas des solutions idéales
mais aussi de la méthode utilisée. Le tableau 2 permet de préciser ou proches de l’idéalité, ce qui n’est généralement pas le cas et
le domaine de masse accessible. l’on obtient une masse molaire apparente :
Les deux premières méthodes (ébulliométrie et cryoscopie) ne
sont vraiment valables que dans un domaine restreint de masse (52)
molaire : ≤ 10 000 avec une précision de 2 à 5 % dans le domaine
intermédiaire de masse (500 à 5 000) et de l’ordre de 10 % pour les
masses molaires comprises entre 5 000 et 10 000. On peut espérer Ainsi, afin d’éliminer les effets de concentration, il est préconisé
atteindre des masses molaires plus élevées (de 15 000 à 20 000) en d’effectuer plusieurs mesures à différentes concentrations puis
utilisant la tonométrie fondée sur une méthode thermoélectrique d’extrapoler Mapp à c → 0, ce qui augmente considérablement le
de haute précision ; la précision peut être estimée de l’ordre de 1 à temps de la mesure. Pour diminuer le temps de la mesure, il a été
2 % pour des masses entre 1 000 et 5 000 et de 10 % pour les proposé d’effectuer les mesures après deux ou trois heures seule-
masses plus élevées. ment de rotation en étudiant le profil des concentrations au voisi-
Par contre, comme l’indique le tableau 2, l’osmométrie est une nage du ménisque et du fond et d’extrapoler pour le ménisque et
méthode tout à fait adaptée pour les masses molaires plus le fond : méthode d’Archibald [4].
élevées : entre 20 000 et 300 000 avec une précision de 2 à 5 %
dans ce domaine. Pour des masses molaires plus élevées, la pres-
sion osmotique devient très faible et difficilement détectable, d’où
une précision insuffisante. Ainsi, il est pratiquement impossible de
3.3 Méthodes de rayonnement
déterminer la masse moyenne en nombre d’une substance par une à angle nul
méthode directe quand la masse molaire est supérieure à 500 000.
Dans le domaine des faibles masses, l’osmométrie présente une
limitation liée aux propriétés des membranes : pour des masses
3.3.1 Domaine de masse
inférieures à 15 000 ou 20 000 (suivant le type de membranes et le
La détermination de la masse molaire M (moyenne en poids Mp
solvant), il y a diffusion des molécules à travers la membrane qui
dans le cas d’un échantillon polymoléculaire) consiste à extrapoler
ne contribuent plus à la pression osmotique (Π sous-estimé).
à angle nul et pour plusieurs solutions à concentrations différentes
le rapport Kc /I (§ 1.3) :
Précaution : il est nécessaire d’effectuer la mesure sur un
échantillon préalablement purifié, la présence d’impuretés de
faibles masses (additifs, stabilisant, etc.) pouvant avoir une
influence non négligeable sur la grandeur physique mesurée. où pour les faibles valeurs de q RG.

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CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLAIRES _______________________________________________________________________

Cette extrapolation n’est possible que lorsque le produit du vec- En diffusion de la lumière, le facteur de contraste est repré-
teur diffusion par les dimensions (RG), c’est-à-dire quand la senté par l’incrément d’indice de réfraction dn/dc de la solution qui
quantité : peut se calculer, en première approximation, à partir de la diffé-
rence d’indice de réfraction du soluté et du solvant, divisée par la
masse volumique du soluté (relation de Gladstone et Dale) :

(53)
est petite devant l’unité. Le domaine pour lequel cette condition
est vérifiée, appelé domaine de Guinier, dépend non seulement
des dimensions de la particule (dimensions qui sont en relation Les valeurs de dn/dc doivent être au moins de 0,05 (en mL · g–1) ;
avec M) mais aussi de la longueur d’onde. Plus la longueur d’onde des valeurs généralement comprises entre 0,1 et 0,2 sont tout à fait
est grande, plus la condition du domaine de Guinier est respectée favorables pour une bonne détermination de M. Signalons qu’il est
par des molécules de grandes dimensions donc de masse élevée. possible d’obtenir des valeurs très importantes (0,4 ou même 0,8)
Ainsi, la diffusion de la lumière (avec λ variant de 436 à 632 nm) résultant de la dispersion anormale de l’indice de réfraction de la
permet la détermination de la masse molaire dans un grand solution due à la présence d’une bande d’absorption proche du
domaine de masse : de 1 000 à 5 × 107 avec cependant deux visible [24].
difficultés : Il existe des tables donnant un grand nombre de valeurs de dn/
– dans le domaine des petites masses molaires : M < 5 000, il dc en fonction de certaines conditions : températures, longueurs
peut être nécessaire de faire des corrections de dépolarisation (fac- d’onde, etc. [7] [12].
teur de Cabannes) dues à l’anisotropie de la molécule [23] ; Dans le cas des neutrons, le contraste est donné par la diffé-
– dans le domaine des grandes masses molaires : M > 5 × 106, rence des longueurs de diffusion cohérente du soluté b1 et du sol-
l’extrapolation à angle nul de la quantité c/I peut être délicate sur- vant b2 :
tout avec les appareils conventionnels limités à 30° ou 15° au mini-
mum.
Dans le cas de la diffusion des neutrons ou des RX (longueurs (54)
d’onde de l’ordre de 10–1 nm), ces méthodes sont moins accessibles
pour les substances de masse molaire élevée M = 300 000. Pour avec V1 et V2 volumes molaires des deux composants.
atteindre le domaine de Guinier, il est nécessaire d’effectuer des
mesures pour des angles très faibles, ce qui est cependant possible Dans le cas de substances macromoléculaires, la longueur de
avec les dispositifs expérimentaux existants mais très délicat. diffusion cohérente b1 est celle de l’élément répétitif ou mono-
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mère. Les deux quantités b1 et b2 peuvent être calculées à partir


D’une manière générale, si la masse molaire est le seul para- des valeurs de b des atomes constituant le solvant et le soluté (ces
mètre recherché, la diffusion de la lumière est la méthode la plus valeurs sont données dans les tables, par exemple [25] [26]). Par
appropriée et la plus aisée à mettre en œuvre, le dispositif expéri- un choix judicieux du système soluté-solvant, on peut avoir b1
mental n’ayant rien de commun (quant à la complexité, à la dispo- positif et b2 négatif (ou inversement) et obtenir ainsi des
nibilité ou au coût) avec celui de la diffusion des RX ou des contrastes très importants. De plus, du fait que l’atome hydrogène
neutrons. (bH = 0,374 × 10–12 cm) présente une valeur de longueur de diffu-
Notons que la diffusion de neutrons, en revanche, est une sion cohérente très différente de celle du deutérium
méthode de choix pour l’étude des dimensions molaires et de la (bD = + 0,667 × 10–12 cm), un important contraste peut être obtenu
conformation. Signalons aussi que le fait de pouvoir modifier le par marquage au deutérium de certaines molécules : polystyrène
facteur de contraste (§ 3.3.2) par marquage ou dopage de la molé- deutéré dans une matrice de polystyrène non deutéré, ce qui per-
cule permet de réaliser des mesures de masse moléculaire à l’état met l’étude de la diffusion à l’état solide.
solide en utilisant la diffusion des neutrons et des rayons X. Dans le tableau 3, on donne quelques valeurs de K pour diffé-
Les différents dispositifs expérimentaux ne sont pas détaillés ici. rents systèmes binaires (effet de marquage).
Notons simplement que les mesures sont généralement des Pour la diffusion des rayons X, le contraste résulte de la diffé-
mesures relatives et que ces trois méthodes demandent un rence de densité électronique entre les deux constituants du sys-
calibrage préalable du dispositif expérimental. Ce dernier est tème binaire [relation (25)], on peut écrire :
obtenu par l’intermédiaire de substances références constituées
par un solvant (benzène en diffusion de la lumière pour lequel le
rapport de Rayleigh est bien établi), par un cristal de vanadium (55)
(pour les neutrons) ou simplement de l’eau (signal de diffusion
neutronique incohérente) ou encore des étalons standard de
masse molaire parfaitement connue. avec ρe1 et ρe2 densités électroniques (en électrons/cm3) du
solvant et du soluté,
3.3.2 Précision et sensibilité. Notion de contraste ρ masse volumique du soluté.

La sensibilité des méthodes de rayonnement dépend de plu-


sieurs facteurs : Tableau 3 – Effet de contraste pour le polystyrène
– l’intensité en valeur absolue de la source incidente ; dans différents solvants
– la sensibilité de la réponse (intensité diffusée) fournie par le
détecteur ; K · 1028
Soluté Solvant
– la grandeur du facteur de contraste. (cm2)

Les développements technologiques permettent de ne considé- Polystyrène hydrogéné benzène C6H6 0,13
rer que le troisième paramètre.
Polystyrène hydrogéné benzène deutéré C6D6 73,70
Notion de facteur de contraste : l’intensité diffusée est
d’autant plus élevée (donc précision accrue) que le facteur de Polystyrène hydrogéné cyclohexane C6H12 8,1
contraste est important. Cela est d’autant plus vrai qu’il intervient
au carré dans les relations générales de la diffusion. Polystyrène hydrogéné polystyrène deutéré 70,2

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________________________________________________________________________ CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLAIRES

La valeur du contraste électronique obtenue pour le lysozyme substance. C’est une méthode rapide et simple fondée sur le prin-
(93 électrons/nm3) peut situer son ordre de grandeur [27]. Pour cipe d’exclusion par un support poreux [P 1 465]. Si l’échantillon
augmenter le contraste, il existe une méthode élégante qui est polymoléculaire, la GPC permet un fractionnement analytique
consiste à incorporer dans un des deux constituants des atomes efficace et une détermination rapide de la courbe de distribution
ou molécules lourds : plomb, iode, ferrocyanure, etc. des masses molaires et des différentes masses moyennes. Mais
c’est une méthode indirecte qui demande un étalonnage préalable
du jeu de colonnes chromatographiques.
3.3.3 Précision et difficultés
La précision que l’on peut espérer sur la détermination de la 3.4.2.1 Courbes d’étalonnage
masse molaire par les méthodes du rayonnement dépend de plu-
sieurs facteurs et en particulier du domaine de masse. Pour la diffu- Comme déjà indiqué (§ 1.4.2), l’exploitation d’un chromato-
sion de la lumière, la masse molaire peut être obtenue avec une gramme demande un étalonnage préalable du jeu de colonnes
précision de l’ordre de 3 à 5 % (en masse) dans les conditions maxi- pour faire correspondre à toute valeur du volume d’élution Ve la
males (lorsque la clarification des solutions est parfaite, valeur de valeur de la masse molaire correspondante.
dn/dc) pour un domaine de masse comprise entre 104 et 106 ; pour
les masses les plus faibles, cette précision peut être moindre en rai- L’étalonnage le plus simple est obtenu en déterminant dans les
son de la détermination supplémentaire du facteur de dépolarisa- mêmes conditions expérimentales (solvant, débit, etc.) le volume
tion. Si M est supérieure à 5 × 106, la précision peut parfois se d’élution Ve au pic (maximum de concentration) d’échantillons
chiffrer à 10 et même 20 % résultant d’une imprécision dans standard isomoléculaires et de masse bien connue. Ces standards
l’extrapolation à angle nul (c’est une autre difficulté de la méthode : sont généralement une série de polystyrènes (PS) dans un
voir par exemple [28]). Pour les deux autres méthodes (diffusion des domaine de masse le plus large possible (1 000 à 8 × 106). D’autres
rayons X aux petits angles et diffusion des neutrons), la précision standards sont évidemment possibles. On obtient une courbe
est de l’ordre de 5 à 10 % dans leur domaine d’utilisation. d’étalonnage dite en masse molaire du type :

(56)
3.4 Méthodes hydrodynamiques
3.4.1 Viscosité qui est généralement linéaire dans une grande partie du volume
poreux. Si l’on veut préciser l’étalonnage, surtout au voisinage du
La détermination de la viscosité intrinsèque [η] est généralement volume d’exclusion des grandes masses ou du volume de réten-
assez précise (de 2 à 5 %) de sorte que la précision sur la masse tion du solvant (Ve ou V0 + Vp ), il est préférable de représenter
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molaire déduite de [η] (masse viscosimétrique Mv) dépend essen- l’étalonnage à l’aide d’un polynôme du troisième degré (figure 8) :
tiellement de la relation viscosimétrique :

Pour établir cette loi de viscosité, il est nécessaire d’avoir une Cet étalonnage a l’inconvénient de n’être valable que pour le
série d’échantillons standard aussi isomoléculaires que possible de couple solvant-soluté correspondant à celui de l’étalonnage (même
masse molaire parfaitement connue (à 2 ou 5 % près) et cela dans solvant, même nature chimique et aussi même structure du
un domaine de masse aussi large que possible. En effet, la varia- soluté).
tion de In [η] en fonction de ln M n’est pas toujours linéaire soit
dans le domaine des faibles masses, soit dans le domaine des Devant cette restriction, il a été proposé (§ 1.4.2.2) un second
grandes masses. L’exposant a de la loi de viscosité est connu pour type d’étalonnage appelé étalonnage universel [29]. Ce dernier est
un grand nombre de systèmes soluté-solvant [6] et peut prendre fondé, non plus sur la masse molaire, mais sur le volume hydrody-
des valeurs entre 0,5 (parfois légèrement inférieures) et 1,6 comme namique de la particule, c’est-à-dire le produit [η] M [défini par la
l’indique le tableau 4. relation (35)], d’où un étalonnage de la forme :

(57)
3.4.2 Chromatographie d’exclusion
La chromatographie d’exclusion (GPC) est une des méthodes les Cette calibration universelle est facilement réalisée à partir des
plus utilisées pour caractériser les paramètres moléculaires d’une mêmes standards PS dont il faut connaître la masse molaire et la

Tableau 4 – Valeurs de l’exposant a’ de la loi de viscosité pour quelques systèmes


particuliers
T
Systèmes a’ Remarques
(°C)
Polystyrène/cyclohexane.................................................................... 35 0,5
Solution idéale
Poly(méthacrylate de méthyle)/heptanone-3 ................................... 29 0,5
Polystyrène/benzène........................................................................... 25 0,72
Solution non idéale (bon solvant)
Poly(méthacrylate de méthyle)/toluène............................................ 25 0,72
Poly(butylisocyanate)/tétrahydrofurane ........................................... 25 1,18 Particule semi-rigide
Polypeptide (1)/diméthylformamide.................................................. 25 1,6 Particule rigide ou bâtonnet
(1) Polypeptide : poly(glutamate de benzyle).

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viscosité intrinsèque [η]. Pour un échantillon inconnu x, on peut


écrire pour tout volume d’élution l’égalité : Tableau 5 – Relation entre domaine de masse
molaire (soluté) et caractéristiques du gel
(diamètre des pores)
(58)

Ainsi, si la viscosité [η]i de la fraction de volume est mesurée Diamètre des pores Domaine de masses molaires
en sortie de colonne (après le détecteur de concentration) par (nm) (en polystyrène)
capillaire ou capteur de pression, il est possible de remonter pour
toute fraction à la masse molaire Mi et par conséquent à la courbe 5 1 000
de distribution et aux différentes moyennes.
Si un dispositif viscosimétrique n’est pas disponible, il est pos- 50 500 à 2 × 104
sible de calculer la courbe d’étalonnage en masse molaire :
100 1 000 à 4 × 104

Pour l’échantillon x dans la mesure où l’on connaît sa loi de vis- 104 4 × 104 à 4 × 106
cosité et la loi de viscosité des étalons standards (polystyrène). À
partir de la relation (58) et des deux lois de viscosité, on peut mélange 50-100-104 500 à 4 × 106
écrire :

(59)
3.5 Possibilités des principales méthodes
3.4.2.2 Domaine de masse La figure 11 résume les possibilités des principales méthodes de
Le domaine de masse accessible par GPC est essentiellement détermination de la (ou des) masse(s) molaire(s). Certaines de ces
fonction des caractéristiques du jeu de colonnes et plus spéciale- méthodes peuvent être directes et conduire à des masses molaires
ment du choix des porosités du support. L’utilisation d’un jeu de de moyennes différentes, d’autres sont indirectes (nécessité d’une
colonnes contenant des gels de différentes porosités allant de 5 à loi d’étalonnage, couplage de deux de ces méthodes entre elles),
105 nm permet une bonne séparation des molécules dans un large quelques-unes, enfin, permettent l’établissement de la distribution
domaine de masse : 500 à 107. Toutefois, la séparation risque des masses molaires et par conséquent le calcul de l’ensemble des
masses molaires moyennes (moyenne en nombre, poids,
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d’être peu efficace dans le domaine des très grandes masses.


d’ordre 3, etc.). Deux facteurs importants sont précisés dans ce
Le tableau 5 donne les domaines de masses où il y a une bonne
tableau : domaine des masses valablement accessibles et difficul-
efficacité en fonction de la porosité du gel.
tés ou inconvénients majeurs.
3.4.2.3 Précision et difficultés
La précision obtenue sur la détermination des masses molaires
(Mn, Mp , Mz, etc.) et de l’indice de la polymolécularité dépend sur- En conclusion, pour avoir un ordre de grandeur de la masse
tout de la finesse d’analyse des chromatogrammes et de l’établis- molaire d’une manière rapide, une seule mesure de la viscosité
sement de la loi d’étalonnage (stabilité dans le temps) : [η] suffit dans la mesure où la loi de viscosité est connue (cette
– détermination de la ligne de base (fluctuations) ; méthode est évidemment exclue pour les composés bien défi-
– détection des début et fin de pic : évaluation de la concentra- nis et de bas poids moléculaire). L’utilisation de deux méthodes
tion dans le domaine des faibles masses (influence sur Mn) ou directes, l’une colligative (osmométrie par exemple), l’autre
dans le domaine des grandes masses (influence sur Mp) ; fondée sur la diffusion du rayonnement (diffusion de la
– précision de l’étalonnage dans le domaine des grandes masses. lumière) permet d’obtenir Mn et Mp et par conséquent l’indice
de polymolécularité, ce qui donne une idée de l’hétérogénéité
Une précision de l’ordre de 5 à 10 % peut être espérée sur Mp, la de l’échantillon. La détermination précise de l’hétérogénéité est
précision peut être moindre pour Mn (environ 15 % suivant l’allure réalisée très rapidement par chromatographie d’exclusion,
du chromatogramme). Enfin, dans le cas de l’indice de polymolécu- mais elle est liée à un étalonnage préalable. Enfin, de l’addition
larité Mp /Mn, il est parfois nécessaire de corriger les résultats de la de ces différentes méthodes, il résulte une caractérisation com-
dispersion axiale : élargissement du chromatogramme dû au phéno- plète de la substance.
mène de diffusion des molécules dans les colonnes (voir par
exemple [30]).

Remarque 4. Quelques problèmes


La technique de GPC s’est développée par l’utilisation d’un
détecteur de masse comme la diffusion de la lumière (détermi-
spécifiques
nation de l’intensité diffusée par l’éluat). Ce couplage en ligne de caractérisation
GPC-diffusion de la lumière (MALLS) ne nécessite plus d’étalon-
nage préalable des colonnes et supprime l’éventuelle correction
de la dispersion axiale. De nombreuses applications se sont Dans ce dernier paragraphe, on aborde très succinctement le
développées comme par exemple, aussi bien pour des problème de la détermination des masses molaires dans quelques
polymères synthétiques que naturels [31] [32], la caractérisation cas spécifiques. Comme l’indique la figure 11, la quasi-majorité
de protéines biothérapeutiques et de leurs agrégats [33], la des méthodes d’analyse conduit à la détermination de la masse
détermination de la masse molaire absolue de polymères molaire des substances de haute masse molaire (comprise entre
(polystyrènes et poly(méthyl méthacrylate) dans un mélange de 104 et 107). En conséquence, on examine ici quelques problèmes
de tétrahydrofurane et de méthyl isoamyl cétone [34] ou de bio- particuliers aux polymères ; il s’agit aussi bien de polymères de
polyméres cellulosiques [35]. synthèse d’intérêt industriel que de substances naturelles ou d’ori-
gine biologique (protéines, acides nucléiques, etc.).

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Domaine de masses molaires (1) Masses molaires


Grandeurs Difficultés
Méthodes 103 104 105 106 107 moyennes
physiques 2 × 103 5 × 103 2 × 104 5 × 104 2 × 105 5 × 105 2 × 106 5 × 106
ou inconvénients
et distribution

MÉTHODES DIRECTES



Ébulliométrie et cryoscopie ΔTE, ΔTF .............. Mn ⎪

⎪ Délicat à mettre en œuvre
Tonométrie ou osmométrie ⎬

de préssion de vapeur ........... Δp1 (ou ΔT) ......... Mn ⎪ Domaine de masse molaire

⎪ très restreint

Méthodes
colligatives

Osmométrie (à membrane) Π .......................... Mn Domaine de masse molaire
limité
(diffusion des petites masses)

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Diffusion de la lumière .......... .............................. Mp Clarification des solutions et
incertitude pour les très

grandes masses molaires


Diffusion des neutrons .......... I(q) avec q = f(q)q→0 Mp ⎪ Appareillage important


⎪ (source de neutrons, etc.)

du rayonnement
Diffusion des RX .................... ⎪
.............................. Mp ⎪

Méthodes de diffusion

Ultracentrifugation (équilibre) ......... ∂c/∂x...................... Mn, Mp, Mz , etc. Mesure peu rapide

MÉTHODES INDIRECTES

a) Viscosité ........................................ [h]......................... Mv

b) Chromatographie d’exclusion...... V e ........................ Mn, Mp, Mz, etc.


(distribution)
c) Ultracentrifugation ⎫ ⎫
(sédimentation)............................. s 0 .........................

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⎪ ⎪
d) Diffusion de translation ⎪ ⎪
(diffusion de la lumière ⎪ ⎪ Moyenne mal
quasi élastique)............................. D 0 ......................... ⎪ ⎪ définie
⎬ dépend du domaine des lois d’étalonnage ⎬ et complexe
Couplage c et d ...........................
⎪ ⎪ (entre M et M )
s 0 – D 0 ................. ⎪ ⎪ n p

Figure 11 – Récapitulatif des méthodes de détermination de la masse molaire et de leurs domaines d’application
⎪ ⎪
Couplage a et c ........................... [h] – s 0 ................. ⎪ ⎪
⎭ ⎭

(1) En hachuré : domaine présentant une incertitude.

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CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLAIRES _______________________________________________________________________

d’analyse comme l’osmométrie, la viscosité ou la chromatographie


d’exclusion. Il est à noter, sur un plan pratique, que l’analyse de
ces substances par GPC peut entraîner un colmatage des têtes de
wi
colonnes si aucune précaution préalable n’est prise (filtration soi-
gneuse des solutions par exemple). C’est essentiellement lors de la
détermination de la masse molaire par diffusion de la lumière que
la présence de ces microgels pose quelques problèmes ; ces
microgels se comportent comme des particules de très grande
masse molaire d’où une forte intensité diffusée surtout dans le
domaine des petits angles d’observation. On obtient généralement
des diagrammes de Zimm particuliers avec de fortes courbures
aux petits angles et qui conduisent généralement à une surestima-
M
tion importante de la masse moléculaire Mp, si celle-ci est compa-
103 104 105 106 rée à la valeur obtenue par GPC par exemple.
Mn Mp Mz
En fait, ce problème de la présence d’agglomérats de
Résultats obtenus par GPC dans le trichlorobenzène à 135 °C sur molécules : agrégat, microgel ou microcristaux, n’est pas spéci-
Waters 200
fique aux seuls polydiènes mais peut se rencontrer pour d’autres
Mn = 027 000
polymères : polyoléfines, poly(chlorure de vinyle), polycarbonate,
Mp = 099 500
Mz = 280 000 certains polyoxyéthylènes, etc.

Figure 12 – Distribution pondérale des masses molaires d’un 4.3 Copolymères


polyéthylène linéaire
Les copolymères sont des substances constituées de séquences
de nature chimique différente (monomère A et monomère B,
4.1 Polyoléfines exemple du polystyrène-polyisoprène). Du fait de la nature
chimique différente des deux monomères, ces derniers n’ont pas
Les polyoléfines comme les polyéthylènes, le polypropylène ou le même facteur de contraste, de plus celui-ci est fonction de
leurs copolymères sont des polymères très largement utilisés dans l’indice de réfraction du solvant. Cela se traduit en diffusion de la
l’industrie. Ces polymères ne sont solubles que dans certains sol- lumière par la détermination d’une masse molaire dite apparente
vants (solvants chlorés comme le trichlorobenzène) et à haute fonction de l’indice du solvant. Pour obtenir la masse molaire cor-
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température : entre 125 et 150 °C suivant leur taux de cristallinité. recte, une détermination de la masse molaire apparente dans au
Ainsi la principale difficulté d’analyse de ces substances réside moins trois solvants d’indice de réfraction différent est nécessaire.
dans la mise en œuvre des méthodes à cette température élevée : Il est bien évident que l’analyse de la distribution des masses
préparation des solutions et mesures. En fait, les principales tech- molaires à partir de la chromatographie d’exclusion est également
niques d’analyse sont parfaitement adaptées aux mesures à haute compliquée du fait de ces facteurs de contraste différents dans la
température. mesure où la détection des concentrations est réalisée par réfrac-
Une autre caractéristique spécifique à ce type de polymères est tométrie différentielle.
l’indice de polymolécularité. Ces polymères, lorsqu’ils ne sont pas
fractionnés, ont généralement une distribution des masses très
large. Cela nécessite en chromatographie d’exclusion un choix 4.4 Polymères en mélanges de solvants
judicieux du jeu de colonnes (longueur de colonnes et grande et polymères hydrosolubles
variété de la porosité du support) afin d’obtenir une bonne sélecti-
vité dans tout le domaine des masses. La figure 12 représente, à
titre d’exemple, la courbe de distribution des masses d’un 4.4.1 Polymères de synthèse en mélanges
polyéthylène linéaire obtenue à partir de l’analyse GPC et montre de solvants
l’importance d’une bonne sélectivité dans le domaine des faibles
Pour certains polymères, il est assez courant d’effectuer leur
masses (1 000 à 10 000).
analyse en les mettant en solution dans un mélange de solvants.
Un autre point important à prendre en considération dans l’ana- C’est le cas de certains polyesters linéaires par exemple. L’utilisa-
lyse des polyoléfines est la présence éventuelle de ramifications tion des mélanges de solvants entraîne toutefois quelques compli-
plus ou moins longues. Ces ramifications peuvent résulter d’un cer- cations d’interprétation particulièrement en diffusion de la lumière
tain procédé de fabrication : polyéthylène basse densité. Pour ces [A 3 060] [F 1 095]. Pour obtenir la masse molaire exacte, il y a lieu
substances ramifiées, à la distribution en masses s’ajoute une distri- de déterminer le facteur de contraste (c’est-à-dire l’incrément
bution en taux de ramification, ce qui complique l’analyse par GPC. d’indice de réfraction pour cette méthode) après avoir effectué un
Pour cette dernière méthode, il est nécessaire de faire appel à l’éta- équilibre des potentiels chimiques des solvants entre la phase ter-
lonnage en volume hydrodynamique et de coupler à la GPC une naire et le solvant binaire, cela afin de tenir compte du phénomène
détection viscosimétrique afin de remonter à la véritable distribution de solvatation préférentielle. Ce même phénomène complique
des masses molaires. Notons que ce problème se rencontre sur également l’analyse des résultats par les méthodes
toute substance ramifiée : certains polydiènes par exemple [36]. hydrodynamiques : vitesse de sédimentation.

4.4.2 Polymères hydrosolubles


4.2 Polydiènes
L’analyse des polymères hydrosolubles comme les polyélectro-
Dans le cas des polydiènes (élastomères) qu’ils soient de lytes ou de synthèse et les biopolymères (protéines, acides
synthèse : polyisoprène, polybutadiène ou naturels : gutta-percha, nucléiques, etc.) est assez complexe et demande certaines pré-
la difficulté majeure résulte de la présence de microgels consistant cautions. Ces substances ayant des groupements chargés ne
en des agglomérats de particules de très haute masse molaire. Ces peuvent être considérées comme indépendantes dans l’eau pure
microgels, s’ils représentent une faible fraction du produit, n’ont ou à très faible force ionique. Il existe, en effet des interactions
pratiquement aucune influence lorsque l’on utilise les méthodes électrostatiques à longue distance qui peuvent influer aussi bien

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5. Conclusion
En conclusion, la détermination de la masse molaire est une
étape incontournable de la caractérisation d’un composé qu’il
s’agisse de molécules à bas poids moléculaire ou de macromolé-
200 cules. La compréhension des différentes méthodes permet de faire
(mL/g)

un choix adapté à la structure étudiée. Pour les macromolécules, la


méthode la plus utilisée en 2019 est la chromatographie d’exclu-
sion couplée au détecteur de mesure de lumière diffusée MALLS.
ηsp

I
c

II Avec le système SEC-MALLS, il est possible d’accéder non seule-


100 ment à la courbe de distribution des masses molaires mais aussi à
la masse molaire moyenne et à la taille de la macromolécule, sur
III
une large gamme de masse, sans étalonnage.

0 0,1 0,2
c × 103 (g/mL)
6. Glossaire
Macromolécules ; macromolecules
I eau pure II 5 × 10–4 M en NaCI III 5 × 10–2 M en NaCI
La notion de macromolécules est introduite en 1922 par un
chimiste allemand. Hermann Staudinger qui les définit comme des
enchaînements d’unités équivalentes ou monomères liés entre eux
Figure 13 – Effet polyélectrolyte en viscosité : variation de la par des liaisons covalentes. Elles sont caractérisées par masse
viscosité réduite en fonction de la concentration du polyélectrolyte molaire élevée. Il existe des macromolécules d’origine
pour trois teneurs en sel (NaCl) synthétique : matières plastiques, caoutchouc, polymères ou des
biopolymères : protéines, acides nucléiques, virus, etc.),
sur l’intensité diffusée (diffusion de la lumière) que sur la visco- Spectrométrie de masse ; mass spectrometry
sité réduite (viscosimétrie) ; de plus, ces interactions varient avec Il s’agit d’une technique de caractérisation et d’analyse basée
la concentration de la substance. L’influence de cet effet polyélec- sur les différences de rapports masse/charge m/z de fragments
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trolyte sur les mesures de la viscosité réduite par exemple, est chargés issus de la molécule mère et produits par fragmentation
illustrée sur la figure 13. ou ionisation. Les méthodes d’ionisation sont choisies en fonction
Pour obtenir des informations correctes sur les molécules indivi- de la nature du composé à analyser. Pour les macromolécules bio-
duelles, on doit écranter ces interactions à longue distance par logiques par exemple, les méthodes d’ionisation les plus utilisées
addition d’un sel comme NaCl (typiquement à une force ionique de sont l’électronébulisation (électrospray) (ESI) et la désorption-ioni-
10–2 à 10–1 M). On est alors ramené, dans le cas de la diffusion de sation laser assistée par matrice (MALDI).
la lumière, à un système ternaire (mesure de l’intensité diffusée et Réfractomètre différentiel ; differential refractometer
surtout de l’incrément d’indice de réfraction à potentiel chimique
constant). Le réfractomètre différentiel est un détecteur universel de chro-
matographie très utilisé en chromatographie d’exclusion stérique.
En chromatographie d’exclusion, le problème réside essentielle- Son principe s’appuie sur la différence d’indice de réfraction d’un
ment dans le choix du support chromatographique afin d’éviter les éluant pur et de l’éluat contenant l’échantillon. Il n’est pas très sen-
interactions spécifiques entre le gel et la substance et par consé- sible et doit toujours être thermostaté en raison de l’influence de la
quent l’adsorption du biopolymère sur le gel. température sur le résultat.

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P
O
U
Caractérisation par la détermination R
des masses molaires
E
par Claude STRAZIELLE
Ancien Maître de recherches
Centre de recherches sur les macromolécules de Strasbourg (CNRS), France
N
Auteur de la version originale de l’article de 1984 et de la version actualisée
de l’article de 2003
et Gwenola BURGOT
Professeur Honoraire des Universités
S
Université de Rennes1, France
Autrice de la version actualisée de l’article de 2019 A
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P CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLAIRES _______________________________________________________________________


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Constructeurs
V
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O de vapeur
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KERN, Frommern, Allemagne
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I http://www.gonotec.com
KNAUER, Hegauer Weg 38 14163, Berlin, Allemagne
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Mettler Toledo, 18/20 Avenue de la Pépinière, Viroflay, France
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R Appareils d’Ultracentrifugation
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Agilent Technologies, les Ulis, France
http://www.thermofisher.com
http://www.agilent.com
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WYATT Dembach, Allemagne
http://www.malvernpananalytical.com http://www.wyatt.com
L
U
S

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