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Etude d'un profil neuropsychologique relevant du

syndrome de Gerstmann développemental


Jean-Pierre Walch
Dans Développements 2011/1 (n° 7), pages 19 à 28
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 2103-2874
DOI 10.3917/devel.007.0019
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 15/03/2024 sur www.cairn.info (IP: 196.178.66.124)

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Jean-Pierre WALCH
Etude d’un profil Neuropsychologue,
Maison d’Enfants à Caractère Sanitaire Spécialisé,
neuropsychologique Les Lavandes, 05700 Orpierre

relevant
du syndrome
de Gerstmann
développemental

Résumé Summary
Le syndrome de Gerstmann développemental (SGD) Developmental Gerstmann’s syndrome (DGS)
est un désordre neurodéveloppemental caractérisé is a neurodevelopmental disorder in children
par la présence d’une tétrade de symptômes : characterized by four cardinal symptoms :
agnosie digitale, dyscalculie, dysgraphie finger agnosia, dyscalculia, dysgraphia and right-left
et désorientation droite-gauche. Bien que l’existence confusion. Controversy surrounds the existence
de ce désordre en tant que réelle entité syndromique of DGS, especially about supporting the view that
soit largement controversée, l’association this disorder constitutes a unique syndrome.
de symptômes qui est censée s’y référer ne manque Nevertheless, this conjuction of symptoms continues
pas d’intérêt. Elle constitue un terrain propice to be of interest to neurodevelopmental specialists,
à l’abord conceptuel du domaine de l’acquisition considering it offers a framework for a conceptual
des compétences arithmétiques et contribue approach of the development of arithmetical abilities.
notamment à la tenue de débats constructifs Since the seminal description of Gerstmann,
concernant la relation entre performances the neuro-cognitive relationship between finger gnosis
perceptivo-tactiles et numériques. Dans ce contexte, and numerical performance has been debated
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le présent document propose la description du profil in particular. This paper presents a single-case study
neuropsychologique d’un enfant dont les capacités based on the neuropsychological profile of a child
exprimées recoupent les critères diagnostiques who meet the criteria for DGS. Detailed analyses
relevant du SGD. Les données quantitatives of the quantitative and qualitative data collected
et qualitatives recueillies sont analysées et discutées are provided and the theoretical implications
d’un point de vue théorique. Les résultats obtenus of the child’s clinical profile are discussed.
permettent, avec toute la prudence nécessaire, Our data can cautiously prove useful in addressing
d’évoquer conjointement la question de l’implication both the question of the involvement of a specific
d’un système neurocognitif spécifique dans neuro-cognitive system in numerical performance
les performances numériques et de l’existence and of the pathological repercussions of its possible
de retombées pathologiques de ses éventuelles developmental impairments.
anomalies développementales.
Keywords
Mots-clés • Developmental Gerstmann’s syndrome
• Syndrome de Gerstmann développemental • Representation of numbers
• Représentations numériques • Dyscalculia
• Dyscalculie • Finger agnosia
• Agnosie digitale • Neuropsychological assessment
• Evaluation neuropsychologique

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I. Brèves considérations sation d’un bilan neuropsychologique. Elle utili-


sera en outre de façon ponctuelle, dans un cadre
sur le syndrome de Gerstmann interdisciplinaire, l’apport de données orthopho-
niques et de psychomotricité. L’auteur tentera, en
Initialement décrit en 1927 dans le cadre d’études contrastant les forces et les faiblesses objectivées,
lésionnelles chez l’adulte, le syndrome de de mettre au jour les caractéristiques d’un profil
Gerstmann ou SG (Gerstmann, 1940 ; Kinsbourne clinique ayant conduit le cheminement diagnos-
& Warrington, 1962) s’est rapidement prêté avec tique vers la présence d’un SGD. Les données
succès à la recherche, par analogie, d’une forme quantitatives et qualitatives recueillies seront ana-
développementale (Kinsbourne & Warrington, lysées dans leur ensemble, puis discutées d’un
1963 ; Benson & Geschwind, 1970). Depuis cette point de vue théorique.
époque et malgré la faible quantité d’articles
publiés, ce dernier domaine continue à être abordé
dans la littérature scientifique, comme en attestent
la liste établie par von Aster (2000) ainsi que la II. Etude de cas
revue récente de Taub (2008).
Le syndrome de Gerstmann développemental 1. Eléments d’anamnèse
(noté SGD par la suite) est décrit comme un dés- EH est un garçon né à terme sans signes de dys-
ordre neurodéveloppemental, caractérisé par la maturité ni de souffrance particulière (3 220 g,
présence de quatre symptômes : agnosie digitale Apgar à 10). La marche a été acquise tardive-
(considérée comme l’élément central), dyscalcu- ment (à 16 mois), après mise en « youpala ». Il
lie, dysgraphie et désorientation droite-gauche. est ultérieurement signalé des difficultés tou-
Comme le rappelle Van Hout (2001), les troubles chant aux praxies d’habillage ainsi qu’à la mani-
de lecture et d’orthographe ne font pas partie du pulation de petits objets. Le langage oral a, en
tableau clinique princeps. L’étiologie du SGD n’est revanche, été rapidement très riche. Cet enfant
actuellement pas établie de façon certaine. est suivi en orthophonie depuis l’âge de 6 ans,
Largement controversé sous sa forme lésionnelle, la plainte initiale portant sur la présence de dif-
surtout en tant que manifestation d’une réelle entité ficultés graphomotrices. Il est également suivi en
syndromique (Benton, 1961), le SG l’est aussi, de psychomotricité depuis l’âge de 8 ;5 ans pour
façon proche de celle précitée, sous sa forme déve- dysgraphie ainsi que pour des troubles plus
loppementale, sans que sa valeur heuristique soit généraux de la coordination motrice et visuo-
cependant remise en cause (Miller & Hynd, 2004). motrice. La latéralité manuelle est à gauche.
L’association de symptômes considérée comme rele- Une IRM cérébrale (réalisée le 27/04/10 au CHU
vant d’un SG ne manque, en effet, pas d’intérêt. Elle de la Timone, Marseille, Service de Neuro-
a notamment contribué à la tenue de débats construc- Radiologie Diagnostique et Interventionnelle
tifs concernant la relation entre performances per- du Professeur Girard), montre une absence
ceptivo-tactiles et numériques. L’hypothèse explicative « d’anomalie de signal de l’encéphale tant à
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basée sur la proximité anatomique des aires céré- l’étage sus que sous-tentoriel » et « d’anomalie
brales impliquées dans ces performances (Benton, de rehaussement après injection de gadolinium »
1987), étayée par les données tirées de travaux uti- ainsi qu’un « aspect sans particularité de l’ana-
lisant des techniques d’imagerie (Dehaene, Spelke, lyse spectrale métabolique ».
Pinel, Stanescu & Tsivkin, 1999) ainsi que celle fon-
dée sur l’idée d’une liaison fonctionnelle entre les 2. Bilan neuropsychologique
représentations concernées (Butterworth, 1999 cité
et données interdisciplinaires
par Gracia-Bafalluy & Noël, 2008) ont en outre ren-
forcé l’intérêt des chercheurs pour les aspects déve- EH est âgé de 11 ;3 ans au moment de l’évaluation.
loppementaux (voir, par exemple, Marinthe, Fayol Dans les commentaires qui suivent, les chiffres
& Barouillet, 2001). entre parenthèses renvoient à la numérotation
Comme nous l’avons déjà évoqué, le SGD est pro- des épreuves regroupées dans le Tableau I. Sauf
bablement une pathologie rare. Selon le point de saturation signalée de l’étalonnage disponible, les
vue développé plus haut, le tableau clinique qui résultats sont rapportés à l’âge chronologique de
tend à le caractériser constitue un terrain particu- l’enfant. Le lecteur trouvera en Annexe une des-
lièrement propice à l’abord conceptuel du domaine cription succincte des épreuves utilisées.
de l’acquisition des compétences arithmétiques. Pour des raisons diagnostiques, la présentation
Dans ce contexte, le présent document relate une des résultats a été divisée en trois parties. Cette
étude de cas unique. Cette dernière sera fondée sur organisation vise à mettre en relief le caractère très
une approche symptomatologique tirée de la pas- contrasté des données normatives recueillies.

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Etude d’un profil neuropsychologique relevant du syndrome de Gerstmann développemental

Déviations standard (ds) -3-2 -2-1 -1-m m m+1 +1+2 +2+3


Notes standard (ns) 1-3 4-6 7-9 10 11-13 14-16 17-19
Percentiles (p.) et Pourcentages cumulés (% c.) <9 10-29 30-49 50 51-70 71-90 >90

Potentialités intellectuelles
(1) Raisonnement analogique : SPM (p.)
Attention/Fonctions exécutives
(2) Capacités visuo-attentionnelles : Seuil de lettres (% c.)
(3) Attention sélective : Attention auditive et réponses ass. (ns)
(4) Contrôle inhibiteur : Attention audit. et rép. ass., suite (ns)
(5) Contrôle inhibiteur : Mondes contraires (% c.)
(6) Planification : Tour (ns)
(7) Flexibilité : réponses conceptuelles (p.)
(8) Flexibilité : réponses persévératives (p.)
(9) Mémoire de travail : Empan numérique inverse (ds)
Mémoire épisodique auditivo-verbale
(10) Rappel immédiat d’une histoire, unités (p.)
(11) Rappel différé d’une histoire, unités (p.)
(12) Reconnaissance différée d’une histoire (p.)
(13) Apprentissage d’une liste de mots (ns)
(14) Rappel immédiat d’une liste de mots (ds)
(15) Rappel différé d’une liste de mots (ds)

Orientation spatiale - Calepin visuo-spatial


(16) Orientation (p.)
(17) Localisation de points, note brute totale (p.)
(18) Corsi Block-Tapping Task (ds)
Stock phonologique
(19) Répétition de non-mots CV, longueur (ds)
(20) Répétition de non-mots CCV, longueur (ds)
(21) Séquences oro-motrices (p.)
Fonctions sensori-motrices
(22) Séquences motrices manuelles (p.)
(23) Tapping (ns)
(24) Distinction de doigts, main non dominante (p.)
(25) Distinction de doigts, main dominante (p.)

Apprentissage du nombre et du calcul


(26) Additions simples (% c.)
(27) Soustractions simples (% c.)
(28) Multiplications simples (% c.)
(29) Opérations avec énoncé verbal (% c.)
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(30) Comptage (% c.)
(31) Dénombrement (% c.)
(32) Comparaison de nombres oraux (% c.)
(33) Comparaison de nombres arabes (% c.)
(34) Transcodages (% c.)
(35) Classification numérique (% c.)
(36) Sériation numérique (% c.)
(37) Conservation numérique (% c.)
(38) Inclusion numérique (% c.)
(39) Décomposition additive (% c.)
(40) Connaissances conceptuelles (% c.)
(41) Estimation de la grandeur. Grandeur relative (% c.)
(42) Estimation de quantités en contexte (ds)
Acte lexique
(43) Lecture en une minute
(44) Lecture en une minute (Erreurs d’Oralisation)
(45) Lecture alphabétique (ds)

Tableau I : Résultats normatifs de l’enfant EH. Les cases grisées correspondent à des scores attendus ou non déviants
par rapport à l’âge chronologique, les cases noires à des scores pathologiques. Le type d’étalonnage inhérent à cha-
que épreuve est indiqué après sa présentation et renvoie aux trois premières lignes du tableau. (1) Raven, (2) LPNC,
Grenoble, (3,4,6,16,21->25) NEPSY, (5) TEA-Ch, (7,8) WCST, (9) WISC-IV, (10->15,17) CMS, (18) Pagulayan, Busch,
Medina, Bartok & Krikorian (2006), (19,20) Poncelet & Van der Linden (2003), (26->41) TEDI-MATH - étalonnage 8-
9 ans, (42,45) NUMERICAL - étalonnage 10;3 ans, (43,44) LMC-R.

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L’examen de la première partie du Tableau I (1->15) Le stock phonologique en production, approché


atteste de la préservation, chez EH, de l’aptitude par la mesure de la sensibilité à la longueur en
à former des concepts (1). répétition de non-mots, est d’un niveau poten-
La prise d’informations concernant les traits dis- tiellement normatif (19). Il apparaît toutefois très
tinctifs des lettres, dans le cadre de la mise en jeu largement perturbé par la complexité phonolo-
de processus visuo-attentionnels, semble perti- gique des items proposés (20). La coordination
nente et automatisée (2). De façon en partie cor- rythmique oro-motrice est pathologique (21).
rélée et malgré la lenteur de l’acte graphique (voir Ces deux derniers phénomènes pourraient être
ce qui suit), la stricte fenêtre de copie est dans la considérés comme s’exprimant de façon conjointe
norme (+0.3ds à l’épreuve « La baleine pares- en tant que reflet de la présence de difficultés tou-
seuse »). Il existe un accès correct pour l’âge chro- chant à la réalisation de séquences motrices com-
nologique à l’attention sélective sur entrée auditive plexes impliquant la sphère orale.
(3) ainsi qu’au contrôle inhibiteur initié sur les L’accès aux fonctions sensori-motrices est défici-
deux entrées (4,5). La mise en jeu de mécanis- taire.
mes de l’ordre de la planification est possible (6), La reproduction de séquences motrices manuelles
y compris en situation de flexibilité (7,8). La capa- (22) ne peut être correctement réalisée dans la plu-
cité à combiner, en temps réel, le stockage et le trai- part des cas (seulement 2 réussites totales sur 12
tement finalisé de l’information de nature items). Les séquences sont le plus souvent non
auditivo-verbale n’est pas déviante (9). Les diffi- maintenues (7 fois sur 12). Ce phénomène se pro-
cultés de comptage présentées par EH (décrites duit même quand elles n’impliquent qu’une main,
ultérieurement) ont cependant limité le nombre sans différence liée à la dominance. L’absence de
de tests pouvant lui être proposés de façon valide. maintien peut aussi s’exprimer au travers d’une
Cette restriction concerne l’épreuve d’attention simplification (généralisation aux deux mains de
soutenue sur entrée auditive alors en notre posses- gestes simultanés initialement différents). Des échecs
sion (« Coups de fusil », TEA-Ch) qui demande complets, c’est-à-dire se produisant dès le premier
un comptage mentalisé ainsi que, sur le plan de la essai de reproduction, sont aussi relevés (3/12),
mémoire de travail auditivo-verbale, les épreu- essentiellement sur les items les plus complexes.
ves « Les petits hommes verts » (TEA-Ch) et Concernant les praxies digitales (23), la répétition
« Séquences » (CMS) dont la réalisation réclame rapide d’un geste simple (opposition du pouce et de
de façon totale ou partielle la maîtrise des chaînes l’index) est délicate avec les deux mains, celle d’un
numériques verbales. mouvement séquentiel (opposition du pouce avec
L’accès à la mémoire narrative sur entrée auditive chacun des autres doigts) n’est réalisable ni avec la
est très pertinent en récit immédiat (10), différé main non dominante (droite), la séquence étant
(11) ainsi qu’en reconnaissance différée (12). immédiatement perdue, ni avec la main dominante
L’enfant utilise, de façon prégnante, un schéma (gauche), l’enfant opposant le pouce à plusieurs
narratif élaboré. L’apprentissage de listes de mots doigts à la fois ou inversant le sens de la séquence.
en contexte épisodique est dans la norme (13). Les Malgré un long passé de prise en charge pour dys-
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données stockées résistent correctement à l’in- graphie (voir la section « Eléments d’anamnèse »),
terférence (14) et au délai (15). Les résultats lar- la graphomotricité demeure sérieusement pertur-
gement positifs concernant la mémoire narrative bée. Ce trouble se marque par un aspect coûteux
en production vont dans le sens des éléments de l’acte, une dégradation dans la durée et, surtout,
d’anamnèse ainsi que des données orthophoni- par une importante lenteur (niveau CE2 pour la
ques antérieures et actuelles qui témoignent de vitesse d’écriture au BHK). Les productions intrin-
l’existence d’un langage oral bien construit et très sèques ponctuelles peuvent cependant être désor-
riche sur le plan du vocabulaire. mais d’une qualité non négligeable (score global
La deuxième partie du Tableau I (16->25) met du BHK atteignant, de très peu, le niveau CM2).
par contre en évidence la présence de troubles La discrimination digitale est très imparfaite pour
patents chez EH. les deux mains (24,25). Pour la main non domi-
Les épreuves faisant appel à l’orientation spatiale nante (droite), EH commet 8 confusions sur 18
sont nettement échouées (16). Ce phénomène réponses données. Comme le montre le Tableau
englobe les situations d’analyse visuo-spatiale, II, la perturbation des représentations concerne
notamment dans le cadre d’activités de stockage majoritairement les rapports majeur/annulaire et
en mémoire à court terme (17,18). Le bilan psy- annulaire/auriculaire, dans les deux sens (7 erreurs
chomoteur éclaire en partie les résultats précé- sur les 8 commises). Le pouce est correctement
dents en attestant de la présence de sévères discriminé. Pour la main dominante (gauche),
difficultés d’accès aux repérages latéralisés sur l’enfant apparaît encore plus en difficulté que
soi et en situation de décentration. pour la main non dominante. Il commet, en effet,

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Etude d’un profil neuropsychologique relevant du syndrome de Gerstmann développemental

Types de confusions Main dominante (gauche) Main non dominante (droite)


PO/IN IN/PO 2
IN/MA MA/IN 2 1 1
MA/AN AN/MA 2 2 2 1
AN/AU AU/AN 2 2 2 2
IN/AN AN/IN 1
MA/AU AU/MA 1
Tableau II : Nombre de confusions de chaque type commises pour les deux mains par l’enfant EH dans l’épreuve de
discrimination digitale de la NEPSY. PO=pouce, IN=index, MA=majeur, AN=annulaire, AU=auriculaire.

15 confusions sur 18 réponses données. La per- peuvent en outre être commises sur des collections
turbation des représentations concerne, ici, les cinq non linéaires, en relation probable avec les difficul-
doigts (même si 9 erreurs commises correspon- tés d’orientation spatiale et d’analyse visuo-spatiale
dent à celles relevées pour la main droite). Les rap- décrites plus haut). Les opérations avec retenues
ports index/majeur sont affectés de façon plus nette sont totalement échouées. Les troubles précités
que pour la main droite et dans les deux sens. Les affectent aussi la résolution de problèmes basiques
difficultés s’étendent, en outre, aux rapports en calcul mental (29), de façon toutefois couplée à
pouce/index, index/annulaire et auriculaire/majeur, une appréhension parfois insuffisante de la situation
uniquement dans le sens cité. proposée.
Les aspects praxiques constructifs, bien qu’insuf- Dans les tâches de cardinalité dont la consigne fait
fisamment maîtrisés, sont toutefois accessibles explicitement appel au nombre, EH tente d’appliquer
de façon non déviante dans certaines conditions. des critères numériques. Cela est le cas dans l’épreuve
Cela semble être le cas lorsque la charge de coor- « Utilisation fonctionnelle du dénombrement » où,
dination visuo-manuelle requise par la tâche est après un temps de latence, il décide de compter à sa
limitée par l’absence de réelle demande de produc- façon (donne la réponse « 6 chapeaux » en passant
tion d’ordre graphique (note standard de 7/19 probablement directement de 3 à 5). Dans l’épreuve
aux « Cubes » de la NEPSY). « Construction de deux collections numérique-
La troisième partie du Tableau I (26->45) illustre ment équivalentes », cet enfant commence par un
les potentialités d’abord du langage écrit (calcul comptage/dénombrement inexact de la collection de
et lecture) chez EH. départ (9 vs 7) et finit par construire une collec-
L’accès au calcul apparaît extrêmement perturbé. tion de 7 éléments en utilisant une très laborieuse
La réalisation mentalisée d’opérations avec énoncé stratégie de correspondance terme à terme (sans
arithmétique est pathologique par rapport à un éta- rapport direct repérable avec son activité première
lonnage saturant à 8-9 ans (TEDI-MATH), l’enfant de comptage). La comparaison de nombres oraux
étant âgé de 11;3 ans au moment de la passation. Les est loin d’être parfaite (32). Celle de nombres ara-
difficultés relevées concernent en particulier les bes apparaît encore plus délicate que la précédente
additions (26) et les soustractions (27) simples (33), dans le cadre de la présence de sévères difficul-
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(respectivement <9% et 11 % en pourcentages cumu- tés de transcodage (34). L’abord des opérations logi-
lés) ainsi que, de façon relativement moindre, les ques de classification numérique est, encore,
multiplications simples (18 %, 28). Les réalisations nettement insuffisant (résultat correspondant à un
pouvant être considérées comme faisant appel à un pourcentage cumulé de 40 % pour 8-9 ans, 35).
savoir procédural élémentaire, voire à l’utilisation de L’enfant ne prend pas spontanément en compte le cri-
faits numériques attenants, sont généralement cor- tère numérique dans ses tentatives de classement de
rectes (0+8=8, 5+0=5, 40-20=20, 36-10=26, 8x0=0, cartes comprenant des symboles divers. Il peut, par
3x5=15), par opposition à celles supposées requé- contre, réussir les activités de classification à base non
rir l’utilisation de mécanismes de l’ordre du comp- numérique en démontrant une capacité à extraire
tage (3+5=?, 9-5=?, 16-4=?). La chaîne numérique une propriété et à mettre en lien des éléments selon
verbale est, d’ailleurs, très imparfaitement maîtrisée cette dernière.
(30). Les activités de comptage à l’endroit et à Malgré la présence de simples hésitations sur le
rebours donnent lieu, de façon variable, à des omis- plan de l’inclusion numérique (relevant probable-
sions de mots-nombres (4, 14, 17 lors des deux ment des liens supposés entre cette dernière et les
essais successifs et 24 itérativement pour un comp- activités de classification), les autres opérations
tage de 1 à 31 ainsi que 14 et 7 pour un comptage logiques sur les nombres : sériation, conservation,
de 15 à 0, par exemple). Les erreurs touchant à la inclusion et décomposition additive sont accessibles
chaîne numérique verbale sont reproduites en situa- (36->39), toujours au niveau de base correspon-
tion de dénombrement (31), à partir d’un poin- dant à l’épreuve utilisée. De façon radicalement dif-
tage correct (cependant, des erreurs de marquage férente par rapport au déficit de réalisation de calculs

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élémentaires mentalisés décrit plus haut, EH possède la norme et d’autres reflétant la présence de défi-
des connaissances étendues sur l’organisation logi- cits. L’aspect prononcé de ce phénomène amène à
que des opérations arithmétiques (40). Il peut, considérer qu’il pourrait être le reflet de caracté-
enfin, estimer une quantité, si elle est petite et pré- ristiques fonctionnelles à valeur heuristique.
sentée en contexte, à partir du système numérique Les zones de potentialités exprimées concernent
(41), même pour un niveau proche de celui cor- les fonctions attentionnelles et exécutives. Du
respondant à son âge chronologique (42, étalon- point de vue attentionnel, l’enfant apparaît capa-
nage 10 ;3 ans). ble de focalisation et d’inhibition. Il peut ainsi
Du strict point de vue leximétrique qui nous inté- opérer, de façon éventuellement maintenue, soit
resse directement ici, l’accès à l’acte lexique, appro- une prise d’informations adéquates (par exemple
ché par la mesure du niveau d’identification de mots sur les traits distinctifs des lettres au travers des
isolés à travers la vitesse, est très proche de la norme processus visuo-attentionnels), soit un tri parmi
pour l’âge chronologique. L’enfant lit 73 mots en différentes informations (rehaussement des don-
une minute, en commettant seulement 5 erreurs nées pertinentes et inhibition conjointe des autres).
(43,44). Il est encore à signaler, bien que cela ne Sur le plan exécutif, EH peut utiliser des indices
constitue pas un test à proprement parler, que la convergents amenant à la mise en jeu d’un rai-
lecture de nombres écrits en lettres est exacte (45). sonnement par analogies. Il est encore capable
Des résultats légèrement ultérieurs (11;8 ans) étayent de planifier des données en contexte de flexibilité,
ce qui précède (-0.2ds en lecture de mots réguliers c’est-à-dire d’établir un but en fonction de diffé-
et +0.7ds en lecture de mots irréguliers à l’épreuve rentes contraintes d’organisation et de contrôler
« REGUL » de la BELEC, avec, dans les deux cas, un le déroulement d’une activité en cours. Cet enfant
temps de lecture normal). semble ici pouvoir s’appuyer sur des potentialités
L’abord de l’orthographe phrastique sous dictée de maintien actif en mémoire des données, voire
est délicat. Les données recueillies lors de l’évalua- des représentations, nécessaires à la réalisation
tion initiale témoignent de la présence majoritaire de la tâche (mémoire de travail). Ces potentiali-
d’erreurs morphosyntaxiques (p>95 sur ce plan tés sont exprimées hors demandes de manipula-
au test « Chronosdictées », hors contrainte tempo- tion de données numériques.
relle). Des potentialités phonologiques et lexica- L’analyse du langage oral formel ne montre aucun
les peuvent être démontrées en transcription sous signe de déviance. Dans ce cadre, la mémoire épi-
dictée d’items isolés, mais apparaissent nettement sodique auditivo-verbale est d’un niveau correct
plus délicates à utiliser en contexte phrastique (- sur le plan narratif. Il en est de même sur celui de
1ds aux logatomes de la L2MA vs -5.5ds en « ortho- l’organisation de l’encodage/restitution de don-
graphe phonétique » des Chronosdictées ; scores nées lexicales dont le nombre dépasse la taille de
de +0.6ds, moyen et de -1ds respectivement pour l’empan.
les graphies inconsistantes contextuelles domi- L’acte lexique est techniquement préservé et des
nantes, dérivables par la morphologie et indéri- potentialités orthographiques sont présentes, pro-
vables de la BELEC vs -1.7ds en « orthographe bablement contrariées dans leur expression par le
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lexicale » de la dictée précitée - évaluations réali- manque d’automatisation de la graphomotricité,
sées à 11 ;8 ans). EH semble être en surcharge cog- très coûteux en ressources cognitives.
nitive quand il doit gérer les différentes Les zones déficitaires peuvent être regroupées
compétences orthographiques. Ce phénomène selon quatre axes :
pourrait être lié à un manque d’automatisation de – les capacités d’orientation spatiale et d’analyse
la graphomotricité (voir plus haut) qui la rendrait des relations visuo-spatiales,
trop coûteuse d’un point de vue cognitif pour per- – la maîtrise des séquences complexes relevant de
mettre à l’enfant d’utiliser des ressources suffisan- la motricité fine (coordination rythmique impli-
tes à la mise en jeu adaptée des traitements quant la sphère orale, reproduction de séquen-
orthographiques (lexico-phonologiques) et mor- ces manuelles et digitales, coordination du geste
phosyntaxiques impliqués dans la transcription graphique),
de phrases sous dictée (Mazeau, 2005). – la discrimination digitale,
– l’accès au calcul élémentaire.
Le regroupement de ces quatre symptômes, la
III. Discussion façon très prégnante dont ils émergent du tableau
clinique, le niveau de préservation et les carac-
Comme nous l’avons signalé au début de la section téristiques fonctionnelles des autres potentiali-
consacrée à la présentation des résultats du bilan tés ainsi que l’absence de trouble patent relevable
neuropsychologique, EH présente un profil cli- à l’IRM cérébrale ont orienté le cheminement
nique très contrasté, où coexistent des scores dans diagnostique vers la présence, chez EH, d’un SGD.

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Etude d’un profil neuropsychologique relevant du syndrome de Gerstmann développemental

Dans le but de tenter d’aborder d’un point de vue compte. L’utilisation des doigts est en effet consi-
théorique les troubles mis au jour, il semble oppor- dérée comme intervenant de façon importante
tun, en premier lieu, de reconsidérer de façon inter- dans le développement des compétences arithmé-
prétative certaines données évaluatives recueillies. tiques (Fuson, 1988 cité par Geary, 2005; Rusconi,
Malgré la présence de particularités, l’existence Walsh & Butterworth, 2005). Elle interviendrait
d’une compréhension de base du principe de car- notamment comme support à la chaîne numérique
dinalité ne peut être réellement exclue, chez EH, à verbale (voir, par exemple, Sato & Lalain, 2008),
l’examen des résultats relevés dans les tâches stric- au dénombrement (Gallistel & Gelman, 1992) et
tement attenantes. L’enfant peut satisfaire directe- au développement des capacités de représenta-
ment à ce principe par l’utilisation d’un comptage, tion des quantités numériques (Brissiaud, 2003).
au demeurant inexact (voir l’épreuve « Utilisation Il est plus que probable que cet aspect supposé de
fonctionnelle du dénombrement »). Sans y satisfaire l’abord développemental de l’arithmétique ne soit
au sens commun et de façon plus équivoque que la pas performant chez EH.
précédente, il utilise cependant encore initiale- Au total, le déficit objectivé dans les strictes compé-
ment un comptage (toujours inexact) pour déter- tences arithmétiques (les connaissances sur l’orga-
miner le nombre d’objets d’une collection, puis y nisation logique des opérations arithmétiques étant
renonce et parvient à ses fins en adoptant une autre préservées au contraire de la réalisation mentali-
stratégie (voir l’épreuve « Construction de deux sée d’opérations censées impliquer le recours à l’uti-
collections numériquement équivalentes »). lisation de mécanismes de l’ordre du comptage et une
Les activités de comptage/dénombrement, décri- sensibilité à la notion générale de quantité étant
tes comme une zone d’interface développementale relevable) s’observe dans un contexte de manque
entre le sens du nombre et les acquisitions numé- d’accès à la représentation mentale des quantités
riques imposées par l’environnement social, sont numériques. Ce trouble dans l’abord de la quantité
très mal maîtrisées par EH. Ce manque de maîtrise à laquelle les nombres se réfèrent peut faire écho, au
est manifestement impliqué dans l’expression des moins en partie, à la fonction décrite comme rele-
données précitées et, probablement, dans les par- vant du code analogique dans le modèle anatomo-
ticularités fonctionnelles qu’elles soulignent. fonctionnel ‘triple-code’ (Dehaene & Cohen, 1995;
L’interprétation couplée des deux séries de données Dehaene, Piazza, Pinel & Cohen, 2003). Dans ce
reconsidérées plus haut nous semble de nature à s’in- cadre, les activités de jugements de quantités numé-
tégrer à une réflexion portant sur le niveau d’accès fina- riques, censées relever de la comparaison de posi-
lisé aux représentations numériques chez cet enfant. tions sur une ligne numérique mentale orientée,
Cette réflexion est largement amenée par le fait que pourraient aussi être éventuellement gênées par les
des représentations numériques ne sont pas sponta- difficultés précitées dans les représentations d’ordre
nément mises en jeu dans des tâches à composante visuo-spatial. De façon toutefois plus directement
perceptive non directement explicites à ce niveau en rapport avec les données recueillies, le trouble
(voir l’absence d’utilisation de critères numériques décrit plus haut s’exprime principalement dans le
dans l’épreuve de classification, pour les cartes com- contexte d’un déficit de discrimination digitale,
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portant des symboles divers). Il est encore à noter bilatéral (bien que plus marqué à gauche), pouvant
que la comparaison de nombres oraux s’avère insuf- évoquer un manque dans les représentations atte-
fisamment performante. Les mots-nombres ne sem- nantes au niveau cérébral (d’après le point de vue de
blent pas forcément évoquer une quantité de façon Butterworth, abordé dans la première section de ce
exacte. Ce phénomène, bien que probablement ren- document).
forcé (et opacifié) à la fois par le transcodage en lui- Ce qui précède va clairement dans le sens des
même et par les difficultés d’EH à ce niveau, est travaux mettant en rapport l’acquisition d’habi-
encore visible en comparaison de nombres arabes. letés arithmétiques et les performances perceptivo-
Des connaissances sur le nombre (les autres opé- tactiles (Gracia-Bafalluy & Noël, 2008 ; Marinthe
rations logiques hormis la classification, épreuve et al., 2001 ; Noël, 2005).
requérant la mise en jeu intuitive de représentations Si nous considérons avec Brissiaud (2003) que le
numériques) ainsi que des capacités d’estimation, fait de calculer consiste à mettre en relation des
limitées à de petites quantités présentées en quantités, directement à partir de leurs représen-
contexte, sont néanmoins objectivables. L’enfant, qui tations numériques, c’est probablement à ce niveau
plus est capable d’activités de classification à base que le trouble principal d’EH se situe.
non numérique, semble donc apte à montrer une Malgré toute la prudence évidemment nécessaire
sensibilité à la quantité d’une façon générale. sur ce plan, les données développées dans la pré-
A ce niveau de notre réflexion, le troisième axe sente étude de cas, de par leur aspect très contrasté
déficitaire précité, c’est-à-dire celui concernant la et leurs caractéristiques évoquant l’hypothèse d’un
discrimination digitale, semble pouvoir être pris en dysfonctionnement d’ordre pariétal, vont plutôt

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J.P. WALCH

dans le sens du courant théorique considérant à la Dehaene & Spelke, 2004). Ce point de vue est
fois l’implication dans la performance arithmétique actuellement étayé par des travaux en imagerie
d’un système neurocognitif spécifique (Dehaene et fonctionnelle montrant le probable rôle, chez l’en-
al., 1999 ; Geary, 2007) et l’existence de retom- fant, des lobes pariétaux et en particulier du sillon
bées pathologiques de ses éventuelles anomalies intrapariétal (IPS) dans ce genre de performance
développementales (Butterworth, 2005; Feigenson, (Kucian et al., 2006 ; Simos et al., 2008).

Remerciements
L’auteur tient à remercier ses collègues, Anne-Gaëlle LEFEVRE (Orthophoniste) et Arielle
BACQUE-BOCHATON (Psychomotricienne) pour lui avoir permis d’utiliser des données
chiffrées relevant de leurs disciplines respectives.

Références
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Brissiaud, R. (2003). Comment les enfants apprennent à calculer ? Paris : Retz.
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Etude d’un profil neuropsychologique relevant du syndrome de Gerstmann développemental

Annexe
Description succincte des épreuves utilisées lors de l’évaluation d’EH, dans l’ordre de pré-
sentation du Tableau I
(1) SPM (Raven, J.C., Court, J.H. & Raven, J. (1999). Progressive matrices standard. Paris : Editions et
Applications Psychotechniques). Approche de l’aptitude à développer un système de raisonnement.
Il s’agit ici de l’appréhension de la relation existant entre différentes figures et du choix de la figure
complétant chaque système de relations.
(2) Seuil de lettres (LPNC: Laboratoire de Psychologie et Neuro-Cognition, UMR 5105 CNRS, Université
Pierre Mendès France, Grenoble). Nommer des lettres présentées isolément au centre de l’écran (un
point de fixation central est proposé). 5x10 items sont présentés à des vitesses variant de 33 ms à
101 ms. Le seuil de lettres correspond à la durée minimale de présentation pour laquelle l’enfant obtient
80 % d’identifications correctes. Les lettres proposées sont des consonnes (MDSRHTFL).
(3) Attention auditive et réponses associées (Korkman, M., Kirk, U., & Kemp, S. (2003). NEPSY. Bilan
neuropsychologique de l’enfant. Paris : Editions du Centre de Psychologie Appliquée). A partir de 180
mots entendus, réagir dans la durée uniquement au mot « rouge » présenté parmi d’autres mots
incluant des noms de couleurs. L’enfant répond en mettant le plus vite possible un carré rouge dans
une boîte (des carrés jaunes, rouges, bleus et noirs sont proposés). (4) Attention auditive et répon-
ses associées : suite. A partir de 180 mots entendus, donner la réponse « jaune » quand on entend
« rouge », « rouge » pour « jaune » et « bleu » pour « bleu ». Les cibles sont présentées parmi d’au-
tres noms de couleurs et d’autres mots. Les conditions de réponses sont les mêmes qu’en (3).
(5) Mondes contraires (Manly, T., Robertson, I.H., Anderson, V., & Nimmo-Smith I. (2006). TEA-Ch.
Test d’Evaluation de l’Attention Chez l’enfant. Paris : Editions du Centre de Psychologie Appliquée).
Dans le monde à l’endroit, nommer les chiffres « 1 » ou « 2 » tels qu’ils se succèdent dans les
cases d’un parcours donné. Dans le monde à l’envers, dire « un » quand on voit le chiffre « 2 » et
« deux » quand on voit le chiffre « 1 ».
(6) Tour (NEPSY). Réaliser un modèle en déplaçant trois boules colorées sur trois tiges suivant un nom-
bre défini de déplacements, en fonction de différentes règles.
(7,8) WCST (Heaton, R.K., Chelune, G.J., Talley, J.L., Kay, J.J., & Curtiss, G. (2002). WCST. Test de
Classement de Cartes du Wisconsin. Paris : Editions du Centre de Psychologie Appliquée). Découvrir,
à partir des réponses ‘oui-non’ de l’adulte, les critères permettant de classer plusieurs items par rap-
port à des cartes de référence. 6 (3x2) critères sont à découvrir et à valider. Une validation équivaut
à 10 réponses exactes consécutives. Chaque validation entraîne un changement immédiat de critère.
(9) Empan numérique inverse (Wechsler, D. (2005). WISC-IV. Echelle d’intelligence de Wechsler pour
enfants, 4e édition. Paris : Editions du Centre de Psychologie Appliquée). Répéter, à l’envers, des séries
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de plus en plus longues de chiffres données une seule fois à l’oral.
(10) Histoires 1 (Cohen, M.J. (2001). CMS. Echelle de mémoire pour enfants. Paris : Editions du Centre
de Psychologie Appliquée). Rappel libre immédiat de deux histoires entendues. (11) Histoires 2.
Rappel libre différé d’Histoires 1, après un délai de rétention de 25’ à 35’. (12) Histoires 2.
Reconnaissance différée d’Histoires 1, juste après le rappel libre différé (réponses oui/non à une série
de questions précises concernant les deux histoires).
(13) Apprentissage de listes de mots (NEPSY). Apprendre, en 5 essais, une liste de 12 mots en contexte
épisodique. Rappel libre immédiat, non ordonné, après chaque essai d’apprentissage. Calcul d’un
effet d’apprentissage. (14) Rappel libre non ordonné de la liste précitée, immédiatement après
présentation d’une liste interférente. Calcul d’un effet d’interférence. (15) Rappel libre non ordonné
de la même liste, après un délai de 25’ à 35’. Calcul d’un effet de délai.
(16) Orientation (NEPSY). Retrouver une maison cible (initialement désignée sur une carte simplifiée)
sur une plus grande carte sur laquelle figurent d’autres maisons et d’autres rues.
(17) Localisation de points (CMS). Mémoriser, en 3 essais d’apprentissage, l’emplacement de points
sur une page et reproduire la configuration sur une grille, avec des jetons.
(18) Corsi Block-Tapping Task (Pagulayan, K.F., Busch, R.M., Medina, K.L., Bartok, J.A., & Krikorian,
R. (2006). Developmental Normative Data for the Corsi Block-Tapping Task. Journal of Clinical and
Experimental Neuropsychology, 28, 1043-1052). Montrer, dans le même ordre et à la suite de l’adulte,
des séries de plus en plus grandes de plots identiques disposés dans l’espace.

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J.P. WALCH

(19,20) Répétition de non-mots (Poncelet, M., & Van der Linden, M. (2003). L’évaluation du stock pho-
nologique de la mémoire de travail : élaboration d’une épreuve de répétition de non-mots pour popu-
lation francophone. Revue de Neuropsychologie, 13(3), 375-405). Répéter deux listes de non-mots.
La première est composée de 7 séries de trois items de structure CV (de 2 à 8 syllabes), la deuxième
de 5 séries de trois items de structure CCV (de 2 à 6 syllabes).
(21) Séquences oro-motrices (NEPSY). Répéter 5 fois de suite des séquences sonores de complexité pro-
gressive ainsi que des phrases très difficiles à prononcer (« virelangues »).
(22) Séquences motrices manuelles (NEPSY). Reproduire 5 fois, après un entraînement, une séquence
rythmique (uni- ou bimanuelle) initialement montrée par l’examinateur.
(23) Tapping (NEPSY). Taper le pouce contre l’index 32 fois de suite, aussi vite que possible. Taper le
plus vite possible, chacun des doigts (de l’index à l’auriculaire) contre le pouce. La réalisation de
8 séquences correctes est ici demandée. Chaque item est réalisé avec les deux mains.
(24) Distinction de doigts (NEPSY). L’examinateur touche un ou deux doigts de l’enfant (simultané-
ment), à l’abri de son regard. L’enfant doit alors indiquer, avec la main controlatérale, quel(s)
doigt(s) a (ont) été touché(s).
(26->41) TEDI-MATH (Van Nieuwenhoven, C., Noël, M.P., & Grégoire, J. (2001). TEDI-MATH. Test
Diagnostique des Compétences de Base en Mathématiques. Paris : Editions du Centre de Psychologie
Appliquée). (26->28) Réaliser mentalement des opérations avec énoncé arithmétique (29) Résoudre
mentalement des problèmes présentés à l’oral. (30) Compter le plus loin possible, avec une borne
supérieure, inférieure, inférieure et supérieure, à rebours et par pas. (40) Connaissances concep-
tuelles (répondre, à partir d’un support écrit, à des questions du genre : « Si tu sais que 29+66=95,
est-ce que cela t’aide pour faire 66+29 ? Pourquoi ? »). (41) Montrer, parmi deux nombres, quel est
le plus proche d’un nombre-cible (les items sont écrits en chiffres).
(42) Estimation de quantités en contexte (Gaillard, F. (2000). NUMERICAL. Test neurocognitif pour
l’apprentissage du nombre et du calcul. Actualités Psychologiques, édition spéciale). Répondre à
des questions du genre : « Tu reçois une lettre de vingt pages, c’est peu, moyen ou beaucoup ? »
(43,44) LUM (Khomsi, A. (1999). Lecture de mots et compréhension : L.M.C-R. Paris : Editions du
Centre de Psychologie Appliquée). Lire, en une minute, un maximum de mots sur une liste com-
portant 105 items ordonnés en fonction de leur transparence ou de leur familiarité.
(45) Lecture alphabétique (NUMERICAL). Lecture de nombres écrits en lettres.

Description succincte des épreuves dont les résultats sont cités hors Tableau I, dans l’ordre
chronologique de leur apparition dans le texte
« La baleine paresseuse » (Decourchelle, A., & Exertier, C. (2002). Elaboration et évaluation de la validité
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d’une épreuve de copie contribuant au diagnostic de dyslexie : comparaison des résultats d’enfants dyslexi-
ques de surface et phonologiques à ceux de groupes témoins du CE1 au CM2. Mémoire d’Orthophonie,
Université Claude Bernard-Lyon 1, Lyon). Copier un texte, pendant 3 minutes. Calcul de la fenêtre
de copie (rapport entre le nombre de caractères copiés et celui de retours visuels au modèle).
Vitesse d’écriture (efficience en écriture). Qualité de l’écriture (Charles, M., Soppelsa, R., & Albaret,
J.M. (2003). BHK : Echelle d’évaluation rapide de l’écriture chez l’enfant. Paris : Editions et Applications
Psychotechniques). Copier, pendant 5 minutes, un texte selon la vitesse habituelle d’écriture. La
vitesse d’écriture correspond au nombre de caractères écrits pendant le temps imparti. 13 mesu-
res relatives à la qualité de l’écriture (correspondance aux normes calligraphiques scolaires) sont
aussi extraites de la production écrite de l’enfant.
Cubes (NEPSY). Reproduire, à partir d’images, des constructions en trois dimensions.
REGUL (Mousty, P., Leybaert, J., Alegria, J., Content, A, & Morais, J. (1999). BELEC, une batterie d’éva-
luation du langage écrit et de ses troubles. Revue Européenne de Psychologie Appliquée, 49, 325-342).
Lecture de 24 mots réguliers et de 24 irréguliers appariés en fréquence et en longueur.
Orthographe phrastique sous dictée (Baneath, B., Boutard, C., & Alberti, C. (2006). Chronosdictées.
Isbergues : Ortho Edition). Transcrire un texte lu par l’orthophoniste, ici sans contrainte temporelle.
Dictée de logatomes (Chevrie-Muller, C., Simon, A.M., & Fournier, S. (1997). L2MA : Batterie « Langage
oral, Langage écrit, Mémoire, Attention ». Paris : Editions du Centre de Psychologie Appliquée).
Transcrire 15 items constitués de syllabes complexes et de disyllabes.

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