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Des théories

Penser la schizophrénie aujourd'hui


Alfredo Zenoni
Dans Cahiers de psychologie clinique 2003/2 (n° 21), pages 61 à 72
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 1370-074X
ISBN 2-8041-4183-7
DOI 10.3917/cpc.021.0061
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 17/04/2024 sur www.cairn.info (IP: 31.37.15.203)

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PENSER
LA SCHIZOPHRÉNIE
AUJOURD’HUI
Alfredo ZENONI*

Dès son invention par Bleuler, la notion de schizophrénie, destinée à


remplacer celle de « démence précoce », a eu comme résultat, si non
comme but, de neutraliser la nouveauté de la clinique des psychoses
introduite par la psychanalyse. Ce fut un résultat paradoxal puisque
Bleuler et son collaborateur Jung avaient eu l’intention de promouvoir
le principe d’une interprétation possible des phénomènes psychiatri-
ques à l’aide des mécanismes isolés par Freud. Il s’agissait, par
exemple, de montrer que tel propos dépourvu de sens, tel mot inventé
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ou tel raisonnement illogique n’étaient pas le fruit d’un pur hasard,
mais étaient l’effet de l’un ou l’autre mécanisme qui caractérise la vie
psychique lorsqu’elle n’est plus soumise au supposé pouvoir régula-
teur et unificateur du moi : condensation, déplacement, association
d’idées sur la base d’une similitude phonétique, expressions métapho-
riques prises à la lettre, etc.
Seulement, cet intérêt pour le déchiffrage des phénomènes patho-
logiques, loin d’être en continuité avec les hypothèses freudiennes sur
l’origine de la folie, n’était que l’envers d’un projet clinique visant à
en ramener toute la symptomatologie à un trouble fondamental,
d’ordre essentiellement intellectuel1, le trouble de l’association des
idées. Il était inadmissible que l’homme pût être divisé, « schizé » du
fait de son humanité même, à cause de la libido spécifique qui l’anime,
comme cela avait été mis en évidence pour les névroses. Les « méca- * Psychanalyste, 65 rue
nismes freudiens » étaient seulement invoqués pour illustrer une Elise B–1050 Bruxelles
déstructuration du pouvoir de synthèse du moi et de la conscience qui 1 J.-A. Miller,
Schizophrénie et
ne pouvait laisser supposer d’autre étiologie que de nature organique paranoïa, Quarto, n∞ 10,
ou toxique. 1982.

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Retour à Freud

Une conséquence majeure de la promotion du « groupe des schi-


zophrénies », que Bleuler lui-même souligne2, a été de diminuer
notablement l’importance nosologique de la paranoïa et des délires
paranoïaques (la paranoïa devenant une des formes légères du même
processus fondamental de dissociation). Non sans raison, car la
considération de la paranoïa oblige à prendre en compte le fait que
l’absence de troubles de l’attention, du raisonnement, de la mémoire,
de la capacité d’exécuter des tâches, bref l’absence de déficits n’em-
pêche pas un homme ou une femme d’être fous. Les différentes formes
de la paranoïa imposent plus nettement l’hypothèse que, d’une ma-
nière ou d’une autre, c’est quelque chose de l’ordre d’une modification
ou d’un destin de la libido, de l’investissement ou du transfert qui y est
en cause. Dans le style de vie d’un sujet qui mène, par exemple, un
combat juridique à outrance contre les membres de sa famille ou doit
répétitivement se soustraire aux manigances de ses voisins ou encore
ne cède pas sur la certitude d’un amour, sans que ses capacités
professionnelles ou sa perception en soient le moins du monde
perturbées, il s’agit d’autre chose que d’une démence.
C’est pourquoi Freud tient non seulement à maintenir séparée la
paranoïa de la schizophrénie, mais aussi à en faire la forme type de la
psychose, s’il s’agit de distinguer celle-ci des troubles de l’esprit
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d’origine infectieuse ou toxique. Tandis qu’avec sa nouvelle entité,
qui pourtant représente une première application des idées freudien-
nes au champ de psychoses, Bleuler accentue de nouveau l’idée de la
dimension pour ainsi dire « mentale » de la maladie, confirmant
l’installation de la psychose dans le champ des pathologies d’origine
2 Voir, par exemple, organique, à l’instar de la maladie d’Alzheimer ou du syndrome de
E.Bleuler, H.Claude, La Korsakoff. Si bien que la notion de schizophrénie a fini par s’imposer,
schizophrénie en débat,
L’Harmattan, Paris,
dans la psychiatrie anglo-saxonne notamment, comme étant syno-
2001, p.13. nyme à la fois de psychose et d’une étiologie d’ordre « probablement »
3 Sur le degré de génétique3, entre les « troubles bipolaires » et les « troubles cogni-
cette « probabilité », on
lira avec intérêt la
tifs », sans plus rien avoir à voir avec le registre des « maladies de la
communication de libido » freudiennes.
C.Ross, in M. De
Clercq, J. Peuskens
Penser la schizophrénie aujourd’hui comporte, donc, de revenir sur
(Eds), Les troubles l’origine de cette notion, au niveau du débat clinique engagé par Freud
schizophréniques, De avec les deux psychiatres zurichois, pour saisir les raisons de sa
Boeck & Larcier, préférence pour la paranoïa. Aux yeux de Freud, la paranoïa permet
Bruxelles, 2000,
Question 12, p. 477- mieux que la schizophrénie de ne pas assimiler la folie humaine à une
490. démence, puisque ses différentes formes s’articulent comme autant de

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manières de contredire une formule libidinale de base (« Moi, (un


homme) je l’aime (lui, un homme) ») qui permet de situer la psychose
sur le même versant que ces autres pathologies de la condition
humaine que sont les névroses. Elle pose nettement la question d’une
autre causalité que la causalité qui est en jeu dans les perturbations
mentales d’origine organique.
Lacan rappelle d’emblée, dans son séminaire sur Les psychoses,
que pour Freud le champ des psychoses se divise en deux : la paranoïa
et le reste, et que la paranoïa en est l’objet d’intérêt essentiel4. Pour
Lacan aussi, le privilège de la paranoïa correspond à la considération
de la folie comme constituant une caractéristique, non pas de quelques
individus, mais de l’humanité comme telle, au point d’avoir lui-même
commencé son travail clinique en repensant le moi et la dimension
imaginaire à partir de la paranoïa et, inversement, la paranoïa à partir
du rapport d’identification à autrui (avec le « stade du miroir »).
Le premier temps de l’opération de rectification de la clinique
bleulerienne consiste donc à rétablir, à coté du pôle schizophrénique,
le pôle paranoïaque de la psychose. Cela permet d’éviter son glisse-
ment vers le régime des démences et autres troubles cognitifs, en la
replaçant dans le champ des maladies de la libido. La clinique de la
schizophrénie va alors pouvoir se construire, non comme un catalogue
de pratiquement tous les déficits concevables d’un fonctionnement
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mental supposé normal, mais en relation de contraste avec les carac-
téristiques de la paranoïa, comme équivalent au niveau du corps et de
la langue, de ce qui se passe au niveau du rapport à l’Autre et du sens
dans la paranoïa.
Toutefois, dans un deuxième temps, il s’agit de faire le chemin
inverse, en reconsidérant la psychose à partir de son versant schizoph-
rénique. Au regard des positions subjectives définies comme autant de
modalités de défense contre ce que Freud appelait une « expérience
primitive de satisfaction », et qu’avec Lacan on appellera le réel de la
jouissance, la schizophrénie peut, en effet, être considérée comme la
modalité paradigmatique de la psychose, pour autant que l’absence de
défense par rapport à ce réel n’est même pas recouverte par l’imagi-
naire et les idéaux qui sont opérants sur le versant paranoïaque.5 Elle 4 J. Lacan, Le
manifeste en quelque sorte sans voiles et sans défense l’incidence Séminaire, Livre XI,
d’une jouissance, tout à fait distincte de la satisfaction des besoins Seuil, Paris, 1981, p.12.
5 J.-A. Miller, Clinique
élémentaires, qui est la prérogative et le drame du corps qui est pris ironique, La cause
dans l’élément du langage. freudienne, 23, p. 7-13.

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C’est donc une brève clinique différentielle de la psychose, réunis-


sant ces deux temps, qui sera évoquée maintenant, pour déboucher
ensuite sur ses implications quant à la pratique.

La psychose, quand l’Autre n’existe pas

Dans son aspect paranoïaque, la psychose apparaît être le destin d’une


libido qui, bien que non refoulée ou non « metaphorisée », parvient
cependant à se projeter dans la dimension de l’Autre, ce que Lacan
formule dans ces termes : « la jouissance est identifiée dans le lieu de
l’Autre »6. De là vient que l’Autre se trouve en priorité, et de différen-
tes manières, intéressé par le sujet, par exemple sous la forme du
voisinage qui provoque des nuisances diverses à son intention, des
passagers d’un tram qui le regardent de travers, des chansons à la radio
qui font allusion à sa vie ou du médecin qui est amoureux de lui ou
d’elle : autant de façons d’être au centre de l’humanité, au centre de ce
qui se passe – sous un mode persécutif ou mégalomaniaque – qui
témoignent du statut d’objet de l’Autre, de jouissance de l’Autre, que
l’être du sujet réalise. Il est important ici de ne pas oublier que l’Autre
ne désigne pas seulement les autres, quelqu’un d’autre, mais aussi une
dimension, comme la dimension de sa propre image ou de sa propre
définition sociale, qui sont « autres » par rapport au « même » d’une
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jouissance qui resterait purement et simplement enfoncée dans
l’autoérotisme. La dimension de l’Autre est ce qui fait que la jouis-
sance s’ « extériorise » en quelque sorte, c’est-à-dire investit les divers
registres du semblant, qui vont de la profession aux liens sociaux, de
la tenue vestimentaire aux objets qu’on possède, etc. Bien que non
séparée du sujet, sur le versant paranoïaque de la psychose la jouis-
sance se manifeste dans une certaine altérité, dont témoigne l’impor-
tance de la dimension du narcissisme et de l’identification.
Ce que la psychose dévoile, par contre, sur son autre versant, c’est
l’absence de fondement et de consistance de cette dimension de
l’Autre. Sur le versant schizophrénique, tout se passe comme si cette
dimension n’était plus opérante ou comme si son inexistence était mise
à nu. L’Autre y est une dimension aussi vide de valeur et d’actualité
qu’un jeu qui ne serait plus joué par personne ou dont plus personne
ne connaîtrait le principe. Ainsi, par exemple, à l’opposé de ce qui se
passe sur le versant paranoïaque, l’arbitraire, l’injustice, la tromperie
6 J. Lacan, Autres
écrits, Seuil, Paris, ont ici moins d’impact ou pas d’impact du tout sur le sujet dans la
2001, p.215. mesure même où ce qu’on pourrait appeler le jeu de l’Autre et ses

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règles est rencontré au niveau de sa fondamentale inconsistance, de


son abstraction vide, de son absence de sens. De ce jeu de l’Autre que
sont à la fois le langage et toute l’expérience en tant qu’elle est
façonnée et tressée de réalités qui n’ont d’existence que de langage :
les savoirs, le métier, le mariage, la carrière, l’argent, les emprunts, les
contrats, les assurances, les loisirs, les journaux, les musées, les sports,
la mode – eh bien, de tout ce jeu, de tout ce qui constitue cette
dimension Autre, le sujet experimente, si on peut dire, la fondamentale
inexistence, l’absence d’enjeu et de raison. Le transfert de jouissance
vers cette dimension des semblants n’a pas lieu. La réalité et la vie se
présentent, certes, dépouillées de tout leurre et de toute illusion, mais
aussi sans but et sans intérêt. Les discours sont vécus comme des
fictions creuses, sans fondement, sans consistance, du bla bla : ils ne
mordent sur rien. Le sujet a beau continuer à acheter un journal, il ne
le lit pas, alors que son achat quotidien finit par encombrer l’espace de
la chambre où il vit. Le monde n’apparaît être constitué que par des
ombres, comme le dit un patient. De même, un homme de 35 ans peut
déclarer un jour, au cours d’une des nombreuses hospitalisations qui
ont émaillé sa vie d’errance, après la fin de ses études universitaires,
que cela fait 20 ans qu’il se lève tous les matins en ne sachant pas quel
sens donner à sa vie. « Ce qui me manque, dit-il, c’est une orientation.
Au fond, je ne sais pas quoi faire ni pourquoi. Je suis vierge de
référence ». Il se rappelle qu’à l’âge de 16-17 ans, après une discussion
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avec sa mère et sa sœur, il avait décidé de ne pas vivre ou, à un autre
moment, de vivre couché. Actuellement sa perspective se résume à la
devise « que tout soit possible, que rien n’ait jamais lieu ». Etre exposé
à l’inexistence de l’Autre sans la médiation de ce que Lacan appelle un
discours peut ainsi se manifester dans le registre du lien social –
« Même quand je suis avec les autres, je suis seule. C’est une solitude
avec les autres », comme dit une patiente – ou dans le registre des
choses à faire, des activités : le sujet fait quelque chose, participe à la
même activité, mais il n’y est pas – « j’ai plus le geste ou la parole de
quelqu’un qui peint » – déclare cet homme, à qui il arrive encore de
peindre, au milieu de son inactivité.
L’inconsistance du discours peut parfois se manifester sous la
forme d’une remise en cause soudaine ou réitérée des attaches et des
inscriptions sociales. Un homme peut ainsi venir demander de l’aider
à choisir et à ne pas tout laisser tomber d’un coup, comme il l’a déjà
fait, sans raison ou au hasard d’une rencontre, au niveau du boulot ou
du domicile, simplement parce qu’il se dit : « Je suis ici et je pourrais
être ailleurs ». Très jeune, l’idée qu’un rien pouvait tout faire basculer

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était déjà très présente, par exemple lorsqu’il passait sur un pont avec
sa moto. Enfant, il jouait à se lancer contre le mur avec son vélo, il
rebondissait et aimait ce moment de suspens où tout pouvait basculer,
passer de l’être au non être7. Claude, quant à lui, n’a de cesse de
formuler des fictions de projet contraires : « être SDF, ne jamais être
sûr du lendemain, voyager d’un lieu à l’autre ou bien prendre un
appartement et économiser. » Souvent, celles qui ont l’air d’être des
vérifications ou des hésitations « obsessionnelles » ne témoignent pas
de l’indétermination foncière du désir névrotique qui, pour ne rien
perdre, s’immobilise dans le doute. Elles témoignent plutôt d’une
succession de déterminations, mais sans l’arrimage d’une cause du
désir, fût-elle celle d’un « objet anal ».
Chez d’autres sujets l’abîme de l’inexistence, non médiatisé par
une croyance ou un discours, se traduit par un questionnement inces-
sant, que Minkowski avait déjà isolé avec la notion d’« attitude
interrogative »8. Ainsi, un garçon de 19 ans, qui porte sur ses poignets
des traces de brûlures profondes, faites avec des cigarettes, soumet
tout énoncé à l’épreuve d’un « pourquoi » sans fin.9 « Qu’est-ce qui
me prouve que j’existe ? » dit-il, mais aussi, au-delà même du cogito
de Descartes, « Qu’est-ce qui me prouve que je pense ? » Rien dans le
langage n’offre, en effet, de point de butée, de premier ou de dernier
mot, rien n’est fondé sur une certitude ultime d’où toutes les proposi-
tions tireraient leur évidence. « On peut donc toujours poser un
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pourquoi », ajoute-t-il. Il arrive cependant que son rapport à l’incon-
sistance de l’Autre ne se maintienne pas dans le registre de cette ironie
philosophique, mais que l’angoisse l’envahisse, lorsqu’il touche à
l’absence de limites dans l’espace et dans le temps, ou entre la vie et
7 C. Siret, L’existence la mort : puisqu’il n’y a pas de point fixe, de point d’arrêt, tout est
d’un doute, Les cahiers continu, tout peut continuer indéfiniment.
de la clinique analytique,
Section clinique de
Bordeaux, n∞ 5, 2001,
p.55-58. Le corps et la langue dans le réel
8 E. Minkowski, La
schizophrénie, Desclée Ce n’est pas que quelque catégorie mentale fasse défaut au sujet, c’est
de Brouwer, Paris, plutôt qu’il est pris, comme tout être parlant, dans le langage, dans la
1953, p.165.
9 A. Ménard, Une
trame linguistique de la réalité, mais sans la médiation d’une croyance,
porte dans le désert, La sans le secours d’une signification des mots fixée par leur usage dans
lettre mensuelle, E.C.F., une communauté. « Sans le secours d’aucun discours établi », pour
n∞210, 2002, p.21-23.
10 J. Lacan, L’étourdit,
reprendre la formulation de Lacan10, le sujet est ainsi exposé au réel du
Scilicet, n∞ 4, Seul, langage, il en rencontre trop crûment l’absence de référent, l’absence
paris, 1973, p.31. d’un principe d’unification. Tout ce qui a l’air de tenir le rôle de ce

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référent ou ce principe qui manque lui apparaît pour ce qu’il est, une
fiction, un artifice, un semblant. Mais il paye alors d’un radical être
hors jeu ou « hors discours » son implacable lucidité. L’ironie, plus ou
moins féroce, de son rapport à autrui, à la société et aux choses de la
vie en général est dénonciation de leur fausseté et de leur vacuité.
« Tout est masque », déclare cette jeune femme qui dit en même temps
de son corps qu’il est mort, alors qu’avec l’équipe soignante elle tente
de mettre en route un projet de réinsertion professionnelle. Et quand
ce n’est pas l’ironie, c’est une radicale incompréhension qui frappe
alors le rapport à la réalité. Comme le disait une analysante, « J’ai
l’impression que les autres disposent d’une clé qui leur permet de
comprendre, d’avoir un avis, un point de vue, alors que je dois faire un
effort intense pour simplement saisir ce qu’on me dit »11.
Il s’agit moins d’un déficit de la connaissance que d’un excès, un
excès de réalisme pourrait-on dire : ce n’est pas que le sujet ne
perçoive pas la réalité telle qu’elle est ou imagine des choses qui
n’existent pas, c’est plutôt qu’il expérimente, trop sans doute, la
structure d’inexistence de ce qui constitue la réalité proprement
humaine, faite d’artifices, de conventions, d’usages, d’institutions, de
ce qui se fait habituellement, de ce qui va de soi, bref de semblants12.
Tout ce régime symbolique de la vie humaine apparaît comme
foncièrement vide, déshabité, inconsistant.
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Ce n’est pas moins le corps, dans son unité et son vécu, qui apparaît
comme non habité, non arrimé, réduit à une sorte d’enveloppe vide,
qui est extérieure au sujet autant qu’il lui est extérieur. Ce qui peut 11 Ph. Cullard, J’ai un
arriver au corps comme accident, coup ou atteinte, ainsi que Lacan le pied dans le néant,
Quand les semblants
relève à propos d’un épisode de la jeunesse de James Joyce, laisse le vacillent, textes
sujet dans une plus ou moins grande indifférence, comme s’il ne préparatoires aux
s’agissait pas de lui, comme si ce corps n’était pas le sien. Contraire- Journées de l’ECF,
octobre 2000, p. 42.
ment au « narcissisme » du paranoïaque qui ne souffre pas le moindre 12 Ainsi, pour repren-
manque d’égard, moquerie ou bousculade, le corps schizophrénique dre un exemple donné
apparaît comme disjoint de l’être du sujet d’une manière analogue à la par Bleuler lui-même, le
sujet qui répond à la
labilité de ses identifications. Il peut tantôt donner l’impression de se
question : « Où se
mouvoir comme un automate, tantôt d’avoir à emprunter une pose ou trouve l’Egypte » en
une façon de faire qui tiennent lieu d’un réglage spontané. Des disant : « Entre l’Assyrie
protocoles, des rituels des « modes d’emplois » peuvent venir tenir et le Congo » témoigne
d’un rapport étrange,
lieu d’une fonction que l’organe n’a pas de lui-même. Le corps humain extérieur à la manière
est dénaturé et déréglé par le langage. S’il ne reçoit pas d’un discours contemporaine de situer
un fonctionnement unifié et réglé par le principe de plaisir, il apparaît géographiquement ce
pays, « hors discours »
à la fois comme détaché du sujet, non habité et comme soumis à une en somme, mais non
significantisation dispersée des organes, hors unité corporelle. d’une erreur cognitive.

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68 Penser la schizophrénie aujourd’hui

Mais, si dans la dimension du semblant et du social le langage et le


corps apparaissent vides, dans la dimension du réel ils n’en acquièrent
qu’une plus terrible évidence et présence. Ainsi, au lieu de constituer
une mise à distance ou une négativation de la jouissance, la parole est
elle-même ce par quoi le sujet se confronte à la jouissance, comme le
montrent ces deux phénomènes majeurs que sont, d’une part, le silence
et, d’autre part, le refus d’une langue au caractère intrusif insupporta-
ble. Si le signifiant n’a pas cette propriété d’annuler la jouissance du
vivant qui la projette dans la dimension d’idéalisation et de semblant
du discours, mais il a lui-même la propriété de la chose, s’il est lui-
même jouissance, alors il n’y a plus à parler, il n’y a plus rien à dire,
puisque la chose est déjà là. Le mutisme schizophrénique contraste ici
avec le coté bavard de la paranoïa, où l’écart entre jouissance et
signifiant n’étant pas tout à fait supprimé, la jouissance ne cesse pas
de parler, de vouloir dire, de faire des allusions. Le lieu de l’Autre
fourmille de signes, de sous-entendus, d’intentions, alors qu’au sujet
schizophrène il ne dit absolument rien. Mais, du même coup, si elle est
la jouissance même, si elle abolit la nécessité de la parole, la langue
devient elle-même dans la schizophrénie une sorte de partenaire
intrusif, ainsi que le laisse deviner ce sujet qui est obligé d’ajouter un
diminutif à certains verbes, au verbe « mordre » par exemple, pour en
faire « mordiller », pour atténuer le caractère blessant, réel des mots
eux-mêmes. Aussi, il est obligé de mettre à l’imparfait les verbes qui
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sont insupportables pour mettre à distance leur intrusion au présent de
l’indicatif. L’expérience de Wolfson13, qui a écrit sur cette langue
« hors discours » et s’est servi de l’écriture même pour en traiter la
férocité, en est un exemple majeur. Mais, pour ce qui est du traitement
de cette intrusion de la langue, c’est l’œuvre de Joyce Finnegan’s wake
qui en est l’issue la plus éclatante, au point de venir constituer pour son
auteur une sorte de nouveau nom propre, à la place de celui qui est fait
avec le Nom-du-Père et qui était pour lui forclos.
De même, si dans le registre du semblant, de l’imaginaire ou de
l’identification le corps apparaît comme extérieur au sujet ou comme
un automate sans vie, dans le registre du réel, il n’est que trop éprouvé,
trop identique à sa chair, non séparé de son être de jouir. La difficulté
à se séparer des diverses formes de déchet qui incarnent cet être et la
nécessité, en même temps, de s’en séparer ou de s’en extraire par des
moyens réels qui vont jusqu’à l’automutilation, témoignent de cette
13 L . Wolfson, Le
schizo et les langues,
immanence de la jouissance dans le registre du réel et de sa forclusion
Gallimard, Paris, 1970. du registre du narcissisme.

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Penser la schizophrénie aujourd’hui 69

Vers une pragmatique

Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans le détail de la phénoménologie. On


a voulu surtout donner une idée de l’orientation qui préside à la
construction d’une clinique psychanalytique de la schizophrénie, en
tant que préliminaire à l’action thérapeutique même. Penser la schi-
zophrénie aujourd’hui, comme il a été dit plus haut, comporte d’abord
de la resituer dans le champ de ces divers avatars de la libido que sont
les « maladies » de la condition humaine, dont les névroses et la
paranoïa ont été les premières formes explorées. Une fois la schizo-
phrénie rendue à son statut subjectif, il s’agit de repartir de là et
d’appliquer » à la pratique de la psychanalyse avec des sujets psycho-
tiques les conséquences de l’inconsistance des discours et du statut
réel du symbolique que la schizophrénie même révèle. Considérer que
le sujet psychotique souffre du défaut de l’opérateur du nouage du
symbolique, de l’imaginaire narcissique et du réel de la jouissance que
serait le Nom-du-Père ou considérer que cet opérateur ne fait que tenir
lieu d’un nœud qui manque structurellement, n’ouvre pas à la même
perspective thérapeutique. Dans le second cas il est en effet possible
de parier sur d’autres opérateurs qui peuvent suppléer, au même titre
que le Nom-du-Père, au nœud structurel qui manque.
Dans un temps fondé plutôt sur la considération du versant de la
psychose qui comporte la dimension de l’Autre – versant de la
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paranoïa – la pratique pouvait être portée à prendre appui sur le vecteur
de la parole et de la symbolisation, dans la perspective d’une sorte de
« névrotisation » de la psychose. La perspective change sensiblement
lorsque le symbolique n’est plus seulement conçu dans sa valeur
d’annulation de la jouissance, mais prend lui-même, dans son réel,
dépouillé de sa fonction sémantique, valeur de jouissance. La pratique
ne peut plus alors prendre appui sur les vertus de la parole et du
symbolique, censées obtenir cette annulation de la jouissance, mais
doit se guider sur les modalités de son traitement « hors discours » que
le sujet lui-même produit et subit à la fois. Elle n’est plus axée sur les
questions du type : « Qu’est-ce que ça veut dire ? », « Qu’est-ce qu’il
exprime ? », « Quel message nous adresse-t-il ? », mais plutôt sur des
questions du type : « Qu’est-ce qu’il traite ? », « À quoi cela lui sert-
il ? », « Quelle est la fonction (et non pas quel est le sens) de ce
comportement, de ce geste répété ? » Il peut s’agir, par exemple, d’un
phénomène somatique, de la nécessité d’éliminer toute trace de
transpiration ou de pilosité du corps, de pratiques d’écriture, de
comptage, de classification, d’un traitement lexical ou grammatical de

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70 Penser la schizophrénie aujourd’hui

la pensée, comme dans le cas de « mordiller », de la nécessité d’ex-


traire de chaque chose une marque qui permette de la différencier, la
date de péremption d’un produit alimentaire, par exemple, de re-
cueillir de fragments de verre destinés à former un miroir « de
récupération », etc. Ces formes de traitement, inventées par le sujet,
peuvent nous inspirer et nous guider dans l’accompagnement que nous
lui offrons.
La dimension de l’interprétation s’avère inefficace, quand elle
n’est pas menaçante ou intrusive, lorsqu’un autre registre du langage
est en cause que celui de la signification. Avec la schizophrénie, nous
touchons au registre de cette connexion immédiate du langage et du
corps, du signifiant et de la jouissance, qui est ouvert à des réalisations
créatives, mais aussi à des conduites ravageantes pour le sujet ou pour
l’entourage.
Il s’agit donc de déplacer l’axe de la thérapeutique, dans le fil même
des solutions tentées par le sujet, d’une dimension sémantique à une
dimension plus « objectale » du langage, à une dimension où le
langage a lui-même un statut d’instrument, d’objet, de lettre. Le but est
de trouver des connexions du symbolique et du corps, alternatives à
celles qui se branchent directement sur les organes, qui incluent une
médiation davantage d’ordre imaginaire ; d’obtenir d’autres localisa-
tions de la libido qui puissent faire fonction de point d’arrêt, de limites
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autres que le passage à l’acte ; de favoriser un déplacement de la
« séparation » vers des pratiques qui soient plus de l’ordre du sem-
blant.
Notons enfin, pour conclure, que cette accentuation de la dimen-
sion pragmatique de la pratique analytique, corrélée au versant schi-
zophrénique de la psychose, n’est pas sans avoir des répercussions sur
la pratique de la psychanalyse avec des sujets psychotiques en général.
L’incidence de la jouissance dans la parole elle-même, révélée par la
schizophrénie, est en effet également en jeu sur le versant paranoïaque
de la psychose. Au praticien d’en tenir compte dans la position qu’il
occupe dans le transfert et dans ses interventions.

Résumé L’invention de la schizophrénie, bien qu’influencée par la


psychanalyse, a eu comme effet paradoxal de vider de son essence la
conception psychanalytique des psychoses. La schizophrénie a fini
par en recouvrir tout le champ, mais au détriment de sa causalité
libidinale et de la dimension paranoïaque. Penser la schizophrénie

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Penser la schizophrénie aujourd’hui 71

aujourd’hui comporte donc de revenir à ces deux versants distincts de


la psychose, pour montrer que la causalité libidinale, d’abord mise à
jour par Freud dans le registre de la paranoïa, concerne la schizophré-
nie également. La clinique de la schizophrénie acquiert alors plus de
cohérence et de spécificité, par rapport aux troubles d’origine organi-
que. Lorsqu’elle est abordée sous l’angle du rapport du corps et de la
libido, plutôt que comme un ensemble de troubles essentiellement
cognitifs, elle peut orienter une pratique qui peut s’inspirer des
solutions tentées par le sujet lui-même en vue d’obtenir un nouage du
corps et de la libido moins ravageant et peut-être plus créatif.

Mots-clés schizophrénie, paranoïa, psychose, corps, langage.

Summary Though influenced by psychoanalysis, the invention of


schizophrenia has had the paradoxical effect of divesting of its very
essence the psychoanalytical conception of psychosis. Schizophrenia
has ended up covering the entire field, at the expense of both its
libidinal causality and the paranoiac dimension. Thinking schizophrenia
today therefore involves a return to those two separate aspects of
psychosis, with a view to showing that libidinal causality, initially
brought to light by Freud in the realm of paranoia, concerns
schizophrenia as well. This affords the clinical approach to
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schizophrenia a greater coherence and specificity, distinct from
organically generated disorders. When it is tackled from the vantage
point of the relationship between body and libido rather than as an
assortment of essentially cognitive disorders it is able to induce a
practice that can take its inspiration from the solutions sought by the
subject him/herself ; aiming to achieve a less devastating and perhaps
more creative knotting of the body with the libido.

Keywords schizophrenia, paranoia, psychosis, body, language

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