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Le concept de parentalité a connu un essor considérable depuis une dizaine d’années maintenant.

En
effet, et en raison de tous les changements survenus dans la structure familiale, que ce soit dans la
constitution des familles comme dans la pratique des rôles parentaux, la notion de parentalité s’est
ensuite imposée. Cette dernière dépasse la simple transmission héréditaire pour embrasser la totalité
des missions affectives, mais aussi sociales indispensables pour le développement de l’enfant. Cette
notion suscite l’intérêt de plusieurs spécialistes et touche plusieurs domaines tels que la sociologie, la
psychologie, la pédagogie et la justice.

Dans cet article, nous en apprenons davantage sur le concept de parentalité et ses champs d’application.

Le concept de la parentalité : quelle évolution ?

Le concept de parentalité a été étudié en 1998 par un collectif de chercheurs pilotés par le
pédopsychiatre Didier Houzel, autour de trois axes :

la pratique de la parentalité qui concerne les aptitudes parentales,

l’expérience de la parentalité qui favorise la perception subjective,

l’exercice de la parentalité qui se rapporte aux droits et obligations liés au rôle de parent.

Dans cette optique, ce concept, en trois dimensions évoquées ci-dessus, établit les bases de la démarche
de soutien à la parentalité à destination des parents qui rencontreraient des contraintes dans la
réalisation des trois dimensions. En effet, certains parents possédaient les ressources nécessaires pour
satisfaire les besoins de leurs enfants (il s’agit ici de l’axe pratique), mais n’étaient pas en mesure
d’interagir émotionnellement avec eux (il s’agit ici de l’axe expérientiel) et pouvaient bénéficier d’une
assistance plus adaptée.

L’interprétation de la parentalité selon le Comité national de soutien à la parentalité

Selon le Comité national de soutien à la parentalité, la parentalité fait référence à toutes les manières de
se comporter et de faire face au fait d’être parent. C’est une démarche qui combine les diverses facettes
du rôle parental que ce soit sur le plan matériel, moral, psychologique, éducatif et social. Elle définit le
rapport entre une personne adulte et un enfant, peu importe la composition de la famille où il se trouve,
en vue de veiller à l’entretien, à l’évaluation et à l’éducation de l’enfant.

Ce lien de l’adulte à l’enfant implique une série de rôles, de droits et de responsabilités morales,
physiques, légales, éducatives et culturelles accomplis pour le bien même de l’enfant grâce à un lien
établi par l’autorité parentale.

Les champs d’application du concept de parentalité


Le concept de parentalité apparaît comme étant une déclinaison du terme « parent » dans sa définition
initiale, et se réfère principalement au père et à la mère. Cependant, il se décline en plusieurs volets
selon le secteur où il est appliqué, notamment :

le champ sociologique,

le champ éducatif,

le champ psychiatrique et psychologique,

le champ juridique.

Le champ sociologique

Pour ce qui est du domaine sociologique, il évoque de nouvelles structures de mariage et de vie de
famille. Ainsi, cette notion se réfère plutôt aux formes familiales qu’il convient de prendre en compte.
Aujourd’hui, on évoque notamment les familles monoparentales, voire homoparentales et même les
familles pluri-parentales, quand il s’agit de familles reconstituées. Cela peut désigner aussi une forme de
filiation, par exemple, la parentalité adoptive. Ou bien encore, dans la situation dans laquelle se trouvent
les parents lors de l’arrivée d’un enfant, par exemple, la parentalité retardée.

Le champ éducatif

Dans le champ éducatif, la notion de parentalité recouvre les actions éducatives adressées aux enfants,
avec une préoccupation de la prévention des abus et de la valorisation des comportements bien
traitants. Ce qui est assez étonnant, par contre, c’est que ces diverses démarches sont prescrites à
n’importe quel adulte responsable d’un enfant sans pour autant qu’un lien familial ne soit indispensable
pour qu’elles soient bénéfiques à l’enfant. L’éducation parentale contribue à renforcer ces aptitudes.

Les champs psychiatriques et psychologiques

Dans les sphères psychiatriques et psychologiques, la notion de parentalité désigne la procédure grâce à
laquelle une femme ou un homme parvient à s’assumer en tant que parent, à savoir se rendre compte
de sa propre fonction et de sa position en tant que parent, afin de parvenir à identifier l’enfant dans son
altérité. Le psychiatre clinicien M. Lamour a longuement étudié ce concept et ses implications, le
qualifiant de parcours évolutif assurant la bonne santé psychique des prochaines générations.

Le concept de parentalité ne concerne pas uniquement le domaine psychiatrique/psychologique,


éducatif et le domaine sociologique, mais il concerne aussi le domaine juridique. Sur le plan juridique, il
traduit, en effet, les droits et obligations relatifs à l’autorité parentale.

L'ABC d'une approche bienveillante

Par Nathalie Vallerand


Chicanes, oppositions, crises… Et si vous vous mettiez à la place de votre enfant pour comprendre ce qu’il
vit et mieux gérer les situations difficiles? C’est ce que propose la parentalité positive.

En septembre dernier, Livia, 5 ans, est entrée à la maternelle. Après quelques jours, elle s’est mise à
pousser sa petite sœur de 4 ans, Doralie, au retour de l’école. « Je voyais bien que quelque chose n’allait
pas, raconte Sandra, sa maman. En parlant avec Livia, j’ai compris que commencer l’école, prendre
l’autobus, passer la journée dans un groupe, c’était beaucoup de changements pour elle. La solution
pour se sentir mieux, c’est elle qui l’a trouvée : jouer seule dans sa chambre après l’école. »

Écouter et respecter les besoins de l’enfant : c’est beaucoup ça, la parentalité positive. « Avec cette
approche, l’enfant apprend à avoir confiance en lui, à parler de ses émotions, à communiquer dans le
respect et à reconnaître ce que les autres ressentent, indique la psychoéducatrice Marie-Hélène
Chalifour. Il apprend aussi à être autonome et responsable de ses actes. »

La parentalité positive s’appuie sur les travaux de plusieurs chercheurs sur l’importance de l’empathie
dans la communication. Elle repose aussi sur les dernières découvertes concernant le développement du
cerveau. « Chez le jeune enfant, la région frontale du cerveau, qui permet de raisonner, de résoudre des
problèmes et de résister aux impulsions, est encore en formation, indique Marie-Hélène Chalifour. Pareil
pour le système limbique, qui sert à contrôler ses émotions. Des connexions restent encore à faire entre
ses neurones. Cette immaturité du cerveau explique plusieurs comportements de l’enfant, et l’éducation
bienveillante en tient compte. »

Guider son tout-petit

Avec l’éducation bienveillante, le parent cherche à guider son enfant au lieu de le contrôler ou de le
dominer, explique Marie-Hélène Gagné, professeure à l’École de psychologie de l’Université Laval. «
L’enfant est un peu comme une plante à cultiver ; et le parent, un jardinier qui l’aide à grandir le mieux
possible », dit celle qui fait des recherches sur le programme de formation pour parents Triple P
( pratiques parentales positives ).

Selon la parentalité positive, un enfant qui se comporte mal cherche à exprimer un besoin.

Selon l’approche bienveillante, un besoin se cache derrière chaque comportement dérangeant d’un tout-
petit. « L’enfant de 3 ans qui en tape un autre n’est pas méchant, donne en exemple Marie-Hélène
Gagné. Il vit une frustration et il ne sait pas comment l’exprimer. C’est à l’adulte de lui apprendre à le
faire correctement. » Il est ainsi conseillé de regarder les situations du point de vue de l’enfant afin de
mieux le comprendre.
Moins de rapports de force

Le parent qui adopte des pratiques parentales positives a toujours de l’autorité, mais il l’exerce avec
douceur. « Quand il y a un problème, le parent implique son enfant dans la solution, dit Marie-Hélène
Chalifour. Le parent veut le rendre responsable plutôt que de le faire obéir par la peur. »

Avec cette approche, les punitions ne sont pas utilisées, car elles feraient de la peine et humilieraient
l’enfant au lieu de lui apprendre à bien agir. Quand l’enfant se comporte mal, le parent va préférer lui
donner une conséquence logique ou l’encourager à poser un geste de réparation.

Certaines personnes accusent ce mode d’éducation d’être trop permissif. Marie-Hélène Chalifour n’est
pas d’accord. « Le parent bienveillant ne laisse pas son enfant faire n’importe quoi. Il y a des règles.
Toutefois, au lieu de confronter son enfant, il lui demande de coopérer. »

Si la parentalité positive ne fait pas l’unanimité, les parents qui l’adoptent se montrent toutefois
satisfaits. D’après une étude réalisée auprès de 295 parents ayant suivi la formation Triple P, cette
approche leur fait se sentir plus compétents. « Les parents disent aussi vivre moins de stress et
observent une baisse des comportements difficiles chez leurs enfants », souligne Marie-Hélène Gagné.

Le piège du parent parfait?

Mais attention, la parentalité positive n’est pas une méthode miracle! Avec cette approche, les crises et
les conflits diminuent, mais il y en a encore. Ce n’est pas non plus la clé pour devenir le meilleur parent
au monde. « Si on met la barre trop haute, on risque de se sentir incompétent et de culpabiliser, avertit
la psychoéducatrice Stéphanie Deslauriers. À la longue, cela pourrait mener à la dépression ou au
burnout parental. »

Les parents doivent se donner le droit à l’erreur. C’est normal d’être parfois irritable, d’être tanné de
toujours répéter ou de réagir fortement à un comportement de votre enfant. « Même si vous n’êtes pas
toujours à 100 % dans la parentalité positive, ça ne fait pas de vous un mauvais parent. L’important, c’est
de vous faire confiance et de faire de votre mieux. S’il vous arrive de crier après votre enfant, vous
pouvez lui dire que vous n’auriez pas dû et que vous êtes désolé. Vous lui montrez ainsi à reconnaître ses
erreurs et vous devenez un bon modèle », rassure la psychoéducatrice.

Comment s'y prendre?

Comment vivre la parentalité positive au quotidien avec votre enfant? Voici 7 stratégies efficaces.
1. Privilégier les consignes positives

« Ne cours pas, ne tape pas ton frère… » Ce type de phrases attirent l’attention de l’enfant sur ce qu’il ne
doit pas faire, ce qui ne l’aide pas à respecter la consigne. « Quand on lui dit de ne pas courir, son
attention se porte sur le mot courir, ce qui pourrait l’encourager à courir », explique la psychoéducatrice
Marie-Hélène Chalifour. En effet, les tout-petits peuvent avoir de la difficulté à se contrôler pour
respecter un interdit, car le mécanisme censé les empêcher de poser un geste interdit (inhibition) se
développe très lentement dans le cerveau.

À l’opposé, les consignes positives dirigent l’attention de l’enfant sur le comportement souhaité. Elles
sont donc plus faciles à respecter. Pour cette raison, il est préférable de privilégier les consignes
positives. Par exemple, au lieu de dire : « Ne saute pas sur le sofa », lui dire : « Sur un sofa, on s’assoit. »

Une autre bonne idée : vous concentrer sur ce qui est vraiment important. Quand il y a trop de règles,
l’enfant en oublie. C’est ce que fait Sonia, maman de trois enfants. « J’ai affiché une pancarte avec les
cinq règles de la maison : je partage, je parle calmement, je range, je mange assis, je respecte les autres
et les choses. Chacune est représentée par une image. Pour en rappeler une, je leur montre l’image. »

2. Le faire réfléchir

Pour responsabiliser votre enfant et diminuer son opposition, vous pouvez lui poser une question au lieu
de lui donner un ordre. Un truc qu’utilise Sandra, maman de deux fillettes. « Quand elles oublient
d’apporter leur assiette sur le comptoir après le souper, je leur demande : “Qu’est-ce qu’on fait après le
repas?” Elles sont contentes de donner la réponse… et de le faire. » Lorsque votre enfant réfléchit, il se
sent grand et responsable. Il coopère plus.

Un autre truc est de laisser votre enfant décider de petites choses pour satisfaire son besoin
d’autonomie et d’affirmation. « À l’heure du bain, vous pouvez lui offrir de se rendre à la salle de bain
dans vos bras ou en sautant comme une grenouille », suggère Marie-Hélène Chalifour.

3. Reconnaître ses émotions

Lorsqu’un enfant vit une émotion difficile, il est tentant de dire : « Arrête de pleurer », « Ce n’est pas
grave », « Calme-toi »… C’est ce que faisait Sonia avant. « Maintenant, j’essaie de ne pas nier les
émotions de mes enfants. L’autre jour, ma fille était triste après une chicane avec une amie pour des
crayons. Au lieu de dire que ce n’était pas grave, j’ai dit : “C’est vrai que c’est plate de se faire enlever ses
choses. Je te comprends.” Elle n’en a plus reparlé. » Reconnaître l’émotion de l’enfant le réconforte, car
il se sent compris.
Faire preuve d’empathie envers votre enfant au lieu de dire simplement « non » peut aussi limiter les
frustrations. Lui dire, par exemple : « Je sais que tu aimerais avoir un biscuit, mais c’est bientôt l’heure
du souper. Tu en auras un pour dessert. »

4. Éviter les étiquettes

« C’est long t’habiller, tu es lent! » C’est normal que certains comportements de votre enfant vous
énervent, mais il est important de ne pas le rabaisser. En plus de lui faire de la peine et de nuire à son
estime de soi, cela peut renforcer un mauvais comportement. L’enfant qui se fait traiter de « tannant »
en vient à croire qu’il l’est vraiment et il va agir comme tel.

Si votre enfant fait un dégât, il est préférable de décrire la situation sans le juger ni l’accuser. « S’il
renverse son verre de lait, par exemple, vous pouvez dire : « Oups, il y a du lait par terre. Qu’est-ce qu’il
faut faire quand ça arrive? », conseille Marie-Hélène Chalifour. Vous pouvez ensuite lui demander de
nettoyer avec vous.

5. Préférer la réparation à la punition

Si votre enfant fait une bêtise, l’idéal, c’est de lui permettre de la réparer. Contrairement à la punition, la
réparation lui montre les comportements acceptables. Corriger son erreur l’aide aussi à se sentir mieux.
« Lorsqu’une de mes filles fait de la peine à l’autre, je lui demande de s’excuser auprès d’elle avec un
dessin ou en lui rendant service », raconte Sandra.

Les conséquences naturelles ou logiques sont une autre façon de responsabiliser l’enfant. Un exemple de
conséquence naturelle : si votre enfant refuse de mettre ses mitaines, vous le laissez avoir un peu froid
aux mains. Pour la conséquence logique, c’est le parent qui l’applique. Par exemple, votre enfant lance
son jouet? Vous lui enlevez.

6. Encourager les bons comportements

Mettre votre énergie à renforcer les bons comportements de votre enfant au lieu de gérer ses
comportements dérangeants peut aussi être efficace. Il est bon de le féliciter en décrivant ce qu’il fait de
bien. Dire : « Tu as mis ton pyjama tout seul. Bravo! » Plus vous accordez de l’attention positive à votre
tout-petit, moins il a de comportements dérangeants. C’est ce qu’observe Marie-Hélène Gagné,
professeure à l’École de psychologie de l’Université Laval.

7. Éviter de lui prêter des intentions

Au magasin, votre enfant de 2 ans montre du doigt un toutou et vous pensez qu’il le veut. Et s’il voulait
simplement vous dire qu’il reconnaît cet objet? « Si vous lui dites “non”, il va insister, se mettre à pleurer
devant tant d’incompréhension », écrit la psychologue Isabelle Filliozat dans son livre J’ai tout essayé.
Vous aurez plus de chances d’éviter la crise en disant : « Oui, c’est un toutou. Tu aimes les toutous. »
Même conseil avec l’enfant de 3 ans qui veut toujours tout. À cet âge, le verbe « vouloir » veut dire plein
d’autres choses. Par exemple, « Je veux de la crème glacée » peut vouloir dire que votre enfant voit de la
crème glacée, qu’il aime ça ou qu’il se rappelle en avoir mangé hier.

S’il vous arrive aussi de penser que votre enfant fait exprès pour vous pousser à bout, sachez que votre
tout-petit n’a pas la capacité de vous manipuler. « Il ne vous cherche pas, assure Marie-Hélène Chalifour.
S’il vous dérange, c’est que quelque chose ne va pas. » Il est bon d’essayer de trouver ce que c’est : A-t-il
faim, soif, chaud? Est-il fatigué ou a-t-il besoin de bouger? Parfois, un enfant agit mal parce qu’il manque
d’attention positive. La psychoéducatrice conseille ainsi de passer chaque jour un bon moment à jouer
avec votre enfant, le coller ou lui dire des mots affectueux.

Je vais exploser!

Il peut parfois arriver que vous vous sentiez à bout. Mais vous mettre en colère contre votre enfant n’est
pas la solution. Cela lui fera peur en plus de lui donner un mauvais exemple. « Prendre trois grandes
respirations avant d’intervenir peut vous calmer, dit la psychoéducatrice Marie-Hélène Chalifour. Au lieu
de vous dire que vous n’en pouvez plus, pensez à un moment positif avec votre enfant. » Vous rappeler
que votre enfant ne fait pas exprès pour vous fâcher et que son cerveau est encore en formation peut
aussi vous aider à rester calme dans les situations difficiles.

À retenir

La parentalité positive invite le parent à se mettre à la place de l’enfant pour mieux le comprendre.

Cette approche amène le parent à éduquer son tout-petit en le guidant plutôt qu’en le contrôlant.

Les pratiques parentales positives encouragent la réparation et la collaboration plutôt que la punition.

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