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La dépression ou l'inconscient révélé

Stéphane Déroche
Dans Cahiers de psychologie clinique 2007/2 (n° 29) , pages 91 à 103
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 1370-074X
ISBN 9782804154233
DOI 10.3917/cpc.029.0091
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 26/07/2023 sur www.cairn.info (IP: 191.23.125.73)

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LA DÉPRESSION
OU L’INCONSCIENT
RÉVÉLÉ
Stéphane Déroche *

Nous nous attacherons dans les pages qui suivent, à montrer


que « le dépressif » se plaint de ce qui l’habite et le divise, son * Psychanalyste,
1 rue Lepic. F-34070
inconscient. Sa plainte ne concerne pas le dérangement occa- Montpellier – Docteur en
sionné par ce que l’on peut très largement qualifier de symp- psychologie, Clinique
tôme mais par le refus de ce qu’il est dorénavant et qu’il n’a psychiatrique La
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Lironde, Saint-Clément
pas voulu être. « Normalement, je suis tout autre, ramenez- de Rivière, F-34980
moi à l’état d’avant la dépression » ; telle est la demande du Saint-Gély du Fesc –
s.deroche@tiscali.fr
déprimé. Cette contestation, plus proche du désaveu (pervers)
que du déni (névrotique), est une spécificité de la dépression 1 « Nous disons donc
que dans toute
et un mode original d’exposition de la division du sujet. Nous psychose existe un
sommes alors au plus proche de ce que Freud nomme clivage du moi et si nous
« clivage 1» et qui signe la réalité de l’inconscient. Enfin, une tenons tant à ce
postulat, c’est qu’il se
patiente nous laissera envisager que l’inconscient en question trouve confirmé dans
dans la dépression, relève bien du refoulement, et qu’il peut d’autres états plus
relever de la proximité du fantasme. proches des névroses et
finalement dans ces
dernières aussi » (c’est
moi qui souligne). S.
FREUD (1995). Abrégé
La dépression en question de psychanalyse. Paris,
PUF, p. 78.
A propos de la dépression, la psychiatrie nous est d’une aide 2 « Ouvrez donc un
bien mince car on peut, sous ce vocable et du point de vue des- manuel de psychiatrie*
au chapitre “États
criptif, trouver presque toutes les formes que revêt la souffrance dépressifs”, sachez
psychique 2. En 1985, Serge Cottet notait déjà que « le DSM III apprécier .../...

91
92 La dépression ou l’inconscient révélé

met en avant un “syndrome dépressif” pour faire l’économie


.../... l'étendue de nos et des structures cliniques et des différentes affections qu’on
variétés : il y a la mélan- regroupe sous cette appellation 3 ».
colique et la stupo-
reuse, l'anxieuse et la Nous n’entrerons pas dans un débat concernant la notion de
confuse. Il y a la sou- dépression et ses multiples déclinaisons car cela nous emmè-
riante, la masquée et
l'hostile. Il y a celle
nerait bien trop loin de la question qui nous occupe ici. Nous
d'épuisement et celle nous contenterons de jalonner succinctement notre acception
d'involution. N'oubliez de ce substantif aujourd’hui omniprésent.
pas la saisonnière, la
typique et la psychas- Comme nous le rappelle Serge André, « la dépression n’est
thénique. Voyez notre entrée dans le langage de la psychiatrie que par l’effet d’un glis-
chronique et notre résis- sement qui s’est produit à partir du champ de l’économie 4 ».
tante. […] La situation se
complique. Il y a les L’idéologie qui lui est associée est alors celle d’un « capital
endogènes et les psy- d’énergie (qu’il s’agisse de l’énergie monétaire, de l’énergie
chogènes (un grand nerveuse, de l’énergie humorale ou de l’énergie morale de
classique). Dans le
groupe des dépressions
l’individu), dont la tendance doit être maintenue à la hausse
psychogènes, on trouve pour conserver son pouvoir 5 ». Il s’ensuit que la dépression
la névrotique qu'il ne faut est éminemment spéculaire puisqu’elle atteste seulement de la
surtout pas confondre
visibilité d’un phénomène et nous savons que le tableau
avec la secondaire à une
affection névrotique qui, dépressif peut s’associer à bien des troubles depuis l’hystérie
elle, fait partie du groupe jusqu’à la schizophrénie. Il n’empêche que la dépression que
des dépressions secon- nous évoquons dans ce présent article est à distinguer de la
daires. A l'arrivée, il y
aura même la délirante mélancolie, entité de structure, elle 6.
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(forme symptomatique), La dépression que nous explorons relève donc de la névrose
la délirante (forme étiolo-
gique, groupe des endo-
mais nous ne saurions nous prononcer formellement quant à
gènes), et la secondaire savoir si elle constitue une entité nosographique. « Pouvons-
à une pathologie déli- nous parler aujourd’hui d’une grande névrose contemporaine
rante (forme étiologique
? 7 » se demandaient Eric Laurent et Jacques-Alain Miller en
groupe des dépressions
secondaires) à ne sur- 1997. Ce à quoi Roland Chemama répond oui puisqu’il titre
tout pas confondre non en 2006 : « Dépression : la grande névrose contemporaine 8 ».
plus. Je limite ici l'inven-
taire. La nature est si foi- Il n’empêche qu’ici, il est difficile d’aller plus loin sans
sonnante, si entrer dans un vaste débat où s’entremêlent les notions de
déconcertante parfois ». deuil, d’humeur, de passion, d’état d’âme, de douleur d’exis-
S. BIALEK (2002).
« Opération santé men-
ter, de « dépressivité 9 », de « dépressivité essentielle 10 », etc.
tale sans limite », in J.A. Finalement, l’explication qu’en donne Lacan reste aujourd’hui
Miller et 84 amis, Qui non dépassée puisque les définitions psychanalytiques qui y
sont vos psychanalys-
font suite, la reprennent. Cette explication dit donc, alors que
tes ?, Paris, Le Seuil, p.
184. Lacan était extrêmement réticent à l’usage de ce terme: « La
tristesse, par exemple, on la qualifie de dépression, à lui don-
3 COTTET, S. (1985).
« La belle inertie »,
ner l’âme pour support, ou la tension psychologique du philo-
Ornicar, n° 32, p. 72. sophe Pierre Janet. Mais ce n’est pas un état d’âme, c’est
La dépression ou l’inconscient révélé 93

simplement une faute morale, comme s’exprimait Dante,


4 ANDRÉ, S. (1993).
voire Spinoza: un péché, ce qui veut dire une lâcheté morale,
L’imposture perverse,
qui ne se situe en dernier ressort que de la pensée, soit du Paris, Le Seuil, p. 263.
devoir de bien dire ou de s’y retrouver dans l’inconscient, 5 ANDRÉ, S. Ibid., p.
dans la structure 11 ». Le déprimé se refuse donc au choix éthi- 263.
que de « bien dire », il se refuse à prospecter les signifiants 6 Serge Cottet distingue
maîtres de son histoire et se barricade derrière une redite en « la dépression normale
boucle qui anesthésie l’autre. Pour autant, ceci ne saurait suf- et la dépression
mélancolique, celle qui
fire à circonscrire une affection commune à bien des troubles. relève non plus d’un trou
Nous nous en contenterons pourtant et c’est à partir de la dans l’Autre mais d’un
plainte du dépressif, à prendre au pied de la lettre, que nous trou dans le moi ».
(S. Cottet, op. cit.,
entrerons dans le vif du sujet. p. 78). Pour Serge
André, un « trait suffit à
différencier la mélancolie
du tableau psychiatrique
La plainte de la “dépression”, et à
la restituer comme
Un exemple « caractéristique » passion: le mélancolique
ne se plaint pas, il
dépose plainte ».
La plainte est lancinante. A chaque séance, Mme FI. me (S. ANDRÉ, op. cit., p.
demande « comment faire pour… », « avoir envie, se sentir 339). Pour le « sujet
bien, communiquer avec les autres, retrouver la mémoire, mélancolique, c’est
encore autre chose. Ce
retrouver l’envie de se lever le matin, retrouver le goût de n’est plus de “se
faire », etc. En quelques séances, elle aura retracé son parcours
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percevoir comme” qu’il
de vie et prétend ne plus vouloir se préoccuper du passé qu’elle s’agit. Il est réellement
objet a, objet déchet, et
a déjà évoqué à plusieurs reprises, pour un succès très relatif. c’est pour cela qu’il se
(elle a rencontré un psychologue pendant quelques années précipite par la fenêtre »,
suite à son divorce et a eu l’occasion d’exposer plusieurs fois (R. CHEMAMA (2006).
Dépression, la grande
à des psychiatres le cheminement que fut son existence). névrose contemporaine,
Les séances, dont elle est toujours très demandeuse, pren- Toulouse, érès, p. 137).
nent donc le tour de la plainte. « Ça ne va pas ! » Elle le dit et 7 LAURENT, E. et
le répète sans cesse. Nous lui pointons donc au bout d’un cer- J.A. MILLER (1997).
« L’Autre qui n’existe pas
tain temps qu’elle ne décèle aucune amélioration de son état et ses comités
mais qu’elle continue à venir nous rencontrer avec assiduité et d’éthique », La cause
ponctualité. A ceci elle répond qu’elle garde espoir... Après freudienne, n° 35 :
« Silhouettes du
avoir incriminé un temps son psychiatre via son incapacité à déprimé », p. 13.
prescrire le bon traitement. Nous lui assurons que les choses,
8 CHEMAMA, R., Ibid.
selon nous, ne se jouent pas qu’à ce niveau et que c’est à parler
que quelque chose pourra émerger; quelque chose d’éventuel- 9 FEDIDA, P. (2003).
Des bienfaits de la
lement crucial pour elle. Quoi qu’il en soit, rien ne change dépression. Eloge de la
dans la teneur des entretiens, quand bien même nous lui psychothérapie, Parisn
demandons de développer certaines choses. Elle répond mais Odile Jacob, p. 67.
94 La dépression ou l’inconscient révélé

embraye tout aussi vite sur le « comment faire pour… ». Les


choses se sont donc installées selon cette configuration.
De ceci, Lucien Israël nous avait déjà prévenu: « ... un
déprimé devant soi, il faut parfois le supporter un bon nombre
d’années avec les mêmes plaintes, les mêmes gémissements 12 ».

La plainte à entendre

Le déprimé n’est pas confus, même s’il peut être angoissé, et


il se demande ce qui a pu lui arriver pour se retrouver dans cet
état. Il soutient qu’il ne devrait pas être là même s’il admet ne
pas être capable d’être ailleurs. Il interroge, il énonce une
énigme : « comment se fait-il que je sois dorénavant cette
autre personne que je ne reconnais pas ? » Cette plainte du
déprimé a quelque chose de très particulier puisqu’il réclame
à l’Autre, non pas de le guérir mais de le rendre comme avant.
Il ne tient pas à aller vers autre chose mais vise « un retour du
même 13 » strictement identique. Sa demande est d’efface-
ment du pan dépressif de sa vie ; il souhaite non seulement
retrouver l’état d’antan mais aussi que la dépression n’ait
jamais été.
Le déprimé fait l’expérience, douloureuse, d’un état nou-
veau qui lui fait réaliser qu’il peut être autrement que ce qu’il
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souhaiterait être. Mais ce constat, il le réfute. Par là même, il
10 BERGERET, J.
(1975). La dépression et dément sa division, il dément être différent de ce qu’il croit
les états limites, Paris, être et veut être ; il dément ceci: « A la vérité, s’il y a une évi-
Payot, p. 4. dence vraiment minimale dans l’expérience, je ne dis pas celle
11 LACAN, J. (1974). de la psychanalyse, mais simplement l’expérience intérieure de
Télévision, Paris, quiconque, c’est qu’assurément nous sommes d’autant moins
Le Seuil, p. 39.
ceux qui sommes, que nous savons bien quel vacarme, quel
12 ISRAEL, L. (1998). chaos épouvantable traversé d’objurgations diverses nous
Pulsions de mort,
Strasbourg, Arcanes, p expérimentons en nous à tout propos, à tout bout de champ 14 ».
147. Eh bien ce vacarme, ce chaos, le dépressif y est au cœur même
13 CHEMAMA, R., op. et il en conteste, non pas la réalité mais la légitimité.
cit., p. 56. Or contester une légitimité est éminemment symbolique
14 LACAN, J. (1981). puisqu’il n’y a de légitimité que du discours, qu’au regard
Les psychoses, Paris, d’un tiers. Ici, en refusant le point de triangulation du système,
Le Seuil. 1981. p. 325.
en refusant d’estampiller la réalité de sa souffrance, de la vali-
15 LACAN, J. (1966). der, « le dépressif » refuse sa division, à savoir « cette refente
« Kant avec Sade », in
Écrits, Paris, Le Seuil, p. du sujet qui s’opère de toute intervention du signifiant, sujet
770. de l’énonciation et sujet de l’énoncé 15 ». C’est à dire qu’il
La dépression ou l’inconscient révélé 95

refuse d’admettre cette fracture entre lui, qui parle, et le réel


de son corps ; fracture qui fait qu’il peut dire « je ne veux pas
être dépressif », et l’être quand même. Mais par ce démenti, il
nous expose cette même division dans toute sa splendeur puis-
que pour le coup, la division est ramenée sur le devant de la
scène.

16 « Nous voyons chez


Mise en lumière de la division lui [le mélancolique]
comment une partie du
moi s’oppose à l’autre,
porte sur elle une
Nous constatons donc très nettement que la spécificité de la appréciation critique, la
dépression est la mise en évidence, l’exposition de la division prend pour ainsi dire
du sujet au grand jour. En effet, un symptôme peut toujours comme objet. Nous
soupçonnons que
être contesté en tant qu’intercesseur de l’inconscient, en tant l’instance critique, qui ici
que représentant de l’autre scène ; il peut être envisagé est séparée du moi par
comme simple parasite issu du réel. Cela ne se peut pas pour clivage, pourrait, dans
d’autres circonstances
la dépression puisque la division constatée l’est entre instan- également, démontrer
ces moïques, ce qui la rend d’autant plus incontestable. La son autonomie, et toutes
division s’y expose entre un Je, actuel et contesté, et un Je dis- nos observations
ultérieures confirmeront
paru et regretté. Le « déprimé » ne se reconnaît pas mais il cette supposition ». S.
est conscient de sa division. Il constate cette division que FREUD (1994). „Deuil et
Freud nomme « clivage 16 » chez le mélancolique, et s’en mélancolie », in
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Métapsychologie, Paris,
plaint. Ce qui surprend ici, c’est bien cette mise en lumière de Gallimard, p. 153. Nous
la Spaltung alors que, tant le névrosé que le psychotique, pour faisons ici un parallèle
des raisons différentes, s’évertuent à n’en rien savoir et entre dépression
névrotique et mélancolie
l’occultent à grand renfort de déni (Verneinung) ou de refou- par le biais du clivage
lement pour l’un, et de délire pour l’autre. Ils s’emploient à mais sur le seul plan
phénoménologique. Le
soutenir tant bien que mal un Je unifié qui chez le dépressif,
clivage en tant que
et ce de façon remarquable, apparaît schizé. La castration est phénomène ne permet
pour le coup affichée au vu et au su de tous. en rien d’augurer de la
structure du sujet mais il
Force est alors de constater le côté hautement paradoxal de reste observable tant
la dépression à travers un refus de prendre en considération sa dans la dépression que
dans la mélancolie (cf.
schize par le sujet, et en retour, cette même division exhibée note de bas de page
on ne peut plus visiblement. Melman l’avait repéré : « la n° 1).
dépression intervient comme un affect auquel le sujet assiste 17 MELMAN, C. (1991).
comme s’il était impuissant. Il est en quelque sorte le specta- « La dépression »,
teur ou la victime de cet affect, il est divisé éventuellement par in Clinique
psychanalytique, Paris,
rapport à cet affect et, d’habitude, il ne peut pas en dire grand Association freudienne,
chose 17 ». p. 249.
96 La dépression ou l’inconscient révélé

Mise en cause du tiers

Selon Melman puis Chemama, l’explication résulte d’une


faillite des instances symboliques et nous fournissent deux
explications assez semblables. Selon le premier : « la validité
de la présence au monde de chacun [...] ne serait vérifiée
qu’en tant qu’on est performant, c’est à dire en tant que la par-
ticipation au jeu social ou à l’activité économique se trouve
effectivement reconnue. Faute du repère, du référent - qu’il
soit ancestral ou autre, peu importe - qui permet au sujet
d’affirmer sa validité et sa tenue, son tonus, en dépit des ava-
tars de son destin social, cette reconnaissance vient évidem-
ment à manquer. Du même coup, le sujet, ou plutôt le moi, se
trouve exposé, fragile, à la dépression, puisque son tonus n’est
plus maintenant organisé, garanti par une sorte de référence
fixe, stable, assurée, un nom propre, mais a besoin sans cesse
d’être confirmé 18 ». Selon Chemama : « Même dans les reli-
gions proprement dites, ce qui est aujourd’hui dominant, ce
n’est pas la théologie comme discours organisé, à partir duquel
le sujet pourrait se repérer, c’est plutôt une exaltation du sen-
timent, et comme je l’ai dit, une sorte d’appel à s’abandonner
entièrement à la volonté de Dieu. Cela sera seulement accen-
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18 MELMAN, C. (2006). tué lorsque le sujet ne sait plus même à quelle divinité il sacri-
L’homme sans gravité,
Paris, Denoël, p. 49.
fie [...] Il est désormais paralysé parce que tout acte pourrait
contredire à des exigences dont il ne peut situer ni l’origine ni
19 CHEMAMA, R. op.
cit., p. 70.
l’extension. Ainsi cette religiosité particulière étouffe le désir
plus qu’elle ne l’autorise 19 ».
20 Pour cette question,
je renvoie à l’ouvrage Ces deux auteurs incriminent donc notre société contempo-
très argumenté de
raine au cœur de laquelle, la métaphore paternelle serait par
J.P. LEBRUN (2007). La
perversion ordinaire, trop bancale 20. Manque de repères symboliques du fait de ce
Paris, Denoël. nouveau mot d’ordre: « Jouir à tout prix 21 »; et où il est doré-
21 MELMAN, C., navant « légitime de trouver satisfaction 22 ». L’explication
L’homme sans gravité, est ici, pour reprendre les mots de Chemama, « une patholo-
op. cit., dos du livre.
gie, non du sujet individuel, mais du lien social lui-même 23 ».
22 MELMAN, C., Ibid.,
p. 38. Sur un mode moins « sociétal », Lucien Israël annonçait en
1979 : « Le déprimé est celui qui est incarcéré dans un désir
23 CHEMAMA, R., op.
cit., p. 144. qui n’est pas le sien, auquel il n’a pas le droit de déroger. Il
24 ISRAEL, L., op. cit.,
faut qu’il satisfasse à un désir dont il ne peut en aucun cas con-
p. 147. naître les limites 24 ». Melman se ralliera à cette conception
La dépression ou l’inconscient révélé 97

dix ans plus tard 25. Mais pour tous ces auteurs, la non identi-
fication du repérage symbolique, d’une instance clairement
identifiée et faisant référence, génère « l’effondrement dépres-
sif 26 », le « ralentissement dépressif 27 ». Nous en convenons
tout à fait mais le cas de Mme FI., que nous allons exposer,
nous permettra de faire un pas de plus en montrant que son
fantasme est impliqué dans sa dépression. Dès lors, nous pour-
rons envisager que même s’il n’associe pas, même s’il réduit
le langage à sa forme la plus inerte, « le dépressif » n’en reste
pas moins, au travers de son état, supporté par le langage, par
du Symbolique.

Mme FI.

Mme FI. a cinquante ans et séjourne en établissement psychia-


trique pour syndrome anxio-dépressif depuis un an. Après
avoir passé six mois dans une clinique au sein de laquelle
aucune amélioration n’a été constatée, un transfert d’établis-
sement a été envisagé dans le but de voir si ailleurs, quelque
évolution de son état était possible. Pendant ces (seconds) six
mois passés au sein de la clinique où nous intervenons, nous 25 « Le paradoxe de
notre humeur est donc
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l’avons reçue une à deux fois par semaine. Elle a quitté l’éta- que le sujet ne sait
blissement à sa demande, dans des circonstances que nous jamais, habituellement, si
détaillerons plus loin. ce que le grand Autre
attend de lui, est d’être
dans la joie, c’est à dire
Anamnèse si c’est en étant dans la
joie qu’il célèbre au
Alors qu’elle est âgée de cinq ans, ses parents et elle ont un mieux la puissance du
grand Autre, ou s’il
violent accident de voiture. Le père qui conduisait décède satisfait au mieux le
dans l’accident et la mère sombre dans un coma de plusieurs grand Autre en étant
jours. Mme FI., endormie sur le siège arrière se réveille dans la dépression, c’est
à dire dans le deuil ». C.
indemne, et se réfugie aux pieds de sa mère inconsciente, sous MELMAN. « La
le tableau de bord, tremblante de peur que des gitans ne vien- dépression », in Clinique
nent l’enlever. C’est ce dont sa mère la menaçait lorsqu’elle psychanalytique, op. cit.,
p. 253.
n’était pas sage. Les secours arrivent au bout d’un temps qu’elle
est incapable d’estimer et au réveil de sa mère, c’est elle qui lui 26 ISRAEL, L. (1996).
La jouissance de
apprend le décès du père. La mère s’effondre alors et fera une l’hystérique, Strasbourg,
longue dépression. Elle sera soignée en maison de repos où la Arcanes, p. 102.
persistance de la dépression l’incitera, selon Mme FI., à placer 27 COTTET, S., op. cit.,
celle-ci en internat. Mme FI. dit ressentir ce placement comme p. 73.
98 La dépression ou l’inconscient révélé

un véritable abandon puisqu’elle aspirait à cette époque, et


plus que jamais, au soutien de sa mère. (Elle se demande si sa
mère ne lui en veut pas de son rôle de messagère funèbre).
Quelques années plus tard (elle ne peut préciser l’âge qu’elle
avait alors), elle reviendra vivre auprès de sa mère et de sa
grand-mère. La mère reste alors très distante vis à vis de sa
fille et ne lui manifeste jamais la moindre marque d’affection.
Elle dit n’avoir jamais pu parler avec sa mère qui esquive sys-
tématiquement tout ce qui n’est pas d’ordre très général.
Sa mère rencontre un homme alors que Mme FI. a dix huit
ans et ni elle ni sa grand-mère ne s’entendent avec lui. Fort
heureusement, elle réussit un concours administratif et part
seule à Paris avec sa valise. Elle alors dix neuf ans et est ravie
de se retrouver dans la capitale. Elle fait du sport, se promène,
sa grand mère monte la voir régulièrement et elles font les
boutiques ensemble. Elle conserve un souvenir enchanteur de
cette période. Elle se met à fréquenter un employé du même
bureau avec qui elle se mariera deux ans plus tard. Trois fils
naîtront de cette union. Tout va très bien jusqu’à ce que le
mari se mette à boire, devienne violent et frappe son épouse.
Elle le quitte avec les enfants qui ont alors de douze à quatre
ans. Elle fait une première dépression et est suivie par un psy-
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chologue durant quatre ans. Cela lui fera le plus grand bien et
lui aura permis de comprendre des choses... L’ex-mari mourra
quelques années plus tard dans un accident de la route, en état
d’ébriété.
Elle refera une légère dépression quelques années plus tard,
après qu’un nouveau compagnon la quitte. Elle s’effondrera
véritablement lorsque le cadet de ses fils partira s’installer à
Paris avec sa copine. Il est celui dont elle se dit la plus proche
bien qu’elle dit aimer également ses trois fils. Le second avait
eu des difficultés à l’adolescence et commençait à faire des
bêtises. Elle s’était alors « rapprochée de lui » à ce moment là.
Son dernier fils aujourd’hui âgé de dix neuf ans vit à la maison
et se trouve livré à lui-même puisque Mme FI. est hospitalisée
depuis un an. Elle envisage spontanément que l’aîné et le ben-
jamin puissent entretenir une certaine jalousie vis à vis du
cadet…
La mère de Mme FI. est remariée depuis quinze ans et se
préoccupe peu du sort de sa fille qu’elle appelle tout de même
La dépression ou l’inconscient révélé 99

de temps en temps à la clinique. Les fils n’apprécient guère


leur grand-mère et le benjamin refuse même de la voir car elle
n’avait pas voulu, lors d’une dépression de Mme FI., venir
s’occuper de ses petits-enfants, prétextant qu’ils étaient mal
élevés ; ce que Mme FI. dément.
Tous ces éléments ont été amenés lors des toutes premières
rencontres, avant que les entretiens ne sombrent dans « le
rituel de la plainte ».

Le rêve
Après six mois passés au sein de la clinique et un an d’hospi-
talisation, elle décide de sortir. Les sorties d’essai n’ont pas
été jusqu’à présent très concluantes car l’angoisse reste très
persistante, qu’elle soit seule ou accompagnée, mais elle veut
sortir car estime ne plus pouvoir continuer comme ça.
Nous avons rendez-vous la veille de sa sortie et elle amène,
pour la première fois un rêve. Dans celui-ci, elle fuit des pour-
suivants qui veulent lui enlever ses enfants. Les enfants y appa-
raissent jeunes car le dernier a encore des couches. Elle fuit
en courant avec mari et progéniture.
Nous lui demandons d’associer mais rien ne lui vient. Nous
lui demandons si le terme d’enlèvement évoque quelque
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chose pour elle; rien ne lui vient. Nous lui disons enfin qu’elle
l’a déjà évoqué lors de notre première rencontre et alors seu-
lement elle fait le rapprochement avec cette crainte qu’elle
avait eue de se voir enlevée par des gitans, lors de l’accident
de voiture.
Elle associe alors par rapport à ceux qui lui ont été enlevés,
son père par la mort, son mari par l’alcool et ses fils par ses
belles-filles. En ce qui concerne nos rencontres, les choses se
sont arrêtées là mais ce rêve nous semble en tout cas embléma-
tique qu’au cœur même de la dépression, l’inconscient demeure
opérant.

Enseignements

La dépression a souvent été envisagée comme une défense.


Fédida nous dit que « le patient déprimé demande du 28 FEDIDA, P., op. cit.,
temps 28 » et qu’« il convient aussi de penser cet état [...] p. 19.
100 La dépression ou l’inconscient révélé

29 FEDIDA, P., ibid., p. 16. comme la mise en conservation du vivant sous une forme
30 FEDIDA, P., ibid., p. 26. inanimée 29 », « une sorte de protection paradoxale contre son
31 « Une voie doit pouvoir
propre anéantissement 30 ». Il s’agit bien de défense ; pour le
être trouvée, qui mène à la moins d’une très vive résistance face à ce qui divise le sujet.
compréhension de Jusqu’ici, rien de révolutionnaire puisque Freud l’avait déjà
l’inhibition générale par
laquelle se caractérisent énoncé en 1926 31 à propos de l’inhibition. En effet, selon ce
les états de dépression dernier « le point d’appel de départ de la dépression est
[…] on peut donc dire des l’inhibition 32 ».
inhibitions qu’elles sont
des restrictions des Quoi qu’il en soit, appréhender la dépression comme « expé-
fonctions du moi, soit par
rience de la vie morte 33 », comme « effet dans le “moi”, un
précaution, soit à la suite
d’un appauvrissement en moi appauvri dont le paradigme est le deuil 34 », soutient
énergie », S. FREUD l’idée que la dépression est un mode de protection. Pour la
(1995). Inhibition,
symptôme, angoisse.
majorité des auteurs que nous avons cités, cette protection vise-
Paris, PUF, p. 7. rait à « faire en sorte qu’aucun désir ne puisse advenir 35 » ; ceci
32 COTTET, S., op. cit., se traduisant par la « plainte du déprimé [...] pauvre et répéti-
p. 76. tive: c’est encore de la parole, mais comme éloignée de la
33 FEDIDA, P., op. cit., parole 36 ». Toujours selon ces auteurs, la dépression viserait
p. 12. donc le refus du manque et ce, sur un mode radical qui con-
34 COTTET, S., op. cit., siste à bétonner l’accès au langage comme agent de division.
p. 76.
Pour autant, Mme FI. vient tout de même nous suggérer que
35 CHEMAMA, R., op. son fantasme, (« Un enfant est enlevé », hasarderons-nous
cit., p. 19.
approximativement) est bien impliqué dans sa réalité dépres-
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36 , F. (2004). sive. Elle vient nous dire que le signifiant y est pour quelque
« Passions dantesques »,
La cause freudienne, chose. Si son fils n’était pas parti, enlevé par sa petite amie, le
n° 58 : « Maladies fantasme de Mme FI., cette « phrase avec une structure gram-
d’époque », p. 7. maticale 37 » serait resté largement refoulé. Le départ du fils
37 LACAN, J., Logique comme dévoilement du fantasme de la mère mettrait alors
du fantasme. Séminaire
cette dernière en position de jouir de la perte de son fils :
inédit. Leçon du 14 juin
1967. insupportable. La dépression viendrait alors, comme obturer
ce que la perte imaginaire du fils est venue révéler, une jouis-
38 « C’est bel et bien en
tant que liée à l’origine sance inacceptable. Mais cette jouissance, soulignons-le encore,
même de l’entrée en jeu issue d’un fantasme, relève du signifiant 38 car, rappelons-le,
du signifiant, qu’on peut
parler de jouissance. Ce
le sujet ne peut ni se dire ni être dit entièrement car le langage
dont jouit l’huître ou le au contraire le divise. Ce dernier ne peut que représenter le
castor, personne n’en sujet et rien de plus. De ce fait, l’individu se trouve constitué
saura jamais rien, parce
que, faute de signifiant, il
d’une faille irréductible et insupportable. Le fantasme est
n’y a pas de distance alors cet énoncé, ce dire qui vient recouvrir la division, la
entre la jouissance et le négativité, et exprimer le rapport fondamental du sujet au lan-
corps ». J. LACAN
(1986). L’éthique, Paris,
gage. Le fantasme a des composantes imaginaires prises dans
Le Seuil, p. 206. la chaîne signifiante et il opère comme une focale à travers
La dépression ou l’inconscient révélé 101

laquelle le sujet appréhende le monde depuis son lieu le plus


singulier. Serge Leclaire nous dit fort justement que le fan-
tasme est la mise en scène de la pulsion, « là nous avons accès
directement à la pulsion par la seule utilisation des mots 39 ».
Il complète superbement cette idée comme suit : « chacun des
éléments [du fantasme] est disposé comme un personnage ou
un objet sur la scène d’un petit théâtre où ne se jouerait qu’un
seul acte (une seule action, une seule phrase) indéfiniment
répété, canevas obligé de variations monotones ; ainsi l’exem-
plaire : « On bat une enfant », analysé par Freud. Mais quel
que soit le fantasme, c’est toujours de la mise en scène du
désir qu’il s’agit [...] Ce mouvement, ou ce moteur que le psy-
chanalyste nomme désir, naît de la différence entre le souvenir
d’un premier apaisement et l’inadéquation à ce modèle mythi-
que de la satisfaction obtenue : il est toujours nostalgie d’un
paradis perdu 40 » ; et nous d’ajouter : un paradis scandaleux
et pervers (où la jouissance règne donc) puisque issu de la pul-
sion qui comme nous le savons, va à l’encontre de tout ce que
la vie en communauté tolère et impose (cf. l’ouvrage de
Freud : Malaise dans la civilisation qui traite essentiellement
de cette incompatibilité).
En fin de compte, la dépression semble pouvoir être envi-
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sagée comme protection face à l’horreur de la jouissance
dévoilée, mais ici, nous nous aventurons sur un chemin qui
dépasse le cadre de notre propos.
Toutefois, nous pensons avoir illustré cette propriété de la
39 LECLAIRE, S.
dépression qui est de mettre en évidence la division du sujet, (1998). Écrits pour la
alors même que « le déprimé », via son inertie radicale, psychanalyse, I. Paris,
Le Seuil / Arcanes, p.
dément être concerné. De plus, le cas de Mme FI., et elle n’est 174.
pas la seule, montre que du signifiant génère, induit la
40 LECLAIRE, S.
dépression ; dépression que la seule perte d’objet ne suffit pas (1998). Écrits pour la
à justifier. Aussi, à l’idée d’approfondir le lien qu’entretien- psychanalyse, II. Paris,
draient dépression et fantasme, dépression et désir, se rappel- Le Seuil / Arcanes, p.
293.
lent à notre souvenir ces mots de Lacan sur les rêves
paradoxaux ; rêves qui selon lui présentifient « l’être qui 41 LACAN, J. (1975).
Les écrits techniques de
attend de se révéler 41 ». Ne se pourrait-il pas qu’il en aille de Freud, Paris, Le Seuil, p.
même pour la dépression ? 297.
102 La dépression ou l’inconscient révélé

Bibliographie ANDRE, S. (1993). L’imposture perverse, Paris, Le Seuil.


BERGERET, J. (1975). La dépression et les états limites, Paris, Payot.
BIALEK, S. (2002). « Opération santé mentale sans limite », in Jacques-
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CHEMAMA, R. (2006). Dépression, la grande névrose contemporaine, Tou-
louse, érès.
COTTET, S. (1985). « La belle inertie », Ornicar n° 32, p. 68-86.
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LACAN, J. (1975). Les écrits techniques de Freud, Paris, Le Seuil.
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p. 7-20.
LEBRUN, J.P. (2007). La perversion ordinaire, Paris, Denoël.
LECLAIRE, S. (1998). Écrits pour la psychanalyse, I, Paris, Le Seuil /
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LECLAIRE, S. (1998). Écrits pour la psychanalyse, II, Paris, Le Seuil /
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MELMAN, C. (2006). L’homme sans gravité, Paris, Denoël.
REGNAULT, F. (2004). « Passions dantesques », La cause freudienne,
n° 58 : « Maladies d’époque », p. 128-143.

Résumé La dépression traitée ici est en premier lieu à distin-


guer de la mélancolie, elle, relevant de la structure. Elle semble
se caractériser par un refus du sujet d’interroger les signifiants
maîtres de son histoire. La dépression a la propriété de mettre
évidence la division du sujet puisqu’elle révèle un sujet abattu
qui ne se reconnaît pas tel qu’il est dorénavant. De plus, le cas
d’une patiente permettra de faire un pas supplémentaire en sou-
La dépression ou l’inconscient révélé 103

tenant que du fantasme, et donc du signifiant peut se trouver


impliqué dans la dépression du sujet. Cette perspective permet
d’envisager pour cette difficulté du sujet, un au-delà de la perte
d’objet, « marque de fabrique » de la dépression.
Mots clés dépression, division, fantasme, défense, tiers (sym-
bolique).

Summary The depression studied here has to be first of all dis-


tinguished from melancholy. It seems to be characterized by a
refusal of the subject, to interrogate significant bosses of its his-
tory. The depression has the property to put evidence the divi-
sion of the subject because it reveals a subject being down
which does not recognize such as it is from now on. Further-
more, the case of a patient will allow to make one further step
by supporting that of some phantasm, and thus of some signifi-
cant fear be involved in the depression of the subject. This per-
spective allows to envisage for this difficulty of the subject, one
beyond the loss of object, trade park of the depression.
Keywords depression, division, phantasm, defense, symbolic
third.
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