Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
ISBN : 9782100792207
https://www.dunod.com/
C ela fait bien longtemps que vous avez des hauts et des bas dans
une même journée ; vos émotions comme la colère vous
débordent ou vous submergent, et c’est bien difficile de vous
contrôler. Les autres vous qualifient de « soupe au lait », ou encore
de bien susceptible… L’annulation d’une amie est vécue comme un
véritable abandon ; une remarque est perçue comme un « coup de
poing »… Vous vous sentez vide – c’est très angoissant – alors vous
avez besoin de vous remplir rapidement de quelque chose : la
nourriture par exemple… Vous réagissez rapidement, impulsivement
dans la plupart des cas. Parfois, sous l’emprise de l’angoisse, vous
vous scarifiez, ou vous avez des conduites à risque, vous ne savez
plus qui vous êtes… Vous êtes nombreux à vivre ces expériences
difficiles, et comme toute autre souffrance de l’organisme, elle se
diagnostique et se traite. Cet ouvrage est fait pour vous.
Catherine Musa, psychologue, a une longue expérience de la prise
en charge en psychothérapie. Elle vous propose dans cet ouvrage
une description claire de cette hyperréactivité émotionnelle et vous
conseille un ensemble d’aides psychologiques sous la forme d’auto-
observations guidées, pour identifier vos fragilités en même temps
que des moyens pour agir sur elles.
Vous découvrirez dans une première partie la description d’une
souffrance émotionnelle qui s’est appelée tour à tour la personnalité
émotionnellement labile, le trouble limite de personnalité ou encore
trouble « borderline ». Cette souffrance polymorphe, dont nous
avons souvent du mal à faire le tour et qui s’associe à bien d’autres
perturbations psychologiques dont les états dépressifs, les
consommations de substances, les conduites boulimiques, est bien
difficile à repérer et un bon nombre d’années peuvent s’écouler
avant qu’un diagnostic soit porté et que vous puissiez bénéficier des
soins les plus appropriés.
La seconde partie du livre vous enseigne un ensemble de stratégies
thérapeutiques qui ont largement montré leur efficacité dans la
régulation de vos émotions, dans l’amélioration de votre qualité de
vie et de vos relations aux autres. Les stratégies psychologiques
présentées sont issues de différents courants de la psychologie :
association de la psychologie clinique, des techniques
comportementales et cognitives des plus classiques aux plus
innovantes, des approches sur les schémas psychologiques
précoces de l’enfance devenus inadaptés à l’âge adulte et un
ensemble d’outils qui favorisent une communication plus
harmonieuse pour vous et pour les autres.
Le travail proposé est clair et progressif. Il vous permettra de repérer
vos émotions dévastatrices, les circonstances qui les déclenchent,
de cohabiter dans un premier temps plus paisiblement avec elles –
puisque de toute façon elles sont là – et de les mettre à distance
petit à petit. Catherine Musa a de nombreuses années d’expérience
dans la prise en charge psychologique des personnalités
émotionnellement labiles, selon ce programme multidimensionnel.
Découvrez vite ce livre, bonne lecture !
Dr Christine Mirabel-Sarron
Table des matières
Remerciements 3
Préface 5
PARTIE 1
COMPRENDRE
3 Comment l’expliquer ? 41
La théorie psychanalytique 41
La théorie de l’attachement 43
L’attachement sécure 44
L’attachement insécure 45
L’enfant vulnérable 50
Le parent punitif 51
Le protecteur détaché 52
Le mode de l’adulte sain 52
PARTIE 2
CHANGER
Je m’apaise 76
Annexes. 201
Bibliographie 215
Partie1
Comprendre
Chapitre 1
Historique
En 1938, le psychanalyste américain Adolph Stern écrit un article qui
fera date dans l’histoire de la psychanalyse et de la psychiatrie. Il
utilise le terme borderline pour désigner un groupe de patients qui,
selon lui, n’étaient ni névrotiques ni psychotiques mais « à la limite »,
c’est-à-dire entre ces deux types de fonctionnements.
Ce qui caractérisait, selon lui, ces patients, était leur estime de soi
extrêmement fragile, leur hypersensibilité à la critique et leur
tendance à tantôt idéaliser, tantôt dévaloriser les personnes
importantes de leur entourage, psychothérapeutes inclus.
En France, le terme borderline a été traduit par état-limite, qui est également souvent
utilisé. Pour rajouter à la confusion, la classification internationale des maladies
psychiatriques, la CIM-10 (en français), utilise également le terme de personnalité
émotionnellement labile.
Une névrose : mot créé en 1777 par un médecin écossais, William Cullen (1710-
1790), et introduit en France par le célèbre psychiatre Philippe Pinel (1745-1826). Le
terme est utilisé pour désigner les maladies du système nerveux par opposition aux
maladies somatiques, c’est-à-dire aux maladies du corps.
Le terme est par la suite utilisé par Sigmund Freud pour nommer des troubles
psychiques tels que les phobies ou les obsessions, troubles dont le patient a
pleinement conscience.
C’est le psychiatre allemand Emil Kreaplin (1856-1926) qui utilise le premier le terme
psychose pour désigner les états psychiques caractérisés par une altération profonde
de la conscience. Le patient psychotique peut avoir des pensées, des convictions, des
expériences bizarres comme des « hallucinations », qui ne correspondent pas à la
réalité. Il peut être « délirant » : penser par exemple qu’on peut lire dans ses pensées,
qu’on le persécute, qu’il a des pouvoirs spéciaux. Ceci est pour lui une expérience
souvent terrifiante.
Les psychoses les plus fréquentes sont les différentes formes de la schizophrénie. Des
états psychotiques peuvent aussi apparaître d’une manière transitoire sous l’influence
d’un grand choc psychologique ou certaines drogues (cannabis, amphétamines,
drogues hallucinogènes…).
La distinction entre psychose et névrose est aujourd’hui de moins en moins utilisée,
voire totalement abandonnée en psychiatrie.
Otto Kernberg, né en 1928, est un psychanalyste américain célèbre pour son travail
sur les personnalités limites et narcissiques. Né à Vienne, il fuit avec sa famille
l’Allemagne nazie pour s’installer d’abord au Chili puis aux États-Unis dans les
années 1960.
Devenu professeur de psychiatrie dans la prestigieuse Université de Cornell en 1976, il
développe son travail sur les personnalités borderline et propose une
psychothérapie adaptée et validée scientifiquement : la thérapie focalisée sur le
transfert.
Il est auteur d’un livre de référence sur les patients borderline : Les Troubles limites de
la personnalité.
Est-ce génétique ?
Les études génétiques classiques consistent à comparer les
proches, au plan génétique, (la famille) de personnes souffrant d’un
trouble aux proches de personnes indemnes de ce trouble. Ces
études ont permis de montrer que l’influence génétique est présente
dans le trouble borderline mais qu’elle est moins importante que
dans certains autres troubles psychiatriques. Le « taux de
concordance » chez les « vrais » jumeaux, appelés
« monozygotes », c’est-à-dire ayant exactement les mêmes gènes,
est de 25 % pour le trouble borderline alors qu’il est de 50 % pour la
schizophrénie, une maladie psychiatrique grave. Le risque de
présenter un trouble borderline si un membre de la famille en est
atteint est de 10 % alors qu’il est de 1 % dans la population
générale. Il faut noter cependant que les individus de ces études ont
partagé le même environnement familial. Il n’est par conséquent pas
possible de démêler les influences psychosociales de l’influence
génétique.
Les études en génétique cherchent depuis quelques années à
étudier les « endophénotypes » c’est-à-dire des caractéristiques
cliniques ou biologiques qui correspondent non pas au trouble dans
sa globalité mais à une de ces parties.
Ainsi pour le trouble borderline l’un des endophénotypes étudiés est
« l’impulsivité ».
Les chercheurs sont partis du constat qu’un déficit en sérotonine,
l’un des neurotransmetteurs les plus répandus dans le cerveau,
facilite les conduites impulsives et ils ont observé qu’une variation
touchant le gène du transporteur de la sérotonine pourrait favoriser
des comportements impulsifs.
Ces découvertes sont à modérer à la lumière d’une autre discipline
scientifique, appelée l’épigénétique. Celle-ci étudie l’influence de
l’environnement sur l’expression des gènes. Ainsi une étude
épigénétique récente montre que les maltraitances et le stress vécus
dans l’enfance transforment de façon permanente l’expression de
certains gènes dans le sens d’une plus grande vulnérabilité au
stress.
Pour conclure, les prédispositions génétiques dans le trouble
borderline sont probables, mais leur influence est certainement
modérée.
Comme pour d’autres troubles psychiatriques, il existe certainement
une intrication complexe entre l’environnement et les gènes dans
l’étiologie de ce trouble, avec toutefois un rôle prépondérant attribué
aux facteurs environnementaux précoces comme nous allons le voir
dans la partie suivante.
Abus et négligences
« Cécile est abandonnée par sa mère toxicomane à cinq ans. Elle est alors élevée
par son père qu’elle qualifie de “trop présent” car il cherchait à contrôler sa vie et ses
fréquentations. Lors de son adolescence, il abuse d’elle sexuellement, ce qui
entraîne chez Cécile une confusion entre affection et sexualité qui se répercutera
dans ses relations sentimentales. Elle se marie jeune et a deux enfants, ce qui
réactive le dégoût pour son père puis se généralise à tous les hommes, y compris
son mari, dont elle se sépare par la suite. Elle sombre alors dans une dépression qui
dure deux ans et se fait hospitaliser. »
« Victor est originaire du Pérou et a été adopté par ses parents à 18 mois. Sa mère
adoptive est froide et s’occupe peu de lui. Son père, plus chaleureux, est toutefois
très absent car surinvesti dans son travail. À huit ans, il est abusé à plusieurs
reprises par un cousin beaucoup plus âgé et se trouve alors plongé dans une grande
confusion quant à sa sexualité et ses sentiments amoureux. Au lycée, il découvre
son homosexualité et souffre alors d’humiliation et d’homophobie. Il se replie sur lui-
même et n’a plus d’amis. Ses résultats scolaires chutent. Il ne parle plus avec ses
parents adoptifs qui le critiquent en permanence. On lui diagnostique alors un
tempérament dépressif. Après son bac, il se lance dans le dessin mais souffre
toujours de solitude et de dépression, ce qui le pousse à commettre plusieurs
tentatives de suicide. Il est d’abord diagnostiqué bipolaire puis plus tard borderline. »
Les chercheurs ont identifié chez la souris des mères particulièrement « bonnes » qui
passent leur temps à lécher et toiletter leurs petits et qui voûtent leur dos pendant
l’allaitement. Ils ont également identifié des mères négligentes qui ne s’impliquent pas
suffisamment dans les soins de leurs petits. Le « bon » comportement maternel a une
influence sur le développement de certains circuits cérébraux des souriceaux et
notamment ceux impliqués dans la gestion du stress. De plus, les comportements
maternels influencent même l’expression du génome chez leurs petits : en fonction du
type de soins reçu (« bon » ou « mauvais »), il y aura des modifications durables,
parfois sur trois générations dans l’expression de certains gènes et notamment ceux
impliqués dans la gestion du stress, l’agressivité et les apprentissages. Ces
transformations ne sont toutefois pas définitives : si les souriceaux maltraités sont
confiés suffisamment tôt à de « bonnes mères », ils ne développeront pas, ou d’une
manière beaucoup plus atténuée, les perturbations biologiques observées chez ceux
restés avec les « mauvaises » mères. L’environnement favorable peut donc modifier le
destin de ces souriceaux et de leur progéniture !
L’abandon peut être vécu comme une perte totale du sens de la vie,
comme l’exprime Sonia :
« J’avais 13 ans quand mon père est mort et plus tard j’ai compris que j’avais vécu ce
décès comme un abandon. À 15 ans, j’ai sombré dans une sorte de “dépression
existentielle”. Je lisais des ouvrages des philosophes existentialistes, je ruminais
l’absurdité de la vie, le manque de sens. Puis un jour, un ami m’a fait essayer
l’héroïne et je me souviens d’avoir pensé que cette drogue donnait un sens à ma vie.
Je savais pourquoi je me réveillais le matin. Mes journées étaient organisées en
fonction de l’argent à trouver, du dealer à appeler et du “shoot” du soir. L’héroïne
avait comblé un vide, le vide laissé par mon père… »
Plus vous vous attachez à une personne, plus cette relation vous
angoisse. Vous vous sentez dépendant et vous craignez l’abandon.
Vous ne pouvez pas vivre sans relation fusionnelle. Parfois vous
reproduisez le même schéma dans vos relations amicales, qui
deviennent elles aussi fusionnelles et conflictuelles.
Il peut vous arriver de vous sentir seul même lorsque votre
partenaire ou vos proches sont physiquement présents. Et lorsque
ceux-ci s’absentent les sentiments de solitude et de désespoir
peuvent devenir envahissants. Vous allez alors vouloir vous rassurer
en cherchant à maintenir le contact à tout prix, en envoyant trop de
messages, en appelant trop souvent l’autre, en lui faisant des
reproches s’il ne répond pas immédiatement. Tous ces
comportements risquent paradoxalement de provoquer justement,
surtout en début de relation, cet abandon tant redouté. Il en va de
même pour les comportements agressifs. Lorsque vous doutez de
l’autre vous pouvez devenir violent, provoquer des disputes en
permanence, ce qui va également souvent finir par lasser votre
partenaire et l’inciter à rompre.
Virginie témoigne :
« Toutes mes relations se déroulent selon le même schéma : après un début souvent
passionnel des deux côtés, je crois percevoir des signes de lassitude chez l’autre.
Ceci m’angoisse terriblement et je me mets à demander des preuves d’amour. Je
l’étouffe de sms, je cherche à le voir tout le temps, je l’accable de reproches s’il ne
l’accepte pas, je lui fais des scènes si je m’aperçois qu’il jette même un regard furtif à
une autre femme. Et plus je le fais, plus il s’éloigne, jusqu’à disparaître
complètement. »
Je me sens vide
« Je me sens souvent comme une coquille vide. Je ne ressens aucune émotion, tout
m’est égal. Je ne suis pas triste, je n’arrive pas d’ailleurs à pleurer, je ne me sens pas
vraiment exister. J’ai essayé de remplir le vide en mangeant et en me faisant vomir,
en prenant des drogues, en regardant la télévision, en sortant tout le temps… J’ai
tout essayé. Rien ne marche. » Joëlle
Nous faisons l’hypothèse que ce vide intérieur peut, une fois encore,
venir de l’absence de sécurité affective dans l’enfance qui ne vous a
pas permis de vous construire une identité suffisamment solide.
Une autre explication possible de ce sentiment de vide semble être
le besoin, que beaucoup d’entre vous décrivent, de vous couper de
vos sentiments, de vos pensées, de vos désirs depuis votre petite
enfance, afin d’éviter d’être débordés par vos émotions. Cette
tendance à vous « couper » d’une partie de vous-même peut alors
être vue comme un mécanisme de protection. Celui-ci permet dans
un premier temps la gestion des émotions pénibles mais crée dans
un deuxième temps ce sentiment de vide qui devient à son tour
source d’angoisse.
Je ne sais pas qui je suis
« Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas ce que je veux, je ne sais pas où je vais, ni
ce que j’aime. Je ne sais même pas si je préfère les hommes ou les femmes, parfois
j’ai même l’impression que je n’existe pas… » Pierre
Dans son film « Zelig », sorti en 1983, Woody Allen illustre le problème d’identité
instable dû au besoin d’être aimé et la peur du rejet. Le personnage principal, Leonard
Zelig, y change d’apparence physique et de personnalité en fonction de son
interlocuteur, comme un caméléon : en présence des personnes obèses il devient
obèse, avec un jazzman sa peau fonce et il se met à jouer de la trompette, en
présence des psys il se laisse pousser la barbe et porte des lunettes rondes.
Je suis impulsif/ive
L’impulsivité est la tendance à agir rapidement sans réfléchir aux
conséquences de ses actes. Elle comporte quatre caractéristiques
principales : l’absence de préméditation, l’urgence de l’action, la
recherche de sensations fortes et le manque de persévérance.
Vous avez probablement du mal à tolérer les frustrations, auxquelles
vous réagissez d’une manière impulsive. Les émotions intenses que
vous éprouvez vous poussent à agir sans réfléchir.
« J’ai perdu plusieurs emplois car j’en suis parti en claquant la porte suite à des
incidents minimes : une remarque sur mon retard le matin, un client un peu exigeant,
une collègue distante. » Philippe
⬜ Il m’arrive souvent de dire la première chose qui me passe par l’esprit sans
réfléchir.
⬜ J’achète souvent des choses sans savoir si je peux vraiment me le permettre.
⬜ J’ai tendance à agir sans réfléchir.
⬜ J’aime les sports et les jeux dans lesquels il faut réagir très rapidement.
⬜ Je ne planifie jamais rien à l’avance.
⬜ J’ai du mal à me concentrer et à prêter attention aux détails.
⬜ J’interromps souvent les autres, je ne les laisse pas terminer leurs phrases.
Paula est fille unique et vient d’une famille très conflictuelle. Son père est alcoolique.
Elle est abusée sexuellement à plusieurs reprises dans son enfance par ses amis. À
l’école, elle est maltraitée par des élèves plus âgés et se sent exclue socialement.
Elle est marginale, n’a pas d’amis, et commence à fumer du cannabis à 14 ans.
Elle recherche les expériences dangereuses, se mutile, se fait vomir et essaye
différentes drogues. Au lycée, elle commence l’héroïne : « ça me désinhibait, ça me
rendait moins timide. » Elle aimait cette prise de risque car cela lui donnait
l’impression de jouer avec la mort. Ses parents la surprotègent et la laissent faire.
Elle se décrit elle-même comme une « enfant gâtée » car ils ne lui refusent aucun de
ses caprices. Elle se décide à arrêter l’héroïne cinq ans plus tard, quand sa meilleure
amie avec laquelle elle avait commencé à en prendre meurt d’une overdose.
achats inconsidérés ;
prises de risques sur la route ;
crises de boulimie ;
prises de substances (drogues, alcool) ;
prises de risques dans les pratiques sexuelles ;
insultes et comportements violents ;
automutilations ;
tentatives de suicide ;
vols, délinquance ;
difficultés à persévérer, à se concentrer, à s’organiser, à respecter les horaires...
Je me fais du mal
« À l’adolescence je me suis mise à m’entailler les bras. J’utilisais des “cutters”, des
lames de rasoir, des tessons de verre. Je l’ai fait pendant plusieurs mois, presque
chaque jour. Je le faisais pour me punir. Parce que j’étais là. Parce que j’étais qui
j’étais. Je le faisais aussi pour me sentir. Pour sentir que j’étais là, que j’existais,
peut-être comme la personne qui se pince le bras pour s’assurer qu’elle est bien
réveillée. » Manon
Laura, est une enfant non désirée, née dans un contexte parental très conflictuel
entre un père très autoritaire qui lui faisait peur et une mère soumise. Dès son plus
jeune âge, elle est mise en nourrice et séparée de ses parents pendant qu’ils partent
en vacances, ce qui provoqua chez elle un sentiment précoce d’abandon. Fille
unique, elle dit avoir souffert de solitude dans son enfance. Elle commence à avoir
des idées suicidaires dès l’école primaire, tétanisée par l’autorité qui y régnait et qui
lui rappelait son père. Elle pensait alors à « se jeter par la fenêtre pour tomber dans
la cour ».
Son adolescence est difficile, elle a de nombreux complexes physiques liés au retard
de sa formation féminine, et fait sa première tentative de suicide en 6e, alors qu’elle
n’avait que 12 ans. Elle se met alors à pratiquer la scarification afin d’extérioriser la
douleur qu’elle ressent au fond d’elle-même. Elle finit par se décourager et quitter le
système scolaire qui ne lui semble pas adapté à sa personnalité.
Affectivement, elle entretient des relations amoureuses compliquées, souvent
violentes, et dont les ruptures la dévastent et la conduisent à de nouvelles tentatives
de suicide car elles réactivent fortement son sentiment d’abandon.
Dans son étude de 250 patients borderline évalués régulièrement sur seize ans,
Mary Zanarini et son équipe trouvent que 87 % des patients peuvent présenter par
moments des idées paranoïaques et 76 % des perceptions inhabituelles comme la
dépersonnalisation et la déréalisation. Avec le temps, seize ans plus tard, la fréquence
de ces pensées diminue significativement à 43 % pour les idées paranoïaques et 26 %
pour les perceptions bizarres.
Chapitre 3
Comment l’expliquer ?
La théorie psychanalytique
La psychanalyse est une théorie complexe du fonctionnement
psychique et une forme de psychothérapie élaborée au xixe siècle
par Sigmund Freud. En simplifiant, nous pouvons dire que son idée
principale est que les symptômes sont l’expression de conflits
inconscients entre tendances psychiques opposées : les pulsions et
les forces qui s’opposent à leur satisfaction (le Surmoi). Ces conflits
seraient dus à des événements vécus dans l’enfance et l’accent est
mis davantage sur la manière dont l’événement a été vécu que sur
son caractère objectif. Pendant longtemps la psychanalyse a
considéré que les patients borderline étaient « non traitables ». En
effet, le dispositif psychanalytique classique (patient allongé sur un
divan) et la méthode d’associations libres ne parvenaient pas à
améliorer ces patients, voire les aggravaient.
S’éloignant du modèle psychanalytique classique, Otto Kernberg
(cf. chapitre 1) propose que les sujets borderline ont été exposés
trop tôt à des niveaux de stress très élevés (séparations, agressions,
douleurs physiques prolongées) débordant leurs capacités à les
gérer. Le débordement de tensions va entraver la formation de la
personnalité : difficultés à tolérer l’anxiété, à contrôler ses pulsions
agressives, une identité mal définie et un « surmoi » mal et
insuffisamment construit. À l’origine de ces problèmes il y a un
« clivage » de la structure psychologique interne. Il y a à la fois un
clivage entre les bons et les mauvais objets (équivalent de la pensée
« en noir et blanc » décrite précédemment) et entre les
représentations du soi et de l’autre. Kernberg proposa une forme
particulière de psychothérapie psychanalytique pour traiter le trouble
borderline : « la psychothérapie focalisée sur le transfert ». Dans ce
travail, le psychanalyste est particulièrement attentif à verbaliser et
interpréter les sentiments conscients et inconscients que le patient
va éprouver vis-à-vis de lui.
En opposition avec Kernberg, Jean Bergeret, psychanalyste
français, affirme qu’il n’existe pas une structure « état limite », mais
que cette pathologie correspond plutôt à une absence de structure.
L’angoisse principale chez ces patients est celle de la « perte
d’objet », l’objet étant dans le langage psychanalytique l’objet
d’amour, ce qui les prédispose à la dépression et à la dépendance à
l’autre.
André Green, un autre psychanalyste français, propose que ce soit
l’impossibilité de l’accès au langage et à la symbolisation à la
période où les traumatismes sont vécus qui soit particulièrement
destructrice pour le développement de la personnalité de l’enfant.
Les traumatismes étant non seulement des situations d’abus mais
également toutes les négligences dont l’enfant a souffert dans une
période « pré-verbale » de sa vie. Selon Green, traiter un
traumatisme c’est avant tout commencer à pouvoir le penser, ce que
la personne borderline n’arrive pas à faire. Il lui est impossible de
mettre en mots ses traumatismes car elle n’a pas pu les enregistrer
dans sa mémoire de manière symbolique comme des souvenirs dont
on peut parler. Elle aura des traces mnésiques perceptives ou
sensorielles de son traumatisme, associées à un sentiment de vide.
Selon Green, le discours du borderline « n’est pas une chaîne de
mots, de représentations ou d’affects mais ressemble à un collier
dont le fil serait rompu ». Ce sera le rôle du psychanalyste de créer
un cadre et des outils qui permettront au patient de penser et de
traiter ce qui n’a pas pu être exprimé.
Quelques concepts-clés de la psychanalyse
La théorie de l’attachement
Si vous souffrez d’un trouble borderline, vous ressentez sans doute
une angoisse d’abandon. Vous vivez dans la crainte constante de
perdre l’autre, d’être quitté ou rejeté. Selon beaucoup de spécialistes
cette crainte fondamentale pourrait venir de vos toutes premières
interactions sociales.
Selon la théorie de l’attachement, notre capacité à faire confiance et
à aimer dépend de la qualité de notre relation avec notre première
figure d’attachement, celle qui procure les soins (nourriture, sécurité,
bains), en général, mais pas toujours, notre mère.
Les premiers modes d’attachement se construiraient donc dès la
naissance et persisteraient jusqu’à l’âge adulte.
La dépression chez les bébés à l’orphelinat
Dans les années 1940, le psychanalyste René Spitz suivit pendant plusieurs années
deux groupes de nouveau-nés : le premier placé dans un orphelinat où une seule
infirmière s’occupait de sept enfants ; et le second dans une crèche située dans une
prison où la mère prisonnière pouvait prodiguer chaque jour à son enfant soins et
affection. Il constate rapidement chez les enfants de l’orphelinat un syndrome
particulier qu’il appelle « l’hospitalisme », semblable à une dépression et caractérisé,
après une phase de pleurs, par de l’indifférence, de l’abattement et un amaigrissement
important. De plus, au niveau du développement intellectuel et moteur qui est
comparable au début de l’étude entre les deux groupes, les enfants de l’orphelinat
présentent un plus grand retard intellectuel et moteur, et sont moins curieux, moins
enjoués et plus sujets aux infections comparativement aux enfants de la prison.
La situation étrange
Dans cette procédure expérimentale de quelques minutes, la mère et l’enfant sont
placés dans une salle de jeu tandis qu’un chercheur enregistre la situation derrière
une glace sans tain. Huit étapes différentes, de trois minutes chacune, sont
expérimentées, avec notamment le départ et le retour de la mère en présence ou non
d’un étranger dans la pièce. Les réactions de l’enfant, en particulier lors des
retrouvailles avec la mère (manifestations de joie, d’anxiété ou d’évitement),
renseignent le chercheur sur la qualité́ de son lien d’attachement et son sentiment de
sécurité.
▶ L’attachement sécure
Les enfants ayant un attachement sécure protestent lorsque leur
mère quitte la pièce mais se consolent rapidement et continuent à
jouer. Ils sont heureux lorsque leur mère revient et, après l’avoir
accueillie chaleureusement, reprennent tranquillement leurs jeux.
▶ L’attachement insécure
Trois différents types d’attachement insécure ont été observés :
L’attachement évitant : les enfants protestent peu quand leur
mère part et manifestent peu de réaction à son retour.
L’attachement anxieux-ambivalent : les enfants protestent très
violemment au moment de la séparation et n’arrivent pas à
s’apaiser par la suite ni à se remettre à jouer. Le retour de leur
mère ne les apaise pas non plus et ils peuvent manifester un
comportement paradoxal, par exemple s’agripper à elle tout en
exprimant leur colère.
L’attachement désorganisé : les enfants se comportent d’une
manière confuse, contradictoire et désorientée.
Les recherches ultérieures ont montré qu’environ 65 % des enfants
dans la population générale ont un attachement sécure, les 35 %
restant étant divisés entre les différents types insécures. Les études
ont également démontré que le type d’attachement d’un parent était
prédictif de celui de son enfant. De plus, le type d’attachement d’un
enfant varie en fonction du parent. Ainsi un enfant peut être évitant
avec sa mère et sécure avec son père. Selon la plupart des études,
les sujets borderline ont un attachement insécure du type anxieux-
ambivalent ou désorganisé.
Une autre étude démontre que 70 % des sujets présentent à l’âge
adulte le même type d’attachement qu’à l’âge d’un an. Ceci ne veut
évidemment pas dire que « tout se joue avant l’âge d’un an » mais
cela vous montre à quel point les peurs sont profondément ancrées
et qu’il est difficile, mais pas impossible, de les modifier.
La théorie de l’attachement postule que nous construisons, à partir
de notre type d’attachement et dès notre plus jeune âge, des
« modèles internes ». (Ce concept ressemble beaucoup aux
schémas précoces inadaptés de J. Young, décrits ci-après.) Nos
modèles internes nous permettent d’anticiper et d’interpréter les
comportements des autres et de construire notre estime de soi.
Ainsi, si vous avez un attachement sécure vous aurez une image
positive à la fois de vous-même et des autres. L’attachement
insécure de type ambivalent pourrait être la cause de votre faible
estime de vous-même et de votre peu de confiance dans l’autre. Il
pourrait ainsi être à l’origine de votre angoisse d’abandon. Si vous
avez cet attachement vous vous attendez à être abandonné tout le
temps et vous cherchez inconsciemment à valider vos modèles
internes en provoquant les abandons que vous craignez. Vos
modèles internes ont ainsi une influence considérable sur vos
relations et ils sont relativement résistants au changement.
Deux psychanalystes anglais Anthony Bateman et Peter Fonagy,
élèves de l’école de Bowlby, ont développé une approche
psychothérapeutique originale pour le trouble borderline directement
inspirée par la théorie de l’attachement et appelée la « thérapie
basée sur la mentalisation ».
Cette thérapie a pour but de développer les capacités de
mentalisation, souvent insuffisantes, des patients borderline. La
mentalisation est la capacité de se voir comme les autres nous
voient et inversement notre capacité de voir les autres comme ils se
voient. Pour simplifier, la mentalisation est notre capacité de nous
voir du dehors et de voir les autres de l’intérieur.
Encore très peu connue et pratiquée en France, elle serait selon
plusieurs études une psychothérapie efficace pour les patients
borderline.
Les schémas sont des représentations mentales abstraites qui résument de façon
structurée des événements, des objets ou des situations. Stockés en mémoire à long
terme, ils permettent d'analyser, de sélectionner, de structurer et d'interpréter des
informations nouvelles. Ils servent donc en quelque sorte de modèle pour traiter
l'information et diriger les comportements.
Marianne, artiste peintre, a été abusée sexuellement par un ami de ses parents à
l’âge de 12 ans. Elle a développé le schéma méfiance/abus : la croyance profonde
qu’on va toujours abuser d’elle. Elle n’a jamais connu de relation stable. Jusqu’à ses
18 ans, elle a évité toute relation sentimentale. Dès qu’un garçon cherchait à
s’approcher d’elle, elle devenait glaciale. Les hommes lui faisaient peur. En arrivant à
Paris pour ses études, elle commence à boire et prendre des drogues. Elle a ses
premiers rapports sexuels avec un inconnu dans une fête et continue par la suite à
collectionner des amants d’un soir, sans véritable plaisir ni sentiments. Elle se sent
« sale », a l’impression qu’on se sert d’elle, de son corps, mais elle ne peut pas
s’empêcher de recommencer. Elle perpétue sans le savoir son schéma de
méfiance/abus et répète le scénario traumatique originel.
▶ Les modes
À partir de son travail avec les patients borderline, Young constate
qu’à certains moments, face à des événements de vie
particulièrement stressants, plusieurs schémas peuvent être activés
en même temps. Il appelle cet état particulier « un mode » de
fonctionnement.
Il identifie dix modes, regroupés en quatre grandes catégories : les
modes de l’enfant (quatre modes), les modes du parent
dysfonctionnel (deux modes), les modes des stratégies d’adaptation
dysfonctionnelles (trois modes) et le mode de l’adulte sain.
Cinq modes sont particulièrement pertinents pour la compréhension
du fonctionnement borderline.
▶ L’enfant vulnérable
Ce mode est expérimenté lors de l’activation de la plupart des
schémas fondamentaux : ceux d’abandon, de méfiance, de carence
affective, d’imperfection et d’isolement social. Dans ce mode vous
ressentez de la peur, de la tristesse, de la honte. Vous vous sentez
mal-aimé, sans valeur, indigne d’être aimé. C’est comme si vous
redeveniez de nouveau l’enfant malheureux de votre enfance.
Lorsque vous vous installez durablement dans ce mode vous
pouvez présenter un épisode dépressif.
Marine est en état de dépression depuis que son mari l’a quittée il y a un an. Elle est
en permanence dans le mode « enfant vulnérable » avec un sentiment de ne pas
être aimée et le sentiment de ne pas être digne d’amour. Le départ de son mari a
réactivé plusieurs de ses schémas (abandon, imperfection, isolement) développés au
cours de son enfance, suite au divorce de ses parents et au départ de son père.
Marine a pu retrouver ces souvenirs et travailler sur ses schémas en psychothérapie.
▶ Le protecteur détaché
Ce mode s’active lorsque vous cherchez à vous détacher de vos
émotions. La prise de substances comme des drogues ou de l’alcool
est fréquemment associée à ce mode. La dépersonnalisation, le
sentiment de vide, l’ennui font partie de ce mode.
Notes
Partie2
Changer
Chapitre 4
J’apprends à reconnaître
et à gérer mes émotions
Suite aux travaux de Darwin, il est généralement considéré qu’il existe six émotions
fondamentales : la peur, la colère, la tristesse, la joie, la surprise et le dégoût.
Certains psychologues ajoutent également la honte, la culpabilité et l’amour à cette
liste d’émotions fondamentales.
Ces émotions sont universelles et s’accompagnent d’expressions faciales identiques et
reconnues dans toutes les cultures.
Les émotions primaires sont les réponses émotionnelles directes d’un individu dans
une situation et correspondent à une évaluation réaliste ou pas, d’un événement. La
plupart de vos émotions sont des émotions primaires.
Julie, par exemple, ressent de la colère lorsqu’elle pense être victime d’une injustice de
la part d’un professeur.
Les émotions primaires surviennent généralement rapidement et sont assez brèves.
Elles sont fonctionnelles car elles nous fournissent des informations utiles et nous
permettent d’agir d’une manière adaptée. L’expression des émotions primaires est
saine lorsqu’elle est modérée et adaptée.
Les émotions secondaires, moins fréquentes, ne sont pas des réponses directes à
une situation mais plutôt des réponses à une émotion primaire. Elles peuvent être
problématiques car elles font écran à ce que vous ressentez réellement. Ainsi, par
exemple, la colère peut être une émotion secondaire à la peur ou à la tristesse. La
tristesse peut être la colère retournée contre soi et ainsi de suite…
Nous avons vu que les difficultés à réguler vos émotions sont dues,
selon Marsha Linehan, (cf. chapitre précédent) à une vulnérabilité
émotionnelle caractérisée par :
une très forte sensibilité ;
des réponses émotionnelles très intenses ;
un retour lent à l’état émotionnel de base ;
et surtout une non-acceptation de vos états émotionnels.
De plus, pour tenter de gérer vos émotions, vous allez mettre en
place des stratégies inadéquates, et notamment celle de l’évitement,
qui aura pour résultat l’invalidation, voire l’amplification de vos
émotions. Ainsi vous allez :
réprimer vos émotions : essayer de ne pas les ressentir (par
exemple, ne pas accepter votre sentiment d’inquiétude face au
problème de santé d’un proche en vous convainquant que « ce
n’est pas grave, il n’y a pas de problème… », essayer de penser à
autre chose) ;
modifier vos émotions : les annihiler à l’aide de l’alcool, le
cannabis, le tabac, la nourriture, des conduites à risque, des
comportements d’auto ou d’hétéro-agressivité, … ;
transformer vos émotions : par exemple, transformer votre
tristesse due à une critique en colère, permettant de focaliser le
problème sur les autres et de ne pas vous remettre en question.
Cependant, même si ces stratégies peuvent parfois soulager à court
terme, généralement, elles ne sont pas efficaces très longtemps. Les
émotions et pensées douloureuses reviennent inlassablement par
« effet rebond », encore plus intenses et durables.
COLÈRE
Mes mots de colère
Je suis en colère, je suis amer(e), je ressens du dédain, de la haine, de l’hostilité, de
l’irritation, de la jalousie, de la répugnance, de l’outrage, de la rage, du ressentiment,
du mépris, de la rancune, de l’agacement, de la vengeance, de l’aversion, du dégoût,
de la cruauté…
TRISTESSE
Mes mots de tristesse
Je suis triste, déprimé(e), malheureux(se), cafardeux(se), mélancolique. Je me sens
désappointé(e), morose, abattu(e), désespéré(e), misérable, à l’agonie. Je ressens
de la douleur, de la souffrance, du chagrin…
HONTE
Mes mots de honte
J’ai honte, j’ai des regrets, des remords, je suis embarrassé(e), humilié(e), je me
sens coupable, nul(le)…
JOIE
Mes mots de joie
Je suis joyeux(se), gai(e), heureux(se), satisfait(e), enthousiaste, optimiste, ravi(e),
emballé(e), excité(e), euphorique, en extase. Je ressens du plaisir, du bonheur, de
l’espoir, un élan, de l’ardeur, de la passion. Je m’amuse, je me sens d’humeur joviale,
je jubile…
(Exercice de Pennebaker)
Trouvez un endroit et un moment où vous ne serez pas dérangé.
Écrivez au sujet de ce qui vous préoccupe, de ce que vous avez tendance à éviter et
qui influence votre vie d’une manière négative.
Écrivez au minimum 15 minutes par jour pendant au moins 3 jours consécutifs.
Écrivez continuellement sans vous inquiéter de la grammaire, sans vous censurer.
Si c’est plus facile, utilisez un dictaphone pour parler au lieu d’écrire.
Relisez ce que vous avez écrit de temps en temps pour voir comment votre pensée a
pu changer par rapport à vos émotions.
Je m’expose
Lorsque nous sommes envahis par une émotion, lorsqu’elle tourne à
l’obsession, lorsqu’elle nous empêche d’avancer, nous pouvons aller
encore plus loin dans le travail d’acceptation des émotions
négatives : nous pouvons chercher à l’affronter pleinement, à lui
faire face en faisant des exercices « d’exposition ». Il s’agit de porter
notre attention sur elle et sur les sensations corporelles et pensées
qui l’accompagnent. Cet exercice peut se faire avec un
psychothérapeute ou tout seul.
Et, en effet, après la tempête le beau temps revient toujours : l’émotion est moins
forte, vous ressentez peut-être une fatigue. Prévoyez du temps pour vous
reposer.
En général on ressent de l’apaisement après cet exercice. On se sent vidé mais
aussi libéré d’un poids. Si l’émotion est très intense, il faudra peut-être répéter
l’exercice plusieurs fois avant de constater que l’intensité émotionnelle diminue.
Un exercice de relaxation
Installez-vous confortablement sur un fauteuil ou une chaise. Fermez vos yeux.
Inspirez l’air en gonflant le ventre. Expirez. Inspirez. Expirez. Continuez cette
respiration lente, abdominale pendant quelques instants. Visualisez le trajet d’air
qui entre dans vos narines, la trachée et remplit les poumons.
Concentrez-vous maintenant sur votre main droite. Fermez votre poing droit en le
serrant fort. Sentez bien la tension dans le poing et dans l’avant-bras. Relâchez
complètement. Notez bien la différence entre l’état de tension et celui de détente.
Pliez maintenant votre bras et contractez fort le haut du bras. Concentrez-vous
sur cette sensation de tension. Relâchez complètement en notant bien, encore
une fois la différence entre l’état de tension et celui de détente.
Fermez maintenant votre poing gauche et serrez-le fort. De nouveau, vous vous
concentrez sur la sensation de tension dans le poing et l’avant-bras. Puis, vous
relâchez complètement en appréciant encore une fois, la différence entre l’état de
tension et celui de détente.
Contractez maintenant le haut du bras gauche. Vous le contractez fort, vous vous
concentrez sur la tension et vous relâchez complètement.
Concentrez-vous maintenant sur vos pieds et, en gardant vos deux talons bien
plantés dans le sol, soulevez vos orteils et tirez-les vers votre tête. Tirez fort,
sentez bien la tension au niveau de la plante des pieds, des chevilles et des
mollets. Puis, relâchez complètement et appréciez, comme à chaque fois, la
différence entre l’état de tension et celui de détente.
Serrez maintenant vos genoux l’un contre l’autre. Serrez fort, sentez bien la
tension au niveau des genoux et des cuisses. Puis, relâchez complètement.
Serrez maintenant vos muscles fessiers. Relâchez complètement. Rentrez votre
ventre. Puis gonflez-le…et durcissez-le. Puis relâchez complètement. Notez,
comme à chaque fois, la différence entre l’état de tension et celui de détente.
En jetant vos épaules en arrière, cambrez votre dos. Sentez bien une tension au
niveau de tous les muscles du dos. Du bas jusqu’au haut du dos. Puis, relâchez
complètement. Sentez tous les muscles de votre dos se détendre complètement.
Haussez maintenant vos épaules jusqu’aux oreilles. Relâchez complètement.
Laissez vos épaules tomber complètement détendues. Tentez maintenant de
toucher votre poitrine avec le menton. Tirez sur la nuque. Relâchez. Reposez
votre tête contre le dossier du fauteuil.
Tournez maintenant votre tête à droite en tirant fort. Puis à gauche. Revenez au
centre. Appréciez la différence entre l’état de tension et celui de détente.
Plissez votre front en soulevant les sourcils. Relâchez. Froncez vos sourcils,
serrez vos yeux. Relâchez. Serrez vos lèvres. Relâchez. Serrez vos dents.
Relâchez.
Prenez maintenant une grande inspiration et retenez le souffle. Très
progressivement, expirez. Sentez toute tension quitter votre corps dans cette
expiration.
En effet, vos mains, vos bras sont complètement détendus, ainsi que vos jambes,
votre bassin, votre ventre, votre dos, vos épaules et votre cou. Votre front est
lisse, vos sourcils sont détendus, vos paupières sont lourdes, vos joues et vos
lèvres sont détendues. Votre mâchoire est lourde. Votre visage tout entier est
détendu et lisse. Votre corps tout entier est complètement détendu et
agréablement lourd.
▶ Je m’apaise
Vous pouvez également essayer d’apaiser vos émotions en faisant
appel à tous vos sens. Pour chaque sens, testez les nombreux
exemples ci-dessous, découvrez-en d’autres et notez vos préférés.
Grâce à l’ouïe
Quelle est la musique que vous aimez et qui vous apaise ?
Confectionnez-vous votre playlist de chansons favorites à écouter
dès que vous en aurez besoin. Quels sont les autres sons que vous
aimez ? Pensez à une variété de sons qui vous procurent de la joie
ou du bien-être. Pensez aux sons quotidiens qui vous réconfortent.
Par exemple : écouter de la musique classique, relaxante, jazz, etc., des livres audio,
jouer d’un instrument ou demander à quelqu’un qui sait en jouer, téléphoner à un
ami, lire à haute voix, écouter le ronronnement d’un chat, etc.
Par exemple : feuilleter un bon livre d’art ou de photo, disposer une belle table,
regarder le ciel, admirer une fleur, aller au musée, au zoo, etc.
Par exemple : une pelouse mouillée, une bougie parfumée, une crème ou une huile
corporelle, un sachet de lavande, du pain chaud, du linge propre, etc.
Grâce au goût
Les saveurs sont apaisantes. Faites une liste de choses que vous
pouvez manger ou goûter et que vous trouvez apaisantes.
Par exemple : manger lentement votre plat favori, préparer des toasts, boire du thé
ou du chocolat chaud, acheter de beaux aliments inhabituels, sucer lentement un
bonbon ou un carré de chocolat (pas la tablette !), etc.
Exercice
Rédigez ci-dessous votre liste d’activités positives pour toujours l’avoir sous la main,
écrite noir sur blanc, pour les jours où vous n’auriez rien envie de faire et que vous
ne sauriez même plus ce qui vous fait du bien…
La boîte de Samia
des coquillages ;
une rose séchée ;
des bougies avec une odeur agréable ;
deux bisounours ;
deux petites licornes ;
une coquille de noix ;
un livre : Célibataire mais enviée ;
une grille de Sudoku ;
des feutres ;
un papillon ;
une petite peluche oiseau qui reproduit le chant d’un oiseau ;
une photo de sa filleule ;
une photo de sa meilleure amie ;
une photo du fils d’une amie ;
une lettre d’une famille adressée à son équipe professionnelle.
La boîte de Marion
une petite boîte avec des cœurs dedans, fabriquée par sa fille ;
deux trèfles à 4 feuilles ;
un billet de deux dollars, souvenir d’un voyage aux Etats-Unis ;
une médaille de la Vierge Miraculée ;
un porte-clefs « You are loved » offert par un ami ;
une statuette d’une danseuse cambodgienne ;
une petite peluche ;
une petite tablette de chocolat noir ;
le bracelet de naissance de sa fille ;
trois cartes avec des citations positives ;
une photo d’un moine bouddhiste qu’elle a prise quand elle l’a rencontré ;
un DVD avec sa comédie musicale préférée.
Samantha, elle, a un grand vase en verre très beau dans lequel elle
met un petit galet à chaque fois qu’elle est fière d’elle ou heureuse.
Cela lui fait une belle décoration. Vous pouvez également utiliser des
billes de couleur ou des coquillages, etc.
Vous avez appris dans ce chapitre à comprendre l’utilité de vos émotions, à les
identifier et à mieux les connaître.
Vous avez également appris à les accepter.
Nous vous avons proposé quelques techniques simples de « gestion de crise »
fondées sur la distraction et l’auto-apaisement.
Enfin, apprendre à gérer ses émotions, c’est aussi apprendre à vivre en pleine
conscience et augmenter la fréquence de ses émotions positives.
Notes
Chapitre 5
J’apprends à penser
différemment
Par exemple :
Delphine : « Fabrice ne répond pas à mes messages, je suis vraiment en colère ! »,
Philippe : « Mon supérieur m’a dit qu’il était insatisfait de mon travail, je suis
découragé. »
Pour illustrer l’effet des pensées sur vos émotions et vos comportements imaginons
la situation suivante : Vous êtes dans un café en train d’attendre un ami qui a une
bonne demi-heure de retard. Vous n’arrivez pas à le joindre…
Exercice
Réfléchissez à un événement qui vous a bouleversé aujourd’hui ou au cours des
derniers jours et qui vous a causé de l’angoisse, de la tristesse ou de la colère.
Tentez de vous rappeler ce à quoi vous pensiez à ce moment-là. En vous
remémorant les pensées que vous avez eues lors de cette situation, vous pourriez
découvrir les pensées automatiques qui vous sont venues à l’esprit et dont vous
n’étiez pas conscient à ce moment-là.
En identifiant vos pensées automatiques, il vous sera plus facile de
déterminer la nature de l’émotion qui en a résulté et de comprendre
pourquoi la situation vous a tant bouleversé.
Afin de vous aider dans votre démarche d'identification des pensées
automatiques, nous allons vous proposer un outil très utile : le
tableau d'auto-observation que vous pourrez remplir à chaque fois
que vous ressentez une émotion négative.
L’objectif de cet exercice est de vous aider à prendre conscience de
vos pensées automatiques pour pouvoir, dans un deuxième temps,
les remettre en question, les évaluer et éventuellement, les rectifier.
L’idée est de remplir ce tableau par écrit à chaque fois que vous
ressentez une émotion négative. Le fait d’écrire est particulièrement
bénéfique car le simple fait de noter permet souvent de prendre un
peu de distance par rapport à l’événement et à nos pensées et ainsi
d’atténuer l’émotion et de changer nos comportements néfastes. Il
faudrait donc idéalement toujours avoir un carnet sur vous dans
lequel vous pourriez reproduire ce tableau, voire le préparer en
avance.
Toutefois, il n’est pas toujours possible de noter les événements au
moment où ils arrivent. Vous pouvez par exemple être en pleine
conversation, ou en voiture. Dans ce cas vous pouvez faire deux
choses :
1. Lorsque vous ressentez une émotion négative, essayez de vous
arrêter mentalement, de vous mettre sur « PAUSE » et de vous
observer (même si vous êtes en pleine dispute). Identifiez ce qui
se passe, ce que vous ressentez, ce que vous pensez et ce que
vous faites.
2. Ensuite, dès que vous le pourrez, notez ces éléments dans votre
carnet d’auto-observation.
Nous venons de voir que lors d'une situation difficile, des pensées
automatiques surgissent en vous et déclenchent des émotions
pénibles, des sensations physiques désagréables ou encore des
comportements indésirables voire autodestructeurs. En travaillant à
modifier vos pensées automatiques, vous arriverez à atténuer vos
émotions pénibles et à modifier votre comportement.
Exemples : « J’ai fait une erreur, donc ma performance a été un échec. » « J’ai
mangé plus que prévu, donc j’ai complètement gâché mon régime, autant arrêter. »
Mes exemples :
2. L’inférence arbitraire (ou conclusion sans preuve)
Je tire une conclusion de façon arbitraire, en l’absence de preuve.
Exemples : « Je suis sûre qu’elle m’en veut. » ; « Je ne vais jamais y arriver. » ;
« Mon fils est en retard. Quelque chose de grave a dû lui arriver. »
Mes exemples :
3. Le raisonnement émotionnel
Je me sers de mes émotions et sensations comme s'il s'agissait de
preuves.
Plus une sensation est intense, plus une émotion est vive, plus cette
sensation ou cette émotion me semble refléter la réalité.
Mes exemples :
4. Exagération (maximalisation) et minimalisation
J’amplifie le négatif et je minimise le positif. D'un côté, j’exagère la
portée d'une difficulté, l'ampleur d'un problème ou la nature d'une
tâche à accomplir. De l'autre côté, je minimise (ou sous-estime) mes
qualités, mes réussites, ou encore ma capacité à résoudre des
problèmes.
Exemple d'exagération : « J'ai fait une erreur au travail, tout le monde va le savoir et
je serai complètement ridicule aux yeux de tous. »
Exemple de minimalisation : « J'ai trouvé la solution au problème simplement parce
que j'ai eu un coup de chance. »
Mes exemples :
5. L’abstraction sélective
Je me focalise sur des détails négatifs et perds de vue l'ensemble de
la situation.
Exemples : Julie passe une agréable soirée avec des gens sympathiques et
intéressants, elle s'amuse, elle danse, lorsque quelqu'un renverse du vin sur sa
chemise. À cause de cet incident, elle en conclut que la soirée est totalement
gâchée.
Chloé, lors d’une présentation au travail, remarque qu’un de ses collègues ne
l’écoute pas. À partir de ce moment-là, elle focalise toute son attention sur lui, ce qui
perturbe son intervention.
David, joueur de tennis, gagne lors d'une rencontre sportive. Mais au lieu de s'en
réjouir, il passe plusieurs jours à ressasser les erreurs qu'il a commises pendant le
match et à s'en faire le reproche.
Mes exemples :
6. La généralisation
Je généralise à partir d’une situation bien spécifique. J’utilise des
termes comme « jamais », « toujours », « tout », « rien ».
Exemples :« Elle ne veut pas sortir avec moi. J'ai toujours tout raté en amour, je
resterai seul et malheureux toute ma vie. »
« J'ai été licencié de mon entreprise, ce n'est pas étonnant, je rate tout ce que je fais
dans la vie. »
Mes exemples :
7. La personnalisation
Je surévalue le lien entre un événement externe et moi-même.
soit dans le sens d’une responsabilité excessive et exclusive ;
Exemples : « Si mon fils travaille mal à l’école, c’est parce que je suis une mauvaise
mère. » « C’est de ma faute tous les malheurs qui nous arrivent. »
Exemples : « Je vois deux collègues discuter et rire. C’est sûrement de moi qu’elles
se moquent. » « Mon téléphone vient de tomber en panne alors que je viens de
l’acheter. Ça n’arrive qu’à moi ! »
Mes exemples :
Tout le monde a des pensées automatiques négatives et des
distorsions cognitives de temps à autre. Toutefois, lorsqu’on souffre
d’un trouble borderline, on est plus souvent susceptible d’avoir des
pensées automatiques et des distorsions cognitives qui induisent ou
renforcent nos réactions émotionnelles. Pour mieux gérer ses
émotions, il est par conséquent très utile de prendre conscience de
ses erreurs d’interprétation.
Notes
Chapitre 6
« La croyance que je considère comme vraie… est celle qui me permet de faire le meilleur
usage
de ma force, me donne les meilleurs moyens de transformer mes vertus en action. »
André Gide
Nos schémas dirigent nos vies souvent sans que nous en ayons
conscience. Ils influencent notre façon de penser, d’agir et de ressentir.
Les schémas « se battent pour exister » selon Jeffrey Young. Nous
mettons inconsciemment en place plusieurs mécanismes pour assurer
leur survie : d’une part les distorsions cognitives décrites au chapitre
précédent, d’autre part, des stratégies d’adaptation dysfonctionnelles.
Exemples
Ainsi, Hector, victime de violence parentale dans son enfance, développe un schéma de
méfiance/abus et devient un adolescent rebelle et violent. Il est passé plusieurs fois devant
le juge pour mineurs pour des agressions.
Quant à Kevin, qui a lui aussi subi de la violence de la part de son père alcoolique et
développe le schéma de méfiance/abus, il devient un adulte craintif, peu affirmé et, par
conséquent, souvent victime dans sa vie professionnelle et sentimentale.
2) La stratégie d’évitement
Si vous utilisez la stratégie d’évitement vous tentez d’arranger votre vie de
façon à ne jamais activer votre schéma. Vous essayez de vivre sans avoir
conscience du schéma, comme si celui-ci n’existait pas. Vous évitez d’y
penser. Vous évitez de le ressentir. Pour reprendre l’exemple du schéma
abandon, si vous adoptez la stratégie d’évitement vous allez éviter les
relations intimes : vous n’aurez pas de conjoint(e), vous n’aurez pas ou
peu d’amis, ainsi vous ne prendrez pas le risque d’être abandonné(e). Le
fait d’éviter ne vous permet pas de confronter votre schéma à la réalité et
donc éventuellement de l’infirmer. En fait, cette stratégie maintient tout
autant le schéma que la précédente.
L’évitement peut-être également psychologique. Vous évitez de ressentir
et de penser à votre schéma en ayant recours aux comportements
addictifs : une consommation de substances (l’alcool, des drogues, des
médicaments), des crises de boulimie, des achats compulsifs, des
automutilations, des jeux vidéo, la pratique trop intensive du sport…
Schéma 2 : Imperfection
Stratégie(s) : Compensation, Évitement
Exemples : Je dois toujours tout réussir. Je me lance toujours de nouveaux défis. Je suis
perfectionniste. Dans ma vie intime, j’évite de m’ouvrir aux autres, de révéler mes
sentiments.
Mes schémas et stratégies d’adaptation :
Schéma 1 :
Stratégies :
Exemples :
Schéma 2 :
Stratégies :
Exemples :
Schéma 3 :
Stratégies :
Exemples :
Schéma 4 :
Stratégies :
Exemples :
Exemple
Paul, musicien de 34 ans, séducteur, a un schéma de méfiance particulièrement développé.
Il n’a aucune confiance en ses partenaires. Il est jaloux et possessif, veut tout contrôler. Ses
relations amoureuses ont souvent été marquées par des conflits violents.
Son psychothérapeute lui demande de réexaminer toutes ses relations sentimentales pour
trouver des preuves de trahison. En déroulant ainsi son passé, il a été obligé de constater
qu’aucune de ses partenaires ne l’avait trahi.
Vous aussi vous pouvez faire cet exercice. Pour invalider votre schéma
vous devez énumérer tous les arguments pour et contre lui, depuis votre
naissance.
Dans la plupart des cas, cet exercice vous prouvera l’invalidité de votre
schéma. Cependant, il arrive, surtout si vous avez adopté la stratégie de
soumission au schéma, que les arguments « pour » l’importent. Dans ce
cas, analysez les arguments et cherchez comment vous pourriez y
remédier. Par exemple, si vous avez un schéma d’échec et que vous êtes
en effet sorti très tôt du système scolaire et avez raté beaucoup
d’opportunités professionnelles, analysez les comportements qui ont
contribué à ces échecs, qui ont ainsi validé votre schéma. Puis, essayez
de trouver comment modifier la situation, comment « désobéir » à votre
schéma : en vous inscrivant aux cours du soir, en refaisant votre CV, en
préparant vos entretiens d’embauche, en demandant de l’aide à certains
membres de votre entourage…
Mon
schéma :…………………………………………………………………………
……….
Arguments qui confirment mon Arguments contre mon schéma
schéma
Continuez cet exercice pour vos autres schémas sur votre carnet.
Vous pouvez faire cet exercice chaque fois qu’une émotion douloureuse
vous envahit. Il vous paraîtra certainement ridicule au début. Il vous
intimidera mais essayez de le faire régulièrement et vous serez surpris de
l’effet positif qu’il pourrait vous procurer.
Cet exercice a pour but de réconforter l’enfant en vous, de le protéger, de
le conseiller et de lui manifester de l’amour et de l’empathie. Essayez de
rester attentif(ve) aux besoins de votre enfant intérieur en permanence : à
chaque fois que vous éprouvez une émotion douloureuse posez-vous les
questions : « Quel besoin se cache derrière cette émotion ? De quoi a
besoin mon enfant intérieur en ce moment même ? A-t-il besoin d’être
écouté ou protégé ? A-t-il peur ? » Puis prenez le temps de répondre à ce
besoin : en visualisant un échange avec lui ou tout simplement en lui
parlant, ou encore juste en vous occupant de vous/lui. Essayez d’être un
« bon parent » pour vous-même.
Il est possible que vous ayez du mal à vous occuper de votre enfant
intérieur. Vous réagissez peut-être envers lui comme vos parents l’ont fait
avec vous. S’ils ont été négligents, vous aurez tendance à ignorer ses
besoins ; s’ils ont été critiques, vous aurez tendance à le critiquer (« Tu es
ridicule de pleurer pour une broutille ») ; s’ils vous ont maltraité, vous
serez auto-destructeur. Pour entretenir une relation bienveillante avec
votre enfant intérieur et prendre soin de lui, vous devez dépasser les
modèles que vos parents vous ont transmis.
Pour aller plus loin, vous pouvez également chercher à travailler sur les
souvenirs à l’origine de vos schémas et sur le re-parentage avec une
thérapie spécifique appelée EMDR (« Eye Movement Desensitization and
Reprocessing »). Cette technique particulière, dont l’efficacité a été
prouvée dans le traitement des psychotraumatismes, est utilisée par des
psychothérapeutes formés, regroupés dans une association dont
l’adresse se trouve en annexe.
Samuel a fait une liste pour les schémas d’imperfection et d’échec. Ces
deux schémas sont très souvent associés.
Comportements qui Comportements alternatifs
maintiennent mes schémas
d’imperfection et d’échec
J’abandonne toutes mes Je pourrais trouver une nouvelle
formations avant d’obtenir un formation et y rester jusqu’au
diplôme. diplôme.
Je ne travaille pas pour les Je pourrais essayer de m’organiser
examens. et de travailler dès le début de ma
formation. Je pourrais essayer de
travailler à la bibliothèque.
Je pourrais essayer de travailler
avec un(e) ami(e).
Identification de schéma(s)
Cependant, je sais que cela est produit par mon schéma (schéma en
cause)
droits personnels exagérés.
Je sais que l’origine en est (origine du schéma) l’éducation de mes
parents qui ne me posaient pas de limites, tout en me négligeant.
Instruction comportementale
C’est pourquoi même si j’ai envie de (comportement dysfonctionnel) dire
ses quatre vérités à ma chef et claquer la porte de cette entreprise,
je pourrais à la place (comportement adapté) ne pas réagir sur un
coup de tête et programmer mes vacances pour juillet, car ce job
me plaît beaucoup et ça serait dommage de le quitter.
Identification de schéma(s)
Cependant, je sais que cela est produit par mon schéma (schéma en
cause)
..........................................................
.........
Instruction comportementale
C’est pourquoi même si j’ai envie de (comportement dysfonctionnel) . . .
...........
..........................................................
.........
Cette fiche peut être remplie chaque fois que vous avez l’impression qu’un
de vos schémas est réactivé. Vous pouvez la reproduire sur un carnet que
vous pourriez toujours avoir sur vous.
Résumé
Les schémas précoces inadaptés sont des croyances profondes sur nous-mêmes et nos
relations avec les autres qui se sont développées au cours de notre enfance et/ou de notre
adolescence. Ils sont rarement verbalisés ou conscients. Plus ils sont élaborés tôt et plus ils
seront difficiles à changer. Nous cherchons tous inconsciemment à valider nos schémas, à les
perpétuer. Ceci se fait par le bais des stratégies d’adaptation. Il est important de les identifier
pour pouvoir modifier ou atténuer nos schémas dysfonctionnels. Les schémas les plus
précoces sont aussi généralement les plus résistants au changement. Ainsi, vous pourriez
modifier certains schémas et apprendre à gérer les autres. Plusieurs types de stratégies vous
sont proposés dans ce chapitre pour vous aider à vous libérer de l’emprise de vos
schémas inadaptés : des stratégies cognitives, émotionnelles et comportementales.
Notes
Chapitre 7
J’apprends à résoudre
mes problèmes
« Ce n’est pas parce qu’un problème n’a pas été résolu qu’il est impossible à
résoudre. »
Agatha Christie
La résolution de problèmes
Trouvez-vous anormal d’avoir des problèmes ?
Avez-vous tendance à essayer de ne pas y penser ?
Passez-vous plus de temps à penser à vos problèmes qu’aux
solutions permettant de les résoudre ?
Voyez-vous vos problèmes comme des menaces plutôt que des
défis à relever ?
Il vous est probablement déjà arrivé de vous sentir démuni(e) ou
impuissant(e) face à une situation, de la considérer comme « trop
compliquée ». Il est alors tentant d’essayer de ne pas y penser, de la
fuir, plutôt que de l’affronter. Non seulement cette stratégie
d’évitement ne va pas résoudre votre problème mais elle va
également donner lieu à des ruminations et engendrer des émotions
négatives. Parfois, au contraire, vous allez réagir trop rapidement,
sans réfléchir à tous les aspects du problème ou aux conséquences
de vos réactions, ce qui va encore aggraver le problème au lieu de
le résoudre.
Alors comment faire ?
La méthode de résolution de problèmes qui suit vous permet de
décomposer les étapes par lesquelles nous procédons
habituellement lorsque nous sommes face à un problème à
résoudre. Ces étapes peuvent vous aider à structurer vos idées et à
mieux gérer vos difficultés. Cette stratégie vous aidera à percevoir
vos difficultés comme des problèmes à résoudre et non comme des
menaces. Elle vous permettra également d’accroître votre sentiment
d’efficacité personnelle.
Exemple
Ce qui dérange Stéphanie c’est le fait de ne plus avoir de temps pour elle, pour ses
amis et d’être constamment pressée. Elle se sent fatiguée, à bout et est irritable avec
son compagnon, ce qu’il lui reproche parfois. Elle sent aussi qu’elle manque de
temps pour étudier, malgré le fait que cela lui tienne à cœur. Cependant, Stéphanie
doit aussi travailler pour arriver à joindre les deux bouts. Elle doit suivre ses cours à
l’université et travailler à mi-temps.
Le choix de Stéphanie
Stéphanie a choisi de combiner trois solutions :
suivre un cours de moins ;
réorganiser ses heures de travail pour dégager du temps libre ;
demander un crédit.
Résumé
Notes
Chapitre 8
« Entre
ce que je pense,
ce que je veux dire,
ce que je crois dire,
ce que je dis,
ce que vous avez envie d’entendre,
ce que vous croyez entendre,
ce que vous entendez,
ce que vous avez envie de comprendre,
ce que vous comprenez,
il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer.
Mais essayons quand même… »
Encyclopédie du savoir relatif et absolu, Edmond Wells
La communication affirmée
Pour résumer, les principes généraux d’une communication affirmée sont :
Avoir un comportement non verbal adéquat : regarder l’autre, voix
audible, posture affirmée, etc.
Écouter son interlocuteur avant de vouloir être écouté.
Privilégier le « je » sur le « tu ». Par exemple dire « Je me suis
senti…lorsque tu m’as dit ou fait… » plutôt que « Tu m’as dit ou fait ».
Exprimer son ressenti personnel au lieu d’interpréter les intentions
de l’autre. Par exemple : « J’ai eu l’impression que… » plutôt que « tu
cherches toujours à… ».
Être dans l’empathie :« Je comprends ton point de vue mais… »
Parler des comportements plutôt que porter des jugements. Par
exemple : « Tu as fait ceci… » plutôt que « Tu es un… ».
Parler de faits précis et ponctuels plutôt que généraliser. Par
exemple : « Tel jour, dans telle situation, il s’est passé ceci… » plutôt
que « C’est toujours pareil avec toi, chaque fois tu… ».
Éviter les justifications et les explications excessives.
Il est utile de s’affirmer dans toutes les interactions sociales de la vie
quotidienne. Toutefois, il existe quelques situations où il est
particulièrement important de savoir communiquer d’une manière
affirmée, notamment : faire une demande, formuler un refus, faire une
critique ou répondre à une critique. Nous allons les passer en revue et
donner quelques règles de communication qui s’y appliquent.
C’est à vous :
Mes pensées automatiques Mes pensées alternatives
par rapport aux demandes
Maintenant que vous avez remis en question les pensées qui vous
empêchent de vous affirmer, vous allez avoir besoin de quelques conseils
pour passer à l’action.
Alors, comment faire ?
1. Déterminez votre objectif.
2. Choisissez un moment adéquat (par exemple : « As-tu 5 minutes ?
J’aimerais te parler »).
3. Exprimez directement et précisément votre demande en utilisant le
« Je » (pas d’explications excessives) (par exemple : « Je souhaiterais
prendre une demi-journée demain après-midi s’il vous plaît. »).
4. En cas de refus, répétez votre demande (technique du disque rayé)
en tenant compte de la position de l’autre (par exemple : « Je
comprends bien…mais j’aimerais… »).
La technique du disque rayé élaborée par le psychologue américain Zev Wanderer, dans les
années 1960, consiste à répéter toujours la même chose calmement, comme un disque vinyle
rayé.
▶ Savoir refuser
Il nous est parfois difficile de refuser de rendre un service par peur de
perdre l’affection de nos proches. Nous avons des pensées du type : « Si
je refuse, il/elle va se fâcher contre moi et il/elle va me rejeter. » Il peut en
effet arriver que notre interlocuteur soit déçu voire irrité face à notre refus
mais dans ce cas ce n’est manifestement pas un vrai ami mais plutôt une
personne nocive pour nous. Un ami ne nous en tiendra pas rigueur
longtemps.
Paradoxalement, c’est en fait notre difficulté à refuser qui va contribuer à
détériorer notre relation à l’autre car elle fait naître en nous des
ressentiments qui tôt ou tard deviennent « toxiques » et nous pousseront
soit à éviter, soit à agresser les personnes concernées.
Pour refuser d’une manière affirmée, il faut déjà se donner le droit de dire
« NON ».
Résumons encore une fois dans un tableau les pensées automatiques les
plus fréquentes et les pensées alternatives concernant le refus :
Les pensées automatiques Les pensées alternatives
par rapport aux refus
Si je refuse l’autre va se mettre en Cela peut arriver. Cependant si je
colère. formule mon refus calmement, en
respectant l’autre, il est peu
probable qu’il se mette en colère.
Si je refuse je vais blesser l’autre. Encore une fois cela peut arriver.
Si je formule mon refus avec de
l’empathie, en respectant l’autre, le
risque de le blesser est très faible.
Si je refuse l’autre va me rejeter/ne Si cela arrive cela voudrait dire
va plus m’aimer. que ce n’est pas un véritable ami.
Nos amis doivent être capables
d’entendre nos besoins et
d’accepter nos limites.
Dire « non » c’est égoïste. Il est normal et souhaitable de
penser à soi et de respecter ses
limites avant de penser aux autres.
Si j’ai dit « oui » je ne peux pas J’ai le droit de changer d’avis et de
revenir en arrière. dire « non » après avoir dit « oui ».
À vous maintenant :
Mes pensées automatiques Mes pensées alternatives
par rapport aux refus
Voici quelques conseils pour refuser d’une manière affirmée :
1. Donnez-vous quelques instants pour réfléchir à la demande et être
sûr de votre réponse, sinon reportez-là à plus tard.
2. Dites « NON », ce doit être votre premier mot (par exemple : « Non, je
suis désolé » et pas « Oui mais »), et répondez brièvement, sans
donner de justifications excessives. Une explication simple suffit.
3. Faites preuve d’empathie (par exemple : « Je comprends l’importance
que cela a pour toi mais je ne peux pas t’écouter maintenant »).
4. Répétez le refus si l’autre insiste, un peu comme un disque rayé (par
exemple : « Non, je suis désolée, je ne peux pas t’écouter
maintenant »). En général, deux à trois répétitions sur un ton calme
mais ferme suffisent pour arrêter l’autre.
5. Cherchez éventuellement un compromis ou suggérez d’autres
solutions (par exemple : « Je pourrais t’appeler demain soir pour qu’on
en parle »).
6. Si l’autre insiste, exprimez vos émotions négatives (par exemple :
« Cela me gêne que tu insistes »).
7. Signifiez que la discussion est close (par exemple : « Ma réponse est
définitive : c’est non »).
Selon le contexte :
Face à un ami : exprimez votre difficulté à refuser (par exemple :
« Je suis vraiment désolé et embarrassé d’avoir à te dire non »).
Sachez dire « NON » après avoir dit « OUI » (par exemple : « Je suis
désolé, j’ai accepté trop vite. En fait, je dois refuser. Je comprends que
mon changement d’avis te dérange mais je ne peux pas. »)
C’est à vous :
Mes pensées automatiques Mes pensées alternatives
par rapport aux critiques
Dans le but de vous aider à mieux réagir face aux critiques il est tout
d’abord utile d’apprendre à les distinguer. Comme nous venons de le voir
dans la section précédente, une critique doit porter sur un comportement
précis et non pas être un adjectif disqualifiant (« Tu es souvent en retard à
nos rendez-vous » et non « Tu n’es pas fiable »).
Ensuite, nous différencions deux types de critiques : les critiques
justifiées et les critiques injustifiées et/ou floues.
Une critique est justifiée si vous êtes d’accord avec ce que l’on vous
reproche. Dans ce cas-là il faut l’accepter, sachant que tout le monde
commet des erreurs et : « Personne n’est parfait ». Il faut alors avoir le
courage de reconnaître vos erreurs. Ceci comporte plusieurs avantages :
1. Cela vous permettra de travailler sur vous et de vous améliorer, car
comment changer quelque chose que vous ne (re)connaissez pas ?
2. Cela aura un impact positif sur votre relation avec l’autre.
3. Cela permettra de soulager l’autre et ainsi d’éviter des conflits inutiles.
Mettez-vous à sa place et rappelez-vous des situations inverses où
vous avez été apaisé lorsque la personne qui vous avait causé des
torts l’a reconnu.
Alors, quelle est la meilleure façon de répondre à une critique justifiée ?
Voici quelques conseils :
1. Reconnaissez votre erreur et les conséquences matérielles et/ou
émotionnelles sur l’autre : par exemple « Oui, c’est vrai. J’ai
tendance à toujours arriver en retard à nos rendez-vous et je
comprends que cela t’agace. »
2. Choisissez de changer de comportement ou non, ou bien négociez
un compromis :
Changement : par exemple « J’essayerai d’être plus ponctuel à
l’avenir. »
Non-changement : par exemple « Je suis malheureusement
incapable d’être à l’heure. J’essaye d’y remédier mais je n’y arrive
pas la plupart du temps. »
Négociez un compromis : par exemple « Je comprends que mes
retards t’agacent. Je vais au moins essayer de te prévenir à temps si
je vois que je n’arrive pas à partir à l’heure et non plus à la dernière
minute. »
Lorsque vous êtes en conflit avec une personne vous pouvez également
essayer d’appliquer la méthode de résolution de problèmes décrite au
chapitre 7.
1. Première étape indispensable : les deux personnes concernées doivent
reconnaître l’existence du problème. Vous devez également tous les
deux avoir envie de le régler.
Exemple : Margaux et Raphaël, en couple depuis deux ans, se disputent sans cesse et
notamment parce que Margaux a l’impression que Raphaël ne lui consacre pas assez de
temps.
Margaux et Raphaël décident de choisir les solutions 4, 6 et 8 sur lesquelles ils sont le plus
d’accord et qui leur semblent les plus faciles à appliquer.
5. Application des solutions choisies
Souvenez-vous qu’il faut maintenant réfléchir aux différents aspects et étapes de la mise en
place des solutions choisies (comment, quand, dans quel ordre ?) et de leurs conséquences.
Raphaël a décidé de rentrer plus tôt de son travail deux fois dans la semaine, les lundis et
les jeudis. Le couple a également décidé d’aller à la piscine ensemble les dimanches matins
et d’aller au cinéma ou voir des spectacles le premier et le quatrième vendredi de chaque
mois. C’est Margaux qui s’occupera de la réservation des places pour les spectacles.
6. Vérifiez les résultats
Choisissez ensemble une date pour vérifier que les solutions choisies et appliquées ont été
efficaces. Dans le cas contraire, réfléchissez et choisissez de nouvelles solutions.
Margaux et Raphaël ont fait un bilan trois mois après : ils jugent leur relation plus
satisfaisante. Ils ont l’impression de se voir plus et de partager davantage de choses. Ils
continuent à appliquer les solutions choisies.
1)
2)
3)
4)
5)
6)
7)
8)
Résumé
Il est important d’apprendre à communiquer ses besoins d’une manière affirmée et dans le
respect de l’autre. Dans ce but il faut être attentif à la fois à son comportement verbal et non
verbal ainsi qu’à sa façon de penser. Plusieurs thèmes d’affirmation de soi ont été abordés
dans ce chapitre : la demande, les refus, les critiques et la gestion des conflits. L’accent a été
mis également sur la nécessité de pratiquer l’affirmation de soi au quotidien.
Chapitre 9
Et les médicaments ?
Les antidépresseurs
Ils permettent l’augmentation du taux de sérotonine et de
noradrénaline dans certaines zones de notre cerveau. Ils permettent
d’améliorer l’humeur et de traiter les états dépressifs et anxieux.
Leur administration peut s’accompagner d’effets secondaires qui
disparaissent en général au bout de quelques jours. Leur effet n’est
pas immédiat : ils doivent être pris suffisamment longtemps (de huit
à quinze jours) pour que les premiers signes d’amélioration de
l’humeur apparaissent.
Ils n’entraînent aucun effet d’accoutumance ni de dépendance.
Néanmoins, ils doivent être arrêtés progressivement car leur arrêt
brutal peut provoquer des symptômes physiques désagréables, bien
que transitoires.
Conclusion
En pratique, les médicaments les plus utilisés dans le traitement du
trouble borderline sont les antidépresseurs qui peuvent avoir un effet
sur les symptômes dépressifs et anxieux.
Dans une moindre mesure, certains neuroleptiques atypiques
pourraient vous aider à réguler votre humeur et atténuer vos
émotions négatives.
Il est recommandé de faire appel à un médecin spécialiste, c’est-à-
dire un psychiatre, pour obtenir une éventuelle prescription de
psychotropes. Celui-ci saura identifier avec vous les symptômes
« cibles » et saura évaluer la nécessité d’un traitement. Le cas
échéant, il pourra vous expliquer son mode d’action et ses effets
indésirables. Il est très important de vous conformer strictement aux
dosages prescrits et aux modalités de prise qui vous seront
recommandés.
Pour terminer, rappelons encore une fois qu’il n’existe aucun
médicament qui guérit le trouble de la personnalité borderline.
Néanmoins, les différents psychotropes peuvent aider à soulager
certains symptômes ou traiter les troubles comorbides (voir partie 1,
chapitre 1).
Résumé
Les médicaments qui peuvent aider à gérer certains symptômes du trouble borderline
sont appelés des psychotropes. Ils ont une action sur les principaux
neurotransmetteurs dans notre cerveau. Les différentes catégories de psychotropes
sont : les antidépresseurs, les thymorégulateurs, les neuroleptiques, les anxiolytiques
et les hypnotiques.
Chapitre 10
Conseils à l’entourage
Exemple
Pauline : « Je ne supporte pas de te voir parler avec tes amis sur Facebook pendant
des heures alors que je suis à côté. »
Mikaël : « Tu es en colère parce que j’ai passé beaucoup de temps sur Facebook
(reformulation). Est-ce parce que tu as l’impression que je ne m’intéresse plus à toi,
voire que je ne t’aime plus ? (interprétation) Ai-je raison ? Est-ce cela que tu
ressens ? (vérification) Je comprends que l’idée que je ne m’intéresse plus à toi
puisse t’angoisser. »
Exemple
Tu m’as téléphoné six fois hier matin alors que j’étais au travail et en réunion
(description de la situation). Ceci m’a empêché de me concentrer et je me suis
inquiété pour toi, pensant que tu ne te sentais pas bien (précision des conséquences
sur soi). Je sais que c’est dur pour toi de rester seule toute la journée et que tu
t’ennuies (empathie), mais si je ne te rappelle pas c’est parce que je suis occupé. Tu
sais que tu peux à tout moment m’envoyer un SMS d’urgence si besoin, et que de
toute manière je t’appelle toujours à l’heure du déjeuner, mais je ne peux pas
répondre le reste du temps (affirmation des limites personnelles). Peux-tu s’il te plaît
essayer de ne pas me téléphoner en journée ? (demande de changement)
« Quand Laura, ma compagne, se mettait à me crier dessus, je criais encore plus fort
en retour, elle me traitait de tous les noms et je faisais pareil. Je commençais à
détester la personne que j’étais devenu. C’était comme si elle savait exactement sur
quel bouton appuyer pour éveiller ma colère. » Adrien, ami de Laura, souffrant d’un
trouble borderline.
▶ Les automutilations
Vous vous sentez probablement effrayé, en colère, impuissant, voire
dégoûté face aux comportements d’automutilation de votre proche.
Comment faire face ? Il faut pouvoir établir un équilibre subtil :
montrer votre inquiétude et votre soutien, tout en prenant garde de
ne pas « renforcer » malgré vous ce comportement autodestructeur,
ni d’aggraver la honte de votre proche.
À ne pas faire :
Ne cherchez pas à éliminer tous les objets tranchants de la maison,
ni à surveiller votre proche en permanence. Vous pouvez cependant,
en accord avec lui, rendre l’accès aux objets tranchants moins facile
(éloigner des cutters ou des trombones de la chambre de votre ado
par exemple). Malheureusement, comme le note Soraya « Si ma fille
est déterminée à se faire du mal elle en trouvera le moyen. »
1. Ne définissez pas votre proche en fonction des automutilations.
Essayez de ne pas leur accorder trop d’importance.
2. Ne vous étendez pas sur les détails de l’automutilation lorsque
vous en parlez avec lui.
3. Évitez surtout les leçons de morale, les sermons, les
manifestations de dégoût.
4. Évitez les menaces (« Si tu le refais je te quitte !»).
Ce que vous pouvez faire :
1. Si votre proche menace de se faire du mal, informez-en son
psychothérapeute ou son médecin, voire les deux, sans lui
cacher.
2. Restez calme et parlez d’un ton neutre. Il est très important de ne
pas paniquer pour ne pas renforcer sa crise émotionnelle.
3. Si vous pouvez, obtenez le traitement médical/psychologique
approprié le plus rapidement possible. « Je t’emmène voir ton
médecin » ou « Je vais appeler ta psychothérapeute pour obtenir
un RDV en urgence », voire « Nous allons consulter au service
d’urgence psychiatrique ». Ceci doit être exécuté avec
bienveillance et fermeté.
4. Manifestez votre empathie et écoutez-le. Montrez-lui que vous
essayez de comprendre ce qu’il ressent. Demandez-lui ce que
vous pouvez faire pour l’aider.
5. Montrez-lui de l’affection et de l’acceptation, tout en lui précisant
que vous préféreriez qu’il choisisse une façon différente
d’affronter ses problèmes.
6. Soulignez le positif et encouragez-le : « Tu avais réussi à ne plus
te scarifier depuis trois semaines. Je sais que tu peux te remettre
sur la bonne voie. »
7. Explorez avec lui des solutions alternatives proposées par Marsha
Linehan (cf. chapitre 4), telles que serrer des glaçons, prendre
une douche froide, crier, taper dans un coussin etc.
▶ Menaces de suicide
Malheureusement, il faut garder en tête que 8 à 10% des personnes
borderline se suicident. Leurs menaces ne sont donc pas à prendre
à la légère, même si elles vous paraissent représenter une tentative
de manipulation. Il faut, dans la plupart des cas, avoir recours à une
aide psychiatrique d’urgence : en allant directement au service
d’urgence psychiatrique de votre ville ou de votre secteur. Si votre
proche refuse et se trouve dans un état d’agitation importante vous
devez appeler un service médical d’urgence qui se déplacera (le 15).
« Celui qui déplace une montagne commence par déplacer de petites pierres. »
Confucius
Identification de schéma(s)
Cependant, je sais que cela est produit par mon schéma (schéma en
cause)
..........................................................
.........
Je sais que l’origine en est (origine du schéma) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
........
..........................................................
.........
Instruction comportementale
C’est pourquoi même si j’ai envie de (comportement dysfonctionnel) . . .
...........
..........................................................
.........
Identification de schéma(s)
Cependant, je sais que cela est produit par mon schéma (schéma en
cause)
..........................................................
.........
Je sais que l’origine en est (origine du schéma) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.......
..........................................................
.........
Instruction comportementale
C’est pourquoi même si j’ai envie de (comportement dysfonctionnel) . . .
...........
..........................................................
.........
Identification de schéma(s)
Cependant, je sais que cela est produit par mon schéma (schéma en
cause)
..........................................................
.........
Je sais que l’origine en est (origine du schéma) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.......
..........................................................
.........
Instruction comportementale
C’est pourquoi même si j’ai envie de (comportement dysfonctionnel) . . .
...........
..........................................................
.........
Lectures recommandées
Sur le Trouble Borderline :
Borderline. Retrouver son équilibre. Dominique Page, Éditions Odile
Jacob, 2006.
Les Borderlines. Bernard Granger, Daria Karakalic, Éditions Odile Jacob,
2012.
Manuel du borderline. Martin Desseilles, Bernadette Grosjean, Nader
Perroud, Éditions Eyrolles, 2014.
Sur les émotions :
La force des émotions. François Lelord, Christophe André, Éditions Odile
Jacob, 2001.
Tristesse, Peur, Colère. Agir sur ses émotions. Stéphanie Hahusseau,
Éditions Odile Jacob, 2011.
Sur la pleine conscience
Méditer jour après jour. Christophe André, L’Iconoclaste, 2011.
Méditer : 108 leçons de pleine conscience. Jon Kabat-Zinn, Marabout,
2011.
Sur la thérapie des schémas :
Comment ne pas se gâcher la vie. Stéphanie Hahusseau, Odile Jacob,
2003.
Je réinvente ma vie. Jeffrey Young et Janet Klosko, Éditions de l’Homme,
2013.
Sur l’affirmation de soi :
Affirmez-vous. Fréderic Fanget, Éditions Odile Jacob, 2002.
Bibliographie
Notes