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l’attachement
et ses troubles
Collection dirigée par
Ghislain Magerotte, Professeur Émérite à la Faculté de Psychologie et des sciences de l’Éducation
de l’Université de Mons (Belgique)
Neuropsychologie
Les ouvrages de cette série sont plus particulièrement consacrés aux troubles envahissants du
développement, qui se caractérisent par des altérations qualitatives des interactions sociales
réciproques et des modalités de communication et constituent autant d’outils pratiques et de
références à destination des chercheurs, des professionnels et des familles des personnes
concernées.
Danya Glaser - Vivien Prior
Préfaces de Nicole Guédeney et de Blaise Pierrehumbert
Comprendre
l’attachement
et ses troubles
Théorie et pratique
QUESTIONS DE PERSONNE
Neuropsychologie
Ouvrage original :
Understanding Attachment and Attachment Disorders: Theory, Evidence and Practice by Vivien Prior
and Danya Glaser.
Copyright © The Royal College of Psychiatrists 2006.
This translation of Understanding Attachment and Attachment Disorders: Theory, Evidence and Practice
is published by arrangement with Jessica Kingsley Publishers Ltd.
Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine
de spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com
Dépôt légal :
Bibliothèque nationale, Paris : janvier 2022
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2022/13647/021 ISBN 978-2-8073-3943-9
Sommaire
CHAPITRE 1
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE 3
LES CLASSIFICATIONS DE L’ATTACHEMENT . . . . . . . . . . . . . . 41
CHAPITRE 4
QUELS SONT LES FACTEURS QUI INFLUENCENT
L’ORGANISATION DE L’ATTACHEMENT
(ET SA DÉSORGANISATION) ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
CHAPITRE 5
LES LIENS AFFECTIFS ET LES FIGURES
D’ATTACHEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5
Comprendre l’attachement et ses troubles
CHAPITRE 6
LA THÉORIE DE L’ATTACHEMENT EST-ELLE VALABLE
DANS TOUTES LES CULTURES ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
DEUXIÈME PARTIE :
ÉVALUATION DE L’ATTACHEMENT
ET DES SOINS
CHAPITRE 7
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
CHAPITRE 8
ÉVALUATION DE L’ATTACHEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
CHAPITRE 9
ÉVALUATION DES SOINS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
TROISIÈME PARTIE :
CORRÉLATIONS ENTRE L’ORGANISATION
DE L’ATTACHEMENT ET LE FONCTIONNEMENT
CHAPITRE 10
QUELS SONT LES DOMAINES DE FONCTIONNEMENT
QUI SONT SUSCEPTIBLES D’ÊTRE CORRÉLÉS
AVEC L’ATTACHEMENT ET COMMENT
LES INFLUENCE-T-IL ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
CHAPITRE 11
PREUVES DE CORRÉLATION ENTRE LA SÉCURITÉ/
L’INSÉCURITÉ D’ATTACHEMENT ET LE FONCTIONNEMENT
D’UN ENFANT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
QUATRIÈME PARTIE :
QU’EST-CE QU’UN TROUBLE
DE L’ATTACHEMENT ?
CHAPITRE 12
DEUX VERSIONS DU TROUBLE DE L’ATTACHEMENT . . . . . . 179
6
Sommaire
CHAPITRE 13
RECHERCHES SUR LES TROUBLES DE L’ATTACHEMENT . . . . 185
CHAPITRE 14
LA NATURE DU TROUBLE DE L’ATTACHEMENT . . . . . . . . . . . . 211
CINQUIÈME PARTIE :
INTERVENTIONS THÉRAPEUTIQUES BASÉES
SUR LA THÉORIE DE L’ATTACHEMENT
(ET QUELQUES INTERVENTIONS
QUI NE LE SONT PAS)
CHAPITRE 15
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
CHAPITRE 16
INTERVENTIONS BASÉES SUR LES PREUVES :
RENFORCER LA SENSIBILITÉ DU SOIGNANT . . . . . . . . . . . . . 225
CHAPITRE 17
INTERVENTIONS BASÉES SUR LES PREUVES :
CHANGEMENT DE SOIGNANT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
CHAPITRE 18
INTERVENTIONS SANS BASE DE PREUVES . . . . . . . . . . . . . . . 253
CHAPITRE 19
CONCLUSIONS SUR LES INTERVENTIONS . . . . . . . . . . . . . . . . 259
Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261
7
Préface de la première édition
française (2010)
Le livre de Vivien Prior et Danya Glaser est paru en 2006 dans une collection
destinée aux professionnels et aux parents. L’objectif de cette collection est de
mettre les connaissances scientifiques les plus récentes, à la portée de tous ceux
qui sont intéressés par la santé mentale des enfants.
Le livre traduit par Françoise Hallet avec finesse et précision remplit parfaitement
cet objectif et sera un outil précieux en France. Mieux faire connaître la théorie de
l’attachement, si longtemps méconnue, voire ostracisée dans notre pays, ne peut
que contribuer à enrichir nos pratiques et à répondre encore mieux aux besoins
des enfants et des parents. Quarante ans après la parution du premier tome de la
Théorie de l’attachement par Bowlby, ce livre résume les connaissances les plus
solidement établies dans cette théorie. La force de la théorie de l’attachement est
de reposer sur un corpus de données scientifiques valides, prédictives, qui inspire
des projets thérapeutiques qui peuvent être évalués. Nous avons la chance de vivre
une époque où les connaissances en santé mentale de l’enfant reposent sur une
perspective intégrative. Plus personne ne peut aborder le fonctionnement humain
sans prendre en compte ce qui vient du biologique (le « nature » des anglophones)
et ce qui vient de l’environnement (le « nurture ») et leurs interactions réciproques et
permanentes. Notre pays est un pays d’enthousiasme, où l’on aime la complexité,
la liberté et l’individualisme ! C’est aussi un pays où l’attrait pour les idées, en
particulier dans le domaine du psychisme, peut parfois dominer sur leur intérêt
ou leur pertinence dans le domaine des applications, en particulier comment aider
au mieux les familles, les enfants ou les professionnels de terrain sans formation
psychologique approfondie, de manière pragmatique, avec des modalités d’aide
qui soient adaptées à ce qu’ils peuvent accepter ou utiliser.
9
Comprendre l’attachement et ses troubles
permanence nos certitudes à la lumière des connaissances les plus récentes que
nous pouvons avancer dans la connaissance des mécanismes en jeu dans le déve-
loppement de l’enfant et améliorer nos pratiques. Les théories sont des modèles
qui ne rendent jamais complètement compte de la complexité de la réalité qu’elles
sont censées expliquer : un modèle est fait pour être interrogé, réactualisé, limité
à des domaines particuliers de pertinence, voire abandonné si c’est nécessaire.
10
Préface de la première édition française (2010)
Merci à Françoise Hallet de continuer ce travail de pionnier si utile pour nous tous.
Nicole Guédeney
Pédopsychiatre
Institut Mutualiste Montsouris
Paris
11
Préface de la deuxième
édition française (2022)
Nos besoins relationnels semblent ainsi avoir été placés sur l’avant de la
scène ; on pourrait dire que notre « système d’attachement » a été mis en alerte
par la menace de ce prédateur en embuscade, imprévisible, et que notre besoin
de se sécuriser auprès de nos proches s’est manifesté à notre conscience plus que
jamais. Mais qu’est-ce que vraiment l’attachement, tant cette notion semble banale,
évidente ? Afin de comprendre ce que recouvre le concept « attachement » dans le
langage naturel, on peut consulter la base de données CRISCO de l’université de
Caen ; cette base de données permet de définir l’« espace sémantique » d’un terme
en recourant à un grand nombre de sources, desquelles sont extraites les relations
synonymiques de ce terme, relations ensuite projetées dans un espace à plusieurs
dimensions par traitement statistique. Dans cet espace, la distance entre les mots
illustre leur « co-occurrence », c’est-à-dire la fréquence à laquelle ils se trouvent asso-
ciés dans un grand nombre de textes ; la proximité des termes exprime en quelque
sorte leur degré de synonymie. Ainsi, lorsque l’on place au centre de cet espace
virtuel le terme « Attachement », voici les mots qui gravitent autour et donc qui lui
sont proches : Passion, Tendresse, Amour, Affection, Sympathie, Liaison, Amitié,
pour ne prendre que les plus proches. L’attachement semble ainsi être compris
comme une relation intense et chaleureuse, comme un « lien affectif ». Toutefois,
ceux qui se sont déjà penchés sur cette fameuse « théorie de l’attachement », objet
du présent ouvrage, remarqueront qu’il manque dans cette énumération un terme
essentiel, absent dans cet espace sémantique issu du langage naturel : celui de
« sécurité ». Ce dernier terme est en effet au centre de la théorie de l’attachement
13
Comprendre l’attachement et ses troubles
de John Bowlby. Et si la sécurité est le maître mot de cette théorie, ceci ne semble
pas forcément évident pour le sens commun.
Comme le soulignent les auteurs dans leur conclusion ainsi que Nicole
Guédeney dans la préface de la première édition, les évidences scientifiques
montrent qu’un attachement sécure n’est pas synonyme de santé mentale chez
l’enfant et qu’un attachement insécure n’est pas une fatalité ; il faut plutôt penser
en termes de facteurs de protection ou de vulnérabilité. Et il ne s’agit pas de
traits, qui appartiennent à l’enfant, comme pourrait l’être tel aspect du tempé-
rament ; il faut plutôt penser la sécurité en termes de dynamique relationnelle
et de développement.
Cet ouvrage de lecture facile, très bien documenté, apporte des données
essentielles pour comprendre la théorie de l’attachement et a le grand mérite de
14
Préface de la deuxième édition française (2022)
Blaise Pierrehumbert
Psychologue et spécialiste de la théorie de l’attachement
Références :
Gray, C. (2021). Attachment theory: why lockdown has made us all obsessed with
the psychology of relationships. Stylist. (https://www.stylist.co.uk/relationships/
attachment-theory-styles/484734)
15
Chapitre 1
Introduction
Ce livre a été conçu initialement comme un document basé sur les preuves
concernant l’attachement, selon les mêmes critères des autres publications de
FOCUS qui ont envisagé les fondements des interventions dans divers autres
troubles. Cependant, il est rapidement devenu évident dans le travail qu’un format
un peu différent serait nécessaire. Pour discuter des applications cliniques du concept
d’attachement, trois aspects doivent être envisagés en détail : (1) la théorie de
l’attachement, (2) l’évaluation des modes d’attachement et (3) les troubles liés à
l’attachement. Nous avons appliqué une approche basée sur les preuves à l’étude
de ces trois aspects.
1. Tout au long du livre, le terme caregiver (donneur de soins) est traduit par « soignant », il
représente l’ensemble des personnes qui prennent soin de l’enfant, en premier lieu sa mère, ses
parents, son entourage familial, mais aussi des donneurs de soins de substitution (en famille
d’accueil, en institution…) comme il est précisé dans le chapitre 4. (NDLT)
17
Comprendre l’attachement et ses troubles
Il n’a pas été possible de citer, et encore moins d’évaluer, chaque étude dans ce
domaine dont certains aspects suscitent des recherches très nombreuses. Tout en
utilisant les méta-analyses qui sont disponibles, les études choisies comprennent
des études « classiques » ainsi que celles qui illustrent différentes approches ou
pratiques. L’objectif a été d’apporter une sélection représentative de preuves basées
sur la théorie de l’attachement pour guider la pratique.
Il est évident que les réponses à ces questions apparemment simples sont
complexes, proviennent de différents aspects de la théorie de l’attachement et de
ses applications, et sont donc incluses tout au long du livre.
18
Introduction
19
Comprendre l’attachement et ses troubles
Même si vous pouvez avoir envie d’aller directement vers les chapitres qui vous
intéressent particulièrement, nous demandons à ceux d’entre vous qui ne sont pas
très familiers avec la théorie de l’attachement d’aller d’abord au chapitre 2 qui
détaille la base théorique et conceptuelle de tout ce qui suit.
20
Introduction actualisée (2021)
21
Comprendre l’attachement et ses troubles
22
Introduction actualisée (2021)
23
Comprendre l’attachement et ses troubles
Dans la première édition, il était suggéré que les travaux de Cassidy et al. (2005),
qui en étaient alors à leurs débuts, pourraient offrir une solution à cette question.
En 2020, Woodhouse et al. font état du développement et de la mise à l’épreuve
de ces travaux antérieurs. En avançant leur idée qu’une reconceptualisation de
la sensibilité est nécessaire et qu’elle se concentre sur ces comportements des
donneurs de soins qui sont spécifiquement reliés à l’activation du système d’atta-
chement de l’enfant, ils ont développé une mesure quantitative de « fourniture
d’une base sécure » (FBS). Ils reconnaissent que le concept de base sécure est
généralement utilisé en référence au comportement d’exploration, et le concept
d’abri sûr ou sécure, où l’enfant peut se réfugier en cas d’alarme, est utilisé en
référence au comportement d’attachement. Ils soulignent toutefois que Bowlby
et Ainsworth considéraient l’abri sûr comme essentiel pour soutenir l’exploration.
La FBS évalue le degré auquel le donneur de soins répond aux besoins de l’enfant
des deux côtés du continuum attachement-exploration.
24
Introduction actualisée (2021)
comportement effrayant pendant les pleurs exclut la FBS. Dans les épisodes sans
pleurs, la présence ou l’absence d’une connexion calme et régulée, communiquant
la disponibilité permanente de la mère, a été codée. Un comportement maternel qui
activait le système d’attachement de l’enfant pendant l’exploration ou qui s’immisçait
suffisamment pour détourner l’exploration de l’enfant excluait la présence d’une
connexion calme, à moins qu’elle ne soit nécessaire pour des raisons de sécurité.
Selon Woodhouse et ses collègues, ces résultats plaident en faveur d’un chan-
gement conceptuel et d’un affinement de la compréhension de la sensibilité de la
mère et des précurseurs de l’attachement du nourrisson. Ces résultats ont égale-
ment des implications importantes pour l’intervention. L’attachement sécurisant
peut être mieux réalisé en augmentant la FBS plutôt que la sensibilité globale.
25
Comprendre l’attachement et ses troubles
aux autres catégories d’insécurité, les enfants qui étaient désorganisés dans la petite
enfance présentaient un risque plus élevé de problèmes d’extériorisation.
Les auteurs concluent que la méta-analyse fournit des preuves qui soutiennent
l’affirmation selon laquelle les attachements précoces ont un effet durable sur le
développement socio-émotionnel.
26
Introduction actualisée (2021)
Dans une revue systématique, Nelson et al. (2020) ont révélé la rareté des
données longitudinales concernant la persistance ou la résolution du TRA.
NOUVELLES ADDITIONS
27
Comprendre l’attachement et ses troubles
28
Introduction actualisée (2021)
Il existe des preuves d’un malentendu généralisé parmi les professionnels sur ce
qu’est et représente réellement l’attachement (Wright et al., sous presse). De plus, les
troubles de l’attachement font l’objet d’un surdiagnostic et d’un mauvais diagnostic,
même de la part de professionnels expérimentés (Allen et Schuengel, 2020).
29
Première partie
L’attachement
et les soins
Un attachement, dans son sens littéral, est un lien ou une attache. L’attachement,
en particulier entre les personnes, est souvent défini positivement comme l’affection,
la dévotion ou même l’amour, même si des attachements nuisibles, par exemple
à une drogue ou à une personne, existent bien.
1. Pour une discussion sur ce sujet, voir Belsky, chapitre 7 dans Handbook of Attachment (1999).
33
Comprendre l’attachement et ses troubles
2. Pour une description de la place de la théorie de l’attachement dans la hiérarchie des théories
évolutionnistes, voir Simpson, chapitre 6 dans Handbook of Attachment (1999).
34
Qu’est-ce que l’attachement ?
2 LE SYSTÈME COMPORTEMENTAL
D’ATTACHEMENT
L’attachement opère par l’intermédiaire du système comportemental d’atta-
chement. Celui-ci comprend plusieurs comportements différents qui peuvent,
individuellement, servir aussi dans d’autres systèmes comportementaux. Ce qui
caractérise la combinaison de divers comportements en un système de compor-
tement, c’est leur objectif commun. Bowlby utilise le terme « résultat prévisible »
pour cela, signifiant qu’une fois que le système est activé, le résultat en question
va probablement survenir. Le résultat prévisible du système comportemental
d’attachement est d’amener l’individu en proximité plus étroite, ou de maintenir
la proximité avec sa figure d’attachement, avec l’attente instinctive que cette
figure d’attachement enlève les facteurs de stress et donc désactive le besoin d’un
comportement d’attachement.
3 ACTIVATION ET INTERRUPTION
DU COMPORTEMENT D’ATTACHEMENT
Dans sa formulation originelle de la théorie de l’attachement, Bowlby conce-
vait l’attachement comme un système start-stop (1969, p. 258). Quand l’enfant
ressent du confort (ou une absence d’inconfort), le système est désactivé. Le
comportement d’attachement est activé par l’inconfort ou la menace ressen-
tie par l’enfant et se termine (habituellement) quand l’inconfort est soulagé.
Cependant, comme Main le souligne (1999, p. 858), il est maintenant généra-
lement accepté que le système d’attachement est continuellement actif. Cette
modification, dit-elle, a été proposée dès le début par Ainsworth et Bretherton
qui ont réalisé qu’un système qui « s’éteint » laisserait l’enfant vulnérable et en
danger. Donc, en l’absence d’inconfort ou d’alarme, le système comportemental
d’attachement, plutôt que d’être inactif, opère en surveillant continuellement la
proximité et l’accessibilité physique et psychologique de la figure d’attachement.
Bowlby a immédiatement accepté cette modification précoce. Le « réglage » ou
degré de proximité (objectif établi) varie suivant le niveau d’activation. Donc,
si l’activation est intense (l’enfant est très alarmé), le réglage de l’objectif établi
nécessite une proximité très étroite ou un véritable contact physique avec la
figure d’attachement. Si l’activation est basse, le réglage de l’objectif établi peut
être tel que voir la figure d’attachement suffira à désactiver le comportement
d’attachement (Ainsworth et al. 1978, pp. 10-11).
35
Comprendre l’attachement et ses troubles
Il établit une liste en trois parties des autres situations qui activent le compor-
tement d’attachement et influencent son intensité :
1. Situation de l’enfant
• Fatigue
• Faim
• Maladie
• Douleur
• Froid
2. Comportement de la mère et endroit où elle se trouve
• La mère est absente
• La mère s’en va
• La mère décourage l’intimité
3. Autres conditions environnementales
• Survenue d’événements alarmants
• Rebuffades d’autres adultes ou des enfants
4 LE DÉVELOPPEMENT DE L’ATTACHEMENT
Il existe quatre phases dans le développement de l’attachement. Les limites
entre elles ne sont pas nettes.
Phase 1
Orientation et signaux sans discrimination de figure (Bowlby)
Pré-attachement initial (Ainsworth)
Cette phase s’étend de la naissance à 8 semaines au moins. Pendant cette
période, le bébé utilise des comportements qui ont pour but d’attirer et de réagir
à l’attention des soignants. Des comportements comme l’agrippement, le sourire,
le babillage ou les pleurs sont dirigés vers toute personne proche du bébé. Des
études ont montré cependant que, déjà pendant cette phase, les bébés apprennent
à discriminer les adultes.
Phase 2
Orientation et signaux dirigés vers une (ou plusieurs) figures discriminées (Bowlby)
Attachement en cours (Ainsworth)
Classiquement, la seconde phase survient entre 8 semaines et environ 6 mois.
Avec le développement de sa vision et de son audition, le bébé distingue de plus
36
Qu’est-ce que l’attachement ?
en plus les adultes familiers de ceux qui ne le sont pas et devient particulièrement
réactif envers son soignant.
Phase 3
Maintien de la proximité d’une figure discriminée par la locomotion autant que
par les signaux (Bowlby)
Attachement bien défini (Ainsworth)
Cette phase débute classiquement entre 6 et 7 mois, mais peut être retardée
jusqu’après un an. Bowlby suggère que cette phase se poursuit probablement à
travers la deuxième et la troisième année. C’est une phase essentielle de consoli-
dation et elle a trois composantes.
Phase 4
Formation d’un partenariat corrigé quant au but (Bowlby et Ainsworth)
Classiquement cette phase ne commence pas avant la deuxième année et,
pour beaucoup d’enfants, pas avant la troisième année. L’aspect central de cette
quatrième et dernière phase est la « diminution de l’égocentrisme » de l’enfant
(Ainsworth et al. 1978, p. 28). L’enfant commence à voir sa figure maternelle comme
une personne indépendante avec ses propres objectifs. Ceci pose les fondations
d’une relation mère-enfant plus complexe que Bowlby appelle « partenariat ».
37
Comprendre l’attachement et ses troubles
Pour être utiles, dit Bowlby, les deux modèles opérationnels doivent être
maintenus à jour. Cependant, l’étendue du changement possible des modèles
internes opérationnels reste une question centrale. Bien que les modèles soient
influencés par de nouvelles expériences, l’intégration d’une nouvelle expérience
est modulée par le modèle existant. « Donc les effets des expériences précoces
sont intégrés dans ces modèles, même s’ils se modifient » (Goldberg 2000, p. 9).
Une deuxième difficulté est que les aspects inconscients des modèles internes
opérationnels sont particulièrement résistants au changement. « Des preuves
cliniques suggèrent que les révisions nécessaires du modèle ne sont pas tou-
jours faciles à réaliser. Habituellement elles se font, mais seulement lentement,
souvent elles sont faites de façon imparfaite, et parfois elles ne se font pas du
tout » (Bowlby 1969, p. 82).
38
Qu’est-ce que l’attachement ?
Bowlby laisse entendre plutôt qu’il n’affirme que la révision des modèles se fait
mieux en soumettant le modèle à « tous les bénéfices particuliers qui proviennent
de la prise de conscience » (Bowlby 1969, p. 83).
Bowlby voyait la mise à disposition d’une base de sécurité comme une carac-
téristique centrale de son concept du parentage. Une base de sécurité est une base
39
Comprendre l’attachement et ses troubles
8 UN REFUGE SÛR
Ainsworth et al. (1978) décrivent certains nourrissons dans la situation étrange
(décrite au chapitre 8) qui étaient tellement alarmés par l’entrée de l’étrangère qu’un
comportement intense d’attachement était activé. Ces nourrissons se comportaient
d’une façon décrite par les auteurs comme une « retraite vers la mère », se plaçant
dans sa proximité immédiate ou même à son contact. En allant vers la mère,
l’intention de l’enfant ne semblait pas d’interagir avec elle, mais de se retourner
vers l’étrangère ou même de lui sourire « du refuge sûr offert par la mère » (p. 264).
Même si presque tous les enfants montraient un comportement plutôt prudent,
tous ne se rapprochaient pas de leur mère, pour beaucoup sa simple présence
dans la même pièce leur assurait un refuge sûr.
Ainsworth et al. reconnaissent que le concept d’une mère comme refuge sûr
est similaire au concept de la mère base de sécurité. Néanmoins, ils pensent qu’il
est souhaitable de maintenir la distinction. Quand l’enfant utilise la figure d’atta-
chement comme base de sécurité au départ de laquelle il explore, il n’y a pas de
prudence ou de crainte. Cependant, quand le petit enfant cherche la proximité de
sa mère comme refuge sûr, l’implication est qu’il est plus ou moins alarmé. Une fois
que l’alarme est modérée par la proximité, il peut de nouveau explorer. De cette
façon, « la figure d’attachement se transforme de refuge sûr en base de sécurité
au départ de laquelle il explore » (Ainsworth et al. 1978, p. 265).
9 RÉSUMÉ
Le comportement d’attachement était défini par John Bowlby comme un
instinct biologique dans lequel la proximité d’une figure d’attachement est
recherchée quand l’enfant ressent ou perçoit une menace ou un inconfort. Le
comportement d’attachement anticipe une réaction de la figure d’attachement
qui enlève la menace ou l’inconfort. Un attachement sélectif se développe dans
la première année de la vie, en passant par plusieurs étapes. Les représentations
mentales du nourrisson/de l’enfant et de son environnement humain se forment
sur la base de ses expériences précoces d’attachement. Bowlby les a appelées
des « modèles internes opérationnels » pour indiquer la possibilité d’actualiser
ces représentations. Le rôle de la figure d’attachement est de fournir une base
de sécurité à partir de laquelle l’enfant peut explorer et un refuge sûr où il peut
se retirer quand il est menacé.
40
Chapitre 3
Les classifications
de l’attachement
Des termes quantitatifs comme « fort », « intense » ou « faible » ne sont pas une
terminologie appropriée dans la théorie de l’attachement et étaient rarement uti-
lisés par Bowlby et Ainsworth. Les attachements étaient plutôt décrits et classés
suivant leurs caractéristiques qualitatives.
Vers 18 mois et probablement plus tôt, le jeune enfant a déjà développé des
modes d’attachement visibles et spécifiques aux différentes figures d’attache-
ment, basés sur ses expériences cumulatives d’attachement avec ses figures
d’attachement.
Les modes d’attachement sont aussi classés suivant que l’individu se sent
sécure ou insécure/anxieux en ce qui concerne la disponibilité et la réactivité de
sa figure d’attachement.
Comme Bowlby l’explique, le terme « sécure » dans son sens originel « s’applique
au monde tel qu’il est perçu et pas au monde tel qu’il est » (1973, p. 182). « Sûr »
est peut-être un meilleur terme pour décrire les situations objectives. Donc une
personne peut se sentir insécure bien qu’en réalité elle soit en sûreté et vice-versa.
La sécurité et l’insécurité sont des états de sentiments.
41
Comprendre l’attachement et ses troubles
1 ATTACHEMENTS ORGANISÉS
Les individus qui ont une stratégie organisée pour atteindre l’objectif établi
de proximité d’une figure d’attachement peuvent être attachés de façon sécure
ou insécure à cette figure d’attachement. Un attachement sécure signifie avoir
confiance que la figure d’attachement sera disponible et réagira de façon sensible
et bienveillante au besoin de proximité et, si le système d’attachement est très
activé, au besoin de réconfort. Un attachement insécure peut être décrit comme
anxieux à cet égard.
42
Les classifications de l’attachement
un comportement d’évitement comme aller plus loin ou éviter son regard. S’il est
pris dans les bras, il ne montre que peu ou pas de tendance à s’accrocher ou à
résister au relâchement.
Ainsworth et al. soulignent que nous ne devons pas perdre de vue le fait que
les enfants du groupe A sont anxieux autant qu’évitants. Leur besoin d’attachement
tend à ne pas s’éteindre, parce qu’ils ressentent rarement l’apaisement qui met
le plus efficacement fin à son activation intense. Une telle frustration permanente
peut entraîner de fréquentes expressions de colère. De plus, à la maison (à l’inverse
de la situation étrange) on a observé qu’ils pleurent plus et montrent plus souvent
d’anxiété de séparation que les bébés du groupe B.
Donc les bébés A1 montrent un évitement constant, alors que les bébés A2
montrent une tendance à s’approcher de leur mère. Les bébés B1 et B2 sont un
peu évitants tandis que les bébés B3 et B4 sont plus vite perturbés par la sépa-
ration et un peu comme les bébés résistants lors des retrouvailles. Les bébés C1
sont ouvertement fâchés tandis que les bébés C2 expriment leur colère par une
impuissance inappropriée.
43
Comprendre l’attachement et ses troubles
La figure d’attachement sert à la fois de refuge sûr vers lequel l’enfant retourne
quand son système d’attachement est activé et de base de sécurité à partir de
laquelle l’enfant explore quand il se sent en sécurité. Main, Hess et Kaplan (2005)
décrivent une attention différentielle à ces deux aspects chez les enfants des trois
groupes d’attachement. Les enfants sécures réagissent avec souplesse tant à
l’attachement qu’à l’exploration, en fonction de la situation dans laquelle ils se
trouvent. Les enfants évitants restent avec détermination loin des expériences
d’attachement. Les enfants résistants restent centrés de façon inébranlable sur les
questions en lien avec l’attachement.
A1 A2 B1 B2 B3 B4 C1 C2
2 ATTACHEMENT DÉSORGANISÉ
Groupe D : attachement insécure désorganisé/désorienté
Il est apparu que certains enfants ne rentraient pas dans les groupes A, B ou C.
Pour aborder ce problème, Main et Solomon ont réexaminé plus de 200 enre-
gistrements vidéo de situation étrange (Main et Solomon 1986, 1990). Elles ont
trouvé que ces enfants ne partageaient pas un nouveau mode de comportement,
mais avaient plutôt un comportement bizarre qui manquait de stratégie cohérente,
organisée pour faire face au stress de la séparation. Ceci les a menées à intro-
duire une nouvelle catégorie d’attachement, le groupe D, attachement insécure
désorganisé/désorienté. On considère que les enfants présentent les critères pour
rentrer dans cette catégorie si, en présence de leur soignant lors de la situation
étrange, leur comportement correspond à un ou plusieurs des indices de com-
portement qui suivent, ou indices de désorganisation et de désorientation (Main
et Solomon 1990) :
1. Démonstration séquentielle de modes de comportement contradictoires,
comme un comportement d’attachement très fort, brutalement suivi par
l’évitement, la sidération ou un comportement d’hébétude ;
2. Démonstration simultanée de comportements contradictoires, tels qu’un
évitement fort avec une forte recherche de contact, une forte détresse ou
une forte colère ;
3. Mouvements et expressions non dirigés, mal dirigés, incomplets et inter-
rompus, par exemple expressions intenses de détresse accompagnées
d’un mouvement de retrait plutôt que d’approche de la mère ;
4. Stéréotypies, mouvements asymétriques, mouvements inopportuns et
postures anormales, comme trébucher sans raison apparente et seulement
quand le parent est présent ;
5. Sidération, immobilisation, mouvements et expressions ralentis « comme
sous l’eau » ;
44
Les classifications de l’attachement
45
Comprendre l’attachement et ses troubles
3 DU COMPORTEMENT D’ATTACHEMENT
DÉSORGANISÉ AU COMPORTEMENT
D’ATTACHEMENT CONTRÔLANT
Des études longitudinales ont montré un passage du comportement d’attache-
ment désorganisé dans la petite enfance à un comportement contrôlant plus tard
dans l’enfance. L’étude classique est celle de Main et Cassidy (1988). Dans cette
étude sur deux échantillons, les auteurs ont développé un système pour classer
l’organisation de l’attachement à 6 ans sur la base des réactions des enfants à des
retrouvailles non structurées avec les parents après une séparation d’une heure
dans un milieu de laboratoire (voir chapitre 8). En plus des groupes sécure (B),
insécure-évitant (A) et insécure-ambivalent (C), elles ont décrit et nommé deux
nouveaux groupes, insécure-contrôlant (D) et insécure-non classé (ce dernier
regroupant les comportements de retrouvailles qui ne rentrent pas dans les autres
groupes). Un enfant du groupe insécure-contrôlant (D) est décrit comme semblant
« essayer de contrôler ou de diriger le comportement et l’attention du parent et
d’assumer un rôle qui est habituellement considéré comme plus approprié pour
un parent par rapport à un enfant » (p. 419). Deux sous-groupes sont distingués :
1. Contrôlant-punitif. L’enfant essaie d’humilier ou de rejeter le parent, de le
diriger, lui disant par exemple « Je t’ai dit de te tenir tranquille ! »
2. Contrôlant-fûté/soignant. L’enfant peut montrer un comportement protec-
teur et plein de sollicitude pour le parent, ou fait montre de soins ou de
préoccupations qui suggèrent un renversement des rôles. L’enfant peut
montrer « une gaieté nerveuse, extrême lors des retrouvailles » (Main et
Cassidy 1988, p. 419).
4. Il y avait trop peu d’enfants insécures-C à inclure dans l’étude. Les catégories d’attachement
à la mère A, B et D de 84 % de l’échantillon étaient prédictives des attachements à 6 ans (k = 0,76,
p < 0,001). Parmi les 12 enfants qui étaient insécures-désorganisés/désorientés avec leur mère
dans la petite enfance, 75 % étaient classés comme contrôlants à 6 ans (Tableau 2, p.420).
La prévisibilité pour l’échantillon père-enfant, quoique significative, était relativement plus faible,
61 % des catégories lors des retrouvailles avec le père à 6 ans étaient prédites à partir de la clas-
sification lors de la situation étrange dans la petite enfance (k = 0,28, p < 0,05). Un enfant seu-
lement était évalué contrôlant à l’égard du père à 6 ans. Effectivement les auteurs suggèrent que
la relative faiblesse de la prévisibilité pour le père peut avoir été partiellement attribuable à l’étendue
relativement restreinte des classifications (22 des 33 dyades père-enfant étaient notées sécure
dans la petite enfance, comparé avec 12 des 32 dyades mère-enfant.)
46
Les classifications de l’attachement
47
Comprendre l’attachement et ses troubles
Dans leur article, van IJzendoorn et al. (1999) partagent encore leur échantillon
d’enfants désorganisés en différentes populations. La distribution de l’attachement
désorganisé dans ces groupes est présentée dans le tableau 3.2.
Bowlby (1988) remarque que les enfants attachés de façon sécure sont plus
capables d’actualiser les modèles opérationnels qu’ils ont d’eux-mêmes et de leurs
parents grâce à la communication plus ouverte caractéristique de ces dyades. Mais
pour les enfants attachés anxieusement, l’actualisation est empêchée par l’exclu-
sion défensive d’expériences et d’informations différentes. Par conséquent, les
modèles et leurs modes associés d’interactions ne peuvent pratiquement pas être
corrigés et modifiés, même dans des interactions ultérieures avec des personnes
qui peuvent être très différentes dans leurs interactions.
6. Comme Green et Goldwyn (2002) le signalent, deux études ont montré une association entre
la désorganisation du nourrisson et une dépression maternelle grave ou chronique ou un trouble
bipolaire. Il semble, suggèrent-ils, « que seule la dépression maternelle grave et/ou chronique soit
associée à la désorganisation de l’attachement chez le nourrisson et qu’une dépression moins
grave ne le soit pas » (p.837).
48
Les classifications de l’attachement
6.1 Preuves
(Âge au moment des différentes évaluations en gras ; type d’échantillon en
italiques.)
Belsky et al.
Belsky et al. (1996) signalent que, quand les taux de stabilité des classifications A,
B et C de cinq études de familles américaines sans risques étaient pondérés par la
taille de l’échantillon, ils trouvaient un taux de stabilité de 75 % pour 205 dyades
nourrisson-mère. Dans le même article cependant, Belsky et al. remettent en
question la conception de la plupart des premières études de stabilité, soulignant
la taille modeste des échantillons et un manque de correction pour les associations
accidentelles. Dans leurs études de deux échantillons nourrisson-mère (n = 125,
n = 90) pour lesquels l’attachement était évalué à 12 et 18 mois, et un échantillon
nourrisson-père (n = 120) pour lequel l’attachement était évalué à 13 et 20 mois,
ils n’ont pas trouvé de stabilité significative dans la sécurité d’attachement, avec
des taux allant de 46 à 55 %.
L’étude du Minnesota
Les participants qui étaient désorganisés dans la petite enfance avaient plus
de probabilité d’être insécures à l’AAI et moins de probabilité d’être autonomes
que les participants qui étaient organisés dans l’enfance. 86 % des participants qui
49
Comprendre l’attachement et ses troubles
étaient désorganisés dans l’enfance étaient classés insécure à l’AAI. Les participants
qui avaient eu une classification secondaire « sécure » dans l’enfance n’avaient
pas plus de probabilité d’être autonomes à l’AAI. Les scores de désorganisation
n’étaient pas liés à des scores de perte non résolue, mais ils étaient liés aux scores
de maltraitance non résolue à l’AAI.
Les observations basées sur cette classification en quatre groupes relevaient que :
• Le groupe « sécure-sécure » signalait beaucoup moins de périodes de grands
stress de vie que le groupe « sécure-insécure ».
• Le groupe « sécure-sécure » connaissait un meilleur fonctionnement familial au
début de l’adolescence (à 13 ans) que le groupe « sécure-insécure ».
• Le groupe « insécure-insécure » avait beaucoup plus de probabilités d’avoir
vécu une maltraitance précoce que le groupe « insécure-sécure ».
• À 6 ans, les enfants du groupe « insécure-sécure » avaient connu un environne-
ment familial plus sûr et plus stimulant que ceux du groupe « insécure-insécure ».
50
Les classifications de l’attachement
Méta-analyse de Fraley
Main et Cassidy (1988) ont trouvé que 84 % des enfants évalués comme évi-
tants, sécures ou désorganisés7 dans la petite enfance avaient le même mode ou
un mode équivalent d’attachement à l’égard de leur mère à 6 ans ; pour les pères
51
Comprendre l’attachement et ses troubles
6.2 Commentaires
Avec le développement de l’individu, les moyens ou modalités d’évaluation
de l’attachement doivent changer. Dans la situation étrange et la procédure de
retrouvailles à 6 ans, l’intérêt se porte sur le comportement de l’enfant (basé sur son
organisation interne) en relation avec son soignant. Dans la moyenne enfance, les
évaluations avec le SAT ou les histoires à compléter se sont révélées valides pour
évaluer les modèles internes opérationnels d’attachement des enfants. L’AAI, avec
sa méthode ingénieuse pour « surprendre l’inconscient » se centre sur la représen-
tation linguistique de l’état d’esprit de l’adulte à l’égard de l’attachement. Donc des
modalités non verbales et verbales sont utilisées pour l’évaluation de l’attachement
à différentes étapes du développement. Avec cela à l’esprit, la réflexion de Main
et al. (2005) sur les différentes formes de prévisibilité plutôt que sur une simple
stabilité offre l’opportunité d’avancées ultérieures dans notre compréhension des
trajectoires à long terme de l’attachement.
Main et al. proposent une explication pour ces trajectoires, décrivant une personne
sécure comme capable de passer souplement de l’attachement à l’exploration, en
fonction des circonstances. Par contraste, l’organisation évitante/détachée centre
son attention de façon rigide sur l’exploration et non sur l’attachement, alors que
l’organisation résistante/préoccupée centre son attention de façon rigide dans la
direction opposée. L’état de désorganisation/non résolu amène des difficultés à
construire un schéma cohérent en ce qui concerne l’attachement et l’exploration.
7 RÉSUMÉ
En se basant sur leurs expériences cumulatives avec leurs figures d’attachement,
les bébés vers 9 mois ont développé des modes d’attachement spécifiques à ces
figures. Ces modes sont mesurables par la procédure de la situation étrange entre
9 et 18 mois. Ils ont été classés en trois modes organisés – sécure, insécure-évitant
et insécure-résistant/ambivalent – et un mode insécure-désorganisé. La distribution
52
Les classifications de l’attachement
53
Chapitre 4
55
Comprendre l’attachement et ses troubles
En pratique, le terme de soins est utilisé moins spécifiquement pour décrire les
fonctions parentales globales et variées. Ainsworth, travaillant dans les années 70,
avant que Bowlby ne définisse la signification spécifique des soins, ne faisait pas
référence au terme soigner dans son travail à cette époque. Elle étudiait et se
référait essentiellement à la sensibilité maternelle, qu’elle considérait à la fois
comme un attribut global du soignant et une échelle spécifique dans sa mesure
du comportement maternel.
56
Quels sont les facteurs qui influencent l’organisation de l’attachement…
Main (1999, p. 846) souligne l’utilisation par Bowlby du terme « soigner » pour
décrire le système de comportement qui est complémentaire à l’attachement du
nourrisson et nous rappelle qu’il est évident que les parents font d’autres choses
pour favoriser le développement de leur enfant. Les exemples qu’elle donne sont
enseigner, discipliner, fournir un soutien matériel, servir de modèles de rôle et
jouer. Elle souligne un point important : alors que certains enfants peuvent être
désavantagés par un attachement insécure, ils peuvent être avantagés par d’autres
aspects du parentage.
La vérité en cette matière est que nous manquons de preuves empiriques sur
les relations entre les composantes attachement et non-attachement des
relations, et en particulier sur les conséquences spécifiques des différents
aspects du parentage. Nous avons grand besoin de ce genre de preuves et il
est nécessaire de regrouper des perspectives parentales contrastées pour
tester des hypothèses contradictoires. (Rutter et O’Connor 1999, p. 836)
57
Comprendre l’attachement et ses troubles
Des mesures du comportement maternel ont été établies selon les classes
suivantes de comportement : sensibilité aux pleurs, comportement dans des
situations de séparation/réunion, comportement dans des situations de contact
corporel intime, comportement dans les interactions face à face, comportement
concernant l’obéissance de l’enfant, comportement lors de l’alimentation et
caractéristiques générales. Quatre des six mesures des caractéristiques mater-
nelles générales, « sensibilité-insensibilité aux signaux », « acceptation-rejet »,
« coopération-interférence » et « disponibilité-ignorance » forment les Maternal
Sensitivity Scales1 (décrites dans le chapitre 9).
58
Quels sont les facteurs qui influencent l’organisation de l’attachement…
Ainsworth et al. (1978) ont comparé les scores moyens pour les divers
comportements maternels avec les classifications des nourrissons A, B et C2. Les
observations de différences significatives intergroupes (p < 0,05 ou plus) sont
résumées ici :
• Les mères des enfants du groupe A et du groupe C étaient de façon significative
moins réactives aux pleurs que les mères des enfants du groupe B.
• Les mères des enfants du groupe A saluaient moins le bébé en entrant dans
la pièce que les mères des enfants du groupe B.
• Les mères des enfants du groupe A et du groupe C étaient moins affectueuses
lors de contacts corporels que les mères des enfants du groupe B.
• Les mères des enfants du groupe A étaient plus souvent brusques et inter-
férentes quand elles prenaient le bébé.
• Les mères des enfants du groupe C étaient plus souvent perçues comme mala-
droites dans leur façon de tenir le bébé lors de contacts physiques intimes que
les mères des enfants du groupe B.
• Les mères des enfants du groupe C étaient occupées par des activités de routine
tout en tenant leur bébé plus que les mères des enfants du groupe B. C’était
notamment le cas pendant qu’elles tenaient le bébé dans leurs bras pour le
nourrir. Les bébés de l’ensemble de l’échantillon semblaient impatients de se
nourrir par eux-mêmes pendant le quatrième trimestre3. Donc, en continuant
à tenir le bébé et à résister à ses efforts pour se nourrir par lui-même, elles
avaient tendance à amener l’enfant à se rebeller, ce qui rendait les repas dif-
ficiles et en faisait une occasion de conflit.
Les différences les plus marquées entre les groupes de la situation étrange ont
été observées dans le score des caractéristiques maternelles générales :
• Les mères des enfants du groupe A et du groupe C étaient de façon significa-
tive plus insensibles, rejetantes, interférentes et ignorantes que les mères des
enfants du groupe B.
• Les mères des enfants du groupe A étaient particulièrement rejetantes (les
mères des enfants du groupe C avaient généralement des scores moyens pour
acceptation-rejet).
Des observations concernant la relation entre les quatre échelles des carac-
téristiques maternelles générales et les sous-groupes de la situation étrange sont
aussi présentées.
2. Le tableau présenté (p.145) exclut le comportement dans les interactions face à face et lors
de l’alimentation.
3. Basé sur des observations à 39, 42, 45 et 48 semaines.
59
Comprendre l’attachement et ses troubles
60
Quels sont les facteurs qui influencent l’organisation de l’attachement…
4. Voir Goldgerg (2000) pour une discussion sur l’attachement et la régulation des émotions.
61
Comprendre l’attachement et ses troubles
62
Quels sont les facteurs qui influencent l’organisation de l’attachement…
63
Comprendre l’attachement et ses troubles
64
Quels sont les facteurs qui influencent l’organisation de l’attachement…
Un article récent du même groupe (Gervai et al. 2005) confirme les observations
antérieures de Lakatos et al. (2000, 2002). Le mécanisme par lequel cette variation
génétique chez l’enfant exerce l’effet rapporté sur l’attachement désorganisé n’est
pas clair. Les auteurs suggèrent maintenant que le fait de ne pas porter l’haplo-
type T.7 du gène DRD4 est un facteur de résilience pour le développement d’un
attachement (sécure) précoce. On pense que le gène DRD4 est impliqué dans la
production de récepteurs à la dopamine dans le cortex préfrontal. La dopamine et le
cortex préfrontal jouent probablement un rôle dans les fonctions liées à la formation
de l’attachement. La densité de ces récepteurs à la dopamine augmente entre 6
et 12 mois et l’haplotype T.7 peut réduire la vitesse de production des récepteurs
à la dopamine au moment de la formation de l’attachement.
3 LA TRANSMISSION INTERGÉNÉRATIONNELLE
DE L’ATTACHEMENT
L’introduction du protocole de l’Adult Attachment Interview (AAI) (George,
Kaplan and Main 1984, 1985, 1996) au milieu des années 80 (décrit dans le cha-
pitre 8) a permis l’évaluation de « l’état d’esprit en matière d’attachement » chez
les jeunes adultes et au-delà. Le système de codification de l’AAI est basé sur
la cohérence du récit des expériences de l’adulte avec ses parents, plutôt que sur la
nature de ces expériences ou sur le contenu du récit. Des expériences douloureuses
dans l’enfance en ce qui concerne l’attachement peuvent avoir été résolues depuis,
l’insécurité dans l’enfance devenant une « sécurité acquise » à l’âge adulte. Dans
leur article classique de 1985, Main, Kaplan et Cassidy décrivent les parents des
bébés sécures comme semblant avoir considéré et intégré des expériences défavo-
rables à l’attachement dans un processus mental « longtemps avant le moment de
l’entretien » (p. 96). L’AAI distingue cinq catégories majeures : autonome-sécure,
détaché-insécure, préoccupé-insécure, non résolu/désorganisé et non classifiable.
65
Comprendre l’attachement et ses troubles
Donc il existe de solides preuves d’un lien entre l’état d’esprit du parent en ce qui
concerne l’attachement (évalué par l’AAI) et la sécurité d’attachement de l’enfant
(évaluée par la situation étrange). De plus, comme signalé antérieurement, cette
association est observée quand les représentations maternelles de l’attachement
sont évaluées avant la naissance de l’enfant (Steele, Steele et Fonagy 1996). Ce lien
est nommé la transmission de l’attachement. La question suivante est de savoir
comment l’état d’esprit parental en ce qui concerne l’attachement se transmet de
façon comportementale à l’enfant.
Ainsworth et al. en 1978 ont avancé à partir des observations de leur recherche
que la sensibilité parentale est l’influence clé sur le mode d’attachement de l’enfant :
« l’aspect le plus important du comportement maternel communément associé
avec la dimension de sécurité-anxiété de l’attachement du nourrisson apparaît
comme la réactivité sensible aux signaux et aux communications de l’enfant »
(Ainsworth et al. 1978, p. 512). Donc, à la suite de l’introduction de l’AAI et à la
démonstration d’une association entre les représentations parentales de l’attache-
ment et l’organisation de l’attachement chez l’enfant, on a fait l’hypothèse que la
sensibilité maternelle constituait le lien comportemental. Si c’est le cas, cependant,
deux associations statistiques doivent être démontrées. D’abord, il faut démontrer
un lien entre les états d’esprit parentaux en ce qui concerne l’attachement et la
sensibilité parentale. Ensuite, il faut démontrer un lien entre la sensibilité parentale
(les comportements parentaux) et l’attachement de l’enfant. Ces liens peuvent se
représenter par un diagramme comme dans la figure 4.1.
Sensibilité parentale
B
C
66
Quels sont les facteurs qui influencent l’organisation de l’attachement…
Dans leur chapitre de 2005, Main et al. offrent une explication spéculative pour
les comportements insensibles des parents dont l’état d’esprit est insécure-organisé
en ce qui concerne l’attachement. De tels parents peuvent implicitement chercher à
maintenir un état de « sécurité fausse, mais ressentie » (p. 292) en ce qui concerne les
figures d’attachement primaires de leur enfance. Donc, les comportements d’attache-
ment de l’enfant peuvent provoquer de l’anxiété chez des parents insécures-détachés,
et les comportements exploratoires de l’enfant peuvent provoquer de l’anxiété chez
des parents insécures-préoccupés, en menaçant leur état d’esprit qu’ils considéraient
comme le meilleur pour obtenir la proximité de leurs propres parents dans l’enfance. Un
comportement parental insensible peut être compris donc comme maintenant « l’état
d’esprit antérieurement désiré et actuellement “opérationnel” du parent » (p. 292).
67
Comprendre l’attachement et ses troubles
Slade et al. (2005) rapportent que dans une étude de 40 mères et de leurs bébés,
une association significative (p < 0,001) a été observée entre l’attachement adulte
(évalué avec l’AAI) et le fonctionnement réflexif maternel (évalué par le Parent
Development Interview, décrit dans le chapitre 9). Une association significative
a aussi été trouvée entre le fonctionnement réflexif maternel et l’attachement du
nourrisson (évalué par la situation étrange) (p < 0,007). Les auteurs suggèrent que
le fonctionnement réflexif peut être un « mécanisme central » dans la transmission
de l’attachement « et peut bien jeter une lumière sur le fossé intergénérationnel »
(p. 294)5.
5. Les limites de l’étude sont que l’attachement de l’adulte et de l’enfant était faiblement corrélé
et que les scores de fonctionnement réflexif des mères des enfants sécures ne pouvaient pas être
distingués de ceux des mères d’enfants évitants. Les auteurs signalent que ces observations sont
préliminaires et nécessitent un examen plus approfondi.
68
Quels sont les facteurs qui influencent l’organisation de l’attachement…
Comme Slade et al. (2005) l’ont signalé précédemment, cette étude ne prédit
pas l’attachement insécure-évitant. En effet, quand les trois catégories d’attache-
ment insécure (évitant, résistant et désorganisé) étaient écartées, AMBIANCE ne
prédisait l’attachement du nourrisson qu’avec un seuil de signification de 0,05
(et l’essentiel de cet effet peut être dû à la précision d’AMBIANCE pour prédire
la désorganisation). Donc la question de savoir quels aspects spécifiques du
comportement de sensibilité maternelle influencent l’attachement organisé insé-
cure de l’enfant et donc transmettent l’attachement n’a encore qu’une réponse
partielle.
69
Comprendre l’attachement et ses troubles
4 RÉSUMÉ
Bowlby appelait « soins » la réaction de la figure d’attachement aux comporte-
ments de l’enfant de recherche de proximité et d’attachement. L’organisation de
l’attachement est déterminée par la nature des soins que l’enfant reçoit. Alors que
les mères d’enfants sécures sont sensibles, les mères des enfants insécures-évitants
sont rejetantes et intrusives et les mères des enfants insécures-résistants sont
sous-impliquées et imprévisibles dans leurs réactions au nourrisson. L’attachement
désorganisé est associé à un soignant effrayant ou effrayé.
Il existe des corrélations claires entre l’état d’esprit parental en ce qui concerne
l’attachement (leur propre attachement), la capacité du parent à avoir un fonc-
tionnement réflexif et la sécurité d’attachement de son enfant. Il est probable que
ces états d’esprit adultes sont transmis au nourrisson par les comportements du
parent envers l’enfant. La formation d’un attachement sécure demande à l’enfant
de savoir que la figure d’attachement réagira (finalement) et le fera en n’effrayant
pas l’enfant, en ne lui montrant pas d’hostilité, en n’interférant pas avec son auto-
apaisement et en n’interférant pas excessivement avec son exploration.
70
Chapitre 5
1. Pour Bowlby il était clair que, bien que dans ses écrits il parle des figures maternelles et non
maternelles, il faut comprendre que dans chaque situation il est fait référence à la personne qui
materne l’enfant et à qui il s’attache plutôt qu’à la mère biologique (Bowlby 1969, pp.177-178).
2. Le terme « organisé » ou « organisation » est souvent utilisé pour décrire l’arrangement des
représentations interne des attachements multiples. Le terme « structuré » ou « structure » est
préféré ici, laissant les termes « organisé » et « organisation » se référer exclusivement aux repré-
sentations internes d’un attachement spécifique à un individu spécifique.
71
Comprendre l’attachement et ses troubles
Les liens affectifs ne sont pas synonymes de relations. Les relations peuvent
être transitoires, alors que les liens affectifs sont durables. De plus, les relations se
réfèrent à une dyade alors que les liens affectifs sont caractéristiques d’un individu
et nécessitent une représentation dans l’organisation interne de l’individu. L’aspect
essentiel d’un lien affectif est le désir de maintenir l’intimité avec le partenaire
(Ainsworth 1989).
Le lien d’attachement, qui est le lien d’un individu à une figure d’attachement,
est un lien affectif impliquant le système comportemental d’attachement. D’autres
liens affectifs sont : le lien de soins, impliquant le système comportemental de
soins ; le lien sexuel, impliquant les systèmes de reproduction, d’attachement et
de soins ; le lien d’amitié durable, impliquant le système social (parfois appelé
affiliatif) et, dans certaines amitiés, les systèmes d’attachement et de soins ; et
les liens de fratrie et d’autres relations familiales, impliquant les systèmes social,
d’attachement et de soins. Les différents types de liens affectifs sont repris dans
le tableau 5.1.
72
Les liens affectifs et les figures d’attachement
1.1 Se lier
Une certaine confusion entoure les termes « lien » et « se lier ». Dans la littérature
non attachementiste, le lien est souvent considéré comme quelque chose qui s’ap-
plique presque exclusivement au parent, comme le souligne Schaffer (1990, p. 48) :
Le terme « se lier » a été largement utilisé pour désigner le processus par lequel
les mères forment des relations émotionnelles avec leurs enfants… Se lier
décrit donc la partie mère-vers-enfant de la relation (par opposition à l’atta-
chement qui décrit la partie enfant-vers-mère)3.
De même, il peut arriver qu’un enfant soit protégé de façon adéquate et appro-
priée par son soignant, mais la nature de l’engagement de celui-ci envers l’enfant
est celle d’un lien social plutôt que d’un lien affectif. De tels soins, fournis dans un
contexte vide des émotions associées aux liens affectifs comme la joie, l’engagement
émotionnel ou l’amour, peuvent être appelés « soins instrumentaux » et peuvent
s’observer dans certains arrangements alternatifs de soins.
3. Cependant Schaffer conclut dans une réponse à la question « Quand se passe le lien mater-
nel ? » que « la doctrine du lien, telle qu’elle est exprimée dans sa version super-glue, est une
sur-simplification grossière » (p. 57).
73
Comprendre l’attachement et ses troubles
Oui, toujours. Ceci veut dire que les attachements insécures, évitants, résistants
ou désorganisés, sont des attachements et donc des liens affectifs qui impliquent
une émotion intense.
74
Les liens affectifs et les figures d’attachement
Ces critères ont été testés dans des études en Hollande et en Israël. Dans l’étude
hollandaise, 80 enfants et leurs mères, pères et soignants professionnels ont été
inclus au départ et 68 enfants, leurs parents et soignants professionnels ont parti-
cipé à un suivi deux ans plus tard. Dans l’étude israélienne, 86 nourrissons, leurs
mères, pères et metaplot (soignants professionnels) ont été inclus dans l’évaluation
initiale et 59 enfants, 30 metaplot et 30 enseignants d’école maternelle ont été
inclus lors du suivi environ trois ans et demi plus tard.
Sur la base des observations de ces études les auteurs ont tenté de conclure
que la relation enfant-soignant (professionnel) est « réellement une relation d’atta-
chement » (van IJzendoorn et al. 1992, p. 17).
Howes (1999) décrit une étude sur la relation d’attachement entre l’enfant et
son soignant professionnel qu’elle a publiée avec une collègue après l’analyse de
van IJzendoorn et al. L’échantillon comprenait 1.379 enfants, pris en charge en
dehors de chez eux. En utilisant la notation de l’Attachment Q-sort dans une analyse
de partitionnement des données, les enfants ont été groupés en profils cohérents
avec les catégories de sécurité. Elles ont trouvé que le deuxième et le quatrième
critère de van IJzendoorn et al. étaient rencontrés, mais pas le premier critère,
50 % des enfants étaient classés évitants. Une analyse plus poussée a montré que
les enfants plus âgés (préscolaires) « peuvent parfois construire avec un soignant
une relation d’attachement sécure dans laquelle l’enfant l’utilise pour organiser
son environnement social et d’apprentissage, mais passe peu de temps en contact
75
Comprendre l’attachement et ses troubles
intime avec lui » (p. 673). Ceci soulève la notion de soignants professionnels en
tant qu’organisateurs plutôt que comme consolateurs, ce qui peut particulièrement
s’appliquer aux enseignants.
Howes décrit une stratégie alternative pour vérifier si les soignants profession-
nels se qualifient comme figures d’attachement, en se centrant sur les qualités du
soignant plutôt que sur l’enfant. Trois critères sont proposés :
1. Fourniture de soins physiques et émotionnels,
2. Continuité ou cohérence dans la vie de l’enfant,
3. Investissement émotionnel dans l’enfant.
Howes reconnaît qu’Ainsworth n’a pas inclus le premier de ces critères dans
l’identification des figures d’attachement, ayant observé que les nourrissons peuvent
être attachés à des adultes qui ne les soignent pas. Elle discute aussi le problème
de la continuité ou de la cohérence des figures d’attachement dans le temps, ce
qui est clairement un problème en ce qui concerne les soignants professionnels
comme figures d’attachement. Elle conclut que les deux premiers critères (soins
et cohérence) peuvent être identifiés à travers une analyse de réseau ; le troisième
critère (investissement émotionnel) nécessite d’autres études.
Cette affirmation est renforcée dans un travail ultérieur (Howes et Oldham 2001)
qui s’ouvre avec cette déclaration : « Il est bien documenté que les enfants construisent
des relations d’attachement avec les soignants dans les structures de prise en charge
d’enfants » (p. 267). Le but de cette étude était d’examiner les processus impliqués
dans la formation des relations d’attachement avec des soignants alternatifs dans
les lieux de prise en charge d’enfants. L’étude de 10 enfants a montré que (1) les
variations individuelles dans les comportements d’attachement à l’entrée en crèche
ne pouvaient pas prédire la sécurité d’attachement six mois plus tard, et (2) dès
les premiers jours en crèche, les enfants commencent à faire la différence entre
les soignants.
76
Les liens affectifs et les figures d’attachement
Le dernier mot sur ce sujet devrait peut-être aller à Mary Ainsworth. Robert
Marvin l’a interrogée en 1994 :
Si un enfant est placé en crèche pour toute la journée dès son plus jeune
âge (disons 6 semaines) et n’est avec sa mère que le soir et les week-ends,
pensez-vous que la mère du bébé peut encore être sa première figure
d’attachement ?
Sa réponse :
4 COMMENT SE STRUCTURENT
LES REPRÉSENTATIONS DE FIGURES
MULTIPLES D’ATTACHEMENT ?
Les figures multiples d’attachement « ne sont pas traitées comme des équiva-
lents l’une de l’autre » (Bowlby 1969, p. 304). Il est habituel pour les nourrissons
de montrer une discrimination claire et de centrer leur comportement d’attache-
ment sur une personne en particulier. Bowlby l’appelle la figure d’attachement
principale. Il appelle les autres figures d’attachement des figures d’attachement
subsidiaires. Il appelle la tendance de l’enfant à s’attacher spécialement à une
figure le monotropisme.
77
Comprendre l’attachement et ses troubles
4. Van IJzendoorn et al. (1992) présentent le monotropisme et la hiérarchie comme des modèles
distincts, donc ces auteurs distinguent quatre modèles. Ils décrivent le monotropisme comme
impliquant une figure d’attachement importante, avec d’autres soignants d’influence marginale,
et la hiérarchie comme un modèle dans lequel un soignant est la figure d’attachement la plus
importante, mais d’autres peuvent être considérées comme des figures d’attachement subsidiaires
« qui peuvent bien servir de base de sécurité si la figure d’attachement principale n’est pas dis-
ponible » (p. 10). Comme les écrits de Bowlby semblent incorporer le monotropisme et la hiérarchie
en un seul modèle, cette distinction n’est pas faite dans cette discussion.
78
Les liens affectifs et les figures d’attachement
Plusieurs autres études qui ont examiné les associations entre l’attachement
à la mère et au père et la compétence de l’enfant suggèrent que les attachements
respectifs sont indépendants l’un de l’autre. Par exemple, Main et al. (1985) ont
montré que l’attachement de l’enfant à sa mère a plus d’influence. Cependant
l’attachement enfant-père a été démontré le meilleur prédicteur de certains résul-
tats à certains moments. Par exemple, dans l’étude de Main et al. (1985), l’amitié
avec un étranger était mieux prédite par l’attachement enfant-père quand l’enfant
est nourrisson, mais pas quand il a 6 ans.
Howes (1999) signale que plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer
les observations de concordance entre les attachements enfant-mère et enfant-père.
Le plus évident est que les parents se choisissent sur base d’attitudes communes sur
l’éducation des enfants et/ou modèlent l’un sur l’autre leurs stratégies de soins. La notion
de modèle est soutenue par une étude de Steele et al. (1996) qui ont trouvé que les
interactions enfant-mère peuvent influencer les interactions enfant-père, qui peuvent
alors influencer l’attachement enfant-père. Une autre explication de la concordance
est que les caractéristiques de l’enfant déterminent la nature de l’attachement, quel
que soit le soignant (voir discussion sur le tempérament de l’enfant).
Il a été dit ici qu’une structure hiérarchique ne nécessite pas que les relations
d’attachement soient concordantes et que la concordance ne peut ni soutenir ni
affaiblir le fait que les attachements multiples sont structurés hiérarchiquement.
Cette position diffère de celle de Howes (1999) par exemple qui avance que la
79
Comprendre l’attachement et ses troubles
Comme la concordance n’est pas prédite par une structure intégrative ou indé-
pendante ni, comme il est dit ici, par une structure hiérarchique, les observations
sur la concordance, bien qu’intéressantes, n’ajoutent rien à notre compréhension
de la structure des attachements multiples.
Howes (1999) signale que « les études dans lesquelles la sécurité d’attache-
ment de l’enfant avec la mère et le père est utilisée pour prédire la compétence
de l’enfant ont généralement montré que la sécurité d’attachement enfant-mère
avait plus d’influence » (p. 682). Ceci est en faveur d’une structure hiérarchique.
Les études qui incluent les soignants extérieurs et les métaplot comme figures
d’attachement soutiennent une structure intégrative ou indépendante plutôt qu’une
structure hiérarchique. Howes (1999) rapporte deux études qui ont montré que
la compétence sociale des enfants d’âge préscolaire avec leurs pairs était mieux
prédite par la sécurité d’attachement avec un soignant ou un metapelet que par la
sécurité d’attachement enfant-mère. Quand les réseaux de soignants, incluant tant
les soignants et les enseignants que les parents, sont utilisés pour prédire les résultats
des enfants, « les résultats sont en faveur d’un modèle intégratif » (pp. 682-683).
Howes (1999) rapporte aussi des observations de plusieurs études qui sou-
tiennent une structure indépendante. Par exemple, une étude a montré que l’amitié
d’un petit enfant avec un étranger était mieux prédite par la sécurité d’attachement
enfant-père. Dans une autre, la sécurité d’attachement père-enfant prédisait mieux
les affects négatifs et les conflits interpersonnels. Deux études ultérieures ont montré
que la résolution de problèmes et les interactions avec la fratrie à 3 ans étaient
mieux prédites par l’attachement père-enfant.
Van IJzendoorn et al. (1992) ont trouvé que « la combinaison des attachements
enfant-mère et enfant-père, plutôt que les relations séparées, prédisait le fonctionne-
ment cognitif et socio-émotionnel ultérieur » (p. 20). Les auteurs suggèrent que cela
peut être interprété en faveur du modèle intégratif. Cependant ces autres aspects du
fonctionnement n’appartiennent pas au paradigme de l’attachement. Ces observations
n’indiquent donc pas l’importance relative des diverses relations d’attachement.
80
Les liens affectifs et les figures d’attachement
Un soutien empirique peut être trouvé pour chacune des trois structures
possibles, hiérarchique, intégrative et indépendante. Les preuves d’une struc-
ture intégrative se fient cependant à la validité des soignants professionnels, en
tant que groupe de soignants plutôt qu’en tant qu’individus particuliers dans
le groupe, comme figures d’attachement. Ceci a été remis en question sur une
base théorique. L’idée d’une structuration indépendante est aussi théorique-
ment discutable, ou du moins le processus par lequel elle peut opérer n’est pas
encore compris. Comme le dit Howes (1999, p. 681) : « Ce processus marche
clairement mieux quand il y a une théorie pour prédire pourquoi différentes
figures d’attachement devraient être plus ou moins influentes dans un domaine
de développement. »
Van IJzendoorn et al. (1992, p. 20) rapportent de leurs observations des données
rassemblées en Hollande et en Israël qu’« il n’y avait aussi que peu d’arguments en
faveur du modèle hiérarchique. À l’inverse du fond de nos données, cela n’a pas
de sens de considérer les soignants non maternels seulement comme des figures
d’attachement subsidiaires. » Ils concluent qu’ils ont trouvé certains arguments
pour le modèle intégratif et plaident pour une approche en réseau pour comprendre
comment différents modèles internes opérationnels de relations d’attachement
peuvent s’intégrer et se relier au développement. Ils soulignent cependant qu’un
choix définitif entre les modèles indépendant et intégratif est difficile à faire et
concluent qu’il faut d’autres recherches.
Dans son Bowlby Memorial Lecture de 1994, Rutter (1995) questionne la vali-
dité de la notion de monotropisme, mais dit qu’il est maintenant clair qu’il y a des
hiérarchies bien définies dans les attachements sélectifs.
Bowlby cependant ne voulait pas dire qu’il ne peut y avoir qu’une figure
d’attachement, mais impliquait qu’il y a une figure d’attachement principale,
à côté de laquelle toutes les autres sont secondaires. Ceci implique une hié-
rarchie des figures d’attachement.
81
Comprendre l’attachement et ses troubles
Les auteurs reconnaissent que les enfants utilisent d’autres figures d’atta-
chement que la mère comme base de sécurité et que le départ d’une figure
d’attachement autre que la mère peut entraîner de la détresse. Ils citent des
études dans lesquelles les enfants montrent des différences de réactions minimes
entre le départ des mères et des pères dans la situation étrange. Cependant,
ils font référence aux preuves, en particulier le travail de Lamb pendant les
années 70, qui indique que, dans des situations très stressantes, une préfé-
rence pour la figure d’attachement principale apparaît. Ceci, soulignent-ils, est
cohérent avec le concept de monotropisme de Bowlby et une hiérarchie des
figures d’attachement.
Mary Main s’intéresse aux deux questions dans son « Epilogue » au Handbook
of Attachment (1999, Item 13, pp. 858-861). Dans ses remarques d’ouverture
sur le sujet du monotropisme et des hiérarchies de l’attachement, elle dit que les
questions autour de ces deux sujets ne sont toujours pas réglées. Avec un certain
humour, elle rappelle la suggestion de Watson que le monotropisme serait favorable
dans les moments d’urgence :
Par exemple, devoir se demander vers qui courir quand un léopard approche
rapidement (« Voyons, X, actuellement dans l’arbre A, me tient bien dans ses
bras, mais Y, sur le rocher B, me coiffe bien, et Z, sur le rocher C, a le lait le
plus délicieux, donc… mmm… ») pourrait à l’évidence être mauvais pour la
santé de l’enfant. (Main 1999, p. 859)
Dans cette situation, une réponse automatique vers une figure serait considérée
comme un avantage.
82
Les liens affectifs et les figures d’attachement
Main signale aussi que des études en Suède ont montré que les mères sont
encore préférées quand les pères restent à la maison et que les mères vont tra-
vailler. Main suggère que cette observation « surprenante » peut être reliée aux
expériences les plus précoces de l’enfant avec sa mère, y compris avant la nais-
sance quand il entendait sa voix. Elle suggère que cette hypothèse soit testée en
incluant des parents adoptifs dans une étude similaire, ce qui écarterait donc tout
« avantage » maternel. Elle reconnaît aussi qu’il peut y avoir d’autres explications
à ces observations, comme le fait que les mères aient plus de pratique parentale
avant la naissance du bébé.
5 RÉSUMÉ
Les relations d’attachement et de soins sont une forme de lien social et affectif.
D’autres liens affectifs comprennent les liens familiaux, les liens sexuels et les liens
d’amitié durable. Deux questions importantes surviennent alors : quelles sont les
relations de l’enfant qui sont des liens d’attachement affectif et y a-t-il une hiérarchie
entre les différents liens affectifs de l’enfant ?
83
Comprendre l’attachement et ses troubles
84
Chapitre 6
La théorie de l’attachement
est-elle valable
dans toutes les cultures ?
Il est maintenant établi que dans les sociétés occidentales la majorité des nour-
rissons sont attachés de façon sécure. Ceci est parfois appelé « l’hypothèse de la
normativité », par exemple par van IJzendoorn et Sagi (1999). Cependant, est-ce
que la prépondérance des attachements sécures se maintient dans les sociétés
non occidentales, en particulier dans ces sociétés où les soins de la petite enfance
ne sont pas pris en charge par la famille nucléaire, mais sont plutôt partagés par
la famille élargie ou les groupes sociaux ? Est-ce que les études sur l’attachement
dans les sociétés non occidentales soutiennent l’hypothèse de la normativité ?
85
Comprendre l’attachement et ses troubles
étrange, et pour établir que dans une société dans laquelle les soins des enfants
sont plus largement partagés, les bébés forment des attachements à leur mère et
utilisent leur mère comme base de sécurité.
Bowlby (1969, p. 305) rapporte que Ainsworth a montré que les enfants
Ganda « tendent à centrer l’essentiel de leur comportement d’attachement sur une
personne spéciale » et cite les conclusions d’Ainsworth (1964) : « il n’y a rien dans
mes observations pour contredire l’hypothèse que, s’il le peut, un petit enfant va
chercher à s’attacher avec une figure… bien qu’il y ait plusieurs personnes dispo-
nibles comme soignants. »
Tableau 6.1 Distribution des classifications d’attachement dans deux échantillons maliens
En ville Au village Total
Sécure (B) 68 % 64 % 67 %
Insécure-évitant (A) 0% 0% 0%
Insécure-résistant (C) 8% 7% 8%
Insécure-désorganisé (D) 24 % 29 % 25 %
86
La théorie de l’attachement est-elle valable dans toutes les cultures ?
Les idéalistes des premiers temps pensaient que l’unité familiale nucléaire
était obsolète et que le kibboutz tout entier devait être une grande unité
familiale. Les enfants dormaient dans des maisons d’enfants avec un soignant
pour assurer leurs besoins pendant la nuit. Bien que cela représente une
expérience fascinante (que Bruno Bettelheim a analysée dans son livre « Les
enfants du rêve »2) parents et enfants trouvaient cela pénible.
Aujourd’hui les enfants dans chaque kibboutz vivent et dorment avec leurs
parents, au moins jusqu’à l’adolescence, et les maisons d’enfants sont devenues
des garderies et des centres d’activités.
Les soins communautaires des enfants commencent dès 4 jours, quand le bébé
est ramené de l’hôpital à la maison. Le bébé est placé dans une maison de
bébés aux soins d’un soignant formé – un metapelet. La mère, qui a un congé
de maternité de 6 semaines, peut prendre soin de l’enfant aussi longtemps
qu’elle le souhaite, mais l’enfant dort la nuit dans la maison des bébés.
Au fur et à mesure que la mère reprend progressivement ses charges dans
le kibboutz, le metapelet prend la responsabilité majeure des soins de l’enfant.
Vers 3-4 mois, certains enfants sont confiés à une seconde metapelet. Cette
femme reste le soignant primaire du groupe jusqu’à ce que les enfants entrent
au jardin d’enfants… Quand l’enfant a un an et demi, ses parents le voient
une fois par jour, à 16 h, pendant 3 heures, quand tous les enfants retournent
chez leurs parents. (Fox 1977, p. 1229)
87
Comprendre l’attachement et ses troubles
En général, Fox a trouvé que les mères et les metaplot étaient équivalentes
comme figures d’attachement. Aucune différence significative n’a été observée
dans les protestations de séparation quand la mère ou la metapelet laissait l’enfant
avec une étrangère. Il y avait cependant des différences dans le comportement de
réunion et dans cette optique Fox concluait que « les enfants sont plus attachés
à leur mère qu’à leur metapelet » (1977, p. 1234). Globalement, l’étude a trouvé
que la métapelet était une « figure d’attachement interchangeable » avec la mère
pour la plupart des enfants.
À la suite de cette étude, Sagi et al. (1985) ont utilisé la procédure de la situation
étrange pour évaluer un échantillon de 86 nourrissons de 18 kibboutzim et 26 nour-
rissons vivant avec leur famille. Il a trouvé que 51 % des nourrissons de kibboutz
étaient attachés de façon sécure à leur mère, par rapport à 75 % des enfants qui
allaient en garderie pendant la journée. Les auteurs ont suggéré que les arrange-
ments de couchage communautaire des enfants de kibboutz pouvaient expliquer
ces observations.
Dans le but de tester cette hypothèse, en 1994, Sagi et ses collègues (rapporté
dans van IJzendoorn et Sagi 1999) ont évalué la sécurité d’attachement de 23 nour-
rissons de kibboutz qui dormaient ensemble et 25 nourrissons de kibboutz qui dor-
maient avec leur famille. Ils ont trouvé que 48 % des enfants qui dormaient ensemble
étaient attachés de façon sécure avec leur mère par rapport à 80 % de nourrissons
dormant en famille.
Dans une étude descriptive de 18 nourrissons, Marvin et al. (1977) ont observé
que, bien que les enfants Hausa diffèrent des enfants occidentaux dans l’expression
de leur comportement d’attachement et d’exploration, ils développent des attache-
ments envers plusieurs figures d’attachement, y compris leur père. Cependant, la
plupart des enfants Hausa choisissent une figure d’attachement principale, qui est
généralement la personne qui les tient le plus souvent dans ses bras et qui interagit
avec eux. Cette figure n’est pas nécessairement la mère biologique. (La sécurité
des attachements nourrisson-soignant n’a pas été classifiée.)
88
La théorie de l’attachement est-elle valable dans toutes les cultures ?
8 LE DÉBAT ACADÉMIQUE
En octobre 2000, un défi à l’universalité de l’attachement et donc à la validité
de la théorie a été lancé dans un article publié dans American Psychologist. Cet
article a entraîné une rafale de débats avec cinq commentaires d’érudits éminents
dans le domaine dans le numéro d’octobre 2001 du même journal, en même temps
que la réponse des auteurs de l’article original aux commentaires. Les affirmations
faites dans l’article original, les commentaires qu’il a provoqués et les réponses
des auteurs sont résumés ci-dessous.
L’article de Rothbaum et al. (2000) commence avec l’affirmation que les théo-
ries occidentales (États-Unis, Canada et Europe de l’Ouest) de réalisation de soi
sont supposées avoir une signification universelle, mais en fait sont profondément
enracinées dans l’individualisme américain et sont ethnocentriques. Les auteurs
font la même critique sur la théorie de l’attachement. Concédant que les théoriciens
de l’attachement reconnaissent les influences culturelles, les auteurs les accusent
néanmoins de minimiser le rôle de la culture et de plus, en considérant la culture,
de se centrer sur la périphérie de la théorie, par exemple les comportements
spécifiques ou la distribution des attachements sécure/insécure plutôt que sur
son essence. Le but des auteurs est de passer d’une théorie unifiée à des théories
indigènes (p. 1094), plus loin appelées psychologies (p. 1096) de l’attachement.
89
Comprendre l’attachement et ses troubles
90
La théorie de l’attachement est-elle valable dans toutes les cultures ?
9 COMMENTAIRES
9.1 Posada et Jacobs, 2001
Dans leur commentaire, Posada et Jacobs disent que Rothbaum et al. ont négligé
les preuves provenant d’échantillons en Chine, en Colombie, en Allemagne, en Israël,
au Japon, en Norvège et aux États-Unis, présentés par Posada et al. (1995), qui
soutiennent l’universalité du phénomène de base de sécurité.
91
Comprendre l’attachement et ses troubles
Rothbaum et al. ont été sélectifs dans leurs citations d’études empiriques sur
l’attachement au Japon. Dans le corps de leur texte, ils ne citent que deux des six
études pertinentes et se basent sur des preuves circonstancielles pour l’essentiel
de leur argument.
Le Japon n’a pas une culture homogène et des études sur l’attachement
dans différentes régions ont montré des résultats différents. Une étude menée à
Tokyo (Durrett, Otaki et Richards 1984) par exemple a montré une distribution
de l’attachement similaire à celle trouvée dans les échantillons occidentaux,
alors que dans un petit échantillon à Sapporo, on a trouvé une surreprésenta-
tion d’enfants insécure-résistants. Rothbaum et al. citent cette étude comme
preuve que beaucoup d’enfants japonais sont classés comme attachés de façon
insécure. Van IJzendoorn et Sagi soulignent cependant que la séparation dans
la situation étrange aurait dû se terminer quand les enfants étaient en détresse
pendant plus de 20 secondes.
Des études d’échantillons japonais non mentionnées par Rothbaum et al. ont
montré des corrélations entre la sécurité d’attachement et la sensibilité maternelle
et entre la sécurité maternelle et celle de l’enfant.
Dans les deux études non mentionnées par Rothbaum et al., les investiga-
teurs ont modifié les mesures d’attachement (Attachment Q-sort et l’échelle non
résolu dans le Adult Attachment Interview) pour les échantillons japonais : « les
investigateurs doivent être culturellement partiaux et bien au courant du répertoire
comportemental de la culture pour évaluer les concepts adéquatement. Plus l’étude
92
La théorie de l’attachement est-elle valable dans toutes les cultures ?
est menée soigneusement, plus les résultats sont congruents avec la théorie de
l’attachement » (p. 825).
Rothbaum et al. ne sont pas d’accord avec le point soulevé par plusieurs com-
mentateurs concernant le manque de pertinence des différences dans l’expression
de la sensibilité parentale et de la compétence sociale. « Les hypothèses ne sont
pas claires quand les notions qui les concernent sont mal définies » (p. 828).
Rothbaum et al. répondent à la critique faite par quatre des cinq commen-
taires que leur plaidoyer dans l’article original pour des psychologies indigènes
de l’attachement « écarte les contributions de valeur faites par les théories occi-
dentales de l’attachement » (p. 828). Ils suggèrent d’enregistrer en vidéo des
interactions naturalistes parent-enfant dans des situations de stress (telles que
93
Comprendre l’attachement et ses troubles
définies par les participants dans les différentes cultures étudiées), ce qui pourrait
être une méthodologie particulièrement efficace pour explorer les psychologies
indigènes. Ils pensent que les théories culturellement spécifiques de l’attachement
conduiront à une théorie plus riche qui « décrirait les dispositions à la sensibilité,
à la compétence et à la base de sécurité qui sont communes à tous les humains »
(p. 828). L’hégémonie des Occidentaux dans « le marché international des idées »
les entraîne à « être enclins à appliquer les théories qu’ils conçoivent… aux popu-
lations du monde entier » (p. 828). La théorie de l’attachement sera enrichie par
l’étude systématique des variations culturelles, en particulier si « les théoriciens
de l’attachement eux-mêmes le prônent » (p. 828).
10 RÉSUMÉ
En commençant avec les observations d’Ainsworth en Ouganda et à Baltimore
aux États-Unis, des études ont été réalisées dans de nombreuses cultures dif-
férentes, et toutes ont montré que la théorie de l’attachement est applicable à
travers les cultures. Cette applicabilité est aussi soutenue par les commentaires
sur l’article de Rothbaum et al. et confirmée par l’étude plus récente de Behrens.
Ce qui peut différer dans les cultures c’est l’expression de la sensibilité maternelle
et les manifestations d’un comportement de base de sécurité. Ces différences
comportementales n’invalident pas l’applicabilité de la théorie.
94
Deuxième partie :
Évaluation
de l’attachement
et des soins
Chapitre 7 Introduction 97
Chapitre 8 Évaluation de l’attachement 107
Chapitre 9 Évaluation des soins 143
Chapitre 7
Introduction
Ce qui suit n’est pas une liste exhaustive de tous les instruments d’évaluation
disponibles. Ceux qui sont repris sont classiques, largement utilisés ou développés
récemment et montrent une utilité clinique potentielle.
1 L’ATTACHEMENT
Les évaluations de l’attachement sont décrites dans le chapitre 8. Comme dit
précédemment (chapitre 2), l’attachement est un système de comportement. Les
enfants utilisent leurs expériences avec leurs soignants pour construire un schéma
ou une image des réactions auxquelles ils s’attendent quand ils montrent des
comportements liés à l’attachement ; ces réactions s’intègrent dans des modèles
internes opérationnels de la figure d’attachement et de soi. L’attachement peut donc
être évalué à travers les comportements observés quand le système d’attachement
est activé, ou en accédant aux modèles internes opérationnels de l’enfant. Il faut se
rappeler que la distinction entre comportements et représentations internes n’est
pas aussi claire qu’elle peut apparaître. Les comportements présentés par l’enfant
sont basés sur des modèles internes opérationnels. Si l’enfant n’a pas ces modèles
sur lesquels baser ses comportements, ceux-ci ne peuvent être dus qu’au hasard.
Cependant, chez les jeunes enfants, on ne peut mesurer que l’expression compor-
tementale de modèles internes opérationnels sous-jacents. Ces derniers ne peuvent
être atteints que quand l’enfant est capable de leur donner une expression directe.
97
Comprendre l’attachement et ses troubles
de faire des déductions sur la nature du modèle opérationnel que l’enfant s’est
construit parce qu’elle cherche une organisation comportementale.
Figure 7.1 Continuum de ce qui est évalué par les principales évaluations de l’attachement
98
Introduction
3 STRUCTURE DE LA PRÉSENTATION
DES ÉVALUATIONS
Une introduction au contexte théorique de chaque évaluation, ou groupe
d’évaluations associées, est présentée. Chaque évaluation est ensuite décrite en
détail sous les titres suivants :
• Qui a conçu l’évaluation et quand ? Le(s) auteur(s) et la date de la première
publication.
• Y a-t-il eu des révisions ? Détails des révisions éventuelles et la version actuel-
lement utilisée.
• Qu’est-ce qu’elle évalue ? Description de ce que l’instrument évalue ou mesure,
suivant le modèle de continuum (Figure 7.1), qu’il s’agisse des comportements
ou des représentations. Le type de résultats que l’évaluation apporte est aussi
décrit. Il peut s’agir d’une classification en catégories (comme sécure ou évitant
dans la situation étrange) ou un score numérique d’une dimension pertinente
particulière (comme la sécurité sur l’Attachment Q-set (voir p. 117)).
• Pour quel groupe d’âge ? Âge pour lequel les auteurs recommandent l’évaluation.
• Méthode. Description de la façon dont l’évaluation est réalisée et la procédure
de scorage ou de notation.
• Fiabilité. Résumé des données prises dans différents articles sur la fiabilité
de l’évaluation. Les auteurs et les dates des articles sont donnés dans les
notes de bas de page, avec un bref résumé de l’article si besoin est pour plus
99
Comprendre l’attachement et ses troubles
de clarté. Il existe différents types de fiabilité. Ils sont décrits dans le glossaire
de termes statistiques et de recherche ci-dessous.
• Validité. La validité concerne l’étendue avec laquelle la définition opérationnelle
d’une variable reflète réellement sa signification théorique vraie. Une explication
de la validité et des diverses méthodes utilisées pour l’évaluer est donnée dans
le glossaire de termes statistiques ci-dessous.
• Utilité clinique. Résumé de l’utilité que l’évaluation pourrait avoir dans un
environnement clinique, basé sur ce qui a été dit de sa fiabilité et de sa validité,
et une évaluation de la facilité avec laquelle elle peut être administrée. Cette
évaluation de l’utilité prend en compte le temps et les ressources nécessaires
pour former et administrer l’évaluation et le résultat que cela apporte. Si les
résultats ne sont pas facilement interprétables, ou si le test est très difficile
ou coûteux à administrer et à noter, une évaluation n’est pas considérée cli-
niquement utile.
100
Introduction
Pas de corrélation
Ceci a pour but de trouver la corrélation entre deux variables, après avoir
enlevé l’effet d’une troisième variable. Cela peut aider à identifier des corrélations
incorrectes, dans lesquelles les deux variables semblent reliées à cause de l’effet
d’une troisième variable ou de toute corrélation cachée qui a été masquée par
une troisième variable.
101
Comprendre l’attachement et ses troubles
4.7 Fiabilité
Toute évaluation ou mesure comporte deux éléments : (1) le « vrai » résultat,
le résultat réel de la variable, et (2) l’erreur de mesure. Une évaluation ou une
mesure peut être considérée fiable si elle a un faible degré d’erreur de mesure.
Il n’est pas possible d’observer directement le vrai résultat et l’erreur, mais nous
pouvons évaluer la fiabilité de plusieurs façons. La fiabilité décrit si l’évaluation
est capable d’évaluer ce qu’elle dit évaluer, peu importe les autres influences
situationnelles, telles que le moment où elle a été administrée ou la personne
qui l’a administrée. Une illustration simple, souvent utilisée pour expliquer cela,
est d’imaginer une règle. Elle est conçue pour mesurer une longueur, mais si le
matériel dont elle est faite s’allonge ou se rétrécit beaucoup avec les changements
102
Introduction
Ceci vérifie si le même évaluateur donne une note cohérente à un sujet à dif-
férentes occasions. Cette fiabilité est évaluée en demandant au même évaluateur
de donner une note à un sujet par deux fois. Soit l’évaluateur note une séance plus
d’une fois en utilisant une vidéo ou un autre enregistrement, soit il note le même
sujet à deux occasions différentes. Si l’évaluateur donne une note cohérente, cela
implique une caractéristique du sujet. Mais si l’évaluateur ne donne pas la même
note, cela suggère que la note reflète un aspect des conditions particulières pendant
la séance plutôt qu’un aspect du sujet. Ceci peut être mis en rapport avec le pour-
centage du nombre de fois que l’évaluateur a fait le même jugement, un coefficient
de corrélation ou un test kappa.
Ce test vérifie si un sujet reçoit la même notation pour une évaluation ou une
mesure prise à deux moments différents. Ceci n’est approprié que pour les variables
qui devraient rester très constantes dans le temps, comme l’intelligence, et pas
pour ce qui peut varier, comme l’humeur ou le stade de développement atteint.
La théorie de l’attachement prédit une certaine stabilité dans les comportements
d’attachement de l’enfant, basés sur son modèle interne opérationnel, à moins
qu’il n’y ait des changements dans l’environnement de l’enfant. On ne devrait donc
pas s’attendre à un accord complet entre deux administrations d’une évaluation
sur une longue période, mais un certain niveau de stabilité doit être attendu et
suggérerait que l’instrument est fiable. Ceci est généralement mis en rapport avec
un coefficient de corrélation ou un test kappa.
103
Comprendre l’attachement et ses troubles
4.9 Validité
La validité est essentielle si une évaluation doit être utile et elle décrit si l’ins-
trument évalue ce qu’il dit qu’il évalue. Par exemple, si un nouveau questionnaire
dit qu’il évalue le degré d’ambition des sujets, établir sa validité exigerait la preuve
que c’est réellement ce qui est évalué. Il faudrait prouver qu’il n’évalue pas en fait
l’intelligence, la motivation à compléter le questionnaire ou peut-être même le
désir du sujet de donner les réponses qu’il pense que l’enquêteur voudrait entendre.
En termes d’attachement, il est nécessaire de démontrer que c’est la qualité de
l’attachement qui est évaluée, pas un autre aspect de l’enfant, de la mère ou
quelque chose de totalement différent. Les méthodes pour établir la validité aux-
quelles il est fait référence dans le texte sont brièvement expliquées ci-dessous.
Il faut noter que la validité est rarement établie en une fois et avec un test, mais
est établie avec le temps.
C’est une façon de comparer les résultats d’un instrument avec ceux donnés
par un autre instrument plus établi. L’instrument est comparé à une référence,
ou « gold standard » qui est une évaluation largement acceptée du même type
de comportement. En recherche sur l’attachement, plusieurs des techniques
d’histoires à compléter, par exemple, comparent les résultats de l’évaluation avec
des Q-sorts concomitants réalisés par un parent ou un observateur. S’il peut être
démontré qu’une nouvelle évaluation donne des notes qui sont cohérentes avec les
notes données aux mêmes sujets avec un autre modèle bien établi, cela suggère
104
Introduction
que les deux évaluations concernent le même aspect du sujet. Cependant, il faut
faire attention. Cela ne prouve pas nécessairement que l’évaluation évalue ce
qu’elle dit évaluer, mais simplement qu’elle évalue quelque chose de semblable
à la première. Si la première hypothèse était fausse, alors aucun instrument en
fait ne peut évaluer ce qu’il dit évaluer. C’est généralement testé en utilisant le
pourcentage d’accord, le test kappa ou les coefficients de corrélation. Cela peut
aussi être exploré à l’aide de l’analyse factorielle.
Elle vérifie si les résultats ou notes donnés pour une évaluation particulière
prédisent les performances ou les comportements de la façon dont ils seraient
attendus suivant la théorie. En utilisant l’exemple précédent d’un questionnaire pour
évaluer l’ambition, si la théorie disait que le niveau d’ambition d’un sujet est lié à
la position qu’il atteint dans son travail, on devrait s’attendre à ce que les résultats
ou notes obtenus par les sujets lors de l’évaluation soient liés à leur avancement
professionnel cinq ans plus tard. La théorie de l’attachement suggère qu’un atta-
chement sécure permet à l’enfant de devenir indépendant (chapitre 11). On devrait
donc s’attendre à ce que l’évaluation de l’enfant pour une mesure d’attachement à
18 mois prédise le niveau d’indépendance à l’école à 5 ans. Si ceci est démontré,
cela suggère que l’évaluation a une validité prédictive. Ceci est généralement testé
en utilisant les coefficients de corrélation, les pourcentages ou les tailles d’effet.
105
Comprendre l’attachement et ses troubles
106
Chapitre 8
Évaluation de l’attachement
107
Comprendre l’attachement et ses troubles
RÉVISIONS
Ainsworth et al. 1978 ; Main et Solomon 1986, 1990.
ÉVALUATION
La procédure de la situation étrange évalue le comportement d’attachement de
jeunes enfants envers leurs principaux soignants, bien que, comme souligné ci-dessus,
108
Évaluation de l’attachement
GROUPES D’ÂGE
Jeunes enfants entre 9 et 18 mois.
MÉTHODE
La situation étrange est une procédure structurée comprenant une série d’épi-
sodes de trois minutes chacun et de stress croissant pour l’enfant. Ils sont conçus
pour activer le système d’attachement de l’enfant de façon que ses réactions
comportementales puissent être observées. La séquence des épisodes est détaillée
dans le tableau 8.2.
109
Comprendre l’attachement et ses troubles
Ainsworth et al. (1978) ont identifié et nommé trois modes principaux d’atta-
chement, l’attachement sécure (B), insécure-évitant (A) et insécure-résistant
(C), ainsi que huit sous-groupes. Main et Solomon (1986, 1990) ont plus tard
identifié le mode d’attachement insécure-désorganisé/désorienté (D). Dans leurs
procédures pour identifier les enfants comme désorganisés/désorientés lors de
la situation étrange (1990), elles définissent les indices de désorganisation ou de
désorientation en sept rubriques thématiques, avec une échelle en neuf points
pour noter l’intensité de ce comportement, avec des indicateurs allant de léger
à extrêmement grave. (Voir chapitre 3, pour une description détaillée de la clas-
sification A, B, C et D, les indices de désorganisation/désorientation et l’échelle
de notation en neuf points.)
FIABILITÉ
Fiabilité entre évaluateurs
Bonne. Une corrélation élevée est rapportée pour quatre observations conjointes1.
Une corrélation forte est aussi rapportée pour la classification dans les groupes
majeurs2.
VALIDITÉ
Validité du construit
L’analyse de fonction discriminante (Ainsworth et al. 1978) suggérait que les
trois grands modes d’attachement, A, B et C, étaient distincts et différaient de
façon significative l’un de l’autre. Ceci indique qu’une approche catégorielle de
la classification était valable et que les modes d’attachement peuvent donc être
identifiés. La validité de la classification tripartite originelle d’Ainsworth et al. et
du mode désorganisé/désorienté (D) identifié ultérieurement par Main et Solomon
(1986, 1990) a été démontrée dans plusieurs études ultérieures.
1. Ainsworth et al. (1978) : des mesures de fréquence ont montré des corrélations élevées pour
des caractéristiques comme le comportement exploratoire ou les pleurs (r = 0,93). Des mesures
du comportement interactif ont aussi montré des corrélations élevées allant de r = 0,75 pour
l’évitement à r = 0,94 pour la résistance.
2. Ainsworth et al. (1978) : 96 % d’accord pour le groupe A ; 92 % pour le groupe B ; 75 % pour le
groupe C. Moins d’accord observé pour les sous-groupes avec plus de divergences pour A1 et A2.
110
Évaluation de l’attachement
UTILITÉ CLINIQUE
CONCEPTEUR ET DATE
RÉVISIONS
1990, 1991 et 1992.
ÉVALUATION
Comportement d’attachement.
GROUPES D’ÂGE
Enfants d’âge préscolaire, entre 3 et 4 ans.
MÉTHODE
La procédure originelle de la situation étrange peut être utilisée, ou une procé-
dure modifiée incluant deux épisodes de réunion parent-enfant de trois minutes.
Le système de classification donne les catégories suivantes3 :
B Secure
Utilise son parent comme une base de sécurité à partir de laquelle il explore.
Le comportement et la communication lors de la réunion sont détendus, ouverts
et sans heurt.
A Évitant
Communication détachée, neutre et évitement physique et affectif du parent,
bien qu’il n’évite pas complètement l’interaction.
C Ambivalent
Proteste énergiquement lors de la séparation et recherche intensément la
proximité lors de la réunion. Montre un mélange de comportement bébé, timide
et de résistance subtile.
3. Les descriptions des catégories sont empruntées à Solomon et George (1999) et Teti (1999).
111
Comprendre l’attachement et ses troubles
D Contrôlant
Essaie ouvertement de contrôler le parent en utilisant des comportements de
punition ou de soins, ou les deux.
Contrôlant-punissant : colérique, comportement de punition, humiliant ou
rejetant, dirigé vers le parent.
Contrôlant-soignant : comportement de soins dirigé vers le parent, suggé-
rant un renversement de rôles parent-enfant.
Contrôlant de manière générale : comportement contrôlant qui a les carac-
téristiques à la fois du comportement contrôlant-punissant et du compor-
tement contrôlant-soignant, ou autre comportement contrôlant qui ne
ressemble à aucun de ces deux types.
IO ou U Insécure/autre ou inclassable
Comportement qui ne correspond pas aux critères des autres groupes.
FIABILITÉ
Solomon et George (1999) signalent que « le MacArthur Group demande un
minimum de 75 % d’accord pour être certifié » (p. 298). Britner, Marvin et Pianta
(2005) signalent une fiabilité élevée entre évaluateurs, avec 84 % d’accord sur
sécure-insécure.
VALIDITÉ
Teti signale que la preuve pour la validité du construit est « au mieux frag-
mentaire » (1999, p. 215). Une certaine convergence entre les classifications
de Cassidy et Marvin et les mesures représentationnelles a été observée pour
la dichotomie sécure-insécure. Cependant, dans deux études, la discrimination
des différentes catégories insécures avec les mesures représentationnelles n’a
pas pu être établie. De plus, une étude a trouvé des relations faibles entre les
classifications de Cassidy et Marvin et l’Attachment Q-set.
UTILITÉ CLINIQUE
CONCEPTEUR ET DATE
ÉVALUATION
Le comportement de l’enfant pendant une réunion avec le parent après une
séparation d’une heure.
112
Évaluation de l’attachement
GROUPES D’ÂGE
Enfants de 6 ans.
MÉTHODE
« Le système est basé sur une analyse détaillée de la réaction de l’enfant lors
d’une réunion avec le parent pendant les 3 à 5 premières minutes de réunion à la
suite d’une séparation d’une heure au laboratoire » (Main et Cassidy 1988, p. 418).
Dans les deux études décrites dans le rapport original de 1988, pendant l’heure de
séparation (qui a lieu après une période « d’échauffement ») l’enfant est occupé à
des jeux libres et à des évaluations avec l’examinateur.
Sécure
Interagit agréablement avec le parent lors de la réunion, soit en initiant la
conversation ou en réagissant aux initiatives du parent. Reste calme tout au long
de la réunion.
Insécure-évitant
Conversation et interactions minimales avec le parent lors de la réunion,
maintenant une neutralité affective et restant occupé à ses jeux. Peut subtilement
s’écarter, par exemple pour aller chercher un jouet.
Insécure-ambivalent
Intimité et dépendance exagérées avec le parent. La recherche de proximité
est caractérisée par l’ambivalence ou la résistance, en montrant de l’inconfort par
exemple. Une hostilité subtile envers le parent peut être observée.
Insécure-contrôlant
Prend partiellement le rôle du parent envers le parent : essaie de le contrôler
et de le diriger, soit par un comportement punitif, par exemple en l’humiliant, ou
par un comportement soignant, par exemple en essayant de le rassurer ou de
le guider.
Insécure-inclassable
Comportement lors de la réunion qui ne correspond pas aux catégories évitante,
ambivalente ou contrôlante. (Dans leur étude de 1988 sur des échantillons de classe
moyenne (n = 83), Main et Solomon ont trouvé que ces réactions étaient rares (n = 2).)
FIABILITÉ
Fiabilité entre évaluateurs
Main et Cassidy (1988) signalent un accord entre évaluateurs à travers toutes
les dyades mère-enfant de 83 % (k = 0,74) et de 77 % pour les dyades père-enfant
(k = 0,62). Solomon et George (1999) rapportent plusieurs études dans lesquelles
113
Comprendre l’attachement et ses troubles
Test de stabilité
Main et Cassidy (1988) signalent une stabilité à court terme (sur une période
d’un mois) de 62 %. La stabilité entre les classifications A, B, C et D avec la mère
à 1 an et à 6 ans était de 82 % (k = 0,76) et avec les pères de 62 %.
VALIDITÉ
Validité convergente
Solomon et al. (1995) signalent un accord à 79 % (k = 0,74 ; p < 0,001)
entre les classifications avec le jeu des figurines et les classifications basées sur
la réunion dans un échantillon de 69 enfants préscolaires. Un accord élevé a été
trouvé pour les enfants évalués par la procédure de la réunion comme sécures
(80 %) et ambivalents (75 %) bien qu’un accord moins élevé ait été trouvé pour
les enfants évalués comme évitants (55 %). Cependant, Solomon et al. (1995)
signalent que « les huit enfants qui ont été classés contrôlants avec leur mère
lors de la réunion ont été placés dans la catégorie effrayée par le jeu avec les
figurines » (p. 455).
Validité prédictive
Main et Cassidy (1988) disent que « les classifications à 6 ans avec la mère
étaient largement prévisibles à partir des classifications des nourrissons avec la
mère » (p. 419). Solomon et George (1999) signalent plusieurs études dans les-
quelles la sécurité évaluée par le système de Main et Cassidy était en corrélation
avec l’implication et le soutien maternels appropriés à l’âge, la compétence sociale
de l’enfant, les représentations de l’enfant des sentiments de ses pairs et l’estime
de soi de l’enfant.
Solomon et al. (1995) ont trouvé que les enfants contrôlants montraient de
façon significative plus de problèmes de comportement et d’agressivité que les
enfants évalués comme ayant une stratégie d’attachement organisée avec leur
mère (p < 0,04 pour les deux notes). Les auteurs disent que leurs observations
« représentent un pas important dans la validation du système de classification de
l’attachement pour les 6 ans » (p. 458).
Bureau et Moss (2001) ont évalué les modes d’attachement de 103 enfants
entre 5 et 7 ans en utilisant la procédure de séparation-réunion et 102 enfants de
8 à 10 ans en utilisant la batterie MacArthur d’histoires à compléter (Bretherton
et al. 1990b). Les résultats montraient que les enfants avec des modes d’attache-
ment insécures ou contrôlants décrivaient leurs parents comme impuissants à les
aider (dans des situations de peur et de détresse) et comme agressifs (dans des
situations de conflits interpersonnels).
UTILITÉ CLINIQUE
Ceci semble être un système utile pour l’évaluation de l’attachement chez des
enfants d’âge préscolaire.
114
Évaluation de l’attachement
Des Q-sorts peuvent aussi être comparés à des « tris de référence » qui sont
fournis par des experts dans le domaine concerné à qui on a demandé de trier
l’ensemble des items comme s’ils décrivaient l’exemple idéal d’un certain type de
sujet. Par exemple, dans la littérature sur l’attachement, ceci peut donner un tri pour
un enfant avec un attachement sécure. Des corrélations élevées entre le tri d’un
individu et le tri de référence indiquent que l’individu ressemble fort à l’exemple
décrit. En termes d’attachement, cela voudrait dire que l’enfant est sécure.
Des analyses factorielles peuvent aussi être réalisées sur des données de
Q-sort pour déterminer quels items particuliers pèsent sur des facteurs donnés,
ou pour voir si certains items tendent à être groupés ensemble, indiquant donc
un facteur.
CONCEPTEUR ET DATE
RÉVISIONS
Attachment Q-set Version 3.0, 1987.
5. Pour le Q-sort en français ainsi que sa validation en français, voir le site du Professeur Blaise
Pierrehumbert (NDLT) https://sites.google.com/site/bpierreh/home/instruments/aqs (accédé
août 2021)
115
Comprendre l’attachement et ses troubles
ÉVALUATION
Le comportement. Il donne une description du comportement de la base de
sécurité de l’enfant et un unique score de sécurité le long d’un continuum allant de
sécure à insécure quand il est comparé à un tri de référence. Il ne donne aucune
information sur le type d’attachement insécure et n’inclut donc pas l’attachement
désorganisé.
GROUPES D’ÂGE
Enfants de 1 à 5 ans inclus. Cependant les tris de référence pour la dépen-
dance et la sociabilité décrivent des comportements applicables aux enfants de
1 à 3 ans.
MÉTHODE
Le Q-set pour l’attachement consiste en 90 items, chacun sur une carte avec
un titre et plusieurs affirmations qualifiantes le décrivant6. Il peut être utilisé pour
décrire le comportement d’une base de sécurité dans différents environnements,
à la maison ou dans un lieu public, à l’intérieur ou à l’extérieur. Il est conçu pour
couvrir l’ensemble des comportements relevant de l’attachement, avec des items
concernant un large ensemble de comportements de base de sécurité et d’explo-
ration, de réactions affectives et de cognitions sociales. L’observateur passe un
temps donné à observer l’enfant (Waters recommande au moins deux séances,
chacune d’une demi-heure à deux heures) (Waters, sans date).
Les mères des enfants observés ont été formées à la technique du Q-set et
on leur a demandé d’observer leur enfant pendant une semaine et ensuite de
compléter le Q-set à la fin de ce temps. On leur a demandé de répéter l’exercice
la semaine suivante. Ces deux scores ont ensuite été combinés pour donner un
score maternel composé8.
6. L’ensemble complet des 90 items (en anglais) avec des explications est disponible à la
Measurement Library sur le site Stony Brook (https://www.psychology.sunysb.edu/attachment/
measures/content/aqs_items.pdf, accédé août 2021)
7. Waters et Deane (1985) rapportent une étude précédente incluant deux observateurs faisant
des visites de trois à quatre heures, une fois seuls et une fois ensemble. Après les deux visites,
chaque observateur complétait le Q-set. Les corrélations entre les deux descriptions de l’enfant
à l’aide du Q-set étaient très fiables (de r = 0,75 à r = 0,95).
8. Van Dam et van IJzendoorn (1988) : utilisation de la version parentale simple avec 75 items
en traduction néerlandaise. Une étude de 39 familles avec des enfants de 18 mois de moyenne
d’âge (± 2 semaines). Les mères ont trié les cartes deux fois, une fois avant et une fois après leur
visite au laboratoire pour participer à une situation étrange, aidées par des assistants chercheurs
qui leur ont donné une formation de base sur la procédure. Les résultats du Q-set ont été corrélés
avec les tris de référence pour la sécurité, la dépendance, la sociabilité et la désirabilité (Waters
et Deane 1985) pour 12 mois.
116
Évaluation de l’attachement
Test de stabilité
Bonne. Les mères donnent souvent des scores semblables lors des deux
occasions10.
Validité convergente
Faible. La comparaison a été faite entre les scores de la situation étrange et
les scores de Q-sort, mais les résultats ne sont pas significatifs11.
Validité convergente
Bonne. Quand les Q-sorts ont été comparés avec les résultats de la situation
étrange, ils permettaient de distinguer les enfants attachés de façon sécure de ceux
attachés de façon insécure12.
Validité prédictive
Faible. Incapable de démontrer le pouvoir prédictif du Q-sort, même si plu-
sieurs suggestions sont faites par les auteurs sur les raisons pour lesquelles cela
peut être le cas13.
UTILITÉ CLINIQUE
Ce test peut être utilisé pour une plus grande tranche d’âge et dans différents
environnements, ce qui peut améliorer sa validité écologique. Le Q-set pour l’atta-
chement peut avoir un autre avantage sur les autres évaluations de l’attachement
parce qu’il garantit que chaque évaluateur, que ce soit l’observateur ou le parent,
note l’enfant en se basant sur le même ensemble de comportements. Ceci peut
9. Ibid. La corrélation entre les scores maternels composés et les scores composés de l’obser-
vateur allaient de r = 0,59 à 0,93 ; la corrélation moyenne était r = 0,80.
10. Ibid. Les scores de fiabilité à dix jours : sécurité r = 0,75, dépendance r = 0,86, Sociabilité
r = 0,78, Désirabilité r = 0,82.
11. Les scores de sécurité au Q-set ont été comparés entre les groupes anxieux et sécures, A/C
et B, dans la situation étrange. Les enfants sécures ont tendance à avoir des scores plus bas
(moyenne -0,429) que les enfants anxieux (-0,377), mais un ANOVA n’a pas montré que c’est
statistiquement significatif (F = 1,4, p = ns) et il n’a pas atteint la signification quand on a pris en
compte la désirabilité (F = 1,96, p = ns). Il n’y avait pas de corrélations partielles significatives
entre la sécurité mesurée par le Q-set et la résistance, l’évitement et la recherche de proximité/
le maintien du contact mesurés par la situation étrange.
12. Ibid.
13. Van Dam et van IJzendoorn (1988) n’ont pas pu établir la validité, mais suggèrent plusieurs
raisons possibles (par exemple la validité culturelle, une petite taille de l’échantillon) et rapportent
que ceci ne permet pas de conclure que l’instrument n’est pas valide. La situation étrange peut
exploiter des aspects légèrement différents de l’attachement que le Q-set. Si oui, une totale
convergence ne doit pas être attendue. Bien que ceci puisse être vrai, leurs observations jettent
un doute sur la validité des Q-sorts maternels.
117
Comprendre l’attachement et ses troubles
réduire le risque que le biais de l’évaluateur affecte le résultat. Il semble que des
observateurs expérimentés peuvent donner des descriptions fiables de l’attache-
ment des enfants, mais les parents peuvent ne pas en être capables. Si un enfant
est attaché de façon insécure et que l’insensibilité parentale est un des facteurs
qui l’influence, les résultats des parents ne seront pas aussi objectifs que ceux
d’un observateur extérieur. Cependant, les notations parentales de leurs enfants
sur ce Q-set peuvent apporter des informations cliniquement utiles, notamment
en évaluant comment le parent voit la relation.
Le Q-set pour l’attachement peut être un outil utile, mais il ne peut identifier
que l’attachement sécure ou insécure, et ne peut pas fournir de discrimination
entre les types d’attachement insécure. Il est unidimensionnel et ceci limite son
utilité clinique. De plus il se base sur la probabilité d’occurrences stressantes pour
l’enfant pendant la période d’observation, conduisant à des comportements de
recherche de proximité, mais ceci ne peut pas être garanti. Les Q-sorts prennent
beaucoup de temps.
Les tâches de compléter des images sont conçues pour permettre l’accès
aux représentations des enfants, ou modèles internes opérationnels, de leurs
relations d’attachement ainsi qu’à leurs croyances et sentiments concernant ces
relations. L’intention des tâches est de présenter aux enfants des images liées à
l’attachement et ensuite d’évaluer leurs réactions. Proposer à l’enfant des images
permet d’évaluer indirectement les représentations de l’enfant. C’est aussi une
approche acceptable pour les enfants qui sont habitués à ce que les adultes leur
demandent de commenter des images de leurs livres d’histoires. Les réactions des
enfants ne peuvent pas être prises pour des preuves de leurs expériences réelles,
puisqu’un élément de fantaisie ou de conte est généralement invoqué en posant
des questions à l’enfant sur un personnage dans une image. Il ne faudrait pas en
118
Évaluation de l’attachement
interférer que ce qu’un enfant décrit en réaction à une image lui est réellement
arrivé, bien qu’évidemment il puisse révéler des détails autobiographiques. Ce qui
est évalué c’est la représentation générique que l’enfant a des figures d’attache-
ment et des relations.
Méthode
CONCEPTEUR ET DATE
RÉVISIONS
Révisé pour les 4 à 7 ans (Klagsbrun et Bowlby 1976). Révisé en 1994 (Jacobsen,
Edelstein et Hofmann). Révisé avec quatre échelles (Slough et Greenberg 1990).
Kaplan a développé une version révisée du SAT (décrite dans Main et al. 2005).
ÉVALUATION
La représentation.
GROUPES D’ÂGE
Version pour enfants de 4 à 7 ans et adolescents de 11 à 17 ans inclus.
MÉTHODE
On présente à l’enfant six photographies de scènes de séparation, certaines
légères (un parent dit bonsoir à un enfant dans son lit) et d’autres plus stressantes
(un enfant regarde ses parents partir pour deux semaines). La version originale de
Hansburg contenait 12 dessins au crayon et à l’encre, et les six images exclues
de la version pour les enfants plus jeunes contenaient des scènes de séparation
plus graves, comme un enfant regardant sa mère emportée en ambulance, ou un
enfant et un père debout près du cercueil de la mère. On pensait que ces images
seraient trop stressantes pour des enfants plus jeunes. Une fois que l’évaluateur a
montré l’image, il demande alors à l’enfant comment l’enfant de la photo se sent
et ce qu’il va faire. Si l’enfant ne peut pas suggérer comment l’enfant pourrait
se sentir, une liste de réactions possibles est proposée, comme seul, triste ou en
colère, mais on dit à l’enfant qu’il n’est pas obligé de choisir une de ces réactions.
119
Comprendre l’attachement et ses troubles
FIABILITÉ
Fiabilité entre évaluateurs
Bonne, mais peu d’informations14.
VALIDITÉ
Validité convergente
Modérément bonne, mais peu d’informations15.
UTILITÉ CLINIQUE
Solomon et George (1999) signalent que, en 1994, Jacobson et al. ont adapté
le Separation Anxiety Test en utilisant une série d’images qui illustrent une longue
séparation des parents. La fiabilité entre évaluateurs était bonne16, ainsi que le test
14. Klagsbrun et Bowlby (1976) dans une étude de 61 enfants pendant leur premier trimestre à
l’école primaire. Klagsbrun et Bowlby n’ont pas mené de test de fiabilité pour leur étude pilote
originelle, mais signalent qu’ils pensent que l’accord entre les évaluateurs est élevé. Kaplan (1987)
dans une étude sur 38 enfants qui ont été testés avec la situation étrange à 12 mois : 76 % de
fiabilité pour la catégorie.
15. Klagsbrun et Bowlby (1976). La correspondance entre les classifications avec la situation
étrange et avec le SAT était de 68 % pour les quatre groupes (k = 0,55). La corrélation entre
l’évaluation de l’enseignant sur la façon dont l’enfant s’était adapté à l’école et sa classification
au SAT était r = 5,57, p < 0,001.
16. Jacobsen et al. (1994) : k = 0,80 à 0,87.
120
Évaluation de l’attachement
En 1990, Slough et Greenberg ont révisé le SAT pour les 4-7 ans en utilisant des
images décrivant un enfant dans diverses situations de séparation, allant de sépara-
tions légères (les parents bordent l’enfant dans son lit et quittent la chambre) à des
séparations plus stressantes (les parents s’en vont pour deux semaines). Les images
représentent les mêmes scénarios que dans la version de Klagsbrun et Bowlby (1976),
mais ont été actualisées et modifiées pour ne montrer que l’arrière de la tête de l’enfant
sur chaque photo, ce qui enlève toute expression émotionnelle. On demande à l’enfant
ce qu’il pense que l’enfant sur la photo pourrait sentir et pourquoi, et ce qu’il pourrait
faire. On demande ensuite plus directement à l’enfant ce qu’il ferait dans la même
situation. Trois échelles résumées de notation ont été développées :
1. Attachement : une échelle en quatre points (4 = élevé, 1 = faible) note
l’expression de la vulnérabilité et du besoin ; une reconnaissance de l’affect
lié à la séparation pour les trois scénarios de séparation plus graves.
2. Confiance en soi : une échelle en quatre points (4 = élevé, 1 = faible) note
les déclarations de bien-être et la capacité de faire face en réponse aux
trois scénarios de séparations légères.
3. Évitement : une échelle en trois points (3 = élevé, 1 = faible) évalue le refus
de discuter émotionnellement de questions importantes ; incapacité ou
refus de répondre aux questions ou aux sentiments suggérés en réaction
aux six scénarios.
121
Comprendre l’attachement et ses troubles
UTILITÉ CLINIQUE
Les données limitées sur la fiabilité et les données assez faibles sur la validité
rendent l’utilisation clinique de ces mesures difficile. Cependant, en tant que version
actualisée du SAT, elle semble préférable à l’originale en termes d’images utilisées.
Les observations suggèrent que les enfants peuvent répondre différemment quand
on leur demande ce que pense un autre enfant (l’enfant de la photo) ou quand on
leur demande ce qu’ils penseraient.
Les techniques de jeu avec des figurines utilisées dans les techniques d’histoires
à compléter sont un développement des tâches d’images déjà présentées. Elles
sont conçues pour accéder aux mêmes informations que les tâches d’images
et utilisent les représentations que l’enfant a des relations d’attachement. Elles
sont conçues pour introduire l’enfant dans le sujet d’une façon relativement non
menaçante. Les enfants sont habitués à ce qu’on leur demande de raconter des
histoires ou de parler dans des scénarios avec des adultes et donc seront proba-
blement peu perturbés par le processus. C’est une mesure d’évaluation beaucoup
moins difficile que de poser des questions directes à l’enfant. À l’inverse des
adultes, à qui on peut demander de réfléchir sur leurs sentiments et leurs cogni-
tions, les enfants trouvent souvent ceci difficile et leur donner un format narratif
permet qu’il y ait une certaine structure dans leurs réponses sans restreindre
l’information qu’ils peuvent donner. Les scénarios/débuts d’histoires présentés
à l’enfant comprennent plusieurs stresseurs différents, qui ne se limitent pas à
la séparation.
Utiliser des figurines dans la narration permet aussi que l’entretien ressemble
plus à un jeu. Le jeu est le domaine de la vie des enfants dans lequel ils peuvent
explorer à la fois leurs fantasmes et leurs réalités. Les techniques d’histoires à
compléter n’essaient pas de susciter des représentations directes d’événements
spécifiques dans la vie de l’enfant, même s’il est possible que ceux-ci apparaissent.
La technique a pour but d’accéder aux attentes génériques de l’enfant par rapport
aux figures d’attachement et aux relations de l’enfant avec elles. Les techniques
peuvent être moins intimidantes pour les enfants, en particulier pour les enfants
maltraités, si elles sont présentées sous forme de jeu.
n’étaient pas corrélées aux notes du comportement lors des retrouvailles après une séparation
plus longue de 90 minutes. Les enfants différaient dans leurs scores suivant qu’ils parlaient d’eux-
mêmes ou de l’enfant de la photo. Le score d’ouverture émotionnelle différait significativement
pour les enfants dont les scores sur l’échelle d’attachement pour la description d’eux-mêmes
différaient de leur description de l’enfant de la photo. Les enfants qui recevaient les mêmes scores
pour eux-mêmes et l’autre enfant avaient des scores d’ouverture émotionnelle plus élevés que
les enfants qui recevaient des scores plus élevés pour l’autre enfant que pour eux-mêmes (F = 3,28,
p < 0,05).
122
Évaluation de l’attachement
2.2.3 Méthode
Les techniques varient par le nombre d’items présentés, le degré d’anxiété soulevé
chez l’enfant, et plusieurs autres particularités méthodologiques. Le degré d’identifi-
cation entre l’enfant interviewé et les figurines varie aussi d’une technique à l’autre.
Certaines des histoires dans le MSSB sont utilisées dans les ensembles d’his-
toires d’autres instruments narratifs.
ÉVALUATION
Les représentations de l’attachement et les perceptions du parentage.
GROUPES D’ÂGE
Enfants de 3 à 8 ans inclus.
MÉTHODE
Les histoires sont présentées de façon animée pour engager l’enfant. Des phrases
neutres telles qu’« Est-ce que quelque chose d’autre arrive dans cette histoire ? »
20. Pour une description complète du MSSB, voir Emde, Wolf and Oppenheim (2003).
123
Comprendre l’attachement et ses troubles
sont utilisées pour encourager l’enfant, et certaines questions spécifiques sont aussi
utilisées. Par exemple, pendant l’histoire concernant un enfant blessé, si l’enfant
ne le mentionne pas, l’interviewer demande : « Est-ce que quelqu’un fait quelque
chose pour cette main qui fait mal ? » La procédure dure environ 40 minutes et est
filmée pour être notée.
Échauffement : l’anniversaire
1. Le jus renversé (attachement/autorité)
2. Le chien perdu/retrouvé (attachement)
3. Maman a mal à la tête (dilemme moral)
4. Un cadeau pour Maman ou pour Papa (œdipien)
5. Trois c’est trop (conflit entre pairs)
6. La sauce bouillante (attachement/autorité)
7. Les clés perdues (conflit familial)
8. Voler un bonbon (moral)
9. Départ (attachement)
10. Retrouvailles (attachement)
11. L’étagère de la salle de bain (dilemme moral)
12. Grimper sur un rocher dans le parc (maîtrise, attachement)
13. Exclusion de l’enfant par les parents (œdipien)
14. La boîte de biscuits (dilemme moral)
Fin : amusement en famille
Systèmes de notation
Robinson et ses collègues (1992) ont développé un système de notation en se
basant sur les thèmes communs explorés par les différentes histoires : les règles
morales, le comportement prosocial, l’empathie, l’exclusion, l’attachement, le
nourrissage parental et le non-nourrissage parental, et les conflits/agressions (voir
Robinson et Mantz-Simmons, 2003).
FIABILITÉ
Fiabilité entre évaluateurs
Oppenheim, Emde et Warren (1997) signalent une bonne fiabilité entre
évaluateurs21.
21. Oppenheim et al. (1997) ont utilisé la batterie pour évaluer les représentations que les enfants
avaient de leur mère pour un groupe de 51 enfants à 55 mois et à 66 mois : k = 0,85.
124
Évaluation de l’attachement
Test de stabilité
Le test de stabilité était bon à modéré22.
VALIDITÉ
Oppenheim et al. (1997) signalent une validité prédictive modérément bonne
par rapport à la Child Behavior Checklist (CBCL) (Achenbach 1991)23.
Une étude a examiné les liens possibles à travers les générations dans les narra-
tions émotives des parents et de leurs enfants (Steele et al. 2003b). Les narrations sur
l’attachement des mères évaluées par l’AAI pendant la grossesse ont été comparées aux
narrations de leurs enfants de 5 ans, évalués à l’aide d’un sous-ensemble de 11 débuts
d’histoires du MSSB. Il a été trouvé que « l’utilisation par les enfants de thèmes de
mise de limites était significativement plus probable si les entretiens sur l’attachement
de leurs mères avaient été notés autonomes-sécures (p < 0,001, bilatéral) » (p. 172).
UTILITÉ CLINIQUE
Largement utilisé.
CONCEPTEUR ET DATE
Hodges 1990.
RÉVISIONS
Manuel de notation revu en 2002, et Hodges et al. 2004.
ÉVALUATION
La représentation. Il évalue les attentes de l’enfant en ce qui concerne la relation
parent-enfant dans divers domaines, et permet aussi l’évaluation des aspects de
défense et d’évitement, liés à la régulation émotionnelle. Les notations peuvent
alors être combinées pour donner des scores pour des constructions globales,
comme la sécurité d’attachement.
22. Oppenheim et al. (1997). Un système de codage a été développé pour évaluer les attentes
des enfants et leurs représentations des interactions avec leur mère. L’analyse factorielle a été
complétée et a donné trois facteurs avec une valeur propre supérieure à un : la représentation
positive de la mère, la représentation négative de la mère et la discipline. Un an plus tard, le test
de stabilité était élevé : représentation positive : r = 0,52, p < 0,001 ; représentation négative :
r = 0,39, p < 0,01 ; discipline : r = 0,37, p < 0,01.
23. Oppenheim et al. (1997). Les corrélations entre le codage pour les trois facteurs et les résultats
au CBCL. Les problèmes de comportement extériorisé étaient modérés et statistiquement fiables.
Les corrélations entre les représentations positives de la mère et les scores d’extériorisation étaient
négatives, donc les enfants qui avaient plus de notations positives de leur mère à 4 ans étaient
notés par leur mère comme ayant moins de problèmes de comportement extériorisé à 4 ans
(r = 0,20, p < 0,10) et à 5 ans (r = 0,25, p < 0,05).
125
Comprendre l’attachement et ses troubles
GROUPES D’ÂGE
Enfants de 4 à 8 ans inclus.
MÉTHODE
La batterie consiste en 13 débuts d’histoires, cinq avec un schéma préliminaire
de notation, construit sur la base de l’expérience clinique dans l’évaluation d’enfants
maltraités, et huit sélectionnés dans la MSSB. Les histoires sont présentées dans un
ordre standard en utilisant la famille de figurines standard de la MSSB (enfant du
même sexe que l’interviewé, un frère ou une sœur de même sexe plus jeune, une
mère et un père). On demande à l’enfant de donner des noms aux deux enfants,
qui ne sont ni le nom réel de l’enfant interviewé ni celui de ses frères ou sœurs.
Des figurines d’animaux sont aussi utilisées dans deux histoires. Voici les débuts
d’histoire :
1. Pleurer dehors : la famille de figurines est à la maison, la figurine enfant va
dehors et derrière la maison, en pleurant très fort.
2. Le petit cochon : un petit cochon quitte les autres cochons et part pour une
longue promenade loin de tous les autres animaux, ensuite il s’exclame
qu’il est perdu, qu’il ne peut pas voir les autres cochons et qu’il ne sait pas
comment rentrer.
3. L’éléphant qui piétine : les animaux et la famille de figurines sont dehors.
Un éléphant vient et trépigne lourdement autour d’eux (« parfois cet éléphant
devient un peu violent »), effrayant les enfants et les animaux.
4. Vélos : l’enfant et son ami demandent à Maman s’ils peuvent sortir avec
leur vélo. Maman dit « oui, mais soyez prudents ». Les enfants roulent vrai-
ment très vite et puis l’enfant tombe.
5. Le dessin à l’école : l’enfant fait un dessin à l’école et pense « c’est vraiment
bien, je vais le rapporter à la maison quand je rentrerai » ; après l’école il
prend le dessin et rentre à la maison, il frappe à la porte.
126
Évaluation de l’attachement
7. Le monstre (ou le voleur) dans le noir : l’enfant est au lit, les parents sont
sur le canapé. L’enfant entend un bruit, les lumières s’éteignent, l’enfant
craint que ce soit un monstre (ou un voleur).
8. Histoire d’exclusion : les parents sont sur le canapé, le père dit à l’enfant
qu’ils veulent rester un peu seuls et demande à l’enfant d’aller jouer un peu
dans sa chambre ; au moment où l’enfant s’en va, les parents s’embrassent.
La méthodologie de base est sensiblement la même que pour les autres his-
toires à compléter. L’interviewer introduit chaque histoire en demandant l’aide de
l’enfant pour « installer la scène » avec les bons personnages. L’interviewer montre
ensuite et raconte à l’enfant le début de l’histoire, dramatisant l’affect et le dilemme
présenté dans l’histoire pour engager l’enfant émotionnellement. L’interviewer
invite ensuite l’enfant : « Montre-moi et raconte-moi ce qui arrive ensuite ». Il y a
certaines phrases exigées, en fonction de la réaction, et l’interviewer peut aussi
poser un certain nombre de questions de détail neutres, pour clarification. La pas-
sation prend habituellement environ une heure.
Chaque interview est filmée et les enregistrements sont retranscrits pour don-
ner les réactions narratives tant verbales que non verbales. Les deux ont un poids
égal dans la notation des réactions de l’enfant, sur la base qu’un grand nombre de
représentations mentales de parentage que la technique vise à atteindre ne sont
pas récupérables verbalement.
Le système de notation SSAP donne une notation en trois points pour chaque
histoire pour la présence ou l’absence d’environ 40 thèmes ou caractéristiques.
Ceux-ci incluent les représentations des parents (par exemple, conscients que
l’enfant est en détresse ; rejetants, réconfortants), les représentations des enfants
(par exemple cherchant l’aide de l’adulte quand c’est approprié ; se mettant en
danger ; parentant les adultes) ; des indicateurs de défense et d’évitement de
l’anxiété (par exemple, se désengageant de la tâche, modifiant les paramètres
donnés de l’histoire) ; et des indicateurs de désorganisation (par exemple passages
inexpliqués dans la description d’un adulte d’une bonne à une mauvaise figure et
vice-versa, fantasmes de catastrophe, agressivité extrême). Il existe un manuel
(Hodges et al. 2004) qui détaille les critères et donne des exemples pour chacun.
Les notations sur les thèmes individuels sont utilisées pour faire une évalua-
tion clinique détaillée, et peuvent aussi être traitées comme des composants des
classifications d’attachement et utilisées pour générer des constructions globales
comme la sécurité d’attachement, l’insécurité, l’évitement défensif et la désorga-
nisation, ainsi que des représentations positives et négatives des adultes et des
enfants. Par exemple, la sécurité d’attachement comprendrait des notations des
parents dans les histoires comme conscients quand les enfants sont en détresse
ou ont besoin d’aide, offrant une aide concrète, offrant un réconfort émotionnel
et de l’affection, mettant des limites, n’étant pas punitifs, ne rejetant pas l’enfant
et n’étant pas agressifs envers lui. Elle inclurait aussi des notations des enfants
comme cherchant de l’aide auprès des parents quand c’est approprié, reconnais-
sant leur détresse (plutôt que d’essayer de faire croire qu’il n’y a pas de détresse
ni de besoin d’aide ou de réconfort), capables de faire face aux difficultés par
leurs propres efforts ou en demandant activement de l’aide quand c’est réaliste,
pas inutilement agressifs ou ne se mettant pas en danger eux-mêmes), et n’étant
ni excessivement obéissants aux parents ni contrôlants ou parentant les parents.
127
Comprendre l’attachement et ses troubles
FIABILITÉ
La fiabilité entre évaluateurs pour des évaluateurs formés au système de nota-
tion est en moyenne de 87 %.
Les scores construits ont des alpha élevés indiquant une forte cohérence interne
(Hodges et al. 2003).
VALIDITÉ
Les notations sur les thèmes individuels et sur les scores de construction glo-
bale sont significativement corrélées avec les scores totaux et de sous-échelles sur
le Strength and Difficulties Questionnaire24 et le Child Behavior Checklist25 dans
un échantillon de 111 enfants adoptés, âgés de 4 à 8 ans. Quarante-huit de ces
enfants n’ont pas été maltraités et ont été adoptés dans la petite enfance et 63
ont été maltraités et ont été par la suite placés en adoption après l’âge de 4 ans.
Dans le même échantillon, les notations sur les thèmes individuels et sur les
scores construits globaux étaient significativement corrélées au fait que l’enfant
ait souffert ou non de maltraitance. La technique démontre donc une bonne dis-
crimination entre les enfants qui ont été ou qui n’ont pas été maltraités. Parmi le
groupe des enfants maltraités, le degré d’adversité avant le placement était aussi
significativement corrélé aux différences dans les réactions aux histoires à complé-
ter, indiquant que la mesure peut discriminer des niveaux plus ou moins graves de
maltraitance. Des changements significatifs vers une plus grande sécurité étaient
observés quand l’évaluation était répétée après un an et de nouveau après deux
ans, indiquant que la mesure peut être utilisée pour refléter les changements au
fur et à mesure que les enfants s’installent dans leurs nouvelles familles (Hodges
et al. 2003b, 2003c).
Des données standardisées sur des enfants non adoptés manquent encore à
ce jour.
Des petites études, non publiées, sur des séries cliniques d’enfants ont montré
des différences intéressantes et statistiquement significatives entre des enfants
sexuellement maltraités et des groupes témoins, et entre des enfants sujets à des
maladies factices ou induites et des témoins. Ces observations ont été présentées
à plusieurs rencontres sur l’attachement et l’adoption depuis 2000.
24. Questionnaire Points forts – Points faibles ; voir https://www.sdqinfo.org/ (NDLT, accédé
août 2021)
25. Inventaire des comportements de l’enfant (Achenbach, 1991) voir http://www.aseba.org/
(NDLT, accédé août 2021)
128
Évaluation de l’attachement
UTILITÉ CLINIQUE
CONCEPTEUR ET DATE
RÉVISIONS
Une version sur ordinateur est en cours d’évaluation.
ÉVALUATION
La représentation de l’attachement au début de la scolarisation. Il contient
un score numérique et quatre échelles continues : mentalisation, métacognition,
désorganisation et cohérence narrative. Il donne aussi une notation globale caté-
gorielle pour « stratégie d’apaisement ».
GROUPES D’ÂGE
Jeunes enfants scolarisés (environ 4 ans ½ à 8 ans ½).
MÉTHODE
Le MCAST comprend une série de six débuts d’histoire. Avant le début du test,
on montre à l’enfant une maison de figurines et différents objets et on lui demande
de choisir une figurine pour se représenter et une autre pour représenter le soignant
principal qui intéresse l’interviewer. Le MCAST a plusieurs caractéristiques qui
le différencient d’autres tâches d’histoires à compléter. Il se centre sur une seule
dyade, plutôt que sur l’ensemble de la famille. Il souligne l’identification de l’enfant
129
Comprendre l’attachement et ses troubles
Vignettes
Le début d’histoire 1 est conçu comme une vignette témoin sans lien avec
l’attachement (ligne de base) ; les débuts 2, 3, 4 et 5 sont des vignettes de
« détresse » liée à l’attachement. Le début 6 est une vignette de fermeture sans
lien avec l’attachement.
La méthode générale est la même que pour les autres tâches d’histoires à
compléter, mais pour chaque vignette « de détresse » il y a une phase d’induction
dans laquelle l’interviewer souligne la détresse du personnage enfant jusqu’à ce
que l’enfant interviewé soit clairement impliqué et stimulé avec compassion.
Pour chaque vignette, l’enfant met en scène une fin de l’histoire et ensuite on
lui pose une série de questions pour clarifier les intentions derrière le jeu et
les attributions d’état mental, par exemple « Comment est-ce que la figurine
enfant se sent maintenant ? » « Qu’est-ce que la figurine parent voudrait faire
maintenant ? » L’entretien se termine par une période de jeu libre dans laquelle
on demande à l’enfant de mettre en scène quelque chose que la famille aime
bien faire ensemble. Ceci est conçu comme une période de « détente » avant
que l’entretien se termine.
Schéma de notation
Le schéma de notation est unique et combine les procédures de notation de
la situation étrange avec les procédures de notation de l’attachement adulte en se
basant sur le fait qu’à ce stade de développement les deux sont pertinents pour
les représentations narratives de l’enfant. Il donne une classification catégorielle
complète de l’attachement semblable à celle de la situation étrange. De plus il
produit des scores continus pour la sécurité, la métacognition, la mentalisation,
la désorganisation et la cohérence narrative.
FIABILITÉ
Fiabilité entre évaluateurs
Bonne. Les évaluateurs tendent à s’accorder sur leur classification26.
26. Green et al. (2000). Pour la classification catégorielle : sécure ou insécure (B par rapport à
A/C/CC) 94 % ; k = 0,88 ; catégorie D par rapport à non D : 82 %, k = 0,41. Les accords sur les
catégories d’attachement (A/B/C/CC) excluant d’abord les désorganisés : 91 %, k = 0,74. Quand
130
Évaluation de l’attachement
Test de stabilité
Bon, bien que la stabilité soit plus élevée pour ceux évalués sécure27.
VALIDITÉ
Des études ont montré que, pour les enfants de moins de 4 ans ½, l’instrument
sur-note la désorganisation et qu’au-delà de 8 ans ½ il a tendance à sous-noter
la sécurité.
Validité du construit
Green et al. (2000) signalent que la validité du contenu du MCAST est soute-
nue par une analyse factorielle de ses items, le facteur le plus fort contenant « des
items (recherche de proximité, apaisement et passage au jeu exploratoire) qui
sont au centre du cycle de comportement en attachement et de la note de sécurité
d’attachement qui en résulte » (p. 60). Une validité discriminante des vignettes
individuelles a aussi été trouvée, suggérant aux auteurs qu’une méthode utilisant
peu de vignettes pourrait être satisfaisante pour un usage général. Les versions
ultérieures ont réduit les vignettes aux plus discriminantes.
Validité convergente
Goldwyn et al. (2000) ont trouvé que l’accord général entre le MCAST et le
test d’anxiété de séparation (SAT) dans un échantillon non clinique de 34 jeunes
enfants était de 80 % (k = 0,41, p < 0,10)28. Étant donné la forte association entre
les représentations maternelles non résolues et l’attachement désorganisé de l’enfant
à divers âges, il est raisonnable de conclure de ceci qu’il s’agit d’une mesure de
la validité convergente.
une classification forcée ABC était faite pour les sujets désorganisés au départ, l’accord était de
80 % (k = 0,622).
27. Les seconds entretiens ont eu lieu après une moyenne de 5,5 mois ; 76,5 % des catégories
ABC sont restées stables. Ceux qui avaient été notés sécures restaient plus probablement stables
que ceux notés insécures. Il y avait une relation entre le nombre de vignettes sécures et la stabilité.
Il y avait un biais pour la sécurité chez les participants qui ont consenti à la deuxième étape, 76 %
de ceux qui ont accepté de recommencer étaient classés sécures et 47 % insécures. Il faut garder
cela à l’esprit parce que cela peut biaiser les observations.
28. L’accord entre les trois catégories d’attachement au MCAST et à l’AAI n’était pas significatif ;
l’accord sur la sécurité ou l’insécurité non plus. Étant donné les natures différentes de ces éva-
luations cependant, cette comparaison est vue de façon moins appropriée comme une indication
de validité convergente.
131
Comprendre l’attachement et ses troubles
UTILITÉ CLINIQUE
RÉVISIONS
Ceci est la plus récente édition, l’édition précédente (Revised Edition III, 1997)
ayant été modifiée de façon extensive à la suite du pilotage.
ÉVALUATION
Les représentations de la sécurité d’attachement avec chaque parent et l’état
global d’esprit en ce qui concerne l’attachement.
GROUPES D’ÂGE
Enfants de 7 à 12 ans.
MÉTHODE
Le CAI consiste en une interview semi-structurée qui dure entre 20 minutes
et une heure. Les interviews sont généralement enregistrées audio ou vidéo.
Le protocole d’interview est basé sur l’Adult Attachment Interview (AAI, décrit
plus loin), mais, à l’inverse de l’AAI, le CAI se centre sur les événements récents
liés à l’attachement, et sur la façon dont la relation actuelle avec chaque parent
est représentée.
29. Cichetti et ses collègues ont développé indépendamment un protocole similaire qu’ils ont
administré pendant dix ans, mais sans système de notation.
132
Évaluation de l’attachement
Le CAI est codé suivant à la fois ce que l’enfant dit et sa communication non
verbale. Les réactions de l’enfant sont notées sur huit échelles, dont trois, « colère
préoccupée », « idéalisation » et « détachement » sont notées séparément pour la
mère et pour le père. Les scores vont de 1 qui est la note la plus basse à 9 qui est
la note la plus élevée.
30. Les auteurs étaient influencés par le modèle de régulation des affects de Sroufe (Sroufe et
Fleeson 1986) et les études qui ont identifié l’ouverture émotionnelle comme un aspect important
des narrations des enfants liées à l’attachement et un marqueur de la sécurité d’attachement
(Oppenheim 2997 ; Slough et Greenberg 1990).
31. Main et Goldwyn 1994.
32. Cassidy 1988 ; Oppenheim 1997 ; Sroufe, Fox et Pancake 1983.
33. Oppenheim 1977.
133
Comprendre l’attachement et ses troubles
Pour obtenir une classification « sécure », l’enfant doit avoir une note d’environ
cinq ou plus sur toutes les échelles du CAI, à l’exception des échelles d’idéalisa-
tion, de détachement et de colère préoccupée où un score de trois est nécessaire.
Un niveau de sécurité (sécure, très sécure, insécure, très insécure) est alors attribué
en ce qui concerne la mère et le père.
FIABILITÉ
Fiabilité entre évaluateurs pour la classification principale du CAI
Informations limitées.
Test de stabilité
Bon. La classification à trois mois était assez stable à travers 46 cas. La médiane
était de 0,63. La classification de sécurité pour la représentation de la mère était
de 0,75 ou plus, et pour le père de 0,65 ou plus. Tous les enfants notés désorgani-
sés à une occasion étaient notés de la même façon trois mois plus tard. Il y avait
une variabilité considérable dans la stabilité des échelles34. Trente-trois enfants ont
été retestés une année plus tard. La stabilité des scores des échelles était modérée.
La corrélation médiane était 0,40. Une fois de plus, il y avait une dispersion consi-
dérable dans la stabilité des échelles35.
VALIDITÉ
Validité discriminante
Modérément bonne. Il n’y avait pas de différence statistiquement significative
entre l’âge moyen des enfants classés sécures ou insécures avec chaque parent.
Ni le sexe ni la classe sociale ne prédisait la sécurité d’attachement, et la préva-
lence d’enfants noirs ou asiatiques était comparable dans les groupes sécures et
insécures. Dans cet échantillon non clinique, le nombre d’enfants vivant avec leurs
deux parents n’était pas plus élevé dans le groupe sécure que dans le groupe insé-
cure. Le QI verbal était presque identique parmi les enfants avec des représentations
sécures ou insécures de la sécurité d’attachement avec chaque parent. Ceci est
remarquable étant donné l’importance donnée à la cohérence linguistique dans la
notation des représentations d’attachement. Les scores de langage expressif étaient
aussi collectés dans un sous-échantillon de 88 enfants. Il y avait une supériorité
légère, mais statistiquement non significative, du langage expressif pour les enfants
sécures tant avec leur mère qu’avec leur père.
34. La colère envers la mère semble stable après 3 mois, mais ce n’était pas le cas pour la colère
envers le père. L’idéalisation pour les deux parents était assez instable. Néanmoins, l’ouverture
émotionnelle, l’utilisation d’exemples et la cohérence semblaient légèrement cohérentes après
3 mois. Sur les échelles spécifiques des parents, seul le détachement était très stable, tant pour
la mère que pour le père.
35. L’ouverture émotionnelle, l’utilisation d’exemples et particulièrement la cohérence et la colère
envers le père étaient assez stables. Au contraire, les échelles spécifiques des parents, en parti-
culier l’idéalisation et la colère envers le père, étaient assez instables.
134
Évaluation de l’attachement
Validité prédictive
Bonne validité prédictive entre l’état actuel d’esprit des mères en ce qui
concerne l’attachement évalué avec l’AAI et l’état d’attachement des enfants
évalué par le CAI36.
UTILITÉ CLINIQUE
Les informations obtenues par cette mesure peuvent apporter des renseigne-
ments intéressants et importants sur l’enfant. Cependant il faut faire attention en
utilisant le CAI avec des enfants qui vivent avec des parents qui sont ou peuvent
être émotionnellement ou physiquement maltraitants ou négligents. Cet instrument
invite l’enfant à réfléchir sur ses relations avec ses parents d’une façon qui pourrait
remettre en question ses défenses et ses mécanismes d’adaptation alors qu’il ne
peut pas être protégé. Ce test nécessite une formation pour son administration et
sa notation.
CONCEPTEUR ET DATE
RÉVISIONS
Aucune.
ÉVALUATION
Représentation de l’attachement, en particulier de la cohérence concernant
les relations d’attachement.
GROUPES D’ÂGE
Cet entretien a été développé pour être utilisé avec des enfants de fin d’école
primaire et de début d’adolescence. Il est basé sur l’hypothèse que les questions
centrales de développement des enfants de cet âge sont les relations avec les pairs,
l’évolution de leur sens de soi et leurs capacités émergentes de réflexion (sur ce
36. La correspondance entre les classifications principales d’attachement pour les dyades mère-
nourrisson était très significative (64 % d’accord ; k = 0,29, p < 0,01). Cependant aucun des sept
enfants classés préoccupés et un seul des six enfants classés désorganisés avaient des mères
avec un AAI classé sécure. L’association entre l’AAI des mères et la sécurité d’attachement de
l’enfant pour le père (65 % d’accord, k = 0,29, p < 0,01) était forte comme pour la mère. Aucun
des huit enfants classés préoccupés par rapport à leur père, et un seul des six enfants classés
désorganisés avait une mère avec un AAI classé sécure. Comme tels, il semblait que les classi-
fications préoccupées et sécures étaient plus prédictives de la sécurité de l’enfant. Parmi les mères
sécures/autonomes, 66 % avaient des enfants dont les CAI étaient sécures par rapport à la mère
et 66 % avaient des enfants qui étaient sécures avec leur père. Parmi les 25 mères préoccupées,
18 avaient des enfants avec une classification insécure par rapport à la mère (72 %) et 82 % des
enfants étaient insécures par rapport à leur père. La classification non résolue à l’AAI n’a pas
prédit l’insécurité de l’enfant par rapport à la mère ou au père. Les classifications atypiques
(désorganisé) dans le CAI en ce qui concerne la mère et le père n’ont été trouvées que dans les
cas où l’AAI de la mère avait été classé non résolu.
135
Comprendre l’attachement et ses troubles
qu’ils aiment le mieux, ce qu’ils aiment le moins, et plus généralement sur leurs
sentiments ambivalents envers eux-mêmes, leurs amis et leur famille).
MÉTHODE
L’entretien commence avec l’invitation suivante :
Je veux me faire une idée de toi, de la personne que tu es, de ce que tu aimes
faire, et surtout de ce que tu penses et ressens de tes relations avec tes amis et
ta famille. Il y a une chose que nous semblons considérer comme vraie chez
toutes les personnes et les relations, c’est qu’il y a des choses que nous aimons
mieux en nous-mêmes et chez les autres (des choses que nous voudrions pré-
server) et d’autres choses que nous aimons moins (ou pas du tout) en nous-
mêmes et chez les autres (des choses que nous aimerions changer). Donc nous
pourrions en parler ensemble pendant que je te pose les questions suivantes.
L’entretien comprend 26 questions qui se centrent sur la personne, sur les pairs
(le meilleur ami), la fratrie et les parents. On demande aux répondants de décrire
les aspects qu’ils aiment le mieux et le moins dans la façon dont les choses se
passent dans chacun de ces domaines. Des questions spécifiques sont incluses, par
exemple concernant les désaccords qui surgissent et comment ils sont négociés.
Tout au long de l’entretien, on demande aux répondants d’illustrer leurs histoires
avec des exemples de la vie quotidienne. Les questions qui pourraient être « plus
pénibles pour la capacité de ces jeunes d’avoir un langage cohérent » (Steele et
Steele 2005, p. 147) sont placées à la fin de l’entretien. Par exemple, question 25
Notation
Le système de notation applique une échelle en quatre points à plusieurs
dimensions dans les catégories suivantes :
1. Cohérence
2. Métacognition ou fonctionnement réflexif
3. Preuve de la disponibilité d’une base de sécurité
4. Preuve de l’estime de soi
5. Relations avec les pairs
6. Anxiété et défense
FIABILITÉ
La fiabilité entre évaluateurs et le test de stabilité ne sont pas signalés dans
l’article de 2005.
L’article de 2005 rapporte que les quatre ensembles de notation pour la cohé-
rence, qui sont la vérité, l’économie, la relation et la manière, ont été examinés pour
leur cohérence interne en utilisant les coefficients alpha de Chronbach. Chaque
alpha calculé était plus grand que 0,74 (de 0,74 à 0,88), ce qui indique une forte
cohérence interne.
136
Évaluation de l’attachement
VALIDITÉ
Validité discriminante
Les auteurs disent que la validité discriminante de l’AAI, c’est-à-dire qu’une
personne très éduquée peut être basse en cohérence à l’AAI tandis qu’une personne
peu formée peut être haute, « représente le but de toute proposition de mesure
de la sécurité d’attachement basée sur un entretien dans la moyenne enfance »
(p. 141). Dans l’échantillon de 57 enfants de 11 ans rapporté dans l’article de 2005,
en utilisant les sous-échelles « Vocabulaire » et « Similitudes » du WISC-IIIUK, les
corrélations entre l’intelligence verbale des enfants et leur cohérence observée
pour l’attachement étaient non significatives.
Validité prédictive
Dans l’échantillon rapporté dans l’article de 2005, au suivi de 11 ans, l’âge
était positivement et significativement corrélé avec la cohérence globale (r = 0,26 ;
p < 0,05 unilatéral), suggérant que la maturation « renforce le potentiel de l’enfant
de démontrer des capacités méta-représentationnelles » (p. 149).
Pour les filles comme pour les fils, la cohérence sous-échelles de qualité ou de
vérité dans le FFI était de façon cohérente et significative plus élevée si l’AAI des
mères était classé autonome-sécure. D’autres observations soulignent l’influence
particulière de l’AAI des pères sur la cohérence pour les fils. D’autres observations
spécifiques au sexe sont rapportées dans d’autres analyses de corrélation et de
régression.
Dans les observations rapportées dans l’article de 1995, il n’a pas été mon-
tré de corrélations entre la sécurité d’attachement avec la mère à 12 mois et la
cohérence à 11 ans au FFI (suivant le tableau 7.2). Cependant d’autres analyses
ont montré certains liens avec la sécurité d’attachement entre le nourrisson et la
mère, en particulier en ce qui concerne l’aisance non verbale dans le FFI (H. Steele,
communication personnelle, 2005).
UTILITÉ CLINIQUE
137
Comprendre l’attachement et ses troubles
RÉVISIONS
Aucune trouvée.
ÉVALUATION
Les représentations mentales des relations d’attachement à la fin de l’enfance
et au début de l’adolescence.
GROUPES D’ÂGE
Enfants et jeunes adolescents de 10 à 14 ans.
MÉTHODE
Le AICA est une version revue de l’AAI (décrit plus loin) pour des participants
en fin d’enfance et en début d’adolescence. La structure de l’entretien et la séquence
des questions sont inchangées, mais le langage a été simplifié et adapté à l’âge.
C’est un entretien semi-structuré qui est généralement enregistré ou filmé.
Le système de notation de l’AAI est utilisé pour classer les adolescents dans
une des quatre catégories d’état d’esprit général en ce qui concerne l’attachement :
1. Détaché des relations d’attachement,
2. Sécure, appréciant librement l’attachement,
3. Préoccupé par les relations d’attachement,
4. Non résolu par rapport à des pertes ou des traumatismes passés.
FIABILITÉ
Fiabilité entre évaluateurs
Un degré élevé d’accord entre évaluateurs peut être atteint avec des évalua-
teurs bien formés à l’AAI.
138
Évaluation de l’attachement
VALIDITÉ
Validité convergente
Les résultats montraient que la distribution des catégories d’attachement chez
les participants de 10 ans et de 14 ans n’était pas significativement différente de
celle collectée dans d’autres études utilisant l’AAI avec des échantillons d’adoles-
cents et de jeunes adultes. Le système de notation de l’AAI semble être adaptable
de façon fiable au matériel de l’AICA.
UTILITÉ CLINIQUE
Bonne, mais comme avec l’AAI, cela prend beaucoup de temps et c’est coûteux
à administrer et à noter. Il rapporte des informations utiles et peut apparaître une
approche plus agréable pour l’enfant que le plus impressionnant AAI. Il semble être
capable de montrer les facteurs sous-jacents de l’attachement sans être influencé
par les fluctuations normales à l’adolescence de l’humeur et des relations avec les
parents, ce qui est un risque avec cette population. Cependant, il reste non publié
et peut donc être difficile d’accès aux cliniciens.
Bien que l’AAI soit prévu pour être utilisé avec des adultes, il est inclus ici
parce que la validation de certaines mesures décrites dans cette section inclut
des associations avec l’AAI. De plus l’AAI a contribué à l’intérêt croissant pour les
mesures narratives précédemment décrites.
CONCEPTEUR ET DATE
RÉVISIONS
1985, 1996.
ÉVALUATION
La représentation. Il apporte une classification catégorielle semblable à la situa-
tion étrange à travers cinq catégories : autonome, détaché, préoccupé, non résolu/
désorganisé et inclassable.
GROUPES D’ÂGE
Adultes.
MÉTHODE
Il prend la forme d’un entretien semi-structuré qui est généralement enregistré
ou filmé. On demande aux adultes de se rappeler de souvenirs de leur enfance et
de les évaluer de leur point de vue actuel. Il explore alternativement une description
générale des relations, des souvenirs autobiographiques spécifiques soutenants ou
contradictoires et la description des relations actuelles avec les parents. L’entretien
consiste en 15 questions standard qui sont posées dans un ordre déterminé,
139
Comprendre l’attachement et ses troubles
L’entretien dure environ une heure. Il est retranscrit mot à mot pour permettre
la notation. Celle-ci n’est pas basée sur le contenu autobiographique des souvenirs,
mais sur la façon dont les expériences et leurs affects sont évalués et rapportés.
La nature de l’attachement de l’interviewé se manifeste par sa cohérence pendant
l’entretien. Seul le contenu qui contredit directement les affects de l’évaluation de
l’interviewé se répercute sur la notation.
Autonome-sécure
La présentation est cohérente et conséquente et les réponses sont claires,
pertinentes et ne sont pas embrouillées ou passant du coq à l’âne. Une classi-
fication d’autonome ne se base pas sur le fait d’avoir eu une enfance sécure ou
stable, mais nécessite que l’adulte soit capable de réfléchir et de discuter de ses
expériences de façon cohérente.
Détaché-insécure
Les descriptions des parents sont très positives, mais ne sont pas soutenues ou
sont contredites ensuite par les souvenirs d’événements. Les personnes insistent
souvent sur le fait qu’elles sont incapables de se rappeler des expériences d’atta-
chement dans l’enfance. Elles semblent minimiser leur intérêt pour les informations
liées à l’attachement.
140
Évaluation de l’attachement
Préoccupé-insécure
Les personnes montrent des préoccupations confuses, colériques ou passives
par rapport aux figures d’attachement. Leur entretien comprend souvent de lon-
gues phrases embrouillées. Elles semblent accorder une attention excessive aux
informations liées à l’attachement.
Non résolu-désorganisé
Les personnes classées ainsi présentent un discours désorganisé en relation à
une perte ou un traumatisme spécifique, comme la maltraitance. Une perte subs-
tantielle de contrôle ou de raisonnement survient dans la discussion d’un événement
particulier.
Inclassable
C’est une catégorie de classification plus récente (Hesse 1996) qui a été déve-
loppée pour classer les sujets dont le discours montre une combinaison de modes
contradictoires.
FIABILITÉ
Test de stabilité
Bon à modéré. Des niveaux élevés d’accord entre deux administrations du
test sont signalés, bien que la classification « non résolu » ait moins de stabilité,
reflétant peut-être le processus de deuil37.
VALIDITÉ
Validité discriminante
Modérément bonne38.
Validité prédictive
Bonne validité prédictive entre l’évaluation des parents par l’AAI et la classi-
fication de leur nourrisson par la situation étrange39
141
Comprendre l’attachement et ses troubles
UTILITÉ CLINIQUE
L’AAI semble montrer une bonne fiabilité et une bonne validité et pourrait donc
être utile pour prédire l’attachement de l’enfant et cibler les interventions. Son
usage est limité étant donné la longueur de l’entretien et du processus de notation.
La formation pour mener et noter un AAI est aussi spécialisée et coûteuse, ce qui
peut être un motif de rejet pour la plupart des cliniciens.
142
Chapitre 9
143
Comprendre l’attachement et ses troubles
CONCEPTEUR ET DATE
RÉVISIONS
Aucune trouvée.
ÉVALUATION
Les caractéristiques maternelles générales.
GROUPE D’ÂGE
Mères de jeunes enfants.
MÉTHODE
Les observations des caractéristiques maternelles sont notées sur quatre échelles
à neuf points :
Une mère « très sensible » est finement accordée aux signaux du bébé et y
réagit rapidement et de façon appropriée. Elle est capable de voir les choses du
point de vue de son bébé.
144
Évaluation des soins
Ici aussi l’échelle s’étend de 1 à 9 et est définie sur les points qui suivent :
9. Visiblement coopérative
7. Coopérative
5. Légèrement importune
3. Importune
1. Très importune
Une mère « visiblement coopérative » voit son bébé comme une personne dis-
tincte, active, autonome, dont les souhaits et les activités ont leur propre valeur. Elle
respecte l’autonomie de l’enfant et organise l’environnement de façon à minimiser
la nécessité d’interférences et de contrôle direct.
Une mère « très importune » ne respecte pas son bébé comme une personne
distincte, active et autonome, dont les souhaits et les émotions ont leur propre
valeur. Elle semble penser que le bébé est sa propriété et qu’elle a le droit de
faire avec lui ce qu’elle veut, de lui imposer sa volonté ou de le façonner selon
ses standards, ou simplement de suivre ses propres envies sans tenir compte des
humeurs, des souhaits et des activités du bébé.
Une mère très acceptante accepte son bébé même quand il est en colère ou
quand il ne réagit pas. Elle peut à l’occasion se sentir irritée par son comportement,
mais elle ne le considère pas comme un opposant.
La mère accessible semble capable de tenir compte des signaux de son bébé et de
ses communications, malgré les distractions et d’autres exigences pour son attention.
145
Comprendre l’attachement et ses troubles
FIABILITÉ
Fiabilité entre évaluateurs
Bonne3.
VALIDITÉ
Les scores moyens des Échelles de Sensibilité Maternelle distinguent de façon
significative les modes d’attachement du groupe A et du groupe C par rapport au
groupe B (Ainsworth et al. 1978). En effet, les auteurs signalent que c’est dans les
caractéristiques générales (Échelles de Sensibilité Maternelle) que les différences
les plus aiguës entre les groupes apparaissent. L’utilité des Échelles de Sensibilité
Maternelle pour évaluer la réactivité sensible de la mère a été démontrée par sa large
utilisation depuis sa publication en 1978. Dans certaines études, deux des échelles
ont été utilisées, plutôt que les quatre.
UTILITÉ CLINIQUE
CONCEPTEUR ET DATE
RÉVISIONS
Plusieurs révisions entre 1979 et 2004.
ÉVALUATION
La qualité des interactions adulte-nourrisson. L’auteur décrit que « bien que
l’adulte soit le plus souvent la mère, la procédure peut être utilisée avec les pères,
avec d’autres membres de la famille, avec les infirmières visiteuses, avec les gar-
diennes de jour et le personnel intervenant auprès des bébés » (Crittenden 2005,
p. 1 de la version anglaise sur le site internet4).
3. Ainsworth et al. (1978) : les quatre échelles ont été notées lors de visites à domicile à 39,
42, 45, 48, 54 et (quand c’est possible) 51 semaines. Deux des cinq évaluateurs avaient inévi-
tablement connaissance des autres évaluations. (Des mesures ont été prises pour éliminer la
possibilité d’un effet de halo.) Coefficient moyen de corrélation entre les évaluateurs : sensibilité
– insensibilité 0,89 ; coopération – interférence 0,86 ; acceptation – rejet 0,88 ; accessibilité –
ignorance 0,87.
4. https://www.patcrittenden.com/include/docs/care_index.pdf (accédé août 2021)
146
Évaluation des soins
GROUPE D’ÂGE
De la naissance à 15 mois. Le Toddler CARE-Index est utilisé pour les enfants
de 15 mois à 3 ans.
MÉTHODE
L’évaluation est basée sur une courte interaction de jeu filmée de 3 à 5 minutes,
dans des conditions non menaçantes. L’enregistrement peut être réalisé à la maison,
dans un environnement clinique ou dans un laboratoire de recherches.
Les quatre premiers aspects évaluent l’affect dans la dyade ; les trois derniers
font référence aux contingences temporelles. Dans le Manuel de notation du CARE-
Index (Crittenden 1979-2004), l’auteur souligne que bien que le CARE-Index ait
été développé plusieurs années avant la formulation de son approche dynamique
maturationnelle de la théorie de l’attachement, « ses deux construits de base les
plus importants sont inclus dans le CARE-Index » (p. 4).
147
Comprendre l’attachement et ses troubles
FIABILITÉ
Les évaluateurs sont testés pour la fiabilité après une formation qui prend environ
huit jours. Une formation complémentaire de cinq jours est nécessaire pour le Toddler
CARE-Index, plus une pratique et un test de fiabilité. Pour éviter que les paires d’éva-
luateurs ne deviennent très accordés entre eux et s’éloignent du standard international,
il est essentiel qu’ils consultent d’autres évaluateurs compétents et travaillent régu-
lièrement avec les enregistrements originaux de la formation. « Pour cette raison, la
fiabilité initiale n’est donnée que pour un an et doit être mise à jour avec des preuves
d’autre travail et de compétence persistante. La fiabilité ultérieure s’étend sur une
durée de temps plus longue, mais doit être entretenue par une participation régulière
à des séminaires avancés sur le CARE-Index avec d’autres évaluateurs compétents »
(Crittenden 2005, p. 4 de la version anglaise sur le site internet).
VALIDITÉ
Validité convergente
Crittenden souligne (2004) que, bien que le CARE-Index évalue la sensibilité
dans les interactions, il diffère des autres procédures par plusieurs points. Parmi
ces différences, le CARE-Index seul évalue le mode « compulsif » ou inhibiteur de
l’adaptation de l’enfant. Donc, le CARE-Index est un instrument relativement unique
qui doit encore être comparé avec d’autres systèmes de notation du comportement
du soignant et d’adaptation de l’enfant, et testé de façon appropriée.
Validité prédictive
Crittenden rapporte dans le manuel de notation du CARE-Index (Crittenden
2004, p. 8) que Crittenden et Bonvillian (1984) ont trouvé « des résultats diffé-
rents en utilisant la mesure avec des mères de classe moyenne à risque faible,
des mères sourdes, des mères à faible revenu, des mères avec un retard mental,
des mères maltraitantes et des mères négligentes ».
RÉVISIONS
1999.
ÉVALUATION
Le comportement maternel atypique, en particulier les aspects de perturba-
tion de la communication affective parentale avec l’enfant. Benoit et al. (2001)
soulignent qu’AMBIANCE « a été conçu au départ pour trouver les origines de
l’attachement désorganisé d’un enfant et ses liens avec des problèmes émotionnels
et comportementaux » (p. 622). Cependant ils disent que leur étude pilote actuelle
« démontre son applicabilité aux études cliniques en particulier celles conçues pour
évaluer l’efficacité et la réalité du traitement » (p. 622).
148
Évaluation des soins
GROUPE D’ÂGE
Petits enfants.
MÉTHODE
Le système initial de codage était basé sur le comportement maternel ob-
servé dans tous les épisodes de la situation étrange (Lyons-Ruth, Bronfman et
Parsons 1999). AMBIANCE a aussi été utilisé pour coder le comportement mater-
nel atypique pendant une interaction de jeu de cinq minutes (Benoit et al. 2001).
(b) Un score résumé obtenu par l’addition des scores de chacune des cinq
dimensions ;
(c) Une échelle qualitative en sept points pour le degré de perturbation de la
communication ;
(d) Une classification bivariante pour la communication perturbée ou non
perturbée.
FIABILITÉ
Fiabilité entre évaluateurs
Lyons-Ruth et al. (1999) signalent un niveau élevé de « fiabilité entre évalua-
teurs6 ». Benoit et al. (2001) signalent aussi un accord élevé entre les évaluateurs7,
bien que les auteurs notent que leur fiabilité dans certaines échelles était légèrement
acceptable. Ceci suggère, écrivent-ils, « qu’un entrainement plus intensif ou une
description plus développée dans le manuel peut être nécessaire pour préparer
cet outil à une utilisation plus large » (p. 622).
149
Comprendre l’attachement et ses troubles
VALIDITÉ
Validité convergente
Pour ces dimensions où des comportements équivalents étaient évalués, les
sous-scores d’AMBIANCE étaient corrélés significativement avec le comportement
maternel à la maison (Lyons-Ruth et al. 1999, 2004).
Validité prédictive
Comme prédit, la fréquence du comportement maternel atypique était significa-
tivement corrélée (r = 0,39, p < 0,01) avec l’étendue du comportement d’attache-
ment désorganisé de l’enfant (évalué sur l’échelle en neuf points pour le niveau de
comportement d’attachement désorganisé) (Lyons-Ruth et al. 1999). Les erreurs
de communication affective, la désorientation et le comportement négatif d’intru-
sion étaient aussi significativement reliés au niveau de désorganisation de l’enfant.
RÉVISIONS
Aucune trouvée.
ÉVALUATION
Les modes de comportement des parents dans une procédure de
séparation-réunion.
GROUPE D’ÂGE
Enfants de moins de 6 ans.
MÉTHODE
Le système de classification parentale est noté à partir de l’observation des
interactions parent-enfant dans une situation étrange et dans d’autres procédures
de séparation-réunion. L’attention est centrée sur le comportement parental à
travers l’ensemble de la situation, mais en particulier durant le moment de l’au
revoir et lors de la réunion. De plus une attention particulière est accordée aux cinq
dimensions du comportement du soignant : le regard, l’organisation de la proximité
150
Évaluation des soins
Ordonné-sécure : bêta
Les parents montrent un mode de comportement détendu et intime avec leurs
enfants lors de la situation étrange. Ils sont à l’aise pour surveiller les jeux de leurs
enfants et leur offrent du réconfort quand c’est nécessaire.
Ordonné-insécure : alpha
Les parents évitent ou éconduisent les interactions intimes, ou de soins, soit en
minimisant les interactions avec leurs enfants ou en restreignant les interactions à
des domaines qui ne concernent pas les soins, comme l’exploration.
Ordonné-insécure : gamma
Les parents encouragent excessivement le comportement d’attachement de
leurs enfants, l’intimité et la dépendance, tout en ayant tendance dans le même
temps à être contrariés par le fardeau que cela suppose.
Désordonné-insécure : delta
Les parents montrent une certaine désorganisation et une abdication dans
leur rôle de soignant avec leurs enfants : ils ne semblent pas prendre le rôle de
direction. Une classification secondaire la mieux adaptée Alpha, Bêta ou Gamma
est aussi réalisée.
Iota
Les parents montrent un mode qui est distinct des groupes Alpha, Gamma ou
Delta, ou une combinaison de ces modes. Plusieurs sous-modes ont été identifiés.
151
Comprendre l’attachement et ses troubles
FIABILITÉ
Fiabilité entre évaluateurs
Britner et al. (2005) signalent une fiabilité élevée entre évaluateurs. La moyenne
pour un accord exact sur les échelles en neuf points était de 78 %, et pour l’accord
à un point près, 89 %. L’accord total sur les cinq catégories de comportement
du soignant était de 86 %, et sur le comportement sécure-insécure l’accord était
de 90 %.
VALIDITÉ
Un niveau élevé et significatif de concordance a été observé entre la classifica-
tion en cinq catégories du soignant et la classification de l’enfant dans la situation
étrange (p < 0,01). L’accord total entre les mères Bêta/non Bêta et leurs enfants
sécures/insécures était de 85 %. Les auteurs soulignent que l’utilisation de ce
système dans d’autres contextes interactionnels parent-enfant est nécessaire pour
l’établissement d’une validité externe.
UTILITÉ CLINIQUE
CONCEPTEUR ET DATE
RÉVISIONS
Plusieurs révisions. Version 2004 : Parent Development Interview – Revised
(PDI-R) (Slade et al. 2004). Le PDI-R peut être utilisé pour noter le fonctionnement
réflexif parental (Slade et al. 2002). L’entretien a été adapté pour être utilisé avec
différentes populations. Il existe une version pour nourrissons, une version pour
petits enfants, une version revue et une version brève.
152
Évaluation des soins
ÉVALUATION
Les représentations que les parents ont de leurs enfants, d’eux-mêmes comme
parents et de leurs relations avec leurs enfants.
GROUPE D’ÂGE
Différentes versions peuvent être utilisées avec les parents de nourrissons ou
de petits enfants.
MÉTHODE
Le PDI est un entretien semi-structuré de 45 items. Comme l’AAI, il a pour but
d’évaluer les modèles internes opérationnels des relations. Donc dans une approche
similaire à celle de l’AAI, on demande aux parents de choisir cinq adjectifs pour
décrire leur relation avec l’enfant. L’entretien cherche à explorer la compréhension
que les parents ont des comportements de leur enfant, de ses pensées et de ses
sentiments. En plus, l’entretien demande aux parents de décrire leur expérience
affective intérieure d’être parents. De la même façon, on demande aux parents de
décrire l’expérience affective intérieure de leurs enfants, dans diverses situations.
L’entretien prend entre une heure et demie à deux heures pour être administré.
Le système de notation du PDI (Slade et al. 1993) est divisé en trois sections :
La qualité de la représentation
La troisième section de notation évalue « la qualité globale de la représenta-
tion qui se manifeste dans la cohérence de la représentation de l’enfant et dans la
richesse de perception des représentations parentales » (Slade et al. 1993, p. 3).
La plupart des échelles sont notées sur un continuum de neuf points, dont les
scores les plus bas indiquent des efforts pour éviter, dénier ou déjouer les expériences
153
Comprendre l’attachement et ses troubles
émotionnelles et les scores les plus élevés indiquent des niveaux plus perturbants et
intenses d’émotion. Certaines échelles sont notées sur une échelle à trois points et la
cohérence et la richesse des perceptions sont notées sur une échelle à cinq points.
FIABILITÉ
Fiabilité entre évaluateurs
Des scores élevés de fiabilité entre évaluateurs ont été signalés. Par exemple,
Aber et al. (1999) signalent des coefficients de fiabilité entre évaluateurs qui vont
de 0,80 à 0,95, avec une moyenne de 0,87 avec quatre évaluateurs entraînés.
VALIDITÉ
Validité du construit et validité prédictive
Slade et al. (1999) ont trouvé que les représentations parentales de l’enfant étaient
liées aux variables de l’attachement adulte et du maternage. Aber et al. (1999) signalent
que les changements dans l’expérience affective de parentage de la mère étaient pré-
dits par un maternage positif et des « difficultés quotidiennes ». Slade (2005) signale
que Hermelin-Kuttner (1998) a trouvé que « la flexibilité de l’égo maternel pendant la
grossesse prédit de faibles niveaux de colère et des niveaux élevés de détresse lors de
la séparation au PDI quand l’enfant a dix mois » (Slade 2005, p. 277).
UTILITÉ CLINIQUE
Il s’agit d’un instrument cliniquement utile qui explore avec une certaine pro-
fondeur les représentations que les parents se font de leurs enfants, d’eux-mêmes
comme parents, de leurs relations avec leurs enfants et de leur fonctionnement
réflexif parental.
CONCEPTEUR ET DATE
RÉVISIONS
Aucune trouvée.
ÉVALUATION
Les modèles opérationnels internes de la mère par rapport aux soins.
GROUPE D’ÂGE
Des enfants en début d’école primaire.
MÉTHODE
Il s’agit d’un entretien semi-structuré intensif de style clinique adapté du PDI.
On demande aux mères de se décrire comme parents, de décrire leur relation
avec leur enfant et de décrire comment elles gèrent des problèmes en lien avec
l’attachement comme les séparations et le début de la scolarité. Les réactions
154
Évaluation des soins
données sont notées sur leur contenu et sur le processus de pensée exprimé. Elles
sont notées sur quatre échelles :
Base de sécurité : évalue le degré avec lequel les représentations de soins
reflètent le dévouement maternel et la capacité de fournir une sécurité phy-
sique et psychologique et une protection.
Rejet : évalue le degré avec lequel les représentations de soins reflètent
l’enfant et le parent comme ne désirant pas participer à la relation de soins.
Incertitude : évalue le degré avec lequel les représentations de soins reflètent
le questionnement, le doute, la confusion ou l’indécision dans les opinions
en ce qui concerne le parent en tant que soignant, l’enfant et la relation.
Impuissance : évalue le degré avec lequel la représentation des soins reflète
les évaluations de soi-même, de l’enfant et de la relation comme étant hors
contrôle.
Chaque échelle a sept points. Tout score qui est au milieu ou au-dessus du
milieu est considéré comme caractéristique de la représentation mesurée. Donc,
une notation de quatre ou plus sur l’échelle de base de sécurité indique une mère
dont la représentation maternelle est celle de donner la sécurité.
FIABILITÉ
Fiabilité entre les évaluateurs
Bonne. L’accord entre les évaluateurs était élevé pour les quatre dimensions9.
VALIDITÉ
Validité concurrente
Bonne. Il y a une forte concordance entre les notations des représentations
maternelles de soins et l’attachement des enfants10.
9. George et Solomon (1996) : étude utilisant 32 dyades mère-enfant avec des enfants en âge
d’école maternelle. Les corrélations ont été calculées par 2 évaluateurs sur 24 entretiens. Base
de sécurité r = 0,77 ; rejet r = 0,81 ; incertitude r = 0,90 et impuissance r = 0,85.
10. Ibid. Les ANOVA indiquent une différence significative dans les scores sur les dimensions
maternelles par rapport aux classifications de la sécurité d’attachement chez les enfants. Base de
sécurité F = 11,04, p < 0,000 ; rejet F = 9,59, p < 0,000 ; incertitude F = 4,45, p < 0,01 et impuis-
sance F = 8,97, p < 0,000.
155
Comprendre l’attachement et ses troubles
UTILITÉ CLINIQUE
Bonne.
156
Troisième partie :
Corrélations entre
l’organisation
de l’attachement
et le fonctionnement
159
Comprendre l’attachement et ses troubles
Le tableau 10.1 (basé sur Belsky et Cassidy 1994 et Thompson 1999) résume
les domaines de fonctionnement qui sont susceptibles d’être associés à la sécurité
d’attachement d’une façon « étroite », « large » ou « très large ». Ces façons peuvent
être conceptualisées sur un continuum.
Pour savoir laquelle de ces vues est la mieux confirmée par les preuves il faut
envisager la question théorique suivante.
160
Quels sont les domaines de fonctionnement qui sont susceptibles d’être corrélés…
Compétence Compétence
interpersonnelle de jouer
Sécurité d’attachement
Compétence Compétence
interpersonnelle de jouer
Confiance en
Sécurité d’attachement
soi dans le jeu
Réaction parentale
Réaction parentale sensible
sensible au jeu
aux signaux d’attachement (soins)
161
Comprendre l’attachement et ses troubles
162
Quels sont les domaines de fonctionnement qui sont susceptibles d’être corrélés…
Il y a encore une autre possibilité (Modèle 5). Comme Greenberg (1999), repre-
nant Bowlby, l’explique « quand un lien de sécurité et de confiance se forme entre
le parent et l’enfant, le parent développe réciproquement un modèle opérationnel
favorable de l’enfant, un modèle qui inclut les attributions de réactivité, de chaleur
et de confiance, et donc prépare à des interactions réciproques et coopératives »
(p. 482). Donc il peut y avoir une boucle de rétroaction à l’intérieur de la relation
soins-attachement. Un enfant sécure entre en relation avec son soignant d’une
telle manière (positive, confiante) que le soignant réagit avec plus de sensibilité.
Tout en renforçant le lien affectif de soins, ceci peut générer de la sensibilité dans
d’autres domaines (hormis les soins) de parentage. Cette idée peut être représentée
schématiquement dans un cinquième et dernier modèle (voir figure 10.5).
Réaction parentale
Réaction parentale sensible
sensible aux signaux
au jeu
d’attachement (soins)
Figure 10.5 Modèle 5 : Une boucle de rétroaction peut opérer dans laquelle la sécurité
d’attachement renforce la sensibilité du donneur de soins dans un autre
domaine de parentage, par exemple le jeu, ce qui favorise une plus grande
compétence de l’enfant dans ce domaine.
Conclusion
Il est très difficile d’établir à partir des données disponibles lequel de ces
modèles, en tant que système heuristique, est le plus utile pour comprendre les
voies entre la sécurité d’attachement et le fonctionnement. Une chose cependant
est claire : la découverte d’une corrélation entre deux variables ne nous informe
pas de la direction ou de la voie de l’effet. Pour tester la voie, chacune des variables
du modèle doit être mesurée et leurs influences respectives doivent être calcu-
lées. Pour une recherche longitudinale, les variables intermédiaires, incluant un
changement possible dans la sécurité d’attachement, doivent aussi être évaluées.
Ceci nécessite une recherche théoriquement informée et méthodologiquement
rigoureuse (voir début du chapitre 11) et des mesures fiables des variables des
trois tiers du modèle, c’est-à-dire de la sensibilité parentale, des états de senti-
ment de l’enfant et des compétences de l’enfant dans divers domaines, et, pour
une recherche longitudinale, des mesures répétées dans le temps. Le lien entre
la sensibilité du soignant et la sécurité d’attachement est déjà établi ; le lien entre la
sensibilité parentale et les états de sentiment de l’enfant et ses compétences dans
163
Comprendre l’attachement et ses troubles
d’autres domaines demande beaucoup d’études. Bien qu’un travail important ait
déjà été réalisé, les « frontières d’attachement » et les « énigmes dérivées » (Belsky
et Cassidy 1994, pp. 381-383) pour les différents domaines de fonctionnement
ne sont pas encore élucidées.
3 RÉSUMÉ
La sécurité ou l’insécurité d’attachement est acceptée comme un indicateur de
probabilité du fonctionnement d’un enfant dans plusieurs domaines. Ce qui est moins
clair ce sont les domaines associés à la sécurité d’attachement et les mécanismes
de ces associations. Des influences tant directes qu’indirectes peuvent opérer et, en
effet, la sensibilité du soignant et d’autres aspects associés du parentage peuvent
influencer le fonctionnement de l’enfant.
164
Chapitre 11
Preuves de corrélation
entre la sécurité/
l’insécurité d’attachement
et le fonctionnement
d’un enfant
1 PROBLÈMES DE RECHERCHE
1.1 Études transversales ou longitudinales ?
La question « Quelle est l’influence de la sécurité d’attachement sur le fonc-
tionnement ? » peut être posée de deux façons :
1. Quelle est l’influence de la sécurité d’attachement sur le fonctionnement
contemporain ou simultané ? (études transversales)
2. Quelle est l’influence de la sécurité d’attachement sur le fonctionnement
ultérieur ? (études longitudinales)
« Ultérieur » fait référence à une période de n’importe quelle durée entre l’éva-
luation de l’attachement et l’évaluation ultérieure du fonctionnement.
165
Comprendre l’attachement et ses troubles
166
Preuves de corrélation entre la sécurité/l’insécurité d’attachement…
Les échantillons cliniques ou à haut risque sont plus appropriés pour l’étude
des enfants avec des difficultés graves ou une psychopathologie. Il y a cependant
une exception importante à cette règle générale. Des échantillons normatifs de
taille particulièrement élevée devraient inclure un nombre suffisant d’enfants avec
des difficultés graves pour permettre des analyses de puissance suffisante. Pour
ces études cependant la question est de savoir si la récolte de données est suffi-
samment bonne dans le détail.
2 LES PREUVES
Il existe des preuves considérables, la plupart émanant de la Minnesota Study
of Parents and Children1, d’associations statistiquement significatives entre (a) un
attachement sécure dans la petite enfance et un bon fonctionnement ultérieur, et
(b) un attachement précoce insécure et des difficultés émotionnelles et compor-
tementales ultérieures.
1. Aussi connu comme le Minnesota Parent-Child Project. Des informations sur l’étude se trouvent
sur le site internet de l’Université du Minnesota (https://innovation.umn.edu/parent-child/ accédé
août 2021). Les détails de l’étude et ses observations ont été publiés dans The Development of
the Person (Sroufe et al. 2005a).
2. La taille de l’échantillon peut varier dans les rapports publiés. Ceci est dû à la disponibilité
de données pertinentes pour des questions spécifiques de recherche.
167
Comprendre l’attachement et ses troubles
Des évaluations très larges des caractéristiques des mères, des circonstances,
des attentes parentales et des soins prénataux ont été réalisées au moment où les
mères ont été recrutées dans l’étude. Les évaluations des mères et des enfants ont
continué après la naissance de l’enfant. Dans la petite enfance, des évaluations
des parents, du tempérament des enfants et des observations des interactions
parent-enfant ont été réalisées à la naissance (jour 1-3), à 3 mois, 6 mois (deux
fois) et 12 mois (deux fois). Les évaluations ultérieures ont été réalisées tous les
6 mois jusqu’à 2 ans 1/2, ensuite tous les ans jusqu’en 3e année3, 3 fois entre 9
et 13 ans, et à 16, 17 ½, 19, 23, 26 et 28 ans. La récolte des données incluait
des rapports des enseignants sur le comportement et la santé émotionnelle.
Actuellement les chercheurs évaluent l’adaptation des participants avant 30 ans
pour lier l’adaptation pendant cette période aux évaluations depuis la petite enfance
et pour identifier les facteurs qui rendent compte de la stabilité et du changement
à travers le développement.
3. 3e année d’études fondamentales, primaires, CE2, 9 ans… suivant les systèmes scolaires.
(NDLT)
168
Preuves de corrélation entre la sécurité/l’insécurité d’attachement…
fin de l’adolescence » (p. 246). L’attachement évitant était moins fortement, mais
significativement corrélé (r = 0,25) ; l’attachement résistant ne l’était pas.
169
Comprendre l’attachement et ses troubles
170
Preuves de corrélation entre la sécurité/l’insécurité d’attachement…
Weinfield et al. concluent que leurs données sur la compétence sociale sou-
tiennent fortement la théorie de l’attachement.
• Une plus grande harmonie dans la fratrie a été observée parmi les enfants
attachés de façon sécure à leurs parents que parmi ceux attachés de façon
insécure (Teti et Ablard, 1989). Cependant la promotion de l’harmonie dans
la fratrie peut être un aspect d’un parentage sensible qui est indépendant des
attachements des enfants.
• Dans le Regensburg Project, les adolescents sécures montraient de façon signi-
ficative plus de signes de défenses positives, comme la réflexivité, l’altruisme
et l’humour dans leur vision des expériences négatives vécues avec leurs
figures d’attachement que les adolescents insécures (Grossmann et al. 2005).
171
Comprendre l’attachement et ses troubles
• Weinfield et al. (1999) signalent que les enfants avec des passés d’attachement
résistant étaient généralement plus anxieux et moins volontaires et confiants
que les enfants avec des passés d’attachement sécure ou évitant. Ils décrivent
les observations de deux études comme exemples. Dans une étude les enfants
âgés de 4 ans ½ avec un passé d’attachement résistant étaient plus hésitants
devant un objet étrange que les enfants avec un attachement évitant ou sécure.
Dans une autre étude, les enfants avec un attachement résistant étaient identifiés
172
Preuves de corrélation entre la sécurité/l’insécurité d’attachement…
par leurs enseignants d’école primaire comme plus passifs et en retrait que les
enfants avec un attachement sécure et évitant.
• Greenberg (1999) signale des observations du Minnesota Parent-Child Project
(Warren et al. 1997) concernant la sécurité d’attachement et les troubles anxieux.
Un diagnostic actuel ou des antécédents de troubles anxieux ont été trouvés
chez 15 % de 172 jeunes de 17 ans lors d’un entretien psychiatrique. Un trouble
anxieux actuel ou ancien a été trouvé chez 12 % de ceux évalués sécures dans
la petite enfance, chez 16 % de ceux évalués évitants dans la petite enfance et
chez 28 % de ceux évalués ambivalents dans la petite enfance. Contrôlé pour
le tempérament du nourrisson et l’anxiété maternelle, l’attachement ambi-
valent dans la petite enfance prédit modestement, mais significativement le
trouble anxieux. Greenberg signale cependant que les individus sécures dans
la petite enfance n’ont pas montré un taux plus bas de troubles globaux que
les enfants ambivalents.
173
Comprendre l’attachement et ses troubles
Des études d’enfants désorganisés dans la petite enfance annoncent une enfance
ultérieure caractérisée par des comportements contrôlants, colériques, hostiles et
opposants. À côté de cette expression externe de difficultés cependant, les études
indiquent aussi que les enfants ont peu de confiance en eux et peu de compétences
sociales, rencontrent des difficultés scolaires et dans les évaluations des représenta-
tions internes, se décrivent et décrivent leurs soignants comme à la fois effrayants et
imprévisibles ou effrayés et impuissants. Comme Solomon (1995) le rapporte, « Le jeu
de la poupée des enfants contrôlants est caractérisé par des thèmes de catastrophe
et d’impuissance » (p. 447) ou par une inhibition complète du jeu, que les auteurs
décrivent comme une « stratégie crispée » (p. 460). La détresse, la vulnérabilité et la
« crispation » de ces enfants seront à nouveau envisagées dans la discussion suivante
concernant les troubles de l’attachement.
2.4 Discussion
Il existe des explications spéculatives pour des associations claires entre les
attachements insécures et les difficultés ultérieures.
Par exemple, Dozier, Stovall et Albus (1999) expliquent les raisons d’un lien
évitant-externalisant, résistant-internalisant. Une stratégie d’attachement insécure-
évitante implique la minimisation de l’expression des besoins d’attachement. Dans
cette stratégie, l’individu détourne de façon défensive son attention de l’indisponibilité
attendue de sa ou ses figures d’attachement et de la détresse qui l’accompagne.
L’exclusion défensive d’expériences et d’informations amène l’individu à s’inhiber
ou à se déconnecter de la réalité de son état de sentiment4 et de ses antécédents.
En se désintéressant de soi et sans résolution des représentations négatives, la
détresse s’exprime par externalisation. Donc, des stratégies de minimisation pré-
disposent l’individu à des troubles externalisés.
4. Comme décrit précédemment, les personnes évitantes n’en ressentent pas moins une détresse
mesurée psycho-physiologiquement lors d’une activation intense du système de comportement
d’attachement.
174
Preuves de corrélation entre la sécurité/l’insécurité d’attachement…
175
Comprendre l’attachement et ses troubles
3 RÉSUMÉ
Des observations claires provenant d’études transversales et longitudinales
montrent une association entre l’attachement sécure et un bon fonctionnement
dans de nombreux domaines. La sécurité d’attachement paraît aussi être un
tampon à la réponse physiologique au stress. Il existe des associations fortes
entre l’attachement précoce insécure-évitant et une agressivité ultérieure, un
comportement antisocial et des affects négatifs ; et entre un attachement précoce
insécure-résistant et une anxiété ultérieure et un comportement passif de retrait.
L’attachement insécure-désorganisé est fortement associé avec un comportement
ultérieur hostile et agressif ainsi qu’avec de la dissociation. Les mécanismes pos-
tulés ont été discutés dans ce chapitre.
176
Quatrième partie :
Qu’est-ce
qu’un trouble
de l’attachement ?
Il existe deux discours sur les troubles de l’attachement. Un est basé sur une
enquête scientifique rigoureuse qui cherche à comprendre les perturbations de
l’attachement en référence précise avec la théorie, les classifications internatio-
nales et les preuves. Ce discours se retrouve dans les journaux académiques et
les livres, et les références données pour soutenir les déclarations sont celles de
théoriciens Tizard, Hodges, Chisholm, O’Connor, Zeanah et leurs collègues dans
diverses équipes de recherche. Leur travail est revu dans le chapitre qui suit.
Un autre discours se retrouve dans certaines pratiques cliniques, dans une litté-
rature non académique et sur internet. Ce discours fait souvent référence fugitivement
à Bowlby et à la littérature académique, et ensuite passe à des déclarations qui n’ont
aucune base dans la théorie de l’attachement et pour lesquelles il n’existe pas de
preuve empirique. En particulier, et c’est très inquiétant, des déclarations non fondées
sont faites sur l’efficacité de thérapies alternatives « d’attachement ».
1 CLASSIFICATIONS INTERNATIONALES
Les troubles de l’attachement sont décrits, avec des directives diagnostiques,
dans deux classifications internationales majeures, la CIM-10 et le DSM-IV-TR.
Elles sont résumées ci-dessous.
179
Comprendre l’attachement et ses troubles
180
Deux versions du trouble de l’attachement
181
Comprendre l’attachement et ses troubles
Ce ton diabolisant des attributs et des descriptions de ces enfants très perturbés
et très perturbants n’est pas toujours contrebalancé par une reconnaissance de
leurs expériences passées de maltraitance et de négligence.
Il semble qu’il y ait une autorisation à produire des items sans limites pour
caractériser cette entité apparente. Des listes de « symptômes » de troubles de
l’attachement sont facilement trouvées et comprennent fréquemment :
• Évite le contact oculaire – en particulier avec les parents, et pourtant vous
regarde dans les yeux quand il ment.
• Pose sans arrêt des questions sans queue ni tête et bavarde sans cesse.
• Est fasciné par le feu, le sang, les maléfices, les armes et le diable.
• Entreprend des conflits autour de la nourriture en se bourrant, se goinfrant, en
refusant de manger, en mangeant des choses étranges.
• Fait preuve de cruauté envers les animaux.
• N’a pas de conscience, présente une absence complète de remords.
1. Le 21.04.2005 le nombre d’items générés par Google sur une recherche sur le terme « trouble
de l’attachement » était de 78.400, et le 25.10.2009, Google proposait 158 000 items en anglais
et 97 800 en français. Le 27.08.2021, la même recherche ramenait 128 000 000 d’items en anglais
et 4 470 000 en français.
182
Deux versions du trouble de l’attachement
3 RÉSUMÉ
Les définitions des troubles de l’attachement dans les classifications interna-
tionales et une autre version des troubles de l’attachement ont été décrites. Les
premières se trouvent dans la CIM-10 et dans le DSM-IV-TR et des différences
mineures entre les deux classifications ont été soulignées. L’autre version se
retrouve sur de nombreux sites web et dans certains livres et publications. Cette
version n’est pas reliée de façon discernable à la théorie de l’attachement, n’est
basée sur aucune preuve empirique solide et a donné lieu à des interventions dont
l’efficacité n’est pas prouvée et qui peuvent être dangereuses.
183
Chapitre 13
185
Comprendre l’attachement et ses troubles
2 LES PREUVES
Dans cette revue des études, seules les observations liées aux troubles de
l’attachement – inhibé et désinhibé – sont décrites. Les études comprennent sou-
vent des évaluations d’autres aspects du fonctionnement de l’enfant qui ne sont
pas incluses ici.
186
Recherches sur les troubles de l’attachement
Les enfants dans les pouponnières recevaient très peu de continuité de soins
bien que le personnel soit nombreux. À 2 ans, une moyenne de 24 soignants
différents s’était occupée des enfants pendant au moins une semaine. Même
sur cinq jours, six donneurs de soins différents en moyenne, à l’exclusion
de l’équipe de nuit, travaillaient avec chaque « groupe familial » d’enfants…
C’était une partie de leur formation, les équipes tournaient entre les groupes
familiaux d’enfants. Ils étaient de service ou non, allaient à l’université, en
vacances et finissaient par quitter pour de bon la pouponnière. Tous ces
mouvements étaient imprévisibles du point de vue des enfants. Dans ces
paramètres les plus basiques pour le développement d’une relation d’atta-
chement, les pouponnières étaient tout à fait à l’opposé d’une famille ordi-
naire. (p. 65)
La plupart des enfants quittaient les institutions entre 2 et 7 ans. Ils étaient
pour la plupart placés dans des familles adoptives, certains retournaient auprès de
leur(s) parent(s) biologique(s). Pour presque tous, c’était la première possibilité
de former des attachements sélectifs à un adulte disponible de façon régulière.
1. Le résumé suivant est basé sur Hodges 1996 avec la permission de l’auteur.
187
Comprendre l’attachement et ses troubles
Cependant les enfants avaient très peu de contacts avec leurs adultes pré-
férés, la plupart du temps ils ne voyaient leur infirmière préférée que quelques
minutes par jour et leur mère pas du tout. Par comparaison, les enfants élevés en
famille montraient des comportements d’attachement envers un petit nombre de
personnes, en moyenne quatre. Leur figure d’attachement principale était géné-
ralement leur mère.
Les enfants élevés en pouponnière étaient très timides et craintifs devant les
étrangers. Les enfants élevés en famille étaient relativement à l’aise avec les étran-
gers, « ce qui reflétait leur expérience avec un réseau social plus large » (p. 67).
Mais pour le reste, le développement des enfants en pouponnières différait peu de
celui des enfants élevés en famille.
COMMENTAIRE
Si l’organisation est définie comme une stratégie répétable pour obtenir la
proximité d’une figure en cas d’alarme, il semblerait d’après les descriptions
données que les comportements d’attachement des enfants étaient organisés de
façon anxieuse. Ceci était suggéré par les comportements qu’ils présentaient,
comme suivre, courir vers une figure, indiquer un souhait d’être pris dans les bras.
Comme le propose Hodges, il semble que le comportement d’attachement était
organisé autour d’un style cohérent de soins (assurés par divers soignants), ce à
quoi on peut s’attendre quand les soignants sont nombreux, « le comportement
de chacun se conformant plus ou moins au même mode » (Hodges 1996, p. 67),
plutôt qu’à ce qu’on peut attendre d’une figure spécifique. Il n’y a pas de signe de
trouble d’attachement inhibé.
188
Recherches sur les troubles de l’attachement
3.2 À 4 ans ½
ENFANTS ADOPTÉS
La majorité des enfants continuait à être très collants. Hodges suggère que ce
comportement semble refléter un sentiment permanent d’insécurité ; beaucoup de
mères étaient ambivalentes par rapport au retour de leur enfant et menaçaient de le
renvoyer à la pouponnière. Les enfants étaient aussi plus démonstratifs dans leurs
manifestations d’affection et recherchaient plus l’attention que les enfants élevés
en famille. Certains enfants étaient excessivement amicaux avec des étrangers et
pouvaient permettre à des étrangers de les consoler.
COMMENTAIRE
Quelques signes montrent que le comportement d’attachement de la majorité
des enfants sortis de l’institution était organisé. Cependant, pour 17 % des enfants
adoptés, leur mère adoptive ne les trouvait pas profondément (sic) attachés, ce qui
suggère la persistance d’un trouble d’attachement désinhibé. Le comportement d’un
grand nombre d’enfants retournés chez eux semblait refléter un sentiment perma-
nent d’insécurité. De plus certains adoptés et certains enfants retournés auprès de
leurs parents biologiques, mais aucun des enfants élevés en famille, étaient décrits
comme excessivement amicaux avec les étrangers. Le comportement de plusieurs
enfants sortis d’institution montrait donc une désinhibition permanente. L’observation
qu’aucun des enfants élevés en famille n’était décrit comme excessivement amical
avec les étrangers indique que ces enfants sont sélectifs de façon appropriée.
3.3 À 8 ans
ENFANTS ADOPTÉS
La majorité des mères adoptives sentaient que leur enfant adopté leur était
étroitement attaché. Les enfants étaient moins désinhibés dans leur comportement
189
Comprendre l’attachement et ses troubles
Les enfants étaient moins câlins avec leurs parents que n’importe quel autre
groupe et seule la moitié des mères sentait que leur enfant leur était étroitement
attaché. Un placement plus tardif était souvent associé à moins d’attachement à
la mère (ce qui n’était pas observé dans le groupe d’adoptés). Les enfants avaient
plus de probabilité que n’importe quel autre groupe d’accepter le réconfort et
l’affection d’étrangers. Les enseignants des enfants signalaient des comportements
de recherche d’attention, d’agitation, de désobéissance, de querelle et d’impopu-
larité avec leurs pairs. Les enfants de ce groupe montraient le plus de difficultés.
COMMENTAIRE
Hodges signale qu’il n’y a pas de preuve qui suggèrerait que la différence
entre les enfants adoptés et les enfants retournés chez eux s’explique par des
différences entre les enfants eux-mêmes avant le placement. « Cela semble lié à
l’environnement familial très différent offert par les parents adoptifs et les parents
biologiques » (p. 69). Hodges offre une explication pour les différences entre les
deux groupes dans le développement de liens d’attachement. Le désir des parents
adoptifs d’avoir un enfant contraste avec l’ambivalence de nombreux parents bio-
logiques. De plus, beaucoup de parents adoptifs avaient au départ voulu adopter
un bébé et donc avaient été plus tolérants devant les comportements dépendants.
En revanche les parents biologiques attendaient plus d’indépendance de leur jeune
enfant revenu que les parents des enfants élevés en famille.
Il existe des signes montrant qu’un plus grand nombre d’enfants adoptés étaient
sélectifs de façon appropriée par rapport aux enfants retournés dans leur famille
biologique.
3.4 À 16 ans
Les enfants adoptés et les enfants retournés en famille ont été appariés à des
enfants qui n’avaient pas été adoptés ou qui n’avaient jamais été en pouponnière.
190
Recherches sur les troubles de l’attachement
ENFANTS ADOPTÉS
Des difficultés dans les relations familiales étaient signalées beaucoup plus
fréquemment chez les enfants retournés chez leur(s) parent(s) biologique(s) que
chez les enfants adoptés ou appariés. Les enfants retournés étaient moins souvent
considérés comme attachés à leurs parents, ils montraient moins d’affection envers
leurs parents que les autres groupes, ils voulaient moins s’engager dans les discus-
sions familiales et s’identifiaient moins avec leurs parents. Ils avaient particulière-
ment de grandes difficultés dans leurs relations avec leur fratrie. Un cinquième à
deux cinquièmes des parents signalaient des amitiés non sélectives avec les pairs.
À 16 ans, les adolescents qui avaient été institutionnalisés et qui avaient des
parents adoptifs ou biologiques partageaient des caractéristiques importantes qui
les distinguaient des adolescents de comparaison. Hodges décrit cinq caractéris-
tiques principales :
• Orientation vers l’attention de l’adulte
• Mauvaises relations avec les pairs
• Moins de probabilité d’avoir un ami spécial
• Moins de recherche des pairs comme confidents
• Amitié non sélective avec les pairs
COMMENTAIRE
Hodges signale que bien que le comportement excessivement amical à 8 ans
n’était pas relié à l’amitié avec les étrangers à 16 ans, il y avait « une association
significative entre l’amitié excessive avec les adultes à 8 ans et une amitié non
sélective avec les pairs à 16 ans » (p. 72). À 16 ans, les enfants retournés chez
leurs parents biologiques continuaient à avoir de plus grandes difficultés dans leurs
relations familiales que les enfants adoptés. Cependant des difficultés dans les
relations avec les pairs étaient signalées pour les deux groupes d’adolescents
bien que les enfants retournés chez leurs parents biologiques aient montré de plus
grandes difficultés que les enfants adoptés. Il semble probable que ces différences
s’expliquent par les différences entre l’environnement après la pouponnière.
191
Comprendre l’attachement et ses troubles
L’amitié indiscriminée envers les pairs à l’adolescence peut être vue comme
un héritage de l’expérience institutionnelle précoce. À l’adolescence, l’orientation
sociale va de plus en plus vers les pairs, parmi lesquels de futures figures d’atta-
chement vont émerger à l’âge adulte.
ÉCHANTILLONS
Groupe provenant des orphelinats roumains (RO)
Ce groupe était formé de 46 enfants qui avaient passé au moins 8 mois dans un
orphelinat roumain avant leur adoption au Canada. L’âge des enfants au moment
de l’entretien avec les parents allait de 17 à 76 mois (médiane 30 mois) ; ils étaient
dans leur famille adoptive depuis 4 à 25 mois (médiane 11 mois).
MESURES
Sécurité d’attachement
Il y avait 23 items allant du niveau le plus élevé2 au niveau de plus bas3 sur
l’échelle de sécurité de l’Attachment Q-sort.
2. Par exemple « l’enfant vous utilise comme une base à partir de laquelle il explore ».
3. Par exemple « l’enfant est exigeant et impatient avec vous ».
192
Recherches sur les troubles de l’attachement
RÉSULTATS
Sécurité d’attachement
Les enfants RO avaient des scores significativement plus bas que les enfants CB
(p < 0,006) et plus bas que leurs appariés RC (p < 0,05). Les scores de sécurité
des enfants RC ne différaient pas de façon significative de ceux des enfants appa-
riés CB. Les items qui étaient significativement plus caractéristiques des enfants
RO que des enfants CB ou RC étaient « veut être mis par terre et ensuite s’énerve
ou veut être repris dans les bras immédiatement » et « quand il est perturbé, a
tendance à rester où il est et pleure ».
Il n’y avait pas de corrélation significative entre les scores des enfants pour
l’amitié indiscriminée et leur sécurité d’attachement, que ce soit pour le groupe RO
ou le groupe RC.
193
Comprendre l’attachement et ses troubles
COMMENTAIRE
L’item « quand il est perturbé, a tendance à rester où il est et pleure » qui était
plus caractéristique des enfants RO suggère un certain échec à mettre en acte
un comportement organisé, indiquant la persistance d’un trouble réactionnel de
l’attachement inhibé.
MESURES
Sécurité d’attachement : évaluation comportementale
Une procédure de séparation-réunion, développée avec l’aide de Crittenden,
a été filmée et codée suivant le Preschool Assessment of Attachment (PAA)
(Crittenden 1992). Les modes qui étaient à la fois moins fréquents et plus extrêmes
étaient considérés comme des modes insécures atypiques.
194
Recherches sur les troubles de l’attachement
RÉSULTATS
Sécurité d’attachement : Temps 2 (PAA)
La fréquence des modes d’attachement insécure dans le groupe RO était de 63 %,
42 % dans le groupe CB et 35 % dans le groupe RC. Un nombre significativement
plus élevé d’enfants RO que d’enfants CB ou RC montrait des modes insécures
atypiques. Parmi les enfants RO, 12 % étaient évalués comme défensifs/coercitifs
(A/C) alors qu’aucun enfant des groupes CB ou RC n’était évalué comme ayant
ce mode d’attachement. De plus 9 % des enfants RO étaient évalués « insécure
(autre) » alors qu’aucun enfant CB ou RC ne l’était.
Dans sa discussion, Chisholm dit que, contrairement aux dires de Spitz (1945)
et Goldfarb (1955) concernant les enfants institutionnalisés, les enfants provenant
des orphelinats roumains « étaient capables de former des relations d’attachement
avec leurs parents adoptifs » (p. 1022).
D’abord, rappelant les observations de Crittenden que les enfants qui ont souffert
de négligence précoce, au moment de l’acquisition de la marche, cherchent sans
retenue des stimulations et de nouvelles expériences, Chisholm suggère que l’amitié
indiscriminée des enfants RO « pourrait aussi refléter un besoin de stimulations
après un début de vie sans stimulation » (p. 1103). Une deuxième possibilité est
que ce comportement amical indiscriminé a été renforcé par le plaisir des parents
devant leurs dispositions amicales et l’attention qu’ils recevaient des étrangers à
la suite de leur adoption.
195
Comprendre l’attachement et ses troubles
Chisholm conclut : « Étant donné que même les enfants RO classés sécures
présentent des amitiés indiscriminées, je ne peux pas être d’accord avec l’idée
que leurs amitiés indiscriminées devraient être considérées comme un trouble de
l’attachement » (p. 1104). L’essentiel de ce comportement « n’est pas directement
lié à leur attachement à leurs parents » (p. 1104). Finalement, Chisholm suggère
que, bien que l’expérience des enfants dans les orphelinats constitue un facteur de
risque, les soins institutionnels précoces seuls ne prédisent pas une insécurité d’atta-
chement ultérieure, d’autres stresseurs sont nécessaires.
COMMENTAIRE
Ce qui est peut-être le plus intéressant parmi les observations, c’est celle qui concerne
l’absence persistante d’une association entre la sécurité d’attachement et le compor-
tement amical indiscriminé. Ceci indique fortement que la formation/l’organisation de
l’attachement et la désinhibition sont des dimensions indépendantes du comportement
d’attachement. Chisholm essaie d’expliquer la persistance du comportement indiscri-
miné comme étant une forme d’adaptation au nouvel environnement.
Une autre vue du comportement indiscriminé persistant est qu’il n’est pas adaptatif
et qu’il représente une réelle difficulté pour ces enfants. Ses observations indiquent
qu’un parentage favorisant la sécurité, pour un grand nombre d’enfants élevés en
orphelinat, ne les protège pas contre la persistance de comportements indiscriminés.
ÉCHANTILLONS
Adoptés roumains
Cet échantillon était formé d’enfants adoptés dans des institutions roumaines
(n = 93) et dans des familles roumaines très carencées (n = 18) (pas nécessairement
des familles de naissance) adoptés par des familles britanniques entre février 1990
et septembre 1992 :
– 58 enfants placés avant 6 mois
– 59 enfants placés entre 6 et 24 mois
Six enfants ont été exclus après avoir appris qu’ils étaient entrés au Royaume-Uni
après 24 mois. Donc, adoptés roumains, n = 111.
Échantillon de comparaison
L’échantillon de comparaison était formé de 53 enfants nés au Royaume-Uni
et placés en famille adoptive entre 0 et 6 mois.
196
Recherches sur les troubles de l’attachement
MESURES
Attachement enfant-parent
Une évaluation modifiée de séparation-réunion conçue par Marvin et Rutter
(1994) pour activer légèrement le système d’attachement de l’enfant a été menée
au domicile de l’enfant.
Pour certaines analyses, les chercheurs ont distingué les enfants en « organi-
sés » ou « non organisés ».
RÉSULTATS
Distribution de la classification d’attachement dans la procédure de séparation-
réunion
Parmi les enfants roumains placés tardivement, 51 % ont reçu une classification
« insécure-autre » par rapport à 16 % des enfants britanniques adoptés précocement
et 34 % des enfants roumains placés précocement.
197
Comprendre l’attachement et ses troubles
Les enfants considérés comme gravement désinhibés avec les étrangers étaient
surtout classés insécures-autres.
Parmi d’autres conclusions, les auteurs suggèrent que les enfants classés
insécures-autres ne montrent pas de corrélation prévisible dans « l’organisation
ou dans des modes de comportement plus étroitement associés avec la théorie de
l’attachement », c’est-à-dire l’attachement, l’affiliation, la peur/la circonspection et
l’exploration (p. 34). Ceci contraste avec les enfants qui ont développé une relation
d’attachement discriminée tôt dans la vie.
COMMENTAIRE
Cette brève revue ne fait pas justice à cet important article. Les observations
des auteurs selon lesquelles les enfants ex-institutionnalisés placés tardivement
« montrent une forme d’insécurité qui n’est pas semblable aux autres formes d’insé-
curité identifiées dans des recherches précédentes sur les échantillons normaux
et à risque » (p. 29) rappellent les observations de Zeanah et al. en 2005 (voir les
conclusions de l’auteur p. 229).
198
Recherches sur les troubles de l’attachement
ÉCHANTILLON
Adoptés roumains
Ce groupe est formé d’enfants adoptés par des familles britanniques : un groupe
d’enfants était placé avant 6 mois et l’autre groupe entre 6 et 24 mois (comme
dans l’étude de O’Connor et al. 2003b).
Échantillon de comparaison
Cet échantillon de comparaison est formé d’enfants nés au Royaume-Uni et
adoptés entre 0 et 6 mois (comme dans l’étude de O’Connor et al. 2003b).
MESURES
Comportement d’attachement désinhibé
Les comportements montrés étaient :
• Manque évident de différenciation entre les adultes ;
• Indication claire que l’enfant partirait facilement avec un étranger ;
• Manque évident de vérification auprès du parent dans des situations anxiogènes.
RÉSULTATS
Comportements de troubles de l’attachement à 6 ans : échantillons roumains
Un chevauchement modéré entre les quatre items de troubles de l’attachement
(trois désinhibés, un inhibé) a été observé. Ce chevauchement était considérable-
ment plus grand entre les items désinhibés qu’entre les items désinhibés et le seul
item de comportement inhibé.
199
Comprendre l’attachement et ses troubles
Comme l’item de comportement inhibé n’était pas fréquent, n’était pas relié
aux items de comportement désinhibé et ne permettait pas de distinguer un sous-
groupe d’enfants, il a été abandonné dans les analyses ultérieures.
Dans leur discussion, les auteurs font une remarque importante à propos de
l’exigence de soins pathologiques dans les critères du CIM-10 et du DSM-IV-TR
pour le trouble de l’attachement :
COMMENTAIRE
Cette étude fournit des preuves supplémentaires de la persistance d’un com-
portement désinhibé chez une minorité assez importante d’enfants qui ont vécu
des carences précoces. L’évaluation de l’organisation de l’attachement n’est pas
décrite dans cet article. Cependant, les chercheurs ont cherché à identifier la
perturbation de l’attachement inhibé avec le seul item concernant l’impossibilité
de chercher du réconfort en cas de détresse. Leur observation que peu d’enfants
(3 %) montraient ce comportement suggère que ce comportement diminue quand
l’enfant reçoit des soins sensibles.
200
Recherches sur les troubles de l’attachement
Il est possible que le seul item « inhibé » ne montrait pas à 6 ans la nature aty-
pique du comportement d’attachement des enfants, qui avait été observée lors de
l’évaluation à 4 ans. La description de la catégorie « insécure-autre » dans l’article
de 2003 décrivant les adoptés à 4 ans ressemble à un comportement désorganisé.
ÉCHANTILLON
Groupe de soins standard (ST)
Ce groupe était formé de 32 enfants roumains vivant dans une institution rési-
dentielle de Bucarest et recevant des soins standard. Ces enfants étaient pris en
charge par plus de 20 personnes différentes, travaillant en équipes tournantes et
responsables d’un grand nombre d’enfants (souvent 3 soignants pour 30 enfants
dans chaque équipe). La majorité des enfants avait été placée dans l’institution
dans les premiers mois de leur vie pour des raisons « sociales ». Les enfants étaient
âgés de 11 à 68 mois.
MESURES
Le Disturbances of Attachment Interview (DAI) (Smyke et Zeanah 1999). La pré-
sentation originale décrit le DAI comme un entretien semi-structuré conçu pour être
administré par des cliniciens à des soignants qui connaissent bien l’enfant et son
comportement. Si possible, il devrait être administré au soignant principal de l’enfant.
Les questions spécifiques ne cherchent pas à être exhaustives et les cliniciens sont
libres d’en ajouter d’autres.
201
Comprendre l’attachement et ses troubles
Réciprocité sociale et émotionnelle : « Est-ce que l’enfant échange avec vous, par
exemple est-ce qu’il vous parle ou vous montre qu’il est excité par quelque chose
ou est-ce qu’il ne partage rien ? Est-ce qu’il vous répond ou interagit avec vous ? »
RÉSULTATS
L’étude a montré que les enfants du groupe ST avaient des scores plus élevés de
signes de troubles de l’attachement que les enfants des groupes PI et NI. En ce qui
concerne l’échelle de TRA indiscriminé, les enfants du groupe ST avaient des scores
plus élevés que ceux du groupe PI ; les enfants du groupe PI avaient des scores plus
élevés que les enfants qui n’avaient jamais été institutionnalisés.
Une analyse factorielle avec une solution à quatre clusters « pour trier les
résultats par enfants individuels plutôt que par variables » (p. 977), distinguait
l’échantillon combiné des 94 enfants comme suit :
Cluster 1 : pas de trouble de l’attachement (n = 70).
Cluster 2 : non attachés, inhibés/en retrait (n = 6). Ces enfants ne semblaient
pas être attachés, étaient inhibés et en retrait émotionnel, mais d’une
certaine façon réactifs émotionnellement.
Cluster 3 : attachés/très indiscriminés (n = 9). Ces enfants avaient un soignant
préféré, mais n’arrivaient pas à chercher du réconfort quand ils étaient en
détresse et avaient un score élevé de comportement indiscriminé.
Cluster 4 : non attachés, inhibés/en retrait et indiscriminés (n = 9). Ces enfants
n’avaient pas de figure préférée et étaient modérément inhibés/en retrait
et indiscriminés.
202
Recherches sur les troubles de l’attachement
Dans leur discussion, les auteurs écrivent que l’analyse factorielle « défie les
conceptualisations du DSM-IV-TR et de la CIM-10 du trouble de l’attachement »
(p. 980), soulignant que le comportement indiscriminé était une composante de
tous les clusters à l’exception du cluster 1.
COMMENTAIRE
Dans le DAI, la question 2a – « n’arrive pas à chercher ou à réagir au réconfort
du soignant préféré quand il est blessé, effrayé ou en détresse » – comprend deux
questions simultanément : (1) est-ce que l’enfant recherche le réconfort (c’est-à-
dire est-ce que l’enfant est inhibé) ? (2) est-ce que l’enfant est discriminant dans
le choix de l’adulte auprès de qui il recherche du réconfort (c’est-à-dire est-ce que
l’enfant est désinhibé) ?
ÉCHANTILLON
Groupe institutionnalisé
Le groupe institutionnalisé était formé de 95 enfants qui avaient passé en
moyenne 90 % de leur vie dans des institutions. Écart d’âge : de 12 à 31 mois
(âge moyen = 23.85).
Groupe en famille
Le groupe en famille était un groupe de comparaison de 50 enfants vivant avec
leurs parents, recrutés dans des consultations pédiatriques. Écart d’âge : de 12 à
31 mois (âge moyen = 22.25).
MESURES
Formation et qualité de l’attachement
Procédure de la situation étrange. Les enfants du groupe institutionnalisé
étaient évalués avec leur soignant « favori ». « Si aucun soignant favori ne pouvait
être identifié, l’enfant était vu avec le soignant qui travaillait régulièrement avec
l’enfant et connaissait bien l’enfant » (p. 1018).
203
Comprendre l’attachement et ses troubles
Trouble de l’attachement
Le Disturbances of Attachment Interview (DAI) précédemment décrit
(voir p. 224). Pour cette étude, le type TRA inhibé/en retrait émotionnel était noté
en utilisant les items 1 à 5 (scores de 0 à 10) ; le type TRA désinhibé était noté en
utilisant les items 6, 7 et 8 (scores 0 à 6).
Environnement de soins
Le Observational Record of the Caregiving Environment (ORCE) (NICHD
Early Child Care Research Network 1996, 1997, 2003) a été adapté de deux
manières. D’abord, plutôt que d’utiliser l’approche « sur le vif » de l’étude du
NICHD, les sujets ont été filmés pour faciliter une notation ultérieure en aveugle
par des évaluateurs. Ensuite, des items qualitatifs ont été ajoutés, comme déré-
gulation marquée, comportement stéréotypé et gestuelle communicative.
Le ORCE a été utilisé tant dans les institutions qu’au domicile des enfants. Les
enfants étaient filmés avec leur soignant pendant une heure et demie. Les enfants
institutionnalisés étaient filmés avec leur soignant favori.
Habiletés cognitives
Bayley Scales of Infant Development.
RÉSULTATS
Signes de TRA
Les enfants institutionnalisés avaient des niveaux significativement plus élevés
de TRA inhibé/en retrait émotionnel et de TRA désinhibé/socialement indiscriminé
que les enfants en famille (p < 0,001 et p < 0,01). Il ne semblait y avoir aucune rela-
tion entre la durée de l’institutionnalisation et les signes d’un des deux types de TRA.
204
Recherches sur les troubles de l’attachement
Formation de l’attachement
Sur l’échelle de formation de l’attachement, tous les enfants en famille étaient
notés comme montrant des modèles d’attachement clairs A, B, C ou D, alors que
3 % seulement des enfants en institution étaient notés de cette façon.
La qualité des soins était corrélée au TRA inhibé/en retrait émotionnel dans le
groupe institutionnalisé (p < 0,001), mais n’était pas corrélée au TRA désinhibé/
socialement indiscriminé.
Selon les auteurs, une observation très importante de l’étude était que, quand les
enfants avec des attachements faiblement formés avaient des modes d’attachement
discernables, ces modes apparaissaient anormaux ou incomplètement développés.
Ils concluent de cela que « la signification des classifications d’attachement sécure
et désorganisé est différente dans les groupes en famille et en institution » (p. 1024).
Ils concluent de plus que les résultats suggèrent que « les perturbations cli-
niques, telles qu’elles sont reflétées par les signes de TRA, sont corrélées au degré
de développement et d’expression des comportements d’attachement » (p. 1024)
plutôt qu’à l’organisation d’un mode particulier.
COMMENTAIRE
Les classifications de l’attachement aux points 2 et 4 de l’échelle de notation
de la formation de l’attachement sont basées sur des présentations minimales de
comportement d’attachement et ont donc été « forcées » ; elles devraient peut-être
être traitées avec prudence.
205
Comprendre l’attachement et ses troubles
ÉCHANTILLON
Famille d’accueil
Échantillon de 20 enfants provenant d’un service clinique traitant des enfants
placés en famille d’accueil pour mauvais traitements constatés par l’état.
MESURES
Les troubles de l’attachement ont été évalués en utilisant les critères alternatifs
de Zeanah et Boris et les critères diagnostiques du DSM-IV-TR et de la CIM-10.
De plus une procédure de situation étrange et l’Attachment Q-sort ont été utilisés.
4. Head Start est un programme préscolaire américain destiné aux enfants défavorisés. Créé
en 1965 et financé par le gouvernement fédéral des États-Unis, il est désormais le plus important
programme éducatif voué aux enfants d’âge préscolaire vivant dans la pauvreté. En 2005-2006,
il desservait quelque 900 000 enfants de trois et quatre ans. Initialement, l’objectif du programme
était d’élever les enfants pauvres au même niveau que leurs pairs plus favorisés au moment
de leur entrée à l’école. Comme les concepteurs d’Head Start conviennent que les jeunes
enfants qui vivent dans la pauvreté ont besoin de beaucoup plus qu’une éducation préscolaire
afin de se préparer pour l’école élémentaire, le programme fait appel à une approche intégrée
qui offre une combinaison de services éducatifs, sociaux, nutritionnels et de santé à des enfants
de trois à cinq ans et à leur famille à faibles revenus. Plus spécifiquement, cela comprend des
services d’éducation à la petite enfance, des dépistages médicaux, des repas nutritifs et des
formations parentales. Un projet qui va de pair avec Head Start, appelé Early Head Start, offre
des services à plus de 60 000 enfants de moins de trois ans. Ce programme a été créé en 1994.
(NDLT)
206
Recherches sur les troubles de l’attachement
RÉSULTATS
Il y a peu de différence dans la distribution des types de troubles « sociabilité
indiscriminée », « mise en danger de soi », « inhibé » et « désinhibé » (CIM) entre les
enfants maltraités et les enfants sans abri. Cependant dix enfants de l’échantillon
maltraité et un du groupe des sans-abri étaient évalués comme ayant un trouble de
l’attachement interrompu5. Le trouble le plus fréquemment observé était « renverse-
ment des rôles » trouvé de façon intéressante surtout dans le groupe des sans-abri.
Cependant pour la plupart des analyses, les enfants dont le seul indicateur de trouble
était « renversement des rôles » étaient reclassés comme n’ayant pas de troubles.
Les auteurs rapportent que « les enfants de l’échantillon maltraité avaient de façon
significative plus de probabilité de correspondre aux critères pour un ou plusieurs
troubles de l’attachement que les enfants des autres groupes (p < 0,001) » (p. 568).
COMMENTAIRE
Comme il en sera discuté dans le chapitre suivant, il existe des raisons de sug-
gérer que le « trouble de l’attachement interrompu » ne devrait pas être considéré
ou défini comme un trouble.
5. Deux types de troubles de l’attachement interrompu distingués dans un tableau ne sont inclus
ni dans les critères alternatifs présentés ni dans ceux décrits dans le texte.
207
Comprendre l’attachement et ses troubles
ÉCHANTILLON
L’échantillon était constitué de 94 enfants vivant en famille d’accueil et qui
avaient vécu des mauvais traitements.
MESURES
L’évaluation du trouble de l’attachement était faite en utilisant les huit premiers
items du Disturbances of Attachment Interview (DIA) (Smyke et Zeanah 1999)
décrit plus haut (p. 224). Les critères du DSM-IV-TR pour le TRA et les critères de
la CIM-10 pour le TRA et le TDA étaient aussi utilisés.
La procédure pour la récolte des données se faisait comme suit. Quatorze clini-
ciens d’un programme d’intervention étaient responsables de l’évaluation complète
de 94 enfants, de leurs parents biologiques et de leurs parents d’accueil, trois mois
après l’arrivée de l’enfant dans sa famille d’accueil. Les cliniciens avaient évalué
67 % des enfants entre 2 et 20 mois auparavant. Le reste des enfants étaient des
cas en cours. Ces cliniciens ont été interviewés par le groupe de recherche en ce
qui concerne le comportement d’attachement de chaque enfant au moment de
l’évaluation en utilisant le DAI. En plus de cette procédure, pour chaque enfant,
trois psychiatres expérimentés pour enfants et adolescents ont appliqué les critères
du DSM-IV-TR et de la CIM-10 pour les troubles de l’attachement aux données
provenant des entretiens avec les cliniciens.
COMMENTAIRE
Cette procédure soulève deux questions. D’abord, le DAI a été conçu pour être
administré à des soignants principaux. Son administration à d’autres (cliniciens)
qui connaissent moins bien l’enfant déforce la fiabilité de l’information. Ensuite,
pour la majorité des enfants les cliniciens se sont rappelé rétrospectivement les
comportements de l’enfant 2 à 20 mois auparavant. Ici aussi, la question de la
fiabilité des informations se pose.
RÉSULTATS
En ce qui concerne les observations sur les diagnostics basés sur les critères
de la CIM-10 et du DSM-IV-TR, l’étude a montré que 35 % des enfants avaient un
diagnostic de TRA selon la CIM-10, 22 % un TDA selon la CIM-10 et 17 % les deux.
En utilisant les critères du DSM-IV-TR, 38 % des enfants avaient un diagnostic soit
de type inhibé/en retrait ou de type désinhibé/indiscriminé. (La coexistence des
deux types de troubles selon les critères du TRA du DSM-IV TR n’est pas rapportée.)
208
Recherches sur les troubles de l’attachement
« Quelques signes d’un soignant préféré » (dans le texte), mais forte indication
d’un soignant préféré dans la figure 16.
Cluster 4 (signes de troubles de l’attachement désinhibé/indiscriminé ; n = 15)
« Quelques signes d’avoir un soignant préféré » (dans le texte), mais forte
indication d’un soignant préféré dans la figure 17.
COMMENTAIRE
Cette évaluation soulève des préoccupations méthodologiques par rapport à
cette étude. Cependant, et même plus important, il semble y avoir une certaine
contradiction entre les observations telles qu’elles sont présentées dans la figure
d’analyse factorielle et telles qu’elles sont présentées dans le texte. En particulier
le texte n’attire pas l’attention sur ces observations surprenantes illustrées dans la
figure que les enfants qui montraient des signes de trouble de l’attachement inhibé/
en retrait émotionnel (cluster 3) montraient aussi des preuves assez fortes d’avoir
un donneur de soins préféré. Ceci n’est pas conforme à l’exigence implicite pour
un TRA qui est de ne pas avoir de figure d’attachement préférée, comme dit dans
le Practice Parameter pour le TRA (AACAP 2005).
Il y a un autre problème. Trente-huit pour cent des enfants ont reçu de trois
psychiatres un diagnostic soit de TRA inhibé soit de TRA désinhibé selon le DSM-
IV-TR. Cependant, en utilisant le DAI et l’analyse factorielle, 84 % des enfants
avaient un ou plusieurs signes de TRA. Cette contradiction n’est pas expliquée.
Étant donné que cette étude est presque unique pour rapporter la prévalence
du TRA chez des enfants maltraités par rapport à des enfants négligés et est citée
dans le Practice Parameter (AACAP 2005), une clarification serait utile.
209
Comprendre l’attachement et ses troubles
8 RÉSUMÉ
Les études évaluées dans ce chapitre concernent trois groupes différents
d’enfants et comprennent à la fois des études longitudinales et des études trans-
versales. Les études longitudinales concernent toutes des groupes d’enfants élevés
initialement en institution, en Angleterre et en Roumanie. Le groupe d’enfants
anglais était soit renvoyé dans leur famille ou placé en famille adoptive. Les enfants
roumains étaient adoptés soit dans des familles canadiennes soit dans des familles
britanniques. Les études transversales concernaient des enfants d’orphelinats rou-
mains et des enfants maltraités et à risque aux États-Unis d’Amérique.
Les observations de toutes ces études indiquent que (1) les formes inhibée
et désinhibée de troubles de l’attachement peuvent coexister dans des situations
d’extrême négligence ; (2) la forme inhibée s’améliore le plus souvent chez les
enfants adoptés hors de l’institution ; (3) le trouble de l’attachement désinhibé peut
persister même après un placement avec des soignants sensibles ; (4) la forme
désinhibée peut persister parallèlement à des comportements d’attachement struc-
turé envers les soignants permanents de l’enfant ; (5) ces attachements peuvent
être de type A, B, C ou D ou peuvent être atypiques.
210
Chapitre 14
La nature du trouble
de l’attachement
211
Comprendre l’attachement et ses troubles
d’un trouble de l’attachement, puisque tous les enfants élevés dans ces conditions
ne développent pas nécessairement un trouble de l’attachement.
212
La nature du trouble de l’attachement
Les trajectoires des deux types de trouble de l’attachement sont aussi diffé-
rentes. Alors que l’attachement désinhibé semble être durable, la forme inhibée
tend à s’amender avec la survenue d’un soignant disponible.
213
Comprendre l’attachement et ses troubles
Une fois qu’il est clair que « désinhibé » et « inhibé », dans les termes du trouble
de l’attachement, ne sont pas les opposés d’un même concept, mais sont en fait des
concepts différents, il devient clair qu’ils peuvent coexister chez le même enfant.
Divers termes sont utilisés pour décrire que le comportement d’attachement est
dirigé vers une personne ou vers quelques personnes en particulier. Bowlby utilise
le terme de « spécificité » (par exemple The Making and Breaking of Affectional
Bonds, p. 130). La sélectivité est un autre terme fréquemment utilisé. Les figures
vers lesquelles les comportements d’attachement différencié sont dirigés sont
appelées des figures discriminées, préférées ou choisies et les attachements qui
sont la conséquence de ces comportements sont appelés des attachements dis-
criminés ou sélectifs. Une fois que l’attachement est consolidé, une figure d’atta-
chement est par définition une figure choisie et un attachement est par définition
un attachement sélectif1.
En se référant aux preuves provenant des plusieurs études, dont l’étude par
Ainsworth des enfants Ganda, Bowlby (1969) décrit trois phases du développe-
ment du nourrisson dans la discrimination de figures familières et non familières :
(a) L’enfant ne montre pas de discrimination visuelle entre les étrangers et les
familiers.
(b) L’enfant réagit aux étrangers positivement et assez volontiers, bien que
pas aussi volontiers qu’avec les familiers ; cette phase dure habituellement
de 6 à 10 semaines.
(c) L’enfant se calme à la vue d’étrangers et regarde ; cette phase dure habi-
tuellement 4 à 6 semaines.
Ce n’est qu’après ces trois phases que le petit enfant montre une peur des
étrangers, comme une orientation et un mouvement d’écartement de l’étranger, des
gémissements, des pleurs et une expression faciale de dégoût. L’âge où une peur
indubitable apparaît pour la première fois à la vue d’étrangers varie d’un enfant
à l’autre et suivant les critères utilisés. Cela s’est observé chez des enfants aussi
jeunes que 26 semaines, en majorité vers 8 mois et pour une petite minorité pas
214
La nature du trouble de l’attachement
avant un an. Il existe quelques preuves que plus l’attachement sélectif se déve-
loppe tard, plus tard aussi se développe la peur de l’étranger. Bowlby rapporte des
observations de Schaffer (1966) que plus un enfant rencontre habituellement de
personnes, plus tard débute la peur de l’étranger.
Il est probable que la timidité devant l’étranger ne peut se former qu’une fois
que l’enfant a commencé à former un attachement sélectif. Jusqu’à ce moment,
le nourrisson ou le jeune enfant qui n’a pas de figure d’attachement disponible à
la suite d’une négligence extrême et/ou d’une succession de soignants ne peut
pas « se permettre » de ne pas montrer d’intérêt envers quelqu’un, même non
familier, puisque ce sont des figures d’attachement potentielles. De plus, devant
une succession de soignants, l’enfant ressent un flou dans la distinction entre les
figures familières et les étrangers. Si l’enfant continue à ne pas avoir la possibilité
de former un attachement sélectif vers 3 ans au plus tard, la période sensible
biologiquement déterminée pour développer la timidité devant l’étranger peut
être passée et la capacité de se méfier des étrangers, ou de rejeter une figure non
familière pour un comportement d’attachement, peut ne jamais se développer. Ces
enfants resteront donc socialement désinhibés même après avoir été placés avec
de nouveaux soignants avec qui ils montrent maintenant un mode reconnaissable
de comportement d’attachement dans la classification A, B, C ou D.
215
Comprendre l’attachement et ses troubles
Les troubles observés sont spécifiques aux interactions avec la figure d’atta-
chement plutôt que généralisés à toutes les relations sociales. Ils sont repris dans
le Disturbances of Attachment Interview (DAI) (Smyke et Zeanah 1999) décrit
dans le chapitre précédent.
216
La nature du trouble de l’attachement
3.4 Commentaire
L’item (a) dans les critères alternatifs de Zeanah et al. est d’un intérêt parti-
culier. « Manque d’exploration et collage excessif » est présenté comme prouvant
une relation perturbée ou troublée avec une figure discriminée. Cependant un tel
comportement chez l’enfant peut aussi être interprété comme indiquant une intense
expression d’attachement insécure ambivalent/résistant (C), suffisamment grave
pour être regardée comme un trouble.
Les items (b) et (c) n’ont que rarement été observés dans des échantillons
cliniques.
217
Comprendre l’attachement et ses troubles
ressemblent de près aux comportements des enfants qui ont formé un attachement
désorganisé. C’est donc une question pour les chercheurs et les théoriciens de l’atta-
chement (par exemple van IJzendoorn et Bakermans-Kranenburg 2003) qui suggèrent
qu’un TRA inhibé peut être vu comme une indication de désorganisation extrême.
218
La nature du trouble de l’attachement
CARENCE ET NÉGLIGENCE
Une motivation pour le vol est un sentiment de carence, qui peut continuer à
persister et mener à prendre de la nourriture ou des objets appartenant aux autres
et rechercher l’attention d’une façon qui semble compulsive.
Bien qu’elles soient donc reliées à leurs expériences passées, qui affectent
leurs attachements, la plupart des difficultés présentées par des enfants précédem-
ment maltraités ne font pas partie du système ou du paradigme comportemental
d’attachement.
Finalement, une minorité de ces enfants peut présenter des difficultés qui
appartiennent au spectre de l’autisme ou à un trouble hyperkinétique et qui pro-
viennent de l’enfant.
219
Comprendre l’attachement et ses troubles
6 RÉSUMÉ
Parallèlement à une incertitude persistante sur la nature précise des troubles
de l’attachement, trois critères sont clairs : les difficultés sont évidentes avant l’âge
de 5 ans, l’enfant a vécu une négligence grave ou de fréquents changements de
soignants et n’a pas eu, à un moment essentiel de son développement, une figure
d’attachement discriminée. Les formes inhibée et désinhibée, qui proviennent des
mêmes préalables et peuvent survenir en même temps, sont distinctes tant dans
leur nature que dans leur trajectoire. Les deux formes s’étendent aux relations
sociales au-delà du système comportemental d’attachement. Alors que le trouble
de l’attachement inhibé peut s’amender après un changement positif de soignant,
la forme désinhibée peut persister. Certains aspects des troubles de l’attachement
ressemblent à un attachement désorganisé.
220
Cinquième partie :
Interventions
thérapeutiques
basées sur la théorie
de l’attachement
(et quelques
interventions
qui ne le sont pas)
Introduction
Certaines des études sont appelées préventives, alors que d’autres sont réactives.
Même les interventions préventives se trouvent pour la plupart dans la catégorie
de la prévention secondaire (Browne, Davies et Stratton 1988) en s’adressant à
des groupes vulnérables ou à haut risque, mais avant que des dommages soient
survenus. En termes d’attachement, ceci voudrait dire que l’enfant va probablement
former un attachement désorganisé à moins qu’il n’y ait un changement et une
amélioration de la sensibilité du soignant. Ce sont soit des dyades parent-enfant
qui vivent dans des circonstances sociales stressantes ou des parents qui ont des
facteurs de risque de soins insensibles (par exemple toxicomanie ou alcoolisme,
enfance très perturbée ou maltraitée, ou traumatismes et pertes passées non
résolues).
223
Comprendre l’attachement et ses troubles
Un autre moyen de renforcer la qualité des soins pour l’enfant est de changer
de soignant. Cela se réalise en plaçant un enfant avec d’autres parents, dans sa
famille, en famille d’accueil ou en placement adoptif. Des preuves de plusieurs
études concernant l’efficacité du changement de soignant sont envisagées plus
loin (chapitre 17).
Une autre forme d’intervention est un travail direct avec l’enfant, soit individuel-
lement ou avec son soignant. Comme il a été décrit dans les troisième et quatrième
parties, les enfants avec des attachements insécures organisés et surtout avec des
attachements désorganisés sont perturbés dans de nombreuses sphères de leur
fonctionnement. Leurs difficultés reflètent des aspects ou des séquelles de leur dés/
organisation de l’attachement, telles que le comportement contrôlant ; ce sont des
corrélations de l’attachement insécure et désorganisé et/ou elles sont directement
dues à des expériences précoces de maltraitance et de négligence. L’essentiel de
ce travail thérapeutique n’est pas directement ou même indirectement basé sur la
théorie de l’attachement. Aucun n’a été évalué systématiquement et certains sont
nocifs. Ce travail sera revu dans un chapitre ultérieur.
224
Chapitre 16
Interventions basées
sur les preuves : renforcer
la sensibilité du soignant
1. Centre for Child and Family Studies and Data Theory à l’Université de Leiden, aux Pays-Bas.
Depuis plus de dix ans, le Centre for Child and Family Studies de l’Université de Leiden mène des
recherches concernant la théorie de l’attachement et les interventions basées sur l’attachement.
Cet ensemble de recherches inclut un nombre impressionnant de méta-analyses. La recherche
du Centre est concentrée dans trois domaines principaux : les études sur l’attachement, la théorie
et les méthodes et la théorie des données. Les thèmes des études sur l’attachement comprennent
l’adoption, la psychopathologie et l’intervention. L’essentiel de ce travail est cité et résumé sur le
site du Centre : https://www.universiteitleiden.nl/en/research/research-projects/social-and-
behavioural-sciences/adoption-and-foster-care (accédé août 2021)
225
Comprendre l’attachement et ses troubles
d’études d’enfants adoptés ont été incluses dans la méta-analyse et que la majorité
des échantillons sont des populations cliniques ou à risque.
Le temps est venu pour une synthèse quantitative des données qui ont été
rassemblées par de multiples efforts incoordonnés et d’essayer d’arriver à des
conclusions basées sur les preuves pour connaître les meilleures pratiques
d’intervention. (p. 196)
2. Les auteurs expliquent que Cohen définissait d comme la différence entre les moyennes
divisées par la déviation standard de chaque groupe (Cohen 1988). Par convention une taille
d’effet positive représente une amélioration et une taille d’effet négative représente une détério-
ration ou un effet opposé à la direction prédite. Très largement, une taille d’effet de d = 0,2 est
vue comme un petit effet, une taille d’effet de d = 0,5 est vue comme un effet moyen et une taille
d’effet de d = 0,8 est vue comme un grand effet, bien que ces limites ne doivent pas être traitées
strictement.
226
Interventions basées sur les preuves : renforcer la sensibilité du soignant
PsycLIT et MEDLINE en utilisant des mots clés pertinents ; ensuite, les références
citées dans cette littérature ont été rassemblées ; troisièmement les experts dans
le domaine ont été consultés. Les critères de sélection avaient pour but d’inclure
autant d’études d’intervention que possible, quelles que soient les qualités de la
recherche. « L’idée était de tester l’influence des caractéristiques de conception
empiriquement et de n’exclure aucune étude quantitative sur a priori » (p. 197).
Les études qui ont utilisé d’autres mesures du comportement maternel inte-
ractif étaient aussi incluses si les mesures étaient clairement reliées à la sensibilité.
227
Comprendre l’attachement et ses troubles
1.4 Résultats
SENSIBILITÉ
Les observations concernant la sensibilité étaient basées sur l’analyse de
81 études concernant 7 636 familles. Les études centrées sur des interventions
impliquant tant des mères que des pères n’étaient pas incluses. Un noyau
central de 51 études randomisées avec groupe contrôle a été établi impliquant
6 282 mères et leurs enfants. L’effet de l’intervention sur la sensibilité maternelle
dans les études randomisées était modéré, mais significatif (d = 0,33, p < 0,001).
La taille d’effet pour l’ensemble des 81 études était de 0,44. L’effet des études non
randomisées était encore plus large (d = 0,61). Donc, étant donné que les études
non randomisées suggéraient des effets gonflés, presque toutes les observations
rapportées concernent le noyau central des 51 études randomisées.
Études randomisées
On a observé que les interventions qui se centraient sur la sensibilité seule
étaient plus efficaces (d = 0,45, p < 0,001) que les interventions qui combinaient
la sensibilité et le soutien (d = 0,27, p < 0,001).
228
Interventions basées sur les preuves : renforcer la sensibilité du soignant
Dans une analyse par régression multiple des résultats de l’étude dans l’ensemble
des études, les auteurs ont trouvé que « les interventions centrées sur la sensibilité
et un début plus tardif des interventions prédisaient des tailles d’effet plus élevées,
même après avoir contrôlé les caractéristiques de l’échantillon » (p. 205) telles
qu’un SSE bas ou des mères adolescentes.
ATTACHEMENT
Vingt-neuf études d’interventions dont la mesure du résultat était la sécurité d’atta-
chement, et qui incluaient 1.503 participants, ont été analysées. La taille d’effet pour la
sécurité d’attachement était petite, mais significative (pour toutes les études, d = 0,19,
p < 0,05 ; pour 23 études randomisées avec groupe contrôle, d = 0,20, p < 0,05). Les
auteurs présentent d’autres observations par rapport aux trois questions.
(1) Quelles étaient les interventions les plus efficaces pour renforcer la sécurité
d’attachement du bébé ?
Basées sur l’analyse de noyau central des 23 études randomisées sur l’inter-
vention (n = 1.255), les observations suivantes ont été rapportées :
• La taille d’effet combiné pour la sécurité d’attachement était petite, mais
significative (d = 0,20, p < 0,05).
• Les interventions ayant pour but de renforcer la sensibilité (sans se
centrer sur le soutien ou la représentation) étaient les seules interventions
à montrer une taille d’effet significative (d = 0,39, p < 0,01).
• Les interventions de moins de 5 séances montraient une taille d’effet
significative sur la sécurité d’attachement du bébé (d = 0,27).
• Les interventions débutant après l’âge de 6 mois montraient une taille
d’effet significative (d = 0,31) et la différence comparée aux autres
interventions était significative.
• Les interventions qui n’utilisaient pas de retour vidéo montraient une
taille d’effet significative (d = 0,25) et la différence comparée aux autres
interventions était significative3.
• La plupart des caractéristiques de l’échantillon (par ex. le SSE) n’étaient
pas des modérateurs significatifs.
3. Cette observation est contredite dans une étude récente (Juffer, Bakermans-Kranenburg et
van IJzendoorn 2005) dans laquelle les auteurs signalent que leur programme préventif à court
terme avec un retour vidéo et un livre a diminué le taux d’attachement désorganisé.
229
Comprendre l’attachement et ses troubles
(2) Est-ce que les interventions plus courtes et comportementalement centrées sur
l’attachement étaient aussi plus efficaces dans les groupes à risque multiples, ou
bien est-ce que les familles perturbées ont besoin d’interventions plus intensives ?
Les méta-analyses ont été répétées sur 15 études randomisées sur des familles
à problèmes multiples. Les observations ont été :
• La taille combinée d’effet était similaire à celle trouvée dans l’ensemble
des études randomisées (d = 0,19).
• Les interventions ayant pour but la sensibilité seule apparaissaient les
plus efficaces (d = 0,34) pour renforcer l’attachement du bébé.
• Des résultats similaires ont été trouvés pour le nombre de séances, l’âge
plus avancé des bébés au moment du début de l’intervention et l’utili-
sation d’un retour vidéo.
• Les interventions centrées sur le comportement semblaient les plus
efficaces.
(3) Est-ce que les interventions efficaces qui ont pour but de renforcer la sensibilité
sont aussi plus efficaces pour renforcer la sécurité d’attachement du bébé ?
Les études avec les plus grandes tailles d’effet pour la sensibilité (d > 0,40)
étaient aussi les plus efficaces pour renforcer la sécurité d’attachement des enfants
(d = 0,45, p < 0,001)… En fait les seules études sur l’intervention qui rapportaient
une taille d’effet significative sur la sécurité d’attachement étaient les études avec
une grande taille d’effet sur la sensibilité (quand des données sur la sensibilité
étaient disponibles). (p. 208)
Conclusions
Dans leur discussion sur ces observations, les auteurs ont fait plusieurs
remarques importantes. La désorganisation de l’attachement n’était pas concer-
née parce que les interventions ne se centraient pas sur la prévention ou le chan-
gement de la désorganisation ou sur les comportements effrayés/effrayants des
parents. L’attrition dans le groupe contrôle (qui n’avait pas d’intervention) peut
compromettre la comparaison avec le groupe expérimental. Les auteurs soulignent
que les études sur l’intervention souffrent parfois de défauts méthodologiques.
Sur base de leur analyse, les auteurs décrivent leur conception de « l’étude idéale
sur une intervention » (p. 211)4. Il peut y avoir un effet dormant sur la sécurité
d’attachement ; c’est-à-dire que les changements dans la sensibilité maternelle
peuvent ne pas avoir eu le temps d’affecter la sécurité d’attachement au moment
du test. Les auteurs concluent : « Les interventions qui ont exclusivement un but
comportemental sur la sensibilité maternelle semblent être plus efficaces non seu-
lement pour renforcer la sensibilité maternelle, mais aussi pour prédire la sécurité
d’attachement des enfants » (p. 212).
Trois études incluses dans la méta-analyse ci-dessus ont été choisies pour
illustrer des processus d’intervention qui ont montré de bons résultats.
4. « L’étude idéale sur une intervention apparaît comme une conception randomisée avec un
groupe contrôle traité facticement et un prétest pour détecter et compenser un échec possible de
la randomisation. L’intervention doit être soigneusement décrite dans un protocole et la mise en
œuvre et l’évaluation de l’intervention devraient être indépendantes » (p. 211-212).
230
Interventions basées sur les preuves : renforcer la sensibilité du soignant
Les auteurs soulignent dès le début de l’article que bien que l’activité de l’enfant
soit considérée comme un catalyseur pour le travail psychothérapeutique évalué
dans cette étude, l’essentiel du travail se passe entre la mère et le thérapeute.
Cela dit, la présence, l’activité et le jeu de l’enfant « peuvent stimuler et offrir une
motivation pour le changement maternel » (p. 433).
Les chercheurs ont fait l’hypothèse que les enfants du groupe « regarder,
attendre et réfléchir » auraient plus de probabilité de devenir attachés de façon
sécure, montreraient plus de développement cognitif et réguleraient mieux leurs
émotions lors de tâches cognitives.
231
Comprendre l’attachement et ses troubles
Il n’y avait pas de différence significative entre les groupes dans la distribution
des attachements avant le traitement, avec 38 % des enfants classés insécures
(A ou C), 22 % sécures (B) et 39 % désorganisés (D). (Comme très peu d’enfants
étaient classés évitants, les catégories A et C ont été combinées dans l’analyse.)
Les changements dans la sécurité d’attachement à la fin du traitement sont pré-
sentés dans le tableau 16.15.
Malgré ces observations, aucun effet différentiel des traitements n’a été observé
dans la sensibilité maternelle telle qu’elle a été mesurée par l’échelle utilisée dans
l’étude, ce qui, soulignent les auteurs, était inattendu. Un ensemble apparemment
complet de mesures de sensibilité a été utilisé dans cette étude (la Chatoor Play
Scale), incluant des notations de la « réciprocité dynamique et du conflit dyadique »,
de l’intrusion maternelle et de l’absence de réaction maternelle. Cependant, il est
probable que les mesures utilisées ne se sont pas centrées sur ces aspects essen-
tiels de la réaction du soignant à l’attachement, qui sont les vrais précurseurs de
l’attachement sécure (Cassidy et al. 2005).
232
Interventions basées sur les preuves : renforcer la sensibilité du soignant
Les cibles de l’intervention dans cette étude étaient des mères et leur premier
enfant provenant de familles à faible SSE dans la région de Leiden aux Pays-Bas.
Les familles étaient localisées par les registres de naissance de l’hôpital universi-
taire. Les enfants étaient sélectionnés pour leur irritabilité en utilisant une échelle
de comportement néonatal au 10e et 15e jour après la naissance. Cette mesure a
été réalisée chez 588 bébés pour trouver le nombre prédéterminé de 100 bébés
irritables.
Les chercheurs ont trouvé que les effets de l’interaction étaient significa-
tifs pour toutes les composantes maternelles, que ce soit pour la réactivité
(p < 0,001), la stimulation (p < 0,001), l’attention visuelle (p < 0,01) et le
contrôle (p < 0,001). « En résumé, les mères qui participaient à l’intervention
différaient de façon significative des mères du groupe contrôle et les différences
trouvaient leur origine dans leur orientation réactive et stimulante envers leur
enfant » (p. 1469).
Ils ont aussi observé que les bébés de l’intervention avaient des scores significa-
tivement plus élevés que les bébés contrôles pour la sociabilité, l’auto-apaisement
et l’exploration, et qu’ils pleuraient moins aussi.
233
Comprendre l’attachement et ses troubles
Donc les effets de l’intervention étaient durables. De plus, les effets durables
sur certaines dimensions du comportement du parent et de l’enfant lors du suivi
étaient « portés par des effets antérieurs sur l’attachement » (p. 1813) ; c’est-à-dire
que ces effets étaient obtenus par l’intermédiaire de l’attachement.
234
Interventions basées sur les preuves : renforcer la sensibilité du soignant
communication affective, (b) de la confusion entre les rôles et dans les limites
(renversement des rôles), (c) un comportement effrayé/désorienté, (d) de l’intru-
sion/de la négativité et (e) un retrait.
Échantillon
Le groupe centré sur le jeu comprenait 14 dyades mère-enfant (une paire a été
exclue ultérieurement) envoyées dans une consultation pédopsychiatrique pour
évaluation de difficultés d’alimentation. L’âge moyen des enfants du groupe était
de 18,2 mois. Ces 14 paires étaient associées avec un groupe de comparaison qui
comprenait certains participants dans un autre essai randomisé-contrôlé concernant
des enfants nourris par sonde (âge moyen 12,5 mois). Les participants du groupe
comparatif dans lequel les parents étaient randomisés pour recevoir une courte
intervention centrée sur l’alimentation dans cet essai étaient inclus.
Procédure
Le comportement maternel atypique pendant une interaction de jeu de 5 minutes
était noté en utilisant l’AMBIANCE avant et après les interventions pour les deux
groupes.
235
Comprendre l’attachement et ses troubles
Résultats
Une réduction significative des comportements maternels atypiques a été
observée dans le groupe centré sur le jeu après l’intervention (p < 0,01) alors
que les comportements atypiques restaient stables dans le groupe centré sur
l’alimentation (p < 0,75).
En conclusion, les auteurs disent que, bien que les données actuelles soient
suggestives plus que conclusives, ces résultats apportent des preuves préliminaires
sur l’efficacité de l’Interaction Guidance et indiquent que les interventions centrées
sur la sensibilité peuvent aussi réduire les comportements perturbés qui peuvent
contribuer à un attachement désorganisé chez l’enfant.
Les deux études suivantes n’ont pas été incluses dans la méta-analyse revue
ci-dessus parce qu’elles concernaient des parents d’enfants plus âgés, préscolaires.
Les interventions sont décrites comme basées sur des modèles « en compéti-
tion ». Un modèle comprend des interventions psycho-éducatives, dont le but est
d’enseigner un parentage positif. Dans l’autre modèle, les interventions se centrent
sur le traitement de l’histoire maternelle d’attachement puisqu’elle affecte la relation
parent-enfant. Cette étude a été conçue pour évaluer laquelle de ces approches
est la plus efficace pour amener de bons résultats chez l’enfant.
236
Interventions basées sur les preuves : renforcer la sensibilité du soignant
En plus des services aux parents, les enfants du groupe d’intervention étaient
enrôlés toute la journée dans un programme préscolaire de dix mois, où ils appre-
naient à se préparer à l’école et à acquérir des compétences adaptatives dans les
relations avec leurs pairs.
237
Comprendre l’attachement et ses troubles
6.2 Échantillon
L’échantillon comprenait 122 mères et leurs enfants d’âge préscolaire. Quatre-
vingt-sept des familles avaient des antécédents documentés de maltraitance. Les
familles maltraitantes étaient attribuées de façon aléatoire aux groupes d’interven-
tion. Le groupe de psychothérapie parentale préscolaire comprenait 23 familles, le
groupe de psychoéducation à domicile comprenait 34 familles et le groupe standard
communautaire comprenait 30 familles. De plus, 35 familles non maltraitantes
servaient de comparaison.
6.3 Mesures
Onze débuts d’histoire ont été sélectionnés dans la MacArthur Story Stem
Battery (Bretherton et al. 1990b, décrit dans le chapitre 8) et dans la Attachment
Story Completion Task (Bretherton et al. 1990a). Tous les enfants ont reçu
l’ensemble des histoires à compléter avant (ligne de base) et après l’intervention.
De plus, une version modifiée de l’échelle globale d’attente des relations était
utilisée pour saisir les attentes de l’enfant en ce qui concerne la relation mère-enfant.
L’intelligence des enfants était évaluée à l’aide d’une version abrégée du WPPSI-R.
6.4 Résultats
Les scores de représentation maternelle adaptée augmentaient significative-
ment depuis la ligne de base jusqu’à la post-intervention pour les quatre conditions
d’étude et les représentations maternelles mal adaptées diminuaient. Le niveau
des autoreprésentations positives des enfants augmentait significativement avec
238
Interventions basées sur les preuves : renforcer la sensibilité du soignant
le temps dans les quatre conditions, alors que les scores d’autoreprésentation
négative et fausse restaient stables. De plus, les scores d’attentes mère-enfant
augmentaient significativement dans les quatre conditions d’étude.
Dans une analyse du t dans des échantillons pairés, on observait une diminution
largement significative après l’intervention pour les représentations maternelles
mal adaptées dans le groupe d’intervention par psychothérapie parentale prés-
colaire (p < 0,001). Une diminution significative marginale des représentations
maternelles mal adaptées était observée dans le groupe de psychoéducation à
domicile (p < 0,079). Aucune différence significative des scores de représentation
maternelle mal adaptée n’était observée après l’intervention dans les tests t pairés
dans les conditions de standard communautaire et dans le groupe de comparaison.
Dans les tests t pairés, on observait une réduction considérable des repré-
sentations négatives de soi chez les enfants après l’intervention (p < 0,001) dans
les conditions de psychothérapie parentale, alors que les enfants des groupes
de psychoéducation à domicile, de standard communautaire et de comparaison
ne montraient pas de changement significatif. Cependant les tests t montraient
une augmentation significative après l’intervention pour les autoreprésentations
positives des enfants dans les groupes de psychothérapie parentale, de standard
communautaire et de comparaison alors que seule une augmentation marginale
était observée chez les enfants du groupe de psychoéducation à domicile (p < 0,10).
Les auteurs soulignent que certains besoins du Cercle de Sécurité peuvent activer
des états de sentiments douloureux chez le soignant et entraîner « un avertissement
239
Comprendre l’attachement et ses troubles
interne ou un sentiment de danger » (p. 109). Ceci peut l’amener à prendre une
stratégie défensive en trompant l’enfant sur son besoin. Avec le temps, disent les
auteurs, cette stratégie défensive du soignant qui trompe l’enfant déclenche un
sentiment de danger chez celui-ci, le menant à se tromper aussi. Une boucle de
rétroaction auto-entretenue s’installe alors « dans laquelle tant le parent que l’enfant
évitent le besoin en se trompant l’un l’autre » (p. 109).
Pendant l’intervention, les soignants apprennent que tous les parents vivent
des signaux perçus comme particulièrement dangereux pour eux-mêmes quand le
besoin de l’enfant nécessite que le parent sorte de sa stratégie défensive. Le parent
apprend aussi que cette stratégie défensive est liée à ses propres expériences de
soins pendant l’enfance. Dans l’intervention, on présente aux parents des clips
vidéo d’une scène tranquille accompagnée par une musique douce et ensuite par
une version modifiée de la bande-son des « Dents de la Mer ». Ceci leur permet de
comprendre combien une expérience subjective peut affecter leurs sentiments par
rapport aux besoins de leur enfant.
7.1 Évaluation
Les dyades enfant-soignant sont évaluées avant l’intervention et dans les dix
jours qui suivent la fin d’une intervention de 20 semaines. L’évaluation comprend :
240
Interventions basées sur les preuves : renforcer la sensibilité du soignant
7.2 Classification
Le mode d’attachement de l’enfant est noté suivant la classification d’Ainsworth
pour les petits enfants (décrite dans le chapitre 3) ou le Preschool Attachment
Classification System (décrit dans le chapitre 8).
7.3 Intervention
Les objectifs d’une intervention individualisée sont développés sur base de la
classification, des notations et des observations cliniques. Les auteurs donnent
l’exemple suivant d’objectifs d’intervention habituels pour des donneurs de soins
détachés : « augmenter l’appréciation du besoin que leur enfant a d’eux ; augmenter
la compétence de lecture et d’enregistrement de signaux discrets de détresse de
l’enfant et réduire les erreurs dans les circonstances où le comportement d’attache-
ment de l’enfant est activé » (p. 115). Les soignants ont généralement des objectifs
individualisés à l’intérieur de cet ensemble d’objectifs communs.
Les auteurs signalent que les résultats préliminaires de l’analyse des données
de 75 dyades qui ont complété le protocole suggèrent un changement significa-
tif du mode d’attachement de l’enfant de désordonné à ordonné (55 % à 20 %),
une augmentation du nombre d’enfants classés sécures (32 % à 40 %), et une
diminution du nombre de soignants classés désordonnés (60 % à 15 %). D’autres
résultats sont attendus.
8 RÉSUMÉ
Plusieurs études ont montré l’efficacité d’interventions qui se centrent sur les
interactions soignant-enfant, en particulier sur la sensibilité du soignant et donc
sur son comportement envers l’enfant, en augmentant la sécurité de l’attachement
des jeunes enfants à leurs soignants. Ceci comprend à la fois un travail préventif
avec des groupes à haut risque et une réponse thérapeutique réactive pour des
dyades dans lesquelles des difficultés importantes ont déjà émergé.
241
Chapitre 17
Interventions basées
sur les preuves :
changement de soignant
Le changement de soignant ne peut être envisagé que s’il est presque certain
qu’il n’est pas possible de renforcer suffisamment la sensibilité du soignant ori-
ginel pour assurer les besoins de l’enfant dans un délai raisonnable pour celui-ci.
Comme le disent O’Connor et Zeanah, « il n’y a pas d’intervention plus radicale
que l’adoption » (2003, P. 225).
La revue des études par Rushton et Mayes présente des preuves provenant de
plusieurs études concernant l’efficacité d’un changement de soignant.
243
Comprendre l’attachement et ses troubles
Dix études ont été revues. Depuis le début des années 1970 jusqu’au milieu des
années 1980 seules quatre études de suivi ont examiné les relations d’attachement.
Toutes signalent des taux élevés d’adoptions réussies comme indiqué par (1) un taux
élevé de satisfaction parentale (78 %) dans une étude de 91 enfants dans le Wisconsin,
(2) un taux élevé de relations émotionnelles intimes avec les parents adoptifs dans
l’enfance (86 %), signalé de façon rétrospective par des adultes adoptés qui avaient
été des enfants plus âgés « difficiles à placer », (3) un taux élevé de signalement par
les mères que leurs enfants adoptés leur étaient « profondément attachés » (81 %
à 16 ans) et (4) un taux élevé de placement intact quatre ans après le placement
(97 %) dans un échantillon de 257 enfants « special needs » adoptés aux États-Unis
qui avaient tous au moins 8 ans au moment du placement. Dans les deux dernières
études, des difficultés dans les relations avec les pairs étaient aussi rapportées.
Dans une étude qui a comparé 13 enfants qui étaient placés en famille d’accueil
avec 19 enfants qui étaient retournés en famille, les chercheurs ont trouvé que
deux ans plus tard, bien que neuf des parents d’accueil signalaient une bonne
relation avec l’enfant, la moitié des enfants était avant tout attachée aux parents
de naissance et souhaitait retourner chez eux. Seuls trois des enfants qui étaient
retournés chez eux avaient une bonne relation avec leurs parents.
Dans une étude de suivi de quatre ans de 71 familles dans l’Iowa, des « dif-
ficultés d’attachement » ont été observées chez 10 % des enfants. Cependant,
Rushton et Mayes montrent une série de limites méthodologiques dans cette
étude, dont 75 % d’attrition à la fin de la quatrième année.
244
Interventions basées sur les preuves : changement de soignant
Rushton et Mayes concluent sur une inquiétude : des articles mal présentés
peuvent donner l’impression qu’il y a des difficultés dans la plupart des placements
tardifs d’enfants maltraités et que la majorité ne réagit pas à un changement positif
de soins. L’accumulation de preuves indique que ce n’est pas le cas.
Analysant les données de différentes façons, les chercheurs ont trouvé ce qui
suit. Dans une analyse à deux voies de concordance entre l’état d’esprit des mères
d’accueil et l’attachement de l’enfant dans laquelle chaque variable a été traitée de
façon dichotomique (état d’esprit autonome/non autonome et attachement sécure/
insécure) et les mères non résolues avec une classification secondaire autonome
ont été incluses dans le groupe autonome, un appariement ou une concordance de
72 % (p < 0,01) a été trouvée. Répétant cette analyse avec les mères non résolues/
autonomes incluses dans le groupe non autonome, l’observation a été de 68 % de
concordance, ce qui reste significatif (p < 0,05).
245
Comprendre l’attachement et ses troubles
Dans une analyse à quatre voies de la concordance entre l’état d’esprit des
mères d’accueil (autonome, détachée, préoccupée, non résolue/non autonome) et
l’attachement de l’enfant (sécure, évitant, résistant, désorganisé) la concordance
était de 56 % (p < 0,05) quand les mères non résolues/autonomes étaient incluses
dans le groupe autonome et 52 % (p < 0,05) quand elles étaient incluses dans le
groupe non autonome.
Dans leur discussion les auteurs décrivent ces résultats comme surprenants.
La sécurité d’attachement des enfants en accueil était concordante avec l’état
d’esprit des mères « à des niveaux similaires à ceux observés dans des dyades
biologiquement intactes » (les auteurs ayant comparé les niveaux de concordance
avec ceux observés dans la méta-analyse de van IJzendoorn en 1995 pour des
enfants avec leurs parents biologiques). Ces observations ont des implications
importantes, tant pour la pratique que pour la théorie.
Ces résultats suggèrent que, quand ils sont placés dans les 18 premiers mois
de leur vie, les enfants en accueil peuvent organiser leurs comportements
d’attachement autour de la disponibilité de leurs nouveaux soignants. Quand
ils sont placés plus tard qu’à la naissance, la plupart des enfants de notre
échantillon ont été exposés à de la négligence, certains à de la maltraitance,
ainsi qu’à des changements de soignant, jusqu’à cinq fois. Néanmoins, quand
ils sont placés avec des soignants autonomes, ces enfants forment souvent
des attachements sécures (p. 1474).
De plus,
246
Interventions basées sur les preuves : changement de soignant
Dans les 43 interviews, 21 % étaient évaluées comme non résolues par rapport
à une perte ou un traumatisme antérieur.
Les résultats quantitatifs sont présentés en fonction des thèmes dans les
compléments d’histoires des enfants qui indiquaient le mieux un placement avec
une mère adoptive dont l’AAI était (1) autonome-sécure opposé à insécure et
(2) non résolu par rapport à une perte ou un traumatisme antérieur. De plus, des
extraits des entretiens avec les mères et les compléments d’histoires des enfants
sont présentés.
1. Les thèmes qui étaient associés avec des notations d’AAI insécures (déta-
chées ou préoccupées) dans les histoires complétées par les enfants étaient :
des fantasmes de catastrophe, l’agression d’un enfant, l’agression d’un
adulte, être jeté ou rejeté, des contenus bizarres ou atypiques, un enfant
blessé ou mort et un adulte blessé ou mort. Ces sept thèmes étaient for-
tement corrélés les uns aux autres et les items étaient donc additionnés
pour créer un seul score composite « d’agressivité ».
Le score composite « d’agressivité » était significativement corrélé avec les
notations AAI de l’incapacité des mères à se rappeler leur enfance et du
dénigrement de leur propre père. L’agressivité des enfants était aussi cor-
rélée négativement avec des scores élevés à l’AAI, indicateurs d’un mode
« autonome-sécure ». Donc « les mères qui étaient vraies, pertinentes et
réfléchies quand elles parlaient de leur histoire d’attachement avaient
tendance à avoir des enfants qui n’utilisaient pas l’agressivité comme thème
pour résoudre le conflit inhérent dans la tâche de compléter des histoires »
(p. 193).
2. Les thèmes dans les histoires complétées par les enfants associés à des
mères dont le score AAI montrait une absence de résolution d’une perte
ou d’un traumatisme antérieur étaient : des scores plus élevés pour « parent
apparaissant comme un enfant », agressivité adulte et « jeter ou rejeter »,
et des scores plus faibles pour une maîtrise de la réalité et « l’aide de la
fratrie ou des pairs ». D’autres analyses ont suggéré ce qui suit :
(a) Un deuil non résolu chez un parent peut exacerber les craintes émo-
tionnelles d’un enfant récemment adopté.
(b) Les enfants de mères adoptives avec une perte ou un traumatisme non
résolu semblent moins capables d’utiliser une stratégie organisée pour
faire face au conflit dans l’histoire.
247
Comprendre l’attachement et ses troubles
(c) Les enfants placés avec des mères « non résolues » (ou insécures)
n’étaient pas significativement différents en ce qui concerne leur passé.
En effet, il y avait une tendance à ce que les enfants ainsi placés soient
les moins endommagés de l’ensemble du groupe.
Dans leur discussion les auteurs envisagent l’observation « quelque peu sur-
prenante » que, étant donné le passé difficile des enfants, dans les trois mois du
placement l’état d’esprit de l’adoptant en ce qui concerne l’attachement montrait
des influences significatives sur l’enfant. Ils soulignent que les enfants qui ont connu
la maltraitance et/ou la négligence peuvent avoir différentes sortes de représen-
tations des soins parentaux. Celles-ci peuvent être la résultante d’expériences de
réactions de soins qui sont parfois nourrissantes et parfois maltraitantes, soit par
le même soignant soit par des soignants successifs. Un des coûts possibles de
telles représentations multiples et contradictoires chez l’enfant est « l’hypervigilance
de l’enfant à l’état d’esprit du soignant » (p. 200). L’étude actuelle a trouvé que
les parents non résolus « sont porteurs d’un état d’esprit qui transmet un manque
d’organisation au sujet de la perte » (p. 201). Donc, tant les enfants que les parents
non résolus sont vulnérables. Quand la vulnérabilité des enfants rencontre celle de
parents non résolus, la vulnérabilité des deux est renforcée.
Les auteurs soulignent que la majorité de ces placements très difficiles se sont
maintenus après deux ans. Par ailleurs, « il n’existe pas de longue liste d’adultes
absolument parfaits acceptant de relever le défi d’adopter un enfant difficile à
placer » (p. 202). De plus, certains enfants ne seraient pas mieux placés avec un
adulte sécure et réfléchissant qui peut peut-être avoir besoin « d’un certain degré
de réciprocité d’interactions positives » (p. 202). Les adultes qui gardent à distance
défensive des aspects négatifs de leur propre enfance et n’en voient que le positif
peuvent servir assez bien certains enfants.
Les auteurs concluent que l’étude actuelle peut être utile en ciblant le soutien
actuellement promis aux adoptants d’une façon plus stratégique.
248
Interventions basées sur les preuves : changement de soignant
Deux groupes d’enfants ont été étudiés. Un groupe d’enfants placés tardivement
comprenait 33 enfants dans 25 familles. L’âge moyen au moment du placement
était de 6,08 ans et la longueur moyenne du temps de placement lors de l’évaluation
de la 1re année était de 4,2 mois. Le nombre moyen de placements avant l’adop-
tion était de 5,3. La plupart des enfants avaient souffert de nombreuses formes
de maltraitance. Le second groupe comprenait 31 enfants qui avaient été adoptés
dans la petite enfance. L’âge moyen au moment du placement était de 3,73 mois.
L’âge moyen au moment de l’évaluation de la 1re année était de 5,75 ans. Ces
enfants n’avaient pas vécu de maltraitance ou de discontinuité dans les soins dont
avaient souffert les enfants placés tardivement.
Les auteurs rapportent des observations pour chaque thème narratif concernant
les différences dans les représentations mentales des enfants entre ceux qui avaient
été adoptés tout petits et ceux qui avaient été adoptés tardivement, et les différences
entre les évaluations de la 1re et de la 2e année des enfants adoptés tardivement.
249
Comprendre l’attachement et ses troubles
Les auteurs concluent que les évaluations des enfants adoptés tardivement à
deux moments précis montraient quelques changements positifs, « bien qu’il soit
clair que les modèles internes opérationnels des enfants pour les relations d’atta-
chement étaient loin d’être transformés » (p. 360). Ils offrent trois interprétations
possibles de leurs observations. D’abord, le passé de comportements parentaux
incohérents et maltraitants peut mener à une représentation dans les modèles
internes opérationnels de l’enfant qu’il ne faut pas faire confiance aux parents, qu’ils
peuvent devenir agressifs et rejetants. Un tel modèle, disent les auteurs, « serait très
résistant à la contradiction » (p. 360). Deuxièmement, les enfants peuvent éviter
de s’exposer à des expériences ultérieures de rejet. Ceci « enlève aux nouveaux
parents la possibilité de réagir d’une façon différente » (p. 360) et prive l’enfant
d’opportunités d’expériences plus heureuses de soins. Une troisième possibilité
est que certains aspects du comportement des nouveaux parents seront perçus
« à travers les lunettes » du modèle interne de l’enfant, et donc vus ou interprétés
par l’enfant comme maltraitants ou rejetants, confirmant par là le modèle.
Dans Hodges et al. (2005) les auteurs incluent des observations concernant les
progrès des enfants après deux ans dans leur famille adoptive. Ils signalent « qu’il
était clair que la consolidation des aspects positifs continuait, mais qu’il y avait
une stabilité considérable dans les diverses représentations négatives » (p. 109).
Il y avait une augmentation du score global qui combinait les notes indiquant la
sécurité, tant pour le groupe placé précocement que pour celui placé tardivement.
L’insécurité, cependant, restait presque inchangée. Les auteurs expliquent cette
contradiction apparente en soulignant que, même si les enfants qui avaient vécu
une adversité précoce devenaient de plus en plus sécures au fur et à mesure
qu’ils s’installaient dans leur famille adoptive, « d’autres possibilités et expériences
continuaient à faire partie de leurs représentations mentales » (p. 111). De plus,
bien que les enfants du groupe maltraités soient en progression, ils n’avaient pas
encore « comblé le fossé » avec les enfants non maltraités.
Hodges et al. concluent que l’étude suggère que les enfants développent de nou-
velles représentations positives en compétition avec les représentations négatives
existantes. « Les anciennes attentes et perceptions persistent comme des vulnérabilités
en ce sens qu’elles peuvent être facilement déclenchées par des événements et des
interactions qui semblent confirmer leur validité » (p. 115). Ceci a des implications
importantes pour les adoptants et pour ceux qui cherchent à les aider. « Les adoptants
peuvent être aidés en recevant pour ainsi dire une avant-première du script que le
comportement de l’enfant utilise et des rôles qui leur sont attribués » (p. 115). Ceci
peut leur permettre d’infirmer les attentes négatives sous-jacentes de l’enfant.
5 RÉSUMÉ
Les études rapportées ici indiquent que même un placement relativement tardif
avec de nouveaux soignants permanents est une intervention puissante et efficace
pour des enfants qui ont vécu une maltraitance importante dans les premières
années de leur vie. Le mode de comportement d’attachement de l’enfant et ses
250
Interventions basées sur les preuves : changement de soignant
représentations montrent une association significative avec l’état d’esprit des nou-
veaux soignants primaires en ce qui concerne l’attachement. Bien qu’il y ait une
augmentation de la sécurité d’attachement chez les enfants, des représentations
insécures et désorganisées persistent parallèlement.
251
Chapitre 18
Interventions
sans base de preuves
Hughes (2004) présente « Un traitement basé sur l’attachement pour des enfants
et des jeunes maltraités » (p. 263). Il décrit l’accordage du thérapeute à l’enfant,
qui est suivi par la « corégulation » des états affectifs de l’enfant par le thérapeute,
« co-construisant » des significations pour les expériences de l’enfant et avec l’enfant,
construisant une narration de ses expériences. Hughes envisage favorablement la
présence active du soignant primaire de l’enfant pendant la thérapie, à condition que,
si ce soignant a été le parent maltraitant, il ait accepté la responsabilité de cette mal-
traitance. Comme Trowell (2004) le commente, Hughes est à l’évidence un clinicien
très expérimenté et très sensible. Cependant, sa thérapie reste non évaluée et n’est
pas suffisamment systématisée pour être appliquée dans un essai d’intervention.
De plus, alors que Hughes se réfère à la théorie de l’attachement et en décrit certains
aspects, il y a peu d’application de la théorie pendant la thérapie, qui se lit comme
un bon travail thérapeutique avec des enfants qui ont été maltraités et négligés.
Brisch (2002) dans son livre, intitulé Treating Attachment Disorders, souligne et
fournit des exemples cliniques de thérapie dans plusieurs constellations, qu’il inclut
253
Comprendre l’attachement et ses troubles
SÉLECTIVITÉ ALTÉRÉE
Comme il a été dit dans le chapitre 14, une sélectivité altérée (désinhibition)
semble persister chez certains enfants malgré un placement dans une famille
attentive et fonctionnant bien, dans laquelle le parentage que les enfants ont reçu
pendant de nombreuses années est sensible et bon. Il n’y a eu aucun rapport de
traitement spécifique ou efficace pour cette difficulté.
2 « THÉRAPIE DE L’ATTACHEMENT »
La « thérapie de l’attachement » est une approche très différente qui est proposée
par plusieurs centres qui identifient ou « diagnostiquent » des troubles de l’attache-
ment de la façon vague décrite dans le chapitre 12. Cette approche semble être
une réponse au désespoir de soignants alternatifs (essentiellement) de certains
enfants très troublés et très troublants qui ont précédemment été gravement mal-
traités. Ces thérapies ne sont pas basées sur une version acceptée de la théorie de
l’attachement et il n’y a pas d’évaluation objective. Sous le titre global de thérapie
de l’attachement, une variété d’approches thérapeutiques différentes est proposée.
Elles incluent un travail dirigé sur les interactions des parents avec les enfants,
comme la gestion du comportement, le travail sur l’histoire de vie, et le travail sur
la signification des expériences de l’enfant, et certaines approches sont dirigées
vers l’enfant et peuvent inclure ou non la présence du soignant primaire de l’enfant.
Speltz (2002) dans un article écrit pour l’American Professional Society on the
Abuse of Children (APSAC)1, trace l’historique de la thérapie de l’attachement.
Un rapport similaire est présenté dans Mercer, Sarner et Rosa (2003), Attachment
Therapy on Trial : The Torture and Death of Candace Newmaker. Speltz montre
1. Était disponible sur www.kidscomefirst.info/Speltz.pdf mais ne l’est plus. (NDLT août 2021)
254
Interventions sans base de preuves
que la thérapie du maintien trouve ses racines dans les techniques controversées
développées par Robert Zaslow dans les années 1990 (Zaslow et Menta 1975)2
pour des individus autistes. Mercer et al. (2003) expliquent que Zaslow considérait
l’attachement comme
Une réaction émotionnelle involontaire devant le visage et les yeux d’une autre
personne, survenant quand le visage était présenté dans les circonstances
appropriées. Ces circonstances incluaient des expériences de douleur, de peur
et de colère, à la suite desquelles le soulagement était associé à l’expérience
du contact oculaire. Si un bébé n’expérimente pas ce cycle d’événements,
pensait Zaslow, il ne formera pas d’attachement, ne fera pas de contact oculaire
avec d’autres personnes et présentera des symptômes d’autisme plutôt qu’un
développement émotionnel et intellectuel normal. (p. 75)
255
Comprendre l’attachement et ses troubles
Une seule étude publiée, qui se veut une évaluation de la thérapie de maintien,
a été trouvée (Myeroff et al. 1999). Dans cette étude l’échantillon de comparaison
était inadéquat (les familles qui avaient contacté le Attachment Center d’Evergreen,
Colorado, mais qui ne se sont pas présentées), les enfants ne recevaient pas une
attribution de traitement de façon aléatoire, et l’évaluation pré et post-thérapie
des enfants dépendait d’un questionnaire (le Child Behavior Checklist) complété
par les mères.
Cet article illustre clairement le saut que les tenants de la thérapie du maintien
font de la théorie de Bowlby vers le traitement qu’ils recommandent. Les auteurs
écrivent « Basée sur la théorie de l’attachement, la thérapie du maintien tente en
partie de réparer la rupture présumée qui est survenue dans les années de for-
mation entre le bébé et le soignant » (p. 304). (Bowlby 1980 et Egeland et Sroufe
1981 cités en référence). Quatre phrases plus loin, expliquant que la thérapie du
maintien crée une représentation du « cycle sain de l’attachement » pour l’enfant
(citant en référence ici Levy et Orlans 1995 ; Myeroff 1997), les auteurs conti-
nuent « Ceci se passe dans le traitement en imitant le cycle sain de l’attachement
dans lequel l’enfant reçoit des ondes positives du thérapeute et du soignant par le
biais du contact oculaire, du maintien physique et de la restructuration cognitive »
256
Interventions sans base de preuves
(p. 304). La base théorique pour cette dernière affirmation est celle de Zaslow, et
pas celle de Bowlby.
257
Chapitre 19
Conclusions
sur les interventions
Il est nécessaire d’exprimer ici des réserves importantes à propos des « thérapies
de l’attachement », en particulier à propos de la thérapie du maintien, qui ne sont
pas évaluées. Ces interventions ne font pas partie du paradigme de l’attachement
et sont potentiellement maltraitantes.
Les preuves indiquent qu’une plus grande sécurité d’attachement est atteinte
le plus efficacement par un travail qui se centre sur des comportements de base
de sécurité et de refuge sûr de la mère/du soignant principal, qui sont dénués
d’hostilité envers l’enfant et qui ne sont pas effrayants.
259
Comprendre l’attachement et ses troubles
Il existe des bases théoriques limitées, mais pas de preuve, pour l’efficacité
d’une thérapie individuelle pour les enfants dont les modèles internes opérationnels
ont conduit à une généralisation de leurs difficultés à d’autres relations sociales.
Ceci concerne les enfants qui restent contrôlants après qu’ils ne soient plus pris en
charge par des soignants maltraitants. Cependant les preuves soulignent l’efficacité
beaucoup plus grande de l’expérience réelle d’une relation avec un soignant sen-
sible, constant et non maltraitant pour amener des changements dans les modèles
internes opérationnels.
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pour aller plus loin
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Index des notions
A et cultures 85
et réaction au stress 171
AACAP 209, 212, 216, 257, 261 évaluation 97
Activation du comportement inclassable 141
d’attachement 35 inclassable U 45
Adoption 271 insécure 172-173
Adult Attachment Interview (AAI) 49- insécure désorganisé/désorienté 44,
51, 62, 65, 84, 92, 94, 98, 108, 61, 173
128, 132, 139, 169, 241, 245, insécuré et difficultés ultérieures 172
247, 263, 269, 271, 281-282 insécure évitant A 172
AMBIANCE 62, 68-69, 99, 143, insécure résistant/ambivalent C 43,
148-150 172
Analyse insécure-évitant A 42
de corrélation partielle 101 multiple 79
factorielle 102 non-résolu-désorganisé 141
par regroupement (cluster) 100 organisé 42
ANOVA 105 ou dépendance 38
Anxiété de séparation 34 précoce et fonctionnement ultérieur
APSAC (American Professional Society 169
on the Abuse of Children) 183, préoccupé-insécure 141
254, 257, 266, 279 sécure B 42, 169
Attachement 10, 36-37, 44, 63, 72, sécure et bon fonctionnement 169
121, 169, 171-173, 197, 229 sélectif 186, 214
au cours de la vie 37 transmission intergénérationnelle 65
autonome sécure 140 Attachment and Loss (Bowlby J.) 45,
comportement 34 56, 264
contrôlant 46 Attachment Center, Evergreen
dans une perspective évolutionniste Colorado 256
34 Attachment Interview for Childhood
désorganisé D 44 and Adolescence (AICA) 108,
détaché-insécure 140 138, 262
discriminé 214 Attachment Q-set (AQS) 99, 107,
distribution 47, 166 112, 115, 280
en cours 36 Attachment Story Completion Task
et autisme 63 238
287
Comprendre l’attachement et ses troubles
288
Index des notions
289
Comprendre l’attachement et ses troubles
P R
p 104 r 100
Parent Development Interview (PDI) Réaction au stress de l’axe
68, 99, 152, 241, 261, 278 hypothalamo-hypophyso-
Parenting Stress Index 193, 195, 261 surrénalien (HHS) 171
Partenariat mère-enfant 37 Recherche
Peur 34, 62 sur le changement de soignant 243
des étrangers 214 sur le renforcement de la sensibilité
Phase 225
d’attachement bien défini Recherche sur les troubles de
(Ainsworth) 37 l’attachement 192
d’attachement en cours (Ainsworth) enfants en pouponnières
36 résidentielles 187
290
Index des notions
291
Comprendre l’attachement et ses troubles
292
Index des noms propres
293
Comprendre l’attachement et ses troubles
294
Index des noms propres
R T
Raval V. 67, 276 Target M. 108, 132, 268, 280
Repacholi B. 172, 273 Teti D. 111-112, 171, 280
295
Comprendre l’attachement et ses troubles
296
Table des matières
Sommaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
CHAPITRE 1
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE 2
QU’EST-CE QUE L’ATTACHEMENT ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
1 Une perspective évolutionniste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2 Le système comportemental d’attachement . . . . . . . . . . . . 35
3 Activation et interruption du comportement d’attachement . . . 35
4 Le développement de l’attachement . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
5 Modèles internes opérationnels des représentations
d’attachement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
6 Interactions entre l’attachement
et les autres systèmes comportementaux . . . . . . . . . . . . . . 39
7 Le système comportemental d’exploration et la base
de sécurité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
297
Comprendre l’attachement et ses troubles
8 Un refuge sûr . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
9 Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
CHAPITRE 3
LES CLASSIFICATIONS DE L’ATTACHEMENT . . . . . . . . . . . . . . 41
1 Attachements organisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2 Attachement désorganisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3 Du comportement d’attachement désorganisé
au comportement d’attachement contrôlant . . . . . . . . . . . . 46
4 Une classification alternative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
5 La distribution des modes d’attachement . . . . . . . . . . . . . . . 47
6 Stabilité ou prévisibilité des modes d’attachement . . . . . . . . 48
7 Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
CHAPITRE 4
QUELS SONT LES FACTEURS QUI INFLUENCENT
L’ORGANISATION DE L’ATTACHEMENT
(ET SA DÉSORGANISATION) ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
1 La contribution des soins à l’organisation de l’attachement . . . 55
2 Le rôle du tempérament de l’enfant et les facteurs
génétiques qui influencent l’organisation de l’attachement . . . . 62
3 La transmission intergénérationnelle de l’attachement . . . . . 65
4 Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
CHAPITRE 5
LES LIENS AFFECTIFS ET LES FIGURES D’ATTACHEMENT . . . 71
1 Que sont les liens affectifs ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
2 Comment se définit une figure d’attachement ? . . . . . . . . . . 74
3 Les professionnels qui prennent soin des enfants
sont-ils des figures d’attachement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
4 Comment se structurent les représentations de figures
multiples d’attachement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
5 Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
CHAPITRE 6
LA THÉORIE DE L’ATTACHEMENT EST-ELLE VALABLE
DANS TOUTES LES CULTURES ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
1 L’étude d’Ainsworth en Ouganda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
2 Les Gusii du Kenya . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
298
Table des matières
DEUXIÈME PARTIE :
ÉVALUATION DE L’ATTACHEMENT ET DES SOINS
CHAPITRE 7
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
1 L’attachement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
2 Les soins parentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
3 Structure de la présentation des évaluations. . . . . . . . . . . . . . . . 99
4 Glossaire de termes pour la recherche et les statistiques . . . . . 100
CHAPITRE 8
ÉVALUATION DE L’ATTACHEMENT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
1 Évaluations de l’attachement basées sur l’observation
du comportement de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
2 Évaluations de l’attachement basées sur le modèle interne
opérationnel/la représentation de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . 118
CHAPITRE 9
ÉVALUATION DES SOINS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
1 Évaluations basées sur l’observation
des soins . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
2 Évaluations/mesures des soins basées sur le modèle interne
opérationnel du donneur de soins/sur la représentation
des soins ou de la relation avec l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . . 152
299
Comprendre l’attachement et ses troubles
TROISIÈME PARTIE :
CORRÉLATIONS ENTRE L’ORGANISATION
DE L’ATTACHEMENT
ET LE FONCTIONNEMENT
CHAPITRE 10
QUELS SONT LES DOMAINES DE FONCTIONNEMENT
QUI SONT SUSCEPTIBLES D’ÊTRE CORRÉLÉS
AVEC L’ATTACHEMENT ET COMMENT
LES INFLUENCE-T-IL ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
1 Quels sont précisément les domaines de fonctionnement
susceptibles d’être corrélés avec l’attachement ? . . . . . . . . . 160
2 Quelles sont les voies possibles d’influence
de l’attachement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
3 Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
CHAPITRE 11
PREUVES DE CORRÉLATION ENTRE LA SÉCURITÉ/
L’INSÉCURITÉ D’ATTACHEMENT ET LE FONCTIONNEMENT
D’UN ENFANT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
1 Problèmes de recherche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
2 Les preuves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
3 Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
QUATRIÈME PARTIE :
QU’EST-CE QU’UN TROUBLE DE L’ATTACHEMENT ?
CHAPITRE 12
DEUX VERSIONS DU TROUBLE DE L’ATTACHEMENT . . . . . . 179
1 Classifications internationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
2 Une autre version. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
3 Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
CHAPITRE 13
RECHERCHES SUR LES TROUBLES DE L’ATTACHEMENT . . . . 185
1 Questions concernant les méthodes de recherche . . . . . . . . 185
2 Les preuves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186
3 Les jeunes enfants en pouponnières au Royaume-Uni
et leur développement ultérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187
300
Table des matières
CHAPITRE 14
LA NATURE DU TROUBLE DE L’ATTACHEMENT . . . . . . . . . . . . 211
1 Pas de figure d’attachement discriminée . . . . . . . . . . . . . . . 211
2 La nature de la différence entre le trouble réactionnel
de l’attachement inhibé et désinhibé . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213
3 Autres critères pour les troubles de l’attachement . . . . . . . . 216
4 Trouble réactionnel de l’attachement désorganisé
et inhibé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217
5 Trouble réactionnel de l’attachement chez les enfants
de plus de 5 ans ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 218
6 Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
CINQUIÈME PARTIE :
INTERVENTIONS THÉRAPEUTIQUES BASÉES
SUR LA THÉORIE DE L’ATTACHEMENT
(ET QUELQUES INTERVENTIONS
QUI NE LE SONT PAS)
CHAPITRE 15
INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
CHAPITRE 16
INTERVENTIONS BASÉES SUR LES PREUVES :
RENFORCER LA SENSIBILITÉ DU SOIGNANT . . . . . . . . . . . . . 225
1 Bakermans-Kranenburg, van IJzendoorn and Juffer (2003) :
« Minimalisme : méta-analyse des interventions
sur la sensibilité et l’attachement dans la petite enfance » . . . . . 226
2 Cohen et al. (1999) : « Regarder, attendre et réfléchir :
tester l’efficacité d’une nouvelle approche de la psychothérapie
mère-nourrisson » (Watch, wait and wonder) . . . . . . . . . . . . . . 231
3 van den Boom (1994) : « L’influence du tempérament
et du maternage sur l’attachement et l’exploration :
une manipulation expérimentale de la sensibilité réactive
chez des mères défavorisées avec des enfants irritables » . . . . . 233
301
Comprendre l’attachement et ses troubles
CHAPITRE 17
INTERVENTIONS BASÉES SUR LES PREUVES :
CHANGEMENT DE SOIGNANT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
1 Rushton et Mayes (1997) : « Former de nouveaux
attachements dans l’enfance : une mise à jour
de la recherche » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
2 Dozier et al. (2001) : « L’attachement des nourrissons
en famille d’accueil : le rôle de l’état d’esprit du soignant » . . . . 245
3 Steele et al. (2003a) : « Représentations de l’attachement
et adoption : associations entre l’état d’esprit maternel
et les narrations émotionnelles chez des enfants
antérieurement maltraités » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
4 Hodges et al. : Changements dans les représentations
d’attachement pendant la première année
(Hodges et al. 2003b) et la deuxième année
(Hodges et al. 2005) d’un placement adoptif :
histoires d’enfants maltraités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
5 Résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 250
CHAPITRE 18
INTERVENTIONS SANS BASE DE PREUVES . . . . . . . . . . . . . . . 253
1 Interventions directes auprès de l’enfant . . . . . . . . . . . . . . . 253
2 « Thérapie de l’attachement » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
CHAPITRE 19
CONCLUSIONS SUR LES INTERVENTIONS . . . . . . . . . . . . . . . . 259
302
Table des matières
Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261
303