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Test de rétention visuelle de Benton : étalonnage français

auprès d'enfants âgés de 8 à 11 ans


Emmanelle Vallas, Jacques Bénesteau, Jean-Michel Albaret
Dans Développements 2009/3 (n° 3), pages 27 à 33
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 2103-2874
DOI 10.3917/devel.003.0027
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Emmanelle Vallas 1
Test de rétention Psychomotricienne

visuelle de Benton : Jacques Bénesteau 2


Psychologue
étalonnage Jean-Michel Albaret 3
Maître de conférences, HDR
français auprès
1. Institut de Formation en Psychomotricité,
d’enfants âgés Université de Toulouse
2. Unité de Neurologie Pédiatrique
de 8 à 11 ans Centre de Référence des Troubles du Langage
et des Apprentissages.
Hôpital des Enfants, CHU Toulouse, France
3. Université de Toulouse, UPS, LAPMA - EA 3691,
118 route de Narbonne, F-31062 Toulouse Cedex 9, France

Résumé Summary
Le Test de Rétention Visuelle de Benton (BVRT) The Benton Visual Retention Test (BVRT) was devised
a été conçu pour évaluer les fonctions visuospatiales to assess visuospatial function and visual memory.
et la mémoire visuelle. Il comprend deux séries It consists of two administration procedures :
de procédures : reproduction graphique de figures drawing geometric figures and multiple choice
géométriques et reconnaissance avec choix multiple. recognition. The norms presented involve 281 children
L’étalonnage présenté porte sur 281 enfants (152 girls and 129 boys aged 8 to 11;11
(152 filles et 129 garçons) âgés de 8 à 11 ans 11 mois for administration A (10 sec. exposure with immediate
et concerne les administrations A (exposition recall by drawing) and M (10 sec. exposure
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10 secondes, puis reproduction immédiate with immediate multiple-choice). No difference
de mémoire) et M (exposition 10 secondes, puis choix between sexes was found. The number of correct
de mémoire parmi quatre possibilités). Aucune drawings and correct choices increases with age
différence entre les sexes n’est retrouvée. Il y a while the number of errors for administration A
par contre un effet de l’âge sur le nombre de dessins decreases. The test-retest reliability for
et le nombre de choix corrects qui augmentent administration A was low which requires prudence
et le nombre d’erreurs en administration A for reassessment. Studies must still be done
qui diminue. La fidélité test-retest est faible pour on a pathological population.
l’administration A, ce qui interdit toute utilisation trop
rapprochée. Des études de validation pathologique
restent à faire.
Keywords
• Developmental neuropsychology
• Assessment
Mots-clés • Visual memory
• Neuropsychologie développementale • Visuospatial function
• Evaluation
• Mémoire visuelle
• Fonctions visuospatiales

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E. VALLAS, J. BÉNESTEAU, J.-M. ALBARET

Introduction (Lezak, 1995 ; Mitrushina et al., 2005) ou dans


le cadre du vieillissement cognitif pathologique
Le Test de Rétention Visuelle de Benton (BVRT) (Amieva, Jacqmin-Gadda, Orgogozo et al., 2005).
évalue les fonctions visuospatiales dans leurs diffé- Une diminution des scores au BVRT est retrou-
rents aspects (visuomoteur, visuospatial et visuocons- vée en présence de différentes maladies : syn-
tructif) ainsi que la mémoire visuelle. Il a été créé par drome de Turner, sclérose en plaques, infection
Arthur L. Benton dans l’Etat de l’Iowa (Etats-Unis) par le VIH, schizophrénie, dépression, syndrome
en 1953, et sa forme révisée a été publiée en France de stress post-traumatique par exemple. Les
en 1965. Il est constitué de deux carnets de passa- erreurs (type et nombre) lors de la reproduction
tion comportant une ou plusieurs figures géométri- de dessins sont corrélées à l’étendue de la lésion
ques simples que le sujet doit dessiner ou retrouver cérébrale ainsi qu’à sa localisation (Kasahara,
parmi un choix de quatre propositions. Ce test pré- Yamada, Tanno et al., 1995). L’évolution des dif-
sente de nombreux avantages parmi lesquels la rapi- férents scores est un indicateur dans le suivi de
dité de passation, la diversité des épreuves permettant diverses pathologies comme l’épilepsie ou la
une adaptation en fonction de ce que l’on cherche schizophrénie.
à évaluer et de la population, et la possibilité de Chez l’enfant, le BVRT a été utilisé pour différen-
l’appliquer aux enfants comme aux adultes. cier les enfants porteurs d’une atteinte cérébrale
Le BVRT comprend deux séries de procédures, les de ceux qui présentaient des désordres de nature
unes avec reproduction graphique de figures géo- émotionnelle (Rowley & Baer, 1961), indiquant
métriques et les autres par choix multiple. Pour notamment qu’un écart de 3 points par rapport à
chaque série, on distingue plusieurs modes d’admi- la note attendue compte tenu de l’âge permettait
nistration faisant varier différents paramètres, à de suspecter une lésion cérébrale. Ces données
savoir le temps d’exposition du modèle (5 ou 10 sont également retrouvées chez l’adulte dans la
secondes) et les conditions de reproduction (immé- différenciation entre sujets avec lésion cérébrale
diate ou différée de 15 secondes; de mémoire ou en et sujets avec troubles psychiatriques (Heaton,
copie). Ainsi on compte 4 administrations (A, B, C Smith, Lehman & Vogt, 1978).
et D) pour les épreuves avec dessin, et 5 adminis- L’étude de Garcia-Sanchez, Estevez-Gonzales,
trations (M, N, O, CR et P) pour les épreuves avec Suarez-Romero et Junque (1997) porte sur les dif-
choix multiple, l’administration P étant un test de férences entre les sous-types d’enfants présentant
discrimination de formes avec présentation simul- un Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité,
tanée du dessin-stimulus et de la carte à choix mul- à l’aide de tests sensibles aux dysfonctionne-
tiple correspondante. Pour toutes les administrations, ments du lobe pariétal droit. Les résultats indi-
la passation est individuelle. quent que les deux sous-groupes de sujets TDA/H
Les carnets du test contiennent les dessins « modè- ont des performances moindres que les sujets
les » constitués d’une ou plusieurs figures géo- contrôles au BVRT.
métriques simples, chaque modèle est suivi d’une Concernant les troubles des apprentissages, Snow
page présentant quatre figures différentes dont (1998), dans une étude portant sur 130 enfants
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l’une est identique au modèle, qui sont utilisées âgés de 8 à 13 ans répartis en trois groupes selon
dans les épreuves à choix multiple. L’ensemble leur niveau de difficulté en lecture (L) et/ou en
des modèles est regroupé par série de 10, pour arithmétique (A), ne trouve pas de différence
les 3 formes avec dessin (C, D et E), ou par série significative entre les trois sous-groupes (L = A ;
de 15, pour les formes à choix multiple (F et G). L<A ; A<L) alors même que l’auteur attendait un
La performance au BVRT est principalement asso- déficit plus marqué chez les sujets présentant des
ciée à différentes fonctions visuospatiales, mais troubles en arithmétique en accord avec les sug-
sollicite également l’attention, la mémoire visuelle gestions de Rourke (1989) sur les incapacités
(calepin visuospatial dans la modélisation de d’apprentissage non verbal.
Baddeley) ainsi que, dans une moindre mesure, des Par ailleurs, aucune différence n’est retrouvée
capacités de planification et de conceptualisation entre enfants présentant une dyslexie et enfants
(Lezak, 1995; Mitrushina, Boone, Razani & D’Elia, contrôles (Symmes & Rapoport, 1972 ; Vellutino,
2005). Ce test est généralement mis en relation Smith, Steger & Kaman, 1975).
avec le QI (Benton, 1965 ; Sivan, 1992). Dans une étude comparant des enfants présen-
tant un mutisme sélectif à un groupe contrôle,
Kristensen et Oerbeck (2006) trouvent que la
Utilisation note concernant les fonctions motrices est la plus
prédictive des résultats au BVRT (administration
Le BVRT est largement utilisé chez l’adulte et le A et formes C), devant celles des fonctions langa-
sujet âgé, notamment lors de lésions cérébrales gières et des fonctions intellectuelles.

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Test de rétention visuelle de Benton : étalonnage français auprès d’enfants âgés de 8 à 11 ans

Etalonnage de laquelle les difficultés scolaires commencent à


se manifester, avec l’apprentissage de la lecture, de
Matériel l’écriture, de l’arithmétique, de la géométrie, le
Le matériel (Benton, 1965) se compose de deux perfectionnement du dessin… 281 enfants (152
carnets de passation, du manuel, d’une grille de filles et 129 garçons), provenant des régions Midi-
correction, de 10 feuilles blanches au format A5, Pyrénées et Rhône-Alpes, ont participé à cet éta-
d’un crayon et d’une gomme pour les épreuves lonnage (cf. tableau 1). Les enfants retenus pour
avec dessin, ainsi que d’un chronomètre pour l’étalonnage ne présentent pas de pathologie défi-
mesurer le temps d’exposition des modèles. nie nécessitant un suivi particulier et n’ont pas
Dans le cadre de cet étalonnage, deux épreuves ont redoublé de classe. Il n’a pas été possible de pro-
été retenues : l’administration A sur les formes C céder à un test de QI.
et l’administration M sur les formes G. L’effectif des enfants de 11 ans étant faible
L’administration A consiste en une exposition de (tableau 1) et les deux variables principales de
la figure à reproduire pendant 10 secondes, suivie l’administration A (nombre de dessins corrects
de la reproduction immédiate de mémoire sur et nombre d’erreurs) ne suivant pas une loi nor-
une feuille au format A5. Deux notes sont obte- male, les résultats doivent être exploités avec
nues : une note correspondant au nombre de des- réserve.
sins corrects et un note d’erreur. Chaque réponse
est créditée d’1 point si elle est réussie en tenant 8 ans 9 ans 10 ans 11 ans Total
compte des critères indiqués dans le manuel de Filles 41 47 52 12 152
passation, la note maximum pour le nombre de Garçons 25 45 50 9 129
dessins corrects est donc de 10 pts pour l’adminis-
tration A. Six catégories d’erreurs sont distinguées Total 66 92 102 21 281
et forment la note d’erreur: omission; déformation; Tableau 1 : Répartition de la population.
persévération ; rotation ; déplacement ; dimen-
sion. Elles permettent, en outre, de réaliser une
analyse qualitative. Parmi les 281 enfants, 27 dessinent de la main
L’administration M comporte une exposition de gauche (soit 9,6 % de l’échantillon total). Ce pour-
chaque modèle pendant 10 secondes suivie immé- centage est conforme à celui de la population
diatement du choix de mémoire par le sujet parmi générale qui se situe entre 8 et 10 %.
quatre possibilités. La note maximum pour le Concernant les catégories socioprofessionnelles des
nombre de choix corrects est de 15 pour l’admi- parents (tableau 2), la catégorie des cadres et pro-
nistration M. fessions intellectuelles supérieures est légèrement
Ces deux épreuves ont le même profil, à savoir sur-représentée dans l’échantillon de l’étalonnage
un même temps d’exposition et une réponse immé- alors que celle des ouvriers et des chômeurs est
diate. Il est donc possible de comparer les résul- sous-représentée (comparaison avec les normes
tats entre eux et ainsi d’analyser plus finement ce issues de l’enquête sur l’emploi de mars 2001 de
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qui relève de la visuoconstruction (administra- l’Institut National des Statistiques et des Etudes
tion A) de ce qui touche à la mémoire visuospa- Economiques).
tiale (administration M).
Afin d’étudier la fidélité test-retest, 22 enfants ont
Population réalisé une deuxième passation (administrations
L’étalonnage s’est limité aux enfants de CE2, CM1 A et M) un mois après la première, soit 7,8 % de
et CM2 (8 ans à 11 ans 11 mois), période au cours la population d’origine.

Catégories professionnelles Population française INSEE 2001 Echantillon


Agriculteurs, exploitants 2,37 % 2,70 %
Artisans, commerçants, chefs d’entreprise 5,76 % 4,12 %
Cadres, prof. intellectuelles supérieures 13,40 % 16,50 %
Professions intermédiaires 20,32 % 18,80 %
Employés 29,70 % 25,80 %
Ouvriers 27,40 % 8,42 %
Chômeurs 9,2 % 2,70 %

Tableau 2 : Répartition de la catégorie socioprofessionnelle des parents de la population d’étalonnage.

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E. VALLAS, J. BÉNESTEAU, J.-M. ALBARET

Conditions de passation Age Effectif Moyenne Ecart type SEm 1


Les conditions de passation ont été identiques
8 ans 66 5,3 1,8 0,2
pour tous les sujets : passation individuelle, pièce
calme, éclairage suffisant, position en vis-à-vis de 9 ans 92 5,7 1,7 0,2
l’examinateur et de l’enfant. Lorsque ces condi- 10 ans 102 6,1 1,6 0,2
tions n’ont pas été réunies (arrêt précipité, intru-
11 ans 21 6,2 1,6 0,4
sion d’individus dans la salle) les protocoles
n’ont pas été pris en compte pour le traitement Tableau 3: Nombre de dessins corrects (administration A).
statistique.
Nombre d’erreurs (administration A)
Consignes Le facteur Age a un effet significatif [F(3,277) =
La consigne est d’abord donnée pour l’administra- 5.77 ; p < .001]. Le test a posteriori de Tukey
tion A: « Je sais que ce dessin est facile, mais les autres retrouve une différence significative entre la
sont plus difficiles, et je désire que tu prennes l’habitude moyenne des enfants de 8 ans d’une part et celles
de regarder la carte pendant toute la durée des 10 des trois autres groupes d’âge (cf. tableau 4).
secondes. » A la présentation de la carte 3, ajouter
« n’oublie pas de dessiner tout ce que tu verras ». Age Effectif Moyenne Ecart type SEm
Une fois l’administration A terminée, la consi-
8 ans 66 7,8 3,4 0,4
gne de l’administration M est donnée comme
suit : « Je vais te montrer une carte sur laquelle il y 9 ans 92 6,5 2,7 0,3
a une ou plusieurs figures et tu devras l’examiner pen- 10 ans 102 6,0 3,0 0,3
dant 10 secondes. Quand la carte sera retirée, je te 11 ans 21 5,8 2,9 0,7
montrerai une carte avec 4 dessins dont l’un est le
dessin qui t’a été montré d’abord. Tu devras l’indiquer Tableau 4 : Nombre d’erreurs (administration A).
soit en le montrant du doigt, soit en le désignant
par sa lettre. » Catégories d’erreurs (administration A)
Aucun effet du facteur Age n’est retrouvé pour
Résultats chacune des catégories d’erreurs. Les erreurs les
Une première analyse de variance (SPSS) selon plus nombreuses sont celles par déformation
un plan 2 X 4 (Sexe X Age) a été réalisée sur cha- (reproduction inexacte des figures principales
cune des variables (notes, catégories d’erreurs et et/ou périphériques) et les moins fréquentes cel-
temps de réalisation) et n’indique aucun effet du les concernant les dimensions (déformation de la
facteur Sexe, ce qui autorise le regroupement des taille relative des figures principales ou périphéri-
données et nous a conduit à faire des analyses de ques). Dans toutes les catégories, la variabilité
variance avec le seul facteur Age. Cette absence de inter-sujets est importante (cf. écarts types figure 1).
différence entre les sexes était déjà mentionnée par
Benton (1965). Concernant l’emplacement des Temps de réalisation (administration A)
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erreurs (côté droit ou gauche), le facteur Sexe n’a Aucun effet du facteur Age n’est retrouvé pour le
pas non plus d’effet significatif, ce qui a conduit temps de réalisation (cf. tableau 5). La moyenne
à une analyse 4 x 2 (Age x Côté) avec mesure est d’environ 7 minutes pour l’ensemble des
répétée sur le deuxième facteur. enfants.
Pour le nombre de dessins corrects (administra-
tion A), le test de Lilliefors appliqué dans le cadre Age Effectif Moyenne Ecart type SEm
du test Kolgoromov-Smirnov indique que la pro-
babilité pour que la population étudiée ne suive 8 ans 66 7,3 1,8 0,2
pas une loi normale est de p < 0,01 pour les enfants 9 ans 92 7,1 1,4 0,2
de 8, 9 et 10 ans. Pour le nombre de dessins cor- 10 ans 102 6,8 1,6 0,2
rects (administration A), cette probabilité est de
11 ans 21 6,8 1,1 0,3
p < 0,05. Pour le nombre de choix corrects (admi-
nistration M), elle est de p < 0,0001. Tableau 5 : Temps de réalisation de la copie de l’ensem-
bles des figures, en min (administration A).
Nombre de dessins corrects (administration A)
Le facteur Age a un effet significatif [F(3,277) = Emplacement des erreurs (administration A)
3.93 ; p < .01]. Le test a posteriori de Tukey En plus de l’effet du facteur Age déjà mentionné
retrouve une différence significative entre la (nombre d’erreurs total), le facteur Emplacement
moyenne des enfants de 8 ans d’une part et celles
des 10 et 11 ans d’autre part (cf. tableau 3). 1. Erreur Standard de la moyenne.

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Test de rétention visuelle de Benton : étalonnage français auprès d’enfants âgés de 8 à 11 ans

Figure 1 : Répartition des catégories d’erreurs en fonction de l’âge (Om = omissions ; Déf = déformations ;
Per = persévération ; Rot = rotation ; Dép = déplacements ; Dim = erreurs de dimensions).

a un effet significatif, les erreurs étant plus souvent retrouve une différence significative entre la
réalisées du côté droit (3,4 en moyenne) que du moyenne des enfants de 8 ans d’une part et celles
côté gauche (2,6 en moyenne) [F(1,277) = 22,51 ; des 10 et 11 ans d’autre part (cf. tableau 6).
p < .0001]. Il y a également une interaction signi-
ficative entre les deux facteurs, indiquant qu’avec Age Effectif Moyenne Ecart type SEm
l’avancée en âge, le nombre d’erreurs diminue du
8 ans 66 12,7 2,3 0,2
côté droit alors qu’il reste stable du côté gauche
(cf. figure 2) [F(3,277) = 2,82 ; p < .05]. 9 ans 92 13,3 1,8 0,2
10 ans 102 13,6 1,2 0,2
Nombre de choix corrects (administration M)
11 ans 21 13,8 1,3 0,4
Le facteur Age a un effet significatif [F(3,277)
= 4.04 ; p < .01]. Le test a posteriori de Tukey Tableau 6 : Nombre de choix corrects (administration M).
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Figure 2 : Emplacement des erreurs en fonction de l’âge.

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E. VALLAS, J. BÉNESTEAU, J.-M. ALBARET

Fidélité test-retest les âges. Ces résultats sont également sensiblement


Une différence significative est retrouvée pour les différents de ceux de Benton (1965) et de Sivan
deux notes principales de l’administration A (des- (1992) qui indiquaient une même diminution régu-
sins corrects et erreurs). Le nombre de dessins lière de 8 à 14 ans allant pour les sujets de niveau
corrects passe en moyenne de 5,8 à 6,6 lors du général d’intelligence moyen de 10-11 erreurs à 8
retest [F(1, 21) = 7,09 ; p < 0,05] et, de façon ans jusqu’à 6 à 11 ans.
symétrique, le nombre d’erreurs passe de 6,6 à Parmi les erreurs constatées, les déformations sont
5,2 lors du restest [F(1, 21) = 6,36 ; p < 0,05]. Si les plus nombreuses indépendamment de l’âge.
l’on utilise un coefficient de corrélation entre les Les résultats concernant l’emplacement des erreurs
deux passations, il est de r = .34 (ns) pour le nom- et indiquant un nombre plus important de celles-
bre de dessins corrects et de r = .52 (p < 0,05) ci du côté droit sont à mettre en relation avec ceux
pour le nombre d’erreurs. de l’étude de Snow (1998) qui retrouvait cette
Pour le nombre de choix corrects de l’adminis- même répartition chez les enfants présentant des
tration M, il n’y a pas de différence significative troubles des apprentissages avec toutefois une
entre les deux passations. accentuation de cette différence (5,7 erreurs en
moyenne du côté droit contre 3,7 du côté gauche).
L’épreuve avec choix multiple (administration M)
Conclusion ne présente pas de grande difficulté dès l’âge de 8
ans avec un niveau de réussite déjà élevé (12.75
Les résultats obtenus lors de cet étalonnage sont sen- sur 15).
siblement différents de ceux proposés par Benton La fidélité test-retest de l’administration A trouvée
(1965). Le manuel français ne fournit pas d’indica- par Benton est de .85 (corrélation sur formes équi-
tion précise sur le recueil des données, ce qui rend valentes), mais les résultats fournis par d’autres
toute comparaison difficile, d’autant que les progres- auteurs sont plus faibles et proches de ce que
sions linéaires des normes présentées en fonction nous trouvons dans notre étude, comme ceux de
de l’âge et du niveau d’intelligence pour l’adminis- Youngjohn, Larrabee et Crook (1992) qui trouvent
tration A sont pour le moins étonnantes. des coefficients de .57 pour le nombre de dessins
Le nombre de dessins corrects, lors de l’administra- corrects et de .53 pour le nombre d’erreurs. Il est
tion A, se modifie entre 8 et 10-11 ans mais dans des donc nécessaire d’être attentif à ce phénomène et
proportions bien moindres que dans les données de d’éviter des passations trop rapprochées.
Benton (1965). Il faut noter que les données de
Benton (1965) sont exactement superposables à Le test discrimine peu les enfants de la population
celles de Sivan (1992 in Baron, 2004) recueillies sur générale mais présente un intérêt évident pour
une population de 236 enfants de 6 ans 6 mois à distinguer les populations pathologiques, notam-
13 ans 5 mois. L’impossibilité de réaliser une mesure ment lors d’une suspicion d’atteinte cérébrale.
du QI en même temps que la passation du BVRT Les différences entre les administrations A et M
explique peut-être cela. Sur l’ensemble de sa popu- sont à prendre en compte pour déterminer l’impact
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lation d’étude, Snow (1998) trouvait un nombre de la composante visuomotrice. Des études de
de dessins corrects de 4,15 en moyenne, soit un à validation pathologique sont également nécessai-
deux dessins en dessous de nos résultats avec une res afin de déterminer plus avant les caractéris-
dispersion (écart type) similaire. tiques spécifiques à différents troubles
L’analyse du score d’erreurs montre une diminution développementaux. La prise en compte des caté-
nette entre 8 ans et 9 ans, suivie d’une stabilisa- gories d’erreurs apparaît comme une piste intéres-
tion au-delà tout au moins pour notre échantillon, sante pour augmenter l’intérêt du BVRT à des fins
mais il faut noter que la dispersion est élevée à tous diagnostiques.

Références
Amieva, H., Jacqmin-Gadda, H., Orgogozo, J.M., Le Carret, N., Helmer, C., Letenneur, L., Barberger-Gateau, P.,
Fabrigoule, C., & Dartigues, J.F. (2005). The 9 year cognitive decline before dementia of the Alzheimer
type : a prospective population-based study. Brain, 128, 1093-1101.
Baron, I.S. (2004). Neuropsychological evaluation of the child. New York : Oxford University Press.
Benton, A.L. (1965). Test de rétention visuelle (2e éd.). Paris : les Editions du Centre de Psychologie Appliquée.
Garcia-Sanchez, C., Estevez-Gonzales, A., Suarez-Romero, E., & Junque, C. (1997). Right hemisphere dysfunc-
tion in subjects with attention-deficit disorder with and without hyperactivity. Journal of Child Neurology, 12,
107-114.

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Test de rétention visuelle de Benton : étalonnage français auprès d’enfants âgés de 8 à 11 ans

Heaton, R.K., Smith, H.H. Jr., Lehman, R.A.W., & Vogt, A.T. (1978). Prospects for faking believable deficits on
neuropsychological testing. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 46, 892-900.
Kasahara, H., Yamada, H., Tanno, M., Kobayashi, M., Karasawa, A., Endo, K., & Ushijima, S. (1995). Magnetic
resonance imaging study of the brain in aged volunteers : T2 high intensity lesions and higher order corti-
cal function. Psychiatry and Clinical Neurosciences, 49(5-6), 273-279.
Kristensen, H., & Oerbeck, B. (2006). Is selective mutism associated with deficits in memory span and visual
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Développements / décembre 2009 33

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