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Bernadette Piérart
in Bernadette Piérart, Le langage de l’enfant
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Bernadette Piérart
INTRODUCTION
Ce chapitre présente quelques épreuves en liaison avec les bases
théoriques pour l’évaluation de la parole discutées au chapitre 5, les
implications théoriques et sémiologiques. Ces preuves permettent une
évaluation psychométrique, précieuse en cas d’atteinte. Elles facilitent la
recherche du niveau de l’atteinte : moteur, perceptif, mnésique (en
général, sur un matériel de non-mots).
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L’évaluation des composantes formelles du langage
I II III IV
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Les épreuves disponibles ont été développées dans le contexte de
l’examen clinique des troubles du langage chez l’enfant. Elles intègrent les
théories de référence disponibles à l’époque de leur construction.
2.2 Phonologie
La phonologie de l’enfant s’apprécie sous son aspect réceptif. Les
compétences portent alors le nom de gnosies auditives. Sous son aspect
production, les épreuves évaluent la phonologie par le truchement de
tâche de dénomination de dessins ou de tâches de répétition.
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des mots n’est pas vérifiée et le contrôle de leur fréquence dans la langue
n’est pas envisagé. La qualité du graphisme laisse à désirer. L’épreuve de
Autesserre et al. (1988) est originale. Elle propose une tâche de décision
sur la similarité ou non des mots et pseudomots présentés, ce qui constitue
une tâche métalinguistique. La qualité du matériel sonore induit énormé-
ment de problèmes lors de l’application prévue par les constructeurs, ce qui
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EEL (1981) à
Phonologie-dénomination Toutes les consonnes 8 ans
du français
Position initiale
Médiane finale
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8 ans. La référence à des enfants plus âgés serait précieuse pour l’examen
phonologique des troubles graves du développement du langage avec ou
sans handicap mental associé.
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res composées de doubles consonnes, soit suivie de « a » soit encadrées
par « a ». Ces deux tableaux mentionnent les scores d’échecs relevés pour
chaque item dans tous les groupes d’âge, ce qui constitue des indicateurs
de leur difficulté.
Dans leur ensemble, il y a peu d’erreurs praxiques. Les praxies
médianes avec un taux de 2,30 % d’erreurs sont plus difficiles que les
praxies initiales dont le taux d’erreurs est 1,93 %. Ce constat, à l’encontre
des conceptions classiques en logopédie, peut s’expliquer par l’allonge-
ment de la structure. Les erreurs se concentrent sur les premiers groupes
d’âge, comme l’indiquent les étalonnages d’ISADYLE (Piérart et al., 2004,
sous presse) les différences pour les praxies simples ne sont sensibles que
dans les groupes 1 (3 ans) et 2 (3 ans 6 mois).
Les observations confirment l’incidence du mode articulatoire, et du
voisement. Dans l’ensemble, les consonnes occlusives, qui exigent un
mouvement articulatoire de tout ou rien sont plus faciles que les conson-
nes fricatives pour lesquelles le mouvement articulatoire est plus précis.
Dans l’ensemble aussi, les consonnes sonores sont plus difficiles que les
consonnes sourdes. L’articulation des consonnes liquides est très facile.
Celle des consonnes nasalisée du même ordre que celle des consonnes
orales correspondantes L’observation du tableau montre aussi la
covariation de ces paramètres articulatoires. Enfin, les données du
tableau 6.4 confirment la très haute difficulté du bloc « s-ch-z-j ».
Le tableau 6.5 présente un rangement des structures selon leur niveau
de difficulté défini par leur nombre d’échecs. Ce rangement pourrait servir
d’appui pour une évaluation critériée.
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L’évaluation des composantes de la parole
Tableau 6.4 – Répartition des échecs dans chaque liste de praxies simples
Pa 9 Apa 23
Ta 11 Ata 14
Ka 8 28 Aka 15 52
Ba 27 Aba 15
Da 23 Ada 22
Ga 32 82 Aga 23 60
Fa 13 Afa 15
sa 31 Asa 23
Cha 8 52 Acha 68 106
Va 23 Ava 23
Za 57 Aza 35
Ja 85 165 Aja 85 143
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Ma 10 Ama 13
Na 19 29 Ana 17 30
La 3 Ala 11
Ra 8 11 Ara 11 22
1 initiale liquides 11
2 médiane liquides 22
3 initiale occlusives sourdes 28
4 initiale nasales 29
5 médiane nasales 30
6 initiale constrictives sourdes 52
6 médiane occlusives sourdes 52
8 médiane occlusives sonores 60
9 initiale occlusives sonores 82
10 médiane constrictives sourdes 106
11 médiane constrictives sonores 143
12 initiale constrictives sonores 165
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Tableau 6.6 – Répartition des échecs dans chaque liste de praxies doubles
Pra 62 Apra 49
Tra 68 Atra 67
Kra 62 192 Akra 64 180
Bra 41 Abra 41
Dra 87 Adra 70
Gra 78 206 Agra 62 173
Fra 44 Afra 36
Vra 64 108 Avra 53 89
Pla 47 Apla 30
Kla 38 Akla 38
Bla 37 Abla 31
Gla 24 146 Agla 45 144
Fla 44 Afla 37
Sta 74 118 Asta 53 90
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Après avoir vérifié la connaissance lexicale des trois mots composant
l’item, on demande à l’enfant de désigner un des trois mots. Par exemple,
verre, fer, mer ou poule, boule, moule.
Dix items sont consacrés à la discrimination de paires de mots
comportant un contraste de voisement (contraste entre consonnes sour-
des/consonnes sonores) : cinq concernent des consonnes occlusives et
cinq se rapportent à des consonnes constrictives. La détection du
contraste donne accès à l’un ou l’autre mot de la triade, le troisième mot,
distracteur, étant retenu sur la base de la détection d’un contraste non
pertinent dans ce premier type d’items.
Dans une second partie de l’épreuve, sept items se consacrent, en
suivant les mêmes procédures, à l’analyse des appuis articulatoires qui
sous-tendent la détection de contrastes phonologiques. Par exemple,
banc, dent, gant. L’appui sensoriel est essentiellement auditif pour la
détection des contrastes entre consonne sourde et consonne sonore. Pour
le second type de contrastes, les appuis sont certes auditifs mais aussi
proprioceptifs et pour certains visuels. Inévitablement, les trois mots
sélectionnés en fonction de ces critères ne présentent pas des fréquences
lexicales identiques. Cette variable, fréquence lexicale des mots, a été
contrôlée autant que faire se peut. Les échecs pour chaque type d’items
sont disponibles au tableau 6.7.
Pour les items figurant au tableau 6.7, conférer une valeur phonologique
aux contrastes de voisement s’avère plus facile lorsque ces contrastes
concernent des paires de consonnes constrictives que des paires d’occlu-
sives. Le premier type de phonème se caractérise par une tenue plus
longue, tandis que les occlusives sont brèves. La durée du phonème joue
un rôle important dans la détection des contrastes. L’appui auditif sur la
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L’évaluation des composantes formelles du langage
Contraste sourde/sonore
occlusive P/b 17 36
T/d 177 190
T/d 276 203
K/g 90 142
K/g 64 109
624 680
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384 610
occlusive P/t 86 83
B/d 49 61
B/g 25 31
D/g 10 15
constrictive S/ch 35 95
F/v 91 130
V/z 95 152
391 567
durée des phonèmes se double d’un appui visuel pour les phonèmes dont
l’articulation se voit (les articulations bilabiales). L’intégration des deux
types de référence amenuise le nombre des erreurs. Les moyennes de
réussites figurent au tableau 6.8, qui mentionne pour chaque groupe
d’âge, le résultat moyen (sur 17), l’écart type et les scores maximum et
minimum relevés. On voit que l’écart maximum-minimum reste impor-
tant durant les six premiers groupes, soit jusqu’à six ans. Il y a donc une
grande variabilité normale entre les enfants, qui se réduit dès l’entrée en
primaire. On peut s’interroger sur l’effet de l’accès au langage écrit sur la
précision du langage oral.
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L’évaluation des composantes de la parole
1 9,55 3,71 0 17
2 11,25 3,73 0 17
3 12,36 3,24 0 17
4 12,91 3,18 0 17
5 13,96 2,36 0 17
6 14,13 2,79 0 17
7 15,70 1,64 8 17
8 15,98 1,37 10 17
9 16,47 0,94 13 17
10 16,83 0,50 14 17
11 19,91 0,35 15 17
12 16,81 0,58 14 17
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4.2 Production phonologique différenciée
Les items « gnosies auditives » peuvent être proposés dans une tâche de
production différenciée des contrastes phonologiques. Les résultats de
cette tâche figurent à la dernière colonne du tableau 6.7. La détection des
contrastes entre les consonnes sourdes et sonores est plus facile que leur
production différenciée. Par contre, il n’y a pas de différence pour une
production phonologiquement distincte entre les appuis sur le voisement
d’une part, sur le mode et le locus articulatoire, d’autre part.
5 COTATION PHONOLOGIQUE
DE L’ÉPREUVE LEXICALE
L’épreuve de dénomination décrite au chapitre 3 fait l’objet d’une cotation
lexicale et d’une cotation phonologique. Seuls les noms fréquents font
l’objet de cette procédure. La cotation est donnée globalement pour
l’item. Les scores ainsi obtenus forment les assises de l’évaluation
normative. La cotation s’assortit d’une grille descriptive des particularités
phonologiques de la production, et des processus phonologiques simpli-
ficateurs. Le choix des items lexicaux assure un balayage de tous les
phonèmes de la langue française. Chaque contraste phonologique inter-
vient au moins à deux reprises sur l’ensemble du matériel phonologique.
Si l’enfant fournit le nom cible, avec une trouble articulatoire ou
phonologique, on lui fournit la dénomination exacte qu’il est ensuite invité
à répéter.
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L’évaluation des composantes formelles du langage
CONCLUSION
Les épreuves de parole décrites ici permettent d’évaluer les compétences
articulatoires et la connaissance implicite de l’enfant des contrastes
porteurs de sens. Les résultats aux épreuves phonologiques sont corrélés
aux résultats sur les dénominations lexicales, les épreuves de syntaxe et
de mémoire. Les épreuves de parole fournissent une évaluation psycho-
métrique, une évaluation descriptive. Les comparaisons du traitement
d’items analogues en réception, en production et en, dénomination
constituent un atout clinique. Chez l’enfant normal, les épreuves de parole
sont toutes saturées très tôt, confirmant les observations sous-jacentes
aux épreuves classiques, habituellement étalonnées jusqu’à quatre ans.
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Les enfants qui présentent des troubles du développement du langage
(Piérart, 1998a) montrent des dissociations parfois importantes d’une
épreuve à l’autre, à côté de performances bien inférieures à celles qu’on
attend pour leur âge, généralement supérieur à quatre ans. La référence
à un étalonnage spécifique à leur âge est utile.
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