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6.

L'ÉVALUATION DES COMPOSANTES DE LA PAROLE : DE


L'ARTICULATION À LA PHONOLOGIE

Bernadette Piérart
in Bernadette Piérart, Le langage de l’enfant

De Boeck Supérieur | « Questions de personne »

2005 | pages 121 à 132


ISBN 9782804145620
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6
L’évaluation des
composantes de la parole :
de l’articulation
à la phonologie
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Bernadette Piérart

INTRODUCTION
Ce chapitre présente quelques épreuves en liaison avec les bases
théoriques pour l’évaluation de la parole discutées au chapitre 5, les
implications théoriques et sémiologiques. Ces preuves permettent une
évaluation psychométrique, précieuse en cas d’atteinte. Elles facilitent la
recherche du niveau de l’atteinte : moteur, perceptif, mnésique (en
général, sur un matériel de non-mots).

1 UNE RÉFÉRENCE THÉORIQUE


Pourquoi lier articulation et phonologie ? Le chapitre 5 nous a présenté les
niveaux d’analyse des difficultés phonologiques : a) traitement du signal
de parole, depuis l’audition jusqu’à l’élaboration des représentations
phonologiques préalables à l’activation des représentations sémantiques
correspondantes ; b) réalisation, à l’aide de programmes articulatoires
précis et différenciés, de la programmation des phonèmes et de leur mise
en ordre pour constituer des mots et des phrases. La figure 6.1 représente
un schéma simplifié qui résume ces opérations. Les épreuves mention-
nées dans ce chapitre concernent les colonnes I et II de la figure 6.1.

121
L’évaluation des composantes formelles du langage

Figure 6.1 – Modules articulatoires et phonologiques

I II III IV

audition analyse auditivo- décodage du lexique


phonétique et des relations
syntaxiques

répétition indépendante sémantique lexicale


de la sémantique morphosyntaxe

articulation programmation formulation et accès lexical


phonologique programmation
morphosyntaxique

2 LES ÉPREUVES EXISTANTES


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Les épreuves disponibles ont été développées dans le contexte de
l’examen clinique des troubles du langage chez l’enfant. Elles intègrent les
théories de référence disponibles à l’époque de leur construction.

2.1 Articulation : praxies articulatoires


Les praxies articulatoires sollicitent la répétition de syllabes dépourvues
de sens, composées de structure consonne/voyelle bien contrôlées. Ce
mode d’application empêche bien évidemment le recours à support
imagé. Son application clinique est, de ce fait, parfois difficile : en cas
d’échec, dont l’enfant est conscient, les constats d’hypospontanéité, de
mutisme voire refus ne sont pas rares. Pour pallier cet inconvénient, elles
sont habituellement raccourcies, si bien que le balayage de tous les
phonèmes n’est pas possible. Les tâches de répétition sollicitent la
mémoire de travail, ce qui peut rendre délicate l’interprétation des
résultats. Leur intérêt pour l’examen des composantes articulatoires rend
leur application indispensable pour certains examens du langage.

2.2 Phonologie
La phonologie de l’enfant s’apprécie sous son aspect réceptif. Les
compétences portent alors le nom de gnosies auditives. Sous son aspect
production, les épreuves évaluent la phonologie par le truchement de
tâche de dénomination de dessins ou de tâches de répétition.

122
L’évaluation des composantes de la parole

Tableau 6.1 – Épreuves disponibles pour l’examen des praxies

Épreuve Procédure Procédure Âge


d’examen de réponse

1. Chevrie-Muller et al. Syllabe non sens Répétition 3ans


BEPL (1988) C+a 4ans
CC + a

2. Chevrie-Muller et al. Syllabe non sens Répétition 4 ans


EEL (1981) C+a à
a+C+a 8 ans

2.2.1 Gnosies auditives

La procédure classique (voir 1 et 2 dans le tableau 6.2) pour examiner les


gnosies auditives sollicite la désignation de dessins représentant les mots
choisis pour leur ressemblance phonologique. La connaissance lexicale
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des mots n’est pas vérifiée et le contrôle de leur fréquence dans la langue
n’est pas envisagé. La qualité du graphisme laisse à désirer. L’épreuve de
Autesserre et al. (1988) est originale. Elle propose une tâche de décision
sur la similarité ou non des mots et pseudomots présentés, ce qui constitue
une tâche métalinguistique. La qualité du matériel sonore induit énormé-
ment de problèmes lors de l’application prévue par les constructeurs, ce qui

Tableau 6.2 – Épreuves disponibles pour l’examen des gnosies

Épreuve Procédure Procédure Âge


d’examen de réponse

1. Chevrie-Muller et al. Paires de mots avec Désignation 4 ans


GAP (1979) contraste phonémique d’images 5 ans
Trait phonémique
Épreuve testant les Point d’articulation
gnosies auditives Sourde-sonore
Orale-nasale

2. Chevrie-Muller et al. Comme 1 3 ans


BEPL (1988) 4 ans

3. Autesserre et al. Paires de mots Signalement 4 ans


DP (1988) de non-mots gestuel à
CVCV ou CVCVC 8 ans
Contraste sur une
cassette
pré-enregistrée

123
L’évaluation des composantes formelles du langage

Tableau 6.3 – Épreuves de phonologie

Épreuve Procédure d’examen Âge


et de réponse

1. Chevrie-Muller et al. Images à dénommer 3 ans


BEPL (1988) 4 ans
Phonologie-dénomination Toutes les consonnes
du français
Position initiale
Médiane

2. Chevrie-Muller et al. Répétition 3 ans


BEPL (1988) mots/examinateur 4 ans
Phonologie-répétition

3. Chevrie-Muller et al. Images à dénommer 4 ans


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EEL (1981) à
Phonologie-dénomination Toutes les consonnes 8 ans
du français
Position initiale
Médiane finale

4. Chevrie-Muller et al. Répétition 4 ans


EEL (1981) Mots/ dénomination à
Phonologie-répétition 8 ans

5. Chevrie-Muller et al. Répétition 4 ans


EEL (1981) Mots peu fréquents, longs à
Phonologie-mots difficiles articulatoires difficiles 8 ans

6. Chevrie-Muller et al. Répétition 8 ans1/2


L2MA (1997) Mots peu fréquents, longs à
Phonologie-mots difficiles articulatoires difficiles 11ans1/2

7. Chevrie-Muller et Plaza Dénomination et répétition 4 ans


NEEL (2001) de mots unisyllabiques et à
Phonologie et articulation plurisyllabiques présentés 8 ans
sur images

8. Chevrie-Muller et Plaza Répétition de mots peu 4 ans


NEEL (2001) fréquents à
Phonologie et mémoire (de 3 à 6 syllabes) 8 ans

124
L’évaluation des composantes de la parole

entraîne les cliniciens à appliquer l’épreuve en champ libre, rendant ainsi


les étalonnages inutilisables. De ce fait, les épreuves de gnosies disponi-
bles ne couvrent pratiquement que la tranche d’âge de 3 à 5 ans.

2.2.2 Aspects productifs : les épreuves de phonologie

Les épreuves de phonologie évaluent la production phonologique par des


tâches de dénomination d’images ou par des tâches de répétition de mots.
Les items sont toujours constitués de noms. Certains sont considérés
comme facile à articuler. D’autres, considérés comme difficiles sont
composés des structures articulatoires complexes (par ex. Sardanapale,
cosmopolitisme) de longueur croissante. Ces mots appartiennent à la
langue française, mais ils sont très peu fréquents. On peut se poser la
question de leur statut pour des enfants : s’agit-il de non-mots ou de
mots ? Cette question renvoie à celle l’interprétation des résultats.
Les tranches d’âge examinées en phonologie ne vont pas au-delà de
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8 ans. La référence à des enfants plus âgés serait précieuse pour l’examen
phonologique des troubles graves du développement du langage avec ou
sans handicap mental associé.

3 LES ÉPREUVES DANS ISADYLE


Il y a quatre types d’épreuves destinées à l’examen de la parole.

3.1 Les épreuves articulatoires ou « praxies articulatoires »


Les épreuves articulatoires, ou praxies articulatoires, requièrent la répé-
tition de syllabes dépourvues de sens. L’épreuve des praxies d’ISADYLE
croise les paramètres de longueur, d’amorce et de caractéristiques
articulatoires. Il y a deux niveaux de longueur : une syllabe et deux
syllabes. Dans un premier type de structure, classiquement étiquetée
comme praxie initiale, l’amorce est une consonne ou un groupe de deux
consonnes. Dans le second type de structure, classiquement appelée
praxie médiane, l’amorce est une voyelle, le « a » en l’espèce. Enfin, le
troisième paramètre de construction des items intègre les oppositions des
consonnes selon leur mode articulatoire d’une part, consonne occlusive
et consonne constrictive, et la présence de la vibration des cordes vocales
d’autre part, consonne sourde et consonne sonore.
Le contrôle de ces paramètres classiquement examinés pour les
consonnes de la langue française, dans les batteries disponibles (voir

125
L’évaluation des composantes formelles du langage

paragraphe 2) permet l’évaluation psychométrique des compétences


pour la planification et l’exécution articulatoire proposées à la figure 5.1
du chapitre précédent. La comparaison psychométrique sur les mêmes
enfants des réalisations phonologiques lexicales (chapitre 2 et 3),
morphosyntaxiques (chapitre 4), métalinguistiques ouvre la voie à des
hypothèses sémiologiques et permet leur mise à l’épreuve.
La répétition des structures est indépendante de la sémantique. Elle
se donne pour objectif de vérifier la composante de mouvement
articulatoire. Ces structures sollicitent très peu la rétention mnésique,
bien que les praxies médianes soient légèrement plus exigeantes que les
praxies initiales.
Il y a deux types de structures complémentaires. Les structures du
premier type se composent d’une consonne suivie de « a ». Celles du
second type encadrent la consonne sous étude de deux voyelles identi-
ques. Le balayage systématique des consonnes de la langue française
fournit deux listes de 16 items qui peuvent être lues au tableau 6.4.
Deux autres listes, qui figurent au tableau 6.6 présentent des structu-
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res composées de doubles consonnes, soit suivie de « a » soit encadrées
par « a ». Ces deux tableaux mentionnent les scores d’échecs relevés pour
chaque item dans tous les groupes d’âge, ce qui constitue des indicateurs
de leur difficulté.
Dans leur ensemble, il y a peu d’erreurs praxiques. Les praxies
médianes avec un taux de 2,30 % d’erreurs sont plus difficiles que les
praxies initiales dont le taux d’erreurs est 1,93 %. Ce constat, à l’encontre
des conceptions classiques en logopédie, peut s’expliquer par l’allonge-
ment de la structure. Les erreurs se concentrent sur les premiers groupes
d’âge, comme l’indiquent les étalonnages d’ISADYLE (Piérart et al., 2004,
sous presse) les différences pour les praxies simples ne sont sensibles que
dans les groupes 1 (3 ans) et 2 (3 ans 6 mois).
Les observations confirment l’incidence du mode articulatoire, et du
voisement. Dans l’ensemble, les consonnes occlusives, qui exigent un
mouvement articulatoire de tout ou rien sont plus faciles que les conson-
nes fricatives pour lesquelles le mouvement articulatoire est plus précis.
Dans l’ensemble aussi, les consonnes sonores sont plus difficiles que les
consonnes sourdes. L’articulation des consonnes liquides est très facile.
Celle des consonnes nasalisée du même ordre que celle des consonnes
orales correspondantes L’observation du tableau montre aussi la
covariation de ces paramètres articulatoires. Enfin, les données du
tableau 6.4 confirment la très haute difficulté du bloc « s-ch-z-j ».
Le tableau 6.5 présente un rangement des structures selon leur niveau
de difficulté défini par leur nombre d’échecs. Ce rangement pourrait servir
d’appui pour une évaluation critériée.

126
L’évaluation des composantes de la parole

Tableau 6.4 – Répartition des échecs dans chaque liste de praxies simples

Praxies Échec Praxies Échec


initiales /1120 médianes /1120

Pa 9 Apa 23
Ta 11 Ata 14
Ka 8 28 Aka 15 52

Ba 27 Aba 15
Da 23 Ada 22
Ga 32 82 Aga 23 60

Fa 13 Afa 15
sa 31 Asa 23
Cha 8 52 Acha 68 106

Va 23 Ava 23
Za 57 Aza 35
Ja 85 165 Aja 85 143
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Ma 10 Ama 13
Na 19 29 Ana 17 30

La 3 Ala 11
Ra 8 11 Ara 11 22

Total 367 Total 780

Tableau 6.5 – Ordre de difficulté des praxies simples

Ordre de Position Mode N


difficulté articulatoire échecs

1 initiale liquides 11
2 médiane liquides 22
3 initiale occlusives sourdes 28
4 initiale nasales 29
5 médiane nasales 30
6 initiale constrictives sourdes 52
6 médiane occlusives sourdes 52
8 médiane occlusives sonores 60
9 initiale occlusives sonores 82
10 médiane constrictives sourdes 106
11 médiane constrictives sonores 143
12 initiale constrictives sonores 165

127
L’évaluation des composantes formelles du langage

Les données du tableau 6.6 relèvent un taux d’échec plus important


pour les praxies doubles. Cette mesure est sensible jusqu’à 5 ans.
Pour les praxies doubles, l’articulation en position initiale est plus
difficile que celle qui est en position médiane, spécialement pour le
groupe d’occlusives.
Pour les occlusives sourdes, la double position donne 192 échecs
alors que la position simple en occasionne 28 en début de structure, soit
quelque sept fois plus d’échecs. La complexité articulatoire des praxies
médianes montre un écart moindre : les praxies doubles génèrent180
échecs au lieu de 52 pour les praxies simples, soit trois fois plus.
Pour les occlusives sonores, la double position donne 206 échecs
alors que la position simple en fournit 82, en ce qui concerne les praxies
initiales, soit deux et demi fois plus. En position médiane, les praxies
doubles ont conduit à 173 échecs au lieu de 60 en position simple, soit
trois fois plus. Les praxies doubles qui comportent un « r » sont deux fois
plus difficiles que celles qui contiennent un « l ».
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Tableau 6.6 – Répartition des échecs dans chaque liste de praxies doubles

Praxies Échec Praxies Échec


initiales /1120 médianes /1120

Pra 62 Apra 49
Tra 68 Atra 67
Kra 62 192 Akra 64 180

Bra 41 Abra 41
Dra 87 Adra 70
Gra 78 206 Agra 62 173

Fra 44 Afra 36
Vra 64 108 Avra 53 89

Pla 47 Apla 30
Kla 38 Akla 38
Bla 37 Abla 31
Gla 24 146 Agla 45 144

Fla 44 Afla 37
Sta 74 118 Asta 53 90

Total 770 Total 673

128
L’évaluation des composantes de la parole

4 DÉTECTION ET PRODUCTION DE CONTRASTES


PHONOLOGIQUES LEXICAUX
Sous leur versant réceptif, ces épreuves constituent l’homologue des
classiques « gnosies auditives » présentes dans les batteries de langage
revues plus haut et dont l’analyse critique figure au chapitre 5. Dans
ISADYLE, elles comportent en outre un versant productif, des mêmes
items, ce qui autorise la comparaison entre les deux types d’épreuves.

4.1 Gnosies auditives


Les items sont composés de trois photos représentant des mots monosyl-
labiques ou bisyllabiques, qui ne se différencient entre eux que par un
contraste phonologique. Deux photos illustrent le contraste sous étude, la
troisième sert de distracteur. La procédure est la suivante : les trois photos
composant l’item sont disposées côte à côte sur une bande de papier.
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Après avoir vérifié la connaissance lexicale des trois mots composant
l’item, on demande à l’enfant de désigner un des trois mots. Par exemple,
verre, fer, mer ou poule, boule, moule.
Dix items sont consacrés à la discrimination de paires de mots
comportant un contraste de voisement (contraste entre consonnes sour-
des/consonnes sonores) : cinq concernent des consonnes occlusives et
cinq se rapportent à des consonnes constrictives. La détection du
contraste donne accès à l’un ou l’autre mot de la triade, le troisième mot,
distracteur, étant retenu sur la base de la détection d’un contraste non
pertinent dans ce premier type d’items.
Dans une second partie de l’épreuve, sept items se consacrent, en
suivant les mêmes procédures, à l’analyse des appuis articulatoires qui
sous-tendent la détection de contrastes phonologiques. Par exemple,
banc, dent, gant. L’appui sensoriel est essentiellement auditif pour la
détection des contrastes entre consonne sourde et consonne sonore. Pour
le second type de contrastes, les appuis sont certes auditifs mais aussi
proprioceptifs et pour certains visuels. Inévitablement, les trois mots
sélectionnés en fonction de ces critères ne présentent pas des fréquences
lexicales identiques. Cette variable, fréquence lexicale des mots, a été
contrôlée autant que faire se peut. Les échecs pour chaque type d’items
sont disponibles au tableau 6.7.
Pour les items figurant au tableau 6.7, conférer une valeur phonologique
aux contrastes de voisement s’avère plus facile lorsque ces contrastes
concernent des paires de consonnes constrictives que des paires d’occlu-
sives. Le premier type de phonème se caractérise par une tenue plus
longue, tandis que les occlusives sont brèves. La durée du phonème joue
un rôle important dans la détection des contrastes. L’appui auditif sur la

129
L’évaluation des composantes formelles du langage

Tableau 6.7 – Nombre d’échecs aux épreuves de contraste phonologique

Type de contraste Détection Production


Échecs /400 Échec /400

Contraste sourde/sonore

occlusive P/b 17 36
T/d 177 190
T/d 276 203
K/g 90 142
K/g 64 109

624 680

constrictive F/v 62 145


S/z 75 152
S/z 55 76
Ch/j 59 100
Ch/j 133 137
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384 610

Mode et locus articulatoire

occlusive P/t 86 83
B/d 49 61
B/g 25 31
D/g 10 15
constrictive S/ch 35 95
F/v 91 130
V/z 95 152

391 567

durée des phonèmes se double d’un appui visuel pour les phonèmes dont
l’articulation se voit (les articulations bilabiales). L’intégration des deux
types de référence amenuise le nombre des erreurs. Les moyennes de
réussites figurent au tableau 6.8, qui mentionne pour chaque groupe
d’âge, le résultat moyen (sur 17), l’écart type et les scores maximum et
minimum relevés. On voit que l’écart maximum-minimum reste impor-
tant durant les six premiers groupes, soit jusqu’à six ans. Il y a donc une
grande variabilité normale entre les enfants, qui se réduit dès l’entrée en
primaire. On peut s’interroger sur l’effet de l’accès au langage écrit sur la
précision du langage oral.

130
L’évaluation des composantes de la parole

Tableau 6.8 – Résultats globaux à l’épreuve de gnosies auditives

Groupe d’âge Moyenne Écart-type Minimum Maximum

1 9,55 3,71 0 17
2 11,25 3,73 0 17
3 12,36 3,24 0 17
4 12,91 3,18 0 17
5 13,96 2,36 0 17
6 14,13 2,79 0 17
7 15,70 1,64 8 17
8 15,98 1,37 10 17
9 16,47 0,94 13 17
10 16,83 0,50 14 17
11 19,91 0,35 15 17
12 16,81 0,58 14 17
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4.2 Production phonologique différenciée
Les items « gnosies auditives » peuvent être proposés dans une tâche de
production différenciée des contrastes phonologiques. Les résultats de
cette tâche figurent à la dernière colonne du tableau 6.7. La détection des
contrastes entre les consonnes sourdes et sonores est plus facile que leur
production différenciée. Par contre, il n’y a pas de différence pour une
production phonologiquement distincte entre les appuis sur le voisement
d’une part, sur le mode et le locus articulatoire, d’autre part.

5 COTATION PHONOLOGIQUE
DE L’ÉPREUVE LEXICALE
L’épreuve de dénomination décrite au chapitre 3 fait l’objet d’une cotation
lexicale et d’une cotation phonologique. Seuls les noms fréquents font
l’objet de cette procédure. La cotation est donnée globalement pour
l’item. Les scores ainsi obtenus forment les assises de l’évaluation
normative. La cotation s’assortit d’une grille descriptive des particularités
phonologiques de la production, et des processus phonologiques simpli-
ficateurs. Le choix des items lexicaux assure un balayage de tous les
phonèmes de la langue française. Chaque contraste phonologique inter-
vient au moins à deux reprises sur l’ensemble du matériel phonologique.
Si l’enfant fournit le nom cible, avec une trouble articulatoire ou
phonologique, on lui fournit la dénomination exacte qu’il est ensuite invité
à répéter.

131
L’évaluation des composantes formelles du langage

La comparaison entre les performances lors de la dénomination et de


la répétition des mêmes items est précieuse pour le diagnostic différentiel
des sous-types de dysphasies.

CONCLUSION
Les épreuves de parole décrites ici permettent d’évaluer les compétences
articulatoires et la connaissance implicite de l’enfant des contrastes
porteurs de sens. Les résultats aux épreuves phonologiques sont corrélés
aux résultats sur les dénominations lexicales, les épreuves de syntaxe et
de mémoire. Les épreuves de parole fournissent une évaluation psycho-
métrique, une évaluation descriptive. Les comparaisons du traitement
d’items analogues en réception, en production et en, dénomination
constituent un atout clinique. Chez l’enfant normal, les épreuves de parole
sont toutes saturées très tôt, confirmant les observations sous-jacentes
aux épreuves classiques, habituellement étalonnées jusqu’à quatre ans.
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Les enfants qui présentent des troubles du développement du langage
(Piérart, 1998a) montrent des dissociations parfois importantes d’une
épreuve à l’autre, à côté de performances bien inférieures à celles qu’on
attend pour leur âge, généralement supérieur à quatre ans. La référence
à un étalonnage spécifique à leur âge est utile.

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