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Bernadette Piérart
in Bernadette Piérart, Le langage de l’enfant
2005 | pages 49 à 63
ISBN 9782804145620
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/le-langage-de-l-enfant---page-49.htm
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Bernadette Piérart
INTRODUCTION
Le lexique comporte différentes catégories : noms, verbes, adjectifs,
prépositions, adverbes, etc. Les grammaires décrivent les structures de
ces unités lexicales dont les fonctions se complètent pour construire la
phrase et communiquer des contenus significatifs. Les diverses unités
linguistiques se mettent en place successivement au cours du développe-
ment de l’enfant, pour des raisons cognitives et pour des raisons linguis-
tiques.
Les troubles graves du langage chez l’enfant témoignent de
dysharmonies dans le calendrier et dans les itinéraires du développement
langagier qu’il est important de pouvoir évaluer précisément pour affiner
le diagnostic des troubles et planifier les étapes d’une rééducation.
Ce chapitre est consacré à la description des principales caractéris-
tiques des premières étapes du développement du langage1.
1. Pour plus de détails, nous renvoyons le lecteur aux excellents ouvrages de synthèse de
Moreau et Richelle (1981) et de Rondal et al. (1999).
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L’évaluation des composantes formelles du langage
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Dans quelle mesure la fréquence des termes lexicaux dans le langage
que la mère adresse à son enfant joue-t-elle un rôle sur la composition du
lexique de l’enfant ? La fréquence lexicale dans les propos adressés à
l’enfant est-elle la seule variable qui influence l’architecture du lexique
enfantin ?
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Genèse et structuration du lexique
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1.2 L’architecture du lexique enfantin
La constitution du lexique obéit au processus suivant : l’enfant entend
autour de lui des mots et les retient, avec leur contexte extralinguistique.
Pour construire ses représentations mentales, l’enfant doit découvrir les
régularités sous-jacentes à l’utilisation des lexèmes par l’adulte. Dans
cette perspective, la structuration du lexique est initialement une cons-
truction intrinsèque à l’enfant, ultérieurement mise en forme dans les
canevas de sa langue maternelle par ses interlocuteurs et plus spécifique-
ment par sa mère (Evans et Wodar,1997).
La rapidité de l’acquisition du vocabulaire par le jeune enfant est
notoire. Le premier mot apparaît en moyenne à 10 mois. Le répertoire
lexical s’accroît ensuite lentement pour atteindre une vingtaine de mots
vers 18 mois. Le rythme d’acquisition du lexique connaît alors une
accélération spectaculaire, pour arriver à quelque 100 mots vers 20 mois,
300 mots vers 24 mois et un millier de mots à 36 mois (Smith, 1926). On
estime à 3 à 10 mots par jour le rythme de cette acquisition, depuis l’âge
de 2 ans environ jusqu’à 10 ans (Carey, 1978). Les raisons de cette
explosion linguistique font l’objet d’hypothèses et de travaux de recher-
che depuis 1980.
Cette brusque accélération du rythme d’acquisition lexicale s’ob-
serve, quel que soit l’âge du début du langage. Elle se constate aussi chez
les enfants dont le développement langagier est atypique ou
dysharmonique. Les observations prennent ici valeur épistémologique et
les travaux se multiplient pour tenter d’identifier les raisons de ce brusque
accroissement quantitatif du lexique. Les enfants examinés dans un
contexte de consultation pour troubles du développement du langage
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plus large.
Aux tout débuts du langage, le nombre de noms acquis est plus
important que celui des verbes. Deux hypothèses tendent à rendre
compte de cette asymétrie, dans la littérature. L’hypothèse dominante est
conceptuelle : les verbes sont cognitivement plus complexes que les
noms. Leur acquisition requiert de ce fait chez l’enfant un niveau de
développement intellectuel plus avancé. L’hypothèse alternative (Gillette
et al., 1999) soutient que les exigences d’information qui sous-tendent
l’apprentissage des verbes ne sont pas prioritairement conceptuelles
mais plutôt linguistiques. Un apprentissage efficace des verbes requiert
l’accès à des caractéristiques structurales du langage. Il ne pourrait donc
pas se produire avant que les bases nominales soient solidement cons-
truites.
Dès le début de l’acquisition du lexique, les noms d’objets sont les plus
fréquents (environ 40 % selon Bloom et al., 1993). Dans le lexique de
l’enfant jusqu’à environ trois ans, les noms sont sur-représentés et les
verbes sont sous-représentés, comparativement à la fréquence de ces
catégories dans les propos tenus dans l’entourage de l’enfant. Les noms
vont apparaître avant les verbes dans le développement de la production
lexicale (Nelson, 1973). Les noms sont aussi compris plus tôt que les
verbes.
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un nombre, parfois important, de liens entre leurs traits sémantiques. Le
contenu sémantique des mots ne sera pleinement utilisable par l’enfant
que lorsqu’il aura construit toutes les bases cognitives sous-jacentes à la
représentation de ces traits (voir, pour des exemples, Piérart, 1978a,
1998a). Avec le développement langagier, les divers champs sémanti-
ques lexicaux de l’enfant connaîtront maintes révisions, plusieurs enri-
chissements, quelques nuances. Ces remaniements contribuent à la
structuration du lexique ou du moins de quelques facettes de celui-ci,
telles les relations d’inclusion (chien-animal), les relations de partie à tout
(doigt main bras), à la détection des incompatibilités lexicales (un chien
ne peut être aussi un chat), et des différentes significations d’un mot
(Rondal et al., 1999).
Les verbes ne décrivent pas directement le monde (Gleitman, 1990).
Cette observation concerne aussi plusieurs termes relationnels, comme
les prépositions, les adverbes, les adjectifs comparatifs. Les verbes
décrivent plutôt une certaine perspective sur le monde, choisie par le
locuteur (« Marie donne une balle à Jean », comporte des nuances
différentes de « Jean reçoit une balle de Marie »). On peut donc s’attendre
à ce que l’acquisition des noms représentant des objets ait lieu avant que
l’apprentissage des verbes puisse réellement commencer.
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et celles qui réservent une priorité à la syntaxe. La structure sémantique
des verbes contient des rôles conceptuels, particulièrement étudiés à
propos des verbes de dire et de don (par ex., le donneur, l’objet donné et
le receveur). Les tenants d’une explication développementale sémanti-
que notent qu’une fois que l’enfant comprend la signification d’un verbe,
il est capable d’utiliser ce verbe pour en découvrir les fonctions syntaxi-
ques (Gropen et al., 1991 ; Pinker, 1989). Les partisans de l’hypothèse
d’un lien syntaxique induit par le verbe ont relevé des corrélations
significatives entre la signification du verbe et la structure syntaxique de
la phrase (Gleitman, 1990 ; Naigles et al., 1993). Bien que les verbes
jouent un rôle primordial dans l’organisation et la production du langage,
leurs référents sont souvent rapides et fugaces. Les enfants pourraient, de
ce fait, tirer moins facilement parti de leurs observations sur les person-
nes, les lieux et les objets de leur environnement, pour construire la
signification des verbes, alors que cet inconvénient ne se produit pas pour
d’autres catégories grammaticales. Dans un certain nombre de recher-
ches, on a pu montrer que les enfants et aussi les adultes exploitent les
indices structuraux de la phrase lorsqu’ils rencontrent un nouveau verbe.
Dès deux ans, l’enfant est sensible aux particularités des structures
syntaxiques comportant un argument (Naigles, 1990).
Gentner (1981) montre que la complexité sémantique de la représen-
tation n’est pas le seul critère pour distinguer l’acquisition des noms de
celle des verbes. Les différents types de verbes, leur valence et leur
rection, pourraient jouer en outre un rôle non négligeable. Les verbes
intransitifs et les verbes transitifs diffèrent à la fois dans leur complexité
sémantique et dans leur complexité syntaxique. Leur production requiert
une référence à un nombre différent d’arguments. Un verbe intransitif
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verbes intransitifs, 19 verbes transitifs, ces trois catégories étant appa-
riées pour la fréquence. Les résultats montrent une asymétrie très
significative dans l’acquisition des catégories d’items : les verbes intran-
sitifs sont plus difficiles que les deux autres catégories. Les variables d’âge
et de type d’habitat sont significatives. Une asymétrie de même type peut
être constatée quand les verbes sont présentés sur vidéo : il y a, dans
l’ensemble de l’échantillon, 81 % de réussite pour les verbes intransitifs et
93 % de réussite pour les verbes transitifs.
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L’évaluation des composantes formelles du langage
1979 ; Snowling et al., 1988 ; Wiig et al., 1982). Les raisons de ces
différences ne sont pas claires. Quelques recherches ont conclu qu’elles
étaient liées aux processus linguistiques impliquant le stockage et le
rappel des items lexicaux (Denckla et Rudel, 1976 ; Kail et Leonard,
1986). Les enfants (SLI) examinés par Lahey et Ewards (1996) étaient
plus lents dans la dénomination des images d’objets communs que leurs
pairs sans troubles de langage. Comparant les deux types d’enfants dans
différentes tâches, les auteurs attribuent à des traitements non linguisti-
ques plutôt qu’à des traitements linguistiques la plus grande rapidité de
dénomination des enfants contrôles par rapport aux enfants SLI (voir
aussi Kail, 1994). Par contre, ils attribuent à certaines aspects du
traitement linguistique la plus grande imprécision des dénominations des
enfants SLI en référence à celle de leurs pairs.
Plusieurs recherches ont documenté des différences importantes
dans l’utilisation des verbes par les enfants dysphasiques, en comparai-
son aux enfants qui développent normalement leur langage (Kelly et Rice,
1994 ; van der Lely, 1994 ; Watkins et al., 1993). Les enfants dysphasiques
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(SLI) disposent d’un lexique des verbes limité. Les analyses de cas de Rice
et Bode (1993) sur le langage spontané de trois jeunes enfants
dysphasiques (SLI) indiquent qu’ils produisent moins de verbes au total
et que leur lexique verbal se caractérise par une diversité moindre (IDL)
que les enfants-contrôles, pairés pour l’âge et le LMPV. Ils produisent un
éventail plus restreint de verbes très fréquents. Les verbes utilisés dans
leurs productions spontanées sont davantage des verbes non spécifiques,
passe-partout, qui répondent à trois caractéristiques :1) leur occurrence
est très fréquente ; 2) leur forme est phonétiquement simple : ils sont
monosyllabiques ; 3) les rapports sémantique/syntaxe qu’ils encodent ne
sont pas spécifiques.
Dans leur recherche sur l’utilisation des verbes et de la morphologie
verbale, Conti-Ramsden et Jones(1997) observent sur des études longi-
tudinales que les enfants SLI utilisent moins fréquemment les verbes et
plus fréquemment les noms. En outre, les traitements des verbes seraient
particuliers.
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repérer les liaisons les plus marquantes et représenter ces liaisons au
moyen d’un graphe. Appliquée avec des adultes, au lexique des parties
du corps, cette procédure conduit à une représentation qui fait apparaître,
non seulement que certaines régions du corps sont plus détaillées que
d’autres,mais qu’il existe tout un réseau de relations constitutives de
sous-ensembles intégrés : les organes localisés dans la tête, et spéciale-
ment la bouche ; les membres supérieurs, les membres inférieurs ; les
principaux organes internes du tronc. La procédure est applicable avec de
grands enfants. Elle montre une réorganisation lexicale des parties du
corps avec l’âge (Costermans ;1979).
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marque, postule que le rythme d’acquisition des antonymes, tels « grand-
petit », « haut-bas », « long-court » sera fonction du nombre de traits
sémantiques qu’ils comportent. Le trait marqué contient un trait séman-
tique de plus que son antonyme non marqué. Il devrait être acquis après
l’autre terme.
Les « antonymes lexicaux » mettent en opposition de marque deux
substantifs, deux verbes, deux adjectifs, différents, qui pourraient être
appris et traités lexicalement de manière indépendante, comme par
exemple « guerre-paix », « lourd-léger », « gentil-méchant », « haut-bas »,
« allumer-éteindre », etc. Leur relation tient au partage d’un certain
nombre de traits sémantiques communs. On distingue par ailleurs des
antonymes qui sont construits par ajout d’un préfixe à un radical,par
exemple « soumis-insoumis », « facile-difficile », « utile-inutile », « habiller-
déshabiller », etc. Cette construction systématique exige l’application
d’une règle morphosyntaxique.
La littérature rapporte que les enfants découvrent assez facilement les
contraires « lexicaux » qui font appel à un mot différent, alors qu’à
l’inverse, ils échouent massivement aux contraires construits par appli-
cation des règles grammaticales (voir par exemple, Charkes et al., 1994).
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axe corporel sur les objets à localiser est un concept central dans un
deuxième type de modèle théorique. Les modèles sémantiques consti-
tuent un troisième type de référence théorique, qu’ils soient locaux ou
généraux.
Les premières observations sur l’acquisition des marqueurs de rela-
tions spatiales par les enfants se sont essentiellement inscrites dans le
contexte des modèles psychosémantiques lexicaux faisant la part belle
aux hypothèses de complexité sémantique. Nos observations sur la
genèse et le développement des marqueurs de relations spatiales, entre
trois et dix ans (Piérart, 1975 ; 1977 ; 1978a ; 1978b), ont montré la
pertinence de ces modèles psychosémantiques lexicaux : (1) la construc-
tion du sens des marqueurs de relations spatiales est de nature opposi-
tionnelle ; (2) l’ordre d’acquisition des prépositions d’espace et leurs
particularités de compréhension et d’usage au cours du développement
de l’enfant confirment la nature componentielle du contenu lexical
sémantique de celles-ci ; (3) l’enfant comprend et utilise les marqueurs
de relations spatiales en réduisant leur contenu sémantique à celui qui
correspond à son niveau de représentation des relations spatiales, quand
il ne leur confère pas tout simplement le rôle d’exprimer la permanence
de l’objet.
L’ensemble de nos observations permet de distinguer deux périodes
dans l’organisation des marqueurs de relations spatiales, en prenant six
ans comme point charnière. Les marqueurs acquis au début de la
première période sont dans, autour (de) (Piérart, 1976a), près (de), à côté
(de) (Piérart, 1976b). Avant six ans, les enfants attribuent un sens
particulier au marqueur derrière, celui d’un voisinage spécifique lié à un
objet de référence naturellement orienté. Ce sens particulier se combine
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période s’estompent. À partir de 6 ans, les enfants deviennent capables
de se représenter la droite projective, ou du moins ses premières étapes
et il est permis de supposer que ces prémices représentatives de la droite
projective fondent la représentation des axes « verticalité », « sagittalité »,
« latéralité » ainsi que leur coordination réciproque. La construction
euclidienne de la mesure débute simultanément à la prise de conscience
de l’influence des divers points de vue du sujet sur l’objet, caractérisant
la genèse de l’espace projectif, pour s’achever vers 9 ans 6 mois. À partir
de ce moment, l’enfant différencie entre de au milieu de (Piérart, 1975),
qu’il réserve à la description d’une égalité des distances alors qu’entre 5
et 9 ans, l’enfant utilise ces deux lexèmes comme synonymes pour
marquer une relation entre trois ou plusieurs objets.
L’acquisition des marqueurs de relations spatiales est une construc-
tion originale de l’enfant, à partir des caractéristiques que ceux-ci
présentent en français, en appui sur les particularités de son développe-
ment cognitif. Les spécificités des marqueurs de relations spatiales en
français, proposées à maintes reprises dans l’environnement langagier
des enfants, ne deviennent pleinement utilisables que lorsque s’achève le
développement des notions cognitives sous-jacentes.
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L’enfant perçoit les couleurs comme les adultes très précocement,
dès 4 mois, âge où il est déjà capable de segmenter le spectre des couleurs
en catégories semblables à celles des adultes. Il semble que les bébés
organisent les couleurs de base autour de prototypes, de manière
naturelle, bien avant qu’ils n’apprennent leur nom, puis celui d’autres
couleurs, en augmentant le nombre de catégories et en restreignant
l’extension de chacune. Le même phénomène se produit pour les formes
visuelles (Landeau et al., 1988) et pour la perception auditive de phonè-
mes. Heider (1971) a conduit une série d’expériences avec des enfants de
3-4 ans pour tester l’hypothèse que les couleurs de base sont plus
saillantes, pour le jeune enfant que pour l’adulte. Cette saillance serait
basée sur la neuropsychologie de la vision. Ces couleurs, au nombre de
onze, sont présentes dans toutes les langues (Berlin et Kay, 1969).
Les recherches anglo-saxonnes se sont inscrites dans un débat
théorique opposant les tenants d’une conception constructiviste du sens
des items lexicaux, procédant par un processus d’addition de structures
sémantiques minimales (Clark, 1973) et les partisans, plus nombreux,
d’une conception alternative basée sur la notion de prototype, en relation
avec cette saillance perceptive (Rosch, 1973,1975 ; Mervis et al., 1975 ;
Barrett, 1982 ; Bowerman, 1978 ; Greenberg et Kuczaj, 1982).
Cruse (1977) rapporte que les enfants comprennent le sens du mot
« couleur » très tôt. Leur vocabulaire inclut un ou plusieurs termes de
couleur très précocement aussi (à 2 ans 6 mois les enfants dénomment
trois couleurs en moyenne, Johnson, 1977). Bien avant l’entrée à l’école
primaire, les enfants ont déjà associé correctement les termes désignant
les couleurs de base à leurs couleurs respectives. Ils continuent à
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couleurs peuvent être créées en mélangeant d’autres (olive est vert-
jaune ; bleu turquoise est bleu-vert et crème est blanc-jaune). Les
épreuves de fluence révèlent bien ce phénomène (Piérart, en prépara-
tion). D’autres soulignent le caractère non prioritaire des qualités chro-
matiques des objets. La couleur est inhérente à l’objet et par conséquent,
en préciser la couleur est nécessairement secondaire dans la dénomina-
tion. Connaître le nom de l’objet est aussi plus utile que de connaître le
nom de sa couleur (Mc Namara, 1972). Baldwin (1989) a montré que
lorsque les objets n’ont pas encore d’étiquette verbale, l’enfant tend à les
ranger par couleur alors que lorsqu’ils sont étiquetés, il tend à les ranger
selon d’autres critères que la couleur.
La fréquence d’emploi des unités lexicales exerce une influence sur
les acquisitions du langage l’enfant en lui indiquant l’ordre dans lequel il
doit effectuer son apprentissage.
Qu’en est-il pour les noms de couleur ? La table de Gougenheim
(1964) range les couleurs de base selon leurs fréquences décroissantes :
noir, blanc, rouge, bleu, vert, jaune, rose, gris, orange, violet, marron,
beige. Les fréquences des mêmes couleurs dans la table NOVLEX
(Lambert et Chesnay, 2001) sont toutes supérieures à 4 284, ce qui en fait
des mots fréquents.
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dénomination destinées à l’enfant, qui tentent d’intégrer ces paramètres.
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