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PRÉFACE

Claude Chevrie-Muller
in Bernadette Piérart, Le langage de l’enfant

De Boeck Supérieur | « Questions de personne »

2005 | pages 5 à 7
ISBN 9782804145620
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/le-langage-de-l-enfant---page-5.htm
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Préface

Claude Chevrie-Muller

Le professeur Bernadette Piérart présente dans cet ouvrage les résultats


des travaux qu’elle vient de mener sur l’évaluation des capacités linguis-
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tiques ; elle nous fait part de sa grande expérience en matière de clinique
du langage de l’enfant. On ne peut que se féliciter de voir se confirmer
encore une fois l’idée qu’une telle évaluation est possible, légitime et utile.
Cette pratique s’appuie sur les modèles de la linguistique théorique et de
la neurolinguistique qui viennent guider le recueil de données, aux
différents stades du développement, dans des populations d’enfants
représentatives. La méthode, sur laquelle nous avons fondé nos propres
travaux, s’est révélée fructueuse en matière de pathologies du langage
chez l’enfant. La démarche proposée – avec l’utilisation de batteries
d’épreuves autorisant l’observation et l’évaluation des capacités
articulatoires, phonologiques, lexicales, morphosyntaxiques, l’explora-
tion tant de l’expression que de la compréhension, et souvent aussi celle
de capacités cognitives spécifiques liées aux apprentissages de l’oral et
de l’écrit – peut paraître aujourd’hui évidente. D’un point de vue histori-
que, on constate cependant que l’exploration rigoureuse du langage chez
l’enfant n’a été envisagée que bien après que les méthodes d’évaluation
cognitive eurent été introduites. Ce décalage a été particulièrement net
dans les pays francophones. Si je me reporte à mon expérience, je ne peux
qu’évoquer les paroles de mon maître Guy Tardieu qui, vers 1975,
s’exclamait : « Je peux lors de l’examen d’un enfant (il s’agissait d’enfants
souffrant d’“infirmité motrice cérébrale”) situer son développement so-
matique, moteur, intellectuel en référence à des données étalonnées
aux divers âges chronologiques, mais pour ce qui est du langage, je n’ai
rien. Faites quelque chose ! » C’est ainsi que parallèlement aux travaux de
l’école d’orthophonie de Marseille, l’équipe « Langage » de l’Institut Natio-
nal de la Santé et de la Recherche Médicale, que je coordonnais, s’est
lancée dans l’aventure que l’on sait (et qui dure encore).

5
Le langage de l’enfant. Développement et évaluation

On mesure avec les derniers travaux menés en Belgique francophone,


sous la responsabilité d’une linguiste et psychologue aussi compétente et
passionnée que Bernadette Piérart, le chemin parcouru depuis l’impul-
sion donnée en France par le professeur Tardieu.
Citant la linguiste et la clinicienne, nous indiquons la double exigence
à laquelle doit être soumise l’évaluation du langage de l’enfant. Aborder
cette évaluation implique, comme nous y avons souvent insisté, la
référence aux modèles qui ont pu être élaborés grâce aux travaux de la
psycholinguistique expérimentale et de la neurolinguistique. Il ne s’agit
pas seulement de décrire des productions ou d’évaluer la compréhension
de mots, de phrases… Le « bilan » doit avant tout renseigner sur un
ensemble de processus en interrelation, sur ceux qui fonctionnent et sur
ceux qui sont déficitaires.
Le modèle issu des observations de la neuropsychologie (que nous
avons intitulé « MNPL » ou modèle neuropsycholinguistique) constitue le
cadre général d’une évaluation du langage chez l’enfant. Il permet de
vérifier l’intégrité (ou non) de différents niveaux de fonctionnement – de
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différents modules – sachant que ceux-ci ne sont pas indépendants (ainsi
une atteinte plus périphérique – de l’audition ou des capacités gnosiques
auditivo-phonétiques – ne permet pas aux processus hiérarchiquement
plus élevés de la compréhension de se dérouler normalement ; ou encore
une insuffisance des capacités sémantiques et pragmatiques, même si
tous les modules qui contribuent à la formulation et à la production du
langage sont fonctionnels, aboutira à une production d’un langage vide de
sens et inadapté). Ce cadre général – qui rappelons-le est indépendant de
toute notion de « localisation cérébrale » – doit être complété par la
référence à des modèles cognitifs modulaires, issus de la psychologie
expérimentale et de l’étude de quelques rares cas pathologiques. On peut
en donner comme exemple une tâche fréquemment proposée mais
particulièrement complexe, telle que la dénomination d’images ou d’ob-
jets, qui nécessite pour être interprétée correctement – en référence à un
modèle maintenant classique mettant en jeu la reconnaissance visuelle,
le système sémantique, l’accès au lexique phonologique et la réalisation
phonologique et articulatoire – de confronter les résultats obtenus avec
ceux obtenus à d’autres tâches, comme la désignation, les épreuves de
fluence verbale, les closures de phrases, etc. Des remarques analogues
pourraient être faites à propos des tâches de répétition.
L’utilisation de telles connaissances théoriques ne serait guère fruc-
tueuse en l’absence d’une adaptation étroite de la méthode aux contrain-
tes cliniques. Nous avons constaté dans nos entretiens avec Bernadette
Piérart que la connaissance approfondie des enfants en difficulté ou
atteints de pathologie du langage – et celle de tout enfant – était essentielle
dans le choix des épreuves à proposer. Un certain nombre de questions
doivent toujours être résolues : « Comment concilier respect des règles

6
Préface

psychométriques et approche clinique ? Comment arriver à susciter


l’intérêt pour un “test” ? Pendant combien de temps peut-on solliciter
l’attention à 4 ans, à 6 ans… ? Comment tenir compte de la production
spontanée du langage ? La méthode proposée conduira-t-elle à un
diagnostic s’inscrivant parmi les tableaux actuellement bien repérés
(troubles spécifiques – ou non spécifiques – du développement du
langage, trouble pur de l’expression, atteinte mixte compréhension-
expression) ? Quelles directives thérapeutiques (rééducatives, pédago-
giques) pourront être tirées des résultats obtenus lors de l’examen de
l’enfant ? Pourrons-nous évaluer aisément les progrès – ou repérer une
stagnation – lors d’un suivi logopédique ?
L’expérience de la « consultation de langage » que nous partageons
est donc un des fondements des méthodes choisies. C’est ainsi que les
épreuves se sont forgées et se sont perfectionnées (leurs auteurs les
trouvent toujours perfectibles !). Il ne nous reste à souhaiter que disposant
d’outils ainsi conçus et cliniquement validés les logopèdes et orthophonistes
enrichissent leur propre pratique clinique par des observations précises.
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Les auteurs de batteries de tests trouvent leur récompense dans cette
amélioration de la pratique, du diagnostic et de la prise en charge des
enfants en difficulté.

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