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Claude Chevrie-Muller
in Bernadette Piérart, Le langage de l’enfant
2005 | pages 5 à 7
ISBN 9782804145620
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/le-langage-de-l-enfant---page-5.htm
© De Boeck Supérieur | Téléchargé le 13/04/2021 sur www.cairn.info via BIU Montpellier (IP: 194.57.207.215)
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Claude Chevrie-Muller
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tiques ; elle nous fait part de sa grande expérience en matière de clinique
du langage de l’enfant. On ne peut que se féliciter de voir se confirmer
encore une fois l’idée qu’une telle évaluation est possible, légitime et utile.
Cette pratique s’appuie sur les modèles de la linguistique théorique et de
la neurolinguistique qui viennent guider le recueil de données, aux
différents stades du développement, dans des populations d’enfants
représentatives. La méthode, sur laquelle nous avons fondé nos propres
travaux, s’est révélée fructueuse en matière de pathologies du langage
chez l’enfant. La démarche proposée – avec l’utilisation de batteries
d’épreuves autorisant l’observation et l’évaluation des capacités
articulatoires, phonologiques, lexicales, morphosyntaxiques, l’explora-
tion tant de l’expression que de la compréhension, et souvent aussi celle
de capacités cognitives spécifiques liées aux apprentissages de l’oral et
de l’écrit – peut paraître aujourd’hui évidente. D’un point de vue histori-
que, on constate cependant que l’exploration rigoureuse du langage chez
l’enfant n’a été envisagée que bien après que les méthodes d’évaluation
cognitive eurent été introduites. Ce décalage a été particulièrement net
dans les pays francophones. Si je me reporte à mon expérience, je ne peux
qu’évoquer les paroles de mon maître Guy Tardieu qui, vers 1975,
s’exclamait : « Je peux lors de l’examen d’un enfant (il s’agissait d’enfants
souffrant d’“infirmité motrice cérébrale”) situer son développement so-
matique, moteur, intellectuel en référence à des données étalonnées
aux divers âges chronologiques, mais pour ce qui est du langage, je n’ai
rien. Faites quelque chose ! » C’est ainsi que parallèlement aux travaux de
l’école d’orthophonie de Marseille, l’équipe « Langage » de l’Institut Natio-
nal de la Santé et de la Recherche Médicale, que je coordonnais, s’est
lancée dans l’aventure que l’on sait (et qui dure encore).
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Le langage de l’enfant. Développement et évaluation
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différents modules – sachant que ceux-ci ne sont pas indépendants (ainsi
une atteinte plus périphérique – de l’audition ou des capacités gnosiques
auditivo-phonétiques – ne permet pas aux processus hiérarchiquement
plus élevés de la compréhension de se dérouler normalement ; ou encore
une insuffisance des capacités sémantiques et pragmatiques, même si
tous les modules qui contribuent à la formulation et à la production du
langage sont fonctionnels, aboutira à une production d’un langage vide de
sens et inadapté). Ce cadre général – qui rappelons-le est indépendant de
toute notion de « localisation cérébrale » – doit être complété par la
référence à des modèles cognitifs modulaires, issus de la psychologie
expérimentale et de l’étude de quelques rares cas pathologiques. On peut
en donner comme exemple une tâche fréquemment proposée mais
particulièrement complexe, telle que la dénomination d’images ou d’ob-
jets, qui nécessite pour être interprétée correctement – en référence à un
modèle maintenant classique mettant en jeu la reconnaissance visuelle,
le système sémantique, l’accès au lexique phonologique et la réalisation
phonologique et articulatoire – de confronter les résultats obtenus avec
ceux obtenus à d’autres tâches, comme la désignation, les épreuves de
fluence verbale, les closures de phrases, etc. Des remarques analogues
pourraient être faites à propos des tâches de répétition.
L’utilisation de telles connaissances théoriques ne serait guère fruc-
tueuse en l’absence d’une adaptation étroite de la méthode aux contrain-
tes cliniques. Nous avons constaté dans nos entretiens avec Bernadette
Piérart que la connaissance approfondie des enfants en difficulté ou
atteints de pathologie du langage – et celle de tout enfant – était essentielle
dans le choix des épreuves à proposer. Un certain nombre de questions
doivent toujours être résolues : « Comment concilier respect des règles
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Préface
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Les auteurs de batteries de tests trouvent leur récompense dans cette
amélioration de la pratique, du diagnostic et de la prise en charge des
enfants en difficulté.