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Le guide : Médicaments et iatrogenèse, par P. Barriot
La vitamine D, par J.-C. Guilland
Rééducation en gériatrie, par J. Cohen et F. Mourey
Les anomalies de la vision chez l’enfant et l’adolescent, 2e édition, par C. Kovarski

Médecine-Sciences
Atlas de poche d’Anatomie - Tome 3 – ORL, 3e édition, par P. BonfilS, J.-M. Chevallier
Atlas de poche d’Anatomie - Volume 3, Système nerveux et organes des sens, 5e édition, par W. Kahle, M. Frotscher
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Les anomalies de la vision chez l’enfant et l’adolescent, 2e édition, par C. Kovarski
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Regards périphériques sur l’autisme : Évaluer pour mieux accompagner, par Y. Contejean, C. Doyen
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Troubles d’apprentissage chez l’enfant : Comment savoir ? Écouter, observer, aider, par E. Lenoble, D. Durazzi

Cet ouvrage fait partie d’un ensemble de six ouvrages intitulé Guide de l’Orthophoniste :
Volume 1. Savoirs fondamentaux de l’orthophoniste
Volume 2. Intervention dans les troubles du langage oral et de la fluence
Volume 3. Intervention dans les troubles du langage écrit et raisonnement. Les « dys » et autres
Volume 4. Intervention dans les troubles : parole, voix, déglutition et déficiences auditives
Volume 5. Intervention dans les troubles neurologiques, liés au handicap, soins palliatifs
Volume 6. Le métier de l’orthophoniste : de la formation à la vie professionnelle
Guide de l’Orthophoniste

Volume I
Savoirs fondamentaux
de l’orthophoniste
Sous la direction de
Jean-Marc Kremer
Emmanuelle Lederlé
Christine Maeder

Préface
Pierre Ferrand

editions.lavoisier.fr
Direction éditoriale : Fabienne Roulleaux
Édition : Gilda Masset, Solène Le Gabellec
Fabrication : Estelle Perez
Couverture : Nord-Compo, Villeneuve-d’Ascq
Composition : Gilda Masset

Sous la direction de Caroline Kovarski, docteur en psychologie

© 2016, Lavoisier, Paris

ISBN : 978-2-257-20654-1
Liste des auteurs
Coordonnateurs

Kremer Jean-Marc. Orthophoniste, praticien libé- Lederlé Emmanuelle. Orthophoniste, praticien


ral, Thionville, chargé d’enseignement au départe- libéral, Thionville, docteur en sciences du lan-
ment d’orthophonie de l’université de Lorraine, gage, chargée d’enseignement aux départements
Nancy. Ancien secrétaire général de la Fédéra- d’orthophonie de l’université de Lorraine, Nancy
tion nationale des orthophonistes (FNO). Ancien et de l’université de Picardie, Amiens.
secrétaire général du Comité permanent de liai- Maeder Christine. Orthophoniste, praticien libé-
son des orthophonistes-logopèdes de l’Union ral, Nancy, psychologue, docteur en sciences du
européenne (CPLOL). Ancien secrétaire général langage, chargée d’enseignement au départe-
d’Orthophonistes du Monde (OdM). ment d’orthophonie de l’université de Lorraine,
Nancy.

Rédacteurs

André Virginie. Maître de conférences en sciences Lederlé Emmanuelle. Orthophoniste, praticien


du langage à l’université de Lorraine, laboratoire libéral, Thionville, docteur en sciences du lan-
ATILF (UMR 7118), université de Lorraine, CNRS, gage, chargée d’enseignement aux départements
Nancy. d’orthophonie de l’université de Lorraine, Nancy
Courrier Catherine. Orthophoniste, praticien et de l’université de Picardie, Amiens.
hospitalier au CHU de Nancy, master en sciences Macoir Joël. Orthophoniste, docteur en sciences
du langage, chargée d’enseignement au départe- du langage, professeur titulaire au programme de
ment d’orthophonie de l’université de Lorraine, maîtrise en orthophonie de l’université de Laval,
Nancy. chercheur au Centre de recherche de l’Institut uni-
Dejean François. Audioprothésiste, société versitaire en santé mentale de Québec (axe neuros-
Amplifon, master d’audiologie, membre du Col- cience clinique et cognitive), Canada.
lège national d’audioprothèse, chargé de cours au Maeder Christine. Orthophoniste, praticien libé-
département d’audioprothèse de l’université de ral, Nancy, psychologue, docteur en sciences du
Montpellier et aux départements d’audioprothèse langage, chargée d’enseignement au départe-
et d’orthophonie de l’Institut des sciences et tech- ment d’orthophonie de l’université de Lorraine,
niques de la réadaptation (ISTR), de l’université Nancy.
de Lyon 1-Claude Bernard. Marchal Harmony. Docteur en sciences de l’édu­
Fossard Marion. Orthophoniste, docteur en sciences cation.
du langage, professeur de logopédie à l’Institut Topouzkhanian Sylvia. Orthophoniste, praticien
des sciences du langage et de la communication au Centre hospitalier Le Vinatier, Bron, docteur
à la faculté des lettres et sciences humaines de en sciences du langage, cadre supérieur de santé,
l’université de Neuchâtel, Suisse. chargée d’enseignement au département d’ortho-
Hilaire-Debove Géraldine. Orthophoniste, prati­ phonie de l’Institut des sciences et techniques
cien libéral, Fontaines-sur-Saône, docteur en de la réadaptation (ISTR), de l’université de
sciences du langage, chargée d’enseignement Lyon 1-Claude Bernard.
au département d’orthophonie de l’Institut des Tran Thi Mai. Orthophoniste, docteur en lin-
sciences et techniques de la réadaptation (ISTR), guistique, maître de conférences en sciences du
de l’université de Lyon 1-Claude Bernard. langage dans le département d’orthophonie de
l’Institut d’orthophonie Gabriel Decroix de l’uni-
versité de Lille 2.

Liste des auteurs V


Sommaire
Liste des auteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V Cadre de l’intervention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Préface. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IX Bilan d’orientation prothétique. . . . . . . . . . . . . . . . 29
Préambule. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XIII Tests d’audiométrie chez l’enfant. . . . . . . . . . . . . . . 31
Appareillage auditif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Chapitre 1. Savoirs dans le domaine médical . . 1
Spécificités de l’appareillage
Des notions de biologie cellulaire, de biologie selon le niveau de perte auditive . . . . . . . . . . . . . . . 37
moléculaire et de génétique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Système FM. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Neurosciences. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Données techniques médicales :
Système nerveux central . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 l’implant cochléaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Système nerveux périphérique. . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Historique et description . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
Méthodes d’étude et techniques d’exploration Présentation technique de l’implant . . . . . . . . . . . . 42
du système nerveux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Audition avec un implant cochléaire. . . . . . . . . . . . 43
Plasticité cérébrale et récupération. . . . . . . . . . . . . . . 7 Annexe : Classification audiométrique
Oto-rhino-laryngologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 des déficiences auditives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Oreille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Trompes d’Eustache. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Chapitre 3.  avoirs dans le domaine
S
psychologique. . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Pharynx. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Larynx . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Apports de la psychologie cognitive. . . . . . . . . . . . 47
Cavité buccale ou cavité orale . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Jean Piaget. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
Muscles de la face. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Henri Wallon. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Mises en relation nécessaires entre les savoirs Jérôme Bruner et Lev Vygotski. . . . . . . . . . . . . . . . . 50
et les savoir-faire (interventions orthophoniques) . . . 14 Autres auteurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Pédiatrie et troubles du développement . . . . . . . . 15 Psychologie expérimentale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

Gériatrie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Apports de la psychanalyse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52


Gériatrie/gérontologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Sigmund Freud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Les différents « secteurs » concernés Mélanie Klein. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
par les processus de vieillissement normal Apports de la psychologie sociale. . . . . . . . . . . . . . 54
et/ou pathologique intéressant les orthophonistes . . . 16
Psychiatrie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Chapitre 4. Savoirs dans le domaine
des sciences du langage. . . . . . . . . . 59
Notions de pharmacologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Apports de la linguistique descriptive/formelle :
linguistique descriptive du xxe siècle. . . . . . . . . . 59

Chapitre 2. Savoirs dans le domaine Définition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59


de l’audition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Quelques notions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Anatomie, physiologie, pathologies. . . . . . . . . . . . 21 Langue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
Anatomie de l’oreille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Signe linguistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
Physiologie de l’audition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Phonétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
Pathologies : les différents types de surdité. . . . . . . 23 Phonétique articulatoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
Principes fondamentaux de la réhabilitation Phonétique combinatoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
prothétique de l’enfant sourd . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Phonologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
Précocité de l’intervention. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Naissance et objectifs de la phonologie. . . . . . . . . . . 64

Sommaire VII
 ifférences entre phonétique et phonologie. . . . . . .
D 64  uelques réflexions sociolinguistiques
Q
Phonème. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 sur la langue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Paires minimales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Méthodologie de recueil et d’analyse
des données langagières. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Traits distinctifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Analyse du français parlé en interaction. . . . . . . . . 97
Morphologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Norme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Définition du morphème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
Isoler les morphèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Types de morphèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Chapitre 5.  avoirs dans le domaine
S
Syntaxe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 des sciences de l’éducation. . . . . . 103
Pragmatique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 École : organisation, missions, perspectives . . . . 103
Organisation du système éducatif français. . . . . . 103
Apports de la psycholinguistique. . . . . . . . . . . . . 68
Rôle du système éducatif et principes généraux
Quelques grands thèmes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 de l’enseignement en France. . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
Qu’est-ce que la psycholinguistique ?. . . . . . . . . . . 68 Programmes scolaires et socle commun
Grands thèmes de controverses . . . . . . . . . . . . . . . . 69 de connaissances. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
 pports de la psycholinguistique
A Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
à la compréhension des troubles acquis L’École du xxie siècle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
du langage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Perspective européenne de l’École du xxie siècle. . . . 109
Présentation du modèle de production
Compétences du xxie siècle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
de phrases de Bock et Levelt. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
Évaluation scolaire et orientation . . . . . . . . . . . . . 113
Illustration des apports du modèle
à la compréhension des troubles Grandes théories de l’apprentissage. . . . . . . . . . . 114
de production des phrases . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Approche béhavioriste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Approche constructiviste piagétienne . . . . . . . . . . 117
Approche socioconstructiviste. . . . . . . . . . . . . . . . 120
Apports de la neuropsycholinguistique. . . . . . . . 75
Approche interactionniste de Jérôme Bruner. . . . . 122
Approche définitoire de l’aphasie. . . . . . . . . . . . . . 76 Approche cognitiviste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
 eurologie et neurolinguistique :
N Conclusion générale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
l’approche anatomoclinique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Relation d’aide à l’apprentissage. . . . . . . . . . . . . . 127
 eurolinguistique et neuropsychologie :
N Hétérogénéité des apprenants . . . . . . . . . . . . . . . . 127
l’approche cognitive. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Premières expériences d’individualisation
 éorganisation et stratégies :
R de l’enseignement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
l’approche dynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Pédagogie différenciée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Relation d’aide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
Apports de la sociolinguistique. . . . . . . . . . . . . . . 87
Scolarisation des élèves en situation
Quelques éléments de sociolinguistique . . . . . . . . 88 de handicap. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
De la langue aux pratiques langagières. . . . . . . . . . 88 Contexte légal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
Approche sociolinguistique Conditions de scolarisation des élèves
du fonctionnement du langage. . . . . . . . . . . . . . . . . 89 en situation de handicap . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
 ociolinguistique des interactions verbales
S Dispositifs de scolarisation des élèves
et co-construction du discours. . . . . . . . . . . . . . . . . 92 en situation de handicap . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
Interactions verbales et linguistique Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
interactionnelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Co-construction et construction collaborative
du discours. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137

VIII Savoirs fondamentaux de l'orthophoniste


Préface
Orthophoniste : un métier d’avenir

« L’émission du langage ressemble à la création du monde.


Toute phrase que je prononce, c’est le monde qu’en la construisant je construis. »
Louis Lavelle, La Parole et l’Écriture, Le Félin, 2007.

Si le langage verbal et écrit est le propre de l’être Vous lirez, ami lecteur, dans les nombreuses
humain, toute absence, carence et pathologie pages qui suivent, l’histoire de la construction
avérée, dans son apprentissage, dans sa construc- et du développement de cette discipline, éclairée
tion, dans son développement et dans son utili- d’humanisme et qui se situe entre Art et Science.
sation ont, de tout temps, fasciné et interpellé Vous découvrirez son statut légal, ses nombreux
médecins, pédagogues, philosophes, psycholo- champs d’intervention, ses modes d’exercice, sa
gues et chercheurs. Il suffit pour s’en convaincre démographie…
d’évoquer Hippocrate et Aristote qui se sont pen- Vous comprendrez aussi l’importance et la néces-
chés sur l’anatomie, la physiologie et la patholo- sité d’une formation initiale et continue de haut
gie des organes de la phonation, les cailloux de niveau et les compétences particulières que la
Démosthène, les gestes de l’abbé de l’Épée ou les société exige de l’orthophoniste, afin qu’il puisse
efforts d’Itard auprès de Victor, l’enfant sauvage, tenir sa place spécifique dans une politique de
magnifiquement scénarisés par Truffaut. santé publique qui appelle à l’excellence.
Cependant, au fil des siècles, s’est peu à peu for- Contentons-nous, dans cette préface, de préciser,
gée la nécessité de traiter ces « infirmités », ces une fois encore, les grands principes qui fondent
« vices de la parole » comme on les qualifiait ce métier d’avenir.
encore au xixe siècle, avec plus de cohérence et Dès les premiers balbutiements de l’orthophonie
d’efficacité. naissante, les inventeurs de cette nouvelle dis-
Comment faire pour remédier à cette véritable cipline affirmaient son originalité. Ainsi, à leurs
amputation de communication, de pensée et en yeux, l’orthophoniste n’était pas seulement un
conséquence de culture ? Quel praticien sau- accoucheur de mots, un réparateur de parole cas-
sée, un reconstructeur de langage ou un éveilleur
rait prendre en charge la lourde tâche de cette
du sens, mais bien un clinicien thérapeute, citoyen
« reconstruction » ? Sous quelle forme, avec
et humaniste, au cœur d’une relation empathique,
quelles compétences, avec quels outils et pour
nouée dans un dialogue respectueux, de personne
quelle finalité ? à personne, malgré et au-delà du handicap.
En France, au début du siècle dernier, une cli- Sa vocation et sa mission thérapeutique s’ins-
nicienne, Suzanne Borel-Maisonny, phonéti- crivent dans un principe positif simple : l’or-
cienne et grammairienne de formation, allait thophoniste doit considérer le patient qui lui est
donner définitivement ses lettres de noblesse à confié dans la globalité de son histoire, et prendre
l’orthophonie, organiser son enseignement et appui sur ses savoirs et ses expériences accumu-
sa pratique et créer le statut d’un nouvel acteur lés (ou en cours de construction chez l’enfant),
de soins, d’un nouveau professionnel de santé : afin de faire émerger toutes ses potentialités
l’orthophoniste ! existantes ou enfouies, dans le but d’aider à la

Préface IX
reconstruction de son langage, dans sa relation Aujourd’hui, l’orthophoniste participe aux
avec l’Autre. En clair : ne pas prendre en compte diverses campagnes d’intérêt national (autisme,
ce que cette personne ne peut plus faire, dire ou Alzheimer, cancer, AVC, illettrisme, échec sco-
écrire mais développer tous les « gestes » qu’elle laire…). Il intervient dans les actions de pré-
peut encore faire, dire ou écrire sous toutes leurs vention et de dépistage précoce qu’il a souvent
formes sensorielles, perceptives, motrices, cogni- organisées lui-même et dans certains pro-
tives et affectives ! Ainsi, et malgré la gravité des grammes de réussite éducative. Citoyen engagé,
pathologies dont il souffre, le patient restera-t-il l’orthophoniste participe aussi aux actions d’ac-
l’auteur essentiel de sa propre remédiation et de cueil et d’intégration des enfants bilingues issus
sa résilience, comme le dit Boris Cyrulnik ! des différentes migrations humaines, prenant
en compte la particularité et la souffrance de ces
Placé, de fait, au carrefour des sciences médi-
enfants. Enfin, compte tenu de l’évolution de
cales et humaines, l’orthophoniste est un prati-
notre société et du développement de certaines
cien de synthèse, solidement enraciné dans ses
pathologies, l’orthophoniste est de plus en plus
connaissances et dans ses compétences, ouvert à
conduit à susciter localement des programmes
tous les progrès de la Science, inventif de toute
de formation auprès des entourages familiaux de
méthode, exigeant envers lui-même et lucide sur
certains patients pour les aider dans leur difficile
ses propres limites. Il doit allier la plus grande
tâche d’accompagnement de la vie quotidienne
rigueur méthodologique à « l’esprit de finesse » le
ou de la fin de vie…
plus élaboré et le plus créatif. Ses approches théra-
peutiques seront, certes, diverses et variées, mais Cet acteur de santé, généraliste dans sa disci-
fermement liées à la démarche hypothético-dé- pline, peut et sait intervenir « à tous les âges de
ductive, construite sur la rigueur scientifique, la vie » ! Pour lui, le patient n’est pas un cas, ni
sur l’intuition clinique raisonnée, et sur le doute, un objet d’études, ni un symptôme, mais une per-
fondements de toute démarche scientifique. Cette sonne responsable, autonome et libre.
rigueur et cette intuition sont nourries par son Dans cette optique, la relation que l’orthopho-
irremplaçable expérience et par sa vision globale niste noue avec la personne est authentiquement
des problématiques rencontrées pour aider à res- humaniste, dans le sens où elle reconnaît que la
taurer une communication humaine lourdement dignité humaine est la valeur suprême et doit être
altérée. Elles apportent, ainsi, aux dynamiques sans cesse favorisée et défendue !
de Recherche, l’indispensable savoir clinique de
Chaque jour, du seul fait de son déficit ou de son
la pathologie qui pourrait manquer aux modèles
handicap langagiers, le patient, enfant ou adulte,
théoriques. L’orthophoniste, thérapeute, est véri-
parce qu’il n’est pas ou plus dans la « norme »,
tablement, par ce fait, un praticien-chercheur !
court le risque indigne de l’exclusion. Pendant
La mission citoyenne de l’orthophoniste est de longtemps n’a-t-on pas confondu et assimilé la
favoriser la réhabilitation et la réinsertion du surdité ou l’autisme à la débilité ? Écarté tout
patient, quelle que soit la gravité de son déficit ou « déviant » des cursus scolaires ou profession-
de son handicap, dans son environnement fami- nels ? Classé certains troubles de langage parmi
lial, social et culturel. les maladies mentales ?
Loin de s’isoler dans son savoir-faire, l’orthopho- Dans sa relation thérapeutique intersubjective,
niste vit et travaille dans la Cité. Il prend toute l’orthophoniste ne réalise pas seulement une
sa place dans la réalité sociale et culturelle de ses action de technicien, mais construit et co-construit
lieux de vie : en milieu hospitalier, en institution des liens fondés sur la responsabilité du patient,
spécialisée ou en cabinet libéral conventionné. cette responsabilité dont Emmanuel Levinas dit
Il s’intègre dans toutes les équipes pluridiscipli- qu’elle est « le fondement de la subjectivité », la
naires au sein desquelles il apporte sa spécificité responsabilité d’être l’acteur de sa propre remé-
et sa sensibilité. diation, c’est-à-dire un sujet pensant et agissant !
Du fait même de la particularité de ses interven- Dans sa relation thérapeutique intersubjective,
tions thérapeutiques, l’orthophoniste construit l’orthophoniste s’appliquera à aider la personne
autour de la personne qu’il soigne de véritables à reconquérir l’autonomie la plus forte possible,
réseaux d’écoute, d’échanges, d’action et d’éva- celle qui lui permettra d’essayer de surmonter
luation, intégrant en priorité la famille et, dans la le handicap, de penser et d’agir par elle-même,
mesure du possible, tous les autres acteurs de la en utilisant tous les moyens de retisser des liens,
vie du patient : enseignants, relations de travail, fussent-ils si fragiles, avec ses milieux, ses pro-
de loisirs et de culture… jets, son futur !

X Savoirs fondamentaux de l'orthophoniste


Dans sa relation thérapeutique intersubjective, singularité comme dans son altérité, c’est-à-dire
l’orthophoniste insufflera chez le patient un la part essentielle de sa liberté ?
nouveau plaisir de rencontre, de dialogue et Certains d’entre nous ont récemment désigné le
d’échanges… un nouveau « désir d’être » ! Le rôle moderne de l’orthophoniste comme celui
langage, même abîmé mais reconstruit, n’est-il d’un « passeur » : passeur de mots, passeur de
pas la meilleure voie pour redécouvrir notre signes, passeur de sens et de communication…
propre humanité ?
Dans nos sociétés de communication exacer-
L’on a pu dire de la thérapie orthophonique bée où, paradoxalement, les relations humaines
qu’elle est « un dialogue éthique à tout instant ». paraissent se « détisser » de plus en plus, l’ortho-
Dans ce sens, ne rend-elle pas au patient sa plé- phoniste, inscrit dans la temporalité spécifique du
nitude de sujet parlant, enfin reconnu dans sa soin, n’est-il pas aussi un « passeur d’espoir » ?

Pierre Ferrand
Orthophoniste, président (et président
d’honneur) de la Fédération nationale
des orthophonistes (1977-1986),
chargé d’enseignement au département
d’orthophonie de Toulouse

Préface XI
Préambule
En acceptant de coordonner ce livre-somme psychologues, puéricultrices, éducateurs, péda-
sur notre discipline, l’orthophonie, et sur notre gogues, enseignants et… parents. Par ailleurs,
métier d’orthophonistes, nous étions loin d’ima- depuis bientôt un siècle, l’orthophonie, placée au
giner l’importance et la durée que prendraient carrefour de sciences diverses qui l’enrichissent
ce type travail… Certes, ce fut tâche ô combien et qui s’en inspirent, a connu un essor qui n’est
enthousiasmante ; mais il fallait compter avec le sans doute pas encore terminé, tant le développe-
temps : ment du langage et la communication prennent
• temps de constituer un sommaire le plus com- une place importante dans les rapports humains.
plet pour un ouvrage original : état des lieux, C’est si vrai que tous les « accidents du langage »,
non seulement des pratiques professionnelles troubles du développement, perturbations
actuelles et de leurs bases théoriques transdis- acquises, dégradations progressives dans le vieil-
ciplinaires, mais également de l’évolution de lissement, séquelles chirurgicales, ont des reten-
la profession (notamment de l’élargissement tissements importants sur la vie quotidienne des
progressif du champ de compétences) et de sa gens : difficultés et échecs scolaires, exclusions
réglementation depuis sa création ; sociales et culturelles, problèmes professionnels
voire discriminations… En fonction de l’évolu-
• temps que soit aboutie la réforme des études
tion des pratiques de santé au cours des trente
initiales : transposition de la formation initiale
dernières années, les pratiques professionnelles
des orthophonistes dans le cursus européen
et les modes d’intervention des orthophonistes se
à grade de Master (arrêté de fin août 2013),
sont modifiés : de la démarche de prévention-dé-
reconnaissance du rôle des orthophonistes
pistage des troubles jusqu’à la prise en charge en
dans notre système de santé.
fin de vie (vieillissement de la population), les
À l’origine, l’orthophonie s’est construite sur trois orthophonistes sont sollicités pour leurs compé-
piliers fondamentaux : l’oto-rhino-laryngologie, tences à tous les âges de la vie.
la neurologie, les sciences du langage. Depuis
Entreprendre de recenser toute l’orthophonie
quelques années, la littérature concernant les
dans un ouvrage-somme était une gageure ; nous
troubles et les pathologies de la déglutition, de la
espérons avoir gagné le pari, sans crainte des
voix, de la parole, du langage oral et écrit, et de la
critiques éventuelles. L’orthophonie, qui est une
communication s’est développée, parallèlement
discipline de santé aujourd’hui incontournable à
aux progrès et aux recherches scientifiques de
une époque où la communication entre les per-
toutes les disciplines scientifiques qui concourent
sonnes, bien qu’elle semble parfois être dévoyée
à faire de l’orthophonie une discipline désormais
par les technologies modernes des contacts et
spécifique, et donc autonome : la médecine, les
des réseaux, demeure essentielle à l’échelle de
neurosciences, la linguistique, la psychologie, la
l’individu, qu’elle concerne l’humain en deve-
pédagogie, pour ne citer que les principales.
nir, avec les troubles du développement ou de
Souhaitons que le Guide de l’Orthophoniste per- l’acquisition du langage, ou qu’elle soit relative
mette à tous les lecteurs potentiels – curieux, aux accidents de la vie qui amputent peu ou prou
étudiants, futurs étudiants, professionnels (mais la personne de sa capacité à communiquer avec
aussi décideurs) en matière de santé ou d’édu- son entourage, avec son environnement, avec la
cation – de se faire une idée de la complexité de société.
notre discipline, de la variété de ses approches,
Nous remercions en premier lieu l’éditeur, qui
de l’importance de son domaine à la jonction des
nous a fait confiance pour ce travail, mais aussi
sciences médicales et humaines, et de son his-
et surtout tous nos collègues et amis qui ont
toire en constante évolution depuis sa création au
bien voulu, bénévolement, s’atteler à cette tâche
début du siècle dernier…
passionnante, et qui ont fait preuve de patience
En effet, de plus en plus nombreux sont ceux qui lorsque nous avons dû reculer l’échéance de la
s’intéressent à cette discipline née dans les années parution.
trente grâce au génie de Madame Borel-Mai-
sonny : orthophonistes bien sûr, étudiants ou Jean-Marc Kremer,
futurs étudiants en orthophonie, médecins, cher- Emmanuelle Lederlé,
cheurs de tous bords, linguistes, phonéticiens, Christine Maeder

Préambule XIII

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