Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
LA FACE PARALYSÉE
Georges LAMAS
Frédéric TANKÉRÉ
Peggy GATIGNOL
Delphine VERTU-CIOLINO
Francois DISANT
Thierry VAN DEN ABBEELE
Emmanuel RACY
Francesca Yoshie RUSSO
EDITION 2016
SOMMAIRE
Sommaire
AUTEURS ET CO-AUTEURS 7
INTRODUCTION 9
3
SOMMAIRE
V ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES 35
L’ANASTOMOSE HYPOGLOSSO-FACIALE 35
1• Indications de l’AHF termino-terminale 36
2• Technique chirurgicale de l’AHF termino-terminale 36
3• Prise en charge rééducative post-opératoire. 37
4• Patients 37
5• Discussion 40
◗ Intensité de l’hémispasme et des syncinésies 40
◗ Atrophie linguale et troubles de l’articulation 40
◗ Hémiatrophie linguale et troubles de la déglutition 41
◗ Qualité de vie post-AHF 41
6• Les alternatives à l’AHF termino-terminale 42
7• Conclusion 42
8• Références bibliographiques 43
L’ANASTOMOSE MASSÉTERO-FACIALE : 45
INDICATIONS, TECHNIQUE CHIRURGICALE ET RÉSULTATS
1• Indications 45
2• Technique chirurgicale 46
3• En post-opératoire 47
4• Résultats 47
5• Discussion 49
6• Références bibliographiques 49
4
SOMMAIRE
5
SOMMAIRE
6
AUTEURS ET CO-AUTEURS
Auteurs et Co-auteurs
Georges LAMAS,
Professeur des Universités, Chef du service d’ORL du Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière,
georges.lamas@aphp.fr
7
8
INTRODUCTION
INTRODUCTION
Georges LAMAS
Les monographies constituent toujours un événement important dans le cadre du congrès annuel
de la SFORL. Il suffit de voir tous les participants impatients d’avoir leur exemplaire faire le siège du
stand de la société Amplifon et particulièrement les médecins étrangers voulant ramener dans leur
pays cette mise au point française sur un sujet quotidien de la pratique ORL.
Pour terminer ces remerciements, permettez-moi de rendre hommage à deux personnes sans
lesquels nous ne serions pas en mesure d’écrire ces quelques chapitres. Jacques Soudant m’a
permis d’être le responsable du service. Héritier de l’école de Lariboisière de Maurice Aubry,
Paul Pialoux et Georges Freyss, il nous a permis de nous épanouir dans la prise en charge de ces
patients difficiles grâce à son expérience, ses conseils avisés et souvent visionnaires. Jean-Claude
Willer a été notre caution scientifique. Ces travaux remarquables sur l’électrophysiologie du nerf
facial nous ont permis de gravir des étapes universitaires essentielles et de nous ouvrir la porte des
grandes revues internationales. Enfin, un grand merci au Pr Patrice Tran Ba Huy, successeur de Paul
Pialoux et Georges Freyss, déjà sus-cités. Il a choisi le sujet de cette monographie et ses auteurs et
nous fait bénéficier de ses conseils toujours pertinents pour la relecture.
9
• Anastomoses hétéro-nerveuses
- Anastomose hypoglosso-faciale
- Anastomose massétero-faciale
• Myoplastie d’allongement du temporal
• Transfert musculaire libre de Gracilis
• Particularités de la prise en charge chez l’enfant
• Chirurgie palpébrale palliative
• Rééducation des paralysies faciales
• Utilisation de la toxine botulique dans la prise en charge des paralysies faciales.
Georges Lamas
10
BILAN PRÉTHÉRAPEUTIQUE DU PATIENT I
1• Introduction
Le patient qui consulte pour une réhabilitation de paralysie faciale (PF) doit bénéficier d’un bilan
précis afin de proposer la technique la plus appropriée de prise en charge. En effet, le patient
peut être vu à des moments très variés de l’évolution de sa paralysie. L’étiologie de la paralysie
peut être certaine ou suspectée. Enfin, le terrain peut faire préférer une technique plutôt qu’une
autre du fait de lésions associées, de l’état général et des souhaits et motivations du patient.
11
I BILAN PRÉ THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT
avec utilisation d’un monitoring du nerf facial, aide également à l’appréciation de la situation.
Ailleurs le contexte ne permet qu’un diagnostic suspecté, installation brutale d’une PF idiopathique
ou progressive d’une lésion tumorale. Le bilan étiologique devra donc être repris avant la décision
de réhabilitation.
L’examen clinique permet de grader la PF selon la classification de House et Brackmann (tableau 1).
Il permet de différencier les PF complètes ou quasi complètes (grade V et VI) et les paralysies ayant
récupéré avec des séquelles (grade III et IV) à type de spasme et de syncinésies. Ces séquelles sont
mieux évaluées par le grading de Sunnybrook (tableau 2). Une évaluation électromyographique
complète cet examen clinique.
L’examen clinique permet également la réalisation d’un examen ORL et des paires crâniennes,
en particulier nerf trijumeau, grand hypoglosse et nerfs mixtes. Un examen ophtalmologique
complémentaire est souvent nécessaire pour apprécier l’état cornéen. L’état général,
psychologique et les motivations du patient sont également à apprécier.
Dysfonction légère :
• Au repos, visage symétrique et tonus normal
Grade II
• Lors de mouvements, légère asymétrie sans contracture avec présence possible
de discrètes syncinésies
Dysfonction modérée :
• Au repos, visage symétrique et tonus normal
Grade III • En mouvement, diminusion globale de la mobilité avec asymétrie non
défigurante ; fermeture oculaire complète avec effort ; spasmes et syncinésies
modérés
Dysfonction modérée à sévère :
• Au repos, symétrie globalement conservée, tonus normal
Grade IV
• En mouvement, asymétrie importante et/ou défigurante ; fermeture incomplète
de l’oeil même avec effort ; syncinésies ou spasmes sévères
Dysfonction sévère :
• Au repos, asymétrie évidente et diminution du tonus
Grade V
• Lors de mouvements, mobilité à peine perceptible au niveau oculaire et buccal ;
pas de syncinésie ni spasme possible
12
BILAN PRÉTHÉRAPEUTIQUE DU PATIENT I
Les examens radiologiques sont constitués par l’IRM du nerf facial et les scanner en coupes fines
du rocher.
L’IRM du nerf facial est indispensable avant toute décision de réhabilitation de PF. Elle doit
explorer tout le trajet du nerf facial depuis le tronc cérébral jusqu’à sa terminaison parotidienne.
Si elle n’avait pas encore été faite, on pourra avoir un état précis du nerf et éliminer une lésion
méconnue en particulier sur le nerf et/ou dans la parotide. Dans un contexte connu, elle refait
le point sur la pathologie responsable de la PF. Il faut être vigilant sur la qualité de cet examen
car l’on voit trop souvent des examens incomplets avec un compte rendu qui n’est pas en
adéquation avec la demande s’il ne décrit pas le nerf facial précisément. Il ne faut pas hésiter à
discuter avec le radiologue en cas d’imprécision.
Le scanner en coupes fines du rocher n’est utile que s’il existe une lésion pétreuse nécessitant
un nouveau bilan.
Les explorations fonctionnelles sont surtout représentées par l’électro-myographie faciale. Cet
examen parait indispensable avant toute décision de réhabilitation. En effet, il peut permettre
de s’assurer du caractère total de la paralysie car des fausses récupérations peuvent être le
fait d’une réinnervation croisée. Ce préalable est indispensable si la réhabilitation comporte une
section du tronc du nerf facial en cas d’anastomose hétéro-nerveuse. Il comporte une épreuve
13
I BILAN PRÉ THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT
de stimulation permettant d’apprécier l’excitabilité du nerf. Elle peut être nulle ou diminuée et
dans ce cas on calcule la perte axonale en comparant le résultat avec celui de la stimulation
controlatérale. La réinnervation croisée est étudiée en recueillant la réponse du coté paralysé
après stimulation du coté sain. L’étude du réflexe de clignement peut être intéressante pour
affirmer l’existence d’un bloc de conduction complet. L’épreuve de détection à l’aide d’aiguilles
insérées dans les muscles apprécie, lors des mouvements volontaires, l’activité musculaire. Il peut
exister des potentiels de dénervation ou de réinnervation. Elle peut objectiver une hypertonie et
les syncinésies.
L’étude du réflexe stapédien et le test d’étude de la sécrétion lacrymale de Schirmer peuvent
préciser la localisation sur le nerf de la lésion, portion mastoïdienne pour le réflexe stapédien et
ganglion géniculé pour le test de Schirmer.
Les examens biologiques comportent un bilan usuel avec une numération, une CRP et une
glycémie étant donné la grande fréquence des paralysies faciales chez le diabétique. Les
sérologies sanguines sont effectuées en fonction du contexte pour le zona, l’herpès, l’HIV, la
syphilis ou la maladie de Lyme. L’indication de la ponction lombaire doit être discutée lorsque la
paralysie faciale s’accompagne de manifestations neurologiques non expliquées. Elle permet une
étude chimique du liquide céphalo-rachidien, une recherche de cellules anormales, un dosage
de l’enzyme de conversion et des sérologies notamment pour recherche de la maladie de Lyme.
Les autres éléments du bilan comportent la pratique de photographies et de vidéos en prenant
soin de demander au patient une autorisation d’utilisation. On demande également un bilan
préréducatif normé auprès d’un orthophoniste ou d’un kinésithérapeute habitué à la prise en
charge des paralysies faciales. Il a pour but d’apprécier les possibilités de progrès prévisibles à
partir de l’état actuel. Il prépare les patients à une éventuelle chirurgie de réhabilitation expliquant
les principes et l’importance de la rééducation. Ce bilan peut être un argument pour le choix
d’une technique de réhabilitation dont on doit présenter les avantages et les inconvénients.
14
BILAN PRÉTHÉRAPEUTIQUE DU PATIENT I
L’absence de récupération est très rare de même que l’évolution vers une parésie hypotonique.
Ces derniers cas après nouveau bilan affirmant le caractère idiopathique de la paralysie peuvent
bénéficier d’une chirurgie de réhabilitation.
En fait la cohorte la plus importante de patients est représentée par les séquelles de PF idiopathique
qui sont pris en charge par la rééducation et les injections de toxine botulique.
15
I BILAN PRÉ THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT
4• Conclusion
La réhabilitation d’une paralysie faciale nécessite un bilan précis pour préciser le type de lésion
nerveuse et son profil évolutif. Le procédé de réhabilitation, outre les éléments pré-cités, est
fonction du délai de réparation, des autres atteintes nerveuses et des choix d’un patient averti des
avantages et inconvénients des différentes techniques. Ils sont résumés dans l’arbre décisionnel.
5• En annexe
grading de House et Brackmann
grading de Sunnybrook
arbre décisionnel
16
ARBRE DÉCISIONNEL DE LA PRISE EN CHARGE II
Oui Non
PF : paralysie faciale,
AHF TT : anastomose hypoglossofaciale termino-terminale,
AHF LT : anastomose hypoglossofaciale latéro-terminale,
AMF : anastomose massétero faciale,
MAT : myoplastie d’allongement du muscle temporale
17
18
DÉCOMPRESSION CHIRURGICALE DU NERF FACIAL III
DÉCOMPRESSION CHIRURGICALE
DU NERF FACIAL
Georges LAMAS, Frédéric TANKÉRÉ, Jonathan BARBUT
1• Introduction
Le nerf facial intra-pétreux a le plus grand trajet intra-osseux des nerfs de l’organisme humain. Cette
partie du nerf est également le siège le plus fréquent des différentes pathologies qui altèrent sa
fonction. Aussi la chirurgie décompressive peut être utilisée dans la prise en charge des paralysies
faciales idiopathiques, traumatiques ou tumorales.
19
III DÉCOMPRESSION CHIRURGICALE DU NERF FACIAL
pouvant expliquer une ischémie. Si la notion d’inflammation est évidente comme en témoigne la
prise de contraste du nerf en IRM après injection de Gadolinium, l’efficacité d’un geste chirurgical
fait toujours l’objet de controverses. Certains auteurs (Ganz, Yanaghira, Hato) prônent toujours un
geste chirurgical précoce. D’autres n’y voient aucun intérêt (May, Adour, Barabara). Le problème
n’est donc pas résolu. Pour notre part, nous prônons une sélection rigoureuse des patients : perte
axonale complète avec facteurs péjoratifs tels douleurs persistantes, syndrome vestibulaire,
potentiels précoces de dénervation. L’intervention doit être faite rapidement idéalement à j14
chez un patient prévenu du risque de labyrinthisation et du bénéfice attendu. Elle consiste en un
abord sus-pétreux avec repérage des nerfs pétreux, ouverture du canal au niveau de la loge du
ganglion géniculé, de la portion labyrinthique, et du début de la portion tympanique, incision de
la gaine du nerf. Le geste chirurgical ne dispense pas bien sûr d’un traitement médical corticoïde
préopératoire et d’une rééducation.
20
DÉCOMPRESSION CHIRURGICALE DU NERF FACIAL III
5• Références bibliographiques
1-C
. Bodenez, I. Bernat, J.C Willer, P. Barre, G.Lamas, F. Tankéré. Facial nerve decompression for
idiopathic Bell’palsy : report of 13 cases and literature review. [Journal Laryngol Otol. Mar; 124
(3):272-8.
ruce J. Gantz, Jay T. Rubinstein, Paul Gidley, Georges G. Woodworth. Surgical mana gement
2-B
of Bell’s palsy. Laryngoscope 109 : August 1999
3 - Eric Smouha, Elisabeth Toh, Barry Schaitkin. Surgical treatment of Bell’s palsy : current attitudes.
Laryngoscope 121 : september 2011
4 - Tuncay Ulug, S. Arif Ulubil. Management of facial paralysis in temporal bones factures : a
prospective study analyzing 11 operated factures. American Journal of Otolaryngology-Head
and Neck Medecine and Surgery 26 (2005) 230-238
5-W
ilkinson E, Hoa M, Slattery W and all. Evolution in the management of facial nerve schwannoma.
Laryngoscope 121 . 2011
6 - L ee W, Kim J. Revised surgical strategy to preserve faxcial nerve function after resection of the
facial nerve schwannoma. Otol Neurotol 2011 32: 1548-1553
21
22
SUTURE ET GREFFE DU NERF FACIAL IV
1• Introduction
La réhabilitation de la face paralysée est un problème complexe faisant appel à différentes
techniques de chirurgie reconstructrice ou esthétique mais aussi à des procédés de microchirurgie.
La réparation directe du nerf est la méthode à privilégier de première intention qui consiste à
rétablir la continuité du nerf par une suture nerveuse directe ou après interposition d’un greffon
intermédiaire. Ce type de réhabilitation peut être envisagé dans 2 circonstances cliniques
principales : les lésions nerveuses d’origine traumatique responsables d’une paralysie faciale
immédiate signant un traumatisme sévère du nerf qu’elle soit complète (en cas de lésions de
localisations pétreuses) ou partielle (en cas de lésions faciales ou parotidiennes) et les lésions
d’origine tumorale.
23
IV SUTURE ET GREFFE DU NERF FACIAL
labyrinthique est réalisée par voie de la fosse cérébrale moyenne alors que les lésions des deuxième
et troisième portions sont abordées par voie mastoïdienne. L’exploration du segment tympanique
nécessite souvent une désarticulation de la chaîne ossiculaire. En revanche, en cas de cophose,
une voie translabyrinthique avec exclusion d’oreille peut être discutée. Elle permet une exploration
des trois segments du nerf.
Dans son trajet extra-crânien, le nerf facial est abordé par voie de parotidectomie afin de repérer
le tronc à son émergence au foramen stylo-mastoïdien (Figure 1). Après avoir réalisé une incision
prétragienne poursuivie dans la région sous- et rétro-lobulaire en voie de lifting, les attaches
postérieures de la glande parotide sont libérées du cartilage tragal, du muscle sterno-cléïdo-
matoïdien et du bord inférieur du ventre postérieur du muscle digastrique. La dissection prudente
des dernières attaches tympano-mastoïdiennes et l’hémostase de l’artère stylomastoïdienne
permettent de découvrir le tronc du VII, 5 mm en avant et sous le pointeur de Conley, au bord
supérieur du muscle digastrique. La dissection du tronc se poursuit jusqu’à la découverte de la
bifurcation en branches temporo-faciale et cervico-faciale, confirmant ainsi son identification.
Celle-ci peut être facilitée par l’utilisation d’un neurostimulateur si le nerf est encore en partie
fonctionnel. En fonction des constatations peropératoires et de la topographie ou du mécanisme
lésionnel des branches extracrâniennes, la dissection des branches de division (se répartissant en
éventail et en anastomoses variables) peut se poursuivre plus distalement par voie antérograde ou
nécessiter une dissection rétrograde après avoir identifié les rameaux terminaux sur l’aponévrose
massétériene en avant de la glande parotide.
Les lésions d’une branche isolée peuvent bénéficier d’un abord plus limité, notamment par la plaie
ou la perte de substance. Des repères sont importants à connaitre pour faciliter la recherche de
ces branches :
- le rameau frontal se projette approximativement sur une ligne unissant le lobule et un point situé
1 cm au-dessus de la queue du sourcil,
- les rameaux temporaux montent verticalement en dehors de la face latérale de l’arcade
zygomatique à 1 cm en avant du tragus,
- le rameau marginal de la mandibule suit le plus souvent le bord inférieur du corps mandibulaire.
Initialement situé sous le muscle peaucier, il se superficialise après avoir croisé les vaisseaux faciaux.
3• Technique chirurgicale
La réparation de la continuité du nerf doit respecter un certain nombre de principes (1, 2) :
- Elle doit être réalisée aussi précocement que possible autant pour le bénéfice psychologique
apporté au patient que pour augmenter les chances de succès de la réhabilitation (2). Dans
un contexte traumatique, la prise en charge est souvent différée du fait des lésions associées,
notamment cérébro-méningées. Elle est envisageable durant la première année après la lésion ;
seulement dans les 6 premiers mois pour certains (2). Au-delà de ce délai, la raréfaction des
motoneurones au sein du noyau moteur du nerf facial dans le tronc cérébral augmente très
nettement le risque d’échecs ou de résultats fonctionnels insuffisants.
24
SUTURE ET GREFFE DU NERF FACIAL IV
25
IV SUTURE ET GREFFE DU NERF FACIAL
A B
Figure 3. A : greffon de plexus cervical superficiel. B : nerf sural. Le tracé des incisions entre lesquelles le nerf sural
sera strippé.
du nerf facial et il est souvent spontanément bifurqué, permettant ainsi la réparation du tronc et
de la division principale du VII parotidien. Son prélèvement entraine une anesthésie partielle de
l’auricule et de la peau pré-auriculaire régressant partiellement avec le temps.
En cas de perte de substance nerveuse plus importante, un greffon de nerf sural (nerf saphène
externe) est privilégié, sa longueur pouvant atteindre 30 cm. Il nait au niveau du creux poplité
avant de se superficialiser au niveau du tiers supérieur de la jambe. Il chemine sur la face postéro-
externe jusqu’à la malléole externe qu’il contourne par l’arrière. Son prélèvement s’effectue par
des incisions étagées horizontales le long de son trajet après l’avoir repéré derrière la malléole
externe (Figure 3). Les séquelles du site donneur sont acceptables et se limitent à une anesthésie
du bord latéral du pied, fonctionnellement peu gênante pour le patient. Le nerf sural possède une
densité axonale plus importante et l’obtention d’un affrontement optimal nécessite la section en
biseau du nerf facial pour améliorer la congruence des tranches de section nerveuse en cas de
suture termino-terminale.
Le nerf sural est particulièrement utilisé pour les greffes transfaciales, indiquées lorsque l’extrémité
proximale du VII du côté pathologique n’est pas utilisable. Cette technique décrite par Scaramella
en 1971 (10) permet d’anastomoser une branche de division du nerf facial du côté sain (branche
zygomatique pour la réhabilitation du sourire par exemple) au tronc (ou à une branche de 1ère
division du nerf facial du côté pathologique) (Figure 4)). L’intervention débute par une voie de
parotidectomie du côté sain permettant le repérage des branches de division sur l’aponévrose
massétérine puis la sélection, à l’aide d’un neurostimulateur, d’une branche buccale dont le
sacrifice n’entraine pas de déficit fonctionnel important. Un tunnel sous-cutané au dessus de la
26
SUTURE ET GREFFE DU NERF FACIAL IV
Quelques règles complémentaires doivent être respectées lors de l’utilisation d’un greffon :
- placer le greffon dans un lit receveur sain et bien vascularisé. Certains auteurs entourent le greffon
d’un manchon d’aponévrose ou d’épicrâne (3), notamment dans le rocher. Cette précaution,
dans notre expérience, ne nous semble pas nécessaire.
- respecter le sens physiologique de l’influx nerveux, en suturant (en cas de suture termino-terminale)
l’extrémité distale du greffon à la partie proximale du nerf facial afin d’éviter la déperdition axonale
dans les branches collatérales.
Enfin, citons la possibilité d’utiliser le greffon musculo-nerveux thoraco-dorsal microvascularisé (12).
Le nerf thoraco-dorsal possédant cinq branches de division, il permet la réparation du tronc et de
l’arborescence des branches intra-parotidiennes (Figure 5). Il s’agit d’une technique plus complexe
nécessitant une micro-anastomose vasculaire de l’artère thoraco-dorsale sur les vaisseaux
cervicaux. Ce lambeau a l’avantage d’apporter une palette musculaire pouvant combler une
dépression parotidienne, voire même une palette cutanée en cas d’extension d’un carcinome
parotidien à la peau.
27
IV SUTURE ET GREFFE DU NERF FACIAL
6• Situations cliniques
Les étiologies traumatiques des sections du VII sont de deux types. Il peut s’agir de traumatismes
iatrogènes au cours de la chirurgie des régions traversées par le nerf, ou de lésions d’origine
accidentelle secondaires à une fracture pétreuse ou à une plaie de la région parotidienne ou
faciale.
Les lésions iatrogènes avec rupture nerveuse ne sont pas rares dans la chirurgie de l’angle
ponto-cérébelleux (APC) ou du méat acoustique interne, mais beaucoup plus exceptionnelles
dans la chirurgie otologique ou parotidienne (7, 13, 14). La réparation dans l’APC est réalisée le
plus souvent par un greffon de plexus cervical superficiel, à condition que l’émergence du nerf
facial au tronc cérébral soit identifiable et de bonne qualité (Figure 6). Lorsque ces conditions ne
sont pas réunies et qu’une greffe n’est pas possible, la réhabilitation repose sur une anastomose
hétérotopique (anastomose entre le VII et un autre nerf : XII ou nerf masséterin par exemple).
Dans le rocher, la réparation est également réalisée le plus souvent par un greffon intermédiaire
de nerf grand auriculaire (Figure 7) ou plus rarement de nerf sural quand le délabrement nerveux
est important alors que dans la chirurgie parotidienne, la laxité du nerf peut autoriser souvent une
suture simple sans tension (Vidéos 1 et 2).
28
SUTURE ET GREFFE DU NERF FACIAL IV
Dans les étiologies d’origine accidentelle, les modalités de réparation sont semblables à
celles de la chirurgie pétreuse en cas de fracture du rocher (3, 4) (Figures 8 et 9) (Vidéos 3 et
4). L’exploration chirurgicale doit être menée le plus précocement possible et la voie d’abord
utilisée dépend des résultats du scanner haute résolution. En revanche, dans la parotide, le
mode de réparation varie en fonction de la perte de substance nerveuse : suture simple sans
tension en cas de lésions franches (par arme blanche notamment) (Figure 10), greffe nerveuse
quand la contusion est plus étendue et parfois impossibilité de réparation (notamment en cas
de traumatisme balistique) contraignant l’opérateur à envisager secondairement une chirurgie
palliative par transfert musculaire par exemple.
Figure 10.
A. à gauche : cicatrice cervicofaciale
par une scie circulaire.
B. à droite : résultat d’une suture simple
des branches inférieures du nerf facial
gauche réalisées 6 mois après l’accident.
Le tonus de la moitié inférieure du visage
est satisfaisant.
A B
Une particularité est à souligner dans les lésions du VII parotidien ou de ses branches plus distales
au niveau de la face, notamment lors d’agression à l’arme blanche. Lorsque le patient est pris
en charge dans les 3 premiers jours après la lésion nerveuse, la dégénérescence wallérienne
n’est pas complète et le chirurgien peut utiliser le monitoring qui l’aide avec le neurostimulateur à
repérer la ou les extrémités distales du nerf au sein du tissu cicatriciel.
Les étiologies tumorales sont également de
deux types : soit une lésion tumorale propre du
nerf facial (schwannome ou hémangiome du
VII principalement) (Figures 11 à 13) (Vidéo 5),
soit un envahissement nerveux par une tumeur
de voisinage, pétreuse (métastase, carcinome
du conduit, paragangliome…) (Figure 14)
ou parotidienne essentiellement. Dans notre
service, devant un schwannome du VII, nous
posons une indication opératoire lorsque les
patients présentent une paralysie faciale de
grade > 3 ou parfois plus précocement (PF < 3)
quand l’importance du volume tumoral exerce
un effet de masse sur le lobe temporal ou le
tronc cérébral (risque vital pour le patient ou
risque de survenue d’une épilepsie) (Figure 12)
Figure 11. Otoscopie gauche montrant un processus expansif
rétro-tympanique correspondant à un schwannome du nerf
facial.
29
IV SUTURE ET GREFFE DU NERF FACIAL
Figure 12. Coupe axiale d’IRM en séquence pondérée T1 Figure 13. TDM en coupe axiale du rocher gauche.
avec injection. Schwannome du nerf facial gauche Présence d’une lésion tumorale envahissant la loge
envahissant le méat acoutique interne, la loge du ganglion du ganglion géniculé. La présence de calcifications
géniculé et s’étendant au sein de la fosse cérébrale moyenne. au sein de la lésion évoque un hémangiome du nerf facial.
Figure 14.
A : TDM en coupe axiale
du rocher gauche montrant
une lyse de la paroi postérieure
du méat acoustique externe
(flèche blanche) par un
carcinome épidermoïde
du conduit auditif.
B : TDM en coupe coronale
montrant une lyse du canal
facial (flèche rouge).
A B
30
SUTURE ET GREFFE DU NERF FACIAL IV
8• Conclusion
En conclusion, la réparation du nerf facial est la technique à privilégier de première intention avec
un taux moyen de succès de 75%. Même si ce type de réhabilitation entraine systématiquement des
séquelles, ses résultats fonctionnels et esthétiques sont souvent meilleurs qu’avec les anastomoses
nerveuses hétérotopiques ou les transferts musculaires.
31
IV SUTURE ET GREFFE DU NERF FACIAL
9• Références bibliographiques
1 - Millesi H. Forty-two years of peripheral nerve surgery. Microsurgery 1993;14(4):228-33.
2 - Bourrel P, Ferro RM, Lorthioir JM. [Epiperineural nerve sutures and neurilemmatic sutures.
Comparative clinical results about 109 cases (author’s transl)]. Sem Hop 1981;57(47-48):2015-23.
3-O
zmen OA, Falcioni M, Lauda L, Sanna M. Outcomes of facial nerve grafting in 155 cases:
predictive value of history and preoperative function. Otol Neurotol. 2011;32(8):1341-6.
4 - E aton DA, Hirsch BE, Mansour OI. Recovery of facial nerve function after repair or grafting: our
experience with 24 patients. Am J Otolaryngol 2007;28(1):37-41.
5-V
iterbo F, Amr AH, Stipp EJ, Reis FJ. End-to-side neurorrhaphy: past, present, and future. Plast
Reconstr Surg 2009;124(6 Suppl):e351-8.
6-B
ozorg Grayeli A, Mosnier I, Julien N, El Garem H, Bouccara D, Sterkers O. Long-term functional
outcome in facial nerve graft by fibrin glue in the temporal bone and cerebellopontine angle.
Eur Arch Otorhinolaryngol. 2005;262(5):404-7.
7 - Ramos DS, Bonnard D, Franco-Vidal V, Liguoro D, Darrouzet V. Stitchless Fibrin Glue-Aided Facial
Nerve Grafting After Cerebellopontine Angle Schwannoma Removal: Technique and Results in
15 Cases. Otol Neurotol. 2015; 36: 498-502.
8-B
acciu A, Falcioni M, Pasanisi E, Di Lella F, Lauda L, Flanagan S, Sanna M. Intracranial facial
nerve grafting after removal of vestibular schwannoma. Am J Otolaryngol. 2009;30(2):83-8.
9 - Leonetti JP, Anderson DE, Marzo SJ, Origitano TC, Petruzzelli GJ. Intratemporal Grafting of the
Facial Nerve following Lateral Skull Base Tumor Resection. Skull Base 2007;17(3):181-6.
10 - Scaramella LF. L’anastomosi tra i due nervi facciali. Arch Otolaryngologia 1971;82:209–13.
11 - Viterbo F, Trindade JC, Hoshino K, Mazzoni Neto A End-to-side neurorrhaphy with removal of
the epineurial sheath: an experimental study in rats. Plast Reconstr Surg 1994;94(7):1038-47.
12 - Biglioli F, Colombo V, Pedrazzoli M, Frigerio A, Tarabbia F, Autelitano L, Rabbiosi D. Thoracodorsal
nerve graft for reconstruction of facial nerve branching. Journal of Cranio-Maxillo-Facial
Surgery, 2014; 42:e8-e14.
13 - Gaillard C, Perié S, Susini B, Lacau St Guily JL. Facial nerve dysfunction after parotidectomy:
the role of local factors. Laryngoscope 2005; 115(2): 287-91.
14 - Noss RS, Lalwani AK, Yingling CD. Facial nerve monitoring in middle ear and mastoid surgery.
Laryngoscope 2001; 111(5):831-6.
15 - Hontanilla B, Marre D, Cabello A. Cross-face nerve grafting for reanimation of incomplete
facial paralysis: quantitative outcomes using the FACIAL CLIMA system and patient satisfaction.
J Reconstr Microsurg 2014;30(1):25-30.
16 - Montava M, Garcia S, Mancini J, Jammes Y, Courageot J, Lavieille JP, Feron F. Vitamin
D3 potentiates myelination and recovery after facial nerve injury. Eur Arch Otorhinolaryngol
2015;272:2815-23.
32
SUTURE ET GREFFE DU NERF FACIAL IV
17 - B
atioglu-Karaaltin A, Karaaltin MV, Oztel ON, Ovali E, Sener BM, Adatepe T, Yigit O, Bozkurt E,
Baydar SY, Bagirova M, Uzun N, Allahverdiyev A. Human olfactory stem cells for injured facial
nerve reconstruction in a rat model. Head Neck 2016;38 Suppl 1:E2011-20.
18 - Guerout N, Paviot A, Bon-Mardion N, Honoré A, Obongo R, Duclos C, Marie JP. Transplantation
of olfactory ensheathing cells to evaluate functional recovery after peripheral nerve injury. J
Vis Exp 2014;(84):e50590.
10• Vidéos
Vidéo 1 - C
as d’une patiente présentant une polychondrite chronique atrophiante responsable
d’otites séreuses répétées. Compte tenu de l’exclusion rapide des aérateurs trans-
tympaniques, un opérateur a tenté de mettre en place un T tube de Goode trans-osseux
en perforant le cadre tympanique postérieur. La patiente a présenté une paralysie faciale
gauche postopératoire immédiate. L’imagerie (TDM) a montré une destruction focale
du canal facial dans son segment mastoïdien. La patiente a bénéficié au deuxième
mois d’une réparation du nerf par un greffon de plexus cervical superficiel. Résultat à 9
ans du geste chirurgical.
Vidéo 2 - Section accidentelle du tronc du nerf facial gauche au cours de la chirurgie d’un
adénome pléomorphe du lobe profond de la parotide. Patiente adressée à J2 dans
le service. Exploration à J3 et suture simple du tronc du nerf facial après parage des
berges. Résultat à 15 mois du geste chirurgical.
Vidéo 3 - Section post-traumatique du segment tympanique du nerf facial droit au cours d’une
fracture transversale du rocher (Accident de la voie publique). Réparation par un greffon
de plexus cervical superficiel 6 mois après l’accident. Résultat à 11 mois de la greffe.
Vidéo 4 - F ilm peropératoire d’une greffe du segment tympanique du nerf facial gauche après
fracture extralabyrinthique du rocher.
Vidéo 5 - Patient présentant une cophose droite post-otitique dans l’enfance et une paralysie faciale
droite depuis 10 mois. L’IRM montrait une prise de signal après injection de gadolinium
englobant le paquet acoustico-facial dans le méat acoustique interne. Tumeur abordée
par voie translabyrinthique. La vidéo expose l’ouverture de l’APC, la résection de la
lésion et la greffe du nerf facial par un greffon de plexus superficiel. L’histologie a conclu
à la présence d’un granulome épithélioïde et gigantocellulaire compatible avec une
sarcoïdose ou une tuberculose. Le bilan d’extension n’a révélé aucune autre anomalie.
Vidéo 6 - Patient opéré d’une récidive post-radiothérapie d’un carcinome à cellules acineuse
parotidien gauche envahissant le tronc du nerf facial et la bifurcation. Réparation par
un greffon de plexus cervical superficiel spontanément divisé (dans le même temps que
l’exérèse tumorale). Résultat à 3 ans du geste chirurgical.
33
34
ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES V
L’ANASTOMOSE HYPOGLOSSO-FACIALE
Georges LAMAS, Peggy GATIGNOL, Jonathan BARBUT,
Isabelle BERNAT et Frédéric TANKÉRÉ
et de l’articulation attribués à
tort à l’AHF tt et d’une prise en
Greffe
charge rééducative permettant
la correction de l’atteinte de la
XII XII
motilité linguale et une diminution
des syncinésies et de l’hypertonie
Greffe intermédiaire latéro-terminale Anastomose latéro-terminale
(5-6) (Schéma 1).
Schéma 1
35
V ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES
36
ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES V
4• Patients
Notre série comporte entre 2004 et 2015, 77 patients, 41 femmes et 36 hommes. L’âge moyen est
de 46.08 ans (DS : 16.15, SR : 0.88).
La première indication de L’AHF restait la chirurgie de l’angle ponto-cérébelleux pour l’exérèse des
schwannomes vestibulaires (37 cas) et à un moindre degré des méningiomes (5 cas). La plupart
de ces patients ont été opérés dans d’autres services et arrivent plus ou moins tardivement pour
la réhabilitation de leur face paralysée.
37
V ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES
Le délai entre la survenue de la paralysie faciale et la chirurgie de réhabilitation était dans 36 cas
inférieur à 11 mois, dans 31 cas compris entre 12 et 36 mois et dans 10 cas supérieur à 36 mois.
Dans ce dernier groupe, la paralysie était en fait pendant longtemps incomplète.
Le début de la réinnervation est survenu entre 3 mois et 6 mois. Le résultat sur la fonction faciale a
pu être étudié chez 75 patients car 1 est perdu de vue et 1 est décédé avant de pouvoir apprécier
le résultat. Ils sont classés selon le grading de House et Brackmann (9) bien que cette évaluation ne
soit pas la plus pertinente pour l’AHF. De plus, l’occlusion palpébrale doit être jugée sans l’aide de
la langue qui permet toujours d’obtenir la fermeture de l’œil. On obtient 34 grade III, 40 grade IV
et un grade V. Si l’on étudie le résultat en fonction du délai, on constate pour les patients opérés
avant 1 an, 22 grade III et 14 grade IV alors que pour ceux opérés après 1 an on retrouve 12 grade
III, 26 grade IV, 1 grade V. Si l’on isole dans ce dernier groupe les patients opérés au-delà de 3 ans,
3 sont en grade III et 7 en grade IV. Les résultats sont donc meilleurs pour les patients opérés plus
précocement. Les patients retrouvent une face symétrique au repos. L’amplitude des mouvements
est variable, parfois correcte, ailleurs plus limitée. On constate une amélioration avec le temps,
les mouvements devenant plus automatiques. Les signes de contracture et les syncinésies restent
modérés grâce à la rééducation de même que la motilité et l’hémi-atrophie linguale.
Un seul patient est en échec relatif. Il s’agit d’un volumineux chémodectome envahissant l’étage
postérieur de la base du crâne. L’anastomose est fonctionnelle mais le patient est resté hypotonique.
Une myoplastie d’allongement a été réalisée secondairement permettant la symétrisation de la
face.
Vingt patients ont en outre bénéficié d’une chirurgie palpébrale lorsqu’il existait des problèmes
d’exposition cornéenne. Elle comprenait un alourdissement de la paupière supérieure avec une
plaque d’or (10) et la réalisation d’une canthoplastie externe avec un tarsalstrip.
38
ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES V
Photo 7. AHF droite Photo 8. AHF droite grade III Photo 9. AHF droite
39
V ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES
5• Discussion
Seront discutés les inconvénients attribués à l’AHF tt et les alternatives possibles
De nombreux reproches ont été faits à cette technique chirurgicale : intensité de l’hémispasme
et des syncinésies, altération de la fonction linguale du fait de la section du nerf hypoglosse
responsable d’une hémiatrophie linguale, de troubles de l’articulation et de la déglutition. On
peut argumenter la faiblesse des études analysant les conséquences de l’AHF sur l’articulation et
la déglutition, et surtout déplorer l’absence de prise en charge rééducative chez ces patients (11).
40
ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES V
qui montrent la position de la langue lors de l’articulation sont similaires pour tous nos patients,
que l’atrophie linguale soit sévère, modérée, légère, voire inexistante. L’intelligibilité de la parole
n’est pas entravée (13). Les patients ayant suivi une rééducation spécifique de la langue ont une
atrophie beaucoup moins importante et une parfaite motilité linguale en comparaison à des sujets
non rééduqués.
41
V ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES
contraint. Elle a également démontré sa sensibilité puisqu’elle constate des différences entre les
sourires contraint et spontané, là où celle de Terzis et Noah n’en perçoit pas.
Nous avons mis en évidence que les patients AHF considèrent posséder une qualité de vie
significativement meilleure que dans la 1ère année. En revanche, nous avons constaté que tel
n’est pas le cas pour les patients MAT que nous avons interrogés, car on note une baisse de cette
satisfaction après la première année.
La rééducation tient donc une place essentielle dans la prise en charge des AHF, elle a pour
objectif de permettre au patient de retrouver tout ou majeure partie de la fonction perturbée. Peu
connues, les bases de la rééducation sont souvent mal appliquées. Par ailleurs, nous confirmons
qu’une prise en charge orthophonique précoce et intensive de la langue est l’élément crucial pour
optimiser la récupération fonctionnelle (au repos comme en mouvement) lors d’une réhabilitation
par AHF.
7• Conclusion
L’AHF tt est un procédé de réhabilitation de la face paralysée de réalisation simple. Les résultats
sont d’une remarquable constance si les indications sont respectées et le patient correctement
rééduqué.
42
ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES V
8• Références bibliographiques
1-M
ay M, Sobol SM, Mestyer SJ.Hypoglossal-facial nerve interpositional jump graft for facial
reanimation without tongue atrophy. Otolaryngol.Head and Neck Surg. 1991 Jun: 104(6):818-25.
2 - Darrouzet V, Dutkiewick J, Chambrin A, Stoll D, Bebear JP. Hypoglossal-facial anastomosis.
Results and technical development towards end-to-side anastomosis with rerouting of the intra-
temporal facial nerve (modified May technique). Rev LaryngolOtolRhinol. (Bord) 1997:118(3):203-
10.
3 - Atlas MD, Lowinger DS. A new technique for hypoglossal facial nerve repair. Laryngoscope
1997; 107(7):984-91.
4 - Labbe D. Lenghtening temporalis myoplasty V.2 and lip reanimation. Ann Chir Plast Esthet. 2009
Dec:54(6):571-6.
5 - Gatignol P, Cortadellas AL, Grandi S, Fougeron C, Tankéré F, Lobryeau C, Willer JC, Lamas G.
Intérêt de la rééducation précoce de la langue dans l’anastomose hypoglosso faciale Rev
LaryngolOtolRhinol (Bord) 2006;127(5):327-33.
6 - Gatignol P, La prise en charge des paralysies faciales et du nerf hypoglosse. In : Les dysarthries,
Solal, Marseille.2007 chapitre 73.
7 - Diels HJ, Combs D, Neuromuscularretraining for facial paralysis. Otol Clinics of North America.
1997; 30(5):727-40.
8 - Boucher JD,EkmanP. Facial areas and emotional information. J. Commun. 1975 Spring; 25(2):21-9.
9 - House JW, Brackmann DE. Facial nerve grading system. Otolaryngology Head and Neck
Surgery.1985 ; 93 : 146-50.
10 - Rofagha S, Seiff SR. Long-term results for the use of gold eyelid load weights in the management
of facial paralysis. Plast Reconstr Surg. 2010 Jan. 125(1):142-9.
11 - G
atignol P, Lannadère E, Bernat I, Tankéré F, Lamas G, Bénéfices de la rééducation d’une
paralysie faciale périphérique. Revue Médicale Suisse, 2011, 7, 1908-13.
12 - Gatignol P, Tankéré, Clero D, Lobryeau C, Soudant J, Lamas G, (2003) Comparative evaluation
of speech disorders and verbal and nonverbal communication within two groups of patients :
Patients with facial paralysis (FP) and those who had undergone hypoglossal-facial anastomosis
(HFA). Rev Laryngol Otol Rhinol( Bord). 124(5):291-7.
13 - Gatignol P, L’articulation dans les paralysies faciales et les anastomoses hypoglosso-faciales.
(2004). In Gatignol P, Lamas G (eds). Paralysies faciales. Solal.Marseille. pp 99-120.
14 - Lheureux-Portmann A, Lapalus-Curtoud Q, Robert M, Tankéré F, Disant F, Pasche P, Lamas G,
Gatignol P, (2013) Smile « forced » smile versus « spontaneous » : comparison of 3 techniques of
reconstructive surgery of the face. Myoplasty temporal muscle, hypoglossal facial anastomosis
and gracilis muscle free flap. Rev LaryngolOtolRhinol (Bord).134 (4-5):267-76.
43
V ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES
15 - S lattery WH 3rd, Cassis AM, Wilkinson EP, Santos F , Berliner K. Side to end hypoglossal to
facial anastomosis with transposition of the intra temporal facial nerve. Otol.Neurotol 2014.
Mar;35(3):509-13.
16 - Le Clerc N, Herman P, Kania R, Tran H, Altabaa K, Tran Ba Huy P, Sauvaget E, Comparison of
3 procedures for hypoglossal-facial anastomosis. Otolneurotol. 2013 Oct. 34(8) : 1483-8.doi :
10.1097/MAO. 0b013e31828dac62.
17 - Hontanilla B, Marré D. Comparison of hemihypoglossal nerve versus masseteric nerve
transpositions in the rehabilitation of short-term facial paralysis using the Facial Clima evaluating
system. PlastReconstr Surg. 2012; 130(5):662-72.
18 - Storzac C, Frigerio A, Mapelli A, Tarabbia F, Annoni I, Colombo V, Latiff M, Pimenta Ferreira cl,
Rabbiodi D, Sidekersky F.U, Zago.m, Biglioli F, Double powered free gracilis muscle transfer or
smile reanimation. A longitudinal optoelectronic study. J. Plast.Reconstr. Aesthet. Surg. 2015,
Jul :68(7) 930-9.
44
ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES V
L’ANASTOMOSE MASSÉTERO-FACIALE :
indications, technique chirurgicale et résultats
Delphine VERTU-CIOLINO
1• Indications
L’anastomose nerveuse sur le nerf facial s’adresse aux patients atteints de paralysie faciale
complète et définitive, et pour lesquels le nerf facial extracrânien est resté intègre. Si le nerf facial a
été sacrifié dans l’angle ponto-cérébelleux au cours d’une chirurgie tumorale, le caractère définitif
de la paralysie faciale est évident. Parfois, après chirurgie de l’angle ponto-cerébelleux, le nerf
facial est intact anatomiquement, mais le patient présente une paralysie faciale post-opératoire.
Il est licite de surveiller une éventuelle récupération spontanée durant 6 à 12 mois, même si elle
est souvent partielle. En l’absence de récupération clinique passé ce délai, le caractère total de
la paralysie doit être vérifié par enregistrement électromyographique.
Après dénervation complète, la musculature faciale subit une atrophie progressive, pénalisante si
la réparation nerveuse est tardive. Il est admis que la réparation doit être la plus précoce possible,
avec un délai maximum de 3 à 4 ans après paralysie faciale complète.
L’anastomose nerveuse massétero-faciale (V-VII) nécessite l’intégrité de la Vème paire crânienne
homolatérale. Un bilan clinique est suffisant pour s’en assurer, par contrôle de la sensibilité de
l’hémiface paralysée et de la contraction des muscles masséters et temporaux. Il faut être
particulièrement vigilant après chirurgie de l’angle ponto-cérébelleux, car les atteintes étagées
des nerfs crâniens sont possibles. En cas de neurofibromatose, l’absence de lésion tumorale sur le
trijumeau homolatéral à la paralysie faciale doit être recherchée.
Les indications de l’anastomose massétero-faciale sont théoriquement les mêmes que celles de
l’anastomose hypoglosso-faciale, qui reste actuellement l’intervention de référence. Il s’agit de
patients présentant une paralysie faciale complète et définitive, liée à une atteinte du nerf facial
respectant la partie distale extra-crânienne du nerf, et dont la durée n’excède pas 3 à 4 ans au
moment de la réparation.
L’anastomose V-VII est une alternative intéressante à l’anastomose hypoglosso-faciale car elle
présente certains avantages. Elle doit évidemment être proposée lorsque la XIIème paire crânienne
est atteinte de façon homo- ou controlatérale. Elle peut aussi être proposée chez des patients
souffrant de troubles de la déglutition complexes, associant des atteintes étagées des paires
crâniennes (IX et X) et des troubles d’origine centrale, sans atteinte du XII. L’anastomose V-VII est
alors pertinente, car il n’y a aucune atteinte de la langue, et donc aucun risque de détériorer
la phase primaire de la déglutition, ce qui peut aggraver les difficultés du patient. Par ailleurs,
certains patients refusent un sacrifice nerveux sur la langue, malgré les explications au sujet des
possibilités de rééducation, car le traumatisme de la paralysie faciale est violent. Pour ces patients,
l’absence de séquelles notables liées à l’utilisation du nerf du masséter est capitale. L’atrophie sur
45
V ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES
le masséter concerné n’est que partielle, du fait de l’utilisation du rameau distal du nerf massétérin,
et non de sa totalité. Il n’y a pas de déformation marquée du contour du visage, ni de troubles de
la mastication car les muscles élévateurs de la mandibule sont nombreux et bilatéraux (1). Pour le
patient, même en cas d’échec ou de résultat insuffisant de la réparation nerveuse, l’absence de
troubles neurologiques nouveaux qui viendraient se surajouter à la paralysie faciale est un élément
important.
2• Technique chirurgicale
Nous réalisons une anastomose termino-terminale
entre l’extrémité distale du nerf du masséter et le tronc
du nerf facial. Le nerf du masséter est une branche
du rameau mandibulaire du nerf trijumeau (V3). Il
chemine à la face profonde du muscle et présente
des repères anatomiques constants : il émerge à
l’aplomb d’un point situé à 1 cm au-dessous de
l’arcade zygomatique et à 3 cm en avant du conduit
auditif externe cartilagineux (2) (photo A).
Figure A. Prise des repères cutanés pour l’arcade
zygomatique, l’angle mandibulaire, et l’émergence du L’abord chirurgical se fait par une incision prétragienne
nerf du masséter
prolongée en cervical de type parotidectomie, ou
dans le sillon rétroauriculaire comme pour un lifting
cervico-facial. Un décollement sous-cutané est
réalisé dans le plan du fascia préparotidien jusqu’à
dépasser la glande en avant. Le tronc du nerf
facial est repéré. Le rameau temporo-facial et ses
branches sont disséqués en ouvrant la parotide au-
dessus du nerf facial, jusqu’à arriver à l’aplomb de
l’émergence du nerf masséterin.
Il faut alors plonger entre les branches nerveuses
Figure B. Dissection de la branche temporo faciale du
VII et découverte du nerf masséterin du nerf facial et traverser toute l’épaisseur du
muscle masséter. Les fibres musculaires changent
de direction lorsque la dissection atteint les fibres
des muscles ptérygoïdiens en profondeur. Le nerf du
masséter chemine entre le masséter et ces muscles.
Son trajet est oblique vers le bas et vers l’avant, et
de la profondeur vers la surface (photo B). Le calibre
du nerf est assez important, légèrement inférieur à
celui du tronc du nerf facial. Il est possible à ce stade
d’utiliser la stimulation nerveuse pour vérifier l’action
du nerf isolé. Les électrodes de recueil sont placées
Figure C. Préparation de l’anastomose nerveuse directement dans les fibres du muscle masséter
termino terminale entre le nerf du masséter et le tronc
du nerf facial pendant que le nerf est testé.
46
ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES V
Le nerf massétérin est disséqué vers l’avant avant d’être sectionné le plus distalement possible. Le
tronc du nerf facial est sectionné au niveau du trou stylo-mastoïdien, puis amené sans tension au
contact du nerf masséterin (photo C). Il est possible, en cas de difficulté, de fraiser la mastoïde
pour obtenir un peu plus de longueur à partir du nerf facial, ou d’utiliser un greffon nerveux
d’interposition entre les deux extrémités nerveuses.
L’anastomose nerveuse est réalisée de façon termino-terminale, sous microscope ou loupes, avec
quelques points épi-périneuraux d’Ethilon 9/O.
Il est possible d’ajouter quelques gouttes de colle biologique sur l’anastomose.
-La glande parotide est refermée sur elle même par quelques points de fils résorbables, puis la voie
d’abord cutanée est refermée classiquement.
3• En post-opératoire
Le patient reçoit des consignes de mobilisation des articulations temporo-mandibulaires (exercices
en ouverture de bouche, avancement mandibulaire, et diduction), à réaliser quotidiennement et
pendant les premiers mois. Ces exercices luttent contre le léger trismus post-opératoire, et stimulent
le noyau de la Vème paire crânienne, favorisant vraisemblablement la repousse axonale.
Les massages superficiels du visage, réalisés quotidiennement de façon bilatérale et symétrique
par le patient, activent la boucle sensitivo-motrice du nerf trijumeau, et stimulent le noyau nerveux
et la repousse axonale.
Les massages profonds sont poursuivis du côté sain, pour lutter contre une éventuelle hyperactivité
développée préalablement à la réparation faciale.
Le patient doit être encadré et soutenu durant cette phase par des orthophonistes spécialisés.
4• Résultats
La récupération de la trophicité faciale et d’un meilleur tonus de repos sont précoces, dans le
mois qui suit l’anastomose. La réponse motrice dans le territoire zygomatique apparait dans le
quatrième mois après la chirurgie, initiée par l’action de serrer les dents. Le patient récupère
brutalement un grade 3 à la mimique volontaire, car le sourire volontaire et l’occlusion palpébrale
sont atteints, toujours en serrant les dents de façon concomitante. (Patients 1 et 2).
Le tonus s’améliore progressivement, et la rééducation régulière permet l’automatisation de
certaines mimiques, après la première année de rééducation.
L’anastomose massétero-faciale procure des mouvements volontaires puissants et symétriques.
Le sourire fait facilement réapparaître le sillon nasogénien par mise en œuvre de tous les muscles
releveurs de la lèvre supérieure et des muscles zygomatiques et risorius. L’occlusion palpébrale met
en jeu le muscle orbiculaire de l’œil, dans son contingent palpébral et orbitaire.
Il n’y a pas de développement de spasme hémi-facial du côté réparé, probablement en raison
de la quantité d’axones apportés par l’anastomose nerveuse à partir du nerf du masséter.
47
V ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES
Quelques syncinésies apparaissent dans le territoire des muscles du sourire lors de la mastication du
côté opéré, mais elles sont modérées et peu gênantes. Elles miment en effet un circuit syncinétique
physiologique, car la mise en œuvre des muscles releveurs de la lèvre supérieure et des zygomatiques
existe lors de la mastication intense, en dehors de tout phénomène pathologique.
48
ANASTOMOSES HÉTÉRO-NERVEUSES V
5• Discussion
L’anastomose nerveuse utilisant le nerf du masséter est une technique nouvelle en France, et le
recul concernant les patients opérés reste limité à quelques années.
Néanmoins les résultats obtenus placent déjà l’anastomose massétero-faciale en position d’être
une alternative raisonnable à l’anastomose hypoglosso-faciale, en raison de sa fiabilité et de ses
bons résultats. Les avantages de cette nouvelle proposition chirurgicale résident dans l’absence
d’atteinte de la motricité linguale, ce qui est particulièrement intéressant chez les patients
présentant déjà un trouble de la déglutition, ou chez des patients sollicitant beaucoup l’élocution
à titre professionnel (chanteurs, professeurs, orateurs...). La technique est très fiable, et l’influx
nerveux procuré par le nerf du masséter est très puissant en raison de la richesse axonale de ce
nerf. La repousse axonale est rapide, permettant l’apparition d’une réponse motrice dès le 4ème
mois après l’anastomose.
La rééducation reste simple, et l’utilisation de l’action du masséter pour sourire est quasiment innée.
Cet élément est à prendre en compte chez des patients pour qui une rééducation prolongée
en milieu spécialisé semble hasardeuse, pour des raisons de compliance ou d’éloignement
géographique.
L’automatisation du sourire peut être obtenue après un délai supérieur à un an, et le tonus et les
mimiques spontanées s’améliorent à moyen terme (3).
Les patients gardent néanmoins une certaine hypotonie, qui peut se démasquer lors de l’élocution,
car la concentration du patient est accaparée par la verbalisation. Chez les patients âgés paralysés
souffrant d’une ptôse tégumentaire marquée, cet élément peut rester dominant et péjoratif après
anastomose nerveuse, car le tonus reste insuffisant pour symétriser la face au repos. La myoplastie
d’allongement du muscle temporal est alors une alternative chirurgicale pertinente, car elle réalise
à la fois une suspension passive de la commissure labiale et une réparation dynamique du sourire.
A l’avenir, les travaux sur la plasticité cérébrale permettront peut-être d’élucider les mécanismes
intellectuels et les circuits neuronaux mis en oeuvre après anastomose nerveuse entre le trijumeau
et le nerf facial, pour améliorer encore les résultats et la rééducation faciale.
6• Références bibliographiques
1-C
oombs CJ, Ek EW, Wu T, Cleland H, Leung MK. Masseteric-facial nerve coaptation - an
alternative technique for facial reinnervation. J Plast Reconstr Aesthet Surg 2009 Dec, 62 (12) :
1580-8.
2-B
orschel GH, Kawamura DH, Kasukurthi R, Hunter DA, Zuker RM, Woo AS. The motor nerve to
the masseter muscle : An anatomic and histomorphometric study to facilitate its use in facial
reanimation. J Plast Reconstr Aesthet Surg 2012 Mar, 65 (3): 363-6.
3 - 3 . Klebuc MJ. Facial reanimation using the masseter-to-facial nerve transfer. Plast Reconstr Surg.
2011 May;127(5):1909-15.
49
50
MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL VI
MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT
DU MUSCLE TEMPORAL
Frédéric TANKÉRÉ, Claire FOIREST
1• Introduction
Le traitement d’une paralysie faciale est avant tout étiologique et repose en première intention sur
la réparation du nerf. Lorsque celle-ci n’est pas envisageable, il faut avoir recours à une procédure
palliative qui doit privilégier les techniques de réhabilitation dynamique pour offrir au patient plus
qu’une simple symétrisation du visage au repos. La paralysie faciale est en effet la plus visible
au sourire, condamnant ainsi une partie des relations sociales du sujet. L’une des techniques de
réhabilitation du sourire est la myoplastie qui utilise les muscles de voisinage innervés par le nerf
trijumeau pour réanimer les fonctions normalement dévolues aux muscles faciaux paralysés. Le
muscle utilisé (muscles masséter ou temporal) doit conserver sa vascularisation et son innervation
pour ne pas s’atrophier et perdre ses capacités contractiles. L’utilisation de ces muscles apparait
logique sur le plan physiopathologique compte tenu de leur simultanéité d’action avec les muscles
de la mimique faciale et de la présence d’un réflexe trigémino-facial physiologique.
2• La myoplastie temporale
La première myoplastie temporale a été décrite par Gillies en 1934 (1), qui utilisait une partie du
muscle temporal retournée puis glissée dans le plan sous-cutané et prolongée d’une bandelette
de fascia lata en forme de huit amarrée à la commissure labiale et aux lèvres supérieure et
inférieure au-delà de la ligne médiane (1) (Figure 1). Cette technique est responsable d’une
voussure particulièrement inesthétique en regard du zygoma et expose au risque de fibrose ou
de nécrose de la greffe de fascia lata. Cette technique a inspiré celle décrite par D. Kratinova
qui transpose le chef postérieur du muscle temporal à travers une encoche zygomatique ce qui
permet d’améliorer le résultat cosmétique. La partie distale du muscle est basculée dans un tunnel
sous-cutané puis fixée au muscle orbicularis ori et à l’aile narinaire. Le muscle est prolongé par une
double bandelette aponévrotique passant par deux tunnels sous-muqueux fixée à la ligne médiane
des lèvres afin de réaliser un cerclage labial. Cependant, cette technique n’utilisant qu’une partie
du muscle ne nous semble pas logique car le muscle temporal conserve une double fonction :
masticatrice et mobilisatrice de la face. Plusieurs variantes ont été décrites, notamment l’utilisation
de multiples languettes de muscle temporal prolongées de bandelettes de fascia lata. Toutefois
ces multiples sections musculaires augmentent le risque de compromettre sa vascularisation.
En 1949, Mc Laughlin (2) est le premier à utiliser l’ensemble du muscle temporal en sectionnant le
coroné, au travers duquel est fixée une bande de fascia lata le reliant à la commissure (Figure 1B).
L’utilisation de ce fascia expose encore au risque de fibrose qui transforme alors cette technique
en une simple suspension passive.
51
VI MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL
A B
C D
52
MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL VI
En 1997, cette technique dynamique de réanimation du sourire est modifiée par Daniel Labbé (3)
qui propose une myoplastie d’allongement du muscle temporal (MAT) aux dépens de sa moitié
postérieure ne nécessitant plus en règle de greffon aponévrotique intermédiaire (Figure 1 C et
D). Cette technique transfère le tendon du muscle temporal du processus coronoïde vers le sillon
nasogénien et la lèvre supérieure. Il s’agit d’un transfert du point mobile du muscle (le tendon)
vers la région commissurale avec une modification du point fixe temporal. Cette technique a pour
but de restaurer une symétrie de la moitié inférieure du visage au repos, une capacité à sourire
volontairement, voire une mimique spontanée émotionnelle dans les meilleurs cas.
53
VI MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL
54
MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL VI
4• Analyse préopératoire
Le sourire du patient doit être évalué en préopé- A 2
ratoire par la classification de Rubin (5) (figure 4) 3
qui est basée sur l’action des muscles zygoma-
tiques sur le sillon nasogénien, la commissure 4
et l’orbiculaire des lèvres de l’hémiface saine.
Cette classification décrit 3 types de sourires : 5
55
VI MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL
5• Technique chirurgicale
La technique chirurgicale décrite dans ce
chapitre est la myoplastie d’allongement du
muscle temporal décrite par Daniel Labbé en
1997 (3).
Le patient est installé en décubitus dorsal,
tête légèrement antéfléchie pour améliorer
l’exposition de la zone d’incision coronale.
Figure 5. Le doigt sur la canine relève la lèvre
L’intubation est oro-trachéale à l’aide d’une supérieure et permet de déterminer la position
sonde armée fixée par un film adhésif ou à « physiologique » du sillon nasogénien.
56
MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL VI
Figure 8. Décollement du lambeau de scalp dans le plan sus- Figure 9. Identification et libération du zygoma (flèche) en
périosté puis entre les deux feuillets de l’aponévrose temporale sous-périosté.
pour laisser la graisse temporale (flèche) solidaire du lambeau
cutané.
Figure 10. Décollement du muscle temporal de la fosse Figure 11. Identification de l’échancrure sigmoïde (flèche
temporale après l’avoir sectionné 1 cm en arrière de la crête blanche) à partir de laquelle sera réalisée l’ostéotomie du
temporale antérieure (flèche). coroné. Tendon du muscle temporal (flèche rouge).
57
VI MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL
Une contre-incision et une dissection sont ensuite réalisées au niveau du sillon nasogénien
permettant le repérage des muscles zygomatiques, orbiculaire des lèvres, releveurs de la lèvre
supérieure et du nœud commissural sur lesquels sont placés en regard des points de traction
(définis en préopératoire chez le patient éveillé), des fils monobrins non résorbables 3/0 (Figure
12). La dissection est ensuite réalisée dans le plan du système musculo-aponévrotique superficiel
sur 2 cm au-dessus du sillon nasogénien (afin de préserver les éventuels filets nerveux du VII restant
fonctionnels) avant de poursuivre en profondeur en direction du coroné dans le plan du corps
adipeux buccal. Cette sysarcose manducatrice est le plan de glissement du tendon du muscle
temporal. Le coroné, saisi à l’aide d’une pince de Kocher, puis sectionné à la scie oscillante (en
protégeant les tissus sous-jacents par une lame malléable), est libéré des attaches musculaires
adjacentes massétérines et ptérygoïdiennes permettant ainsi sa « descente » progressive jusqu’au
sillon nasogénien. Le tendon du muscle temporal est libéré du coroné puis suturé aux points
d’intérêt le long du sillon nasogénien (figure 13). Le zygoma sera ensuite ostéosynthésé à l’aide de
2 fils d’acier (figure 14). Le muscle temporal est ensuite remis en tension en le suturant à la crête
temporale (Figure 14), en imprimant une légère sur-correction du sourire du patient (Figure 15).
L’incision du sillon nasogénien est refermée en un plan sous-cutané au Vicryl 3/0 et la fermeture du
scalp s’effectue en deux plans sur deux drains de Jost aspiratifs.
Figure 12. Incision du sillon nasogénien et mise en place des Figure 13. Etalement du tendon du muscle temporal (flèche)
fils sur les points d’intérêts définis en préopératoire. avant sa suture sur la hauteur du sillon nasogénien.
58
MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL VI
En fin d’intervention, il est possible d’utiliser une stimulation électrique (NeuroTrac TENS 120) du
muscle temporal afin d’apprécier le résultat fonctionnel et dynamique en contraction et de
modifier si besoin les points d’insertion sur le sillon nasogénien (6) (Vidéo 3).
59
VI MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL
60
MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL VI
du nerf facial, évitant ainsi au patient (y compris âgé) une seconde anesthésie générale pour la
réanimation faciale. Cette technique « en un temps » implique une exérèse tumorale complète.
Le site de prélèvement du muscle transposé et le site d’exérèse tumorale étant différents, la
surveillance postopératoire du contrôle tumoral n’est pas modifiée. Dans notre série (13), aucun
cas de greffe tumorale sur le site de la MAT n’a été observé et 93% des patients avaient été
améliorés au repos et sur le plan dynamique (Figures 18 à 20). Un avantage complémentaire de
la réhabilitation faciale dans le même temps opératoire est de préserver le patient d’une période
plus ou moins longue de paralysie faciale, aux conséquences esthétiques et aux répercussions
psycho-sociales majeures. Le bénéfice psychologique pour les patients apparait évident.
A B C
A B
61
VI MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL
◗ Les complications
La voie d’abord coronale peut être responsable d’hématome, d’alopécie et la cicatrice
nasogénienne peut s’hypertrophier. Il peut apparaître exceptionnellement (si la technique est
correctement réalisée) une dépression temporale plus ou moins marquée nécessitant parfois
un lipofilling. La joue du côté opérée peut rester longtemps oedématiée et le patient doit alors
réaliser des massages et une rééducation spécifique. L’infection du site opératoire reste rare si
l’antibiothérapie per et postopératoire est adaptée. Enfin, il peut s’avérer nécessaire de réaliser
parfois, sous anesthésie locale, une retouche avec adaptation de la longueur et de la position
d’insertion du tendon du muscle temporal sur la lèvre.
62
MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL VI
littérature. Beaucoup d’auteurs rapportent de bons résultats esthétiques mais aussi fonctionnels,
notamment sur l’expressivité du visage et l’articulation, sans perturbation de la mastication (8,
9, 20) sans toutefois utiliser de critères de satisfaction des patients ou de critères de jugement
objectifs. Dans une série de 111 patients traités par cette technique, Labbé et al. (8) rapportent
une grande partie de patients ayant récupéré un sourire spontané. Dans une seconde étude
(12), il insiste sur la qualité de la rééducation, notamment par la technique de « l’effet miroir » qui
lui permet d’observer 61% de patients avec une symétrie parfaite et 38% ayant acquis un sourire
spontané complet mais l’évaluation des résultats reste subjective.
Plusieurs techniques de mesures objectives ont été développées pour évaluer l’asymétrie faciale
des patients paralysés faciaux et l’efficacité des traitements (21-25). Ces techniques souvent très
chronophages nécessitent un équipement sophistiqué et coûteux, incluant caméra, ordinateur, et
divers logiciels pour les analyses, mais elles n’ont jamais été utilisées pour l’étude de la symétrisation
du sourire après MAT. Paletz et al. (26) et Manktelow (27) ont mis en place une technique de
mesures plus simples, limitées au sourire, à l’aide d’une règle de poche. Cinq points fixes sont
dessinés sur la lèvre supérieure, puis, en plaçant une règle sur ces points au repos, ils mesurent
leur déplacement lors du sourire maximum. Ces valeurs ont été comparées aux mesures obtenues
sur ordinateur via un logiciel de mesures de la réanimation faciale. Une association forte a pu
être mise en évidence, prouvant ainsi que des mesures réelles établies simplement peuvent être
utilisées pour analyser les mouvements du sourire chez les patients atteints de paralysie faciale.
En se basant sur la technique de mesures de Manktelow, nous avons décrit dans une étude
préliminaire sur 25 patients (article accepté pour publication dans le Plastic Reconstructive Surgery)
une technique simple, reproductible et réalisable dans la pratique quotidienne pour mesurer les
mouvements du sourire avant et après réalisation d’une réanimation labiale par MAT. Ces mesures
peuvent être réalisées avec facilité à partir de photos pré- et postopératoires. La technique est
rapide (10 minutes en moyenne par patient) et permet une analyse immédiate sans équipement
sophistiqué (Figure 22).
63
VI MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL
Les résultats de notre analyse concernant les mesures objectives montrent qu’après réalisation
de la MAT, le côté sain n’est pas modifié alors que le côté pathologique l’est de manière
statistiquement significative avec une réduction du delta H et du delta V, et ce quelle que soit la
condition d’analyse (repos, sourire intermédiaire, sourire maximal). Ces données sont cohérentes
avec l’objectif de la chirurgie de MAT et traduisent la symétrisation du 1/3 inférieur du visage. Nous
avons également montré une corrélation entre l’évaluation de la satisfaction des patients (87,5%
de patients satisfaits ou très satisfaits du résultat) et les variations du delta V et du delta H (vidéos
7 à 9).
Une des limites de la MAT concerne les patients au sourire ample, chez qui il apparaît illusoire
d’obtenir une symétrie parfaite au sourire en postopératoire. L’analyse de nos résultats montre
qu’en moyenne, nos patients étaient surcorrigés au repos (Delta V postopératoire = -1.06 mm). Il
n’apparaît donc pas possible d’optimiser les deltas H et V postopératoires aux sourires intermédiaire
et maximal en surcorrigeant davantage sous peine d’induire une asymétrie délétère sur le visage
de repos. L’optimisation des deltas H et V postopératoires aux sourires ne peut être obtenue
d’après nous qu’en diminuant les capacités contractiles des muscles controlatéraux sains par
l’injection de toxine botulique.
Cette chirurgie pourra être associée à une technique de réhabilitation de la protection oculaire
(allongement du muscle releveur de la paupière supérieure, insertion d’une plaque d’or,
transposition canthale externe) afin de rétablir la symétrie faciale à l’étage supérieur. Les résultats
obtenus dans la littérature d’une MAT associée à une procédure de correction statique de la
lagophtalmie sont comparables à ceux obtenus après transfert musculaire libre et anastomose
microneuro-vasculaire (3, 7, 11, 14, 28). Toutefois, la technique de réhabilitation par transfert
de muscle libre ne peut être utilisée chez les patients opérés d’un cancer parotidien car elle
nécessite 2 temps chirurgicaux avec notamment un greffon nerveux trans-facial préalable. Dans
un contexte d’urgence carcinologique, il est évident qu’une telle technique ne peut être utilisée.
64
MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL VI
8• La myoplastie du masséter
Elle n’est plus réalisée de première intention
aujourd’hui mais peut être proposée lorsque
le muscle temporal est inutilisable. Son axe de
traction est en effet trop horizontal et attire la
commissure labiale vers l’arrière. Son résultat
peut malgré tout être satisfaisant en prélevant
la grande majorité du muscle afin de préserver
son pédicule vasculo-nerveux (29) (figure 23).
9• Conclusion
La réhabilitation de la face paralysée reste un défi pour les chirurgiens et la restitution d’un sourire
symétrique et spontané est l’attente ultime de chaque patient. Parmi les différentes techniques
de réhabilitation faciale, la MAT présente de nombreux avantages et donne des résultats très
encourageants. Cette procédure nécessite impérativement l’accès à une structure de rééducation
pour optimiser le résultat fonctionnel final. Afin d’évaluer au mieux les résultats postopératoires de
la symétrisation du sourire apportée par cette technique, des échelles de mesures objectives
doivent être développées. Ces échelles devront être reproductibles, faciles à utiliser et être, dans
l’idéal, un reflet de la satisfaction globale du patient.
65
VI MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL
66
MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL VI
17 - K
ahn JB. Gliklich RE, Boyev KP, Stewart MG, Metson RB, McKenna MJ. Validation of a patient-
graded instrument for facial nerve paralysis: the FaCE scale. Laryngoscope 2001; 111:387–98.
18 - De Almeida JR, Alexander AJ, Shrime MG, Gilbert RW, Goldstein DP. Development and
preliminary validation of the lip reanimation outcomes questionnaire. Otolaryngol Head Neck
Surg 2010; 143:361–6.
19 - Terzis JK, Noah ME. Analysis of 100 cases of free-muscle transplantation for facial paralysis. Plast
Reconstr Surg 1997; 99:1905–21.
20 - Labbé D, Hamel M, Bénateau, H. Lengthening temporalis myoplasty and transfacial nerve
graft (VII-V). Technical note. Ann Chir Plast Esthet 2003; 48 :31–5.
21 - Frey M, Giovanoli P, Gerber H, Slameczka M, Stüssi E. Three-dimensional video analysis of facial
movements: a new method to assess the quantity and quality of the smile. Plast Reconstr Surg
1999; 104:2032–9.
22 - Sargent EW, Fadhli OA, Cohen RS. Measurement of facial movement with computer software.
Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1998; 124:313–8.
23 - Tomat LR, Manktelow RT. Evaluation of a new measurement tool for facial paralysis reconstruction.
Plast Reconstr Surg 2005; 115:696–704.
24 - Coulson SE, Croxson GR, Gilleard WL. Three-dimensional quantification of ‘still’ points during
normal facial movement. Ann Oto Rhino Laryngol 1999; 108:265–8.
25 - Linstrom CJ. Objective facial motion analysis in patients with facial nerve dysfunction.
Laryngoscope 2002; 112:1129–47.
26 - Paletz JL, Manktelow RT, Chaban R. The shape of a normal smile: implications for facial
paralysis reconstruction. Plast Reconstr Surg 1994; 93:784–9; discussion 790–1.
27 - Manktelow RT, Zuker RM, Tomat LR. Facial paralysis measurement with a handheld ruler. Plast
Reconst Surg 2008; 121:435–42.
28 - Terzis JK, Olivares FS. Secondary surgery in adult facial paralysis reanimation. Plast Reconstr
Surg. 2009; 124:1916‑31.
29 - Bakker DL, Conley J. Regional muscle transposition for rehabilitation of the paralysed face. Clin
Plast Surg 1979; 6:317-31.
67
VI MYOPLASTIE D’ALLONGEMENT DU MUSCLE TEMPORAL
11• Vidéos
Vidéo 1 - M
ême patiente que sur les figures 2 et 3. TDM animée du rocher gauche montrant un
élargissement important du canal facial gauche du foramen stylo-mastoïdien jusqu’au
segment labyrinthique par un schwannome du VII.
Vidéo 2 - M
ême patiente que sur la vidéo 1. IRM animée du rocher gauche et de la région
parotidienne confirmant l’envahissement du nerf du ganglion géniculé jusqu’au nerf
facial parotidien.
Vidéo 3 - Stimulation peropératoire du muscle temporal afin d’apprécier en peropératoire le
résultat fonctionnel et esthétique d’une myoplastie d’allongement du muscle temporal.
Vidéo 4 - Technique de rééducation d’un patient, 3 semaines après la réalisation d’une MAT droite.
Vidéo 5 - Résultat à 6 semaines d’une MAT gauche après résection d’un carcinome parotidien.
Vidéo 6 - Résultat à 4,5 mois d’une MAT droite chez une patiente présentant une paralysie faciale
congénitale.
Vidéo 7 - Résultat à 5 mois d’une MAT droite réalisée 18 mois après l’exérèse d’un carcinome
parotidien droit suivie de radiothérapie postopératoire.
Vidéo 8 - P
atient adressé dans le service 2 mois après le sacrifice du nerf facial lors de la chirurgie
d’une récidive d’adénome pléomorphe. Résultat à 6 mois d’une MAT droite.
Vidéo 9 - Résultat à 6 mois d’une MAT droite chez un patient présentant une paralysie faciale
congénitale.
Vidéo 10 - Résultat à 6 mois d’une MAT droite chez une patiente présentant des séquelles
importantes d’une paralysie faciale idiopathique (grade V).
Vidéo 11 - A et B : Patient de 34 ans opéré d’un carcinome adénoïde kystique parotidien droit et
d’une MAT dans le même temps opératoire. Résultat à 10 mois de la myoplastie et 6
mois après la fin de la radiothérapie postopératoire. Les vidéos analysent la spontanéité
des expressions ; le patient visionnant un diaporama et un film humoristique.
Vidéo 12 - A : Patient opéré 30 ans auparavant d’une réhabilitation de l’hémiface droite par un
lambeau libre de grand dentelé innervé par une greffe trans-faciale. Patient insatisfait
du résultat fonctionnel et esthétique, notamment en raison du caractère disgracieux du
volume musculaire au niveau de la bas-joue. B : résultat 6 mois après la réalisation d’une
MAT. La greffe trans-faciale et le muscle grand dentelé ont été conservés fonctionnels
grâce à un monitoring peropératoire.
Vidéo 13 - Résultat à 21 mois d’une MAT gauche chez une patiente présentant des séquelles
importantes (notamment sur le 1/3 moyen de la face) d’une paralysie faciale
idiopathique (grade IV).
Vidéo 14 - Jeune patiente de 10 ans opérée d’un épendymome du tronc cérébral avec paralysie
faciale postopératoire complète. Résultat 5 mois après la réalisation d’une MAT droite.
68
TRANSFERT DE MUSCLE GRACILIS LIBRE VII
69
VII TRANSFERT DE MUSCLE GRACILIS LIBRE
2• Technique chirurgicale.
Le lambeau libre de gracilis réinnervé par le nerf facial controlatéral après anastomose transfaciale
propose une réanimation de la commissure labiale dans les paralysies faciales périphériques
unilatérales. L’utilisation du gracilis dans la réanimation de la face paralysée a commencé en 1976
avec les travaux d’Harii et d’O’Brien (7). Lors des premières interventions, l’innervation motrice était
assurée par une anastomose avec le nerf temporal profond, mais cette méthode était décevante
en ce qui concerne la mimique spontanée. Une méthode en deux temps s’est donc développée,
avec anastomose transfaciale par greffon de nerf sural puis transfert musculaire libre de gracilis.
La commande motrice est alors assurée par le nerf facial controlatéral.
◗ Anatomie chirurgicale
Muscle gracilis
Le muscle gracilis ou droit interne est un mince ruban situé à la partie la plus interne de la cuisse. Il
appartient aux muscles de la patte d’oie avec le sartorius (couturier) et le semi-tendinosus (demi-
tendineux). Il s’insère en haut sur le pubis en dedans de l’insertion des adducteurs, puis descend
verticalement vers la tubérosité tibiale interne. Il a une action dans la flexion du genou et s’oppose
au valgus.
Son innervation motrice est assurée par une branche du nerf obturateur. Le nerf du gracilis pénètre
à la face profonde du muscle, 2 à 3 cm au-dessus du pédicule vasculaire principal. Il se dirige vers
le bas et médialement et se raccorde au gracilis en formant un angle aigu.
La vascularisation du gracilis vient d’un pédicule dominant et de pédicules accessoires. Ce
pédicule dominant naît de l’artère circonflexe interne de la cuisse et de ses veines satellites.
L’artère est une branche de l’artère fémorale profonde (figure 2). Le pédicule dominant du gracilis
aborde en général le muscle à la jonction du tiers supérieur et du tiers moyen, 8 à 10 cm sous
l’arcade crurale, mais peut parfois y pénétrer plus bas, à environ 15 cm de l’arcade (figure 3).
Figure 2. Muscle gracilis et son pédicule vasculo- Figure 3. Abord chirurgical du muscle gracilis et de son pédicule
nerveux vasculo-nerveux
70
TRANSFERT DE MUSCLE GRACILIS LIBRE VII
Le prélèvement se fait sur un patient en décubitus dorsal, la cuisse concernée par le prélèvement
en légère flexion et abduction. C’est la cuisse controlatérale au côté paralysé qui est le plus
souvent prélevée.
La ligne reliant l’épine du pubis et le bord supérieur du plateau tibial interne est repérée. L’incision
cutanée se fait sur cette ligne ou un peu en arrière et concerne la moitié supérieure de la cuisse.
La dissection retrouve le bord antérieur du gracilis, puis le pédicule vasculaire et le nerf à sa face
profonde, après incision de l’aponévrose. Ces éléments sont libérés de façon rétrograde pour
obtenir 6 à 7 cm de longueur pour les vaisseaux et, si nécessaire, 10 à 12 cm pour le nerf en
remontant jusqu’à l’arcade crurale (figure 4).
Le prélèvement se fait après mesure sur la face
de la longueur nécessitée, en prévoyant 1 cm
supplémentaire à chaque extrémité pour les
points d’ancrage, et de façon à ce qu’un tiers
du muscle prélevé soit au-dessus du pédicule et
deux tiers au-dessous. Le site donneur est fermé
sur drain aspiratif.
Le gracilis est choisi pour ses qualités
fonctionnelles qui doivent permettre de faire
bouger la commissure buccale lors de la
contraction. Cependant, la contraction des
fibres musculaires n’entraine qu’une diminution
Figure 4. Muscle gracilis récliné et son pédicule vasculo-
nerveux de 10% de leur longueur. Ainsi, il faut s’attacher
à mettre en place si possible un transplant musculaire de 12 à 13 cm pour espérer un déplacement
de la commissure qui soit centimétrique.
◗ Nerf sural
Le nerf sural ou nerf saphène externe
est sensitif pour le bord externe de la
jambe et du pied. Il chemine entre les
gastrocnémiens (jumeaux), puis devient
superficiel dans le tiers inférieur de la
jambe. Il contourne la malléole externe
en passant en arrière et se divise en
plusieurs branches au bord externe du
pied. Son calibre est de 2 mm.
Son prélèvement se fait par des incisions
horizontales étagées en regard de son
trajet depuis la zone rétromalléolaire
externe, en veillant à conserver son
atmosphère conjonctive. Prélevé en
totalité, il peut atteindre plus de 30 cm
Figure 5. Nerf sural préparé pour une anastomose transfaciale (figure 5).
71
VII TRANSFERT DE MUSCLE GRACILIS LIBRE
Trois branches sont habituellement nécessaires pour obtenir une bonne congruence avec le
nerf sural. L’anastomose nerveuse est réalisée entre ces branches et l’extrémité distale du nerf
par quelques points de fils monobrin 10/0. L’extrémité distale du nerf sural est anastomosée aux
branches du nerf facial, de façon à ce que la repousse nerveuse emprunte le sens physiologique
du nerf.
Le greffon sural est mis en place par une tunnelisation à la partie supérieure de la lèvre supérieure,
jusque dans la région nasogénienne du côté sain où il est contrôlé par voie endobuccale par une
incision vestibulaire supérieure et repéré par un fil non résorbable.
La repousse nerveuse est surveillée par le signe de Tinel : la percussion du nerf sural sur son trajet
déclenche la perception de petites décharges électriques, qui naissent progressivement sur toute
la longueur du greffon nerveux après un délai de 6 mois à 1 an. Le transfert de gracilis peut alors
être effectué.
72
TRANSFERT DE MUSCLE GRACILIS LIBRE VII
L’anastomose vasculaire
se fait sous microscope
avec un fil monobrin 9/0 ou
10/0. La suture nerveuse
ne nécessite que quelques
points épineuraux après
résection d’un éventuel
névrome. Ces différentes
sutures ne doivent pas
être sous tension (figure
8).
La fermeture se fait en
deux plans sur un drainage
aspiratif placé à distance
des anastomoses.
73
VII TRANSFERT DE MUSCLE GRACILIS LIBRE
3• Conclusion
Ainsi, la réanimation de la face par
transfert de gracilis libre réinnervé par le
nerf facial controlatéral reste l’intervention
de référence pour de nombreux auteurs
(figure 9). Elle est une technique à privilégier
chez les patients jeunes, car elle offre
des résultats fonctionnels très satisfaisants
dans les mains d’opérateurs entraînés. La
grande majorité des patients rapportent
de nettes améliorations concernant la
continence salivaire, l’élocution, l’estime
de soi et la qualité des interactions. En
revanche, l’ensemble du processus reste
très lourd pour le patient qui doit s’armer
Figure 9. Résultat obtenu au 8e mois post-opératoire au niveau du 1/3
de patience et montrer une compliance moyen de la face
sans faille.
4• Références bibliographiques
1 – Terzis JK, Noah ME. Analysis of 100 cases of free-muscle transplantation for facial paralysis. Plast
Reconstr Surg 1997; 99 :1905-21.
2 – Labbe D, Hault M. Lengthening temporalis myoplasty and lip reanimation. Plast Reconstr Surg
2000; 105 (4) :1289-97.
3 – Biglioli F, Colombo V, Tarabbia F, Autelitano L, Rabbiosi D, Colletti G, et al. Recovery of emotional
smilling function in free flap facial reanimation. J Oral Maxillofac Surg 2012 ;70 :2413-8.
4 – Biglioli F, Colombo V ; Tarabbia F, Pedrazzoli M ; Battista V, Giovanditto F, et al. Double
innervation in free-flap surgery for long standing facial paralysis. J Plast Reconstr Aesthet Surg
2012 ;65:1343-9.
5 – Bae YC, Zuker RM, Manktelow RT, Wade S. A comparison of commissure excursion following
gracilis muscle transplantation for facial paralysis using a cross-face nerve grafts versus the
motor nerve to the masseter nerve. Plast Reconstr Surg 2006 ; 117 (7) :2407-13.
6 – Lheureux-Portmann A, Lapalus-Curtoud Q, Robert M, Tankéré F, Disant F, Pasche P, Lamas
G, Gatignol P. Smile « force » smile versus « spontaneous » : comparison of 3 techniques of
reconstructive surgery of the face. Myoplasty temporal muscle, hypoglossal facial anastomosis
and gracilis muscle free flap. Rev Laryngol Otol Rhinol (Bord). 2013;134(4-5) :267-76.
7 – Harii K, Ohmori K, Torii S. Free gracilis muscle transplantation with microneurovascular anastomose
for the treatment of facial palsy : a preliminary report. Plast Reconstr Surg 1976 ;57 :133-56.
74
PARTICULARITÉS DE LA PRISE EN CHARGE CHEZ L’ENFANT VIII
1• Pour la pratique
Les paralysies faciales de l’enfant peuvent être congénitales ou acquises. Les formes congénitales
du nouveau-né peuvent s’avérer de diagnostic difficile du fait de la conservation d’un tonus
musculaire de repos. Elles se démasquent habituellement aux pleurs. Lorsqu’il s’agit d’une cause
obstétricale traumatique ou par position vicieuse intra-utérine, la régression est en règle complète
en quelques semaines. La persistance d’une paralysie significative au-delà de 2 mois peut faire
envisager une décompression chirurgicale du nerf facial. A l’inverse, les paralysies néonatales
malformatives n’ont aucune tendance à la régression spontanée et leur traitement peut relever
de transferts musculaires ou pour certains des procédés de réinnervation. Les paralysies faciales de
l’enfant plus « âgé » ont les mêmes étiologies que celles de l’adulte mais les paralysies infectieuses
y sont plus fréquentes et les idiopathiques «a frigore» de Bell le sont moins. Leur récupération est
excellente et souvent meilleure que chez l’adulte. Le bilan étiologique est cependant systématique
et l’imagerie du nerf facial indiquée en l’absence de régression dans les 2 mois.
75
VIII PARTICULARITÉS DE LA PRISE EN CHARGE CHEZ L’ENFANT
76
PARTICULARITÉS DE LA PRISE EN CHARGE CHEZ L’ENFANT VIII
en plus une malformation cardiaque d’où l’habitude de réaliser une échographie cardiaque dans
cette situation. La discrétion des symptômes ne fait proposer habituellement aucun traitement.
Les paralysies prédominant dans le territoire facial supérieur sont toujours malformatives. Le nerf
facial est globalement hypoplasique, mais plus particulièrement dans sa 3ème portion, mastoïdienne.
En amont de ce rétrécissement, la plus grande partie des fibres motrices emprunte la corde du
tympan ou le nerf grand pétreux superficiel [3, 10] accompagnant le contingent neurovégétatif
pour se terminer dans la région péri-buccale. Le scanner montre une diminution de calibre du
canal facial de Fallope sur tout son trajet en cas de paralysie complète ou seulement sur sa 3ème
portion en cas d’atteinte partielle.
D’autres syndromes polymalformatifs peuvent comporter une paralysie faciale comme l’association
CHARGE (C pour colobome; H pour heart ou malformations cardiaques; A pour atrésie choanale,
G pour anomalies génito-urinaires; E pour ear ou malformation de l’oreille). Là aussi, un retard de
développement psychomoteur ainsi que l’association à d’autres anomalies des nerfs crâniens
(auditif, olfactif etc.) est fréquente [11].
B D
77
VIII PARTICULARITÉS DE LA PRISE EN CHARGE CHEZ L’ENFANT
◗ Explorations
Lorsque le traumatisme obstétrical est évident, les examens électrophysiologiques
(électromyographie, electroneuronographie ou test d’Esslen, réflexe trigémino-facial ou blink
reflex) n’apportent que peu de renseignements et sont rarement obtenus chez des nouveaux-
nés dans des délais suffisants pour permettre de différencier une atteinte traumatique d’une
atteinte congénitale vraie. En effet, en cas d’atteinte traumatique obstétricale, les réponses se
dégradent dans la première semaine et ne permettent plus de faire la différence avec une
atteinte congénitale malformative dont les réponses sont altérées dès la naissance.
C’est donc le plus souvent l’imagerie qui permet de préciser l’étiologie. En cas de paralysie faciale
d’allure traumatique n’ayant pas récupéré au bout de 6 semaines à 2 mois, la tomodensitométrie
est préférée de première intention car elle permet d’étudier le canal facial sur tout son trajet et de
mettre en évidence des traits de fracture. Dans les autres cas, en particulier en cas de syndrome
de Moebius ou CHARGE, l’IRM permet d’apporter des renseignements décisifs sur le tronc cérébral
et/ou montre l’absence de canaux semi-circulaires.
Les explorations de l’audition (PEA, OEA, ASSR etc.) doivent être systématiques devant toute
paralysie faciale néonatale. En effet, les atteintes associées auditives et faciales ne sont pas
exceptionnelles du fait de la proximité anatomique des voies empruntées.
L’examen ophtalmologique s’avère aussi indispensable du fait des atteintes cornéennes
possiblement associées, mais aussi de cas d’amblyopie associée sans que le mécanisme réel soit
parfaitement identifié [12].
78
PARTICULARITÉS DE LA PRISE EN CHARGE CHEZ L’ENFANT VIII
Figure 4. Paralysie faciale droite congénitale associée à une aplasie majeure. Tomodensitométrie.
A. Coupe axiale haute passant par la 1ere portion du facial. Noter l’asymétrie très franche.
B. Coupe coronale passant par la fenêtre ovale. Noter l’absence complète de nerf du côté droit.
◗ Stratégies thérapeutiques
Les soins locaux : essentiellement indiqués en cas d’atteinte prédominant dans le facial
supérieur et de symptômes conjonctivaux. Ceux-ci sont souvent plus rares que chez l’adulte du
fait d’un meilleur tonus palpébral chez les jeunes enfants. Un suivi ophtalmologique régulier est
indispensable afin de dépister ou prévenir d’éventuelles atteintes cornéennes et surveiller l’acuité
visuelle. L’application préventive de pommade ophtalmique à la vitamine A est proposée.
La chirurgie :
Les techniques utilisées dépendent de l’étiologie de la paralysie faciale.
La décompression du nerf facial ne peut être recommandée que dans les très rares cas de
paralysies obstétricales traumatiques avérées n’ayant pas tendance à récupérer au bout de 6
semaines. Elle permet de lever une compression nerveuse et, en cas d’atteinte importante du nerf,
de réaliser une anastomose termino-terminale directe ou avec un greffon intermédiaire de plexus
cervical ou de nerf sural.
Le recours à l’anastomose hypoglosso-faciale est aussi exceptionnel mais peut se concevoir
dans le cadre d’une perte de substance trop importante du nerf pour permettre une anastomose
termino-terminale. Cette situation, rare dans les paralysies néonatales, peut se rencontrer en cas
d’exérèse d’une tumeur néonatale notamment parotidienne ayant envahi le nerf.
79
VIII PARTICULARITÉS DE LA PRISE EN CHARGE CHEZ L’ENFANT
En cas de paralysie congénitale malformative, le tronc du nerf facial est en règle hypoplasique et
les muscles de la face non stimulés deviennent rapidement atrophiques, ce qui limite beaucoup les
techniques applicables à ces paralysies. Ainsi, les procédés de réinnervation faciale, notamment
par l’utilisation de techniques de neurotisation utilisant des greffons croisés de nerf sural sur des
branches du nerf facial controlatéral sont des interventions lourdes et qui n’ont pas fait la preuve
formelle de leur efficacité dans ces indications du fait du délai d’intervention habituellement
largement supérieur à 18 mois [13].
Les transferts musculaires utilisant des muscles faciaux non innervés par le nerf facial (myoplastie
du temporal en particulier) ou les transferts musculaires libres (muscle gracilis anastomosé sur
le pédicule facial et le nerf du masséter ou sur un greffon sural croisé à partir du nerf facial
controlatéral) constituent certainement l’approche la plus intéressante pour de nombreux auteurs
[6, 13]. Il n’y a pas de consensus sur l’âge optimal pour proposer ces procédures lourdes ; en effet,
des interventions trop précoces chez des enfants de moins 3 ans exposent à des séquelles sur les
sites musculaires donneurs (gracilis) et inversement des interventions trop tardives pourraient ne pas
bénéficier pleinement des capacités de plasticité cérébrale considérables des jeunes enfants. Un
âge minimal de 5 ans apparaît licite car il permet une bonne motivation pour accepter des gestes
chirurgicaux conséquents et la nécessaire rééducation ultérieure.
Les paralysies faciales incomplètes ou portant sur un territoire très partiel (par exemple frontale
ou labiale inférieure isolée) ne constituent pas des indications raisonnables pour des interventions
souvent lourdes.
Dans les paralysies traumatiques, infectieuses ou tumorales n’ayant pas régressé au bout de
plusieurs mois, une anastomose hypoglosso-faciale peut être tentée. Cette intervention consiste à
anastomoser le nerf grand hypoglosse, responsable de la motricité de l’hémilangue, au tronc du
nerf facial dans la loge parotidienne. Une rééducation post-opératoire est nécessaire afin de bien
maîtriser cette nouvelle connexion nerveuse.
Chirurgie des séquelles de paralysie faciale
Différents procédés de chirurgie plastique visant à augmenter le tonus musculaire de repos, à
corriger les asymétries disgracieuses, à améliorer l’occlusion palpébrale, à corriger un ectropion
de la paupière inférieure ou à diminuer l’hypotonie labiale source de troubles articulaires, peuvent
être proposés. En raison de fréquentes améliorations de la mimique faciale, spontanées ou
favorisées par la rééducation, ces interventions sont rarement réalisées avant l’âge de 7 ans. Dans
la paralysie faciale bilatérale du syndrome de Moebius, la correction précoce de l’hypotonie
labiale est parfois rendue nécessaire par la sévérité des troubles de l’articulation de la parole.
Rééducation faciale
La rééducation faciale est un traitement d’appoint très utile en cas de paralysie faciale non
rapidement régressive ou dans les suites d’un geste chirurgical de réhabilitation. Elle doit être
effectuée par un professionnel spécialisé dans ce domaine (orthophoniste ou kinésithérapeute) et
repose sur un travail de mobilisation douce passive et active. Concernant les enfants, les modalités
de rééducation doivent être aussi enseignées aux parents qui peuvent ainsi les reproduire à
domicile sous un mode le plus « ludique possible ». Ses modalités doivent donc être douces et
80
PARTICULARITÉS DE LA PRISE EN CHARGE CHEZ L’ENFANT VIII
patientes particulièrement chez les enfants et veiller à ne pas aggraver l’asymétrie du tonus facial
par une hypertrophie musculaire du côté sain. Toute stimulation électrique doit être proscrite.
◗ Les étiologies
Les Paralysies Faciales «a frigore» ou Paralysies de Bell
Les caractéristiques cliniques sont identiques à l’adulte en particulier la rapidité caractéristique
d’installation ainsi que la probable physiopathologie rapportée à une poussée d’ herpes virus
de type HSV-1. Un contexte de rhinopharyngite, parfois un antécédent du même type, une
intervention chirurgicale de voisinage sont souvent retrouvés. Bien que la cause la plus fréquente
(40 à 70 %) suivant les séries [14], la paralysie de Bell est un diagnostic d’élimination notamment
des autres causes infectieuses après un minimum d’explorations si nécessaire (cf paragraphe ci-
après). Une courte corticothérapie orale est habituellement proposée même si son efficacité réelle
est contestée chez l’enfant (prednisone ou prednisolone 1 mg/kg/j pendant 7 jours), et l’évolution
de la paralysie est favorable dans plus de 80% des cas dans un délai souvent moindre que chez
l’adulte.
81
VIII PARTICULARITÉS DE LA PRISE EN CHARGE CHEZ L’ENFANT
82
PARTICULARITÉS DE LA PRISE EN CHARGE CHEZ L’ENFANT VIII
La prise en charge
Outre le bilan étiologique détaillé plus haut dans chaque catégorie étiologique, les soins
ophtalmologiques, la rééducation faciale et la chirurgie réparatrice des séquelles de paralysie
faciale suivent les mêmes principes que ceux discutés pour les paralysies congénitales. Soulignons
toutefois que le taux de récupération (toutes causes confondues et hors pathologies tumorales et
traumatiques) est excellent chez l’enfant atteignant près de 95 % [14].
4• Références bibliographiques
1 - Al
Tawil K1, Saleem N, Kadri H, Rifae MT, Tawakol H. Traumatic facial nerve palsy in newborns: is
it always iatrogenic? Am J Perinatol. 2010;27:711-13
2 - Levine M, Holroyde J, Woods J et coll. Birth trauma: incidence and predisposing factors. Obstet
Gynecol 1984; 63: 792-95.
3 - Narcy
P, Tran Ba Huy E, Margoloff B, Bobin S, Manac’h Y. Indications thérapeutiques dans les
paralysies faciales du nouveau-né. A propos de 9 observations. Ann Oto-Laryngol (Paris) 1982;
99: 377-382.
4 - Cotin
G, Bodard M, Paquelin F, Garabedian EN. Les paralysies faciales néonatales. Notre
expérience à propos de 44 cas. Ann Otol Laryngol (Paris) 1983; 100: 327-32.
5 - Grundfast
KM, Guarisco JL, Thomsen JR, Koch B. Diverse etiologies of facial paralysis in children.
Int J Pediatr Otorhinolaryngol. 1990;19:223-39.
6 - Terzis JK, Anesti K. Developmental facial paralysis: a review. J Plast Reconstr Aesthet Surg.
2011;64:1318-33
7 - Verzijl
HT1, van der Zwaag B, Cruysberg JR, Padberg GW. Möbius syndrome redefined: a
syndrome of rhombencephalic maldevelopment. Neurology. 2003 :12;61:327-33.
8 - Cayler
GG. Cardiofacial syndrome. Congenital heart disease and facial disease, a hitherto
unrecognized association. Arch Dis Child 1969; 44: 68-75.
83
VIII PARTICULARITÉS DE LA PRISE EN CHARGE CHEZ L’ENFANT
9 - Pasick
C, McDonald-McGinn DM, Simbolon C, Low D, Zackai E, Jackson O. Asymmetric crying
facies in the 22q11.2 deletion syndrome: implications for future screening. Clin Pediatr (Phila).
2013;52:1144-8.
10 - Kodama A, sando I, Myers EN, Hashida Y. Severe middle ear anomaly with underdeveloped
facial nerve. Arch Otolaryngol 1982; 108: 93-8.
11 - Sanlaville D, Verloes A. CHARGE syndrome: an update. Eur J Hum Genet. 2007;15:389-99.
12 - Iwamura H, Kondo K, Sawamura H, Baba S, Yasuhara K, Yamasoba T. Amblyopia Associated
with Congenital Facial Nerve Paralysis. ORL J Otorhinolaryngol Relat Spec. 2016;78:105-10.
13 - Reddy S, Redett R. Facial paralysis in children. Facial Plast Surg. 2015;31:117-22.
14 - Pavlou E1, Gkampeta A, Arampatzi M. Facial nerve palsy in childhood. Brain Dev. 2011;33:644-
50.
15 - Drack FD1, Weissert M Outcome of peripheral facial palsy in children - a catamnestic study. Eur
J Paediatr Neurol. 2013;17:185-91.
16 - Nir D, Nir T, Danino J, Joachims HZ. Malignant external otitis in an infant. J Laryngol Otol 1990;
104: 488-90.
17 - Paul AC, Justus A, Balraj A, Job A, Kirubakaran CP. Malignant otitis externa in an infant with
selective IgA deficiency: a case report. Int J Pediatr Otorhinolaryngol 2001; 60: 141-5.
18 - Van Den Abbeele T, Viala P, François M, Narcy P. Facial neuromas in children: delayed or
immediate surgery? Am J Otol. 1999;20:253-6.
19 - Viteri B, Koch N, Dapul H, Bonadio W. Facial nerve palsy in a 3-year-old child with severe
hypertension. Am J Emerg Med. 2015;33:1844.e3-6.
84
CHIRURGIE PALPÉBRALE PALLIATIVE IX
La seule urgence thérapeutique d’une paralysie faciale périphérique (PFP) d’apparition brutale
est le maintien de la protection cornéenne. L’épithélium cornéen est en effet particulièrement
sensible à la dessiccation et nécessite l’apport continuel d’une protection liquide constituée par
le film lacrymal.
La séquence morbide d’altération de l’épithélium cornéen est la suivante :
1 - exposition cornéenne,
2 - syndrome sec aigu,
3 - perforation oculaire, parfois en quelques heures dans les formes majeures.
La composition du film lacrymal est divisée en 3 couches : une couche lipidique superficielle, une
couche aqueuse médiane et une couche mucinique étalée sur la cornée.
Il est produit par le mélange de la sécrétion des glandes lacrymales qui produisent la fraction
aqueuse et de celle des glandes de Meibomius qui produisent l’essentiel de la fraction lipidique.
Ce film lacrymal, instable, est brassé régulièrement par le clignement.
Alors que la commande sécrétoire de la glande lacrymale dépend du nerf grand pétreux
superficiel qui empreinte le trajet du nerf facial jusqu’à son genou (système parasympathique),
85
IX CHIRURGIE PALPÉBRALE PALLIATIVE
la sécrétion lipidique des glandes de Meibomius ne dépend que de la pression exercée par le
muscle orbiculaire.
Ainsi, en cas de paralysie faciale périphérique atteignant la région orbitaire, plusieurs phénomènes
peuvent entrainer une kératite d’exposition :
1 - la perte du tonus palpébral inférieur avec un effet bec verseur entrainant une perte en volume
du film lacrymal,
Un larmoiement peut survenir. La pompe lacrymale ne fonctionne plus (celle-ci est actionnée
par le relâchement après contracture du muscle orbiculaire qui vient augmenter le volume du
sac lacrymal créant un phénomène d’aspiration des larmes). Il s’ajoute un ectropion paralytique
d’importance variable.
Le signe de Charles Bell est la manifestation de la syncinésie entre fermeture volontaire des
paupières et élévation du globe. Le globe se révulse en haut et en dehors de telle sorte que seule
reste visible la sclérotique (lien youtube : https://www.youtube.com/watch?v=WCMDkFpkkBY).
Si la paralysie faciale est telle que la cornée est encore visible à ce moment, le pronostic cornéen
est alors engagé. Si la lésion du nerf facial est associée à une lésion dans le conduit auditif interne
(jusqu’au genou du nerf facial ou dans la région sus-pétreuse attenante du nerf grand pétreux
superficiel (commande parasympathique de la sécrétion des glandes lacrymales principales), la
perte de protection est démultipliée par le défaut de sécrétion de la fraction aqueuse des larmes.
Enfin, s’il existe, du fait d’une atteinte extensive souvent tumorale ou virale, une atteinte associant
lésions du nerf facial et du nerf trijumeau (en tout cas la portion sensitive du V.1), le potentiel de
lésion cornéenne est majoré par la perte de sensibilité.
Sur cette base physiopathologique, tous les procédés de réhabilitation visent à rétablir la protection
cornéenne avant que ne s’installe une ulcération dont le traitement sera toujours délicat et
prolongé.
Dans le cadre de l’urgence lorsque l’œil ne se ferme pas au testing et que la cornée est visible lors du
phénomène de Charles Bell, il faut fermer l’œil TOTALEMENT en attendant le bilan ophtalmologique
qui s’impose au plus vite (dans la journée). L’application de corps gras et des collyres (larmes
artificielles) ne permet pas de protéger une cornée exposée. Aussi la conduite à tenir est de fermer
l’œil avec des steri-strips, SANS pansement oculaire qui est un faux ami : il faut en effet pouvoir
contrôler en permanence la qualité de l’occlusion palpébrale obtenue.
Pour la nuit, il faut assurer la fermeture de l’œil par des steri-strips, une compresse ophtalmique et
un bandeau (Lien youtube : https://www.youtube.com/watch?v=m5utsEvarhw).
86
CHIRURGIE PALPÉBRALE PALLIATIVE IX
Si cette occlusion n’est pas satisfaisante totalement, une tarsorraphie transitoire par un point en
U de Prolène® 4/0 chargeant les deux tarses permet d’attendre la consultation spécialisée (lien
youtube : https://www.youtube.com/watch?v=x8kwgIbY90Q). Ensuite le collègue ophtalmologue
décidera si une tarsorraphie chirurgicale permanente est nécessaire (lien youtube : https://www.
youtube.com/watch?v=jwrs0kVwTNY).
Lorsque la paralysie faciale est au stade séquellaire et que le contrôle cornéen permet d’envisager
une solution pérenne de protection, différentes procédures sont décrites dans la littérature :
87
IX CHIRURGIE PALPÉBRALE PALLIATIVE
La canthopexie médiale est un geste difficile rarement pratiquée. Par contre, la correction de
l’ectropion par canthoplastie latérale reste le procédé de choix (lateral tarsal strip). Cette technique
permet une remise en tension passive de la sangle tarso-palpébrale en fixant au périoste orbitaire
le tendon canthal latéral inférieur passé sous le tendon canthal externe supérieur (lien youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=f3Me8YXwMww).
Si le procédé ne suffit pas (toujours sous l’impulsion diagnostique de l’examen à la lampe à fente
de la cornée par le collègue ophtalmologue), une tarsorraphie externe chirurgicale limitée permet
de compléter le procédé de protection.
En parallèle à ces gestes chirurgicaux, et selon le taux de gravité de la sécheresse oculaire, des
collyres visqueux (Vismed®, Optive®, etc , ….) et une protection nocturne (occlusion ou pommade
grasse à la vitamine A) sont toujours intéressants, à moduler selon le degré d’hygrométrie de l’air
ambiant et des saisons. Chaque cas est particulier.
88
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
La paralysie faciale périphérique (PFP) est une pathologie invalidante fréquente. A la fois traumatisme
visible et immédiat, elle recouvre des atteintes d’ordre fonctionnel mais aussi psychologique qu’il
est indispensable d’évaluer pour une prise en charge thérapeutique globale adaptée. La PFP
impacte significativement la qualité de vie des patients. Les répercussions, tant physiques que
psychologiques, entravent quotidiennement leur communication verbale et non verbale.
Les rééducateurs habilités à prendre en charge la paralysie faciale étant des professionnels
paramédicaux, leurs bilans ne peuvent être effectués que sur prescription médicale. Rares sont
pourtant les patients ressortant avec une prescription de rééducation après une consultation. Pour
quelles raisons ? Cette rééducation est-elle méconnue ? Est-elle forcément nécessaire ?
1• Introduction
La rééducation des paralysies faciales périphériques est peu connue, souvent mal appliquée mais
surtout rarement prescrite par le corps médical dans la mesure où la PFP idiopathique récupère
complètement sans traitement dans la majorité des cas…mais pas tout le temps.
Les méthodes de kinésithérapie, comme les exercices des muscles du visage, le biofeedback, le
traitement au laser, l’électrothérapie, le massage et la thermothérapie, sont utilisées pour accélérer
la guérison, améliorer la fonction faciale et minimiser les séquelles. Une revue faite par la Cochrane
(40), à partir de 12 études (872 participants en tout), révèle un risque élevé de biais. Quatre essais
portaient sur l’efficacité de la stimulation électrique (313 participants), trois essais sur les exercices
des muscles du visage (199 participants), et cinq études comparaient ou combinaient certaines
méthodes de kinésithérapie avec l’acupuncture (360 participants). Seule une étude de qualité
moyenne attestait que les exercices des muscles du visage étaient bénéfiques pour les personnes
avec une paralysie faciale chronique, comparativement au groupe témoin, (14).
Pour le critère principal de guérison incomplète après six mois, l’électrostimulation n’a montré
aucun avantage par rapport au placebo (preuve de qualité moyenne basée sur une étude
incluant 86 participants). Une récente étude de Tuncay et al. (42) incluant 60 patients s’est
intéressée à la récupération clinique et électrophysiologique en comparant 2 groupes de prise
en charge G1 (massages) vs G2 (idem + stimulation électrique 5j/7 x 21j). Cette étude souligne
de meilleurs résultats pour le G2 à 3 mois, période de récupération spontanée et surtout où les
syncinésies ne sont pas encore apparues tandis que Fujiwara et al. toujours en 2015 (16) mettent
en avant une détérioration du score de syncinésies entre le 6ème et le 12ème mois, ce qui est
plus logique. Surtout, on remarque la contradiction d’une guérison à 6 mois d’un patient qui, à 12
mois, devient grade III et donc garde des séquelles!
89
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
Les études utilisant des traitements d’acupuncture n’ont pas produit de données utiles car leur
durée était courte et présentaient un risque élevé de biais. Aucune des études n’avait inclus les
effets indésirables parmi les critères de résultat.
Or de toute évidence et fort de notre pratique (250 patients mensuels), une PFP qui ne récupère
pas à 1 mois garde des séquelles plus ou moins invalidantes et ce, en fonction du traitement
pharmacologique et/ou rééducatif. De plus, ces séquelles bien que minimes parfois pour le
thérapeute sont sources d’angoisse et de gêne pour tous les patients quels que soient le grade, le
sexe et le niveau socio-professionnel. Il est donc primordial de prendre en compte la plainte des
patients au sein d’échelles d’affectivité et de qualité de vie (23).
Finalement, il n’existe aucune preuve de bonne qualité permettant d’affirmer qu’un traitement de
kinésithérapie soit significativement bénéfique ou préjudiciable pour le traitement de la PFP. Il existe
des preuves de faible qualité que les exercices des muscles du visage personnalisés peuvent aider
à améliorer la fonction faciale, principalement chez les personnes avec une paralysie modérée
et chronique. Les preuves que les exercices réduisent les séquelles dans les cas aigus sont tout
aussi médiocres. Les effets estimés des exercices des muscles du visage personnalisés devront être
confirmés par des essais contrôlés randomisés de bonne qualité.
Avant d’entreprendre une rééducation, il est essentiel de réaliser un état des lieux. À partir d’une
analyse détaillée des perturbations et des capacités préservées de chaque patient, le bilan
permet de vérifier la pertinence et le choix des axes de massages qui en découlent, ainsi que leurs
modifications en fonction de la récupération. Les massages évoluent également selon les résultats
du bilan, des signes objectifs et subjectifs constatés, et en fonction du diagnostic de sévérité.
Outre la classification de House et Brackmann , de nombreuses échelles d’évaluation fonctionnelle
sont proposées par les spécialistes. Le développement des technologies de pointe enrichit les
possibilités d’examens et d’analyse des PFP, tant au niveau du matériel que des supports d’analyse
(informatique).
Parallèlement, depuis quelques années, le regard et le ressenti du patient sont à prendre en
compte dans l’approche de la pathologie. De nouvelles échelles apparaissent, intégrant cette
dimension psycho-sociale liée à l’atteinte de la face paralysée, évaluant l’incidence de la PF dans
sa vie quotidienne.
90
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
Graphique n° 1 Exemple de résultats issus du Glasgow Facial Graphique n° 2 Exemple de résultats issus de la MBLF (22)
Palsy Scale, (34)
Les patients pourront également être photographiés au repos et lors d’un sourire bouche fermée
et bouche ouverte afin de mesurer l’amplitude et la symétrie de leurs sourires. À l’aide du logiciel
MEEI (7), les thérapeutes mesurent l’étirement horizontal, les élévations verticale et diagonale de la
commissure labiale. De plus, le logiciel Draftsight et l’échelle normalisée du sourire (25) complètent
ces mesures en étudiant les asymétries verticale (∆V) et horizontale (∆H) du sourire du patient.
Figure 1. Mesures de l’élévation du sourire ( Logiciel MEEI, (7) Figure 2. Mesures de l’asymétrie du sourire, échelle ENS (25)
91
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
Il est également pertinent de filmer les patients lors de la praxie du sourire, de la fermeture de
l’œil et du cul-de-poule. En effet, l’enregistrement dynamique reflète davantage les capacités
motrices du patient que le support statique de la photographie. Les syncinésies sont également
plus aisément objectivables.
Observer la face lors d’une conversation est nécessaire pour apprécier de manière écologique
la motricité automatique et émotionnelle des patients. Filmer les patients en train d’exprimer les six
émotions primaires permet de mettre en évidence la qualité de leur production des expressions
faciales émotionnelles, si fondamentales dans la communication non-verbale et la contagion
émotionnelle. En effet, d’après l’étude de Picard et al. (soumis), la production des expressions
faciales émotionnelles des patients est moins bien identifiée par une population contrôle de 133
sujets (p < .0001), sont jugées moins intenses (p <.0001) et plus ambiguës (p < .05). De plus, elles
suscitent chez le jury naïf, un temps de réponse plus long.
Une échelle de Qualité de Vie (36) peut être administrée aux patients afin de comprendre les
répercussions fonctionnelles, esthétiques et psychosociales qu’engendre la PFP dans leur vie
quotidienne. Il est également pertinent de proposer l’échelle de Lazarini et al. (31) comme auto-
évaluation et de comparer longitudinalement les résultats.
Figure n° 3 : Echelle graphique de Lazarini, de gauche à droite grades III, IV, V au repos et en mouvement.
Le rééducateur sera vigilant quant au contexte clinique, en particulier la date de l’examen par
rapport à la date de début de la paralysie, car les résultats de l’électromyographie faciale doivent
toujours être interprétés en fonction du contexte clinique. Par ailleurs, cela nécessite de connaître
la physiopathologie de la lésion nerveuse.
Depuis le 4/03/2002 la loi n°2002-303 oblige le professionnel de santé à informer le patient sur
son état de santé. Le contenu, le déroulement et l’intérêt des soins doivent être explicités. C’est
pourquoi il est important de connaître certains repères. En effet, après parotidectomie et avec
préservation du nerf, la rééducation n’est pas nécessaire car la récupération se fait en 3 mois et
15 jours. Après une chirurgie de l’oreille ou de l’angle ponto-cérébelleux (APC), le rééducateur
sera le premier à ré-adresser le patient pour de nouvelles investigations, si celui-ci demeure flasque
au-delà respectivement de 7 mois post-chirurgie de l’oreille et 10 mois pour l’APC.
92
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
ont été jugées inefficaces pour la réhabilitation de la mobilité de la musculature faciale (44), et
même nuisibles, provoquant l’apparition de syncinésies voire d’un spasme de l’hémiface, Brach
et VanSwearingen (6), Diels et Combs (11), Diels (10) Gatignol. (21). Depuis les années 1980,
de nouveaux procédés de réhabilitation de la face paralysée, dont l’efficacité a été prouvée
(Beurskens &Heymans (3) ; Manikandan et al., (32), Lheureux-Portmann et al, (28) ont été mis en
œuvre visant à rétablir la symétrie du visage et de l’expression faciale à travers le contrôle cortical
et à limiter l’apparition de syncinésies.
L’expressivité automatique émotionnelle ne doit pas être négligée. Support de la contagion
émotionnelle, les expressions faciales sont essentielles dans la communication non verbale. Le
travail musculaire analytique a pour objectif non seulement la récupération de l’amplitude
du mouvement mais aussi de son automatisation lors des mimiques émotionnelles et c’est la
conjonction de ces deux facteurs qui permet la spontanéité des mimiques. La production des
expressions faciales émotionnelles des patients est entravée puisque la mobilisation de certaines
unités d’action musculaires s’avère impossible (Figure n°4). De plus, comme il existe un déficit de
perception des expressions faciales émotionnelles chez les patients paralysés faciaux (p = 0,0024),
un axe de rééducation spécifique à la perception des émotions et le maintien des représentations
mentales des schémas moteurs des expressions faciales émotionnelles sont à mettre en place.
Les combinaisons d’unités d’actions relatives aux six émotions primaires peuvent être formulées de
la manière suivante :
Colère = 4 + 5 + 17 + 23 + 24
Dégout = 9 +10 + 17 + 25
Joie = 6 + 10 + 11 + 12 + 13 + 25
Surprise = 1 + 2 + 5 + 25
Tristesse = 1 + 4 + 11 + 15 + 17
Peur = 1 + 2 + 4 + 5 + 20 + 25
93
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
Les muscles peauciers de la face n’ont pas d’attaches tendineuses osseuses, ce qui favorise leur
mobilité. Les récepteurs inter-muscles et intrinsèques du muscle, pratiquement absents des muscles
faciaux, sont les sources premières de feedback proprioceptif de la périphérie vers le système
nerveux central. L’apparition et la non-régulation des mouvements asymétriques s’expliquent par
cette limitation du feedback interne. En effet, le cerveau ne peut appréhender le mouvement
facial dans son intégralité, (43).
Le biofeedback via le miroir permet alors de compléter la rééducation en fournissant des informations
précises sur les muscles et leur temps d’activation (43). La simple imitation du rééducateur ne
suffit pas, le patient se réapproprie réellement les gestes en regardant son reflet dans le miroir.
Les mouvements anormaux sont alors objectivés par le patient qui peut en retour ajuster ses
mouvements faciaux. Lors de la réalisation des mouvements, l’obtention d’une symétrie du visage
est favorisée quand le patient compare son hémiface saine à l’hémiface ex-paralysée.
94
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
AMO 10,3 : Rééducation des anomalies des fonctions oro-myo-faciales entraînant des
troubles de l’articulation et de la parole
AMK7: Rééducation dans le cadre des pathologies maxillo-faciales et oto-rhino-
laryngologiques
Selon Devron (12), quel que soit le suivi rééducatif, les patients atteints de PFP idiopathiques,
non réhabilités chirurgicalement, montrent les mêmes améliorations. Cependant, les
kinésithérapeutes effectuent 2,5 fois plus de séances que les orthophonistes pour des résultats
oro-myo-fonctionnels similaires. Notons que les pratiques aberrantes liées à l’utilisation des
stimulations électriques sont plus fréquentes en kinésithérapie qu’en orthophonie.
La prise en charge orthophonique consiste aussi en une rééducation des autres atteintes
fonctionnelles de la paralysie faciale à savoir : les troubles de déglutition et de l’articulation.
95
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
Les massages sont les éléments fondamentaux de la rééducation. En effet, ils favorisent la
récupération et préviennent les contractures en travaillant les insertions musculaires. Ces massages
peuvent être douloureux et provoquer des saignements muqueux. Le patient doit apprendre à les
reproduire chez lui quotidiennement. (Vidéo 1)
La thermothérapie précède éventuellement les massages : le but est principalement analgésique
et décontractant. Localement et superficiellement, appliquer un linge chaud ou activer des
chaufferettes pendant 5 à 10 minutes entretient la vascularisation et les échanges cellulaires au
niveau musculaire, avant l’apparition de l’influx nerveux. Dès le début de la récupération, la
chaleur permet d’évacuer les acides lactiques.
96
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
97
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
Les massages internes consistent en 7 mouvements successifs répétés 3 à 5 fois. La pince pouce-
index (pouce dans la bouche contre la joue et index à l’extérieur de la joue) effectue un premier
mouvement horizontal, puis un grand arc de cercle que l’on rétrécit progressivement jusqu’à la
commissure de la lèvre, et finalement 4 mouvements linéaires.
Figure 12. Patient présentant une paralysie faciale droite Figure 13. à J+ 2 mois (99% perte axonale) après 10 séances
Grade VI de rééducation.
98
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
8• La Mime Therapy
La Mime Therapy est une technique de réhabilitation hollandaise créée par le mime Bonk et le
médecin ORL Devriese afin de traiter les séquelles de PFP et de symétriser le visage aussi bien au
repos qu’en mouvement. Des essais randomisés ont permis de prouver l’efficacité de la méthode (3).
Il s’agit d’une combinaison d’auto-massages faciaux, d’exercice de relaxation et de praxies,
séquentiellement structurés, stimulant les expressions faciales et les mouvements fonctionnels des
deux hémifaces. Comme pour la NMR, les thérapeutes préconisent les petits mouvements contrôlés
et lents. Les massages et exercices sont à effectuer quotidiennement à domicile. L’articulation et
les autres fonctions oro-myo-faciales sont également travaillées.
99
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
Stades de la NMR
Initiation
(paralysie flasque)
➜ Mouvements assistés activement.
100
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
◗ Remarques :
• Les praxies linguales ne sont pas préconisées sauf en cas d’anastomose hypoglosso-faciale ou
d’une atteinte non isolée.
• Lors d’une paralysie faciale congénitale ou flasque à distance (>8 ans), le travail de praxies
se rapproche de celui réalisé lors d’une atteinte centrale qui repose sur une dissociation
automatico-volontaire (dans une paralysie faciale centrale la motricité automatique est
préservée alors que celle volontaire est atteinte). Les massages périphériques décrits ci-dessus
sont préconisés.
101
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
Figure 14. Patiente présentant un spasme hémifacial. A gauche avant séance de rééducation et à droite après séance.
Notez la diminution du volume jugal témoignant de la levée de la contracture par les massages.
102
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
103
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
propre image. Quant aux parents, la fréquence régulière des séances participe à leur satisfaction
globale. Ils se sentent davantage soutenus, écoutés, conseillés et surtout informés. Nous avons pu
remarquer que cette pathologie pédiatrique était très peu étudiée dans la littérature, et inconnue
des parents avant que leur enfant n’en soit atteint, (24).
◗ Réhabilitation de la face paralysée et rééducation
La chirurgie réhabilitatrice de la face ou chirurgie dite palliative est indiquée lorsqu’une PFP
est considérée comme complète et définitive et que le nerf n’est pas réparable. La décision
d’envisager une telle chirurgie ne se prend qu’au terme d’un parcours décisionnel réfléchi.
Paralysie faciale P
Bilan diagnostic
PF idiopathique Autres PF
Rééducation
Figure 12 : Axes décisionnels de prise en charge de la paralysie faciale périphérique Axe décisionnel
104
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
105
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
trophie linguale et
◗A troubles de
l’articulation
Le deuxième inconvénient mentionné dans
la littérature est la paralysie et l’atrophie de
l’hémilangue. Il est certain que l’AHF entraîne
une atteinte linguale du fait de la section du nerf
hypoglosse. Mais les avis divergent quant aux
conséquences qu’elle engendre. De nombreux
auteurs lui attribuent, entre autres, des troubles
de l’articulation. En effet, la déviation linguale
est perceptible à J+8h de l’intervention, mais
régresse à J+4 mois et s’annule à J+9 mois avec
la mise en place d’une rééducation spécifique,
ciblée et quotidienne. Cette amélioration est
Figure 13. Langue non rééduquée 6 ans post-AHF
liée à un phénomène de réinnervation croisée
(prise en charge partielle de l’hémilangue paralysée par le XII controlatéral), confirmé par
des électromyographies linguales. Les critiques les plus fréquemment mentionnées concernent
l’articulation. Or, usant d’un test de décision lexicale, de protocoles d’analyse de l‘intelligibilité
de la parole (18,19, 20,37) ont montré que ces troubles n’étaient pas imputables à l’atrophie.
Les perturbations observées au niveau des phonèmes ne correspondent pas à une mauvaise
position du point d’articulation mais sont plutôt des déformations dues à une stase salivaire. Dans
l’étude de 2006, Gatignol et al. (20) montrent que les palatogrammes indiquant la position de la
langue lors de l’articulation sont similaires pour tous nos patients, que l’atrophie linguale soit sévère,
modérée, légère, voire inexistante. L’intelligibilité de la parole n’est pas entravée. Les patients
ayant suivi une rééducation spécifique de la langue ont une atrophie beaucoup moins importante
et une parfaite motilité linguale en comparaison à des sujets non rééduqués.
106
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
demeurent et des chirurgies ont été réalisées uniquement pour pallier l’atrophie linguale tandis
qu’une simple rééducation avec des exercices spécifiques de la langue favorise la réinnervation de
l’hémilangue. Ainsi, la langue parvient à effectuer les mouvements de translation nécessaires pour
récupérer les aliments dans le sillon gingivo-jugal. Les patients peuvent ainsi former un bol alimentaire
homogène lors du premier temps de la déglutition.
De plus, au cours des dernières années ont été réalisées des AHF chez des patients présentant
une PFP par atteinte du noyau facial ou des fibres intra-axiales accompagnée de lésions du noyau
trigéminal, abducens et des nerfs mixtes et atteinte cérébelleuse. Ces indications opératoires restent
très controversées en raison de « possibles » dysfonctionnements ou troubles de la déglutition majorés.
A ce jour, nous avons proposé une rééducation à 5 patients ayant ces critères d’inclusion et aucun
n’a eu de troubles de déglutition prouvant, à nouveau, l’impact néfaste des « idées reçues ».
La rééducation tient une place essentielle dans la prise en charge des AHF, elle a pour objectif de
permettre au patient de retrouver tout ou majeure partie de la fonction perturbée. Peu connues,
les bases de la rééducation sont souvent mal appliquées. Par ailleurs, nous confirmons qu’une prise
en charge orthophonique précoce et intensive de la langue est l’élément crucial pour optimiser
la récupération fonctionnelle (au repos comme en mouvement) lors d’une réhabilitation par AHF
termino-terminale et même à distance comme l’atteste les photos ci-après.
Figure 15. A gauche, langue non rééduquée – à droite, langue rééduquée à J+ 11 ans et 8 mois de rééducation
107
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
Comme nous le verrons plus loin, le principal inconvénient est que le mouvement doit être
déclenché par un muscle masticateur plutôt que par un muscle d’expression faciale. Dans les
premiers temps, la mimique spontanée n’est donc pas possible et requiert une bonne rééducation
orthophonique avec un grand investissement du patient. Guerreshi et Labbé (26) soutiennent que
le muscle temporal change sa fonction par étapes et en quelques mois, si le patient est motivé
et qu’il jouit d’une appétence à communiquer. Néanmoins, avant d’arriver à ce troisième et
dernier stade du sourire qu’est le sourire spontané, le patient va devoir automatiser par un travail
régulier, quotidien (10 minutes/ jour) le sourire mandibulaire, qui devient dans un second temps le
sourire volontaire. Comme pour les rééducations précédentes, 1 séance toutes les 3 semaines est
préconisée pour ré-axer la ligne de base des exercices proposés.
A distance d’une éventuelle reprise chirurgicale (>6 mois), la MAT permet d’obtenir une face
symétrique ou quasi symétrique au repos (bons résultats) dans 93% des cas. En analyse dynamique,
le sourire a été jugé « bon » chez 66.6% des patients, moyen dans 4 cas et insuffisant dans 1 cas
(6.6%). 93% des patients ont donc été améliorés par l’intervention. Chez les patients réhabilités
dans le même temps que l’exérèse chirurgicale, 5 sur 8 (62.5%) présentaient un bon résultat
dynamique et 3 un résultat jugé moyen (37.5%). Chez les patients réhabilités secondairement, des
résultats comparables étaient observés : 71% de bons résultats (5 cas/7), 1 résultat moyen et 1
échec. La MAT est une technique largement validée pour la réanimation labiale (15).
La prise en charge de la PF post-myoplastie n’est pas anodine et nécessite une rééducation
orthophonique intensive, reposant sur des massages endo- et extra-buccaux, suivis d’exercices
praxiques ciblés. Ce suivi indispensable après une MAT est inévitablement couplé à une rééducation
du sourire. L’investissement et la motivation du patient sont essentiels et la base d’une bonne
fonctionnalité. Ce dernier doit être suffisamment investi pour prendre sa rééducation au sérieux
et ne pas abandonner le travail qui lui est demandé avant l’apparition des effets escomptés. Le
travail quotidien est un allié de la réanimation de la face.
Le but principal de la rééducation est de réhabiliter le sourire, composante majeure des codes
sociaux de communication. L’orthophoniste a deux objectifs de rééducation : restaurer le
mouvement labial en recherchant et en perfectionnant la contraction du temporal transféré et
établir le lien entre cette motilité retrouvée et la fonction sourire qui est restée intègre au niveau
cortical.
Ce changement de fonction s’obtient par étapes :
• D ans un premier temps, dit stade du sourire mandibulaire (sur 4 semaines environ), une
mobilisation mandibulaire active et forcée (fonction originelle du temporal) est nécessaire
pour qu’une contraction du temporal transféré provoque une élévation commissurale. Cette
contraction est préconisée à J= 3 semaines de l’intervention par le serrage de 8 abaisse-
langues, 40x / jour au niveau molaires, canines et incisives. Figure 16
• Lorsque les résultats sur 40 mouvements réalisés atteignent 90% d’amplitude, un abaisse-langue
est retiré et ce toutes les semaines pour aboutir après 2 mois à la seconde étape.
• D ans une seconde étape appelée stade du sourire temporal volontaire, on obtient la contraction
temporale indépendante des déplacements mandibulaires par dissociation des mouvements
de gauche à droite. Lors de cette étape, le patient maintient la pression sur abaisse-langue
108
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
109
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
Figure 17. : avatar créé en vue d’une réhabilitation à distance des patients PF
19• Conclusion
Le manque d’informations sur la PFP, les trop nombreuses erreurs diagnostiques, l’inégalité
des professionnels face aux formations initiales et continues, les techniques de rééducations
aberrantes, font que les patients errent afin de trouver : a) un thérapeute et b) une prise en
charge adéquate. Outre le traitement médical prodigué en première intention, une rééducation
spécifique est préconisée. Celle-ci peut être effectuée aussi bien par des orthophonistes que par
des kinésithérapeutes qui partagent équitablement ce champ de compétences.
110
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
111
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
16. - F ujiwara K, Furuta Y, Nakamaru Y, Fukuda S. Comparison of facial synkinesis at 6 and 12
months after the onset of peripheral facial nerve palsy. (2015); Auris Nasus Larynx. 42(4):271-4.
17. - G
atignol P., Tankere F., Bernat I., Martin F., Soudant J., Lamas G. (2002) Evaluation de l’articulation
et de la déglutition après anastomose hypoglosso-faciale. Rééducation orthophonique, 210 :
64-76.
18. - G
atignol P, Tankere F, Clero D, Lobryau C, Soudant J, Lamas G. (2003) Comparative
evaluation of speech disorders and verbal and nonverbal communication within twogroups
of patients: Patients with facial paralysis (FP) and those whohad undergone hypoglossal-facial
anastomosis (HFA). Rev Laryngol Otol Rhinol (Bord). 124(5):291-297
19. - G
atignol P. (2004) L’articulation dans les paralysies faciales et les anastomoses hypoglosso-
faciales. (2004), In Gatignol P, Lamas G (eds). Paralysies faciales. Solal. Marseille. pp 99-120
20. - Gatignol P, Cortadellas Al, Grandi S, Tankere F, Lobryeau C, Wilier Jc, Lamas G. (2006) The
rehabilitation of the tongue in hypoglossal-facial anastomosis. Rev Laryngol Otol Rhinol (Bord).
127(5):327-33,
21. - G
atignol P. (2007) La prise en charge des paralysies faciales et du nerf hypoglosse in Auzou
P., Rolland-Monnoury V., Pinto S., Ozsancak C. (Eds), Les Dysarthries, Solal, Marseille, 718-723
23. - Gatignol P., Lannadère E., Bernat I., Tankéré F, Lamas G. (2011) Bénéfices de la rééducation
d’une paralysie faciale périphérique. Revue Médicale Suisse, 7 1908-1913.
24. - Gatignol P, Allano M., Robert M., Lannadère E.,Tankéré F., Lamas G. (2014). Paralysie faciale
périphérique chez l’enfant ou adolescents. Annales françaises d’Oto-rhino-laryngologie et
de Pathologie Cervico-faciale. Volume 131, Issue 4, Supplément, October, P. A83-A84
25. - Guenzati, M, Pichon, L. (2015) Normalisation d’une Echelle du Sourire chez 120 sujets sains
pour l’évaluation des paralysies faciales. Paris : Université Pierre et Marie Curie.
26. - Guerreschi P., Labbe D. (2015). La myoplastie d’allongement du muscle temporal : raffinements
techniques. Annales de Chirurgie Plastique Esthétique, 60(5), 393–402.
27. - L amas G., Lannadère E., Tankéré F., Truong Tan T., Bernat I., Gatignol P. (2010). Termino-terminal
hypoglossofacial anastomosis, indications, results. Rev Laryngol Otol Rhinol (Bord).131(2):97-
102.
28. - Lheureux-Portmann A., Lapalus-Curtoud Q., Robert M., Tankéré F., Disant F., Pasche P.,
29. - Lamas G., Gatignol P. (2013) Smile «forced» smile versus «spontaneous»: comparison of 3
techniques of reconstructive surgery of the face. Myoplasty temporal muscle, hypoglossal
facial anastomosis and gracilis muscle free flap.Rev Laryngol Otol Rhinol (Bord).134(4-5):267-
76.
30. - Lambert-Prou M.P., (2003) The Temporal Smile. Speech therapy for facial palsy patients after
temporal lengthening myoplasty. Rev Stomatol Chir Maxillofac, 104(5) 274-80).
112
PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE X
31. - M
anikandan N. (2007) Effect of facial neuromuscular re-education on facial symetry in patients
with Bell’s palsy : a randomized controlled trial, Clin. Rehabil., 21(4), 338-343
32. - Lazarini P., Mitre E., Takatu E., Tide R. (2006). Graphic-visual adaptation of House Brackmann
facial nerve grading for peripheral facial palsy. Clinical Otolaryngology, 31 (3), 192–197.
33. - Nduka C., Hallam M.J. (2012). Refinements in smile reanimation: 10-Year experience with
the lengthening Temporalis Myoplasty. Journal of Plastic, Reconstructive & Aesthetic
Surgery : JPRAS, 65(7), 851–6.
34. - O’Reilly B.F., Soraghan J.J., MC Grenary S., He S. (2010). Objective method of assessing and
presenting the House-Brackmann and regional grades of facial palsy by production of a
facogram. Otology and Neurotology, 31 (3), 486-491.
35. - Picard D., Ambert-Dahan E., Gatignol P. (2016) Production et perception des expressions
faciales émotionnelles chez les patients présentant une paralysie faciale périphérique. (soumis)
36. - Point L., Quero M. (2014) Paralysie faciale et qualité de vie. Université Pierre et Marie Curie.
UFR de médecine Pierre et Marie Curie.Paris VI.
37. - R
obert M., Mauclair J., Lannadere E., Tankéré F., Lamas G., Gatignol P. (2013) Acoustic
analysis of the articulatory disorders of patients affected by peripheral facial paralysis].Rev
Laryngol Otol Rhinol (Bord). 134(1):3-11. French.
38. - Ross BG, Fradet G, Nedzelski JM. (1996). Development of a sensitive clinical facial grading
system. Otolaryngol Head Neck Surg. 1996 Mar;114(3):380-6.
39. - Sarrazin F., Lafoucrière A., Robert M., Lannadere E., Gatignol P. (2014) Evaluation des pratiques
professionnelles : le cas des paralysies faciales périphériques -Formation des étudiants et
professionnels orthophonistes et kinésithérapeutes, Glossa, n° 115(59-80)
40. - Teixeira LJ, Valbuza JS, Prado GF. Physical therapy for Bell’s palsy (idiopathic facial paralysis).
Cochrane Database Syst Rev. 2011.
41. - T ruffert, E. (2015) : Paralysie faciale périphérique idiopathique pendant la grossesse : facteur
de risque de mauvaise récupération à 1 an ?. Mémoire de Diplôme d’études Spécialisées
-Oto-Rhino-Laryngologie et Chirurgie Cervico-faciale. UFR de Médecine – Université Paris Ile
de France Ouest.
42. - T uncay F, Borman P, Taşer B, Ünlü İ, Samim E. (2015). Role of electrical stimulation added to
conventional therapy in patients with idiopathic facial (Bell) palsy. Am J Phys Med Rehabil.
;94(3):222-8.
43. - Vanswearingen J.M., Cohn J.F., Bajaj-Luthra A. (1999) Specific impairment of smiling increases
the severity of depressive symptoms in patients with facial neuromuscular disorders. Aesthetic
Plastic Surgery, 23, 416–423.
44. - Waxman B. (1984) Electrotherapy for treatment of facial nerve paralysis, Bell’s palsy, Health
Technology Assessment reports, National Center for Health Services Research, 3, 27
113
X PRINCIPES DE RÉÉDUCATION D’UNE PARALYSIE FACIALE PÉRIPHÉRIQUE
21• Vidéos
Video 1 - Patient paralysé gauche de grade V réalisant les massages externes et internes
Vidéo 2 - Patient paralysé droit de Grade V réalisant l’exercice de « l’oeil mécanique » L’exercice de
l’oeil mécanique permet de favoriser une fermeture palpébrale efficace et symétrique. Le
patient place ses index horizontalement au niveau des sourcils. Puis, il ferme passivement
ses paupières supérieures à l’aide de ses index. Arrivé en fin de course, il tire les paupières
supérieures doucement vers l’extérieur. Exercice à réaliser quotidiennement 10 fois.
Vidéo 3 - P
atient paralysé droit de Grade V réalisant l’exercice du « sourire mécanique » puis du
« demi-sourire mécanique ». Ces exercices visent une récupération du sourire. Dans un
premier temps, le patient élève les commissures labiales avec les index en respectant la
forme initiale de son sourire, puis relâche. Dans un second temps, le patient se focalise sur
l’élévation de la commissure labiale paralysée mécaniquement avec l’index. Exercices à
réaliser quotidiennement 10 fois.
Vidéo 4 - Patient paralysé droit de Grade III réalisant l’exercice du « sourire mécanique »
Vidéo 5 - Patient paralysé droit de grade V réalisant l’exercice du « cul-de-poule » activement.
Exercice à effectuer quotidiennement 10 fois.
Vidéo 6 - P
atiente paralysée droite de Grade III séquellaire réalisant un exercice stimulant le
releveur de la lèvre supérieure. Cet exercice consiste à élever les muscles releveurs
de la lèvre supérieure avec les index. Au bout de trois mouvements, le patient doit se
concentrer pour maintenir la position en enlevant doucement les doigts. Exercice à
réaliser quotidiennement par 5 séries de 3 mouvements.
Vidéo 7 - Patiente paralysée gauche de Grade III séquellaire réalisant l’exercice du « cul-de-poule
mécanique et regard controlatéral ». Afin de pallier la fermeture de l’oeil involontaire lors
du mouvement de protrusion labiale (syncinésie), le patient effectue un cul-de-poule
mécaniquement en s’aidant de la pince pouce et index et en orientant son regard de
manière synchrone en haut, du côté controlatéral à la paralysie faciale. Au bout de trois
mouvements mécaniques, le patient se concentre pour maintenir la position en enlevant
ses doigts. Exercice à réaliser quotidiennement par 5 séries de 3 mouvements.
Vidéo 8 - P
atient paralysé gauche de Grade IV opéré d’une anastomose hypoglosso-faciale
réalisant des praxies linguales. Sans bouger la mâchoire, le patient doit appuyer fortement
son apex de langue au palais. Exercice à réaliser 25 fois par jour.
114
LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE XI
1• Introduction
La récupération d’une paralysie faciale périphérique (PFP) sévère avec dénervation musculaire
peut conduire à une guérison incomplète avec altération de la fonctionnalité et de l’expressivité du
visage (1-3), notamment par une régénération aberrante des fibres dans le processus de réparation
neuronale. Cette réinnervation anormale peut entraîner plusieurs effets indésirables, dont les
syncinésies, caractérisées par des co-activations involontaires de plusieurs groupes musculaires de
la face pendant les mouvements volontaires du visage. Ces séquelles sont particulièrement visibles
lors des mouvements spontanés du visage, en particulier pendant les expressions émotionnelles
telles que le sourire, mais aussi lors des fonctions indispensables du quotidien comme parler ou
mastiquer.
L’hypertonie est une autre séquelle de la récupération imparfaite d’une PFP, définie par une
asymétrie statique et dynamique de la face liée à l’hypertonie musculaire basale. Cette hypertonie
musculaire permanente et involontaire est généralement responsable d’un rétrécissement de la
fente palpébrale, d’un pli naso-labial plus marqué, et d’un déplacement latéral de la commissure
labiale vers le haut ou vers le bas (4).
Ces altérations sont à l’origine d’importants troubles psychologiques mais également sociaux
retentissant sur la qualité de vie, l’estime de soi et l’acceptation sociale.
Comme il a été déjà décrit, le traitement de la paralysie du nerf facial est complexe et nécessite
souvent de multiples interventions pour rétablir la fonction et la symétrie du visage. Parmi celles-
ci, la toxine botulique (TB) peut efficacement traiter les complications telles que les syncinésies,
l’asymétrie faciale et l’hypertonie de repos.
La bactérie Clostridium botulinum a été identifiée pour la première fois comme agent causal
dans une intoxication alimentaire en 1895 à Ellezelles en Belgique, par le professeur Emile Pierre
van Ermengem. Dans les décennies qui ont suivi, différents types sérologiquement distincts de TB
ont été découverts, jusqu’à l’identification de plusieurs souches de Clostridium botulinum et de 7
sérotypes de neurotoxine, chacun possédant ses propres caractéristiques (1).
En 1979, Alan Scott a utilisé pour la première fois la TB de type A pour corriger le strabisme en
injectant la toxine directement dans les muscles oculaires externes (5). Depuis cette première
description, les indications de la TB se sont multipliées et étendues aux situations où une contraction
musculaire focale entrave le bon déroulement d’une activité motrice physiologique (6). Les
premières publications rapportant l’efficacité de l’injection de la TB dans le blépharospasme et
dans le spasme hémifacial (SHF) datent respectivement de 1985 et 1986 (7).
115
XI LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE
Dans les séquelles de PFP, l’utilisation de la TB doit prendre en compte les déficits moteurs résiduels
et il apparait donc essentiel de trouver un équilibre entre le besoin de traiter la séquelle et la
nécessité de maintenir une fonction correcte des muscles de la face. Par ailleurs, l’utilisation de
la TB facilite la réhabilitation orthophonique, et l’association des deux traitements conduit à de
meilleurs résultats fonctionnels. Nous rapportons dans ce chapitre notre expérience du traitement
par la TB dans les séquelles de la PFP, en décrivant l’utilisation clinique actuelle, les indications et
les pistes pour optimiser son bénéfice pour les patients.
2• La toxine botulique
◗ Les différents types de toxine botulique :
La TB est une protéine produite par un bacille gram positif anaérobie strict (Clostridium botulinum)
responsable du botulisme. On distingue sept types de Clostridium botulinum qui diffèrent par les
propriétés antigéniques des toxines qu’elles produisent (dénommées de A à G) mais aussi par
leur pouvoir toxique. Ces 7 toxinotypes sont associés à des protéines stabilisantes non toxiques
(ANTPs) (8). Le botulisme humain est dû aux types A, B (le plus fréquent en France) et E, et
exceptionnellement aux types C et F alors que les types C et D sont essentiellement responsables
du botulisme animal. Le botulisme de type A est le plus grave et souvent mortel car la toxine
correspondante est la plus puissante. Le type G a été retrouvé uniquement dans le sol.
D’après leurs caractères phénotypiques, les souches de Clostridium botulinum sont classées en
quatre groupes (3) :
• Les souches du groupe I sont protéolytiques. Elles peuvent produire une toxine de type A, B ou
F ou un mélange de toxines (A+B, A+F ou B+F).
• Les souches du groupe II sont non protéolytiques. Elles peuvent produire une toxine de type B,
E ou F.
• Les souches du groupe III sont non protéolytiques. Elles peuvent produire une toxine de type C
ou D.
• Les souches du groupe IV sont protéolytiques. Elles peuvent produire une toxine de type G.
◗ Structure générale, activité pharmacologique et toxicité :
La toxine est un polypeptide à deux chaînes, une lourde (H : 100 kDa) et une légère (L : 50 kDa)
liées entre elles par un pont disulfure. La chaîne lourde lie la molécule de toxine sur le récepteur
neuronal et permet alors la translocation de la chaîne légère, qui porte l’activité enzymatique
de la molécule de toxine. La toxine botulique provoque une paralysie transitoire par inhibition
présynaptique de la libération de l’acétylcholine au niveau de la plaque motrice et du système
parasympathique (9, 10). Le mécanisme d’action implique trois étapes : fixation membranaire,
internalisation puis inhibition de la libération du neurotransmetteur. La fixation de la toxine botulique
sur la terminaison nerveuse présynaptique cholinergique est sélective et saturable.
Après internalisation, la chaîne légère de la TB (une protéase) provoque des lésions de la voie
de sécrétion de l’acétylcholine, en clivant par activité protéolytique des molécules intracellulaires
impliquées dans la translocation de neurotransmetteurs vers la surface interne de la membrane
plasmique. Elle agit au niveau de la fusion des vésicules d’acétylcholine avec la membrane de
116
LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE XI
la cellule nerveuse en agissant sur le complexe SNARE qui permet la fusion entre la vésicule
et la membrane pré-synaptique (11). Ainsi, la libération de neuromédiateur étant stoppée, les
récepteurs à acétylcholine des cellules musculaires restent vides et les muscles n’entrent pas en
contraction. Ceci explique le phénomène de paralysie flasque observé chez les patients atteints
de botulisme (9-11). L’état de dénervation est réversible grâce à la formation de nouvelles plaques
motrices par régénération axonale, progressivement en 2 à 6 mois (12).
Bien que des traces de TB puissent être détectées au niveau du système nerveux central après
injections intramusculaires, on estime que l’effet clinique observé est principalement lié à l’effet
périphérique de la toxine. En effet, la paralysie observée est corrélée au degré de blocage de la
transmission neuro-musculaire et survient dans un délai de un à trois jours après injection, temps
nécessaire pour la mise en jeu des mécanismes d’action de la TB dans les terminaisons nerveuses
(7). La diffusion du champ de dénervation autour du point d’injection est liée à la dose et au
volume injecté et peut atteindre 4,5 cm (9-11). Pour limiter la diffusion au muscle traité, il est
recommandé d’administrer de petites doses de TB en multipliant les points d’injection. La relative
sélectivité d’effet de la TB pourrait être liée à sa capture préférentielle par les fibres musculaires
les plus actives, permettant ainsi de contrôler les mouvements involontaires et la spasticité tout en
préservant partiellement la force de contraction musculaire (12).
La TB est l’un des poisons les plus violents connus à ce jour. Sa dose toxique chez l’homme est
estimée à partir des doses létales observées chez l’animal. Par extrapolation, on estime que la
DL50 chez l’homme est de 3000 unités (U) de Botox®, soit plus de 40 U/Kg alors que la dose
intramusculaire la plus basse capable de provoquer une toxicité systémique est de 33 U/Kg.
L’administration thérapeutique de TB peut entrainer la formation d’anticorps anti-TB qui peuvent
être détectées par une méthode ELISA. La corrélation entre la présence de tels anticorps et la
diminution d’efficacité de la toxine n’a pas été établie (13), bien que des cas avérés d’immuno-
résistance à la TB aient été décrits (14, 15). Le risque de développer ces anticorps est faible et
semble dépendre de la fréquence d’injections et de la dose injectée. Les cas décrits concernent
essentiellement les patients dystoniques traités avec de fortes doses et non pas les patients
présentant un spasme hémifacial (16). En cas de présence d’anticorps anti-TB de type A, il reste
possible d’utiliser la TB de type F ou B (17, 18). Certains auteurs rapportent également la possibilité
de changer de spécialité (Dysport en remplacement du Botox®) de TB de type A pour recouvrer
une efficacité (19).
◗ Types de toxine botulique disponibles – Indications :
La TB utilisée dans le traitement des séquelles de la PFP est la toxine de type A. En France,
l’AMM a été obtenue pour deux spécialités, Botox® et Dysport® en 1993, et un avis favorable
de la Commission de la transparence (20, 21) a été obtenu en 1994 pour ces deux spécialités
dans le blépharospasme et le spasme de l’hémiface. En 2010, Xeomin® a été autorisé pour le
blépharospasme et est actuellement utilisé dans le traitement des séquelles de la PFP.
Un autre type de TB A (Vistabel®) n’a pas l’indication thérapeutique du spasme hémifacial. La TB
de type B disponible en France est le Neurobloc®.
Chez l’adulte et l’enfant, les indications de Botox®, de Dysport® et de Xeomin® sont rapportées
respectivement dans les tableaux I, II et III.
117
XI LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE
118
LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE XI
Les caractéristiques de ces types de TB sont différentes (Tableau IV). Cette absence d’harmonisation
doit conduire à la plus grande prudence lorsqu’on change de produit, car leur mode de
conservation et les recommandations de dilution sont différents. Les unités ont une équivalence
entre Botox® et Xeomin®, mais pas entre ces deux types et Dysport®. On estime qu’une unité de
Botox® équivaut à environ 4 ou 5 unités de Dysport®. En pratique, nous diluons un flacon de 100 U
de Botox® et Xeomin® ou de 500 U de Dysport® avec 2,5 ml de solution injectable de chlorure de
sodium à 0,9% (concentration de 4 U / 0,1 ml pour le Botox® et de 20 U / 0,1 ml pour le Dysport®)
afin d’obtenir une efficacité similaire à volume identique.
Réfrigérateur entre 5 et
Conservation Congélateur ≤ 5°C ≤ 25°C
8°C
Conservation après 24 h, 2-8 °C 8 h, 2-8 °C 24 h, 2-8 °C
reconstitution Ne pas recongeler Ne pas recongeler Ne pas congeler
Dilution
4 ml / flacon de 100 U 2,5 ml / flacon de 500 U 4 ml / flacon de 100 U
recommandée
◗ Conditions d’exécution
Les avis de la Commission de la transparence du 7 septembre 1994 (20, 21) rappellent que l’injection
doit être réalisée par un neurologue, ophtalmologue ou ORL ayant une bonne expérience de
l’utilisation de la TB dans les indications prévues par l’AMM. Toutefois, les modalités pour acquérir
une bonne expérience n’ont pas été précisées. La Commission rappelle aussi que l’utilisation est
strictement intra-hospitalière. En pratique, elles sont réalisées actuellement en hospitalisation de
jour selon une recommandation ministérielle. Deux types d’actes sont aujourd’hui classés : séance
d’injection de TB au niveau de la face (classement CCAM : 11.4 – Code : LCLB001) et séance
d’injection unilatérale ou bilatérale de TB au niveau des paupières (classement CCAM : 02.02.10 -
Code : BALB001).
◗ Précautions générales et matériel :
Une consultation préalable permet le recueil du consentement oral du patient après lui avoir délivré
une information sur le bénéfice potentiel attendu, les traitements alternatifs s’ils existent et les risques
encourus. Cette consultation est essentielle chez les patients présentant un spasme hémifacial
post-paralytique car ils sont en général très anxieux devant l’utilisation d’une thérapeutique «
paralysant » de nouveau leurs muscles. Par ailleurs, certains auteurs rapportent une plus grande
efficacité du traitement, se traduisant par une amélioration de la qualité de vie, chez les patients
ayant une bonne connaissance de leur pathologie (22). Pour la mise en œuvre du traitement,
sont nécessaires, outre le réfrigérateur permettant la conservation du produit, des aiguilles de
gros diamètre, des seringues de 2,5 ml et des ampoules de sérum physiologique injectable pour
119
XI LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE
la reconstitution. La dilution doit s’effectuer avec précaution car l’agitation violente du flacon ou
la formation des bulles peut dénaturer le produit. L’injection s’effectue à l’aide d’une seringue à
insuline de 1 ml (graduée tous les 0,1 ml) après avoir effectué une désinfection de la peau du patient
à l’aide d’une compresse stérile imbibée d’alcool à 70°. L’utilisation d’une électromyographie de
détection semble avoir peu d’intérêt pour déterminer les muscles à injecter, mais pourrait être utile
pour détecter des anomalies infra-cliniques prédictives de la survenue d’effets indésirables chez
les patients présentant un SHF idiopathique (23).
Les précautions d’emploi de la TB concernent le terrain, les antécédents du patient et ses traitements.
Les contre-indications sont la grossesse (s’assurer d’un mode de contraception chez les femmes en
âge de procréer), l’allaitement, un âge au-dessous de 2 ans, la prise d’aminoglycosides (du fait
du risque de potentialisation de l’effet de la TB), d’anticoagulants (pour les injections profondes)
et l’existence d’une maladie neuro-musculaire comme la myasthénie ou le syndrome de Lambert-
Eaton. Le vieillissement du système neuro-musculaire chez les patients de plus de 70 ans incite
également à réduire les doses de 20% environ.
3• Utilisation pratique
◗ Syncinésies et asymétrie
La syncinésie observée dans le SHF post-paralytique est un mouvement involontaire d’une région
de la face survenant au cours du mouvement intentionnel d’une autre zone de la face. Son
mécanisme est considéré comme multifactoriel : régénération nerveuse aberrante, transmission
de l’influx nerveux aux axones voisins sur le site lésionnel par la perte de la myéline (transmission
éphaptique) et enfin, désorganisation de la somatotopie au sein du noyau du nerf facial. Les
syncinésies compliquent 15 à 20% des cas de paralysies faciales d’origine virale, dite a frigore (2),
mais également des paralysies faciales d’autres étiologies, notamment traumatiques (fracture du
rocher, séquelle chirurgicale...).
Bien qu’une étude récente (24) ne retrouve pas de différence dans la présentation clinique ou
radiologique entre les SHF primaires ou post-paralytiques, cette seconde entité pose des problèmes
thérapeutiques tout à fait spécifiques. L’examen des patients retrouve des signes déficitaires
résiduels, fréquents sur la région frontale et sur les muscles du sourire et releveur de la lèvre
supérieure, et des signes spastiques se traduisant par une hypertonie de repos, des syncinésies
de pattern variable et des myokimies (bouffées de contractions musculaires involontaires), qui
concourent à l’asymétrie de la face. Les patterns syncinétiques les plus fréquents sont les syncinésies
« bouche-œil » (fermeture palpébrale du coté du SHF lors du sourire ou de l’articulation), « œil-
bouche » (exagération du sillon nasogénien du côté spastique lors de la fermeture volontaire des yeux),
« œil-front » (élévation paradoxale du sourcil lors de la fermeture palpébrale), « œil ou bouche-platysma »
(apparition d’une corde musculaire platysmale lors du sourire, de la moue ou de la fermeture
palpébrale) (Figures 1 à 3). Enfin, on observe fréquemment au cours de différents mouvements
de la face, une contraction du muscle mentonnier se traduisant par l’apparition d’une fossette
ou d’un plissement de la peau du menton (aspect de peau d’orange). L’hypertonie de repos et
les contractions involontaires du platysma peuvent à long terme conduire à un abaissement de la
commissure orale et à des douleurs cervicales de « tension ». Les patients rapportent également
fréquemment des contractures douloureuses péri-orbitaires (impression de cercle autour de l’œil),
120
LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE XI
Figure 1. Figure 2.
1a et 1b : spasme post-paralytique intéressant les muscles 2a et 2b : spasme post-paralytique intéressant les muscles
platysma, orbicularis oculi et corrugator. frontal (sourcil ascensionné à droite), zygomatique (sillon
nasogénien plus marqué à droite), orbicularis oculi (syncinésie
1b : points d’injections. palpébrale lors de la moue); mentalis (plissement de la peau
1c et 1d : résultats à 1 mois post-injection. Le résultat sur le du menton).
platysma et sur l’orbicularis oculi est très satisfaisant (persistance 2b : points d’injections
d’une minime syncinésie palpébrale). L’asymétrie est encore
présente au niveau des sourcils et devra être corrigée par une 2c et 2d : résultats à 1 mois post-injection avec un bon résultat
injection complémentaire au niveau du muscle frontal. sur le mentalis et le muscle frontal. La syncinésie palpébrale a
diminué. L’hypertonie du muscle zygomatique a disparu.
Figure 3.
4a : spasme post-paralytique intéressant les muscles platysma
et orbicularis oculi. Points d’injections.
4b : résultats à 1 mois post-injection. Le résultat sur le platysma
et sur l’orbicularis oculi est satisfaisant mais incomplet. Il persiste
une minime syncinésie palpébrale et une légère contraction
du platysma, pour lesquelles une augmentation des doses
apparait nécessaire lors de la prochaine injection.
121
XI LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE
les patients. 12
13
14
Tout l’art de l’injection de TB consiste donc à 15
Légendes Figure 4 :
7 : Orbicularis oculi 14 : Buccinator
1 : Frontalis 8 : Dilator naris 15 : Risorius
2 : Procerus 9 : Levator labii superioris 16 : Platysma
3 : Depressor supercilii 10 : Zygomaticus minor 17 : Orbicularis oris
4 : Corrugator 11 : Zygomaticus major 18 : Depressor anguli oris
5 : Levator labii superioris alæque nasi 12 : Depressor septi nasi 19 : Depressor labii inferioris
6 : Compressor naris 13 : Masseter 20 : Mentalis
122
LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE XI
Dilution
Pour le Botox® et le Xeomin®, la concentration idéale est de 4 U dans 0,1 ml. Il faut donc diluer
50 U dans 1,25 ml de sérum physiologique ou 100 U dans 2,5 ml de sérum physiologique. Pour
obtenir la même efficacité - dose, 500 U de Dysport® doivent être diluées dans 2,5 ml de sérum
physiologique.
Les sites et les doses d’injection
Les injections sont réalisées en regard du muscle qui présente les signes spastiques, ou du coté sain
pour symétriser le visage. L’effet n’est perceptible que 2 à 3 jours au minimum après l’injection (25).
Il se manifeste par l’apparition d’une paralysie musculaire plus ou moins importante et n’atteint son
maximum qu’en 12 jours, car il faut attendre l’épuisement de toutes les vésicules présynaptiques
contenant de l’acétylcholine (25). Cet effet inhibiteur de la transmission neuromusculaire est
transitoire et n’est responsable d’aucune lésion, tant au niveau de la fibre nerveuse afférente
qu’au niveau de la fibre musculaire elle-même. La paralysie induite persiste en moyenne de 2 à
4 mois et varie en fonction de la dose injectée (24, 26). L’adaptation des doses sera jugée d’une
part au pic d’efficacité de la TB, soit 2 à 4 semaines après l’injection, et d’autre part lors de la
récidive, au 3ème ou 4ème mois. On diminuera les doses en cas d’effet indésirable. A l’inverse, un
effet insuffisant conduira à augmenter les doses progressivement d’environ 10 à 20% à chaque
séance. La procédure sera répétée tous les 4 à 6 mois en fonction des résultats, avec pour
objectifs d’optimiser le bénéfice du patient et de diminuer la fréquence des effets secondaires. Un
traitement plus fréquent que tous les 3 mois n’apporte aucun bénéfice supplémentaire (18, 19, 27).
Enfin, nous recommandons aux patients de ne pas effectuer de massages du visage pendant 24
heures afin de ne pas favoriser une diffusion aux effets néfastes.
Pour simplifier, nous nous référons aux doses de Botox® ou Xeomin®.
Au niveau frontal
En cas de contraction du muscle frontalis, 1 ou plusieurs injections de 2U sont réalisées et pour
le muscle corrugator, 1 injection de 2 ou 4 U. Si la réinnervation est insuffisante du côté atteint,
l’injection concerne le côté sain afin d’effacer les rides et de symétriser la hauteur des sourcils.
Dans ce cas, plusieurs sites (3 à 6) sont injectés sur les parties externe, médiane et interne du
muscle frontal ainsi que sur le corrugator et le procerus pour obtenir un abaissement harmonieux
de l’ensemble du sourcil. La dose utilisée est fonction du souhait du patient car certains d’entre
eux sont attachés à leur mimique frontale. Nous conseillons de première intention, 2 U de Botox®
sur chaque site.
En cas de ptôse importante du sourcil du côté atteint, un lifting fronto-sourcilier (brow lift) peut
être proposé au patient comme technique alternative ou associée. Il faut dans ce cas apprécier
correctement la qualité de la fermeture palpébrale car une ascension frontale excessive peut
diminuer la qualité de la protection cornéenne. Plusieurs méthodes sont possibles pour élever le
sourcil et lisser la région frontale : un lifting chirurgical ou endoscopique, la mise en place de fils
de suspension sous-cutanés, ou un abord direct par une incision au ras du sourcil qui permet une
excision de pleine épaisseur de la peau et du muscle frontal. Le résultat à long terme de ces
différentes techniques reste décevant avec une récidive de la ptôse sourcilière.
123
XI LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE
Au niveau palpébral
La récupération motrice est souvent satisfaisante mais les patients se plaignent malgré tout
fréquemment d’une contracture péri-orbitaire réduisant la taille de leur fente palpébrale ou de
syncinésies lors du sourire, de la moue, de l’alimentation ou de l’articulation (Figures 1 et 2). La
diminution du tonus du muscle orbicularis oculi s’effectue en injectant de plus faibles doses : 2 U de
Botox® sur 3 à 5 points palpébraux supérieurs et inférieurs, en évitant toujours la partie médiane de
la paupière supérieure pour éviter une diffusion vers le muscle releveur de la paupière supérieure
dont l’atteinte entrainerait un ptôsis particulièrement handicapant pour le patient. L’atteinte du
nerf facial peut également provoquer un larmoiement per-prandial (syndrome des larmes de
crocodile), gênant pour les patients. Ce syndrome peut être contrôlé par une injection de 1 à
2 U de Botox® dans la région palpébrale externe supérieure en regard de la glande lacrymale
principale. Le dosage doit être précis et augmenté très progressivement en cas d’inefficacité car
ces patients présentent souvent une diminution de la lacrymation en dehors de la période des
repas qui les expose à des complications cornéennes.
Au niveau du tiers moyen de la face
La situation est beaucoup plus complexe lorsque la réinnervation est de mauvaise qualité sur les
muscles zygomatiques, le risorius et le releveur de la lèvre supérieure. Les patients recherchent
une amélioration de l’amplitude de leur sourire que seule la rééducation spécifique peut leur
apporter, mais ils désirent également la diminution de leurs syncinésies et de leur hypertonie du sillon
nasogénien (Figure 2). Cette demande est légitime mais la satisfaire reste difficile. En pratique, il
faut souvent s’abstenir d’injecter quand les signes déficitaires sont trop importants et leur proposer
une injection controlatérale sur les muscles zygomatiques afin de symétriser leur sourire. Beaucoup
de patients y sont opposés car cette option diminue l’expressivité de leur visage. Lorsque la
réinnervation des muscles du sourire est satisfaisante, on peut lever l’hypertonie en injectant 2 U
de Botox (voire 4 U dans les cas les plus favorables) sur le muscle grand zygomatique (sous l’arche
malaire) ou 2 U sur le muscle pyramidal (à proscrire en cas de déficit du releveur de la lèvre
supérieure). Dans ces cas, le risque de complications sous la forme d’une parésie transitoire est
réel et les patients doivent en être impérativement prévenus car la récidive d’un déficit est souvent
vécue très douloureusement.
Au niveau de la région mentonnière
Les patients présentent fréquemment une contracture des muscles de la houppe du menton
créant une fossette mentonnière (Figure 1). L’injection de 4 à 6 U de Botox® règle facilement le
problème sans risque notable. Chez les patients présentant un SHF post-paralytique assez récent, il
faut également rechercher une éventuelle hypertonie des muscles abaisseurs de la lèvre inférieure
et de la commissure labiale. L’injection de ces muscles (2 à 4 U de Botox®) juste au-dessus du bord
basilaire de la mandibule améliore parfois partiellement l’amplitude du sourire.
Au niveau du cou
L’hypertonie du peaucier du cou est fréquente et génère parfois d’importantes douleurs
cervicales. Cette hypertonie s’aggrave lors des mouvements de la région buccale (syncinésies lors
de l’articulation, du sourire et de la moue). Le traitement est aisé. Il ne faut pas hésiter à multiplier
les points d’injection (4U de Botox® sur chaque site) en fonction des données de l’examen car la
124
LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE XI
récidive est rapide. Il n’est pas rare d’injecter des doses importantes (jusqu’à 40 U de Botox®) sur
cette région. Les figures 1 et 3 montrent les résultats des injections de TB à 1 mois sur la contraction
du muscle platysma.
◗ Sécurité thérapeutique – Effets indésirables
L’AMM et les avis de la CT (20, 21) mentionnent que les effets indésirables indépendants du site
d’injection sont liés à :
- une diffusion de la toxine botulique aux muscles voisins, particulièrement en cas d’injection
profonde ou mal orientée,
- d
e rares réactions allergiques générales (rash, érythème, prurit, réaction anaphylactique) notées
également lors de l’injection d’un placebo,
- des douleurs ou brûlures au point d’injection, possibles quels que soient le site d’injection ou
l’indication.
Les effets indésirables dépendant du site d’injection sont un ptôsis partiel ou complet, ou une
diplopie transitoire, d’une durée de 6 à 8 semaines, liés respectivement à la diffusion de la TB au
muscle releveur de la paupière ou aux muscles oculomoteurs (25, 27, 28, 29). Ces déficits peuvent
également atteindre le tiers moyen de la face, notamment sous la forme d’une chute de la
commissure labiale et de la lèvre supérieure, possible lorsque les patients reçoivent une injection
dans le muscle releveur de la lèvre supérieure en plus des injections pratiquées autour de la fente
palpébrale.
Les autres effets secondaires locaux potentiels et de courte durée touchent la région orbitaire :
sécheresse oculaire, larmoiement, lagophtalmie, œdème palpébral, photophobie, kératite.
Une revue systématique (29, 30) totalisant plus de 2 000 patients n’a pas rapporté de complication
sévère liée à l’injection de toxine botulique A. Les complications les plus fréquentes rapportées sont
le ptôsis, l’épiphora et la faiblesse musculaire faciale, complications transitoires et disparaissant
avec l’effet du traitement.
◗ Résultats
Une revue systématique de Jost et Kohl (31) évaluait l’efficacité de la TB de type A dans le SHF
d’origine diverse (essentiel ou post-aparalytique). La période d’inclusion s’étendait de 1985 à 2001
et les sources étaient les bases Medline et The Cochrane Library. Trente-neuf études (tout niveau
de preuve confondu) totalisant 2295 patients ont été retenues. La TB était efficace (sur des critères
d’amélioration non différents suivant les études) à 76 % au moins des effectifs traités, avec une
durée moyenne d’efficacité entre 2,6 et 4 mois. Concernant plus spécifiquement le traitement du
SHF post-paralytique, plusieurs études confirment l’efficacité et l’innocuité de l’utilisation de la toxine
botulique dans les séquelles à long terme de la PFP (1, 2, 4, 25). Dans l’étude de Filipo et al. (4) sur
28 patients, le traitement par TB du SHF post-paralytique apportait une amélioration significative
sur l’échelle de Sunnybrook et des résultats du questionnaire auto-administré d’évaluation de la
syncinésie (SASAQ) en plus d’une amélioration subjective.
Dans une autre étude récente (32), 69 patients traités pour une syncinésie du platysma avec
une dose moyenne de 17 unités de Botox® apparaissaient soulagés de leurs contractures et
125
XI LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE
syncinésies durant une durée moyenne de 4 mois. Au contrôle à un mois, une amélioration du
score des syncinésies sur l’échelle Sunnybrook était constatée pour tous les patients qui signalaient
par ailleurs une diminution objective de leurs contractures.
Cabin et al. ont également confirmé l’efficacité de ce type de traitement soulignant la nécessité
de l’associer à la rééducation orthophonique. Ils ont également insisté sur l’importance de traiter
le côté non paralysé pour obtenir un meilleur résultat de la réhabilitation (33).
Toutes ces études montrent des résultats similaires en terme d’efficacité et rapportent en revanche,
des effets indésirables de fréquence très variable, de 5,4% à 64,8% des cas, dominés par le risque
de ptôsis.
Au total, les données recueillies dans la littérature et auprès des professionnels indiquent un service
attendu suffisant pour cet acte. La TB A est recommandée comme traitement symptomatique
efficace du SHF post-paralytique par la conférence de consensus du National Institutes of Health
(34).
4•Conclusion
L’avènement de la TB a apporté un bénéfice important dans le traitement des séquelles de PFP.
Le rapport bénéfice / risque de cette thérapeutique est excellent à condition d’avoir une parfaite
connaissance du maniement de la TB. Les protocoles que nous avons exposés sont donnés à
titre indicatif. Ils varient en fonction de la nature du spasme, de sa sévérité et des préférences du
médecin injecteur en fonction de son expérience.
La prise en charge du SHF post-paralytique est donc très différente de celle du SHF idiopathique.
Compte tenu du passé « déficitaire » des patients, la prudence doit être absolue pour limiter le
risque de parésie indésirable, toujours très mal vécue. Cette prise en charge doit impérativement
être couplée à une rééducation spécifique. En effet, le contrôle de l’hypertonie et des syncinésies
par les massages, la rééducation en bio-feedback, l’apprentissage de mouvements spécifiques
symétriques et de faible amplitude, jouent un rôle déterminant dans l’évolution du SHF. La
communication entre l’orthophoniste et le médecin « injecteur » doit être optimale, pour définir au
mieux les zones les plus spastiques (à injecter) et les zones susceptibles d’être encore réinnervées
pour lesquelles des injections futures pourront être envisagées, offrant un espoir d’amélioration au
patient.
Comme cela existe dans d’autres pays, notamment en Allemagne, la création de centres référents
et d’une formation officielle et reconnue en France nous paraît indispensable pour homogénéiser
les pratiques.
5• Références bibliographiques :
1. - L askawi. The use of botulinum toxin in head and face medicine: an interdisciplinary field. Head
Face Med 2008;10;4:5.
2. - Armstrong MWJ, Mountain RE, Murray JA. Treatment of facial synkinesis and facial asymmetry
with botulinum toxin type A following facial nerve palsy. Clin Otolaryngol 1996;21:15–20.
3. - May M. The Facial Nerve. New York, NY: Thieme Inc.; 1986.
126
LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE XI
4. - Filipo R, Spahiu I, Covelli E, Nicastri M, Bertoli GA. Botulinum toxin in the treatment of facial
synkinesis and hyperkinesis. Laryngoscope. 2012;122:266-70.
5. - Scott AB. Botulinum toxin injection into extraocular muscles as an alternative to strabismus
surgery. J Pediatr Ophthalmol Strabismus. 1980; 17:21-5.
6. - Jankovic J, Brin MF. Therapeutic uses of botulinum toxin. N Engl J Med 1991;324:1186–1194.
7. - E lston JS. Botulinum toxin treatment of hemifacial spasm. J Neurol Neurosurg Psychiatry 1986;
49:827-9.
8. - Raffestin S, Marvaud JC, Cerrato R, Dupuy B, Popoff MR. Organization and regulation of the
neurotoxin genes in Clostridium botulinum and Clostridium tetani. Anaerobe. 2004; 10:93-100.
9. - Baraniga M. Secrets of secretion revealed. Science 1993; 260:487-9.
10. - P
opoff MR, Carlier JP. Botulisme, épidémiologie, approches thérapeutiques et préventives,
utilisation thérapeutique des neurotoxines. Antibiotiques 2001; 3:149-62.
11. - L indström M, Korkeala H. Laboratory Diagnostics of Botulism. Clin Microbiol Rev 2006; 19:298-
314.
12. - A
lderson K, Holds JB, Anderson RL. Botulinum-induced alteration of nerve-muscle interactions in
the human orbicularis oculi following treatment for blepharospasm. Neurology 1991; 41:1800-5.
13. - S iatkowski RM, Tyutyunikov A, Biglan AW, Scalise D, Genovese C, Raikow RB, Kennerdell JS,
Feuer WJ. Serum antibody production to botulinum A toxin. Ophtalmology 1993; 100:1861-6.
14. - B
orodic G, Johnson E, Goodnough M, Schantz E. Botulinum toxin therapy, immunologic
resistance, and problems with available materials. Neurology 1996; 46:26-9.
15. - A
tassi MZ, Dolimbek BZ, Steward LE, Aoki KR. Molecular bases of protective immune responses
against botulinum neurotoxin A--how antitoxin antibodies block its action. Crit Rev Immunol
2007; 27:319-41.
16. - L ange O, Bigalke H, Dengler R, Wegner F, deGroot M, Wohlfarth K. Neutralizing antibodies
and secondary therapy failure after treatment with botulinum toxin type A: much ado about
nothing? Clin Neuropharmacol 2009; 32:213-8.
17. - L udlow CL, Hallett M, Rhew K, Cole R, Shimizu T, Sakaguchi G, Bagley JA, Schulz GM, Yin SG,
Koda J. Therapeutic use of type F botulinum toxin. N Engl J Med 1992; 32:349-50.
18. - H
elmstaedter V, Wittekindt C, Huttenbrink KB, Guntinas-Lichius O. Safety and efficacy
of botulinum toxin therapy in otorhinolaryngology: experience from 1,000 treatments.
Laryngoscope 2008; 118:790-6.
19. - B
adarny S, Susel Z, Honigman S. Effectivity of Dysport in patients with blepharospasm and
hemifacial spasm who experienced failure with Botox. Isr Med Assoc J 2008; 10:520-2.
20. - Agence du médicament. Avis de la Commission de la transparence du 7 septembre 1994.
BOTOX 100 unités Allergan, lyophilisat pour usage parentéral, flacon. Saint-Denis : Agence du
médicament ; 1994.
21. - A
gence du médicament. Avis de la Commission de la transparence du 7 septembre 1994.
127
XI LA TOXINE BOTULIQUE DANS LE SPASME HÉMIFACIAL POST-PARALYTIQUE
Dysport 500 unités Porton, lyophilisat pour usage parentéral, flacon. Saint-Denis : Agence du
médicament ; 1994.
22. - T an EK, Hameed S, Fook-Chong S, Hussein K, Lum SY, Chan LL. Treatment outcome correlates
with knowledge of disease in hemifacial spasm. Clin Neurol Neurosurg 2008; 110:813-7.
23. - A
ngibaud G, Moreau MS, Rascol O, Clanet M. Treatment of hemifacial spasm with botulinum
toxin. Value of preinjection electromyography abnormalities for predicting postinjection lower
facial paresis. Eur Neurol 1995; 35:43-5.
24. - F elicio AC, Godeiro-Junior Cde O, Borges V, Silva SM, Ferraz HB. Clinical assessment of patients
with primary and postparalytic hemifacial spasm: a retrospective study. Arq Neuropsiquiatr
2007; 65:783-6.
25. - K
ollewe K, Mohammadi B, Dengler R, Dressler D. Hemifacial spasm and reinnervation
synkinesias: long-term treatment with either Botox or Dysport. J Neural Transm 2010; 117:759-63.
26. - T apiero B, Robert PY, Adenis JP, Riss I. Utilisation de la toxine botulique en ophtalmologie :
concepts et problèmes actuels. J Fr Ophtalmol 1997; 20:134-45.
27. - B
arbosa ER, Takada LT, Gonçalves LR, Costa RM, Silveira-Moriyama L, Chien HF. Botulinum
toxin type A in the treatment of hemifacial spasm: an 11-year experience. Arq Neuropsiquiatr
2010; 68:502-5.
28. - T an EK, Fook-Chong S, Lum SY, Lim E. Botulinum toxin improves quality of life in hemifacial
spasm: validation of a questionnaire (HFS-30). J Neurol Sci 2004; 219:151-5.
29. - Zagui RM, Matayoshi S, Moura FC. Adverse effects associated with facial application of
botulinum toxin: a systematic review with meta-analysis. Arq Bras Oftalmol 2008; 71:894-901.
30. - C
osta J, Espírito-Santo C, Borges A, Ferreira JJ, Coelho M, Moore P, et al. Botulinum toxin type
A therapy for hemifacial spasm. Cochrane Database Syst Rev 2005; Issue 1:CD004899.
31. - Jost WH, Kohl A. Botulinum toxin: evidence based medicine criteria in blepharospasm and
hemifacial spasm. J Neurol 2001; 248 (Suppl 1): 21-4.
32. - D
all’Angelo A, Mandrini S, Sala V, Pavese C, Carlisi E, Comelli M, Toffola ED. Platysma synkinesis
in facial palsy and botulinum toxin type A Laryngoscope. 2014;124:2513-7.
33. - C
abin JA, Massry GG, Azizzadeh B. Botulinum toxin in the management of facial paralysis. Curr
Opin Otolaryngol Head Neck Surg. 2015;23:272-80.
34. - N
ational Institutes of Health. Clinical use of botulinum toxin. National Institutes of Health
consensus development conference statement, November 12-14, 1990. <http://consensus.
nih.gov/1990/1990Botulinum Toxin083html.htm>
128
129
MONOGRAPHIES AMPLIFON
Cette collection est l'oeuvre d'un collectif supervisé par la Direction d'Amplifon France
130
Liste des centres Amplifon
www.amplifon.fr
131
Le siège Amplifon
22 avenue Aristide-Briand - 94110 Arcueil
Tél. 01 49 85 40 00 - Fax 01 49 85 40 44 www.amplifon.fr
91 - ESSONNE SURESNES
5 place Henri 4 - 92150 SURESNES
SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS Tél. : 01 41 37 08 14
97 Route de Corbeil - 91700 SAINTE-GENEVIÈVE-DES-BOIS
Tél. : 01 60 16 50 05 93 - SEINE-SAINT-DENIS
92 - HAUTS-DE-SEINE AULNAY SOUS-BOIS
4 Avenue Dumont - 93600 AULNAY SOUS BOIS
ANTONY Tél. : 01 48 68 69 81
20-22 av. Aristide Briand - 92160 ANTONY
BONDY
Tél. : 01 42 37 45 22
22 Ter, rue Auguste Pollissard - 93140 BONDY
ASNIÈRES Tél. : 01 48 02 03 06
17 rue de la Station - Lynx Optique - 92600 ASNIÈRES
Tél. : 01 47 91 29 80
DRANCY
86 av. Henri Barbusse - 93700 DRANCY
BOULOGNE
Tél. : 01 48 31 16 70
22 Bd Jean Jaurès - 92100 BOULOGNE
Tél. : 01 46 05 96 17 GAGNY
29 avenue Jean Jaurès - 93220 GAGNY
CLAMART
Tél. : 01 43 81 02 03
28 av. Jean Jaurès - 92140 CLAMART
Tél. : 01 41 90 71 35 LE BLANC-MESNIL
8, Mail Debré Berhan - 93150 LE BLANC MESNIL
CLICHY
Tél. : 01 48 65 60 79
8, allée Léon Gambetta - 92110 CLICHY
Tél. : 01 55 90 16 36 LE RAINCY
Optique Jacques Melot - Av de la Résistance - 93340 LE RAINCY
COLOMBES
Tél. : 01 41 53 30 48
20 rue Saint-Denis - 92700 COLOMBES
Tél. : 01 56 83 71 64 LES LILAS
130 rue de Paris - 93260 LES LILAS
FONTENAY
109 rue de Boucicaut - 92260 FONTENAY AUX ROSES Tél. : 01 43 60 23 40
Tél. : 01 43 50 24 16 LIVRY GARGAN
ISSY-LES-MOULINEAUX 32, Boulevard de Chanzy - 93190 LIVRY GARGAN
4 av. Jean-Jaurès - 92130 ISSY-LES-MOULINEAUX Tél. : 01 43 81 64 43
Tél. : 01 41 46 18 95 NEUILLY-PLAISANCE
LEVALLOIS-PERRET Magasin Optic 2000 - 29 avenue du Maréchal Foch
59 rue Aristide Briand - 92300 LEVALLOIS-PERRET 93360 NEUILLY-PLAISANCE
Tél. : 01 41 34 04 55 Tél. : 01 43 00 05 15
MALAKOFF NOISY-LE-GRAND
58 avenue Pierre Larousse - 92240 MALAKOFF 50 avenue Aristide Briand - 93160 NOISY-LE-GRAND
Tél. : 01 40 92 78 92 Tél. : 01 49 31 02 40
MONTROUGE NOISY-LE-GRAND
96 av. de la République - 92120 MONTROUGE 174 rue Pierre Brossolette - 93160 NOISY LE GRAND
Tél. : 01 55 48 01 65 Tél. : 01 43 05 86 87
NANTERRE NOISY-LE-SEC
26 rue Maurice Thorez - 92000 NANTERRE 3 place Jeanne d’Arc - 93130 NOISY-LE-SEC
Tél. : 01 47 29 93 06 Tél. : 01 48 45 69 69
NEUILLY ROSNY-SOUS-BOIS
9 rue Paul Chatrousse - 92200 NEUILLY 8 rue du Général Leclerc - 93110 ROSNY-SOUS-BOIS
Tél. : 01 47 47 02 07 Tél. : 01 45 28 02 03
PUTEAUX TREMBLAY
21-23 Bd Richard Wallace - 92800 PUTEAUX 6 bis av. Pasteur - 93290 TREMBLAY-EN-FRANCE
Tél. : 01 45 06 16 79 Tél. : 01 48 60 67 28
94 - VAL-DE-MARNE 01 - AIN
CHARENTON AMBERIEU
109 rue de Paris - 94220 CHARENTON 18 rue Alexandre Bérard - 01500 AMBERIEU
Tél. : 01 43 96 96 87 Tél. : 04 74 34 57 99
CHENNEVIERES BELLEGARDE
Centre Commercial Carrefour de Pince-Vent 5 rue Bertola - 01200 BELLEGARDE
94430 CHENNEVIERES-SUR- MARNE Tél. : 04 50 56 03 40
Tél. : 01 45 76 72 37
BELLEY
KREMLIN-BICETRE 16 Grande Rue - 01300 BELLEY
46 av. de Fontainebleau - 94270 LE KREMLIN-BICETRE Tél. : 04 79 42 19 89
Tél. : 01 43 90 11 07
BOURG-EN-BRESSE
LA VARENNE
12-14 rue Bernard - 01000 BOURG-EN-BRESSE
76 bis av. du Bac - 94210 LA VARENNE-ST-HILAIRE
Tél. : 04 74 24 70 95
Tél. : 01 55 12 13 33
LAGNIEU
LE PERREUX-SUR-MARNE
2 rue Charles de Gaulle - 01150 LAGNIEU
74 bis avenue Ledru Rollin - 94170 LE PERREUX-SUR-MARNE
Tél. : 04 74 36 44 59
Tél. : 01 53 48 15 15
MASSIEUX
MAISONS ALFORT
Rue Lindberg - 01600 MASSIEUX
34 avenue de la République - 94700 MAISONS ALFORT
Tél. : 04 78 28 39 06
Tél. : 01 43 75 12 00
NOGENT OYONNAX
66 Grande Rue Charles de Gaulle - 94130 NOGENT-SUR-MARNE 21 rue Michelet - 01100 OYONNAX
Tél. : 01 48 76 89 22 Tél. : 04 74 77 69 34
SAINT-MAUR 02 - AISNE
139 bd de Champigny - 94210 LA VARENNE-ST-HILAIRE
Tél. : 01 42 83 11 11 LAON
3 rue Roger Salengro - 02000 LAON
SUCY-EN-BRIE
Tél. : 03 23 79 84 84
1/3 place de la Gare - 94370 SUCY-EN-BRIE
Tél. : 01 45 90 31 36 SOISSONS
6 rue de la Buerie - 02200 SOISSONS
95 - VAL-D’OISE Tél. : 03 23 76 25 12
EAUBONNE
7 rue Cristino Garcia - 95600 EAUBONNE
03 - ALLIER
Tél. : 01 39 59 06 63 LAPALISSE
7 Rue Winston Churchill - Optique SOLLIER
ENGHIEN ARRIVEE
7 rue de l’arrivée - 95880 ENGHIEN LES BAINS 03120 LAPALISSE
Tél. : 04 70 99 04 33
Tél. : 01 34 28 56 26
ENGHIEN CENTRE MONTLUÇON
4 rue Robert Schuman - 95880 ENGHIEN-LES-BAINS 10 av Jules Ferry - 03100 MONTLUÇON
Tél. : 01 34 12 01 54 Tél. : 04 70 28 25 18
ERMONT MOULINS
18 rue de l’église - 95120 ERMONT 58 place d’Allier - 03000 MOULINS
Tél. : 01 30 72 12 55 Tél. : 04 70 20 53 45
PONTOISE VICHY
30 rue Thiers - 95300 PONTOISE 32 Avenue du Président Doumer - 03200 VICHY
Tél. : 01 30 73 64 23 Tél. : 04 70 97 99 16
04 - ALPES-DE-HAUTE-PROVENCE MANDELIEU
391 avenue de Cannes - Les Glycines - 06210 MANDELIEU
CHATEAU-ARNOUX Tél. : 04 93 49 75 26
3 Place Pechiney - chez Lu.Net
04160 CHATEAU ARNOUX ST AUBAN NICE CALIFORNIE
Tél. : 04 92 62 13 98 39 av. de la Californie - 06200 NICE
Tél. : 04 92 09 97 46
DIGNE
15 Bd Gassendi - 04000 DIGNE-LES-BAINS NICE GRIMALDI
Tél. : 04 92 34 71 52 22 rue du Maréchal Joffre - 06000 NICE
Tél. : 04 93 87 90 86
DIGNE CC
ZI St-Christophe - Centre Commercial Pharmacie Carrefour NICE MALAUSSENA
04000 DIGNE-LES-BAINS 1 av. Malaussena - 06000 NICE
Tél. : 04 92 34 71 52 Tél. : 04 93 80 82 75
FORCALQUIER NICE PORT
8 Place du Bourguet - 04300 FORCALQUIER 4 bd Carnot - 06300 NICE
Tél. : 04 92 79 35 76 Tél. : 04 93 26 78 78
ORAISON
07 - ARDECHE
1 Bd des Frères Jaumary - 04700 ORAISON
Tél. : 04 92 75 92 10 ANNONAY
11 Rue Sadi Carnot - 07100 ANNONAY
SISTERON
Tél. : 04 75 67 58 01
8 avenue Jean Jaurès - 04200 SISTERON
Tél. : 04 92 62 61 87 AUBENAS
2 bd de Vernon - 07200 AUBENAS
05 - HAUTES-ALPES Tél. : 04 75 35 20 00
BRIANÇON GUILHERAND-GRANGES
Le Lunettier - 2 rue centrale - 05100 BRIANÇON 227 av. de la République
Tél. : 04 92 45 89 31 07500 GUILHERAND-GRANGES
EMBRUN Tél. : 04 75 81 49 65
Optique Collomb - 17 rue C. Hughues - 05200 EMBRUN LE TEIL
Tél. : 04 92 21 93 11 69 rue de la République - 07400 LE TEIL
GAP Tél. : 04 75 98 59 47
Le Neptune - 140 bd Georges Pompidou - 05000 GAP LES VANS
Tél. : 04 92 21 12 43 30 place Léopold Ollier - 07140 LES VANS
Tél. : 04 75 37 90 44
06 - ALPES-MARITIMES
PRIVAS
ALBERT 1ER
1 rue de la République - 07000 PRIVAS
Le Montecarlo - 3 boulevard Albert 1er - 06600 ANTIBES
Tél. : 04 75 30 68 44
Tél. : 04 93 34 72 79
ANTIBES WILSON 10 - AUBE
24 bd Wilson - 06600 ANTIBES TROYES
Tél. : 04 93 67 33 97 45 bd du 14 Juillet - 10000 TROYES
CAGNES-SUR-MER Tél. : 03 25 73 08 11
11 rue de l’Hôtel-de-Ville - 06800 CAGNES-SUR-MER
SAINTE SAVINE
Tél. : 04 93 22 83 69
27 Bis Avenue Galliéni - 10300 STE SAVINE
CANNES LA BOCCA Tél. : 03 25 71 93 25
Rce de l’Esterel - 118 av. F. Tonner - 06150 CANNES
Tél. : 04 92 97 21 63 11 - AUDE
CANNES SERBES CARCASSONNE
46 rue des Serbes - 06400 CANNES 124 rue de Verdun - 11000 CARCASSONNE
Tél. : 04 93 38 10 11 Tél. : 04 68 47 93 33
JUAN-LES-PINS CASTELNAUDARY
6 bis av. de l’Estérel - 06160 JUAN-LES-PINS 8 rue du 11 Novembre - 11400 CASTELNAUDARY
Tél. : 04 92 93 14 74 Tél. : 04 68 23 13 33
LEZIGNAN MARSEILLE CANTINI
45 av. du Maréchal Foch - 11200 LEZIGNAN 45 av. Jules Cantini - 13006 MARSEILLE
Tél. : 04 68 27 24 52 Tél. : 04 91 32 30 50
LIMOUX MARSEILLE CHAVE
53 rue Jean-Jaurès - 11300 LIMOUX 77 boulevard Chave - 13005 MARSEILLE
Tél. : 04 68 31 34 88 Tél. : 04 91 47 40 92
NARBONNE MARSEILLE ENDOUME
32 quai Vallière - 11100 NARBONNE 109 rue d’Endoume - 13007 MARSEILLE
Tél. : 04 68 65 17 30 Tél. : 04 91 44 71 87
PORT-LA-NOUVELLE MARSEILLE GAMBETTA
183 rue Jean-Jaurès - 11210 PORT-LA-NOUVELLE
61 allée Léon Gambetta - 13001 MARSEILLE
Tél. : 04 68 48 43 20
Tél. : 04 95 04 32 73
12 - AVEYRON MARSEILLE LA GAVOTTE
MILLAU 112 avenue François Mitterrand
14 Bd de l’Ayrolle - 12100 MILLAU La Gavotte 13170 LES PENNES MIRABEAU
Tél. : 05 65 60 42 15 Tél. : 04 91 51 73 02
LAMBALLE LE NEUBOURG
17 rue du Val - 22400 LAMBALLE 46 rue du Général de Gaulle - 27110 LE NEUBOURG
Tél. : 02 96 31 79 54 Tél. : 02 32 35 03 08
PLERIN LOUVIERS
Espace du Château d’Eau - 4 A rue Pierre et Marie Curie 6 rue du Sornier - 27400 EVREUX
22190 PLÉRIN Tél. : 02 32 59 14 98
Tél. : 02 96 76 72 18 PONT-AUDEMER
4 Place du Pont d’Etain - 27500 PONT-AUDEMER
25 - DOUBS Tél. : 02 32 20 15 25
AUDINCOURT
58 Grande Rue - Chez Optique ERARD - 25400 AUDINCOURT 28 - EURE-ET-LOIR
Tél. : 03 81 35 52 72 CHARTRES
BESANÇON CENTRE 6 rue Chanzy - 28000 CHARTRES
82 Grande Rue - 25000 BESANÇON Tél. : 02 37 36 03 36
Tél. : 03 81 82 01 05 COURVILLE
BESANÇON LAFAYETTE 41 rue Carnot
8 rue Alfred-de-Vigny - 25000 BESANÇON 28190 COURVILLE-SUR-EURE
Tél. : 03 81 41 69 80 Tél. : 02 37 36 87 60
SAINT-VIT EPERNON
1 rue Charles de Gaulle - Chez Saint-Vit Optic 23 rue des Grands Moulins - ZAC de la Savonnière
25410 SAINT-VIT 28230 EPERNON
Tél. : 03 81 87 72 06 Tél. : 02 37 23 03 88
26 - DRÔME 29 - FINISTERE
BOURG LES VALENCE CONCARNEAU
4 Avenue Jean Moulin - C.C. Le Cyrano 75 Avenue Alain LELAY - 29900 CONCARNEAU
26500 BOURG LES VALENCE Tél. : 02 98 60 41 89
Tél. : 04 75 85 62 28 QUIMPER
NYONS 35 bis avenue de la gare - 29000 QUIMPER
42 av. Henri Rochier - 26110 NYONS Tél. : 02 98 90 72 38
Tél. : 04 75 26 33 12
30 - GARD
PIERRELATTE
8 bd Maréchal Juin - 26700 PIERRELATTE LA CALMETTE
Tél. : 04 75 96 31 26 3 ZAC du Petit Verger - 30190 LA CALMETTE
Tél. : 04 66 57 62 93
PORTES-LÈS-VALENCE
53 rue Jean Jaurès - 26800 PORTES-LÈS-VALENCE LANGLADE
Tél. : 04 75 83 00 12 CD 40 - Route Sommières - 30980 LANGLADE
Tél. : 04 66 81 69 14
ROMANS
39 rue Pierre Sémard - 26100 ROMANS-SUR-ISERE NIMES CENTRE
Tél. : 04 75 05 07 90 6 Bd Amiral Courbet - 30000 NIMES
Tél. : 04 66 67 99 33
VALENCE
21 rue Chevandier - 26000 VALENCE NIMES JEAN JAURES
Tél. : 04 75 41 32 02 49 av. Jean Jaurès - 30900 NIMES
Tél. : 04 66 36 29 14
27 - EURE QUISSAC
BERNAY Route de sauve - Zone commerciale Intermarché
5 bis rue Albert Parissot - 27300 BERNAY 30260 QUISSAC
Tél. : 02 32 44 66 88 Tél. : 04 66 73 35 74
BRIONNE SAINT HIPPOLYTE DU FORT
18 place Frémont des Essarts - 27800 BRIONNE 9 Bd des Remparts - 30170 SAINT HIPPOLYTE DU FORT
Tél. : 02 32 44 45 10 Tél. : 04 66 77 31 01
SOMMIÈRES SAINTE FOY LA GRANDE
4, impasse de la Malautière - 30250 SOMMIERES 18 rue de la République - 33220 SAINTE FOY LA GRANDE
Tél. : 04 66 35 50 64 Tél. : 05 57 41 37 44
VAUVERT 34 - HERAULT
Naval Optique - 23 rue de la République - 30600 VAUVERT
Tél. : 04 66 88 48 50 AGDE
14 rue Jacques Chaban Delmas - 34300 AGDE
31 - HAUTE-GARONNE Tél. : 04 67 94 77 48
AUTERIVE BALARUC
1 rue des Palmiers - 31190 AUTERIVE Europtical - Z.C. Balaruc Loisirs - 34450 BALARUC-LE-VIEUX
Tél. : 05 61 50 73 38 Tél. : 04 67 78 71 64
L’UNION BEZIERS
1 allée des Nymphéas - 31240 L’UNION 114 av. G. Clémenceau - 34500 BEZIERS
Tél. : 05 61 38 75 44 Tél. : 04 67 30 76 79
MURET CLAPIERS
20 av. Jacques Douzans - 31600 MURET Centre Commercial La Croisée - av. de l’Europe
Tél. : 05 61 56 44 33 34830 CLAPIERS
Tél. : 04 99 62 05 08
TOULOUSE
31 allée Jean Jaurès - 31000 TOULOUSE CLERMONT-L’HERAULT
Tél. : 05 61 99 33 33 18 av. de Montpellier Centre Commercial
34800 CLERMONT L’HERAULT
TOULOUSE PATTE D’OIE Tél. : 04 67 96 34 54
17 avenue de Grande Bretagne - 31300 TOULOUSE
Tél. : 05 34 28 12 03 LA GRANDE MOTTE
28 Place Saint-Exupéry - Immeuble les Argonautes
33 - GIRONDE 34280 LA GRANDE MOTTE
Tél. : 04 67 29 85 00
BLAYE
4 cours de Lattre de Tassigny - 33390 BLAYE LATTES
Tél. : 05 57 42 08 65 Forum Médica - Rond-Point de l’Europe - 34970 LATTES
Tél. : 04 67 64 80 78
BORDEAUX ALBERT 1ER
15 Boulevard Albert 1er - 33800 BORDEAUX LUNEL
Tél. : 05 56 49 74 92 C. Cial Les Portes-de-la-Mer - Chez Optical Discount
34400 LUNEL
BORDEAUX BASTIDE Tél. : 04 67 91 00 55
51 avenue Thiers - 33100 BORDEAUX
Tél. : 05 57 54 49 94 MEZE
12 rue Paul Enteric - 34140 MEZE
BORDEAUX BURGUET Tél. : 04 67 94 77 48
15 rue Jean Burguet - 33000 BORDEAUX
Tél. : 05 56 91 93 69 MONTFERRIER
320, Allée des Vignes - Zone Médicale de Fescau
BORDEAUX CAUDERAN 34980 MONTFERRIER-SUR-LEZ
6 rue Bellus Mareilhac Tél. : 04 67 86 35 29
33200 BORDEAUX CAUDERAN
MONTPELLIER ESTANOVE
Tél. : 05 56 08 45 87
CC Collines Estanove - 1 rue Escoutadou
BORDEAUX FONDAUDÈGE 34070 MONTPELLIER
45 rue Fondaudège - 33000 BORDEAUX Tél. : 04 67 69 04 07
Tél. : 05 56 44 89 93
MONTPELLIER LES ARCEAUX
LESPARRE 15 Ter av. d’Assas - 34000 MONTPELLIER
31 rue Jean-Jacques-Rousseau - 33340 LESPARRE Tél. : 04 67 52 50 42
Tél. : 05 56 41 89 07
MONTPELLIER SAINT DENIS
LIBOURNE 4 rue Grand Saint-Jean - 34000 MONTPELLIER
62 rue de Fonneuve - 33500 LIBOURNE Tél. : 04 67 92 87 20
Tél. : 05 57 55 05 12
SAINT-JEAN-DE-VEDAS
MERIGNAC Résidence Les Terrasses de Saint-Jean
3 av de la Libération - 33700 MERIGNAC 74 esp de l’Ortet - 34430 SAINT-JEAN-DE-VEDAS
Tél. : 05 56 97 51 54 Tél. : 04 67 69 12 75
SETE ECHIROLLES
14 bis, Rue voltaire - BP 155 - 34203 SETE cedex 46 av. du 8 Mai 1945 - 38130 ECHIROLLES
Tél. : 04 67 74 00 00 Tél. : 04 76 09 80 80
THEZAN LES BEZIERS FONTAINE
OPTIKO - Centre Commercial Super U 58 av. Aristide Briand - 38600 FONTAINE
34490 THEZAN LES BEZIERS Tél. : 04 76 26 01 01
Tél. : 04 67 30 76 79
GRENOBLE BOUGET
35 - ILLE-ET-VILAINE 14 bd Maréchal Foch - 38000 GRENOBLE
Tél. : 04 76 46 27 27
BAIN DE BRETAGNE
27 rue des Estuaires - 35470 BAIN DE BRETAGNE GRENOBLE CENTRE
Tél. : 02 99 44 23 81 2 rue du Docteur Bailly - 38000 GRENOBLE
Tél. : 04 76 17 04 67
COMBOURG
24 bd du Mail - 35270 COMBOURG LA COTE SAINT-ANDRE
Tél. : 02 99 73 14 66 61 rue de la République - 38260 LA COTE SAINT-ANDRE
DINARD Tél. : 04 74 84 58 19
Place Rochaïd - 35800 DINARD LA TOUR-DU-PIN
Tél. : 02 99 16 38 28 30 rue Aristide Briand - 38110 LA TOUR-DU-PIN
FOUGERES Tél. : 04 37 05 03 28
22, Rue du Tribunal - 35300 FOUGÈRES LA VERPILLIERE
Tél. : 02 23 51 03 92 53 rue de la République - 38290 LA VERPILLIERE
RENNES LORIENT Tél. : 04 74 82 78 91
2 Bis rue de Lorient - 35000 RENNES LE PONT-DE-BEAUVOISIN
Tél. : 02 99 38 24 24
22 Place du Professeur Trillat - 38480 LE PONT-DE-BEAUVOISIN
RENNES-FOUGÈRES Tél. : 04 76 32 81 62
221 rue de Fougères - 35700 RENNES
MEYLAN
Tél. : 02 99 27 76 22
42 av. de la Plaine Fleurie - 38240 MEYLAN
RENNES-JOFFRE Tél. : 04 76 18 03 03
22 rue Maréchal Joffre - 35000 RENNES
Tél. : 02 99 67 23 33 RIVES
47 rue de la République - 38140 RIVES
SAINT-MALO Tél. : 04 76 06 40 59
21-23 Avenue Jean Jaurès - 35400 SAINT-MALO
Tél. : 02 99 40 36 10 SAINT-MARCELLIN
16 Grande Rue - 38160 SAINT-MARCELLIN
SAINT-MEEN-LE-GRAND
Tél. : 04 76 36 22 63
4 pl. de la Mairie - 35290 SAINT-MEEN-LE-GRAND
Tél. : 02 99 09 49 66 VOIRON
11 Place de la République - 38500 VOIRON
VITRE
Tél. : 04 76 65 91 81
14 rue de la Liberté - 35500 VITRE
Tél. : 02 99 74 43 57
39 - JURA
38 - ISERE ARBOIS
BEAUREPAIRE 47 Grande rue - 39600 ARBOIS
45 rue de la République - 38270 BEAUREPAIRE Tél. : 03 84 66 06 64
Tél. : 04 74 84 66 87 CHAMPAGNOLE
BOURGOIN 72 av de la République - 39300 CHAMPAGNOLE
Immeuble Le Kerylos BP 87 Tél. : 03 84 52 34 51
21 av. Maréchal Leclerc - 38303 BOURGOIN DÔLE
Tél. : 04 74 28 03 07 22 bd Wilson - 39100 DÔLE
BOURGOIN 2 Tél. : 03 84 82 46 11
9 rue du 19 Mars 1962 - 38300 BOURGOIN JALLIEU
Tél. : 04 74 93 54 73 40 - LANDES
CREMIEU CAPBRETON
5, rue Porcherie - 38460 CREMIEU Rue Larrat - Place de la Gare - 40130 CAP BRETON
Tél. : 04 74 83 42 89 Tél. : 05 58 41 61 76
DAX 43 - HAUTE-LOIRE
7 rue Saint-Vincent - 40100 DAX
BRIOUDE
Tél. : 05 58 74 91 08
22 rue Jules Maigne - 43100 BRIOUDE
MONT-DE-MARSAN Tél. : 04 71 74 97 65
122 Bd de la République - 40000 MONT-DE-MARSAN PUY-EN-VELAY
Tél. : 05 58 75 38 30 33 place du Breuil - 43000 LE PUY-EN-VELAY
SOUSTONS Tél. : 04 71 01 00 00
10 rue Emile Nougaro - 40140 SOUSTONS
44 - LOIRE-ATLANTIQUE
Tél. : 05 58 41 56 52
50 OTAGES
ST MARTIN DE SEIGNANX 8, allée Dusquesne - Cours des 50 Otages - 44000 NANTES
88 rue Marie Curie - 40390 ST MARTIN DE SEIGNANX Tél. : 02 40 74 71 38
Tél. : 05 59 31 06 66
ANCENIS
ST VINCENT DE TYROSSE 19 place Francis Robert - 44150 ANCENIS
1 Place du Foirail - 40230 ST VINCENT DE TYROSSE Tél. : 02 40 83 11 38
Tél. : 05 58 77 26 57 LA BAULE
TARNOS 25, avenue des Pétrels - 44500 LA BAULE
40 Bd Jacques Duclos - 40220 TARNOS Tél. : 02 40 15 41 40
Tél. : 05 59 64 97 46 NANTES JULES VERNE
125 boulevard Jules Verne - 44000 NANTES
42 - LOIRE Tél. : 02 51 85 38 50
ANDREZIEUX – BOUTHEON NANTES-SAINTE-THERESE
10 avenue de Saint-Etienne - 42160 ANDREZIEUX BOUTHEON 4 route de Vannes - 44100 NANTES
Tél. : 04 77 55 80 81 Tél. : 02 40 20 06 06
BALBIGNY SAINT NAZAIRE
14 rue de la République - 42510 BALBIGNY 83 Avenue Albert de Mun - 44600 ST NAZAIRE
Tél. : 04 77 26 57 74 Tél. : 02 40 42 55 51
FIRMINY SAINT-SEBASTIEN-SUR-LOIRE
16 place du Breuil - 42700 FIRMINY 119 route de Clisson - 44230 SAINT-SEBASTIEN-SUR-LOIRE
Tél. : 02 40 31 59 21
Tél. : 04 77 56 01 34
MONTBRISON 47 - LOT-ET-GARONNE
10 rue Notre-Dame - 42600 MONTBRISON AGEN
Tél. : 04 77 58 10 05 43 boulevard de la République - 47000 AGEN
RENAISON Tél. : 05 53 47 38 56
554 rue du Collège - 42370 RENAISON CASTELJALOUX
Tél. : 04 77 87 43 04 Optique Surdité Martin - 60 Grande Rue - 47700 CASTELJALOUX
Tél. : 05 53 93 08 01
ROANNE FOCH
72 rue Maréchal Foch - 42300 ROANNE MARMANDE
Tél. : 04 77 70 01 56 68 rue de la République - 47200 MARMANDE
Tél. : 05 53 89 23 00
ROANNE PROMENADES
VILLENEUVE-SUR-LOT
4 place des Promenades - 42300 ROANNE
2 boulevard Palissy - 47300 VILLENEUVE-SUR-LOT
Tél. : 04 77 71 10 30
Tél. : 05 53 01 45 45
SAINT-CHAMOND
7 place de la Liberté - 42400 SAINT-CHAMOND 49 - MAINE-ET-LOIRE
Tél. : 04 77 19 96 96 CANDE
25 rue Carnot - 49440 CANDE
SAINT-ETIENNE
Tél. : 02 41 26 38 42
1 place Dorian - 42000 SAINT-ETIENNE
Tél. : 04 77 32 17 20 51 - MARNE
VEAUCHE EPERNAY
Centr’Optique Surdité - Place de l’Europe - 42340 VEAUCHE 16 rue du Général Leclerc - 51200 EPERNAY
Tél. : 04 77 61 15 68 Tél. : 03 26 51 75 51
SEZANNE DECIZE
68 place de la République - 51120 SEZANNE 33 rue de la République - 58300 DECIZE
Tél. : 03 26 80 54 36 Tél. : 03 86 50 85 96
COSNE-COURS-SUR-LOIRE SECLIN
14 bd de la République - 58200 COSNE-COURS-SUR LOIRE 4 rue Roger Bouvry - 59113 SECLIN
Tél. : 03 86 26 66 06 Tél. : 03 20 58 50 87
STEENVOORDE CLERMONT-FERRAND
FLANDROPTIQUE - 6 rue de l’église - 59114 STEENVOORDE 74 avenue de la République - 63100 CLERMONT-FERRAND
Tél. : 03 28 41 27 14 Tél. : 04 73 74 63 63
TOURCOING COURNON D’AUVERGNE
1 place Victor Hassebroucq - 59200 TOURCOING 50 bis avenue de la Libération - 63800 COURNON D’AUVERGNE
Tél. : 03 20 36 48 61 Tél. : 04 73 84 48 81
VILLENEUVE-D’ASCQ ISSOIRE
115 rue des Fusillés - 59650 VILLENEUVE-D’ASCQ 5 rue de la Place d’Espagne - 63500 ISSOIRE
Tél. : 03 20 34 00 84 Tél. : 04 73 89 01 47
RIOM
60 - OISE 40 place Jean-Baptiste Laurent - 63200 RIOM
COMPIÈGNE Tél. : 04 73 33 12 14
21 rue des Domeliers - 60200 COMPIÈGNE THIERS
Tél. : 03 44 38 08 88 Galerie-des-Molles - C. Cial Leclerc - 63300 THIERS
Tél. : 04 73 80 18 04
61 - ORNE
ARGENTAN 64 - PYRENEES-ATLANTIQUES
3 rue Etienne Panthou - 61200 ARGENTAN BIARRITZ
Tél. : 02 33 39 81 39 5 rue Larralde - 64200 BIARRITZ
Tél. : 05 59 22 16 64
62 - PAS-DE-CALAIS
PAU CHARLES DE GAULLE
ARRAS 13/15 av. de Charles de Gaulle - 64000 PAU
64 Place des Héros - 62000 ARRAS Tél. : 05 59 27 70 77
Tél. : 03 21 51 77 34
SAINT-JEAN-DE-LUZ
BERCK SUR MER 3 av. de Verdun - 64500 SAINT-JEAN-DE-LUZ
Le Clos Boucanier - 3 avenue du 8 mai 1945 Tél. : 05 59 51 14 95
62600 BERCK SUR MER
Tél. : 03 21 84 79 32 65 - HAUTES-PYRENEES
BILLY-MONTIGNY TARBES
58 rue Jean Jaurès - Chez Optique de la Gohelle 6 avenue de la Marne - 65000 TARBES
Place du Marché - 62420 BILLY-MONTIGNY Tél. : 05 62 33 70 84
Tél. : 03 21 20 46 02
66 - PYRENEES-ORIENTALES
BOULOGNE SUR MER
CERET
18 Rue de la Lampe - 62200 BOULOGNE SUR MER
Résidence Tinssimo, bd Simon Battle - 66400 CERET
Tél. : 03 21 31 72 79
Tél. : 04 68 55 56 79
BRUAY LA BUISSIERE
ILLE-SUR-TET
592 avenue de la Libération - 62700 BRUAY LA BUISSIERE
Optique Perrin - 10 avenue Jean Jaurès - 66130 ILLE-SUR-TET
Tél. : 03 21 01 44 89
Tél. : 04 68 50 12 82
CUCQ PERPIGNAN
62 avenue François Godin - 62780 CUCQ Médipol - 8 rue Madeleine Bres - 66330 CABESTANY
Tél. : 03 21 84 79 32 Tél. : 04 68 59 62 99
MARQUISE
Le Clos Sainte-Barbe - 10 rue Sainte-Barbe - 62250 MARQUISE 67 - BAS-RHIN
Tél. : 03 21 30 32 18 ERSTEIN
3 rue Mercière - 67150 ERSTEIN
63 - PUY-DE-DÔME Tél. : 03 88 52 15 65
AMBERT ILLKIRCH
2 rue de la République - 63600 AMBERT 237 route de Lyon - 67400 ILLKIRCH
Tél. : 04 73 82 01 01 Tél. : 03 88 66 91 22
CHAMALIERES OBERNAI
16 avenue de Royat - 63400 CHAMALIERES 80 rue du Général Gouraud - 67210 OBERNAI
Tél. : 04 73 31 35 65 Tél. : 03 88 49 92 00
SAVERNE SAINT-SYMPHORIEN
4 Grande Rue - 67700 SAVERNE 43 Place Mezel - 69590 SAINT-SYMPHORIEN
Tél. : 03 88 71 09 34 Tél. : 04 78 44 53 04
SCHILTIGHEIM TARARE
20 rue des Pompiers - 67300 SCHILTIGHEIM 20 av. Charles de Gaulle - 69170 TARARE
Tél. : 03 88 83 91 66 Tél. : 04 74 05 06 20
STRASBOURG THIZY
46 avenue des Vosges - 67000 STRASBOURG 2 rue Perrin Frères - 69240 THIZY
Tél. : 03 88 22 07 57 Tél. : 04 74 64 10 17
STRASBOURG PEIROTES VILLEFRANCHE-SUR-SAONE
12 rue Jacques Peirotes - 67000 STRASBOURG 999 rue Nationale - 69400 VILLEFRANCHE
Tél. : 03 88 52 15 65 Tél. : 04 74 60 36 35
VILLEURBANNE
68 - HAUT-RHIN 167 cours Emile Zola - 69100 VILLEURBANNE
ALTKIRCH Tél. : 04 78 68 28 37
1 rue Charles De Gaulle - 68130 ALTKIRCH
Tél. : 03 89 40 20 66 71 - SAÔNE-ET-LOIRE
GUEBWILLER AUTUN
81 rue de la République 2 rue de Lattre-de-Tassigny - 71400 AUTUN
Optissimo - 68500 GUEBWILLER Tél. : 03 85 52 02 16
Tél. : 03 89 28 55 72
CHAUFFAILLES
MULHOUSE OPTIQUE-MASSON - 16 rue Centrale - 71170 CHAUFFAILLES
10 bd de l’Europe (face Tour de l’Europe) - 68100 MULHOUSE Tél. : 03 85 26 03 03
Tél. : 03 89 66 05 60
LE CREUSOT
69 - RHÔNE 73 rue Maréchal Foch -71200 LE CREUSOT
Tél. : 03 85 77 49 25
BRON
LOUHANS
150 av. Franklin Roosevelt - 69500 BRON
11 rue du Jura - 71500 LOUHANS
Tél. : 04 72 37 84 33
Tél. : 03 85 76 09 79
CROIX-ROUSSE
MACON
87 bd de la Croix-Rousse - 69004 LYON
333 rue Carnot - 71000 MACON
Tél. : 04 78 27 22 31
Tél. : 03 85 21 37 86
LYON BELLECOUR
16 rue de la Barre - 69002 LYON 73 - SAVOIE
Tél. : 04 78 37 44 20
AIX-LES-BAINS
LYON LAFAYETTE 11 avenue de Verdun - 73100 AIX-LES-BAINS
163 cours Lafayette - 69006 LYON Tél. : 04 79 34 05 68
Tél. : 04 72 74 42 00
ALBERTVILLE
LYON POINT-DU-JOUR 57 rue de la République - 73200 Albertville
50 av. du Point-du-Jour - 69005 LYON Tél. : 04 79 37 16 09
Tél. : 04 37 41 08 35
CHALLES
OULLINS 1331 Place de l’Europe - 73190 CHALLES-LES-EAUX
150 Grande Rue - 69600 OULLINS Tél. : 04 79 25 06 39
Tél. : 04 72 39 14 97
TERCINET CHAMBÉRY
SAINT BONNET 6 rue Saint Antoine - 73000 CHAMBERY
39 Route Nationale 6 - B. MANGON-OPTIC Tél. : 04 79 33 90 81
69720 SAINT BONNET DE MURE
TERCINET LA MOTTE
Tél. : 04 72 48 89 32
65 avenue Costa de Beauregard - 73290 LA MOTTE CERVOLEX
SAINT-FONS Tél. : 04 79 65 28 07
1 av. Gabriel Péri - 69190 SAINT-FONS
Tél. : 04 78 67 99 68 74 - HAUTE-SAVOIE
SAINT-PRIEST AMPHION COLOMBÉ
35 bd Herriot - 69800 SAINT-PRIEST 1052, Avenue de la Rive - Amphion les Bains - 74500 PUBLIER
Tél. : 04 78 21 53 26 Tél. : 04 50 17 44 43
ANNECY LAVAUR
15 rue du Président Favre - 74000 ANNECY 10 place du Vieux Marché - 81500 LAVAUR
Tél. : 04 50 57 79 67 Tél. : 05 63 58 32 33
ANNECY LE VIEUX
9 rue des Ecoles - 74940 ANNECY LE VIEUX
82 - TARN ET GARONNE
Tél. : 04 50 68 62 31 MONTAUBAN LACAPELLE
113 Faubourg Lacapelle - 82000 MONTAUBAN
ANNEMASSE
Tél. : 05 63 63 25 96
4 rue René Blanc - 74100 ANNEMASSE
Tél. : 04 50 38 27 09 NEGREPELISSE
6 av. Sadi Carnot - 82800 NEGREPELISSE
BONS COLOMBÉ
Tél. : 05 63 67 64 97
113, Avenue du Leman - 74890 BONS EN CHABLAIS
Tél. : 04 50 95 32 87 83 - VAR
CHAMONIX CARQUEIRANNE
34 rue du Docteur Paccard - 74400 CHAMONIX 19 place de la République - 83320 CARQUEIRANNE
Tél. : 04 50 53 52 55 Tél. : 04 94 57 93 59
CLUSES COGOLIN
13 bis rue François Curt - 74300 CLUSES 23 Quartier Subeiran - Centre AGORA - 83310 COGOLIN
Tél. : 04 50 18 09 23 Tél. : 04 94 53 41 96
DOUVAINE COLOMBÉ FREJUS
6, Avenue de Genève - 74140 DOUVAINE 53 rue Jean-Jaurès - 83600 FREJUS
Tél. : 04 50 82 43 15 Tél. : 04 94 17 14 61
RUMILLY HYERES
9 place Grenette - 74150 RUMILLY 12 av. des Îles d’Or - 83400 HYERES
Tél. : 04 50 64 58 98 Tél. : 04 94 42 02 88
SALLANCHES LA SEYNE-SUR-MER
88 av. de la Gare - 74700 SALLANCHES Les Sablettes Le Cardinal - 42 rue E. Manet
Tél. : 04 50 18 44 72 83500 LA SEYNE-SUR-MER
THONES Tél. : 04 94 30 55 25
5 allée François Cochat - 74230 THONES
LE PRADET
Tél. : 04 50 60 23 03
Le Caducée - 390 av. de la 1ère DFL - 83220 LE PRADET
76 - SEINE MARITIME Tél. : 04 94 21 66 25
ROCBARON
HARFLEUR
Zone artisanale du Fray Redon - 83136 ROCBARON
19 rue des 104 - 76700 HARFLEUR
Tél. : 04 94 86 88 39
Tél. : 02 35 49 33 60
SAINTE-MAXIME
LE HAVRE
32 av. Georges Clémenceau - 83120 SAINTE-MAXIME
10 rue du Maréchal Joffre - 76000 LE HAVRE
Tél. : 04 94 49 25 61
Tél. : 02 35 22 63 80
SAINT-RAPHAEL
LILLEBONNE
40 rue Léon Basso - 83700 SAINT-RAPHAEL
24 rue Gambetta - 76170 LILLEBONNE
Tél. : 04 94 83 09 15
Tél. : 02 35 39 79 72
SANARY-SUR-MER
80 - SOMME 14 place Albert Cavet - 83110 SANARY-SUR-MER
ALBERT Tél. : 04 94 74 39 91
20 rue Lamarck - 80300 ALBERT SOLLIES-PONT
Tél. : 03 22 75 62 01 Bât Le Liberté - 1 chemin de l’Enclos - 83210 SOLLIES-PONT
AMIENS Tél. : 04 94 13 09 65
5 place de l’Hôtel-de-Ville - 80000 AMIENS TOULON FOCH
Tél. : 03 22 91 86 60 Immeuble Le Concorde - 270 avenue Foch - 83000 TOULON
Tél. : 04 94 93 59 64
81 - TARN
TOULON LIBERTE
GRAULHET 185 place de la Liberté - 83000 TOULON
99 avenue Charles de Gaulle - 81300 GRAULHET Tél. : 04 94 92 69 35
Tél. : 05 63 40 47 58
TOULON MOURILLON 87 - HAUTE-VIENNE
av. du Maréchal de Lattre de Tassigny
Immeuble le Circaete - Rond Point Bazeilles BELLAC
83000 TOULON 19 place du Palais - 87300 BELLAC
Tél. : 04 94 36 67 14 Tél. : 05 55 60 24 44
TOURRETTES LIMOGES
Centre Médical - Quartier Tassy - 83440 TOURRETTES 19 place Manigne - 87000 LIMOGES
Tél. : 04 94 76 02 42 Tél. : 05 55 32 45 50
SAINT YRIEIX
84 - VAUCLUSE 8 rue du marché
AUBIGNAN 87500 SAINT-YRIEIX LA PERCHE
Guedes Médical Services - 24 ZAC des Bouteilles Tél. : 05 55 06 26 20
84810 AUBIGNAN SAINT-JUNIEN
Tél. : 04 90 62 75 02 4 rue Gabriel Péri - 87200 SAINT-JUNIEN
AVIGNON Tél. : 05 55 02 65 21
4 boulevard Saint-Michel - 84000 AVIGNON SAINT-LEONARD
Tél. : 04 90 82 03 83 24 rue Jean-Jaurès - 87400 SAINT-LEONARD
CAVAILLON Tél. : 05 55 56 35 87
18 cours Bournissac - Chez Atol les Opticiens
84300 CAVAILLON
88 - VOSGES
Tél. : 04 90 72 99 36 BRUYERES
LE PONTET 16 av. du Cameroun - 88600 BRUYERES
47 av. Charles de Gaulle - 84130 LE PONTET Tél. : 03 29 50 55 32
Tél. : 04 90 32 94 61 REMIREMONT
ORANGE 4 rue Charles de Gaulle - 88200 REMIREMONT
79 av. Charles de Gaulle - 84100 ORANGE Tél. : 03 29 26 59 86
Tél. : 04 90 34 76 76 SAINT DIE
PERTUIS 2-4 rue Dauphine - 88100 SAINT DIE DES VOSGES
260 cours de la République - 84120 PERTUIS Tél. : 03 29 56 04 05
Tél. : 04 90 79 54 54
89 - YONNE
SORGUES
AUXERRE
Résidence de l’Etoile - rue Roger Ricca - 84700 SORGUES
127 rue de Paris89000 AUXERRE
Tél. : 04 90 39 26 86
Tél. : 03 86 18 00 67
VAISON-LA-ROMAINE
AVALLON
12 av. Victor Hugo - 84110 VAISON-LA-ROMAINE
OPTIC 2000 - CENTRE VILLE - 3 Grande rue Aristide Briand
Tél. : 04 90 36 07 09
89200 AVALLON
85 - VENDEE Tél. : 03 86 34 36 09
3912
N°4
0 801 123 456
• Depuis 2002, en partenariat avec deux associations humanitaires,
0 801 123 456
0 801 123 456
0 801 123 456
1998
Portugal
France
Suisse
1999
USA
2000
Hollande 2002 2010 2014
Australie Israël
Canada 2013
Hongrie Nouvelle Zélande
2006 Inde Pologne
2003 2012
Egypte 2005 Royaume-Uni Luxembourg Turquie
Irlande 2009
Allemagne Belgique
www.amplifon.fr
1ÈRE ÉTAPE – BILAN D’ORIENTATION PROTHÉTIQUE
Parcours Personnalisé Amplifon
✓ Analyse du profil médical selon le bilan ORL (prescription et
d’Adaptation de l’Appareillage Auditif audiogramme)
✓ Information pédagogique – Bibliothèque- d’informations
Amplifon
✓ Evaluation de la gêne et analyse des besoins auditifs au quotidien
- Ampliquestionnaire n°1
✓ Evaluation du niveau de bruit acceptable par le patient - Test ANL
✓ Choix de la gamme avec Amplisolutions et choix de l’aide
auditive grâce aux Outils COTECH
✓ Accompagnement dans les démarches administratives
CYCLE PÉRIODIQUE D’UN APPAREILLAGE AUDITIF 1à2
vis ✓ Prise d’empreinte selon la solution auditive
ite
s
2ÈME ÉTAPE – ESSAI
RENOUVELLEMENT
✓ Contrôle, ajustement et réglage de la solution auditive
DE L’APPAREILLAGE AUDITIF
2à
✓ Initiation à l’utilisation et à l’entretien de la solution auditive
3v
✓P
rêt gratuit de la solution auditive neuve et personnalisée
isi
1
pendant la 1ère semaine
è re
tes
✓B
ilan de la 1ère semaine et ajustement des réglages
✓P
rêt gratuit pendant la 2ème semaine
année
années
PENDANT LA DURÉE DE VIE
3ÈME ÉTAPE – ÉQUIPEMENT
DE LA SOLUTION AUDITIVE
✓B
ilan de la période d’essai
suiv
VISITES ILLIMITÉES ET GRATUITES*
e
a
1 v i s it
✓C
ontrôle, ajustement, réglage
v i s i te s i l l i m
✓A
cquisition de la solution auditive
te
i
s
t
✓S
uivi prothétique – Passeport de l’Audition ✓A
ide à la finalisation des démarches administratives
é
✓L
e patient peut se présenter autant de ✓R
emise du Passeport de l’Audition nécessaire au suivi
e s
fois qu’il le souhaite et pour tout motif prothétique
(nettoyage, contrôle, réglage, adaptation, 3 ✓E
nvoi de l’Amplicompte-rendu au médecin ORL
réparation, …)
à
4
✓V
isite de contrôle conseillée tous les
vis
ite
trimestres (minimum obligatoire 2 fois par
s
an). 4ÈME ÉTAPE – ADAPTATION
✓L
’audioprothésiste conseille une visite chez
✓V
isite d’adaptation à 1,5 mois après l’acquisition
l’ORL chaque année.
et évaluation du bénéfice perçu au quotidien –
Ampliquestionnaire n° 2 (Bénéfice Appareillage)
✓S
uivi prothétique à 3 mois, 6 mois et 12 mois –
*En moyenne chez Amplifon, comptez entre 10 et 15 visites sur 5 ans Passeport de l’Audition
Secteurs commerciaux
PARIS, IDF EST
Alexandre Carré 95
06 15 10 18 42
alexandre.carre@amplifon.com 93
78 92 75
94
77
IDF OUEST 91
Patrick Nzeza
06 24 35 09 54
patrick.nzeza@amplifon.com
NORD EST
Jean-François Mouraux 62
06 24 26 42 62 59
jeanfrancois.mouraux@amplifon.com 80
76 02 08
60
NORD OUEST 50 14 27 51 55 57
61 54 67
Julien Agenais 29
22
35 28 10
06 13 76 11 20 53 88
julien.agenais@amplifon.com 56 72 52 68
45 89 70 90
44 49 41 21
37 25
RHÔNES ALPES 18 58
Franck Piot 85 36 71 39
79 86 03
06 30 27 55 29 74
franck.piot@amplifon.com 23 01
17 87 63 42 69
16 73
19 38
SUD OUEST 24 15 43
Patrick Daraignes 33 26 05
46 48 07
06 12 06 57 93 47 12
patrick.daraignes@amplifon.com 82 30 84 04 06
40 81
32 34 13
31 83
64
SUD EST 11 2a
65 09
Lionel Negre 66 2b
06 12 04 49 74
lionel.negre@amplifon.com
Responsable du Département
Pierre de Trentinian : 01 49 85 40 36 - pierre.detrentinian@amplifon.com
Service Commercial
Nathalie Burgot : 01 49 85 40 40 - orl.fr@amplifon.com
Service Technique
Tél. : 01 49 85 40 70 - sav.fr@amplifon.com
Responsable : Hervé Poncey - herve.poncey@amplifon.com
Nouvel impédancemètre Zodiac
Légèreté,
simplicité,
rapidité…
Sentez la différence !
• U
ne solution révolutionnaire pour effectuer et réussir vos tests de
tympanométrie en toute confiance.
• Pour s’adapter à vos besoins, 3 déclinaisons du Zodiac vous sont proposées:
Quick, Diagnostic et Clinical.
• Possibilité d’avoir une imprimante intégrée et de connecter 2 sondes à la
fois.
• Des sondes réactives et légères : - 50%
plus légères par rapport aux sondes
classiques !
• Examens facilités avec les leds sur les
sondes et bip sonores d’utilisation.
Module EndoCompact
L’alternative parfaite pour intégrer tous les outils ORL :
vidéolaryngoscope, otoscope, caméra, source LED,
stoboscopie intégrée, solution de gestion et d’archivage
de vos données intégrée
* Garantie 2 ans pièces et main d’œuvre sur site incluse pour les modèles 20010398 et 20010400
… Amplifon
lance la gaine pour nasofibroscopes à : 5,99
E TTC
• Plus sûr : Pour ne plus risquer d’oublier son nasofibroscope dans le liquide !
• Plus rapide : Pour en disposer à tout moment immédiatement !
• P
our respecter la réglementation en vigueur*: Pour éviter l’acide per-acétique et l’immersion
totale de rigueur et donc plus économique au final lorsque la gaine revient à 5,99 € TTC !
Prix public Promotion Amplifon
Modèle de nasofibroscope référence
(boîte de 50 gaines) (boîte de 50 gaines)
PENTAX FNL 10RP3, 10RBS 440.00 € TTC 299,50 € TTC
20000421
VS ENT 2000/3000 et XION EV-NC (8,80 € /gaine) (soit 5,99 € /gaine)
440.00 € TTC 299,50 € TTC
OLYMPUS ENF-P4, ENF-GP 20001516
(8,80 € /gaine) (soit 5,99 € /gaine)
440.00 € TTC 299,50 € TTC
PENTAX FNL 7RP3 20000877
(8,80 € /gaine) (soit 5,99 € /gaine)
STORZ 11101RP1
440.00 € TTC 299,50 € TTC
STORZ 11101RP2 20000881
(8,80 € /gaine) (soit 5,99 € /gaine)
(non compatible RP)
MACHIDA ENT-30P 440.00 € TTC 299,50 € TTC
20000882
MACHIDA ENT-3L (8,80 € /gaine) (soit 5,99 € /gaine)
440.00 € TTC 299,50 € TTC
XION EF-N ADULTE 20001708
(8,80 € /gaine) (soit 5,99 € /gaine)
440.00 € TTC 299,50 € TTC
XION EF-N SLIM 20001709
(8,80 € /gaine) (soit 5,99 € /gaine)
* le rapport du Haut Conseil de la Santé Publique du 14 décembre 2007 valide l’utilisation des gaines à UU pour les actes d’endoscopies sans canal
opérateur comme alternative à la procédure usuelle de décontamination
Profitez de la
référence dans le
domaine du VHIT :
• C
améra haute fréquence (250 Hz) avec
capteur de mouvement à 9 axes
• L
unettes de 60 grammes avec lasers
intégrés
• 3
modules :
- module vidéonystagmoscopie (VNS) offert !
- module VPPB
- module oculomoteur
alimentation sans
indice de rendu des
fil par batterie
couleurs de 90 sur 100 !
UNPLUGGED
COPYRIGHT
Tous droits de traduction et de reproduction par tous procédés réservés pour tous pays.
Loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du
copiste et non destinées à une utilisation collective », et d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation
ou reproduction intégrale, ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayant droit ou ayant cause, est illicite » [alinéa 1er de l’article 40]. Cette
représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
ISBN 978-2-917390-18-4 Imprimé en France
Dépôt légal 4e trimestre 2016
DEJA LINK - Tél. : 01 75 62 04 75