Vous êtes sur la page 1sur 33

Chapitre 2

Les plans anatomiques


de la face

PLAN DU CHAPITRE
Les plans de la face et leur identification :
profondeur, couleur et brillance 25
Dissection des plans de la face 26

Anatomie du visage et du cou en chirurgie et cosmétologie


© 2015, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
I. Les plans anatomiques de la face

24
2. Les plans anatomiques de la face

Les plans de la face et leur • couche n° 1 : la couche cutanée dermo-épidermique ;


identification : profondeur, • couche n° 2 : la couche adipeuse sous-cutanée et la tela
subcutanea cutis ;
couleur et brillance • couche n° 3 : le système musculo-aponévrotique superfi-
ciel (SMAS) ;
La face est constituée par une stratification de couches ana-
tomiques. De la surface vers la profondeur (fig. 2.1A et B),
• couche n° 4 : l'espace sous-SMAS qui peut être soit une
couche adipeuse (couche adipeuse profonde) soit un
on distingue : espace aréolaire et décollable qui est un plan de glissement ;

Figure 2.1
Stratification
des couches
anatomiques
de la face. 25
I. Les plans anatomiques de la face

• couche n° 5 : le fascia facial profond qui sépare l'espace les muscles sont atrophiques, notamment le platysma. La
peau (couche n° 1) a été réséquée (fig. 2.2B) puis le SMAS
superficiel ou espace de la mimique, de l'espace profond
viscéral ou masticatoire. (couche n° 3) a été relevé (fig. 2.2C), emportant un peu de
Ainsi, on peut distinguer deux espaces anatomofonction- la couche graisseuse sous-cutanée dans la région génienne,
nels très différents au niveau de la face, séparés par le fascia expliquant l'épaisseur de cette couche vue par transpa-
facial profond : l'espace superficiel de la mimique et l'espace rence (fig.  2.2D). L'artère temporale et ses branches sont
profond viscéral. incluses dans l'aponévrose temporale superficielle. Noter
comment cette couche s'étend à toute la face, au cou et
recouvre le crâne.
Dissection des plans de la face
Séquence de dissection couche
par couche
Le sujet est maigre et âgé (fig. 2.2A à D). La couche grais-
seuse sous-cutanée (couche n° 2) est presque absente ;

Figure 2.2
Les couches anatomiques superficielles de la face.

26
2. Les plans anatomiques de la face

Figure 2.2
Suite.

Point important
Pour se repérer, la numérotation de la couche anatomique
(que l'on appellera couches n° 1, 2 ou 3) aide le chirurgien
à savoir à quelle profondeur il effectue son décollement.
La couleur nettement différenciée des trois couches, blanc
brillant du derme, jaune de la graisse, brun du muscle du
SMAS ou brillant transparent de l'aponévrose, constitue
un repère simple. Le chirurgien pourra ainsi décider de
suivre le plan à la profondeur qui lui convient, en évitant de
changer de profondeur (et donc de couleur de plan anato-
mique) ou de léser certaines structures neurovasculaires.

27
I. Les plans anatomiques de la face

Espace sous-dermique et dissection


superficielle
L'espace sous-dermique peut être l'objet d'un décollement
chirurgical (fig. 2.3 A à C). La difficulté sera de préserver la vas-
cularisation cutanée, de ne pas faire de perforation et de res-
pecter le plan de dissection. Le chirurgien devra se repérer sur la
couleur blanche du derme vu par sa face profonde et laisser en
profondeur soit la graisse (couche n° 2 jaune), soit, en absence
de graisse, la couche n° 3 représentée par la couleur blanc nacré
de l'aponévrose ou par la couleur brune du muscle.
A
Pédicule vasculaire et réseau sous-dermique
Les artères perforantes, arrivant de la profondeur, traversent
la couche n° 2 pour donner le réseau artériel sous-dermique
(fig. 2.3A). Lors des décollements sous-dermiques, ces pédi-
cules sont interrompus et leur hémostase peut être à l'ori-
gine de nécroses superficielles.
Adhérences profondes de la peau
Lors des dissections sous-dermiques, notamment dans les
zones pauvres en graisse sous-cutanée, la progression du
décollement nécessite la section de tractus fibreux, appar-
tenant au réseau sous-cutané de la tela subcutanea cutis,
qui relient le derme aux couches sous-jacentes (fig. 2.3B).
B
Le chirurgien doit s'aider d'une traction cutanée vers l'avant
des tissus et d'une double tension en arrière du lambeau
cutané et du plan profond (fig.  2.3C). Ceci permettra de
visualiser les tractus fibreux que le chirurgien pourra alors
sectionner en toute sécurité, sans blesser la peau ni changer
de plan de dissection vers la profondeur.
Bulbes pileux
Dans les zones pileuses, la dissection sous-dermique doit
respecter les bulbes pileux afin de ne pas créer de plaques
d'alopécie. Dans les régions périorificielles où la graisse
sous-cutanée (couche n° 2) est souvent absente, il existe
des adhérences intimes entre le derme (couche n°  1) et C
le muscle (couche n° 3) qui joue un rôle mimique majeur.
Figure 2.3
Dans ces cas, la dissection devient difficile et l'infiltration
Espace sous-cutané et adhérences.
anesthésique préalable permet une hydrodissection qui
facilite le geste chirurgical de décollement cutané. Selon
les cas, le chirurgien peut passer sous la couche musculaire
(dans l'espace n° 4) et réaliser un lambeau musculocutané,
comme par exemple au niveau des paupières.

28
2. Les plans anatomiques de la face

Figure 2.4
La couche adipeuse sous-cutanée chez un sujet gras.

Couche adipeuse sous-cutanée Couche adipeuse sous-cutanée chez un sujet gras


La peau de la joue et du cou a été réséquée (fig. 2.4A et B) ;
et tela subcutanea cutis : couche la couche graisseuse sous-cutanée a été disséquée de bas
anatomique n° 2 en haut, puis rabattue sur la joue pour exposer le plan du
SMAS (couche n° 3).
La couche n° 2 sous-cutanée est classiquement conçue
Noter qu'il s'agit d'une grande lame homogène for-
comme une couche adipeuse. En fait, cette couche est une
mant une unité liée par des fascias ; la discussion sur
structure composite faite de lobules de graisse cloisonnés
d'éventuels sous-compartiments ou de sous-unités
par un réseau fibreux appelé tela subcutanea cutis. Ce réseau
graisseuses sous-cutanées est encore sujette à recherches
fibreux sous-cutané liaisonne le plan cutané (n° 1) et le plan
anatomiques.
n° 3 du SMAS, et emprisonne dans ses mailles le tissu gras
sous-cutané.

29
I. Les plans anatomiques de la face

Figure 2.5
La couche adipeuse sous-cutanée chez un sujet maigre.

Couche adipeuse sous-cutanée chez un sujet maigre anatomique continue, jaunâtre, homogène, adhérente au
Même chez le sujet maigre, cette couche graisseuse est pré- derme (couche n° 1 blanc nacré) et connectée à la couche
sente (fig. 2.5A et B). Elle apparaît comme une grande lame n° 3 du SMAS sous-jacent qui peut être de couleur brune
30
2. Les plans anatomiques de la face

Figure 2.6
A et B. Tela subcutanea cutis.

(ici, le muscle platysma) ou aponévrotique brillant et trans- Dissection sous-dermograisseuse :


parente (ici, le fascia cervicalis superficialis).
exposition du SMAS : couche n° 3
Notion de tela subcutanea cutis
C'est le système de liaison du masque facial. La figure 2.6A La dissection est menée au contact de la couche n° 3 du
est la photo d'une éponge ; elle représente très symbolique- SMAS (fig.  2.7A à C) qui reste en profondeur, la couche
ment ce qu'est la tela subcutanea cutis. Il s'agit d'un réseau graisseuse n° 2, adhérente à la peau, est relevée dans le lam-
fibreux sous-cutané appartenant à la couche faciale n° 2. Il beau cutanéograisseux superficiel dont la face profonde
peut être plus ou moins dense selon les régions de la face jaunâtre (couche n° 2) constitue le repère (fig. 2.7B). Lors de
ou du cou. Son rôle de liaison peut être très perceptible la dissection, la graisse jaune reste en haut dans le lambeau
dans les zones périorificielles ou au niveau du scalp avec et le plan profond est celui du SMAS.
des adhérences très intimes entre les couches superfi- Noter l'aspect du plan sous-cutané : de haut en bas, en région
cielles ; il peut être au contraire très lâche par exemple dans temporale les bulbes pileux, puis la zone zygomatique blanche
la joue ou sur le cou. Lors des dissections sous-dermiques pauvre en graisse, la couche graisseuse jugale et cervicale.
(fig. 2.6B), il apparaît comme un filet fibreux blanc à mailles Noter aussi (fig. 2.7C) l'aspect du plan profond du SMAS
plus ou moins denses. où trois parties sont exposées, de haut en bas : de couleur
D'une certaine manière, un peu abusive, on pourrait le blanche et brillante, le fascia temporalis superficialis où che-
comparer à un « exosquelette » qui maintient l'unité des mine l'artère temporale ; de couleur jaune, la graisse zygo-
parties molles superficielles. Il contribue également à être matique où apparaît en avant le bord latéral marron du
le méso-vasculonerveux sous-cutané dans lequel che- muscle orbicularis oculi ; les ligaments zygomatiques appa-
minent les pédicules superficiels. Cette notion est impor- raissent en tension entre les plans disséqués sur le zygoma ;
tante tant pour la chirurgie que pour les lipo-aspirations enfin, de couleur brune, le platysma avec ses fibres muscu-
sous-cutanées. laires orientées obliquement vers la commissure orale et
passant en pont au-dessus de la mandibule.

31
I. Les plans anatomiques de la face

C
Figure 2.7
Dissection dans le plan du lifting sous-dermograisseux chez un sujet maigre.

32
2. Les plans anatomiques de la face

Figure 2.8
Plan du lifting profond sous-SMAS ou de la parotidectomie avec lambeau de SMAS.

Dissection sous-SMAS dans le plan n° 4 SMAS et muscles de la mimique


Le SMAS (couche n° 3) est relevé (fig. 2.8) ; la dissection est faciale ne faisant pas partie du SMAS
menée dans le plan n° 4 à partir de la région préauriculaire ; La conception selon laquelle le SMAS représente une couche
le SMAS sert de repère à la dissection. Ses reflets brillants et unique est séduisante mais critiquable. Cependant, nous avons
son aspect fibreux le différencient de la couche graisseuse adopté cette idée d'une stratification faciale où le SMAS est la
sous-cutanée ; ces repères visuels sont utilisés par le chirur- couche n° 3, composée de fascia superficialis (temporalis, cer-
gien qui va cheminer entre deux couches fibreuses : celle du vicalis…) et de muscles pour la plupart sans insertion osseuse
SMAS superficiellement et celle du fascia facial profond en dits muscles peauciers, tous innervés par le nerf facial (fig. 2.9).
profondeur. Le SMAS est musculaire dans la région centrale de la face
Ce plan se décolle assez facilement, même si les structures et plutôt fibreux latéralement. La région périorificielle est
fasciales fibreuses sont fragiles et risquent d'être traversées très dense en muscles puissants.
accidentellement. Par contre, plus en avant apparaissent des
obstacles à la progression : les ligaments de la face ; ceux-ci se
tendent entre les deux plans fibro-aponévrotiques et dont la
libération sera nécessaire si l'on souhaite progresser plus en
avant. Les muscles profonds de la mimique sont, comme les
ligaments suspenseurs, situés dans cette couche n° 4 dont la
partie mésofaciale apparaît donc à la fois comme un espace
de glissement et une zone traversée par des structures puis-
santes contrôlant la position et la mobilité des parties molles
superficielles formant le masque facial.
Noter le plan profond ; recouverts par le fascia facial pro-
fond : la glande salivaire parotide recouverte de sa capsule ;
le muscle masséter avec son aponévrose, où l'on reconnaît,
en bas, les branches du nerf facial, attirées avec le lambeau
dans la région mandibulaire ; et caudalement la glande sali- Figure 2.9
vaire submandibulaire recouverte de son aponévrose. Mimique et muscles de la face.
33
I. Les plans anatomiques de la face

Les muscles plus profonds, innervés aussi par le nerf facial, ou aponévrotiques. Tous ces éléments sont innervés exclusi-
sont des muscles puissants, de couleur sombre. Situés dans la vement par le nerf facial. Il faudra différencier chaque compo-
couche n° 4 comme les ligaments suspenseurs, ils possèdent sante anatomique. Cette couche peut être relativement mince
une insertion osseuse et une extrémité distale sur la peau ou et transparente et les structures sous-jacentes peuvent alors
sur d'autres muscles. Ce sont les muscles corrugator, zygoma- devenir visibles. Ceci ne signifie pas que ces structures plus pro-
ticus major et minor, levator labii superioris, levator anguli oris, fondes fassent partie du SMAS ni que le SMAS ait disparu.
buccinator, depressor labii inferioris et depressor anguli oris ; les Conceptuellement, on distinguera anatomie, chirurgie
muscles orbicularis oculi et orbicularis oris sont à part. et fonction. En effet le SMAS forme une couche unique
On pourrait comparer le SMAS à la voile d'un navire et les que l'on peut disséquer chirurgicalement sous forme
muscles profonds (et les ligaments qui correspondent à des d'une grande lame musculo-aponévrotique ; inversement,
muscles «en régression») aux haubans qui la maintiennent les muscles peauciers qui le composent conservent cha-
et l'orientent. Ainsi les muscles profonds sont responsables cun leur propre fonction, avec une interaction de voisi-
de la mimique «grossière» et les muscles formant le SMAS nage en rapport avec leur interconnexion (fig. 2.10A et B).
apparaissent plutôt comme des modulateurs superficiels.

Vue d'ensemble du SMAS Tous ces muscles présentent de grandes variations inter-
individuelles tant dans leur présence que dans leur direc-
La couche n° 3 du SMAS est une lame anatomique compo- tion ou leur puissance.
site dont les éléments constitutifs peuvent être musculaires

Figure 2.10
A. Vue d'ensemble du SMAS. Noter sur cette photo les couleurs et les textures des muscles composant le SMAS. B. Schéma.
34
2. Les plans anatomiques de la face

Région frontale ment oblique en haut et latéralement. Au bord supérieur


de l'orbite, il s'étend de la glabelle à la queue du sourcil
Muscle frontalis
dont il n'atteint pas l'extrémité (fig. 2.11A et B).
Anatomie • Couleur et profondeur : muscle de couleur brun clair ;
• Description : muscle peaucier, sans insertion osseuse, couche n° 3.
faisant partie du SMAS, il forme une grande lame légère-

Figure 2.11
Le muscle frontalis (A et B).
35
I. Les plans anatomiques de la face

Figure 2.12
Photographies cliniques (A et B).

• Rapports : muscle à extension temporale inhabituelle. Une ptose par-


tielle du sourcil et de la paupière supérieure peut expliquer
– dans le SMAS : avec la galea aponeurotica (blanche) en
haut et le muscle occipitalis à distance, il forme le muscle cette hypercontraction compensatrice. Il est responsable
occipitofrontalis ; latéralement avec le fascia temporalis de l'aspect disgracieux de «Méphisto» en cas d'injection
superficialis (blanc) ; en bas avec le muscle orbicularis incomplète de toxine botulique.
oculi ; médialement avec les muscles procerus et depressor
supercilii, et le muscle frontalis controlatéral ; Muscle corrugator
– par le SMAS : dans la région sourcilière : le sourcil, les
Anatomie
muscles corrugator, les pédicules neurovasculaires supra-
orbitaire et supratrochléaire ; en surface, il est très adhé-
• Description : muscle de la mimique ne faisant pas par-
tie du SMAS. Direction oblique à 30° latérale et vers le haut.
rent à la peau et à la couche graisseuse sous-cutanée par
Insertion osseuse médiale glabellaire par deux chefs mus-
l'intermédiaire de la tela subcutanea cutis, formant l'unité
culaires ; insertion sous-cutanée au tiers latéral du sourcil
du scalp ; en profondeur, le plan de glissement de Merkel
(fig.  2.13A à C). Il existe des variations dans la position de
(plan n° 4) le sépare du périoste frontal.
l'insertion osseuse.
• Action : rides frontales horizontales et élévation du • Couleur et profondeur : muscle de couleur brun
sourcil.
sombre, violacée ; dans la couche n° 4.
Applications thérapeutiques • Rapports : échanges de fibres musculaires (fig.  2.13B)
• Applications thérapeutiques : toxine botulique (éléva- avec le frontalis, l'orbicularis oculi, rendant cette jonction
tion de la queue du sourcil et réduction des rides frontales) quasiment impossible à disséquer. Traversé par les pédi-
et chirurgie du lifting frontal et sourcilier. cules neurovasculaires supratrochléaire médialement et
• Photos cliniques (fig. 2.12A et B) : les rides frontales sont supra-orbitaire à son tiers moyen (fig.  2.13C) ; la branche
directement dues à la contraction du muscle frontalis ; leurs latérale du nerf supra-orbitaire reste en contact avec le
extensions en hauteur et en largeur donnent des indications périoste sous le corps musculaire. En surface, recouvert
sur la position du muscle et donc les sites d'injection de la par le frontalis et le procerus ; en profondeur, une couche
toxine botulique. Certains distinguent, entre les muscles graisseuse profonde lui permet de glisser sur le plan osseux
frontaux, deux situations selon la forme des rides : soit les profond. Latéralement, cette couche graisseuse est organi-
rides frontales médianes sont horizontales et l'on peut pen- sée sous la forme d'un coussinet graisseux dit «coussinet
ser que les muscles frontalis sont jointifs sur l'axe médian, de Charpy» ou ROOF (retro-orbicularis oculi fat pad) des
soit les rides se présentent en forme de pli de rideau et il Anglo-Saxons ; ce coussinet graisseux autorise la grande
s'agirait simplement d'un effet de drapé, les muscles restant mobilité de la queue du sourcil.
à distance. Observer chez ce patient l'importance des rides • Action : attire le sourcil médialement et en bas ; rides
au-dessus de la queue du sourcil, témoin d'un puissant du lion.
36
2. Les plans anatomiques de la face

Figure 2.13
B C Le muscle corrugator (A à C).

Applications thérapeutiques sous le toit orbitaire, au contact du nerf frontalis et de ses


• Applications thérapeutiques : résection partielle branches1.
chirurgicale ou neutralisation botulinique. • Photos cliniques (fig. 2.14A et B) : regard sévère dû à une
Attention cependant, le foramen supra-orbitaire de l'os hyperactivité chronique des muscles corrugator et procerus.
frontal peut soit se présenter sous forme de gouttière mar- La fermeture forcée permet de visualiser les insertions cuta-
ginale, soit être l'orifice d'un canal transosseux ; dans ce der- nées latérales du corrugator au-dessus du sourcil qui pour-
nier cas, une injection profonde de toxine botulique peut ront être l'objet d'injections sélectives très superficielles,
directement pénétrer le toit de l'orbite à travers le foramen sous-dermiques de toxine botulique.
en suivant la gaine du nerf supra-orbitaire. Cela provoque-
rait un ptosis de la paupière supérieure par blocage du 1 À ce sujet voir le livre de Saban Y, Polselli R. Atlas d'anatomie
muscle levator palpebrae superioris, muscle le plus haut chirurgicale de la face et du cou. Firenze : SEE ; 2009.

37
I. Les plans anatomiques de la face

Figure 2.14
Photographies cliniques (A et B).

A B
Figure 2.15
Le muscle orbicularis oculi (A et B).

Région palpébrale tinction entre les deux portions du muscle orbicularis


oculi ; la pars palpebralis et la pars orbitalis. Composé de
Muscle orbicularis oculi
deux parties concentriques : la pars palpebralis, faisceaux
Anatomie palpébraux internes (de couleur rose pâle) ; ces faisceaux
• Description : muscle sphinctérien faisant partie du sont eux-mêmes subdivisés en faisceaux ciliaire, margi-
SMAS (notion discutée). Insertions osseuses tendineuses nal, prétarsal, préseptal ; et d'autre part la pars orbitalis,
par le tendon canthal médial sur le canthus médial et faisceaux orbitaires périphériques (de couleur orangée
insertions ligamentaires sur le raphé latéral. Le ligament plus sombre) (fig. 2.15A et B).
orbitopalpébral (orbicularis retaining ligament [ORL]) Il existe peu de variations dans la portion palpébrale
est considéré comme un attachement du muscle orbi- mais le faisceau orbitaire présente d'importantes variantes
cularis oculi sur le cadre orbitaire. Il s'agit d'adhérences interindividuelles.
intimes du périmysium du muscle au périoste orbitaire. • Couleur et profondeur : muscle de couleur claire ;
Cette zone d'adhérence est située au niveau de la dis- couche n° 3.

38
2. Les plans anatomiques de la face

• Rapports : rales ; chaque forme correspond à une extension latérale


des faisceaux orbitaires du muscle orbicularis oculi. Dans
– dans le SMAS : céphaliquement avec le muscle fronta-
lis, médialement avec le depressor supercilii et le procerus, les formes zygomatiques et temporales, il existe en fait un
latéralement avec le muscle zygomaticus superficialis et le muscle zygomaticus superficialis ou muscle auriculolabialis
fascia temporalis superficialis, en bas et médialement avec de Rüger qui fait partie du SMAS et s'insère sur le fascia
le muscle levator genae ; temporalis superficialis. Il faudra donc adapter les injections
– par le SMAS : insertions osseuses par l'orbicularis retai- de toxine botulique à la situation anatomique musculaire.
ning ligament (ORL) sur le :
– bord orbitaire ; en profondeur il recouvre le sub- Région génienne
orbicularis oculi fat (SOOF) ; Nous verrons plus tard les muscles élévateurs de la lèvre supérieure.
– région orbitaire : il recouvre le septum orbitale et le
contenu orbitaire ; Muscle zygomaticus major
– région zygomatique : il recouvre les muscles éléva-
teurs et zygomatiques. Anatomie
• Action : fermeture des yeux. Rides de la patte-d'oie dues • Description : muscle de la mimique ne faisant pas partie du
à la contraction du faisceau orbitaire ; plis palpébraux par SMAS. Insertion osseuse sur l'os zygomatique, latéral et cau-
les faisceaux palpébraux. dal ; direction vers la commissure orale ; insertion distale autour
du modiolus (fig. 2.17A à C). Il existe de nombreuses variations
Applications thérapeutiques dans le nombre de chefs (de 1 à 3) et dans leur direction (pli
• Applications thérapeutiques : prise en charge du nasolabial, modiolus, muscle depressor anguli oris [DAO]).
regard ; toxine botulinique sur la patte-d'oie ; le clinicien • Couleur et profondeur : muscle de couleur brun
doit observer les plis cutanés dont l'extension correspond sombre ; couche n° 4.
aux variantes musculaires ; une adaptation personnalisée • Rapports (fig. 2.17D et E) : il passe en pont au-dessus de
des injections est indispensable à l'obtention d'un résultat l'espace buccal et du corps adipeux jugal profond de Bichat
optimisé. (B), conduit parotidien de Sténon (S), veine faciale (VF) à
• Photos cliniques (fig. 2.16A et B) : formes hyperactives distance du muscle buccinateur (mb) en profondeur ; les
de muscle orbicularis oculi. Les plis palpébraux (fig. 2.16A) rameaux buccaux supérieurs (bs) du nerf facial le sous-
peuvent justifier des injections diluées très superficielles ; croisent. Recouvert à son insertion osseuse par le SOOF ;
les rides de la patte-d'oie (fig.  2.16B) sont très larges et en rapport très proche avec les ligaments zygomatiques. Il
représentent ici une forme «temporale» ; nous classons les surcroise l'artère faciale (AF) juste avant le modiolus (m).
rides de la patte-d'oie en trois formes principales : courtes • Action : sourire, élévation de l'angle de la bouche ; il
palpébrales, moyennes zygomatiques, longues tempo- approfondit le sillon nasolabial.

Figure 2.16
Photographies cliniques.
39
I. Les plans anatomiques de la face

B C
Figure 2.17
Muscles zygomaticus major et minor.

40
2. Les plans anatomiques de la face

ZM zm

VF

AF

E
Figure 2.17
Suite.

41
I. Les plans anatomiques de la face

Applications thérapeutiques Région cervicale et platysma


• Application thérapeutique : repère fondamental dans Anatomie
la chirurgie médiofaciale.
• Description : muscle peaucier du cou faisant partie
Muscle zygomaticus minor du SMAS (couche n° 3) (fig.  2.18A à C) ; grande lame
Anatomie rectangulaire légèrement orientée en haut et en dedans
• Description : muscle de la mimique ne faisant pas (fig. 2.18C). De couleur brun-orangé, il constitue la couche
partie du SMAS (fig. 2.17A à C). Insertion sur l'os zygo- n° 3 du cou, il est composé de trois portions émanant
matique, située à un travers de doigt médialement au de la région sous-claviculaire et thoracique supérieure
muscle zygomaticus major. Insertion distale très variable (fig. 2.18A et B) :
sur la lèvre supérieure, l'aile du nez, le muscle levator – pars mentalis : portion antérieure insérée sur le bord
genae ; souvent biceps et parfois absent. De couleur plus mandibulaire externe ;
claire orangée. – pars buccalis : portion moyenne non insérée qui
• Rapports avec le SOOF qui cache son insertion osseuse, passe en pont sur la moitié postérieure du corps de
avec la veine faciale qu'il surcroise perpendiculairement, la mandibule et se dirige vers la commissure orale
avec le muscle orbicularis oculi qui le couvre. (modiolus) ;
• Action : élévateur de la lèvre supérieure en synergie avec – pars lateralis : portion postérieure non insérée
le zygomaticus major et le levator anguli oris ; relève la lèvre qui vient investir le fascia préparotidien du SMAS,
supérieure latéralement. inconstante.

A B

Figure 2.18
C Le platysma.

42
2. Les plans anatomiques de la face

• Rapports : dulatrices de la portion non insérée pars buccalis pour réduire


– par le SMAS, il sépare les deux couches adipeuses : superfi- la bajoue ou de la pars mentalis pour les cordes platysmales.
cielle sous-cutanée et profonde sous-SMAS. Il répond au pla- • Photos cliniques (fig.  2.19A à C). Chez ce patient,
tysma controlatéral par l'intermédiaire du fascia interplatysmal les platysmas hyperactifs sont responsables de bandes
antérieur et les deux platysmas peuvent, sous le menton, se
joindre ou se croiser selon trois modalités : à distance du men-
ton, en bout à bout ou avec décussation des fibres ; en arrière,
il se poursuit par le fascia superficialis postérieur du cou ;
– veineux : le bord antérieur du platysma constitue le
repère de la veine jugulaire antérieure alors que le bord
postérieur repère la veine jugulaire externe. Le platysma
recouvre la veine faciale toujours plus profonde que lui ;
– artériel : l'artère faciale émerge au niveau de l'incisure
mandibulaire sous le plan du platysma qui va la couvrir
sur une partie de son trajet ;
– nerveux : le bord postérieur du platysma croise le bord
postérieur du muscle sternocléidomastoïdien en formant
un X allongé, croisement où se situe le point d'Erb, émer-
gence des nerfs cervicaux ; le nerf grand auriculaire va lon- A
ger le bord postérieur du platysma à un travers de doigt
en arrière de la veine jugulaire externe.
Le nerf facial est toujours plus profond que le platysma
(couche n° 4) et ne peut être lésé que dans les dissections pas-
sant sous le platysma (couche n° 3) qui constitue ainsi un repère
et une protection des rami marginalis et cervicalis du nerf facial ;
– musculaires : dans le cou, le muscle sternocléidomastoïdien
représente un important rapport profond. En haut, le muscle
depressor anguli oris (DAO) s'insère sur la ligne oblique
externe mandibulaire juste au-dessus de celle du platysma
inséré pars mentalis. Le muscle depressor labii inferioris, dont
les fibres semblent continuer celles du platysma en direction
de la lèvre inférieure, est plus profond que le DAO ;
– glandulaires : les glandes salivaires submandibulaires et B
parotides sont situées dans l'espace profond du cou sous
le fascia facial profond (sous la couche n° 5).
• Action : il s'agit d'un muscle abaisseur de la mandibule et
de la commissure orale. Sa tension est à l'origine des bandes
platysmales antérieures, appelées aussi «fanons». La section
de son nerf moteur provoque une élévation de la commis-
sure orale. Il est probable que le platysma non inséré pars
buccalis «tire» la graisse sous-cutanée vers le bas en arrière
du ligament mandibulaire et favorise ainsi la bajoue.
Applications thérapeutiques
• Applications thérapeutiques : dans la chirurgie cervicale,
le platysma est une structure fondamentale et constitue un
repère anatomique. À la fois barrière protectrice des structures
profondes, il peut être l'objet d'actions spécifiques de plica- C
tures ou de sections dont les conséquences doivent toujours Figure 2.19
être bien évaluées. On peut discuter les injections neuromo- Photographies cliniques.

43
I. Les plans anatomiques de la face

platysmales dysesthétiques. Les rapports avec le muscle et perpendiculairement par la branche labiale inférieure
sternocléidomastoïdien et les loges graisseuses cervicales de l'artère faciale ; le platysma non inséré pars buccalis lui
sont évidents. envoie des fibres ; il couvre l'insertion du depressor labii infe-
rioris ou «quadratus».
Région labiale : muscles depressor anguli • Action : abaisseur de la commissure orale, il est à l'origine
oris et depressor labii inferioris du pli d'amertume.
Muscle depressor anguli oris (DAO) Applications thérapeutiques
Anatomie • Applications thérapeutiques : le blocage par la
• Description : muscle profond de la mimique ne faisant toxine botulinique permet de réduire le pli d'amertume
pas partie du SMAS ; couche n° 4 ; muscle de forme triangu- et de contribuer à relever la commissure orale en favo-
laire, brun sombre de même que le corrugator ou le zygoma- risant l'action des muscles antagonistes zygomatiques.
ticus major ; insertion osseuse sur la ligne oblique externe de Sa section chirurgicale n'est pas recommandée devant
la mandibule ; direction quasi verticale avec insertion dans le risque important de section artérielle et de séquelles
le modiolus (fig. 2.20A et B) auquel il contribue. cosmétiques.
• Rapports : il couvre l'émergence du nerf mentonnier au Muscle depressor labii inferioris (DLI)
niveau du foramen mentonnier. Il est croisé en profondeur
Anatomie
• Description : innervé en général par le même rameau
nerveux du nerf facial, le ramus marginalis mandibularis
(fig. 2.20A et B), parfois par le ramus buccalis inferior.
• Action : il permet d'abaisser la lèvre inférieure. Ancien-
nement appelé muscle carré du menton ou quadratus en
rapport avec sa forme, sa paralysie provoque une élévation
asymétrique de la lèvre. Ses fibres investissent la lèvre infé-
rieure jusqu'au bord libre et croisent celles du muscle orbi-
cularis oris.
En dissection, il est très adhérent à la peau et prend une
couleur brun-orangé qui le différencie du DAO.
Applications thérapeutiques
• Photo clinique (fig. 2.21) : la contraction simultanée des
muscles de la houppe du menton, muscle mentalis, est à
l'origine de l'aspect piqueté de la peau du menton ; les plis
cutanés et l'abaissement commissural sont en rapport avec
la contraction associée du DAO et du DLI.

Figure 2.20 Figure 2.21


Muscle depressor anguli oris (A et B). Photographie clinique.
44
2. Les plans anatomiques de la face

Plan facial profond : plan n° 5 • Corps adipeux. De haut en bas : corps adipeux temporal
(CAT) contenu dans la division en deux feuillets superficiel
Le fascia facial profond (plan n° 5) sépare l'espace superfi-
et profond du fascia temporalis profundis ; corps adipeux pré-
ciel du masque facial et de la mimique innervée par le nerf
zygomatique profond (SOOF) qui présente ici une extension
facial (VII), de l'espace profond viscéral innervé par les nerfs
latérale inhabituelle ; corps adipeux profond prémandibulaire
trijumeaux (V) et oculomoteurs (III, IV, VI). On peut consi-
sous-platysmal (premandibular fat [PMF]), corps adipeux
dérer, par assimilation, que le septum orbitale et le périoste
sous-platysmal (SPF) ; le corps adipeux de Charpy ou ROOF
correspondent au fascia facial profond.
(retro-orbicularis oculi fat pad des Anglo-Saxons) a été réséqué.
Préparation de la dissection • Glandes salivaires principales : la parotide (P), de cou-
Dissection après injection colorée des vaisseaux de la face leur chamois et couverte par sa capsule a été partiellement
et du cou (fig. 2.22A et B). La peau a été enlevée, exposant réséquée pour objectiver les branches supérieures du nerf
les couches n° 2 et 3 (fig. 2.22A). facial ; la submandibulaire (SM) dont la surface est plus régu-
Le SMAS est incisé verticalement autour de l'auricule et lière ; le conduit parotidien de Sténon (St) sur lequel court
le décollement progresse vers l'avant (fig. 2.22B). Ce décolle- un vaisseau veineux coloré en bleu par l'injection initiale.
ment est effectué dans la couche n° 4 qui peut correspondre • Vaisseaux : les pédicules temporaux profonds au-dessus du
soit à un espace décollable, espace de Merkel en région crâ- processus temporal de l'os zygomatique ; la veine faciale (VF)
nienne, soit à un espace graisseux profond sous-SMAS. qui court, rectiligne, de l'angle interne de l'œil vers l'incisure
Le plan facial profond est exposé. Il est très polymorphe mandibulaire (IM) en arrière de l'artère faciale (AF) ; celle-ci
et composite selon les régions. La région temporale est se dirige sinueusement vers la commissure orale ; artère trans-
comblée par le muscle temporal couvert de son fascia verse de la face (ATF) ; le pédicule temporal qui traverse le
profond ; la glande salivaire parotide, recouverte par sa SMAS/fascia temporalis superficialis a été réséqué par nécessité.
capsule, occupe la zone préauriculaire et sous-lobulaire ; le • Nerfs : seule la branche buccale supérieure, ramus buc-
muscle sternocléidomastoïdien en région cervicale, enve- calis superior, (VII bs) du nerf facial est visible et suit l'artère
loppé par son aponévrose sur laquelle court la veine jugu- transverse de la face puis le conduit parotidien de Sténon et
laire externe. enfin la veine faciale.
Plan facial profond (suite de la dissection)
Le SMAS (couche n° 3) a été réséqué en totalité ; les plans faciaux
profonds (couches n° 4 et n° 5) sont exposés (fig. 2.22C et D).
Ligaments suspenseurs de la face
Les ligaments de la face qui traversent la couche n° 4 ont Les principaux auteurs qui ont décrit les ligaments de la face
été sectionnés par nécessité ; les muscles mimiques pro- sont Loré, Mac Gregor (1959), Furnas (1989), Stutzin (1992).
fonds n'appartenant pas au SMAS ont été respectés sauf Ce sont : le fascia de Loré, les ligaments zygomatiques, pla-
le corrugator. tysmocutanés antérieurs et cutanéomassétérins, mandibu-
La figure 2.22D présente les différentes structures du plan laire, platysmo-auriculaires ou parotidocutanés ; on pourrait
facial profond mises en avant par la dissection. y ajouter le mésotemporal qui correspond au passage de
• Structures osseuses et cartilagineuses : os frontal (OF) l'artère temporale dans le fascia temporalis superficialis.
recouvert de son périoste ; bord basilaire de la mandibule ; Nous présentons ici plusieurs dissections différentes,
cartilage laryngé en limite de champ. dont l'une non injectée où tous les ligaments sont présen-
• Muscles : temporalis (T) et son fascia profond ; zygoma- tés, et une autre injectée préalablement avec Altufix® qui
ticus major (ZM) se dirigeant vers le muscle levator anguli permet d'objectiver les vaisseaux associés aux ligaments,
oris (LAO) ; zygomaticus minor (zm) à forme biceps avec un notamment le Mac Gregor.
chef supérieur s'anastomosant avec le levator genae (LG) ;
depressor anguli oris (DAO), triangulaire dont les fibres Présentation générale des ligaments
sont verticales vers le modiolus (Mo) ; depressor labii infe- suspenseurs de la face : dissection n° 1
rioris (DLI), carré apparaissant en avant du DAO et dont
les fibres plus orangées sont obliques en haut et en avant ;
sous-SMAS (plan n° 4)
masséter (M) brun très sombre, recouvert de son aponé- Les travaux de Furnas repris par Stutzin ont retrouvé plu-
vrose, et dont les fibres sont obliques en haut et en avant ; sieurs bandelettes, directement insérées sur le périoste du
la partie haute du sternocléidomastoïdien (SCM) en région zygoma en arrière du muscle zygomaticus minor, finissant
cervicale. en éventail à la peau, accompagnées d'artérioles et ou de
45
I. Les plans anatomiques de la face

A B C

D
Figure 2.22
Le fascia facial profond et le plan facial profond (A à D).

46
2. Les plans anatomiques de la face

branches nerveuses du V2, situées à 4,5 cm en avant du tra- Gregor's patch contenant constamment la branche perfo-
gus, avec des faisceaux verticaux de 8 × 3 × 0,5 mm ; il s'agit rante de terminaison de l'artère transverse de la face.
de véritables ancrages osseux dont la traction produit une La dissection (fig. 2.23A) est menée sans obstacle majeur
réelle mobilisation cutanée. Cependant, si pour Furnas le dans le plan entre le SMAS en surface et fascia facial pro-
ligament zygomatique correspond au Mac Gregor's patch, fond en profondeur, jusqu'au niveau vertical du bord latéral
selon nos dissections et notre expérience chirurgicale por- de l'apophyse orbitaire.
tant sur des centaines de parotidectomies avec dissection À ce niveau, on retrouve de haut en bas les différents
sous-SMAS, il s'agit bien de structures différentes, le Mac ligaments.

B C D E
Figure 2.23
Dissection sous-SMAS ; ligaments zygomatiques (*), Mac Gregor's patch (MG) et ligament mandibulaire (LM).
A. Vue d'ensemble des ligaments de la face.
B à E. La colonne des ligaments zygomatiques.
47
I. Les plans anatomiques de la face

Figure 2.23
Suite.
F. Mac Gregor's patch.
G. Ligaments cutanéomassétérins.
H H. Ligament mandibulaire.

48
2. Les plans anatomiques de la face

MG LM
* * *
*
*

J
Figure 2.23
Suite.
I. Situation des ligaments de la face et colonne des ligaments de la face.
J. Ligaments suspenseurs de la face après parotidectomie et dissection dans le plan n° 4.

49
I. Les plans anatomiques de la face

• Les ligaments zygomatiques (fig. 2.23B à E) forment une barrière de fixation qui sépare la partie latérale de la face
ou méta-face et la mésoface ; la mésoface est la face de la
colonne verticale.
• Le Mac Gregor's patch (fig. 2.23F) a été décrit par Mac mimique et donc la face qui vieillit le plus.
Les glandes salivaires parotide et submandibu-
Gregor comme une zone d'attachement fibreux entre le
bord antérieur du fascia parotidien et le derme jugal, qui laire sont en place et recouvertes de leurs capsules qui se
contient un vaisseau sanguin dont l'hémostase est conseil- joignent avec le fascia prémassétérin pour former le fascia
lée ; le conduit parotidien de Sténon est situé un peu plus facial profond. Ce fascia facial profond représente le plan de
profond et un peu plus bas. La section chirurgicale de ce profond de la dissection.
patch supprime la protection du fascia parotidien et expose En fin de dissection (fig. 2.23J), la glande parotide a été
la graisse sous-jacente où cheminent les branches du nerf enlevée de même que les parties molles superficielles de la
facial. face ; noter l'épaisseur de celles-ci sur la tranche de section
• Les ligaments cutanéomassétérins qu'il faut détacher rétractée par les crochets en avant. Le muscle zygomaticus
major, de couleur brune, est visible en région zygomatique
dans les procédures chirurgicales se portant très en avant
(fig. 2.23G). à la limite de la section cutanée.
• Le ligament mandibulaire (fig.  2.23H), inséré sur le Les ligaments platysmocutanés et cutanéomassété-
rins correspondent aux prolongements aponévrotiques
périoste à 1 cm au-dessus du rebord mandibulaire dans
son premier tiers antérieur, sur la ligne d'insertion du pla- inconstants obliques entre la partie antérieure du platysma,
tysma et du depressor anguli oris, il court à l'horizontal sur du masséter et le derme du milieu de la joue ; pour Stutzin
5 mm en éventail vers la peau ; artère et nerf sensitif y sont et Furnas, ils sont responsables de la fossette et constituent
associés. Il retient la région cutanée parasymphysaire et un excellent soutien lors du lift.
s'oppose à la gravité : au-delà du ligament mandbulaire, la Les branches artérielles profondes sont dégagées :
bajoue peut se former vraiment et, au-delà seulement se artère faciale sur le bord mandibulaire, artère transverse de
forment les rides. la face et artère temporale superficielle.
Noter la colonne verticale des ligaments de la face, Les rameaux du nerf facial courent sous le fascia pré-
légèrement oblique en bas et en avant, s'étendant de la massétérin alors que le nerf facial est accolé, ici, à la veine
région orbitaire et descendant jusqu'au corps mandibulaire rétromandibulaire.
(fig. 2.23I). On peut considérer que les ligaments créent une

50
2. Les plans anatomiques de la face

MG

Z CM

ORL

LM

Figure 2.24
Ligaments de la face après injection des vaisseaux de la face.

Vue d'ensemble des ligaments suspenseurs en avant de la parotide. Le SOOF est compris entre l'orbicularis
de la face – dissection différente retaining ligament (ORL) et le ligament zygomatique (cf. infra).
Les ligaments sont ainsi présentés :
La dissection (fig. 2.24) a été menée sous-SMAS ; les repères • partie latérale de l'ORL ;
anatomiques sont facilement reconnus en suivant une direc- • ligament zygomatique (Z) ;
tion céphalocaudale : l'artère temporale superficielle et sa • Mac Gregor's patch (MG) dans lequel court l'artère trans-
branche frontale (variété à division précoce) qui courent dans verse de la face colorée en rouge par l'injection ;
le fascia temporalis, la glande parotide en situation préauricu-
laire. L'écarteur de Farabeuf soulève le masque facial au niveau
• ligaments massétérico-cutanés (CM), au fond et très en
avant de l'image ;
du zygoma, et la grande lame instrumentale soulève la joue
au-dessus du muscle masséter qui est visible, de couleur brune,
• ligament mandibulaire (LM), enfin, à droite de l'image.

51
I. Les plans anatomiques de la face

Présentation détaillée individuelle


des ligaments
Divers ligaments zygomatiques
Variété de ligaments zygomatiques puissants situés entre
les insertions des muscles zygomaticus major et minor
(fig. 2.25A à C). Le muscle zygomaticus major (fig. 2.25C)
apparaît après résection du ligament. Chez ce sujet, il
s'agit d'une variante anatomique, le ligament étant une
grande lame fibreuse qui englobe l'insertion du muscle
zygomaticus major et s'étend du périoste à la peau.
Ligament orbitopalpébral
Considéré comme l'adhérence au rebord orbitaire de la pars
orbitalis du muscle orbicularis oculi et inséré tout autour
A du rebord orbitaire, le ligament orbitopalpébral représente
majoritairement un support aux parties molles de la joue et

C Figure 2.26
Figure 2.25 Ligament orbitopalpébral (ORL).

52
2. Les plans anatomiques de la face

forme le toit de la midface (fig. 2.26). Il constitue la première


barrière entre joue et orbite. Ce chapitre sera détaillé ulté-
rieurement dans cet ouvrage.
Fascia de Loré
C'est un ligament parotidomastoïdien profond avec son arté-
riole (fig. 2.27) ; le fascia de Loré est formé par la fusion, dans la
suture tympanomastoïdienne, de l'aponévrose parotidienne
et du périoste de la suture osseuse ; absence de plan de dis-
section entre le fascia et le périoste ; c'est un point d'ancrage
chirurgical majeur du SMAS antérieur, résistant et sans risque.
Ligaments platysmocutanés et zygomatico-cutanés
Insertions dermiques inconstantes des muscles zygomati-
cus major et du platysma ; ces ligaments forment la fossette
de la joue (fig. 2.28).

Figure 2.27 B
Fascia de Loré.

Figure 2.28 C
Ligaments platysmocutanés. Figure 2.29 53
I. Les plans anatomiques de la face

Ligaments zygomatiques et nerf facial : région périauriculaire inférieure où cheminent les branches
variante anatomique du nerf auricularis magnus ; ainsi le plan de dissection pré-
Le muscle zygomaticus est en place sur la photo (fig. 2.29A). sente deux plans d'adhérence ligamentaire.
Chez ce sujet, le ligament est inséré sur le périoste sous le Chez ce sujet à l'abondant pannicule adipeux (fig. 2.30A et
muscle zygomaticus major et apparaît après résection de celui- B), ces ligaments constituent un obstacle à la dissection sous-
ci (fig. 2.29B). Mise en évidence (fig. 2.29C) de la connexion cutanée, telle celle du lifting menée d'arrière en avant, de la
ligamentaire entre périoste et tissu sous-cutané ; le muscle région mastoïdienne en direction du cou. En chirurgie, ce
zygomaticus major a été sectionné ; la tension du ligament décollement est effectivement parfois difficile et les ciseaux/
zygomatique exerce une attraction directe sur la peau. décolleurs de Trepsat sont alors remplacés par une section
chirurgicale avec l'utilisation du bistouri ou de ciseaux.
Ligaments platysmo-auriculaires
Les ligaments platysmo-auriculaires sont des condensa- Ligament mandibulaire
tions du bord postérieur (pars lateralis) du platysma qui se Son insertion périostée mandibulaire est située juste en arrière
fixe à la peau. Ils constituent un ancrage chirurgical sur la du bord latéral d'insertion du muscle depressor anguli oris.

A B
Figure 2.30
Ligaments platysmo-auriculaires.

54
2. Les plans anatomiques de la face

A B
Figure 2.31
Ligaments mandibulaire (A) et mentonnier (B).

Le ligament mentonnier est une structure médiane sur tanées de section du ligament ont été décrites, à l'aide du
l'éminence mentonnière qui s'insère sur le périoste du bord biseau d'aiguille 15G ; ce geste ne peut pas léser le nerf mais
inférieur du menton et se fixe au derme profond médian est souvent à l'origine d'ecchymoses locales.
(fig. 2.31A et B). Il est responsable de la fossette menton-
nière. Chirurgicalement il bloque le déplacement des ins- Adhérences
truments lors des décollements des parties molles, par Elles sont précisées dans la thèse de C. Fontaine2.
exemple lors de la mise en place de prothèses menton- Au niveau de la grande lame SMAS primitive étendue du
nières par voie d'abord sous-mentale. thorax au cou et à la face, disparaissent des zones de graisse
Ligament mandibulaire et injections cosmétiques : la trac- et des espaces de glissement (zygoma, rebord mandibulaire,
tion sur la peau (pintch test) permet de mettre en évidence arcade orbitaire) ; ceci est à l'origine de prises d'ancrage de
le ligament mandibulaire. Celui-ci marque la limite entre le ce SMAS au niveau de ces reliefs osseux saillants ; l'ancrage
segment musculaire attaché et le segment neurovasculaire se fait en profondeur et en superficie sous la peau par une
de la mandibule (cf. chapitre 11). Le nerf ramus marginalis fusion des lames anatomiques.
mandibularis croise toujours la mandibule dorsalement au
ligament mandibulaire, dans une position sous-platysmale.
Les injections réalisées au niveau du ligament ne présentent
pas de danger, en dehors de certaines branches vasculaires 2 Fontaine C. Le système musculo-aponévrotique superficiel de la
de l'artère sous-mentale. De même, des techniques percu- face. Thèse de biologie humaine. Amien ; 1989.

55

Vous aimerez peut-être aussi