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L. Marcucci
Bases anatomiques
L’artère circonflexe iliaque superficielle est une branche constante (fig. 1) de
la face latérale de l’artère fémorale (isolément ou d’un tronc commun avec
l’artère épigastrique inférieure). Elle naît de 2,5 à 3,5 cm sous le ligament
inguinal et mesure environ 1 mm de diamètre. Elle a un trajet ascendant,
Technique de prélèvement
Bilan préopératoire
Il faut rechercher l’existence de cicatrices opératoires dans la zone de prélè-
vement. Les cicatrices d’appendicectomie ne sont pas des contre-indications.
Il faut éviter ce lambeau en cas de cure de hernie.
Installation
Le patient est installé en décubitus dorsal, avec un billot sous la fesse ipsila-
térale, ce qui permet de parfaitement dégager la crête iliaque.
Préparation
Le premier temps opératoire consiste à parer et à réparer, voire à seulement
repérer les différentes structures lésées au niveau de la perte de substance à
couvrir. Puis vient la mesure des dimensions du lambeau nécessaire. Le choix
du côté du prélèvement est guidé par la localisation de la perte de substance
et le confort donné par la position du membre receveur. On choisit généra-
lement le côté ipsilatéral, mais ceci n’est pas une règle.
Fig. 2 – Axe du
lambeau.
Fig. 3a-c – a) Tracé du lambeau de part et d’autre du trajet de l’artère circonflexe iliaque super-
ficielle ; b) Vue peropératoire du tracé d’un lambeau de taille moyenne ; c) Vue peropératoire
du tracé d’un lambeau de grande taille. (Fig. 3a, b : Collection D. Le Nen.)
188 Couverture des pertes de substance cutanée de la main et des doigts
b c
Lambeau inguinal de McGregor 189
Tubulisation du pédicule
Pour le confort du patient et des soins infirmiers, il est préférable d’avoir un
tube fermé, mais ceci est difficile à réaliser en cas de pannicule adipeux impor-
tant et ce n’est pas indispensable. Il faut de toute façon vérifier que la tubu-
lisation ne compromet pas la vascularisation du lambeau et, en cas de doute,
lâcher des points.
a b
d
c
Pansement postopératoire
Le pédicule est recouvert d’un pansement gras, ainsi que les zones de sutures.
Le pansement doit permettre de surveiller la coloration du lambeau en lais-
sant une large fenêtre.
La contention du membre supérieur doit être efficace, pour faire face au
réveil à une éventuelle phase d’agitation. Il est souhaitable d’immobiliser
l’épaule et le coude par un bandage de type Dujarrier dans les premières
heures. En revanche, il ne doit pas comprimer le lambeau. La contention peut
être limitée si l’anesthésiste réalise un bloc plexique, ce qui a le double avan-
tage de limiter la mobilité du membre au réveil et, surtout, celui de procurer
un bloc antalgique pendant les premières heures postopératoires.
Lambeau inguinal de McGregor 191
a b
c d
e
f
Fig. 7a-g – Patient de 35 ans victime d’un accident de la voie publique : perte de substance
dorsale de la main et lésion des extenseurs (a). Un lambeau de McGregor est décidé. Un patron
de la perte de substance est découpé dans un gant (b). Le calque est reporté sur la région ingui-
nale, permettant de dessiner le futur lambeau (c). Levée du lambeau qui commence par le
bord latéral (d). Un dégraissage (2 temps) donne au lambeau un aspect esthétique tout à fait
acceptable (e). Résultat en flexion-extension à distance, sans reconstruction de l’appareil exten-
seur, le patient n’ayant pas souhaité une chirurgie complémentaire, étant satisfait du résultat
au plan fonctionnel (f, g). (Collection D. Le Nen.)
192 Couverture des pertes de substance cutanée de la main et des doigts
Variantes
Suites opératoires
Dès le premier jour postopératoire, l’épaule et le coude peuvent être libérés,
le patient est autorisé à allonger les jambes. Dans notre expérience, le lever
est possible dès le troisième jour, ainsi que la marche. D’autres équipes n’au-
torisent que la mise au fauteuil.
Les soins locaux, hormis les premiers pansements, sont faits sous la douche,
le patient étant assis ou debout selon son état général.
La mobilisation de la main peut être commencée dès les premiers jours,
elle est d’autant plus aisée que le pédicule est plus long.
La sortie est autorisée à partir du sixième jour, après avoir organisé les soins
avec l’équipe soignante à domicile.
Sevrage
La revascularisation se fait par le site receveur dans un délai de trois semaines.
Le sevrage est donc possible sans risque à ce moment-là. Certains auteurs (3, 5)
Lambeau inguinal de McGregor 193
Dégraissage
Il est souvent nécessaire de réaliser un dégraissage du lambeau, au maximum la
moitié de la surface en un temps. Celui-ci est souvent associé à une réadaptation
cutanée par des recoupes. On peut réaliser un dégraissage par lipo-aspiration mais,
étant donné qu’il est souvent nécessaire de retendre les berges cutanées, ce procédé
n’offre que peu d’avantages. Il peut donc être nécessaire de réaliser plusieurs temps
de dégraissage (en général deux), chaque fois à six semaines d’intervalle.
Avantages
– Dimensions du lambeau, plus grandes que celle des lambeaux régionaux
de l’avant-bras.
– S’agissant d’un lambeau à distance, il ne sacrifie pas d’axe vasculaire
majeur comme le lambeau chinois, l’artère radiale pouvant être nécessaire lors
de temps ultérieurs de reconstruction.
– Grande facilité technique dans la réalisation, ainsi que reproductibilité.
– Excellente fiabilité.
– Séquelles esthétiques peu visibles au niveau du site de prélèvement (cica-
trice dissimulée dans le maillot de bain).
Inconvénients
– Nécessité de plusieurs temps opératoires : sevrage, puis dégraissage(s),
souvent obligatoire(s) chez les patients ayant un pannicule adipeux important.
– Difficulté des soins postopératoires avec un risque d’infection, vu la loca-
lisation abdomino-pelvienne, facilement évitée par des pansements soigneux
et réguliers (douche +++).
– Difficulté de la rééducation. De plus, la position déclive de la main ne
permet pas de lutter efficacement contre l’œdème postopératoire.
– Difficulté à récupérer une autonomie chez les patients âgés, avec un enrai-
dissement rapide, une récupération de la mobilité de l’épaule et de la marche
qui reste difficile.
Indications
Le lambeau inguinal a une place de choix dans les grandes pertes de substance
du membre supérieur, de la main (face dorsale ou palmaire), du poignet ou
de l’avant-bras, jusqu’au coude.
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