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1.

Lambeau positionné latéralement (lpl) :


La technique du lambeau positionné latéralement, décrite à l'origine par Grupe et Warren en
1956,45 était la technique standard pendant de nombreuses années et est toujours indiqué dans
certains cas. L’objectif est de restaurer des dimensions gingivales normales lorsqu’il existe
une ou plusieurs récessions gingivales, par un lambeau de rotation assurant le déplacement de
tissu kératinisé adjacent au dénudations radiculaires [8]p246 [9]p3655.

1.1.Indications

Les indications du LPC en chirurgie plastique parodontale sont

 Le recouvrement des récessions,


 L’apport de gencive face à une dent qui en présente peu ou pas pour restaurer le
complexe muccogingivale
 L’apport de tissu kératinisé sur un site implantaire ;
 Le dégagement de canine incluse en position vestibulaire [4]p127.

1.2.Avantages
 Pourcentage de recouvrement entre 60 et 70 % selon les études.
 Augmentation du volume de tissu kératinisé.
 Lambeau pédiculé assurant donc une bonne vascularisation et limitant le risque de
nécrose.
 Un seul site opératoire.
 Bon résultat esthétique.
 Douleurs postopératoires très modérées [4]p134.

1.3.Inconvénients
 Technique délicate à mettre en œuvre.
 Risque de récession au niveau du site donneur.
 Présence d'une zone de cicatrisation de seconde intention.
 Peu adapté aux récessions multiples.
 Risque de récidive en présence de freins ou de brides.
 Nécessité d'un volume important de tissu kératinisé adjacent [4]p134.

1.4.Technique :

Étape 1: Préparation du site receveur. L'épithélium est éliminé autour de la surface radiculaire
dénudée. Le tissu conjonctif exposé sera le site receveur du lambeau déplacé latéralement. La
surface radiculaire est soigneusement préparée de façon à la rendre « biologiquement
compatible avec le tissu conjonctif de lambeau qui va le couvrir. Le surfaçage s’effectue à la
curette et éventuellement a la fraise. La surface radiculaire est ensuite rincée abondamment
avec spray d’eau ou du sérum physiologique pour éliminer la boue cémentaire puis polie avec
une cupule. Le passage d’un insert ultrasonique s’avère moins traumatique et plus économe
en tissu cémentaire qu’une curette. Les traitements chimiques des surfaces radiculaire par
écouvillonnage avec des solutions à base de tétracycline d’acide citrique ou encore
d’hypochlorite de sodium n’ont pas démontrer une efficacité supérieure au passage d’une
instrumentation manuelle ou ultrasonique et ne sont pas aujourd’hui recommandé. Ce temps
opératoire est identique pour toutes les techniques de recouvrement radiculaire [8]p246
[9]p3657.

Étape 2: Préparation du lambeau. Le tissu parodontal du site donneur doit avoir une épaisseur
satisfaisante de gencive attachée sans déhiscence ni fenestration dans l'os. On peut utiliser un
lambeau d'épaisseur totale ou partielle, mais ce dernier est préférable car il offre l'avantage
d'une guérison rapide au site donneur et réduit le risque de perte d'os facial. Ceci est
particulièrement important si l'os est mince ou si une déhiscence ou une fenestration est
suspectée.
Après la préparation radiculaire, les berges proximales de la récession sont biseautées (au
moins 2 à 3 mm pour la berge la plus éloignée du site donneur). Le lambeau latéral se délimite
par une incision horizontale intra papillaire au niveau de la jonction amélocémentaire (JAC) et
intrasulculaire d'une largeur égale à 1 fois et demie celle de la surface à recouvrir, se poursuit
par une incision de décharge parallèle à l'incision biseautée la plus proche du site donneur.
Cette incision s'étend au-delà de la ligne mucogingivale (LMG) de façon oblique en direction
de la récession. Enfin, une incision parallèle à cette dernière s'effectue depuis l'incision
biseautée, proche du site donneur en direction apicale pour libérer le lambeau. Ce dernier est
libéré en épaisseur totale, puis au-delà de la LMG en épaisseur partielle jusqu'à ce qu'il puisse
être immobilisé sans sutures sur le site à recouvrir [8]p246 [9]p3657.
Étape 3 : Transfère du lambeau. Faites glisser le lambeau latéralement dans la racine
adjacente. Le lambeau doit être placé à plat et être ferme sans tension excessive sur la base.
Stabiliser le lambeau à la gencive et à la muqueuse alvéolaires adjacentes avec des points de
suture interrompus. Une suture suspensive peut être utilisée autour de la dent concernée pour
empêcher le lambeau de glisser apicalement [9]p3657.
Étape 4: Protection du lambeau et du site donneur. Couvrir le site chirurgical avec une feuille
d'aluminium stérile et un pansement parodontal. Étendez le pansement de manière
interdentaire et sur la surface linguale pour le sécuriser. Le pansement et les sutures sont
généralement retirés après une semaine [8] p246 [9]p3657.

Figure : le lambeau déplacé latéralement. a :tracé d’incision b : fin d’intervention[4]

1.5.Variante
 Lambeau de double papille :

Le lambeau de double papille appartient à la famille des lambeaux positionnés latéralement.


La technique est décrite par Cohen et Ross en 1968. L’intérêt réside dans l'emploi de la
papille comme site donneur, qui est plus épaisse que la gencive vestibulaire en regard d'une
racine [4] p129 [8] p246.

Indications
 Récession de classe 1 de Miller, voire de classe 2 étroite.
 Présence d'un volume suffisant de tissu kératinisé au niveau des sites bordant la
récession.
 Deux papilles saines de part et d'autre du défaut [5] p145.

Avantages
 Lambeau pédiculé donc vascularisé ;
 Un seul site opératoire ;
 Bon résultat esthétique ;
 Douleur postopératoire très modérée ;
 Limite le risque de récession au niveau des dents adjacentes ;
 Pas de risque d'exposition osseuse grâce à la dissection en épaisseur partielle [5] p145.

Inconvénients
 Recouvrement incertain ;
 Récession unitaire seulement ;
 Nécessité d'un volume de gencive kératinisée suffisant bordant la récession ;
 Présence de zones de cicatrisation de seconde intention ;
 Technique délicate à mettre en œuvre [5] p145.

Technique :

La préparation du lambeau débute au niveau du site receveur par des incisions biseautées.
La différence réside dans la taille du lambeau déplacé qui concerne uniquement la papille
adjacente. Une translation latérale des deux papilles adjacentes à la récession compense
l’étroitesse des papilles face à la largeur de la récession ; on parle alors de lambeau
bipapillaire. Les résultats obtenus avec cette technique peuvent être imprévisibles, car l'apport
sanguin est compromis par la suture des deux papilles sur la surface radiculaire, laquelle est
dépourvue de vascularisation [8] p246 [9] p3658.

Figure : Prévisualisation de la technique [5] p151.


2. Lambeau positionné coronairement (LPC) :
Cette technique, ancienne et réactualisée par Allen et Miller en 1989, est sans cesse
améliorée dans un souci d’esthétique. Avec ou sans greffe de tissu conjonctif associée, le
LPC est certainement la technique de référence la plus utilisée en chirurgie plastique
parodontale. Il consiste à déplacer en direction coronaire le tissu gingival présent
apicalement au site à traiter [4] p137 [8] p246.

2.1.Indications :

Le LPC est indiqué :


 Pour le recouvrement des récessions de classe I de Miller ;
 En chirurgie parodontale régénératrice (couverture d'une membrane, couverture
d'un comblement par de l'os ou des biomatériaux, ou exclusion de l'épithélium
dans une lésion interradiculaire) ;
 En chirurgie de la crête (couverture d'une membrane ou d'une greffe osseuse, ou
couverture d'un comblement d'alvéole par des biomatériaux) ;
 En chirurgie implantaire (couverture du site au stade I) [4] p137.

2.2.Contre-indication :

Le lambeau déplacé coronairement est contre-indiqué :


 En l'absence de gencive kératinisée apicalement à l'exposition radiculaire
(gencive kératinisée 1 mm) ;
 Pour les patients ayant un vestibule peu profond ;
 Lorsqu’un frein s’insère dans la gencive marginale ou lorsqu'une fente gingivale
blanche atteint la muqueuse alvéolaire ;
 Pour les racines déplacées en vestibulaires ou proéminentes ;
 Les patients ayant 1 mm de gencive kératinisée apicalement à l'exposition
radiculaire, mais dont le biotype gingival ne comprend qu'une hauteur limitée de
gencive kératinisée au niveau des dents saines adjacentes ;
 Lorsque les dents sont atteintes de profondes caries radiculaires ou lésions
cervicales non carieuses [11] p322.

2.3.Avantages :

 Recouvrement radiculaire d'environ 80 à 90 %


 Excellent aspect esthétique (sauf technique en deux temps)
 Intervention techniquement pas difficile
 Peu de douleurs et d’inconfort post-opératoires (sauf technique en deux temps)
 Bonne vascularisation du tissu déplacé grâce au pédicule [4]p146.
2.4.Inconvénients :
 Recouvrement radiculaire pas totalement prévisible
 Intervention limitée aux récessions de classe l (sauf technique en deux temps)
 Risque d'échec en présence d'un frein, d'un vestibule peu profond ou d’un tissu
gingival très fin [4] p146.

2.5.Technique :

2.5.1. LPC avec incisions de décharge

Étape 1 : la préparation radiculaire : surfaçage du cément exposé au milieu buccal de façon à
le rendre « biologiquement compatible » avec le tissu conjonctif du lambeau qui va le
recouvrir [4] p138.

Étape 2 : tracé d’incision : Le tracé d'incision doit tenir compte de la longueur du
déplacement du lambeau, qui est égal à la hauteur de la récession. Cette distance est reportée
depuis le sommet de la papille, pour situer le tracé d'incision de la future papille. Ce tracé des
papilles est relié par une incision intrasulculaire sur la dent à traiter et par des incisions de
décharge verticales à légèrement obliques pour délimiter un lambeau trapézoïdal. Ces
incisions de décharge s'enfoncent largement dans la muqueuse alvéolaire, De façon à créer
une zone réceptrice conjonctive et donc vascularisée, la face externe de la papille est
désépithélialisée à l'aide d'une paire de ciseaux très fins ou d'une lame. Le lambeau est ensuite
décollé en épaisseur totale, d'une hauteur suffisante pour que cette plus grande épaisseur
corresponde à celle de la racine à recouvrir. Le décollement est poursuivi en direction apicale
par une dissection en épaisseur partielle [4] p138.

Étape 3 : transfère du lambeau : le lambeau est alors essayé dans la position souhaitée et
éventuellement retouché, Avant de suturer, il est utile de tester la passivation du lambeau
positionné coronairement à la JAC des dents traitées, en recherchant son immobilisation par
de légers mouvements en direction apicale. Le lambeau est finalement suturé par une suture
suspensive, associée à des points séparés pour les décharges. La plaie est totalement fermée et
la cicatrisation est de première intention. La plaie est couverte avec un pansement parodontal.
Le rendez-vous post-chirurgical est fait après 1 semaine. Le pansement parodontal est
remplacé pendant une semaine supplémentaire si nécessaire [4] p138 [8] p247 [9] p3659.

Figure a : Figue b : figure c :

État initial de la récession. Tracé des incisions Décollement du lambeau de pleine


épaisseur.

Figure d : figure e :


Dissection apicale en épaisseur partielle Surfaçage de la racine et désépithélialisation des papilles.
Figure f : Figure g :
Déplacement coronaire passif du lambeau État postopératoire immédiat.
et réalisation des sutures.
[5] p133 -134

2.5.2. LPC sans incisions de décharge :

L'orientation actuelle est de supprimer, dans la mesure du possible les incisions de décharge
verticales pour optimiser l'apport vasculaire, réduire la souffrance du lambeau et améliorer le
résultat esthétique final. Une récession unitaire peut être traitée de cette manière, mais un
lambeau de grande étendue, libéré de toute tension, est toujours recommandé. En ce qui
concerne les récessions multiples, Zucchelli et De Sanctis dessinent des tracés d incision
autorisant la rotation des papilles chirurgicales. Pour le recouvrement de plusieurs récessions
gingivales contiguës, l’attention se porte d’emblée sur la récession la plus haute. Elle
constituera l’axe de symétrie du tracé d incision. De part et d’autre de cet axe. Le tracé est
oblique au niveau des papilles, allant du point donné par le rapport de la mesure de la hauteur
de la récession jusqu’au point le plus apical de la récession adjacente. L’intervention se
poursuit par une désépithélialisation des papilles receveuses, puis par le décollement en
épaisseur totale et partielle comme dans la technique du LPC avec décharges. Les sutures
classiques au niveau papillaire de ce LPC peuvent être éventuellement complétées par un
point matelassier horizontal au fond du vestibule, de la longueur du lambeau. Ce point
pourrait diminuer les tensions secondaires à un éventuel œdème et redessinerait la nouvelle
position de la LMG [8] p248.

2.6.Variante :
 Lambeau semi-lunaire :
Le lambeau semi-lunaire est un lambeau pédiculé déplacé coronairement sans incisions de
décharge, ni sutures. Ce technique a le fait de tracer une incision dans la muqueuse alvéolaire
très apicalement, reliée par dissection dans l'épaisseur à une incision intrasulculaire. Ce
lambeau ainsi libéré reste vascularisé par des pédicules latéraux, et peut effectuer
l'avancement coronaire. C'est surtout Tarnow, en 1986, qui a modifié le tracé d'incision apical
en lui donnant cette forme de demi-lune parallèle à celle du contour de la récession et en
appelant la technique lambeau semi-lunaire positionné coronairement [4] p142 [8] p248.

Indications
 Récession simple de classe 1 de Miller.
 Présence d'un volume de tissu kératinisé suffisant situé en position apicale à la
récession.
 Secteur antérieur maxillaire [5] p137.

Avantages
 Pourcentage de recouvrement entre 70 et 91 % selon les études.
 Gain de recouvrement de 2 à 3 mm [7].
 Absence de décharge et d'incision périostée.
 Absence de suture.
 Lambeau pédiculé, donc vascularisé.
 Un seul site opératoire.
 Bon résultat esthétique.
 Douleur postopératoire très modérée [5] p137.

Inconvénients
 Technique délicate à mettre en œuvre.
 Classe 1 de Miller seulement, et en secteur maxillaire antérieur uniquement.
 Technique parfois imprévisible.
 Risque d'échec dans le cas de déhiscence ou de fenestration osseuse.
 Technique contre-indiquée pour les parodontes fins.
 Absence d'augmentation de volume de tissu kératinisé.
 Présence d'une zone de cicatrisation de seconde intention [5] p137.

Technique :

Etape 1 : Une incision semi-lunaire est faite en suivant le contour de la récession et se
terminant à environ 2 à 3 mm de la pointe des papilles. Cet emplacement est important car
le lambeau prend son vascularisation des zones papillaires. L'incision doit atteindre la
muqueuse alvéolaire si la gencive attachée est étroite [9] p3661.

Étape 2. Effectuez une dissection en épaisseur partielle coronairement a partir de l'incision


et reliez -la à une incision intrasulculaire [9] p3661.

Étape 3 : Le lambeau est déplacé afin de recouvrir totalement la récession. Il est maintenu
par une compression pendant 3 minutes. Il n’est pas nécessaire de réaliser des sutures : en
revanche, une protection par pansement chirurgical est indispensable [8] p248.

Cette technique est simple et assure de manière prévisible une couverture radiculaire de 2 à 3
mm. Il peut être effectué sur plusieurs dents adjacentes. La technique est indiquée pour les
zones où la récession n'est pas importante (<3 mm) et où le biotype gingival est épais [9]
p3661.

Figure : Prévisualisation de la technique [5] p143

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