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Bernadette Piérart
in Bernadette Piérart, Le langage de l’enfant
2005 | pages 19 à 32
ISBN 9782804145620
Article disponible en ligne à l'adresse :
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Bernadette Piérart
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Le langage de l’enfant. Développement et évaluation
1 LE DÉVELOPPEMENT DU LANGAGE DE
L’ENFANT : L’HYPOTHÈSE DE LA MODULARITÉ
Les compétences du langage sont modulaires (Fodor, 1983, 1985). Le
postulat est séduisant lorsqu’on forme le projet d’examiner le langage et
plus spécifiquement de scruter les différents modules hypothétiques dont
les interactions rendraient compte du fonctionnement normal du langage,
de son évolution harmonieuse, des troubles et dysharmonies de son
développement.
Le postulat de la modularité pose la spécificité de certains systèmes
de traitement de l’information, et leur relative autonomie de fonctionne-
ment par rapport aux autres systèmes. Les modules sont spécifiques à
des domaines bien précis et ne peuvent traiter que les informations
propres à ces domaines. Il y a des modules spécialisés dans les processus
qui traitent les entrées des informations et d’autres spécialisés dans les
sorties des informations. L’activation des divers modules et leur fonction-
nement sont automatiques.
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Le langage est la résultante de l’intégration de plusieurs sous-
systèmes modulaires, fonctionnant à divers niveaux. Le niveau
phonologique regroupe les sons propres à la langue déterminée (phonè-
mes). Le niveau morpholexical reprend les mots de la langue, dont
l’ensemble est structuré en un lexique mental. Le niveau morpho-
syntaxique génère les structures complexes de sens sous la forme de
séquences organisées de lexèmes. Le niveau pragmatique intègre une
série d’opérations visant à agir sur l’interlocuteur. Le niveau du discours
incorpore les énoncés de taille supérieure à la phrase. En préliminaire à
la phonologie, les praxies assurent la réalisation de mouvements coor-
donnés en vue de l’articulation des sons langagiers. Les gnosies concer-
nent l’identification des structures de la langue, en connexion avec
l’audition.
Chaque sous-système dispose d’une certaine autonomie comme le
montrent les dissociations observées dans les pathologies du langage,
notamment dans les dysphasies. Le calendrier et les itinéraires du
développement varient parfois considérablement selon le module langa-
gier envisagé. Un délai ou un déficit dans l’organisation ou la construction
d’un module se répercute sur l’ensemble du développement du langage.
Les évaluations approfondies du langage s’appliquent à l’examen
soigneux des structures et du fonctionnement des divers modules dont
l’intégration permet un exercice harmonieux du langage. Que ces modu-
les soient indépendants, qu’ils se construisent selon un ordre séquentiel
sont des questions intéressantes sur le plan théorique. L’analyse de la
pathologie du développement du langage y apporte un début de réponse.
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Introduction. Évaluer le langage de l’enfant : pourquoi et comment ?
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d’une superposition des handicaps. Dans ces derniers contextes, néan-
moins, la pathologie du développement du langage reste considérée
d’abord et avant tout comme fondamentale.
Les dysphasies se révèlent et s’accentuent au cours du développe-
ment de l’enfant. Leur définition comme une seule entité clinique pose
problème : quel critère adopter sinon celui d’un retard dans l’apparition
du langage, éventuellement assorti d’un développement très lent de celui-
ci. Dans l’approche médicale classique, reflétée dans les définitions
successives du DSM (DSM III-R, DSM IV), c’est l’absence de facteur
causal connu qui définit les troubles spécifiques du développement du
langage. Ces troubles spécifiques présentent divers degrés de gravité et
diverses particularités sémiologiques. Si les habitudes de recherche et de
traitement en pays anglo-saxons les envisagent comme des degrés sur un
continuum de gravité, en pays francophones, depuis 1950, on les considère
traditionnellement comme des entités nosologiques différentes.
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Le langage de l’enfant. Développement et évaluation
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soins logopédiques attentifs. Son pronostic sera alors excellent. Le
dépistage des troubles discrets du développement du langage est donc
aussi une exigence de santé publique, un problème d’éducation car on
sait maintenant combien l’intégrité des composantes fines du langage
constituent des pré-requis aux enseignements scolaires de base,une
question sociale ou plus exactement de justice sociale car il reste encore
bien des inégalités dans nos pays dans l’accès à l’information requise
pour mobiliser les parents pour ce dépistage suivi, éventuellement des
mesures thérapeutiques adaptées. Bref, le dépistage des troubles du
langage et leur traitement est aussi affaire de société : environ 10 % des
enfants présentent des troubles du développement du langage dans le
contexte d’une dysharmonie évolutive.
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de dysphasie, la répétition de phonèmes isolés ou de mots est possible
alors que la répétition d’énoncés de plusieurs mots aggrave le tableau
clinique, en raison de la surcharge de contrôle. Les dysphasies
phonologiques ne sont pas très fréquentes.
La majorité des enfants dysphasiques présentent des troubles qui
affectent la compréhension et l’expression. Le syndrome le plus fréquent
est le syndrome phonologique-syntaxique, présent chez plus de 70 %
des enfants dysphasiques scolarisés en Belgique dans des classes pour
dysphasiques et dans les consultations neuropédiatriques et
pédopsychiatriques. Dans ce syndrome mixte, la compréhension est
toujours meilleure que l’expression, même s’il s’agit souvent d’une
compréhension plus contextuelle que vraiment linguistique. Les difficul-
tés de compréhension émergent lorsque les énoncés s’allongent, se
complexifient. Ce sont surtout les composantes articulatoires et
phonologiques qui sont touchées ainsi que la composante
morphosyntaxique. Les omissions, substitutions et distorsions de con-
sonnes et de groupes de consonnes apparaissent au début, au milieu et
à la fin de séquences. Ces désordres phonologiques sont davantage que
de simples défauts d’articulation tels qu’on peut les entendre dans les
discours d’enfants très jeunes. Les sons émis sont souvent peu reconnais-
sables. Les déformations phonétiques ne sont pas systématisées et ne
répondent pas à une logique de simplification développementale ou
articulatoire. La production langagière se caractérise aussi par l’absence
des mots-fonction et des traits morphologiques. La syntaxe est défi-
ciente : phrases courtes, omissions des mots fonctionnels, des flexions
des nominales et verbales, nombre très limité de relations exprimées dans
un seul énoncé. Parfois même l’ordre habituel des mots de la langue de
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Le langage de l’enfant. Développement et évaluation
référence est perturbé. Les difficultés lexicales sont plus discrètes. C’est
surtout la fluence verbale qui est perturbée, les catégories sémantiques
sont relativement intactes. Bon nombre de ces enfants ont acquis des
fonctions pragmatiques et une prosodie adéquate : ils utilisent la voix
pour marquer les questions, les ordres et les commentaires. L’appétence
à la communication reste intacte : les enfants pallient à leurs difficultés
expressives par l’utilisation de gestes.
Les classifications sémiologiques distinguent encore des troubles du
processus de traitement central et de la formulation : les dysphasies
sémantico-pragmatiques. Dans ces syndromes, l’enfant peut commen-
cer à parler à un âge à peu près normal. Son articulation peut être correcte.
Il peut imiter des phrases complètes qu’il entend autour de lui. La forme
de ses énoncés ne présente en général pas beaucoup de problèmes. Par
contre, les difficultés de compréhension sont très présentes et, surtout, la
communication verbale manque complètement d’adéquation pragmati-
que : l’enfant respecte très peu le tour de parole. Il ne prend pas en compte
le contexte, applique les mots et les expressions dans leur sens littéral, ne
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maintient pas le fil de la conversation, n’apporte qu’un langage très peu
informatif malgré son abondance. Il peut présenter du jargon, de l’écholalie
et des persévérations, des modes conversationnels aberrants. Le diagnostic
différentiel avec l’autisme est délicat. Sur le terrain, ce type de dysphasie
est le plus fréquent après le syndrome phonologique – syntaxique.
L’évaluation approfondie des diverses facettes des troubles spécifi-
ques du langage en fonde le diagnostic et permet de planifier les objectifs
du traitement. Dans d’autres syndromes qui se révèlent au cours du
développement de l’enfant, sensoriels, neurologiques, cognitifs, affectifs,
l’examen approfondi du langage trouve aussi une place de choix dans le
dossier des évaluations à côté des bilans propres à chacun des champs
syndromiques.
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est fort probable que les recherches menées dans ces pays différents ne
concernent qu’en partie les mêmes enfants décrits comme dysphasiques.
Les implications théoriques et cliniques de ces champs de recherche
doivent dès lors être nuancées. Ce constat a justifié notre désir de
consacrer aux dysphasies un numéro spécial de la Revue Enfance
(Piérart, 2004) qui fasse la part belle à littérature scientifique et aux
recherches francophones.
La référence au développement langagier de l’enfant standard reste
le pivot des travaux qui s’articulent autour de la problématique délai ou
différence dans le développement. S’agit-il de différences fines dans
l’organisation et dans le fonctionnement neurologique, cognitif, langagier
qui renvoient dès lors à la question des bases organiques sous-jacentes
aux dysphasies ? S’agit-il plutôt d’asynchronies dans la mise en place de
compétences fines dans le traitement d’unités langagières qui infléchis-
sent la courbe du développement de l’enfant dysphasique ? Ce délai est-
il homogène, situant le développement de l’enfant en décalage pur et
simple par rapport au développement normal ?
Voici l’architecture des débats théoriques qui s’articulent autour des
dysphasies et en particulier autour de la problématique délai/différence
dans le développement du langage, problématique qu’il serait réductif de
limiter à cette seule alternative, plusieurs combinaisons intermédiaires
des variables étant possibles.
Quels sont les critères de sélection des enfants dysphasiques en
régions francophones ? Face à un enfant qui ne parle pas ou peu et mal,
le clinicien a le choix entre trois types de démarches évaluatives :
l’évaluation descriptive, l’évaluation normative et l’évaluation critériée
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Le langage de l’enfant. Développement et évaluation
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classiquement retenue en neuropédiatrie pour poser un diagnostic de
dysphasie (Gérard, 1991).
Les recherches sur les troubles développementaux du langage,
étiquetés SLI en anglais, dysphasies (au sens large) en français se sont
multipliées depuis quelques années. À côté du souci d’un diagnostic
meilleur, la recherche fondamentale met au point des épreuves très fines
pour tester des hypothèses de recherches. La clinique logopédique
bénéficie de leurs adaptations.
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4.1 Les fonctions de l’évaluation
Le clinicien qui examine un jeune enfant dont le langage ne se développe
pas, ou un enfant plus âgé chez lequel on s’inquiète d’un développement
trop lent doit remplir successivement trois tâches : d’abord confirmer la
réalité du trouble, ensuite vérifier son éventuelle spécificité, enfin tenter de
classer.
Montrer que le patient obtient des performances inférieures à celles
attendues pour son âge ne constitue toutefois qu’une première étape dans
l’évaluation. Pour être vraiment utile, la démarche évaluative doit inclure
une investigation approfondie des difficultés et des compétences du
patient.
Le clinicien a le choix entre trois types de démarches évaluatives :
l’évaluation descriptive, l’évaluation normative et l’évaluation critériée.
L’objectif de l’évaluation normative est de situer l’enfant consultant par
rapport aux enfants de son âge. D’une valeur diagnostique et prédictive
supérieure à l’évaluation normative, l’évaluation critériée se propose de
mesurer les performances de l’enfant consultant par rapport à des
objectifs hiérarchisés dans un curriculum d’apprentissage (Grégoire,
1994). Cette démarche implique la référence soit à une théorie du
développement du langage, soit à un descriptif des procédures d’appren-
tissages.
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tés non langagières. L’évaluation de la mémoire fait souvent partie du
bilan. La complexité des facettes cognitives et langagières à évaluer
impose le recours à des batteries de langage, idéalement normées sur le
même échantillon de référence (Chevrie-Muller et al., 1981, 1988, 2001 ;
Piérart et al., 2004). Cette évaluation normative s’attachera au préalable
à vérifier la spécificité des troubles de développement du langage sur
chacune des entrées de la définition par exclusion : déficience intellec-
tuelle (Grégoire et Piérart, 1992), déficience auditive, troubles neurologi-
que et attentionnels, hyperactivité ; difficultés socioaffectives, primaires
ou réactionnelles aux difficultés de communication.
Ce renseignement est important pour décider de l’opportunité d’une
intervention en logopédie et du type d’intervention qui est pertinent. Ces
données suffisent voire orienter éventuellement l’enfant dans vers une
éducation spécialisée ou pour ouvrir un dossier administratif. Il est
insuffisant pour planifier les modalités de l’intervention remédiatrice.
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modèle théorique permet de formuler des hypothèses plus fines et plus
précises sur la nature des dysfonctionnements relevés. Très peu de
modèles de ce type sont disponibles aujourd’hui. L’évaluation critériée
n’est pas toujours possible aujourd’hui, faute de théorie disponible.
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ans, c’est-à-dire qui ont l’âge des enfants vus en consultation lorsque le
développement de leur langage se passe moins bien.
ISADYLE (Piérart, Comblain, Grégoire et Mousty, 2004) est une
batterie de langage qui répond à ce projet. Ce pseudomot, aux allures de
prénom, est formé par la juxtaposition des premières lettres de « Instru-
ments pour le screening et l’approfondissement des dysfonctionnements
du langage chez l’enfant ».
Les épreuves expérimentales, conçues et prétestées par les quatre
auteurs, ont été appliquées à 1 200 enfants, répartis en 12 groupes,
depuis l’âge de 3 ans jusqu’à 12 ans, autant de garçons que de filles,
sélectionnés dans les écoles de toutes les communes de Belgique selon
le plan d’étalonnage exposé au chapitre 1. Les données ont été recueillies
en 1997 par 75 étudiants en graduat en logopédie, dans le cadre de leur
travail de fin d’études. La compilation des données a mis en évidence des
lacunes dans le nombre de protocoles pour quelques groupes d’âge. Des
données complémentaires ont été prises en 1998, par cinq étudiants en
logopédie et par quatre chercheurs. Une première cotation, établie a priori
a été appliquée par les étudiants qui ont pris les données. Elle a été
complètement revue et homogénéisée, par deux chercheurs, avec l’aide
de quatre assistants de recherche. En effet, des disparités et des incohé-
rences dans les cotations sont apparues lors de la première cotation. Un
premier cycle de calculs a permis alors d’éliminer des items sur la base
des critères exposés au chapitre 1. Un second cycle de calculs a eu lieu
sur les données ainsi épurées. Les résultats discutés dans plusieurs
chapitres de cet ouvrage s’appuient sur les données de ce second cycle
de calculs. La version finale de l’épreuve repose sur une révision des
cotations suivie d’un troisième cycle de calculs.
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situation naturelle.
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délicate mais combien passionnante. Elle mérite bien tous les efforts
qu’on lui consacre : telle est la conclusion de cet ouvrage.
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