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Valérie Saugera
Dans Travaux de linguistique 2017/2 (n° 75), pages 59 à 79
Éditions De Boeck Supérieur
ISSN 0082-6049
ISBN 9782807391703
DOI 10.3917/tl.075.0059
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Valérie Saugera *
1. Introduction
Le Petit Robert définit le sens figuré d’emprunter comme un procédé en
deux phases : « Prendre ailleurs et faire sien ». La première phase, « prendre
ailleurs », est celle qui pose problème à ceux qui mettent en question l’em-
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ploi des anglicismes en français (l’Académie française ; Hagège, 2012) ; la
seconde phase, « faire sien », rend compte des procédés linguistiques utili-
sés dans la fabrique des anglicismes. On se propose d’abord de commenter
brièvement le ‘prendre ailleurs’ en abordant la politisation du phénomène
d’emprunt dans le contexte de l’anglais, langue de la mondialisation ;
ensuite, d’examiner en détail la façon dont le français fait siens les mots de
l’anglais : la démarche consiste à identifier les (nombreux) changements
qui s’opèrent de la langue prêteuse vers la langue emprunteuse et à mettre
en évidence l’application de règles et procédés lexicogéniques internes au
français. L’analyse repose sur l’étude de cas de cinq anglicismes extraits
de la rubrique Dire, ne pas dire du site de l’Académie française, qui publie
périodiquement de courts articles sous forme de critiques d’anglicismes
(ne pas dire), où on leur préfère un équivalent français (dire).
Ce corpus de cinq items – cash, vintage, asap, fashionista et
look – suffit à démontrer l’utilité, la complexité et la créativité sous-
jacentes à la création des anglicismes. Les items ont été symboliquement
choisis pour être critiqués par une figure de proue de l’opposition à l’an-
glicisation, l’Académie, qui considère les anglicismes et leurs équivalents
français commutables – en d’autres termes, ils formeraient des paires de
véritables synonymes. On voudrait confronter cette commutation en iden-
tifiant la construction sémantique, stylistique, étymologique, etc., de ces
mots en français et en observant aussi leur usage en contexte dans la presse
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connotations affectives liées à ce contexte économico-politique placé sous
le nom de l’hégémonie américaine. Enfin, la question de la fréquence et de
la longévité des anglicismes permet de relativiser somme toute l’impact du
globish.
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au XIXe siècle, une langue universelle, la langue dans laquelle tout
le monde s’exprime, et évidemment le français souffre de la com-
pétition avec cette langue. Il est en compétition d’une part parce
que cette langue américaine est utile, elle est un moyen de com-
munication et le français se laisse pénétrer par beaucoup de mots
anglo-américains » (http://www.academie-francaise.fr/la-presence-
de-la-langue-francaise).
H. Carrère d’Encausse qualifie ainsi le global English de « langue
appauvrie » et place le français et l’anglais dans une situation de rivalité
de laquelle l’anglais sortirait vainqueur en raison de son statut de langue
et donneur universels. Sans retracer l’histoire de la montée sans précédent
du global English (Northrup, 2013), on esquissera son territoire. À partir
de recherches de disciplines variées, l’économiste Jacques Melitz (2016)
a identifié les domaines pour lesquels l’anglais sert de lingua franca : la
sécurité internationale, les organisations politiques internationales, les
associations internationales du secteur privé, la presse internationale,
le sport international et les sciences. En conséquence de ce scénario de
contact linguistique intensif, l’anglais laisse une empreinte lexicale notable
sur toutes les langues européennes, une empreinte minutieusement enre-
gistrée dans le Dictionary of European Anglicisms (Görlach, 2001)3.
La dénonciation du ‘prendre ailleurs’ serait donc à la racine plus
idéologique que linguistique. Pourtant, le fait est qu’on utilise ces mots
étrangers. Si notre étude se concentre essentiellement sur le comportement
linguistique des anglicismes, il se pourrait que la communauté linguistique
qui les emprunte leur greffe des valeurs liées à la superpuissance améri-
caine (v. section 4). « [L]e français se laisse pénétrer par beaucoup de mots
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Bénéficiant chaque mois de nouvelles entrées, Néologismes & angli-
cismes a répertorié, entre le 6 octobre 2011 et le 5 février 2016, 84 mots
d’origine et de forme anglaises, identifiables par leur orthographe, leur
morphologie et leur prononciation, ce qui exclut les calques5. La moitié
environ de ces mots, 47 au total, n’apparaît pas dans l’édition 2015 du Petit
Robert (checker, corporate, deadline). Le dictionnaire inclut les 37 autres,
pour la plupart des emprunts apparus dans le lexique français entre 1950
et 1995 (buzz 1994, flyer 1995), mais on y relève aussi quelques formes
plus anciennes (challenge 1884, has been 1932). Les billets lexicaux de
l’Académie présentent des histoires étymologiques mais reposent avant
tout sur des remarques qui défient l’emploi d’un mot emprunté et pro-
posent un équivalent français en conséquence, supposant que ce dernier
remplisse les mêmes fonctions. La figure 1 reproduit le billet pour la forme
vintage qu’on présente en étude de cas ci-contre.
Point de départ de cette étude, l’observation de commentaires jugés
peu linguistiques, voire inexacts, dans les billets lexicaux. Un acadé-
micien décrit, par exemple, le terme smoking, apparu en 1890, comme
une invention francophone peu explicable. Or il ne s’agit pas exacte-
ment d’une invention mais plutôt d’une ‘simple’ troncation du composé
anglais smoking jacket (tels FR living < AN living room ; FR dressing
< AN dressing room). L’abréviation, un procédé d’économie très produc-
tif dans la langue française, continue de s’appliquer aux mots composés
anglais pour créer des mots simplex en français : FR des running < AN
running shoes ; FR un shorty < AN shorty/shortie panty (ou boy shorts ?).
La troncation de ces composés n’a en revanche pas lieu dans la langue
anglaise, ce qui signale clairement que ces anglicismes – smoking, living,
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La fabrique des anglicismes
Vintage
Le 10 juin 2014
Néologismes & anglicismes
In vino veritas, dit le proverbe ; dans le vin aussi l’origine de vintage. Ce nom
anglais est en effet dérivé de vint(ner), lui-même emprunté de l’ancien français
vinetier, « vigneron ». Vintage qualifie d’abord un porto d’une cuvée particulière
ou d’un millésime particulier. Cet emploi, correct quand il désigne un porto, ne
doit pas, par extension, qualifier tel ou tel objet qui, comme les grands crus,
aurait pris de la valeur en vieillissant. C’est en ce sens que cet adjectif tend à
se répandre en français ; on préfèrera le remplacer par la locution adjectivale
d’époque ou, si l’on veut garder la métaphore vinicole, par l’adjectif millésimé.
On dit On ne dit pas
Une voiture d’époque Une voiture vintage
Un sac des années xxxx Un sac vintage
(http://www.academie-francaise.fr/vintage)
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dressing, running, shorty – suivent des procédés morphologiques français.
On notera aussi que smoking (et même smok) s’ancre toujours bien dans
l’usage avec son sens de costume acquis en français (extension séman-
tique) ; smoking jacket, en revanche, est désormais peu usité en anglais,
tout simplement parce que le veston de velours qu’il désigne ne fait plus
guère partie du vestiaire masculin. Chaque anglicisme a une forme et un
comportement explicables quand on retrace son étymologie, examine sa
morphologie, etc.
On l’a dit, l’étude repose sur l’analyse de cinq items en particu-
lier – cash, vintage, asap, fashionista et look6, pour privilégier des items
qui permettent de rendre compte de façon univoque des procédés de for-
mation que déploie le français pour ‘faire sien’ un mot venu d’ailleurs. Par
exemple, on revisite la critique de l’Académie avec une approche sémique
soulignant des ressemblances et des dissemblances entre les anglicismes
et leurs équivalents français proposés. L’analyse consiste à exploiter le
caractère décomposable des lexèmes en sèmes, éléments minimaux de
sens, pour mettre ces mots en relation et mesurer leur degré de synony-
mie. Le dépouillement de ces cinq anglicismes comprend leur observation
dans la langue de la presse afin de mettre en avant leur usage courant ;
des remarques sur d’autres anglicismes complètent l’étude. Un résumé des
traits greffés sur ces formes anglaises quand elles s’intègrent au français
figure à la fin de la section dans le tableau 3.
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3.1. CASH
L’anglicisme cash a récemment acquis une nouvelle acception (figurée),
quand il comporte le sème ‘qui est franc’. Ce nouveau sens, ajouté dans
l’édition 2008 du Petit Robert, découle d’une interprétation métaphorique
de règlement comptant, le sens premier de ce terme anglais (payer cash),
originellement emprunté en 1916. C’est l’idée d’immédiateté qui relie
les deux valeurs de l’anglicisme cash, paiement comptant et être franc.
Cet emprunt rend compte de la polysémie qui caractérise les emprunts à
l’anglais alors que les emprunts à d’autres langues tendent à être monosé-
miques (Chesley, 2010).
Selon le Petit Robert, le sens métaphorique de cash appartient à un
style « très familier », quand la paraphrase définitionnelle que propose
l’Académie en substitut relève, elle, d’un style soutenu, « être d’une fran-
chise un peu brutale ». L’anglais est la langue étrangère qui fournit le plus
de termes au français familier (Tengour, 2013) ; on notera en particulier
que des termes, neutres en anglais, deviennent informels quand ils s’in-
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tègrent au français, ainsi because, booster et yes (Saugera, 2017 : 49-51).
L’anglais nourrit le français familier et argotique. L’appartenance
(marquée) du mot à un style, un registre peut aussi s’accompagner de l’in-
troduction de nuances et de sèmes nouveaux : une propriété possible des
registres est de transmettre un caractère péjoratif ou mélioratif (Mortureux,
2001 : 111), ainsi cash ne désigne pas n’importe quelle franchise mais une
franchise qui peut blesser. L’extrait ci-dessous illustre en contexte le sens
de cash dans un article de presse qui l’emploie adverbialement pour déter-
miner la manière de parler d’une violoniste. L’occurrence de cash est sui-
vie de paroles de la violoniste rapportées au discours direct qui permettent
de confirmer son franc-parler blessant et provocateur et donc le caractère
péjoratif de l’anglicisme.
[1] Anne Gravoin parle « cash » et ça donne des phrases déjà cultes
comme « je ne veux pas dormir dans l’ancien lit de Claude Guéant »
(à propos de l’installation de son mari place Beauvau), ou « quand
je n’ai pas envie de faire la cuisine, Manuel sait ce qu’il lui reste à
faire ». (Le Monde, 11 avril 2014 ; nous soulignons)
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Stylistique neutre informel
3.2. VINTAGE
Vers 1990, l’emprunt vintage s’est enrichi d’un nouveau sens, ou plutôt
de nouveaux référents, quand il ne qualifie plus les seuls vins de Porto ou
de Champagne, mais aussi un « vêtement, accessoire de mode qui date
réellement de l’époque d’origine, qui n’est pas la copie moderne d’un
ancien modèle », selon le Petit Robert. Dans le billet reproduit figure 1,
l’Académie réfute ce nouveau sens de vintage : « [c]et emploi, correct
quand il désigne un porto, ne doit pas, par extension, qualifier tel ou tel
objet qui, comme les grands crus, aurait pris de la valeur en vieillissant ».
Étendre le sens d’un mot existant est pourtant un procédé néologique cou-
rant en français que recouvre la néologie sémantique (Sablayrolles, 2000)
et qui alimente de façon productive le français familier7. L’Académie pro-
pose de remplacer vintage par millésimé alors qu’il s’agirait aussi d’une
extension (sens original vin millésimé > sens figuré sac millésimé), pro-
cédé qu’elle déplore pourtant pour vintage lorsqu’il désigne d’autres réfé-
rents que les vins.
L’extension sémantique de l’anglicisme vintage se trouve dans les
extraits suivants, où le mot est utilisé pour caractériser respectivement des
mannequins plus âgés et des quenelles, non sans humour :
[2] a. Et pour ce dernier défilé de prêt-à-porter, il [Gaultier] invitait le
cirque de la mode dans une gigantesque macumba, un concours de
miss où chacune des participantes incarnait sa vision multiple de la
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une période déterminée, du moins lorsque l’anglicisme désigne des vête-
ments. Une réponse recueillie auprès d’Alexandre Samson, responsable
de la collection contemporaine au Palais Galliera, musée de la Mode de
la Ville de Paris, nous permet de dater cette période (e-mail personnel,
12 novembre 2014) :
« Attention, le vintage ne recouvre pas l’intégralité des vêtements
anciens, mais seulement ceux vecteurs d’une contemporanéité,
c’est-à-dire ceux qui peuvent être portés aujourd’hui sans donner
à son porteur l’effet « costumé ». Selon nous les vêtements vin-
tage incluent uniquement les vêtements anciens à partir de 1920,
moment où la typologie vestimentaire pose les bases de la nôtre ».
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plus de l’époque d’origine mais ressemblent à ceux de cette époque ou en
reprennent les codes. Par exemple, les quenelles vintage dans l’exemple
[1b] ci-dessus ne désignent évidemment pas de vieilles quenelles, mais
rappellent des plats, des recettes d’antan, comme l’indique son contexte
d’occurrence où les quenelles sont identifiées à « cette étonnante époque
où l’on transformait à tout-va ». Vintage rejoint cash dans la démonstration
de la valeur polysémique qui caractérise les anglicismes (vs. les emprunts
à d’autres langues9).
Référents Caractéristiques
1. Vins de Porto ou de Champagne – sens premier (1967)
– terme spécialisé (viticulture)
2. Vêtements et accessoires de mode – sens élargi à un autre domaine (1989)
– vêtements anciens à partir de 1920
3. Objets (de design) – mobilier, jouets, montres, etc.
– trait sociétal de nostalgie du passé
4. Le ‘reste’ – terme générique
– référents concrets (resto vintage) /
abstraits (habitude vintage)
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3.3. ASAP
Le commentaire de l’Académie sur l’anglicisme asap ou ASAP (as soon as
possible) perd en neutralité scientifique : « Cette abréviation, qui est loin
d’être transparente, semble cumuler la plupart des vices d’une langue qui
cache son caractère méprisant et comminatoire sous les oripeaux d’une
modernité de pacotille »10. Cet acronyme manquerait de transparence, mais
c’est la destinée commune des acronymes de devenir des mots simples
dont on ignore les composés. Qui pourrait citer les mots à l’origine de
l’acronyme français cedex ou l’acronyme russe goulag ? Comme le rap-
pelle Mortureux (2001 : 56), « l’arbitraire est la règle dans le signe lin-
guistique ». Pour remplacer l’anglicisme asap, prononcé /azap/ comme un
acronyme en français (il peut être prononcé comme un sigle en anglais),
l’Académie propose dès que possible et dès que vous pourrez. Ces tra-
ductions littérales, certes de bon aloi, oublient la raison qui a motivé cet
emprunt : gagner du temps par l’abréviation.
Outre la siglaison, le français déploie bien d’autres procédés pour
raccourcir la longueur des mots (mot-valise, mot-forme, etc.) qui s’ap-
pliquent également aux termes empruntés. La troncation des termes anglais
est un procédé courant qui se prête aux contraintes phono-morphologiques
du français : les formes récentes drag, kite / kitesurf et border, par
exemple, ne circulent pas en anglais comme formes abrégées des com-
posés drag queen, kitesurfing et borderline. En raison de sa fréquence, la
forme abrégée drag figure dans l’entrée du dictionnaire pour drag-queen.
Pour les variantes kite et kitesurf, on notera que la troncation a eu lieu au
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Les abréviations participent de la langue orale (ce qui ne les exclut pas de
l’écrit) et des styles plus informels (le continuum stylistique s’échelonnant
du technique au vulgaire), c’est-à-dire qu’elles augmentent le champ d’ex-
pression des locuteurs. On notera que l’Académie utilise aussi l’hyperbole
pour le phénomène de l’emprunt et amplifie ainsi sa représentation actuelle
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(v. section 5). La forme empruntée asap ne peut être critiquée pour son
statut linguistique d’abréviation, une matrice morphologique usuelle ; elle
vient donner une variante acronymique au français dès que possible dans
un contexte d’usage restrictif. Cet acronyme bénéficie en effet d’un emploi
spécialisé : asap s’est intégré au jargon de l’entreprise, où il est surtout
répandu dans la communication électronique :
[4] En cours → Livraison ASAP – Point quotidien avec Marcel (e-mail
professionnel partagé par une société d’ingénierie).
On peut également signaler que l’anglais (autre langue) fournit une sorte
d’euphémisme pour ‘urgent’ ; Loveday (1996) relève l’euphémisme
comme une motivation pour utiliser des termes venus d’ailleurs.
L’anglicisme ASAP fait écho au gallicisme, emprunt fait au français
par une langue étrangère, RSVP ‘répondez s’il vous plaît’, très commun en
anglais dans les invitations écrites, électroniques (cf. Trump’s R.S.V.P. to
Macron: Yes to Bastille Day in Paris, New York Times, 28 juin 2017). La
paire de formes abrégées ASAP / RSVP symbolise le commerce de mots
entre les langues, mais on sait que l’emprunt est un phénomène ordinaire
qui contribue sans cesse à augmenter et renouveler le lexique des langues.
3.4. FASHIONISTA
Les premières occurrences de l’anglicisme fashionista, une femme incon-
ditionnelle de la mode, datent du début des années 2000 ; l’Académie cri-
tique ce terme avant tout pour une raison lexico-morphologique : « une
curieuse hybridation de l’anglais (fashion) et de l’italien ou de l’espagnol
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Le cas de fashionista met en scène un phénomène plus rare rapporté
par Weinreich (1953) : l’emprunt de morphèmes liés, d’affixes étrangers. Il
se pourrait que l’anglais ait quelque peu changé cette norme. En français,
on pense immédiatement au suffixe anglais -ing (bronzing, fooding, color
zoning, coski-ing ‘pratique du ski avec un/e célibataire’) et plus récem-
ment au préfixe e- < electronic (e-billet, e-clope, e-liquide), prononcé /i/
pour imiter une prononciation anglaise. L’emprunt des morphèmes -ing
et e- a lieu dans d’autres langues européennes : Mott (2015) offre une
étude bien documentée de la popularité de -ing pour former des néolo-
gismes en espagnol (puenting ‘saut à l’élastique’ < puente ‘pont’) ; Onysko
(2007) souligne la productivité du préfixe e- en allemand, aussi prononcé
/i/ (E-Demokratie ‘e-démocratie’, E-Notizbuch ‘e-notebook’). L’emprunt
à l’anglais de morphèmes liés au sein des langues européennes peut être
interprété comme indicateur d’une empreinte plus profonde de l’anglais
sur ces langues.
Selon le New Oxford American Dictionary, le suffixe emprunté -ista
transmet souvent une intention péjorative en anglais, ce qui n’est pas le cas
en espagnol, la langue source12. Il s’agit donc d’une innovation sémantique
de la langue anglaise. Pour fashionista, la valeur dépréciative du suffixe
-ista se trouve dans le concept de dévotion, d’addiction à la mode. Le suf-
fixe a produit d’autres termes en anglais : Guardianista désigne un lecteur
stéréotypé du quotidien The Guardian, à l’attitude exagérément libérale
et politiquement correcte ; standardista désigne un développeur web qui
conçoit et promeut des normes du web, et par extension et de manière
péjorative, une personne qui suit des règles à la lettre.
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La fabrique des anglicismes
3.5. LOOK
Pour remplacer le mot look, en usage depuis les années 1970, l’Académie
suggère de puiser dans une copieuse liste de termes français équivalents :
« [o]n pourra, en fonction des circonstances, parler d’air, d’allure, d’aspect,
de dehors, d’expression, d’extérieur ou, pour parler plus familièrement, de
gueule, de dégaine, de touche ». Ces mots peuvent certes être mis en rela-
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tion parce qu’ils ont en commun le sème générique d’aspect physique, sauf
qu’ils ne sont pas pour autant commutables sans perte ni ajout de sens.
Comme le souligne Rey-Debove (1997 : 94), il n’existe que rarement de
véritables synonymes : « Il y a des synonymes lexicaux, mais rarement au
sens strict du mot ». Ici se pose avec plus d’acuité encore la question de
la synonymie entre un mot emprunté et son (supposé) équivalent dans la
langue emprunteuse. Voici la définition du Petit Robert pour l’anglicisme
look : « Aspect physique (style vestimentaire, coiffure…) volontairement
étudié, caractéristique d’une mode ». Le sème spécifique qui sépare look
de ses concurrents français est « volontairement étudié ».
Ce sème s’illustre clairement dans la presse féminine qui présente et
conseille à ses lectrices des looks, c’est-à-dire des vêtements assemblés, mis
en scène pour créer un certain effet (look bohème, look baroque). Le mot
dégaine, un candidat pour remplacer look, contient, lui, un sème spécifique
qui caractérise cet aspect physique de manière péjorative, défini par les
adjectifs ‘ridicule, bizarre’ dans l’entrée du Petit Robert. D’où l’on conclut
que l’emprunt look, n’est ni strictement permutable avec ses concurrents
français, ni inutile au lexique français : il apporte une distinction séman-
tique auparavant indisponible et nourrit le français familier puisque look
appartient à un style informel.
Cet anglicisme invite à une discussion sur la durée de vie des
emprunts. Dans son dictionnaire d’argot, Tengour (2013 : 335) qualifie
le terme look de vieilli : « Ce terme des années 80, largement passé dans
le langage familier, est tombé en désuétude ». Pourtant, l’édition digitale
de Elle, qui ne manque pas de marqueurs d’informalité dans son discours
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– forme adjectivale
vintage – extension des référents
– terme spécialisé à terme générique
– emploi humoristique pour certains référents
– début d’intégration flexionnelle
asap – variante acronymique de dès que possible
– emploi spécialisé au jargon de l’entreprise
fashionista – base anglaise et suffixe espagnol
– sème péjoratif
– jargon de la mode
– lacune lexicale
look – sème spécifique
– registre familier
– jargon de la mode
– longévité (inattendue) dans le lexique
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raison des (fortes) connotations positives ou négatives auxquelles chaque
locuteur l’associe (individuellement).
On peut essayer d’esquisser ces connotations, de façon inévitable-
ment simpliste et subjective : Disneyland, machine à rêve ou Disneyland,
« Tchernobyl culturel »15 ? Les valeurs positives pourraient comprendre la
fascination de la culture pop (musique, blockbusters hollywoodiens,
séries et jeux télévisés), le rêve américain, les avancées technologiques,
les réseaux sociaux, MacDonald’s et Starbucks, la statue de la Liberté,
etc. Les valeurs négatives pourraient, elles, comprendre la superpuissance
américaine (et le rôle subséquemment réduit de la France/du français), la
dictature de l’anglais, l’usage de l’anglais lié à un snobisme linguistique, la
Trump Tower, etc. On propose donc que l’anglicisme inclut dans sa forme
un discours sur son emploi, une sorte de fait de métalangue qui peut éga-
lement l’écarter de ses potentiels équivalents français. En d’autres termes,
on fait le choix d’utiliser ou pas un anglicisme et on s’offusque ou on reste
indifférent à la rencontre d’un anglicisme en fonction des valeurs sociolin-
guistes (sous-jacentes) qu’on accorde à ces anglicismes, américanismes ou
californismes.
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1990 correspondent à des besoins de communication ponctuels. Ils peuvent
refléter un emploi synchronique directement lié à l’actualité (hedge fund,
Hollande bashing), un emploi originaire d’une campagne présidentielle
(mentalité ‘yes we can’), un emploi lié à des tendances vestimentaires
ou culinaires (jean boyfriend ‘jean avec une coupe masculine’, tarte raw
aux fraises sans gluten), un emploi issu de la publicité (le what else ? de
Nespresso16 > « La douceur de la crème mêlée à la saveur iodée des œufs
d’esturgeon, what else? », Le Figaro, 9 décembre 2015) ou un emploi
humoristique (Champagne : Yes we kent !, titre un article de Libération, 16
juin 2017, sur un projet viticole insolite dans le Kent) 17.
Un lieu de circulation des anglicismes qui illustre bien ce phéno-
mène lexical passager est le jargon de la mode. La mode se renouvelle
continuellement, et en corollaire, le vocabulaire pour la décrire (et le terme
stacking vient d’apparaître, cette façon étudiée de porter en nombre ses
bijoux). Lapalissade que de désigner la presse féminine comme un vivier
d’anglicismes : pour preuve, cet extrait de Dire, ne pas dire daté du 5 jan-
vier 2012 où Hélène Carrère d’Encausse dénonce de manière délibérément
exagérée, dans un exercice à la Queneau, l’anglicisation du vocabulaire des
magazines de mode :
[5] Conseils d’une coach au top 50 des people. Le dress code dit :
casual chic. Adoptez la touche seventies boostée par le blouson cus-
tomisé, shoppé à la brocante vintage du quartier.
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La fabrique des anglicismes
6. Conclusion
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On vient de détailler les procédés multiples dont la langue française use
pour ‘faire siens’ des termes d’origine anglaise. Ces anglicismes naissent
souvent de matrices internes à la langue emprunteuse et attestent l’inven-
tivité et l’adaptabilité de la langue française pour qui l’anglais ne consti-
tue qu’une matière première qu’elle modèle et remodèle pour créer des
mots nouveaux. Il ne s’agit pas que de ‘prendre ailleurs’ mais surtout de
refaire, de réinterpréter avec ses propres ressources lexicogéniques et pour
ses propres besoins. L’analyse sémique d’anglicismes a aussi révélé de
nombreuses différences, parfois subtiles, entre certains anglicismes et les
équivalents français qu’on leur attribue. Ces différences justifient aussi leur
usage, leur fonction et leur utilité en français. Les anglicismes sont bel et
bien des acteurs à part entière du renouvellement lexical. L’actuelle période
de contact entre le français et l’anglais fournit moins de mots qui resteront
dans la langue que de mots de passage qui répondent à des besoins de com-
munication momentanés.
Est-il indispensable de vouloir traduire de façon quasi systéma-
tique tous les anglicismes qui passent, restent ou disparaissent ? Le terme
anglicisme est sans doute devenu réducteur tant le phénomène est devenu
hétérogène – changements sémantiques, grammaticaux et stylistiques
de la langue de départ vers la langue d’arrivée ; anglicismes en série :
AN serial killer > FR serial entrepreneur, serial-graffeur des catacombes ;
hapax et anglicismes éphémères dans la presse ; nouveaux faux angli-
cismes adj./adv. cash ‘franc et blessant’ et adj. roots ‘authentique, simple
et hippie ; bourlingueur’ ; emprunt direct de locutions et proverbes last
but not least, time is money ; etc. Sans parler qu’il n’est plus un terme
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Valérie Saugera
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NOTES
1. La Commission d’enrichissement de la langue française (CELF), par
exemple, publie un rapport annuel de son activité (http://www.culturecommunica-
tion.gouv.fr/Thematiques/Langue-francaise-et-langues-de-France/Politiques-de-
la-langue/Enrichissement-de-la-langue-francaise/Le-dispositif/Rapport-annuel-
de-la-Commission-d-enrichissement-de-la-langue-francaise-2015) et les termes
nouveaux qu’elle y propose augmentent la base de données terminologique
FranceTerme (http://www.culture.fr/franceterme).
2. Debray (2017) propose un essai sur l’imprégnation de la « civilisation »
américaine sur notre « culture » française.
3. Par exemple, la phrase last but not least est attestée dans sept des seize
langues du dictionnaire, alors que la phrase in a nutshell ne l’est qu’en néerlan-
dais. Ce dictionnaire comparatif permet de révéler les similarités et les différences
d’une langue à l’autre au niveau de l’intégration morphologique, sémantique, pho-
nétique et orthographique de ces emprunts.
4. Dire, ne pas dire est une expression de purisme linguistique où on donne
une seule forme pour la forme correcte (Walsh, 2014 : 425).
5. Les calques, un autre résultat du contact linguistique, font partie des
formes critiquées (FR confusant < AN confusing ; FR définitivement dans le sens de
absolument < AN definitely), mais qu’on ne discute pas dans cet essai centré sur les
seuls emprunts dont la forme peut immédiatement être reconnue comme d’origine
anglaise. Les calques laissent entrer ‘invisiblement’ un nombre accru de mots ou
d’expressions traduits littéralement de l’anglais : FR plafond de verre < AN glass
ceiling ; FR être en charge de < AN to be in charge of (Martí Solano, 2012).
6. Les URL pour chaque entrée/anglicisme suivent :
cash http://www.academie-francaise.fr/cash
vintage http://www.academie-francaise.fr/vintage
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La fabrique des anglicismes
asap http://www.academie-francaise.fr/asap
fashionista http://www.academie-francaise.fr/fashionista
look http://www.academie-francaise.fr/look-touch
7. Le Dictionnaire de la Zone (Tengour, 2013) qui catalogue l’argot des
banlieues inclut de nombreux mots du français ordinaire auxquels on a ajouté un
nouveau sens : affiche ‘honte de s’être fait remarquer’, aquarium ‘bureau vitré’ et
fumer ‘tuer’ ou ‘battre’.
8. Alexandre Samson précise d’ailleurs que ce phénomène vintage compte
des antécédents dans l’histoire de la mode : « Ce n’est cependant pas la première
fois dans l’histoire de la mode que l’on porte des vêtements anciens. En 1890,
pour fêter le centenaire de la Révolution, les femmes à la mode faisaient par
exemple retailler d’anciennes vestes et gilets masculins du XVIIIe siècle qu’elles
portaient ».
9. Par exemple, les seize termes empruntés à l’espagnol depuis 1945 qui
figurent dans le Petit Robert (2010) ne sont que des noms monosémiques (ceviche,
mariachi).
10. On a parlé du billet pour ASAP jusque dans la presse internationale (Drop
these ugly Anglicisms ASAP, urge French language Policy, article du Guardian, 8
janvier 2014).
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11. J’ai entendu de nombreuses occurrences de border dans une conversation
entre étudiants, p.ex. Mon frère, il est border (1er juin 2017).
12. Se pourrait-il aussi que l’anglais ait calqué fashionista sur l’espagnol
modista ? En espagnol, le terme modista est emprunté au français mode auquel est
attaché le suffixe espagnol -ista, un suffixe qui sert les genres masculin et féminin
(un dentista, una dentista). Pourtant, il est intéressant de relever que la forme
modisto s’est développée en espagnol pour désigner les grands couturiers, une
profession essentiellement masculine.
13. Le terme fake news pourrait faire l’objet d’une étude de cas, mais on relè-
vera seulement qu’il a la particularité de référer surtout au web (réseaux sociaux,
e-mails, etc.) à la différence de ces potentiels équivalents français et que ragot, un
des termes proposés, n’inclut pas l’idée de mensonge mais plutôt celle de malveil-
lance.
14. Cette identification invite nécessairement à une certaine subjectivité.
Certains anglicismes sont en effet moins reconnaissables par leur intégration
orthographique (émoticone) ou ressemblance formelle avec le français (fixie),
mais le locuteur reconnaîtra l’étymon anglais de la majorité des emprunts de cette
nouvelle phase de contact (burnout, low cost, playlist).
15. Appellation de la metteuse en scène Ariane Mnouchkine à l’ouverture du
parc en 1992 à Marne-la-Vallée.
16. Desnica (2016) détermine les étapes de la pénétration du slogan publici-
taire What else ? dans la presse française.
17. L’anglais continue à alimenter les jeux de mots dans le discours journalis-
tique : Do you speak trench ? (Elle, 29 février 2015) ; Rest in PS (France Culture,
3 juillet 2017).
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Valérie Saugera
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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