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ACTES SUD
SOMMAIRE
PARLER DU MÊME
Ibn Hazm1
J. Joyce2
L’OBSTACLE DU MÉTIS
2. LE FLOU DE L’AUTRE
3. ETIOLOGIES
4. RÉSISTANCES
5. FRICTIONS ET TRANSLATIONS
vivre deux ans dans “l’intérieur des terres”, avec son com
pagnon, cachés parmi les “Alarves” Arabes :
Ils furent assez habiles pour adopter le costume de ces
mêmes Alarves et pour vivre chez eux pendant plus de deux
ans. Ils savaient en effet très bien parler leur langue, surtout
la femme. C’est chose courante chez toutes les captives chré
tiennes, car de même que les maîtresses auxquelles elles ont
affaire savent parler, et apprennent d’elles, la langue espa
gnole ou, comme elles disent, la langue franque, de même
les chrétiennes apprennent de leurs maîtresses, très facile
ment, la langue mauresque29.
3. RÉÉVALUER LE MOUVEMENT
4. DÉCRIRE ET CIRCONSCRIRE
italien barbare : ogo quanto star bon Re, star bona gente, c’est-
à-dire “dobryï qoçoudar dielaiét poddannykh dobrymi” : un
bon roi rend ses sujets bons. C’est à peine si je pus me retenir
de rire62.
6. UN DÉNI DE LA LANGUE
Il n’est sans doute pas insignifiant que cet écho du latin, aussi
assourdi soit-il, ne soit de la sorte articulé qu’au XVIIIe siècle
— et que le même auteur, d’ailleurs, relie d’un lien explicite la
langue turque de l’opéra et la langue franque du commerce,
des voyages ou de la servitude (ces “Turcs qui ont été en
Provence, en Italie...”), car ces registres demeuraient autre
ment dissociés dans les multiples descriptions Affranco.
Sur un plan historique, on peut sans doute opposer la
Méditerranée du xvne siècle, maelstrom humain, au visage
plus régulé, sinon pacifié, quelle offre au siècle suivant. La
grande période de la course et de la captivité est la fin du
xvie siècle et le xvue siècle. On voit dans ce moment des
puissances d’Europe du Nord, et au premier chef l’Angle
terre et les Provinces-Unies, s’engager passionnément dans
diverses opérations corsaires ou militaires mais aussi commer
ciales en Méditerranée, et le brassage des hommes atteint là,
sans doute, sa plus forte intensité. Le xvuie siècle donne lieu
par contraste à un recul de la course et des phénomènes de
captivité, grâce à la multiplication d’accords diplomatiques
et à différentes formes de stabilisation politique des rapports
transméditerranéens.
C’est peut-être ce que traduit la vision plus équilibrée
de la langue franque qui se fait jour dans la relation de
La Condamine, voyageur des Lumières, explorateur puis
académicien. Il est l’un des premiers utilisateurs de la formule
Il - UN SYSTÈME DE LANGUES OPTIONNEL 101
INTERSTICES DE LA LANGUE
Je leur fis mon compliment en turc; cela leur fit plaisir, car
quoiqu’on doive ou puisse supposer qu’ils savent les langues
des Chrétiens, il est certain qu’ils n’aiment pas à s’en servir. Ils
120 LINGUA FRANCA
part de qui et pour quel sujet nous venions, il dit ben venido,
soyez les bien venus. Incontinent il demande s’il n’y a pas de
quoi foire la collation. Chacun bien aise de ce qu’il semblait
ne penser qu’à manger, se met à luy servir avec empresse
ment tout ce qu’il y avait de meilleur au Vaisseau; il mange
sans vouloir boire de vin, noquiero bever de esso, disait-il,
mis il boit seulement un peu d’eau, qui n’estait plus guère
bonne, mais qui l’estait encore trop pour luy40.
3. Y FAUT-IL UN EXPERT?
LE MUFTI
Se ti sabir, Si toi savoir
Ti respondir; Toi, répondre
Se non sabir, Si pas savoir
Tazir, tazir. Te taire, te taire
Mi star Mufti, Moi être Mufti
Ti qui star ti? Toi, qui être toi
Non intendir: Pas comprendre
Tazir, Tazir Te taire, te taire
LE MUFTI
Mahametta per Giourdina Mahomet pour Jourdain
Mi pregar sera e mattina: Moi prier soir et matin
Volerfar un Paladina Vouloir faire un Paladin
Dé Giourdina, dé Giourdina De Jourdain, de Jourdain
Dar Turbanta, é dar scarcina Donner turban et cimeterre
Con galera é brigantina Avec galère et brigantine
Per deffender Palestina Pour défendre Palestine
Mahametta, etc Mahomet, etc.
LE MUFTI
LES TURCS
5. LIEUX RETRANCHÉS ?
3, . LANGUES EN MINORITÉS
4. L’OREILLE DU DIPLOMATE
5. UN ENJEU INTERNE
TERRITOIRES DE LA LANGUE
1. LE CONTACT A LA MARGE?
2. DIALOGUES EN TENSION
[...] Il fut investi et pris, luy et tous ses capitaines, et tous ses
gens. Pour ce il ne perdit courage, comme j’ay ouy racomp-
ter à M. Parisot, grand maistre de Malte, qui, le voyant un
jour ainsi à la cadene, M. le grand maistre lui dit : Senor
Dragut, usanza de guerra! Il lui répondit: YMudanza de
fortuna*6.
Ils me menèrent voir les Bagnos, nom que les Italiens ont
donné aux prisons des Esclaves. C’est un long bâtiment
obscur, irrégulier, partie de brique, partie de pierre, et ter
miné par des voûtes. Je ne sais si ce nom de Bagnos, qui
signifie Bains, ne vient pas de ce que, comme les étuves,
ils ne reçoivent la lumière que par des trous percez dans les
voûtes : au moins ceux de Tripoli ne la reçoivent qû ainsi60.
3. L’AISANCE DU LOCUTEUR
Mais comme pour le cas des deux Provençaux qui vient d’être
mentionné, on doit sans doute prendre aussi en compte des
phénomènes de surdité toute conjoncturelle. Au xvne et au
xvnie siècle, la Méditerranée, contrairement à l’image que
nous en avons aujourd’hui, est largement investie par les
hommes du Nord, du Ponant : Anglais, Hollandais et, dans
une période plus tardive, Danois ou Suédois... Il est douteux
qu’ils aient pu investir de la sorte la Méditerranée sans inves
tir aussi les parlers en usage. Le père Philémon de La Motte
mentionne le cas de deux Hollandais réformés qu’il avait
accepté de rembarquer, par exception, avec une série de cap
tifs rédemptés, et qu’il tentait de ramener dans la juste voie
du catholicisme, sans grand succès :
4: LA LANGUE ENSAUVAGÉE
Lj
V - TERRITOIRES DE LA LANGUE 229
6. BABEL DOMESTIQUE
1. IBÉRISMES MAROCAINS
les passages sont constants. Il n’est donc pas exclu que des
Turcs ou turcophones constituent une part notable de la
population de Salé5.
Les influences ibériques ne sont ainsi pas seules en cause,
dans le rapport du Maroc à l’Europe. Si les affrontements
constants avec les Espagnols et les Portugais, sur le sol maro
cain, autour des enclaves ibériques, constamment disputées,
campent la toile de fond de cette histoire, d’autres moda
lités du contact et des échanges avec l’Europe, violents ou
pacifiques, ont pris place sur le territoire marocain ; d’autres
langues européennes que les langues ibériques s’y sont fait
entendre. Thomas Pellow, blessé à plusieurs reprises au ser
vice de Mawlay Ismaîl, est chaque fois soigné par un chirur
gien allemand de l’armée royale6. Dans les dernières années
du xvnie siècle, un Allemand renégat occupe aussi auprès du
sultan du Maroc la place d’interprète “des langues allemande,
hollandaise, anglaise, française, espagnole et latine”, position
manifestement non exclusive7. On croise même quelques
Grecs de Morée, au Maroc8. En dehors du creuset qu’est Salé
— décrite elle aussi par l’historiographie traditionnelle comme
un milieu passablement “interlope” — et des comptoirs ibé
riques, qu’en est-il du reste du Maroc, notamment des capi
tales politiques nichées dans l’intérieur du pays9?
Marrakech, par exemple, que le père Dan appelle “Maroc”,
conformément à l’usage du temps, paraît englobée aussi dans
une vaste aire d’usage de la linguafranca :
Dans cette Ville sont deux grandes Caves, qu’ils appellent
Matamours, en langage franc, dans lesquels l’on enferme les
Chrétiens Captifs10.
tout le loisir d’apprendre les deux langues qui y sont les plus
communes, sçavoir l’Arabesque et l’Espagnolle18.
3. CACOPHONIES LEVANTINES
4. UN ÉVINCEMENT DU GREC?
5. USAGES D’ORIENT
6. LE CŒUR DE L’EMPIRE
LA LANGUE FRANQUE
EN EUROPE OCCIDENTALE
S’il est vrai que les musulmans ont consacré peu de récits
de voyages ou autobiographiques quant à leur “découverte”
de l’Europe, par contraste avec leurs écrits sur l’Extrême-
Orient, ou même sur l’Afrique, s’il y a là un moindre tro
pisme culturel, l’historiographie récente du monde ottoman,
par exemple, commence à mettre au jour des récits autobio
graphiques d’anciens captifs en Europe6. On doit souhaiter
que cet intérêt se confirme, afin de mieux éclairer, de façon
plus générale, ce que fut la présence musulmane en Europe
occidentale, au Moyen Age et à l’époque moderne, bien
avant l’imposition d’un rapport colonial en Méditerranée7.
Les enjeux, aujourd’hui, d’une telle avancée de nos connais
sances vont sans dire.
Outre ces dissymétries documentaires ou historiogra
phiques, deux facteurs contribuent à expliquer la moindre
visibilité historique de la langue franque dans les ports sud-
européens, en Italie, en France ou en Espagne, par contraste
avec l’Occident musulman ou même l’ensemble de la
Méditerranée musulmane. En premier lieu, il faut comp
ter avec une présence plus restreinte des gens de mer et des
marchands musulmans en Europe, en regard du courant
réciproque de la circulation des négociants européens dans
les ports orientaux. Une des raisons de ce déséquilibre serait
la spécialisation de certaines nations européennes dans le
transport maritime des marchandises, qui incite leurs par
tenaires du monde islamique à leur confier, de manière
294 LINGUA FRANCA
2. UN ORIENT INDISTINCT?
3. FRONTIÈRES INSTABLES
4. LANGUES DE SCÈNES
DON PEDRE
Chiribirida ouch alla,
Mi ti non comprata,
Ma ti bastonata.
Si ti non andata,
andata, andata,
O ti bastonarli1.
géronte, à Horace
Acciam sembiliir bel mes, mie sulmes?
HORACE
Acciam bien croch soler, sen belmen, sen croch soler.
GÉRONTE
En regnar y <
En -■antar^
Sempre fenùr
Flayer fenfa tormento.
'Dir è far ,
■ O-disfar
Subito, Jùbko.
Sù. lo, momento-.
Star contento ,
Star potento.,
Del mondo far Pamor , ò lò /paventai
+S®M
Sens des Vive le Souverain qui nous donne des loix ;
paroles
franques. Chantons, chantons, répétons mille fois,
.Vivele Souverain qui nous donne des loix.
LE CALENDER
Castagno, castagna, pistafanache.
Rimagno, rimagna, moustilimache.
Quic, billic, loulougagne.
Mexa chefa, ronquillo, firlipi,
Mirlimagne selimanca, verquilo,
Lerolo, lerala, lerala, lerolo,
Lerolo, lerala, lerolo, lo.
OSMIN
Lerolo, lerolo,
Le Diable t’emporte avec ton lerolo !
322 LINGUA FRANCA
LE CALENDER
Castagno, castagna,
Pistafanache.
Rimagno, rimagna,
Moustilimache.
Quic, billic, loulougagne.
Mexachefa, ronquillo,
Firlipi, mirlimaque.
OSMIN
LE CALENDER
Favor celesta
Coprir su Turbanta
Star contento,
Starpotente.
Del mondo star l’amor o lo spavento
En regnar, en Amar, Far tributir,
L’Occidento, l’Oriento
En regnar,
En amar,
Sempre sentir
Plaze sensa tormento
Dir èfar,
O difar
Subito, subito.
Su lo momento.
Star contento,
Starpatenta.
Del mondo star l’amor, o lo spavento
Saperfar meglio di te
Aver capito
Saperfar meglio di te107.
Mangia e taci
Pappataci. Mangia e taci
Di veder e non veder,
Di sentir e non sentir
Io qui giuro epoi conjura
Pappataci Mustafit.
Mange et tais-toi.
‘ Pappataci. Mange et tais-toi.
De voir et de ne pas voir,
D’entendre et de ne pas entendre,
Ici même je jure et signe
Pappataci Mustafà108.
2. CRÉOLISMES
4. LIEUX DIPLOMATIQUES
2. LA LANGUE CORROMPUE
tems. Mais que les mots Arabes qui y sont demeurez rendent
un témoignage suffisant de leur origine. La Langue qu’ils
parlent maintenant participe de l’Arabe, de l’Hebreu, du
Latin, du Grec, et de l’ancien Africain dont on se servait,
quand ils vinrent au païs35.
Les voyageurs, en traitant des pays qu’ils ont vus, sont dans
l’usage, et souvent dans l’obligation de citer des mots de la
langue qu’on y parle. C’est une obligation, par exemple, s’il
s’agit de noms propres de peuples, d’hommes, de villes, de
rivières, et d’objets naturels propres au pays ; mais de-là est
sorti l’abus, que transportant les mots d’une langue à l’autre,
on les a défigurés à les rendre méconnoissables. Ceci est arrivé
sur-tout aux pays dont je traite; et il en est résulté dans les
livres d’histoire et de géographie, un chaos incroyable. Un
arabe qui saurait le français, ne reconnoîtrait pas dans nos
388 LINGUA FRANCA
3. OÙ EST BABEL?
I
[e concevons aujourd’hui. Une composante biblique (au
sens le plus général du terme) est assurément sous-jacente
à l’emploi du mot “corruption” dans l’épilinguistique de
l’âge moderne, mais la corruption peut s’avérer aussi stric
tement physique, dépourvue de connotation morale et de
’ toute idée de chute, au sens de la corrosion. Le contact, en
t boi, émousse, altère l’essence des choses, et le mélange déna-
ure. Un modèle de la pureté de la langue est bien inhérent
l’ensemble de ces représentations modernes de la langue
comme des nôtres), mais il ne réfère pas si manifestement,
u fond, à l’idée de la langue adamique, de la langue matrice
de l’humanité.
Est-ce un hasard ? Adam Smith, dans L’Origine des langues,
explique comment, au contact de l’autre, la langue d’un
peuple s’émousse en adoptant des simplifications qui ne
sont pas loin d’évoquer la linguafranca :
Chaque peuple, pour se faire entendre lui-même de ceux
avec qui il lui était nécessaire de converser, était obligé
d’apprendre la langue de l’autre. La très-grande partie des
individus apprenant la nouvelle langue, non par art, ou en
remontant à ses rudimens ou ses premiers principes, mais
par routine et par ce qu’ils entendaient dire dans la conver
sation, était extrêmement tourmentée par complication de
ses déclinaisons et de ses conjugaisons. Ces individus s’effor
cèrent donc de remédier à leur ignorance de celle-ci, par les
moyens que la langue pouvait leur procurer. Ils suppléèrent
naturellement à leurs ignorance des déclinaisons par l’usage
des prépositions [...] Un pareil expédient met les hommes
qui sont dans la situation dont il vient d’être parlé, en état de
se délivrer de tout l’embarras de leurs conjugaisons54.
them, which was ofvast Use to the Planters ofthis new Colony;
for they made a very advantageous Report to their Country Men
ofthe Regularity and Harmony they observed in them65.
1. L’ÉPURE DE LA LANGUE
3. PAROLES SUBALTERNES
1
436 LINGUA FRANCA
4. APPRENTISSAGES
l’arabe par les Européens figure dès lors une démarche esti
mable. L’“apprentissage” du sabir, en revanche, ne fait aucun
sens. Les gestes de respect ou même d’hommage envers la
culture soumise relèvent parfois d’une véritable mise en scène,
comme dans le cas de personnages tels que Lyautey, aussi sin
cères soient-ils, et ils participent d’une même démarche de
“séparation”, de disjonction : le mixte n’a plus cours, dès lors
que s’instaure un rapport de type colonial. Les phénomènes
de mixité ne pourront se voir relancer, et même encourager,
que sur une base nouvelle, celle de l’“acculturation”.
Dans le mouvement de dissociation des langues et des uni
vers qui s’amorce ainsi, et qui coupe en deux jusqu’à la topogra
phie urbaine, séparée en “ville arabe” et “ville européenne”, par
exemple, dans cette dualité foncière du colon et du colonisé,
l’entre-deux n’a plus lieu d’être; il n’est plus de no mans land.
L’exigence de pureté de la langue, de part et d’autre, s’intensifie
et se systématise. L’incapacité à parler le français “pur” devient
même la marque du dominé : indigène musulman, mais aussi
sujet levantin, ou sujet juif, ou encore Français naturalisé, Espa
gnol ou Maltais... Hugo Schuchardt, qui recueille ses maté
riaux sur la langue franque dans les deux dernières décennies
du XIXe siècle, écrit dans un moment où fleurit l’antisémitisme
colonial en Algérie, et nombre des exemples et citations qu’il
reproduit attestent ce parti pris comique, cette constante mise
en exergue de sabirs, ou plus exactement de pseudo-sabirs,
raillant l’indigène musulman mais aussi juif85. Schuchardt
souligne même ce paradoxe que le mouvement antisémite
d’après 1870 aurait sauvé de l’oubli ce judéo-français (l’ayant
documenté), tant la presse coloniale moquait le parler juif86.
On en aura une idée, à suivre l’auteur, à travers ce court extrait
d’une bible comique publiée dans les années 1880 à Constan
tine, autrement citée par Victor Waille:
La primière fois qui li monde, ti a rien di tout, gnia pas di
franci, gnia pas di jouif, gnia rien di tout, nie di poisso, nie
di zouazou, nie dou bléi... Li moun Diou, il a die : ti pi pas
risti comme ça...87
6. LE MÉTISSAGE EN DÉBATS
7. LANGUES EN MIROIRS
[...] Le zèle des novateurs les égare parfois. Ils tendent depuis
quelque temps à abolir la langue provençale et à introduire
le français dans toutes les classes du peuple Marseillais. Nous
ne craignons pas de le dire, si le succès est en cela possible, il
serait éminemment nuisible à notre ville. Il faut à cet égard
établir une distinction entre les pays situés à l’intérieur des
terres et ceux qui occupent le littoral des mers. Détruisez,
si vous le pouvez, les ignobles patois des Limousins, des
Périgourdins ou des Auvergnats, forcez-les par tous les
moyens possibles à l’unité de la langue française, comme à
l’université des poids et mesures ; nous vous approuverons de
grand cœur, vous rendrez service à ces populations barbares,
et au reste de la France qui n’a jamais pu les comprendre ;
mais la situation géographique de Marseille souffrirait énor
mément de cette prétendue amélioration; nous sommes
limitrophes de l’Italie, nous avons devant nous la Corse
et la Sardaigne, nous commerçons chaque jour avec des
Maltais, nous avons à parler sans cesse à des marins de toute
la Grèce ; il faut nous entendre avec la population indigène
de notre colonie d’Afrique; quel est l’interprète commun,
quelle est la langue universelle entre nous et ces différens
peuples ou pays? Sinon le Provençal, ce patois que vous
voulez proscrire, et qui, légèrement modifié par l’intelli
gence du Marseillais, lui sert de passeport et le naturalise
dans toute la Méditerranée, obstinez-vous à parler français,
à des Génois, à des Livournais, à des Grecs, à des Mores,
vous verrez les embarras, les impossibilités que vous élèverez
dans le commerce et dans les habitudes les plus communes
du peuple marseillais ; et ce patois de tant de nations, ce fils
dégénéré du latin, comme l’italien, cette langue Franque qui
se fait entendre partout, à l’aide des ti sabir, ti andar, estar
bono, tailar testé etc., si vous parveniez malheureusement à
460 LINGUA FRANCA
Traduction130:
Cher et bon Bellamy,
Je viens tenir la parole que j’avais donnée de t’écrire quand je
serais en Italie pour me battre et combattre des gens de peu
qui sont les ennemis des bons Français.
Mon capitaine est venu me trouver dans la caserne au moment
où je mangeais du couscous avec du poulet et buvais de l’eau-
de-vie et il m’a dit: Mohamed, bonjour et moi j’ai répondu,
Bonjour, capitaine, que me voulez-vous ? Tu es un bon Turc,
me dit-il, je suis un bon Turc, répondis-je. Alors laisse le cous
cous, le poulet et l’eau-de-vie et viens avec ton capitaine : nous
allons faire une razzia et tirer des bombes. Allons, Allons !
J’ai pris mon sabre, mes pistolets, du tabac à fumer et à
chiquer et je suis descendu avec le capitaine sur le port.
Sur le bateau, j’ai trouvé une foule d’autres Turcs avec des
pistolets, des Turcs de premier plan, fins (authentiques) et
bons, qui n’ont peur de rien, ni du feu, ni de l’enfer, ni de
Dieu, ni du diable. Ni de l’artillerie et qui disaient aux bou
lets : Chiens, passez vite !
Puis le bateau est parti et le capitaine nous a dit dans un
français très pur: — Mes braves turcos, moi porter vous sur
l’eau en Italie, et là vous vous battre comme des lions contre
les Autrichiens ; faites-vous tuer mais respectez le sexe.
— C’est quoi, le sexe, j’ai demandé à un turc lettré, que veut
dire le capitaine avec ce mot : sexe ? Il ne savait pas. Mais
quand on est descendu à Gênes, j’ai su ce que le sexe voulait
dire: jeune fille, madame, dame, demoiselle.
462 LINGUA FRANCA
LA LANGUE A SOI?
Ibn Tufayl1
Elias Canetti2
1
rudimentaire et prosaïque, et même d’indicible, cette vie au 1
ras du sol... Pour emprunter à nouveau à Glissant, de la î
langue franque aussi, “l’absence manquerait à l’éclat du sein- J
tillement du chaos-monde”. I
Pour autant, il ne faudrait pas perdre de vue la part de
contrainte et de violence qui tisse la trame de cette histoire,
comme de celle des créoles, ni s’illusionner quant au dépas- j
sement de cette violence par le pouvoir de la langue et sa *
fécondité. Glissant esquisse à cet égard un modèle d’antino
mie récurrent entre la mer Méditerranée, “mer intérieure, ;
qui concentre et qui a imposé la pensée de l’Un”, lorsque la
Caraïbe, au contraire, éclate, diffracte et créolise10. On serait
tenté d’évoquer aussi des créolités méditerranéennes, plus
éparses, diffuses, qui imprègnent notamment les langues, et
dont le fameux rayonnement cosmopolite des grandes cités
méditerranéennes ne donne qu’une idée très partielle. La
diversité des sociétés méditerranéennes sur le plan linguis
tique demeure, au fond, mal connue et même peu valori
sée, comme le rappelaient Madiha Doss et Catherine Miller ’
pour le cas de l’Egypte11. Le cosmopolitisme lui-même, si
fortement réhabilité aujourd’hui, ne s’est guère construit
en Méditerranée qu’au XIXe et au XXe siècle, et autour de la
langue française, pour l’essentiel12. On se représente plus
volontiers une mosaïque de “communautés” s’appropriant, ;
“créolisant”, une langue dominante, le français ou l’anglais,
que l’on n’imagine des formes plus transversales et anciennes
de la mixité.
M. Doss et C. Miller questionnent à cet égard la relation
entre langue et identité communautaire :
L’adéquation langue / identité communautaire est loin d’être
automatique, les communautés pouvant être plurilingues ou
employer des variétés de langues mixtes, ce qui pose la ques
tion du rôle et de la fréquence du plurilinguisme13.
plus apparente encore si les Etats n’étaient là pour maintenir une cer
taine décence”, E Braudel, La Méditerranée et le Monde méditerranéen à
l’époque de Philippe II, Paris, A. Colin, 1993 (2e éd. 1966), t. II, p. 64g
26. Voir J.-L. Amselle, Logiques métisses (1990), Paris, Payot, rééd.
1999; Branchements, Paris, Flammarion, 2005; J.-L. Bonniol, Paradoxes
du métissage, Paris, Comité des travaux historiques et linguistiques,
2001; A. Nouss, Plaidoyer pour un monde métis, Paris, Textuel, 2005.
27. “[...] Une civilisation est à la base un espace travaillé, organisé
par les hommes et l’histoire. C’est pourquoi il est des limites cultu
relles, des espaces culturels d’une extraordinaire pérennité: tous les
mélanges du monde n’y peuvent rien. La Méditerranée est donc coupée
de frontières culturelles, frontières majeures et frontières secondaires,
toutes cicatrices qui ne guérissent pas et jouent leur rôle”, F. Braudel,
La Méditerranée..., op. cit., t. II, p. 498; sur la frontière cicatrice, voir
également p. 499.
28. ZtóZ, p. 491.
29. C’est la notion même de séparation d’une famille de langues
“créoles” qui se voit remise en question par certains linguistes. Cf.
C. Canut, “De la sociolinguistique à la sociologie du langage : de l’usage
des frontières”, Langage et société, 91, 2000, p. 89-95.
30. Cf. A. Nouss, op. cit.
31. Cf. S. Gruzinski, Les Quatre Parties du monde. Histoire d’une mon
dialisation, Paris, La Mattinière, 2004, en particulier p. 10 sq. et 32 sq.
32. St. Greenblatt, Ces merveilleuses possessions. Découverte et appro
priation du Nouveau Monde au xvf siècle, trad. F. Regnot, Paris, Les
Belles Lettres, 1996 (éd. orig. Oxford University Press, 1991). La méta
phore biologique est très clairement présente dans la perspective de
Greenblatt qui envisage que “les individus et les cultures puissent possé
der des mécanismes d’assimilation extrêmement puissants, qui opèrent
tels des enzymes pour modifier la constitution idéologique des corps
étrangers” (p. 20).
33. Sur l’idée du métissage comme processus de réaction,
d’“ajustement” de l’indigène ou du dominé, voir, par exemple,
S. Gruzinski, op. cit., notamment l’introduction et p. 84 sq. ; sur l’idée
de “passeurs linguistiques”, voir p. 86.
34. Cf. S. Huntington, Le Choc des civilisations, trad. J.-L. Fidel,
Paris, O. Jacob, 1997 (éd. orig. 1996), p. 42, 67,103.
35. P. Bourdieu, “L’unité de l’Algérie”, article paru en 1962 et réédité
dans “Le Maghreb colonial”, dossier du Monde diplomatique, 86, avril-
mai 2006, p. 74-76 (les références de la première publication ne sont
pas mentionnées).
36. Cf. R. A. Hall, Pidgin and Creole Languages, Ithaca et Londres,
Cornell University Press, 1966; M. K. Adler, op. cit. Voir également
K. Whinnom, “The cliché that it began with the Crusades cannot
be sustantiated on the existing evidence”, “The context and origins
NOTES INTRODUCTION 495
NOTES CHAPITRE I
10. Ibid.
11. La Barbarie est, à l’époque moderne, le nom d’usage en Europe de
la côte musulmane occidentale de Méditerranée, le Maghreb actuel.
12. “Le roi ayant voulu faire un voyage à Chambord pour y prendre
le divertissement de la chasse, voulut donner à sa cour celui d’un bal
let; et comme l’idée des Turcs qu’on venait de voir à Paris était encore
toute récente, il crut qu’il serait bon de les faire paraître sur la scène.
Sa Majesté m’ordonna de me joindre à MM. Molière et Lully pour
composer une pièce de théâtre où l’on pût faire entrer quelque chose
des habillements et des manières des Turcs. Je me rendis pour cet effet
au village d’Auteuil, où M. Molière avait une maison fort jolie. Ce fut
là que nous travaillâmes à cette pièce de théâtre que l’on voit dans les
œuvres de Molière sous le titre de Bourgeois gentilhomme, qui se fait
Turc pour épouser la fille du Grand Seigneur. Je fus chargé de tout
ce qui regardait les habillements et les manières des Turcs. La pièce
achevée, on la présenta au Roi qui l’agréa, et je demeurai huit jours
chez Bataillon, maître tailleur, pour faire faire les habits et les turbans à
la turque. Tout fut transporté à Chambord, et la pièce fut représentée
dans le mois avec un succès qui satisfit le Roi et la cour...”, Mémoires
du chevalier d’Arvieux, 1735. Cf. R. E. Wood, “The Lingua franca in
Moliere’s Le Bourgeois gentilhomme”, The University of South Florida
Language Quarterly, 10, p. 2-6; M. Hossain, “The chevalier d’Arvieux
and Le Bourgeois gentilhomme”, Seventeenth-Century French Studies, XII,
1990, p. 76-88.
13. L. d’Arvieux, Mémoires du chevalier d’Arvieux, éd. J.-B. Labat,
Paris, Delespine, 1735, t. V, p. 235.
14. Ibid.
15. R. Davis, Esclaves chrétiens, maîtres musulmans. L’esclavage blanc
en Méditerranée (1500-1800), trad. J. Tricoteaux, Paris, J. Chambon,
2006 (éd. orig. 2003).
16. Sur les renégats, voir B. et L. Bennassar, Les Chrétiens d’Allah,
Paris, Perrin, 1987; sur les interprètes, voir pour l’Empire ottoman
J. Matuz, “Die Pfortendolmetscher zur Herrshaftszeit Süleymans des
Prâchtigen”, Südost-Forschungen, XXXIV, 1975, p. 25-60; B. Lewis,
“From Babel to Dragomans”, Proceedings ofthe British Academy, 1999,
p. 37-54; G. Veinstein, “L’administration ottomane et le problème des
interprètes”, in B. Marino (coord.), Etudes sur les villes du Proche-Orient
(xvf-xiX siècle), Damas, Institut français de Damas, 2001, p. 65-79.
17. Sur la question des passeurs et des transfuges, et le débat afférent,
voir supra, introduction.
18. B. Lewis, Que s’est-il passé? L’Islam, l’Occident et la modernité,
Paris, Gallimard, 2002 (éd. orig. 2002), p. 53-54.
19. Volney, Voyage en Syrie et en Egypte, Paris, Volland-Desenne,
1787, p. 333.
498 LINGUA FRANCA
NOTES CHAPITRE II
18. Sur ces Espagnols en milieu kabyle une étude de N. Planas est
en cours. Voir également D. de Haëdo, op. cit.
19. L. Valensi, Fables de la mémoire. La glorieuse bataille des Trois
Rois, Paris, Seuil, 1992.
20. D. de Haëdo, op. cit., traduction.
21. Sur. F esclavage en Espagne, voir A. Stella, Histoires d'esclaves dans
la péninsule Ibérique, Paris, Editions de I’ehess, 2000; B. Vincent, “Les
esclaves à Malaga en 1581”, Minorias y marginados en la Espana del
siglo XVI, Grenade, 1987, p. 239-270. Dans les royaumes ibériques,
comme l’historiographie récente nous en fait prendre conscience, une
grande partie des esclaves, et pas seulement des captifs, étaient origi
naires non seulement d’Afrique subsaharienne, mais aussi du Nord de
l’Afrique.
22. D. de Haëdo, op. cit., traduction, p. 126.
23. La durée moyenne des captivités a pu être évaluée à deux ans
et demi. D’autres chiffres seraient plus proches de cinq ans, mais dans
tous les cas l’analyse de R. Davis sur la durée des captivités a tout lieu
d’être jugée excessive; elle dramatise une histoire qui est déjà suffisam
ment douloureuse sans subir cette torsion inflationniste. Cf. R. Davis,
Esclaves chrétiens, maîtres musulmans, L’esclavage blanc en Méditerranée
(1500-1800), trad. J. Tricoteaux, Paris, J. Chambon, 2006 (éd. orig.
2003). Cf. W. Kaiser et B. Vincent (dir.), La Rançon, Hypothèses,
Editions de Paris-I, 2007.
24. R. Chastelet des Bois, L’Odyssée ou Diversité d’aventures, rencontres
et voyages en Europe, Asie et Afrique, La Flèche, Gervais Laboé, 1665;
repris in Revue africaine, 1866-1870, p. 452.
25. N. Vianello, “«Lingua franca» di Barberia e «Lingua franca» di
Dalmatia”, Lingua Nostra, 16, 1955, p. 67-69.
26. E Braudel, La Méditerranée et le Monde méditerranéen à l’époque
de Philippe II, (1966), Paris, A. Colin, 1993,1.1, p. 155.
27. Cf. F. Mernissi, Rêves de femme. Une enfance au harem, trad,
de l’anglais par C. Richetin, Paris, LGF, 1998; A. Tawfiq, L’Arbre et
la Lune, trad, de l’arabe par P. Vigreux, Paris, Phébus, 2002. Sur la
Tunisie, voir L. Blili, “Course et captivité des femmes dans la Régence
de Tunis aux XVIe et XVIIe siècles”, in M. L. Sanchez Leon et G. Lopez
Nadal (éd.), Captius i esclaus a l’Antiguitat i al Mon modem, univer
sité des îles Baléares et université de Franche-Comté, Besançon, 1996,
p. 259-273.
28. A. Quartier, L’Esclave religieux etses aventures, Paris, D. Hortemels,
1690, p. 118.
29. J. C. Mascarenhas, Esclave à Alger. Récit de captivité de Joao
Mascarenhas (1621-1626), trad, du portugais, annoté et présenté par
P. Teyssier, Paris, Editions Chandeigne, 1993, p. 122-123.
30. P. Dan, op. cit., p. 327. Pour une période plus tardive et pour le
cas de la Régence de Tunis, voir L. Blili, op. cit.
504 LINGUA FRANCA
31. “Son maistre, que par un autre terme en langage de franc, l’on
appelle vulgairement patron, et ainsi de tous les autres en regard de leurs
captifs..in P. Dan, Les Illustres Captifs, texte analysé par L. Piesse et
H.-D. de Grammont, Alger, Jourdan, 1884, p. 61.
32. Cf. E. d’Aranda, Relation de la captivité du Sieur Emanuel
d'Aranda, Bruxelles, 1656; rééd. Paris, J.-P. Rocher, texte édité par
L. Z’Rari, 1997, p. 52. Voir également J. Pitts qui évoque les “patroo-
nas or mistresses”, in J. Vitkus (éd.), Piracy, Slavery and Redemption,
Columbia University Press, 2001, p. 255-256.
33. Certains notables logeaient leurs captifs ou esclaves dans des
“bagnes” privés, de manière à préserver la paix de leurs demeures, et n’y
conviaient ces hommes qu’en cas de besoin.
34. Par distinction avec la ville de Tripoli dans l’actuel Liban.
35. Je souligne.
36. A. Quartier, op. cit., p. 73.
37. Ibid., p. 82.
38. “Le pacha a mis à la disposition du prince l’une des plus belles
maisons de la ville. Nous nous y présentâmes un jour à l’improviste,
croyant pouvoir être plus tôt admises de cette manière auprès des
princesses ; mais nos domestiques furent promptement éconduits. On
leur donna pour excuse que le prince dormait, et que par conséquent
personne ne pouvait être reçu. D’après ce que nous ont dit les dames
mores, qui les ont vues, elles sont extrêmement jolies pour des femmes
noires. Elles n’ont rien de la caste nègre. Elles sont gaies et agréables
dans leurs manières, et douces envers ceux qui les entourent. Elles sont
vêtues de bonnets, de jélis et de baracans à la tunisienne, achetés pen
dant leur séjour àTunis. Leur bonnet est entouré d’un mouchoir de soie
de couleur, ayant la forme d’un turban. Ceci est de leur invention, et
n’est point en usage à Tunis ou Tripoli”, Miss Tully, Voyage à Tripoli ou
Relation de dix années en Afrique, trad. J. Mac-Carthy, Paris, 1819 (éd.
orig. 1816), t. II, p. 48.
39. L’empreinte de la langue franque en Kabylie a été scientifique
ment mise en exergue dès la parution de l’article de H. Schuchardt, “Die
Lingua franca...” {Zeitschriftfur Romanische Philologie, XXXIII, 1909),
mais différents témoignages de voyageurs en font état au XIX' siècle
(voir infra}. Cf. J. Dakhlia, “La lingua franca est-elle moderne?”, in
M. Alphant et O. Corpet (dir.), L’Espace de la langue. Beyrouth-Paris,
Paris, éditions du Centre Pompidou/Imec, 2000, p. 79-85.
40. Haëdo rappelle ainsi l’importance de ces garnisons de “Zwâwa”
(mot qui donnera “Zouave”), garnisons auxiliaires basées dans les prin
cipales villes du pays {op. cit., p. 58).
41. Cf. infra, chap. X.
42. Cf. G. Cifoletti, “Coincidenze lessicali tra la lingua franca e
l’arabo tunisino”, Incontri linguistici, 25, 2002, p. 125-150.
43. Dans quelle mesure et avec quel degré de maîtrise, c’est une
question sur laquelle on tentera de revenir infra.
NOTES CHAPITRE II 505
33. Ibid.
34. Ibid., p. 26.
35. Ibid., p. 13.
36. Ibid., p. 101.
37. Sur les termes arabes ou turcs “franquisés”, à l’instar de qantara,
le pont, qui donne la “cantre” ou lizma, impôt, qui donne la “lisme”,
voir infra, chap. IX.
38. L. d’Arvieux, Mémoires..., op. cit., p. 35.
39. Ibid. Dans ce même moment, l’italien n’est pas la seule langue
européenne à avoir cours, fut-ce sous une forme altérée, à la cour de Tunis
ou dans les instances dirigeantes. L’envoyé du roi de France, Dumoulin,
au cours de la même négociation, rapporte par exemple dans une cor
respondance officielle que Ramadan dey lui aurait déclaré “hablemos
dato”. Il profite d’un dîner où il est placé à côté de Dom Philippe
pour parler librement avec lui, dit-il, “Mehemet Bey n’entendant pas
l’espagnol”. Ce personnage de Philippe est un fils de dey qui connut un
célèbre épisode d’apostasie et vécut en Espagne avant de réintégrer le
giron de l’islam et la Régence de Tunis où il poursuivit une carrière des
plus estimables, vivant de la course. Voir A. Baccar, “Hadji Mehemmed
Khodja dit Dom Philippe...”, op. cit.
40. Le Tableau de piété envers les captifs, Châlons, Bouchard, 1668,
p. 103-104.»
41. Afin de bloquer les mouvements du navire.
42. Le Tableau de piété..., op. cit., p. 107-108.
43. L. d’Arvieux, Mémoires..., op. cit., p. 418, et voir supra. Sur Le
Bourgeois gentilhomme, voir infra, chap. VII. La relation de sa mission
met très exactement l’accent, à l’inverse, sur sa grande compétence lin
guistique et sa capacité notamment à constater que la traduction ou la
version en langue turque du traité franco-tunisien qu’est venu conclure
l’envoyé français s’écarte de la version considérée comme originale par
la partie française (elle-même rédigée en italien, comme beaucoup de
traités diplomatiques l’étaient au XVII' siècle). On peut à ce propos se
poser aussi la question du niveau de langue de cet italien diplomatique
et de ses apparentements éventuels à la langue franque, mais ce texte
italien ne figure pas dans les Mémoires du chevalier d’Arvieux ; seule y est
reproduite la traduction française du traité.
44. M. Hossain, “The Chevalier d’Arvieux and Le Bourgeois gen
tilhomme”, Seventeenth-Century French Studies, XII, 1990, p. 76-88;
“L’Empire ottoman dans les Mémoires et dans les lettres manuscrites
du chevalier d’Arvieux", in B. Bennassar et R. Sauzet, op. cit.,
p. 177-188.
45. Voir infra, chap. Vil.
46. Ainsi dans la scène 3: “Pour un cœur bien amoureux? /
Chiribirida ouch alla, / Star bon Turca, / Non aver danara / Ti voler
comprata, I Mi servir a ti, / Se pagar per mi, /Far bona cucina, ! Mi levar
matina, /Far boler caldura, /Parlata, parlata, / Ti voler comprata.”
512 LINGUA FRANCA
NOTES CHAPITRE IV
In the Lands ofthe Christians. Arab Travel Writings in the 17th Century,
New York et Londres, Routledge, 2002.
15. Cf. J. Dakhlia, “A livre ouvert: une tension des écritures et des
écrits entre Europe et Islam à l’âge moderne”, Siècles, université Blaise-
Pascal, Clermont-Ferrand, n° 26, 2008, p. 21-42.
16. Cf. Al-Idrisi, Nuzhat a-Mushtâq fi Ikhtirâq al Âfâq, Naples-
Rome, 1972, fase. 3, p. 278; T. Lewicki, “Une langue romane
oubliée de l’Afrique du Nord : observations d’un arabisant”, Rocznik
Orientalistyczny, vol. 17, 1951-1952, p. 415-480.
17. G. Veinstein, “L’administration ottomane et le problème des
interprètes”, z«B. Marino (coord.), Etudes sur les villes du Proche-Orient
(xvf-XDf siècle), Damas, IFEAD, 2001, p. 65-79, voir p. 66.
18. Comme le constatent, sans trop s’en s’étonner, des voyageurs
européens du XVII' siècle; voir infra, chap. VI. Cf. également J. Strauss,
“Diglossie dans le domaine ottoman. Evolution et péripéties d’une
situation linguistique”, in “Oral-écrit dans le monde turco-ottoman”,
Revue du monde musulman et de la Méditerranée, nos 75-76, 1996,
p. 221-256.
19. H. Boujarra et L. Aissa (éd.), Al Muntasir Ibn al-Murabit Abu
Libya, Nur Al-Armash fi Manaqib Abi-l-Ghayth Al-Qashshâsh, Tunis,
1998, p. 152 sq. Je reprends ici la traduction effectuée par S. Boubaker
à l’occasion du colloque sur le rachat des captifs organisé par W. Kaiser
et B. Marin, à I’efr, en 2003.
20. Sur le terme papas attribué par des musulmans à l’un des leurs,
dans une conversation avec un chrétien, voir par exemple J.-L. Poiret,
Lettres de Barbarie, 1785-1786, Paris, Le Sycomore, 1980, p. 119,123,
129, et cf. infra, chap. V. Pour le mot papasos, voir J. von Rehbinder,
Nachrichten undBemerkungen über den alfierschen Staat, Altona, 1798,
vol. I, p. 283.
21. C’est soit le terme qubba, transcrit sous une forme francisée, soit
une contraction de “coupole”, qui a le même sens (coupe).
22. Cf. M. Emerit, “Mémoires de Thédenat”, Revue africaine,
t. XCII, 1er et 2e trim. 1948, p. 143-183, citation p. 163-164.
23. Lbid., p. 159.
24. Ibid., note D.
25. Ibid., p. 164.
26. “Le bey de Mascara aime les chrétiens et les traite avec bonté et
douceur. Ses esclaves, au nombre de 50, tous fugitifs d’Oran, et parmi
lesquels il y a beaucoup de Français, mènent une vie fort douce.” Cf.
L. R. Desfontaines, in Peyssonnel et Desfontaines, Voyages dans les
Régences de Tunis etdAlger, textes publiés par Dureau de la Malle, Paris,
Librairie de Gide, 2 vol., 1838, p. 184.
27. “Mémoires deThédenat”, op. cit., p. 165.
28. Ibid., note C.
NOTES CHAPITRE IV 517
29. Pour des exemples, voir D. Vitkus (éd.), Piracy, Slavery and
Redemption. Barbary Captivity Narrativesfrom Early England, Columbia
University Press, 2001.
30. Cf. P. Lamborn Wilson, Utopies pirates. Corsaires maures et rene-
gados, Paris, Dagorno, 1998.
31. A son retour en Angleterre, il retrouvera à Londres l’ambassa
deur marocain qui est parfaitement anglophone. Cf. M. Morsy (éd.),
La Relation de Thomas Pellow. Une lecture du Maroc au xvnf siècle, Paris,
Recherche sur les civilisations, 1983.
32. N. Mordecai', Travels in England, France, Spain, and the Barbary
States in the Years 1813-1814 and 1815, Londres, Kirk and Mercein,
1819.
33. J. Mac-Carthy (éd.), Voyage à Tripoli ou Relation d’un séjour de
dix années en Afrique, 1.1 et II, trad, de l’anglais dans la 2e éd., Paris,
Mongie aîné, 1819, p. 5.
34. Cf. J. Potocki, Voyage dans l’empire du Marocfait en l’année 1791,
Paris, Maisonneuve et Larose, 1997 (éd. orig. 1792), p. 20-21.
35. P. Lucas, Voyage du sieur Paul Lucas dans le Levant, 1699-1703,
éd. H. Duranton, Publications de l’université de Saint-Etienne, 1998,
1.1, p. 78.
36. Al-Râshidî (Ahmad b. SdcirdsrfrAlthaghral-jùmâni, Constantine,
M. Bû ‘Abdalli, 1973.
37. Ibid.
38. Cf. L. Merouche, Recherches sur l’Algérie à l’époque ottomane.
IL La Course, mythes et réalités, Paris, Bouchène, 2007. Voir également
J. Mathiex, “Sur la marine marchande barbaresque au XVIIIe siècle”,
Annales ESC, 1, 1958, p. 4 sq. ; “La Méditerranée, politique, culture et
négoce”, Revue d’histoire moderne et contemporaine, n° 4, 2003, t. L.
39. Cf. D. Panzac, La Caravane maritime. Marins européens et mar
chands ottomans en Méditerranée (1680-1830), Paris, Editions du cnrs,
2004.
40. Cf. S. Boubaker, La Régence de Tunis au xvif siècle: ses rela
tions commerciales avec les ports de l’Europe méditerranéenne, Marseille
et Livourne, Zaghouan, CEROMDI, 1987; A. Zouari, Les Relations
commerciales entre Sfax et le Levant aux xvif et xM siècles, Tunis, Institut
national d’archéologie et d’art, 1990.
41. Cf. B. Heyberger, Les Chrétiens de Syrie, du Liban et de Palestine
auxXVIf etxvuf siècles, EFR (Ecole Française de Rome), Rome, 1994.
42. Poujoulat et Michaud, Correspondance d’Orient, 1830-1831,
Paris, Ducollet, 1833, p. 412.
43. Cf. B. Lewis, “From Babel to Dragomans”, Proceedings of the
British Academy, 2001, p. 37-54.
44. Manuscrit arabe de la Bibliothèque vaticane. Je remercie J. Lentin
d’avoir attiré mon attention sur l’intérêt de ce texte. Voir P. Lucas, op.
cit.
45. Cf. B. Heyberger, op. cit.
518 LINGUA FRANCA
65. Sur ces voyageurs marocains, outre A. Kaddouri, op. cit., voir
H. El-Boudrari, “L’exotisme à l’envers. Les premiers voyageurs maro
cains en Occident (Espagne, XVII-XVIIle siècle) et leurs expériences de
l’altérité”, D’un Orient l’autre. I. Configurations, Paris, Editions du
CNRS, 1991, p. 385. Le sous-titre de cet article (“Les premiers voyageurs
marocains en Occident”) traduit l’illusion historiographique qui était
la nôtre dans ce moment.
66. Voir supra, chap. I.
67. H. El-Boudrari, op. cit., p. 385.
68. Cf. M. Al-Ghassâni, op. cit., p. 57. Le néologisme est abondam
ment repris par Miknâsi, op. cit.
69. Sur la question de la translittération, telle que les Européens,
réciproquement, s’y frottent, voir Fr. Tinguely, L’Ecriture du Levant 'a
la Renaissance. Enquête sur les voyageursfiançais dans l’empire de Soliman
le Magnifique, Genève, Droz, 2000.
70. H. El-Boudrari, op. cit., n. 13. Sur al-Ghassâni, voir l’édition
et l’introduction de A. Benhadda, A Moroccan Ambassador in Madrid
in the End of the Seventeenth Century, Tokyo, Research Institute for
Languages and Cultures of Asia and Africa, 2005, et le glossaire,
p. 217-220, recensant les termes espagnols usités dans la relation. Voir
également H. Pères, L’Espagne vue par les voyageurs musulmans de 1630
à 1930, Paris, Adrien-Maisonneuve, 1931, et J. Vernet, “La Embajada
de al-Ghassani (1690-1691)”, Al-Andalus, XIII, 1953, p. 109-131.
71. Voir, pour ces exemples, J. F. P. Hopkins, Letters from Barbary,
1576-1774. Arabie Documents in The Public Record Office, Oxford
University Press, 1982.
72. Ibid. Voir par exemple les documents 33, 38, 85...
73. G. Veinstein, “L’administration ottomane...”, in B. Marino, op.
cit., p. 65-79.
74. Dans la Régence de Tunis, ce n’est qu’en 1838 qu’Ahmed Bey
décide de faire rédiger directement en arabe les pièces les plus impor
tantes de sa correspondance avec le sultan ottoman, son “maître”.
La maîtrise de la langue turque devenait de plus en plus approxima
tive et rare. Cf. A. Tunger-Zanetti, La Communication entre Tunis et
Istanbul, 1860-1913. Province et métropole, Paris, L’Harmattan, 1996,
p. 177 sq.
75. Chr. Windier, La Diplomatie comme expérience de l'autre, Genève,
Droz, 2002 (correspondance du consul de France de Sulauze, Tunis,
15/9/1757 [AN, AE BI1139]).
76. AN, AE, BI 1132, Correspondance consulaire. Lettres reçues, Tunis,
1729-1730,4 août 1729.
77. L. Frank, Histoire de Tunis, 1851 (rééd. Tunis, 1979), p. 70.
78. Ibid., p. 101.
79. Al-Jabarti, Journal d’un notable du Caire (1798-1801), éd. et
trad. J. Cuoq, Paris, Albin Michel, 1979, p. 25.
520 LINGUA FRANCA
NOTES CHAPITRE V
NOTES CHAPITRE VI
1. P. Dan, Histoire de la Barbarie et de ses corsaires, 2' éd. 1649 (lrc éd.
Paris, 1637), p. 92-93.
2. Cf. L. Maziane, Salé et ses corsaires 1666-1727, Un port de course
marocain au XVlf siècle, PU de Caen, 2008.
3. Voir L. Colley, Captives. Britain, Empire and the World, 1600-
1850, Pimlico, 2003.
4. Fr. Brooks, Barbarian Cruelty, Londres, 1693, p. 114.
5. Cf. A. El Moudden (dir.), Le Maghreb à l’époque ottomane, Rabat,
Publication de la Faculté des Lettres, 1995, et notamment M. Akar, “Les
NOTES CHAPITRE VI 531
77. Cette série, publiée par Sindbad, à Paris, débute avec Les Enfances
de Baïbars, paru en 1985. Œuvre de littérature orale, geste du sultan
mamelouk Baïbars, elle a donné lieu à de multiples transcriptions au
cours de l’âge moderne ; la version retenue pour traduction en langue
française par J.-P. Guillaume et G. Bohas est un remarquable manuscrit
syrien du XIXe siècle, et la traduction française de ce manuscrit est aussi
incontournable par sa qualité. Voir supra, chap. IV.
78. Il est attesté, par exemple, par Rehbinder à la fin du XVIII' siècle
dans la Régence d’Alger, chaque servante devenant, quant à elle, une
“Maria”: “DerPobel, der Landmann unddie Cabylen belegen gewohnlich
jeden einzelnen Europâer, den sie anreden, mit dem namen Jouan (Johann)
so wie sie voraussetzen, dass jedes christliche Frauenzimmer Maria heis-
sen müsse", J. von Rehbinder, Nachrichten und Bemerkungen iiber den
algierschen Stoat, vol. I, Altona, 1798, p. 566.
79. Cf. La Revanche du Maître des ruses..., 1996, p. 70, 120.
80. Cf. La Chevauchée desfils d’Ismaïl..., 1987, p. 117.
81. Ibid, p. 174.
82. Ibid., p. 292. Voir “Mantar la cabeza” in La Revanche du Maître
des ruses..., p. 45.
83. Voir M.-J. Simon-Aragon, Edition et approche linguistique d’un
épisode du Roman de Baïbars: Le Voyage de la reine, mémoire de DEA,
université Paris-III, 1992 (référence aimablement communiquée par
J. Lentin).
84. Voir Pirati barbareschi, schiavi e galeotti nella storia e nella leg
genda ligure di Giulio Giacchero, Genève, Bonacci, 1970 (je dois cette
autre référence à W. Kaiser); E. Lucchini, La merce humana: schiavitù e
riscatto dei Liguri nel Seicento, Rome, Bonacci, 1990.
85. Cf. H. Schuchardt, op. cit., p. 453.
86. Cf. N. Béranger, La Régence de Tunis à la fin du xvif siècle, éd.
P. Sebag, Paris, L’Harmattan, 1993, p. 83.
87. Ph. de La Motte, Etat des royaumes de Barbarie, Rouen, Machuel,
1731, p. 183. Chastelet des Bois mentionne également un Rapasse ou
religieux chrétien ayant abjuré et finissant en martyr pour être revenu
à sa foi originelle. Chastelet des Bois, L'Odyssée ou Diversité d’aventures,
rencontres et voyages en Europe, Asie etAfrique, La Flèche, Gervais Laboé,
1665, p. 439.
88. Archives historiques de la congrégation “De propaganda fide",
Barbarie (SC Barbarla), vol. 9 (1790-1799),Tripoli 18 GH, 247 r. Mes
remerciements à Christian Windier pour cette référence.
89. Cf. H. Schuchardt, op. cit., p. 445.
90. Ibid.
91. Cf. Al-Jabarti, Journal d’un notable du Caire durant l’expédition
française, éd. et trad. J. Cuoq, Paris, Albin Michel, p. 177.
92. Cité ici d’après l’anthologie de J.-C. Berchet, Le Voyage en Orient,
Paris, Laffont, 1985, p. 66.
536 LINGUA FRANCA
115. J.-J. Ampère, La Grèce, Rome et Dante, 1848, cité ici d’après
l’anthologie de J.-C. Berchet, op. cit., p. 384. Mérimée mentionnera
aussi l’étrangeté d’un livre en caractères grecs translittérant du turc.
116. G. Wheler, op. cit., p. 364.
117. C. Le Brun (ou de Bruyn), Voyage au Levant, Delft, 1700,
p. 172.
118. Ibid., p. 179.
119. Pitton de Tournefort, Relation d’un voyage du Levant, Paris,
Imprimerie royale, 1717, p. 57.
120. Ibid.,p. 71.
121. La Guilletière, op. cit., p. 177.
122. La Motraye, op. cit., p. 192.
123. La Guilletière, op. cit., p. 225.
124. Tournefort, op. cit., p. 149.
125. Le grico est un dialecte grec parlé dans le Salento. Cette ques
tion a donné lieu à une recherche à paraître de E. Caroli.
126. H. Kahane, “A case of glossism : Greghesco and Lingua Franca
in Venetian literature”, Melanges Petar Skok, Zagreb, 1985, p. 193-
198; L. Coutelle, “Grec, greghesco, lingua franca”, in Venezia: centro
di mediazione tra Oriente e Occidente (secoli xv-xvi), aspetti e problemi,
“Atti del II Congresso internazionale di storia della civiltà veneziana”,
1977, vol. II, p. 537-544; M. Cortelazzo, “Il contributo del veneziano
e del greco alla lingua franca”, op. cit., p. 523-535.
127. La Guilletière, op. cit., p. 235.
128. Castellan, Lettres sur la Maree, H. Agasse, 1811, cité d’après
l’anthologie de J.-C. Berchet, op. cit., p. 100-101.
129. Ibid., p. 104.
130. Ibid, p. 111.
131. J.-B. Tollot, op. cit., p. 127.
132. B. Heyberger, Les Chrétiens du Proche-Orient au temps de la
Réforme catholique, Rome, efr, 1994.
133. C. Le Brun (ou de Bruyn), op. cit., p. 305.
134. Fr. Savary de Brèves, op. cit,, p. 50.
135. Ibid., p. 50. Le narrateur est Jacques Du Castel, rédacteur des
mémoires de Savary de Brèves.
136. Ces écoles ont pu exister, mais on n’en rencontre pas de mention
explicite jusqu’au XIXe siècle. En revanche, il existe des couvents italiens.
Voir A. Triulzi, “Italian speaking communities in early nineteenth cen
tury Tunis”, ROMM, 9,1971, p. 153-184; ainsi que les travaux, fortement
empreints d’une perspective coloniale, de l’érudit italien E. Rossi : “La
lingua franca in Barberia”, Rivista delle colonie italiane, 1928, p. 143-
151; “La lingua italiana sulle coste dell’Africa settentrionale e particolar
mente a Tripoli nei secoli xvil-xvill”, L’Idea coloniale, 10 avril 1926.
137. Voir P. Gassendi, Vie de l’illustre Nicolas-Claude Fabri de Peiresc,
trad, du latin, Paris, Belin, 1992; et voir B. Heyberger (dir.), Abraham
Ecchelensis et la science de son temps, colloque organisé au Collège de
France, 2006 (sous presse).
538 LINGUA FRANCA
88. “(...) Comme l’idée des Turcs qu’on venait de voir à Paris était
encore toute récente, le Roi crut qu’il serait bon de les faire paraître
sur la scène. Sa majesté m’ordonna de me joindre à Messieurs Molière
et de Lulli pour composer une pièce où l’on pût faire entrer quelque
chose des habillements et des manières des Turcs. Je me rendis à cet
effet au village d’Auteuil, où M. de Molière avait une maison fort jolie.
Ce fut là que nous travaillâmes à cette pièce de théâtre que l’on voit
dans les œuvres de Molière sous le titre de “Bourgeois gentilhomme”:
je fus chargé de tout ce qui regardait les habillements et les maniè
res des Turcs. La pièce achevée, on la présenta au Roi qui l’agréa et je
demeurai huit jours chez Bataillon, maître tailleur, pour faire les habits
et les turbans à la turque..L. d’Arvieux, Mémoires du chevalier d’Ar
vieux. Voyage à Tunis, Paris, Kimé, 1994, p. 121. Cf. R. Goutalier, Le
Chevalier d’Arvieux, un humaniste de belle humeur, Paris, L’Harmattan,
1997. Sur Laurent d’Arvieux, voir supra, chap. il.
89. Cf. J. Dickson, “Non-sens et sens dans Le Bourgeois gentil
homme", The French Review, LI, 3, 1978, p. 341-352.
90. Acte IV, scène 4. On notera aussi, dans ces diverses restitutions
du terme, le terme Allah, vallah.
91. On pourrait également mentionner Les Trois Sultanes de Favart,
qui entre en 1803 au répertoire du Théâtre-Français et dont la contre
danse finale reprend ces paroles : "Eynvallah, eynvallah, Salem alekim,
Sultan Zilullah, Soliman Padichaïm, Eynvallah, eynvallah."
92. Molière, Le Sicilien, 1667, acte I, scène 9.
93. J. de Rotrou, La Soeur, Paris, 1647, scène 5, p. 79.
94. Ibid., p. 77.
95. Ibid., scène 4, p. 75. Les paroles turques du Bourgeois sont très
proches de celles de La Sœur.
96. Cf. M. K. Benouis, “Parlez-vous sabir... ou pied-noir?”, French
Review, vol. 47, n° 3, février 1974, p. 578-582.
97. Sur Goldoni, cf. R. Zago, “La lingua franca nelle commedie di
Goldoni”, Quaderni Utinensi, 7-8, 1986, p. 122-126, et S. Santoro,
op. cit.
98. Chr. W. Gluck, Les pèlerins de la Mecque ou la Rencontre impré
vue, livret de Dancourt, scène 2.
99. Ibid., scène 8.
100. Au point que La Condamine prend la pièce comme référence,
avec Le Bourgeois gentilhomme, dans sa relation sur la Régence d’Alger,
lorsqu’il évoque la linguafranca. Voir La Condamine, “Journal de mon
voyage au Levant”, Revue tunisienne, 1898, p. 794, et voir “Extraits
inédits de mon voyage au Levant”, publiés par le vicomte Begouen,
L’Univers pittoresque, vol. 7, Afrique, Paris, Didot, 1850, appendice,
p. 110-116.
101. A. Houdar de La Motte, L’Europe galante (quatrième entrée, La
Turquie), Paris, Delormel, 1755 (paroles d’André Campra).
102. Indication du livret.
546 LINGUA FRANCA
11. Je souligne.
12. Ibid., n. 2.
13. Ibid., p. 337-338.
14. L. Frank, Histoire de Tunis, 1851 (rééd. Tunis, 1979), Paris,
Firmin-Didot, p. 98.
15. M. Cohen, Le Parler arabe des juifs d’Alger, Paris, Champion,
1912, p. 412-413.
16. Ce manuscrit fut éventuellement tenu pour un faux avant sa
traduction et son édition par Joseph Chelhod. Cf. G. M. Haddad,
“Fathallah al-Sayegh and his account of a Napoleonic mission among
the Arab nomads: history or fiction?”, Studia islamica, 24, 1966,
p. 107-123.
17. Je remercie Sarga Moussa d’avoir attiré mon attention sur cette
occurrence de la langue franque.
18. Je souligne.
19. Cf. F. Sâyigh, Le Désert et la Gloire, éd. J. Chelhod, Paris,
Gallimard, 1991; Lamartine, Souvenirs, impressions, pensées et paysages
pendant un voyage en Orient, 1832-1833, Paris, 1861, p. 350.
20. Cf. R. Chartier, Inscrire et effacer. Culture écrite et littérature (xf-
xvitf siècle), Paris, Seuil, 2005.
21. Lamartine, op. cit., p. 192. Jorelle est l’agent consulaire français
qui lui sert d’intermédiaire.
22. Terme formé sur le mot ottoman berat, “privilège”, qui désignera
les Français “naturalisés” au Levant.
23. “Versé dans la connaissance de l’arabe, fils d’une mère arabe,
neveu d’un des scheiks les plus puissants et les plus vénérés du Liban,
ayant déjà parcouru avec moi toutes ces contrées, familier avec les
mœurs de toutes ces tribus, homme de courage, d’intelligence et de
probité, dévoué de cœur à la France, ce jeune homme pourrait être
de la plus grande utilité au gouvernement dans nos Echelles de Syrie”
(Lamartine, op. cit., p. 351). Lamartine demande et obtient aussi un
poste de drogman au consulat pour F. Sâyigh.
24. Ces textes mériteraient pour eux-mêmes une étude lexicologique
et syntaxique plus exhaustive. Cf. J. Wansbrough, Lingua Franca in the
Mediterranean, Richmond, Curzon Press, 1996.
25. Cf. P. Grandchamp, La France en Tunisie, 1637, 10 vol. parus
entre 1920 et 1933, t. V, p. 118.
26. Cf. H. de Castries, Agents et voyageursfrançais au Maroc (1530-
1660), Paris, E. Leroux, 1911, p. XII.
27. V. Le Blanc, Les Voyagesfameux du sieur Vincent Le Blanc, édités
par le sieur Coulon, Paris, G. Clouzier, 1648, avis au lecteur.
28. Ibid.
29. D. de Haëdo, “Dialogues de captivité”, parution en plusieurs
livraisons, Revue africaine, 1897.
30. P. Grandchamp, op. cit.
548 LINGUA FRANCA
NOTES CHAPITRE IX
46. L. Frank, op. cit., p. 98. C’est également par le schème de la cor
ruption que le docteur Frank, médecin franco-belge du bey, décrit la
langue des juifs de Tunis dans les premières années du XIXe siècle. Voir
supra chap, v, p. 203.
47. Poiron, Mémoires concernant l’état présens du royaume de Tunis,
éd. J. Serres, Paris, Leroux, 1925, p. 21, et voir Saint-Gervais [Mémoires
historiques qui concernent l’ancien et le nouveau gouvernement de Tunis,
Paris, 1736, p. 66), qui parle de “petit Franc”.
48. Laugier de Tassy, Histoire du royaume d’Alger, Paris, Loysel, 1992
(éd. orig. 1757), p. 162.
49. Cf. Al-Idrisi, Le Maghrib au 12 siècle de l’hégire (vf siècle apr.
J.-C), éd. M. Hadj-Sadok, Paris, Publisud, 1983, p. 127.
50. Cf. U. Eco, La Recherche de la langue parfaite dans la culture
européenne, trad. fr. J.-P. Manganato, Paris, Seuil, 1994. Sur ce thème,
voir O. Zhiri, “Le mythe de Babel dans la réflexion sur le langage à la
Renaissance”, Bouhout, 4, 1991, p. 9-17.
51. Cf. Ibn Jinnî, Al-Khasâ’is, éd. Najjâr, Beyrouth, Dar al-Huda,
1952-1956,1.1 ; Ibn Hazm, Al-Ihkâmfi usülalAhkâm, éd. Z. A. Yûsuf,
Le Caire (s.d.). Sur ces deux auteurs, voir R. Arnaldez, Grammaire et
théologie chez Ibn Hazm de Cordoue, Paris, Vrin, 1956, et A. Kilito, La
Langue d’Adam, Casablanca, Toubkal, 1995.
52. Cf. A. Kilito, op. cit., p. 25.
53. Traduction D. Masson.
54. A. Smith, Considérations sur la première formation des langues,
Paris, Bailio et Colas, 1797, p. 57, 59.
55. Sur cette extrême valorisation de la pureté et de la limpidité de
la langue, à partir des textes des Mille et Une Nuits, voir G. Ayoub,
“La langue des Nuits: wajh mâlih wa lisân fasîh”, in A. Chraïbi (dir.),
Les Mille et Une Nuits en partage, Paris, Sindbad/Actes Sud, 2004,
p. 491-524.
56. H. El-Boudrari, “L’exotisme à l’envers, premiers voyageurs maro
cains en Occident”, in D’un Orient l’autre, Paris, Editions du CNRS,
1991, p. 377-403, citation p. 385.
57. Voir supra, chap. H.
58. J. Swift, Les Voyages de Gulliver, Paris, J. Guérin, 1727, chap, il,
p. 29.
59. Cf. L. Misermont, “Relation de l’esclavage des sieurs de Fercourt
et Regnard en 1678, écrite par M. de Fercourt”, Revue des Etudes
Historiques, 1917, p. 234-251.
60. Voir notamment Fr. Tinguely, L'Ecriture du Levant ’a la
Renaissance. Enquête sur les voyageursfrançais dans l’empire de Soliman le
Magnifique, Genève, Droz, 2000.
61. G. W. Leibniz, Nouveaux Essais sur l’entendement humain,
livre III, chap. Il (1704), Paris, Garnier-Flammarion, 1990, p. 217.
62. Cf. Th. More, Utopia, Londres, 1516; rééd. Leeds, Scolar Press,
1966.
556 LINGUA FRANCA
63. Cf. D. Defoe, Histoire générale des plus fameux pirates. Le grand
rêveflibustier, Paris, Phébus, 1990.
64. Ibid., p. 43, 98.
65. D. Defoe, A General History of the Pyrates, éd. M. Schonhorn,
University of South Carolina Press, 1972 (lr'éd. 1724), p. 427-428.
66. La traduction française de cet ouvrage commet sur ce point un
contresens complet en ignorant que le mot “renégat” signifie “converti
à l’islam”, op. cit., p. 18.
67. Ibid., trad., p. 105. Dans le texte original: “and the different
Languages began to be incorporated, and one made out of the many",
p. 433.
68. J.-J. Rousseau, Emile ou de l’éducation, éd. F. et P. Richard, Paris,
Bordas, 1992.
69. Prévost, Mémoires pour servir à l’histoire de Malte..., Paris, 1961
(éd. orig. 1741), p. 7.
70. Ibid., p. 222.
71. Ibid., p. 196.
72. Ibid., p. 192.
73. VoirThédenat, supra, chap. IV. J’écris ici “italien” avec des guille
mets car il est possible ou probable que ce terme recouvre de manière
plus générique un parler plus proche de la langue franque, et parce que
la nature même de cet italien demeure indéterminée, entre toutes ses
modalités régionales.
74. Prévost d’Exiles, Mémoires et aventures d’un homme de qualité
(1728), Paris, Desjonquères, 1995, p. 132-133.
75. Ibid., p. 133.
76. M. Emerit, “Mémoires de Thédenat”, Revue africaine, 1" et
2e trim. 1948, p. 164-165.
77. “Extrait d’une lettre du Professeur Prevost, de Genève, aux rédac
teurs des Archives littéraires, sur J.-J. Rousseau, et particulièrement sur
la suite de VEmile, ou les Solitaires’’, p. 745 sq.
78. Cf. G. Turbet-Delof, “A propos d’Emile et Sophie”, RHLF, jan
vier-mars (1), 1964, p. 44-59. Cf. M. Feher, “Les charmes d’une pas
sion condamnée”, préface à Rousseau, Emile et Sophie, Paris, Rivages,
1995.
79. Cet ouvrage a retenu l’attention de M. Launay, qui a souligné
l’importance de la lingua franca dans ce livre. M. Launay, Une grève
d’esclaves à Alger au XVirf siècle, avec Emile et Sophie, ou les Solitaires,
Paris, J.-P. Rocher, 1998.
80. La première occurrence caractérise Sophie. Les deux époux
tentent de se retrouver et de faire renaître la pureté de leurs sentiments
l’un pour l’autre. Mais Sophie fait naufrage, comme l’Helena du roman
de l’abbé Prévost et elle est recueillie elle aussi par des corsaires barba-
resques. On ne peut manquer de rappeler ici l’étroitesse des liens qui
unissaient alors l’abbé Prévost et Rousseau et d’envisager le caractère
possiblement mimétique de cet épisode.
NOTES CHAPITRE X 557
NOTES CHAPITRE X
NOTES CONCLUSION
CONTADOR: comptable
CONTENTO : content, satisfait
CORNUTO : cocu
COSI COSI : une fois comme ci, une fois comme ça (il mundo
cosi-cosi)
DIO GRANDE : dieu est grand
DONAR : donner
FALACA, FALAQUE : bastonnade
FALSO, FALSE : faux (papasso falso)
FANTASIA, FANTAZIA, FANTESIA: bravade, provocation,
fantaisie
FAR, FASIR : faire (Non far tanta fantasia)
FAVOR: faveur
FIDE, FEDE, FÉ: foi (senzafide: renégat; fèdi merda...)
FINO : fin, véritable (turco fino)
FONDICQUE, FONDUQUE: fondacco, fondouk, auberge...
FORA : dehors
FORTI, FORTE : fort
FORTUNA: la fortune, la chance (qui tourne), mudanza de
fortuna
GALIMA, GALIME: butin
GANDOUF : peste
GANTAR : attraper (très polysémique)
GRAMMERCY, GRAMERCY: grand merci
JUSTO : juste
LASCIAR: laisser
MALATO : malade (no parlar que estar malato)
MALO : mal, mauvais (malo gente)
MANERA, MANIERA: manière
MANGIADO : englouti
MANTÈQUA, MANTÈCA, MANTÈQUE: beurre ou beurre
rance
MASSERIA, MASSERIE : ferme, maison de campagne (mas)
GLOSSAIRE 571
STÈRE : natte
TABA: sceau
TOBGI : cannonici
TRABAJO : travail
TENER: avoir, tenir... (très polysémique)
USANZA, UZANSA, USANCE : coutume, usage {usanza de mar)
VENDITA: vente
VENIR : venir (ti venir a Zerbi)
VENTURA : aventure, cours des choses
VOGAR: voguer
BIBLIOGRAPHIE
Ressources en ligne:
http :lZwww.uwm.edu/-corre/
Alan Corré, Extract from Lecture on Lingua Franca” sur http ://www.
uwm.edu/People/corre/ franca/edition3/lingua2.3.html
Ce site propose notamment :
Rossetti,-R., An Introduction to Lingua Franca
Zago, R., A Dissertation on Lingua Franca,
Ainsi qu’une bibliographie et un glossaire.
Le texte de Ch. Haberl, Introduction to the Study of the Lingua Franca,
n’est plus disponible en ligne.
http ://www.people.fas.hàrvard.edu/-haberl/franca.html
Voir également le site de la Lingua Franca Nova: http://lingua-franca-
nova.net/
INDEX DES NOMS PROPRES
INDEX DES NOMS PROPRES
Cervantès, M. de, 18, 69, 85, 86, 212, 239, 395, 493, 502, 505, 526
Chamoiseau, P., 471,495, 565
Chaudenson, R., 491, 492
Chartier, R., 547
Chateaubriand, F.-R. de, 275, 332, 333, 334, 341, 343, 421, 422, 423, 424,
425, 546, 548, 557, 559
Chastelet des Bois, 71,131,198,199,208,209,341,346,503, 524, 525,528,
535, 548, 549
Chelhod,]., 518, 546, 547
Chérif, M. H., 112,509
Chichois, 459, 564
Chouaki, A., 467, 565
Cifoletti, G., 416, 492, 495, 500, 501, 504, 505, 569
Clausolles, M.-P., 431, 560, 561
Cohen, M., 524, 529, 546, 564
Colley, L., 151, 510, 515, 530, 543
Condamine, La, 99,100, 101, 103, 216, 507, 508, 526, 545
Confiant, R., 471,495, 565, 573
Corre, A., 491, 500, 543, 569
Cortelazzo, M., 509, 537, 542
Cremona, J., 33,218, 219,496,499, 527, 547
Crépon, M., 566, 567
Cresti, F., 502
Cyrano de Bergerac, S., 328, 546
Dan, P., 66, 74, 75, 94, 134, 213, 223, 227, 229, 244, 245, 344, 356, 480,
506, 502, 503, 504, 506, 513, 526, 527, 528, 530, 531, 548, 551
Dapper, O., 81, 178, 213, 253, 344, 373, 505, 520, 526, 532, 549, 553
Daudet, A., 462, 482, 564, 567
Davis, N. Zemon, 508, 553
Davis, R., 35, 36, 281,296,497, 503, 524, 525, 537, 539, 540, 551
Defoe, D„ 397, 555
Derrida, J., 483,484,567
Desfontaines, R. L., 159, 228, 516, 528, 557
Diab, H., 165, 166, 167,518
DJebar, A., 467, 482, 565
Doss, M., 474,492, 502, 564, 566
Du Camp, M., 435
Durer, Cl., 301, 541
Hitzel, Fr., 498, 508, 515, 518, 529, 538, 539, 543, 544, 547
Host, G., 143, 144, 175, 176, 256, 514, 519, 520, 531, 532
Huntington, S., 26,494
Husayn Effendi, 165
Lascaris de Vintimille, J., 167, 168, 169, 334, 370, 371, 552
Lamartine, A. de, 163, 167, 169, 334, 335, 336, 367, 547
Lamborn Wilson, P., 281, 495, 517, 537
Lamping, CL, 416, 443, 558, 562
Lanly, A., 466, 564, 565
Lapèné, Ed., 442, 562
Laugier de Tassy, J.-P., 222, 226, 256, 341, 345, 348, 390, 507, 527, 533,
548, 549, 550, 554
Launay, M., 556
Le Blanc, V., 337, 338,384, 547, 554
Le Brun (ou de Bruyn), C., 213, 277, 281, 304, 342, 510, 526, 536, 537,
542, 548, 551
Leibniz, G. W., 310, 543,555
Lempriere, W., 130,257, 512, 530, 533
Léon l’Africain, 24, 102, 378, 384,385, 508, 553, 554
Lévy, S., 509, 523, 533
Lewicki, T., 516
Lewis, B., 17, 37, 38,40, 410,493,497,498, 510, 517, 526, 538, 557, 566
Lombard, M„ 33,34, 194, 496, 523
Loti, P., 242,427,437, 560
588 LINGUA FRANCA
Quartier, A., 72, 75, 219, 230, 231, 232, 238, 301, 503, 504, 527, 528, 529,
530, 541
Yaguello, M„ 491
Yelles, M„ 565