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(1829-1971)
**♦
Canada, du Proche-Orient,
Occidentale et Equatoriale, d
peut dire qu'il est toujours,
mondiale.
Le phénomène frappant n'est pas tant que l'anglais, qui était
déjà la langue maritime et qui est devenu la langue aérienne,
progresse à ses dépens. C'est plutôt l'accentuation de la tendance,
sensible dès le début du siècle, et qui pousse chacun dans les réunions
internationales à parler sa langue, comme si d'emprunter une
langue étrangère était un acte de déloyauté ou de trahison envers
sa propre patrie. Phénomène singulier et bien paradoxal, si l'on
songe que, parallèlement, se poursuivent des efforts obstinés pour
renverser les barrières trop étroites des Etats et créer des entités
plus vastes ! La conséquence logique de ce mouvement devrait
être la recherche et l'adoption d'une langue commune. On assiste, au
contraire, en matière de langage, à l'aggravation du particularisme
nationaliste. L'Europe d'aujourd'hui est moins avancée que celle
du Moyen-âge, qui parlait latin, ou que celle du xviii6 siècle, qui
parlait français.
L'un des résultats d'une pareille contradiction, c'est la multi-
plication des interprètes. A la Conférence de la Paix, en 1919, à
Versailles, ils n'étaient que quelques-uns. Ils sont, aujourd'hui,
légion. On se contentait, jusqu'ici, de la traduction dite « succes-
sive ». On réclame, maintenant, la traduction « simultanée ». Une
conférence internationale offre le spectacle d'une assemblée dont
les membres ont sur les oreilles un casque de demoiselle du téléphone,
tandis qu'au fond de la salle, enfermés dans des cages de verre,
qui les font ressembler à de diligents écureuils, des virtuoses de
la traduction transposent, en trois ou quatre langages différents,
les discours des orateurs, en même temps qu'ils sont prononcés,
mais toujours avec une phrase de retard.
ANDRÉ FRANÇOIS-PONCET.