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Glottophobie : comment le français "sans accent" est devenu la norme

22/11/2020 (MIS À JOUR À 08:03)


Par Benoît Grossin
Entretien |Depuis la Révolution, deux grandes phases d’unification ont conduit à la marginalisation des accents
régionaux. L’imposition du modèle de la bourgeoisie parisienne, en tant que langue de référence, aboutit à des
discriminations. L'inventeur du terme glottophobie, Philippe Blanchet, y revient.
Entre 1911 et 1914, en pleine imposition du français, le linguiste Ferdinand Brunot, au centre de la photo, a collecté
dans différentes régions des scènes sonores, ici dans les Ardennes, en étant attentif aux moindres nuances
d'accent.• Crédits : BNF
L’accent sera-t-il ajouté dans l’article 225-1 du code pénal qui interdit les discriminations en France ? C’est ce que
demande le député héraultais Agir Christophe Euzet dans une proposition de loi pour combattre la glottophobie, soit
toutes les discriminations linguistiques.
Un Français sur deux estime parler avec un accent, selon un sondage IFOP publié en janvier 2020. Plus d'un quart
d'entre eux affirment être régulièrement l’objet de moqueries dans leur quotidien. Et d'après les résultats de cette
étude, quelque 11 millions de Français auraient été victimes de discriminations lors d'un concours, d'un examen ou d'un
entretien d'embauche, à cause de leur accent.
Deux grandes époques, deux grandes phases d’unification ont conduit à la stigmatisation des accents régionaux :
l'imposition du français après la Révolution à la fin du XVIIIe siècle et l’imposition, à partir du XXe siècle, d’une même
prononciation.
Le modèle de la bourgeoisie parisienne a été, depuis 1789, le modèle de référence.
Au début du XXe siècle, le français n’est encore parlé que par une minorité de la population. D’autres langues, le
provençal, le breton, le catalan ou encore le flamand restent majoritairement utilisés, de région en région. Le français ne
s’installe que progressivement, quand la monarchie devient absolue au cours du XVIIIe siècle.
C’est à partir de la Terreur que la langue s'officialise, selon l’idée alors de créer une nation unie autour du français, la
langue du bassin parisien, celle de la capitale, dans le cadre de la mise en place d’un système centralisé.
Avec l’école puis les médias comme acteurs-clés, la stigmatisation des langues régionales, lors de l’imposition du
français, a évolué depuis les années 1970 vers une stigmatisation des accents qui aboutit parfois à des phénomènes de
discrimination.
Entretien avec Philippe Blanchet, professeur de sociolinguistique à l’université de Rennes 2 et auteur
de Discriminations : combattre la glottophobie.
L’ordonnance de Villers-Cotterêts n’a pas imposé le français au XVIe siècle mais conduit, selon Philippe Blanchet, à
remplacer le latin, dans les régions, par une langue locale : l’occitan, le breton, le provençal, le
gascon... • Crédits : Philippe Blanchet
Comment le français "sans accent" est-il devenu la norme dans l’Histoire ?
Avant le XVIIIe siècle, la question ne se pose pas. Le royaume de France est constitué de provinces extrêmement
diverses avec des statuts très différents les unes par rapport aux autres. Plusieurs sont réputées étrangères et disposent
de très fortes autonomies. Le fait qu’on n’y parle pas français et qu’on y utilise d’autres langues est alors considéré
comme banal.
Au XVIe siècle, le français n’était parlé que dans la région parisienne et ses alentours. Il était à peu près totalement
inconnu ailleurs à l’oral.
L’ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539 ne cherchait pas à imposer le français mais seulement à mettre en place
l’utilisation d’une langue, écrite et parlée, compréhensible par les administrés et les justiciables. Et tout au long du XVIe
siècle, cette ordonnance a été comprise comme prescrivant qu’on utilise la langue locale. Et finalement à cette époque,
le latin a été remplacé par l’occitan, le breton, le provençal, le gascon...
Progressivement, le français a été imposé comme langue de l’écrit et uniquement comme langue de l’écrit. Personne ne
le parlait et cela ne venait à l’idée de personne de le parler. Tout le monde trouvait normal que chacun parle sa langue.
Le français, comme langue écrite, est mis en place à partir du XVIIe siècle, avec la création notamment en 1635 de
l’Académie française, chargée d’élaborer une langue normative, une langue de pouvoir. Cela a conduit à une
généralisation de l’usage du français par les aristocrates de la Cour, au XVIIIe siècle
Pour combattre le latin et pour affirmer le pouvoir du roi, à la place du pouvoir de l’église, le français est alors imposé
dans les textes juridiques et administratifs.
Gravure représentant Louis XIV recevant en 1694 les membres de l'Académie française, chargée d’élaborer sous la
forme d’un dictionnaire, “une langue normative, une langue de pouvoir”. • Crédits : BNF
A quelle époque le français s’est-il répandu, en tant que langue parlée ?
A la Révolution française, la grande bourgeoisie, la partie les plus aisée du tiers état, prend le pouvoir à la place de
l’aristocratie. Et comme la Révolution, évidemment, se déroule principalement dans la capitale, c’est donc la grande
bourgeoisie "parisienne", qui prend le pouvoir, avec l’aide de certains aristocrates "éclairés", comme Mirabeau et de
membres du clergé, comme l’Abbé Grégoire. La grande bourgeoisie parisienne prend le pouvoir en récupérant parmi ses
attributs, la langue française.
Une deuxième étape intervient lors de la mise en place du régime de la Terreur, à partir de 1793. La Révolution se
transforme en dictature, en écrasant les "fédéralistes", les Girondins, ceux qui voulaient une France unie dans sa
diversité.
Les Jacobins, pour une France très centralisée, avec pour modèle - le modèle parisien - prennent alors le pouvoir, avec la
volonté de faire de la langue française, un outil emblématique pour unifier le pays, en lui donnant une même langue, une
seule et même langue.
Par la loi, le français est imposé et les autres langues sont interdites. Une série de dispositions sont prises en 1793 et
1794, en relation avec le rapport de l’Abbé Grégoire sur la nécessité de l’éradication de ce qu’ils appelaient à l’époque
les dialectes et les patois, sur la nécessité d’universaliser l’usage de la langue française.
Gravure d’un comité révolutionnaire sous la "Terreur", régime qui impose le français par la loi, dans le cadre de la mise
en place d’un système centralisé, avec pour référence, le modèle de la bourgeoisie parisienne. • Crédits : BNF
C’est un outil de pouvoir et un outil pour mettre en place une certaine forme d’unification nationale. Au lieu de former
un pays constitué d’entités, de composantes ayant leurs particularités, leurs différences, la décision est prise de
l’uniformiser, au détriment des provinces, qu’on a appelé ensuite les régions, et au détriment de leurs langues.
Mais pendant très longtemps encore, les langues régionales restent majoritaires. Le français n’est utilisé que comme
langue seconde, notamment dans les grandes villes, par les classes aisées, par les personnes ayant fait des études, dans
son bassin historique, le bassin parisien élargi à Orléans et la vallée de la Loire.
Il faudra un siècle et demi, jusqu’au début du XXe siècle, par la force et par la pression pour décourager les populations
de parler leurs langues - avec parfois des interdictions - et pour les convaincre de passer au français, pour la promotion
ou la réussite sociale de leurs enfants.
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LE BILLET POLITIQUE DE STÉPHANE ROBERT
La France bégaie ses langues régionales
Quelles ont été ces méthodes d'imposition du français ?
L’école a été le principal moyen d’inculcation forcée et exclusive de la langue française, érigée en totem de l’identité
nationale. Elle s’est montrée particulièrement efficace, en devenant gratuite, laïque et obligatoire sous Jules Ferry à la
fin des années 1880.
Les méthodes passaient par l’interdiction absolue d'usage d’une autre langue que le français dans la classe, avec des
punitions, humiliations et violences physiques sur les élèves surpris à utiliser leur langue.
Il existait même des systèmes de délation entre élèves, autour de ce qu’on a appelé le "port du signal" : un médaillon,
la "vache" ou "ar vuoc'h" en Bretagne, un crane de singe dans les colonies extérieures, un os... un emblème un peu
dégradant. Les élèves devaient se le repasser dès qu’ils surprenaient un autre de leurs camarades qui parlaient la langue
locale et non le français. A la fin de journée, celui qui portait le signal, le dernier à avoir été dénoncé, était sanctionné,
souvent à coups de trique. Les punitions pouvaient être d’une grande violence. Je peux vous donner un exemple que je
connais de très près, le témoignage de ma grand-mère. Dans son école, au tout début du XXe siècle, à Marseille, où la
langue principalement utilisée était encore le provençal, sa langue première. Pour avoir bravé par deux fois l’interdiction,
dans son école de filles, on lui avait mis la tête dans les toilettes ! Et on lui avait fait lécher les toilettes, en lui disant :
"Comme ça, tu sauras ce que c’est que d’avoir de la merde dans la bouche" !
Cette forme extrême d’humiliation était accompagnée de tout un discours. Les enseignants se moquaient des élèves
utilisant une langue autre que le français et amenaient leurs classes à se moquer de ceux à qui il échappait un mot en
breton, en provençal ou en picard. Il y avait une stratégie de stigmatisation et de mépris qui petit à petit a produit ses
effets.
L’école a été le principal moyen d’inculcation assorti du fait que toute la société autour était organisée de telle façon
que la promotion sociale, l’accès à toute une série de ressources ou de droits étaient réservés aux personnes
s’exprimant en français. On disait aux gens : "Si tu ne parles pas français, tu vas rester garçon de ferme ou tu resteras
pauvre". La condition de l’élévation sociale était de changer de langue.
Par des humiliations et violences physiques, l'usage des langues régionales aux XIXe et XXe siècles pouvait être
sévèrement sanctionné dans les écoles.• Crédits : Philippe Blanchet
L’accent serait-il donc un élément "survivant" de la domination du français sur les langues régionales ?
L’accent est en effet principalement dû au fait que les gens ont appris le français comme langue seconde et qu’ils l’ont
"coloré" avec leur langue première.
Ce qui caractérise la prononciation du français par les méridionaux, c’est l’influence de leur langue première ou de celles
leurs parents ou grands-parents qui leur ont transmis le français prononcé d’une certaine façon. Toutes les langues sont
de toutes façons le résultat de langues précédentes. Il y a des transferts de sons. L’accent, c’est transformer la
prononciation de la langue que vous apprenez, à partir des sons de la langue première.
Cela vaut tout aussi bien si vous apprenez à parler l’anglais, l’espagnol ou le provençal. Vous allez le prononcer sous
l’influence de la prononciation de votre langue d’origine. Des sons peuvent être ajoutés ou remplacés. Sauf qu’il s’agit là
d’un cas individuel.
Pour ce qui concerne les accents de France, le phénomène est massif, collectif. C’est-à-dire que tous les gens qui
parlaient gascon ont créé, de génération en génération, un français avec l’accent gascon, tous ceux qui parlaient breton
ont créé un français avec l’accent breton, etc., etc.
Le même processus s’est produit dans toutes les régions où les personnes n’avaient pas le français comme langue
première, que ce soit en France métropolitaine, pour les ultramarins ou dans les anciennes colonies.
De ce point de vue-là, on peut considérer les régions comme des colonies puisque la politique linguistique qui a été
appliquée est typiquement une politique linguistique coloniale. Les méthodes étaient les mêmes en Bretagne, en
Provence, au Sénégal ou aux Antilles. A une différence près : en France métropolitaine, l’Etat voulait "absolument
franciser tous les Français", avec l’idée de créer cette nation unifiée, alors que pour les colonies, il était question de
"franciser la partie de la population dont la France avait besoin", les élites locales, et pas la majorité de la population.
Il n’empêche que le français s’est répandu aussi dans ces anciennes colonies, y compris après les indépendances et que
du coup, leurs habitants ont aussi développé leurs propres façons de parler français.
Vers 1950, dans une école en Algérie, des enfants travaillent à l'apprentissage du français, dans un contexte où tout
espoir d'évolution sociale passe par la maîtrise de la langue et de la culture du colonisateur. • Crédits : Gamma-
Keystone - Getty
A quelle période et dans quelles conditions les accents commencent-ils à être stigmatisés ?
La stigmatisation des accents qui va aboutir parfois à des phénomènes de discrimination se met en place en France
métropolitaine, à partir du moment où la "victoire" du français est assurée.
Après les années 1960, presque tout le monde parle français, sauf les plus âgés, c’est-à-dire que la bataille contre les
langues dites régionales est gagnée.
Une autre bataille débute alors, une deuxième phase d’unification visant à ce que tout le monde parle français de la
même façon. Et c’est donc le modèle de la bourgeoisie parisienne qui est confirmé, en tant que langue de référence,
comme modèle d’accent neutre.
Auparavant, il n’y avait pas de stigmatisation des accents. Le cinéma de Marcel Pagnol, à partir des années 1930 et
jusqu’aux années 1960, avait un succès national. Alors bien sûr, il montrait des stéréotypes et de la moquerie du gentil
provençal rigolo, pas sérieux. Mais cela n’empêchait pas des acteurs, comme Raimu, d’avoir une carrière nationale et
d’être aimés par la population.
Jusqu’aux années 1960, il n’y avait pas de stigmatisation des accents. Raimu et Pierre Fresnay, pour leurs rôles dans la
Trilogie marseillaise "Marius, Fanny et César", ont connu un succès national.• Crédits : Apic - Getty
Tout change à partir des années 1970, période à partir de laquelle les accents ne sont plus acceptés en France.
Ceux qui ont l’accent provençal ne peuvent plus faire de carrière nationale. L’acteur et humoriste Patrick Bosso, par
exemple, raconte qu’il a décidé de garder son accent et qu’il ne reçoit des propositions que pour jouer le stéréotype de
Marseillais : "A la première scène, je bois le pastis et à la seconde, je joue à la pétanque..."
L’accent est réservé aux choses pas sérieuses, aux humoristes, à dire la météo, à commenter les matchs de foot ou de
rugby, ou à éventuellement interviewer un personnage "couleur locale" pour le journal de la mi-journée de France 3.
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Christophe Euzet : la glottophobie altère la cohésion de la société
Les médias audiovisuels nationaux auraient-ils pris le relais de l’école pour imposer ce modèle d’"accent neutre" ?
L’école continue à jouer un grand rôle. Moi qui étudie cela de près, j’ai souvent des témoignages, y compris ceux de mes
propres enfants, d’enseignements contre la diversité linguistique des gens qui parlent le français. L’école continue
d’éduquer à devenir glottophobe, en prônant un seul modèle de langue et en disqualifiant les autres façons de parler le
français.
Mais c’est vrai que dès leur apparition, la radio d’abord puis la télévision vont diffuser comme modèle ce fameux
"français parisien neutre standard". Et on se rend compte que les autres prononciations du français en sont la plupart
du temps éjectées.
A partir des années 1970, une sorte de rouleau compresseur se répand sur la France, à la fois par l’école et par les
médias. Les gens de prestige qui prennent la parole publiquement sont triés sur leur accent. Ceux qui conservent leur
accent, on les laisse avoir uniquement des carrières locales.
Avec Jean Castex, c’est la première fois en France depuis la IVe République qu’un chef de gouvernement, qu’un homme
politique au sommet de l’Etat, a un accent local, qui fait l’objet d’ailleurs de railleries.
Il y a eu quelques alibis, quelques exceptions très ponctuelles pour les ministres, comme Charles Pasqua ou Jean-Claude
Gaudin, mais on les compte sur les doigts de la main. Et s’ils sont beaucoup plus nombreux à l’Assemblée nationale, ce
sont des élus locaux qui n’ont pas de carrière nationale.
Quand Jean Lassalle et Philippe Poutou, ont été candidats à la présidentielle, ils ont été les seuls dont la prononciation
du français a été commentée, parce qu’ils ont tous les deux un accent du sud-ouest. Et pour Jean Lassalle, avec l’idée
qu’"on ne peut pas prétendre s’installer à l’Elysée, en ayant l’accent béarnais !"
Si certains parviennent à passer les mailles du filet, ils font figure d’exception. Dans les médias, Jean-Michel
Aphatie affirme lui-même qu’il a eu la chance de passer à travers. La grande majorité des journalistes que j’ai rencontrés
m’ont dit que pendant leur formation, on leur tenait le même discours : "Si tu as un accent, tu ne vas pas dans
l’audiovisuel, mais dans la presse écrite".
Jean-Michel Aphatie est une exception qui confirme la règle, en nous montrant en miroir que tout le reste est
complètement uniformisé. Et cela produit des effets sur la population en mettant dans la tête des gens que c’est
normal, que c’est légitime.
De la stigmatisation des accents aux discriminations, les critères sont-ils sociaux ?
La stigmatisation comprend la moquerie, la raillerie, la condescendance, des formes d’humiliation, avec des propos
extrêmement négatifs et éventuellement même sexiste, quand il s’agit d’une femme.
Toutes ces formes de stigmatisation conduisent de façon massive à des discriminations, à ce que des gens n’aient pas
accès comme les autres à un emploi ou à un logement. Je dispose de témoignages, dans mes enquêtes, de personnes
écartées dans leur recherche d’appartement, par des propriétaires à cause de leur accent, avant même de pouvoir le
visiter.
L’emploi reste le cas le plus massif et le plus scandaleux. L'enquête de l’IFOP publiée en janvier dernier montre que plus
de dix millions de personnes en France seraient concernés par ces discriminations.
Cela touche tous les métiers, avec un taux important de 36% chez les cadres, alors qu’il atteint 19% chez les ouvriers. Il
n’est donc pas question seulement de niveau social. Mais dès lors que les personnes briguent un emploi où elles sont
censées prendre la parole publiquement, dans les relations avec les autres personnes, elles sont confrontées au risque
énorme de ne pas être recrutées. Il y a même alors du coup une forme d’autocensure de gens qui se disent : "Ce n’est
même pas la peine que j’essaye, ils ne m’embaucheront pas !" Et quand les personnes avec accent parviennent à être
embauchées, elles sont parfois invitées par leur employeur à modifier leur prononciation, en prenant des cours, selon les
témoignages que j’ai pu recueillir dans mes enquêtes.
Plus vous avez un métier de prestige, plus on attend de vous le respect des normes sociales dont la norme linguistique.
Il y a deux catégories de Français : ceux qui sont reconnus dans tous leurs droits, avec leur prononciation familiale,
héritée, spontanée. Et ceux qui ne sont pas reconnus et qui doivent adopter la prononciation des autres pour voir leurs
droits reconnus.
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DU GRAIN À MOUDRE
Y a-t-il une seule façon de "bien parler" le français ?
Est-ce qu’il y a des accents plus stigmatisés que d’autres et des accents qui s’éteignent ?
En France métropolitaine, certains accents sont plus méprisés que d’autre. Les accents de type méridional, du Pays
basque à la Provence en incluant la Corse sont les seuls accents qui ont à la fois une connotation positive et négative. Ils
sont considérés comme sympathiques, "chantants", "jolis" et dans le même temps perçus comme "pas sérieux", des
accents "de gens du Sud, qui ne font rien, des brigands..."
Les autres prononciations, en revanche, n’ont que des connotations négatives en étant considérées comme grossières
ou grotesques. C'est le cas entre autres des accents franc-comtois, Ch’ti, berrichon...
Mais le résultat est le même, que l’on se moque de vous, gentiment ou pas et qu’en plus on vous refuse éventuellement
un emploi.
Des régions ont aussi été assez fortement gagnées par le modèle standard parisien. Il n’y a plus grand monde
aujourd’hui qui s’intéresse au fait d’avoir un accent dans le Maine, en Anjou ou en Champagne. Même tendance dans
les grandes villes de la moitié nord de la France, selon des études auxquelles j’ai participé, les jeunes générations n’ont
plus ou presque plus du tout d’accent local.

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