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Chapitre 8. Les luttes pour les langues régionales. En 1539, par l’Ordonnance de Villers-
Cotterêts, François Ier affirmait la suprématie du français comme langue d’État. La monarchie
absolue a poursuivi cette politique de francisation. De cette façon, on prône le principe de
l’égalité en droit pour tous les citoyens et, en même temps, on niet le droit à la différence. Les
régimes qui suivent la Révolution ont repris la même politique de primauté du français et l’ont
imposé aussi en Belgique, dans la Rhénanie, en Italie du Nord et en Corse. En 1790, l’abbé
Grégoire a organisé une enquête pour répandre la langue française et repousser les patois. Après,
Jules Ferry a posé les bases durables de l’enseignement en France, en rendant l’instruction
laïque, gratuite et obligatoire ; cette décision était guidée par le souci constant d’égalité entre les
citoyens, donc l’usage du français fut imposé comme unique support du savoir. Dès 1870, les
défenseurs des langues régionales s’organisent : un poète provençal crée une association ayant
pour but la renaissance d’une véritable langue occitane commune et la constitution d’une
orthographe aussi fidèle que possible à la prononciation de la langue dans sa variante
provençale. En 1902, le ministre de l’Instruction publique exclut les langues régionales de
l’école. Mais en 1941, un secrétaire d’État de Vichy autorise des cours facultatifs de basque, de
breton, de flamand et d’occitan, en dehors du temps scolaire. En 1951, le socialiste Deixonne
réussit à faire voter la loi qui porte son nom ; cette loi permet aux instituteurs de consacrer,
chaque semaine, une heure d’enseignement de lecture et d’écriture du parler local. Dans les
années 1980, la diffusion d’émissions dialectales commence à se généraliser. Pourtant, la France
n’a pas encore ratifié la Charte européenne sur les langue régionales ou minoritaires, parce
qu’elle est considérée comme une violation ouverte de l’Ordonnance de Villers-Cotterêts.
Encore aujourd’hui, il existe, en France, quarte langue dont l’usage s’est conservé. Le basque
est la langue la plus ancienne en France parce qu’elle était parlée avant l’arrive des Indo-
Européens ; aujourd’hui, elle est encore parlée dans une partie des Pyrénées-Atlantiques et
surtout au nord de l’Espagne. Le breton appartient à la famille celtique et il est encore parlé dans
la partie extrême de la Bretagne ; il existe actuellement un enseignement de licence et un
Certificat d’aptitude pédagogique à l’enseignement secondaire, mais il y a un décalage entre le
breton des universitaires et celui des bretonnants de naissance. Le catalan est parlé en Espagne,
dans la zone de Barcelone et de Valence ; du côté français, il n’est parlé que dans le Roussillon.
Enfin l’occitan regroupe les idiomes parlés dans un vaste territoire, de la Gironde aux Hautes-
Alpes : l’occitan du nord regroupe le limousin, l’auvergnat et le provençal alpin ; l’occitan du
sud comprend le languedocien, le provençal et le niçart ; l’occitan de l’ouest inclue le gascon et
le béarnais. Il existe encore quatre dialectes qui appartiennent à des groupes linguistiques dont
les membres principaux sont les langues des pays voisins. En Corse on parle le corse, un
dialecte de l’italien. En Alsace on parle l’alsacien, un dialecte alémanique. Au Luxembourg on
parle le mosellan, un dialecte francique. Dans le département du Nord on parle le flamand, un
dialecte néerlandais.
Chapitre 9. Le français en partage. Après la Seconde Guerre Mondiale, les États-Unis, avec la
mise en place du plan Marshall, ont assuré pour longtemps leur suprématie politique,
économique et culturelle dans le monde. Face à cette situation, la langue française, tout comme
la France elle-même, devait redéfinir sa position parmi l’ensemble des nations. À ce déclin
culturel est encore venue s’ajouter une crise politique d’importance : la décolonisation. Pourtant,
c’est autour des États africains, devenus indépendants, que va s’organiser l’entreprise qui
redonnera son prestige à la langue française, et qui formera un rempart à l’hégémonie
américaine : la francophonie. Il s’agit d’un terme dont l’histoire remonte à la fin du XIX e siècle.
Onésime Reclus prend pour critère de classement non plus le statut d’État indépendant ou de
colonie, mais la langue que chacun adopte comme organe officiel ou comme moyen de
définition sociale. Il invente donc le terme de francophonie pour désigner la caractéristique
linguistique des territoires où le français est en usage. Il est donc clair que lorsque l’on veut
mesurer l’importance des diverses langues dans le monde, le critère strictement démographique
du nombre de locuteurs n’est qu’un des critères ; un autre est celui du degré de diffusion à
travers le monde. Bien que diverses initiatives internationales aient été prises par des
associations d’intellectuels et d’écrivains, la notion de francophonie connaît une éclipse
jusqu’au début des années 1960 : les nouveaux états africains souhaitaient établir entre eux et
avec la France des relations différentes de celles de l’ancienne dépendance coloniale, et cela,
notamment, par le biais de la culture et de la langue ; les générations montantes de Québécois
sont également attachées à leur identité francophone, parmi des millions d’anglophones,
américains et canadiens ; de même, les Wallons et les Bruxellois sont anxieux de défendre le
français face à la montée du néerlandais, conséquence de la puissance grandissante des
Flamands de Belgique dans la vie politique et économique du pays. On crée donc beaucoup
d’organisations regroupant tous ceux qui, dans divers domaines, reconnaissent entre eux une
solidarité due à leur commun usage de la langue française. En outre, en 1965, on avait créé en
France un Haut Comité pour la défense et l’expansion de la langue française. Pendant les
années, les atteintes de l’anglo-américain au prestige du français se sont manifestées dans les
domaines économique, politique et universitaire. Les nouvelles technologies sont des territoires
virtuels aujourd’hui essentiels pour la propagation immédiate de la langue ; pour rattraper le
retard su Internet, qui est largement dominé par l’anglo-américain, le ministère de la Culture a
créé la chaîne de télévision TV5, un dossier d’information consacré à la francophonie et répandu
en France, en Belgique, en Suisse et au Canada. Mais la lutte est inégale sur le plan économique
parce qu’il existe des entreprises anglophones, déjà bien implantées, et entreprises
francophones, qui semblent avoir pour seule vocation de gagner de l’argent, au détriment de leur
propre identité culturelle. Aujourd’hui la langue française bénéficie de son prestige de « langue
des libertés » auprès des population traumatisées par la guerre.
Chapitre 10. La Loi Toubon. En 1539, l’Ordonnance de Villers-Cotterêts a imposé la langue
française comme langue officielle de l’État. En 1794, la loi du 2 thermidor an II, ne fut pas
appliqué à cause de la chute de Robespierre. En 1972, la France, sous la présidence de Georges
Pompidou, a installé auprès des divers ministères, des commissions de terminologie, chargées
d’enrichir le français par une série de propositions, applicable aux domaines et métiers les plus
variés. En 1975, la loi Bas-Lauriol prohibe les termes étrangers dont il existe en français un
équivalent agréé. En 1992, une révision constitutionnelle consacre le français comme langue de
la République. La nécessité de la défense de la langue française est rendue encore plus urgente
par la diffusion toujours plus large de l’anglo-américain. En 1994, la loi Toubon définit les
limites de l’usage des langues étrangères dans la vie quotidienne des Français, lors qu’il existe
une expression ou un terme français de mêmes sens. L’intention du législateur est de faire
respecter le droit de tout citoyen français d’être informé dans sa langue ; cette loi est donc
destinée aux codes du travail, aux examens et aux concours, aux marques de fabrique, aux
règlements intérieurs des entreprises, et aux sanctions civiles. En cas d’infraction, la loi prévoit
des amendes. Jacques Toubon admet que ce qu’il refuse c’est cette espèce de face à face entre
l’anglais, lange de communication internationale, et les autres langues nationales qui, peu à peu,
disparaîtraient et seraient réduites à un usage local. C’est pour ça que le ministère de la culture
français a lancé une aide à la traduction simultanée pendant les congrès et les conventions
internationales.
LA GÉOGRAPHIE DE LA FRANCE
Le territoire français inclue la France métropolitaine et la France d’outre-mer. La France
métropolitaine est appelée aussi « l’Hexagone » grâce à sa forme. Ses frontières comprennent la
mer et la montagne qui représentent une forme de protection ; tandis que les pleines au nord-est
à la frontière avec le Luxembourg et la Belgique sont un point de faiblesse qui a permis les
invasions barbares et nazistes. Donc, la France est baignée au sud par la mer Méditerranée, à
ouest par l’Océan Atlantique, au nord par la mer du Nord où la Manche la sépare de la Grande-
Bretagne ; les autres frontières sont les Pyrénées (montagnes fières et majestueuses, aux neiges
éternelles et quelques glaciers) qui séparent la France de l’Espagne, les Alpes (pics très élevés,
neiges éternelles, glaciers) qui la séparent de l’Italie, les Juras (plateaux et crêtes accidentées à
la hauteur modeste) qui la séparent de la Suisse, les Vosges (montagnes aux sommets arrondis,
souvent couvertes d’épaisses forêts de hêtres et de sapins) qui la séparent de l’Allemagne. Mais,
les reliefs les plus importants sont le Massif Central et le Massif Armoricain. Le Massif Central
est actuellement une source d’eau minérale, mais il a une origine volcanique ; il comprend une
région de plateaux au cœur de la France, entre Auvergne et Limousin ; sur ces plateaux, entre
400 et 800 mètres, la neige tombe en abondance et les hivers sont rigoureux. Par contre, la
France est dans l’ensemble un pays de basses altitudes ; les plaines françaises les plus grandes
sont : le Bassin Parisien, le Val de la Loire, l’Aquitaine, les Flandres (les plaines du Nord). En
ce qui concerne les fleuves, en France il y a beaucoup de rivières, mais seulement 5 fleuves
principaux : la Seine (775 km) est un fleuve à régime régulier qui naît dans les plateaux
bourguignons, traverse Paris et rejoint la Manche près du Havre ; la Loire (1000 km) est un
fleuve capricieux qui naît dans les Cevennes, traverse Tours, Orléans, Angers et débouche près
de Nantes dans l’Océan Atlantique ; la Garonne (647 km) est un fleuve coléreux qui naît dans
les Pyrénées (versant espagnol) et se jette dans l’océan Atlantique près de Bordeaux, par le
grand estuaire de la Gironde ; le Rhône (1800 km dont 520 km en France) est un fleuve difficile
qui naît en Suisse, au glacier de la Furka, entre dans le lac Léman, traverse le Jura, passe par
Lyon, se jette dans la Méditerranée ; le Rhin traverse le Jura, s’étale dans la plaine d’Alsace
(port fluvial de Strasbourg), parcourt l’Allemagne et se jette dans la mer du Nord. La France
comprend un territoire très vaste (superficie de 551.500 km 2), donc il y a différents climats : le
climat méditerranéen (partie méridionale, de Perpignan à Nice ; hiver pluvieux et assez doux,
été sec et très chaud) ; le climat atlantique / océanique (de Dunkerque à Bayonne. ; hiver doux,
été frais, pluies abondantes en toutes saisons) ; le climat montagnard (de Grenoble à Strasbourg,
dans le Massif central et dans les Pyrénées. ; hiver très froid et neigeux, été frais, souvent
pluvieux) ; le climat continental (dans le reste du pays ; hiver très froid, été chaud) ; mais, dans
l’ensemble, le climat français est tempéré. Le découpage départemental est le fait de la
Révolution pour mieux répandre les informations de Paris à toute la nation. Trois principes ont
guidé sa réalisation en 1790 : la taille des départements devait être semblable ; le chef-lieu
devait être situé au centre, de telle sorte que l’on puisse s’y rendre à cheval en une journée de
n’importe quel point du département ; les noms donnés aux départements devaient gommer les
vieilles références historiques et provinciales et ce sont des noms de la géographie locale. Il
existe 101 départements ; chaque département est marqué par un code de deux chiffres, sauf les
départements d’outre-mer qui ont trois chiffres. Le découpage régional existe dans les faits
depuis 1960. Des « circonscriptions d’action régionale » avaient été définies, selon des critères
économiques, pour servir de cadre aux plans régionaux d’aménagement du territoire, mais qui
n’avaient aucun pouvoir parce que les départements fonctionnaient bien. La loi du 2 mars 1982
a transformé la région, semple circonscription technique, en « collectivité territoriale » ayant un
pouvoir autonome et exerçant des compétences jusqu’alors réservées à l’État. La réforme des
Régions est entrée en vigueur le 1° janvier 2016. De 22 régions métropolitaines (21 + la Corse)
et 4 départements d’Outre-mer il y a aujourd’hui 13 régions + 5 Départements/Régions d’Outre-
mer. Les territoires de la France d’outre-mer étaient liés à la France pour des raisons coloniales.
Jusqu’à très récemment ils étaient organisés en : DOM – Départements d’outre-mer
(Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion) ; ces départements étaient aussi des régions ; ils
font partie de la République française et de l’Union européenne. TOM – Territoires d’outre-mer
(Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis et Futuna, Terres australes et antarctiques
françaises – TAAF) ; ils font partie de la République française mais non de l’UE. Collectivités
territoriales (Saint-Pierre-et-Miquelon, Mayotte). En 2008 et en 2016, la France métropolitaine a
donné aux territoires de la France d’outre-mer le libre choix de rester liés à la France ou de
devenir indépendants. Le nouveau découpage comprend : 5 DROM – Départements/Régions
d’outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion et Mayotte), 5 COM - Collectivités
d’outre-mer (Polynésie française, Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, Saint-Martin,
Wallis et Futuna), 1 TOM – Territoire d’outre-mer (Terres australes et antarctiques françaises –
TAAF), 1 Région à statut spécifique (Nouvelle Calédonie).
LA FRANCOPHONIE
Aujourd’hui, le français moderne est la 5e langue la plus parlée (274 millions de parlers), la 2e
langue étrangère la plus apprise (125 millions d’apprenants) après l’anglais, la 3e langue des
affaires, la 4e langue d’internet. C’est une langue parlée dans différentes parties de la planète
comme conséquence de la colonisation. La première vague remonte à l’époque successive à la
découverte de l’Amérique (1492) quand les Français sont arrivés en Québec, pénétrés dans le
Canada, descendus dans les États-Unis jusqu’à la Louisiane ; dans la même période, on assiste à
l’occupation des territoires orientales pour des buts commerciaux ; la France a perdu le contrôle
sur ces territoires au XVIII à cause de la vente de Napoléon ; ces territoires parlent aujourd’hui
e
le français comme langue officielle (au Canada, dans la région francophone du Québec avec
capitale Montréal) ou comme patois (en Louisiane). La seconde vague remonte à l’apogée de
l’Empire (1919-1946) quand les Français conquéraient plusieurs parties du monde dans le but de
fonder un empire colonial ; la France a perdu le contrôle sur ces territoires au XX siècle comme
e
MONT SAINT MICHEL est une île caractérisée par le phénomène de l’ensablement naturel
qui, parfois, la sépare de la terre ferme. Le rocher granitique du Mont Saint-Michel s’appelait à
l’origine Mont Tombe. Selon les textes saints, en l’an 708, l’archange Michel apparaît en songe
à saint Aubert, évêque d’Avranches, et lui demande de construire un sanctuaire en son nom. En
966, une communauté de Bénédictins s’établit et fait construire une première église préromane.
À la même époque, un bourg commence à se développer en contrebas pour accueillir les
premiers pèlerins. Au XI siècle remonte la construction de l’église abbatiale romane et, au XIII
siècle, une donation du roi de France Philippe Auguste, à la suite de la conquête de la
Normandie, permet d’entreprendre l’ensemble gothique de la Merveille. La guerre de Cent ans
(1337-1453) rend nécessaire la protection du Mont Saint-Michel par un ensemble de
constructions militaires qui lui permet de résister à un siège de presque 30 ans. Suite à la
Révolution française, les moines doivent abandonner l’abbaye, qui devient une prison d’État
sous le nom de « Bastille des Mers » ; marées et sables mouvants rendent impossible toute
évasion et les familles des prisonniers remplacent alors les pèlerins qui fréquentaient jadis les
ruelles du village. En 1863, suite aux demandes des écrivains et artistes romantiques, la prison
ferme. L’année suivante, le Service des Monuments Historiques restaure l’édifice et l’ouvre au
public. Pour acheminer les touristes, de plus en plus nombreux, une digue-route est construite en
1879. Le Mont Saint-Michel perd ainsi son caractère maritime. Le site est miraculeusement
épargné lors de la Seconde Guerre mondiale, mais les Allemands l’occuperont tout de même
entre 1940 et 1944. En 1966, millénaire de la fondation de l’abbaye, une communauté religieuse
fait son retour à l’abbaye. En 1979, l’UNESCO inscrit le Mont Saint-Michel et sa baie à la liste
du Patrimoine Mondial de l’Humanité. Entre 2006 et 2015, un chantier hors-norme a permis de
réinventer l’accès au site, dans le but de faire face à l’ensablement progressif de la baie et
préserver le caractère maritime du Mont Saint-Michel : les parkings ont été réaménagés sur le
continent, l’ancienne digue-route a été détruite au profit d’un pont-passerelle en partie piétonne
qui interdit l’accès aux véhicules privés, et un barrage a été construit sur le Couesnon pour
repousser les sédiments. Le Mont-Saint-Michel se lie d’amitié à l’international avec la
commune de Monte Sant’Angelo (en Italie) en 2019.
MONTE SANT’ANGELO se trouve dans les montagnes qui dominent le parc du Gargano;
c’est non seulement un point panoramique d'exception, mais aussi une cité de grande
importance historique, religieuse et architecturale des Pouilles. On dit que Monte Sant'Angelo se
trouve entre ciel et terre, entre le divin et l'humain Le sanctuaire en honneur de l'archange Saint
Michel a été érigé à l'intérieur de la grotte qu'il aurait choisie pour refuge lors de ses quatre
visites. C’est une basilique toute simple, composée de bâtisses de diverses époques, dont la
somme révèle bien 15 siècles d'histoire. Les pèlerins venus du monde entier suivaient la Via
Sacra Longobardorum pour arriver au sanctuaire. En 2006, le sanctuaire et la route ont été
classés sur la liste du patrimoine de l'humanité de l'UNESCO. En plus du sanctuaire, Monte
Sant'Angelo est connu pour son château normand, avec ses tours d'origine et ses murs de
différentes époques ajoutés au bâtiment médiéval.
UNESCO. L’inscription d’un bien sur la Liste du patrimoine mondial et les obligations qui lui
sont attachées découlent d’une convention internationale de l’UNESCO ; la Convention pour la
Protection du Patrimoine Mondial, Culturel et Naturel a été ratifié en 1972 à Paris dans le but de
protéger les trésors de la Terre créés par l’homme et par la Nature, et menacés par les
dévastations naturelles, par les conflits humains, par la modernisation et par la dégradation
environnementale. Seuls les pays qui ont signé cette Convention et se sont par-là même engagés
à protéger leur patrimoine naturel et culturel peuvent soumettre des propositions d’inscription de
biens situés sur leur territoire sur la Liste du patrimoine mondial ; en outre, tout bien inscrit sur
la Liste du patrimoine mondial comprend un périmètre qui peut également comprendre une zone
tampon qui constitue, selon les termes de l’UNESCO, une protection supplémentaire. La
première chose que le pays doit faire est de dresser un inventaire des sites naturels et culturels
les plus importants situés à l’intérieur de ses frontières. Cet inventaire est appelé La Liste
indicative et constitue un état prévisionnel des biens que l’État partie peut décider de proposer.
Le Centre du patrimoine mondial peut conseiller et aider l’État partie à préparer le dossier de
proposition d’inscription qui doit être aussi exhaustif que possible, avec toute la documentation
et les cartes requises. La proposition d’inscription est alors soumise au Centre qui vérifie si elle
est complète. Si c’est le cas, le Centre l’envoie à l’organisation consultative compétente pour
l’évaluation. Les biens proposés pour inscription sur la Liste du patrimoine mondial sont évalués
par deux organisations consultatives indépendantes, désignées par la Convention du patrimoine
mondial : le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) et l’Union
internationale pour la conservation de la nature (UICN). La troisième organisation consultative
est le Centre international d’étude pour la préservation et la restauration des biens culturels
(ICCROM), un organisme intergouvernemental qui donne au Comité des conseils avisés sur la
conservation des sites culturels ainsi que sur les activités de formation. Une fois qu’un site a été
proposé et évalué, c’est au Comité intergouvernemental du patrimoine mondial qu’appartient de
prendre la décision finale concernant son inscription. Une fois par an, le Comité se réunit pour
décider quels sites seront inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. Il peut aussi différer sa
décision et demander aux États parties de plus amples informations sur leurs sites. Pour figurer
sur la Liste du patrimoine mondial, les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle
et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. La valeur témoigne que le bien a une
importance culturelle et/ou naturelle tellement exceptionnelle qu’elle présente le même caractère
inestimable pour les générations actuelles et futures de l’ensemble de l’humanité. Les critères
sont expliqués dans les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention :
1. Représenter un chef-d'œuvre du génie créateur humain
2. Témoigner d'un échange d'influences considérable pendant une période donnée
3. Apporter un témoignage unique sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou
disparue
4. Offrir un exemple éminent d'une ou des périodes significative(s) de l'histoire humaine
5. Être un exemple éminent de l'interaction humaine avec l'environnement
6. Avoir une signification universelle exceptionnelle (Le Comité considère que ce critère doit
préférablement être utilisé en conjonction avec d'autres critères)
7. Représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance
esthétique exceptionnelles
8. Être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la terre
9. Être des exemples éminemment représentatifs de processus écologiques et biologiques
10. Contenir les habitats naturels les plus représentatifs et les plus importants pour la
conservation
Mais l’insertion d’un site dans la Liste peut avoir un paradoxal effet contre-productif : une fois
qu’on lui a attribué l’emblème Unesco, un lieu acquiert une valeur ajoutée, une visibilité
majeure qui peut l’exposer à de nouveaux dangers. Donc, le Comitat peut ajouter les sites qui se
trouvent en des conditions plus ou moins critiques dans la Liste des sites en danger pour alarmer
la communauté internationale sur les risques, actuels ou potentiels, qui menacent l’intégrité d’un
site (pollution et dégradation environnementale, marchandisation de la culture locale,
développement d’activités illégales). Pourtant, les communautés locales doivent s’engager pour
garantir la protection du site par un plan de gestion adéquat et concordé avec l’Unesco. La seule
solution consiste dans le développement d’un tourisme durable fondé sur des principes de
justice sociale et économique (attention envers l’environnement et les cultures locale, adoption de
comportements corrects, effort pour faire retomber les avantages économiques et sociaux du tourisme sur
les destinations touristiques). Ces critères ont été élaborés au début des années 90 comme critique
au tourisme de masse ; aujourd’hui ils sont reconnus par l’Unesco comme le seul moyen correct
pour visiter les trésors du monde, en jouissant de leur beauté et en sauvegardant leur intégrité.
En France, au sein du ministère de la Culture, la direction générale des Patrimoines est chargée
de mettre en œuvre la convention en ce qui concerne les biens culturels. Le ministère de la
Transition écologique et solidaire se charge des biens naturels. La sous-direction des
monuments historiques et des espaces protégés coordonne la protection et la gestion des biens
culturels français inscrits au patrimoine mondial. Elle s’efforce de trouver, en lien avec les
gestionnaires et les collectivités territoriales concernées, toutes les solutions permettant
d’assurer le maintien de la valeur universelle exceptionnelle de chaque bien inscrit. La France
compte 45 biens inscrits au patrimoine mondial : 39 biens culturels, 5 biens naturels et un bien
mixte.
L’Italie a la primauté mondiale pour le plus grand nombre de biens inscrits dans la Liste du
patrimoine mondial : 50 biens cultures et 5 biens naturels.
Il existe des biens qui ont été délistés de la Liste du Patrimoine Mondiale de l’Unesco :
● Vallée de l’Elbe à Dresde (Allemagne) retiré de la liste en 2009 à cause de la
construction d'un pont à quatre voies au cœur de ce paysage culturel, ce qui signifie que le site
n'a pas su conserver la valeur universelle exceptionnelle qui lui avait valu son inscription.
Critère (ii) : elle fut à la croisée des chemins en Europe, pour la culture, la science et la
technologie aux XIXe siècle. Critère (iii) : elle représente le développement urbain en Europe
et son passage à l’ère industrielle moderne. Critère (iv) : c’est un paysage culturel
exceptionnel, qui réunit le célèbre décor baroque au paysage fluvial. Critère (v) : c’est un
exemple remarquable d’occupation du territoire qui représente le développement exceptionnel
d’une grande ville d’Europe centrale.
● Sanctuaire de l'oryx arabe (Oman) retiré de la liste en 2007 suite à la décision d'Oman de
réduire la taille de la zone protégée de 90%, en infraction avec les Orientations devant guider
la mise en œuvre de la Convention. Les brouillards saisonniers et la rosée constituent un
écosystème désertique unique et sa flore compte plusieurs plantes endémiques. Sa faune rare
comprend le premier troupeau d'oryx arabes en liberté depuis l'extinction mondiale de l'espèce
à l'état sauvage en 1972 et sa réintroduction ici en 1982.
En 2003, les Etats membres de l’UNESCO ont adopté la Convention pour la Sauvegarde du
Patrimoine culturel immatériel, réglée par le droit international. Le Patrimoine culturel
immatériel comprend les processus culturels qui « inspirent aux communautés vivantes un
sentiment de continuité par rapport aux générations qui les ont précédées et revêtent une
importance cruciale pour l'identité culturelle ainsi que la sauvegarde de la diversité culturelle
et de la créativité de l'humanité » (les traditions orales, les arts du spectacle, les connaissances
et le savoir-faire liés à la nature ou l’artisanat, les pratiques sociales). Pour être inscrit sur la liste
du PCI, une expression ou une tradition vivante doit être représentative, traditionnelle et
contemporaine à la fois, inclusive et fondée sur les communautés. La Convention propose une
série de mesures qui doivent être mises en œuvre aux niveaux national et international. C’est un
cadre juridique, administratif et financier destiné à sauvegarder ce patrimoine. Au niveau
national, la Convention implique les Etats dans le travail d’identification et d’enregistrement du
patrimoine culturel immatériel présent sur leur territoire. La Convention propose également
plusieurs mesures de sauvegarde, ainsi que des mesures de sensibilisation et de promotion des
mesures éducatives dans le domaine du patrimoine culturel immatériel. Tous les deux ans, les
Etats qui ont ratifié la Convention se réunissent lors de l’Assemblée générale des Etats parties à
la Convention ; cette Assemblée élit les 24 membres du Comité intergouvernemental de
sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Ce Comité doit se réunir une fois par an pour
assurer le suivi des objectifs de la Convention.
La France compte 17 éléments inscrits sur la liste du PCI, parmi lesquels le compagnonnage, le
repas gastronomique, la fauconnerie et la dentelle au point d’Alençon.