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Historique
La France moderne s'est constituée (cf. Formation territoriale de la France) à partir de
l'agrégration au domaine royal de divers territoires, certains issus du partage de l'empire
carolingien, d'autres non. Il en est résulté un assemblage de régions parlant diverses
langues romanes (langues d'oïl, langues d'oc, corse), germaniques (alsacien, flamand
occidental, francique), ou d'autres origines (breton, basque). Issue du latin dit « vulgaire »
(c'est-à-dire du latin parlé par le peuple à la distinction de celui dit « classique », la langue
littéraire et celle d'une élite restreinte), le français a subi quantité de changements surtout
pendant l'époque prélittéraire (IIIe siècle au VIIIe siècle environ). Ces changements ont
distingué la langue latine de la langue parlée du peuple à tel point qu'au VIIIe siècle, on
prend conscience du fait qu'il s'est développé une nouvelle langue, d'abord appelée rustica
lingua romana (langue romane rustique).
Ce n'est qu'avec le début de la littérature en langue populaire que le besoin d'une
normalisation de cette nouvelle langue s'impose. Au début de l'époque littéraire, dès le
XIe siècle, c'est le clergé qui produit de la littérature sacrale. C'est donc dans les écritoires
(scriptoria) des monastères que se développent différentes traditions d'écriture de l'ancien
français, les scriptae, conventions plus ou moins fixées d'orthographe qui transcrivent la
langue orale. Certains traits dialectaux entrent dans les scriptae dès le début, mais le
dialecte central de l'Île-de-France tend dès le XIIe siècle à prévaloir. A partir du moment où
le roi choisit Paris pour résidence permanente, la ville devient définitivement le centre de la
puissance et aussi du commerce et le dialecte francilien s'impose de plus en plus comme
langue de communication, de commerce, de politique et de religion.
Politique linguistique de la France 3
Les textes latins sont traduits en français et des prêts sont accordés pour les copier.
Disposée sur trois étages, la Librairie royale répond à un projet politique : elle doit former
une élite administrative[12] . Elle compte jusqu’à un millier de manuscrits[11] .
En 1454 l'ordonnance de Montils-lès-Tours de Charles VII ordonne la rédaction en langue
vulgaire du droit coutumier oral[13] . Cette ordonnance connait néanmoins un relatif échec,
mal conçue elle est difficile à mettre en oeuvre (passage devant des commissions, renvoi au
roi, le parlement en cas de discorde...)[14] . La rédaction en langue vulgaire du droit sera
relancée en 1497.
Avec le développement de la littérature et surtout avec la nouvelle technique d'impression
de Gutenberg les écrits se multiplient, et en même temps la discussion sur la qualité de la
langue française commence parmi les lettrés. La première imprimerie en France est
construite à Paris en 1470 par Michael Friburger, Ulrich Gering et Martin Crantz[15] .
Politique linguistique de la France 4
L'Ancien Régime
En 1490, Charles VIII dispose par l'ordonnance de Moulins que la langue de la juridiction
sera désormais la « langue maternelle ou franceoise » et non le latin. Cette disposition sera
confirmée par une ordonnance de Louis XII en juin 1510[16] :
« Ordonnons (…) que doresnavant tous les proces criminels et lesdites enquestes,
en quelque maniere que ce soit, seront faites en vulgaire et langage du pais (…)
autrement ne seront d'aucun effet ni valeur »
François Ier confirmera ce texte en 1531 pour le Languedoc. Mais cette décision sera
rendue caduque (ou confirmée) par la promulgation de l'ordonnance de Villers-Cotterêts en
1539 qui remplace l'usage du « faites en vulgaire et langage du pais » par celui de la «
langue maternelle franceoise » pour l'administration et le droit[17] . Conçu à l'origine
comme un moyen de remplacer le latin dans les textes officiels — peu de sujets du XVIe
siècle ayant l'éducation nécessaire à sa compréhension — il stipule également que le
français, et lui seul, est désormais la langue légal dans le royaume (en langage maternel
françoys et non aultrement). Néanmoins, la société cultivée continue d'employer le latin
dans les universités, et la grande majorité de la population française conserve l'usage des
langues régionales[18] .
A partir des années 1550 un cercle de poètes, la Pléiade, et parmi eux surtout Ronsard, Du
Bellay et Peletier du Mans, se lancent dans le débat pour enrichir le français par le moyen
d'emprunts à d'autres dialectes et défendent le français face aux langues anciennes
grecques et latines. Cet objectif est théorisé dans le manifeste de Du Bellay: Défense et
illustration de la langue française[19] . Cette démarche poétique doit être rapprochée de la
démarche politique de l'ordonnance de Villers-Cotterêts passée dix ans plus tôt[20] .
Le siècle classique
Le XVIIe siècle marque un point important non seulement pour la littérature, mais aussi
pour l'évolution de la langue française. L'orthographe du français n'étant toujours pas fixée,
le débat sur la qualité de la langue française n'ayant pas cessé depuis la Renaissance, le
besoin d'une codification est ressenti de plus en plus fortement.
D'un cercle d'abord pratiquement inconnu de lettrés naît l'Académie française. Elle est
fondée officiellement en 1635 par le cardinal de Richelieu[20] . Sa tâche est désormais de
donner des règles à la langue française, de la rendre claire, pure et raisonnable afin de la
rendre compréhensible par tous. Elle devait fournir les références nécessaires à la langue
française : un dictionnaire répertoriant les mots de la langue française (première édition en
1694[21] ), une grammaire (deux essais infructueux[22] auront lieux vers 1700[23] et 1932[24]
), puis une poétique et une rhétorique qui n'ont jamais vu le jour.
La politique linguistique de ce siècle reste cependant conciliante. Seul un faible nombre de
dispositions législatives ne concernant pas le peuple sont prises. Les nouvelles provinces
annexées sont dispensées d'appliquer l'ordonnance de Villers-Cotterêt[18] . A l'exception
notable de la création de l'Académie Française ce siècle est marqué par la non intervention
en matière de politique linguistique.
Politique linguistique de la France 5
La Révolution française
Au début, la révolution française se montre tout aussi conciliante que le précédent régime.
Durant les premières années, les décrets révolutionnaires sont traduits dans les langues
régionales. En 1790 une loi est passée à l'assemblé sur proposition de François-Joseph
Bouchette afin de «faire publier les décrets de l’Assemblée dans tous les idiomes qu'on
parle dans les différentes parties de la France»[25] . Rapidement les coûts financiers ainsi
qu'un manque d'intérêt en la matière compliquent l'application de cette loi.
Poursuivant l'élaboration d'une France nouvelle et unie, les révolutionnaires tentent
également de restreindre les particularismes régionaux dans le domaine linguistique.
Progressivement apparaît un courant de pensée selon lequel la diversité linguistique doit
être réduite au nom de l'unification de la nation et la lutte contre le féodalisme.
L'unification de la langue, au même titre que l'éducation nationale, est également vu
comme un prérequis à la démocratie permettant à chacun de comprendre et de contrôler
les décisions de l'état.
Article 2. Après le mois qui suivra la publication de la présente loi, il ne pourra être
enregistré aucun acte, même sous seing privé, s'il n'est écrit en langue française.
Article 3. Tout fonctionnaire ou officier public, tout agent du Gouvernement qui, à
dater du jour de la publication de la présente loi, dressera, écrira ou souscrira, dans
l'exercice de ses fonctions, des procès-verbaux, jugements, contrats ou autres actes
généralement quelconques conçus en idiomes ou langues autres que la française, sera
traduit devant le tribunal de police correctionnelle de sa résidence, condamné à six
mois d'emprisonnement, et destitué.
Article 4. La même peine aura lieu contre tout receveur du droit d'enregistrement qui,
après le mois de la publication de la présente loi, enregistrera des actes, même sous
seing privé, écrits en idiomes ou langues autres que le français. »
France:
Les identités régionales constituent une formidable valeur d'avenir et je crois que
c'est en faisant le lien entre ces valeurs fondamentales qui font l'identité de
toujours entre la France et la nation française dans sa diversité, dans son
authenticité, dans ses traditions authentiques [...] que l'Etat fonctionne bien.
Diverses opérations visant à rétablir la présence des langues régionales dans la vie de tous
les jours:
• Voir également : Signalisation routière bilingue en France.
• à la télévision : FR3 région, Radio France Outremer : journaux et émissions en langue du
pays
Les langues régionales ont été reconnues comme faisant partie du patrimoine national de la
France depuis la révision de la constitution de juillet 2008.
l'Académie Française
L’Académie française est fondée en 1635 sous le règne du roi Louis XIII par le cardinal de
Richelieu, et c'est l’une des plus anciennes institutions française. Son rôle premier est de
"veiller sur la langue française". L'Académie a travaillé dans le passé à fixer la langue, pour
en faire un patrimoine commun à tous les Français et à tous ceux qui pratiquent la langue
française. En effet, il est précisé dans l’article XXIV des statuts que « la principale fonction
de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possible à donner des
règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts
Politique linguistique de la France 11
et les sciences. »
Aujourd’hui, elle agit pour en maintenir les qualités et en suivre les évolutions nécessaires.
Elle en définit le bon usage. Elle le fait en élaborant le Dictionnaire de l'Académie française
qui fixe l’usage de la langue, mais aussi par ses recommandations et par sa participation
aux différentes commissions de terminologie[38] .
Commission européenne
Le français est, avec l'anglais et l'allemand, l'une des trois langues de travail de la
Commission européenne.
Sciences et techniques
Le français est une des trois langues officielles de l'office européen des brevets. Cependant,
le protocole de Londres signé par dix pays (Allemagne, France, Danemark, Liechtenstein,
Luxembourg, Monaco, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse), et destiné à libéraliser le
régime linguistique des brevets en Europe n'a toujours pas été ratifié par la France en 2007
(qui a signée le protocole en 2001). Cette ratification n'était alors pas conforme à la
Constitution, dans la mesure où l'article 2 de celle-ci précisait que la langue officielle de la
République est le français.
Politique linguistique de la France 14
Bibliographie
Fañch Broudig, L'interdiction du breton en 1902. La IIIe République contre les
langues régionales, Coop Breizh, Spézet, 1996, ISBN 2-909924-78-5La Politique de
la langue française (Poche) de Marie-Josée de Saint-Robert, Que sais-je?
Langues-de-France.org, Pierre Encrevé, Les droits linguistiques de l'homme et du
citoyen, conférence à l'EHESS en 2005. Une synthèse des politiques linguistiques
en France.
Voir aussi
• Francophonie
• Académie française
• Histoire linguistique de la France
• Langues régionales ou minoritaires de France
• Politique linguistique
• Politique linguistique de l'Union Européenne
Références
[1] Voir la Constitution de la Ve République, modification de 1992, titre I, art. 2: « La langue de la République est
le français. » (http:/ / www. legifrance. gouv. fr/ html/ constitution/ constitution2. htm)
[2] du français par l'Université de Laval (http:/ / www. tlfq. ulaval. ca/ axl/ francophonie/
HIST_FR_s5_Renaissance. htm|Histoire)
[3] du français par l'Université de Laval (http:/ / www. tlfq. ulaval. ca/ axl/ francophonie/
HIST_FR_s5_Renaissance. htm|Histoire)
[4] Jacques Leclerc, Histoire du Français, chapitre la Révolution française et la langue nationale (http:/ / www.
tlfq. ulaval. ca/ axl/ francophonie/ HIST_FR_s8_Revolution1789. htm), dernière modification le 7 octobre 2008,
consulté le 2 avril 2009
[5] Décret du 2 thermidor, an II (20 juillet 1794) Article 1er : À compter du jour de la publication de la présente
loi, nul acte public ne pourra, dans quelque partie que ce soit du territoire de la République, être écrit qu'en
langue française. (http:/ / www. tlfq. ulaval. ca/ axl/ francophonie/ HIST_FR_s8_Revolution1789. htm). C'est sur
cette interprétation, et dans le but de protéger le français contre l'influence excessive de l'anglais qu'est basée
la modification de 1992 de l'article 2 de la Constitution, et non sur le texte de l'ordonnance elle-même
[6] Loi constitutionnelle n° 92-554 du 25 juin 1992 (http:/ / www. tlfq. ulaval. ca/ AXL/ europe/ franceloi-cnst-1998.
htm)
[7] Les révolutionnaires font la distinction entre les patois considérés comme ayant une souche commune avec le
français (gallo, normand, gascon...) et les idiomes qui n'en ont pas (flamand, bas-breton...)
[8] http:/ / books. google. fr/ books?id=kUSlh1z8okQC& pg=PA15& lpg=PA15& dq=La+ monarchie+ avait+ des+
raisons+ de+ ressembler+ %C3%A0+ la+ tour+ de+ Babel%3B+ dans+ la+ d%C3%A9mocratie,+ laisser+
les+ citoyens+ ignorants+ de+ la+ langue+ nationale,+ incapables+ de+ contr%C3%B4ler+ le+ pouvoir,+
c'est+ trahir+ la+ patrie. . . & source=bl& ots=LkLi7bpTWC& sig=UHV6qjSIGUYG1Up6I911gfFJtnw& hl=fr
[9] du français par l'Université de Laval (http:/ / www. tlfq. ulaval. ca/ axl/ francophonie/
HIST_FR_s5_Renaissance. htm|Histoire)
[10] du français par l'Université de Laval (http:/ / www. tlfq. ulaval. ca/ axl/ francophonie/
HIST_FR_s5_Renaissance. htm|Histoire)
[11] Journée d’études "Canon et traduction dans l’espace franco-germanique" (http:/ / recherche. univ-lyon2. fr/
lce/ spip. php?article62)
Politique linguistique de la France 15
[12] site de la BnF, premières bibliothèques royales (http:/ / classes. bnf. fr/ DOSSITSM/ biblroya. htm)
[13] ordonnance ayant précédé Villers-Côtterets (http:/ / www. cerclegenealogiquedenancy. net/ Macaron/
Cotterets. htm)
[14] évolution du code civil (http:/ / www. culturesfrance. com/ adpf-publi/ folio/ code_civil/ 102. html)
[15] BnF premiers imprimeurs en France (http:/ / bbf. enssib. fr/ sdx/ BBF/ frontoffice/ 1971/ 02/ document.
xsp?id=bbf-1971-02-0065-001/ 1971/ 02/ fam-apropos/ apropos& statutMaitre=non& statutFils=non)
[16] recueil d'anciennes lois française (http:/ / books. google. fr/ books?id=s6EFAAAAQAAJ& pg=PA596&
lpg=PA596& dq="que+ doresnavant+ tous+ les+ proces+ criminels+ et+ lesdites+ enquestes"&
source=web& ots=MQZFYP2jDr& sig=SAioaCYDYZwKQgJIGYMJAMuwDiQ& hl=fr& sa=X& oi=book_result&
resnum=1& ct=result#PPA596,M1) p596 item 47
[17] Texte sur assemblee-nationale.fr (http:/ / www. assemblee-nationale. fr/ histoire/ villers-cotterets. asp)
[18] France: politique linguistique sur le français (http:/ / www. tlfq. ulaval. ca/ axl/ Europe/
france-2politik_francais. htm) Un point de vue québécois sur la politique linguistique de la France
[19] la langue française à travers les ages (http:/ / www. culture. gouv. fr/ culture/ dglf/ lang-frcs-trav-ages. html),
site de la DGLFLF
[20] fondation de l'académie (http:/ / www. academie-francaise. fr/ langue/ droite. html), sur le site de l'Académie
française.
[21] histoire de la langue française (http:/ / sites. univ-provence. fr/ francophonie/ actualites/ documents/
histoire_francais/ 06_histoire_francais. pdf)
[22] dictionnaire de l'accadémie (http:/ / www. academie-francaise. fr/ dictionnaire/ avant-propos. html) de l'aveux
même de l'accadémie une « production bien imparfaite »,
[23] référence de la grammaire (http:/ / ctlf. ens-lsh. fr/ n_fiche. asp?num=2401)
[24] grammaire (http:/ / www. langue-fr. net/ index/ G/ grammaire. htm)
[25] révolution française et langue française (http:/ / www. tlfq. ulaval. ca/ axl/ francophonie/
HIST_FR_s8_Revolution1789. htm)
[26] L'Abbé Grégoire en guerre contre les "Patois" (http:/ / www. gwalarn. org/ brezhoneg/ istor/ gregoire. html)
[27] histoire du français durant la révolution (http:/ / sites. univ-provence. fr/ francophonie/ actualites/ documents/
histoire_francais/ 08_histoire_francais. pdf)
[28] chronologie de la révolution française du point de vue linguistique (http:/ / www. languefrancaise. net/
dossiers/ dossiers. php?id_dossier=27)
[29] le français au XIXeme (http:/ / www. chass. utoronto. ca/ epc/ langueXIX/ hlfXIX/ hlf_4-1. htm)
[30] (http:/ / membres. lycos. fr/ bulot/ Monbret. html)
[31] Rapport Poignant (http:/ / www. chez. com/ buan1/ poignant. htm)
[32] Limore Yagil, "L'homme nouveau" et la révolution nationale de Vichy (1940-1944), p.123
[33] Council of Europe - ETS no. 148 - European Charter for Regional or Minority Languages (http:/ / conventions.
coe. int/ treaty/ en/ Treaties/ Html/ 148. htm)
[34] texte de loi final (http:/ / www. dglflf. culture. gouv. fr/ lois/ loi-fr. htm)
[35] Charte européenne des langues régionales - Nicolas Sarkozy - propositions élection présidentielle 2007
(http:/ / www. u-m-p. org/ propositions/ index. php?id=charte_europeene_des_langues_regionales)
[36] Charte des langues régionales : C'est OUI - Avec Ségolène ROYAL dans le Finistère (http:/ / sego29.
over-blog. org/ article-5914843. html)
[37] Fañch Broudig, « La pratique du breton de l'Ancien Régime à nos jours », chapitre 17, ISBN 2868471285
[38] Ce texte est en partie tiré de académie française sur la Wikipedia en français, sous GFDL (http:/ / www. gnu.
org/ copyleft/ fdl. html) liste des auteurs (http:/ / fr. wikipedia. org/ w/ index.
php?title=Académie_française& limit=500& action=history)
[39] http:/ / languesdefrance. nuxit. net/ chercheurinvite. html
Sources et contributeurs de l'article 16
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Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported
http:/ / creativecommons. org/ licenses/ by-sa/ 3. 0/