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Académie de Besançon

Université de Bourgogne-Franche-Comté
Centre de Formation Universitaire en Orthophonie

UFR SMP 2021-2022 – CCO 5ème année

Apports de l’étude
des bruxismes sur
la prise en soin en
orthophonie
Mémoire en vue de l’obtention du certificat de capacité en orthophonie
Encadré par Anne PIPET

Proserpine MAYAR
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

REMERCIEMENTS
Je tiens avant toute chose à remercier Anne PIPET, ma directrice de mémoire, qui a su m’ac-
compagner tout au long de ce travail et a permis de guider ma recherche ainsi que ma réflexion.

Je souhaite aussi dire merci à Franck DAVAL pour sa disponibilité et son efficacité lors de mes
recherches documentaires. Merci également à Brigitte GRILLOT pour ses conseils méthodolo-
giques.

Merci à Nathalie GAUTHEROT, Chantal ROJAS et Thibault PERRACHON, qui ont été pré-
sents sur les débuts de mon travail et m’ont permis de cheminer sur mon sujet.

Un grand merci également à Sophie DERRIER et Raphaël VIELLARD pour leur écoute, leurs
conseils, leur œil avisé sur mon travail.

Un merci particulier à Axel CHARRON, mon magicien, et à toutes les personnes autour de moi
qui ont relu ce mémoire au cours de sa rédaction et m’ont soutenue.

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Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Table des matières

INTRODUCTION ................................................................................................................................... 3

PARTIE 1 : Des méthodes et outils diagnostiques aux traitements appliqués aux bruxismes .............. 15

METHODES ET OUTILS DE DIAGNOSTIC DES BRUXISMES ................................................ 16


Les questionnaires et grilles .......................................................................................................... 16
L’auto-diagnostic par le patient ..................................................................................................... 19
L’évaluation clinique et les mesures scientifiques ........................................................................ 21
Qualification de la probabilité de l’existence du bruxisme et du degré de sévérité. ..................... 24
LES POSSIBLES TRAITEMENTS DES BRUXISMES ................................................................. 28
Les micro-injections de toxine botulique ...................................................................................... 28
La méthode PPP ............................................................................................................................ 31
PARTIE 2 : Les bruxismes dans le cadre d’une prise en soin orthophonique ...................................... 34

QUE FAIRE EN ORTHOPHONIE FACE À UN PATIENT QUI BRUXE ? .................................. 35


L’intervention directe en orthophonie ........................................................................................... 35
L'éducation thérapeutique du patient (ETP) .................................................................................. 37
L’importance du travail transdisciplinaire dans la prise en soin des bruxismes............................ 39
Les effets compensatoires des bruxismes ...................................................................................... 43
DISCUSSION ................................................................................................................................... 46
CONCLUSION ..................................................................................................................................... 50

ANNEXES ............................................................................................................................................ 52

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................ 83

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Proserpine Mayar
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INTRODUCTION

Les bruxismes sont fréquemment décrits comme étant une parafonction touchant la
sphère oro-myo-faciale. Ils sont définis par le Glossary of Prosthodontic Terms (GPT-9) comme
« parafunctional grinding of teeth » et « oral habit consisting of involuntary rhythmic or
spasmodic nonfunctional gnashing, grinding or clenching of the teeth, in other than chewing
movements of the mandible, which may lead to occlusal trauma » (« The Glossary of
Prosthodontic Terms », 2017). On parle également de « bruxomania ». En français, les
bruxismes sont définis par l’Académie Nationale de Médecine dans son édition de 2017 comme
« Mouvements rythmiques des mâchoires étroitement serrées l'une contre l'autre, avec
serrement intempestif des dents, observé en dehors des périodes de mastication, qui peut
s'observer au cours du sommeil ». Les bruxismes peuvent donc se présenter sous deux
principales formes : diurne (awake bruxism) et du sommeil (sleep bruxism).

Une première interrogation pouvant être levée à la lumière de ces définitions est celle-ci, par
Lobbezoo et al. en 2013 : si toutes les définitions du bruxisme tournent autour de la denture et
du contact des arcades dentaires entre elles, qu’en est-il du bruxisme des édenté-e-s ? En effet,
le bruxisme peut toucher de nombreuses tranches d’âge dans la population ; enfant, adolescent,
adulte, personne âgée. Afin de n’écarter aucun sujet potentiel dans l’acception du bruxisme, les
auteurs ont alors proposé leur propre définition : « Bruxism is a repetitive jaw-muscle activity
characterized by clenching or grinding of the teeth and/or by bracing or thrusting of the
mandible. Bruxism has two distinct circadian manifestations: it can occur during sleep
(indicated as sleep bruxism) or during wakefulness (indicated as awake bruxism) » (Lobbezoo
et al., 2013), soit « Le bruxisme est une activité répétée des muscles masticateurs, caractérisée
par le serrage ou le grincement des dents et/ou soit une rigidité, soit une protrusion de la
mandibule. Le bruxisme comporte deux manifestations circadiennes distinctes : il peut se
produire durant le sommeil (on parle alors de bruxisme du sommeil) ou durant les phases d’éveil
(bruxisme diurne) ». Cette définition est celle qui sera retenue et utilisée dans ce travail lorsque
le terme « bruxisme » sera employé.

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Plus spécifiquement et plus récemment, Lobbezoo et al. ont défini le bruxisme diurne (« awake
bruxism ») comme suit : « Awake bruxism is a masticatory muscle activity during wakefulness
that is characterised by repetitive or sustained tooth contact and/or by bracing or thrusting of
the mandible and is not a movement disorder in otherwise healthy individuals » (Lobbezoo et
al., 2018). Soit : « Le bruxisme diurne est une activité des muscles masticatoires survenant au
cours des phases d’éveil, qui se caractérise par un contact répété ou prolongé des dents entre
elles et/ou l’entretoisement ou la protrusion de la mandibule. Il ne s’agit pas d’une dysfonction
dans le mouvement chez des individus qui seraient autrement sains. ».

Les définitions proposées par Lobbezoo et al au cours de leurs différents travaux semblent faire
consensus depuis quelques années et sont régulièrement reprises dans la littérature concernant
les bruxismes. Ainsi, Wetselaar et al., dans leur article de 2019, font usage de la version de la
définition publiée en 2013 par le groupe de Lobbezoo. Un autre article publié également en
2019 annonce s’être fondé sur la définition du bruxisme diurne de 2018 citée précédemment.
Piekartz et al. citent en effet Lobbezoo et al. à différentes reprises pour définir les notions de
bruxisme diurne et bruxisme du sommeil.

Les bruxismes ne relèvent pas directement du champ de compétences des orthophonistes. Il


n’existe aucun acte dans la Nomenclature Générale des Actes Professionnels (NGAP) qui fasse
explicitement mention du bruxisme. Toutefois, il existe dans la NGAP un acte de rééducation
nommé « Rééducation des anomalies des fonctions oro-myo-faciales et de l’oralité ». Les
bruxismes constituant, comme précédemment dit, une parafonction touchant la sphère oro-
myo-faciale, il semble logique de traiter les bruxismes comme des éléments de tableaux
cliniques pouvant relever du champ de l’orthophonie.

Il n’existe par ailleurs pas de profil type de patient avec bruxisme. Les étiologies sont variées
et hautement multifactorielles. Différentes méta-analyses de la littérature et différentes études
proposent des données concernant la prévalence. En raison de la grande disparité entre les
résultats d’une étude à l’autre, il n’est pas possible de tirer une prévalence globale pour les
bruxismes. En étudiant la prévalence des dysfonctions temporo-mandibulaires (DTM) sur la
population suédoise, (Anastassaki Köhler et al., 2012) ont souligné que les données statistiques
variaient énormément. Les chercheurs attribuent cet état de fait à plusieurs variables :

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caractéristiques inhérentes à l’échantillon de population étudié, définitions, critères


méthodologiques retenus. L’étude menée par Köhler et al. indique une prévalence des
bruxismes (indifférenciés et catégorisés en « serrage/grincement des dents ») variant entre 14
et 23% de 1983 à 2003 (Anastassaki Köhler et al., 2012). Ces données présentent une large
différence avec celles trouvées par Wetselaar et al. dans leur étude de 2019 par exemple. Menée
aux Pays-Bas sur 1209 individus avec collecte des données entre avril et novembre 2013, cette
étude trouve une prévalence de 5% pour le bruxisme diurne et 16,5% pour le bruxisme nocturne
(Wetselaar et al., 2019). Il n’est donc pas possible de tirer une donnée chiffrée généralisable
pour la prévalence des bruxismes en France.

Pour autant, certaines pathologies relevant du champ de compétences de l’orthophonie sont


considérées comme plus susceptibles de faire survenir un bruxisme. Lavigne et al. ont tiré cette
conclusion en 2008. Les chercheurs précisent au cours de leur étude que les patients
parkinsoniens, et les patients atteints du syndrome de Gilles de la Tourette, sont susceptibles de
présenter un bruxisme (Lavigne et al., 2008). En 2017, Lange publie une étude dans laquelle il
rappelle que les patients sous antipsychotiques (comme le lithium), ou sous méthylphénidate
(Ritaline) pour cause de Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA-
H) peuvent présenter un bruxisme (Lange, 2017.). Ces différents troubles pouvant être retrouvés
parmi les patients traités en orthophonie, il paraît alors pertinent d’inclure la possible présence
d’un bruxisme lors de la prise en soin.

Enfin, en 2018, Amorim et al. ont publié une étude dans laquelle ils parviennent à la conclusion
que globalement, 85 à 90% des gens vivraient des épisodes de bruxisme au cours de leur vie
(Amorim et al., 2018). Cette statistique, bien que ne concernant pas directement la population
française, permet d’avancer l’hypothèse que les chances en orthophonie de croiser des patients
comportant un bruxisme sont relativement élevées. A ce titre, plusieurs questions ont guidé la
progression de ce travail. Quel est l’état de la littérature concernant les bruxismes et
l’orthophonie ? Plus spécifiquement, quel est l’état de la littérature sur le bruxisme diurne chez
l’adulte ? Quels sont les signes cliniques des bruxismes et comment est-il possible d’en
objectiver la présence ? Est-il possible, et nécessaire, d’étudier les bruxismes en orthophonie ?
Quand est-il pertinent d’intervenir sur les bruxismes ? Le but initial de ce mémoire était donc
d’effectuer une revue de littérature à destination des orthophonistes, portant spécifiquement sur
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APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

le bruxisme diurne chez l’adulte. Cependant, au regard des articles ayant pu être trouvés lors
des différentes recherches menées, cela n’a pas été réalisable. En effet, tous les articles trouvés
traitaient soit indistinctement les bruxismes diurne et du sommeil, soit ils traitaient
spécifiquement du bruxisme du sommeil. Le nombre d’articles ne traitant que du bruxisme
diurne n’était donc pas suffisant pour fournir une analyse significative sur cette catégorie
précise. Au regard des articles analysés, ce travail portera donc sur les bruxismes comme une
entité indifférenciée, et sur les répercussions (ou non) que sa présence pourra avoir sur les
patients concernés.

L’hypothèse de recherche retenue pour mener ce travail est la suivante : Il existe des outils
utilisables par les cliniciens notamment en orthophonie, qui permettent de relever les signes
cliniques de bruxisme et de les objectiver. Ceci peut donc permettre à l’orthophoniste d’ajuster
sa prise en soin et de réorienter vers d’autres professionnels de la santé en cas de besoin. Ces
outils diagnostiques peuvent même permettre d’opérer une distinction entre : DTM sans
bruxisme, DTM avec bruxisme, bruxisme diurne, bruxisme nocturne.

Voici les critères d’inclusion et d’exclusion initialement prévus pour sélectionner les articles
qui ont permis la construction de cette revue de littérature (table 1)

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APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

1) Les critères d’inclusion et d’exclusion tels qu’initialement définis.

Critères d’inclusion

Critères Choix du critère Vérifiable ?


Publication scientifique Le but est de recenser des publications ayant un minimum de crédibilité OUI, si la publication est indexée sur
validée et de lien avec la profession d’orthophoniste. Il peut s’agir d’articles ou plusieurs moteurs de recherche
de revues d’articles, d’études de cas ou d’étiologie. scientifique de référence
Lien avec le sujet et la Bien que ne faisant pas partie de la NGAP, les bruxismes sont une
profession parafonction largement répandue qui peut avoir des répercussions sur des OUI, grâce à la présence des mots-clés
d’orthophoniste fonctions que l’orthophoniste peut avoir à rééduquer. Idéalement les utilisés pour indexer la publication
publications passées en revue comporteront des mots-clés spécifiques à
l’étude des bruxismes et des mots-clés connexes au champ de
compétences de l’orthophonie.
Les patients étudiés Afin de donner du poids au propos de cette revue de littérature, les patients NON, car malheureusement les méthodes
dans les textes retenus recrutés auront idéalement été diagnostiqués de manière objective et diagnostiques ne sont pas uniformes d’une étude à
l’autre. Il n’existe pas d’outil universellement
ont un bruxisme diurne présenteront un bruxisme diurne avéré, et non une suspicion de bruxisme
utilisable pour poser un diagnostic de bruxisme.
diagnostiqué

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Critères d’exclusion

Critères Choix du critère Vérifiable ?

Pathologie ou syndrome Afin de maintenir l’étude centrée sur les bruxismes et leurs caractéristiques, OUI, exclusion des articles faisant mention
touchant les fonctions les publications passées en revue ne feront pas état d’autres pathologies ou explicite de ces pathologies ou syndromes
oro-myo-faciales syndromes associés connus pouvant affecter les fonctions oro-myo-faciales dans les études de cas.
associé-e des patients recensés.

Articles ou publications L’objet de cette étude est le bruxisme diurne spécifiquement.


portant sur le bruxisme OUI
nocturne

Articles ou publications L’objet de cette étude est le bruxisme chez l’adulte spécifiquement. OUI
portant sur des
populations d’enfants

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APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Les recherches ont été menées pour majorité en amont de la rédaction de ce travail, sur une
période de trois mois (de septembre 2021 à décembre 2021). Les moteurs de recherche
employés sont les suivants : PubMed, Elsevier, Cochrane, ScienceDirect et Google Scholar. Sur
ces moteurs de recherche, différents mots-clés ont été utilisés : « bruxism », « bruxomania »,
« awake bruxism », « temporomandibular disorder », « TMD », « speech-language
pathology », « SLP ». Sur PubMed spécifiquement, les mots-clés en MeSH suivants ont été
utilisés : « masseter muscle/physiopathology », « mastication/physiology » et « muscle
tonus/physiology ». Afin de satisfaire aux critères d’exigences posés pour la rédaction de ce
travail, ces premières recherches n’englobaient que des articles publiés à partir de 2016.
Cependant, le recours strict à ces critères de recherche, d’inclusion et d’exclusion n’a permis
de trouver aucun article. Il s’est donc avéré nécessaire de réévaluer lesdits critères. Les mots-
clés « speech-language pathology » et « SLP » ont donc été retirés lors de la seconde phase de
recherche. Malgré cela, le nombre de résultats pertinents pour ce travail était encore largement
insuffisant pour permettre une analyse significative. Le mot-clé « awake bruxism » a alors été
retiré des critères de recherche, car il est apparu au cours de ce travail que la majeure partie des
publications scientifiques traitant des bruxismes étaient indexées avec le terme « bruxism » sans
distinction entre le bruxisme diurne et le bruxisme nocturne. Par ailleurs, devant le manque de
résultats obtenus en ne ciblant que des publications à partir de 2016, le critère de date a été
élargi à 2000.
A partir de cette étape, chaque article trouvé a été consulté, même sommairement (lecture du
titre et du résumé, des mots-clés employés pour l’indexer). Ceci a permis d’aboutir à une
sélection définitive de 55 références jugées pertinentes à l’élaboration de ce travail. Au regard
des modifications ayant dû être apportées aux critères de recherche, d’inclusion et d’exclusion,
voici le récapitulatif de ces critères dans leur forme définitive (table 2).

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APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

2) Les critères d’inclusion et d’exclusion tels qu’ils ont pu être appliqués

Critères d’inclusion
Critères Choix du critère Vérifiable ?
Le but est de recenser des publications ayant un OUI, si la publication est indexée sur
Publication scientifique validée minimum de crédibilité et de lien avec la profession plusieurs moteurs de recherche scientifique
d’orthophoniste. Il peut s’agir d’articles ou de revues de référence et est citée à plusieurs reprises
d’articles, d’études de cas ou d’étiologie. dans des articles vérifiant eux-mêmes les
critères d’inclusion.
Les patients étudiés dans les Il n’existe à l’heure actuelle aucun consensus dans la OUI, les articles retenus précisent
textes retenus présentent des littérature pour ce qui concerne le diagnostic du systématiquement quelles démarches
signes cliniques faisant penser à bruxisme. Il a donc été décidé pour pouvoir effectuer diagnostiques ont été conduites et quels
un bruxisme l’étude des articles retenus de garder ce point de outils ont été employés afin de qualifier ou
vigilance à l’esprit mais de ne pas faire du diagnostic non la présence d’un bruxisme.
vérifié un critère d’inclusion strict.
Articles en lien avec le sujet Les mots-clés suivants ont été utilisés pour retrouver OUI
ciblé les articles retenus : bruxism, bruxomania.

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APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Critères d’exclusion

Critères Choix du critère Vérifiable ?

Articles non traduits en anglais Certains articles trouvés lors des recherches OUI, articles introuvables dans une autre
documentaires étaient rédigés en polonais ou encore en langue que celle dans laquelle ils ont été
espagnol, et aucune traduction anglaise n’était rédigés initialement en dépit de recherches
accessible. Il a été estimé que ces articles ne croisées sur différents moteurs de recherche
présentaient donc pas une assez grande pertinence au et bibliographies connexes.
niveau scientifique pour être retenus dans cette revue
de littérature.

Articles ne détaillant pas les Le cas s’est peu présenté, mais certains articles ont été OUI
méthodes ou protocoles écartés du corpus final en raison du manque de visibilité
employés pour diagnostiquer ou sur les critères diagnostiques du bruxisme.
établir la présence potentielle
d’un bruxisme

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Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Au regard des articles ayant pu être trouvés et analysés lors des recherches, ce travail entend
donc répondre à la question suivante : Comment diagnostiquer les bruxismes et comment les
prendre en soin dans le cadre d’une intervention orthophonique ? Le développement ci-après
s’attachera à répondre à ces questions en faisant dans un premier temps état des outils existant
dans la clinique pour mettre en évidence la présence des bruxismes et de qualifier ces derniers
avec le plus de précision possible. Ce travail comportera ensuite une partie sur les différentes
interventions pouvant être menées auprès des patients présentant un bruxisme en évoquant la
question de la prise en soin transdisciplinaire.

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PARTIE 1 :
Des méthodes et outils diagnostiques aux
traitements appliqués aux bruxismes
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APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Il convient dans un premier temps de nommer et lister les différents outils permettant de
diagnostiquer le bruxisme. Il n’existe dans la littérature pas de consensus définitif autour de ces
méthodes d’évaluation, toutefois certaines reviennent fréquemment.

METHODES ET OUTILS DE DIAGNOSTIC DES BRUXISMES

Les recherches menées au cours de ce travail ont permis d’identifier plusieurs méthodes
diagnostiques et leurs outils afférents. De nombreuses références décrivent l’utilisation de
divers questionnaires et grilles à faire remplir par les patients, avec une interprétation du
clinicien. Cependant, le recours à l’auto-diagnostic par le patient est également fréquemment
décrit dans la littérature. Des moyens diagnostiques permettant d’objectiver la présence des
bruxismes par le biais de mesures scientifiques ont également pu être recensés. Enfin, il apparaît
important, une fois que le diagnostic de bruxisme a été posé, de pouvoir qualifier avec plus de
précision la nature de celui-ci.

Les questionnaires et grilles

Un des questionnaires les plus utilisés et repris dans la littérature est le Research
Diagnostic Criteria for Temporomandibular Disorders (RDC/TMD). Le RDC/TMD a été publié
en 1992 par Dworkin et al. (il n’en existe toutefois pas de version numérique). Ce questionnaire
a été révisé à plusieurs reprises. La version la plus récente date de 2016, par l’Université de
Washington (voir Annexes). Le RDC/TMD a été repris par (Manfredini et al., 2003), (Guarda-
Nardini et al., 2008) et encore par (Manfredini et al., 2012). Une étude de 2020 menée par
Hosgor et al. portait sur des patients atteints d’une dysfonction temporo-mandibulaire (DTM)
diagnostiquée par le RDC/TMD.

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APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Dans une étude effectuée en 2003 par Marbach et al., vingt dentistes ont procédé à un examen
de moulages réalisés sur des patients. Ils devaient se prononcer sur la présence ou non d’un
bruxisme en fonction de l’usure dentale et estimer leur niveau de confiance en leur diagnostic.
Il est aussi précisé dans l’article que ces dentistes ne sont pas formés à l’évaluation du bruxisme
au cours de leurs études. Les auteurs de l’article sont parvenus à la conclusion que ce critère
diagnostique n’était pas concluant à lui seul. En effet, il n’existait peu voire pas de consensus
entre les dentistes sur la sévérité du bruxisme observé. Chose toutefois intéressante dans cet
article, les auteurs ont gradué le bruxisme comme suit : « none < mild < moderate < severe »
(soit « aucun < léger < modéré < sévère ») (Marbach et al., 2003). Les critères pour subdiviser
la sévérité du bruxisme ne sont pas détaillés dans l’article : il s’agissait d’une appréciation des
cliniciens participant à l’étude après observation de moulage dentaux. Cependant, cette
gradation n’avait pas été mentionnée dans d’autres travaux et les auteurs de l’article ne citent
pas de référence bibliographique pour appuyer ce choix de leur part. Il peut donc en être déduit
que c’est la première étude proposant ce genre de classification.

En 2003 également, Pergamalian et al. sont arrivés à la conclusion que l’usure dentale n’était
pas un facteur concluant pour établir ou non la présence d’un bruxisme chez les patients. Lors
d’une étude menée sur 84 sujets atteints d’une DTM, les chercheurs n’ont pas trouvé de lien
significatif entre l’usure dentale et la présence d’un bruxisme chez les patients. L’usure dentale
était plus corrélée à l’âge des patients retenus pour l’étude qu’à la présence ou non d’un
bruxisme (Pergamalian et al., 2003). Cette étude tend donc à confirmer les conclusions
précédemment établies par Marbach et al. sur la non-pertinence du critère de l’usure dentale
comme élément déterminant la présence ou non d’un bruxisme.

Dans cet article, les auteurs ont également recouru au RDC/TMD. Cet outil n’a pas encore été
validé officiellement en français à l’heure actuelle. Toutefois, une traduction en a été effectuée
en 2002, validée par un seul article (voir Annexes). Le RDC/TMD comporte une partie
questionnaire à faire remplir au patient, une partie consacrée à l’examen par le clinicien
(palpation et évaluation de la gêne ressentie par le patient de 0 à 3 ainsi que réalisation de
différents mouvements). Cet outil diagnostique est cité dans de nombreux articles de recherche

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APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

l’utilisant comme méthode pour objectiver la présence d’un bruxisme chez les sujets retenus
pour l’étude.

(Soto-Goñi et al., 2020). ont employé un questionnaire différent. Il s’agit d’un ensemble de six
questions posées aux patients, élaboré par Pintado et al. en 1997 (voir Annexes pour les six
questions). Enfin, dans un article de 2013, Paesani et al. font également mention de l’utilisation
d’un questionnaire adressé aux patients de leur étude. Leur échantillon comportait 159 patients,
porteurs d’une DTM. L’étude visait à vérifier la possible corrélation entre un bruxisme
diagnostiqué par questionnaire/auto-évaluation, et un diagnostic posé par anamnèse et examen
clinique (Paesani et al., 2013).

Bien que les questionnaires soient largement répandus dans les études portant sur le bruxisme
et les DTM, leur utilisation comporte des biais qui ont été relevés par plusieurs auteurs. Ainsi,
en 2008, Koyano et al. ont mis en évidence le risque que ces questionnaires, de par leur
orientation, pouvaient induire un biais de confirmation. Si le clinicien énonçait au patient la
possibilité qu’il bruxe, cela pouvait influencer les réponses données aux questions, et donc le
diagnostic de bruxisme (Koyano et al., 2008). Les chercheurs ont donc estimé que les
questionnaires comportaient des risques de faux positifs et n’étaient donc pas fiables en tant
que seul outil diagnostique. Ilovar et al. ont par ailleurs effectué une étude en 2014 sur le
bruxisme diurne. Ils ont relevé un manque d’outils pour objectiver la présence de ce type de
bruxisme et ont par conséquent fondé leur diagnostic uniquement sur la passation d’entretiens
anamnestiques et d’examens cliniques (Ilovar et al., 2014).

Les questionnaires et grilles, bien que se révélant être des outils pertinents pour les cliniciens,
restent donc peu nombreux et parcellaires. Il n’en existe à ce jour aucun spécifiquement dédié
au bruxisme diurne. En outre, ces questionnaires risquent de ne pas fournir au clinicien une
analyse diagnostique suffisamment fiable à elle seule et nécessitent donc d’être utilisés avec
vigilance dans leur administration, mais aussi en complément d’autres outils.

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APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

L’auto-diagnostic par le patient

Une étude menée par Manfredini et al. entre 2003 et 2004 visait à mettre en évidence
l’existence d’un lien entre bruxisme, facteurs occlusaux et facteurs psychiques. Cependant, dans
la partie discussion de l’article, les auteurs effectuent une auto-critique de leur travail en
précisant que le diagnostic du bruxisme chez les patients étudiés reposait sur un auto-diagnostic
de ceux-ci (Manfredini et al., 2004). Les auteurs ont donc bien eu recours à l’auto-diagnostic,
mais ont conscience des potentiels biais que cet outil seul peut comporter.

Dans une revue de littérature datant de 2010, Manfredini et al., à nouveau, recensent vingt
articles qui établissent l’existence d’un lien entre auto-diagnostic d’un bruxisme et présence
d’une DTM chez les patients évalués (Manfredini & Lobbezoo, 2010). Cette méta-analyse
paraît importante à considérer, en ce qu’elle accorde une valeur non négligeable à l’auto-
diagnostic d’un bruxisme par les patients eux-mêmes. Cela rend cet outil pertinent dans la
pratique clinique : un patient se présentant en décrivant un bruxisme donne donc possiblement
des indices précieux sur l’état de sa sphère oro-myo-faciale et la présence d’une DTM ou autre
parafonction.

Toutefois, cet outil diagnostique est décrit par Koyano et al., 2008 comme compliqué à
mobiliser. Les auteurs soulignent en effet que dans 80% des cas, les épisodes de bruxisme sont
silencieux (Koyano et al., 2008). Les patients n’auront alors pas conscience de leur trouble et
ne pourront donc pas recourir à l’auto-diagnostic. En 2012, Alhberg et al. publient une étude
menée sur 750 employés d’une entreprise finlandaise. Ceux-ci ont rempli un questionnaire auto-
diagnostique. Le but de l’étude était d’établir l’existence d’un lien de corrélation entre anxiété
et bruxisme, néanmoins les résultats ont été jugés peu concluants par les auteurs du fait de la
difficulté à isoler avec précision le facteur anxiété (Ahlberg et al., 2013). Pour autant, le
diagnostic de bruxisme établi lors de l’étude était jugé fiable par les chercheurs. Ceci vient donc
appuyer la pertinence de l’auto-diagnostic.

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APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Pour continuer dans ce sens, Raphael et al. ont, en 2015, effectué une étude sur le bruxisme du
sommeil. L’étude, menée sur 124 femmes comportant une DTM, portait sur un lien entre DTM
et auto-diagnostic de bruxisme. Les auteurs ont estimé que l’auto-diagnostic, dans le cadre du
bruxisme du sommeil, n’était pas un bon prédicteur et comportait majoritairement des faux
positifs (Raphael et al., 2015). Beaucoup de patientes étaient persuadées de bruxer dans leur
sommeil alors qu’après une observation en laboratoire du sommeil par polysomnographie
(PSG), les chercheurs ne relevaient pas de bruxisme chez elles. Pour expliquer ceci, les
chercheurs ont formulé plusieurs hypothèses. La première est que l’examen clinique ne portant
que sur une seule nuit en PSG, le protocole aurait manqué de précision. Cette hypothèse est
toutefois réfutée par les auteurs. Ceux-ci estiment en effet que dans le cas du bruxisme du
sommeil, les résultats diagnostiques sont constants et qu’une seule nuit devrait suffire à établir
ou non la présence de celui-ci. Une autre hypothèse des auteurs pour expliquer la faible
concordance entre les résultats des PSG et l’auto-diagnostic des patientes est que la présence
de deux occurrences de grincement des dents en une nuit n’est pas un critère suffisamment
sensible (Raphael et al., 2015). Si ce phénomène se produit deux fois dans une nuit, cela peut
être considéré comme un comportement normal. Il ne s’agirait donc pas d’un critère
diagnostique pertinent.

Les études faisant appel à l’auto-diagnostic du bruxisme chez les patients sont bien
moins nombreuses que celles faisant appel aux questionnaires. Ces études font état de risques
de biais ou de faux positifs. Toutefois, l’auto-diagnostic des patients reste un outil qui peut être
déployé. Il peut donc fournir au clinicien des informations pertinentes sur l’état de la sphère
oro-myo-faciale des patients, surtout pour les cas de bruxisme diurne. Pour les cas de bruxisme
nocturne, Raphael et al. l’ont montré dans leur étude de 2015, l’auto-diagnostic est jugé peu
fiable lorsque l’on confronte les sensations des patients aux mesures par PSG. Il ne se suffit
donc évidemment pas à lui-même et doit s’accompagner d’autres moyens diagnostiques comme
l’évaluation clinique.

[18]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

L’évaluation clinique et les mesures scientifiques

Les chercheurs ont commencé très tôt à tenter de trouver des signes cliniques permettant
d’objectiver la présence d’un bruxisme chez un patient. En 1986, Bernal et Tsamtsouris ont
conduit une étude sur 149 enfants de Cambridge, âgés de 3 à 5 ans. Leur but initial était de
trouver des moyens de diagnostiquer une DTM via l’étude des habitudes orales (Bernal &
Tsamtsouris, 1986). Leur démarche d’investigation était composée de deux parties. La première
consistait en l’administration d’un questionnaire sur le comportement de l’enfant : habitudes de
succion, mais aussi présence ou non de céphalées et d’otorrhées. Compte tenu de l’âge des
sujets, le questionnaire était administré aux parents. Les chercheurs ont en effet estimé qu’il
n’était pas possible de faire passer un tel questionnaire et obtenir des réponses fiables chez un
enfant âgé de moins de sept ans (Bernal & Tsamtsouris, 1986).

La seconde partie de l’étude consistait en un examen clinique réalisé par quatre dentistes
spécialisés en pédiatrie. Il est intéressant de noter que dans le protocole suivi, chaque dentiste
examinait un paramètre en particulier : le premier se focalisait sur l’ATM, le deuxième sur le
degré d’ouverture, etc (Bernal & Tsamtsouris, 1986). Le seul inconvénient majeur qui peut être
relevé sur cette étude est la subjectivité des critères utilisés dans l’examen clinique. En effet, il
n’y avait pas de seuil pathologique défini ou de donnée chiffrée pour classer les signes cliniques
et tout était laissé à la libre interprétation des cliniciens recrutés. Les chercheurs ont obtenu les
résultats suivants : pas de corrélation entre grincement des dents et usure dentale, mais une
corrélation positive entre l’usure dentale et l’âge (Bernal & Tsamtsouris, 1986). L’étude montre
également une prévalence d’un ou plusieurs symptômes de DTM décrit(s) par 38% des parents
interrogés.

En 1998, Miller et al. ont relevé dans une étude que l’asymétrie au niveau des condyles était
plus élevée chez les patients bruxeurs que chez les patients non bruxeurs . Ceci constitue un
point d’observation intéressant dans l’examen clinique des patients et de leur sphère oro-myo-
faciale.
[19]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

A ce titre, il existe un outil datant de 1974, appelé Bruxcore Bruxism-Monitoring Device


(BBMD). Il n’est que peu référencé dans la littérature (une fois par (Ommerborn et al., 2005)
et à nouveau par (Ommerborn et al., 2010) pour en réévaluer la fiabilité). Il s’agit d’un appareil
intrabuccal utilisé pour objectiver le bruxisme du sommeil. Les patients doivent le porter
pendant la nuit. Les chercheurs peuvent ensuite analyser les traces laissées sur le BBMD et
déterminer si oui ou non le patient présente un bruxisme du sommeil. Le BBMD étant toutefois
peu cité dans tous les articles ayant pu être trouvés au cours de l’élaboration de ce travail, il
paraît difficile de dire s’il constitue un outil pertinent à recommander dans la pratique clinique.
Les résultats trouvés par Ommerborn et al. en 2005 valident la méthode d’analyse des
statistiques exploitables du BBMD. Cependant les chercheurs énoncent aussi que leurs
conclusions, pour pouvoir être généralisables, doivent être reproduites sur un plus grand nombre
de sujets (Ommerborn et al., 2005). Qui plus est, la pose d’un appareil intrabuccal pendant le
sommeil du patient peut être considérée comme discutable en termes de fiabilité du recueil de
données relatives aux habitudes masticatoires. Il s’agit en effet d’une méthode peu écologique
puisque la présence d’un objet dans la bouche du patient peut modifier ses habitudes
masticatoires et donc fausser les résultats (Koyano et al., 2008).

Plus récemment, un chercheur allemand, Lange, a élaboré un protocole diagnostique publié en


2017. Il s’agit du Bruxism Status Examination Protocol (BSEP) (Lange, 2017.). Ce protocole
comporte deux parties. La première est composée d’un questionnaire (non traduit en anglais ou
en français à ce jour) pour recenser les occurrences de bruxisme (et leur type, par serrage ou
grincement) et définir plus précisément les symptômes. La seconde partie consiste en un
examen clinique (degré d’ouverture, occlusion, usure dentale notamment). Il est intéressant de
noter que ce protocole prend également en considération les facteurs de risques chez les
patients. Par ailleurs, le questionnaire opère la distinction, dans le diagnostic posé par le
clinicien, entre bruxisme diurne et bruxisme nocturne. Il présente l’avantage de fournir au
praticien un outil diagnostique peu coûteux, ne nécessitant pas de matériel ou de compétences
particulières.

En 2019, une équipe de chercheurs québécois a mené une étude sur les liens entre DTM,
bruxisme et douleurs cervicales. Piekartz et al. ont observé 55 femmes (33 présentant un
bruxisme, 22 non) et ont, au cours de cette étude, développé le Bruxism Status Questionnaire
[20]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

(BSQ) en français québécois (voir Annexes) (Piekartz et al., 2020). Deux informations
concernant ce questionnaire ont été jugées pertinentes pour le travail ici présenté. Le BSQ n’a
pas fait l’objet d’une validation préalable à son utilisation par les auteurs lors de leur étude.
C’est donc un outil récent, encore peu utilisé et peu validé, la littérature actuelle ne permet pas
de prendre suffisamment de recul sur sa pertinence clinique. Cependant, les auteurs ont utilisé
un outil qui a paru intéressant à retenir pour la clinique orthophonique afin de rediriger avec
pertinence les patients concernés. Piekartz et al. ont en effet eu recours à des schémas
anatomiques (simplifiés) qu’ils ont montrés aux patientes (Piekartz et al., 2020). Celles-ci
devaient alors montrer sur les schémas, avec le plus de précision possible, l’emplacement des
éventuelles douleurs qu’elles avaient ressenties au cours des sept derniers jours. Ceci constitue
un bon exemple d’utilisation des compétences proprioceptives des patients (auto-diagnostic) en
alliant le savoir-faire des cliniciens, et place l’alliance thérapeutique au centre de la démarche
d’investigation.

Si toutefois une telle alliance thérapeutique ne peut être mise en place pour une quelconque
raison, d’autres outils diagnostiques peuvent être déployés. Dans l étude de Koyano et al. de
2008 précitée, les chercheurs se sont ainsi intéressés à l’utilisation de la PSG afin d’objectiver
le bruxisme du sommeil. Ils exposent dans leurs conclusions que c’est une méthode efficace
mais qu’elle comporte deux limites. La première est le manque de sensibilité des résultats
obtenus (55%), du fait de la diversité dans l’activité de bruxisme chez les patients (ici, ils
proposent de la classer entre modérée et sévère). Or 55% de sensibilité signifient 45% de faux-
positifs, ce qui est considérable. Cet outil ne serait donc pas efficace du tout. L’autre limite
exposée par les auteurs est que l’interprétation des résultats étant fondée majoritairement sur
l’émission de sons (grincement) au niveau des dents, les mesures par PSG risqueraient de ne
pas détecter les patients atteints d’un bruxisme par serrage dentaire (Koyano et al., 2008). En
plus d’une mauvaise sensibilité, la PSG aurait donc également une mauvaise spécificité.

Ceci semble concorder avec les conclusions tirées par Lobbezoo et al. dans leur revue de
littérature de 2012. Les auteurs soulignent en effet que l’utilisation de la polysomnographie
(PSG) et de l’électromyographie (EMG) ne sont recommandées que pour objectiver les cas de
bruxisme du sommeil sévères (Lobbezoo et al., 2012). Lobbezoo et al. énoncent également que
l’EMG présente un coût relativement faible et peut facilement être mise en place, tandis que la
[21]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

PSG s’avère bien plus coûteuse financièrement et plus complexe à déployer. L’article met
toutefois en évidence un avantage de la PSG sur l’EMG. L’EMG ne permet au clinicien que
d’obtenir le nombre d’épisodes d’activité des muscles masticatoires par heure (Lobbezoo et al.,
2012). La PSG, a contrario, peut indiquer le nombre d’épisodes de bruxisme par heure de
sommeil. La PSG, bien que plus coûteuse et complexe à mettre en place dans le cadre d’une
étude en laboratoire du sommeil, permettrait donc une mesure plus fine des épisodes de
bruxisme du sommeil chez les patients (Lobbezoo et al., 2012).

Dans une revue de littérature menée en 2018 par Lobbezoo et al., ces conclusions se voient
confirmées. Les auteurs apportent tout de même la nuance suivante : l’EMG peut être utilisée
pour diagnostiquer des cas de bruxisme diurne. Il ne s’agirait pas d’une méthode fiable à elle
seule du fait des limites précédemment évoquées, néanmoins les chercheurs avancent que
l’EMG peut fournir des indices précieux pouvant conduire au diagnostic du bruxisme, à plus
forte raison chez les patients comportant une DTM (Lobbezoo et al., 2018).

Parmi les méthodes recourant aux mesures de données, l’EMG et la PSG semblent être celles
faisant le plus largement consensus à l’heure actuelle et s’avérant être les plus fiables. Elles
permettent en effet de définir la fréquence des épisodes d’activité dans les muscles de la
mâchoire. Ceci offre la possibilité d’affiner l’hypothèse diagnostique de bruxisme et de graduer
la sévérité de celui-ci.

Qualification de la probabilité de l’existence du bruxisme et du degré de sévérité.

Du fait de la grande variété d’expressions et de répercussions du bruxisme chez les


patients, la nécessité de graduer et définir celui-ci est rapidement apparue dans les travaux de
recherche.

Marbach et al., précédemment cités, ont proposé en 2003 une classification du bruxisme par
degré de sévérité (none < mild < moderate < severe, soit aucun < léger < modéré < sévère)
(Marbach et al., 2003). Cette classification n’était toutefois pas fondée sur des critères
diagnostiques précis et relevait uniquement de l’interprétation faite par les dentistes ayant

[22]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

accepté de participer à leur étude sur des moulages de dentures. Bien qu’il n’existe donc aucun
critère objectif pour différencier ces degrés de sévérité, il a paru intéressant de mentionner
l’existence de cette classification.

Plus tard, Lobbezoo et al. ont mentionné dans leur revue de littérature de 2013 une classification
applicable tant au bruxisme du sommeil qu’au bruxisme diurne. Cette classification s’opérait
en « possible < probable < definite » (possible < probable < certain) et se fondait sur le degré
de douleur neuropathique ressentie par le patient (Lobbezoo et al., 2013). Proposée en 2008 par
Treede et al., cette gradation du bruxisme paraît pertinente en ce qu’elle permet la pose d’un
diagnostic différentiel (Treede et al., 2008).

[23]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Système de gradation de la douleur neuropathique (Treede et al., 2008)

En effet, parler d’un bruxisme probable autorise plus de souplesse aux cliniciens : poser des
points de vigilance, mettre l’accent sur l’éducation thérapeutique du patient. Temporiser ainsi
la pose du diagnostic de bruxisme permet par ailleurs aux cliniciens de recueillir d’autres
informations afin d’affiner ledit diagnostic. Ceci peut notamment se faire, pour ce qui concerne
l’orthophonie, via une consultation auprès d’un-e dentiste, orthodontiste, ou médecin
généraliste si celui-ci est suffisamment formé-e pour repérer un bruxisme.

[24]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

En corollaire de cette gradation, Paesani et al. ont proposé des critères pour définir
objectivement quand parler de « bruxisme possible » et de « bruxisme probable ». Il s’agit d’un
article écrit en 2013 dans lequel les auteurs énoncent qu’il est pertinent de parler d’un bruxisme
possible lorsque le diagnostic de celui-ci repose uniquement sur l’auto-diagnostic par le patient
et l’administration de questionnaires (Paesani et al., 2013). A contrario il peut s’agir d’un
bruxisme probable lorsque la recherche diagnostique comporte à la fois auto-diagnostic ou
questionnaires au patient et un examen clinique. Cette même classification a été reprise par
(Wetselaar et al., 2019). Cet apport effectué par les chercheurs permet donc d’appuyer
l’hypothèse selon laquelle le ressenti du patient et son auto-évaluation sont des outils sur
lesquels le clinicien peut et doit s’appuyer, tout en appelant la nécessité pour ce dernier
d’effectuer ses propres démarches d’investigation.

Lors de l’élaboration de son protocole diagnostique en 2017, Lange a lui aussi repris la
classification proposée par Lobbezoo et al. en « bruxisme possible (par auto-diagnostic) <
bruxisme probable (questionnaire et examen clinique) < bruxisme certain (questionnaire,
examen clinique et PSG) » mais l’applique surtout au cas du bruxisme du sommeil (Lange,
2017.). A noter que Lange ajoute une autre distinction relative à l’étiologie du bruxisme. Il fait
apparaître la notion de « bruxisme idiopathique » (survenue de novo, sans raison particulière)
et de « bruxisme secondaire » (comme conséquence d’une dysfonction des mouvements
extrapyramidaux) (Lange, 2017.).

Une autre classification du bruxisme a été proposée par Lobbezoo et al. en 2018. Cette fois-ci,
elle repose sur les conséquences que le bruxisme peut avoir (ou non) sur le patient. Les auteurs
ont procédé ainsi : 1) Le bruxisme n’est ni une source de risques ni un facteur de protection
pour le patient. Il s’agit donc alors d’une simple parafonction sans incidence sur la vie
quotidienne du patient. 2) Le bruxisme est un facteur à risques et se trouve alors associé à un
ou plusieurs effets négatifs sur la santé du patient. 3) Le bruxisme est au contraire un facteur de
protection, et est associé à un ou plusieurs effets positifs sur la santé du patient. Les auteurs ont
également précisé que les points 2 et 3 ne sont pas mutuellement exclusifs (Lobbezoo et al.,
2018). Cette classification est extrêmement pertinente et intéressante en ce qu’elle permet de
rendre compte de la complexité du phénomène du bruxisme et de son caractère multifactoriel.

[25]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Un bruxisme n’est en effet pas juste source d’effets néfastes sur la santé. Selon les
patients il peut donc s’avérer tout à fait inoffensif, ou avoir des effets bénéfiques (effets dits
compensatoires notamment face au stress). Le fait qu’il soit alors possible de faire coexister des
facteurs à risques et des facteurs de protection dans un même phénomène comme une
parafonction telle que le bruxisme doit être pris en compte par le clinicien dans son approche
du bruxisme. Faut-il nécessairement rééduquer ou travailler à la disparition du bruxisme ? A
quel moment ? De quelle(s) manière(s) ?

LES POSSIBLES TRAITEMENTS DES BRUXISMES

Au cours des recherches ayant mené à la rédaction de ce travail, de nombreux articles


tentant de fournir un traitement efficace aux bruxismes ont été recensés. Plusieurs grandes
approches peuvent être recensées dans les pratiques en vigueur à l’heure actuelle. Les micro-
injections de toxine botulique sont une des premières pistes thérapeutiques ayant été testée pour
le traitement des bruxismes. Une autre possibilité de traitement, transdisciplinaire, est relatée
dans une partie des références retenues pour ce travail : la méthode dite PPP (pour pep talk,
plates, pills).

Les micro-injections de toxine botulique

Le premier cas documenté d’une micro-injection de toxine botulique dans le cadre d’un
traitement du bruxisme date de 1990. Il a été relaté par Van Zandijcke et al., sur une femme de
32 ans. Celle-ci a été victime d’un accident de voiture et est tombée dans le coma. Quatre mois
de soins plus tard, les interactions verbales étaient possibles mais la patiente présentait un
bruxisme important (Van Zandijcke & Marchau, 1990). A l’époque, les micro-injections de
toxine botulique n’étaient utilisées que pour traiter des cas de strabisme ou d’autres pathologies
non reliées au bruxisme. Dans le cas de cette femme cette méthode s’est avérée particulièrement
[26]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

efficace. Cinq jours après l’injection, le bruxisme était déjà significativement réduit (prise
alimentaire per os possible). Les effets positifs des micro-injections de toxine botulique ont
duré sur plus de huit mois chez cette patiente (Van Zandijcke & Marchau, 1990). A noter que
pour ce cas précis, les chercheurs ont réalisé les micro-injections dans les muscles masséter et
temporaux, sans aller chercher les ptérygoïdiens.

Guarda-Nardini et al. ont mené une étude en 2008 sur une cohorte de vingt patients atteints d’un
bruxisme et présentant des douleurs dans les muscles masticatoires. Ces vingt patients ont été
répartis en deux groupes : dix sujets qui ont reçu une micro-injection de toxine botulique et dix
sujets auxquels a été injecté du sérum physiologique (groupe contrôle). Une évaluation des
douleurs praxiques et masticatoires a été conduite une semaine, un mois, et six mois post
traitement. L’échantillon était trop réduit pour que les résultats puissent être significatifs.
Cependant, les chercheurs ont tout de même pu relever une meilleure conscience des effets du
traitement et une meilleure proprioception chez les patients ayant reçu une injection de toxine
botulique que dans le groupe contrôle (Guarda-Nardini et al., 2008).

Une autre étude menée en 2014 par Pranav Nayaar et al. permet d’obtenir davantage de
précisions quant à l’utilisation de la toxine botulique pour les cas de bruxisme. Les auteurs
confirment l’hypothèse selon laquelle les micro-injections de toxine botulique peuvent soulager
les symptômes de bruxisme, et à plus forte raison dans les cas d’hypertrophie du masséter. En
revanche, l’article énonce aussi plusieurs contre-indications de ces injections : chez les
personnes présentant des troubles neuromusculaires, ou encore celles devant conserver des
expressions et des mouvements oro-myo-faciaux intacts (notamment les acteur-ice-s et les
chanteur-euse-s) (Nayyar, 2014). L’étude ne fait par ailleurs pas mention d’un protocole
d’évaluation de l’efficacité du traitement par micro-injections de toxine botulique postérieur à
six mois. L’efficacité sur le long terme peut donc être questionnée au regard des inconvénients
que ce type de traitement peut engendrer.

Une autre étude sur les micro-injections de toxine botulique a été menée en 2014. Finiels et al.
ont travaillé avec huit patients atteints de douleurs localisées dans les muscles cervicaux liées à
un bruxisme. Ces patients ont été traités pendant quinze mois, à raison d’une injection tous les
trois mois. L’injection était à chaque fois effectuée dans les muscles masticateurs (Finiels &

[27]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Batifol, 2014). Il est intéressant de relever ici que les patients choisis pour l’étude avaient tous
fait l’objet de différents traitements préalables (injection de myo-relaxants ou dérivés
morphiniques notamment), sans succès. Les résultats sont une fois de plus en faveur de
l’utilisation de la toxine botulique et les douleurs ressenties par les patients n’étaient plus
présente au terme du traitement. Cependant, les auteurs concèdent eux-mêmes que la cohorte
de patients était trop petite pour que ces résultats puissent être considérés comme représentatifs
(Finiels & Batifol, 2014). L’absence de groupe contrôle fait également partie des limites à
l’étude relevées par les chercheurs. Ceux-ci appellent donc à des études longitudinales sur un
plus grand nombre de patients.

Plus récemment, en 2020, Hosgor et al. ont mené une étude sur 44 patients. Âgés de 18 à 73
ans, les sujets ont reçu une micro-injection de toxine botulique pour un bruxisme nocturne et
une DTM (caractérisée par une restriction des mouvements de la mâchoire). Ces patients
présentaient par ailleurs une résistance à d’autres tentatives de traitement. Les critères pour
évaluer l’efficacité du traitement portaient sur le degré d’ouverture maximal de la bouche, la
latérotrusion à gauche et à droite, et le mouvement de protrusion (Hosgor & Altindis, 2020).
Une évaluation avait lieu avant le traitement. Puis, selon les mêmes critères, une autre
évaluation était conduite un mois, trois mois et six mois post-injection. Les chercheurs ont pu
objectiver un gain dans l’amplitude des mouvements de la mâchoire (jusqu’à 2mm). Ce gain
d’amplitude a été constaté chez tous les patients, quel que soit leur âge (Hosgor & Altindis,
2020).

Les micro-injections de toxine botulique peuvent donc soulager les symptômes des
bruxismes (douleurs oro-myo-faciales ou à la mastication) mais demeurent une solution
invasive avec des conséquences non négligeables sur les expressions faciales et les mouvements
musculaires du visage. Leur efficacité semble néanmoins significative et ce quel que soit l’âge
du patient.

[28]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

La méthode PPP

Une autre piste thérapeutique fréquemment explorée pour traiter les bruxismes est celle
dite de la méthode des 3 P (pep talk, plates, pills soit approximativement traduit « parler
motivationnel, plaques, pilules »). Cette méthode consiste en l’emploi de différents outils
thérapeutiques au carrefour de plusieurs disciplines, notamment : la psychothérapie,
l’orthodontie, la pharmacologie.

Une étude ayant servi de précurseur à l’élaboration de cette méthode a été menée en 2001 par
Restrepo et al. Cette étude portait sur 33 enfants présentant une DTM diagnostiquée par le
questionnaire utilisé dans l’étude de Bernal et Tsamtsouris en 1986 ainsi qu’un examen
clinique. Les enfants étaient tous porteurs d’un bruxisme et ne possédaient pas leur denture
définitive. Il est à noter que sur les 33 sujets retenus pour l’étude, 12 ne présentaient aucun
signe extérieur d’une DTM. Les enfants ont alors été suivis en psychothérapie pendant six mois
à raison d’une fois par semaine (Restrepo et al., 2001). Les séances consistaient surtout en de
la relaxation musculaire auprès des enfants, et en de l’accompagnement parental afin de changer
les habitudes de vie et comportements pouvant être source de stress pour les enfants (Restrepo
et al., 2001). Après six mois de thérapie, les chercheurs ont constaté une réduction de l’anxiété
chez tous les sujets. Cette étude amorce donc l’utilisation de la psychothérapie pour travailler
sur les facteurs environnementaux liés à l’étiologie des DTM.

Ce n’est toutefois pas avant 2008 que la méthode PPP apparaît à proprement parler. Elle est
mentionnée dans un article par Lobbezoo et al. où les auteurs la décrivent brièvement en
conclusion. Ils expliquent alors ce qu’ils entendent par chaque terme. « plates », les plaques
auxquelles ils font référence désignent les appareils en résine visant à la stabilisation occlusale.
Leur rôle serait surtout de protéger la denture plutôt que de réduire à proprement parler les
occurrences de bruxisme. « pep talk », le parler motivationnel relèverait du conseil et de
l’accompagnement du patient sur le changement de son comportement (Lobbezoo et al., 2008).
Cela inclut la prise de conscience du patient quant à la dysfonction du mouvement de la
mâchoire, mais aussi la mise en place d’habitude de relaxation, et des instructions pour

[29]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

améliorer l’hygiène de vie et de sommeil (Lobbezoo et al., 2008). Les auteurs soulignent que
l’efficacité de ces méthodes n’est pas prouvée, mais qu’elles peuvent être utilisées sans danger
sur les patients présentant un bruxisme. Quant aux « pills », les pilules, Lobbezoo et al.
précisent que cela concerne le recours à des substances pharmacologiques actives sur le système
nerveux central comme les benzodiazépines. A ce titre, ils écrivent que face au manque de
preuves scientifiques justifiant de l’utilisation des traitements médicamenteux, ceux-ci doivent
être prescrits sur des périodes courtes et uniquement dans les cas sévères de bruxisme où les
deux premiers P se sont révélés inefficaces (Lobbezoo et al., 2008).

Cette piste de traitement est de nouveau appuyée par Lobbezoo et al. dans une revue de
littérature en 2012. Le but initial était d’étudier la présence potentielle d’un lien causal entre le
bruxisme et la malocclusion. Dans la partie sur la gestion du bruxisme, les auteurs énoncent de
nouveau qu’il n’existe à ce jour aucun traitement sûr et efficace, que ce soit dans le changement
du comportement du patient, en orthodontie ou en pharmacologie (Lobbezoo et al., 2012). Ils
précisent que la partie « pills » ne doit être envisagée que lors d’un échec après l’utilisation des
deux premiers P.

Sans que ce ne soit exactement sous l’égide de la « méthode PPP », d’autres travaux menés par
différents chercheurs peuvent être recensés comme similaires à cette approche thérapeutique.
A ce titre, Bedi et al. ont effectué une étude de cas en 2009 sur un patient. Il s’agissait d’un
enfant de sept ans atteint d’un bruxisme nocturne. Le patient présentait une usure dentale à
visible à l’imagerie médicale et une formation de dents surnuméraires derrière les incisives
supérieures. Cet enfant a été traité par chirurgie maxillo-faciale avec restauration de la gencive,
orthodontie pour les dents, mais également un suivi psychologique pendant neuf mois (Bedi &
Sharma, 2009). Les auteurs décrivent que sept mois après la fin du traitement, le patient ne
présentait plus du tout de bruxisme. Bien que n’étant pas directement qualifiée comme
« méthode PPP », cette étude de cas fait état d’un recours à la fois à un traitement orthodontique
et d’un suivi psychothérapeutique, qui rejoint fortement le « plates » et le « pep talk » décrit
par Lobbezoo et al. S’agissant d’un cas isolé et particulier du fait de la présence de dents
surnuméraires, ce n’est bien sûr pas généralisable, mais cet exemple reste une illustration de la
réussite possible de ce type de traitement.

[30]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Une étude plus récente a été menée en 2018 par Amorim et al. Elle portait sur 24 articles et
visait à analyser les effets de la physiothérapie sur les bruxismes. La revue de littérature
comportait 14 articles sur l’électrothérapie, 3 sur la Thérapie Cognitivo-Comportementale
(TCC), 2 sur l’acupuncture, 2 sur des exercices thérapeutiques non précisés, et un sur la
posturologie, la myorelaxation et les massages (Amorim et al., 2018). Les auteurs ont
globalement fait le constat que les études présentées dans les articles retenus n’étaient pas assez
rigoureuses d’un point de vue scientifique et présentaient des biais méthodologiques (nombre
de participants trop bas, notamment). Cependant, Amorim et al. observent que la TCC est de
plus en plus utilisée ces dernières années pour traiter les bruxismes. Malgré les différents écueils
relevés par les auteurs dans leur analyse de la littérature, ceux-ci parviennent à la conclusion
que les différentes méthodes de physiothérapie recensées ont eu pour effet d’au moins aider à
réduire les symptômes de bruxisme sans pour autant le supprimer complètement (Amorim et
al., 2018). Cela reste donc une piste intéressante à envisager en fonction des patients.

Les différentes analyses de la littérature ainsi que ce travail de recherche permettent


donc d’affirmer que bien qu’il n’existe à ce jour aucun traitement totalement fiable ou efficace
pour les bruxismes, il existe malgré tout des possibilités thérapeutiques qui peuvent être
proposées aux patients présentant un bruxisme. Ce mémoire s’attache donc, dans un second
temps, à proposer une réflexion sur ce qui peut être mis en place dans le cadre spécifique d’un
suivi orthophonique.

[31]
PARTIE 2 :
Les bruxismes dans le cadre d’une prise en soin
orthophonique
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

QUE FAIRE EN ORTHOPHONIE FACE À UN PATIENT QUI


BRUXE ?

Cette partie n’a absolument pas la prétention de pouvoir répondre avec certitudes à cette
question. Le but est uniquement, au regard de la littérature analysée, de pouvoir proposer
d’éventuelles pistes de réflexion pour la prise en soin orthophonique des patients qui bruxent.
Parmi celles-ci se trouvent des hypothèses d’intervention directe de l’orthophoniste. Seront par
ailleurs abordées l’éducation thérapeutique du patient (ETP), mais aussi l’importance du travail
transdisciplinaire. Les différents bruxismes pouvant également comporter des effets positifs sur
la santé des patients (effets compensatoires), se pose alors la question de la nécessité
d’intervenir ou non sur le bruxisme. Cette question sera traitée ici.

L’intervention directe en orthophonie

Il convient de souligner une nouvelle fois que les propos tenus ici relèvent purement
d’hypothèses personnelles et ne disposent d’aucun appui dans la littérature. En imaginant être
le premier professionnel de santé à suspecter la présence d’un bruxisme chez un patient,
plusieurs pistes peuvent être envisagées. Dans un premier temps, la pose du diagnostic à l’aide
de questionnaires et d’un examen clinique (palpations extra-buccales afin d’appréhender une
éventuelle hypertension musculaire) à l’appréciation générale du praticien. Pour le cas où le
patient se plaindrait de douleurs sans parvenir à en identifier la cause ou l’origine, il pourrait
être imaginé que l’orthophoniste ait recours à des planches de schémas corporels (body charts)
du visage et du haut du corps (jusqu’aux épaules). Ceci pourrait permettre au patient ainsi qu’au
clinicien d’identifier avec davantage de précision l’emplacement de la douleur mais également
l’intensité de celle-ci via un code couleur graduel.

Une fois l’hypothèse diagnostique du bruxisme formulée par l’orthophoniste, il pourrait être
intéressant d’obtenir des informations supplémentaires sur l’étiologie de ce bruxisme. Dans
[33]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

quel contexte s’inscrit-il ? Quel est le niveau de stress et d’anxiété global du patient, et sur
quelle temporalité ces degrés de stress et d’anxiété se retrouvent-ils ? Une partie des réponses
à ces questions pourrait être obtenue lors du recueil des données anamnestiques et des premiers
échanges avec le patient. Cela pourrait se faire avec des questions sur la quantité et la qualité
du sommeil, l’environnement scolaire ou professionnel, ou encore des événements
marquants/traumatisants narrés par le patient. Cette hypothèse s’appuie toutefois uniquement
sur le recueil et l’analyse des données par le clinicien. Ceci pose donc la question de
l’interprétation et de la subjectivité propre à chaque orthophoniste.

Pour pallier les variations inter-individuelles, il peut alors être envisagé de recourir à des
échelles permettant d’évaluer l’anxiété. Parmi les différentes échelles existantes pouvant être
jugées pertinentes dans le cadre du bruxisme, le SCL-90-R (Derogatis, 1977) peut être cité. Il
s’agit d’un questionnaire comportant des échelles de Likert visant à évaluer la détresse
psychologique du patient. Le STAI (State Trait Anxiety Inventory), ou inventaire d’anxiété état-
trait de Spielberger de 1993 peut permettre au clinicien d’évaluer le niveau de stress du patient
à l’instant T au moment de l’entretien en le comparant au niveau d’anxiété habituellement
éprouvé. Les outils permettant d’évaluer le stress et l’anxiété chez les patients sont nombreux,
et le but de cette partie n’est pas de tous les recenser. Cependant, il peut être souligné qu’aucun
outil spécifiquement destiné à la pratique orthophonique n’existe à ce jour pour l’évaluation de
l’anxiété, et cela pourrait constituer un axe de recherche intéressant par la suite.

Enfin, une fois les investigations et démarches diagnostiques réalisées dans le cadre d’un suivi
orthophonique, il peut être imaginé que, s’il est nécessaire de traiter le bruxisme, cela s’inscrive
dans les objectifs thérapeutiques et le cadre des séances. Il pourrait ainsi être envisagé d’établir
des lignes de base avec le patient. Celles-ci permettraient de quantifier le degré de tension dans
la mâchoire d’une séance à l’autre et ainsi d’observer la tendance générale du patient avec
bruxisme (stagnation, amélioration, rechutes). Ces lignes de base pourraient s’inscrire dans le
cadre d’un objectif thérapeutique visant à la détente physiologique du patient. A ce titre, il
pourrait être envisagé de travailler la myorelaxation, notamment par le biais d’exercices
praxiques à la manière d’échauffements avant une session de chant (bâillements, vocalises,
exercices de souffle par exemple) ou de massages externes.

[34]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Quelles que soient les pistes thérapeutiques envisagées ou non par l’orthophoniste dans le cadre
d’une prise en soin d’un patient avec bruxisme, il semble important de rappeler qu’aucun travail
ne saurait être effectué sans l’adhésion pleine et entière du patient aux objectifs proposés. Ceci
passe donc par l’établissement préalable d’une bonne relation thérapeutique, et peut s’inscrire
dans la durée grâce à l’éducation thérapeutique du patient.

L'éducation thérapeutique du patient (ETP)

Il semble pertinent de rappeler ici que l’âge du patient est à prendre en considération
dans la manière dont les examens mais aussi la prise en soin seront conduits. A ce titre, les
observations de Bernal et Tsamtsouris dans leur étude de 1986 peuvent constituer un repère
intéressant. Ils exposent en effet que pour l’administration d’un questionnaire à visée
diagnostique dans les cas de bruxisme, sept ans serait l’âge minimal afin d’espérer obtenir des
réponses fiables (Bernal & Tsamtsouris, 1986). Les auteurs énoncent que pour les enfants de
trois à cinq ans qu’ils ont recruté pour leur étude, il était nécessaire de passer par les parents.
Ce repère d’âge peut s’avérer utile lors des investigations menées pendant un bilan
orthophonique chez de jeunes patients, mais aussi lors des éventuelles préconisations
thérapeutiques qui peuvent être données.

Une piste de travail intéressante est celle décrite par Lobbezoo et al. dans un article de 2008.
Les auteurs citent Ackerman, dont l’idée consistait à rendre les muscles antagonistes à ceux
surdéveloppés par le bruxisme plus fort afin qu’ils puissent compenser et rééquilibrer la
mâchoire (Lobbezoo et al., 2008). Le but ne serait donc pas de supprimer le bruxisme mais de
permettre au reste des chaînes musculaires afférentes de cohabiter harmonieusement avec. Cela
pourrait notamment se faire par un entraînement praxique sur guide de l’orthophoniste et avec
prescription d’exercices à réaliser à la maison. L’éducation thérapeutique du patient prend donc
une place primordiale dans ce genre de travail. Il faut en effet réussir à faire prendre conscience
au patient de l’importance que revêt l’équilibre de sa sphère oro-myo-faciale. Puis, si
nécessaire, accompagner l’éveil proprioceptif aux muscles concernés afin de rendre plus
[35]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

efficace le travail sur ceux-ci. Le but en éducation thérapeutique est de rendre le patient le plus
indépendant et autonome possible face à son trouble ou aux difficultés que celui-ci peut lui
susciter. Dans les cas de bruxisme, cela peut se faire de différentes manières, notamment à
l’aide de schémas corporels ou d’exercices praxiques.

Un outil pouvant être déployé dans le cadre de l’ETP sur les cas de bruxisme est le recours au
biofeedback. Dans une revue de littérature de 2011, Shilpa Shetty et al. arrivent à la conclusion
que, pour supprimer le bruxisme diurne chez un patient, il existe deux outils principaux. Le
premier consiste à faire prendre conscience au patient de son bruxisme. Le second, découlant
du premier, est l’envoi de stimuli sensoriels à la personne lorsqu’elle bruxe (notamment par le
serrage dentaire) (Shetty et al., 2010). Ceci peut se faire grâce à la mise en place d’appareils
intra-buccaux. Shilpa Shetty et al. ont estimé l’efficacité de ce processus à 50%. Il est à noter
toutefois que les chercheurs ont conseillé la mise en place du biofeedback uniquement pour le
bruxisme diurne, et non pas pour le bruxisme nocturne (Shetty et al., 2010). Cette pratique n’est
donc pas généralisable ou applicable à tous les types de bruxisme.

Un autre article publié en 2014 par Ilovar et al. vient appuyer l’utilité du biofeedback dans les
cas de bruxisme. Dans leur revue de la littérature à ce sujet, les auteurs redonnent leur définition
de la notion de biofeedback. Ce sont des données prélevées pour fournir des informations au
patient sur le fonctionnement de son corps en temps réel (Ilovar et al., 2014). Les chercheurs
précisent que dans les cas de bruxisme, ceci n’est possible que lors des épisodes de serrage
dentaire. Ils suggèrent, pour le bruxisme diurne, que le feedback soit vibratoire, auditif ou
gustatif. Le but serait donc d’induire une réaction face à ce stimulus, qui serait, idéalement, la
détente musculaire. Ilovar et al. concluent que le biofeedback serait l’outil ayant le plus de
potentiel pour induire des changements à long terme chez les patients. Cependant, ils nuancent
leur propos en précisant qu’ils manquent de recul pour pouvoir l’affirmer avec certitude. Il n’y
a par ailleurs pas assez d’études permettant de faire du biofeedback une pratique répandue dans
la clinique (Ilovar et al., 2014).

En 2016, Manfredini et al. ont publié un article dans lequel ils proposent un outil écologique
pour les patients présentant un bruxisme diurne. Il s’agit de BruxApp, une application mobile
[36]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

gratuite pouvant être téléchargée par les patients (Manfredini et al., 2016). Le but est de faire
prendre conscience à l’utilisateur de ses occurrences de bruxisme au cours d’une journée.
L’application envoie à intervalles réguliers des alertes et demande à l’utilisateur de répondre à
des questions comme : « Quel est votre état actuel ? Détendu/Mâchoire serrée (sans contact
dental)/Dents en contact/Dents serrées/Grincement des dents » (traduction libre de l’article).
Les données sont stockées et compilées dans l’application et permettent ensuite au patient de
savoir vers quel « profil » il tend le plus (détente, tension, contact, grincement donc)
(Manfredini et al., 2016). Cette application semble être un outil pertinent pour la
conscientisation des troubles chez les patients et pour permettre à ces derniers d’agir en
fonction.

Enfin, un article de Lobbezoo et al. publié en 2018 vient lui aussi mettre l’accent sur
l’importance de la prise de conscience des patients quant à leur bruxisme. Les auteurs
préconisent ainsi, de manière non exhaustive, qu’il faut faire remarquer au patient les
occurrences de contact dentaire hors phases de mastication (Lobbezoo et al., 2018). Une autre
proposition qui peut être relevée est le fait de noter dans un journal/cahier les moments de
bruxisme, et la raison de ceux-ci. Cela suppose une bonne conscience du bruxisme par le
patient, et constitue une alternative intéressante à BruxApp pour les cas où les patients
n’auraient pas accès aux outils technologiques.

L’importance du travail transdisciplinaire dans la prise en soin des bruxismes

Par son étiologie multifactorielle et le nombre de paramètres entrant en compte dans sa


prise en soin, le bruxisme est une parafonction complexe. Il apparaît comme pertinent, dans le
cadre de la pratique orthophonique en libéral, de savoir quels autres professionnels de santé
solliciter si cela s’avère nécessaire.

A ce titre, Veiga et al., dans une revue de littérature de 2015, ont ainsi pu énoncer que le
traitement du bruxisme par thérapie occlusale (pose d’appareils intrabuccaux) ne permet que de
réduire les effets néfastes engendrés par le grincement des dents, et non pas pour le traiter à
proprement parler (Veiga, 2015). Cela reste, selon les chercheurs, une piste thérapeutique
[37]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

toujours utile et jamais néfaste quelle que soit l’étiologie du bruxisme. Veiga et al. soutiennent
en effet que le traitement occlusal permet de retrouver du confort fonctionnel et d’éviter des
dommages trop sévères sur les composants de l’appareil masticateur. Les auteurs
recommandent un traitement pharmacologique si le bruxisme est vraiment intense (sans
toutefois préciser les critères permettant de définir la notion d’intensité) (Veiga, 2015).

En 2017, Manfredini et al. évoquent également la question de la pose d’un appareil intrabuccal
pour un traitement orthodontique. Ils insistent sur l’importance de prendre en considération la
présence d’un bruxisme si le patient en a un (Manfredini et al., 2017). Les auteurs expliquent
que cette parafonction risque de faire bouger ou d’abîmer les structures alors mises en place.
Ceci permet d’illustrer l’importance, dans le cadre d’une prise en soin orthophonique, de faire
le lien avec les autres professionnels de santé pour le travail sur la sphère oro-myo-faciale,
notamment les orthodontistes.

Un autre exemple permettant de mettre en avant la nécessité de la collaboration


transdisciplinaire figure dans une étude citée par Lange en 2017. L’auteur rappelle que certains
médicaments peuvent contribuer à causer ou aggraver un bruxisme. Parmi les substances
concernées, Lange cite le méthylphénidate (ou Ritaline) (Lange, 2017.). Ce médicament est
utilisé pour traiter certains cas de trouble déficitaire de l’attention (TDA). Bien que les TDA ne
fassent pas explicitement partie de la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP)
en orthophonie, il arrive tout de même que ces patients bénéficient d’un suivi orthophonique
pour des difficultés corollaires à leur trouble. Il apparaît donc pertinent de conserver le potentiel
lien entre le traitement des TDA au méthylphénidate et la présence d’un bruxisme chez ces
patients afin de pouvoir mettre en place un travail transdisciplinaire entre le professionnel de
santé prescripteur du traitement (médecin généraliste, médecin psychiatre) et l’orthophoniste
par exemple.

La revue de littérature publiée par Amorim et al. en 2018 va également en ce sens, en précisant
que l’étiologie hautement multifactorielle des bruxismes nécessite même une prise en soin
pluridisciplinaire dès le départ. Leur étude portait sur le traitement par physiothérapie et
notamment l’axe thérapeutique des TCC (Amorim et al., 2018). Le travail autour du bruxisme
et de la psychothérapie peut donc être à envisager comme prise en soin transdisciplinaire. Les

[38]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

auteurs énoncent également que les massages, dans le cadre d’une prise en soin plus complète,
peuvent aider à réduire les symptômes des bruxismes (Amorim et al., 2018). Cet exemple peut
donc illustrer l’intérêt d’un travail collaboratif entre orthophonie et kinésithérapie.

Une autre étude, publiée en 2018 par Rotemberg et al., s’intéresse aux cas de bruxisme chez les
personnes toxicomanes. Plus précisément il s’agit de patients en situation d’addiction à la
cocaïne. Les sujets étaient âgés de 15 à 35 ans (population plutôt jeune donc). Sur les 135 sujets
ayant participé à l’étude, 67.7% présentaient une DTM. Les auteurs ont relevé que la prévalence
des DTM était donc bien plus élevée chez les personnes dépendantes que chez les personnes
tout-venantes (Rotemberg et al., 2018). Rotemberg et al. ont fait le même constat pour les
bruxismes dont la prévalence serait plus élevée chez les consommateurs de cocaïne. Bien qu’il
s’agisse d’une étude menée sur un échantillon très spécifique de la population, et en Uruguay,
il a semblé intéressant de la retenir pour ce travail. Il n’est en effet pas impossible de rencontrer
en orthophonie des patients présentant une addiction à la drogue et donc potentiellement une
DTM accompagnée ou non d’un bruxisme. Auquel cas, il peut être rassurant pour
l’orthophoniste de pouvoir avoir des éléments de compréhension sur l’étiologie et la possible
prise en soin du patient concerné. Ceci peut en effet permettre d’adresser plus efficacement le
patient vers des professionnels de santé aux compétences complémentaires.

Une dernière étude a été retenue pour ce travail afin d’illustrer l’intérêt de la prise en soin
transdisciplinaire autour des bruxismes. Il s’agit de l’étude menée par Piekartz et al. en 2019.
Dans cette étude d’observation, les chercheurs rappellent que les DTM et les bruxismes peuvent
être des facteurs étiologiques distincts dans les cas de douleurs cervicales chez les patients
(Piekartz et al., 2020). Bien qu’il n’y ait pas de lien causal établi entre les deux, les auteurs
observent tout de même de plus fortes douleurs cervicales ainsi que de plus importantes
restrictions de mouvement dans les régions du cou et de la nuque chez les patients qui bruxent.
Ces conclusions permettent ici de mettre en avant l’intérêt d’un lien entre pratique
orthophonique et prise en soin kinésithérapique et/ou ostéopathique pour les patients présentant
un bruxisme, et donc de l’importance de réorienter ou travailler en transdisciplinaire.

Un autre élément ayant paru intéressant à retenir dans l’étude de Piekartz et al. est celui de la
pose du diagnostic de bruxisme. Les 55 femmes ayant participé à cette étude ont toutes été

[39]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

diagnostiquées par des dentistes (33 avec bruxisme, 22 non). Les deux dentistes indépendants
qui ont effectué les examens ont procédé par questionnaire et examen clinique (bas de la bouche
et occlusion) (Piekartz et al., 2020). Bien que le bruxisme ne relève d’aucun champ de
compétences en particulier en France, il peut être utile de savoir, pour un-e orthophoniste, que
les dentistes peuvent disposer des outils permettant de dépister les bruxismes. Il est donc
possible d’adresser ou de réorienter les patients en dentisterie le cas échéant. Par ailleurs il
convient de préciser ici que si les patients vus en orthophonie présentent des fractures dentaires
susceptibles d’entraver la bonne conduite des objectifs thérapeutiques, il est nécessaire de
réorienter les patients vers des dentistes.

Les bruxismes sont des entités multifactorielles, d’étiologie souvent complexe et reliée à
d’autres troubles (DTM, douleurs cervicales…). Ils peuvent à ce titre nécessiter des approches
thérapeutiques variées. Que ce soit par traitement pharmacologique, kinésithérapique,
orthodontique ou encore psychothérapique, il n’existe à ce jour pas une réponse définitive et
affirmée aux troubles qu’un bruxisme peut engendrer chez un patient. L’orthophonie possédant
une partie de son champ de compétences dans la sphère oro-myo-faciale d’une part, et les
bruxismes comportant une prévalence élevée d’autre part, il n’est pas à exclure que des patients
présentant un bruxisme fassent appel à un soin orthophonique. Il apparaît donc nécessaire, à la
lumière du développement précédemment effectué, de pouvoir allier la pratique orthophonique
à celle d’autres professions disposant également de compétences dans la sphère oro-myo-
faciale. Néanmoins, les bruxismes pouvant comporter des effets positifs sur la santé des
patients, il n’est pas systématiquement pertinent de viser à la suppression de ceux-ci.

[40]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

Les effets compensatoires des bruxismes

Les bruxismes sont souvent appréhendés comme une parafonction qu’il faut tendre à
supprimer. Qualifiés de « maladie » (« disease ») dans certaines études, les bruxismes sont
encore énormément vus comme un défaut à corriger. Pourtant certaines études soulignent au
contraire que dans certains cas, les bruxismes peuvent présenter des effets positifs sur la santé
des patients.

Ainsi, une étude menée en 2001 par Lobbezoo et al. montre que les patients qui bruxent le font
afin d’éliminer les interférences occlusales (Lobbezoo & Naeije, 2001). L’interférence
occlusale est ainsi définie par Orthlieb et Duminil dans Le bruxisme, tout simplement (2015) :
« Contact dentaire représentant un obstacle sur une trajectoire mandibulaire lors d’un
mouvement excursif (diduction et propulsion) ». Lobbezoo et al. choisissent dans leur étude de
ne plus parler de « dysfonctionnement occlusal » mais de « particularisme ». Le patient
bruxerait pour s’adapter à son occlusion. Les auteurs vont même plus loin et affirment qu’il
n’existe pas de lien de corrélation entre les bruxismes et les interférences occlusales (Lobbezoo
& Naeije, 2001). Les patients présentant un bruxisme ne présenteraient pas forcément
d’interférence occlusale, et vice-versa. Cette étude permet donc d’illustrer le fait qu’un
bruxisme peut comporter des effets compensatoires pour le patient.

Une autre étude menée par Lobbezoo et al., cette fois en 2013, vient étayer la thèse des effets
compensatoires des bruxismes. Les auteurs questionnaient la définition alors usitée du
bruxisme, qui ne faisait mention que des aspects négatifs de celui-ci (Lobbezoo et al., 2013).
Dans leur nouvelle acception des bruxismes, les chercheurs citent Lavigne et al. qui, en 2003,
montraient que l’activité masticatoire durant le sommeil permettaient de dégager les voies
respiratoires hautes. Le bruxisme du sommeil ayant pour principale caractéristique l’activité
masticatoire pendant le sommeil, il apparaît comme logique que Lobbezoo et al. posent la

[41]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

question d’un parallèle entre les conclusions tirées par Lavigne et al. en 2003 et les possibles
effets positifs du bruxisme du sommeil. Ceci n’a pas été démontré par les auteurs dans cette
étude, mais il semble pertinent de ne pas exclure cette possibilité lors de la prise en soin des
bruxismes.

En 2019, Wetselaar et al. ont publié les résultats d’une étude sur la prévalence des bruxismes
diurne comme nocturne. Cette étude a été menée sur 1209 personnes (aux Pays-Bas) avec
collecte de données d’avril à novembre 2013. Les auteurs estiment, au regard des résultats
obtenus, que les bruxismes ne sont à considérer comme des entités pathologiques que si les
patients en ressentent des effets négatifs (Wetselaar et al., 2019). Parmi ceux-ci, les auteurs
citent les douleurs musculaires (pendant ou en-dehors des phases de mastication). Ce postulat
remet en avant l’importance du ressenti du patient quant à son bruxisme. Cela permet également
d’avoir des repères sur le moment à partir duquel il devient nécessaire de traiter un bruxisme
en vue de sa suppression.

Il existe même une étude spécifiquement menée sur les effets compensatoires des bruxismes.
Publiée en 2020 par Soto-Goñi et al., cette étude a été menée sur des étudiants madrilènes. Les
âges varient de 17 à 31 ans sur un échantillon de 68 volontaires. Le but était de déterminer dans
quelle mesure le bruxisme était employé comme « coping mechanism » (mécanisme
compensatoire) dans des situations de stress ou d’anxiété (Soto-Goñi et al., 2020). Tous les
sujets retenus pour cette étude présentaient un bruxisme diurne probable. Le bruxisme a été
évalué grâce au questionnaire de Pintado et al. de 1997 et une série de questions sur la présence
ou non de sensations de tension dans la mâchoire. Un examen clinique des mâchoires des
patients a ensuite été mené par des dentistes. Enfin, les facteurs psychologiques ont été évalués
à l’aide de cinq questionnaires différents (le State and Trait Anxiety Inventory ou STAI de
Spielberger et al. publié en 1993 ; le State and Trait Depression Inventory ou ST-DEP ; le Brief
Symptom Inventory: Anxiety, Depression and Somatisation ou BSI-18 ; le Coping Response
Inventory (forme adulte) et le NEO Personality Inventory ou NEO-FFI) (Soto-Goñi et al.,
2020).

Soto-Goñi et al. sont arrivés à la conclusion que le bruxisme pouvait effectivement aider les
patients à traverser des états psychologiques négatifs. Les auteurs citent différentes études

[42]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

menées entre 2007 et 2009 qui tendent à montrer que mordre ou serrer les dents permet de
réduire la négativité ainsi que la production de cortisol (hormone du stress) (Soto-Goñi et al.,
2020). Le bruxisme diurne, chez ces patients, permettrait donc selon Soto-Goñi et al., de
décharger une partie de la tension psychologique. Les sujets auraient donc conscience de leur
bruxisme et seraient capables de mettre en place des stratégies de compensation positive (Soto-
Goñi et al., 2020). Ceci montre bien que les bruxismes peuvent avoir des effets bénéfiques sur
la santé des patients.

Au regard des différents éléments amenés par ce développement, il apparaît donc


pertinent d’envisager que les bruxismes ne soient pas uniquement une parafonction source de
troubles chez les patients. Que ce soit pour s’adapter à son particularisme occlusal, respirer plus
aisément au cours des cycles de sommeil, ou encore réduire la sensation de stress par une
diminution de la production de cortisol, un patient qui bruxe peut en retirer des effets positifs
sur sa santé.

[43]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

DISCUSSION

Ce travail a donc permis de mettre en lumière plusieurs éléments. Il est donné de


constater que la définition même des bruxismes est récente et sujette à modifications, remise en
question dans la littérature scientifique. Les auteurs tendent toutefois de plus en plus à se ranger
à l’avis qu’il est nécessaire de systématiquement opérer une distinction entre bruxisme diurne
et bruxisme nocturne car les deux sont des formes bien séparées de bruxisme avec des
manifestations cliniques propres à chacune. Ce travail offre par ailleurs une vision d’ensemble
des méthodes d’évaluation et de prise en soin des bruxismes. Les recherches menées permettent
en effet de rendre compte des différents moyens d’établir ou non la présence d’un bruxisme
chez les patients. Les questionnaires pouvant être administrés aux patients sont relativement
nombreux, mais peu ont été traduits ou adaptés au français. Il pourrait donc être intéressant,
dans des recherches ultérieures, de procéder à une traduction et une validation des outils comme
le questionnaire de Lange publié en 2017, voire l’élaboration d’outils ciblant plus
spécifiquement la pratique orthophonique.

L’auto-diagnostic par le patient est un outil qui, s’il est conjugué à l’expertise du clinicien et à
ses capacités d’analyse, peut fournir des informations précieuses afin d’orienter au mieux la
prise en soin pour cibler les besoins spécifiques du patient qui bruxe. Les prises de mesures
scientifiques, bien qu’encore majoritairement utilisées dans le cadre de la recherche, tendent à
être de plus en plus courantes. Un axe de recherche intéressant pourrait donc être une réflexion
sur l’utilisation de la PSG et de l’EMG en harmonie avec le cadre de vie et les habitudes du
patient. Cela pourrait permettre de réduire la présence de biais lors du recueil d’informations et
d’être au plus proche du milieu dans lequel évolue ordinairement le patient qui bruxe.

Par ailleurs, ce travail s’est attaché à détailler les différentes pistes thérapeutiques possibles
pour la prise en soin des bruxismes. Ainsi, à ce jour, il n’existe pas de consensus autour d’un
traitement ou d’une manière d’appréhender le bruxisme dans le soin. Les micro-injections de
toxine botulique semblent être la meilleure piste de traitement pharmacologique à l’heure
actuelle. Il convient cependant de rappeler que ces micro-injections peuvent comporter des
[44]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

effets secondaires sur les patients comme une atrophie des muscles de la face, une plus grande
rigidité dans les expressions faciales et une moins bonne mobilité. Les expressions faciales
relevant de la communication, il pourrait être envisagé, comme élargissement à cette recherche,
d’effectuer une étude sur les patients ayant reçu des micro-injections de toxine botulique suite
à un bruxisme et présentant des difficultés dans leur communication paraverbale.

La méthode PPP décrite par certains auteurs précités semble être une alternative sans risque
d’effets secondaires sur la vie des patients. Bien que son efficacité n’ait pas encore été prouvée,
cette méthode reste une piste thérapeutique qui semble pertinente dans le cadre d’une prise en
soin transdiciplinaire et globale, ciblée sur le patient. Il pourrait donc être intéressant d’étudier
les effets à long terme d’un traitement via la méthode PPP sur les bruxismes en incluant
l’intervention orthophonique telle qu’il a été proposé de l’envisager ici.

Ce travail comporte tout de même des limites qu’il paraît nécessaire de nommer. Malgré
de nombreuses recherches sur différents moteurs reconnus compilant des publications
scientifiques, aucun document spécifique relatif à la prise en soin du bruxisme dans le cadre de
la profession d’orthophoniste n’a pu être trouvé. Un seul mémoire en vue de l’obtention du
certificat de capacité en orthophonie a pu être trouvé. Il s’agit du mémoire de Morgane Warnier,
logopède diplômée de l’université de Liège en 2016. Pour avoir contacté Mme Warnier lors de
mes recherches, elle m’a fait savoir que les travaux menés par son mémoire étaient désormais
dépassés par les recherches plus récentes, notamment celles menées par Lobbezoo et
Manfredini et al.

En outre, certaines références sont datées selon les critères initialement demandés pour
effectuer cette revue de littérature : la majeure partie des références utilisées et retenues pour
ce travail date de plus de cinq ans. Les études plus actuelles et pertinentes pour ce travail sont
peu nombreuses par rapport à ce qui était initialement escompté. Le but premier de ce travail
était par ailleurs de se focaliser sur le bruxisme diurne chez l’adulte en particulier. Trop peu
d’articles correspondaient à ce critère d’inclusion et il est fréquent que les deux formes de
bruxisme soient étudiées indistinctement dans les publications.

C’est ainsi ce qui est exposé par Manfredini et al. dans leur revue de la littérature publiée en
2010. Les auteurs avaient pour objectif de séparer bruxisme diurne et bruxisme du sommeil,
[45]
Proserpine Mayar
APPORTS DE L’ETUDE DES BRUXISMES SUR LA PRISE EN SOIN EN ORTHOPHONIE

mais les articles retenus pour leur étude ne leur permettaient pas d’opérer cette distinction, en
ce qu’ils ne l’effectuaient pas eux-mêmes (Manfredini & Lobbezoo, 2010). Ce cas de figure
s’est retrouvé dans une revue de littérature publiée en 2013 par Manfredini et al. : les auteurs
n’ont pu retenir que sept articles sur les trente-cinq de départ. Il ne leur a donc pas été possible
de différencier bruxisme diurne et bruxisme du sommeil. Par conséquent, leur revue de
littérature ne comportant que sept articles, elle manquait de représentativité (Manfredini et al.,
2013). Les chercheurs se sont également intéressés aux critères de validité statistique des études
retenues. Sur les sept, une seule possédait une bonne validité externe (possibilité de généraliser
les résultats obtenus à tous les patients), aucun ne présentait de bonne validité interne (absence
de biais).

Dans un article de 2014, Reddy et al. font un état de la littérature sur le bruxisme depuis sa
première description scientifique. Les chercheurs reviennent sur la nécessité, dans les études,
de distinguer bruxisme diurne et bruxisme du sommeil (Reddy et al., 2014.). Cette distinction
permettrait selon les auteurs de mieux diagnostiquer les bruxismes et donc d’offrir des pistes
de prise en soin plus adaptées.

A ce sujet, la première partie de ce travail s’est efforcée de faire un état des lieux des différentes
méthodes et outils diagnostiques pour les bruxismes. Il n’existe à ce jour pas de consensus
défini sur la manière de diagnostiquer les bruxismes. Ceci explique la disparité présente dans
la littérature. Une étude publiée en 2021 par Conti Réus et al. fait notamment ce constat. Les
chercheurs sont partis de 544 articles pour n’en retenir que cinq dans leur analyse finale. Ils
relèvent que dans les articles étudiés, il n’existe pas d’uniformité sur les méthodes diagnostiques
des bruxismes (qui sont eux aussi indistincts) (Réus et al., 2021). Les auteurs exposent eux-
mêmes que la force de la preuve de leur méta-analyse se situe entre basse et très basse, et que
compte tenu de l’hétérogénéité des résultats entre les différentes études, il est impossible
d’effectuer une méta-analyse qui soit réellement pertinente.

Enfin se pose la question de la place des bruxismes dans les chaînes causales et étiologiques
des troubles touchant la sphère oro-myo-faciale. Dans leur revue de littérature publiée en 2015
et portant sur des articles publiés entre janvier 2000 et décembre 2014, Chisnoiu et al. ont établi
une classification des facteurs déclencheurs des DTM et se sont questionné sur la place à donner

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au bruxisme dans celle-ci. Leur classification des facteurs pouvant déclencher une DTM est la
suivante : 1) Facteurs de prédisposition ; 2) Facteurs étiologiques (anomalies occlusales,
traitement orthodontique, bruxisme, entre autres) ; 3) Facteurs déclencheurs (comportementaux
comme le serrage dentaire, sociaux comme la gestion et la perception de la douleur, émotionnels
comme la dépression ou l’anxiété, et cognitifs) (Chisnoiu et al., 2015). Chisnoiu et al. placent
donc le bruxisme dans les facteurs étiologiques d’une DTM, et le serrage dentaire dans les
facteurs déclencheurs. Toutefois, il a été énoncé à plusieurs reprises dans les articles
précédemment cités et dans ce travail qu’il est très compliqué de déterminer l’étiologie exacte
des bruxismes et des DTM quand les deux sont présents. Un autre postulat qui pourrait être
adopté serait donc celui de poser le bruxisme non pas comme facteur déclencheur d’une DTM,
mais comme facteur d’entretien.

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CONCLUSION

Au regard de tous les éléments développés durant cette recherche, il apparaît qu’il
n’existe dans la littérature toujours pas de consensus à l’heure actuelle concernant le diagnostic
des bruxismes. Les outils sont nombreux, variés, et dépendent d’un pays à l’autre. Toutefois,
bien que le bruxisme ne fasse pas l’objet d’un champ de compétences spécifique à une
profession, il existe des éléments dans la littérature pour avancer l’idée que les dentistes sont
possiblement les plus qualifiés pour poser un diagnostic de bruxisme après l’administration
d’un questionnaire au patient en complément d’un examen clinique. La piste de la PSG et de
l’EMG, bien que pouvant comporter des inconvénients (coût financier, nécessité de se déplacer
s’il n’existe pas de dispositif portatif pouvant être déployé au domicile du patient), semble être
la plus à même d’offrir des mesures scientifiques pour objectiver la présence d’un bruxisme.

Les traitements recensés à l’heure actuelle sont jugés d’efficacité moyenne et il n’existe aucune
revue de littérature suffisamment récente et longitudinale pour attester des effets de ceux-ci.
Les micro-injections de toxine botulique constituent cependant une exception en ce que leur
effet sur les bruxismes a pu être montrée à plusieurs reprises et dans différents cas. Il convient
néanmoins de nuancer ce propos en précisant deux choses. Premièrement, aucune étude de cas
portant sur des patients ayant reçu des micro-injections de toxine botulique n’effectue un
contrôle sur la durée des effets après plus de six mois. La question des effets à long terme peut
donc être posée. Dans un second temps, les effets secondaires liés à la toxine botulique ont été
décrits largement dans la littérature, et notamment dans l’étude de (Nayyar, 2014). Les micro-
injections de toxine botulique peuvent donc ne pas être indiquée chez tous les patients
présentant un bruxisme.

Enfin, il semble pertinent de questionner les approches thérapeutiques visant systématiquement


à la suppression des bruxismes en raison des effets compensatoires que ceux-ci peuvent
engendrer chez les patients. Wetselaar et al. énoncent ainsi dans leur article publié en 2019
qu’un bruxisme n’est pathologique que si le patient en ressent des effets négatifs (douleurs

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musculaires liées ou non à la mastication par exemple). Chisnoiu et al., en 2015, mettent en
avant le fait que les DTM et les bruxismes sont d’étiologie multifactorielle et donc
particulièrement complexes à appréhender (Chisnoiu et al., 2015). Ceci montre l’importance de
travailler en collaboration transdisciplinaire lorsque les patients présentent un bruxisme. Il
apparaît nécessaire, en orthophonie comme ailleurs, de pouvoir réorienter vers d’autres
professionnels de santé. Ceci ne peut que permettre d’offrir aux patients qui bruxent une prise
en soin individualisée et adaptée à toute la complexité des éléments étiologiques qu’ils
présentent.

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ANNEXES

Annexe 1 : RDC/TMD traduit en français par Jean-Paul Goulet (2002)

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Annexe 2 : Questionnaire de Pintado et al. (1997) utilisé par Soto-Goñi en 2020

(1) Has anyone heard you grinding your teeth at night? (2) Is your jaw ever fatigued or sore on
awakening in the morning? (3) Are your teeth or gums ever sore on awakening in the morning?
(4) Do you ever experience temporal headaches on awakening in the morning? (5) Are you ever
aware of grinding your teeth during the day? (6) Are you ever aware of clenching your teeth
during the day?

Traduction librement proposée ici :

(1) Quelqu’un vous a-t-il déjà entendu grincer des dents la nuit ? (2) Votre mâchoire est-elle
fatiguée ou douloureuse lorsque vous vous réveillez le matin ? (3) Vos dents ou vos gencives
sont-elles parfois douloureuses lorsque vous vous réveillez le matin ? (4) Vous arrive-t-il
d’avoir mal à la tête (dans les tempes) le matin au réveil ? (5) Avez-vous l’impression que vous
grincez des dents durant la journée ? (6) Avez-vous l’impression que vous serrez les dents
durant la journée ?

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Annexe 3 : Bruxism Status Questionnaire (BSQ), Piekartz et al., 2019

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